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2.

L’Anti-Atlas (Massif de Saghro)


2.1. Cadre géologique

L’Anti-Atlas, forme la chaîne montagneuse la plus méridionale du Maroc, orientée suivant


une direction WSW-ENE. Il s’étend du pied du Haut-Atlas au Nord, aux premières falaises
des Hamadas du Dra au Sud, ce domaine est limité à l’Est par les Hamadas du Guir et de
Kem-Kem, et à l’Ouest par l’océan Atlantique. L’Anti-Atlas comprend trois unités
géographiques (Choubert, 1963; Leblanc, 1975) : une partie occidentale s’étalant de
l’Atlantique jusqu’au piedmont du Massif de Siroua formé par les massifs de Bas-Draa, Ifni et
du Kerdous, une partie centrale correspondant aux massifs de Siroua et de Bou-Azzer, et enfin
une partie orientale regroupant le massif de Saghro et de l’Ougnat. La séparation de ces
différents domaines de la chaîne est soulignée par l’accident majeur de l’Anti-Atlas. Ce
dernier correspond à un accident de direction moyenne WNW-ESE et continu sur près de
6000 km jusqu’au Kenya, via le Hoggar où il est connu sous le nom de linéament de
Tibesti(Guiraud et al., 2000). Au Nord l’Anti-Atlas est limité par une zone faillée majeure
appelée faille Sud Atlasique qui s’étend depuis la Tunisie jusqu’aux Iles Canaries (Gasquet,
1991). Les boutonnières de la chaine anti-atlasique sont principalement constituées de terrains
précambriens recouverts par des séries Adoudouniennes et paléozoïques.
Le massif de Saghro est situé dans la partie orientale de l'Anti-Atlas. C'est un puissant
bombement qui s'élève à plus de 2000m d’altitude. Il est allongé selon une direction générale
ENE-WSW, et il est limité au Nord par les vallées de Dadès et du Toudgha, estformé par un
socle d’âge Précambrien II constituant le groupe de Saghro représenté par des dépôts
détritiques et volcano-détritiques ainsi que des turbidites dont l’ensemble est intrudé par des
granitoïdes (Thomas et al., 2004) ces formations sont déformées par l’orogenèse panafricaine
à l’Est par l’Ougnat et le Tafilalet au Sud par le Jbel Bani et à l’Ouest par la vallée de Darâa.
Il est. Le socle Précambrien II est recouvert par une couverture formée de roches volcaniques,
volcanoclastiques et filoniennes qui occupent une large partie dans le massif de Saghro, ces
roches sont attribuées à l’Ediacarien.
Le massif de Saghro est séparé du Haut-Atlas par le bassin d'Ouarzazate qui est comblé de
sédiments d’âge Crétacé à Tertiaire. La série sédimentaire est d'abord marine, elle devient
continentale à partir du Lutetien moyen à supérieur. Le bassin de sédimentation, d'abord
réduit le long du Haut-Atlas, devient plus vaste à la fin de l'Oligocene et s'étend
progressivement vers le sud au Néogène. II a alors recouvert tout ou partie du massif du
Saghro réduit à une simple ondulation. C'est vers la fin de la période de comblement du bassin
d'Ouarzazate que s'amorce la surrection du massif. Le volcanisme se serait manifesté dès le
début de cette déformation. Les laves récentes se trouvent dans la partie orientale du Jbel
Saghro et les masses principales situées pour l'essentiel au sud du massif granitique de Bou
Gafer constituent les hauts reliefs de ces montagnes (Fig. 6). Des appareils volcaniques et des
coulées se rencontrent autour de cette masse principale.

Figure 6: Carte géologique du Jbel Saghro, d'après Hindermeyer et al. (1977).

IV.But de l’étude

Le travail présenté dans ce mémoire représente une recherche bibliographique sur le


volcanisme alcalin néogène et quaternaire qui affleure aussi bien dans l’Anti-Atlas (Saghro,
Siroua) que dans le Moyen Atlas. Ce travail consiste à faire une étude pétrographique et de
préciser le mode de gisement de chaque province.
I. Le volcanisme récent de l’Anti-Atlas

Le domaine de l’Anti-Atlas est caractérisée par le développement d’un volcanisme alcalin


d’âge cénozoïque, en relation avec une tectonique d’extension au Sud du front de
compression atlasique (Berrahma et al., 1993) ou, selon d’autres auteurs, avec un dôme
asthénosphérique sous l’Atlas (Missenard, 2006 ). Les deux appareils volcaniques principaux
sont le stratovolcan de Siroua et celui du Jbel Saghro. Ce dernier a concerné l’ensemble du
Saghro oriental et Nord-oriental. Il constitue les hauts reliefs méridionaux du massif
granitique de Bou Gafer, avec quelques points d’émission situés au Nord du massif. Le
volcanisme est lie aux cassures qui limitent le Sud du Haut-Atlas. Les laves émises sont toutes
des roches sous-saturées en silice. Deux séries volcaniques dans le massif du Saghro ont été
distinguées. La première constitue la masse volcanique principale, au centre du strato-volcan,
où le volcanisme a été actif au moins durant 4 Ma, entre 10 et 6 Ma. Cette première séquence
est constituée, par des néphélinites à olivine, des téphrites et des phonolites. La deuxième
séquence se rencontre au Nord de Jbel Saghro, dans la région de Foum el Kouss, Tadafat et
Tachfachi (fig. 7). Elle est représentée uniquement par des néphélinites à olivine qui sont plus
jeunes puisque les âges mesurés sont compris entre 5,5 Ma et 2,8 Ma.

Le volcanisme du Saghro, comme celui de l'ensemble des jeunes volcans du Maroc, s'est
développé en réponse à des mouvements distensifs locaux dans un contexte régional de
régime compressif lie aux mouvements de convergence des plaques africaine et européenne.

1.Ages du volcanisme

Les datations isotopiques K-Ar (Berrahma et al., 1993)ont permis de reconstituer


l’histoire volcanique récente du massif de Saghro :
 Au Miocène supérieur (9.6–5.2 Ma; Berrahma et al., 1993), l’activité volcanique est
située au Sud du massif granitique de Bou Gafer, dans les régions d’Ikniouen,
Tifornine, Oulili et Tagazzert pour les dômes de phonolites (7.4–6.7 Ma), d’Assaka
pour les coulées de téphrites (~7.3 Ma), et de Tazlaft Tamzant et Tlassem pour les
dykes et coulées de basanites (~6.5 Ma) et de néphélinites miocènes (9.6–5.2 Ma).
L’ensemble de ces émissions de laves se fait sur les sédiments cambriens (néphélinites
et basanites) ou sur les granites et rhyolites précambriens (phonolites et téphrites) ;

 Au Pliocène supérieur (~2.9 Ma; Berrahma et al., 1993), le volcanisme est localisé
dans la partie septentrionale du massif avec l’émission de coulées massives de
néphélinite pliocène dans les régions de Foum el Kouss et de Aït Koukdène, sur les
sédiments ordoviciens et crétacés.

Figure 7 : Carte géologique montrant le volcanique récent du Massif de Saghro d’après


El Azzouzi et al., 2010).

2. Pétrographie
a. Néphélinites

Les néphélinites de Saghro peuvent être distinguées en deux sous-types sur la base de leur
minéralogie modale et normative (Berger et al., 2014 ; Ibhi, 2000). Les deux types de
néphélinites ont une texture microlitique porphyrique avec des cristaux d’olivine et
clinopyroxène dans une matrice fine composée de clinopyroxène et néphéline, en plus de
faibles quantités de titano-magnétite, apatite et parfois de la mélinite (Fig. 8).
Les néphélinites miocènes contiennent 15–18% en volume de cristaux d’olivine et moins
de 5% en volume de clinopyroxène (Fig. 8.A).
Les néphélinites pliocènes contiennent 15–22% en volume de cristaux automorphes à
subautomorphes de clinopyroxène et moins de 7% en volume d’olivine (Fig. 8.B).
Figure 8 :Vue microscopique des Néphélinites de saghro. (A) Néphélinite miocène. (B)
Néphélinite Pliocène (Rene Chamboredon, 2015).

b. Basanites

Les basanites ont une texture microlitique porphyrique avec des phénocristaux d’olivine
(4–11 vol.%) et clinopyroxène (9–25 vol.%) dans une matrice fine composée de
clinopyroxène et néphéline, et de faibles quantités de titano-magnétite, apatite et parfois du
plagioclase (Fig.9). Les basanites contiennent des petits (< 1.5 cm) xénolites de lherzolite à
spinelle et de pyroxénite.

Figure 9 (C et D): Vue microscopique des basanites de saghro (Rene Chamboredon, 2015).

c. Téphrites

Les téphrites ont une texture microlitique porphyrique avec des phénocristaux de
clinopyroxène (5–8 vol.%), d’olivine (4–6 vol.%), de feldspath alcalin (< 1 vol.%) et de
néphéline (< 1 vol.%) dans une matrice fine composée de sanidine, clinopyroxène, néphéline,
Ti-magnétite et apatite (Fig. 10.E).

d. Phonolites

Les phonolites ont une texture microlitique porphyrique et contiennent 5–30 vol.% de
phénocristaux de feldspath alcalin (2–18 vol.%), de néphéline (1–9 vol.%) et de
clinopyroxène (< 5 vol.%) dans une matrice fortement orientée marquant le fluage
magmatique, et composée de microlites de sanidine, néphéline, augite-ægyrine, apatite et Ti-
magnétite (Fig 10.F). Les phonolites de Saghro sont divisées en deux sous-groupes : les
phonolites pauvres en silice (51.9–52.8 pds.% SiO2) et les phonolites riches en silice (54.9–
55.6 pds.% SiO2).

Figure 10: Vue microscopique.(E) téphrite et (F) phonolite Aug :augite Nsn : noséane
Sa :sanidine ,OI :olivine (Rene Chamboredon, 2015).

3.Mode de gisement du volcanisme

Les laves récentes se trouvent dans la partie orientale du Jbel Saghro et les masses
principales situées pour l'essentiel au Sud du massif granitique de Bou Gafer constituent les
hauts reliefs de ces montagnes. Des appareils volcaniques et des coulées se rencontrent autour
de cette masse principale. Les appareils volcaniques correspondent à des dômes (Fig. 11).

3.1. Définition des dômes volcaniques

Le dôme volcanique est le résultat de la lente extrusion de lave épaisse, visqueuse,


souvent riche en gaz, qui donne une morphologie en dôme résultant généralement de la
superposition de lobes successifs en sommet de colonne de magma. La viscosité de la lave
dépend de sa température et de sa composition chimique. Une lave sera plus visqueuse à
1.000 °C qu'à 1.200 °C.
Les coulées provoquées par des magmas de viscosité moyenne se recouvrent souvent de
blocs de lave anguleux. Lorsque la lave du volcan s'écoule à une viscosité élevée, elle reste à
proximité de la bouche et forme une dôme de lave.
Les côtés des dômes ont généralement des flancs très abrupts et sont fréquemment
recouverts de dépôts de blocs instables mis en place pendant ou juste après les extrusions.

Figure 11 : Quelques aspects du volcanisme récent de Saghro.


Anti-Atlas (Saghro) Moyen Atlas
Deux épisodes volcaniques : Deux épisodes volcaniques :
- La première constitue la masse volcanique principale, au centre du strato- - Le premier épisode (16,25 à 5,9 Ma), représenté par une
volcan, où le volcanisme a été actif au moins durant 4 Ma, entre 10 et 6 Ma. quinzaine de petits volcans très dispersés, représentés
-Le deuxième épisode se rencontre au nord de Jbel Saghro. Il est représenté par essentiellement par des néphélinites à olivine (± mélilite) et
Age
un volcanisme plus jeune plus, dont les âges mesurés sont compris entre 5,5 Ma des ijolites
et 2,8 Ma. - Le deuxième épisode (3,9 à 0,6 Ma), majoritairement
concentré dans le Causse moyen atlasique.

 Néphélinites o Basaltes alcalins


 Néphélinites miocène o Néphélinites
 Néphélinites pliocène
 Basanites
 Phonolites
 Phonolites riches en silice

Pétrographie
 Phonolites pauvres en silice
 Téphrites
Le mode de gisement volcanique de l’Anti Atlas(Saghro) est sous forme de Dans le Moyen Atlas le volcanisme affleure sous forme de
coulées et de dômes. coulées, de cônes et de maars.

Mode de
gisement
Tableau 1 : Tableau comparative des deux zones étudiées
9

RÉSUMÉ

Le territoire couvert par la feuille Agadir Melloul au 1/50 000 appartient au domaine géographique de l‟Anti-Atlas central
marocain, constitué par une chaîne montagneuse surbaissée qui matérialise la bordure nord-ouest du Craton Ouest
Africain. Plus précisément, la carte s‟inscrit dans un rectangle au sein duquel la couverture sédimentaire du
Néoprotérozoïque terminal à Paléozoïque inférieur forme un large synclinal occupant la majeure partie de la carte
géologique. Seule la bordure nord de la carte est composée de roches protérozoïques, notamment dans les
boutonnières d‟Izazen-Azaghar et d‟Agadir-Melloul Imoula.

Dans ces boutonnières affleurent des témoins des formations les plus anciennes, d‟âge paléoprotérozoïque. Ces
formations paléoprotérozoïques, affectées par l‟orogenèse éburnéenne, comprennent (i) un socle ancien
métasédimentaire et (ii) des intrusions de granitoïdes de composition intermédiaire à acide, ayant développé un
métamorphisme de contact plus ou moins important dans les métasédiments recoupés. En outre ces entités
boutonnières paléoprotérozoïques encaissent un important réseau filonien de roches basiques à intermédiaires,
plutoniques à subvolcaniques, dont la mise en place est polyphasée.

Les roches plutoniques paléoprotérozoïques de la feuille Agadir Melloul au 1/50 000 ont des compositions intermédiaires
à acides et se répartissent en deux suites magmatiques : (i) une suite calco-alcaline moyennement potassique, de type
Azguemerzi ; et (ii) une suite alumino-potassique, de type Tazenakht.

Les terrains paléoprotérozoïques, fortement structurés, sont coiffés par les entités géologiques suivantes :

● une série sédimentaire composée principalement de calcaires et quartzites (Groupe de Taghdout), attribuée à la fin
du Tonien - début du Cryogénien (NP1-2) ;

● des dépôts volcaniques pyroclastiques et volcano-sédimentaires (Groupe de Ouarzazate) attribués à l‟Édiacarien


supérieur (NP3s), et reposant en discordance sur le substratum paléoprotérozoïque et tonien à cryogénien ;

● une couverture sédimentaire d‟âge néoprotérozoïque terminal à paléozoïque inférieur (Cambrien), légèrement
déformée.

Dans tous les secteurs de la carte, le Groupe de Ouarzazate repose en discordance angulaire nette sur un paléorelief
constitué par le socle paléoprotérozoïque (PP) ou par les sédiments du Tonien supérieur et/ou du Cryogénien inférieur
(NP1-2). Les dépôts remplissent de larges sillons contrôlés par le développement synchrone de failles décrochantes avec
un régime transtensif ou transpressif. Ce groupe est constitué d‟une séquence de dépôts volcano-sédimentaires
recouverts par des dépôts pyroclastiques qui s‟organisent en deux séquences distinctes, se mettant en place entre 572
et 556 Ma.

Les dépôts syn-rift du Groupe de Ouarzazate, concordants avec les termes supérieurs, sont rapidement recouverts par
les sédiments marins de la transgression adoudounienne, d‟âge néoprotérozoïque terminal à cambrien (Groupe de
Taroudannt). Les formations sédimentaires paléozoïques les plus jeunes affleurant sur le périmètre de la carte sont
rapportées au Cambrien inférieur (Groupe de Tata).

Sur le plan minier, la carte d‟Agadir-Melloul se caractérise par des filons de quartz attribués à la phase éburnéenne, des
filons de pegmatites éburnéennes, localement riches en muscovite, parfois minéralisées en béryl et accessoirement en
niobite, tapiolite et autunite, des filons de quartz à oligiste, des filons de barytine, et des minéralisations cuprifères
stratiformes situées dans la partie basale la couverture paléozoïque, mais nettement moins abondantes que celles de
l‟Anti-Atlas nord-occidental.
10 NOTICE EXPLICATIVE DE LA FEUILLE AGADIR-MELLOUL

Figure 1 : Cadre géologique des boutonnières d‟Agadir Melloul et Iguerda.


INTRODUCTION 11

1 - INTRODUCTION de 100 mm) et diminue du nord au sud. La période


pluvieuse s‟étend de septembre à décembre. Les pluies
1.1 - SITUATION GÉOGRAPHIQUE sont de nature orageuse et peuvent atteindre une
hauteur journalière de 50 mm.
Le territoire de la feuille Agadir Melloul s‟inscrit dans le
périmètre sud de la boutonnière protérozoïque d‟Agadir L‟évapotranspiration est de l‟ordre de 2.8 m/an. Les
Melloul, localisée dans l‟Anti-Atlas central. Les vents chauds et secs (chergui) soufflent fréquemment en
coordonnées de la feuille sont comprises entre les été, mais peuvent se manifester également à tout
latitudes 30°00‟N et 30°15‟N et les longitudes 7°45‟W et moment de l‟année. Les vents dominants sont de
8°00‟W. Administrativement, il appartient à la région direction ouest à nord-nord-ouest avec des vitesses
Souss-Massa et se situe à cheval sur les provinces de atteignant 52 m/s.
Taroudannt au nord et celle de Tata au sud.
Le réseau hydrographique est formé par des oueds
Morphologiquement, la région couverte par la feuille asséchés la plus grande partie de l‟année, et qui sont
Agadir Melloul (Figure 1) présente une topographie l‟objet d‟écoulements torrentiels lors des orages.
montagneuse bien marquée dans la moitié nord et L‟alignement morphologique s‟étendant au sud d‟Adrar
devient plus modérée dans la moitié sud. Au nord, le Iguiguil depuis Adrar n-Ougri à l‟ouest vers Adrar Tarikt
massif d‟Adrar Iguiguil («montagne orpheline» en sur la bordure sud-est de la boutonnière d‟Agadir
berbère) constitue un relief subarrondi formé de Melloul, à l‟est, constitue la ligne de partage des eaux
quartzites néoprotérozoïques, culminant à 2230 m, qui entre le bassin versant du Souss au nord et celui du
domine ainsi l‟ensemble de la région. Il est bordé à l‟est Drâa au sud. Vers le nord, le principal cours d‟eau est
et à l‟ouest, respectivement, par les dépressions des celui d‟Assif n-Llamghartine qui contourne Adrar Iguiguil
boutonnières d‟Agadir Melloul et d‟Azaghar-Izazen. Au pour rejoindre Assif Tizguiy sur la feuille Tabadrist avant
sein de ces boutonnières, les terrains de se déverser dans l‟Oued Zagmouzen à l‟ouest de
paléoprotérozoïques affleurent selon une topographie en Taliwine. Ce dernier est l‟un des principaux affluents de
collines de 1700 m d‟altitude moyenne. La couverture l‟Oued Souss. Vers le sud les principaux oueds
carbonatée adoudounienne forme vers le sud les subméridiens, Assif-n-Tagout et Assif-n-Ougni
principaux plateaux et crêtes alignées NNE-SSW, dont Tisfriwine, convergent vers le sud pour traverser le Jbel
les principales sont celles de l‟Adrar n-Ougri à l‟ouest Bani dans la cluse de Tissent avant de rejoindre l‟oued
(2111 m) et de l‟Adrar-n-Oumçkad à l‟est (2048 m). Ces endoréique du Drâa.
reliefs carbonatés subissent un affaissement
La population est formée exclusivement de peuplements
topographique brutal dans la moitié sud de la feuille, le
berbères sédentarisés dans plusieurs agglomérations
long d‟une limite équatoriale marquant le passage des
établies le long des principaux oueds au nord (Assaka,
dolomies adoudouniennes au nord vers le synclinal
Tizguiy et Agadir Melloul) ou au sud (Imi-n-Tatalt et
cambrien d‟Azaghar Imi-n-Talat au sud. Cette dernière
Tisfriwine). Leurs principales activités résident dans
cuvette montre des altitudes comprises entre 1200 et
l‟élevage des caprins et ovins ainsi que dans des
1500 m.
cultures entretenues (safran) dans d‟étroites terrasses
La feuille Agadir Melloul est accessible par la route alluviales aménagées le long des oueds. La localité
goudronnée 6837 qui relie la nationale N10 reliant d‟Agadir Melloul constitue la principale agglomération et
Taroudannt et Ouarzazate au nord, et la nationale N12 centre administratif. Devant l‟austérité du milieu, la
entre Tata et Foum Zguid au sud. Partant de cet axe région a connu une migration importante, surtout
subméridien, qui longe le flanc est de la carte, plusieurs masculine, vers les villes du nord du Maroc ou en
pistes desservent de part et d‟autres les quelques Europe. Les quelques sites d‟exploitation artisanale
douars isolés, notamment vers la cuvette d‟Azaghar Imi- d‟oligiste et le petit commerce représentent les rares
n-Talat au sud-ouest. Au nord-est, à partir du village sources d‟emploi pour la population locale.
d‟Agadir Melloul bifurquent deux principales pistes, l‟une
vers l‟est qui atteint la boutonnière d‟Iguerda par le 1.2 - PRÉSENTATION DE LA CARTE DANS
village de Tayfast, et l‟autre vers l‟ouest qui longe le SON CADRE GÉOLOGIQUE
flanc sud de l‟Adrar Iguiguil vers les villages situés dans
L‟Anti-Atlas situé à la marge nord du Craton Ouest
la boutonnière de d‟Azaghar-Izazen.
Africain est une chaîne à structuration polyphasée
Par sa situation aux confins du Sahara, le climat de la constituée d‟un substratum précambrien qui affleure
région est de type aride à semi-aride, marqué par de sous une épaisse couverture paléozoïque. Elle
grands écarts de température entre le jour et la nuit et correspond à une charnière centrale allongée suivant un
entre l‟été et l‟hiver. Il s'inscrit globalement dans l‟étage axe ENE-WSW formée par un large entablement
bioclimatique saharien à présaharien. La température carbonaté cambrien, au sein duquel affleure le socle
moyenne est de 23°C, montrant des variations précambrien, du Paléoprotérozoïque au
journalières et saisonnières très importantes, avec Néoprotérozoïque, à la faveur de plusieurs boutonnières
d‟importants pics de chaleur entre juillet et septembre. (combes antiformes) (Choubert, 1963).
La pluviométrie moyenne annuelle est très faible (moins
12 NOTICE EXPLICATIVE DE LA FEUILLE AGADIR-MELLOUL

De part et d‟autre de cette charnière centrale affleure n‟Tatelt à cœur formé de schistes des Feija internes du
d‟une façon continue la suite de la série paléozoïque, Cambrien moyen.
remarquablement plissée à l‟ouest et seulement
Les séries mésozoïques et cénozoïques sont absentes
basculée à l‟est lors de l‟orogenèse hercynienne (Jbel
sur la feuille Agadir Melloul au 1/50 000, seuls quelques
Bani). La couverture paléozoïque est plus développée
dykes liasiques traversent cette feuille.
au flanc sud (plus de 10 km de puissance), où elle est
bordée par les terrains carbonifères de Jbel Ouarkziz Le quaternaire est représenté par divers dépôts
(Bassin de Tindouf), alors qu‟elle est tronquée le long du alluviaux, ainsi que par des encroûtements carbonatés
flanc nord par les accidents atlasiques. et des travertins localisés.

Le domaine d‟Agadir Melloul se situe dans l‟Anti-Atlas


1.3 - CONDITIONS D’ÉTABLISSEMENT DE
central et fait partie des zones orientales du domaine
LA CARTE
cratonique au sud de l‟Accident Majeur de l‟Anti-Atlas
(Choubert, 1947). Les terrains précambriens sur la carte Les levers de terrain ont été réalisés en octobre-
d‟Agadir Melloul au 1/50 000 affleurent dans plusieurs novembre 2009 par une équipe pluridisciplinaire
boutonnières (Figure 1) : comprenant :
● dans l‟angle nord-ouest de la carte, l‟extrémité de ● pour la couverture sédimentaire paléozoïque : J.
la boutonnière d‟Azaghar-Izazen forme une cuvette Roger (BRGM), H. Ouanaimi (UCA-ENS,
orientée NE-SW, ayant une superficie moyenne Marrakech), B. Simon et Ph. Razin (Université de
2
d'environ 60 km . L‟essentiel de la boutonnière Bordeaux) ;
affleure plus à l‟ouest sur la carte d‟Igherm au ● pour les formations sédimentaires du Tonien et/ou
1/100 000 ; du Cryogénien et les intrusions basiques
● dans l‟angle nord-est de la carte, la partie sud de la spatialement associées : T. Baudin (BRGM) et A.
boutonnière d‟Agadir Melloul qui se prolonge au nord Soulaimani (Université de Marrakech) ;
sur la feuille Tabadrist ; ● pour les formations volcano-sédimentaires de
● entre ces deux affleurements et toujours dans la l‟Ediacarien : O. Blein (BRGM) et M. Bouabdelli
partie septentrionale de la carte affleure la moitié sud (Géode) ;
du massif de Jbel Iguiguil qui se prolonge également ● pour les formations paléoprotérozoïques et les
au nord sur la feuille Tabadrist ; intrusions basiques à intermédiaires et filons
● à l‟extrême est de la carte affleurent des terrains hydrothermaux tardifs spatialement associés : Ph.
précambriens isolés le long d‟assif n‟Iggou et d‟assif Chèvremont (BRGM), A. Hafid, (UCA-FST,
n‟Oumskad où affleurent la petite boutonnière de Marrakech), A. Soulaimani et H. Admou (UCA-FSS,
Tizguine et la terminaison occidentale de la Marrakech) ;
boutonnière d‟Iguerda, bien représentée sur la carte ● pour les gîtes et indices miniers : E. H. Abia
d‟Assaragh. (Université d‟Agadir) et Ph. Chèvremont (BRGM).

Les terrains précambriens de la boutonnière d‟Agadir Les coordonnateurs de la réalisation de la maquette de


Melloul sont répartis en trois grands ensembles : la carte sont J. Roger pour la couverture sédimentaire et
● un ensemble cristallophyllien composé de roches A. Soulaimani pour les boutonnières précambriennes et
métamorphiques et plutoniques d‟âge les gîtes et indices minéraux. Le coordonnateur de la
paléoprotérozoïque, représentés par des rédaction de la notice est A. Soulaimani.
micaschistes, des migmatites, des granites, des
Le bureau OBE (Maroc) de R. Beni Akhy, a en outre pris
diorites quartziques et des métadiorites ;
en charge la compilation des données
● des dépôts de plateforme établie sur la marge nord
hydrogéologiques, leur synthèse et la rédaction du
du Craton Ouest Africain (Groupe de Taghdout-
chapitre hydrogéologie.
Lkest). Il s‟agit de grès et quartzites qui constituent
l‟Unité d‟Iguiguil que nous attribuons au Tonien et/ou Les analyses et études de laboratoire ont été réalisées
au Cryogénien (NP1-2) ; par les spécialistes suivants :
● une couverture volcano-détritique non ● Séparation et tri des minéraux pour
métamorphique attribuée à l‟Édiacarien supérieur géochronologie, typologie des zircons : D. Bruyère
(PIII, Groupe de Ouarzazate). (BRGM) ;
● Géochronologie (datations radiométriques) : A.
Les terrains paléozoïques couvrent environ 75% de la
Cocherie (BRGM) par la méthode U-Pb sur zircons à
superficie de la carte d‟Agadir Melloul. C‟est une épaisse
la SHRIMP de Canberra (Australie) ;
couverture sédimentaire globalement concordante sur le
● Pétrographie et géochimie des roches
Groupe de Ouarzazate, formée par des empilements
métamorphiques ou magmatiques : Ph. Chèvremont,
gréso-carbonatés adoudouniens (Groupe de
O. Blein (BRGM) et A. Hafid (Université de
Taroudannt) puis gréso-silteux cambriens (Groupe de
Marrakech) ;
Tata). Ces derniers forment vers le sud de la carte la
terminaison septentrionale du large synclinal d‟Imi
INTRODUCTION 13

● Étude métallographique d‟échantillons terrains précambriens au Maroc. L. Neltner y décrit des


minéralisés : E. H. Abia (Université d‟Agadir) et C. calcaires géorgiens à Archœcyathidés reposant sur les
Lerouge (BRGM) ; quartzites qu'il attribuait à l‟«Algonkien», ce même
● Analyses isotopiques du soufre : C. Flehoc Algonkien étant en discordance sur un socle arasé,
(BRGM), interprétation par C. Lerouge. attribué à l‟Archéen. Il a aussi traversé la région d‟Agadir
Melloul qu‟il appela « région d‟Iguiguil » ainsi que celle
Dans le cadre du projet Agadir Melloul, le Service
d‟Azaghar-Izazen plus au sud-ouest.
d'Analyse des Roches et des Minéraux (SARM, Nancy,
France) du CNRS a réalisé 84 analyses chimiques de Sur la carte géologique du Maroc au 1/500 000 (Neltner,
roches en dosant 54 éléments par les méthodes 1938), la reconnaissance des terrains précambriens de
suivantes : fusion de l‟échantillon avec LiBO2 et l‟Anti-Atlas, bien que nettement améliorée par rapport à
dissolution par HNO3, analyses par ICP-AES pour les celle de L. Gentil, reste incomplète puisque la
éléments majeurs et ICPMS pour les éléments en boutonnière d‟Iguerda n‟est représentée que par des
traces. Parmi ces 84 analyses 21 concernent la feuille calcaires cambriens.
Agadir-Melloul.
À partir de 1936, un intérêt particulier pour les
Le laboratoire ALS-Chemex Europe de Séville ressources minières fut porté à la région d‟Agadir
(Espagne) a réalisé 11 analyses d‟échantillons Melloul. Un résumé des travaux de prospection et des
minéralisés. recherches entreprises est donné dans cette introduction
(Historique de la prospection et de l‟exploitation minière).
Les caractéristiques du système de projection de la
carte sont les suivants : Ellipsoïde de Clarke 1880, En 1938, l‟étude du massif de Kerdous fut confiée à G.
Système géodésique Merchich, Projection conique Choubert, lequel marquera par la suite la géologie de
conforme de Lambert Sud-Maroc. Pour les points l‟Anti-Atlas par ses très nombreux travaux. En effet, dès
d‟observation de terrain (et d‟échantillonnage le cas la fin de la seconde guerre mondiale, et suite à
échéant) nous avons procédé de la façon suivante : l‟application de la restitution photo-géologique, les
relevé au GPS en degrés décimaux en WSG84 ; connaissances géologiques de l‟Anti-Atlas ont connu un
utilisation du logiciel Map Info pour projeter les points sur essor important avec la publication de plusieurs cartes
la carte topographique en WSG84, puis transformer les géologiques, comme la carte au 1/1 000 000 de
coordonnées dans le système Lambert Sud-Maroc. l‟ensemble de l‟Anti-Atlas (Choubert, 1948), et surtout
les cartes géologiques au 1/500 000 de Marrakech et
1.4 - TRAVAUX ANTÉRIEURS Ouarzazate présentées lors du Congrès international
ème d‟Alger (1952). Dans tous ces documents, les terrains
Dès la fin du XIX siècle, le domaine de l‟Anti-Atlas
précambriens étaient bien définis et subdivisés en trois
central a été mentionné lors des explorations
ensembles (Tableau 1) :
consacrées au sud marocain, notamment par Charles de
● un ensemble inférieur schisto-granitique « PI » ;
Foucauld lors de sa célèbre expédition en 1883-1884.
ème ● un ensemble intermédiaire quartzitique « PII » ;
Au début du XX siècle, la région d‟Agadir Melloul a
● un ensemble supérieur volcano-détritique « PIII »
fait l‟objet d‟une première traversée en 1904-1905 par le
(Choubert, 1952, 1959, 1963).
marquis R. de Segonzac qui, en allant vers Tazenakht,
traverse le massif d‟Iguerda par Tayfast, Lamdint et Ce schéma est momentanément complété par un « P0 »
l‟assif n‟Ouaguinane. Son ouvrage « Au cœur de censé représenter l‟Archéen, mais jamais formellement
l‟Atlas », paru en 1920 (Segonzac, 1920), est riche en identifié à l‟affleurement dans l‟Anti-Atlas.
descriptions géographiques et sociologiques mais
Par la suite, Leblanc (1975) remet en cause la
pauvre en indications géologiques.
subdivision de Choubert (1963), et interprète ce
Avec les travaux de L. Neltner durant les années 1920 domaine comme un segment orogénique polyphasé du
commence l‟ère des explorations méthodiques de la à une tectonique panafricaine comprenant deux phases
géologie de l‟Anti-Atlas, notamment par la découverte, majeures B1 et B2.
en 1929, des Archœcyathidés à Tiout et l‟attribution de
Thomas et al. (2004) proposent de subdiviser le
toute la série calcaire de l‟Anti-Atlas au Cambrien
Néoprotérozoïque en deux supergroupes :
(Neltner, 1929). La discordance entre les calcaires
● le Supergroupe de l‟Anti-Atlas ;
cambriens et le Précambrien sous-jacent est alors déjà
● le Supergroupe de Ouarzazate.
annoncée. En 1931, L. Neltner découvre la double
discordance du Tizi n'Taghatine (col des Chèvres, Ces deux supergroupes sont séparés par l‟orogenèse
1886 m) sur la route de Tazenakht à Taroudannt. Ce site panafricaine d‟accrétion à 660 Ma.
constitue la première démonstration de l'existence de
INTRODUCTION 15

Plus récemment, la boutonnière d‟Iguerda a fait l‟objet 2004 ; Gasquet et al., 2005 ; Inglis et al., 2004, 2005 ;
d‟une étude géologique par E. Bilal et C. Derré (1989), D‟Lemos et al., 2006), le découpage anciennement
aboutissant à une synthèse concernant ses granitoïdes établi dans les terrains précambriens par les datations
et leur chronologie de mise en place par rapport aux Rb/Sr et K/Ar (Choubert et al., 1973 ; Charlot, 1976 ;
différentes phases de déformation. Clauer, 1974 ; Mrini, 1993). Ainsi, deux périodes
magmatiques majeures se distinguent dans le
La boutonnière paléoprotérozoïque d‟Azaghar−Izazen,
Précambrien de l‟Anti-Atlas :
qui couvre une zone à cheval sur les cartes au 1/50 000
● une première période paléoprotérozoïque (PI), aux
d‟Agadir Melloul (angle nord-ouest) et de Tabadrist
alentours de 2 Ga, attribuée au cycle éburnéen ;
(angle sud-ouest), n‟a fait l‟objet de travaux géologiques
● une seconde période néoprotérozoïque (PII et
qu‟à partir des années 1970, notamment ceux de
PIII), au cours du cycle panafricain.
Horrenberger et Salem (1974) qui comportent une étude
cartographique et structurale du soubassement Le cycle panafricain débute par des manifestations entre
gneissique. Leurs données ont été intégrées dans la 800 et 700 Ma, liées à la concomitance entre la
maquette de la carte géologique d‟Agadir Melloul à dislocation de la plateforme cratonique, la formation de
1/100 000, achevée en 1987, après avoir été complétée planchers océaniques et l‟édification d‟arcs insulaires. Le
par une photo-interprétation réalisée par A. Faure-Muret, second épisode, bien calé par des plutons datés à
mais la carte n‟a été publiée qu‟en 1992 dans les Notes 650 Ma, est celui de la collision panafricaine. Enfin, le
et Mémoires n°359 (Faure-Muret et al., 1992). troisième et dernier épisode, entre 600 et 540 Ma,
correspond aux manifestations magmatiques post-
De récentes études académiques, réalisées par des
orogéniques de l‟Édiacarien supérieur ou Groupe de
équipes universitaires marocaines, ont été consacrées à
Ouarzazate (PIII).
des problématiques plus spécifiques, notamment à
l'étude pétrographique et géochimique des filons Bien que ces travaux adoptent tous les classifications en
basiques qui recoupent le socle des différentes Supergroupe, Groupe et Formation d‟après la
boutonnières ainsi que sa couverture quartzitique (Hafid nomenclature recommandée par la Commission
1999 ; Hafid et al., 1999 ; El Aouli et al., 2001, 2004). Internationale de Stratigraphie, ces études restent pour
Les boutonnières d‟Iguerda et d‟Agadir Melloul ont été l‟instant spécifiques à chacune des boutonnières, et il y
aussi abordées dans le cadre de monographies sur un a peu de modèles lithostratigraphiques synthétiques à
thème structural (Oudra, 2007), pétrographique (Mortaji, l‟échelle de l‟Anti-Atlas (Thomas et al., 2004 ; Gasquet et
2007) ainsi que pour l‟analyse sédimentologique al., 2005).
consacrée aux quartzites du Groupe de Taghdout
La couverture paléozoïque a également fait l‟objet de
(Bouougri, 1992 ; Bouougri et Saquaque, 2004).
nombreux travaux. Le passage Précambrien-Cambrien a
Dans le cadre plus global de l‟Anti-Atlas, et à partir des fait l‟objet de nombreux débats. En effet, les premières
années 1990, le lancement du Plan National de faunes cambriennes ne se sont développées que vers le
Cartographie Géologique (PNCG) par le Ministère de sommet de la première méga-séquence, carbonatée, de
l‟Énergie et des Mines, a permis le développement la couverture. Cela explique les tentatives de
d‟études s‟appuyant sur de nouvelles données regroupement de ces séries intermédiaires dans un
géochronologiques − notamment par la méthode U-Pb Cambrien basal (Choubert, 1943, 1948), puis dans un
sur zircons – sur les différentes entités magmatiques du Précambrien supérieur-Infracambrien (Choubert, 1952,
socle précambrien, et ont concerné les boutonnières du 1963), synonyme du terme actuel de Protérozoïque
Bas Draa (Hawkins, 2001a-b), du Kerdous (Barnes et terminal. Régionalement, le contact entre le Groupe de
al., 2001a-b ; Smith et al., 2001 ; Waters et al., 2001 ; Ouarzazate (PIII) et la couverture sédimentaire est
Roger et al., 2005 ; Baudin et al., 2005), de la Tagragra globalement décrit comme une faible discordance,
d‟Akka (Roger et al., 2001 ; Hassenforder et al., 2001), localement angulaire comme dans le Kerdous
de la Tagragra de Tata (Yazidi et al., 2002 ; Benziane et (Hassenforder, 1987), ou de ravinement dans le Jbel
al., 2002), du Siroua (Chevalier et al., 2001 ; de Beer et Saghro (Benziane et al., 1983), ou même comme un
al., 2001 ; de Kock et al., 2001 ; Gresse et al., 2001 ; passage progressif dans l‟Anti-Atlas occidental (Piqué et
Thomas et al., 2001a, b, c), du Saghro (El Boukhari et al., 1999 ; Soulaimani et al., 2003).
al., 2007a, b ; Massironi, 2007 ; Schiavo et al., 2007 ;
De nombreux travaux stratigraphiques ont été menés
Dal Piaz et al., 2007 ; Walsh et al., 2008 ; Harisson et
dans les séries de couverture, favorisés par l‟excellente
al., 2008 ; Benziane et al., 2008a, b) et de Bou Azer
qualité des affleurements et aiguillonnés pour la plupart
(Chèvremont et al., 2013 ; Blein et al, 2013 ; Admou et
d‟entre eux par la problématique de la limite
al, 2013 ; Soulaimani et al., 2013).
Précambrien-Cambrien (voir revue historique in
Seule une partie de ces travaux cartographiques a fait Destombes et al., 1985). La succession
l‟objet de publications scientifiques (Thomas et al., lithostratigraphique et l‟organisation des dépôts ont été
2002 ; Walsh et al., 2002 ; Gasquet et al., 2004). Pour reconnues très tôt (Neltner, 1929 ; Choubert, 1942,
l‟essentiel, les résultats de ces travaux géologiques 1952, 1959) et sont généralement bien acceptées.
confirment, avec d‟autres plus récents (Barbey et al., Seules les corrélations stratigraphiques des unités
16 NOTICE EXPLICATIVE DE LA FEUILLE AGADIR-MELLOUL

inférieures, à l‟exemple de l‟Adoudounien (Choubert, Historique de la prospection et de l’exploitation


1952), ont donné lieu à des controverses. Les premières minière
subdivisions biostratigraphiques du Cambrien inférieur,
Hormis quelques indices anciens connus, représentés
appuyées sur la répartition des trilobites, sont l‟œuvre de
sur la carte géologique d‟Agadir Melloul au 1/100 000
Huppé (1952). La célèbre coupe de Tiout, au sud-est de
(1992), de Cuivre et de Fer (Oligiste), il n‟existe pas
Taroudannt, permet, sur des arguments faunistiques
d‟importants centres d‟exploitation minière dans la
(Geyer, 1977 ; Sdzuy et Geyer, 1988), confortés par les
région.
données isotopiques du carbone (Latham et Riding,
1990 ; Magaritz et al., 1991 ; Maloof et al., 2005) de Pourtant, dès le début du siècle, la boutonnière
situer de façon consensuelle la limite Édiacarien- d‟Iguerda (feuille Assaragh à l‟est d‟Agadir Melloul)
Cambrien (542 Ma) à l‟intérieur de la Série lie-de-vin ou connut une fièvre de l‟or. En effet, en 1936, l‟ère de
Formation de Taliwine. En conséquence, le début de la levers détaillés dans l‟Anti-Atlas débute par le lancement
séquence transgressive adoudounienne (Série des par le Service des Mines de la « Mission de la recherche
Calcaires inférieurs) est attribué au Protérozoïque de l‟or dans l‟Anti-Atlas ». C‟est dans ce cadre que P.
terminal. Cela est compatible avec les datations Rampont et D. Matveieff (1937) découvrent le
radiométriques concernant des manifestations Précambrien de la boutonnière d‟Iguerda, étudient les
volcaniques de la région de Bou Azer : 541  6 Ma pour alluvions des assifs n‟Ouaguinane et n'Aït Mansour et y
une coulée basaltique disloquée intercalée dans les découvrent, dans des fonds de batée, une seule paillette
Calcaires inférieurs (Chèvremont et al., 2013), d‟or et deux grains de scheelite, minéraux dont la source
534  10 Ma pour le cœur syénitique du volcan de Jbel est encore indéterminée de nos jours.
Boho (Ducrot et Lancelot, 1977), 531  5 Ma pour le sill
En 1949-51, la compagnie PÉCHINEY réalisa, dans la
de trachyte d‟Aghbar (Gasquet et al., 2005).
boutonnière d‟Iguerda, une prospection alluvionnaire
La déformation hercynienne au Carbonifère terminal pour niobite, qui amena la découverte d‟une paillette d‟or
constitue l‟ultime événement tectonique important qui a dans un affluent de l‟assif n‟Aguinane au nord d‟Iguerda,
structuré la chaîne de l‟Anti-Atlas. Durant cette phase, et une prospection des pegmatites à béryl. Après une
les blocs de socles ont été réactivés d‟une façon rigide reconnaissance rapide à la fin de 1949, PÉCHINEY
(Soulaimani et al., 1997 ; Burkhard et al., 2006) alors trouva le premier béryl à Iguerda en janvier 1950 puis
que la couverture paléozoïque sus-jacente a été plissée, découvrit une centaine d‟affleurements de pegmatites à
principalement dans sa partie occidentale béryl avant l‟arrêt des recherches à la fin de 1951. Puis
(Hassenforder, 1987 ; Caritg et al., 2004 ; Helg et al., Agard (1952) découvre la diorite orbiculaire de Tayfast
2004 ; Soulaimani et Burkhard, 2008). Bien que cet (Tayfast) et Agard et al. (1952) décrivent des filons de
événement tectonique soit souvent sous-estimé dans quartz à oligiste dans les boutonnières d‟Iguerda et
l‟évolution du socle précambrien, plusieurs travaux d‟Agadir Melloul. Permingeat (1953) découvre de la
soulignent son importance, notamment en ce qui tapiolite et de la niobite dans les boutonnières de
concerne la remobilisation ou même la genèse de Tazenakht et d‟Iguerda. Enfin, Agard (1954) publie une
plusieurs minéralisations dans l‟Anti-Atlas, comme cela étude sur la géologie et les minéralisations de la
est en particulier le cas pour la célèbre minéralisation boutonnière précambrienne d‟Iguerda, étude incluant
cobaltifère du district de Bou Azer (Leblanc, 1972 ; une carte géologique au 1/100 000.
Oberthür et al., 2007 ; Chèvremont et al., 2013).
Par ailleurs, ce secteur a été ciblé dans le cadre de la
L‟étude de l‟histoire post-hercynienne de l‟Anti-Atlas est campagne de prospection de l‟Uranium effectuée dans
une thématique relativement récente en raison de l‟Anti-Atlas entre 1947 et 1981. Les principaux résultats
l‟absence de dépôts méso-cénozoïques. Lors de de ces travaux sont repris par Agard et al. (1980). En
l‟extension triasique à liasique en relation avec raison de l‟importance des minéralisations uranifères
l‟ouverture de l‟Atlantique central (Robert-Charrue et aussi bien dans le socle précambrien que sa couverture
Burkhard, 2008), l‟Anti-Atlas était en position surélevée volcano-détritique, la Direction de la Géologie a lancé,
le long de la bordure méridionale du rift atlasique. Le en 1985, un programme de recherche durant lequel les
seul témoin de cette distension est la mise en place des prospections radiométriques et géologiques ont permis
filons basiques comme ceux de Foum Zguid (Leblanc, entre autres d‟établir une cartographie au 1/1000 de la
1973b ; Admou et al., 2013) et d‟Igherm. Des partie nord-est de la boutonnière d‟Iguerda afin de
modélisations effectuées à partir des traces de fission localiser les épisyénites albitiques uranifères. Les
d‟apatite et de zircon (Sebti et al., 2009 ; Ruiz et al., résultats sont donnés dans les rapports SEGM n°1173
2010) permettent de tracer les différents épisodes (Renard et al., 1990), n°1177 (Idir et al., 1992) et n°1196
d‟exhumation et d‟enfouissement de l‟Anti-Atlas au cours (Idir et Renard, 1994), ainsi que dans une publication
des temps méso- et cénozoïques, avant son ultime (Idir et al., 2001).
surrection au Néogène.
Au cours des levés cartographiques de ce projet,
plusieurs sites font encore l‟objet d‟exploitation d‟oligiste,
principalement le long de la bordure ouest de la
boutonnière d‟Iguerda et au nord d‟Idikal.

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