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I. Généralités :
1. Définitions :
Les roches magmatiques résultent de la solidification (cristallisation, refroidissement) d’un
magma. Comme le magma est en général à une température relativement élevée (650 à 1250° C),
ces roches sont aussi appelées roches ignées (ou roche de feu).
Le magma est un bain silicaté fondu, constitué d’une phase liquide, d’une phase solide (cristaux)
et d’une phase gazeuse.
La solidification du magma peut se faire à l’intérieur de la lithosphère où le refroidissement est
lent, et les roches formées sont alors appelées roches plutoniques. Elles n’apparaissent donc à la
surface que par le jeu des déformations de l’écorce terrestre et de l’érosion.
Le magma peut aussi subir un refroidissement rapide s’il est émis à la surface de la Terre, à l’air
libre ou sous l’eau : les roches ainsi formées sont appelées roches volcaniques (dites aussi
extrusives ou effusives).
Entre les deux extrêmes, il existe des intermédiaires, et les roches formées sont nommées selon le
contexte, roche de semi-profondeur, roches périplutoniques, roches hypovolcaniques.
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2.2. Gaz :
La plupart des magmas contiennent des gaz (0,2 à 4% en poids) dissous dans le liquide. Bien
qu'ils soient présents en faible quantité, les gaz ont un effet énorme sur les propriétés physiques du
magma (la présence des gaz donne au magma leur caractère explosif). La composition des gaz
dans les magmas est la suivante :
Principalement H2O (vapeur d’eau) avec un peu de CO2 (dioxyde de carbone) A eu deux, ils
comptent pour plus de 98% de tous les gaz émis par les volcans.
Les autres gaz incluent N, Cl, S et Ar sont rarement présents à plus de 1%.
La présence de gaz dans les magmas est liée à leurs compositions chimiques. Ainsi, les magmas
rhyolitiques ont une teneur en gaz dissous plus élevée que les magmas basaltiques.
2.3. Température des magmas
La température d'un magma est difficile à mesurer parce que les volcans actifs sont évidemment
des endroits dangereux. Les géologues emploient donc des appareils optiques pour mesurer la
température d'un magma loin d'une éruption ou ils font des expériences en laboratoires pour
déterminer les températures des roches en fusion.
Magma basaltique : 1000 – 1200°C.
Magma andésitique : 800-1000°C.
Magma rhyolitique : 650-800°C.
Signalons aussi l’existence d’une lave très rare de faible température (lave qui a la température la
plus basse connue) : la carbonatite (lave alcaline très riche en calcium). Un seul volcan actif émet
actuellement des carbonatites : le Lengaï, en Tanzanie.
Les magmas riches en SiO2 (silice) ont une viscosité plus élevée que ceux pauvres en SiO 2
(la viscosité augmente avec l’augmentation de la teneur en SiO2 du magma).
Les magmas de faible température ont une viscosité plus élevée que les magmas de haute
température (la viscosité d'un magma diminue rapidement quand la température augmente). Ainsi,
les magmas basaltiques ont tendance à être très fluides (faible viscosité), mais leur viscosité est
encore 10 000 à 100 000 fois plus élevée que celle de l’eau. Les magmas rhyolitiques ont
tendance à avoir une viscosité très élevée, qui est de l’ordre de 1 million à 100 millions plus
élevée que celle de l’eau. La viscosité est une propriété très importante qui détermine le caractère
éruptif des magmas.
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Remarque générale :
Les propriétés physiques du magma déterminent son ascension et sa cristallisation.
- Densité : + un magma est dense, + son ascension est lente.
- Viscosité : + un magma est visqueux, + son ascension sera lente.
Les 3 paramètres influencent les propriétés du magma :
- T°C : + un magma est chaud, – il est visqueux.
- Teneur en fluide (eau) : + il y a de fluides dans le magma, – il est visqueux.
- Teneur en SiO2 : + un magma est pauvre en SiO2, – il est visqueux.
Au cours de la cristallisation (T [SiO2]), le magma va devenir de + en + visqueux.
Ces règles énoncées par Goldschmidt (1937) permettent de comprendre les phénomènes d’intégration
des différents éléments chimiques dans un cristal qui croît dans un liquide silicaté.
re
1 règle : deux ions de même charge et de rayons ioniques semblables, différant en taille de moins de
15 % par rapport au plus petit, s’intègrent dans un cristal dans les proportions du liquide initial.
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e
2 règle : lorsque deux ions ont la même charge mais des rayons ioniques différents, le plus petit est
incorporé de préférence dans le cristal si la différence des deux rayons n’excède pas 15 % du plus
petit d’entre eux.
e
3 règle : de deux ions de rayons ioniques semblables, le plus chargé s’intègre préférentiellement dans
le cristal.
Lorsque les rayons ioniques de deux ions diffèrent de plus de 15%, les substitutions ne sont
plus possibles. Lorsque deux ions ont un rayon ionique qui diffèrent de plus de 15% sans trop s’en
écarter, une élévation de température provoque alors une dilatation du réseau cristallin par agitation
thermique. Les deux ions peuvent ainsi se substituer, la structure obtenue n’est stable qu’à haute
température et seul un abaissement brutal de la température (trempe) peut figer la structure cristalline.
Lorsque deux minéraux peuvent échanger tous leurs ions sans modification de leur structure
cristalline, on parle de minéraux formant une série isomorphe.
2. Diagrammes de cristallisation :
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• soit des minéraux de structure cristalline totalement différente pour lesquels la
substitution d’ions n’est plus possible sans changement de structure.
Bien entendu, il existe des situations intermédiaires pour lesquelles, par exemple, des
minéraux forment une série isomorphe uniquement à haute température. D’autre part, les
conditions de cristallisation sont importantes : le refroidissement peut être rapide ou lent, la
vitesse de variation de la température peut également varier au cours du processus de
cristallisation et donner des roches différentes (roches porphyriques – voir plus loin) ou
encore, la présence d’eau dans le mélange silicaté en fusion modifie les courbes des solidus et
liquidus.
Les diagrammes qui sont présentés ci-après (dont les formes sont familières depuis longtemps
aux métallurgistes), sont le résultat d’expériences réalisées à partir de 1920 par des
pétrographes, en particulier Bowen et ses collaborateurs. Ces expériences ont permis de
comprendre les processus de cristallisation naturels.
Le mélange le plus célèbre de deux minéraux formant une série isomorphe à toute
température et à toute pression est celui formé par l’anorthite [Ca(Al2Si2O8)] et l’albite
[Na(AlSi3O8)] (représentés ci-dessous respectivement par A et B) donnant la série des
plagioclases. Comme les rayons ioniques de Na+ et de Ca2+, d’une part et de Si4+ et Al3+,
d’autre part, sont proches, des substitutions ioniques ont lieu en phase liquide mais également
en phase solide par des phénomènes de diffusion assez lents (on parle de minéraux formant
une solution solide).
A une pression donnée, en portant un mélange de proportion connue M1, de deux minéraux A
(de température de fusion TA) et B (de température de fusion TB) isomorphes, à une
température de fusion T supérieure à TA et en observant le processus de cristallisation lors du
refroidissement, on observe les faits suivants (figure ci-dessous) :
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• la température Ti d’apparition des premiers
cristaux est inférieure à TA ,
Les cas sont nombreux, mais l’exemple le plus courant est celui de l’albite [Na(AlSi3O8)] et
du quartz [SiO2] (représentés ci-dessous respectivement par A et B) qui forment une série
non-isomorphe quelles que soient la pression et la température.
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une température de fusion T supérieure à TA et en observant le processus de cristallisation lors
du refroidissement, on observe les faits suivants (figure ci-dessous) :
On appelle température eutectique la température minimale que peut avoir la phase liquide
issue d’un mélange de deux minéraux spécifiques.
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2.3. Cristallisation fractionnée et différenciation magmatique
Sur la figure ci‐contre, on a illustré comment un magma initial ou primaire basaltique, issu de
la fusion du manteau, peut donner naissance à différents types de roches volcaniques :
Le magma primaire issu de la fusion du
manteau remonte, et va s’accumuler dans
un réservoir (en bleu), souvent à la zone de
transition manteau/croûte continentale.
• ‐ Si le magma accumulé dans le
réservoir remonte rapidement en
surface, il donnera des basaltes :
exemple des laves du volcan de la
Toupet, à gauche.
• ‐ Si le magma stagne dans ce grand
réservoir, il va commencer à
refroidir et certains minéraux,
comme l’olivine et le pyroxène,
vont commencer à se former.
En se formant, ces minéraux vont extraire
des éléments du liquide magmatique :
essentiellement du fer, du magnésium, du
Figure tirée de Volcanologie de la Chaîne des Puys (Parc
calcium. naturel régional des volcans d’Auvergne) Massi centrale
Du fait de leur densité, ces minéraux formés s’accumulent au fond du réservoir, et il va rester
un liquide magmatique modifié par rapport au liquide basaltique initial.
Ce liquide modifié sur le plan chimique par rapport au liquide basaltique initial est nommé
magma secondaire :
‐ Il est appauvri en éléments qui sont rentrés dans les minéraux (Fe, Mg, Ça).
‐ Et en parallèle, il s’est enrichi en éléments alcalins, qui ne sont pas ou peu rentrés dans les
minéraux (Na, K) ainsi qu’en silice (Si).
Ce magma secondaire, s’il remonte en surface, va donner une roche différente d’un basalte :
il donnera, comme au Puy de la Vache, des trachy‐basaltes.
Si ce magma secondaire ne remonte pas directement, mais stagne dans une petite
chambre magmatique, comme ce fut le cas sous le Puy de Côme, d’autres minéraux
vont commencer à se former, comme l’amphibole, les feldspaths plagioclases. Ceci va
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modifier de nouveau le liquide résiduel, et donner un nouveau liquide avec un chimisme de
trachy‐andésite. Et ainsi de suite… A ces différents types de laves correspondent des édifices
volcaniques différents.
Ce processus est nommé différentiationmagmatique (on fabrique des liquides avec des chimi
smes de plus en plus différents du liquide initial basaltique) ; il est lié à la formation
successive de minéraux, soutirés au fur et à mesure du liquide magmatique : cristallisation
fractionnée.
Globalement, au cours de la différenciation magmatique, les liquides successifs vont s’appauv
rir en Fe, Mg et Ça qui entrent de façon précoce dans les minéraux. Alors qu’ils vont s’enrichi
r en Si, Na et K.
Ceci explique l’évolution de la couleur des roches : quand le magma qui refroidit est peu
différencié, il renferme encore du Fe et du Mg, et les minéraux ferromagnésiens, sombres, vo
nt donner la couleur sombre des roches. Par contre, les roches différenciées, qui sont issues
de liquides tardifs, ne renferment presque plus de Fe et Mg, les roches seront alors claires
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basses T°, avec une évolution de leur chimisme (à haute T°, plagioclase calcique = anorthite,
et à basse T°, plagioclase sodique = albite). C’est la série continue des plagioclases.
La conséquence de ces séries est que concrètement, au sein des roches, certaines associations
sont impossibles. Par exemple, on ne peut pas trouver dans une même roche de l’olivine
(formée à haute T°) et de la biotite (formée à basse T°) …
Rappels :
A/ Fusion partielle :
Lorsqu'un matériau rocheux fond, la fusion n'est que très rarement totale (sauf parfois lors
d'une fusion de la croûte continentale dans des conditions particulières). Dans la plupart des
cas, la fusion n'est que partielle et dépasse rarement 30%. Or cette fusion partielle est
inadéquate. Sachant que le liquide obtenu n'a pas la même composition que la roche de
départ. Ceci est dû aux associations de minéraux de natures différentes qui forment la roche.
Tous les minéraux ne fondent pas à la même température et les éléments chimiques vont avoir
des comportements différents lors de la fusion.
B/ Cristallisation fractionnée :
La différence de comportement des éléments chimiques observés lors de la fusion partielle est
également observée lorsque le magma cristallise en refroidissant. Lors de sa remontée vers la
surface, un magma peut séjourner plus ou moins longtemps dans des chambres magmatiques
où il va progressivement refroidir et commencer à cristalliser.
Les premiers minéraux qui vont se former sont des minéraux ferromagnésien (FEM). Donc le
liquide magmatique va progressivement s'appauvrir en Fe et Mg, et inversement
progressivement s'enrichir en Si et Al. C'est ce qu'on appelle "la différenciation magmatique".
La transition entre un matériel silicaté à l’état liquide amorphe (magma) à celui d’un matériel
à l’état solide cristallisé (minéral) se fait en 2 étapes :
- Croissance : les noyaux grandissent aux dépens du liquide, qui diminue en volume.
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3. Nucléation et Croissance Cristalline des Roches Magmatiques
Les roches magmatiques sont formées à partir de la solidification du magma, qui est un
mélange de minéraux fondus, de gaz et de cristaux en suspension. La solidification des
minéraux à partir du magma implique deux processus clés : la nucléation et la croissance
cristalline.
3.1. Nucléation
A. Définition
La nucléation est le processus par lequel des noyaux cristallins se forment à partir des
éléments en solution dans le magma. Cela se produit lorsque les conditions du magma
favorisent l'organisation des ions en une structure cristalline.
B. Facteurs influençant la nucléation
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• Se produit lorsque les noyaux cristallins se forment spontanément à partir des
éléments en solution dans le magma, sans l'influence de surfaces ou de particules
étrangères.
• Peut être initiée par des fluctuations locales de la concentration ou de la température.
B. Nucléation Hétérogène
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