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LES MINES DE L’ANTI-ATLAS CENTRAL 87

2.3- La mine de talc de Nqob (Massif du Siroua, Anti-Atlas central) /

The Nqob Talc Mine (Siroua Massif, Central Anti-Atlas)

E. H. ABIA1, S. BOUTALEB2 & A. SOULAIMANI3

Points-clés : Minéralisations talqueuses à l’intérieur d’une len- Substance exploitable : Talc

tille calcaro-dolomitique de 2 x 0,6 km, appartenant au Groupe
néoprotérozoïque de Taghdout, écaillé le long de l’Accident ma-
jeur de l’Anti-Atlas. Le talc de Nqob est attribuable aux circula-
tions de fluides mésothermaux siliceux liés à la tectonique
syn-métamorphique panafricaine.
Highlights : Talc mineralization occurs within an E-W trending
lens (2 x 0.6 km) of dolomites from the stacked slivers of the Neo-
proterozoic Taghdout Group in the Main Anti-Atlas Fault Zone.
Talc formation is attributed to the circulation of mesothermal sil-
ica-rich fluids during Pan-African metamorphism and tectonics.
Localisation : Le gisement de talc de Nqob (ou N’Kob) est
situé au sud du Massif du Siroua, à environ 22 km à vol d’oi-
seau à l’WNW du village de Tazenakht. Il est accessible par
la route nouvellement goudronnée reliant le village d’Amas-
sine à la route N20 au nord de Tazenakht (fig. 2.3.1). GPS :
N 30°37'11.86", W 7°26'17.27", alt. 1700 m.
Laboratoire GPGM, Département des Sciences de la Terre, Faculté des Sciences,
1 appartiennent au Groupe de Taghdout (Bouougri & Sa-
Université Ibnou Zohr, Agadir, Maroc. elhassanabia@yahoo.fr
Laboratoire GAGE, Département des Sciences de la Terre, Faculté des Sciences,
2
Université Ibnou Zohr, Agadir, Maroc. saidboutaleb1@yahoo.fr
Laboratoire GEOHYD, Département des Sciences de la Terre, Faculté des Sciences
3
Etat et historique : Le talc de Nqob a fait l’objet d’ex-
ploitations artisanales anarchiques comme en témoigne un
grand nombre de galeries et tranchées qui jalonnent la
structure minéralisée. Actuellement, des travaux de re-
cherches sont entrepris par la MECTP (Marocaine d’Ex-
ploitation des Carrières et des Travaux Publiques) en vue
de revaloriser les potentialités minières. Le talc est utilisé
principalement dans l’industrie chimique, pharmaceutique
et cosmétique, dans la fabrication des peintures, des plas-
tiques et même dans l’industrie alimentaire.
Cadre géologique : Le district minier de Nqob est situé
dans la limite sud-est du massif du Siroua (fig. 2.3.2), le
long du chaînon de Nqob-Mouddat qui fait lui-même par-
tie de la zone de l’Accident majeur de l’Anti-Atlas (Chou-
bert, 1963). Les terrains qui affleurent dans cette région
quaque, 2000, 2004 ; Gresse et al., 2000). Il s’agit d’une
série silicoclastique et carbonatée du Néoprotérozoïque in-
férieur à moyen, injectée de sills et dykes gabbroïques

Semlalia Marrakech, Université Cadi Ayyad, Marrakech, Maroc. (Suite d’Assarag) et affectée par la tectonique panafricaine.
soulamani@uca.ma Celle-ci est responsable de la mise en place d’écailles tec-

FIG. 2.3.1 : Localisation la mine de talc de Nqob sur une image satellitaire Google Earth.
FIG. 2.3.1 : Location of the Nqob mine on a satellite view (Google Earth).
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88 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 9

FIG. 2.3.2 : (a) Croquis de situation ; (b) Schéma géologique de la partie méridionale du massif précambrien du Siroua ; (c) Carte géologique du district
minier de Nqob (extrait de la carte géologique au 1/50 000 de Taghdout, Gresse et al., 2000).
FIG. 2.3.2 : (a) Location of the area ; (b) : Sketch map of the south part of the Siroua Precambrian massif ; (c) : Geological map of the Nqob mining district, after Gresse et al. (2000).

toniques basiques-ultrabasiques, visibles plus à l’ouest et
assimilées à des vestiges de croûte océanique (Schermer-
horn et al., 1986 ; El Boukhari, 1991). Vers le sud, la Série
de Taghdoute repose en discordance majeure sur le subs-
tratum paléoprotérozoïque de Zenaga (boutonnière de Ta-
zenakht), puis est surmontée par une succession
appartenant au Groupe du Saghro du Néoprotérozoïque su-
périeur (diamictites immatures, grauwackes, shales,
conglomérats et roches basaltiques).
Description du gisement : Dans le secteur de Nqob, le
Groupe de Taghdout est fortement écaillé (fig. 2.3.3) : il se
trouve pris dans une zone de déformation panafricaine po-
lyphasée décro-chevauchante ayant joué en condition de
faciès schiste vert-amphibolite (El Boukhari, 1991 ;
Admou, 2000). Les écailles sont charriées vers le sud, sur
la marge septentrionale du craton Ouest-Africain. Le
Groupe de Taghdout comporte trois formations (fig. 2.3.4),
avec de bas en haut, la Formation d'Agouniy (Nng), puis
Formation de Tarsalt (Ntr) et la Formation de Mimount
(Nm). Viennent en suite les terrains de la formation de Bou
Salda (Nbo) et de Tafiat (Naf) du Groupe de Saghro, re-
couverts en discordance par les rhyolites massives du
Groupe de Ouarzazate. La Formation de Tarsalt est consti-
tuée de deux unités : i) l’unité des dolomies à intercala-
tions schisteuses (Ntr1) connue sous l’appellation de
Membre d’Igajdarn (Gresse et al., 2000) ou Unité des cal-
caires de Nqob (Bouougri et Saquaque, 2000 ; 2004), et ii)
l’Unité des schistes et grès à cordiérite (Ntra) et des quart-
zites vertes (Ntrb). L’unité des dolomies de Nqob est le
support des occurrences talqueuses. A l’affleurement, les
bandes talqueuses se traduisent par un blanchiment des do-
lomies que l’on peut repérer sur les photos satellites au
nord du village Nqob.
L’unité calcaro-dolomitique forme, d’une part, une mince
bande E-W d'environ 6 km de long et d’autre part, une len-
tille de 2 x 0.6 km (fig. 2.3.5A). Elle débute par un inter-
valle schisto-calcaire formé de talcschistes rose-jaunâtre et
de chloritoschistes gris sombre rubanés, intercalés épisodi-
quement de strates de calcaire à grain fin. Au sommet,
l’unité est coiffée par des barres de dolomies métamor-
phiques rubanées ou massives, de 4 à 5 m d'épaisseur. Une
lame de granite (Nzi1, granite d’Assarag) est intrusive dans
l’écaille qui chevauche la lentille de dolomies de Nqob.
Au sein de la lentille minéralisée, les roches sont intensé-
ment plissées, dilacérées et plus ou moins transformées en
produits blanchâtres. Les dolomies, recristallisées en mar-
bre, se présentent en bancs discontinus décimétriques à
métriques. Le long des zones les plus déformées, elles sont
transformées en une roche feuilletée verte d’aspect ser-
pentineux, dont le feuilletage (schistosité ou foliation) est
parallèle à la stratification. D’après la différence de pen-
dage entre la foliation et les failles de chevauchement,
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FIG. 2.3.3 : Coupe géologique au travers des écailles panafricaines du Groupe de Taghdout dans le district minier de Nqob. Localisation et légende : fig. 2.3.2.
FIG. 2.3.2 : Geological cross-section through the Pan-African slivers of the Taghdout Group in the Nqob mining district. Location and legend as fig. 2.3.2.

FIG. 2.3.4 : Succession lithostratigraphique du Groupe de Tagh-

dout dans le chaînon Nqob-Mouddat.
FIG. 2.3.4 : Lithostratigraphic succession of the Taghdout
Group in the Nqob-Mouddat range.

FIG. 2.3.5.- A) : Vue vers l’est des bandes talqueuses au sein de la Fm de Tarsalt ; B) La Fm de Tarsalt partiellement transformée en
talc, dont les couches lenticulaires suivent la stratification de la dolomie. S1//S0 : schistosité parallèle à la stratification) .
FIG. 2.3.5.- A) Eastward view of the talc strips within the Tarsalt Fm ; B) Partial transformation of the Tarsalt carbonates
into talc, whose lenticular bodies the dolomite layers ; S1//S0 foliation parallel to bedding.
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90 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 9
celles-ci sont post (ou tardi) S1. Les bancs à talc, de cou-
leur blanche, sont d’une épaisseur métrique (fig. 2.3.5B),
friables et à grain très fin. Ils alternent avec les bancs de
dolomie métamorphisée, l’ensemble étant redressé avec
un pendage d’environ 75° vers le nord.
Minéralogie : Les analyses de diffractométrie de rayons X
du tout venant mettent en évidence la présence de talc, calcite,
dolomite, chlorite et quartz dans des teneurs moyennes res-
pectives de 42%, 39% 12%, 6% et 1%. Les analyses ICP
montrent que les teneurs en SiO2 varient entre 4.37 et 59 %.
Les teneurs en CaO sont largement dispersées avec une te-
neur moyenne de 27.96%. Concernant MgO, ses teneurs sont
comprises entre 7 et 29%, avec une moyenne de 15.45%. Les
teneurs des autres éléments majeurs sont inférieures à 1%. La
perte au feu est élevée, elle varie de 5 à 42.62% et rend
compte de la nature hydratée des phases minérales.
Interprétation génétique : Les minéralisations talqueuses
de Nqob résultent des transformations métamorphiques liées
à la tectonique panafricaine, qui affectent les roches carbo-
natées magnésiennes du Groupe de Taghdout. Le talc est un
minéral qui se développe lors de réactions chimiques pro-
duites par la circulation de fluides hydrothermaux riches en
silice dans des roches magnésiennes : dolomie 3 (Ca Mg
(CO3)2 )+ quartz (4 SiO2) + H2O = talc (Mg3Si4O10(OH)2
+ calcite (3 Ca CO2) + 3 CO2 qui s’effectue vers 500°C sous
une pression de 1 à 3 kbar. Ces conditions sont cohérentes
avec les conditions du métamorphisme syntectonique pana-
fricain reconnues dans la boutonnière des Zenaga au sud de
l’Accident Majeur (Ennih et al., 2001). La circulation des
fluides enrichis en silice au contact des roches du socle pa-
léoprotérozoïques et des granites intrusifs a été particuliè-
rement intense dans les failles de cette zone d’écaillage,
favorisant ainsi la genèse du talc.
Remerciements : Nous remercions notre Pr. A. Michard
qui a bien voulu relire notre manuscrit.
Références
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ENNIH N., LADURON D., GREILING R.O., ERRAMI E., DE WALL H. & BOU-
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GRESSE P.G., DE BEER C.H., CHEVALLIER L.P., DE KOCK G.S. & THOMAS
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Abh., 66, 301-332.