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ROYAUME DU MAROC
MINISTERE DES TRAVAUX PUBLICS ET DES COMMUNICATIONS
DIRECTION DE L’HYDRAULIQUE
DIVISION DES RESSOURCES EN EAU
Sommaire...................................................................................................... 7
Table des matières ....................................................................................... 9
Introduction (par N.Dinia)........................................................................... 27
Hydrologie ...................................................................................... 46
Bassin du Sebou ............................................................................ 46
Bassin de l'Oum-er-Rbia à Khénifra.............................................. 47
Caractéristiques du bassin ......................................................... 47
Données hydrologiques ............................................................. 47
Hydrologie ...................................................................................... 49
Bassins versants hydrogéologiques ............................................... 49
Bassin de l'Oum-er-Rbia ............................................................... 50
Définition, limites ..................................................................... 50
Débit moyen des sources de l'Oum-er-Rbia ............................. 53
Bassin d'El-Hajeb — Ifrane .......................................................... 53
Définition, limites ..................................................................... 53
Débit moyen des sources ........................................................ 54
Bassin d'Imouzzer du Kandar ...................................................... 54
Définition, limites .................................................................... 54
Débits moyens ......................................................................... 55
Bassin de Sefrou ............................................................................ 56
Bassin d'Annoceur-Bsabis ............................................................ 58
Bassin de Ras-El-Ma ............................ ;................................................................ 59
Bassin Aïn-Leuh — Azrou ............................................................ 60
Bilan hydraulique du Moyen Atlas tabulaire.................................. 62
3.35.2 - Plaine des Chtouka (par G. Bernert & A. El Hebil) ............. 202
Climatologie ............................................................................................. 202
Géologie du réservoir aquifère ............................................................ 202
Lithologie du réservoir ........................................................................ 202
Formations en contact avec le réservoir aquifère ............................. 204
Structure ................................................................................................ 204
16 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
3.41. BAS-DRA ET BANI (par J.-P. Durocher & A. Meilhac) ................. 299
Géologie (d'après G. Choubert, 1963) ............................................ 299
Stratigraphie .................................................................................. 301
Acadien ..................................................................................... 301
Ordovicien ................................................................................. 301
Silurien ...................................................................................... 301
Dévonien ................................................................................... 301
Quaternaire................................................................................ 301
Climatologie...................................................................................... 302
Hydrologie ...................................................................................... 304
Hydrogéologie ................................................................................. 306
Eaux profondes .......................................................................... 306
Eaux des quartzites du Bani ...................................................... 306
Eaux des Richs dévoniens ......................................................... 306
Eaux peu profondes (réservoirs du Quaternaire) .......................... 306
Qualités physico-chimiques des eaux ............................................ 307
Aménagements hydrauliques ............................................................ 310
Eaux souterraines.......................................................................... 310
Eaux de surface ............................................................................. 310
Conclusions ................................................................................... 311
Références ........................................................................................ 311
TABLE DES MATIERES 21
3.46. LES HAMADA DU SUD-EST MAROCAIN (par J.-P. Ruhard) ........ 431
Introduction géographique et géologie.............................................. 431
Limites et caractères généraux ...................................................... 431
Géologie et géomorphologie ....................................................... 431
Géographie humaine ..................................................................... 433
Climatologie et hydrologie superficielle............................................ 433
Hydrogéologie ................................................................................. 435
Kem-Kem ..................................................................................... 435
Hamada du Guir............................................................................ 436
Zones alluviales de bordure ........................................................... 437
Conclusions.................................................................................... 438
Références......................................................................................... 438
Casablanca 28 30
10 21
12
El Jadida 27
15
13 26
11
14
Safi 16 Beni Mellal 25 Figuig
24
17
Er Rachidia
18
37
Essaouira 20 Marrakech 44
19
36
22 23
45
Ouarzazate 46
Agadir
35 39
Zagora
38
40
41
42 43
43
Tarfaya
50
Laayoune
0 80 400 Km
Smara 48
48
47
Boujdour
49
48
Fig. 1
LE DOMAINE ATLASIQUE
Par
Les Causses ont une altitude élevée : 2000 m du N vers le S sont au nombre de deux , l'une (route
pour le Causse des Ait-Youssi, 1900 m pour celui des principale 20) relie Fès à Midelt par Seïrou et
Bni-Mguild et les sommets des anticlinaux voisins ne Boulemane, empruntant le sillon qui sépare les Moyen
les dominent que de quelque 300 à 400 m. Même les Atlas tabulaire et plissé ; l'autre relie Meknès à Midelt
deux grands alignements du Bou-Iblane et du Bou- par Azrou et Timhadite (route principale 21 ). D'E en
Naceur qui culminent respectivement à 3190 et 3354 W, plusieurs routes secondaires existent sur le Causse,
m ont des formes lourdes dans leur partie haute, mais aucune dans la partie plissée où seules des pistes
formes qui ne leur confèrent pas une allure de haute peuvent être empruntées. Toutes ces voies de commu-
montagne. Les Causses et la zone plissée sont séparés nication sont interrompues quelques jours par an mais
par un sillon tectonique SW-NE emprunté par les en plusieurs fois par la neige, du moins pour les routes
oueds Guigou et Zloul. Constitués de calcaires principales et secondaires où travaillent alors les
jurassiques, les Causses présentent toute la variété des chasse-neige. Les pistes du Moyen Atlas plissé
phénomènes karstiques : dolines parfois occupées par demeurent plusieurs semaines ou plusieurs mois sous
des lacs permanents ou temporaires, sources vauclu- la neige, selon l'altitude et leur intérêt pratique.
siennes (Aîn-Sebou et sources de l'Oum-er-Rbia), Les principales ressources du Moyen Atlas sont
grottes (Daya Chiker).
dans l'agriculture vivrière et surtout dans l'élevage du
La chaîne plissée est constituée de quatre mouton. Il s ' y ajoute en complément l'artisanat
alignements parallèles orientés NNE-SSW, bien (région d'Azrou), l'exploitation du bois (chêne et
visibles dans la partie centrale, plus estompés au N et cèdre) et quelques stations à vocations d'estivage
au S. Le Bou-Naeeur (3354 m) est le point culminant (Immouzer—Azrou—Ain-Leuh) ou de ski d'hiver
de cette chaîne. (Ifrane). Le Haut Atlas
La population du Moyen Atlas est de l'ordre de Le Haut Atlas a joué un double rôle dans la
300 000 habitants, représentant une densité de 22 au géographie et l'histoire du Maroc car il limite deux
km2, très inégale par ailleurs et subissant de fortes monde : le monde méditerranéen et le monde saharien
variations saisonnières. Cette population est d'origine qui sont en relation par quelques passages naturels
berbère, appartenant aux familles des Zènètes pour ouverts à travers la chaîne. Cette chaîne est la plus
une faible part et surtout aux Sanhaja ; la langue est élevée de toute l'Afrique du Nord, avec de nombreux
le Tamazirht. Cette population d'éleveurs pratique sommets entre 3 500 et 4 000 m d'altitude, le point
toujours la transhumance du mouton entre les pâtu- culminant étant le jbel Toubkal (4 1 6 5 m). Du fait de
rages d'été dans le Moyen Atlas et les pâturages son étendue sur près de 800 km d'W en E et des
d'hiver sur les bordures moins élevées et non ennei- contrastes climatiques entre les versants nord et sud,
gées ; quelques cultures se développent en complé- les paysages sont variés avec cependant certains traits
ment, dans le Moyen Atlas lui même lorsque les communs que Ton dégagera ci-dessous.
conditions naturelles sont favorables, ce qui intro-
L'analogie entre le Haut Atlas et la chaîne
duit une fixation sur place des fermiers dans les
pyrénéenne a déjà été évoquée avec juste raison. Du
vallées .principales. Aucune ville n'existe dans le
point de vue structural d'abord, un haut ensemble
Moyen Atlas, exceptée peut-être la station de
primaire central s'entoure d'assises sédimentaires de
sports d'hiver d'Ifrane dont les activités sont très
plus en plus épaisses et prépondérantes vers l'E, dont
spécifiques, mais quelques bourgades ont une activité
la disposition résulte principalement d'un vaste pli qui
de marché qui se maintient tout au long de Fan-
a affecté le socle ancien et sa couverture dès le
née. Aucun habitat permanent n'existe au-dessus
Secondaire et au début du Tertiaire. Si les plis de la
de 1 900 mètres.
couverture sédimentaire sont parfois décollés par
La végétation naturelle du Moyen Atlas consti- rapport au socle, on n'en arrive jamais aux nappes de
tuait jadis une vaste futaie que les éleveurs ont charriage de style alpin ou rifain. De ce fait, la
progressivement détruite pour accroître leurs pâtura- tectonique n'a pas provoqué d'importantes cassures et
ges. Actuellement on remarque un grand développe- dislocations qui auraient favorisé le jeu de l'érosion et
ment des pâturages sans arbre alors que la forêt ne provoqué des reliefs abrupts et élancés, des pics
subsiste que sur les versants les plus abrupts, surtout vertigineux et des arêtes abruptes de style alpin ; même
ceux exposés au nord. Les espèces représentées en les hauts sommets du Haut Atlas (Toubkal 4165 m,
majorité varient avec l'altitude et l'exposition : ârar et Ouanoukrim 4083 m, Mgoun 4071 m, Ayachi 3751
genévrier rouge sur les pentes basses et chaudes, puis m) ont un aspect général de lourdeur que l'on connaît
maquis méditerranéen (lentisques, oliviers sauvages, également dans les Pyrénées.
chênes verts), puis chênes en belles futaies, chênes-
Le contraste climatique entre les versants méridionaux
lièges (Tazekka au N), pins maritimes (Ifrane) et enfin
et septentrionaux de la chaîne est valable d'un bout à
cèdres mélangés aux chênes et seuls en altitude
(Azrou —Aïn -Leuh —Taffert). l'autre. Les versants septentrionaux ouverts sur
l'Atlantique sont tempérés, humides et toujours bien
Les voies de communication traversant le massif
DOMAINE ATLASIQUE 31
arrosées alors que les versants méridionaux sont métamorphiques (granités - aplites - diorites) et des
beaucoup moins arrosés soumis à une insolation et une roches volcaniques (andésites - rhyolites). La série
évaporation très intense. Cette opposition se marque sédimentaire débute avec les calcaires du Géorgien et
bien dans la limite des neiges qui descend au N à plus se poursuit jusqu'à la fin du Primaire par de puissants
de 500 m plus bas qu'au S. Les conditions climatiques dépôts schisto-quartzitiques dans lesquels on note des
sont de toutes façons très dures ; sécheresse ardente en intrusions granitiques hercyniennes.
été gels nocturnes fréquents qui font que les hauts Autour des massifs primaires, le Permo-Trias est
sommets sont pratiquement désertiques, caractère très largement représenté dans le domaine, notamment
encore accentué lorsqu'ils sont composés de roches dans la zone occidentale du Haut Atlas et à l'E du
calcaires perméables qui absorbent les eaux. Haut Atlas central. Sur des conglomérats de base
Sur les versants nord et ouest bien arrosés viennent des grès alluviaux ou dunaires parfois très
s'étendent entre 600 et 3000 m des forêts de chênes épais puis des marnes et argiles à gypse et sel en
verts, de pins d'Alep et même de cèdres (jbel Ayachi) ; assises puissantes ; des coulées de basaltes doléritiques
plus haut, ces forêts s'éclaircissent et cèdent la place couronnent la série permo-triasique qui peut dépasser
aux plantes épineuses et gazons, les versants méridio- 100 m d'épaisseur et est très caractéristique par sa
naux sont médiocrement boisés par des groupements couleur lie de vin.
de genévriers et thuyas alors que le plus souvent
dominent les formations steppiques avec l'armoise. A Le Jurassique débute par une puissante série
l'Ouest, la forêt d'arganiers est originale, couvrant les calcaréo-dolomitique rapportée au Lias inférieur et au
versants atlantiques. Domérien, dont l'intérêt est capital en tant que
réservoir souterrain. Les affleurements de cette série
Pour un pays de montagnes si hautes et si rudes, constituent l'essentiel du Causse moyen-atlasique et se
la population est relativement nombreuse, plus parti- situent partout en bordure du Haut Atlas calcaire situé
culièrement à l'Ouest. Au total quelque 700 000 à l'E du massif ancien ainsi qu'à l'intérieur des chaînes
habitants peuplent le Haut Atlas. La vie sédentaire du Moyen Atlas plissé et du Haut Atlas oriental. Le
étant impossible au-dessus de 2000 à 2300 m en Lias se termine par une série marneuse, puis le
hiver, de vastes espaces sont vides en hiver et Jurassique moyen apparaît sous forme de séries
parcourus par les bergers en été ; les groupements de comportant alternativement des calcaires, des marno-
population en hameaux occupent les vallées, surtout calcaires et des marnes selon des agencements
dans leurs parties basses et pratiquent l'arboriculture et variables dans le détail mais où deux niveaux calcaires
l'agriculture de subsistance sur les terrasses irriguées et principaux sont assez constants (Aalénien supérieur et
également l'élevage transhumant. Vers l'E, la sédenta- sommet du Dogger) ; le Jurassique moyen est très
risation est moins poussée et les familles nomadisent largement représenté à l'affleurement dans le Moyen
avec les troupeaux de moutons et de chèvres. Les Atlas plissé et le Haut Atlas calcaire et oriental. Le
tribus du Haut Atlas sont d'origine Berbère et si elles Jurassique supérieur marneux ou gréseux ou d'origine
ont adopté l'Islam, elles n'en ont pas moins conservé continentale est connu mais assez peu représenté dans
leurs langues qui sont le Chleuh à l'Ouest et le le domaine hors de la partie occidentale du Haut Atlas.
Tamazirht à l'Est. Crétacé et Tertiaire s'observent assez systémati-
quement en bordures nord et sud de la chaîne du Haut
Les ressources naturelles du Haut Atlas, hors Atlas, limités le plus souvent par des accidents, mais
l'agriculture de subsistance, sont l'élevage du mouton également en de petits synclinaux à l'intérieur du
et de la chèvre, l'arboriculture (oliviers, amandiers, Moyen Atlas et du Haut Atlas calcaire. Crétacé et
noyers), quelques mines et exploitations forestières et Tertiaire sont absents dans le massif ancien du Haut
t r è s lo ca lem e n t l e t o u r i s m e ( v a l l é e d e l 'O u - Atlas. Les formations se rapportant à ces cycles
rika - station de ski de l'Oukaîmeden - vallée du sédimentaires sont essentiellement des grès et marnes
R'Dat). rouges (Crétacé inférieur), des marnes et marno-
calcaires (Cénomanien), des calcaires (Turonien), des
formations continentales (Sénonien), des marno-
GEOLOGIE calcaires et calcaires (Lutétien), des niveaux phospha-
tés (Eocène) et enfin des dépôts continentaux de
La plupart des étages géologiques sont représen- remblayage (Pontico-Pliocène).
tes dans le domaine atlasique, depuis l'Antécambrien. Le Quaternaire enfin est représenté par des
Les formations antécambriennes et primaires dépôts de remblayage dans les dépressions et par des
constituent le Haut Atlas central au S des plaines du alluvions.
Haouz et du Mejjate, mais affleurent également dans le
Haut Atlas oriental et dans le Moyen Atlas (tant sur Les structures assez différentes des chaînes
les pourtours qu'à l'intérieur). L'Antécambrien du moyen-atlasique et atlasique seront décrites en détail
Haut Atlas central est constitué surtout de roches dans les chapitres qui suivent.
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Fig. 3
34 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
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Fig. 4 — Domaine atlasique : carte des isohyètes moyennes annuelles pour la période 1933-1963.
36 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
En raison de la tectonique de la chaîne atlasique, par les rivières, eaux de crues évacuées par le réseau
les puissants réservoirs calcaires du Moyen Atlas et du hydrographique. Dans ces conditions, les évaluations
Haut Atlas calcaire ne se prolongent jamais souterrai- de la production du domaine atlasique sont plus aisées
nement hors du domaine atlasique, à l'exception de la grâce aux assez nombreuses et longues séries d'obser-
zone nord du Moyen Atlas où les calcaires liasiques vations continues dont on dispose sur le réseau
plongent sous le plateau de Meknès-Fès et le couloir hydrologique.
de Fès-Taza. Ailleurs, les calcaires du domaine Le tableau 1 montre que le domaine atlasique
atlasique, soit reposent en bordure sur le Primaire produit quelque 8 milliards de m3/an d'eau en
imperméable (Méséta au NW), soit sont interrompus moyenne, soit le tiers des ressources en eau du Maroc
en limite du domaine par des accidents très impor- pour 80 000 km2 environ représentant 18 % de la
tants : chevauchement de l'Atlas de Bni-Mellal sur la surface du pays. On notera toutefois que le Moyen
plaine du Tadla, grandes failles parallèles à la Atlas, avec 13 000 km2 et une production de
Moulouya limitant vers l ' E le Moyen Atlas plissé, 2,6 milliards de m3, est beaucoup plus productif que
accident majeur sud-atlasique limitant le Haut Atlas le Haut Atlas en dépit de son altitude plus faible.
vers le Sud.
Comme on peut en juger par le tableau
En conséquence, il n'existe donc qu'une seule récapitulatif, une très faible part des ressources en eau
zone de sortie souterraine importante d'eaux du (5 à 6 % ) est utilisée sur place dans le domaine, pour
domaine atlasique : sous le plateau de Meknès-Fès et des besoins agricoles ou agropastoraux ; le domaine
le couloir de Fès-Taza, au N du domaine. Le volume montagneux se prête en effet assez mal à l'agriculture :
moyen annuel de ces sorties a pu être évalué par les manque de sols cultivables, relief accidenté, etc. ce
techniques hydrogéologiques autour de 369-390 Mm3 qui explique qu'un débit d'étiage important (près de
(cf. chapitre 21 : Moyen Atlas). 80 m3/s) quitte le domaine pour être exploité en
général en bordure même, soit par des dérivations
Toutes les autres émissions d'eau du domaine rustiques, soit par des ouvrages modernes (barrages
atlasique sont donc superficielles : sources dans le d'accumulation pour les eaux de surface, forages
domaine et sur son pourtour, drainage des calcaires profonds pour les eaux souterraines).
Tableau I
Plaine du Souss
73. Plan de situation, géographie et hydrographie ................................... 170
74. Schéma géologique du bassin versant .................................................. 174
75. Coupes géologiques dans la plaine, d'après géophysiques et
forages ..................................................................................................... 177
76. Plan de situation des réseaux hydrologiques et pluviométri-
ques et cartes des isohyètes moyennes annuelles................................ 179
77. Climatologie............................................................................................ 180
78. Essais de corrélations pluie-altitude dans le bassin versant du
Souss ........................................................................................................ 182
79. Esquisse hydrogéologique des nappes profondes ............................... 186
80. Cartes hydrogéologique de la nappe phréatique ............................. 187
81. Résultats de calage du modèle analogique, piézométrie
obtenue et piézométrie de référence.................................................... 191
82. Bilan d'eau global de la plaine du Souss ............................................. 193
83. Isobaisses de la nappe en 2000 ........................................................... 196
Plaine de Tiznit
88. Carte géologique de la plaine et de ses bordures ............................... 213
89. Coupe de la série Primaire de la bordure de la plaine ....................... 216
90. Coupes géologiques à travers la plaine ........................................... 218
91. Schéma hydrogéologique et structural de la plaine ........................... 220
92. Diagramme semi-logarithmique de la composition de quel
ques eaux de la plaine . ............................. ............................................ 222
Sillon préafricain
93. Schéma géologique du bassin de Ouarzazate ..................................... 225
94. Carte structurale et hydrogéologique du bassin de Boudenib ............ 226
95. Coupes géologiques dans le bassin d'Errachidia (Ksar-es-Souk) ... 228
97. Coupes géologiques N-S dans le bassin de Boudenib ........................... 229
98. Climatologie (bassin d'Ouarzazate)...................................................... 230
99. Climatologie (sillon de Ksar-es-Souk — Boudenib) ........................ 231
100. Coupe schématique du rebord sud du bassin de Boudenib................. 234
101. Diagramme logarithmique de la composition des eaux des
nappes phréatiques des oueds Dadès et Ouarzazate ......................... 237
102. Diagramme logarithmique de la composition des eaux du
bassin de Ksar-es-Souk — Boudenib ................................................. 238
RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Massif anti-atlasique
103. Carte du réseau de mesures hydropluviométriques, isohyètes
moyennes (1933-1963) et carte des bassins versants de l'Anti-
Atlas ....................................................................................................... 244
104. Coupes géologiques du flanc nord de l'Anti-Atlas .............................. 246
105. Coupes géologiques du flanc sud de l'Anti-Atlas................................ 247
106. Climatologie (Anti-Atlas occidental) ................................................... 248
107. Climatologie (Anti-Atlas central).......................................................... 249
108. Carte hydrogéologique de l'Anti-Atlas .............................................. 252
109. Diagramme logarithmique de la composition d'eaux du
Précambrien ............................................................................................ 253
110. Diagramme logarithmique de la composition d'eaux des
calcaires adoudouniens et géorgiens ..................... ,............................. 255
Bas-Drâ et Bani
131. Topographie et hydrologie du bassin du Bas-Drâ ............................ 300
132. Géologie du bassin du Bas-Drâ............................................................. 301
133. Coupes géologiques (série Primaire près de Tata et de Icht à
la Hamada) .............................................................................................. 303
134. Climatologie (Bas-Drâ et Bani) ............................................................ 304
LISTE DES FIGURES
Tafilalt
154. Topographique et structure du réseau hydrographique de la
plaine du Tafilalt..................................................................................... 353
155. Coupes géologiques transversales dans le Ferkla ............................... 356
156. Coupes géologiques à l'aval de la palmeraie de Goulmima . . . . . . . 357
157. Coupe géologique transversale de la vallée de l'oued Rhériss
en amont du Fezna ............................................................................... 358
158. Coupes géologiques dans la plaine de Bouia....................................... 359
159. Profils géologiques en amont de la plaine du Tafilalt (Tizimi
et entre Kraïr et l'oued Hnich) ........................................................... 360
160. Coupes géologiques transversales dans la plaine ............................... 361
161. Coupes géologiques transversales à l'aval de la plaine ..................... 362
162. Coupes géologiques schématiques du Quaternaire .......................... 363
163. Synthèse schématique du Quaternaire du Tafilalt.............................. 364
164. Evolution altimétrique du Tafilalt au Quaternaire ............................. 364
165. Climatologie............................................................................................ 365
RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Bassin du Maïdere
183. Carte schématique, hydrographie et géologie ..................................... 417
184. Coupe géologique schématique du jbel Sarhro à la Daya-el-
Maïdère .................................................................................................... 418
185. Climatologie ............................................................................................ 419
186. Composition chimique des eaux des sous-écoulements d'oueds
du bassin du Maïdère (Tarhbalt, Regg)............................................... 421
187. Composition chimique des eaux de la nappe phréatique de la
Daya-el-Maïdère .................................................................................... 424
188. Coupes géologiques de quelques forages de la Daya-el-Maïdère .. 426
189. Daya-el-Maïdère, plan de situation, piézométrie ............................... 427
Hamada du Sud-Est
190. Plan de situation et schéma géologique ............................................... 432
191. Eaux de la basse vallée du Ziz (diagramme logarithmique) .............. 435
192. Eaux de l'erg Chebbi (diagramme logarithmique) ............................. 436
193. Eaux séléniteuses de la région de Taouz (diagramme loga
rithmique) ............................................................................................... 437
3.21
LE MOYEN ATLAS
3.21 – 1
Introduction géographique
Le terme de Moyen Atlas désigne le vaste ensemble en rive gauche du bassin versant de l'Oum-er-Rbia à
montagneux encadré au nord par le couloir Sud-Rifain Khénifra. Cette limite se prolonge vers le nord-est par
(vallée de l'Inaouène, plaine de Fès-Meknès), au sud des hauteurs et des crêtes qui bordent en rive droite
par le Haut Atlas et la vallée de la Haute Moulouya, à l'oued Guigou (jbel Ben-Ij, Tadja). Au-delà de la
l'est par la vallée de la Moyenne Moulouya et à l'ouest route principale n° 20 qui va de Fès à Boulemane, la
par la Méséta marocaine. limite s'infléchit encore plus vers le nord-est et suit les
lignes de crêtes dominant le Causse.
La structure géologique du Moyen Atlas permet
de le subdiviser dans ses grandes lignes en deux parties La limite ouest au contraire, est marquée par
selon une ligne N-S : l'interruption brutale du Causse qui domine des
terrains primaires de la Méséta (falaises d'Ito, d'Azrou
- Le Causse moyen-atlasique ou Moyen Atlas et d'Aln-Leuh).
tabulaire à l'W,
- Le Moyen Atlas proprement dit ou Moyen A l'est, la limite est marquée également par les
Atlas plissé à l'E. falaises du Causse surplombant la boutonnière de
terrains primaires de Bsabis.
Le Causse moyen-atlasique qui sera décrit ci-
après est compris entre les latitudes nord 32° 55' et La superficie de la partie du Causse moyen-
34° Au sud, la région du Causse située dans la vallée atlasique ainsi délimitée est de l'ordre de 4 200 km2.
de l'oued Serrou (Sud du jbel Irhoud) a été écartée de
CARACTERES MORPHOLOGIQUES
cette description (cf. tome 3, Haut Atlas calcaire),
ainsi que le Causse d'El-Menzel et les bordures du Le Causse moyen-atlasique se caractérise par une
massif primaire du Tazzeka situé aunord (cf. tome 2, structure tabulaire, plus faillée que plissée, par un
couloir de Fès-Taza). Au nord-ouest le Causse relief monotone s'opposant au Moyen Atlas plissé aux
d'Agouraï a été négligé car il constitue, avec son plis accentués, aux monts élevés et aux dépressions
prolongement sous le sillon Sud-Rifain, une unité marneuses profondes. C'est une lithologie monotone
hydrogéologique indépendante. de calcaires liasiques faiblement plissés qui est
LIMITES ET SUPERFICIES responsable de cette platitude. Il s'agit en fait de vastes
plateaux karstiques diversement étages, qui surplom-
La limite nord est celle du Causse proprement dit qui bent les plaines environnantes de la Méséta et du Sais
s'interrompt à sa retombée sur la plaine du Sais, entre à des altitudes comprises entre 1 000 et 2 200 m.
Ei-Hajeb et Bhalil , mais du point de vue structural,
les formations calcaires du Causse se prolongent bien Des ondulations à très grands rayons de
au-delà, vers le nord, sous le sillon Sud-Rifain, courbure, des systèmes de failles, créent des cuvettes
jusqu'au contact de celui-ci avec les rides prérifaines ou des horsts, tels le grand horst de Michlifène qui
suivant une ligne qui, longeant l'oued Inaouène à l'est, partage le Moyen Atlas tabulaire en deux tronçons :
le prolonge jusqu'au jbel Zerhoun à l'ouest (cf. tome l'un méridional, l'autre septentrional. Les cuvettes
2. plaine de Meknès-Fès). sont nombreuses, créant des bassins versants fermés
au centre desquels existent souvent des lacs perma-
La limite sud est constituée par la ligne de crête nents ou « Dayet » (Dayet Aoua, Dayet Ifrah, etc.)
38 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Le Causse d'El-Hammam, au sud d'Aïn-Leuh, Ces conditions font que le Moyen Atlas est
présente un paysage typique de poljés adapté au réseau relativement peu peuplé par rapport à d'autres régions
de failles. Ce plateau karstique, comme tous ceux du montagneuses du Maroc. La densité de 15 à 20
même genre, a un réseau hydrographique très peu habitants par km2 marque bien sa situation intermé-
développé. diaire entre les plaines atlantiques et les steppes du Sud
et de l'Est marocain. Mais il faut également souligner
Seules quelques rivières coulent en permanence :
les très fortes inégalités locales dans la répartition du
Sebou, Oum-er-Rbia, Tigrigra, Aggaï et aussi dans, la
peuplement ; dans quelques fonds de vallées particu-
région d'Ifrane, l'oued Tizguit. Mais soulignons les
lièrement favorisées et surtout sur la bordure septen-
pertes importantes de ce dernier qui, à son débouché
trionale, les villages sont nombreux alors que par
dans la plaine de Meknès-Fès, est très souvent sec en
contre sur les plateaux, on peut parcourir d'immenses
été. Les affluents secondaires de ces rivières n'existent
étendues quasiment vides.
pratiquement qu'à l'état d'oueds temporaires qui ne
connaissent d'écoulement qu'en période de pluie. Traditionnellement, les tribus d'éleveurs noma-
des des plateaux de la Haute Moulouya traversent ces
Dans ce réseau hydrographique mal organisé,
régions au début de l'hiver pour se rendre sur les
l'importance des bassins endoréiques est grande : ils
pâturages non enneigés des bas pays de l'Ouest et du
occupent une superficie totale d'environ 600 km2 soit
Nord. Aux Bni-Mguild reviennent les terrains situés
14 % de la région étudiée et 17 % des terrains
en bordure du Sais et du Tadla, les Aït-Youssi
karstiques. Ces bassins endoréiques jouent un grand
fréquentent les dépressions qui dominent Sefrou
rôle dans l'infiltration des précipitations vers les
(plateaux de l'Amekla). D'autres tribus pratiquent des
nappes d'eau souterraine du Causse.
mouvements moins amples, ainsi les troupeaux des
Soulignons enfin l'importance des coulées basal- Ait-Lias quittent en hiver leur terrain près de Bekrit
tiques quaternaires qui, dans la région de Timhadite pour descendre aux environs d'Azrou.
surtout, forment de vastes étendues planes sans
Mais la mise en culture pour la production
végétation, parsemées çà et là de cônes éruptifs (jbel
céréalière, des terrains de parcours hivernaux du Nord
Hebri,...). Le réseau hydrographique y est également
et de l'Ouest (Sais et Tadla), a contribué à une
très mal développé. Partout où ces dalles volcaniques
limitation considérable des déplacements depuis deux
reposent sur un substratum calcaire, on peut observer
ou trois générations. De nombreux troupeaux demeu-
des dolines bien marquées d'une cinquantaine de
rent maintenant en hiver dans les contrées enneigées.
mètres de diamètre et de 20 à 30 m de profondeur,
Au début du siècle, plus de 200 000 têtes dé bétail,
formées dans les basaltes, par suite vraisemblablement
moutons et chèvres, quittaient régulièrement avec les
de dissolutions dans le karst sous-jacent. On n'observe
familles entières de leurs propriétaires, les hauts
pas ces dolines dans les basaltes là où ceux-ci ne
plateaux de Bekrit et d'Itzer pour occuper les pâturages
reposent pas sur des calcaires.
hivernaux au nord et à l'ouest du Moyen Atlas. Au
POPULATION cours des dernières années, le mouvement n'a
Population rurale intéressé que 30 000 têtes environ qui, en outre, ne
sont accompagnées que par quelques familles de
Au cours des derniers siècles, le Moyen Atlas a bergers spécialisés et rétribués.
été progressivement occupé par des tribus d'éleveurs
nomades, venus des contrées prédésertiques du Nord Population urbaine
Sahara à la recherche de pâturages dans les pays Les bordures du Causse ont attiré et fixé les
humides. La plupart appartiennent à la branche hommes par leurs ressources en eau, la douceur
sanhadja des Berbères. relative de leur climat et leur situation au contact des
Ces populations conservent une prédilection pour basses plaines fertiles. Les bordures nord et ouest du
le nomadisme, la vie sous la tente et se contentent Moyen Atlas tabulaire sont ainsi jalonnées de
d'installations temporaires puisqu'ils ne viennent bourgades d'importance moyenne, centres commer-
chercher que les réserves estivales de nourritures pour ciaux, artisanaux et administratifs, voire même parfois
leurs troupeaux et redescendent en hiver s'installer sièges de garnisons. Ainsi se présentent El-Hammam,
dans les plaines périphériques. Cependant, les divers Aïn-Leuh, Agouraï, El-Hajeb et Immouzer du Kan-
groupes humains, progressant suivant des axes paral- dar.
lèles du sud-est au nord-ouest ont, au cours des
siècles, essaimé çà et là certains éléments qui ont fini Sefrou a acquis depuis longtemps ses caractères
par établir leur zone principale de stationnement sur urbains du fait de la prospérité de son marché et de
des plateaux ou dans des vallées de la montagne ; l'activité de ses artisans. Certaines localités par contre
d'autres sont allés se fixer en bordure des grandes n'ont acquis leur importance qu'au cours des dernières
plaines du Tadla ou du Sais. Telle fut l'évolution des décennies : Ifrane. centre d'estivage et de sport d'hiver
Aït-Serhouchène. Aït-Youssi et Bni-Mguild. dans la vallée de l'oued Tizguit et Azrou. gros marché
CAUSSE MOYEN ATLASIQUE 39
de bétail et importante étape sur l'axe Mek- transhumants et son évolution actuelle ont été décrits
nes - Tafilalt. avec la population rurale dont le mode de vie est
étroitement lié à la subsistance de ces troupeaux. On a
VEGETAT10N NATURELLE
vu notamment qu'au cours des dernières années les
II pleut et il neige abondamment sur le Causse mouvements des troupeaux n'intéressaient plus que
moyen-atlasique que couvrent de belles forêts ; les 30 000 têtes environ contre 200 000 au début du
précipitations sur le plateau d'Ifrane sont de l'ordre de siècle. La majeure partie des bêtes demeurent donc en
1 200 mm/an. Mais à mesure que l'on descend vers hiver dans le Moyen Atlas où l'on peut voir apparaître
les plateaux méridionaux et orientaux du Moyen Atlas, des abris en divers endroits. Malheureusement, les
les averses se font plus rares et moins abondantes, la réserves de fourrages sont souvent insuffisantes lors
couverture forestière s'éclaircit, les arbres cèdent la des hivers rudes. II se pose donc le problème d'une
place aux broussailles et à la roche nue, comme c'est le reconversion inévitable de cette économie pastorale.
cas dans la vallée du Guigou.
AGRICULTURE
La forêt est constituée essentiellement de chênes
verts et de cèdres. Le chêne vert occupe les parties Très peu développées autrefois, les cultures de
basses du Causse, puis se mêle à des essences à céréales s'intensifient d'année en année. Elles cou-
feuillage caduc à mi-pente, enfin le cèdre s'étend vrent progressivement les dépressions du Causse où se
surtout au-dessus de 1 600 - 1 700 m où les sont accumulés un peu de limons.
précipitations sont abondantes. Au-dessus de
2 000 m, le cèdre ne constitue plus que des futaies de Cette transformation qui s'accomplit aux dépens
vieux arbres et la régénération ne se fait plus. Les des anciens collectifs des tribus s'accompagne d'une
boisements de cèdres soulignent de loin les reliefs concentration de la propriété aux mains d'une sorte de
isolés que séparent des étendues planes, dénudées, aux bourgeoisie rurale issue des grandes familles pastorales
herbes rares. disposant d'une main d'œuvre suffisamment abon-
ELEVAGE dante. Outre le développement des cultures céréalières,
on assiste actuellement à celui des cultures irriguées
L'élevage concerne essentiellement les ovins sous l'impulsion notamment de l'Administration qui
auxquels se mêlent quelques caprins. C'est un élevage met en projet l'amélioration des périmètres tradition-
extensif sur des terrains de parcours. Ses mouvements nels existants.
Géologie
Les recherches géologiques sur le Causse ont été qui correspond aux bordures liasiques de l'anticlinal
successivement menées par L. Gentil ( 1 9 1 1 - 1 9 1 6 ) , du Tazzeka. La partie occidentale est elle-même
puis P. Russo ( 1 9 2 1 à 1939) et surtout H. Termier subdivisée en deux tronçons suivant des critères
( 1 9 2 6 à 1936) avec la collaboration de G. Dubar structuraux : un tronçon septentrional au nord-ouest et
( 1 9 3 2 à 1954). Enfin G. Golo a longtemps travaillé un tronçon méridional au sud-est, séparés par
dans cette région à laquelle il a consacré sa thèse l'importante ligne d'accidents du Tizi-N'Tretten.
(soutenue en 1956, publiée en 1961). STRATIGRAPHIE Le substratum anté-liasique
Le terme de Causse moyen-atlasique (Termier, Le socle hercynien. Les sédiments primaires
1936) est réservé aux régions tabulaires situées composant la majeure partie de la Méséta centrale,
directement au nord et nord-ouest de l'accident nord- n'affleurent que très peu dans le Moyen Atlas tabulaire
moyen-atlasique qui les sépare du Moyen Atlas plissé où i l s n'apparaissent qu'à la faveur de quelques
situé à l'est (Colo, 1961). « boutonnières » (El-Menzel, Bsabis, jbel du Kandar,
Koudiat-Shoubat au NW de Sefrou. Par contre ils
Le Causse est limité à l'ouest par les terrains affleurent largement sur les bordures NE (Tazzeka) et
primaires du bassin de l'oued Beth (Méséta primaire W (bassin de l'oued Beth).
marocaine) et au nord-ouest par ceux du Tazzeka sur
lesquels il repose. Au nord, la limite est déterminée Ce socle laisse pointer les roches dures du
par les terrains de recouvrement tertiaires et quater- Primaire (grès, calcaires, quartzites) au sein de schistes
naires du couloir Sud-Rifain sous lesquels il s'ennoie tendres déblayés par l'érosion. C'est le paysage
en un vaste synclinal dissymétrique, interrompu sur qu'offre en particulier la vallée de l'oued Tigrigra dans
son flanc nord au contact du Rif et du Prérif (cf. la région d'Azrou. L'échancrure d'Azrou correspond à
Ressources en Eau du Maroc, tome 2, chapitre •. Plaine un anticlinorium hercynien faille dont l'orientation
de Meknès-Fès et couloir de Fès-Taza). NE - SW est celle des grands accidents du Moyen
Atlas. L'érosion du Causse, guidée par cette grande
G. Colo a subdivisé le Causse moyen-atlasique zone faillée, y a été plus rapide. Ces accidents ont
suivant des critères géographiques et structuraux. Il rejoué postérieurement et ont affecté la couverture
distingue une partie occidentale qui va de la bordure de liasique dans le sens NE - SW avec un affaissement de
ia Méséta à l'oued Sebou à l'est et une partie orientale
40 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Tordre de 200 m du Causse d'El-Hajeb au N W par d'Ifrane, le Pliensbachien est représenté dans la part
rapport au Causse d'Ifrane. supérieure des dolomies litées qui forment le terme
supérieur du Lias inférieur.
Le Permo-Trias. Il est constitué par une série de
marnes et argiles rouges, parfois violacées, gypsifères, Le Domérien est constitué ensuite par la
salifères, au sein de laquelle s'intercalent des coulées succession suivante, de bas en haut :
de basaltes doléritiques ; le Permo-Trias repose en - calcaires lités : 10 à 15 m
discordance sur la surface post-hercynienne. Cette - dolomies intercalaires : 20 m
série affleure à la base de la couverture liasique, à la - calcaires lités : 1 0 m
faveur des boutonnières et sur la périphérie des - dolomies supérieures : 20 à 25 m.
causses. Elle jalonne l'accident nord-moyen atlasique Alors que le Lias moyen du tronçon septentrional
qui peut la masquer localement. du Causse est essentiellement dolomitique, celui du
tronçon méridional est essentiellement calcaire. La
Vers le nord, le Permo-Trias est inapparent car il
ligne d'accident du Tizi N'Tretten marque bien le
s'enfonce avec le Causse sous la couverture tertiaire du
changement de faciès.
couloir Sud-Rifain.
Le Lias supérieur et le Dogger
En général, la série permo-triasique a partout la
même composition et les mêmes caractères et l'on Avec le Toarcien apparaît un changement radical
trouve de bas en haut : dans la sédimentation et les faciès marneux prennent
- un niveau détritique de base comprenant des beaucoup d'importance. Cependant, les sédiments du
conglomérats, des pélites et grès pourpres ; Lias supérieur et du Dogger sont beaucoup moins
- une série pélitique rouge à passées verdâtres ou représentés que les séries dolomitiques et calcaires du
violacées. Ces pélites sont imprégnées un peu partout Lias inférieur et moyen.
de sel et de gypse ;
- une série basaltique (dolérites) s'intercalant au sein A partir du Toarcien supérieur commence à se
de la série pélitique rouge, mais leur rapport développer une série marnocalcaire qui se poursuit
stratigraphique est très variable. L'épaisseur de ces durant tout l'Aalénien et le Bajocien inférieur.
basaltes peut atteindre 150 m (causse d'El-Hajeb). Alors que le Bajocien moyen présente un faciès
Le Lias nettement marneux (marnes de Boulemane), le
Bajocien supérieur est représenté par une série de
Le Lias inférieur. Avec le Lias inférieur débute la calcaires plus ou moins dolomitiques appelés généra-
formation des dolomies et calcaires qui constituent le lement « calcaires corniches ».
principal matériau du Causse. Dans le tronçon
septentrional, la sédimentation liasique débuterait à Le Bathonien ne serait présent que sporadique-
l'Hettangien, étage représenté par des niveaux de ment dans le synclinal de Bekrit. Le reste du
marnes et calcaires marneux ou dolomitiques de faible Jurassique est absent (phase d'émersion).
importance (1 à 5 m), affleurant en divers points au Le Crétacé
pied de la bordure occidentale entre El-Hajeb et Ben-
Smime. Au-dessus de ces niveaux, le Lias inférieur est Dans le Moyen Atlas tabulaire, les dépôts
représenté par une série dolomitique d'environ 150 m crétacés ne sont représentés que dans le synclinal de
d'épaisseur où l'on peut distinguer trois grands Békrit - Timhadite, à partir du Cénomanien légère-
ensembles qui sont de bas en haut : ment discordant sur le Jurassique. Cénomanien et
Turonien sont sous des faciès d'alternances calcaires et
- des dolomies sableuses, marneuses, le Sénonien très épais étant franchement
- des dolomies marneuses, marneux dans l'ensemble.
- des dolomies litées.
Le Tertiaire
Cette succession, définie dans la région d'Ifrane,
n'est cependant pas générale et le Lias inférieur peut L'Oligocène, le Miocène et le Pliocène ne
débuter par des dolomies compactes. semblent pas représentés dans les causses du Moyen
Atlas. Il convient de signaler un seul affleurement de
Le Lias inférieur du tronçon méridional du Mio-Pliocènç continental au nord d'Almis du Guigou.
Causse présente de nombreux et fréquents niveaux de
calcaires et de calcaires dolomitiques. Ces derniers Le Quaternaire
sont plus fréquents dans la partie centrale du tronçon Coulées volcaniques
et le long de la ligne d'accidents du Tizi NTretten.
L'épaisseur de ces coulées basaltiques a été reconnue à
Le Lias moyen. Le passage entre Lias inférieur et la fois par géophysique et par forages. Sur le plateau de
Lias moyen est généralement difficile à reconnaître Timhadite, dans le voisinage des grands cratères (jbel
sans critères paléontologiques. Dans le synclinal Hebri, Chedifat et du Bou-Ahsine à la vallée de l'oued
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Basaltes quaternaires
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Cénomanien marno-calcaire
IA
RB Bojocien supérieur : calcaire corniche
B Coupe B
Paléozoïque (schistes - quaternaires)
KHENIFRA
260 Failles Failles certaine, masquée Faille probable, masquée
470
480
490
500
510
520
530
540
Fig.5
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J. Tajda SE m
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NW
1000
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J. Tajda
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NW O. Guigou
2000
SE m
NW 1000
2000
Basaltes quaternaires Sénonien (Marnes et calcaires marneux) Bajocien supérieur (Calcaire corniche)
1000
Pliocène Turonien (Calcaire) Bojocien moyen (Marnes de Boulemane)
Paléocène marno-gréseux Cénomanien (Marno -calcaire) Toarcien - Aalénien - Bajocien inférieur
et calcaire de Timhadite Lias inférieur et moyen
0 1 2 3 4 5 km
Permo - Trias
Paléozoïque Echelle des longueurs
Fig.6
CAUSSE MOYEN ATLASIQUE 41
uaigou). les coulées atteignent des épaisseurs de calcaire. Par ailleurs la série stratigraphique est plus
ordre de 150 à 200 m. Cette épaisseur va en complète, se poursuivant jusqu'à l'Eocène dans le
diminuant vers la périphérie du plateau pour atteindre secteur méridional : synclinal de Bekrit dont la
quelques dizaines de mètres. Dans la vallée de l'oued terminaison NE est totalement masquée par les
Tigrigra à l'W d'Azrou, la coulée atteint 90 m, mais se basaltes quaternaires du plateau de Timahdite et la
trouve réduite vers l'ouest à une épaisseur de 3,5 m au terminaison SE, faillée, est chevauchée par le Moyen
seuil de Sidi-Mokhfi. Atlas plissé. Dans l'ensemble les ondulations et
structures sont vastes et profondes en ce secteur, les
Les formations quaternaires
épaisseurs du Lias étant plus fortes qu'à l'W ; une
Les principales formations quaternaires se sont campagne de géophysique électrique (CAG, 1970) et
accumulées au fond de cuvettes fermées ou semi quatre forages ( 1 9 7 1 ) , destinés à situer la limite
fermées. Ce sont des dépôts de dayas, provenant de la souterraine des bassins de l'Oum-er-Rbia et du
décomposition sur place des calcaires et dolomies et du Guigou, ont permis d'obtenir une idée précise de la
ruissellement périphérique. Ces dépôts, essentielle- structure profonde du synclinal de Bekrit.
ment argileux, peuvent atteindre de fortes épaisseurs.
Les coupes géologiques de la figure 6 montrent le
Une autre formation quaternaire très fréquente prolongement du synclinal de Bekrit vers le N, au-delà
est celle que constituent les dépôts de travertins que des affleurements de Timahdite où le recouvrement
on trouve à l'émergence de chaque grande source du basaltique quaternaire masque toute structure , Lias et
Lias ou jalonnant l'emplacement d'anciennes émer- Crétacé plongent uniformément vers le S, de 10 à 20°.
gences aujourd'hui disparues ou déplacées. Ces dépôts Le synclinal comprend de fortes épaisseurs de Crétacé
de travertins ne sont d'ailleurs pas seulement quater- jusque vers le profil H (fig. 6) et le Lias calcaire est
naires mais peuvent être plus anciens (Pliocène). très profond ; vers le N, le Crétacé est de moins en
STRUCTURE DES CAUSSES moins représenté, le Lias remonte progressivement
Au NW de la ligne d'accidents du Tizi N'Tretten puis affleure en conservant la structure synclinale ; le
causses d'El-Hajeb, Ifrane, Aïn-Leuh, Imouzzer du synclinal de Bekrit se termine au niveau de la route RP
kandar), Lias inférieur et Pliensbachien dominent 20 de Fès à Boulemane sur un ensellement des
sous des faciès très dolomitiques dans des synclinaux à calcaires, et un autre synclinal d'axe à pendage NE
large rayon de courbure, d'axes NW-SE (tel le s'individualise vers le N, présentant de très fortes
synclinal d'Ifrane), ou dans des synclinaux plus pinces épaisseurs de Lias calcaire (600 m contre 250 m dans
et allongés, d'axes NE-SW, tels ceux d'Imouzzer du la vallée du Guigou).
Kandar ou ceux du Causse d'Aïn-Leuh. De manière
générale, la tectonique de cette région est calme, les Les grands accidents tectoniques du Moyen Atlas
failles étant cependant très nombreuses. ont une direction NE-SW. L'accident « Nord moyen-
atlasique » est le plus important, séparant le Moyen
Au SE, entre la ligne d'accidents du Tizi Atlas plissé du Moyen Atlas tabulaire : il longe en
N'Tretten et le Moyen Atlas plissé, se tiennent au S le particulier tout le flanc sud du synclinal de Bekrit où il
bassin de l'Oum-er-Rbia, au centre le bassin moyen de apparaît chevauchant ; cet accident est moins impor-
l'oued Guigou (affluent de l'oued Sebou) et au N, à tant au NE (pli-faille et failles) qu'au SE et abaisse le
l'aval de l'Aïn Sebou, les Causses d'Annoceur et d'El- Causse par rapport au Moyen Atlas plissé. La ligne
Menzel séparés du bassin moyen du Guigou par un d'accidents du Tizi-N'Tretten traverse NE-SW le
vaste bombement anticlinal N-S laissant apparaître le Moyen Atlas tabulaire ; c'est une importante faille ou
Primaire et le Permo-Trias (région de Bsabis). Dans réseau de failles enserrant d'étroits horsts ou grabens,
ces secteurs, les faciès dolomitiques sont moins toujours bien visible, sauf sous le recouvrement
importants qu'au N, le Pliensbachien notamment étant basaltique du plateau de Timahdite.
Climatologie
Sur le Moyen Atlas tabulaire, il existe 36 stations périphérie du Moyen Atlas ou à sa bordure immédiate,
climatiques bien réparties dans l'espace. Certaines ont permettant de préciser les conditions climatiques aux
un équipement incomplet et les périodes d'observa- limites. Ces 28 stations sont représentées sur la carte
tion, la continuité ainsi que la qualité des observations des isohyètes (fig. 10) accompagnées de l'indication
ne sont pas toujours identiques. Aussi pour la en mm de la moyenne pluviométrique annuelle
pluviométrie, 10 stations seulement ont été retenues calculée pour la période 1933-1963.
pour le calcul des moyennes mensuelles et annuelles LES PRECIPITATIONS
des précipitations. En outre, 8 stations ont été Nature des précipitations.
retenues dans le haut bassin du M'Dez et du Guigou, Au-dessous de 1 800 m d'altitude, à Ifrane, la
indispensables pour fétude du régime du haut Sebou moyenne du nombre de jours des précipitations est de
dont la vallée est située dans le Moyen Atlas plissé. 100 jours par an. Sur ces 100 jours, il y a 70 à 85
Enfin, 10 autres stations ont été choisies à la jours de précipitations pluvieuses, la neige tombe
sa
42 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
CLIMATOLOGIE 1933-1963
DOMAINE ATLASIQUE 21 - MOYEN ATLAS (Causse nord)
TAZA SMN 510 34° 13' 4° 01' nord 99 98 100 65 48 9 4 5 14 48 79 126 699
BAB BOU IDIR EF 1558 34° 04' 4° 07' nord 203 175 206 142 107 29 7 10 25 121 179 281 1485
BAB AZHAR EF 720 34° 04' 4° 17' nord 154 134 156 108 81 22 6 7 19 91 136 214 1128
TAZA 14.1 4.2 16.0 5.1 18.4 7.6 21 .0 9.5 24.6 12.0 30.7 15.6 37.1 18.9 37,1 19.1 31.4 16.9 24. 8 13.0 18.8 8.6 14.8 5.5 24.1 11.3
SEFROU 13.4 3.2 15.2 4.0 17.5 6.0 20.0 7.7 23.1 9.8 28.0 12.9 32.6 15.7 32.6 15.9 28.6 14.0 23.2 10.6 17.9 7.0 14.1 4.3 22.2 9.3
TAZA 9.2 10.6 13.0 15.2 18.3 23.2 28.0 28.0 24.2 18.9 13.7 10.2 17.7 420 - 4.5 C1 B'3 s2 b'4 600
SEFROU 8.3 8.9 11.8 13.8 16.4 20.4 24.2 24.2 21.3 16.9 12.4 9.2 15.7 430 0 C1 B'2 s2 a' 540
Fig. 7
CLIMATOLOGIE 1933-1963
DOMAINE ATLASIQUE 21 - MOYEN ATLAS (Causse central)
DAYET HACHLEF EF 1760 33° 33' 4° 56' centre 97 86 91 76 54 21 7 9 23 68 101 130 763
IFRANE SPGM 1635 33° 31' 5° 07' sud-ouest 144 127 135 112 79 30 9 12 34 99 149 192 1122
AZROU EF 1250 33° 27' 5° 13' sud—ouest 100 90 98 93 62 24 6 10 35 6a 106 135 887
IMMOUZER KANDAR 10.6 -0.1 11.6 0.9 14.0 3.2 16.5 5.0 18.9 7.2 23.9 11.2 28.9 14.9 28.9 44.9 25.0 11.9 19.9 8.3 14.9 4.3 11.2 0.9 18.7 6.9
EL HAJED 12.6 2.7 14.3 3.4 16.7 5.4 19.0 6.9 22.0 9.2 27.6 11.0 32.9 16.4 33.0 16.6 26.5 13.9 22.9 10.1 17.3 6.4 13.4 3.6 21.7 6.9
IFRANE 8.4 -4.0 10.0 .2.6 12.6 0.2 15.4 2.2 18.4 4.8 24.2 8.7 30.3 12.0 30.1 12.2 25.1 8.9 18.7 4.9 13.1 1.0 9.0 -2.7 17.9 3.8
AZROU 11.5 2.6 13.9 3.7 16.1 5.4 18.4 7.4 21.4 9.7 27.3 13.4 32.8 17.7 32.4 17.9 27.5 13.8 21.4 10.4 16.3 6.7 12.5 3.4 21.0 9.4
IMMOUZER KANDAR 5.2 6.4 8.6 10.8 13.0 17.6 21.9 21.9 18.4 14.1 9.4 6.0 12.8 430 14,6 C2 B'1 s2 a' 520
EL HAJEB 7.6 8.8 11.0 13.0 15.6 19.3 24.6 24.8 21.2 16.5 11.8 8.5 15.2 420 4,1 C2 B'2 s2 b'4 540
IFRANE 2.2 3.7 6.4 8.8 11.6 16.4 21.2 21.2 17.0 11.8 7.0 3.2 10.9 420 84,8 B4 B'1 s2 b'4 560 1780 (P) 1952-1961
AZROU 7.2 8.8 10.8 12.9 15.6 20.4 25.2 25.2 20.6 15.9 11.5 8.0 15.2 520 25,6 B1 B'2 s2 b'4 630
Fig. 8
CAUSSE MOYEN ATLASIQUE 43
CLIMATOLOGIE 1933-1963
DOMAIN ATLASIQUE 21 - MOYEN ATLAS (Causse sud)
AIN LEUH EF 1440 33° 18' 5° 20' nord-ouest 124 110 116 97 68 26 8 10 30 86 129 166 970
AIN KAHLA EF 2000 33° 15' 5° 13' nord-est 113 100 106 89 62 24 8 10 27 78 117 150 884
OUIDUANE EF 1635 33° 07' 5° 24' centre-est 118 104 110 92 64 24 8 10 28 81 122 157 918
ARHBALOU-n-IRR. EF 1T50 32° 56' 5° 24' sud-est 116 109 120 92 66 29 5 6 33 70 109 174 929
Fig. 9
pendant 15 à 30 jours et l'enneigement persiste chargée situé sur la bordure occidentale des causses
pendant 30 à 50 jours. allant de Ouiouane à Imouzzer du Kandar en passant
Au moment des précipitations, la température de par Aïn-Leuh et Ifrane.
l'air est plus élevée que par beau temps et la neige qui Vers l'est et le sud-est, les plateaux et vallées
tombe, humide et lourde, ne subsiste pas longtemps (vallée de l'oued Guigou), situés sous le vent des
sur le sol. Après quelques jours, elle fond sous l'effet premiers reliefs du Moyen Atlas (Horst du Tizi-
des températures maxima de janvier et février qui N'Tretten, jbel du Kandar,...) sont à l'abri des
avoisinent 9° C en moyenne. courants perturbés du secteur ouest. En effet, les
Au-dessus de 1 800 m, les précipitations d'hiver masses d'air humide après leur élévation et détente au
sont pratiquement toujours neigeuses, les températures vent des reliefs, redescendent et se compriment sous le
restent basses sur les sommets, aussi la neige persiste vent entraînant un assèchement de l'air et une
longtemps de façon quasi continue. Les régions les diminution des nuages. C'est pourquoi la partie est et
plus enneigées des causses sont la dorsale du Tizi sud-est des causses est beaucoup moins arrosée. La
NTretten (station de ski du Michlifène), les cônes vallée du M'Dez en particulier se situe dans un
volcaniques (jbel Hebri) et, en bordure du Causse, « creux » pluviométrique important, la moyenne
toutes les hautes crêtes qui bordent la rive droite de pluviométrique à Skoura est de 356 mm/an.
l'oued Guigou (jbel Tajda, Aït-Kaïs...). Le Causse La variation des hauteurs de précipitations avec
d'Aïn-Leuh, plus élevé, présente également un l'altitude traduit parfaitement ces répartitions distinc-
enneigement prolongé. tes et deux courbes apparaissent : l'une relative aux
Répartition spatiale : (fig. 10 et 1 1 ) postes des bordures occidentales, l'autre propre au
Par régime de secteur ouest très fréquent en secteur oriental (fig. 11).
hiver, c'est-à-dire pendant la saison pluvieuse, les Régime annuel des précipitations
premiers reliefs situés en bordure ouest du Moyen La courbe des précipitations annuelles en fonc-
Atlas s'opposent au déplacement des perturbations tion de la surface permet d'obtenir une médiane
océaniques qui, par détente des masses d'air humide et graphique de 695 mm. La moyenne générale obtenue
accumulation des nuages, entraînent une augmentation en divisant le volume d'eau moyen annuel de
des précipitations. C'est pourquoi on peut observer sur précipitations par la surface du Causse est de 730 mm
la carte des isohyètes un axe à pluviométrie très
(fig. 12).
MOYEN ATLAS TABULAIRE
COURBES ISOHYETES
FES
600 KOUMMYA
My IDRISS FES
573 633
34°
100
RHORMA
600 A. TAOUJDATE 472
483
600
MEKNES
SEFROU
654
IMMOUZZER
DU KANDAR
BSABIS
693
EL HAJEB
516
660
Agouraï
0
70
Dayet HACHLAF
0
70
IFRANE 763
1122
30'
887 70 0 0
60
0
700
AZROU 80
800
0
70
0
60
BOULEMANE
0
90
00
10
513
AIN LEUH
900
884
EL HAMMAM 1000
OUIOUANE
724
918 LEGENDE
ASSAKA NO AM
TIGUEL MAMINE Limite du bassin versant du haut
833 Sebou
817 Limite du moyen Atlas tabulaire
0
0 90 Isohyète
90 600 33°
SENOUAL
Poste d'observation météorologique
KHENIFRA 845 et moyenne annuelle (en mm)
513
666 929
ARHBALOU 0 5 10 km
N'RAOUENNE ECHELLE
30'
9°
Fig. 10
CAUSSE MOYEN ATLASIQUE 45
170 M'Dez
90
150
80
Moyenne générale sur le
Pluviometrie moyenne en mm
60 110
40
70
30
50
20
30
10
10
1100 Ifrane
1100 Fig. 12
1000
Aïn Leuh
1000 1 2 . On peut constater que toutes les stations
900 900
présentent un premier maximum en décembre après un
mois de novembre déjà fortement chargé en précipita-
Pluviométrie annuelle en mm
Azrou
800 800
El Hammam
tions. Un deuxième maximum, plus faible que celui de
700
Khénifra
El Hajeb
700
décembre est toujours enregistré en mars. Entre ces
Sefrou
600
Fès 600 maxima, les mois de janvier et surtout de février
500
Bsabis Coulemane
500
présentent un minimum relativement peu marqué. Les
M'Dez
Imouzzer des
Marmoucha
précipitations moyennes les plus basses, toujours
400 El Aderj 400
Skoura
inférieures à 10 mm, sont enregistrées au mois de
ALTITUDE
m
0 500 1000 1500 2000 juillet. Celles des mois d'août et de septembre sont à
peine plus élevées.
Fig. 11 LES TEMPERATURES
Le Moyen Atlas est une région où la température
est sensiblement influencée par l'altitude moyenne du
Les valeurs moyennes mensuelles des précipita- massif. Les valeurs enregistrées sont relativement
tions calculées sur une période de 30 ans (1933-1963) basses par rapport aux régions avoisinantes et
sont consignées pour les stations principales du Moyen confèrent une allure de climat tempéré.
Atlas et de ses bordures dans les tableaux des figures 7, Le tableau suivant montre que les températures
8 et 9. moyennes annuelles observées aux 5 principales
Les moyennes mensuelles de trois de ces stations stations climatiques sont comprises entre 10,9 et
font l'objet de la représentation graphique de la figure 15,7° C alors que la moyenne annuelle est de 17,8° C
à Fès, 17,3° à Meknès, 19,5° à Sidi-Kacem et 19° à
Missour. La température moyenne annuelle sur l'en-
semble du Causse moyen-atlasique est de 12° C.
Tableau 2
Tableau 3
Hydrologie
BASSIN DU SEBOU
Du fait de la nature karstique du Moyen Atlas L'oued Sebou ne fait que traverser le Moyen
tabulaire, le réseau hydrographique est très peu Atlas tabulaire sur un trajet assez court, son haut
développé. Seuls trois oueds pérennes importants bassin versant étant situé essentiellement dans le
prennent naissance dans le Moyen Atlas : l'oued Moyen Atlas plissé où il est contrôlé par deux stations
Sebou au nord-est, l'oued Beth à l'ouest et l'oued Oum- hydrologiques : Aïn-Timédrine à l'amont et Azzaba à
er-Rbia au sud-ouest. l'aval. La région du Moyen Atlas tabulaire drainée
FES
CARTE DES POINTS D'EAU ET SCHEMA HYDROGEOLOGIQUE Fès
Rte O.
LEGENDES
O.
O.
SE
BO
MOYEN ATLAS TABULAIRE O.
U
850
2168 2060
N°15 GEOLOGIE POINTS D'EAU
FE
2210
MAHR
KR
2287
AN
E
350
EZ
R
te
Couverture mio-pliocène et quaternaire du couloir Sondage n'atteignant pas le Lias
DI
OU
Sud-Rifain
LI
555
YH
290
FA
DE
O
Sondage atteignant le Lias (ou, dans le Saïs, la
.
O.
O.
BOUR HIOUL
CHEGGAG
58
BO
1 156
N° 152
Marnes et calcaires du Moyen Atlas pliseeé base du Miocène gréseux )
U
Ple
EL
1225
BO
CH
OU
695 221 MOU
2209
UG
IS
Ple
E
42 1224 67 288 ND
AN
LA
A
NA
1240
M
715
MEKNES
ZG
140
OU
E
O. EL BAHLIL AN
KELL 220 CH
Sondage atteignant le substratum du Lias (Trias)
.
EL HAIJA
Rte AT
O
562 750
O. EL
Terrains post-domériens du Causse
16
FE
14 15
KR
1481 à 1485
444
AN
663 445
E
O.
360
SEFROU
O.
O.
23 Karst du Moyen Atlas Tabulaire (calcaires et dolomies Sondage artésien
BO
840
21 22 20 205
FES
U ED
724
382
R
400
114
AÏ
140 SEBOU
364
O. AG
107
805 87
644 Groupe de sondages
290
184-187 383.384 Substratum imperméable (Primaine et Permo-Trias)
O.
JE
627
FALI
130
BA
74.75
110
LA
50
DE
350
109 269
EL
1170 116
493
Source d'émergence (pas de contact avec l'impérméable)
RM
20
919
20
492 366
525
IMMOUZZER
DU KANDAR
85
405 HYDROGRAPHIE
O
.
5
O.
71
ER
O
500 400
.
MDEZ
Ple
Source de déversement (conatc avec l'imperméable
LO
HB
40
27
SE
UL
70 208 100
BSABIS
708 1
Cours d'eau perenne
O.
69
SAREOU
610
10 350
80
20 709 373
545 165 500 ANNOCEUR
340 5 650 !
1
296 295
10
542 665 375 372 50 Exurgence des eaux du Lias sur le Causse
485 60 85
DAYAT 64
Cours d'eau à écoulement temporaire
IT
AGOURAI 5
O. TIZGU
710 Rte AOUA 67
10
385
386 Source de débordement ou de trop plein (contact
N°20
1 532 25
537 690
460 715
19
10 62
avec un imperméable latéral ou supérieur)
2
348
538
468 522
3
100
18 5
Canal d'irrigation bétonné
Marrakech
10 Sre 17 20
714 10
16 50 Captage de source
N°2
330 100
717
50
1
539 N°
909
42 5
3
Canal d'irrigation en terre
1 5 DAYET
54
349 5 47 210
IFRAH
2 703
347 722
10
94
IFRANE 120 Débit moyen en l/s
2
44 195 100 579
723 O
U Barrage de dérivation
OU
DE 620 UIG
IG
15 G
GU
788 88
514 634
DU
256
100 173 O
.
SKOURA 80 Débit moyen se rapportant à la période humide
SI
RAS EL MA 635
US
320 Rte
Ligne de partage des eaux superficielles 1968-1971 en l/s
YO
226
278
201 ! 172 N°909
430 450 247 Sre
520
E
702
AN
159 556
Section de jaugeages
CH
584
Bassin versant fermé
AT
585
de
AZROU
EL
A IT
225
.
O
704
GRIGRA 229
O.
210
473 ALMES DU Station hydrométrique
200
310
184 GUIGOU
Lac permanent
AS N°20
AR 24
O. AM N° BOULMANE
250 -300
84 N° d'inventaire du point d'eau
O.
O.
AIN
LEUH
624
674
150-180
638
637
HYDROGEOLOGIE
636
M 616
100-120 ek
ne 510 14 15
403
s
U Limite des indices d'inventaire et leur N°
IF
O
RA
485 555
IFRANE U
IG
Lacune connue du Lias sous le Miocène 21 22
NE
29 30 101
Limite méridionale des zones d'artésianisme
O. BOU 26
HA
RC
TIMAHDITE
H
49
HAMMAM
O. 75
50-100
IF o.
ple
R FELDI
290
AN
Sud-Rifain
EL
E
O.
.
O
Rte
IA
RB
O.
ER AT
147 LL
FE
M
U
3300
O
270
O.
Mide
lt
15000
100
260
490
480
490
500
510
520
530
540
550
560
570
580
Fig. 13
CAUSSE MOYEN ATLASIQUE 47
entre ces deux sections est située au nord-est de la versant de l'Oum-er-Rbia est la plus riche en
boutonnière primaire de Bsabis ; cependant les précipitations. La pluviométrie moyenne annuelle
mesures réalisées à la station de Azzaba étant s'élève à 800 mm en amont de Khénifra mais elle
discutables,* les différences observées avec celles dépasse 900 mm/an sur le plateau calcaire d'Ajdir où
d'Ain-Timedrine ne sont pas significatives et ne se situe le bassin hydrogéologique qui prolonge
peuvent donc être exploitées. Les résultats hydrolo- souterrainement le bassin hydrologique. La superficie
giques d'Aîn-Timedrine sont exposés dans le chapitre du bassin versant à Khénifra est de 1 086 km2 pour le
suivant (Moyen Atlas plissé). bassin hydrologique seul, mais de 2 300 km2 si l'on
ajoute le bassin hydrogéologique qui le prolonge vers
A l'aval d'Azzaba où il n'y a malheureusement
le NE.
pas de station hydrologique avant Dar-El-Arsa au
nord de Fès, l'oued Sebou draine à nouveau une partie L'Oum-er-Rbia a pour origine l'oued Fellat qui
du Moyen Atlas tabulaire et là encore aucune prend sa source au mont Serroual (2 108 m), à la
information n'est disponible. Sur l'oued Guigou, dans limite avec le bassin de l'oued Srou (affluent rive
le haut bassin versant de l'oued Sebou, une station gauche de l'Oum-er-Rbia). Avec son affluent de rive
hydrométrique a été créée en 1970 au pont de la route droite l'oued Admer-Izem, l'oued Fellat est le
principale n" 20 à Aït-Khabbach (cf. carte hydrogéo- collecteur principal de la plus haute région du bassin
logique, fig. 1 3 ) . Le bassin versant drainé en cet (synclinal de Bekrit). L'oued Fellat reçoit les apports
endroit se trouve pour une bonne part sur'le Moyen d'un groupe de sources connues sous le nom
Atlas tabulaire. Cette station serait susceptible d'ap- (injustifié) des « quarante sources » ou sources de
porter des informations intéressantes au sujet des « l'Oum-er-Rbia ». Ce n'est qu'à partir de la
infiltrations sur le Causse et des relations hydrauliques confluence de l'oued Fellat avec l'oued Bou-Idji que le
souterraines entre les bassins du Sebou et de l'Oum-er- cours porte le nom d'Oum-er-Rbia. Enrichi par les
Rbia, mais elle n'est en fonctionnement que depuis peu eaux de ces sources abondantes, l'Oum-er-Rbia
de temps et les données sont encore insuffisantes. dispose déjà à Khénifra d'un débit moyen de 1 8 m3/s.
Ce cours d'eau est caractérisé par des débits assez
Signalons toutefois un phénomène particulier qui
a pu être observé pendant les étiages de ces dernières constants au cours de l'année, l'étiage n'est jamais
années. Malgré la grande superficie de calcaires situés inférieur à 7 m3/s. Les crues sont beaucoup plus
dans le bassin versant, les débits d'étiage à la station régularisées que l'on ne pourrait s'attendre sur un petit
d'Aït-Khabbach sont nuls, ce qui ne peut être justifié bassin à précipitations relativement importantes.
par la seule utilisation des eaux dans les périmètres Données hydrologiques
irrigués de la vallée du Guigou. La station de Khénifra est la plus ancienne dans
Sur le haut bassin de l'oued Beth (oued Tigrigra, le haut et moyen Oum-er-Rbia. Construite en 1927,
oued Ifrane, oued El-Hammam), il n'y a aucune elle a fonctionné depuis avec plusieurs interruptions.
station.hydrométrique permanente et l'on n'y effectue Cependant, de bonnes corrélations avec les stations
que des mesures périodiques du débit en étiage. plus en aval de Dechra-el-Oued et de Kasba-Tadla,
permettent de disposer à Khénifra d'une série de
Seule la station de Khénifra sur l'Oum-er-Rbia mesures de débits complète et sûre depuis 1936.
fournit des renseignements d'ordre hydrologique sur le
sud-ouest du Moyen Atlas tabulaire ; c'est donc la Débits moyens mensuels et annuels
seule station hydrologique qui sera considérée dans ce Dans le tableau 5, nous reproduirons les chiffres
chapitre. fournis par Mme G. Givcovic dans son rapport
« Etude du régime de l'Oued Oum-er-Rbia et de ses
BASSIN DE L'OUM-ER-RBIA A KHENIFRA affluents » (1966) et par le rapport de l'ORSTOM -
SOFRELEC sur l'« Etude hydrologique de l'Oum-er-
Caractéristiques du bassin Rbia » (mars 1972). Nous ajouterons les moyennes
La partie supérieure du bassin de l'Oum-er-Rbia concernant les périodes 1953 à 1958 et 1963 à 1 970,
comporte les contreforts du Moyen Atlas. L'altitude pendant lesquelles les mesures offrent le meilleur degré
moyenne de cette région est de 1 350 m, alors que les de confiance.
plus hauts sommets atte ignent une altitude de
2 400 m. A la limite avec le bassin du Sebou, on Les crues
trouve le jbel Hayane dont l'altitude est de 2 409 m et
a la limite avec le bassin de la Moulouya le jbel Les chiffres reproduits dans le tableau 6 et
Amjoub (2 370 m) et le jbel Agardan (2 240 m). La concernant les crues de l'Oum-er-Rbia à Khénifra,
région du Moyen Atlas intéressée par le haut bassin sont tirés du rapport ORSTOM - SOFRELEC ( 1972).
Une élude plus récente a permis de retrouver les causes de cette anomalie. Ces données ont été comparées aux débits
les données élaborées sur la base de cette étude conduisent à une bonne correspondants à Dechra-el-Oued, station hydromé-
::-relation des débits mesurés aux deux stations.
trique située sur l'Oum-er-Rbia, à l'aval de Khénifra
48 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Tableau 5
Tableau 6
Tableau 7
et contrôlant un bassin versant de 3328 km2. La d'étiage sont incertains. Ces débits d'étiage sont des
comparaison montre des corrélations assez serrées débits naturels car il n'y a pratiquement pas de
entre ces deux groupes de valeurs, et en appliquant ces prélèvements d'eau dans la rivière à l'amont de
relations aux débits déjà déterminés à Dechra-el- Khénifra.
Oued, ORSTOM - SOFRELEC fournit les débits des L'« Etude du régime de l'Oum-er-Rbia et de ses
crues de l'Oum-er-Rbia à Khénifra selon leur affluents » par Mme Givcovic (1966) rapporte toute-
fréquence (résultats consignés dans le tableau 7) fois un calcul des débits d'étiage à Khénifra basé sur
les débits minima mensuels de la période, 1927-28 à
Les étiages 1963-64. L'utilisation des débits minima mensuels
La section de contrôle de l'écoulement à la plutôt que les débits minima journaliers, n'a pas une
station de Khénifra est instable et les étiages sont grande importance car les différences entre ces deux
mesurés très irrégulièrement, aussi l'établissement de types de débits sont très faibles. Citons pour
courbes de tarage et leur extrapolation pour les débits exemples :
CAUSSE MOYEN ATLASIQUE 49
Par ailleurs, l'existence de certaines sources à une sommes en présence dans chaque bassin, d'une nappe
cote bien supérieure à celle de l'aquifère principal (cas où la circulation du type karstique prédomine mais où
de Abeknanes dans les Aït-Youssi du Guigou), ou le se superposent des horizons aquifères plus ou moins
fonçage de puits « secs » dans les régions où, compte isolés par des niveaux marneux.
tenu des renseignements piézométriques, l'eau aurait
BASSIN DE L'OUM-ER-RBIA
dû être rencontrée (région d'Agouraî) montrent bien
que ces calcaires dolomitiques ne sont pas homogènes Définition - Limites (fig. 14)
sur toute leur épaisseur. Ils contiennent en particulier
des passées de marnes donnant au Lias l'allure d'un Le bassin hydrogéologique des sources de
l'Oum-er-Rbia (n° IRE : 147/30) est le plus vaste :
aquifère multicouche à petite échelle. En fait, à
1020 km2 de karst affleurent; il s'étend depuis les
l'échelle de chaque bassin, tous les horizons aquifères
sources jusqu'au pied du jbel Meksis. Sa limite NW est
privilégiés communiquent entre eux, de sorte qu'il est
la limite SE des bassins d'Ifrane et d'Aîn-Leuh, c'est-à-
permis de parler, pour chaque bassin hydrogéologique dire le horst du Michlifène et son prolongement
d'une seule et unique nappe. En définitive nous jusqu'à Ouiouane. Au nord, la limite passe par
IS
KS
Dayet Ifrah
ME
IFRANE
J.
30'
ER
AD
AZROU U IG
BO
Almis
Aïn Leuh
u
igo
. Gu
O
Timhadite
ser
. Irh
O
ia
Rb llat
er . Fe
m O
. Ou 147/30
O
33°
1001/30
KHENIFRA UD
I RHO
J.
30'
9°
LEGENDE
Fig. 14
CAUSSE MOYEN ATLASIQUE 51
523/30
524/30
520/30 Lac
518/30 147/30
519/30 517/30
A A'
521/30
516/30
0 1 2 km
A A'
1600
Sources de
1500 l'Oum er Rbia
517/30 147/30
1400 519/30
LEGENDE
Basaltes quaternaires
Trias Faille
Fig. 15
52 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
Fig. 16
compartiment est, dénommées sources de l'Oum-er- Khénifra ; c'est donc le réservoir souterrain alimentant
Rbia, ne sont pas salées, présentent de forts débits et cet écoulement à l'amont de la station qu'il convient de
sont absolument distinctes de celles du compartiment définir (fig. 14)
ouest.
Le bassin versant topographique de l'oued à
L'analyse des données hydrologiques ne porte Khénifra a une superficie de 1086 km2 mais 555 km2
pas cependant sur les sources de l'Oum-er-Rbia sur seulement sont occupés par des terrains karstiques
lesquelles on ne possède que très peu de données. On (calcaires et dolomies du Lias inférieur et moyen) et le
s'est intéressé à l'écoulement souterrain de l'oued reste par le substratum imperméable (Primaire et
Oum-er-Rbia à la station de jaugeage permanente de Trias), ou les terrains post-domériens du synclinal de
CAUSSE MOYEN ATLASIQUE 53
Tableau 8
du Kandar. Cette faille est jalonnée de nombreux sont à débit nul sauf en ce qui concerne la limite nord,
bassins fermés ou semi - fermés. à l'ennoyage des calcaires sous la plaine de Mek-
nès - Fès, où les nombreuses sources du Lias font que
La limite sud est constituée par la faille SW - NE cette limite est ouverte, laissant passer des débits
qui marque la bordure nord du bassin de Ras-el-Ma et souterrains variables. Une partie des eaux continue à
par le horst de Michlifène. s'écouler vers le nord pour aller s'aboucher avec la
Débit moyen des sources nappe phréatique de Meknès-Fès.
Les limites du bassin hydrogéologique d'El- L'étude statistique de C. Leclerc des débits des
Hajeb—Ifrane ont été définies sur des bases géolo- sources les plus importantes a permis d'obtenir les
giques. Le plancher de la nappe est constitué par le toit débits moyens annuels selon leurs fréquences de
des marnes triasiques. Les lignes limites périphériques dépassement.
Tableau 9
Débits moyens annuels (1/s) selon leurs fréquences de dépassement en %
Sources N° I.R.E.
10 20 30 50 70 80
Bittit 106/22 2.334 2.106 1.954 1.724 1.538 1.486
Ribaa 130/22 1.500 1.340 1.282 1.170 1.097 1.050
Attrous 110/22 284 206 156 116 85 69
Aguemgam 109/22 2.751 2.030 2.363 919 473 277
Akkous 114/22 528 470 425 363 307 287
Tableau 10
BASSIN D'IMOUZZER DU KANDAR tion SSE-NNW. Ce bassin est parcouru par l'oued El-
Kantra dont la vallée constitue un véritable drain le
Définition - Limites (fig. 13) long des axes synclinaux. Les sources, nombreuses et
De Dayet-Aoua à la plaine du Sais, la cuvette importantes, sont toutes axées sur cette vallée, au
d'Imouzzer s'inscrit sur un synclinal étroit, d'orienta- coeur du synclinal.
CAUSSE MOYEN ATLASIQUE 55
Tableau 11
Points d'eau N° I R E .
10 20 30 50 70 80 90
Aïn Sidi-Mimoune 64/22 650 597 552 485 413 372 312
Aïn El-Rhars 69/22 480 395 375 350 322 305 280
Aïn Berrouagha 70/22 620 560 505 450 385 345 285
Aïn Soltane 71/22 545 495 457 400 338 300 250
Aïn Berri 74-75/22 400 353 318 265 210 175 130
Aïn Sebaa 87/22 648 568 512 420 322 263 183
Aïn Jerrah 366/22 822 657 590 525 460 418 365
Oued Tafrannt 644/22 332 262 210 140 110 93 65
Oued El-Kantra 649/22 1 220 970 790 500 385 340 280
Dayet-Aoua 650/22 428 335 275 165 60 0 0
Au pied du Causse d'Imouzzer, à l'amont de la le lit de l'oued Chko, lequel est la plupart du temps à sec
plaine de Meknès - Fès, il n'y a en fait qu'une seule à l'amont de l'émergence. Les mesures de débit de cette
source directement rattachée au réservoir des calcaires source, assez nombreuses (1954 à 1956 et 1967 à
liasiques: Aïn Cheggag. (42/16). C'est une source 1 9 7 1 ) ont été à la base d'une étude statistique dont les
importante qui sort des calcaires lacustres du Sais, dans résultats sont consignés dans le tableau 12.
Tableau 12
Fréquence % 10 20 30 50 70 80 90
Débits (1/s) 1.845 1.630 1.493 1.240 1.000 860 650
Une analyse identique effectuée sur les seules les forages artésiens de la plaine du Sais et 1700 à
années 1968 à 1971 (période nettement plus plu- 2300 1/s par les abouchements avec la nappe
vieuse) a indiqué que le débit de fréquence 50 % pour phréatique du Sais, soit au total 4,6 à 5,5 m3/s.
ces 3 années a été de 1 550 1/s.
Toujours en année moyenne la pluviométrie,
C. Leclerc a estimé qu'en année moyenne, le seule alimentation du bassin (superficie : 523 Km2),
bassin d'Imouzzer du Kandar débite 2200 à 2500 1/s est de 693 mm/an. L'infiltration qui en résulterait
par des sources, 700 1/s par les sources thermales et serait de l'ordre de 41 à 49 % de la pluie.
Tableau 13
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
Fig. 17
BASSIN DE SEFROU
Le bassin de Sefrou semble assez peu aquifère. Le
Le bassin de Sefrou correspond approximativement au Lias, très dolomitique avec une forte proportion de
bassin versant de l'oued Agaî. Vers le nord, le dolomies sableuses, n'a pas de réseau karstique très
raccordement avec le sillon sud-rifain se fait par une développé. L'oued Agaï qui constitue le drain principal
flexure très accusée d'orientation NW - SE qui forme du bassin est progressivement alimenté tout au long de
l'escarpement bordier du Causse de Sefrou. La limite son cours par de petites sources. Son débit à l'étiage
SE est constituée par la ligne d'accidents SW - NE qui est faible, malgré la superficie appréciable de son
prolonge ceux du Tizi-N'Tretten. bassin versant. Il est possible que l'oued Agaï ne
CAUSSE MOYEN ATLASIQUE 57
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
EAUX DU BASSIN D'IMOUZZER DU KANDAR EN SEPTEMBRE 1969
Fig. 18
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
Fig. 19
ville. Le débit moyen annuel de l'oued Agaï est de tration de la pluie moyenne. Il semblerait que l'oued
Tordre de 850 1/s à l'amont de Sefrou ; à l'aval de Sefrou draine directement une partie de ces eaux.
cette ville, l'oued Agaï (dénommé El-Yhoudi) draine
encore le Lias pour environ 500 1/s. BASSIN DANNOCEUR - BSABIS
Les mesures en ce bassin sont insuffisantes pour Situé au NE du bassin de l'Oum-er-Rbia, il est
se livrer à une étude statistique. L'interprétation des limité au NW par une ligne d'accidents SW-NE qui est
jaugeages sur l'oued Agaï permet d'estimer les débits le prolongement des accidents du Tizi-N'Tretten.
sortis de ce Causse à quelque 1250 1/s pour une pluie Cette limite n'étant probablement pas étanche semble
moyenne de 650 mm/an, représentant 37 % d'infil- jouer le rôle de drain, ce qui autoriserait à ne faire des
CAUSSE MOYEN ATLASIQUE 59
bassins de Sefrou et d'Annoceur-Bsabis, qu'une seule Les mesures des exutoires de ce bassin sont
unité hydrogéologique. encore peu nombreuses ; elles concernent les années
1 9 6 8 - 7 1 , plus pluvieuses (900 mm/pour les 3 ans)
Vers le nord, le Lias s'ennoie sous les formations que la moyenne (620 mm/an) ; ces sources débitaient
tertiaires de la cuvette d'Ain el-Ouata et ne reparaît alors 1600 l / s dont 500 l / s sont recyclés d'une
qu'a la faveur des gorges du Sebou. La limite est source à la suivante par ré-infiltrations partielles. Le
représentée par la ligne de contact Lias-Trias de la débit d'émission de 1968-71 n'est donc que de 100 1/
boutonnière de Bsabis qui prolonge l'anticlinal du jbel s, alors qu'il devrait atteindre quelque 4 500 à
Meksis. 5 000 1 /s si l'infiltration était homogène avec le reste
Les exécutoires de ce bassin sont la Dayet- des causses ; pour une longue période, le débit
Afrougarh qui est ouverte, les sources de la région d'émission est estimé entre 3 000 et 3 500 l / s , drainé
d'Ain Jorf et surtout Aïn Regraga et Aïn el-Ouata, vraisemblablement aux 3/4 par l'oued Sebou, ce
laquelle sort des calcaires et conglomérats tortoniens qu'aucune mesure n'a encore confirmé.
après abouchement de ceux-ci avec le Lias. D'autres
exutoires peuvent exister dans les gorges de l'oued
Sebou, mais n'ont pas encore été reconnus.
Tableau 14
10 000 --
49/22 0,541 300
--
173/22 basalte 0,710 375
10 000
--
485/22 0,620 350
milliéquivalents
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
EAUX DE B.V TIGRIGRA EN SEPTEMBRE 1969
Fig. 20
La seule alimentation du bassin est météorique ; Là encore les données sont peu nombreuses et
les émissions sont constituées par l'oued El-Hamman ont été acquises dans la période humide 1968-71
qui draine les eaux de Aîn Aïcha-Hammad (n° IRE (1485 mm/an contre 995 mm/an en moyenne). Les
49/30. 50 à 100 1/s), l'oued Aïn-Leuh, les sources exutoires souterrains représenteraient en moyenne
Aïoun Akadous et Toufestelt dont le débit moyen a été interannuelle sur une longue période entre 2 100 et
estimé à 80 1/s, la coulée basaltique qui descend de 2 500 1/s dont 1 100 à 1 250 1/s transitent des
Tioumliline vers Azrou dont le débit souterrain a été calcaires dans les coulées volcaniques de Tioumliline
estimé de 120 à 150 1/s et la coulée volcanique de ( 1 2 0 à 150 1/s) et de Tagounit (1 000 à 1 100 1/s).
Tagounit au NE d'Aïn-Leuh.
Tableau 15
La vallée du Guigou. La rive gauche de la vallée de tique a toutes chances, en cet endroit, d'être en relation
l'oued Guigou, entre Timahdite et la station hydrolo- directe avec celui de la nappe du Lias par l'intermé-
gique d'Aït-Khabbach au pont de la R.P. 20, est située diaire des calcaires du jbel El-Jmel (coupe Q de la fig.
sur le bassin hydrogéologique des sources de l'Oum-er- 6).
Rbia. La rive droite, au sud des crêtes des jbel Ben-Idj
Vers le sud-ouest, en remontant la vallée, le
et Tadja, reçoit les affluents en provenance du
niveau du sol s'élève, alors que le niveau hydrostatique
Moyen Atlas plissé (oued Derdoura, oued Mellah, etc).
de la nappe du karst s'abaisse en direction des sources
L'axe de la vallée entre Timahdite et Aït-Khabbach est
de l'Oum-er-Rbia.
recouvert de vastes épanchements basaltiques qui
masquent le prolongement du synclinal crétacé de - Le cœur de la vallée de l'oued Guigou, sous les
Bekrit (cf géologie). basaltes, est rempli d'une formation post-Bajocien
Dans le paragraphe concernant le bassin des d'âge pliocène probable. Ces terrains ont une
sources de l'Oum-er-Rbia, il a été admis que toute épaisseur de l'ordre de 150 à 250 m et sont constitués
i'eau infiltrée dans les calcaires du Lias de la rive d'alternances de terrains résistants (200 à 300 ohms)
gauche de l'oued Guigou à l'amont d'Aït-Khabbach et conducteurs (20 à 30 ohms). Les terrains
avait les sources de l'Oum-er-Rbia pour seule issue. A conducteurs sont probablement de nature argileuse et
part les eaux de ruissellement diffus, l'oued Guigou, doivent limiter considérablement toute relation entre
entre Timahdite et Aït-Khabbach ne doit recevoir la surface et les nappes profondes (nappe profonde du
aucun débit en provenance de la rive gauche et son Lias, nappe des calcaires corniches, etc.).
alimentation doit se faire à partir des sources et oueds - L'isolement entre la nappe du Lias et la surface
de la rive droite, en provenance du Moyen Atlas plissé, est assuré vers le sud-est par l'existence du synclinal
au sud. de Bekrit dont les formations marneuses du Toarcien,
En outre, les campagnes de reconnaissance par Aalénien et Bajocien forment écran aux circulations
géophysique et forage, exécutées en 1970 et 1971, ont verticales.
mis en évidence les faits suivants :
Cependant, sur le cours de l'oued Guigou,
- Au point bas de la vallée, dans le bassin existent deux sources : Ain Tit-Zill (n° IRE/616/22)
hydrogéologique des sources de l'Oum-er-Rbia, c'est- qui surgit des basaltes à quelques dizaines de mètres en
à-dire près de la station hydrologique des Aït- r iv e g a u c h e d e l 'o u e d , e t A în S k h o u n a t ( n °
Khabbach, la nappe du karst circule à une cote IRE/614/22) qui surgit dans le cours de l'oued, à
inférieure à 1450 m alors que le sol est à plus de 1470 8 km à l'aval du pont de la RP 20 (Aït-Khabbach). La
m. En effet, le forage 702/22 a rencontré l'eau à la première, Ain Tit-Zill doit avoir son bassin d'alimen-
cote 1460 m dans le Lias, et le forage 704/22 près tation dans les basaltes (170 km2 de bassin versant).
d'Aït-Khabbach a rencontré l'eau à 1430 m dans les Par contre, Aîn Skhounat dont la température (21 à
calcaires corniches présumés dont le niveau hydrosta- 23° C) est assez élevée pour une source située à une
62 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
altitude voisine de 1450 m, n'a vraisemblablement pas probable serait le jbel Tichchoukt à 10 km au S - SE.
d'origine superficielle. Par ailleurs, la remontée du L'eau proviendrait jusqu'à la source en circulant en
Trias, tout au long de l'accident nord-moyen- profondeur, dans les calcaires du Lias du vaste
atlasique, empêche l'eau du karst de la vallée du synclinal de Skoura, ce qui expliquerait sa température
Guigou de communiquer vers l'est, vers Ain Skhounat. relativement élevée ; Ain Skhounat appartient alors au
La source sort dans le lit même de l'oued, des basaltes domaine du Moyen Atlas plissé.
recouvrant le contact entre les calcaires domériens et Des séries de jaugeages du Guigou tout au long
les marnes du Lias supérieur. Elle est ascendante en de
de son cours ont été effectuées de 1968 à 1971 (tabl.
nombreux griffons. Son bassin d'alimentation le plus
16).
Tableau 16
Grâce aux analyses des débits des sources et Les bassins karstiques ayant les meilleurs débits
cours d'eau superficiels, C. Leclerc a tenté d'établir spécifiques sont ceux des régions les plus arrosées par
d'abord un bilan des ressources en eau pour chacun la pluie, au nord et à l'ouest : Imouzzer du Kandar
des bassins hydrogéologiques, puis a résumé sous une (8,8 à 10,5 1/s/km2), Ras-el-Ma ( 1 1 , 1 à 12,6 1/s/
forme graphique l'ensemble des émissions d'eau en km2), Aïn-Leuh-Azrou ( 1 1 , 2 à 12,8 l/s/km2).
partance du Moyen Atlas tabulaire, en précisant leur Les bassins de l'est où l'on observe une
destination. pluviométrie plus faible, ont un rendement inférieur :
Le fait qu'il existe un écoulement souterrain vers Sefrou (7,7 à 8,7 l/s/km2), Annoceur-Bsabis (7,3 à
8,4 l/s/km2).
un aquifère limitrophe (cas des abouchements avec la
plaine de Fès-Meknès), rend plus délicat l'établisse- De même dans le bassin de l'Oum-er-Rbia, on
ment d'un bilan, notamment pour les bassins hydro- observe que le bassin d'alimentation des sources
géologiques d'El-Hajeb—Ifrane, d'immouzer et même (pluviométrie relativement faible), a un débit spéci-
pour celui de Sefrou. Ce travail n'aurait pu être fait fique de 8,8 l/s/km2, alors que le karst bien arrosé,
sans la connaissance du bilan de la nappe phréatique situé entre les sources et Khénifra, a un débit
des calcaires lacustres du couloir Sud-Rifain (tome 2, spécifique de 10,2 l/s/km2.
CAUSSE MOYEN ATLASIQUE 63
Tableau 17
Tableau 18
supérieur au débit consommé. Les centres d'Immouzer principalement soutenu par des grosses sources
et d'Ifrane nécessitent de fortes adductions d'eau karstiques (Aïn Sebou, Ain Timédrine, Ain Ouamen-
malgré leur faible population, en raison de leur der) situées dans le Moyen Atlas plissé et dont le
fréquentation touristique en été et également en hiver bassin d'alimentation en eau, mal déterminé, se situe
(ski à Ifrane). Immouzer ne connaît aucune restriction soit dans le Causse d'El-Menzel, soit dans le Tazzeka,
à la consommation, par contre Ifrane en a connu à la soit peut-être même vers le. Bou-lblane. De toute
fin de l'été 1967 (année très sèche) par suite du façon, les bassins d'alimentation des grosses sources
tarissement de l'une des sources. de l'oued Sebou, ne peuvent se situer sur le Moyen
Atlas tabulaire dont la géométrie décrite dans le
La consommation d'eau moyenne de l'ensemble chapitre précédent ne permet pas de communications
des centres situés sur le Moyen Atlas tabulaire est de aquifères avec le Moyen Atlas plissé.
l'ordre de 150 1/s, représentant une proportion très
faible du débit global du Causse. Eaux du Causse utilisées dans la plaine de Meknès -
Fès
UTILISATION HORS DU MOYEN ATLAS
Un débit moyen de l'ordre de 10 m3/s en
La très grande majorité des eaux .- 29,6 à 31,3 provenance du Moyen Atlas, transite souterrainement
m3/s, soit 90 % des émissions, est exportée hors du vers la plaine de Fès-Meknès où il est utilisé de la
Moyen Atlas tabulaire. Ces eaux connaissent trois façon suivante :
destinations : - 6,3 m3/s surgissent par des sources de débordement
au pied du Causse (Aïn Ribaa, Bittit, etc.) ou
- restitution aux grandes vallées émergences au sud de la plaine (Aïn Akkous,
- utilisation directe pour l'agriculture (plaine de Cheggag). A part un débit de 400 1/s prélevé à l'Ain
Fès-Meknès). Bittit pour l'alimentation en eau de la ville de Meknès,
- alimentation en eau potable des villes. toutes ces eaux sont utilisées à des fins d'irrigation
Eaux restituées aux grandes vallées dans la plaine de Meknès - Fès.*
Dans cette catégorie, nous comprenons les eaux - 2,9 à 3,5 m3/s alimentent la nappe phréatique de la
qui, avant d'être utilisées à l'aval à des fins agricoles plaine de Meknès - Fès par abouchement où ils sont
ou domestiques, sont déversées dans les fleuves qui les pompés pour l'agriculture.
véhiculent, mélangées à des eaux de provenances - 300 1/s réapparaissent sous forme d'eau thermale au
diverses, vers leur lieu d'utilisation. C'est le cas des nord du sillon Sud-Rifain (Sidi-Harazem, Ain Skhou-
nat, etc.).
eaux se déversant dans les oueds Sebou, Oum-er-Rbia
et Beht. - 400 1/s sont mis à jour directement par 4 forages
Le Moyen Atlas tabulaire fournit ainsi artésiens exploitant la nappe captive du Lias sous les
1 3 300 1/s à l'Oum-er-Rbia (9 000 1/s à partir de la marnes miocènes. Deux de ces forages ( 1 8 0 l/s) sont
seule source du fleuve), 3 250 à 3 860 1/s au Sebou et utilisés pour l'agriculture, les deux autres (220 1/s)
3 140 à 3 560 1/s à l'oued Beht, soit un total de pour l'alimentation en eau potable de la ville de Fès.**
l'ordre de 20 m3/s allant régulariser à des degrés
divers les débits des grands fleuves issus du Moyen * 300 1/s ont été encore captés pour les besoins en eau potable de la ville
Atlas. de Meknès. En outre 5 forages profonds ont été réalisés à Haj-Kaddour
On peut s'étonner de la part relativement faible pour les mêmes besoins.
qu'apporte le Moyen Atlas tabulaire au débit de l'oued ** 2 autres forages sont en cours, ils permettront d'exploiter pour les
Sebou. Cela tient au fait que ce dernier est mêmes fins 100 à 150 1/s de cette nappe.
CAUSSE MOYEN ATLASIQUE 65
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Hajeb. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 14 pp.. 6 fig. fig.
3.21-2
Ismaïl ZERYOUHI
Le Moyen Atlas plissé est l'ensemble monta- - Vers l'W, les massifs paléozoïques du Tazzeka et de
gneux du Moyen Atlas oriental qui se situe à l'est de Bsabis dans la partie septentrionale, puis l'accident
l'accident tectonique majeur dénommé « nord-moyen- « nord-moyen-atlasique » qui le sépare du Causse du
atlasique » (Colo, 1961). C'est essentiellement la Moyen Atlas tabulaire.
structure géologique qui différencie le Moyen Atlas - Vers le N, la plaine de Guercif où les formations
plissé du Causse moyen-atlasique situé à l'ouest. jurassiques du Moyen Atlas s'ennoient sous un épais
Le Moyen Atlas plissé constitue un massif recouvrement néogène.
allongé de quelque 250 km dans le sens NNE-SSW, - Vers l'E, les piémonts de la vallée de la Moulouya.
large de 10 à 50 km, d'une superficie de 5.000 km2. - Vers le S, les massifs paléozoïques et permo-
Ses limites sont (fig. 1 ) : triasiques d'Aouli-Mibladen et de Bou-Mia.
Introduction géographique
vallée par d'étroites cluses (cirque et cluse du Bni-
Le Moyen Atlas plissé se présente sous forme de Ouriach).
quatre rides montagneuses successives et parallèles
orientées NNE-SSW, séparées par de hautes vallées La bordure orientale du Moyen Atlas est une
occupant des fonds de synclinaux. L'altitude moyenne zone économique à vocation essentiellement pastorale.
est de l'ordre de 1 800 m, variant entre 1 400 m au Elle est pratiquement dépourvue de terres irrigables
mais couverte d'alpages. La population, concentrée
niveau des bordures et 3.354 m (sommet du jbel Bou-
dans de gros centres dans les vallées atlasiques (Oulad
Nasseur). Il est à noter que la retombée sur la
Ali—Almis des Marmoucha), se monte à environ
Moulouya à l'E est très raide : pente moyenne de
40.000 personnes d'origine berbère. La ressource
30 %.
principale de cette région est l'élevage, celui des ovins
La haute et longue crête du Moyen Atlas oriental surtout qui représentaient plus de 80.000 têtes en
constitue un ensemble lithologique dur qui a été 1963. L'éloignement des points d'eau, la médiocre
profondément entaillé par l'érosion. L'altitude élevée qualité et la détérioration des alpages, joints à la
par rapport au niveau de base de la Moulouya et le politique exhaustive des éleveurs, sont les causes
climat humide et froid ont favorisé l'érosion qui essentielles de la pauvreté du cheptel. Les surfaces
aboutit à la formation de versants abrupts très cultivées couvrent environ 1.000 hectares et n'ont
disséqués au-dessus de la vallée et de vastes cirques pour but que l'alimentation familiale (blé, orge et
(Taouchguelt) intra-atlasiques débouchant sur la légumes).
Géologie
surfaces pédimentaires : synclinal de Berkine et aval
des gorges d'Igli sur l'oued Zobzit.
Le Moyen Atlas plissé, hormis son versant
moulouyen qui a un profil régulier, est une succession STRUCTURE
d'est vers l'ouest de rides anticlinales fracturées,
Le Moyen Atlas plissé est formé de quatre rides
séparées par des zones synclinales.
anticlinales parallèles se succédant du nord-ouest au
La succession stratigraphique du Lias au Malm sud-est et séparant de larges zones synclinales :
de niveaux marneux tendres et de niveaux calcaires
durs donne un étagement des pentes (faibles dans les - la « première ride anticlinale » borde le
marnes et fortes dans les calcaires). Dans les cuvettes, flanc oriental de la boutonnière paléozoïque du massif
de Tazzeka au sud-est de Taza et se poursuit vers le S
l'importance des affleurements de marnes ravinées
par une ligne d'anticlinaux faillés par l'accident nord
donne un paysage de « bad-lands » et par endroits des
moyen-atlasique ;
GUERCIF
ZA
FES - TA TAZA
SCHEMA STRUCTURAL COULOIR
DU MOYEN ATLAS
T
PLAINE
IR
AR
D'après G. COLO
OU
Synclinal
de DE
J.
Légérement modifié et simplifié FES TAHALA BECHYINE
GUERCIF
Synclinal
R
K
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S -
J.
NE
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Synclinal ER
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MEKNES TAZARINE Synclinal
MOU GHE
DE H I
de RA J.
SEFROU
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I BOU RACHED
P LA T
U Synclinal
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J. HE
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BERKINE
IMMOUZER TAM TROUCHT IR
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EL HAJEB
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M
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J.
U
BO
J.
R
TIZI N'TAMALOUT
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Synclinal
SS
Synclinal
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de
de 3354
U
TILMIRCET
BO
SKOURA Synclinal
QUE
IFRANE
J.
d'OUAOULZENT
E
ASI XSynclinal
U
I Q EN
d'IMMOUZERE
T
ATL
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MARMOUCHA
EN
AZROU E T Synclinal
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M
CI
M
D
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OU
E
MJ
T
OU
A
U Formations jurassiques
J.
A
D 'A
H Formations anté-jurassiques
SIF Accidents
M AS 0 100 20 30 40 Km
BOU MIA
MIDELT
Fig. 21
NW SE W Adrar N'siouane
J. Moussa ou Salah
3500 J. Izediane E
Adrar Ouizoukkane
Adrar N'tborda
3000
Tinesmet
Souf N'saft
2500 Tamjett I
O. BeniBhar Raggou
2000 Cöne de Reggou
1500
1000
500
NW Ich Aberchane
2500
Koudiat Tastert
J. Bou Ichoudane SE II COUPES A TRAVERS LE MOYEN ATLAS PLISSE
2000
Maïter
1500
Cöne de Maïter Plaine de Tendit
(NORD - EST)
1000
500
q4 Quaternaire récent
Ich Ouaziz
W E
J; Arherdis m pc Pontico-pliocène
J. Tirherdine
2500 Izaarourène A. Issafsafène
III J m4 Bathonien moyen - Callovien
2000 J. Zabzil
Jm 3 Bojocien supérieur - Bathonien moyen
1500
Jm 2c
Jm 2 J m Dl Aoléno bajocien sup
1000
Jm 1
500 Ji 3
? Toacien
WNW Ji 2 Pliensbachien
Takroumt
IV
t Trias
1500
1000 0 5 10 km
500
Fig. 22
70 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
W E
W E
Leh Ouaziz
Ji1
Anticlinal
Jm2
d'Irrouba
Jm1
Ji3 Jm2
q Quaternaire
- la « zone synclinale septentrionale » est composée manifestations volcaniques quaternaires dans la zone
du N vers le S des synclinaux de Bechyine, de axiale (volcans de l'Ierfoud et de Tamjilt) ;
Meghraoua, et de Tazarine à cœur de marnes - la « zone synclinale méridionale » est constituée des
toarciennes, puis des synclinaux à cœur post- synclinaux de Bou-Rached, Berkine, Tizi NTamalout,
jurassique du Zloul, de Skoura, de Felledi et de Bou- Ouaoulzent et Immouzère des Marmoucha ;
Angueur ; - la « quatrième ride anticlinale » est jalonnée par les
- la « deuxième ride anticlinale » est marquée par les jbels Bou-Nasseur, Irhesdis, Tsiouant et Tafgourt.
jbels Ouarirt, El-Ahmar, Missiougène, Tichoukt,
Habbou, etc., faillés sur leurs flancs ouest par Au nord-ouest, en rive droite de la Moulouya, la
l'accident « moyen-atlasique » ; ride de Kebibicha - Haloua - Richa se trouve dans le
- la « zone synclinale médiane » comprend les prolongement de la « quatrième ride anticlinale »
synclinaux de Tamjout, Tamtroucht, Taffert, Tilmir- (dans le prolongement du jbel Irhesdis).
cet, El-Mers, Oudiksou et Aït-Kermouss ; Les grandes lignes structurales ont une orienta-
- la « troisième ride anticlinale » est constituée par les tion générale SW-NE et sont recoupées par des
jbels Ighefker, Tanout et Bou-Iblane, bordés de grands accidents W-E, NW-SE ou NE-SW plus récents.
accidents sur leurs flancs et montrant des témoins de
MOYEN ATLAS PLISSÉ 71
300
200
400
600 Bab Guercif
400
500
Taza
0
500 0 merzouka
80
90
600
400 80 70
500 900 0 0
lou
1000 llou
Me
ne O.
aou 1100
600 O. In 1200
1300
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Fès Touaba
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bou .M 1400 BelFarah
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Berkine
40
O. Zloul
350
600 Aïn Timerdine 700
800
900 600
600
Mdez Tendit
1000
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O.
0 Station hdrométrique
40 O. Sid
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600
Courbe isohyète (mm)
250 O.
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A gu Zaïda
O. Se erc
if Limite de bassin versant
Ansegmir
40
0
60
500
Midelt
ir
gm
se
An
O.
Par : I. Zeryouhi
450
500
550
600
650
200 Oujda le : 29 - 3 - 74
Fig. 24
Les rides anticlinales au tracé sinueux sont des anticlinaux : ces formations sont souvent salifères
jalonnées d'accidents très importants et sont dissymé- (gypse et sel gemme) et donnent lieu à des
triques, toujours plus ou moins déversées vers le NW exploitations de sel (Khorgia et Msabel).
et passant parfois à des plis couchés ou à des plis-
Le Lias n'affleure que dans les anticlinaux et ne
failles, faisant fréquemment affleurer le Trias.
couvre qu'une faible étendue en dehors du massif du
Bou-Iblane. Il est formé de calcaires dolomitiques
STRATIGRAPHIE (Lias inférieur et Domérien), de calcaires marneux
Le Primaire affleure au NW dans la région de (Lias supérieur) et de marnes du Toarcien (synclinal
Taza (Massif de Tazzeka) et au S (massif de Aouli) et de Bechyine). Les épaisseurs de ces assises sont
est constitué de schistes bruns et de roches éruptives et respectivement de 200 à 300 m, 200 m et 150 à
200 m.
métamorphiques.
Le Permo-Trias se présente sous forme de Le Dogger est constitué par une puissante série
basaltes doléritiques et d'argiles rouges dans les cœurs de marnes et de calcaires occupant les cuvettes
72 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
synclinales sur près des 3/4 de la superficie de la dans les synclinaux de Skoura, de Tilmircet, des Aït-
chaîne (marnes de Boulemane, dans le synclinal de Youb et de Bou-Rached.
Berkine).
Le Crétacé, formé par une série de marnes et de
Le Dogger présente deux faciès de part et d'autre calcaires s'étendant du Cénomanien au Danien,
de l'axe anticlinal de la bordure orientale du Moyen affleure dans les parties centrale et méridionale du
Atlas. Le flanc SE qui plonge sous la vallée de la Moyen Atlas plissé (synclinaux d'El-Mers et de
Moulouya est constitué par 400 à 600 m de calcaires Skoura) et en Haute Moulouya.
dolomitiques et dolomies datés de l'Aaléno-bajocien.
Le Tertiaire, représenté par des marnes gypsi-
Le Bathonien a été érodé. Cette série dolomitique du
fères et des conglomérats, affleure essentiellement
Dogger est dite de faciès Moulouya. Le flanc NW
dans les synclinaux du Mdez et d'Immouzère des
comprend 500 à 600 m de marnes dites de Boulemane
Marmoucha. D'autres affleurements de moindre im-
et datées de l'Aaléno-bajocien ; cette série est typique portance sont localisés dans les synclinaux de Bou-
du faciès dit Moyen Atlas. Le premier faciès a des Angueur au SW et de Bou-Rached au NE, où ils se
affleurements réduits à la retombée de l'Atlas sur la confondent avec les puissants affleurements du
Moulouya, entre les jbel Tafgourt au S et Irhesdis au Tertiaire de la plaine de Guercif.
N. Le deuxième constitue la majeure partie des
affleurements aaléno-bajociens du Moyen Atlas. Enfin au Quaternaire, d'importants épanche-
ments volcaniques ont formé des coulées et des nappes
Le Malm est représenté par des séries gréseuses
basaltiques, développées surtout dans le Haut Guigou
dont la base est attribuable au Bathonien. Il affleure
et dans la partie nord-est du Moyen Atlas : volcan de
Ierfoud et coulée de Tamjilt.
Climatologie
(fig. 24, 25, 26, 27)
Le Moyen Atlas plissé, par son altitude élevée et PRECIPITATIONS
sa situation géographique face aux influences océa-
La pluviométrie annuelle est variable dans le
niques, possède un climat humide et froid caractérisé
Moyen Atlas plissé (fig. 24). Elle passe de plus de
par d'importantes chutes de neige en hiver.
1.400 mm dans le massif du Tazzeka au sud de Taza, à
300 mm dans l'extrémité nord-est de la chaîne (Bou-
Rached). Ces variations des précipitations sont liées
CLIMATOLOGIE 1933-1963
DOMAINE ATLASIQUE 21 - MOYEN ATLAS (nord de la zone plissée)
Fig. 25
MOYEN ATLAS PLISSÉ 73
CLIMATOLOGIE 1933-1963
21 - MOYEN ATLAS (centre de la zone plissée)
DOMAIME ATLASIQUE
MARMOUCHA* 9.6 -0.7 11.2 0.1 13.1 1.7 16.3 3.8 18.9 6.0 24.6 9.2 30.9 13.0 30.2 13.5 24.7 10.1 19.2 8.4 14.9 3.3 9.9 -0,2 18.6 5.5
( 1925- 1956)
Fig. 26
CLIMATOLOGIE 1933-1963
DOMAINE ATLASIQUE 21 - MOYEN ATLAS (sud de la zone
plissée )
Fig. 27
74 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
STATION DE BERKINE
300
200
100
0
1933 - 34
1950 - 61
40 - 41
50 - 51
Pluviométrie moyenne mensuelle
Moyenne mensuelle des maximums journaliers
Moyenne mensuelle des minimums journaliers Altitude = 1280 m
Somme moyenne mensuelle des maxi. et mini journaliers Latitude = 33° 45'
Plioviométrie en mm
Température en °C
50
40
30
20
10
0
S O N D J F M A M J J A S O N D
Fig. 28
aux circulations d'air, elles-mêmes régies par les comme celles que reçoivent les chaînes internes du
reliefs montagneux ; c'est ainsi que les parties nord et Moyen Atlas.
ouest des chaînes montagneuses exposées aux influen- Le régime pluviométrique est marqué par deux
ces océaniques sont les mieux arrosées ; les vents maxima : novembre-décembre et mars-avril et mi-
venant de l'ouest buttent sur les massifs montagneux nima : juillet-août (fig. 28 et 29). La neige dont les
internes de la chaîne sur lesquels ils s'épuisent presque hauteurs ne sont pas connues dans le Moyen Atlas
complètement sous forme liquide et solide. Arrivés à la plissé, couvre les sommets à partir de 1.400 ou
ride terminale, leur concentration n'est plus alors 1.800 m entre novembre et mai et peut apparaître
suffisante pour donner naissance aux fortes pluies jusque dans la moyenne vallée de la Moulouya.
MOYEN ATLAS PLISSÉ 75
DIAGRAMME OMBROTHERMIQUE
Pluviométrie moyenne mensuelle
Saison sèche
Zone des minima journaliers moyens >10° C
Zone des maxima journaliers moyens > 30° C
Saison humide
Altitude : 1650 m
STATION
IMMOUZERE DES MARMOUCHA
60
55
50
45
40
35
30
25
20
15
10
-5
J F M A M J J A S O N D
Fig. 29
TEMPERATURE EVAPOTRANSPIRATION
Le Moyen Atlas plissé présente dans l'ensemble Si l'évapotranspiration calculée d'après la mé-
des températures peu élevées : à Berkine et à thode de Thornthwaïte montre un excédent d'eau dans
Immouzère des Marmoucha, la moyenne annuelle est la partie occidentale du Moyen Atlas, il n'en est pas de
de 12°C. D'octobre à avril la température peut même vers l'est où un déficit du bilan hydrique est
descendre en-dessous de zéro. Les températures enregistré aux stations de Berkine (fig. 30) et
moyennes maximales et minimales sont enregistrées d'Immouzère des Marmoucha. Cependant on note
respectivement en juillet-août et de décembre à février. d'importants ruissellements, favorisés par la topogra-
76 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
mm
40 Précipitations
Evapotranspiration potentielle
30
Déficit
10
00
d'eau du sol
d'eau du sol
0
344 mm
0
76 mm
0
0 76mm
S O N D J F M A M J J A S O N D
phie très pentée du Moyen Atlas plissé dans le bassin Les différences climatiques entre les régions du
de l'oued Melloulou et vers les affluents de l'oued Moyen Atlas plissé sont dues principalement à leur
Sebou. exposition plus ou moins grande aux influences
océaniques et à leur altitude. La partie orientale du
Les indices climatiques de Thornthwaite mon- Moyen Atlas présente des influences continentales
trent que le climat du Moyen Atlas central (Immouzère dues à la proximité du domaine aride de la Moulouya
des Marmoucha) est du type subhumide, mésother- et des Hauts Plateaux du SE marocain.
mique, à surplus modéré en hiver, évoluant vers l'est
en climat semi-aride, mésothermique, sans surplus en
hiver.
Hydrologie
- l'oued Sebou et ses affluents Zloul, Maâsser,
Deux importants cours d'eau drainent le Moyen Guigou et les nombreux petits cours d'eau qui
Atlas plissé ; débouchent au nord dans l'oued Inaouène.
- l'oued Moulouya par ses affluents de rive Les deux collecteurs principaux sont jaugés en de
gauche qui sont : l'oued Melloulou au nord, les oueds nombreux points à raison de deux jaugeages par mois
Chouf-Cherg, Cheg-El-Ard et Bou-Rached à l'est ; en plus des jaugeages de crue aux stations principales.
Tableau 19
Oued Type de station année de Superficie du
Station N° I.R.E. hydrométrique mise en bassin versant
service contrôlé
(km2)
Melloulou
Guercif 184/17 principale 1952 2 598
Sebou
Guigou 585/22 principale 1970 -
Maâsser 511/22 secondaire 1973 -
Mdez 582/22 principale 1955 3 435
Zloul 113/23 secondaire 1973 -
Timedrine 581/22 principale 1933 4 387
Azzaba 583/22 principale 1957 4 800
MOYEN ATLAS PLISSÉ 77
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
Le mois d'avril représente pour la totalité de la calco-magnésienne à salinité variable, entre 0,2
période un maximum de débit moyen mensuel avec (hautes eaux) et 0,6 g/1 (étiages ) (voir fig. 31).
25,4 m3/s, alors que le minimum de 2,1 m3/s est en
OUEDS BOU-RACHED, CHEG-EL-ARD ET
août : 47 % de l'écoulement annuel a lieu en trois
mois : mars, avril et mai. Les volumes écoulés en hiver CHOUF-CHERG
et au printemps représentent 81 % des apports Ces trois oueds drainent la ride orientale du
annuels. C'est la caractéristique des régimes torrentiels Moyen Atlas plissé. Des jaugeages sont effectués
atténués drainant le Moyen Atlas plissé. depuis peu de temps sur les stations secondaires des
Le coefficient d'écoulement est de 28 % compte oueds Cheg-el-Ard et Chouf-Cherg.
tenu d'une pluviométrie annuelle moyenne de 520 mm L'écoulement dans l'oued Bou-Rached n'est
pour tout le bassin du Melloulou. La même valeur a été qu'exceptionnel et est fortement influencé par la
trouvée pour le haut bassin du Sebou drainant k proximité de la région très aride de la plaine de
versant occidental du même massif montagneux. Guercif.
Les étiages minima sont très faibles (0,02 m3/s) Une étude de D. Lazarevic (1970) a permis de
et l'oued peut s'assécher à Guercif (été 1967), surtout reconstituer les débits de ces trois cours d'eau par
en raison des prises pour l'irrigation en montagne puis corrélation avec les stations hydrométriques existantes
dès l'entrée dans la plaine de Guercif. dans le bassin de la Moulouya. Les résultats de cette
Les crues sont nombreuses : une dizaine par an. étude doivent être considérés avec prudence. Deux
La crue maximale enregistrée est de 2.000 m3/s (27- stations sont en cours de construction sur les oueds
5-1963). La formation des crues est influencée par Cheg-el-Ard et Chouf-Cherg et entreront en service
les fortes pentes du terrain qui est remarquable-ment en septembre 1974.
reboisé, ce qui atténue le caractère torrentiel du régime
d'écoulement. Les débits maxima millénaires et La salinité de l'eau de l'oued Cheg-el-Ard est
centenaires de l'oued Melloulou sont estimés à Guercif comparable, tant du point de vue qualitatif que du
à: point de vue du faciès, à celle de l'eau du Melloulou.
Tableau 20
Superficie du Pluviométrie Débit moyen Coefficient débit
Oueds bassin versant annuelle annuel en m3/s d'écoule-
ment année année
. en km2 en mm fictifs continus humide sèche
Bou Rached 256 341 1.07 0,38 3,3 0,28
Cheg-el-Ard 323 303 1,27 0,41 3,75 0,42
Chouf-Cherg 1.554 340 3,46 0,20 7,20 0,65
nature karstique du terrain et du faible développement amont, montre que les apports des sources Aïn Sebou
du réseau hydrographique. et Aïn Ouamender et du bassin du Zloul sont trois fois
supérieurs à ceux du Sebou à la station du Mdez pour
L'écoulement maximal a lieu en avril et le un bassin versant 3,5 fois plus petit.
minimal en septembre. L'hiver et le printemps
apportent 75 % de l'écoulement annuel. Le plus grand Les débits de la crue millénaire du Sebou sont
nombre de crues a été enregistré en janvier. Des crues estimés à 1 460 m3/s à la station du Mdez et à
ont été aussi enregistrées en période estivale : le mois 2 000 m3/s à la station d'Aïn Timedrine.
d'août se distingue par des crues allant jusqu'à 200
m3/s. L'eau de l'oued Sebou à Aïn Timedrine est
bicarbonatée magnésienne à salinité variable, entre
La comparaison des débits à Aïn Timedrine (IRE 0,1 mg/1 (hautes eaux) et 0,6 g/1 (basses eaux)
581/22) et à la station du Mdez (IRE 582/22) en (fig.!!)
Hydrogeologie
Le Moyen Atlas plissé se compte parmi les - le versant atlantique (bassin du Sebou).
chaînes les mieux arrosées du Maroc. La situation
élevée des affleurements calcaires du Lias et accessoi- Seuls les exutoires donnant sur le bassin de la
rement du Dogger, favorise leur alimentation par une Moulouya conservent leurs caractères d'origine souter-
réduction de l'évaporation et un écoulement mieux raine (sources isolées), tandis que les grosses sources
régularisé par la fonte des neiges. du versant atlantique rejoignent directement les
affluents du Sebou qui de ce fait possède un régime
GENERALITES remarquablement régularisé.
Par sa structure relativement complexe et ses
dénivelées importantes, le Moyen Atlas plissé présente Sur le versant oriental du Moyen Atlas plissé les
peu d'intérêt en hydrogéologie, contrairement au eaux souterraines ont les destinées suivantes :
Moyen Atlas tabulaire. Par contre les facteurs - sources de déversement à la limite nord-est et
d'alimentation particulièrement favorables font de en Moyenne-Moulouya, en relation avec les failles et
cette chaîne un véritable château des eaux souterraines flexures affectant les structures anticlinales,
alimentant et régularisant deux des principaux oueds
du Maroc : le Sebou à l'ouest et la Moulouya à l'est et - abouchement direct entre le Miocène inférieur
au nord-est. L'hydrologie superficielle est directement conglomératique et le Lias sous la couverture mar-
conditionnée par les phénomènes karstiques et par neuse du Miocène de la plaine de Guercif,
conséquent par l'hydrogéologie. - abouchement avec les conglomérats du Mio-
Les formations aquifères du Moyen Atlas plissé cène et les calcaires du Turonien en Haute-Moulouya.
sont nombreuses mais d'importances très variables. Le LES FORMATIONS AQUIFERES
niveau aquifère du Lias (calcaires et dolomies) reste
comme dans le Moyen Atlas tabulaire un réseau Le Lias constitue l'aquifère le plus important de
fissuré du type karstique, avec prédominance du tout le Moyen Atlas. Dans le synclinal de Berkine, la
régime turbulent. nappe du Lias n'est connue qu'au sud de la faille de
l'Amezloy ; elle se manifeste par de grosses sources
Le style tectonique : anticlinaux aigus et souvent alimentées par le massif du Bou-Iblane (Aïn Tamen-
failles, faisant affleurer l'imperméable (Trias) et larges dert IRE 383/23 à débit supérieur à 300 1/s, Aïn
cuvettes synclinales remplies de formations imperméa- Ayelmous IRE 412/23 à débit de 20 1/s, fig. 32) et le
bles du Dogger, commande l'allure générale de massif du Bou-Nasseur (Aïn Tittaouine IRE 216/23 à
l'écoulement qui se fait généralement le long des zones débit de 80 1/s, sources des Ouled-Ali : IRE 206 à
synclinales et débouche dans de petits bassins dont les 2 1 1 / 2 3 d'un débit total de 150 1/s). A la limite sud du
principaux coïncident avec les principales cuvettes Moyen Atlas plissé, la source Aïn Laraïs (IRE
synclinales du Moyen Atlas plissé : 152/30, Q = 250 1/s), dans le sillon d'Itzer,
témoigne de l'importance de la nappe du Lias.
- le bassin du Haut Guigou,
- le bassin du Mdez, Le Dogger constitue un aquifère non moins
- le bassin des Marmoucha, important et se manifeste par de nombreuses sources
- le bassin de Berkine—Bou-Rached, réparties dans la vallée d'Almis des Marmoucha (fig.
- les bassins de la bordure orientale de la chaîne. 33) où une quarantaine de points d'eau exploitent 150
1/s d'une eau de bonne qualité chimique à faciès
Les eaux du Moyen Atlas plissé ont deux bicarbonaté calco-magnésien. La situation favorable
exutoires : de cette vallée, jointe aux ressources en eau disponi-
- le versant méditerranéen (bassin de la Mou- bles, devraient permettre une mise en valeur agricole
louya). plus étendue.
80 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Sources du Lias
W E
Jbel Tanout
Ji1
Jbel Chercha
Jm1
Ji I-2
Souf Beni
Mansour
Ji3
Aïn Tamendert
(n° I.R.E. 383/23)
E
W
Jbel Chercha
Jm 1
Fig. 32
2000
Puits du Cheik
1800
1600
1400
1200
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 Kms
LEGENDE
Fig. 33
80 1/s, Aïn Onçar IRE 43/23 à Q = 100 1/s) et par chacune) alimente une nappe phréatique dans le
son abouchement avec les formations alluviales de la remplissage quaternaire du sillon d'Itzer. La recon-
vallée de la Moyenne-Moulouya (nappes phréatiques naissance de cette nappe du Dogger sous la plaine
de Tendit et d'Outat-el-Hadj). L'hypothèse de la d'Engil n'a cependant pas été fructueuse, puisqu'à la
circulation de l'eau de cette nappe vers le bassin de la suite d'une étude par prospection géophysique, le
Moyenne-Moulouya est retenue. Cette circulation est forage IRE 3 1 / 3 0 a été stérile bien qu'il ait traversé
perturbée par la présence d'importantes failles de une épaisseur de 126 m dans les calcaires et dolomies
bordure du Moyen Atlas, mettant en contact le Dogger du Dogger.
de la Moyenne-Moulouya avec le Lias du Moyen Atlas Dans le synclinal de Bou-Rached, les « grès de
(le forage IRE 278/23 a permis d'évaluer le rejet de Bou-Rached » du Jurassique supérieur représentent le
cette faille à plus de 500 m). dernier niveau aquifère de la série jurassique recou-
A Meghraoua, une petite nappe existe dans les verte en discordance vers le nord par les formations
marno-calcaires de l'Aalénien mais son extension est miocènes du bassin de Guercif. La présence de sources
limitée en raison de la présence d'une faille qui dans ces grès est liée au pendage subvertical de la série
constitue une limite hydrogéologique au sud de gréseuse.
laquelle la présence d'eau dans cette formation est Du point de vue chimique, toutes les eaux ont un
exclue. faciès bicarbonaté calco-magnésien à résidu sec à
A Engil, en bordure nord du sillon d'Itzer, la 180°C inférieur à 1 g / 1 , sauf à Bou-Rached où le
nappe des calcaires du Dogger mise en évidence par faciès chloruré sodique avec abondance des sulfates
une trentaine de sources à faible débit (0,1 à 5 1/s prédomine (fig. 35).
82 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Jm DL
q 2-3 Glacis quaternaire
Grès, conglomérats
Adrar n'Tbarda mpc
et marnes
q 2-3
Jm DL
Maïter
q 2-3 38/23
mpc
Jm3
Jm DL
Stah el Arhar
Coupes schématiques
37/23
Jm4 Fekkous
Fig. 34
Dans le bassin de l'oued Zobzit (oued Mellou- ressources en eau existantes vers les vallées qu'elles
lou), les débits en eau pérenne s'élèvent à 1,7 m3/s dominent devrait permettre une mise en valeur plus
fournis essentiellement par les nappes du Lias et du poussée qu'elle ne l'est actuellement.
Dogger. Dans le bassin de Berkine, trois petits périmètres
Dans le Moyen Atlas plissé, la topographie très peuvent être aménagés ; il s'agit de Tamjilt, de
accidentée ne permet pas l'exploitation des eaux à des Tinesmet et de Bou-Rached. De même il faut noter le
fins d'irrigation sur de grandes superficies et seules les cas de la petite vallée atlasique d'Almis des
terrasses alluviales en bordure des cours d'eau sont Marmoucha dont la mise en valeur peut être accrue en
activement mises en valeur à partir de dérivations raison de la situation et des ressources en eau
d'eau d'oueds ou de sources. L'aménagement des existantes.
MOYEN ATLAS PLISSÉ
8
3
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
En ce qui concerne les eaux superficielles, seules des cours d'eau. La violence des crues de l'oued Zobzit
peuvent être confectionnées de petites digues permet- ne permet la construction que de petits barrages
tant d'irriguer, grâce à des séguias dont le tracé suivra traditionnels de dérivation en terre et troncs d'arbres,
les courbes de niveau des terrasses alluviales le long reconstruits après chaque crue importante.
84 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
REFERENCES
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n° 64, 88 pp.,1 fig., 8 pl. photo.
3.21
LE MOYEN ATLAS
3.21 – 1
Introduction géographique
Le terme de Moyen Atlas désigne le vaste ensemble en rive gauche du bassin versant de l'Oum-er-Rbia à
montagneux encadré au nord par le couloir Sud-Rifain Khénifra. Cette limite se prolonge vers le nord-est par
(vallée de l'Inaouène, plaine de Fès-Meknès), au sud des hauteurs et des crêtes qui bordent en rive droite
par le Haut Atlas et la vallée de la Haute Moulouya, à l'oued Guigou (jbel Ben-Ij, Tadja). Au-delà de la
l'est par la vallée de la Moyenne Moulouya et à l'ouest route principale n° 20 qui va de Fès à Boulemane, la
par la Méséta marocaine. limite s'infléchit encore plus vers le nord-est et suit les
lignes de crêtes dominant le Causse.
La structure géologique du Moyen Atlas permet
de le subdiviser dans ses grandes lignes en deux parties La limite ouest au contraire, est marquée par
selon une ligne N-S : l'interruption brutale du Causse qui domine des
terrains primaires de la Méséta (falaises d'Ito, d'Azrou
- Le Causse moyen-atlasique ou Moyen Atlas et d'Aln-Leuh).
tabulaire à l'W,
- Le Moyen Atlas proprement dit ou Moyen A l'est, la limite est marquée également par les
Atlas plissé à l'E. falaises du Causse surplombant la boutonnière de
terrains primaires de Bsabis.
Le Causse moyen-atlasique qui sera décrit ci-
après est compris entre les latitudes nord 32° 55' et La superficie de la partie du Causse moyen-
34° Au sud, la région du Causse située dans la vallée atlasique ainsi délimitée est de l'ordre de 4 200 km2.
de l'oued Serrou (Sud du jbel Irhoud) a été écartée de
CARACTERES MORPHOLOGIQUES
cette description (cf. tome 3, Haut Atlas calcaire),
ainsi que le Causse d'El-Menzel et les bordures du Le Causse moyen-atlasique se caractérise par une
massif primaire du Tazzeka situé aunord (cf. tome 2, structure tabulaire, plus faillée que plissée, par un
couloir de Fès-Taza). Au nord-ouest le Causse relief monotone s'opposant au Moyen Atlas plissé aux
d'Agouraï a été négligé car il constitue, avec son plis accentués, aux monts élevés et aux dépressions
prolongement sous le sillon Sud-Rifain, une unité marneuses profondes. C'est une lithologie monotone
hydrogéologique indépendante. de calcaires liasiques faiblement plissés qui est
LIMITES ET SUPERFICIES responsable de cette platitude. Il s'agit en fait de vastes
plateaux karstiques diversement étages, qui surplom-
La limite nord est celle du Causse proprement dit qui bent les plaines environnantes de la Méséta et du Sais
s'interrompt à sa retombée sur la plaine du Sais, entre à des altitudes comprises entre 1 000 et 2 200 m.
Ei-Hajeb et Bhalil , mais du point de vue structural,
les formations calcaires du Causse se prolongent bien Des ondulations à très grands rayons de
au-delà, vers le nord, sous le sillon Sud-Rifain, courbure, des systèmes de failles, créent des cuvettes
jusqu'au contact de celui-ci avec les rides prérifaines ou des horsts, tels le grand horst de Michlifène qui
suivant une ligne qui, longeant l'oued Inaouène à l'est, partage le Moyen Atlas tabulaire en deux tronçons :
le prolonge jusqu'au jbel Zerhoun à l'ouest (cf. tome l'un méridional, l'autre septentrional. Les cuvettes
2. plaine de Meknès-Fès). sont nombreuses, créant des bassins versants fermés
au centre desquels existent souvent des lacs perma-
La limite sud est constituée par la ligne de crête nents ou « Dayet » (Dayet Aoua, Dayet Ifrah, etc.)
38 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Le Causse d'El-Hammam, au sud d'Aïn-Leuh, Ces conditions font que le Moyen Atlas est
présente un paysage typique de poljés adapté au réseau relativement peu peuplé par rapport à d'autres régions
de failles. Ce plateau karstique, comme tous ceux du montagneuses du Maroc. La densité de 15 à 20
même genre, a un réseau hydrographique très peu habitants par km2 marque bien sa situation intermé-
développé. diaire entre les plaines atlantiques et les steppes du Sud
et de l'Est marocain. Mais il faut également souligner
Seules quelques rivières coulent en permanence :
les très fortes inégalités locales dans la répartition du
Sebou, Oum-er-Rbia, Tigrigra, Aggaï et aussi dans, la
peuplement ; dans quelques fonds de vallées particu-
région d'Ifrane, l'oued Tizguit. Mais soulignons les
lièrement favorisées et surtout sur la bordure septen-
pertes importantes de ce dernier qui, à son débouché
trionale, les villages sont nombreux alors que par
dans la plaine de Meknès-Fès, est très souvent sec en
contre sur les plateaux, on peut parcourir d'immenses
été. Les affluents secondaires de ces rivières n'existent
étendues quasiment vides.
pratiquement qu'à l'état d'oueds temporaires qui ne
connaissent d'écoulement qu'en période de pluie. Traditionnellement, les tribus d'éleveurs noma-
des des plateaux de la Haute Moulouya traversent ces
Dans ce réseau hydrographique mal organisé,
régions au début de l'hiver pour se rendre sur les
l'importance des bassins endoréiques est grande : ils
pâturages non enneigés des bas pays de l'Ouest et du
occupent une superficie totale d'environ 600 km2 soit
Nord. Aux Bni-Mguild reviennent les terrains situés
14 % de la région étudiée et 17 % des terrains
en bordure du Sais et du Tadla, les Aït-Youssi
karstiques. Ces bassins endoréiques jouent un grand
fréquentent les dépressions qui dominent Sefrou
rôle dans l'infiltration des précipitations vers les
(plateaux de l'Amekla). D'autres tribus pratiquent des
nappes d'eau souterraine du Causse.
mouvements moins amples, ainsi les troupeaux des
Soulignons enfin l'importance des coulées basal- Ait-Lias quittent en hiver leur terrain près de Bekrit
tiques quaternaires qui, dans la région de Timhadite pour descendre aux environs d'Azrou.
surtout, forment de vastes étendues planes sans
Mais la mise en culture pour la production
végétation, parsemées çà et là de cônes éruptifs (jbel
céréalière, des terrains de parcours hivernaux du Nord
Hebri,...). Le réseau hydrographique y est également
et de l'Ouest (Sais et Tadla), a contribué à une
très mal développé. Partout où ces dalles volcaniques
limitation considérable des déplacements depuis deux
reposent sur un substratum calcaire, on peut observer
ou trois générations. De nombreux troupeaux demeu-
des dolines bien marquées d'une cinquantaine de
rent maintenant en hiver dans les contrées enneigées.
mètres de diamètre et de 20 à 30 m de profondeur,
Au début du siècle, plus de 200 000 têtes dé bétail,
formées dans les basaltes, par suite vraisemblablement
moutons et chèvres, quittaient régulièrement avec les
de dissolutions dans le karst sous-jacent. On n'observe
familles entières de leurs propriétaires, les hauts
pas ces dolines dans les basaltes là où ceux-ci ne
plateaux de Bekrit et d'Itzer pour occuper les pâturages
reposent pas sur des calcaires.
hivernaux au nord et à l'ouest du Moyen Atlas. Au
POPULATION cours des dernières années, le mouvement n'a
Population rurale intéressé que 30 000 têtes environ qui, en outre, ne
sont accompagnées que par quelques familles de
Au cours des derniers siècles, le Moyen Atlas a bergers spécialisés et rétribués.
été progressivement occupé par des tribus d'éleveurs
nomades, venus des contrées prédésertiques du Nord Population urbaine
Sahara à la recherche de pâturages dans les pays Les bordures du Causse ont attiré et fixé les
humides. La plupart appartiennent à la branche hommes par leurs ressources en eau, la douceur
sanhadja des Berbères. relative de leur climat et leur situation au contact des
Ces populations conservent une prédilection pour basses plaines fertiles. Les bordures nord et ouest du
le nomadisme, la vie sous la tente et se contentent Moyen Atlas tabulaire sont ainsi jalonnées de
d'installations temporaires puisqu'ils ne viennent bourgades d'importance moyenne, centres commer-
chercher que les réserves estivales de nourritures pour ciaux, artisanaux et administratifs, voire même parfois
leurs troupeaux et redescendent en hiver s'installer sièges de garnisons. Ainsi se présentent El-Hammam,
dans les plaines périphériques. Cependant, les divers Aïn-Leuh, Agouraï, El-Hajeb et Immouzer du Kan-
groupes humains, progressant suivant des axes paral- dar.
lèles du sud-est au nord-ouest ont, au cours des
siècles, essaimé çà et là certains éléments qui ont fini Sefrou a acquis depuis longtemps ses caractères
par établir leur zone principale de stationnement sur urbains du fait de la prospérité de son marché et de
des plateaux ou dans des vallées de la montagne ; l'activité de ses artisans. Certaines localités par contre
d'autres sont allés se fixer en bordure des grandes n'ont acquis leur importance qu'au cours des dernières
plaines du Tadla ou du Sais. Telle fut l'évolution des décennies : Ifrane. centre d'estivage et de sport d'hiver
Aït-Serhouchène. Aït-Youssi et Bni-Mguild. dans la vallée de l'oued Tizguit et Azrou. gros marché
CAUSSE MOYEN ATLASIQUE 39
de bétail et importante étape sur l'axe Mek- transhumants et son évolution actuelle ont été décrits
nes - Tafilalt. avec la population rurale dont le mode de vie est
étroitement lié à la subsistance de ces troupeaux. On a
VEGETAT10N NATURELLE
vu notamment qu'au cours des dernières années les
II pleut et il neige abondamment sur le Causse mouvements des troupeaux n'intéressaient plus que
moyen-atlasique que couvrent de belles forêts ; les 30 000 têtes environ contre 200 000 au début du
précipitations sur le plateau d'Ifrane sont de l'ordre de siècle. La majeure partie des bêtes demeurent donc en
1 200 mm/an. Mais à mesure que l'on descend vers hiver dans le Moyen Atlas où l'on peut voir apparaître
les plateaux méridionaux et orientaux du Moyen Atlas, des abris en divers endroits. Malheureusement, les
les averses se font plus rares et moins abondantes, la réserves de fourrages sont souvent insuffisantes lors
couverture forestière s'éclaircit, les arbres cèdent la des hivers rudes. II se pose donc le problème d'une
place aux broussailles et à la roche nue, comme c'est le reconversion inévitable de cette économie pastorale.
cas dans la vallée du Guigou.
AGRICULTURE
La forêt est constituée essentiellement de chênes
verts et de cèdres. Le chêne vert occupe les parties Très peu développées autrefois, les cultures de
basses du Causse, puis se mêle à des essences à céréales s'intensifient d'année en année. Elles cou-
feuillage caduc à mi-pente, enfin le cèdre s'étend vrent progressivement les dépressions du Causse où se
surtout au-dessus de 1 600 - 1 700 m où les sont accumulés un peu de limons.
précipitations sont abondantes. Au-dessus de
2 000 m, le cèdre ne constitue plus que des futaies de Cette transformation qui s'accomplit aux dépens
vieux arbres et la régénération ne se fait plus. Les des anciens collectifs des tribus s'accompagne d'une
boisements de cèdres soulignent de loin les reliefs concentration de la propriété aux mains d'une sorte de
isolés que séparent des étendues planes, dénudées, aux bourgeoisie rurale issue des grandes familles pastorales
herbes rares. disposant d'une main d'œuvre suffisamment abon-
ELEVAGE dante. Outre le développement des cultures céréalières,
on assiste actuellement à celui des cultures irriguées
L'élevage concerne essentiellement les ovins sous l'impulsion notamment de l'Administration qui
auxquels se mêlent quelques caprins. C'est un élevage met en projet l'amélioration des périmètres tradition-
extensif sur des terrains de parcours. Ses mouvements nels existants.
Géologie
Les recherches géologiques sur le Causse ont été qui correspond aux bordures liasiques de l'anticlinal
successivement menées par L. Gentil ( 1 9 1 1 - 1 9 1 6 ) , du Tazzeka. La partie occidentale est elle-même
puis P. Russo ( 1 9 2 1 à 1939) et surtout H. Termier subdivisée en deux tronçons suivant des critères
( 1 9 2 6 à 1936) avec la collaboration de G. Dubar structuraux : un tronçon septentrional au nord-ouest et
( 1 9 3 2 à 1954). Enfin G. Golo a longtemps travaillé un tronçon méridional au sud-est, séparés par
dans cette région à laquelle il a consacré sa thèse l'importante ligne d'accidents du Tizi-N'Tretten.
(soutenue en 1956, publiée en 1961). STRATIGRAPHIE Le substratum anté-liasique
Le terme de Causse moyen-atlasique (Termier, Le socle hercynien. Les sédiments primaires
1936) est réservé aux régions tabulaires situées composant la majeure partie de la Méséta centrale,
directement au nord et nord-ouest de l'accident nord- n'affleurent que très peu dans le Moyen Atlas tabulaire
moyen-atlasique qui les sépare du Moyen Atlas plissé où i l s n'apparaissent qu'à la faveur de quelques
situé à l'est (Colo, 1961). « boutonnières » (El-Menzel, Bsabis, jbel du Kandar,
Koudiat-Shoubat au NW de Sefrou. Par contre ils
Le Causse est limité à l'ouest par les terrains affleurent largement sur les bordures NE (Tazzeka) et
primaires du bassin de l'oued Beth (Méséta primaire W (bassin de l'oued Beth).
marocaine) et au nord-ouest par ceux du Tazzeka sur
lesquels il repose. Au nord, la limite est déterminée Ce socle laisse pointer les roches dures du
par les terrains de recouvrement tertiaires et quater- Primaire (grès, calcaires, quartzites) au sein de schistes
naires du couloir Sud-Rifain sous lesquels il s'ennoie tendres déblayés par l'érosion. C'est le paysage
en un vaste synclinal dissymétrique, interrompu sur qu'offre en particulier la vallée de l'oued Tigrigra dans
son flanc nord au contact du Rif et du Prérif (cf. la région d'Azrou. L'échancrure d'Azrou correspond à
Ressources en Eau du Maroc, tome 2, chapitre •. Plaine un anticlinorium hercynien faille dont l'orientation
de Meknès-Fès et couloir de Fès-Taza). NE - SW est celle des grands accidents du Moyen
Atlas. L'érosion du Causse, guidée par cette grande
G. Colo a subdivisé le Causse moyen-atlasique zone faillée, y a été plus rapide. Ces accidents ont
suivant des critères géographiques et structuraux. Il rejoué postérieurement et ont affecté la couverture
distingue une partie occidentale qui va de la bordure de liasique dans le sens NE - SW avec un affaissement de
ia Méséta à l'oued Sebou à l'est et une partie orientale
40 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Tordre de 200 m du Causse d'El-Hajeb au N W par d'Ifrane, le Pliensbachien est représenté dans la part
rapport au Causse d'Ifrane. supérieure des dolomies litées qui forment le terme
supérieur du Lias inférieur.
Le Permo-Trias. Il est constitué par une série de
marnes et argiles rouges, parfois violacées, gypsifères, Le Domérien est constitué ensuite par la
salifères, au sein de laquelle s'intercalent des coulées succession suivante, de bas en haut :
de basaltes doléritiques ; le Permo-Trias repose en - calcaires lités : 10 à 15 m
discordance sur la surface post-hercynienne. Cette - dolomies intercalaires : 20 m
série affleure à la base de la couverture liasique, à la - calcaires lités : 1 0 m
faveur des boutonnières et sur la périphérie des - dolomies supérieures : 20 à 25 m.
causses. Elle jalonne l'accident nord-moyen atlasique Alors que le Lias moyen du tronçon septentrional
qui peut la masquer localement. du Causse est essentiellement dolomitique, celui du
tronçon méridional est essentiellement calcaire. La
Vers le nord, le Permo-Trias est inapparent car il
ligne d'accident du Tizi N'Tretten marque bien le
s'enfonce avec le Causse sous la couverture tertiaire du
changement de faciès.
couloir Sud-Rifain.
Le Lias supérieur et le Dogger
En général, la série permo-triasique a partout la
même composition et les mêmes caractères et l'on Avec le Toarcien apparaît un changement radical
trouve de bas en haut : dans la sédimentation et les faciès marneux prennent
- un niveau détritique de base comprenant des beaucoup d'importance. Cependant, les sédiments du
conglomérats, des pélites et grès pourpres ; Lias supérieur et du Dogger sont beaucoup moins
- une série pélitique rouge à passées verdâtres ou représentés que les séries dolomitiques et calcaires du
violacées. Ces pélites sont imprégnées un peu partout Lias inférieur et moyen.
de sel et de gypse ;
- une série basaltique (dolérites) s'intercalant au sein A partir du Toarcien supérieur commence à se
de la série pélitique rouge, mais leur rapport développer une série marnocalcaire qui se poursuit
stratigraphique est très variable. L'épaisseur de ces durant tout l'Aalénien et le Bajocien inférieur.
basaltes peut atteindre 150 m (causse d'El-Hajeb). Alors que le Bajocien moyen présente un faciès
Le Lias nettement marneux (marnes de Boulemane), le
Bajocien supérieur est représenté par une série de
Le Lias inférieur. Avec le Lias inférieur débute la calcaires plus ou moins dolomitiques appelés généra-
formation des dolomies et calcaires qui constituent le lement « calcaires corniches ».
principal matériau du Causse. Dans le tronçon
septentrional, la sédimentation liasique débuterait à Le Bathonien ne serait présent que sporadique-
l'Hettangien, étage représenté par des niveaux de ment dans le synclinal de Bekrit. Le reste du
marnes et calcaires marneux ou dolomitiques de faible Jurassique est absent (phase d'émersion).
importance (1 à 5 m), affleurant en divers points au Le Crétacé
pied de la bordure occidentale entre El-Hajeb et Ben-
Smime. Au-dessus de ces niveaux, le Lias inférieur est Dans le Moyen Atlas tabulaire, les dépôts
représenté par une série dolomitique d'environ 150 m crétacés ne sont représentés que dans le synclinal de
d'épaisseur où l'on peut distinguer trois grands Békrit - Timhadite, à partir du Cénomanien légère-
ensembles qui sont de bas en haut : ment discordant sur le Jurassique. Cénomanien et
Turonien sont sous des faciès d'alternances calcaires et
- des dolomies sableuses, marneuses, le Sénonien très épais étant franchement
- des dolomies marneuses, marneux dans l'ensemble.
- des dolomies litées.
Le Tertiaire
Cette succession, définie dans la région d'Ifrane,
n'est cependant pas générale et le Lias inférieur peut L'Oligocène, le Miocène et le Pliocène ne
débuter par des dolomies compactes. semblent pas représentés dans les causses du Moyen
Atlas. Il convient de signaler un seul affleurement de
Le Lias inférieur du tronçon méridional du Mio-Pliocènç continental au nord d'Almis du Guigou.
Causse présente de nombreux et fréquents niveaux de
calcaires et de calcaires dolomitiques. Ces derniers Le Quaternaire
sont plus fréquents dans la partie centrale du tronçon Coulées volcaniques
et le long de la ligne d'accidents du Tizi NTretten.
L'épaisseur de ces coulées basaltiques a été reconnue à
Le Lias moyen. Le passage entre Lias inférieur et la fois par géophysique et par forages. Sur le plateau de
Lias moyen est généralement difficile à reconnaître Timhadite, dans le voisinage des grands cratères (jbel
sans critères paléontologiques. Dans le synclinal Hebri, Chedifat et du Bou-Ahsine à la vallée de l'oued
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Cénomanien marno-calcaire
IA
RB Bojocien supérieur : calcaire corniche
B Coupe B
Paléozoïque (schistes - quaternaires)
KHENIFRA
260 Failles Failles certaine, masquée Faille probable, masquée
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NW 1000
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Basaltes quaternaires Sénonien (Marnes et calcaires marneux) Bajocien supérieur (Calcaire corniche)
1000
Pliocène Turonien (Calcaire) Bojocien moyen (Marnes de Boulemane)
Paléocène marno-gréseux Cénomanien (Marno -calcaire) Toarcien - Aalénien - Bajocien inférieur
et calcaire de Timhadite Lias inférieur et moyen
0 1 2 3 4 5 km
Permo - Trias
Paléozoïque Echelle des longueurs
Fig.6
CAUSSE MOYEN ATLASIQUE 41
uaigou). les coulées atteignent des épaisseurs de calcaire. Par ailleurs la série stratigraphique est plus
ordre de 150 à 200 m. Cette épaisseur va en complète, se poursuivant jusqu'à l'Eocène dans le
diminuant vers la périphérie du plateau pour atteindre secteur méridional : synclinal de Bekrit dont la
quelques dizaines de mètres. Dans la vallée de l'oued terminaison NE est totalement masquée par les
Tigrigra à l'W d'Azrou, la coulée atteint 90 m, mais se basaltes quaternaires du plateau de Timahdite et la
trouve réduite vers l'ouest à une épaisseur de 3,5 m au terminaison SE, faillée, est chevauchée par le Moyen
seuil de Sidi-Mokhfi. Atlas plissé. Dans l'ensemble les ondulations et
structures sont vastes et profondes en ce secteur, les
Les formations quaternaires
épaisseurs du Lias étant plus fortes qu'à l'W ; une
Les principales formations quaternaires se sont campagne de géophysique électrique (CAG, 1970) et
accumulées au fond de cuvettes fermées ou semi quatre forages ( 1 9 7 1 ) , destinés à situer la limite
fermées. Ce sont des dépôts de dayas, provenant de la souterraine des bassins de l'Oum-er-Rbia et du
décomposition sur place des calcaires et dolomies et du Guigou, ont permis d'obtenir une idée précise de la
ruissellement périphérique. Ces dépôts, essentielle- structure profonde du synclinal de Bekrit.
ment argileux, peuvent atteindre de fortes épaisseurs.
Les coupes géologiques de la figure 6 montrent le
Une autre formation quaternaire très fréquente prolongement du synclinal de Bekrit vers le N, au-delà
est celle que constituent les dépôts de travertins que des affleurements de Timahdite où le recouvrement
on trouve à l'émergence de chaque grande source du basaltique quaternaire masque toute structure , Lias et
Lias ou jalonnant l'emplacement d'anciennes émer- Crétacé plongent uniformément vers le S, de 10 à 20°.
gences aujourd'hui disparues ou déplacées. Ces dépôts Le synclinal comprend de fortes épaisseurs de Crétacé
de travertins ne sont d'ailleurs pas seulement quater- jusque vers le profil H (fig. 6) et le Lias calcaire est
naires mais peuvent être plus anciens (Pliocène). très profond ; vers le N, le Crétacé est de moins en
STRUCTURE DES CAUSSES moins représenté, le Lias remonte progressivement
Au NW de la ligne d'accidents du Tizi N'Tretten puis affleure en conservant la structure synclinale ; le
causses d'El-Hajeb, Ifrane, Aïn-Leuh, Imouzzer du synclinal de Bekrit se termine au niveau de la route RP
kandar), Lias inférieur et Pliensbachien dominent 20 de Fès à Boulemane sur un ensellement des
sous des faciès très dolomitiques dans des synclinaux à calcaires, et un autre synclinal d'axe à pendage NE
large rayon de courbure, d'axes NW-SE (tel le s'individualise vers le N, présentant de très fortes
synclinal d'Ifrane), ou dans des synclinaux plus pinces épaisseurs de Lias calcaire (600 m contre 250 m dans
et allongés, d'axes NE-SW, tels ceux d'Imouzzer du la vallée du Guigou).
Kandar ou ceux du Causse d'Aïn-Leuh. De manière
générale, la tectonique de cette région est calme, les Les grands accidents tectoniques du Moyen Atlas
failles étant cependant très nombreuses. ont une direction NE-SW. L'accident « Nord moyen-
atlasique » est le plus important, séparant le Moyen
Au SE, entre la ligne d'accidents du Tizi Atlas plissé du Moyen Atlas tabulaire : il longe en
N'Tretten et le Moyen Atlas plissé, se tiennent au S le particulier tout le flanc sud du synclinal de Bekrit où il
bassin de l'Oum-er-Rbia, au centre le bassin moyen de apparaît chevauchant ; cet accident est moins impor-
l'oued Guigou (affluent de l'oued Sebou) et au N, à tant au NE (pli-faille et failles) qu'au SE et abaisse le
l'aval de l'Aïn Sebou, les Causses d'Annoceur et d'El- Causse par rapport au Moyen Atlas plissé. La ligne
Menzel séparés du bassin moyen du Guigou par un d'accidents du Tizi-N'Tretten traverse NE-SW le
vaste bombement anticlinal N-S laissant apparaître le Moyen Atlas tabulaire ; c'est une importante faille ou
Primaire et le Permo-Trias (région de Bsabis). Dans réseau de failles enserrant d'étroits horsts ou grabens,
ces secteurs, les faciès dolomitiques sont moins toujours bien visible, sauf sous le recouvrement
importants qu'au N, le Pliensbachien notamment étant basaltique du plateau de Timahdite.
Climatologie
Sur le Moyen Atlas tabulaire, il existe 36 stations périphérie du Moyen Atlas ou à sa bordure immédiate,
climatiques bien réparties dans l'espace. Certaines ont permettant de préciser les conditions climatiques aux
un équipement incomplet et les périodes d'observa- limites. Ces 28 stations sont représentées sur la carte
tion, la continuité ainsi que la qualité des observations des isohyètes (fig. 10) accompagnées de l'indication
ne sont pas toujours identiques. Aussi pour la en mm de la moyenne pluviométrique annuelle
pluviométrie, 10 stations seulement ont été retenues calculée pour la période 1933-1963.
pour le calcul des moyennes mensuelles et annuelles LES PRECIPITATIONS
des précipitations. En outre, 8 stations ont été Nature des précipitations.
retenues dans le haut bassin du M'Dez et du Guigou, Au-dessous de 1 800 m d'altitude, à Ifrane, la
indispensables pour fétude du régime du haut Sebou moyenne du nombre de jours des précipitations est de
dont la vallée est située dans le Moyen Atlas plissé. 100 jours par an. Sur ces 100 jours, il y a 70 à 85
Enfin, 10 autres stations ont été choisies à la jours de précipitations pluvieuses, la neige tombe
sa
42 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
CLIMATOLOGIE 1933-1963
DOMAINE ATLASIQUE 21 - MOYEN ATLAS (Causse nord)
TAZA SMN 510 34° 13' 4° 01' nord 99 98 100 65 48 9 4 5 14 48 79 126 699
BAB BOU IDIR EF 1558 34° 04' 4° 07' nord 203 175 206 142 107 29 7 10 25 121 179 281 1485
BAB AZHAR EF 720 34° 04' 4° 17' nord 154 134 156 108 81 22 6 7 19 91 136 214 1128
TAZA 14.1 4.2 16.0 5.1 18.4 7.6 21 .0 9.5 24.6 12.0 30.7 15.6 37.1 18.9 37,1 19.1 31.4 16.9 24. 8 13.0 18.8 8.6 14.8 5.5 24.1 11.3
SEFROU 13.4 3.2 15.2 4.0 17.5 6.0 20.0 7.7 23.1 9.8 28.0 12.9 32.6 15.7 32.6 15.9 28.6 14.0 23.2 10.6 17.9 7.0 14.1 4.3 22.2 9.3
TAZA 9.2 10.6 13.0 15.2 18.3 23.2 28.0 28.0 24.2 18.9 13.7 10.2 17.7 420 - 4.5 C1 B'3 s2 b'4 600
SEFROU 8.3 8.9 11.8 13.8 16.4 20.4 24.2 24.2 21.3 16.9 12.4 9.2 15.7 430 0 C1 B'2 s2 a' 540
Fig. 7
CLIMATOLOGIE 1933-1963
DOMAINE ATLASIQUE 21 - MOYEN ATLAS (Causse central)
DAYET HACHLEF EF 1760 33° 33' 4° 56' centre 97 86 91 76 54 21 7 9 23 68 101 130 763
IFRANE SPGM 1635 33° 31' 5° 07' sud-ouest 144 127 135 112 79 30 9 12 34 99 149 192 1122
AZROU EF 1250 33° 27' 5° 13' sud—ouest 100 90 98 93 62 24 6 10 35 6a 106 135 887
IMMOUZER KANDAR 10.6 -0.1 11.6 0.9 14.0 3.2 16.5 5.0 18.9 7.2 23.9 11.2 28.9 14.9 28.9 44.9 25.0 11.9 19.9 8.3 14.9 4.3 11.2 0.9 18.7 6.9
EL HAJED 12.6 2.7 14.3 3.4 16.7 5.4 19.0 6.9 22.0 9.2 27.6 11.0 32.9 16.4 33.0 16.6 26.5 13.9 22.9 10.1 17.3 6.4 13.4 3.6 21.7 6.9
IFRANE 8.4 -4.0 10.0 .2.6 12.6 0.2 15.4 2.2 18.4 4.8 24.2 8.7 30.3 12.0 30.1 12.2 25.1 8.9 18.7 4.9 13.1 1.0 9.0 -2.7 17.9 3.8
AZROU 11.5 2.6 13.9 3.7 16.1 5.4 18.4 7.4 21.4 9.7 27.3 13.4 32.8 17.7 32.4 17.9 27.5 13.8 21.4 10.4 16.3 6.7 12.5 3.4 21.0 9.4
IMMOUZER KANDAR 5.2 6.4 8.6 10.8 13.0 17.6 21.9 21.9 18.4 14.1 9.4 6.0 12.8 430 14,6 C2 B'1 s2 a' 520
EL HAJEB 7.6 8.8 11.0 13.0 15.6 19.3 24.6 24.8 21.2 16.5 11.8 8.5 15.2 420 4,1 C2 B'2 s2 b'4 540
IFRANE 2.2 3.7 6.4 8.8 11.6 16.4 21.2 21.2 17.0 11.8 7.0 3.2 10.9 420 84,8 B4 B'1 s2 b'4 560 1780 (P) 1952-1961
AZROU 7.2 8.8 10.8 12.9 15.6 20.4 25.2 25.2 20.6 15.9 11.5 8.0 15.2 520 25,6 B1 B'2 s2 b'4 630
Fig. 8
CAUSSE MOYEN ATLASIQUE 43
CLIMATOLOGIE 1933-1963
DOMAIN ATLASIQUE 21 - MOYEN ATLAS (Causse sud)
AIN LEUH EF 1440 33° 18' 5° 20' nord-ouest 124 110 116 97 68 26 8 10 30 86 129 166 970
AIN KAHLA EF 2000 33° 15' 5° 13' nord-est 113 100 106 89 62 24 8 10 27 78 117 150 884
OUIDUANE EF 1635 33° 07' 5° 24' centre-est 118 104 110 92 64 24 8 10 28 81 122 157 918
ARHBALOU-n-IRR. EF 1T50 32° 56' 5° 24' sud-est 116 109 120 92 66 29 5 6 33 70 109 174 929
Fig. 9
pendant 15 à 30 jours et l'enneigement persiste chargée situé sur la bordure occidentale des causses
pendant 30 à 50 jours. allant de Ouiouane à Imouzzer du Kandar en passant
Au moment des précipitations, la température de par Aïn-Leuh et Ifrane.
l'air est plus élevée que par beau temps et la neige qui Vers l'est et le sud-est, les plateaux et vallées
tombe, humide et lourde, ne subsiste pas longtemps (vallée de l'oued Guigou), situés sous le vent des
sur le sol. Après quelques jours, elle fond sous l'effet premiers reliefs du Moyen Atlas (Horst du Tizi-
des températures maxima de janvier et février qui N'Tretten, jbel du Kandar,...) sont à l'abri des
avoisinent 9° C en moyenne. courants perturbés du secteur ouest. En effet, les
Au-dessus de 1 800 m, les précipitations d'hiver masses d'air humide après leur élévation et détente au
sont pratiquement toujours neigeuses, les températures vent des reliefs, redescendent et se compriment sous le
restent basses sur les sommets, aussi la neige persiste vent entraînant un assèchement de l'air et une
longtemps de façon quasi continue. Les régions les diminution des nuages. C'est pourquoi la partie est et
plus enneigées des causses sont la dorsale du Tizi sud-est des causses est beaucoup moins arrosée. La
NTretten (station de ski du Michlifène), les cônes vallée du M'Dez en particulier se situe dans un
volcaniques (jbel Hebri) et, en bordure du Causse, « creux » pluviométrique important, la moyenne
toutes les hautes crêtes qui bordent la rive droite de pluviométrique à Skoura est de 356 mm/an.
l'oued Guigou (jbel Tajda, Aït-Kaïs...). Le Causse La variation des hauteurs de précipitations avec
d'Aïn-Leuh, plus élevé, présente également un l'altitude traduit parfaitement ces répartitions distinc-
enneigement prolongé. tes et deux courbes apparaissent : l'une relative aux
Répartition spatiale : (fig. 10 et 1 1 ) postes des bordures occidentales, l'autre propre au
Par régime de secteur ouest très fréquent en secteur oriental (fig. 11).
hiver, c'est-à-dire pendant la saison pluvieuse, les Régime annuel des précipitations
premiers reliefs situés en bordure ouest du Moyen La courbe des précipitations annuelles en fonc-
Atlas s'opposent au déplacement des perturbations tion de la surface permet d'obtenir une médiane
océaniques qui, par détente des masses d'air humide et graphique de 695 mm. La moyenne générale obtenue
accumulation des nuages, entraînent une augmentation en divisant le volume d'eau moyen annuel de
des précipitations. C'est pourquoi on peut observer sur précipitations par la surface du Causse est de 730 mm
la carte des isohyètes un axe à pluviométrie très
(fig. 12).
MOYEN ATLAS TABULAIRE
COURBES ISOHYETES
FES
600 KOUMMYA
My IDRISS FES
573 633
34°
100
RHORMA
600 A. TAOUJDATE 472
483
600
MEKNES
SEFROU
654
IMMOUZZER
DU KANDAR
BSABIS
693
EL HAJEB
516
660
Agouraï
0
70
Dayet HACHLAF
0
70
IFRANE 763
1122
30'
887 70 0 0
60
0
700
AZROU 80
800
0
70
0
60
BOULEMANE
0
90
00
10
513
AIN LEUH
900
884
EL HAMMAM 1000
OUIOUANE
724
918 LEGENDE
ASSAKA NO AM
TIGUEL MAMINE Limite du bassin versant du haut
833 Sebou
817 Limite du moyen Atlas tabulaire
0
0 90 Isohyète
90 600 33°
SENOUAL
Poste d'observation météorologique
KHENIFRA 845 et moyenne annuelle (en mm)
513
666 929
ARHBALOU 0 5 10 km
N'RAOUENNE ECHELLE
30'
9°
Fig. 10
CAUSSE MOYEN ATLASIQUE 45
170 M'Dez
90
150
80
Moyenne générale sur le
Pluviometrie moyenne en mm
60 110
40
70
30
50
20
30
10
10
1100 Ifrane
1100 Fig. 12
1000
Aïn Leuh
1000 1 2 . On peut constater que toutes les stations
900 900
présentent un premier maximum en décembre après un
mois de novembre déjà fortement chargé en précipita-
Pluviométrie annuelle en mm
Azrou
800 800
El Hammam
tions. Un deuxième maximum, plus faible que celui de
700
Khénifra
El Hajeb
700
décembre est toujours enregistré en mars. Entre ces
Sefrou
600
Fès 600 maxima, les mois de janvier et surtout de février
500
Bsabis Coulemane
500
présentent un minimum relativement peu marqué. Les
M'Dez
Imouzzer des
Marmoucha
précipitations moyennes les plus basses, toujours
400 El Aderj 400
Skoura
inférieures à 10 mm, sont enregistrées au mois de
ALTITUDE
m
0 500 1000 1500 2000 juillet. Celles des mois d'août et de septembre sont à
peine plus élevées.
Fig. 11 LES TEMPERATURES
Le Moyen Atlas est une région où la température
est sensiblement influencée par l'altitude moyenne du
Les valeurs moyennes mensuelles des précipita- massif. Les valeurs enregistrées sont relativement
tions calculées sur une période de 30 ans (1933-1963) basses par rapport aux régions avoisinantes et
sont consignées pour les stations principales du Moyen confèrent une allure de climat tempéré.
Atlas et de ses bordures dans les tableaux des figures 7, Le tableau suivant montre que les températures
8 et 9. moyennes annuelles observées aux 5 principales
Les moyennes mensuelles de trois de ces stations stations climatiques sont comprises entre 10,9 et
font l'objet de la représentation graphique de la figure 15,7° C alors que la moyenne annuelle est de 17,8° C
à Fès, 17,3° à Meknès, 19,5° à Sidi-Kacem et 19° à
Missour. La température moyenne annuelle sur l'en-
semble du Causse moyen-atlasique est de 12° C.
Tableau 2
Tableau 3
Hydrologie
BASSIN DU SEBOU
Du fait de la nature karstique du Moyen Atlas L'oued Sebou ne fait que traverser le Moyen
tabulaire, le réseau hydrographique est très peu Atlas tabulaire sur un trajet assez court, son haut
développé. Seuls trois oueds pérennes importants bassin versant étant situé essentiellement dans le
prennent naissance dans le Moyen Atlas : l'oued Moyen Atlas plissé où il est contrôlé par deux stations
Sebou au nord-est, l'oued Beth à l'ouest et l'oued Oum- hydrologiques : Aïn-Timédrine à l'amont et Azzaba à
er-Rbia au sud-ouest. l'aval. La région du Moyen Atlas tabulaire drainée
FES
CARTE DES POINTS D'EAU ET SCHEMA HYDROGEOLOGIQUE Fès
Rte O.
LEGENDES
O.
O.
SE
BO
MOYEN ATLAS TABULAIRE O.
U
850
2168 2060
N°15 GEOLOGIE POINTS D'EAU
FE
2210
MAHR
KR
2287
AN
E
350
EZ
R
te
Couverture mio-pliocène et quaternaire du couloir Sondage n'atteignant pas le Lias
DI
OU
Sud-Rifain
LI
555
YH
290
FA
DE
O
Sondage atteignant le Lias (ou, dans le Saïs, la
.
O.
O.
BOUR HIOUL
CHEGGAG
58
BO
1 156
N° 152
Marnes et calcaires du Moyen Atlas pliseeé base du Miocène gréseux )
U
Ple
EL
1225
BO
CH
OU
695 221 MOU
2209
UG
IS
Ple
E
42 1224 67 288 ND
AN
LA
A
NA
1240
M
715
MEKNES
ZG
140
OU
E
O. EL BAHLIL AN
KELL 220 CH
Sondage atteignant le substratum du Lias (Trias)
.
EL HAIJA
Rte AT
O
562 750
O. EL
Terrains post-domériens du Causse
16
FE
14 15
KR
1481 à 1485
444
AN
663 445
E
O.
360
SEFROU
O.
O.
23 Karst du Moyen Atlas Tabulaire (calcaires et dolomies Sondage artésien
BO
840
21 22 20 205
FES
U ED
724
382
R
400
114
AÏ
140 SEBOU
364
O. AG
107
805 87
644 Groupe de sondages
290
184-187 383.384 Substratum imperméable (Primaine et Permo-Trias)
O.
JE
627
FALI
130
BA
74.75
110
LA
50
DE
350
109 269
EL
1170 116
493
Source d'émergence (pas de contact avec l'impérméable)
RM
20
919
20
492 366
525
IMMOUZZER
DU KANDAR
85
405 HYDROGRAPHIE
O
.
5
O.
71
ER
O
500 400
.
MDEZ
Ple
Source de déversement (conatc avec l'imperméable
LO
HB
40
27
SE
UL
70 208 100
BSABIS
708 1
Cours d'eau perenne
O.
69
SAREOU
610
10 350
80
20 709 373
545 165 500 ANNOCEUR
340 5 650 !
1
296 295
10
542 665 375 372 50 Exurgence des eaux du Lias sur le Causse
485 60 85
DAYAT 64
Cours d'eau à écoulement temporaire
IT
AGOURAI 5
O. TIZGU
710 Rte AOUA 67
10
385
386 Source de débordement ou de trop plein (contact
N°20
1 532 25
537 690
460 715
19
10 62
avec un imperméable latéral ou supérieur)
2
348
538
468 522
3
100
18 5
Canal d'irrigation bétonné
Marrakech
10 Sre 17 20
714 10
16 50 Captage de source
N°2
330 100
717
50
1
539 N°
909
42 5
3
Canal d'irrigation en terre
1 5 DAYET
54
349 5 47 210
IFRAH
2 703
347 722
10
94
IFRANE 120 Débit moyen en l/s
2
44 195 100 579
723 O
U Barrage de dérivation
OU
DE 620 UIG
IG
15 G
GU
788 88
514 634
DU
256
100 173 O
.
SKOURA 80 Débit moyen se rapportant à la période humide
SI
RAS EL MA 635
US
320 Rte
Ligne de partage des eaux superficielles 1968-1971 en l/s
YO
226
278
201 ! 172 N°909
430 450 247 Sre
520
E
702
AN
159 556
Section de jaugeages
CH
584
Bassin versant fermé
AT
585
de
AZROU
EL
A IT
225
.
O
704
GRIGRA 229
O.
210
473 ALMES DU Station hydrométrique
200
310
184 GUIGOU
Lac permanent
AS N°20
AR 24
O. AM N° BOULMANE
250 -300
84 N° d'inventaire du point d'eau
O.
O.
AIN
LEUH
624
674
150-180
638
637
HYDROGEOLOGIE
636
M 616
100-120 ek
ne 510 14 15
403
s
U Limite des indices d'inventaire et leur N°
IF
O
RA
485 555
IFRANE U
IG
Lacune connue du Lias sous le Miocène 21 22
NE
29 30 101
Limite méridionale des zones d'artésianisme
O. BOU 26
HA
RC
TIMAHDITE
H
49
HAMMAM
O. 75
50-100
IF o.
ple
R FELDI
290
AN
Sud-Rifain
EL
E
O.
.
O
Rte
IA
RB
O.
ER AT
147 LL
FE
M
U
3300
O
270
O.
Mide
lt
15000
100
260
490
480
490
500
510
520
530
540
550
560
570
580
Fig. 13
CAUSSE MOYEN ATLASIQUE 47
entre ces deux sections est située au nord-est de la versant de l'Oum-er-Rbia est la plus riche en
boutonnière primaire de Bsabis ; cependant les précipitations. La pluviométrie moyenne annuelle
mesures réalisées à la station de Azzaba étant s'élève à 800 mm en amont de Khénifra mais elle
discutables,* les différences observées avec celles dépasse 900 mm/an sur le plateau calcaire d'Ajdir où
d'Ain-Timedrine ne sont pas significatives et ne se situe le bassin hydrogéologique qui prolonge
peuvent donc être exploitées. Les résultats hydrolo- souterrainement le bassin hydrologique. La superficie
giques d'Aîn-Timedrine sont exposés dans le chapitre du bassin versant à Khénifra est de 1 086 km2 pour le
suivant (Moyen Atlas plissé). bassin hydrologique seul, mais de 2 300 km2 si l'on
ajoute le bassin hydrogéologique qui le prolonge vers
A l'aval d'Azzaba où il n'y a malheureusement
le NE.
pas de station hydrologique avant Dar-El-Arsa au
nord de Fès, l'oued Sebou draine à nouveau une partie L'Oum-er-Rbia a pour origine l'oued Fellat qui
du Moyen Atlas tabulaire et là encore aucune prend sa source au mont Serroual (2 108 m), à la
information n'est disponible. Sur l'oued Guigou, dans limite avec le bassin de l'oued Srou (affluent rive
le haut bassin versant de l'oued Sebou, une station gauche de l'Oum-er-Rbia). Avec son affluent de rive
hydrométrique a été créée en 1970 au pont de la route droite l'oued Admer-Izem, l'oued Fellat est le
principale n" 20 à Aït-Khabbach (cf. carte hydrogéo- collecteur principal de la plus haute région du bassin
logique, fig. 1 3 ) . Le bassin versant drainé en cet (synclinal de Bekrit). L'oued Fellat reçoit les apports
endroit se trouve pour une bonne part sur'le Moyen d'un groupe de sources connues sous le nom
Atlas tabulaire. Cette station serait susceptible d'ap- (injustifié) des « quarante sources » ou sources de
porter des informations intéressantes au sujet des « l'Oum-er-Rbia ». Ce n'est qu'à partir de la
infiltrations sur le Causse et des relations hydrauliques confluence de l'oued Fellat avec l'oued Bou-Idji que le
souterraines entre les bassins du Sebou et de l'Oum-er- cours porte le nom d'Oum-er-Rbia. Enrichi par les
Rbia, mais elle n'est en fonctionnement que depuis peu eaux de ces sources abondantes, l'Oum-er-Rbia
de temps et les données sont encore insuffisantes. dispose déjà à Khénifra d'un débit moyen de 1 8 m3/s.
Ce cours d'eau est caractérisé par des débits assez
Signalons toutefois un phénomène particulier qui
a pu être observé pendant les étiages de ces dernières constants au cours de l'année, l'étiage n'est jamais
années. Malgré la grande superficie de calcaires situés inférieur à 7 m3/s. Les crues sont beaucoup plus
dans le bassin versant, les débits d'étiage à la station régularisées que l'on ne pourrait s'attendre sur un petit
d'Aït-Khabbach sont nuls, ce qui ne peut être justifié bassin à précipitations relativement importantes.
par la seule utilisation des eaux dans les périmètres Données hydrologiques
irrigués de la vallée du Guigou. La station de Khénifra est la plus ancienne dans
Sur le haut bassin de l'oued Beth (oued Tigrigra, le haut et moyen Oum-er-Rbia. Construite en 1927,
oued Ifrane, oued El-Hammam), il n'y a aucune elle a fonctionné depuis avec plusieurs interruptions.
station.hydrométrique permanente et l'on n'y effectue Cependant, de bonnes corrélations avec les stations
que des mesures périodiques du débit en étiage. plus en aval de Dechra-el-Oued et de Kasba-Tadla,
permettent de disposer à Khénifra d'une série de
Seule la station de Khénifra sur l'Oum-er-Rbia mesures de débits complète et sûre depuis 1936.
fournit des renseignements d'ordre hydrologique sur le
sud-ouest du Moyen Atlas tabulaire ; c'est donc la Débits moyens mensuels et annuels
seule station hydrologique qui sera considérée dans ce Dans le tableau 5, nous reproduirons les chiffres
chapitre. fournis par Mme G. Givcovic dans son rapport
« Etude du régime de l'Oued Oum-er-Rbia et de ses
BASSIN DE L'OUM-ER-RBIA A KHENIFRA affluents » (1966) et par le rapport de l'ORSTOM -
SOFRELEC sur l'« Etude hydrologique de l'Oum-er-
Caractéristiques du bassin Rbia » (mars 1972). Nous ajouterons les moyennes
La partie supérieure du bassin de l'Oum-er-Rbia concernant les périodes 1953 à 1958 et 1963 à 1 970,
comporte les contreforts du Moyen Atlas. L'altitude pendant lesquelles les mesures offrent le meilleur degré
moyenne de cette région est de 1 350 m, alors que les de confiance.
plus hauts sommets atte ignent une altitude de
2 400 m. A la limite avec le bassin du Sebou, on Les crues
trouve le jbel Hayane dont l'altitude est de 2 409 m et
a la limite avec le bassin de la Moulouya le jbel Les chiffres reproduits dans le tableau 6 et
Amjoub (2 370 m) et le jbel Agardan (2 240 m). La concernant les crues de l'Oum-er-Rbia à Khénifra,
région du Moyen Atlas intéressée par le haut bassin sont tirés du rapport ORSTOM - SOFRELEC ( 1972).
Une élude plus récente a permis de retrouver les causes de cette anomalie. Ces données ont été comparées aux débits
les données élaborées sur la base de cette étude conduisent à une bonne correspondants à Dechra-el-Oued, station hydromé-
::-relation des débits mesurés aux deux stations.
trique située sur l'Oum-er-Rbia, à l'aval de Khénifra
48 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Tableau 5
Tableau 6
Tableau 7
et contrôlant un bassin versant de 3328 km2. La d'étiage sont incertains. Ces débits d'étiage sont des
comparaison montre des corrélations assez serrées débits naturels car il n'y a pratiquement pas de
entre ces deux groupes de valeurs, et en appliquant ces prélèvements d'eau dans la rivière à l'amont de
relations aux débits déjà déterminés à Dechra-el- Khénifra.
Oued, ORSTOM - SOFRELEC fournit les débits des L'« Etude du régime de l'Oum-er-Rbia et de ses
crues de l'Oum-er-Rbia à Khénifra selon leur affluents » par Mme Givcovic (1966) rapporte toute-
fréquence (résultats consignés dans le tableau 7) fois un calcul des débits d'étiage à Khénifra basé sur
les débits minima mensuels de la période, 1927-28 à
Les étiages 1963-64. L'utilisation des débits minima mensuels
La section de contrôle de l'écoulement à la plutôt que les débits minima journaliers, n'a pas une
station de Khénifra est instable et les étiages sont grande importance car les différences entre ces deux
mesurés très irrégulièrement, aussi l'établissement de types de débits sont très faibles. Citons pour
courbes de tarage et leur extrapolation pour les débits exemples :
CAUSSE MOYEN ATLASIQUE 49
Par ailleurs, l'existence de certaines sources à une sommes en présence dans chaque bassin, d'une nappe
cote bien supérieure à celle de l'aquifère principal (cas où la circulation du type karstique prédomine mais où
de Abeknanes dans les Aït-Youssi du Guigou), ou le se superposent des horizons aquifères plus ou moins
fonçage de puits « secs » dans les régions où, compte isolés par des niveaux marneux.
tenu des renseignements piézométriques, l'eau aurait
BASSIN DE L'OUM-ER-RBIA
dû être rencontrée (région d'Agouraî) montrent bien
que ces calcaires dolomitiques ne sont pas homogènes Définition - Limites (fig. 14)
sur toute leur épaisseur. Ils contiennent en particulier
des passées de marnes donnant au Lias l'allure d'un Le bassin hydrogéologique des sources de
l'Oum-er-Rbia (n° IRE : 147/30) est le plus vaste :
aquifère multicouche à petite échelle. En fait, à
1020 km2 de karst affleurent; il s'étend depuis les
l'échelle de chaque bassin, tous les horizons aquifères
sources jusqu'au pied du jbel Meksis. Sa limite NW est
privilégiés communiquent entre eux, de sorte qu'il est
la limite SE des bassins d'Ifrane et d'Aîn-Leuh, c'est-à-
permis de parler, pour chaque bassin hydrogéologique dire le horst du Michlifène et son prolongement
d'une seule et unique nappe. En définitive nous jusqu'à Ouiouane. Au nord, la limite passe par
IS
KS
Dayet Ifrah
ME
IFRANE
J.
30'
ER
AD
AZROU U IG
BO
Almis
Aïn Leuh
u
igo
. Gu
O
Timhadite
ser
. Irh
O
ia
Rb llat
er . Fe
m O
. Ou 147/30
O
33°
1001/30
KHENIFRA UD
I RHO
J.
30'
9°
LEGENDE
Fig. 14
CAUSSE MOYEN ATLASIQUE 51
523/30
524/30
520/30 Lac
518/30 147/30
519/30 517/30
A A'
521/30
516/30
0 1 2 km
A A'
1600
Sources de
1500 l'Oum er Rbia
517/30 147/30
1400 519/30
LEGENDE
Basaltes quaternaires
Trias Faille
Fig. 15
52 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
Fig. 16
compartiment est, dénommées sources de l'Oum-er- Khénifra ; c'est donc le réservoir souterrain alimentant
Rbia, ne sont pas salées, présentent de forts débits et cet écoulement à l'amont de la station qu'il convient de
sont absolument distinctes de celles du compartiment définir (fig. 14)
ouest.
Le bassin versant topographique de l'oued à
L'analyse des données hydrologiques ne porte Khénifra a une superficie de 1086 km2 mais 555 km2
pas cependant sur les sources de l'Oum-er-Rbia sur seulement sont occupés par des terrains karstiques
lesquelles on ne possède que très peu de données. On (calcaires et dolomies du Lias inférieur et moyen) et le
s'est intéressé à l'écoulement souterrain de l'oued reste par le substratum imperméable (Primaire et
Oum-er-Rbia à la station de jaugeage permanente de Trias), ou les terrains post-domériens du synclinal de
CAUSSE MOYEN ATLASIQUE 53
Tableau 8
du Kandar. Cette faille est jalonnée de nombreux sont à débit nul sauf en ce qui concerne la limite nord,
bassins fermés ou semi - fermés. à l'ennoyage des calcaires sous la plaine de Mek-
nès - Fès, où les nombreuses sources du Lias font que
La limite sud est constituée par la faille SW - NE cette limite est ouverte, laissant passer des débits
qui marque la bordure nord du bassin de Ras-el-Ma et souterrains variables. Une partie des eaux continue à
par le horst de Michlifène. s'écouler vers le nord pour aller s'aboucher avec la
Débit moyen des sources nappe phréatique de Meknès-Fès.
Les limites du bassin hydrogéologique d'El- L'étude statistique de C. Leclerc des débits des
Hajeb—Ifrane ont été définies sur des bases géolo- sources les plus importantes a permis d'obtenir les
giques. Le plancher de la nappe est constitué par le toit débits moyens annuels selon leurs fréquences de
des marnes triasiques. Les lignes limites périphériques dépassement.
Tableau 9
Débits moyens annuels (1/s) selon leurs fréquences de dépassement en %
Sources N° I.R.E.
10 20 30 50 70 80
Bittit 106/22 2.334 2.106 1.954 1.724 1.538 1.486
Ribaa 130/22 1.500 1.340 1.282 1.170 1.097 1.050
Attrous 110/22 284 206 156 116 85 69
Aguemgam 109/22 2.751 2.030 2.363 919 473 277
Akkous 114/22 528 470 425 363 307 287
Tableau 10
BASSIN D'IMOUZZER DU KANDAR tion SSE-NNW. Ce bassin est parcouru par l'oued El-
Kantra dont la vallée constitue un véritable drain le
Définition - Limites (fig. 13) long des axes synclinaux. Les sources, nombreuses et
De Dayet-Aoua à la plaine du Sais, la cuvette importantes, sont toutes axées sur cette vallée, au
d'Imouzzer s'inscrit sur un synclinal étroit, d'orienta- coeur du synclinal.
CAUSSE MOYEN ATLASIQUE 55
Tableau 11
Points d'eau N° I R E .
10 20 30 50 70 80 90
Aïn Sidi-Mimoune 64/22 650 597 552 485 413 372 312
Aïn El-Rhars 69/22 480 395 375 350 322 305 280
Aïn Berrouagha 70/22 620 560 505 450 385 345 285
Aïn Soltane 71/22 545 495 457 400 338 300 250
Aïn Berri 74-75/22 400 353 318 265 210 175 130
Aïn Sebaa 87/22 648 568 512 420 322 263 183
Aïn Jerrah 366/22 822 657 590 525 460 418 365
Oued Tafrannt 644/22 332 262 210 140 110 93 65
Oued El-Kantra 649/22 1 220 970 790 500 385 340 280
Dayet-Aoua 650/22 428 335 275 165 60 0 0
Au pied du Causse d'Imouzzer, à l'amont de la le lit de l'oued Chko, lequel est la plupart du temps à sec
plaine de Meknès - Fès, il n'y a en fait qu'une seule à l'amont de l'émergence. Les mesures de débit de cette
source directement rattachée au réservoir des calcaires source, assez nombreuses (1954 à 1956 et 1967 à
liasiques: Aïn Cheggag. (42/16). C'est une source 1 9 7 1 ) ont été à la base d'une étude statistique dont les
importante qui sort des calcaires lacustres du Sais, dans résultats sont consignés dans le tableau 12.
Tableau 12
Fréquence % 10 20 30 50 70 80 90
Débits (1/s) 1.845 1.630 1.493 1.240 1.000 860 650
Une analyse identique effectuée sur les seules les forages artésiens de la plaine du Sais et 1700 à
années 1968 à 1971 (période nettement plus plu- 2300 1/s par les abouchements avec la nappe
vieuse) a indiqué que le débit de fréquence 50 % pour phréatique du Sais, soit au total 4,6 à 5,5 m3/s.
ces 3 années a été de 1 550 1/s.
Toujours en année moyenne la pluviométrie,
C. Leclerc a estimé qu'en année moyenne, le seule alimentation du bassin (superficie : 523 Km2),
bassin d'Imouzzer du Kandar débite 2200 à 2500 1/s est de 693 mm/an. L'infiltration qui en résulterait
par des sources, 700 1/s par les sources thermales et serait de l'ordre de 41 à 49 % de la pluie.
Tableau 13
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
Fig. 17
BASSIN DE SEFROU
Le bassin de Sefrou semble assez peu aquifère. Le
Le bassin de Sefrou correspond approximativement au Lias, très dolomitique avec une forte proportion de
bassin versant de l'oued Agaî. Vers le nord, le dolomies sableuses, n'a pas de réseau karstique très
raccordement avec le sillon sud-rifain se fait par une développé. L'oued Agaï qui constitue le drain principal
flexure très accusée d'orientation NW - SE qui forme du bassin est progressivement alimenté tout au long de
l'escarpement bordier du Causse de Sefrou. La limite son cours par de petites sources. Son débit à l'étiage
SE est constituée par la ligne d'accidents SW - NE qui est faible, malgré la superficie appréciable de son
prolonge ceux du Tizi-N'Tretten. bassin versant. Il est possible que l'oued Agaï ne
CAUSSE MOYEN ATLASIQUE 57
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
EAUX DU BASSIN D'IMOUZZER DU KANDAR EN SEPTEMBRE 1969
Fig. 18
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
Fig. 19
ville. Le débit moyen annuel de l'oued Agaï est de tration de la pluie moyenne. Il semblerait que l'oued
Tordre de 850 1/s à l'amont de Sefrou ; à l'aval de Sefrou draine directement une partie de ces eaux.
cette ville, l'oued Agaï (dénommé El-Yhoudi) draine
encore le Lias pour environ 500 1/s. BASSIN DANNOCEUR - BSABIS
Les mesures en ce bassin sont insuffisantes pour Situé au NE du bassin de l'Oum-er-Rbia, il est
se livrer à une étude statistique. L'interprétation des limité au NW par une ligne d'accidents SW-NE qui est
jaugeages sur l'oued Agaï permet d'estimer les débits le prolongement des accidents du Tizi-N'Tretten.
sortis de ce Causse à quelque 1250 1/s pour une pluie Cette limite n'étant probablement pas étanche semble
moyenne de 650 mm/an, représentant 37 % d'infil- jouer le rôle de drain, ce qui autoriserait à ne faire des
CAUSSE MOYEN ATLASIQUE 59
bassins de Sefrou et d'Annoceur-Bsabis, qu'une seule Les mesures des exutoires de ce bassin sont
unité hydrogéologique. encore peu nombreuses ; elles concernent les années
1 9 6 8 - 7 1 , plus pluvieuses (900 mm/pour les 3 ans)
Vers le nord, le Lias s'ennoie sous les formations que la moyenne (620 mm/an) ; ces sources débitaient
tertiaires de la cuvette d'Ain el-Ouata et ne reparaît alors 1600 l / s dont 500 l / s sont recyclés d'une
qu'a la faveur des gorges du Sebou. La limite est source à la suivante par ré-infiltrations partielles. Le
représentée par la ligne de contact Lias-Trias de la débit d'émission de 1968-71 n'est donc que de 100 1/
boutonnière de Bsabis qui prolonge l'anticlinal du jbel s, alors qu'il devrait atteindre quelque 4 500 à
Meksis. 5 000 1 /s si l'infiltration était homogène avec le reste
Les exécutoires de ce bassin sont la Dayet- des causses ; pour une longue période, le débit
Afrougarh qui est ouverte, les sources de la région d'émission est estimé entre 3 000 et 3 500 l / s , drainé
d'Ain Jorf et surtout Aïn Regraga et Aïn el-Ouata, vraisemblablement aux 3/4 par l'oued Sebou, ce
laquelle sort des calcaires et conglomérats tortoniens qu'aucune mesure n'a encore confirmé.
après abouchement de ceux-ci avec le Lias. D'autres
exutoires peuvent exister dans les gorges de l'oued
Sebou, mais n'ont pas encore été reconnus.
Tableau 14
10 000 --
49/22 0,541 300
--
173/22 basalte 0,710 375
10 000
--
485/22 0,620 350
milliéquivalents
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
EAUX DE B.V TIGRIGRA EN SEPTEMBRE 1969
Fig. 20
La seule alimentation du bassin est météorique ; Là encore les données sont peu nombreuses et
les émissions sont constituées par l'oued El-Hamman ont été acquises dans la période humide 1968-71
qui draine les eaux de Aîn Aïcha-Hammad (n° IRE (1485 mm/an contre 995 mm/an en moyenne). Les
49/30. 50 à 100 1/s), l'oued Aïn-Leuh, les sources exutoires souterrains représenteraient en moyenne
Aïoun Akadous et Toufestelt dont le débit moyen a été interannuelle sur une longue période entre 2 100 et
estimé à 80 1/s, la coulée basaltique qui descend de 2 500 1/s dont 1 100 à 1 250 1/s transitent des
Tioumliline vers Azrou dont le débit souterrain a été calcaires dans les coulées volcaniques de Tioumliline
estimé de 120 à 150 1/s et la coulée volcanique de ( 1 2 0 à 150 1/s) et de Tagounit (1 000 à 1 100 1/s).
Tagounit au NE d'Aïn-Leuh.
Tableau 15
La vallée du Guigou. La rive gauche de la vallée de tique a toutes chances, en cet endroit, d'être en relation
l'oued Guigou, entre Timahdite et la station hydrolo- directe avec celui de la nappe du Lias par l'intermé-
gique d'Aït-Khabbach au pont de la R.P. 20, est située diaire des calcaires du jbel El-Jmel (coupe Q de la fig.
sur le bassin hydrogéologique des sources de l'Oum-er- 6).
Rbia. La rive droite, au sud des crêtes des jbel Ben-Idj
Vers le sud-ouest, en remontant la vallée, le
et Tadja, reçoit les affluents en provenance du
niveau du sol s'élève, alors que le niveau hydrostatique
Moyen Atlas plissé (oued Derdoura, oued Mellah, etc).
de la nappe du karst s'abaisse en direction des sources
L'axe de la vallée entre Timahdite et Aït-Khabbach est
de l'Oum-er-Rbia.
recouvert de vastes épanchements basaltiques qui
masquent le prolongement du synclinal crétacé de - Le cœur de la vallée de l'oued Guigou, sous les
Bekrit (cf géologie). basaltes, est rempli d'une formation post-Bajocien
Dans le paragraphe concernant le bassin des d'âge pliocène probable. Ces terrains ont une
sources de l'Oum-er-Rbia, il a été admis que toute épaisseur de l'ordre de 150 à 250 m et sont constitués
i'eau infiltrée dans les calcaires du Lias de la rive d'alternances de terrains résistants (200 à 300 ohms)
gauche de l'oued Guigou à l'amont d'Aït-Khabbach et conducteurs (20 à 30 ohms). Les terrains
avait les sources de l'Oum-er-Rbia pour seule issue. A conducteurs sont probablement de nature argileuse et
part les eaux de ruissellement diffus, l'oued Guigou, doivent limiter considérablement toute relation entre
entre Timahdite et Aït-Khabbach ne doit recevoir la surface et les nappes profondes (nappe profonde du
aucun débit en provenance de la rive gauche et son Lias, nappe des calcaires corniches, etc.).
alimentation doit se faire à partir des sources et oueds - L'isolement entre la nappe du Lias et la surface
de la rive droite, en provenance du Moyen Atlas plissé, est assuré vers le sud-est par l'existence du synclinal
au sud. de Bekrit dont les formations marneuses du Toarcien,
En outre, les campagnes de reconnaissance par Aalénien et Bajocien forment écran aux circulations
géophysique et forage, exécutées en 1970 et 1971, ont verticales.
mis en évidence les faits suivants :
Cependant, sur le cours de l'oued Guigou,
- Au point bas de la vallée, dans le bassin existent deux sources : Ain Tit-Zill (n° IRE/616/22)
hydrogéologique des sources de l'Oum-er-Rbia, c'est- qui surgit des basaltes à quelques dizaines de mètres en
à-dire près de la station hydrologique des Aït- r iv e g a u c h e d e l 'o u e d , e t A în S k h o u n a t ( n °
Khabbach, la nappe du karst circule à une cote IRE/614/22) qui surgit dans le cours de l'oued, à
inférieure à 1450 m alors que le sol est à plus de 1470 8 km à l'aval du pont de la RP 20 (Aït-Khabbach). La
m. En effet, le forage 702/22 a rencontré l'eau à la première, Ain Tit-Zill doit avoir son bassin d'alimen-
cote 1460 m dans le Lias, et le forage 704/22 près tation dans les basaltes (170 km2 de bassin versant).
d'Aït-Khabbach a rencontré l'eau à 1430 m dans les Par contre, Aîn Skhounat dont la température (21 à
calcaires corniches présumés dont le niveau hydrosta- 23° C) est assez élevée pour une source située à une
62 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
altitude voisine de 1450 m, n'a vraisemblablement pas probable serait le jbel Tichchoukt à 10 km au S - SE.
d'origine superficielle. Par ailleurs, la remontée du L'eau proviendrait jusqu'à la source en circulant en
Trias, tout au long de l'accident nord-moyen- profondeur, dans les calcaires du Lias du vaste
atlasique, empêche l'eau du karst de la vallée du synclinal de Skoura, ce qui expliquerait sa température
Guigou de communiquer vers l'est, vers Ain Skhounat. relativement élevée ; Ain Skhounat appartient alors au
La source sort dans le lit même de l'oued, des basaltes domaine du Moyen Atlas plissé.
recouvrant le contact entre les calcaires domériens et Des séries de jaugeages du Guigou tout au long
les marnes du Lias supérieur. Elle est ascendante en de
de son cours ont été effectuées de 1968 à 1971 (tabl.
nombreux griffons. Son bassin d'alimentation le plus
16).
Tableau 16
Grâce aux analyses des débits des sources et Les bassins karstiques ayant les meilleurs débits
cours d'eau superficiels, C. Leclerc a tenté d'établir spécifiques sont ceux des régions les plus arrosées par
d'abord un bilan des ressources en eau pour chacun la pluie, au nord et à l'ouest : Imouzzer du Kandar
des bassins hydrogéologiques, puis a résumé sous une (8,8 à 10,5 1/s/km2), Ras-el-Ma ( 1 1 , 1 à 12,6 1/s/
forme graphique l'ensemble des émissions d'eau en km2), Aïn-Leuh-Azrou ( 1 1 , 2 à 12,8 l/s/km2).
partance du Moyen Atlas tabulaire, en précisant leur Les bassins de l'est où l'on observe une
destination. pluviométrie plus faible, ont un rendement inférieur :
Le fait qu'il existe un écoulement souterrain vers Sefrou (7,7 à 8,7 l/s/km2), Annoceur-Bsabis (7,3 à
8,4 l/s/km2).
un aquifère limitrophe (cas des abouchements avec la
plaine de Fès-Meknès), rend plus délicat l'établisse- De même dans le bassin de l'Oum-er-Rbia, on
ment d'un bilan, notamment pour les bassins hydro- observe que le bassin d'alimentation des sources
géologiques d'El-Hajeb—Ifrane, d'immouzer et même (pluviométrie relativement faible), a un débit spéci-
pour celui de Sefrou. Ce travail n'aurait pu être fait fique de 8,8 l/s/km2, alors que le karst bien arrosé,
sans la connaissance du bilan de la nappe phréatique situé entre les sources et Khénifra, a un débit
des calcaires lacustres du couloir Sud-Rifain (tome 2, spécifique de 10,2 l/s/km2.
CAUSSE MOYEN ATLASIQUE 63
Tableau 17
Tableau 18
supérieur au débit consommé. Les centres d'Immouzer principalement soutenu par des grosses sources
et d'Ifrane nécessitent de fortes adductions d'eau karstiques (Aïn Sebou, Ain Timédrine, Ain Ouamen-
malgré leur faible population, en raison de leur der) situées dans le Moyen Atlas plissé et dont le
fréquentation touristique en été et également en hiver bassin d'alimentation en eau, mal déterminé, se situe
(ski à Ifrane). Immouzer ne connaît aucune restriction soit dans le Causse d'El-Menzel, soit dans le Tazzeka,
à la consommation, par contre Ifrane en a connu à la soit peut-être même vers le. Bou-lblane. De toute
fin de l'été 1967 (année très sèche) par suite du façon, les bassins d'alimentation des grosses sources
tarissement de l'une des sources. de l'oued Sebou, ne peuvent se situer sur le Moyen
Atlas tabulaire dont la géométrie décrite dans le
La consommation d'eau moyenne de l'ensemble chapitre précédent ne permet pas de communications
des centres situés sur le Moyen Atlas tabulaire est de aquifères avec le Moyen Atlas plissé.
l'ordre de 150 1/s, représentant une proportion très
faible du débit global du Causse. Eaux du Causse utilisées dans la plaine de Meknès -
Fès
UTILISATION HORS DU MOYEN ATLAS
Un débit moyen de l'ordre de 10 m3/s en
La très grande majorité des eaux .- 29,6 à 31,3 provenance du Moyen Atlas, transite souterrainement
m3/s, soit 90 % des émissions, est exportée hors du vers la plaine de Fès-Meknès où il est utilisé de la
Moyen Atlas tabulaire. Ces eaux connaissent trois façon suivante :
destinations : - 6,3 m3/s surgissent par des sources de débordement
au pied du Causse (Aïn Ribaa, Bittit, etc.) ou
- restitution aux grandes vallées émergences au sud de la plaine (Aïn Akkous,
- utilisation directe pour l'agriculture (plaine de Cheggag). A part un débit de 400 1/s prélevé à l'Ain
Fès-Meknès). Bittit pour l'alimentation en eau de la ville de Meknès,
- alimentation en eau potable des villes. toutes ces eaux sont utilisées à des fins d'irrigation
Eaux restituées aux grandes vallées dans la plaine de Meknès - Fès.*
Dans cette catégorie, nous comprenons les eaux - 2,9 à 3,5 m3/s alimentent la nappe phréatique de la
qui, avant d'être utilisées à l'aval à des fins agricoles plaine de Meknès - Fès par abouchement où ils sont
ou domestiques, sont déversées dans les fleuves qui les pompés pour l'agriculture.
véhiculent, mélangées à des eaux de provenances - 300 1/s réapparaissent sous forme d'eau thermale au
diverses, vers leur lieu d'utilisation. C'est le cas des nord du sillon Sud-Rifain (Sidi-Harazem, Ain Skhou-
nat, etc.).
eaux se déversant dans les oueds Sebou, Oum-er-Rbia
et Beht. - 400 1/s sont mis à jour directement par 4 forages
Le Moyen Atlas tabulaire fournit ainsi artésiens exploitant la nappe captive du Lias sous les
1 3 300 1/s à l'Oum-er-Rbia (9 000 1/s à partir de la marnes miocènes. Deux de ces forages ( 1 8 0 l/s) sont
seule source du fleuve), 3 250 à 3 860 1/s au Sebou et utilisés pour l'agriculture, les deux autres (220 1/s)
3 140 à 3 560 1/s à l'oued Beht, soit un total de pour l'alimentation en eau potable de la ville de Fès.**
l'ordre de 20 m3/s allant régulariser à des degrés
divers les débits des grands fleuves issus du Moyen * 300 1/s ont été encore captés pour les besoins en eau potable de la ville
Atlas. de Meknès. En outre 5 forages profonds ont été réalisés à Haj-Kaddour
On peut s'étonner de la part relativement faible pour les mêmes besoins.
qu'apporte le Moyen Atlas tabulaire au débit de l'oued ** 2 autres forages sont en cours, ils permettront d'exploiter pour les
Sebou. Cela tient au fait que ce dernier est mêmes fins 100 à 150 1/s de cette nappe.
CAUSSE MOYEN ATLASIQUE 65
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3.21-2
Ismaïl ZERYOUHI
Le Moyen Atlas plissé est l'ensemble monta- - Vers l'W, les massifs paléozoïques du Tazzeka et de
gneux du Moyen Atlas oriental qui se situe à l'est de Bsabis dans la partie septentrionale, puis l'accident
l'accident tectonique majeur dénommé « nord-moyen- « nord-moyen-atlasique » qui le sépare du Causse du
atlasique » (Colo, 1961). C'est essentiellement la Moyen Atlas tabulaire.
structure géologique qui différencie le Moyen Atlas - Vers le N, la plaine de Guercif où les formations
plissé du Causse moyen-atlasique situé à l'ouest. jurassiques du Moyen Atlas s'ennoient sous un épais
Le Moyen Atlas plissé constitue un massif recouvrement néogène.
allongé de quelque 250 km dans le sens NNE-SSW, - Vers l'E, les piémonts de la vallée de la Moulouya.
large de 10 à 50 km, d'une superficie de 5.000 km2. - Vers le S, les massifs paléozoïques et permo-
Ses limites sont (fig. 1 ) : triasiques d'Aouli-Mibladen et de Bou-Mia.
Introduction géographique
vallée par d'étroites cluses (cirque et cluse du Bni-
Le Moyen Atlas plissé se présente sous forme de Ouriach).
quatre rides montagneuses successives et parallèles
orientées NNE-SSW, séparées par de hautes vallées La bordure orientale du Moyen Atlas est une
occupant des fonds de synclinaux. L'altitude moyenne zone économique à vocation essentiellement pastorale.
est de l'ordre de 1 800 m, variant entre 1 400 m au Elle est pratiquement dépourvue de terres irrigables
mais couverte d'alpages. La population, concentrée
niveau des bordures et 3.354 m (sommet du jbel Bou-
dans de gros centres dans les vallées atlasiques (Oulad
Nasseur). Il est à noter que la retombée sur la
Ali—Almis des Marmoucha), se monte à environ
Moulouya à l'E est très raide : pente moyenne de
40.000 personnes d'origine berbère. La ressource
30 %.
principale de cette région est l'élevage, celui des ovins
La haute et longue crête du Moyen Atlas oriental surtout qui représentaient plus de 80.000 têtes en
constitue un ensemble lithologique dur qui a été 1963. L'éloignement des points d'eau, la médiocre
profondément entaillé par l'érosion. L'altitude élevée qualité et la détérioration des alpages, joints à la
par rapport au niveau de base de la Moulouya et le politique exhaustive des éleveurs, sont les causes
climat humide et froid ont favorisé l'érosion qui essentielles de la pauvreté du cheptel. Les surfaces
aboutit à la formation de versants abrupts très cultivées couvrent environ 1.000 hectares et n'ont
disséqués au-dessus de la vallée et de vastes cirques pour but que l'alimentation familiale (blé, orge et
(Taouchguelt) intra-atlasiques débouchant sur la légumes).
Géologie
surfaces pédimentaires : synclinal de Berkine et aval
des gorges d'Igli sur l'oued Zobzit.
Le Moyen Atlas plissé, hormis son versant
moulouyen qui a un profil régulier, est une succession STRUCTURE
d'est vers l'ouest de rides anticlinales fracturées,
Le Moyen Atlas plissé est formé de quatre rides
séparées par des zones synclinales.
anticlinales parallèles se succédant du nord-ouest au
La succession stratigraphique du Lias au Malm sud-est et séparant de larges zones synclinales :
de niveaux marneux tendres et de niveaux calcaires
durs donne un étagement des pentes (faibles dans les - la « première ride anticlinale » borde le
marnes et fortes dans les calcaires). Dans les cuvettes, flanc oriental de la boutonnière paléozoïque du massif
de Tazzeka au sud-est de Taza et se poursuit vers le S
l'importance des affleurements de marnes ravinées
par une ligne d'anticlinaux faillés par l'accident nord
donne un paysage de « bad-lands » et par endroits des
moyen-atlasique ;
GUERCIF
ZA
FES - TA TAZA
SCHEMA STRUCTURAL COULOIR
DU MOYEN ATLAS
T
PLAINE
IR
AR
D'après G. COLO
OU
Synclinal
de DE
J.
Légérement modifié et simplifié FES TAHALA BECHYINE
GUERCIF
Synclinal
R
K
de
MA
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S
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MEGHRAOUA
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S -
J.
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MEKNES TAZARINE Synclinal
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de RA J.
SEFROU
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I BOU RACHED
P LA T
U Synclinal
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Synclinal Synclinal de TA
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IMMOUZER TAM TROUCHT IR
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J.
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J.
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TIZI N'TAMALOUT
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Synclinal
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Synclinal
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de 3354
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TILMIRCET
BO
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QUE
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J.
d'OUAOULZENT
E
ASI XSynclinal
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MARMOUCHA
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AZROU E T Synclinal
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Synclinal
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Synclinal
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du
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CI
M
D
AC
OU
E
MJ
T
OU
A
U Formations jurassiques
J.
A
D 'A
H Formations anté-jurassiques
SIF Accidents
M AS 0 100 20 30 40 Km
BOU MIA
MIDELT
Fig. 21
NW SE W Adrar N'siouane
J. Moussa ou Salah
3500 J. Izediane E
Adrar Ouizoukkane
Adrar N'tborda
3000
Tinesmet
Souf N'saft
2500 Tamjett I
O. BeniBhar Raggou
2000 Cöne de Reggou
1500
1000
500
NW Ich Aberchane
2500
Koudiat Tastert
J. Bou Ichoudane SE II COUPES A TRAVERS LE MOYEN ATLAS PLISSE
2000
Maïter
1500
Cöne de Maïter Plaine de Tendit
(NORD - EST)
1000
500
q4 Quaternaire récent
Ich Ouaziz
W E
J; Arherdis m pc Pontico-pliocène
J. Tirherdine
2500 Izaarourène A. Issafsafène
III J m4 Bathonien moyen - Callovien
2000 J. Zabzil
Jm 3 Bojocien supérieur - Bathonien moyen
1500
Jm 2c
Jm 2 J m Dl Aoléno bajocien sup
1000
Jm 1
500 Ji 3
? Toacien
WNW Ji 2 Pliensbachien
Takroumt
IV
t Trias
1500
1000 0 5 10 km
500
Fig. 22
70 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
W E
W E
Leh Ouaziz
Ji1
Anticlinal
Jm2
d'Irrouba
Jm1
Ji3 Jm2
q Quaternaire
- la « zone synclinale septentrionale » est composée manifestations volcaniques quaternaires dans la zone
du N vers le S des synclinaux de Bechyine, de axiale (volcans de l'Ierfoud et de Tamjilt) ;
Meghraoua, et de Tazarine à cœur de marnes - la « zone synclinale méridionale » est constituée des
toarciennes, puis des synclinaux à cœur post- synclinaux de Bou-Rached, Berkine, Tizi NTamalout,
jurassique du Zloul, de Skoura, de Felledi et de Bou- Ouaoulzent et Immouzère des Marmoucha ;
Angueur ; - la « quatrième ride anticlinale » est jalonnée par les
- la « deuxième ride anticlinale » est marquée par les jbels Bou-Nasseur, Irhesdis, Tsiouant et Tafgourt.
jbels Ouarirt, El-Ahmar, Missiougène, Tichoukt,
Habbou, etc., faillés sur leurs flancs ouest par Au nord-ouest, en rive droite de la Moulouya, la
l'accident « moyen-atlasique » ; ride de Kebibicha - Haloua - Richa se trouve dans le
- la « zone synclinale médiane » comprend les prolongement de la « quatrième ride anticlinale »
synclinaux de Tamjout, Tamtroucht, Taffert, Tilmir- (dans le prolongement du jbel Irhesdis).
cet, El-Mers, Oudiksou et Aït-Kermouss ; Les grandes lignes structurales ont une orienta-
- la « troisième ride anticlinale » est constituée par les tion générale SW-NE et sont recoupées par des
jbels Ighefker, Tanout et Bou-Iblane, bordés de grands accidents W-E, NW-SE ou NE-SW plus récents.
accidents sur leurs flancs et montrant des témoins de
MOYEN ATLAS PLISSÉ 71
300
200
400
600 Bab Guercif
400
500
Taza
0
500 0 merzouka
80
90
600
400 80 70
500 900 0 0
lou
1000 llou
Me
ne O.
aou 1100
600 O. In 1200
1300
1400
Fès Touaba
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bou .M 1400 BelFarah
12 300
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O. E
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600 Azzaba
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800
700
O. B
0
Berkine
40
O. Zloul
350
600 Aïn Timerdine 700
800
900 600
600
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1000
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O.
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O.
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Er
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O.
0 Station hdrométrique
40 O. Sid
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600
Courbe isohyète (mm)
250 O.
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A gu Zaïda
O. Se erc
if Limite de bassin versant
Ansegmir
40
0
60
500
Midelt
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An
O.
Par : I. Zeryouhi
450
500
550
600
650
200 Oujda le : 29 - 3 - 74
Fig. 24
Les rides anticlinales au tracé sinueux sont des anticlinaux : ces formations sont souvent salifères
jalonnées d'accidents très importants et sont dissymé- (gypse et sel gemme) et donnent lieu à des
triques, toujours plus ou moins déversées vers le NW exploitations de sel (Khorgia et Msabel).
et passant parfois à des plis couchés ou à des plis-
Le Lias n'affleure que dans les anticlinaux et ne
failles, faisant fréquemment affleurer le Trias.
couvre qu'une faible étendue en dehors du massif du
Bou-Iblane. Il est formé de calcaires dolomitiques
STRATIGRAPHIE (Lias inférieur et Domérien), de calcaires marneux
Le Primaire affleure au NW dans la région de (Lias supérieur) et de marnes du Toarcien (synclinal
Taza (Massif de Tazzeka) et au S (massif de Aouli) et de Bechyine). Les épaisseurs de ces assises sont
est constitué de schistes bruns et de roches éruptives et respectivement de 200 à 300 m, 200 m et 150 à
200 m.
métamorphiques.
Le Permo-Trias se présente sous forme de Le Dogger est constitué par une puissante série
basaltes doléritiques et d'argiles rouges dans les cœurs de marnes et de calcaires occupant les cuvettes
72 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
synclinales sur près des 3/4 de la superficie de la dans les synclinaux de Skoura, de Tilmircet, des Aït-
chaîne (marnes de Boulemane, dans le synclinal de Youb et de Bou-Rached.
Berkine).
Le Crétacé, formé par une série de marnes et de
Le Dogger présente deux faciès de part et d'autre calcaires s'étendant du Cénomanien au Danien,
de l'axe anticlinal de la bordure orientale du Moyen affleure dans les parties centrale et méridionale du
Atlas. Le flanc SE qui plonge sous la vallée de la Moyen Atlas plissé (synclinaux d'El-Mers et de
Moulouya est constitué par 400 à 600 m de calcaires Skoura) et en Haute Moulouya.
dolomitiques et dolomies datés de l'Aaléno-bajocien.
Le Tertiaire, représenté par des marnes gypsi-
Le Bathonien a été érodé. Cette série dolomitique du
fères et des conglomérats, affleure essentiellement
Dogger est dite de faciès Moulouya. Le flanc NW
dans les synclinaux du Mdez et d'Immouzère des
comprend 500 à 600 m de marnes dites de Boulemane
Marmoucha. D'autres affleurements de moindre im-
et datées de l'Aaléno-bajocien ; cette série est typique portance sont localisés dans les synclinaux de Bou-
du faciès dit Moyen Atlas. Le premier faciès a des Angueur au SW et de Bou-Rached au NE, où ils se
affleurements réduits à la retombée de l'Atlas sur la confondent avec les puissants affleurements du
Moulouya, entre les jbel Tafgourt au S et Irhesdis au Tertiaire de la plaine de Guercif.
N. Le deuxième constitue la majeure partie des
affleurements aaléno-bajociens du Moyen Atlas. Enfin au Quaternaire, d'importants épanche-
ments volcaniques ont formé des coulées et des nappes
Le Malm est représenté par des séries gréseuses
basaltiques, développées surtout dans le Haut Guigou
dont la base est attribuable au Bathonien. Il affleure
et dans la partie nord-est du Moyen Atlas : volcan de
Ierfoud et coulée de Tamjilt.
Climatologie
(fig. 24, 25, 26, 27)
Le Moyen Atlas plissé, par son altitude élevée et PRECIPITATIONS
sa situation géographique face aux influences océa-
La pluviométrie annuelle est variable dans le
niques, possède un climat humide et froid caractérisé
Moyen Atlas plissé (fig. 24). Elle passe de plus de
par d'importantes chutes de neige en hiver.
1.400 mm dans le massif du Tazzeka au sud de Taza, à
300 mm dans l'extrémité nord-est de la chaîne (Bou-
Rached). Ces variations des précipitations sont liées
CLIMATOLOGIE 1933-1963
DOMAINE ATLASIQUE 21 - MOYEN ATLAS (nord de la zone plissée)
Fig. 25
MOYEN ATLAS PLISSÉ 73
CLIMATOLOGIE 1933-1963
21 - MOYEN ATLAS (centre de la zone plissée)
DOMAIME ATLASIQUE
MARMOUCHA* 9.6 -0.7 11.2 0.1 13.1 1.7 16.3 3.8 18.9 6.0 24.6 9.2 30.9 13.0 30.2 13.5 24.7 10.1 19.2 8.4 14.9 3.3 9.9 -0,2 18.6 5.5
( 1925- 1956)
Fig. 26
CLIMATOLOGIE 1933-1963
DOMAINE ATLASIQUE 21 - MOYEN ATLAS (sud de la zone
plissée )
Fig. 27
74 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
STATION DE BERKINE
300
200
100
0
1933 - 34
1950 - 61
40 - 41
50 - 51
Pluviométrie moyenne mensuelle
Moyenne mensuelle des maximums journaliers
Moyenne mensuelle des minimums journaliers Altitude = 1280 m
Somme moyenne mensuelle des maxi. et mini journaliers Latitude = 33° 45'
Plioviométrie en mm
Température en °C
50
40
30
20
10
0
S O N D J F M A M J J A S O N D
Fig. 28
aux circulations d'air, elles-mêmes régies par les comme celles que reçoivent les chaînes internes du
reliefs montagneux ; c'est ainsi que les parties nord et Moyen Atlas.
ouest des chaînes montagneuses exposées aux influen- Le régime pluviométrique est marqué par deux
ces océaniques sont les mieux arrosées ; les vents maxima : novembre-décembre et mars-avril et mi-
venant de l'ouest buttent sur les massifs montagneux nima : juillet-août (fig. 28 et 29). La neige dont les
internes de la chaîne sur lesquels ils s'épuisent presque hauteurs ne sont pas connues dans le Moyen Atlas
complètement sous forme liquide et solide. Arrivés à la plissé, couvre les sommets à partir de 1.400 ou
ride terminale, leur concentration n'est plus alors 1.800 m entre novembre et mai et peut apparaître
suffisante pour donner naissance aux fortes pluies jusque dans la moyenne vallée de la Moulouya.
MOYEN ATLAS PLISSÉ 75
DIAGRAMME OMBROTHERMIQUE
Pluviométrie moyenne mensuelle
Saison sèche
Zone des minima journaliers moyens >10° C
Zone des maxima journaliers moyens > 30° C
Saison humide
Altitude : 1650 m
STATION
IMMOUZERE DES MARMOUCHA
60
55
50
45
40
35
30
25
20
15
10
-5
J F M A M J J A S O N D
Fig. 29
TEMPERATURE EVAPOTRANSPIRATION
Le Moyen Atlas plissé présente dans l'ensemble Si l'évapotranspiration calculée d'après la mé-
des températures peu élevées : à Berkine et à thode de Thornthwaïte montre un excédent d'eau dans
Immouzère des Marmoucha, la moyenne annuelle est la partie occidentale du Moyen Atlas, il n'en est pas de
de 12°C. D'octobre à avril la température peut même vers l'est où un déficit du bilan hydrique est
descendre en-dessous de zéro. Les températures enregistré aux stations de Berkine (fig. 30) et
moyennes maximales et minimales sont enregistrées d'Immouzère des Marmoucha. Cependant on note
respectivement en juillet-août et de décembre à février. d'importants ruissellements, favorisés par la topogra-
76 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
mm
40 Précipitations
Evapotranspiration potentielle
30
Déficit
10
00
d'eau du sol
d'eau du sol
0
344 mm
0
76 mm
0
0 76mm
S O N D J F M A M J J A S O N D
phie très pentée du Moyen Atlas plissé dans le bassin Les différences climatiques entre les régions du
de l'oued Melloulou et vers les affluents de l'oued Moyen Atlas plissé sont dues principalement à leur
Sebou. exposition plus ou moins grande aux influences
océaniques et à leur altitude. La partie orientale du
Les indices climatiques de Thornthwaite mon- Moyen Atlas présente des influences continentales
trent que le climat du Moyen Atlas central (Immouzère dues à la proximité du domaine aride de la Moulouya
des Marmoucha) est du type subhumide, mésother- et des Hauts Plateaux du SE marocain.
mique, à surplus modéré en hiver, évoluant vers l'est
en climat semi-aride, mésothermique, sans surplus en
hiver.
Hydrologie
- l'oued Sebou et ses affluents Zloul, Maâsser,
Deux importants cours d'eau drainent le Moyen Guigou et les nombreux petits cours d'eau qui
Atlas plissé ; débouchent au nord dans l'oued Inaouène.
- l'oued Moulouya par ses affluents de rive Les deux collecteurs principaux sont jaugés en de
gauche qui sont : l'oued Melloulou au nord, les oueds nombreux points à raison de deux jaugeages par mois
Chouf-Cherg, Cheg-El-Ard et Bou-Rached à l'est ; en plus des jaugeages de crue aux stations principales.
Tableau 19
Oued Type de station année de Superficie du
Station N° I.R.E. hydrométrique mise en bassin versant
service contrôlé
(km2)
Melloulou
Guercif 184/17 principale 1952 2 598
Sebou
Guigou 585/22 principale 1970 -
Maâsser 511/22 secondaire 1973 -
Mdez 582/22 principale 1955 3 435
Zloul 113/23 secondaire 1973 -
Timedrine 581/22 principale 1933 4 387
Azzaba 583/22 principale 1957 4 800
MOYEN ATLAS PLISSÉ 77
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
Le mois d'avril représente pour la totalité de la calco-magnésienne à salinité variable, entre 0,2
période un maximum de débit moyen mensuel avec (hautes eaux) et 0,6 g/1 (étiages ) (voir fig. 31).
25,4 m3/s, alors que le minimum de 2,1 m3/s est en
OUEDS BOU-RACHED, CHEG-EL-ARD ET
août : 47 % de l'écoulement annuel a lieu en trois
mois : mars, avril et mai. Les volumes écoulés en hiver CHOUF-CHERG
et au printemps représentent 81 % des apports Ces trois oueds drainent la ride orientale du
annuels. C'est la caractéristique des régimes torrentiels Moyen Atlas plissé. Des jaugeages sont effectués
atténués drainant le Moyen Atlas plissé. depuis peu de temps sur les stations secondaires des
Le coefficient d'écoulement est de 28 % compte oueds Cheg-el-Ard et Chouf-Cherg.
tenu d'une pluviométrie annuelle moyenne de 520 mm L'écoulement dans l'oued Bou-Rached n'est
pour tout le bassin du Melloulou. La même valeur a été qu'exceptionnel et est fortement influencé par la
trouvée pour le haut bassin du Sebou drainant k proximité de la région très aride de la plaine de
versant occidental du même massif montagneux. Guercif.
Les étiages minima sont très faibles (0,02 m3/s) Une étude de D. Lazarevic (1970) a permis de
et l'oued peut s'assécher à Guercif (été 1967), surtout reconstituer les débits de ces trois cours d'eau par
en raison des prises pour l'irrigation en montagne puis corrélation avec les stations hydrométriques existantes
dès l'entrée dans la plaine de Guercif. dans le bassin de la Moulouya. Les résultats de cette
Les crues sont nombreuses : une dizaine par an. étude doivent être considérés avec prudence. Deux
La crue maximale enregistrée est de 2.000 m3/s (27- stations sont en cours de construction sur les oueds
5-1963). La formation des crues est influencée par Cheg-el-Ard et Chouf-Cherg et entreront en service
les fortes pentes du terrain qui est remarquable-ment en septembre 1974.
reboisé, ce qui atténue le caractère torrentiel du régime
d'écoulement. Les débits maxima millénaires et La salinité de l'eau de l'oued Cheg-el-Ard est
centenaires de l'oued Melloulou sont estimés à Guercif comparable, tant du point de vue qualitatif que du
à: point de vue du faciès, à celle de l'eau du Melloulou.
Tableau 20
Superficie du Pluviométrie Débit moyen Coefficient débit
Oueds bassin versant annuelle annuel en m3/s d'écoule-
ment année année
. en km2 en mm fictifs continus humide sèche
Bou Rached 256 341 1.07 0,38 3,3 0,28
Cheg-el-Ard 323 303 1,27 0,41 3,75 0,42
Chouf-Cherg 1.554 340 3,46 0,20 7,20 0,65
nature karstique du terrain et du faible développement amont, montre que les apports des sources Aïn Sebou
du réseau hydrographique. et Aïn Ouamender et du bassin du Zloul sont trois fois
supérieurs à ceux du Sebou à la station du Mdez pour
L'écoulement maximal a lieu en avril et le un bassin versant 3,5 fois plus petit.
minimal en septembre. L'hiver et le printemps
apportent 75 % de l'écoulement annuel. Le plus grand Les débits de la crue millénaire du Sebou sont
nombre de crues a été enregistré en janvier. Des crues estimés à 1 460 m3/s à la station du Mdez et à
ont été aussi enregistrées en période estivale : le mois 2 000 m3/s à la station d'Aïn Timedrine.
d'août se distingue par des crues allant jusqu'à 200
m3/s. L'eau de l'oued Sebou à Aïn Timedrine est
bicarbonatée magnésienne à salinité variable, entre
La comparaison des débits à Aïn Timedrine (IRE 0,1 mg/1 (hautes eaux) et 0,6 g/1 (basses eaux)
581/22) et à la station du Mdez (IRE 582/22) en (fig.!!)
Hydrogeologie
Le Moyen Atlas plissé se compte parmi les - le versant atlantique (bassin du Sebou).
chaînes les mieux arrosées du Maroc. La situation
élevée des affleurements calcaires du Lias et accessoi- Seuls les exutoires donnant sur le bassin de la
rement du Dogger, favorise leur alimentation par une Moulouya conservent leurs caractères d'origine souter-
réduction de l'évaporation et un écoulement mieux raine (sources isolées), tandis que les grosses sources
régularisé par la fonte des neiges. du versant atlantique rejoignent directement les
affluents du Sebou qui de ce fait possède un régime
GENERALITES remarquablement régularisé.
Par sa structure relativement complexe et ses
dénivelées importantes, le Moyen Atlas plissé présente Sur le versant oriental du Moyen Atlas plissé les
peu d'intérêt en hydrogéologie, contrairement au eaux souterraines ont les destinées suivantes :
Moyen Atlas tabulaire. Par contre les facteurs - sources de déversement à la limite nord-est et
d'alimentation particulièrement favorables font de en Moyenne-Moulouya, en relation avec les failles et
cette chaîne un véritable château des eaux souterraines flexures affectant les structures anticlinales,
alimentant et régularisant deux des principaux oueds
du Maroc : le Sebou à l'ouest et la Moulouya à l'est et - abouchement direct entre le Miocène inférieur
au nord-est. L'hydrologie superficielle est directement conglomératique et le Lias sous la couverture mar-
conditionnée par les phénomènes karstiques et par neuse du Miocène de la plaine de Guercif,
conséquent par l'hydrogéologie. - abouchement avec les conglomérats du Mio-
Les formations aquifères du Moyen Atlas plissé cène et les calcaires du Turonien en Haute-Moulouya.
sont nombreuses mais d'importances très variables. Le LES FORMATIONS AQUIFERES
niveau aquifère du Lias (calcaires et dolomies) reste
comme dans le Moyen Atlas tabulaire un réseau Le Lias constitue l'aquifère le plus important de
fissuré du type karstique, avec prédominance du tout le Moyen Atlas. Dans le synclinal de Berkine, la
régime turbulent. nappe du Lias n'est connue qu'au sud de la faille de
l'Amezloy ; elle se manifeste par de grosses sources
Le style tectonique : anticlinaux aigus et souvent alimentées par le massif du Bou-Iblane (Aïn Tamen-
failles, faisant affleurer l'imperméable (Trias) et larges dert IRE 383/23 à débit supérieur à 300 1/s, Aïn
cuvettes synclinales remplies de formations imperméa- Ayelmous IRE 412/23 à débit de 20 1/s, fig. 32) et le
bles du Dogger, commande l'allure générale de massif du Bou-Nasseur (Aïn Tittaouine IRE 216/23 à
l'écoulement qui se fait généralement le long des zones débit de 80 1/s, sources des Ouled-Ali : IRE 206 à
synclinales et débouche dans de petits bassins dont les 2 1 1 / 2 3 d'un débit total de 150 1/s). A la limite sud du
principaux coïncident avec les principales cuvettes Moyen Atlas plissé, la source Aïn Laraïs (IRE
synclinales du Moyen Atlas plissé : 152/30, Q = 250 1/s), dans le sillon d'Itzer,
témoigne de l'importance de la nappe du Lias.
- le bassin du Haut Guigou,
- le bassin du Mdez, Le Dogger constitue un aquifère non moins
- le bassin des Marmoucha, important et se manifeste par de nombreuses sources
- le bassin de Berkine—Bou-Rached, réparties dans la vallée d'Almis des Marmoucha (fig.
- les bassins de la bordure orientale de la chaîne. 33) où une quarantaine de points d'eau exploitent 150
1/s d'une eau de bonne qualité chimique à faciès
Les eaux du Moyen Atlas plissé ont deux bicarbonaté calco-magnésien. La situation favorable
exutoires : de cette vallée, jointe aux ressources en eau disponi-
- le versant méditerranéen (bassin de la Mou- bles, devraient permettre une mise en valeur agricole
louya). plus étendue.
80 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Sources du Lias
W E
Jbel Tanout
Ji1
Jbel Chercha
Jm1
Ji I-2
Souf Beni
Mansour
Ji3
Aïn Tamendert
(n° I.R.E. 383/23)
E
W
Jbel Chercha
Jm 1
Fig. 32
2000
Puits du Cheik
1800
1600
1400
1200
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 Kms
LEGENDE
Fig. 33
80 1/s, Aïn Onçar IRE 43/23 à Q = 100 1/s) et par chacune) alimente une nappe phréatique dans le
son abouchement avec les formations alluviales de la remplissage quaternaire du sillon d'Itzer. La recon-
vallée de la Moyenne-Moulouya (nappes phréatiques naissance de cette nappe du Dogger sous la plaine
de Tendit et d'Outat-el-Hadj). L'hypothèse de la d'Engil n'a cependant pas été fructueuse, puisqu'à la
circulation de l'eau de cette nappe vers le bassin de la suite d'une étude par prospection géophysique, le
Moyenne-Moulouya est retenue. Cette circulation est forage IRE 3 1 / 3 0 a été stérile bien qu'il ait traversé
perturbée par la présence d'importantes failles de une épaisseur de 126 m dans les calcaires et dolomies
bordure du Moyen Atlas, mettant en contact le Dogger du Dogger.
de la Moyenne-Moulouya avec le Lias du Moyen Atlas Dans le synclinal de Bou-Rached, les « grès de
(le forage IRE 278/23 a permis d'évaluer le rejet de Bou-Rached » du Jurassique supérieur représentent le
cette faille à plus de 500 m). dernier niveau aquifère de la série jurassique recou-
A Meghraoua, une petite nappe existe dans les verte en discordance vers le nord par les formations
marno-calcaires de l'Aalénien mais son extension est miocènes du bassin de Guercif. La présence de sources
limitée en raison de la présence d'une faille qui dans ces grès est liée au pendage subvertical de la série
constitue une limite hydrogéologique au sud de gréseuse.
laquelle la présence d'eau dans cette formation est Du point de vue chimique, toutes les eaux ont un
exclue. faciès bicarbonaté calco-magnésien à résidu sec à
A Engil, en bordure nord du sillon d'Itzer, la 180°C inférieur à 1 g / 1 , sauf à Bou-Rached où le
nappe des calcaires du Dogger mise en évidence par faciès chloruré sodique avec abondance des sulfates
une trentaine de sources à faible débit (0,1 à 5 1/s prédomine (fig. 35).
82 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Jm DL
q 2-3 Glacis quaternaire
Grès, conglomérats
Adrar n'Tbarda mpc
et marnes
q 2-3
Jm DL
Maïter
q 2-3 38/23
mpc
Jm3
Jm DL
Stah el Arhar
Coupes schématiques
37/23
Jm4 Fekkous
Fig. 34
Dans le bassin de l'oued Zobzit (oued Mellou- ressources en eau existantes vers les vallées qu'elles
lou), les débits en eau pérenne s'élèvent à 1,7 m3/s dominent devrait permettre une mise en valeur plus
fournis essentiellement par les nappes du Lias et du poussée qu'elle ne l'est actuellement.
Dogger. Dans le bassin de Berkine, trois petits périmètres
Dans le Moyen Atlas plissé, la topographie très peuvent être aménagés ; il s'agit de Tamjilt, de
accidentée ne permet pas l'exploitation des eaux à des Tinesmet et de Bou-Rached. De même il faut noter le
fins d'irrigation sur de grandes superficies et seules les cas de la petite vallée atlasique d'Almis des
terrasses alluviales en bordure des cours d'eau sont Marmoucha dont la mise en valeur peut être accrue en
activement mises en valeur à partir de dérivations raison de la situation et des ressources en eau
d'eau d'oueds ou de sources. L'aménagement des existantes.
MOYEN ATLAS PLISSÉ
8
3
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
En ce qui concerne les eaux superficielles, seules des cours d'eau. La violence des crues de l'oued Zobzit
peuvent être confectionnées de petites digues permet- ne permet la construction que de petits barrages
tant d'irriguer, grâce à des séguias dont le tracé suivra traditionnels de dérivation en terre et troncs d'arbres,
les courbes de niveau des terrasses alluviales le long reconstruits après chaque crue importante.
84 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
REFERENCES
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n° 64, 88 pp.,1 fig., 8 pl. photo.
3.22
par
Michel COMBE
Introduction géographique
Le bassin dénommé Haut Atlas occidental plus importante étant la rivière souterraine du Wit-
constitue l'extrémité de la chaîne haut-atlasique, entre Tamdoun (jbel Tasbouket).
le Massif ancien ou zone axiale cristalline à l'E et
l'océan Atlantique à l'W. La limite orientale de cette La vallée de Passif Ait-Moussa—oued Issen,
région est constituée par la dépression N-S dite encore dénommée couloir d'Argana du nom de la
d'Argana et du col Tizi N'Machou, empruntée vers le bourgade la plus importante qui s'y trouve, constitue
N par un affluent de l'oued Chichaoua et vers le S par une dépression bien marquée entre le massif ancien du
l'oued Issen affluent du Souss. Au S la limite est Haut Atlas et l'Atlas occidental. Sur le tracé d'un
géographique et correspond à la retombée brutale des accident N-S très important et qui abaisse de 1 000 m
plis du jbel Lgouz vers la plaine du Souss ; au N la à l'W les formations paléozoïques du massif ancien
limite est un piémont traduisant le passage de la zone sous les sédiments triasiques, cette vallée large de 10 à
plissée au secteur tabulaire du synclinal d'Essaouira- 15 km, colorée du rouge des formations triasiques, est
Chichaoua. Ainsi défini, le Haut Atlas occidental a limitée par deux bords abrupts : la chaîne des Ida-ou-
une superficie de 5 000 km2 et une forme sensible- Mhamoud appartenant au massif ancien à VE
ment carrée. (2500 m) et la cuesta des Ida-ou-Tanane à l'W
(1500 m). Cette vallée est ouverte depuis 1973 à la
Le Haut Atlas occidental ne revêt pas un aspect circulation automobile courante grâce à la réalisation
de haute montagne, mais plutôt celui de plateaux de la route principale reliant Agadir à Marrakech.
étages en gradins, s'abaissant progressivement vers
l'W et vers le N. Le point le plus haut n'atteint que La population de cette région est de l'ordre de
1800 m et les plateaux les plus élevés des Ida-ou- 100 000 habitants, d'origine berbère et parlant le
Tanane ont une altitude de 1500 m. Cependant, les dialecte « chleuh ». Ses occupations sont essentielle-
vallées entaillent profondément le massif et confèrent ment agricoles : cultures irriguées sur les terrasses en
au relief un aspect pittoresque et mouvementé ; les fond de vallées et élevage (chèvres surtout) sur les
accès sont difficiles en général et la pénétration plateaux secs où pousse l'arganier qui offre la
pénible. Le paysage de cette région est typiquement particularité de produire des fruits dont le noyau
jurassien (Ambroggi, 1963) avec anticlinaux calcaires fournit de l'huile, tandis que la pulpe et les feuilles
du Jurassique supérieur et marnes du Crétacé alimentent les chèvres. Deux zones particulières
conservées dans les synclinaux ; les anticlinaux sont méritent l'attention : il s'agit des petites plaines
érodés en leur centre et créent des dépressions internes alluviales situées aux embouchures des oueds Tamg-
ou combes alors que, surplombant ces combes, les hart et assif N'Aït-Ameur qui, sur une superficie
flancs calcaires dessinent des crêts. Les cours d'eau, irriguée de 200 à 250 hectares, produisent de petites
surimposés, recoupent le plus souvent les éléments bananes s'apparentant à celles des Canaries, fruits fort
structuraux et certains, alimentés par des dégorge- appréciés au Maroc. L'industrie de la région est
ments de sources issues de calcaires, coulent presque inexistante si l'on excepte une petite production de crin
toute l'année. Les types de vallées s'apparentent à ceux végétal à Immouzer des Ida-ou-Tanane et quelques
du Jura avec présence de cluses à la traversée des plis huileries à production familiale traitant l'argan ; le
anticlinaux. Le réseau hydrographique comprend deux tourisme n'est pas encore une activité bien que certains
systèmes : l'un se jette directement dans l'Atlantique, projets existent, notamment celui du complexe bal-
l'autre rejoint l’oued Souss au S de l'Atlas. Les néaire de Taghazoute à une vingtaine de kilomètres au
manifestations karstiques sont assez nombreuses, la nord d'Agadir.
86 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
EOCENE ET CRETACE
ESSAOUIRA
SUPERIEUR LIAS
IMIN'TANOUTE
A T L A N T I Q U E
CAP TAFELNYEY
TAMANAR
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IMOUZZER
CAP RHIR
TARHAZOUTE
S
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AGADIR N E
A I 0 5 10 15 20 25 Km
P L
Fig. 36 — Plan de situation et schéma géologique. Primaire et Précambrien sont schisteux et quartziti-
ques, le Trias est argileux avec une série gréseuse, le Lias est calcaire, le Jurassique moyen est
marno-calcaire, le Jurassique supérieur est calcaire, le Crétacé inférieur est marneux alors
que le Crétacé moyen comporte des calcaires francs, l’Eocène et le Crétacé supérieurs sont
marneux. Le Plio-Quaternaire est gréso-sableux près de la côte, argilo-conglomératique dans
la plaine du Souss.
HAUT ATLAS OCCIDENTAL 87
Géologie
Les premiers géologues qui parcoururent cette étant d'attribution imprécise, faute de témoins paléon-
région furent A. Brives (1904-1905), L. Gentil tologiques (jusqu'à 200 m d'épaisseur).
(1905-1915), E. Roch (1928-1939) et L. Moret Le Lias supérieur est bien daté et débute par une
(1927-1933), mais R. Ambroggi y consacra plus corniche de calcaires dolomitiques parfois vacuolaires,
spécialement une quinzaine d'années, publiant le surmontés d'une série calcaire plus tendre, de marno-
résultat de ses travaux en 1963 sous forme d'une thèse calcaires et de calcaires sub-lithographiques ; des
de Doctorat d'Etat intitulée : « Etude géologique du calcaires et marnes lagunaires terminent le Lias
versant méridional du Haut Atlas occidental et de la
(épaisseur 250 m)
plaine du Souss » dont sont extraites les données
géologiques qui suivent. Les cartes géologiques au Jurassique moyen et supérieur
1/50000 ou au 1/100 000 de R. Ambroggi étant
demeurées sous forme de minutes inédites, (à Une série détritique rouge-brun est attribuée au
l'exception du 50 000e Agadir), on dispose actuelle- Dogger et comprend des conglomérats, des grès et des
ment des cartes géologiques régulières au 1 / 100 000 marnes surmontés de marno-calcaires et calcaires peu
sans notice explicative, levées par les géologues de la épais (quelques mètres). Au total, la série a une
Société Chérifienne des Pétroles sous la direction de puissance de 200 à 300 mètres.
F. Duffaud et publiées en 1971 (feuilles Tamanar, Une corniche calcaréo-dolomitique (20 à 30 m)
Tarhazoute et Khemis des Meskala ; feuilles Immouzer marque le début du Callovien, étage qui se poursuit
des Ida-ou-Tanane, Imi-N'Tanout et Igli à paraître) et par des marnes et marno-calcaires jusqu'à l'Oxfordien
de la carte Agadir au 1/50 000 de F. Duffaud publiée (50 m). Puis viennent des calcaires à entroques et
en 1962. En 1973, les cartes géologiques régulières marno-calcaires de l'Argovien (20 m) et une nouvelle
couvrent par conséquent les secteurs ouest et nord du corniche de calcaires récifaux et dolomitiques, massifs
Haut Atlas occidental ; les secteurs S E (plateaux des à la base, dénommés « calcaires à Nérinées »,
Ida-ou-Tanane) et E (couloir d'Argana) ne sont pas puissants de 20 à 50 m en moyenne, et subissant des
couverts. variations sensibles de faciès dans la région ; ces
STRATIGRAPHIE derniers calcaires sont datés Rauracien-Séquanien.
bordure de l'océan Atlantique et est constitué de A l'Oligocène, la mer s'est avancée timidement
marnes sableuses, grès et calcaires gréseux d'épaisseur dans la gouttière synclinale qui s'étendait au S de
variable, de même que le Quaternaire marin. l'Atlas puis a été rejetée à la fin de cette période par de
nouveaux plissements de l'Atlas. Au Miocène la région
PALEOGEOGRAPHIE est demeurée émergée et ce n'est qu'au Pliocène que la
L'orogenèse hercynienne a abouti à l'émersion mer est revenue occuper la bordure de là côte
totale du domaine atlasique sur lequel se sont installés atlantique où elle va osciller sur une étroite frange
des lacs stéphaniens et autuniens. Un grand accident côtière jusqu'au Quaternaire.
NNE-SSW affectait l'Atlas suivant l'actuel couloir STRUCTURE
d'Argana, le compartiment ouest étant alors abaissé de
plusieurs centaines de mètres, prêt à recevoir les mers Deux périodes orogéniques distinctes ont marqué
du Secondaire sur l'emplacement actuel. la structure du Haut Atlas occidental : l'orogenèse
hercynienne qui a créé des plissements NNE-SSW et
De faibles mouvements hercyniens posthumes l'orogenèse tertiaire qui a soulevé et plissé l'Atlas
ont creusé la dépression d'Argana au début du Trias, suivant une direction WSW-ENE orthogonale à la
dépression comblée ensuite par les apports des torrents précédente.
venus de la zone paléozoïque montagneuse, et des
chotts se sont constitués, concentrant l'eau par Le trait caractéristique de l'Hercynien est l'effon-
évaporation. A la fin du Trias, de vastes coulées drement de direction N-S qui limite vers l'W une vaste
basaltiques se sont épandues dans la dépression, ne partie primaire du Maroc atlantique, depuis la Méséta
dépassant pas le parallèle d'Argana vers le nord, mais
atteignant vraisemblablement l'Océan vers l'ouest. Au
0 10
Lias inférieur, la sédimentation continentale se 20 km
de l a
Me s e t a
o r me O.
poursuit, ravinant les basaltes. t ef Ten
sift
IV' la
P
La première transgression marine du Secondaire
survient au Lias supérieur, parvenant jusqu'au méri- Cap Hadid
dien d'Argana ; la mer est peu profonde et flanquée au
N et au S de lagunes à la limite des terres émergées.
Au Dogger la mer épicontinentale se transforme en Chichaoua
Mogador
une immense zone d'épandage du matériel arraché au a t l as i que
III' n no r d -
continent émergé du massif ancien du Haut Atlas. Au Si l lo
Hercynien
Callovien, une seconde transgression survient, plus Cap Sim O.
Igr
ou
ample que la première et parvenant jusqu'au méridien nz
ar
du Tizi-N'Machou ; la mer s'étend encore à l'Oxfor- b -at la
s i que sep t
en r
e su i on
dien, régressant à l'Argovien au N des Ida-Ou- Zon a le
II' Imi n'Tanoute
Tanane. Une mer coralliaire s'installe au Rauracien-
t
en
r em
Séquanien puis, le plateau continental ayant basculé Cap Tafelney
Zone axiale
f ond
(sous-zone Nord)
vers l'W, le Jurassique se termine par un régime
aha de l ' ef
lagunaire, la mer franche ayant évacué les lda-Ou- Tamanar es H
s s in d
Tanane et n'occupant plus qu'un petit golfe au droit du Ba
I'
o r i en t a l e
Cap Rhir.
r
La transgression crétacée s'amorce au Berriasien m
eu
Argana
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Axiale
Li
Station hydrologique
O. K
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1769 Point coté (lignes de crêtes) et cote NGM
300
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UN 500 Isohyètes annulelles 300, 500 et 700 mm
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0 5 10 15 20 km
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O.
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901 IMGRAD 1111
933 1685
1595
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932
0
O. IGUEZOULLER 0
30
50
KOUNZENT
705 TIZI
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31° 1127
O C E A N
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TIMLILT 700 3205
50
0
709 1256
500
ZAOUIA 1358
TILLELT 3233
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EU
823 AM 3655
300
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0
N' ASMAMA
30
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0
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N
AS 1692
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J. AZILAL 1914 50
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TAMRI TINKE IMOUZZER BIGOUDINE
1789 1735 MENTAGA
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1340 500 OU
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AR 1348 352
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30°30'
0
30 152
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427
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205 HAFAIA
AGADIR
_ AIN HAMADI
10° 5°30' OUED
OULED
_ TEIMA 9°
AIN CHAIB
marocaine puis les Jbilete au N puis le Haut Atlas à l'Eocène et l'Oligocène, puis surtout au Miocène et
central au niveau du couloir d'Argana, et se poursuit Pliocène.
au S. limitant l'Anti-Atlas occidental. De part et d'autre d'une zone axiale de la chaîne
L'orogenèse tertiaire a été marquée par plusieurs correspondant aux pays des Ida-Ou-Tanane, on note
mouvements prémonitoires dès le Trias, puis pendant symétriquement au N et au S : une zone préatlasique,
le Jurassique et le Crétacé, suivis de phases marquées puis un sillon synclinal et enfin les plates-formes
90 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
(Méséta au N et Anti-Atlas au S). La carte structurale refoulée vers le S et vers le N par pressions
(fig. 37) schématise cette disposition. tangentielles depuis le secteur axial ; la zone préatla-
sique septentrionale est compliquée par un accident
La zone axiale des Ida-Ou-Tanane est flanquée tertiaire qui la divise en deux, le compartiment externe
au N et au S par les grands accidents nord et sud- à la zone axiale se trouvant abaissé.
atlasiques. C'est une zone très plissée, constituant un
anticlinoriuna. Les sillons nord et sud-atlasiques sont les
dépressions constituées par le synclinal d'Es-
Les zones préatlasiques ou encore subatlasiques, saouira - Chichaoua - Haouz au N et le synclinal de la
se situent de part et d'autre et en contre bas de la zone olaine du Souss au S.
axiale. La couverture secondaire, moins plissée a été
Climatologie
Comprise autour de la latitude 31° N, cette région fournissent des moyennes sur 30 ans. Compte tenu des
bénéficie sur la côte au moins, d'un climat très doux importants effets d'abri, la carte des précipitations de
en toutes saisons, climat caractérisé par de faibles H. Gaussen et G. Roux établie pour la période
précipitations (295 mm/an à Essaouira au N et 1925-50 (1955) en tenant le plus grand compte des
225 mm à Agadir au S). Vers l'intérieur, l'altitude et informations phyto-écologiques, correlées aux don-
la continentalité modifient heureusement ces condi- nées pluviométriques, s'avère extrêmement utile. Ce
tions, permettant des précipitations plus abondantes, sont les isohyètes extraites de ce document qui sont
dépassant 500 mm de moyenne annuelle au-dessus de reportées sur la figure 38. La disposition des
1 300 m sur les versants exposés à l'ouest (532 mm à isohyètes : courbe 300 mm près et parallèle à la côte
Immouzer des Ida-Ou-Tanane, 1 3 1 0 m d'altitude) ; atlantique, isohyètes 500 mm circonscrivant les pla-
par contre, sur les versants non orientés à l'ouest les teaux à 1 300 m, font ressortir le particularisme de la
effets d'abri jouent un rôle important : Timlilt situé à vallée de l'oued Issen, vallée orientée N-S très abritée,
1 250 m sur un flanc est ne reçoit plus que 341 mm/ et recevant moins de 300 mm par an.
an.
La saison des pluies s'étend d'octobre à avril,
Peu de postes pluviométriques ont fonctionné avec un maximum marqué en décembre-janvier. Le
régulièrement dans cette région. Seuls cinq (fig. 39) nombre de jours pluvieux se situe autour de 35 par an.
La période de juin à septembre est presque totalement
DOMAINE ATLASIQUE CLIMATOLOGIE 1933-1963 22 - HAUT ATLAS OCCIDENTAL
Fig. 39
HAUT ATLAS OCCIDENTAL 91
sèche. A cette latitude très méridionale, la neige tombe minima ressortent à 25,5 et 12,5° C et la moyenne des
parfois en hiver au-dessus de 1 200 mètres, mais ne températures moyennes à 19,8° C (fig. 39). Les
tient pas. températures ne s'abaissent pratiquement jamais au-
dessous de zéro.
On peut montrer par des planimétrages de la
carte des isohyètes que la pluviosité moyenne sur ce Les évaporations calculées mois par mois par les
bassin est de l'ordre de 400 mm/an, ce qui représente méthodes de Thornthwaïte et Turc donnent une valeur
un apport pluviométrique de l'ordre de 2 milliards de moyenne annuelle égale de 310 mm à Tamanar qui
m3 d'eau. reçoit une pluie de 313 mm. L'évaporation reprend
pratiquement toutes les pluies tombées sur la bande
Une seule station fournit des observations de côtière.
températures : Tamanar. Les moyennes des maxima et
Ressources en eau
Aucune étude d'ensemble n'a jamais été effectuée dans que l'assif N'Aït-Ameur est pérenne au niveau de la
le bassin hydrogéologique de l'Atlas occidental. Sur le plaine alluviale de Tamri, près de l'embouchure.
plan hydrologique, deux oueds situés en marge du
bassin et recevant des apports de bassins voisins sont Oued Iguezoullen
contrôlés par des stations de mesures : l'oued Issen, L'oued Iguezoullen (bassin versant de
affluent du Souss à l'E, l'oued Zeltène affluent du 1 030 km2) est constitué de plusieurs sous-bassins
Ksob au N. Les investigations hydrogéologiques qui d'importances inégales, confluant à quelques kilomè-
ont été réalisées essentiellement entre 1951 et 1955 tres de l'embouchure ; parmi ces sous-bassins, celui de
par R. Bourgin au S et G. Thuille au N sont restées l'Iguezoullen (ou encore Ridi) est le plus vaste
limitées à la solution de problèmes locaux d'alimenta- (500 km2). Le bassin versant est peu élevé, ne
tion en eau. En outre, de rares forages hydrogéolo- dépassant guère 1000 m vers l'est, mais il est constitué
giques profonds ont fourni quelques indications sur d'assises en majorité imperméables. La moyenne des
l'existence de nappes artésiennes. pluies annuelles sur le bassin est de 390 mm. Des
considérations théoriques permettent, faute de mesure,
HYDROLOGIE d'estimer le ruissellement moyen annuel autour de 60
Si l'on excepte les bassins des oueds Issen et millions de m3/an ou 2 m3/s fictifs continus. Cet
Ksob qui ne se situent que partiellement dans l'Atlas oued est temporaire, ne coulant qu'à la suite de pluies
occidental, mais sont tous deux jaugés sans que l'on notables.
puisse très bien définir la part des écoulements Oued Tamrhart
imputable pour chacun d'eux à l'Atlas occidental,
Passif N'Aït-Ameur (bassin versant de 1 770 km2) et L'oued Tamrhart (530 km2) a les mêmes carac-
les oueds Iguezoullen (bassin versant de 1030 km2) et téristiques de forme, d'orientation et de pente que
Thamghart (bassin versant de 530 km2) sont les l'assif N'Aït-Ameur. Il est également assez bien arrosé
rivières les plus importantes entièrement situées dans (plus de 500 mm) dans la partie haute du plateau des
l'Atlas occidental. Toutes trois sont pérennes dans leur Ida-Ou-Tanane ; des considérations théoriques pru-
cours inférieur au moins, mais leurs apports n'ont dentes permettent de lui attribuer une pluie moyenne
jamais fait l'objet de mesures systématiques. de 380 mm conduisant à un volume ruisselé de 32
millions de m3/an ou l,0m3/s fictif continu. La
Assif N'Aït-Ameur variabilité des apports dans l'année et d'une année à
L'assif N'Aït-Ameur (1 770 km2) a un bassin de l'autre est grande ; les habitants de la région de
forme allongée dans le sens SW-NE, assez favorable à l'embouchure rapportent l'existence de 2 à 5 crues par
la pénétration des perturbations océaniques. Le haut an durant chacune entre 12 à 48 heures. Plusieurs
bassin est d'altitude assez élevée (1 200 à 1 600 m) et mesures des débits d'étiage ont été effectuées en 1969,
se trouve relativement arrosé (plus de 500 mm/an au 1970 et 1971, montrant que le débit à l'embouchure
S et à l'E). Des considérations théoriques prudentes s'abaisse rarement au-dessous de 100 1/s grâce au
permettent de calculer une pluie moyenne annuelle de soutien de sources situées peu à l'amont de la plaine
420 mm et un volume moyen annuel ruisselé de 120 d'estuaire.
millions de m3 ou 3,7 m3/s fictifs continus (coeffi- Oued Ksob
cient de ruissellement moyen de 0,157, comparable à
celui du Ksob). La variabilité des apports est grande L'oued Ksob ( 1 700 km2 de bassin versant) ne
d'une année à l'autre et dans le cours de l'année ; le possède que quelque 300 à 400 km2 de bassin situé
débit maximum de la crue centennale à l'embouchure dans l'Atlas occidental ; on notera néanmoins que ces
est estimé entre 700 et 1 000 m3/s. 300 à 400 km2 se situent à des altitudes élevées
(1 200 à 1 600 m), dans une zone à pluviosité
Les débits d'étiage sont inconnus, mais on sait relativement importante (plus de 500 mm). Les
92 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
apports moyens annuels du Ksob sont de 110 millions quittent le bassin par le Ksob, l'Issen et les affluents
de m3 (cf. Ressources en Eau du Maroc, tome 2, riv e dro ite du Souss. Le ru issellemen t su r le s
chapitre : Bassin d'Essaouira-Chichaoua et zone 5 000 km2 de l'Atlas occidental représente donc
côtière d'Essaouira) ; la contribution du Haut Atlas 15 % au plus de la pluie moyenne.
occidental à cet apport est vraisemblablement de La qualité des eaux ruisselées est mal connue,
l'ordre de 30 à 40 millions de m3. excepté dans le Ksob et l'Issen où des prélèvements
Oued Issen mensuels ont été effectués de manière régulière
pendant plusieurs années. La figure 40 montre sous
L'oued Issen (1600 km2 de bassin versant au forme logarithmique les limites d'évolution des salures
confluent avec l'oued Souss) se situe pour quelque des oueds Ksob et Issen en fonction des débits
1 000 km2 dans l'Atlas occidental, le reste se trouvant écoulés ; dans les deux cas, les crues (qui rappelons-le
dans le bassin hydrogéologique du Haut Atlas central. représentent une fraction très importante des apports
L'orientation NNE-SSW de la vallée de l'Issen et sa annuels) roulent une eau très douce (300 à 400 mg/1
situation entre les crêtes des plateaux de 1 400 à de résidu sec à 180° C) alors que les étiages,
1 800 m vers l'W et les crêtes des massifs du Haut généralement très peu abondants roulent une eau
Atlas (plus de 3 000 m d'altitude) vers l'E, font que la beaucoup plus chargée, mais de qualité très acceptable
vallée subit un fort effet d'abri pour la distribution de au moins pour l'Issen (1 300 mg/1 de résidu sec à
la pluie (cf. carte des isohyètes, fig. 38). Les apports de 180° C au maximum)
l'Issen proviennent essentiellement de sa rive gauche
haut-atlasique ; la plus élevée et la mieux arrosée HYDROGEOLOGIE
comme le montre le peu de développement du réseau La disposition relativement régulière des assises
hydrographique des affluents de la rive droite. géologiques : Trias et Lias à l'E et au SE, Jurassique
La station hydrologique du « Pont de l'oued moyen et supérieur au S et au NW, Crétacé inférieur
Issen» se situe sur la route R.S. 7 0 1 6 après le au centre-ouest et Plioquaternaire à l'W, font que les
débouché de la rivière dans la plaine du Souss ; elle problèmes hydrogéologiques sont différents d'un
fonctionne depuis 1962. A partir de 1969, une autre secteur à un autre de l'Atlas occidental. Jusqu'à
station a été mise en service à Bigoudine dans le bassin présent, les principales interventions des hydrogéolo-
moyen, essentiellement en raison de la présence à gues ont porté surtout sur les secteurs de Tamanar
proximité d'un site de barrage dont l'étude était (série allant du Jurassique supérieur au Pliocène) et
envisagée. d'Immouzer des Ida-Ou-Tanane (Jurassique moyen et
supérieur).
Les apports moyens annuels de l'Issen pour la
période des mesures hydrologiques: 1962/63 à Les réservoirs
1972/73 sont de 137 millions de m3. Pour la période
1932/33 à 1969/70, l'apport moyen annuel déduit de L'Atlas occidental, constitué en majorité de
la relation pluie-débit de 1962-70 et de la pluie depuis roches imperméables, est dans l'ensemble pauvre en
1932 ne serait que de 100 millions de m3/an ; de fait eau souterraine. Dans la série stratigraphique de la
la période 1962/70 est plus humide que la moyenne, région, on relève essentiellement les réservoirs poten-
(apport moyen de 1 50 millions de m3). tiels suivants :
Les étiages de l'Issen sont sévères mais difficiles • Lias ;. bon réservoir calcaire à la base de la série du
à connaître car tous les débits pérennes sont alors Lias supérieur, affleurant malheureusement trop peu
dérivés pour l'irrigation dans les sous-bassins moyen pour être alimenté directement par la pluie. En outre
et aval. Sans ces prélèvements, l'Issen serait pérenne. ce réservoir est couvert d'une épaisse série peu
perméable (Lias terminal) puis imperméable (Dogger)
Il est à noter que 90 % des apports de l'Issen se qui limite sans doute les infiltrations à partir des
situent en hiver, de novembre à avril, ce qui montre couches sus-jacentes. Aucun travail hydrogéologique
l'importance des crues d'ailleurs assez mal connues et n'a encore concerné ce réservoir en cette région.
pas du tout utilisées en ce bassin. De ce fait, des
volumes relativement importants sont disponibles sur • Jurassique -. plusieurs formations calcaires de la
série jurassique constituent des réservoirs aquifères
l'Issen à proximité de la baie d'Agadir, au prix de la
alimentant notamment des sources pouvant débiter 10
construction d'un grand barrage de retenue dont
et même 20 1/s. Il s'agit : de la base du Callovien (20
l'étude est entreprise en 1973 (cf. ci-après : aménage- à 30 m d'épaisseur), puis des « calcaires à Nérinées »
ment des eaux. du Rauracien-Séquanien à faciès variables il est vrai,
Conclusions d'épaisseur de l'ordre de 20 à 50 m ; c'est dans cette
formation que se développe le réseau karstique du Wit-
Les débits ruisselés dans le Haut Atlas occidental Tamdoun, rivière souterraine qui a été reconnue sur
doivent se situer un peu au-dessous de 300 millions de plus de 6 km de longueur (jbel Tasroukht, plateau des
m3/an en moyenne, dont 80 à 100 millions de m3
HAUT ATLAS OCCIDENTAL 93
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
Fig. 40 — Compositions extrêmes des eaux des oueds Ksob et Issen en représentation
logarithmique. Le point 111/51 est la station hydrologique du Ksob à l'aval
de la confluence Igrounzar-Zeltène ; le point 714/70 est la station hydrologi-
que du pont de la route RS 7016 sur l'oued Issen.
Ida-Ou-Tanane). Enfin, les calcaires et calcaires marneuses peuvent localement fournir de faibles
dolomitiques du Jurassique terminal donnent nais- débits, inférieurs ou de l'ordre du litre/seconde. Le
sance à de nombreuses sources répertoriées et se sont réservoir des calcaires du Turonien, très productif
même révélés aquifères à eau douce à 250 m de dans l'ensemble du Maroc, est peu représenté dans
profondeur, sous une couverture de Pliocène, dans le l'Atlas occidental en dehors des secteurs SW (bassin
forage 2/60 (10 km au NW de Tamanar). versant de l'oued Tamrhart) et N (bassin versant de
l'oued Tensift, en limite extérieure du bassin de l'Atlas
• Crétacé : le Crétacé inférieur, à forte dominante occidental). Dans le bassin de l'oued Tamrhat, le
marneuse, n'offre aucun réservoir potentiel important ; réservoir turonien alimente les étiages de l'oued dans
les bancs de calcaires ou de grès inclus dans les séries son cours inférieur ; un projet de forage profond ayant
94 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
le Turonien comme objectif et destiné à des alimenta- vallées alluviales des oueds N'Aît-Ameur et Tamrhart
tions en eau dans le secteur de Tarhazoute, n'a jamais ainsi que les secteurs autour des agglomérations de
été réalisé ; rappelons ici que des forages au Turonien Tamanar et d'Immouzer des Ida-ou-Tanane ont fait
réalisés près d'Agadir, en bordure de l'Océan, ont l'objet de relevés systématiques. Hors de ces secteurs,
produit de l'eau salée. on ne note aucun puits équipé de moyen d'exhaure à
moteur.
• Plio-Quaternaire : le Pliocène marin, gréseux à la
base puis sableux (épaisseur pouvant atteindre une Cinq forages seulement sont à noter dans cette
centaine de mètres) ne s'étend véritablement que dans région de 5 000 km2. Trois très anciens (réalisés de
la région de Tamanar ; jusqu'à présent, les rares 1926 à 1928) sont situés dans la région de Tamanar et
tentatives d'exploitation par puits ou forages ont été ont été négatifs ; un quatrième réalisé en 1956 près de
décevantes. Les alluvions des oueds sont souvent à Tamanar fut également négatif (5/60). Enfin un autre
dominante argileuse, mais peu de travaux leur ont été forage réalisé dans la basse vallée de l'oued Issen en
consacrés. 1969 (496/61) avait pour objectif la reconnaissance
des alluvions de la vallée : 50 m d'alluvions
Les points d'eau et l'exhaure graveleuses à liant argileux furent traversées sous 30 m
Aucun inventaire systématique des points d'eau de limons, le niveau d'eau était profond et la couche
n'a été effectué dans cette région. Néanmoins, une peu productive (T = 5.10 -4 m2/s).
centaine de sources ont été recensées, parmi lesquelles Il faut souligner dans la région la présence de
se trouvent toutes les plus importantes, la principale nombreuses citernes à eau de pluie permettant
étant l'Aïn Bizarone (56/60) ; cette source de l'alimentation en eau des hommes et des troupeaux ;
déversement du Turonien en amont de la basse vallée ces citernes sont collectives en général et des
de l'oued Tamrhart débite 70 1/s et aurait, d'après la agglomérations comme Tamanar ont recours à cette
tradition orale, fait l'objet de travaux de la part de ressource. On en signalait en 1939, 2500 de
navigateurs portugais il y a plusieurs siècles. Viennent contenance moyenne 60 m3, dans le seul cercle
ensuite une trentaine de sources provenant du d'Immouzer des Ida-ou-Tanane. Il s'y ajoutait une
Jurassique moyen et supérieur (Rauracien et Kimérid- centaine de Rdirs ou mares artificielles temporaires
gien - Portlandien) débitant entre 10 et 30 1/s, situées destinées à l'abreuvage des animaux.
surtout dans le cercle administratif d'Immouzer des
Ida-ou-Tanane pour lequel on possède un inventaire Au total, les exutoires d'eau souterraine connus
ancien (antérieur à 1940) mais exhaustif. Toutes les dans l'Atlas occidental représentent une production
autres sources ne débitent que des fractions de litre/ annuelle inférieure à 30 millions de mètres-cubes, la
seconde ou au maximum 1 à 2 1/s. production totale se situant vraisemblablement entre
30 et 60 millions de mètres-cubes (soit 1,5 à 3 %
Soixante puits seulement ont été inventoriés alors environ de la pluie moyenne annuelle sur la région).
qu'il en existe plusieurs centaines ; seules les basses
A
ESSAOUIR
Formation poreuse, perméable :
PLIO-QUATERNAIRE
Formation argileuse imperméable : 268 OUED I
328 GUE
CRETACE INFERIEUR - ZOU
LLEN
Formation fissurée : JURASSIQUE 73/51
Synclinal
Anticlinal
300 Point coté
21/51 Source
4/60 Puits
2/60 Forage
71/51
Site de barrage
705
4/60 392
25/60
2/60
A T L A N T I Q U E
234
284 TAMANAR
23/60
291 1/60
28/60 24/60
16/60
337 879
5/60
320
447
22/60
198 1009
O C E A N
DIR
420
AG A
308
0 2 4 6 8 10 Km
504
Fig. 41 — Alimentation en eau de Tamanar, situation des travaux de recherche exécutés dans leur
cadre géologique.
56/80 640 _ 58 _
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
100 l/j en 2000, les besoins de 2000 atteindraient crétacé, soit trop perméable en ce qui concerne les
environ 3 1/s fictifs continus. formations du Jurassique supérieur et du Plio-
Quaternaire ; on reviendra en détail sur ces points,
Les ressources en eau pérenne à proximité du
mais le centre possède 15 citernes comme toute
centre (dans un rayon de 10 km) sont pratiquement
ressource, citernes remplies par la pluie avec renouvel-
nulles ; les rivières sont temporaires avec des écoule-
lement d'une fois et demi la réserve au cours d'une
ments fugaces suivant immédiatement les pluies, le
année, mais cette ressource annuelle est très inférieure
sous-sol est soit imperméable pour le recouvrement
HAUT ATLAS OCCIDENTAL
aux besoins, et l'eau produite est de mauvaise qualité ; profonde jurassique dont le niveau est imposé par
il s'y ajoute pour mémoire la production de quelques l'Océan dans lequel elle se vidange. Ce niveau se situe
puits dont le meilleur fournit 10 m3/jour. sous la plaine de Tamanar à une profondeur de l'ordre
de 250 m, excluant toute exploitation. Une nappe
Les problèmes d'alimentation en eau de ce village perchée existe cependant localement dans le Pliocène,
illustrent bien les difficultés que l'on rencontre dans à une profondeur importante (90 m) comme le montre
toute cette région de l'Atlas occidental en matière
le puits 16/60 qui produit une eau de bonne qualité
d'aménagement des eaux. Aucune source ni point
mais dont le débit est extrêmement faible.
d'eau pérenne n'existant à proximité, le village qui ne
semble avoir pris de l'importance qu'après une Par conséquent on ne peut certes affirmer que,
implantation militaire et administrative vers 1 9 f 0 , localement, des conditions géologiques plus favorables
s'est alimenté à l'origine à partir de citernes, d'un puits (présence de Crétacé entre les réservoirs jurassique et
profond et peu productif foncé dans les marnes du pliocène notamment) ne permettraient pas des accu-
Crétacé (le puits de l'autorité locale ou puits du mulations d'eau de quelque importance, mais il faut
Caîd : 28/60, fournit 10 m3/j). Les besoins n'étant savoir que des sommes considérables seraient à
ensuite jamais satisfaits, on a tenté de foncer d'autres investir en géophysique et forages pour des résultats
puits qui furent tous pratiquement secs ; en 1926, deux hypothétiques et sans doute limités à la constitution de
forages profonds étaient exécutés, l'un à l'E (1/60) et points d'eau d'intérêt local ; cette politique serait
l'autre à l'W (2/60) de la localité, sans succès. En évidemment intéressante pour le développement de la
1954, on notait l'existence de 6 citernes publiques et région hors des secteurs à habitat assez groupé. Pour
de citernes privées, de nombreux puits ayant égale- les zones peuplées, il faut envisager des alimentations
ment été creusées à titre de prospection dans toutes les en eau coûteuses à partir d'ouvrages mobilisant des
formations géologiques de la région et de plus en plus eaux superficielles distribuées ensuite par de longues
loin du centre, notamment : adductions en petits diamètres. Dans la région de
- sondage 2/60 ayant atteint le Jurassique supérieur Tamanar, plusieurs sites de barrages ont déjà été
(eau probablement douce à 250 m de profondeur) ; repérés sur les oueds, mais vu l'importance des crues
de ces rivières et par conséquent du coût des ouvrages
- puits 17, 23 et 25/60, forage 1 /60 dans l'Hauteri- de protection (évacuateurs notamment), il paraît plus
vien, s'étant révélés soit secs, soit à débits très faibles sage de chercher à créer des réservoirs artificiels
avec de l'eau salée ( 1 7 et 23/60) ; latéraux aux rivières, réservoirs alimentés par dévia-
- puits 28/60 et forage 1 / 6 0 dans le Pliocène. Ces 2 tion d'une partie des crues, plutôt que des barrages
ouvrages débitent quelques dizièmes de litre/seconde réservoirs ou des lacs collinaires dont les études
et l'eau est assez chargée (2,8 g/1 de résidu sec à seraient délicates,(faute de données de base sur les
1 80°C) ; intensités de pluies, le ruissellement et le transport
solide.) Par ailleurs le développement des citernes à
-puits 72 et 73/51 dans les alluvions de l'oued eau de pluie et des Rdirs (mares temporaires) est
Iguezoullen afin d'en reconnaître le sous-écoulement certainement souhaitable afin de multiplier les points
(eau douce de 400 à 700 mg/1 de résidu sec). d'eau dans la région.
L'étude hydrogéologique de G. Thuille (1954)
conduisait à proposer un nouveau forage pour
l'exploration complète du Pliocène à l'W du village et
l'approfondissement des meilleurs puits. Le forage fut CONCLUSION
réalisé en 1956 (5/60), montrant malheureusement
En conclusion, on peut retenir le bilan moyen
que le Pliocène perméable repose directement dans l'W
annuel des eaux suivant pour le bassin : sur 2 milliards
du synclinal sur le Jurassique supérieur épais car les
assises crétacées ont été érodées ; dans ces conditions, de m3 de pluies, 300 millions de m3 ruissellent et 50
toute infiltration dans le Pliocène gagne la nappe millions de m3 s'infiltrent ; l'évaporation consomme
82,5 % des pluies tombées sur le bassin.
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F e u i l l e d e Ta r h a z o u t e . N o t e s e t M . S e r v . g é o l . M a r o c . n° 249, pp. 147-177, 19 fig.
n° 204.
3. 23
par
Introduction géographique
La massif du Haut Atlas est limité au N par les bassins l'ouest, Bou-Ourhioul à l'est) constitués de laves
sédimentaires du Haouz et du Mejjate, au S par les archéènnes. Cette partie de la chaîne représente une
bassins de Ouarzazate et du Souss, à l'W par le grand barrière difficilement franchissable car les cols sont
accident géologique qui emprunte le couloir d'Argana toujours au-dessus de 3 000 m et les voies naturelles
(ou vallée de l'oued Issen) et enfin à l'E, dans la de passages se situent de part et d'autre, là où les cols
région de Demnate, par les premiers recouvrements s'abaissent à 2 300 m (Tizi N'Test à l'ouest et Tizi
sédimentaires du Haut Atlas calcaire. Ainsi délimité, NTichka à l'est).
le massif hercynien est long de 200 km et large de 40 à
70 km ; sa superficie est de l'ordre de 9 000 km2. Plusieurs zones longitudinales se distinguent
également et sont du N au S, dominant les bassins
Dans le massif ancien s'épanouit la zone axiale sédimentaires :
de la chaîne atlasique, constituée de roches cristallines - une zone préatlasique où se trouve la couverture
et volcaniques mais également de séries sédimentaires sédimentaire jurassique, crétacée et tertiaire ;
du Primaire alors que, sur les bordures nord et sud, les - un avant-pays primaire septentrional, apparaissant
zones préatlasiques voient les séries sédimentaires en hauts plateaux et lourdes crêtes primaires à l'W et
secondaires et tertiaires apparaître sur le socle permo-triasiques et primaires à l'E ;
hercynien. La tectonique hercynienne est prédomi- - la zone axiale au centre ;
nante dans le socle avec des directions WSW-ENE. - un avant-pays primaire méridional très étroit et
n'existant qu'à l'W sous formé d'un fossé topogra-
La chaîne hercynienne a été soumise à une phique, alors qu'à l'E la zone axiale domine le plateau
longue érosion et a été partiellement fossilisée sous les précambrien du Siroua ;
produits de démantèlement (grès, schistes et conglo- - une zone préatlasique méridionale qui n'existe qu'à
mérats) du Stéphanien et du Trias très épais (plus de l'W et où réapparaît la couverture sédimentaire
1 000 m) sur le flanc nord du massif archéen et dans secondaire et tertiaire.
les bassins du N'Fis au centre de la chaîne et de l'Issen
en bordure ouest. Le massif est certainement demeuré L'existence de ces zones longitudinales est
émergé au cours du Jurassique et n'a été recouvert soulignée par des vallées résultant du jeu de l'érosion
semble-t-il que par les transgressions du Crétacé. différentielle, dépressions très favorables pour des
établissements humains.
Deux secteurs peuvent être distingués dans le
massif ancien : L'ensemble du réseau hydrographique est surim-
posé et antécédent et les principales vallées traversent
- La partie occidentale, à l'W de la vallée de l'oued orthogonalement les diverses zones longitudinales, le
N'Fis qui constitue une large dépression, présente de plus souvent grâce à des gorges profondes et étroites.
lourds sommets compris entre 3 000 et 3 6 1 5 m .
Le Haut Atlas domine de 4 000 m des plaines
Sommets et crêtes principales sont formés de calcaires
arides, chaudes et sèches. Les basses vallées ont à peu
Cambriens et dominent les massifs de granites post-
près le climat des plaines et apparaissent très
hercyniens comme le Tichka.
déboisées, les fonds seuls offrant quelques taches
- La partie orientale, à l'E du N'Fis, comprend les plus vertes lorsque des cultures irriguées s'y développent.
hauts sommets (Ouanoukrim et Toubkal : 4 165 m à La moyenne montagne entre 1 500 et 2 800 m a un
100 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
régime thermique plus frais et plus tempéré et elle est nombreuse pour un pays de haute montagne : environ
mieux arrosée ; elle est relativement boisée (chêne 150 000 habitants. La vie des montagnards Chleuh
vert). La haute montagne est aride et fraîche ; il y gèle d'origine berbère s'organise dans les vallées où la
pendant 8 à 9 mois de l'année, la température population se disperse en de nombreux villages
s'abaissant à -15° C et la neige tenant de décembre à pittoresques dénommés « Ksour », accrochés aux
mai-juin, quelques névés subsistant toute l'année dans pentes et dominant les terrasses cultivées. Ces
quelques couloirs très abrités. populations sont sédentaires et cultivent essentielle-
ment les céréales, mais également les légumes en
Les gélivations et la neige jouent donc un rôle
irrigué ; les arbres fruitiers (figuiers - amandiers et
important dans l'érosion des hautes et moyennes
surtout noyers) tiennent une place importante. Les
montagnes, mais ce rôle fut bien plus important au
troupeaux transhument entre les hauts sommets en été
cours du Quaternaire, lors de périodes plus froides ou
et les piémonts en hiver, conduits par des bergers. Les
plus humides. Des formes d'érosion glaciaire (auges,
autres ressources de cette région sont le tourisme
cirques, glacis rocheux, coulées et champs de pierres)
(sports d'hiver à la station de l'Oukaïmedène et
s'observent régulièrement au-dessus de 3 700 m. Le
alpinisme) et surtout les exploitations minières : cobalt
glacier le plus important semble avoir été celui du
et plomb de l'Azgour et de l'Erdouz, sel gemme des
Rheraïa avec quelque 5 km de longueur, ce qui
vallées du N'Fis et de l'Ourika, molybdène et wolfram
demeure modeste.
du Tichka, cuivre exploité un peu partout de façon
La population du Haut Atlas ancien est très artisanale.
Géologie
Les recherches géologiques dans le massif ancien Tous ces granites sont très divers dans leur
du Haut Atlas furent essentiellement l'œuvre de A. composition (microgranites, aplites, diorites) et ne
Brives ( 1901 -1907), L. Gentil ( 1904-1920), L. Moret sont pas tous du même âge : certains sont archéens ou
( 1 9 2 7 - 1 9 3 1 ) , E. Roch ( 1 9 3 1 - 1 9 3 8 ) , H. et G. antécambriens, d'autres sont hercyniens.
Termier (1938-1962) et F. Proust. Les documents
produits par ces auteurs et notamment les cartes Les laves. Il s'agit d'andésites variées et de
géologiques sont encore d'actualité, surtout la carte rhyolites. A l'est du N'Fis elles constituent des massifs
géologique provisoire de l'Atlas de Marrakech à très importants qui se répartissent en deux bandes, de
1/200 000 de L. Moret (1930), la carte géologique part et d'autre du massif granitique Tifnout-Ourika-
provisoire des régions de Demnate et de Telouete à Zat. A l'ouest du N'Fis elles forment des bancs au
1/200 000 de E. Roch ( 1 9 4 1 ) et la carte géologique milieu ou à la base des formations sédimentaires du
du massif du Tichka à 1/50 000 de H. et G. Termier Paléozoïque. Elle peuvent être d'âge précambrien I I I
( 1971 ). Il y a lieu enfin de ne pas omettre les travaux ou Cambrien. Elles constituent toujours des zones
du géographe J. Dresch et notamment son croquis résistantes et il n'est pas rare qu'elles soutiennent les
structural du massif central du Grand-Atlas à 1/200 plus hautes crêtes.
000 ( 1 9 4 1 ) . Les calcaires. Des calcaires appartenant à
STRATIGRAPHIE l'Adoudounien (60 m) et au sommet de la série
géorgienne : calcaires supérieurs (800 m), reposent
Précambrien et Primaire parfois au-dessus des laves du Précambrien I I I en
particulier dans l'Agoundis et l'Ounein ; ils consti-
Des roches métamorphiques, éruptives et sédi-
tuent également à l'ouest du N'Fis tous les hauts
mentaires constituent le socle hercynien. massifs d'où divergent les grandes vallées.
Les granites et roches métamorphiques. La partie
Les séries schisteuses avec grès et quartzites.
orientale du massif ancien du Haut Atlas comprend
Cette série surtout schisteuse, très épaisse, comprend
une zone axiale granitique, le massif du Tifnout, du
Haut Ourika et du Haut Zat, intimement soudée au le Cambrien moyen, le Cambro-Ordovicien, l'Ordovi-
sud, au plateau granitique du Siroua et prolongée vers cien, le Silurien, le Dévonien et le Carbonifère. Les
le nord et l'est par des affleurements plus discontinus. schistes sont le plus souvent des roches tendres et
Sont associés : des gneiss et micaschistes (Précam- grisâtres et affleurent dans des bassins déprimés au
brien I), des quartzites et schistes métamorphiques pied des plus hauts massifs. Permo-Trias
(Précambrien II) et des roches telles les agmatïtes et Le Permo-Trias comprend des conglomérats, des
microdiorites. grès, des marnes ou argiles renfermant parfois du
gypse ou du sel gemme ; toutes ces formations sont
Dans la partie occidentale, à l'ouest du N'Fis, le caractérisées par une teinte rouge lie de vin ;
granite affleure en massifs discontinus, parfois minus- l'épaisseur de l'ensemble dépasse 1 000 m et s'étend
cules, parfois très importants. Les plus connus sont du Stéphanien à l'Infralias (Proust, 1973).
ceux d'Azegour et du Tichka.
PLIOQUATERNAIRE (ALLUVIONS° O
UE
D
O.
TERTIARE (MARNES ET CALCAIRES) MARRAKECH +2225
R'
O.
DA
ISS
T
JURASSIQUE (CALCAIRESET MARNO-CALCAIRES) TE
IL
SS
AÏT OURIR AO
U TE
O. OURIKA
TRIAS (MARNES ET BASALTES) +2101
OU
31° 30'
O
ED
U
O. Z
ED
PRIMAIRE ET ANTECAMBRIEN SEDIMENTAIRES
AT
2291
+
(SCISTES - QUARTZITES - CALCAIRES° 3187
RERA
+
3234
YA
ROCHES VOLCANIQUES ET METAMORPHIQUES 2134 +
+
FAILLES ET ACCIDENTS GEOLOGIQUES 3607 +
0 10 20 km +2123
+ 3573 + TELOUET
1704 TIZI N'TICHKA
N'FIS
ASNI
+ 2545
LH
ZAR
ME
3210
+
UN
AMIZMIZ
AS
.E
RO
+2031
SI
O
+ 3905
F
O. IG
EL
AS
IF
+ 3910 IM
IN
+3844 I
ME
4001
+
L
LA
4165 2090
H
+3575 + 3280 + +
+2816 Z +3502
OU
RD
AS
J. E
SI
31°
N'
+3205
TI
3615 O.
DI
2012 OU
3180 +
LI
AR
+ + + 2915 ZA
+ 3448 + +3080 KI
ZA
TE
2640 2459 IRI
+
IF
3348
+
ASS
3233
+ + 2788
J.TICHKA
+ 3080 2689 +
TIZI N'TEST
2406
3555 + 2701 + 2947 + 2780 +
SE
N +
IS
1850
ARGANA TAFINEGOULT +
1914
+ ASKAOUN
+3304
+ AOULOUZ
+
1735
+
1342
1427 J. SIROUA
+ 504 US
S
978
+ SO +1326
OU
ED 399 +2226
+ OULED BERREHIL TAZENAKHT
388
7° 30'
8° 30'
+ 352 + ED
8°
9°
OU
Fig. 43 — Bassin hydrogéologique du massif ancien du Haut Atlas : situation et schéma géologique.
102 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Les conglomérats se trouvent le plus souvent à la Dans la région d'Imi n'Tanoute, la coupe du
base de la série ; ils forment des lentilles discontinues Crétacé, d'après E. Roch, comprend de bas en haut :
d'épaisseur variable.
- grès en général fins, très épais (150 m) : Valangi-
Les grès forment des bancs en général réguliers, nien-Hauterivien,
tantôt minces, tantôt d'une épaisseur considérable. Ce - grès bruns, accompagnés de marnes rouges et vertes,
sont ou bien des grès alluviaux bien stratifiés ou bien ou calcaires gréseux blancs (Barrémien-Aptien),
des grès dunaires présentant une stratification entre- - grès blancs (Bédoulien),
croisée. - calcaires gréseux jaunes coupés de marnes vertes
(Gargasien),
Les argiles apparaissent tantôt en bancs très
- marnes vert foncé (Albien),
minces interstratifiés dans les grès, tantôt en masses
- grès et marnes rouges et vertes avec bancs de gypse ;
épaisses mal stratifiées et souvent salines, surtout au
niveau très épais (200 m) : Cénomanien,
sommet de la série.
- Marnes rouges et vertes à gypse, puis grès et marnes
Ces formations sont souvent surmontées par des blancs, 100 m (Sénonien).
coulées de dolérites d'une teinte gris-vert.
L'Eocène
Ce Permo-Trias affleure largement dans la vallée
de Passif n'Aït-Moussa à l'W, il est discontinu dans le L'Eocène longe en affleurements discontinus la
bordure septentrionale de l'Atlas, se retrouve parfois
fossé de l'oued N'Fis et forme des témoins importants
sur les plateaux subatlasiques et constitue le fond des
et nombreux dans l'est et le nord du massif ancien du
cuvettes synclinales de Kik et des Mesfioua.
Haut Atlas.
Il comprend une alternance de grès, de calcaires
Le Jurassique crayeux à silex, plus ou moins marneux et phosphatés,
surmontés par un ou plusieurs bancs de calcaires durs
Sur la bordure occidentale de la vallée permo- à Thersitées formant corniche (Lutétien).
triasique de l'assif n'Alt-Moussa, la succession des
dépôts jurassiques est la suivante de bas en haut : Tertiaire récent et Quaternaire
- conglomérats rouges, Ils sont représentés par divers dépôts continen-
- grès calcaires, marnes et grès rouges (Lias-Dogger), taux et de remblayage dans les dépressions (plaines
- calcaires et marnes du Callovo-Oxfordien, alluviales) et par des alluvions dans les vallées
- calcaires dolomitiques du Lusitanien, actuelles.
- conglomérats, grès et marnes rouges du Jurassico- TECTONIQUE
Crétacé.
La chaîne actuelle est le résultat de plissements
Les séries inférieures disparaissent peu à peu vers qui ont soulevé le socle hercynien et sa couverture. Ce
le nord. Le Jurassico-Crétacé finit par reposer soulèvement massif s'est accompagné d'accidents
directement sur le Permo-Trias puis sur le Paléo- brutaux dont la direction dominante est WSW - ENE.
zoïque. Le style de ces accidents varie : ce sont des plis en
Ces formations du Jurassique affleurent ou se genoux, des flexures simples, étirées, déversées, des
plis-failles ou des failles ; ils sont le résultat de
prolongent sur les terrains plus récents dans tout le
cassures du socle rigide soulevé. La couverture a joué
Haut Atlas occidental.
comme le socle mais avec plus de souplesse ; elle n'est
Sur le bord oriental du massif ancien du Haut étirée et laminée que le long des accidents. Ces
Atlas les dépôts jurassiques, liasiques à la base, accidents isolent des zones restées calmes, très
recouvrent régulièrement le Permo-Trias. Ce sont des faiblement basculées et déformées.
marnes et des marno-calcaires coupés de minces bancs
calcaires ou gréseux et aussi par des bancs de gypse. Les plissements qui ont donné naissance à cette
Ces formations passent plus à l'est à de puissantes chaîne ont débuté à la fin du Crétacé. Les plissements
séries calcaires et marno-calcaires constituant le atlasiques les plus violents sont postérieurs à l'Eo-
« Haut Atlas calcaire ». nummulitique et antérieurs au dépôt de l'Oligo-
Miocène.
Les mouvements orogéniques ont été suivis de
Le Crétacé mouvements d'ensemble de type épirogénique. Ces
On suit la couverture crétacée, limitée par des derniers mouvements, en provoquant une érosion des
accidents, en bordure de la chaîne, dans les zones parties soulevées et un remblaiement des plaines
subatlasiques nord et sud. Elle s'élargit dans le Haut affaissées, ont pu s'accompagner de phénomènes de
Atlas occidental ; elle est absente dans toute la haute compensation tels que des subsidences dans les
chaîne du massif ancien du Haut Atlas. cuvettes de bordure.
MASSIF ANCIEN DU HAUT ATLAS 103
Climatologie
Le Haut Atlas central possède une position très
particulière du point de vue climatique ; c'est en effet
SSE
X2
LES PRECIPITATIONS
On avait beaucoup exagéré dans le passé
l'importance des précipitations s'abattant sur les
sommets de la chaîne car la carapace de neige glacée
Sud Atlasique
Accident
Granodiorites : Précambrien II
mnX3
X2
Géorgien
Acadien
Ki
K
PT Permo - Trias
X
ZONE SUBATLASIQUE
X3
H
B
Accident des
Corniche Turonienne
Crétacé supérieur
Ci
Cs
C Crétacé
Eocène
4
Lac du barrage Lalla Takerkoust (Cavagnac)
3000
NNW
0m
104 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
MAROC - ATLASIOUE CLIMATOLOGIE 1933-1963 22. HAUT ATLAS CENTRAL (partie occidentale)
TIZI-n-TEST 9.7 2.4 11.4 2.7 12.7 4.1 15.8 6.9 19.0 8.6 24.4 12.0 29.8 18.2 29.6 18.1 24.3 13.8 17.3 8.1 12.1 5.1 8.9 1 .8 17.9 8.5
AMIZMIZ 16.3 3.6 10.2 5.0 20.5 6.9 20.8 9.2 25.3 11.4 28.7 13.7 33.1 15.6 32.8 16.5 28.8 14.7 24.6 11.7 24.0 0.0 17.8 4.3 23.3 10.0
TIZI-n-TEST 6.0 7.0 8.4 11.4 13.0 18.2 24.0 23.8 19.0 12.7 8.6 5.4 13.2 400 - 8,6 C1 S-, sb'4 450
AMIZMIZ 10.0 11.6 13.7 15.0 18.4 21.2 24.4 24.6 21.8 18.2 14.2 11.0 17.0 470 - 26,0 DB'3 da' 460
Fig. 45
Fig. 46
Tableau 21
Station Superficie Pluie Période Apports moyens annuels aux Débits Apports .
de du bassin moyenne de stations consommés en naturels aux
Oued référence à" la station annuelle référence amont des stations
(km2) (mm) IO6m3 m3/s fictifs stations 10 6 m3/an
continus 10 6 m3/an
R'Dat Sidi-Rahal 537 648 1932-70 95,5 3,03 1,8* 97
Zat Taferiat 525 541 1932-70 137,7 4,37 5.5 * 143
Ourika Aghbalou 503 673 1932-70 161,3 5,12 0,8 * 162
Reraya Tahanaout 225 609 1932-70 54,5 0,90 2,0* 56
N'Fis Barage Lalla 1697 580 1932-70 170,1 5,40 18* 188
Takerkoust
Assif El-Mal Route RP 10 515 578 estimation - - 50**
Chichaoua Route RP 10 1306 488 estimation - - - 95 **
TOTAUX 5308 791
* D'après rapport SCET. 1973 (cf. ci-après : aménagement des eaux, l'irrigation traditionnelle)
** Apports estimés, faute de mesures régulières
Les régimes sont très variables d'une saison et Souss cumule des apports du Haut Atlas (assif
d'une année à l'autre. Les principaux débits sont Tifnoute), avec des apports du jbel Siroua (rattaché à
évacuées au printemps (pluies et fontes des neiges) et l'Anti-Atlas : assif Oumzaourou et Mekor) et des
en automne-hiver où les oueds sont toujours en eau ; apports venant de l'Anti-Atlas (assif Imerguène).
par contre, les étiages sont très réduits : moins de 1 Dans ces conditions, il est difficile d'extraire la part
m 3/s au débouché de l'Atlas de juillet à septembre ou des eaux provenant du Haut Atlas central dans les
octobre pour l'oued N'Fis - de l'ordre de 0,1 m3/s débits mesurés à Aoulouz. L'hydrologie de l'oued
pour le R'Dat à Sidi-Rahal - sécheresse totale des Souss à Aoulouz (4 450 km2 de bassin versant) est
oueds Chichaoua et assif El-Mal à la même période. détaillée dans ce même tome des Ressources en Eau du
Les variations interannuelles sont très importantes ; Maroc (chapitre plaine du Souss) ; pour la période
les apports du N'Fis à Lalla-Takerkoust varient, de 1932-33 à 1969-70, le module annuel moyen est de
1 9 3 2 à 1970, entre 25.10 6 m3 (1936-37) et 600. 7 m3/s fictifs continus pour une pluie moyenne de
10 6m3 ( 1 9 6 2 - 6 3 ) , la moyenne étant de 170.10 6 346 mm. On estimera les apports provenant du Haut
m3. Le N'Fis possède le plus fort rapport d'irrégularité Atlas à 60 % du module annuel moyen, soit 4,2 m3/s
interannuelle (24), les autres oueds se tenant entre 10 fictifs continus.
et 14. On rappellera ici que les affluents atlasiques Les apports des affluents atlasiques entre Aou-
du Tensift sont dérivés dans une forte proportion, louz et l'oued Issen sont inconnus, aucune série de
dès la sortie de l'Atlas, pour l'irrigation de la plaine mesures n'ayant jamais été effectuée. Cependant, on
du Haouz de Marrakech et du Mejjate (cf. Res- déduit un ordre de grandeur à partir des résultats du
sources en Eau du Maroc, tome 2, chapitre Haouz bilan ressortant des études sur modèle ; les eaux
et Mejjate). perdues à la mer et provenant du bassin intermédiaire
Exception faite du N'Fis où les débits sont bien entre Aoulouz et Aït-Melloul, eaux de crues imputa-
contrôlés au niveau du barrage de Lalla-Takerkoust, bles essentiellement au Haut Atlas, sont chiffrées à
les crues sont en général mal connues. Des enquêtes 155.10 6 m3/an en moyenne (fig. 82). Ces affluents
récentes (Marion, 1973) basées sur des témoignages et atlasiques sont pérennes en général, avec des étiages
des relevés de laisses de crues ont permit d'obtenir un très sévères ; les eaux de décrue et d'étiage sont
ordre de grandeur du débit de pointe de la plus forte dérivées pour l'irrigation dès la sortie de l'Atlas, au
crue des cinquante dernières années. Ces indications profit de la plaine du Souss.
sont les suivantes : La part des débits de l'oued Issen provenant du
Haut Atlas ancien est impossible à départager de celle
Tableau 22 imputable à l'Atlas occidental, faute de mesure. Pour
Oued RDat à Sidi-Rahal : 475 m3/s
la période 1932-70 le module de l'Issen ressort à
vers les ann
1940) (1947) 105.10 6 m3/an, dont 40.10 6 m3 ont été déjà pris
Oued Zat à Ait-Ourir : 1400 m3/s
en compte dans les ressources du Haut Atlas
Oued Ourika à Aghbalou : 1200 m3/s (1967)
Oued Reraya à Tahanaout : 250 m3/s (1965)
occidental.
Oued N'Fiss à Lalla-Takerkoust : l200m3/s (1967)
Oued Chichaoua au Pont RP 10 : 1000 m3/s (1935) Pour les qualités chimiques des eaux, on se
référera au chapitre : « Plaine du Souss » ci-après.
O.
AÏT OURIR
R'D
O.
TIMI NOUTINE
AT
ISS
TAFERIAT AIT AADIL
Limites des bassins versants hydrologiques TE
IL
S SA
AZRIF OU
TE
O. OURIKA
+3205 Sommet montagneux et sa cote TACHRAFT + 2101
OU
31° 30'
O
ED
U TOUFLIATE
O. Z
ED AGHBALOU
Station hydrologique du réseau principal +
AT
2291
3187
RERA
+
Poste pluviométrique TAHANAOUT DAR CAID OURIKI 2734 3234 +
YA
LALLA TAKERKOUST ASLOUNE +
0 10 20 30 40 50 km TADDERTE +
3607
+ 2123
+ 3573 + TELOUET
1704 AGHBALOU TIZI N'TICHKA
N'FIS
ASNI ITERHENE
AGAIOUAR +2545
LH
3210
AR
ME
OUKAIMEDEN + IRHERM N'OUGDAL
UNZ
IMIN EL HAMMAM
AMIZMIZ
AS
.E
+2031
RO
SI
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TASSA OUIRGANE
+ 3905
F
O. IG
TIZGUI AGOUIM
IMI N'TANOUTE +2419
EL
AS
OUIRGANE IF
+ 3910 IM
IN
J. ERDOUZ AROUND +3844 I
ME
4001
ADDOUZ TALATE N'NAS +
LL
4165
AH
3575 NELTNER 2090
+ 3280
AZIB BOU IZRI IMINI
TIZI MACHOU
+2816 + TOUBKAL
+3502
X +
X
AS
IMLIL
SI
TALATE N'YACOUB 31°
F
TIMLILT
N'
+3205
TI
3615 O.
DI
OU
2012 3180 + +2915 IJOUKAK AMZAOUROU
LI
AR
+ + +3080 ZA
ZA
ICH
KA + 3448 + 2459 KI TE
MOULDICAT 2640 IRI
J.T + TIOUINE
IDNI TIFOULTOUTE
IF
3348
+ ARHBAR IUER
ASS
3233
+ + 2788 +
TIZI OUADER +3080 TIZI N'TEST 2689
7° 30'
8° 30'
8°
9°
OU
(affluents du Drâ déduits des 9 000 km2 du massif constituant le massif ancien, ces écoulements peuvent
ancien). être assimilés à l'écoulement total et par conséquent
aux ressources en eau du massif.
Vu l'imperméabilité quasi-générale des terrains
Hydrogéologie
Le massif ancien du Haut Atlas étant essentielle- ment douces (moins de 0,1 g/l de résidu sec à
ment constitué de roches peu perméables, L'hydrogéol 180°C).
logie n'offre de l'intérêt que dans la mesure ou LES FORMATIONS CONTINENTALES ET LAGU-
l'enneigement prolongé permet de maintenir toute
NAIRES
l'année une réserve d'eau en général très limitée, dans
des réservoirs souvent peu étendus et de porosité Ce sont des couches de teinte rouge, grossière-
médiocre (arènes et zones d'altération superficielle en ment détritiques, tantôt argilo-marneuses, tantôt
général et formations fissurées). Du fait du climat, ces gréseuses et renfermant du gypse et du sel gemme à
petites nappes se vidangent donc annuellement par des l'état disséminé ou en lentilles plus ou moins
sources de débits unitaires très modestes, mais qui importantes.
suffisent à satisfaire les besoins en eau des populations
et des troupeaux ; les interventions des hydrogéologues Ces formations appartiennent généralement au
furent en conséquence assez rares dans le massif Permo-Trias (mais il en existe en petite quantité
montagneux. également au Lias, dans le Jurassique moyen et
supérieur et au Crétacé). Elles affleurent principale-
Les points d'eau sont essentiellement constitués ment dans les bassins versants des oueds Issen, Zat,
par des sources, ou encore les rivières pérennes où de R'Dat et Tessaoute.
nombreux villageois viennent puiser leur eau de
boisson ; cependant dans le cadre de l'aménagement - Les niveaux argilo-marneux sont imperméables
de douars ou de souks, l'Administration a été amenée mais sont fortement désagrégés par les eaux de
à creuser des puits surtout dans les formations ruissellement. Les précipitations y provoquent des
alluviales, afin de bénéficier d'une eau propre et filtrée. crues rapides, fortement colorées, à débit solide élevé.
Les débits obtenus sont faibles ou moyens ; l'exploita- Les niveaux gréseux, plus ou moins fissurés, ont
tion est dans tous les cas peu importante, (puits une faible perméabilité ; des sources de faible débit
1568/53 à l'Oukaïmeden : 10 1/s ; puits 1559/53 au peuvent en sortir aux points bas, au contact d'un
souk d'Asni : 2 1/s ; puits 43/54 à Tifni : 7 1/s). niveau argileux ou marneux et alimenter des douars
LES FORMATIONS ANCIENNES, METAMOR- (sources Talaint (502/62) : 0,5 1/s ; Aït-Tamlil
PHIQUES OU ERUPTIVES (42/54) : 1 1/s ; Ait Tizi (8/54) : 3 1/s).
Il s'agit de schistes, de gneiss et de quartzites ou Les eaux contenues dans les niveaux gréseux sont
de granites, d'andésites et de rhyolites qui affleurent de qualité très variable (0,5 à 5 gr/1 de résidu sec,
largement dans le massif ancien du Haut Atlas. faciès chloruré sodique ou sulfaté calcique ; ce dernier
étant le plus fréquent). Des eaux très concentrées
Saines, ces roches sont imperméables, mais (jusqu'à plusieurs dizaines de grammes par litre)
lorsqu'elles sont altérées, fissurées ou fracturées, elles s'observent au voisinage des masses de sel gemme.
peuvent emmagasiner de l'eau de pluie en quantité Localement se trouvent même des eaux hyperchloru-
variant avec l'importance de ces phénomènes ; il faut rées sodiques (près de 500 gr/1 aux salines de
cependant que la situation topographique du réservoir l'Amsittène).
aquifère potentiel permette une alimentation par le
ruissellement et une rétention des eaux souterraines. LES FORMATIONS CALCAIRES
Dans l'ensemble ces formations ont une faible Il peut s'agir de calcaires proprement dits, de
perméabilité et elles ne jouent pas de rôle régulateur calcaires dolomitiques ou de marno-calcaires. Ils
sur le débit des oueds. Les produits d'altération constituent des bancs ou des séries de bancs plus ou
limoneux ou argileux y sont peu abondants et le débit moins épais alternant avec des niveaux marneux
solide des oueds qui les drainent reste faible. d'épaisseur variable.
Des sources de faible débit peuvent apparaître Ces formations peuvent appartenir dans la région
dans ces terrains à la faveur d'un changement de au Géorgien, au Lias, au Crétacé ou à l'Eocène
perméabilité ; elles subviennent à l'alimentation en terminal.
eau de douars, comme la source 239/53, assif Aït- La circulation dans ces calcaires est de type
Irène, dans le massif granitique de l'Oukaïmeden qui karstique et les sources apparaissent aux points bas, au
débite 4 1/s d'une eau d'excellente qualité. contact d'un niveau imperméable qui peut être du
D'une manière générale, ces eaux sont extrême- granite, des schistes, du Permo-Trias ou un niveau
marneux.
MASSIF ANCIEN DU HAUT ATLAS 109
L'extension et la karstification de ces niveaux sont en - les écoulements des oueds, généralement pérennes,
général faibles et les sources sont de faible débit ; qui assurent un apport permanent, renforcé lors des
cependant le Turonien est à l'origine de quelques crues,
sources importantes telle la 182/53 : 50 1/s. - le drainage des niveaux géologiques aquifères
Les nappes aquifères contenues dans ces diverses encaissants et en particulier le drainage des formations
formations calcaires sont alimentées par : calcaires.
- les précipitations qui constituent l'apport essentiel, Les exutoires sont constitués par :
en particulier l'enneigement qui intéresse surtout les - les sources d'émergence des underflows ou des
affleurements élevés, nappes phréatiques vers l'aval, dites « résurgences »
- localement des pertes d'oueds et d'underflows, des oueds. Elles sont déterminées par les conditions
topographiques (lit d'oued très creusé), par des
- dans quelques cas des abouchements par faille d'un particularités du substratum (relèvement, resserre-
niveau calcaire à un autre niveau calcaire. ment), ou par la structure même du Quaternaire (rôle
Les exutoires peuvent être constitués par : d'un niveau de moindre perméabilité). Leur débit peut
être important : (1 149/53 : 40 1/s ; 1 151/53 : 30 1/
- les sources d'émergence, de déversement ou de trop s),
110 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
été 2089
10 000
1271
10 000
milliéquivalents
1271
1271
Indice 53
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
Les eaux des sous-écoulements sont de qualité sortant des alluvions du lit mineur de l'oued Ourika, à
très variable, en fonction de la nature des bassins quelques dizaines de centimètres des eaux de la rivière,
versants. Ces eaux sont douces lorsque les bassins sur les deux rives. Ces résurgences s'échelonnent sur
versants sont constitués par des formations anciennes, une cinquantaine de mètres de longueur.
métamorphiques ou éruptives ou par des calcaires (0,2
à 1 gr/l, faciès bicarbonaté calcique). Dans les régions L'eau des sources est plus chaude (19° C) que
où les affleurements de formations continentales et l'eau de l'oued (17° C) et des bulles gazeuses s'en
lagunaires sont développés, les eaux des échappent par intermittences avec dégagement du
sous-écoulements sont généralement chlorurées so- SH2, et dépôts rougeâtres sur les alluvions.
diques ou séléniteuses. L'évaporation peut contribuer Ces sources se situent sur une faille importante et
à accentuer la concentration des eaux des nappes transversale à l'oued, mettant en contact les conglomé-
phréatiques peu profondes. Les eaux des rats du Précambrien III au S avec les grès et argiles
sous-écoulements des principales vallées se concen- rouges du Trias au N. Il est vraisemblable d'après les
trent assez rapidement d'amont en aval, surtout sur le résultats d'analyses de plusieurs griffons qu'il y a
versant sud. mélange entre eaux thermales et eaux de l'underflow
THERMALISME de l'oued Ourika ; les eaux de l'Ourika sont douces
Jusqu'à présent, une seule manifestation hydro- (140 à 450 mg/1 de R.S. à 180° C), de type
thermale a été signalée dans le massif ancien du Haut bicarbonaté calcique et sodique, alors que celles des
Atlas (Cochet, 1964). Elle se situe dans la vallée de sources sont un peu plus bicarbonatées calciques.
l'Ourika, à quelques centaines de mètres à l'amont du Aucun captage de ces sources n'a été envisagé, mais
douar Irhef. un forage allant capter les venues thermales dans la
faille permettrait de recueillir ces eaux dans leur
Il s'agit d'une série de petites sources ( 1 2 71 /5 3 ) gisement.
Aménagement des
Mis à part les captages de sources et creusements (barrage souterrain par un mur en béton haut de 4
de puits pour des alimentations en eau potable en mètres) et l'autre sur l'oued Imini (puits avec galerie
général, les aménagements des eaux dans le massif drainante) et le captage d'une petite source (0,5 1/s)
ancien du Haut Atlas comportent de façon tradition- fournissent en moyenne 1 300 m3/j pour 1 600
nelle les ouvrages sommaires de dérivation (barrages habitants ; en été, les disponibilités sont tout juste
en pierres et branchages) et de transports (canaux en suffisantes.
terre ou séguias) des eaux superficielles vers de petits
L'IRRIGATION TRADITIONNELLE
périmètres irrigués dans les fonds de vallées de la zone
montagneuse. Enfin, un grand barrage d'accumulation Toutes les terrasses des fonds de vallées sont
est construit depuis 1953 sur l'oued N'Fis, voué à soumises à la culture irriguée dans la mesure où les
l'irrigation moderne de terres situées dans la plaine du ressources en eau des rivières ou des sources le
Haouz de Marrakech, et plusieurs sites d'ouvrages permettent. Les cultures en sec (céréales) sont en effet
destinés aux mêmes fins ont été étudiés sur les rivières de réussite irrégulière sous ce climat chaud et
nées dans l'Atlas, à leurs débouchés sur les plaines l'irrigation est un facteur primordial de culture ; cette
septentrionales et méridionales. irrigation dure entre 4 et 5,5 mois en montagne selon
l'altitude (de mai à octobre) mais débute plus tôt dans
ALIMENTATIONS EN EAU POTABLE
les piémonts (avril) et rappellons-le se poursuit
La plupart des alimentations en eau potable des presque toute l'année dans les plaines bordant l'Atlas
petites agglomérations rurales du massif ancien du (Haouz de Marrakech par exemple).
Haut Atlas s'effectuent soit à partir du captage de Un inventaire des périmètres traditionnels et des
petites sources, soit à partir de puits ou drains spéculations culturales mises en œuvre a été récem-
sollicitant les sous-écoulements des rivières, par ment réalisé (SCET International, 1973) dans les sous-
exemple : 2 1/s au puits du souk d'Asni, 25 1/s dans bassins des rivières du versant nord du massif ancien
les drains et puits à galerie d'Imi-N'Tanoute du Haut Atlas. De ces travaux, on a déduit avec
(synclinal crétacé au NW), drain et puits de beaucoup d'approximations les consommations d'eau
Tahanaout (vallée de l'oued Reraya), 4 1/s au puits dans les périmètres de montagne, c'est-à-dire généra-
d'Amersgane (vallée de l'Imini), 10 1/s au puits lement à l'amont des stations hydrologiques qui
1568/63 alimentant la station de sports d'hiver de contrôlent les oueds, consommations qu'il faut ajouter
l'Oukaimeden, etc. aux débits mesurés aux stations pour reconstituer les
débits naturels des rivières.
Le plus grand consommateur d'eau non agricole
de la région semble être la mine de manganèse d'Imini On note ainsi que 12 000 hectares sont irrigués
sur le flanc sud du massif. Deux captages de sous- dans les vallées de montagne sur le versant nord du
écoulements de rivières : l'un sur l'oued Tidili massif ancien du Haut Atlas entre les oueds Lahr à
112 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Tableau 2 3
l'est et N'Fis à l'ouest ; sur ce total, 7 700 hectares les alluvions (200 l/s). Parmi ces sources se détachent
sont irrigués par des eaux pérennes, consommant celle d'Abainou 11 6 / 5 2 (525 l/s), et un drain 45/52
quelques 29 millions de m3/an, 2 800 hectares sont (340 l/s), toutes les autres émergences ayant des
irrigués par des eaux d'hiver seulement, consommant débits modestes, inférieurs à 50 l/s.
au moins 1,5 millions de m3/an, alors que 1 300
hectares sont irrigués de façon aléatoire par des eaux LES SITES DE BARRAGES D'ACCUMULATION
de crues. Barrage de Lalla-Takerkoust
L'irrigation s'effectue essentiellement par dériva- Le barrage de Lalla-Takerkoust (ex Cavagnac)
tion d'eaux superficielles, mais certains périmètres est situé à 35 km au S de Marrakech sur le cours
utilisent également des eaux de sources, ceux utilisant moyen de l'oued N'Fis, dans les avant-monts
exclusivement des eaux de sources étant plus rares (par atlasiques, à un endroit où la vallée s'étrangle pour
exemple, les 190 hectares du périmètre de Tamrate- traverser un massif de roches dures, métamorphiques,
Tezdane dans le bassin de l'oued Touana sont irrigués d'âge Carbonifère.
à partir de 11 sources débitant un total de 45 l/s ; les La construction de l'ouvrage n'a pas été précédée
900 hectares du périmètre de Zaouia Sidi-Srhir-ou- d'une étude géologique et aucun géologue n'a suivi les
Malek dans le bassin de l'oued Mellah sont irrigués travaux. D'après les études postérieures (Bouvet,
grâce à 72 sources qui débitent environ 100 l/s). 1953 ; Lelong et Thuille, 1956), l'ouvrage est ancré
On doit mettre à part le cas des synclinaux sur les deux rives sur des bancs quartzitiques fissurés
crétacés des bordures septentrionales et méridionales en petit et sa fondation repose sur des gneiss schisteux.
du massif ancien du Haut Atlas. Ces synclinaux La série schisto-quartzitique plonge à 60° vers l'aval
contiennent généralement le réservoir très perméable du barrage dans le lit du N'Fis, décalant les bancs de
du Turonien calcaire et celui du Cénomanien marno- quartzites d'une rive à l'autre.
calcaire qui, bien que de qualité inférieure au Ce barrage a été construit de 1929 à 1935 et
précédent, n'en contribue pas moins au stockage des devait à l'origine servir de barrage de compensation
eaux infiltrées ; ces eaux réapparaissent en des points pour un ouvrage beaucoup plus grand qui serait
bas topographiques dans des sources très importantes implanté en amont. Au cours de l'édification de
telles celles qui émergent dans la vallée de l'oued l'ouvrage, le projet de grand barrage amont fut
Chichaoua au NW et servent à l'irrigation d'un abandonné et l'on accrût l'ampleur initialement prévue
périmètre traditionnel de 6 000 hectares en fond de pour Lalla-Takerkoust.
vallée.
L'ouvrage est un barrage-poids en béton haut au
De la cuvette synclinale de Chichaoua où maximum de 52 m au-dessus du thalweg et long de
s'empilent des sédiments allant du Trias au Quater- 357 m au couronnement. Sa largeur est de 50 m au
naire, se dégagent deux aquifères principaux : allu- niveau des fondations et de 5,4 m au niveau de
vions quaternaires et calcaires du Cénomano-Turo- couronnement.
nien. Ces derniers calcaires affleurent sur quelque 400
km2, recevant environ 400 mm de pluie par an et D'une capacité totale de 52 millions de m3 à
doivent également être alimentés grâce à des infiltra- l'origine, réduite à 35 millions de m3 en 1972 par les
tions d'eaux superficielles au niveau des oueds ; ils se envasements, le réservoir contrôle un bassin versant de
déchargent dans l'oued au niveau de Chichaoua grâce 1 707 km2 dont les apports moyens annuels sont de
à des sources totalisant un débit de 1 100 l/s, auquel 125 millions de m3. L'évacuation des crues s'effectue
s'ajoute le débit des sources du sous-écoulement dans par 4 vannes à clapet automatiques de 15 x 5,5 m.
MASSIF ANCIEN DU HAUT ATLAS 113
Ce barrage est utilisé pour la production - Site d'Imizer sur l'oued R'Dat. Situé dans des
d'électricité mais surtout, grâce à un ouvrage de dolérites triasiques de consistance et perméabilité
compensation, pour l'irrigation d'un périmètre mo- variables, avec recouvrement alluvionnaire peu épais
derne dans le Haouz. La production d'électricité est de en fond de vallée, ce site est relativement encaissé (25
10 millions de kwh/an. Le périmètre irrigué comporte m de large à la base) et pourrait recevoir une digue en
7500 hectares, utilisant un débit régularisé de 40 terre créant une retenue de 180 millions de m3/an
millions de m3/an qui, avec une meilleure gestion de susceptible de régulariser 95 millions de m3/an sur
l'ouvrage, pourrait être porté à 60 millions de m3/an. un module moyen annuel de 118 millions de m3/an
dont 78 millions sont actuellement dérivés par les
Plusieurs études ont été successivement réalisées séguias traditionnelles. Le coût du m3 d'eau régularisé
pour surélever ce barrage. La dernière en date, achevée au pied du barrage s'élève à 0,75 DH
en 1973, chiffrait entre 20 et 25 millions de DH le
coût d'une surélévation de 8 mètres qui porterait le Antérieurement, des travaux avaient été effectués
volume du réservoir de 35 à 70 millions de m3 et sur un autre site : Tafériate, qui dut être abandonné en
permettrait de régulariser 80 millions de m3/an ; face raison de la présence de sel dans les argiles triasiques
à ces coûts, l'opération a été différée car elle ne des zones d'emprise des ouvrages.
pouvait être justifiée que par une production d'eau qui
serait hautement valorisée (eau potable presque - Site d'imi-N'Terhist sur l'oued Zat. Ce site est
exclusivement). également situé dans des dolérites triasiques, mais le
recouvrement alluvionnaire en fond d'oued est beau-
coup plus important (20 mètres). Topographiquement,
Etudes de sites de barrage le site est assez large : 60 ma la base. Une digue en
terre créant une retenue de 280 millions de m3
Dans le cadre de l'aménagement de la plaine du permettrait de régulariser 110 millions de m3/an sur
Haouz de Marrakech, région située au nord de l'Atlas, un apport moyen interannuel de 138 millions de m3,
plusieurs sites de barrages d'accumulation ont fait le coût pied de barrage du m3 d'eau régularisé serait
l'objet de travaux de reconnaissance sur les affluents alors supérieur à 1,8 DH ce qui est tout à fait
atlasiques de l'oued Tensift. De même sur le flanc sud inacceptable.
de l'Atlas, un site a fait l'objet d'études pour
l'aménagement du bassin du Souss ; si l'on ne s'est pas - Site de Dar-Caïd-Ouriki sur l'oued Ourika. Ce site
trop attaché à la recherche de sites de barrages dans se trouve dans des formations marno-calcaires du
l'Atlas pour le bassin du Drâ, c'est qu'un excellent Cénomanien très redressées ; en oued, le recouvre-
emplacement était connu de longue date en aval ment alluvionnaire est très important (30 mètres).
d'Ouarzazate, permettant le captage de tous les Topographiquement, le site est très large : 250 m à la
affluents constituant l'oued Drâ juste à l'amont des base. Pour régulariser 120 millions de m3, il faudrait
palmeraies de la zone anti-atlasique. Néanmoins un construire une retenue de 160 millions de m3 de
site à Tifoultoute sur l'oued Ouarzazate avait été capacité ; les apports moyens annuels sont de 167
examiné il y a une vingtaine d'années. millions de m3. Le coût du m3 d'eau régularisé pied de
Sites de barrage du flanc nord du massif barrage serait supérieur à 2 DH, ce qui est
inacceptable.
On rappellera (cf. Ressources en Eau du Maroc,
- Site de Moulay-Brahim sur l'oued Reraya. Ce site
tome 2, chapitre 2.19 . le Haouz de Marrakech et le
bassin du Mejjate, aménagement des eaux) que le assez encaissé (25 m de long au niveau de l'oued) se
développement des irrigations dans le Haouz de situe dans des gneiss assez résistants mais diaclasés et
Marrakech nécessite un apport important d'eaux fissurés en surface. Pour régulariser 45 millions de tn3
superficielles régularisées. Or, les affluents atlasiques sur 55 millions d'apports moyens interannuels, il
du Tensift (oueds Zat, R'Dat, Ourika, Reraya, N'Fis) faudrait une capacité de 70 millions de m3. Le coût du
sont déjà utilisés dans une très forte proportion (60 à m3 d'eau pied de barrage serait énorme (de l'ordre de
80 % selon les rivières) grâce aux ouvrages tradition- 2,5 DH).
nels de dérivation au fil de l'eau. De ce fait, pour - Site des gorges du N'Fis. On a repris récemment
régulariser par des barrages les 20 à 40 % des apports l'idée ancienne de créer une retenue importante sur
qui ne le sont pas de manière traditionnelle, il faut l'oued N'Fis à l'amont du barrage existant de Lalla-
d'abord régulariser ce qui l'est déjà et ceci conduit à Takerkoust, ouvrage ne régularisant que 60 millions
des coûts du nouveau mètre - cube d'eau régularisé de m3/an en moyenne sur un apport interannuel de
situés au - delà des limites admissibles actuellement. 170 millions de m3. Un site d'ouvrage de tout premier
D'autres facteurs jouent encore dans le même sens, tels ordre. quelques mètres de largeur à la base et
la mauvaise qualité des sites d'ouvrages, conduisant à encaissement dans des quartzites très durs, avait été
renoncer à de tels aménagements. On passera donc repéré de longue date. Malheureusement, la retenue
rapidement sur les sites qui furent étudiés. n'est pas aussi favorable et compte tenu des m3 déjà
114 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
régularisés à l'aval, le coût du m3 d'eau régularisé pied toujours temps de les stopper en construisant un voile
de barrage s'avère trop élevé. au large ancré sur la couche étanche de pélites.
L'ouvrage d'Aoulouz est donc techniquement
Sites de barrage sur le flanc sud du massif réalisable sans frais excessifs d'étanchement, mais
Deux séries de sites d'ouvrages de retenue ont été économiquement il demeure en compétition avec un
ouvrage qui pourrait être édifié sur le site d'Assoul qui
étudiées dans le bassin de l'oued Souss au cours des
lui, ne pose pas de problème géologique majeur.
recherches ayant conduit au plan d'aménagement de la
plaine du Souss. Il s'agit des sites sur l'oued Souss Sites de l'Issen. Les résultats des études économiques
amont lui-même et de ceux sur son principal affluent du Plan Directeur d'aménagement de la plaine du
l'Issen. Souss ont montré que le premier réservoir superficiel à
- Sites du Souss amont. A Aoulouz, les débits créer devait être situé sur l'oued Issen où l'on peut
moyens annuels du Souss pour la période 1932-1970 régulariser 80 millions de m3/an qui seront immédia-
sont de 7 m3/s fictifs continus, mais les apports tement valorisés à un haut niveau. Tous les efforts de
annuels sont très variables (0,02 m3/s en 1960-61 et reconnaissance de sites de barrage ont été reportés en
31,7 m3/s en 1955-56) et surtout surviennent à 1973 du site d'Aoulouz sur ceux de l'oued Issen, dans
90 % en moins de deux mois (apports de crues). Ces la région de Bigoudine. Des reconnaissances prélimi-
apports proviennent à 75 % du bassin haut-atlasique naires avaient déjà été effectuées dans ce secteur
de l'oued Souss et à 25 % du bassin anti-atlasique (Bernert, 1968) où des gorges existent dans la série
drainé par l'affluent Immerguène. On pense pouvoir gréso-pélitique du Trias ; des travaux importants
garantir par un ouvrage d'accumulation un débit seront effectués à partir de 1974 pour choisir et
interannuel régularisé de l'ordre de 120 à 150 millions reconnaître en détail le site le plus favorable.
de m3/an. Conclusions
Trois sites de barrage ont été repérés : l'un sur Le massif ancien du Haut Atlas est, grâce à son
l'Immerguène, un autre sur le Souss à l'amont de la altitude élevée, une barrière naturelle où les précipita-
confluence avec l'Immerguène (site d'Assoul ou tions sont abondantes. De ce fait, c'est un important
encore du « gué des rhyolites ») et enfin un troisième à château d'eau d'où s'écoulent en moyenne 815 mil-
l'aval de la confluence Souss-Immerguène (site lions de m3/an vers le N (plaines du Haouz-Mejjate et
d'Aoulouz), mais il est apparu rapidement que le site le synclinal d'Essaouira-Chichaoua) et 345 millions de
plus aval : Aoulouz, était le plus intéressant à m3/an vers le S (bassins versants de l'oued Souss) où,
construire en premier lieu. dans les bilans de ces régions extérieures à l'Atlas ces
Le site d'Aoulouz se situe dans des gorges de apports sont pris en compte en entrées.
calcaires adoudouniens karstiques et des travaux de Constitué presque exclusivement de roches imper-
reconnaissances importants (1 000 m de forages et méables, le massif ancien ne possède pas de réservoir
800 m de galeries) ont permis en 1972 et 1973 souterrain important, mais heureusement l'altitude
d'arriver à une bonne connaissance du site. Une nappe permet la constitution de réserves nivales abondantes
avec écoulement karstique existe en rive droite ; son qui, fondant progressivement jusqu'au début de l'été,
gradient est désormais connu et ses fluctuations suivies entretiennent longtemps dans la belle saison le débit
régulièrement. Une autre nappe existe également en d'étiage des rivières. De petits réservoirs souterrains
rive gauche, mais on ne s'en est pas trop préoccupé car locaux ont par ailleurs un énorme intérêt pour
la fermeture du site sur l'Antécambrien étanche semble l'existence et les activités agro-pastorales de l'implan-
assurée sur cette rive. Les reconnaissances ont montré tation humaine régionale.
qu'une couche de pelites assurerait l'étanchéité du site
en rive droite à proximité des ouvrages, mais Les consommations d'eau dans le bassin lui-
certainement pas au large ; en cas de fuites abondantes même sont faibles (40 à 50 millions de m3/an). Elles
de la retenue au large de la rive droite, après la proviennent des rivières et petites nappes et la
construction de l'ouvrage (il n'est pas évident que de demande reste compatible avec les ressources facile-
telles fuites se produisent car le karst est peu ouvert et ment exploitables ; pour le moment on ne voit pas de
les pertes de charge y seront importantes), il sera perspective d'accroissement de la demande.
MASSIF ANCIEN DU HAUT ATLAS 115
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13 fig.
3.24
par
Michel COMBE
Introduction géographique
O. OUTAT
MIDELT
IR
COURBES ISOHYETES 100 - 200 - 500 - 700 - 1000 mm 00
GM
10
SE
AN
4071 SOMMET MONTAGNEUX (ET SA COTE) 2167
O.
LIMITE DE BASSIN VERSANT HYDROLOGIQUE KASBA TADLA
DRES
0
100
TALSINT
O. OU
LIMITE DU BASSIN HYDROGEOLOGIQUE DU HAUT ATLAS CALCAIRE EL KSIBA
50
700 500
0
KASBA TADLA
EL AYACHI 1866
UF
TOUNFITE 0 3757
O. 100
LLO
ROUTE 133
0
3487 2714
70
DERNA AIT HADDOU
L HA
SIDI HAMZA
LOUGARH
SIDI DRISS
O. E
AMOUGUER
MOULAY BOUZEKRI TAGZIRT 3277 200
1000
O. SID
700 AMOUGUER O. AIT
RBIA D AIS
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O. OUM
BENI MELLAL AB HAMZA
I
O. EL 200
BISSI
DAR OULD ZIDOUH
BISSA NE RICH
3126 ZARI
O. TA
EL O. ZIZ O. GU
OUAOUIRINTH 1000 700 AIZ IR
TESSAOUT
AIT KHOJMANE
O .M
0
50 NT
OUAOUIZARHTE IMILCHIL IBA
BOUTARBATE AR FOUM ZABEL
O .T 200 BENI YATTI
ROUTE RP 24 3293
BARRAGE BIN ELOUIDANE 00
O. 10 2113 1970
EL AIT ATHMANE
AB
700 500
O.
ID
TIGRA TAZZOUGUERT
_ TAGHIA 200 BOUANANE
500
AHANSAL 3207 BARRAGE
AS
IF EL HAROUN FOUM RHIOUR
AGOUDAL BOUDENIB
OUED
70
AZILAL
0
ASSOUL
ERRACHIDIA
0
60
500
GU
100
IR
SIDI DRISS AIT SIGMINE
O. BERNAT
700 3156 AIN CHOUATTER
AGADIR ASSAKA 3362 TADIGHOUST
3318
O. TA
0
ARHBALOU
20
BOU ACHEIBA 3690
DEMNATE N'KERDOUS
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3770 GOULMIMA ED
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00 3825 4071
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HAUT ATLAS CALCAIRE
O.
FERKLA
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MGOUN
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500
AIT TAMLILT CARTE DU RESEAU HYDRO-PLUVIOMETRIQUE
3607 BOULMANE
100
IF
3283
ET CARTE DES ISHOHYETES
AS
IFRE
AIT MOUTED
Fig. 49
HAUT ATLAS CALCAIRE . 117
La population (de l'ordre de 400 000 habitants) étant toutefois cultivées en irrigué ; les propriétaires
se concentre dans les vallées et est constituée de des troupeaux habitent les villages des vallées, alors
berbères Sanhaja et Braber islamisés et parlant le que de longues migrations saisonnières conduisent les
dialecte tamazirht comme dans le Moyen Atlas. bêtes souvent très loin sur les pâturages de l'ouest. La
Contrairement aux peuplements de l'Atlas de l'ouest vie pastorale est l'activité humaine essentielle de cette
qui sont sédentarisés, les tribus du Haut Atlas calcaire région.
pratiquent le semi-nomadisme des pasteurs, les vallées
Géologie (fig.57)
Antécambrien et Primaire (schistes - quartzites - l'originalité de ses formes structurales en arêtes
roches intrusives) apparaissent localement en zones redressées de calcaires dolomitiques massifs. Vient
réduites à la faveur d'anticlinaux faillés, ou en ensuite la série marneuse imperméable du Toarcien-
quelques boutonnières (Haut Guir). Aalénien sur laquelle s'établissent les vallées, puis une
nouvelle série de calcaires, calcaires marneux et
Le Trias comprenant des basaltes doléritiques, marnes comportant généralement deux niveaux calcai-
des marnes et argiles à niveaux salifères joue un rôle res principaux : Aalénien supérieur et Dogger. Le
important comme substratum imperméable de la série Jurassique se termine par une série surtout gréseuse,
jurassique et est à l'origine de la plupart des eaux continentale, de faciès rouge (Jurassique supérieur),
salées de la région. Il affleure largement à l 'W en passant au Crétacé inférieur de faciès identique.
limite du Haut Atlas calcaire, plus rarement dans le
massif à l'occasion de failles, de diapirs ou de Le Crétacé, d'extension réduite, offre une série
quelques boutonnières. classique à trois termes : grès et marnes rouges
(Crétacé inférieur) - marnes bariolées (Cénomanien) -
Le Jurassique constitue la quasi-totalité de la calcaires (Turonien) et s'achève par des formations
chaîne. Le Lias inférieur calcaréodolomitique est continentales rouges du Crétacé supérieur.
perméable en grand et constitue le niveau présentant la Tertiaire et Quaternaire sont représentés par des
plus grande continuité ; il donne à la chaîne formations continentales de remblayage.
Climatologie
L'infrastructure de mesures climatologiques est relève 63 postes pluviométriques ayant fonctionné
peu développée dans le Haut Atlas calcaire où l'on dans le passé pour 35.000 km2 (soit 1 pour
MAROC ATLASIQUE CLIMATOLOGIE 1933-1963 24 - HAUT ATLAS CALCAIRE (Atlas de Beni - Mellal)
Fig. 50
118 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Tableau 24
Volume de pluie
Bassin versant Superf. Moyenne annuelle
km2 mm 10 6 m3
Bassins du secteur d'El-Ksiba. affluents de l'Oum-er-Rbia 500 900 450
Bassin du Derna à Taghzirt 455 800 364
Bassin de l'oued El-Abid à Ouaouirinth 7.840 550 4.312
Bassins bordiers du Tadla. entre les oueds Derna et El-Abid 500 500 250
Bassin de la Tessaoute 1.465 650 952
Bassin du Lakhdar 2.945 620 1.826
Bassin affluent du Drâ (Dadès) 1.550 267 414
Bassin affluent du Drà (M'Goun) 1.250 284 355
Bassin du Todhra 2.260 243 549
Bassin du Rhériss 704 267 188
Bassin du Ziz 4.385 313 1.373
Bassins du Guir et du Bou-Anane 9.180 200 1.836
Bassin de l'Ansegmir 960 500 480
Autres bassins atlasiques de la Moulouya 1.000 450 450
TOTAL 34.994 13.799
CLIMATOLOGIE 1933-1963
Fig. 51
CLIMATOLOGIE 1933-1963
MAROC ATLASIQUE 24 - HAUT ATLAS CALCAIRE (centre)
Fig. 52
120 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Tableau 25
EVAPORATION MENSUELLE SUR PLAN D EAU LIBRE (en mm)
Barrage Sept. Oct. Nov. Dec. Jan. Fév. Mars Avr. Mai Juin Juil. Août An
Bin-el-Ouidane 180 140 70 70 60 70 110 100 140 190 250 240 1.620
Hassan-Addakhil
(Oued Ziz) 238 188 83 70 66 85 161 176 250 244 352 318 2.231
Hydrologie
Du château d'eau du Haut Atlas calcaire naissent de l'oued El-Abid est l'oued Ahansal ; peu après la
de grands cours d'eau marocains qui appartiennent aux confluence de ces 2 oueds a été édifié le grand barrage
bassins versants de l'Oum-er-Rbia à l'W, du Drâ, de d'accumulation de Bin-el-Ouidane (retenue de 1,5
la Daoura et de la Saoura au S, de la Moulouya au N. milliards de mètres cubes) couplé au barrage de
Les conditions orographiques et climatiques, variables compensation de Aït-Ouarda. Ces ouvrages dérivent
d'un bout à l'autre de cette longue chaîne confèrent les eaux de l'oued El-Abid dans une galerie souter-
aux rivières qui en sont issues des régimes fort raine qui franchit au N un petit chaînon atlasique et
différents. débouche directement à Afourer dominant la plaine
des Bni-Moussa du Tadla (cf. ci-après : aménagement
des eaux). L'indice pluviométrique moyen du bassin de
RIVIERES DU BASSIN DE L'OUM-ER-RBIA l'oued El-Abid à Bin-el-Ouidane est relativement peu
Oued El-Abid élevé : 500 mm/an, en dépit d'une altitude moyenne
importante : 2.030 m ; ceci est imputable au fait
L'oued El-Abid naît dans le jbel Masker qu'une grande part du sous-bassin de l'oued Ahansal
(3.277 m) et s'écoule d'E en W. Le bassin, de forme se situe à l'ombre des précipitations entre deux reliefs
allongée, s'étend au cœur du Haut Atlas calcaire, E - W de plus de 3.000 mètres.
délimité à l'E et au S par une ligne de hautes crêtes
supérieures à 3.000 m, le point culminant du bassin L'équipement pluviométrique de ce bassin est
étant le jbel Azourki (3.690 m). Le principal affluent satisfaisant, mais par contre l'équipement hydromé-
HAUT ATLAS CALCAIRE 121
Fig. 53
trique est plus réduit, en raison du grand aménagement apport de 5,7 l/s/km2 de bassin versant. Pour la
existant à Bin-el-Ouidane. Le régime de l'oued est même période, l'apport mesuré à Bin-el-Ouidane est
bien connu maintenant grâce aux mesures réalisées à de 37,9 m3/s ( 5 , 8 5 l/s/km2 de bassin). On en
Bin-el-Ouidane (depuis 1953) et au débouché de la déduit que l'apport des 1.370 km2 de bassin intermé-
rivière dans la plaine du Tadla, à Ouaouirinth ( 1924 à diaire entre Ouaouirinth et Bin-el-Ouidane est de
1952, puis à partir de 1 9 6 7 ) ; quelques mesures 6,2m3/s.
irrégulières du débit de l'oued Ahansal à l'amont de la
retenue du barrage ont été effectuées pendant quelques L'oued el-Abid est très régulier dans ses apports
années afin de séparer les écoulements globaux puisque le module moyen annuel à Ouaouirinth
mesurés à Bin-el-Ouidane, mais elles s'avèrent (44,5 m3/s) s'inscrit entre des maxima de l'ordre de
insuffisantes pour être exploitables. 90m3/s(93,5en 1962-63 - 91,0 en 1933-34 -90,2
en 1941-42) et des minima de l'ordre de 16m3/s
Les superficies du bassin versant sont de (16,0m3/sen 1944-45 - 16,2 en 1937-38 - 16,4 en
7.840 km2 à Ouaouirinth au débouché dans le Tadla, 1951-52). La série d'années sèches consécutives la
et de 6.470 km2 au barrage de Bin-el-Ouidane. Le plus défavorable est 1943-1948, soit cinq ans, dont
contrôle des débits consiste en des mesures limnimé- les apports moyens atteignent 28,9 m3/s (65 % du
triques et jaugeages au téléphérique à Ouaouirinth de module 1930-70). Les apports mensuels sont les plus
1930 à 1952 puis à partir de 1967, et en un calcul des abondants en mars et avril (40 % du total annuel)
apports journaliers dans la retenue de Bin-el-Ouidane puis en février et mai (24 % du total) ; de décembre à
(depuis 1953), à partir des volumes turbines, évacués, juin s'écoulent 84 % des débits, les 16 % restants se
évaporés ou des fuites et des stockages et déstockages. répartissant à peu près également de juillet à octobre.
Ces éléments sont de qualité satisfaisante, permettant Le mois le plus sec est généralement août (17,6 m3/s
de reconstituer des séries de débits mensuels naturels à à Ouaouirinth), suivi de peu par septembre -, ces
Ouaouirinth et Bin-el-Ouidane depuis 1930. étiages élevés soulignent le rôle régulateur joué par le
Pour la période 1930-1970, le module moyen réservoir souterrain calcaire. Ce rôle régulateur est
annuel à Ouaouirinth ressort à 44,5 m3/sec, fictifs d'ailleurs pluriannuel puisque le débit du mois le plus
continus. Compte tenu des irrigations de l'amont, le sec varie entre un maximum de 23,1 m3/s (août
débit naturel est de 44,8 m3/s correspondant à un 1942) et un minimum exceptionnel et peut-être
122 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
1000
0
I
II
Quaternaire Lias Supérieur (Série imperméable)
Documents consultés de : Tertiaire Lias inférieur (Série perméable) 0 5 10 15 km
J. Bourcart, G. Dubar,
E. Roch Crétacé Trias et Primaire (Série imperméable)
Fig. 54 — Deux coupes géologiques schématiques à travers le Haut Atlas calcaire, de la Moulouya au
Rhéris (zone est) d'une part, et de Bni-Mellal à Boumalne du Dadès (zone ouest) d'autre part.
10 000
831/45 1000 0,705 39 8,1
10 000
milliéquivalents
657/38 400 _ _ _
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
périodes des cinq années consécutives à modules légèrement au-dessous de 2 m3/s moyens mensuels.
inférieurs à la moyenne 1930-1970, ce sont 1943-48 Les étiages naturels seraient de 3,8 m3/s en moyenne
et 1956-61. Les étiages se situent habituellement en s'il n'y avait pas de prélèvements pour irrigation dans
août et sont de 3,0 m3/s en moyenne, pouvant tomber le bassin amont.
124 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
657/38 190 _ _ _
10 000
milliéquivalents
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
Le bassin du Lakhdar est l'objet depuis peu de anciennes: Assaka ( 2 . 6 1 0 km2) et Sidi-Driss
contrôles hydrologiques approfondis, en prévision de (2.930 km2) fournissent des données de qualité.
son équipement prochain en ouvrages de retenue (cf. Assaka est la plus ancienne (depuis 1930), Sidi-Driss
ci-après, aménagements des eaux). Deux stations; n'ayant été équipée au débouché de l'Atlas qu'en
HAUT ATLAS CALCAIRE 125
1963. En outre, deux stations fonctionnent depuis (800 à 900 mm par an en moyenne). Les exutoires de
1970 et 1971, l'une à l'aval de la confluence des oueds ces bassins (sources et écoulements superficiels) sont
Lakhdar et Bernat (Ait-Chouarit, 1.667 km2 de très utilisés au niveau du piémont de l'Atlas par des
bassin versant), l'autre sur l'oued Rzef à Aït-Sigmine dérivations et épandages destinés à l'irrigation,
(488 km2 de bassin versant). celle-ci se pratiquant toute l'année. La somme des
débits consommés par l'irrigation est de l'ordre de 25
millions de m3/an ; les débits écoulés des bassins sont
Le module moyen annuel du Lakhdar mesuré à de l'ordre de 200 millions de m3/an. Les sources ont
Sidi-Driss pour la période 1930-1970 s'élève à des débits importants, la principale étant l'Aïn
15,5 m3/s fictifs continus mais monte à 16,1 m3/s en Asserdoun (Bni-Mellal) avec 2,0 m3/s moyens
débit naturel reconstitué sans les prélèvements pour .annuels.
irrigation, soit 5,5 l/s/km2 de bassin, valeur voisine RIVIERES DU VERSANT SUD DE L'ATLAS
des 5,85 l/s/km2 de l'oued El-Abid à Bin-el-
Ouidane, et très inférieure aux 8,0 l/s/km2 de la Bassin du Drâ (secteur SW)
Tessaoute à Timi-N'Outine. Les modules annuels
Ces rivières sont par ordre d'importance et d'E
extrêmes sont de 30 m3/s pour le maximum
en W : le Dadès, le M'Goun et le haut Izerki.
( 1 9 6 2 - 1 9 6 3 ) et 5,5 m3/s pour le minimum
(1944-1945). On ne relève dans la série qu'une seule Le Dadès à la station d'Aït-Mouted a un bassin
période sèche de cinq années consécutives de module versant de 1550 km2 presque totalement inclus dans le
inférieur à la moyenne (1943-48, comme pour l'oued Haut Atlas calcaire et culminant à 3319 m (Aït-
El-Abid). Les étiages se situent habituellement en août Mouted : 1580 m). Le bassin, d'orientation SW-NE et
ou septembre et atteignent 5,7 m3/s en moyenne de forme très allongée, est entièrement circonscrit par
mensuelle, pouvant descendre à 2,0 m3/s (année la des crêtes à plus de 3000 mètres. Le haut bassin ne
plus sèche connue) ; ces étiages sont très affectés par comporte aucun équipement hydro-pluviométrique et
les irrigations de l'amont qui dérivent 2,6 m3/s en dans le bassin moyen, la station hydrologique de
moyenne pendant les mois les plus secs. Semrir est de création très récente alors que le poste
thermo-pluviométrique existe depuis plus de 30 ans.
Les crues du Lakhdar surviennent entre les mois
d'août et de mai, le plus fréquemment en novembre- La station d'Aït-Mouted fonctionne depuis 1963
décembre et mars-avril ; les probabilités de débit de et est équipée pour les jaugeages de crues. Le module
pointe sont les suivantes à Sidi-Driss : 725 m3/s pour moyen ressort pour la période 1953-70 à 4,3 m3/s
la fréquence décennale, 1.150 m3/s (centennale), fictifs continus, variant entre 1, 9 m 3 / s (1963-64) et
1.600 m3/s (millénaire). 8,6 m3/s ( 1 9 6 7 - 6 8 ) . La rivière est à régime très
régulier, soutenue à la fois par la rétention nivale et
Oued Derna par les écoulements souterrains ; les apports maxima
Au débouché dans la plaine du Tadla, à Taghzirt, se situent en mars-avril (7 m3/s en moyenne pour ces
mois), les étiages survenant en juillet-août ( 1 , 3 m 3 / s
le bassin versant du Derna a une superficie de
en moyenne pour ces mois). Le Dadès est pérenne, les
455 km2. Le bassin est orienté W-E comme ceux des
plus faibles apports mensuels enregistrés jusqu'à
oueds El-Abid et Tessaoute et possède une forme assez
présent étant ceux d'août 1970 (0,3 m3/s). Il est à
allongée. Ce bassin est limité par des crêtes culminant
noter que les débits spécifiques du Dadès (2,8 1/s/
autour de 2.000 m au S et à l'E, et à 2.068 m au N km2) sont deux fois inférieurs à ceux des rivières du
(jbel Aherda) ; la station de Taghzirt se situe à versant nord de l'Atlas.
l'altitude 561 m. L'équipement hydro-pluviométrique
de ce bassin est presque inexistant : 1 poste pluviomé- Le M'Goun à la station de Ifre (altitude 1500 m)
trique et la station de jaugeage qui ne fonctionne possède un bassin versant de 1250 km2 qui culmine
régulièrement que depuis 1968. Le module annuel de sur les plus hauts sommets de la chaîne : Irhil-
la rivière est évalué à 3 m3/s fictifs continus ; les M'Goun (4071 m) et Irhil-Ouaougoulzat (3770 m) et
étiages sont soutenus, le mois le plus sec (août ou s'avère très semblable à celui du Dadès. L'équipement
septembre) écoulant en moyenne de l'ordre de 0,6 à hydro-pluviométrique est nul à l'amont de la station
1 m3/s. dé Ifre qui est de création récente ( 1 9 6 3 ) . Pour la
période 1963-70, le module moyen annuel à Ifre est
de 5,9 m3/s ayant varié entre 2,7 m3/s (1969-70) et
Petits bassins bordiers de l'Atlas de Bni-Mellal entre 12,3 m3/s (1965-66). La répartition annuelle des
les oueds Srou au NE et El-Abid au SW débits est très régulière, les maxima se situant en
février (6,6 m3/s) et avril-mai (5,1 et 5,5 rrr3/s) ; les
Aucune mesure hydrologique n'existe sur ces étiages sont très soutenus : 3,3 m3/s en moyenne en
bassins dont en particulier ceux compris entre les août, le minimum mensuel enregistré étant de 1,8m3/
oueds Srou et Derna possèdent une certaine impor- s (août 1970). Le débit spécifique de ce bassin 4,7 1/
tance en rapport surtout avec les pluies qu'ils reçoivent
126 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
s/km2 est à mettre en rapport avec celui de la (1963-64) et 9,2 m 3/s (1965-66) et la rivière était
Tessaoute (7,8 l/s/km2), son symétrique vers le N par totalement sèche entre octobre 1963 et août 1964 ;
rapport au jbel M'Goun. Il est à noter enfin que les d'autres périodes plus courtes d'assèchement se notant
régimes du M'Goun et du Dadès sont sensiblement en 1961 -62 (9 mois au total), en 1962-63 (6 mois au
différents, de même que celui de la Tessaoute par total), en 1964-65 (4 mois), etc. L'importance des
rapport au Lakhdar et à l'oued El-Abid sur le versant irrigations de l'amont : 0,6 m3/s consommés pendant
nord ; le rôle des hautes crêtes de l ' I r h i l -M'Goun le mois de pointe d'été, aggrave les bas étiages à la
semble essentiel sur le plan des régimes. station. Les séries d'années sèches, à module inférieur
au module moyen annuel, sont longues : 8 ans pour la
Bassin du Rhériss-Todhra plus grave (1957-58 à 1964-65). Les crues dans les
Les deux rivières qui conflueront au-delà de l'Atlas bassins du Rheriss et du Todhra sont dues à des
ont des bassins atlasiques d'importance inégale : 2260 averses brèves, de forte intensité ; elles présentent un
km2 à Tadirhoust pour le Rhériss, 704 km2 à Aït- caractère torrentiel avec écoulement brusque et fort
Bouijane pour le Todhra. Ces hauts bassins présaha- transport solide. Le nombre des crues varie entre 0 et
riens sont déjà mal arrosés (243 mm/an pour le 11 par an pour la période 1961 à 1970. Les débits de
Rhériss, 267 mm/an pour le Todhra) en dépit de pointe de crue millénaire sont évalués à 2 100 m3/s
l'altitude. pour le Todhra à Aït-Bouijane et à 5 100 m3/s pour le
Rhériss à Tadirhoust ; ces débits sont considérables.
La station de Aït-Bouijane a été mise en service
en 1960 et celle de Tadirhoust en 1961 une crue Bassin du Ziz
importante les a détruites en novembre 1965, Le bassin atlasique du Ziz est très vaste : 4385
interrompant les mesures jusqu'à leur reconstruction km2 à la station de Aït-Athmane qui a fonctionné
en 1966. jusqu'à la mise en eau du barrage Hassan-Addakhil et
Le module moyen annuel du Todhra à Aït- se trouve maintenant noyée et remplacée par le barrage
Bouijane pour la période de mesure 1961 -1970 est de et une autre station au foum Zabel en amont. Les
1,0 m3/s ; des corrélations avec l'oued Ziz ont permis observations à Aït-Athmane ont débuté en 1960, mais
d'étendre les données à la période 1948-70 qui des mesures étaient auparavant effectuées (depuis
présente un module annuel voisin : 1, 1 m 3 / s . Compte 1948) au barrage de Targa, près de Ksar-es-Souk.
tenu des prélèvements pour l'irrigation, le module La forme du bassin du Ziz est assez régulière.
naturel est de 1,2 m3/s et le débit spécifique est Une partie amont, située à l'ouest est orientée W-E et
faible: 1,7 l/s/km2. La répartition des débits dans représente environ 1 500 km2 dominés au N par des
l'année est très régulière, l'automne étant générale- crêtes à plus de 3 000 m. Le reste du bassin a une
ment mieux doté. Les étiages se situent en juillet (0,7 forme en éventail avec écoulement du N vers le S ; le
m3/s moyens mensuels mesurés pour 1948-70). A Aït- jbel Maoutfoud (3485 m) domine ce secteur et est le
Bouijane, le Todhra est pérenne mais s'est abaissé sommet le plus élevé du bassin. L'oued Ziz présente
jusqu'à 0,1 m3/s, les prélèvements dans le haut bassin un régime à tendances sahariennes avec écoulement
s'élevant alors à 0,2 m3/s. Cependant, l'irrégularité permanent plus d'une année sur deux et crues
interannuelle est très marquée, les modules annuels d'automne et de printemps ; les précipitations sont très
variant entre 2,9 m3/s (1965-66) et 0,3 m3/s variables, la moyenne interannuelle sur le bassin
(1963-64 et 1969-70). s'établissant à 313 mm, la neige d'altitude jouant un
Le module moyen annuel du Rhériss à Tadir- rôle régulateur important. Le module moyen annuel de
houst pour la période de mesure 1961 -1970 est de 2,0 la période 1948-1970 mesuré à Aït-Athmane est de
m3/s ; par corrélation avec l'oued Ziz, on a pu étendre 5,7 m3/s ne tenant pas compte des dérivations pour
les données à la période 1948-1970, le module moyen l'irrigation à l'amont -, ces dérivations sont estimées à
annuel s'élevant alors à 2,5 m3/s. Ces débits ne sont 1, 6 m 3 / s fictifs continus mais à 2,2 m3/s les mois
cependant pas des débits naturels car les dérivations d'été. Le module annuel naturel est donc de l'ordre de
d'eau pour l'irrigation sont nombreuses dans l'Atlas, 7,3 m3/s soit 1 , 7 l/s/km2, identique à celui du
consommant 12 millions de m3/an; le module annuel Todhra. L'irrégularité du régime est forte, les apports
naturel est alors de 2,9 m3/s et l'on obtient un débit annuels aux Aït-Athmane variant entre 1,8 et 13,8
spécifique de 1,3 l/s/km2, inférieur à ceux des bassins m3/s alors que certains mois l'oued est sec ou presque
voisins du Todhra et du Ziz. sec. Les crues sont soudaines et violentes, la plus forte
observée (1965) ayant atteint un débit de pointe de
A Tadirhoust, le Rhériss présente en moyenne l'ordre de 5 000 m3/s ; la crue millénaire est évaluée
mensuelle une régularité assez grande puisque les autour de 10 000 m3/s. Le barrage Hassan-Addakhil
débits moyens mesurés varient entre 0,8 m3/s (juillet, situé au débouché de l'Atlas a été mis en eau en 1971
mois le plus sec) et 4,3 m3/s (octobre et novembre). et garantit .à l'aval un débit annuel minimum
Mais cette régularité est illusoire car les modules régularisé de 140 millions de m3 (cf. aménagements
annuels de 1948 à 1970 se situent entre 0,1 m3/s des eaux).
HAUT ATLAS CALCAIRE 127
*L'étude Orstom. ( 1 9 7 5 ) . donne un module annuel de 4,8 m3/s observé ** L'étude Orstom (1975), donne un module annuel de 1,8 m3 / s
sur la période 1954 -55 à 1973-74. La crue de projet aurait un volume de observé sur la période 1961-62 à 1973-74. La crue de projet aurait
5 4 0 . 1 0 3 et un débit maximum de 12 500 m3/s. un volume de 285.10 6 m3 et un débit maximum de 7500 m3/s.
128 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
moyen naturel d'étiage de l'ordre de 0,5 m3/s et en se un rôle régulateur remarquable qui se traduit par des
référant à la distribution des apports de l'Ansegmir, un étiages naturels très soutenus : 52,1 m3/s fictifs
module moyen naturel de l'ordre de 1,2 m3/s. continus pour le mois le plus sec, contre 119,2 m3/s
fictifs continus moyens annuels. Ces étiages naturels
Aucun affluent pérenne de la Moulouya ne sont déjà bien abaissés actuellement par les prises
provient plus de l'Atlas à l ' E de l'oued Outat. d'eau pour l'irrigation qui consomment (les débits
dérivés sont très supérieurs) en mois de pointe d'été de
CONCLUSIONS SUR L'HYDROLOGIE DU HAUT l'ordre de 13,7 m3/s contre une moyenne annuelle de
ATLAS CALCAIRE 6,3 m3/s fictifs continus.
Avec une pluviométrie moyenne annuelle de 395 Mais ces moyennes sont peu significatives car le
mm, représentant un apport de 13 800 millions de m3 Haut Atlas calcaire est soumis à des conditions
(cf. climatologie), le Haut Atlas calcaire est un climatiques très différentes, d'une année à l'autre et
véritable château d'eau d'où divergent des rivières surtout d'une région à une autre, entre le NW dominé
importantes véhiculant en moyenne annuelle quelque par des sommets élevés, bien arrosés, où les débits
3 750 millions de m3 d'eau représentant 27 % des spécifiques naturels annuels se situent entre 5 et 8 1/
pluies. Ces débits constituent pratiquement l'écoule- s/km2 et le S et l'E au climat pré-saharien où ces
ment total (superficiel et souterrain) du bassin du débits spécifiques descendent à 0,9 l/s/km2 (Bou-
Haut Atlas où la couverture calcaire généralisée joue Anane), se tenant surtout entre 1 et 2 l/s/km2.
Hydrogéologie
Peu d'éléments nouveaux étant intervenus depuis
la publication de J. Margat ( 1 9 5 2 ) contenue dans
« l'Hydrogéologie du Maroc», on reproduira ci-après
PRESENTATION D'ENSEMBLE
l'essentiel du texte et la carte synthétique se trouvant
dans cette publication, en actualisant les données Le substratum Primaire-Trias constitue un radier
chiffrées. imperméable général et continu dans toute la chaîne.
Tableau 2(
Bassin versant Surf. Altitudes (m) Période Module moyen annuel Module du mois le Débit spécifique
et station (km2) de (m3/s fictifs continus) plus sec (m3/s) naturel (l/s/km2)
de référence Maxi référence
du Station Naturel Mesuré Naturel Mesuré Annuel Etiage
bassin
EL-ABID Août
à Ouaouirinth 7.840 3.690 370 1930-70 44,8 44,5 18,9 17,6 5,7 2,4
TESSAOUTE Août
à Timi-N'Outine 1.465 4.071 775 1931-70 11,7 11,5 3,8 3,0 8,0 2,6
LAKHDAR Août
à Sidi-Driss 2.945 3.825 625 1933-70 16,1 15,5 8,3 5.7 5,5 2,8
DERNA Sept.
à Taghzirt 455 2.068 561 1968-70 (3,0) (3.0) (1,0) (0,8) 6,6 2,2
Entre 0. SROU et Août
TESSAOUTE (1.000) - - - (6,0) (5.2) (4,0) (1,0) - -
DADES Juil. Août
à Ait-Mouted 1.550 3.319 1.580 1963-70 (4,4) 4,3 (1,4) 1,3 2,8 0,9
M'GOUN Août
à Ifre 1.250 4.071 1.500 1963-70 5,9 5,9 3.3 3,3 4,7 2,6
TODHRA Juil.
à Aït-Bouijane 704 3.222 1.350 1948-70 (1,2) 1,1 (0,9) 0,7 1,7 1,3
RHERISS Juil.
à Tadirhoust 2.260 2.571 1.200 1948-70 (2,9) 2,5 (1,4) 0,8 1,3 0,7
ZIZ Juil.
à Ait-Athmane 4.385 3.485 1.061 1948-70 7,3 5,7 4,2 2,0 1,7 1,0
BOU-ANANE Juil.
à Bni-Yatti 6.788 2.167 890 1964-70 5,8 5,3 (0,8) 0,3 0,9 0,2
GUIR Juil.
à Tazouguert 2.392 2.714 1.029 1964-70 2,4 1,5 (1,1) 0,2 1,0 0,5
ANSEGMIR Août
à RP 21 960 3.757 1.400 1952-70 4,7 4,2 2,0 1,5 4,9 2,1
VERSANT M0UL0UYA
DU HAUT ATLAS (sauf Ansegmir) (1.000) - - - (3,0) (2,7) (1,0) (0,7) - -
TOTAUX 34.994 119,2 112,9 52,1 38,4
30'
30'
6°
30'
30'
5°
3°
4°
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Série perméable
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Asif Ligne de partage des eaux
ZATE
Hammada du Guir et Oujda
BAS R ZA S A R H O Substratum imperméable
SIN
DE OUA Skoura Trias et Primaire Ech:
0 5 10 20 50 40 50 km
Fig. 57
HAUT ATLAS CALCAIRE 129
La structure générale de la chaîne détermine un du Trias, les eaux du Lias peuvent être plus ou moins
système de cuvettes synclinales constituant autant de fortement salées :
sous-bassins hydrogéologiques qui communiquent Tahamdount : 450 mg/1 de Cl, 1 350 mg/1 de résidu
plus ou moins bien entre eux par des seuils de largeur sec (à 180° C).
variable (fig. 57). Takkat-n'Ou-Anfers : 1 634 mg/1 de Cl, 3 432 mg/1
de résidu sec (à 180° C).
Les circulations sont donc surtout longitudinales
Aïn Amassine : 724 mg/1 de Cl, 2 240 mg/1 de résidu
et les communications transversales ne sont possibles
qu'à la faveur de certains relais d'anticlinaux. sec (à 180° C).
Deux grands ensembles aquifères sont à distin- Il existe une continuité relative des réseaux
guer : aquifères du Lias, sans que l'on puisse cependant
parler d'un niveau piézométrique général. La conti-
- les réseaux aquifères du Lias inférieur, formant un nuité des circulations est probable, mais pas toujours
système relativement continu ; certaine dans le centre des synclinaux, en raison des
variations de faciès possibles.
- les réseaux aquifères et nappes de la série Aalénien-
Dogger, fragmentés en bassins séparés dans chaque La mise en charge des eaux du Lias inférieur par
cuvette synclinale et généralement sans communica- le Toarcien imperméable est fréquente et constitue la
tions et comprenant parfois plusieurs niveaux aqui- règle dans les synclinaux.
fères.
Les communications entre chacun des sous-
Ces deux ensembles sont séparés nettement par le bassins correspondant à chaque cuvette synclinale,
niveau imperméable du Toarcien-Aalénien inférieur, sont conditionnées par les cotes relatives du toit
qui joue, de ce fait, un rôle hydrogéologique de toarcien, du seuil triasique et du niveau piézométrique
premier plan dans le Haut Atlas calcaire. Les local, lui-même conditionné par la cote d'un exutoire
communications entre eux ne sont possibles qu'à la proche, en un point bas, dans une vallée. L'importance
faveur de failles. des échanges entre sous-bassins est donc très variable.
Aux deux grands ensembles aquifères se super- Certains de ces sous-bassins sont pratiquement fermés
posent des systèmes de nappes phréatiques du et leurs eaux n'ont qu'un exutoire de trop-plein créé
Quaternaire et d'underflows se relayant mutuellement, par une vallée. D'autres s'ouvrent largement sur une
cuvette voisine et sont dépourvus d'exutoire important.
répartis suivant chaque grand bassin hydrographique.
Dans tous les cas, des réserves captives considérables
Ils ont une grande importance par leur rôle d'intermé-
diaire entre les niveaux aquifères profonds qu'ils subsistent.
drainent souvent et alimentent parfois et les eaux de Alimentation
surface, ainsi que par leur intérêt pratique.
- Les précipitations constituent l'apport essentiel, en
Le réseau hydrographique joue un rôle remar- particulier l'enneigement qui intéresse surtout les
quable, directement ou indirectement par ses under- affleurements élevés (anticlinaux) du Lias inférieur.
flows, grâce à ses grandes vallées transversales qui
provoquent les points bas déterminant la plupart des Sauf quelques zones tabulaires, les pentes sont
exutoires de trop-plein de chaque sous-bassin de la en général très fortes et ne permettent qu'une faible
chaîne. infiltration.
- Localement, des pertes d'oued et d'underflows
peuvent alimenter le Lias (amont de gorges).
RESEAUX AQUIFERES DU LIAS INFERIEUR
- En quelques cas locaux, des abouchements par faille
Malgré une certaine diversité de faciès (calcaires entre le Lias et le Dogger peuvent fournir un apport du
lités à dolomies et calcaires massifs largement Dogger au Lias.
diaclasés), le Lias constitue un large réseau fissuré Exutoires
avec prédominance du régime turbulent. Il se comporte
comme un karst dont il a les traits morphologiques 1. Sources d'émergence, parfois vauclusiennes (Ta-
dans les zones tabulaires (gorges du Ziz). Ses sources, hamdount) se situant en des points bas à l'aval de
parfois vauclusiennes (Tahamdount), ont fréquem- gorges transversales dans les anticlinaux. Ce sont des
ment de gros débits. sources diaclasiennes, souvent à gros débit (sources du
Todrha) ; mais elles présentent souvent un caractère de
Les eaux du Lias sont peu chargées en général :
déversement plus ou moins apparent dû au rôle d'un
250 a 350 mg/1 et sont légèrement calcaires et
niveau de moindre perméabilité dans le Lias, à
magnésiennes. Lorsqu'elles sont entrées en contact proximité du Trias ou à une faille.
avec le Trias, quand ce dernier est salifère et surtout
lorsqu'il s'agit de sources de déversement au contact 2. Sources de déversement sur le Trias dans les mêmes
130 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Hauteurs exagérées
Fig. 58 — Coupe hydrogéologique schématique transversale dans le Haut Atlas calcaire montrant
les relations entre les niveaux aquifères profonds et les nappes phréatiques et underflows
(d'après J. Margat, 1952).
constitué par les poudingues et les graviers et galets, en phiques ( l i t d'oued très creusé), par des particularités
relation avec les alluvions des lits actuels des oueds. du substratum (relèvement, resserrement) ou par la
Les poudingues, qui forment généralement le fond des structure même du Quaternaire (rôle d'un niveau de
bassins quaternaires, contiennent la réserve principale moindre perméabilité).
des nappes phréatiques. En outre, c'est par eux que
Ces sources sont fréquemment des sources du
s'opèrent les échanges (pertes ou le plus souvent
drainages) avec les niveaux aquifères du Jurassique Lias (Todrha) ou du Dogger-Aalénien (Imiter), voire
moyen et du Lias. du Crétacé (Tangerfout), « déplacées » par les allu-
vions.
Les galets et graviers forment les lieux de - Les réinfiltrations dans le substratum n'ont qu'un
cheminement préférentiels des nappes phréatiques, et caractère local et sont loin d'avoir l'importance des
permettent les plus gros débits. drainages.
- Les écoulements continus vers l'aval, suivant
Les underflows, au sens strict, ne sont pas l'enchaînement des nappes phréatiques et des under-
continus, suivant les vallées des principaux oueds, flows, se poursuivent hors du Haut Atlas, et
mais se cantonnent dans les vallées étroites et les participent à l'alimentation des bassins quaternaires et
gorges, formant souvent un relais entre deux nappes d'autres niveaux aquifères des dépressions bordières
phréatiques : ils naissent généralement comme exu- (Tafîlalt, Beni-Moussa, etc.).
toire d'une nappe phréatique amont ou d'un bassin de - Enfin quelques exploitations par puits, forages et
réception torrentiel, se grossissent par drainage du drains (rhettaras) principalement sur le versant sud.
Lias, de l'Aalénien ou du Dogger et s'épanouissent
dans une nappe phréatique aval, avec plus ou moins de BILAN ET CONCLUSIONS
pertes dans le substratum. Ce schéma se trouve à peu Le bilan des exutoires et des issues des diverses
près réalisé dans le cas de la vallée du Rhériss de la unités hydrogéologiques examinées ci-dessus peut se
Taria à l'Amsed (fig. 58). résumer ainsi :
Nappes phréatiques et underflows se relayent, - Sources de divers types dans la chaîne, constituant
formant ainsi un système continu d'écoulement dans l'origine des eaux pérennes de surface. Leur débit
le Quaternaire suivant les grandes lignes du réseau global correspond au moins au total des débits
hydrographique. d'étiage naturels des divers bassins, soit 52 m3/s (cf.
hydrologie).
Chacun de ces systèmes se « jette » hors de la - Drainage par les oueds et leurs underflows, accom-
chaîne, dans un bassin quaternaire dont il est pagnant les divers types de sources mais constituant un
affluent : les uns, affluents des bassins du Guir, du cas plus général. Il est à l'origine des systèmes
Tafilalt (Ziz-Rhériss) ou du Drâ : Bou-Anane, Guir, d'underflows débouchant du Haut Atlas, dont le débit
Ziz, Rhériss, Todrha, Dadès, s'écoulent vers le S ; les total ne peut s'évaluer, mais est certainement peu
autres affluents des bassins de la Moulouya, de l'oued important par rapport aux étiages des rivières.
El-Abid, de la Tessaoute : Ansegmir, Ouirine, assif
Melloul, Ahansal, El-Abid, Lakhdar, Tessaoute, Les systèmes d'underflows ne sont pas toujours
s'écoulent vers le N. drainants mais, dans leurs échanges avec les nappes
profondes, le bilan est très largement bénéficiaire au
Alimentation profit du drainage.
- Les précipitations ne fournissent pas l'apport princi- Ces sources et ces drainages paraissent constituer
pal, tant en raison des surfaces assez réduites que des la majeure partie des exutoires des eaux souterraines
cultures qui absorbent le plus gros des pluies reçues. du Haut Atlas calcaire. I l s représentent en grande
- Les pertes des oueds et des épandages pour partie l'écoulement de trop-plein par rapport à des
l'irrigation fournissent un apport essentiel. Les réserves captives. Leur débit global doit être de l'ordre
écoulements des oueds sont en grande partie pérennes de grandeur de l'alimentation.
et assurent un apport permanent, renforcé lors des
crues, aux nappes phréatiques et underflows. - Sources de divers types sur les lisières sud et surtout
- Le drainage du Lias et du Dogger constitue nord de la chaîne.
également un apport très important, surtout pour les - Ecoulement vers les bassins bordiers de la chaîne
underflows. (Sillon pré-africain, Haouz oriental, Beni-Moussa,
Moulouya) et affluence dans les niveaux aquifères
Exutoires profonds ou phréatiques de ces bassins. L'importance
- Sources d'émergence, soit des underflows, soit des de ces écoulements est difficile à évaluer. Elle paraît
nappes phréatiques vers leur aval, dites « résurgen- faible dans l'ensemble.
ces » des oueds. La possibilité d'écoulements longitudinaux vers
Elles sont déterminées par les conditions topogra- le NE dans la région des « plis marginaux » détachés
HAUT ATLAS CALCAIRE 133
10/40 4780 - 88 -
100
1 000
--
CO 3 combiné
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( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
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10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
du Haut Atlas, dans le domaine de la Méséta oranaise. devient plus médiane au centre et se désaxe au S vers
vers les plateaux du Maroc oriental, demeure hypothé- l'W.
tique. Elle se confond à ses extrémités ouest et est avec
les crêtes hydrographiques du Haut Atlas central et du
D'une manière générale, le Haut Allas calcaire se
caractérise donc comme une grande zone de disper- Tamlelt.
sion, mais par l'importance des terrains perméables Par son versant sud, le Haut Atlas appartient aux
dans sa contitution, et par son style structural, il ne bassins hydrogéologiques du sillon pré-africain :
constitue pas une zone de dispersion pure et simple bassin d'Ouarzazate à l'W, bassin de Boudenib à l'E.
entre plusieurs bassins hydrogéologiques, mais un Le domaine du second dans le Haut Atlas, est de
complexe d'unités hydrogéologiques parmi lesquelles, beaucoup le plus vaste (Rhériss, Ziz, Guir).
le partage entre les grands bassins hydrogéologiques
bordant la chaîne n'est pas toujours aisé à établir. Par son versant nord, le Haut Atlas appartient à
3 bassins hydrogéologiques :
La limite entre les versants hydrogéologiques
sahariens et océaniques, moins facile à définir que la - à l'W, le bassin du Haouz,
ligne de partage des eaux de surface, suit souvent les - au centre, le bassin du Tadla,
grandes lignes de celle-ci mais en diffère dans les - à l'E, le bassin de la Moulouya.
détails. Les domaines de ces divers bassins dans le Haut
Précisons ici que la partie ouest du versant sud Atlas se subdivisent, comme on l'a vu, en de nombreux
(Drâ) doit être considérée comme saharienne. sous-bassins d'importances inégales, coïncidant avec
chaque cuvette synclinale. Dans le cadre de chacun de
La « crête » hydrogéologique suit en général la ces sous-bassins, prédominent les écoulements longi-
ligne des anticlinaux les plus élevés : elle s'oriente tudinaux, tandis que les exutoires principaux, sources
WSW-ENE, obliquement par rapport à l'axe de la et drainages, sont déterminés par un réseau hydrogra-
chaîne. Elle est fortement désaxée au N vers l ' E , phique transversal dans ses grandes lignes.
Aménagement des eaux
AMENAGEMENTS EXISTANTS jusqu'à Ouaouirinth. Les irrigations se tiennent sur
des vallées affluentes de l'oued El-Abid, développées
Les irrigations traditionnelles essentiellement à partir de sources. Les superficies
irriguées pérennes en 1973 atteignent 3 800 ha.
On regroupe sous cette appellation les aménage-
consommant 1 1 millions de m3/an dont 3.4 millions
ments souvent rudimentaires (barrages de dérivation
de m3 en période de pointe (juillet et août). Ces
sommaires - canaux souvent non revêtus) réalisés et irrigations affectent donc très modestement le débit de
entretenus par les populations. l'oued El-Abid ; on en a tenu compte pour reconstituer
Un nombre important de périmètres agricoles le débit naturel à Ouaouirinth (cf. hydrologie). L'étude
traditionnels sont irrigués dans le Haut Atlas calcaire à agricole (SCET, 1973) a conclu à la possibilité
partir de dérivations sur les oueds (eaux pérennes et d'accroître les superficies irriguées dans ce bassin de
eaux de crues) ou des eaux souterraines (captages de 1 400 ha tout au plus.
sources - rhettaras - pompages). Les superficies Oued Tessaoute - 2 500 hectares seulement sont
irriguées et les consommations en eau sont plus ou irrigués en Tessaoute, en amont du barrage de Aït-
moins bien connues selon les bassins. Dans les bassins Aadel et de l'ancienne station de jaugeage de référence
tributaires de l'Oum-er-Rbia, des enquêtes hydro- (Timi-N'Outine). Les consommations annuelles sont
agricoles détaillées ont été effectuées récemment de 6.5 millions de m3, la consommation mensuelle des
(SCET, 1 9 7 3 ) , ainsi que dans le bassin de la mois de pointe étant de 2,1 millions de m3 (juillet et
Moulouya (SOMET, 1969) ; dans le bassin du Ziz, les août).
enquêtes sont plus anciennes (ENERGOPROJEKT,
1 9 6 5 ) ; dans les bassins du Guir et du Rhériss Oued Lakhdar - 8 000 hectares sont actuellement
(ENERGOPROJEKT, 1968 et 1969) les enquêtes irrigués dans le bassin du Lakhdar à l'amont de Sidi-
sont très sommaires, alors que rien de précis n'existe Driss, consommant annuellement 20 millions de m3,
dans les bassins affluents du Drâ (Dadès et M'Goun). dont 6,7 millions de m3 les mois de pointe (juillet et
On tentera ci-après de résumer et simplifier les août). Une extension des équipements de l'ordre de
données disponibles. 8 000 ha est possible.
Dir NWde l'Atlas (entre les oueds Srou et Tessaoute). sont bien connues (SOMET. 1969). En ce qui
Près de 15 000 hectares sont irrigués, dont les 3/4 concerne le secteur atlasique, environ 6 700 hectares
pérennes, consommant de l'ordre de 25 millions de sont irrigués dont 4 500 de façon pérenne, principale-
m3/an dont 8 millions de m3 pour le mois de pointe. ment dans les vallées des oueds Ansegmir, Outat et
Oudhres. Les consommations d'eau sont estimées à 25
Bassins du versant sud de l'Atlas
millions de m3/an.
Oued Dadès - Les superficies irriguées à l'amont de la Au total, quelque 43 000 hectares sont irrigués
station de jaugeage de Ait-Mouted sont inconnues, de façon pérenne dans le domaine du Haut Atlas
ainsi que les consommations d'eau correspondantes. calcaire, consommant sur place 200 millions de m3/
Les irrigations ne prennent de l'importance qu'à l'aval
an. La plupart du temps, les irrigations traditionnelles
de Boulmane du Dadès, lorsque la vallée s'élargit ; à
sont limitées en superficie par les débits d'étiage
l'amont existent cependant plusieurs périmètres dont
conditionnant la consommation de pointe des périmè-
la consommation n'est certainement pas supérieure à
100 l / s en mois de pointe, et 1 million de m3/an (ceci tres ; en été, ces consommations de pointe atteignent
représente environ 500 ha irrigués). 13,7 m3/s.
Barrages d'accumulation existants
Oued M'Goun - Les irrigations sont inconnues mais
négligeables sur Passif M'Goun dont la vallée est Le complexe Bin-el-Ouidane—Aït-Ouarda—Afourer
étroite. (oued El-Abid)
Oued Todhra - Aucune enquête permettant une bonne Le complexe d'aménagement de l'oued El-Abid
connaissance des eaux consommées dans le bassin à comprend un très grand barrage d'accumulation (Bin-
l'amont de la station d'Aït-Bouijane n'a encore été el-Ouidane), un barrage de compensation (Aït-
effectuée. On peut simplement dire que les superficies Ouarda), une galerie souterraine de transfert d'eau
irriguées sont faibles, de l'ordre de 300 ha (palmeraies (Bin-el-Ouidane Afourer) et deux usines électriques
amont de Tinerhir et Tamtetouch). Ceci représente (Bin-el-Ouidane et Afourer). Son utilisation est
une consommation annuelle de 4,5 millions de m3 mixte : irrigation en priorité et production d'énergie.
avec pointe mensuelle d'été de 0,5 million de m3.
Le barrage de Bin-el-Ouidane, du type voûte
Oued Rhéris - Ici, les irrigations sont plus importantes mince en béton, a été édifié en un resserrement naturel
à l'amont de la station de jaugeage, notamment pour de la vallée provoqué par des affleurements de-bancs
les palmeraies de Timesguit et de Tadirhoust (600 ha calcaires du Lias inférieur ; fondé et appuyé sur le
pour les deux). Au total les superficies irriguées sont rocher calcaire (ce qui a notamment nécessité
de l'ordre de 750 ha, consommant 12 millions de m3/ l'enlèvement de 25 m d'alluvions en fond d'oued), le
an environ avec une pointe mensuelle d'été de l'ordre barrage est haut de 132,5 m au-dessus des fondations
de 1,5 millions de m3. et long de 290 m au couronnement. Epaisse de 25 m à
la base, la voûte en béton ne mesure plus que 5 m au
Oued Ziz - Des enquêtes détaillées (ENERGOPRO- couronnement, L'évacuateur de grue, capable d'éva-
JEKT, 1965) ont été effectuées dans les nombreux cuer 2500 m3/s, est implanté sur la culée rive droite.
secteurs d'irrigation de l'Atlas, accompagnées de
campagnes de jaugeages d'étiage (D.R.E, 1963 et La retenue ainsi constituée est immense ( 1,5 mil-
1964). Il en ressort qu'en moyenne interannuelle, la liards de m3) et il est exceptionnel que le barrage
consommation est de l'ordre de 50 millions de m3 déverse. Le volume utile de la retenue est de 1,33
pour 4 000 hectares environ ; en pointe (juillet), la milliards de m3. L'ouvrage barre un bassin versant de
somme des consommations est de 5,8 millions de m3 6 470 km2 recevant un apport moyen annuel de 1 195
( 2 , 2 m3/s fictifs continus). millions de m3, assez régulier. Son exploitation,
lorsqu'elle sera totalement asservie à l'agriculture,
Oueds Guir et Bou-Anane - Aucune enquête sérieuse garantira un volume annuel régularisé de l'ordre du
n'a été réalisée ; une série de mesures effectuées par milliard de m3, permettant l'irrigation de 100 000
Energoprojekt en 1967 (ENERGOPROJEKT, 1968) hectares. Mis en eau en 1952, l'ouvrage a été jusqu'en
est inexploitable. En se référant à J. Margat (1953), 1972 surtout utilisé pour la production d'électricité
on peut estimer les consommations à 0,9 m3/s fictifs grâce à une usine pied de barrage de 135 000 KVA de
continus sur le Guir en amont de Tazzouguert, et à puissance installée, produisant en moyenne 250
0,5 m3/s fictifs continus celles sur le Bou-Anane en millions de KWH par an ; depuis 1972, l'asservisse-
amont de Bni-Yatti. Ceci correspond à quelque ment à l'agriculture croît très rapidement (périmètres
3 500 hectares irrigués pérennes dans les bassins des Beni-Moussa et des Doukkala) et devrait être total
atlasiques de ces oueds. avant 1980.
Le barrage de compensation et de dérivation des
Oueds affluents de la Moulouya Aït-Ouarda est situé 3.500 m à l'aval de Bin-el-
Les irrigations dans le bassin de la Moulouya Ouidane. C'est un barrage en béton à voûte unique
136 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
les lâchers d'ouvrages d'amont et possédant une en territoire algérien, par un grand barrage de 350
capacité propre de régularisation des débits du bassin millions de m3 de capacité à Jorf-Torba, destiné aux
versant non contrôlés par ces ouvrages. besoins industriels de la région de Béchar et à des
irrigations dans la région d'Abadla.
Site de Aït-Feska - Ce site est voisin de l'ancienne
station de jaugeage d'Assaka et contrôle 2 610 km2 En territoire marocain, Guir et Bou-Anane ne
soit 89 % du bassin versant à Sidi-Driss. Géologique- peuvent être barrés que dans leur cours atlasique,
ment, ce site est encore, difficile (calcaires en zones aucun site n'existant plus ensuite. Cependant les deux
faillées) et il est défavorable topographiquement, ce oueds ne présentent pas le même intérêt, les terres
qui accroît le-volume des ouvrages nécessaires. susceptibles d'être irriguées étant rares dans le Bou-
Anane et par contre nombreuses dans le Guir (bassin
Site de Aït-Chouarit - Ce site contrôle 1 667 km2 de de Boudenib—Ait-Chouatter). L'idée d'équiper le Guir
bassin versant, soit 57 % du bassin à Sidi-Driss et les est ancienne et les premières reconnaissances datent de
apports moyens annuels sont évalués à 300 millions de 1 9 4 2 ; en 1952, un barrage souterrain permet de
m3. Situé dans des grès argileux, il comporte des récupérer pour l'irrigation 3001/s représentant la
difficultés liées à une large zone de glissements totalité du débit du sous-écoulement dans les alluvions
anciens paraissant stabilisés, en rive gauche aval, mais du foum.
également à trois zones éboulées importantes dans Parmi trois sites possibles sur le Guir, celui de
l'emprise du barrage ; des précautions seraient à Kadoussa apparaît toujours le plus favorable actuelle-
prendre, notamment le déblaiement des éboulis. ment ; il est situé 15 km au N de la station
Topographiquement, ce site en gorge étroite est très hydrologique de Tazouguert (cf. carte du réseau hydro-
favorable. pluviométrique). Le Guir traverse en gorges (foum)
Site de Ait-Sigmine - Ce site n'est plus sur le Lakhdar . un anticlinal jurassique à cœur liasique dolomitique
lui-même, mais sur son affluent rive gauche, l'oued ; l'ouvrage serait implanté sur le flanc nord, dans la
Rzef. Le bassin est de 488 km2 (17 '% du bassin à Sidi- série marno-calcaire du Dogger à pendages amont,
Driss), mais l'apport moyen annuel est évalué à 187 des alluvions épaisses de 5 m tout au plus tapissant le
millions de m3 (38 % des apports à Sidi-Driss). fond d'oued. Un seul ouvrage principal dans l'oued
Géologiquement, ce site dans des calcaires est bon, des permettrait la constitution d'une retenue jusqu'à 200
difficultés apparaissant pour des barrages de grande millions de m3 pour une hauteur du barrage de 40
hauteur (zone de failles en aval) et peut-être en rive mètres ; étant donné les apports moyens annuels
gauche amont qui est déversée et dont la stabilité doit probables (45.10 6 m3) la régularisation pluriannuelle
être vérifiée. Topographiquement le site est très est indispensable en ces régions. En outre, la
favorable, en gorge étroite et la cuvette de retenue est possibilité d'accroître le rendement de l'ouvrage
meilleure qu'à Aït-Chouarit. Enfin, il existe une existe en dérivant dans la retenue de Kadoussa, des
possibilité de dériver dans la retenue d'Aît-Sigmine eaux des crues du Bou-Anane (plus exactement de son
des eaux de l'oued Lakhdar par une galerie souterraine. affluent Bni-Yatti) par un ouvrage écrêteur de crues
et un canal long de 9 km, essentiellement à ciel
ouvert, et par conséquent peu coûteux. Le site du
Compte tenu des possibilités techniques d'aména- barrage écrêteur de crues se trouve à la station
gement, on a alors étudié plusieurs schémas combi- hydrologique de Aït-Haddou (cf. carte hydro-
nant un ou plusieurs ouvrages susceptibles de fournir pluviométrique) et les apports supplémentaires à
certains volumes garantis selon différents déficits Kadoussa peuvent s'estimer entre 15 et 20 millions de
admissibles et l'on a comparé les coûts. Il apparaît m3/an. Des études détaillées de ces projets doivent
alors que pour un volume programmé inférieur à 300 être entreprises en 1974.
millions de m3/an, un barrage à Aït-Sigmine
convient. Si le volume est compris entre 300 et 400 Equipement des bassins du Rhéris et du Todhra
millions de m3/an, Ait-Sigmine convient toujours Bien que voisins du Ziz, ces bassins se présentent
mais il faut lui adjoindre des apports du Lakhdar de façon sensiblement différente. D'abord leurs
dérivés dans la retenue par une galerie. Au-delà de apports additionnés arrivent à la moitié de ceux du
440 millions de m3/an, la solution économique Ziz, ensuite ils sont peu utilisés dans leurs cours
consiste à construire deux barrages, à Aït-Sigmine et atlasiques faute de terres, et enfin les utilisations
Aït-Chouarit. Toute décision passe désormais par la s'effectuent dans les cours moyens et inférieurs par
détermination des volumes d'eau à garantir, mais il épandages de crues à l'amont de chapelets de
semble bien qu'en tous les cas il faille d'abord palmeraies qui ne disposent pas d'autre ressource en
exécuter un barrage à Ait-Sigmine. eau.
Equipement du bassin du Guir—Bou-Anane De fait, l'option prise il y a plusieurs années
Rappelons que les eaux superficielles du Guir et (ENERGOPROJEKT, 1965) visait à intensifier l'utili-
du Bou-Anane sont stockées à l'aval de la confluence, sation des eaux en aval des cours moyens (secteur
138 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
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HAUT ATLAS CALCAIRE 139
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DRE, 30 pp.. 12 fig. rrnps révision Rann inpH TA MÇ strr-h MTPr/nH/nRP
3.25
par
Le Haut Atlas oriental prolonge vers l'est le Haut Atlas calcaire et se poursuit en
Algérie par l'Atlas saharien. Les limites de cette unité sont les suivantes :
- A l'W, la limite avec le Haut Atlas calcaire correspond à l'interruption des chaînes
calcaires du Jurassique au niveau de la plaine de Tamlelt et du massif permo-triasique
qui la borde vers le SW.
- A l'E, le tracé sinueux de la frontière algéro-marocaine constitue une limite très
conventionnelle.
- Au N, les affleurements crétacés et tertiaires des Hauts Plateaux du SE marocain
venant buter contre le chaînon jurassique de Bou-Arfa, marquent une séparation
nette.
- Au S, l'accident sud-atlasique sépare l'Atlas oriental montagneux du sillon
préafricain (plaine de Boudenib).
Ainsi délimité, le Haut Atlas oriental a une forme grossièrement rectangulaire de
150km de longueur sur 60km de largeur; sa superficie est de l'ordre de 9.200
km2.
Introduction géographique
X
JURASSIQUE MOYEN -Marnes, niveaux marno-calcaires
U
A
JURASSIQUE INFERIEUR : LIAS - Calcaires E
T
PRECAMBRIEN - PRIMAIRE et PERMO - TRIAS : Formations imperméables TENDRARA L A
Failles principales Oued pérenne
P
Routes et pistes principales Oued temporaire
T I G R I
S T T
T O
U C
H
A
H
BOUARFA
EL B I AZZ
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I N E D E T A M L E L
2165
ROU
1715 J.
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FIGUIG
O. ZOUSFAN
_ G R
O U
Z
U
O. BO
En fait, les troupeaux résident plus souvent dans les constitue l'unique centre de peuplement sédentaire
plaines et il est difficile de faire la part entre les traditionnel de la région, regroupant environ 15.000
différents secteurs. Il n'y a pas non plus de ressources personnes qui vivent essentiellement de l'agriculture
végétales importantes, les forêts étant presque inexis- (650 ha irrigués pérennes) et de l'élevage en complé-
tantes. Seuls l'alfa et l'armoise constituent une certaine ment.
richesse d'ailleurs peu exploitée. L'oasis de Figuig
Géologie (fig. 60)
Dans la région, les travaux géologiques sont du géosynclinal Bou-Arfa—Aïn-Beïda (du Dresnay,
essentiellement l'œuvre de R. du Dresnay pour la 1965), une alternance rythmique de petits bancs de
géologie régionale et de géologues miniers pour les calcaires blancs ou rouges et de lits d'argiles devenant
diverses exploitations : Mn, Pb, Zn, Cu. gréseuses au sommet (30 m à Aïn-Beïda), puis un
conglomérat arkosique à matériel granitique qui peut
STRATIGRAPHIE atteindre jusqu'à 200 m de puissance et comporter des
Le Précambrien apparaît en quelques petits intercalations calcaires en son sommet. Au centre du
pointements autour du seuil d'Aïn-Chair au S de la géosynclinal, le Lias moyen est sous forme de calcaires
plaine. Il s'agit de séricitoschistes attribués au lités.
Précambrien II et de rhyolites associées à des
Vient alors en discordance le Lias supérieur
conglomérats et grès attribués au Précambrien III. Des
marneux puis une assise calcaire et dolomitique
conglomérats, grès et calcaires attribués au Géorgien
(calcaire à Collenia) recouvrent le Précambrien III au aaléno-bajocienne, massive et qui peut passer, sur la
SE d'Aïn-Chaïr. bordure sud, à des faciès récifaux. R. du Dresnay
pense que les faciès arkosiques supérieurs de Bou-Arfa
Le Primaire affleure beaucoup plus largement au peuvent monter jusqu'à la base du Toarcien.
centre et sur les bordures NE et SW de la plaine de
Tamlelt, ainsi que sur le flanc sud de l'Atlas. On y Le Jurassique se poursuit par une série où marnes
reconnaît notamment une série cambro-ordovicienne et calcaires qui alternent, affleurant surtout à l'E du
essentiellement schisteuse, se terminant par des méridien de Bou-Arfa, sont vraisemblablement très
quartzites, un Silurien à phtanites et calcaires et des épais. Plus calcaire vers son sommet, cette série est
lambeaux de calcaires dévoniens. Viennent ensuite le rapportée aux Bajocien supérieur et Bathonien infé-
Viséen supérieur (flysch, schistes, faciès construits) et rieur. Vers l'est, la série jurassique se poursuit sous un
le Namurien très faillés et plissés, parfois légèrement faciès détritique de grès roses à bois fossiles, pouvant
métamorphiques (origine volcanique probable) et comporter des intercalations pélitiques et des niveaux
injectés de filons de roches éruptives (secteur de Bou- d'origine saumâtre ou récifale, attestant de la proxi-
Arfa). mité de terres émergées lors du dépôt.
Le Trias (ou Infra-Lias) est connu à l'état de Vient alors la série du Crétacé, discordante sur le
conglomérats et argiles roses à la base, se poursuivant Jurassique et qui apparaît sur les flancs nord et sud de
par une série gréseuse qui inclut à son sommet des l'Atlas oriental, mais également dans deux petits
intercalations argileuses et gypseuses (Bou-Arfa). Des synclinaux au SE de la plaine de Tamlelt. A Bou-Arfa,
basaltes y ont été notés localement (Aïn-Zerga, 6 km la coupe du Crétacé est la suivante (du Dresnay,
au SE de Bou-Arfa). 1965):
Au Lias inférieur apparaît une série carbonatée - conglomérats à la base, suivis de grès rouges,
où s'intercalent encore à la base, dans les chaînons - quelques niveaux calcaires, puis la série
nord (Bou-Arfa), des niveaux argilo-gypseux ou marneuse du Cénomanien,
argilo-gréseux. Puis se développe une série calcaréo- - une corniche de calcaires blancs, parfois à
dolomitique épaisse de plusieurs mètres et qui se silex, du Turonien,
marque par un abrupt caractéristique. Vient ensuite - enfin une épaisse série détritique (100 m) :
une nouvelle série argilo-carbonatée semblable à la grès roses, conglomérats, attribuée au Sénonien.
série de base, couronnée par une barre calcaréo- Sur la bordure nord-atlasique apparaissent en-
dolomitique pisolithique épaisse de 30 m. Ces niveaux suite des conglomérats présumés oligocènes, puis des
renferment les minéralisations manganésifères du formations détritiques : grès, cailloutis, conglomérats,
secteur minier de Bou-Arfa—Aïn-Beïda et correspon- rapportés au Pontico-Pliocène que l'on trouve égale-
dant aux faciès de bordure du géosynclinal atlasique. ment en plusieurs endroits à l'intérieur de l'Atlas
Au centre du géosynclinal (centre du bassin actuel), le oriental, notamment au S de la plaine de Tamlelt. Le
Lias inférieur est calcaire et dolomitique, comportant Villafranchien est représenté par des regs et glacis de
des faciès périrécifaux, de véritables récifs apparais- versant en bordure des reliefs.
sant à l'W (Bni-Tadjit).
Le Quaternaire ancien et moyen est largement
Le Lias moyen comprendrait sur la bordure nord représenté dans la plaine de Tamlelt par des regs et sur
HAUT ATLAS ORIENTAL 143
CLIMATOLOGIE 1933-1963
DOMAINE ATLASIQUE 25 - HAUT ATLAS ORIENTAL ET PLAINE DE TAMLELT
Fig. 61
beaucoup de versants montagneux par des glacis. Le que ses bordures , à l'appui de sa démonstration, R. du
Quaternaire récent comprend des sables dunaires Dresnay cite :
(Tamlelt), des limons et alluvions et des travertins
- l'existence de failles quaternaires encroûtés au
(Figuig). piémont sud de la bordure nord de la plaine, sous les
recouvrements récents,
STRUCTURE
- l'enfoncement des glacis d'accumulation encroûtés
La plaine de Tamlelt a joué un rôle important au piémont sud de la bordure nord de la plaine, sous
dans les dépôts sédimentaires de l'Atlas oriental à les recouvrements récents,
partir du Primaire. En effet (du Dresnay, 1965), cette
plaine qui est actuellement une zone déprimée en - la forte épaisseur du remplissage argilo-caillouteux
altitude par rapport aux Hauts Plateaux qui la bordent récent sous la plaine,
au N, constituait dès le Précambrien, un haut relief sur
- la présence de sédiments primaires originaires de
les bords duquel sont venus se biseauter les dépôts
Tamlelt dans les formations des grandes hamada du
successifs du Primaire et du Jurassique. Ce phéno-
versant sud de l'Atlas, ce qui prouve que l'écoulement
mène est particulièrement net au Lias inférieur où les
s'effectuait alors vers le S et non vers l ' W comme
faciès récifaux sont développés sur les bordures du
actuellement.
massif ancien, puis pendant tout le Jurassique dont les
niveaux successifs s'appuient sur les précédents en Toutes les structures anticlinales et synclinales
biseaux stratigraphiques transgressifs ; le Tamlelt se qui alternent dans l'Atlas oriental sont allongées dans
comportait alors en seuil, contourné au N et au S par le sens E-W, ainsi que tous les accidents qui les
deux étroites dépressions marines qui faisaient com- affectent. Il a été démontré que le Jurassique de l'Atlas
muniquer le Haut Atlas à l'W et l'Atlas saharien à l'E. oriental chevauche vers le N les formations du Crétacé
L'orogenèse atlasique a vraisemblablement élevé ce des Hauts Plateaux ; vers le S, l'accident majeur sud-
massif assez haut, puis une subsidence active et qui se atlasique limite l'Atlas. Il est à noter qu'au niveau de la
poursuit encore actuellement a amené cette partie qui frontière algéro-marocaine à l ' E , l'Atlas saharien
fut la plus en relief de la chaîne en une zone plus basse change de direction, devenant NE-SW.
144 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Climatologie
Deux stations climatologiques complètes fonc-
tionnent depuis une longue période dans l'Atlas 60
45
Grâce aux cartes phyto-écologiques (Gaussen et
Roux, 1952), on a pu tracer les isohyètes 100 et 200 40
8/41 325
10 000
9/41 800
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
l'oued Falet afin de reconvertir les employés de la moyenne interannuelle ; l'irrégularité de ces apports
mine dans l'agriculture. Au niveau de Bou-Arfa, n'avait pu alors être appréciée et le projet avait été
l'oued Falet a un bassin versant de 1100 km2 et ses abandonné car il conduisait à construire un ouvrage de
apports avaient été évalués entre 30 et 40.10 6 m3 en coût disproportionné par rapport au volume stocké.
Hydrogéologie
Les eaux souterraines constituent la seule res- gneux en général, la plaine de Tamlelt et la plaine de
source en eau de cette région. On distinguera Figuig.
successivement trois domaines : le domaine monta-
146 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
hydrographique jusqu'au seuil de l'Aïn-Chaîr est de La dorsale longitudinale qui se tient au centre de
5770 km2 environ. la plaine est constituée par des formations ordovicien-
nes et siluriennes très plissées, recouvertes en quelques
Aucun oued pérenne ne parcourt la plaine. Seuls endroits par du Lias discordant.
quelques oglats saisonniers (mares) peuvent exister
après la saison des pluies. Le régime des oueds et la L'axe de tous les plissements ou failles connus est
durée de mise en eau des oglats sont inconnus. E-W et R. du Dresnay a observé que certaines failles
ont rejoué dans le Quaternaire.
Géologie et Tectonique
L'allure générale de la plaine de Tamlelt est celle
Géologie de surface d'un vaste anticlinorium et l'insuccès de certains
La plaine de Tamlelt est bordée de tous côtés par forages qui recherchaient le Lias a fait émettre à R. du
des affleurements jurassiques ; très plissés et faillés au Dresnay l'hypothèse, du fait du jeu quaternaire des
nord et au sud, le Lias et le Jurassique ont des failles, d'une structure en horst et graben. Rappelons
pendages presque horizontaux dans les bordures est et ici que cette plaine est le résultat d'une inversion de
ouest de la plaine. relief car c'était depuis le Précambrien jusqu'au
Secondaire le cœur d'un puissant massif montagneux
Dans la plaine apparaissent des formations qui fut démantelé au Tertiaire. A noter que la
anciennes : Précambrien II et I I I , Infracambrien et subsidence de la plaine est certaine depuis le Néogène
Géorgien affleurent au S, au seuil d'Aîn-Chaîr, tandis et se poursuit.
que le Primaire affleure largement au SW, au centre et Etudes géophysiques
au NE. Le Trias et le Lias sont également présents au
centre sud-ouest et au centre nord, le crétacé Les difficultés rencontrées pour l'établissement
apparaissant en deux synclinaux au SE, ainsi que le de cartes géologiques profondes et de coupes structura-
Pontico-Miocène. les dans cette région dans l'interprétation des études
INDICE TENDRARA
40 41 275
Quaternaire
CARTE HYDROGEOLOGIQUE
Trias
DE LA
Jurassique
PLAINE DE TAMLELT
Crétacé
225
9
BOU ARFA
J. Hameiret 104
47 15
48
105 J. Djelila
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AÏN CHAIR
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800
825
850
875
750
Fig. 65
148 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
C
S
JMS
JI
S
SE NW
Coupe B
F(?) F
J. Soussi S J. Djelila J. Ourak
JI C JMS JI JI
C
S JMS
JI
S
Fig. 66 — Interprétation structurale de la plaine de Tamlelt d'après la géophysique et les forages (les tracés
des coupes figurent sur la carte hydrogéologique de Tamlelt).
géologiques de surface et des forages hydrogéologiques Les résultats essentiels de cette campagne
a amené à effectuer une étude de la plaine par électrique sont les suivants :
méthodes géophysiques. Les procédés électriques ont - les structures profondes sont allongées d'est en
été choisis, compte tenu de la dimension de l'étude et ouest, ce qui confirme les observations géologiques de
de la structure connue de la région. La partie nord de surface,
la plaine et le secteur Mengoub—Aïn-Chair ont été - la localisation d'un terrain résistant profond que l'on
prospecté par 608 sondages électriques espacés de
peut rattacher au Lias a été obtenue, prolongeant
1 000 m sur des profils parallèles espacés de 3 km.
relativement peu sous la plaine des affleurements du
Les sondages électriques ont tous une caractéris- nord et du sud et s'étendant au centre en une langue
tique commune, excepté ceux réalisés sur les passant par les jbels Hameiret et Djellila où le Lias
formations très plissées du Primaire où à leur abord affleure. L'extension de ce résistant sous le recouvre-
immédiat. Considérés de la profondeur vers la surface, ment quaternaire et les isobathes de son mur ont pu
les terrains les plus profonds rencontrés sont des être cartographiés,
terrains résistants, de résistivité variable, entre 200
ohms/mètre environ et plus de 1000 ohms/mètre. - les variations de profondeur que l'on peut attribuer
Ces terrains sont surmontés dans la presque totalité au socle primaire résistant sont très progressives et de
des sondages par un terrain conducteur très homogène fait ne nécessitent pas l'existence de failles à rejets
sous la plaine. Au-dessus de ce terrain conducteur importants,
apparaît, dans certaines zones, un terrain résistant qui - enfin la mise en évidence de la présence d'un terrain
peut être rattaché au Lias dans le secteur nord où il conducteur épais recouvrant uniformément le socle
affleure et au Dogger autour de Mengoub. Enfin les résistant, sauf dans les zones proches des affleure-
terrains superficiels sont plus ou moins résistants ments de Primaire où les terrains sont variés, constitue
selon les endroits. un acquis nouveau.
HAUT ATLAS ORIENTAL 149
10 000 _ _
10 000 _ _
milliéquivalents
_ _
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
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1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
Après l'époque hercynienne, il ne semble pas Le Primaire (forage 105 /41), en général très
qu'il y ait eu de grands mouvements tectoniques dans profond, est de toutes façons très peu perméable,
cette zone. Seuls quelques légers bombements ont pu même lorsque la lithologie est favorable (40 à 50 m de
se faire sentir. Il faut considérer une période d'érosion calcaires francs et conglomérats traversés par le
post-hercynienne et une autre post-liasique, suivies de sondage) : débit de 1,8 l/ s pour 40 m de rabattement
périodes diverses de sédimentation et peut-être stabilisé, eau salée à 13 g/1 de résidu sec à 1 8 0 ° C
d'érosion, difficilement corrélables avec les données (fig. 68). D'autres eaux provenant en partie du
actuelles (voir coupes, figure 66). Primaire sont connues à Aîn-Chaîr (points d'eau 5, 6
et 7/40; fig. 67) et fournissent également des eaux
La zone de la plaine de Tamlelt a donc joué le salées. Le Primaire ne saurait donc constituer un
rôle d'un bouclier post-hercynien soumis au cours des objectif de recherche.
âges à de simples mouvements verticaux de surrection
puis de subsidence. Les limites de ce bouclier sont Le Lias (forages 105 et 1 0 7 / 4 1 ) , s'est avéré être
marquées par les formations du sud des Hauts un excellent aquifère à proximité des affleurements du
Plateaux et celles de la bordure sud de la plaine de jbel Hameiret, il reste à le tester plus loin des
Mengoub, ces zones étant très plissées et faillées, affleurements, sous la partie nord de la plaine où son
contrairement à la plaine de Tamlelt centrale. extension a été déterminée par géophysique et où il se
situe entre 100 et 200 m de profondeur dans le quart
Les failles qui peuvent être décelées par leur rejeu NE. Il renferme une eau assez chargée au forage
dans le Quaternaire n'auraient de ce fait que peu joué 107/41 : 3200 mg/1 de résidu sec à 180° C, faciès
depuis l'Hercynien et ne constitueraient pas le trait chloruré sodique (fig. 68), ce qui en restreint l'emploi.
majeur de la tectonique de cette zone.
Le Dogger n'a encore jamais été atteint dans la
plaine de Tamlelt, mais a fourni de bons résultats à l'E
dans la vallée de l'oued El-Biazza (forage 1 0 6 / 4 1 ) :
Hydrogéologie de la plaine eau à 700 mg/1 de résidu sec à 180° C. D'après la
Les travaux hydrogéologiques dans la plaine ont géophysique, le Dogger constituerait le résistant
débuté avec L. Moullard (première campagne de intermédiaire du sud de la plaine (Mengoub) et se
sondages en 1954) et se sont poursuivis par deux situerait entre 300 et 500 m de profondeur. C'est un
forages profonds (Mortier, 1956). Après une longue objectif qui demeure à explorer.
interruption pendant laquelle les recherches géolo- Le remplissage post-jurassique a été pénétré par
giques de R. du Dresnay ont beaucoup progressé, une les deux forages profonds 102 et 103/41. Il s'agit de
nouvelle campagne de 2 forages profonds permettaient formations marneuses rouges vers le haut, vertes et
alors d'exécuter avec profit une importante campagne brunes vers le fond et de marno-calcaires comportant
géophysique électrique (C.A.G, 1968) qui éclaire quelques rares intercalations de calcaires et de grès ou
considérablement l'hydrogéologie. conglomérats; l'attribution de ces formations au
L'examen des puits traditionnels et des sources de Pontico-Pliocène (Mortier, 1956) est possible, à
la plaine et de ses bordures permettait à L. Moullard en moins qu'il s'agisse également de Crétacé supérieur
1953, d'avancer l'hypothèse de l'existence d'une continental pour les parties les plus profondes. De
nappe aquifère généralisée dans le recouvrement toutes façons, ces formations n'étaient aquifères que
récent de la plaine. Cette hypothèse se trouvait vérifiée dans leur partie supérieure à faciès lacustre (Villafran-
par la première campagne de forages de 1954 (forages chien et Quaternaire), formations déjà testées par la
1 3 , 14 et 15/41 - 47, 48 et 49/40), campagne qui campagne de courts sondages de 1954. Les débits
montrait que le recouvrement néogène et récent était extraits de ces formations supérieures (profondeur
épais. La campagne de forages de 1955-56 devait inférieure à 25-30 mètres) sont toujours modestes : 1
alors reconnaître le Lias profond qui ne fut atteint par à 2 1/s pour quelques mètres de rabattement, mais
aucun des deux forages 102 et 103/41 (profondeurs l'eau est de qualité acceptable, titrant entre 400 et
près des affleurements liasiques du jbel Hameiret, 2000 mg/1 de résidu sec à l 8 0 ° C (fig. 68). De tels
traversait le Lias sur 50 m et explorait le Primaire sur ouvrages conviennent parfaitement à des usages
195 m; le forage 1 0 7 / 4 1 , voisin du précédent, pastoraux pour lesquels on ne recherche pas de forts
permettait de tester le Lias : transmissivité de 4.10-2 débits.
m2/s, débit de 25 1/s pour 15 m de rabattement L'absence de nivellement interdit pour le moment
stabilisé, eau ascendante dont le niveau s'établit à 20 la confection d'une carte piézométrique car il semble,
m de profondeur. au niveau actuel de la précision des cartes topogra-
Ces forages successifs ont permis de bien phiques, que la nappe phréatique de Tamlelt est très
appréhender l'hydrogéologie de Tamlelt, surtout après plate. Les profondeurs de l'eau sont en effet
la réalisation de la couverture géophysique d'ensem- importantes au N (20 à 30 m) et faibles au S (2 à 3 m
ble. à Mengoub).
HAUT ATLAS ORIENTAL 151
105/41 13000
10 000 107/41 3300
103/41 900
13/41 3590
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
L'alimentation de cette nappe provient vraisem- exutoires sont l'évaporation et les exploitations du
blablement pour une part importante de l'infiltration seuil d'Aîn-Chaîr au S.
d'eaux de crue des oueds qui viennent s'y épandre. Les
152 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
A Aîn-Chaîr, des puits et une rhettara captent terres mais disposent de beaucoup d'eau, le Ksar de
une trentaine de litres/seconde. On note au niveau de Zenaga, le plus important de tous, isolé et situé à
ce seuil des points d'eau à eau douce inférieure à 2 g/1 870 m environ au milieu de la palmeraie, se trouve
de résidu sec (rhettara n° 2/40, puits 8 et 55/40) et dans la situation inverse.
des points à eau salée de l'ordre de 4 à 8 g/1 de résidu
La principale richesse de Figuig, cause également
sec (5, 6 et 7/40) qui doivent vraisemblablement
de ses problèmes, vient de la conjonction de l'eau et de
exploiter un mélange d'eaux du remplissage récent et
la terre dont la répartition est particulière ; en effet,
d'eaux issues du Primaire, le premier groupe n'exploi-
alors que les bonnes terres sont situées en contrebas de
tant que des eaux du remplissage récent.
l'escarpement dénommé « Jorf » séparant les sept
Ainsi pour un bassin versant hydrographique de ksour cités et le ksar de Zenaga et sont consacrées à la
5770 km2 à pluviométrie moyenne de l'ordre de 150 à culture du palmier-dattier avec des plantes maraîchè-
200 mm/an, la plaine de Tamlelt ne produit-elle res et de la luzerne comme cultures intercalaires, l'eau
naturellement que quelque 30 à 50 1/s (Aîn-Chaîr et provient de « sources » situées dans ou sous les ksour
sources de bordure), soit moins de 1 % de la pluie du haut.
reçue.
De plus, un abaissement continu du niveau
En fonction des connaissances acquises actuelle- piézométrique a fait avancer progressivement la
ment, il semble difficile d'envisager d'y prélever de palmeraie vers le sud, d'une part parce que les terres
forts débits d'eau douce (pour l'agriculture par situées au nord n'étaient plus dominées, d'autre part
exemple) et il semble que l'on puisse développer que parce qu'elles s'étaient fortement appauvries : rappe-
de nombreux points d'eau à petits débits et salures lons qu'on utilisait l'engrais humain à Figuig. De ce
acceptables (usages pastoraux) ou des débits plus fait, la superficie de la palmeraie n'a pratiquement pas
importants mais saumâtres qui pourraient convenir à varié comme l'ont démontré les relevés exécutés en
un usage industriel (laveries de mines). 1902 et en 1950.
L'industrie est pratiquement inexistante. Par
L'OASIS DE FIGUIG contre l'élevage constitue une des ressources majeures
de cette région : en 1958, on estimait le cheptel à
Cadre géographique et économique
28 000 ovins ; il est probablement resté sensiblement
Figuig est une oasis de l'extrême sud-est du du même ordre.
Maroc, située dans un cirque montagneux du Haut
Atlas oriental. Au NW, la puissante chaîne anticlinale Géologie
du jbel Grouz ( 1 1 9 2 m à l'WNW de Figuig) se
terminant à l'est par le jbel El-Haïmeur (1 168 m), L'encadrement géologique de l'oasis est celui du
dresse une toile de fond tandis que, vers le sud, une Haut Atlas oriental dont il est question par ailleurs. La
succession de monts atteignant environ 1000 m série visible autour de Figuig commence au Trias
ferment l'horizon ; ce sont de l'ouest vers l'est : le jbel représenté par des marnes rouges salées et gypsifères,
Melias ( 1 1 2 8 m), le jbel Zenaga (1051 m), le jbel affleurant au-cœur de l'extrémité orientale de l'anticli-
Taghla ( 1 1 1 7 m), le jbel Sidi-Youssef ( 1065 m) et le nal du jbel Grouz. Le Lias qui vient ensuite est formé
jbel Jarmane (1047 m). Vers l'est s'étend une vaste de calcaires, de dolomies et de marnes d'épaisseur
plaine formée par les alluvions de l'oued Zousfana, la totale voisine de 200 mètres et affleurant dans les jbels
plaine de Baghdad (850 à 900 m) dans laquelle se Grouz et El-Haïmeur. Le Dogger se compose de
dresse un relief net, le Zrigat-Sidi-Abdelkader marnes et de calcaires bleus appartenant au Bajocien,
(999 m) . Si la superficie totale de la palmeraie s'élève puis de quartzites et de grès noirs du Bathonien de 200
à 35 km2 environ, la palmeraie proprement dite à 400 mètres d'épaisseur. Le Bajocien affleure au NE
comporte environ 600 à 650 hectares dont l'altitude de l'oasis dans la Zrigat-Sidi-Abdelkader et, au sud, le
moyenne est de l'ordre de 880 m. Dogger plus ou moins indifférencié forme la masse des
jbels Melias, Zenaga, Taghla et Sidi-Youssef à travers
En 1960 (recensement), la commune rurale de
lesquels passe l'accident sud-atlasique mettant en
Figuig comprenait 13 241 habitants dont
contact le Dogger au N avec les grès rouges jurassico-
12 108 pour le centre urbain proprement d i t ; pour
crétacés (continental intercalaire) au S.
1971 (recensement), ces chiffres sont respectivement
14 483 et 13 660. En valeur relative comme en valeur L'oasis proprement dite est constituée par des
absolue, la population rurale a donc diminué au profit formations quaternaires : des cônes de déjection aux
du centre urbain de Figuig constitué par huit ksour : El- pieds des massifs, des travertins formant la corniche
Abidat, Oudaghir, El-Abid, Ouled-Slimane, El-Maïz, séparant la palmeraie de Figuig en deux ainsi que le
Hammam-Tatani, Hammam-Foukani et Ze-naga. soubassement de la plaine à l'aval, jusqu'aux reliefs et
Alors que les sept premiers ksour sont situés au nord à enfin des limons sur lesquels sont installées les
une altitude de l'ordre de 900 m et possèdent peu de palmeraies, plus particulièrement celle des Zenaga.
HAUT ATLAS ORIENTAL 153
La tectonique de cette zone est marquée par deux importante faille traversant les formations du Dogger
faits importants : une succession d'anticlinaux et de de Teniet-Trad.
synclinaux d'orientation générale E-W ou ENE-WSW
Pour la deuxième direction de failles (ESE-
et de nombreuses failles d'orientations diverses. Les
WNW), on ne relève guère qu'un accident mais dont
anticlinaux correspondent à des reliefs bien détachés
l'importance semble être capitale du point de vue hy-
tandis que les synclinaux forment des plaines recou-
drogéologique : un décrochement sectionne l'extrémité
vertes de Quaternaire masquant la tectonique des
orientale du jbel Grouz et forme le jbel El-Haimeur,
séries antérieures.
terminaison périclinale de l'important anticlinal du
Du nord vers le sud, on observe d'abord jbel Grouz s'enfonçant sous les alluvions de l'oued
l'anticlinal liasique du jbel Maïz culminant à 1909 m. Zousfana. Si l'on prolonge vers l'Est cet accident, on
puis le synclinal à cœur de Dogger de l'oued Tisserfine constate qu'il vient se raccorder au pli-faille du
occupé par la route P.32 de Bou-Arfa à Figuig et Takroumet au SE des sources ou peut-être sur le tracé
l'anticlinal liasique du jbel Grouz dominant Figuig. Au de certaines sources. Vers l'W, il semble que la
sud de Figuig, on aperçoit le chapelet des anticlinaux campagne de géophysique de 1973-1974 ait retrouvé
faillés (accident sud-atlasique) des jbels Melias, ce décrochement sous la plaine de l'oued Tisserfine où
Zenaga, Taghla et Sidi-Youssef. Entre le jbel Grouz et il prend alors une direction E-W. De direction ESE-
les anticlinaux cités précédemment, s'étend la plaine WNW, on retrouve également un certain nombre de
de Figuig proprement dite dans laquelle surgissent cassures affectant le jbel Grouz vers l'ouest, mais ne
deux reliefs d'importance inégale: à l'W le pli-faille participant vraisemblablement pas au système aquifère
du Takroumet et au NE le Zrigat-Sidi-Abdelkader, de Figuig.
tous deux constitués de Dogger.
Pour la troisième direction (NNW-SSE), on
La structure profonde de la plaine de Figuig est relève très au nord une série de cassures dans la zone
loin d'être élucidée, bien que deux campagnes de des jbels Soffah et Rémimena et dans la trouée de
sondages électriques et de sismique réflexion aient été Mouïh-es-Sifer occupée par la piste longeant la
exécutées ( 1 96 8 et 1973-74) et aient mis en évidence frontière algérienne. Si l'on prolonge ces cassures
la complexité de cette plaine comme l'avait déjà injectées de Trias diapirique vers le sud (mais cela
montré le forage 149/50 exécuté en 1934-1935 et le reste une pure hypothèse), elles pourraient intersecter
pli-faille du Takroumet constitué par des calcaires du les autres failles dans la zone de Figuig, le Trias
Dogger. Les calcaires du Lias supérieur et du Dogger diapirique constituant un barrage souterrain aux eaux
paraissent former le substratum de la plaine. du Lias du synclinal de l'oued Tisserfine, barrage qui
les orienterait vers l'exutoire de Figuig.
Les accidents tectoniques affectant la région de
Figuig, très nombreux, semblent être à l'origine des C'est en fait l'ensemble de ces cassures d'orienta-
sources de cette localité. Trois directions principales tions différentes qui est à l'origine des sources de
peuvent être notées : E-W ou ENE-WSW, ESE- Figuig.
WNW et NNW-SSE.
C'est dans la première direction que l'on trouve Climatologie
le maximum d'accidents. Au sud de Figuig, l'accident
majeur sud-atlasique, mettant en contact le Dogger ou Le climat de l'oasis de Figuig (32° 07' lat. N -
le Lias avec le Jurassico-crétacé, traverse le chapelet 1° 14' long. W) appartient au type saharien. La
des jbels Melias—Sidi-Youssef, mais ne participe pas pluviométrie moyenne annuelle calculée sur une
directement à la tectonique de la zone nous intéres- période de 30 ans (1933-1963) atteint 128 mm.
sant. Puis en remontant vers le nord, on observe le pli - Contrairement aux autres régions du Maroc oriental,
faille du Takroumet traversant Figuig même, peu à le maximum pluviométrique se produit en octobre
l'aval des sept ksour du haut, une faille entre le Zrigat- alors que le minimum survient en juillet. De novembre
Sidi-Abdelkader et El-Hammam, puis les innombra- à avril, la pluie moyenne mensuelle est de 15 mm
bles failles affectant les jbels Grouz et Maïz (Trias environ. C'est en avril 1965 que l'on a enregistré le
diapirique au cœur de l'anticlinal), ainsi que le maximum mensuel absolu : 77 mm, soit environ 1/3
synclinal de l'oued Tisserfine, mieux connu mainte- de la pluie de cette année-là. Le régime pluviomé-
nant grâce à la nouvelle campagne de sondages trique est très irrégulier ; en effet, d'une année à
électriques entreprise dans cette zone en 1973-1974. l'autre, il ne pleut jamais aux mêmes mois, ni en
En effet, ces travaux ont fait apparaître toute une série quantité comparable. Ainsi le mois d'octobre qui
de cassures plus ou moins parallèles donnant ainsi enregistre en moyenne le maximum, a été sec 6 fois en
une allure de graben à ce synclinal dont les 30 ans. La sécheresse peut durer six à sept mois (de
raccordements avec les anticlinaux limitrophes ne sont novembre 1936 à juillet 1937, soit durant 9 mois, il
pas élucidés. Le jbel El-Haïmeur lui-même, terminai- n'est tombé que 8,3 mm de pluie). La fréquence des
son orientale du jbel Grouz, est limité au nord par une périodes de sécheresse est quelconque, affectant
154 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
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supposé
n'importe quelle époque de l'année. Notons que les Selon la classification de Thornthwaite, l'oasis de
pluies d'orage peuvent être très violentes et causer des Figuig appartient au climat aride mésothermique sec à
crues très rapides et dévastatrices. influence saharienne ( E l A ' d b ' 4 ) dont l'indice
Les températures connues sur une période de global d'aridité est de -53,4.
20 ans ( 1 9 3 7 - 1 9 5 7 ) appartiennent au climat saha- Hydrologie
rien : froides en hiver (décembre, moyenne des
minima : 3,8°C), chaudes en été (juillet et août, Le seul oued important de l'oasis de Figuig est
moyenne des maxima : 43,1°C). Les températures l'oued Zousfana qui, venant du nord (où il est appelé
extrêmes absolues relevées sont 48,0°C et -4,0°C. oued El-Hallouf), traverse l'oasis à l'est et passe en
HAUT ATLAS ORIENTAL 155
Algérie entre les jbels Taghla et Sidi-Youssef pour se Par ailleurs, un concours de circonstances
perdre ensuite dans le Sahara. Cet oued est à sec la exceptionnelles est nécessaire pour que la plus grande
plupart du temps, mais les orages quelquefois très partie, sinon la totalité des eaux ainsi infiltrées,
violents qui se produisent sur les massifs de son bassin réapparaissent en un point donné : ceci ne peut
versant donnent naissance à des crues soudaines et s'expliquer que par des cassures dont certaines jouent
violentes causant des ravages dans la palmeraie. le rôle de drains alors que d'autres barrent le
D'autres oueds, moins importants, descendant du jbel cheminement de ces mêmes eaux. Dans l'état actuel de
El-Haïmer, traversent la palmeraie et ont des crues nos connaissances, le schéma suivant peut être
parfois catastrophiques ; aussi d'importants travaux proposé.
ont-ils été menés d'une part pour canaliser ces oueds,
d'autre part pour les détourner de la palmeraie. Les Les nombreuses fractures de direction ENE-
habitants de Figuig avaient primitivement trouvé un WSW jalonnant les jbels Maïz et Grouz ainsi que le
système original pour éviter les inondations : i l s synclinal de l'oued Tisserfine joueraient le rôle de
canalisaient les oueds vers les entonnoirs d'où drains, vraisemblablement au niveau du Lias inférieur
partaient les foggaguir (drains artificiels souterrains) ; (Sinémurien), tandis que le décrochement important
l'eau de ruissellement s'y engouffrait et passait sous la ESE-WNW du jbel El-Haïmeur conduirait la majorité
palmeraie dans les réseaux de foggaguir. Ce système sinon la totalité des eaux ainsi drainées en direction de
s'est d'ailleurs vite révélé dangereux car les foggaguir, Figuig où le pli-faille du Takroumet, de direction ENE-
mises en charge par l'afflux d'eau, s'éboulaient et se WSW, redressant les formations jurassiques aquifères,
fermaient. Aucune mesure de débit n'étant faite sur ces ferait remonter au jour les eaux en jouant
oueds, les travaux de canalisation et de détournement indirectement le rôle d'un barrage souterrain. L'ori-
doivent être sans cesse repris, car la dimension des gine profonde des eaux de Figuig ne fait pas de doute
ouvrages est bien souvent insuffisante lorsqu'une crue puisque la majeure partie des eaux sourdent à des
exceptionnelle se présente. températures comprises entre 27° C et 34° C (le
maximum étant de 34,0° C pour Tajmelt, 110/50).
La répartition spatiale des températures ne permet
Hydrogéologie guère de se faire une opinion sur le gisement réel des
eaux ; tout au plus peut-on penser que le pli-faille
La richesse exceptionnelle en eau souterraine de s'enfonce en direction de l'est, ce qui expliquerait
l'oasis de Figuig, la température et la chimie des pourquoi les sources les plus chaudes se trouvent dans
« sources », constituent une énigme difficile à expli- la partie orientale de Figuig, dans les deux ksour
quer : d'où viennent les eaux ? Pourquoi sour-dent- portant les noms significatifs de Hammam-Tatani et
elles dans un périmètre si restreint ? Quelles sont Hammam-Foukani.
les significations de la température et de la chimie
? De plus, si un accident de direction NNW-SSE
existe bien à l'est de Figuig, il barrerait complètement
Le débit global des « sources » est pratiquement l'écoulement des eaux, profondes en direction de
inconnu ; les estimations varient selon les auteurs de l'Algérie; cet accident supposé pourrait également
150 1/s à 300 1/s, voire 500 1/s et le nombre de empêcher l'écoulement de la nappe du synclinal de
« sources » oscille entre 30 à 35. De fait, des l'oued Tisserfine en direction de l'est, ce qui aurait
jaugeages ont été effectués en 1925 et donnent une pour résultat que la totalité des eaux s'écoulerait vers
valeur cumulée de 177 1/s pour 30 « sources » dont Figuig. Cela reste évidemment à prouver, mais les
deux étaient bouchées. Notons que trois « sources » présomptions qu'il en soit bien ainsi sont grandes en
seulement dépassent 10 1/s : Zaderte (102/50) avec raison de l'orientation d'une digitation NW-SE du
7 1 , 3 1/s, Tanout des Ouled-Slimane (123/50) avec diapir triasique de l'anticlinal du jbel El-Maïz,
12,9 1/s et Boumeslout (115/50) avec 11,5 l/s. digitation qui serait l'indice d'un accident majeur à
Quoiqu'il en soit, pour un coefficient d'infiltra- travers le synclinal de l'oued Tisserfine ; cet accident
tion de 10 % (chiffre vraisemblable, peut-être trop serait d'ailleurs le prolongement de celui qui, injecté
fort d'ailleurs) il faut admettre une superficie de de Trias, coupe transversalement le Haut Atlas en
l'impluvium de 375 km2 si le débit est de 150 1/s et passant par Figuig. Les disharmonies du Dogger sur le
de 500 km2 pour 200 1/s. Le débit réel est vraisem- Lias pourraient expliquer que l'accident ne soit pas
blablement bien compris entre ces deux valeurs visible dans les affleurements du Dogger du synclinal
puisque la superficie de la palmeraie est de l'ordre de de l'oued Tisserfine.
600 hectares ce qui correspond à un module moyen de L'exploitation de la nappe comprise dans les
0,3 1/s, conforme aux doses d'irrigation habituelles calcaires bleus du Lias qui comportent des intercala-
pour des palmiers. En examinant la géologie et les tions marneuses, se répartit entre des « sources » (34
zones possibles d'infiltrations, on constate que recensées actuellement) et un certain nombre de puits
l'impluvium s'étend jusqu'à plus de 40 km à l'ouest de (plus de 35). En fait si certains points d'eau sont
Figuig. comprenant les jbels Maïz et Grouz. réellement des sources, d'autres constituent le point
156 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
d'émergence de foggaguir dont le réseau très complexe Dans la palmeraie des Zenaga au sud, le niveau
et très ancien n'est pas connu. Un certain nombre de piézométrique se trouve entre 10 et 20 m de
puits existent dans la zone des sources qui sont toutes profondeur. Cette anomalie semble s'expliquer par une
situées dans les sept ksour du haut, bien que la source augmentation de la pente de la nappe probablement au
la plus importante (Zaderte - 102/50) soit utilisée par droit de la falaise d'une quinzaine de mètres de
Zenaga où se trouve la palmeraie. hauteur appelée « Jorf » et limitant les deux palme-
raies en donnant naissance à deux paliers (le plus haut
Le forage 149/50 exécuté en 1934-1935 sur les
au nord et le plus bas au sud) et peut-être par une
instructions de P. Russo a été arrêté à la profondeur
exploitation de plus en plus intense des puits de la
vraisemblablement de 347 m, dans les formations
zone de Zenaga dont les caractéristiques hydrauliques
redressées du Lias (calcaires noirs). Ce forage situé au
sont médiocres.
N de Figuig sert à l'alimentation de la localité (voir
plus loin) et appartient au même système hydrogéolo- Au point de vue chimique, toutes les eaux de
gique que les « sources » ou les puits des ksour du Figuig appartiennent au même type : chloruré sodique
haut. avec une teneur en chlorures très élevée par rapport à
la concentration totale, le rapport étant en général
Un certain nombre de puits existent dans Zenaga
et dans la palmeraie ; ils sont plus ou moins exploités compris entre 2,0 et 3,0. Néanmoins il y a lieu de
bien que la concentration totale en sels dissous soit distinguer deux groupes de sources et de puits : ceux
assez élevée, imputable à des recyclages successifs des situés au nord du Jorf, dont le résidu sec ne dépasse
eaux d'irrigation. pas 2000 mg/1 et ceux situés au sud de la même ligne,
dont le résidu sec dépasse toujours 2000 mg/1 et peut
La pente de la nappe, très faible (0,05 à 0,1 pour atteindre 6000 mg/1.
100), se fait vers le sud. Cette configuration explique
tout le système d'exploitation. La pente topographique Il s'agit en fait du même type d'eau, mais les eaux
étant plus forte et se faisant également vers le sud, la de la palmeraie de Zenaga, irriguée à partir des
nappe se trouve à des profondeurs décroissantes du « sources amont », sont recyclées et concentrées. Les
nord vers le sud, du moins dans la palmeraie des températures sont très significatives à cet égard : alors
Oudghiri au Nord où le niveau piézométrique est situé que les « sources » du haut ont des températures de
entre 8 et 18 m de profondeur, voire à une moindre Tordre de 30°C, les eaux du bas, y compris celles de la
profondeur. source de Baghdad (106 /50), ont des températures
comprises entre 19 et 22°C.
Tableau 27
Exploitation des ressources en eau pour l'irrigation empêche, en effet, toute culture non irriguée et seule
l'eau représente une richesse. Le commerce de l'eau est
Au nord du Jorf, la nappe est exploitée par des d'ailleurs très florissant et d'immenses fortunes ont été
puits et des sources. Les sources sont d'ailleurs de faites grâce à lui. Les premières familles qui se sont
vastes entonnoirs de 4 à 8 mètres de profondeur, au établies à Figuig et ont créé les Foggaguir, il y a
fond desquels sont situées les « sources ». Ces plusieurs siècles, ont acquis des droits sur l'eau. Par
« sources » sont l'aboutissement d'un réseau de drains suite de l'augmentation de la population et de la
souterrains dits foggaguir qui, partant d'elles au fond disparition .des terres cultivables due à l'abaissement
de l'entonnoir, remontent vers l'amont, c'est-à-dire progressif du niveau piézométrique et à l'appauvrisse-
vers le nord, avec une pente inférieure à celle de la ment des sols, ces familles dont les droits n'ont pas
nappe que ces galeries finissent par rencontrer, changé depuis l'origine, ont préféré vendre la plus
devenant ainsi des drains qui conduisent l'eau à la grosse partie de leur terres et louer l'eau à des
« source ». Le réseau des foggaguir de Figuig est exploitants situés à l'aval. Les prix pratiqués sont
impossible à cartographier, car il est d'une très grande variables mais toujours très élevés.
complexité : la longueur est très variable suivant qu'on
se trouve au nord ou au sud de la palmeraie ; elle peut
être de plusieurs kilomètres. Les foggaguir peuvent se Alimentation en eau potable
recouper et plusieurs foggaguir peuvent alimenter une
même source. Les galeries sont des boyaux creusés Les besoins en eau des ksour du Figuig sont
dans le terrain sans aucun soutènement ni protection, assurés actuellement au moyen du puits 148/50 situé
d'où leur fragilité. Des puits d'accès et de contrôle sont dans le ksar des Oudghiri et du forage 149/50 se
creusés à intervalles irréguliers tout le long des trouvant au nord de l'agglomération. Rappelons au
foggaguir. Les puits proprement dits exploitent aussi sujet de ce dernier exécuté de juillet 1934 à mai 1935
cette nappe, mais ne sont pas rattachés à un réseau de sur les conseils de P. Russo que cet ouvrage avait été
foggaguir. Les « sources » sont exploitées pour demandé par les Figuigui, puis rejeté par eux-mêmes
l'irrigation, des moto-pompes refoulant l'eau du fond craignant une influence sur les sources et finalement
de l'entonnoir jusqu'au sol, tandis que les puits servent a r r ê té arb i tr a ir e me n t à u n e co t e ma l c o n n u e
essentiellement à l'alimentation humaine. (347 m ?).
L'exploitation de la nappe par foggaguir existe Les divers essais de pompage conduits en 1962 et
depuis plusieurs siècles, aussi le niveau piézométrique en 1966 sur le puits 148/50 et le forage 149/50
a-t-il baissé progressivement. Les travertins de la semblent démontrer que l'influence due au pompage
falaise du « Jorf» prouvent qu'à une époque reculée, sur les puits et les « sources » voisines est réelle, mais
la nappe a baissé d'une vingtaine de mètres et circule faible. Vu nos connaissances très fragmentaires
entièrement sous la palmeraie, sauf en un ou deux concernant le réseau des foggaguir, il est impossible de
points à l'aval où des sources émergent à ras du sol. se prononcer sur les incidences exactes des divers
Afin de conserver les débits initiaux, les Figuigui prélèvements sur le régime des foggaguir, soumis à des
doivent sans cesse surcreuser les foggaguir qui influences inconnues (des mesures irrégulières de
deviennent de véritables tranchées souterraines. Paral- niveaux ont été exécutées de 1960 à 1962 mais ne
lèlement, les « sources » s'enfoncent, d'où la création peuvent pas être rattachées aux débits réels des
des entonnoirs, ou bien se déplacent vers l'aval. Le foggaguir).
résultat final est l'abandon des terres les plus en amont Pour 1971 les besoins en eau s'élèvent à 8 1/s en
dont l'irrigation devient impossible gravitairement par débit fictif continu, soit 690 m3/j alors que pour
suite du déplacement des « sources » ou de la trop 1985, en admettant une hypothèse d'accroissement
grande profondeur du niveau. Ainsi, la palmeraie des forte de la population, ces besoins seront de 12 1/s en
Oudghiri qui était florissante il y a un siècle, disparaît débit fictif continu, soit 1 000 m3/j. Etant donné que
petit à petit au bénéfice de la palmerie de Zenaga. l'exploitation simultanée des deux ouvrages peut
Cette situation a créé une rivalité entre les habitants aisément fournir 10 1/s, l'alimentation de Figuig est
des ksour d'Oudaghir et de Zenaga, les premiers assurée sans difficulté jusqu'en 1980 au moins.
reprochant aux seconds de leur « voler » leur eau. Ce
« vol » existe en effet, car les foggaguir des Zenaga Du point de vue de la potabilité chimique, les
non seulement remontent sous la palmeraie des eaux des deux ouvrages de captage sont très proches et
Oudghiri, mais encore croisent les foggaguir des à la limite inférieure des concentrations maxima
Oudghiri dont elles détournent l'eau à leur profit. admises (O.M.S. - Normes internationales pour l'eau
D'autre part, la multiplication des foggaguir a abouti à de boisson - Genève, 1965 - concentration totale,
un réseau inextricable qui se révèle dangereux par les maximum admissible : 1 500 mg/1 - teneur en chloru-
éboulements qui s'y produisent. res, maximum admissible : 600 mg/1).
Ces faits s'expliquent très bien lorsque l'on sait
que le problème de l'eau est vital à Figuig. Le climat Il ne semble pas possible d'obtenir une eau de
qualité chimique meilleure dans cette région.
158 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Tableau 28
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forage 9 / 4 1 . Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE, 4 pp., 1 fig.
3.35
3.35.1.
VALLEE DU SOUSS
par
Le sillon préafricain, zone de fracture séparant le eaux souterraines sont-elles relativement abondantes.
domaine géologique ancien (Précambrien) de l'Anti-
Atlas au S et les domaines plus récents (Primaire, Le climat étant particulièrement doux en hiver
Secondaire et Tertiaire) au N, correspond à une étroite dans la plaine, celle-ci a toujours connu une
zone d'effondrement occupée par des bassins à agriculture prospère. Entre les XII et XVIIè siècles, la
remplissage sédimentaire important et récent. Se culture de la canne à sucre y a connu un grand
succèdent ainsi d'W en E : la plaine du Souss, le développement : le sucre, extrait sur place, était
bassin du Dadès et de Ouarzazate et le bassin des exporté sur l'Europe. Plus récemment, et surtout
Todhra-Rhériss-Guir. depuis la deuxième guerre mondiale, de nouvelles
cultures, agrumes irrigués par pompage ont fait leur
La plaine du Souss constitue un bassin triangu- apparition et ont connu un développement rapide
laire très fortement individualisé entre le puissant cependant que le secteur traditionnel, axé sur l'orge,
massif du Haut Atlas au N culminant à 4167 m, les l'olivier et l'élevage stagne et même régresse en raison
plateaux élevés de l'Anti-Atlas au S et à l'E et enfin de la diminution de ses ressources naturelles (eau
l'océan Atlantique à l ' W ; sa superficie est de gravitaire et terrains de parcours) et de l'accroissement
3950 km2 (plaine des Chtouka au SW non comprise). démographique. Ces facteurs ont contraint bon
nombre de Soussi à migrer vers d'autres régions du
Ce cadre montagneux dont la forme évoque un Maroc ou à s'expatrier vers l'Europe.
aimant ouvert sur l'Atlantique permet à la région de
bénéficier d'une pluviosité exceptionnelle eu égard à sa L'ensemble du bassin qui s'ouvre ainsi largement
latitude, et qui atteint 200 mm en plaine, 300 mm sur sur l'Atlantique, se trouve compris entre le 30 et le 3 le
l'Anti-Atlas et jusqu'à 600-800 mm sur le Haut parallèle et autour des 9 degrés de longitude ouest de
Atlas. Ainsi les ressources en eaux de surface et en Greenwich.
Présentation géographique
Le terme de « Souss » désigne au sens large le - « moyen », de Taroudant au confluent de l'oued
vaste pays du sud-ouest marocain où l'on parle le Issen, sur environ 40 km. Au droit de Taroudant la
dialecte berbère Tachelhait. Dans une acception plus vallée s'élargit brusquement sur 40 km. C'est la plaine
étroite, celle qui est adoptée ici, il s'applique à la seule des Haovara (1500 km2) ;
plaine intérieure drainée par l'oued Souss et ses -«aval », jusqu'à l'embouchure. A partir du con-
affluents. Cette vallée dont la superficie est de fluent de l'oued Issen, la plaine s'élargit encore ; la
3950 km2 occupe le quart du bassin versant de l'oued bordure de l'Anti-Atlas se dirigeant droit au sud, il se
Souss entre les crêtes de l'Atlas et de l'Anti-Atlas trouve entre la montagne et l'océan une unité
( 1 6 100 km2). spécifique dénommée plaine côtière des Chtouka que
Les géographes subdivisent la vallée en trois l'on a souvent rattachée à la plaine du Souss mais qui,
secteurs : du point de vue hydrographique, n'a aucun rapport
avec elle. De ce fait, la plaine des Chtouka n'est pas ici
- « amont », entre Aoulouz où l'oued débouche dans rattachée à celle du Souss, mais au bassin Tiznit-
la plaine par des gorges qui terminent son cours Massa.
montagneux et Taroudant. Cette partie forme sensible-
ment un rectangle de 60 x 20 km ;
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Fia. 73 — Plan de situation, géographie et hydrographie du bassin versant de l'oued Souss et de la plaine
VALLEE DU SOUSS 171
La plaine ne comporte pas de reliefs notables à côtiers sont entraînés par les vents en direction du S et
l'exception de quelques buttes et collines, vestiges de l'E.
d'une cuesta crétacée dédoublée et presque entière-
ment ensevelie dans les formations de remplissage HYDROGRAPHIE
plio-quaternaires de la plaine. Ce sont, d'ouest en est, Le présent tracé des oueds dans la vallée résulte
sensiblement dans l'axe de la vallée (cf. fig. 74) : de nombreux facteurs qui sont essentiellement l'impor-
- les 5 buttes des Haffaia culminant à 205 m ; tance et la violence des crues ainsi que l'abondance et
la nature de l'alluvionnement.
- les collines d'Oulad-Bou-Rbia (302 m), El-Aaricha
(227 m) et El-Bouida (248 m) ; Le Souss et ses affluents
- à l'est de Taroudant les collines et buttes de Sidi- Tous les affluents rive droite dévalent en général
Bou-Rja (387 m), Freija, Mrigbet, Tagma, Tagdrant N-S, puis leur cours s'infléchit vers l'W et se raccorde
(405 m); tangentiellement à celui du Souss. Cette inflexion est
de plus en plus accentuée dans la région est. Ces oueds
- dans la haute vallée les collines basses formant le ont en général un cours peu marqué ; au sortir de la
« pli d'Igoudar » (540 m). montagne, ils oscillent sur de larges zones alluvion-
naires. La tendance à l'épandage est encore mieux
Vers le piémont, la plaine se raccorde aux
marquée chez les pourvoyeurs rive gauche. L'oued
massifs montagneux par des cônes de déjection positifs
Arrhène est le seul qui atteigne l'oued Souss d'une
et interférents assez aplatis en général vers l'Anti-
manière bien marquée, et perpendiculairement, au pied
Atlas, et plus relevés vers le Haut Atlas.
de son cône de déjection. A l'W de Tazemmourt, la
diffusion et l'effacement du réseau hydrographique
MORPHOLOGIE dans la plaine présentent un caractère frappant. Entre
Tazemmourt et l'Océan, le Souss ne reçoit aucun
La vallée présente l'aspect d'une plaine d'épan- affluent sur sa rive gauche.
dange nivelée : elle dessine une sorte de gouttière à
très faible courbure, redressée près des piémonts A sa sortie des gorges d'Aoulouz, l'oued Souss
montagneux et dans l'axe de laquelle l'oued Souss a étale largement son lit qui se divise en plusieurs bras,
tracé son lit, ramifié et large dans la partie amont, enserrant des sortes d'îles. Le cours s'infléchit ensuite
faiblement encaissé dans la partie aval. vers le SW contournant les puissants cônes de
déjection des affluents rive droite : Lemdad, Targa,
D'ouest en est la pente, de 3 pour mille dans la Bousriouil. Plus en aval le cours est rectiligne vers
partie aval, atteint 5 pour mille près de Taroudant et l'ouest car les affluents rive droite Talekjount et E l -
10 pour mille vers Aoulouz. De l'Océan à Aoulouz, la Had épandent dans la vallée des alluvions sableuses.
dénivellation est ainsi de 700 m sur 150 km. Vers le
piémont de l'Anti-Atlas, les pentes en direction du A l ' E et au S de Taroudant, le l i t du Souss
Souss sont, d'ouest en est, de 4 ou 6 pour mille à s'appuie au S sur les collines crétacées de Tagdrannt et
10-12 pour mille. Vers le Haut Atlas, elles sont plus Sidi-Bou-Rja. Il s'insinue ensuite entre les collines
fortes : près de 10 pour mille à l'ouest, 12 à 15 pour d'Oulad-Bou-Rbia et El-Aaricha. A partir de ce seuil,
mille vers l'est. il s'encaisse de 10 à 12 mètres et se dirige plein W sur
une quinzaine de kilomètres. Il se trouve ensuite rejeté
Le modelé actuel est le résultat d'un nivellement
vers le S au confluent de l'oued Issen dont les apports
opéré par érosion sur des matériels d'épandage d'âges
sont considérables ; son cours dont la largeur moyenne
divers et qui sont dans l'ensemble de plus en plus
était de l'ordre du kilomètre s'ouvre largement au
récents d'aval en amont. Les formations marno-
voisinage de l'océan.
calcaires du Quaternaire ancien affleurent à Aît-
Melloul ; la dalle calcaire qui les surmonte est L'encaissement du Souss dans sa partie aval
apparente à Oulad-Teima ; le Quaternaire moyen à est récent et n'excède pas une quinzaine de mètres.
récent s'étend largement vers Taroudant. Enfin la L'imbrication des terrasses actuelles et subactuelles
partie amont de la vallée est recouverte en grande présente un caractère complexe, surtout au voisinage
partie par les alluvions subactuelles et actuelles. de Taroudant.
Cependant la majorité de la vallée est recouverte L'observation du profil en long du lit du Souss et
de limons rougeâtres d'âge grimaldien. Dans la partie de ses affluents dans la vallée permet de faire les
sud, des formations sableuses prenant localement constatations suivantes :
l'aspect de dunes basses, s'étendent assez largement.
Les régions côtières au sud d'Agadir sont occupées par - la pente va croissant de l'aval (1 à 2 pour mille au
des formations dunaires très développées. Une haute confluent de l'Issen) à l'amont (4 pour mille à
dune ancienne se développe parallèlement au rivage, Taroudant, 6 pour mille à Igli, 10 pour mille vers
atteignant une altitude de 100 mètres. Les sables Aoulouz).
172 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
- les émergences d'eaux souterraines qui se manifes- Une des formations végétales la plus intéressante
tent dans le l i t du Souss s'effectuent à l'aval des dans la vallée du Souss est la « brousse à jujubiers ».
pourvoyeurs principaux d'eaux de crues, Elle constitue un pâturage persistant et, d'autre part,
elle est l'indice de sols de bonne qualité. Les sols salés
- certaines dénivellations brusques dans le profil supportent une steppe à salsolacées, notamment aux
semblent liées à la présence de failles du substratum de abords de l'oued Issen.
la vallée.
L'étude des origines de la flore montre que les
Sources et cours d'eau pérennes espèces méditerranéennes entrent pour près de moitié
La plupart des eaux pérennes de la vallée se dans le total ; viennent ensuite les sahariennes et les
rencontrent : soudano-sénégalaises. Les endémiques sont relative-
- au voisinage des piémonts, sous forme de sources et ment nombreuses ; l'extension de l'aire de l'arganier
d'écoulements — faibles en été — dans le l i t des exprime cet endémisme.
affluents, En ce qui concerne la végétation, le Souss forme
- dans le fond de la vallée : sous forme d'émergences donc une sorte d'île à caractère tropical, désertique et
dans le l i t de l'oued Souss lui-même. océanique. Les mêmes caractères se retrouvent,
accentués, dans la composition de la faune ; aux
En bordure de l'Anti-Atlas, on trouve ainsi d'E confins méridionaux du Souss les influences méditer-
en W, 28 sources débitant quelques 350 l/s. En ranéennes et tropicales sont en interférence.
bordure du Haut Atlas, les sources sont beaucoup plus
nombreuses : 64 ont été dénombrées pour un débit de GEOGRAPHIE HUMAINE
600 1/s. Enfin, les oueds descendant de l'Atlas sont en
général pérennes à leur débouché dans la plaine du Le fond de la population est d'origine berbère,
Souss ; les débits d'étiage sont toutefois modestes, de formant une ethnie particulière : l'ethnie Chleuh qui
l'ordre de 1 m3/s au total, Souss et Issen compris, et parle le langage Tachelhaït. Depuis le XlVè siècle des
ces débits sont utilisés sur les piémonts pour tribus arabes se sont installées dans la vallée et s'y
l'irrigation, ne coulant pas plus avant dans la plaine. sont fixées. Toutes ces populations ont été brassées
intensément au cours des siècles, dans les remous
Les émergences dans le lit du Souss, captées par d'une histoire turbulente, pour aboutir à l'homogé-
des séguias, ont des débits importants : elles consti- néité, type et mœurs que l'on observe aujourd'hui et au
tuent un exutoire naturel pour les nappes alluvion- bilinguisme : arabe-berbère. Le Soussi émigre volon-
naires et parfois débitent des eaux d'une origine plus tiers pour un temps, soit dans les villes modernes du
profonde. En général le débit est fonction de la Maroc, soit à l'étranger afin de se constituer un capital
pluviométrie des années antérieures. Certaines années lui permettant d'acquérir un patrimoine dans la
ces émergences peuvent tarir. Il est difficile d'estimer localité dont il est issu.
le débit total des émergences car on ne peut
additionner les jaugeages de chacune des sources ; en La population de la vallée du Souss est de
effet, compte tenu des canaux en terre non revêtus qui 381 000 habitants ( 1 9 7 1 ) , en majorité rurale
véhiculent les eaux captées, les réinfiltrations des (258 000 ruraux). Les villes importantes sont Agadir :
émergences de l'amont alimentent en partie celles de 100 000 habitants avec ses agglomérations satellites :
l'aval. Par des mesures hydrologiques, on a pu estimer Inezgane, Ben-Sergao - Deheira, puis Taroudant
à 8,8 m3/s la somme des débits des émergences (22 000 habitants). Quelques centres ruraux sont
(recyclages non déduits). essentiellement des lieux de marché ou des centres
administratifs.
La population représente une densité de 92 au
VEGETATION NATURELLE km2, dont 62 au km2 pour la population rurale. Les
L'arganeraie couvre un million d'hectares : sur foyers ruraux comportent 6 personnes en moyenne. Le
les versants montagneux proches de l'Océan ou taux de croissance annuel est très élevé : 4,2 % entre
exposés à son influence, jusqu'à une altitude atteignant 1960 et 1971 pour la population totale de la plaine. La
1 500 à 2 000 m, et aussi dans la plaine du Souss, croissance de l'agglomération d'Agadir est exception-
surtout dans sa partie aval. Certains peuplements d'un nelle : 10,5 % annuel et contraste avec la quasi sta-
seul tenant telle la « forêt d'Ademine » couvrent une gnation de Taroudant : 2,4 %.
large superficie sur croûte calcaire. Cet arbre a une La plaine montre un taux d'actifs occupés
croissance très lente ; l'âge moyen des individus est de masculins supérieur à la moyenne nationale, mais un
250 ans. I1 fournit en été un pâturage « aérien » à la taux d'actifs occupés féminins inférieur à la moyenne
chèvre et au chameau. L'amande de son fruit fournit nationale. L'agriculture emploie l'essentiel de la main
une huile appréciée dont l'extraction est difficile et d'oeuvre. Les industries (cimenterie - conserveries de
coûteuse. poisson et de légumes) sont localisées dans l'agglomé-
VALLEE DU SOUSS 173
ration d'Agadir, alors que des stations de conditionne- consommé s'élève à 0,70 DH soit cinq fois plus que
ment et d'emballage des fruits et légumes se situent dans le secteur traditionnel. Le secteur moderne est en
dans les centres ruraux. plein développement ces dernières années, augmentant
sous l'initiative privée de 1 000 à 1 500 ha/an.
Les revenus familiaux annuels pour une moyenne
de 5 personnes (année 1970) ressortent en moyenne à L'élevage tient également une part importante
480 DH pour une petite exploitation agricole en sec, dans l'économie de la plaine du Souss. Le troupeau
1 880 DH pour une petite exploitation irriguée par comprend en 1970 : 56 000 bovins, 254 000 ovins,
une séguia traditionnelle, 8 900 DH pour une petite 534 000 caprins et 15 000 animaux de service. La
exploitation maraîchère avec pompage moderne et production annuelle atteint 3 000 tonnes de viande et
entre 1 200 DH et 1 400 DH pour un salarié agricole 7 millions de litres de lait.
spécialisé d'une exploitation agrumicole moderne
La forêt couvre 140 000 ha en plaine et produit
ECONOMIE ET PRODUCTION annuellement 560 tonnes d'huile et 28 000 m3 de
bois.
L'agriculture joue le rôle essentiel, avec une
superficie de 20 000 à 100 000 ha ensemencée en orge Les agro-industries tiennent une place de choix
(variable avec la pluviosité) et 50 000 hectares irrigués dans l'économie régionale. Elles consistent en 20
(34 000 ha d'irrigation traditionnelle et 16 000 ha stations de conditionnement d'agrumes traitant
d'irrigation moderne). La micropropriété de moins de 160 000 tonnes, 87 stations de conditionnement
2 ha occupe 8,5 96 des superficies totales, 16 % des traitant 45 000 tonnes de légumes, 1 usine de jus de
surfaces irriguées mais intéresse 44 96 des proprié- fruit (40 000 tonnes) et une de concentré de tomates,
taires ; à l'opposé des propriétés de plus de 10 ha 3 huileries d'olive mécanisées et 650 huileries
occupent 49 96 des superficies totales, 45 96 des traditionnelles pressant 25 000 tonnes d'olives, 2
surfaces irriguées et intéresse 10 % des propriétaires. moulins modernes écrasant 45 000 tonnes de blé
importé.
L'agriculture en sec est exclusivement céréalière
(orge) et produit entre 6 000 et 90 000 tonnes/an Parmi les industries, la pêche occupe 3 000
autoconsommées par la famille ; les bonnes années, les pêcheurs et 4 000 ouvriers d'usines à Agadir. Agadir
excédents sont vendus localement. est un des premiers ports sardiniers du monde avec
142 000 tonnes de poisson débarquées en 1 9 7 2
Dans l'agriculture irriguée, il faut distinguer le (poissons de marée et poissons industriels). Les
secteur traditionnel et le secteur moderne. Le secteur industries des produits de la mer sont au nombre de
traditionnel occupe 34 000 ha voués particulièrement 3 0 : 1 7 conserveries, 8 usines de farine de poisson, 5
au blé (22 000 ha) et au maïs ( 1 1 600 ha) entre les usines de congélation et ont fourni en 1972 : 1 1 0
plantations d'oliviers ; les consommations d'eau pour millions de boîtes de sardines, 6 000 tonnes de
l'irrigation sont de 4 000 et 4 800 m3/ha/an et la sardines congelées et 15 000 tonnes de farine de
valeur ajoutée par m3 d'eau consommé ressort en poisson.
moyenne à 0,14 DH ; ce secteur demeure stable car ses
ressources en eau ne peuvent augmenter. Le secteur Enfin l'activité touristique suit un développement
moderne comporte 16 000 ha irrigués en 1972 dont rapide autour de la baie d'Agadir où l'on dénombrait
10 500 ha d'agrumes et 3 000 ha de maraîchage ; les au 3 1 . 1 2 . 7 1 , 38 établissements totalisant 4000 lits.
consommations d'eau pour l'irrigation sont de 5 500 à Depuis, de nouveaux hôtels ont été édifiés chaque
8 500 m3/ha/an et la valeur ajoutée par m3 d'eau année et de grands projets sont à l'étude.
Géologie
Les principaux travaux géologiques furent l'œu- - le cycle calédono-hercynien, agissant sur le matériel
vre de L. Neltner, E. Roch, L. Moret et R. Ambroggi primaire qui s'était déposé plus au nord dans un vaste
sur le Haut Atlas, de J. Bondon, J. Bourcart et surtout synclinorium, a formé les chaînes du domaine
G. Choubert pour l'Anti-Atlas. Dans la plaine, on atlasique,
retient les travaux de G. Choubert, R. Ambroggi, R.
Bourgin et R. Dijon. - à partir de l'Eocène le cycle alpin a affecté
l'ensemble du pays, surtout au cours d'une importante
phase du Pliocène : la chaîne du Haut Atlas s'est
ESQUISSE STRUCTURALE élevée et l'Anti-Atlas s'est soulevé en masse.
La région du Souss a connu trois grands cycles Ces deux domaines se raccordent de manière
orogéniques : complexe dans les profondeurs de la vallée du Souss
- un dernier cycle orogénique précambrien a donné couvertes d'épaisses formations de remplissage plio-
naissance à l'ossature de l'Anti-Atlas; en bordure quaternaires. Ces dernières comprennent des forma-
nord-ouest du « bouclier africain », tions détritiques et marnocalcaires qui surmontent un
10° 9°
8°
0 10 20 30 40 50 Km 4167
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Plioquaternaire. Alluvions, sables, limons, calcaires lacustres
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R D Primaire (Acadien à Autunien). Schistes et grès
TIZNIT
K E Primaire (Géorgien). Schistes et calcaires
synclinal Crétacé-Eocène orienté est-ouest. Le flanc plusieurs reprises. Les effets de l'érosion continentale
nord de ce synclinal apparaît en bordure du Haut Atlas continuent à s'exercer intensément. Au Villafranchien
où il affleure largement mais de manière discontinue le réseau hydrographique s'encaisse profondément ; la
au N et NE d'Agadir, puis au N et NE de Taroudant et vallée connaît un régime lacustre dans son centre et
à TE d'Aoulouz. C'est la « zone subatlasique méridio- reçoit des dépôts continentaux sur ses bordures. Le
nale ». synclinal crétacé se trouve alors presque entièrement
enfoui.
Le flanc sud apparaît dans l'alignement des
collines de l'axe de la vallée, où l'on observe des Au Quaternaire quelques mouvements tecto-
pendages orientés vers le nord. Ce synclinal est faillé niques se produisent encore ; la côte est affectée par
abondamment et de manière complexe en profondeur. des transgressions marines de faible portée. Vers
Vers l'ouest il repose sur un puissant ensemble l'intérieur les changements climatiques donnent des
jurassique et permo-triasique reconnu par sondages. phases alternées de creusement et comblement,
Enfin au voisinage d'Agadir deux cycles de sédimenta- provoquées par les « pluviaux » et les « interplu-
tion pliocène ont intéressé un golfe de dimensions viaux ».
modestes mais profondément subsident.
STRATIGRAPHIE
Domaine de l'Anti-Atlas
RESUME PALEOGEOGRAPHIQUE
(G. Choubert) Dans l'Infracambrien de l'Anti-Atlas, on a décrit
les séries suivantes :
Au cours du cycle calédono-hercynien les - série « de base » (environ 100 m) : calcaires et
formations essentiellement cristallines et métamor- schistes,
phiques du bouclier africain, qui apparaissent en - calcaires « inférieurs » : dolomies et calcaires dolo-
boutonnières dans la partie axiale de l'Anti-Atlas, ont mitiques en gros bancs (1 000 m à l'est, 3 000 m à
été revêtues d'une puissante couverture sédimentaire. l'ouest),
Plus au nord, dans une fosse de subsidence, s'est - série « lie de vin » (700 m ; disparaissant vers
accumulé le matériel qui allait former la chaîne l'est). Série schisteuse,
hercynienne. - calcaires « supérieurs » (500 à 300 m) en minces
Les puissantes séries infracambriennes et géor- bancs,
giennes (jusqu'à 5 000 m) comprennent essentielle- - série « schisto-calcaire » (300 m) : schistes et
ment des calcaires dolomitiques. A partir de l'Acadien calcaires alternés.
et jusqu'au Dévonien, sur une épaisseur pouvant Dans cet ensemble, les eaux souterraines sont
atteindre au total près de 10 000 mètres, les sédiments localisées essentiellement dans les synclinaux et les
sont surtout schisteux et gréseux. zones de fractures ; les circulations présentent un
caractère karstique peu marqué.
L'orogénie hercynienne s'est manifestée par une
émersion et par la naissance de grands accidents dans Les sédiments géorgiens surmontent en conti-
le Haut Atlas, accompagnée de venues granitiques. nuité la série schisto-calcaire ; ils sont formés de
Une longue évolution continentale a suivi jusqu'au calcaires noirs, de schistes verts et violets, et de grès
Dogger. La partie occidentale du pays : fosse de « terminaux ». Seuls les niveaux inférieurs peuvent
Haha—Ida-ou-Tanane dans le Haut Atlas et basse être aquifères.
vallée du Souss, a connu des dépôts marins au
Jurassique supérieur. Au Crétacé la sédimentation Les termes acadiens, essentiellement schisteux,
s'est poursuivie : les mers du Crétacé et du début du affleurent en bordure de l'Anti-Atlas. L'Ordovicien
Tertiaire se sont largement étendues vers l'est, surtout n'est pas connu sur le versant nord en dehors des jbels
au Mésocrétacé qui a connu la submersion de la partie Tachilla et Ouarzemine ; au sud il est formé de schistes
nord de l'Anti-Atlas. et de grès. En résumé, l'ensemble : Géorgien supé-
rieur - Acadien - Ordovicien, comprend une masse de
Au Lutétien, la mer a quitté le domaine atlasique sédiments imperméables essentiellement schisteux, sur
qui a connu dès lors une évolution continentale. Seul une épaisseur supérieure à 2 500 mètres.
le golfe d'Agadir se trouvera à nouveau submergé au Domaine du Haut Atlas (Antécrétacé), zone axiale
Pliocène. Les premières phases atlasiques provoquè-
rent l'érection de la chaîne du Haut Atlas et Dans cette région du Maroc, le Haut Atlas
l'exhaussement de l'Anti-Atlas. Ensuite ces reliefs primaire - antépermotriasique - est essentiellement
furent affectés par une forte érosion allant jusqu'à formé sur plus de 10 000 m d'épaisseur de roches
l'arasement en pénéplaine. imperméables : roches cristallines d'âges divers, schis-
tes et grès, quartzites. Le seul niveau aquifère, qui
Au Miocène puis au Pliocène, le Haut Atlas se donne des sources, est constitué par des calcaires
soulève : les grands accidents qui l'affectent rejouent à Cambriens alternant avec des schistes.
176 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Le bassin de Passif N'Ait-Moussa (oued Issen en Sur le flanc sud du synclinal, le Crétacé et
plaine) est creusé dans les séries assez tendres du l'Eocène sont connus par sondages dans la vallée du
Permotrias : conglomérats, grès, argilogrès et marnes Souss et en affleurements sur les collines de Haffaia,
rouges sur 1 000 m à la base, argiles salifères et Bou-Rbia, Sidi-Bou-Rja, Tagdrannt et Igoudar (Ou-
basaltes sur 500 m au sommet. Seuls les grès peuvent lad-Berrehil).
se comporter, localement, en aquifères.
La « barre turonienne », fracturée et fissurée,
Le Jurassique est connu en affleurements dans la représente ici le seul aquifère utilisable ; les calcaires
partie extrême-occidentale du Haut Atlas, et aussi par lutétiens rencontrés par sondages aux Oulad-Berrehil
sondage. Les niveaux aquifères sont représentés par sont compacts et secs.
les marno-calcaires et calcaires callovo-oxfordiens (20
à 50 m), les calcaires rauraciens (quelques dizaines de STRUCTURE EN SUBSURFACE DE LA VALLEE
mètres), les calcaires portlandiens (70 à 80 m). DU SOUSS
L'ensemble du Jurassique inférieur et moyen est Les prospections géophysiques et les reconnais-
d'origine continentale, marneux, gréso-argileux et sances par sondages ont permis d'acquérir une idée
imperméable. d'ensemble de la structure du substratum de la vallée.
Sur le flanc nord du synclinal, en bordure du - la flexure bordière de l'Anti-Atlas est marquée par
Haut Atlas, on trouve : un plongement des calcaires géorgiens sous la vallée,
- vers l'W une série crétacée marine complète, avec un gradient moyen de 1 5 à 20 96,
- d'Erguita à l ' E d'Aoulouz une longue zone d'affleu- - la cuesta turonienne qui limite au S le synclinal du
rements, discontinue et de largeur variable : « la zone Souss passe par El-Klea et Haffaia, puis se dédouble
subatlasique méridionale ». Entre Ameskhoud et vers l'E. La branche nord passe par Ouled-Bou-Rbia
Erguila, les reliefs primaires dominent directement la et gagne le Haut Atlas. La branche sud suit
plaine. D'W en E, les faciès lagunaires puis sensiblement le l i t du Souss. Le toit du Turonien a une
continentaux marquent de plus en plus la série qui est pente régulière vers le N, de l'ordre de 7 % jusqu'à
surmontée à l ' E d'Erguita par une série éocène de l'axe du synclinal constituant le fond de la « gouttière
faciès lacustre ou continental. sud-atlasique ». Au N du pli d'Igoudar la pente atteint
La puissance du Crétacé inférieur, argileux et 12 %,
marnocalcaire, diminue d'Ameskhoud (300 m) vers - le fond de la « gouttière » qui a une altitude
Erguita ( 1 0 0 m) et oued Targa (60 m). Les grès, moyenne de 450 m de Taroudant à Oued Issen
marnes et argiles Cénomaniens subissent des réduc- s'abaisse rapidement à l'W de la flexure d'El-Klea et
tions analogues d'Ameskhoud (400 m) à Erguita atteint la cote — 1 200 m à l'embouchure de l'oued
(50 m) ; plus à l ' E le faciès devient lagunaire (bancs Souss. Le flanc nord du synclinal se relève vers le
de gypse à Aït-Tamment). La « barre turonienne » Haut Atlas avec une pente de 20 % pour une
comprend deux termes : calcaires dolomitiques à la dénivellation de 1 200 mètres.
base, surmontés de calcaires à silex en plaquettes. Sa
puissance est de 50 m à l'W de Taroudant, 30 à 10 Le « golfe subsident d'Agadir » s'est formé à
m à l'E. l'Oligocène. Les terrains néogènes : gréseux et calcaires
au sommet, argileux à la base, y ont été traversés sur
Le Crétacé supérieur est essentiellement marneux 600 mètres (sondage pétrolier).
et marnocalcaire, gypseux vers l'E ; la puissance est de
400 m à Ameskhoud, 1 000 m à Erguita (fosse de FORMATIONS DE REMPLISSAGE DE LA VALLEE
subsidence, comprenant 300 m de grès maestrichtiens DU SOUSS
phosphatés), 300 m à Aït-Tamment, 50 m à Aoulouz Dans le golfe pliocène d'Agadir, les niveaux
(grès et marnes rouges). perméables sont représentés par des grès coquilliers et
La série éocène a une épaisseur moyenne des conglomérats. Ces aquifères sont ponctionnés par
d'environ 100 mètres, elle est marnogréseuse à la des pompages pour l'alimentation d'Agadir.
base, puis calcaire, enfin marno-sableuse.
Dans la gouttière sud-atlasique, le Néogène
Dans cet ensemble les niveaux aquifères sont continental est représenté par de puissants dépôts
représentés par : conglomératiques, au pied du Haut Atlas. Plus au S, il
- les calcaires dolomitiques du Turonien, s'agit de formations fluvio-lacustres essentiellement
- les calcaires et sables phosphatés maestrichtiens et marnocalcaires, argileuses, gréseuses, avec intercala-
l'Eocène inférieur, tions conglomératiques, c'est la « formation du
- les calcaires à silex lutétiens qui donnent de Souss » ; R. Ambroggi lui attribue un âge pliovilla-
petites sources en montagne et sur le piémont. franchien.
VALLEE DU SOUSS 177
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Ci
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F F km
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0 5 10 15 20 25
Fig. 75 — Coupes géologiques très schématiques, d'après géophysiques et forages, dans la plaine du Souss.
- un troisième faciès est constitué par des conglomé- - dans les cônes de déjection (Quat. ancien),
rats très divers, plus ou moins bien consolidés ; - dans la « formation du Souss remaniée » (Quat.
ceux-ci constituent la presque intégralité du Néogène moyen),
continental au voisinage du Haut Atlas et vers l'E. - des limons du Quaternaire récent et actuel : alluvions
Plus au S, ils se présentent en intercalations de 10 à 15 argileuses à l'aval de l'oued Issen par exemple.
mètres d'épaisseur dans les marnocalcaires et les
argiles sableuses. Il existe également des niveaux congloméra-
tiques, au pied du Haut Atlas. Les niveaux calcaires
Il arrive enfin que l'on trouve au contact du sont représentés par certains bancs de la « formation
Crétacé sous-jacent un niveau marnocalcaire d'épais- du Souss » et par la dalle du Quaternaire ancien.
seur variable (Oligomiocène ?).
La formation du Souss « plioquaternaire » admet
Quaternaire continental dans ses niveaux supérieurs des circulations d'eaux
souterraines selon un mode « semi -karstique »; en
La limite entre le quaternaire ancien et le effet les marnocalcaires sont creusés de canalicules
Néogène n'est pas aisée à déterminer. A ce jour les vermiculés, avec dépôts de manganèse et concrétions
formations quaternaires du Souss n'ont pas été calcaires amygdalaires.
décrites et datées dans une étude systématique Les formations récentes sont souvent les plus
d'ensemble. En rapprochant les coupes d'une centaine perméables : dunes, étendues sableuses et surtout
de puits et sondages, on peut discerner les grandes alluvions de lits d'oueds actuels et fossiles dont
subdivisions lithologiques suivantes, que l'on peut l'épaisseur atteint plusieurs dizaines de mètres.
sommairement répartir chronologiquement en Quater-
naire « ancien », « moyen », « récent ». L'échelle Ces alluvions absorbent en amont les eaux de
stratigraphique est figurée dans le tableau 29. crues et les restituent en aval sous forme de volumes
importants et réguliers débités par des drains,
Dans l'ensemble le Quaternaire est donc assez tranchées drainantes dans le lit du Souss et stations de
souvent argileux ; il en est ainsi : pompage.
Climatologie
Le climat du Souss est complexe car il résulte de de l'océan sur lequel la vallée s'ouvre largement, une
l'interférence de trois facteurs très différents : un cadre latitude « saharienne ».
montagneux élevé et fermé sauf à l'ouest ; la proximité
Tableau 29
QUATERNAIRE DU SOUSS - ECHELLE STRATIGRAPHIQUE SCHEMATIQUE
Quaternaire marin Quat. continental ; Classification Climat au Lithologie dans le « Age » Epaisseur
(« interpluviaux ») « pluviaux ». Etages corresp. en Maroc Souss (R. Ambroggi) (mètres)
locaux du Maroc Europe
(probable)
FLANDRIEN RHARBIEN plus humide Alluvions, limons « quaternaire récent » 0
que l'actuel actuels, sols
600
AZIB BOU IZRI
TIMLILT A T L A S 700
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600 IMHILEN IMLIL
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70
0 TAFINEGOULT
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TALEKJOUNT
500 ISK BELLA
IMOUZZER DES IDA-
300
400 AOULOUZ 400
OU -TANANE MENTAGA
0 300 OULAD BERREHIL
50 0 300
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AIN TIZIOUINE
TALIOUINE
O. SOUSS
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0
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0
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A
25
A
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ADEMINE AMAGOUR
-
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BIOUGRA
NESFA I
N
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N 40 Poste pluviométrique
A
A
AÏT BAHA
période 1942 - 1968 (équidistance : 100 mm)
C
300
0
O
250
0
40
AÏT ABDELLAH
Limite du bassin versant du Souss
Limite de la plaine du Souss
400
0
200
0 10 20 30 40 50 km
TIZNIT
30
TAFRAOUTE
Fig. 76 — Plan de situation des réseaux hydrologiques et pluviométriques et carte des isohyètes moyennes
annuelles.
180 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
TIZNITE 20.9 7.3 22.7 e.7 24.6 10.7 25.7 12.6 26.6 14.5 28.2 16.5 30.3 17.8 31.2 18.1 30.8 17.2 29.6 15.1 26.4 12.1 21.9 8.6 26.6 13.3
AGADIR 20.2 7.3 21.5 8.7 22.7 10.7 23.4 12.6 24.1 14.5 25.0 16.5 26.4 17.8 27.0 18.1 26.7 17.2 25.9 15.1 23.8 12.1 20.9 8.6 24.0 13.3
TAROUDANNT 21.6 5.5 23.3 7.0 25.5 8.9 27.4 10.5 2S.0 12.2 30.8 14.1 35.2 16.3 35.8 16.5 33.2 15.1 29.5 13.0 25.7 10.0 22.1 6.4 28.3 11.3
Fig. 77
ce qui concerne les maxima que les minima (rapport de novembre et mars. Le nombre de jours de pluie est de
3 à 1). D'une manière générale les écarts de l'ordre de 25 par an.
températures diminuent au voisinage de l'Océan et en
En outre, une étude pluviométrique de l'ensemble
altitude, ceci étant plus marqué vers le Haut Atlas ; les
du bassin du Souss a été effectuée à partir des relevés
écarts croissent vers le sud (Anti-Atlas). observés ou reconstitués par la méthode des « double
masse » sur 12 postes de la plaine et 17 postes en
PRECIPITATIONS montagne. Les résultats figurent sur le tableau suivant
pour deux périodes : 1942-43 à 1967-68 et 1932-33
L'importance des précipitations est extrêmement à 1967-68 (les noms de postes suivis d'un numéro
variable dans l'espace (d'une région à l'autre) et dans correspondent à des nivo-pluviomètres totalisateurs
le temps (violence des pluies, variations saisonnières et annuels).
interannuelles). Dans la vallée la pluviométrie an-
nuelle est la suivante (fig. 77) pour la période Corrélation pluviométrie-altitude
1933-63, d'après les postes principaux. Les pluies Une corrélation pluviométrie-altitude a été faite
tombent entre octobre et avril avec un maximum entre (fig. 78). Les conclusions en sont les suivantes :
Tableau 30
Poste Région Altitude lame d'eau de lame d'eau de
(m) pluie moy (mm) pluie moy. (mm)
OUCHEDDEN (Totalisateur)
IRHERM AIN ASMAMA
l'extérieur du bassin du Souss :
ANTI-ATLAS SAH
S
TLA
TA
1500
AOULOUZ
NO
SUD DE LA
500
AIT BAHA
ANEZI
(1932-1967):
OULAD BERREHIL
TIMDOUINE AMAGOUR
AIN TIZIOUINE
- bassin versant fermé à Aoulouz : 339 mm,
- bassin versant fermé à Taroudant (y compris le
NEFSA
TAROUDANT
BIOUGRA
ROKEIN
AIN CHAIB
AGADIR - INEZGANE
précédent) : 327 mm,
- bassin versant fermé à Aït-Melloul (y compris
PLUVIOMETRIE mm/an
100 200 300 400 500 600 700 800
Tableau 31
Fréquence Hauteurs moyennes annuelles en mm
de AIN-ASMAMA AIN-CHAIB T1FERMIT TALIOUINE AIT-ABDALLAH
dépassement Haut Atlas Plaine Anti-Atlas Anti-Atlas Anti-Atlas
100 % 124 62 96 70 44
75 % 419 170 260 190 150
50 % 448 260 405 210 200
25 % 648 500 540 260 230
0% 1.000 724 660 570 340
Stations année S O N D J F M A M J J A
Les affluents du cours moyen et inférieur du A partir des débits journaliers de 1954-55 à
Souss sont très nombreux. Les plus importants de la 1969-70 et des interprétations antérieures pour
rive droite sont : l'oued El-Meddad, l'oued Bousriouil, 1947-48 à 1953-54, on a pu établir une corrélation
l'oued Targa, l'oued Aguerd-el-Had, l'oued n'Aït-el- pluie-débit qui a permis de reconstituer une période de
Had et l'oued Issen. Sur la rive gauche ce sont Passif débits annuels 1932-33 à 1969-70, soit 38 ans pour
Tangarfa, l'oued Arrhen, l'assif N'Razemt, Passif lesquels le module moyen annuel ressort à 7 m3/s
Aouerga. Bien que la plupart de ces oueds ne soient fictifs continus pour une pluie moyenne de 346 mm
pas systématiquement observés, il est bien connu qu'il sur le bassin versant amont d'Aoulouz. Ces apports
existe une très grande différence entre ces deux annuels sont très irréguliers, variant entre 0,02 m3/s
systèmes hydrographiques des affluents du Haut Atlas ( 1 9 6 0 - 6 1 ) et 31,7 m3/s (1955-56).
et de ceux de l'Anti-Atlas. La répartition des débits dans l'année est
Tandis que les affluents du Haut Atlas atteignent également très irrégulière : 85 % des apports se
tous le Souss au moment des crues, les affluents de situent entre novembre et avril. Les crues constituent
l'Anti-Atlas l'atteignent rarement. Ceci provient de ce l'essentiel des apports.
que :
L'oued Souss à la station de Taroudant (9350 km2 de
- la pluviosité sur le Haut Atlas est plus élevée que sur
bassin versant)
l'Anti-Atlas,
- le relief du Haut Atlas est plus marqué que celui de Alors que l'oued Souss tarit rarement à Aoulouz
l'Anti-Atlas, (tarissements dus aux prélèvements de l'amont), son
- des terrains calcaires très perméables existent dans lit est à sec à Taroudant pendant 8 mois par an en
l'Anti-Atlas et retiennent une fraction importante des moyenne en raison des prélèvements (Souss et
eaux de pluie. affluents) et des infiltrations dans la nappe souterraine.
Les observations hydrologiques dans le Souss La station de Taroudant n'a fourni que des
couvrent une période de vingt années environ (depuis renseignements hydrologiques inutilisables depuis sa
1947) ; elles intéressent principalement les débits de mise en service en raison de l'impossibilité de jauger
crue de l'oued Souss et de l'oued Issen ; en effet ce sont les crues : lit large de 1000 m environ et divisé en
les crues consécutives aux fortes pluies d'automne et plusieurs bras, ouvrages de protection détruits par les
d'hiver qui représentent les principaux écoulements fortes crues, etc.
d'eaux superficielles dans la vallée. Ces crues sont
L'oued Souss à la station d'Aît-Melloul (16100 km2
irrégulières, violentes et souvent de courte durée.
de bassin versant)
L'oued Souss ne coule véritablement que quelques
jours ou quelques semaines par an sur l'ensemble de Cette station est tout à fait à l'aval du bassin,
son cours en plaine, roulant des eaux tumultueuses et juste en tête de l'estuaire du Souss. L'état des données
rougeâtres. hydrométriques à Aît-Melloul étant identique à celui à
Aoulouz, on peut également reconstituer une série de
Les débits sont mesurés en quatre stations : à débits annuels pour la période 1932-33 à 1969-70, le
Aoulouz où l'oued Souss termine son cours monta- débit moyen annuel pour ces 38 années est de 10,1
gneux ; au pont de Taroudant sous lequel une fraction m3/s fictifs continus pour une pluie moyenne sur le
seulement du débit total circule, en période de fortes bassin de 304 mm. L'irrégularité interannuelle est
crues - la majorité des eaux passe sur le radier encore très grande, les apports varient entre 0,0
submersible situé légèrement au nord ; au pont d'Aît- (1960-61) et 34,0 m3/s (1962-63).
Melloul et enfin sur l'oued Issen.
Le Souss est pérenne à Aît-Melloul, soutenu par
En 1969 et 1970, 3 nouvelles stations de le drainage des nappes souterraines ; ces débits de base
jaugeages sont entrées en service : à Bigoudine sur le provenant de la nappe ont pu être établis à 2,4 m3/s
cours moyen de l'oued Issen, à Aît-Melloul en amont fictifs continus annuels pour la période 1956-57 à
de l'ancienne station qui était mal placée dans un 1967-68.
coude de l'oued, sur l'oued Imerguène affluent rive
gauche principal. A noter que 95 % des apports annuels se situent
entre novembre et avril.
Il est à noter que l'hydrométrie de ces oueds
fugaces et violents est très difficile et que les originaux L'oued Issen à la station du pont route 7016 (1590
des mesures antérieures à 1954 semblent avoir disparu km2 de bassin)
lors du séisme d'Agadir (29 février 1960).
Cette station hydrométrique est d'implantation
RESULTATS DES MESURES plus récente que les précédentes et ne fonctionne que
L'oued Souss à la station d'Aoulouz (4450 km2 de depuis l'année 1962-63. Par des corrélations et une
bassin versant) relation pluie-débit, on a pu reconstituer la série des
VALLEE DU SOUSS 185
débits annuels pour la période 1932-33 à 1969-70. Le nombreuses tentatives furent successivement réalisées,
module moyen annuel pour ces 38 années est de 3,1 basées sur les superficies et la pluviosité des bassins de
m3/s fictifs continus pour une pluie moyenne sur le montagne, mais étayées sur des considérations com-
bassin de 301 mm. Ce module varie entre 0,05 m3/s plexes telles les formes de bassin, la lithologie, la
(1960-61) et 11,1 m3/s (1962-63). végétation, etc. Aucune ne pouvait aboutir dès lors que
les données de la station intermédiaire du bassin
L'Issen est naturellement pérenne à sa sortie de
(Taroudant) étaient confirmées inexploitables.
l'Atlas ; un barrage de prise dérive ses eaux avant la
station de jaugeage où l'oued est sec à l'étiage. Dans La dernière de ces tentatives peut être relatée car
l'année, cet oued est très irrégulier, écoulant 92 % des elle visait à chiffrer non plus l'écoulement superficiel
apports annuels entre novembre et avril. mais l'écoulement total des bassins affluents (l'évapo-
transpiration étant inaccessible par le calcul faute de
UTILISATION DES DONNEES HYDROLOGI- données sur la température surtout). On s'est basé sur
QUES AUX STATIONS DE JAUGEAGE POUR des ajustements calculés à partir du haut bassin du
DES EXTRAPOLATIONS AUX BASSINS AFFLUENTS Souss fermé à Aoulouz, de la carte des isohyètes et
NON JAUGES d'une relation pluie-écoulement total mise au point
dans le bassin du Guadalquivir en Espagne. Le
Comme on le verra plus loin, un des problèmes résultat, tout à fait indicatif, donnait 920 millions de
essentiels qui préoccupèrent longtemps les hydrogéo- m3/an d'écoulement total pour le bassin de l'oued
logues, consistait à chiffrer les apports annuels des Souss à Aoulouz, soit 19 96 de la pluviosité, chiffre
affluents du Souss entre Aoulouz et Aît-Melloul afin paraissant à priori très élevé. Ce résultat n'a pas été
de pouvoir évaluer l'alimentation de la puissante utilisé par la suite (cf. Combe, Genetier, Givcovic,
nappe d'eau souterraine de la plaine du Souss; de Schrambach, 1971).
Hydrogéologie
HISTORIQUE A. Schrambach jusqu'en 1 9 7 1 , A. El Hebil
jusqu'en 1973 puis A. Meilhac depuis cette date.
C'est P. Russo qui a conduit la première étude LES POINTS D'EAU SOUTERRAINE
hydrogéologique du Souss en 1 9 3 1 , dans le cadre du
« Comité d'Etude des Eaux Souterraines » (C.E.E.S.). Il existe de nombreux points d'eau dans le Souss :
En 1933, une « mission hydrologique du Souss » était drains et puits de construction traditionnelle ou
constituée au sein des Travaux Publics ; la direction en moderne.
était confiée à C. Gret. Cinq ans plus tard, le Service Les drains modernes sont au nombre de deux : le
des Mines et de la Géologie créait une « Mission « drain des dunes » qui alimente Agadir en eau
hydrogéologique du Sud » dirigée par A. Robaux dont potable avec un débit de 50 1/s et le drain de Freija
une brigade était affectée au Souss et au Drâ. Cette dont la longueur dépasse 4 km (1200 m drainants).
brigade fut conduite par G. Choubert puis par J. Ce dernier est disposé dans les alluvions du Souss à
Royer, puis par R. Ambroggi (1942). En raison de la l'amont de Taroudant dont il irrigue les oliveraies
guerre, l'activité de cette mission fut mise en sommeil avec un débit variant de 500 à 1 200 1/s selon les
de 1943 à 1945, cependant que le service des Travaux années. La construction d'autres drains à Aoulouz
Publics assurait un minimum de contrôle des nappes et Oulad-Bou-Rbia a été étudiée, mais n'a pas été
d'eau. En 1946 était créé au sein de la Direction des exécutée.
Mines et de la Géologie un service spécialisé, le Centre
des Etudes Hydrogéologiques (C.E.H.) qui fonctionna Les drains traditionnels ou « rhettara » en
jusqu'en 1960 sous la direction successive de A. activité dans le Souss sont au nombre d'une
Robaux et R. Ambroggi ; en 1949, un service régional quarantaine. Certains ouvrages effondrés sont en voie
du C.E.H. fut installé à Agadir : il fut dirigé d'abord de tarissement. Pour la plupart, les rhettaras sont
par R. Bourgin (1949-1956) puis par R. Dijon groupées dans les régions d'Oulad-Berrehil au nord et
(1957-60). Après le séisme d'Agadir (29 février au sud du pli d'Igoudar. On en trouve quelques autres
1960), ce service fut replié sur Marrakech. Au début à Aoulouz, Oulad-Aissa, Oulad-Bou-Ries, Oulad-
de l'année 1961, le C.E.H. et le service de l'hydrologie Taima. Elles débitent au total 600 l/s en année
fusionnèrent, constituant le Service des Ressources en moyenne.
Eau (S.R.E.) rattaché à l'Office National des Irriga- Les puits sont au nombre de 5000 environ. Les
tions (O.N.I.) qui en 1965 prit le nom d'Office de puits traditionnels sont en général des puits d'irriga-
Mise en Valeur Agricole (O.M.V.A.). Le Centre tion ; nombreux et denses dans les régions où la nappe
Régional du S.R.E. pour le Souss fut installé à d'eau est peu profonde, ils se raréfient dans la forêt
Taraudant en 1961 et sa direction fut confiée à R. d'arganiers et sur les sols durs recouverts de dalles et
Dijon qui l'assuma jusqu'en septembre 1965, suivi par croûtes calcaires, ainsi que dans les régions où la
186 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
nappe est profonde, vers les piémonts, et aussi dans forages pétroliers (1960 et 1964) près de l'Océan ont
l'axe de la vallée où les eaux superficielles abondent. également fourni des renseignements utiles. Dans
l'ensemble, les informations disponibles sont trop peu
L'eau, autrefois exhaurée par traction animale
denses eu égard à la complexité pétrographique des
(dispositif de la « naora », est actuellement débitée par
formations anté-pliocènes. Les aquifères
plus de 3000 petits groupes motopompes et 200 grou-
pes de pompage puissants, pouvant tirer jusqu'à 60 l/ Terrains primaires de la bordure sud (Anti-
s, qui irriguent les cinq secteurs d'agriculture mo- Atlas). Neuf forages hydrogéologiques ont atteint le
derne : Aït-Melloul, Oulad-Teima, Km 65, Tarou- Primaire sous le recouvrement alluvionnaire de la
dant, Ouled-Berrehil. Les prélèvements par pompage plaine, le long de la bordure sud. Trois de ces forages
sont de 205 millions de m3/an en 1970, croissant ont atteint les réservoirs calcaires potentiels de
continuellement (60 millions de m3 en 1957). l'Antécambrien (1 forage : 436/62) ou du Cambrien
(2 forages : 1572/70 et 2976/70), les autres demeu-
Quelques rares forages artésiens (El-Klea, rant dans des schistes. Vu le plongement rapide ( 1 0 à
Gounna, Ouled-Teima) donnent de faibles débits (1 à 20°) du Primaire du S vers le N, ces réservoirs ne
quelques 1/s). peuvent être atteints économiquement que près des
FONCTIONNEMENT HYDRAULIQUE DU SYS- bordures de l'Anti-Atlas et jouent de ce fait un rôle
TEME AQUIFERE DE LA PLAINE DU SOUSS. restreint.
Les remplissages continentaux éocènes, oligocènes,
Le remplissage alluvionnaire superficiel et certai- miocènes et pliocènes ont été plus fréquemment
nes parties des niveaux sous-jacents constituent un explorés ( 1 0 forages). La stratigraphie de ces remplis-
vaste système aquifère en relation localement, avec les sages est impossible car trop variable, mais les cycles
aquifères des montagnes de bordure. Une nappe libre Eocène-Oligocène sont en général de mauvais réser-
généralisée existe dans la plaine du Souss, surmontant voirs où le matériel argileux prédomine, alors que le
souvent une ou plusieurs nappes captives. L'ensemble cycle Miocène-Pliocène argileux à l'E mais graveleux
constitue un système multicouche compris entre les ailleurs est plus favorable ; à l'W, le Pliocène marin
bordures montagneuses et l'Océan qui est une limite (sables, grès et marnes) a été reconnu par 5 forages et
aval à niveau imposé et constant. Dans ce système, la s'est révélé très peu transmissif.
nappe libre contient l'essentiel des ressources en eau
souterraine de la plaine. Terrains du centre de la plaine et de la bordure
nord. Il résulte de l'exposé géologique que des
L'alimentation des nappes phréatique et profonde aquifères potentiels existent dans les étages Cénoma-
provient à la fois des apports latéraux de nappes de nien, Turonien, Sénonien et dans le remplissage de
montagnes, et des infiltrations de l'eau des oueds et l'Eocène au Pliocène.
des ruissellements concentrés sur la plaine. Sur une
série de plusieurs années, les débits d'écoulement Six forages ont atteint le Cénomano-Turonien,
souterrain sont assez constants et les excès ou déficits un septième demeurant dans le Sénonien, tous situés
annuels de l'alimentation sont vraisemblablement dans la partie occidentale de la plaine. Le Cénomanien
absorbés au niveau de la seule nappe phréatique par marno-calcaire, largement représenté en profondeur,
fluctuations du niveau et variations des débits des est un très médiocre réservoir. Le Turonien calcaire est
sources de débordement situées dans le lit du Souss plus intéressant, mais n'existe que dans le synclinal
entre Igli et Taroudant, puis entre Ouled-Bou-Rbia crétacé du Souss où il est couvert soit par le Sénonien
et la mer. Les exutoires sont les sources de argileux, épais vers le N, soit par le remplissage
débordement dans le lit du Souss (drain naturel alluvionnaire (absence de Crétacé supérieur) ; locale-
central), l'écoulement souterrain en bord de mer et ment, le Turonien est érodé au même titre que le
les captages artificiels (drains - rhettaras - Crétacé supérieur. Le Sénonien est très irrégulière-
pompages). ment réparti en raison de l'érosion tertiaire ; essentiel-
lement marneux avec quelques intercalations calcaires,
On présentera successivement les nappes profon- il s'avère de peu d'attrait.
des puis la nappe phréatique ; les éléments de bilan du D'une manière générale les aquifères profonds
système aquifère seront ensuite abordés en exposant sont mal connus en nature et en extension, mais de
les résultats obtenus sur des modèles de simulation. nombreux niveaux perméables et imperméables alter-
Enfin, l'aménagement de la plaine du Souss qui nent verticalement et s'anastomosent plus ou moins
dépend d'une exploitation intensive des réserves de la loin dans le sens horizontal. La structure de ce
nappe sera traité au chapitre « aménagement des remplissage est complexe et il est délicat de définir un
eaux ». plancher étanche des nappes profondes. Les quelques
transmissivités mesurées sont de 2.10-4 m2/s (Turo-
LES NAPPES PROFONDES nien, forage 2946/70) ou en général inférieures à
Les études de ces nappes ont été abordées par cette valeur.
géophysique (électrique et sismique) et 25 forages
hydrogéologiques profonds (1949 à 1957). Deux
130 140 150 160 170 180 190 200 210 220 230 240
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ESQUISSE HYDROGEOLOGIQUE
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Levées géologiques du Haut-Atlas par R. Ambroggi
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de l'Anti-Atlas par R.Ambroggi et G. Choubert I
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Fig. 79
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dans la plaine du Souss, et de Mai à Juin 1968
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Devonien, Silurien, Ordovicien, Acadien Exécution des relevés par la Division des Ressources
330 Supérieur en Eau de la Direction de l'Hdraulique
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Fig. 80
VALLEE DU SOUSS 187
Hydrogéologie des nappes profondes che n'intéressant que la nappe libre, dès que l'on s'est
aperçu que les aquifères profonds jouaient un rôle
On ne peut tenter une synthèse qu'en admettant négligeable. Il est à noter enfin que tous les forages
que le système des nappes profondes est homogène en réalisés à ce jour dans les aquifères profonds ne
grand. Moyennant cette simplification, une esquisse de produisent que de très faibles débits unitaires.
carte piézométrique a été dressée (fig.79) permettant
de montrer que l'écoulement s'effectue d'E en W avec LA NAPPE LIBRE
un gradient de pente décroissant, mais toujours faible
(0,6 % dans le secteur d'Ouled-Teima où il est le plus Une nappe libre généralisée existe dans la plaine
sûrement déterminable). On notera encore que les du Souss.
pressions dans le Turonien semblent généralement
supérieures à celles dans le remplissage sus-jacent. Réservoirs
Cinq types lithologiques de réservoirs peuvent
Les alimentations des nappes profondes provien- être individualisés, communiquant entre eux. Ce sont :
nent de déversements et abouchements avec les nappes
des montagnes bordières, d'infiltrations (oueds) sur les • la « formation du Souss » : formations continenta-
bordures où nappes profonde et superficielle sont les et fluvio-lacustres (conglomérats - mamo-calcai-
confondues et vraisemblablement d'apports verticaux res - argiles - grès) d'âge pliocène ;
par drainance à partir de la nappe libre, en particulier • le l i t fossile du Souss : formations graveleuses du
sur les bordures et au centre-est de la plaine. Les Quaternaire ;
exutoires sont constitués par l'Océan, les captages par • les calcaires pliocènes du Souss aval ;
forages ( 1 3 1/s en 1973) et probablement une • les grès et sables marins et côtiers du Moghrébien ;
drainance vers la nappe libre dans l'W de la plaine. • les divers affleurements de terrains anciens dans la
plaine : Cambrien, Crétacé et Eocène notamment.
Trois secteurs d'artésianisme jaillissant ont été
mis en évidence jusqu'à présent : Ouled-Teima, El- La formation du Souss. Elle comprend essentiel-
Gounna et El-Kléa, avec des pressions assez faibles lement une matrice marno-calcaire indurée et terreuse,
( + 0,1 à + 24 m selon les niveaux). Les fluctuations parfois riche en galets, parfois plus ou moins calcaire
piézométriques observées sur certains forages de la ou argileuse, souvent fissurée. Dans cette formation
zone aval présentent des mouvements annuels et d'aspect homogène, la géophysique électrique permet
interannuels. de différencier des niveaux résistants et conducteurs
qui s'anastomosent les uns les autres dans l'espace et
Les eaux des couches profondes (Turonien et
sert de guide pour l'implantation des captages par puits
Pliocène) sont récentes car elles contiennent toutes du
et forages. Cette formation est très répandue dans la
Tritium, soit quelques décennies au plus. Elles sont
plaine, avec des caractéristiques différentes. Au centre,
peu chargées (0,4 à 1,3 g/1 de résidu sec à 1 80°C), de zone aval exceptée, dominent les marnes avec
faciès bicarbonaté en général ; les teneurs en sels sont nombreuses intercalations graveleuses ; la transmissi-
voisines de celles de la nappe libre. Les températures vité est bonne, T = 1,5.10-2 m2/s, l'emmagasine-
des eaux (25 à 31°C) sont plus élevées que dans la ment valant 3.10-2. Sur la bordure nord, par suite de
nappe libre (22 à 23°C). la subsidence, l'épaisseur dépasse 200 m de terrains de
Un calcul d'écoulement horizontal des nappes plus en plus argileux d'E en W. Sur les bordures en
profondes vers l'ouest dans le secteur d'Ouled-Teima a général, les débouchés des oueds de montagne
été effectué en retenant une transmissivité totale de la comportent des cônes alluviaux graveleux épais, sauf
tranche des aquifères entre 2,5 et 8,3 10-3 m2/s, celui de l'oued Issen qui est argileux (bassin dans les
valeurs considérées comme maximales, pour un front argiles triasiques) ; le cône alluvial du Souss à l'E est
de nappe N-S de 25 km de long. Le débit gagnant le plus développé (400 m d'épaisseur de formations
1'Océan par les nappes profondes serait alors de 0,4 à graveleuses). Les formations de bordure sont de
1,3 m3/s, celui gagnant les Chtouka vers le SE étant mauvais aquifères (T entre 7.10-3 et 8.10-4 m2/s,
de l'ordre de 10l/s. S = 8 . 1 0 - 3 à 4 . 1 0 - 2 ) à l'exception des cônes
alluviaux.
En conclusion, les nappes profondes qui suscitè-
rent longtemps l'intérêt car elles auguraient l'existence Les lits fossiles du Souss et de ses affluents. Les
d'une ressource en eau supplémentaire non encore sédiments sont en majorité détritiques grossiers
exploitée dans le Souss, se révèlent à l'analyse trop (galets, graviers, sables) mais on rencontre parfois des
pauvres pour répondre à cette attente, bien qu'encore intercalations argileuses. Ces lits anciens, en général
mal connues. sous-jacents aux lits actuels, sont remarquablement
individualisés au sein de la formation du Souss qui les
Les études du système par simulations, initiale- encaisse. Le volume dès alluvions aquifères résistantes
ment conduites sur des modèles multicouches, ont des lits fossiles a été cubé à 3,8 milliards de m3 grâce
finalement été poursuivies sur des modèles monocou- à des profils géophysiques très serrés (C.A.G., 1970) ;
188 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
ce volume se répartit d'E en W à 1,4 milliards de m3 jaugeages, analyse de ces résultats), afin de rassembler
entre Aoulouz et Igli et 2,4 milliards de m3 entre Igli les éléments nécessaires à la confection de modèles de
et Ouled-Bou-Rbia, les l i t s fossiles étant secs ou simulation.
peu épais à l'aval d'Ouled-Bou-Rbia. Les transmissi-
Piézométrie. De nombreuses cartes partielles ou
vités sont toujours supérieures à 1,5.10-2 m2/s, avec
complètes ont été levées dans la plaine du Souss,
5.10-2 m2/s comme valeur moyenne. L'emmagasine-
notamment en 1952, 1962, 1963, 1968. En 1968,
ment mesuré (Theis) varie entre 1 .10-1 et 5.10-2.
2 relevés ont été effectués au printemps et en automne,
Les calcaires pliocènes du Souss aval. Localisé avec une base d'un puits au kilomètre carré et le
dans la zone axiale du secteur situé à l'W d'Ouled- nivellement de 1 puits sur 3 ; ces documents tiennent
Teima, cet aquifère correspond aux dépôts d'un ancien compte des niveaux d'eau mesurés dans les forages des
lac : calcaires avec intercalations marneuses ou bordures de la plaine exécutés juste avant les relevés.
conglomératiques et passe latéralement vers l'E à des La figure 80 présente le document synthétique.
marnes ou marnocalcaires. Les caractéristiques hy- L'écoulement s'effectue d'E en W, avec un
drauliques sont médiocres : transmissivité entre
gradient moyen de 5.10-3, assez régulier et présentant
2 . 1 0 - 4 et 6 . 1 0 - 3 ; emmagasinement (Theis) de
peu d'anomalies qui s'expliquent d'ailleurs facilement
4.10-2.
par des variations horizontales connues des transmis-
Les grès et sables côtiers du Moghrebien sivités. Plusieurs axes de drainage peuvent y être
(Villafranchien). Ils n'intéressent qu'un faible secteur notés, le plus important étant celui du Souss à l'aval
côtier autour d'Agadir. Souvent intercalés d'argiles, d'Ouled-Bou-Rbia.
ces sédiments ont une transmissivité de 2 . 1 0 - 2 à
2.10-3 m2/s en rive gauche de l'oued Souss et de Les profondeurs de la nappe varient selon les
7.10-2 m2/s près d'Agadir. secteurs. La nappe affleure dans le lit de l'oued Souss à
Ouled-Bou-Rbia puis, jusqu'à l'estuaire et toujours
Les affleurements anciens dans la plaine. Les dans le lit, elle est alternativement peu profonde
schistes cambro-ordoviciens de la bordure anti- (moins de 5 m) et affleurante. Entre Ouled-Bou-Rbia
atlasique affleurent également très localement au SE et Igli, la nappe est à moins de 10 mètres dans les
de la plaine et sont secs. Le Crétacé affleure largement alluvions de l'oued Souss ; entre Igli et Loulija
dans les cinq groupes de collines du flanc sud du apparaissent dans le lit des sources de débordement
synclinal crétacé, qui sont d'W en E : Haffaïa, Ouled- importantes, puis vers l'amont la nappe s'approfondit
Bou-Rbia, Aaricha, Sidi-Bou-Rja et Tagdrant. Les rapidement à plus de 20 mètres pour remonter à moins
calcaires du Turonien, karstifiés à l'affleurement, sont de 10 m juste à l'aval d'Aoulouz.
très transmissifs : 2 .10-1 m2/s à Haffaïa, 8.10-2 m2/
s à Ouled-Bou-Rbia, 5 . 1 0 - 2 m2/s à Sidi-Bou-Rja; De part et d'autre du lit du Souss, la nappe
ces qualités s'altèrent vers l' E et en profondeur où le s'approfondit régulièrement vers les bordures où elle
karst ne s'est pas développé (2,5.10-4 m2/s au forage dépasse parfois 100 mètres au niveau des piémonts.
profond 2946/70). L'emmagasinement est faible : 2 à Les courbes d'isoprofondeurs sont assez réguliè-
5.10-2. res dans l'ensemble, sauf en rive gauche dans le secteur
Dans l'ensemble, les données concernant l'aqui- d'Ouled-Teima, où des cônes très marqués caractéri-
sent les dépressions causées par les pompages
fère de la nappe libre sont assez complètes. Cepen-
agricoles intensifs dans une zone de mauvaise
dant, en dépit des nombreux résultats géophysiques, il
transmissivité.
est souvent malaisé de définir le mur imperméable de
cette nappe et par conséquent les perméabilités des Puissance aquifère et volume des réserves. On a déjà
différents aquifères. mentionné les difficultés rencontrées pour définir le
plancher imperméable de la nappe libre. Cependant,
Hydraulique de la nappe libre
grâce à la densité des travaux de géophysique
La nappe libre du Souss, très exploitée, totalise électrique et moyennant bon nombre d'extrapolations,
quelque 5000 puits et forages dont l'exécution il a été possible de chiffrer le volume des réserves à 50
progressive a permis d'aboutir à une bonne connais- milliards de m3, dont 8 milliards de m3 sont
sance hydrogéologique d'ensemble. Les travaux les considérés comme exploitables par pompages.
plus récents, effectués dans le cadre des études d'un La puissance aquifère est toujours très impor-
plan directeur d'aménagement (Projet Souss) ont porté tante, de l'ordre d'une centaine de mètres en moyenne.
sur la définition des conditions aux limites de la plaine
(forages sur les bordures), sur la mesure des Fluctuations piézométriques. Le réseau de contrôle
paramètres hydrauliques de l'aquifère : transmissivités piézométrique de la plaine du Souss comprend une
( 1 1 0 valeurs disponibles en fin 1972) et emmagasine- centaine de piézomètres mis en place progressivement
ments (40 valeurs disponibles en fin 1972), et sur les, depuis 1941 ; on notera que le réseau est dense au
entrées et sorties d'eau dans l'aquifère (enquêtes, centre de la vallée et très lâche sur les bordures.
VALLEE DU SOUSS 189
Les fluctuations annuelles sont marquées par une crues qui rappelons-le se manifestent en moyenne un
vidange du printemps à l'automne et une brusque mois par an mais rechargent la nappe dans le secteur
montée lors de l'infiltration des crues ; dans l'ensem- amont de la plaine (E de Taroudant) car à l'W les lits
ble ces phénomènes sont synchrones et homogènes des oueds sont colmatés. Pour donner une idée du
partout, se développant rapidement à partir des lits de pouvoir absorbant des fonds d'oueds, on peut dire que
l'oued Souss et de ses affluents. Les variations tout débit de l'oued Souss inférieur à 20 m3/s à
annuelles de niveau sont comprises entre 1 et 3 m. Aoulouz est infiltré avant Taroudant. Faute de
connaître les apports des affluents du Souss (ceux de la
Les fluctuations pluriannuelles traduisent l'irré- rive droite amont surtout), on n'a jamais pu chiffrer le
gularité de l'alimentation de la nappe, phénomènes volume de ces infiltrations en dépit de multiples
perturbés par l'accroissement régulier des pompages analyses directes (jaugeages en cascade systématique)
depuis 30 ans, surtout à l'aval de la plaine. L'étude ou indirectes (fluctuations piézométriques - mesures
statistique des fluctuations depuis 40 ans montre que de diffusivité, etc.) en raison de l'existence de facteurs
les séries consécutives d'années humides ne dépassent parasites liés aux prises et rejets incontrôlables de
par 3, contre 6 pour les années sèches. Dans nombreuses séguias d'irrigation. On verra ci-après
l'ensemble, le niveau moyen de la nappe n'a guère qu'un chiffre a été avancé grâce aux études par
changé depuis 1940, excepté dans le secteur des simulation.
pompages d'Ouled-Teima où des baisses pouvant
dépasser dix mètres en certains secteurs peuvent être On peut encore rattacher aux infiltrations à partir
enregistrées. des oueds les infiltrations d'excédents d'eaux d'irriga-
Des études statistiques poussées ont été effec- tion épandues toute l'année aux débouchés des oueds
tuées sur le réseau piézométrique du Souss afin d'en de la montagne dans la plaine, mais aussi en crue aux
réduire l'importance tout en ne perdant pas d'informa- mêmes débouchés et dans la plaine grâce aux séguias
tion. On a obtenu des historiques reconstitués des de crues.
niveaux des piézomètres du réseau à partir de Viennent ensuite les alimentations par les
corrélations avec 5 piézomètres de base ; pour demeu- bordures montagneuses par abouchement aux aqui-
rer dans une limite de précision satisfaisante (moins de fères montagneux. Ces alimentations sont faibles par
2 mètres partout), il semble souhaitable de réduire le rapport aux précédentes, de 200 1/s sur la bordure
réseau de 92 à 25 piézomètres. nord, évaluées à 320 l/s sur la bordure est (sous-
écoulement à Aoulouz) et à 1000 1/s sur la bordure
Hydrochimie de la nappe libre sud. L'infiltration de la pluie tombée sur la plaine elle-
même a toujours été considérée comme très faible.
Plus de 2000 analyses chimiques et de très
nombreuses mesures de conductivité ont permis de Exutoires
dresser des cartes détaillées de la chimie de l'eau. Les Les émergences apparaissant dans le lit de l'oued
concentrations en sels totaux sont généralement Souss entre Igli et l'Océan constituent le principal
inférieures à 1,3 g/1 ; la seule exception concerne la exutoire naturel de la nappe libre. Ces émergences
rive droite aval du Souss (secteur de l'oued Issen) où étant très utilisées toute l'année pour l'irrigation grâce
les sols triasiques salés amenés par les affluents à des séguias de prise, il n'est pas facile d'estimer leur
atlasiques provoquent une détérioration de la qualité débit naturel total car les débits non captés et les
des eaux (jusqu'à 4 grammes/litre de sels totaux). excédents d'irrigation, importants en général (de
De façon schématique, les eaux sont moins l'ordre de 30 à 50 % du débit épandu) se réinfiltrent
chargées en amont de la plaine (moins de 0,6 g/1 en pour réapparaître aux émergences plus aval. La somme
amont de Taroudant) qu'en aval, et au centre que sur des débits des émergences pour la période 1967-70
les bordures. ressort à 8,8 m3/s bruts (parts recyclées non détermi-
nées) grâce à des interprétations de courbes de
Les eaux sont en général bicarbonatées calcoma- tarissements.
gnésiennes et prennent un faciès chloruré vers l'aval.
Les prélèvements artificiels de toutes sortes :
Toutes les eaux de la plaine du Souss sont captages des écoulements des oueds et des sources,
bonnes, excepté dans le secteur aval en rive droite de drains, rhettaras, pompages, constituent des exutoires
l'oued Souss. dont les débits ont pu être analysés grâce à de longues
séries de mesures.
Alimentation de la nappe
Les séguias, au nombre de 150 environ, sont des
Elle s'effectue de plusieurs manières, non équiva- canaux creusés dans le sol, non revêtus, servant à
lentes du point de vue des apports. transporter l'eau depuis une prise en rivière ou un
La plus importante est l'infiltration directe des captage vers un périmètre d'irrigation. Il existe des
eaux des oueds. Il s'agit essentiellement des eaux de
190 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
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LIMITE DE LA PLAINE DU SOUSS
contenter car la carte de référence n'est qu'une outre la loi d'alimentation a été bornée : au-dessous
reconstitution, les mesures de potentiel sur le modèle de 3 m3/s d'apports moyens annuels à Aoulouz, la
sont entachées d'erreur et des généralisations ont été nappe n'est pratiquement pas alimentée ; les apports
introduites dans le champ des transmissivités pour la moyens annuels supérieurs à 8 m3/s à Aoulouz ne
construction du modèle. profitent pas à la nappe (fortes crues fugaces n'ayant
pas le temps de s'infiltrer).
Lors du calage du modèle en régime permanent,
des compléments d'étude ont été effectués sur des Puis les sorties du système ont été simulées :
modèles mathématiques, conduisant à quelques modi- drains, débits de fuite souterrains à la mer, drainage
fications de transmissivités et surtout à la suppression par l'oued Souss aval et résurgences du Souss amont
de toutes références aux nappes profondes dont il a été dépendent surtout du niveau de la nappe et donc des
prouvé qu'elles jouaient un rôle négligeable dans variations d'alimentation. Les pompages ont été
l'ensemble du système. groupés par mailles et simulés en fonction d'une
courbe historique des volumes exhaurés. On ne prend
Régime transitoire en compte dans les prélèvements pour irrigation que la
Le calage en régime transitoire s'effectue par fraction du débit prélevé qui est réellement consom-
rapport à la situation du régime permanent qui sert de mée, puisque le solde se réinfiltre ; ces fractions sont
référence. de 63 % pour les périmètres modernes et 48 % pour
les périmètres traditionnels.
En première phase, on a simulé la variation de
l'alimentation annuelle de la nappe entre 1940 et 1968
en fonction des apports moyens de l'oued Souss à Les variations de potentiel causées par les sorties
Aoulouz. Pour les extrapolations vers le futur, on a du système ont été comparées aux hydrogrammes des
admis une variation semblable, liée à la pluviosité. Ce puits témoins et les correspondances sont satisfaisan-
choix est certes critiquable (Margat, 1972) et l'on tes en fin de calage. Notons pour terminer que pour
aurait pu se baser sur une indexation des niveaux aboutir à des calages corrects, l'emmagasinement
piézométriques passés ; de toutes façons, le modèle mesuré par pompages d'essai à dû être systématique-
utilisant un pas de temps pluriannuel de 5 années, la ment multiplié par deux sur le modèle, demeurant dans
loi d'apport n'avait pas besoin d'être très fine. En des valeurs très plausibles.
192 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Tableau 33
BILAN ANNUEL MOYEN DE LAQUIFERE DE LA PLAINE DU SOUSS AVEC DES APPORTS ET DES
POMPAGES AU NIVEAU DE CEUX DE VANNEE 1969-1970
Volumes en 10 6 m3/an Bilans partiels Bilan
Total
Amont Aval
Entrées
- Infiltrations dans le lit du Souss 80 - 80
- Infiltrations directes de bordure 6 8 14
- Infiltrations sur les périmètres irrigués de bordure
des affluents du Souss 44 22 66
- Infiltrations des apports dans la plaine 10 20 30
- Infiltrations des eaux de surface sur les périmètres
irrigués en bordure de l'oued Souss 22 15 37
- Transfert d'eau souterraine de l'amont vers l'aval
(non pris en compte dans le bilan total)
- 55 -
TOTAL 162 120 227
Sorties
- Débit net consommé des sources 95 62 157
(consommation de l'agriculture) (77) (23) -
(écoulement de surface) (18) (39) -
- Débit net consommé des pompages 12 98 110
- Transfert d'eau souterraine de l'amont vers
l'aval (non pris en compte dans le bilan total) 55 - -
- Ecoulement souterrain à l'aval - 20 20
TOTAL 162 180 287
Solde : variation de réserve 0 - 60 - 60
Résultats du calage du modèle, bilan hydraulique du naturel à Aït-Melloul est inférieur à 250 millions de
système m3, ce qui exclut d'envisager une mobilisation
Le modèle est un excellent outil pour juger de la supplémentaire d'eau de surface sans construire des
cohérence des données hydrogéologiques d'un système barrages réservoirs.
aquifère et le produit de son calage est le bilan L'aquifère de la plaine du Souss est surexploité,
synthétique. Le modèle analogique ayant montré que mais ses réserves (de l'ordre de 50 milliards de m3)
les secteurs du Souss limités N-S au niveau de sont énormes par rapport aux besoins en eau (290
Taraudant réagissent de façon indépendante, on millions de m3/an). Le rythme de surexploitation ne
distingue un secteur amont et un secteur aval. pouvant que s'accroître, les simulations sur le modèle
ont montré que les sources et drains traditionnels se
Ainsi (tableau 33) le bilan de l'aquifère du Souss tariront dans les prochaines années, éliminant le
ressort-il au taux actuel des pompages comme secteur traditionnel de l'agriculture et posant le
déficitaire de 60.10 6 m3/an en moyenne, volume problème de la création d'emplois de substitution pour
prélevé sur les réserves au prix d'un déséquilibre des cette population. Par contre si la surexploitation se
niveaux (baisses piézométriques du secteur aval rive l'aquifère s'avère économiquement possible pendant
gauche) et baisse des débits des séguias pérennes plusieurs décennies, on peut penser étendre de cette
traditionnelles (ces baisses de débits ne sont pas manière les surfaces irriguées et reconvertir le secteur
perceptibles sur les mesures de débits des sources en traditionnel sans investissement important (barrage
raison de la superposition de plusieurs facteurs : d'accumulation et canaux de transport d'eau), tout en
alimentation en général et réinfiltrations). Tableau 33 développant l'agriculture de la région. Ce sont ces
L'exploitation actuelle des ressources en eau du hypothèses qui ont fait l'objet des simulations
bassin du Souss au niveau de la plaine est résumée sur d'exploitation du modèle analogique.
la figure 82 où les deux unités hydrogéologiques
amont et aval ont été distinguées. On déduit de cette Exploitation du modèle analogique pour des études de
figure que sur un apport moyen annuel de 680 millions surexploitation du réservoir souterrain
de m3 (460 en amont et 220 en aval), 450 millions
sont perdus à la mer (420 en eau de surface et 30 en Le problème posé consiste à rechercher la gestion
eau souterraine), soit 68 % ; la faible régularisation optimale de la nappe conduisant à la maîtrise de l'eau
du bassin (32 %) s'explique par la grande irrégularité par pompage, comportant une phase de résorption du
des apports qui sont de ce fait difficiles à maîtriser. déséquilibre à plus ou moins long terme grâce à des
Quinze années sur 100, les apports sont inférieurs au suralimentations artificielles. Ce problème conduit à
volume d'eau de surface mobilisé par le seul secteur rechercher une optimisation par itération dans laquelle
traditionnel et 40 années sur 100, le débit de surface interviennent successivement le modèle analogique et
un modèle d'optimisation économique ; on s'intéres-
VALLEE DU SOUSS 193
FUITES AVAL
AQUIFERE
SOUTERRAINES
Aménagement des eaux
55
LE PLAN DIRECTEUR D'AMENAGEMENT DE LA
UNITE HYDROLOGIQUE AVAL
PLAINE DU SOUSS
PERTES A LA MER EN
APPORTS MOYENS
220
EAU DE SURFACE L'essentiel de ce qui suit est extrait du rapport SCET
FUITES AMONT EN
CONSOMMATION 420 International (1973)
EN EAU DONT : 130 SOUSS
EAU DE SURFACE
265 150 A AOULOUZ
- 90 ISSEN
Les objectifs
- 155 BASSINS
FUITES AMONT INTERMEDIAIRES Avec 50 000 ha irrigués mobilisant 550 millions
AQUIFERE
SOUTERRAINES
55
- 55 SOURCES
de m3/an avec une efficience moyenne de 53 %,
PRELEVEMENT PERTES A LA MER
SOUTERRAINES
l'agriculture du Souss surexploite de 60 millions de
SUR LES RESERVES
60
30 m3/an les ressources souterraines. Sur 290 millions
de m3/an définitivement consommés, 230 seulement
se renouvellent en moyenne (fig. 82).
Deux barrages sont techniquement réalisables sur
les oueds Souss et Issen, susceptibles de régulariser un
Fig. 82 — Bilan d'eau global de la plaine du Souss. maximum de 170 millions de m3/an, ce qui fixe à
l'équilibre l'objectif des consommations supplémen-
taires à 1 1 0 millions de m3/an ( 1 7 0 moins les 60
surexploités dans la nappe) et permet de déterminer le
sera ici au rôle du modèle analogique, les problèmes
potentiel final de la plaine : 400 millions de m3/an
économiques étant développés lors des choix relatifs
consommés. A raison de 8 000 m3/an/ha et pour une
au plan d'aménagement des eaux.
efficience moyenne de 70 %, l'objectif final du plan
Un premier test sur le modèle analogique a directeur peut viser au mieux 70 000 ha irrigués
consisté à projeter dans l'avenir la situation actuelle consommant 5600 m3/an/ha.
sans intervention nouvelle. Il est apparu que la moitié Ces chiffres fournissent la limite de l'agriculture
des émergences aval et le drain de Freija tariraient à irriguée dans le Souss : 17 % de la superficie de la
50 % entre 1 980 et 1 988. Mais on sait que l'irrigation plaine et 30 % des sols irrigables. Ceci impose à
progresse actuellement de quelque 1 500 ha par an et l'agriculture irriguée de se fixer des objectifs de
que ce phénomène n'ayant aucune raison de cesser, ne valorisation de l'eau qui doivent être au maximum
peut que rapprocher l'échéance du tarissement. technique et qu'il faut atteindre très rapidement
Plusieurs séries de tests ont porté alors sur des compte tenu de la croissance de la population.
extensions irriguées de 24 000 ha (soit une surexploi- En fin de compte, les objectifs du plan directeur
tation de 180.10.6 m3/an, chiffre choisi par un calcul sont : multiplier les superficies irriguées par 1,4 et
d'optimisation approché) dans diverses circonstances
augmenter la productivité de l'agriculture en multi-
de localisation et d'emploi ; les débits gravitaires
pliant l'efficience d'irrigation par 1,3 et la valorisation
seraient alors taris à plus de 50 % en 1 980, ce qui fixe
du m3 d'eau consommé par 1,52 (soit passer d'une
la date limite d'intervention sur les secteurs tradition-
nels. Puis on a dans les tests suivants, remplacé valorisation moyenne de 0,35 DH actuelle à 0,54 DH.
progressivement les débits gravitaires taris par des le secteur moderne dépassant actuellement ce chiffre).
débits de pompages en recherchant l'état de la nappe Les choix
vers 2 000, ce qui permet d'obtenir les coûts des
pompages. Sur l'augmentation prévue de la valeur ajoutée, la
mobilisation de ressources en eau nouvelles n'inter-
Une fois ces données acquises, un nouveau calcul vient que pour 33 %. Actuellement, la mobilisation
d'optimisation économique a permis de faire intervenir
194 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
de l'eau est globalement très poussée en référence aux Une carte des contraintes hydrogéologiques au
conditions climatiques et les volumes disponibles niveau de l'exploitation a été dressée, indiquant la
seront les plus chers à mobiliser (barrages et ouvrages profondeur des principaux horizons perméables et la
de transfert). profondeur de l'eau sous le sol en 1968. A partir de ce
document et de la carte des transmissivités, on a
Dans une optique purement économique, l'eau délimité 2 familles de zones :
souterraine étant beaucoup moins chère que l'eau des
barrages, il faut, puisque ceci est techniquement - la première à transmissivité inférieure à 5.10-3 m2/
possible, surexploiter les réserves souterraines au-delà s où seuls des captages à débits spécifiques réduits (1 à
des ressources renouvelables, temporairement (30 à 40 2 1/s) sont possibles, ce qui exclut les pompages
ans), puis prévoir un retour progressif ultérieur à agricoles ;
l'équilibre grâce à la construction de barrages dont la
fonction essentielle serait de suralimenter la nappe - la seconde à transmissivité supérieure à 5.10-3 m2/
(barrage écrêteur de crues). s peut être subdivisée, selon la présence ou non d'une
ou plusieurs couches de bonnes perméabilités entre 50
Une autre possibilité, moins économique, mais et 150 m de profondeur.
illustrant une politique volontariste acceptant des taux
de rentabilité inférieurs à 10 % l'an, consiste à Les coûts de l'eau souterraine ont fait l'objet
exécuter parallèlement une mobilisation des ressources d'études en fonction du débit, du type d'ouvrage
les moins chères (surexploitation de la nappe) et nécessaire, du mode et de la hauteur manométrique du
l'édification des ouvrages lourds (barrages et canaux). pompage et on y a associé les coûts de transferts
éventuels depuis des zones à bonne transmissivité vers
Entre ces deux alternatives extrêmes qui ont fait des zones moins favorables. Le coût actualisé des eaux
l'objet d'examens détaillés, existent des solutions souterraines est toujours inférieur à celui des eaux de
intermédiaires constituant des compromis entre l'éco- surface rendues sur les lieux d'utilisation.
nomique et le politique, solutions qui ne manquent pas
d'intérêt. Facteurs socio-économiques
Mode d'action possibles sur l'appareil de production Secteur traditionnel ; L'abaissement spontané ou
programmé de la nappe va entraîner le tarissement des
Les eaux séguias et l'on peut envisager indépendamment ou
Eaux de surface : Plusieurs sites de barrages existent successivement : soit le remplacement du débit actuel
sur l'oued Souss en amont de la plaine. Le plus sans modification des assolements et de la structure
favorable est celui de Tarhzout (cf. chapitre Anti- foncière actuels, soit le remplacement avec orientation
Atlas) pour lequel les volumes régularisés varient vers une agriculture plus moderne nécessitant un
entre 83 et 125 millions de m3 pour un coût au m3 accroissement des débits et un encadrement important.
régularisé compris entre 0,95 et 1,42 DH. Les améliorations agricoles devraient tendre vers
des assolements céréaliers fourragers avec élevage en
Sur l'oued Issen (cf. chapitre Haut Atlas complément et maintien des oliviers susceptibles d'une
occidental), le site le plus favorable est Tamzaourt valeur ajoutée intéressante, qu'il semble possible
régularisant entre 60 et 8 8 . 1 0 6 m3/an pour un coût d'obtenir dans un délai de 10 ans.
au m3 régularisé compris entre 0,90 et 1,60 DH.
L'utilisation de ce site est hypothéquée pour l'alimen- Les interventions de l'Etat porteront dans le
tation en eau potable future du « grand Agadir » et secteur traditionnel sur une politique de crédit et de
pour le soutien de l'irrigation de 5 000 ha d'agrumes vulgarisation agricole ou bien consisteront en une
plantés dans le secteur aval de la plaine (Ouled- intervention directe au titre de maître-d'œuvre.
Teima) et qui manqueront d'eau dans les prochaines
Secteur moderne et extensions : La baisse future du
années lorsque les arbres atteindront l'âge adulte.
niveau de la nappe entraînant un accroissement du
Sur les autres affluents de l'oued Souss, aucun coût de l'eau exhaurée actuellement par puits et
site propre à constituer une retenue assez vaste forages, aura des répercussions sur l'actuel secteur
n'existe. moderne où l'on ne se préoccupe guère d'économiser
l'eau.
Eaux souterraines : La mobilisation par puits et
forages s'impose techniquement et économiquement Dans le secteur d'Ouled-Teima où la nappe
afin d'aboutir à la maîtrise totale de l'eau actuellement baisse depuis 10 ans et atteint en 1973 quelque 50 m
aléatoire pour 62 % des volumes utilisés par séguias de profondeur, on ne peut, faute de niveau perméable
et d'éliminer au maximum les pertes consécutives aux profond, espérer maintenir les débits exhaurés à leur
transports, pertes qui grèvent les coûts. Ceci se niveau actuel. Les besoins futurs du secteur devant
traduira par l'équipement en stations de pompage de croître avec l'arrivée progressive à maturité de
près de 50 000 ha. plantations d'agrumes récentes, il faut absolument
VALLEE DU SOUSS 195
Tableau 34
Cas N° NOUVELLES SUPERFICIES DATE DE CREATION DES SOUTIEN DOULED-TEIMA
IRRIGUEES EN HECTARES BARRAGES (transfert)
1 ère Famille
Amont Aval oued Issen Aoulouz Pompage sur Lit fossile oued Issen
80 Mm3/an 95 Mm3/an place
II 10 000 10 000 1975
IV a 13 000 7 000 1981 Jusqu'en fin
transmission
IV b 13 000 7 000 1981 1975
V 10 000 5 000 1981 1990 1981
2 éme Famille
Tableau 35
Cas n° PRELEVEMENT ANNUEL SUR LES RESERVES EN millions de m3
1968 1984 2004
II 60 209 209
[V 60 1 15 115
V 60 141 12
VI 60 143 12
VII 60 210 50
apporter de l'extérieur l'eau nécessaire pour l'irriga- Les schémas de plans directeurs de développement de
tion de 5 000 ha avant 1980 afin de maintenir le la plaine
potentiel de ce secteur (eau transférée depuis le lit
fossile du Souss ou depuis un barrage sur l'oued Deux grandes familles de cas ont été étudiées
Issen). pour le développement de l'agriculture irriguée : la
première ne comportant aucun essai d'atténuation ou
Ailleurs et selon la localisation, l'abaissement de de résorption du déséquilibre de la nappe consécutif à
la nappe entraînera des diminutions du débit spéci- la surexploitation programmée jusqu'en 2004, la
fique des puits avec ou sans espoir d'y pallier par seconde comportant une atténuation ou résorption par
recours à des niveaux aquifères plus profonds grâce au la création d'un ou deux barrages sur le Souss et
surcreusement ou à la multiplication des puits ou l'Issen. Chaque famille comporte des variantes portant
forages. sur les superficies irriguées et le mode de résolution du
transfert d'eau sur la zone d'Ouled-Teima. Un tableau
Pour les extensions, il apparaît indispensable de récapitule ci-dessus les principales caractéristiques
créer un secteur public, afin d'imposer l'introduction des principaux cas étudiés (tabl. 35).
de spéculations agricoles nouvelles et de techniques
plus valables, susceptibles de servir d'entraînement à Quelques comparaisons de ces cas peuvent être
la rénovation du secteur traditionnel grâce à l'exemple effectuées. En ce qui concerne les prélèvements sur les
de la réussite. Plusieurs zones ont été sélectionnées en réserves de la nappe libre, ils seront au maximum de
recherchant une imbrication étroite avec le secteur 209.10 6 m3/an (cas I I ) représentant 6 milliards de
traditionnel tout en tenant compte des autres contrain- m3 en 30 ans et au minimum de 1,5.10 9 m3 (cas V).
tes : 30 000 ha ainsi sélectionnés serviront de fond à Les répercussions sur le niveau moyen de la
un choix. nappe (en mètres) pour de telles surexploitations
seront les suivantes :
Tableau 36
II - 17 - 11 -9 - 15
IV -7 - 11 - 10 - 16
V -6 -7 -9 - 14
VII -6 - 11 -9 - 15
196 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
S
sur modèle analogique) US
III V 30
SO
IX
X ED
OU
400 XI 30
400
XII IGLI
20
10
30
A
SOUSS TAROUDANT FREIJA
AGADIR
30
OUED
20
40
S
C
A
10
10
20
L
BIOUGRA T
A
I
D T
N
350 A 350
20 Isobattements en mètres
E 0 10 20 30 40 50 km
LIMITE DE LA PLAINE DU SOUSS
Fig. 83
On peut obtenir des données plus significatives qu'ouvrage d'accumulation pur, il ne peut irriguer que
en tenant compte des emplacement des périmètres 1 1 200 ha (dont 7 000 ha nouveaux) dans la haute
(traditionnels à rénover et nouveaux à créer). Pour ne plaine où les conditions climatiques plus sévères
pas entrer dans le détail de telle décompositions, on interdisent les spéculations rémunératrices (maraî-
dira que la part des surfaces au droit des périmètres où chage-verger). En tant qu'ouvrage destiné à la
la profondeur de l'eau sous le sol sera supérieure à 50 suralimentation de la nappe (barrage écrêteur de crues)
m en 2004 est de l'ordre de 50 % en aval de l'ouvrage, situé très à l'amont du système ne permet
Taroudant et inférieure à 10 % en zone amont de qu'une lente propagation des recharges qui n'attei-
Taroudant dans le cas du schéma n° II (surexploitation gnent que lentement les zones productives et il ne peut
sans barrage jusqu'en 2004) (voir fig. 83). être d'aucun secours pour les zones menacées de l'aval
de la plaine.
Analyse économique des différents schémas
On relève encore que les performances écono-
L'analyse économique détaillée des différents miques des divers schémas sont peu sensibles aux
schémas de plan directeur montre que les coûts, même répartitions géographiques des extensions prévues (le
actualisés, des opérations de transfert d'eau et de champ des possibilités étant restreint) mais par contre
construction de barrages pèsent très lourd dans les très sensibles aux interventions de transferts d'eau du
bilans et doivent être compensés par des mises en réservoir d'un secteur vers un autre, s ' i l s sont
valeurs rapides fondées sur des spéculations agricoles importants, car ceux-ci provoquent des effets secon-
très productives afin de compenser leur effet négatif. daires de remontées de nappe ayant une incidence
Ainsi, le transfert d'eau 'important nécessaire pour directe sur le coût de l'eau pompée.
sauvegarder le verger menacé d'Ouled-Teima (5 000
ha en production) a des effets positifs, même si La comparaison des performances économiques des
l'opération nécessite la construction d'un barrage sur divers schémas est présentée dans le tableau 37 ci-
l'oued Issen. après dans l'ordre décroissant du bénéfice actualisé
Par contre le barrage près d'Aoulouz sur le haut total. Bl correspond au cas qui prend en compte les
Souss a des effets économiques très pénalisants s'il est seules valeurs ajoutées additionnelles, B2 à celui qui
construit à court terme (cas IV et VI) qui s'atténuent à compte en accroissement la totalité de la valeur ajoutée
moyen terme (cas n° V et VII). En effet, en tant du secteur traditionnel sauvegardé.
VALLEE DU SOUSS 197
Tableau 37
Superficies nouvel.
Aoulouz Taux de
Cas Transfert Issen Bl B2 irrig. après 1969
écrêteur rentabil.
Transfert Issen
II 1975 ■ - ■ - 30 124 >10 % 20 000 + 1200
VII 1975 1985 1995 16 114 20 000 + 6 250
V 1975 1980 1990 - 51 44 25 10 % 15 000 + 3 950
IV b ■ - 1990 1981 ■ - 69 20 000 + 1200
IV a ■ - 1990 1981 ■ -112 -18 <10% 20 000 - 2 000
VIa ■ - 1990 1981 115 ■ -21 15 000 + 4 250
Ce classement montre que l'ensemble des cas période, ils sont emportés par les premières crues
prévoyant un transfert vers Ouled-Teima dès le début survenant après leur construction. Les réseaux de
de la période de projection viennent en tête et que le séguias d'irrigation sont extrêmement complexes ; en
cas II (aucun barrage avant 2004) est nettement le plus bien des cas les mêmes canaux véhiculent, selon les
économique de tous. Des cas avec construction de époques, des eaux de crues ou des eaux pérennes. Les
barrages, ceux prévoyant l'édification sur l'Issen en prises sont « fusibles » et sont détruites si le débit
début de période viennent en tête ; entre le cas VII qui devient trop fort et risque par conséquent d'endomma-
prévoit un transfert vers Ouled-Teima en 1975 et le ger le réseau.
cas V qui ne le prévoit qu'en 1980, la baisse de
performance est importante. Les émergences de la nappe alluvionnaire dans le
l i t de l'oued Souss alimentent, on l ' a vu, de
Ces différents cas simulés sur le modèle nombreuses séguias pérennes. Le tracé des séguias est
analogique constituent des politiques possibles d'amé- extrêmement complexe et comporte de nombreuses
nagement différentes et les performances économiques anastomoses. Un régime ancestral, fort complexe et
comparées permettent de juger du coût de ces variant d'une séguia à l'autre, réglemente la distribu-
politiques. tion des eaux pour l'irrigation et l'entretien du
système.
Après examen de ces critères de choix, le
Royaume du Maroc a décidé d'exécuter les études de Aménagements modernes
factibilité d'une variante des cas n° II et VII combinés,
variante comportant la surexploitation telle que prévue La construction de barrages de crues a été
au cas II et la construction rapide du barrage sur souvent vouée à l'échec en montagne en raison de la
l'Issen (avant 1978) pour soutenir le secteur d'Ouled- violence des écoulements qui endommage ou détruit
Teima et créer des extensions à l'aval. Parallèlement, les ouvrages. En plaine les crues sont dérivées par des
les études de factibilité sur les secteurs de rénovation et ouvrages importants tels ceux de L'oued Ibourk et de
d'extension par pompages ont été poursuivies. Les l'oued Souss (pont et Taroudant). Le rendement de
premières réalisations devraient ainsi débuter en 1 975 ces ouvrages est faible. Cependant la construction d'un-
ou 1976. grand barrage de dérivation de crues à Aoulouz a été
envisagée.
Vers l'Anti-Atlas, il existe deux petits ouvrages
LES AMENAGEMENTS EXISTANTS EN 1974 de crues : les barrages sur l'oued Sdass et sur l'oued
Aouerga.
Eaux superficielles
L'aménagement le plus récent concerne le
Aménagements traditionnels périmètre d'épandage de crues du Bousriouil qui ne
Les eaux pérennes proviennent de la fonte des semble avoir fonctionné que peu de temps en raison de
neiges et de la vidange des nappes ; les premières crues destructrices.
coulent jusqu'en mai-juin, les autres que l'on ne trouve
guère qu'à Aoulouz, jusqu'aux crues d'automne. De
petits barrages en pierres et branchages, reconstruits Eaux souterraines
après chaque crue, dérivent ces eaux dans des séguias
qui desservent des périmètres irrigués situés sur les Ouvrages traditionnels
piémonts. Les puits traditionnels sont nombreux là où l'eau
Les eaux de crues sont difficiles à capter sauf en est peu profonde et lorsque le creusement des puits
période de « queues de crues » ; les petits ouvragés n'est pas découragé par la présence d'une dalle calcaire
provisoires ne fonctionnent que pendant une courte dure en surface du sol.
198 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Le dispositif (l'exhaure pour l'irrigation est se limitent au maraîchage, orienté vers l'exportation ;
constitué par une outre suspendue à des câbles les cultures traditionnelles : oliviers et céréales, sont
soutenus par des poulies et actionnés par traction en déclin.
animale ; c'est la « naora » ; il existe aussi quelques L'Etat a construit un certain nombre de stations
« norias » (roues à godets). de pompage destinées à revivifier d'anciennes séguias,
Au total on comptait en 1950 pour l'ensemble de ou à irriguer des terres vierges. L'économie réalisée
la vallée près de 4 000 naoras irrigant environ 3 000 par rapport à la construction des drains porte à la fois
hectares pour un débit total inférieur à 1 m3/s. sur l'utilisation de l'eau et sur les investissements
Quinze ans plus tard ce mode archaïque et peu rentable nécessaires. Au total on compte 18 stations de
n'était presque plus u t i l i s é ; environ 1 / 3 des puits pompage dont 9 en activité (Aaricha, Haffaia, Igli, Aït-
s'était équipé de petits groupes motopompes, le reste Yazza, Maghzenia, Qdacha, Oulad-Bou-Rbia 1 et 2,
étant abandonné. Certains puits creusés à la main Jihadia) qui débitent ensemble 1 m3/s environ pour
atteignent des profondeurs considérables vers les l'irrigation de 2 500 hectares, alors que la totalité des
piémonts, allant jusqu'à 100 m. stations en place représente un potentiel d'exhaure de
3 m3/s. Perspectives d'avenir
Les drains traditionnels ou rhettara sont des
ouvrages coûteux à construire et à entretenir. Beau- Le mode de mobilisation des eaux souterraines
coup de ces ouvrages sont abandonnés à la suite de par puits et forages va s'intensifier dans les années qui
leur tarissement ou de leur effondrement. La plupart viennent, conformément au plan de surexploitation de
des ouvrages de ce type en activité se trouvent dans la la nappe libre. On a montré que les puits sont toujours
région d'Aoulouz—Oulad-Berrehil ; il y en a une plus économiques, à débit égal, que les forages sauf
cinquantaine dont le débit total est de l'ordre de lorsque le débit est limité (15-20 1/s), ou la nappe
600 1/s ; les plus forts débits unitaires sont inférieurs à profonde. On dispose d'abaques fournissant les coûts
50 1/s. En années sèches les débits baissent substan- du m3 d'eau pompée rendu au niveau du sol en
tiellement. investissement et fonctionnement, en fonction du débit
et de la hauteur manométrique de refoulement.
Ouvrages modernes Drains modernes. - Outre le drain
des dunes à Agadir, un seul de ces ouvrages a été Dans l'avenir, par suite du tarissement des
réalisé, celui de Freija ; entreprise en 1937, la résurgences causé par la baisse de la nappe, les
construction s'est poursuivie avec des aléas divers dus irrigations traditionnelles par séguias pérennes et
à la guerre, jusqu'en 1951. L'ouvrage comprend une rhettara (ainsi que celles irriguées par le drain
tête morte de 1 800 m et une galerie dont la longueur moderne de Freija) disparaîtront et des pompages
totale est 2 965 mètres avec une pente de 0,5 1 0 - 3 prendront le relai. Ce relais interviendra dans moins
pour une section utile de 1,85 m2. A l'origine on de 10 ans, ce qui impose de décider des modifications
avait espéré que le débit serait de 2 m3/s ; en-fait le de structures socio-économiques à mettre en place.
débit est le plus souvent inférieur à 1 m3/s et va ALIMENTATION EN EAU POTABLE DES POPULA -
irriguer l'olivaie de Taroudant, 10 km à l'ouest. D'autres TIONS
ouvrages de ce type ont été étudiés en vue de leur
construction, à Aoulouz et Oulad-Bou-Rbia. En Agglomération urbaine d'Agadir
raison des coûts très élevés et des conditions moins Agadir a été d'abord ( 1 9 2 1 ) ravitaillée en eaux
favorables, ces projets ont été abandonnés. par les sources de Tildi puis par le drain des dunes,
ouvrage entrepris en 1932, repris en 1 939 puis 1949 ;
Stations de pompage. - Les stations de pompages la station de pompage pouvait débiter 90 1/s. Deux
particulières du secteur moderne sont actionnées par forages implantés à proximité et réalisés en 1950-51
des moteurs diesel ou électriques, ce dernier cas peuvent débiter chacun 40 1/s. Mais en raison de
tendant à devenir la règle générale. Le débit moyen l'interférence mutuelle de ces trois stations de
unitaire est de 70 à 80 m3/h; il est atteint par 60 % pompage, la capacité productrice de l'ensemble ne
des installations dont 35 % débitent plus de 100 m3/ dépasse pas 100 1/s. Ce débit étant insuffisant et la
h. Au total quelque 400 installations débitent environ qualité de l'eau médiocre ( 1 , 5 à 2 g/1 de résidu sec
5 m3/s/an. Le prix de l'eau est peu élevé, de l'ordre dont 1 g de chlorures), de nombreux sondages d'essai
de 5 à 6 centimes marocains le m3 exhauré. furent réalisés de 1 954 à 1965 afin de trouver des eaux
de bonne qualité pour Agadir avec un débit supplé-
Dans le secteur traditionnel, le nombre de petites mentaire de 150 à 200 1/s. Les meilleurs résultats ont
motopompes qui était estimé à 100 en 1953 dans les été obtenus sur la rive droite de l'oued Souss (100 1/s
Haouara, atteignait en 1 965 plus de 3 000 unités dans supplémentaires en 1963) puis sur la rive gauche où
l'ensemble de la vallée : la surface irriguée passait de 330 1/s sont exploités dans les grès dunaires entre le
3 000 à 10 000 hectares, avec des modules d'irrigation Souss et la mer (cf. chapitre : plaine des Chtouka). Ces
doubles ou triples des anciens. Les cultures intéressées
VALLEE DU SOUSS 199
eaux sont de bonne qualité chimique (moins de 0,6 g/1 Dans l'ensemble les habitants de la vallée
de résidu sec) et l'on a décidé de supprimer les apports n'éprouvent guère de difficultés à se procurer de l'eau
du drain des dunes, trop salés. d'alimentation, sauf en certaines zones des piémonts
où la profondeur de la nappe excède 70 mètres et où il
Une étude récente du problème d'alimentation en existe peu de puits. L'eau est en général excellente en
eau du « grand Agadir » comprenant la ville et sa ce qui concerne la composition chimique, mais elle
banlieue (COMTEC-SAFEGE pour OMS, 1 9 7 2 ) peut souvent contenir des organismes ou micro-
montre que l'agglomération qui comprenait 1 1 2 000 organismes pathogènes.
habitants en 1971 en comptera 144 000 en 1977 et
202 000 en 1985. Compte tenu du développement
touristique de cette région, les prévisions de besoins en
eau sont de 300 1/s en moyenne et 390 1/s en pointe
en 1977, 480 1/s en moyenne et 7 1 0 l/ s en pointe en CONCLUSIONS
1 985, alors que les disponibilités captées en 1972 sont La Plaine du Souss est soumise à un climat
de 400 1/s d'eau de bonne qualité. contrasté. La pluviosité et le régime des températures
Dès 1980, une nouvelle adduction de 300 1/s sont très irréguliers et handicapent l'agriculture. Les
devra être mise en service à partir : soit de la nappe eaux pérennes sont inexistantes, sauf en certaines
libre du Souss pompée cette fois très à l'E de la ville portions du lit de l'oued Souss ; certaines années les
(20 à 40 km), soit du barrage sur l'oued Issen qui sera eaux de crues sont très abondantes. L'infiltration de
alors achevé. La dernière solution qui impose de ces crues dans les alluvions représente le facteur
traiter les eaux et nécessite l'exécution d'une longue prédominant de recharge des nappes souterraines.
conduite est d'un coût très élevé. La chance de cette plaine est de posséder un
Taroudant puissant réservoir aquifère contenant quelque 50
milliards de m3 d'eau accumulés au cours des temps
Il existe dans la vallée de Taroudant de nombreux géologiques, volume considérable par rapport aux
puits d'alimentation mais ceux-ci sont souvent exploi- réserves renouvelables chaque année : en moyenne
tés dans de mauvaises conditions d'hygiène, ce qui 230 millions de m3.
explique les épidémies de typhoïde qu'on y observe.
En 1963 le réseau d'adduction à partir d'une station Les réserves renouvelables atteignant un taux de
de pompage située en bordure de la route de mobilisation très important grâce à des ouvrages
Marrakech et qui débite 500 m3/jour, n'alimentait traditionnels anciens auxquels se sont surimposés des
que 400 abonnés environ pour une population de pompages de plus en plus nombreux ayant déjà
15 000 habitants. En été, les coupures d'eau étaient introduit un déséquilibre dans le régime de la nappe en
fréquentes en raison de la faible capacité du réservoir. raison d'un prélèvement sur les réserves atteignant 60
C'est pourquoi une recherche d'eau souterraine a été millions de m3/an en 1970 et qui s'accroît régulière-
entreprise aux environs de la ville. ment. Dans ces conditions, toute rénovation ou
extension de l'agriculture dans le Souss est pratique-
Deux forages implantés au nord du l i t de l'oued ment sans impact économique si l'on se contente d'une
Souss, respectivement à 3 et 6 km à l'est de la ville, ont gestion conservatoire du réservoir et pire, il apparaît
fourni des débits de 60 1/s pour un rabattement de alors indispensable de consacrer des investissements
l'ordre de 5 mètres. Un seul de ces sondages suffit aux onéreux (barrages d'accumulation et d'écrêtement de
besoins de la ville, la mise en service du second crues) pour résorber les déficits actuels et futurs et
couvrant les besoins au-delà de 1985. Il n'y a aucun préserver le potentiel de production du secteur menacé
problème de ressource en eau souterraine pour d'Ouled-Teima.
desservir cette agglomération dans l'avenir.
Face à cette situation, il a été décidé, après des
études hydrogéologiques poussées synthétisées grâce à
Plaine du Souss un modèle de simulation analogique, de surexploiter
résolument les réserves du réservoir aquifère pendant
I1 existe des installations suffisantes à Inezgane une trentaine d'années, afin d'obtenir un rapide
(5 à 10 1/s) et à Aït-Melloul. A Oulad-Teima, le débit développement agricole fondé sur une riche produc-
du forage artésien est insuffisant à assumer les besoins tion, ces améliorations créant l'impact économique
de l'agglomération qui est en constante expansion ; en recherché pour le décollage de l'ensemble régional.
1 964 un forage a été réalisé dans le lit de l'oued Souss,
il a permis de prélever 26 1/s avec un rabattement de Les limites de la surexploitation et les principaux
1,45 m. La distance entre cet ouvrage et l'aggloméra- schémas d'aménagement possibles ont pu être fixés
tion est de 4 km environ ; on ne pourrait envisager de après des études par itérations successives utilisant
trouver un tel débit sur un ouvrage à une distance alternativement le modèle analogique de simulation du
moindre. réservoir et un modèle économique. Les grandes lignes
200 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
du plan directeur d'aménagement de la plaine du Souss modérées, moyennant des investissements modérés
sont désormais connues et conduiront rapidement à susceptibles de très bonnes rentabilités, se traduisant
70 000 hectares irrigués modernes grâce à la transfor- au niveau des populations par un très net accroisse-
mation du secteur traditionnel et à des extensions ment du niveau de vie.
REFERENCES
L'ouvrage de R. Dijon ( 1 9 6 9 ) faisant le point des études sur la plaine du Souss en 1965 contient une bibliographie
complète et exhaustive des travaux antérieurs à cette date. Dans la liste qui suit, seules les références de base antérieures à
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14 pp. DH/SE, 37 pp., 11 fig., 2 cartes annexes.
3.35.2
par
La plaine des Chtouka prolonge naturellement la située un peu plus au S, pourrait être constituée par la
plaine du Souss vers le SW ; c'est une plaine ondulée ligne de partage des eaux souterraines entre les
et sablonneuse, inclinée régulièrement d'E en W et qui écoulements vers l'oued Souss d'une part et vers
est caractérisée par une morphologie dunaire récente l'Océan d'autre part. Ainsi délimitée, la plaine des
(Quaternaire). Chtouka couvre quelque 1 500 km2 sur 45 km dans le
sens N-S et 35 km dans le sens E-W.
Les limites de cette plaine : l'océan Atlantique à
l'W, les affleurements des terrains primaires de l'Anti- L'aménagement en cours d'un périmètre mo-
Atlas à l ' E , l'oued Massa au S, sont nettes à derne de 20 000 hectares irrigués à partir des eaux du
l'exception de la limite nord avec la plaine du Souss. barrage sur l'oued Massa différencie désormais de
Par convention, on considère la route Biougra—El- façon nette la région des Chtouka et celle du Souss.
Kléa—Aït-Melloul comme une séparation entre plaine Auparavant, quelque 2 800 hectares étaient irrigués
du Souss et Chtouka, alors qu'une meilleure limite, dans les Chtouka à partir des eaux souterraines.
Climatologie
Six postes pluviométriques se situent sur le kilomètres à l ' E d'Agadir, sont considérées comme
pourtour des Chtouka, aucun ne se trouvant dans la douteuses par défaut.
plaine elle-même. Ces postes sont les suivants : Si la moyenne interannuelle de la pluie sur la
Tableau 38
plaine des Chtouka se situe autour de 200 mm/an, la
variabilité * annuelle s'avère très grande ( 5 6 à 60 %
Poste Altitude Moyenne pluviomctrique/annuelle
en plaine) et l'on ne peut escompter chaque année
(m) période 1933-63 (mm) qu'un minimum certain de 100 mm; dans ces
AGADIR 20 225 conditions, il n'est possible de pratiquer qu'une
ROKEIN 25 200
BIOUGRA 140 220 agriculture irriguée car l'agriculture en sec est très
AIT-BAHA 545 291 aléatoire.
ANEZI 500 257
TIZNIT 225 189 En ce qui concerne les températures et évapo-
transpirations, on se rapportera au poste d'Agadir (cf.
Les mesures du poste de Rokein, situé quelques Chapitre Plaine du Souss).
ED
OU
Rhéolites imperméables
10
380 GEORGIEN - ACADIEN 380
INEZGANE
AÏT MELLOUL Calcaires perméables
3502/70
20
25
30
9/69 Schistes imperméables
35
49/70
3501/70
55
40
9/69
40 5
Grès ou quartzites
75
50
60
4
55
80
85 50 Courbe isopiézomètrique et sa cote
4/69
3/69 2946/70 Courbe isopiézomètrique hypothétique
130
90
Ligne de partage des eaux souterraines
EL KLEA
95
3457/70 ! 0
10
Ligne de partage des eaux de surface
U E
370 1703/70
105 Forage sec et son numéro I.R.E. 370
110
13
120
115
0
659/69
A T
836/70 3345/70
4347/70 BIOUGRA
TIFNITE 3458/70
1303/70
OUED
AÏT MIMOUN 3302/70
10/69 15
14
360
0 AO
0
UE 360
RG
A
!
OU
ED
3123/70 TA
RA
TE
!
N
3459/70
A
E
3457/70
C
3503/70
O
350 350
11/69 3124/70
SK ELARBA
DES AÏT
BAHA
NTO
UGR
AR
ER !
IGH
12/69
16
0
17
340 0 340
19
10
ASSERSIF
90
5
11
5 TASSILA 0
18
0
12
0
DUARZEN DU JBEL
OU
13
80 0
ED
MINE !
10
13
12
11 0
15
10
140
0
0
75 0
0
15
IE
70
ILL ORDIVIC
65
25
330
19
330
20
0
A
30
TA NAL
60 50
80
70
60
CH
50
LI
NC
MA
SSA
SY
16
17 0
18
0
0
FORMATIONS EN CONTACT AVEC LE RESER- forages 2946/70 et 1703/70 montrent que les
VOIR AQUIFERE calcaires crétacés sont aquifères dans leur partie
supérieure. On peut émettre l'hypothèse que l'ensem-
Le réservoir aquifère, limité au sud par l'oued ble des calcaires crétacés fait encore partie du réservoir
Massa et quelques remontées de schistes acadiens, aquifère, le substratum imperméable étant représenté
s'abouche au nord avec la plaine du Souss, tandis qu'à par les marnes albiennes que le sondage 836/70 a
l'est les formations de l'Anti-Atlas qui arrivent en rencontré à 1 649 m de profondeur, puis traversé sur
contact avec le réservoir sont essentiellement des 300 m d'épaisseur.
schistes ordoviciens dans la partie méridionale et des Au sud de la route Ait-Mimoun—Biougra, les
schistes acadiens dans la partie septentrionale, sauf formations crétacées semblent disparaître. Le réservoir
entre l'oued Takate et l'oued Aouerga où sur environ aquifère repose sur les schistes acadiens à l'est de la
5 km la plaine est en contact avec des calcaires route Agadir—Tiznit (à l'ouest le substratum n'est pas
géorgiens perméables (zone nord de la bordure connu) pour le secteur septentrional et sur des schistes
atlasique). ordoviciens dans le secteur méridional.
Le substratum sur lequel repose le réservoir est STRUCTURE
connu en partie grâce à une étude géophysique et
quelques sondages. La géophysique a mis en évidence une série de
grands accidents orientés approximativement nord-sud
Au nord de la route Ait-Mimoun—Biougra, les au pied de l'Anti-Atlas ; ces failles affectent les
sondages 836/70, 1703/70 et 2946/70 ainsi que la terrains primaires qui s'enfoncent très rapidement par
géophysique, montrent que le réservoir plioquaternaire
rejets successifs à plus de 1 000 m de profondeur dans
et miocène repose en grande partie sur des formations
les Chtouka du Nord. Dans cette même région, que
calcaréo-marneuses du Crétacé. Au nord d'une ligne
l'on situe approximativement au nord de la route Ait -
Tifnit—El-Kléa, la géophysique indique un horizon
résistant qui correspondrait aux calcaires turoniens Mimoun—Biougra, les terrains crétacés s'effondrent
(épaisseur indéterminée). Au sud-est de cette ligne, le en marches d'escaliers vers la baie d'Agadir.
sommet du Crétacé reste résistant, mais il s'agit On observe également une flexure des terrains
probablement de calcaires aptiens car le turonien est plio-quaternaires orientée selon une direction Tas-
absent dans les sondages 836/70 et 1703/70. Les sila—Aït-Mimoun—El-Kléa.
Hydrologie
Il n'existe aucun oued dans la plaine des Chtouka Deux grands oueds : le Souss au N et le Massa au
et les quelques cours d'eau descendant de l'Anti-Atlas S se situent en limite des Chtouka. L'hydrologie de ces
(oued Takate par exemple) sont pratiquement toujours rivières est exposée en détail, pour le Souss à Aït-
à sec, si bien que leur cours se perd dès l'entrée dans Melloul, dans le chapitre « Plaine du Souss » et pour
les Chtouka. le Massa, dans le chapitre « Anti-Atlas » de ce même
volume.
Hydrogéologie
LA NAPPE PHREATIQUE
zone altérée des schistes acadiens, prend une topogra-
Piézométrie phie complexe. Les caractéristiques hydrodynamiques
La carte isopiézométrique (fig. 84) levée du 31 de cette zone ainsi que la qualité chimique des eaux
mai au 6 juin 1968 à partir de 360 points d'eau, met souterraines sont très médiocres.
en évidence un écoulement général de la nappe de l'est 2. - Une bande à fort gradient de 4 à 5 km de large,
vers l'ouest. Ceci montre que l'Anti-Atlas constitue approximativement à l'ouest de la route Ait—Melloul-
l'une des zones d'alimentation du réservoir ; l'impor- Tiznit et parallèle à la flexure d'El-Kléa qui est
tance de cette alimentation sera précisée (apports par responsable de cette anomalie. Cette zone s'infléchit
ruissellement). vers le nord-est à proximité de l'oued Souss et vers le
La partie nord de la nappe s'écoule vers l'oued sud-ouest au voisinage de l'oued Massa, à la suite du
Souss, la moitié sud vers l'océan Atlantique et l'oued drainage de ces deux oueds.
Massa. La ligne de partage des eaux souterraines 3. - La région de Biougra où la concavité vers l'aval
définit la limite sud du bassin hydrogéologique de des isopièzes traduit une alimentation de la nappe
l'oued Souss. (déformation apparaissant déjà sur les cartes de R.
Quatre régions à caractéristiques hydrauliques Ambroggi et R. Bourgin, 1952 et B. Genetier, 1963).
différentes se dégagent de cette carte : 4. - La zone à l'est de Biougra, au nord de l'oued
1. - La région au sud d'une ligne W-E Tassila — Takate, où l'infiltration des pluies à travers les dunes
Assersif où la nappe, située en grande partie dans la anciennes se répercute sur la piézométrie sous forme
d'une zone d'alimentation.
W E
200 m
200m
BIOUGRA
1303/70
ARHORAISS EL JIRA
3345/70 3458/70
AIT AMIRA
25 Niveau piézométrique
100 Océan 659/69 836/70 ( sondage pétrolier)
ien
100 m
16
o rg
60
41
31
Gé
39 55 81
33
45 50
51 113
70
72 80 96
0 0 0 0 0
85 90 141
110
F 2a F 3a
150
dolomie P 1a
et
éable
marne FAILLE PROFONDE
im perm AFFECTANT LE
tratum
250 PRIMAIRE
Albien
marneux
Subs
- 200 Echelle des longueurs -200
0 5 10 km
Sondage et son numéro I.R.E. Terrains quaternaires Terrains crétacés (d'après la géophysique et le sondage pétrolier 836/70) TERRAINS ENCAISSANTS
Sable dunaire plus ou moins induré Sable marneux Marne Schiste acadien
Limites des principales formations
TECTONIQUE Grés dunaire de ciment calcaire présenatnt quelques passages marneux Marne Calcaire Calcaire géorgien
F 2a Niveau calcaire gréseux ou marneux très dur, dont Caillouts mal roulés enrobés dans un liant sablo-marneux SUBSTRATUM IMPERMEABLE
F 3a Accidents d'après la géophysique les caractéristiques hydrauliques sont médiocres
P 1a Marne albienne
Fig. 85 — Coupe géologique E-W de la plaine des Chtouka passant par Biougra.
206 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
D'après le rapport de H. Royer (1942) qui cite en Température des eaux souterraines
référence une étude ancienne de C. Gret (1933) sur les
En général, les eaux de la nappe phréatique
Chtouka, il semble que le niveau moyen de la nappe
oscillent dans l'ensemble des Chtouka entre 20 et 24°
n'ait pas varié à l'échelle des décades.
C selon les saisons.
Un seul piézomètre, le 3302/70 situé à proxi-
Cependant, une zone anormalement chaude (24 à
mité de Biougra, a une série de relevés mensuels assez
longue. On constate que les variations du niveau de la 26° C) a été mise en évidence dans le secteur situé
nappe sont peu influencées par la pluviométrie ; un à immédiatement à l'W de Biougra : 26° 5C au forage
deux mois après la saison pluvieuse on observe un 1303/70 en particulier.
léger gonflement de la nappe (0,40 m). Cependant, Exploitation de la nappe
malgré une séquence pluviométrique excédentaire ces
dernières années par rapport à la moyenne, on La nappe phréatique des Chtouka se situe au
constate une baisse du niveau de 1 m en 10 ans, baisse centre de la plaine entre 15 et 20 mètres de profondeur
imputable à l'accroissement des exploitations. au-dessous du sol. Sur les bordures : à l’E du méridien
de Biougra pour la partie orientale, à l'W du méridien
Comme on ne dispose pas de mesures permettant d'Aït-Mimoun (zone des dunes) pour la partie
de construire la carte des fluctuations pour avoir une occidentale, la profondeur s'accroît rapidement et
idée des variations annuelles de la nappe des Chtouka, dépasse 50 mètres.
une enquête rapide a été réalisée ; les résultats (valeurs
médianes) suivants ont été obtenus : Trois mille puits ont été recensés dans la plaine,
dont 1 600 équipés de naora (outres soutenues par
Aît-Melloul........................... 24 échantillons : 0,70 m des câbles passant sur une poulie, actionnées par
El-Kléa................................. 11 échantillons : 0,70 m traction animale) et 900 équipés de pompes méca-
Biougra ................................. 11 échantillons : 0,90 m niques. Ces puits équipés servent à l'irrigation de
Pied de l'Anti-Atlas................ 6 échantillons : 1,00 m jardins à raison de 0,25 à 0,30 l/s/ha pour les
Ces chiffres représentent les hauteurs de fluctua- dont 1600 équipés de naoras (outres soutenues par
de pompes mécaniques (chiffres médians d'une
tions maxima dont se rappellent les propriétaires des
étude fréquentielle). Les superficies irriguées par
puits. Ce ne sont que des ordres de grandeur, mais ils
pompage atteignent 2 800 hectares.
montrent que la nappe subit des variations faibles,
même à proximité de la montagne. On peut admettre Une carte des débits spécifiques des puits montre
une fluctuation moyenne de 1 mètre. une assez grande homogénéité du réservoir calcaréo-
gréseux autour et entre 1 et 3 l/s par mètre de
Qualité des eaux
rabattement, au moins lorsque l'on se trouve dans les 5
L'eau de la nappe phréatique des Chtouka est en m supérieurs du réservoir aquifère. Les meilleurs
général peu minéralisée : 1 g/l de résidu sec à 180° C rendements (6 l/s/m) ont été obtenus localement dans
en moyenne. Les faciès sont du type bicarbonaté le N des Chtouka, à l ' W de la route Agadir—Tiznit.
calcique et magnésien. Quelques anomalies existent : Plusieurs forages d'exploitation ont été exécutés
- anomalies à faible minéralisation. La plus impor afin de solliciter de plus grandes épaisseurs de nappe
tante se situe au N et à l'W de Biougra (500 à 600 mg/ que les puits. Les débits spécifiques se sont avérés
1 de résidu sec) et s'étend sur environ 60 km2 ; dans décevants (0,8 à 1,6 1/s/m), les débits d'exploitation
ces eaux carbonatées, calcium et magnésium ont des se situaient entre 10 et 20 1/s par forage, le meilleur de
concentrations voisines. Une autre zone peu minérali- ceux-ci (8/69) atteignant 45 1/s en exploitation.
sée (600 à 700 mg/1 de résidu sec) existe dans la Un essai comparatif des rendements respectifs
région des dunes côtières au SW de Aît-Melloul d'un puits (4347/70) et d'un forage (3345/70) situés
(forages 8 et 9/69) ; côte à côte et intéressant la même hauteur d'aquifère, a
- anomalies à minéralisation plus forte. Quelques montré que pour un même débit d'exploitation de 22
anomalies de ce genre existent autour d'El-Kléa sur 1/s. les rabattements stabilisés étaient de 4 m dans le
10 km2 (1 400 mg/l de résidu sec) et dans le secteur puits et 12,7 m dans le forage. Ceci s'explique par les
de l'oued Takate, en amont hydraulique de Biougra pertes de charge et par la nature semi -karstique de
(1 400 mg/1 de résidu sec) sur environ 0,4 km2. Ces l'aquifère qui offre au puits plus de chances de
anomalies qui furent un temps (Royer, 1 942) imputées recouper davantage de microconduits. Le puits, par
à des apports d'eau profonde, s'expliquent en fait par ailleurs moins coûteux que le forage, est par
des circulations dans des niveaux peu perméables car conséquent l'ouvrage de captage le mieux adapté dans
les forages 1703 et 2946/70 ont montré que les eaux les Chtouka.
profondes du Pliocène et du Turonien sont douces
(550 à 650 mg/l de résidu sec). Ces eaux minérali- Il est à noter que des données datant de 1953 sur
sées sont du type chloruré sodique et magnésien. la région des Chtouka du Nord ont permis de montrer
PLAINE DES CHTOUKA 207
que l'exploitation des eaux s'est considérablement semblent indiquer des venues d'eau profonde dans la
accrue, puisque les superficies irriguées sont passées nappe phréatique au N et à l'W de Biougra. Il s'agit :
de quelques 600 ha en 1953 à 1 800 ha en 1967. Les
pompes mécaniques, dont l'introduction s'est dévelop- - d'anomalies positives de température de l'eau
pée à partir de 1 960, se substituent progressivement de la nappe phréatique (26° C contre 20 à 24° C
aux naoras. ailleurs). L'eau profonde des forages 1703 et 2946/70
est à 30 - 3 1 ° C ;
LES NAPPES PROFONDES
- d'une anomalie négative de salure de l'eau de
Deux sondages hydrogéologiques profonds : la nappe phréatique, plus douce (600 mg/l de R.S.)
2946 et 1703/70 ont été réalisés en bordure des qu'ailleurs (1 000 mg/l). Or les eaux profondes des
Chtouka et du Souss dans la région d'El-Kléa. En forages 1703 et 2946/70 sont douces (500 mg/l au
outre, le sondage pétrolier 836/70 (secteur d'Aït- 2946/70);
Mimoun) a également apporté des indications géolo-
giques sur les couches profondes susceptibles d'être - d'une anomalie piézométrique à l'W de
aquifères. Biougra, les isopièzes dessinant une concavité vers
l'aval notée de longue date (1952) et qui s'expliquerait
Le 1 703/70 (1954), profond de 342 mètres, a par un apport profond vers la nappe phréatique.
traversé le Quaternaire puis le Néogène (marnes avec
petites intercalations calcaires et gréseuses) avant de Cet apport ne semblant pas provenir des niveaux
pénétrer vers 3 1 5 m dans une série attribuée au peu transmissifs de la plaine du Souss, pourrait être
Crétacé (Cénomanien) comportant quelques niveaux éventuellement d'origine anti-atlasique (calcaires
calcaires et marno-calcaires dans des marnes grises. géorgiens). On en ignore de toutes façons l'impor-
Un débit artésien jaillissant de 12 m3/jour était tance.
obtenu dans le Néogène. Un essai exécuté en 1971
(méthode de Theiss) a donné une transmissivité de RESSOURCES EXPLOITEES ET RESSOURCES
9,7.10 -5 m2/s pour les niveaux crépines entre 185 EXPLOITABLES
et 2 1 0 m. L'interprétation des anciens essais par la Il est actuellement très difficile d'effectuer un
méthode de Dupuit pour nappes captives conduit à une bilan des ressources en eau souterraine des Chtouka
transmissivité de 2 , 1 . 1 0 -4 m2/s pour la tranche car les éléments concernant l'alimentation naturelle de
130 - 210 m. la nappe sont inconnus et ne peuvent être estimés
qu'avec une très grande imprécision.
Le 2 946/70 ( 1 9 5 6 ) est profond de 400 m et a
rencontré les mêmes formations ; sous les niveaux L'alimentation de la nappe phréatique provient :
calcaires du Cénomanien, il s'est poursuivi dans les
- de l'infiltration de la pluie sur la plaine. Un calcul des
marnes grises compactes jusqu'au fond. Un débit
excédents pluviométriques mois par mois a été effectué
artésien jaillissant de 4 1/s a été obtenu aux essais, à
par la méthode de Turc, montrant que l'excédent
raison de 1 1/s vers 106 m (calcaire conglomératique)
calculé de cette manière est pratiquement toujours
et 3 1/s vers 250 m (calcaire gréseux), c'est-à-dire nul ; la méthode ne s'applique certainement pas à cette
dans le Néogène. Les pressions au sol sont fortes : 6 - latitude ;
7 kg par cm2 pour le niveau situé à 250 m de
profondeur. L'interprétation des anciens essais par la - de l'infiltration en amont de la plaine des eaux
formule de Dupuit conduit à une transmissivité de ruisselées sur la bordure anti-atlasique, eaux qui n'ont
1 , 2 . 1 0 -5 m2/s dans le Néogène entre 103 et 131 m aucun autre exutoire que la nappe phréatique. Ce
et de 1 , 3 . 1 0 - 4 m2/s dans le Crétacé entre 2 1 0 et ruissellement et l'infiltration qui s'en suit sont
300 m. difficiles à apprécier ;
Le forage pétrolier 836/70 a montré qu'une faille . d'une alimentation plus ou moins hypothétique à
remontait le compartiment ouest où il se situe par partir de nappes profondes (secteur de Biougra) et qui
rapport au compartiment d'El-Kléa, puisque la limite ne peut nullement être estimée.
Albien-Cénomanien se situe vers 250 m de profondeur
Les sorties de la nappe sont heureusement un peu
au lieu de 3 15 m à El-Kléa. Il n'a fourni aucune
plus abordables ; elles comprennent l'écoulement vers
information hydrogéologique.
l'océan Atlantique et les pompages.
Par conséquent, les caractéristiques hydrauliques
Les écoulements vers l'Océan ont été calculés le
des sédiments profonds sont mauvaises dans le secteur
long de la courbe isopiézométrique 40 m, à l'aval de
d'El-Kléa où l'on a calculé, avec les éléments
laquelle les pompages n'ont que peu d'importance. Le
disponibles, un débit de fuite vers la mer de l'ordre de
volume annuel correspondant est de 76 millions de
quelques dizaines de 1/s seulement.
m3. Ce volume inclut les drainages par les oueds
Par ailleurs, plusieurs phénomènes concordants Souss et Massa.
208 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
380 INEZGANE
868/69
OU
ED
AÏT MELLOUL
SOUSS
860/69
859/69
8/69
874/69
889/69
U E
2 871/69
375 866/69 9/69
4
I Q
872/69
873/69
870/69
N T
869/69
L A
8 857/69
10
A T
10
856/69
N
20
E A
5
865/69
30
O C
370
2 40
55
2
4
6
10
365
15
20
25
30
35
40
45
Fig. 86 — Exploitation de la nappe phréatique au S de l'oued Souss pour une nouvelle adduction d'eau au
bénéfice de l'agglomération d'Agadir.
PLAINE DES CHTOUKA 209
Les pompages atteignent un volume brut de 46 Melloul (3 millions de m3/an dans l'avenir). Il semble
millions de m3/an en 1969, mais il faut considérer bien que le taux d'exploitation en 1969, taux en
que les irrigations épandent des doses trop importantes accroissement régulier de quelque 3 à 4 millions de
et qu'une part des débits soutirés rejoint la nappe. m3/an, ait déjà provoqué une baisse du niveau de la
Cette part est évaluée à 25 % du volume brut, si bien nappe de l'ordre de 1 m dans le secteur de Biougra, ce
que le volume net soutiré par pompages n'est que de qui est l'indice d'un prélèvement sur les réserves ; si le
35 millions de m3/an. phénomène s'étendait pendant la prochaine décennie,
des mesures conservatoires devraient être rapidement
Actuellement, la nappe offrirait donc une res-
source de 110 millions de m3/an répartie inégalement prises, car la nappe ne possède certainement pas
à raison de 2/3 pour la moitié nord et 1 / 3 pour la d'abondantes réserves susceptibles d'étaler les réper-
moitié sud des Chtouka. Sur cette ressource, 1 /3 est cussions de prélèvements saisonniers trop importants
exploité par des pompages agricoles, mais 1 3 millions et une baisse rapide du niveau serait à craindre. Vers
de m3/an sont mobilisés pour l'adduction Agadir sud 1975, le taux d'exploitation de la nappe atteindra
(10 millions de m3/an à partir de 1974) et pour Aït- environ 55 % des ressources renouvelables, chiffre qui
paraît déjà très élevé.
Aménagement des eaux
LES CAPTAGES AU S D'AIT-MELLOUL POUR Ce modèle (fig. 86) est limité à l'W par l'Océan,
LA NOUVELLE ADDUCTION D'EAU D'AGADIR. au N par l'oued Souss, au S et au NE par des lignes de
FORAGES ET ETUDE D'EXPLOITATION SUR courant, au SE par l'isopièze 50 m ; il est construit
MODELE ANALOGIQUE (PAPIER CONDUCTEUR). avec 2 transmissivités: 5. 10-3 m2/s à l'amont et
1 . 1 0 - 2 m2/s à l'aval, conformément aux résultats
fournis par les pompages d'essai ; la limite entre les 2
Le secteur des dunes situé au S de l'embouchure transmissivités correspond sensiblement à l'isopièze
de l'oued Souss ayant été reconnu favorable (bonne 8 m. Avant pompage, le débit d'entrée le long de
transmissivité, eau de bonne qualité) grâce à 3 forages l'isopièze 50 m s'élève à 500 1/s, drainé à l'aval : pour
de recherche (1,8 et 9/69 - 1964), il a été décidé d'y un tiers par le Souss et pour le reste vers l'Océan.
exploiter les 10 millions de m3 nécessaires pour
couvrir l'accroissement des besoins de la ville d'Agadir En régime permanent avec pompage de 330 1/s
(débit d'exploitation prévu), on constate :
jusqu'en 1980. Dix forages d'exploitation et cinq
piézomètres destinés au contrôle ultérieur de la nappe - que le débit d'entrée par l'isopièze 50 m augmente
pendant l'exploitation ont été réalisés en 1 9 7 0 - 7 1 . peu (de moins de 10 %). Le Souss draine beaucoup
En fin de compte, huit forages seront exploités et moins : 50 1/s répartis par moitié entre l'amont
fourniront le volume souhaité ; profonds de 50 à (secteur Aït-Melloul) et l'aval (embouchure), mais par
75 m, ces ouvrages captent des formations gréso- contre alimente la nappe dans le secteur central pour
sableuses dunaires de bonne qualité (T compris entre quelque 50 1/s auprès du forage 8/69 ;
5 . 1 0 - 3 et 5 . 1 0 - 2 m2/s - K compris entre 1 . 1 0 - 3 et - que le niveau piézométrique aux environs des
1.10-4 m/s) et de bonne productivité (1 5 à 40 1/s par pompages demeure légèrement supérieur au niveau de
ouvrage). Les piézomètres situés en aval hydraulique la mer. Le cône de dépression s'étend sur 7 km2 pour
des forages d'exploitation, sont destinés au contrôle de l'isorabattement 13 m, 30 km2 pour l'isorabattement
la nappe avant et pendant l'exploitation, notamment 5 m et 100 km2 pour l'isorabattement 2 m (fig. 86).
en ce qui concerne une éventuelle invasion de la nappe Ces résultats concordent avec ceux des calculs
par les eaux salées marines ou des eaux saumâtres de manuels. Le risque le plus grand provient du Souss et
l'estuaire de l'oued Souss ; ces ouvrages sont plus non de la mer ; l'oued drainant avant pompage
profonds (80 à 100 m) et pénètrent dans le substratum deviendra injectant lors de l'exploitation. Au niveau de
argileux de l'aquifère contenant la nappe phréatique. l'injection, les eaux du Souss sont douces en crues et
moyennes eaux (400 à 600 mg/1), mais beaucoup plus
Les possibilités et limites d'exploitation du
chargées en étiage (1 200 à 1 500 mg/1). Il est donc
secteur ont été calculées par la formule de Theiss sur la
conseillé de n'exploiter les forages les plus proches
base d'une carte piézométrique précise (février 1 9 7 1 )
qu'en appoint afin de limiter les appels d'eau à la
figurant l'état de la nappe avant l'exploitation, des rivière. Enfin, si le gradient d'écoulement de la nappe
transmissivités de l'aquifère mesurées par pompages en exploitation demeure positif vers la mer, ceci ne
d'essai sur les forages d'exploitation et d'un coefficient dispense nullement d'exercer une surveillance sérieuse
d'emmagasinement de 9.10-3 obtenu par la formule des qualités de l'eau dans les piézomètres implantés
d'approximation logarithmique. Puis un modèle ana- entre la mer et la zone de pompage.
logique au papier conducteur a été construit pour
affiner les calculs. L'adduction vers Agadir doit entrer en service en
1974.
210 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
100
110
AGADIR
90
TIFNITE RA
UG
B IO
E
EL KHEMIS
I Q U
360 N 360
A N T
AIT AMIRA
A T L
( 7800 ha )
X
X
N
TOUOUSOUS
K A
E A
( 3800 ha ) SP4
P4
350 350
O U K
O C
OUKRIB
C H T
( 4200 ha )
SP3
R3
SA
AS
DM
SP2
TASSILA R2
E
OU
AIT BELFAA
( 1200 ha )
340 ( 2500 ha ) 340
³ /s
7m
TE
MO R
TETE L
CANA
330 330
IT
ZN
P3 RESERVOIR
TI
110
90
Fig. 87 — Situation des périmètres modernes d'irrigation du sud de la plaine des Chtouka.
Le périmètre de 20 000 ha est situé en majorité au sud Compte tenu des ressources en eau, 19 500 ha
de la route de Tifnite à Biougra et à l'Est de la route pourront être irrigués, à raison de 1 8 300 ha dans les
Agadir-Tiznit (cf. fig. 87) et il s'y ajoute un périmètre Chtouka et 1 200 ha à Tassila. L'irrigation par
de 1 200 ha (Tassila) en bordure rive droite du Massa, aspersion sera généralisée. Les cultures seront axées
entité de création remontant à une quinzaine d'années. surtout sur les primeurs, puis sur les céréales et le
fourrage.
Conclusions
Les ressources en eau de la plaine des Chtouka l'oued Massa sur la partie sud-est des Chtouka devrait
sont naturellement limitées à la nappe phréatique dont accroître sensiblement les ressources en eau souter-
on évalue le potentiel à 1 1 0 millions de m3/an raine du secteur sud-ouest où des exploitations
répartis à raison de 2/3 dans la zone nord et 1 / 3 dans nouvelles par pompage seront vraisemblablement à
la zone sud. Sur le total de 1 1 0 millions de m3 envisager après quelques années d'irrigation du
disponibles, 48 millions de m3 sont déjà mobilisés, si périmètre moderne dès que l'on aura pu juger de
bien que l'exploitation peut déjà être considérée l'infiltration provoquée par l'irrigation par aspersion,
comme intensive et proche de sa limite supérieure. méthode qui n'a encore jamais été employée sur une
L'apport extérieur de 90 millions de m3/an d'eaux de grande échelle au Maroc.
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Dijon R. ( 1 9 6 9 ) : Etude hydrogéologique et inventaire des ressources en gie sommaire, idées directrices pour l'exploitation. Rapp. inéd.
eau de la vallée du Souss. Notes et M. Serv. géol. Maroc, n° 2 1 4 , MTPC/DH/DRE, 30 pp., 3 pl.
300 pp., 135 fig. Royer H. ( 1 9 4 2 ) : Etude hydrogéologique de la vallée de l'oued Souss.
El Hebil A. et Meilhac A. (1971) ; Adduction d'eau de la ville d'Agadir. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE, 33 pp.
3.35.3
par
Abdelmajid EL HEBIL
Présentation géographique
La plaine côtière de Tiznit, dans le sud-ouest Les 29 sources et les 7 rhettara recensées sont
marocain, située entre les parallèles 29° 30' et 30° est toutes situées non loin des bordures. Elles sont
limitée : directement liées aux réservoirs aquifères de monta-
- au nord par l'oued Massa, gne. Les puits, très nombreux, intéressent directement
- au sud par le massif des Akhass (Anti-Atlas), la plaine. Parmi les 356 puits inventoriés, 87 sont
- à l'est par l'anticlinal du Kerdous (Anti-Atlas), équipés en motopompes ; le nombre total des puits
- à l'ouest par l'anticlinal du massif d'Ifni et par existants doit se situer entre 600 et 700 en 1 9 7 3 .
le cordon dunaire formant l'ouverture de la plaine vers
l'océan Atlantique. La population atteignait 120 000 habitants selon
le recensement de 1971. Elle est concentrée autour des
Cette plaine s'étend sur 1 200 km2. Elle est points d'eau, particulièrement les sources. Elle vit
drainée par l'oued Adoudou qui la traverse d'est en exclusivement de l'agriculture et de l'élevage. Les
ouest après sa sortie du jbel Taoulaount et par les superficies irriguées sont de l'ordre de 1 200 hectares
affluents rive gauche de l'oued Massa, collectant dans selon les services du Ministère de l'Agriculture, celles
les parties hautes les eaux du massif du Tazeroualt et cultivées en « bour » atteignent 30 000 ha. Le cheptel
dans les parties basses, les eaux de la plaine. Seul composé de bovins, d'ovins et de caprins se chiffre à
l'oued Massa est pérenne. 180 000 têtes pour le cercle de Tiznit dont 120 000
Le climat de la plaine est aride. Les températures pour la plaine et les régions bordières.
sont modérées (moyenne annuelle de Tiznit 19°9 ) La ville de Tiznit, chef-lieu de la région, voit son
grâce à l'effet adoucissant de l'océan et à la protection essor économique lié au développement touristique. La
méridionale du massif des Akhsass contre les ville (1 1 390 habitants) est alimentée en eau par le
influences sahariennes. La hauteur moyenne annuelle captage de la source Aïn-Reggada (I.R.E. 1 2 /7 8 ) qui
des précipitations est de l'ordre de 190 mm dans la fournit un débit de 60 l / s dont 1/3 revient de droit à
plaine et de 260 mm en montagne. l'agglomération aussi bien pour l'irrigation que pour
l'alimentation. Le 1 / 9 sert aux besoins domestiques de
La végétation naturelle de la plaine comprend des
la v i l l e et est géré par l'Office National de l'eau
arganiers rabougris dans les dépressions, des euphor-
potable.
bes cactoïdes disséminées et une steppe à graminées
qui se développe brutalement après les pluies.
Géologie
SABLES DUNAIRES
E
X DUNES CONSOLIDEES QUATERNAIRE
NE
U
PLAI EBOULIS, CONGLOMERATS, CALCAIRES LACUSTRES
Q
AGHBALOU SCHISTES ET GRES
I
ORDIVICIEN ET CAMBRIEN
DES
T
CALCAIRES ET DOLOMIES
N
340 SCHISTES VIOLETS
TASSILA A
O UK
ADOUDOUNIEN
A
CHT
CALCAIRES ET DOLOMIES
L
PRECAMBRIEN INDIFFERENCIE
T
FAILLE IMPORTANTE
A
0 5 10 15 20 km
OU
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OU
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J.
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SS
260 SA
H
AK
ANJA
Akhsass. Sur le versant sud du massif des Akhsass, des STRUCTURE GEOLOGIQUE (fig. 88)
sources travertineuses s'abouchent aux calcaires lacus-
tres des feijas de Bou-Izakarne—Timoulay et tradui-
La plaine de Tiznit, encaissée entre les bouton-
sent une circulation karstique.
nières précambriennes d'Ifni et du Kerdous, a subi des
Cet infracambrien est décomposé en 3 séries : compressions violentes qui ont entraîné la formation
- les calcaires inférieurs rattachés à l'Adoudounien de horsts et de grabens. Le jbel Inter forme le horst le
inférieur, plus important. Le plateau adoudounien des Akhsass,
- la série des schistes « lie de vin » (Adoudounien pincé entre les deux massifs précambriens d'Ifni et du
moyen), Kerdous, forme un pont qui assure la continuité entre
- les calcaires supérieurs (Adoudounien supérieur, les deux auréoles sédimentaires des massifs anciens ;
devenu récemment Cambrien inférieur). localisé sur le synclinal adoudounien, il présente une
Puis le Géorgien est représenté par 500 m de structure complexe. L'énorme série sédimentaire est
calcaires renfermant des niveaux schisteux. Au-dessus traversée par un faisceau de failles majeures qui se
poursuivent sous la plaine de Tiznit. Parmi celles-ci,
de ces calcaires se développe une centaine de mètres de
un accident jalonne la bordure orientale du jbel Inter,
schistes verts suivis d'une barre gréseuse.
un autre le flanc occidental.
Puis vient l'Acadien sous forme d'une épaisse
série schisteuse dans laquelle se développent quelques Dans cette architecture, les grandes lignes
niveaux de grès. Le plus important de ces niveaux structurales sont orientées suivant des directions N-S.
(100 m) termine la série cambrienne. Il y a lie u de mentionner en outre la grande faille
affectant la retombée occidentale de l'anticlinal du
Le Quaternaire Kerdous qui met en contact, au SE d'Ouijjane, les
Il est représenté essentiellement dans la plaine calcaires de l'Adoudounien inférieur et les schistes
proprement dite par des : acadiens.
- calcaires lacustres, épais de 5 à 25 m, Le jeu de ces failles a provoqué un basculement
- conglomérats, développés surtout à l'ouest de tel que la quasi-totalité du substratum de la plaine est
Tiznit, constituée par les schistes acadiens.
- dunes bordant la côte et dont l'épaisseur est
inconnue, Le prolongement des accidents tectoniques visi-
- limons formant les terrasses des oueds, bles en bordure, mis en évidence par deux campagnes
- cônes de déjections et d'éboulis en bordure des de géophysique électrique (1952 et 1963) sous les
reliefs, formations quaternaires de la plaine, joue un rôle
- croûtes calcaires. prépondérant dans les circulations des eaux.
PRECIPITATIONS Climatologie
Le climat de la plaine de Tiznit résulte de sa montagne, sur la bordure ouest de l'Anti-Atlas.
position géographique : Les valeurs moyennes saisonnières et annuelles
- Influence de la latitude se traduisant par des de la pluviométrie sont données ci-après pour la
précipitations faibles. période 1933-1966.
- Influence océanique se traduisant par une atténua-
tion des températures et une nébulosité notable. Ce tableau montre que les chutes de pluies
augmentent d'ouest en est et sont sujettes à l'effet
Trois stations peuvent être retenues dans cette orographique. Elles ont lieu entre le mois d'octobre et
étude : Tiznit, Anzi, Tifermite. La première est seule le mois d'avril.
située dans la plaine, les deux autres étant en
Tableau 39
Station Tiznit Anzi Tifermite
Altitude 225 m Altitude 500 m Altitude 1347 m
JANVIER 35,0 47,0 71,0
FEVRIER 25,0 35,0 57,0
MARS 19,0 30,0 50,0
AVRIL 17,0 25,0 43,0
MAI 3,0 8,0 18,0
JUIN 2,0 2,0 2,0
JUILLET 0,0 0,0 0,0
AOUT 0,0 1,0 3,0
SEPTEMBRE 6,0 8,0 10,0
OCTOBRE 13,0 20,0 32,0
NOVEMBRE 27,0 35,0 57,0
DECEMBRE 42,0 46,0 80,0
Année 189,0 mm 257,0 mm 423,0 mm
PLAINE DE TIZNIT 215
Tableau 40
I II III IV V VI VII VIII IX X XI XII AN
Tiznit 14.1 15.7 17.6 19.2 20,6 22.4 24,0 24.6 24,0 22,4 19,2 15.2 19.9
On voit que les régimes thermiques à Tiznit sont L'évapotranspiration est de 180 mm/an à Tiznit
peu contrastés. Les amplitudes mensuelles sont (méthodes de Turc et de Thornthwaite annuels),
relativement faibles. l'évaporation mesurée au Piche de 1 9 5 2 à 1 9 6 1
s'élevant à 1 4 1 0 mm.
Hydrologie
La plaine de Tiznit est drainée par deux réseaux En outre, il convient de rappeler que les débits
hydrographiques indépendants : l'oued Adoudou et les d'étiage du Massa (0,5 m3/s moyens) sont alimentés
affluents rive gauche de l'oued Massa. par des dégorgements des calcaires infracambriens
dont le débit semble très fort pour la superficie de
CARACTERISTIQUES PHYSIQUES DES BASSINS l'i mp luv iu m (cf. chapitre Anti-Atlas)
VERSANTS
L'oued Adoudou Tableau 41
L'oued Adoudou et son affluent l'oued Tama- CARACTERISTIQUES PHYSIQUES
DES BASSINS VERSANTS
droust, couvrent un bassin arborescent sur le plateau
calcaire des Akhsass. Ils circulent presque en totalité
Caractéristiques physiques Bassins embouchures
dans des formations perméables : calcaires adoudou- aux
niens en montagne, calcaires lacustres en plaine. oued Affl.
Adoudou rive
Les caractéristiques physiques de ces bassins sont gauche
présentées dans le tableau 41 ci-après. de l'oued
Massa
Les affluents rive-gauche de l'oued Massa. Superficie du bassin (km2) 926 1 782
Périmètre du bassin (km) 161 266
Les principaux affluents de l'oued Massa intéres- Altitude de fréquence moyenne (m) 650 250
sant la plaine de Tiznit sont l'oued Tazeroualt et l'oued Altitude de fréquence 1 / 2 (m) 600 440
Amaghous en bordure, ainsi que les différents chevelus Altitude de fréquence maximum (m) 250 650
de la plaine. Les caractéristiques physiques sont Coefficient de forme Kp ( * ) 1.47 1.77
présentées dans le tableau 41 ci-après. Pente moyenne (m/km2) 1.43 0,76
Superficie (km2) des formations perméa-
DONNEES HYDROLOGIQUES
bles : calcaires lacustres, alluvions prossiè-
res, sables dunaires 659 905
On ne possède aucune donnée sur le régime ou
les crues de l'oued Adoudou. En ce qui concerne Superficie (km2) des formations imper-
l'oued Massa, des stations de jaugeage fonctionnent et méables : schistes, conglomérats non
fissu ré s 267 405
ont permis de connaître les débits depuis 1950 (cf.
Superficie des formations semi -perméables
chapitre Anti-Atlas).
(km2) 472
On notera tout de même l'irrégularité interan- p
nuelle, importante du Massa (apports variant de 1 à 25 (*) Kp = ------------------
d'une année à l'autre) et les étiages prolongés de mai à 2 Vpi S
septembre. où p est le périmètre, S la surface du bassin et pi = 3,14
Hydrogéologie
alimentent par abouchement des formations quater-
Les ressources en eau de la plaine de Tiznit naires de la plaine,
proviennent de trois réservoirs :
- des schistes altérés et grès acadiens qui sont
- des calcaires adoudouniens et géorgiens qui donnent alimentés par la pluie et les épandages de crues sur les
les sources de la bordure occidentale de l'Anti-Atlas et bordures de la plaine,
216 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Tizi Moust
NW Jbel el Ouarzemine 690 m
Asif bel Haj Si Moammed SE
Surface d'érosion 490 m Oumka
Assaka
Calcaires
la série Schisto-Calc.
Equivalent de
Equivalent de la
Série des Schistes
Quaternaire
Schistes
lie de vin !
Calc. Schistes Conglomérats Schistes
scoriacés
Quartzites, Grès et Schistes Schistes et Grès et Grès Calc. inf. Calc. Conglomérats Schistes
Rhéolites
terminaux sup et Grès et Grès
Série de base Série détritique d'Anzi
Fig. 89
- des calcaires lacustres qui forment l'aquifère de la principale étant l'Aïn Baâkila (I.R.E. 83/78) qui
plaine et où aboutissent les eaux des réservoirs de fournit 70 1/s à l'étiage. Au total, ces sources
bordure et les ruissellements de l'oued Adoudou. On produisent 165 1/s ventilés dans le tableau ci-après.
peut y ajouter le réservoir dunaire du NW qui constitue La plupart de ces sources sont liées à des fractures
vraisemblablement une entité indépendante du reste. dans les calcaires. Il s'y ajoute le drainage naturel par
l'oued Assaka dans son cours moyen, soit environ
100 1/s et les exutoires naturels dans le bassin de
EAUX DES CALCAIRES ADOUDOUNIENS ET l'oued Taloust (30 1/s).
GEORGIENS
Le débit total des exutoires naturels des réser-
Description. voirs de bordure de la plaine de Tiznit s'élève donc à
Elles se manifestent le plus souvent sous forme environ 300 1/s en étiage.
de petites sources au niveau : Données numériques sur le dégorgement des calcaires
- de la série schisteuse « lie de vin », intermédiaire
entre Adoudounien et Géorgien. Il s'agit soit des Adoudounien.
débordements des calcaires inférieurs, soit des déver- Il est connu dans le bassin du Massa, à Souk-el-
sements des calcaires supérieurs, Arba des Ait-Ahmed, à la limite amont de la retenue
- des calcaires terminaux du Géorgien. actuelle du barrage Youssef-ben-Tachfine, d'impor-
tantes sources dont le débit total atteint 500 1/s à
Pour plus de détail sur le schéma du fonctionne- l'éliage (résurgences de l'oued Amaghous). Bien que
ment hydraulique de cet ensemble, on se reportera au situées hors du bassin bordant la plaine de Tiznit, ces
chapitre Anti-Atlas du même volume. résurgences constituent le seul élément disponible
actuellement pour tenter de chiffrer les ressources en
Les calcaires de l'Adoudounien. Cette formation eau des calcaires adoudouniens de la région. Hors, le
doit être le réservoir le plus important, compte tenu de débit élevé des sources est assez inexplicable pour les
son épaisseur et de la superficie d'impluvium. Elle raisons suivantes :
présente une structure complexe et la série atteint sous
le plateau des Akhsass au S une puissance de 2 000 m. - les calcaires de l'Adoudounien inférieur ne
Elle ne comporte pas de sources visibles, à l'exception donnent aucune source depuis l'assif Aouerga au N
des dégorgements (500 1/s) de l'oued Amaghous, (débouchant dans la plaine du Souss au N de El-Arba
affluent de l'oued Massa situé hors des limites du des Aït-Baha, cf. fig. 80, chapitre plaine du Souss) ;
bassin bordant la plaine de Tiznit.
- les formations situées stratigraphiquement au-
Les calcaires de l'Adoudounien supérieur et du dessus des calcaires sont imperméables (série « lie de
Géorgien sont bien représentés sur les bordures ouest, vin » ou schistes ordoviciens) et existent partout en
sud et sud-est du bassin ; i l s donnent naissance à bordure des plaines des Chtouka et de Tiznit, de sorte
plusieurs sources de débit plus ou moins important, la qu'il ne peut y avoir de transfert souterrain ;
PLAINE DE TIZNIT 217
Tableau 42
SOURCES ET RHETTARAS DE BORDURE
Eau Air
16 Rhettara Ibergh 3,5 21°5 16° 0.778 4.11.72
83 Source Bâakila 70,0 - - - 3.1 1.71
100 « Si-Driss 0,5 23° 24° - 4.11.71
101 « Imi-Zoughane 1.0 23° 25° 1,049 4.11.71
102 « Tamaloukt 0,5 23° 25° - 4.1 1.71
103 « Ahmed Bella 1,5 23° 24° - 4.1171
104 « Aghbalou 10,0 25° 27° - 4.11.71
105 « Tamazert-Agadir 5,0 23° 27° - 4.11.71
143 « Igherme 11.0 - - - 3.6.75
144 « Iferd 1.5 20° 5 - - 3.6.75
146 Rhettara Adouar 0.4 18° 5 - - 10.8.71
147 « Adouar 0.6 - - - 10.8.71
117 Source Aklouma 0.5 27° - - 10.8.50
1 18 « Ifri 1.5 22° 5 - 0,98 11.8.71
211 « Tiquejert 1,0 22° 24° - 5.11.72
212 « Souk-Sebt-Ouij. 6.0 22° 30° - 5.11.72
231 « Bou-Namane 8.0 26° 16° 5 0,947 4.11.72
316 « Tounli 6,5 23° 26° - 4.11.72
317 « Mouzaïs 10,0 26° 20° - 4.11.72
318 « Belkass 1.0 22° 24° - 4.11.72
391 « Tagounit 2,0 22° 5 24° - 4.11.72
421 « Sabbou 1.0 22° 24° - 5.11.72
422 « Assakabriou 6.0 20° 5 26° 5 - 5.11.72
423 « Assaka 14.0 20° 5 26° 5 - 5.11.72
424 Rhettara Tafdna 1.5 24° 17° - 2.11.72
Débit total : 164,5 1/s
Drainage de l'oued Assaka ( * ) : 100 l/s
Exutoires en montagne : 30 soit 300 l/s environ
*) L'Oued Assaka affluent de Massa, est également dénommé l'oued M'Taloust dans son cours amont (Kerdous) et Tazeroualt dans son cours aval
- la superficie d'impluvium des calcaires est cette limite a été confondue avec la ligne de partage
réduite dans l'oued Amaghous (70 km2). des eaux de surface.
Dans ce cas, avec un débit spécifique de 1,4 l / s /
Les résurgences de l'oued Amaghous se situent km2 pour une superficie d'impluvium de 480 km2, le
au point d'affleurement topographiquement le plus bas
débit fourni par les calcaires géorgiens serait de l'ordre
(cote 1 1 6 m) des calcaires sur le pourtour de la
de 670 l/s. Ce débit alimente les sources de bordure :
boutonnière précambrienne du massif du Kerdous et
16,5 l/s, plus les exutoires en montagne (30 l/s) et le
on peut expliquer ce débit de 500 l / s par un relais de la
nappe des dolomies inférieures vers la nappe des drainage de l'oued Assaka ( 1 0 0 l / s ) et totalise donc
calcaires supérieurs. Ceci donne un débit spécifique de 300 l / s ; on doit y ajouter des abouchements vers les
1 , 4 l/s/km2 pour 350 km2 d'affleurement des calcaires lacustres évalués à 400 l / s avec les écoule-
calcaires inférieurs. Cet ordre de grandeur du débit ments dans les réservoirs souterrains profonds des
spécifique paraît plausible comparativement aux don- calcaires adoudouniens au-dessous de la plaine.
nées dont on dispose pour d'autres secteurs de l'Anti-
Atlas (bordure orientale du bassin du Souss). C'est en LE RESERVOIR QUATERNAIRE
tous cas le chiffre qui sera adopté pour évaluer les
débits d'écoulement des calcaires géorgiens, bien qu'il
ne tienne pas compte des drainages probables des I1 est constitué par :
calcaires par les sous-écoulements de certains oueds - les calcaires lacustres,
(assif N'Guerf et Amaghous). - la frange supérieure altérée des schistes acadiens,
- les dépôts dunaires.
Géorgien.
Il est matériellement impossible de fixer dans le
massif des Arhsass la limite hydrogéologique du Description
bassin de la cuvette de Tiznit et du bassin des feijas de La plaine de Tiznit est recouverte dans sa partie
Bou-Izakarne situé au S des Akhsass. Arbitrairement centrale par des formations lacustres quaternaires de
218 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
NW Océan Jraif
ESE
Od Massa Od Massa
Si Bou Lfdeil J. Tachilla
Afrag
NW
Od Adoudou
ESE
Si Moussa d'Aglou Tiznit J. Tidrarine 650
420 agadir Oufella
Océan
W
anticlinal d'Ifni E
871 J. Inter 959 Od Adoudou
Anti-Atlas
ADOUDOUNIEN
ADOUDOUNIEN
Zone schisteuse avec barre
Dunes récentes ou anciennes Grès Calcaires supérieurs
de conglomérats
ACADIEN Equivalent latéral des
Calcaires lacustres quaternaires Schistes Série de base
schistes lie de vin
0 1 2 3 4 5 km
Fig. 90
Tableau 43
I.R.E. Température Conduc. Date
ind. Nature Dénomination Débit (millisiemens) d'obser.
78
(1/s) Eau Air
12 Source Reggada 70,0 23° C 24° C 0,95 3.11.72
76 Rhettara Guelta Reggada 8,0 21° 27° - 3.11.72
1 15 « Aglou 19,0 25° 20° 1,69 25.10.72
207 Source Ighboula 0,6 17° 23° 1,51 1.1 1.72
208 « Ighboula 0,4 17° 23° - 1.11.72
223 Rhettara El-Aouina 7,0 20° 27°5 1,45 2.11.72
260 Source Tiznit 1,0 - - - 5.11.72
314 Source Talaïnt 60,0 24° 31° 0,72 3.1 1.72
« Aïn Ouled-Jrrrai »
166 = Débit total = 166 l / s
OU
ED
MA
E
SS
A
U
Q
I
T
330
N
A
L
T
A
100
N
A
E
X
320
C
O
150
115
AGLOU
200
KA
310
SA
AS
O.
260!
TIZNIT
250
211
300 0
30
212
223
100
104
IGHBOULA
OUIJJANE
101 105
35
0 102
400
12
REGGADA
76
16
314 45
290/78 0
TALAÏNT
Quaternaire
290 290
400
201 ! Anté - Quaternaire
BOU
NAMANE Paléochenaux du mur du
Quaternaire (d'après géophysique)
450 83 Sources et son numéro d'inventaire
50 83 !
0
Zone de puits
BAAKILA
290/78 Forage d'IRFIRHIR
300
Courbe isopiézométrique en m
60
0 Axes principaux d'écoulement
143
136
Definition des limites du réservoir Quaternaire
70
280 280
0
Limite étanche
Limite ouverte à l'alimentation
146
144 Limite comportant un drainage
111
147
119
0 2 4 6 8 10 km
70 80 90
dépressions ou collecteurs se confondent bien avec les Les pertes artificielles sont constituées par les
axes des sources les plus importantes (83/78, 3 1 4 / 7 8 , prélèvements par puits en plaine : 50 1/s.
1 1 5 / 7 8 ) et les zones des puits à débits spécifiques Le bilan se résume alors ainsi :
élevés. Dans cette partie, les écoulements les plus Alimentations : 870 1/s
importants se font sous forme de véritables conduites
Sorties : 550 1/s
souterraines qui distribuent Peau à travers la plaine.
Manque à gagner : 320 1/s.
Des essais de mesure de la vitesse à la fluorescéine
exécutés entre Aïn Baâkila ( 8 3 /5 8 ) e t Aïn Talaïnt Les 320 1/s comprendraient les débits perdus à la
( 3 1 4 / 7 8 ) ont indiqué semble-t-il une vitesse d'écou- mer, ceux drainés par l'oued Massa aval et la part de
lement très élevée de 4800 m/j. l'eau qui s'infiltre dans le réservoir profond des
Il faut noter que la section d'écoulement se calcaires adoudouniens se trouvant sous la plaine.
rétrécit juste avant l'océan. Des exutoires vers la mer Propriétés physico-chimiques des eaux
ont été reconnus à Timsilt (295 et 296/78) et Aglou
(115/78). Eaux des calcaires de bordure de la plaine
Approche des conditions aux limites Les eaux des sources qui proviennent des séries
calcaires de bordure (exemple, Aïn Baâkila, fig. 92)
Alimentations et pertes sont d'une qualité chimique excellente (résidu sec : 0,4
Le schéma hydraulique de la figure 91 ne donne et 0,6 mg/1) et ont une température élevée (supérieure
que des indications sommaires sur les conditions aux à 23° C). Mais, une fois dans la plaine au cours de leur
limites de la nappe de la plaine de Tiznit. Ces trajet souterrain dans le réservoir quaternaire, ces eaux
indications doivent être précisées par des études évoluent : la température diminue tandis que le résidu
détaillées sur le terrain. sec augmente. A l'origine, les eaux ont un faciès
bicarbonaté calco-magnésien pauvre en sulfates et un
Alimentation de la nappe résidu sec à 180° C compris entre 0,4 et 0,7 g/1.
Qualitativement les alimentations décelées et L'évolution chimique des eaux souterraines dans
présumées sont de deux types d'importances inégales : la plaine doit dépendre de la vitesse et du débit
- Abouchement avec les calcaires de l'Anti-Atlas d'écoulement dans le réservoir. Ainsi, à l'ouest et au
en bordure de la plaine. En appliquant à ces calcaires sud de Tiznit, le débit et la vitesse sont élevés, le
le débit spécifique de 1,4 l/s/km2, cette formation régime d'eau douce se poursuit jusqu'à 40 km à l'aval
produirait 670 1/s fictifs continus pour 480 km2 des sources des bordures. Par contre au nord et à l'est
d'affleurement. de Tiznit, les eaux deviennent très chargées (résidu sec
supérieur à 2 g/1) du fait de la nature même du
- Infiltration directe sur la plaine des eaux de gisement (schistes altérés) et de l'alimentation faible.
pluie ou de crue. En affectant un coefficient efficace de
3 % à la pluie tombée sur la plaine ( 1 6 9 mm), cette Eaux du Quaternaire
alimentation se chiffre à 200 1/s pour 1200 km2, Eaux des calcaires lacustres et des conglomérats.
ordre de grandeur plausible. Ces eaux ont un résidu sec variant entre 0,6 à 1,3 g/l
Sorties de la nappe au sud de Tiznit avec un faciès bicarbonaté calcique et
un résidu sec compris entre 2 et 2,5 g/l au NW avec
Les pertes naturelles sont : un faciès chloruré sodique pauvre en sulfates.
• Les exutoires naturels en montagne : 30 1/s
• Les sources et rhettara en bordure : 170 1/s Eaux des schistes altérés
• Les sources et rhettara en plaine : 170 1/s Ces eaux, pratiquement stagnantes en raison de
• le drainage total de l'oued Assaka : 130 1/s la faible perméabilité de l'aquifère, sont très chargées
• Les fuites souterraines vers la mer : incon- (2 à 10 g/1 de résidu sec), avec un faciès chloruré-
nues sodique pauvre en sulfates ou chloruré-calcique par
• Les drainages de l'oued Massa : inconnus. échange de bases.
Conclusion générale
sont caractérisés par une répartition irrégulière des
Etant donné la faiblesse et l'irrégularité des eaux qui empruntent vraisemblablement un réseau
précipitations atmosphériques, les ressources en eau fossile ainsi que par de très mauvaises caractéristiques
dans cette région sont peu abondantes. La faiblesse des hydrogéologiques à l'échelle du réservoir.
ressources se trouve accentuée par les difficultés de
prospection et de captage en raison du gisement Les ressources en eau les plus importantes de la
(calcaires dolomitiques en bordure, calcaires lacustres région de Tiznit restent les sources et rhettara qui
en plaine). Les circulations s'effectuent dans les débitent au total 380 l/s d'eau de bonne qualité
micro-conduits du réseau karstique et les réservoirs chimique. Des ouvrages modernes captent l'eau des
222 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
10 000 _ _ _
10 000
_ _ _
milliéquivalents
_ _ _
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
Il est à priori hasardeux d'exécuter des études probable qu'on ne pourra mettre en évidence des
hydrogéologiques systématiques sur cette plaine, débits nouveaux suffisamment importants pour déve-
car on sait que de telles études seront onéreuses pour lopper l'irrigation sans porter préjudice aux périmètres
un résultat qui risque fort d'être assez négatif. En effet, déjà existants, desservis à partir des collecteurs
mis à part d'éventuelles améliorations dans la naturels que sont les axes de drainage dans les
distribution spatiale de points d'eau à vocation calcaires lacustres et qui se manifestent naturellement
d'alimentation humaine ou pastorale, il est très par les sources et rhettara.
REFERENCES
Présentation géographique
Le sud du Haut Atlas est avant tout une unité élargi à l'ouest (plaine du Souss), puis s'interrompt au
climatique où règne une aridité sévère, ce qui en fait niveau du massif volcanique du Siroua pour reprendre
une région très particulière, tout à fait différente du vers l'est par les bassins étroits de Ouarzazate (vallée
reste du Maroc par ses paysages à caractères sahariens, du Dadès) et de Tineghir — Ksar-es-Souk —
sa végétation discontinue, la rareté ou l'absence d'eaux Boudenib.
courantes, les groupements de population dans les
oasis, puis dans l'extrême sud le véritable désert. L'Anti-Atlas est un vieux massif précambrien usé
par l'érosion, qui culmine à 2 531 m (jbel Aklim) et
bute au N contre le Haut Atlas par la puissante masse
Des points de vue géologiques et hydrogéolo-
volcanique du Siroua (3 304 m). Au centre du massif
giques, s'individualisent plusieurs domaines dans ce
l'érosion a creusé des boutonnières dans les niveaux de
Maroc méridional : sillon préafricain en bordure du
granites et de schistes moins résistants que les
Haut Atlas, massif montagneux de l'Anti-Atlas et
calcaires et quartzites de la couverture. Cet ensemble
bassins associés à l'W et au S, enfin domaine du SE.
est parcouru par un réseau dense d'oueds, la plupart du
Mais sur le plan des ressources en eau, le caractère
temps à sec, qui traversent les matériaux durs
aride de l'ensemble crée une unité d'ensemble qui
calcaires et quartzites, par des gorges imposantes puis
efface tous les autres caractères de spécificité des
divaguent et étalent leurs alluvions dans les dépres-
différents domaines qui sont réunis ici dans une
sions schisteuses qui précèdent et suivent les gorges.
présentation commune.
L'unité sud-atlasique est la plus étendue du Le versant sud de l'Anti-Atlas descend, avec une
Maroc : 200 000 km2 dans les frontières de 1974 qui pente assez douce hérissée de crêtes aiguës dues à des
sont toutes contestées et devraient, pour les autorités matériaux très durs en relief (quartzites), vers les
du pays, s'étendre bien au-delà vers le sud ; cette dépressions qui sont la vallée du Drâ au centre et au S.
superficie représente près de la moitié du territoire et le secteur Tazzarine — Tarhbalt à l'E. Au-delà, vers
(450 000 km2 environ). Le peuplement de ces régions le S, les grands plateaux des hamada du Drâ à l'W et
est faible : environ 1 700 000 personnes, soit 11 % du Guir à l'E inaugurent vraiment le régime saharien
de la population du Maroc et ce pourcentage apparaît sous son aspect tabulaire, rocheux et dénudé.
trompeur lorsque l'on en déduit celui concentré dans
les secteurs les plus favorisés (plaine du Souss — Ainsi, la structure découpe le domaine sud-
Moyen Drâ — Anti-Atlas occidental). atlasique en zones à peu près parallèles, se différen-
ciant du N au S ; les effets de ce découpage se
superposent à ceux de la latitude décroissante, si bien
Le trait fondamental de la structure de l'unité sud- que les unités structurales deviennent plus ou moins
atlasique est l'existence d'une longue chaîne très des unités climatiques. Cette proposition doit cepen-
ancienne, l'Anti-Atlas, allongée depuis l'océan Atlan- dant être atténuée vers l'W, lorsque la proximité de
tique à l'W jusqu'au Tafilalt à l'E selon une direction l'Atlantique, introduit un nouvel élément essentiel :
WSW-ENE, sur une longueur de 725 km ; sa largeur l'humidité.
va s'amincissant d'W en E. Cette chaîne est séparée du
versant sud du Haut Atlas par un sillon très allongé, La région occidentale est la plus favorisée ; au
étroit en général mais de largeur inégale, sur lequel les NW, la plaine du Souss largement ouverte sur
flancs des deux chaînes tombent par des pentes l'Atlantique entre le Haut Atlas au N et l'Anti-Atlas
abruptes. Ce sillon préafricain des géologues est très au S, dispose de ressources en eau assez abondantes
FIGUIG
O. R
O. ZIZ
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ISS O. GUIR
DOMAINES SUD ATLASIQUES S ERRACHIDIA
L A
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DE
RELIEFS
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0 50 100 150 km U RH
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2376
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Escarpement important
TAFRAOUTE TATA
A
GOULIMIME O
N I Z A
Plateaux crétacées
A ISS
A
ASSA
K
Z D R Socle usé avec crêtes appalachiennes (paléozoïque post Cambrien)
E
D U
TA R
J.
C A Socle infracambrien et cambrien
O O
U
A D A
TARFAYA J B E L M Roches éruptives, métamorphiques et sédimentaires
H A précambriennes
Fig. 70
162 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
qui ont permis le développement d'une agriculture bénéficie plus de l'humidité océanique ; la montagne
riche, moderne (primeurs-agrumes), parallèlement à est d'ailleurs plus basse, ce qui aggrave encore la
un secteur traditionnel actif ; ces activités, la pêche rudesse climatique. Les conditions naturelles sont
industrielle et l'essor récent du tourisme ont profité à alors désertiques hors des vallées : vastes étendues
Agadir qui assure les débouchés de toute la région vers caillouteuses sans végétation permanente et sécheresse
l'extérieur. Dans la plaine du Souss, la pluviosité (moins de 200 mm/an de précipitations). Seules les
moyenne annuelle se situe autour de 250 mm et la grandes vallées des oueds descendus du Haut Atlas
végétation naturelle est une steppe à arganiers et (Drâ — Ziz — Guir), du Siroua ou des sommets de
jujubiers dont l'aspect verdoyant, vu de loin, est l'Anti-Atlas (Bani) sont cultivées, le long de leurs
illusoire car le rendement de ces broussailles est cours intermittent, sur les terrasses limoneuses ; hors
médiocre. des oasis, on pratique occasionnellement quelques
L'Anti-Atlas occidental est une vieille montagne cultures de céréales sur les zones d'épandage des crues.
très peuplée; les versants tournés vers l'Atlantique Les oasis constituent des îlots de verdure (palmiers)
reçoivent en effet jusqu'à 300 et même parfois bien séparés, étroitement liés à la source d'eau qui leur
400 mm de pluie moyenne en raison de l'altitude, si permet d'exister ; l'irrigation est alors une question
bien que les cultures de céréales en sec sont à nouveau essentielle qui permet, avec des techniques rustiques
possibles lorsque les sols s'y prêtent (boutonnières ancestrales, des cultures intensives sous les palmiers
granitiques et schisteuses). Sur les pentes ouest et nord (légumes, céréales, arbres fruitiers) ; des activités
règne l'arganeraie qui fait suite à celle du Souss. Sur complémentaires à l'agriculture : élevage, mines,
les versants méridionaux où la pluie est rare, l'arganier artisanat, peuvent seules, en ces régions, permettre à
cède la place à une steppe à thym et armoise en dehors l'homme de subsister.
des fonds de vallées humides où l'on trouve des Au sud, l'Anti-Atlas disparaît sous les recouvre-
lauriers roses et tamaris ainsi que quelques palmeraies. ments sédimentaires des hamada : plateaux à surfaces
Au pied du versant ouest de l'Anti-Atlas, se situent pierreuses et rebords francs qui se disposent en trois
quelques plaines intérieures qui, bénéficiant de l'eau étages superposés selon leur âge (Crétacé et Tertiaire).
tombée sur les versants, portent quelques cultures Les hamada, très pauvres en eau, sont le domaine des
irriguées (plaines de Tiznit et de Goulimine — Bou- grands nomades qui y conduisent leurs troupeaux de
Izakarne).
chameaux, moutons et chèvres, de pâturages en
A quelque 50 km à l ' E de la côte, l'Anti-Atlas ne pâturages en fonction des saisons et des chutes de
pluie.
Climatologie
Pour un domaine aussi vaste que celui-ci, les apparaissent sur les deux profils de diagrammes
postes d'observation climatologiques sont rares et ombrothermiques orientés W-E (fig. 72) : un régime à
surtout de fonctionnement discontinu. On relève en saison pluvieuse nettement marquée et s'étalant
effet, ayant fonctionné pendant au moins 30 ans : 15 d'octobre à avril règne vers l'W, même assez loin de la
postes thermométriques et 34 postes pluviométriques. côte atlantique (Tafraoute est à une centaine de
Deux stations complètes seulement : Agadir et Ouar- kilomètres de l'océan). Vers l'E, ce régime se dégrade,
zazate, fournissent tous les autres facteurs climatiques. les précipitations sont moins abondantes et présentent
un seul maximum limité à l'automne (septembre à
PLUVIOSITE novembre-décembre), mettant bien en évidence le fait
que les précipitations sont essentiellement causées par
Comme déjà mentionné, l'aridité est le caractère des perturbations orageuses fort aléatoires en général.
fondamental des domaines sud-atlasiques. La carte de
la figure 71 porte les isohyètes moyennes de 100 et Le nombre de jours de précipitations par an
300 mm/an. On remarque que l'isohyète 100 mm diminue également avec la latitude dans tout le
partage le domaine en 2 parties de superficies à peu domaine. Il pleut moins de 20 jours par an en gros au
près égales ; le domaine méridional présaharien est S de l'isohyète 100 mm, et entre 20 et 30 jours
plus étendu vers l'E que vers l'W où l'altitude de ailleurs, sauf dans la partie montagneuse de l'Anti-
l'Anti-Atlas et l'influence océanique abaissent l'aridité, Atlas occidental et dans le Siroua où l'on enregistre en
en latitude. Il est à noter que dans le domaine la moyenne entre 30 et 40 jours pluvieux. Des
pluviosité moyenne la plus basse est celle de Tarfaya précipitations sous forme de neige se notent régulière-
(41 mm). Les zones à pluviosité moyenne supérieure à ment sur les secteurs d'altitude élevée (Siroua et Anti-
300 mm/an sont rares et peu étendues dans le Atlas occidental).
domaine sud-atlasique et limitées à l'Anti-Atlas Le phénomène le plus marquant concernant les
occidental (secteur à l'W de Tafraoute et secteur à l'W précipitations est bien entendu l'irrégularité interan-
d'Irherm) et au massif volcanique du Siroua d'altitude nuelle dont tous les bassins fourniront des exemples ;
plus élevée que l'ensemble. Les régimes pluvieux les séries d'années sèches à pluviosité inférieure à la
0
30
E
A S
300
10°
T O. Z
IZ L 300
FIGUIG
32°
A
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ERRACHIDIA O. GUIR
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TAZENAKHTE
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ZAGORA 2°
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A
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IRHERM
100 46 30°
30° FOUM ZGUID 40
38
TIZNIT
300 41
TATA
TAFRAOUTE
N
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AKKA
42
GOULIMINE LIMITE DES BASSINS VERSANTS HYDROGEOLOGIQUES
FOUM EL
HASSANE
E
ASSA
ISOHYETES 100 ET 300 mm DE PLUIE MOYENNE (PERIODE 1933 - 63 )
X
TANTAN DRA
O
OUED
0 100 200 km
28°
TARFAYA 43
8°
moyenne interannuelle déjà peu élevée, peuvent ici se sensibles. A Irherm (altitude 1 750 m), localité située
prolonger pendant 6 à 8 années consécutives, sur la ligne de crête de l'Anti-Atlas près du sommet du
catastrophiques pour la recharge des nappes aquifères massif, la température moyenne annuelle descend à
et donc pour l'agriculture, ainsi d'ailleurs que pour la 14,5°C, les moyennes mensuelles extrêmes étant de
reconstitution des pâturages fréquentés par les éleveurs 4,8°C en janvier et de 25,4°C en juillet. Les hivers
nomades. sont donc froids (décembre-janvier surtout) avec
TEMPERATURES fréquemment des minima inférieurs à 0°C (moyenne
des minima de janvier : - 0,2°C). Les étés sont
Les températures dans le domaine sud-atlasique chauds, continentaux : plus de 30°C de moyenne des
évoluent selon trois grands types principaux corres- maxima de juin à août, avec des nuits plus fraîches.
pondant : à la frange côtière atlantique, aux secteurs
montagneux et aux régions continentales. Hors de la frange côtière et des zones monta-
gneuses, le climat continental se traduit par des écarts
Dans la frange côtière, le climat est assez élevés de température journalière (entre le jour et la
uniforme toute l'année et les écarts thermiques nuit) et également dans l'année entre l'hiver et l'été.
quotidiens et annuels sont peu importants ; les Là, l'altitude joue un rôle important. A Zagora (700 m
températures annuelles moyennes sont de 18,6°C à d'altitude), la température moyenne annuelle est de
Agadir et de 17,0°C à Tarfaya. Les températures 22,8°C, contre 19,2°C à Ouarzazate ( 1 1 3 5 m ) ; à
moyennes mensuelles extrêmes sont à Agadir de Zagora les moyennes des minima mensuels sont de 4 à
13,8°C en janvier et de 22,6°C en août. Il ne gèle 5°C en décembre-janvier contre 26,5°C en juillet,
jamais sur la frange côtière et les températures alors que les moyennes des maxima s'étendent entre
maximales sont atteintes par temps de chergui (vent de 20,4°C (janvier) et 42,8°C (juillet). Ces climats
SE sec) avec 50°C. continentaux présahariens sont donc caractérisés par
des hivers doux à nuits froides et des étés torrides le
En montagne, les écarts de températures sont jour et chauds la nuit
Ressources en Eau
Exceptées quelques unités bien individualisées et difficiles en raison de l'instabilité des cours et des
relativement bien pourvues en eau (Souss - Moyen sections qui varient pratiquement à chaque crue et
Drâ - Tafilalt), il est bien difficile de préciser les souvent même plusieurs fois au cours d'une même
ressources en eau globales d'un tel domaine à climat crue, en raison également de la fugacité des écoule-
présaharien où les conditions très locales jouent un ments et souvent de leurs violences, puis enfin de
rôle considérable sur l'existence de la ressource. D'une l'éloignement et des difficultés d'accès aux points de
manière générale les oueds, temporaires et souvent mesure en temps de crue, car alors tous les petits oueds
fugaces, réalimentent périodiquement des nappes d'une région coulent, submergent les radiers des routes
souterraines qui sont exploitées de longue date au et des pistes, coupant ainsi les voies de communica-
niveau de particularités géologiques (resserre- tion. De gros efforts sont consentis actuellement pour
ments = foum, seuils, etc.) où apparaissent des mettre en place une prévision des crues en fonction de
résurgences ; ailleurs, les recherches par des moyens la connaissance rapide des averses et pour faire
puissants permettent de nouvelles exploitations sur des stationner des équipes de jaugeurs au plus près de leur
accidents géologiques (failles), même en des zones très zone d'intervention ; on espère ainsi pouvoir effectuer
arides. Il n'existe pas au Maroc dans ce domaine des mesures de crues sur des oueds tels les affluents du
présaharien de nappe profonde, puissante et étendue Drâ au S du Bani ou sur les oueds côtiers au S d'Ifni
comme la nappe du « continental intercalaire » du sud où aucune crue n'a jamais pu être jaugée.
algérien et le plus vaste système est encore celui de la Les mesures d'étiage, lorsqu'il y a écoulement,
plaine du Souss. sont plus aisées mais en général difficilement
RESSOURCES EN EAU SUPERFICIELLE interprétables, même si elles sont multipliées. En effet,
Le réseau hydrographique des domaines sud- les prélèvements pour irrigation et les infiltrations et
atlasiques se distingue par la destinée des eaux résurgences successives des eaux au niveau des sous-
écoulements perturbent considérablement les courbes
provenant des montagnes du Haut Atlas et de l'Anti-
de tarissement qu'on ne peut qu'exceptionnellement
Atlas. En effet, on distingue des écoulements vers
corriger, car les volumes consommés réellement à
l'océan Atlantique dans la zone occidentale et des
l'amont par l'irrigation sont rarement connus
écoulements vers le centre du continent africain dans précisément. En outre, il est bien rare de disposer, à
les zones centrales et orientales ; enfin, plusieurs proximité d'un secteur d'irrigation, de seuils hydro-
bassins endoréiques existent autour de dépressions géologiques parfaits permettant d'éliminer l'existence
fermées dans le SW et le SE. d'un sous-écoulement bien que de telles situations
D'une manière générale, l'hydrologie de ces régions existent (foums du Drâ moyen et du Bani dans certains
arides est complexe à appréhender. Les mesures sont cas).
PROFIL SEPTENTRIONAL
W E
AGADIR TAROUDANT TAZNAKHT OUARZAZATE ERRACHIDIA
20 m 255 m 1400 m 1135 m 1060 m
P = 225 mm P= 231 mm P = 119 m P= 140 mm
PLUVIOMETRIE EN mm
60 P= 119 mm
TEMPERATURE EN °C
50
40
30
20
10
J F M A MJ J A S O N D J F M A MJ J A S ON D J F M A MJ J A S ON D J F M A MJ J A S O N D J F M A MJ J A S ON D
W PROFIL MERIDIONAL E
TIZNIT TAFRAOUTE TATA ZAGORA RISSANI
225 m 1050 m 900 m 700 m 765 m
P = 189 mm P = 192 mm
PLUVIOMETRIE EN mm
P = 100 mm P = 74 mm P = 76 mm
TEMPERATURE EN °C
50
40
30
20
10
J F M A MJ J A S O N D J F M A MJ J A S ON D J F M A MJ J A S ON D J F M A MJ J A S O N D J F M A MJ J A S ON D
Fig. 72 — Coupes ombrothermiques W-E des domaines sud-atlasiques selon deux profils.
166 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
En raison de ces problèmes de mesures, on s'était - secteur au S du Drâ, bassins endoréiques et hamada :
jusqu'à présent orienté surtout vers la connaissance 50 (?)Mm3/an, soit un total maximum de l'ordre de
des principaux apports à leur sortie des secteurs de 1000.10 6 m3/an avec une irrégularité très grande
haute montagne ; tous les oueds importants sont ainsi tant dans le temps que dans l'espace. Le domaine
jaugés en permanence à la sortie du Haut Atlas dispose en outre des ressources superficielles qui ne
(Souss-Drâ - Todhra - Rhéris - Ziz - Guir - Bou- sont pas consommées d a n s l e v e r s a n t s u d d u
Anane). Au-delà, dans le domaine sud-atlasique, des H a u t A t l a s , s o i t 1400.10 6 m3/an dont près de
stations ne fonctionnent en permanence que sur le 300 Mm3 pérennes (cf. Présentation du domaine
Souss et le Massa à l'embouchure et sur les bassins atlasique). Il est à noter que certaines eaux de crues
intermédiaires du Ziz (Erfoud) et du Drâ (Zagora). d'oueds abondants (Ziz et Rhéris en particulier) sont
Mais les résultats des stations aval sont toujours très toujours assez chargées en sels dissous.
imprécis (mesures difficiles et prélèvements pour
irrigation importants) et ne permettent pas d'obtenir
des données sur les apports des bassins versants situés RESSOURCES EN EAU SOUTERRAINE
dans le domaine lui-même, à l'aval de l'Atlas. Mieux On demeure toujours assez étonné du fait qu'en
vaut ne pas évoquer les résultats des quelques points dépit des faibles précipitations, les nappes d'eau
de mesure situés tout à fait à l'aval des grands bassins souterraine du domaine sud-atlasique puissent être
sahariens (Ziz - Rhéris - Guir) ; ils fournissent tout actuellement réalimentées. Des calculs de bilan pluie
juste le temps des écoulements des résidus de crues qui moins évaporation par la méthode de Turc par
y parviennent, mais pas d'indication précise sur les exemple, ne résultent que des déficits pour des calculs
volumes écoulés. annuels et mensuels ; seuls des bilans hebdomadaires,
Dans ces conditions, on ne s'étonnera pas des voire journaliers, seraient sans doute susceptibles de
inévitables estimations que l'on retrouvera tout au présenter des excédents qui doivent bien exister,
long des chapitres qui suivent. En effet, des crues puisque l'on sait d'expérience que les aquifères se
surviennent dans le domaine lui-même, phénomènes rechargent, même ceux dont l'alimentation est sans
rares hors de l'Anti-Atlas occidental, très aléatoires, rapport avec des infiltrations d'eaux de crue des
résultant d'épisodes pluvieux assez localisés et à rivières. De fait, les recharges doivent être exception-
caractères orageux, notamment dans la partie SE. De nelles, liées aux pluies de forte intensité, très
tels phénomènes sont signalés tous les 5 ans en concentrées dans le temps.
moyenne dans le SE marocain (Moyen Drâ et Ziz, Dans la zone sud-atlasique quelques grands
Maidère), plus fréquemment dans le SW où le Seyad- systèmes aquifères : plaine du Souss, plaines des
Noun reçoit au moins une petite crue chaque année et Chtouka, de Tiznit, de Goulimine, ensemble des
une crue importante tous les 2 à 3 ans. Autrefois, calcaires adoudouniens et géorgiens de l'Anti-Atlas,
avant la construction du barrage réservoir Mansour- mais surtout beaucoup de petites nappes aux réserves
Eddahbi, l'oued Drâ, grossi en son cours aval par les modestes : Tafilalt, Moyen-Drâ, boutonnières pré-
affluents du Bani, parvenait à la mer pendant 2 à cambriennes de l'Anti-Atlas, bas-Maïdère, plateau
3 jours tous les 6 à 8 ans, ce qui ne devrait désormais côtier de Tarfaya. Les nappes les plus importantes (en
plus se reproduire. fait toutes celles citées ci-dessus) sont bien connues,
Ces crues aléatoires rechargent périodiquement alors que de nombreuses petites nappes disséminées
les nappes souterraines et en particulier les nappes de dans la zone et vitales sur le plan local, ne sont
sous-écoulement tout au long du cours des oueds. En appréhendées que lors d'interventions hydrogéolo-
outre, elles s'épandent souvent naturellement, parfois giques spécifiques à un problème particulier d'exploi-
grâce à l'homme, dans des zones basses ou « maïder » tation ; chaque cas est particulier en régions pré-
où elles imbibent profondément les sols limoneux et saharienne ou saharienne et la prudence envers les
fertiles déposés par les crues précédentes, sols que les fragiles équilibres de ces aquifères demeure la règle de
populations nomades ensemencent aussitôt en orge toute intervention hydrogéologique. En principe,
(Drâ inférieur - bassin du Maidère - dépressions toutes les ressources souterraines exploitables sans
endoréiques). Parfois, l'homme épand volontairement trop de difficultés technologiques ont été mobilisées
les crues pour recharger les nappes qu'il exploitera par les populations au prix d'ouvrages parfois
ensuite (Fezna-Jorf dans le bassin du Rhéris). gigantesques (rhettara en particulier) qui demandent
encore des entretiens énormes et réguliers. Cependant,
Les apports de crues ont été ainsi estimés dans plusieurs interventions hydrogéologiques récentes
les divers chapitres : dans les secteurs les plus méridionaux (bassin de
- provenant de l'Anti-Atlas (Siroua, Sarhro, Ougnate l'Ouarkziz au S du Drâ) ont apporté des résultats
compris - part du Souss haut atlasique déduite) : 800 à intéressants dans les roches primaires peu perméables,
890 Mm3/an, en prospectant les zones de fractures à l'aide de
- Ziz, bassin intermédiaire rive gauche (oued Aou- moyens mécaniques puissants.
fouss, etc) : 20 Mm3/an.
DOMAINES SUD-ATLASIQUES 167
Si les zones d'épandage de crues ne portent les ressources souterraines du domaine autour de
occasionnellement que des céréales dont les produc- 850.10 6 m3/an, avec peu de rigueur il est vrai car on
tions sont habituellement inestimables, les zones n'a pu toujours isoler les eaux superficielles infiltrées
disposant d'eau pérenne, superficielle (oueds au dans les sous -écoulements, les réinfiltrations d'eaux
débouché des montagnes) ou souterraine (sources, d'irrigation, ni distinguer les ressources exploitées des
résurgences, pompages et puisages), portent des ressources exploitables. Dans ce total, les unités de
cultures variées dont des arbres ; en ce cas, les l'Anti-Atlas (240 Mm3/an) et du Souss (230 Mm3/
superficies irriguées sont ajustées aux ressources en an) viennent largement en tête, suivies des Chtouka
eau interannuelles, ce qui procure un moyen indirect ( 1 1 0 Mm3/an), du Tafilalt - Fezna-Jorf (86 Mm3/
d'approcher ces dernières. Il est toutefois difficile de an). En fait, ce classement est illusoire envers la
faire les parts respectives des eaux de surface et richesse relative des diverses régions, car il ne tient pas
souterraine dans l'irrigation des périmètres. compte des très grandes superficies de certaines d'entre
elles (Anti-Atlas et Bani en particulier).
Dans les chapitres qui suivent, on a pu chiffrer
Aménagement des eaux
Les ressources en eau utilisables dans le domaine - l e barrage de Taghdout, sur l'oued Amara, affluent
sud-atlasique se chiffrent donc à 2400 Mm3/an de l'oued N'Aït-Douchène dans l'Anti-Atlas, est le
d'eaux superficielles (dont 300 Mm3/an pérennes) et plus ancien et le plus petit de ces ouvrages. Achevé en
850 Mm3/an d'eaux souterraines. Avec ces ressour- 1956, sa capacité est de 4,7 Mm3 et il permet
ces, on irriguerait en 1975 quelques 147 000 hectares l'irrigation d'un périmètre de 200 ha près de Taze-
ainsi répartis : nakht;
Plaine du Souss ............................................50 000 ha
Anti-Atlas ................................................. : 10 000 ha - l e barrage Hassan-Addakhil sur l'oued Ziz en
Tafilalt (au terme de l'aménagement en cours) bordure du Haut Atlas, terminé en 1971, à un volume
..................................................................... 22 000 ha de retenue de 380 Mm3 ; il garantit 140Mm3/an
Dra moyen (au terme de l'aménagement en cours) régularisés et permet l'irrigation de 19 000 ha dans le
..................................................................... 19 000 ha Tafilalt ;
Chtouka (au terme de l'aménagement en cours)
......................................................................22 000 ha - le barrage Mansour-Eddahbi sur l'oued Drâ à son
Sillon Ouarzazate-Boudenib .................... : 15 000 ha entrée dans l'Anti-Atlas, terminé en 1972, retient 560
Bani.............................................................. : 2 500 ha Mm3 ; il garantit 270 Mm3/an régularisés et permet
Maïdère........................................................ : 3 500 ha l'irrigation de 19 000 ha dans le Drâ moyen ;
Plaine de Goulimine................................... : 2 000 ha
Plaine de Tiznit ........................................ . : 1 200 ha - le barrage Youssef-Ben-Tachfine sur l'oued Massa à
sa sortie de l'Anti-Atlas, terminé en 1972, retient
TOTAL .................................................... : 147 200 ha 3 1 0 Mm3 ; il garantit 90 Mm3/an et permet l'irriga
Les consommations d'eau seraient de 920 Mm3/ tion de 19 500 ha dans les Chtouka et 1 200 ha à
an dans les périmètres modernes ou modernisés, Tassila.
soit 113 000 ha (Souss - Tafilalt - Drâ moyen - Au total, des capacités d'accumulation de
Chtouka) et de l'ordre de 180Mm3/an dans les 24 1 250 Mm3 permettent de régulariser 520 Mm3/an
000 ha traditionnels, soit un total de l'ordre de 1 100 garantis, soit près de la moitié des ressources
Mm3/ an consacrés à l'irrigation (correspondant en mobilisées du domaine. D'autres projets de barrages
gros au tiers des ressources totales en eau dans ce d'accumulation existent, notamment sur les oueds
domaine). Souss, Issen, Rhériss et Guir, actuellement en cours
Pour aboutir à un tel résultat, un important effort d'étude.
d'équipement en barrages d'accumulation a été
consenti par l'Etat entre 1968 et 1972. On récapitu-
lera ci-après les divers moyens utilisés dans la zone Les épandages de crues
pour mobiliser les ressources en eau.
La dérivation des eaux de crues (ou plutôt de
UTILISATION DES EAUX DE CRUES décrue) s'effectuait sur une grande échelle à l'aide de
barrages rustiques mais solides et avec succès depuis
Aux moyens traditionnels ancestraux d'utilisa-
tion des crues (barrages de dérivation et épandages), plusieurs décennies dans le Tafilalt et le Moyen-Drâ ;
l'Etat vient de substituer en certains bassins la les barrages d'accumulation réalisés en tête des vallées
technique plus sûre du barrage d'accumulation à supprimeront ces pratiques. Ailleurs, on a tenté
régularisation interannuelle. Les barrages réservoirs d'exécuter des dérivations de crues sur tout le pourtour
de l'Anti-Atlas, avec plus ou moins de bonheur ; de
Quatre ouvrages de ce genre existent dans le tels ouvrages fonctionnent depuis plusieurs années
domaine sud-atlasique : dans le Bani (amont de Tata) mais par contre sont
168 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
rapidement détruits ou contournés dans le bassin du par des tours d'eau complexes et variables d'une région
Seyad-Noun. à l'autre.
Ces ouvrages sont délicats à concevoir et à Barrages souterrains : - Ces ouvrages consistent
réaliser et l'on y a pas toujours consacré assez de à barrer un sous-écoulement d'oued par diverses
soins ; le choix des sites est essentiel et les entretiens techniques (caissons submersibles, pieux, palplanches,
doivent être réguliers, tant sur l'ouvrage de dérivation argiles compactées), afin de créer une réserve
que sur les réseaux de canaux d'amenée qui s'ensa- souterraine et relever le plan d'eau ; l'exploitation
blent fréquemment en ces régions. Enfin on ne dispose s'effectue par une ou plusieurs prises (haute et basse),
jamais de données hydrologiques suffisantes pour vannées ou non, vers une séguia d'amenée gravitaire
projeter ces ouvrages en demeurant dans des limites au périmètre d'irrigation. Il existe plusieurs ouvrages
économiques raisonnables. Pourtant, il semble que de ce genre, plus ou moins élaborés, dans le domaine
cette technique soit intéressante sur des cours d'eau sud-atlasique.
où surviennent quelques crues par an, permettant
d'ensemencer régulièrement des zones d'épandage. Rhettara : - Ce sont des drains enterrés d'une
nappe souterraine qui, partant de zones topographi-
Les citernes quement basses, remontent jusqu'à la nappe. Ces
En certaines zones dépourvues de ressources ouvrages anciens, très souvent non revêtus, sont très
souterraines ou superficielles, ou bien possédant de nombreux dans le domaine, notamment dans le
l'eau saumâtre, existent de nombreuses citernes (Anti- Tafilalt. Ils fournissent aux périmètres de l'eau
Atlas et S du Drâ). Il s'agit de fosses creusées dans le gravitaire.
sol et généralement revêtues de béton, recueillant les Stations de pompage : - Il existe des stations
eaux de ruissellement consécutives aux pluies ; elles se d'Etat (Souss - Moyen Drâ - Tafilalt) et des stations
remplissent deux à trois fois l'a n et sont essentielle- privées de plus en plus nombreuses ces dernières
ment utilisées pour l'alimentation des hommes et des années grâce à l'action du crédit agricole. Toutes ces
troupeaux. stations exploitent les eaux souterraines (forages et
puits).
3.35.1.
VALLEE DU SOUSS
par
Le sillon préafricain, zone de fracture séparant le eaux souterraines sont-elles relativement abondantes.
domaine géologique ancien (Précambrien) de l'Anti-
Atlas au S et les domaines plus récents (Primaire, Le climat étant particulièrement doux en hiver
Secondaire et Tertiaire) au N, correspond à une étroite dans la plaine, celle-ci a toujours connu une
zone d'effondrement occupée par des bassins à agriculture prospère. Entre les XII et XVIIè siècles, la
remplissage sédimentaire important et récent. Se culture de la canne à sucre y a connu un grand
succèdent ainsi d'W en E : la plaine du Souss, le développement : le sucre, extrait sur place, était
bassin du Dadès et de Ouarzazate et le bassin des exporté sur l'Europe. Plus récemment, et surtout
Todhra-Rhériss-Guir. depuis la deuxième guerre mondiale, de nouvelles
cultures, agrumes irrigués par pompage ont fait leur
La plaine du Souss constitue un bassin triangu- apparition et ont connu un développement rapide
laire très fortement individualisé entre le puissant cependant que le secteur traditionnel, axé sur l'orge,
massif du Haut Atlas au N culminant à 4167 m, les l'olivier et l'élevage stagne et même régresse en raison
plateaux élevés de l'Anti-Atlas au S et à l'E et enfin de la diminution de ses ressources naturelles (eau
l'océan Atlantique à l ' W ; sa superficie est de gravitaire et terrains de parcours) et de l'accroissement
3950 km2 (plaine des Chtouka au SW non comprise). démographique. Ces facteurs ont contraint bon
nombre de Soussi à migrer vers d'autres régions du
Ce cadre montagneux dont la forme évoque un Maroc ou à s'expatrier vers l'Europe.
aimant ouvert sur l'Atlantique permet à la région de
bénéficier d'une pluviosité exceptionnelle eu égard à sa L'ensemble du bassin qui s'ouvre ainsi largement
latitude, et qui atteint 200 mm en plaine, 300 mm sur sur l'Atlantique, se trouve compris entre le 30 et le 3 le
l'Anti-Atlas et jusqu'à 600-800 mm sur le Haut parallèle et autour des 9 degrés de longitude ouest de
Atlas. Ainsi les ressources en eaux de surface et en Greenwich.
Présentation géographique
Le terme de « Souss » désigne au sens large le - « moyen », de Taroudant au confluent de l'oued
vaste pays du sud-ouest marocain où l'on parle le Issen, sur environ 40 km. Au droit de Taroudant la
dialecte berbère Tachelhait. Dans une acception plus vallée s'élargit brusquement sur 40 km. C'est la plaine
étroite, celle qui est adoptée ici, il s'applique à la seule des Haovara (1500 km2) ;
plaine intérieure drainée par l'oued Souss et ses -«aval », jusqu'à l'embouchure. A partir du con-
affluents. Cette vallée dont la superficie est de fluent de l'oued Issen, la plaine s'élargit encore ; la
3950 km2 occupe le quart du bassin versant de l'oued bordure de l'Anti-Atlas se dirigeant droit au sud, il se
Souss entre les crêtes de l'Atlas et de l'Anti-Atlas trouve entre la montagne et l'océan une unité
( 1 6 100 km2). spécifique dénommée plaine côtière des Chtouka que
Les géographes subdivisent la vallée en trois l'on a souvent rattachée à la plaine du Souss mais qui,
secteurs : du point de vue hydrographique, n'a aucun rapport
avec elle. De ce fait, la plaine des Chtouka n'est pas ici
- « amont », entre Aoulouz où l'oued débouche dans rattachée à celle du Souss, mais au bassin Tiznit-
la plaine par des gorges qui terminent son cours Massa.
montagneux et Taroudant. Cette partie forme sensible-
ment un rectangle de 60 x 20 km ;
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Fia. 73 — Plan de situation, géographie et hydrographie du bassin versant de l'oued Souss et de la plaine
VALLEE DU SOUSS 171
La plaine ne comporte pas de reliefs notables à côtiers sont entraînés par les vents en direction du S et
l'exception de quelques buttes et collines, vestiges de l'E.
d'une cuesta crétacée dédoublée et presque entière-
ment ensevelie dans les formations de remplissage HYDROGRAPHIE
plio-quaternaires de la plaine. Ce sont, d'ouest en est, Le présent tracé des oueds dans la vallée résulte
sensiblement dans l'axe de la vallée (cf. fig. 74) : de nombreux facteurs qui sont essentiellement l'impor-
- les 5 buttes des Haffaia culminant à 205 m ; tance et la violence des crues ainsi que l'abondance et
la nature de l'alluvionnement.
- les collines d'Oulad-Bou-Rbia (302 m), El-Aaricha
(227 m) et El-Bouida (248 m) ; Le Souss et ses affluents
- à l'est de Taroudant les collines et buttes de Sidi- Tous les affluents rive droite dévalent en général
Bou-Rja (387 m), Freija, Mrigbet, Tagma, Tagdrant N-S, puis leur cours s'infléchit vers l'W et se raccorde
(405 m); tangentiellement à celui du Souss. Cette inflexion est
de plus en plus accentuée dans la région est. Ces oueds
- dans la haute vallée les collines basses formant le ont en général un cours peu marqué ; au sortir de la
« pli d'Igoudar » (540 m). montagne, ils oscillent sur de larges zones alluvion-
naires. La tendance à l'épandage est encore mieux
Vers le piémont, la plaine se raccorde aux
marquée chez les pourvoyeurs rive gauche. L'oued
massifs montagneux par des cônes de déjection positifs
Arrhène est le seul qui atteigne l'oued Souss d'une
et interférents assez aplatis en général vers l'Anti-
manière bien marquée, et perpendiculairement, au pied
Atlas, et plus relevés vers le Haut Atlas.
de son cône de déjection. A l'W de Tazemmourt, la
diffusion et l'effacement du réseau hydrographique
MORPHOLOGIE dans la plaine présentent un caractère frappant. Entre
Tazemmourt et l'Océan, le Souss ne reçoit aucun
La vallée présente l'aspect d'une plaine d'épan- affluent sur sa rive gauche.
dange nivelée : elle dessine une sorte de gouttière à
très faible courbure, redressée près des piémonts A sa sortie des gorges d'Aoulouz, l'oued Souss
montagneux et dans l'axe de laquelle l'oued Souss a étale largement son lit qui se divise en plusieurs bras,
tracé son lit, ramifié et large dans la partie amont, enserrant des sortes d'îles. Le cours s'infléchit ensuite
faiblement encaissé dans la partie aval. vers le SW contournant les puissants cônes de
déjection des affluents rive droite : Lemdad, Targa,
D'ouest en est la pente, de 3 pour mille dans la Bousriouil. Plus en aval le cours est rectiligne vers
partie aval, atteint 5 pour mille près de Taroudant et l'ouest car les affluents rive droite Talekjount et E l -
10 pour mille vers Aoulouz. De l'Océan à Aoulouz, la Had épandent dans la vallée des alluvions sableuses.
dénivellation est ainsi de 700 m sur 150 km. Vers le
piémont de l'Anti-Atlas, les pentes en direction du A l ' E et au S de Taroudant, le l i t du Souss
Souss sont, d'ouest en est, de 4 ou 6 pour mille à s'appuie au S sur les collines crétacées de Tagdrannt et
10-12 pour mille. Vers le Haut Atlas, elles sont plus Sidi-Bou-Rja. Il s'insinue ensuite entre les collines
fortes : près de 10 pour mille à l'ouest, 12 à 15 pour d'Oulad-Bou-Rbia et El-Aaricha. A partir de ce seuil,
mille vers l'est. il s'encaisse de 10 à 12 mètres et se dirige plein W sur
une quinzaine de kilomètres. Il se trouve ensuite rejeté
Le modelé actuel est le résultat d'un nivellement
vers le S au confluent de l'oued Issen dont les apports
opéré par érosion sur des matériels d'épandage d'âges
sont considérables ; son cours dont la largeur moyenne
divers et qui sont dans l'ensemble de plus en plus
était de l'ordre du kilomètre s'ouvre largement au
récents d'aval en amont. Les formations marno-
voisinage de l'océan.
calcaires du Quaternaire ancien affleurent à Aît-
Melloul ; la dalle calcaire qui les surmonte est L'encaissement du Souss dans sa partie aval
apparente à Oulad-Teima ; le Quaternaire moyen à est récent et n'excède pas une quinzaine de mètres.
récent s'étend largement vers Taroudant. Enfin la L'imbrication des terrasses actuelles et subactuelles
partie amont de la vallée est recouverte en grande présente un caractère complexe, surtout au voisinage
partie par les alluvions subactuelles et actuelles. de Taroudant.
Cependant la majorité de la vallée est recouverte L'observation du profil en long du lit du Souss et
de limons rougeâtres d'âge grimaldien. Dans la partie de ses affluents dans la vallée permet de faire les
sud, des formations sableuses prenant localement constatations suivantes :
l'aspect de dunes basses, s'étendent assez largement.
Les régions côtières au sud d'Agadir sont occupées par - la pente va croissant de l'aval (1 à 2 pour mille au
des formations dunaires très développées. Une haute confluent de l'Issen) à l'amont (4 pour mille à
dune ancienne se développe parallèlement au rivage, Taroudant, 6 pour mille à Igli, 10 pour mille vers
atteignant une altitude de 100 mètres. Les sables Aoulouz).
172 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
- les émergences d'eaux souterraines qui se manifes- Une des formations végétales la plus intéressante
tent dans le l i t du Souss s'effectuent à l'aval des dans la vallée du Souss est la « brousse à jujubiers ».
pourvoyeurs principaux d'eaux de crues, Elle constitue un pâturage persistant et, d'autre part,
elle est l'indice de sols de bonne qualité. Les sols salés
- certaines dénivellations brusques dans le profil supportent une steppe à salsolacées, notamment aux
semblent liées à la présence de failles du substratum de abords de l'oued Issen.
la vallée.
L'étude des origines de la flore montre que les
Sources et cours d'eau pérennes espèces méditerranéennes entrent pour près de moitié
La plupart des eaux pérennes de la vallée se dans le total ; viennent ensuite les sahariennes et les
rencontrent : soudano-sénégalaises. Les endémiques sont relative-
- au voisinage des piémonts, sous forme de sources et ment nombreuses ; l'extension de l'aire de l'arganier
d'écoulements — faibles en été — dans le l i t des exprime cet endémisme.
affluents, En ce qui concerne la végétation, le Souss forme
- dans le fond de la vallée : sous forme d'émergences donc une sorte d'île à caractère tropical, désertique et
dans le l i t de l'oued Souss lui-même. océanique. Les mêmes caractères se retrouvent,
accentués, dans la composition de la faune ; aux
En bordure de l'Anti-Atlas, on trouve ainsi d'E confins méridionaux du Souss les influences méditer-
en W, 28 sources débitant quelques 350 l/s. En ranéennes et tropicales sont en interférence.
bordure du Haut Atlas, les sources sont beaucoup plus
nombreuses : 64 ont été dénombrées pour un débit de GEOGRAPHIE HUMAINE
600 1/s. Enfin, les oueds descendant de l'Atlas sont en
général pérennes à leur débouché dans la plaine du Le fond de la population est d'origine berbère,
Souss ; les débits d'étiage sont toutefois modestes, de formant une ethnie particulière : l'ethnie Chleuh qui
l'ordre de 1 m3/s au total, Souss et Issen compris, et parle le langage Tachelhaït. Depuis le XlVè siècle des
ces débits sont utilisés sur les piémonts pour tribus arabes se sont installées dans la vallée et s'y
l'irrigation, ne coulant pas plus avant dans la plaine. sont fixées. Toutes ces populations ont été brassées
intensément au cours des siècles, dans les remous
Les émergences dans le lit du Souss, captées par d'une histoire turbulente, pour aboutir à l'homogé-
des séguias, ont des débits importants : elles consti- néité, type et mœurs que l'on observe aujourd'hui et au
tuent un exutoire naturel pour les nappes alluvion- bilinguisme : arabe-berbère. Le Soussi émigre volon-
naires et parfois débitent des eaux d'une origine plus tiers pour un temps, soit dans les villes modernes du
profonde. En général le débit est fonction de la Maroc, soit à l'étranger afin de se constituer un capital
pluviométrie des années antérieures. Certaines années lui permettant d'acquérir un patrimoine dans la
ces émergences peuvent tarir. Il est difficile d'estimer localité dont il est issu.
le débit total des émergences car on ne peut
additionner les jaugeages de chacune des sources ; en La population de la vallée du Souss est de
effet, compte tenu des canaux en terre non revêtus qui 381 000 habitants ( 1 9 7 1 ) , en majorité rurale
véhiculent les eaux captées, les réinfiltrations des (258 000 ruraux). Les villes importantes sont Agadir :
émergences de l'amont alimentent en partie celles de 100 000 habitants avec ses agglomérations satellites :
l'aval. Par des mesures hydrologiques, on a pu estimer Inezgane, Ben-Sergao - Deheira, puis Taroudant
à 8,8 m3/s la somme des débits des émergences (22 000 habitants). Quelques centres ruraux sont
(recyclages non déduits). essentiellement des lieux de marché ou des centres
administratifs.
La population représente une densité de 92 au
VEGETATION NATURELLE km2, dont 62 au km2 pour la population rurale. Les
L'arganeraie couvre un million d'hectares : sur foyers ruraux comportent 6 personnes en moyenne. Le
les versants montagneux proches de l'Océan ou taux de croissance annuel est très élevé : 4,2 % entre
exposés à son influence, jusqu'à une altitude atteignant 1960 et 1971 pour la population totale de la plaine. La
1 500 à 2 000 m, et aussi dans la plaine du Souss, croissance de l'agglomération d'Agadir est exception-
surtout dans sa partie aval. Certains peuplements d'un nelle : 10,5 % annuel et contraste avec la quasi sta-
seul tenant telle la « forêt d'Ademine » couvrent une gnation de Taroudant : 2,4 %.
large superficie sur croûte calcaire. Cet arbre a une La plaine montre un taux d'actifs occupés
croissance très lente ; l'âge moyen des individus est de masculins supérieur à la moyenne nationale, mais un
250 ans. I1 fournit en été un pâturage « aérien » à la taux d'actifs occupés féminins inférieur à la moyenne
chèvre et au chameau. L'amande de son fruit fournit nationale. L'agriculture emploie l'essentiel de la main
une huile appréciée dont l'extraction est difficile et d'oeuvre. Les industries (cimenterie - conserveries de
coûteuse. poisson et de légumes) sont localisées dans l'agglomé-
VALLEE DU SOUSS 173
ration d'Agadir, alors que des stations de conditionne- consommé s'élève à 0,70 DH soit cinq fois plus que
ment et d'emballage des fruits et légumes se situent dans le secteur traditionnel. Le secteur moderne est en
dans les centres ruraux. plein développement ces dernières années, augmentant
sous l'initiative privée de 1 000 à 1 500 ha/an.
Les revenus familiaux annuels pour une moyenne
de 5 personnes (année 1970) ressortent en moyenne à L'élevage tient également une part importante
480 DH pour une petite exploitation agricole en sec, dans l'économie de la plaine du Souss. Le troupeau
1 880 DH pour une petite exploitation irriguée par comprend en 1970 : 56 000 bovins, 254 000 ovins,
une séguia traditionnelle, 8 900 DH pour une petite 534 000 caprins et 15 000 animaux de service. La
exploitation maraîchère avec pompage moderne et production annuelle atteint 3 000 tonnes de viande et
entre 1 200 DH et 1 400 DH pour un salarié agricole 7 millions de litres de lait.
spécialisé d'une exploitation agrumicole moderne
La forêt couvre 140 000 ha en plaine et produit
ECONOMIE ET PRODUCTION annuellement 560 tonnes d'huile et 28 000 m3 de
bois.
L'agriculture joue le rôle essentiel, avec une
superficie de 20 000 à 100 000 ha ensemencée en orge Les agro-industries tiennent une place de choix
(variable avec la pluviosité) et 50 000 hectares irrigués dans l'économie régionale. Elles consistent en 20
(34 000 ha d'irrigation traditionnelle et 16 000 ha stations de conditionnement d'agrumes traitant
d'irrigation moderne). La micropropriété de moins de 160 000 tonnes, 87 stations de conditionnement
2 ha occupe 8,5 96 des superficies totales, 16 % des traitant 45 000 tonnes de légumes, 1 usine de jus de
surfaces irriguées mais intéresse 44 96 des proprié- fruit (40 000 tonnes) et une de concentré de tomates,
taires ; à l'opposé des propriétés de plus de 10 ha 3 huileries d'olive mécanisées et 650 huileries
occupent 49 96 des superficies totales, 45 96 des traditionnelles pressant 25 000 tonnes d'olives, 2
surfaces irriguées et intéresse 10 % des propriétaires. moulins modernes écrasant 45 000 tonnes de blé
importé.
L'agriculture en sec est exclusivement céréalière
(orge) et produit entre 6 000 et 90 000 tonnes/an Parmi les industries, la pêche occupe 3 000
autoconsommées par la famille ; les bonnes années, les pêcheurs et 4 000 ouvriers d'usines à Agadir. Agadir
excédents sont vendus localement. est un des premiers ports sardiniers du monde avec
142 000 tonnes de poisson débarquées en 1 9 7 2
Dans l'agriculture irriguée, il faut distinguer le (poissons de marée et poissons industriels). Les
secteur traditionnel et le secteur moderne. Le secteur industries des produits de la mer sont au nombre de
traditionnel occupe 34 000 ha voués particulièrement 3 0 : 1 7 conserveries, 8 usines de farine de poisson, 5
au blé (22 000 ha) et au maïs ( 1 1 600 ha) entre les usines de congélation et ont fourni en 1972 : 1 1 0
plantations d'oliviers ; les consommations d'eau pour millions de boîtes de sardines, 6 000 tonnes de
l'irrigation sont de 4 000 et 4 800 m3/ha/an et la sardines congelées et 15 000 tonnes de farine de
valeur ajoutée par m3 d'eau consommé ressort en poisson.
moyenne à 0,14 DH ; ce secteur demeure stable car ses
ressources en eau ne peuvent augmenter. Le secteur Enfin l'activité touristique suit un développement
moderne comporte 16 000 ha irrigués en 1972 dont rapide autour de la baie d'Agadir où l'on dénombrait
10 500 ha d'agrumes et 3 000 ha de maraîchage ; les au 3 1 . 1 2 . 7 1 , 38 établissements totalisant 4000 lits.
consommations d'eau pour l'irrigation sont de 5 500 à Depuis, de nouveaux hôtels ont été édifiés chaque
8 500 m3/ha/an et la valeur ajoutée par m3 d'eau année et de grands projets sont à l'étude.
Géologie
Les principaux travaux géologiques furent l'œu- - le cycle calédono-hercynien, agissant sur le matériel
vre de L. Neltner, E. Roch, L. Moret et R. Ambroggi primaire qui s'était déposé plus au nord dans un vaste
sur le Haut Atlas, de J. Bondon, J. Bourcart et surtout synclinorium, a formé les chaînes du domaine
G. Choubert pour l'Anti-Atlas. Dans la plaine, on atlasique,
retient les travaux de G. Choubert, R. Ambroggi, R.
Bourgin et R. Dijon. - à partir de l'Eocène le cycle alpin a affecté
l'ensemble du pays, surtout au cours d'une importante
phase du Pliocène : la chaîne du Haut Atlas s'est
ESQUISSE STRUCTURALE élevée et l'Anti-Atlas s'est soulevé en masse.
La région du Souss a connu trois grands cycles Ces deux domaines se raccordent de manière
orogéniques : complexe dans les profondeurs de la vallée du Souss
- un dernier cycle orogénique précambrien a donné couvertes d'épaisses formations de remplissage plio-
naissance à l'ossature de l'Anti-Atlas; en bordure quaternaires. Ces dernières comprennent des forma-
nord-ouest du « bouclier africain », tions détritiques et marnocalcaires qui surmontent un
10° 9°
8°
0 10 20 30 40 50 Km 4167
ISSEN
U E
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. MASSA
30° 30°
Plioquaternaire. Alluvions, sables, limons, calcaires lacustres
N
O
R D Primaire (Acadien à Autunien). Schistes et grès
TIZNIT
K E Primaire (Géorgien). Schistes et calcaires
synclinal Crétacé-Eocène orienté est-ouest. Le flanc plusieurs reprises. Les effets de l'érosion continentale
nord de ce synclinal apparaît en bordure du Haut Atlas continuent à s'exercer intensément. Au Villafranchien
où il affleure largement mais de manière discontinue le réseau hydrographique s'encaisse profondément ; la
au N et NE d'Agadir, puis au N et NE de Taroudant et vallée connaît un régime lacustre dans son centre et
à TE d'Aoulouz. C'est la « zone subatlasique méridio- reçoit des dépôts continentaux sur ses bordures. Le
nale ». synclinal crétacé se trouve alors presque entièrement
enfoui.
Le flanc sud apparaît dans l'alignement des
collines de l'axe de la vallée, où l'on observe des Au Quaternaire quelques mouvements tecto-
pendages orientés vers le nord. Ce synclinal est faillé niques se produisent encore ; la côte est affectée par
abondamment et de manière complexe en profondeur. des transgressions marines de faible portée. Vers
Vers l'ouest il repose sur un puissant ensemble l'intérieur les changements climatiques donnent des
jurassique et permo-triasique reconnu par sondages. phases alternées de creusement et comblement,
Enfin au voisinage d'Agadir deux cycles de sédimenta- provoquées par les « pluviaux » et les « interplu-
tion pliocène ont intéressé un golfe de dimensions viaux ».
modestes mais profondément subsident.
STRATIGRAPHIE
Domaine de l'Anti-Atlas
RESUME PALEOGEOGRAPHIQUE
(G. Choubert) Dans l'Infracambrien de l'Anti-Atlas, on a décrit
les séries suivantes :
Au cours du cycle calédono-hercynien les - série « de base » (environ 100 m) : calcaires et
formations essentiellement cristallines et métamor- schistes,
phiques du bouclier africain, qui apparaissent en - calcaires « inférieurs » : dolomies et calcaires dolo-
boutonnières dans la partie axiale de l'Anti-Atlas, ont mitiques en gros bancs (1 000 m à l'est, 3 000 m à
été revêtues d'une puissante couverture sédimentaire. l'ouest),
Plus au nord, dans une fosse de subsidence, s'est - série « lie de vin » (700 m ; disparaissant vers
accumulé le matériel qui allait former la chaîne l'est). Série schisteuse,
hercynienne. - calcaires « supérieurs » (500 à 300 m) en minces
Les puissantes séries infracambriennes et géor- bancs,
giennes (jusqu'à 5 000 m) comprennent essentielle- - série « schisto-calcaire » (300 m) : schistes et
ment des calcaires dolomitiques. A partir de l'Acadien calcaires alternés.
et jusqu'au Dévonien, sur une épaisseur pouvant Dans cet ensemble, les eaux souterraines sont
atteindre au total près de 10 000 mètres, les sédiments localisées essentiellement dans les synclinaux et les
sont surtout schisteux et gréseux. zones de fractures ; les circulations présentent un
caractère karstique peu marqué.
L'orogénie hercynienne s'est manifestée par une
émersion et par la naissance de grands accidents dans Les sédiments géorgiens surmontent en conti-
le Haut Atlas, accompagnée de venues granitiques. nuité la série schisto-calcaire ; ils sont formés de
Une longue évolution continentale a suivi jusqu'au calcaires noirs, de schistes verts et violets, et de grès
Dogger. La partie occidentale du pays : fosse de « terminaux ». Seuls les niveaux inférieurs peuvent
Haha—Ida-ou-Tanane dans le Haut Atlas et basse être aquifères.
vallée du Souss, a connu des dépôts marins au
Jurassique supérieur. Au Crétacé la sédimentation Les termes acadiens, essentiellement schisteux,
s'est poursuivie : les mers du Crétacé et du début du affleurent en bordure de l'Anti-Atlas. L'Ordovicien
Tertiaire se sont largement étendues vers l'est, surtout n'est pas connu sur le versant nord en dehors des jbels
au Mésocrétacé qui a connu la submersion de la partie Tachilla et Ouarzemine ; au sud il est formé de schistes
nord de l'Anti-Atlas. et de grès. En résumé, l'ensemble : Géorgien supé-
rieur - Acadien - Ordovicien, comprend une masse de
Au Lutétien, la mer a quitté le domaine atlasique sédiments imperméables essentiellement schisteux, sur
qui a connu dès lors une évolution continentale. Seul une épaisseur supérieure à 2 500 mètres.
le golfe d'Agadir se trouvera à nouveau submergé au Domaine du Haut Atlas (Antécrétacé), zone axiale
Pliocène. Les premières phases atlasiques provoquè-
rent l'érection de la chaîne du Haut Atlas et Dans cette région du Maroc, le Haut Atlas
l'exhaussement de l'Anti-Atlas. Ensuite ces reliefs primaire - antépermotriasique - est essentiellement
furent affectés par une forte érosion allant jusqu'à formé sur plus de 10 000 m d'épaisseur de roches
l'arasement en pénéplaine. imperméables : roches cristallines d'âges divers, schis-
tes et grès, quartzites. Le seul niveau aquifère, qui
Au Miocène puis au Pliocène, le Haut Atlas se donne des sources, est constitué par des calcaires
soulève : les grands accidents qui l'affectent rejouent à Cambriens alternant avec des schistes.
176 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Le bassin de Passif N'Ait-Moussa (oued Issen en Sur le flanc sud du synclinal, le Crétacé et
plaine) est creusé dans les séries assez tendres du l'Eocène sont connus par sondages dans la vallée du
Permotrias : conglomérats, grès, argilogrès et marnes Souss et en affleurements sur les collines de Haffaia,
rouges sur 1 000 m à la base, argiles salifères et Bou-Rbia, Sidi-Bou-Rja, Tagdrannt et Igoudar (Ou-
basaltes sur 500 m au sommet. Seuls les grès peuvent lad-Berrehil).
se comporter, localement, en aquifères.
La « barre turonienne », fracturée et fissurée,
Le Jurassique est connu en affleurements dans la représente ici le seul aquifère utilisable ; les calcaires
partie extrême-occidentale du Haut Atlas, et aussi par lutétiens rencontrés par sondages aux Oulad-Berrehil
sondage. Les niveaux aquifères sont représentés par sont compacts et secs.
les marno-calcaires et calcaires callovo-oxfordiens (20
à 50 m), les calcaires rauraciens (quelques dizaines de STRUCTURE EN SUBSURFACE DE LA VALLEE
mètres), les calcaires portlandiens (70 à 80 m). DU SOUSS
L'ensemble du Jurassique inférieur et moyen est Les prospections géophysiques et les reconnais-
d'origine continentale, marneux, gréso-argileux et sances par sondages ont permis d'acquérir une idée
imperméable. d'ensemble de la structure du substratum de la vallée.
Sur le flanc nord du synclinal, en bordure du - la flexure bordière de l'Anti-Atlas est marquée par
Haut Atlas, on trouve : un plongement des calcaires géorgiens sous la vallée,
- vers l'W une série crétacée marine complète, avec un gradient moyen de 1 5 à 20 96,
- d'Erguita à l ' E d'Aoulouz une longue zone d'affleu- - la cuesta turonienne qui limite au S le synclinal du
rements, discontinue et de largeur variable : « la zone Souss passe par El-Klea et Haffaia, puis se dédouble
subatlasique méridionale ». Entre Ameskhoud et vers l'E. La branche nord passe par Ouled-Bou-Rbia
Erguila, les reliefs primaires dominent directement la et gagne le Haut Atlas. La branche sud suit
plaine. D'W en E, les faciès lagunaires puis sensiblement le l i t du Souss. Le toit du Turonien a une
continentaux marquent de plus en plus la série qui est pente régulière vers le N, de l'ordre de 7 % jusqu'à
surmontée à l ' E d'Erguita par une série éocène de l'axe du synclinal constituant le fond de la « gouttière
faciès lacustre ou continental. sud-atlasique ». Au N du pli d'Igoudar la pente atteint
La puissance du Crétacé inférieur, argileux et 12 %,
marnocalcaire, diminue d'Ameskhoud (300 m) vers - le fond de la « gouttière » qui a une altitude
Erguita ( 1 0 0 m) et oued Targa (60 m). Les grès, moyenne de 450 m de Taroudant à Oued Issen
marnes et argiles Cénomaniens subissent des réduc- s'abaisse rapidement à l'W de la flexure d'El-Klea et
tions analogues d'Ameskhoud (400 m) à Erguita atteint la cote — 1 200 m à l'embouchure de l'oued
(50 m) ; plus à l ' E le faciès devient lagunaire (bancs Souss. Le flanc nord du synclinal se relève vers le
de gypse à Aït-Tamment). La « barre turonienne » Haut Atlas avec une pente de 20 % pour une
comprend deux termes : calcaires dolomitiques à la dénivellation de 1 200 mètres.
base, surmontés de calcaires à silex en plaquettes. Sa
puissance est de 50 m à l'W de Taroudant, 30 à 10 Le « golfe subsident d'Agadir » s'est formé à
m à l'E. l'Oligocène. Les terrains néogènes : gréseux et calcaires
au sommet, argileux à la base, y ont été traversés sur
Le Crétacé supérieur est essentiellement marneux 600 mètres (sondage pétrolier).
et marnocalcaire, gypseux vers l'E ; la puissance est de
400 m à Ameskhoud, 1 000 m à Erguita (fosse de FORMATIONS DE REMPLISSAGE DE LA VALLEE
subsidence, comprenant 300 m de grès maestrichtiens DU SOUSS
phosphatés), 300 m à Aït-Tamment, 50 m à Aoulouz Dans le golfe pliocène d'Agadir, les niveaux
(grès et marnes rouges). perméables sont représentés par des grès coquilliers et
La série éocène a une épaisseur moyenne des conglomérats. Ces aquifères sont ponctionnés par
d'environ 100 mètres, elle est marnogréseuse à la des pompages pour l'alimentation d'Agadir.
base, puis calcaire, enfin marno-sableuse.
Dans la gouttière sud-atlasique, le Néogène
Dans cet ensemble les niveaux aquifères sont continental est représenté par de puissants dépôts
représentés par : conglomératiques, au pied du Haut Atlas. Plus au S, il
- les calcaires dolomitiques du Turonien, s'agit de formations fluvio-lacustres essentiellement
- les calcaires et sables phosphatés maestrichtiens et marnocalcaires, argileuses, gréseuses, avec intercala-
l'Eocène inférieur, tions conglomératiques, c'est la « formation du
- les calcaires à silex lutétiens qui donnent de Souss » ; R. Ambroggi lui attribue un âge pliovilla-
petites sources en montagne et sur le piémont. franchien.
VALLEE DU SOUSS 177
_
Ci
PQ
Cm PQ PQ
0
J E Cm
Ci P
Ci
Cs CS
ci P(?)
Cm
500
J
Ci
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F SOUSS AVAL
F Ci
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km
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
PQ PQ
Cm Ci P
0 Cs
Ci
Cs SOUSS MOYEN
P
F
Cm Ci
Cs F
500 F km
0 5 10 15 20 25 30 35
PQ PLIO-QUATERNAIRE
HAUT ATLAS ANTI - ATLAS
m
N.W. S.E.
OULAD BERREHIL E EOCENE
OUED SOUSS
Cs CRETACE SUPERIEUR
500 E
Cs PQ PQ
Cm CRETACE MOYEN
E
Ci P
Ci CRETACE INFERIEUR
0 Cs Cm
Ci
SOUSS AMONT J JURASSIQUE
F F km
P PRIMAIRE
0 5 10 15 20 25
Fig. 75 — Coupes géologiques très schématiques, d'après géophysiques et forages, dans la plaine du Souss.
- un troisième faciès est constitué par des conglomé- - dans les cônes de déjection (Quat. ancien),
rats très divers, plus ou moins bien consolidés ; - dans la « formation du Souss remaniée » (Quat.
ceux-ci constituent la presque intégralité du Néogène moyen),
continental au voisinage du Haut Atlas et vers l'E. - des limons du Quaternaire récent et actuel : alluvions
Plus au S, ils se présentent en intercalations de 10 à 15 argileuses à l'aval de l'oued Issen par exemple.
mètres d'épaisseur dans les marnocalcaires et les
argiles sableuses. Il existe également des niveaux congloméra-
tiques, au pied du Haut Atlas. Les niveaux calcaires
Il arrive enfin que l'on trouve au contact du sont représentés par certains bancs de la « formation
Crétacé sous-jacent un niveau marnocalcaire d'épais- du Souss » et par la dalle du Quaternaire ancien.
seur variable (Oligomiocène ?).
La formation du Souss « plioquaternaire » admet
Quaternaire continental dans ses niveaux supérieurs des circulations d'eaux
souterraines selon un mode « semi -karstique »; en
La limite entre le quaternaire ancien et le effet les marnocalcaires sont creusés de canalicules
Néogène n'est pas aisée à déterminer. A ce jour les vermiculés, avec dépôts de manganèse et concrétions
formations quaternaires du Souss n'ont pas été calcaires amygdalaires.
décrites et datées dans une étude systématique Les formations récentes sont souvent les plus
d'ensemble. En rapprochant les coupes d'une centaine perméables : dunes, étendues sableuses et surtout
de puits et sondages, on peut discerner les grandes alluvions de lits d'oueds actuels et fossiles dont
subdivisions lithologiques suivantes, que l'on peut l'épaisseur atteint plusieurs dizaines de mètres.
sommairement répartir chronologiquement en Quater-
naire « ancien », « moyen », « récent ». L'échelle Ces alluvions absorbent en amont les eaux de
stratigraphique est figurée dans le tableau 29. crues et les restituent en aval sous forme de volumes
importants et réguliers débités par des drains,
Dans l'ensemble le Quaternaire est donc assez tranchées drainantes dans le lit du Souss et stations de
souvent argileux ; il en est ainsi : pompage.
Climatologie
Le climat du Souss est complexe car il résulte de de l'océan sur lequel la vallée s'ouvre largement, une
l'interférence de trois facteurs très différents : un cadre latitude « saharienne ».
montagneux élevé et fermé sauf à l'ouest ; la proximité
Tableau 29
QUATERNAIRE DU SOUSS - ECHELLE STRATIGRAPHIQUE SCHEMATIQUE
Quaternaire marin Quat. continental ; Classification Climat au Lithologie dans le « Age » Epaisseur
(« interpluviaux ») « pluviaux ». Etages corresp. en Maroc Souss (R. Ambroggi) (mètres)
locaux du Maroc Europe
(probable)
FLANDRIEN RHARBIEN plus humide Alluvions, limons « quaternaire récent » 0
que l'actuel actuels, sols
600
AZIB BOU IZRI
TIMLILT A T L A S 700
ST
600 IMHILEN IMLIL
TE
700
N'
500
ZI
S
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OUCHEDDEN
T ARHBAR
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0
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70
0 TAFINEGOULT
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500 ISK BELLA
IMOUZZER DES IDA-
300
400 AOULOUZ 400
OU -TANANE MENTAGA
0 300 OULAD BERREHIL
50 0 300
U E
40
AIN TIZIOUINE
TALIOUINE
O. SOUSS
N T I Q
0
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300 TAROUDANT TIMDOUINE
0
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AGADIR S
INEZGANE A
AIN CHAIB L
A
25
A
0
L
ROKEIN
T
ADEMINE AMAGOUR
-
A
----
BIOUGRA
NESFA I
N
T 0
N 40 Poste pluviométrique
A
A
AÏT BAHA
période 1942 - 1968 (équidistance : 100 mm)
C
300
0
O
250
0
40
AÏT ABDELLAH
Limite du bassin versant du Souss
Limite de la plaine du Souss
400
0
200
0 10 20 30 40 50 km
TIZNIT
30
TAFRAOUTE
Fig. 76 — Plan de situation des réseaux hydrologiques et pluviométriques et carte des isohyètes moyennes
annuelles.
180 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
TIZNITE 20.9 7.3 22.7 e.7 24.6 10.7 25.7 12.6 26.6 14.5 28.2 16.5 30.3 17.8 31.2 18.1 30.8 17.2 29.6 15.1 26.4 12.1 21.9 8.6 26.6 13.3
AGADIR 20.2 7.3 21.5 8.7 22.7 10.7 23.4 12.6 24.1 14.5 25.0 16.5 26.4 17.8 27.0 18.1 26.7 17.2 25.9 15.1 23.8 12.1 20.9 8.6 24.0 13.3
TAROUDANNT 21.6 5.5 23.3 7.0 25.5 8.9 27.4 10.5 2S.0 12.2 30.8 14.1 35.2 16.3 35.8 16.5 33.2 15.1 29.5 13.0 25.7 10.0 22.1 6.4 28.3 11.3
Fig. 77
ce qui concerne les maxima que les minima (rapport de novembre et mars. Le nombre de jours de pluie est de
3 à 1). D'une manière générale les écarts de l'ordre de 25 par an.
températures diminuent au voisinage de l'Océan et en
En outre, une étude pluviométrique de l'ensemble
altitude, ceci étant plus marqué vers le Haut Atlas ; les
du bassin du Souss a été effectuée à partir des relevés
écarts croissent vers le sud (Anti-Atlas). observés ou reconstitués par la méthode des « double
masse » sur 12 postes de la plaine et 17 postes en
PRECIPITATIONS montagne. Les résultats figurent sur le tableau suivant
pour deux périodes : 1942-43 à 1967-68 et 1932-33
L'importance des précipitations est extrêmement à 1967-68 (les noms de postes suivis d'un numéro
variable dans l'espace (d'une région à l'autre) et dans correspondent à des nivo-pluviomètres totalisateurs
le temps (violence des pluies, variations saisonnières et annuels).
interannuelles). Dans la vallée la pluviométrie an-
nuelle est la suivante (fig. 77) pour la période Corrélation pluviométrie-altitude
1933-63, d'après les postes principaux. Les pluies Une corrélation pluviométrie-altitude a été faite
tombent entre octobre et avril avec un maximum entre (fig. 78). Les conclusions en sont les suivantes :
Tableau 30
Poste Région Altitude lame d'eau de lame d'eau de
(m) pluie moy (mm) pluie moy. (mm)
OUCHEDDEN (Totalisateur)
IRHERM AIN ASMAMA
l'extérieur du bassin du Souss :
ANTI-ATLAS SAH
S
TLA
TA
1500
AOULOUZ
NO
SUD DE LA
500
AIT BAHA
ANEZI
(1932-1967):
OULAD BERREHIL
TIMDOUINE AMAGOUR
AIN TIZIOUINE
- bassin versant fermé à Aoulouz : 339 mm,
- bassin versant fermé à Taroudant (y compris le
NEFSA
TAROUDANT
BIOUGRA
ROKEIN
AIN CHAIB
AGADIR - INEZGANE
précédent) : 327 mm,
- bassin versant fermé à Aït-Melloul (y compris
PLUVIOMETRIE mm/an
100 200 300 400 500 600 700 800
Tableau 31
Fréquence Hauteurs moyennes annuelles en mm
de AIN-ASMAMA AIN-CHAIB T1FERMIT TALIOUINE AIT-ABDALLAH
dépassement Haut Atlas Plaine Anti-Atlas Anti-Atlas Anti-Atlas
100 % 124 62 96 70 44
75 % 419 170 260 190 150
50 % 448 260 405 210 200
25 % 648 500 540 260 230
0% 1.000 724 660 570 340
Stations année S O N D J F M A M J J A
Les affluents du cours moyen et inférieur du A partir des débits journaliers de 1954-55 à
Souss sont très nombreux. Les plus importants de la 1969-70 et des interprétations antérieures pour
rive droite sont : l'oued El-Meddad, l'oued Bousriouil, 1947-48 à 1953-54, on a pu établir une corrélation
l'oued Targa, l'oued Aguerd-el-Had, l'oued n'Aït-el- pluie-débit qui a permis de reconstituer une période de
Had et l'oued Issen. Sur la rive gauche ce sont Passif débits annuels 1932-33 à 1969-70, soit 38 ans pour
Tangarfa, l'oued Arrhen, l'assif N'Razemt, Passif lesquels le module moyen annuel ressort à 7 m3/s
Aouerga. Bien que la plupart de ces oueds ne soient fictifs continus pour une pluie moyenne de 346 mm
pas systématiquement observés, il est bien connu qu'il sur le bassin versant amont d'Aoulouz. Ces apports
existe une très grande différence entre ces deux annuels sont très irréguliers, variant entre 0,02 m3/s
systèmes hydrographiques des affluents du Haut Atlas ( 1 9 6 0 - 6 1 ) et 31,7 m3/s (1955-56).
et de ceux de l'Anti-Atlas. La répartition des débits dans l'année est
Tandis que les affluents du Haut Atlas atteignent également très irrégulière : 85 % des apports se
tous le Souss au moment des crues, les affluents de situent entre novembre et avril. Les crues constituent
l'Anti-Atlas l'atteignent rarement. Ceci provient de ce l'essentiel des apports.
que :
L'oued Souss à la station de Taroudant (9350 km2 de
- la pluviosité sur le Haut Atlas est plus élevée que sur
bassin versant)
l'Anti-Atlas,
- le relief du Haut Atlas est plus marqué que celui de Alors que l'oued Souss tarit rarement à Aoulouz
l'Anti-Atlas, (tarissements dus aux prélèvements de l'amont), son
- des terrains calcaires très perméables existent dans lit est à sec à Taroudant pendant 8 mois par an en
l'Anti-Atlas et retiennent une fraction importante des moyenne en raison des prélèvements (Souss et
eaux de pluie. affluents) et des infiltrations dans la nappe souterraine.
Les observations hydrologiques dans le Souss La station de Taroudant n'a fourni que des
couvrent une période de vingt années environ (depuis renseignements hydrologiques inutilisables depuis sa
1947) ; elles intéressent principalement les débits de mise en service en raison de l'impossibilité de jauger
crue de l'oued Souss et de l'oued Issen ; en effet ce sont les crues : lit large de 1000 m environ et divisé en
les crues consécutives aux fortes pluies d'automne et plusieurs bras, ouvrages de protection détruits par les
d'hiver qui représentent les principaux écoulements fortes crues, etc.
d'eaux superficielles dans la vallée. Ces crues sont
L'oued Souss à la station d'Aît-Melloul (16100 km2
irrégulières, violentes et souvent de courte durée.
de bassin versant)
L'oued Souss ne coule véritablement que quelques
jours ou quelques semaines par an sur l'ensemble de Cette station est tout à fait à l'aval du bassin,
son cours en plaine, roulant des eaux tumultueuses et juste en tête de l'estuaire du Souss. L'état des données
rougeâtres. hydrométriques à Aît-Melloul étant identique à celui à
Aoulouz, on peut également reconstituer une série de
Les débits sont mesurés en quatre stations : à débits annuels pour la période 1932-33 à 1969-70, le
Aoulouz où l'oued Souss termine son cours monta- débit moyen annuel pour ces 38 années est de 10,1
gneux ; au pont de Taroudant sous lequel une fraction m3/s fictifs continus pour une pluie moyenne sur le
seulement du débit total circule, en période de fortes bassin de 304 mm. L'irrégularité interannuelle est
crues - la majorité des eaux passe sur le radier encore très grande, les apports varient entre 0,0
submersible situé légèrement au nord ; au pont d'Aît- (1960-61) et 34,0 m3/s (1962-63).
Melloul et enfin sur l'oued Issen.
Le Souss est pérenne à Aît-Melloul, soutenu par
En 1969 et 1970, 3 nouvelles stations de le drainage des nappes souterraines ; ces débits de base
jaugeages sont entrées en service : à Bigoudine sur le provenant de la nappe ont pu être établis à 2,4 m3/s
cours moyen de l'oued Issen, à Aît-Melloul en amont fictifs continus annuels pour la période 1956-57 à
de l'ancienne station qui était mal placée dans un 1967-68.
coude de l'oued, sur l'oued Imerguène affluent rive
gauche principal. A noter que 95 % des apports annuels se situent
entre novembre et avril.
Il est à noter que l'hydrométrie de ces oueds
fugaces et violents est très difficile et que les originaux L'oued Issen à la station du pont route 7016 (1590
des mesures antérieures à 1954 semblent avoir disparu km2 de bassin)
lors du séisme d'Agadir (29 février 1960).
Cette station hydrométrique est d'implantation
RESULTATS DES MESURES plus récente que les précédentes et ne fonctionne que
L'oued Souss à la station d'Aoulouz (4450 km2 de depuis l'année 1962-63. Par des corrélations et une
bassin versant) relation pluie-débit, on a pu reconstituer la série des
VALLEE DU SOUSS 185
débits annuels pour la période 1932-33 à 1969-70. Le nombreuses tentatives furent successivement réalisées,
module moyen annuel pour ces 38 années est de 3,1 basées sur les superficies et la pluviosité des bassins de
m3/s fictifs continus pour une pluie moyenne sur le montagne, mais étayées sur des considérations com-
bassin de 301 mm. Ce module varie entre 0,05 m3/s plexes telles les formes de bassin, la lithologie, la
(1960-61) et 11,1 m3/s (1962-63). végétation, etc. Aucune ne pouvait aboutir dès lors que
les données de la station intermédiaire du bassin
L'Issen est naturellement pérenne à sa sortie de
(Taroudant) étaient confirmées inexploitables.
l'Atlas ; un barrage de prise dérive ses eaux avant la
station de jaugeage où l'oued est sec à l'étiage. Dans La dernière de ces tentatives peut être relatée car
l'année, cet oued est très irrégulier, écoulant 92 % des elle visait à chiffrer non plus l'écoulement superficiel
apports annuels entre novembre et avril. mais l'écoulement total des bassins affluents (l'évapo-
transpiration étant inaccessible par le calcul faute de
UTILISATION DES DONNEES HYDROLOGI- données sur la température surtout). On s'est basé sur
QUES AUX STATIONS DE JAUGEAGE POUR des ajustements calculés à partir du haut bassin du
DES EXTRAPOLATIONS AUX BASSINS AFFLUENTS Souss fermé à Aoulouz, de la carte des isohyètes et
NON JAUGES d'une relation pluie-écoulement total mise au point
dans le bassin du Guadalquivir en Espagne. Le
Comme on le verra plus loin, un des problèmes résultat, tout à fait indicatif, donnait 920 millions de
essentiels qui préoccupèrent longtemps les hydrogéo- m3/an d'écoulement total pour le bassin de l'oued
logues, consistait à chiffrer les apports annuels des Souss à Aoulouz, soit 19 96 de la pluviosité, chiffre
affluents du Souss entre Aoulouz et Aît-Melloul afin paraissant à priori très élevé. Ce résultat n'a pas été
de pouvoir évaluer l'alimentation de la puissante utilisé par la suite (cf. Combe, Genetier, Givcovic,
nappe d'eau souterraine de la plaine du Souss; de Schrambach, 1971).
Hydrogéologie
HISTORIQUE A. Schrambach jusqu'en 1 9 7 1 , A. El Hebil
jusqu'en 1973 puis A. Meilhac depuis cette date.
C'est P. Russo qui a conduit la première étude LES POINTS D'EAU SOUTERRAINE
hydrogéologique du Souss en 1 9 3 1 , dans le cadre du
« Comité d'Etude des Eaux Souterraines » (C.E.E.S.). Il existe de nombreux points d'eau dans le Souss :
En 1933, une « mission hydrologique du Souss » était drains et puits de construction traditionnelle ou
constituée au sein des Travaux Publics ; la direction en moderne.
était confiée à C. Gret. Cinq ans plus tard, le Service Les drains modernes sont au nombre de deux : le
des Mines et de la Géologie créait une « Mission « drain des dunes » qui alimente Agadir en eau
hydrogéologique du Sud » dirigée par A. Robaux dont potable avec un débit de 50 1/s et le drain de Freija
une brigade était affectée au Souss et au Drâ. Cette dont la longueur dépasse 4 km (1200 m drainants).
brigade fut conduite par G. Choubert puis par J. Ce dernier est disposé dans les alluvions du Souss à
Royer, puis par R. Ambroggi (1942). En raison de la l'amont de Taroudant dont il irrigue les oliveraies
guerre, l'activité de cette mission fut mise en sommeil avec un débit variant de 500 à 1 200 1/s selon les
de 1943 à 1945, cependant que le service des Travaux années. La construction d'autres drains à Aoulouz
Publics assurait un minimum de contrôle des nappes et Oulad-Bou-Rbia a été étudiée, mais n'a pas été
d'eau. En 1946 était créé au sein de la Direction des exécutée.
Mines et de la Géologie un service spécialisé, le Centre
des Etudes Hydrogéologiques (C.E.H.) qui fonctionna Les drains traditionnels ou « rhettara » en
jusqu'en 1960 sous la direction successive de A. activité dans le Souss sont au nombre d'une
Robaux et R. Ambroggi ; en 1949, un service régional quarantaine. Certains ouvrages effondrés sont en voie
du C.E.H. fut installé à Agadir : il fut dirigé d'abord de tarissement. Pour la plupart, les rhettaras sont
par R. Bourgin (1949-1956) puis par R. Dijon groupées dans les régions d'Oulad-Berrehil au nord et
(1957-60). Après le séisme d'Agadir (29 février au sud du pli d'Igoudar. On en trouve quelques autres
1960), ce service fut replié sur Marrakech. Au début à Aoulouz, Oulad-Aissa, Oulad-Bou-Ries, Oulad-
de l'année 1961, le C.E.H. et le service de l'hydrologie Taima. Elles débitent au total 600 l/s en année
fusionnèrent, constituant le Service des Ressources en moyenne.
Eau (S.R.E.) rattaché à l'Office National des Irriga- Les puits sont au nombre de 5000 environ. Les
tions (O.N.I.) qui en 1965 prit le nom d'Office de puits traditionnels sont en général des puits d'irriga-
Mise en Valeur Agricole (O.M.V.A.). Le Centre tion ; nombreux et denses dans les régions où la nappe
Régional du S.R.E. pour le Souss fut installé à d'eau est peu profonde, ils se raréfient dans la forêt
Taraudant en 1961 et sa direction fut confiée à R. d'arganiers et sur les sols durs recouverts de dalles et
Dijon qui l'assuma jusqu'en septembre 1965, suivi par croûtes calcaires, ainsi que dans les régions où la
186 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
nappe est profonde, vers les piémonts, et aussi dans forages pétroliers (1960 et 1964) près de l'Océan ont
l'axe de la vallée où les eaux superficielles abondent. également fourni des renseignements utiles. Dans
l'ensemble, les informations disponibles sont trop peu
L'eau, autrefois exhaurée par traction animale
denses eu égard à la complexité pétrographique des
(dispositif de la « naora », est actuellement débitée par
formations anté-pliocènes. Les aquifères
plus de 3000 petits groupes motopompes et 200 grou-
pes de pompage puissants, pouvant tirer jusqu'à 60 l/ Terrains primaires de la bordure sud (Anti-
s, qui irriguent les cinq secteurs d'agriculture mo- Atlas). Neuf forages hydrogéologiques ont atteint le
derne : Aït-Melloul, Oulad-Teima, Km 65, Tarou- Primaire sous le recouvrement alluvionnaire de la
dant, Ouled-Berrehil. Les prélèvements par pompage plaine, le long de la bordure sud. Trois de ces forages
sont de 205 millions de m3/an en 1970, croissant ont atteint les réservoirs calcaires potentiels de
continuellement (60 millions de m3 en 1957). l'Antécambrien (1 forage : 436/62) ou du Cambrien
(2 forages : 1572/70 et 2976/70), les autres demeu-
Quelques rares forages artésiens (El-Klea, rant dans des schistes. Vu le plongement rapide ( 1 0 à
Gounna, Ouled-Teima) donnent de faibles débits (1 à 20°) du Primaire du S vers le N, ces réservoirs ne
quelques 1/s). peuvent être atteints économiquement que près des
FONCTIONNEMENT HYDRAULIQUE DU SYS- bordures de l'Anti-Atlas et jouent de ce fait un rôle
TEME AQUIFERE DE LA PLAINE DU SOUSS. restreint.
Les remplissages continentaux éocènes, oligocènes,
Le remplissage alluvionnaire superficiel et certai- miocènes et pliocènes ont été plus fréquemment
nes parties des niveaux sous-jacents constituent un explorés ( 1 0 forages). La stratigraphie de ces remplis-
vaste système aquifère en relation localement, avec les sages est impossible car trop variable, mais les cycles
aquifères des montagnes de bordure. Une nappe libre Eocène-Oligocène sont en général de mauvais réser-
généralisée existe dans la plaine du Souss, surmontant voirs où le matériel argileux prédomine, alors que le
souvent une ou plusieurs nappes captives. L'ensemble cycle Miocène-Pliocène argileux à l'E mais graveleux
constitue un système multicouche compris entre les ailleurs est plus favorable ; à l'W, le Pliocène marin
bordures montagneuses et l'Océan qui est une limite (sables, grès et marnes) a été reconnu par 5 forages et
aval à niveau imposé et constant. Dans ce système, la s'est révélé très peu transmissif.
nappe libre contient l'essentiel des ressources en eau
souterraine de la plaine. Terrains du centre de la plaine et de la bordure
nord. Il résulte de l'exposé géologique que des
L'alimentation des nappes phréatique et profonde aquifères potentiels existent dans les étages Cénoma-
provient à la fois des apports latéraux de nappes de nien, Turonien, Sénonien et dans le remplissage de
montagnes, et des infiltrations de l'eau des oueds et l'Eocène au Pliocène.
des ruissellements concentrés sur la plaine. Sur une
série de plusieurs années, les débits d'écoulement Six forages ont atteint le Cénomano-Turonien,
souterrain sont assez constants et les excès ou déficits un septième demeurant dans le Sénonien, tous situés
annuels de l'alimentation sont vraisemblablement dans la partie occidentale de la plaine. Le Cénomanien
absorbés au niveau de la seule nappe phréatique par marno-calcaire, largement représenté en profondeur,
fluctuations du niveau et variations des débits des est un très médiocre réservoir. Le Turonien calcaire est
sources de débordement situées dans le lit du Souss plus intéressant, mais n'existe que dans le synclinal
entre Igli et Taroudant, puis entre Ouled-Bou-Rbia crétacé du Souss où il est couvert soit par le Sénonien
et la mer. Les exutoires sont les sources de argileux, épais vers le N, soit par le remplissage
débordement dans le lit du Souss (drain naturel alluvionnaire (absence de Crétacé supérieur) ; locale-
central), l'écoulement souterrain en bord de mer et ment, le Turonien est érodé au même titre que le
les captages artificiels (drains - rhettaras - Crétacé supérieur. Le Sénonien est très irrégulière-
pompages). ment réparti en raison de l'érosion tertiaire ; essentiel-
lement marneux avec quelques intercalations calcaires,
On présentera successivement les nappes profon- il s'avère de peu d'attrait.
des puis la nappe phréatique ; les éléments de bilan du D'une manière générale les aquifères profonds
système aquifère seront ensuite abordés en exposant sont mal connus en nature et en extension, mais de
les résultats obtenus sur des modèles de simulation. nombreux niveaux perméables et imperméables alter-
Enfin, l'aménagement de la plaine du Souss qui nent verticalement et s'anastomosent plus ou moins
dépend d'une exploitation intensive des réserves de la loin dans le sens horizontal. La structure de ce
nappe sera traité au chapitre « aménagement des remplissage est complexe et il est délicat de définir un
eaux ». plancher étanche des nappes profondes. Les quelques
transmissivités mesurées sont de 2.10-4 m2/s (Turo-
LES NAPPES PROFONDES nien, forage 2946/70) ou en général inférieures à
Les études de ces nappes ont été abordées par cette valeur.
géophysique (électrique et sismique) et 25 forages
hydrogéologiques profonds (1949 à 1957). Deux
130 140 150 160 170 180 190 200 210 220 230 240
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dans la plaine du Souss, et de Mai à Juin 1968
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Devonien, Silurien, Ordovicien, Acadien Exécution des relevés par la Division des Ressources
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Fig. 80
VALLEE DU SOUSS 187
Hydrogéologie des nappes profondes che n'intéressant que la nappe libre, dès que l'on s'est
aperçu que les aquifères profonds jouaient un rôle
On ne peut tenter une synthèse qu'en admettant négligeable. Il est à noter enfin que tous les forages
que le système des nappes profondes est homogène en réalisés à ce jour dans les aquifères profonds ne
grand. Moyennant cette simplification, une esquisse de produisent que de très faibles débits unitaires.
carte piézométrique a été dressée (fig.79) permettant
de montrer que l'écoulement s'effectue d'E en W avec LA NAPPE LIBRE
un gradient de pente décroissant, mais toujours faible
(0,6 % dans le secteur d'Ouled-Teima où il est le plus Une nappe libre généralisée existe dans la plaine
sûrement déterminable). On notera encore que les du Souss.
pressions dans le Turonien semblent généralement
supérieures à celles dans le remplissage sus-jacent. Réservoirs
Cinq types lithologiques de réservoirs peuvent
Les alimentations des nappes profondes provien- être individualisés, communiquant entre eux. Ce sont :
nent de déversements et abouchements avec les nappes
des montagnes bordières, d'infiltrations (oueds) sur les • la « formation du Souss » : formations continenta-
bordures où nappes profonde et superficielle sont les et fluvio-lacustres (conglomérats - mamo-calcai-
confondues et vraisemblablement d'apports verticaux res - argiles - grès) d'âge pliocène ;
par drainance à partir de la nappe libre, en particulier • le l i t fossile du Souss : formations graveleuses du
sur les bordures et au centre-est de la plaine. Les Quaternaire ;
exutoires sont constitués par l'Océan, les captages par • les calcaires pliocènes du Souss aval ;
forages ( 1 3 1/s en 1973) et probablement une • les grès et sables marins et côtiers du Moghrébien ;
drainance vers la nappe libre dans l'W de la plaine. • les divers affleurements de terrains anciens dans la
plaine : Cambrien, Crétacé et Eocène notamment.
Trois secteurs d'artésianisme jaillissant ont été
mis en évidence jusqu'à présent : Ouled-Teima, El- La formation du Souss. Elle comprend essentiel-
Gounna et El-Kléa, avec des pressions assez faibles lement une matrice marno-calcaire indurée et terreuse,
( + 0,1 à + 24 m selon les niveaux). Les fluctuations parfois riche en galets, parfois plus ou moins calcaire
piézométriques observées sur certains forages de la ou argileuse, souvent fissurée. Dans cette formation
zone aval présentent des mouvements annuels et d'aspect homogène, la géophysique électrique permet
interannuels. de différencier des niveaux résistants et conducteurs
qui s'anastomosent les uns les autres dans l'espace et
Les eaux des couches profondes (Turonien et
sert de guide pour l'implantation des captages par puits
Pliocène) sont récentes car elles contiennent toutes du
et forages. Cette formation est très répandue dans la
Tritium, soit quelques décennies au plus. Elles sont
plaine, avec des caractéristiques différentes. Au centre,
peu chargées (0,4 à 1,3 g/1 de résidu sec à 1 80°C), de zone aval exceptée, dominent les marnes avec
faciès bicarbonaté en général ; les teneurs en sels sont nombreuses intercalations graveleuses ; la transmissi-
voisines de celles de la nappe libre. Les températures vité est bonne, T = 1,5.10-2 m2/s, l'emmagasine-
des eaux (25 à 31°C) sont plus élevées que dans la ment valant 3.10-2. Sur la bordure nord, par suite de
nappe libre (22 à 23°C). la subsidence, l'épaisseur dépasse 200 m de terrains de
Un calcul d'écoulement horizontal des nappes plus en plus argileux d'E en W. Sur les bordures en
profondes vers l'ouest dans le secteur d'Ouled-Teima a général, les débouchés des oueds de montagne
été effectué en retenant une transmissivité totale de la comportent des cônes alluviaux graveleux épais, sauf
tranche des aquifères entre 2,5 et 8,3 10-3 m2/s, celui de l'oued Issen qui est argileux (bassin dans les
valeurs considérées comme maximales, pour un front argiles triasiques) ; le cône alluvial du Souss à l'E est
de nappe N-S de 25 km de long. Le débit gagnant le plus développé (400 m d'épaisseur de formations
1'Océan par les nappes profondes serait alors de 0,4 à graveleuses). Les formations de bordure sont de
1,3 m3/s, celui gagnant les Chtouka vers le SE étant mauvais aquifères (T entre 7.10-3 et 8.10-4 m2/s,
de l'ordre de 10l/s. S = 8 . 1 0 - 3 à 4 . 1 0 - 2 ) à l'exception des cônes
alluviaux.
En conclusion, les nappes profondes qui suscitè-
rent longtemps l'intérêt car elles auguraient l'existence Les lits fossiles du Souss et de ses affluents. Les
d'une ressource en eau supplémentaire non encore sédiments sont en majorité détritiques grossiers
exploitée dans le Souss, se révèlent à l'analyse trop (galets, graviers, sables) mais on rencontre parfois des
pauvres pour répondre à cette attente, bien qu'encore intercalations argileuses. Ces lits anciens, en général
mal connues. sous-jacents aux lits actuels, sont remarquablement
individualisés au sein de la formation du Souss qui les
Les études du système par simulations, initiale- encaisse. Le volume dès alluvions aquifères résistantes
ment conduites sur des modèles multicouches, ont des lits fossiles a été cubé à 3,8 milliards de m3 grâce
finalement été poursuivies sur des modèles monocou- à des profils géophysiques très serrés (C.A.G., 1970) ;
188 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
ce volume se répartit d'E en W à 1,4 milliards de m3 jaugeages, analyse de ces résultats), afin de rassembler
entre Aoulouz et Igli et 2,4 milliards de m3 entre Igli les éléments nécessaires à la confection de modèles de
et Ouled-Bou-Rbia, les l i t s fossiles étant secs ou simulation.
peu épais à l'aval d'Ouled-Bou-Rbia. Les transmissi-
Piézométrie. De nombreuses cartes partielles ou
vités sont toujours supérieures à 1,5.10-2 m2/s, avec
complètes ont été levées dans la plaine du Souss,
5.10-2 m2/s comme valeur moyenne. L'emmagasine-
notamment en 1952, 1962, 1963, 1968. En 1968,
ment mesuré (Theis) varie entre 1 .10-1 et 5.10-2.
2 relevés ont été effectués au printemps et en automne,
Les calcaires pliocènes du Souss aval. Localisé avec une base d'un puits au kilomètre carré et le
dans la zone axiale du secteur situé à l'W d'Ouled- nivellement de 1 puits sur 3 ; ces documents tiennent
Teima, cet aquifère correspond aux dépôts d'un ancien compte des niveaux d'eau mesurés dans les forages des
lac : calcaires avec intercalations marneuses ou bordures de la plaine exécutés juste avant les relevés.
conglomératiques et passe latéralement vers l'E à des La figure 80 présente le document synthétique.
marnes ou marnocalcaires. Les caractéristiques hy- L'écoulement s'effectue d'E en W, avec un
drauliques sont médiocres : transmissivité entre
gradient moyen de 5.10-3, assez régulier et présentant
2 . 1 0 - 4 et 6 . 1 0 - 3 ; emmagasinement (Theis) de
peu d'anomalies qui s'expliquent d'ailleurs facilement
4.10-2.
par des variations horizontales connues des transmis-
Les grès et sables côtiers du Moghrebien sivités. Plusieurs axes de drainage peuvent y être
(Villafranchien). Ils n'intéressent qu'un faible secteur notés, le plus important étant celui du Souss à l'aval
côtier autour d'Agadir. Souvent intercalés d'argiles, d'Ouled-Bou-Rbia.
ces sédiments ont une transmissivité de 2 . 1 0 - 2 à
2.10-3 m2/s en rive gauche de l'oued Souss et de Les profondeurs de la nappe varient selon les
7.10-2 m2/s près d'Agadir. secteurs. La nappe affleure dans le lit de l'oued Souss à
Ouled-Bou-Rbia puis, jusqu'à l'estuaire et toujours
Les affleurements anciens dans la plaine. Les dans le lit, elle est alternativement peu profonde
schistes cambro-ordoviciens de la bordure anti- (moins de 5 m) et affleurante. Entre Ouled-Bou-Rbia
atlasique affleurent également très localement au SE et Igli, la nappe est à moins de 10 mètres dans les
de la plaine et sont secs. Le Crétacé affleure largement alluvions de l'oued Souss ; entre Igli et Loulija
dans les cinq groupes de collines du flanc sud du apparaissent dans le lit des sources de débordement
synclinal crétacé, qui sont d'W en E : Haffaïa, Ouled- importantes, puis vers l'amont la nappe s'approfondit
Bou-Rbia, Aaricha, Sidi-Bou-Rja et Tagdrant. Les rapidement à plus de 20 mètres pour remonter à moins
calcaires du Turonien, karstifiés à l'affleurement, sont de 10 m juste à l'aval d'Aoulouz.
très transmissifs : 2 .10-1 m2/s à Haffaïa, 8.10-2 m2/
s à Ouled-Bou-Rbia, 5 . 1 0 - 2 m2/s à Sidi-Bou-Rja; De part et d'autre du lit du Souss, la nappe
ces qualités s'altèrent vers l' E et en profondeur où le s'approfondit régulièrement vers les bordures où elle
karst ne s'est pas développé (2,5.10-4 m2/s au forage dépasse parfois 100 mètres au niveau des piémonts.
profond 2946/70). L'emmagasinement est faible : 2 à Les courbes d'isoprofondeurs sont assez réguliè-
5.10-2. res dans l'ensemble, sauf en rive gauche dans le secteur
Dans l'ensemble, les données concernant l'aqui- d'Ouled-Teima, où des cônes très marqués caractéri-
sent les dépressions causées par les pompages
fère de la nappe libre sont assez complètes. Cepen-
agricoles intensifs dans une zone de mauvaise
dant, en dépit des nombreux résultats géophysiques, il
transmissivité.
est souvent malaisé de définir le mur imperméable de
cette nappe et par conséquent les perméabilités des Puissance aquifère et volume des réserves. On a déjà
différents aquifères. mentionné les difficultés rencontrées pour définir le
plancher imperméable de la nappe libre. Cependant,
Hydraulique de la nappe libre
grâce à la densité des travaux de géophysique
La nappe libre du Souss, très exploitée, totalise électrique et moyennant bon nombre d'extrapolations,
quelque 5000 puits et forages dont l'exécution il a été possible de chiffrer le volume des réserves à 50
progressive a permis d'aboutir à une bonne connais- milliards de m3, dont 8 milliards de m3 sont
sance hydrogéologique d'ensemble. Les travaux les considérés comme exploitables par pompages.
plus récents, effectués dans le cadre des études d'un La puissance aquifère est toujours très impor-
plan directeur d'aménagement (Projet Souss) ont porté tante, de l'ordre d'une centaine de mètres en moyenne.
sur la définition des conditions aux limites de la plaine
(forages sur les bordures), sur la mesure des Fluctuations piézométriques. Le réseau de contrôle
paramètres hydrauliques de l'aquifère : transmissivités piézométrique de la plaine du Souss comprend une
( 1 1 0 valeurs disponibles en fin 1972) et emmagasine- centaine de piézomètres mis en place progressivement
ments (40 valeurs disponibles en fin 1972), et sur les, depuis 1941 ; on notera que le réseau est dense au
entrées et sorties d'eau dans l'aquifère (enquêtes, centre de la vallée et très lâche sur les bordures.
VALLEE DU SOUSS 189
Les fluctuations annuelles sont marquées par une crues qui rappelons-le se manifestent en moyenne un
vidange du printemps à l'automne et une brusque mois par an mais rechargent la nappe dans le secteur
montée lors de l'infiltration des crues ; dans l'ensem- amont de la plaine (E de Taroudant) car à l'W les lits
ble ces phénomènes sont synchrones et homogènes des oueds sont colmatés. Pour donner une idée du
partout, se développant rapidement à partir des lits de pouvoir absorbant des fonds d'oueds, on peut dire que
l'oued Souss et de ses affluents. Les variations tout débit de l'oued Souss inférieur à 20 m3/s à
annuelles de niveau sont comprises entre 1 et 3 m. Aoulouz est infiltré avant Taroudant. Faute de
connaître les apports des affluents du Souss (ceux de la
Les fluctuations pluriannuelles traduisent l'irré- rive droite amont surtout), on n'a jamais pu chiffrer le
gularité de l'alimentation de la nappe, phénomènes volume de ces infiltrations en dépit de multiples
perturbés par l'accroissement régulier des pompages analyses directes (jaugeages en cascade systématique)
depuis 30 ans, surtout à l'aval de la plaine. L'étude ou indirectes (fluctuations piézométriques - mesures
statistique des fluctuations depuis 40 ans montre que de diffusivité, etc.) en raison de l'existence de facteurs
les séries consécutives d'années humides ne dépassent parasites liés aux prises et rejets incontrôlables de
par 3, contre 6 pour les années sèches. Dans nombreuses séguias d'irrigation. On verra ci-après
l'ensemble, le niveau moyen de la nappe n'a guère qu'un chiffre a été avancé grâce aux études par
changé depuis 1940, excepté dans le secteur des simulation.
pompages d'Ouled-Teima où des baisses pouvant
dépasser dix mètres en certains secteurs peuvent être On peut encore rattacher aux infiltrations à partir
enregistrées. des oueds les infiltrations d'excédents d'eaux d'irriga-
Des études statistiques poussées ont été effec- tion épandues toute l'année aux débouchés des oueds
tuées sur le réseau piézométrique du Souss afin d'en de la montagne dans la plaine, mais aussi en crue aux
réduire l'importance tout en ne perdant pas d'informa- mêmes débouchés et dans la plaine grâce aux séguias
tion. On a obtenu des historiques reconstitués des de crues.
niveaux des piézomètres du réseau à partir de Viennent ensuite les alimentations par les
corrélations avec 5 piézomètres de base ; pour demeu- bordures montagneuses par abouchement aux aqui-
rer dans une limite de précision satisfaisante (moins de fères montagneux. Ces alimentations sont faibles par
2 mètres partout), il semble souhaitable de réduire le rapport aux précédentes, de 200 1/s sur la bordure
réseau de 92 à 25 piézomètres. nord, évaluées à 320 l/s sur la bordure est (sous-
écoulement à Aoulouz) et à 1000 1/s sur la bordure
Hydrochimie de la nappe libre sud. L'infiltration de la pluie tombée sur la plaine elle-
même a toujours été considérée comme très faible.
Plus de 2000 analyses chimiques et de très
nombreuses mesures de conductivité ont permis de Exutoires
dresser des cartes détaillées de la chimie de l'eau. Les Les émergences apparaissant dans le lit de l'oued
concentrations en sels totaux sont généralement Souss entre Igli et l'Océan constituent le principal
inférieures à 1,3 g/1 ; la seule exception concerne la exutoire naturel de la nappe libre. Ces émergences
rive droite aval du Souss (secteur de l'oued Issen) où étant très utilisées toute l'année pour l'irrigation grâce
les sols triasiques salés amenés par les affluents à des séguias de prise, il n'est pas facile d'estimer leur
atlasiques provoquent une détérioration de la qualité débit naturel total car les débits non captés et les
des eaux (jusqu'à 4 grammes/litre de sels totaux). excédents d'irrigation, importants en général (de
De façon schématique, les eaux sont moins l'ordre de 30 à 50 % du débit épandu) se réinfiltrent
chargées en amont de la plaine (moins de 0,6 g/1 en pour réapparaître aux émergences plus aval. La somme
amont de Taroudant) qu'en aval, et au centre que sur des débits des émergences pour la période 1967-70
les bordures. ressort à 8,8 m3/s bruts (parts recyclées non détermi-
nées) grâce à des interprétations de courbes de
Les eaux sont en général bicarbonatées calcoma- tarissements.
gnésiennes et prennent un faciès chloruré vers l'aval.
Les prélèvements artificiels de toutes sortes :
Toutes les eaux de la plaine du Souss sont captages des écoulements des oueds et des sources,
bonnes, excepté dans le secteur aval en rive droite de drains, rhettaras, pompages, constituent des exutoires
l'oued Souss. dont les débits ont pu être analysés grâce à de longues
séries de mesures.
Alimentation de la nappe
Les séguias, au nombre de 150 environ, sont des
Elle s'effectue de plusieurs manières, non équiva- canaux creusés dans le sol, non revêtus, servant à
lentes du point de vue des apports. transporter l'eau depuis une prise en rivière ou un
La plus importante est l'infiltration directe des captage vers un périmètre d'irrigation. Il existe des
eaux des oueds. Il s'agit essentiellement des eaux de
190 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
600
400 XI 400
XII IGLI
500
10
40
A 0
0
SOUSS TAROUDANT
50
FREIJA
AGADIR
300
OUED
B OULED TEÏMA TIOUT
O C E A N
S
C A
L
BIOUGRA T
A
I
D T
N
350 A 350
E 0 10 20 30 40 50 km
LIMITE DE LA PLAINE DU SOUSS
contenter car la carte de référence n'est qu'une outre la loi d'alimentation a été bornée : au-dessous
reconstitution, les mesures de potentiel sur le modèle de 3 m3/s d'apports moyens annuels à Aoulouz, la
sont entachées d'erreur et des généralisations ont été nappe n'est pratiquement pas alimentée ; les apports
introduites dans le champ des transmissivités pour la moyens annuels supérieurs à 8 m3/s à Aoulouz ne
construction du modèle. profitent pas à la nappe (fortes crues fugaces n'ayant
pas le temps de s'infiltrer).
Lors du calage du modèle en régime permanent,
des compléments d'étude ont été effectués sur des Puis les sorties du système ont été simulées :
modèles mathématiques, conduisant à quelques modi- drains, débits de fuite souterrains à la mer, drainage
fications de transmissivités et surtout à la suppression par l'oued Souss aval et résurgences du Souss amont
de toutes références aux nappes profondes dont il a été dépendent surtout du niveau de la nappe et donc des
prouvé qu'elles jouaient un rôle négligeable dans variations d'alimentation. Les pompages ont été
l'ensemble du système. groupés par mailles et simulés en fonction d'une
courbe historique des volumes exhaurés. On ne prend
Régime transitoire en compte dans les prélèvements pour irrigation que la
Le calage en régime transitoire s'effectue par fraction du débit prélevé qui est réellement consom-
rapport à la situation du régime permanent qui sert de mée, puisque le solde se réinfiltre ; ces fractions sont
référence. de 63 % pour les périmètres modernes et 48 % pour
les périmètres traditionnels.
En première phase, on a simulé la variation de
l'alimentation annuelle de la nappe entre 1940 et 1968
en fonction des apports moyens de l'oued Souss à Les variations de potentiel causées par les sorties
Aoulouz. Pour les extrapolations vers le futur, on a du système ont été comparées aux hydrogrammes des
admis une variation semblable, liée à la pluviosité. Ce puits témoins et les correspondances sont satisfaisan-
choix est certes critiquable (Margat, 1972) et l'on tes en fin de calage. Notons pour terminer que pour
aurait pu se baser sur une indexation des niveaux aboutir à des calages corrects, l'emmagasinement
piézométriques passés ; de toutes façons, le modèle mesuré par pompages d'essai à dû être systématique-
utilisant un pas de temps pluriannuel de 5 années, la ment multiplié par deux sur le modèle, demeurant dans
loi d'apport n'avait pas besoin d'être très fine. En des valeurs très plausibles.
192 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Tableau 33
BILAN ANNUEL MOYEN DE LAQUIFERE DE LA PLAINE DU SOUSS AVEC DES APPORTS ET DES
POMPAGES AU NIVEAU DE CEUX DE VANNEE 1969-1970
Volumes en 10 6 m3/an Bilans partiels Bilan
Total
Amont Aval
Entrées
- Infiltrations dans le lit du Souss 80 - 80
- Infiltrations directes de bordure 6 8 14
- Infiltrations sur les périmètres irrigués de bordure
des affluents du Souss 44 22 66
- Infiltrations des apports dans la plaine 10 20 30
- Infiltrations des eaux de surface sur les périmètres
irrigués en bordure de l'oued Souss 22 15 37
- Transfert d'eau souterraine de l'amont vers l'aval
(non pris en compte dans le bilan total)
- 55 -
TOTAL 162 120 227
Sorties
- Débit net consommé des sources 95 62 157
(consommation de l'agriculture) (77) (23) -
(écoulement de surface) (18) (39) -
- Débit net consommé des pompages 12 98 110
- Transfert d'eau souterraine de l'amont vers
l'aval (non pris en compte dans le bilan total) 55 - -
- Ecoulement souterrain à l'aval - 20 20
TOTAL 162 180 287
Solde : variation de réserve 0 - 60 - 60
Résultats du calage du modèle, bilan hydraulique du naturel à Aït-Melloul est inférieur à 250 millions de
système m3, ce qui exclut d'envisager une mobilisation
Le modèle est un excellent outil pour juger de la supplémentaire d'eau de surface sans construire des
cohérence des données hydrogéologiques d'un système barrages réservoirs.
aquifère et le produit de son calage est le bilan L'aquifère de la plaine du Souss est surexploité,
synthétique. Le modèle analogique ayant montré que mais ses réserves (de l'ordre de 50 milliards de m3)
les secteurs du Souss limités N-S au niveau de sont énormes par rapport aux besoins en eau (290
Taraudant réagissent de façon indépendante, on millions de m3/an). Le rythme de surexploitation ne
distingue un secteur amont et un secteur aval. pouvant que s'accroître, les simulations sur le modèle
ont montré que les sources et drains traditionnels se
Ainsi (tableau 33) le bilan de l'aquifère du Souss tariront dans les prochaines années, éliminant le
ressort-il au taux actuel des pompages comme secteur traditionnel de l'agriculture et posant le
déficitaire de 60.10 6 m3/an en moyenne, volume problème de la création d'emplois de substitution pour
prélevé sur les réserves au prix d'un déséquilibre des cette population. Par contre si la surexploitation se
niveaux (baisses piézométriques du secteur aval rive l'aquifère s'avère économiquement possible pendant
gauche) et baisse des débits des séguias pérennes plusieurs décennies, on peut penser étendre de cette
traditionnelles (ces baisses de débits ne sont pas manière les surfaces irriguées et reconvertir le secteur
perceptibles sur les mesures de débits des sources en traditionnel sans investissement important (barrage
raison de la superposition de plusieurs facteurs : d'accumulation et canaux de transport d'eau), tout en
alimentation en général et réinfiltrations). Tableau 33 développant l'agriculture de la région. Ce sont ces
L'exploitation actuelle des ressources en eau du hypothèses qui ont fait l'objet des simulations
bassin du Souss au niveau de la plaine est résumée sur d'exploitation du modèle analogique.
la figure 82 où les deux unités hydrogéologiques
amont et aval ont été distinguées. On déduit de cette Exploitation du modèle analogique pour des études de
figure que sur un apport moyen annuel de 680 millions surexploitation du réservoir souterrain
de m3 (460 en amont et 220 en aval), 450 millions
sont perdus à la mer (420 en eau de surface et 30 en Le problème posé consiste à rechercher la gestion
eau souterraine), soit 68 % ; la faible régularisation optimale de la nappe conduisant à la maîtrise de l'eau
du bassin (32 %) s'explique par la grande irrégularité par pompage, comportant une phase de résorption du
des apports qui sont de ce fait difficiles à maîtriser. déséquilibre à plus ou moins long terme grâce à des
Quinze années sur 100, les apports sont inférieurs au suralimentations artificielles. Ce problème conduit à
volume d'eau de surface mobilisé par le seul secteur rechercher une optimisation par itération dans laquelle
traditionnel et 40 années sur 100, le débit de surface interviennent successivement le modèle analogique et
un modèle d'optimisation économique ; on s'intéres-
VALLEE DU SOUSS 193
FUITES AVAL
AQUIFERE
SOUTERRAINES
Aménagement des eaux
55
LE PLAN DIRECTEUR D'AMENAGEMENT DE LA
UNITE HYDROLOGIQUE AVAL
PLAINE DU SOUSS
PERTES A LA MER EN
APPORTS MOYENS
220
EAU DE SURFACE L'essentiel de ce qui suit est extrait du rapport SCET
FUITES AMONT EN
CONSOMMATION 420 International (1973)
EN EAU DONT : 130 SOUSS
EAU DE SURFACE
265 150 A AOULOUZ
- 90 ISSEN
Les objectifs
- 155 BASSINS
FUITES AMONT INTERMEDIAIRES Avec 50 000 ha irrigués mobilisant 550 millions
AQUIFERE
SOUTERRAINES
55
- 55 SOURCES
de m3/an avec une efficience moyenne de 53 %,
PRELEVEMENT PERTES A LA MER
SOUTERRAINES
l'agriculture du Souss surexploite de 60 millions de
SUR LES RESERVES
60
30 m3/an les ressources souterraines. Sur 290 millions
de m3/an définitivement consommés, 230 seulement
se renouvellent en moyenne (fig. 82).
Deux barrages sont techniquement réalisables sur
les oueds Souss et Issen, susceptibles de régulariser un
Fig. 82 — Bilan d'eau global de la plaine du Souss. maximum de 170 millions de m3/an, ce qui fixe à
l'équilibre l'objectif des consommations supplémen-
taires à 1 1 0 millions de m3/an ( 1 7 0 moins les 60
surexploités dans la nappe) et permet de déterminer le
sera ici au rôle du modèle analogique, les problèmes
potentiel final de la plaine : 400 millions de m3/an
économiques étant développés lors des choix relatifs
consommés. A raison de 8 000 m3/an/ha et pour une
au plan d'aménagement des eaux.
efficience moyenne de 70 %, l'objectif final du plan
Un premier test sur le modèle analogique a directeur peut viser au mieux 70 000 ha irrigués
consisté à projeter dans l'avenir la situation actuelle consommant 5600 m3/an/ha.
sans intervention nouvelle. Il est apparu que la moitié Ces chiffres fournissent la limite de l'agriculture
des émergences aval et le drain de Freija tariraient à irriguée dans le Souss : 17 % de la superficie de la
50 % entre 1 980 et 1 988. Mais on sait que l'irrigation plaine et 30 % des sols irrigables. Ceci impose à
progresse actuellement de quelque 1 500 ha par an et l'agriculture irriguée de se fixer des objectifs de
que ce phénomène n'ayant aucune raison de cesser, ne valorisation de l'eau qui doivent être au maximum
peut que rapprocher l'échéance du tarissement. technique et qu'il faut atteindre très rapidement
Plusieurs séries de tests ont porté alors sur des compte tenu de la croissance de la population.
extensions irriguées de 24 000 ha (soit une surexploi- En fin de compte, les objectifs du plan directeur
tation de 180.10.6 m3/an, chiffre choisi par un calcul sont : multiplier les superficies irriguées par 1,4 et
d'optimisation approché) dans diverses circonstances
augmenter la productivité de l'agriculture en multi-
de localisation et d'emploi ; les débits gravitaires
pliant l'efficience d'irrigation par 1,3 et la valorisation
seraient alors taris à plus de 50 % en 1 980, ce qui fixe
du m3 d'eau consommé par 1,52 (soit passer d'une
la date limite d'intervention sur les secteurs tradition-
nels. Puis on a dans les tests suivants, remplacé valorisation moyenne de 0,35 DH actuelle à 0,54 DH.
progressivement les débits gravitaires taris par des le secteur moderne dépassant actuellement ce chiffre).
débits de pompages en recherchant l'état de la nappe Les choix
vers 2 000, ce qui permet d'obtenir les coûts des
pompages. Sur l'augmentation prévue de la valeur ajoutée, la
mobilisation de ressources en eau nouvelles n'inter-
Une fois ces données acquises, un nouveau calcul vient que pour 33 %. Actuellement, la mobilisation
d'optimisation économique a permis de faire intervenir
194 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
de l'eau est globalement très poussée en référence aux Une carte des contraintes hydrogéologiques au
conditions climatiques et les volumes disponibles niveau de l'exploitation a été dressée, indiquant la
seront les plus chers à mobiliser (barrages et ouvrages profondeur des principaux horizons perméables et la
de transfert). profondeur de l'eau sous le sol en 1968. A partir de ce
document et de la carte des transmissivités, on a
Dans une optique purement économique, l'eau délimité 2 familles de zones :
souterraine étant beaucoup moins chère que l'eau des
barrages, il faut, puisque ceci est techniquement - la première à transmissivité inférieure à 5.10-3 m2/
possible, surexploiter les réserves souterraines au-delà s où seuls des captages à débits spécifiques réduits (1 à
des ressources renouvelables, temporairement (30 à 40 2 1/s) sont possibles, ce qui exclut les pompages
ans), puis prévoir un retour progressif ultérieur à agricoles ;
l'équilibre grâce à la construction de barrages dont la
fonction essentielle serait de suralimenter la nappe - la seconde à transmissivité supérieure à 5.10-3 m2/
(barrage écrêteur de crues). s peut être subdivisée, selon la présence ou non d'une
ou plusieurs couches de bonnes perméabilités entre 50
Une autre possibilité, moins économique, mais et 150 m de profondeur.
illustrant une politique volontariste acceptant des taux
de rentabilité inférieurs à 10 % l'an, consiste à Les coûts de l'eau souterraine ont fait l'objet
exécuter parallèlement une mobilisation des ressources d'études en fonction du débit, du type d'ouvrage
les moins chères (surexploitation de la nappe) et nécessaire, du mode et de la hauteur manométrique du
l'édification des ouvrages lourds (barrages et canaux). pompage et on y a associé les coûts de transferts
éventuels depuis des zones à bonne transmissivité vers
Entre ces deux alternatives extrêmes qui ont fait des zones moins favorables. Le coût actualisé des eaux
l'objet d'examens détaillés, existent des solutions souterraines est toujours inférieur à celui des eaux de
intermédiaires constituant des compromis entre l'éco- surface rendues sur les lieux d'utilisation.
nomique et le politique, solutions qui ne manquent pas
d'intérêt. Facteurs socio-économiques
Mode d'action possibles sur l'appareil de production Secteur traditionnel ; L'abaissement spontané ou
programmé de la nappe va entraîner le tarissement des
Les eaux séguias et l'on peut envisager indépendamment ou
Eaux de surface : Plusieurs sites de barrages existent successivement : soit le remplacement du débit actuel
sur l'oued Souss en amont de la plaine. Le plus sans modification des assolements et de la structure
favorable est celui de Tarhzout (cf. chapitre Anti- foncière actuels, soit le remplacement avec orientation
Atlas) pour lequel les volumes régularisés varient vers une agriculture plus moderne nécessitant un
entre 83 et 125 millions de m3 pour un coût au m3 accroissement des débits et un encadrement important.
régularisé compris entre 0,95 et 1,42 DH. Les améliorations agricoles devraient tendre vers
des assolements céréaliers fourragers avec élevage en
Sur l'oued Issen (cf. chapitre Haut Atlas complément et maintien des oliviers susceptibles d'une
occidental), le site le plus favorable est Tamzaourt valeur ajoutée intéressante, qu'il semble possible
régularisant entre 60 et 8 8 . 1 0 6 m3/an pour un coût d'obtenir dans un délai de 10 ans.
au m3 régularisé compris entre 0,90 et 1,60 DH.
L'utilisation de ce site est hypothéquée pour l'alimen- Les interventions de l'Etat porteront dans le
tation en eau potable future du « grand Agadir » et secteur traditionnel sur une politique de crédit et de
pour le soutien de l'irrigation de 5 000 ha d'agrumes vulgarisation agricole ou bien consisteront en une
plantés dans le secteur aval de la plaine (Ouled- intervention directe au titre de maître-d'œuvre.
Teima) et qui manqueront d'eau dans les prochaines
Secteur moderne et extensions : La baisse future du
années lorsque les arbres atteindront l'âge adulte.
niveau de la nappe entraînant un accroissement du
Sur les autres affluents de l'oued Souss, aucun coût de l'eau exhaurée actuellement par puits et
site propre à constituer une retenue assez vaste forages, aura des répercussions sur l'actuel secteur
n'existe. moderne où l'on ne se préoccupe guère d'économiser
l'eau.
Eaux souterraines : La mobilisation par puits et
forages s'impose techniquement et économiquement Dans le secteur d'Ouled-Teima où la nappe
afin d'aboutir à la maîtrise totale de l'eau actuellement baisse depuis 10 ans et atteint en 1973 quelque 50 m
aléatoire pour 62 % des volumes utilisés par séguias de profondeur, on ne peut, faute de niveau perméable
et d'éliminer au maximum les pertes consécutives aux profond, espérer maintenir les débits exhaurés à leur
transports, pertes qui grèvent les coûts. Ceci se niveau actuel. Les besoins futurs du secteur devant
traduira par l'équipement en stations de pompage de croître avec l'arrivée progressive à maturité de
près de 50 000 ha. plantations d'agrumes récentes, il faut absolument
VALLEE DU SOUSS 195
Tableau 34
Cas N° NOUVELLES SUPERFICIES DATE DE CREATION DES SOUTIEN DOULED-TEIMA
IRRIGUEES EN HECTARES BARRAGES (transfert)
1 ère Famille
Amont Aval oued Issen Aoulouz Pompage sur Lit fossile oued Issen
80 Mm3/an 95 Mm3/an place
II 10 000 10 000 1975
IV a 13 000 7 000 1981 Jusqu'en fin
transmission
IV b 13 000 7 000 1981 1975
V 10 000 5 000 1981 1990 1981
2 éme Famille
Tableau 35
Cas n° PRELEVEMENT ANNUEL SUR LES RESERVES EN millions de m3
1968 1984 2004
II 60 209 209
[V 60 1 15 115
V 60 141 12
VI 60 143 12
VII 60 210 50
apporter de l'extérieur l'eau nécessaire pour l'irriga- Les schémas de plans directeurs de développement de
tion de 5 000 ha avant 1980 afin de maintenir le la plaine
potentiel de ce secteur (eau transférée depuis le lit
fossile du Souss ou depuis un barrage sur l'oued Deux grandes familles de cas ont été étudiées
Issen). pour le développement de l'agriculture irriguée : la
première ne comportant aucun essai d'atténuation ou
Ailleurs et selon la localisation, l'abaissement de de résorption du déséquilibre de la nappe consécutif à
la nappe entraînera des diminutions du débit spéci- la surexploitation programmée jusqu'en 2004, la
fique des puits avec ou sans espoir d'y pallier par seconde comportant une atténuation ou résorption par
recours à des niveaux aquifères plus profonds grâce au la création d'un ou deux barrages sur le Souss et
surcreusement ou à la multiplication des puits ou l'Issen. Chaque famille comporte des variantes portant
forages. sur les superficies irriguées et le mode de résolution du
transfert d'eau sur la zone d'Ouled-Teima. Un tableau
Pour les extensions, il apparaît indispensable de récapitule ci-dessus les principales caractéristiques
créer un secteur public, afin d'imposer l'introduction des principaux cas étudiés (tabl. 35).
de spéculations agricoles nouvelles et de techniques
plus valables, susceptibles de servir d'entraînement à Quelques comparaisons de ces cas peuvent être
la rénovation du secteur traditionnel grâce à l'exemple effectuées. En ce qui concerne les prélèvements sur les
de la réussite. Plusieurs zones ont été sélectionnées en réserves de la nappe libre, ils seront au maximum de
recherchant une imbrication étroite avec le secteur 209.10 6 m3/an (cas I I ) représentant 6 milliards de
traditionnel tout en tenant compte des autres contrain- m3 en 30 ans et au minimum de 1,5.10 9 m3 (cas V).
tes : 30 000 ha ainsi sélectionnés serviront de fond à Les répercussions sur le niveau moyen de la
un choix. nappe (en mètres) pour de telles surexploitations
seront les suivantes :
Tableau 36
II - 17 - 11 -9 - 15
IV -7 - 11 - 10 - 16
V -6 -7 -9 - 14
VII -6 - 11 -9 - 15
196 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
S
sur modèle analogique) US
III V 30
SO
IX
X ED
OU
400 XI 30
400
XII IGLI
20
10
30
A
SOUSS TAROUDANT FREIJA
AGADIR
30
OUED
20
40
S
C
A
10
10
20
L
BIOUGRA T
A
I
D T
N
350 A 350
20 Isobattements en mètres
E 0 10 20 30 40 50 km
LIMITE DE LA PLAINE DU SOUSS
Fig. 83
On peut obtenir des données plus significatives qu'ouvrage d'accumulation pur, il ne peut irriguer que
en tenant compte des emplacement des périmètres 1 1 200 ha (dont 7 000 ha nouveaux) dans la haute
(traditionnels à rénover et nouveaux à créer). Pour ne plaine où les conditions climatiques plus sévères
pas entrer dans le détail de telle décompositions, on interdisent les spéculations rémunératrices (maraî-
dira que la part des surfaces au droit des périmètres où chage-verger). En tant qu'ouvrage destiné à la
la profondeur de l'eau sous le sol sera supérieure à 50 suralimentation de la nappe (barrage écrêteur de crues)
m en 2004 est de l'ordre de 50 % en aval de l'ouvrage, situé très à l'amont du système ne permet
Taroudant et inférieure à 10 % en zone amont de qu'une lente propagation des recharges qui n'attei-
Taroudant dans le cas du schéma n° II (surexploitation gnent que lentement les zones productives et il ne peut
sans barrage jusqu'en 2004) (voir fig. 83). être d'aucun secours pour les zones menacées de l'aval
de la plaine.
Analyse économique des différents schémas
On relève encore que les performances écono-
L'analyse économique détaillée des différents miques des divers schémas sont peu sensibles aux
schémas de plan directeur montre que les coûts, même répartitions géographiques des extensions prévues (le
actualisés, des opérations de transfert d'eau et de champ des possibilités étant restreint) mais par contre
construction de barrages pèsent très lourd dans les très sensibles aux interventions de transferts d'eau du
bilans et doivent être compensés par des mises en réservoir d'un secteur vers un autre, s ' i l s sont
valeurs rapides fondées sur des spéculations agricoles importants, car ceux-ci provoquent des effets secon-
très productives afin de compenser leur effet négatif. daires de remontées de nappe ayant une incidence
Ainsi, le transfert d'eau 'important nécessaire pour directe sur le coût de l'eau pompée.
sauvegarder le verger menacé d'Ouled-Teima (5 000
ha en production) a des effets positifs, même si La comparaison des performances économiques des
l'opération nécessite la construction d'un barrage sur divers schémas est présentée dans le tableau 37 ci-
l'oued Issen. après dans l'ordre décroissant du bénéfice actualisé
Par contre le barrage près d'Aoulouz sur le haut total. Bl correspond au cas qui prend en compte les
Souss a des effets économiques très pénalisants s'il est seules valeurs ajoutées additionnelles, B2 à celui qui
construit à court terme (cas IV et VI) qui s'atténuent à compte en accroissement la totalité de la valeur ajoutée
moyen terme (cas n° V et VII). En effet, en tant du secteur traditionnel sauvegardé.
VALLEE DU SOUSS 197
Tableau 37
Superficies nouvel.
Aoulouz Taux de
Cas Transfert Issen Bl B2 irrig. après 1969
écrêteur rentabil.
Transfert Issen
II 1975 ■ - ■ - 30 124 >10 % 20 000 + 1200
VII 1975 1985 1995 16 114 20 000 + 6 250
V 1975 1980 1990 - 51 44 25 10 % 15 000 + 3 950
IV b ■ - 1990 1981 ■ - 69 20 000 + 1200
IV a ■ - 1990 1981 ■ -112 -18 <10% 20 000 - 2 000
VIa ■ - 1990 1981 115 ■ -21 15 000 + 4 250
Ce classement montre que l'ensemble des cas période, ils sont emportés par les premières crues
prévoyant un transfert vers Ouled-Teima dès le début survenant après leur construction. Les réseaux de
de la période de projection viennent en tête et que le séguias d'irrigation sont extrêmement complexes ; en
cas II (aucun barrage avant 2004) est nettement le plus bien des cas les mêmes canaux véhiculent, selon les
économique de tous. Des cas avec construction de époques, des eaux de crues ou des eaux pérennes. Les
barrages, ceux prévoyant l'édification sur l'Issen en prises sont « fusibles » et sont détruites si le débit
début de période viennent en tête ; entre le cas VII qui devient trop fort et risque par conséquent d'endomma-
prévoit un transfert vers Ouled-Teima en 1975 et le ger le réseau.
cas V qui ne le prévoit qu'en 1980, la baisse de
performance est importante. Les émergences de la nappe alluvionnaire dans le
l i t de l'oued Souss alimentent, on l ' a vu, de
Ces différents cas simulés sur le modèle nombreuses séguias pérennes. Le tracé des séguias est
analogique constituent des politiques possibles d'amé- extrêmement complexe et comporte de nombreuses
nagement différentes et les performances économiques anastomoses. Un régime ancestral, fort complexe et
comparées permettent de juger du coût de ces variant d'une séguia à l'autre, réglemente la distribu-
politiques. tion des eaux pour l'irrigation et l'entretien du
système.
Après examen de ces critères de choix, le
Royaume du Maroc a décidé d'exécuter les études de Aménagements modernes
factibilité d'une variante des cas n° II et VII combinés,
variante comportant la surexploitation telle que prévue La construction de barrages de crues a été
au cas II et la construction rapide du barrage sur souvent vouée à l'échec en montagne en raison de la
l'Issen (avant 1978) pour soutenir le secteur d'Ouled- violence des écoulements qui endommage ou détruit
Teima et créer des extensions à l'aval. Parallèlement, les ouvrages. En plaine les crues sont dérivées par des
les études de factibilité sur les secteurs de rénovation et ouvrages importants tels ceux de L'oued Ibourk et de
d'extension par pompages ont été poursuivies. Les l'oued Souss (pont et Taroudant). Le rendement de
premières réalisations devraient ainsi débuter en 1 975 ces ouvrages est faible. Cependant la construction d'un-
ou 1976. grand barrage de dérivation de crues à Aoulouz a été
envisagée.
Vers l'Anti-Atlas, il existe deux petits ouvrages
LES AMENAGEMENTS EXISTANTS EN 1974 de crues : les barrages sur l'oued Sdass et sur l'oued
Aouerga.
Eaux superficielles
L'aménagement le plus récent concerne le
Aménagements traditionnels périmètre d'épandage de crues du Bousriouil qui ne
Les eaux pérennes proviennent de la fonte des semble avoir fonctionné que peu de temps en raison de
neiges et de la vidange des nappes ; les premières crues destructrices.
coulent jusqu'en mai-juin, les autres que l'on ne trouve
guère qu'à Aoulouz, jusqu'aux crues d'automne. De
petits barrages en pierres et branchages, reconstruits Eaux souterraines
après chaque crue, dérivent ces eaux dans des séguias
qui desservent des périmètres irrigués situés sur les Ouvrages traditionnels
piémonts. Les puits traditionnels sont nombreux là où l'eau
Les eaux de crues sont difficiles à capter sauf en est peu profonde et lorsque le creusement des puits
période de « queues de crues » ; les petits ouvragés n'est pas découragé par la présence d'une dalle calcaire
provisoires ne fonctionnent que pendant une courte dure en surface du sol.
198 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Le dispositif (l'exhaure pour l'irrigation est se limitent au maraîchage, orienté vers l'exportation ;
constitué par une outre suspendue à des câbles les cultures traditionnelles : oliviers et céréales, sont
soutenus par des poulies et actionnés par traction en déclin.
animale ; c'est la « naora » ; il existe aussi quelques L'Etat a construit un certain nombre de stations
« norias » (roues à godets). de pompage destinées à revivifier d'anciennes séguias,
Au total on comptait en 1950 pour l'ensemble de ou à irriguer des terres vierges. L'économie réalisée
la vallée près de 4 000 naoras irrigant environ 3 000 par rapport à la construction des drains porte à la fois
hectares pour un débit total inférieur à 1 m3/s. sur l'utilisation de l'eau et sur les investissements
Quinze ans plus tard ce mode archaïque et peu rentable nécessaires. Au total on compte 18 stations de
n'était presque plus u t i l i s é ; environ 1 / 3 des puits pompage dont 9 en activité (Aaricha, Haffaia, Igli, Aït-
s'était équipé de petits groupes motopompes, le reste Yazza, Maghzenia, Qdacha, Oulad-Bou-Rbia 1 et 2,
étant abandonné. Certains puits creusés à la main Jihadia) qui débitent ensemble 1 m3/s environ pour
atteignent des profondeurs considérables vers les l'irrigation de 2 500 hectares, alors que la totalité des
piémonts, allant jusqu'à 100 m. stations en place représente un potentiel d'exhaure de
3 m3/s. Perspectives d'avenir
Les drains traditionnels ou rhettara sont des
ouvrages coûteux à construire et à entretenir. Beau- Le mode de mobilisation des eaux souterraines
coup de ces ouvrages sont abandonnés à la suite de par puits et forages va s'intensifier dans les années qui
leur tarissement ou de leur effondrement. La plupart viennent, conformément au plan de surexploitation de
des ouvrages de ce type en activité se trouvent dans la la nappe libre. On a montré que les puits sont toujours
région d'Aoulouz—Oulad-Berrehil ; il y en a une plus économiques, à débit égal, que les forages sauf
cinquantaine dont le débit total est de l'ordre de lorsque le débit est limité (15-20 1/s), ou la nappe
600 1/s ; les plus forts débits unitaires sont inférieurs à profonde. On dispose d'abaques fournissant les coûts
50 1/s. En années sèches les débits baissent substan- du m3 d'eau pompée rendu au niveau du sol en
tiellement. investissement et fonctionnement, en fonction du débit
et de la hauteur manométrique de refoulement.
Ouvrages modernes Drains modernes. - Outre le drain
des dunes à Agadir, un seul de ces ouvrages a été Dans l'avenir, par suite du tarissement des
réalisé, celui de Freija ; entreprise en 1937, la résurgences causé par la baisse de la nappe, les
construction s'est poursuivie avec des aléas divers dus irrigations traditionnelles par séguias pérennes et
à la guerre, jusqu'en 1951. L'ouvrage comprend une rhettara (ainsi que celles irriguées par le drain
tête morte de 1 800 m et une galerie dont la longueur moderne de Freija) disparaîtront et des pompages
totale est 2 965 mètres avec une pente de 0,5 1 0 - 3 prendront le relai. Ce relais interviendra dans moins
pour une section utile de 1,85 m2. A l'origine on de 10 ans, ce qui impose de décider des modifications
avait espéré que le débit serait de 2 m3/s ; en-fait le de structures socio-économiques à mettre en place.
débit est le plus souvent inférieur à 1 m3/s et va ALIMENTATION EN EAU POTABLE DES POPULA -
irriguer l'olivaie de Taroudant, 10 km à l'ouest. D'autres TIONS
ouvrages de ce type ont été étudiés en vue de leur
construction, à Aoulouz et Oulad-Bou-Rbia. En Agglomération urbaine d'Agadir
raison des coûts très élevés et des conditions moins Agadir a été d'abord ( 1 9 2 1 ) ravitaillée en eaux
favorables, ces projets ont été abandonnés. par les sources de Tildi puis par le drain des dunes,
ouvrage entrepris en 1932, repris en 1 939 puis 1949 ;
Stations de pompage. - Les stations de pompages la station de pompage pouvait débiter 90 1/s. Deux
particulières du secteur moderne sont actionnées par forages implantés à proximité et réalisés en 1950-51
des moteurs diesel ou électriques, ce dernier cas peuvent débiter chacun 40 1/s. Mais en raison de
tendant à devenir la règle générale. Le débit moyen l'interférence mutuelle de ces trois stations de
unitaire est de 70 à 80 m3/h; il est atteint par 60 % pompage, la capacité productrice de l'ensemble ne
des installations dont 35 % débitent plus de 100 m3/ dépasse pas 100 1/s. Ce débit étant insuffisant et la
h. Au total quelque 400 installations débitent environ qualité de l'eau médiocre ( 1 , 5 à 2 g/1 de résidu sec
5 m3/s/an. Le prix de l'eau est peu élevé, de l'ordre dont 1 g de chlorures), de nombreux sondages d'essai
de 5 à 6 centimes marocains le m3 exhauré. furent réalisés de 1 954 à 1965 afin de trouver des eaux
de bonne qualité pour Agadir avec un débit supplé-
Dans le secteur traditionnel, le nombre de petites mentaire de 150 à 200 1/s. Les meilleurs résultats ont
motopompes qui était estimé à 100 en 1953 dans les été obtenus sur la rive droite de l'oued Souss (100 1/s
Haouara, atteignait en 1 965 plus de 3 000 unités dans supplémentaires en 1963) puis sur la rive gauche où
l'ensemble de la vallée : la surface irriguée passait de 330 1/s sont exploités dans les grès dunaires entre le
3 000 à 10 000 hectares, avec des modules d'irrigation Souss et la mer (cf. chapitre : plaine des Chtouka). Ces
doubles ou triples des anciens. Les cultures intéressées
VALLEE DU SOUSS 199
eaux sont de bonne qualité chimique (moins de 0,6 g/1 Dans l'ensemble les habitants de la vallée
de résidu sec) et l'on a décidé de supprimer les apports n'éprouvent guère de difficultés à se procurer de l'eau
du drain des dunes, trop salés. d'alimentation, sauf en certaines zones des piémonts
où la profondeur de la nappe excède 70 mètres et où il
Une étude récente du problème d'alimentation en existe peu de puits. L'eau est en général excellente en
eau du « grand Agadir » comprenant la ville et sa ce qui concerne la composition chimique, mais elle
banlieue (COMTEC-SAFEGE pour OMS, 1 9 7 2 ) peut souvent contenir des organismes ou micro-
montre que l'agglomération qui comprenait 1 1 2 000 organismes pathogènes.
habitants en 1971 en comptera 144 000 en 1977 et
202 000 en 1985. Compte tenu du développement
touristique de cette région, les prévisions de besoins en
eau sont de 300 1/s en moyenne et 390 1/s en pointe
en 1977, 480 1/s en moyenne et 7 1 0 l/ s en pointe en CONCLUSIONS
1 985, alors que les disponibilités captées en 1972 sont La Plaine du Souss est soumise à un climat
de 400 1/s d'eau de bonne qualité. contrasté. La pluviosité et le régime des températures
Dès 1980, une nouvelle adduction de 300 1/s sont très irréguliers et handicapent l'agriculture. Les
devra être mise en service à partir : soit de la nappe eaux pérennes sont inexistantes, sauf en certaines
libre du Souss pompée cette fois très à l'E de la ville portions du lit de l'oued Souss ; certaines années les
(20 à 40 km), soit du barrage sur l'oued Issen qui sera eaux de crues sont très abondantes. L'infiltration de
alors achevé. La dernière solution qui impose de ces crues dans les alluvions représente le facteur
traiter les eaux et nécessite l'exécution d'une longue prédominant de recharge des nappes souterraines.
conduite est d'un coût très élevé. La chance de cette plaine est de posséder un
Taroudant puissant réservoir aquifère contenant quelque 50
milliards de m3 d'eau accumulés au cours des temps
Il existe dans la vallée de Taroudant de nombreux géologiques, volume considérable par rapport aux
puits d'alimentation mais ceux-ci sont souvent exploi- réserves renouvelables chaque année : en moyenne
tés dans de mauvaises conditions d'hygiène, ce qui 230 millions de m3.
explique les épidémies de typhoïde qu'on y observe.
En 1963 le réseau d'adduction à partir d'une station Les réserves renouvelables atteignant un taux de
de pompage située en bordure de la route de mobilisation très important grâce à des ouvrages
Marrakech et qui débite 500 m3/jour, n'alimentait traditionnels anciens auxquels se sont surimposés des
que 400 abonnés environ pour une population de pompages de plus en plus nombreux ayant déjà
15 000 habitants. En été, les coupures d'eau étaient introduit un déséquilibre dans le régime de la nappe en
fréquentes en raison de la faible capacité du réservoir. raison d'un prélèvement sur les réserves atteignant 60
C'est pourquoi une recherche d'eau souterraine a été millions de m3/an en 1970 et qui s'accroît régulière-
entreprise aux environs de la ville. ment. Dans ces conditions, toute rénovation ou
extension de l'agriculture dans le Souss est pratique-
Deux forages implantés au nord du l i t de l'oued ment sans impact économique si l'on se contente d'une
Souss, respectivement à 3 et 6 km à l'est de la ville, ont gestion conservatoire du réservoir et pire, il apparaît
fourni des débits de 60 1/s pour un rabattement de alors indispensable de consacrer des investissements
l'ordre de 5 mètres. Un seul de ces sondages suffit aux onéreux (barrages d'accumulation et d'écrêtement de
besoins de la ville, la mise en service du second crues) pour résorber les déficits actuels et futurs et
couvrant les besoins au-delà de 1985. Il n'y a aucun préserver le potentiel de production du secteur menacé
problème de ressource en eau souterraine pour d'Ouled-Teima.
desservir cette agglomération dans l'avenir.
Face à cette situation, il a été décidé, après des
études hydrogéologiques poussées synthétisées grâce à
Plaine du Souss un modèle de simulation analogique, de surexploiter
résolument les réserves du réservoir aquifère pendant
I1 existe des installations suffisantes à Inezgane une trentaine d'années, afin d'obtenir un rapide
(5 à 10 1/s) et à Aït-Melloul. A Oulad-Teima, le débit développement agricole fondé sur une riche produc-
du forage artésien est insuffisant à assumer les besoins tion, ces améliorations créant l'impact économique
de l'agglomération qui est en constante expansion ; en recherché pour le décollage de l'ensemble régional.
1 964 un forage a été réalisé dans le lit de l'oued Souss,
il a permis de prélever 26 1/s avec un rabattement de Les limites de la surexploitation et les principaux
1,45 m. La distance entre cet ouvrage et l'aggloméra- schémas d'aménagement possibles ont pu être fixés
tion est de 4 km environ ; on ne pourrait envisager de après des études par itérations successives utilisant
trouver un tel débit sur un ouvrage à une distance alternativement le modèle analogique de simulation du
moindre. réservoir et un modèle économique. Les grandes lignes
200 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
du plan directeur d'aménagement de la plaine du Souss modérées, moyennant des investissements modérés
sont désormais connues et conduiront rapidement à susceptibles de très bonnes rentabilités, se traduisant
70 000 hectares irrigués modernes grâce à la transfor- au niveau des populations par un très net accroisse-
mation du secteur traditionnel et à des extensions ment du niveau de vie.
REFERENCES
L'ouvrage de R. Dijon ( 1 9 6 9 ) faisant le point des études sur la plaine du Souss en 1965 contient une bibliographie
complète et exhaustive des travaux antérieurs à cette date. Dans la liste qui suit, seules les références de base antérieures à
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électrique de la région de l'embouchure de l'oued Souss. Rapp.
inéd. CAG-MTPC/DH/DRE. 26 p p . . 1 6 8 fig. 27 p l . , 133 l'écoulement souterrain en régime permanent. Rapp. inéd.
sondages électriques PNUD-FA.0 et VITPC/DH/DRE, 21 pp., 10 fig.
Genetier B. (1969) : Plaine du Souss : stations de pompage gérées par
Cie Générale de Géophysique ( 1 9 5 2 à 1 9 5 4 ) : Etudes par prospection
l ' E t a t , conditions d'exploitation. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE.
électrique dans la plaine du Souss. 118 sondages électriques en 3
37 pp.. 49 fig., 1 carte.
études: Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE.
Genetier B. (1972) : Etude du système aquifère de la plaine du Souss au
Cie de Prospection Géophysique Nord Africaine ( 1 9 5 5 ) : Elude de la
moyen d'un modèle analogique, situation à la fin de l'étude du
vallée du Souss par prospection de sismique réfraction - 32
régime permanent. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE. 9 pp.
profils. Rapp. ined. arch. MTPC/DH/DRE.
Combe M. (1969) : Programme de travaux en matière de ressources en eau Henry J.C. (1970) , Hydrologie de l'oued Souss, état des connaissances en
souterraine dans le cadre du Projet Souss I ( 1 9 6 8 - 1 9 6 9 ) . Note juin 1970. Rapp. inéd. PNUD-FAO, arch. MTPC/DH/DRE.
inéd. MTPC/DH/DRE. 5 pp. 6 pp.
VALLEE DU SOUSS 201
Henry J.C (1970) : Sur l ' u t i l i t é de construire un barrage sur l'oued Souss Margat J. ( 1 9 7 2 ) : Compte-rendu de la 2ème mission de consultant
prés d'Aoulouz dans le but d'écrêtcr les crues. Rapp. inéd. hydrogéologue. Rapp. inéd. BRGM. arch. MTPC/DH/DRE,
PNUD/FAO. arch. MTPC/DH/DRE, 12 pp. 3 fig. 7 pp.
Henry J.C. (1 9 7 0 ) : Note sur les écoulements superficiels du Souss aux Ait- Morel I. ( 1 9 3 1 ) : Recherches géologiques dans l'Atlas de Marrakech. Notes
Melloul. Rapp. inéd. PNUD-FAO, arch. MTPC/DH/DRE. et M. Serv. Mines et Carte géol. Maroc, n° 18. 262 pp.. nbx.
28 pp. fig.
Henry J.C. (1970) : Hydrologie du Souss. note sur les apports annuels de Neltner L. (1938) : Etudes géologiques dans le Sud marocain. Notes et M.
l'oued Issen. Rapp. inéd. PNUD-FAO. arch. MTPC/DH/DRE. Serv. Mines et Carte géol. Maroc. n° 42. 298 pp., nbx. fig.
6 pp.. 4 fig. Schrambach A. ( 1 9 6 7 ) : Données hydrogéologiques et hydrologiques sur
Kruseman G.P. 1 9 7 1 ) : Note sur le réglage du modèle analogique en les bassins des oueds Souss et Massa. Principes d'exploitation des
régime permanent, phase I. situation au 1 août 1 9 7 1 . Rapp. inéd. ressources en eau. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE. 24 pp.. 2 pl.
PNUD-FAO et MTPC/DH/DRE. 7 pp.. 5 p l . Schrambach A. ( I 970) : Note sur l'aspect hydrogéologique du développe-
Kruseman G.P. ( 1 9 7 1 ) : Note sur le réglage du modèle analogique en ment hydro agricole de la plaine du Souss. Rapp. inéd. MTPC7
régime permanent, phase I I . situation au 20 septembre 1 9 7 1 . DH/DRE. 7 pp.
Rapp. inéd. PNUD-FAO et MTPC/DH/DRE. 7 pp.. 5 pl. Schrambach A. ( 1 9 7 0 ) : Propositions de schémas d'utilisation des eaux
Kruseman G.P. ( 1 9 7 1 ) : Note sur le réglage du modèle analogique en pour la mise en valeur des terres irrigables de la plaine du Souss.
régime permanent, phase I I I (situation au 20 décembre 1 9 7 1 ) . Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE. 27 pp., 4 pl.
Rapp. inéd. PNUD-FAO et MTPC/DH/DRE. 8 pp.. 6 pl. Schrambach A. ( 1 9 7 0 ) : Données numériques sur l'évolution du niveau de
Kruseman G.P. (1972) : Note sur le réglage du modèle analogique la nappe phréatique sous l'effet des pompages. Rive gauche de la
et régime transitoire, phase I, étude de l'épuisement. Rapp. plaine du Souss entre le pont de Taroudant et Ouled-Teima.
inéd. PNUD-FA.0 et MTPC/DH/DRE, 6 pp., 1 fig., 4 pl Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 25 pp., 6 pl.
Schrambach A. ( 1 9 7 0 ) : Note sur l'alimentation des nappes d'eau
Kruseman G.P ( 1 9 7 2 ) : Note sur le réglage du modèle analogique en
souterraines de la plaine et conséquences pour le bilan
régime transitoire, phase I I . Influence de la variation de
l'alimentation. Rapp. inéd. PNUD-FAO et MTPC/DH/DRE. hydrologique. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 14 pp.. 7 fig.
4 pp.. 2 fig..5 p l . Schrambach A. ( 1 9 7 0 ) : Variations sur le thème du bilan hydrologique du
Kruseman G.P. ( 1 9 7 2 ) : Note sur le réglage du modèle analogique en bassin versant du Souss. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE. 4 pp.
régime transitoire, phase I I I , influence du tarissement des Schrambach A. (1970) : Note sur la régularisation des écoulements,
résurgences et de quelques modifications mineures. Rapp. inéd. de surface des affluents de l'oued Souss. Rapp. inéd.
PNUD-FAO et MTPC/DH/DRE. 5 pp.. 5 fig.. 7 pl. MTPC/DH/DRE, 9 pp., 5 fig.
Kruseman G.P. ( 1 9 7 3 ) : Construction et mode d'emploi du modèle S.CE.T. International ( 1 9 7 3 ) : Développement hydro agricole de la vallée
analogique de la plaine du Souss. annexe technique. Rapp. inéd. du Souss, 2ème phase. Unités de développement régional, zones
PNUD-FAO et MTPC/DH/DRE. 32 pp.. 21 fig.. 10 ph. de mise en valeur. Rapp. inéd. SCET-PNUD/FAO pour MARA,
Kruseman G.P. ( 1 9 7 3 ) : Réglage et exploitation du modèle analogique de arch. MARA. 10 pp.. 5 fig. et annexes.
la plaine du Souss. Rapp. inéd. PNUD-FAO et MTPC/DH/ S.CE.T. International ( 1 9 7 3 ) : Développement hydroagricole de la vallée
DRE. 25 pp.. 13 fig. du Souss, 2ème phase, rapport provisoire. Rapp. inéd. SCET-
Margat J. (1970) : Note sur la régularisation des crues de l'oued PNUD/FAO pour MARA, arch. MARA. 2 1 9 pp., nbx. cartes,
Souss (Maroc) par infiltration. Note inéd. BRGM. arch. 2 tomes d'annexés techn.
MTPC/DH/DRE, 2 pp. TIPPETS-ABBETT-MAC CARTHY-STRATTON ( 1 9 7 3 ) : Projet d'un
Margat J. (1972) : Rapport de la première mission d'expert hydrogéologue barrage sur le Souss amont, étude de factibilité du site de
( 1 0 au 1 5 . 7 . 1 9 7 2 ) . Rapp. inéd. BRGM. arch.MTPC/DH/DRE. Tahrzout. gélogie et géotechnique. Rapp. inéd., arch. MTPC/
14 pp. DH/SE, 37 pp., 11 fig., 2 cartes annexes.
3.35.2
par
La plaine des Chtouka prolonge naturellement la située un peu plus au S, pourrait être constituée par la
plaine du Souss vers le SW ; c'est une plaine ondulée ligne de partage des eaux souterraines entre les
et sablonneuse, inclinée régulièrement d'E en W et qui écoulements vers l'oued Souss d'une part et vers
est caractérisée par une morphologie dunaire récente l'Océan d'autre part. Ainsi délimitée, la plaine des
(Quaternaire). Chtouka couvre quelque 1 500 km2 sur 45 km dans le
sens N-S et 35 km dans le sens E-W.
Les limites de cette plaine : l'océan Atlantique à
l'W, les affleurements des terrains primaires de l'Anti- L'aménagement en cours d'un périmètre mo-
Atlas à l ' E , l'oued Massa au S, sont nettes à derne de 20 000 hectares irrigués à partir des eaux du
l'exception de la limite nord avec la plaine du Souss. barrage sur l'oued Massa différencie désormais de
Par convention, on considère la route Biougra—El- façon nette la région des Chtouka et celle du Souss.
Kléa—Aït-Melloul comme une séparation entre plaine Auparavant, quelque 2 800 hectares étaient irrigués
du Souss et Chtouka, alors qu'une meilleure limite, dans les Chtouka à partir des eaux souterraines.
Climatologie
Six postes pluviométriques se situent sur le kilomètres à l ' E d'Agadir, sont considérées comme
pourtour des Chtouka, aucun ne se trouvant dans la douteuses par défaut.
plaine elle-même. Ces postes sont les suivants : Si la moyenne interannuelle de la pluie sur la
Tableau 38
plaine des Chtouka se situe autour de 200 mm/an, la
variabilité * annuelle s'avère très grande ( 5 6 à 60 %
Poste Altitude Moyenne pluviomctrique/annuelle
en plaine) et l'on ne peut escompter chaque année
(m) période 1933-63 (mm) qu'un minimum certain de 100 mm; dans ces
AGADIR 20 225 conditions, il n'est possible de pratiquer qu'une
ROKEIN 25 200
BIOUGRA 140 220 agriculture irriguée car l'agriculture en sec est très
AIT-BAHA 545 291 aléatoire.
ANEZI 500 257
TIZNIT 225 189 En ce qui concerne les températures et évapo-
transpirations, on se rapportera au poste d'Agadir (cf.
Les mesures du poste de Rokein, situé quelques Chapitre Plaine du Souss).
ED
OU
Rhéolites imperméables
10
380 GEORGIEN - ACADIEN 380
INEZGANE
AÏT MELLOUL Calcaires perméables
3502/70
20
25
30
9/69 Schistes imperméables
35
49/70
3501/70
55
40
9/69
40 5
Grès ou quartzites
75
50
60
4
55
80
85 50 Courbe isopiézomètrique et sa cote
4/69
3/69 2946/70 Courbe isopiézomètrique hypothétique
130
90
Ligne de partage des eaux souterraines
EL KLEA
95
3457/70 ! 0
10
Ligne de partage des eaux de surface
U E
370 1703/70
105 Forage sec et son numéro I.R.E. 370
110
13
120
115
0
659/69
A T
836/70 3345/70
4347/70 BIOUGRA
TIFNITE 3458/70
1303/70
OUED
AÏT MIMOUN 3302/70
10/69 15
14
360
0 AO
0
UE 360
RG
A
!
OU
ED
3123/70 TA
RA
TE
!
N
3459/70
A
E
3457/70
C
3503/70
O
350 350
11/69 3124/70
SK ELARBA
DES AÏT
BAHA
NTO
UGR
AR
ER !
IGH
12/69
16
0
17
340 0 340
19
10
ASSERSIF
90
5
11
5 TASSILA 0
18
0
12
0
DUARZEN DU JBEL
OU
13
80 0
ED
MINE !
10
13
12
11 0
15
10
140
0
0
75 0
0
15
IE
70
ILL ORDIVIC
65
25
330
19
330
20
0
A
30
TA NAL
60 50
80
70
60
CH
50
LI
NC
MA
SSA
SY
16
17 0
18
0
0
FORMATIONS EN CONTACT AVEC LE RESER- forages 2946/70 et 1703/70 montrent que les
VOIR AQUIFERE calcaires crétacés sont aquifères dans leur partie
supérieure. On peut émettre l'hypothèse que l'ensem-
Le réservoir aquifère, limité au sud par l'oued ble des calcaires crétacés fait encore partie du réservoir
Massa et quelques remontées de schistes acadiens, aquifère, le substratum imperméable étant représenté
s'abouche au nord avec la plaine du Souss, tandis qu'à par les marnes albiennes que le sondage 836/70 a
l'est les formations de l'Anti-Atlas qui arrivent en rencontré à 1 649 m de profondeur, puis traversé sur
contact avec le réservoir sont essentiellement des 300 m d'épaisseur.
schistes ordoviciens dans la partie méridionale et des Au sud de la route Ait-Mimoun—Biougra, les
schistes acadiens dans la partie septentrionale, sauf formations crétacées semblent disparaître. Le réservoir
entre l'oued Takate et l'oued Aouerga où sur environ aquifère repose sur les schistes acadiens à l'est de la
5 km la plaine est en contact avec des calcaires route Agadir—Tiznit (à l'ouest le substratum n'est pas
géorgiens perméables (zone nord de la bordure connu) pour le secteur septentrional et sur des schistes
atlasique). ordoviciens dans le secteur méridional.
Le substratum sur lequel repose le réservoir est STRUCTURE
connu en partie grâce à une étude géophysique et
quelques sondages. La géophysique a mis en évidence une série de
grands accidents orientés approximativement nord-sud
Au nord de la route Ait-Mimoun—Biougra, les au pied de l'Anti-Atlas ; ces failles affectent les
sondages 836/70, 1703/70 et 2946/70 ainsi que la terrains primaires qui s'enfoncent très rapidement par
géophysique, montrent que le réservoir plioquaternaire
rejets successifs à plus de 1 000 m de profondeur dans
et miocène repose en grande partie sur des formations
les Chtouka du Nord. Dans cette même région, que
calcaréo-marneuses du Crétacé. Au nord d'une ligne
l'on situe approximativement au nord de la route Ait -
Tifnit—El-Kléa, la géophysique indique un horizon
résistant qui correspondrait aux calcaires turoniens Mimoun—Biougra, les terrains crétacés s'effondrent
(épaisseur indéterminée). Au sud-est de cette ligne, le en marches d'escaliers vers la baie d'Agadir.
sommet du Crétacé reste résistant, mais il s'agit On observe également une flexure des terrains
probablement de calcaires aptiens car le turonien est plio-quaternaires orientée selon une direction Tas-
absent dans les sondages 836/70 et 1703/70. Les sila—Aït-Mimoun—El-Kléa.
Hydrologie
Il n'existe aucun oued dans la plaine des Chtouka Deux grands oueds : le Souss au N et le Massa au
et les quelques cours d'eau descendant de l'Anti-Atlas S se situent en limite des Chtouka. L'hydrologie de ces
(oued Takate par exemple) sont pratiquement toujours rivières est exposée en détail, pour le Souss à Aït-
à sec, si bien que leur cours se perd dès l'entrée dans Melloul, dans le chapitre « Plaine du Souss » et pour
les Chtouka. le Massa, dans le chapitre « Anti-Atlas » de ce même
volume.
Hydrogéologie
LA NAPPE PHREATIQUE
zone altérée des schistes acadiens, prend une topogra-
Piézométrie phie complexe. Les caractéristiques hydrodynamiques
La carte isopiézométrique (fig. 84) levée du 31 de cette zone ainsi que la qualité chimique des eaux
mai au 6 juin 1968 à partir de 360 points d'eau, met souterraines sont très médiocres.
en évidence un écoulement général de la nappe de l'est 2. - Une bande à fort gradient de 4 à 5 km de large,
vers l'ouest. Ceci montre que l'Anti-Atlas constitue approximativement à l'ouest de la route Ait—Melloul-
l'une des zones d'alimentation du réservoir ; l'impor- Tiznit et parallèle à la flexure d'El-Kléa qui est
tance de cette alimentation sera précisée (apports par responsable de cette anomalie. Cette zone s'infléchit
ruissellement). vers le nord-est à proximité de l'oued Souss et vers le
La partie nord de la nappe s'écoule vers l'oued sud-ouest au voisinage de l'oued Massa, à la suite du
Souss, la moitié sud vers l'océan Atlantique et l'oued drainage de ces deux oueds.
Massa. La ligne de partage des eaux souterraines 3. - La région de Biougra où la concavité vers l'aval
définit la limite sud du bassin hydrogéologique de des isopièzes traduit une alimentation de la nappe
l'oued Souss. (déformation apparaissant déjà sur les cartes de R.
Quatre régions à caractéristiques hydrauliques Ambroggi et R. Bourgin, 1952 et B. Genetier, 1963).
différentes se dégagent de cette carte : 4. - La zone à l'est de Biougra, au nord de l'oued
1. - La région au sud d'une ligne W-E Tassila — Takate, où l'infiltration des pluies à travers les dunes
Assersif où la nappe, située en grande partie dans la anciennes se répercute sur la piézométrie sous forme
d'une zone d'alimentation.
W E
200 m
200m
BIOUGRA
1303/70
ARHORAISS EL JIRA
3345/70 3458/70
AIT AMIRA
25 Niveau piézométrique
100 Océan 659/69 836/70 ( sondage pétrolier)
ien
100 m
16
o rg
60
41
31
Gé
39 55 81
33
45 50
51 113
70
72 80 96
0 0 0 0 0
85 90 141
110
F 2a F 3a
150
dolomie P 1a
et
éable
marne FAILLE PROFONDE
im perm AFFECTANT LE
tratum
250 PRIMAIRE
Albien
marneux
Subs
- 200 Echelle des longueurs -200
0 5 10 km
Sondage et son numéro I.R.E. Terrains quaternaires Terrains crétacés (d'après la géophysique et le sondage pétrolier 836/70) TERRAINS ENCAISSANTS
Sable dunaire plus ou moins induré Sable marneux Marne Schiste acadien
Limites des principales formations
TECTONIQUE Grés dunaire de ciment calcaire présenatnt quelques passages marneux Marne Calcaire Calcaire géorgien
F 2a Niveau calcaire gréseux ou marneux très dur, dont Caillouts mal roulés enrobés dans un liant sablo-marneux SUBSTRATUM IMPERMEABLE
F 3a Accidents d'après la géophysique les caractéristiques hydrauliques sont médiocres
P 1a Marne albienne
Fig. 85 — Coupe géologique E-W de la plaine des Chtouka passant par Biougra.
206 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
D'après le rapport de H. Royer (1942) qui cite en Température des eaux souterraines
référence une étude ancienne de C. Gret (1933) sur les
En général, les eaux de la nappe phréatique
Chtouka, il semble que le niveau moyen de la nappe
oscillent dans l'ensemble des Chtouka entre 20 et 24°
n'ait pas varié à l'échelle des décades.
C selon les saisons.
Un seul piézomètre, le 3302/70 situé à proxi-
Cependant, une zone anormalement chaude (24 à
mité de Biougra, a une série de relevés mensuels assez
longue. On constate que les variations du niveau de la 26° C) a été mise en évidence dans le secteur situé
nappe sont peu influencées par la pluviométrie ; un à immédiatement à l'W de Biougra : 26° 5C au forage
deux mois après la saison pluvieuse on observe un 1303/70 en particulier.
léger gonflement de la nappe (0,40 m). Cependant, Exploitation de la nappe
malgré une séquence pluviométrique excédentaire ces
dernières années par rapport à la moyenne, on La nappe phréatique des Chtouka se situe au
constate une baisse du niveau de 1 m en 10 ans, baisse centre de la plaine entre 15 et 20 mètres de profondeur
imputable à l'accroissement des exploitations. au-dessous du sol. Sur les bordures : à l’E du méridien
de Biougra pour la partie orientale, à l'W du méridien
Comme on ne dispose pas de mesures permettant d'Aït-Mimoun (zone des dunes) pour la partie
de construire la carte des fluctuations pour avoir une occidentale, la profondeur s'accroît rapidement et
idée des variations annuelles de la nappe des Chtouka, dépasse 50 mètres.
une enquête rapide a été réalisée ; les résultats (valeurs
médianes) suivants ont été obtenus : Trois mille puits ont été recensés dans la plaine,
dont 1 600 équipés de naora (outres soutenues par
Aît-Melloul........................... 24 échantillons : 0,70 m des câbles passant sur une poulie, actionnées par
El-Kléa................................. 11 échantillons : 0,70 m traction animale) et 900 équipés de pompes méca-
Biougra ................................. 11 échantillons : 0,90 m niques. Ces puits équipés servent à l'irrigation de
Pied de l'Anti-Atlas................ 6 échantillons : 1,00 m jardins à raison de 0,25 à 0,30 l/s/ha pour les
Ces chiffres représentent les hauteurs de fluctua- dont 1600 équipés de naoras (outres soutenues par
de pompes mécaniques (chiffres médians d'une
tions maxima dont se rappellent les propriétaires des
étude fréquentielle). Les superficies irriguées par
puits. Ce ne sont que des ordres de grandeur, mais ils
pompage atteignent 2 800 hectares.
montrent que la nappe subit des variations faibles,
même à proximité de la montagne. On peut admettre Une carte des débits spécifiques des puits montre
une fluctuation moyenne de 1 mètre. une assez grande homogénéité du réservoir calcaréo-
gréseux autour et entre 1 et 3 l/s par mètre de
Qualité des eaux
rabattement, au moins lorsque l'on se trouve dans les 5
L'eau de la nappe phréatique des Chtouka est en m supérieurs du réservoir aquifère. Les meilleurs
général peu minéralisée : 1 g/l de résidu sec à 180° C rendements (6 l/s/m) ont été obtenus localement dans
en moyenne. Les faciès sont du type bicarbonaté le N des Chtouka, à l ' W de la route Agadir—Tiznit.
calcique et magnésien. Quelques anomalies existent : Plusieurs forages d'exploitation ont été exécutés
- anomalies à faible minéralisation. La plus impor afin de solliciter de plus grandes épaisseurs de nappe
tante se situe au N et à l'W de Biougra (500 à 600 mg/ que les puits. Les débits spécifiques se sont avérés
1 de résidu sec) et s'étend sur environ 60 km2 ; dans décevants (0,8 à 1,6 1/s/m), les débits d'exploitation
ces eaux carbonatées, calcium et magnésium ont des se situaient entre 10 et 20 1/s par forage, le meilleur de
concentrations voisines. Une autre zone peu minérali- ceux-ci (8/69) atteignant 45 1/s en exploitation.
sée (600 à 700 mg/1 de résidu sec) existe dans la Un essai comparatif des rendements respectifs
région des dunes côtières au SW de Aît-Melloul d'un puits (4347/70) et d'un forage (3345/70) situés
(forages 8 et 9/69) ; côte à côte et intéressant la même hauteur d'aquifère, a
- anomalies à minéralisation plus forte. Quelques montré que pour un même débit d'exploitation de 22
anomalies de ce genre existent autour d'El-Kléa sur 1/s. les rabattements stabilisés étaient de 4 m dans le
10 km2 (1 400 mg/l de résidu sec) et dans le secteur puits et 12,7 m dans le forage. Ceci s'explique par les
de l'oued Takate, en amont hydraulique de Biougra pertes de charge et par la nature semi -karstique de
(1 400 mg/1 de résidu sec) sur environ 0,4 km2. Ces l'aquifère qui offre au puits plus de chances de
anomalies qui furent un temps (Royer, 1 942) imputées recouper davantage de microconduits. Le puits, par
à des apports d'eau profonde, s'expliquent en fait par ailleurs moins coûteux que le forage, est par
des circulations dans des niveaux peu perméables car conséquent l'ouvrage de captage le mieux adapté dans
les forages 1703 et 2946/70 ont montré que les eaux les Chtouka.
profondes du Pliocène et du Turonien sont douces
(550 à 650 mg/l de résidu sec). Ces eaux minérali- Il est à noter que des données datant de 1953 sur
sées sont du type chloruré sodique et magnésien. la région des Chtouka du Nord ont permis de montrer
PLAINE DES CHTOUKA 207
que l'exploitation des eaux s'est considérablement semblent indiquer des venues d'eau profonde dans la
accrue, puisque les superficies irriguées sont passées nappe phréatique au N et à l'W de Biougra. Il s'agit :
de quelques 600 ha en 1953 à 1 800 ha en 1967. Les
pompes mécaniques, dont l'introduction s'est dévelop- - d'anomalies positives de température de l'eau
pée à partir de 1 960, se substituent progressivement de la nappe phréatique (26° C contre 20 à 24° C
aux naoras. ailleurs). L'eau profonde des forages 1703 et 2946/70
est à 30 - 3 1 ° C ;
LES NAPPES PROFONDES
- d'une anomalie négative de salure de l'eau de
Deux sondages hydrogéologiques profonds : la nappe phréatique, plus douce (600 mg/l de R.S.)
2946 et 1703/70 ont été réalisés en bordure des qu'ailleurs (1 000 mg/l). Or les eaux profondes des
Chtouka et du Souss dans la région d'El-Kléa. En forages 1703 et 2946/70 sont douces (500 mg/l au
outre, le sondage pétrolier 836/70 (secteur d'Aït- 2946/70);
Mimoun) a également apporté des indications géolo-
giques sur les couches profondes susceptibles d'être - d'une anomalie piézométrique à l'W de
aquifères. Biougra, les isopièzes dessinant une concavité vers
l'aval notée de longue date (1952) et qui s'expliquerait
Le 1 703/70 (1954), profond de 342 mètres, a par un apport profond vers la nappe phréatique.
traversé le Quaternaire puis le Néogène (marnes avec
petites intercalations calcaires et gréseuses) avant de Cet apport ne semblant pas provenir des niveaux
pénétrer vers 3 1 5 m dans une série attribuée au peu transmissifs de la plaine du Souss, pourrait être
Crétacé (Cénomanien) comportant quelques niveaux éventuellement d'origine anti-atlasique (calcaires
calcaires et marno-calcaires dans des marnes grises. géorgiens). On en ignore de toutes façons l'impor-
Un débit artésien jaillissant de 12 m3/jour était tance.
obtenu dans le Néogène. Un essai exécuté en 1971
(méthode de Theiss) a donné une transmissivité de RESSOURCES EXPLOITEES ET RESSOURCES
9,7.10 -5 m2/s pour les niveaux crépines entre 185 EXPLOITABLES
et 2 1 0 m. L'interprétation des anciens essais par la Il est actuellement très difficile d'effectuer un
méthode de Dupuit pour nappes captives conduit à une bilan des ressources en eau souterraine des Chtouka
transmissivité de 2 , 1 . 1 0 -4 m2/s pour la tranche car les éléments concernant l'alimentation naturelle de
130 - 210 m. la nappe sont inconnus et ne peuvent être estimés
qu'avec une très grande imprécision.
Le 2 946/70 ( 1 9 5 6 ) est profond de 400 m et a
rencontré les mêmes formations ; sous les niveaux L'alimentation de la nappe phréatique provient :
calcaires du Cénomanien, il s'est poursuivi dans les
- de l'infiltration de la pluie sur la plaine. Un calcul des
marnes grises compactes jusqu'au fond. Un débit
excédents pluviométriques mois par mois a été effectué
artésien jaillissant de 4 1/s a été obtenu aux essais, à
par la méthode de Turc, montrant que l'excédent
raison de 1 1/s vers 106 m (calcaire conglomératique)
calculé de cette manière est pratiquement toujours
et 3 1/s vers 250 m (calcaire gréseux), c'est-à-dire nul ; la méthode ne s'applique certainement pas à cette
dans le Néogène. Les pressions au sol sont fortes : 6 - latitude ;
7 kg par cm2 pour le niveau situé à 250 m de
profondeur. L'interprétation des anciens essais par la - de l'infiltration en amont de la plaine des eaux
formule de Dupuit conduit à une transmissivité de ruisselées sur la bordure anti-atlasique, eaux qui n'ont
1 , 2 . 1 0 -5 m2/s dans le Néogène entre 103 et 131 m aucun autre exutoire que la nappe phréatique. Ce
et de 1 , 3 . 1 0 - 4 m2/s dans le Crétacé entre 2 1 0 et ruissellement et l'infiltration qui s'en suit sont
300 m. difficiles à apprécier ;
Le forage pétrolier 836/70 a montré qu'une faille . d'une alimentation plus ou moins hypothétique à
remontait le compartiment ouest où il se situe par partir de nappes profondes (secteur de Biougra) et qui
rapport au compartiment d'El-Kléa, puisque la limite ne peut nullement être estimée.
Albien-Cénomanien se situe vers 250 m de profondeur
Les sorties de la nappe sont heureusement un peu
au lieu de 3 15 m à El-Kléa. Il n'a fourni aucune
plus abordables ; elles comprennent l'écoulement vers
information hydrogéologique.
l'océan Atlantique et les pompages.
Par conséquent, les caractéristiques hydrauliques
Les écoulements vers l'Océan ont été calculés le
des sédiments profonds sont mauvaises dans le secteur
long de la courbe isopiézométrique 40 m, à l'aval de
d'El-Kléa où l'on a calculé, avec les éléments
laquelle les pompages n'ont que peu d'importance. Le
disponibles, un débit de fuite vers la mer de l'ordre de
volume annuel correspondant est de 76 millions de
quelques dizaines de 1/s seulement.
m3. Ce volume inclut les drainages par les oueds
Par ailleurs, plusieurs phénomènes concordants Souss et Massa.
208 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
380 INEZGANE
868/69
OU
ED
AÏT MELLOUL
SOUSS
860/69
859/69
8/69
874/69
889/69
U E
2 871/69
375 866/69 9/69
4
I Q
872/69
873/69
870/69
N T
869/69
L A
8 857/69
10
A T
10
856/69
N
20
E A
5
865/69
30
O C
370
2 40
55
2
4
6
10
365
15
20
25
30
35
40
45
Fig. 86 — Exploitation de la nappe phréatique au S de l'oued Souss pour une nouvelle adduction d'eau au
bénéfice de l'agglomération d'Agadir.
PLAINE DES CHTOUKA 209
Les pompages atteignent un volume brut de 46 Melloul (3 millions de m3/an dans l'avenir). Il semble
millions de m3/an en 1969, mais il faut considérer bien que le taux d'exploitation en 1969, taux en
que les irrigations épandent des doses trop importantes accroissement régulier de quelque 3 à 4 millions de
et qu'une part des débits soutirés rejoint la nappe. m3/an, ait déjà provoqué une baisse du niveau de la
Cette part est évaluée à 25 % du volume brut, si bien nappe de l'ordre de 1 m dans le secteur de Biougra, ce
que le volume net soutiré par pompages n'est que de qui est l'indice d'un prélèvement sur les réserves ; si le
35 millions de m3/an. phénomène s'étendait pendant la prochaine décennie,
des mesures conservatoires devraient être rapidement
Actuellement, la nappe offrirait donc une res-
source de 110 millions de m3/an répartie inégalement prises, car la nappe ne possède certainement pas
à raison de 2/3 pour la moitié nord et 1 / 3 pour la d'abondantes réserves susceptibles d'étaler les réper-
moitié sud des Chtouka. Sur cette ressource, 1 /3 est cussions de prélèvements saisonniers trop importants
exploité par des pompages agricoles, mais 1 3 millions et une baisse rapide du niveau serait à craindre. Vers
de m3/an sont mobilisés pour l'adduction Agadir sud 1975, le taux d'exploitation de la nappe atteindra
(10 millions de m3/an à partir de 1974) et pour Aït- environ 55 % des ressources renouvelables, chiffre qui
paraît déjà très élevé.
Aménagement des eaux
LES CAPTAGES AU S D'AIT-MELLOUL POUR Ce modèle (fig. 86) est limité à l'W par l'Océan,
LA NOUVELLE ADDUCTION D'EAU D'AGADIR. au N par l'oued Souss, au S et au NE par des lignes de
FORAGES ET ETUDE D'EXPLOITATION SUR courant, au SE par l'isopièze 50 m ; il est construit
MODELE ANALOGIQUE (PAPIER CONDUCTEUR). avec 2 transmissivités: 5. 10-3 m2/s à l'amont et
1 . 1 0 - 2 m2/s à l'aval, conformément aux résultats
fournis par les pompages d'essai ; la limite entre les 2
Le secteur des dunes situé au S de l'embouchure transmissivités correspond sensiblement à l'isopièze
de l'oued Souss ayant été reconnu favorable (bonne 8 m. Avant pompage, le débit d'entrée le long de
transmissivité, eau de bonne qualité) grâce à 3 forages l'isopièze 50 m s'élève à 500 1/s, drainé à l'aval : pour
de recherche (1,8 et 9/69 - 1964), il a été décidé d'y un tiers par le Souss et pour le reste vers l'Océan.
exploiter les 10 millions de m3 nécessaires pour
couvrir l'accroissement des besoins de la ville d'Agadir En régime permanent avec pompage de 330 1/s
(débit d'exploitation prévu), on constate :
jusqu'en 1980. Dix forages d'exploitation et cinq
piézomètres destinés au contrôle ultérieur de la nappe - que le débit d'entrée par l'isopièze 50 m augmente
pendant l'exploitation ont été réalisés en 1 9 7 0 - 7 1 . peu (de moins de 10 %). Le Souss draine beaucoup
En fin de compte, huit forages seront exploités et moins : 50 1/s répartis par moitié entre l'amont
fourniront le volume souhaité ; profonds de 50 à (secteur Aït-Melloul) et l'aval (embouchure), mais par
75 m, ces ouvrages captent des formations gréso- contre alimente la nappe dans le secteur central pour
sableuses dunaires de bonne qualité (T compris entre quelque 50 1/s auprès du forage 8/69 ;
5 . 1 0 - 3 et 5 . 1 0 - 2 m2/s - K compris entre 1 . 1 0 - 3 et - que le niveau piézométrique aux environs des
1.10-4 m/s) et de bonne productivité (1 5 à 40 1/s par pompages demeure légèrement supérieur au niveau de
ouvrage). Les piézomètres situés en aval hydraulique la mer. Le cône de dépression s'étend sur 7 km2 pour
des forages d'exploitation, sont destinés au contrôle de l'isorabattement 13 m, 30 km2 pour l'isorabattement
la nappe avant et pendant l'exploitation, notamment 5 m et 100 km2 pour l'isorabattement 2 m (fig. 86).
en ce qui concerne une éventuelle invasion de la nappe Ces résultats concordent avec ceux des calculs
par les eaux salées marines ou des eaux saumâtres de manuels. Le risque le plus grand provient du Souss et
l'estuaire de l'oued Souss ; ces ouvrages sont plus non de la mer ; l'oued drainant avant pompage
profonds (80 à 100 m) et pénètrent dans le substratum deviendra injectant lors de l'exploitation. Au niveau de
argileux de l'aquifère contenant la nappe phréatique. l'injection, les eaux du Souss sont douces en crues et
moyennes eaux (400 à 600 mg/1), mais beaucoup plus
Les possibilités et limites d'exploitation du
chargées en étiage (1 200 à 1 500 mg/1). Il est donc
secteur ont été calculées par la formule de Theiss sur la
conseillé de n'exploiter les forages les plus proches
base d'une carte piézométrique précise (février 1 9 7 1 )
qu'en appoint afin de limiter les appels d'eau à la
figurant l'état de la nappe avant l'exploitation, des rivière. Enfin, si le gradient d'écoulement de la nappe
transmissivités de l'aquifère mesurées par pompages en exploitation demeure positif vers la mer, ceci ne
d'essai sur les forages d'exploitation et d'un coefficient dispense nullement d'exercer une surveillance sérieuse
d'emmagasinement de 9.10-3 obtenu par la formule des qualités de l'eau dans les piézomètres implantés
d'approximation logarithmique. Puis un modèle ana- entre la mer et la zone de pompage.
logique au papier conducteur a été construit pour
affiner les calculs. L'adduction vers Agadir doit entrer en service en
1974.
210 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
100
110
AGADIR
90
TIFNITE RA
UG
B IO
E
EL KHEMIS
I Q U
360 N 360
A N T
AIT AMIRA
A T L
( 7800 ha )
X
X
N
TOUOUSOUS
K A
E A
( 3800 ha ) SP4
P4
350 350
O U K
O C
OUKRIB
C H T
( 4200 ha )
SP3
R3
SA
AS
DM
SP2
TASSILA R2
E
OU
AIT BELFAA
( 1200 ha )
340 ( 2500 ha ) 340
³ /s
7m
TE
MO R
TETE L
CANA
330 330
IT
ZN
P3 RESERVOIR
TI
110
90
Fig. 87 — Situation des périmètres modernes d'irrigation du sud de la plaine des Chtouka.
Le périmètre de 20 000 ha est situé en majorité au sud Compte tenu des ressources en eau, 19 500 ha
de la route de Tifnite à Biougra et à l'Est de la route pourront être irrigués, à raison de 1 8 300 ha dans les
Agadir-Tiznit (cf. fig. 87) et il s'y ajoute un périmètre Chtouka et 1 200 ha à Tassila. L'irrigation par
de 1 200 ha (Tassila) en bordure rive droite du Massa, aspersion sera généralisée. Les cultures seront axées
entité de création remontant à une quinzaine d'années. surtout sur les primeurs, puis sur les céréales et le
fourrage.
Conclusions
Les ressources en eau de la plaine des Chtouka l'oued Massa sur la partie sud-est des Chtouka devrait
sont naturellement limitées à la nappe phréatique dont accroître sensiblement les ressources en eau souter-
on évalue le potentiel à 1 1 0 millions de m3/an raine du secteur sud-ouest où des exploitations
répartis à raison de 2/3 dans la zone nord et 1 / 3 dans nouvelles par pompage seront vraisemblablement à
la zone sud. Sur le total de 1 1 0 millions de m3 envisager après quelques années d'irrigation du
disponibles, 48 millions de m3 sont déjà mobilisés, si périmètre moderne dès que l'on aura pu juger de
bien que l'exploitation peut déjà être considérée l'infiltration provoquée par l'irrigation par aspersion,
comme intensive et proche de sa limite supérieure. méthode qui n'a encore jamais été employée sur une
L'apport extérieur de 90 millions de m3/an d'eaux de grande échelle au Maroc.
REFERENCES
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sondage. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE, 5 pp., 3 fig. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE, 24 pp., 28 fig.
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électrique dans la plaine du Souss et dans la région de Tiznit. de l'oued Massa. Rapp. inéd. arch. M.A.R.A./GRONTMIJ,
Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE, 142 SE. arch. M.A.R.A.
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inéd. arch. MTPC/DH/DRE, 18 pp., 8 fig. arch. MTPC/DH/DRE, 2 pp.
Dijon R. (1965) : Recherche d'eau pour les villes et centres de la province Honyiglo L. et Schrambach A. ( 1 9 6 7 ) : Exploitation et conservation des
d'Agadir. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE, 16 pp., 5 cartes. eaux souterraines de la vallée aval de l'oued Massa ; hydrogéolo-
Dijon R. ( 1 9 6 9 ) : Etude hydrogéologique et inventaire des ressources en gie sommaire, idées directrices pour l'exploitation. Rapp. inéd.
eau de la vallée du Souss. Notes et M. Serv. géol. Maroc, n° 2 1 4 , MTPC/DH/DRE, 30 pp., 3 pl.
300 pp., 135 fig. Royer H. ( 1 9 4 2 ) : Etude hydrogéologique de la vallée de l'oued Souss.
El Hebil A. et Meilhac A. (1971) ; Adduction d'eau de la ville d'Agadir. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE, 33 pp.
3.35.3
par
Abdelmajid EL HEBIL
Présentation géographique
La plaine côtière de Tiznit, dans le sud-ouest Les 29 sources et les 7 rhettara recensées sont
marocain, située entre les parallèles 29° 30' et 30° est toutes situées non loin des bordures. Elles sont
limitée : directement liées aux réservoirs aquifères de monta-
- au nord par l'oued Massa, gne. Les puits, très nombreux, intéressent directement
- au sud par le massif des Akhass (Anti-Atlas), la plaine. Parmi les 356 puits inventoriés, 87 sont
- à l'est par l'anticlinal du Kerdous (Anti-Atlas), équipés en motopompes ; le nombre total des puits
- à l'ouest par l'anticlinal du massif d'Ifni et par existants doit se situer entre 600 et 700 en 1 9 7 3 .
le cordon dunaire formant l'ouverture de la plaine vers
l'océan Atlantique. La population atteignait 120 000 habitants selon
le recensement de 1971. Elle est concentrée autour des
Cette plaine s'étend sur 1 200 km2. Elle est points d'eau, particulièrement les sources. Elle vit
drainée par l'oued Adoudou qui la traverse d'est en exclusivement de l'agriculture et de l'élevage. Les
ouest après sa sortie du jbel Taoulaount et par les superficies irriguées sont de l'ordre de 1 200 hectares
affluents rive gauche de l'oued Massa, collectant dans selon les services du Ministère de l'Agriculture, celles
les parties hautes les eaux du massif du Tazeroualt et cultivées en « bour » atteignent 30 000 ha. Le cheptel
dans les parties basses, les eaux de la plaine. Seul composé de bovins, d'ovins et de caprins se chiffre à
l'oued Massa est pérenne. 180 000 têtes pour le cercle de Tiznit dont 120 000
Le climat de la plaine est aride. Les températures pour la plaine et les régions bordières.
sont modérées (moyenne annuelle de Tiznit 19°9 ) La ville de Tiznit, chef-lieu de la région, voit son
grâce à l'effet adoucissant de l'océan et à la protection essor économique lié au développement touristique. La
méridionale du massif des Akhsass contre les ville (1 1 390 habitants) est alimentée en eau par le
influences sahariennes. La hauteur moyenne annuelle captage de la source Aïn-Reggada (I.R.E. 1 2 /7 8 ) qui
des précipitations est de l'ordre de 190 mm dans la fournit un débit de 60 l / s dont 1/3 revient de droit à
plaine et de 260 mm en montagne. l'agglomération aussi bien pour l'irrigation que pour
l'alimentation. Le 1 / 9 sert aux besoins domestiques de
La végétation naturelle de la plaine comprend des
la v i l l e et est géré par l'Office National de l'eau
arganiers rabougris dans les dépressions, des euphor-
potable.
bes cactoïdes disséminées et une steppe à graminées
qui se développe brutalement après les pluies.
Géologie
SABLES DUNAIRES
E
X DUNES CONSOLIDEES QUATERNAIRE
NE
U
PLAI EBOULIS, CONGLOMERATS, CALCAIRES LACUSTRES
Q
AGHBALOU SCHISTES ET GRES
I
ORDIVICIEN ET CAMBRIEN
DES
T
CALCAIRES ET DOLOMIES
N
340 SCHISTES VIOLETS
TASSILA A
O UK
ADOUDOUNIEN
A
CHT
CALCAIRES ET DOLOMIES
L
PRECAMBRIEN INDIFFERENCIE
T
FAILLE IMPORTANTE
A
0 5 10 15 20 km
OU
ED
M
N
AS BARRAGE YOUSSEF
S A
A
BEN TACHFINE
E
Si MOUSSA
EL ARBA AÏT AHMED
C
320
S
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ROUALT
O
GH
O. AMA
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O. TAZE
AS
IF
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TIZNIT U
TE
RG
UI
O. ASSAKA
O
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U
ED
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S
300
ADR
U E
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T
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U
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F
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I
DOU
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S
MASSIF D'IFN
NT
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TE
280
OU
A
IN
ASIF
M
LA
J.
OU
TA
J.
EL TLETA
SS
260 SA
H
AK
ANJA
Akhsass. Sur le versant sud du massif des Akhsass, des STRUCTURE GEOLOGIQUE (fig. 88)
sources travertineuses s'abouchent aux calcaires lacus-
tres des feijas de Bou-Izakarne—Timoulay et tradui-
La plaine de Tiznit, encaissée entre les bouton-
sent une circulation karstique.
nières précambriennes d'Ifni et du Kerdous, a subi des
Cet infracambrien est décomposé en 3 séries : compressions violentes qui ont entraîné la formation
- les calcaires inférieurs rattachés à l'Adoudounien de horsts et de grabens. Le jbel Inter forme le horst le
inférieur, plus important. Le plateau adoudounien des Akhsass,
- la série des schistes « lie de vin » (Adoudounien pincé entre les deux massifs précambriens d'Ifni et du
moyen), Kerdous, forme un pont qui assure la continuité entre
- les calcaires supérieurs (Adoudounien supérieur, les deux auréoles sédimentaires des massifs anciens ;
devenu récemment Cambrien inférieur). localisé sur le synclinal adoudounien, il présente une
Puis le Géorgien est représenté par 500 m de structure complexe. L'énorme série sédimentaire est
calcaires renfermant des niveaux schisteux. Au-dessus traversée par un faisceau de failles majeures qui se
poursuivent sous la plaine de Tiznit. Parmi celles-ci,
de ces calcaires se développe une centaine de mètres de
un accident jalonne la bordure orientale du jbel Inter,
schistes verts suivis d'une barre gréseuse.
un autre le flanc occidental.
Puis vient l'Acadien sous forme d'une épaisse
série schisteuse dans laquelle se développent quelques Dans cette architecture, les grandes lignes
niveaux de grès. Le plus important de ces niveaux structurales sont orientées suivant des directions N-S.
(100 m) termine la série cambrienne. Il y a lie u de mentionner en outre la grande faille
affectant la retombée occidentale de l'anticlinal du
Le Quaternaire Kerdous qui met en contact, au SE d'Ouijjane, les
Il est représenté essentiellement dans la plaine calcaires de l'Adoudounien inférieur et les schistes
proprement dite par des : acadiens.
- calcaires lacustres, épais de 5 à 25 m, Le jeu de ces failles a provoqué un basculement
- conglomérats, développés surtout à l'ouest de tel que la quasi-totalité du substratum de la plaine est
Tiznit, constituée par les schistes acadiens.
- dunes bordant la côte et dont l'épaisseur est
inconnue, Le prolongement des accidents tectoniques visi-
- limons formant les terrasses des oueds, bles en bordure, mis en évidence par deux campagnes
- cônes de déjections et d'éboulis en bordure des de géophysique électrique (1952 et 1963) sous les
reliefs, formations quaternaires de la plaine, joue un rôle
- croûtes calcaires. prépondérant dans les circulations des eaux.
PRECIPITATIONS Climatologie
Le climat de la plaine de Tiznit résulte de sa montagne, sur la bordure ouest de l'Anti-Atlas.
position géographique : Les valeurs moyennes saisonnières et annuelles
- Influence de la latitude se traduisant par des de la pluviométrie sont données ci-après pour la
précipitations faibles. période 1933-1966.
- Influence océanique se traduisant par une atténua-
tion des températures et une nébulosité notable. Ce tableau montre que les chutes de pluies
augmentent d'ouest en est et sont sujettes à l'effet
Trois stations peuvent être retenues dans cette orographique. Elles ont lieu entre le mois d'octobre et
étude : Tiznit, Anzi, Tifermite. La première est seule le mois d'avril.
située dans la plaine, les deux autres étant en
Tableau 39
Station Tiznit Anzi Tifermite
Altitude 225 m Altitude 500 m Altitude 1347 m
JANVIER 35,0 47,0 71,0
FEVRIER 25,0 35,0 57,0
MARS 19,0 30,0 50,0
AVRIL 17,0 25,0 43,0
MAI 3,0 8,0 18,0
JUIN 2,0 2,0 2,0
JUILLET 0,0 0,0 0,0
AOUT 0,0 1,0 3,0
SEPTEMBRE 6,0 8,0 10,0
OCTOBRE 13,0 20,0 32,0
NOVEMBRE 27,0 35,0 57,0
DECEMBRE 42,0 46,0 80,0
Année 189,0 mm 257,0 mm 423,0 mm
PLAINE DE TIZNIT 215
Tableau 40
I II III IV V VI VII VIII IX X XI XII AN
Tiznit 14.1 15.7 17.6 19.2 20,6 22.4 24,0 24.6 24,0 22,4 19,2 15.2 19.9
On voit que les régimes thermiques à Tiznit sont L'évapotranspiration est de 180 mm/an à Tiznit
peu contrastés. Les amplitudes mensuelles sont (méthodes de Turc et de Thornthwaite annuels),
relativement faibles. l'évaporation mesurée au Piche de 1 9 5 2 à 1 9 6 1
s'élevant à 1 4 1 0 mm.
Hydrologie
La plaine de Tiznit est drainée par deux réseaux En outre, il convient de rappeler que les débits
hydrographiques indépendants : l'oued Adoudou et les d'étiage du Massa (0,5 m3/s moyens) sont alimentés
affluents rive gauche de l'oued Massa. par des dégorgements des calcaires infracambriens
dont le débit semble très fort pour la superficie de
CARACTERISTIQUES PHYSIQUES DES BASSINS l'i mp luv iu m (cf. chapitre Anti-Atlas)
VERSANTS
L'oued Adoudou Tableau 41
L'oued Adoudou et son affluent l'oued Tama- CARACTERISTIQUES PHYSIQUES
DES BASSINS VERSANTS
droust, couvrent un bassin arborescent sur le plateau
calcaire des Akhsass. Ils circulent presque en totalité
Caractéristiques physiques Bassins embouchures
dans des formations perméables : calcaires adoudou- aux
niens en montagne, calcaires lacustres en plaine. oued Affl.
Adoudou rive
Les caractéristiques physiques de ces bassins sont gauche
présentées dans le tableau 41 ci-après. de l'oued
Massa
Les affluents rive-gauche de l'oued Massa. Superficie du bassin (km2) 926 1 782
Périmètre du bassin (km) 161 266
Les principaux affluents de l'oued Massa intéres- Altitude de fréquence moyenne (m) 650 250
sant la plaine de Tiznit sont l'oued Tazeroualt et l'oued Altitude de fréquence 1 / 2 (m) 600 440
Amaghous en bordure, ainsi que les différents chevelus Altitude de fréquence maximum (m) 250 650
de la plaine. Les caractéristiques physiques sont Coefficient de forme Kp ( * ) 1.47 1.77
présentées dans le tableau 41 ci-après. Pente moyenne (m/km2) 1.43 0,76
Superficie (km2) des formations perméa-
DONNEES HYDROLOGIQUES
bles : calcaires lacustres, alluvions prossiè-
res, sables dunaires 659 905
On ne possède aucune donnée sur le régime ou
les crues de l'oued Adoudou. En ce qui concerne Superficie (km2) des formations imper-
l'oued Massa, des stations de jaugeage fonctionnent et méables : schistes, conglomérats non
fissu ré s 267 405
ont permis de connaître les débits depuis 1950 (cf.
Superficie des formations semi -perméables
chapitre Anti-Atlas).
(km2) 472
On notera tout de même l'irrégularité interan- p
nuelle, importante du Massa (apports variant de 1 à 25 (*) Kp = ------------------
d'une année à l'autre) et les étiages prolongés de mai à 2 Vpi S
septembre. où p est le périmètre, S la surface du bassin et pi = 3,14
Hydrogéologie
alimentent par abouchement des formations quater-
Les ressources en eau de la plaine de Tiznit naires de la plaine,
proviennent de trois réservoirs :
- des schistes altérés et grès acadiens qui sont
- des calcaires adoudouniens et géorgiens qui donnent alimentés par la pluie et les épandages de crues sur les
les sources de la bordure occidentale de l'Anti-Atlas et bordures de la plaine,
216 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Tizi Moust
NW Jbel el Ouarzemine 690 m
Asif bel Haj Si Moammed SE
Surface d'érosion 490 m Oumka
Assaka
Calcaires
la série Schisto-Calc.
Equivalent de
Equivalent de la
Série des Schistes
Quaternaire
Schistes
lie de vin !
Calc. Schistes Conglomérats Schistes
scoriacés
Quartzites, Grès et Schistes Schistes et Grès et Grès Calc. inf. Calc. Conglomérats Schistes
Rhéolites
terminaux sup et Grès et Grès
Série de base Série détritique d'Anzi
Fig. 89
- des calcaires lacustres qui forment l'aquifère de la principale étant l'Aïn Baâkila (I.R.E. 83/78) qui
plaine et où aboutissent les eaux des réservoirs de fournit 70 1/s à l'étiage. Au total, ces sources
bordure et les ruissellements de l'oued Adoudou. On produisent 165 1/s ventilés dans le tableau ci-après.
peut y ajouter le réservoir dunaire du NW qui constitue La plupart de ces sources sont liées à des fractures
vraisemblablement une entité indépendante du reste. dans les calcaires. Il s'y ajoute le drainage naturel par
l'oued Assaka dans son cours moyen, soit environ
100 1/s et les exutoires naturels dans le bassin de
EAUX DES CALCAIRES ADOUDOUNIENS ET l'oued Taloust (30 1/s).
GEORGIENS
Le débit total des exutoires naturels des réser-
Description. voirs de bordure de la plaine de Tiznit s'élève donc à
Elles se manifestent le plus souvent sous forme environ 300 1/s en étiage.
de petites sources au niveau : Données numériques sur le dégorgement des calcaires
- de la série schisteuse « lie de vin », intermédiaire
entre Adoudounien et Géorgien. Il s'agit soit des Adoudounien.
débordements des calcaires inférieurs, soit des déver- Il est connu dans le bassin du Massa, à Souk-el-
sements des calcaires supérieurs, Arba des Ait-Ahmed, à la limite amont de la retenue
- des calcaires terminaux du Géorgien. actuelle du barrage Youssef-ben-Tachfine, d'impor-
tantes sources dont le débit total atteint 500 1/s à
Pour plus de détail sur le schéma du fonctionne- l'éliage (résurgences de l'oued Amaghous). Bien que
ment hydraulique de cet ensemble, on se reportera au situées hors du bassin bordant la plaine de Tiznit, ces
chapitre Anti-Atlas du même volume. résurgences constituent le seul élément disponible
actuellement pour tenter de chiffrer les ressources en
Les calcaires de l'Adoudounien. Cette formation eau des calcaires adoudouniens de la région. Hors, le
doit être le réservoir le plus important, compte tenu de débit élevé des sources est assez inexplicable pour les
son épaisseur et de la superficie d'impluvium. Elle raisons suivantes :
présente une structure complexe et la série atteint sous
le plateau des Akhsass au S une puissance de 2 000 m. - les calcaires de l'Adoudounien inférieur ne
Elle ne comporte pas de sources visibles, à l'exception donnent aucune source depuis l'assif Aouerga au N
des dégorgements (500 1/s) de l'oued Amaghous, (débouchant dans la plaine du Souss au N de El-Arba
affluent de l'oued Massa situé hors des limites du des Aït-Baha, cf. fig. 80, chapitre plaine du Souss) ;
bassin bordant la plaine de Tiznit.
- les formations situées stratigraphiquement au-
Les calcaires de l'Adoudounien supérieur et du dessus des calcaires sont imperméables (série « lie de
Géorgien sont bien représentés sur les bordures ouest, vin » ou schistes ordoviciens) et existent partout en
sud et sud-est du bassin ; i l s donnent naissance à bordure des plaines des Chtouka et de Tiznit, de sorte
plusieurs sources de débit plus ou moins important, la qu'il ne peut y avoir de transfert souterrain ;
PLAINE DE TIZNIT 217
Tableau 42
SOURCES ET RHETTARAS DE BORDURE
Eau Air
16 Rhettara Ibergh 3,5 21°5 16° 0.778 4.11.72
83 Source Bâakila 70,0 - - - 3.1 1.71
100 « Si-Driss 0,5 23° 24° - 4.11.71
101 « Imi-Zoughane 1.0 23° 25° 1,049 4.11.71
102 « Tamaloukt 0,5 23° 25° - 4.1 1.71
103 « Ahmed Bella 1,5 23° 24° - 4.1171
104 « Aghbalou 10,0 25° 27° - 4.11.71
105 « Tamazert-Agadir 5,0 23° 27° - 4.11.71
143 « Igherme 11.0 - - - 3.6.75
144 « Iferd 1.5 20° 5 - - 3.6.75
146 Rhettara Adouar 0.4 18° 5 - - 10.8.71
147 « Adouar 0.6 - - - 10.8.71
117 Source Aklouma 0.5 27° - - 10.8.50
1 18 « Ifri 1.5 22° 5 - 0,98 11.8.71
211 « Tiquejert 1,0 22° 24° - 5.11.72
212 « Souk-Sebt-Ouij. 6.0 22° 30° - 5.11.72
231 « Bou-Namane 8.0 26° 16° 5 0,947 4.11.72
316 « Tounli 6,5 23° 26° - 4.11.72
317 « Mouzaïs 10,0 26° 20° - 4.11.72
318 « Belkass 1.0 22° 24° - 4.11.72
391 « Tagounit 2,0 22° 5 24° - 4.11.72
421 « Sabbou 1.0 22° 24° - 5.11.72
422 « Assakabriou 6.0 20° 5 26° 5 - 5.11.72
423 « Assaka 14.0 20° 5 26° 5 - 5.11.72
424 Rhettara Tafdna 1.5 24° 17° - 2.11.72
Débit total : 164,5 1/s
Drainage de l'oued Assaka ( * ) : 100 l/s
Exutoires en montagne : 30 soit 300 l/s environ
*) L'Oued Assaka affluent de Massa, est également dénommé l'oued M'Taloust dans son cours amont (Kerdous) et Tazeroualt dans son cours aval
- la superficie d'impluvium des calcaires est cette limite a été confondue avec la ligne de partage
réduite dans l'oued Amaghous (70 km2). des eaux de surface.
Dans ce cas, avec un débit spécifique de 1,4 l / s /
Les résurgences de l'oued Amaghous se situent km2 pour une superficie d'impluvium de 480 km2, le
au point d'affleurement topographiquement le plus bas
débit fourni par les calcaires géorgiens serait de l'ordre
(cote 1 1 6 m) des calcaires sur le pourtour de la
de 670 l/s. Ce débit alimente les sources de bordure :
boutonnière précambrienne du massif du Kerdous et
16,5 l/s, plus les exutoires en montagne (30 l/s) et le
on peut expliquer ce débit de 500 l / s par un relais de la
nappe des dolomies inférieures vers la nappe des drainage de l'oued Assaka ( 1 0 0 l / s ) et totalise donc
calcaires supérieurs. Ceci donne un débit spécifique de 300 l / s ; on doit y ajouter des abouchements vers les
1 , 4 l/s/km2 pour 350 km2 d'affleurement des calcaires lacustres évalués à 400 l / s avec les écoule-
calcaires inférieurs. Cet ordre de grandeur du débit ments dans les réservoirs souterrains profonds des
spécifique paraît plausible comparativement aux don- calcaires adoudouniens au-dessous de la plaine.
nées dont on dispose pour d'autres secteurs de l'Anti-
Atlas (bordure orientale du bassin du Souss). C'est en LE RESERVOIR QUATERNAIRE
tous cas le chiffre qui sera adopté pour évaluer les
débits d'écoulement des calcaires géorgiens, bien qu'il
ne tienne pas compte des drainages probables des I1 est constitué par :
calcaires par les sous-écoulements de certains oueds - les calcaires lacustres,
(assif N'Guerf et Amaghous). - la frange supérieure altérée des schistes acadiens,
- les dépôts dunaires.
Géorgien.
Il est matériellement impossible de fixer dans le
massif des Arhsass la limite hydrogéologique du Description
bassin de la cuvette de Tiznit et du bassin des feijas de La plaine de Tiznit est recouverte dans sa partie
Bou-Izakarne situé au S des Akhsass. Arbitrairement centrale par des formations lacustres quaternaires de
218 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
NW Océan Jraif
ESE
Od Massa Od Massa
Si Bou Lfdeil J. Tachilla
Afrag
NW
Od Adoudou
ESE
Si Moussa d'Aglou Tiznit J. Tidrarine 650
420 agadir Oufella
Océan
W
anticlinal d'Ifni E
871 J. Inter 959 Od Adoudou
Anti-Atlas
ADOUDOUNIEN
ADOUDOUNIEN
Zone schisteuse avec barre
Dunes récentes ou anciennes Grès Calcaires supérieurs
de conglomérats
ACADIEN Equivalent latéral des
Calcaires lacustres quaternaires Schistes Série de base
schistes lie de vin
0 1 2 3 4 5 km
Fig. 90
Tableau 43
I.R.E. Température Conduc. Date
ind. Nature Dénomination Débit (millisiemens) d'obser.
78
(1/s) Eau Air
12 Source Reggada 70,0 23° C 24° C 0,95 3.11.72
76 Rhettara Guelta Reggada 8,0 21° 27° - 3.11.72
1 15 « Aglou 19,0 25° 20° 1,69 25.10.72
207 Source Ighboula 0,6 17° 23° 1,51 1.1 1.72
208 « Ighboula 0,4 17° 23° - 1.11.72
223 Rhettara El-Aouina 7,0 20° 27°5 1,45 2.11.72
260 Source Tiznit 1,0 - - - 5.11.72
314 Source Talaïnt 60,0 24° 31° 0,72 3.1 1.72
« Aïn Ouled-Jrrrai »
166 = Débit total = 166 l / s
OU
ED
MA
E
SS
A
U
Q
I
T
330
N
A
L
T
A
100
N
A
E
X
320
C
O
150
115
AGLOU
200
KA
310
SA
AS
O.
260!
TIZNIT
250
211
300 0
30
212
223
100
104
IGHBOULA
OUIJJANE
101 105
35
0 102
400
12
REGGADA
76
16
314 45
290/78 0
TALAÏNT
Quaternaire
290 290
400
201 ! Anté - Quaternaire
BOU
NAMANE Paléochenaux du mur du
Quaternaire (d'après géophysique)
450 83 Sources et son numéro d'inventaire
50 83 !
0
Zone de puits
BAAKILA
290/78 Forage d'IRFIRHIR
300
Courbe isopiézométrique en m
60
0 Axes principaux d'écoulement
143
136
Definition des limites du réservoir Quaternaire
70
280 280
0
Limite étanche
Limite ouverte à l'alimentation
146
144 Limite comportant un drainage
111
147
119
0 2 4 6 8 10 km
70 80 90
dépressions ou collecteurs se confondent bien avec les Les pertes artificielles sont constituées par les
axes des sources les plus importantes (83/78, 3 1 4 / 7 8 , prélèvements par puits en plaine : 50 1/s.
1 1 5 / 7 8 ) et les zones des puits à débits spécifiques Le bilan se résume alors ainsi :
élevés. Dans cette partie, les écoulements les plus Alimentations : 870 1/s
importants se font sous forme de véritables conduites
Sorties : 550 1/s
souterraines qui distribuent Peau à travers la plaine.
Manque à gagner : 320 1/s.
Des essais de mesure de la vitesse à la fluorescéine
exécutés entre Aïn Baâkila ( 8 3 /5 8 ) e t Aïn Talaïnt Les 320 1/s comprendraient les débits perdus à la
( 3 1 4 / 7 8 ) ont indiqué semble-t-il une vitesse d'écou- mer, ceux drainés par l'oued Massa aval et la part de
lement très élevée de 4800 m/j. l'eau qui s'infiltre dans le réservoir profond des
Il faut noter que la section d'écoulement se calcaires adoudouniens se trouvant sous la plaine.
rétrécit juste avant l'océan. Des exutoires vers la mer Propriétés physico-chimiques des eaux
ont été reconnus à Timsilt (295 et 296/78) et Aglou
(115/78). Eaux des calcaires de bordure de la plaine
Approche des conditions aux limites Les eaux des sources qui proviennent des séries
calcaires de bordure (exemple, Aïn Baâkila, fig. 92)
Alimentations et pertes sont d'une qualité chimique excellente (résidu sec : 0,4
Le schéma hydraulique de la figure 91 ne donne et 0,6 mg/1) et ont une température élevée (supérieure
que des indications sommaires sur les conditions aux à 23° C). Mais, une fois dans la plaine au cours de leur
limites de la nappe de la plaine de Tiznit. Ces trajet souterrain dans le réservoir quaternaire, ces eaux
indications doivent être précisées par des études évoluent : la température diminue tandis que le résidu
détaillées sur le terrain. sec augmente. A l'origine, les eaux ont un faciès
bicarbonaté calco-magnésien pauvre en sulfates et un
Alimentation de la nappe résidu sec à 180° C compris entre 0,4 et 0,7 g/1.
Qualitativement les alimentations décelées et L'évolution chimique des eaux souterraines dans
présumées sont de deux types d'importances inégales : la plaine doit dépendre de la vitesse et du débit
- Abouchement avec les calcaires de l'Anti-Atlas d'écoulement dans le réservoir. Ainsi, à l'ouest et au
en bordure de la plaine. En appliquant à ces calcaires sud de Tiznit, le débit et la vitesse sont élevés, le
le débit spécifique de 1,4 l/s/km2, cette formation régime d'eau douce se poursuit jusqu'à 40 km à l'aval
produirait 670 1/s fictifs continus pour 480 km2 des sources des bordures. Par contre au nord et à l'est
d'affleurement. de Tiznit, les eaux deviennent très chargées (résidu sec
supérieur à 2 g/1) du fait de la nature même du
- Infiltration directe sur la plaine des eaux de gisement (schistes altérés) et de l'alimentation faible.
pluie ou de crue. En affectant un coefficient efficace de
3 % à la pluie tombée sur la plaine ( 1 6 9 mm), cette Eaux du Quaternaire
alimentation se chiffre à 200 1/s pour 1200 km2, Eaux des calcaires lacustres et des conglomérats.
ordre de grandeur plausible. Ces eaux ont un résidu sec variant entre 0,6 à 1,3 g/l
Sorties de la nappe au sud de Tiznit avec un faciès bicarbonaté calcique et
un résidu sec compris entre 2 et 2,5 g/l au NW avec
Les pertes naturelles sont : un faciès chloruré sodique pauvre en sulfates.
• Les exutoires naturels en montagne : 30 1/s
• Les sources et rhettara en bordure : 170 1/s Eaux des schistes altérés
• Les sources et rhettara en plaine : 170 1/s Ces eaux, pratiquement stagnantes en raison de
• le drainage total de l'oued Assaka : 130 1/s la faible perméabilité de l'aquifère, sont très chargées
• Les fuites souterraines vers la mer : incon- (2 à 10 g/1 de résidu sec), avec un faciès chloruré-
nues sodique pauvre en sulfates ou chloruré-calcique par
• Les drainages de l'oued Massa : inconnus. échange de bases.
Conclusion générale
sont caractérisés par une répartition irrégulière des
Etant donné la faiblesse et l'irrégularité des eaux qui empruntent vraisemblablement un réseau
précipitations atmosphériques, les ressources en eau fossile ainsi que par de très mauvaises caractéristiques
dans cette région sont peu abondantes. La faiblesse des hydrogéologiques à l'échelle du réservoir.
ressources se trouve accentuée par les difficultés de
prospection et de captage en raison du gisement Les ressources en eau les plus importantes de la
(calcaires dolomitiques en bordure, calcaires lacustres région de Tiznit restent les sources et rhettara qui
en plaine). Les circulations s'effectuent dans les débitent au total 380 l/s d'eau de bonne qualité
micro-conduits du réseau karstique et les réservoirs chimique. Des ouvrages modernes captent l'eau des
222 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
10 000 _ _ _
10 000
_ _ _
milliéquivalents
_ _ _
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
Il est à priori hasardeux d'exécuter des études probable qu'on ne pourra mettre en évidence des
hydrogéologiques systématiques sur cette plaine, débits nouveaux suffisamment importants pour déve-
car on sait que de telles études seront onéreuses pour lopper l'irrigation sans porter préjudice aux périmètres
un résultat qui risque fort d'être assez négatif. En effet, déjà existants, desservis à partir des collecteurs
mis à part d'éventuelles améliorations dans la naturels que sont les axes de drainage dans les
distribution spatiale de points d'eau à vocation calcaires lacustres et qui se manifestent naturellement
d'alimentation humaine ou pastorale, il est très par les sources et rhettara.
REFERENCES
par
Le Sillon préafricain, avant-fosse située entre les l'accident sud-atlasique au nord, les affleurements
domaines du Haut Atlas et de l'Anti-Atlas, est précambriens de l'Anti-Atlas et la Hamada du Guir
constitué d'ouest en est de trois cuvettes principales : au sud. Les deux unités qui font l'objet de ce
le Souss, le bassin d'Ouarzazate, le bassin de Ksar-es- chapitre constituent une entité morphologique in-
Souk (appelé depuis 1976 Errachidia) — Boudenib, contestable.
Les limites des deux dernières sont respectivement
Présentation géographique
CADRE PHYSIQUE CADRE HYDROGRAPHIQUE
Les unités centrale et orientale du Sillon Le Sillon préafricain est parcouru selon les
préafricain sont délimitées à l'ouest par le massif directions W-E ou E-W par des réseaux hydrogra-
volcanique de l'Ouzellarh-Siroua et à l'est par le phiques qui convergent vers des collecteurs communs :
massif de Talzaza, prolongement oriental de l'Anti- le Dadès et l'Ouarzazate dans la partie centrale, puis le
Atlas. Une avancée vient mordre à l'est entre le massif Todhra - Ferkla-Rhériss et enfin le Guir moyen dans
de Talzaza et le jbel Bechar ; elle se raccorde avec le la partie orientale. Ces gouttières longitudinales à la
bassin secondaire au sud de Figuig par le couloir de chaîne du Haut Atlas sont déterminées par la
Ben-Zireg. Un étranglement au seuil d'Imiter sépare le morphologie des cuvettes et la structure synclinale des
bassin Dadès-Ouarzazate de celui de Boudenib. bassins. L'écran anti-atlasique est recoupé N-S à la
naissance des collecteurs : à l'ouest le Drâ exutoire
Le bassin d'Ouarzazate forme une cuvette unique du bassin d'Ouarzazate, à l'est le Ziz-Rhériss
relativement étroite dont la largeur maximum atteint puis le Guir inférieur, prolongés par la Daoura et la
45 km aux méridiens d'Ouarzazate et de Skoura, et Saoura en territoire algérien.
s'amenuise progressivement vers l'est. A Boumalne sa
largeur n'est plus que de 20 km ; à Imiter, elle se Le réseau hydrographique est sans doute très
réduit à 10 km. Son extension longitudinale est de ancien et antérieur à la formation de la pénéplaine
l'ordre de 160 km. Le centre de la cuvette, comblé par préhamadienne. Au Néogène les apports des oueds
les sédiments néogènes et quaternaires, forme une dans le Sillon pré-africain étaient favorisés par les
surface plane, entaillée par les oueds ; l'altitude mouvements tectoniques alpins qui créaient des
moyenne varie entre 1 100 et 1 500 mètres. déséquilibres propices à l'érosion. Les oueds longitu-
dinaux comme le Dadès et le Todhra-Rhériss étaient
Le bassin de Boudenib est la partie la plus rejetés vers le sud à mesure que les cuvettes se
étendue du Sillon sud-atlasique, avec près de 350 km comblaient. Le soulèvement plio-villafranchien a eu
de long, de Tinerhir au massif de Talzaza. La largeur pour effet de surimposer les oueds dans des gorges
maximum atteinte 75 km au méridien de Boudenib, elle étroites et de plus en plus encaissées. La grande percée
diminue aux extrémités est et ouest. L'altitude du Drâ moyen à travers l'Anti-Atlas peut dater de cette
moyenne est comprise entre 1 000 et 1 100 mètres époque bien que la convergence des oueds vers ce
mais s'accentue à l'ouest vers le seuil d'Imiter. collecteur commun soit sans doute plus ancienne et
qu'elle ait déjà préfiguré le réseau hydrographique
actuel.
SCHEMA GEOLOGIQUE DU BASSIN D'OUARZAZATE
O.
S N
M'G
OU
A M'G
OU
4071
L
N
A T IL
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N T Jurassique et Lias
HE
I - A ZAOUIA
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UC
T L N'OURBAZ RA Permo-Trias-Primaire
DO
Précambrien
0 5 10 15 20 25 km A S O. N'A
IT
X Faille
Fig. 93
226 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
600
650
700
750
BASSIN CRETACE DE BOUDENIB L A O.
_
Aït Aïssa
S T
O. L
Partie Orientale du Sillon pré-Africain T Guir
M L E
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A Ha
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O
CARTE STRUCTURALE ET HYDROGEOLOGIQUE
Bou
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PAR J. MARGAT
O. Z
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O.
0 5 10 20 30 40 50 km
O.
Ech : Tazzouguert
Co
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Tazzouguert
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G
er
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lm
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DOCUMENTS CONSULTES
Massif O.
Bern
za
ou
BOUDENIB
HE
Talza
O. Meski
Cartes géologiques de : J. BOURCAT et E. ROCH, G. DUBAR, L. CLARIOND. Foum Rhiour Bou Bernous O. Guir Ben Zireg
Talzaza 150
Zebda
Carte géologique du Maroc au 1:500 000 (Feuilles Hammada du Guir et Oujda) 150 ERRACHIDIA Seheli de
U trout
Time
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A
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450
500
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F Légende
O. I L
U
BOUMALENE Tertiaire (Hammada du Guir - Miocène continental de Bou Anane - Bassin de Ouarzazte)
A Crétacé supérieur
J. O u g n a t e L
T Turonien
G
Cénomanien etCrétacé inférieur
U
O Jurassique et Trias (Haut Atlas)
H Primaire et Antécambrien
I
R N.B. Le Quaternaire est enlevé (Voir carte du bassin Quaternaire du Tafilalt)
R
A Failles et plis-failles de l'accident Sud-atlasique
Limite des bassins hydrographiques
50 S Sources principales
Portions drainantes des oueds et de leur underflows
450
500
550
600
650
700
750
Fig. 94
SILLON PREAFRICAIN 227
limite d'extension et la puissance n'ont pu être Dans la zone proche de l'accident sud-atlasique,
précisées par des reconnaissances profondes. les affleurements sont à peu près continus d'ouest en
Crétacé est pour le Crétacé supérieur, mais généralement
discontinus pour le Crétacé inférieur. Dans la zone
La série complète comprend quatre termes méridionale en bordure de l'Anti-Atlas, le Crétacé est
principaux : moins complet et souvent recouvert par des formations
plus récentes. Les deux séries rouges inférieures et
- des formations rouges gréseuses, conglomératiques, supérieures ne sont pas toujours séparées par des
souvent gypseuses et lagunaires, dont la puissance bancs calcaires du Cénomano-Turonien comme sur le
varie entre 100 et 500 mètres et qui peuvent flanc nord du Sillon. On constate aussi d'ouest en est
représenter le Crétacé inférieur, Infracénomanien, des variations d'épaisseur ; les formations rouges
inférieures et le Sénonien prennent une grande
- un horizon marno-gréseux et argileux où s'interca importance dans l'oriental où elles sont généralement
lent des niveaux de calcaires dolomitiques dans le lagunaires ; par contre, à l'ouest du bassin d'Ouarza-
Dadès-Todrha et qui ne dépasse pas 60 mètres zate, le caractère continental est plus marqué, bien que
d'épaisseur ; il est attribué au Cénomanien inférieur. des épisodes marins peu épais apparaissent seulement
- des calcaires marins à caractère néritique, de 20 à dans cette région au cours du Sénonien. Le caractère
30 m d'épaisseur dans le Dadès et de 40 à 100 m dans marin est pour l'ensemble du Crétacé plus accusé dans
le bassin de Boudenib, qui forment des bancs épais le bassin de Boudenib que dans celui d'Ouarzazate.
souvent dolomitiques. L'âge Cénomano-Turonien est Eocène
confirmé par les fossiles,
L'absence de Tertiaire dans le bassin de Boude-
- le Sénonien qui recouvre ces horizons est argilo- nib, autre que le Miocène continental de la hamada du
gréseux et lagunaire. Sa puissance moyenne est Guir, contraste avec la puissante série tertiaire du
comprise entre 50 et 1 20 m. mais peut atteindre 500 m bassin d'Ouarzazate où l'on peut distinguer trois
dans le bassin de Boudenib. horizons principaux.
N Boutrarar S
Légende
0 1 2 km Pontico-Pliocène
N S Eocène supérieur
Lutétien
Yprésien
Paléocène
Coupe II à l'Ouest de la vallée du M'Goun
Sénonien argilo-gréseux
NW SE
COUPE GEOLOGIQUE DE MESKI AU HAUT ATLAS
Accident sud- SUIVANT LA VALLEE DU ZIZ
atlasique
Haut Tagourit Tanzenrht Forage Meski
ERRACHIDIA
Atlas (990)
m O. ZIZ
1200 1080
M D A R H R A
950
1000
800
600
644
400
L'Eocène inférieur phosphaté où l'on différencie du Guir où il forme une unité distincte du Sillon
plusieurs séries marines représentées par des grès préafricain. L'épaisseur moyenne de Pontico-Pliocène
coquilliers et des niveaux calcaires peu épais, séparés varie entre 300 et 500 mètres dans le bassin de
par des horizons marneux et des formations détritiques Ouarzazate.
grossières. La puissance de cet ensemble peut atteindre Le Villafranchien, peu étendu, se rencontre sous
100 mètres au M'Goun, mais est en général de l'ordre forme de conglomérats et d'éboulis. Son rôle hydro-
d'une quarantaine de mètres. géologique est faible et localisé.
L'Eocène moyen débute presque toujours par un Quaternaire
épisode calcaire formé de plusieurs assises séparées
par des niveaux marneux. La perméabilité de cet Des dépôts alluviaux du Quaternaire se différen-
horizon, liée à sa puissance de 30 à 40 m, laisse cient par leur altimétrie et leur faciès. Les conglomé-
espérer des infiltrations et l'existence de réservoirs en rats des regs anciens et moyens qui couronnent les
profondeur. buttes ou les khelas sont stériles en eau. Les alluvions
récentes, surmontées de limons, constituent les
L'Eocène supérieur est laguno-continental rouge, réservoirs des nappes alluviales. Des dépôts lacustres
essentiellement détritique. Des grès calcaires marneux et de sources tels que travertins et tufs, affleurent sur
et des marnes roses gypseuses alternent, dans une des surfaces limitées et sur une faible épaisseur ; ils
succession de bancs résistants et de petites combes traduisent des venues profondes et sont liés à des
évidées. L'épaisseur maximum n'est guère supérieure à accidents difficilement décelables dans le Pontico-
200 m. Pliocène marno-gréseux.
STRUCTURE
Néogène et Villafranchien
Le Sillon pré-africain forme, entre les deux Atlas,
Le Pontico-Pliocène est continental et discordant un vaste synclinal dissymétrique. La bordure du Haut
sur les formations antérieures. Le lithofaciès est très Atlas est marquée par l'accident sud-atlasique qui se
varié et va des grès et marnes roses à des poudingues et traduit par des séries de failles importantes, parallèles
conglomérats, passant accessoirement par des marnes à la chaîne, par des plis en genoux et des flexures
et calcaires lacustres., importantes et parfois des chevauchements du Lias de
Dans la zone septentrionale, ces formations l'Atlas sur les sédiments plus récents du Sillon. Le
recouvrent le Crétacé et se poursuivent au sud sur les flanc sud des synclinaux présente au contraire des
contreforts du Sarhro où ils sont discordants sur le pendages faibles vers la plaine, qui peuvent cependant
Précambrien. Leur extension est moins importante que cacher des accidents tectoniques importants. L'axe des
celle du Crétacé. Très développé au centre du bassin synclinaux du bassin de Ouarzazate est sans doute
d'Ouarzazate, le Pontico-Pliocène se termine en biseau proche de l'accident atlasique qui peut être relayé par
vers l'est près de Tinerhir. Dans le bassin de une série de failles de style alpin sous les remplissages
Boudenib, on ne le retrouve plus que dans les hamada de la cuvette.
SILLON PREAFRICAIN . 229
N
HAUT ATLAS H A M M A D A D U G U I R
Boudenib
m
1500 Guir
1000 I
500
HAUT ATLAS
II
500
Jurassique et Trias
0 X 4 6 8 10 km
Primaire et Antécambrien
La prospection gravimétrique du bassin d'Ouar- du Haut Atlas. Longitudinalement, le bassin est une
zazate laisse supposer une structure en graben et un succession d'aires d'ennoyages et de surélévations qui
drainage du bassin vers l'est. La profondeur jusqu'au permettent de différencier une série de sous-bassins et
substratum primaire atteindrait un maximum de 3 000 d'unités structurales séparées entre elles par des axes
mètres et une moyenne de l'ordre de 2 000 mètres. anticlinaux secondaires ; ceux de Tahadjmit, de Gara
Aferdou, de Bou-Bernouss et de Chabet El-Laham
Dans le bassin de Ksar-es-Souk—Boudenib, les
dont la présence a été confirmée par des sondages
études géophysiques ont permis de confirmer la
dissymétrie apparente, l'axe du synclinal étant proche
Climatologie
La connaissance du climat reste encore insuffi- La répartition des pluies montre une moyenne
sante par suite du nombre restreint de postes et du inférieure à un jour de précipitations par mois avec un
nombre insuffisant d'années d'observations météoro- maximum de 25 jours et un minimum de 2 à 3 jours
logiques continues. par an. Cependant, en montagne, cette valeur est
supérieure et peut atteindre 70 jours de précipitations
PLUVIOMETRIE
en cours d'une année, précipitations qui alimentent les
Les moyennes interannuelles des précipitations cours d'eau descendant vers le Sillon.
apparaissent en fonction directe de l'altitude dans
Le régime interannuel est caractérisé par une
chaque unité et bassin (figures 98 et 99), les postes les
grande irrégularité. Les rapports des extrêmes dépas-
plus élevés recevant les précipitations les plus
sent souvent 10 et sont toujours compris entre 5 et 15.
abondantes. Cependant ces moyennes demeurent
Ces indices dénotent un climat présaharien qui
faibles : au plus 177 mm/an (Boumalne du Dadès -
s'atténue dans les zones de piémont, avec la
1585 m) et au moins 103 mm (Bouanane - altitude
continentalité.
920 m).
Le régime annuel des pluies est comparable pour TEMPERATURES
les deux unités principales du Sillon- pré-africain et Les moyennes annuelles sont très élevées et
caractérisé par deux saisons humides d'automne et de confirment l'aridité du climat. Trois postes dont les
printemps séparées par une brève saison d'hiver à relevés ont été assez réguliers permettent de dresser le
minimum relatif faible et par une longue saison d'été tableau suivant :
très marquée par la sécheresse.
230 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Tableau 44
On constate généralement que le mois de juillet rayonnement latéral est voisine de 2,8 m/an à
est le plus chaud et celui de janvier le plus froid avec Ouarzazate et 2,5 m/an à Ksar-es-Souk. L'évapora-
des moyennes respectives comprises entre 35° - 37° C tion réelle est mal connue et très différente suivant que
et 5° - 7° C. Les températures journalières maxima l'on considère la région naturelle ou les vallées
sont enregistrées en juillet et août et les minima en cultivées dans lesquelles règne un microclimat. Elle est
décembre et janvier. L'amplitude journalière moyenne au moins égale à 90 % de la pluviométrie dans les
varie avec les saisons et l'écart maximum est toujours zones incultes, soit plus de 95 % de la superficie du
égal ou supérieur à 50° C. Le gel est limité aux mois bassin et supérieure de 7 à 10 fois à cette valeur dans
d'hiver et au début de printemps, mais il est rare que les superficies cultivées. La transpiration des plantes,
les températures minimales soient inférieures à -5° C. l'évaporation sur les surfaces irriguées et le plan de la
nappe concourent à augmenter la valeur totale de
l'évapotranspiration.
EVAPORATION
ARIDITE ET DEFINITION DU CLIMAT
Celle-ci n'est mesurée régulièrement qu'à deux
stations : celles d'Ouarzazate et de Ksar-es-Souk. D'après les indices de Thornthwaite, on peut
L'évaporation potentielle observée au Piche peut définir le climat du Sillon : d'aride, mésothermique,
atteindre près de 4 mètres, sa valeur corrigée du sec à déficit continu et à tendance continentale. Dans
CLIMATOLOGIE 1933-1963
SILLON SUD-ATLASIQUE 36 - BASSIN D'OUARZAZATE
Fig. 98
SILLON PREAFRICAIN 231
les vallées et les surfaces cultivées, l'humidité relative sec à surplus modéré d'hiver. Ces définitions permet-
des eaux d'irrigation et les apports des nappes font tent de comprendre le contraste entre l'aspect
attribuer au microclimat la définition de subhumide désertique de la région et la relative richesse des
vallées cultivées.
Hydrologie
CLIMATOLOGIE 1933-1963
SILLON SUD-ATLASIQUE 37 - SILLON DE KSAR ES SOUK - BOUDENIB
Fig. 99
232 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
En dehors de ces principaux affluents pérennes Le régime interannuel est marqué par une grande
du Drâ, les écoulements sont temporaires et souvent irrégularité. Les extrêmes enregistrés varient dans le
fugaces. L'oued Skoura est un des plus importants rapport de 17,7 à N'Ourbaz sur le Drâ, et sont souvent
dans ce groupe avec l'oued Izerki. L'assif N'Aït- supérieurs à cette valeur pour les oueds de moindre
Douchène, bien que débouchant à N'Ourbaz, est un importance. Pour chaque oued on peut définir les
oued anti-atlasique qui draine la cuvette de Tazenakht, années sèches ou humides suivant que le débit est
n'apportant que de faibles débits à N'Ourbaz (2 % des supérieur ou inférieur à la moyenne interannuelle. En
débits du Drâ : 0,3 m3/s fictifs continus). général les années sèches sont plus nombreuses que
les années humides mais celles-ci ont des écarts par
Dans tous ces débits, il est pratiquement rapport à la moyenne des débits, plus forts que ceux
impossible de discerner la part des écoulements des années sèches.
provenant du Sillon lui-même de celle très supérieure
provenant des massifs montagneux bordiers. LES CRUES
C'est en automne que les crues sont les plus
Dans le bassin de Ksar-es-Souk—Boudenib fortes, elles sont liées aux précipitations mais elles ont
une durée assez brève. Par contre au printemps, les
Les problèmes de distinction entre débits prove- débits des crues sont moins forts mais leurs durées
nant des Atlas et débits formés dans le Sillon sont supérieures. La fonte des neiges amène un volume
préafricain ne se posent pas puisque l'on ne dispose de régulier qui se traduit par une moyenne journalière et
mesures sur les oueds qu'à la sortie du Haut Atlas, mensuelle assez élevée jusqu'à mai-juin.
donc à l'entrée dans le sillon (cf. Haut Atlas calcaire). La fréquence des crues est faible et souvent
On rappellera donc simplement ici que les inférieure à douze par an pour les oueds importants :
modules sont les suivants (débits mesurés donc Ouarzazate-Dadès, Ziz. Sur le Ziz, la fréquence des
disponibles dans le Sillon) : Ziz = 5,7 m3/s crues est maximum en automne avec 33,6 % et
( 1 9 4 8 - 7 0 ) , Rhériss = 2,5 m3/s ( 1 9 4 8 - 7 0 ) , Tod- minimum en hiver avec 17,7 % avec des débits
hra = 1 , 1 m3/s ( 1 9 4 8 - 7 0 ) , Guir = 1,5 m3/s respectifs de 6 1 , 4 et 26,8 m3/s.
( 1 9 6 4 - 7 0 ) , Bou-Anane = 5,3 m3/s (1964-70). Soit
Dans le bassin d'Ouarzazate, on constate une
au total 16,1 m3/s fictifs continus qui arrivent dans le
différence très nette dans le régime des crues entre les
bassin de Ksar-es-Souk—Boudenib.
affluents de l'Ouarzazate et ceux du Dadès. Le Dadès
Le régime annuel est caractérisé pour tous les qui a un bassin très allongé et étroit a des crues dont le
oueds importants du Sillon par deux saisons de hautes maximum est assez faible mais la durée importante,
eaux en automne et au printemps dues aux précipita- tandis que l'oued Ouarzazate dont la forme du bassin
tions et à la fonte des neiges du Haut Atlas. Ces deux est plus ramassée et la pente plus forte, a des crues
maxima sont séparés par une intersaison d'hiver à brusques avec un maximum important.
débit relativement faible et par une période sèche d'été
Les terrains calcaires du haut bassin du M'Goun
au cours de laquelle on n'enregistre qu'un faible
et du Dadès régularisent les débits en absorbant de
écoulement. Lors des fortes crues qui peuvent se
fortes quantités d'eau qu'ils dégorgent en étiage. Tout
produire surtout de septembre à mai, les petits oueds
à l'opposé, la nature imperméable des argiles et roches
peuvent durant quelques heures amener des débits
rhyolitiques à l'ouest de bassin accélère le ruisselle-
relativement importants, mais toujours inconnus dans
ment et accuse le caractère brutal des crues. Le
le détail car aucun n'est continuellement observé.
coefficient de ruissellement varie entre 8 et 30 % pour
L'inégalité des saisons au point de vue durée, est une moyenne de l'ordre de 12 % pour l'ensemble des
liée à celle des saisons climatiques. affluents du Drâ.
Hydrogéologie
L'hydrogéologie est encore assez mal connue L'importance des comblements continentaux n'est
dans le bassin d'Ouarzazate mais est par contre très interrompue que par de faibles épisodes marins ou
avancée dans celui de Ksar-es-Souk—Boudenib. Il est lacustres.
possible que le Lias, très aquifère dans le Haut Atlas,
Dans le bassin de Ksar-es-Souk—Boudenib il est
se prolonge dans le Sillon pré-africain au-delà de
plus facile de différencier trois niveaux aquifères
l'accident sud-atlasique, mais il est toujours recouvert
profonds que surmonte un système de nappes
par des formations plus récentes.
phréatiques :
Dans le bassin d'Ouarzazate les séries de
- la nappe des calcaires du Turonien qui est
l'Eocène et les sédiments du Pontico-Pliocène rejettent
plutôt un réseau karstique, constitue le niveau aquifère
à une profondeur importante les éventuels niveaux
principal.
aquifères du Lias, du Crétacé et de l'Eocène moyen.
SILLON PREAFRICAIN 233
- les eaux des horizons continentaux rouges houst - Rhériss, Tarda, Rteb). Les exutoires sont peu
et gréseux du Crétacé inférieur et supérieur représ- importants et représentés par des sources de déverse-
entent des nappes moins importantes et peu homo- ment au contact du Primaire : 100 1/s dans le l i t du
gènes; Ziz, de trop plein en lisière du Haut Atlas, ou de
- le système des nappes phréatiques des bas- drainage par les sous-écoulements des oueds et des
sins quaternaires est en relation étroite avec les nappes (Tizimi).
sous-écoulements et les eaux de surface qui drain- Eaux des calcaires du Turonien
ent souvent et alimentent parfois les niveaux du
Crétacé. Dans le bassin d'Ouarzazate, les
calcaires néritiques, souvent récifaux et parfois
dolomitiques du Cénomano-Turonien forment des
NAPPES PROFONDES assises peu épaisses, le plus souvent recouvertes
Il est à peu près certain que plusieurs niveaux par des sédiments plus récents. Les affleurements,
profonds perméables ou fissurés se superposent et que réduits près de l'accident sud-atlasique, se
les diverses nappes qui se situent dans les horizons développent plus largement aux deux extrémités du
calcaires peu épais sont isolées par de puissantes bassin où ils forment des entablements importants
séries argilo-marneuses. Dans le bassin d'Ouarzazate, dont le rôle hydrogéologique est faible. Les
une prospection gravimétrique n'a pas élucidé les circulations d'eau sont liées aux fissures, fractures
problè-mes des horizons aquifères profonds, ni de et aux axes synclinaux. Après avoir circulé sur les
leur nombre, ni de leur position. argiles inférieures où elles se salent, les eaux
apparaissent sous forme de sources de très faible
Nappes du Lias débit, par exemple la source d'Imider captée par la
Les connaissances sur le Lias aquifère du Sillon mine d'Imini dont le débit ne dépasse pas 0,5 1/s.
n'ont pas été précisées, pas plus que son épaisseur, par Les forages miniers ont permis de constater de
la prospection géophysique. Bien que la limite ne soit faibles venues d'eau au sein des calcaires qui
pas définie, il est probable que les formations du Lias confirment l'existence de nappes peu puissantes.
se prolongent au sud de l'accident sud-atlasique. La disposition tabulaire et le recouvrement du
Crétacé par les sédiments plus récents, réduisent
La région la plus propice à la recherche d'une les infiltrations déjà limitées par la faible pluviométrie.
nappe profonde du Lias se situerait dans la bordure
orientale du bassin d'Ouarzazate près des vallées du Dans le bassin de Ksar-es-Souk—Boudenib, la
Dadès et du Todhra. La profondeur est sans doute nappe du Turonien est continue, encadrée par le
assez grande, mais il n'est pas exclu d'y rencontrer substratum imperméable des marnes cénomaniennes
une eau ascendante sinon artésienne. L'accident sud- et le toit quasi imperméable des grès et marnes du
atlasique pourrait servir de relai entre les nappes du Sénonien. La hamada turonienne constitue un karst à
Lias, du Haut Atlas et celles profondes du Sillon. A un stade moyen d'évolution, puisque le réseau
l'ouest du bassin d'Ouarzazate, le Lias laguno-marin hydrographique est assez développé et que les
ne peut laisser espérer que de faibles ressources sources de type vauclusien sont concentrées en des
profondes. points particuliers et liées aux fractures. En
profondeur, les calcaires sont massifs, ce que
Les apports du Lias aux principaux oueds sont confirment les forages 333/47 et 599/48. Le forage
multiples dans l'Atlas et généralement importants, 333/47 (1962) a traversé les calcaires turoniens entre
mais ils cessent au sud de l'accident. Les eaux des 256 et 310 m de profondeur et des passées poreuses
résurgences et des sources du Lias en bordure du avaient été notées dans la formation qui ne débite
Haut Atlas sont douces, carbonatées et ont un résidu pourtant que 2,5 1/s pour 20 m de rabattement dans
sec inférieur à 1 g/1. Toutes ces sources ont fait une crépine 6 pouces.
l'objet d'un inventaire systématique malheureusement
Pourtant, des grottes importantes peuvent se
non encore exploité sur le plan hydrogéologique.
rencontrer dans ces calcaires turoniens, tel le Kef
Eaux des grès du Crétacé inférieur Aziza près de Tazzouguert dont la galerie atteint 3 km.
Dans la partie où les calcaires affleurent, la nappe peut
La profondeur et la prédominance des argiles
atteindre 40 à 50 m de puissance et son débit est à
dans le bassin d'Ouarzazate ôtent tout intérêt
hydrogéologique à ce niveau. l'origine des principales sources du bassin dont
l'ensemble atteint 800 à 1 000 1/s.
Dans le bassin de Boudenib, les faciès marneux
du centre semblent interdire toute circulation du nord L'alimentation est assurée par les précipitations
sur les affleurements et par l'infiltration des eaux
au sud. C'est donc un système discontinu de petites
d'oueds et des nappes, là où la nappe n'est pas mise en
nappes dont il s'agit, au régime la plupart du temps
charge par le Sénonien (anticlinal de Bou-Bernouss,
laminaire. L'alimentation est constituée à partir des Bas Guir).
précipitations ou localement depuis des pertes des
sous-écoulements ou des nappes phréatiques (Tadir- Les pertes des oueds et des nappes phréatiques
ont été démontrées dans le bassin hydrogéologique de
234 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Tadirhoust sur le Rhériss où leurs valeurs atteignent de 60 mm/an, le débit de 4 1/s de cette source
200 1/s tandis que l'apport des précipitations serait de correspond à un coefficient d'infiltration de 8,5 %. En
250 1/s (coefficient d'infiltration 25 96). appliquant ce résultat au bassin des principales sources
dont la superficie est de 2 000 km2, on pourrait en
Les exutoires de la nappe sont d'abord les sources déduire que les 700 1/s restants sont dus aux pertes
de déversement, suivant la limite d'érosion du plateau des oueds dans le Turonien. La réserve de la nappe
dans les bassins des Todrha, Rhériss et Ziz, là où la peut être comprise entre 500 et 1 000 Mm3.
vallée atteint l'imperméable (Tifounassine-Tarda,
Meski...) ; le drainage par les oueds intervient ensuite, Eaux du Sénonien
facilité par la disposition du réseau hydrographique,
orthogonal au plateau turonien (cas de la nappe Les assises argileuses qui alternent avec quelques
phréatique du Mdarhra au sud de Ksar-es-Souk). bancs de grès dans le bassin d'Ouarzazate, confèrent à
D'autres exutoires sont constitués par des sources de ces formations le caractère imperméable que des
trop plein au contact du Crétacé supérieur moins niveaux gréseux peu fissurés et en position tabulaire ne
perméable (Tazzouguert dans le Guir et Aïn Zebda à peuvent estomper.
l'est du massif de Talzaza). On doit aussi signaler le On est par contre en présence de niveaux
déversement des zones synclinales intégrées dans le aquifères plus ou moins séparés par des niveaux
Haut Atlas et leur drainage par les sous-écoulements marneux dans le bassin de Boudenib et les eaux sont
(Tanguerfout et Tadirhoust dans le Rhériss). La nappe en relation étroite avec les nappes phréatiques et
du Turonien peut alimenter le Crétacé supérieur là où parfois au même niveau piézométrique qu'elles. Il
la mise erfcharge des eaux favorise la circulation vers n'existe pas de substratum imperméable défini car la
des horizons plus perméables. perméabilité des calcaires turoniens est supérieure à
Le bilan de la nappe des calcaires turoniens peut celle des grès, mais la mise en charge des eaux du
être effectué par analogie avec la petite source de Turonien dans le centre du bassin interdit les pertes
Takoumit dont le bassin d'alimentation est bien vers le bas des niveaux aquifères du Sénonien.
délimité par une série d'ondulations anticlinales et de L'alimentation directe du Crétacé supérieur est
vallées qui atteignent les marnes cénomaniennes. Sa réduite et il en résulte que ce niveau aquifère est peu
surface étant de 25 km2 et les précipitations moyennes important. Sa réserve est faible par suite de sa
N S
"résurgence"
Source du Turonien et émergence
Nappe phréatique de l'underflow
Fig. 100 — Coupe schématique du rebord sud du bassin de Boudenib montrant les relations entre les vallées transversales
du bassin et le plateau turonien (disposition de Tifounassine, Tarda, Meski, etc.), d'après J. Margat, 1952.
SILLON PREAFRICAIN 235
mauvaise perméabilité et ses exutoires sont minimes. les plaines et constituer de véritables nappes phréa-
Les précipitations et les apports du Lias par tiques. Le substratum est généralement le Sénonien
abouchement direct avec le Sénonien dans les zones de dans le bassin de Boudenib et va du Crétacé inférieur
l'accident sud-atlasique alimentent peu cet horizon. Ce au Pontico-Pliocène dans le bassin d'Ouarzazate.
sont surtout les infiltrations des eaux du Quaternaire
au débouché des vallées de l'Atlas qui fournissent le Les perméabilités varient beaucoup ; elles sont
principal apport (Tadirhoust—Foum-Rhiour). Les fortes dans les alluvions des oueds et les niveaux de
apports ascendants d'eau en charge du Turonien sont cailloutis (1,5.10-2 m/s à Tadirhoust) et assez faibles
certains et importants dans le centre du bassin de Ksar- dans les limons et les grès calcaires ( 5 . 1 0 - 5 à
es-Souk—Boudenib. 2 , 5 . 1 0 - 4 m/s). Les pentes moyennes des nappes
varient entre 2 et 6 pour mille. Un essai de mesure de
Les exutoires principaux de ces niveaux sont vitesse dans la nappe phréatique du Guir à Boudenib a
constitués par un drainage des oueds, des sous- donné un résultat voisin de 4 m par jour. Les débits
écoulements et des nappes phréatiques en aval des varient avec l'importance de l'oued et du sous-
zones où les nappes du Sénonien et du Quaternaire écoulement et peuvent atteindre pour les plus
sont confondues (Tazoumit sur le Rhériss, Mdarhra importants 400 à 600 1/s. Dans la nappe de Skoura,
sur le Ziz). Les sources d'émergence liées à des les débits prélevés atteignent 750 1/s et correspondent
conditions topographiques favorables représentent un principalement aux apports de deux sous-écoulements.
faible débit. Les pertes vers le Turonien sont possibles
là où il n'y a pas de mise en charge. L'enrichissement des nappes s'effectue par
l'infiltration directe des eaux dans le lit de l'oued et sur
Nappes de l'Eocène les parcelles irriguées où le module d'irrigation est
Le bassin d'Ouarzazate est la seule des deux élevé, souvent compris entre 0,6 et 1 l/s/ha. Dans le
unités du Sillon à contenir des sédiments post-crétacés bassin de Boudenib, l'apport des nappes du Crétacé
aux sous-écoulements est certain.
et particulièrement de l'Eocène. Des niveaux calcaires
et gréseux peu puissants s'interstratifient dans les Les exutoires sont constitués par les résurgences
séries marneuses ou argilo-gréseuses de l'Eocène. et les émergences de nappes souvent captées par drains
C'est cependant dans les bancs, épais de 30 à 40 et l'écoulement en aval vers le Drâ moyen pour le
mètres, de l'Yprésien-Lutétien, que peuvent s'emma- bassin d'Ouarzazate, le Tafilalt pour le Ziz, le Rhériss
gasiner de faibles quantités d'eaux, ce qui est confirmé et la Saoura pour le Guir. On estime à 500 ou 600 1/s
par quelques rares sources de faible débit dans les le débit qui s'écoule des poudingues à l'aval du goulot
entailles des oueds. L'impluvium très réduit et la faible de Tifounassine vers la palmeraie de Goulmima. Les
pluviométrie ne peuvent donner que des circulations autres facteurs de pertes sont, pour une part
d'importance minime. l'exploitation des nappes par puits et d'autre part
l'évaporation sur le plan d'eau, là où les niveaux
Nappes du Néogène piézométriques sont inférieurs à 5 m de profondeur.
Le Pontrco-Pliocène est le plus souvent imper- Les principaux systèmes phréatiques
méable ; cependant dans certaines régions du bassin
d'Ouarzazate, la présence de calcaires lacustres et de Ils sont liés aux oueds importants et peuvent se
conglomérats se traduit par la formation de petites répartir d'ouest en est en autant d'unités hydrogéolo-
nappes isolées, souvent captives ou en contact direct giques :
avec les niveaux phréatiques. C'est souvent à proxi-
mité de l'accident sud-atlasique qu'apparaissent quel- Bassin d'Ouarzazate-Dadès
ques suintements et des sources de très faible débit.
Dans le reste du bassin, la prédominance de marnes et - L'oued Ouarzazate et ses trois principaux affluents
argiles gréseuses roses sur de grandes étendues que ont des sous-écoulements continus qui peuvent s'étaler
couronnent les regs quaternaires (Khelas), permet de et constituer des séries de nappes dont les principales
comprendre la pauvreté en ressources phréatiques du se situent au sud d'Amerzgane, à la confluence des
bassin d'Ouarzazate en dehors des vallées étroites. trois oueds : I r i r i , Imini, Mellah et à l'entrée de la
palmeraie d'Ouarzazate où l'extension est maximum.
NAPPES PHREATIQUES ET SOUS-ECOULE- Ces nappes sont exploitées par des puits et par le
MENTS captage de résurgences.
Alimentations et exutoires - L'oued Izerki. dont l'écoulement fugace provoque
Les écoulements des oueds provoquent des cependant la naissance d'un sous-écoulement pérenne
infiltrations d'eau dans les cônes de déjection et dans souligné par des taches discontinues de verdure.
les terrasses récentes. Les sous-écoulements, d'abord - L'oued Skoura et ses deux affluents importants : les
limités aux vallées encaissées, peuvent s'élargir dans assifs Timdri et Toundout, donnent naissance à une
236 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
nappe qui s'élargit sur 5 à 6 km et qui supporte la plus Les eaux des nappes phréatiques
grande palmeraie du bassin.
Dans le bassin d'Ouarzazate-Dadès, la qualité
- Le Dadès et le M'Goun, après avoir drainé le Haut chimique des eaux varie avec les différents sous-
Atlas sur une partie importante de leurs cours, arrivent écoulements et nappes. Généralement douces et
dans le Sillon où ils peuvent créer des nappes de 2 à 3 carbonatées dans les hautes vallées du Dadès et du
km de largeur, que surmontent des vergers particuliè- M'Goun, les eaux se chargent progressivement en sels
rement florissants entre Boumalne et El-Kelaa. et passent à des faciès sulfatés calciques ou chlorurés
- Les affluents issus de l'Anti-Atlas n'ont que des alcalins. La concentration varie entre 0,5 et 2 g/1.
bassins limités et mal approvisionnés, dont l'impor- Dans les sous-écoulements des oueds Skoura et
tance hydrogéologique est dérisoire. Ouarzazate, le ruissellement sur les argiles gypsifères
et lagunaires dissout des quantités importantes de
Bassin de Ksar-es-Souk—Boudenib sulfates et de chlorures qui se répercutent dans les eaux
des nappes dont le faciès est sulfaté calcique ou
Dans le bassin de Ksar- es-Souk—Boudenib, les
chloruré sodique, parfois sulfaté magnésien. Le résidu
systèmes phréatiques sont d'ouest en est :
sec varie entre 1 et 12 g/1.
- celui du Todhra dont le sous-écoulement s'étale
dans la région de Tinerhir et permet aux palmeraies de Dans le bassin de Ksar-es-Souk—Boudenib, les
se développer, concentrations varient de 0,15 à 4 g/1. Le faciès est
bicarbonaté calcique au-dessus de 1 g/1 et au-dessus.
- celui du Rhériss qui, passé l'accident sud-atlasique, chloruré sodique à rMg/r Ca supérieur à 1 en général.
se développe dans la plaine de Tazoumit et plus en
Des zones de mélange d'eaux d'origines différen-
aval dans la région de Goulmima,
tes existent notamment dans le bas Mdadhra sur le
- celui du Ziz et de ses principaux affluents : Meski, Ziz, ce qui explique les variations de faciès. Il apparaît
Rteb et Bou-Bernouss, en effet une augmentation de salure de l'aval vers
l'amont et une augmentation de teneur en sels liée à un
- celui du Guir dont les nombreux affluents créent axe de forte perméabilité. Les rapports r Mg/r Ca et r
autant de systèmes individualisés avant de confluer au SO4/r Cl varient respectivement de 0,7 à 1,7 et 0,2 à
sud de la plaine de Talzaza. 2,7. Il convient d'expliquer ces écarts par un mélange
CHIMIE DES EAUX d'eaux de familles et de nappes différentes, celles du
Les eaux des nappes profondes Quaternaire et du Turonien, ce qui est confirmé par
l'analyse d'eaux de puits situés près du contact
Les eaux des grès infracénomaniens sont généra- Sénonien, Turonien.
lement douces de 0,5 à 1 , 1 g/1 au SW du bassin de
Boudenib et à faciès chloruré sodique. Elles se CONCLUSIONS
chargent en sels sur la bordure atlasique de 3,5 à 5 g/1 Le bassin d'Ouarzazate contient un ensemble de
et deviennent sulfatées calciques (jbel Timetrout). nappes alluviales dont l'exutoire aval est le canon du
Dans la vallée du Ziz, la salure varie de 1,3 à 14 g/1 et Drâ. Les nappes captives dont la structure est en
le faciès est généralement chloruré sodique à r Mg/r cuvette ont un exutoire inconnu, mais se retrouvent
Ca supérieur à 1. certainement mélangées aux eaux des nappes phréa-
Les eaux des calcaires turoniens sont assez tiques.
douces de 1 à 1,3 g/1 et leur faciès est bicarbonaté Le bassin de Boudenib—Ksar-es-Souk est fermé
calcique ou chloruré sodique à r Mg/r Ca faible et r et ses réserves captives sont peut-être intéressantes, les
SO4/r Cl fort. exutoires n'en constituant que le trop-plein. Ces
Les eaux du Sénonien ont une concentration très réserves, difficiles à chiffrer, se localisent surtout dans
variable, de 0,5 à 10 g/1. Le faciès sulfaté calcique est les calcaires du Turonien et les horizons du Quater-
prédominant (296/47), dû au contact avec du gypse, naire. Les systèmes phréatiques coïncident avec les
mais les faciès chlorurés sodiques à r Mg/r Ca supé- bassins hydrographiques, mais sont distincts des
rieur à 1 et bicarbonatés calciques sont assez courants. réservoirs hydrogéologiques profonds.
Aménagement des eaux
Les aménagements hydrauliques sont axés essen- des eaux pérennes du Dadès et du M'Goun se
tiellement vers le captage des eaux superficielles et font répercute dans l'aménagement qui, longtemps laissé
appel moins souvent aux eaux des nappes profondes ou aux initiatives des tribus, s'est traduit par un réseau de
phréatiques. Séguias très dense. Les aménagements plus récents se
sont attachés souvent à conserver cette structure en
CAPTAGE DES EAUX SUPERFICIELLES l'améliorant seulement par des recalibrages et des
Dans le bassin d'Ouarzazate-Dadès, l'abondance bétonnages de Séguias importantes. Entre Boumalne et
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El-Kelaa, on ne compte pas moins de vingt Séguias Les aménagements modernes sont rares, on n'en
principales qui se divisent en un réseau chevelu de compte que deux principaux, l'un sur l'oued Ouarza-
secondaires et tertiaires. Ce schéma se reproduit dans zate à Tifoultout, en amont de la palmeraie d'Ouarza-
les autres vallées des oueds M'Goun, Ouarzazate et zate, l'autre sur l'oued Iriri près de Tiouine. Si ce
Skoura. dernier est surtout destiné à capter les résurgences et
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un faible débit superficiel d'étiage, celui de Tifoulfout est peu utilisée alors qu'un volume moyen annuel de
permet de dériver 800 1/s dont la répartition est la 1 50 à 200 Mm3 s'écoule au-delà du confluent Guir-
suivante : 475 1/s pour la rive gauche et 325 1/s pour Bou-Anane, vers l'Algérie (avec cependant une très
la rive droite, ces ressources allant à l'irrigation. grande irrégularité interannuelle) ; dans ce sous-
bassin, au S de l'Atlas, moins d'un millier d'hectares
Les projets d'irrigation du périmètre des Aït-
sont irrigués par des eaux pérennes de
Igmatt et Aguercif près d'El-Kelaa des M'Gouna,
sous-écoulement captées par rhettaras et barrages
prévoient la construction d'un ouvrage de prise
souterrains.
pouvant débiter 800 1/s en tête, ce qui permettrait
d'irriguer une zone haute entre le Dadès et le M'Goun
d'une superficie de 515 ha. La palmeraie de Skoura a EXPLOITATION DES EAUX SOUTERRAINES
fait l'objet d'une étude hydro-agricole qui préconise la
construction d'épis au travers des oueds afin de capter
Dans le bassin d'Ouarzazate-Dadès, l'exploitation des
les eaux de crues. Les aménagements futurs de ce
eaux souterraines est très inégale. Si la nappe de
périmètre, plus pauvre en eaux de surface, sont
davantage orientés vers l'exploitation des eaux souter- Skoura tend à s'appauvrir par surexploitation, on ne
raines. peut guère parler d'utilisation des autres nappes, si ce
n'est pour des besoins d'alimentation en eau potable.
Les superficies cultivées dans les vallées attei-
gnent un total de 10 000 ha dont 1 400 pour la seule Dans la vallée de l'oued Ouarzazate, on compte
palmeraie de Skoura, dérivant en moyenne 4,8 m3/s, 110 puits environ répartis surtout dans la palmeraie
ce qui correspond à un module moyen de 0,3 à 0,5 1/ d'Ouarzazate et à la confluence des trois affluents au
s/ha mais inégalement réparti, car les vallées du sud d'Amerzgane. Ils servent surtout à l'alimentation
Dadès et M'Goun sont plus favorisées par les eaux des douars. Quelques stations de pompage de faible
pérennes superficielles. débit permettent d'irriguer les jardins en période
d'étiage de l'oued.
Dans le bassin de Ksar-es-Souk—Boudenib,
l'aménagement hydraulique est surtout axé sur les Dans la vallée du Dadès et du M'Goun les eaux
barrages de crue. Les eaux de crues du Ziz et du superficielles sont bonnes et suffisamment abondantes,
Rhériss et des oueds importants sont captées par des ce qui explique que les habitants délaissent les eaux
ouvrages traditionnels capables de dériver de quelques souterraines plus coûteuses à exploiter et ne les
dizaines à quelques centaines de litres/seconde, A utilisent que pour l'alimentation en eau potable.
Tifounassine, un ouvrage moderne en amont de la Dans la palmeraie de Skoura, l'écoulement de
palmeraie de Goulmima, capte la totalité des résurgen- l'oued étant fugace, les habitants ont creusé de
ces : 600 à 700 1/s. Au total, le maximum des eaux de nombreuses rhettaras et vont prélever l'eau souterraine
crues dérivables dans le sous-bassin Rhériss-Todhra dans les zones de piémont pour l'amener sur les
serait compris entre 11 et 12 Mm3/an. Sur le Ziz, superficies irriguées de la basse vallée. Près de
avant la construction du barrage de Foum-Rhiour, le cinquante rhettaras, dont vingt sont situées en amont
barrage de Targa bénéficiait d'un réseau d'irrigation du glacis et plus de 30 en aval, drainent un débit total
partiellement modernisé. Au total, dans le sous-bassin de 750 1/s en année moyenne. La nappe est donc la
de Ksar-es-Souk, on peut estimer le volume annuel seule ressource importante. La zone des puits dans la
d'eaux de crue dérivé dans les palmeraies, de 25 à 30 palmeraie n'est exploitée que pour l'alimentation. Les
Mm3. Dans le sous-bassin de Boudenib, l'eau de crue projets d'aménagement prévoient la création de
Tableau 45
UTILISATION EN 1974 DES EAUX RHERISS-
TODHRA-FERKLA DANS LE SILLON PREAFRICAIN
A L'AMONT DU TAFILALT
aménagement futur de la vallée du Drâ, on peut Tafilalt). Dans l'immédiat, il s'agit surtout de
cependant multiplier les ouvrages de prise au droit de rentabiliser les stations de pompage existantes.
chaque oued important en amont des superficies à
Dans le bassin de Boudenib, il n'existe pas à
irriguer ; de tels ouvrages sont nécessairement coûteux
l'aval du Haut Atlas, de sites de barrage permettant
car ils doivent résister aux fortes crues des oueds
une régularisation des oueds dont les lits sont larges,
atlasiques.
faiblement creusés dans des berges limoneuses et
dépourvus de tout seuil rocheux, si bien que les eaux
L'exploitation des nappes peut généralement être de crue ne sont pratiquement pas utilisées. Dans le
accrue en dehors de la palmeraie de Skoura ; le prix de cours atlasique du Guir, le Foum-Irhis est un
revient des stations et les frais d'exploitation limitent emplacement à retenir pour régulariser partiellement
cependant la mise en application de ce procédé. Il l'oued, en tenant compte des potentialités réduites,
serait souhaitable d'entreprendre des études ponctuel- autant en terres cultivables qu'en population. Une
les des nappes profondes afin de déterminer leur étude générale est en cours en 1974-75 pour
position, leur nombre et leur capacité. l'aménagement de ce bassin.
Bassin de Ksar es Souk—Boudenib Toute amélioration de l'aménagement hydrau-
Il paraît utile en conclusion d'étudier si la lique peut se baser sur les principes suivants :
régularisation totale ou partielle des oueds du bassin - laminage et épandage des crues (ouvrages
peut être envisagée et quelles répercussions elle aura d'accumulation),
sur les nappes phréatiques. - recharge et surexploitation des nappes (amont
En ce qui concerne le Ziz, le projet de la de Boudenib),
régularisation de ses eaux est exécuté grâce au barrage - amélioration des ouvrages de captage existants.
de retenue de Foum-Rhiour (cf. chapitre Tafilalt et
Ceci dit, le caractère distinctif du Guir, qu'il
chapitre Haut Atlas calcaire). Cette régularisation doit
convient de souligner fortement, est qu'il s'agit d'un
profiter outre à la plaine du Tafilalt, à la série de
oued international. On ne saurait en effet négliger le
palmeraies échelonnées entre Ksar-es-Souk et Erfoud.
fait qu'un barrage d'accumulation est terminé en
Pour le Rhériss, la récupération des eaux de crue Algérie à Jorf-Torba et que l'eau ainsi régularisée
n'est pas prévue dans le Sillon, mais plus en aval provient pour une part très large du territoire
( 6 0 . 1 0 6 m3/an au bénéfice de Fezna-Jorf dans le marocain.
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Souk. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE. 15 pp., 60 SE, bases
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sismiques.
hydrogéologique et technique. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/
DRE, 4 pp., 1 fig. Energoprojeki ( 1 9 6 5 ) : Aménagement de la région du Tafilalet. avant-
projet général. Rapp. inéd. O.N.I. arch. MTPC/DH/DRE
Cochet A. ( 1 9 6 0 ) : Prospection gravimétrique dans le bassin de
Ouarzazate-Dadès ; note hydrogéologique et technique prélimi- Nombreux fascicules.
naire. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE 3 pp., 1 carte. Energoprojekt ( 1 9 6 8 ) : Etude générale d'aménagement de la région du
Cochet A. ( 1 9 6 2 ) : Alimentation en eau de Ouarzazate. Rapp. inéd. arch. Guir. Rapp.inéd. ORMVAT, arch. MTPC/DH/DRE. Nom-
breux fascicules.
MTPC/DH/DRE, 5 pp., 1 carte.
242 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
C'est la géologie de la chaîne anti-atlasique qui large de 25 km à 130 km selon les endroits, que l'on
conduit à différencier ce bassin hydrogéologique. Les définit comme bassin hydrogéologique de la zone
formations précambriennes de la partie centrale axiale de l'Anti-Atlas ; ce bassin a une superficie de
affleurent selon un axe WSW-ENE et sont surmontées 42 000 km2, dont 3 000 km2 pour le jbel Guir au
par la couverture calcaire de I'Infracambrien et du SW. Autour de cette zone axiale se situent des bassins
Géorgien constituant une auréole pratiquement conti- en forme de dépressions : sillon pré-africain au N
nue à la périphérie de l'axe ancien. Précambrien, (Souss, bassins de Ouarzazate et Ksar-es-Souk),
Infracambrien et Géorgien forment ainsi un massif Tafilalt à l'E, Bas Drâ—Bani, Moyen Drâ et Maïdère
compact, long de 725 km dans le sens WSW-ENE au S qui constituent autant de bassins hydrogéolo-
entre l'océan Atlantique et le massif de l'Ougnate et giques différents, traités séparément dans cet ouvrage.
Cadre géographique
MORPHOLOGIE ET HYDROGRAPHIE Toutes ces formations sont entaillées par un
réseau hydrographique complexe d'oueds asséchés la
plus grande partie de l'année car le climat est très
L'Anti-Atlas constitue un vaste bombement qui aride, pré-saharien sur le flanc sud ; ces oueds
culmine au jbel Amalou-Mansour dans le Sarho tranchent la masse des calcaires primaires en d'impo-
( 2 7 1 2 m) et au jbel Aklim(2531 m) à l'E d'Irherm, et santes gorges.
vient buter contre le Haut Atlas par la puissante masse
volcanique du Siroua (3 304 m). La morphologie est caractérisée par la présence
d'une surface d'aplanissement généralisée dénommée
Le matériel de la chaîne est très ancien : « surface pré-hamadienne » par G. Choubert (1952),
Précambrien essentiellement constitué de roches de d'âge anté-miocène, sensiblement aquitanienne. Cette
natures ignées et volcaniques et Infracambrien- surface est remarquablement conservée dans les
Géorgien de nature sédimentaire affleurent grossière- calcaires et dolomies adoudouniens, moulant le
ment en proportions égales. bombement de fond de l'Anti-Atlas. Au Néogène, les
Au centre de la chaîne affleurent des granites et principaux oueds (Drà - Zguid - Tissint - Tata -
des schistes précambriens où l'érosion a entaillée de Akka, etc.) serpentaient sur cette surface en voie de
vastes dépressions comme la cuvette de Tafraoute ; déformation par des mouvements tectoniques alpins et
autour de ces cuvettes, des quartzites précambriens déposaient leurs alluvions sur le pourtour de l'Anti -
constituent des saillies impressionnantes (jbel Lkst, Atlas (comblement du sillon préafricain - dépôts des
2370 m, dominant Tafraoute) ; le matériel d'origine Hamada). Le soulèvement plio-villafranchien a inter-
volcanique a également bien résisté à l'érosion et rompu cet équilibre, les oueds ont entaillé sur place
apparaît en crêtes. leurs gorges surimposées. A l'exception de l'oued
Aghene qui suit le faisceau de failles issues de
L'auréole sédimentaire de la zone axiale précam- l'accident majeur de l'Anti-Atlas, tous les oueds
brienne comporte une série variée, avec alternance de recoupent les accidents tectoniques qu'ils rencontrent.
calcaires, de schistes et de grès d'inégales duretés. La
disposition monoclinale de ces séries à partir de la A l'exception des affluents du Souss au N et de
zone axiale a permis à l'érosion de bien dégager les quelques bassins côtiers à l'W, tout le réseau
niveaux Ses plus durs et les plus résistants. hydrographique de l'Anti-Atlas aboutit à des bassins
244 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Précambrien, suivi par une assise schisteuse ; des vers l'E, secteur où des grès apparaissent également
brèches ou conglomérats existent localement à la dans la série. L'épaisseur passe de 400 m en bordure
base ; bien représentée à l'W, notamment dans la fosse du Souss à 100 m au N de Tata et 50 m dans l'W du
d'Anzi (400 m de puissance), cette série diminue Sarhro où ces niveaux disparaissent, envahis par des
rapidement d'épaisseur vers l'E et disparaît dans grès.
l'Anti-Atlas central. Puis viennent les dolomies et
calcaires dolomitiques « inférieurs » à Collenia, puis- L'étage d'Asrhir ou « grès terminaux » achève le
sante série pouvant atteindre 1 000 m (vallée de l'oued cycle géorgien, marquant la régression de la mer.
Adoudou, à l'E du massif des Akhsass dans l'W du L'épaisseur de ces niveaux est variable, mais augmente
massif), s'amincissant vers l'E pour disparaître dans d'W en E et du N au S, pour être maximale au centre-
l'Anti-Atlas central en bordure du bassin de Ouarza- sud de la chaîne, vers Zagora (175 m) ; vers l'E, ces
zate et de celui du Drâ moyen ; ces calcaires sont
grès prennent une coloration rose marquant la
cristallins, massifs, en bancs épais de 2 m et réguliers,
proximité des terres émergées. Ces grès peuvent
mais on note à l'W du Tazeroualt quelques intercala-
localement surmonter directement la série « schisto-
tions marneuses ou marno-calcaires blanches dès la
base. calcaire » (région d'Amagour, en bordure du Souss).
Acadien
- Adoudounien moyen : « série lie de vin ». Ces
dépôts sont caractéristiques d'une régression marine Des alternances de schistes et de grès affleurent
dans presque toute la chaîne, la mer ne demeurant que sur les formations précédentes. Plus tendres, elles
dans la fosse d'Anzi où la sédimentation calcaire se constituent des zones déprimées où les oueds élargis-
poursuit. Dans l ' W de la chaîne, on note de bas en sent leurs vallées et répandent leurs atterrissements.
haut : des marnes violacées suivies de schistes violets La limite montagne-plaine est ainsi extrêmement
francs (de 0 à 150 m d'épaisseur), puis des schistes nette.
intercalés de bancs calcaires suivis de dolomies ou
Pliovillafranchien ou étage Hamadien
calcaires dolomitiques à niveaux marneux puis schis-
teux (de 0 à 600 m). La puissance de l'Adoudounien Comme il a précédemment été dit (cf. morpholo-
moyen dans son ensemble est très variable, mais gie), une surface d'aplanissement généralisée, sensi-
diminue vers l ' E (400 à 500 m au N de Tata - 300 m blement aquitanienne, est très caractéristique dans tout
dans le chaînon de Bou-Azzer — El-Graara, au coude l'Anti-Atlas (surface pré-hamadienne de G. Choubert,
du Drâ) pour disparaître dans le Sarhro et l'Ougnate. 1952). Au Néogène, les oueds ont serpenté sur cette
surface avant de s'enfoncer à partir du Pliovillafran-
- Adoudounien supérieur, « série des calcaires supé chien ; au cours de cet enfoncement, toutes sortes de
rieurs ». Il s'agit de calcaires massifs, (rapportés dépôts lacustres se sont constitués dans les dépressions
maintenant au Cambrien) (Choubert et Faure - Muret, de la chaîne et sur ses bordures. On notera par
1973), en bancs plus petits que dans la série exemple de telles formations, peu épaisses, au NW du
inférieure, comportant au NE des intercalations Kerdous, sur des calcaires adoudouniens et le long du
marno-calcaires blanches. L'épaisseur de la série est littoral atlantique une plate-forme étroite constituée
importante : 400 à 500 m à l'W, mais diminue vers par une couverture continue de conglomérats et dépôts
l ' E : 200 m à 300 m dans l'Anti-Atlas central, pour calcareux hamadiens.
disparaître en biseau sur les flancs du jbel Sarhro, dans
la partie orientale de la chaîne. Quaternaire
- Géorgien. La stratigraphie du Géorgien est assez Ces dépôts sont abondants, bien que peu épais en
complexe du fait des variations de faciès d'E en W. général, dans l'ensemble de la chaîne. D'anciens sols
sont très développés dans les dépressions des plateaux
A l'étage d'Amouslek, correspondent sur la calcaires, dans les grands thalwegs, mais aussi sur les
bordure méridionale de la chaîne : à l'W, des calcaires pentes de reliefs précambriens surtout rhyolitiques et
noirs, souvent oolithiques à archaeocyathidés (20 à andésitiques avec fréquemment des restes d'une
30 m), puis des schistes (schistes de Timoulay) et de ancienne carapace calcaire ; ils témoignent d'un climat
nouveau des calcaires à archaeocyathidés ; à l'E, on humide au Quaternaire ancien. Les cônes d'éboulis et
trouve des calcaires et dolomies en alternances. pierres sont nombreux dans les hauts bassins des
L'ensemble constitue la série « schisto-calcaire » dont massifs quartzitiques et aux débouchés des vallées
l'épaisseur est voisine de 400 m dans l'W (bordure de calcaires.
la plaine du Souss - N de Tata) mais décroît vers l'E
dans le massif du Bas—Drâ et le jbel Sarhro. Dans les grandes vallées (Issafène - Tamanart),
existe un système de terrasses anciennes. Les alluvions
Vient ensuite l'étage d'Issafène ou « complexe actuelles ne sont bien développées que dans les vallées
schisteux supérieur » qui comprend des schistes vers importantes, lorsque la pente diminue et peuvent être
l ' W avec des calcaires qui prennent de l'importance considérables au débouché de grands reliefs sur le
246 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Coupe I - ADOUDOUNIEN
NW SE
Ksar d'Assadas
Souk-el-khemis (sur rive gauche)
des Issendalen
(sur rive gauche)
ne
Coupe II GEORGIEN
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Butte isolée de Arcaeocyathidés
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calcaire récifal
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à Archaeocyathidés
série schisto-calcaire à
Schistes et grès terminaux 500 à 600 m
présmée du
Archaeocyathidés et Trilabites
450 m
Position
G E O R G IE N Adoudounien
Fig. 104
versant sud (plaines de Tagmoute sur l'oued Tata, s'établit la surface d'aplanissement anté-hamadienne
plaine de l'oued Akka, etc.). qui sera creusée à la suite de nouveaux bombements
pliovillafranchiens.
Enfin, au pied des falaises de calcaires adoudou-
niens dominant des zones déprimées, de nombreux D'une façon générale, la couverture sédimentaire
massifs de travertins témoignent d'un important de l'Anti-Atlas s'infléchit brutalement au N, sous les
drainage des calcaires lors du dernier pluvial quater- formations de la plaine du Souss, mais demeure par
naire. contre bien conservée sur le flanc sud où les pendages
TECTONIQUE sont doux.
0 1 2 km
Equivalent Série
Calcaires lie de Série de base
Schistes Schistes Calc. de la série Calcaires inf.
et grès sup. vin schistes grès, calc. Conglomérats du P.C. III
et grès ecoriasés Schisto-calc.
Acadien Géorgien Adoudounien Précambrien III
1000 m
El Graara
0 1 2 km
Calcaires inférieurs-Schistes-Calcaires Schistes Schistes
supérieurs - Andésites et grès et grès
Jbel Taissa
Fig.105
248 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Climatologie
L'ensemble du massif de l'Anti-Atlas se situe bassins versants anti-atlasiques, les moyennes pluvio-
dans la zone aride à déficit pluviométrique annuel métriques interannuelles se situent entre 100 et
compris entre 600 et 800 mm ; ceci résulte de la 200 mm à l'E du méridien du jbel Siroua et entre 200
position de cette zone en latitude: entre 29 et 3 1 ° et 300 mm à l'W où le bassin versant du Massa atteint
Nord. Toutefois l'altitude atténue ce caractère dans la un peu plus : 310 mm.
zone axiale de la chaîne et la présence de l'océan Les pluies surviennent essentiellement d'octobre
Atlantique produit le même effet dans la zone à avril dans la partie occidentale soumise au régime
occidentale, jusqu'à 100 km de la côte au plus. maritime (avec un maximum marqué en décembre-
PRECIPITATIONS janvier) mais plutôt de septembre à novembre ou
décembre dans la partie orientale qui reçoit surtout des
Les moyennes annuelles disponibles pour la pluies d'orages. Ces pluies tombent en peu de temps ;
période 1933-63 sont récapitulées sur les figures 106 le nombre de jours par an à précipitations supérieures
107. Comme on peut en juger, les observations sont à 1 mm est d'une trentaine en moyenne dans l'W (une
peu nombreuses ; cependant, une carte des isohyètes cinquantaine en altitude) et de l'ordre d'une dizaine
basée sur le relief, la végétation et quelques postes dans l'E.
supplémentaires n'ayant fonctionné que peu de temps
est présentée sur la figure 103. Le secteur occidental Le régime interannuel des précipitations est très
est celui qui dispose du plus grand nombre d'observa- irrégulier et l'on note des séquences d'années sèches et
tions, en particulier le bassin versant de l'oued Massa. d'années pluvieuses ne présentant pas de cycle de
retour régulier. On a déjà relevé des séquences sèches
Les pluies sont les plus abondantes sur les reliefs, (précipitations annuelles inférieures à la moyenne
principalement sur ceux qui sont exposés vers l'océan : interannuelle) de six années consécutives.
423 mm à Tiffermite, 1347 m d'altitude, contre
seulement 183 mm à Irherm, 1 7 5 0 m d'altitude.
TEMPERATURES
Exceptée la zone occidentale et le jbel Siroua, les
sommets reçoivent exceptionnellement plus de Les relevés de température sont rares dans cette
400 mm à l'W et plus de 300 mm à l'E. Au niveau des zone : trois postes servent de référence (Irherm -
CLIMAT0L0GIE 1933-1963
MAROC SUD-OCCIDENTAL 38 - ANTI ATLAS OCCIDENTAL
Fig.106
MASSIF ANTI-ATLASIQUE 249
CLIMATOLOGIE 1933-1963
MAROC SUD-OCCIDENTAL 39 - ANTI -ATLAS CENTRAL
Fig. 107
Tafraoute - Tazenakht) dans l'Anti-Atlas même et il Les précipitations annuelles tombant en quelques
faut se référer à des postes de bordure pour compléter jours, les calculs d'évapotranspiration annuelle par les
les informations sur le versant sud : Tata (cf. Bas Drâ méthodes de Turc ou Thornthwaite surévaluent
- Bani) et sur le bas versant occidental : Tiznit (cf. l'évapotranspiration et n'ont pas de sens. Les calculs
Plaine de Tiznit). mensuels par les mêmes méthodes ne fournissent pas
non plus de résultats satisfaisants et il faut pratique-
A l'exception du bas-versant côtier occidental, ment descendre au niveau journalier ou à la rigueur
les températures peuvent partout descendre au-dessous hebdomadaire.
de zéro degré en hiver et dépasser 40° C en été. Les
écarts journaliers sont de l'ordre de 15 à 18° C, plus Des bilans journaliers ont été établis par J.P.
forts en montagne qu'en plaine en été, sensiblement du Durocher pour les stations d'Irherm et de Tata, année
même ordre en hiver. 1951, établissant que lors de cette année humide, 10 à
15 % des pluies avaient pu s'infiltrer alors qu'un
Les moyennes des températures maximales et calcul mois par mois laissait apparaître une évapora-
minimales varient entre 5 et 20° C en moyenne et 10 à tion potentielle annuelle égale aux précipitations. On
30° C dans les vallées. peut admettre avec J. Margat (Mémoire explicatif de la
EVAPORATION ET EVAPOTRANSPIRATION carte hydrogéologique de la plaine du Tafilalt, 1962),
que seules les hauteurs de précipitations journalières
Quelques mesures de l'évaporation potentielle égales ou supérieures à 5 ou 10 fois la hauteur
ont été effectuées près de la zone axiale anti-atlasique, moyenne journalière de l'évapotranspiration poten-
soit au Piche (3,9 m/an à Ouarzazate), soit au bac tielle peuvent entraîner une infiltration efficace vers les
Colorado (4,0 m/an à Tagounite du Ktaoua), ce qui nappes souterraines.
revient à adopter 2,8 m/an après correction, avec des
moyennes journalières comprises entre 4 mm (janvier)
et 1 3 mm (juillet).
Hydrologie
et de celui de l'oued Immerguène, affluent rive gauche
Les observations hydrologiques sont très rares du Haut-Souss (depuis 1970), aucun oued n'est
dans l'Anti-Atlas. A l'exception du bassin versant de régulièrement observé en raison de l'éloignement, de
l'oued Massa (observations permanentes depuis 1948) l'inaccessibilité, de la fugacité des écoulements et de
250 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
l'absence d'objectif précis d'aménagement. En effet, à barrage Youssef-Ben-Tachfine au site de Tankist : 310
part le Massa et l'Immerguène (les apports de l'oued millions de m3 de retenue, barrage destiné à
Drâ qui traversent l'Anti-Atlas provenant du Haut l'irrigation du périmètre moderne de la plaine des
Atlas), aucun oued ne coule plus de quelques jours ou Chtouka (cf. chapitre Plaine des Chtouka).
quelques semaines par an en année humide.
BASSINS VERSANTS DE L'OUED SOUSS
BASSIN VERSANT DE L'OUED MASSA Plusieurs affluents de l'oued Souss drainent le
Ce bassin côtier atlantique de 3 784 km2 de flanc nord de l'Anti-Atlas ; de fait, seul l'oued
superficie à la station de jaugeage de Tankist, Immerguène qui rejoint le Haut-Souss avant Aoulouz
comportant 3 550 km2 dans l'Anti-Atlas, a une forme possède un cours pérenne. Les autres affluents,
grossièrement circulaire, une altitude moyenne de pratiquement toujours à sec, apportent rarement de
925 m et 46 % de sa superficie dépassent l'altitude de l'eau à l'oued Souss car les crues s'infiltrent sur les
1 000 m. piémonts et dans la plaine du Souss. Une station
hydrologique fonctionne sur l'oued Immerguène de-
Le bassin est constitué des terrains précambriens puis 1969 ; aucune mesure de débit de crue n'a jamais
du massif du Kerdous et de leur auréole sédimentaire, été effectuée sur les autres oueds.
essentiellement calcaire (Adoudounien et Géorgien).
En fonction des quelques années de mesures
La pluviosité moyenne interannuelle sur le bassin disponibles, il semblerait que l'Immerguène représente
est de 3 1 0 mm/an, variant entre 80 et 570 mm/an. quelque 25 % des apports du Souss à Aoulouz
(7,0 m3/s fictifs continus pour la période 1932-1970
Le régime de l'oued Massa suit les irrégularités
et 4 450 km2 de superficie), soit 1,4 m3/s de débit
climatiques interannuelles et annuelles (pluies grou-
mo y e n in t e r a n n u e l p o u r u n b a s s in v e r s a n t d e
pées en quelques jours) et se caractérise par des crues
2 750 km2 de superficie, constitué de Précambrien de
brèves et violentes interrompant de longues périodes
la zone axiale et surtout pour moitié de calcaires de
de sécheresse.
l'Adoudounien et du Géorgien, ayant une altitude
Le module moyen annuel de la période moyenne de 1 700 m et une pente modérée de 1 , 5 % .
1950-1968 est de 5,3 m3/s fictifs continus à Tankist Si le régime de l'oued Immerguène n'est pas encore
(site du barrage Youssef-ben-Tachfine), ayant varié bien connu, les étiages ont par contre été analysés en
entre un maximum de 13,4 m3/s (1955-56) et un détail comme on le verra dans le chapitre hydrogéolo-
minimum de 0,5 m3/s (1960-61). Le débit spécifique gie (El Hebil, 1972), car on dispose de jaugeages
moyen de la période s'établit ainsi à 1,4 l/s/km2. mensuels en période sèche depuis 1956 ; les débits
d'étiage sont en général inférieurs à 200 1/s, pouvant
Les crues constituent l'essentiel des apports s'abaisser à 50-70 1/s en août au point de contrôle
annuels et surviennent entre les mois de novembre et (radier de la route principale n° 32), mais les
d'avril. Ainsi, les apports exceptionnels de l'année prélèvements pour irrigation à l'amont de la station de
1955-56 (420 hm3) sont passés pour 70 % dans le mesure atteignent environ 300 1/s (El Hebil, 1 9 7 2 ) .
mois de février 1956 (300 hm3).
Le débit naturel de l'Immerguène serait ainsi de l'ordre
Les étiages sont prolongés : moins de 1 m3/s de 5 5 . 1 0 6m3/an pour une pluie moyenne sur les
pendant six mois consécutifs au moins (mai à octobre) 2 750 km2 de bassin, de l'ordre de 200 mm ; le
et sévères, de Tordre de 200 à 300 1/s pendant deux ruissellement atteindrait environ 10 %.
mois (août-septembre). L'étiage absolu mesuré jusqu'à
Pour l'ensemble du versant nord de l'Anti-Atlas,
présent est celui de septembre 1952 : 50 1/s. Il faut
les bassins affluents du Souss représentent 8 400 km2
noter que ce sont des sources issues des calcaires qui
de superficie (Immerguène compris) et une pluie
entretiennent le débit de la rivière en été, en dépit de
moyenne de 240 à 275 mm, soit avec le coefficient de
captages pour l'irrigation à Souk-el-Arba des Aït-
ruissellement de l'Immerguène un apport annuel de
Ahmed, au débouché de la montagne.
l'ordre de 200 à 2 3 0 . 1 0 6 m3.
Les crues sont en moyenne au nombre de 5 par
BASSINS VERSANTS DE L'OUED DRA
an et sont rapides et violentes, le débit passant en
quelques heures de sa valeur d'étiage à une valeur Bas Drâ (du lac Iriqui à la mer)
maximale. Les hydrogrammes sont pointus, caractéris- Aucune mesure n'existe encore sur les affluents
tiques d'un faible temps de concentration et d'un de l'oued Drâ provenant du massif de l'Anti-Atlas,
ruissellement élevé. Les probabilités de débits maxima tant en étiage qu'en crue, mais des stations hydrolo-
instantanés sont de 5 200 m3/s pour la crue millé- giques sont envisagées entre 1975 et 1977 sur un ou
naire, 3 400 m3/s pour la centenaire et 1 800 m3/s deux oueds du Bani (oued Tata en particulier).
pour la décennale.
On en est donc réduit aux considérations
L'oued Massa est depuis 1973 régularisé par le théoriques et en raisonnant sur la base des données du
MASSIF ANTI-ATLASIQUE 251
Massa, on a pu estimer à environ 200.10 6 m3/an les Le ruissellement provenant de ces massifs est
apports superficiels au Bas-Drâ des 13 500 km2 de inconnu; on l'estime à 2 5 . 1 0 6 m3/an pour le
bassins versants de la zone axiale anti-atlasique. Todhra-Rhériss (1 6 1 5 km2 de bassin à pluviométrie
moyenne de 1 50 mm) et de 25 à 30 millions de m3/an
Drâ moyen (de Ouarzazate au lac Iriqui) pour le Maïdère (1 660 km2 de bassin à pluviométrie
comprise entre 1 50 et 1 80 mm).
Là encore, les apports à l'oued Drâ sont estimés,
faute de mesure, de façon très théorique entre 20 et Enfin quelques oueds côtiers de l'extrémité ouest
30.10 6 m3/an pour 2 100 km2 inclus dans la zone de la chaîne drainent la zone axiale de l'Anti-Atlas :
axiale de l'Anti-Atlas. oueds Seyad Noun (3 025 km2, apports entre 50 et
55. 10 6 m3/an), oued Adoudou (390 km2, apports
Haut-Drâ (en amont de Ouarzazate)
annuels de 10.10 6 m3/an), bassins côtiers du massif
Les débits superficiels provenant de la bordure d'Ifni (1 500 km2, 2 0 . 1 0 6 m3/an), bassins côtiers
nord de l'Anti-Atlas entre le jbel Siroua et Ouarzazate nés dans le jbel Guir (920 km2, 1 0 . 1 0 6 m3/an).
sont collectés par Passif N'Aït-Douchène essentielle-
BILAN HYDROLOGIQUE DE LA ZONE AXIALE DE
ment, oued non contrôlé et affluent de Passif
LANTI-ATLAS
Ouarzazate qui possède également des affluents rive
gauche provenant du Haut Atlas ; on ne peut La zone axiale, partie montagneuse de l'Anti-
distinguer à la station de jaugeage de Ouarzazate les Atlas, constitue une zone de dispersion des ruisselle-
volumes des apports des deux origines. Les apports du ments. Tout comme les précipitations, ceux-ci sont
N'Aït-Douchène, pour 4 050 km2 de bassins versants très irréguliers tant annuellement qu'interannuelle-
anti-atlasiques arrosés en moyenne de 100 à 140 mm/ ment. Deux bassins hydrologiques seulement sont
an, seraient compris entre 60 et 7 0 . 1 0 6 m3/an. contrôlés par des mesures, ceux du Massa et de
rimmerguène, soit 6 500 km2 sur une superficie totale
Par ailleurs, l'oued Dadès recueille les apports de 42 000 km2. Pour chiffrer les ruissellements sur
des affluents du versant septentrional du Sarhro (1 35 500 km2, on est actuellement réduit à des
445 km2), soit de l'ordre de 20 à 25.10 6 m3/an. hypothèses très hasardeuses qui demeureront encore
Le Haut oued Drâ reçoit ainsi quelque 80 à longtemps, car on ignore tout des volumes dérivés à
95.10 6 m3/an ruisselés sur le flanc nord de l'Anti- chaque crue dans toutes les vallées.
Atlas. Compte tenu de ces réserves, on retiendra comme
AUTRES BASSINS VERSANTS DE L'ANTI-ATLAS ordre de grandeur un ruissellement moyen interannuel
de quelque 800 à 900.10 6 m3 appartenant pour plus
Les massifs du Sarhro et de l'Ougnate (Anti- de la moitié aux secteurs N et NE de l'Anti-Atlas. Ces
Allas oriental) sont également draînés par les oueds apports sont ventilés dans le tableau ci-après selon le
Todhra-Rhériss et les oueds du bassin du Maïdère. découpage mentionné sur la figure 103. Ces eaux sont
toujours de bonne qualité chimique.
Hydrogéologie
Les recherches hydrogéologiques dans la zone ponctuelles de R. Ambroggi (1942-1952), R. Bourgin
axiale de l'Anti-Atlas ont fait l'objet d'interventions ( 1 9 5 6 ) . J. Chamayou (1961-65). R. Dijon
Tableau 46
RECAPITULA TIF DES APPORTS SUPERFICIELS ESTIMES DU MASSIF DE L'ANTI-ATLAS (ZONE AXIALE). LE DECOUPAGE DES BASSINS
EST CELUI DE LA FIGURE 103.
(1961-65). J.P. Durocher (1961-65), A. Robaux ces qui ne sont pas localisées à la périphérie des
( 1 9 3 8 - 5 1 ) , J. Margat ( 1 9 5 1 ) . Puis, deux études quartzites, aux points bas, se trouvent aux contacts
synthétiques ont été réalisées : l'une par A. El Hebil quartzites - dolérites, constituant des zones de
sur le haut bassin de l'oued Souss (1972) et l'autre sur dépressions. De nombreuses sources sont issues des
la zone axiale occidentale à l'W du méridien d'Irherm quartzites et les débits sont importants (jusqu'à 20 1/s
par G. Durozoy ( 1 9 7 4 ) . Il est prévu d'étendre en dans la vallée des Amelne au pied du jbel Lkst, près de
1975-76 la dernière étude à la partie orientale de la Tafraoute). Deux massifs quartzitiques existent dans le
chaîne. Les eaux souterraines constituent en effet les Kerdous : le Lkst (2 300 m) et le Mzi (1 500 m). On
seules ressources permanentes en eau de la zone axiale note encore des puits dans des dolérites altérées au
de l'Anti-Atlas. contact des quartzites.
• Conglomérats. - Les conglomérats du Précambrien
LES RESERVOIRS AQUIFERES II - I I I de la série d'Anzi ont un comportement
hydraulique très voisin de celui des roches éruptives :
Formations précambriennes rhyolites et andésites qui le constituent. Par contre,
• Granites et migmatites. - Ces formations sont très « l'ultime conglomérat» qui existe localement à la
altérées en surface dans les zones déprimées, mais par base de la série adoudounienne (E du massif du
contre peu altérées dans les zones en relief où peuvent Kerdous, Aït-Abdallah, W du massif d'Irherm) et est
exister des circulations en réseaux. Dans les creux, les généralement peu épais, possède une perméabilité de
granites sont surmontés d'arènes perméables où se fissures en relation avec les effets tectoniques locaux et
trouvent de véritables nappes (« Tagragra » d'Ifni, de alimente souvent de petites émergences ; il peut aussi
Tafraoute, du Kerdous). Lorsque les épaisseurs fonctionner parfois comme un drain de la zone altérée
d'arènes ou zones altérées sont faibles, il n'existe pas des schistes de base de l'Adoudounien (rive droite du
de nappe généralisée, mais une nappe en réseaux qui haut assif N'Guerf, en amont de Aît-Baha).
est drainée par les oueds (massif du Tazeroualt) et peut
alors être exploitée à ce niveau. • Les schistes. - Les schistes de la série d'Anzi sont
très peu altérés et de ce fait imperméables dans leur
• Roches éruptives. - Rhyolites, andésites, ignimbri- masse. Exceptionnellement, une source de débit infime
tes, cinérites et tufs éruptifs sont imperméables dans résulte de l'intercalation d'un niveau de roche
leur massif mais peuvent contenir des nappes en fracturée (intercalations de conglomérats à Tanalt par
réseaux lorsqu'elles sont fissurées, ou mieux exemple). Les zones d'altération dans ces schistes
lorsqu'elles sont fracturées. En principe toutes les n'existent que lorsqu'ils ont été affectés par une
émergences issues de ces formations se situent sur des ancienne surface structurale et recouverts par des sols
failles. Localement on trouve des émergences, toujours anciens : des puits à faible débit peuvent alors être
de faible débit, au contact de deux natures différentes positifs (région d'Anzi).
de roches éruptives (rhyolite et tuf cinéritique par
exemple). Formations infracambriennes et géorgiennes
Les sources sont toujours relativement nombreu- • Les schistes de base. - Imperméables en général,
ses dans ces formations, mais toujours avec de faibles i l s peuvent néanmoins être aquifères dans les zones
débits. En fait les oueds drainent les réseaux de d'altération suffisamment épaisses existant sous des
fissures et sont exploités par des puits situés dans les pentes douces en des dépressions (NE de Aït-Baha).
thalwegs, au niveau d'un secteur de roches plus Ces zones d'altération pourraient même drainer des
fissurées ou faillées. Les débits spécifiques de ces circulations dans les calcaires adoudouniens sus-
ouvrages sont faibles. jacents ; ceci semble être le cas le long de la bordure du
massif ancien d'Ifni où les anciens exutoires, marqués
Les zones éruptives présentent un intérêt certain par des dépôts travertineux, sont taris depuis long
lorsque de grands massifs sont drainés par une vallée temps, mais où existent des puits dans les schistes. Les
assez conséquente où des alluvions servent de schistes jouent un rôle de barrage pour les
réservoir supplémentaire dans lequel les pompages ont sous-écoulements des oueds descendant de massifs
de meilleurs rendements (vallées des oueds Ifni, Aït- précambriens et des puits se situent fréquemment à ce
Baha, Tangarfa). niveau, dans les vallées.
• Quartzites. - Constituant une série très épaisse • Série calcaire adoudounienne et série schisto-
(plus de 1 000 m dans le jbel Lkst), tectonisés, calcaire géorgienne. - Ce complexe est de très loin le
fracturés, ils possèdent une perméabilité de fissures et, plus intéressant grâce à la puissance et à l'extension du
malgré la raideur générale des pentes, constituent un réservoir qu'il constitue, ce qui lui permet de jouer un
puissant réservoir souterrain. Les dolérites qui injec- grand rôle régulateur des eaux souterraines. Les
tent souvent les quartzites jouent un grand rôle dans précipitations infiltrées dans les calcaires inférieurs,
l'hydrogéologie de ces massifs. En effet, les émergen- où la karstification existe sans être toutefois très
CARTE HYDROGEOLOGIQUE DE L'ANTI - ATLAS
Par ; R. Ambrggi et C. Choubert
Eaux du Géorgien
Eaux des Nappes alluviales
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A un I Calcaires, Schistes et Grès Carbonifère
Tam
J
n Z
Calcaires et Schistes Dévonien
a
a
nart
C. Dra K
é Schistes, Grès, Quartzites Ordivicien et Silurien
c R
O As A Limons, Croûtes, Calcaires lacustres etc. Schistes Acadien
ir
J. Gu A
U Quaternaire
Dunes Calcaires et Schistes Géorgien
O
N
Marnes, grèset Conglomérats Miocène continental Laves et conglomérats Précambrien III
A
L Marnes et calcaires Eocène et Nummulitique Schistes, Quartzites, etc.
E T
B Précambrien II
J E Marnes, Grès et Calcaires Crétacé Granites
B 20 km 10 0 40 80 km
Calcaires et Marnes Jurassique Roches volcaniques Dolérites
du Siroua
Fig. 108
MASSIF ANTI-ATLASIQUE 253
_ _
_ _
_ _
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
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10
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10
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10
0.1 0.1
10
développée, ressortent dans les oueds importants au alluvions dans les calcaires supérieurs. De nouvelles
mur des schistes violets de la « série l i e de vin » résurgences naissent au sortir des calcaires supérieurs,
lorsque cette série est recoupée en aval-pendage, cas au contact soit des schistes de Timoulay (Géorgien),
assez général sur les flancs de la zone axiale. Ces soit à celui des schistes acadiens ; s ' i l n'y a pas
émergences se réinfiltrent dans les alluvions, puis des résurgence, les eaux circulent dans les alluvions et
254 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
réapparaissent plus à l'aval, lorsque l'oued recoupe un exemple) ne renferment pas de nappe car les
chaînon ordovicien en cluse étroite (foum). Ce schéma percolations d'eau de pluie les traversent et gagnent les
est général sur le flanc sud de l'Anti-Atlas. calcaires adoudouniens. Ces calcaires lacustres ne sont
aquifères que dans les plaines de bordure du massif,
Sur le flanc nord en bordure de la plaine du
lorsqu'ils drainent l'Adoudounien (plaines de Tiznit et
Souss, il n'y a pas toujours de résurgence. Au niveau
de Goulimine).
des schistes violets tout d'abord, aucune résurgence
n'apparaît par exemple dans l'oued Aouerga qui suit Les alluvions récentes jouent évidemment un rôle
pourtant très longtemps le contact calcaires inférieurs considérable dans les grandes vallées où elles servent
- schistes ; ici l'eau passe vraisemblablement des de réservoir-relai aux eaux des formations calcaires.
calcaires dans les alluvions et percole ensuite dans les Elles sont toujours aquifères quand elles se situent sur
calcaires supérieurs. Puis ces calcaires plongent sous la des formations imperméables et sont suffisamment
plaine du Souss et l'eau ne réapparaît plus, alimentant épaisses. L'eau est alors aisément accessible et les
souterrainement la puissante nappe du Souss. populations sont implantées à ces endroits, exploitant
Sur le flanc ouest, on observe peu de résurgences les nappes par drains souterrains (rhettaras) et puits. Il
au sortir des calcaires supérieurs en bordure des est vraisemblable que dans ces vallées, l'eau des sous-
plaines de Tiznit et Goulimine—Bou-Izakarn car les écoulements provient davantage des résurgences
calcaires lacustres jouent le rôle de drain. depuis les calcaires plutôt que des infiltrations d'eau de
crue.
Les schistes, violets adoudouniens ne sont pas
également développés partout dans l'Anti-Atlas occi-
dental ; en particulier ils n'existent pratiquement pas
dans l'W du massif des Akhsass (entre les boutonniè- QUALITE CHIMIQUE DES EAUX
res du Kerdous et d'Ifni) et de ce fait n'occasionnent
aucune émergence. Ils disparaissent également vers Dans l'ensemble de la zone axiale de l'Anti-
l'E, sur les flancs du Sarhro, tout comme les calcaires Atlas, terrains précambriens et calcaires, il ne se pose
encaissants. en général aucun problème de qualité chimique des
Les formations schisteuses peuvent contenir un eaux. Les eaux salées ou anormalement minéralisées
peu d'eau dans les franges altérées des dépressions ou sont exceptionnelles. C'est le long du littoral que se
de pentes très douces : puits d'Ifergane dans les rencontrent les eaux les plus chargées (secteur d'Ifni
schistes violets (à l ' E de la piste Irherm - Aït- notamment) ; il faut y voir là, en plus des concentra-
Abdallah), puits de l'assif Aouerga dans les schistes de tions normalement plus élevées dans les cours
Timoulay du Géorgien (versant nord de l'Anti-Atlas). inférieurs oueds, l'influence des embruns salés car la
nébulosité est fréquente dans ce secteur.
D'une façon générale, les résurgences des
calcaires adoudouniens et de la série schisto-calcaire Toutes les eaux des calcaires adoudouniens et
géorgienne sont importantes et localisées en certains géorgiens ont un faciès bicarbonaté calco-magnésien
secteurs des grands oueds drainants. Cependant sur la assez riche en sulfates (fig. 110). Les résidus secs sont
bordure des dépressions précambriennes existent généralement plus faibles sur le versant nord (0,3 à
également de petites sources de faible débit au contact 0,6 g/1) que sur le versant sud (0,6 à 1,6 g/1). Les
températures de ces eaux aux principales sources sont
des schistes de base (Irherm par exemple).
toujours comprises entre 22 et 25° C assez constantes
On ne peut véritablement parler de karst à propos dans l'année.
des calcaires adoudouniens et il n'existe pas de
Les eaux du Précambrien sont encore de
morphologie karstique typique. Les cuvettes fermées
meilleure qualité. Les faciès chimiques, plus variables
sont rares bien que le drainage souterrain des plateaux
en raison des natures différentes des réservoirs,
soit manifeste. Dans les falaises calcaires des oueds
présentent toutefois une dominante bicarbonatée calco-
s'observent quelques grottes ou grosses fissures
magnésienne, plus ou moins sulfatée (fig. 109). Les
ouvertes (une galerie souterraine a été explorée sur
résidus secs se tiennent entre 0,3 et 0,7 g/1 et les
500 m au S du plateau des Akhsass), mais dans
températures demeurent inférieures à 20° C, subissant
l'ensemble la fissuration doit être peu développée et les
de fortes variations annuelles.
conduits souterrains localisés selon les grands axes de
drainage (synclinaux) et surtout les accidents tecto- Les eaux des sous-écoulements qui se tiennent
niques, ce qui rend très aléatoire toute recherche par dans les alluvions récentes héritent bien entendu des
forage dans la masse des calcaires. faciès précédents. Les eaux les plus salées du domaine
se situent dans les calcaires lacustres de la cuvette des
Villafranchien et Quaternaire
Zenaga (2 g/1 de résidu sec - faciès chloruré sodique)
Les calcaires lacustres qui s'étendent sur les en raison de l'évaporation qui affecte la nappe
calcaires de l'Adoudounien (NW du Kerdous par phréatique peu profonde.
MASSIF ANTI-ATLASIQUE 255
10 000 _ _
milliéquivalents
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CO 3 combiné
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( CO 3 + HCO 3 - )
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10
ETAT DES CONNAISSANCES QUANTITATIVES aucun sens en raison des irrégularités de l'alimentation
SUR LES RESSOURCES EN EAU SOUTERRAINE des nappes par la pluie. On connaît bien les zones
aquifères et quelques mesures ont été réalisées sur les
Bien que désormais assez bien prospectée, la zone débits des principales résurgences et des gros ouvrages
axiale de l'Anti-Atlas ne permet pas de se livrer à des de captage (rhettara), mais ceci à des époques
calculs de bilan souterrain qui n'auraient d'ailleurs différentes, alors que ces débits varient considérable-
256 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
ment en fonction de la pluviosité des années faible débit, situées surtout autour des boutonnières
antérieures. On ne peut donc faire mieux que de tenter des Zenaga (40 1/s) et d'El-Graara ( 1 5 1 / s ) ; les sous-
une évaluation des volumes régularisés par les écoulements existent, alimentant de petites palmeraies,
aquifères souterrains de ce bassin hydrogéologique. mais sont quantitativement inconnus. On admettra un
total de 300 1/s pour ce secteur.
Adoudounien et Géorgien
Le récapitulatif des débits issus des calcaires de la
Flanc nord de l'Anti-Atlas zone axiale de l'Anti-Atlas est le suivant : flanc nord
Entre l'oued Massa à l'W et le Siroua à l’E, les : 2 500 1/s flancs ouest et sud-ouest : 1 420 1/s flanc
résurgences ne sont pas très nombreuses, mais sud : 2 500 1/s Anti-Atlas oriental : 300 1/s soit un
certaines, regroupées, ont de forts débits : celles de total d'environ 6 700 1/s dont une faible part est
l'oued Amaghous affluent du Massa débitent 500 1/s, exploitée dans la zone axiale elle-même.
celles de l'oued Immerguène affluent du haut Souss :
Précambrien
500 1/s en moyenne interannuelle. Viennent ensuite
les résurgences en bordure de la plaine du Souss : Il est extrêmement difficile de se faire une idée
170 1/s pour le groupe situé au S de Taroudant (Tidsi, des débits disponibles dans les boutonnières précam-
Tiouaïnane, Tazzemourt, Tiout), 190 1/s le long de briennes qui, rappelons-le sont relativement très
l'oued Arhène au SE de Taroudant. S'ajoutent aux exploitées. De fait, seules les boutonnières de l'Anti-
résurgences les alimentations souterraines par abou- Atlas occidental ont jusqu'à présent fait l'objet
chements directs à la nappe de la plaine du Souss, soit d'inventaires détaillés comportant des enquêtes sur
1 100 1/s sur la bordure méridionale de la plaine. l'utilisation de l'eau (Durozoy, 1974). Dans ces
Au total, les calcaires du flanc nord de la zone boutonnières, les captages : sources et surtout puits
axiale débitent environ 2500 1/s. sont très nombreux, chaque ouvrage produisant peu en
général.
Flancs ouest et sud-ouest
Dans le massif Précambrien d'Ifni existent en
Entre les massifs précambriens d'Ifni et du 1973 : 8 sources (3 1/s pour la plus importante à
Kerdous se situent les résurgences de bordure de la Mirleft) et 760 puits dont 200 au moins équipés de
plaine de Tiznit : 300 1/s et celles bordant le bassin du pompes à moteurs. L'exhaure est estimée à 63 1/s
Seyad-Noun : oued Ifrane (100 1/s), Abeïno (10 1/s), fictifs continus et 40 1/s se perdent en mer dans le seul
Timoulay (45 1/s), Anameur (40 1/s), etc.. totalisant bassin de l'oued Ifni. Ce massif produirait ainsi plus
220 1/s. Il s'y ajoute celles du jbel Guir et tous les de 1001/s ; les ressources souterraines ont été
écoulements souterrains drainés par les calcaires chiffrées à 3 % de la pluie moyenne annuelle dans les
lacustres des plaines de Tiznit et Goulimine dont granites et migmatites et 2 % de la pluie moyenne
l'existence est démontrée, les débits étant évalués très annuelle dans les roches éruptives.
grossièrement à 400 1/s pour Tiznit et 500 1/s pour
Goulimine. Dans le massif du Kerdous (2 670 km2 de
Précambrien) existent en 1973 : 142 sources (120 1/s
Flanc sud, du bassin du Seyad à celui du Dra (Bani) au total), 7 émergences de sous-écoulements (45 1/s)
et 3 300 puits dont 900 équipés de pompes à moteur
Dans la partie centrale, les calcaires ont une large
(45 1/s). Ce massif serait ainsi exploité pour 210 l/s
extension et des résurgences importantes apparaissent
environ et les ressources en eau souterraine sont
en dépit de la faible pluviosité qui les alimente
chiffrées en pourcentages de la pluie moyenne annuelle
(Tagmoute 100 1/s - oued Tamanart 130 1/s, etc.). à 4 % dans les affleurements de quartzites, 1 96 dans
Les débits souterrains parvenant aux foums du Bani, les granites, 2 % dans les roches éruptives, moins de
soit 2 170 1/s (cf. chapitre Bas- Drâ — Bani) 1 % dans les schistes et conglomérats.
devraient être majorés des débits utilisés pour
l'irrigation dans les vallées de l'amont pour fournir le Sur le flanc septentrional de l'Anti-Atlas d'autres
total de l'eau produite par les calcaires ; malheureuse- bassins ont été inventoriés en détail. Le bassin de
ment, les utilisations sont inconnues. On admettra l'assif Arhène comporte une grande part du massif
alors, compte tenu des débits des exutoires dans les d'Irherm et 355 km2 de Précambrien essentiellement
vallées, une production par les calcaires de l'ordre de sous forme de conglomérats laviques ; les exploitations
2 500 1/s. d'eau atteignent 45 1/s sous forme de 50 sources de
faible débit (40 1/s) et 200 puits dont 70 équipés de
Bordures des massifs du Tifernine, d'El-Graara, du moyens d'exhaure (5 1/s). Dans les bassins des oueds
Sarhro et de l'Ougnate Sdass et N'Ouadig drainant le massif des Ida-ou-
Dans ce secteur, les formations calcaires dimi- Zedoute (quartzites surtout, migmatites, conglomérats
nuent considérablement d'épaisseur, les calcaires et schistes), 25 1/s sont exploités dans le Précambrien.
inférieurs de l'Adoudounien disparaissant même. Les
sources issues des calcaires sont peu nombreuses et de
MASSIF ANTI-ATLASIQUE 257
De même 20 1/s sont exploités dans les mêmes km2), réparties comme suit, compte tenu de la
formations du bassin de l'oued Aouerga. distribution de la pluie et des réservoirs. Précambrien :
Compte tenu de ces données sur la zone quartzites : 0,5 l/s/km2 - roches éruptives et conglo-
occidentale, on peut estimer les exploitations actuelles mérats : 0 , 1 5 l/s/km2 - granites et migmatites :
dans l'ensemble du Précambrien de la chaîne autour de 0,09 l/s/km2 - schistes : 0,03 l/s/km2. Calcaires :
600 à 700 1/s et les ressources exploitables à quelque 0,4 l/s/km2 pour les bassins méridionaux et 0,6 à
1 000 1/s. 1,0 l/s/km2 pour les bassins septentrionaux et
occidentaux mieux arrosés. Une grande partie de ces
Au total, les ressources en eau souterraine de ressources est utilisée à la périphérie de la zone axiale
l'Anti-Atlas seraient donc de l'ordre de 7 700 1/s (plaines du Souss, de Tiznit et de Goulimine - Bas Drâ
fictifs continus pour 42 000 km2 (soit 0,18 1/s/ et Bani).
Aménagement des eaux
AMENAGEMENTS
des sources à débit notable (jusqu'à 20 1/s dans le jbel
TRADITIONNELS Les sources Lkst, vallée des Ameln).
Les sources et résurgences de sous-écoulement Les rhettaras
sont assez nombreuses, notamment au N et au NW et
Ces drains souterrains de conception ancienne
toujours utilisées. Les sources les plus importantes
sont très répandus dans l'Anti-Atlas où l'on en
proviennent évidemment de dégorgements des calcai- dénombre plus de 200. I ls sont habituellement
res infracambriens et géorgiens en des points bas implantés au niveau d'anciennes sources dont le débit
topographiques (fonds de vallées) ; ce sont en naturel diminuait au cours des temps ce qui a
particulier les sources de Souk-el-Arba des Aït- nécessité, afin de le maintenir, des travaux de
Ahmed, dans la vallée du Massa (3 émergences creusement souterrain pour pénétrer dans la nappe à
totalisant de 300 à 600 1/s, cf. chapitre plaine de une côte plus basse ; au cours des temps, les galeries
Tiznit), celles des principaux oueds du Bani, celles n'ont cessé de s'allonger, dépassant fréquemment le
bordant la plaine de Goulimine—Bou-Izakarn, etc. millier de mètres. On ne creuse plus guère de rhettara
Très souvent les sources ne sont pas individualisées et nouvelle actuellement, car ce travail est considérable,
débitent dans le sous-écoulement d'un oued d'où elles mais on entretient les galeries existantes en les curant
résurgent au niveau d'un seuil géologique (vallée de régulièrement ; en effet les galeries ne sont générale-
l'Immerguène, vallées des oueds Arrhène et Bergen ment pas revêtues et s'éboulent. Pour pouvoir accéder
sur le flanc nord du massif) ; les sous-écoulements aux galeries et y travailler, des puits régulièrement
peuvent alors véhiculer des débits importants : 220 à espacés jalonnent le drain.
260 1/s pour l'Immerguène au seuil de la route Agadir- Les rhettaras produisent des débits pérennes
Ouarzazate (station de jaugeage). Ces eaux sont d'importance variable, de la fraction de 1/s à quelques
captées par les populations grâce à des barrages de dizaines de 1/s ; ces débits varient avec le niveau des
prise sommaires et fusibles sur les lits mineurs des nappes et sont par conséquent maxima après les
oueds, ouvrages dérivant les eaux dans les Séguias en périodes de recharge. De tels ouvrages ont l'inconvé-
terre qui les acheminent par gravité vers les champs à nient de rabattre les nappes sans possibilité de
irriguer ; les pertes d'eau sont importantes au cours du modulation en fonction des besoins, donc sans utiliser
transport et de la submersion des champs pendant au mieux les réserves, mais ont par contre l'avantage
l'irrigation, mais une grande part se réinfiltre et rejoint de produire de l'eau gravitaire sans besoin d'énergie.
le sous-écoulement principal pour être captée à On a depuis longtemps songé à les remplacer par des
nouveau à la prise suivante. Les populations de l'Anti- stations de pompage collectives qui, captant toute la
Atlas maîtrisent parfaitement et de longue date ces hauteur de l'aquifère, éliminant les réinfiltrations dans
techniques simples de captage et il faut prendre garde, les parties adductrices des galeries et permettant de
en imperméabilisant certaines Séguias, de ne pas moduler les réserves souterraines, auraient fourni les
détruire de fragiles équilibres de répartition de l'eau débits supérieurs susceptibles d'étendre les irriga-
entre l'amont et l'aval d'un même bassin. tions ; sur le plan pratique, une telle substitution se
A titre indicatif, on peut noter que plus de 50 heurte à des obstacles majeurs à savoir : paiement de
sources (débits unitaires entre 0,1 et 25 1/s) ont été l'énergie et garantie de fonctionnement (longues
inventoriées dans la vallée de l'Immerguène (El Hebil, interruptions lors de pannes des pompes ou des
1972). moteurs - entretien non assuré par du personnel
qualifié). Les puits
Les sources sont généralement nombreuses mais Les puits sont évidemment très nombreux dans
de faible débit dans les formations précambriennes, ces régions, creusés par les particuliers pour leurs
notamment dans les roches métamorphiques et propres besoins. Jusque vers 1960, le puisage
volcaniques ; seuls les massifs de quartzites donnent
258 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
s'effectuait manuellement ou par traction animale, l'arboriculture (amandiers) et des cultures assolées
servant essentiellement à fournir l'eau potable, plus (mais et céréales surtout, luzerne, maraîchage) pour
rarement à une irrigation de complément. Depuis, les une dotation en eau à la parcelle de 15 000 m3/ha/
pompes mécaniques se sont considérablement déve- an, chiffre très élevé.
loppées (cf. ci-après). En ces régions, les puits
traditionnels sont peu profonds, rarement cuvelés et ne Des propositions de mise en valeur ont été
pénètrent pas les formations dures et compactes. introduites (SOMET, 1 9 7 1 ) , montrant que l'on
pouvait porter le périmètre à 500 ha en surélevant le
AMENAGEMENTS MODERNES barrage et en l'exploitant par une régularisation
annuelle. Cependant, le fait que les terres de la zone
Barrages d'accumulation
d'extension soient médiocres et les incidences sur les
Trois grands barrages d'accumulation existent en périmètres de Tazenakht d'une plus grande mobilisation
1974 dans le domaine de l'Anti-Atlas : Youssef-Ben- de l'eau à l'amont, ont conduit l'Etat à renoncer à ce
Tachfine sur l'oued Massa au site de Tankist (en projet.
bordure ouest du massif), Mansour-Eddahbi au S de
Ouarzazate sur l'oued Drâ au site de Zaouia N'Ourbaz et Cet exemple de réalisation en zone aride est
le barrage de Taghdout sur l'oued Amara au N de intéressant sur le plan méthodologique ; un barrage
Tazenakht, au centre du massif. Aucun autre ouvrage d'accumulation de réalisation facile, dans un site
d'accumulation n'est envisagé dans ce secteur. exceptionnel, ne peut garantir annuellement qu'une
• Le ba rrage de Taghdou t es t s i tué s u r l 'o u ed . faible part (de l'ordre de 30 %) des apports de l'oued
Amara, affluent de l'oued N'Aït-Douchène qui se jette en raison de la nécessité d'effectuer une régularisation
dans l'oued Ouarzazate. Les caractéristiques du bassin à interannuelle qui occasionne d'importantes pertes par
Taghdout sont les suivantes : superficie 302 km2, évaporation. Il est certain qu'une gestion sophistiquée
altitude du site 1 470 m, altitude maximale du bassin 3 du réservoir permettrait d'accroître les débits régulari-
304 m (jbel Siroua) ; le bassin est de forme sés, mais celle-ci demande une technicité qui n'est pas
triangulaire, long de 30 km et large de 16 au disponible en de tels endroits. Dans ces conditions,
maximum, constitué essentiellement par des roches l'investissement consenti est trop élevé pour les
volcaniques reposant sur des granites. Le barrage résultats obtenus et d'autres moyens de captage
achevé en 1956 est une voûte mince et étroite haute de doivent être recherchés, à un coût inférieur.
27,5 m au-dessus des fondations, longue de 21,8 m,
• Le barrage Mansour-Eddahbi au site de Zaouia
barrant une gorge taillée dans des quartzites précam-
N'Ôurbaz sur l'oued Drâ à son entrée dans le
briens ; sous l'ouvrage, on retrouve les quartzites sous
domaine, vers le nord, est un grand barrage
une douzaine de mètres d'alluvions. Le volume total de
d'accumulation retenant les eaux venant du Haut Atlas
la retenue est de 4 , 7 . 1 0 6 m3 et permettrait de
et du flanc septentrional de l'Anti-Atlas ( 1 5 000 km2
régulariser près de 6.10 6 m3/an si les apports étaient
de bassin versant). L'ouvrage, d'une capacité de
réguliers ; de fait, les apports sont mal connus, aucune
retenue de 560 millions de m3 est décrit en détail dans
mesure n'ayant jamais été effectués et ils ont été
le chapitre ; vallée moyenne du Drâ ; il sert en effet à
estimés entre 2 . 1 0 6 m3/an (année sèche), 6 à
l'irrigation des palmeraies de cette vallée. Le barrage a
11 . 1 0 6 m 3 / a n ( a n n é e m o y e n n e ) e t 2 0 à
été terminé en 1972 et une usine électrique y est
2 5 . 1 0 6 m3/an (année humide). La crue d'ordre
associée.
centennal serait de l'ordre de 75 m3/s, dimension du
• Le barrage Youssef-ben-Tachfine au site de
déversoir. Depuis sa mise en service, ce barrage est
Tankist, sur l'oued Massa, se situe à la bordure NW de
mal exploité, ne régularisant que 2,4.10 6 m3/an en
l'Anti-Atlas et retient les eaux d'un bassin versant de
moyenne, les autres apports étant perdus par évapora-
3 784 km2 situé entièrement dans ce domaine.
tion ou par déversement au-dessus de la crête de
L'ouvrage est une digue souple en enrochements avec
l'ouvrage ; cependant ces déversés (3 à 5 mois par an,
noyau vertical d'argile, sur un site hétérogène
de novembre à mars, en périodes d'hydraulicité
constitué d'alternances de quartzites et de schistes en
moyenne ou forte) s'infiltrent à l'aval de l'ouvrage
disposition synclinale. L'ouvrage est posé au cœur du
dans le l i t de l'oued et sont repris par des rhettaras et
synclinal, très tectonisé mais plus homogène (pélites
un barrage souterrain au niveau des périmètres de
entre deux bancs de quartzites). Les apports moyens
Tazenakht. Il est à noter qu'avant la construction du
annuels du bassin versant sont de 160 Mm3, avec une
barrage, l'oued Amara fournissait 40 1/s pérennes à
très grande irrégularité ( 1 6 à 420 Mm3/an), ce qui
partir de résurgences du sous-écoulement en amont de
contraint à constituer une vaste retenue, capable de
la gorge (35 ha irrigués) et 10 1/s par une rhettara
réaliser une régularisation interannuelle. L'ouvrage,
implantée dans la gorge même.
haut de 80 m au-dessus de la fondation et de 67 m au-
Les eaux retenues servent à l'irrigation d'un dessus du li t, est long de 670 m en crête.
périmètre de 200 ha situé sur les basses terrasses de
La capacité utile de la retenue est 290.10 6 m3
l'oued, principalement en rive_gauche et comportant de
pour une capacité totale de 3 1 0 . 1 0 6 m3 ; le débit
MASSIF ANTI-ATLASIQUE 259
régularisé garanti n'est que de 90 .10 6 m3/an desti- d'exploiter la prise haute : débits superficiels et
nés à l'irrigation de 19 500 ha nouveaux: dans la sommet du sous-écoulement (soit 10 à 20 1/s). Depuis
plaine des Chtouka au S d'Agadir et dans la basse 1965, un puits est exploité dans la retenue souterraine
vallée du Massa (Tassila : 1 200 ha). L'ouvrage a été pour l'alimentation en eau potable de Tazenakht et le
mis en service en 1 972. débit de la prise haute a ainsi considérablement chuté
en étiage.
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forages exécutée en 1 9 6 8 ; incidences sur l'aménagement des Thuille G. ( 1 9 5 5 ) : Note sur trois projets de captage d'underflow dans
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fig- MTPC/DH/DRE, 2pp.
3.40
par
Seul élément de verdure au milieu d'une zone kilomètres. La population se concentre dans ce
aride, la vallée moyenne du Drâ prend naissance avec chapelet d'oasis et a longtemps vécu au rythme des
les premières palmeraies en amont de Agdz pour se saisons hydrologiques qui déterminaient la richesse ou
terminer dans les étendues sableuses qui succèdent au la pauvreté de la vallée; depuis 1 9 7 2 est entré en
dernier bastion cultivé : le M'Hamid. Son cadre service un grand barrage d'accumulation en tête de la
géographique et géologique est l'unité anti-atlasique et vallée, ouvrage qui atténuera ces influences naturelles.
le Bani que la vallée recoupe ou longe sur plus de 200
Présentation géographique
4165 2260
3912
J. Toubkal
2345
H A U T A T L A S 3140
3825
3667
A. Mellah
Agouim 2710 3110
a
2090
unil
J B E L 4071
M' G O U N
A. O
A. Im
A. T 3283
int
2773
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OUARZAZATE
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R
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1874 te
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N'Ourbaz
A
O. Dadès
B
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X Taghdout che
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ït Do 2544
n'a
Tazenakht A.
3 agdz
2152
0 10 20 30 40 50
km
1836
OUED J B E L S A R H R O
Bou Azzer
2037 O. Tamsift-agdz LEGENDE
Tansikht
1923 DRA Oued pérenne
X 4a 1675
Skoura Oued semi-pérenne
6 A.
N'b
Tidili Oued temporaire
ou
Ou (3900) Sommets importants
rti
DRA
1475
1510 (Skoura) Principaux centres
-bassins
1 Sous-bassin de l'oued Dadès
1337
1073 1207 ZAGORA
810 2 Sous-bassin de l'oued d'Ouarzazate
1456 1030 3 Sous-bassin d'Aït Douchchène
4 Sous-bassin du Dra moyen
J B
E L a) Au Foum Tidri
B A Ou
N I ed
f
b) Au lac Iriki
Iriqui eij 5 Sous-bassin du Dra inférieur
a
5 1072
6 Sous-bassin de l'oued Alougoum
Bounou
Fig. 111 — Hydrographie — Carte des sous-bassins versants de l'oued Drâ à l'amont du Lac Iriqui.
qu'une maigre végétation d'épineux et de rares devant conduire à une intensification de la production
herbes en montagne. Le cheptel se réduit ici à agricole.
quelques bêtes de trait et à du petit bétail
représenté essentiellement par des ovins et des
caprins dont le nombre atteint respectivement CADRE HYDROGRAPHIQUE (fig. 111)
32000 et 22 500 pour l'ensemble des palmeraies. Le bassin hydrographique du Drâ peut se
Face à cette situation agropastorale subdiviser en trois unités importantes :
précaire en raison de son étroite dépendance - le haut bassin situé entre le Haut Atlas, château
de la pluviosité annuelle, l'Etat est intervenu d'eau des principaux affluents et l'Anti-Atlas. Celui-ci
en contruisant un grand barrage de voit naître le Drâ à la confluence des oueds Ouarzazate
régularisation des eaux du Drâ qui et Dadès.
permettra une irrigation meilleure et plus
régulière,
264 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
- après une traversée de près de 40 kilomètres constituer des terrasses assez larges pour supporter les
dans des gorges encaissées, la moyenne vallée du Drâ palmeraies. Les resserrements dans les quartzites
est caractérisée de Agdz au M'Hamid par des terrasses provoquent une succession de foum qui alternent avec
qui ont permis l'implantation des palmeraies, les larges feija ou combes schisteuses. La vallée a dû se
surimposer comme dans la tarhia au cours des divers
- le Drâ inférieur succède au lac Iriqui, vaste mouvements orogéniques, en décapant une épaisseur
cuvette qui absorbe les eaux des crues importantes et de plus de 200 mètres de terrains anciens, donnant au
qui peut être considérée comme un exutoire endo- relief du Bani un style de type appalachien.
réique bien que l'oued soit défini comme atlantique.
En fait, les apports de l'Anti-Atlas occidental font La pente moyenne de l'oued Drâ dans la partie
naître un nouveau Drâ qui n'a pratiquement aucune cultivée est comprise entre 2,5 et 2 pour mille. Dans
communication avec le Drâ moyen, si ce n'est au cours les foum, elle est paradoxalement moins élevée et ne
de crues très exceptionnelles. dépasse pas 2 pour mille de moyenne. Cette constata-
tion permet déjà dé comprendre le faible rôle de ces
Le Drâ supérieur naît de l'apport des principaux
cluses dans les échanges entre nappes.
oueds qui sillonnent le bassin de l'Ouarzazate et du
Dadès. Le Dadès et son principal affluent le M'Goun L'oued Drâ est pérenne jusqu'aux environs
sont pérennes. L'oued Ouarzazate qui n'a guère plus d'Agdz en année sèche. Au cours d'années humides, il
de 30 kilomètres de long, est formé par trois affluents peut aboutir entre Agdz et Zagora, sans toutefois
importants, tous issus de l'Atlas et semi-pérennes ; ce dépasser ce dernier lieu. Lors de crues importantes, il
sont d'est en ouest : le Mellah, l'Imini et le Tiddili- coule jusqu'au lac Iriqui où les eaux se perdent ;
Iriri. La pente moyenne est généralement assez forte : 2 exceptionnellement, celles-ci arrivent jusqu'à l'Océan
% pour l'Ouarzazate et 1,1 % pour le Dadès et le. lors de très fortes crues, supérieures à 500 m3/s.
M'Goun, les minima ne dépassent pas 0,5 %.
Ce régime hydrographique naturel de l'oued Drâ
Le Drà moyen. Les eaux issues de l'Atlas et du est désormais (depuis 1 9 7 2 ) totalement modifié en
Sillon pré-africain, convergent vers un collecteur raison de l'édification du grand barrage d'accumula-
commun qui s'est surimposé dans l'Anti-Atlas par une tion de Mansour-Eddahbi situé au site de Zaouia
tarhia de 35 km qui débute à Zaouia N'Ourbaz. Après N'Ourbaz, à l'entrée des gorges où débute le Drâ
avoir franchi cette barrière rhyolitique, l'oued débou- moyen. Rares seront maintenant les crues qui
che sur les schistes du Primaire où il a pu s'étaler et atteindront l'Iriqui et les eaux du Drâ ne dépas-
seront certainement plus ce niveau.
Géologie (fig. 112)
La vallée du Drâ s'est moulée aux constituants continental des schistes lie-de-vin de l'ouest), sur-
géologiques de l'Anti-Atlas et du Bani qu'elle traverse montés par les « calcaires supérieurs », très réduits
ou longe tour à tour. dans la vallée du Drâ et dont la puissance est inférieure
à 75 mètres. Ces calcaires disparaissent peu à peu vers
STRATIGRAPHIE l ' E en bordure du Sarhro.
Le Précambrien III Le Cambrien
A partir de Zaouia N'Ourbaz, le Drâ s'encaisse
dans les complexes du Précambrien III. La partie ouest On distingue le Cambrien (Géorgien) qui
du Jbel Sarhro est constitué en grande partie de comprend :
coulées de rhyolites et d'andésites dans lesquelles - la série schisto-calcaire de 50 à 75 m
viennent s'interstratifier des brèches rhyolitiques et des d'épaisseur,
tufs volcaniques. Cet ensemble a été subdivisé en trois - l e s grès terminaux qui atteignent 175 m
complexes repères essentiellement rhyolitiques. La d'épaisseur,
prédominance de roches dures a obligé le Drâ à et le Cambrien moyen (Acadien) qui débute par des
creuser une gorge étroite et encaissée. schistes à trilobites et se poursuit par une puissante
série de grès et quartzites dont l'épaisseur peut
L'Adoudounien ou Infracambrien atteindre 500 mètres.
Avec cet étage commencent les dépôts sédimen- L'Ordovicien
taires de couverture. Deux transgressions successives
ont laissé comme témoins les faciès suivants : J. Destombes a différencié plusieurs séries
- pour la première, des conglomérats de base peu d'après les faunes de graptolithes, déterminés par S.
épais, surmontés de calcaires inférieurs dont la Willefert et a complété la stratigraphie définie par G.
puissance est de 50 m à Agdz et de 1 5 0 à 200 m Choubert en 1945 et 1 952. On distingue :
autour du chaînon El-Graara—Bou-Azzer—Zagora ; - les schistes inférieurs et supérieurs des Fezouata,
- pour la seconde série transgressive, à la base les grès épais de 500 à 600 mètres, couronnés par un niveau
de Tikkirt dont la puissance atteint son maximum près gréseux.
de Agdz avec 300 mètres d'épaisseur (équivalent
MOYENNE VALLEE DU DRÂ 265
ES
DA D
H R O
L S A R
NOURBAZ J B E
DR
A
AGDZ Seuil de
M E Z G U I T A TANSIKHT
T
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Foum AZLAG
N
GR
A
A A
R A
T
A
ZAGORA
Seuil
de ZAGORA
F E
Z O
U
A
T A
Oued Feija
Foum TAKKAT
1 er B A N I
LEGENDE
Schistes et grès du Silurien ou Dévonien
K T A O U A
Grès et Quartzites - Caradoc sup.
TAGOUNITE
et Caradoc
Quartzites du Bani - Llondeil o
Schistes des feija externes
Trémadoc -Arenig
Foum TIDRI
Grès quartzites et niveaux schisteux
Acadien M I
D
H A
calcaires -schisto-calacires, grès M '
Géorgien -Adoudounien
Prec.
Terrains volcaniques et plutoniques
I - II et III
Faille importante 0 5 10 15 20 km
Filon de délérite important D'après la carte géologique au 1/500 000 Feuille OUARZAZATE
Fig. 112 — Carte géologique schématique de la moyenne vallée du Drâ et de ses abords, Quaternaire ôté.
- les schistes de Tachilla. épais de 300 à 350 m, deux chaînes actuelles du Bani et déterminent la
- les quartzites du premier Bani qui déterminent cuvette qui supporte la palmeraie du Ktaoua,
la crête appalachienne qui longe le Drâ sur plus de 100 - la série gréseuse du second Bani qui, avec un niveau
km. Leur puissance au Foum Takkat peut attein- supérieur de schistes, est le dernier cycle
dre 300 à 350 mètres. sédimentaire de l'Ordovicien et constitue une
- les schistes du Ktaoua qui s'intercalent entre les deuxième crête appalachienne.
Fig.113
+ 30 + 30
qie qlc
+ 20 + 20
q2e
q2c q2c
+ 10 q4s + 10
q3lg
q3l q3l
q4d
Niveau de l'Oued 0 0
N.H.
Quartzites -grès
Schistes
q3d
- 10 q2m - 10
q2c
- 20 - 20
- 30 - 30
Quaternaire
IVe récent limono graveleux et qlc IVe ancien conglomérats
q3lg
Amirien
Présoltanien
q3d IVe récent détritique-blocs, galets et graviers qle IVe ancien - eboulis
- L'Amirien ou Quaternaire ancien est l'étage Ces trois directions hercyniennes se superposent
quaternaire le plus ancien connu dans la vallée du Drâ, sans se confondre à celles des plis des chaînes
du moins en bordure des palmeraies. Il ne subsiste que précambriennes. Le plissement alpin a conduit à
sous forme d'ilôts sur des buttes du Primaire ou au l'établissement d'une surface préhamadienne due aux
pied des reliefs, emboîté avec les cônes d'éboulis. cycles successifs d'érosion. Une dernière phase
Essentiellement conglomératique, il ne diffère du reg villafranchienne vide les lacs hamadiens dans un
moyen que par son altitude de 20 à 30 mètres au- collecteur unique : le Drâ moyen et provoque la
surimposition des oueds par un bombement de fond.
dessus du l i t actuel de l'oued.
- Le Tensiftien ou Quaternaire moyen forme les Les cassures importantes, liées aux mouvements
vastes étendus rocailleuses que sont les regs et tardi-hercyniens, recoupent les structures et les
supporte les limons récents des palmeraies. Il directions principales des plis. « L'accident moyen »
comprend des conglomérats, des alluvions détritiques (Choubert, 1947) visible sur 150 km prend en écharpe
et parfois des grès à ciment calcaire. C'est dans ce le chaînon El-Graara—Zagora et provoque un graben
niveau et celui du Quaternaire récent, que les nappes étroit de 1 à 2 km conservé en position de synclinal
aquifères peuvent se développer; l'altitude relative par perché au jbel Zagora. Une autre cassure importante
rapport à l'oued est au maximum de 10 à 15 mètres, est soulignée par des venues de dolérites en dykes. Elle
mais le Quaternaire moyen est souvent recouvert par part du flanc sud du Sarhro, traverse le Drâ moyen au
les dépôts récents et actuels. seuil de Tansikht, et se poursuit dans les séries allant
du Précambrien I à l'Ordovicien. D'autres failles
- Le Soltanien ou Quaternaire récent débute par nombreuses affectent les séries précambriennes et
un épisode détritique important et se poursuit par les primaires, se développant plus largement dans le Bani.
limons fins des palmeraies avec une transition limono-
Climatologie
Quinze stations réparties dans tout le bassin du incomplètes. Trois postes seulement : Agdz, Zagora et
Drâ, permettent de donner un aperçu du climat de la Tagounite fournissent des informations depuis plus de
vallée, bien que les observations soient partielles ou 30 ans (fig. 1 1 5 ) .
I - LES COMPLEXES DU PRECAMBRIEN III . L'INFRACAMBRIEN ET LE PRIMAIRE
AUX AÏT SAOUN
NW SE
J. Boulmzilene 1867 m
Foum Fournier
J. Tissouktaï 1630
AIT SAOUN
O. Tensift
Complexes
Synclinal ADOUDOUNIEN Complex repère supérieures
P.c. III
P.c. III 0 5 Km
Hauteurs x 3
NNW
1900 m
Tadaout N'lisk SSE
Tadaout Hassene
Piste Agdz J. Igoulzane
Aït Slilo Tazzarine
1er BANI
5,5 km
0 2 km
LEGENDE
Grès terminaux
Schistes à Quaternaire
Schistes Paradoxides
GEORGIEN ACADIEN
D'après - CLARIOND - CHOUBERT - HINDERMEYER
Fig.114
MOYENNE VALLEE DU DRÂ 269
PLUVIOMETRIE
La station d'Ouarzazate dont les relevés sont Les écarts annuels par rapport à la moyenne
réguliers depuis trente ans et trois autres postes situés interannuelle sont plus souvent négatifs que positifs.
dans la vallée du Drâ, montrent la diminution du Les années à pluviosité supérieure à la moyenne sont
facteur pluviométrique de l'amont vers l'aval en moins fréquentes mais les hauteurs des précipitations
fonction de l'altitude et de la latitude : montrent des écarts plus importants.
- Ouarzazate...........1 135 m - 1 19 mm de pluie Le rapport des extrêmes annuels figure l'irrégula-
- Agdz ....................1 100 m - 108 mm de pluie. rité du régime interannuel. Celui-ci atteint les valeurs
- Zagora ...................... 700 m - 74 mm de pluie, suivantes :
- Tagounite du Ktaoua 600 m - 54 mm de pluie. - Ouarzazate .............. 15,3 (246 mm et 16 mm)
- Agdz.......................... 7,7 (256 mm et 33 mm)
Le régime annuel des pluies est caractérisé par - Zagora....................... 3,8 ( 118 mm et 31 mm)
deux saisons relativement humides d'automne et de - Tagounite du Ktaoua 6,8 ( 14 0 mm et 21 mm).
printemps, séparées par un hiver moins humide et un
été très sec. Les saisons sont de durées inégales. Si l'alternance des saisons sèches et humides au
L'automne et l'été ont de 4 à 5 mois, le printemps et cours d'une même année est actuellement démontrée,
l'hiver ne dépassent pas 2 à 3 mois. En règle générale, il est par contre impossible de retrouver une
les pluies les plus fortes se produisent en automne. périodicité dans les cycles annuels qui sont marqués
Leur fréquence annuelle varie entre un et vingt cinq par une grande irrégularité.
jours pour une moyenne de sept. Le nombre de jours TEMPERATURE
de pluie est donc restreint et traduit l'intensité relative
des précipitations dont les deux tiers sont supérieures à La moyenne vallée du Drâ est une région ou la
5 mm. température atteint des valeurs très élevées. Le
gradient thermique diminue dans la vallée de 0,8° C
Le régime interannuel est peu connu par suite par dénivelée de 100 mètres.
d'un nombre trop restreint de données d'observations.
Aucune loi de périodicité ne semble régir actuellement Trois stations dans la vallée permettent de
les précipitations dont l'irrégularité caractérise le comparer les maxima et les moyennes annuelles, ainsi
climat présaharien. que les extrêmes moyens (en degrés Celsius) :
CLIMATOLOGIE 1933-1963
MAROC SUD-OCCIDENTAL. 40 – DRA - MOYEN
AGDZ 19.6 4.2 22.3 6.2 25.8 9.5 29.6 12.8 33.6 17.0 38.4 21.3 42.1 25.8 40.8 25.1 36.0 21.0 29.9 15.2 23.8 9.3 19.6 5.0 30.1 14.4
ZAGORA 20.4 4.3 23.1 6.3 26.4 9.7 30. 0 13.1 34.0 17.4 38.8 21.5 42.8 26.5 41.5 25.7 37.3 21.5 30.4 15.6 24.6 9.7 20.5 5.1 30.6 14.7
TAGOUNITE 19.5 4.6 22.3 6.6 25.9 10.0 29.8 13.4 34.0 17.7 30.9 22.2 43.0 26.7 41.5 26.0 36.4 21.7 30.2 16.0 24.0 9.8 19.5 5.4 30.4 15.0
Fig.115
270 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Tableau 47
Les écarts journaliers maxima se situent en augmenter l'évaporation réelle. La surface de la nappe,
période hivernale avec une valeur absolue de : 36,8°C souvent proche du sol, permet aux plantes et à la
( + 28,2°C et - 8,6°C) à Ouarzazate en remontée capillaire d'ajouter une certaine quantité
décembre, d'eau à l'air ambiant. Ceci explique que l'évaporation
40,2° C ( + 35,2° C et -5,0° C) à Zagora en janvier, réelle dans les palmeraies soit sept fois supérieure à
36,0° C (+ 31,0° C et - 5,0° C) à Tagounite en celle des bordures immédiates et soit comprise entre
janvier. 35 et 40 cm/an.
Par contre, les amplitudes maxima dans les
moyennes des maxima et des minima ont lieu au STATION DE OUARZAZATE
dépassent pas 10 % ;
- à l'intérieur des palmeraies, l'apport d'eau pour
l'irrigation détermine une humidité relative qui fait Fig.116
MOYENNE VALLEE DU DRÂ 271
Ces constatations permettent de différencier un des palmeraies est subhumide sec avec un surplus
microclimat des palmeraies au sein d'une région modéré en hiver. Ces différences permettent de
désertique et aride. comprendre le contraste entre l'aspect désertique de la
Le climat de la région est à la limite de l'aridité et région et la relative richesse des palmeraies dans une
de l'hyperaridité sec à déficit continu, tandis que celui zone présaharienne.
Hydrologie
LES BASSINS VERSANTS palmeraies et des autres pertes dues à l'évaporation sur
(fig. 111) le plan d'eau et à l'infiltration au niveau du lit de
Le bassin supérieur des affluents du Drâ se l'oued.
termine à Zaouia N'Ourbaz où naît l'oued Drâ. Ces Le régime annuel se caractérise par deux maxima
affluents couvrent alors une superficie totale de en automne et au printemps, séparés par un minimum
15 170 km2 répartis de la façon suivante : relatif d'hiver et un minimum important d'été. Les
- sous-bassin du Dadès et du M'Goun : saisons ne sont pas égales ; à une période longue
7 170 km2, d'automne et d'été succèdent un hiver et un printemps
- sous-bassin de l'Ouarzazate et de ses affluents : relativement courts. On observe un parallélisme
4 630 km2, certain entre les saisons climatiques et hydrologiques.
- sous-bassin de Passif N'Aït-Douchchène : Cependant la fonte des neiges accumulées sur le Haut
2 930 km2. Atlas accentue la primauté du printemps sur l'automne
La superficie complémentaire (440 km2) pro- au point de vue des apports hydrologiques, contraire-
vient de petites unités étroites et allongées à travers le ment aux apports pluvieux.
sillon préafricain dont la plus importante est le bassin Les saisons humides ne se comportent pas de
de l'Izerqui (410 km2).
façon identique. Les crues d'automne sont en général
Le bassin du Drâ moyen atteint à Zagora une peu nombreuses mais importantes ; elles sont dues aux
superficie cumulée avec la précédente de 1 9 900 km2 ; précipitations qui peuvent atteindre une grande
au dernier foum, à Tidri, il voisine 24 000 km2 et intensité dans un laps de temps très court. Il s'ensuit
totalise au lac Iriqui environ 40 000 km2. Le bassin une montée brusque des eaux avec un maximum dès
compris entre Zaouia N'Ourbaz et le M'Hamid les premières heures, immédiatement suivie d'une
représente 9 000 km2 environ. décrue plus lente. La saison humide de printemps est
caractérisée, contrairement à la précédente, par des
Les superficies irriguées que constituent les maxima modérés et un débit moyen continu impor-
palmeraies sont inférieures à 230 km2 soit 2,5 % du. tant. La neige fond régulièrement, amenant d'une
bassin versant après Zaouia N'Ourbaz. Les zones façon ininterrompue un débit supérieur à la moyenne
plates qui couvrent la vallée sont supérieures à cette annuelle.
valeur, mais elles ne sont pas toutes cultivées par suite
de leur nature caillouteuse à l'entrée ou à la sortie des Les saisons sèches sont inégales, comme les deux
foums, ou à cause des limons salés dans les zones de précédentes, par leurs durées et par leurs débits. La
faible profondeur des nappes, ce qui interdit toute mise période hivernale est en fait, une saison transitoire
en valeur. dont le maximum des débits et la fréquence des crues
sont faibles. La saison d'été est bien individualisée par
Les superficies cultivables les plus importantes se des moyennes de débits très faibles à Zaouia N'Ourbaz
situent au Ktaoua et au Ternata. Ces 23 000 hectares et inexistantes à Zagora, car l'oued Drâ ne coule plus
consomment une grande partie des débits écoulés, le que quelques kilomètres à l'aval de Agdz à partir de
solde étant absorbé par l'évaporation et l'infiltration. mai.
REGIME DE L'OUED DRA Le régime interannuel est lié à l'irrégularité des
Le débit moyen annuel de l'oued Drâ à Zaouia précipitations. Les débits moyens annuels peuvent
N'Ourbaz est de 14,2 m3/s fictifs continus (450 varier énormément d'une année à l'autre et atteindre
millions de m3/an) pour la période 1 9 3 7 - 3 8 à un rapport d'extrêmes très élevé :
1969-70. A Zagora, les débits ne sont bien connus -A Zaouia N'Ourbaz: 18, entre 44,4 m3/s
qu'à partir de 1 9 6 3 - 6 4 ; le débit moyen 1963-70 (1967-68) et 2,5 m3/s (1937-38).
s'élève à 14,8 m3/s, contre 17,5 m3/s pour le Drâ à -A Zagora: 1 2 9 , entre 38,6 m3/s (1967-68) et
Zaouia N'Ourbaz pendant la même période. Ainsi, 0,3 m3/s (évaluation 1 937-38).
bien que la superficie du bassin versant se soit accrue La différence entre les deux rapports à N'Ourbaz
de 4 800 km2 à Zagora par rapport à Zaouia et à Zagora s'explique par les pertes et les prélève-
N'Ourbaz, les apports du Drâ sont plus faibles en ments entre les deux sites. Si ces facteurs affectent peu
raison des prélèvements importants des trois premières la moyenne au cours d'années humides, ils la réduisent
272 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
600
500
400
300
Imoulaoun M'Semrir
250
Toundout
150 Boumalne
Siroua 200
OUARZAZATE
Skoura El Kelaa
Tazenakht
0 10 20 30 40 km
X
200
150
150
100
Agdz LEGENDE
Limite du bassin
versant supérieur et
moyen de l'oued Dra
Isohyète de 100 m
Isohyète de 50 m
10
0 Isohyète de 25 m
Oued
Foum-Zguid Poste d'observation
météorologique
75
Zagaora
S% TABLEAU
100 Hauteur de Superficie Surface en %
50
Pluie en mm en km² de la surf. totale
+ de 600 100 0,4
+ de 500 700 2,5
Surface en %
de plus de moitié au cours d'une année moyenne et la à 321 jours d'écoulement. Le maximum à l'intérieur
rendent presque nulle durant la période de sécheresse. de ce pourcentage de fréquence est atteint avec les
débits compris entre 1 et 5 m3/s. Au-dessus de
L'alternance de deux ou trois années humides 20 m3/s, les proportions sont les suivantes : de 20 à
avec cinq ou six années sèches est courante ; elle ne 50 m3/s : 7,5 %, plus de 50 m3/s : 4,5 %.
permet pas cependant de déduire une loi de périodicité
dans les cycles qui semblent plutôt marqués par une La tranche des volumes écoulés n'est pas
grande irrégularité. proportionnelle à ces pourcentages. Les forts débits,
bien qu'exceptionnels, amènent plus de 42 % du
FREQUENCE DES DEBITS ET VOLUMES ECOU- volume moyen annuel. Les débits moyens écoulent
LES pour leur part 38 %, alors que les faibles débits qui
On constate que les faibles débits compris entre ont une forte fréquence n'interviennent dans les
0,1 et 20 m3/s sont les plus fréquents ; à eux seuls ils apports annuels que dans la proportion de 20 %.
représentent 88 % des débits annuels, ce qui équivaut
MOYENNE VALLEE DU DRÂ 273
NW SE N S E W
MEZOUITA
1000
Agdz
TINZOULINE
900
Tinzouline TERNATA
800 FEZOUATA
Altitude en mètres
Zagora
700 KTAOUA
3 km seuil de TAHSINT
2 km seuil de ZAGORA
M'HAMID
2 km Foum AZLAG
Tagounit
FOUM
600
TIDRI
M'Hamid
Pente moyenne : 1,78 %o pente moyenne : 1,85 %o Pente moyenne : 2,2 %o Pente moyenne : 1,75 %o Foum TAKKAT
P.M. : 1,6 Pente moyenne : 1,5 %o P.M:1,2 P.M.: 1,5
40 km 63 km 25 km 40 km 10 km 30 km 5 km 25 km
Pente moyenne générale : 1,75 % o
245 km
0 5 10 km
Tableau 48
TABLEAU DU BILAN HYDRAULIQUE SUPERFICIEL AU COURS D'UNE ANNEE MOYENNE THEORIQUE
Apports et pertes Valeur en m3/s % par rapport aux
apports et aux pertes
totales
Apports de l'oued Drâ 14,2 85
Apports par les oueds des feija 1,9 11
Apports par les résurgences 0.5 4
TOTAL 16,6 100
Prélèvements pour l'irrigation 7,5 45
Pertes en aval 2,9 17
Pertes par évaporation et infiltration (par différence) 6,2 38
Le régime de l'oued Drâ après édification du l'exploitation de l'ouvrage pour l'irrigation et pour la
barrage Mansour-Eddahbi à Zaouia N'Ourbaz. production d'électricité. A cette époque, les Séguias
Le barrage Mansour-Eddahbi, achevé et mis en d'irrigation fonctionnaient encore selon le mode
eau en 1 9 7 2 constitue une accumulation de 560 traditionnel, soit une prise rustique en rivière dérivant
millions de mètres cubes d'eau, supérieure aux apports le maximum de débit possible vers une séguia.
de l'année moyenne (450 millions de m3). L'ouvrage On a montré ainsi que les temps de propagation
a une double vocation : l'irrigation en toute priorité et des crues varient avec le débit initial de la crue et l'état
la production d'énergie électrique ; on peut y ajouter antérieur du l i t du Drâ (saturé ou non). Il en est de
un effet de protection de la vallée par le laminage des même pour l'évolution des salinités de 1 'amont en aval
crues. du Drâ et pour celle des volumes écoulés.
Après la construction de l'ouvrage, des mesures Pour une lâchure au barrage de 20 m3/s pendant 10
précises (Marion, 1973) ont pu être effectuées sur la jours faisant suite à un mois sans lâchure, les
propagation de crues artificielles occasionnées par des résultats sont les suivants, très sensiblement différents
lâchures contrôlées, destinées à mettre au point des estimations antérieures (Chamayou, 1965) avan-
cées sans contrôle précis des débits :
Tableau 49
Distance du Temps de pro- Débit Débit Volume
barrage Km pagation de maximum moyen total écoulé
l'onde de crue m3/s m3/s 10 6 m3
Tableau 50
avant lâchure Pendant Q max. de la lâchure
Point de mesure Débit (1/s) Salure en g/1 Débit (1/s) Salure en g/1
(RS à 180 °C) (RS à 180 °C)
1055
N.H
1050
1045
0 5 10 15 m
1040
Cotes
S 794/73 S.195/73
R-D Foum Azlag R-G
760
N.H DRA
750
740
730
0 50 100 150 200 m
720
Cotes
730 R-D R-G
Zagora Seuil de Zagora
720 S.156 S.810 projeté
710
DRA
N.H
700
Cotes
590
0 50 100 150 200 m
Cotes
Foum Tidri
R-D R-G
S.1 S.3 S.2 S.4 LEGENDE
580
S. Sondage
570
N.H Blocs, galets
graviers et
560 sables
Substratum
550 0 50 100 150 200 m quartzites -schistes
ou rhyolites
Fig. 119 — Coupes géologiques schématiques des différents seuils (ou foum) du Drâ moyen
(d'après sondages).
276 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Ce mode de lâchure qui convient à l'irrigation sera adopté sera vraisemblablement voisin de 10 jours
puisque des volumes suffisants parviennent jusqu'au de débit continu à 20 m3/s tous les mois puisque la
M'Hamid, n'est pas adapté à la production électrique méthode a fait ses preuves et correspond à peu près
qui doit être régulière. D'autres essais étalant des aux apports du Drâ amont en année moyenne, les
lâchures supérieures et inférieures à 20 m3/s de lâchers d'hiver pouvant être réduits en année sèche.
manière cyclique ont été également réalisés afin
d'examiner la possibilité d'économiser la construction Seules les crues exceptionnelles de printemps,
d'un barrage de compensation à l'aval de Mansour- considérablement laminées au niveau du barrage,
Eddahbi ; une décision doit intervenir ultérieurement. déverseront. Elles pourront être utilisées en grande
partie par dérivation dans les palmeraies et seuls de
En conclusion, on peut dire que le système qui faibles volumes gagneront le lac de l'Iriqui à l'aval.
Hydrogéologie
Après les travaux de G. Choubert dans le cadre salées, il n'y a pas de cultures mais la nappe existe
de la mission hydrogéologique du Sud (1939), cependant.
l'hydrogéologie du Drâ moyen a été reprise et
synthétisée par J. Chamayou (1966) dont l'ouvrage Le reg conglomératique peut emmagasiner de
demeure le document le plus complet existant en la faibles quantités d'eau tant que les schistes ont une
matière sur cette région. profondeur supérieure au niveau piézométrique. Les
schistes sont perméables sur une tranche de quelques
On ne connaît pas de nappe profonde dans la mètres dans les zones altérées et friables.
moyenne vallée du Drâ et aucune recherche n'a été
effectuée en ce sens ; aucune manifestation importante Tous ces facteurs concourent à augmenter
de l'existence de telles nappes n'a encore été rapportée. l'étendue des nappes qui peuvent dans l'ensemble
atteindre une superficie de près de 600 km2 alors que
Les nappes phréatiques de la moyenne vallée du les superficies cultivées ne dépassent pas 230 km2.
Drâ sont issues du sous-écoulement de l'oued Drâ.
Celui-ci, d'abord limité au lit moyen dans la tarhia, va Les affluents du Drâ qui drainent les « feijas »
s'élargir dans les schistes des feija pour créer des créent des sous-écoulements de petites nappes de
cuvettes successives qui sont autant de réservoirs faible étendue. La quantité d'eau qu'elles renferment
hydrogéologiques. Peu étendues latéralement dans les est très faible, mais par contre la qualité chimique est
deux premières palmeraies (Mezguita et Tinzouline) et bonne.
ne dépassant pas 2 à 3 km de large, les nappes vont se NIVEAUX AQUIFERES
développer après le foum Azlag. Le schéma est alors le
suivant : le foum amont barre presque complètement Les massifs primaires et précambriens émergés
durant le Secondaire et le Tertiaire, ont été soustraits
l'écoulement de la nappe précédente ; celle-ci prend
aux transgressions marines et ont constitué une zone
une extension plus importante ensuite dans les
de démantellement et d'érosion. Le Quaternaire est
alluvions du Quaternaire et s'étrangle à nouveau à
venu modeler à nouveau les cuvettes en déposant de
l'approche du foum ou seuil aval. La longueur de faibles épaisseurs d'alluvions étagées dont les plus
chaque nappe varie entre 25 et 60 km et l'extension récentes constituent les réservoirs des nappes phréa-
latérale est limitée par la forme en cuvette des schistes tiques. Les quartzites et les grès de l'Acadien et de
érodés ; elle est comprise entre 4 et 10 km au Ternata, l'Ordovicien qui alternent avec d'épaisses séries
Ktaoua et M'Hamid et entre 1 et 4 km au Fezouata, schisteuses sont susceptibles de former des réservoirs
nappe plus étroite bien que très étalée en longueur et profonds et captifs encore inexplorés mais que
ne dépasse pas 3 km dans le Mezguita et le Tinzouline. quelques sources et puits peuvent laisser présager.
Les nappes phréatiques circulent dans les forma- Cependant, il est peu probable que les réserves d'eau
tions détritiques du Quaternaire moyen et récent sur soient importantes dans ces formations, car les schistes
un substratum généralement schisteux. Le reg ancien, qui isolent ces horizons doivent empêcher toute
surélevé et tabulaire qui domine l'oued est générale- communication avec les nappes phréatiques et les
ment stérile, tandis que les terrasses du Tensiftien et foums, lieux les plus propres à des échanges, sont
du Soltanien sont propices par leur position et leurs plutôt des facteurs de perte que d'apports pour les
constituants à l'emmagasinement des eaux infiltrées réservoirs phréatiques.
soit dans le l i t de l'oued, soit sur des périmètres Les nappes phréatiques se situent dans le
irrigués. Quaternaire et sont de deux sortes mais d'inégale
La surface des nappes déborde généralement des importance. Les cuvettes alluviales successives du Drâ
limites des palmeraies qui sont liées à la profondeur de moyen déterminent six nappes bien individualisées et
la nappe et aux terrasses limoneuses. Dans les cônes de reconnues par puits et forages. Par ailleurs les sous-
déjection à l'aval des foums et dans les zones très écoulements des oueds affluents constituent des
0 1 2 3 km
COUPES GEOLOGIQUES AU TERNATA
NGM
m
780 780 S.799
S.810 projeté S.800
q1c S.807 S.806 q2c
q2c Tensita
760 q2c 760 q3l
Sch q3l
q2c q3lg q3l q4d
q3lg q4d
q3d N q2c N.H
q3d
740 N N.H. 740 q2d
q2d
60° 80°
720 720
Coupe I passant par : S.807 et S.806 Coupe II passant par Tensita Hechada
S.798 S.801
740
El Roumat
Tamzirt
q2c q3l q3l
720 N q3l q4d
q2s q3d N.H q2.3d
q2.3d
100° q2d
700
760
S.811 S.809 projeté S.809
S.805
S.797 S.804 projeté S.803 projeté
760
Fig.120
278 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Tableau 51
PERMEABILITES DU QUATERNAIRE
Perméabilité Perméabilité Perméabilité Nombre
Palmeraies minimum maximum médiane d'essais
en m/s en m/s en m/s retenus
MEZGUITA 8,2 10-4 1,2 10-3 1,0 10-3 2
TINZOULINE 4,3 10-4 3,5 10-2 6,8 10-3 10
TFRNATA 4,6 10-4 7,0 10-3 3,0 10-3 15
FEZOUATA 1,9 10-5 7,3 10-3 1,5 10-3 17
KTAOUA 3,5 10-5 4,8 10-4 2,5 10-4 18
M'HAMID 9,0 10-5 5,0 10-4 2,7 10-4 8
Rapport des valeurs 43 14 12
extrêmes
réserves peu étendues qui convergent vers les nappes
du Drâ. Sauf au Fezouata on ne possède pratiquement La superposition de la terrasse récente sur les
pas de renseignements sur ces apports. Il semble terrasses et reg moyens contribue à accentuer l'hétéro-
néanmoins q u' i l s sont très faibles et ne jouent qu'un généité verticale des alluvions. L'épaisseur plus ou
rôle minime dans le bilan des nappes. moins grande de l'une ou de l'autre terrasse détermine
LES NAPPES PHREATIQUES DU QUATERNAIRE une variation importante de la porosité et de la
perméabilité. Les fortes perméabilités sont liées aux
Mis à part quelques points singuliers qui ne dépôts consolidés ou tassés du Quaternaire moyen
modifient guère l'étude du bilan des nappes, les (conglomérats ou alluvions très argileuses). Les
cuvettes de la vallée du Drâ ne contiennent qu'un seul limons qui supportent les palmeraies ont des perméa-
niveau phréatique et les forages exécutés dans chaque bilités très faibles (de l'ordre de 1 . 1 0 - 7 m/s).
palmeraie n'ont révélé qu'une nappe par palmeraie.
Les cartes hydrogéologiques établies d'après les puits
et les forages confirment ce fait. Puissances aquifères
Perméabilités du Quaternaire Les aquifères de la vallée du moyen Drâ sont de
L'hétérogénéité des alluvions et la répartition plus en plus épais de l'amont vers l'aval. Ces
inégale des divers niveaux du Quaternaire expliquent puissances sont, en moyenne, inférieures à 15 m à
les valeurs très différentes des perméabilités mesurées Mezguita et Tinzouline, de l'ordre de 15 m au Ternata,
dans les palmeraies. Chacune d'elles a été prospectée puis atteignent 25 m au Fezouata, 35 m au Ktaoua et
par forages sur lesquels ont été réalisés des essais de enfin 40 m au M'Hamid. L'accroissement d'épaisseur
débit de durées très inégales ; aussi les données aquifère d'amont en aval compense ainsi les diminu-
ponctuelles et moyennes n'ont-elles pas la même tions de perméabilité constatées également de l'amont
valeur d'une palmeraie à l'autre. vers l'aval.
Le tableau ci-dessus résume l'ensemble des Ces évolutions s'expliquent sur le plan géolo-
valeurs des perméabilités obtenues dans les différentes gique. En effet, on constate une différence altimétrique
nappes et montre les variations de ces valeurs d'une des terrasses et reg, plus forte en amont de la vallée.
palmeraie à l'autre et même à l'intérieur de chaque Celle-ci étant étroite, les dépôts anciens ont été
palmeraie. Les valeurs moyennes de perméabilités décapés presque entièrement avant une nouvelle phase
vont en décroissant de l'amont vers l'aval et sont dans d'alluvionnement. Au contraire, en aval de Zagora, la
le rapport de quatorze entre le Ternata et le Ktaoua et superposition des terrasses moyennes et des terrasses
de moins de deux entre le Fezouata et le Ternata. Cette récentes, accuse un alluvionnement, prépondérant sur
évolution décroissante est liée aux dépôts qui, d'abord les phases de creusement. Les débits du Drâ, plus forts
grossiers et sableux dans les premières cuvettes, en amont, ont permis le dépôt des alluvions grossières
deviennent ensuite plus fins et limono-sableux dans les dans les premières palmeraies et des dépôts plus fins
deux dernières palmeraies. Cette loi de diminution est en aval, d'où la diminution notable des perméabilités
troublée par une certaine discontinuité au sein de de l'amont vers l'aval.
chaque nappe et à la sortie de chaque foum se forment
des cônes de déjection où les éléments grossiers
alternent avec des épisodes graveleux. Passée cette Transmissivités
zone, la sédimentation est plus hétérogène et devient Compte tenu de ce qui précède, les transmissivi-
ensuite plus fine à l'approche du foum aval qui tés moyennes sont assez voisines d'une palmeraie à
constitue un goulet et un frein à l'écoulement l'autre, mais décroissent tout de même progressive-
superficiel. Dans chaque palmeraie on rencontre ment d'amont en aval de la vallée.
également une variation verticale des perméabilités.
279
0 1 2 3 km
N S
S.411 S.408 S.420 S.409
570 570
Ouled Driss
DRA
q4d
550 N.H 550
q3l q3d
q2lg
530 q2d q2lg 530
q2lg q2d
q2d
510 q2c q2c 510
490 490
Coupe I passant par Ouled Driss
N S
S.406 S.405 S.114 S.410
560
q4s DRA q4s Kabla
q3l q3l
q4d q3l q4d
540 N.H q3d
q3d q23d q2lg
q2d
520 q2d q2s q2d
500
N S
N S
S.407 S.402
550 Ouled Youssef Kobla 550
q4s
q4d DRA q3l q4d
530 530
N.H
q23d q23
q2lg
510 510
q2l et q2lg q2l
490 490
Fig. 121
280 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Tableau 52
Nombre de
PALMERAIE TRANSMISSIVITES (m2/s)
Maximum Minimum Moyennes mesures
TINZOULINE 1,5 10-1 1,1 10-2 5,0 10-2 18
TERNATA 9,1 l0-2 4,9 10-3 5,0 10-2 15
FEZOUATA 9,2 10-2 2,0 10-4 2,0 10-2 17
KTAOUA 1,3 10-2 7,3 10-4 7,0 10-3 18
MHAMID 1,2 10-2 1,6 10-3 5,0 10-3 8
Du point de vue de l'exploitation des nappes, on triques sont peu profonds et très rarement situés en-
notera cependant que les risques d'échec d'un certain dessous de 8 mètres. En période d'étiage moyen, près
nombre de forages sont plus élevés vers l'aval où de 55 % des surfaces des nappes se situent à une
localement se rencontrent des secteurs à faible profondeur inférieure à 6 m. Au cours des recharges
transmissivité. importantes, ce pourcentage peut s'élever à 80 %. Les
nappes les plus profondes se situent en amont, dans les
Profondeur des nappes trois premières palmeraies ; les moins profondes sont
Les isobathes des grandes nappes situées en aval celles du Ktaoua et du M'Hamid.
du Tinzouline montrent que les niveaux piézomé- Coefficient d'emmagasinement
Tableau 51
Tableau 54
PALMERAIE SUPERFICIE VOLUME DE COEFFICIENT VOLUME
DE LA NAPPE L'AQUIFERE D'EMMAGASINE- EMMAGASINE
(km2) (10 6 m3) MENT(l0-2) (10 6 m3)
MERGUITA 45 10 5 22,5
TINZOULINE 69 10 5 34,5
TERNATA 224 1120 5 56,0
FEZOUATA 268 1340 5 67,0
KTAOUA 564 370 3 111,0
M'HAMID 195 1620 3 49,0
TOTAL 1365 4470 340,0
Au total, les réserves emmagasinées dans les caractère pluriannuel. De l'analyse des variations
nappes de la moyenne vallée du Drâ sont de l'ordre de piézométriques interannuelles, on a pu déduire
350 à 500 10 6 m3, volumes relativement faibles, (Chamayou, 1 9 6 6 ) que les réserves régulatrices
insuffisants pour amortir une exploitation intensive à représentaient 16,5 % des réserves totales.
CARTE HYDROGEOLOGIQUE DU TINZOULINE
Par J. Chamayou
281
4
actuelles
84
Eboulis indifférenciés du
N
Quaternaire ancien à actuel
IE
2
AN
QUATERNAIRE
84
Limons des palmerais Hammou
LT
SO
Quaternaire récent
Kt Lahcen
Cônes de déjection du
0
ou Hammou
TIE
84
Quaternaire moyen
IF
NS
40
5 Ouzouzagour
TE
8
IE
83
IR
AN
836
DO
Tamezmoute
PRIMAIRE
OR
L'Acadien
CA
830
281
Aït Aïssa
Irchig Tamelalte
828
824
822
818
5
42
Taakilte
Oulad
40 Atman
0
8 16
Tinizgh
4
81
40
5
El Hamem
Indice 64
Oulad 282
Mgaddien
Oulad
Moussa
3
81
Indice 73
Oulad 2
Slimane 1
2
5
43
40
0
2
Za Tilmesla
81
3
73 64
SEC à 180 °C
Aguebd
39
5
LEGENDE
839
Moins de 1 g/l
39
5
De 1 à 2 g/l
De 2 à 3 g/l
Oulad
Msaad Plus de 3 g/l
0
80
1 2 3 4 5 km
0
43
0
43
39
0
79
1
4
Za Amadagh 833
Kt El Mekhzen
39
0
8
78
Tinzouline 6
78
38
5
784
At Lhaj
Lahcen 782
Amer
doul
780
Akhelouf
77
8
38
Timtched 0
776 Bounana
835
2
77
Zourgane
77
38
5
Kt El
Roumad
0
Tiguinnt
Fig. 122 — Palmeraie de Tinzouline,
768
cadre géologique, piézomé-
trie et hydrochimie de la
Afra Od
Diel Soultan nappe phréatique.
5
43
836
Kt Beni
Ahmed Ben
766
764
PIEZOMETRIE Ali
Mouch
Forages Ouled Youb Kt Od Amar
Puits Douirate fokania
76 Douirate Tahtania
COURBES IZOPIEZOMETRIQUES 2
837
812 Equidistance : 2 m
815 76
Equidistance : 1 m 0
Axes de drainages
Tarhzoute
D'APRES LES RELEVES DE NOV. 1963
Foum Azlag
282 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Tableau 55
Tableau 56
Cote des Longueur de Gradient Transmissivité Débit par sec- Débit moyen
NAPPES isopièzes l'isopièze en en m2/s tion (en 1/s) par Km de
0 00
en m. NGM en m / section (1/s)
TINZOULINE 814 3500 1,3 1,2 10-2 54,6 15,6
790 2250 2,4 2,4 10-2 130 58
762 2750 2,3 1,5 10-2 95 34,6
TERNATA 738 4200 2 4,2 10-2 352 84
720 9000 2,5 2,4 10-2 540 60
708 5000 5 1.10-2 250 50
FEZOUATA 703 3200 2 1.10-2 64 20
660 3000 2 9.10-3 54 18
648 3000 2 2.10-2 120 40
KTAOUA 604 11500 3 6,8.10-3 234 20
5500 3,5 2,2.10-3 42 8
592 8500 3 8,4.10-3 214 25
582 8500 2,5 8,7.10-3 187 22
M'HAMID 550 3500 3 6.10-3 63 18
542 4500 2,5 7.10-3 76 17,5
Les écoulements sont maxima au Ternata palmeraie, demeurent élevés au Tinzouline et moyens
(jusqu'à 84 l /s au km de front de nappe), ce que laisse au Fezouata. Les nappes du M'Hamid et du Ktaoua
d'ailleurs à penser le bel aspect extérieur de la ont de faibles débits.
283
794 750
8
74 808
6
74
74 744
74 2
738 0
BARRAGE IFLY
807
806
TARSOUE
742
786
736
BNI ZALI
O.
DR
A
804
BOUZERGANE
4
LIMONS (SOLTANIEN)
797
DEJECTIONS D'OUEDS (TENSIFTIEN) 805
0 1 2 3 km
81 724
809
ASRIR
8
71
801
4
71
0
71
ZAGORA IJA
FE
O.
A
800
R
710
.D
O
284 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Tableau 57
Tableau 58
4
0 1 2 km
610
6
8
10
604 428/82
4
430/82
429/82
NESRAT
6
600
6
4
BNI HAYOUN
TAGOUNITE TAGOUNITE
421/82 596
422/82 423/82
518/82
8
BISBIH
590
4
6 8
432/82
590
9
425/82
8
514/82
434/52
439/82
6 Zt Si SALAH
58
10
102/83
A
A
0
58
DR
DR
O.
O.
Fig. 124 — Palmeraie du Ktaoua, cadre géologique, piézométrie et hydrochimie de la nappe phréatique
en décembre 1968, d'après J. Chamayou, J.C. Dupuy et M. Marion.
286 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
annuels sont bien différenciés et liés à une certaine n'importe quel mois de l'année. Il semble donc difficile
périodicité des saisons hydrologiques. Au-delà de de vouloir donner avec précision une valeur moyenne
Zagora, l'écoulement du Drâ est beaucoup plus aux amplitudes saisonnières, celles-ci ne reflétant pas
irrégulier et l'évolution des nappes est davantage le régime annuel des nappes mais le régime hyperan-
influencée par les cycles interannuels de l'oued que par nuel.
les variations saisonnières des débits de surface. D'une
manière générale, la recharge s'effectue par infiltration Les trois premières nappes de la vallée sont
des épandages pour l'irrigation à partir des eaux beaucoup moins marquées par l'irrégularité des cycles
dérivées dans l'oued Drâ, ou bien à partir de l'oued ou annuels et l'on peut noter très généralement un étiage
de son sous-écoulement. en août et une crue en novembre ou décembre.
Recharges des nappes, Régime annuel Les vitesses des recharges mensuelles ont été
calculées d'après les observations périodiques des
Les amplitudes saisonnières des nappes sont piézomètres et des puits témoins. Les relevés portent
extrêmement variables d'une année à l'autre par suite sur 4 ans pour les trois premières palmeraies et sur 9
du régime irrégulier de l'oued. Pour les trois nappes ans pour les trois dernières. Sont rassemblés dans le
situées après Zagora, seules les fortes crues hyperan- tableau suivant les résultats des mesures de vitesse
nuelles ont une conséquence immédiate sur les médiane des recharges mensuelles.
recharges des nappes, mais elles peuvent s'étaler sur
Tableau 59
Nappes Mezguita Tinzouline Ternata Fezouata Ktaoua M'Hamid Moyenne
Vitesse mediane 0.40 0,37 0,28 0,15 0,10 0,20 0,25
(en mètres par mois)
Les vitesses de réalimentation de la nappe ou moyen pris égal à 5 % pour les quatre premières
amplitudes mensuelles de recharges sont faibles et vont nappes et 3 % pour les nappes du Ktaoua et du
en diminuant de l'amont vers l'aval. M'Hamid. Suivant les vitesses médianes des recharges,
on évalue les modules moyens mensuels de recharge
Les modules mensuels de recharge varient par par nappe :
unité de surface selon le coefficient d'emmagasinement
Tableau 60
Nappes Mezguita. Tinzouline Ternata Fezouata Ktaoua M'Hamid Total
Vitesse médiane de recharge 0,40 0,37 0,28 0,15 0,10 0,20
(en mètres/mois)
Module moyen (en milliers de 20 18,5 14 7,5 3 6
m3/mois/km2)
Surface en km 2 45 70 115 110 160 70 570
Volume d'eau de recharge en 0,9 1,3 1.6' 0,8 0,5 0.4 5,5
10 6 m3/mois
Les hauteurs de recharges annuelles varient Au Ternata, ces recharges commencent à être
énormément d'une année à l'autre et d'une nappe à la nettement plus irrégulières et l'on voit déjà apparaître
suivante. des cycles pluriannuels, certaines années semblant
sans recharge appréciable. La recharge moyenne de
Au Mezguita, sur quatre années de mesures
quatre années est un peu plus faible qu'à l'amont :
complètes, on obtient des résultats homogènes avec
1,65 m.
une moyenne de recharge annuelle de 1,70 m. L'étiage
est généralement en août et les fortes crues (novembre Au Fezouata, les calculs portent sur sept années
ou décembre en général) sont bien marquées. et la recharge moyenne pour cette période diminue
nettement puisqu'elle n'est plus que de 1,33 m. Par
contre les résultats sont plus homogènes et l'on n'a pas
Au Tinzouline, les recharges annuelles sont très
noté de piézomètre témoignant d'une absence totale de
voisines des précédentes. La moyenne pour 4 ans est à
recharge.
peu près identique à celle du Mezguita. On note
cependant que l'amplitude des recharges maxima est Au Ktaoua, les mesures portent sur huit années
plus grande. et permettent de constater l'inégalité des recharges
BARRAGE DE
BOUNOU
412 PALMERAIE DU M'HAMID
287
LIT MAJEUR ALLUVIAL D'OUED : ACTUEL
CROUTES SALINES : ACTUEL
RGAB
ERG ET SABLE DUNAIRE : SUBACTUEL
LIMONS SOLTANIENS
55
2
O. DRISS
411
408
BONOU
550
410
548
405
114
544
6
54
406
542
54
0
536
Za BEN NASSER
DRA
402 404
538
407
M'HAMID
OUED
534
288 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
annuelles qui, dans certains secteurs, peuvent être nappe par douze piézomètres durant neuf années
nulles pendant deux années consécutives. La valeur permet de noter l'extrême inégalité des recharges
pluri-annuelle a encore diminué et devient inférieure à annuelles. Le rapport entre les différentes moyennes
1 mètre (0,89 m). Le rapport entre les différentes annuelles de recharge est de 23,8. En 1 9 6 0 - 6 1 ,
moyennes annuelles est de 14 et montre bien 6 1 - 6 2 , 63-64 et 66-67, de nombreux piézomètres
l'irrégularité des recharges dans cette palmeraie. n'ont marqué aucune remontée. Par contre en
L'étiage se trouve généralement au mois d'octobre ou 1962-63, 64-65, 65-66 et 67-68, les recharges sont
novembre et les crues vers décembre et janvier. maxima et dépassent ou atteignent 2 mètres. Le
tableau d'analyse des mesures au M'Hamid figure ci-
Au M'Hamid, l'observation mensuelle de la après à titre d'exemple.
Tableau 61
PALMERAIE DU M'HAMID : RECHARGE ANNUELLE DES NAPPES
D'APRES LES MESURES PERIODIQUES
DES 12 PUITS TEMOINS.
La durée des périodes de recharge est extrême- volume des infiltrations efficaces à partir des volumes
ment variable, de quelques semaines à plusieurs épandus pour l'irrigation, grâce à des simplifications
mois. De toutes façons, elle est de plus en plus accusée concernant le contrôle des débits dérivés depuis le Drâ
de l'amont vers l'aval de la vallée et dépend également et se rapportant également aux remontées des niveaux
de la position géographique des puits et des piézomè- des nappes. On obtenait ainsi une infiltration efficace
tres vis-à-vis de l'oued Drâ. En effet, certains de 20 % des débits épandus, chiffre en fait sans
piézomètres assez éloignés des zones d'infiltration grande signification.
peuvent enregistrer les hausses avec un assez grand
retard par rapport aux autres puits de la même Les vitesses mensuelles de décharge des nappes
palmeraie, ce retard étant bien évidemment dû à la ont été calculées pour quatre années d'après les relevés
lente propagation de l'onde de charge. périodiques des puits et piézomètres des différentes
palmeraies. On a résumé dans le tableau suivant les
On a tenté (Chamayou, 1966), d'approcher le résultats obtenus (en m/mois) :
Tableau 62
5
mètres
796/73
6
7
801/73
8
805/73
12 20
10
15
Lame d'eau
8
M. m³/mois
dérivés en
Volumes
en cm
6 10
4
5
2
TINZOULINE
5
6
Profondeur en mètres
222/64
7
8 228/64
9
10 978/73
775/73 11
12
10 30
8 20
M.m³/mois
Lame d'eau
dérivés en
Volumes
6
4 10 en cm
2
MEZGUITA
8 241/64
Profondeur en mètres
9
242/64
10
11
12
13
236/64
14
15
248/64
16
10 50
Lame d'eau
8 40
M.m³/mois
dérivés en
en cm
6 30
Volumes
4 20
2 10
70
Zaouia NOURBAZ en
60 15
Débits moyens men-
Volmes écoulés
50
seuls du DRA à
40 10
en M. m³
m³/s
30
20 5
10
S O N D J F M A M J J A S O N D J F M A M J J A
1963 1964 1965
Fig.126
290 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
• au Ternata, la décharge moyenne annuelle est décharge est très variable mais généralement beaucoup
toujours du même ordre de grandeur ( 1,42 m) et les plus longue que celle de la recharge. Les durées de la
variations d'une année à l'autre sont assez grandes décharge sont beaucoup plus étalées en aval qu'en
(variation de la moyenne entre 0,6 et 2,03 m) ; amont. Pour les trois premières palmeraies, on relève
un cycle saisonnier relativement régulier, allant de
• au Fezouata, on observe une nette diminution de la
avril-mai à décembre-octobre, soit une période de
décharge puisque la moyenne pour quatre années
décharge de 4 à 6 mois. Par contre, les trois dernières
n'atteint qu'un mètre. Par contre l'homogénéité des
nappes sont liées au régime interannuel de l'oued et
résultats est bonne (variations entre 0,8 et 1,2 m) ;
aux crues ; la décharge peut s'étendre sur des périodes
• au Ktaoua, l'amplitude de la décharge diminue comprises entre deux et vingt mois.
encore puisque la moyenne pour les quatre années
Les modules de décharge varient avec le
n'atteint pas 1 mètre. L'amplitude de la moyenne des coefficient d'emmagasinement des nappes. Pour une
variations annuelles est toujours faible : entre 0,5 et baisse de 0 , 1 0 m il est égal à 5 000 m3/mois/km2
1,1 m ; pour les quatre nappes situées en amont de la vallée et
• au M'Hamid enfin, on retrouve sensiblement les de 3 000 m3/mois/km2 au Ktaoua et au M'Hamid.
mêmes valeurs que pour la palmeraie précédente :
Un calcul mois par mois a été effectué pour
moyenne de 1,03 m avec des variations annuelles quatre années ( 1964 à 1967) sur les six nappes du Drâ
entre 0,7 et l,5 m. moyen à partir de l'analyse des mesures piézomé-
Dans l'ensemble, la durée des périodes de triques périodiques traduites nappe par nappe en
variations moyennes (Dupuy, 1968).
Tableau 63
Maximum Minimum
MEZGUITA 6,9 9,5 3,8
TINZOULINE 11,0 13,3 8,8
TERNATA 17,7 23,9 9,9
FEZOUATA 16,0 21,9 11,9
KTAOUA 7,8 9,4 6,2
M'HAMID 4,8 5,6 3,7
TOTAL 64,2
Ainsi, l'ordre de grandeur de la décharge HYDROCHIMIE DES NAPPES
naturelle des nappes du Drâ moyen se situe autour de
64,2. 10 6m3, soit 2,0 m3/s fictifs continus. Un Les salures des nappes situées dans la moyenne
calcul antérieur (Chamayou, 1966) effectué sur la vallée du Drâ sont très différentes de l'amont vers
période 1959-1965 aboutissait à une valeur très l'aval. A des eaux de faible concentration en amont,
inférieure de 3 8 . 1 0 6 m3/an. Si l'on note que les font suite des eaux très chargées et parfois saumâtres
apports du Drâ à Zaouia N'Ourbaz sont de 14,0 m3/s dans les trois dernières palmeraies. La répartition des
moyens pour 1 9 6 4 - 1 9 6 7 et de 10,6 m3/s moyens salures varie aussi à l'intérieur de chaque nappe selon
pour la période 1959-1965, on comprend la différence les lieux et dans le temps.
de résultats. Le débit moyen interannuel du Drâ pour
Concentration des eaux (fig. 127)
la période 1 9 3 7 - 7 0 étant de 14,2 m3/s, on retiendra
2 m3/s pour la décharge moyenne des nappes du Les résidus secs se situent dans une gamme assez
moyen Drâ. étendue allant de 1 à 18 g/1. A l'intérieur de chaque
Tableau 64
nappe, on peut déterminer une moyenne théorique Les résidus secs varient avec la situation
calculée d'après les surfaces planimétrées sur les cartes géographique à l'intérieur de chaque nappe, mais aussi
hydrogéologiques. selon la profondeur du niveau piézométrique. Un
certain nombre de facteurs communs à toutes les
Il faut noter que l'on rencontre peu fréquemment
nappes permettent de dégager des lois d'évolution de la
des salures supérieures à 10 g/1, si ce n'est dans les
salure dans une quelconque des nappes :
zones d'émergences ou de faible profondeur des
nappes, à l'aval de chaque palmeraie. - La salure augmente d'amont en aval. A la
sortie du foum ou seuil amont, la salure se propage
Le pourcentage des eaux à concentrations
faiblement de la nappe précédente à la suivante. Il se
supérieures à 5 g/1 et donc impropre à l'irrigation, est
créé une zone de mélange entre les apports salés et les
faible dans les trois premières nappes avec une
eaux douces d'infiltration. Passée la zone d'étalement
fréquence de moins de 2 % ; il est par contre plus
de la nappe, on constate une progression de la salure
élevé dans les trois dernières palmeraies, où sa valeur
de l'amont vers l'aval à l'intérieur de chaque nappe,
atteint 40 %.
suivant le sens d'écoulement et liée à la faible vitesse
de celui-ci. A l'approche de l'étranglement du foum de
I - COURBES CUMULATIVES
sortie, une remontée du plan d'eau occasionne une
forte évaporation qui se traduit par l'augmentation très
nette de la salure et par la formation de croûtes salines
75 75%
sur le sol. On assiste donc dans la vallée, à une
progression de salure discontinue. Chaque nappe se
50 50%
réalimentant par les eaux de crues, il y a augmentation
suivant l'axe d'écoulement du foum amont au foum
% des superficies des nappes
dans le sol et se traduit par une augmentation très nette QUALITE DE L'EAU D'IRRIGATION EN FONCTION
de la salure de l'eau. C'est dans ces zones incultes, à DU QUOTIENT DE SODIUM ET DE LA CONCENTRATION
efflorescences blanchâtres, que la concentration de d'après H. GREENE (1948)
l'eau peut dépasser celle de l'eau de mer et atteindre
des valeurs supérieures à 50 g/1.
Inutilisable pour l'irrigation
Les concentrations des nappes varient dans le
temps avec le régime saisonnier et annuel. Lors de
fortes crues, période de recharge des nappes, on assiste 300
- Autres faciès rencontrés dans la vallée du Drà QUALITE DE L'EAU D'IRRIGATION EN FONCTION
DU QUOTIENT DE SODIUM ET DE LA CONCENTRATION
Certaines combinaisons peuvent paraître aber- d'après H. GREENE (1948)
rantes parce que rares, elles interviennent cependant
dans une proportion de 5 % :
• Les eaux bicarbonatées sodiques sont rares, elles Inutilisable pour l'irrigation
150
Cette décharge calculée intègre toutes les pertes Aucun apport ne peut être sérieusement chiffré
naturelles et artificielles qui sont : dans l'état actuel des connaissances :
• Les résurgences dans l'oued Drâ qui résultent du • Les infiltrations directes de la pluie sur les
drainage des nappes et sont connues : 1 6 . 1 0 6 m3/an palmeraies existent sans doute occasionnellement lors
en moyenne. de pluies concentrées et de forte intensité ; seuls de tels
apports expliquent en effet l'existence d'eaux bicarbo-
• Les pertes à l'aval de la dernière palmeraie
294 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
natées. Le volume moyen des précipitations annuelles maximum des pertes par évaporation (de l'ordre de
sur les six palmeraies est de l'ordre de 40.10 6 m3 au 30.10 6 m3/an).
total, sur lesquels on admettra l'infiltration de 1
Désormais, la construction du barrage permettra
million de m3. d'accroître les épandages pour l'irrigation de 240 à
270.10 6 m3/an, ce qui devrait accroître les infiltra-
• Les apports latéraux aux nappes à partir du tions alimentant les nappes selon une proportion
sous-écoulement des oueds des feijas qui drainent des difficile à prévoir car le mode d'épandage devrait
bassins superficiels dominant les six palmeraies sont changer en devenant plus régulier et moins concentré
inconnus. Quelques travaux dans ces feijas ont montré dans le temps qu'auparavant. En admettant que les
que ces sous-écoulements étaient faibles (de l'ordre de infiltrations augmentent dans la même proportion que
20 1/s par feija importante). En extrapolant à les épandages, on pourrait compter sur une ressource
l'ensemble du bassin, on adoptera un apport global par de l'ordre de 60.10 6 m3/an qui pourrait être répartie
les sous-écoulements des feijas de 200 1/s, soit dans la même proportion que les anciens volumes
6.10 6 m3/an représentant 1 0 % du ruissellement moyens annuels de décharge naturelle des nappes, ce
(évalué à 60 .10 6 m3/an). qui donne :
L'irrigation à partir des s'éguia est régie par des créées pour l'exploitation des eaux souterraines au titre
tours d'eau fixés en temps d'irrigation, en fonction de d'appoint pour l'irrigation et le drainage. Au total,
droits d'eau établis et sous le contrôle d'un responsa- 19 000 ha nets correspondant à 25 000 ha bruts
ble élu par les usagers (amazel). Le principe seront irrigués dans la vallée de façon moyennement
fondamental, tant au niveau des prises sur le Drâ qu'au intensive en raison de l'insuffisance des ressources en
niveau des séguia de distribution est la priorité absolue eau qui s'élèvent à 300 millions de m3/an garantis :
des usagers de l'amont sur ceux de l'aval ; ainsi, les 270 à partir de Mansour-Eddahbi et 30 provenant des
premières palmeraies sont-elles toujours irriguées napppes.
abondamment alors que la dernière ne dispose que des Le barrage Mansour-Eddahbi sur l'oued Drâ
excédents. Lors des années sèches, l'Etat était amené à
intervenir en imposant une fermeture des séguia amont Le barrage est situé à 25 km au S d'Ouarzazate,
pendant plusieurs jours consécutifs par mois afin de immédiatement à l'aval du confluent des oueds Dadès
sauver quelques récoltes à l'aval (régime dit « de la et Ouarzazate (15 000 km2 de bassin versant) à
crue artificielle»). l'entrée des gorges ou tarhia du Drâ.
Le site du barrage, reconnu de longue date, se
Utilisation des eaux- souterraines tient dans des roches volcaniques : brèches de laves
Les résurgences des nappes qui apparaissent dans coupées de dykes d'andésite pour la rive gauche et la
le l i t de l'oued Drâ sont captées, lorsque l'oued est à majeure partie du lit, porphyrites, andésites trachy-
sec, par des prises fusibles alimentant des séguia ; sur tiques pour la rive droite. Toutes ces roches ont de
30 ( 1 4 au Tinzouline - 7 au Ternata - 6 au Fezouata - bonnes résistances mécaniques hors des accidents
2 au Ktaoua et 1 au M'Hamid), 20 sont captées car tectoniques.
certaines, situées notamment aux sorties des foums, L'ouvrage est un barrage voûte en béton haut de
sont trop salées pour être utilisables. Les débits varient 63 m au-dessus du lit de l'oued et de 70 m au-dessus
énormément en fonction du niveau des nappes et six des fondations. Sa longueur au couronnement est de
résurgences seulement sont pérennes ; la plus impor- 285 m ; de 15 m à la base, la largeur est de 5,7 m en
tante se situe au Ternata et varient entre 60 et 220 1/s. crête. Un seuil déversant long de 2 1 2 m et d'une
Ces captages gravitaires fluctuent entre 300 et capacité de 7 240 m3/s se tient au-dessus du barrage ;
1 000 1/s au total (500 1/s en moyenne) et servent à une prise d'eau pour l'irrigation, d'un débit maximum
des irrigations complémentaires pendant la période de 32 m3/s et une vidange de fond de 30 m3/s
sèche de l'oued. maximum complètent l'ouvrage.
Les puits traditionnels sont nombreux (2 500 La retenue, d'un volume total de 560 millions de
environ) et utilisés à des fins d'irrigations pour une m3 et d'une capacité utile de 536 millions de m3,
bonne moitié d'entre eux, par puisage à l'arhour (outre garantit la fourniture minimum annuelle de 270
basculante tractée par des animaux), ou au balancier millions de m3.
(actionné par l'homme) ; la production de ces puits est
de l'ordre de 0,5 1/s et ils servent en complément des La construction de l'ouvrage a été réalisée entre
séguia pendant la saison sèche. On estime que 100 1/s 1969 et 1972. Une usine électrique capable d'une
environ sont ainsi extraits pour l'irrigation. Depuis dix production de 20 millions de kwh a été associée au
ans, on assiste au développement des pompages barrage.
mécaniques à moteurs à essence ou diesel ; les Les barrages de prise en rivière, à l'amont des
prélèvements unitaires sont généralement faibles (5 1/ palmeraies
s au maximum), souvent limités par la profondeur Les barrages fixes de prise en rivière dans la
insuffisante du puits ; réalisés à l'initiative indivi- vallée du Drâ moyen sont des ouvrages complexes car
duelle, ces pompages étaient devenus assez anar- ils sont très longs, doivent résister à de fortes crues (du
chiques et atteignaient quelque 450 1/s en 1973. Drâ et des bassins anti-atlasiques) et sont en général
LE PLAN D'AMENAGEMENT DU DRA MOYEN fondés sur des alluvions épaisses très perméables, ce
qui pose des problèmes de stabilité et de renardage.
A partir du barrage d'accumulation Mansour- Trois de ces ouvrages existent depuis plusieurs
Eddahbi édifié au site de Zaouia N'Ourbaz, soit à années :
l'entrée de la tarhia du Drâ, les eaux sont périodique-
ment lâchées dans le lit de l'oued. Un barrage de prise • Le barrage de Bounou (Foum Tidri) qui dérive les
en rivière, moderne, en béton, dérive à l'entrée de eaux en tête du M'Hamid est le plus ancien ; il a été
chacune des palmeraies une partie des lâchures dans repris en maçonnerie en 1956 et fonctionne correcte-
les canaux principaux bétonnés qui se substitueront ment depuis. Long de 1 1 0 m, l'ouvrage est équipé
aux anciennes séguia principales et alimenteront d'un pertuis de chasse à vannes métalliques qui permet
l'ancien réseau traditionnel des séguia de distribution de moduler le débit de la prise située en rive droite
en terre. Des stations de pompage collectives seront (débit maximum 4 m3/s) et de désensabler l'ouvrage.
296 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
• Le barrage d'Azaghar se situe en tête du Ktaoua. Il L'ensemble de ces réalisations à caractère plus
a été achevé en 1965. Long de 96 m, ancré sur pieux social qu'économique ressort avec un taux de
forés et équipé de vannes métalliques, il dérive les rentabilité interne de l'ordre de 9 %.
eaux dans deux canaux, un sur chaque rive. Les
débitances maximales des canaux sont de 11 m3/s en
rive droite et 8 m3/s en rive gauche. L'ouvrage a subi ALIMENTATION EN EAU POTABLE
des réfections en 1973-74. DES POPULATIONS
• Le barrage d'Ifly, situé à l'aval du foum Azlag, Les eaux alimentant les centres importants sont
domine le Ternata ; construit en 1954, il a subi des généralement de qualité acceptable et ont un résidu sec
réfections importantes en 1973-1974. L'ouvrage est inférieur à 2 g/1, elles proviennent des apports de feija,
long de 115 m et dérive un maximum de 4,5 m3/s ce qui est le cas pour Agdz, Zagora et Tagounite. Par
dans un canal implanté en rive gauche. contre, les douars disséminés dans les palmeraies ont
des problèmes de salure souvent insolubles ; c'est
Deux nouveaux ouvrages sont en cours d'exécu- principalement le cas au Ktaoua et au M'Hamid où les
tion et seront achevés en 1 9 7 5 : le barrage de résidus secs moyens varient entre 5 et 6 g/1 et peuvent
Tansikht en amont du Tinzouline et celui de Agdz en atteindre, dans certains secteurs, plus de 10 g/1.
amont du Mezguita. L'utilisation par les habitants, des eaux de séguia en
L'équipement moderne des prises s'est accompa- temps de crue ou des séguia pérennes, n'est pas sans
gné de la construction ou du recalibrage de 1 80 km de danger. L'extension des réseaux d'alimentation des
canaux principaux sur lesquels 150 km ont été revêtus centres vers les grands douars proches constituerait
déjà un progrès, mais il faudrait envisager également
en béton ; 500 ouvrages divers ont été construits sur
des adductions pour les zones éloignées, notamment
ces canaux (protections, franchissements, etc.).
pour les palmeraies de l'aval, à partir de ressources
souterraines provenant des feijas affluentes au Drâ.
La mise en valeur Sinon, il reste la possibilité de dessaler des eaux
saumâtres.
Les périmètres traditionnels n'irriguaient de
façon correcte que 5 000 à 12 000 ha nets par an sur
les 19 000 ha existants, en raison de l'insuffisance des CONCLUSIONS
eaux (surtout en saison sèche) et des pertes importan-
tes subies dans les séguia principales, surtout en tête de Les palmeraies de la vallée du moyen Drâ ont
leur parcours (implantation sur des terrains perméa- longtemps été tributaires des apports irréguliers de la
bles, à proximité de l'oued) rivière. Le plan d'aménagement entrepris en 1969 et
qui sera terminé pour l'essentiel en 1975 aura permis,
Grâce aux aménagements modernes réalisés de en régularisant l'oued Drâ grâce au barrage d'accumu-
1969 à 1977, on compte distribuer régulièrement 300 lation de Mansour-Eddahbi et en améliorant la
millions de m3/an au niveau des parcelles (270 distribution de l'eau, de mener une irrigation régulière,
millions provenant de Mansour-Eddahbi et 30 mil- bien qu'encore peu intensive, sur 19 000 ha nets de
lions extraits des nappes par pompages). Ce volume
palmeraies ; un doublement de la production agricole
est encore insuffisant pour permettre la mise en valeur
est escompté de ces aménagements.
intensive des 19 000 ha nets qui seront irrigués ;
l'irrigation sera désormais meilleure, plus régulière et Les ressources en eau sont bien connues ; pour
plus largement répartie et l'on espère bénéficier dans l'essentiel elles proviennent de l'oued Drâ (450
une certaine mesure encore inappréciable des apports millions de m3/an d'apports moyens) et seront
supplémentaires des ruissellements sur les bassins régularisées à raison de 270 millions de m3/an
anti-atlasiques situés à l'aval du barrage Mansour- garantis. Les nappes souterraines fourniront 30
Eddahbi. millions de m3/an supplémentaires en sus des
volumes déjà utilisés (30 millions de m3/an). Par
Etant donné le statut foncier existant : micropro-
ailleurs on peut escompter utiliser les apports
priétés sur lesquelles la terre, les palmiers et l'eau aléatoires des crues des affluents du Drâ à l'aval du
peuvent appartenir à plusieurs propriétaires différents, barrage Mansour-Eddahbi, mais aucun chiffre ne peut
il est délicat d'intervenir. Des essais de remembrement être avancé à ce sujet. Le solde des ressources en eau
seront cependant effectués dans un périmètre pilote sera toujours inévitablement perdu, surtout par
de 1 000 ha. Ceci interdit également de modifier la évaporation (retenue du barrage - l i t de l'oued
nature des spéculations agricoles qui demeureront à acheminant les lâchures - réseaux d'irrigation).
bases arboricole (palmiers et amandiers) et céréalière
(orge) ; on compte simplement doubler les productions Des recherches hydrologiques et hydrogéolo-
antérieures car il faut maintenir la prépondérance des giques demeurent indispensables pour déterminer les
cultures peu consommatrices d'eau. conditions nouvelles d'exploitation des eaux de la
297
EQUIPEMENT HYDRAULIQUE
DE LA VALLEE DU DRA
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Fig. 130
298 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
vallée à la suite des grands aménagements réalisés afin il semble nécessaire de prospecter de façon approfon-
d'optimiser cette exploitation, mais aussi pour satis- die les nappes de sous-écoulement des feijas affluentes
faire les besoins en eau potable des nombreuses du Drâ, notamment dans les zones moyennes et aval
populations de cette région. Dans ce dernier domaine, de la vallée.
REFERENCES
L'ouvrage de base de J. Chamayou (1 9 6 6 ) comprend la bibliographie Chamayou J. ( 1 9 6 7 ) : Projet de barrage à Zaouia N'Ourbaz. Rapp. inéd.
complète antérieure à cette date. Ne sont repris ici que les documents MTPC/DH/DRE, 20 pp., 9 fig.
essentiels antérieurs à 1966 et la totalité de ceux postérieurs à 1966.
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Ambroggi R. et Choubert G. ( 1 9 5 2 ) : L'extrême sud du Maroc : 2. Anti- Tome 1. Notes et M. Serr. géol. Maroc, n° 162. 352 pp, 33 fig..
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M. Serv. géol. Maroc n° 97 et 19e Congr. géol. intern. Alger,
Monogr. région, 3e série, n° 4. pp. 323-335. Cochet A. et Hazan R. ( I 9 6 0 ) : Palmeraie du M'Hamid, état des
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Archambault C. et Etienne H. ( 1 9 7 2 ) : Compte-rendu de la tournée dans reconnaissance BRPM de 1958-59 . Rapp. inéd. arch. MTPC/
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l'excursion Anti-Atlas occidental et central. Notes et M. Serv. Marion M. ( 1973) : Vallée du Drâ, lâchures du barrage Mansour-Eddahbi
géol. Maroc, n° 229, 259 pp., 1 fig., 49 cartes et fig. h.t. résultats des campagnes de mesures de février - mars - avril
1973. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE. 50 pp. 23 tabl. 47 fig.
Centre National de la Recherche Scientifique (Paris) et Direction des Mines
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international sur les corrélations du Précambrien, (2 au 23 mai barrage de prise de Tansikht. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE,
1970). Notes et M. Serv. géol. Maroc, n° 236, 390, pp., 13 42 pp.. 144 fig.
photos, nbx. fig. 2 cartes h.t.
Meilhac A. ( 1 9 7 1 ) : Alimentation en eau potable du M'Hamid.
Chamayou J. ( 1 9 6 6 ) : Hydrogéologie de la vallée du Drâ moyen. Rapp. Exploitation du puits 550/82. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE. 3
inéd. MTPC/DH/DRE et Thèse de doct. Université de pp.. 4 fig.
Montpellier, 231 pp., 53 fig., 5 cartes hydrogéol. polychromes au
1/50.000 (Tinzouline, Ternata, Fezouata, Ktaoua, M'Hamid).
3-41
BAS-DRA ET BANI
par
Présentation géographique
On désigne sous ce nom la région comprise entre creusant les cluses par où ils descendent vers le S.
la retombée sud de l'Anti-Atlas et l'oued Dra, formant Dans les roches dures telles que les quartzites, les
une bande orientée ENE-WSW qui s'étend de l'océan tracés des oueds sont francs et encaissés ; par contre,
au bassin semi-endoréique de l'Iriqui. Ainsi définie, une fois dans les Feijas et malgré la pente importante
cette unité couvre une superficie de 30 550 km2 qui (toujours supérieure à 0,8 %) le tracé devient
s'élève sensiblement d'W en E de 0 à 500 m (fig. divaguant et l'on sait qu'il a maintes fois changé au
1 3 1 ) . Il faut noter que certaines limites sont cours du Quaternaire.
arbitraires, car ce bassin n'englobe qu'une partie de la
La végétation naturelle atteste de l'aridité de la
basse vallée du Dra. région. La strate arborescente est essentiellement
Le rôle de la lithologie est déterminant dans groupée en forêts-galeries le long des gueltas des
l'agencement des reliefs (Oliva, 1972). Au N, les oueds. L'acacia radiana se rencontre de façon
séries calcaires et dolomitiques comprenant des clairsemée dans tout le bassin, ainsi qu'une steppe à
passées schisteuses constituent la masse montagneuse salsonacées et graminées. La steppe à daghmous
de l'Anti-Atlas, donnant des reliefs de plateaux où le (Euphorbia echinus) ne dépasse guère le méridien
karst est relativement peu développé. Au S, les séries d'Assa, car elle a besoin de l'influence atlantique pour
géologiques plus récentes du Bani sont caractérisées se développer.
par une alternance de quartzites et de schistes. La grande majorité des points d'eau se trouve le
A partir de l'ancienne surface « préhama- long des oueds ou dans les foums où la nappe affleure
dienne », l'érosion a développé un relief de type presque à la surface du sol. C'est donc là que se trouve
appalachien, respectant les quartzites qui s'élèvent en la population (environ 80 000 habitants en 1973).
longues arêtes orientées ENE-WSW, (appelés « Son économie est basée sur la culture de l'orge, du blé
Richs ») et excavant les schistes en dépressions dur, de la luzerne et des légumes cultivés intensive-
subséquentes (appelées « feijas ») réaménagées en ment en sous-étage du palmier dattier, ainsi que sur
glacis d'érosion. Le paysage se présente donc comme l'élevage des chameaux (6000 têtes), caprins (50 000
une succession de crêtes plus ou moins parallèles têtes), bovins (5000 têtes) et ovins (15000 têtes). On
recoupées par des cluses (ou « foums ») et séparées les dénombre en 1973 un peu moins de un million de
unes des autres par les plaines intérieures dont le pieds de palmiers.
remplissage quaternaire accentue la platitude. En dehors des zones irriguées (2500 ha seule-
Le réseau hydrographique est bien évidemment ment) se trouve la culture bour d'orge, d'extension
tributaire de cette structure. Le Drâ est l'exutoire variable, culture loterie arrosée uniquement par
unique de cette unité qu'il parcourt d'E en W sur 500 l'épandage des crues et pluies. On obtient ainsi des
km ; il joue le rôle d'une gouttière de collecte des eaux rendements convenables (7 à 8 quintaux à l'hectare) si
et pour l'atteindre, les oueds affluents de la rive droite la pluie tombe en deux averses, la première permettant
se surimposent au relief en suivant un tracé en le labour et la germination, la seconde la maturation
baïonnette : ils longent les Richs puis les traversent en des plantes.
11° 30' 10° 30' 9° 30' 8° 30' 7° 30'
AOULOUZ 6°
au dessus de 1500 m
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Fig.131
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30'
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Schistes du Ktaoua 30°
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PRECAMBRIEN : Formations des
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GEOLOGIE DU BASSIN
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Fig.132
BAS - DRÂ ET BANI 301
- Les glacis (ou regs) se trouvent probablement que les foums ou les seuils. Ils contiennent une nappe
en quatre niveaux emboîtés. Leur faible couverture ne aquifère intéressante.
leur permet pas d'être directement utiles en hydrogéo-
logie. - Les limons recouvrent une grande partie des
Feijas. Ils sont" à l'origine de leur fertilité, mais
- Les terrasses sont elles aussi disposées en limitent sans doute l'infiltration des eaux de surface
plusieurs niveaux peu visibles car les oueds ont (crues).
souvent changé de cours. Les alluvions sont aquifères.
- Les cônes de déjection se trouvent au pied de
- Les calcaires lacustres, difficiles à dater (Plio - reliefs ou à l'aval des foums, emboîtés en différents
Villafranchien et Tensiftien ?), ont parfois une grande niveaux. Ils contiennent de l'eau.
épaisseur : plus de 20 m à Tata. On les trouve le plus - Les travertins, au pied du massif adoudounien,
souvent en amont des anciens barrages naturels tels marquent l'emplacement d'anciens dégorgements
d'eau bicarbonatée.
Climatologie (fig. 134)
Le Bas-Drâ est entièrement compris dans la zone
aride. Le climat y est caractérisé par des températures dépassant couramment 10 mm en un jour, et le
très élevées en été, par des précipitations aussi nombre de mois sans pluie : on a enregistré jusqu'à 9
irrégulières que faibles en hiver et par une évaporation mois successifs de sécheresse totale. D'une façon
considérable. Les quelques relevés météorologiques générale, les pluies tombent de septembre à mars et les
dont on dispose, outre qu'ils sont situés en dehors du précipitations moyennes du mois le plus humide
bassin, sont souvent discontinus et leur degré de représentent 1 / 4 de la moyenne annuelle, tombant
confiance est faible. On peut néanmoins les mettre à durant 1 à 5 jours.
profit pour constater que le climat subit l'influence de
la longitude et de l'altitude. Seuls les postes de Tata et de Akka ont pu faire
l'objet de reconstitution d'une série de 30 ans
Les précipitations décroissent d'W en E et des (1933-63), (fig. 134). Les postes de Bou-Izakarn et
hauts reliefs du N vers le S. Il va sans dire que leur Tagounite sont situés hors du bassin, le premier à l'W
variabilité est d'autant plus grande que la moyenne et le second à l'E. D'autres données pluviométriques
pluviométrique est plus faible. Ce que ne traduisent fragmentaires existent dans le bassin à Assa et Foum-
pas les tableaux, c'est la violence des averses qui el-Hassane ; on peut enfin se référer pour la partie
Tableau 65
Jbel Bani
Feija fougania
1036 m Tabanit
930 m
Feija Tahtania
Conglomérats du
Précambrien
Serie schisto-
Schistes Schistes et grès Calcaires
Schistes Grès Schistes calcaire
et Schistes et lie de vin inférieurs
Quartzites du Bani Schistes et grès (faciès Calc.
gréseux
schistes grès oriental) sup.
terminaux
450 m 1175 m 280 m 555 m 460 m 480 m 190 m 510 m 980 m
0 1 km
Quartzites et
schistes Schistes Schistes Quartzites et schistes
ORDOVICIEN DEVONIEN inférieur SILURIEN ORDOVICIEN
SILURIEN
NW SE
Adrar Zouggar
Feïja n'Targa n'Tadrat B J. Merskhsai
NW
Ikelloula Oudades
D SE
A Synclinaux dévonien d'Icht
Hammada
Calcaires B, C et D Coupe à travers le Dévonien et le
lacustres (20 m)
Carbonifère, le long de la piste de
0 1 2 km
Fig.133
montagneuse au poste d'Irherm situé près de la crête autour de la moyenne (écart-type) ; à titre de
de l'Anti-Atlas mais sur le versant nord. Les comparaison, on a introduit dans le tableau suivant,
moyennes pluviométriques sont sujettes à de telles les mêmes données pour Casablanca. Ce tableau
variations que les résultats bruts sont insuffisants et il synthétise les données tirées des séries d'années où les
faut les considérer avec leur indice de dispersion mesures sont complètes.
304 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Tableau 66
Irherm excepté (poste en montagne), la pluviosité froid à Irhrem) est au-dessous de zéro (-0°2 C), mais
est faible et est surtout extrêmement variable (écart- monte à 6°7 C à Tata ; les maxima moyens mensuels
type important par rapport à la moyenne) ; les chiffres sont au plus de 34° C à Irherm et 45° C à Tata (mois
de Foum-el-Hassane paraissent douteux alors que de juillet). A Tata, les températures extrêmes enregis-
ceux des autres postes sont homogènes entre eux. trées sont 2°8 C et 49°5 C.
Les seuls relevés réguliers de température dont Ici plus qu'ailleurs, les calculs d'évaporation
on dispose sont ceux de Tata pouvant être contrôlé par doivent être utilisés avec la plus grande circonspection.
ceux du poste de Tagounite situé à l ' E du bassin Pour être valable, un bilan hydrique devrait se calculer
(altitude 600 m). Pour la montagne, il faut se référer jour par jour, car le jour est la durée moyenne d'une
au poste d'Irherm (cf. chapitre Anti-Atlas). averse. Les précipitations journalières inférieures à
En montagne, la moyenne des températures l'E.T.P. sont totalement inefficaces et il faudrait une
moyennes mensuelles est de 14°5 C, contre 23°9 C à pluviosité de 5 à 10 fois plus forte que l'E.T.P.
Tata. Les minima moyens de janvier (mois le plus journalière pour avoir une infiltration réelle.
Hydrologie
Aucune mesure de crue n'a jamais été faite dans crues de 1963-64, au niveau des foums, le débit
la région. Les seules données dont on dispose sont maximum de 200 m3/s à Tata et 250 m3/s à Foum-
quelques estimations effectuées à partir de traces el-Hassane (formule de Strickler et Manning) et que la
relevées sur le terrain. On a pu ainsi établir pour les crue exceptionnelle de 1948, juste en amont de
(TAGOUNITE) 19.5 4.6 22.3 6.6 25.9 10.0 29.8 13.4 34.0 17.7 38.9 22.2 43.0 26.7 41.5 26.0 36.4 21.7 30.2 16.0 24.0 9.8 19.5 5.4 30.4 15.0
Fig.134
BAS - DRÂ ET BANI 305
Tableau 67
ESTIMATION DES DEBITS MOYENS RUISSELES DANS CHAQUE
SOUS-BASS/N (EN M3/S FICTIFS CONTINUS).
Principaux Super- Moyenne plu- Q moyen Q moyen Q moyen
oueds ficie viométrique annuel annuel annuel
(km2) annuelle (mm) inférieur moyen supérieur
m3/s m3/s m3/s
a O. Bou-Issafene 3270 150 0,31 0,86 2,22
O. Aoreora
b O. Tamanart 1760 0,17 0,46 1,19
O. Icht
c Assif n'Tadakoust 1740 0,17 0,46 1,18
O. Tamezar
d O. Akka (amont) 2300 0,22 0,61 1,56
O. Imitek
e O. Tata (amont) 2350 0,22 0,62 1,60
f Assif n'Adnai 3690 0,35 0,97 2,50
O. Ikkis
g Assif Alougoum 3210 - 0,31 0,85 2,18
Total partiel 15 050 1,44 3,97 10,22
(b) à (g)
h O. Tiglit 3810 60 0,08 0,17 0,67
O. Segdit
i O: Assa 800 0,02 0,04 0,!4
j O. Infguer 1710 - 0,04 0,08 0,10
k O. Tamanart (aval) 870 0,02 0,04 0,15
1 O. Talrhaicht 960 0,02 0,04 0,17
m O. Aguemmamou 1610 - 0,04 0,07 0,28
n O. Akka (aval) 940 0,02 0,04 0,16
o O. Tata (aval) 1420 0,03 0,06 0,25
p O. Myit 2500 0,06 0,11 0,44
O. Toufassour
q O. Tissint 4250 - 0,09 0,19 0,74
O. El-Mellah
r O. Aouzergui 2650 - 0,06 0,12 0,46
Total partiel 21 520 0,48 0,96 3,56
((h) à (r)
Total partiel
(b) à (r) 36 570 1,92 4,93 13,78
(débit rejoig-
nant le Drâ).
Total (a) à (r) 39 840 2,22 5-79 16,00
l'embouchure du Drâ, a atteint 6500 m3/s (formule de à 500 mm, cette loi donne des résultats très peu
Bazin). Ces données permettent tout au plus des différents de celle donnée par G. Givcovic pour l'oued
vérifications et ne pourraient en aucun cas servir de Souss à Aoulouz :
base aux calculs. Il faut donc commencer par découper
1,857
la région en 18 sous-bassins (voir fig. 1 3 1 ) et L = 0,00153 (P - 100)
raisonner par analogie avec le bassin bien connu de
l'oued Massa dont les caractéristiques sont les Pour le Bas-Drâ, il y a lieu de distinguer les sous-
suivantes : bassins qui sont en montagne (P = 150 mm) et ceux
Superficie (km2) : 3784 Précipitations qui sont en plaine (P = 60 mm). Dans les premiers, la
annuelles (mm) : 312 Débit moyen lame d'eau écoulée vaut 8,3 mm (soit 5,5 % de P) et
se trouve comprise entre 3 et 22 mm dans 95 cas sur
annuel (m3/s) : 5,6
100. Dans le second, elle vaut 1,4 mm (soit 2,5 % de
Si l'on fait pour 16 années de mesures dans ce P) et se trouve comprise avec la même probabilité
bassin (1950-51 à 1965-66) la corrélation entre la entre 0,7 et 5,1 mm. Les débits correspondants à
pluviométrie (P) et la lame d'eau écoulée (L) pour chaque cas sont placés dans le tableau précédent. Il
chaque année, on arrive à la courbe de régression faut bien remarquer que les limites qui sont données
suivante : sont celles de la moyenne interannuelle et le débit
P 1,922 moyen annuel peut fort bien se situer en dehors des
L = ────── intervalles. On n'a pas tenu compte du débit d'apport
du haut bassin du Dra, qui sera désormais négligeable
1820 (chapitre : Moyenne vallée de Drâ), ni de celui,
négligeable également de la rive gauche (cf. Province
Où L et P sont en mm, avec un coefficient de de Tarfaya). Au total, le ruissellement n'atteindrait pas
corrélation de 0,88. Il faut noter que si P est inférieur
306 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
en moyenne interannuelle les 200 millions de m3/an reste s'infiltre ou est épandu pour l'irrigation dans les
sur l'ensemble du Bas-Dra Bani (0,2 1 / s km2). hautes vallées.
Il n'est pas possible, étant donné l'état de nos Deux analyses chimiques seulement des eaux de
connaissances, de calculer les débits instantanés de crue ont pu être effectuées : l'eau de l'oued Tata, très
crue. Tout ce que l'on peut dire, c'est que les crues se douce (résidu sec 250 mg/1), très pauvre en sulfates à
produisent généralement entre les mois de décembre et l ' i n v e r s e d e l ' e a u s o u s - j a c e n t e d a n s l e sous-
de mars, que leur durée moyenne est de l'ordre de 12 écoulement et l'eau de l'oued Icht qui est en partie
heures et que les oueds ne coulent rarement plus d'une mélangée à l'eau du sous-écoulement et se trouve
fois par an au niveau des foums. Vers l'amont, les donc assez chargée en sels (résidu sec : 764 mg/1).
crues sont beaucoup plus fréquentes, mais seulement
la moitié d'entre elles parvient jusqu'aux foums ; le
Hydrogéologie
Les travaux de base en ce secteur ont été effectués perméabilité, les réserves d'eau contenues dans les
par G. Choubert (1938 à 1942) et J. P. Durocher faciès gréseux et calcaires sont très réduites. Elles
(1962-65). alimentent pourtant quelques rares points comme les
Des observations nombreuses permettent d'affir- sources Bou-Iserfine (n° 7 et 26/92) à l'E d'Assa et
mer que la réserve régulatrice des nappes exploitées Tamlougout (n°49/91) au S de Torkoz. Il faut
dans le bassin est constituée par les calcaires cependant noter que le Dévonien peut former un bon
dolomitiques de l'Anti-Atlas. En effet, les alluvions aquifère. car la nappe qu'il contient est exploitée à
des oueds en pays calcaire sont sèches sur les tronçons Tindouf (cf. Province de Tarfaya).
creusés dans les parties hautes, où la totalité du sous- EAUX PEU PROFONDES (RESERVOIRS DU QUA-
écoulement disparaît par infiltration ; par contre, les TERNAIRE)
vallées profondément encaissées ne manquent pas
d'eau souterraine. C'est dans les remplissages quaternaires des
plaines reposant sur les schistes du Primaire (les
Dans les mines de la région, on peut observer Feijas) que se trouve l'eau mobilisable du bassin. Les
directement l'écoulement des eaux dans les poches variations annuelles des débits souterrains captés y
karstiques et les fissures du calcaire. De plus, l'eau des sont faibles puisque l'alimentation est entretenue par
pluies s'infiltre surtout dans ces calcaires. Certes, les calcaires de l'Adoudounien, ce qui donne à la
l'infiltration des eaux de crues peut aussi se produire région quelques ressources qui ne sont pas négligea-
dans les plaines, car après les crues, le faciès de l'eau bles. La majeure partie de l'écoulement souterrain doit
des rhettaras d'Aït- Ouabelli et de Tata évolue. Mais passer par les foums pour rejoindre le Drâ, et dans ces
ce changement est tellement fugace que l'on doit foums l'eau se trouve à faible profondeur et en grande
admettre que ce type d'infiltration n'a qu'une influence quantité ; il n'est donc pas étonnant d'y trouver la
limitée. Les calcaires dolomitiques forment donc la plupart des captages et la grande majorité des
limite d'alimentation et la réserve régulatrice des palmeraies. Cela ne veut pas dire que l'eau ne saurait
nappes du bassin. L'importance de ces nappes dépend se trouver ailleurs, mais en des lieux sans doute plus
alors bien évidemment de la lithologie (figures 132 et aléatoires (sous-écoulements fossiles des oueds, cal-
133). caires lacustres, etc.). Les débits prélevés dans les
EAUX PROFONDES réservoirs essentiellement quaternaires figurent ci-
après, classés selon l'origine des foums (de l'Acadien
Il faut d'abord citer pour mémoire l'eau du au Dévonien) et du SW au NE (d'Aouinet-Torkoz à
Précambrien de la boutonnière d'El-Aïoun, située Foum-Zguid). On observe alors que les débits les plus
dans les zones d'altération des roches granitiques, importants sont prélevés dans les bassins versants des
mais en quantité négligeable. Viennent ensuite les oueds Tamanart (Foum-el-Hassane, Icht,...), Akka,
eaux des quartzites du Bani et des Richs gréseux et Tata, et Tissint. Par ailleurs, des campagnes de forages
calcaires du Dévonien. exécutées en 1955 et en 1968 dans certains foums ont
Eau des quartzites du Bani. Très peu perméables les permis d'aboutir aux résultats suivants :
quartzites du Bani contiennent cependant une petite
réserve d'eau dans leurs fissures. Cette eau alimente Tableau 68
quelques points comme l'Aïn Deliouine (n° 36 /91) au Nom du Foum Transmissivité de Sous-écoulement au
S W de Tiglit et l'Aïn Tigouraïne (n°37/92), source l'aquifère (m2/s) niveau du foum (l/s)
ADDIS 2,0.10- 2 270
temporaire au N.E. d'Assa. Les sources ont un débit AK.K.A 3,4.10- 2 100
infime, mais la plupart sont pérennes. AGUEMMAMOU 2,9.10-2 ?
AIT-OUABELLI 4,0.10-2 140
Eau des Richs dévoniens. Les crêtes des Richs du ICHT 1,0.10- 2 125
EL-HASSANE 8,0.10-3 16
Dévonien ne formant qu'un impluvium très limité, ASSA 2,5.10- 4 7,5
situé de surcroît dans une zone à très faible
BAS - DRÂ ET BANI 307
On peut comparer les sous-écoulements avec les minimum disponible ; en fait ce n'est guère qu'au
débits prélevés d'amont en aval, dont la liste est niveau des foums ordoviciens, les plus importants et
donnée sur le tableau ci-après où les chiffres ne les mieux connus, que l'on peut avancer un chiffre
tiennent pas compte des retours éventuels à la nappe. avec une certaine précision. On arrive ainsi à un total
On obtient ainsi une sorte de bilan, où le sous- de 605 1/s disponibles à l'aval des foums ordoviciens.
écoulement excédentaire représente la quantité
Tableau 69
DEBITS PRELEVES DANS LES TERRAINS QUATERNAIRES. LES LOCALITES SONT CLASSEES D'W EN E
(DE HAUT EN BAS) ET D'AMONT VERS L'AVAL DES COURS D'EAU (DE GAUCHE A DROITE) (en l/s)
Foums Acadiens (Tabanit) Foums ordoviciens (Bani) Foums dévoniens
Nom Débit Débit Total Nom Débit Débit Total Nom Débit Débit Total
prélevé à prélevé prélevé à prélevé prélevé à prélevé
l'amont au foum l'amont au foum l'amont au foum
Aouïnet-Tor- 1 1 2
koz
Assa 2 18 20
Foum-el 370 100 470
Hassane Icht
Aït-Ouabelli 25 40 65 Aguemmamou 65 12 77
Igdi
Akka 300 150 450 Touzounine 450 15 465
Oum-el-Aleg
Tata (amont) 100 75 175 Tata (Addis) 290 60 350 Tata (aval) 350 100 450
Akka-Iguirhen 40 >40
Kasba-ej-Joua
Tritt
Tanzida 8 >8 Agadir-Tissint 140 330 470 Oued Tissint - 470 120 590
Oued
Tazerount.
Mrimina
Nosoula 25 >25 Foum-Zguid >25 120 >145
QUALITES PHYSICO-CHIMIQUES DES EAUX différente suivant la région. Quelques lignes générales
peuvent pourtant être dégagées :
- Eau des quartzites du Bani
« En amont des foums du Bani les eaux sont
Les fissures des quartzites contiennent une eau douces (0,4 à 1,3 grammes de sels par litre), sauf en
douce (R.S = 0,7 à 2 g/1), faciès chloruré sodique à amont d'Agadir-Tissint (4 à 5 grammes par litre),
rMg/r Ca et rSO4/rCl >1 à l'ouest, faciès faciès bicarbonaté calco-magnésien à rMg/rCa géné-
carbonate riche en chlorures et pauvre en sulfates à ralement supérieur à 1 et rSO4/rCl < 1, sauf en amont
l'est (rMg/rCa et rSO4/rCl <1). du foum d'Addis. Leur faciès est chloruré sodique en
amont d'Agadir-Tissint.
- Eau des richs dévoniens
• Au niveau des foums ordoviciens, la salure est
Les petites sources, comme l'Aïn Bou-Iserfine,
généralement plus forte (0,5 à 1,4 grammes par litre,
alimentées par les grès dévoniens, donnent une eau
le plus souvent de l'ordre de 0,8). Les eaux sont
très douce (R.S. = 0,8 à 1,2 g/1), à rMg/rCa
souvent bicarbonatées calco-magnésiennes riches en
légèrement inférieur à 1, faciès chloruré sodique riche
sulfates ; aux foums Akka et El-Hassane, elles sont
en alcalino-terreux à l'ouest, faciès carbonate à l'est.
même sulfatées très riches en bicarbonates. Vers
Par contre l'eau rencontrée en profondeur dans les
l'extrémité occidentale de la région (Aouïnet-Torkoz)
grès emsiens est très salée (plus de 20 g/1), faciès
elles deviennent chlorurées sodiques. Leur rapport
chloruré sodique, très pauvre en sulfates, à rMg/rCa
rMg/rCa est supérieur à 1 sauf à Torkoz et Aït-
très inférieur à 1.
Ouabelli ; rSO4/rCl est assez variable.
- Eau des Feijas
• En aval des foums du Bani, les eaux se
L'évolution de la salure et du faciès des eaux du concentrent rapidement jusqu'à 2 ou 4 grammes par
nord vers le sud, depuis l'Anti-Atlas jusqu'au Dra, est litre à proximité du Drâ (exceptionnellement 7
308 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
10 000
_ _ _
10 000
milliéquivalents
_ _ _
_ _ _
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
Fig. 135 — Composition sous forme de diagrammes logarithmiques des eaux des sous-écoulements des
oueds : Drâ (12/92), Zemmoul (13/94) et Assa (41/92) et eaux souterraines du Pliovillafran-
chien (35/92).
BAS - DRÂ ET BANI 309
10 000 _ _
10 000
milliéquivalents
_ _
_ _
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
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1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
Fig. 136 — Composition sous forme de diagrammes logarithmiques des eaux des quartzites du Bani (Aïn
Tagouma - 16/93), des richs dévoniens (Aïn Bou Iserfine - 7/92) et des eaux souterraines
à l'aval des foums du Bani : foum Aguemamou (75/89) et foum Tata (170/80).
310 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
grammes par litre au S d'Agadir-Tissint, faciès sous-écoulement de l'ancien cours de l'oued Akka à
chloruré sodique à rMg/rCa > 1 ) . Igdi et Touzounine (bicarbonatées riches en sulfates).
Chlorurées sodiques dans la partie occidentale de En règle générale, la salure des eaux augmente
la région et à proximité immédiate du Drâ, les eaux donc du N vers le S, mais cette augmentation ne
sont ailleurs généralement sulfatées à rMg/rCa >1. Il semble pas tant due à l'évaporation qu'à la dissolution
existe cependant deux exceptions : les eaux d'Assa des roches, car à partir d'un certain stade le chlorure
(très douces, 0,5 gramme par litre, faciès bicarbonaté à de sodium n'augmente plus.
rMg/rCa très voisin de 1 et rSO4/rCl < 1) et celles du
Aménagements hydrauliques
EAUX SOUTERRAINES coûteuses et qui présentent de grands inconvénients,
notamment sur l'augmentation de l'évaporation et de
Une quinzaine de petites motopompes, 250 la salure de la nappe.
sources, résurgences et rhettaras, 5 drains modernes et
200 puits où l'eau est tirée manuellement fournissent - Le système d'exploitation par drains ou par
un débit total d'environ 2100 1/s. Les réseaux de rhettaras est à proscrire, car il est coûteux et entraîne
distributions en eau potable sont très rares et très un gaspillage d'eau.
limités (moins de 5 1/s au total). - Au cours de son cheminement vers le S la
EAUX DE SURFACE nappe du Quaternaire ne descend pas en pente
régulière mais plutôt en marches d'escaliers. Le débit
Les 10 petits barrages souterrains ou de dériva- des rhettaras creusées dans les « chutes » où les
tion (dont 7 dans le bassin de l'oued Tata) servant au isopièzes sont proches, est forcément plus élevé que
captage des eaux de crues et parfois d'une source ou celui des rhettaras creusées au niveau des « paliers ».
d'une guelta permettent d'épandre en année humide 50 Les nappes sont donc sous-exploitées dans les paliers
à 100 millions de m3 (soit 1500 à 3000 1/s). Des et sans doute surexploitées dans les chutes. Cet
épandages naturels sont également utilisés le long de inconvénient disparaîtrait avec des exploitations par
l'oued Dra et au S d'Akka. puits et forages, où le rabattement est créé artificielle-
ment.
Tous ces chiffres montrent clairement que
l'exploitation des eaux est restée traditionnelle, - La meilleure solution pour le captage des eaux
tradition que l'on doit pour sa plus grande part souterraines est donc la confection de nombreux puits
respecter, car elle est- le fruit d'une adaptation ou forages équipés d'une motopompe, qui permettront
ancestrale à des conditions locales difficiles. Ainsi, d'exploiter les nappes d'une façon contrôlée et en
dans l'état actuel de nos connaissances, il ne semble fonction de leurs possibilités réelles. Cependant on se
pas que de grands captages puissent être envisagés, heurte alors au fait qu'actuellement l'eau disponible est
mais plutôt une multitude de petits ouvrages destinés à gravitaire, donc sans frais d'exhaure et que l'introduc-
améliorer localement les conditions de l'exploitation. tion généralisée du pompage suppose une amélioration
Une étude d'aménagement des foums est en cours au des revenus agricoles que la région ne peut peut-être
Ministère de l'Agriculture et de la Réforme Agraire, pas garantir.
mais il est probable que les facteurs so-cio-
économiques locaux pèseront sur tout projet. En ce - Pour le captage des eaux de surface, la plupart
qui concerne le captage des eaux, il faudrait tenir des barrages de dérivation d'eau de crue sont
compte des principes suivants : actuellement en très mauvais état, il conviendrait de
le s réparer et de multiplier ce type d'ouvrage. Les
- Les barrages de retenue sont des solutions barrages en pierres cimentées semblent parfaitement
Tableau 70
convenir (celui de Messalik au N de Tata a résisté sans volume d'eau provient aussi de l'infiltration des pluies
aucun dommage aux plus fortes crues depuis 1941), à et des eaux de crues dans les Feijas.
condition que leur hauteur au-dessus du sol n'excède Les eaux de surface atteignent un débit fictif
pas 2 m et qu'une dalle évite leur affouillement aval.
continu compris entre 2200 et 16000 1/s. Les
Ces ouvrages étant très vite ensablés, la prise des
prélèvements actuels étant de l'ordre de 1500 à 3000
Séguias de crue doit s'effectuer à un niveau à peine
1/s, on voit qu'il reste à prendre entre 0 et 13000 1/s.
inférieur à celui de la crête du barrage. De tels
ouvrages permettent non seulement de récupérer une Ce débit peut être partiellement récupéré en aména-
part non négligeable de l'écoulement de surface pour geant de petits barrages de dérivation d'eau de crue sur
l'irrigation des cultures durant les années pluvieuses les oueds qui en manquent, mais la violence et
mais aussi d'améliorer l'infiltration de l'eau dans le l'irrégularité des crues interdit d'aller très loin dans
cours de l'oued : le débit de la rhettara d'Agadir - cette voie.
Lhena (au N de Tata) a notablement augmenté depuis Les eaux souterraines semblent offrir d'avantage
la construction du barrage de Messalik. de garanties. En effet, si l'on reprend le tableau des
- Toutes ces opérations doivent être associées débits prélevés, on constate qu'elles sont irrégulière-
avec un contrôle rigoureux de la climatologie, de ment exploitées : à l'amont et au droit de Foum-el-
l'hydrologie et de la piézométrie de la région, contrôle Hassane et Icht, on prélève un total de 470 1/s, tandis
qui est inexistant jusqu'à présent. que la moyenne pluviométrique annuelle vaut 8300 1/
s ; on prélève donc 6 % de la pluviométrie, et ce
chiffre représente la quantité minimale infiltrée à
l'amont du bassin. Or, à l'amont d'Aït-Ouabelli par
CONCLUSIONS exemple, on ne prélève que 0,8 % de la pluie, sans
L'étude du bassin du Bas-Drâ met l'accent sur un que l'on voit une raison logique pour que les
bon nombre de lacunes portant notamment sur la conditions d'infiltration varient d'un sous-bassin à
climatologie et sur l'hydrologie. Elle permet tout juste l'autre. A l'amont des septs grands foums ordoviciens
de se faire une idée sur l'ordre de grandeur des présentés sur le tableau suivant on peut donc admettre
ressources en eau utilisables. que 5 à 10 % de la pluie tombée s'infiltre dans le sol
et constitue une réserve potentielle. Ces pourcentages,
Le caractère hydrogéologique principal qui se discutables et incertains, permettent malgré tout de
dégage de cette région est le rôle capital joué par les fixer certaines idées sur les débits souterrains
calcaires de l'Anti-Atlas. Le grand impluvium qu'ils disponibles, même si les écarts entre les valeurs
représentent permet l'accumulation d'un certain volant extrêmes sont importants. Les études futures permet-
d'eau qui alimente les aquifères quaternaires. Un faible tront de réduire les incertitudes.
REFERENCES
Ambroggi R. et Choubert G. ( 1 9 5 2 ) : Anti-Atlas et vallée du Drâ, in : Combe M., Genetier B., Givcovic G. et Schrambach A. (1971): Ressources en
Hydrogéologie du Maroc. 19è Congr. géol. intern., Alger, eau du bassin du Souss (Province d'Agadir). Résultats des études et
monogr. région. 3ème série : Maroc, n°4 et Notes et M. Serv. travaux au cours du projet Souss. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 187
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Atlas occidental R. Géogr. Maroc, n° 21 pp 43-78
3. 42
par
- à l'est, les plaines plus étroites des « Feijas Le bassin de l'oued Bou-Issafène draine la plaine
internes » sont dégagées dans les schistes et dominées nord du jbel Guir et une grande partie de la plate-
par les crêts des synclinaux perchés du Bani qui sont forme côtière : au total plus de 2 000 km2, alors que le
armés par les quartzites acadiens ou ordoviciens et bassin de l'oued Aoreora est de 800 km2.
culminent à 1 100-1 300 m ; POPULATION ET RESSOURCES
- au centre, la vallée de l'oued Seyad-Noun, entre le
Bani et le jbel Guir-Taïssa, massifs précambriens et La population atteignait 110 000 habitants au
géorgiens, forme une « Feija externe » large de 5 km recensement de 1971. Elle est constituée de nomades
en moyenne ; arabophones, côtoyant dans les oasis du Bani les
sédentaires berbérophones. Elle est concentrée autour
- au sud-ouest, le flanc nord du jbel Guir-Taïssa où des points d'eau et vit exclusivement de l'agriculture et
apparaissent des gouttières étroites et parallèles entre de l'élevage. Les superficies irriguées sont de l'ordre de
les crêtes quartzitiques acadiennes et ordoviciennes des 2 000 ha, celles cultivées en sec (céréales sur zones
Aït-Lahcen qui atteignent 350 à 550 m d'altitude. d'épandage de crues) atteignent 20 000 ha en année
En bordure de l'océan, s'étend une vaste plate- humide. Le rendement ne dépasse guère cinq quintaux
forme côtière couverte de formations dunaires. Large à l'hectare, une année sur trois en moyenne, pour les
de 15 à 20 km auprès de l'oued Drâ, elle rétrécit zones en sec ; il peut atteindre 20 quintaux pour les
jusqu'à disparaître au N de l'embouchure de l'oued terres irriguées. Les principales cultures comprennent
Bou-Issafène l'orge, la luzerne, le palmier et l'olivier. Le cheptel,
29°
11°
29 °
°30
°
30
0
10
9°3
10
MASSIF
D'IFNI
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Foum Assaka A I T
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29°
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Notfia Labiar Ouaroun
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Tafnidilt J. Taïert
9°
28°3
0 Asrir
J. Isko Aït Boukha
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Taïdalt Targoumait
11°
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29°
J. B o rfed
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0 5 10 15 20 25 km
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Adr
Socle antécambrien (et conglomérats) Plate-forme côtière encroûtée Sables dunaires Croûte appalachienne (quartzites, etc.)
Plateuax calcaires surface
de l'Anti-Atlas "antéhamadienne" Calcaires lacustres Croûtes salines Vallée encaissée
et abrupt monoclinal
28° Versants schisteux en général Plaine alluviale et limoneuse Synclinal Faille
30
9°30
10°
10°
9°
Fig. 137 — Bassin de l'oued Noun et bassins côtiers d'Ifni au Drâ — Plan de situation et esquisse morpho-
logique.
OUED NOUN ET BASSINS CÔTIERS D'IFNI AU DRÂ 315
composé de bovins, d'ovins et de caprins se chiffre à L'artisanat est inexistant. Les ressources minières
150 000 têtes. potentielles comprennent le kaolin de Tarhjicht, le fer
oolithique du Bani et le minerai de cuivre de
La végétation forestière, soumise aux influences Ouansimi.
sahariennes, est dégradée par le parcours et les
déboisements. L'arganier subsiste en formation ripi- La ville de Goulimine, chef-lieu de la région, voit
cole dans le plateau des Akhsass, cédant place au-delà son essor économique lié au développement touris-
de 1 200 m au thuya clairsemé dans les Mejjate. Les tique et à l'activité commerciale. La population de la
glacis abritent le « daghmous » ou euphorbe cactoïde, ville est de l'ordre de 15 000 habitants (1971). Il y a
les plaines limoneuses et les regs abritent le « remth » lieu de signaler également les centres ruraux de Bou-
(solcacées) et le « cheih » (armoise). Izakarn, Timoulay, Ifrane et Tarhjicht.
Géologie
STRUCTURE (figures 138 et 139)
L'ensemble de la région se situe dans le massif de absolument compactes dans leur masse, mais présen-
l'Anti-Atlas et constitue une zone synclinale complexe tent des fissurations superficielles importantes et des
encadrée au N, à l'W et au S par trois boutonnières zones d'altération ou d'accumulation détritique. Cette
anticlinales précambriennes. Ces massifs sont : Ker- frange supérieure présente un intérêt soit pour
dous - Tazeroualt, Ifni et jbel Guir. l'infiltration des pluies, soit pour la constitution de
petites réserves aquifères.
Les deux grandes unités rencontrées dans la
région sont les plateaux calcaires et le Bani plissé. Les calcaires dolomitiques et les dolomies en gros
D'âges infracambrien et Cambrien, les plateaux bancs avec des intercalations schisteuses à la base de la
calcaires se répartissent en deux ensembles d'inégales série inférieure de l'Adoudounien, affleurent sur une
faible étendue dans le NW et ont une puissance
importances. Le plus vaste constitue au N, une zone
considérable dans les Akhsass au N.
continue d'W en E : bordure du massif d'Ifni, plateau
des Akhsass, flanc sud de la boutonnière du La série « lie de vin » est formée, à l'W des
Kerdouss - Tazeroualt ; le second se présente au S Akhsass, de bancs calcaires sur une épaisseur de
comme une avancée du jbel Taissa. 600 m. Cette puissance diminue vers l'E et le S et la
série se charge de niveaux schisteux. Elle forme un
Ces plateaux sont cernés par des affleurements
niveau imperméable et des sources se manifestent à
schisto-gréseux géorgiens. A leur pied, s'étendent les
son toit, particulièrement dans les structures synclina-
plaines allongées des « Feija internes », dont le
les ou faillées.
substratum est formé des schistes acadiens masqués le
plus souvent par les formations quaternaires. Les calcaires supérieurs de l'Adoudounien
(400 m d'épaisseur) comportent des niveaux à gros
Le Bani plissé est formé de cinq à six alignements
bancs et des niveaux bien lités, en plaquettes. Ils sont
synclinaux orientés NE-SW alternant avec d'étroits
souvent dolomitiques, avec des excroissances siliceuses
anticlinaux. Les formations acadiennes et ordovicien-
et constituent un réservoir aquifère important, don-
nes, violemment comprimées par un plissement de
nant des sources dans les zones synclinales ou faillées.
style éjectif, donnent cette succession de synclinaux
perchés, séparés par des crêts anticlinaux étroits ; les La série schisto-calcaire géorgienne de 400 m
grès et quartzites acadiens à l'W, ordoviciens à l'E, environ, est formée de calcaires de couleur sombre
arment ces crêts vigoureux. Entre Fask et Tarhjicht, avec des niveaux schisteux parfois bien développés
les deux étages se conjuguent pour donner des formes (schistes de Timoulay). Ce niveau bloque l'écoulement
synclinales emboîtées. de la nappe contenue dans les calcaires sous-jacents.
Le plateau côtier est constitué de formations La série terminale du Géorgien comprend les
pliocènes et crétacées, celles-ci étant transgressives sur schistes verts et violets à trilobites, avec intercalations
le Primaire. de calcaires, scoriacés (bordure du massif d'Ifni,
pourtour du jbel Taissa) et les grès terminaux. La
STRATIGRAPHIE ET LITHOLOGIE
série, épaisse de 200 à 400 m, est imperméable.
(pour plus de détail, voir chapitre Anti-Atlas) L'Acadien est caractérisé par deux termes
Précambrien et Primaire imperméables ; à la base, les schistes verts, épais de
500 à 1000 m, constituent le substratum imperméable
Les rhyolites et andésites du Précambrien des plaines. Au sommet, les grès et quartzites forment
affleurent dans le versant sud du massif d'Ifni. Cet une série bien marquée au jbel Taiert.
ensemble est extrêmement tectonisé. Les faciès y sont
très variés, mais un caractère indéniable d'uniformité L'Ordovicien (environ 1000 m) comprend égale-
hydrogéologique s'en dégage : toutes ces roches sont ment deux termes : les schistes des feijas externes et les
COUPES GEOLOGIQUES SCHEMATIQUES A TRAVERS L'ANTI-ATLAS ET LE BANI
NW (Limite du bassin) SE
Amalou n'Zigzaouine
1100
Irhir-Oudi Quartzites
ORDIVICIEN
1000 Adrar -Amerhjed
900
Jbel Berdene Tazagmouat Assif Tismeskert
800
Jbel Taiert Schistes et grès
700
Jbel Azemzgui
Oued Seyad
600 Assif Anselfou
500 Quartzites
ACADIEN
400
ADOUDOUNIEN GEORGIEN
Schistes et grès terminaux
Calcaires scoriacés
COUPE A TRAVERS LA TERMINAISON OCCIDENTALE DU BANI Schistes
Calcaires supérieurs
Série lie de vin
Calcaires inférieurs
SE NW SE
NW Adoudounien Série Calcaires
lie supérieurs
(Limite du bassin) (Limite du bassin) de
vin Schistes de Timoulay
Piste de Tiglit Tiouerdiouine Assif Bou Fendal
Jbel Taïssa Adrar Oumellal Piste de Torkoz
Ras Taïdalt Oued Mbidia
700
600
Ifrane
500
Asrir Maader Tamberdout Route
400
300
Fig.138
NW SE
Jbel Fogo
1200
1100
1000 Coupe A N S
900 Coupe E
800 Jbel Taiert Schistes de QUATERNAIRE
700
F1 Oued F2 F3 Jbel Taiert Piste Oued Ouerg-Noun Timoulay
ORDOVICIEN
Oum-El-Achar Jbel Taïssa Quartzites
600 Iguissel 600 Taourirt A
Oued Seyad
500 Route 500 Doubiane Schistes et grès
400 400
300 300
Quartzites
200
ACADIEN
0 1 2 3 4 5 km 100
Schistes et grès verts
GEORGIEN
Calcaires scoriacés avec passes schisteuses
NW Coupe B SE N Coupe D S Schistes de Timoulay
Calcaires supérieurs
Oued Ouggoug Jbel Taïssa Série schistocalcaires "lie-de-vin"
600 Oued Fast Jbel Taïert 600 Ras Nesser INFRACAMBRIEN Calcaires "inférieurs"
Oued Ouerg-Noun
500 F1 F2 500
Piste Oued Seyad Série schisteuse de base
Asrir
400 400 PRECAMBRIEN III Conglomérats
300 300 Rhyolites
200 200
100
W E
N S Jbel Taïssa
Schistes de Timoulay Coupe F Jbel TaÏdalt
COUPES INTERPRETATIVES SCHEMATIQUES TRANSVERSALES AUX PLAINES DES OUEDS : OUM-EL-ACHAR, SEYAD, OUERG-NOUN
Fig.139
318 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
quartzites du Bani. Ces derniers s'ordonnent en rides basses : zones déprimées ou érodées des calcaires
montagneuses aiguës, pouvant dépasser 1100 à lacustres et cuvettes basses à l'amont d'une cluse ; on
1300 m. les trouve surtout à l'est de Tarhjicht, dans les plaines
de Ksabi-Taliouine (à l'amont des gorges de l'oued
Le Silurien (environ 1500 m), comprend à la
Assaka) et les petites plaines à l'amont des cluses de
base des schistes noirs ou gris à graptolithes, et au
Labiar (Bou-Issafène) et Notfia (Aoreora). Les limons
sommet des calcaires et des schistes à orthocères.
comprennent souvent des niveaux travertineux et
Excepté les calcaires infracambriens et géor- aussi des dépôts gypseux et salins provenant de
giens, l'ensemble de ces formations primaires est l'évaporation de la nappe, arrêtée dans son écoule-
imperméable. La frange superficielle altérée des ment. Ces limons dont l'épaisseur peut atteindre 10 à
schistes, sous les plaines, retiennent des eaux assez 20 m se sont formés au « Soltanien » (Grimaldien).
salées. Les quartzites peuvent localement faire l'objet Ils ont une perméabilité variable, en général assez
de venues d'eau très douce. médiocre.
Crétacé et Pliovillafranchien Les formations sableuses du Quaternaire récent
Le Crétacé moyen, transgressif sur le Primaire qui recouvrent la plaine de Taidalt et la zone côtière
dans la zone côtière, est dans ses termes supérieurs : (« Plage blanche »), sont très perméables mais peu
marneux au Nord (Aoreora — Bou-Issafène), sableux épaisses. Les alluvions caillouteuses ont un faible
et gréseux au cap Drâ, marno-calcaire coupé de bancs développement et une épaisseur réduite. Les autres
calcaires à Tafnidilt. Cette formation est surmontée types de formations quaternaires ne sont guère
d'un Pliocène épais de quelques mètres à Takoumba et susceptibles de constituer un aquifère intéressant en
Bou-Issafène (grès et lumachelles). raison soit d'une épaisseur très réduite (regs) ou d'une
altitude trop élevée (éboulis, déjections).
La plate-forme côtière pliocène est recouverte de
formations dunaires consolidées et encroûtées d'âge
Villafranchien, qui s'étendent sur toute la région allant STRUCTURE DE SUBSURFACE DES PLAINES
de l'oued Aoreora au Drâ. (fig. 140)
Le Crétacé est en général, imperméable, le Une campagne de prospection électrique a été
Pliocène et le Villafranchien peuvent constituer un effectuée en 1963 dans les plaines entourant Gouli-
aquifère assez médiocre. mine, d'Iguissel à Tisguenane, et dans la vallée de
Quaternaire l'oued Noun. Elle avait pour objet de déterminer la
profondeur du substratum primaire résistant (imper-
Les formations quaternaires sont d'une grande méable), de délimiter les horizons perméables dans le
variété : terrasses marines et fluviales, croûtes, remplissage fluvio-lacustre et de déceler éventuelle-
« regs », éboulis, cônes de déjection, nappes alluvia- ment la présence d'eaux douces ou salées dans ces
les, calcaires lacustres, dunes, travertins, dépôts salins. horizons ; les résultats sont les suivants :
Le Quaternaire continental est caractérisé dans - le substratum primaire est affecté de failles,
les régions proches de la côte par des croûtes et limons étalant la série schisteuse cambrienne : deux cassures
et vers l'intérieur par des regs. principales longent respectivement le massif d'Aït-Ba-
Amrane et le jbel Taiert et se ramifient à leur tour à
Les calcaires lacustres recouvrent l'ensemble des l'ouest de Goulimine où la Feija devient très large ; de
plaines occidentales d'Ifrane à Bou-lzakarne et nombreuses failles E-W coupent le profil passant par
Goulimine. On en trouve des témoins à Taidalt, à Ouaroun et Ksabi. Une autre faille longe approximati-
l'intérieur du Bani, dans la basse vallée de l'oued vement l'oued Noun de Tighmert à Asrir ;
Noun, au SW de Goulimine. Ces calcaires seraient
d'âge « amirien » pour la plupart, c'est-à-dire contem- - la partie supérieure des schistes, altérés sur une
porains du deuxième pluvial (Mindel). tranche de 50 à 200 m dans la vallée de l'Oum-el-
Achar, contiendrait de l'eau salée ; elle est surmontée
Dans les parties proches de l'Anti-Atlas, ils se
d'un niveau aquifère d'eau douce dans les calcaires
chargent en travertins et conglomérats ; plus à l'aval,
lacustres, épais de 15 à 50 mètres. Les calcaires
ils sont formés de bancs de calcaire blanc , très durs, à
lacustres sont secs à partir du sol sur une profondeur
grain fin, alternant avec des niveaux plus tendres
ds 10 à 30 mètres. L'épaisseur des aquifères est plus
marno-calcaires, pulvérulents. Ils admettent des circu-
importante au niveau du réseau hydrographique dont
lations karstiques, mais ce sont les niveaux conglomé-
la position est susjacente à un surcreusement des
ratiques, développés inégalement selon les secteurs et
schistes. Les sous-écoulements se divisent en abordant
dont le ciment calcaire est plus ou moins dissous qui
la barre de Goulimine : l'un passe au nord, aboutissant
seraient le siège des écoulements les plus importants.
à Taliouine et Ksabi-Abouda, l'autre au sud et est
Les limons se sont accumulés dans les parties capté par les puits et rhettara de Goulimine ;
30 40 50
PLAINES DU SEYAD-NOUN
A 0
1
35 (REGION DE GOULIMINE)
36
387
CARTE DU TOIT DU SUBSTRATUM
B 2
0
325 78
35
1
16
Abieno _ PRIMAIRE
294 30 3 Iguissel
0 46 d'après prospection électrique de la Compagnie
240
C 250
2
19
294
343
4
240
Africaine de Géophysique Réinterprétation des
225 25
1 3 361
8 200 112 profils par P. BREIL Synthèse par R. DIJON
202 5
192
27 5
4 30
44 354 0 1 2 3 4 km
2
42 263
157 6
16
5 381
50
3 259
76 Sondage électrique et son numéro ................................................... 2
134 150
175
6
Tracim 30 Profondeur du substratum primaire...................................................... 115
286
4
Aïn 62
153 200 7
Cote du toit du substratum .................................................................. 250
Bellal 48
272 Courbe de niveau du toit du substratum ................... 275
275
5 Tisseguenane 8
6 26
214 Faille possible ...........................................................
322
250
Affleurements de terrains cambriens ............................................
6
32
Ksabi
Abouda 188
60 70
230 7 Goulimine 230
75
148
150 rt
Taie
Mechra-Sfi
8 Jbel 1
221
350
212
18
200
349
2
115
? 325
1 250 250 275
9 6 250
70 Ouaroun 225 318 3
160 85
175 Barrage 275 30
0 0 0
10 d'Id Mohand 30d 25 Tirhmert 27
5
200 2 a
225 65 4 Sey 4
165
11 275
Ou
ed
3
316
? 30
310 325
300
?
60 4 350
5
165 250 n 5
32
?
275 10
Oued Ouerg Nou 355
250
0
35
4 Asrir
12 8 6
12 323 7
217 360
275
5
E
30
15
220
13
6
246
335
F 220
14
D 6 7
8
10 5 25 12
3 4 30
250 2 15 325 350
1 15 332
10 25 335 330
345 348
30 40 50
Fig.140
320 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Tableau 71
Hydrologie
Aucune mesure de jaugeage de crue n’a été Les principaux oueds susceptibles de donner lieu à des
effectuée dans ce bassin. Certains petits barrages écoulements de surface sont : Passif Tazoumt, l'assif
d'épandage de crues ont comporté des échelles de n'Kellement et l’assif n'Oumir qui se réunissent dans la
mesure des hauteurs d'eau, mais celles-ci n'ont jamais plaine du Seyad amont pour donner l'oued Klem et
été relevées systématiquement. l'oued Ifrane. A la hauteur de la ligne Timoulay, Bou-
Izakarn, Anja. le réseau hydrographique est moins
La configuration du bassin permet d'avancer les concentré. Une grande part des écoulements qui se
éléments qualitatifs suivants : manifestent sur le relief s'infiltre dans la Feija de Bou-
- sur les plateaux calcaires des Akhsass et des Aït- Izakarn—Goulimine ;
Ba-Amrane, les étendues tabulaires couvrent de vastes
surfaces aux pentes faibles. Une partie appréciable des - par contre sur les versants du Bani constitués
pluies tombées et échappées à l'évaporation, soit en majorité de roches peu perméables, le ruissellement
s'infiltre dans les zones privilégiées des calcaires, soit peut être assez élevé. L'oued Seyad donne en effet
donne naissance à des écoulements superficiels. naissance à des crues courtes et violentes. Entre
OUED NOUN ET BASSINS CÔTIERS D'IFNI AU DRÂ 321
CLIMATOLOGIE 1933-1963
MAROC SUB-OCCIDENTAL 42 - BASSIN DE L'OUED NOUN
Fig. 141
Taïdalt et Tighmert, le ruissellement diminue, car il crues dans un canal tête-morte qui les achemine vers
s'agit d'une étendue parfaitement plate recouverte par les zones d'épandage ; construits sans donnée hydro-
des formations sableuses propices à l'infiltration. De logique, les ouvrages ont été ruinés ou contournés. De
Tighmert à Abouda, sur les vastes maïders du Seyad- l'examen des expérimentations réalisées, il ressort :
Noun, les crues s'épandent soit naturellement, soit
- que si les pointes de crues sont fortes, les
avec l'aide de barrages de crues artificiels.
apports totaux demeurent modestes et les débits
Dans le bassin du Seyad-Noun, trois oueds (Oum- dérivés (queues de crues) souvent faibles,
el-Achar, 1 1 7 2 k m 2 ; Seyad, 2863 km2 et Noun - que les crues sont brutales, ce qui explique les
2208 km2) confluent à l'aval de Goulimine pour former dégâts aux ouvrages,
l'oued Assaka qui rejoint l'Atlantique après avoir - que les crues sont peu nombreuses : 2 à 4 par
traversé des gorges étroites ; de fait, la zone de an en moyenne.
confluence est mal marquée, en raison des nombreuses
divagations autour de Goulimine et à l'aval, divaga- Quelques estimations de débits de pointe des
tions variables selon l'importance des crues. Aucun crues importantes ont été fournies par R. Dijon (1966)
des trois oueds n'est pérenne, mais l'oued Assaka l'est pour l'année 1962-63 en fonction des laisses de crues
par contre à l'aval de Ksabi car il draine la nappe de la observées :
plaine (une centaine de 1/s à l'étiage d'eau saumâtre).
Parmi les trois composants de l'oued Assaka, l'oued - Oued Ifrane à Ifrane : 100 m3/s
Seyad doit apporter l'essentiel des débits superficiels - Oued Oum-el-Achar à Goulimine : 115 m3/s
lors des crues ; l'Oum-el-Achar coule en effet sur un - Oued Noun à Mechra-Sfi : 130 m3/s
bassin très perméable dans l'ensemble et le Noun, mal - Oued Assaka dans les gorges : 285 m3/s
arrosé et de faible pente, s'épand largement dans des
maïders naturels. A partir de quelques observations disponibles sur
les barrages de crues de Fask en 1968, 1969 et 1970,
L'utilisation traditionnelle des crues dans ce de la pluie journalière et de l'évapotranspiration, P.
bassin consiste à les dériver par des barrages rustiques Jouhet ( 1 9 7 1 ) a réalisé un modèle déterministe de
pour les épandre sur des surfaces planes (maïders). On balance hydraulique destiné à estimer schématique-
a tenté, rarement avec succès, d'exécuter des ouvrages ment les volumes des crues à partir des séquences de
hydrauliques modernes susceptibles de dériver les crues connues sur l'Oum-el-Achar ; il trouve ainsi :
322 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
- quatre crues en 1968, débit de pointe supérieur vue pluviosité et l'on en a déduit qu'à Fask, l'Oum-el-
à 100 m3/s, apports supérieurs à 2 0 . 1 0 6 m3 pour Achar présente 2 à 4 crues de fréquence annuelle 100
trois d'entre elles ( 1 0 0 . 1 0 6 m3 pour la plus forte) et à 1 2 0 m 3 / s en pointe, apportant chacune 15 à
de 15.10 6 m3 pour la dernière ; 20.10 6 m3.
- deux crues en 1969, débit de pointe supérieur à
100 m3/s, apports de 10.10 6 m3 par crue ; Pour affiner ces estimations et surtout les étendre
- e n 1970, une crue de 140 m3/s en pointe aux autres bassins versants, il est indispensable de
(apport de 13.10 6 m3) et une autre de 85 m3/s en disposer de données pluviométriques plus étendues.
pointe (apport de 14.10 6 m3). L'équipement hydropluviométrique du bassin est
d'ailleurs inscrit au programme des années 1975-
Ces années n'ont rien d'exceptionnel du point de 1976,
Hydrogéologie
Les recherches hydrogéologiques ont, dans cette Labiar, Notfia), la nappe circule à une vitesse
région, été le fait de R. Ambroggi, R. Bourgin et R. beaucoup plus lente et se trouve près du sol recouvert
Dijon qui a réalisé la première synthèse (publiée en de dépôts salins dûs à l'évaporation.
1966).
LES RESERVOIRS AQUIFERES DEBITS DISPONIBLES PAR REGIONS NATUREL-
Les ressources en eau souterraine de la région LES
proviennent de différents réservoirs à savoir : On traitera successivement les diverses régions,
- les calcaires adoudouniens et géorgiens qui en partant de l'amont et en se dirigeant vers l'aval :
donnent les sources de la bordure sud de l'Anti-Atlas calcaires de l'Anti-Atlas, puis foums géorgiens,
acadiens et ordoviciens, enfin plaines de Goulimine —
et alimentent par abouchement souterrain les calcaires
Bou-izakarn.
lacustres et les formations de remplissage de la plaine
de Bou-Izakarn et indirectement les foums ordoviciens Eaux des calcaires adoudouniens et géorgiens de
par l'intermédiaire du remplissage des Feijas internes ; l'Anti-Atlas
- les schistes altérés et grès acadiens qui sont Bien représentés sur la bordure nord où i ls
alimentés par les pluies et les épandages de crues ; affleurent sur une superficie de 1 500 km2. ces
- les remplissages quaternaires des Feijas du calcaires donnent naissance à plusieurs sources aux
Bani, alimentées principalement par les eaux de crues ; débits plus ou moins importants. Les exutoires
naturels se manifestent au niveau :
- les calcaires lacustres du Quaternaire qui forme
- de la série schisteuse « lie de vin ». Il s'agit soit
l'aquifère de la plaine de Goulimine — Bou-Izakarn et
des débordements des calcaires inférieurs, soit des
où aboutissent les eaux des réservoirs de bordure et les
déversements des calcaires supérieurs ;
ruissellements des eaux des oueds Oum-el-Achar,
Seyad et Noun ; - de la série schisto-calcaire ou des « schistes de
Timoulay ». Les eaux ont leur gisement dans les
- par ailleurs, sur la plate-forme côtière les
calcaires supérieurs où dans les bancs calcaires de la
niveaux aquifères sont peu étendus. Les rares points
série schisto-calcaire ;
d'eau rencontrés le long de la côte se situent en
bordure des formations dunaires et dans les principales - des calcaires terminaux du Géorgien.
vallées d'oueds.
Le débit total des exutoires est de l'ordre de
Les eaux souterraines se situent le plus souvent 265 1/s répartis comme suit, ces débits étant pris en
dans des roches calcaires ; c'est selon un mode compte dans les ressources souterraines de l'Anti-
karstique ou semi-karstique que s'effectuent les Atlas.
circulations, avec les conditions générales suivantes :
Secteur nord-ouest : Aït-Ba-Amrane et Akhsass
- faible emmagasinement et forte transmissivité
Les émergences inventoriées sont peu nombreu-
de l'aquifère,
ses : 2 sources, 2 rhettara et 5 puits et peu
- répartition irrégulière des eaux qui tendent
productives: 10 1/s au total. La source d'Ouggoug
vraisemblablement à suivre un réseau hydrographique
(I.R.E. 201/88), apparaît au fond d'une sorte de
fossile masqué par le Quaternaire récent,
grotte approfondie au cours des temps, d'où les eaux
- température et teneur en carbonate de calcium sont acheminées par une tranchée vers la vallée du
des eaux, relativement élevées, même nom et servent à l'irrigation d'une petite
- circulation rapide en raison des pentes assez palmeraie très étirée ; le débit est de 5 1/s, l'eau
fortes du substratum imperméable (1 % en moyenne). provenant des « calcaires inférieurs » de l'Adoudou-
Dans les zones limoneuses (Tahrjicht, basse nien. La source d'Abeïno (57/88), source thermale
plaine de l'oued Noun à l'ouest de Ksabi - Ouaroun. (45° C) à faciès sulfaté calcique, est utilisée
OUED NOUN ET BASSINS CÔTIERS D'IFNI AU DRÂ 323
100 105
Indices Source de
40
88 89 Tirhist
V
Ouggoug
234
39
231 33 Timezguida de
95 T Jemaa
Akhitim 950
233
T 910
32
Tabahanift
Agoumad
232
Timoussane
V
T Taourirt n'Ali Mejjat
255
91
255
0
Taourirt t'Izakarn
840 227
19 30 177
84
Tarhouilast Taskala 0
T 102
800 33 El Mellah
Lmellah
860
193 Ifrane 18
Anamer 191
Fhoust T
119
Taourirt
235 226 229 V
Zaouiat el Hajj Youb
Tirherdine Assaka
810 740 760
T 192
750
41
Tarhialt Id Cheikh Ahmed
Laksebt ou
Haadou 2
190
Id Icha Agadir n'id Addi 103
Id Bel Gdif
T Ou Isgane
199
Id Taleb Saïd Tiou 190 T
90 820
80 Id Mansous
0 T Id Salem Igasen 191
Timoulay Oufella
92
2 Id Ali ou Lhajj Tirhira Taïzart
770
Id el Heïd
10 T
192
720 Arhbalou
250 Tamaïnout
250
224
760
Talaïnt Ouerkha
100 105
55
91
680
3
Timoulay -Izder
Calcaires lacustres
(Travertins)
5
6
Série schistocalcaire
a ne
Ifr
Tiislane
Calcaires " supérieurs" et calcaires "lie-de-vin"
187
188 59
Guelta 0
Rhettara 58
détruite 186 0
7 Palmeraies
8
Irherrhar
57
0
Sources et N° I.R.E. Puits Emergences de la nappe
185
Ikem
Oued
95
Fig.142
localement en thérapeutique pour le traitement des lacustres. Enfin, 5 puits produisent un total de l'ordre
maladies de la peau et sert également pour l'irrigation ; de 0,8 1/s. A noter qu'un forage profond de 440 m a
la source apparaît au fond de l'oued Tagounfel et son été exécuté dans ce secteur, à Anja (56/88) pour
origine est à rechercher dans les calcaires failles à ce tenter de tester le Géorgien où l'eau serait en charge
niveau ; son débit est de 3 1/s. Une rhettara (211/88) sous la couverture des schistes acadiens ; ce forage
draine les formations superficielles autour de la source (1949) a atteint les calcaires à 110 m de profondeur,
d'Abeîno (débit 1 1/s) et une autre (228/88) se situe mais ces calcaires étaient peu productifs ( 1 , 5 l / s
dans le même secteur, dans les formations fluvio- pour 40 m de rabattement).
324 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Secteur centre-nord : Timoulay -ouest de R. Dijon, à 5 1/s, sauf quelques exceptions ci-dessus signalées ;
1966 (fig. 142) du fait de l'important rôle régulateur des massifs
calcaires, les débits de ces sources varient très peu. La
Entre Bou-Izakarn et Ifrane, un petit anticlinal
possibilité d'accroître les débits existe sans doute en
nord-sud constitue une avancée des séries infracam-
creusant des galeries drainantes, mais il s'agit de
briennes et géorgiennes de l'Anti-Atlas vers le S.
travaux coûteux et qui risquent, dans une mesure
Plusieurs sources se situent sur les flancs de cet
inappréciable actuellement, de nuire aux captages de
anticlinal, produisant quelque 105 1/s au total. Ces
sources sont issues des calcaires et sont au nombre de l'aval.
16 ; les débits étant de 30 1/s (3/88), de 10 à 15 1/s
( 1 / 8 8 , 2/88, 1 9 2 /8 8 et 226/88), où alors beaucoup Eaux des foums (cluses) géorgiens
plus faibles (11 sources entre 0,5 et 5 1/s) ; certaines de Ce sont les eaux des calcaires de l'Anti-Atlas (cf.
ces sources ont été captées par des galeries dans les ci-dessus) ayant transité à travers les matériaux de
calcaires, d'autres sont drainées, dans le Quaternaire remplissage des Feijas, et ressortant soit au droit des
qui les masque, par des rhettara. Enfin plusieurs puits cluses des grès terminaux géorgiens, soit captées dans
ont été recensés. les Feijas par puits et rhettara. Un enrichissement par
On estime que ces calcaires assez fissurés sont injection d'eau de crue a lieu selon l'importance de
alimentés par les ruissellements, l'eau étant ensuite l'oued et l'étendue des dépressions. Quatre cluses se
mise en charge par la couverture schisteuse acadienne ; rencontrent d'E en W :
les eaux ressortent ensuite aux points bas topogra- Tagoujgalt
phiques.
Ce foum constitue l'unique exutoire du bassin de
Secteur centre-nord : Ifrane de l'Anti-Atlas (fig. 142) l'assif Azza (vallée de l'oued Ifrane) vers la vallée du
Dans la vallée de l'oued Ifrane, une palmeraie Seyad ; ce bassin se situe dans les calcaires supérieurs
s'étend en continuité sur une dizaine de kilomètres de du Géorgien ; à Tagoujgalt, le contact avec les schistes
longueur alimentée par une succession de sources acadiens est apparent. Le sous-écoulement de l'assif
dont les eaux sont issues de l'amont vers l'aval, des est capté à ce niveau par une rhettara (68/89) qui
calcaires inférieurs de l'Adoudounien jusqu'aux calcai- débite 2 1/s ; en outre, 3 puits irriguent des jardins
res supérieurs du Géorgien. Le débit total disponible (0,3 1/s au total).
est important: 115 1/s, provenant de 13 sources et Vallée de l'oued Klem
d'une douzaine de puits. Sept sources débitent 10 1/s
ou plus, la principale (30/88 -Taskala) débitant 25 1/s. La vallée de l'oued Klem est creusée dans les
formations schisteuses du Géorgien supérieur puis
dans l'Acadien. Les eaux se concentrent dans deux
Secteur nord-est : Timoulay-est de R. Dijon, 1966 cluses :
Dix à quinze kilomètres à l'est d'Ifrane, plusieurs - celle d'Aït-Illoul : la rhettara de même nom
palmeraies sont irriguées par six sources de débits ( 1 8 8 / 8 9 ) capte 3 1/s et 4 puits fournissent 0,2 1/s ;
modestes, totalisant une vingtaine de litres/seconde - celle d'Adaï où se tient une importante
issues des calcaires géorgiens. Les plus importantes palmeraie alimentée par des rhettara :
sont Timoulay - n'Ouamalougt (115/89 - 5 1/s) et Aïn Tirhist (26/89) : 40 1/s
Lalla-Llouka (116/89), source thermale débitant 5 1/ Aïn Tkhoff (27/89) : 2 1/s
s, utilisée localement pour l'hydrothérapeutique. Une Aïn Takdimt (29/89) : 20 1/s
autre petite source thermale (195/89), ferrugineuse, à Aïn Ifrane ( 2 8 / 8 9 ) : 2 1/s
moindre débit (1 1/s), se situe à l'aval de la précédente dont le débit varierait beaucoup selon l'année et la
dans la même vallée et se montre fortement minérali- saison. En outre, une dizaine de puits dont un équipé
sée. en moto-pompe fournissent 1, 5 1 / s . Au total 65 1/s
sont exploités dans le foum d'Adaï.
Secteur est
Six sources ( 1 5 1/s au total) ont été inventoriées Oued Ifrane
dans la partie orientale du bassin du Seyad-Noun et
sont issues des calcaires adoudouniens et géorgiens. A l'aval d'Ifrane, la source 4 1 / 8 8 et la rhettara
Parmi ces six, celle de Amtodi (59/89, 10 1/s) est la Zaout (11 / 8 8 ) débitent respectivement 20 et 15 1/s.
plus abondante et provient des calcaires terminaux du
Géorgien. Récapitulatif
Ainsi, la plupart des 45 sources dénombrées dans Au total, un débit de l'ordre de 100 1/s est utilisé
les calcaires adoudouniens et géorgiens de l'Anti-Atlas dans les Feijas comprises entre les foums géorgiens et
n'ont-elles en général que de faibles débits, inférieurs acadiens.
OUED NOUN ET BASSINS CÔTIERS D'IFNI AU DRÂ 325
Tiznit
Jb
58 56
DE L'ANTI-ATLAS
el
Anja
A
55
530
0
sta
(ANJA-BOU-IZAKARN-TAGANNT-IGUISSEL) 520
54
tar
0
51 62
0 1 2 3 4 5 km 0 0 1
61
0
Bou-Izakarn
29°10' 10°00' Timo
225
u lay
202
60
58
0
0
56
29°10'
57
0
500
Ouisgane
NE Sondage 2
RA 118 203
49
AM
55
0
53
-
0
0
A 470 48 3
590
52
-B 0 0
T
AÏ 4
54
0
111
46 113 115
45 0 (en cours
47 0 Touaoutlim
d'aménagement) Tagannt
44 ar 180
57 0 Ach
43 194
0
42
51
Abeino El
46 Ruines 112
228 177 Aïn Oumzed !
9°40'
35
210
0
500
34
0 Iguissel 6 Failles Altitude de la nappe
Oum
176
209 490
400
39 0
Calacaires Infracambriens
380
370
360
Cambriens et pendages
ed 4
Ou Aïn Fask Cônes de déjections, regs anciens etc.
Aïn Tirherdine
33
12 13
32
47
0
7 0
0
in e
ulim
Go
Palmeraies - oliviers
5
Maader Barrage
29°00 ïert
l Ta
5
Jbe Rhetara source sondage
Puits émergence 4
Fask
29°00 (et leur N° de l'indice 88)
10°00' 9°50' 4 Emplacement de sondage éventuel
Fig.143
326 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Plaine de l'oued Ourn-el-Achar (Bou-Izakarn à sources sortent des calcaires lacustres avec des débits
Goidimine). de quelques litres/secondes à Taouaoutlim ( 1 1 3 / 8 8 ,
7 1/s), Ouaoutelt ( 1 1 2 / 8 8 , 3 1/s) et Oumzel (117/88,
Les calcaires lacustres sont bien développés et 5 1/s) ou des fractions de litres-seconde. Seule la
continus depuis le pied des reliefs (Anja et Bou- source d'Iguissel (46/88, 35 1/s) est importante et est
Izakarn) jusqu'à Goulimine ; ils sont épais de 40 à captée par une rhettara.
50 m et constituent un aquifère karstique parcouru de A Goulimine, des collines acadiennes barrent
chenaux fossiles qu'empruntent les circulations souter- transversalement la vallée de l'Oum-el-Achar qui les
raines et qui sont exploités là où ils ont été mis en franchit en un foum. La cluse est tapissée de
évidence. formations quaternaires perméables ou apparaissaient
A Bou-Izakarn, la découverte d'une galerie de nombreuses petites sources captées par des rhettara
souterraine longue de plus de 150 m et profonde de (une dizaine débitant 0,5 à 2 1/s chacune) ; en outre
18 m remonte au XVIIe siècle (Dijon, 1 9 6 6 ) ; existent plusieurs dizaines de puits dans l'aggloméra-
explorée, la galerie, creusée dans les calcaires tion et 2 sondages productifs pour 8 1/s (sur 10
lacustres, est large d'environ 1 m pour 0,7 à 2 m de exécutés). Il semble qu'à ce niveau, les possibilités du
hauteur, se terminant aux deux extrémités par des réservoir souterrain soient étroitement liées à la
siphons infranchissables ; des venues d'eau ont été pluviométrie de l'année (recharge par l'oued Oum-el-
observées latéralement et par le fond. Initialement, le Achar d'une réserve peu importante).
niveau d'eau dans la galerie était remonté par un Au total, les débits naturels d'écoulement des
barrage aval et une rhettara assurait le captage sources ou des rhettara dans les calcaires lacustres à
gravitaire au prix d'une perte du débit de l'ordre de la l'amont de Goulimine représentent 120 1/s et peuvent
moitié ; depuis 1959, une station de pompage installée en certains cas être accrus par pompage. Il s'y ajoute
en amont du barrage permet d'exploiter le débit 120 puits et forages dont une vingtaine équipés de
maximum, de l'ordre de 25 1/s. On a émis l'hypothèse moyens de pompage mécanique, débitant quelque
qu'une part du débit pourrait provenir du Géorgien 20 1/s au total.
calcaire grâce à un jeu de failles (température plus
élevée de certaines venues d'eau dans la galerie). Par D'une manière générale, l'eau se situe dans les
ailleurs, d'autres puits existent à Bou-Izakarn dans les calcaires lacustres entre 5 et 30 m de profondeur, mais
calcaires lacustres, hors du réseau bien connu. les puits et forages ne sont productifs que s'ils
recoupent un réseau karstique. Les transmissivités sont
Sur le seuil géologique de Tagannt, au SW de alors bonnes, entre 3.10-2 et 2.10-3 m2/s : forages
Bou-Izakarn, l'imperméable schisteux est à la profon- 120/88, 255 et 260/88 et puits de Tagannt (4/88).
deur de 72 m (sondage 118/88) dans la trouée étroite Les emmagasinements demeurent faibles: 2.10-4 à
située entre deux reliefs Cambriens. Une venue d'eau se 1.10-5.
manifeste au fond d'une large cavité profonde de 5 m
(source 4/88), dans les calcaires lacustres épais ici de Vallées des oueds Seyad et Noun
61 m. On a pu vérifier par des traçages au sel que les Au débouché des reliefs, les oueds Seyad et Noun
réseaux de Bou-Izakarn et Tagannt communiquent ont élaboré de larges maïdères, zones d'épandages
(Choubert, 1939). Le puits ayant été approfondi, des naturels où convergent les ruissellements ; bordés et
essais de pompage autour de 100 1/s furent effectués établis sur des formations schisteuses étanches, ces
en 1955 (pendant. 8 jours, mais après un mois maïdères sont tapissés de formations quaternaires peu
pluvieux), puis à nouveau en 1972-73 (pendant 2 épaisses en général, vu les nombreux étranglements et
mois), avec contrôles piézométriques dans un rayon de buttes où affleurent les schistes du substratum. Dans la
20 km autour de la source. Il s'en suit que le débit vallée du Noun, dans une zone de calcaires lacustres à
d'exploitation par pompage pourra atteindre 80 1/s Taïdalt, existe une ancienne rhettara sèche désormais
contre 45 1/s pour l'ancien captage gravitaire et que ( 3 /9 1 ) et une dizaine de puits, dont deux équipés de
l'influence sur la nappe de la plaine située à l'aval sera moto-pompes, irriguent quelques hectares ; l'eau se
très faible. La transmissivité des calcaires lacustres est situe entre 5 et 10 m de profondeur et son niveau
forte : 3.10-2 m2/s, mais l'emmagasinement faible : semble avoir baissé au cours des dernières décennies.
2.10-4. La source de Tagannt se comporte en fait
comme un robinet d'une conduite alimentée par un Dans la basse vallée de l'oued Noun au S de
réservoir important assez proche : 2 km (El Hebil, Taourert existe une nappe drainée par l'oued au fond
1973) et vraisemblablement constitué par le Géorgien. duquel apparaissent des résurgences qui sont dérivées
par deux barrages en maçonnerie : 15 et 360/88 qui
A 10 km au SE de Tagannt, à Fask, apparaissent fournissent 100 1/s à l'étiage et servent à l'irrigation
de nouvelles résurgences du même type (source de palmeraies. Quelques puits peu profonds existent
13/88, 10 1/s). dans ces régions à Tighmert et Asrir, mais il est
A l'W de Bou-Izakarn—Tagannt, plusieurs certain que ces oasis étaient autrefois beaucoup plus
OUED NOUN ET BASSINS CÔTIERS D'IFNI AU DRA 327
étendues, trois fois plus grandes d'après R. Dijon dans le foum et dont le gisement est constitué par des
(1966), et que les débits des résurgences ont beaucoup calcaires lacustres. Le débit des émergences, 30 1/s,
décru. est dérivé par un petit barrage. Une faible quantité
d'eau échappant à ces captages est prélevée plus à
Foums ordoviciens du Bani l'aval par six rhettara (41, 42, 43, 44, 45, 46/89)
Les étroites vallées du Bani parcourues par l'oued captant une dizaine de 1/s et irriguant la palmeraie de
Seyad, ses affluents et l'oued Maït, comportent en Tagmout. Un profil de neuf sondages en aval du foum
général un remplissage quaternaire récent de limons ; ( 1 9 5 6 ) a montré que le Quaternaire était peu
les sous-écoulements y sont peu abondants et les perméable et le débit du sous-écoulement faible.
points d'eau peu nombreux, sauf à l'entrée du massif, à Dans la traversée du Bani, la vallée du Seyad est
Tarhjicht. comblée de calcaires lacustres, limons et alluvions,
La cluse de Tarhjicht (fig. 144) est étroite ; à contenant de petites nappes alimentées par les crues ;
l'amont, la vallée du Seyad est remblayée par plusieurs 12 puits sont utilisés exclusivement pour usage
dizaines de mètres de formations limoneuses interca- domestique et abreuvement du bétail.
lées et surmontées de calcaires lacustres. A Targoumaït situé au débouché d'une vaste
Les cinq rhettara de Tarhjicht (47, 48, 49, 50 et cuvette synclinale ordovicienne drainée par l'oued
5 1 /8 9 ) débitent 15 à 20 1/s en étiage. La plus grande Maït, la rhettara 5 / 9 1 débite 3 1/s.
partie des eaux irriguant la palmeraie de Tarhjicht
Au total, un débit de l'ordre de 65 1/s est utilisé
provient des émergences de nappe qui se manifestent
dans les foums du Bani.
0 5 10 20 50 m
Echelle = (hauteurs et longueurs) =
Forages 6 5 3 2 1 9 10
Rive Gauche
Rive Droite
4
Crête du barrage (Altitude approximative 590 m) 4 5 6
Niveau Hydrostatique
3 1
1 1
Mètres 37 46 76 40 62 46 18 32 16
OUED
7 8
rive Droite
BARRAGE "DU POSTE"
6 5 1 9 10
4 3 2
6 5
che
2
au
Séguia
eG
8 1 quartzites
Riv
7
2 Conglomérats
3 blocs, galets
Fig.144
30 35
PLAINE DE GOULIMINE-KSABI-TRACIM
D'après photos aériennes, cartes U.S. army au 1/50 000 "TISSEGUENANE-GOULIMINE"
Levé de points d'eau sur le terrain (N° d'inventaire de l'indice 88)
N E
R A Affleurements de terrains cambriens et pendage Altitude de la nappe
- A M 240
116 ! Barrage prise B A Escarpement en terrains quaternaires (Calcaires lacustres 1 Emplacement favorable pour sondage
Rive droite T - berges de l'oued Assaka, etc.)
240 A Ï 240
Oued permanent
Puits
210
Ou Talaint ou Moha
ed
el Kharo
230
uar ! 200
40 45 50
Gouiret Ajel goug
Fas
t Oug
Vers
m
21 Fou
220
Oued
ino
be
Aïn Serrag
A
250
rs
à 1,5 km
Ve
270
260
17
16
0
0
18
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290
0
Ioutfane u
Ao
280
18
d
248 ue
Taliouine O
200
190
147
152
156
150 19
Agadir 195 Sidi Md Er Regragui
235 235
140 !
120
Tracim Sondage SOGEI Reg es Soltane r
ha
Mrabtine Ac
Poste 20 -
151 Aérodrome it
268 ! el 9 izn
rs T
Souk Ve
Agadir Nouna 31 um
154 Aïn Bellal 15 0 O
153
158 43
159 Chouikhate 16 d
ue
O
160 ! 169 42
93
167 220 Tisseguenane
162 Dchira 40 iert
Mouifis 170 Gouiret es Soffer Jbel Ta
163
165 161 31
164 168
X X
166 Aérodrome
X 17 103 Ruines
135 28
14 0 300
Dar Abderrezag 31 32
23 28
109 146 Reg Sbahi Petite
Abouda 218 143 145
24 219
émergence 10 Sondages de Goulimine
Ksabi Aïn Kerma 124 et 125 204
25
M
137 13 121-122-123
aa
20 67
26 136
de
89 Aïn Jbribia 48 61
108 105144
r
27 16
22 73
65
84
172 Ata Aïn Dchira Dar Beyrouk 85 76
230 r 174 69 87 230
70 64 74
83 80 86 11
Dar Ligzzena 82 62 290
63 66 75 79
17 44 72 Goulimine
60 88
9 205 71
171
12 59 Aïn Maghzen
84 280
Guelta 29 Machra -Sfi Sondages de Ksabi 206 247 45 27
97 0
251 250 208 207 68
34
Barrage ar 246
260
7 252 ch
256 d'Oum-Aghanim -A
250
255 150
24
126 78
0
21 96
l
-e
94
39 - 35 - 36 - 37 - 38
m
Ou
lta 245
4 ue
G
242 244
Guiret el Médina 5 243
100 130 132 220
R 142
ou 173 139
i ss 141
at 127 Gouiret Remla
196 140 Ou
6 ed El Rhoula
Ouaroun
133 138 131
128 Seyad
197 129 54
Barrage d'Id Mohand
Gouiret
Gouiouar 3
225 Ouerg
225
Oued Noun
Gouret Toubia Gouiret Souk
El Guentra
Ve
2
51
rs
As
.
R.S
rir
2
(Oued) 254
Mechra -Ouaroun
253
0 0.5 1 2 3 4 5 km an
nt
Ta
rs
Ve
30 35 40 45 50
Fig.145
OUED NOUN ET BASSINS COTIERS D'IFNI AU DRA 329
Plaines aval du Seyad - Noun (fig. 145) circulations d'eau qui contribuent à alimenter les puits
Ces plaines s'étendent sur 350 km2 approximati- très peu nombreux situés en bordure de la côte. Entre
l'oued Aoreora et l'oued Drâ, les points d'eau sont
vement inscrits dans un triangle entre Asrir, Mechra-
extrêmement rares.
Ouaroun et Sidi-Bourja (entrée des gorges de l'oued
Assaka) ; leur pente vers l'W est régulière : 5 à 6 pour QUALITES PHYSICO-CHIMIQUES DES EAUX
1 000. L'oued Noun les longe du S au N, s'encaissant Température
parfois dans les schistes primaires ; il draine les eaux Les eaux issues des calcaires de l'Anti-Atlas ont
souterraines. La partie aval reçoit l'ensemble des une température constante (21 à 22°C). Celles des
écoulements souterrains et superficiels et l'oued formations de remplissage des Feijas intérieures, ont
Assaka devient pérenne: 100 1/s en étiage en une température variable selon les saisons ( 19 à 21 °C
moyenne. en hiver, 22 à 25°C en été). C'est le cas des eaux
La nappe phréatique est généralisée et peu d'Adaï, Tagoujgalt, Taïnzert et Tiislane. Les eaux
profonde dans les formations quaternaires: 1 0 m à circulant à faible profondeur dans les calcaires
l'amont, sub-affleurante à l'aval. Les points d'eau lacustres ont une température de 25°C (sources,
(puits et rhettara) sont inégalement répartis dans la rhettara et puits de Bou-Izakarn à Goulimine, de
plaine, mais nombreux dans certaines zones où la Taïdalt à Ait-Boukha — Ouaroun) ; par contre celles
nappe est peu profonde : Ouaroun, Ksabi, Abouda, circulant en profondeur ont une température inférieure
Taliouine notamment ; ils sont rares au N, au S et à à 22°C. Chimie
l'E, ce qui ne permet pas de construire des cartes Les eaux des calcaires primaires (fig. 146) de
piézométriques très précises (fig. 145). Une centaine bordure se caractérisent par un faciès bicarbonaté
de puits ont été inventoriés ; une dizaine étant équipés calco-magnésien pauvre en sulfates. Leur résidu sec
de moto-pompes prélèvent au total quelque 10 1/s. varie entre 0,4 et 0,7 g/1. Les eaux des foums
Dix huit sources et rhettara produisent environ 65 1/s, géorgiens ont le même faciès, exception faite de celles
mais deux seulement ont un débit appréciable : des puits de l'oued Klein qui se charge en sulfates.
Abouda (25/88, 29 1/s) et Tisguenane (40/88, 1 0 1 / Leur résidu sec atteint 2 g/1. Les eaux des foums
s). acadiens ont un faciès sulfaté calcique (résidu sec de
l'ordre de 2 g/1). Elles se chargent de plus en plus en
La campagne de géophysique de 1963 (cf. sulfates en allant vers l'aval.
géologie) n'a pas permis de déceler avec exactitude la
puissance et la nature des aquifères. Le mécanisme Les eaux de Tarhjicht ont une composition
d'apparition des eaux dans les calcaires lacustres semblable à celles des calcaires de l'Anti-Atlas, mais
semble lié à la série supérieure du Quaternaire qui plus sulfatée.
pend faiblement vers l'ouest et comprend trois niveaux Dans la plaine de l'oued Oum-el-Achar, les eaux
de calcaires lacustres séparés par des séries marneuses, ont en général un résidu sec variant entre 0,7 g/1 et
admettant des circulations d'eau selon un mode 0,8 g/1. Ce faciès est bicarbonaté-calcique-magnésien
karstique, essentiellement dans des lits congloméra- avec tendance à la neutralisation par ClNa à Iguissel
tiques. et au sud de Goulimine, alors qu'à Taoutlim-Ouaoutel
Dans ce secteur les exutoires naturels et artificiels le faciès est sulfaté. Les eaux de Taïdalt sont
fournissent 175 1/s. La nappe étant très peu profonde essentiellement sodiques, avec un résidu sec de 1,5 à
et affleurante, l'action d'évaporation est élevée. On 3 g/1.
peut admettre par analogie avec ce qui se passe dans Les eaux de la cuvette de Tighmert-Ksabi-
d'autres régions du Maroc (Tafilalt, d'après J. Taliouine (fig. 147) ont un faciès chloruré sodique.
Margat), que l'évaporation dans les zones où la nappe Elles se concentrent par évaporation : de Ksabi (moins
est à moins de 5 m est de l'ordre de 0, 5 mm/jour au de 1 g/1) à Deheïra (1,2 g/1) et Abouda (2 à 3 g/1), de
moins. La zone intéressée couvre 70 km2, ce qui Oum-Aghenine (1,8 à 2 g/1) à Ouaroun (2 à 2,5 g/1).
donne un débit de l'ordre de 500 1/s qui se perd dans Vers le nord, les eaux sont moins concentrées :
l'atmosphère. Taliouine (1 g/1). Les eaux d'émergence de l'oued
Deux sondages d'exploitation exécutés à Ksabi Noun se diluent d'amont vers l'aval : guelta de
en 1960 ont fourni de médiocres débits : 5 1/s ; ce Mechra-Sfi (20 g/1), guelta situées à hauteur
type de captage n'est guère adapté aux formations d'Abouda et Chouikhate (4 à 5 g/1), à foum Assaka
aquifères locales. (2,2 g/1). Les eaux fortement concentrées ont une
Plate-forme côtière teneur en sulfates assez élevée.
Les ressources en eau des bassins versants Les eaux du Bou-Issafène sont très concentrées
montagneux dominant la plate-forme sont inconnues, et inutilisables (plus de 10 g/1 de résidu sec dont 7 g/1
sans doute très limitées. Seules les formations de chlorures).
sableuses de la « plage blanche » sont le siège de
330 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
DIAGRAMME EN LOSANGE
EAUX DES MASSIFS MONTAGNEUX
ET DE LA FEIJA IZAKARN - GOULIMINE
Calcaires de l'Anti-Atlas Eaux thermales et minéralisées Foums géorgiens
Eaux de la plaine Anja Bou Izakarn Goulimine Eaux de Goulimine Tarhjicht et Bani
Eaux des Aït -Ba-Amrane Eaux des Foums acadiens
116
108
110
55
109
106
111
56 43
2
103
57 44 et 183
107
211
115 184
37
104
41
202
48
55 46 105
52 36
34 47
Ca
6 112
+
185 5 187
51
M
9 188
4 189
g
l
+C
SO
4
49 217
111
192
107
64 180 208
113 63 206 68 53 216
120 182
210 46 69
70 28 72 3 177
90 36 33
205 59 45
20 181
2 93 22 48
10 26 207 80
61
29 13 58 71 67 174
193 201
31 37 41 75 191
177 27
19 82 71
68
11 200 84
41
91 198 40
18
203 4 56 33 32 194 35
5
30
102
1 39
3
CO 3
+
H
Na
CO 3
+
K
Fig.146
DIAGRAMME EN LOSANGE
EAUX DES PLAINES TAÏDALT - ASRIR
KSABI- TISSEGUENANE - TALIOUINE
EAUX DEL'OUED ASSAKA
D'El-Borj - Taïdalt à Asrir Ksabi - Tisseguenane
Abouda - Ouaroun- Taliouine Oued Assaka
102
110
37
Ca
139
34 29
104 +
4 157 M
g
l
150
+C
116
4
178
1 3
CO 3
+
H
CO 3
Na
+
K
Fig.147
mer par l'oued Assaka. Les eaux de crue utilisées pour la superficie anciennement bour irriguée est de
l'irrigation des maïders sont très variables d'une l'ordre de 10 000 hectares en année moyenne.
année à l'autre ; on peut cependant estimer que Les besoins en eau des cultures pratiquées (orge)
332 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Timoulay Amtodi
U
Anja Timoulay
A
Q
em
Ouisgane e
gan
Kl
AT
d
Ouggoug ar an O
ue
Ach Ifr Tagoujgalt
C
O
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Targouasis Irherrar Ass
uda Iguissel Tainzert
ed
240
240
Oued Ao um Tarhjicht
Ou
Taliouine O
Seyad
ed
Ou Si Moahand
Ksabi ed Tagmout
Ou
Abouda Fask
Oued
Seyad
AïtBoukha D Kasba Aït
Ouarouh Moussa
Noun Ou
Oued Asrir ed
ït
Ma
220 220
500 ed
Ou
s)
ire
Tagoumaït
ra
AMENAGEMENT HYDRAULIQUES
po
m
te
Taïdalt
its
SCHEMA D'ENSEMBLE
u
(P
200 200 Sources principales
50
0 Zone avec puits nombreux
Barrage
Station de pompage
20 40 60 80 100
Fig. 148
REFERENCES
Ambroggi R. ( 1 9 4 2 ) : Note sur l'alimentation en eau du poste d'Anja. Dijon R. ( 1 9 6 2 ) : Ressources en eau de la région de Goulimine. Rapp.
Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE, 2 pp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE. 15 pp., 3 fig.
Ambroggi R. et Choubert G. ( 1 9 5 2 ) : L'extrême sud du Maroc : 2. Anti- Dijon R. (1966) : Reconnaissance hydrogéologique et ressources en eau du
Atlas et vallée du Drâ, in : Hydrogéologie du Maroc. Notes et bassin des oueds Seyad-Ouerg Noun. Notes et M. Serr. géol.
M. Serv. géol. Maroc, n° 97 et 19e Congr. géol. int. Alger, Monogr. Maroc, n° 197. 155 pp., 54 fig., 24 photos.
région, 3e série, n° 4, pp. 323-335, 1 tabl., 2 pl.
El Hebil A. ( 1 9 7 0 ) : Note au sujet de l'alimentation en eau de deux sites
Ambroggi R. ( 1 9 5 6 ) : Note sur les recherches d'eau dans la région de touristiques dans la région d'Ifni. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE,
Goulimine. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE, 2 pp. 4 pp.. 1 carte.
Bondon J. et Frey R. (1935) : Les sources thermales d'Abeïno (sud de Tiznit, El Hebil A. ( 1 9 7 2 ) : Note au sujet de l'alimentation en eau de Bou
Maroc méridional). B. Com. Et. eaux souterr., Rabat, 2e série, t. 2, Izakarne. Rapp. ined. MTPC/DH/DRE, 3 pp., 1 fig.
fasc. 4, 34-35.
El Hebil A. ( 1 9 7 3 ) : Source de Tagannt. 4/88, résultats des essais de
Bourcart J. ( 1 9 3 4 ) : Note sur l'alimentation en eau de l'agglomération de pompage de 1 9 7 1 - 7 2 . Rapp. MTPC/DH/DRE. 11 pp., 1 8 fig.
Goulimine. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE, 2 pp.
Gcnetier B. ( 1 9 6 7 ) : Adduction d'eau de Goulimine. Nouveaux essais de
Bourgin R. ( 1 9 5 3 ) : Note sur les sources de Timoulay. Rapp. inéd. arch. pompage. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 17 pp.. 29 fig.
MTPC/DH/DRE. 8 pp., 2 fig., 1 carte.
Grangcon L. ( 1 9 4 6 ) : La rivière souterraine de Bou Izakarne. Rapp. inéd.
Bourgin R. ( 1 9 5 3 ) : Note hydrogéologique concernant l'adduction d'eau arch. MTPC/DH/DRE.
de Goulimine. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE, 4 pp., 1
carte. Jouhet P. ( 1 9 7 1 ) : Etude hydrologique des bassins versants des oueds
Seyad et Noun. Rapp. inéd. SOMET-MARA., arch. MTPC/
Bourgin R. et de Gelis E. ( 1 9 5 5 ) : Note au sujet de l'adduction d'eau du DH/DRE, 32 pp., 5 fig.
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Meilhac A. ( 1 9 7 2 ) : Alimentation en eau potable de la mine de Ouansimi.
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de Goulimine. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE, 5 pp., 19 fig.
Meilhac A. ( 1 9 7 3 ) : Note concernant le pompage d'essai effectué sur le
Choubert G. ( 1 939) : Etude de la source de Bou Izakarn. Rapp. inéd. arch. puits 442/88. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 2 pp.
MTPC/DH/DRE, 12 pp.. 1 fig.
Meilhac A. ( 1 9 7 4 ) : Pompage d'essai à Adaï, 244/88. Rapp. inéd. MTPC/
Choubert G. ( 1 9 4 1 ) : Hydrogéologie des Feijas du Sud-Marocain. C.R. DH/DRE.5 pp.. 3 fig.
Acad. Sci., Paris, t. 2 1 2 . pp. 1092-1094.
Meilhac A. ( 1 9 7 4 ) : Source de Bou Izakarne, 1 / 8 8 , interprétation du
Dijon R ( 1 9 5 8 ) : Note sur l'emplacement d'un barrage à Fask. Rapp. inéd. pompage d'essai du 19.7.73. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 4
arch. MTPC/DH/DRE, 2 pp., 2 cartes, 4 photos. pp.. 2 fig.
Dijon R. ( 1 9 5 9 ) : Note sur les ressources en eau de la région de Ksabi. Schrambach A. (1967) : Problème hydrogéologique du réseau karstique de
Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE, 2 pp. la plaine de Bou Izakarne. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE. 14 pp.
Dijon R. (1960) : Note relative à l'implantation d'un sondage à Goulimine. Yovanovitch B. (1935) : Ressources en eau des contreforts méridionaux de
Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE. 2 pp.. 1 carte. l'Anti-Atlas. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE, 31 pp., 13 fig.
3. 43
par
Introduction géographique
internationales, si bien que l'autorité du gouvernement
de la Province s'étend à l'heure actuelle au-delà de ces
La partie saharienne de la Province de Tarfaya*, frontières théoriques. Ces caractères artificiels, rigides
rattachée depuis 1958 au Royaume du Maroc, est et contestés des frontières orientales et méridionales
située à l'extrémité sud-occidentale du pays. Ce marquent profondément la Province qui, n'ayant ainsi
fragment atlantique du Sahara, balayé par les vents, aucune unité géographique, se trouve isolée de ses
reçoit très rarement les pluies ; il est parcouru par les prolongements naturels et coupée de ses anciens
nomades pasteurs aux ressources précaires. Aucune débouchés.
mine, aucune industrie n'existent et la recherche La topographie se caractérise par une prédomi-
pétrolière qui était le grand espoir du pays et qui nance des étendues tabulaires, séparées en deux
n'avait donné aucun résultat positif au cours de la ensembles bien distincts par les reliefs du jbel
première campagne (1959-1965) a repris et permet de Ouarkziz et des jbels Zini-Janfra.
nouveaux espoirs. Les ressources en eau, très faibles,
de mauvaise qualité et de surcroît encore mal A l'ouest, les plaines côtières de Tarfaya ont une
prospectées, conditionnent en partie la survie du altitude moyenne de 25 à 35 m. Leur surface est
cheptel ; l'agriculture irriguée n'apparaît que sur quel- couverte de formations dunaires récentes parfois
ques hectares sur une superficie totale se situant autour consolidées qui surmontent des calcaires pliocènes ;
de 32 000 km2. Pour promouvoir le développement de deux types de formes karstiques abondent dans ces
cette région, le gouvernement a entrepris deux actions régions, les graara-maader et les sebkha. Les premiè-
extrêmement onéreuses : la première consiste à res sont des dépressions de forme ovale dont la
construire une route goudronnée allant jusqu'à Tantan superficie est comprise entre un et quelques hectares,
et Tarfaya ; l'accès à Tantan est terminé depuis la fin mais peut atteindre 200 hectares ; le creusement
de l'année 1967, celui à Tarfaya depuis l'été 1975. La atteint habituellement quelques décimètres et plus
seconde consiste en prospections hydrogéologiques rarement quelques mètres au centre des plus vastes ;
par forages ou par puits dont une partie est achevée, les fonds, tapissés de sédiments argileux, sont couverts
une autre en cours et la troisième en projet, suivant des d'une végétation naturelle qui comprend essentielle-
programmes établis par la Division des Ressources en ment des salsolacées et des euphorbiacées ; lorsque ces
Eau. Ces deux actions sont effectivement déterminan- « graara » sont défrichées et parfois cultivées, elles
tes pour l'avenir de la Province. prennent le nom de « maader ». Les « sebkha » sont
GEOGRAPHIE PHYSIQUE des dépressions beaucoup plus vastes et profondes
dont le fond, habituellement recouvert de croûtes
Le domaine a la forme d'un trapèze rectangle de
salines, se situe souvent au-dessous du niveau de la
quelque 32 000 km2 de superficie, dont la grande
mer ; la plus importante est la sebkha Tah (250 km2
base, dirigée E-W, mesure 450 km alors que la
de superficie) dont le fond se situe à la côte - 55 m.
hauteur moyenne est d'une centaine de kilomètres. Il
Ces plaines côtières se prolongent vers le nord-est et
est limité au nord par l'oued Drâ, à l'ouest par l'océan
tout le long du littoral en une plate-forme large de 5 à
Atlantique, à l'est par le méridien 8° 40' de Paris, au
15 km, ancienne terrasse marine d'âge probablement
sud par le parallèle 27° 40' ; ces deux dernières
moghrébien, profondément entaillée par les quelques
limites, artificielles, sont l'objet de contestations
oueds qui atteignent la mer. Les entablements des
« hameidias » les dominent, formant plusieurs niveaux atteignait 18 361 personnes et en 1971 autour de
à une altitude voisine des 200 m (« hameidias » 25 000 ; la difficulté de recenser des nomades en
Tellia, Gueblia, El-Gaada). perpétuelle migration et qui tendent à ignorer des
frontières très artificielles est évidente et nécessite de
Viennent ensuite, vers l'est, les reliefs primaires recourir aux estimations. Celles-ci varient bien
centraux qui débutent par le jbel Zini, anticlinorium entendu, mais se situent entre 20 000 et 50 000 per-
complexe qui prolonge le massif du jbel Guir vers le sonnes. Les principaux groupes nomades appartiennent
sud ; le jbel Janfra poursuit le Zini vers le sud-ouest et aux tribus Aït-Lahcen, Aït-Houssa et Reguibate, mieux
se présente sous forme d'entablements gréseux en connues sous l'appellation d'« hommes bleus » ; les
relief qui dominent un vaste ensemble de zones changements apportés aux conditions de pâturage par
déprimées. Puis, limitant ce domaine, la ride monocli- les variations climatiques guident les déplacements de
nale du Tazout et de l'Ouarkziz constitue une véritable ces éleveurs.
muraille presque continue sur des centaines de
kilomètres de long. Ces terrains primaires, culminant à L'élevage constitue en effet la principale res-
des altitudes de 400 à 800 m, disparaissent vers le sud- source de cette région où les conditions de vie sont
ouest sous les entablements des « hameidias » extrêmement difficiles. Le cheptel comprend (1966)
côtières. 10 250 camelins, 19 400 caprins et 8 400 ovins ; les
camelins constituent l'essentiel du cheptel des noma-
Au sud et à l'est du jbel Ouarkziz s'étend d'abord la des du Sud, alors que les caprins se rencontrent surtout
dépression carbonifère de la Betana, grands plans dans les plaines côtières. L'ensemble du pays est déjà
structuraux disposés en marches d'escalier, dont surpâturé, si bien que la seule multiplication des points
l'altitude descend progressivement de 600 à 300 m d'eau ne permettrait pas d'accroître le troupeau ; on
d'ouest en est, d'où émergent des massifs à sommets s'oriente dans ce domaine vers une amélioration des
applanis nommés « gour » ou «graret». Elle est races (de chèvres principalement) grâce à des
couverte au sud-est par le vaste plateau crétacé et croisements, et vers une amélioration du pâturage par
tertiaire de la « hammada du Dra » ou « de Tindouf » des protections d'ailleurs fort difficiles à assurer ; la
qui se développe largement vers le sud et vers l'est et multiplication des points d'eau constituera une pre-
débute par une falaise (« Kreb ») bien marquée sur mière mesure dans ce sens puisqu'elle évitera le
180 km de long, culminant entre 530 et 610 m. stationnement prolongé des troupeaux en des lieux
Le réseau hydrographique comprend au nord le déterminés.
Bas-Drâ et ses affluents de la rive gauche (dont les A l'occasion d'une fixation hivernale de quelques
plus importants sont le Tigzerh et le Ben-Khelil), ainsi mois dans un pâturage favorable, les nomades labou-
que quelques oueds côtiers dont le principal est le rent et ensemencent en orge les terrains limoneux des
Chebeika. Les zones déprimées primaires, les « maader » qui recueillent le ruissellement des maigres
hammada et la plaine côtière de Tarfaya sont averses. Les années où surviennent deux pluies (la
pratiquement dépourvues de réseau hydrographique première permettant le labourage et la germination, la
défini. seconde soutenant la croissance de la plante), le
Le type dominant de la végétation naturelle est la rendement peut atteindre quelques quintaux à l'hectare
steppe ; l'ensemble de cette région se situe dans l'étage (une année sur 5 en moyenne) ; cependant il arrive
saharien de végétation. Les influences sahariennes très souvent que la semence soit perdue. La superficie
sont en effet largement prédominantes et ne se ainsi cultivée est inconnue, car elle varie énormément
trouvent atténuées par les influences océaniques que d'une année sur l'autre. L'agriculture irriguée (maraî-
dans l'extrême ouest (hameidias et plaines côtières) où chage) est uniquement pratiquée sur environ 18 hecta-
se rencontrent des plantes ligneuses (euphorbes res à proximité de Tantan grâce aux ressources de la
essentiellement) et des halophiles. Les dolines à fond nappe aquifère alluviale ; la création d'un hectare
argileux (graara) permettent à une végétation arbustive environ à planter en espèces résistantes aux sels (fève,
et ligneuse un peu plus variée de se développer et choux, artichaut, luzerne) est envisagée près de
constituent parfois un pâturage intéressant. Tarfaya, où l'on assiste même à des tentatives privées.
GEOGRAPHIE HUMAINE Les autres activités économiques de la province
La province comprend deux centres administra- se limitent à la pêche pratiquée à Tantan-plage et
tifs et postes militaires qui sont Tantan (15 000 habi- Tarfaya, avec de faibles moyens, alors qu'elle constitue
tants environ) et Tarfaya (2 000 hab.). Quatre petits une ressource potentielle considérable, largement
centres sont de moindre importance : Zaag exploitée par des flotilles étrangères ; au ramassage des
(1 000 hab.), Messeïed (600 hab.), Abatih etTouizgui algues dont on extrait l'iode et l'agar-agar ; à
(300 hab. chacun) ; après avoir cité le petit village de l'exploitation du sel tapissant le fond des Sebkha ; à la
pêcheurs de Tantan-plage (100 hab.), on peut chiffrer récupération des épaves des navires échoués ; et à
la population sédentaire à 20 000 habitants en 1973. quelques transports de marchandises à travers le
L'ensemble de la population recensée en 1960 Sahara. L'hôtel touristique ouvert en 1967 à Tantan-
I - LITHO - STRATIGRAPHIE D - FORMATIONS ET FORMES II - RELIEF III - HYDROLOGIE
PLIO - QUATERNAIRES CARTE DE LA PROVINCE DE TARFAYA AU SUD DU DRA
Calcaires des Hammadas
A- SOCLE PRECAMBRIEN Crêt Oued 0 5 10 15 20 25 KM
Pliocène
elil
Carbonifère inférieur (Tournaisien) Terrasses alluviales Plage
Falaise Forage pétrolier
Kh
Quaternaire ancien et moyen
Seheb TANTAN
Touizgui Remz
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Argiles et calcaires El harcha
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Carbonifère moyen (Viséen) Glacis Plage
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Quaternaire ancien et moyen
O.
Argiles et grès. Carbonifère
Epandages limoneux 148/90! 147/109 !
supérieur (Namurien, Westphalien,
Stéphanien) Quaternaire récent Hassalt !
Aïn zerkoun
Tamaliht z ert
H am
C - FORMATIONS SECONDAIRES Dunes vives Tig
Quaternaire récent O.
Khelil Kenigal !!!!
Marnes, grès et calcaires idia Ali
Crétacé inférieur Plage me
Quaternaire récent Ha et lia O.
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Marnes, grès et calcaires eb Telinsoun ! Jdiab dd
Gu Amotte ou Smaïra
Crétacé supérieur Oum Fatma
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Fig. 149
PROVINCE DE TARFAYA AU SUD DU DRÂ 337
le raccordement vers l'est de ces formations aux faciès caractérisée dans les massifs centraux du Paléozoïque
continentaux n'est pas facile à observer ; ces derniers ancien et moyen par des structures hercyniennes
comportent quelques terrasses peu étendues, des orientées NE - SW, plus ou moins influencées par les
alluvions fluviatiles (sables, graviers, galets) et des plissements antérieurs du Précambrien dont les
formations de « reg », cailloutis tapissant sur une formations constituent le substratum général de la
faible épaisseur d'anciennes surfaces d'érosion. Province. Les séries plus récentes sont subhorizonta-
les : Carbonifère supérieur dans la Betana, Crétacé et
TECTONIQUE
d'autres, récents, puisqu'on constate des ondulations à
La tectonique générale (Choubert, 1966) est grand rayon de courbure dans le Moghrébien.
Climatologie
Excepté une frange côtière tempérée par l'humi- côtière), à Goulimine (zone nord) et à Tindouf (sud-
dité marine, le reste de la région est soumis à l'aridité est). L'importance des écarts quotidiens et annuels
saharienne. caractérise cette région, en dehors de la frange côtière.
A Tarfaya, le climat est remarquablement uniforme
Les vents dominants sont les alizés qui soufflent tout au long de l'année et les variations saisonnières
du NNW venant de la mer où ils se chargent sont très faibles ; la température moyenne annuelle est
d'humidité presse la côte à l'aplomb des eaux froides de 17°C. La température nocturne est en moyenne de 8
du courant des Canaries. Ce régime habituel peut à 11°C et descend exceptionnellement à 6-7°C ; la
s'inverser lorsqu'un régime de basses pressions vient température diurne est en moyenne de 25 à 27°C.
s'instaurer sur les côtes ; alors, « l'Irifi », vent brûlant mais peut atteindre 38°C lorsque s'établit le régime de
venant de l'est, souffle avec violence pendant quelques l'Irifi.
heures ou quelques jours.
Il n'en est pas de même dès que l'on s'avance
TEMPERATURES vers l'intérieur des terres où l'écart s'amplifie, entre les
températures diurnes et nocturnes comme le montre le
Les températures ont été régulièrement mesurées
tableau suivant établi à l'aide de données fragmen-
sur des périodes assez longues à Tarfaya (zone
taires :
Tableau 72
Tableau 73
CLIMATOLOGIE 1933-1963
MAROC SUD-OCCIDENTAL 43 _ PROVINCE DE TARFAYA ET HAMMADA DU DRAA
Fig. 150
En ce qui concerne les trois postes pluviomé- Atlas; les années pluvieuses (1949- 1 9 5 1 - 1954-
triques implantés dans le bassin il faut noter, compte 1956) surviennent avec une fréquence de deux à trois
tenu de la simultanéité des relevés, que la pluviométrie ans et il est probable que la moyenne annuelle des
est beaucoup plus faible sur le littoral qu'à l'intérieur ; précipitations prise sur une période plus longue
les altitudes respectives des stations sont : Tarfaya s'établirait autour de 100 mm. Il est à noter que le
(20 m), Tantan (50 m), Tindouf (630 m). nombre de jours pluvieux est relativement élevé dans
ce secteur, en raison de la proximité de l'océan :d'une
A Tantan, station la plus favorisée, le régime façon générale, les pluies se répartissent entre octobre
pluviométrique bénéficie de l'influence de l'Anti- et avril.
340 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Tableau 74
Tindouf offre des résultats surprenants par leur La partie sud-orientale de la province est voisine
de la zone hyperaride où l'indice global est inférieur à -
importance sur la courte période de référence
60.
mentionnée. On dispose en ce poste des résultats
complets concernant la période 1941 - 1947, résultats En résumé, le climat doux assez humide et
qu i son t les su iv an ts : 1941 (29,0 mm) , 1 942 uniforme sur la côte est de plus en plus sec et contrasté
(29,5 mm), 1943 ( 1 0 2 , 3 mm), 1944 (20,5 mm), au fur et à mesure que l'on pénètre vers l'intérieur. A
1945 (1,5 mm), 1946 (43,5 mm), 1947 (40,0 mm) ; une distance de 50 km de la côte, l'influence
en ayant à l'esprit le fait que la période 1942-1946 fut saharienne continentale règne exclusivement. Les
extrêmement sèche en Afrique du Nord, on peut pluies sont extrêmement rares et irrégulières à
penser que la moyenne pluviométrique annuelle de l'intérieur du pays, mais leur concentration annuelle
Tindouf prise sur une longue période s'établirait en quelques jours et même en quelques heures, qui
autour de 60 mm ou 70 mm. Dans ce secteur, les diminue l'évaporation, est un facteur favorable à
pluies tombent en un seul mois entre août et mars l'infiltration et à la constitution de réserves d'eaux
suivant les années. souterraines en certains points particuliers.
Hydrologie
Le tracé des oueds est différent suivant les Mises à part quelques zones restreintes où les
paysages morphologiques. Tout à fait à l'ouest, sur la gueltas sont permanentes, il n'existe aucun oued
plaine de Tarfaya, il n'existe aucun oued et l'écoule- pérenne au sud de l'oued Drâ. Par ailleurs aucun
ment même diffus doit être très faible. Dans la région jaugeage et peu d'évaluations de débits de crues ont été
des hameïdias, certains oueds parviennent jusqu'à la effectués jusqu'à présent. Ceci s'explique par le fait
mer ou jusqu'au Drâ en ayant excavé assez profondé- que les crues sont rares et très brèves et que le pays est
ment le Crétacé. Leur tracé est donc franc et bien éloigné et d'accès difficile. Les quelques chiffres qui
délimité, à la différence de leurs affluents où suivent ne sont donc forcément que des approxima-
l'écoulement se fait plutôt en nappe. Dans les massifs tions grossières.
primaires centraux, le relief appalachien impose un Les oueds côtiers sont, du nord au sud :
tracé en baïonnette. - Le Saheb-el - Harcha, au bassin versant étroit et en
Plus à l'est, les écoulements deviennent très forme de couloir, draine à l'amont une faible partie du
fréquemment endoréiques, et les seuls exutoires des massif du jbel Zini. Etant données la nature et
eaux de surface de la dépression de la Betana sont les l'importance du bassin versant, les crues doivent être
cluses de Touizgui-Remz et de Messeied. Enfin, sur la brèves et peu abondantes, d'autant plus que l'oued
hammada, c'est vers le sud que s'évacuent les eaux. n'atteint même pas la mer.
Grès, sables plioquaternaire 0
Terrain du Crétacé 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 km
Hameidia et Hamada
Sebkha
Limite de bassin 40 Point coté
A Bas drâ
B Bassin endoréique du Zini
C ( PROVINCE D'AGADIR) E
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E 630 C M
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30 S. TAH 205 245 320 H
335
Fig. 151 — Province de Tarfaya au Sud du Drâ : carte des bassins versants hydrologiques dans leur cadre géomorphologique.
342 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
- L'oued Chebeïka au bassin très étendu (2 700 km2), l'état actuel des connaissances (voir chapitre 41 - Bas-
notamment sur le massif primaire, a des crues très Drâ et Bani).
violentes, principalement dans son cours montagneux.
Les affluents de la rive gauche qui drainent la
La crue proprement dite dure quelques heures, mais le
Province de Tarfaya sont beaucoup moins importants
ruissellement se poursuit ensuite durant quelques que ceux de la rive droite : les deux plus grands sont le
semaines alors que des gueltas peuvent se maintenir Tigzert à l'amont et le Ben-Khelil à l'aval.
plusieurs mois. Le bassin-versant étant essentielle
ment constitué par des marnes du Crétacé plus ou
moins salées, la salure des eaux est élevée vers l'aval. - L'oued Tigzert collecte les eaux du flanc sud du jbel
D'après les nomades, les eaux de crues elles-mêmes Ouarkziz et celles de la dépression de la Bétana ;
seraient salées. cependant la faible pente du bassin favorise une
évaporation intense des eaux de ruissellement qui
- L'oued El-Amra a un bassin versant de 600 km2
n'atteignent l'oued Drâ que certaines années, en
environ, entièrement situé dans les calcaires de la
traversant la cluse de Touizgui-Remz où l'eau est
haméidia. D'après les nomades, l'oued présente une
pérenne dans une vaste guelta.
crue par an pendant deux ou trois jours et le débit de
pointe correspondant peut être évalué au maximum - L'oued Ben-Khelil, au bassin versant de 900 km2
entre 1 et 10 m3/s d'eau douce ; après la crue, un filet constitué de formations primaires à l'amont (jbel
d'eau salée prolonge l'écoulement pendant un à deux Zini), de marnes du Crétacé et de limons quaternaires
mois et correspond sans doute au déversement des à l'aval, a fait l'objet de quelques observations
nappes souterraines. grossières. Une crue qualifiée de moyenne a donné en
- L'oued Zehar possède un bassin versant de 1963-64 un débit de pointe de 5 m3/s à Tantan, le
700 km2. L'identité des écoulements avec ceux de volume total écoulé étant de l'ordre de 2.10 5 mètres
l'oued El-Amra est très probable étant donnée la cubes en 24 heures. Au même endroit, les crues
similitude des deux bassins-versants à tous points de importantes doivent véhiculer 10 à 20 m3/s en pointe.
vue. En principe il survient une forte crue par an à
l'automne, et en moyenne une à trois autres petites
- L'oued Khaoui-En - Naam est certainement plus crues pendant le reste de l'année ; la plus grande
important que les deux précédents en raison de la plus partie de ces eaux rejoint l'oued Drâ. De mémoire
grande superficie de son bassin versant (850 km2 dans d'homme, la plus forte crue connue est celle de 1940.
la partie située dans le territoire de la Province). On ne
possède aucun renseignement à son sujet. Aucun oued de la Province n'a fait l'objet d'un
aménagement hydraulique qui pourrait être soit un
- L'oued Drâ connait une crue notable tous les deux à ouvrage de dérivation d'eaux de crues soit de petites
quatre ans et une très forte crue tous les 5 à 7 ans. En accumulations, souterraines (barrages souterrains) ou
fait, le phénomène est aussi mal connu en durée qu'en superficielles. Les seuls oueds où se manifeste une
ampleur. Certaines années, 1957 à 1959 et 1960-61 abondance toute relative, car éphémère et irrégulière,
par exemple, l'oued ne coule pas. Faute d'observations des eaux superficielles sont le Chebeïka, le Drâ à sa
élémentaires, le volume rejeté à la mer par l'oued Drâ sortie du jbel Guir, le Ben-Khelil près de Tantan et le
au cours d'une crue est impossible à apprécier dans Tigzert dans l'Ouarkziz.
Hydrogéologie
La plupart des points d'eau de cette région sont quelques mètres alors que le « bir » dépasse une
des puits implantés sur des remplissages alluvionnaires dizaine de mètres. Ces ouvrages sont connus dans
souvent discontinus ou des sources, exutoires plus ou toute la région et constituent des lieux de passage pour
moins intermittents de circulations karstiques. On ne les troupeaux et les caravanes.
peut donc décrire ici de nappes étendues, bien que
certaines existent probablement et aient été explorées Les eaux souterraines inventoriées à l'heure
par sondages au cours de l'année 1968. actuelle seront passées en revue par grandes régions
naturelles (fig. 152).
Les puits sont dans la terminologie locale
désignés selon des noms différents en fonction de leur JBEL OUARKZIZ
profondeur : « tlinsi » se rapporte à des trous creusés (zone nord-orientale de la Province, parallèle à l'oued
dans les alluvions et rencontrant l'eau à quelques Drâ).
dizaines de centimètres de profondeur ; « egla » est du Cette unité appartient en fait au bassin sédimen-
même genre, mais un peu plus profond (1 à 2,5 m) ; taire de Tindouf, vaste structure synclinale de terrains
« arguis » désigne des trous creusés dans un oued au primaires (85 000 km2) dont elle constitue la partie
pied d'un escarpement rocheux exposé à l'ombre, nord-ouest ; dans cette région, le primaire plonge vers
constituant une sorte de petite guelta artificielle abritée le centre du bassin c'est-à-dire vers le sud-est avec un
de l'évaporation. Un « hassi » est un puits profond de pendage de 10° en moyenne.
PQ
0 50 100 km
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A OUE TISGUI - REMTZ
TANTAN Hi . TARGANT
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CANSADO
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PQ TINDOUF
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SEGUIET EL -
PQ Hi JBILET
Forage artésien
Forage Hydrogéologique
Forage pétrolier
Primaire Primaire
Précambien Viséen Crétacé Plio-
Anté - Viséen Poste -Viséen Quaternaire
Fig.152 — Synclinal de Tindouf, schéma géologique et position des forages profonds réalisés au 31/12/74.
344 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Les calcaires du Viséen supérieur constituent les réservoir attrayant qui affleure sur une superficie de
reliefs de la chaîne de l'Ouarkziz qui s'étend 3 800 km2 ; la pluviométrie moyenne est de l'ordre de
parallèlement à l'oued Drâ, sans interruption sur 345 80 mm (Assa : 1937-1955) et peut atteindre 200 mm
km d'ouest en est ; ils affleurent sur environ 1 800 certaines années ; elle est répartie essentiellement en
km2 dans la chaîne et sur 2 000 km2 dans la partie quelques chutes groupées sur un seul mois ou sur deux
amont du bassin versant de l'oued Tigzert, au sud des mois consécutifs.
reliefs. Les quelques coupes géologiques que l'on
possède montrent que le Viséen se subdivise en un En fait, un certain nombre de points d'eau ont été
niveau de calcaires « inférieurs » épais de 450 à 500 inventoriés sur les versants nord et sud de l'Ouarkziz
m, surmonté d'une série gypseuse épaisse de 85 à 100 et au fond des cluses qui entaillent la chaîne ; ces puits
m, elle-même suivie par des calcaires « supérieurs » et gueltas jalonnent des bancs de calcaires bien
d'épaisseur réduite à l'ouest, mais atteignant 160 m à déterminés, ce qui traduit l'existence de multiples
l'est. petites nappes plutôt que l'extension généralisée d'un
seul aquifère. Ceci explique que les qualités chimiques
Bien que dans le détail les deux formations des eaux soient assez variables comme le montre le
calcaires soient très hétérogènes et que des niveaux tableau suivant :
argileux importants s'y intercalent, elles constituent un
Tableau 75
COMPOSITION CHIMIQUE DE QUELQUES EAUX DES CALCAIRES VISEENS DU JBEL OUARKZIZ
Tableau 76
FORAGES AU SE DE TINDOUF-CARACTERISTIQUES HYDRAULIQUES ET CHIMIQUES
Forage au Niveau Débit Rabat- R.S. Ca Mg Na Cl SO4 HCO3
S E de piézomé- (l/s) tement 180°C mg/1 mg/1 mg/1 mg/1 mg/1 mg/1
Tindouf trique (m) (mg/1)
(m)
SA1 + 2,4 13 0,85 2 156 239 71 381 625 599 128
SA2 + 7 ,0 1,4 7,0 ( ? ) 9 000 - - - 3 000 - -
En 1968, la Division des Ressources en Eau a ( n o 4 3 / 9 1 ) , l e second à Amotte (n° 57/91) et les
exécuté deux forages de reconnaissance dans ces résultats furent les suivants :
calcaires Viséens, le premier à Touizgui-Remz
Tableau 77
CARACTERISTIQUES DES FORAGES DES CALCAIRES DU JBEL OUARKZIZ
Tableau 78
COMPOSITION CHIMIQUE D'EAUX DU PRIMAIRE DU MASSIF DE JANFRA-ZINI (en mg /l)
N° Date de R.S. Ca Mg Na Cl SO4 HCO3
IRE prélève- 180°C
ment
Tilemsoun (quart-
zites du Cambrien) 18/90 10/58 250 106 99 954 1 360 346 228
Messeied (grès du
Dévonien sup. et l/ll1 10/58 1 228 93 77 302 526 100 142
du Carbonifère
inf.)
JBEL ZINI-JANFRA Sept forages ont donc été exécutés par la D.R.E.
en 1958, puis deux autres forages lors de la campagne
Cette région de géologie complexe est mal 1969-70, dans le double but de reconnaître cette
connue. Les aquifères (calcaires supérieurs, grès et nappe et d'alimenter le centre en eau potable.
quartzites du Cambrien, grès ordoviciens et dévo-
niens) sont en général en position monoclinale et en Les principaux résultats sont schématisés dans
affleurements étroits ; le drainage des eaux qu'ils les figures 149 et 153.
renferment est assuré par les oueds au niveau de cluses
entaillées dans ces bancs durs. Les terrains rencontrés se classent en deux faciès
principaux. Le niveau supérieur (de 10 à 40 m de
Le seul point d'eau important (1 l/s en hiver) du puissance) est formé des grès calcaires moghrébiens ;
massif montagneux est la source de Tilemsoun. Elle il surmonte des séries marno-calcaires du Mio-
est l'unique exutoire d'un petit bassin dont les crêtes Pliocène et du Crétacé. Il est difficile de différencier
sont constituées de quartzites qui encadrent une combe ces terrains du point de vue hydrodynamique : le
schisteuse recouverte de dépôts quaternaires. Une sondage 13/109 ne traverse que les grès calcaires, le
cluse entaille les quartzites et débouche vers l'aval sondage 27/ 109 ne capte que la nappe des marnes, et
dans une dépression d'érosion creusée dans les tous deux ont une très mauvaise perméabilité. Le
schistes géorgiens et acadiens. La source se manifeste
sondage 14 /109 est plus profond, et c'est aussi celui
dans le remplissage alluvionnaire de la cluse, à la
qui a le meilleur débit spécifique. Il faut donc admettre
hauteur du contact entre les quartzites et les schistes de
que les marnes sont aussi perméables que les grès et
l'aval. La présence de ruines (mosquée et silos) à
proximité montre qu'il existait autrefois ici un noyau cette perméabilité est comprise entre 10-4 et 10-6 m/
de peuplement sédentaire. s.
La forme de la surface piézométrique est imposée
Dans les formations quaternaires de remplissage
par la mer (niveau 0) et par la sebkha Tah (niveau -
des vallées intérieures du massif comprises entre les
55 m). Cependant, le bombement médian que l'on
rides de roches primaires, il existe de petites réserves
observe entre ces deux limites semble témoigner d'une
d'eau peu profonde ; les débits sont toujours faibles et alimentation de cette nappe par les infiltrations
intermittents, et ces eaux sont généralement assez locales. Dans ce cas, les réserves seraient assez faibles,
chargées en sels. Par ailleurs il existe quelques dépôts étant donné la pénurie de la pluie.
de calcaires lacustres quaternaires ; là où ils reposent
sur des schistes imperméables (au SW de Messeied en A titre tout à fait indicatif, on peut estimer
particulier), les cultures qu'ils supportent laissent l'alimentation annuelle de la nappe qui rejoint la mer
supposer des ressources en eau peut-être intéressantes. avec un gradient voisin de 1,5 % dans la direction
considérée (grossièrement perpendiculaire au rivage).
PLATEAU COTIER ENTRE TARFAYA ET L'OUED La transmissivité moyenne mesurée dans les forages
DRA vaut 1,5.10-3 m2/s, ce qui représente, par km de côte,
un débit de fuite à la mer égal à 2,25 l/s/km. Ainsi
Le plateau de Tarfaya sur les 50 km de la côte septentrionale à l'ouest de la
sebkha Tazra on aurait une fuite d'une centaine de
Sur un substratum marno-calcaire du Crétacé litres par seconde. Ce chiffre permet de calculer une
(Turonien à Sénonien) reposent quelques mètres de valeur approchée du coefficient d'infiltration sur les
grès mio-pliocènes, puis 10 à 15 mètres en moyenne 1 000 km2 des plaines occidentales. Pour une pluvio-
de grès calcaires moghrébiens (Plio-Villafranchien) métrie annuelle de 40 mm, on arrive à un volume total
surmontés par des dunes vives. La perméabilité des de 40.10 4 m3/an, dont 8 96 servirait à alimenter la
formations plio-quaternaires est relativement bonne ; nappe. Les cent litres par seconde qui représenteraient
aussi existe-t-il une nappe étendue dans ce secteur. le débit total d'exhaure sortent de façon diffuse le long
PROVINCE DE TARFAYA AU SUD DU DRÂ 347
de surfaces de suintement (falaise côtière et Sebkha), à D'une manière générale l'eau de la nappe est
moins que l'exutoire ne soit parfois concentrée en un moyennement salée (R.S. de l'ordre de 3,5 g/1)
point (sources de la Sebkha Tisfourine par exemple). comme le montre le tableau ci-dessous :
Tableau 79
COMPOSITION CHIMIQUE DES EAUX DE LA PLAINE, COTIERE DE TARFAYA
W E
PROJECTION
HASSI FARFAR
19/109 SEBKHA
16/109 PROJECTION
RS =3,4 TISFOURINE
T= .10¯³ AHMED BEN LASSIRI
14/109 RS =3,5 11/109 12/109 13/109 18/109
en m
0 Mer 0
HASSI
- 20
TISFOURINE
RS =30
- 40
- 60
- 80
0 5 10 15 18 km
- 100
Grès et sables - MOGHREBIEN Marnes et marno-calcaires - CRETACE RS à 180° C = Résidu sec de l'eau ( en g/l )
Fig. 153 — Coupe géologique du plateau côtier de Tarfaya entre Tarfaya et la Sebkha Tisfourine d'après
les travaux de puits et forages.
348 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Ces eaux, qui se rangent dans la catégorie à nien) constituée d'alternance de calcaires marneux et
potabilité momentanée de la classification de H. de marnes salées. La plupart des points d'eau que l'on
Schoeller, ont donc un goût relativement acceptable. Il connaisse sont situés dans les Sebkhas ou à l'aval des
en va différemment lorsqu'on arrive dans le domaine oueds. Toutes ces eaux sont évidemment très salées et
des Sebkhas, où l'eau peut devenir très salée. inutilisables ; ceci tient au fait que les aquifères sont
Le plateau côtier entre la Sebkha Tazra et l'oued salés et que les impluviums sont tapissés de sols salés
Chebeika amenés par les vents qui les prélèvent au fond des
nombreuses Sebkhas toutes proches, ce qui se traduit
Dans ce secteur, les formations de la Hameïdia par une salure très irrégulière dans l'espace comme
El-Gaada reposent sur du Crétacé supérieur (Séno- dans le temps.
Tableau 80
N° Date de R.S.
IRE prélève- 180 °C Ca Mg Na Cl SO4 HCO3
Localisation,. ment mg/1
mg/1 mg/1 mg/1 mg/1 mg/1 mg/1
Hassi-Oum-Fatma 2/108 1/67 1 340 40 17 360 497 164 177
Hassi-Oum- Fatma 3/108 1/67 6 075 188 143 1730 2 686 538 781
Ouma-Fatma 8/108 2/69 20 120 616 637 5 550 10987 950 336
Sebkhet-Naïla 2/1 10 1/67 159 000 1 984 5 360 50 094 96 294 2 208 296
Les trois sondages pétroliers implantés dans la au nord) qui relaye ici le Crétacé supérieur des régions
région n'ont rencontré que de l'eau salée : 20 à 40 g/1 plus occidentales, constitue le substratum d'une étroite
de Na Cl à l'oued Chebeika 12 à 14 g/1 à El-Amra, 10 (4 à 8 km) plate-forme côtière où le Moghrébien
à 13 g/1 à Puerto Cansado implanté dans la Sebkha détritique est représenté sur 10 à 12 m d'épaisseur.
Tazra. Dans ce dernier, on a trouvé plusieurs niveaux Vers le NE, les mêmes formations du Crétacé
aquifères, dont celui du Lias calcaréo-dolomitique supportent la hameïdia pliocène, épaisse de 4 à 5 m,
traversé entre 3961 et 3998 m de profondeur, qui très encroûtée en surface. Le Crétacé inférieur
contenait des eaux un peu plus douces (7,5 g/1 de Na détritique (grès aptiens) tout comme l'Albien inférieur
Cl),chaudes et sous forte pression ; l'abondance des peuvent éventuellement constituer des réservoirs ;
venues contraignit à arrêter le forage. Les conditions l'Albien supérieur et le Cénomanien, marneux ou
d'alimentation de cette nappe profonde sont particuliè- marno-calcaires avec intercalations gypseuses, sont
rement difficiles à définir et dans l'immédiat, l'exploi- sans intérêt.
tation de l'eau de cette région doit se faire dans le Les points d'eau exploitant ces formations sont
Crétacé supérieur, en excluant bien entendu les essentiellement des sources situées dans les falaises
hameïdias, dont les reliefs sont trop élevés et l'aval des côtières ou dans les falaises bordant les oueds. Leurs
oueds où l'eau est trop salée. C'est la raison pour débits sont très faibles mais l'eau, bien que saumâtre,
laquelle six puits de reconnaissance sont prévus : trois est d'une qualité acceptable pour l'homme (goût pas
sur la plate-forme côtière, un dans la dépression trop prononcé) et convenable pour les troupeaux de
crétacée de Lemkerim et deux à l'amont des oueds Ez- chèvres et de moutons. Vers l'intérieur, le puits de
Zehar et Khaoui-En-Naâm. Hassi-Boukhchibia (29/90) traverse le Crétacé infé-
Le plateau côtier entre les oueds Chebeika et Drâ. rieur continental, mais capte en fait les eaux de la
nappe des calcaires supérieurs du Cambrien situés au-
Il est bien limité vers l'ouest par les affleurements dessous. Il constitue un point d'eau attrayant dans la
paléozoïques du flanc du jbel Zini. Le Crétacé région et une prospection est faite actuellement dans
inférieur (Cénomanien à l'ouest, Albien au centre et les environs.
PROVINCE DE TARFAYA AU SUD DU DRÂ 349
Tableau 81
COMPOSITION CHIMIQUE D'EAU DU PLATEAU COTIER ENTRE LES OUEDS OUAR ET DRA
N° Date de R.S. Ca Cl SO4 HCO3
IRE prélève- I80"C mg/1 Mg Na mg/1 mg/1 mg/1
ment mg/1
mg/1 mg/1
Alluvions de l'aval 1/108 1/67 11 880 568 394 3 186 6 213 1 075 244
de l'oued Chebeïka
Alluvions de l'oued Drâ 142/90 1/67 8 640 308 396 2 300 4 535 979 174
La prospection de 1969 s'est orientée vers la comportement des hommes qui réagissent en suppri-
nappe du Crétacé inférieur (3 forages) et les alluvions mant radicalement le sel alimentaire et en consom-
de l'oued Ben-Khelil de la région de Tantan. Les mant fort peu d'eau en dépit de la sécheresse du
sables du Crétacé inférieur ne se sont pas avérés climat ; les nomades consomment en effet d'une façon
intéressants : tantôt l'eau est trop salée (R.S. voisin de constante environ 1,5 litre d'eau par jour et par
10 g/1) pour être utilisée, tantôt la qualité chimique est personne sous forme de trois petits verres de thé à
moyenne, mais les caractéristiques hydrauliques sont chacun des trois repas et du peu d'eau nécessaire à la
mauvaises. Mais le Crétacé joue un rôle certain dans préparation des galettes et bouillies de grains écrasés
l'alimentation des nappes alluviales, et notamment qui constituent la base de leur alimentation en dehors
celle de l'oued Ben-Khelil. des saisons « pluvieuses » où les chamelles au
pâturage donnent du lait qui devient alors l'aliment et
Dans l'oued Ben-Khelil, 5 m d'alluvions assez
la boisson prépondérants.
grossières surmontent le Crétacé inférieur continental.
L a p e r mé a bi l i t é d e s t e r r a in s e s t in t é r e s s a n te En dépit de leurs très faibles besoins et de leur
(K = 6.10-4 m/s) et la porosité voisine de 10 %. La résignation à consommer des eaux salées, les hommes
carte piézométrique, contrôlée par modèle électrique ne peuvent cependant s'alimenter qu'en certains puits
au papier conducteur, donne un débit de sous- contenant une eau encore buvable ; les troupeaux,
écoulement voisin de 20 1/s, et la salure de l'eau est moins exigeants, s'accommodent d'eaux encore plus
relativement forte puisque le résidu sec vaut en salées, pouvant titrer jusqu'à 15 g/1 de résidu sec. Le
moyenne 5 g/1. Pour exploiter une telle nappe, les chameau en repos au pâturage peut rester 2 à 3
calculs du régime transitoire montrent qu'il vaut mieux semaines sans boire mais, à la saison chaude et
faire de multiples captages pompant à faible débit lorsqu'il travaille, il lui faut s'abreuver tous les quatre
qu'un seul ouvrage de gros débit. La nappe alluviale jours au moins ; il absorbe alors 80 à 100 litres d'eau
joue ici un rôle de drain naturel placé dans le Crétacé en un jour. Les chèvres et les moutons ne peuvent
inférieur.
rester plus de quelques jours sans boire ; leur
D'autres nappes alluviales existent dans la région consommation à l'étape est alors de l'ordre de 5 litres
notamment celle de l'oued Seheb-el-Harcha et surtout dans la journée. Il s'ensuit que toute cette région est
celle de l'oued Chebeïka, où la prospection en cours surpâturée autour des puits dont les ovins et caprins ne
devrait confirmer que l'amont de l'oued est moins peuvent guère s'éloigner.
salé que l'aval. Les reconnaissances de 1974 por-
L'utilisation de l'eau souterraine pour l'irrigation
teront donc aussi sur ces secteurs.
se heurte à de nombreuses difficultés : mauvaise
HYDROGEOLOGIE APPLIQUEE qualité de l'eau lorsqu'elle est abondante, faibles débits
lorsqu'elle est acceptable, sols de qualité médiocre,
Utilisation de l'eau souvent salés.
Les habitants de la province de Tarfaya, et en Si l'on excepte de minuscules jardins auprès de
particulier les nomades, consomment souvent des eaux puits isolés (Bir-Tidrert au SE de Tarfaya par
fortement chargées en sels. Il semble que les limites de exemple), on ne trouve de cultures irriguées qu'au
potabilité atteignent 6 à 8 g/1 de résidu sec (soit voisinage de Tantan dans le lit de l'oued Ben-Khelil.
environ 4 à 6 g/1 de Na Cl). Ce n'est pas avec plaisir En 1958, il n'existait encore à Tantan que le jardin du
que ces nomades consomment des eaux salées qui Centre administratif irrigué par un puits équipé d'une
confèrent au thé, boisson essentielle, un goût amer fort
éolienne et un petit jardin appartenant à un particulier.
désagréable ; d'après le Dr C. Paque (1964), l'adapta-
Depuis 1961, plusieurs dizaines de puits ont été foncés
tion humaine aux eaux salées paraît liée au seul
à Tantan et à Graara situé à l , 5 k m au nord du
350 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Centre, dans la vallée ; à l'heure actuelle de nombreux Tantan ( 1 5 000 hab.). Les habitants de cette
puits ont été équipés par des particuliers pour irriguer localité ont depuis longtemps constaté que l'eau des
de petites parcelles comprises entre 0,5 et 1,5 hectare alluvions du lit de l'oued était plus douce que celle des
plantées en légumes, menthe, maïs et primeurs puits creusés dans les terrasses latérales ; c'est
(courgettes, pastèques, tomates). La totalité des pourquoi ils pratiquent des excavations profondes de
superficies irriguées ne dépasse pas 18 ha et ne peut 0,5 à 1 mètre dans le lit même pour y prélever leurs
guère être étendue, faute de ressources en eau eaux de boisson ou de cuisine. Le centre administratif
suffisantes ; ceci est bien dommage, car cette région au situé en rive gauche de l'oued est alimenté par une
climat identique à celui des îles Canaries serait motopompe qui exploite un puits implanté près du lit
susceptible de produire, une expérimentation en grand de l'oued ; le village et les casernes situés en rive droite
l'a démontré en 1967, des tomates en toutes premières possèdent un réseau de distribution alimenté par un
primeurs dont l'exportation vers l'Europe serait puits creusé également dans le lit de l'oued et exploité
extrêmement rémunératrice. On envisage également la par une pompe refoulante qui débite 4 1/s vers un
création expérimentale d'un hectare de jardin aux réservoir.
environs de Tarfaya ; étant donné le faible débit Tantan - Plage (un hôtel touristique ouvert en
d'eaux souterraines de salure acceptable qui peut être 1967) possède deux citernes de 300 m3 chacune,
affecté à l'agriculture dans cette région, une extension alimentées par camions à partir de Tantan distant de
éventuelle des superficies irriguées ne pourra se 25 km.
concevoir qu'après dessalement d'eaux saumâtres. En
attendant, les services provinciaux de l'agriculture L'équipement des autres petits centres de la
tentent d'accroître les superficies ensemencées dans les province consistent soit en éoliennes et réservoirs (au
« maader » en mettant au service des agriculteurs des nombre de sept dans le cercle de Tantan, et de trois
moyens de labourage mécanique qui permettent de dans le cercle de Tarfaya), soit en citernes de 200 à
travailler rapidement de plus grandes superficies 300 m3 (au nombre de 44 dans les cercles de Tantan
immédiatement après les averses. et de Tarfaya au 31.12.72)
nappe profonde, artésienne, chaude et abondante faut en effet rappeler qu'il s'agit d'une région
trouvée au forage pétrolier de Ruerto-Cansado mérite saharienne, relativement favorisée, sur laquelle ne
une attention particulière dans cette optique, car la vivent que 25 000 personnes et que les problèmes que
distillation solaire d'une eau produite à température présente la mise en valeur d'un tel pays ne se posent
élevée doit être susceptible d'un rendement intéres- pas en termes habituels ; cependant, des recherches
sant. hydrogéologiques nombreuses pourront améliorer nos
connaissances et de ce fait la situation présente.
Un tel bilan ne doit pas inciter au pessimisme. Il
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eau du bassin du bas Drâ. Thèse Doct. Univ. Montpellier. Rapp.
inéd. arch. MTPC/DH/DRE. 2 1 5 pp.. 65 fig.
3.44
Par
Jean-Paul Ruhard
Cadre géographique
C'est en effet à l'issue des crues exceptionnelles et Tels sont aussi les traits généraux du réseau
hydrographique : le grand axe longitudinal Imitère -
dévastatrices du Ziz et du Rhériss de novembre 1965
Todrha - Ferkla - Rhériss se prolonge par la double
que la décision fut prise de réaliser un aménagement de
vallée N-S du Ziz - Rhériss dans la plaine du Tafilalt.
grande hydraulique sur le cours atlasique du Ziz et
Le tracé actuel est lui-même récent, pouvant être
d'entreprendre une mise en valeur du périmètre du décalé par rapport à l'axe des plaines alluviales (vallée
Tafilalt, désormais délimité par décret, par l'utilisation du Rhériss décalée au N des plaines de Fezna-Jorf -
conjointe des ressources en eau superficielles et Bouïa - Kraïr - Hannabou). Ce réseau joue un rôle
souterraines. Ainsi, parallèlement à la construction du hydrogéologique de premier ordre par les épandages et
barrage Hassan-Addakhil sur le Ziz et d'un réseau les drainages qu'il permet. La connaissance de ses
moderne de distribution de l'eau, étaient réalisées de traits généraux et de ses particularités est donc
1968 à 1972 plusieurs opérations de petite et moyenne fondamentale, vu son intérêt pour la région.
hydraulique dans la plaine du Tafilalt et celle de
Fezna-Jorf. La présente monographie fait le point des Sur le plan morphologique et structural, les
études hydrogéologiques et des derniers travaux vallées « confluent » au Tafilalt s.s., de même que les
réalisés au moment où, après l'équipement du eaux souterraines, malgré une confluence effective du
périmètre, il reste à définir les modalités pratiques Ziz et du Rhériss à une centaine de kilomètres en aval
d'utilisation de l'eau. d'Erfoud.
TAFILALT 353
Le Primaire constitue la limite S des plaines du ces chiffres un taux d'accroissement annuel de
bassin, le Crétacé celle du N. De nombreux population de 1,67 % pour le bassin du Tafilalt et de
pointements fragmentent ces plaines en cuvettes qui se 1,5 % dans les palmeraies de l'aval (2,8 % pour le
raccordent entre elles par des vallées étroites ou des Maroc), mais c'est surtout la densité de population
gorges et s'échelonnent selon les grandes lignes du rapportée à l'hectare irrigué en année moyenne qui est
réseau hydrographique. représentative des conditions de vie dans la région
(variable entre 20 pour le Ferkla et 6 pour le Tafilalt
A ces plaines axiales doivent être rattachées des s.s. ; 10 en moyenne).
plaines latérales secondaires qui débouchent sur elles,
cette distinction se retrouvant d'ailleurs pour les L'ensemble ethnique de la région est très mêlé,
nappes phréatiques. du fait du métissage avec des populations judéo-
berbères qui représentaient à l'origine des groupements
Le bassin du Tafilalt se subdivise ainsi d'W en E : authentiquement sédentaires de la région. De rares
nomades circulent encore cependant, notamment sur
- Sous-bassin du Todrha - Ferkla les pourtours du bassin. Les habitants de la plaine du
« Plaines principales : Todrha, Rhellil, Ferkla, Isilf, Tafilalt (Filala) appartiennent à des tribus essentielle-
Chtam, Igli, Mellab ment arabes, mais plusieurs ksour sont peuplés de
• Plaines secondaires : berbères Ait-Atta ou Aït-Morhad.
- Imitère, (tributaire du Todrha)
- Ichem, (tributaire du Ferkla) ECONOMIE
- Touracht, (tributaire du Ferkla et d'Isilf) A l'exception de petites exploitations minières
- Tanguerfa, (tributaire du Ferkla et du Chtam) artisanales gérées en coopérative, les seules ressources
- Ait Ben-Aomar, (tributaire du Ferkla et du Chtam) de la région proviennent de l'agriculture. Le tourisme
- Azguine, (tributaire du Ferkla et du Chtam) se développe mais occupe encore une place modeste.
- Tizougarine, (tributaire du Ferkla et du Chtam)
- Arhdil, (tributaire du Mellab). Les palmeraies constituent un milieu artificiel de
cultures en sous-étage des palmiers-dattiers (près de
- Sous-bassin du Rhériss 1 500 000 pieds).
• Plaines principales : Rhériss, Tilouine, Touroug,
Tarountast, Tassemount, Marha, Fezna-Jorf. Bouïa, Leur équilibre est souvent précaire et soumis aux
Kraïr, Hannabou, Siffa RD. fluctuations des ressources en eau. Ces palmeraies
recouvrent environ 20 000 ha, tandis que la densité
• Plaines secondaires des palmiers y est très variée.
- Fecht-Betha. (tributaire du Marha et du Fezna)
- sous-bassin du Todrha - Ferkla Les palmeraies denses, irriguées par des eaux
pérennes (Rhettara ou sources) couvrent une superficie
- Sous-bassin du Tafilalt de 6 000 à 7 000 ha.
• Plaines principales : Bas-Rteb—Damia, Tizimi,
Ouled-Zohra, Siffa RG, Tafilalt s.s.. Merzouga- Le domaine qui reçoit au moins une irrigation en
Khemlia, Taouz, Ouzina et Hassi-Remlia. année moyenne est le plus étendu et couvre près de
15 000 ha, tandis que 9 000 ha sont cultivés très
irrégulièrement en bour.
GEOGRAPHIE HUMAINE A l'extérieur des palmeraies, on observe enfin des
C'est J. Margat qui fit état des premières données traces de cultures anciennes sur une superficie
relatives à la géographie humaine de la région. Ces d'environ 10 000 ha : ce sont les témoins du recul au
renseignements ont été complétés depuis par de cours des temps historiques du domaine irrigué sous
nombreuses enquêtes sociologiques, réalisées dans le l'action de causes diverses (assèchement par accentua-
cadre d'une mission d'études générales de 1 9 6 2 à tion du caractère aride du climat et progression des
1965, sols salés, notamment au S du Tizimi, du Tafilalt s.s.
et plus récemment, à l'aval de Jorf). A ce titre, la carte
Le recensement de 1960 indiquait une population hydrogéologique au 1/50 000 de la plaine du Tafilalt
d'environ 150 000 habitants pour l'ensemble des réalisée par J. Margat, met bien en évidence les zones
palmeraies du bassin du Tafilalt, tandis que les à encroûtement salé : leur superficie globale est
palmeraies aval (Fezna-Jorf et Tafilalt) comptaient
supérieure à 150 km2.
près de 85 000 habitants répartis entre 160 ksour et
les centres de Jorf, Erfoud et Rissani. Les cultures pratiquées diffèrent suivant le régime
des eaux disponibles :
Le recensement plus récent de 1971 dénombre
par contre un peu plus de 180 000 habitants pour - au Fezna -Jorf, irrigué pour 80 à 95 % par des
l'ensemble et près de 100 000 pour l'aval. Il ressort de eaux pérennes (Rhettara, stations de pompage, résur-
354 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
gences), les cultures sont variées et celles d'été - 5 2 000 ovins et caprins, soit 65 ovins pour 100
représentent un pourcentage de 20 à 40 % ; c'est ainsi habitants (87 pour le Maroc).
qu'outre les céréales et les dattes, on rencontre de la
luzerne, du maïs, des légumes d'été et fruits divers (au Dans la région aval du bassin (Fezna-Jorf,
total 6 à 7 000 ha de cultures intensives garanties) ; Tafilalt), la production brute moyenne rapportée à la
surface moyenne cultivée (13 000 ha environ) pour la
- dans la plaine du Tafilalt, irriguée à concur- période 1 9 5 1 - 1 9 6 0 , s'élève à 3 000 DH/ha et la
rence de 85 % par des eaux de crue, les cultures valeur ajoutée brute à environ 2 000 DH/ha. Il s'agit
d'hiver sont pratiquement les seules : céréales et dattes donc d'une production déjà très intensive, bien
(cultures pérennes : 1 000 à 2 000 ha ; cultures de qu'obtenue entièrement par des méthodes traditionnel-
crue : 1 000 à 12 000 ha). les, qui tient surtout à l'influence prépondérante des
On a noté les chiffres suivants concernant les eaux pérennes par rapport aux eaux de crue. La
productions annuelles essentielles de la région : population du Tafilat possède une qualification
- 52 000 qx de céréales, soit 65 kg/habitant (220 kg/ remarquable dans le domaine de l'hydraulique et de
hab. pour le Maroc), l'agriculture. Elle a mis en valeur au maximum le
potentiel dont elle disposait, compte tenu de ses faibles
- 8 000 bovins, soit 10 bovins pour 100 habitants (23
moyens et des facteurs naturels particulièrement
pour le Maroc),
défavorables.
Géologie
STRUCTURE ET TECTONIQUE - la couverture secondaire, qui plonge douce-
ment vers le N et participe à l'unité structurale
L'Anti-Atlas oriental est constitué par une
immédiatement voisine : le bassin crétacé de Ksar-es-
dorsale précambrienne (Sarhro et Ougnate) de direc-
Souk — Boudenib,
tion atlasique (WSW-ENE) et une couverture primaire
plissée lors de l'orogenèse hercynienne. Celle-ci est - la vaste zone synclinale de Jorf-Tizimi,
d'ailleurs plus développée sur le flanc sud de la chaîne dévonienne et viséenne, relevée à l'W,
que sur le flanc nord, où, de tout le domaine anti-
atlasique, la série stratigraphique est la plus réduite et - le grand ensemble anticlinal des Ouled-Zohra
comporte le plus de lacunes. Il en résulte une et du jbel Erfoud, ordovicien et silurien, qui englobe en
dissymétrie particulièrement visible entre les deux plus des synclinaux dévoniens et dinantiens,
versants de la chaîne : au versant nord monoclinal à - l'ensemble synclinal dévonien et dinantien du
plongement rapide, affecté de nombreuses failles, Tafilalt s.s. qui, très large à l ' E et au SE, se ferme à
s'oppose un versant sud plissé, très complexe. l'W,
Le massif axial précambrien de l'Ougnate se situe - enfin la bordure septentrionale du massif
essentiellement à l'extérieur du bassin mais constitue anticlinal de l'Adrar, d'âge ordovicien et dinantien.
le môle ancien limitant vers l'W le sous-bassin du
moyen Rhériss - Tizimi et de ce fait joue un rôle La tectonique du Primaire, essentiellement hercy-
important. nienne, est caractérisée par des grands accidents
transversaux à regard N ; les rejets peuvent atteindre
La couverture primaire du flanc nord de plusieurs centaines de mètres, tandis que les directions
l'Ougnate est peu puissante et forme le versant sud parallèles aux axes anticlinaux, déterminent la répéti-
d'une dépression monoclinale périphérique, long tion des barres calcaires dévoniennes : celles-ci
couloir séparant le plateau turonien du vieux massif. forment alors des crêtes monoclinales dissymétriques
La largeur de cette couverture est réduite au maximum ou « richs » sur le flanc nord des synclinaux.
au nord de l'Ougnate et n'y dépasse pas 5 km. La
prédominance de formations peu résistantes (schistes,
schistes gréseux et marnes) a facilité le travail de
l'érosion et la formation de larges vallées couvertes
STRATIGRAPHIE
d'alluvions (moyen Rhériss). Le Quaternaire masque
presque toujours le contact de l'infracénomanien sur le La stratigraphie du Primaire et du Crétacé est
Primaire, bien que les grès rouges s'avancent près du bien connue dans la région, grâce aux études et
massif axial : ils sont notamment conservés sur l'axe travaux depuis 1948 de G. Choubert, J. Destombes et
de la chaîne au jbel Erfoud. H. Hollard.
Du jbel Ougnate à l'W partent deux vastes zones La série primaire, très riche en faunes caractéris-
anticlinales : l'une dirigée vers l ' E et marquée par tiques, a une puissance totale de 3 000 m et le
l'accident du jbel Erfoud, l'autre vers le SE formant le Dinantien à lui seul, en représente les deux tiers ; par
massif de l'Adrar. Par suite il en résulte du N au S, le contre les horizons Cambriens et dévoniens sont peu
compartimentage suivant : épais. Elle est résumée dans le tableau 82.
TAFILALT 355
Tableau 82
Le Crétacé est représenté par des grès continen- sont couvertes de minces dépôts et peuvent se
taux rouges infracénomaniens, dont la puissance est subdiviser en plusieurs niveaux (cf. infra).
voisine de 200 m, puis par des marnes bariolées
souvent gypseuses du Cénomanien inférieur (puis- Les reliefs appalachiens sont dus surtout aux
sance voisine de 700 m), surmontées de marnes alternances de duretés des terrains primaires et aux
blanches cénomaniennes et d'une dalle de marno- failles, qui déterminent des répétitions dans les séries :
calcaires cénomano-turoniens (30 à 50 m). ils concernent essentiellement les calcaires dévoniens
(Rich Gaouz) ou les grès ordoviciens (Gara Ouled-
Zohra) et leurs formes sont très variées. Leur
GEOLOGIE DU QUATERNAIRE chronologie est complexe : reliefs appalachiens anté-
Elle a été particulièrement étudiée par J. Margat tertiaires ou anté-quaternaires exhumés ou formes
dans l'ensemble du bassin entre les années 1946 et dégagées lors des creusements quaternaires.
1961, faisant l'objet de descriptions nombreuses et Les formes d'accumulation conditionnent la
détaillées (1962). plupart du temps la physionomie des plaines du bassin
par les dépôts les plus récents (Soltanien) qui
comprennent surtout des limons et ont largement
Eléments géomorphologiques caractéristiques
recouvert les dépôts antérieurs.
Le bassin quaternaire du Tafilalt est essentielle-
C'est ainsi que la plaine du Tafilalt s.s. est
ment une vaste dépression d'érosion, résultant du
constituée par la juxtaposition de plusieurs cônes très
déblaiement de la couverture secondaire et tertiaire et
aplatis, formes soulignées par la disposition du réseau
de l'épigénie des vallées du Ziz, Rhériss, Ferkla, hydrographique (fig. 154).
Todrha dans le substratum primaire.
Types morphologiques des dépôts quaternaires
Les formes d'érosion sont représentées par de
vastes glacis à la périphérie du bassin. Ce sont des Ces dépôts diffèrent énormément entre eux par
surfaces très aplanies ou reg qui raccordent les plaines leurs extension, puissance, répartition et nature
aux reliefs périphériques (Kreb des Hamada) ; elles lithologique.
356 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
NA
FEZ
Fig. 154 — Topographie et structure du réseau hydrographique de
la plaine du Tafilalt.
0
BETHA JORF 820
82
CO
81
NE
810
TIZ
80
0
DU
IM
800
I
E 790
CÔN BO
U
NA ¨C
'HAN 780 ÔN
D
DE
E Les reg - On désigne par reg les surfaces de
O. S
Z OR
H
cailloux non alluviaux, assimilables à des nappes
A
d'éboulis très plates et à pente très faible, dont
770 l'épaisseur est insuffisante pour modifier la forme
SIFFA concave du substratum recouvert. Ces reg prolongent
760 des cônes d'éboulis au pied des reliefs ou passent à des
glacis d'érosion dénudés. On parle ainsi de dépôts de
CÔNE reg et de niveaux de reg, lorsque plusieurs reg sont
75
0 étages à la façon de terrasses. Ils couvrent de vastes
DU
T A F I L AL T
étendues dans les plaines du bassin qu'ils prolongent
0
74 morphologiquement, et se raccordent aux surfaces des
HA
BK
SE nappes alluviales ou des formations lacustres. Ce
730 UIDA
ME
SG raccord entre deux surfaces, l'une concave, l'autre
convexe, au pied des reliefs, se traduit souvent par des
axes déprimés qui expliquent les difficultés qu'ont les
affluents à rejoindre le collecteur principal. L'étage-
Principaux centres de confluence Courbe de niveau
710 ment de plusieurs niveaux de reg s'observe assez
Zone de divergence (cône) Oueds principaux
Limites de la plaine alluviale Ziz artificiel
Ligne de partage des eaux Lit fossile récent
Profil amont A
NNW
SSE
Cotes relatives
O.
TA
NG
B
UE
RE
A
LA
RK
cotes relatives
FE
O. TINJDAD
Profil Aval B
NNW SSE
M Stn du Ferkla -aval
HE
O . IC O. Ferkla
A 10 792 793
990
0 1 2 3 km 5
a q5l
0 0
980
5 DE
VO q5a
10 NI
EN
Quaternaire q4c
20 ORDIVICIEN
a Alluvions actuelles
SILU
R IEN
q5l Limons
q5a Alluivions graveleuses q5 Soltanien
q4cl Calcaires lacustres
q4c Conglomérats q4 Tensiftien
q3t Calcaires Travertineux q3 Amirien
Surface piézomètrique
Sondage
W E / NNW
335/47
347/47
348/47
1000
q4c A
q5l
q5m q5l
q5a q5a q5m q5a
q4m q4m
q4c q4c q4c
950
Ci
900 m
345/47
346/47
335/47
q4m
A q4c
B
q5l
q5l q5m
q5a
q4m
q4c
Ci
SSW
RD RG
Oued Rhériss
345/47
344/47
lit mineur
q4m
1000
B
q5l
q5m
Ci A
q4m
950
q4c
Ci
900 m
A q4m
Alluvions graveleuses - Actuel et subactuel Marnes lacustres
q5l q4c q4 Tensiftien
Limons bruns Conglomérats
q5m Ci
Marnes lacustres q5 Soltanien Marnes bariolées - Infracénomanien
q5a
Alluvions graveleuses Sondage de reconnaissance et son numéro I.R.E.
0 100 200 m Niveau piézométrique le 4-2-1964
souvent. On les distingue par les caractères de leurs du Kreb de la hamada turonienne et sur les pentes du
dépôts : le reg récent est le plus développé et son jbel Erfoud. Les masses éboulées à gros éléments
passage à la basse terrasse (Soltanien) s'observe très peuvent être rapprochées par leurs constituants de la
souvent. « haute terrasse quaternaire ».
Les éboulis et masses glissées - On ne les observe Les nappes alluviales - Les plaines alluviales
qu'au pied immédiat des reliefs élevés, surtout au pied correspondent principalement aux dépôts du Quater-
358 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
O. RHERISS
844/57
F1
Fig. 157 — Coupe géologique transversale de la vallée de l'oued Rheriss en amont du Fezna.
naire récent (Soltanien) façonnés par l'évolution forment des falaises verticales, très facilement éroda-
morphologique post-soltanienne et actuelle, mais bles en période de crues.
incluent en outre les dépôts fluvio-lacustres du
Quaternaire moyen recouverts par les précédents ; ils Du point de vue granulométrique, ces limons
ne peuvent donc plus constituer une terrasse. La appartiennent le plus souvent aux sables fins et aux
puissance de ces dépôts d'alluvions graveleuses et de silts. Il leur est parfois associé à la base des sables
limons oscille en moyenne entre 15 et 20 m. fluviatiles et des graviers qui peuvent passer à des
marnes lacustres, peu homogènes et d'aspect bariolé.
Les terrasses - Ce sont des surfaces de dépôts
alluviaux étages et dégagés par l'érosion, souvent On rencontre en outre des limons remaniés
appuyées contre le substratum primaire ou crétacé, qui provenant surtout du Soltanien du haut-bassin : ceux
dominent les plaines limoneuses par une petite falaise des basses terrasses post-soltaniennes, plus argileux et
(Todrha, Ferkla, Tizimi). On rencontre aussi des plus gris, les limons actuels ou subactuels des lits
lambeaux de terrasse enfouis, notamment au Tafilalt d'oueds, ceux déposés dans les palmeraies au cours des
près de Rissani (conglomérats de Sigilmassa). irrigations, dont l'extension et la puissance sont
Les plateaux de dépôts lacustres - Des calcaires particulièrement grandes dans la plaine du Tafilalt
lacustres du Quaternaire ancien et moyen forment (plusieurs mètres). On a pu estimer autour de Rissani,
parfois des entablements limités par de petites l'épaisseur moyenne de dépôt de ces limons de
falaises : ils sont très étendus au Tizimi et le Ziz y est palmeraies à 1 cm par an.
encaissé. Les alluvions graveleuses des lits d'oueds actuels
Les dunes - La limite N des dunes passe au pied présentent une constitution granulométrique à deux
du Kreb de la hamada turonienne. L'Erg Chebbi phases principales : sables et limons fluviatiles,
(100 km2) se trouve au SE dans la basse vallée du Ziz, graviers et galets de 1 à 10 cm de diamètre. Ces
en aval de la plaine d'Erfoud-Rissani. Les amas alluvions sont bien classées et ont le plus souvent une
dunaires du bassin sont de faible étendue (barkhanes structure feuilletée ; ainsi les masses d'alluvions
ou faisceaux de cordons dunaires), les principaux se apparaissent-elles beaucoup plus hétérogènes dans le
situant à la périphérie du Tizimi, du Tafilalt s.s. et de sens vertical que dans le sens horizontal.
la plaine Isilf-Chtam. Les conglomérats se rencontrent surtout dans les
Lithologie des dépôts quaternaires (fig. 155 à 1 6 1 ) moyennes terrasses ; la dimension de leurs éléments
les plus gros s'accroît avec l'âge des terrasses
Les limons sont les dépôts les plus importants et quaternaires et la proximité du Haut Atlas, mais sans
les plus répandus et constituent la plupart des sols régularité. On observe tous les degrés de cimentation
cultivables. Ils englobent des dépôts assez variés par la et il est fréquent que celle-ci soit incomplète, laissant
nature des constituants et les caractères granulome- subsister un réseau d'interstices ; il arrive parfois que
triques, mais présentent une grande unité sur le plan la cimentation décroisse en profondeur et qu'on passe
morphologique ; ils appartiennent pour la quasi- à des lits de galets libres (cf. coupes de la fig. 160). On
totalité à un même niveau, le Soltanien, et constituent rencontre aussi des niveaux lenticulaires d'alluvions
la basse terrasse. Leur couleur est claire, leur aspect graveleuses au sein de ces conglomérats. Le ciment est
loessique et compact ; ravinés par les oueds, ils calcaréo-gréseux et il n'est pas rare d'observer le
TAFILALT 359
W E
Coupe A.B
1783/57 1771/57 1775/57 1779/57 1770/57
B 14 1772/57 B.10 1774/57 B.1
B3 B.6
810 B.2 B.5
800
790
780
Tarannon
Ludlow probable F?
S
N
Coupe E.F
1773/57 1775/57 1784/57 1781/57 1776/57 1782/57
810 B.4 B.6 B.15 B.12 B.7 B.13
800
790
780
schistes à Ostracodes
NW S.E
Coupe C.D
810
B7 B9 B8
800
790
780
passage latéral progressif des conglomérats à des lacustres, vis-à-vis desquelles les eaux souterraines ont
calcaires lacustres gréseux de même nature que le joué un rôle important : ils sont localement associés à
ciment (Tensiftien et Amirien). des travertins et des onyx, ce qui témoigne d'une
intense activité incrustante, répétée à plusieurs
On rencontre souvent des brèches sur les pentes, époques du Quaternaire, mais optimale à l'Amirien.
qui constituent le reg moyen ; leur raccord aux Ces formations, surtout gréseuses apparaissent comme
conglomérats s'effectue alors parfaitement à la limite des dépôts de fin de cycle de remblaiement et
du domaine de remblaiement alluvial. constituent le sommet des moyennes terrasses. Leur
Les calcaires lacustres, gréseux ou marneux, sont structure est noduleuse ce qui leur confère à
présents en deux niveaux quaternaires ; peu puissants l'affleurement un aspect vacuolaire très caractéristique.
et subhorizontaux, ce sont des formations fluvio-
360 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
20 m
seuils qu'ils constituent ont été utilisés dans le passé
800
790
780
770
S
10
Niveau piézomètrique de la nappe le 3/11/69
pour la construction de petits barrages, notamment
0
3338/57
dans la vallée du Rhériss.
Hauteurs :
Sondage et son numéro I.R.E
3339/57 Des travertins calcaires récents post-soltaniens se
rencontrent localement sur les berges du Ziz, au N de
200 m
N
100
Rhériss - Goulmima (Tifounassine) (fig. 162). Ainsi
4,5 km
Echelles :
0
certaines buttes-témoins de limons au N du Tizimi
SSW
Longueurs :
3335/57 sont-elles coiffées de tels encroûtements, très minces.
O. Hnich
3335/57
TENSIFTIEN
relation avec des failles, ils témoignent d'anciennes
venues d'eaux profondes et incrustantes dont il ne
q5a
PROFIL GEOLOGIQUE OCCIDENTAL EN AMONT DE LA PLAINE DU TAFILALT
Cônes d'éboulis
Conglomérats
Marnes
q4e
q4a
q4c
Limons sableux
Dépôts de reg
3335/57
véritables croûtes superficielles (Bouïa, Tizimi, Sud de
la plaine du Tafilalt), là où la nappe libre est à faible
Profil n° 2
q5a
3332/57
Séguias
Schistes viséens
D
q4c
l'W du Fezna.
q5l
200 m
q4a
20 m
q4c
3442/57
100
3338/57
Stratigraphie du Quaternaire (fig. 163 et 164)
10
?
0
0
3328/57
D
3341/57
cinq niveaux quaternaires correspondant à autant de
820
810
800
W
Profil n° 1
Ziz
O.
des dépôts pliocènes ; la tranche érodée pendant ce
ERFOUD
uh
rbo
me
A cycle est voisine de 200 m, soit le double du
Profil
O.
RISSANI
3326/57
creusement effectué pendant la totalité du Quaternaire.
Old ZOHRA
iz
O. Z
T
ALA
I
TIZIM
q5l
FIL
A
5324/57
FF
TA
SI
S IS
HER
O. Hnich
O. R
Fig. 159 — Profils géologiques en amont de la plaine du Tafilal
800
790
780
770
NNE
Hnich à l'W.
BO
TAFILALT 361
5 km
UH
Ce niveau est représenté par les conglomérats
m
BO
m
770
760
750
740
760
750
740
730
ER
.A
M
peu puissants du jbel Erfoud (+ 130 - 140 m),
2
O
Calcaires
dévoniens
ESE
1
Rhériss !
ERFOUD
affleurant
O. IDRNA
Primaire
ENE
à 2,5 km
lambeaux de dépôts aujourd'hui disparus, mais qui ont
Séguia
0
ZIZ T A F I L A LT
RISSANI
I
O.
I M
D
A
1475 !
C
Z
B
m
T I
O. RHERISS
750
740
730
720
q5a
F
affleurant
E.N.E
Primaire
q5c et
à 4,3 km
P1807 !
1475 !
Le Salétien - Il marque le début du Quaternaire
q4a
m
800
790
780
810
q4cl
proprement dit, mais ses témoins sont rares (lambeaux
q4cl
q5l
m
ns
m
800
790
780
770
780
770
760
750
qlc à 250 m (1153)
ée
R.G
tes
800
O. ZIZ
E
his
Calcaires devoniens
Borj Sud
A
R.G
1475 !
P1253 !
q4a
R.D
O. AMERBOUH
Asserghine
A
Schistes viséens
ERFOUD
q4c
Schistes viséens
q5l
Calcaires -dévonéens
q5l
Si Bou -Beker
q4c
S
R.D
P1228 !
L'Amirien - Ces dépôts forment la haute terrasse
q5a
q5a
820
1476 !
S64 !
Ouled - Zohra
q5l
q5l
q4m
P1518
781 !
n° 21
Ouled Abidallah
q4c
!
P82!
P1520
q4a
q5a
1477
P1570
q4cl
798 !
q5l
q4cl
q4c
P95!
GEHAÏA
P339
q5l
Gite d'Etape
au N de Jorf et du Tizimi).
RISSANI
2,2 km
q4a
q4cl
Graoua
Sigilmassa
Ruines de
P660
q5a
2,3 km
q5m
P667 !
815
séguia Madraria
819
P 1396 P
O. ZIZ
A
O. ZIZ
O. ZIZ
q4a
q5l
A
q4c
O. ZIZ
750 !
q4c
q5a
q4cl
794 795
q4c
462 bis
q5m
Mon Cantonière
q4a
1540
TABOUSSAHT
q4c
Route n° 21
q5a
q4c
Piste
q5e
821
q5c
encroûtés.
q4c
seguia Siffa
1343
q4c
q5l
q4cl
1400
?
444
-
q5l
q5l
q4m
1367
Route n° 21
q4cl
Jbil
q5a
q5l
871
791
Calcaires dévoniens
graveleuses.
qe
Bi Tarcha !
1483
867
q5a
q5l
q5a
WSW
Piste
863
816
q4c
q5l
OUZALCHA
q5a
m
760
750
740
730
P!
WSW
1528
m O. RHERISS
q4cl
à 4 km
ces dépôts.
q5l
q4c
P.
750
740
730
720
710
1107
500 m
400
q4c
q5l
300
( Actuel pro parte)
q5l
200
Eboulis et dépôt de "reg" récent ou moyen
1104 !
100
817
q2 Soltanaien
(q1 moulouya)
q3 Amirien
q4cl
seguia Mellalia
q5a
792
0
LEGENDE
1115 !
Alluvions graveleuses
Alluions graveleuses
870
Calcaires lacustres
C
Alluvions actuelles
B
Eboulis anciens
Surface piézomètrique
2 km
q5c et Primaire
R.G
Conglomérats
Conglomérats
affleurant à
Primaire affleurant
Tafilalt.
Marnes
Limons
Argiles
Calcaires dévoniens
R.G
Dunes
23 km
à 3 km
A
O. RHERISS
O. RHERISS
Sondage
Mly Brahim !
Puits
P355
q5m
q4m
m Barrage de
Quaternaire
q4cl
q5a
q4a
q2e
q4c
q3c
WNW
q5l
qe
D
m
WSW
D
A
WNW
O. RHERISS
800
790
780
770
747
740 q5a
m
m
790
780
770
760
770
760
750
770
760
750
730
NW SE
1802/57
1801/57
1789/57
1941/57
1942/57
1788/57
1790/57
1808/57
m
750 A
740
q5l q5l
q5m q5l
730
q5s
q5m q4c q4c q5a
q4m q4cl q5a
720 q5a q4c q4-5a
Schistes viséens q4c q4c
q4cl q4a
710 Schistes viséens
OUED ZIZ
1808/57
1791/57
1803/57
1805/57
1792/57
1806/57
1793/57
1794/57
1807/57
1795/57
1804/57
B
A Bekh-Bakh Bekh - Bakh
q5l q5a q5l
q5a q5m
q5a q5m
q4c
q4c
Schistes viséens
q4c q4cl qe
q4cl
Schistes viséens q4cl
NE NNE
1799/57
1795/57
1804/57
1796/57
1797/57
1798/57
1800/57
m
750
B Bekh-Bakh Bekh-Bakh
Bekh-Bakh Bekh-Bakh Reg Reg q5l 740
q5a
q5m
710
LEGENDE
q4 TENSIFTIEN
des dépôts soltaniens peu résistants : les dépôts sont des formations soltaniennes remaniées et les
rharbiens qui leur succèdent (subactuels ou actuels) apports réalisés lors des crues sont essentiellement
proviennent donc surtout de leur remaniement. limoneux. Les limons déposés sont le résultat de la
pratique, depuis une dizaine de siècles, de l'irrigation
Les formations récentes comprennent le remplis-
par épandages massifs d'eau de crue. Très homogènes,
sage des oueds actuels après leur creusement. On note
ils proviennent du remaniement et du transport des
d'abord un retour relatif d'humidité, puis le progrès
limons des bassins amont. On note aussi la présence
relatif de l'aridité qui caractérise l'évolution subac-
de petits amas dunaires partiellement mouvants à la
tuelle. Les dépôts ne sont pas étendus (encroûtements
périphérie des palmeraies, dans les lits des oueds et
et travertins, dépôts des terrasses des lits majeurs).
aux abords de dunes plus anciennes (Seffalate et Siffa.
L'Actuel - Les alluvions actuelles des grands oueds l i t et rive droite du Rhériss, W d'Hannabou, N et NW
du Tizimi).
Climatologie
Le bassin quaternaire du Tafilalt, inclus dans le PLUVIOMETRIE
domaine présaharien, a un climat continental semi-
aride accentué par sa situation géographique (bordure Les observations ne correspondent pas toutes à la
de reliefs escarpés). La connaissance du climat reste même période. Seuls deux postes disposent de données
encore insuffisante : le réseau pluviométrique est peu continues sur 30 ans (1933-1963) : Erfoud et Rissani.
dense et le nombre d'observations est encore faible Par contre on dispose pour quatre stations du
(fig. 165). bassin d'une période plus courte d'observations. Le
tableau suivant en donne les résultats.
Tableau 83
N S
m
15 BASSE TERRASSE
Terrasse du GLACIS DU
5
lit majeur LIT MAJEUR
Lit
0 mineur
ALLUVIONS DU LIT MINEUR TRAVERTINS
POUDINGUES ET CAILLOUTIS (LIT MAJEUR) LIMONS DE LA BASSE TERRASSE
REG DE CAILOUTIS
N S
+ 140 m
q1c
q2e
q4r q2c
q3r
q3cl
q5r d d
q4cl q3c
Palmerais q5l q5r
q5a d
q5l q5m al a"r
d a"t a"
a' a'c a'
a
0
(Altitude relative)
q4c q5a' q4cl
q4a
NIVEAUX FACIES
150
Les pluies surviennent depuis septembre jusqu'à Moulouyen
q1
Salétien
q2
Amirien
q3
Tensiftien
q4
Soltanien
q5
Rharbien Actu.
a' a" a
avril, selon les années ; juillet est le mois le plus sec. Conglomérats, J. Erfoud (935 m)
Fig.165
donne le relevé des températures moyennes mensuelles février ; elles peuvent l'être aussi très rarement en
maximales et minimales pour une période de 30 ans novembre et mars. A partir de juillet et jusqu'en
(1933-63). septembre, les minima journaliers varient de 10 à
Il apparaît que le mois de juillet est le plus chaud 20° C.
et celui de janvier le plus froid. Les températures
journalières maximales atteignent 50° C à Erfoud ; les
mois d'hiver, où les températures journalières maxi-
males ne dépassent pas 20° C sont rares et, à partir de EVAPORATION
mars, elles peuvent atteindre 30° C. Tous les mois
L'évaporation potentielle au Tafilalt est très
d'été ont plus de 40° C et parfois le mois de mai aussi.
supérieure à l'évaporation réelle. Elle est mesurée
Ce n'est qu'en novembre que les températures
depuis peu à Erfoud au bac Colorado mais a été
journalières maximales décroissent au-dessous de
calculée approximativement par la méthode de Thorn-
30° C. thwaite. Les résultats obtenus à Rissani en 1960 par F.
Les températures journalières minimales néga- Joly, sont extrapolables à toute la plaine du Tafilalt. Ils
tives à Erfoud sont limitées à la période décembre - sont les suivants (en mm).
Tableau 85
J F M A M J J A S O N D Année
12 20 41 75 126 188 212 201 151 80 36 17 1 159
10 000 _
_
_ _ _ _ _
10 000
milliéquivalents
_
_ _ _ _ _
_
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
Fig. 166 — Composition chimique des eaux de l'oued Ziz à son entrée dans la
plaine du Tafilalt, en étiage et en crue.
Le bassin du Tafilalt appartient sans conteste à la Dans les grandes palmeraies règne toutefois un
zone climatique présaharienne, bien qu'aucun des microclimat distinct du climat environnant, caractérisé
indices d'aridité ne donne l'avantage physiquement par une humidité nettement plus élevée et une
justifié et chiffré du climat. évaporation potentielle moins intense.
Hydrologie
Les oueds du bassin n'ont fait dans l'ensemble REGIME ANNUEL DES OUEDS
l'objet de mesures hydrologiques que depuis peu Le régime annuel des oueds issus du Haut Atlas
( 1 9 6 1 ) . Le Ziz seul bénéficie d'observations et de se caractérise par deux saisons de hautes eaux,
jaugeages réguliers et précis près d'Erfoud depuis automne et printemps, séparées par deux périodes
1953 ; par contre, il a été jaugé en amont de Ksar-es- d'étiage, au cours desquelles le débit est très faible ou
Souk depuis 1948, mais d'une manière beaucoup nul.
moins rigoureuse. Néanmoins avec certaines précau-
tions, les renseignements qu'on possède peuvent être Le régime moyen annuel est difficile à définir,
admis comme valables (cf. chapitre Haut Atlas étant donné que les variations d'une année à l'autre
portent aussi bien sur les quantités d'eau écoulées que
TAFILALT 367
sur leur répartition dans l'année. Par ailleurs, la d'Erfoud, le régime d'écoulement est perturbé à cause
période d'observation est relativement courte. des irrigations et qu'il est impossible d'y définir le
régime réel du Ziz : novembre et mai présentent un
Le tableau suivant rassemble les valeurs des
maximum de débit et le débit moyen annuel est
débits moyens mensuels et du débit moyen annuel dépassé pendant 8 mois ; l'influence des irrigations est
pour le Ziz à Erfoud, établis sur une période de 20 ans sensible en octobre, après la sécheresse estivale et au
( 1 9 5 3 / 5 4 - 1972-73). printemps, au moment où les eaux abondent.
Il ressort des données observées qu'à la station
Tableau 87
DEBITS MENSUELS MOYENS DU ZIZ (en m3/s) A LA STATION DU PONT
DU ZIZ PRES D'ERFOUD (1953 - 1973)
A partir d'octobre 1970 les débits sont influencés par la retenue du barrage Hassan Addakhil
En ce qui concerne le Rhériss et le Todrha, les sèches correspondent à un apport annuel inférieur à
seules observations disponibles se situent à Tadirhoust 120 millions de m3, les années moyennes à un apport
et à Ait-Bouijane (au débouché atlasique, peu en compris entre 120 et 250 millions de m3 et les années
amont du bassin du Tafilalt). Les débits moyens humides à un apport supérieur à 250 millions de m3.
annuels pour la période de mesure (1961-70) sont Ainsi l'année 1950-51 avec un apport de près de 436
respectivement de 2 et 1 m3/s. Par des corrélations millions de m3 et l'année 1961-62 avec un apport de
avec l'oued Ziz, les données ont pu être étendues à la 55 millions de m3 représentent-elles les extrêmes.
période 1948-70. Le module moyen annuel est alors
pour le Rhériss à Tadirhoust de 2,5 m3/s et pour le
LES CRUES
Todrha à Aït-Bouijane de 1,1 m3/s, valeurs qui ne
tiennent pas compte des dérivations d'eau en amont Les eaux en provenance du Haut Atlas, sous
(cf. Haut Atlas calcaire). forme de crues isolées au caractère torrentiel très
accusé, représentent l'écoulement superficiel type des
REGIME HYPERANNUEL
bassins du Ziz et du Rhériss-Todrha.
Il se caractérise avant tout par une grande
Les observations précises des crues sur le Ziz
irrégularité. Ce sont les données de la station des Aït-
pour la période 1948-1970 ont permis de définir la
Athmane et non celles d'Erfoud qui permettent de
valeur de 5 m3/s pour le débit du Ziz à Aït-Athmane,
mieux définir le régime hyperannuel du Ziz. La
classification en années humides et sèches peut être à partir duquel on a effectivement un écoulement de
établie à partir de l'apport moyen annuel, après crue. Le nombre de crues s'établit en moyenne à 11
analyse du régime des crues. par an, avant la réalisation du barrage de retenue
Hassan-Addakhil au Foum-Rhiour. C'est en automne
Pour le Ziz, on peut affirmer que les années qu'elles sont les plus fréquentes (35 % du total
368 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
milliéquivalents
_
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
Fig. 167 — Composition chimique des eaux de l'oued Rhériss à son entrée
dans la plaine du Tafilalt en crue (l'oued n'est pas pérenne au
niveau du barrage Moulay Brahim).
environ) avec le maximum de débit moyen. Au Les débits maxima de crue millénaire ont été
printemps par contre, elles ne sont pas aussi fournies estimés à :
et traînent en général des « queues », dues à la fonte 5 100 m3/s pour le Rhériss à Tadirhoust et à 2
des neiges dans le haut-bassin. 100 m3/s pour le Todrha à Aït-Bouijane.
La plus forte crue observée a été celle de
novembre 1965, avec un débit de pointe voisin de L'étude des hydrogrammes du Ziz et du Rhériss a
5 000 m3/s à Aït-Athmane, tandis que la crue permis d'établir que les crues se concentraient
millénaire a été évaluée à 10 000 m3/s. brutalement dans les hauts-bassins (entre 1 h 30 et
2 h 30) et que le temps de décrue, constant en un point
Sur le Rhériss, l'observation des crues ne repose donné, était voisin de 24 h.
que sur une dizaine d'années ( 1 9 6 1 -70) ; leur nombre
annuel varie de 0 à 11. Il ressort notamment que dans Les eaux de crue ne sont pas très douces et leur
65 % des cas, il y a coïncidence de date entre les crues concentration en sels varie (230 à 2 380 mg/1 pour le
du Rhériss et celles du Ziz. Ziz; 310 à 4 720 mg/1 pour le Rhériss). L'eau du
TAFILALT 369
premier flot de crue est souvent plus concentrée que jaugeages. Les renseignements avancés sur les eaux de
celle de décrue ; le faciès est bicarbonaté calcique au- crue perdues à l'aval reposent sur la différence entre
dessous de 750 mg/1, chloruré sodique au-dessus et les apports de l'amont et l'estimation des dérivations
on note la présence de matières organiques, surtout effectués au profit des divers périmètres.
lors des faibles crues, indice d'une dégradation intense
des sols dans le bassin (fig. 166 et 167). Pour le Ziz on avait chiffré, avant l'aménagement
du barrage Hassan-Addakhil, le volume moyen annuel
IMPORTANCE DES EAUX PERDUES A L'A VAL DU des apports d'eau de crue au radier d'Erfoud
BASSIN ( 1 9 5 3 - 1 9 6 1) à : 1 15 millions de m3.
Deux stations simplifiées ont été installées en
1961 à l'aval de la plaine du Tafilalt, l'une à Taouz sur Au total, on peut donc admettre qu'avant
le cours inférieur du Ziz, l'autre à Megta-Sfa sur le l'aménagement hydraulique du Ziz, l'ensemble des
Rhériss. L'exploitation des observations n'a cependant pertes d'eau à l'aval du bassin du Tafilalt atteignait en
jamais pu faire l'objet d'un contrôle efficace par moyenne la valeur de 106 millions de m3.
Tableau 88
Après dérivation par les ouvrages de crue en année moyenne d'un volume 7 5 . 1 0 6 m3
moyen de :
les perles en aval du Tafilalt se chiffraient donc à : 40.10 6 m3
Par contre, pour le Rhériss, où le volume moyen annuel des eaux de crue est 84.10 6 m3
inférieur à celui du Ziz et égal à environ :
les quantités d'eau dérivées annuellement n'atteignent vraisemblablement 18.10 6m3
que :
En conséquence, le volume moyen annuel des perles à l'aval serait supérieur à 66.10 6 m3
celui du Ziz et égal à :
Hydrogéologie
Les eaux du Quaternaire constituent un système Tafilalt de zone d'altération profonde dans les schistes.
de nappes libres, qui circulent surtout dans les Quelques niveaux sont semi-perméables (grès et
formations soltaniennes. Le substratum, principale- schistes gréseux de l'Ordovicien et du Viséen,
ment primaire (schistes, marnes, grès et calcaires calcaires du Dévonien) mais leurs perméabilités sont
compacts), est un imperméable général, tandis que sur cependant si faibles en comparaison de celles du
le flanc N du bassin, l'Infracénomanien gréseux joue Quaternaire qu'elles sont souvent considérées comme
un rôle hydrogéologique sensible, par la nappe qu'il négligeables. Dans aucun des sous-bassins étudiés, on
contient. n'a constaté en effet d'anomalie hydraulique montrant
A l'aval du bassin, la nappe de la plaine du soit un apport d'eau en provenance du substratum, soit
Tafilalt, qui est le lieu de convergence de la majeure une perte dans des niveaux profonds. Au Tafilalt
partie des eaux souterraines du bassin Ziz-Rhériss, notamment, des barres de calcaires dévoniens forment
constitue la principale unité hydrogéologique de cet saillie dans la plaine alluviale et sont aquifères (eau de
ensemble ; les études y ont été particulièrement la nappe alluviale), mais se comportent cependant
poussées et ont abouti en 1960 à la publication d'une comme un barrage souterrain naturel.
carte hydrogéologique au 1/50 000 avec mémoire On note parfois des apports minimes d'eau du
explicatif par J. Margat (1962), auteur de la quasi- substratum primaire qui se manifestent par des
totalité des recherches en cette région. anomalies chimiques dans les nappes du bassin.
Le flanc nord de certains bassins a pour
substratum les grès de l'Infracénomanien : N du
SUBSTRATUM ET NIVEAUX AQUIFERES DES Tizimi, vallée du Rhériss, de Goulmima à Tilouine,
NAPPES PHREATIQUES hautes vallées de l'oued Tanguerfa et de ses affluents
(rive droite du bassin du Ferkla). Dans ces régions,
Le Primaire et localement le Précambien consti- peu importantes en extension, le substratum est
tuent partout le substratum du Quaternaire et le mur
imperméable DU parfois aquifère, alimenté alors par
des nappes du bassin, car ils sont toujours pratique-
des pertes de nappes ou de sous-écoulements. Ces
ment imperméables. Les schistes cristallins et les
eaux sont restituées ensuite, de manière partiellement
granites précambriens (Ougnate), les quartzites du
Géorgien, les schistes du Silurien et du Viséen, les occulte au Quaternaire le long de la ligne d'érosion du
marnes du Dévonien moyen sont rigoureusement Crétacé sur le Primaire (Tizimi).
imperméables. On ne rencontre pas dans le bassin du Par contre la morphologie du substratum joue un
370 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
rôle très important dans la répartition, la délimitation même les marnes lacustres sont parfois plus perméa-
et la subdivision en sous-unités hydrogéologiques. bles que leur fine porosité ne semblerait l'indiquer, car
Les différents niveaux quaternaires sont très un réseau de microfissures et de fins canalicules est
inégalement aquifères. souvent très développé, notamment dans les zones
cultivées. Localement ils peuvent cependant détermi-
Les formations du Quaternaire ancien sont ner un freinage important des nappes ou se comporter
toujours stériles. Les calcaires lacustres et les comme un imperméable.
« croûtes » développées surtout dans la vallée
moyenne du Rhériss, de l'Ifère et au N du Tizimi, Les alluvions graveleuses des l i ts actuels ou
ne sont que rarement aquifères, ne relayant alors fossiles ont une structure feuilletée et sont anisotro-
que des niveaux aquifères du Crétacé