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I.

Introduction à l’étude des Rehamna

FIG. 1 : Situation du massif des Rehamna / FIG. 1 : Location of the Rehamna Massif.

Situé dans la Meseta méridionale, le massif des Rehamna est constitué de terrains
paléozoïques structurés par l’orogenèse hercynienne (socle) et recouverts en discordance
par des dépôts mésozoïques et cénozoïques tabulaires (couverture).
Il apparaît ainsi comme une « boutonnière » surélevée en son centre et cernée par la cuesta du
Crétacé.
Deux parties partiellement séparées par un placage crétacé peuvent être distinguées (fig. 2) :
1) au sud, entre Benguerir et Skhour, le massif des Rehamna proprement dit forme un plateau
légèrement ondulé d’où surgissent des arêtes rocheuses (skhours). Résultat d’un bombement
néogène, l’altitude atteint 713m (Jorf el Beïda) ;
2) au nord, dans la région de Mechra Ben Abbou, le Paléozoïque des Rehamna septentrionaux
affleure dans la dépression creusée par l’oued Oum-er-Rbia et ses affluents.

Le socle hercynien

Le socle paléozoïque de tout cet ensemble est subdivisé en plusieurs zones structurales :

A l’ouest, les Rehamna Occidentaux


font partie du Bloc Côtier. Ils sont limités vers l’est par un faisceau de failles (Faille
Médiane, Faille de l’Oued Tarfa). La série paléozoïque est représentée par des calcaires du
Cambrien inférieur, des schistes et grauwackes du Cambrien moyen et des pélites et quartzites
de l’Ordovicien inférieur. La déformation, modérée, augmente d’intensité le long de la
bordure orientale où affleure l’intrusion granitique tardi-tectonique de Sebt de Brikyine.

Plus à l’Est, on distingue les Rehamna Centraux,


zone étroite, allongée NE-SW entre la Faille Médiane et la Faille des Ouled Zedness. Elle est
constituée par des unités métamorphiques. Au nord de Benguerir, les métagranites de
Sidi Bahilil datés du Néoprotérozoïque terminal (593 ± 8 Ma, U-Pb sur zircons, Baudin et al.,
2003) sont surmontés par des marbres et des micaschistes attribués au Cambrien sur lesquels
reposent les métaconglomérats du Kef el Mouneb, attribués au Dévonien inférieur-moyen,
suivis des phyllades et quartzites de la Formation des Skhour dont l’âge est discuté.
Longtemps attribuée à l’Ordovicien malgré d’importantes différences avec les séries peu ou
pas métamorphiques bien datées des Rehamna orientaux (Michard, coord., 1982), un âge
dévonien est maintenant envisagé (Baudin et al., 2003 ; Michard et al., 2010).
Cette zone des Rehamna centraux se prolonge au nord du placage crétacé dans les
affleurements des phyllades et quartzites de Draa Guessaa et les conglomérats déformés de
Sidi Abdallah et Sekhira es Slimane, ces derniers étant bien datés du Dévonien.

A l’Est de la Faille des Ouled Zedness, les Rehamna Orientaux


comprennent des unités inférieures métamorphiques comme les Rehamna centraux et des
unités supérieures peu ou pas métamorphiques. Les unités inférieures sont représentées
par la Formation des Ouled Hassine, constituée de micaschistes, marbres et quartzites d’âge
dévonien probable (Michard coord., 1982, Baudin et al., 2003) surmontés par la Formation de
Lalla Tittaf constituée de micaschistes à amphibolites, métagabbros, rares métatufs acides et
quelques niveaux de marbres. La Formation de Lalla Tittaf est attribuée au Carbonifère
inférieur (Viséen-Namurien) par analogie de faciès avec la Formation des Schistes du
Sarhlef des Jbilet Centrales (Huvelin, 1977 ; Michard coord., 1982). Un âge
paléoprotérozoïque a cependant été proposé après datation de zircons d’un métagabbro
(2136 ±17 Ma, U/Pb sur zircons, Baudin et al., 2003). Plutôt qu’à l’âge de la formation, cette
datation correspond plus vraisemblablement à des zircons hérités de la croûte précambrienne
sous jacente (Michard et al., 2010). Les unités supérieures peu métamorphiques sont
constituées, au nord, par les pélites et quartzites ordoviciens des massifs de Jorf Ahmar-
Koudiat el Adam-Jbel Kharrou reposant en contact anormal sur les unités inférieures
métamorphiques notamment le long du chevauchement du Jbel Kharrou-El
Mesrane.
En outre, au sud de la Faille des Oulad Ouggad, les affleurements ordoviciens, dévoniens et
carbonifères représentent le prolongement de ces unités allochtones. Les conglomérats et
laves d’âge Permien inférieur, discordants sur les terrains paléozoïques des unités supérieures,
occupent les bordures est et sud du massif.

Enfin, vers le nord, les Rehamna Septentrionaux


sont constitués de terrains non métamorphiques. La série paléozoïque en partie recouverte par
les conglomérats et laves du Permien est extrêmement morcelée par la tectonique cassante
varisque. Elle comprend les pélites et quartzites ordoviciens de l’oued Kibane, les
conglomérats, argilites et calcaires du Dévonien inférieur-moyen de Mechra Benabbou, les
molasses famenno-tournaisiennes de Foum el Mejez et le Viséen supérieur de la Gada Jenabia
représenté par des calcaires récifaux surmontés de dépôts volcanoclastiques où s’intercalent
des sills de dolérites et de gabbro tholéïtique.
Dans la zone des Skikirat, située dans le prolongement du faisceau de failles des Ouled
Zedness, des écailles imbriquées de Viséen et de Dévonien reposent en contact tectonique sur
les métaconglomérats de Sidi Abdallah appartenant aux unités métamorphiques des Rehamna
centraux, il est donc tentant de voir dans cette zone des Rehamna septentrionaux la continuité
des unités peu métamorphiques des Rehamna orientaux reposant sur des unités
métamorphiques selon un schéma proche de celui de Raïss-Assa et al. (1983).
On abordera plus loin la description synthétique des structures et du métamorphisme des
Rehamna, et la discussion des problèmes que pose leur interprétation (voir § italique IV).

La couverture

La couverture sédimentaire post-permienne des Rehamna est peu épaisse (< 200 m). Elle
débute par des couches continentales mal datées, rangées dans « l’Infracénomanien ». Il
s’agit de grès et argiles rose saumon avec localement une intercalation calcaire d’âge
valanginien/aptien (?). Ces couches sont suivies par des dépôts marins de mer peu profonde
: marnes et calcaires du Cénomano-Turonien, puis calcaires du Turonien (plateau de Settat,
placage de la Gada Jenabia,base du plateau des Ganntour). Le « Sénonien » (Coniacien-
Campanien) correspond ensuite à une séquence régressive de marnes à gypse suivie par la «
Série Phosphatée» des Oulad Abdoun et des Ganntour (Maastichtien- Paléocène-
Yprésien), elle-même couronnée par la « Dalle àThersitées » du Lutétien.

Métaconglomérats dévoniens duKef-el-Mouneb


GPS : 32°25.978N ; 07°56.664W ; alt. 525 m
A partir du douar Oulad Slimane, monter vers les reliefs du Kef-el-Mouneb (« la main du singe »). C’est le point
culminant (581 m) d’un ensemble de collines constituées par des métaconglomérats, attribués au Dévonien
inférieur comme ceux de Sidi Abdallah et de Sekhira Slimane (fig. 2).
Le contact entre les conglomérats et les micaschistes cambriens sous-jacents est un sujet de débat : 1)
stratigraphique,
il correspondrait à la discordance du Dévonien sur le Cambrien, reprise pendant la déformation varisque
(Michard et al., 2010) ;
2) tectonique, il correspondrait à un chevauchement réactivé en détachement (Baudin et al., 2003).
La Formation du Kef-el-Mouneb est constituée de conglomérats grossiers mal triés et mal classés (cm à dm) où
s’intercalent de minces niveaux gréseux et microconglomératiques.
Les métaconglomérats montrent une foliation peu pentée vers le NE. La déformation des galets en forme de «
cigares » est spectaculaire. Bien qu’il s’agisse de galets de quartzite pour la plupart (galets probablement
empruntés à l’Ordovicien), ils sont à peine déformés dans le plan YZ (fig.14A) et très fortement étirés dans le
plan XZ, ils définissant une linéation d’étirement et d’allongement des fibres abritées N40 plongeant vers le NE
(fig.14B). La déformation, de type constriction, s’est réalisée dans les conditions métamorphiques du faciès
amphibolite (phénoblastes de biotite, grenat,
staurotide et disthène dans la matrice). Des cristallisations géodiques de disthène sont visibles ça et là, associées
à des sites d’ouverture aux épontes des veines de quartz précoces ou dans ces veines (fig. 14, C, D).
La déformation du massif des Rhamna s’est passée en quatre phases :
La première phase : phase de cisaillement N 40

La deuxième phase : phase de chevauchement vers l’West

redoublement en phase 2 de la place des isogrades du métamorphisme


mésozonal dans les Rhamna avant la tectonique de bombement des Rhamna
centraux et de cisaillement inverse des Ouled Zednès.

La troisième phase : Accidents inverses tardifs de l’accident des Ouled Zednès


La quatrième phase : zone cisaillante dextre de la faille Médiane et elle est
représentée par le chevauchement et post métamorphisme du jbel Kharrou

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