Vous êtes sur la page 1sur 9

Les Bassins Hydrauliques du Maroc

1. PRESENTATION

Le bassin de Tiznit-
Ifni est composé des
bassins versants de
l’oued Adoudou, de
l’oued Ifni et
d’autres petits oueds
côtiers limitrophes.
D’une superficie
totale de 2.680 km²,
il est subdivisé en
deux unités :

• Le bassin de la plaine de Tiznit qui s’étend sur


une superficie de 1150 km². Cette unité se
compose du système hydrographique de l’oued
Adoudou (790 km²) et d’un bassin complémentaire
à l’Est dont les eaux s’épandent dans les maïders
au Nord de Tiznit (360 km²). Dans la plaine de
Tiznit l’épandage des crues se fait par inondation
naturelle dans la partie basse de pente inférieure
à 1 %.

• Le relief de la zone côtière d’Ifni, d’une


superficie totale de 1.530 km², qui s’étend entre
les embouchures des oueds Adoudou et Assaka.
Elle est très accidentée et marque la limite
occidentale de l’Anti-Atlas. L’oued Ifni draine un
bassin montagneux de 655 km² constitué en
majorité d’un socle granitique. Des petits oueds
côtiers drainant une superficie de 875 km² au Nord
et au Sud de ce bassin.

Le Bassin Hydraulique de Tiznit-Ifni 367


Les Bassins Hydrauliques du Maroc

Sur le plan administratif, cette unité correspond à la


partie Nord-Ouest de la province de Tiznit, la partie
Nord-Est faisant partie du bassin du Massa alors que la
frange Sud fait partie des bassins de Guelmim et du Bas-
Drâa.

La population du bassin est actuellement de près de


311.600 habitants dont près de 62% en milieu rural.

Le bassin se caractérise par un climat aride qui bénéficie


dans sa zone côtière de l’influence océanique. Par contre
sur les reliefs, les températures peuvent descendre en
dessous de 0°C en hiver et dépasser 40°C en été.

La pluviométrie dans ce bassin est marquée par son


irrégularité ; il pleut, en moyenne, 25 jours par an. La
pluviométrie, d’une moyenne de 150 mm, varie entre 50
et 350 mm.

L’évaporation est de 1500 mm/an sur la côte et de 2200


mm/an sur les reliefs.

Les principales activités économiques dans cette zone


sont l’agriculture, l’élevage et le commerce. Dans la
plaine de Tiznit, l’agriculture est pratiquée dans des
petits périmètres irrigués soit par les eaux de sources
(900 ha environ) soit par épandage des eaux de crue
(3650 ha environ).

En matière d’infrastructure économique, cette unité est


dotée d’un port dans la ville d’Ifni. C’est un port de
pêche et de cabotage dont la capacité est de 100.000
tonnes/an.

Le Bassin Hydraulique de Tiznit-Ifni 368


Les Bassins Hydrauliques du Maroc

2. RESSOURCES EN EAU

2-1. Les eaux de surface

Au niveau du bassin de Tiznit, l’apport annuel moyen


total des crues s’élève à près de 8 Mm3 répartis comme
suit :
ƒ 7,5 Mm3/an provenant de l’oued Adouddou,
lequel présente une forte irrégularité (15 Mm3
en année humide et 1 Mm3 en année sèche) ;
ƒ 1 Mm3 provenant du sous-bassin N’baye(120
km²) ;
ƒ 0,5 Mm3 provenant du sous-bassin Içoh (83
km²).

Dans le bassin d’Ifni, l’écoulement l’oued Ifni présente


une forte irrégularité. D’une moyenne de 6 Mm3, le
volume des apports annuels varie entre un minimum de
0,1 Mm3 en (1986-87) et un maximum de 20 Mm3 (1984-
1985).

2-2. Les eaux souterraines

Le bassin d’Ifni se compose en majorité d’un socle


granitique dont les faibles ressources en eau souterraine
se concentrent dans la zone d’altération et dans les
fractures. De productivité ne dépassant guère 0,5 l/s,
ces ressources en eau sont très localisées et dont la
prospection nécessite des études poussées basées sur des
techniques nouvelles telles que la télédétection et la
géophysique.

La plaine de Tiznit renferme deux types d’aquifères peu


profonds exploités :

Le Bassin Hydraulique de Tiznit-Ifni 369


Les Bassins Hydrauliques du Maroc

ƒ Une nappe généralisée dans des formations


gréso-schisteuses situées sous les dépôts plio-
quternaires;
ƒ Une nappe discontinue se concentre dans les
chenaux karstiques qui se sont développés dans
les calcaires lacustres du plioquaternaire.

La recharge moyenne annuelle de ces aquifères provient


des reliefs entourant la plaine de Tiznit soit par
infiltration directe des eaux de pluie et de crues estimée
à 13 Mm3, soit par cheminement souterrain à travers des
formations sous-jacentes particulièrement perméables
estimé à 6 Mm3. Les sorties de la nappe sont estimées à
30 Mm3/an.

Les aquifères profonds d’âge géorgien qui se trouvent


sous les schistes seraient discontinus et à grande
profondeur. Cette ressource incertaine et difficilement
accessible risque aussi d’avoir une qualité médiocre du
point de vue de la salinité et de la température.

3. QUALITE DES RESSOURCES EN EAU

Etant donné que ces bassins ne contiennent pas


d’écoulements pérennes, il n’y a pas de point de
contrôle de la qualité des eaux de surface.

Les eaux souterraines des nappes de la plaine de Tiznit


et celle de Sidi Ifni présentent une bonne qualité
physico-chimique. Néanmoins, l’évaluation globale de la
qualité des eaux souterraines à partir des résultats de la
compagne d’analyse réalisée en 2002 a montré que ces
eaux présentent une mauvaise qualité au niveau de
l’agglomération de Tiznit.

Le Bassin Hydraulique de Tiznit-Ifni 370


Les Bassins Hydrauliques du Maroc

4. MOBILISATION ET UTILISATION DES RESSOURCES EN


EAU

4-1. L’effort de mobilisation

ƒ Les eaux de surface


Dans le domaine agricole, l’épandage des crues constitue
un mode privilégié pour la mobilisation des eaux. Ainsi,
les eaux de crues des oueds et chaabas qui sillonnent la
plaine de Tiznit sont épandues sur les terrains "Feid" soit
naturellement soit au moyen de petits barrages de
dérivation de crues. Les périmètres d’épandage de crues
totalisent une superficie de 3650 ha environ, on y
pratique des cultures céréalières et de l’olivier.

Ces périmètres sont irrigués par des ouvrages de


dérivation traditionnels et quelques petits barrages
vétustes (Id Taleb Yahia, Id Hmalla, Sidi Daoud, Dhar
Amzaourou, Zidania totalement détruit). Les périmètres
Amzaourou et Amensague situés dans la partie basse
d’Adoudou sont irrigués par épandage naturel.

Actuellement, l’épandage de crues de l’oued Adoudou


contribue à l’alimentation de la nappe par une
infiltration estimée à 20% qui apporte près de 0,5
Mm3/an.

Dans les bassins N’baye et Içoh, les dérivations actuelles


sont estimées respectivement à 0,4 Mm3/an et 0,2
Mm3/an.

Le volume total des eaux de crues dérivées actuellement


dans le bassin de Tiznit est de l’ordre de 3,2 Mm3/an.

ƒ Les eaux souterraines


Les ressources en eau souterraine de la plaine de Tiznit
sont exploitées dans des petits périmètres irrigués

Le Bassin Hydraulique de Tiznit-Ifni 371


Les Bassins Hydrauliques du Maroc

traditionnels et captées au niveau de sources ou par


khettaras. La superficie totale de ces périmètres ne
dépasse pas 900 ha. Le système de mise en valeur
agricole qui y est pratiqué est basé sur le maïs, la
luzerne et l’olivier. Les réseaux de distribution de l’eau
d’irrigation dans ces périmètres sont constitués de
séguias généralement en terre.

ƒ Les transferts d’eau


Les ressources en eau de l’unité Tiznit –Ifni sont très
limitées. Afin de garantir l’alimentation en eau potable
de la zone, notamment les villes de Tiznit et Ifni, il y a
eu recours à des ressources en eau extérieures à ces
bassins.

Ainsi, une adduction régionale à partir du barrage


Youssef Ben Tachfine sur l’oued Massa ayant une
longueur totale de 110 km a été réalisée en 1985 pour
alimenter en eau potable 2 villes ainsi que les centres
ruraux et douars avoisinant l’adduction. Cette dernière
est dimensionnée pour 145 l/s dont 75 l/s pour la ville de
Tiznit, 50 l/s pour la ville d’Ifni et 20 l/s pour les douars
limitrophes. Cette conduite a été renforcée par un débit
supplémentaire de 145 l/s. La dotation totale à partir du
barrage Youssef Ben Tachfine est de 5 Mm3/an.

Les ressources en eau souterraine locales qui


alimentaient les 2 villes avant la réalisation de
l’adduction continuent à être utilisées à cette fin (12 l/s
pour Tiznit sur la source Reggada et 21 l/s pour Ifni à
partir de puits dans la nappe alluviale de l’oued Ifni).

Le Bassin Hydraulique de Tiznit-Ifni 372


Les Bassins Hydrauliques du Maroc

4-2. Utilisation de l’eau

Actuellement, les ressources en eau mobilisées pour


l’irrigation sont de 13,7 Mm3/an, dont 10,5 Mm3 pérennes
(sources, khettaras et pompages) et 3,2 Mm3 par
dérivation traditionnelle des eaux de crues.

En ce qui concerne l’eau potable, les ressources en eau


mobilisées à cette fin sont de l’ordre de 3,6 Mm3 dont
2,7 Mm3 d’eau de surface transférés à partir du barrage
Y.B. Tachfine et 0,9 Mm3 d’eau souterraine.

Concernant l’alimentation en eau potable de la


population rurale, l’unité de Tiznit-Ifni a bénéficié de
plusieurs projets dans le cadre du PAGER. Ainsi, le taux
d’accès à l’eau est passé de 14% avant 1995 pour
atteindre 73% en 2005.

5. DEVELOPPEMENT DES RESSOURCES EN EAU

5-1. La demande en eau

Le développement Besoins en eau (Mm3)


socio-économique Usage
que connaît le 2005 2020
bassin engendre une AEPI 2,6 5
évolution Irrigation 19,4 25
importante des Total 22 30
besoins en eau,
aussi bien dans le secteur de l’eau potable qu’au niveau
de l’agriculture. En effet à l’horizon 2020, les besoins en
eau de la région s’élèveront à près de 30 Mm3 dont 84%
pour l’irrigation.

Le Bassin Hydraulique de Tiznit-Ifni 373


Les Bassins Hydrauliques du Maroc

L’étude de l’évolution de la demande en eau au niveau


du plan directeur d’aménagement des ressources en eau,
montre que :
- la demande en eau potable sera totalement
satisfaite à l’horizon 2020, moyennant le
renforcement de l’adduction du barrage Youssef
Bentachfine et la réalisation du projet de Ain
Reggada ;
- un déficit de 5 Mm3 sera enregistré pour la
satisfaction des besoins en eau d’irrigation.
Toutefois, la construction du barrage écrêteur
Toufgounit permettra d’augmenter le taux de
satisfaction des besoins de 30% (actuellement) à
80% à l’horizon 2020.

ƒ L’eau potable
Les besoins en eau potable des principaux centres
urbains passeront de 2,6 Mm3 actuellement à 5 Mm3 en
2020.

Quant à la demande en eau en 2020 des populations


rurales, elle est estimée à 2 Mm3. Il est à signaler que les
localités rurales situées à proximité de l’adduction
régionale du barrage Youssef Ben Tachfine–Tiznit–Ifni
sont desservies à partir de cette dernière.

ƒ L’agriculture
L’unité de Tiznit est partagée en deux zones
homogènes : les périmètres irrigués par les eaux
pérennes d’une superficie de 900 ha et ceux irrigués par
les eaux de crue d’une superficie 3650 ha. Les besoins
actuels en eau de ces périmètres s’élèvent
respectivement à 11 Mm3 et 8,5 Mm3, soit un total de
19,5 Mm3. A l’horizon 2020, ces besoins atteindront 25
Mm3.

Le Bassin Hydraulique de Tiznit-Ifni 374


Les Bassins Hydrauliques du Maroc

Le taux de couverture des besoins des cultures en


irrigation pérenne est de 85% soit un déficit de 15%. Par
contre, le taux de couverture en irrigation par épandage
est faible (29%) en raison des déficiences des ouvrages
de dérivation.

5-2. Aménagements hydrauliques projetés

Sur la base des possibilités de développement des


ressources en eau, le Plan Directeur propose les
aménagements présentés ci-après. Ces aménagements
permettraient de mobiliser un volume de 8 Mm3 dont 5.5
Mm3 pour renforcer l’agriculture et 2.5 Mm3 pour assurer
l’alimentation en eau potable :

ƒ pour l’agriculture
• Réhabilitation des périmètres d’irrigation
pérenne existants ;
• Réhabilitation et création de nouveaux ouvrages
de dérivation des eaux de crues (seuils et
réseaux) dans les périmètres existants au niveau
des bassins d’Adoudou, N’baye et Içoh (le gain
en volume mobilisé d’eaux de crues serait de 4.5
Mm3/an, dont 3.2 Mm3/an pour le bassin
d’Adoudou) ;
• Extension des zones d’épandage (200 ha);
• Conservation des sols et protection des ouvrages;
• Réalisation du barrage écrêteur Toufgounit.

ƒ pour l’eau potable


• Alimentation du centre de Lakhsass et des
douars limitrophes à partir de Tiznit (projet
ONEP en cours de réalisation) ;
• Poursuite du programme PAGER pour les
populations rurales.

Le Bassin Hydraulique de Tiznit-Ifni 375

Vous aimerez peut-être aussi