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1 Cours de pétrologie magmatique et métamorphique L1 Géologie. Prof.

KAPAJIKA BADIBANGA

Module I : Pétrologie magmatique


Ce module a pour but de donner aux étudiants les notions sur :
- la genèse des magmas
- les séries magmatiques
- le magmatisme intraplaque continental et océanique
- le magmatisme lié aux limites des plaques convergentes et divergentes
- les relations magmatisme-cadres structuraux
- magmatisme et genèse des gîtes minéraux
- la pétrologie expérimentale et son rôle dans la connaissance du globe terrestre
- le protocole d’étude d’un complexe magmatique
Module II : Pétrologie métamorphique
Le but de ce module est de donner aux étudiants les éléments nécessaires sur :
- les types de métamorphisme et leur localisation en fonction des niveaux structuraux
- les notions de thermodynamique (variance ou degré de liberté d’un système, système
univariant, bivariant)
- les relations entre le métamorphisme et les types de chaînes de montagnes (chaîne de
haute pression, basse pression, notion de Medium Tectonic Line)
- les réactions minéralogiques dans le métamorphisme
- la reconnaissance macroscopique et microscopique des roches métamorphiques à
partir des assemblages minéralogiques caractéristiques
- la détermination au microscope de la relation entre le métamorphisme et la tectonique
(textures, microstructures, minéraux anté, syn ou post tectonique, phases de
déformation)
- la détermination des paragénèses minérales à partir des analyses chimiques des roches
métamorphiques (diagrammes ternaires ACF et A’KF)
- l’établissement des cartes d’isogrades métamorphiques
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PREMIERE PARTIE : PETROLOGIE MAGMATIQUE


INTRODUCTION
La pétrologie magmatique est l’étude génétique des roches ignées. Pour établir la genèse
des roches magmatiques on doit recourir à plusieurs méthodes d’approche telles que la
minéralogie, la pétrographie, la géochimie des éléments majeurs, des éléments en trace
ainsi que des isotopes, la cristallographie, la géophysique etc…
On recourt dans ce cas à la physique expérimentale en utilisant des paramètres
thermodynamiques tels que la température et la pression (PH2O, PO2, PCl…). En faisant
varier les différents paramètres lors d’une fusion contrôlée d’un matériel de départ, naturel
ou synthétique on obtient des liquides dont la composition peut être comparée à la
composition naturelle de la roche. Ainsi par déduction, on peut déterminer la composition
physico-chimique du magma considéré.
S1 S2
L1 L2
S3

En partant de la composition du liquide L1 et connaissant les conditions P et T auxquelles il


est formé, on peut déduire que le liquide L1 peut cristalliser en donnant le solide S3 et le
liquide L2. La composition du liquide L1 est contrôlée par le contexte géodynamique c’est-à-
dire le mouvement du globe terrestre, ex. le rift africain. La genèse du magma est donc
directement liée à l’évolution géo-structurale d’une zone considérée.

CHAPITRE I : GENESE DES MAGMAS ET DIFFERENCIATION MAGMATIQUE

I.1 GENESE DES MAGMAS

Un magma est un volume déterminé constitué essentiellement des alumino-silicates issus de


la fusion d’un matériel pré-existant ; la fusion n’étant elle-même jamais complète mais
partielle. En plus des silicates, on y trouve des oxydes, essentiellement les oxydes de fer
(magnétite), spinelles chromifères ou chromites, et aussi une phase fluide qui est plus ou
moins importante (H2O, Cl, S, CO2 etc..). Cette définition soufre néanmoins de quelques
exceptions parce que l’on sait qu’il existe actuellement des magmas qui sont essentiellement
carbonatés comme les carbonatites. Les magmas sont générés à l’intérieur du globe
terrestre dans les zones où les paramètres T, PT et PF sont tels que leurs interférences
permettent la naissance d’un liquide à partir d’un solide donné. Actuellement on sait que
cette fusion peut se produire soit dans la croûte, (magma acide), soit dans le manteau
(magma basique ou ultra-basique). Quand le manteau fond, la nature du magma généré est
variable suivant le taux de fusion, mais d’une façon générale, il sera essentiellement basique
et dans le cas exceptionnel ultrabasique.
Le taux de fusion = (la quantité du magma obtenu / la quantité du solide de départ) x 100.
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Plus ce taux est élevé, plus la composition du magma est proche de celle du solide de départ.

I.2 DIFFERENCIATION MAGMATIQUE


On part d’un liquide (magma) L 1 et on obtient L2 et on dit que le magma s’est
différencié. Plusieurs processus peuvent intervenir pour conduire à une différenciation
magmatique. Parmi ces processus on peut retenir :
1. Immiscibilité entre liquides ;
2. Flottation ;
3. Différenciation par l’écoulement 
4. Contamination ;
5. Mélange magmatique ;
6. Effet filtre presse ;
7. Cristallisation fractionnée.

1. Immiscibilité.
Il s’agit de deux liquides qui sont en contact mais qui ne se mélangent pas et qui sont
tout à fait distincts.
2. Flottation
Dans ce cas, les minéraux qui cristallisent ont une densité inférieure à celle du liquide
résiduel. Les minéraux qui subissent la flottation sont : néphéline, leucite (sont des
feldspathoïdes c'est-à-dire à faible densité).
3. Différenciation par écoulement.
Quand un magma s’écoule dans une fracture, la partie qui est en contact avec les
parois c'est-à-dire les épontes va commencer à se refroidir pendant que le centre est encore
relativement chaud et encore plus fluide.
De ce fait, les minéraux de haute température qui sont les premiers à cristalliser
(primocristaux) auront tendance à se concentrer vers la zone bordière qui aura ainsi une
composition plus basique que la partie centrale.

4. Contamination.
Il s’agit dans ce cas de l’apport dans un magma d’un matériel solide arraché par le
magma au cours de son ascension. Il faut néanmoins signaler que la contamination peut
être beaucoup moins subtile et essentiellement contrôlée par un apport des fluides qui
peuvent être porteur des éléments géochimiquement très mobiles.
Exemple : la majeure partie des éléments lithophiles.
Généralement la contamination du type “apport de matériel solide ” joue un rôle très limité
notamment quand on considère qu’il faut des températures très fortes pour pouvoir fondre
le contaminent c’est-à-dire le solide qui entre dans le liquide. Il se développe le phénomène
de blindage (endomorphisme) qui empêche la contamination.
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5. Mélange magmatique.
C’est le mélange entre deux magmas et il s’opère au sein d’une chambre magmatique
lors de la montée des magmas vers leur niveau structural de mise en place. Généralement
plusieurs cas s’observent :
- Les deux magmas qui entrent en contact sont des compositions presque semblables
et se trouvent à des températures relativement comparables, dans ce cas le mélange
sera aisé et la composition sera homogène ;
- Les deux magmas sont des compositions relativement différentes. Exemple : d’un
côté un magma basique et de l’autre un magma acide.
Le magma basique étant plus lourd que le magma acide, va être piégé dans le magma
acide et c’est ainsi que l’on obtient des enclaves basiques dans les roches acides.
Le mélange des magmas contribue à l’ascension magmatique qui est due à l’augmentation
de la pression.

6. Effet filtre presse.


La différenciation par filtre presse n’est observée que dans les roches plutoniques.
Lorsqu’une intrusion est en cours de refroidissement et qu’elle a dépassé le stade du corps
de Bingham (quantité du liquide qui reste est inférieur à 15% par rapport aux cristaux). Le
magma ne s’écoule plus et en pressant, le liquide  se concentre dans une zone mais aura
une composition différente du liquide du départ.

7. Cristallisation fractionnée.

Figure 1 : Schéma de la cristallisation fractionnée.

La cristallisation fractionnée est la cristallisation progressive d'un magma due à des


changements de conditions physico-chimiques. Ces changements de conditions physico-
chimiques sont en général une baisse de pression et de température dues à la montée du
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magma au travers de la croûte terrestre ou une augmentation de pression due à


l'affrontement de plusieurs plaques tectoniques.

La cristallisation fractionnée se produit dans la chambre magmatique. On peut


observer la cristallisation alternative de minéraux automorphes (on parle de cumulats) et de
minéraux xénomorphes (intercumulats). Par exemple, dans le cas des ophiolites on observe
des gabbros lités avec une alternance de bandes claires (olivines automorphes) et de bandes
sombres (plagioclases xénomorphes). Contrairement à une idée reçue les minéraux ne
sédimentent pas par gravité au fond de la poche magmatique. Cette vision est impossible
d'après la loi de Stockes. La cristallisation fractionnée est la conséquence d'une dynamique
de diffusion d'éléments chimiques dans une chambre brassée ou non par convection. Pour
schématiser, dans le cas d'un magma basique, les minéraux ferro-magnésiens (olivine et
pyroxènes) cristallisent les premiers appauvrissant le liquide résiduel environnant en Fe et
Mg. Les conditions de la cristallisation des minéraux contenant du Na et du Ca sont alors
réunies localement et on observe la cristallisation de plagioclases (intercumulats). La
convection se produisant dans la chambre magmatique participe alors à l'homogénéisation
du liquide résiduel et rétablit l'équilibre chimique permettant de nouveau la cristallisation de
minéraux ferro-magnésiens. Durant ce processus, on forme alors un litage minéral
traduisant l'évolution de la concentration locale en minéraux sur les bords de la chambre
magmatique. Le magma résiduel quant à lui s'enrichi globalement en silice. Les différentes
roches issues de ces magmas plus ou moins différenciés constituent une série différenciée.

Le souhait est le fait que la cristallisation des silicates dans un magma se fasse dans
un ordre bien défini, selon la suite réactionnelle de Bowen, produit des assemblages
minéralogiques différents : ultramafiques, mafiques, intermédiaires et felsiques. Ces quatre
assemblages définissent quatre grands types de roches ignées.

Prenons comme exemple la cristallisation d'un magma qui refroidit dans une chambre
magmatique. Les cristaux ne vont pas se former tous en même temps comme l'exprime la
série de Bowen. Les premiers minéraux à cristalliser sur le bord de la chambre seront
évidemment les minéraux de haute température, olivine d'abord, pyroxènes et amphiboles
ensuite. Une roche ignée mafique, un gabbro par exemple. Le liquide résiduel sera donc
appauvri en ces minéraux; on aura donc un magma de composition différente de sa
composition initiale et ce magma aura une composition intermédiaire.

Si ce magma est introduit dans une chambre secondaire et qu'il poursuit son
refroidissement, les premiers minéraux à cristalliser seront les amphiboles, les biotites, le
quartz et certains feldspaths , plagioclases, ce qui produira une roche ignée intermédiaire,
une diorite par exemple. Si ce magma fait son chemin jusqu'à la surface, on aura des laves
andésitiques. Ainsi, à partir d'un magma de composition donnée, on peut obtenir plus d'un
type de roche ignée.
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Comme on l'a vu plus haut, la cristallisation fractionnée, c'est-à-dire le fait que la


cristallisation des silicates dans un magma se fasse dans un ordre bien défini, selon la suite
réactionnelle de Bowen, produit des assemblages minéralogiques différents : ultramafiques,
mafiques, intermédiaires et felsiques. Ces quatre assemblages définissent quatre grands
types de roches ignées.

Figure 2 : Cristallisation d'un magma qui refroidit dans une chambre magmatique (suite
réactionnelle de Bowen)

Si on a une province volcanique ou plutonique donnée, pour tester que la cristallisation


fractionnée a joué un rôle dans la différenciation magmatique au sein de cette province, un
certain protocole doit être respecté :
- Il faut que l’échantillonnage soit systématique c’est-à-dire il faut échantillonner tous
les types pétrographiques rencontrés ;
- Ces produits échantillonnés doivent avoir un âge pas trop différent à l’échelle
géologique ;
- Les intrusions doivent être dans le même contexte tectonique ;
- Faire des analyses chimiques portant sur l’ensemble des faciès pétrographiques
- Etablir les diagrammes pétrographiques utilisant les indices qui montrent la variation
au cours de la cristallisation fractionnée. Parmi ces indices, les principaux sont :
 Indice de différenciation (D.I)
 Indice de solidification (S.I)
 Diagramme de Harker.
- DI = Quartz + Albite + Orthose + Néphéline + Leucite + Kaliophilite (de la Norme).
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DI faible correspond à une roche basique, et DI fort à une roche acide (différenciée).
- SI = 100 MgO / (MgO + FeO + Fe2O3 + Na2O + K2O).
SI évolue en sens inverse par rapport au DI; les valeurs les plus faibles correspondent aux
roches les plus acides.
- Dans le diagramme de Harker, le référenciel est la teneur en SiO2 ( Oxyde = f (SiO2).
Il faut que les points s’alignent pour accepter la différenciation par cristallisation fractionnée.
On peut tester également en utilisant les éléments en trace c’est-à-dire ceux qui ont des
teneurs très faibles qui s’expriment en ppm (1% = 10 000 ppm).
Comment quantifier la cristallisation fractionnée ?
On utilise les calculs de mélanges qui sont des opérations mathématiques relativement
simples mais fastidieuses, qui permettent de tester s’il existe un lien magmatique entre 3
matériaux différents. Ces matériaux sont soit des solides ou des liquides R1, R2 et R3. On va
tester le modèle de la fusion partielle, de la cristallisation fractionnée……
Les calculs de mélange peuvent être abordés de 2 façons différentes :
1- Utilisation des graphiques dans le cas où le nombre de paramètres à quantifier n’est
pas très élevé (très peu d’analyses chimiques).
2- Utilisation de l’ordinateur qui permet de résoudre très facilement les problèmes de
moindre carré.

Principe du traitement graphique des calculs de mélange (schéma)


Considérons un exemple de mélange de 2 magmas P et Q. Où se situerait le point
représentant la composition du magma résultant M ?
Réponse : Sur le vecteur joignant P à Q, la position de M dépendra des % respectifs de P et Q
qui se sont mélangés. Pour un magma intermédiaire M, les % des 2 magmas extrêmes P et Q
qui sont entrés dans la fabrication de M sont donnés par les relations suivantes :
- % en poids de P = 100 QM / PQ
- % en poids de Q = 100 PM / PQ
C’est la règle du levier ou de lever.
Ce type de relation n’est valable que si l’on considère les éléments deux à deux, mais pas
dans le cas où l’un des paramètres est un rapport. Dans ce dernier cas, le mélange est
représenté non par une droite mais par une courbe.

Application des calculs de mélange à la cristallisation fractionnée


Considérons plusieurs exemples simples (schémas) :
- Le cas n°1 est identique à celui que nous venons de voir. Le minéral E cristallise dans
le magma B et le liquide résiduel évolue vers L. La distance BL dépend de la quantité
de cristaux E qui a cristallisé, soit 100BL / EL
- Cas n°2 : Deux cristaux P et Q cristallisent simultanément dans le magma B. Les % de
P et Q sont tels que la composition de l’assemblage minéralogique P + Q est
représentée par le point E. Le liquide résiduel aura la composition L située sur le
vecteur EB.
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- Cas n° 3 : Trois minéraux P, R et Q cristallisent simultanément dans le magma B. La


moyenne des phénocristaux correspond au point E situé dans le triangle PQR sur le
vecteur EB. En d’autres termes, si les minéraux P, Q et R contrôlent la differenciation,
leur moyenne doit s’aligner avec les deux autres points qui sont B et L.
- Cas n°4 : Quatre minéraux P, R, Q et S cristallisent dans le magma B. La composition
moyenne E est située dans un quadrilatère sur le vecteur EB pour justifier le passage
de B à L.
Exercices d’application :
On donne l’analyse ci-après :
OLIVINE (O) MAGMA PARENT (P) MAGMA RESIDUEL
(L)
SiO2 41,5 47,5 48
TiO2 - 2,5 3
Al2O3 - 12 14,2
FeO 7 11 11,7
MgO 51 15 8,5
CaO - 10 11,8
Na2O - 1,5 1,8
K2O - 1 1,2
1- Voir si l’olivine explique le passage de P à R.
2- Dans le cas ou le fractionnement de l’olivine se produit, quelle est la quantité de
l’olivine qu’il faut soustraire pour passer à R ? (prendre 10% = 1 cm).
Méthode géochimique basée sur les éléments incompatibles :
Les éléments incompatibles ou hygromagmatophiles sont ceux qui ont une grande
affinité pour la phase fluide. Au cours de la différenciation par cristallisation fractionnée,
ces éléments vont se concentrer dans le liquide résiduel. On peut donc calculer le
coefficient de partage K.
K solide / liquide = Concentration de l’élément dans le solide / Concentration du même élément
dans le liquide.
Si K est inférieur à 1, l’élément est dit incompatible. Si K est supérieur à 1 l’élément est
compatible.
- K est fonction de la température et peut être utilisé comme thermomètre
géologique, ex. le K du Sr entre Plagio / Liquide est un thermomètre géologique.
- K est fonction de la pression et peut être utilisé comme un baromètre géologique, ex.
le K de Sr et Ba entre Cpx / Liquide est fonction de la pression totale.
- K est fonction de la pression partielle (P H2O), ex. le rapport Eu2+ / Eu3+ (oxydation) est
fonction de la fugacité d’oxygène qui est contrôlée par la pression d’eau (P H2O).
Le coefficient de partage global D est donné par :
D = X1K1 + X2K2 + X3K3 + ….+Xn-1Kn-1 + XnKn.
X1 = proportion du mineral 1 dans la roche considérée
K1 = coefficient de partage de l’élément e entre le minéral 1 et le liquide
Deux cas peuvent se présenter :
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1- Cristallisation fractionnée
CL/C0 = F(D-1)
CL = concentration d’un élément donné e dans le liquide résiduel
C0 = concentration du même élément dans le liquide parent
F = % du liquide résiduel
D = coefficient de partage global de l’élément e
Dans le cas des éléments incompatibles, D = 0, d’où CL/C0 = 1/F ; F = C0/CL.
2- Fusion partielle :
CL/C0 = 1/(F+D-FD)
Exercices d’application :
a) La composition d’une roche ultrabasique indique les caractéristiques ci-après :
50% d’olivine, 10% de clinopyroxène, 10% de grenat et 30% d’ortyhopyroxène
KCe Ol/Liq = Kb Ol/Liq = 0,001
KCe Cpx/Liq = KRb Cpx/Liq = 0,1
KCe Opx/Liq = KRb Opx/Liq = 0,001
KCe Gren/Liq =KRb Gren/Liq = 0,002
KNi Ol/Liq = 10
KNi Cpx/Liq = 2
KNi Opx/Liq = 4
KNi Gren/Liq = 0,4
Dire si ces différents éléments sont compatibles ou incompatibles.
b) Un magma basaltique contient 200 ppm de chrome. Lors de la cristallisation il se
forme 20 % de phénocristaux d’olivine, 10 % d’augite et 10 % de Labrador.
K Cr Ol/Liq = 0,2
K Cr Aug/Liq = 10
K Cr Plagio/Liq = 0,01
Quelle est la teneur de Cr dans le liquide résiduel qui permet de considérer que le magma
résiduel provient du basalte dont la teneur en Cr a été donnée par cristallisation fractionnée
des minéraux considérés dans les proportions observées au microscope ?

CHAPITRE II : LES SERIES MAGMATIQUES


INTRODUCTION

Sous l’influence des idées des premiers théoriciens de la pétrologie, on a admis pendant
longtemps l’existence de deux séries des différenciations issues l’une d’un magma parent
tholéiitique et l’autre d’un magma parent ayant la composition des basaltes alcalins.
La réalité est apparue beaucoup plus complexe d’une part parce que l’évolution
magmatique n’est pas contrôlée dans tous les cas par le seul processus de cristallisation
fractionnée et d’autre part parce que les magmas basaltiques n’appartiennent pas à deux
types chimiquement définis. Malgré la diversité des basaltes, le nombre de séries
magmatiques est limité et on en définira 5.
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Dans une série magmatique, un même magma parent donne par différenciation plusieurs
magmas fils.

II.1. LES SERIES MAGMATIQUES


1º) Série tholéiitique ;
2º) Série calco-alcaline ;
3º) Série alcaline ;
4º) Série transitionnelle ;
5º) Série shoshonitique.

II.1.1. Série tholéiitique


Le mot tholéiitique utilisé pour définir un type de basalte sert également à désigner une
série magmatique. Il y a donc dans la terminologie une ambiguïté, la série tholéiitique n’est
pas la seule dont les termes basiques soient représentés dans les basaltes tholéiitiques ; elle
n’est pas non plus constituée uniquement de tholéiites ; mais aussi des laves intermédiaires
appelées andésites mais qu’il est plus correct d’appeler islandites, et des laves acides de
composition rhyolitique.
La faible valeur du rapport (Na2O +K2O)/SiO2 est l’un des caractères chimiques principaux de
la série tholeiitique. Donc les laves de cette série sont plus pauvres en Na2O et K2O que
celles des autres séries. Le calcul de la norme CIPW fait apparaître pour toutes les laves de
cette série une sursaturation en silice c’est-à-dire présence du quartz et de l’hypersthène
normatifs. L’existence d’un enrichissement marqué en fer dans les termes intermédiaires
(ferro-basaltes, icelandites) est souvent considérée comme une particularité de cette série.
On peut la mettre en évidence à l’aide du diagramme AFM ou du diagramme du type Harker.

Figure 3 : Diagramme AFM mettant en évidence deux séries magmatiques : la série
tholéiitique et calco-alcaline
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Figure 4 : Distinction des principales séries magmatiques à partir du diagrammme (Na 2O +


K2O) / SiO2

  Le terme le plus basique de la série s’appelle picrite tholéiitique ou basalte tholéiitique. Le


premier basalte qui se différencie s’appelle islandite (andésite tholéiitique) et le dernier
terme est la rhyolite tholéiitique.
Basalte tholéiitique Islandite Rhyolite tholéiitique
Du point de vue minéralogique, la pigeonite (clino-pyroxène pauvre en calcium) est le
minéral le plus caractéristique. La fugacité d’oxygène (PO 2) est faible, donc le magma est
pauvre en eau. Il faut exclure les minéraux ferrotitanés (oxydes Fe-Ti) et les minéraux
hydroxylés tels que biotite, amphiboles, muscovite.
Le plagioclase est au liquidus c'est-à-dire qu’il est le premier minéral qui apparaît dans le
liquide magmatique. Il extrait Al2O3 et CaO donc les minéraux qui se forment vont être
pauvres en Al2O3 et CaO. D’où les phénocristaux du type Augite subcalcique, pigeonite.
L’olivine lorsqu’elle existe, apparaît essentiellement sous forme des phénocristaux, elle
est parfois en quantité importante dans les basaltes picritiques, elle présente souvent une
réaction avec le liquide sursaturé en silice et se transforme en orthopyroxène (exemple :
hypersthène).
II.1.2. Série calco-alcaline (ou série à hypersthène)
La série calco-alcaline contient comme la précédente des laves sursaturées en silice,
elle en diffère cependant sur des nombreux points. Les laves qui la caractérisent sont celles
qui sont riches en Aluminium (SiO2˂53%, Al 2O3>>17%), les andésites (53%˂ SiO2˂ 62%),
dacites (62%<SiO2<68% et les rhyolites (SiO2>68%). Les points représentatifs et leurs
compositions se situent dans un diagramme alcalins/silice dans un domaine particulier
compris entre celui de la série tholéiitique et de la série alcaline. Elles sont donc plus riches
en alcalins (avec Na2O>K2O) que celles de la série précédente. De plus il n’ya pas ou il y a peu
d’enrichissement en fer dans les termes intermédiaires. Cela peut s’expliquer par la
cristallisation précoce des oxydes ferro-titanés tels que Ilménite, Titano-magnétite
principalement.
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Le minéral caractéristique de cette série est l’hypersthène. L’olivine apparaît souvent en


phénocristaux dans les termes basiques et intermédiaires, mais elle est instable et par suite
d’une réaction avec le liquide, elle se transforme en orthopyroxène.
Les laves basique et intermédiaire de cette série sont porphyriques et les phénocristaux
de plagioclase ainsi que de clinopyroxène sont fortement zonés. Par rapport aux islandites,
les laves basiques et intermédiaires de cette série sont souvent porphyriques et les
phénocristaux des plagioclases et des clinopyroxènes sont souvent zonés. Par rapport aux
icelandites, les laves intermédiaires (andésites et dacites) sont plus riches en Al 2O3 (>17%)
mais plus pauvres en TiO2 et en Fer. La présence très fréquente des minéraux hydroxylés
(Hornblende, Biotite) constitue également une des particularités minéralogiques de la série
calco-alcaline.
Les termes de la série calco-alcaline sont :
Basalte calco-alcaline Andésite Dacite Rhyolite calco-alcaline.

II.1.3 Série alcaline


La série alcaline diffère de deux précédentes par l’ensemble des caractères suivants :
- Valeur du rapport alcalins/SiO2 élevé ;
- Présence d’olivine stable (phénocristaux et mésostase) et des feldspathoïdes
(Néphéline, Analcime, Leucite, Haüyne, Noséane).
- Il y a absence d’orthopyroxène et de clinopyroxène pauvre en Ca.
Le déficit en silice dans le calcul de la norme entraîne l’apparition des feldspathoïdes virtuels
et de l’olivine.
Les termes de la série alcaline sont :
Ankaratrite Basalte alcalin (ou Basanite) Hawaïte Mugéarite
Benmoréite Liquide résiduel (sous-saturé : Phonolite ; saturé : Trachyte ; sursaturé :
Rhyolite)
  II.1.4. Série transitionnelle
L’existence d’une série intermédiaire entre la série tholéiitique et la série alcaline
montre qu’on ne peut pas considérer les séries magmatiques comme des entités
indépendantes les unes des autres du point de vue minéralogique et chimique. La série
transitionnelle est représentée par les basaltes à hypersthène et l’olivine normative, des
laves intermédiaires (ferrobasaltes, basalte à andésine enrichie en fer comme celle de la
série tholéiitique et des roches acides sursaturées en silice dont l’hyperalcalinité constitue la
caractéristique essentielle. Les laves hyperalcalines sont des roches dans lesquelles la
quantité d’alcalins est supérieure à celle qui entre dans la composition des feldspaths (et le
cas échéant des feldspathoïdes). Autrement dit, pour qu’une lave soit hyperalcaline, il faut
qu’elle satisfasse à la condition suivante : Na + K >Al. C’est le cas de comendites et
pentellerites c'est-à-dire des laves rhyolitiques des séries alcaline et transitionnelle.
Du point de vue minéralogique, les termes basiques de la série transitionnelle,
contiennent dans leur mésostase soit de l’olivine, soit de la pigeonite et de l’hypersthène
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selon leur degré de saturation en silice ; des traces d’olivine et de clinopyroxène pauvre en
calcium sont souvent tenues pour caractéristique.
L’hyperalcalinité des laves acides se traduit par la présence des minéraux sodiques non
alumineux tels que : Aegyrine (pyroxène sodique), arfredsonite (amphibole sodique). Un
exemple le plus connu de la série transitionnelle est celui de Boina en Afar (Quaternaire
récent) lié au contexte d’extension.
Les termes de la série transitionnelle sont :
Basalte transitionnelle dont l’évolution est fonction de la série tholeiitique ou de la série
alcaline.

II.1.5. Série shoshonitique


Cette série est caractérisée par une teneur très élevée en potassium. Les caractères
minéralogiques les plus remarquables de la série shoshonitique sont :
- La présence des phénocristaux zonés d’olivine, de clinopyroxène, de plagioclase et
parfois d’orthopyroxène ;
- L’abondance des feldspaths potassiques dans la mésostase et autour des
phénocristaux de plagioclases (aussi bien dans les termes basiques que dans les
termes intermédiaires).
- Présence dans la mésostase d’olivine relativement riche en Fer. D’autres minéraux
peuvent également se rencontrer notamment : la phlogopite interstielle, l’analcime, la
leucite ainsi que les polymorphes de haute température de la silice (quartz, opale,
tridymite, calcédoine, cristobalite, coésite, stishovite).
Termes de la série shoshonitique :
Basalte shoshonitique (absarokite) Shoshonite Latite

Le diagramme ci-dessous permet de regrouper les differentes séries magmatiques en


deux domaines principaux : le domaine sub-alcalin qui comprend la série tholéiitique, la
série calco-alcaline et la série transitionnelle; et le domaine alcalin qui comprend la série
alcaline et la série shoshonitique.
 
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Figure 5 : diagramme de Harker alcalins-silice,


permettant de visualiser les grands domaines magmatiques (Cox et al., )

II.2. ZONATIONS SPATIALES DES SERIES MAGMATIQUES

Chacune des séries magmatiques est caractéristique d'un environnement tectonique


particulier :
    - La série tholéiitique : typique des zones de divergence (dorsales), mais on la rencontre
également dans les zones intraplaques océaniques (points chauds) ou continentales (trapps),
dans les zones de subduction (coté fosse), et dans les bassins arrière-arc (zone de
subduction, coté externe).
    - La série calco-alcaline : caractéristique des zones de subduction. On peut ajouter qu'elle
constitue un excellent marqueur des zones de subduction anciennes (île de la Croix par
exemple).
    - La série transitionnelle : se rencontre dans les zones intraplaques continentales et dans
les cordillères des marges actives.
    - La série alcaline : typique des zones intraplaques continentales, mais on la rencontre
également dans les océans (certains points chauds : Açores...) et dans les cordillères des
marges actives (Andes).
    - La série shoshonitique : se rencontre dans les cordillères des marges actives, parfois dans
les arcs insulaires.
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CHAPITRE III : ORIGINE DES MAGMAS

III.1 MAGMAS THOLEIITIQUES

Bowen, en 1928, avait proposé une origine commune des basaltes à partir de la
fusion d’une roche - mère ayant la composition d’une péridotite à feldspaths.
A cette roche mère théorique, appelée pyrolite correspond en fait une péridotite de
type lherzolite qui donne, par fusion partielle (15% environ), un liquide basaltique
tholéiitique, en laissant comme résidu solide une harzburgite, péridotite appauvrie en
certains éléments (Ti, Al, Ca, Na, k…). Les harzburgites constituent la partie sommitale du
manteau, au voisinage du Moho, on les rencontre en abondance dans les ophiolites comme
celles d’Oman.
On sait aujourd’hui que la fusion du manteau sous les dorsales des océans et des
bassins arrière-arcs commence vers 50-60 km de profondeur. La décomposition rapide du
manteau se produit sans échange de chaleur (décomposition adiabatique) et provoque la
fusion partielle de la péridotite .Les taux de fusion de 20% sont possibles mais semblent
exceptionnels, la gamme courante est de l’ordre de 3-10% de fusion. Dans ces
conditions, sous faibles pressions, les magmas produits sont saturés ou sursaturés en silice,
ce qui est bien un caractère de séries tholéiitiques. Les magmas sont extraits de la zone
source du manteau et collectés par des drains internes à la péridotite et migrent vers le haut
par différence de densité (2,8 contre 3,3 pour le manteau). Ils rassemblent dans des
réservoirs (les chambres magmatiques) permanents ou temporaires selon le type de dorsale
rapide ou lente.
Les ophiolites archéennes d’Afrique du Sud nous renseignent sur le magmatisme de
cette époque. Elles contiennent des roches péridotitiques, les Komatiites, qui impliquent des
taux de fusion plus élevés qu’actuellement (40 à 50%). Ces roches ultrabasiques dont le nom
provient de la rivière de Komati, présentent une structure à grandes aiguilles d’olivine et de
pyroxène dans une matrice vitreuse. Elles contiennent 18 à 32% de MgO, moins de 1%
d’alcalins et moins de 1% de TiO2. Fréquente jusqu’à 2500 M.a., elles sont rares au
Paléozoïque jusqu’à 1000 M.a. Leur disparition est en accord avec les modèles qui prévoient
une forte diminution du gradient géothermique au cours du Précambrien.

III.2. ORIGINE DES MAGMAS ALCALINS

On a pensé que les magmas alcalins provenaient de la fusion d’une péridotite de


même composition que celle produisant les magmas tholéiitiques, mais intervenant à plus
grande profondeur et avec des taux de fusion bien inférieurs (quelques %) conduisant à des
magmas sous-saturés en silice. En fait, dans le cas des points chauds, on penche aujourd’hui
vers une origine à partir d’une source différente, provenant d’un réservoir différent, le
manteau inférieur. Le caractère enrichi de ces magmas étant une signature de la source. Le
problème est certainement plus complexe car des interactions peuvent se produire entre le
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manteau inférieur et le manteau supérieur. Cependant, dans les panaches mantelliques


montants sous les points chauds, il est admis que la fusion commence à 200 km de
profondeur et que les magmas sont stockés sous la lithosphère dans des réservoirs à 100-80
km de profondeur. Il s’agit bien des conditions différentes de celles des dorsales (début de
fusion à 50-60 km, réservoir à moins de 10 km de profondeur).
Au niveau des continents, des grandes cassures peuvent rester fonctionnelles très
longtemps (dizaines de millions d’années) et permettre aussi une remontée de la lherzolite
qui subit une fusion à faible profondeur (25-30 km) en donnant des magmas basaltiques
tholéiitiques. Dans d’autres cas, la fusion se fait à plus grande profondeur sous les continents
(100 km) et à partir des panaches mantelliques, le magma est alors de type basaltique alcalin
et subit, dans des chambres magmatiques, une cristallisation fractionnée importante qui
conduit à des termes acides. Ces magmas alimentent le volcanisme ponctuel
intracontinental.

III.3. ORIGINE DES MAGMAS ANDESITIQUES

Les modalités de genèse des magmas orogéniques doivent répondre aux contraintes
suivantes :
- Leur profondeur de formation doit être de l’ordre de 100 km (profondeur moyenne
de la plaque subductée sous l’axe volcanique, pression de 30 kbar environ) ;

- Les laves les plus abondantes en surface (basaltes, andésites) ne peuvent être
produites qu’à partir d’un solide initial ultrabasique (péridotites mantelliques) ou
basique (croûte océanique métamorphisée lors de la subduction) ;

- Les laves présentent un caractère hydraté qui implique la présence d’eau au niveau
de la zone de fusion partielle. La présence d’eau est d’ailleurs indispensable pour que
la fusion partielle puisse avoir lieu dans les conditions prévues par le modèle de flux
thermiques des zones de subduction (30 kbar et 1000 à 1100°C) ;

- Les magmas basiques produits doivent subir des évolutions et des différenciations
importantes pour rendre compte de l’importance des termes intermédiaires et
acides (andésites, dacite, rhyolithes).

Le modèle schématique de la (figure 14) répond à toutes ces conditions et semble


applicable à la majorité des cas connus. La croûte océanique subductée subit un
métamorphisme dans les conditions du faciès amphibolite puis éclogite. La transition
amphibolites / éclogites s’accompagne d’une déshydratation importante qui libère un fluide
aqueux très minéralisé (sa composition dépend de l’âge et de l’altération de la croûte et de
l’importance du matériel sédimentaire). Ce fluide, transféré dans le coin de manteau sous
l’arc, modifie sa composition chimique et provoque une fusion partielle des péridotites qui
engendre des liquides basiques relativement hydratés (andésitiques ou basaltiques) voire
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dans certains cas des liquides acides. Ces liquides remontent au sein du manteau puis de la
croûte et subissent d’importantes modifications résultant :
- d’interactions avec l’encaissant mantellique puis crustal (assimilation, transport des
fluides) ;

- d’une différenciation par cristallisation fractionnée ;

- des mélanges des magmas (provenant de la même source ou de l’anatexie de la


croûte).

Ce modèle s’applique à la majorité des cas, c’est-à- dire lorsque la plaque concernée par
la subduction est âgée et épaisse (donc trop froide pour subir une fusion partielle).
Cependant, dans certains cas, le contexte géodynamique (dorsale à proximité d’un plan de
subduction) met en jeu une plaque jeune et mince dans le phénomène de subduction.
Il peut alors y avoir une fusion partielle de la plaque plongeante, qui est suffisamment
chaude pour cela. Ce phénomène est suspecté au large du Chili ou dans l’île de Mindanao
(Philippines), où le volcanisme donne naissance à des roches particulières,
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Figure 6 : Représentation schématique des différentes étapes de l’évolution des magmas
andésitiques (orogéniques) au cours de la subduction (R.C. Maury, 1984 à partir de
Ringwood, 1977)

Les adakites (Maury et al, 1996), roches, dont le nom vient de l’île d’Adak (Alaska)
sont des roches intermédiaires ou acides (andésites, dacites, rhyolites), dont la signature
géochimique particulière les approche des plutons acides des séries trondhjémite-tonalite-
granodiorite (TTG) de l’Archéen. Ces TTG ont été aussi interprétées comme résultant de la
fusion d’une croûte océanique (non encore déshydratée) subductée (Martin 1986, 1993). Les
TTG sont fréquentes avant 2500 M.a., leur raréfaction brutale suppose une modification du
gradient géothermique accompagnée d’un changement du régime magmatique.
Au terme de cette évolution, les magmas sont stockés dans un réservoir magmatique
superficiel jusqu’à l’éruption. Les différents processus volcaniques peuvent être remplacés
sur un schéma qui tient compte à la fois des données de la pétrologie expérimentale et de la
sismologie et résume les différentes origines des magmas. (Figure 15 et tableau2). Par
rapport au début à propos de la structure sismique de la Terre, on voit que la pétrologie-
géochimie plaide pour un manteau à deux couches convectives (manteau supérieur-
manteau inférieur) dont la couche inférieure est le siège d’hétérogénéités persistantes sur
des très longues périodes. Les processus de subduction seraient responsables de ces
hétérogénéités (ce qui suppose que les plaques subductées puissent des temps à autres
dépasser la barrière mécanique de 670 km pour être mélangées au manteau inférieur)
tandis que la convection mantellique tendait à en atténuer les effets.

III.4. MAGMAS GRANITIQUES


Les magmas acides (SiO2 > 65%) naissent principalement dans le contexte de fusion de la
croûte continentale riche en silice et aluminium (SIAL).

REGLES DE CALCUL DE LA NORME C.I.PW (TP)

1. Les quantités inférieures à 2mmol peuvent être négligées


2. MnO et NiO sont comptés avec FeO, de même BaO et SrO sont comptés avec CaO
3. Joindre CaO à P2O5 dans le rapport 10/3 pour former l`apatite. P205=3,3 CaO dans
une molécule d`apatite.
4.
5. Joindre Na2O à Cl2 dans le rapport 1/1 pour former l`Halite.
6. Joindre Na2O à SO2, dans le rapport 1/1 pour former la thenardite (le SO 2 dosé dans
les analyses représente quelque fois le soufre de la pyrite).
7. joindre FeO à S (…SO2) dans le rapport ½ pour former la pyrite.
8. Joindre FeO à Cr2O3 dans le rapport 1/1 pour former la chromite.
9. a) Joindre FeO à TiO2 dans le rapport 1/1 pour former l`Ilménite,
19 Cours de pétrologie magmatique et métamorphique L1 Géologie. Prof. KAPAJIKA BADIBANGA

b) S`il y a un excès de TiO2, le joindre à CaO dans le rapport 1/1 pour former le sphène
provisoire, mais seulement après avoir formé l`anorthite provisoire (Règle * 15). S`il y a
encore excès de TiO2, les compter comme Rutile.
10. joindre CaO à F2 dans le rapport 1/1 pour former la fluorine
11. a) Si la roche n`est pas altérée et si elle renferme de la cancrinite, joindre Na 2O à CO2
dans le rapport 1/1 pour former le carbonate de Na.
b) La si la roche contient de la calcite, joindre CaO à CO2 dans le rapport 1/1 pour
former la calcite.
Si la calcite est primaire, elle est comptée comme Barylite.
Si elle est secondaire (produit d`altération) ou si elle résulte de l`assimilation d`un
calcaire, elle n`est comprise ni dans les Coophalites ni dans les Barylites et doit être
compté a part.
12. réserver ZnO2 pour le Zircon provisoire.
13. Joindre Al2O3 a K2O dans le rapport 1/1 pour former l`orthose provisoire
14. dans de cas très rare ou K2O est en excès sur Al2O3, le réserver pour le metasilicate de
potassium provisoire.
15. joindre l`excès de Al2O3 après (*12) au reste de Na2O après (*4), (*5) et (*10), dans le
rapport 1/1 pour former l`Albite provisoire.
S`il y a excès Na2O sur Al2O3 disponible, voir (*18)
16. a) Joindre l`excès de Al2O3 sur (K2O+Na2O) après (*12) et (*14) au reste de CaO après
(*3), (*8b), (*9) et (*10b) dans le rapport 1/1 pour l`Anorthite provisoire.
b) Joindre l`excès éventuel de TiO2 après (*8a) à CaO dans le rapport 1/1 pour le
sphère provisoire d`après la règle (*8b).
17. S`il y a excès de Al2O3 sur CaO après (*15), le compter comme corindon.
18. Si après (*15), il y a un excès de CaO sur Al2O3, voir la règle (*23) et (*24).
19. S`il y a un excès de Na 2O après (*14), le joindre à Fe2O3 dans le rapport 1/1 pour
former l`Aegyrine provisoire.
20. Si après (*18), il y a encore un excès de Na 2O, le reserver pour le méta silicate de
sodium provisoire.
21. Si comme d`ordinaire après (*18), Fe2O3 est en excès sur Na2O, le joindre au reste de
FeO après (*6), (*7) et (*8) dans le rapport 1/1 pour former la magnétite.
22. S`il y a un excès de Fe2O3 après (*20) le compter comme hématite.
23. Le reste de FeO après (*20) est additionné à MgO. On tiendra compte dans la suite
des proportions relatives de ces deux oxydes.
24. Joindre l’excès de CaO après (15) à la somme (MgO + FeO) de (22) dans le rapport 1 à
1 pour former le diopside provisoire. Les proportions relatives de MgO et FeO
établies en (22) sont conservées.
25. s`il y a excès de CaO (*23), le réserver pour la Wollastonite.
26. s`il y a un excès de (Mg, Fe)O après (*23), le réserver pour l`hypersthène provisoire.
20 Cours de pétrologie magmatique et métamorphique L1 Géologie. Prof. KAPAJIKA BADIBANGA

27. tous les oxydes sauf le SiO2 ont été distribues entre les molécules définitives ou
provisoires des minéraux étalons. SiO2 doit être distribuée maintenant entre les
molécules provisoires dans les rapports suivants :
 SiO2.ZrO2 pour former le Zircon provisoire (1/1 voire *11)
 SiO2.CaO.TiO2 pour former le sphère provisoire (1/1/1 voire *18)
 4SiO2.Na2O.FeO3 pour former l`Aegyrine provisoire (4/1/1 voire *18)
 SiO2.K2O ou Na2O pour former les méta silicates de potassium ou sodium (1/1
voire *13 et *19)
 6SiO2.K2O.Al2O3 pour former l`orthose provisoire (6/1/1 voire *12).
 6SiO2.Na2O3 pour l`Albite provisoire (6/1/1 voire *14)
 2SiO2.CaO.Al2O3 pour former l`Anorthite provisoire (6/1/1 voir *15)
 SiO2 (Mg,Fe)O CaO pour former le diopside provisoire (1/1/1 voir *23)
 SiO2. CaO pour former la wollastonite provisoire (1/1 voire *14)
 SiO2(Mg, Fe)O pour former l`hyperstène provisoire *25
28. Faire la somme des milli-molécules de SiO2 utilisées dans * 26 et la soustraire de SiO2
totale.
La différence ou l`excès de SiO2 est compté comme quartz.
Dans ce cas, toutes les molécules provisoires deviennent définitives.
29. dans le cas contraire, c`est-à-dire s`il y a un déficit de SiO 2 après *26 retrancher SiO2
attribuée a l`hypersthène de la somme de SiO 2 utilisée en (*26). La différence est
soustraite de SiO2 totale. S`il y a alors un excès de SiO2 supérieur à la moitié de la
quantité de (Mg, Fe)O de (*25), cet excès est distribué entre les millimolécules de
(Mg,Fe)O de l`hypersthene et d`olivine d`après les équations suivantes :
Soient x le nombre de millimolécules de (Mg, Fe) O de l`hypersthène et y le nombre
de milli-molécules de (Mg, Fe)O d`olivine, on résout le système :
x + y = m, quantité de (Mg, Fe)O disponible

x + y/2 = S, quantité de SiO2 disponible.


D’où x = 2S – m et y = m – x.
Dans cette opération, MgO et FeO sont répartis dans les proportions établies en
(22) et utilisés en (*23). Après cette opération, toutes les molécules sont définitives.
30. Si la quantité de SiO2 est inférieure à la moitié de (Mg, Fe)O, ces oxydes sont comptés
comme olivine dans le rapport 2(Mg, Fe)O :SiO2.
En ce cas, SiO2 attribué au sphène de (*15) est soustrait de SiO2 utilisé en (*26),
compte tenu de la transformation de l`hyperstène en olivine. CaO et TiO2 sont alors
comptés comme perovskite
31. Si le déficit de la silice persiste après ( *29), retrancher SiO2, attribué a l`albite
provisoire de la quantité de SiO 2 utilisée en (*26), compte tenu de transformation de
l`hypersthène en olivine et du sphène en perovskite (29).
21 Cours de pétrologie magmatique et métamorphique L1 Géologie. Prof. KAPAJIKA BADIBANGA

Si la quantité de SiO2 devenue disponible est comprise entre 2 et 6 fois celle de Na 2O


attribuée à l`albite provisoire de (*14), la distribuer entre l`Albite et Néphéline
d`après les équations suivantes :
Soit x, le nombre de milli-molécules d`albite et
y, le nombre de milli-molécules de néphéline.
x + y = n, n→ quantité de Na2O disponible
6 x + 2y = s, s→ quantité de SiO2 disponible
x+y=n
* y = n-x
6x + 2(n-x) = s
6x + 2n-2x = s
4x = s-2n
* x = (s-2n)/4
Après cette opération, toutes les molécules sont définitives.
32. Si la quantité de SiO2 disponible est inférieure à 2Na 2O feldspathisable, calculer toute
la soude comme Néphéline. En ce cas retrancher SiO2 attribué à l’orthose de la
quantité de SiO2 utilisée en (26), l’hypersthène étant transformé en olivine, le
sphène en perovskite (29) et l’albite en néphéline. Si la quantité de SiO2 devenue
disponible est comprise entre 4 et 6 fois celle de K2O attribuée à l`Orthose
provisoire (*12), la distribuer entre Orthose et la Leucite d`après les équations
suivantes :
Soit x, le nombre de milli-molécules d`Orthose et y le nombre de milli molécules de
Leucite.
On résout le système
x + y = K, quantité de K2O disponible
6 x + 4y = S, quantité de SiO2 disponible
S  4K
D`où x = et y= K- x
2
Après cette opération, toutes les molécules sont définitives.

33. si la quantité de SiO2 disponible est inférieure à 4K2O feldspathisable, calculer toute
la potasse comme Leucite.
En ce cas, retrancher de SiO2 totale de la roche, somme de molécules SiO2 total de la
roche, la somme des milli-molécules de SiO2 attribuées à la leucite, la néphéline,
l`anorthite, l`aégyrine, l`olivine et éventuellement au zircon et au métasilicate de sodium.
Suivant la quantité de SiO2 libérée, il faudra répartir CaO de la wollastonite et du
diopside entre le diopside et l`olivine.
Deux cas sont possibles :
22 Cours de pétrologie magmatique et métamorphique L1 Géologie. Prof. KAPAJIKA BADIBANGA

1. Ou bien il y a assez de wollastonite à transformer en orthosillicate de calcium sans


devoir entamer le diopside.
2. Ou bien il n`y en a pas suffisamment.
Le deuxième cas est le plus fréquent.
Les équations suivantes permettent de résoudre :
Soient x le nombre de nouvelles milli-molécules du diopside
y le nombre de nouvelles milli-molécules d’olivine et z le nombre de milli-molécules
d’orthosilicate de calcium
x +2y = m [m = quantité du diopside provisoire

x + 2z = c [c= quantité du CaO du diopside et de la wollastonite provisoire


2 x + y+z = s [s = quantité de SiO2 disponible]
2s  m  c mx cx
D`où x = ,y= et z =
2 2 2
Après ces opérations toutes les molécules sont définitives.
Dans le premier cas, SiO2 total de la roche est retranché de SiO2 attribuée à la
leucite, néphéline, anorthite, Aégyrine, diopside, olivine et wollastonite provisoires.
Le déficit présente le nombre de milli-molécule d`orthosilicate de calcium, ainsi que la
quantité de SiO2 qui doit lui être attribuée dans le rapport 2CaO : SiO2.
Le résidu du CaO reste à l`état de Wollastonite définitive et s`unità SiO2 dans le rapport 1/1.
34. Dans les très rares cas où il n`y a pas assez de SiO2 pour former la leucite seule,
distribuer SiO2 disponible entre la leucite et Kaliophilite après avoir retranché de SiO2
totale la somme de milli-molécules de SiO2 utilisées pour la formation de la néphéline,
d`anorthite, de l`aegyrine, du métasilicate de sodium, d’olivine, de l`ortho silicate du
calcium et du zircon.
Les proportions de Leucite et de Kaliophilite sont calculées d`après les équations
suivantes :
Soient : x, le nombre de milli-molécules de Leucite et
y, le nombre de milli molécules de Kaliophite.
x + y = K, quantité de K2O disponible
4 x + 2y = S quantité de SiO2 disponible.

S  2K 4K  S
D`où x = et y = K- x ou y =
2 2
Etablir la composition virtuelle de la roche en multipliant les proportions moléculaires
des minéraux étalons par les masses moléculaires correspondantes.
Kaliophilite : K2O.Al2O3.2SiO2 (316 gr)
Métasilicate de sodium : Na20.SiO2 (122 gr)
Métasilicate de potassium : K2O.SiO2 (154 gr)
Carbonate de sodium : Na2O.CO2 (106 gr)
23 Cours de pétrologie magmatique et métamorphique L1 Géologie. Prof. KAPAJIKA BADIBANGA

Halite : Na2Cl2 (117 gr)


Thenardite : Na2SO3 (142 gr)
Orthosilicate de calcium: 2CaO.SiO2 (172 gr)
Chromite: FeO.Cr2O3 (224 gr)
Sphène: CaO.TiO2.SiO2 (196 gr)
Perowskite: CaO.TiO2 (136 gr)
Rutile : TiO2 (80)
Fluorite (CaF2): (78 gr)
Calcite: CaO.CO2 (100 gr)
Pyrite: FeS2 (120gr)
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DEUXIEME PARTIE : PETROLOGIE METAMORPHIQUE

CHAPITRE I : GENERALITES

Le métamorphisme c’est l’adaptation minéralogique et structurale des roches déjà solides à


des conditions physico-chimiques différentes de celles de leur lieu de genèse. Ce
phénomène s’applique à tous les types de roches. Si le métamorphisme affecte les roches
magmatiques on obtient des ortho-métamorphites. Le préfixe Para- indique que la roche de
départ est sédimentaire ; Poly- lorsque la roche de départ est déjà métamorphique.
Différents facteurs contribuent au métamorphisme :
- Les facteurs physiques : Pression et Température
- Les facteurs chimiques : H2O, CO2
- La nature originelle de la roche
- Le temps
Nature originelle de la roche :
La roche réagira différemment en fonction de sa nature qui, à elle seule ne peut pas
transformer la roche. C’est ainsi qu’elle doit jouer avec les autres facteurs.
Calcaire Marbre
Grès Quartzite
Gabbro Amphibolite
Argilite Schiste
24 Cours de pétrologie magmatique et métamorphique L1 Géologie. Prof. KAPAJIKA BADIBANGA

Granite Gneiss
Durée :
La durée joue un rôle non négligeable dans le métamorphisme. Ex. si on exerce une pression
de 6 Kb pendant quelques heures sur de la craie il n’y a aucun changement. Mais si on
exerce la même pression pendant 17 ans, la craie se transforme en calcaire.
La pression brutale ne change pas la nature de la roche et produit l’écrasement de celle-ci.
Mais une faible pression qui dure produit le changement du réseau cristallin.
Température :
Elle joue un grand rôle dans l’évolution minéralogique de la roche. Ex1. Si on prend un
mélange SiO2 + Al2O3 + FeO +MgO + K2O + H2O
- A une pression de 1 Kb et une T° inférieure à 500°C, il y a formation de la muscovite.
- A la même pression pour une T° supérieure à 500°C il y a formation de la biotite.
Ex2. Si on a une série argileuse riche en Al, Fe et Mg, à la T° inférieure à 500°C il y a
formation du chloritoïde. Entre 500 et 700°C il y a formation de la staurotide. A une T°
supérieure à 700°C il y a formation de la biotite ferrifère ou magnésienne.
D’une façon générale, les roches métamorphiques obtenues à basse température sont riches
en minéraux hydroxylés alors qu’à haute température on a des minéraux de plus en plus
secs.
Pression : On distingue la pression lithostatique (Pl), la pression des fluides (Pf) et la
pression orientée (pression tectonique). A une profondeur donnée la pression peut
influencer l’équilibre minéralogique et cet équilibre peut faire varier la règle des phases.
La variance ou degré de liberté d’un système thermodynamique est le nombre maximum de
variables d’action que l’on peut modifier sans modifier l’équilibre du système.
La variance d’un système thermodynamique est donnée par la règle de phases de W. Gibbs :
V=C+2–P
V : degré de liberté du système
C : nombre de constituants chimiques indépendants
P : nombre de phases (solides + fluides).
Exemple : Déterminer la variance du système donné par la réaction ci-après :
Calcite + Quartz Wollastonite + Dioxyde de carbone
CaCO3 + SiO2 CaSiO3 + CO2
C = 3 (CaO, SiO2 et CO2)
P = 4 (3 phases solides et une phase fluide)
V=3+2–4
V=1
Ce système possède donc un seul degré de liberté vis-à-vis de deux variables d’action
fondamentale (T° et P). Cela revient à dire que si la pression est fixée arbitrairement,
l’équilibre ne pourra se réaliser qu’à une seule température. Ce système à un seul degré de
liberté est qualifié de monovariant et dans le diagramme P / T, l’équilibre se situera sur une
courbe dont chaque point correspondra à un couple (P,T) bien défini.
Déplacement des courbes d’équilibre et influence de la composition de la phase fluide
25 Cours de pétrologie magmatique et métamorphique L1 Géologie. Prof. KAPAJIKA BADIBANGA

En reprenant l’exemple de l’équilibre précédent qui met en jeu 4 phases et 3 constituants


chimiques indépendants, on a une courbe d’équilibre monovariant.
Si dans la roche initiale où se produit la réaction il existe déjà de l’eau (ce qui est fréquent
dans la nature), le dégagement de CO2 va se produire alors qu’il existe déjà une phase fluide
H2O à laquelle il va se mêler modifiant ainsi sa composition qui sera le mélange CO2 + H2O.
L’équilibre devient : H2O + CaCO3 + SiO2 CaSiO3 + CO2 + H2O
Ici Pf = PH2O + PCO2
Les constituants C = 4 (CaO, SiO2, CO2 et H2O) et P = 4 (CO2 et H2O forment une seule phase
fluide).
V = 4 + 2 – 4 d où V = 2 ;
L’équilibre est divariant et ceci signifie qu’il n’existe plus une seule courbe d’équilibre mais
que l’équilibre correspond à une infinité de courbes qui se déplacent dans le diagramme P /
T, chacune des courbes correspondant à une valeur particulière du rapport X = CO2 / H2O de
la phase fluide (Fig). Cette figure montre le déplacement de la courbe d’équilibre Calcite +
Quartz Wollastonite + CO2 en fonction de Pf pour diverses compositions de la
phase fluide.
(a) XCO2 = 0,13
(b) XCO2 = 0,25
(c) XCO2 = 0,50
(d) XCO2 = 0,75
(e) XCO2 = 1
CHAPITRE II : LES GRANDES SUBDIVISIONS METAMORPHIQUES
Il existe deux grands types de division métamorphique :
- Métamorphisme local circonscrit
- Métamorphisme général (régional)
Dans le premier type on distingue :
- Le métamorphisme cataclastique
- Le métamorphisme de contact
- Le métamorphisme pyrométasomatique
Le 2ème type est le plus rencontré et le plus important. Il donne des schistes cristallins, il se
subdivise en métamorphisme régional s.s et métamorphisme d’enfouissement.
II.1 Métamorphisme local
II.1.1 Métamorphisme d’impact
Il s’agit d’un type de métamorphisme lié à l’impact des météorites qui viennent s’écraser sur
le globe terrestre créant ainsi des cratères de 30 à 50 km de diamètre.
Sur le plan structural, l’environnement de ce cratère montre que les minéraux sont
fortement cataclasés. Les différentes formations géologiques sont transformées en brèches
tectoniques et à la base du cône d’impact on constate que les roches présentent une
fracturation en cône renversé par rapport au centre de la dépression. Du point de vue
minéralogique, on a la présence de la coesite, la stishovite qui sont les formes de silice qui se
forment à haute pression (70 à 80 Kbar).
26 Cours de pétrologie magmatique et métamorphique L1 Géologie. Prof. KAPAJIKA BADIBANGA

II.1.2 Métamorphisme cataclastique


C’est un métamorphisme qui est lié aux domaines de failles et des chevauchements
produisant des mylonites.
II.1.3 Pyrométamorphisme
C’est un métamorphisme qui se rencontre dans les enclaves xénolithiques retenues dans la
lave ou au lieux d’incendies des houilères.
II.1.4 Métamorphisme métasomatique
La métamorphose ou encore une transformation allochimique (c-à-d transformation dans un
système ouvert) est un processus de transformation de la roche par échange de le matière.
Actuellement on pense que la métasomatose pourrait jouer au voisinage des magmas
intrusifs par apport de certains fluides à partir d’un pluton en voie de cristallisation.
II.1.5 Notion de métamorphisme prograde et retrograde
Lorsqu’au cours d’un même épisode de métamorphisme la transformation intervenant dans
une roche correspond à une augmentation de la T° et de la P°, on dit que la roche subit un
métamorphisme prograde c’est-à-dire de degré progressivement plus élevé. Dans ce cas,
l’effet du métamorphisme progressif se traduit par une succession de réactions de
déshydratation si bien que les roches de haut degré du métamorphisme sont anhydres.
A l’inverse, il peut arriver qu’au cours d’un même épisode de métamorphisme les roches
anhydres de la base de la croûte (granulites) se trouvent déplacées par un transport
tectonique et introduites dans un domaine de l’écorce plus superficiel lui-même en voie
d’hydratation.
Ces roches se trouvent alors dans des conditions P et T inférieures à celles qui ont présidé à
leur genèse et elles sont placées dans une ambiance hydratée. Il se produit alors un
reéquilibrage correspondant à des réactions d’hydratation qui constituent un
métamorphisme rétrograde (retromorphose). Exemple d’une retromorphose : La
transformation d’une éclogite en amphibolite au cours de laquelle le pyroxène se transforme
en amphibole et le grenat en plagioclase.
II.1.6 Métamorphisme de contact
Ce métamorphisme se développe uniquement dans les zones superficielles de l’écorce
terrestre. Il est dû à une intrusion d’un corps magmatique chaud. La roche encaissante est
transformée en cornéeennes et schistes tachetés. Les transformations minéralogiques sont
beaucoup plus poussées au contact de l’intrusion et diminuent quand on s’éloigne à cause
de la diminution du flux de chaleur.
Faciès thermométriques :
Type de roche Faciès à Albite- Faciès de cornéeenes Faciès de
épidote I à hornblende II cornéeennes à
pyroxène III
Domaine de T° 400-530°C à 1kb 530-610°C à 1 kb ˃ 610°C à 1kb
Séquence pélitique Ms, Bi, Séricite, Bi, Ms, Plagio Orthose, Bi, Sill,
riche en K Chlorite, Albite, calcique, cordiérite Cordiérite, Plagio
épidote calcique
Séquence pélitique Pyrophyllite, Ms, Chl, Andalousite, Andalousite, Bi, Sill,
27 Cours de pétrologie magmatique et métamorphique L1 Géologie. Prof. KAPAJIKA BADIBANGA

riche en Al Epidote, Albite Cordiérite, Plagio, Cordiérite, Plagio


Ms calcique, FK
Marnes Epidote, Tremolite, Plagio calcique, Hbl, Plagio calcique,
Chlorite, calcite, Diopside Diopside,
Albite, Bi, Ms Hyperstène, Bi, FK
Roches gabbroïques Actinote, Epidote, Plagio calcique, Hbl, Hypersthène,
Dolomite, Bi Anthophyllite, Diopside, Plagio
Diopside, Bi calcique, Bi

Facteurs du métamorphisme de contact


En dehors du facteur T° et du facteur temps qui sont les facteurs les plus importants, les
facteurs secondaires peuvent être considérés notamment :
- La largeur et le volume de l’intrusion
- La nature chimique de l’intrusion
- La conductibilité thermique de roches encaissantes.
On constate que plus l’encaissant est un bon conducteur, plus le temps pour le
métamorphisme est court.
Largeur et volume de l’intrusion :
Soit D le diamètre de l’intrusion ; la durée de recristallisation au niveau des épontes est
donnée par la formule suivante : t = 0,01D2 , t = temps en années, D = diamètre en mètres.
Ex1 : D = 1m, t = 0,01x12 = 0,01 année = 3 jours 14h 24 min
Ex2 : D = 1km, t = 0,01x10002 = 10 000 années
Nature chimique du magma
Un magma acide est généralement plus froid qu’un magma basique. En plus, on sait qu’au
contact de l’intrusion la T° est de 60% par rapport à la T° réelle de l’intrusion.
A D/10 la T° est de 50%
A 2D/10 la T° est de 45%
A D/2 la T° est de 33%
NB : Il faut tenir compte du gradient géothermique.
Exercices d’application :
1-Soit un granite qui se met en place à 2 km de profondeur avec une T° de 800°C.
Déterminez les différents faciès thermométriques qui seront développés dans l’encaissant.
2-Deux granites identiques se mettent en place l’un à 1 km de profondeur et l’autre à 6 km
de profondeur. Le gradient géothermique est de 30°/km et la T° de mise en place est de
700°C.
On demande : a) les faciès thermométriques
b) le diamètre des intrusions étant de 6 km, déterminez la largeur de l’auréole
du métamorphisme pour chaque faciès thermométrique.
II.2 Métamorphisme régional ou thermodynamométamorphisme
II.2.1 Généralités
Ce métamorphisme est associé à l’orogenèse. Comme pour le métamorphisme de contact,
celui-ci se forme également par apport de l’énergie thermique mais sur des zones très
28 Cours de pétrologie magmatique et métamorphique L1 Géologie. Prof. KAPAJIKA BADIBANGA

étendues. En plus l’observation des modifications minéralogiques progressives sur le terrain


permet de conclure à un apport supplémentaire de la chaleur par rapport au gradient
géothermique. Cette chaleur doit être recherchée dans les zones profondes probablement
au niveau du manteau. Au cours de ce métamorphisme tous les facteurs sont conjugués : la
pression lithostatique avec le poids très important des matériaux impliqués, la pression des
fluides surtout l’eau qui joue un rôle très important dans la transformation minéralogique
liée essentiellement aux variations de la température. La pression orientée correspond à la
pression tectonique en relation avec l’orogenèse.
Comparaison avec le métamorphisme de contact :

Métamorphisme de contact Métamorphisme régional


Circonscrit Très étendu
Roches formées : cornéennes Roches cristallophyliennes
Répartition : partie supérieure de l’écorce Dans les zones profondes où la T° et la
terrestre (1 à 10 km de profondeur) pression sont très  élevées
Minéraux non orientés Minéraux orientés à cause de la pression

Il faut noter que la température dans les 2 types de métamorphisme peut atteindre des
degrés très élevés et de ce fait, la différence génétique résiderait dans la pression. Ainsi pour
étudier le métamorphisme régional, trois domaines de pression ont été définis à l’intérieur
desquels évolue la température. Chaque domaine de pression choisi se subdivise en faciès.
Les limites de faciès ont été choisis de manière à coïncider avec l’apparition des phases
minérales dont on connaît le champs de stabilité. En plus, les gradients géothermiques
correspondant à chaque domaine ont été déterminés. On distingue ainsi 4 domaines :
- Métamorphisme de basse pression (BP-HT, type Abukuma). Il a été défini dans la
ceinture de Ryoke et dans le plateau d’Abukuma au Japon par Miyashiro. Le gradient
géothermique varie entre 30 et 70°C/km.
- Métamorphisme de moyenne pression (MP-MT, type Barrow). Il a été défini dans le
série Dabardienne dans les highlands en Ecosse. Le gradient géothermique varie
entre 18 et 30°C/km.
- Métamorphisme de haute pression (HP-BT type Sambagawa.
- Métamorphisme d’enfouissement (burial metamorphism, BP-BT).
II.2.2. Métamorphisme progressif à basse pression
Ce métamorphisme sera étudié dans les métapélites et dans les métabasites. Pour étudier ce
métamorphisme on définit 3 zones.
Dans les métapélites :
- Zone I : zone à chlorite-biotite
29 Cours de pétrologie magmatique et métamorphique L1 Géologie. Prof. KAPAJIKA BADIBANGA

Dans cette zone on a 2 paragenèses :


1- Quartz-Plagio-chlorite-muscovite-sphène-ilménite-graphite
2- Quartz-plagio sodique-chlorite-muscovite-biotite-sphène-ilménite-graphite
Dans cette zone la chlorite est abondante et la biotite brune apparaît en petite quantité. La
muscovite est souvent verdâtre et de composition phengitique. Dans la 1 ère paragenèse le
plagio atteint 7% d’anorthite tandisque dans la 2ème paragenèse il atteint 14% d’anorthite.
- Zone II : c’est la zone à biotite-andalousite. Elle se caractérise par la disparition de la
chlorite et la biotite devient abondante. La biotite tend à devenir rougeâtre dans la
partie chaude. Le plagioclase atteint 14 à 20% An et la muscovite atteint 25% du
volume rocheux et la roche est un micaschiste. On distingue 3 paragenèses :
1- Quartz-plagionsodique-muscovite-biotite
2- Quartz-oligoclase-feldspath potassique-muscovite-muscovite-biotite
3- Quartz-oligoclase-Fk-muscovite-biotite-andalousite
- Zone III : c’est la zone à sillimanite
Elle se caractérise par :
- La disparition progressive de l’andalousite
- L’apparition du grenat almandin contenant 24 à 28% FeO et 3 à 6% MnO
- L’apparition de la cordiérite
- La muscovite atteint 8% du volume rocheux au moins
- Le plagioclase atteint 20 à 30% An.

On distingue 4 paragenèses
1- Qz-oligo-Fk-Ms-Bi-And-Sill
2- Qz-oligo-Fk-Bi-Sill
3- Qz-oligo-Fk-Bi-sill-cordiérite
4- Qz-plagio calcique-Bi-sill-cord-grenat
Faciès métamorphiques:
Ces trois zones peuvent être considérées comme des faciès thermodynamiques et subdivisés
en sous-faciès correspondant aux différentes paragenèses. Winker distingue 3 faciès
correspondant aux zones du type Basse Pression :
- Zone I : GSF (Green Schist Facies)
- Zone II: Epidote-Amphibolite Facies (EAF)
- Zone III : Amphibolite Faciès (AF)
Dans les métabasites :
L’étude de ces roches a conduit à définir 3 zones évolutives également :
- Zone I (GSF) : zone à chlorite-épidote-actinote et biotite
- Zone II (EAF) : zone à amphibole bleu-vert, plagio sodique, et biotite
- Zone III (AF) : zone à amphibole verte, clinopyroxène, labrador
II.2.3. Métamorphisme de moyenne pression
La séquence métapélitique fait apparaître 5 zones dont la minéralogie est fonction de la
température.
30 Cours de pétrologie magmatique et métamorphique L1 Géologie. Prof. KAPAJIKA BADIBANGA

Zone I : zone à chlorite avec comme paragenèse : Qz-chlorite-Ms-Ab. La roche est
généralement une phyllade. L’albite se présente parfois en porphyroblastes ; la muscovite
est de composition phengitique, la chlorite du type ripidolite, la paragonite (muscovite
sodique) peut apparaître sporadiquement. Le stilpnomélane (genre de chlorite) est très rare
dans les métapsammites, la pyrophyllite est absente.
Zone II : Zone à biotite. Ce minéral persiste dans toutes les zones de T° plus élevée que dans
la zone à chlorite. La roche est un micashiste à quartz, chlorite, muscovite, biotite, Ab. Le
chloritoïde apparaït dans la roche à grande teneur de Al2O3 et FeO.
Zone III : Zone à grenat (almandin). Ce minéral persiste dans tous les autres faciès. Les
almandins de cet isograde contiennent environ 26% FeO, 4-5% MnO, 1-2% MgO, 6-8% Cao.
FeO et MgO dans l’almandin tend à croître alors que MnO et MgO décroissent avec
l’augmentation de la température. La roche est un micaschiste à quartz-albite-muscovite-
biotite-almandin.
Zone IV : Zone à staurotide-disthène
La staurotide apparaît dans les parties de basse température de cette zone et le disthène
dans les parties de haute température. On aura des micashistes à :
- Quartz-Plagio-Muscovite-biotite-almandin-Staurotide
- Quartz-plagio-muscovite-biotite-almandin-disthène
Zone V : Zone à sillimanite. Elle se caractérise par l’apparition de la sillimanite et la
disparition du disthène. La sillimanite apparaît par la réaction :
Muscovite + Quartz Sillimanite + Fk
La roche est généralement un gneiss à qz-plagio-muscovite-biotite-almandin-sillimanite-Fk.
Les gneiss peuvent subir dans cette zone un début de fusion (anatexie) pour donner des
migmatites.
Dans les métabasites on distingue :
Zone I : Chlorite-albite-épidote +- muscovite+- biotite +- actinote. La biotite est de couleur
verte à brune.
Zone II : Actinote-biotite
Zone III : Hornblende-oligoclase-+- biotite +- grenat
Zone IV : Hornblende-andésine +- grenat
Zone V : Hornblende-andésine +- grenat +- clinopyroxène
Faciès métamorphiques :
Les différentes zones ont été regroupées en 2 faciès :

Zone I (Chlorite) B11 (B11 : Barrow, 1er faciès, 1ère paragenèse)


Zone II (Biotite) B12
GSF Zone III (Grenat) B13

AF Zone IV (Staurotide) B21


Zone V (Disthène) B22
31 Cours de pétrologie magmatique et métamorphique L1 Géologie. Prof. KAPAJIKA BADIBANGA

(Sillimanite) B23

II.2.4 métamorphisme de haute pression (type Sambagawa)


Les minéraux caractéristiques de ce métamorphisme sont : Glaucophane, jadéite, lawsonite,
laumontite. Une coupe de BESSI-INO et dans les monts KANTO permet de définir les
différents faciès métamorphiques :
Dans le BESSI-INO :
1- Schistes à glaucophane ou schistes bleus.
Dans les métapelites la paragenèse est : Qz-Chl-Musc-Calcite-Epidote-Albite
Dans les métabasites le minéral caractéristique est la glaucophane (amphibole bleu)
2- Schistes verts : Chlorite—Muscovite-calcite-épidote-albite-grenat-biotite
3- Epidote-Amphibolite Faciès : Disparition de la chlorite, la biotite devient abondante
Dans la série des Monts Kanto (terminaison orientale de la ceinture de Sambagawa) les
minéraux marqueurs du métamorphisme de haute pression sont : jadéite, lawsonite et
glaucophane. La série débute par des roches moins métamorphiques qui passent au faciès
des schistes bleus puis au faciès des schistes verts en fonction de l’augmentation de la
température.
Dans les métabasites on note :
- Zone 1 : Chlorite-Albite-Stilpnomélane
- Zone 2 : Actinote-glaucophane-pumpellyite
- Zone III : Epidote
- Zone IV : Lawsonite-jadéite
- Zone VI : Schistes verts : tous les minéraux des schistes bleus disparaissent
(glaucophane-pumpellyite-lawsonite)
Dans les métapélites on note l’absence de glaucophane, pumpellyite et actinote.
On note dans les 3 zones I, II et III la présence de chlorite-muscovite—stilpnomélane-albite-
quartz.
Dans la zone IV : Lawsonite-jadéite
Dans la zone V : Disparition de lawsonite et de jadéite
Dans la zone VI : (GSF) disparition de tous les minéraux de haute pression.
En résumé, les minéraux qui permettent de caractériser le métamorphisme HP-BT sont :
Glaucophane-pumpellyite-jadéite et lawsonite. La pumpellyite et le glaucophane
apparaissent assez tôt quand la température augmente. Mais généralement ces minéraux se
cantonnent aux roches basiques. Pour les roches acides, la jadéite et la lawsonite sont les
principaux marqueurs et sont stables dans un domaine très étroit quelle que soit la nature
de la roche.
II.2.5 Métamorphisme d’enfouissement (Burial metamorphism)
Ce métamorphisme apparaît dans les zones de température les plus basses du
métamorphisme régional, mais tous les terrains de métamorphisme régional ne montrent
pas nécessairement ce type de métamorphisme. Il s’agit d’un métamorphisme de basse
pression-basse température, plus basse que dans le métamorphisme du type Sambagawa.
32 Cours de pétrologie magmatique et métamorphique L1 Géologie. Prof. KAPAJIKA BADIBANGA

Cependant, la température doit atteindre la limite de recristallisation pour qu’il y ait


métamorphisme, et le facteur principal de ce métamorphisme est l’eau. Il apparaît dans les
formations de l’Eugéosynclinal en bordure des plaques. De ce fait, il peut passer en
continuité à un métamorphisme du type haute pression ou alors directement à un
métamorphisme lié à la température du type schistes verts.
Dans les métabasites, les minéraux caractéristiques sont les ZEOLITHES (tectosilicates
hydratés) du type Heulandite, Laumontite, Prehnite, Pumpellyite et Analcime.
Suivant les conditions de stabilité, 2 faciès ont été définis :
1- Faciès à Laumontite-Quartz
2- Faciès à Préhnite-Pumpellyite
Dans les métapelites, on parle parfois de l’Anchizone qui est une zone de passage entre la
diagenèse et l’épizone qui correspond au GSF. C’est en fait l’équivalent du métamorphisme
d’enfouissement dans les roches basiques. Dans les roches acides, la modification est
cristallochimique et est mise en évidence grâce à l’étude spectrale de l’illite notamment. On
parle ainsi de l’indice de cristallinité de l’illite ou indice de Keubler qui est la largeur du pic de
diffraction (0,01) de l’illite mesuré à sa mi-hauteur. Plus l’indice de cristallinitée est faible,
plus la diagénèse est avancée ; ainsi l’anchizone se situerait entre 5,5 et 3,5

CHAPITRE IV : EVOLUTION MINERALOGIQUE


Séquence pélitique
La première réaction est celle de la disparition des minéraux argileux à des faibles
températures du métamorphisme régional. On peut noter notamment l’apparition de la
pyrophyllite (silicate d’alumine), la disparition de la kaolinite.
Kaaolinite + 2 Quartz pyrophyllite + eau
*Jadéite (HP-BT) : NaAl2SiO6
Albite Jadéite + Quartz
Analcime Jadéite + H2O
*Lawsonite : CaAl2[(OH)2/Si2O7].H2O
Il se forme à partirdu plagioclase, soit de la heulandite sous des pressions élevées, soit à
partir de la calcite et de la kaolinite.
Plagio + H2O Lawsonite
Heulandite Lawsonite + Quartz + 4H2O
CaCO3 + Kaolinite Lawsonite + CO2
*Chlorite: (Mg, Fe2+)4-5 Al3Si2-5O10 (OH)8
Les termes magnésiens sont stables jusqu’à des températures élevées. On constate qu’il y a
une diminution du rapport Fe2+/Mg avec l’augmentation de la température. Le rapport
Fe2+/Fe2+ + Mg = 0,2-0,8 dans les métapélites.
*Muscovite : KAl3Si3O10 (OH)2
La muscovite est présente depuis le Zéolite Faciès jusquà l’Amphibolite faciès. Elle est
représentée par la séricite dans les zones moins chaudes.
33 Cours de pétrologie magmatique et métamorphique L1 Géologie. Prof. KAPAJIKA BADIBANGA

*Chloritoïde : (Fe2+, Mg, Mn) Al2SiO5 (OH)2


Il se forme dans les pélites hyper-alumineuses depuis la zone à chlorite jusqu’à la partie
inférieure de la zone à staurotide.
5 Kaolinite + Chlorite 7 Chloritoïde + 7 Quartz + 2H2O
5 Pyrophyllite + Chlorite 7 Chloritoïde + 7 Quartz = 4H2O
*Biotite : KAl4Si3O10 (OH)2
C’est une muscovite enrichie en alumine. Il se forme à partir de :
Microcline + Chlorite Biotite + Muscovite + Quartz + H2O
Dans les terrains de basse pression, l’isograde à biotite dans les pélites apparaît avec le
début de GSF. Dans les terrains barroviens il apparaît un peu plus tard après l’isograde à
chlorite et avant l’isograde à grenat. Avec l’évolution de la température il se produit une
diminution du rapport Fe2+/Mg et une augmentation de la teneur en TiO2 dans la biotite.
*Plagioclase : La teneur en anorthite augmente avec la température. Dans le PPF (prehnite-
pumpellyite faciès) et le GSF le plagioclase stable est l’albite indépendamment de la teneur
en CaO de la roche. Dans l’AF, le plagioclase stable varie de l’albite à un plagioclase calcique
en fonction de la teneur en CaO de la roche. La formation du plagioclase est donnée par la
réction : Albite + Calcite + Quartz + Muscovite + Chlorite Plagioclase calcique +
Biotite + CO2 + H2O
*Grenats :
- Grenats pyralspites (alumineux) :
a) Almandin (Fe3Al2Si3O12)
b) Pyrope (Mg3Al2Si3O12)
c) Spessartine (Mn3Al2Si3O12)
- Grenats Urgandites (calciques) :
a) Grossulairte (Ca3Al2Si3O12)
b) Andradite (Ca3Fe2Si3O12)
c) Ouvarovite (Ca3Cr2Si3O12)
Les grenats pyralspites sont fréquents dans les métapelites et métapsammites de moyenne
et haute pression. Ils sont rares dans le type basse pression et dans le métamorphisme de
contact. L’almandin est le plus fréquent. L’almandin et la spessartine sont stables dans un
large domaine de pression et de température. Le pyrope est stable dans le métamorphisme
de très haute pression, au dessus de 10 kilobars à 400°C.
Il n’est pas stable dans le métamorphisme régional sauf dans les granulites et les éclogites.
Dans le grenat, les teneurs en FeO et MgO augmentent tandis que celles de MnO et CaO
diminuent avec l’évolution de la température.
Dans le GSF le grenat se forme comme suit :
2 Chlorite + 2 Quartz 3 Grenat + 8 H2O
Dans AF : Muscovite + Biotite + 3 Quartz Almandin + Fk + 2 H2O
Muscovite + Chlorite + Quartz Almandin + Biotite + Al2SiO5 + H2O
*Staurotide : C’est un silicate d’alumine riche en FeO. Il apparaît généralement dans les
terrains de moyenne pression mais peut s’observer dans les terrains de haute pression, ex.
34 Cours de pétrologie magmatique et métamorphique L1 Géologie. Prof. KAPAJIKA BADIBANGA

les Alpes ; et de basse pression : Pyrénées, ainsi que dans le métamorphisme de contact.
L’isograde de staurotide se situe entre 500-575°C. Il se forme à partir du chloritoïde et de la
chlorite :
31 chloritoïde + 5 Muscovite + Quartz 8 Staurotide + 5 Biotite + 27 H2O
Chlorite + Muscovite Staurotide + Biotite + H2O
*Andalousite et Disthène :
Pyrophyllite Al2SiO5 + 3 Quartz + H2O
3 Chlorite + 7 Muscovite + Quartz 13 Al2SiO5 + 4 Biotite + 3 H2O
6 Staurotide + 11 Quartz 23 Al2SiO5 + 4 Almandin + 3 H2O
*Cordiérite : (Mg, Fe)2 Al4Si5O18
Elle est abondante dans le métamorphisme de type Barrow. L’association cordiérite-
andalousite ou sillimanite est fréquente mais celle de Disthène-cordiérite est très rare.
Formation :
Chlorite + Muscovite + Quartz Cordiérite + Biotite + H2O
6 Muscovite + 2 Biotite + 15 Quartz 3 Cordiérite + 8 Fk + 8 H2O
Biotite + Sillimanite + Quartz Fk + Cordiérite + H2O
Dans la partie inférieure de la zone à sillimanite, la muscovite réagit avec le quartz pour
donner le feldspath potassique et la sillimanite :
Muscovite + Quartz Sillimanite + Fk + H2O
Muscovite + Quartz + Plagioclase Fk + Sillimanite + Plagio calcique + H2O
*Orthopyroxène
Il s’agit d’un minéral qui, dans les métapélites est spécifique pour le Granulite Faciès (GF). Il
se produit par la disparition de la biotite sous forte pression et forte température.
Biotite + Quartz Opx + Fk + Grenat pyralspite + H2O
SEQUENCE BASIQUE
*Glaucophane : Na2Mg3Al2Si3O22 (OH)2
Il se forme exclusivement à basse température et haute pression. Cette amphibole bleue
pourrait se former à partir de l’albite et de la chlorite :
4 Albite + Antigorite 2 Glaucophane + 2H2O
*Epidote et Zoïcite :
La différence entre les deux est basée sur le rapport Fe3+ /(Al + Fe3+). Ce rapport est de 0-
0,2 pour la zoïcite, et 0,1-0,4 pour l’épidote.
Muscovite et Biotite :
Dans le métamorphisme de haute pression la muscovite apparaît dans le faciès GSF et AF.
Dans le métamorphisme de moyenne pression et basse pression, la muscovite apparaît dans
GSF mais disparaît dans EAF selon la réaction suivante :
Muscovite + Amphibole calcique Biotite + Anorthite + Quartz + H2O
La muscovite évolue depuis une composition phengitique dans les zones de basse pression
et s’enrichit en Al2O3, Na2O et TiO2 avec l’augmentation de la T°. Pour sa part la biotite est
stable depuis la partie inférieure de GSF jusqu’au début de GF. Elle montre une évolution de
35 Cours de pétrologie magmatique et métamorphique L1 Géologie. Prof. KAPAJIKA BADIBANGA

la couleur allant du vert au brun dans le GSF ou EAF, brun ou rougeâtre-brun dans les
températures élevées.
Les amphiboles calciques : Il s’agit de :
- Actinote
- Tremolite
- Ferro-tremolite
- Ferro-actinote
Les hornblendes regroupent toutes les autres amphiboles.
L’actinote est une amphibole de basse température et ne se forme pas dans le faciès à
zéolites. Il apparaît dans la zone de GSF et le faciès de schistes bleus :
5 Chlorite (Antigorite) + 6 Calcite + 14 Quartz 3 Actinote + 6 CO2 + 7H2O
Dans EAF et dans AF, c’est la hornblende qui est stable.
Changement de couleur
La couleur de la hornblende montre un changement régulier avec la température. Dans EAF
ou au début de AF on a une couleur bleu-vert. Dans AF on a une couleur verte, et à des
températures plus élevées la couleur devient brune.
Changement de composition
Le principal changement qui a été décrit dans les amphiboles est l’enrichissement de
l’amphibole en titane avec l’augmentation de la température.
Raasse (1974) constate que :
- Ti = 0,08 dans la zone de transition entre GSF et AF
- Ti = 0,13 à la base de AF
- Ti = 0,20 dans la partie supérieure de AF
- Ti = 0,29 dans GF
Il y a aussi la diminution progressive de la teneur en silice et une augmentation progressive
de la teneur en alcalins.
Les clino-pyroxènes calciques :
Dans les métabasites, le diopside ou salite commence à apparaître dans le milieu ou dans la
partie supérieure de l’AF. Cette température va dépendre du chimisme de la roche car dans
les métasédiments calciques, le diopside apparaît déjà dès le début de l’AF :
Tremolite + Calcite + amphibole Diopside
Dans l’AF des métabasites il y a formation de salite alors que dans GF on peut avoir de
l’augite car la teneur en CaO du clino-pyroxène tend à décroître quand la température
augmente.
Les orthopyroxènes :
L’Opx se forme à des températures supérieures à celles du Cpx.
L’isograde à Opx-Cpx marque généralement le début du GF.
L’Opx se forme aux dépens de l’amphibole et du quartz :
1 Hornblende + 1 Quartz 3 Opx + 2 Anorthite + H2O
1 Hornblende + 3 Quartz 1 Opx + 1 Cpx + 1 Plagio + H2O
36 Cours de pétrologie magmatique et métamorphique L1 Géologie. Prof. KAPAJIKA BADIBANGA

CHAPITRE V : LE METAMORPHISME ET LA TECTONIQUE DES PLAQUES


V.1 Généralités :
La tectonique des plaques se fonde sur l’expansion océanique et la subduction. L’expansion
correspond à la naissance, la croissance d’un océan à partir d’une ride médio-océanique par
laquelle sont éjectés les produits magmatiques. Ces produits, par refroidissement créent une
plaque océanique. La subduction de la plaque océanique est un phénomène compensateur
de l’expansion qui consiste en une destruction de la plaque générée par son enfoncement
dans le manteau. Au niveau des rides médio-océaniques se manifeste le métamorphisme
hydro-thermal et un métamorphisme d’écrasement (cataclasique). On observe au niveau des
rides une serpentinisation. Par contre les trois types principaux de métamorphisme
progressif sont liés aux zones de subduction ou aux régions de collisions des plaques
continentales.
V.1 Les chaînes de montagnes :
Introduction :
Les chaînes de montagnes du globe, qu’elles soient anciennes ou récentes peuvent être
classées en deux types en ce qui concerne le métamorphisme. Ce sont les chaînes qui
comportent deux ceintures métamorphiques ou chaînes doubles (paired belts).
Un orogène est caractérisé par l’un ou l’autre type de métamorphisme progressif mais dans
le détail on peut observer dans un même orogène le passage d’un type à un autre. Par
ailleurs, on peut avoir une chaîne simple mais en détail, peut apparaître d’une manière
fragmentaire une deuxième chaîne parallèle à la première ; c’est l’exemple de la chaîne
alpine.
Chaînes doubles
Que ce soit au niveau d’une collision des plaques continentales ou au niveau d’une
subduction océanique (le cas le plus fréquent), l’une des ceintures est haute pression et
l’autre basse pression. (schéma)
La ceinture Haute Pression :
Elle est caractérisée par :
- Un gradient géothermique faible
- La température de recristallisation élevée à proximité d’une grande faille qui limite
en général la zone de basse pression et de haute pression. C’est le Medium Tectonic
Line (MTL)
- Les phénomènes de sédimentation et de métamorphisme sont généralement sub-
contemporains.
- Sur le plan lithologique ce sont les grauwackes qui sont les plus représentés. Il y a
peu de pélites, très peu de roches magmatiques, parfois il y a la présence des filons
basaltiques, des ophiolites qui représentent une ride océanique qui commence à
plonger dans le manteau.
La ceinture Basse Pression :
37 Cours de pétrologie magmatique et métamorphique L1 Géologie. Prof. KAPAJIKA BADIBANGA

Elle se forme dans des zones de gradient géothermique élevé (supérieur à 25°C). Du
point de vue cartographique, l’AF domine et les zones d’anatexie sont localisées dans les
secteurs de haute température. Le temps entre la sédimentation et le métamorphisme
est très variable mais généralement très élevé (plusieurs millions d’années s’écoulent
entre les deux phénomènes). Exemple : Pour la ceinture de Rhyoke, il y a cent millions
d’années entre la sédimentation et le métamorphisme. Les granites sont très fréquents
dans les chaînes de basse pression et ils se mettent en place dans la phase tardive du
métamorphisme régional car la température d’anatexie est atteinte tardivement. Ces
granites peuvent développer des auréoles de métamorphisme de contact dont l’ampleur
et le degré de recristallisation dépendront des caractéristiques de l’intrusion et de la
profondeur de mise en place.
Sur le plan lithologique, les roches volcaniques calco-alcalines et surtout les andésites,
dacites et rhyolites sont généralement associées aux granites et très représentées en
volume. Les basaltes et les péridotites sont très rares. Les roches pélitiques sont très
représentées à cause de l’érosion du côté continental.
Les chaînes doubles sont en général constituées d’une chaîne haute pression du côté de
la mer, et d’une chaîne basse pression du côté continental. Au niveau des arcs insulaires
près de la fosse, le gradient géothermique est très faible en raison de l’apport de froid
sous la plaque continentale et dans le manteau par la plaque océanique plongeante.
Dans ce secteur frontal de la subduction, la croûte est exceptionnellement épaisse à
cause de la présence des chaînes de montagnes. La pression lithostatique très élevée et
la pression tectonique non négligeable vont favoriser le métamorphisme de haute
pression. En arrière de la chaîne HP, la fusion de la plaque en subduction apporte par
l’intermédiaire des fluides montants, de la chaleur en provenance du manteau, ce qui
explique un gradient géothermique élevé. Par contre l’épaisseur de la croûte est
moyenne, donc la pression lithostatique est relativement basse. Entre les deux chaînes
on trouve pratiquement toujours une zone non ou peu métamorphique d’environ 150
km d’extension. Dans le cas où les deux zones se touchent, il faut imaginer un
raccourcissement qui se serait produit le long de la MTL (medium tectonic line).
Chaînes simples :
Chaîne HP :
Sa présence indique le phénomène de subduction dans sa phase de démarrage. Une
autre explication est celle de la collision simple de 2 plaques continentales.
Chaîne BP :
Cas de la chaîne Hercynienne : Etant donné le schéma de la subduction actuellement
admis, il faut conclure que cette chaîne BP était associée à une chaîne HP qui aurait
disparu soit par transgression marine, soit par reprise dans un métamorphisme, d’une
chaîne plus récente. Pour le cas de la chaîne Hercynienne, on retrouve les vestiges d’une
chaîne HP dans l’île de la croix.
Le métamorphisme de moyenne pression :
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On peut le rencontrer associé aussi bien à un métamorphisme HP ou BP. Il correspond à


un métamorphisme accessoire des deux premiers et se manifeste dans les secteurs des
deux premiers où les conditions idéales n’ont pas été réalisées. Il correspond donc à une
variante des deux types principaux : HP et BP.

TRAVAUX PRATIQUES DE PETROLOGIE METAMORPHIQUE

REPRESENTATION GRAPHIQUE DES PARAGENESES MINERALES

Il s’agit d’une méthode graphique qui permet d’obtenir une paragénèse théorique d’une
roche déterminée dans un domaine thermodynamique défini. Tous les éléments chimiques
interviennent dans la constitution des paragénèses d’une roche métamorphique. Mais sur
un diagramme on ne peut pas représenter tous les éléments et on doit se limiter aux
principaux. On sait que dans la nature la majorité des roches métamorphiques, qu’elles
soient basiques ou acides contiennent de la silice. Une variation de la teneur en silice dans la
roche originelle ne donne généralement pas de changement de paragenèse. Cet élément
n’est pas indispensable dans le graphique. Par ailleurs on sait que certains éléments peuvent
mutuellement se remplacer dans certains minéraux, c’est le cas par exemple du Fe3+ et
Al3+ ; Fe2+ et Mg2+ etc. On peut donc grouper ces éléments dans le diagramme et réduire le
nombre de constituants à représenter. Deux principaux types de diagrammes sont utilisés
pour représenter les roches métamorphiques à partir d’une analyse chimique : diagrammes
ACF et A’KF.
Diagramme ACF :
- A = nombre de molécules (Al2O3 + Fe2O3) – nombre de molécules (Na2O + K2O).
- C = nombre de molécules (CaO) – 3,3 nombre de molécules (P2O5)
- F = nombre de molécules (MgO + FeO + MnO).
Dans ce diagramme ACF, les silicates de K et Na ne sont pas représentés. Si de tels silicates
(Fk et FNa) ont été observés dans la roche au microscope, faire des corrections de A, C et F.
Si K2O et Na2O entrent en totalité dans les feldspaths, on n’a pas de correction à faire parce
que cette correction intervient déjà en A.
K2O entre également dans la biotite et le rapport K2O / Al2O3 = 1/1, donc la correction est
faite au niveau de A. Mais dans la muscovite ce rapport est 1/3 (quand il y a la muscovite
39 Cours de pétrologie magmatique et métamorphique L1 Géologie. Prof. KAPAJIKA BADIBANGA

dans la roche il faut corriger). Ainsi cette correction produit une modification insignifiante à
la position du point dans le diagramme.
Un autre type de correction est au niveau des oxydes : Si dans la roche on observe de
l’ilménite FeTiO3, on retranche 50% du Fe contenu dans ce minéral du FeO total de
l’analyse ; ex : Si on a 2% de l’ilménite dans la roche, on va retrancher 50% de ces 2%. Si on a
de l’hématite, le retrancher également ; ex : Si on a 2% d’hématite dans la roche, retrancher
2% de Fe2O3 du Fe2O3 total et utiliser le reste. Quand toutes les corrections sont faites on
additionne A, C et F et on ramène le tout à 100% pour calculer le % de A, C et F.
Diagramme A’KF :
- A’ = nombre de molécules (Al2O3 + Fe2O3) – nombre de molécules (Na2O + K2O +
CaO).
- K = nombre de molécules (K2O)
- F = nombre de molécules (MgO + FeO + MnO).
Correction au niveau de CaO dans le calcul de A’ :
Si la roche contient du grossulaire ou de l’andradite on retranche 1/3 de CaO.
Si la roche contient du zoïcite ou de l’épidote retrancher3/4 de CaO.
Si la roche contient de la margarite retrancher 2 CaO.
Si la roche contient de l’anorthite retrancher 1 CaO.
Après correction, ramener le tout à 100% et calculer le % de A’, K et F.
Les différents % seront reportés dans le diagramme ACF et A’KF correspondant à la roche
identifiée au microscope. Toute composition chimique sera représentée par 2 points ( 1
point dans le diagramme ACF et 1 point dans le diagramme A’KF).
Exercice :
On donne une analyse chimique d’une roche métamorphique ci-après. Déterminez la
paragénèse minérale ( Les minéraux qui entourent les différents points dans les diagrammes
ACF et A’KF constituent la paragénèse cherchée).

Eléments % en poids (p) poids moléc. (pm) Millimolécules


(p/pm) x 1000
SiO2 67,09 60
Al2O3 14,42 102
Fe2O3 2,12 160
FeO 1,05 72
MnO 0,33 71
MgO 1,26 40
CaO 3,15 56
Na2O 3,32 62
K2O 3,6 94
TiO2 0,38 82
P2O5 0,80 142
40 Cours de pétrologie magmatique et métamorphique L1 Géologie. Prof. KAPAJIKA BADIBANGA

H2O+ 2,42 18

Recherche de l’origine Ortho ou Para des roches métamorphiques


Longueur (L) et largeur (l) de l’apatite et du zircon  (Pons, 1981):
Apatite : Dans les syénites et les diorites, L/l = 15/1
- Dans les granites, L/l = 5/1
- Dans les migmatites, L/l = 2 à 7/1
- Dans les roches éruptives, L/l = 6 à 12/1
Zircon : Les roches magmatiques ont un rapport L/l supérieur à 2/1 alors que dans les
roches sédimentaires et métamorphiques ce rapport est inférieur à 2/1.
Facteur de discrimination DF (Shaw, 1972) :
Ce facteur est utilisé pour les roches quartzo-feldspathiques. DF est positif pour les
roches ignées (origine ortho) et négatif pour les roches sédimentaires (origine para).
DF = 10,44 – 0,21 SiO2 – 0,32 Fe2O3 - 0,98 MgO + 0,55 CaO + 1,46 Na2O + 0,54 K2O.
Avec MgO ˂ 6% et SiO2 ˂ 80%
Introduction à l’étude microscopique des roches métamorphiques :
Les minéraux métamorphiques appartiennent à 2 principaux groupes :
- Minéraux reliques : ne sont généralement pas en équilibre thermodynamique, ce
sont les minéraux de la roche originelle.
- Minéraux nouveaux (néo-minéraux) : sont en équilibre thermodynamique lors des
processus du métamorphisme.
Minéraux quasi-absents dans les roches métamorphiques :
Augite titanifère, Opx sauf dans les granulites, feldspathoïdes, hornblende basaltique,
évaporites, minéraux argileux (montmorillonite)…
Minéraux exclusifs aux roches métamorphiques :
- Silicates d’alumine : andalousite, disthène et sillimanite, cordiérite et staurotide.
- Phyllosilicates : chlorite, talc, stilpnomélane…
- Amphilboles : glaucophane, cummingtonite, actinote, tremolite…
- Pyroxènes : jadéite, wollastonite.
Minéraux communs des roches métamorphiques :
Grenat, biotite, muscovite, épidote, hornblende.
Minéraux se trouvant aussi bien dans les roches métamorphiques que dans les autres
roches : Quartz et feldspaths.
Différentes structures des roches métamorphiques :
A) Structure cristalloblastique :
On y distingue :
- La structure granoblastique : les minéraux sont isométriques. C’est l’équivalent de la
structure grenue mais ici on observe une certaine orientation des minéraux.
- La structure porphyroblastique : c’est l’équivalent de la structure porphyrique des
roches magmatiques.
41 Cours de pétrologie magmatique et métamorphique L1 Géologie. Prof. KAPAJIKA BADIBANGA

- La structure lépidoblastique : elle est soulignée surtout par des micas (biotite et
muscovite) dans les micaschistes.
- La structure nématoblastique : les minéraux sont aciculaires (en aiguilles) et la
structure est surtout soulignée par la sillimanite et parfois par la sericite, la tremolite,
l’actinote.
- La structure poeciloblastique : les minéraux de grande taille contiennent beaucoup
d’inclusions, ex grenat poecilitique.
Il arrive que l’on observe dans une lame mince plusieurs structures à la fois, ex la
structure nematoblastique et la structure granoblastique ; on parle donc de la structure
nemato-granoblastique.
Structure cataclasique : Il s’agit d’une structure qui est caractérisée par l’écrasement de
tous les minéraux ; entre les grains on trouve des feuillets de phyllites.
Méthode d’étude des roches métamorphiques en lames minces :
Il faut déterminer :
- La structure
- La minéralogie et dessiner un champ représentatif
- La paragénèse (principaux minéraux observés dans la lame mince)
- Le domaine thermodynamique
- La microtectonique
- Le nom de la roche
Pour le domaine thermodynamique il faut déterminer :
- Le type de métamorphisme grâce aux minéraux caractéristiques.
Pour le type basse pression (Abukuma) : andalousite, cordiérite
Pour le type moyenne pression (Barrow) : staurotide, disthène, chloritoïde ou stilpnomelane
dans les métapelites ; grenat dans les métabasites.
Pour le type haute pression : glaucophane, jadéite, lawsonite.
Pour le métamorphisme d’enfouissement : zéolites (laumontite, prehnite, pumpellyite).
Quant aux faciès métamorphiques, voir cours.
La microtectonique : il faut déterminer :
- Le type de schistosité : flux, fracture…
- La foliation
- La chronologie des minéraux (elle est déterminée par rapport aux déformations et à
l’apparition des minéraux du métamorphisme).
- Les minéraux post-tectoniques ne sont pas déformés par rapport à une phase
donnée et occupent une position quelconque par rapport à cette phase (par rapport
à la schistosité).
- Les minéraux anté-tectoniques sont déformés et épousent la structure.
- Les minéraux syn-tectoniques ne sont pas déformés mais sont orientés suivant la
structure.
Nom de la roche :
Le nom de la roche est fonction des minéraux observés, ex :
42 Cours de pétrologie magmatique et métamorphique L1 Géologie. Prof. KAPAJIKA BADIBANGA

- Chloritoschiste (présence de la chlorite), sericitoschiste (présence de la sericite),


talcschiste (talc dominant)…
- Micaschiste (Muscovite, biotite)
- Gneiss (on y ajoute le minéral caractéristique) ex. gneiss à disthène, à sillimanite…
- Amphibolite (plus de 50% d’amphibole ex. hornblende)
- Leptynite (roche constituée essentiellement de quartz, feldspath avec très peu de
micas).
- Granulite (roche constituée essentiellement d’ortho pyroxène, Fk et plagio).
- Etc……

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