Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Télécharger Tome 2
Télécharger Tome 3
ROYAUME DU MAROC
MINISTERE DU COMMERCE, DE L'INDUSTRIE, DES MINES ET DE LA MARINE
MARCHANDE DIRECTION DES MINES, DE LA GEOLOGIE ET DE L ' ENERGIE
DIVISION DE LA GEOLOGIE
N° 231
RABAT
1975
PRÉSENTATION DU DOMAINE ATLANTIQUE
Table des matières
Introduction ................................................................................................................... 18
Le domaine Atlantique ................................................................................................. 19
Présentation du domaine Atlantique (par A. Kabbaj & M. Combe)……………. 21
Présentation géographique .......................................................................................... 21
Géologie ................................................................................................................... 25
Climatologie .............................................................................................................. 28
Hydrologie superficielle ............................................................................................ 32
Hydrogéologie .......................................................................................................... 35
Références ................................................................................................................. 39
INTRODUCTION
0 50 100 SETTAT 27
15 13 KHOURIGBA 26
11
14
E
16 BENI6MELLAL
U
SAFI 24 25
Q
FIGUIG
TI
17 KSAR-ES-SOUK
N
18 MARRAKECH
A
TL
ESSAOUIRA 20 19
37
A
44
N
23 36
A
22 OUARZAZATE
E
45
C
O
AGADIR 39
35 ZAGORA
TIZNIT 38 46
40
41
GOULIMINE
42
TARFAYA
43
1 Zone axiale du Rif 8 Plateau de Mekhnès - Fès et couloir Fès-Taza 21 Moyen Atlas et Causse
2 Zone r ifaine 9 Rharb et Dradère - Soueïre 22 Haut Atlas occidental
3 Zone et r ides pr ér if aines 10 Meseta 23 Massif ancien du Haut Atlas
4 Bas Loukkos 11 Rehamna 24 Haut Atlas calcaire
5 Tangérois 12 Chaouia côtière et plaine de Berrechid 25 Haut Atlas oriental-Tamlelt
6 Kerte 13 Plateau des Phosphates
7 Gareb et Sou Areg 14 Doukkala - Abda Domaine du sillon sud-atlasique
15 Sahel de Safi à Azemmour
Domaine du Maroc Oriental 16 Tadla 35 Souss et bassin de Ti znit
17 Bahira 36 Bassin de Ouarzazate
26 Haute Moulouya - Itzer 18 Jbilete et Mouissate 37 Bassin Ksar es Souk_ Boudenib
27 Moyenne Moulouya 19 Haouz de Marrakech
28 Rekkame 20 Synclinal Essaouira-Chichaoua Domaine anti-atlasi que
29 Chaîne des Horsts
30 Hauts Plateaux 38 Ant i- Atlas- zone ax iale
31 G u e r c if 39 Ant i- At las or ient a l
32 Couloir Taourirt - Oujda. 40 Moyenne vallée du Drâ
33 B n i - B o u - Y a h i - B n i - S n a s s e n e 41 Bas-Drâ et Rani
34 T r i f f a 42 Seyad-Noun
44 Tafilalt
45 Maidère
46 Hamada du SE
par
Le domaine Atlantique qui fait l'objet des descriptions du présent tome numéro deux
de l'ouvrage « Ressources en Eau du Maroc » est encadré au N par la chaîne rifaine qui,
avec son prolongement du Maroc oriental, a fait l'objet du tome premier, et à l’E et au S
par la chaîne atlasique qui avec le Maroc sud-atlasique fera l'objet du tome trois et enfin à
l'W par l'océan Atlantique (fig. 1).
Les plaines et plateaux du versant Atlantique du Maroc sont isolés du reste du pays
par deux hautes chaînes montagneuses, le Rif et l'Atlas, qui constituent des barrières
naturelles à de nombreux titres et confèrent à ce domaine une homogénéité d'ensemble
qui s'avèrera pourtant très relative en pénétrant plus avant dans le détail ; ceci ne saurait
par trop étonner si l'on considère que le domaine s'étend sur 4 degrés de latitude (entre les
parallèles 31 et 35 degrés N) et 6 degrés de longitude (entre les méridiens 4 et 10 degrés
W) et s'étend sur une superficie de l'ordre de 80 000 km2 représentant le sixième du
Maroc. Ce domaine contient des potentialités naturelles abondantes par comparaison au
reste du pays. Si l'Etat effectue depuis plusieurs années des actions de développement de
toutes natures sur l'ensemble du territoire, il faut bien reconnaître que la plupart des
actions les plus amples, les mieux réussies et les plus rentables intéressent ce domaine
Atlantique qui détient à lui seul en dépit de son étendue relativement restreinte, à peu près
les trois quarts du potentiel de production économique du Maroc, tout comme il recèle les
2/3 des terres irriguées pérennes, plus des 2/3 du potentiel hydraulique, les 2/3 de la
population et les 4/5 des industries.
PRESENTATION GEOGRAPHIQUE
Le domaine Atlantique, c'est avant tout 600 de vieux massifs primaires très érodés et d'al-
km de côtes entre Larache au N et Essaouira au titude modeste (500 à 1 500 m) qui sont la
S. Puis vient une bande plus ou moins large de Méséta centrale, les Rehamna et les Jbilete, des
basses plaines côtières d'altitude inférieure à 200 plateaux et hautes plaines compris entre 200 et
mètres. Entre ces plaines côtières et les massifs 600 mètres d'altitude où les développements de
montagneux élevés du Rif et de l'Atlas (plus de l'irrigation permettent une agriculture prospère.
3000 m d'altitude) se situent, de part et d'autre,
22 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Cette côte, redoutée jadis des plus audacieux Meddouza à l'embouchure du Tensift, de hautes
navigateurs, est dans l'ensemble monotone, rectiligne et falaises constituées de terrains crétacés, dominent
sans abri naturel. Secouée par des tempêtes violentes, l'Océan de plusieurs dizaines de mètres ; le cordon
elle demeurait avant l'édification de ports modernes dunaire existant partout ailleurs disparaît dans ce
fréquemment inabordable en hiver pendant des semaines secteur. Au S de l'oued Tensift, les dunes vives
entières, lorsque la barre y développe sa frange de réapparaissent et prennent autour d'Essaouira une
rouleaux créés par le déferlement d'une houle extension qu'elles n'ont nulle part ailleurs sur la côte.
qu'engendrent des perturbations atmosphériques très
éloignées, sur une plate-forme continentale large et peu En arrière immédiat de la côte se situe la zone des
profonde. dunes du Quaternaire ancien, mortes et fixées,
constituant le Sahel. Celui-ci est formé de sols légers
La côte est constituée assez généralement par une et sablonneux faciles à labourer et s'échauffant
dune sableuse récente plus ou moins consolidée en grès, rapidement. Le profil des dunes, quoique très émoussé,
d'altitude comprise entre 5 et 20 mètres et rarement impose au littoral une morphologie caractéristique faite
fixée par la végétation. Au N de Rabat et jusqu'à de longues croupes parallèles à la côte, séparées par
Larache une plage presque ininterrompue de sables des sillons à fond plat s'allongeant en dépressions plus
fins, plus ou moins recouverte pendant le flot, s'étend ou moins marécageuses. Ces dunes anciennes contien-
au pied de la falaise dunaire. Entre Rabat et Meddouza, nent une nappe phréatique facile à exploiter et souvent
les plages de sables fins alternent avec des promontoires assez riche, ce qui fait du Sahel très tempéré par la
proximité de l'Océan, une zone à vocation d'agriculture
rocheux (chicots de socle primaire ou grès du Qua-
intensive, encouragée par la facilité d'écoulement des
ternaire ancien) et se trouvent parfois isolées de la produits vers les grandes villes proches du littoral.
mer ouverte par une barre rocheuse qui protège une
lagune (Oualidia). De part et d'autre de Safi, de
La chaîne du Rif vient plonger au N dans irrigations à 200 000 ha d'ici l'an 2 000 ; l'exécution
l'Atlantique en enserrant la basse plaine du Loukkos de ce plan a été entamée en 1970.
qui appartient naturellement au domaine Atlantique
mais a été traitée par ailleurs (tome 1, chapitre 4). Les Au S du bassin Rharb-Mamora, la frange littorale
dernières collines prérifaines séparent la plaine du de la Méséta centrale marocaine correspond à une
Bas-Loukkos au N de la plaine du Rharb-Mamora au bande étroite et basse (altitude de 100 à 200 m) où le
S. socle primaire est recouvert de sols peu épais mais qui
portent des cultures céréalières et des pâturages, faute
Le bassin du Rharb-Mamora est une vaste cuvette de nappe phréatique en dehors du Sahel côtier voué au
fermée dont le centre, occupé par l'oued Sebou, a une maraîchage. Entre Rabat et Azemmour, la plate-forme
altitude inférieure à 10 mètres alors que les bords ne primaire est profondément entaillée (de l'ordre d'une
dépassent pas une centaine de mètres. Vers la mer, la centaine de mètres) par des rivières dont l'eau, située
cuvette est également fermée par le Sahel dunaire à une côte trop basse par rapport au sommet des rives,
large de 5 à 25 km et haut de 30 à 50 mètres. La est de ce fait inemployée, même lorsque les oueds ne
plaine est subsidente et fait l'objet d'un alluvion- sont pas temporaires (Bou-Regreg – Mellah - Oum-er-
nement important depuis le Miocène par le Sebou, Rbia). Des arêtes de quartzites durs appartenant au
fleuve le plus abondant du Maroc et qui la traverse d'E socle primaire font parfois saillie dans le paysage, du
en W. Le fleuve s'écoule entre ses propres levées de plateau côtier, en rompant la monotonie.
berges qui dominent la plaine environnante, et
déborde fréquemment, provoquant des inondations Au S de l'Oum-er-Rbia, la plaine des Abda-
catastrophiques et très redoutées. Cette plaine fertile Doukkala est un autre bassin alluvionnaire fermé qui
où 50 000 ha de cultures riches sont irriguées a fait possède la particularité de n'être parcouru par aucune
l'objet d'un plan d'aménagement destiné à étendre les
Limites du domaine atlantique
Limite de bassin hydrogéologique Targuist
8 Plaine de Meknès-Fès et couloir de Taza OUEZZANE
9 Plaine du Rharb et bassin de Dradère
10
11
Meseta centrale et Meseta côtière OUED DOMAINE
Massif de Rehamna
12 Chaouia intérieur et Chaouia côtière RIFAIN Ouarrha
13 Plateaux des Phosphates
SE
14 Abda- Doukkala BO
15 Sahel de Safi à Azemmour 9 U
ht
FES
Be
19 Haouz de Marrakech RABAT
E
20
Bassin d'Essaouira - Chichaoua MEKNES
SE
15 30 45 60 75 km
O.
0 8
BO
Bo
O.
U
u
I
T
Re
CASABLANCA
Karifla
g re
O.
N
g
Nfif
A Ifrane
ikh
10 Azrou
O.
L
u
go
O.
12 ui
T
O.
Mell
EL JADIDA Berrechid . G
A
ah
G
OUE
ro
u
SETTAT E
D
U
N
Oued Zem
15 Q
A
13 I
S
E
14 A
C
11
OU
Kasba Tadla
L
M
O
ER
16 Abid T
SAFI
A
RBIA
Benguerir Beni Mellal
el l
O. Mellou
17
el Kalâa des Srarhna Asif
OU
ED 18
ut o
Tessa
TENNSIFT
O.
ESSAOUIRA MARRAKECH
O. 20
O.
KSO
B
E
19
I N
A
Nfi
s
M
O
Tamanar D
rivière permanente. Les oueds torrentiels qui y Essaouira n'est pas pérenne à ce niveau car ses eaux
débouchent en provenance du massif des Rehamna sont totalement utilisées à l'amont pendant l'été. Au
n'ont plus aucun exutoire et s'épandent dans la plaine, Sud du Tensift, l'altitude se relève et l'on peut parler
s'infiltrant dans le sol perméable et s'évaporant après d'un plateau côtier d'Essaouira, interrompu par des
avoir causé des dégâts aux aménagements mis en chaînons montagneux qui se rattachent au système
place. Cette plaine possède beaucoup de sols de bonne atlasique. Cette région méridionale de la zone côtière
qualité ; un périmètre moderne d'irrigation est en atlantique est la plus pauvre en eau, tant souterraine
cours d'équipement à partir des eaux de l'Oum-er-Rbia que superficielle ; en outre les sols sont peu épais et
et atteindra 30 000 ha en 1972 sur 65 000 ha au moins généralement sableux, ce qui explique qu'en dépit
envisagés actuellement et 125 000 ha potentiels. d'un climat très doux, l'agriculture ne soit pas
Le Tensift qui se jette à l'Océan entre Safi et prospère et possède un fort caractère aléatoire.
Trois massifs anciens et très érodés brisent avec une de pommiers (Oulmès) et quelques exploitations
direction E-W l'extension du N vers le S des basses minières.
plaines. Ce sont successivement la Méséta centrale, les Les Rehamna ont la même constitution géologique
Rehamna et les Jbilete. que la Méséta, mais demeurent à une altitude plus
basse (moins de 700 mètres) et se situent déjà
La Méséta centrale est une succession de plateaux beaucoup plus à l'intérieur des terres. Les pré-
tabulaires d'altitudes croissantes d'W en E, atteignant cipitations (300 mm/an) sont plus que deux fois
1400 m au pied de l'Atlas et culminant à 1 650 m. inférieures à celles reçues par la Méséta ; cette région
Constituée de roches primaires schistes, quartzites et est avec les Jbilete la moins peuplée du Maroc
granites, la Méséta est fortement entaillée par les atlantique. Cependant, grâce à cette faible densité, les
vallées profondes des réseaux hydrographiques du habitants des Rehamna qui disposent de vastes
Bou-Regreg et du Beth. Les sols provenant de la parcours, sont moins démunis que certaines tribus
décomposition des roches primaires sont des plus d'autres régions plus à l'étroit sur de meilleurs sols.
médiocres et il n'existe pas de nappe d'eau souterraine Les Jbilete ne sont séparés des Rehamna que par le
étendue dans le substratum. C'est l'abondance des plateau des Ganntour et la plaine de la Bahira. Ils sont
précipitations grâce à la proximité de l'océan et à peu élevés puisqu'ils culminent vers 1 000 m, mais
l'altitude qui donne à cette région d'excellentes possèdent des caractères encore un peu plus
aptitudes pastorales et une vocation forestière. On y continentaux que les Rehamna de sorte que les deux
note en outre quelques cultures céréalières, des vergers massifs, de même constitution, sont très semblables.
Dans la partie septentrionale du domaine Atlantique, régions et établit des conditions très normales à la
le bassin côtier du Rharb-Mamora se poursuit vers l'E culture des céréales sans irrigation ; le plateau de
par le plateau de Meknès-Fès prolongé jusqu'à Taza Meknès-Fès porte de riches terres à blé qui sont parmi
par le couloir sud-rifain ; ce secteur est bien les plus prospères du Maroc. La prairie dense,
circonscrit par le Rif, le Moyen Atlas et la Méséta formation végétale la mieux adaptée à la modération
centrale. La disposition du relief de ce couloir en fait du climat, permettrait également un élevage prospère ;
la voie de passage la plus importante de l'Afrique du les croupes marneuses et les piémonts montagneux qui
Nord ; cette fonction géographique s'est épanouie en bordent les plateaux portent des arbres fruitiers,
un rôle historique prestigieux lorsque les Idrissides oliviers surtout au N, mais aussi cerisiers (Sefrou),
établirent à Fès au IXe siècle les bases de l'Etat pommiers, vignes et agrumes. Fès et Meknès sont
chérifien. Le plateau, dont le soubassement calcaire deux très grandes villes à vocation commerçante, dont
poursuit le massif du Moyen Atlas, recèle une nappe le rôle historique est considérable.
d'eau souterraine abondante qui dégorge en de grosses Au S de la Méséta centrale, la présence de sédiments
sources, utilisées de longue date pour l'irrigation. Par crétacés et éocènes sur le socle primaire individualise
ailleurs, l'humidité océanique pénètre jusqu'à ces les plateaux des Phosphates et des Ganntour qui sont
25
DOMAINE ATLANTIQUE
régulièrement inclinés du N vers le S, entre les bordent, ce qui a incité à créer d'importants
altitudes 1 000 et 600 m. Ces plateaux, sans arbre et aménagements hydroagricoles qui ont permis à cette
sans accident notable sont d'une monotonie date la mise en eau de 90 000 ha irrigués de façon
désespérante ; aucun cours d'eau important ne les moderne (25 000 ha dans les Beni-Amir et 65 000 ha
traverse. Le climat est très continental et les sols sont dans les Beni Moussa). Des extensions pouvant
peu profonds en général ; la région donne l'impression atteindre 45 000 ha sont prévues pour les prochaines
d'un désert de pierres en été et ne porte en hiver que années.
quelques cultures de céréales (orge surtout) dont la
rentabilité est liée directement à l'abondance des Au S des Jbilete qui constituent un seuil très
pluies annuelles. Le mouton constituait le capital de aisément franchissable, s'étend la plaine du Haouz,
cette région avant la découverte et la mise en exploi- dans des conditions très comparables à celles du Tadla,
tation des gisements phosphatiers (plus de 10 millions mais au pied du Haut Atlas. La continentalité de cette
de tonnes par an) dont Khouribga est la capitale sur le plaine est encore plus accusée que celle du Tadla et la
plateau des Phosphates et Youssoufia, celle du plateau végétation spontanée est la steppe à jujubiers ; on ne
des Ganntour. peut qu'exceptionnellement y pratiquer des cultures
sèches. Cependant, l'irrigation est facilitée par la
disposition de la plaine qui descend en pente douce du
Vers le SE, le plateau des Phosphates s'abaisse Haut Atlas vers un drain naturel : l'oued Tensift qui
progressivement vers la plaine du Tadla qui s'adosse s'écoule tout à fait au N, en longeant les Jbilete d'E en
aux montagnes des Moyen et Haut Atlas. Cette région W. Le Haut Atlas, où la neige se conserve longtemps
devenue cuvette synclinale à la fin du Tertiaire, après grâce aux altitudes de 4 000 m, constitue une réserve
la surrection des Atlas, fut longtemps occupée par un d'eau importante distribuée entre plusieurs. affluents
lac que les torrents qui y convergeaient en dévalant de qui s'écoulent du S vers le N ; ces affluents sont dérivés
la montagne ont progressivement comblé de leurs à leur entrée dans la plaine par de nombreuses seguias
alluvions. Le puissant Oum-er-Rbia sépare la plaine en et les infiltrations d'eau dans les formations
deux secteurs : les Beni-Amir sur la rive droite et les alluvionnaires souterraines sont également exploitées
Beni Moussa sur la rive gauche qui étaient à l'origine pour l'irrigation, par des puits où des drains souterrains
très différents. En effet, l'Oum-er-Rbia ne reçoit pas dénommés rhettaras. Grâce à l'irrigation, très ancienne
d'affluent en rive droite et la nappe phréatique était en ce secteur, toutes les cultures sont possibles et la
profonde, de sorte que les Beni-Amir étaient population est exceptionnellement dense ; des
essentiellement voués à l'élevage ; en rive gauche au aménagements sont en cours ou prévus pour porter à
contraire parviennent plusieurs affluents abondants 50000 ha les irrigations modernes de ce secteur (Haouz
alimentés par de grosses sources, dérivées et vallée de la Tessaoute) ; Marrakech, ville impériale
partiellement depuis de longues années par des seguias au passé prestigieux, possède une puissance d'attraction
d'irrigation. Le climat du Tadla est très continental et considérable pour l'ensemble du Maroc Sud-occidental;
les cultures annuelles ne peuvent y subsister sans les possibilités touristiques exceptionnelles de cette
irrigation ; les bonnes terres sont nombreuses et l'eau cité constituent une ressource susceptible d'une grande
abondante dans les rivières qui le traversent ou le expansion.
GEOLOGIE (fig.3)
Beht
18
Salé FES
19 Haouz de Marrakech RABAT
E
20
Bassin d'Essaouira - Chichaoua MEKNES
SE
15 30 45 60 75 km
O.
0 8
BO
Bo
O.
U
u
I
T
Re
CASABLANCA
Karifla
gre
O.
N
g
Nfi
A
Ifrane
fikh
10 Azrou
O.
L
u
go
O.
12 ui
T
O.
Mell
EL JADIDA Berrechid . G
A
ah
G
OUE
ro
u
SETTAT E
D
U
N
Oued Zem
15 Q
A
13 I
S
E
14 A
C
11
OU
Kasba Tadla
L
M
O
ER
16 Abid T
SAFI
A
RBIA
Benguerir Beni Mellal
el l
O. Mellou
17
el Kalâa des Srarhna Asif
OU
ED 18
out
Tessa
TENNSIFT
ESSAOUIRA MARRAKECH
O.
20
O.
SCHEMA GEOLOGIQUE TRES SIMPLIFIE
O.
KSO
B
19
E DU DOMAINE ATLANTIQUE
I N
A
Nf
M Jurassique
O
Tamanar D Crétacé et Tertiaire
Plioquaternaire
Nappes périfaine et rifaine
TERTIAIRE
Dès le Maestrichtien une nouvelle transgression surmontées d'une épaisse série marneuse (marnes
est enregistrée, suivie par celle de l'Eocène ; toutes bleues) qui s'achève par un épisode sableux, rapporté
deux sont très semblables, tant par la sédimentation au Pliocène, marquant le retrait de la mer à la suite
phosphatée que par l'extension. Au S et au SW de la d'une nouvelle phase tectonique : c'est alors
Méséta centrale s'étendent deux golfes ouverts sur l'avènement d'une importante phase lacustre (Plio-
l'Atlantique, séparés par l'île des Jbilete qui se trouve villafranchien) très étendue dans les régions de
séparée de l'île des Rehamna car la Bahira est Meknès Fès, Tadla, Bahira, etc. suivie sur la côte
immergée. La sédimentation est phosphatée jusqu'au Atlantique d'une transgression limitée (Moghrebien =
Montien, puis calcaréo-gréseuse au Lutétien. A la fin Calabrien de la Méditerranée).
du Lutétien se produit le premier grand plissement de
l'Atlas, suivi d'une exondation totale du domaine
atlasique. Deux nouvelles phases paroxysmales de QUATERNAIRE
plissement se produisent encore à l'Oligocène et au On assiste au Quaternaire à un exhaussement
Miocène (Tortonien) ; pendant cette période, la presque continu des terres émergées et sur la côte des
sédimentation est continentale dans tout le domaine. allées et venues de la mer très peu étendues et en
La phase orogénique miocène est suivie par la rapport avec les lointaines glaciations ; des dépôts de
transgression vindobonienne qui s'étend brusquement lumachelles alternent avec des dunes consolidées. Sur
au N de la Méséta, faisant communiquer l'Atlantique et le continent, alternent des phases climatiques humides
la Méditerranée par le détroit sud rifain. La sédiment- et sèches qui se manifestent par les régimes de
ation marine comprend des molasses à la base, terrasses fluviatiles.
CLIMATOLOGIE
0
17 Plaine de Bahira Inaouen
e
50
Beht
O.
0
50
18 Jbilete et Mouisssate TAZA
0
Salé
50
19 Haouz de Marrakech RABAT FES
20
Bassin d'Essaouira - Chichaoua
E
MEKNES
800
15 30 45 60 75 km
SEB
U
0
O.
8
Bo
Q
OU
0
u R
30
O.
I
CASABLANCA
eg
Karifla
O.
reg
N
Nf O.
Ifrane
ifik
0
80
A
10
500
Azrou
h
u
500
800
go
L
12 ui
O.
Me
EL JADIDA Berrechid G
500
.
T
llah
A
Gr
OU
au
SETTAT E
ED
800
U
N
Oued Zem
15 Q
A
13 I
S
E
3 00
14 A
C
11
OU
Kasba Tadla
L
M
O
16 Abid
T
ER
SAFI RBIA A
Benguerir Beni Mellal
0
80
el
O. ul
17 800 Mello
el Kalâa des Srarhna Asif
OU
ED 18 out
50
0
TENNSIFT
Tessa
30
300
O. K 20 200
O.
SO
B 80
0
E Plus de 800 mm/an
I N
500
19
A
300
Nfis
500
M Courbes 500 et 300 mm
800 O
Tamanar D
Moins de 200 mm/ an
HAUTEURS MOYENNES DE PLUIE EN MM/AN neige y sont exceptionnelles ou très rares. Les
précipitations supérieures à 600 mm se situent en
bordure du Rif et du Moyen Atlas et sur les zones
orientales élevées du plateau central. Le plaine du
Rharb et les plateaux du sud et de l'est reçoivent 500 à
600 mm seules quelques grandes vallées encaissées et
orientées N-S, parallèlement à la côte (oued Beth par
exemple), sont moins" bien arrosées. Le littoral jusqu'à
KENI TR A
Casablanca et le glacis méridional du plateau central
600 reçoivent entre 400 et 500 mm seulement.
300 . ESSAOUIRA
FIG. 5 -
- 200
Pluviosité moyenne
annuelle en fonction de
- 100
la latitude, le long du
LATITUDE E N DEGRES littoral Atlantique
35 34 33 32 31
domaine au N et à l'E sont partout soulignées par des (Doukkala-Jbel Cadid au N d'Essaouira) et la bordure
bandes de pluviosité relativement fortes. Des hauteurs occidentale du Haouz. La neige est pratiquement
de pluie réellement observées autorisent à admettre inconnue. Certaines cuvettes reçoivent moins de 200
que les sommets du Moyen Atlas et de l'Atlas mm (Chichaoua et Haouz central).
reçoivent entre 1 000 et 2 000 mm par an, alors que les
totaux les plus élevés dans le Rif dépassent fort Le nombre de jours de pluies par an et la ré-
probablement ces derniers chiffres. Malheureusement partition des quantités de pluies dans l'année varient
la faible densité des stations de montagne ne permet sensiblement au N et au S du domaine.
pas d'établir avec exactitude 1e gradient de variation De 50 à 70 au N de la ligne Casablanca-Kasba-
de la pluviométrie selon l'altitude. En particulier, la Tadla, le nombre de jours pluvieux descend au S entre
décroissance des précipitations au-delà d'une certaine 50 et 30 (et même moins parfois) ; le nombre de mois
altitude est encore mal connue ; le maximum se situe- secs s'élève entre 7 et 10 au S de la précédente ligne,
rait vers 2 500 m d'après certains pluviomètres tota- contre 5 à 6 au N.
lisateurs et les observations des botanistes.
La répartition des précipitations dans l'année
En outre, tous les versants accusent une dissymétrie ressort bien des diagrammes pluviothermiques (f g. 6).
entre les versants ouest ou nord-ouest exposés aux
vents pluvieux et les versants est abrités des vents LES TEMPERATURES
pluvieux par la montagne. Des îlots de sécheresse Les cartes en courbes isothermes des températures
peuvent ainsi apparaître dans des vallées profondes et moyennes annuelles montrent un alignement
abritées alors que les sommets sont très arrosés (haute remarquable parallèlement à la côte Atlantique, ce qui
vallée du Sebou par exemple). traduit parfaitement l'influence océanique qui modère
plus ou moins la continentalité. On admet général-
On distingue deux zones dans la répartition de ement, pour l'influence de l'altitude, un gradient
l'abondance des pluies dans le domaine Atlantique; la vertical moyen de 0°45 C de diminution de température
partie septentrionale au N d'une ligne Casablanca- moyenne pour une élévation de 100 mètres ;
Kasba-Tadla est plus humide que la partie méridionale cependant, on a noté que la température décroît moins
(carte des isohyètes, moyennes annuelles). vite avec l'altitude pendant la saison chaude que
pendant la saison froide.
Le domaine septentrional reçoit des précipitations
comprises entre 400 et 800 mm par an ; les chutes de Les diagrammes pluviothermiques (fig. 6) illustrent
les variations thermiques mensuelles dans les sens W-E
FIG 6. Diagrammes pluviothermiques selon quatre coupes méridiennes dans le domaine atlantique
32 RESSOURCES EN E A U DU MAROC
HYDROLOGIE SUPERFICIELLE
(fig. 7)
Beht
O.
18 Jbilete et Mouisssate Qe = 0 TAZA
19 Haouz de Marrakech CHERRATE V= 50 Qe = 0 Salé FES
RABAT
20
Bassin d'Essaouira - Chichaoua NFIFIKH V = 60
E
MEKNES
15 30 45 60 75 km
Qe = 0
SEB
U
0
O.
MELLAH V = 100 8
Bo
Q
O
Qe = 0
u R
U
O.
I
CASABLANCA
eg
Karifla
O.
reg
N
Nf O.
OUM ER RBIA V =3700 Ifrane
ifik
A
Qe = 30 10 Azrou
h
u
go
L
12 ui
O.
Me
EL JADIDA Berrechid . G
T
llah
A
Gr
OU
au
SETTAT E
ED
U
N
Oued Zem
15 Q
A
13 I
S
E
14 A
C
11
OU
Kasba Tadla
L
M
O
16 Abid
T
ER
SAFI RBIA
A
Benguerir Beni Mellal
TENSIFT V= 1000
Qe = 0 el
O. ul
17 Mello
el Kalâa des Srarhna Asif
OU 18
out
ED
TENNSIFT Tessa Limite des bassins versants hydrologiques
KSOB V = 110
Qe = 0 Bassin fermé, endoreïque
ESSAOUIRA MARRAKECH Station hydrologique du réseau national (1971)
O.
S OB
19
E principaux bassins hydrologiques
I N V Apports annuels moyens naturels (en 10E6 m³/an )
A
Nfis
FIG. 7 - Bilan des ressources en eaux superficielles à l'embouchure des principaux bassins, en modules
annuels et à l'étiage. Situation du réseau national de mesures de la Division des Ressources en Eau (1971).
34 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
HYDROGEOLOGIE
(fig. 8)
ht
Be
19 Haouz de Marrakech RABAT FES
E
20
Bassin d'Essaouira - Chichaoua
MEKNES
U
NAPPES CHAOUIA INTERIEURE
SE
15 30 45 60 75 km
O.
0 8
BO
Ressource : 85 Mm³ (80% exploités)
Bo
O.
U
u
I
T
Re
CASABLANCA
Karifla
gre
O.
N
NAPPES CHAOUIA COTIERE
g
Ressource : 75 Mm³ (90% exploités)
Nfi
A
Ifrane
fikh
10 Azrou
O.
L u
O.
go
O.
12 ui
T
O.
Mell
G
EL JADIDA Berrechid .
A
ah
NAPPES MEKNES-FES
G
Ressource : 320 Mm³
NAPPES ABDA-DOUKKALA-SAHEL ro (40% exploités)
u
Ressource 100 Mm³ (50% exploités) SETTAT
E
U
N
Oued Zem
15 Q
A
OU
ED 13 I PLATEAU DES PHOSPHATES
E
14
S (ET EXTENSION PROFONDE SOUS
A
C
11 LE TADLA)
OU
Kasba Tadla
L Ressources 200 Mm³ (10% exploités)
M
O
ER
16
T
Abid
SAFI
A
NAPPE DE LA BAHIRA RBIA NAPPE DE TADLA
Benguerir Beni Mellal Ressource 400 Mm³ (25% exploités)
Ressource 100 Mm³ (20% exploités)
el
O. ul
17 Mello
el Kalâa des Srarhna
NAPPE ESSAOUIRA CHICHAOUA Asif
OU
Ressources 150 Mm³ (20% exploités) ED 18
out
T es s a
TENNSIFT
NAPPES PHREATIQUES
ESSAOUIRA MARRAKECH
O. 20
O.
19
E
I N Aquifères divers d'âges secondaire ou teriaire
A
Nf
is
FIG. 8 – Bilan des ressources en eaux souterraines par aquifères, avec indication du taux d’exploitation (1971)
DOMAINE ATLANTIQUE 37
et plaine des Doukkala, plateaux côtiers d'Akermoud petits exploitants petits exploitants agricoles,
et d'Essaouira. maraîchers essentiellement. Des captages à haute
productivité ont été exécutés un peu partout pour
Les bassins sont de moins en moins bien arrosés par
l'alimentation en eau potable des centres urbains
les pluies au fur et à mesure que l'on descend du N
(Rabat, Casablanca, Kénitra, Berrechid, Essaouira),
vers le S. De 600 mm/an au N, la pluviosité décroît
de très nombreuses petites agglomérations et des
progressivement jusqu'à 300 mm/an au S. Ce facteur
industries. On a couramment à se préoccuper pour
est particulièrement important car l'alimentation
ces aquifères côtiers, des risques d'invasion marine à
naturelle de ces nappes est imputable essentiellement
la suite de mises en exploitation intensives ; à
à l'infiltration des eaux de pluies. Rien d'étonnant par
l'heure actuelle, ce phénomène est peu prononcé,
conséquent à ce que les nappes des bassins du N
sauf cas particuliers.
soient plus riches que celles des bassins du S.
systématiques et détaillées, une bonne connaissance de plateau des Phosphates (n° 13) et la Bahira (n° 17).
ces grands aquifères, ce qui permet d'y implanter des
captages importants avec le maximum de chances de La barre calcaire du Turonien, bien qu'épaisse
succès. Il ne faut surtout pas omettre de considérer, dans d'une trentaine de mètres environ, s'est avérée être un
ces secteurs, pour chaque application, la qualité excellent aquifère en quelques points du Tadla (n° 16)
chimique de l'eau qui, souvent recyclée plusieurs fois, et du plateau des Phosphates (n° 17). Cependant elle
se détériore jusqu'à devenir inutilisable en certains s'enfouit très rapidement du N au S, sous ces bassins,
endroits. et de ce fait n'a encore été explorée qu'en de rares
points, ce qui ne permet pas d'avoir une idée très
Les trois grands aquifères d'origine fluvio-lacustre précise sur ses possibilités. Il en est de même de la
du domaine posent des problèmes tout à fait différents formation des calcaires de Dridrate (Crétacé inférieur)
aux hydrogéologues. Le plateau de Meknès-Fès est mis de la région de Safi (bassin n° 15).
en valeur par des dérivations de petits oueds et par le
captage de sources et résurgences aux débits très Les formations calcaires du Lias du Moyen Atlas
importants, mais grevés de droits d'eau très anciens se prolongent vers le N sous le plateau de Meknès-Fès
perpétuant un mode d'exploitation qu'il est très difficile et le couloir sud-rifain (bassin n° 8) en s'enfonçant
de songer à modifier car aucun apport d'eau progressivement du S vers le N. Puissantes et bien
supplémentaire provenant de réserves nouvelles alimentées en eau par le Moyen Atlas montagneux,
(superficielles en particulier) ne peut être assuré, sauf ces calcaires dégorgent leurs réserves d'eau dans le
investissements déraisonnables. La plaine du Tadla par bassin n° 8 à l'occasion d'accidents géologiques
contre, est abondamment irriguée par des apports (failles et flexures). Par ailleurs, des forages profonds
massifs d'eaux provenant de réservoirs superficiels ; ces ont atteint cet aquifère et l'exploitent. Dans la réalité,
apports ont alimenté et constitué une nappe abondante la distinction entre l'origine des sources (nappe
qu'il faut désormais drainer, mais qui commence déjà à phréatique ou nappe profonde) est souvent malaisée et
être utilisée comme un réservoir supplémentaire per- il est assez difficile d'effectuer un bilan des réserves
mettant de recharger les canaux d'irrigation en certaines de chacune des nappes. On trouvera un exposé
périodes de l'année. La nappe du Haouz enfin, est détaillé de la méthode adoptée (modèle analogique
exploitée de longue date pour l'irrigation par des électrique) mis en oeuvre pour mieux approcher ce
ouvrages originaux, les rhettaras (drains souterrains de problème.
confection traditionnelle) et depuis une trentaine
d'années par des stations de pompage modernes ; une BILAN DES RESSOURCES
extension de la mise en valeur grâce à l'irrigation EN EAUX SOUTERRAINES
massive par des apports d'eau superficielle d'une part et DU DOMAINE ATLANTIQUE
l'accroissement des exploitations de la nappe d'autre
part, est prévue à court terme. Dans les trois cas ci- La figure 8 constitue un récapitulatif graphique
dessus, le problème de la gestion intégrée des ressources des ressources renouvelables en eau souterraine du
souterraines et superficielles est d'ores et déjà posé et domaine Atlantique. Ces ressources atteindraient, au
commence à faite l'objet d'études d'un genre nouveau, stade actuel des investigations, un total de l'ordre de 2
encore jamais abordées au Maroc jusqu'à tout 100 millions de m3 /an dont 40 % seraient utilisés en
dernièrement. 1971.
On entend désigner sous ce terme des nappes - L'atmosphère par évaporation. Cette issue qui
généralement en charge, situées dans des aquifères concerne presque toutes les nappes dans les sec-
nettement séparés (par un horizon imperméable ou teurs ou elles sont peu profondes constitue l'exu-
semi-perméable) d'un aquifère superficiel contenant une toire essentiel de certaines parties fermées des
nappe phréatique (libre). bassins n° 9, 17 et 20. On admet un total de 8 m3/s
pour les pertes par cette voie.
On rencontre des niveaux profonds, suffisamment - La mer par écoulement souterrain, en ce qui
individualisés et étendus horizontalement dans le Plio- concerne les nappes aquifères du littoral appar-
quaternaire gréseux du Dradère, du Rharb (n° 9) et de la tenant aux bassins n° 9, 10, 12, 14, 15 et 20. Le
Chaouia intérieure (Plaine de Berrechid n° 12). débit total perdu est évalué à 8 m3 /s.
- La mer par écoulement superficiel, collecté par les
Des niveaux calcareux ou gréso-sableux de Crétacé rivières qui drainent les excédents des réservoirs
moyen et supérieur ainsi que de l'Eocène renferment des aquifères. Ce volume écoulé par les rivières (24
nappes profondes habituellement assez pauvres sous le m3 /s) ne doit surtout pas, sous peine de double
DOMAINE ATLANTIQUE 39
double comptabilisation, être ajouté aux ressources compte dans ces dernières ressources précédem-
en eaux superficielles puisqu'il est déjà pris en ment évaluées à 380 m3/s transitant par le domaine
Atlantique.
REFERENCES
CHOUBERT G. & FAURE-MURET A. (1960-62) : Évolution du THAUVIN J.P. & ZIVCOVIC Z. (1969) : Quelques données de base
Domaine atlasique marocain depuis les temps paléozoïques. des moyennes climatologiques du Maroc (Période 1933-1963).
M. h. sér. Soc. géol. Fr. (Livre mémoire P. Fallot), t. 1, Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 63 pp., 1 carte.
pp. 447-527. THAUVIN J.P. (1969) : Indices climatiques de Thornthwaite pour 110
COMBE M. (1969) : État en 1968 des connaissances sur le bilan stations du Maroc. Rapp. inéd. MTPC/ DH/DRE, 115
pp., 1 carte.
des ressources en eau du Maroc et sur leur pourcentage
d'utilisation. Mines & Géol. Rabat, n° 29, pp. 5-12. Division des Ressources en Eau (1971) : Annuaire hydrologique du
Maroc 1944-1970 et récapitulatifs des débits mensuels aux
DEBRACH J., GAUSSEN H. & JOLY F. (1958) : Précipitations stations de mesures depuis l'origine, document provisoire.
annuelles. Atlas du Maroc, notice explicative. Sect. 2, pl. n° Edit. Direction de l'Hydraulique, Rabat.
4 a. C o m . Géogr. Maroc, Rabat, 36 pp.
S o m m a i r e
Introduction .......................................................................................................................... 18
Le domaine Atlantique ........................................................................................................ 19
Climatologie ..................................................................................................................... 96
Hydrologie superficielle ................................................................................................... 97
Modules et crues ........................................................................................................... 97
L'estuaire du Sebou à l'étiage ....................................................................................... 101
Les bassins des oueds Dradère et Soueïre (par M. Combe) ..................................... 129
Présentation géographique .............................................................................................. 129
Climatologie ................................................................................................................... 129
Hydrologie ...................................................................................................................... 130
Géologie ......................................................................................................................... 130
10 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Stratigraphie ................................................................................................................130
Structure du bassin .......................................................................................................130
Nature des sols ..............................................................................................................132
Hydrogéologie ................................................................................................................133
Les points d'eau ...........................................................................................................133
Les sources .............................................................................................................133
Les puits ....................................................................................................................136
Les forages ............................................................................................................136
Ressources en eau souterraine .....................................................................................138
Le secteur de Dehar-el-Hadechi ...............................................................................138
Le secteur N en rive droite du Soueïre ...............................................................139
Le secteur S du bassin (El-Fahis) .......................................................................139
Le bassin de l'E, synclinal Ferjane-Lalla-Mimouna ..........................................140
Le secteur Merja Zerga et dunes côtières de l'W ..............................................140
Le bassin côtier entre Moulay-Bou-Selham et Bargha .................................140
Ressources en eau du bassin (récapitulatif) .......................................................141
Aménagement des ressources en eau ...........................................................................143
Principe de la mobilisation des ressources en eau ...............................................143
Les périmètres de pompage d'eaux souterraines dans 1e bassin
côtier ...................................................................................................................143
Références ...........................................................................................................................145
2.11. Le massif des Rehamna (par M. Combe, M. Ferré & J.P. Thauvin) .................................. 173
Présentation géographique ............................................................................................. 173
Géologie ........................................................................................................................ 174
Stratigraphie ............................................................................................................... 174
Primaire ................................................................................................................ 174
Secondaire ............................................................................................................ 174
Tertiaire et Quaternaire ......................................................................................... 176
Tectonique ................................................................................................................. 176
Climatologie ................................................................................................................... 177
Hydrologie ....................................................................................................................... 177
Hydrogéologie ............................................................................................................... 179
Les aménagements de l'Oum-er-Rbia inférieur ............................................................... 179
Les ouvrages existants .............................................................................................. 179
Barrage et galerie d'Imfout ..................................................................................... 179
Barrage de Daourat ................................................................................................. 181
Barrage de Sidi-Saïd-Maachou ............................................................................. 182
Les ouvrages projetés .................................................................................................. 183
Barrage de Sidi-Chého ......................................................................................... 183
Barrage de Mrija ..................................................................................................... 184
Références ..................................................................................................................... 184
Le Secondaire ...........................................................................................188
Le Tertiaire et le Quaternaire ....................................................................189
Aperçu structural de la région .......................................................................189
Climatologie ....................................................................................................191
Hydrologie superficielle ...................................................................................193
Bassins versants et régimes ...........................................................................193
Les crues ...................................................................................................193
Hydrogéologie générale .....................................................................................196
Caractéristiques hydrogéologiques des différents terrains .............................196
Les formations primaires ...........................................................................196
Les formations secondaires .......................................................................196
Les formations tertiaires et quaternaires ....................................................197
La nappe de la Plaine de Berrechid ...............................................................198
Caractéristiques de la nappe ......................................................................198
Hydrochimie de la nappe ...........................................................................200
Etude quantitative par sondage et géophysique .........................................203
Réserves ....................................................................................................204
Alimentations et exutoires .........................................................................205
La nappe de la Chaouia côtière entre Casablanca et Mohammedia ...............207
Caractéristiques de la nappe ......................................................................207
Hydrochimie des eaux souterraines ...........................................................211
Etude quantitative des eaux souterraines ...................................................217
Aménagement des eaux .....................................................................................218
Exploitation des eaux souterraines ................................................................218
Drainage des dayet .......................................................................................219
Conclusions ..................................................................................................219
Références .........................................................................................................220
Hydrogéologie ....................................................................................... 47
Structure hydrogéologique .................................................................. 47
La nappe phréatique ........................................................................... 47
Hydrodynamique de la nappe libre ............................................... 49
Calcul des débits par fronts de nappe ........................................... 49
Le Saïs ...................................................................................... 50
Plateau de Meknès .................................................................... 55
Bilan hydraulique de la nappe libre ............................................... 59
La nappe profonde du Lias ............................................................. 61
Structure du Lias sous le bassin ....................................................... 62
Caractères physiques et chimiques de la nappe profonde ..................... 63
Bilan sommaire de la nappe du Lias ........................................................ 64
Etude de l'exploitation du système aquifère de la plaine du Saïs 65
par simulations sur modèles analogiques ................................................
Bilan hydraulique global - Ressources totales en eau du bassin de 67
Meknès-Fès ...............................................................................................
La pluie et sa répartition ........................................................................... 67
L'écoulement et l'infiltration ..................................................................... 68
Les ressources utilisées ............................................................................ 68
Les ressources disponibles ....................................................................... 70
Conclusions générales .............................................................................. 70
Références ................................................................................................. 71
Le couloir de Fès-Taza (par M. Combe) .................................................... 72
Présentation géographique ....................................................................... 72
Géologie (avec la collaboration de J. Chamayou et J. Cl. Vidal) ............... 73
Stratigraphie ............................................................................................. 73
Structure ................................................................................................... 75
Tectonique ................................................................................................ 75
Climatologie .............................................................................................. 76
Pluviométrie .............................................................................................. 76
Températures ............................................................................................ 76
Hydrologie ................................................................................................. 76
Hydrogéologie ............................................................................................ 78
Recherches dans les calcaires du Lias ..................................................... 78
Réservoirs des faciès détritiques du Miocène ........................................... 81
Réservoirs plio-villafranchiens .................................................................. 81
Réservoirs alluviaux des vallées ............................................................... 81
Thermalisme ............................................................................................. 81
Le centre thermal de Sidi-Harazem .......................................................... 81
Autres sources thermo-minérales du couloir Fès-Taza ....................... 84
Aménagement des eaux du couloir Fès-Taza ........................................... 84
Le barrage Idriss 1er au site d'Arabat (Oued Inaouène) ......................... 84
Les ouvrages de dérivation du Sebou dans la retenue du barrage 90
Idriss 1er et l'aménagement hydroélectrique du Haut Sebou………..
Projet d'aménagement de la vallée de l'Inaouène ..................................... 91
Références ................................................................................................. 92
2. 8
Par
Jean CHAMAYOU, Michel COMBE, Bernard GENETIER & Claude LECLERC
Introduction géographique
Le bassin de Meknès-Fès forme la partie centrale puisqu'elle varie entre 30 habitants par km2 et plus de
du sillon sud-rifain ; il domine l'oued Beth à l'W et le 90 ; ces variations de densité sont principalement dues
Sebou à l'E et est encadré par les rides prérifaines au N aux modalités de l'utilisation du sol: faible dans les
et le rebord du Causse moyen-atlasique au S. La secteurs de céréaliculture, forte dans les secteurs de
superficie totale du bassin est de 2 100 Km², se viticulture.
subdivisant en deux parties structurales : le plateau de
L'agriculture est la grande richesse de la région.
Meknès à L'W (600 à 700 m d'altitude) et la plaine du
Les principales spéculations agricoles sont : la
Saïs à l'E (500 à 550 m d'altitude).
viticulture (50 % de la production du Maroc), la
La population totale est de l'ordre de 700 000 céréaliculture, les légumineuses alimentaires, tandis
habitants en 1970, les deux villes voisines de Fès que l'élevage occupe une place modeste. L'artisanat
(322000 habitants en 1971) et Meknès (248 000 garde une activité importante. Des industries textiles
habitants en 1971) dominent par l'importance nu- ont été créées à Fès et des industries de matériaux de
mérique de leur population l'ensemble du bassin. La construction à Meknès, les industries alimentaires
répartition de la population rurale est assez inégale, s'étant développées dans ces deux villes.
Géologie
Le bassin de Meknès-Fès considéré dans son Le substratum anté-Néogène est formé essen-
ensemble est un vaste synclinal dissymétrique de tiellement par le Lias calcaire et dolomitique, les argiles
direction E-W qui s'enfonce progressivement du S vers bariolées du Trias ou les schistes du Primaire, suivant
le N, et se redresse brusquement au contact des rides l'importance de l'érosion et les lacunes de sédimentation.
prérifaines. Le remplissage est constitué, au-dessus des Le Lias du Causse moyen-atlasique s'enfonce
marnes du Tortonien par des formations détritiques et progressivement sous le bassin de Meknès-Fès, vers le
lacustres. Les calcaires du Plio-Villafranchien déter- N. Il est affecté par des failles et des flexures. La
minent une surface structurale que les oueds érodent et
description de cette unité sera détaillée dans l'étude de
entaillent profondément, dans le plateau de Meknès. Par
contre, la plaine du Saïs est en grande partie une plaine l'aquifère profond.
d'érosion encroûtée. Explorée par de nombreux sondages et plusieurs
campagnes de géophysique, la structure du Néogène est
CADRE GEOLOGIQUE (fig. 9) connue avec une bonne précision. Présents dans tout le
bassin les dépôts du Néogène sont très puissants le long
Le bassin de Meknès-Fès fait partie du « couloir sud-
de la grande dépression synclinale qui jalonne les rides
rifain » qui s'étend de la plaine du Rharb à l'W jusqu'au
col du Touahar à l'E. Entre les deux grandes unités prérifaines au N du bassin (subsidence qui se poursuit
structurales qui forment les limites N et S du bassin encore) ; leur toit s'abaisse progressivement du S au N
(Prérif et Moyen Atlas) une transgression marine a avec une pente moyenne de 2 %. Toutes les flexures
déposé au Miocène une série marneuse très puissante, affectant le Pliocène et visibles en surface dans la
suivie au Plio-Villafranchien et au Quaternaire par des plaine, se retrouvent dans les marnes miocènes sous-
dépôts continentaux. Les deux grandes unités du Prérif jacentes. Elles sont le résultat du rejeu des accidents du
et du Moyen Atlas, influencent directement la structure substratum anté-Néogène. D'autres flexures qui sont en
actuelle du bassin : le Moyen Atlas se prolonge sous le disharmonie avec la structure du socle ont subi
bassin et correspond au substratum anté-Néogène dont l'influence de la tectonique rifaine, notamment la flexure
les accidents ont rejoué en déterminant toutes les d'Aïn-Taoujdat. Le redressement brutal du Néogène à la
flexures de direction SW-NE. Le Prérif, ou plus limite nord du bassin, au contact des rides prérifaines,
précisément la tectonique rifaine, crée toutes les est marqué par des fractures et des plis déversés.
flexures de direction SE-NW.
2 3
1
J.TRATT
900 FES NW
SE
600
300 NAPPE
PRERIFAINE
- 0
300
600
900
MIOCENE - Marnes
1200 DOGGER - Marno-calcaire et marnes
FIG. 9 — Coupe géologique schématique du sillon sud-rifain passant par la ville de Fès, avec les différents types de
sources de débordement (1), de flexure (2), de faille (3).
BASSIN DE MEKNÈS-FÈS 43
Climatologie
CLIMATOLOGIE 1933-1963
MAROC ATLANTIQUE 8 - COULOIR DE TAZA ET PLAINE DE FES-MEKNES
FIG. 10
Le calcul de l'évapotranspiration théorique par valeurs approchées qui figurent ci-dessous (période
la méthode de Thornthwaite permet d'obtenir des 1933-1963) :
J F M A M J J A S O N D Année
L'évapotranspiration moyenne réelle calculée ainsi considéré comme semi-aride à hiver tempéré, mais à
dans le bassin de Meknès-Fès serait comprise entre régime semi-continental ; les caractères d'aridité et de
400 et 450 mm/an ce qui représente sur la superficie continentalité sont plus accusés à Aïn-Taoujdat.
totale (2 100 km2) un volume de 800 à 900 Mm3 /an, L'indice global de Thornthwaite varie de - 18,3 à - 12,7
assimilable à un déficit d'écoulement moyen.
entre Fès et Meknès. L'amplitude thermique extrême
Le climat de la région de Meknès-Fès peut être décroît de 31,5°C à 29,8°C entre ces deux villes.
BASSIN DE MEKNÈS-FÈS 45
L'oued El-Kell affluent du Beth, le R'Dom et les — Mikkés atteint 1 300 km2 dont 600 dans le Saïs
affluents rive gauche du Mikkés drainent le plateau de ou le plateau de Meknès,
Meknès, tandis que l'oued Fès et les affluents rive droite — oued Fès dont la superficie totale est de 700
du Mikkès (N'ja, Atchane) collectent les eaux du Saïs. km2, 375 km2 étant dans le Saïs.
Tous ces oueds sont des affluents du Sebou. Ils coulent
généralement du SSE au NNW, excepté l'oued N'ja qui a Le Sebou lui-même draine 150 km2 du Saïs par
une direction générale E-W et l'oued Fès qui coule W-E. '
l intermédiaire d'affluents secondaires à écoulement très
Ces deux derniers ont des bassins versants presque sporadique.
exclusivement alimentés par la pluie tombée sur la
plaine et par les sources issues des aquifères du bassin, La pente moyenne des cours d'eau est généralement
tandis que lés autres oueds ont presque tout leur haut- comprise entre 2 et 3 % dans le plateau de Meknès et
bassin situé dans le Causse moyen-atlasique. dans la partie sud du Saïs. Elle est par contre beaucoup
plus faible pour les oueds Fès et N'ja dans la partie
La superficie totale des cinq bassins versants
basse du Saïs où elle ne dépasse pas 0,5 %.
principaux est d'environ 3 800 km2, dont 1 700 km2 pour
les bassins versants dominant le plateau du Moyen Atlas Les cours d'eau sont très encaissés dans le plateau
et 2 100 km2 représentant la surface drainée sur le de Meknès (40 à 100 m au-dessous de la surface
plateau de Meknès-Fès. La répartition de ces cinq structurale) ce qui explique l'apparition de nombreuses
bassins est la suivante : petites sources en bordure des vallées. Ils sont peu
— El-Kell couvre une superficie totale de 740 km2 encaissés dans le Saïs, sauf dans les zones de flexures
dont 390 sur le plateau de Meknès. qui ont provoqué la surimposition des vallées (Bou-
— R'Dom couvre une superficie totale de 1 100 R'Keiss sur la flexure de Ras-el-Ma par exemple) mais
km2 dont 390 sur le plateau de Meknès, ont une action drainante plus marquée que dans le
plateau de Meknès.
Ou
510 MOULAY YACOUB
ed
520 530 540
O.
Fes
2055/15
O.
1179/15 DOUYET 694/15
COURS D'EAU PERENNES ET PRINCIPALES SOURCES 380 125/15
159/15
380
O. Hanrar
916/15
Madhoume
878/15 121/15
Chkef
O. Sejra
e
h
O.
Fre
O. S
Nja
O.
48/15
Bourkri
51/15
AÏN TAOUJDAT 822/15
O.
917/15 54/15
AÏN LORMA
MEKNES 2194/15
SEBAA AIOUN AÏN CHEGAG
2195/15 O.
O.
254/15 Ma
dh
42/15
77/14 255/15 256/15 76/15 O
am
a
.
O.
360
ao
119/22
360
LEGENDE
Gn
Bou
116/22
Regraga
112/22
Trop-plein des eaux du Lias
Fekrane
u
Bo
115/22 106/22
O.
525/22 8/22
Lo
Oued perenne
ula
O.
EL HAJEB
124/22 Limite de bassin versant
340 340
0 10 Km
AGOURAÏ
470 480 490 500 510 520
FIG. 11
46 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Il existe deux « lacs » temporaires situés dans réalimentées par la nappe profonde du Lias. Les
le Saïs : émergences des calcaires lacustres dans les parties
basses du Saïs ou en bordure des oueds peu encaissés
— le dayet El-Kochtam à 7 Km au N de l'Aïn- (ex. l'Ouislam, affluent du R'Dom) drainent la nappe.
Bittit, temporaire, est situé dans une zone semi- Les sources de déversement des formations lacustres
fermée, sur un substratum marneux imperméable ; ou pliocènes sur les versants des thalwegs encaissés
— l'étang de Douyet à 10 Km à l'W de Fès sont nombreuses, en particulier dans l'oued El-Kell et
correspond à une cuvette synclinale subsidente, ses affluents, mais elles ont généralement de très
comblée par des dépôts quaternaires limoneux, très faibles débits. Les principaux cours d'eau pérennes
peu perméables, qui rendent captive la nappe des sont au nombre de six dans le bassin de l'oued Fès, de
calcaires lacustres. La superficie de ce lac atteint quatre dans le bassin du Mikkés, de six dans le bassin
100 ha en hiver. du R'Dom. L'oued El-Kell s'assèche parfois en été,
Les cours d'eau sont fortement tributaires des sources malgré l'apport des sources de déversement. Les trois
qui les alimentent. Les sources les plus importantes principaux oueds (Fès, Mikkès, R'Dom) drainent à
sont les exsurgences du Lias sur le rebord du Causse eux seuls l'ensemble des sources non captées et les
(Aïn-Bittit, Aïn-Aguemgam, Aïn-Sebaa...), et les débits perdus par la nappe.
émergences de la nappe des calcaires lacustres sur les Le bilan hydraulique des cours d'eau dans la
lignes de flexures importantes (Aïn-Chkeff, Aïn-Ras- plaine pour une année moyenne théorique (hauteur
El-Ma, Aïn-Amelal..), celles-ci étant partiellement de pluie de 573 mm) est le suivant :
Les valeurs du coefficient de ruissellement ont été du coefficient d'infiltration sont déduites de l'analyse
obtenues en analysant les courbes des débits annuels des périodes de recharge de la nappe (analyse des
des années hydrologiques 1965-66 à 1969-70 ; la diagrammes de variations piézométriques).
variabilité constatée est principalement due à la plus La répartition des différents facteurs d'écoule-
ou moins grande fréquence des débits jaugés. Celles ment de l'année moyenne théorique est la suivante :
en % 28 25 17 100
N.B. Les écarts de chacun des facteurs n'étant pas indépendants les uns des autres, l'écoulement total n'est pas
tout à fait la somme des valeurs extrêmes des facteurs partiels. En outre, le drainage par les oueds
inclue indirectement des apports souterrains depuis la nappe profonde du Lias.
Le volume drainé par les cours d'eau pendant l'année l'ordre de 70 à 90 Mm3 /an, correspondant à un
à hauteur de pluie minimale (3/1962 -3/1963) est de volume de pluie tombée sur la plaine de 680 Mm3 /an.
470 480 490 500 510 520 530 540
450
Carte hydrogéologique, relevés piézométrique de 1967 O. Nja
Aïn Senne
O.
bou
s 380
Fe
D'APRES J. CHAMAYOU et C. LECLERC O. H P
Fekrane
Aïn Jouaou 450
G Aïn Amier
O. Aïn Res el Ma
Ch
es
O. M
e bil E
500
Mk
ia O. Sejra
arez
O.
Frah B D
O. A C O. el Atchane
Aïn Chkeff
O. Rd
O. Sidi Aïn Oulad
Aïn Smène 550
om
L
Aîn Amellal
O. K
N
bo
u 370
Hamam
H' Aïn Taoujdete Aïn Bou R'krit
G'
F' Aïn el Beida
450 Aïn Ablouz
Aïn du Ksir
Rkaiz
O. Aïn Cheggag
E' Ti s
MEKNES gu
O.
O. O. it
u
bo
Ou
650
O.
isl
bou
Djid
am
ida
R' V'
ll
Gnaou
Ke U'
Aïn Aouire
el Aïn Si Chafi 360
O. 550
O. Sebah T' D' 700
Q'
O. b
Fekrane
O. Y''
bo Z
P' 600 Aïn Hijja
u
ou
Aïn Jaoui
Ro O. Bitit
ma C'
Idder
750
ne
Aïn Seba
80
B' Aïn Bitit
0
650
Aïn Akkous Aïn S'Lmir
O. el
Forage
Kell
Aïn Agouengam
O. O O. Defali calculs de débits defronts de nappes )
O.
uc hkett Faille
Aïn Arthat
Zone où le substratum miocène est au dessus du niveau piézomètrique
O. L
llah
X'
Miocène (Tortonien )
O.
Marnes bleues
Am e
W'
ou
Sa
ja
reb
El Hajeb
O. D
850 Lias
Calcaires et dolomies
Limite S. de l'extension du Tortonien (Marnes bleues)
FIG.12
BASSIN DE MEKNÈS-FÈS 47
Hydrogéologie
Les études hydrogéologiques du bassin de Meknès- beaucoup plus faible de l'oued N'ja. Leur épaisseur,
Fès débutent en 1929 par celles de P. Russo à l'occasion que dans le plateau de Meknès, va en diminuant d'W
de diverses interventions particulières. Puis à partir de en E et ne dépasse pas trois mètres près de Ras-El-
1947, dans le cadre du Centre des Etudes Hydro- Ma. Plus à l'E, ils disparaissent et les calcaires
géologiques, J. Margat et P. Taltasse entreprennent lacustres reposent directement sur les marnes bleues
l'étude systématique de ce bassin, les nombreuses du Tortonien. Dans le Saïs E, les calcaires lacustres
informations recueillies aboutissant à la publication en passent latéralement à des conglomérats qui reposent
1960 de la carte hydrogéologique au 1/100 000 de J. aussi directement sur les marnes bleues. Dans le Saïs
Margat. Puis successivement de 1958 à 1968, G. N, en particulier dans la basse plaine de Douyet, la
Chapond, J. Chamayou et C. Leclerc ont rassemblé de nappe circule dans une série de remplissage, d'âge
nouvelles données : caractéristiques hydrodynamiques, quaternaire, qui peut atteindre 70 m d'épaisseur. Ces
fluctuations piézométriques, mesures systématiques des dépôts argilo-sableux deviennent parfois franchement
débits des sources et des cours d'eau aux limites du marneux et provoquent la mise en charge de la nappe
système aquifère. Ces informations ont permis d'établir phréatique. Les marnes du Tortonien, très faiblement
un bilan général des ressources en eau du bassin et de perméables suivant leur épaisseur (elle peut atteindre
définir, pour le Projet Sebou (Projet de mise en valeur 900 m), constituent la séparation entre la nappe libre
intégrée du bassin du Sebou, Gouvernement Marocain- et la nappe captive profonde. La puissance de
FAO, 1963-1968), les ressources naturelles l'aquifère est essentiellement fonction du modelé du
renouvelables dans l'ensemble du bassin de Meknès-Fès. toit du Miocène, les épaisseurs les plus importantes se
Par la suite ce bilan a pu être affiné grâce à la poursuite trouvant au droit des cuvettes miocènes (entre Aïn-
jusqu'en 1971 des séries de mesures hydrologiques. Lorma et Bou-Fekrane, région de Douyet, au N d'Aïn-
Chegag), mais cette épaisseur est comprise entre 10 et
20 m sur plus de 1 200 km2 (60 % de la superficie
STRUCTURE HYDROGEOLOGIQUE totale).
On distingue deux réservoirs aquifères importants :
la nappe profonde du Lias et la nappe phréatique qui Dans la plus grande partie du bassin, la nappe
circule dans les formations lacustres du Plio- libre se situe à une profondeur moyenne comprise
Villafranchien. Les eaux infiltrées sur le Causse dans entre 10 et 30 m. Dans la plaine de Douyet, au nord
les calcaires dolomitiques du Lias, alimentent une nappe d'Aïn-Taoujdate et en bordure du Causse entre Aïn-
libre dans le Causse et en bordure du bassin de Meknès- Bittit et Aïn-Chegag, cette profondeur est inférieure à
Fès ; cette nappe s'enfonce ensuite sous les terrains 10 mètres ; la nappe peut affleurer et créer des étangs
imperméables du Tertiaire et constitue la nappe captive temporaires après de fortes recharges, comme au
profonde sous la plaine ; cette nappe peut communiquer dayet El-Kochtam.
directement par des flexures, ou indirectement par La surface de la nappe est en général plus
drainance, avec la nappe phréatique des calcaires profonde dans le plateau de Meknès où les niveaux
lacustres qui constituent le réservoir le plus accessible piézométriques peuvent se situer à plus de 70 m sous
du bassin de Meknès-Fès (fig. 9). le sol (région d 'Haj-Kaddour et à l'Ouest d'El-Hajeb).
La surveillance de 120 puits témoins depuis 1955
LA NAPPE PHREATIQUE (fig. 12) a permis de constater que :
Elle se manifeste par de nombreuses sources et a — les fluctuations annuelles de la nappe suivent
été reconnue par près de 100 forages dont 25 l'ont grosso modo celles des précipitations, avec un retard
traversé et atteignent la nappe profonde. Dans le de un à trois mois dans la plaine du Saïs, et de un à
domaine du plateau de Meknès, la nappe circule
deux mois dans le plateau de Meknès,
principalement dans les sables, les grès et les
conglomérats du Sahélien et du Pliocène et localement — la hauteur moyenne annuelle de fluctuation est
dans les calcaires lacustres lorsque les conditions de 2 m. Les plus fortes amplitudes s 'observent dans
topographiques et structurales s'y prêtent ; parfois, on les conglomérats pliocènes du Saïs-Est et sur la
distingue plusieurs couches aquifères isolées par des bordure sud du plateau dans la région de Meknès,
passées argileuses ou marneuses. Dans la plaine du c'est-à-dire dans les zones les plus éloignées de
Saïs, les sables et grès du Pliocène de faciès dit « limites d'émergence et de plus forte alimentation,
sahélien », recouverts par les calcaires lacustres, comme il se doit logiquement.
s'étendent jusqu'au Bou-R'Keiss à l'E et sous la vallée
48 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
L'étude des caractéristiques hydrauliques au moyen recharges d'automne ou de printemps, avec un retard
d'essais de pompage montre que les terrains aquifères sont de un à trois mois sur les pluies.
très hétérogènes. Les valeurs de la perméabilité sont
En comparaison avec beaucoup de nappes libres
comprises entre 1.10-5 et 5.10-3 m/s, tandis que celles de la
du Maroc, ce qui caractérise avant tout les eaux du
transmissivité sont comprises entre 2.10-5 et 1.10-1 m / s .
bassin lacustre de Meknès-Fès, c'est leur minérali-
Ces diverses valeurs sont dispersées et on ne peut attribuer
sation exceptionnellement faible qui est souvent in-
une gamme bien définie aux différents faciès lithologiques.
férieure à 0,5 g/l et dépasse rarement 1 g/l.
Le coefficient d'emmagasinement varie entre 1.10-3 et
6,5.10-2. Le volume des terrains aquifères étant de l'ordre de Seules les zones où la nappe est peu profonde et
45 milliards de m3, le volume de la réserve d'eau totale subit ainsi une évaporation intense, ont une
serait de 650 à 1 300 millions de m3 (coefficient d'emmaga- concentration qui peut atteindre 2 à 2,5 g/1. C'est en
sinement moyen de 1,5 à 3.10-2), total très modeste pour une particulier le cas de la plaine de Douyet où la nappe
superficie de 2 100 Km² et de surcroît très inégalement se situe à moins de 10 m de profondeur. Les zones à
réparti selon les secteurs du bassin (le synclinal du Saïs nord l'aval de la nappe ont aussi des eaux plus concentrées
en renfermant la plus grande part). en sels, ce qui est normal. Par contre à l'amont et au
pied de la flexure d'Aïn-Taoujdate, la nappe est
La température des eaux a été relevée mensuellement sur diluée par les apports de la nappe du Lias dont l'eau
120 puits témoins de 1955 à 1963, elle suit sensiblement les est plus douce.
fluctuations de la température atmosphérique. Les extrêmes
sont de 23 et 13°C suivant la situation et la profondeur de la La concentration des eaux varie aussi en fonction
nappe. Les écarts annuels le plus forts sont accusés dans les de la lithologie des aquifères qui, par leurs per-
zones où la nappe est proche du sol et les plus faibles dans méabilités différentes, provoquent une circulation
les zones de grande profondeur de la nappe. Les plus ou moins lente de l'eau et une dissolution de sels
températures minima s'observent au moment des fortes variable.
385
550
20
Vers Moula
y Yacoub 15
10
Fes
V er s 5
Vers Sid
i Kacem
5 Douyet
5
10
380
es
ekn
sM
Ver
10
15
15
20
325
20 10
FIG.13 — Nappe phréatique du plateau de Meknès-Fès (région de Douyet), isobathes et isocônes de l'eau exprimées en résidus secs à 180°C.
BASSIN DE MEKNÈS-FÈS 49
Les eaux des calcaires lacustres sont les moins chargées Q : débit en m3/s
en sels (0,2 à 0,4 g/l) ; suivent ensuite celles des grès et
sables du Pliocène (0,4 à 0,8 g/l) et enfin les eaux des K : perméabilité en m/s
alluvions du Quaternaire (0,5 à 1,5 g/l). Les eaux de la T : transmissivité en m2/s (T = K. b.)
nappe sont bicarbonatées calciques et magnésiennes et b : épaisseur de l'aquifère en mètres
très légèrement chlorurées sodiques. Ces faciès l : longueur en m de la courbe équipotentielle
caractérisent les formations lacustres et, à un moindre
degré, les grès et les sables du Pliocène. Les eaux sont limitée par deux lignes de courant
généralement basiques et incrustantes par suite de leur i : gradient hydraulique ou pente de la nappe.
forte teneur en carbonates. Les rapports rSO4/rCl
augmentent de 0,2 à 1,5 avec les concentrations par Le schéma de calcul des débits d'écoulement d'une
évaporation ou avec la lente circulation des eaux dans zone donnée est le suivant, en régime permanent:
les formations peu perméables. La dilution par apport — détermination de limites latérales de panneaux
des eaux du Lias ne modifie guère les faciès normaux hydrauliques par des lignes de courant ; les panneaux
car les eaux sont aussi bicarbonatées calciques et constituent un découpage arbitraire du système aquifère
magnésiennes. en zones homogènes ou séparées par des lignes de
Le degré hydrotimétrique des eaux de la nappe partage des eaux,
libre est assez élevé : 30 à 33 dans les calcaires — calcul du débit d'écoulement le long d'une
lacustres et les grès du Pliocène, 35 à 40 dans les courbe isopiézométrique à l'amont de la zone étudiée,
conglomérats du Saïs E, 40 à 50 pour les eaux du connaissant les gradients hydrauliques et les
Quaternaire (région de Douyet). Ce sont donc en transmissivités dans des puits ou forages,
général des eaux bonnes pour l'alimentation mais assez
mal adaptées à l'industrie parce que trop incrustantes. — calcul du débit d'écoulement le long d'une
Pour l'irrigation, la qualité des eaux est généralement courbe isopiézométrique à l'aval de la zone étudiée (ou
excellente, exception faite pour celles de Douyet plus suivant une courbe intermédiaire),
alcalines et qui ne devraient être utilisées que — connaissant les apports extérieurs (infiltrations
mélangées aux eaux de surface ou en alternance avec dues à la pluie, aux irrigations) ou les prélèvements
celles-ci. Dans l'ensemble, les caractéristiques (pompages), on vérifie aux approximations près la
chimiques de l'eau conviennent à l'irrigation des cohérence des résultats obtenus ci-dessus en estimant
cultures les plus variées, sans problème de drainage ou que les variations de réserves sont négligeables.
de lessivage des sols.
Cette méthode nécessite la connaissance aussi
précise que possible de la surface piézométrique et des
HYDRODYNAMIQUE DE LA NAPPE LIBRE valeurs de la transmissivité.
Dans le cas de la plaine de Meknès-Fès, la carte
Afin de déterminer l'ordre de grandeur des écou- piézométrique est en général de bonne qualité, mais les
lements souterrains dans le bassin de Meknès-Fès, une
valeurs des transmissivités, assez dispersées à l'échelle
approche par calcul manuel par front de nappe avait été
réalisée en 1966-67. C'est ce calcul qui est reproduit ci- de toute la plaine, sont beaucoup plus homogènes le
dessous, avec toutes ses extrapolations et imprécisions long d'une même courbe isopiézométrique. Les résultats
dans le détail ; il est évident que les méthodes de calcul obtenus, bien que peu précis, sont assez cohérents
automatique disponibles maintenant permettraient de globalement.
bien meilleures approches. Néanmoins, les résultats La plaine de Meknès-Fès a été subdivisée en
déduits de cette méthode étaient suffisants dans leurs panneaux hydrauliques dont les limites correspondent à
ordres de grandeur et les conclusions auxquelles ils des lignes de courant de la nappe. Ces panneaux
conduisent pour ne pas nécessiter jusqu'à présent une apparaissent sur la carte piézométrique (fig. 12).
reprise de l'étude.
Dans le plateau de Meknès, trois panneaux
principaux : celui d'El-Kell, de Meknès centre, et de
Calcul des débits par front de nappe
Meknès Est ont été délimités.
L'écoulement dans une nappe obéit à la loi de
Dans le Saïs, trois panneaux inégaux : le Saïs Ouest,
Darcy, exprimant que le débit est proportionnel à la
le Saïs centre et une petite unité correspondant aux
perméabilité, à la section traversée et au gradient
conglomérats : le Saïs Est, ont été également distingués.
hydraulique (ou pente de la surface. piézométrique) ; la
relation est de la forme :
Q = K. b. l. i. = T . l . i .
50 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
48/15 360 29
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
du
qua
10 E au 10
tern
100
aire
de D
100
Eau 100
oue
des
cong
lomé
t
ra 100
ts
100
Eau
100
des
100
grès
1 1
10
Eau
des
10
10
calca
10
ires
10
lac
10
ustre
10
s
0.1 0.1
10
FIG. 14 — Plateau de Meknès-Fès, types d'eaux souterraines de la nappe phréatique, influence de la lithologie.
BASSIN DE MEKNÈS-FÈS 51
trapézoïdal de 60 km2 constitué de cônes de déjection, d'irrigation sur 70 km2, apports qui compensent
est propice à l'infiltration de la pluie ou des eaux largement les pertes par évapotranspiration. La valeur
d'irrigation. La hauteur de pluie près d'Aïn-Chegag est de T, calculée sur un seul essai de débit, est en fait
proche de 600 mm/an au cours d 'une année moyenne sujette à caution. Deux autres puits testés
théorique. respectivement à 3 et 5 Km à l'Ouest du puits 1 165/15
Pluie totale : 60 km2 x 0,600 m = 36 Mm3. ont donné des valeurs de T extrêmement mauvaises.
Pluie infiltrée : 15 % (au plus) = 5,5 Mm3 soit 0,170 La source en aval de la ligne (Aïn-Amier) débite à
m3/s environ elle seule 0,1 m3/s qui s'ajoutent au drainage de l'oued
Irrigation de l'ordre de 0,100 m3/s environ Maarez, au moins égal à cette valeur. On est donc très
Eau d 'irrigation infiltrée (20 à 30 %), ce qui proche des valeurs de la ligne 550 en tenant compte
représente 0,02 à 0,03 m3/s environ ( 2 ) des débits de la source et du drainage de l'oued.
Total des apports superficiels : 0,190 à 0,200 m3/s. En conclusion, le débit souterrain de ce panneau est
Les débits sur la ligne isopièze amont peuvent de l'ordre de 0,20 à 0,25 m3/s, ce qui correspond à un
s 'expliquer uniquement par les infiltrations super- débit par kilomètre de front de 30 35 l/s. Ce débit
ficielles. Les apports profonds seraient faibles ou provient en quasi totalité des infiltrations des eaux de
négligeables dans cette zone. pluie et d'irrigation.
2. Ligne aval 450 (OR) ( 1 )
T =4.10 -4 m2/s d'après le puits 1 165/15, (1) Position de ces points sur la figure 12.
l = 6 000 m (2) Le coefficient d'infiltration à partir des irrigations est généralement
i = 2.10 -2, soit Q = 0,05 m3/s plus élevé qu'à partir des eaux de pluie car les eaux sont épandues
sur des superficies plus limitées, en quantités supérieures à celles
Entre les lignes 550 et 450 il se perdrait 0,2 m3/s des eaux de pluies tombées au cours d'une averse.
environ malgré les apports de la pluie et des eaux
Aïn Amier
0,1 m³/s O. Maarez
0,1 m³/s
Infiltrations
Pertes par
pluie - irrigation évapotranspiration
0,2 m³/s
Infiltrations
pluie - irrigation
0,2 m³/s
Causse
Le Saïs centre est avec le Saïs Ouest la zone la plus Débit sur le front de nappe : la section tracée
complexe car c'est sur ces panneaux que les d'après la carte des isopaches de la nappe entre les
communications entre la nappe phréatique et la nappe points L et M a une superficie totale de 600 000 m2 . La
profonde semblent les plus importantes. perméabilité moyenne du forage 1828/15 a pour valeur
3,4.10 -1 m/s. Le gradient hydraulique est égal à
Les deux panneaux sont séparés par une crête
1 . 4 . 1 0 -2 . La valeur de Q est 2,8 m3 /s.
hydraulique dans la région de Douyet où les eaux se
partagent en deux zones de drainage E et W (oueds Fès Entre K et L, le débit qui s'écoule doit sans doute
et N'ja). être très faible, car l'Aïn-Bou-R'Keiss a déjà drainé la
zone d'alimentation, en amont. Un ordre de grandeur de
On peut scinder ce panneau du S vers le N en trois
3 m3 /s pour l'ensemble du segment K, L, M, pourrait
secteurs :
être avancé en s 'appuyant sur les seules valeurs des
— le secteur amont entre le Causse et la ligne forages 1828 et 1829/15.
isopièze 500,
— le secteur intermédiaire entre les lignes 500 et Débit total des sources : les débits de l'Aïn-Smène,
400, d'Aïn-El-Beïda et d'Aïn-Chkeff, sources plus à l'aval de
— le secteur aval ou de drainage par l'oued Fès. la courbe isopièze 500, sont de l'ordre de 0,8 à 1,2
m3 /s. Ce débit est très inférieur d'environ 2 m3 /s au
débit calculé précédemment. Le calcul fondé sur une
1. Secteur amont compris entre le Causse et l'isopièze
seule valeur de perméabilité est donc peu précis et dans
500 m délimitée entre K et M. (1) ce cas surestimé. Les calculs du paragraphe suivant
La superficie de cette zone est de 80 km2 environ. permettent d'évaluer le débit d'écoulement vers l'aval
(au-delà des sources) à 0,5-0,6 m3 /s provenant de
La hauteur de pluie moyenne près d'Aïn-Chegag et l'isopièze 500.
en bordure du Causse qui est de 600 mm environ
(année moyenne théorique) correspond à un apport de Le débit d'écoulement souterrain le long de la
48 Mm3 /an. Les infiltrations de la pluie (15 %) sont de courbe K.L.M. serait de l'ordre de 1,3 à 1.8 m3 /s et le
l'ordre de 7 Mm3 /an et représentent un débit fictif débit total (y compris l'Aïn-Bou-R'Keiss) de 2 à 2,5
continu de 0,23 m3 /s environ. m3 /s.
Les irrigations sur ce plateau calcaire par les Conclusion. Entre le Causse et la ligne isopièze
séguias d'Aïn-Chegag (source du Lias) apportent 0,8 à 500, les débits infiltrés à partir des eaux de pluies ou
1,0 m3 /s ce qui permet d'estimer à 0.2 ou 0,3 m3 /s les des eaux d'irrigation ont une valeur de 0,5 m3 /s en-
débits infiltrés vers la nappe (coefficient d'infiltration viron. Sur l'isopièze 500, le débit total est de 2 à 2,5
20 à 30 %). m3 /s (y compris l'Aïn-Bou-R'Keiss) ce qui laisse
supposer que de 1,5 à 2 m3 /s viennent par en dessous, à
Au total les apports superficiels à la nappe re- partir des eaux du Lias. Ces échanges peuvent se
présentent de 0,43 à 0,53 m3 /s soit environ 0,5 m3 /s que produire en bordure du Causse par abouchement dans
l'on doit retrouver sur la ligne aval (500). A ces apports la zone où les deux nappes ne sont pas encore isolées,
s'ajoute un débit provenant de l'amont, dû à la mais peuvent aussi se produire sur les lignes de
continuité hydraulique entre le Lias et les formations flexures où se rencontrent les gros débits (l'Aïn-Bou-
lacustres, attestée notamment par la source Aïn- R'Keiss, Aïn-Chkeff...), dans ces zones où les pertes de
Chegag. charge sont moins fortes et les circulations favorisées
par la structure profonde. En ajoutant les débits de
2. Débit le long de l'isopièze 500 (K, L, M) (1) l'Aïn-Chegag, en bordure du Causse (1 m3 /s), l'apport
total du Lias atteindrait de 2,5 à 3 m3 /s et constituerait
Pour cette courbe il sera retenu deux modes de la véritable alimentation de ce panneau.
calcul ; l'un basé sur le débit total des sources situées à
proximité, l'autre s'appuyant sur la formule : Q = K. A. 1. Débit le long de l'isopièze 400 (F, G, H, J)
i. où Cette courbe a été décomposée en trois segments
FG, GH, HI sur lesquels se situent des puits ou des
Q : est le débit exprimé en m3 /s,
forages.
K : la perméabilité exprimée en m/s,
Sur le segment FG, le débit des sources de Ras-El-
A : la section en m, et i : le gradient hydraulique.
Ma, en aval, doit théoriquement se retrouver sur cette
Les forages 1828 et 1829/15 se situant dans une fraction de courbe et avoisiner 0,35 à 0,50 m3 /s.
fosse, il est préférable d'utiliser la section car Les débits sur les segments GH et HJ sont respec-
l'épaisseur de la nappe n'est pas uniforme sur toute la tivement de 0,38 m3 /s et de 0,16 m3 /s. Au total on peut
longueur de l'isopièze.
BASSIN DE MEKNES-FÈS 53
O. Fès : 1 - 2 m³/s
1,3 - 1,6 m³/s
Infiltraions
Pluie - irrigations
0,5 m³/s
Aïn Cheggag -+ 1 m³/s
Causse
LIAS
2 - 3 m³/s
estimer à 1 m3/s environ le débit transitant au niveau de isopièzes 500 et 400, malgré les forts débits des
l'isopièze 400 entre F et J, ce qui correspond à un débit émergences. Ce qui confirme l'apport profond du Lias
de 70 l/s par kilomètre de front. (1,5 à 2 m3/s) sur les flexures ou à l'amont de celles-ci.
Origine de ce débit : celui-ci provient de l'écou-
lement souterrain de l'amont et des infiltrations entre 4. Débits à l'exutoire aval (oued Fès)
les isopièzes 500 et 400. La superficie totale de 90 km2 L'eau écoulée sur la courbe isopièze 400, se retrouve
et les fortes irrigations dans ce secteur, peuvent ensuite dans l'oued Fès qui draine toute la basse plaine.
justifier une infiltration de 0,4 à 0,5 m3/s qui s'ajoute à Les débits des oueds Bou-R'Keiss, Aïn-Smène, Chkeff, à
l'écoulement naturel provenant de l'amont de la nappe. leur confluence avec l'oued Fès sont négligeables, car
Ceci suppose que 0,5 à 0,6 m3/s transitent entre les l'eau a été entièrement distribuée.
54 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Le drainage par l'oued Fès varie en étiage de 1 à 2 m3/s représente un volume annuel évaporé de 1 à 1,5 Mm3.
en relation avec la charge à l'amont. L'évapotranspiration n 'est importante que lorsque la
nappe est à moins de 5 m du sol, ce qui est rarement le
Les infiltrations sur une superficie de 90 km2 sont
cas, sauf dans la zone de drainage de l'oued Fès et en
de l'ordre de 0,4 à 0,5 m3 /s qui s'ajoutent à
bordure de l'étang de Douyet ; son importance,
l'écoulement de l'amont (0,9 à 1,1 m3/s), ce qui donne
difficile à chiffrer, est inférieure à l'erreur que l'on
un débit total de 1,3 à 1,6 m3/s à l'aval (valeurs
peut commettre dans les estimations et n'est
intermédiaires aux débits d'étiage de l'oued Fès sur les
mentionnée que pour mémoire.
cinq années observées).
Les débits qui s'évaporent à Douyet proviennent Le Saïs Ouest (fig. 17)
principalement des infiltrations sur la zone nord. La 1. Entre le Causse et la flexure (courbe isopièze 500).
superficie de l'étang dépasse rarement 1 km. Ce qui Les infiltrations à partir de la pluie ou des eaux
N'JA
1,5 m³/s (Sources de l'oued)
Irrigations
Infiltrations
Pluie - irrigation
0,5 - 0,6 m³/s
Sources
1 m³/s
Alimentation
Infiltrations
Pluie - irrigation
LIAS
3,5 - 4 m³/s
d'irrigation sur une superficie de 190 km2 environ, se Conclusions sur le Saïs
décomposent comme suit :
— Pluie 190 km2 x 0,6 m = 114 Mm3 L'écoulement de la nappe libre le long de l'isopièze 500
est compris entre 2,5 et 3 m3/s et entre 2,5 et 3,5 m3/s aux
pluie infiltrée 15 % au plus = 17 Mm3,
exutoires. Dans cet écoulement, une part provient des
soit un débit de l'ordre de 0,5 m3/s.
apports profonds du Lias, comme l'ont démontré les
— Irrigations : 1,5 m3/s environ, paragraphes précédents ; ces apports peuvent se produire
eau infiltrée 20 à 30 %, soit de 0,30 soit par abouchement tant que les deux aquifères ne sont
à 0,45 m3/s. pas encore séparés, soit par drainance de bas en haut à
travers les marnes du Tortonien. Il faut cependant
Au total il s'infiltre de 0,8 à 1 m3/s, débit qui doit se
remarquer que les grosses sources se situent soit au pied de
retrouver au niveau de la courbe isopièze 500.
la flexure d'Aïn-Taoujdate de style et d'orientation rifaine,
2. Débit le long de la courbe isopièze 500: le débit total soit à la rencontre de celle-ci avec les flexures de style et
des sources au pied de la flexure d'Aïn-Taoujdate (et sur de direction atlasique :
l'isopièze 500) est de l'ordre de 1 m3/s. On peut donc dire
Aïn-Chkeff sur la flexure d'Aïn-Chegag
que le débit infiltré entre le Causse et l'isopièze 500 ressort
par les sources situées à proximité de cette ligne. Aïn-Ablouz sur la flexure de Ras-.El-Ma
3. Débit le long de la courbe isopièze 4 0 0 : le débit total Aïn-Amelal sur la flexure de même nom.
calculé le long de cette isopièze entre les points A et F,
La source importante de Bou-R'Keiss se situe par
peut être décomposé en quatre segments (AB, BC, CD,
contre dans un sillon, entre les deux premières flexures.
DF). Sur la longueur totale de 15,5 Km, le débit est de 2,2
m3/s environ soit un débit de 140 l/s par kilomètre de front. On peut supposer que la fracturation importante des
marnes miocènes au niveau des flexures favorise les
Les infiltrations entre les isopièzes 500 et 400, sur une
échanges de bas en haut, en diminuant les pertes de charge
superficie de 120 Km², sont de l'ordre de 0,5 à 0,6 m3/s
des circulations entre la nappe profonde captive et la nappe
(0,3 m3/s pour les eaux de pluie et 0,2 à 0,3 pour les eaux
libre.
d'irrigation).
Entre le débit total le long de l'isopièze 400 (2,2 m3/s) Importance du Lias dans le Sais
et le débit infiltré (0,5 à 0,6 m3/s) il y aurait un surplus de
1,6 à 1,7 m3/s qui ne peut s'expliquer que par les apports La nappe profonde du Lias constitue la principale
du Lias, mais ces débits sont surestimés comme le montre richesse du Saïs, soit par les exsurgences au pied du
le paragraphe suivant. Causse, soit par des sources de flexures où se matérialisent
les apports profonds qui ont pu diffuser à travers les
4. Débit à l'exutoire sur l'oued N'ja : les débits des marnes séparant les deux nappes.
principales sources sur l'oued N'ja, atteignent près de 1,5
m3/s. Il y aurait donc un déficit entre l'isopièze 400 et Les apports du Lias dans le Saïs peuvent se résumer
l'exutoire de 0,7 m3/s. déficit qui ne s'explique pas par les ainsi :
prélèvements ou les pertes par évapotranspiration qui sont — Sources de trop plein, exsurgences : 3,5 à 4 m3/s
largement compensées par les infiltrations à partir des eaux
épandues. Les sources captées près de l'isopièze 500 ne — Abouchements et apports profonds du Lias sources
s'écoulent pas vers l'exutoire. de flexures pro parte): 2,5 à 3 m3/s.
Il faut donc en déduire que le débit à l'amont, le long de Au total l'alimentation de la nappe libre en provenance
la courbe isopièze 400, est probablement surestimé, en de la nappe du Lias atteint de 6 à 7 m3/s; ces apports sont
particulier sur le segment DE, de plus de 0,7 m3/s, ce qui beaucoup plus importants que les infiltrations de la pluie et
réduit à moins de 1 m3/s les apports du Lias, par des irrigations.
abouchement. Plateau de Meknès
Les exsurgences en bordure du Causse ont un débit
compris entre 2,5 et 3 m3/s qui, ajoutés aux apports Il a été divisé en trois panneaux : celui de Meknès Est,
profonds du Lias à la nappe libre, donnerait un débit total celui de Meknès centre et celui de Meknès Ouest (ou
des eaux du Lias, compris entre 3,5 et 4 m3/s, sur ce panneau de l'oued El-Kell), suivant les mêmes critères que
panneau de Saïs Ouest. pour la plaine du Saïs.
56 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Le panneau de Meknès Est (fig. 18) 1. à 0,30 m3/s dont 0,17 pour la pluie et 0,08 à 0,13 pour
les eaux d'irrigation.
1. Courbe isopièze amont (700).
Le long de la courbe isopièze 700, il apparaît donc
Cette isopièze de 17 Km de long a été subdivisée
un surplus de 0,20 à 0,25 m3/s qui peut s'expliquer par
en trois segments (A'B', B'C', C'D'). Les débits tran-
des abouchements entre la nappe libre et la nappe
sitant le long de ces trois segments sont respecti-
profonde. Les communications ne peuvent s'effectuer
vement de 0,28 m3/s pour A'B', 0,08 m3/s pour B'C' ;
qu'au Sud-Est car le reste du panneau surmonte un
pour le segment C'D', les sources situées peu à l'aval
môle primaire sans Lias.
(Aïn-El-Jaoui, Aïn-Aouine, Aïn-Chaffit) réparties sur
tout le tronçon de ligne, ont un débit proche de 0,1 2. Courbe aval 550
m3/s (3) .
Au total près de 0,5 m3/s s'écoulent à l'aval de cette Ce front de nappe d'une longueur totale de 19,5
ligne. Km peut se diviser en trois segments (E'F', F'G', G'H')
; les débits que l'on obtient par le calcul à l'aide des
Entre le Causse et l'isopièze 700, sur une superficie transmissivités sont de deux à quatre fois plus élevés
de 90 km2, les infiltrations seraient de l'ordre de 0,25 que ceux qui sont déduits de la décharge des sources et
(3) du drainage des oueds.
Position de ces points sur la figure 12.
Pluie - irrigation
Aïn El Jaoui
Aïn Aouine
Aïn Sidi Chaffit
0,1 m³/s
Irrigation
Infiltrations
Plie - irrigation Aïn Akkous
0,25 - 0,3 m³/s
0,3 - 0,4 m³/s
Entre les courbes isopièzes 700 et 500 il y a un 0,25 m3/s et le débit des exsurgences est de 0,3 à 0,4
apport de 0,4 à 0,5 m3/s par les infiltrations sur les m3/s (Aïn-Akkous). Le Lias ne fournit donc que de 0,5
210 km2 de superficie mais une décharge de 0,15 à à 0,65 m3/s dans ce panneau privé de nappe profonde
0,20 m3/s par les sources. La différence entre les sur près de la moitié de sa superficie.
entrées et les sorties fait ressortir un débit à l'exutoire,
compris entre 0,60 et 0,75 m3/s.
Meknès centre (fig. 19)
3
3. Conclusion. Ce débit de 0,60 à 0,75 m /s alimente l. Courbe isopièze amont (700)
les sources de déversement et les affluents du Mikkès Cette courbe est décomposée en cinq segments
à l'aval. J'K', K'L', L'M', M'N', N'A' par où s'écoule au total 1
Les apports à l'amont par le Lias sont faibles 0,2 à m3/s environ sur les 19,7 km de longueur totale,
Oued Ouislam
Oued Boufekrane
0,9 - 1,3 m³/s
Infiltration
pluie -irrigation
Irriagations
Aïn Karrouba
0,2 - 0,25 m³/s
LIAS
1,3 - 1,4 m³/s
soit un débit de 50 l/s par kilomètre de front de nappe. gauche de 160 km2 . Un petit panneau nord
correspond à l'extrémité du plateau sur la route
Le débit sur le segment M'N' a été calculé d 'après
principale Meknès-Rabat au-delà du bassin du
l émergence d'Aïn-Karrouba qui a un débit de 0,20 à
'
R'Dom (40 km2 environ).
0,25 m3/s (la transmissivité du puits 494/22 n 'étant
certainement pas représentative de l'ensemble du Plusieurs mesures de transmissivités dispersées sur
segment). ces trois fragments du panneau donnent un ordre de
grandeur assez logique des débits.
Du Causse à la ligne isopiézométrique 700, soit
sur une superficie de 1190 Km², les infiltrations totales 1. Débit sur la rive droite entre W' et X'. Isopièze
atteignent de 0,5 à 0,6 m3/s dont 0,35 m3 /s d'eau de 740
pluie et 0,15 à 0,25 m3/s d'eau d'irrigation.
Le débit sur 6 Km est d'environ 0,16 m3 / s ;
Il y a donc un surplus de 0,4 à 0,5 m3/s qui peut
s'expliquer par les abouchements de la nappe captive Soit un débit de 25 à 30 l/s par kilomètre. Entre le
profonde avec la nappe libre ou par apports Causse et cette courbe, les infiltrations de la pluie (de
préférentiels sur les flexures de Bou-Fekrane à Haj- 0,10 à 0,15 m3 /s) expliquent presque entièrement les
Kaddour et de l'oued Bou-Gnaou. débits du front de nappe, le restant étant comblé par
2. Courbes isopièzes aval 550 et 600. l'infiltration des eaux d 'irrigation (assez faibles dans ce
secteur). Le Lias faisant défaut en dessous, il n'y a pas
Celles-ci ont été décomposées en quatre segments d'apport profond à la nappe libre, ce qui est confirmé
dont deux (P'Q', O'R') sur la courbe 550 et deux (T'U', par les débits au droit de l'isopièze. L'écoulement de la
U'V') sur la courbe 600 pour rester à proximité des nappe alimente à l'aval les nombreuses sources de
puits ou forages dont les caractéristiques hydrauliques déversement de l'oued El-Kell.
ont été déterminées.
2. Débit sur la rive gauche entre Y' et Z'. Isopièze
Le débit total souterrain n'atteint plus que 0,6 m3/s 600
bien qu'il y ait des infiltrations évaluées entre 0,4 et
0,6 m3/s, réparties sur une superficie de 170 Km² entre Le débit de 0,27 m3 /s sur 8 Km correspond à un
les courbes isopièzes` amont et aval. débit de près de 35 l/s par kilomètre et s'explique
entièrement par les apports superficiels. La pluie
3. Débit aux exutoires tombée sur 130 km2 et les irrigations peuvent donner
lieu à des infiltrations de 0,20 à 0,25 m3 /s, ordre de
Les exutoires de ce panneau sont les oueds : grandeur comparable au débit sur ce segment
Ouislam et Bou-Fekrane les deux principaux affluents d 'isopièze.
de l'oued R'Dom dont le débit total se situe en étiage
entre 0,6 et 1 m3/s ce qui, ajouté aux prélèvements sur 3. Débit sur la rive gauche entre Y" et Z". Isopièze
ces deux oueds pour alimenter Meknès (0,3 m3/s 550
environ), donne un ordre de grandeur de 0,9 à 1,3
m3/s. Le front de nappe se réduit de moitié et la nappe se
vide par de nombreuses sources de déversement sur les
4. Conclusion rives de l'oued El-Kell et de ses affluents. Il ne reste
plus sur ce segment d'isopièze que 40 l/s soit un débit
Sur ce panneau, l'écoulement moyen de la nappe de 8 l/s par kilomètre.
libre est de l'ordre de 1 m3/s. 4. Débit au Nord de l'oued El-Kell. Isopièze 480.
Les apports du Lias par abouchement ou sur les Ce panneau surélevé, drainé de toutes parts, est
flexures seraient de 0,4 à 0,5 m3/s en amont de alimenté seulement par les infiltrations de l'eau de
l'isopièze 700. Les exsurgences (Aïn-Bou-Jaoui, Aïn- pluie et celles des irrigations effectuées au moyen de
Maarouf, Aïn-Arhbal) et le groupe de sources d'El- quelques rares stations de pompage dans la nappe.
Hajeb débitent de 0,8 à 0,9 m3/s, ce qui suppose un
Sur 5 Km le débit est d'environ 20 l/s soit un débit
apport total du Lias de 1,2 à 1,4 m3/s sur le panneau de
de 4 l/s par kilomètre.
Meknès centre.
Ces trois panneaux de l'oued El-Kell sont donc
Panneau de Meknès Ouest ou d'El-Kell pauvres en eau souterraine parce que mal alimentés
(pluie seulement, irrigations peu développées) et ne
Ce panneau qui correspond approximativement au bénéficiant d'aucun apport profond. Cela démontre
bassin de l'oued El-Kell est scindé en deux par l'oued : que la nappe profonde est la vraie richesse de la
une partie rive droite de 90 Km environ, une partie rive plaine de Fès-Meknès, et met en évidence la relative
BASSIN DE MEKNÈS-FÈS 59
pauvreté de la nappe libre lorsqu'elle n 'est pas proportion par les eaux du Lias, transitent à, travers la
soutenue par des apports de la nappe profonde du nappe libre et sont comptabilisés dans les apports du
Lias. Lias à la nappe libre.
L'alimentation se fait aussi en deuxième lieu par les
Conclusions sur le plateau de Meknès apports de la nappe profonde du Lias à la nappe libre
Le débit sur la ligne isopièze amont (700) attein- soit par abouchement, soit par drainance verticale à
drait au total près de 2 m3 /s sur une longueur de 40 travers les marnes bleues du Miocène.
Km, ce qui correspond à un débit moyen de 45 l/s/Km
environ. Infiltration des eaux de pluie
3
Ces 2 m /s ne s'expliquent pas entièrement par les
infiltrations des eaux de surface (pluies ou irrigations) Le volume d'eau de pluie infiltré (cf. § Hydrologie)
qui seraient de l'ordre de 1,1 à 1,3 m3 /s. Le surplus dans le Sais est compris entre 85 et 92 Mm3 /an et atteint
(0,6 à 0,7 m3 /s) doit donc provenir des apports de 85 à 93 Mm3 /an sur le plateau de Meknès, plus
profonds du Lias. étendu mais moins perméable. Le volume total est
compris entre 170 et 185 Mm3 /an soit un débit fictif
Apports du Lias continu de l'ordre de 5 à 6 m3 /s.
L'alimentation globale serait ainsi en débit fictif Au total : 5,5 à 8,5 m3/s, s'écoulent de la nappe vers
continu de l'ordre de 10 m3/s. les cours d'eau en année moyenne. Ce débit comprend
aussi les eaux de sources non captées à l'aval du Saïs et
Décharge de la nappe du plateau de Meknès et à un moindre degré, la part des
débits dérivés, restitués aux cours d'eau (restitution).
Celle-ci est aussi complexe que l'alimentation, car il
est difficile de distinguer la décharge de la nappe
profonde de celle de la nappe libre. Les sources de Sources captées pour les irrigations
flexure en sont un exemple type, car les eaux du Lias se
mélangent aux eaux de la nappe libre. Cependant, 1. Sources d'émergence et de déversement de la nappe
comme il est tenu compte des apports profonds dans libre.
l'alimentation de la nappe libre, il est logique de La plupart des sources du milieu de la plaine sont
considérer les débits des sources de flexures comme un généralement captées pour les irrigations. Le débit des
facteur de décharge de cette même nappe, bien que l'eau sources utilisé pour l'irrigation est de l'ordre de 0,7 à 0,8
des sources de flexures ait une double origine. m3/s dans le Sais et de 0,5 à 0,6 m3/s sur le plateau de
Les principaux facteurs de décharge sont par ordre Meknès, soit au total de 1,2 à 1,4 m3/s. Une partie de ce
décroissant: débit (20 à 30 %) est réinfiltré, ce qui réduit à 1 m3/s
— le drainage des cours d'eau à l'aval (débits environ le débit réellement consommé pour l'irrigation,
exportés hors du bassin); soit un volume annuel moyen de l'ordre de 30 Mm3.
— les émergences, les sources de déversement et
2. Les sources de flexures d'origine mixte, mais dont
de flexures captées pour l'irrigation (débits nets
l'eau transite par l'aquifère des formations lacustres sont
consommés dans le bassin).
captées pour l'irrigation et pour l'alimentation des villes
— les prélèvements à la nappe pour l'alimentation
en eau potable.
en eau potable et par pompage pour l'irrigation (débits
partiellement consommés et exportés), La plupart de ces sources et celles qui ont le plus
— l'évapotranspiration directe dans le bassin. fort débit se situent dans le Sais. Sur les 2 à 2,5 m3/s
captés, le débit consommé par l'irrigation, donc diminué
Drainage par les cours d'eau des réinfiltrations (20 à 30 %) s'élève à un volume
annuel moyen de l'ordre de 50 à 55 Mm3.
Le volume drainé par les oueds est évalué à 170-
Le débit d'eau total des émergences, des sources de
270 millions de m3/an (cf. § Hydrologie) pour
flexure, et des sources de déversement, utilisé et
l'ensemble de la plaine. Ce drainage constitue le
consommé pour l'irrigation dans le bassin, est compris
principal facteur de décharge de la nappe phréatique, et
entre 80 et 85 Mm3/an dont 20 à 30 Mm3 environ pour le
se répartit ainsi (en arrondissant) :
plateau de Meknès et de 55 à 60 Mm3 pour le Saïs.
— 3,6 à 5,7 m3/s, pour le Sais, soit de 115 à 180
Mm3, Sources captées pour l'alimentation en eau potable et
— 1,8 à 2,8 m3/s, pour le plateau de Meknès, soit prélèvement par pompage dans la nappe
de 55 à 90 Mm3.
Ce facteur de décharge comprend en particulier une
Les oueds Fès et N'ja drainent le Sais, tandis que partie des débits prélevés et exportés pour en eau des
les affluents rive gauche du Mikkès drainent le plateau
de Meknès.
BASSIN DE MEKNÈS-FÈS 61
villes de Fès et de Meknès, plus les débits de pompage 0,3 à 0,4 m3 /s sur le plateau de Meknès et de 0,1 à 0,2
dans la nappe libre. Les débits prélevés pour m3 /s dans le Saïs.
l'alimentation des centres ruraux et des douars sont Les prélèvements dans la nappe phréatique pour
faibles. l'alimentation et pour les irrigations par pompage
atteignent un débit de 1 à 1,25 m3 /s, soit un volume
La ville de Fès prélève dans la nappe libre 0,10 annuel moyen de 30 à 40 Mm3 , moitié prélevé dans le
m3 /s environ de l'Aïn-Amier, 0,15 m3 /s de l'Aïn- Saïs, moitié dans le plateau de Meknès.
Chkeff, 0,25 m3 /s de l'Aïn-Bou-R'Keiss. Ces deux
dernières sources ont probablement une alimentation Evapotranspiration
mixte (nappes libre et profonde). Les débits des L'évapotranspiration directe de la nappe est le
forages artésiens (0,3 m3 /s) ne sont pas comptés car ils facteur le plus difficile à évaluer, car le bilan peut
s'équilibrer sans tenir compte de ce phénomène. La
intéressent exclusivement la nappe profonde et en
valeur que l'on pourrait avancer serait inférieure à
outre on ignore dans quelle mesure il s'agit d'exploit- l'erreur que l'on peut commettre dans le calcul des
ation de réserves. autres facteurs. La surface de la nappe se situant le plus
souvent à une profondeur supérieure à 10 m, on peut en
Au total, la ville de Fès exporte 0,5 m3 /s qui
conclure que l'évapotranspiration directe de la nappe,
peuvent être assimilés par excès à un prélèvement dans sur l'ensemble de la plaine, très peu boisée, est
la nappe libre. probablement négligeable car inférieure à 0.5 m3 /s, mis
La ville de Meknès dérive 0,15 m3 /s de l'Aïn- à part l'évaporation sur le lac de Douyet qui a été
Karrouba, source de la nappe libre, plus 0,3 à 0,4 m3 /s chiffrée entre 1 et 1,5 Mm3 /an.
prélevés à l'Aïn-Bittit dont l'eau provient du Lias.
Total de la décharge
Les stations de pompage pour l'irrigation ou pour Les débits totaux de décharge connus peuvent se
l'alimentation des douars représentent un débit de résumer dans le tableau ci-dessous (en millions de
l'ordre de 0,4 à 0,6 m3 /s mais inégalement réparti : m3 /an et en m3 /s pour la dernière ligne) :
Prélèvements
les exsurgences et les sources de trop-plein en bordure d'El-Hajeb, ce qui a été démontré par différentes
du Causse, par les sources des flexures (pro parte) et campagnes de prospection géophysique.
par les sources artésiennes hydrothermales du Saïs. Le Lias s'enfonce progressivement par failles et
Elle est reconnue et exploitée par des forages artésiens
flexures en direction du Nord-Ouest, avec une pente
généralement très productifs.
moyenne de 6 %, et atteint sa profondeur maximale
(1000 m) dans la zone synclinale en bordure du Prérif.
STRUCTURE DU LIAS SOUS LE BASSIN Il se redresse ensuite brutalement par failles pour
La nappe captive s'écoule dans les calcaires et les constituer le coeur des anticlinaux des rides prérifaines
dolomies du Lias et dans les grès, sables et (tome 1, chapitre 3).
conglomérats du Miocène transgressif qui surmontent Dans tout le bassin et principalement dans le Sud,
le Lias, là où ils existent (bordure sud et est du Saïs en le Lias est découpé en panneaux séparés par des failles
particulier). de direction atlasique NE-SW, comme celle d'Aïn-
Sur le rebord sud-ouest du plateau de Meknès, le Chkeff qui a un rejet de l'ordre de 200 m.
Lias est absent ainsi que dans le môle primaire au Nord
SIDI
HRAZEM
FES 1566/15
600
105/15
1755/15
380
AÏN SKRONNAT
F
KE
872/15
CH
A
M
2165/15
L
EL
LLA
2060/15
S
AÏN
E
RA
AM
A. Chkef 1
AÏN
RE
E
Xx
UR
XU
1539/15
EX
FLE
E
XUR
FL
E FL
RE
AÏN
2 296/15
XU
TAO 370
UJD
E
ATE 225/15
FL
A. Bou Rkaiss
AÏN TAOUJDATE 68/15
MEKNES 732/15 152/15
700
42/15 288/15
820/15 A. Cheggag
600 67/15
U
NAO
UG
552/15 800
BO
360
HAJ KADDOUR
UR
900
ED
553/22
DO
OU
AD
554/22
URE
JK
1000
X
FLE
-
NE
290/22
E
A.Akkous 1100
KR
215/22
FE
A. el Atrous
OU
A.Ribaa
B
201/22
RE
BOUFEKRANE 350
XU
E
A.Aguengam
FL
526/22
700
A.Arhbal
530
540
527/22
199/22
Xx/22 137/22
214/22 EL HAJEB Calacires et dolomies du Lias
213/22
A. Maarouf Limite de la zone des rides Prérifaines
800 Flexure
340
Zone avec lacune du Lias
600
Courbe isopèze (équidistance 100 m)
Limite sud de
900
Limite sud de l'artésianisme
l'extension du toit impérméable
Source du Lias (Tortonien)
Forage atteignant le Lias
0
100 Forage artésien au Lias
500
510
520
La région comprise entre Bou-Fekrane et El-Hajeb Meknès, constituent un réservoir en continuité avec
est particulièrement disloquée, le Lias est discontinu et celui du Lias. En bordure du Causse, ces dépôts servent
localement absent, enlevé par l'érosion anté-miocène. de relais entre la nappe phréatique des formations
Les eaux du Lias circulent sous la plaine dans un lacustres et la nappe profonde du Lias.
certain nombre de panneaux, individualisés et séparés
par des failles importantes. De l'W à l'E on distingue CARACTÈRES PHYSIQUES ET CHIMIQUES DE LA NAPPE
plusieurs unités : PROFONDE (fig. 20). SURFACE PIÉZOMÉTRIQUE DE LA
— sous le plateau de Meknès, le panneau de NAPPE PROFONDE
Meknès à l'W de la flexure Bou-Fekrane—Haj-
Kaddour où le Lias se termine en biseau stratigra- Elle est relativement connue dans les parties des
phique sur le socle primaire ou triasique. Dans ce panneaux d'Ain-Chegag et de Haj-Kaddour.
compartiment, le niveau piézométrique est très bas. Dans le premier panneau, la surface piézométrique
Les communications latérales avec le panneau d'Haj- passe de la cote 630 à la cote 590 m, avec une pente
Kaddour s'effectuent avec de très fortes pertes de moyenne de 4°/00 et chute brutalement au passage de
charges à travers le Pliocène ou le Miocène trans- la flexure d'Aïn-Chkeff.
gressif. Des lacunes du Lias expliquent la relative
pauvreté en eau profonde et phréatique de ce panneau. Dans le deuxième panneau, la cote varie entre 740
Le panneau de Haj-Kaddour, compris entre la flexure et 690 m avec une pente de 4 °/00 . La cote, plus élevée
de Bou-Fekrane—Hadj Kaddour à l'W et ce de l'oued dans ce panneau, est due à la flexure d'Aïn-Taoujdat
Bou-Gnaou à l'E est très disloqué vers le Sud, mais qui se répercute aussi bien dans la structure du Plio-
s'enfonce ensuite vers le Nord plus régulièrement avec Villafranchien que dans celle du Lias.
une pente moyenne de 5 0 /00. Ce panneau a été reconnu
par les forages artésiens : 553, 554 et 290/22 (forage à Les eaux du Lias et du Miocène transgressif se
la limite de l'artésianisme ; devient jaillissant lors des mettent en charge sous les marnes imperméables du
remontées du niveau piézométrique). Le môle primaire Miocène (Tortonien). La limite d'artésianisme suit
du N d'El-Hajeb s'étend entre les flexures d'oued Bou- approximativement la cote 700 sur le plateau de
Gnaou à l'W et celle d'Ain-Taoujdat au N, sur une Meknès et la cote 630 environ dans le Saïs (moins les
largeur moyenne de 8 à 10 km. L'absence de Lias rend pertes de charge).
ce panneau stérile en profondeur ;
Les évolutions des charges sont peu connues, car
— sous la plaine du Saïs et sa zone amont, le les observations sont peu étalées dans le temps et
panneau de Ribaa-Bittit déborde à l'W sous le plateau discontinues. Les variations observées sur un sondage
de Meknès. Il est limité par le môle d'El-Hajeb à l'W, du Lias (290/22) situé entre El-Hajeb et Meknès,
par la flexure d'Ain-Chkeff à l'E et la flexure d'Aïn- peuvent atteindre une amplitude pluriannuelle de
Taoujdat au N. Bien que non reconnu par forage, l'ordre de 10 m (fig. 21). Ces variations pluriannuelles
l'existence du Lias ne fait aucun doute en raison de sont assez sensibles : les années 1965 à 1967 à
l'importance des principales sources du bassin (Bittit- recharges médiocres (pluies faibles et absence de
Ribaa, Aguemgam, Akkous) et des émergences sur les neige hivernale sur le Causse) se traduisent par une
flexures situées au N de la flexure d'Aïn-Taoujdat. Le baisse de charge très importante dans la nappe captive
panneau d'Aïn-Chegag à l'E de la flexure d'Aïn-Chkeff, à une dizaine de kilomètres de la partie libre du
est exploité par les sondages artésiens alimentant la réservoir. Par contre, on note que les fluctuations
ville de Fès. Il s'étend au large vers l'E et le NE ce qui annuelles sont très amorties.
explique la présence des sources thermales de Sidi-
Harazem. Dans la cuvette synclinale du Saïs La température des eaux est comprise entre 18 et
proprement dit, le Lias semble exister partout et forme 25°C et assez constante à chaque point observé. Les
un vaste synclinal limité au S par la flexure de style eaux de fonte de neige et un écoulement rapide
rifain d'Aïn-Taoujdat, à l'E par celle d'Aïn-Chkeff, et concourent à abaisser la température des eaux qui sont
au N par les rides prérifaines. Cette fosse moins chaudes que celle des sources hydrothermales,
probablement fermée, est compartimentée par les la température de ces dernières pouvant provenir de
flexures de Ras-El-Ma et d'Aïn-Amellal, mais la nappe réactions exothermiques (notamment dans les marnes
du Lias y est très profonde. et schistes pyriteux).
Au-dessus du Lias, les dépôts transgressifs du Les eaux du Lias sont peu chargées en sels
Miocène, dont la puissance peut atteindre 340 m dans dissous, légèrement basiques, incrustantes. Elles sont
la plaine du Saïs (sondage 2230/15) mais va en généralement bicarbonatées calciques et magnésien-
diminuant vers l'W (0 à 20 m) dans le plateau de nes, mais peuvent devenir chlorurées sodiques lorsqu’
64 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
ARTESIEN
X=497.800 X=479.600
Y=353.850 Y=354.000
Z(sol)=292m Z(sol)=698 m
+2
métres
+1
265/22
290/22
SOL
19 0
ARTESIEN
20 1
21 2
22 3
23 4
24 5
25 6
1963 1964 1965 1966 1967 1968 1969 1970 1971 1972
FIG. 21 — Evolution piézométrique de 1963 à 1972 de la nappe profonde du Lias du plateau de Meknès-Fès
(piézomètre n° 290/22).
elles cheminent dans les faciès transgressifs du Miocène. déterminer un coefficient d'infiltration, en faisant
Le résidu sec est généralement compris entre 0,2 et 0,3 cependant deux réserves.
g/l mais peut atteindre 0,8 g/l lorsque les eaux transitent 1. Les limites des bassins hydrogéologiques sont
dans le Miocène transgressif. Les eaux sont d'une qualité supposées être proches des limites topographiques des
chimique excellente pour l'alimentation humaine, mais bassins versants,
leur dureté les rend peu favorables à l'industrie. Pour les 2. Le calcul du coefficient d'infiltration utilisant le
irrigations, l'eau est suffisamment douce et peu alcaline volume total des décharges, suppose que celles-ci sont
et ne pose aucun problème de lessivage ou de drainage. compensées par des recharges égales ou proches de la
valeur globale des décharges.
BILAN SOMMAIRE DE LA NAPPE DU LIAS a. Le tableau ci-après détaille les principaux facteurs
de décharge de la nappe du Lias.
Les principaux facteurs de décharge de la nappe Si les débits moyens des exsurgences, des sources
profonde dans le bassin de Meknès-Fès et de la nappe du thermales, et des forages sont relativement bien connus,
Lias dans le Causse, peuvent être approximativement par contre les transferts vers la nappe phréatique
connus. A partir de la hauteur de pluie annuelle (apports profonds et abouchements) ainsi que les débits
moyenne sur le Causse (aire d'alimentation) et la des émergences et des sources de déversement du
superficie des bassins versants dominants, on peut Causse sont bien moins précisés.
BASSIN DE MEKNÈS-FÈS 65
Les sorties par les exutoires latéraux à l'E et à l'W l'ajustement sur le modèle du profil piézométrique de la
de la plaine sont inconnues. Cependant la nappe nappe libre a permis d'obtenir les caractéristiques du
profonde réagissant assez rapidement aux variations Miocène et de compléter celles de l'aquifère à nappe
importantes des recharges d'hiver et de printemps d'une libre. Le schéma obtenu montra que 48 % du débit dis-
année à l'autre, on peut supposer que ce réservoir ponible dans la nappe libre provenait de la nappe
profond, interrompu vers le Nord, est pratiquement profonde du Lias, la perméabilité horizontale du
fermé et qu'en conséquence les sorties occultes sont Miocène étant d'environ 2.10-7 m/s, l'anisotropie de 6
probablement faibles. dans la partie amont au S (Kv = 3.10-8 m/s) et de 30 dans
la partie aval au N (Kv = 6.10-9 m/s).
b. Le coefficient d'infiltration calculé est compris
entre 22 et 25 %, sans tenir compte des sorties occultes Dans l'étude en plan, pour raison de simplification
par les exutoires latéraux. Ces valeurs paraissent des conditions aux limites dans la partie W de la nappe,
plausibles bien que supérieures à celles qui sont la partie de la nappe étudiée fut limitée aux zones « Saïs-
retenues pour le bassin de Meknès-Fès. La nature des Est » et « Saïs-Centre » représentant un front d'environ
terrains et l'enneigement sur les plateaux très karstifiés 25 kilomètres. A l'amont et à l'aval, les conditions aux
et en partie fermés, favorisent une infiltration plus limites utilisées furent des conditions de niveau, isopièze
importante que dans la plaine. Cet ordre de grandeur 650 à l'W et isopièze 600 à l'E pour l'amont, isopièze 380
doit être vérifié par des calculs de pluie efficace (pluie à l'aval (oued Fès et zone d'évaporation). Sur les flancs,
moins évapotranspiration réelle) sur l'ensemble du les conditions sont de flux nul, ligne de courant
domaine karstique atlasique. correspondant au partage des eaux entre oued N’ja et
oued Mikkès à l'W, ligne de courant correspondant à la
disparition de la nappe aux abords de l'oued Bou-
ETUDE DE L 'EXPLOITATION Fekrane. Les potentiels imposés aux sources étaient :
DU SYSTEME AQUIFERE DE LA + 500 mètres NGM à Aïn-Blouze—Ain-Beida
PLAINE DU SAIS PAR SIMULATIONS SUR + 520 mètres NGM à Aïn Bou-R'keiss
MODELES ANALOGIQUES + 480 mètres NGM à Aïn-Smène
L'étude du phénomène de drainance de la nappe + 460 mètres NGM à Aïn-Chkeff.
profonde du Lias vers la nappe libre, dans la plaine du
Saïs, a été réalisée au moyen de modèles analogiques L'ajustement fut effectué en fin d'étiage, lorsque le
(résistances - capacités) et mathématiques ; cela a régime est non influencé et s'apparente à un régime
permis d'examiner le fonctionnement du système permanent. Il a consisté à déterminer une carte des
aquifère et de rechercher les conditions d'exploitation transmissivités telle que, pour sa cote respective, chaque
optimales. Un modèle en coupe en régime permanent a source fournisse le débit d'étiage correspondant, soit
d'abord permis d'évaluer l'ordre de grandeur des respectivement 500, 700, 300 et 500 l/s. Le débit total de
caractéristiques hydrodynamiques du Miocène les plus base du système aquifère était de 4 m3/s, celui des
vraisemblables, valeurs qui ont été ensuite utilisées dans sources étant de 2 m3/s, donc le débit évacué vers l'aval
un modèle bidimensionnel en plan. et drainé par les émergences et l'oued Fès ou évaporé
était de 2 m3/s. Par la suite, la représentativité du modèle
L'étude en coupe s'est faite selon un tube de courant en plan fuit contrôlée en régime transitoire par l'étude
de 3 kilomètres de large, intégrant une source amont des effets d'une modulation de l'alimentation amont sur
d'exsurgence du Lias, Aïn-Chegag, une source de le débit des sources de flexure et sur l'évolution dans le
flexure, Aïn-Chkeff et l'exhaure aval constitué par les temps des niveaux piézométriques aux puits témoins,
sources de déversement et le drainage de l'oued Fès. Les compte tenu d'un coefficient d'emmagasinement moyen
débits de sortie étaient fixés à leur valeur d'étiage, de 2,5 %. L'introduction à la limite amont de la plaine du
respectivement 1, 0,5 et 0,25 m3/s et équilibraient un Sais d'une fluctuation de niveau arrondie à 10 mètres
débit d'alimentation qui, introduit dans la zone (évaluée à partir des excédents pluviométriques et du «
d'abouchement à nappe unique, à l'amont, se répartissait coefficient d'infiltration » du bassin versant amont pour
ensuite entre les deux couches aquifères suivant les l'année la plus pluvieuse : 1962-1963) entraînait sur le
caractéristiques hydrodynamiques du Miocène et des modèle, au droit des puits témoins, des variations de
formations lacustres de la nappe libre. Connaissant des niveau de 1,20 à 1,50 mètres, en accord avec les obser-
valeurs de transmissivités obtenues au cours d'essais de vations de l'année 1962-1963 et des déphasages de
pompage dans ce tube de courant (T =3,6.10-² m2/s en l'ordre de trois mois. En aval des sources de flexure et au
amont de Aïn-Chkeff et T = 2,4.10-3 m2/s près de Fès), droit de ces mêmes sources, les fluctuations de niveau
66 EN EAU DU MAROC
TOTAL
Émergences et sources
du Causse (débit con- 0,5 à 1 — — 0,5 à 1 15 à 30
sommé)
Exsurgences au pied du
— 3,5 à 4 1,1 à 1,3 4,6 à 5,3 145 à 165
Causse
Apports profonds et
abouchements avec la — 2,5 à 3 0,6 à 0,7 3,1 à 3,7 95 à 115
nappe phréatique
Forages profonds
en 0,3 à 0,4 0,1 0,4 à 0,5 10 à 15
artésiens ou ascendants)
TOTAL
Coefficient d'infiltration 22 à 25
— — — (Soit 200 mm de pluie
de la pluie en %
efficace)
p.m. (pour mémoire).
restaient négligeables, les répercussions sur l'aval étant hydraulique est donc régularisé ; le modèle montrait par
absolument nulles (oued Fès). A une certaine distance de la ailleurs que les variations d'alimentation ne représentent
limite amont, passée la zone d'infiltration, le système en fait que 10 % du débit de base. Ce chiffre était
BASSIN DE MEKNÈS-FÈS 67
Le débit des eaux de surface dépend en grande ent entre eux. Il appelle quelques remarques
partie des eaux souterraines et la nappe libre du bassin d'ensemble sur les principaux facteurs qui le
est en communication directe ou indirecte avec d'une composent (fig. 22).
part les cours d'eau superficiels et, d'autre part, les
eaux profondes du Lias. Les bilans partiels en eaux de LA PLUIE ET SA RÉPARTITION
surface, eaux de la nappe libre et eaux de la nappe
profonde, nécessitent des coupures artificielles, qu 'un Sur les 3 800 km2 environ que couvrent les zones
bilan global permet d'éviter. Ce bilan hydraulique d'alimentation (Causse + bassin de Meknès-Fès), la
total, présenté sous forme de tableau, schématise la pluie alimente les eaux superficielles et souterraines.
complexité des phénomènes hydrauliques qui interfèr- Le volume total de la pluie au cours d'une année
68 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Hauteur de pluie annuelle : 573 mm Coef. d'infil. : 15 - 13 % Haut. de pluie ann. : 750 - 800 mm Coef. d'infil. : 22 - 25 %
RESTITUTION RESTITUTION
CONSOMMATION
Evapotranspiration
~0 ~0 ( Evapotranspiration )
90 -100 Mm³
BILAN
105 115
15 - 30
Réinfiltration
Drainage de la nappe Réinfiltration Alimentation
20 -25 Mm³ IRRIGATION
( émergences non captées) des villes (p.p)
30 - 45 Mm³ 135 - 160 Mm³
170 - 220 Mm³ 20 Mm³
IRRIGATION
par les sources
100 - 110 Mm³
SOUTERRAINE
Alimentation 20
Pompages 10 - 20
Réinfiltration
sur le causse
5 - 10 Mm³
15 - 20 Mm³
NAPPE DU LIAS
( Nappe libre du Causse, nappe captive de la plaine )
Renouvellement anuel moyen ; 280 - 345 Mm³
moyenne théorique est de 2340 à 2700 Mm3, ce qui villes ponctionnent une part du débit qui retourne à la
équivaut à un débit fictif continu de 74 à 86 m3 /s. nappe par réinfiltration (25 à 30 %) ou est
L'évaporation directe ou l'évapotranspiration par la évapotranspiré et consommé (75 à 80 %). Le volume
végétation (1 785 à 1 935 Mm3), correspond à 70-75 infiltré ou réinfiltré à partir des eaux captées est
% du total, tandis que le restant : 25 à 30 %, se compris entre 55 et 480 Mm3/an. La part évaporée ou
répartit entre les écoulements de surface et les évapotranspirée par les plantes est de l'ordre de 210 à
infiltrations souterraines (555 à 765 Mm3 /an). 245 Mm3/an.
LES RESSOURCES UTILISÉES
L 'ÉCOULEMENT ET L'INFILTRATION
Pour l'irrigation
Les parts écoulées ou infiltrées se recyclent et Les irrigations à partir des eaux de surface sont
s'approvisionnent mutuellement en transitant par la rares dans la plaine, sauf là où les oueds sont
nappe profonde ou par la nappe libre. Au fur et à directement alimentés par des sources importantes. Les
mesure que les eaux s'écoulent, les dérivations et les pluies d'hiver et de printemps conditionnent le rendement
captages pour l'irrigation et pour l'alimentation des
BASSIN DE MEKNÈS-FÈS 69
des cultures non irriguées, tandis que les captages des Au total 35 à 40 Mm3/an sont prélevés dans les
sources et les prélèvements dans les nappes sont utilisés nappes pour l'alimentation humaine, moitié dans la
par les cultures irriguées. Les irrigations se font surtout nappe libre moitié dans la nappe du Lias.
à partir des eaux qui ont transité par les nappes dont 135
à 160 Mm3/an à partir des eaux du Lias (exsurgences au
pied du Causse) et 80 à 85 Mm3/an à partir des Répartition des utilisations
émergences, des sources de déversement et de flexure,
Pour les deux nappes, les différentes utilisations se
plus 10 à 20 Mm3 de pompages dans la nappe libre, soit
répartissent ainsi :
un total de 225 à 265 Mm3 par an et un débit fictif
continu de 7 à 9 m3/s environ.
Utilisations en Mm3 en %
La plus grande partie de l'eau est consommée et
évapotranspirée et une faible part s'écoule à l'aval vers
les exutoires naturels, sans compter la part infiltrée ou Irrigations (captage des
245 à 290 50 à 46
réinfiltrée vers la nappe libre. Le retour aux oueds sources + pompages)
(restitution) est insignifiant en période d'irrigation, mais Drainage par les oueds 170 à 220 34 à 35
plus élevé durant les périodes pluvieuses, durant
lesquelles les eaux de sources sont peu utilisées. Ces Alimentation des villes 35 à 40 7
pertes restent en moyenne assez faibles à côté des
volumes utilisés.
Sources thermales
Evaporation 45 à 75 9 à 12
Pour l’alimentation en eau des villes Captage dans le Causse
des émergences
Cette alimentation s'effectue à partir des eaux de la
Total 495 à 625 100
nappe libre du bassin et des eaux de la nappe captive ou
libre du Lias. Dans la plaine, ce sont surtout les villes de
Fès et de Meknès qui doivent être prises en Taux de renouvellement des ressources souterraines
considération.
Le taux de renouvellement, ou fraction de la réserve
3 totale renouvelée. annuellement en moyenne, est le
La ville de Fès prélève (1970) 0,15 à 0,20 m /s par
rapport Q/V, du volume moyen annuel global
les forages artésiens, 0,4 m3/s des sources de flexures à
d'alimentation d'une nappe (Q) au volume moyen de la
origine mixte, et 0,1 m3/s de l'Aïn-Amier, émergence de
réserve totale (V).
la nappe libre, soit un volume annuel moyen de l'ordre
de 20 Mm3. Les besoins moyens en 1982 sont évalués à
1 100 l/s, ceux du mois de pointe étant de 1 400 l/s. Le renouvellement de la réserve peut servir à classer
les nappes aquifères :
Dans l'état actuel des connaissances, ces besoins
pourraient être satisfaits, en premier lieu, en éliminant — un taux de renouvellement élevé, égal ou
les pertes des adductions actuelles, puis en augmentant supérieur à 1, sera le propre des nappes à faible
les prélèvements dans la nappe du Lias au S de la ville réserve, sans capacité régulatrice utilisable, à
(fig. 20) au moyen de forages nouveaux. D'ici 1982, exploiter à la manière de cours d'eau réguliers, par
l'étude approfondie de la nappe profonde devrait des ouvrages « au fil de l'eau » ;
permettre, soit d'augmenter ultérieurement les pré-
— un taux moyen, de l'ordre de 0,5, caractérisera
lèvements dans cette nappe, sinon on pourrait exploiter
les sources suivant différents schémas. des nappes à capacité régulatrice annuelle utilisable,
mais à capacité régulatrice pluriannuelle limitée ;
La ville de Meknès est alimentée (1970) par les eaux — un taux petit, de l'ordre de 0,1, correspondra à
du Lias (Aïn-Bittit : 0,3 à 0,4 m3/s) et par la nappe libre des nappes à capacité régulatrice pluriannuelle optimale,
(0,15 à 0,20 m3/s de l'Aïn-Kharrouba), soit un débit pour des exploitations en régime d'équilibre.
compris entre 0,45 et 0,60 m3/s et un volume moyen
annuel de 15 à 20 Mm3. Les besoins moyens en 1985
(*)
sont évalués à 1 100 l/s ; la ville dispose d'un droit d'eau Des forages profonds au Lias (600 à 700 m) exécutés en fin 1974 ont
de 300 l/s sur la source Aïn-Ribaa, la réalisation de cette permis, après acidifications, d'obtenir des débits artésiens jaillissants de
30 à 40 l/s par unités, les débits en pompage dépassent 100 l/s par
adduction portera les ressources de la ville à 800 l/s, ouvrage. Un champ captant proche de la ville (secteur Haj Kaddour)
suffisantes jusqu'en 1974. Au-delà, on pourrait assurera par conséquent la couverture des besoins de Meknès dans
vraisemblablement exploiter la nappe profonde du Lias l'avenir.
au SE de Meknès (*).
70 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Dans la plaine de Meknès-Fès, la réserve de la sont de 60 à 75 Mm3 /an, ceux concernant la plaine de
nappe phréatique est évaluée à 650 - 1300 Mm3 . Le 70 à 190 Mm3 /an. C'est-à-dire un volume total de 130 à
débit annuel d'alimentation de cette nappe est de 265 Mm3 /an (4 à 8,5 m3 /s). Ces eaux superficielles
l'ordre de 295 à 345 Mm3 /an, comprenant les sont en partie mobilisables soit au moyen de barrages
infiltrations de l'eau de pluie (170 à 185 Mm3 /an), les si le procédé est réalisable économiquement, soit en les
apports profonds de la nappe du Lias (95 à 115 utilisant « au fil de l'eau », plus à l'aval.
Mm3 /an) et les infiltrations des eaux d 'irrigation
provenant de la nappe profonde (30 à 45 Mm3 /an). Les volumes drainés par les oueds s'élèvent à 170-
220 Mm3 /an. Les droits d 'eau à maintenir, à l'aval, sont
Le taux de renouvellement a pour valeurs extrêmes au moins égaux au débit de drainage de l'étiage, soit 70
0,22 et 0,53. La nappe libre est à capacité régulatrice à 90 Mm3 /an. Afin de diminuer les volumes drainés,
annuelle, utilisable avec une certaine capacité 100 à 130 Mm3 /an (3,2 à 4,8 m3 /s) supplémentaires
régulatrice pluriannuelle médiocre en général, sauf pourraient être prélevés ; 70 à 90 Mm3 /an pourraient
dans le bas-Saïs. l'être dans la plaine du Saïs et 30 à 40 Mm3 /an dans le
plateau de Meknès.
LES RESSOURCES POTENTIELLES DISPONIBLES Ces prélèvements supplémentaires seraient ef-
Les ressources disponibles comprennent les eaux de fectués dans les zones préférentielles connues, par
ruissellement et celles résultant du drainage de la exemple les sources dont la surexploitation pendant la
nappe phréatique par les cours d'eau. période estivale devraient permettre la diminution du
débit de drainage pendant l'hiver.
Les volumes des eaux de ruissellement sur le Causse
Conclusions générales
Les diverses études, ainsi que le modèle ana- 50 % du volume des eaux utilisées (495 à 625
logique, ont confirmé que la nappe profonde du Lias Mm3 /an).
influence le comportement de la nappe phréatique ;
Les oueds de la plaine drainent de 170 à 220
celle-ci présente une certaine discontinuité, quelques
Mm3 /an, représentant 35 % du volume utilisé.
forages s'étant révélés secs. D 'une façon générale, les
aquifères où circule la nappe libre du bassin ont des L'alimentation des villes, les sources thermomi-
caractéristiques hydrauliques médiocres qui ne nérales, etc., constituent les autres formes d'utilisation.
permettront pas l'installation de stations de pompage Les quantités d'eau prélevées et consommées ou
importantes. Les grosses sources qui y apparaissent exportées totalisent 240 à 285 millions de m3 /an, soit 8
sont en fait alimentées essentiellement par la nappe à 9,5 m3 /s fictifs continus sur une ressource globale de
profonde du Lias. 425 à 495 Mm3 /an ou 14 à 16,5 m3 /s fictifs continus
L'ensemble des zones d 'alimentation (Causse et répartie entre 150-160 Mm3 /an pour l'alimentation
bassin de Meknès-Fès) reçoit, sous forme de pluie, propre de la nappe libre du bassin et 275-335 Mm3 /an
2340 à 2700 Mm3 /an au cours de l'année moyenne pour la nappe du Lias (Causse et bassin de Meknès-
théorique. Le volume d 'eau ruisselée représente 130 à Fès). Un peu plus de la moitié des ressources
265 Mm3 /an, les coefficients de ruissellement qui en potentielles en eau souterraine est exploitée, la majeure
résultent étant de 5 à 6 % pour le Causse et 6 à 16 % partie du reste étant constituée par les débits drainés
pour la plaine. Le volume global infiltré alimentant la par les cours d'eau et qui sont également utilisés et
nappe libre du bassin et la nappe profonde, s'élève à grevés de droits d'eau. Il n'y a donc presque plus de
450-530 Mm3 /an, les « coefficients d 'infiltration » qui ressources renouvelables disponibles en eau
en résultent ayant pour valeur 22 à 25 % dans le Causse souterraine.
et 13 à 15 % dans la plaine. Le volume de la réserve totale de la nappe
L'irrigation des cultures à partir des eaux de surface phréatique est évalué à 650 - 1300 Mm3 , l'ordre de
est rare dans le bassin et s'effectue essentiellement par grandeur du taux de renouvellement étant de 0,2 à 0,5 ;
des eaux souterraines captées. Celles-ci proviennent il en résulte que, en fonction du taux d'exploitation, la
des sources au pied du Causse, des sources de nappe libre du bassin possède une capacité régulatrice
déversement et de flexure et de quelques stations de annuelle globale satisfaisante, mais une capacité
pompage dans la nappe libre du bassin. Le volume ainsi régulatrice pluriannuelle restreinte, sauf localement
distribué s'élève à 245-290 Mm3 /an, représentant 46 à dans le Nord du Saïs.
BASSIN DE MEKNÈS-FÈS 71
Parmi les ressources en eau souterraine disponibles, mais dans la mesure où davantage d'informations seront
un volume supplémentaire de 100 à 130 Mm3/ a n (70 à disponibles.
90 Mm3/an dans la plaine du Saïs, 30 à 40 Mm3/an dans Ces informations comprennent : l'étude du Causse et
le plateau de Mekhnès) pourrait être obtenu en de la nappe profonde, afin de déterminer avec plus de
diminuant les volumes d'eau drainés par les cours d'eau. précision le volume infiltré, le volume de la réserve
Ces prélèvements seraient effectués dans des zones totale de cette nappe, une meilleure connaissance des
préférentielles connues, par exemple les sources dont la niveaux piézométriques à l'amont de la plaine du Saïs,
surexploitation pendant la période estivale devraient enfin une détermination plus précise des débits des
permettre de diminuer les débits de drainage des cours cours d'eau à l'amont et à l'aval de la plaine en
d'eau pendant l'hiver. augmentant la périodicité des jaugeages et en modifiant
l'emplacement de quelques stations de mesures. Mais
Afin de mobiliser le maximum de ressources en eau, pour pouvoir réaliser cette étude plus précise à long
il est nécessaire de rechercher l'exploitation optimale terme, il est indispensable de poursuivre des mesures
avec régularisation pluriannuelle (décennale). Cette régulièrement espacées dans le temps et simultanées de
recherche, tant hydrogéologique qu'économique, sera toutes les variables (niveaux piézométriques, débits des
tentée au moyen de modèles analogique ou mathématique, sources et des cours d'eau, pluviométrie).
REFERENCES
BLANC G., COMBE M., DANIEL J., GENETIER B., LAGARDE A. LECLERC C. (1971) : Hydrologie de la plaine de Meknès-Fès. Rapp.
(1969) : Synthèse hydrogéologique du système aquifère de la nappe inéd. MTPC/DH/DRE, 12 pp.
du Saïs et étude dynamique de son exploitation sur modèles MARGAT J. & TALTASSE P. (1952) : Bassin lacustre de Meknès-Fès,
analogiques. M. B.R.G.M., n° 76, pp. 171-197. Hydrogéologie du Maroc. Notes & M. Serv. géol. Maroc, n° 97, pp.
BOURCART J. (1935) : Le Quaternaire dans la région de Meknès (Maroc). 127-142.
C.R. Acad. Sci., Paris, t. 201, pp. 971-973. MARGAT J. (1955) : La nappe phréatique du bassin de Meknès-Fès. Bilan
de nos connaissances actuelles. Soc. Sc. nat. & phys. Maroc, n° 7,
CHAMAYOU J. (avec collab. COMBE M., GENETIER B. & Rabat.
LECLERC C.) (19 6 8 ) : Ressources en eau du bassin de Meknès-
Fès, 82 pp., in : Rapport final Projet Sebou F.A.O., Maroc. MARGAT J. (1957) : Découverte d'un nouveau bassin artésien au Maroc
dans la région de Meknès .Mines & géol., n° 2, p. 45, Rabat.
CHAPOND G. (1962) : La nappe captive profonde du bassin de Fès-
Meknès. Rapport inéd. MTPC/DH/DRE, 16 pp. MARGAT J. (1960) : Carte hydrogéologique du bassin de Meknès-Fès au
CHAPOND G. (1964) : Etude hydrogéologique du Bassin de Fès-Meknès. 1/100 000. Off. nat. irrig. (ONI), arch. MTPC/DH/DRE.
Rapport inéd. MTPC/DH/DRE, 92 pp.
Ministère de l'Agriculture et de la Réforme Agraire (1970) Atlas du bassin du
CHAPOND G. (1967) : Hydrogéologie, in : Mémoire explicatif de la Carte Sebou, 143 pp., 51 cartes h.-t.; Rabat.
géotechnique de Fès. Notes & M. Serv. géol. Maroc, n° 186 bis, pp.
33-43, 1 carte au 1/20 000 (feuille 2) : hydrogéologie - esquisse RUSSO P. (1936) : La percolation et les écoulements souterraines dans la
structurale, par G. Chapond & M. Humbert. région des sources du Sud de Meknès. B. ann. Com. Et. eaux
CHOUBERT G. & TERMIER H. (1938) : Les eaux du groupe de sources souterr., Rabat, t, 1, pp. 7-22.
Ribaa-Bittit et l'hydrologie des plaines de Meknès et de Fès. B.
Com. Et. eaux souterr., Rabat, pp. 7-25. SCET - Coop (1968) : Etude par simulation analogique du système aquifère
COMBE M. (1968): Les eaux thermominérales du Maroc, Rapp. 23e de la plaine du Saïs. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE - SCET, 63 pp.
Intern. geol. Congress, Prague, 1968, Symposium I I : Minerai and
thermal Waters of the World - B vol. ;19, pp. 121-137. TALTASSE P. (1953) : Recherches géologiques et hydrogéologiques dans le
bassin lacustre de Fès-Meknès (Thèse 1950, Paris) et Notes & M.
COMTEC - SAFEGE (1971) : Approvisionnement en eau potable de la ville Serv. géol. Maroc, n° 1115, 300 pp.,
de Fès. Rapp. inéd. MTPC - OMS. 17è rapp., 2.07 pp.
COMTEC - SAFEGE (1971) : Etude de l'approvisionnement en eau à TERMIER H. (1936) : Etudes géologiques sur le Maroc central et le Moyen
l'échelle nationale. Rapp. inéd. MTPC - OMS. 25è rapp., ville de Atlas septentrional Notes & M. Serv. Mines & Cartes géol. Maroc,
Meknès, pp. 28-36. n° 33, 1566 p.
DAGUIN G. (1927) : Contribution à l'étude géologique de la région YOVANOVITCH B. (1939) : Les eaux de la base du Miocène de Fès
prérifaine (Maroc occidental). Notes & M. Serv. Mines & Carte (Maroc). B. Com. Et. eaux souterr., Rabat, pp. 35-36.
géol. Maroc, n° 1, 413 p.
Présentation géographique
Le couloir de Fès à Taza constitue la partie la plus terranéen du Moyen Atlas car il existe une différence de
orientale de l'unité géologique dénommée couloir sud- 200 m entre les niveaux de base locaux formés à l'W par
rifain. Du point de vue hydrogéologique, cette unité le confluent Inaouène-Sebou et à l'E par celui du
offre une grande parenté avec le bassin de Meknès-Fès, M'Soun et de la Moulouya. Par ailleurs il faut noter la
car la présence en profondeur d'importantes assises de dissymétrie des bordures du couloir, le versant
calcaires et dolomies liasiques rend possible l'existence méridional (Moyen Atlas) étant beaucoup plus abrupt
d'une puissante nappe profonde artésienne ; mais que le versant rifain constitué de collines marneuses. Le
contrairement au bassin lacustre de Meknès-Fès qui couloir de Fès-Taza constitue naturellement une voie de
dispose des ressources en eau d'une importante nappe communication humaine très ancienne et très importante
phréatique, le couloir de Fès-Taza dont les recouvrem- entre le Maroc atlantique et le Maghreb oriental.
ents superficiels sont imperméables, se trouve être
moins riche en eau. L'eau est rare en dehors des vallées des oueds Sebou
et Inaouène, mais la pluviosité étant élevée, les collines
Les limites de ce sous-bassin hydrogéologique sont et plateaux qui modèlent la région sont couverts de
ainsi définies (fig. 23) : au N, la limite d'affleurement cultures céréalières et plantés d'oliveraies ; l'élevage y
des formations essentiellement marneuses appartenant est important mais fournit des produits de qualité
aux nappes prérifaines ; à l'W, le bassin lacustre de médiocre. Dans les vallées des oueds Sebou et Inaouène
Meknès-Fès ; de l'WSW à l'ENE, la limite des existent de petits périmètres irrigués voués à la culture
affleurements continus des calcaires liasiques du Moyen maraîchère et quelques plantations d'agrumes, peu
Atlas rejoint vers le NE celle des Nappes prérifaines au nombreuses d'ailleurs.
niveau du massif primaire du Tazzeka, un peu à l'W de
Taza. Le couloir de Fès-Taza prend ainsi la forme d'un Les centres urbains de Fès et Taza, situés chacun aux
triangle très allongé dans le sens Ouest-Est et d'une extrémités du couloir, constituent les métropoles
superficie approximative de 750 km2. d'attraction pour les échanges commerciaux de la région.
Quelques bourgades telles Matmata, Tahala et Bir-Tam-
Le couloir de Fès-Taza est morphologiquement un Tam ne regroupent guère plus de quelques milliers
fossé compris entre deux unités montagneuses : le Rif au d'habitants chacune et ont essentiellement un rôle de
N et le Moyen Atlas au S, fossé qui se rétrécit marchés ruraux. Cette région est très peuplée (70
progressivement d'W en E jusqu'à disparaître un peu à
habitants au km2 en moyenne) par rapport à ses
l'W de Taza. Ce couloir correspond essentiellement à la
vallée de l'Oued Inaouène, affluent important du Sebou. ressources et les conditions de vie de cette population
L'Inaouène ne cesse de faire reculer vers l'E la sont médiocres.
séparation entre le versant atlantique et le versant médi-
COULOIR DE FÈS-TAZA 73
Oued
en
M
Lb
Oue SEBOU 'S
d ou
n
TISSA
O. A
ed
Ou
MLIL
TAZA
A I N
R I F
A
NE
EK
UE
D O M A I N E AO AMLIL
ZZ
D IN
UE
TA
OO
MATMATA
DE
IR
FES
ULO N TAHALA
CO RIFAI
IN
u
F
ulo
D- llo
CI
EN
SS
BASSIN Me
SU AD BIR TAMTAM
ER
BA
LACUSTRE S d
NI
e
Ou
GU
DE BE
MEKNES - FES RA
O M
RH
OUED
G é o l o g i e*
Le couloir Fès-Taza appartient au sillon sud-rifain dans plusieurs boutonnières dont la plus importante est
qui s'étend de l'Atlantique à la Méditerranée entre la celle du Jbel Tazzeka au NE. Puis vient une série
chaîne du Rif au N et les môles hercyniens de la permo-triasique de marnes rouges continentales et
Méséta et du Moyen Atlas au S. Le couloir de Fès à lagunaires, discordantes sur le Primaire, souvent
Taza constitue la partie la plus étroite du couloir sud- accompagnées de coulées de basaltes doléritiques (100
rifain. Le Causse moyen-atlasique au S s'ennoie à 120 mètres d 'épaisseur) ; cette série rouge est salifère,
progressivement vers le N sous des formations le sel se présentant selon les endroits, en amas ou bien
miocènes transgressives sur le Primaire ou le de façon diffuse selon les conditions de sédimentation
Jurassique. de l'époque.
Au Miocène supérieur (Tortonien), après les Les calcaires et dolomies du Lias viennent pra-
phases tectoniques majeures qui ont déformé et ex- tiquement en concordance sur le Permo-Trias. Le Lias
haussé la chaîne rifaine mais n'ont pas affecté son inférieur est constitué d'une série massive épaisse de
avant-pays le Moyen Atlas, s 'est formée une zone de 100 à 120 mètres ; puis vient le Lias moyen sous forme
sédimentation qui est le domaine prérifain. de calcaires dolomitiques lités et de calcaires à silex et
à chailles ou de calcaires sublithographiques (épaisseur
STRATIGRAPHIE DE LA BORDURE totale de 40 à 50 mètres).
DU CAUSSE MOYEN-ATLASIQUE
ET DU COULOIR DE FES-TAZA MIOCÈNE-PLIOCÈNE
PRIMAIRE ET SECONDAIRE
Le Miocène transgressif est venu se déposer sur un
Le Primaire du Causse est constitué par des schistes Causse émergé depuis le Jurassique (Domérien), érodé,
et grès, parfois métamorphiques, bien représentés plissé et fracturé ; il s'est moulé sur des structures
anciennes qu 'il a fossilisé avant d'être à son tour plissé
* Texte écrit en collaboration avec J. CHAMAYOU et J: Cl. VIDAL. par des mouvements tardifs de faible importance. Deux
74 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
niveaux principaux peuvent être différenciés : à la base mètres se rencontrent en bordure du Sebou et au
l'Helvétien détritique (grès et marno-calcaires), puis le milieu de la cuvette de la Rhomra. Ces séries
Tortonien essentiellement marneux, à fines intercalations continentales en bordure du Causse sont rattachées
marno-gréseuses (série dite des marnes bleues), à l'Helvétien.
considérablement plus épais que l'Helvétien. De façon
— Des marno-calcaires, grès dunaires, calcaires gré-
générale le Miocène s'épaissit rapidement du S vers le N
seux, formations de littoral, se rencontrent au SW,
et de l'E vers l'W ; cependant, des prospections géophysi-
entre le Causse et les anticlinaux liasiques qui le
ques par méthode électrique sur le plateau qui prolonge le
précèdent vers le N ; ils peuvent atteindre 20 à 30
Causse vers le N ont permis de mettre en évidence des
mètres d'épaisseur. On y rencontre de magnifiques
fossés contenant des épaisseurs importantes de Miocène,
Huîtres géantes fossiles.
comme la Rhomra (370 m au sondage électrique n° 7) ou
les Beni-Saden (260 m au sondage électrique n° 3). Vers — Des marnes gréseuses surmontent la série conglo-
l'E à Matmata, c'est-à-dire au niveau du rétrécissement du mératique et gréseuse de base vers le N et le NE
couloir de Fès-Taza, le forage 2153/15 a traversé 425 m (oued Inaouène). Des bancs de grès peu épais (1 à 3
de Miocène marneux avant d'atteindre le Lias. m) s'intercalent dans cette série qui peut
s'épaissir jusqu'à 150 ou 200 mètres.
Les faciès du Miocène varient selon la situation
géographique dans le bassin. Dans le S et le SW (secteur Marnes bleues
de l'oued Sebou) la série débute par des imbrications de
faciès continentaux et marins, puis se poursuit par des Ce sont des marnes compactes contenant quelques
dépôts marins ; au N et NE (secteur de l'oued Inaouène) rares niveaux gréseux. Le plus souvent elles passent
la totalité des faciès de la série semble d'origine marine. latéralement aux formations détritiques que nous
venons de décrire par l'intermédiaire de marnes
Dolomies et brèches dolomitiques sableuses blanches. Vers l'Est, les marnes bleues re-
posent sur les conglomérats et même très souvent,
En discordance sur les calcaires jurassiques et même directement sur les dolomies. Elles renferment une
probablement sur le Trias, apparaissent des faciès microfaune abondante qui a permis de les dater du
dolomitiques. Ce sont à l'Est des dolomies massives Tortonien ou du Messinien. Ces marnes peuvent être
beiges, parfois un peu sableuses, de faible épaisseur, très épaisses (425 m à Matmata, mais plus de 1 000 m
datées du Tortonien ; à l'Ouest des brèches dolomitiques au N de. Fès).
à patine noire, très épaisses (environ 100 m) qu'il est
difficile de distinguer du Lias. L'origine .de ces brèches Complexe prérifain
est encore difficile à préciser : s'agit-il d'altération sur
place du calcaire liasique ou y-a-t-il eu transport ? Le On désigne ainsi un ensemble chaotique à matrice
problème reste posé; toutefois. Ces faciès dolomitiques marneuse, où sont mêlés des éléments de toutes tailles
sont bien d'âge Miocène. (depuis celle du Foraminifère jusqu'à celle du lambeau
de nappe de plusieurs centaines de milliers de mètres
Faciès détritiques cubes), appartenant à tous les terrains connus dans les
nappes de charriage rifaines. Les éléments durs sont
Au-dessus des dolomies on a souvent un niveau arrondis ou très émoussés ; les éléments marneux ont un
conglomératique peu épais (zéro à quelques mètres) à aspect disloqué très caractéristique. On trouve tous les
galets roulés, principalement de calcaires liasiques. intermédiaires entre des formations marneuses bien
Viennent ensuite des calcaires et des argiles sableuses stratifiées et des formations entièrement chaotiques. Le
jaunes qui passent latéralement dans la région de l'oued caractère sédimentaire de celles-ci est attesté par la
Sebou à des faciès continentaux. L'importance de ces présence au voisinage de leur extrémité, de niveaux
niveaux détritiques alimentés à partir du Moyen Atlas, détritiques stratifiés et par leur inter stratification dans
s'accroît beaucoup vers l'Ouest. On citera notamment : les sédiments marneux. Il s'agit d'olistostromes,
— Des conglomérats à galets liasiques essentiellement, accumulation chaotique de matériel varié mis en place
qui constituent la base de la série miocène sur la rive par des glissements sous-marins.
gauche du Sebou et peuvent atteindre jusqu'à 50 Ces olistostromes se sont mis en place en même
mètres d'épaisseur au SW. Des niveaux marneux, temps que les nappes et comme elles, proviennent du
gréseux ou calcaires s'intercalent parfois. nord du bassin prérifain. Ce complexe est daté du
Tortonien. Il correspond à ce que l'on appelait la «
— Des argiles gréseuses et des grès fins argileux nappe prérifaine ».
d'épaisseur variable mais pouvant atteindre 100
COULOIR FES-TAZA 75
Climatologie
PLUVIOMETRIE (cf. tableau de la fig. 10) L'hiver, les précipitations peuvent tomber sous
forme de neige au-dessus de 1 000 m d'altitude c'est-à-
Le couloir de Fès-Taza est caractérisé par un dire sur les bordures du couloir sud-rifain, mais la
régime des pluies qui divise l'année en deux. L'hiver neige ne tient pas au-dessous de 1500 mètres
est pluvieux de novembre à avril et l'été est sec, voire d'altitude.
très sec de juin à septembre. La pluviosité varie entre
500 mm vers l'W (confluence Sebou-Inaouène) et 700 TEMPERAT URES
mm vers l'Est (Taza) ; les zones montagneuses bordant
le bassin sont beaucoup plus arrosées : jusqu'à 1500 Les moyennes des températures minimales varient
entre 11° 1 C (Fès, altitude 415 m) et 11°C (Taza,
mm au SE sur les sommets lu jbel Tazzeka et un peu
altitude 510 m) ; les moyennes des températures
plus de 1000 mm sur es hauts versants septentrionaux. maximales sont de 24°6 C à Fès et 24°1 C à Taza. Les
La variabilité interannuelle de la somme des températures minimales s 'observent en janvier
précipitations est assez grande et se situe dans un (moyennes du mois : 4°2 à Taza, 4°5 à Fès) et les
rapport de 1 à 6. maximales en juillet (35°1 à Taza et 35°7 à Fès).
Hydrologie
L'oued Sebou traverse la partie occidentale du de jaugeage à Touaba (bassin versant : 3 320 km2 )
couloir sud-rifain avec une direction SSE ; son affluent située immédiatement à la sortie du couloir sud-rifain,
l'oued Inaouène parcourt d'E en W le couloir sud-rifain, un peu en amont du barrage Idriss 1er . Le module
sur sa bordure septentrionale, avant de rejoindre le moyen annuel reconstitué pour la période 1932-1970, à
Sebou. Des projets d'aménagement importants partir d'une corrélation avec Aïn-Timedrine, s'élève à
intéressent ces deux rivières. 19,4 m3 /s ; l'année la plus sèche est 1944-45 (2,7 m3 /s)
et la plus humide 1962-63 (50,6 m3/s). L'irrégularité
L'oued Sebou avant son entrée dans le couloir sud-
des apports est donc beaucoup plus importante que
rifain est équipé d 'une station de jaugeage fonctionnant
dans le bassin voisin du Sebou ; ceci s'explique par le
depuis 1932 à Aïn-Timedrine (superficie du bassin
fait que la majeure partie du bassin de l'Inaouène est de
versant : 4 387 Km²), dans le Moyen Atlas. Le module
composition marneuse.
moyen annuel de la période d'observation 1932-1970
est de 21,5 m3 / s ; l 'année la plus sèche est 1944-45 Les étiages de l'Inaouène sont assez sévères ; les
(6,1 m3 /s) et la plus humide 1962-63 (41,2 m3 /s). Au débits moyens des mois les plus secs, août et sep-
niveau d'Aïn-Timedrine, le Sebou est donc assez tembre, sont respectivement de 2,2 et 2,4 m3 /s pour
régulier pour un fleuve maghrébin ; les réservoirs 1932-70, mais sur cette période de 38 années, ils sont
calcaires du Moyen Atlas assurent cette régulation et inférieurs ou égaux à 2 m3 /s : 28 fois en août et 24 fois
surtout permettent l'existence de débits d 'étiage en septembre, dont inférieurs ou égaux à 1 m3 /s: : 9
appréciables, de l'ordre de 7 à 8 m3 /s en moyenne en fois en août et 10 fois en septembre. Le débit mensuel
août-septembre. Les plus faibles débits moyens minimum observé est de 0,5 m3 /s en août 1962, mais
mensuels observés ont été de 2,7 m3 /s (juillet et août on a estimé à 0,4 m3 /s le débit moyen mensuel d'août
1945) et 3,1 m3 /s (août 1967). Les débits maxima 1945. Les débits maxima instantanés de crues s'élèvent
instantanés de crues s'élèvent à : d'après les calculs statistiques à :
— crue millénaire : 2 000 m3 /s — crue millénaire : 2 500 m3/s
3
— crue centennale : 1 200 m /s
— crue centennale : 1 400 m3/s
— crue décennale : 600 m3 /s.
— crue décennale : 660 m3/s.
L'oued Inaouène est équipé, depuis 1960, d'une station
COULOIRDE FÈS-TAZA 77
La qualité des eaux du Sebou et de l'Inaouène est à 180°C ) reste compris entre 600 et 1 100
toujours bonne. Les eaux de l'Inaouène sont un mg/litre la composition de ces eaux est figurée sur
peu plus chargées mais leurs sels totaux (résidu sec le diagramme logarithmique de la figure 24.
DIAGRAMME
+ + LOGARITHMIQUE ( D'après H. SCHOELLER )
Rés. sec Ca en mg par litre Mg en mg par litre dH Na en mg par litre Cl en mg par litre SO4 en mg par litre CO 3en mg par litre pH mesuré
8000
n° IRE 20 000 7000 4000 10 000
3
7000 9000 300
300 6000 10 000
9000 8000
6000 4
5000 3000 7000
8000
TENEUR EN MILLIVALENCES
5000
TENEUR EN MILLIVALENCES
Hydrogéologie
(fig. 25)
OUED
INAOUENE
TOUABA MATMATA
2152/15
RIE
253/15
OU
)
ED
ET
LE
SE TAHALA
OJ
BO
GA
1810/15
U
(PR
A
147/16
FES 1845/15
E K
SADEN 1818/15
BENI 149/16
Sidi Harazem
858/15 1566/15 Z Z 380
BASSIN
LACUSTRE 1520 à 1522/15 554/15
DE MEKNES - FES
1822/15 RHOMRA QUATERNAIRE récent, alluvions
1838/15
MIOCENE - PLIOCENE, marnes
2145 à 2148/15
et recouvrement gréseux
1225/15
156/15
288/15
LIAS ; calcaires et dolomies
Forages
profond et bien mis en évidence quelques kilomètres en centre de la dépression, le Lias serait à environ 350
amont grâce à plusieurs sources au contact du Miocène mètres de profondeur. Suite à l'étude géophysique,
et du Lias. diverses considérations hydrogéologiques tendaient à
On s'est intéressé en premier lieu à la structure et à conclure que, même s'il était aquifère, le Lias
la profondeur du calcaire liasique sous le recouvrement contiendrait de l'eau faiblement artésienne ; dans ces
des marnes miocènes. Trois études isolées par conditions, aucun sondage n'avait été exécuté vers les
géophysique (méthode électrique) ont été effectuées en années 1950. Deux sondages au Lias ont été exécutés en
1949-1950 dans les Beni-Saden, la Rhomra et à Bou- 1968 à l'Ouest de la Rhomra, dans le cadre des
Ourhouil ; il est à noter que l'espacement entre reconnaissances sur le tracé de la galerie Sebou-
sondages électriques (1 pour 2 km2) paraît à présent Inaouène ; le premier (1822/15) aurait peut-être mis en
bien lâche pour aboutir à une carte structurale, d'autant évidence un niveau d'eau vers 207 mètres de profondeur
que le relief de la région est assez tourmenté. Ceci et le alors que le second (1838/15) s'avérait sec à la
fait que les études n'avaient que des extensions très profondeur de 100 mètres dans le Lias calcaire,
localisées, sans lien entre elles, expliquent que le profondeur à laquelle le forage fut stoppé. La campagne
compartimentage du Lias profond en panneaux n'ait pas géophysique de 1968 (électrique et sismique) ayant
été très bien vu à l'époque, ce qui entraîna plusieurs confirmé la structure en cuvette de la Rhomra et ayant
échecs lors de l'implantation de sondages de véri- de surcroît mis en évidence plusieurs failles
fication. compartimentant le Lias calcaire en profondeur, il
A l'Ouest, au nord de Sefrou, dans le secteur de semble inutile de poursuivre les recherches hydrogéo-
Bou-Ourhouil où l'extrapolation était la plus simple en logiques en ce secteur.
raison de la proximité des affleurements liasiques et Dans la région des Beni-Saden (fig. 26) c'est-à-dire
d'un plongement régulier du Lias du S vers le N, un au NW de Bir-Tam-Tam, l'ennoyage vers le N du Lias
forage (156/15, 1952) confirmait les prévisions et calcaire des anticlinaux de Chaïrat et Saya sous le
permettait d'extraire un débit de 5 l/s du Lias, débit très Miocène est connu grâce à la campagne électrique de
vraisemblablement inférieur aux possibilités qu'offrirait 1949-50 précisée par les travaux de géophysique
actuellement un captage correctement exécuté. électrique et sismique de 1968. Ces derniers travaux, à
Dans la plane de la Rhomra (fig. 26), le problème mailles très denses, montrent que le toit du Lias calcaire
se présente différemment. Cette plaine est située entre plonge du S vers le N avec une pente de l'ordre de 10
les plongements calcaires du Moyen Atlas au S et deux pour 100 ; ce plongement assez régulier est interrompu
bombements anticlinaux Liasiques (Saya et Chaïrat) au par plusieurs failles NNE-SSW surtout et quelques
N et à l'W ; entre ces deux structures, la plaine de la failles orthogonales à cette direction. Ces accidents
Rhomra s'inscrit comme une fosse profonde comblée de occasionnent des remontées anticlinales de Trias argi-
Miocène, bien mise en évidence par la géophysique. Au leux qui constituent autant d'obstacles à la circulation
des eaux du S vers le N. En bref, le problème hydrogéo-
BASSIN DE
S N
LA RHOMRA
BIR TAM TAM
USINE HYDROELECTRIQUE
VERS PROJETEE VERS
FORAGE (Chute : 190 m )
OUED SEBOU FORAGE FORAGE OUED INAOUENE
554/15
1822/15 1818/15
SE88
SE
195 SE63 SE27
500 m
SE2
400
GALERIE PROJETEE
200
MIO-PLIO-QUATERNAIRE
0
LIAS: calcaires dolomitiques
FIG. 26 — Coupe géologique N-S sur le tracé du projet de galerie Sebou-Inaouène, montrant la
structure du Lias calcaire dans le fossé de la Rhomra au S, les anticlinaux de Saya et
Chaïrat au centre et les Beni-Saden au N.
80 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
logique est complexe du fait de la tectonique profonde le débit d'exploitation de l'ouvrage pouvait être fixé à
du Lias et mériterait un examen très détaillé avant tout 30 l/s pour un rabattement de 8 m (transmissivité :
projet d'implantation de captage. En 1952, un forage 4.10 -2 m2 /s - perméabilité : 5.10-4 m/s). Le second
profond de 185 m avait été tenté à Bir-Tam-Tam pour forage (2153/15) implanté au SW de Matmata, à 4,5
l'alimentation en eau du centre (554/15) ; il recoupa
successivement 3 mètres de marnes miocènes, puis 115 km à l'W du précédent et sensiblement à la même cote
mètres de Lias calcaréo-dolomitique avant de pénétrer topographique, présente une coupe géologique très dif-
dans les argiles rouges du Trias. Le forage était sec, férente : 12 m d'alluvions argileuses quaternaires, puis
mais il est à noter que les travaux détaillés de 1968 ont 414 m de marnes miocènes avant de pénétrer de 44 m
bien montré qu'il se situait dans une zone de horst dans les dolomies du Lias dans lesquelles le forage a
calcaire limité par des failles ce qui, joint au fait que le été arrêté. Le Lias calcaréo-dolomitique contient une
Lias est insuffisamment épais à cet endroit, vouait nappe captive en charge, jaillissante cette fois, avec un
toute recherche à l'échec. Par contre un forage exécuté
débit au sol de 33,5 l/s correspondant à un rabattement
en 1968 pour la reconnaissance de la galerie Sebou-
Inaouène (1840/15) à 1,5 Km au N de Bir-Tam-Tam a de 123,5 m (pression en tête du forage : 12,35 kg/cm²
permis de mettre en évidence un niveau d'eau dans le — transmissivité : 9.10 -4 m2 /s). Ainsi, à moins de 5 km
Lias à 164 m de profondeur. Il paraît actuellement à de distance, les cotes absolues du toit du Lias sont —
peu près exclu d'espérer exploiter la nappe profonde du 193 m à l'W (2153/15) et + 213 m à l'E (2152/15) ; le
Lias en ce secteur ; un examen minutieux des données niveau piézométrique de la nappe du Lias est en cotes
existantes demeure néanmoins à faire. absolues : + 260 m à l'E (2152/15) et + 356 m à l'W
Quelque 20 Km à l 'Est de Bir-Tam-Tam, à Tahala, (2153/15). Ceci illustre l'importance des accidents
en bordure même du Causse moyen-atlasique où les tectoniques au niveau du Lias, découpant les calcaires
calcaires liasiques affleurent, deux forages successifs en compartiments indépendants ayant des charges
destinés à l'alimentation en eau potable du centre, les différentes et des bassins d'alimentation séparés ; il est
147 et 149/16 ont traversé la totalité des calcaires. Soit rigoureusement impossible d'interpréter les résultats
respectivement 104 et 101 mètres (1959). Tous deux de ces deux forages sans une couverture géophysique
ont dû être abandonnés en dépit d'opérations spéciales détaillée et d'extension régionale (électrique et
destinées à accroître les débits d 'exhaure qui étaient en sismique).
définitive de 2,7 l/s avec 40 m de rabattement pour le Encore plus à l'Est de Matmata, à oued Amlil, un
147/16 et de 0,7 l/s avec 50 m de rabattement pour le autre forage au Lias s'est révélé positif en 1956 (forage
149/16. 120/16). Ce forage a traversé successivement : 12 m
Il est maintenant étonnant de constater les résultats de terrasse quaternaire, 38 m de complexe de la nappe
positifs obtenus par deux forages de reconnaissance prérifaine, 87 m de calcaires gréseux du Miocène
exécutés en 1964 à Matmata, localité située à 15 Km inférieur (fig. 27), avant de pénétrer de 19 m dans les
au NE de Bir-Tam-Tam et à 12 Km au NW de Tahala, calcaires du Lias. Un débit de 10 l/s pouvait être
soit assez près et en aval hydraulique de deux zones où exhauré ; la nappe est en charge et son niveau s'établit
à 2 m sous le niveau du sol. Le forage 120/16 a été
les recherches avaient échoué auparavant. Ces deux
détruit en hiver 1970 par une crue violente de
ouvrages avaient été implantés sans reconnaissance
l'Inaouène.
géophysique préliminaire, en bordure des deux
affluents de l'Inaouène dénommés Matmata et En conclusion, il est certain qu'une nappe profonde
Zemlane, sans autre objectif qu'une reconnaissance exploitable n'existe pas systématiquement dans le Lias
hydrogéologique du Lias calcaire en amont calcaire. Des recherches longues et coûteuses
hydraulique de deux sources bicarbonatées chaudes permettraient sans doute d'obtenir quelques résultats
positifs, du type des captages de Matmata,
(voir ci-dessous : thermalisme). Le premier sondage principalement au N du couloir de Fès-Taza. Ces
(2152/15) implanté au SE de Matmata, au bord de recherches devraient débuter par une couverture
l'oued Zemlane traversa successivement : 10 m de géophysique systématique, en électrique et sismique, de
limons plio-quaternaires, puis 40 m de marnes la région, avec une maille dense, de façon à préciser la
miocènes, puis 135 m de calcaires liasiques avant géométrie du toit des calcaires sous le recouvrement.
d'être arrêté à 250 m de profondeur dans le Trias (30 m Des forages relativement profonds suivraient ensuite,
d'argiles rouges surmontant des dolérites). Les avec vraisemblablement un assez fort pourcentage
d'échecs qu'il faut être prêt à accepter, compte tenu de
calcaires du Lias contenaient une nappe captive en
la nature du réservoir et de sa géométrie complexe.
charge dont le niveau s'établissait à 15 m sous le sol ;
COULOIR DE FÈS-TAZA 81
N Inaouene S
m A. Ansar
450 Labrarek
400 120/16
350
300
250
200
150
100
50
0
LEG ENDE
N.G.M
FIG .20
145
150
155
160
165
170
175
prescription ou usage médical en ce domaine. Puis
NW
W
vinrent les expérimentations médicales du Professeur
ZONE X
Chiray et du Docteur Secret qui confirmèrent après
plusieurs années la renommée de la station,
NH
F36
ZONE IX
Soucieux de mettre en valeur ses richesses
hydrothermales, l'Etat marocain a promu et participé
F35
à la création d'une société chargée d'élaborer un plan
d'aménagement d'ensemble susceptible de transfor-
mer le site en une station thermale pilote. Cette
NH
ZONE VIII
E
station fonctionne désormais avec des installations
F32
NH
N
très modernes ; une station d'embouteillage d'eau
ZONE VI
F30
ZONE VII
F27
F22
NH
F20
F19
F12
NH
F10
N
ZONE IV
Limons argileux
Argiles
F9
P4 F8
P3
BARRAGE
IDRISS 1 er
S1
F1W
F2
Galets
Gravillons et graviers
F3
ZONE II
F5
F6
SE
E
145
150
155
160
165
170
175
Cotes
N.G.M
FIG. 28
COULOIR DE FÈS-TAZA 83
Route Fès-Taza
Chemin de fer
Oued Sebou
Ruisseau
Ruisseau
Ruisseau
Chemin
Ruisseau
Chemin
Chemin
SW
m
500
400
NE
300
200
100
Faille
1964, permettant de recouper la zone de faille qui amène alliage inox également, dessert désormais les
les eaux à la surface, entre les profondeurs de 63 et 92 installations ; il a été vérifié que les qualités de l'eau
mètres ; un débit jaillissant de 24 l/s était obtenu dans captée étaient rigoureusement identiques à celles de
un tubage de diamètre 78 mm. La température des eaux l'eau des sources, avec de surcroît la garantie totale de la
du forage était de 35° C, donc supérieure à celle des pureté bactériologique.
sources les plus chaudes (33°C) et demeure constante
dans le temps. Les résultats de ce forage d'exploration Les eaux de Sidi-Harazem appartiennent au groupe
qui servit d'ailleurs d'ouvrage d'exploitation pendant des bicarbonatées à bases alcalino-terreuses, de faible
quelque temps, permirent l'exécution en 1970 du forage minéralisation. Les eaux des forages, régulièrement
d'exploitation lui-même, situé à 43 m du précédent. contrôlées, montrent des variations de la concentration
Réalisé selon les règles de l'art, l'ouvrage est profond de totale (résidu sec à 180°C) comprises entre 675 à 950
84 m et équipé d'une colonne en alliage inoxydable de mg/l. Ces variations semblent essentiellement
diamètre 150 mm, soigneusement cimentée jusqu'au imputables aux différences de concentrations en ions
jour. La pression de l'eau au sol est de 1,2 kg/cm2 et le C a ++ et Mg++ dont le rapport r Mg/r Ca oscille entre
débit jaillissant correspondant est de 60 l/s, largement 0,43 et 2,33 ; le rapport r Na/r Ca + Mg est compris
supérieur aux besoins du centre thermal et de l'usine entre 0,93 et 2,00, mais demeure assez stable autour de
d'embouteillage. Il est à noter qu'en cours de forage, des 1,10 ; le rapport r So4/r Cl est stable autour de 0,08. Ces
débits de l'ordre de 200 l/s jaillissants avaient été notés rapports sont caractéristiques des eaux du Lias de la
lors de la pénétration dans la brèche de faille. Ce forage région ; l'analyse type est la suivante (en mg/ litre) :
qui est équipé en surface d'une tête de production en
84 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
La radioactivité des eaux est faible, due presque (Aïn-Skouna - 1564/15) et l'autre (1565/ 15) à 8 km plus
exclusivement au radon. au S. La première débite 50 l/s d'eau bicarbonatée à 32°C ;
Les applications thérapeutiques essentielles ont trait à la seconde 20 l/s d'eau du même type à 25°C. Toutes deux
la diurèse traitée par des ingestions et des bains. Des ont leur gisement dans le Lias calcaire profond et émergent
guérisons ont été également observées dans les affections sur le tracé de failles qui assurent la remontée de l'eau dans
suivantes : colibacillose, pyélite, cystite et eczéma. des conditions tout à fait semblables à celles qui règnent à
Sidi-Harazem.
AUTRES SOURCES THERMO-MINÉRALES DU COULOIR
FÈS-TAZA
Deux sources chaudes sont connues, l'une à Matmata
Plusieurs aménagements ont été projetés dans le 89 à 91). Rappelons simplement ici que le barrage est
couloir Fès-Taza. Ils concernent les eaux superficielles qui dimensionné pour permettre l'irrigation de 45 000 ha
représentent une ressource importante ; le premier de ces nouveaux dans la plaine du Rharb, surface qui pourra
aménagements, le barrage Idriss l er sur l'Inaouène au site atteindre 70 000 ha après réalisation de la galerie de
d'Arabat, est en travaux depuis 1969. Il doit être mis en dérivation du Sebou dans l'Inaouène.
eau partiellement à partir de 1972 et définitivement au
Les études préliminaires du site d'Arabat ont débuté en
début de 1973. La galerie de dérivation du Sebou dans la
1964 et l'exécution de l'ouvrage Idriss 1er a donc suivi très
retenue d'Idriss 1er doit suivre, ainsi que le barrage de
rapidement. L'ouvrage et la retenue se situent en bordure
M'Dez qui permettra la prise d'eau dans le Sebou. Ces
du couloir sud-rifain, mais dans l'unité des nappes
deux aménagements profiteront à l'aval du couloir de Fès-
prérifaines. La géologie régionale de ce secteur est fort
Taza ; par contre, un projet de barrage sur l'Inaouène dans
complexe en raison de l'extrême désordre qui règne dans
les gorges de Touahar en amont d'Idriss l er serait destiné à
les superpositions de couches ; on retiendra essentiel-
l'irrigation de la vallée de l'Inaouène entre les deux
lement l'existence d'écailles rigides, de dimensions
barrages. Ces ouvrages ont été conçus dans le cadre de
variables allant du simple bloc jusqu'au massif imposant,
l'aménagement global du bassin du Sebou par la mission
fichés dans une série marneuse malaxée et broyée, aux
FAO-MAROC dénommée Projet Sebou (1963-1968). Un
qualités mécaniques très mauvaises et qui sera englobée
projet partiel et antérieur avait envisagé l'édification d'un
sous l'appellation de « complexe marneux ». La présence
barrage d'accumulation au site de M'Dez sur le Sebou avec
de ce « complexe » dans les zones d'appuis ou de
utilisation agricole des eaux sur le plateau de Meknès-Fès ;
fondations de sites de barrages conduit irrémédiablement à
en dépit de l'intérêt d'étendre les irrigations sur le riche
l'élimination de ces emplacements pour l'édification
plateau de Meknès-Fès, ce projet doit être éliminé par le
d'ouvrages hydrauliques importants.
Projet Sebou en raison du coût prohibitif du canal tête-
morte à réaliser. Le long de la vallée de l'Inaouène, à proximité du
resserrement d'Arabat (fig. 30), s'observent précisément
LE BARRAGE IDRISS 1er AU SITE D'ARABAT plusieurs affleurements de ce « complexe marneux », ainsi
(OUED INAOUENE) que des massifs calcaires qui constituent les écailles
Les considérations technico - économiques ayant rigides dont il vient d'être question. Sur l'esquisse
conduit au choix du site d'Arabat pour l'édification d'un géologique, cinq écailles ont été mises en évidence et
grand barrage de retenue ont déjà été exposées dans le numérotées ; leurs volumes respectifs sont variables et les
tome 1 de l'ouvrage «Ressources en Eau du Maroc » (pp. pendages de couches, anarchiques de l'une à l'autre,
COULOIR DE FES-TAZA 85
ESQUISSE STRUCTURALE
0 1500 m
N
560
1
40°
90° 50°
45°
A
F 20°
45°
2
40° F
30° F
10° 5
3 40°
30°
15°
40°
20°
B
15°
395 395
25° 20°
4
10°
20°
Complexe marneux 20°
Ecailles rigides
(calcaires - grés - marnes calcaires )
20°
25°
O.
Site de barrage d' ARABAT IN
15° 80° A OU
25° EN
E
F
560
NGM A 2 3 4 5 1
500 B
F F
BARRAGE
400
300
200
100
FIG. 30 — Site d'Arabat (barrage Idriss 1er ) ; esquisse structurale et coupe géologique régionale.
F9 (10,3)
F1
CARTE GEOLOGIQUE Complexe marno-salifère
N.110.55°
DU SITE DE BARRAGE D'ARABATE N.130.40° Idem sous recouvrement quaternaire
B4(70,0)
F 1-2-3 Failles
Q1
F1 N 340 40°
S1(30,0) G5(44,2) Pendages de couches (direction et intensité
du pendage
N.90.25°
DP3(45,0)
Ou
B7(30,0)
ed
396 000 B6(40,0)
B3(41,5)
N20.20°
B2(30,2)
G4(32,1)
B5(40,0) P11(6,5) Q2
S603(50,0) N 110.15°
N.320.40° G3(40,0)
B1 (30,0) F2
S602(100,2)
D4
DP2(50,7)
G1(30.1) N 110.8°
395 800
N.150.40°
Q1
DP1(35,0) N. 20.20°
G2(15,0)
F3 Q2 Q3
N.140.20°
F1(10,5)
N.330.40°
N 31.40° Q2
Inaouene Q1
TRAVAUX DE RECONNAISSANCE
N.220.40°
395 600
N.100.20° F2 F2(10 5
S.602(100) Sondage 1 ère campagne (1964) et pronfondeur
en m
B1(30,0) Sondage 2 ème campagne (1965) et profondeur
B en m
65 540° galerie et longueur en m
Q1
F1 (10.6) Forage de reconnaissance de matériaux
profondeur en m
P11 (6,5) Puits d'échantillonnage de matériaux et
395 400
profondeur en m
559 200
561 000
556 800
559 400
559 600
559 800
560 000
560 200
556 400
556 600
C1 C2 N.50.45°
FIG. 31
COULOIR DE FÈS-TAZA 87
entre les écailles 4 et 5 et affleurent par ailleurs — des formations d'âge divers qui se présentent sous
largement, vers le N, dans la vallée ; sur la rive droite, forme de blocs emballés, aux dimensions des plus
l'examen de la carte révèle une disposition identique, variables.
encore plus évidente sur le terrain où les contacts sont
très visibles à l'aval comme à l'amont du site.
FORMATIONS CONSTITUANT L'ÉCAILLE D'ARABAT
Après l'étude géologique préliminaire, certains
doutes demeuraient sur la façon d'interpréter la vallée Une coupe géologique complète des terrains cons-
de l'Inaouène, au niveau de l'emplacement du barrage. tituant l'écaille d'Arabat existe depuis la bordure de
Les recouvrements alluvionnaires récents ne permettent cette dernière en aval rivé droite du site jusqu'au
effectivement aucune observation sur une largeur de sommet du massif rive droite. On y observe, sur le «
250 mètres, suffisante pour masquer le passage d'un complexe marneux » :
accident injecté de « complexe » ; l'oued pouvait
justement avoir utilisé une telle zone faible pour frayer Série des marnes à silex
son chemin. Les premiers travaux de reconnaissance
permirent d'éliminer cette hypothèse pessimiste. Epaisse de 75 mètres environ, elle est rapportée à
l'Eocène et à l'Oligocène.
GÉOLOGIE DU SITE DE BARRAGE (fig. 31) C'est une alternance de marnes blanchâtres et de
calcaires marneux gris, en couches épaisses de dix
COMPLEXE MARNEUX
centimètres environ, avec intercalations de niveaux à
gros silex brun-noir. Au sommet de cette série, une
Ce terme a été précédemment défini comme dizaine de mètres de marnes grises peuvent sans doute
représentant un ensemble de matériaux plastiques ayant être rattachées à l'Oligocène, non formellement daté sur
subi les chevauchements et les glissements de masses la rive droite, mais identifié par microfaunes sur la rive
plus rigides. Il est bien entendu que, géologiquement gauche, à l'Ouest du mamelon Aïcha.
parlant, cette appellation ne possède aucun sens car
elle réunit dans un même ensemble des formations de Série des « calcaires du site »
natures et d'âges très différents. Cependant ces
matériaux sont si souvent étroitement mêlés et malaxés Son épaisseur est de l'ordre de 350 mètres et son
qu'ils constituent une entité aux qualités mécaniques âge Miocène (Tortonien inférieur).
extrêmement constantes et particulièrement mauvaises. Cette série, très homogène, est composée de cal-
Lithologiquement, c'est un matériau marneux, caires marneux à pâte fine contenant 62 à 85 % de
broyé, trituré, décomprimé, gypsifère : 0,2 à 0,5 % de CO 3 Ca, gris sombre ou clair en profondeur, d'autant
sulfate de calcium (gypse) et souvent salifère, jusqu'à 2 plus sombres qu'ils sont plus marneux, s'altérant en
% de chlorure de sodium, caractérisé : jaune en surface. A l'affleurement, ils se présentent en
— dans les formes du paysage, là où il affleure, par bancs épais de dix centimètres, se désagrégeant en
des glissements de terrain généralisés, boules sous les chocs ; quelques rares inclusions
lenticulaires de marnes ligniteuses noires à gypse et sel
— dans les études géophysiques par méthode élec- avaient été notées, quoique d'épaisseurs inférieures à
trique, par de basses résistivités, inférieures à 1,5 un centimètre, particulièrement dans la partie
ohm, supérieure de la série. On en retrouve en sondages,
— dans les essais au laboratoire, par des indices de mais le gypse et le sel en proportion infime : Cl Na
plasticité élevés, toujours supérieurs à 30, des inférieur à 0,1 % et SO4 Ca 2H 20 inférieur à 0,05 %
densités sèches de l'ordre de 1,65 (compacité dans les échantillons analysés. Les sondages ont
médiocre), une cohésion en essai non consolidé également permis d'observer de rares intercalations de
autour de 1 kg/cm2 . niveaux gréseux ou bréchiques épais de quelques
centimètres.
En entrant dans le détail, on peut reconnaître parmi Tous les ouvrages de reconnaissance sur le site de
les sédiments : barrage sont demeurés dans cette formation. D'après les
— des marnes versicolores à gypse, des grès violacés affleurements, cette série serait essentiellement marno-
à boules de gypse et de sel gemme qui sont ; calcaire à la base et au sommet, et plus calcaire dans la
rapportés au Trias (niveau le plus inférieur des partie moyenne ; mais ceci est très subjectif car les
décollements), variations du pourcentage en CO 3 Ca suffisent pour
— des marnes bariolées et des marnes noires à gypse expliquer des érosions différentielles sensibles dans les
qui appartiennent au Crétacé, lignes du relief.
88 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
l'épaisse formation des « calcaires du site ». Cette faille fissures ; les essais l'ont rapidement confirmé et dès
a été suivie, sous les alluvions de l'oued, par la lors, il devenait inutile d'effectuer des mesures lorsque
prospection électrique qui indique un relèvement d'une le matériau se montrait compact à la sortie du carottier
trentaine de mètres du compartiment nord par rapport au (fond des sondages B 4, B 7,. S 1, SP 1 et DP 2). Par
compartiment sud. Enfin, vers le sud-ouest, cet accident contre, les zones fracturées perméables subirent
semble s'amortir et ne pas affecter la rive gauche de souvent plusieurs essais successifs, de façon à localiser
l'Inaouène où on ne le remarque ni sur la base sismique plus précisément les cotes des pertes importantes.
I, ni entre les sondages électriques A 6 et A 7, ni entre Perméabilité des appuis
les sondages mécaniques S 1 et DP 3 ; cependant, dans
les galeries G 3 et G 4 se rencontrent des zones broyées Le mamelon Aïcha qui constitue l'appui rive gauche
verticales, orientées N 20°, sensiblement dans le est parcouru par un réseau de fractures et de fissures
prolongement de F 1 (elle-même orientée N 15°), qui encore actif, alimenté par l'infiltration des eaux de
pouvaient représenter le passage de cette faille dans pluies sur ses bordures ouest et sud-ouest, puisque l'on
l'appui rive gauche. Ce dernier point a été confirmé lors retrouve dans les galeries G 1 et G 3 des dépôts de
des décapages effectués pendant la construction du gypse fibreux provenant probablement de dissolutions
barrage Idriss 1er. effectuées dans le « complexe ». Des circulations
naturelles de type karstique ont été mises en évidence
par le sondage DP 2 vers la cote 190 mètres. Dans la
La faille F 2 s'observe en surface dans le massif partie amont du massif, entre DP 1 et DP 2, les terrains
calcaire de la rive droite et semble ensuite s'amortir compacts peu perméables existent en profondeur un
rapidement vers l'Ouest. Des pendages inverses peu au-dessus de la cote de l'oued ; dans la partie aval,
jalonnent son tracé dans le massif, jusqu'à l 'oued. A l'E, vers DP 3, ces formations n'apparaissent qu'une
elle est verticale avec un rejet d'une vingtaine de mètres, vingtaine de mètres au-dessus de l'oued.
bien mis en évidence par l'abaissement des grès de la
série repère R 1 appartenant au compartiment nord. Au L 'OUVRAGE IDRISS ler
niveau de l'oued, des bancs calcaires disloqués et
redressés à 40° indiquent encore sa présence. Sous les Les travaux de construction ont été inaugurés au
alluvions, la prospection électrique permet de la suivre printemps 1969 par Sa Majesté Hassan II et se
jusqu'au milieu de la vallée mais il semble logique de la poursuivront jusqu'au début de l'année 1973. Le
poursuivre jusque dans la rive gauche, dans la cuillère barrage est un ouvrage poids évidé en béton, à 25 plots
de glissement amont située dans son prolongement dont 4 déversants (évacuateur de crues). La hauteur
exact ; en effet F 2 délimite deux types différents de maximale du barrage est de 62 m, au-dessus du lit et
structures en grand et se définit donc comme un acci- de 68 m au-dessus des fondations. Au couronnement,
dent important. l'ouvrage est long de 447,3 m ; sa largeur est de 63 m
La faille F 3 se signale en surface, au bord de en pied et de 2,5 m en crête. L'évacuateur de crues
l'oued, essentiellement par une brusque diminution du peut déverser 6 000 m3 /s. Les 2 vidanges de fond
pendage des couches qui passe de 40° à 20° sur une débitent ensemble 920 m3 /s à retenue pleine. Les 2
distance de quelques mètres avec une interruption dans vidanges de demi-fond débitent 820 m3 /s à retenue
la continuité des observations. Le rejet et les broyages pleine. Une usine hydro-électrique sera installée au
créés par cette faille doivent être faibles puisqu'on ne pied du barrage en rive gauche et sera équipée de 2
remarque pas sa présence sur la base sismique 1, aux groupes turbine-alternateurs de 17,5 MW chacun
dromochroniques parfaitement symétriques de part et (débit équipé de 2 x 40 = 80 m3 /s).
d'autre de son éventuel passage et que les sondages La retenue à un volume total de 1 430 millions de
électriques dans la vallée ne permettent pas davantage m3 représentant une superficie de 57 km2 . Le volume
de la poursuivre. utile à l'irrigation est de 1 100 millions de m3 ; 200
Tous les sondages exécutés sur le site au cours des millions de m3 ont été réservés pour l'envasement et
deux campagnes de reconnaissance, furent soumis à 130 millions de m3 constituent le volume de laminage.
des essais d'eau du type Lugeon. Chaque coupe de La vocation principale du barrage Idriss 1 er est la
sondage possède un diagramme d'absorption plus ou garantie interannuelle des besoins en eau de
moins continu et les résultats obtenus ont été regroupés l'agriculture. Dans le plan d'aménagement du bassin du
sur un profil transversal à la vallée. Sebou, ce barrage est plus particulièrement affecté à la
Il paraissait certain que la perméabilité des calcaires satisfaction des besoins de périmètres à créer dans la
marneux d'Arabat était fonction des fractures et
90 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
plaine du Rharb. Les études de gestion de la retenue sans tenir compte des eaux sauvages).
ont montré que :
Le fait d 'avoir dimensionné l'ouvrage Idriss 1er
— tant que le barrage ne dispose que des apports de pour obtenir une retenue de 1 100 millions de m3 utiles
l'Inaouène (550 millions de m3/an) le volume de implique que l'option de réaliser les ouvrages de
régularisation nécessaire de la retenue est de 700 dérivation du Sebou dans l'Inaouène est arrêtée et sera
millions de m3 pour garantir les besoins en eau de entreprise à moyen terme.
80000 hectares irrigués compte tenu de l'utilisation
au niveau du périmètre des eaux sauvages du
bassin intermédiaire situé entre Idriss ler et la prise LES OUVRAGES DE DERIVATION DU SEBOU
dans le Rharb (45 000 ha sans tenir compte des DANS LA RETENUE DU BARRAGE
eaux sauvages) ; IDRISS 1 er (OUED INAOUENE)
— après la mise en service de la dérivation du Sebou ET L'AMENAGEMENT HYDROELECTRIQUE
dans l'Inaouène qui apporte 400 à 600 millions de DU HAUT SEBOU
m3 d 'eau supplémentaires, le volume de Deux considérations complémentaires ont été à
régularisation de 1 100 millions de m3 de la l'origine de la conception de ce projet. La première est
retenue du barrage Idriss 1 er permet de garantir les un facteur naturel noté de longue date : la différence
besoins en eau de 135 000 ha irrigués (90 000 ha de niveau topographique de 200 mètres existant entre
0
40
INA
BARRAGE OU BARRAGE EXISTANT ( OU EN CONSTRUCTION EN 1972 )
E NE
DAR EL ARSA
barrage existant (ou en construction en 1972)
BARRAGE
IDRISS 1 er PROJET DE BARRAGE
GALERIE
PROJET DE CENTRALE
MAMATA
OU BO U Z E
ED ML
AN
BIR TAM TAM
SEFROU
FES
BARRAGE
AÏT YOUB
UL
O
ZL
D
CENTRALE EL MENZEL UE
OU
O
D E
SAH
SEBBOU GALERIE
EB
EL MENZEL
ER
RM
OU
EL
ED
E L HA
SEFROU
RMEL
BARRAGE BARRAGE
OUED EL YOUDI
0 2 4 6 8 10 km
550
0
35
schistes de bonne qualité mécanique ; la capacité utile millions de DH pour les 3 350 ha.
serait de l'ordre de 60 millions de m3 pour un ouvrage haut Cet aménagement serait susceptible d'intervenir à
de 37 m et de 120 m de longueur en crête, d'un coût moyen terme car il se situe parmi les projets à bonne
relativement modeste estimé à 10 millions de dirhams en rentabilité dans l'ensemble des possibilités inventoriées
1968 ; par ailleurs les investissements pour le réseau dans le bassin du Sebou.
d'irrigation étaient à la même époque estimés autour de 10
REFERENCES
CHAMAYOU J. (1967) : Rapport géologique préliminaire sur le tracé de la GUESSAB D. (1971) : Alimentation en eau du centre de Oued Amlil. Rapp.
galerie de dérivation Sebou-Inaouène. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, inéd. MTPC/DH/DRE, 7 pp., 2 fig.
28 pp., 6 fig., 1 carte géol.
HAZAN R. (1960) : Alimentation en eau de Tahala, résultats des essais de
COLAS DES FRANCS E. (1960) : Expertise hydrogéologique des sources pompage sur le forage 147/16. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 3 pp., 2
de Sidi-Harazem. Rapp. inéd. MTPC/ DH/DRE, 10 pp., 4 fig., 1 fig.
carte.
LAZAREVIC D. (1966) : Etude hydrologique du bassin du Sebou. Rapp.
COLO G. (1961) : Contribution à l'étude du Jurassique du Moyen Atlas inéd. MTPC/DH/DRE, 90 pp., 118 tabl., 194 cartes et graph.
septentrional. Notes & M. Serv. géol. Maroc, n° 139, 226 pp.
LEBLANC D. (1971) : Structure du Prérif oriental au N de Taza. Notes Serv.
COMBE M. (1966) : Etude géologique de synthèse du site de barrage géol. Maroc, t. 31, n° 237. pp. 41-48.
d'Arabat. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 45 pp., 5 fig., 34 planches,
LECLERC C. (1970) : Esquisse hydrogéologique des Causses du Moyen
COMBE M. (1968) : Les ressources thermo-minérales du Maroc. Rep. 23rd Atlas, observations effectuées pendant l'année 1968-69. Rapp,
int. geol. Congr., Prague. Sympos. 2: Minerai and thermal waters of inéd. MTPC/DH/DRE, 21 pp., 3 fig., 2 cartes.
the World. B. vol. 19, pp. 121-127.
LEMAIRE B. (1956) : Rapport sur l'alimentation en eau du futur centre de
Compagnie Africaine de Géophysique (1949) : Etudes par prospections Oued Amlil. Rapp. inéd. MTPC/ DH/DRE, 13 pp., 2 fig.
électriques de la tectonique du Lias aux Beni-Saden, sur le plateau
de la Rhomra et dans la région de Bou-Ourhioul. Rapp. inéd. arch. MARTIN J. (1966) : Recherches morphologiques sur la bordure septentrionale
MTPC/ DH/DRE. du Causse de Sefrou (moyen atlas marocain). R. Géogr. Maroc, n°
10, pp. 31-46.
Compagnie Africaine de Géophysique (1968) : Etude par prospections
électrique et sismique dans la région de Bir-Tam-Tam (tracé de la Projet Sebou (1968) : Développement régional du Sebou, rapport général,
galerie Sebou-Inaouène). Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE, 45 pp., annexe 3, tome 1, aménagement hydraulique. Rapp. inéd. PNUD-
15 planches. FAO Maroc, 433 pp., nbx, fig.
COYNE & BELLIER-SOFRELEC (1971) : Etude hydrologique de l'Oued TALTASSE P. (1949) : Rapport préliminaire sur l'hydrogéologie des Bni-
Inaouène à Touaba et au site du barrage Idriss 1er. Rapport inéd., 40 Sadden. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 8 pp., 1 fig.
pp., 42 fig., arch. MTPC/DH/DRE. VIDAL J. Cl. (1971) : Texte manuscrit sur la géologie du couloir sud-rifain
entre Fès et Taza.
2.9.
Le bassin Rharb-Mamora et les petits bassins
septentrionaux des oueds Dradère et Soueïre
Table des matières
par
Michel COMBE
Présentation géographique
La superficie du bassin hydrogéologique Rharb- La population du Rharb atteint 500 000 personnes dont
Mamora est de 7 500 km2; ses limites sont constituées par 360 000 vivent de la terre ; les statistiques montrent que
l'océan Atlantique à l'W, les collines de Lalla-Zohra au N, en 1971, 67 % des familles rurales possèdent leur terre (5
celles de Ksiri, Bou-Drâa, Outita à l'E et par les reliefs hectares par famille en moyenne) et cultivent
entre Khémissete et Tiflete au S. La moitié nord du annuellement 350 000 hectares. L'implantation étrangère :
bassin, correspondant à la plaine du Rharb, a environ 18 000 personnes en 1956, est en très forte régression
4000 km2 de superficie. puisqu'elle n'atteignait plus que quelques dizaines de
familles. à la fin 1971 ; en 1956, 174 000 hectares dont
La morphologie de l'ensemble du bassin correspond à
100 000 cultivés annuellement lui appartenait (chiffres
une vaste cuvette dont les 4/5 sont à une altitude
ramenés à 20 000 ha en 1971), divisés en unités
inférieure à 20 m, alors que les bordures présentent des
d'exploitation comprises pour la moitié entre 200 et 500
reliefs très doux. L'oued Sebou pénètre dans la plaine par
hectares. Sur ces superficies, 57 217 hectares ont été
l'E, y dessine une ample courbe vers le N avant de revenir
transférés à l'Etat par les dahirs des 9 mai 1959 et 27
au S pour atteindre l'Océan par la trouée de Kénitra-
septembre 1963 et sont gérés par lui, provisoirement. La
Mehdya ; toujours endigué dans ses propres levées qui
population citadine se rassemble en une grande ville :
dominent partout la plaine environnante, l'oued a un trajet
Kénitra, capitale provinciale, port et centre industriel
en méandres de 223 Km pour 107 Km de trajet réel en
(139000 habitants en 1971) et en quelques agglomérations
ligne droite suivant l'axe de la gaine fluviale. Son
réparties dans la plaine : Sidi-Kacem (20 000), Sidi-
principal affluent l'oued Beth, est canalisé dans la plaine
Slimane (15 000), Souk-el-Arba (12 000), Mechrabel-
de façon à assurer la permanence de l'exutoire au Sebou.
Ksiri (5 000).
Le centre de la plaine, naturellement marécageux, était
initialement impraticable six mois par an aux cavaliers ; La superficie cultivée annuellement couvre 350 000
d'importants travaux de drainage ont considérablement hectares en 1971 dont 60 000 en secteur irrigué. En sec les
amélioré cette situation. céréales, blé dur essentiellement, couvrent 240 000
hectares avec des rendements de 11 quintaux par hectare
94 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Géologie
A la limite de deux grands ensembles structuraux : bassin : au N, ce sont des lumachelles et conglomérats, à
Méséta primaire rigide plongeant régulièrement du S l'E, des sables jaunes, au SE des sables et grès
vers le N avec une pente de 3°, et domaine rifain dont coquilliers, Divers sondages ont rencontré ces
les formations se sont avancées sur les précédentes du formations sous la plaine. Ces dépôts, en général peu
NE vers le SW, en nappes de charriage, le Rharb se épais, ne constituent qu'exceptionnellement l'objectif de
trouve affecté d'une subsidence continue depuis le recherches hydrogéologiques.
Vindobonien moyen (mise en place des nappes). Encore
A la fin du Pliocène, la mer n'occupe plus dans le
active de nos jours, cette subsidence est soulignée par un
Rharb qu'un golfe qui va sans cesse se rétrécir. Les
enfoncement de 3 m des égoûts de la cité romaine de
premières transgressions marines quaternaires
Banasa située au coeur de la plaine ; elle apparaît déjà
(Calabrien - Sicilien) n'intéresseront plus qu'une étroite
nettement sur la carte du toit du Miocène (fig. 33).
bande (20 Km au plus) parallèle à la côte actuelle ; les
Alors que s'effectue dans la mer tortonienne suivantes seront encore moins sensibles. Ces pulsations
l'avancée des nappes prérifaines, la sédimentation se ont laissé des sédiments d'origine marine : calcaires
poursuit, déposant, jusqu'au début du Pliocène, une gréseux, grès et sables qui sont datés à l'affleurement en
épaisse série marneuse pouvant atteindre 2 000 m de quelques points privilégiés de la Mamora et
puissance dans la plaine, contre quelques centaines de qu'accompagnent d'anciens cordons dunaires
mètres sur les bordures, conformément à l'ampleur de la apparaissant sous forme de sables souvent grésifiés.
subsidence dans le bassin. Cette série, dite des « marnes L'ensemble de ces formations, localisé en zone côtière et
bleues », constitue le plancher imperméable des niveaux dans une partie de la Mamora, peut atteindre 200 m
aquifères du Rharb ; tous les terrains antérieurs ne d'épaisseur et constitue une zone d'infiltration et un
jouent pratiquement aucun rôle hydrogéologique. réservoir aquifère de première importance.
Le cycle sédimentaire de l'ère tertiaire s'achève au A l'amont de cette zone d'influence marine s'ac-
Pliocène, caractérisé par des dépôts à caractères cumulaient, au cours de la même période, des sédiments
régressifs identifiés à l'affleurement sur les bordures du d'origine continentale, alternativement grossiers (galets
CARTE DE SITUATION TANGER
ROYAUME DU MAROC a
ohr
aZ
OUJDA
50
UE
SERVICE DES RESSOURCES EN EAU MEKNES
IQ
CASABLANCA
NT
EL JADIDA
LA
-100
AT
PLAINE DU RHARB
N
SAFI
EA
OC
Souk el Arba ESSAOUIRA
imperméable
50
-150
U
IQ
1020/14 HA
T
Sidi Yahia IC
N
PR4 -100 AR
Beth
H
LA
J.
1027/14
T
PR11
A
KENITRA
to
1025/14
-50
en
0 SIDI KACEM
1026/14
J. BOU DRAA
N
50 PR7
A
te
FORET DE MAMORA
ra
E
ua
50
C
elte
Fo
O
A
ZRAR
IT
d Tif
d
UT
ue
O
J.O
O ue
d
100
ue
O
150
la
st
bo
100
ne
M
ha
0 20 40 KM
er
d
Ta
ue
K
Sk el Arbaa
O
el
d
ue
n
Aï
O
G
RA
d
G
ue
BO
OUED
KENITRA
Eau bicarbonatée Si Kacem
Tiflète
0 10 20 KM
RABAT
Eau chloobicarbonatée
FIG. 33
m 227/8 1495/14 1538/8 583/8 697/8 244/14
0
Grés et argiles
SOLTANIEN
Sables et grés
ANCIEN
SOLTANIEN RHARBIEN
QUAT.
SOLTANIEN ET
Argiles jaunes Argiles sableuses
RHARBIEN
RHARBIEN
Argiles grises et
Argiles jaunes et jaunes
Argiles jaunes Grés et sables
brunes Argiles jaunes passées d'argiles
-
Grés et sables
CALABRIEN - SICILIEN
Argiles jaunes et
gris-bleu
Sables et grés
SOLTANIEN
TENSIFTIEN
Grés et sables Sables, graviers, Grés et sables
Argiles sabeuses
galets argileux
Argiles sableuses jaunes
grises Argiles gris-bleu Argiles jaunes
MIO-PLIOCENE
TENSIFTIEN
QUATERNAIRE INDIFFERENCIE
Sables et grés
Sables, graviers et ocres
galets parfois Argiles gris bleu et galets
consolidés
AMIRIEN
avec passées
Argiles grises Sables rouges
argileux consolidées
150 sableuses X=419,3 Y=411,6
BOURDURE SUD DU RHARB
Argiles sableuses SIDI YAHIA
Sables et garviers
Sables rouges grises
917/8
Argiles gris-beu Argiles bleues Argiles grises 0
SOLTANIEN
AMIRIEN
, ANCIEN
X = 469,5 Y = 408,2 argileux Sables argileux Sables argileux
Argiles jaunes
VILLAFRANCHIEN ET
200 BORDURE SUD-EST DU
RHARB à
Argiles vertes
PLIOCENE
Argiles bleues
Sables rouges graviers et galets
VILLAFRANCHIEN
X=416,5 Y= 454,3
QUATERN. ANC.
QUATERNAIRE
Sables à graviers NW DU RHARB, DUNES Sables rouges
ET
50
et lits conglo- COTIERS très fins,
VILLAFRANCHIEN,
mératiques argileux
Sables jaunes
250 très fins,
Argiles jaunes argileux
PLIOCENE
Argiles jaunes
Argiles jaunes
grises et beues
COUPES GEOLOGIQUES Sables fins jaunes
Argiles sableuses
Sableuses, bleues 100
DE QUELQUES FORAGES sables et galets
PLIOCENE
PLIOCENE
lumachelles X=450,5 Y=426,0
300
DU RHARB X=437,5 Y=431,6 BOURDURE OUEST Argiles bleues et
CENTRE SUD DU RHARB DU RHARB lumachelles
DAR- GUEDDARI marines
MIOCENE
FIG. 34
96 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
- cailloutis) et fins (limons et argiles) selon la pluviosité sables fin argileux et de cailloutis, bien développées au S,
des époques et la violence de l'érosion. En fait, dans le se rattachent également à cette période ;
détail, la répartition de ces matériaux est capricieuse et
— A l'Amirien, des sédiments argileux et limoneux à
varie rapidement dans le sens latéral. De gros efforts ont
poupées calcaires (jusqu'à 50 m d'épaisseur) ;
été déployés par les hydrogéologues pour identifier des
repères et corréler ces niveaux à distance ; la plupart des — Au Tennsiftien, un nouvel épisode à cailloutis dans
procédés modernes de l'analyse sédimentologique : des sables plus ou moins argileux (jusqu'à 60 m
microfaunes, minéraux lourds, granulométrie, minéraux d'épaisseur) ;
argileux ainsi que les procédés classiques de la corrélation
— Au Soltanien, des faciès limoneux rouges et jaunes
: examen et conservation des déblais de forage, carottage
comportant quelques niveaux de cailloutis à la base
mécanique, carottage électrique, ont été mis en oeuvre sans
(jusqu'à 50 m d'épaisseur) ;
apporter de résultats satisfaisants ; actuellement encore,
c'est la seule comparaison subjective avec les — Au Rharbien (ou Actuel), des dépôts qui
affleurements les plus proches ou les sondages voisins qui recouvrent l'ensemble de la basse plaine et qui sont soit des
guide les corrélations chronologiques. On affecte limons plus ou moins sableux (dess) soit des sols noirs
habituellement : argileux (tirs).
— Au Villafranchien et Quaternaire ancien Les quelques coupes lithologiques des forages
(Moulouyien - Régrégien - Salétien) d'importants présentés sur la figure 34 donnent une idée des nombreuses
épandages de galets et cailloutis, bien représentés au N et à variations lithologiques susceptibles d'être rencontrées
l'E de la plaine, qui peuvent atteindre 250 m d'épaisseur. dans le Rharb.
Les formations rouges de la Mamora, constituées de
CLIMATOLOGIE 1933-1963
KENITRA 18.2 5.9 19.1 6.3 21.4 8.4 23.5 9.9 25.1 12.1 27.8 15.1 30.4 16.7 31.1 17.1 29.1 15.4 26.6 12.6 22.3 9.6 19.3 7.1 24.5 11.4
FIG. 35
fréquemment de 100 %. L'été, le taux s'abaisse On ne possède aucun chiffre concernant les pré-
rarement au-dessous de 50 % et n'atteint 20 % cipitations occultes : brouillard, rosée, condensation à
qu'exceptionnellement, par temps de chergui. A l'ombre. Divers essais de condensation sur tôles ou
l'intérieur (station de Sidi-Slimane) les saturations galets lisses n'ont pas donné de résultat qui puisse
moyennes sont inférieures de 5 à 10 % à celles de la permettre d'estimer leurs influences sur le
côte. ralentissement de l'évaporation.
Hydrologie superficielle
Mda
ALI-CHERIF
OC
Limite du bassin Rharb-Mamora u ed
Ou
ed
Tn
ine
E
Station hydrologique SEBOU T t
SIDI-ALLAL-TAZI
U
a
Rd
nouvelle (créée en 1966) T ed
Ou
Q
I
HA
RR
Beht Khnichet Oued
OU
E
T
ed
T C
Ou
N
SIDI - AISSA
O
ue
d
SEBOU
A
Be
AZIB-SOLTANE
L
th
U
BO
SE
SOUK-EL-HAD C
T
Oued
A
T
ed
SIDI YAHYA
Ou
Oued
S
N
Rd
om
A
SIDI KACEM
E
a
irz
M
ou
A O
C
R
T
M
O.
A
nto
O
e
rat
Sm
ua
ed
Fo
Ou
O.
SALE
B
O
EL - KENSERA
ue
d
Tif
lè
te
O. Seira
RABAT
O.
Ou
is
O
lam
.F
ra
O. Boufe
h
S Station simplifiée ll
O el Ke
krane
O. O
B Barrage uchk
ett
SEBOU AZIB SOLTANE 16 276 940 129,2 69,5 19,7 700 4000
_ _ _ (500)
TNINE 435 140 (0.1) 0,0
FIG. 36
BASSIN RHARB-MAMORA 99
U
O
U
B
E
E
R
S
R
H
A
M m³
25
AZIB SOLTANE :1 ³
R' 2 215 Mm³ OM Mm
D AT
M'JARA : 3 340 Mm³ R'D 80
: 3
:3 TH m³
30 CONFLUENCE : 5 570 Mm³ BE 00M
M
m :2
³ RA
AMO
O .M
d'environ 210 m3 /s, soit 6,6 milliards de mètres l'Ouerrha. De fait, entre 1944 et 1972, trente sept
cubes/an, correspondant à un bassin versant de 34 000 années ont été marquées par des débordements ; pour
km2 qui transite chaque année dans la plaine du Rharb juger de l'ampleur des dommages causés, il suffit de se
par les cours d'eau. La figure 37 fournit graphiquement souvenir que les berges du Sebou dominent la plaine
l'origine des débits du Sebou par sous-bassins. de plusieurs mètres, et que par conséquent les eaux de
débordement envahissent rapidement de vastes
La largeur du Sebou endigué dans ses propres
superficies qu'elles ne pourront quitter par le trajet
levées, sa faible pente sur 230 Km de son cours dans la
inverse, stagnant donc, souvent pendant plusieurs
plaine (1/10 000 aux hautes eaux) et l'influence de la
semaines.
marée dynamique qui se fait sentir jusqu'à 85 Km de
Les crues les plus dangereuses se produisent
l'embouchure, ne permettent pas au fleuve d'évacuer
lorsqu 'il y a conjonction des crues particulières du
plus de 1 600 m3/s à Mechra-bel-Ksiri et 2 000 m3/s à
Sebou et de l'Ouerrha auxquelles s'ajoutent
Sidi-Allal-Tazi, débits de l'ordre des crues moyennes
généralement celles des autres petits affluents. Quel-
(fréquence 1 an sur 5) de son seul grand affluent :
ques chiffres, obtenus pour certaines années montrent
l'ampleur du désastre :
Conjonction des Durée
Date Superficies inondées
débits les plus forts des débordements
3 en hectares
en m /s en heures
MECHRA-BEL-KSIRI
SEBOU HAD KOURT
at
Rd 440
Sidi-Allal
Tazi ed
Ou
U
BO
SE
Beht
A
ed
Souk Jemaa R RH
Ou
O UE
Khnichet
O
Oued
ue
Dar Gueddari
d
Moghrane
SEBOU
Be
ed
ht
Sidi Abdelaziz 420
Ou
Lalla Ito
O ued
Oued
SIDI YAHYA
DU RHARB
Rd
Kcebia
om
Ti
h
ili
KENITRA
Oued Tiflète
480
400
420
440
460
Ou
SIDI KACEM
FIG. 38
BASSIN RHARB-MAMORA 101
L'inondation de janvier 1963 (fig. 38), une des d'eau salée en l'espace de 5 heures, ce qui explique
plus importantes de mémoire d'homme, était pro- l'importance des phénomènes marégraphiques dans
voquée par les débits conjoints de : 8 000 m3 /s à la l'estuaire à l'étiage.
confluence Sebou-Ouerrha, 500 m3 /s sur le Beth, 500
Les études effectuées en 1966 ont montré que les
m3 /s sur le R'Dat, 400 m3 /s sur le R'Dom ; les 600
effets dynamiques de l'onde de marée se font sentir
m3 /s restant constituaient l'apport des autres petits
jusqu'à 85 Km de l'embouchure (Sidi-Allal-Tazi) ; les
oueds (M'Da - Hamma - Tihili - Tiflete - Touirza, lieux géométriques des plus hautes et plus basses mers
etc.). Cette inondation a été dépassée en 1970 ont été déterminés sur toute cette portion de l'estuaire.
provoquant des dégâts beaucoup plus coûteux car Lors de marées très amples les variations thermiques
l'équipement du Rharb progresse régulièrement ; cette des eaux de l'estuaire peuvent atteindre jusqu'à 3°3 C à
fois, les volumes de débordements (2,9 milliards de l'embouchure au cours d'un cycle de marée et se font
m3 ) étaient sans commune mesure avec ce que l'on sentir jusqu'à 42 km de l'embouchure.
avait connu antérieurement (1,4 milliards de m3 en
1963). Des augmentations de la salinité des eaux de
l'estuaire en liaison avec les remontées marines
Le mécanisme des débordements et le chemi- peuvent se manifester jusqu'à 35 Km de l'embouchure,
nement de l'inondation dans la plaine sont par- lors de très fortes marées. La figure 39 montre la
faitement connus ; un système d'alerte radio fonc- répartition de la salinité dans l'estuaire à marée haute
tionne dès les premières pluies. Il centralise à Kénitra en fonction des hauteurs de marée pour deux débits du
les renseignements émanant des stations de jaugeages Sebou à Kénitra : moins de 4 m3 /s et 12 m3 /s qui peut
situées à l'amont et permet de donner l'alarme être considéré comme un débit moyen annuel d'étiage.
plusieurs heures avant le début des débordements dans A Kénitra, où les industriels sont tentés par ces eaux de
la plaine. Le temps est suffisant pour évacuer les l'estuaire en raison de leur coût très bas, il est possible
zones menacées. Les remèdes à cette situation ont été d'enregistrer des augmentations de salinité supérieures
étudiés dans le cadre du projet de mise en valeur à 1 g/l de ClNa, pendant la haute mer, dès que le Sebou
globale de la plaine par le gouvernement marocain et débite moins de 40 à 50 m3 /s, c'est-à-dire pendant plus
une mission d'experts de la F.A.O. (1964-1968). de 4 mois consécutifs par an ; lorsque le débit du
L'étude d'un canal d'évacuation (by-pass) doublant la fleuve tombe à moins de 4 m3 /s, les salinités peuvent
capacité de transit du Sebou montre la nécessité d'un en cette zone dépasser 20 g/l de ClNa et demeurent en
ouvrage de coût très élevé ; on s'était alors tourné vers permanence supérieures à 1,5 g/l de CINa, même à
la création de grands barrages sur l'Ouerrha (M'Jara), basse mer. De ce fait, la qualité des eaux du Sebou
le Sebou moyen (Dar-El-Arsa) et l'Inaouène (Arabat) s'avère fréquemment trop mauvaise pour convenir à de
qui possèdent l'avantage supplémentaire de constituer nombreux usages industriels, à Kénitra. D'autre part, la
de vastes réserves d'irrigation. Les travaux du premier régularisation de l'oued Sebou par des barrages
de ces ouvrages (Arabat), prévu parmi les grands implantés dans le bassin amont aura pour effet certain
aménagements qui doivent être réalisés au cours du une aggravation des débits d 'étiage naturels ; les eaux
Plan quinquennal 1968-1972 ont été inaugurés en douces ne contiendront plus les eaux salées marines
1969. Les dégâts des inondations de 1970 ont conduit dans le bas de l'estuaire, et celles-ci remonteront
à poser en d'autres termes économiques le problème chaque année aussi loin que lors des années sèches
de la création d'un by-pass au Sebou et de nouvelles actuelles. Or l'eau à bon marché fait défaut à Kénitra,
études sont entreprises sur ce sujet depuis 1972. ce qui freine l'expansion industrielle de cette cité qui
devrait voir s'installer, grâce au développement
L ' E S T U A IR E D U S E B O U A L ' ET IA G E agricole de son arrière-pays, un bon nombre d'in-
dustries alimentaires et frigorifiques ; les eaux de
A l'étiage, les débits moyens mensuels du Sebou à l'estuaire étant inutilisables une bonne partie de l 'été il
Sidi-Allal-Tazi peuvent descendre en année sèche à 5 faudra rapidement envisager, pour couvrir les besoins
m3 /s ; compte tenu des pompages existant entre Tazi industriels, une adduction spécifique pour laquelle des
et Kénitra, le débit du fleuve est parfois pratiquement solutions existent, telles l'édification de barrages de
nul à l'embouchure. Selon l'amplitude des marées, le garde contre la salinité de marée ou la prolongation du
courant de flot mesuré à l'embouchure introduit dans canal principal d'irrigation rive gauche du Rharb, ou
l'estuaire entre 8,5 et 19 millions de mètres cubes encore des captages dans les dunes.
102 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
+200 Liens
2/30
6/30
+100
15/30
g/l
30
30
/l
20 g
/l
10 g
Xx
3030
000
5 g/l
2 g/l
20
1 g/l
26/30
ers
s esm
-100 bas
p lus
des
5/30
10
s
ue
iq
étr
om
2/30
gé
Fixés
ux
--200
Lie
il2
0 a rof
te e m ue r
it a P id
a
er ph te tiq en nitr us
v ra R' u e i
am evu
e
ou e ég ed na rt K t K il1 aou ux
er eté ar l ub o n rof A l r io Th ell
B P Po p
M J M Cl P B Disatnce à
0 10 20 30 40 la côte (Km)
FIG. 39
BASSIN RHARB-MAMORA 103
Hydrogéologie
L'étude hydrogéologique systématique du Rharb nappe phréatique pauvre mais peu profonde, fort gênante
débute en 1940 avec une mission conduite par A. pour la mise en valeur agricole.
Robaux ; puis E. Bolelli anime les recherches de façon
très dynamique à partir de 1948 et présente en 1952 la
synthèse de ses travaux dans l'ouvrage « Hydrogéologie LES ZONES D'ALIMENTATION EN BORDURE
du Maroc » publié à l'occasion du 19e congrès d'Alger. DU BASSIN
L. Monition prend la relève entre 1956 et 1961 et Sur les pourtours du bassin affleurent des formations
aboutit à une monographie détaillée qui comporte le perméables qui contiennent des nappes libres rechargées
premier bilan des eaux souterraines de la Mamora par les infiltrations de la pluie. Ces formations plongent
accompagné de cartes hydrogéologiques au 1/200 000 vers le centre du bassin (plaine du Rharb) où elles sont
(1964). Les recherches se poursuivent ensuite avec J.-P. recouvertes par des niveaux argileux épais ; les nappes
Thauvin qui axe ses efforts sur la Mamora et l'auteur qu'elles renferment sont alors en charge et reçoivent leur
qui travaille plus spécialement sur la nappe phréatique alimentation depuis les bordures.
et élabore dans le cadre du plan d'aménagement global
de la plaine, un schéma d'exploitation des ressources
aquifères profondes du bassin. Les cartes hydro- '
ALIMENTATION PAR L W : LES DUNES CÔTIÈRES DU RHARB
géologiques de la Mamora au 1/100 000 [Thauvin, (fig. 40)
1964] et du Rharb au 1/100 000 [Combe, 1969]
complètent la documentation abondante déjà A l'W, deux cordons de dunes anciennes, parallèles
rassemblée sur cette région. au rivage, sont séparés par une zone basse marécageuse
(altitude : + 2 m NGM en moyenne) dite des merjas
STRUCTURE HYDROGEOLOGIQUE côtières. Le cordon côtier s'étend sans discontinuité
DEFINITION DES NIVEAUX AQUIFERES depuis Kénitra jusqu'à Moulay-bou-Selham sur une
distance de 60 Km ; le cordon intérieur, au relief plus
L'étude du système aquifère par forages débute en aplani, est nettement marqué au N de Sidi-Allal-Tazi,
1923, mais s'accélère à partir de 1948. En 1968 on mais plus estompé au S, en rive droite du Sebou. Ces
dénombrait environ 500 forages totalisant près de 50 dunes affleurent sur environ 500 km2. L'espace
000 m forés, ce nombre augmentant de 10 à 20 unités interdunaire des merjas côtières constitue une étroite
par an ; il s'y ajoute les renseignements apportés par bande tapissée d'argiles limoneuses peu perméables qui
une centaine de sondages à objectifs pétroliers. Les est drainée artificiellement par un canal dont l'exutoire
sondages d'eau en exploitation étaient au nombre d'une est la merja Zerga pour la zone Nord, et le Sebou pour la
centaine en 1968. zone Sud.
Le substratum général des nappes aquifères est D'une façon assez synthétique, car le détail est très
constitué par le toit de l'épaisse série marneuse du complexe, on peut dire qu'un niveau grésosableux
Miocène-Pliocène dite communément des « marnes affleure en surface sur l'ensemble de ces zones dunaires
bleues ». On possède une carte de ce substratum (fig. ; épais de 20 à 30 m dans le cordon littoral, ce niveau est
33) que 300 sondages de recherche d'eau et de pétrole assez mince sur le cordon intérieur (5 à 10 m). Ce
ont atteint ; dans certaines zones, des campagnes niveau superficiel contient une nappe phréatique
géophysiques suivant la méthode électrique ont été d'extension générale, alimentée par l'infiltration des
réalisées sur d'importantes surfaces (campagnes de la eaux de pluies ; les caractéristiques hydrogéologiques de
Mamora et en zone côtière du Rharb) pour préciser l'aquifère sont bonnes : en général 1.10-2 m2/s pour la
cette donnée fondamentale. Au-dessus, suivant la transmissivité (5.10-3 m2/s dans le cas le plus
position dans le bassin quaternaire subsident, se défavorable) et 1 à 2.10-3 pour le coefficient
rencontrent un ou plusieurs niveaux perméables (grès - d'emmagasinement. L'eau est peu profonde : 1 à 3 m sur
galets - sables - cailloutis) qui se prolongent et les 4/5 de la superficie de la nappe. Sous ce premier
affleurent sur les bordures où les infiltrations d'eaux de niveau superficiel se rencontre un niveau argilo-sableux
pluies ou d'eaux superficielles les alimentent. Des rouge épais de 10 à 20 m dans la zone située au S de
niveaux argileux (Amirien et Soltanien) mettent ces Sidi-Allal-Tazi, alors qu'au N ce niveau devient
aquifères en charge sous la plaine du Rharb proprement franchement argileux et s'épaissit encore ; au-dessous
dite. existe un niveau gréseux épais au S de Sidi-Allal-Tazi,
Enfin, dans les sols de surface de la basse plaine qui et des alternances gréseuses et argileuses au N.
occupe le centre du bassin se tient en permanence une
COUPE NW-SE DANS LA PARTIE CENTRALE DES DUNES COTIERES DU GHARB
NW DUNES SE
OUEST DUNES EST PLAINE DU RHARB
COTIERES
m
MERJAS
100
Si ALLAL - TAZI
O. SEBOU
O. SEBOU
0. SEBOU
345/8 158/8 347/8 291/8 635/8 246/8 233/8 139/8
50 MM2 SPE SPE RP 2 ST 2
SPE
OCEAN
0 RS 237
CL 66
RS 256
CL 50
RS 905
RS 280 RS 200 RS 241
CL 390 CL 53 CL 60 RS 3050
RS 360 CL 1320
RS 200 RS 265 CL 103
50 RS 4690 RS 918
CL 57 COR
REL
RS 2170 RS 340 ATIO RS 4340
CL 2500 CL 1200 N SPE
CL330 CL 103 CL 2385
RS 270
RS 28710 CL 57 RS 828
CL 10800 CL 420 RS 340
RS 1240
CL 103
100 CL 508 RS 1788 COR RS 2350
CL 1000 REL
RS 35360 ATIO CL 1221
N
SPE
CL 18673
150 RS 11592
CL 6000
200
250
Argiles sableusee
FIG.40
BASSIN RHARB-MAMORA 105
Sous le premier écran argileux ou argilo-sableux, les fournit, en raison de transmissivités plus élevées, à peu
grès contiennent une nappe captive en charge dont le près les deux tiers de ces écoulements. La somme des
niveau piézométrique s'établit cependant au-dessous de prélèvements (5.10 6 m3 /an), le volume éliminé par
celui de la nappe phréatique ; le caractère captif de évaporation dans les secteurs où la nappe phréatique est
cette nappe ressort de la valeur d e s coefficients peu profonde, ainsi que celui drainé par les canaux de
d'emmagasinement (entre 1.10 -4 et 2.10 -5 ) et de la l'espace interdunaire (en hiver, car les canaux sont
rapidité de réaction aux variations d'amplitude pratiquement secs à l'étiage) s'ajoutent aux chiffres
marégraphiques que l'on observe dans des forages précédents et fixent l'ordre de grandeur du débit des
implantés à proximité de l ' océan. Les caractéristiques exutoires autour de 100.10 6 m3 /an.
hydrogéologiques de ces aquifères profonds sont en
Les deux procédés permettant l'évaluation du
général inférieures à celles de l'aquifère superficiel, du
volume annuel de régularisation du système aquifère
moins pour la transmissivité qui est de 2 à 3.10 -2 m2 /s
(infiltration : 60.10 6 m3 ; exutoires : 100.10 6 m3 /an)
au S où les grès sont épais et de 2 à 4.10 -3 m2 /s au N
s'avèrent entachés de beaucoup d'approximation, le
où ces puissances diminuent, car la perméabilité est
chiffre moyen de 80.10 6 m3 /an sera retenu pour le bilan
toujours du même ordre de grandeur : 2 à 5.10 -4 m/s.
général. Il subsiste dans ces dunes d'importants
Les cartes isopiézométriques des nappes phréa- volumes d'eau de très bonne qualité qui ne sont pas
tiques et profondes (fig. 45 et 49) montrent nettement exploités. L'accroissement des prélèvements jusqu'à un
que ces dunes jouent un rôle de château d'eau ; volume annuel de 60.10 6 m3 ne paraît pas présenter de
l'alimentation des nappes provient uniquement de risque car on demeure fort probablement au-dessous du
l'infiltration des précipitations, assez abondantes dans volume de recharge ; les captages les plus économiques
cette région (600 mm/an). Les eaux de pluie s'infiltrent intéresseront la nappe phréatique au moyen de batteries
dans les niveaux gréso-sableux superficiels et de puits profonds de 10 à 20 m, fournissant des débits
rechargent la nappe phréatique qui, par drainance vers unitaires de 15 à 20 l/s. L'implantation des ouvrages
le bas, alimente elle-même la nappe profonde. s'effectuera sur les bordures du cordon dunaire
L'infiltration est importante dans ces formations intérieur, par conséquent à proximité des terres
perméables au relief atténué ; le ruissellement est irrigables dominées (terres basses des merjas
pratiquement inexistant, excepté lors d'averses interdunaires et du Rharb) que le rabattement produit
violentes ou prolongées. Des expérimentations sur par les pompages contribuera à drainer ; en outre, ces
cases lysimétriques ont montré que 50 % du volume de captages se trouveront distants de l'Océan d 'environ 3
certaines averses était susceptible de s'infiltrer ; trop km, ce qui réduit considérablement le risque d'invasion
discontinues et trop brèves pour être extrapolées à une marine des nappes (invasion inexistante à l'heure
année complète, ces observations ne fournissent qu 'une actuelle). L'observation des répercussions de ces
indication relative. Les expérimentations et mesures en exploitations permettra, beaucoup mieux qu'une ex-
vraie grandeur réalisées dans des formations identiques tension forcément limitée des travaux de reconnais-
au S de Rabat (Aïn-Reboula) permettent d'admettre un sance, d 'approcher un bilan plus précis des ressources
coefficient d 'infiltration minimum de 20 % ce qui, sur disponibles.
une superficie de 500 km2 , conduirait à une recharge
moyenne annuelle de 60.10 6 m3 . Les volumes des
ALIMENTATION PAR LE S : LA FORÊT DE LA MAMORA
apports déduits de l'amplitude des fluctuations pié-
zométriques et du coefficient d'emmagasinement n'in- (fig. 41)
firment pas cet ordre de grandeur. Le glacis de la Mamora est compris entre le massif
Le débit des exutoires est difficile à préciser, dans ancien et tabulaire de la Méséta au S, et la plaine
l'état actuel des connaissances, à cause du nombre subsidente du Rharb au N. Du S vers le N affleurent
insuffisant de mesures de transmissivités et de les terrains primaires (schistes et quartzites) recouverts
l'absence de données suivies sur le débit des canaux de progressivement par les assises marneuses du Miocène
drainage. Les cartes piézométriques et les quelques qui supportent elles-mêmes des formations du Plio-
transmissivités disponibles (8 mesures sur la nappe Villafranchien et du Quaternaire (grès - cailloutis -
profonde et 5 sur la nappe phréatique) permettent le sables - argiles). Ces dernières formations contiennent
calcul sommaire du débit qui s'écoule vers l'océan une nappe phréatique qui s'écoule, en raison de la
(40.10 6 m3 /an pour l'ensemble du système à raison de disposition de la Mamora, vers le Rharb (bassin
50 % pour chacune des nappes phréatique et profonde) d'alimentation : 1 550 km2 ), vers l'Océan (390 km2 ), ou
et du débit qui s'écoule vers l'intérieur des terres vers l'oued Beth à l'E (180 km2 ).
(35.10 6 m3 / an également répartis entre les deux Les terrains aquifères sont essentiellement de
nappes). La zone située au S de Sidi-Allal-Tazi nature gréso-sableuse et d 'âge Plio-Villafranchien ;
106 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
0
0
-100 -100
-200
-200
NIVEAU PIEZOMETRIQUE
FIG. 41
vers l'E, des cailloutis quaternaires sont superposés à ces gouttières privilégiées, présentant fort
formations. L'aquifère s'épaissit progressivement du S probablement des écoulements karstiques dans
vers le N où il atteint une centaine de mètres de les grès, offrent des caractéristiques
puissance au niveau de la route Kénitra—Sidi-Slimane— exceptionnelles T = 1,5.10 -1 m2/s (captage de
Sidi-Kacem. Un certain nombre de gouttières parallèles, Taïcha), T = 6.10 -2 m2 /s (captages de Sidi-
dans lesquelles les oueds sont surimposés, ont été mises Taïbi) et 3 à 9.10 -2 m2/s (captage de Bir-Rami
en évidence par géophysique dans le substratum au S de Kénitra). Le débit de la nappe se
imperméable ; ces gouttières qui ont été comblées par perdant à l'Océan entre Kénitra et Salé à pu,
des sédiments quaternaires drainent la nappe et grâce à ces données, être chiffré à environ 700
constituent des lieux de captages privilégiés. l/s fictifs continus, l'exploitation atteignant
2000 l/s en 1972 ;
La nappe de la Mamora est bien connue depuis les
travaux de J.-P. Thauvin (1964) ; la carte hydro- - vers le N, la nappe de la Mamora alimente la
géologique au 1/100 000 et les cartes annexes (isobathes nappe profonde en charge de la plaine du
de la nappe et du substratum, isopaches de l'aquifère...) Rharb. La valeur de cette alimentation a été
ainsi que l'interprétation et la réinterprétation d'anciens calculée au niveau de la route Kénitra—Sidi-
essais de pompage par les méthodes de Theiss-Jacob ont Yahya—Sidi-Slimane. La nappe étant plus
permis de mieux apprécier l'importance de cet aquifère. épaisse à l'W qu'à l'E, deux zones de
Le calcul des débits de front de nappe le long de courbes transmissivités ont été distinguées ; à l'W,
isopièzes donne les résultats suivants, compte tenu entre Kénitra et l'oued Touizra (40 km de
d'éléments récents apportés par de nouveaux forages front), onze mesures de transmissivités donnent
d'exploitation : une valeur moyenne de T 1,3.10 -2 m2/ s ; à l'E,
entre l'oued Touizra et Sidi-Slimane (20 Km de
- vers l'Océan, les courbes isopiézométriques sont front de nappe) une transmissivité moyenne de
parallèles entre elles et parallèles au rivage ; la 7,2.10 -3 m2/s basée sur 2 mesures a été retenue.
pente de la nappe est de 3.10-3 à 10.10 -3 au N et
plus importante au S où les captages sont
nombreux dans la zone maraîchère comprise Compte tenu des pentes de la nappe qui varient
entre Bouknadel et Salé. La perméabilité entre 1,4 et 2,0.10 -3, le débit s'écoulant vers le
moyenne est de l'ordre de 4.10 -4 m/s, la Rharb a été chiffré à 1 200 1/s continus (40.10 6
transmissivité de 1.10 -2 m3/s et l'emmagasin- m3/an) ;
ement de 2.10-2 ; cependant, certaines - vers l'E la nappe de la Mamora se déverse dans
COUPE GEOLOGIQUE NORD-SUD A TRAVERS LE
PERIMETRE IRRIGUE
NAPPE PROFONDE DU PLIO - VILLAFRANCHIEN
N NAPPE CAPTIVE NAPP LIBRE S
A R T ESI E N N E ARTISIENNE JAILLISSANTE ARTESIENNE ZONE D'ALIMENTATION
JBEL NOUILAT
L I T H O L O G I E
Niveau hydrostatique de la nappe profonde ALTITUDE
bl - BLEU ARGILES FORAGES
"
OH1 , KH3
697/8; 1305/14
Forages pétroliers (SCP)
" Hydrogéologiques
ZRAR AJ4
SPE
+500
jn - JAUNE ARGILES SABLEUSES ( SPE ) dotés d'un carottage électrique
" "
Ø Piézométriques OH6
" " SPE
br BRUN GRES
OHS
O. RDOM CANAL PRINCIPAL SPE +400
gr GRIS MARNES (Miocène )
PERIMETRE IRRIGUE OH4b
SPE F
rg ROUGE SABLES
KH3
SPE
SABLES Argileux
PROJ.
482/14 +300
SPE
OH3
SPE
GALETS ET CONGLOMERATS OH1
SPE OH3 PROJ.
SPE 537/14 SOURCE
CALCAIRES ( Jurassique)
1511/14 PROJ.1530/14 THERMALE
SPE 218/14
SPE 1497/14 SPE
3/8 SPE +200
PROJ.697/8 1305/14 2646/14
SPE PROJ.2/8 SPE PROJ.
PROJ.13334/14 3/14+2669/14
SPE
335/8
rg +100
PR19 rg
SOLTANIEN
553 PR21 Ø
Ø jn
bl
NH jn
jn
br
br jn jn bl
000
jn jn
jn
TENSIFT
bl bl
jn
jn
rg jn
br
VILLAFRANCHIEN
jn
jn -100
AMIRIEN
bl
jn jn jn
jn
ET QUATERNAIRE
bl
bl
jn jn
jn
rg jn E
bl CE N -200
M IO
PLIOCENE
HELVETIEN A - 650
bl
HELVETIEN A 660
jn DU
HE S
? bl
C
RA N
IEN
NE S F IE N
TO N
ET
M AR T OR
LV
-300
HE
0 1 2 3 4 5
FIG. 4 2
108 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
2057/14 (PR 20 )
1305/14
2646/14
70/14
1493/14
3
NO
Ca
Cl
+M
g
SO
R'DOM et HAMMA
ZONE D'ALIMENTATION ( HAMMA )
1511/14 ( PR 21)
32/50/14
2669/14
0
10A0 C
0 0
0 0
10
3
Na
CO
+K
H
Mg
SO
+
4
3
CO
100
0
0
100 Ca 0 D0 Cl + NO3 100
FIG.43
BASSIN RHARB-MAMORA 109
l'oued Beth. Les essais de débit effectués dans ce les bordures, alimentée par les infiltrations de la pluie
secteur sont peu nombreux et peu significatifs. (70 km2 dans les Cherarda) mais surtout par les
L'apport moyen à l'oued est estimé à 200 l/s fictifs infiltrations à partir des petits oueds pérennes : Sidi-
continus à l'étiage. Aïssa, Hamma,, R'Dom, Tihili, à leur entrée dans la
plaine ; ce phénomène est nettement mis en évidence
Le bilan annuel des sorties de la nappe de la
par une étude chimique sur diagramme logarithmique
Mamora s'établit ainsi :
car les eaux de ces petits oueds ont des caractéristiques
— Ecoulement vers l'Océan particulières, acquises dans les parties amont des
……………...…20 millions de m3 /an bassins versants (fig. 43). La nappe est pauvre,
profonde et circule lentement dans ces zones, si bien
— Ecoulement vers le Rharb
que les eaux sont toujours chargées en sels ; plus de
………………..40 » » »
2 000 mg/l de sels totaux en général ; les infiltrations à
— Drainage par les oueds (Tiflete et Beht) partir de l'oued Hamma (eaux salées) détériorent
……………….10 » » » encore la qualité moyenne dans le secteur central du
— Prélèvements (pompages) Zrar.
……………….80 » » » Vers le N pour le Zrar et vers l'E pour les Cherarda,
3
TOTAL .... 150 millions de m /an la nappe phréatique alimente la nappe profonde en
charge de la plaine du Rharb. Les débits de front de
Ce volume correspond à un coefficient d'infiltration nappe au niveau de la zone de mise en charge sont de
efficace de la pluie de 16 % en Mamora centrale et de 40 l/s pour le Zrar et de 60 l/s pour les Cherarda. Les
22 % dans la zone côtière. Cette différence s'explique prélèvements dans ce secteur étant évalués à 50 l/s, la
par le fait qu'une grande partie de la Mamora centrale recharge annuelle des nappes se situe autour de 5
est recouverte par plusieurs mètres d'argile sableuse millions de m3 .
rouge qui constitue un obstacle à l'infiltration des eaux ALIMENTATION PAR L'E : INFILTRATIONS A PARTIR DES
de pluie ; en zone côtière, ces argiles sont très peu OUEDS SEBOU ET OUERRHA
épaisses ou même totalement absentes. Vers le N Le Sebou, à son entrée dans le Rharb coule di-
(plaine du Rharb) les argiles s'épaississent et mettent rectement sur des formations graveleuses plio-villa-
en charge la nappe contenue dans les formations franchiennes et quaternaires qui affleurent sur les
gréseuses et caillouteuses sous-jacentes. bordures est et plongent ensuite d'E en W vers le centre
Les eaux de la Mamora, tout comme celles des de la plaine où elles s'épaississent considérablement.
dunes côtières, sont extrêmement douces : 250 à 500 Entre Sidi-Abdelaziz et El-Abid à l'aval de la
mg/l de sels totaux en général ; leur faciès est confluence Sebou—Ouerrha, le Sebou coule sur 20 à
bicarbonaté calcique. On a longtemps pensé que la 30 m de limons sableux intercalés de niveaux sableux
Mamora constituait un château d'eau considérable ; les grossiers, si bien que cette formation ne devrait pas
études synthétiques récentes ont montré que la réaliser une parfaite étanchéité entre l'oued et la nappe
recharge annuelle était modeste, et que la réserve qui se tient dans les niveaux graveleux sous-jacents
probable se situait vraisemblablement autour de 300 (fig. 44).
millions de mètres cubes. Plusieurs séries de jaugeages en cascade effectués à
l'étiage, ont montré que les pertes du Sebou vers la
nappe étaient essentiellement localisées à l'amont de
ALIMENTATION PAR LE SE : ZRAR ET CHERARDA Sidi-Abdelaziz où elles atteignent environ 10 % du
(fig. 42) débit de l'oued ; ce pourcentage correspondant à la
précision que l'on peut attendre des mesures de débit
Dans le SE du bassin, en bordure des rides pré- ne serait pas très significatif s'il ne se retrouvait
rifaine, se sont accumulés des terrains villafranchiens systématiquement, d'une série de mesure à l'autre. Par
essentiellement sableux dans le Zrar (glacis compris contre, à l'aval de Sidi-Abdelaziz, les jaugeages sont
entre les oueds Beth et R'Dom) et caillouteux dans les insuffisamment précis pour mettre une quelconque
Cherarda (collines entre les oueds R'Dom et Sebou). Le infiltration en évidence. Plusieurs sondages réalisés en
substratum imperméable des marnes miocènes plonge 1967 pour des reconnaissances de génie civil (sites de
très rapidement depuis le S et l'E vers une fosse barrages de prises agricoles) ont permis de rattacher le
profonde située à peu près à l'aplomb du périmètre plan d'eau de l'oued à la surface piézométrique de la
irrigué de l'oued Beth ; les horizons quaternaires nappe des galets ; les résultats de ces travaux
perméables qui affleurent en bordure plongent démontrent que les infiltrations existent à l'amont de
également vers cette fosse, mais se chargent en Sidi-Abdelaziz, mais qu'elles sont très improbables à
matériaux argileux ou s'amincissent considérablement. l'aval ; le nombre de sondages est insuffisant pour
Une nappe phréatique d'extension générale existe sur qu'une approximation du débit d'infiltration puisse être
110 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
-50
-100
0 10 15 20 Xx
-150
-200
FIG. 44
tentée par un calcul d'hydraulique souterraine. Ce débit secteur, sont encore peu nombreuses et varient entre
infiltré est donc mal connu ; les jaugeages le fixeraient 1.10 -3 et 1.10 -7 m2/s.
entre 1 et 2 m3 /s à l'étiage. Pour tenir compte de
l'accroissement plus que linéaire de ces pertes lorsque Sur la bordure nord du Rharb, les collines de
le plan d'eau monte en hiver, et du fait que l'oued Lalla-Zohra présentent sur 20 km2 environ des af-
Ouerrha coule, à son entrée dans la plaine, dans des fleurements de galets et de grès calcaires qui
conditions identiques à celles qui ont pu être mises en contiennent une nappe. Cependant, un système de fail-
évidence à propos du Sebou, les pertes des deux oueds les importantes orientées E-W interrompt le réservoir
sont évaluées en première approximation à 60 millions du N vers le Rharb au S et bloque tout écoulement vers
de mètres cubes par an ; ce volume alimente la nappe la plaine. Les recharges annuelles de cet aquifère par
profonde du Rharb. Comme il a été dit plus haut, les la pluie sont estimées à environ 2 millions de m3 qui se
eaux de l'oued Sebou sont douces (0,3 à 0,7 g/1 de sels retrouvent sous forme de sources dans la zone même
totaux) en toutes saisons. (0,5.10 6 m3) ou bien alimentent la nappe superficielle
du Rharb. Ces eaux sont toujours de bonne qualité
chimique.
ALIMENTATION PAR LE NE (MECHRA-BEL-KSIRI) ET LE N
(LALLA-ZOHRA)
LA NAPPE PROFONDE EN CHARGE
Sur la bordure NE du Rharb affleurent sur environ DE LA PLAINE DU RHARB
100 km2 des formations essentiellement sableuses,
plio-villafranchiennes, épaisses de 10 à 30 m, qui MUR IMPERMÉABLE ET AQUIFÈRE
plongent vers l'W sous la plaine du Rharb. Ces Les formations perméables du Plie-villafranchien
formations sont peu perméables et constituent un et du Quaternaire qui affleurent sur les bordures du
impluvium modeste dont la recharge annuelle serait de bassin s'enfoncent progressivement vers le centre de la
l'ordre de 5.10 6 m3 en admettant une infiltration de 10 plaine du Rharb, zone subsidente depuis la mise en
% de la pluviométrie, fraction qui paraît raisonnable; place des nappes de charriage pré-rifaines (Miocène,
aucun calcul hydraulique n'est actuellement possible Tortonien). Le substratum imperméable des nappes est
car les transmissivités, qui ont été mesurées dans ce constitué par les marnes du Miocène dont l'épaisseur
NAPPE PROFONDE EN CHARGE LIMITE DU BASSIN HYDROGEOLOGIQUE
PIEZOMETRIE (étiage 1965) LIMITE DE MISE EN CHARGE DE LA NAPPE
LIMITE DU PERIMETRE IRRIGUE DE
DE L'OUED BETH
Karia
Oulad Daouia 460
ZONES OU LA NAPPE PROFONDE
EST ARTISIENNE ET JAILLISSANTE O
ue O
d ue
d
25 COURBE ISOPIEZOMETRIQUE Mda SOUK-EL-ARBA
hel
(espacement : 5 m) DU GHARB
d Sa
NATURE DE L AQUIFERE Tn
1 GRESO-SABLEUX NIVEAUX in
Ou e
O e
ARGILO-SABLEUX ET ARGILEUX ue
d M 20
INTERSTRATIFIES ad 1
Souk-el-Tleta èr 5
2 MULTICOUCHES GRESO- e
Oued
SABLEUSES ET CAILLOU-
TEUSES STRATIFIEES MECHRA-BEL-KSIRI
DANS DES SABLES 1 10
SEBOU HAD KOURT
5 at
3 GALETS ET CAILLOUTIS Rd 440
SOUS UN NIVEAU Sidi-Allal
ARGILEUX Tazi ed
Ou
FORAGE
BO
U 2
SE
CANAUX Beht
HA
ed
Souk Jemaa RR
Ou
5 E
OU
3 Khnichet
O
Oued
ue
Dar Gueddari
d
Moghrane
SEBOU
Be
ed
th
Sidi Abdelaziz 420
Ou
10
20
Lalla Ito
15 Oued 25
Oued
SIDI YAHYA 20 30
DU RHARB 35
Rd
25 Kcebia
om
Ti
30
hi
li
KENITRA
Oued Tiflète
FIG. 45 — Carte isopiézométrique de la nappe profonde en charge, étiage 1965, de la plaine du Rharb
112 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
varie entre plusieurs centaines de mètres sur les bordures produire de l'eau titrant moins de 1,5 g/1 de sels totaux.
de la plaine et 2 000 m au centre, comme l'ont montré Les zones totalement dépourvues d'eau titrant moins de
plusieurs dizaines de sondages de reconnaissance pé- 2 g/1 sont localisées à un petit secteur au SE de Sidi-
trolière. Le toit de ce substratum marneux est affecté Slimane (alimentation très faible par l'amont, et
d'ondulations et de thalwegs souvent bien marqués (fig. infiltrations d'eaux salées provenant de l'oued El-
33). Hamma) et une zone comprise entre Sidi-Allal-Tazi et
Moghrane (zone sans écoulement souterrain). Les
Les niveaux perméables (grès - sables - cailloutis -
recherches de l'interface eau douce-eau salée en zone
galets), bien repérés sur les bordures du bassin, subissent
côtière ont montré que l'invasion marine est prati-
des modifications de faciès dans leurs prolongements
quement inexistante (fig. 40). Par ailleurs, les tem-
sous la plaine ; les épaisseurs varient et des niveaux
pératures des eaux profondes oscillent entre 21 et 22°C
argileux s'intercalent entre les couches perméables, de
; une anomalie thermique (24 à 26°C) existe dans le
sorte que les corrélations sont souvent délicates entre
secteur de Sidi-Slimane et est encore mal expliquée.
deux forages voisins et à plus forte raison entre ces
forages et les affleurements des zones bordières.
ARTÉSIANISME, TRANSMISSIVITÉS, FLUCTUATIONS PIÉ-
Les formations perméables existant sous la plaine
ZOMÉTRIQUES, PIÉZOMÉTRIE
sont systématiquement aquifères et contiennent de l'eau
en charge qui provient des zones d'alimentation en L'eau de la nappe profonde est ascendante dans les
bordure du bassin. La mise en charge est assurée par des forages qui traversent les niveaux argileux superficiels.
niveaux argileux du Quaternaire (Amirien et Soltanien Le niveau piézométrique s'établit généralement à moins
essentiellement) ou par des argiles sableuses (Mamora et de 5 m sous la surface du sol ; dans certaines zones
dunes côtières) du Villafranchien - Quaternaire ancien. délimitées sur la carte synthétique (fig. 45) un
La superficie de la nappe ascendante atteint 3 500 artésianisme jaillissant a été mis en évidence. Les
km2. Sur les 4/5 de cette superficie, le système aquifère pressions de couches sont cependant modestes (0,3
profond se présente sous forme de multicouches kg/cm2 au maximum), ainsi que les débits de
perméables séparées par des niveaux argileux ; au 1/5 jaillissement au sol (4 1/s au plus).
restant correspondent le réservoir à galets de l'E de la Les mesures de transmissivités sont au nombre
plaine et le réservoir gréso-sableux qui prolonge la d'une cinquantaine, mais elles se rapportent le plus
Mamora vers le N. A l'aplomb de 80 % de la superficie souvent à un seul niveau d'un système multicouche, de
de la nappe ascendante, l'épaisseur cumulée des terrains sorte que la valeur totale de ce paramètre à l'aplomb
perméables est comprise entre 50 et 150 m, alors que sur d'une verticale est bien souvent inconnue. En ce cas, les
10 % seulement elle dépasse 150 m ; les sédiments calculs hydrauliques se rapportant à des débits de front
aquifères sont essentiellement calcaréo-gréseux au S et à de nappe s'avèrent être des approximations extrêmement
l'W, caillouteux à 1'E, sablo limoneux au SE, au centre hétérogènes. Les transmissivités, qui s'échelonnent entre
et au N. Les mesures du coefficient d'emmagasinement 1.10-1 m2/s dans les galets de l'E et 5.10-3 m2/s dans
dans ces formations sont encore peu nombreuses : une certains niveaux gréseux de l'W, servent donc
quinzaine au total, et se situent en moyenne entre 1.10-4 essentiellement à définir les équipements des forages
à 1.10-5 pour les grès calcaires, 3 à 5.10-4 pour les sables d'exploitation. Les perméabilités sont plus homogènes
et les cailloutis ou galets. et habituellement comprises entre 5.10-3 m/s et 5.10-4
m/s. Un certain nombre de forages de recherche ont
QUALITÉ CHIMIQUE DES EAUX
tenté d'obtenir couche par couche, les valeurs du niveau
Plus de 500 analyses chimiques complètes ont été piézométrique et de la transmissivité grâce à de
effectuées sur les eaux profondes qui, d'une façon multiples « acrobaties » dans la technologie du sondage
générale, sont de bonne qualité. Sauf cas particuliers, les ; cependant, les essais de pompage ont été fréquemment
trop courts pour permettre des interprétations
concentrations vont croissant d'amont en aval-
indubitables et surtout, l'intérêt des renseignements
écoulement mais demeurent dans la majorité des cas obtenus est rapidement apparu trop mince pour que la
inférieures à 1,5 g/1 ; elles s'élèvent à ce taux dans les méthode soit poursuivie systématiquement.
couches peu perméables, ce qui explique en grande
partie certaines superpositions de niveaux à eau douce Un réseau de 45 piézomètres répartis à peu près
sur eau salée ou inversement. En fait, dans les 3 / 4 du également entre les zones d'alimentation et la zone en
bassin, zones d'alimentation comprises, un forage charge a été mis en place progressivement depuis 1955 ;
convenablement stoppé et équipé est susceptible de les plus longues séries de mesures montrent que les
fluctuations interannuelles sont comprises entre 2,50 et
BASSIN RHARB-MAMORA 113
NIVEAU DU SOL
1 692/8 (x = 446,5 , y = 443,75 )
région du Ksiri
2
3
PROFONDEUR DE L'EAU EN m
11
12
13
14 1026/14 ( x = 440,7 , y = 402,3 )
région de Sidi -Slimane
15
1955 1956 1957 1958 1959 1960 1961 1962 1963 1964 1965 1966 1967 1968
6,00 m dans les zones d'alimentation et sur les bordures de équilibre est également atteint après une baisse de
la zone en charge, alors qu'au centre de la zone en charge quelques mètres consécutive à l'exploitation intensive
ces fluctuations n'excèdent pas 1 à 2 m. Les fluctuations déclenchée vers 1935.
annuelles sont variables, d'une année à l'autre, selon les
La carte piézométrique construite sur les bases d'un
pluies et se situent en moyenne entre 0,40 et 1 mètre ;
relevé de 150 forages effectué en été 1965, fait apparaître
certaines années exceptionnellement pluvieuses (1963 par
une convergence des écoulements depuis les bordures vers
exemple) ont cependant été marquées par des remontées
un axe d'aspect fortement drainant, dirigé du NE vers le
spectaculaires du niveau piézométrique (fig. 46), pouvant
SW et qui se superpose au cours actuel du Sebou entre
atteindre 2 à 3 m sur les bordures et près de 1 m au centre
Sidi-Allal-Tazi et Kénitra ; cependant, le fait que les eaux
du Rharb. Les séries de mesures relativement longues dont
souterraines soient franchement salées dans la zone de
on dispose maintenant démontrent sans ambiguïté que la
convergence (tout au moins entre Sidi-Allal-Tazi et
recharge de l'aquifère est essentiellement à périodicité
Moghrane, les données faisant défaut à l'aval), alors
interannuelle et qu'aucune baisse systématique ne peut être
qu'elles sont douces si l'on s'en écarte dans toutes les
décelée au taux actuel d'exploitation, sauf peut-être dans
directions, inclinerait plutôt à penser que l'axe marqué est
un petit secteur très limité autour de Sidi-Yahya où un
en fait une zone à circulation nulle. En ce cas, excepté la
nouvel équilibre semble d'ailleurs rétabli après une baisse
bande côtière et la partie nord-ouest de la Mamora où la
du niveau d'environ 3,00 m étalée sur 10 années, baisse
nappe se décharge en mer, le seul exutoire de la nappe
consécutive à une mise en exploitation très importante.
ascendante est une drainance verticale vers la nappe
Dans le secteur nord-ouest de la Mamora (région Kénitra -
phréatique qui se décharge elle-même par évaporation.
oued Fouarate) où sont implantés d'importants captages
destinés à l'alimentation des villes côtières, un nouvel
PLAINE DU RHARB 2
Limite du bassin versant
Sidi-Allal 440
Tazi ed
IQ
Ou
0
NT
1
U
LA
BO
SE
AT
Beht
HA
ed
A
Souk Jemaa RR
Ou
AN
U E
1 O
0
CE
1
2
O
2 3 1
Khnichet
O
Oued
ue
Dar Gueddari
d
Moghrane
4
SEBOU
Be
0
ed
th
Sidi Abdelaziz 420
Ou
0
1
2
1
Lalla Ito 0
Oued
1
2
0
3
1
Oued
0
3
1
SIDI YAHYA 2
1 5
DU RHARB 2
Rd
Kcebia
om
3
1
2 1 4
Ti
2
3
hi
3
2
li
KENITRA 0
Oued Tiflète
480
400
420
440
460
Ou
SIDI KACEM
Fig .47
BASSIN RHARB-MAMORA 115
DRAINANCE
Cette drainance est aisément mise en évidence par Différence de charge Superficie concernée
l'observation dans un même forage de l'évolution positive comprise entre :
strictement parallèle des niveaux piézométriques de
deux couches superposées, isolées par un épisode 0 et 1 mètre 820 km2
argileux ; plusieurs forages sont en effet équipés de 1 et 2 » 480 km2
deux ou trois tubes piézométriques calés au droit de
niveaux perméables différents. D'autre part, certains 2 et 3 » 270 km2
forages ayant fait l'objet d'essais de débit sur plusieurs 3 et 4 » 170 km2
couches superposées prises isolément ont permis de
vérifier l'existence d'une relation linéaire couche par 4et5 » 60 km2
couche entre les niveaux piézométriques et les valeurs Supérieure à 5 mètres 30 km2
de la transmissivité sur une même verticale (Combe,
1969), relation que le phénomène de drainance explique Superficie totale de la zone
soumise à drainance 1 830 km2
parfaitement. Enfin l'établissement de cartes synchrones
des nappes phréatiques et profondes à la même échelle a La perméabilité des écrans argileux séparant les
permis d'en déduire une carte des drainances de la nappe couches perméables a été recherchée par deux mé-
profonde vers la phréatique (fig. 47) qui localise le thodes. La première consiste en prélèvement intact d'un
phénomène à environ la moitié de la superficie de la échantillon en cours de forage, les éprouvettes étant
zone en charge ; les secteurs les plus touchés par le ensuite soumises à des mesures de laboratoire ; les
phénomène se situent en aval-écoulement des zones argiles amiriennes ont ainsi montré une perméabilité de
d'alimentation les plus importantes (Mamora et Sebou) 5.10-11 m/s qui paraît à priori extrêmement faible. La
et bien entendu au centre de la plaine, dans la zone des seconde méthode qui fut également employée est l'essai
merjas centrales. Les superficies affectées par la de pompage dans une couche, se situer entre 8 et 15 m
drainance du bas vers le haut sont les suivantes :
MAMORA
RS = 500 PRELEVEMENTS
RS = 500
EVAPOTRANSPIRATION
150 RS = 500 à 1500
DRAINAGE
80 40 RS = 1000 à DUNES COTIERES
10 000 RS = 500
NAPPE SUPERFICIELLE 5
80
20
OCEAN DIFFUSION
100 OCEAN
40 35
DRAINAGE PAR 10
5 NAPPE PROFONDE 60 40
LES OUEDS BETH
ET TIFLETE 10 RS = 600 à 3000
5
ZRAR - CHERRARDA (5) PRELEVEMENTS
ET SOURCES
KSIRI (5)
RS = 1000 à 4000
INFILTRATIONS A
BILAN HYDRAULIQUE DES EAUX
PARTIR DE SEBOU - OUERRHA
SOUTERRAINES DE LA NAPPE PROFONDE RS = 800 à 1200
FIG. 48
116 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
accompagné de l'observation piézométrique dans une férences de charge. Seul, le déséquilibre du bilan peut
couche sous-jacente ; cette méthode conduit à des finalement permettre une estimation globale de la
pompages extrêmement longs avant qu'une interaction drainance.
puisse être décelée, si bien que les essais furent
finalement toujours stoppés avant leur terme, BILAN MOYEN ANNUEL DE LA NAPPE PROFONDE
démontrant simplement que la perméabilité recherchée
était inférieure à 1.10-6 m/s. Les mesures de ce genre
sont encore trop peu nombreuses, et les écarts obtenus Le bilan annuel moyen du système aquifère profond
par les deux méthodes trop importants, pour qu'un débit du bassin Rharb-Mamora est explicité sur la figure 48 et
de drainance puisse être calculé en fonction desdif- peut se résumer comme suit :
400
420
440
460
20
20
Karia
460 CARTE PIEZOMETRIQUE Oulad Daouia
460
O
ue O
d 30 ue
DE LA PLAINE DU RHARB Mda SOUK-EL-ARBA
DU GHARB
d
NAPPE PHREATIQUE O
Tn
in
e Oued Sahel
ue
10 d M
PERIODE D'ETIAGE 5 Souk-el-Tleta
ad
èr
e
Oued
10
Tazi ed
Ou
COURBES ISOPIEZOMETRIQUES
5
Beht
A
ed
RH
Souk Jemaa ER
Ou
CANAUX D'ASSAINISSEMENT OU
Khnichet
O
POINTS D'OBSERVATION DE Oued
ue
5
Dar Gueddari
d
LA NAPPE ( FORAGES, Moghrane
SEBOU
PUIS, SOURCES ) 20
Be
420 OU 420
th
B Sidi Abdelaziz
SE 10
Lalla Ito
20 Oued
Oued
SIDI YAHYA
DU RHARB
ed
Rd
Ou Kcebia
om
Mehdia KENITRA 40
Oued Tiflète SIDI SLIMANE
5
10
60
SIDI KACEM
20
400
ETE
A
RZ
to
80
L
en
BETH
UI
TIF
TO
40
Sm
ED
ed
OU
60 100
Ou
TE
RA
UA
80
D
UE
FO
T
120
O
ES
D
D
ER
UA
OUE
RH
O
TA
100
120
SALE LIMITE DU BASSIN
A
EL M
140 HYDROGEOLOGIQUE
UE
I
UD
RABAT
O
380
UID
380
O
.L
Bahraoui
O.AO
O
RE
DE LA NAPPE
ROU
GR
BOU EG
D
R
UE
O. E
O
LIMITE DU PERIMETRE
IRRIGUE DE L'OUED BETH
TIFLETE
380
440
420
400
460
480
Fig.49
PROFONDEURS DE LA NAPPE LIMITE DU BASSIN HYDROGEOLOGIQUE
l
Sahe
SUPERIEURE A 5 METRES DU GHARB
Tn
Oued
CANAUX ine
Ou
ed
Ma
Souk-el-Tleta dè
re
Oued
MECHRA-BEL-KSIRI
SEBOU HAD KOURT
at
Rd 440
Sidi-Allal
Tazi ed
Ou
U
BO
SE
Beht
A
RH
d
Souk Jemaa ER
e
Ou
OU
Oued Khnichet
Ou
Dar Gueddari
ed
Moghrane
SEBOU
Be
ed
th
Sidi Abdelaziz 420
Ou
Lalla Ito
Oued
Oued
SIDI YAHYA
DU RHARB
Rd
Kcebia
om
Tih
i
li
KENITRA
Mehdia SIDI SLIMANE
Oued Tiflète
to
en
Sm
ed
480
SIDI KACEM
400
420
440
460
Ou
Fig.50
118 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
de profondeur et correspond à des argiles, sans doute aux basses eaux, fortement drainé par l'oued d'une part,
plus limoneuses et ayant évolué près de la surface de et alimentant un écoulement vers les zones plus basses
façon telle que les investigations du carottage électrique de la plaine d'autre part. La carte permet d 'estimer les
(courbe de polarisation spontanée) les montrent plus débits qui quittent le réservoir en fin de saison sèche ;
poreuses et perméables alors qu'aucune différence chaque berge alimente l'oued à raison de 3,2.10-4 m3 /s
sensible n'apparaît à l'examen des déblais de forage. par kilo mètre de cours (perméabilité des dess : 8.10-6
Dans les trois à cinq premiers mètres sous la surface, les m/s, épaisseur mouillée : 5 m, gradient moyen : 8 . 1 0 -
3
sols actuels étudiés très en détail par les techniques ) alors qu 'il s'écoule vers la plaine 2,25.10 -6 m3 /s
pédologiques, se groupent grossièrement en deux (perméabilité des tirs : 3.10-7 m/s, épaisseur mouillée :
catégories principales qui sont les tirs et les dess. Les 5 m, gradient moyen 1,5.10 -3 ) par kilomètre de cours.
tirs, type le plus répandu, ont une texture très argileuse
(40 à 60 % d'argile) une couleur sombre (gris-noir et Les chiffres précédents sont probablement 4 fois
noir) et présentent assez généralement à leur base un inférieurs à ceux du débit de la saison humide
horizon encroûté à granules calcaires qui les sépare de (épaisseur et gradient doublés) ; on en déduit que
la roche-mère argileuse. Leur perméabilité d'ensemble pendant 7 mois, le Sebou draine sur les 200 km de son
varie en moyenne entre 1 et 5.10 -7 m/s. cours en plaine un débit moyen de 250 1/s prélevés
dans les dess qui l'encaissent. Ce prélèvement est faible
Les dess, sols alluviaux à texture limoneuse, beiges, et lorsque l'on examine à titre de comparaison
peu évolués sur une roche-mère sablonneuse, ont une l'influence infiniment moins sensible des autres oueds
teneur en argile de 10 à 35 %, une forte teneur en et canaux de drainage, il s'avère que cette nappe
limons (20 à 40 %) et sont faiblement calcaires. phréatique est fort pauvre.
Pratiquement, ils se répartissent le long des oueds
actuels. Leur perméabilité d'ensemble varie en moyenne De la carte isopiézométrique a été déduite une carte
entre 4.10 -6 et 1.10 -7 m/s, mais on y rencontre certains des profondeurs de la nappe en fin de saison sèche (fig.
horizons plus sableux dont la perméabilité peut atteindre 50) qui permet de se rendre compte que sur 75 % de la
2.10 -5 m/s ; ceux-ci constituent de petits drains naturels surface de la plaine la nappe ne s'abaisse jamais au-
souvent lenticulaires, parfois anastomosés, qui facilitent dessous de trois mètres de profondeur (dont 25 %
les circulations dans la nappe. jamais au-dessous de 2 mètres) ; exceptées les zones
bordières à reliefs supérieurs à 20 m d'altitude, la
PIÉZOMÉTRIE (carte fig. 49) nappe ne descend pas au-dessous de 5 m de
profondeur.
Une carte isopiézométrique au 1/50 000 représentant
l'allure de la nappe en fin de saison sèche a été dressée
après observation de 2 000 points d'eau. Les relevés FLUCTUATIONS PIÉZOMÉTRIQUES (fig. 51)
piézométriques ont été effectués en juillet-août 1964
pour la zone située au N du Sebou, en août 1965 pour la Les fluctuations de la nappe sont mesurées à partir
zone située au S du Sebou ; l'altitude des points d'eau a d'un réseau de 230 piézomètres et puits témoins relevés
été déduite des cartes topographiques au 1/20 000. La tous les deux mois. Ces ouvrages ont une profondeur
carte piézométrique présentée ici a été obtenue par ré- moyenne de 5 à 8 m et ont été mis en place
duction de la carte originale. On note la convergence progressivement depuis 1940 ; jusqu 'à 1963, ils étaient
des lignes de courant depuis les bordures (collines du N exclusivement implantés dans le périmètre irrigué de
et de l'E, glacis de la Mamora au S, dunes côtières à Sidi-Slimane (180 ouvrages) ; depuis, on a utilisé en
l'W) vers le centre de la plaine. La pente de la nappe est témoins une cinquantaine de puits supplémentaires
comprise entre 3 et 6,5.10 -3 au niveau de la courbe répartis dans le reste de la plaine. Chaque année, soit
topographique 20 m et s 'abaisse au-dessous de 3.10 -4 au en raison des inondations, soit à la suite de pluies
centre de la cuvette. Les courbes piézométriques abondantes, la nappe remonte pour plusieurs semaines
montrent que l'oued Sebou exerce une véritable saignée à moins de un mètre du sol dans les zones d 'altitude
de la nappe pendant la saison sèche et que ce inférieure à 20 m ; les fluctuations sont donc de l'ordre
phénomène revêt une amplitude unique dans la plaine. de 2 m. Dans les zones plus hautes, les fluctuations
En fait, les levées de dess qui endiguent le fleuve augmentent d'amplitude et peuvent atteindre 3 m entre
constituent une gaine large de 2,5 km dans la partie les cotes d'hiver et d'été. La remontée du plan d'eau
centrale, enchâssée dans des tirs moins perméables. Ces suit d'assez près les pluies alors que la descente est très
dess sont un réservoir dont le régime est lié aux progressive au cours de la saison sèche ; dans les
fluctuations du plan d'eau du fleuve ; s'emplissant secteurs irrigués, les épandages de printemps et d'été
durant les crues hivernales, il se vide progressivement contribuent à tarder cette descente jusqu'à l'automne
BASSIN RHARB-MAMORA 119
0 NIVEAU DU SOL 0
1 1
puits 110/14
2 x = 455,4 2
3
y = 406,7 3
PROFONDEURS EN METRES
4 4
SOUS LE NIVEAU DU SOL
5 5
6 6
9 puits 14/14 9
x = 452,8
10 y = 407,1 10
1934 1935 1936 1937 1938 1939 1940 1941 1942 1943 1944 1945 1946 1947 1948 1949 1950 1951 1952 1953 1954 19551956 1957 1958 1959 1960 1961 1962 1963 1964 1965 1966 1967
800
700
PLUVIOMETRIE A SIDI SLIMANE
600
500
400
300
EN mm
200
FIG. 51
l
ahe
> 6 g/l DU GHARB
dS
Tn
CANAUX in
Oue
O e
ue
d M
Souk-el-Tleta ad
èr
e
Oued
MECHRA-BEL-KSIRI
SEBOU HAD KOURT
at
Rd 440
Sidi-Allal
Tazi ed
Ou
U
BO
SE
Beht
A
ed
RH
Souk Jemaa ER
Ou
OU
Khnichet
O
Oued
ue
Dar Gueddari
d
Moghrane
SEBOU
Be
ed
th
Sidi Abdelaziz 420
Ou
Lalla Ito
Oued
Oued
SIDI YAHYA
DU RHARB
Rd
Kcebia
om
Ti
hi
li
KENITRA
Oued Tiflète
480
400
420
440
460
Ou
SIDI KACEM
FIG . 52
BASSIN RHARB-MAMORA 121
FIG. 53
Alimentation de la nappe phréatique par drainance de
parfois au-dessous de 2 g/1 dans les zones de dess bien la nappe profonde
drainées où la nappe se tient entre 3 et 5 m en été. Dans le
périmètre irrigué de Sidi-Slimane, les graphiques
exprimant la salure de la nappe en fonction de sa Le volume global diffusé par la nappe profonde a été
profondeur montrent que l'évaporation se fait nettement évalué d'après le bilan de la nappe profonde à 100 millions
de mètres cubes par an répartis sur 1 850 des 3000 km2 de
sentir dans les zones où la nappe est à une profondeur
superficie de la nappe phréatique de la plaine ; si le flux
inférieure à 5 m. Les particularités très locales de l'aquifère profond était uniformément réparti sur les 1850 km2, il
influent énormément sur les concentrations ; l'importance représenterait un apport de 55 l/m2/an, équivalent à une
du nombre des points singuliers (regroupés en général lame d'eau annuelle de 55 mm.
dans certains secteurs mieux drainés) et le calcul des
122 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Hydrogéologie appliquée
Dix sept années d'études hydrogéologiques viennent nouvelles superficies importantes, de l'ordre des 200000 ha
d'aboutir au bilan des eaux souterraines de la nappe envisagés actuellement. Cependant, irriguer la plaine pose
profonde, précisant le chiffre des ressources encore de nombreux problèmes liés à la nappe phréatique
immédiatement disponibles. Seuls des apports d'eaux et déjà très étudiés dans le périmètre irrigué de Sidi-
superficielles peuvent permettre la mise en irrigation de Slimane.
BASSIN RHARB-MAMORA 123
pour le Sebou. Cette législation prévoyant les étiages les irrigations débutèrent en 1935, alimentées par la retenue
plus bas est en vigueur depuis 1955 sur le Sebou, se du barrage d'El-Kansera.
traduisant par l'octroi d'autorisations nouvelles Ce périmètre, situé dans le SE de la plaine comprend
obligatoirement inférieures à 2,5 l/s, non cumulables pour environ 30 000 hectares équipés. Le module d'irrigation
un même propriétaire. Cependant, des autorisations moyen est de 6 000 m3/ha/an pratiquement appliqué en 6
précaires renouvelées annuellement et résiliables sans ou 8 épandages de 800 à 1200 m3/ha entre juin et
préavis sont accordées aux riziculteurs, représentant un septembre ; cependant, les irrigations ne sont pas
supplément annuel de 3 à 4 m3/s. Du fait de ces toujours bien conduites : apports souvent excessifs,
exigences, les dess de bordure des oueds Sebou et Beth, parcelles non nivelées et fréquemment insuffisamment
qui constituent pourtant les meilleures terres irrigables de drainées, et provoquent des remontées de la nappe. En
la plaine, n'ont pu être mis en valeur au mieux de leurs fait, depuis plusieurs années, aucune remontée
possibilités. d'ensemble n'a été enregistrée mais on note par contre
une progression générale régulièrement croissante de la
La disproportion existant entre les débits qui
salure des eaux de la nappe, imputable à l'évaporation
transitent annuellement : 180 m3/s fictifs continus et les
résultant du déséquilibre irrigation-drainage car l'eau
débits récupérés : 10 m3/s, appelle la création de retenues
d'El-Kansera s'avère toujours relativement douce : 1 g/l
susceptibles de constituer des réserves d'étiage. Un seul
de résidu sec. D'après les études pédologiques il ne
barrage est actuellement réalisé : El-Kanséra du Beth ;
semble pas qu'une augmentation de la salure des terres
achevé en 1934, d'une capacité de 275 millions de m3 et
puisse être décelée dans certains secteurs, sans que l'on
destiné, en écrêtant les crues du Beth, à produire de
puisse être très catégorique à ce sujet.
l'électricité et à irriguer le périmètre de Sidi-Slimane. Sa
surélévation de 4 m a été achevée en 1969. Par ailleurs, Tous les maux du périmètre irrigué proviennent des
dans le cadre du « Projet Sebou » de mise en valeur du difficultés de drainage des tirs, nature des sols la plus
bassin, tous les sites de barrages existant en amont de la répandue. Les expérimentations furent cependant
plaine sur le Sebou, l'Ouerrha et leurs affluents ont été nombreuses dans ce domaine, prouvant par exemple que
reconnus ; de nombreux emplacements de grands barrages l'efficacité normale de drains enterrés pouvait parfois
ont été retenus, et l'équipement a débuté en 1969 avec la nécessiter un espacement inférieur à sept mètres. Des
construction du barrage d'Arabat sur l'oued Inaouène spécialistes reprennent actuellement cette question alors
(affluent du cours moyen du Sebou). Cet ouvrage qu'en attendant on s'en tient à recommander l'évacuation
permettra l'irrigation de 70 000 ha supplémentaires dans rapide des eaux de pluies (drainage superficiel) et une
la plaine du Rharb, à partir de 1974 ; d'autres ouvrages juste modération dans les épandages d'été.
suivront qui permettront de porter les superficies irriguées
Un réseau de drainage de la plaine a été mis en place
dans le Rharb à environ 200 000 hectares vers l'an 2000.
entre 1948 et 1964. Les superficies équipées en canaux
primaires représentent 190 000 hectares, celles en
LES PROBLEMES DE secondaires : 100 000 hectares, celles en tertiaires :
MISE EN VALEUR AGRICOLE EN LIAISON 30000 hectares. L'évacuation des eaux de pluies et
AVEC LA NAPPE PHREATIQUE d'inondation s'en est trouvée considérablement améliorée,
ce qu'atteste la diminution du temps d'impraticabilité des
La nappe phréatique, toujours peu profonde et salée, merjas centrales ; cependant la mise en culture de ces
présente de sérieux risques de remontée lors de la mise en terres, même après régularisation des oueds et suppres-
irrigation de sols peu perméables et se drainant mal. Or, le sion des débordements périodiques pose encore un
fait que le plan d'eau demeure plusieurs semaines par an à énorme problème de drainage à la parcelle.
moins de un mètre de profondeur aboutit à l'asphyxie des
plantes, de même qu'à moins de deux mètres, il entrave le PLAN DE MOBILISATION DES
développement normal des plantations. Le plan EAUX SOUTERRAINES DU BASSIN
d'aménagement du bassin du Sebou prévoyant l'irrigation
de vastes superficies de la plaine du Rharb, il est En 1971 les pompages d'eaux souterraines
intéressant d'examiner de très près les observations atteignent dans le bassin un volume total d'environ 130
effectuées dans le périmètre de Sidi-Slimane où les millions de mètres cubes par an, employés à raison de :
BASSIN RHARB-MAMORA 125
L'étude qui précède a montré qu'il était à la fois En supposant que les 100 millions de mètres cubes
souhaitable et possible d 'exploiter encore 130 millions soient totalement affectés à l'agriculture, les plans
de m3 /an d 'eaux souterraines, ce qui revient à doubler d'irrigation existants permettraient une extension des
le taux d'exploitation actuel en n'entamant pas encore cultures de :
les réserves d'une façon systématique ; cette précaution
laisse une marge de sécurité pour la mise en oeuvre des • 10 000 hectares dans les dunes côtières
nouveaux captages préconisés. Il est probable qu 'en (agrumes et assolement quinquennal) ;
jouant ultérieurement sur les réserves régulatrices et en
se décidant même à exploiter raisonnablement les
• 3 000 hectares en bordure de la Mamora
réserves, on pourra encore accroître les prélèvements.
(agrumes)
Le plan d'exploitation qui est présenté (fig. 54)
préconise la mobilisation de 130 millions de m3 /an • 4 000 hectares dans l'E de la plaine (canne à
nouveaux aux fins suivantes : sucre).
1. Eaux alimentaires : 20 millions de mètres cubes L'exploitation intensive des eaux souterraines
sont conservés à cet effet dans l'ensemble du bassin où permettrait ainsi d'irriguer l'équivalent des superficies
ils pourront être captés par forages ou puits, à de l'actuel périmètre de Sidi-Slimane, avec des
proximité des lieux de consommation (centres ruraux, investissements d'équipement incomparablement
centres de travaux agricoles, étables modernes, fermes, moins onéreux que ceux d'un barrage tel El-Kansera et
etc.). La consommation actuelle dans le bassin se sans canal principal d'irrigation. On peut attendre de
chiffre à 11 millions de m3 /an, dont 2/3 pour la ville de ces nouveaux pompages un effet bénéfique de
Kénitra qui couvrira à partir de 1976 les rabattement sur le niveau de la nappe phréatique, ce
accroissements de sa consommation par ailleurs, grâce qui facilitera d'autant la mise en valeur des terres
à la désaffectation progressive des captages du basses. Il est néanmoins indispensable, pour parvenir
Fouarate au profit de Rabat ; par conséquent, les 20 à irriguer 200000 hectares dans la plaine du Rharb, de
millions réservés pour les eaux alimentaires faire appel à des eaux de surface à l'aide de grands
correspondent à cinq fois la consommation actuelle aménagements construits sur les cours supérieur et
(Kénitra exclue) et doivent suffire pour couvrir les moyen du Sebou, de l'Ouerrha et de leurs affluents.
126 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Mra-BEL-KSIRI
l'ensemble de la
.10
plaine)
60
Sidi-Allal
Tazi
U
BO
1
SE
ne
Beht A
RH
ed
ER
Zo
OU
Ou
30 10E6 m3/an
Oued
KHENICHET
O
ue
MOGHRANE Zone 5
d
ed
Ou 8 10E6 m3/an
6.10E
Si YAHIA 6 m3/a
an n
m 3/
610E 6 Zone 3 Z on e 4
e2
Zon Si SLIMANE
KENITRA Limites de la nappe profonde Si KACEM
en charge
forages 0,07
1 60 20 10 0,3 20000 200 4 000 000
ou puits
2 6 forages 100 20 0,6 55 000 10 550 000 0,09
3 8 forages 120 40 1,2 75000 7 520 000 0,07
4 6 forages 150 40 12 95 000 5 470 000 0,08
5 30 forages 80 60 1,9 90000 16 1 450 000 0,05
F I G . 54
BASSIN RHARB-MAMORA 127
Sept nouveaux périmètres d'irrigation couvrant est à l'étude, afin d'évacuer les eaux excédentaires du
une superficie de 212 000 ha seront progressivement fleuve et d'empêcher ou réduire les inondations.
créés dans la plaine au fur et à mesure de l'édification
des barrages de retenue prévus dans la partie moyenne Le plan agricole est le suivant :
du bassin versant du Sebou. Cet équipement devrait
s'étaler sur 25 ans, l'année n° 1 étant 1971. — les meilleures terres (dess constituant les berges
L'aménagement comporte un barrage de prise en des rivières) sont réservées à l'extension des
rivière sur le Sebou, à son entrée dans la plaine agrumes sur 22 000 ha, l'implantation de la canne
(barrage et Mechra-El-Hajer), ouvrage qui permet le à sucre sur 22 000 ha et enfin pour le reste, soit 19
prélèvement des lâchers des barrages de retenue 000 ha, à un assolement quinquennal intensif
construits sur le Moyen Sebou et leur envoi dans le (betterave - 2 cotons - céréale - fourrage) ;
canal principal d'irrigation G 1 qui ceinture le Rharb — les sols lourds (tirs : 71 000 ha) sont prévus en
par le Sud, jusqu 'à Kénitra. Par ailleurs, d'autres assolement quadriennal: betterave, céréale, coton,
barrages sur le cours aval du Sebou dans la plaine sont fourrage ;
destinés à relever le plan d'eau dans le lit du fleuve
afin de permettre le fonctionnement d'importantes — les terres des anciennes merjas (46 000 ha) sont
stations de pompage qui desserviront des canaux vouées à l'extension de la riziculture ;
principaux et primaires. Le réseau complet des canaux — sur la périphérie de la plaine diverses cultures sont
comporte 800 km de principaux et primaires et 8 000 prévues : clémentines, maraîchage, etc.(25000 ha).
km de secondaires et tertiaires. Mis à part quelques
secteurs prévus pour l'irrigation par aspersion, Les grandes quantités de fourrage produites
l'irrigation sera essentiellement gravitaire, la permettront l'extension de l'élevage bovin pour la
distribution étant assurée par des canaux semi- production de viande (20 000 t/an) et de lait (270
circulaires portés. millions de litres). Des installations de con-
ditionnement et de traitement des productions agri-
L'assainissement et le drainage artificiel coles interviendront également.
représentent des investissements importants. Des
Le coût des investissements correspondant à la
drains souterrains calés à 1,50 m de profondeur sont totalité des dépenses d'infrastructure, encadrement et
prévus ; l'écartement entre drains varie, selon la réaménagement foncier correspond à un peu moins de
perméabilité des sols, entre 30 et 100 m. Des fossés 10 000 DH par hectare irrigué. Rapporté à l'hectare,
ouverts collectent les eaux recueillies par le réseau de l'ensemble des recettes représente par rapport à la
drains et les évacuent vers le réseau principal situation actuelle, un supplément de 3 200 DH/ha ;
d 'assainissement de la plaine. On rappelle ici qu'un pour sa part, la valeur ajoutée agricole représente un
canal by-pass du Sebou calibré à environ 2 800 m3 /s supplément de 1 760 DH/ha.
REFERENCES
BOLELLI E. (1952) : Hydrogéologie du Maroc, plaine du Rharb et région de COMBE M. (1963) : La nappe phréatique du périmètre irrigué de Sidi-
la Mamora. Notes & M. Serv. géol. Maroc, n° 97, pp. 153-168. Slimane, évolution en 1963. Rapp. inéd. ONI/SRE, 12 pp., 9 cartes.
BOUDERBALA N. (1971) : Quelques données élémentaires sur l'évolution
des structures agraires dans la plaine du Rharb. R. Géogr. Maroc, n° COMBE M. (1965) : Le bassin Rharb-Mamora. Rapp. provisoire inéd.
20, Rabat, pp. 119-124. MTPC/DH/DRE, 27 pp., 4 cartes héliogr.
CARLIER Ph. (1971) : Note sur le présent et l'avenir des exploitations d'eau COMBE M. (1966) : Hydrogéologie du Rharb et de la Mamora. in Gongr.
souterraine dans la région de Sidi Bouknadel - Kénitra. Rapp. inéd., Pédol. Méditer. Madrid 1966, Iivr. guide des excursions au Maroc.
MTPC/DH/ DRE, 4 pp., 1 fig. Public. Inst. Nat. Rech. Agron., Rabat.
128 R E S S O U R C E S E N EA U D U M ARO C
COMBE M. (1966) : Etude des marées dans l'Oued Sebou et des pollutions LE COZ J. (1964) : Le Rharb, Fellah et Colons. Inframar, Rabat, (1005 pp.)
qu'elles provoquent à l'étiage. 8 rapports inédits MTPC/DH/DRE, 108 136 fig., 4 pl.
pp., 60 fig. MONITION L. (1964) : Contribution à l'étude des eaux souterraines du bassin
COMBE M. (1969) : Cartes hydrogéologiques de la Plaine du Rharb au Rharb-Mamora. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 140 pp., 117 fig., 2
1/100.000, Notice explicative. Notes & M. Serv. géol. Maroc, n° 221 livrets de données, une carte hydrogéologique de la nappe profonde au
bis, 39 pp. 1/200 000 et une carte hydrogéologique de la nappe phréatique au
1/200 000.
KABBAJ A. (1970) : Note sur la régularisation de la crue de janvier 1970 de
l'Oued Sebou. Rapp. Inéd. MTPC/ DH/DRE, 9 pp., 6 tabl, 3 fig. Projet Sebou (1968) : Aménagement hydroagricole de la plaine du Rharb.
Rapp. Inéd. PNUD-FAO - Royaume du Maroc, 4 tomes, nombreuses
KABBAJ A. & LAZAREVIC D. (1970): Note hydrologique sur la crue de annexes techniques et économiques.
janvier 1970 de l'Oued Sebou. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 9 pp., 6
THAUVIN J.P. (1963) : La nappe phréatique du périmètre irrigué de Sidi-
tabl., 3 fig. Slimane. Rapp. inéd. MTPC/DH/ DRE, 9 pp., 16 cartes.
LAHLOU A. (1972) : Le Rharb d'aujourd'hui et de demain. Hommes, terres THAUVIN J.P. (1965) : Monographie hydrogéologique de la Mamora (Thèse
et eaux, Rabat, n° 2, pp. 9 à 2.3. doctorat hydrogéol. Paris). Notes & M. Serv. géol. Maroc, n° 195,
LAZAREREVIC D . (1966) : Etude hydrologique du bassin _du Sebou. 120 pp.
Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 90 pp., 118 tabl., 194 cartes &
graphiques,
2-9-2 LE BASSIN DES OUEDS DRADERE ET SOUEIRE
par
Michel COMBE
Présentation géographique
Le bassin côtier du Dradère-Soueïre s'étend sur une agriculteurs de l'intérieur du pays (plage - pêche -
superficie de 600 km2. Il se situe entre les parallèles nautisme) et pourra prendre de l'importance dans
38G90 et 38 G 65 et entre les méridiens 9 G 70 et 9 G 25, l'avenir.
soit entre X = 410 à 450 et Y = 460 à 495 en
Les premières études de ressources en eau remontent
coordonnées Lambert Nord-Maroc.
à 1930 mais se sont limitées à fixer le débit des sources
Ce petit bassin ouvert sur la mer est séparé du bassin
les plus importantes pour une homologation de droits
du Sebou au S par les collines de Lalla-Zohra (altitude
d'eau (arrêté viziriel du 10 décembre 1929, bulletin
inférieure à 100 m) et au SE par les collines de Lalla-
officiel du 3 janvier 1930). Le Génie Rural réalise une
Mimouna (Drâa-Bou-Hafate : 203 m) ; il est séparé du
série de 6 forages de reconnaissance entre 1951 et 1955
bassin du Loukkos au NE par les collines d'El-Ferjane
et capte la plus importante des sources du Dradère, l'Aïn-
(197 m), Lalla-Rhano (158 m) et de Kourricha (143 m).
Sidi-Kacem, pour équiper un périmètre d'irrigation mo-
Dans l'extrême NW, aucune séparation naturelle
derne d'une superficie de 50 hectares ; une étude
véritable ne l'isole du R'mel de Larache.
hydrogéologique de la partie nord du bassin est conduite
Comme pour le bassin du Rharb, ce bassin a une en 1956-57 et aboutit à l'implantation de deux forages
forme générale en cuvette. Les pentes décroissent d'essais au S de Bargha. Bien que ces forages aient été
régulièrement depuis les collines bordières qui très positifs, aucune exploitation n'est entreprise.
ceinturent le bassin, collines qui sont relayées à l'W par
Les hydrogéologues de la Division des Ressources en
les dunes côtières (altitude moyenne comprise entre 50
eau reprennent l'initiative des études en 1965-66, dans le
et 80 m), vers le bas Dradère et les merjas côtières qui
cadre de leurs inventaires systématiques. Des travaux
longent les dunes vers l'intérieur du pays. Cette partie
géologiques, géophysiques et de forages permettent de
centrale du bassin présente un relief peu accusé.
fixer le potentiel des ressources en eau exploitables à 70
Cette région est relativement peu peuplée et ne millions de mètres cubes par an dont 10 seulement sont
comporte aucune cité importante. Plantations d'eu- utilisés en 1968 ; un plan de mobilisation de ces
calyptus et pâturages y dominent, l'agriculture tenant ressources est alors soumis aux responsables du
peu de place ; les exploitations agrumicoles des développement agricole et des travaux de forages
domaines de Bargha et Castalia au N sont pourtant d'exploitation sont exécutés à partir de 1971 afin de
florissantes et démontrent que le milieu est favorable à promouvoir un périmètre d'irrigation par exploitation des
une mise en valeur agricole. La petite station d'estivage eaux souterraines.
de Moulay-Bou-Selham est fort appréciée l'été des
Climatologie
Aucune station ne fonctionne dans le bassin ; on annuelle autour de 650 à 700 mm et la température
possède quelques relevés pluviométriques effectués dans moyenne annuelle à 18°C, variant entre 5 à 10°C en
une ferme du haut Dradère pendant quelques années, janvier et 25°C en août. Le climat est donc très tempéré
mais l'extrapolation depuis des stations relativement grâce aux influences océaniques.
proches permet de fixer la pluviométrie moyenne
130 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Hydrologie
Seul l'oued Dradère parvient à atteindre la mer, par d'atteindre la mer par le goulet de Moulay-Bou-Selham
I'intermédiaire de la merja Zerga. L'oued Soueïre large de 150 m, long de 100 m, profond de 8 à 10
débouche dans la merja El-Halloufa qui ne possède mètres mais qui s'obstrue parfois ; la merja est une
aucune communication avec l'Océan et en est isolée lagune d'eau saumâtre, alimentée par l'Océan, l'oued
Dradère et le canal du Nador qui, venant du S, véhicule
par un cordon dunaire.
les eaux de drainage de la plaine du Rharb, en rive
L'oued Dradère a une direction N-S dans sa partie droite du Sebou.
supérieure et moyenne ; dans cette partie du cours, il
L'oued Soueïre est alimenté par plusieurs sources
n'est pas pérenne, ne le devenant qu'après avoir pris
pérennes ; cet oued n'est pas observé régulièrement,
une direction E-W alors qu'il bénéficie du déversement
mais des mesures sporadiques permettent de fixer son
des sources qui l'alimentent dans son cours inférieur.
débit moyen d'étiage autour de 200 à 250 l/s. Un petit
Cet oued fait l'objet de jaugeages sporadiques en étiage
ouvrage de dérivation rustique permet d'alimenter en
au pont de la route de Moulay-Bou-Selham à Souk-El-
eau une partie du domaine agricole du Bargha situé en
Arba du Rharb (*). Son débit moyen annuel calculé se
rive droite, vers l'aval.
situerait autour de 1 m3 /s à l'embouchure ; le débit
minimum d 'étiage est de 300 1/s (août 1967, année Les qualités chimiques des eaux du Dradère et du
sèche) mais se situe autour de 500 l/s en année Soueïre sont excellentes, dans la totalité de leurs cours
moyenne. Le Dradère débouche dans la merja Zerga (résidu sec inférieur à 500 mg/l en toutes saisons).
dans laquelle il s'est creusé un chenal qui lui permet
Géologie
(*) Une station de jaugeage permanente est entrée en service à cet La campagne géophysique de 1966 a permis de
emplacement en 11972. faire avancer sérieusement les connaissances sur la
BASSIN DU DRADÈRE-SOUEIRE 131
structure profonde du bassin en fournissant une carte parallèles de direction NNE-SSW qui se superposent
du toit de la série conductrice des marnes bleues fort probablement à des ondulations préexistantes de
miocènes, Les horizons résistants (poreux dans le cas la nappe prérifaine ; l'affleurement de la nappe à El-
présent) qui ont été reconnus, peuvent être assez Mellah apparaît effectivement sous une zone haute de
aisément différenciés en Pliocène marin, Quaternaire Miocène. En bordure de côte, le toit du Miocène se
marin ou dunaire et Quaternaire continental grâce aux relève progressivement vers un sommet anticlinal
étalonnages géologiques obtenus simultanément par parallèle à la côte actuelle et immergé à faible distan-
forages mécaniques.
ce. Au S, la structure faillée de Lalla-Zohra a une
Le toit des marnes bleues est affecté, tout comme direction générale E-W fort différente des précédentes
dans le Rharb au S du bassin, par des ondulations et marque une importante remontée de la nappe
CHE
Secteur sans nappe aquifère
LARA
Secteur à nappe d'eau difficile 500
DE
B
L
R'ME
A
S
Secteur avec nappe facile
S
IN
à exploiter par pompage
HADECHI 480
Sens de l'écoulement de la nappe
DRADERE
FERJANE
Moulay Bou
Selham
ED
3
OU
BA
BO U AG
Lalla Mimouna
EL FAHIS 470
BOUHIRA
MEHIDIA 4
DE
PLA
INE 460
IN
RHARB
BASS
DU
Sk el ARBA du RHARB
400
410
440
420
430
450
FIG. 55
132 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
prérifaine et peut-être du socle lui-même car l'anomalie résistantes) a permis de localiser les zones du bassin les
apparaît nettement dans la gravimétrie générale du plus favorables à l'implantation de captages
Maroc. d'exploitation, soit parce que l'épaisseur des formations
Une carte des résistivités en AB = 1 000 m met résistantes est grande, soit parce que la résistivité de la
parfaitement en évidence les zones d'approfondissement formation est élevée en raison d'une granulométrie plus
des marnes (où le recouvrement résistant s'épaissit) et grossière. Ces zones sont situées dans le secteur des
fait ressortir nettement un axe haut du Miocène qui merjas côtières à l'W, dans le prolongement du synclinal
partage le bassin en deux et joint les deux zones hautes de Ferjane à l'E et peut-être également au S de la Merja
affleurant à El-Mellah au NE et Lalla Zohra au S. Deux Zerga.
sous-bassins plio-quaternaires s'individualisent ainsi :
l'un à l'E, au remplissage essentiellement continental,
l'autre à l'W qui correspond au bassin côtier. NATURE DES SOLS
Une carte des résistances électriques transversales Après quelques reconnaissances réalisées en 1963 au
(produit de la résistivité par l'épaisseur des formations terme du projet d'aménagement du Loukkos, lorsque
-100
Calcaires gréseux
dunaires ( Quaternaire récent )
Sables fins à moyens
(Quatrenaire récent )
et calcaires gréseux
-200 Niveaux à galets (Quaternaire )
-100
-200
0 1 2 3 4 5M
FIG. 56
BASSIN DU DRADÈRE-SOUEIRE 133
Hydrogéologie
A. SI KACEM D
268/8 A. EL BORMA UE
1446/8 O
45
S.1 572/8
85
A. GASBAÏA 1442/2
12
1440/8 1441/8 6
15 RE
7 6
ADE
ZERGA
DR
30 5 1444/8 S.2
1161/8
36 25 40 D
269/8
UE
A. LALLA KHOUJA 50 O
1439/8 A.OGUIL
A
1424/8
RJ
1443/8 A. OUADDAR
ME
1445/8
A. HADDAD OU
270/8 ED
A. BAGNA BO
1450/8 UH
RI
RA
FIG.57
134 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Les principaux groupes d'émergences ont été Un certain nombre de sources sont plus ou moins
inventoriés et jaugés à diverses périodes ; depuis aménagées pour l'irrigation de terres dominées et
1964, les points de jaugeages sont déterminés pré- situées dans la basse vallée de l'oued. L'Aïn-Sidi-
cisément ce qui permet de comparer les résultats Kacem est captée par un petit barrage en gabions et
successifs, alors que l'on ignore où furent effectuées maçonnerie prolongée en profondeur par un rideau de
les précédentes mesures. Parallèlement au jaugeage palplanches ; l'ouvrage se situe à l'aval des sources et
des sources, le Dradère est jaugé en plusieurs sections sa fonction consiste à remonter le plan d'eau jusqu'au
implantées: l'une à proximité de son embouchure, à la
départ par gravité vers une séguia bétonnée. Le
merja Zerga, c'est-à-dire à l'aval des sources (section
S. 1), la suivante à l'amont des sources (section S. 2) périmètre dominé a une superficie de 50 ha équipés en
et une troisième dans le cours moyen (section S. 3). réseau moderne porté. Les réalisations datent de 1958-
60, mais l'entretien du réseau et la mise en valeur des
Lors d'étiages moyens, les sources de la rive droite terres équipées ne semblent pas parfaitement réussis à
débitent environ 210 l/s pour 120 l/s venant des l'heure actuelle.
sources de la rive gauche ; entre les sections de
jaugeage S.2 et S.1, l'oued Dradère recueille environ L'Aïn-Ouaddar est captée un peu à l'aval par un
500 l/s car sa propre action de drain à l'aval des petit barrage rustique réalisé par les particuliers
sources apporte 200 l/s supplémentaires (il faut en titulaires des 19/20 des droits d'eau ; cependant le
effet tenir compte des 100 l/s utilisés pour l'irrigation débit disponible n'est pratiquement pas utilisé. L'Aïn-
et prélevés à l'aval des émergences mêmes, où sont M'sabine est captée par deux séguias qui irriguent
effectués les jaugeages). En étiage, le débit du quelques jardins et des prairies ; un drainage à ciel
Dradère est pratiquement nul en S.2, c'est-à-dire en ouvert a été mis en place, L'Aïn-Gasbaïa ou Hamra est
amont des premières sources du Bas Dradère ; un captée par un ouvrage rustique qui serait totalement à
mince filet d'eau franchit parfois S.2, provenant de revoir ; quelques autres sources (Lalla-Khoja—
l'oued Zarmane qui est l'exutoire des sources de
Bousselam—Borma) alimentent de petits jardins grâce
Ferjane à l'E. Lors d'étiages très sévères le débit du
Dradère peut, compte tenu des prélèvements pour irri- à des prises par séguias. Toutes les autres sources sont
gation, descendre durant quelques semaines à 300 l/s totalement inutilisées, essentiellement parce qu'elles
en S . 1 . D'après les quelques mesures d'hiver ne dominent aucune terre irrigable.
disponibles, l'apport des sources semble croître Les débits utilisés actuellement peuvent en pre-
d'environ une demi-fois en cette saison, ce qui situe le mière approximation être évalués à moins de 100 l/s
débit d'hiver autour de 750 l/s, chiffre très pour la totalité des sources.
approximatif.
D E B I T S
constituent le déversement de la nappe contenue dans rares ailleurs. Tous les puits recensés sont portés sur la
les formations dunaires. Leurs débits sont en général carte hydrogéologique au 1/50 000.
susceptibles de grandes variations entre l'hiver et l'été ;
ainsi, l'Aïn-Tissouat (61/8) située à proximité de Le moyen d'épuisement le plus répandu est le simple
Moulay-Bou-Selham est susceptible de passer de plus seau ; quelques éoliennes se rencontrent cependant,
de 10 à 1 l/s. Ces sources servent essentiellement à mises en place par l'Administration, alors que les
l'alimentation des hommes et des troupeaux. pompages mécaniques sont exceptionnels et tous
implantés en zone côtière (deux à trois stations au
Dans la partie E du bassin, les petites sources sont total). Il est à noter que la confection de puits à main
très nombreuses au contact des marnes miocènes et des pénétrant suffisamment dans la nappe pour permettre
sables et conglomérats plio-villafranchiens. Les débits un pompage à fort débit est très difficile dans le bassin
sont extrêmement faibles, une fraction de côtier (terrains sableux très boulants).
litre/seconde, et non susceptibles d'être améliorés ; ces
sources servent à l'alimentation des hommes et des
troupeaux et parfois à l'irrigation de minuscules LES FORAGES
jardins. Au 30 juin 1972, vingt-neuf forages avaient été
L E S PUITS exécutés dans le bassin ; quatorze sont des forages
d'exploitation proprement dit, deux sont des sondages
Les puits à mains sont relativement nombreux dans géotechniques, neuf des ouvrages d'étalonnage
certains secteurs où l'eau est peu profonde (merjas géophysique ou des piézomètres, quatre des ouvrages
côtières, partie haute du Daher Hadechi, proximité de de reconnaissance et d'exploitation éventuelle.
l'oued Soueïre et du Bas-Dradère) mais beaucoup plus
Rabatt.
N° Débits Transmis- Epaisseur Perméa- Débit après un an
inventaire d'essai sivité de l'aquifère bilité expl. le pompage
(l/s) (10-3 m2 /s) (m) (10 -4 m/s) (l/s) (m)
* 24/3 10, 20, 33 7,3 50 1,5 40 12
* 25/3 11, 20, 34 8,3 55 1,5 40 16
2032/3 10, 21, 27 4,3 36 1,2 25 25
* 2033/3 10, 21, 33 4,3 87 0,5 40 11
* 2034/3 11, 20, 32 2,0 40 0,5 30 26
2035/3 10, 22, 32 6,2 67 0,9 40 22
1500/8 12, 22 20,0 46 4,4 20! 10
1581/8 10, 20, 35 17,0 37 4,6 40 12
1582/8 12, 22, 30 6,2 43 1,4 40 21
1583/8 9, 16, 24 5,l 40 1,3 25 28
1584/8 10, 21,31 6,1 47 l,3 30 19
Forages soumis à un essai de débit
* Ces forages sont situés dans le bassin de l'oued Soueïre ; les autres sont dans le bassin du Dradère
Tableau récapitulatif des forages du bassin Dradère-Soueïre
(du N au S et de 1'W à 1'E) au 31-12-72
1536/3 428,675 472,325 55 1967 185 89 -130 + Art. 3,5 Art Piézomètre
Lalla-Mimouna + 0,4 0,5 Rebouché
995/8 439,100 473,550 59 1955 26,5 0- 26,5
Lalla-Mimouna 2 229/8 432,500 470,400 25 1951 83 8-12 - 33-62 1,1 10 Néant
Lalla-Mimouna 1 228/8 436,200 469,400 !13 1951 91,2 31- 54 0,9 9 Point d'eau, abreuvoir
440,100 30 1951 115 4-85 sec sec
Géophysique 52 1 534/8 422,900 468,525 14 1967 145 0-118 4,5 - Rebouché
Géophysique 59 1533/8 429,500 468,95035 1967 143 0 -100 5,0 - Piézomètre
Périmètre irrigation 2 032/8 424,000 479,850 23 1970 71 0 - 65 7,4 25 Exploitation
» » 2 033/8 423,700 488,450 24 1970 168,5 0 -166 12,3 40 »
» »
2034/8 423,500 485,600 21 1970 138 0..108 3,7 30 »
» » 2 035/8 422,690 479,560 29 1970 93 0 - 88 7,0 40 »
» » 1581./8 424,100 475,000 20 1970 80 0 - 66 4,5 40 »
» » i1 582/8 423,200 478,360 26 1970 92 0 - 86 9,5 40 »
» » 1 583/8 424,850 476,900 29 1971 96 0 - 90 9,6 25 »
» » 1 584/8 423,060 476,660 23 1970 89 0 - 80 11,0 30 »
Piézo 2 niveaux 1 585-5 586/8 422,150 474,900 5 1971 86 0 - 80 2,8 et + 1,1 - Piézo biseau salé
Piézo 2 niveaux 1 587-1 588/8 422,400 475,100 14 1971 70 0 - 68 4,7 et 7,2 Piézo biseau salé
138 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Neuf de ces ouvrages sont consacrés à la surveillance 90 m) et boisée ; l'alimentation dépend uniquement des
piézométrique, deux sont exploités pour l'irrigation ou infiltrations de la pluie. Les exutoires de la nappe sont
la fourniture d'eau alimentaire, et neuf sont en attente les sources de la rive gauche du Soueïre au N, la merja
d'exploitation pour le futur périmètre d'irrigation du El-Halloufa à l'W, la merja Zerga au SW, les sources de
bassin côtier. la rive droite du Dradère au S, quelques petites ré-
surgences dans l'oued Dradère à l'E. Le débit de la
Des essais de débit ont été effectués sur onze nappe à l'étiage peut être assez facilement obtenu à
ouvrages, tous situés dans le bassin côtier et ont partir du débit des sources d'une part et de l'écoulement
permis de déterminer les caractéristiques hydro- souterrain tiré de la carte piézométrique d'autre part.
géolo g iques des terrains : perméabilité (K) et trans-
missivité (T). L'emmagasinement n'a pu être déter-
miné, faute de piézomètre foré à proximité. Les Débit souterrain s'écoulant vers le bassin côtier
résultats obtenus sont très homogènes.
Ce débit peut être divisé en trois parties :
RESSOURCES EN EAU SOUTERRAINE — celle qui rejoint la zone S du bassin côtier entre le
La carte piézométrique (fig. 58) dressée en 1967 à douar Ouled-Rafaa et l'Aïn-Sidi-Kacem. Le débit
de la nappe le long de la courbe piézométrique 10
l'échelle du 1/50 000 permet de distinguer plusieurs
m, est, pour 7 Km de front, avec une pente de
zones dans ce bassin : 1/100 et une transmissivité de 5.10- 3 m2 /s de
— deux zones sans nappe étendue correspondent à l'ordre de 350 l/s,
des affleurements de marnes miocènes sans La transmissivité de 5.10 -3 m2 /s est certai-
recouvrement perméable (secteur de El-Mellah au nement sous-estimée d'après les mesures obtenues
NE) ou partiellement recouverts de formations très sur les forages de ce secteur. Le débit obtenu
peu perméables et peu étendues à l'affleurement correspond, pour une ligne d'écoulement de même
(secteur SE de Bouhira). La bordure caillouteuse longueur, à celui recueilli par le Dradère en rive
des collines de Bouhira contient cependant un peu droite immédiatement à l'amont ;
d'eau, tout juste suffisante pour satisfaire
l'alimentation de quelques petits douars ; — celle qui rejoint la zone N du bassin côtier entre le
douar Cheikh-Kaïlane et le Dradère. Pour un front
— une zone à eau saumâtre qui englobe le pourtour de nappe de 4 km, une pente de 1/100 et une
de la lagune de la merja Zerga ; transmissivité de 5.10-3 m2 /s, le débit souterrain est
— le reste du bassin où existe une nappe aquifère ici de l'ordre de 200 l/s le long de l'isopièze 20 m.
étendue et généralisée. Plusieurs subdivisions Là encore ce débit est un minimum car la
peuvent être faites dans cette nappe en fonction de transmissivité doit être quelque peu supérieure à la
la nature du terrain aquifère, valeur retenue ;
On ne s'attachera pas à la différenciation toute — celle qui dans la partie centrale du bassin côtier
théorique entre une nappe phréatique superficielle et transite directement vers l'Océan selon un front
une nappe profonde, car les forages ont montré que long de 3 km environ axé grossièrement sur le
l'ensemble du recouvrement plio-quaternaire avait une parallèle passant par le village côtier de Mers-El-
perméabilité verticale suffisamment grande pour Rhnem. D'après le forage 2028/3 la nappe en ce
permettre l'équilibre piézométrique entre les aquifères secteur est peu puissante (moins de 1 mètre en
superficiels et les aquifères plus ou moins profonds. étiage), si bien que les volumes d'eau en
On peut considérer qu'il existe un seul système provenance du Dehar-El-Hadechi peuvent être
aquifère qui est alimenté par les infiltrations des eaux négligés en première approximation ; ils se situent
de pluies. autour de 25 1/s.
Au total, le débit s'écoulant du Dehar-El-Hadechi
L E SECTEUR DE DEHAR-EL-HADECHI
vers le littoral (merjas côtières) est au moins de 575 l/s
en étiage.
Le principal château d'eau de cette région est le
Dehar-El-Hadechi dans la partie centrale du bassin,
entre les oueds Dradère et Soueïre. L'aquifère est Débit souterrain s'écoulant vers l'E (Dradère moyen
constitué par des formations poreuses mais peu rive droite)
perméables : lumachelles, sables fins et grès du Ce débit peut être approché en considérant les
Pliocène, surmontés par des sables plus ou moins jaugeages simultanés du Dradère entre les sections S 2
argileux du Quaternaire. L'écoulement de la nappe et S 3 (cf. fig. 57 : sources du Bas-Dradère). Ceux- ci
rayonne à partir de la partie centrale haute (altitude :
32/3
495
10
30
20
60
40
50
70
80
80
Sources 90
Puits
100
Forages
110
10 Courbe isopiéze 120
BARGHA
0 1 2 3 4 5 km 5/3
2023/3
BARRAGE
SO
UE
IR
24/3
T=5.7 10E-3
K=1.5 10E-4
MERJAT
EL 485
HALLOUFA 2021/3
EL
UE
Cheich Khailane
TIQ
10
AN
2028/3
20
TL
30
MELLAH
40
DEHAR EL
N A
E
EA
ER
AD
OC
HADECHI
DR
FERJANE
ED
OU
2079/3 160
140
2032/3
120
480
2035/3 80
15 0
0
13 0
11100
1582/8
90
70
80
160
70 15
14 0
60
237/8 60
130 0
50
120
50 1535/9
40
11
1500/8 1523/8
0
T=2.10E-2 1504/8 IDIA
30
40 BR
10
K=4 10E-4
0
OU
ED
90
20
130
120
1503/8 30
110
1545/8
100
1581/8
1590/8
OUED 475
T
RJA LAH
ME MEL 20
80
EL BARRAGE
70
60
993/8
50
10
40
30
20
1514/8
DRAA BOU
10
A
BARRAGE
EL BASBAS
OUED
230/8
A
20
J
229/8
R
E
470
M
FAHIS
1534/8
EL 228/8
1533/8
30
20
BOUHIRA
40
50
30
60
70
Pont du
Nador A ZO
60 L HR
50 L A
40 A
L
465
MEHIDIA 30
50
40
R
NADO
30
232/8
DU
L
CANA
415
420
425
445
440
430
435
FIG.58
BASSIN DU DRADÈRE-SOUEIRE 139
montrent que les apports entre S 3 et S 2 se situent à Le bilan déduit de ce modèle est rigoureusement
l'étiage autour de 40 l/s dont une grande partie provient conforme à celui détaillé ci-dessus (voir ci-après).
de l'eau des sources du synclinal de Ferjane par
l'intermédiaire de l'oued Zarmane. Les apports en
provenance du Dehar-El-Hadechi en rive droite du L E SECTEUR N EN RIVE DROITE DU SOUEÏRE
Dradère moyen sont certainement inférieurs à 10 l/s. La nature de l'aquifère est identique à celle du
secteur El-Hadechi. Entre le Soueïre et la limite N du
Débits des sources du Dradère et du Soueïre bassin, la nappe débiterait :
— 125 1/s vers le Soueïre
Comme il a été vu précédemment, les sources de la
rive droite du Dradère fournissent 200 1/s à l'étiage, — 100 1/s vers les merjas côtières (front de
chiffre auquel s'ajoute le drainage de l'oued lui-même, nappe de 2 Km, T = 5.10-3 m2/s, pente de la
ou plutôt la moitié de ce drainage dont la provenance
doit être également répartie entre les rives droite et nappe de 1.10-2 ), au niveau de l'isopièze 20 m.
gauche. On considérera les apports de la rive droite Au total, le secteur produirait 225 l/s dont environ
pour 300 1/s à l'étiage. 150 l/s sont utilisés pour l'irrigation des domaines
Les apports du Soueïre sont moins bien connus que agrumicoles de Bargha et Castalia (275 ha bruts au
ceux du Dradère. En admettant que les rives droit et total).
gauche contribuent également à l'alimentation, 125 l/s
environ proviendraient de la rive gauche du Dehar-El- LE SECTEUR S DU BASSIN (EL-FAHIS)
Hadechi.
Ce secteur où 3 forages ont été exécutés (229/8,
Bilan du secteur Dehar-El-Hadechi 1533 et 1534/8) est constitué en surface par des
terrains sablo-gréseux du même type que ceux du
Les exutoires du Dehar-El-Hadechi fournissent Dehar-El-Hadechi, mais ils sont deux fois plus épais.
donc à l'étiage : La nappe est plus puissante ; elle est alimentée par les
infiltrations de la pluie et s'écoule essentiellement du
— 350 1/s au bassin côtier S S vers le N dans la partie centrale, vers l'W à l'W et
— 200 l/s au bassin côtier N vers le NE à l'E. Les exutoires sont les sources de la
— 25 l/s au bassin côtier central rive gauche du Dradère et celles du SE (Aïn-Tihili et
— 10 l/s au Dradère moyen à l'E Skroun) et des écoulements souterrains vers la merja
Zerga à l'W ainsi que vers la merja Bouhira à l'E.
— 300 1/s au Bas-Dradère rive droite
Le débit total des sources du Dradère en rive
— 125 l/s au Soueïre rive gauche.
gauche se situe autour de 200 l/s à l'étiage ; le rôle de
Soit 1 010 1/s arrondis à 1 m3 /s. D 'après les drain joué par l'oued lui-même collecte
accroissements de débit constatés pendant environ 6 approximativement 100 l/s supplémentaires. Au total,
mois de l'année sur les sources du Dradère, le débit le Bas-Dradère collecte environ 300 l/s en provenance
d'hiver doit être de l'ordre de 1 200 l/s. L 'apport moyen de El-Fahis ; ce débit peut atteindre 360 l/s pendant six
annuel serait donc d'environ 35 millions de mètres mois d'hiver ce qui porte le volume annuel à 10
cubes. Cet apport moyen annuel correspond à une millions de mètres cubes.
infiltration pluviométrique de 33 % (pluie moyenne
Les sources Tihili et Skroun dans le SE débitent 15
annuelle de 700 mm superficie du secteur : 150 km2 ).
1/s en été et 60 1/s en hiver. Ces sources, plus chaudes
Ce chiffre est très élevé, mais peut s'expliquer par la
qu'ailleurs et de composition chimique différente
nature sableuse des sols où le ruissellement est
proviennent de ce secteur grâce au drainage provoqué
totalement inexistant, ainsi que par l'importance de la
par des failles. Elles produisent un volume moyen
couverture forestière et l'influence maritime qui
annuel de 1 million de mètres cubes.
réduisent considérablement l'évaporation.
Les écoulements souterrains vers l'W et le NW
Il est à signaler qu'un modèle mathématique de la
sont difficiles à chiffrer, faute de mesures de trans-
nappe en régime permanent (modèle DRPER du
missivités. En admettant que le débit au kilomètre de
Bureau de Recherches géologiques et minières
front de nappe soit sensiblement équivalent au débit
français) réalisé en 1972, soit près de 5 ans après les
drainé sur 1 km par l'oued dans le secteur N (hypothèse
estimations exposées ci-dessus a pu être parfaitement
vérifiée valable pour l'écoulement vers le bassin côtier
calé en piézométrie sur la base de transmissivités
S), il s'écoulerait souterrainement environ 120 1/s vers
détaillées par mailles grâce à la géophysique et aux
forages d'essais de la campagne 1970-71.
140 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
la merja Zerga et 60 1/s vers la merja Bouhira (6 volume annuel d'environ 0,5 million de m3 .
millions de m3 /an) ; ces derniers 60 1/s qui seront
ultérieurement drainés par le Dradère ne sont pas pris Au total, le volume moyen annuel des exutoires
en compte. atteint 3 millions de m3 ce qui correspond, sur un
bassin versant de 50 km2 recevant une pluviométrie
Au total, les exutoires de la nappe d 'El-Fahis moyenne annuelle de 700 mm, à un coefficient
produisent : d 'infiltration de 9 %. Ce chiffre est faible, mais en fait
— 10 millions de m3 /an par le Bas-Dradère rive les formations caillouteuses sont assez colmatées par
gauche, de l'argile ou cimentées par des dépôts calcaires ; de
plus, elles sont en bancs relativement peu épais séparés
— 1 million de m3 /an par les sources de Laila- par des niveaux argileux et se situent sur des pentes
Zohra, marquées, ce qui ne facilite pas l'infiltration des eaux
— 4 millions de m3 /an souterrainement, de pluies.
soit 15 millions de m3 /an qui correspondent pour une
superficie de 65 km2 à une infiltration de 33 % de la '
LE SECTEUR MERJA ZERGA ET DUNES CÔTIÈRES DE L W
pluviométrie moyenne, chiffre identique à celui obtenu
pour le Dehar-El-Hadechi en rive droite du Dradère. La merja Zerga, lagune en communication avec
Le secteur de Mehidia situé à l'W d'El-Fahis est mal l'Océan, est saumâtre et se situe à une cote positive par
connu ; les points d'eau sont rares et la nappe doit être rapport au niveau moyen des mers (1 à 4 m, cette
pauvre en raison de la petitesse du bassin d'alimentation dernière cote étant obtenue lorsque la passe est obturée
et de la pente accusée de ses reliefs gréso-sableux. Il ne naturellement, ce qui se produit parfois). De ce fait,
sera pas tenu compte de ce secteur. une communication souterraine doit être établie entre
la merja et l'Océan sous le cordon dunaire qui les isole
; une petite nappe d 'eau douce alimentée par les
' infiltrations de la pluie sur les grès dunaires, surnage
LE BASSIN DE L EST, SYNCLINAL FERJANE-LALLA-
probablement sur l'eau souterraine saumâtre comme
MIMOUNA l'attestent certains puits situés en bordure W de la
Le synclinal de Ferjane—Lalla-Mimouna est rempli merja. Il est cependant exclu d'exploiter cette eau à
par des formations conglomératiques et argilo- d'autres fins que l'alimentation humaine ou pastorale,
caillouteuses du Plio-villafranchien continental qui se sous peine de voir les captages n'appeler rapidement
rattachent au type des formations d'Arbaoua. Le que de l'eau saumâtre.
synclinal est parfaitement marqué par un relèvement
des marnes miocènes qui affleurent sur toutes les LE BASSIN CÔTIER ENTRE MOULAY-BOU-SELHAM ET
bordures, sauf la bordure E qui plonge sous le Dehar-
BARGHA
El-Hadechi.
Ce bassin côtier, rempli de formations gréso-
Quelques sources d'un débit total de 50 1/s en étiage sableuses d'origine marine ou dunaire se divise en fait,
apparaissent un peu à l'E du Dradère ; ces sources d'après la géophysique, en deux sous-bassins N et S
apparaissent au niveau de la rupture de pente séparés par un axe haut qui prolonge le Dehar-El-
topographique créée par la disparition vers l'W des Hadechi en direction du village côtier de Mers-El-
niveaux conglomératiques supérieurs qui affleurent Rhnem. L'ensemble correspond à un synclinal des
largement dans le synclinal. Il est à peu près certain marnes miocènes.
qu 'une nappe existe encore à l'aval des sources dans les
formations argilo-sableuses sous-jacentes aux Le sous-bassin côtier N est le plus marqué puisque
conglomérats, mais cette nappe est certainement les marnes franches se situent au point le plus bas à la
pauvre et difficilement exploitable en raison de la côte - 200 m, contre - 110 m environ dans le sous-
nature même de l'aquifère. bassin S. Cependant, les sondages effectués dans ce
Le volume d'eau apporté par les sources de l'aval, secteur ont montré que le mur des formations
compte tenu de l'accroissement de débit d'hiver, est de perméables intéressantes à exploiter (grès et sables du
l'ordre de 2,5 millions de mètres cubes par an. Le débit Quaternaire) se situait vers la côte - 100 m dans le N et
s'écoulant dans la nappe à l'aval des sources, ainsi que - 60 m dans le S. Entre le Quaternaire et les marnes du
celui fourni par une quinzaine de sources de faibles Miocène s'intercalent les formations poreuses fines du
débits unitaires existant à la périphérie du synclinal et Pliocène dont le captage est difficile et peu productif.
s'écoulant vers l'extérieur du bassin, fournissent un
BASSIN DU DRADÈRE-SOUEIRE 141
Ce bassin côtier est rigoureusement identique au et qui ne font que transiter dans cette zone. Ce chiffre
secteur des dunes côtières du bassin Rharb-Mamora constitue un volume annuel de 25 millions de mètres
dont il n'est effectivement que le prolongement. cubes.
Seulement ici peu de points d'eau existent, si bien qu'un
tracé piézométrique précis est impossible sans Les volumes infiltrés dans la zone même (10.10 6
3
l'exécution préalable de travaux de forages qui n'ont m /an) et ceux qui y transitent en provenance de l'E
pas encore été réalisés. Par analogie avec le Rharb, on (25.10 6 m3 /an) constituent dans ce bassin une ressource
ne peut qu'imaginer le tracé de l'isopièze + 10 m dans de 35.10 6 m3 /an qui sont évacués essentiellement vers
sa partie parallèle à l'Océan, en remarquant toutefois l'Océan, mais également par quelques sources
que la pente de la nappe vers la mer est fort élevée relativement peu nombreuses dans la zone même et par
(1/100) par rapport au Rharb (1/250). évaporation sur les plans d'eau libres de certaines
merjas ou sur les zones où la nappe est peu profonde
La superficie du bassin côtier est de l'ordre de 60 (merjas côtières).
km2 ; dans le Rharb, on a déduit dans les formations
aquifères du même type une infiltration de 25 % de la Si l'on admet en première approximation que les
pluviométrie annuelle, ce qui correspond ici à un volumes évacués par la nappe vers la mer ou la merja
apport de 10 millions de m3 /an. Zerga sont de 30.10 6 m3 /an, on obtient sur un front de
nappe de 22 km où la pente de la nappe est de 1.10-2 , la
En outre, le bassin côtier reçoit du N vers le S : transmissivité moyenne de l'aquifère de 4.10-3 m2 /s,
valeur légèrement inférieure à celles obtenues sur les
. 75 1/s, débit souterrain du secteur situé en rive sondages 24 et 25/3, mais de l'ordre de celles obtenues
droite du Soueïre sur les sondages 2033 et 2034/3.
Ces considérations montrent que le volume moyen
. 150 1/s du Soueïre qui se jette dans la merja
annuel qui transite par le bassin côtier vers la mer est
Halloufa
très certainement supérieur à 30.166 m3 , chiffre qui
peut être retenu.
. 575 l/s, débit souterrain en provenance du Dehar-
El-Hadechi.
RESSOURCES EN EAU DU BASSIN (RÉCAPITULATIF)
Soit un total de 800 1/s déjà comptabilisés Les ressources en eau du bassin peuvent se
antérieurement dans les ressources d'autres secteurs récapituler ainsi:
1. Secteur Dehar-El-Hadechi
35.106 m3 /an 2,5.106 m3 /an 32,5.106 m3 /an
2. Secteur Soueïre RD
7.106 » 4,5.106 » 2,5.106 »
3. Secteur El-Fahis 15.106 » 0,5.106 » 14,5.106 »
4. Secteur Ferjane 3.10.6 » 2,5.106 » 0,5.106 »
5. Secteur Merja Zerga — — —
6 6
6. Secteur bassin côtier 10.10 » — 10,0.10 »
6 3 6 3 6 3
Total ........................ 70.10 m /an 10.10 m /an 60.10 m /an
Par conséquent, 60.10 6 m3 /an demeurent ac- transitent par la nappe côtière relativement facile à
tuellement disponibles sur une ressource globale de capter grâce à des forages peu onéreux. Par ailleurs,
70.10 6 m3 /an. 15.10 6 m3 /an se trouve naturellement collectés par
l'oued Dradère peu avant son embouchure à la merja
Sur ces 60.10 6 m3 /an, on a vu au paragraphe Zerga. 50.10 6 m3 /an se situent donc de façon assez
précédent que plus de la moitié (35.106 m3 /an) groupée.
SCHEMA DE MOBILISATION DES EAUX SOUTERRAINES DU DRADERE-SOUEÏRE
DOUR
BARGHA Plantations existantes (Argumes)
CASTALIA
Merja
HALLOUFA 485
DOUAR CHEIK-
EL-KHAILANE
MERS-EL-RHNEM
480
DOUAR
OULAD-RAFAA
Pompages dans
21 forages
AÏN SID
KACEM 475
Irrigable à partir
du captage du
DRADERE
A
G
R
Z E
Oued
ZONE D'IMPLANTATION
DU CAPTAGE DU
DR
DRADERE
AD
S 216 A
ER
j a
E
e r
Irrigable à partir du
M
captage de DRADERE
470
425
420
430
FIG. 59
BASSIN DU DRADÈRE-SOUEIRE 143
d
Oue
Merja
El Halloufa
10
0
Dr Cheikh 60
Khailane
10
Dr Oulad
90
20
Msahel
30
40
50
80
60
70
Bessame
80
70
60
80
50
40 70
30 60
50
ERE
DRAD
40
MOULAY BOU SELHAM 20
O.
10 30
Merja
el 20
MELLAH
Oued
10
O. DRADERE Dr Oulad
Oguil
Merja Dr Ahmiri
ZERGA
l'ouvrage par la mise en place de petites parois moulées, Bargha pour le Soueïre. Le coût de chacun des seuils
à priori préférables aux palplanches qui s'avèrent peu devrait être de l'ordre de 1 à 2 millions de DH chacun. Les
efficaces à l'Aïn-Sidi-Kacem. Ces petits ouvrages de terres à irriguer à partir de ces captages dominent les oueds
prise pourraient être implantés : au niveau du pont de la de 20 à 40 m ; pour le Dradère, on pourrait les choisir au-
route de Moulay-Bou-Selham à Souk-El-Arba du Rharb dessus de l'Aïn-Sidi-Kacem, soit en rive droite, soit en rive
en ce qui concerne le Dradère, à l'amont du domaine de gauche en fonction de la pédologie ; pour le Soueïre, la
BASSIN DU DRADÈRE-SOUEIRE 145
topographie semble plus favorable en rive gauche. Les résultats obtenus jusqu'à présent à l'aide de ces
différentes simulations permettent de confirmer une
Il convient encore de noter ici que le pompage des possibilité d'exhaure par pompages de 350 1/s fictifs
eaux souterraines dans la nappe du bassin côtier va continus dans le bassin côtier sud (secteur Dradère) et de
évidemment se répercuter sur le débit des sources en rive 200 à 250 1/s fictifs continus dans le bassin côtier nord
droite du Dradère, sources qui sont avec l'écoulement vers (secteur Soueïre) en limitant l'avancée du biseau salé marin
la mer, les exutoires naturels de la nappe. En conséquence, dans la nappe en-deça des zones de culture, c'est-à-dire en
le débit pérenne du Dradère devrait, lorsque les pompages gros au niveau de la limite orientale du cordon de dunes
auront atteint leur régime optimal, s'abaisser autour de 300 côtières (entre 1 et 2 km de la côte). Ces débits fictifs
à 400 l/s provenant du drainage de la rive gauche et continus pourront, conformément au programme de
d'environ 70 % du drainage naturel de la rive droite. prélèvements de l'agriculture, être modulés selon la loi de
Cependant, on peut espérer quelques retours à la nappe fourniture qui prévoit l'irrigation sur 3 à 4 mois de l'année
d'excédents d'irrigation dans le périmètre de pompage, avec une pointe maximale de 1 700 à 1 800 1/s ; ces
excédents retournant au Dradère, et surtout un drainage derniers débits permettent de dimensionner le périmètre de
accru de la rive gauche lorsque celle-ci sera irriguée à partir pompage à 2 000 hectares.
du transfert des eaux superficielles du bassin du Sebou. Au
stade final de l'aménagement des rives gauche et droite, le Profitant des résultats précédents, un modèle
débit d'étiage du Dradère sera certainement supérieur à son mathématique DRTRA en régime transitoire est
débit avant aménagement. confectionné en 1973 afin de répondre aux questions de
Des modèles plus précis ont suivi : modèle DRPLIBY l'agriculture concernant notamment le risque de défaillance
du B.R.G.M., permettant une variation de la transmissivité en année agricole très sèche et la fréquence de retour de
sous l'effet des pompages en prenant en compte la telles années déficitaires ; la contrainte essentielle devient
perméabilité et l'épaisseur mouillée variable de l'aquifère alors le maintient des niveaux de la nappe au-dessus de la
(cotes du mur et du toit de l'aquifère en chaque maille). Des limite qui entraînerait une avancée plus importante du front
ajouts au programme DRPLIBY ont permis également salé souterrain.
d'introduire les réactions du biseau salé sous l'effet des
Les nouveaux forages complétant l'équipement du
pompages, toujours en régime permanent.
périmètre d'irrigation seront mis en place dès 1973-74.
REFERENCES
CARLIER Ph. (1971) : Bassin des oueds Dradère-Soueïre, 1 500/8. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 8 pp., 6 fig.
exécution de 8 forages d'eau, reprise de 2 anciens COMBE M. (1968) : Carte hydrogéologique des bassins des
forages et exécution de 2 piézomètres doubles. Rapp. oueds Dradère-Soueïre. Rapp. inéd. MTPC/DH/
inéd. MTPC/DH/DRE, 8 pp., 73 fig. DRE, 40 pp., 5 fig., 1 carte.
CHAPOND G. (1955) : Etude hydrogéologique du bassin de Compagnie Africaine de Géophysique (1966) : Etude par
l'oued Dradère. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 10 pp., prospection électrique du bassin de l'oued Dradère.
5 fig. Rapp. inéd, MTPC/DH/DRE, 20 pp., 80 fig., 4
cartes.
COMBE M. (1963) : Etude hydrogéologique de la région de
Lalla Mimouna. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 18 GIGOUT M. (1956) : Recherches sur le Pliocène et le Qua-
pp., 4 fig. ternaire atlantique marocains. Trav. Inst. sci. chérif.,
sér. Géol. & Géogr. phys., n° 5, 94 pp.
COMBE M. (1965) : Possibilités d'alimentation en eau de
Moulay-Bou-Selham. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, MONITION L. (1958) : Etude hydrogéologique du bassin de
7 pp. l'oued Dradère. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 22 pp.,
4 fig., 1 carte.
COMBE M. (1966) : Note sur la campagne géophysique dans
le bassin de l'Oued Dradère. Intérêts et objectifs RINGUELET R. (1957) : Valorisation de la zone côtière du
Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 2 pp. Maroc. Bassin des oueds Dradère et Bourhira et
secteur de l'Aïn Sidi-Kacem. Rapp. inéd. arch.
COMBE M. (1966) : Alimentation en eau de Moulay-Bou- ORMVAR, Kénitra.
Selham. Compte rendu du sondage d'exploitation
2.10.
par
Michel COMBE, Michel FERRÉ & Jean-Pierre THAUVIN
La Méséta centrale, souvent appelée Massif Central marocain, est limitée au Nord
par le couloir sud-rifain (Mamora et plateau de Meknès), au Sud par le plateau des
Phosphates et à l'Est par le Moyen-Atlas ; à l'Ouest, la Méséta côtière s'étend entre
Rabat et Azemmour en une bande d'une vingtaine de kilomètres de largeur, allongée
suivant l'Océan néanmoins pour des raisons d'hydrogéologie, on exposera en ce
chapitre la partie nord de la Méséta côtière (entre les oueds Bou-Regreg et Mellah),
alors que la partie sud sera traitée avec le chapitre : Plaine de Berrechid et Chaouia
côtière. Ainsi délimitées, les Méséta centrale et côtière ont des superficies respectives
de l'ordre de 14 000 et 2 000 km2.
Aperçu géographique
Méséta centrale et Méséta côtière sont deux unités Les agglomérations de quelque importance sont rares et
très différentes tant au point de vue physique qu'aux correspondent à des marchés d'intérêt local.
points de vue économique et humain. La Méséta côtière constitue, entre le Massif central
La Méséta centrale constitue un « haut pays » dont et l'Océan, un ensemble de bas plateaux inclinés vers le
l'altitude moyenne dépasse 500 m, son point culminant littoral. Les altitudes ne dépassent 300 m que dans la
(jbel Mtourzgane) atteignant 1 627 m. Des plateaux partie la plus interne, au contact de la Méséta centrale.
dénudés étagés à différentes altitudes et dont les plus Les paysages sont monotones : des plateaux souvent
hauts dépassent 1 000 m (Tel Fourhal, Oulmès, Ment) parsemés de dayas (région de Benslimane) s'étendent
dominent un réseau diffus de vallées rapprochées, entre des vallées encaissées de 100 m et davantage
sous leur surface. La région littorale, large de 10 à 30
vigoureusement entaillées par l'érosion et boisées. Les
km, se distingue par l'existence de cordons dunaires
plateaux sont eux-mêmes dominés de loin en loin par
anciens ou récents, plus ou moins consolidés. Des
des reliefs assez hardis, de caractère appalachien. barres résiduelles de roches dures, généralement de
L'ensemble est difficilement pénétrable ; il est quartzites, formant relief au-dessus de la surface
caractéristique que les voies de communication topographique, rompent la monotonie de l'ensemble :
l'évitent, soit en longeant le littoral, soit en se faufilant ce sont les « skours » ou « sokrat ».
au pied du Moyen Atlas. La rareté des terres
cultivables en fait une région à économie pastorale Le réseau hydrographique s'ordonne autour des
prédominante, ce qui entraîne l'existence d'une oueds principaux qui sont :
population en grande partie non sédentarisée.
148 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
T LA 159
147 PERMO - TRIAS (argiles- sables - conglomérats - calcai-
res lacustres )
sel-basaltes)
A TEMARA
230 JURASSIQUE (calcaires
Barrage existant
287 Altitude moyenne par
N du Moyen Atlas secteur
A SKHIRATE
E 264
KHEMISSET
559
DE
813
--
C AÏN EL-AOUDA
442
P L T E A U
O BOUZNIKA 454
M E K N E S - F E S
O . CH
287 731
MOHAMMEDIA 127 EL HAJEB
ERRA
IFLA
O.
22 261 973 1161
MAAZIZ
BO
1432
CASABLANCA
O. K OR
T
339
UR
162
O. ME
292
RT
1024
EG
O. BEN SLIMANE
RI
N
RA
M
CHRA
EF 400
O.
I
G
FI TEDDERS 1473
KH
GR
SI BETTACH 1377
OU
O.
119 232 478 ROMMANI
BE
HT
143 1395
O.
785
AZROU
M
473 1232
EL
MEDIOUNA 299
OULMES
LA
592 741
H
838
1367
206 1149 1551
281
224
443 1300
679 1227
1020 1384 1188 2057
BERRECHID EL GARA 518
1216
1406 1358
232 1079
684
1022 1494
925 1571 2186
S
827
1604
935
L A
1358
395
702 951 1457
NE
832
675 884 1388
RA
A T
352
G
SETTAT 771 997 1288
1430
OU
454
CH
KHENIFRA 2219
P 1032 1522
LA 848
N
TE KHOURIBGA OUED ZEM
Y E
1079
A 1362
552
626 U
DE 799 829 1771 1949
S 748
O
438
PHOPH
ATES
M
715
466 631
668 550
551
618 581
MESETA CENTRALE MAROCAINE est couverte par des épandages basaltiques d'âge
L'ossature de la zone est constituée par la Méséta Quaternaire pouvant atteindre une centaine de mètres
centrale marocaine grossièrement tabulaire et pénéplanée d'épaisseur.
après l'orogénie hercynienne (fin du Primaire) et souvent
appelée Massif Central marocain. Des granites et des LE COULOIR SUD-RIFAIN AU NORD DE LA MÉSÉTA
roches métamorphiques y affleurent essentiellement en CENTRALE
trois massifs distincts : au sud de Rommani, au nord-ouest Vers le Nord, la Méséta centrale sert de substratum
d'Aguelmous et à l'ouest d'Oulmès. Les schistes primaires aux formations du couloir sud-rifain. Des nappes de
(Ordovicien, Silurien, Dévonien ou Carbonifère) sont très charriage venues du nord se sont avancées jusqu'à une
largement représentés dans la Méséta, où ils sont ligne passant grossièrement par Kénitra—Sidi-Slimane—
fréquemment injectés de filons doléritiques souvent Fès, lors de la surrection des montagnes du Rif, à la fin du
minéralisés. En intercalations dans les schistes se Tertiaire. Puis ces nappes de charriage ont été recouvertes
rencontrent des bancs de quartzites ou de grès dont la` par des dépôts marins très épais (plusieurs centaines de
puissance varie de quelques mètres à quelques dizaines de mètres), de marnes d'âge Pliocène. Depuis la fin du
mètres. Enfin, quelques calcaires d'âge essentiellement Dé- Pliocène et pendant tout le Quaternaire, des dépôts
vonien apparaissent dans des secteurs localisés et ne détritiques épais : grès perméables vers l'Ouest (zone
représentent que des volumes peu importants. côtière du Rharb), galets et graviers au centre (plaine du
Sur les formations primaires de la Méséta reposent les Rharb), calcaires lacustres à l'Est (plateau de Meknès-Fès)
placages plus ou moins étendus du complexe détritique se sont accumulés et constituent des réservoirs aquifères
permo-triasique (argiles rouges - gypse et sel) dans lequel d'un grand intérêt.
s'interstratifient des basaltes épandus en coulées nue
l'érosion ultérieure a plus ou moins morcelées. LE PLATEAU DES PHOSPHATES AU SUD DE LA
LE MOYEN ATLAS A L'EST DE LA MÉSÉTA MÉSÉTA CENTRALE
Les terrains aquifères sont peu importants dans cette Nord, les marnes miocènes sont très souvent présentes.
région ; le calcaire turonien est le meilleur d'entre eux. Puis viennent des formations détritiques plio-
D'une manière générale, les nappes sont liées aux quaternaires pouvant atteindre quelques dizaines de
terrains calcareux ; elles sont peu abondantes et mètres d'épaisseur qui s'étendent sur toute la bande
d'ailleurs assez mal connues dans leur ensemble. côtière atlantique sauf entre l'oued Ykem et l'oued
Nefifikh ; ces formations gréseuses et sableuses à
LA MESETA COTIERE ciment calcaire constituent des réservoirs aquifères
souvent intéressants dont les nappes sont d'ailleurs très
A l'Ouest, la Méséta centrale n'est recouverte que par exploitées, ce qui explique que certaines d'entre elles
des formations récentes, d'âge Miocène à Quaternaire, aient déjà été envahies par des arrivées d'eaux salées
plus ou moins abondantes selon les endroits. Comme au marines consécutives à des surexploitations.
Stratigraphie simplifiée des formations de la Méséta
M
A M
RABAT El Kansera FES
Station pluviométrique O
R A
Station thermo-pluviométrique
O.
Temara
Tiflète
Bo
O. Y
Skhirat MEKNES
u
Station Hydrologique
Re
urifla
k
Bouznika
kem
O. Ch
gr
ag
Kemisset
O.
MOHAMMEDIA
O. K o
Oued Beth
Gr
errate
CASABLANCA Maaziz
ou
Benslimane
Merchouch Tedders
O.
Dar-Bou-Azza Rommani El Harcha
Nfifi
kh
S
O.
Azrou
I A
Me
A
Azemmour Oulmés
U
O lla Ezzhiliga
L
A h Aïn Leuh
H Berrechid
C
T
El Khatouate My Bou Azza
EL JADIDA Mrirt
A
Oued
A T
m er R
N
Settat E A
ia
Si Lamine Khenifra
Rb
U Oued Zem
E
D E
er
bia
Y
S
um
Khoribga Bou -Assila
P H
O
O S
ed
P H
M
Ou
Kasba tadla A T
E S
Climatologie
LES PLUIES (fig. 63). Quant au bord de la mer, Rabat reçoit 510
mm, Meknès à l'altitude 530 m en reçoit 573 et Oulmès
La répartition géographique des précipitations (carte à 1 260 m 784. Les dorsales montagneuses du Rif et de
des isohyètes, fig. 4) met en valeur la triple influence de
l'Atlas qui bordent la zone côtière au Nord et à l'Est
la latitude, celle d'un plus ou moins grand éloignement
sont partout soulignées par des bandes de pluviosité
de la mer, enfin celle de l'altitude.
relativement fortes. Des hauteurs de pluies réellement
Les pluies diminuent nettement avec la latitude qui observées autorisent à admettre que les sommets du
est l'influence principale lorsque le relief ne vient pas Moyen Atlas reçoivent entre 1 500 et 2 000 mm par an,
compliquer le schéma, ce qui est le cas le long de la
côte Atlantique (fig. 5) où les précipitations moyennes
annuelles décroissent de 600 mm à Kénitra, à 510 mm à
1000
Rabat, puis 440 mm à Casablanca et 366 mm à El-
Jadida. Ceci est un fait généralement connu sur toutes
PLUVIOMETRIE
Azrou
CLIMATOLOGIE 1933-1963
EL JADIDA ADIR 18.1 6.9 19.1 7.3 20.7 8.7 21.9 13.6 23.2 12.7 25.1 15.2 26.8 16,7 27.3 16.7 26.6 15.5 25.0 13.2 22.1 10.4 19.3 8.1 22.9 11.8
FIG. 64
alors que les totaux les plus élevés dans le Rif dépassent Dans l'ensemble, les irrégularités interannuelles dans
fort probablement 2 000 mm. la distribution des précipitations sont importantes et l'on
a mis en évidence des cycles d'années sèches et des
Dans l'ensemble, la zone côtière marocaine comprise cycles d'années humides.
entre Kénitra et Casablanca est donc moyennement
arrosée ; les bordures montagneuses du Rif et du Moyen LES TEMPERATURES
Atlas qui limitent naturellement ces régions vers l'Est et
alimentent les hauts bassins sont par contre très bien La température est un facteur climatique beaucoup
arrosées. plus régulier que les précipitations. La moyenne des
températures moyennes annuelles oscille entre 17 et 18°
La saison pluvieuse dans cette région du Maroc Celsius sur la côte et entre 15 et 17°C en montagne ;
s'étale habituellement entre octobre et mai avec deux l'amplitude entre les maxima et les minima augmente
maxima très marqués en décembre-janvier et en mars. Le d'une façon générale avec la continentalité.
nombre de jours pluvieux par an oscille entre 60 et 75 Les mois les plus chauds sont juillet et août avec des
entre les massifs montagneux et l'Océan, mais se situe maxima moyens de 28 à 30°C sur la côte, de 30 à 35°C
entre 75 et 100 jours dans le Moyen Atlas et le Rif. Le entre la montagne et l'Océan et de 28 à 32°C en
nombre de mois secs pour la végétation (mois pour montagne. Des maxima absolus journaliers supérieurs à
lesquels le total mensuel des précipitations exprimé en 45°C peuvent s'observer dans toute la région par vent de
millimètres est égal ou inférieur au double de la chergui.
température moyenne mensuelle exprimée en degrés Les mois les plus froids sont décembre, janvier et
Celsius) est de 3 à 4 pour les zones montagneuses et de 5 février où la moyenne des minima est de 6 à 8°C sur la
à 6 pour les zones comprises entre les montagnes et côte, de 2 à 6°C entre la montagne et l'Océan, et de - 4 à
l'Océan. + 2°C en montagne.
CLIMATOLOGIE 1933-1963
TIFLETE 16.7 5.4 18.5 6.1 21.2 7.9 21.7 9.3 26.7 11.2 31.0 14.6 35.5 17.2 35.8 16.8 32.2 15.1 27.4 12.4 21.6 9.2 17. 5 6.6 25.7 11.0
MOULA BOU AZZA 8.3 9.6 10.8 12.5 15.8 21.0 24.9 26.0 21.6 17.2 12.4 9.6 15.8 390 - 5.4 C1 B'2 s2 b'4 520
OULMES 7.0 8.6 10.7 13.0 15.8 20.9 26.2 26.0 21.2 16.2 11.5 7.8 15.4 430 + 15,3 C2 B'2 s2 b'4 600
TEDDERS 9.8 11,0 13.6 16.6 18.7 22.6 26.2 26.3 23.2 19.3 14.6 12.5 17.8 390 - 24,8 DB'3 da' 450
ROMMANI 9.6 10.8 13.4 15.3 18.4 22.4 25.9 26.4 23.7 19.7 15.1 10.4 17.6 360 - 28.3 DB' 3 da' 410
El KHATOUA TE 7.8 8.8 10.9 12.6 15.2 18.6 22.6 23.1 20.3 16.5 12.4 8.8 14.8 390 - 9.5 C1 B'2 sa' 470
TIFLETE 11,0 12.3 14.6 16.5 19.0 22.8 26.4 26.3 ! 23.6 19.9 15.4 12.0 18.3 400 - 21.7 DB'3 sa' 490
FIG. 65
CLIMATOLOGIE 1933-1963
AZROU 7.2 8.8 10.8 12.9 15.6 20.4 25.2 25.2 20.6 15.9 11.5 8.0 15.2 520 + 25,6 B1 B'2 s2 b'4 630
KHENIFRA 8.5 10.6 12.9 15.4 18.9 23.9 28.6 28.5 24.2 18.9 13.6 10.0 17.8 420 - 6,5 C1 B’3 s2 b'4 560
FIG. 66
MÉSÉTA CENTRALE ET MÉSÉTA CÔTIÈRE 155
Hydrologie
Deux cours d'eau principaux : le Beth et le Bou- à une vingtaine de kilomètres de son embouchure de
Regreg drainent la majeure partie de la Méséta. deux oueds principaux : au N, le Bou-Regreg (3 980
Quelques petits oueds côtiers, tous temporaires, km2 de bassin), au S le Grou constitué lui-même de
drainent en outre la bordure atlantique de la Méséta ; trois- rivières (Grou-Korifla Akreuch) dont le bassin
les principaux sont par ordre d'importance le Mellah, versant total est de 5 700 km2 . L'aridité plus prononcée
le Nefifikh, le Cherrate et l'Ykem. au S qu'au N du bassin fait que les sous-bassins du
Grou et du Bou-Regreg, bien que de surface différente,
contribuent à peu près à égalité à la formation du débit
L'OUED BETH à l'aval de la confluence. Le réseau hydrométrique de
L'oued Beth est un affluent rive gauche du Sebou ce bassin était inexistant jusqu 'à ces dernières années ;
(bassin versant du Beth : 4 540 km2 en Méséta mais une station fonctionna pendant douze années (1927-
7000 km2 à la confluence). Il est équipé d'un barrage 1939) sur le Bou-Regreg à l'amont de la confluence
d'accumulation (El-Kansera) en fonction depuis 1934. avec le Grou, mais la plupart des relevés sont
La superficie du bassin versant au barrage est de 4 540 discutables. Deux méthodes ont été employées pour
km2 et ce bassin est presque totalement inclus dans la évaluer les apports moyens annuels : une corrélation
Méséta centrale primaire. Des mesures hydrologiques pluie-débit à partir des anciens relevés de la station du
sont effectuées à El-Kansera depuis 1925, mais des Bou-Regreg, et une corrélation entre cette ancienne
observations y avaient déjà été faites depu is 1910. Les station et la station d 'El-Kansera sur le Beth ; les
apports moyens annuels se chiffrent à 380 millions de résultats obtenus sont sensiblement différents, modules
m3 pour la période 1932-1970, variant entre un mi- respectivement de 14 et 18 m3 /s. Seuls les relevés des
nimum de 115 Mm3 (1944-45) et un maximum de 1000 prochaines années permettront de préciser ce module
Mm3 (1962-63). Le coefficient de ruissellement moyen qui se situe vraisemblablement entre les deux chiffres
est de 0,15. Le Beth est pérenne bien que certains précédents. Un aménagement (barrage du Grou) a été
étiages soient sévères (parfois moins de 100 l/s). Les exécuté en 1968-69 pour l 'alimentation en eau de
crues sont importantes : 3 100 m3 /s pour la millénaire, Rabat, et un grand aménagement s'édifie depuis 1971
1 800 m3 /s pour la centenaire. Les eaux du Beth sont sur le Bou-Regreg ; ces deux barrages ont pour objet la
moyennement minéralisées : 500 à 1 000 mg/l de sels desserte en eau potable des villes de la côte Atlantique
totaux suivant la saison, les concentrations les plus entre Kénitra et Casablanca jusqu'en 2 000. On
élevées se situant en automne. L'aménagement d'El- reviendra en détail sur ces questions au terme du
Kansera est décrit en détail dans le tome 1, chapitre présent chapitre.
des Rides prérifaines.
LES OUEDS COTIERS
L'OUED BOU-REGREG Les petits oueds côtiers de quelque importance,
L'oued Bou-Regreg possède un bassin versant de tous temporaires, qui atteignent l'Océan entre Rabat et
forme elliptique (grand axe orienté NW-SE) d'une Casablanca, sont du Nord au Sud : l'oued Ykem, l'oued
superficie totale de 9 700 km2 ; le bassin versant est Cherrate, l'oued Nefifikh et l'oued Mellah. Tous ont
constitué essentiellement de collines et plateaux leurs bassins versants compris dans la Méséta centrale
imperméables dont la couverture végétale est assez marocaine, constituée de terrains essentiellement
importante. Le Bou-Regreg est constitué par la réunion, imperméables ; aucun réservoir aquifère important ne
156 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
diffère l'écoulement d'une partie des précipitations, ce crue millénaire un débit de pointe de 850 m3/s.
qui explique que les étiages soient sévères et même
souvent nuls. Par contre, les pointes de crues L'OUED NEFIFIKH
consécutives aux précipitations d'automne et d'hiver
peuvent être importantes. L'oued Nefifikh est très comparable au Cherrate ; son
bassin versant (830 km2) est pour la plus grande part
L'OUED YKEM imperméable. Aucune observation suivie n'a jamais été
effectuée sur cette rivière dont le régime d'écoulement
Il est le plus petit de ces oueds côtiers puisque la doit être identique à celui du Cherrate : débit très faible
longueur de son cours est inférieure à 50 Km et la pouvant même s'annuler de juillet à octobre,
superficie de son bassin versant de l'ordre de 430 km2. écoulements essentiellement consécutifs aux pluies
L'oued entaille profondément le plateau primaire d'hiver et de printemps.
imperméable, mais draine en rive droite la petite nappe Les apports moyens interannuels sont estimés à 60
côtière dite de Témara où quelques sources existent et Mm3. Le débit de pointe de crue de fréquence centennale
sont la plupart du temps captées et utilisées avant que serait de l'ordre de 550 m3/s ; celui de fréquence
leur débit ne parvienne à la rivière. millénaire : 950 m3/s.
Cet oued n'a jamais fait l'objet de mesures hydro- L'OUED MELLAH
logiques systématiques. Des jaugeages sont effectués
environ tous les deux mois en un point situé à 3 km à
Il est le plus important des oueds côtiers. La surface
l'amont de l'ancienne route Rabat-Casablanca, depuis
mai 1968. En ce point, l'oued a un débit inférieur à 10 de son bassin versant est de 2 800 km2. Ce bassin est
l/s, depuis juin jusqu'à novembre et pendant cette équipé de deux aménagements. Le premier, mis en eau
dernière période, l'écoulement était inexistant en juillet en 1932, est un barrage-poids en béton dénommé
et août 1968 (année sèche), mais semble par contre avoir Taïchet dont les caractéristiques sont les suivantes :
persisté plus longtemps en 1969 et 1970. — Situation : 25 Km à l'amont de la R.P. 1 Rabat-
Par analogie avec les bassins versants voisins, on Casablanca et 30 Km à l'amont de l'embouchure.
estime que les apports annuels sont de l'ordre de 30 Mm3 — Superficie du bassin versant : 1 800 km2.
essentiellement répartis de décembre â avril. — Barrage-poids en béton à déversoir central (débit
maximum d'évacuation : 600 m3/s).
L'OUED CHERRATE — Hauteur maximum au-dessus du thalweg : 28,5 m.
— Longueur du couronnement: 128 m.
Plus important que le précédent (bassin versant de
700 km2) il draine exclusivement des terrains — Volume de l'ouvrage : 25 000 m3.
imperméables de la Méséta primaire qu'il entaille tout — Surface de la retenue à la cote maximum (101,75
aussi profondément. m) : 240 ha.
— Capacité totale utilisable : 18 Mm3.
Une station de jaugeage de type cyclopotence y a été
exploitée dans de mauvaises conditions hydrauliques sur — Usage mixte : irrigation d'un périmètre de 400 ha et
le pont de l'ancienne route Rabat-Casablanca au niveau alimentation en eau de Casablanca.
de Skhirat depuis février 1968. On projette d'implanter à — 2 surélévations successives ont été exécutées en
proximité une station téléphérique qui fournira des 1932 et 1943 pour porter la capacité utile à 18
résultats plus satisfaisants. Mm3.
A partir de la fin mai, les écoulements diminuent au- Le second ouvrage se situe dans le haut bassin où
dessous de 100 l/s jusqu'à pratiquement disparaître de l'oued porte le nom de Zamrine ; il a été édifié de 1949 à
juillet ou août à octobre. Le débit de crue maximum qui 1951 et est d'importance modeste :
ait été jaugé sur la courte période d'observation
— Situation : 15 km au nord de Khouribga.
atteignait 86,5 m3/s le 23 février 1968.
— Superficie du bassin versant : 170 km2.
Les apports moyens interannuels calculés par
analogie avec les bassins voisins sont estimés à 50 — Surface de la retenue à cote maximum : 14 ha.
Mm3/an, la crue de fréquence centennale devant — Capacité maximum de la retenue : 640 000 m3.
atteindre un débit de pointe de l'ordre de 500 m3/s et la — Hauteur maximum de l'ouvrage : 14 m (16,30 m).
MÉSÉTA CENTRALE ET MÉSÉTA CÔTIÈRE, 157
— Usage : alimentation en eau des installations de — Exploitation du barrage de l'oued Zamrine : période
l'Office Chérifien des Phosphates à Khouribga. 1951-54.
L'ouvrage n'est pratiquement plus utilisé depuis 1968 Beaucoup des données manquantes pourraient sans
en raison de son envasement important et de la doute être retrouvées principalement auprès des
mauvaise qualité des eaux retenues, eaux qui se exploitants des ouvrages et l'ensemble des mesures devrait
détériorent en été sous l'effet de micro-organismes faire l'objet d'une élaboration qui n'a encore jamais été
(eutrophisation). faite.
Un troisième ouvrage a été étudié à 10 km à l'aval du D'après 23 années de mesures utilisables au barrage de
précédent (bassin versant : 250 km2) mais n'a pas été l'oued Mellah, les apports moyens interannuels seraient de
réalisé. l'ordre de 35 Mm3, chiffre manifestement très sous-estimé
En dépit de ces équipements, l'hydrologie de l'oued pour 1 800 km2 de bassin versant.
Mellah n'est pas très bien connue. On dispose de mesures
Pour l'ensemble du bassin versant (2 800 km2), les
hydrologiques assez disparates et qui sont les suivantes :
apports sont estimés d'après des calculs théoriques, entre
— Station oued Mellah au pont de la route 106 : période 100 et 120 Mm3/an.
1924-30
— Exploitation du barrage de l'oued Mellah : période Les eaux de l'oued Mellah sont saumâtres en dehors
1937-56 des périodes de crues ; de nombreuses analyses sont
disponibles au niveau de la retenue où les sels totaux
— Station de Sidi-Meziane (B.V. 250 km2) : période
varient entre 0,5 et 2,0 g/l selon la saison.
1953-54
Hydrogéologie
s'effectue au-dessous des marnes bleues du Miocène. quartzites ou de grès, dont la puissance varie de
quelques mètres à quelques dizaines de mètres ; ils sont
Aux granites et plus particulièrement à leur auréole parcourus par un réseau de fissures et de diaclases
métamorphique, sont associées des venues d'eaux d'autant plus important qu'ils ont été le siège d'actions
thermominérales en liaison avec les fracturations tectoniques plus intenses. Une perméabilité de fissures
ouvertes de la roche. Ces ressources particulières sont peut donc exister dans ces bancs qui, de ce fait,
décrites en fin de chapitre. peuvent contenir de l'eau, car ils jouent le rôle de
drains par rapport aux schistes environnants. Souvent
Les schistes primaires dégagés par l'érosion par rapport aux schistes
encaissants, ils forment alors des reliefs plus ou moins
D'âges ordovicien, silurien, dévonien ou carbo- rectilignes appelés « sokhorat », qui sont le siège de
nifère, ils sont très largement représentés dans la petites sources au contact de leur environnement
Méséta. Ils sont imperméables en dehors de la zone schisteux. Leurs débits sont de quelques dixièmes de
d'altération superficielle où ils acquièrent une très faible litres par seconde et atteignent rarement plus de 2 à 3
perméabilité. La frange d'altération, de puissance très l/s. Des puits accompagnés de galeries en travers-banc
variable (souvent 15-20 m, parfois plus de 50 m), est peuvent donner des débits identiques, voire supérieurs.
donc seule exploitable ; les investigations par forages Néanmoins la recherche par forage est aléatoire : le
entreprises avec l'espoir de rencontrer des nappes forage de la Radiodiffusion Télévision Marocaine au
profondes se sont toujours soldées par des échecs. Une Sokhrat-el-Hajiba, près de Benslimane (n°2622/20) a
dizaine de forages ont notamment été exécutés par les été poussé jusqu'à 75 m dont 25 m de quartzites en trois
autorités américaines en 1954 pour tenter d'alimenter la bancs distincts : il n'a obtenu qu'un débit de 0.03 l/s
base de Benslimane ; profonds en général de 50 m, sauf avec un rabattement de 6 m et une remontée
un qui atteignit 305 m, ces ouvrages n'ont pu mettre à extrêmement lente.
jour qu'un débit unitaire inférieur à 1 l/s avec des
rabattements de plusieurs dizaines de mètres. Des L'eau est généralement de bonne qualité chimique
résultats meilleurs auraient été obtenus avec de simples (de l'ordre de 1 g/l de résidu sec).
puits munis de galeries. Les calcaires
De plus, la qualité chimique de l'eau de ces schistes
est toujours très médiocre : le résidu sec n'est jamais Essentiellement d'âge dévonien, ces formations ont
inférieur à 1 g/l et est le plus souvent supérieur à 2 g/l. dans l'ensemble un rôle hydrogéologique assez peu
important. Néanmoins, dans certains cas assez
localisés, ils apportent à la région intéressée l'essentiel
Les filons doléritiques de ses ressources en eau. Comme les grès et quartzites,
Les schistes sont fréquemment injectés de filons mais généralement plus largement représentés, ils
doléritiques, souvent minéralisés, orientés généralement drainent les formations schisteuses voisines et donnent,
SSW-NNE. Ils jouent le rôle de drains en permettent des par puits ou par sources, des débits ponctuels pouvant
exhaures atteignant parfois plusieurs litres par seconde. dépasser 10 1/s d'une eau d'excellente qualité (résidu
A Moulay-Bou-Azza par exemple, le puits du souk a sec toujours inférieur au gramme/litre). Leur rôle
traversé deux filons dans lesquels ont été creusé une hydrogéologique est accru par leur karstification qui
galerie drainante ; on est ainsi parvenu à obtenir un débit peut être très importante : des grottes de plusieurs
continu de 5 1/s d'une eau d'excellente qualité (résidu sec dizaines de mètres cubes, marquées de fissures très
380 mg/l). La transmissivité de ces filons doléritiques de nombreuses, ont par exemple été explorées ou
Moulay-Bou-Azza est néanmoins faible : 3.10-4 m2/s. rencontrées en sondages (environs de Rabat
Les filons doléritiques, souvent associés à des brèches notamment). Inversement l'intérêt des formations
tectoniques, peuvent donner des débits encore supérieurs calcaires est souvent diminué du fait de leur caractère
(17 l/s à la mine de Moulay-Bou-Azza, 20 l/s à celle du fréquemment lenticulaire qui restreint leurs possibilités
jbel Aouam près de Mrirt) mais, fréquemment d'alimentation et de ce fait oblige à une certaine
minéralisés, ils livrent alors une eau qui peut être prudence dans l'exploitation d'un ouvrage, même si son
impropre à la consommation du fait de sa forte teneur en débit instantané est relativement fort.
ions métalliques.
Les complexes détritiques permo-triasiques
Les grès et quartzites Imperméables, salées et gypsifères, les argiles
rouges contribuent fortement à rendre inutilisables les
On trouve fréquemment, en intercalations dans les
nappes qui circulent à leur contact. Leur action se fait
schistes surtout ordoviciens et siluriens, des bancs de
également sentir sur les eaux superficielles et les
MÉSÉTA CENTRALE ET MÉSÉTA CÔTIÈRE 159
nappes alluviales qui leur sont liées (bassin de l'oued peut considérer comme des lits fossiles du cours d'eau.
Mellah notamment). La qualité chimique de l'eau est très bonne au centre de
la plaine (350 à 650 mg/l de résidu sec) du moins à
Les passées gréseuses ou conglomératiques sont
l'amont de Maaziz. A l'aval et surtout sur les bordures
toujours de faible importance et le peu d'eau qu 'elles
(contact avec les argiles du Permo-Trias), la salure
peuvent contenir est toujours salé.
augmente et est fréquemment de 800 à 1200 mg/l. Tout
Les basaltes permo-triasiques à fait à l'aval, au niveau du confluent avec le Bou-
Regreg, la salure peut atteindre 2 ou 3 g/1. Le bilan de
Les coulées de basaltes doléritiques interstrafiées cette nappe n'est pas connu, mais il est vraisemblable
dans les formations précédentes ont une perméabilité qu'elle est à peu de choses près, totalement utilisée par
variant avec leur degré d'altération et de fissuration, les prélèvements agricoles qui l'exploitent intensément
mais qui est rarement élevée. D'autre part, il faut aussi pour l'irrigation de plantations arbustives.
que ces coulées soient alimentées ce qui n'est pas
toujours le cas du fait de leur morcellement par LA MÉSÉTA CÔTIÈRE
l'érosion. Elles n'en demeurent pas moins, avec les
alluvions quaternaires, les seuls aquifères éventuels en Il est inutile de reprendre un à un les terrains
pays permo-triasique, mais leur capacité en eau est le primaires étudiés au paragraphe précédent et qui se
plus souvent faible : les quelques sources qui en sont retrouvent ici avec des caractères hydrogéologiques
issues ont un débit généralement inférieur au sensiblement identiques. La topographie beaucoup
litre/seconde, débit qui peut être légèrement augmenté, moins tourmentée permet l'existence de véritables
comme dans les puits, par des galeries drainantes de nappes de plateaux s'écoulant conformément à
quelques dizaines de mètres. l'inclinaison générale de la topographie, du SE vers le
La qualité de l'eau dépend du voisinage des argiles NW. Ces nappes sont peu profondes et liées à la frange
d'altération et aux fractures ; elles sont pauvres en
salifères ; elle peut être localement très bonne (moins
général.
de 500 mg/l de résidu sec).
Il convient par contre d 'insister sur un faciès peu
Les calcaires détritiques miocènes, plio-villafranchiens répandu en Méséta centrale, mais qui, largement
et quaternaires présent en Méséta côtière, fournit à cette dernière
l'essentiel de ses ressources en eau : les calcaires
D'un intérêt capital dans la Méséta côtière (sauf les détritiques plio-quaternaires. On range sous ce vocable
premiers), ils n'ont ici qu'une importance négligeable des sables et des grès plus ou moins consolidés,
du fait de leur faible épaisseur et surtout parce que essentiellement calcaires, qui sont soit marins (Plio-
leurs affleurements ne constituent que des placages cène, Moghrébien, Quaternaire), soit dunaires ou
disséqués par l'érosion et conservés en étroites lanières continentaux (Villafranchien, Quaternaire). D'une
sur le sommet des plateaux schisteux. épaisseur pouvant atteindre 30 m, ils recèlent des
Les alluvions quaternaires nappes d'importance diverse qui s'écoule vers l'W, le
NW ou le N. Généralement laminaire, l'écoulement y
Ces formations contiennent fréquemment des est parfois karstique et produit alors des débits de
nappes, liées très étroitement au régime hydrologique plusieurs dizaines de litres/seconde.
des oueds. La plupart du temps elles sont de très faible
importance du fait de la disposition du réseau Le secteur Rabat-oued-Ykem et son arrière-pays
hydrographique et de la reprise d'érosion provoquée
(fig. 67)
par le soulèvement d 'âge atlasique. En bordure du
massif, au NW en particulier, quelques nappes de D'une superficie de 315 km2 environ, cette région
vallées méritent de retenir l'attention. L'une des plus est bien délimitée au point de vue hydrogéologique par
importantes est celle de l'oued Tanouberte aux en- les oueds Bou-Regreg au Nord, Akreuch à l'Est, et
virons de Maaziz. A l'amont de son confluent avec le Ykem au Sud, dont les vallées profondes entaillant
Bou-Regreg, l'oued Tanouberte coule dans une vallée jusqu'au substratum l'isolent de tout apport souterrain
large de quelque 2 km sur une longueur d'une dizaine extérieur. L'aquifère est constitué par des calcaires
de kilomètres. Cette vallée, enserrée dans des gréseux du Plio-quaternaire perméables en petit mais
formations permo-triasiques, est le seul aquifère de la aussi, localement, en grand (grotte du Douar Debbarh,
région. Une nappe à faible profondeur s'y écoule vers près de Rabat). Le substratum imperméable de la nappe
l'aval avec une pente de l'ordre de 4,5 %. Jusqu'à 1,5 est constitué par les schistes paléozoïques au SW, et
km environ à l'amont de Maaziz, l'oued alimente la par des marnes miocènes au NE. Le contact de ces
nappe, alors qu'il la draine à l'aval, Dans le détail, on formations et de l'aquifère est jalonné de sources ;
peut observer des zones d'écoulement privilégié qu'on
370
Meknès
GEOLOGIE ET PIEZOMETRIE Salé
RABAT
Calcaires gréseux marins ou dunaires 380
(PLIOQUATERNAIRE)
Marnes
Re
Ou
(MIOCENE)
u-
gr
ed
Bo
ag
Formations primaires à
prédominance schisteuse
E
U
Q
I
T
N 40
A
L 50
60
T
A 60
60
N
A
E
C 70
80
O Temara
90
370 370
0
10
0
11
a
nc
bla
sa Oued Akreuch
Ca
A. Reboula
0
13 12
0
0
14
Oued
0
15
0
16
0
18
Courbes isopièzes
(Novembre 1963)
200
(Courbes interprétées
(d'après levés antérieurs)
210
Puits 220
Sources
0
23
370
360
0
24
0
25
FIG. 67
MÉSÉTA CENTRALE ET MÉSÉTA CÔTIÈRE 161
Aïn-Entsa, Aïn-Beïda, Aïn-Temara, Aïn-Hallouf, etc. sur l'ensemble du front de 5 km passent donc 85 l/s
L'épaisseur de l'aquifère, variable, peut être considérée environ. Ce débit est provoqué par les pluies tombant
sur les 30 km2 situés à l'amont, ce qui donne un
comme étant d'une dizaine de mètres en moyenne.
module de recharge de 2,8 l/s/km2 ; si l'on admet une
La nappe s'écoule d'une façon uniforme vers la mer, pluviométrie moyenne de 520 mm, ceci correspond à
c'est-à-dire du SE au NW. La pente est de l’ordre de un coefficient d'infiltration de 18 %. En considérant la
1,5%. Des directions découlement privilégié se totalité de l'impluvium (50 km2 ) on obtient une alimen-
manifestent souvent dans des sous-bassins limités tation de 150 l/s ; les prélèvements ne sont pas connus
vraisemblablement par des éperons paléozoïques avec précision mais doivent dépasser 180 l/s, ce qui
(secteur d'Aïn-Reboula par exemple). Dans la zone de explique la baisse de la nappe qui ne peut être enrayée
bordure, les apports sont limités par un impluvium temporairement, que lors des années très pluvieuses.
restreint (secteur des Souissi par exemple).
Le secteur d'Aïn-Reboula, y compris la zone située
En général, le résidu sec des eaux ne dépasse pas à son aval hydraulique, a une superficie de 150 km2 ,
500 mg/l, sauf dans la zone côtière où les pompages sur laquelle l'apport météorique peut être évalué en
maraîchers ont créé une surexploitation qui s'est année normale à 400 l/s environ. Or les prélèvements
traduite par un début d'invasion marine. sont de l'ordre de 300 1/s dont près de la moitié pour
les seuls pompages de la RED à Aïn-Reboula, qui
Une approche du bilan général a pu être faite ; en
contribue, par une conduite directe, à l'alimentation en
admettant une infiltration variant de 10 à 15 % selon
eau de Rabat. Si l'on ne considère que l'impluvium
les endroits et une pluviométrie de 500 mm,
situé à l'amont d'Aïn-Reboula (100 km2 environ), on
l'alimentation serait de l'ordre de 23.106 m3 /an, soit
voit que son alimentation est de l'ordre de 270 1/s et
environ 700 l/s. L'ensemble des pompages doit totaliser
que le seul captage de la RED prélève plus de la moitié
un débit d'exhaure de quelque 17.10 6 m3 /an, soit 550
de ce débit ; ceci explique la baisse sensible du niveau
l/s ; à ce chiffre faudrait-il encore ajouter le débit de
perméable. Il est à noter que les travaux récents sur «
toutes les petites sources. Si le bilan apparaît favorable
la source » Aïn-Reboula ont permis de mettre en
pour l'ensemble du bassin, il ne l'est plus si l'on
évidence l'existence de véritables chenaux karstiques
considère des zones plus restreintes somme celle du
qui expliquent l'importance du débit exploitable en ce
Souissi ou d 'Aïn-Reboula.
secteur.
La première de ces zones, déjà étudiée en 1955, a
Le secteur compris entre les oueds Ykem et
fait l'objet de nouvelles reconnaissances en 1967,
Cherrate est le siège d'un très faible écoulement dans la
consistant en géophysique électrique, sondages et
partie supérieure altérée des schistes viséens et,
essais de pompage. La puissance de l'aquifère varie de
localement, dans la couverture plio-quaternaire. Dans la
0 à 20 m mais est en moyenne de 5 m. La
série paléozoïque, des bancs de quartzites fissurés
transmissivité est de l'ordre de 10 -3 m2 /s, et le seul
drainent les schistes et constituent de ce fait les
coefficient d'emmagasinement mesuré donne le chiffre
meilleurs points de ponction. Une étude très locale
de 4.10 -3 ; ces mauvaises caractéristiques ne
vient d'être effectuée sur la nappe de la plage de
permettent que des prélèvements unitaires de 1 à 2 l/s
Skhirate ; une trentaine d'essais de pompage ont montré
en général, avec de très forts rabattements. Malgré
que la transmissivité de l'aquifère était de l'ordre de
cela, la multiplicité des puits d'exhaure entraîne une
3.10 -4 m2 /s pour les schistes, et de 2.10-3 m2 /s pour les
surexploitation importante qui se traduit par un
grès dunaires. Le débit d'écoulement est de l'ordre de 4
appauvrissement continuel des réserves et une baisse
l/s/km le long de l'isopièze 0,80 m. Au NE, là où
de plusieurs mètres du niveau piézométrique. Des
existent d'importants pompages, l'altitude de la nappe
essais d'injection ont été exécutés pour étudier la
est inférieure au niveau de la mer et l'intrusion d'eau
possibilité d'une réalimentation artificielle. A de rares
salée est généralisée puisque les eaux titrent entre 3 et
exceptions près, ils ont eu des résultats très médiocres
10 g/l de résidu sec. La région de la plage de Skhirate
voire franchement mauvais et cette solution semble
ne peut donc être exploitée que d'une manière très
devoir être abandonnée. On pourrait peut-être y
prudente.
substituer une méthode d'injection en nappe en
quelques endroits judicieusement choisis : des HYDROGEOLOGIE APPLIQUEE
expériences indirectes effectuées pour le drainage des
eaux pluviales du Royal Golf de Dar-es-Salam ont en ALIMENTATION EN EAU DES CENTRES RURAUX
effet donné des résultats probants.
Les valeurs de transmissivité mesurées permettent La pauvreté des ressources en eau superficielle ou
de calculer le débit passant par un front de nappe ; le souterraine de la Méséta a nécessité, pour l'alimentation
long de l'isopièze 60 m, celui-ci est de17 l/s/Km ; des villes les plus importantes (Rabat, Mohammedia et
162 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Casablanca), la réalisation de très importants travaux. puis 40 m de conglomérat à gros éléments. Un tubage
Seules les petites agglomérations peuvent se contenter de 8 m de diamètre crépiné de 15 à 60 m permet une
pour leur alimentation de débits prélevés localement exploitation au débit de 4 l/s, d'une eau de très bonne
avec des moyens relativement modestes ; néanmoins qualité (résidu sec 630 mg/l). La transmissivité
les centres un tant soit peu importants éprouvent déjà calculée est de 4.10 -4 m2 /s.
des difficultés pour faire face à l'accroissement de leurs
besoins. Maaziz (environ 5 000 habitants) n'est pour l'ins-
tant alimentée que par un puits dans les alluvions de
Mrirt (environ 3 500 habitants) disposait l'oued Tanouberte, qui donne un débit inférieur à 1 l/s.
jusqu'en 1964 du seul captage de l'Aïn-Taliouine (n° Des études sont en cours pour tenter de donner au
205/29), située à 2 km au S du village et issue centre un débit supplémentaire de 4 à 5 l/s. On
d'alluvions quaternaires au contact de schistes siluriens. présume déjà que ni les basaltes permo-triasiques qui
La mine de plomb du jbel Aouam, quant à elle, est ne donnent dans la région que des débits en général
alimentée également à partir de la nappe alluviale des dérisoires même avec des galeries (quelques mètres
oueds Mrirt et Tirza, au débit de 4 à 9 l/s suivant les cubes par jour), ni les recouvrements miocènes et
saisons; d 'autre part un débit de 20 l/s est exhauré dans villafranchiens trop minces, ne donneront le débit
le puits de la mine, en provenance d'un filon demandé ; les recherches devront vraisemblablement
minéralisé, avec brèches tectoniques, jouant le rôle de s'orienter sur les secteurs non salés de la nappe
drain, mais l' eau contaminée par les ions métalliques alluviale de la vallée du Tanouberte.
est impropre à la consommation.
Les recherches d'eau complémentaire pour Mrirt • Tiflète (9 000 habitants environ) est alimentée par
ont porté d'abord sur les alluvions de l'oued Mrirt où le captage de l'Aïn-Nejam (n° 54/14) et, depuis 1965,
deux puits reliés par 50 m de tranchée n'ont pu donner par le forage n° 2803/14. L'Aïn-Nejam sourd de
que 0,1 l/s ; un filon de microgranite en intrusion dans calcaires dévoniens fissurés et donne un débit de 4 l/s
les schistes n'a, lui aussi, donné que 0,1 l/s. La solution au moyen de 200 m de drains par fonds de 2 à 3 m. La
a été trouvée dans la pente nappe alluviale du Souani seule nappe existant dans le secteur est celle qui
(dont l'un des exutoires est l'Aïn-Taliouine déjà captée) s'écoule dans la frange d'altération des schistes et,
où un puits (5 m d'alluvions sur les schistes) a été quand ils existent, dans les calcaires dévoniens ; ces
exécuté et complété par deux drains en tranchées (75 m derniers sont très tectonisés et très karstifiés à la mine
vers l'E et 55 m vers l'W). Le débit possible est de 4-5 de fer de Medhinete, à 4 km au SSE de Tiflète, où un
l/s. La transmissivité des alluvions est de 2.10-3 m2 /s ; essai d'exhaure à 4 l/s ne montra aucun rabattement
le résidu sec de l'eau est très faible (200 mg/l). notable ; un forage fut donc implanté à proximité dans
ces calcaires qu'il traversa sur 60 m sans en toucher la
• Moulay-Bou-Azza est alimentée par le puits n° base. L'essai de pompage donna une transmissivité de
246/29 creusé dans des filons doléritiques injectés dans 1.10 -3 m2 /s à proximité de l'ouvrage, et 5.10 -4 m2 /s plus
les schistes siluriens. Le débit exploitable était au large. Le débit d'exploitation a été fixé à 4 l/s. Les
initialement de 2 l/s d'une eau de très bonne qualité ; la observations ont montré une dépendance très étroite
transmissivité était de 3.10 -4 m2 /s. Après entre les niveaux piézométriques de la nappe et les
approfondissement de 7 mètres du puits, ce qui a hauteurs d'eau de l'oued Tiflète qui, selon les saisons,
permis de traverser totalement le filon de dolérite, le draine ou alimente la nappe.
débit d'exploitation a été fixé à 5 l/s, la transmissivité Rappelons pour mémoire l'existence d'une nappe
étant de 6.10 -4 m2 /s. artésienne chaude, issue d'arènes granitiques à 10 km
au N de Tiflète.
• Tedders (3 000 habitants) était alimenté par le
captage de trois sources avec drains, donnant un débit • Rommani (3 500 habitants) a pour substratum des
de 1 à 1,5 l/s. Vu le peu d 'intérêt des recherches dans schistes viséens plissés et pénéplanés, surmontés
les coulées basaltiques et la frange d'altération des d'argiles et de basaltes du Permo-Trias, puis d 'une
schistes, les recherches se sont portées sur les alluvions vingtaine de mètres de calcaires détritiques miocènes.
s'étendant au SE de l'agglomération. Un premier Les alluvions de l'oued Hentata et la partie supérieure
sondage implanté à proximité des sources captées a altérée de la coulée basaltique sont exploitées par des
trouvé à 7 m de profondeur des marnes bleues puits et des drains à faible profondeur qui fournissent à
vraisemblablement miocènes et s'est montré stérile. Le la ville un débit d'environ 2 l/s. Les trois forages
second (n° 919/21), situé 2 km plus à l'amont, a trouvé exécutés par la suite ont montré le faible rôle
20 m d'alluvions sableuses plus ou moins cimentées, hydraulique de la coulée basaltique en général, excepté
les quelques mètres supérieurs altérés. De ce fait, seul
MÉSÉTA CENTRALE ET MÉSÉTA CÔTIÈRE 163
350
d 'alluvions et 5 m de basalte altéré) au débit de 3 l/s.
325 325
- Benslimane (12 000 habitants) est alimentée par
O. Cherrate
les trois sources d'Aïn-Nasr, Aïn-Daadia et surtout
Aïn-Ksob qui fournissent un débit de quelque 8 l/s,
ainsi que par un forage très récent qui donne 3 l/s.
Toutes ces ressources proviennent des calcaires dévo-
Ve
niens dans lesquels circule une nappe qui s'étend rs
Be
également, sur les bordures, dans les schistes altérés. n
350
0 1 2 km
L'ALIMENTATION EN EAU POTABLE existantes pour l'eau potable couvraient tout juste les
DES CENTRES URBAINS DE LA COTE besoins en 1968, et encore pas partout ; ceci suffit à
ATLANTIQUE ENTRE KENITRA exposer l'énorme problème technique et financier qui
ET CASABLANCA JUSQU'EN L'AN 2000 se posait aux autorités à cette époque. L'ampleur du
problème et sa concentration nécessitaient une
La côte atlantique entre Kénitra et Casablanca
solution régionale ; il fut fait appel à l'Organisation
concentre à la fois la majorité de la population urbaine
Mondiale de la Santé pour l'étudier et le résoudre,
et l'essentiel de la vie industrielle et économique du
tant sur les plans techniques que financiers.
Maroc sur une frange côtière longue d'un peu plus de
140 km et qui comprend quatre villes de plus de 100
000 habitants et plusieurs centres moins importants LA SITUATION INITIALE EN 1 9 6 8
ainsi que de nombreuses industries. La population Deux grandes adductions existent. La première
urbaine dans ce secteur atteignait 2 000 000 habitants est la conduite du Fouarate qui, partant de la région
en 1968 ; elle passera vraisemblablement à 3 400 000 de Kénitra (captages d'eau souterraine dans la Ma-
habitants en 1978 et atteindra environ 7 000 000 mora) descend vers le S jusqu'à Casablanca ; mise en
d'habitants en 2000. Les besoins en eau de cette place entre 1932 et 1934, la conduite, longue de 140
population (fig. 69) qui étaient de 66 500 000 m3/an en km, dessert successivement les villes de Kénitra (pour
1968 atteindront 190 000 000 m3/an en 1978 et autour 50 % de sa consommation), Salé, Rabat (pour 80 %
de 600 000 000 m3/an vers 2 000. Les installations de sa consommation), Temara, Skhirate, Bouznika,
Mohammedia et le quartier Aïn-Sba de Casablanca.
APPROVISIONNEMENT EN EAU POTABLE DE LA Les captages de la Mamora fournissent en moyenne
BANDE COTIERE KENITRA - CASABLANCA 900 l/s dont 15 % au moins sont perdus au cours du
Evolution de 1968 à 2000 du débit total à transport car la conduite est en assez mauvais état
assurer en pointe saisonnière (d'après COMTEC - 1969) général ; 300 l/s environ peuvent être injectés dans la
m3/s
24
conduite vers Mohammedia à partir du barrage de
23,3
m3/s
l'oued Mellah. La capacité de transport de la conduite
22 est estimée à 1 m3/s minimum et doit pouvoir
atteindre 1,5 m3/s après des travaux de réfection. A
20 partir de 1969-70, les besoins de Rabat à
Mohammedia ne sont plus couverts totalement par
18 cette adduction.
La seconde adduction remonte du S vers le N,
16
depuis l'Oum-er-Rbia jusqu'à Casablanca. Elle
comprend une prise directe dans la retenue du barrage
14
de Sidi-Said-Machou, une station de pompage, une
station de traitement et une conduite longue de 67
X km, susceptible de débiter 2 m3/s. L'installation mise
en service en 1952 dessert exclusivement Casablanca
10 (mise à part une petite dérivation vers Nouasseur) ; de
conception très moderne, cette adduction est en
8 parfait état et son rendement est très élevé (98 %).
Les 2 m3/s de l'adduction et les 500 l/s dont dispose
6 Casablanca par ailleurs assurent la couverture des
besoins de la ville jusqu'en 1972.
4
1968 72 76 80 84 88 92 96 2000
d'accumulation sur l'oued Grou fut exécutée en un
temps record en 1968-1969. L'ouvrage garantissait la
FIG. 69 — Besoins en eau potable des villes de la côte de Kénitra fourniture de 1 m3/s, assurant la couverture des
à Casablanca jusqu'à l'an 2 000.
MÉSÉTA CENTRALE ET MÉSÉTA CÔTIÈRE 165
SEBOU
Cet ouvrage est un barrage en remblais, comportant
un déversoir latéral en béton. Il a été conçu pour être Moghrane
construit en quelques mois d'une saison sèche, de façon
à éviter les investissements en dérivation provisoire de
O.
198
O.
l'oued. Haut de 26 m, il permet un stockage de 18
BE
6
millions de m3. Il se situe en un coude de l'oued Grou en
TH
un site assez large constitué par des terrasses fluviatiles
emboîtées reposant sur un bed-rock schisteux ; l'ouvrage KENITRA
en remblais (dont les matériaux proviennent en grande
Fouarate
partie de l'excavation ouverte pour l'exécution du déver-
soir) repose sur les alluvions de l'oued qui ont été Petits centres O. BOU REGRAG
isolées par un tapis étanche fait d'argiles compactées. nord
Les caractéristiques essentielles de l'ouvrage sont les O. GROU
suivantes : SALE
RABAT
Digue :
O.
— Type de l'ouvrage : barrage en terre, zoné à
KO
noyau vertical,
RI
FL
— hauteur maximale au-dessus du lit : 26 m,
A
— longueur du couronnement : 500 m, Petits centres
volume total des remblais : 480 000 m3,
1972 + 1975
— sud
— étanchéité : tapis amont en remblai argileux
(74000 m3) et tranchée amont à remplissage
argileux (8 000 m3).
JUSQU'EN 2000
L'étude prospective des besoins en eau à court ou
long terme s'avérait délicate car il était difficile
d'extrapoler simplement des consommations antérieures
; en effet on remarquait que ces consommations
O.
n'avaient souvent pas atteint une satisfaction complète OU
M
des besoins. Bref, une loi d'extrapolation fut mise au ER
Sidi Saïd RB
point et les bases de l'expansion démographique, IA Imfout
Maachou
industrielle et économique furent recherchées dans les
statistiques les plus récentes. La figure 69 résume les
résultats de l'évaluation des besoins ; en 1969 après
l'achèvement du barrage du petit Grou, les disponibilités
des adductions d'eau potable étaient les suivantes en
m3/s :
Du point de vue coût, les schémas les moins chers une autre adduction en 1978 pour Salé (0,95 m3 /s).
sont dans l'ordre : D, A ou B, C et enfin E très 2. En seconde phase (1983 ?) le barrage du Bou-
nettement plus coûteux que tous les autres. Compte Regreg aura été surélevé. Suivant les données
tenu de la vocation des ressources c'est une solution du hydrologiques entre temps et en fonction de la
type B qui a été retenue. Plusieurs variantes du schéma réévaluation des besoins ultérieurs, le débit
B ont été alors étudiées de la même manière ; la régularisé pourra atteindre 12 à 15 m3 /s. Une
solution retenue est la suivante : nouvelle adduction sera réalisée vers Casablanca
(2,85 m3 /s en 1983) ; une troisième adduction
1. Réalisation entre 1971 et 1974 d'un grand barrage partira vers Salé (0,96 m3 /s en 1987).
sur l'oued Bou-Regreg, susceptible de garantir 7 3. En 1986, l'actuelle adduction du Fouarate qui, petit
m3 /s fictifs continus. Cet ouvrage a noyé à sa mise à petit était affectée exclusivement aux besoins de
en eau le barrage provisoire du Grou (1 m3 /s fictif Kénitra et des centres entre Kénitra et Salé, devient
continu). Il partira de ce barrage une adduction de insuffisante. On réalisera alors pour ces villes une
4 m3 /s pour Rabat, une de 2,85 m3 /s pour adduction de 1 m3 /s à partir du Sebou (prise à
Casablanca (dont 0,9 m3 /s pour Mohammédia) et Moghrane dans le Rharb).
ALIMENTATION EN EAU DES VILLES DE LA COTE Nappe RHARB -MAMORA
Ressources : 300 Mm3 Larache
Disponibles : 130 Mm3
(voir localisations)
ATLANTIQUE ENTRE KENITRA ET CASABLANCA O.
Oued SEBOU LO
UK
KO
Ressources : 6 600 Mm3/an S
Disponibles : 100 à 200 Mm3
CARTE DES RESSOURCES ET DISPONIBILTES EN EAU
Oued BOU-REGREG
Ressources : 23 Mm3
Limite de bassin versant Disponibles : 5 Mm3
des eaux superficielles SEBOU
O.
Oued YKEM A
ERRH
O OU
Ressources : 30 Mm3
Disponibles : 30 Mm3 O.
BE O.
TH SE
BO
U
Oued CHERRAT Sidi Slimane
Ressources : 50 Mm3
Disponibles : 50 Mm3 Kenitra Sidi Kacem
Oued NEFIFIKH
Ressources : 60 Mm3
Disponibles : 60 Mm3
RABAT
Oued MELLAH
O.
Ressources : 100 Mm3
BO
Disponibles : 80 Mm3
U-
O. MEKNES
RE
G
RE
GR
Khemisset
G
Nappe de BERRECHID et
OU
O.C
Sahel de CASABLANCA-
MOHAMMEDIA
HER
Mohammedia
Ressources : 85 Mm3
RAT
O.
Disponibles : 5 Mm3
NE
CASABLANCA
E
F IFI
KH
Nappe du Sahel
CASABLANCA - AZEMMOUR
Rommani
Ressources : 73 Mm3
O.
O.
Disponibles : 0 Mm3
BE
TH
ME
Oued OUM-ER-BIA
LL
AH
Ressources : 3 700 Mm3
Disponibles : 100 à 200 Mm3
El Jadida
Berrechid
Benhamed
OUM
Settat
ER-RBIA
Khenifra
FIG. 71 — Ressources en eau susceptibles d'être mobilisées pour l'alimentation des villes de la côte Atlantique (exprimées en millions de m3/an
sur une période interannuelle de 30 ans). Les ressources sont des débits moyens naturels.
168 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
4. En 1988, est réalisée une première adduction Oum- dans l'appui du barrage et assure les débits réservés. Un
er-Rbia-Casablanca (2,65 m3/s), suivie vers 1995 déversoir latéral en rive gauche est calé à la cote 52
d'une seconde adduction identique. NGM et assure une évacuation de 3 950 m3/s. Les
principales caractéristiques de l'ouvrage sont les
L'exécution de ce projet a débuté en 1971 par les suivantes :
travaux du barrage du Bou-Regreg. Le coût total est de
l'ordre de 310 millions de dirhams en 1970 ($ US 65 Hauteur au-dessus de la fondation
millions) dont 130 millions de dirhams pour le barrage ......................................................100 m environ
du Bou-Regreg qui est la pièce maîtresse de
l'aménagement. Niveau de l'oued ................................0 NGM
Cote du couronnement ......................69,5 NGM
Cote du seuil du déversoir ................. 52 NGM
LE BARRAGE DU BOU-REGREG Longueur du couronnement...............350 m
Le barrage devant desservir une adduction d'eau Largeur du couronnement..................8 m
potable régionale des villes de la côte atlantique devait
Volume total de la digue…………….2 300 000 m3
se situer à proximité de la côte et être susceptible de
stocker de très importants volumes d'eau. Plusieurs sites Cote du seuil de la prise d'eau…….. 10 NGM
furent étudiés entre 1967 et 1970 sur le Grou et le Bou- Volume utile de la retenue……………500 Mm3
Regreg, le site choisi se situant finalement à l'aval du Coût total de l'ouvrage et de
confluent des deux, situation qui s'avère ses annexes .................................130 000 000 DH.
économiquement la meilleure, compte tenu d'une
possibilité de surélévation dans le futur.
LES SOURCES THERMALES DE LA MESETA
Le site du barrage correspond à un resserrement de
l'oued à la traversée d'un massif primaire constitué Situé au centre de la Méséta, le massif d'Oulmès est
d'une alternance monoclinale de quartzites schisteux et constitué par un batholite granitique dont la mise en
de schistes quartzeux. Ces roches très dures ont sur les place date de la fin du Primaire ; un métamorphisme de
deux rives une direction presque perpendiculaire à contact important s'observe dans les assises
l'oued et un pendage très fort vers l'aval. Les accidents sédimentaires encaissantes et se trouve souligné par des
tectoniques sont mineurs et l'épaisseur des alluvions, minéralisations de cassitérite, de blende et de wolfram.
sur les 120 m de largeur du lit de l'oued, ne dépasse pas Des éruptions volcaniques d'âges tertiaire et quaternaire
30 m au maximum. Une barre calcaire karstifiée se traduisent par des laves basiques affleurant à l'E, au
affleure dans la retenue sur une centaine de mètres de
S et au NE du massif granitique qui se révèle
largeur et pourrait servir de fuite vers la vallée voisine
de l'oued Akreuch ; néanmoins à la lumière des études particulièrement riche en sources médicinales.
exécutées, ces risques de fuite sont estimés
extrêmement faibles. LA SOURCE LALLA-AGHYA (fig. 72)
Trois types de barrage ont été étudiés sur ce site : « La vivifiante », elle alimente à l'heure actuelle un
terre, béton poids évidé et béton voûte. Le béton voûte ensemble hôtelier moderne, une usine d'embouteillage
fut éliminé rapidement en raison de son coût supérieur, et des installations thermales populaires (piscines et
les deux autres types restant compétitifs. Le choix douches).
définitif du type « en remblais » ressort des
considérations ayant trait au coût d'une surélévation Elle comprend plusieurs exsurgences ; les trois
ultérieure pouvant aller jusqu'à doubler ou tripler même griffons principaux s'alignent sur un important plan de
la capacité de retenue. En effet, l'ouvrage servant à la faille affectant le granite, alors que d'autres petites
fourniture d'eau potable uniquement ne doit pas être exsurgences proviennent de diaclases et fissures
surdimentionné au départ en raison des incertitudes annexes de l'accident principal. Tous ces accidents sont
concernant l'hydrologie et les besoins en eau long plus ou moins remplis de quartz ainsi que de dépôts
terme; on prévoit dans une première phase la couverture minéraux ; de nombreux accidents voisins sont
des besoins pour 15 ans soit 7 m3/s fictifs continus totalement colmatés par des cristallisations semblables.
garantis. L'ouvrage qui a été exécuté entre 1971 et 1974 Toutes les exsurgences se situent dans le granite même,
permet de stocker 500 Mm3 ; une digue dont la crête est à quelques dizaines de mètres de l'auréole
arasée à la cote 65,9 m NGM est constituée de remblais métamorphisée de terrains sédimentaires encaissants.
en enrochements avec noyau central argileux. Une Le débit est très régulier toute l'année : 20 l/s au total,
galerie de vidange de fond débitant 150 m3/s est située et la température des eaux est rigoureusement constante
: 42,8°C.
MÉSÉTA CENTRALE ET MÉSÉTA CÔTIÈRE 169
Les trois griffons principaux sont captés de la façon direction des installations thermales situées hors du
suivante : un petit mur a été construit parallèlement à la périmètre de protection mais qui furent maintenues en
faille et ancré dans le granite de part et d'autre ; une leur état originel pour préserver le caractère tant
dalle le recouvre et supporte les ballons de captage du religieux que traditionnellement curatif attaché au site.
gaz et l'appareillage d'équilibre hydraulique. L'ouvrage Des projets de captage par forages ont été étudiés et
de prise est ainsi maintenu constamment en charge, ce devraient être réalisés au premier signe de pollution ;
qui réduit les risques de pollution extérieure ; un cette mesure de protection, envisagée en 1960, n'a pas
périmètre de protection totalement clos isole la zone des eu de motif d'application depuis cette date.
exsurgences. Les griffons non captés débitent librement La composition des eaux est la suivante (5
(4 l/s) et s'écoulent sur des aménagements bétonnés en septembre 1968) (en mg/l) :
EAU GAZ
Cette eau est moyennement minéralisée, Li+, F-, PO4---, As2O3---.Le milieu à la source étant
hypotonique, particulièrement riche en silice totalement privé d'oxygène et par contre fort riche en
(sous
formeforme de ferreux
d'hydrate métasilicate de sodium)
colloïdal) et en
; elle contient CO2 est naturellement abiotique. Cette eau est du
fer (sous forme d’hydrate ferreux colloïdal) ; type bicarbonaté à alcalino-terreux, chloro-silicaté et
elle contient des ions physiologiquement actifs: ferrugineux.
SW Hotel des NE
1100 Plateau du Zguit Thermes
Source thermale
Lalla aghya
Tarmilete
900 Belvèdère
tes
his
Oued Aguennour
700
s
Gré
500
L'altération et le vieillissement des eaux s'effec- leurs débits et leurs températures sont très inférieurs à
tuent de la manière suivante : la floculation totale du ceux de Lalla-Aghya.
fer, de l'arsenic et de la majeure partie de l'aluminium Toutes ces sources émergent de schistes, grès ou
est rapide et produit un trouble ocre très marqué dès la calcaires recouvrant le batholite granitique qui n'est pas
douzième minute suivant le prélèvement ; après la apparent mais qui manifestement joue un rôle
précipitation totale de ces ions, survient celle des prépondérant dans le chimisme des eaux et explique leur
carbonates alcalino-terreux qui est plus lente. L'eau teneur en CO2. Parmi ces sources, l'Aïn-Karrouba (40 km
n'atteint son équilibre qu'après un mois environ, et a au NE d'Oulmès) fut exploitée par camions citernes pour
perdu alors près du tiers de sa minéralisation. A l'heure l'embouteillage qui s'effectuait à l'usine de Lalla-Aghya ;
actuelle, l'embouteillage s'effectue sur le plateau, soit les mélanges d'eau phréatique avec l'eau thermale ap-
550 m au-dessus des sources ; l'eau des griffons est pelaient la réalisation d'un captage par forage mais le
refoulée à travers des conduites longues de trois concessionnaire n'ayant pas souscrit à certaines
kilomètres où elle chemine pendant 4 heures en obligations d'hygiène se vit interdire l'exploitation de la
moyenne avant d'être stockée dans des citernes où la source. L'eau de Karrouba sourd en 8 griffons plus ou
floculation est accélérée ; après filtration et décantation, moins bridés par des dépôts de tufs calcaires ; la
l'eau est dirigée sur une usine d'embouteillage moderne température de l'eau est de 21.5°C. A 9 km à l'W
où elle est gazéifiée à 7 g/l de CO2, à l'aide des gaz d'Oulmès, une exploitation fut également interdite à
captés au-dessus des griffons et amenés à l'usine par Clairefond pour des raisons d'hygiène ; l'eau était à la
une conduite spéciale. température de 22,6°C. Les sources les plus importantes
Ces mêmes conduites ont alimenté pendant quel- appartenant au même groupe sont : Tartara-Aberdi,
ques années les installations hydrothérapiques d'un située 7 km à l'E d'Oulmès (débit : 1 l/s, température
centre d'expérimentation clinique installé au rez-de- 19,5°C), Tazerout Tamneït (2 km au N d'Oulmès, t =
chaussée de l'hôtel des Thermes ; les eaux de boisson et 18°C), Ternara-n'-Cherif (13 km au NE d'Olumès, t :
les boues des griffons étaient alors amenées jusqu'à 22°C) ; Tanat-Taouaret (12 km au NE d'Oulmès, t : 21
l'hôtel par téléphérique. Parallèlement, le docteur °C), Tanat-Aourache (6 km au SW d'Oulmès, t : 20°C),
Bertrand a poursuivi pendant 20 ans des observations Tanat-Borou (12 km à l'W d'Oulmès, t : 19°C) etc. Un
sur des malades traités dans le petit établissement situé certain nombre d'émergences situées plus au N et à l'E
près des griffons. Ces eaux ont une certaine parenté d'Oulmès semblent être en rapport avec le volcanisme
physico-chimique avec celles de la station française de récent ; c'est en particulier le cas de Tana-Iflouloul (20
Royat et possèdent les mêmes propriétés antiscléreuses km à l'E de Maaziz) et de Aghbalou de Moulay-Yacoub
et antispasmodiques sur la circulation sanguine par trai- (26 km à l'W d'Azrou, t : 20°C).
tement hydrothérapique ; ce même traitement provoque
également des améliorations de certaines formes de Mis à part le batholite d'Oulmès particulièrement
rhumatisme et artériosclérose. Les cures par ingestions riche en sources médicinales, la Méséta centrale
sont recommandées envers les affections gastriques et marocaine montre deux autres batholites granitiques
intestinales, alors que de bons résultats ont été obtenus affleurants ; l'un à l'Ouest de Ez-Zhiliga donne naissance
dans le traitement du spasme colique par des à la source Dar-Robbar (3 à 5 l/s — 16°C) appréciée
cataplasmes de boues thermales radioactives. localement, l'autre à l'Ouest de Mrirt où quelques
Un établissement thermal moderne est en projet ; il émergences sont réputées pour des traitements divers
est malheureusement difficile et surtout inconfortable comme les Aïn-Guertila (24°C), Sidi-Bou-Guetta et
de le prévoir près des griffons situés au fond d'un ravin Goïda, toutes carbo-gazeuses. Cependant, aucune expéri-
étroit et peu accessible. Sa création sur le plateau, 600 mentation médicale n'a encore été entreprise dans ces
mètres au-dessus des sources, le placerait dans un site secteurs d'accès difficile.
très agréable ; mais alors reprendra la polémique D'autres batholites granitiques ont été reconnus par
consistant à déterminer dans quelle mesure les qualités sondages dans les prolongements de la Méséta ; à
thérapeutiques des eaux sont conservées après un trans- quelques dizaines de kilomètres à l'Est de Rabat, l'arène
port et un stockage de plusieurs heures ou de plusieurs du batholite de Tiflète enterrée sous 70 mètres de
jours. marnes miocènes a été reconnue par 7 sondages qui se
sont tous révélés artésiens jaillissants avec des débits
AUTRES SOURCES THERMOMINÉRALES DE LA compris entre 1 et 10 l/s. La température de l'eau est de
MÉSÉTA 30°C; la minéralisation est de l'ordre de 1 g/l et d'une
D'autres sources, aux propriétés physico-chimiques qualité (carbonatée alcaline) assez rare au Maroc ; un
analogues à celles de Lalla-Aghya sont connues dans un projet d'embouteillage et de commercialisation de cette
rayon de 30 km autour d'Oulmès et son concédées pour eau n'a pas abouti.
50 ans à la même société fermière. D'une façon générale,
MÉSÉTA CENTRALE ET MÉSÉTA CÔTIÈRE 171
REFERENCES
BEAUDET G. (1969) : Le Plateau central marocain et ses bordures : étude FERRÉ M. (1964) : Alimentation en eau de Tiflète et Tedders; résultats des
géomorphologique. Imframar, Rabat; 480 pp., 125 fig. forages exécutés en 1964. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 16 pp., 4
plans, 1 coupe, 2 graph. 4 diagr.
BENISTY H. & TONNON J. (1970) : Construction du barrage du Grou sur
terrasses fluviatiles quaternaires et des alluvions récentes. Dixième FERRÉ M. (1966) : Alimentation en eau de Benslimane; étude
cong. des grands barrages. Montréal 1970, Q 37, R 48, pp. 917 à hydrogéologique. Rapp, inéd. MTPC/DH/DRE, 12 pp., 4 tabl. 2
945. fig., 2 cartes.
CABARET C. (1965) : Sur les ressources hydrominérales du Maroc. Thèse GENÉTIER B. & MONITION L. (1962) : Alimentation en eau de
de doctorat en médecine, Clermont. Arch., MTPC/DH/DRE. Rommani. Rapp. Inéd. MTPC/DH/DRE, 6 pp., Ill fig.
CARLIER Ph. (1964) : Alimentation en eau du centre de Mrirt; étude
MONITION L. (1953) : Etude géologique et hydrogéologique du périmètre
hydrogéologique. Rapp. inéd. MTPC/ DH/DRE, 7 pp.
Casablanca—Sidi-Hajaj—Aïn-el-Harrouda.Rapp.Inéd. MTPC /
COMBE M. (1967) : Etude d'un projet de barrage sur l'oued Grou. Rapp. DH/DRE, 9 pp.
inéd. MTPC/DH/DRE, 9 pp.
MONITION L. (1958) : Exploitation des ressources aquifères de la zone
COMBE M. (1969) : Ressources thermo-minérales du Maroc. Rep. 23è côtière comprise entre l'O Ykem et l'O. Cherrate. Rapp. Inéd.
Intern. Geol. Congr., Prague 1968. Symp, II : Minerai and MTPC/DH/DRE, 5 pp., 1 carte.
Thermal Waters of the World — B — vol. 19, pp. 121-137.
MONITION L. (1958) : Pollution de la nappe de Skhirat par du kérosène;
COMBE M. & SIGISMOND S. (1970) : Approvisionnement en eau potable état de la question au 31-12.57. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 5
de la zone côtière entre Kénitra et Casablanca. Etude de pp., 2 tabl. 1 graph.
Praticabilité. Annexe ,1 : Ressources en eau et Annexe 3, Barrage
du Bou-Regreg. Inéd. MTPC/DH/RABAT. MONITION L. (1959) : Hydrogéologie de la région située au Sud de la ville
de Rabat. Rapp. Inéd. MTPC/ DH/DRE, 20 pp., 5 fig., 3 cartes, 1
COMTEC (1968 à 1970) : Approvisionnement en eau potable de la zone coupe, 73 tabl. h-t.
côtière entre Kénitra et Casablanca. Rapports n° 1 à 13, inéd., arch.
MTPC/DH/ DRE, Rabat. MONITION L. (1960) : Alimentation en eau du centre de Rommani. Mines
DESTOMBES J. & JEANNETTE A. (1966) : Mémoire explicatif de la carte & Géol., Rabat, n° 9, p. 59.
géotechnique de la Méséta côtière à l'Est de Casablanca, au 1/50 MORTIER F. (1954) : Etude hydrogéologique de la vallée de l'oued
000; régions de Mohammédia, Bouznika et Ben-Slimane. Notes & Tanouberte (annexe de Tedders). Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 20
M. Serv. Géol. Maroc, n° 180 bis, 104 pp., 1 carte.
pp., 4 fig.
EL FASSI D. (1968) : Rapport hydrogéologique sur la zone sud de la nappe
phréatique au sud de Rabat. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 11 pp., 7 NORMAND M. (1972) : Alimentation en eau potable dit centre de Sidi-
diagr. 2 tabl., 3 cartes. Bettache. Rapp. Inéd., MTPC/DH/DRE, 3 pp., 2 fig.
EL FASSI D. & GENÉTIER B. (1968) : Alimentation en eau de NGUYEN QUANG TRAC (1965) : Rapport sur les travaux de recherche pour
Benslimane, exploitation du forage 2 623/20. Rap. Inéd. l'alimentation en eau du centre de Mrirt. Rapp. Inéd.
MTPC/DH/DRE, 4 pp,, 3 pl. MTPC/DH/DRE, 6 pp., 8 fig.
RUHARD J.P. (1969) : Alimentation en eau d'El-Gara. Rapp. Inéd. MTPC/
DH/DRE, 6 pp., 4 cartes.
2.11
2.11. Le massif des Rehamna (par M. Combe, M. Ferré & J.P. Thauvin) 173
Présentation géographique ............................................................................ 173
Géologie ........................................................................................................ 174
Stratigraphie .............................................................................................. 174
Primaire ............................................................................................... 174
Secondaire ............................................................................................ 174
Tertiaire et Quaternaire ......................................................................... 176
Tectonique ................................................................................................ 176
Climatologie ................................................................................................... 177
Hydrologie ................................................................................................. 177
Hydrogéologie ................................................................................................. 179
Les aménagements de l'Oum-er-Rbia inférieur ................................................. 179
Les ouvrages existants .............................................................................. 179
Barrage et galerie d'Imfout .................................................................... 179
Barrage de Daourate ........................................................................... 181
Barrage de Sidi-Saïd-Maachou .............................................................. 182
Les ouvrages projetés ................................................................................. 183
Barrage de Sidi-Chého ........................................................................ 183
Barrage de Mrija ................................................................................... 184
Références ..................................................................................................... 184
2.11
Par
Michel COMBE, Michel FERRÉ
& Jean-Pierre THAUVIN
Présentation géographique
Ce massif s'apparente beaucoup à la Méséta centrale L'Oum-er-Rbia est le seul fleuve pérenne de toute
marocaine dont il n'est séparé que par une unité hydro- cette région. Il traverse le massif des Rehamna dans sa
géologique bien individualisée, qui est la Chaouia totalité, du SE vers le NW, mais demeure toujours au
(Plaine de Berrechid et son prolongement côtier entre les fond d'une vallée très encaissée (plus de 100 m) ce qui
villes de Azemmour et de Mohammedia). On retrouvera fait qu'il constitue un excellent drain pour les eaux
dans les Rehamna les caractères essentiels de la Méséta : superficielles, mais ne possède aucun rôle
sous-sol primaire essentiellement imperméable, mis à hydrogéologique et ne participe jamais à
part quelques niveaux quartzitiques ou calcaires. l'alimentation d'une nappe quelconque. Le fleuve
provient des Atlas calcaires et dispose de ce fait d'un
Le secteur présenté ci-dessous est limité par les débit pérenne très élevé, de l'ordre de 30 m3/s en
unités suivantes : la plaine de la Bahira au S, la plaine étiage, ce qui est considérable pour le Maroc. Des
des Abda-Doukkala à l'W, le plateau des Phosphates à équipements importants ont été mis en place depuis
l’E puis la Chaouia au N. La superficie de cette zone est 1930 sur le cours du fleuve pendant sa traversée des
de quelque 6 500 km2. Rehamna ; il s'agit des barrages de Sidi-Saïd-Maachou
Les Rehamna sont, comme la Méséta, un morceau de (1929) essentiellement hydroélectrique, d'Imfout
socle primaire plissé au cours de l'orogenèse hercynienne (1947) à vocation hydroagricole, et hydroélectrique et
mais, si l'altitude est modeste (700 m maximum), le de Daourate (1950) à vocation exclusivement
relief n'en est pas pour autant négligeable ; les skhour, hydroélectrique. Un nouveau très grand barrage est
longues crêtes découpées dans les quartzites durs projeté à Sidi-Chéo depuis plusieurs années pour
marquent fortement dans le paysage. Les schistes et l'irrigation des Doukkala et la production d'électricité ;
quartzites du Primaire affleurent largement et les sols des études récentes ont montré que la réalisation de
cultivables sont peu développés ; l'aridité du climat cet ouvrage devrait intervenir à titre d'achèvement des
contribue encore à accentuer la pauvreté de ces régions équipements de régularisation de l'ensemble du bassin
où l'élevage des moutons et des chèvres ainsi que de de l'Oum-er-Rbia,
maigres cultures d'orge dans les dépressions constituent Par ailleurs un certain nombre de rivières tempo-
l'activité économique essentielle. La densité de la raires dont les bassins versants se situent sur le flanc
population est très faible (de l'ordre de 10 habitants/km2) ouest des Rehamna ne rejoignent pas l'Oum-er-Rbia,
et l'exode des ruraux vers les villes côtières est mais s'écoulent en crue vers la plaine des Doukkala où
caractéristique. elles provoquent des dégâts par inondation. La lutte
174 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
contre les crues de ces petits oueds est fort remplissent d’une eau qui stagne ensuite pendant de
onéreuse. Sur le flanc nord des Rehamna (Chaouia longs mois ; ces dayas constituent, dans un pays fort
pauvre en eau souterraine, autant de points d’eau très im-
intérieure) existe une multitude de dayas, dépressions
portants pour les troupeaux.
topographiques fermées qui, au début de l’hiver, se
Géologie
Cette région est essentiellement constituée par des (100 m). Le Dévonien supérieur voit le retour à une
formations sédimentaires paléozoïques fortement sédimentation argileuse abondante.
plissées au cours de l’orogénie hercynienne. Une
couverture de terrains d’âge secondaire se rencontre Carbonifère : les premiers mouvements de l’oro-
surtout sur les bordures. Enfin le Plio-Quaternaire genèse hercynienne se produisent à cette époque ;
marin et dunaire est bien représenté sur la bordure Strunien et Viséen présentent encore une sédimentation
nord, en zone côtière de la Chaouia, où il joue un rôle néritique (grès, schistes, calcaires) tandis qu’au
important de réservoir souterrain. Les travaux Stéphanien-Autunien apparaissent des conglomérats
géologiques fondamentaux de cette région ont été continentaux, conséquences d’une érosion déjà active.
effectués par M. Gigout entre 1941 et 1950 et ont Des laves s’épanchent par les failles dues au jeu des
fourni des cartes géologiques au 1/200000 et leurs forces tectoniques. Le Carbonifère est assez peu
notices explicatives, ainsi qu’une synthèse géologique représenté dans cette région, et apparaît surtout au SE
d’ensemble. A. Michard et ses élèves poursuivent des Rehamna.
actuellement des recherches dans cette région.
Permo-Trias : l’érosion continentale se poursuit,
déposant dans les zones les plus basses (fossé d’ef-
STRATIGRAPHIE fondrement de Mechra-Ben-Abbou par exemple) de
puissantes séries de conglomérats, de grès, et d’argiles
d’un rouge vif. Des laves, basaltiques essentiellement,
PRIMAIRE s’intercalent dans ces séries. Des bancs de gypse se
rencontrent parfois, alors que des efflorescences salines
Cambrien : on ne le connaît surtout que dans les s’observent fréquemment sur les argiles.
Rehamna occidentaux où il affleure très largement,
avec un faciès essentiellement schisteux (puissance Il faut également signaler la présence d’un massif
3000 m) ; quelques bancs de grès intercalés dans la granitique hercynien et de son auréole de
série forment des arêtes en relief ; des niveaux métamorphisme de contact dans la région de Benguérir,
calcaires, extrêmement rares dans cette série puissante, ainsi que l’existence d’un métamorphisme régional
sont présents à la base (Piqué, 1972). ayant affecté la série paléozoïque dans la partie centrale
des Rehamna (Michard, 1968).
Un niveau de quartzites non daté, très comparable
aux quartzites d’El-Hank de la région de Casablanca, SECONDAIRE
sans fossile caractéristique, d’une puissance de 100 m,
surmonte la série cambrienne schisteuse datée par ses Ces régions sont demeurées émergées au Jurassique,
trilobites. Par comparaison avec la Méséta côtière, il est ainsi que pendant presque tout le Crétacé où la grande
rapporté au Cambrien moyen. transgression cénomanienne n’a pas recouvert l’île des
Rehamna. De ce fait, la couverture secondaire et
Ordovicien : épais de 1 600 m, il est formé de tertiaire est pratiquement négligeable, sauf sur les
schistes et de grès, comparables lithologiquement au bordures. On trouve des conglomérats et argiles rouges
Cambrien, mais tout de même plus gréseux dans du Jurassique supérieur continental (40 m environ), une
l’ensemble. dizaine de mètres de calcaires valanginiens et une
cinquantaine de mètres de sables, grès et argiles rouges
Silurien : essentiellement schisteux, il affleure très de l’Hauterivien. Les calcaires et marno-calcaires
mal. cénomaniens existent également mais on les trouve
surtout sur la zone limitrophe du plateau des Phos-
Dévonien : la sédimentation essentiellement schis- phates. De la même manière, les terrains eocène, très
teuse se poursuit au Dévonien inférieur sur 500 à 600 m bien représentés dans le plateau des Ganntour,
d’épaisseur ; le Dévonien moyen est marqué par n’intéressent la région étudiée que sous forme de
l’apparition de niveaux calcaires récifaux, abondants quelques témoins conservés en bordure.
CASABLANCA
E Quaternaire et
U
Q Mio-Pliocène
T I
A N
CE Maestrichtien et
L
A T
Eocène phosphaté
N D Crétacé et
E A Bir Jdid
Jurassique supérieur
C
O S
AT
AZEMMOUR Permio-Trias et
EL JADIDA CH BERRECHID
Stphno-autunien
AO D Carbonifère et
UIA
OU
Dévonien
L
ED
Ordovicien et
H E S S
Silurien
SA
C
SI SAÏD MACHOU K Cambrien
D
Roches mtamorphiques
C
SETTAT
S Granites
SI SMAÏL
L A Boulaouane
0 5 10 15 20 Km
ER
K A C ANA
U K IMFOUT
DO S
K
D
Si BENNOUR
M.ra Benabbou
C
RB
K
IA
CE
Skhour des SIDI CHEHO
M'TAL Rehamna
S S
AT C
K
C
AT
CE
O. Tessaoute
Youssoufia Benguerir
CE
GANNTOUR CE
FIG. 73 – Massif des Rehamna, croquis de situation et schéma géologique d’apès M.Gigout.
176 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
CLIMATOLOGIE 1933-1963
IMFOUT 12.2 13.6 16.7 19.2 21.6 24.4 27.6 27.8 25.4 21.6 17.8 13.5 20.1 250 - 45 E1 B’4 da’ 250 1730 (B) 1953 -1964
BENGUERIR 12.2 13.8 16.2 18.4 21.0 24.2 27.6 28.3 25.2 21.4 16.6 12.8 19.8 230 - 46,5 E1 B’4 da’ 230
FIG. 74
MASSIF DES REHAMNA 177
Climatologie
La pluviométrie moyenne des Rehamna sur les L'évaporation mesurée sur bac Colorado à Imfout
trente années 1933-1962 est de 250 mm environ. On est de l'ordre de 1 830 mm par an. L'ensemble des
remarque que les collines des Rehamna ne constituent Rehamna se classe dans la zone aride de
pas un massif suffisamment élevé et important pour Thornthwaite (indice global inférieur à - 40).
provoquer un accroissement quelconque de la pluviosité
par rapport aux plaines environnantes. Les données concernant l'évaporation
mensuelle sur plan d'eau libre figurent dans le tableau
Les températures moyennes annuelles se situent ci-dessous d'après les mesures à Imfout. Il s'agit
autour de 18°C ; leurs amplitudes sont relativement d'évaporations nettes obtenues en réduisant de 20 %
importantes (15°C environ) et les minima se situent les évaporations brutes mesurées au bac Colorado
souvent autour de zéro, voire au-dessous. hors du plan d'eau (expression en m par m2 de plan
d'eau).
Janv. Fév. Mars Avr. Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc. Année
0,04 0,05 0,08 0,11, 0,16 0,19 0,21 0,23 0,17 0,13 0,07 0,04 1,48
Hydrologie
Mis à part l'Oum-er-Rbia qui constitue en fait pour la région dans les Rehamna, complètera certainement les
étudiée un fleuve allogène, de nombreux petits oueds très aménagements existants dans un proche avenir..
courts existent dans les Rehamna, où ils prennent naissance.
Ce sont principalement les oueds ; La superficie du bassin versant de l'Oum-er-Rbia à la
mer est de 34 335 km² ; elle est de 28 000 km² à Sidi-
- Mellah, Beni Amou, Tarfa et Zinoun, tributaires de Chého, peu après la pénétration du fleuve dans les
l'Oum-er-Rbia. Rehamna et de 30 600 km² au barrage d'Imfout.
- Farerh, Aouja, Mtal, Bouchane et Kaf, tributaires des
Doukkala. Les premières observations hydrologiques sur l'Oum-
er-Rbia inférieur remontent à 1918 ; la première station
Les premiers n'ont jamais fait l'objet d'études et ne mise en service était Mechra-Ben-Abbou ; en 1927, les
présentent qu'une importance minime et un intérêt très local observations étaient reportées à l'aval, au déversoir du
pour les populations riveraines. Les seconds seront étudiés barrage de Sidi-Saïd-Maachou qui entrait en service. Puis
dans le chapitre consacré à la plaine des Doukkala. elles furent à nouveau déplacées au barrage d'Imfout à
partir de 1941. Depuis cette date, les observations se
L'Oum-er-Rbia pénètre dans les Rehamna à Mechra-Ben- poursuivent à Imfout, mais des séries d'observations plus
Abbou qui constitue le départ du cours inférieur tel qu'il est ou moins , longues ont été également effectuées au site
habituellement défini. Depuis ce point il est profondément de barrage de Sidi-Chého. Les mesures à Imfout sont
encaissé au fond d'une vallée assez étroite aux rives abruptes, perturbées depuis 1952 (mise en service du barrage de
où se situent de nombreux profils resserrés qui occasionnent Bin-El-Ouidane sur l'oued El-Abid), ainsi que par les
des accroissements de la vitesse de l'eau principalement en dérivations vers les Beni-Amir au barrage de Kasba-
hautes eaux, alors que la pente générale jusqu'à la mer est Tadla (depuis 1936) et les dérivations traditionnelles dans
assez régulière. L'Oum-er-Rbia est un fleuve singulier en ce le Haouz. Actuellement, la somme des débits consommés
sens que son cours inférieur est moins calme que son cours, à l'amont est de l'ordre de 30 m3/s fictifs continus.
moyen (traversée de la plaine du Tadla). Ce cours inférieur se
prête fort bien à l'édification de barrages et à des exploitations Le module moyen annuel naturel (débits reconstitués)
hydroélectriques ; on verra qu'il est déjà très équipé et que le de l'Oum-er-Rbia à Imfout s'élève à 117 m3/s fictifs
projet de grande retenue à Sidi-Chého, tout près de l'entrée continus pour la période 1936-1970 ; les mois les plus
178 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
abondants sont de très loin mars et avril (255 et 258 débit d'étiage est considérable en regard des autres
m3/s) suivis de mai (182 m3/s) puis de février (136 fleuves marocains.
m3/s) et janvier (130 m3/s), les mois les plus secs sont
août (42 m3/s) et septembre (47 m3/s) ; il semble que Les débits maxima de crues à Imfout sont
le débit moyen du mois le plus sec ne soit pas inférieur estimés, d'après l'analyse statistique, à 2200
m3/s pour la crue décennale, 3 500 m3/s pour la
à 22 m3/s (août 1938), et ceci est exceptionnel. Ce
crue centennale et 5 500 m3/s pour la crue
- 32 8.0
180/35 1050
- - 7.3
100 201/35 2010
1 000
--
1 000 CO 3 Combiné
- 50
milliéquivalents
1 000 -- -
( CO 3 + HCO 3 )
1 000
1 000
1 000 NO- 3
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
FIG. 75 - Rehamna, diagramme logarithmique de quelques types d'eaux - 35/27: eau de l'Oum-
er-Rbia en basses eaux à Imfout - 48/27: eau de l'Oum-er-Rbia en hautes eaux à
Daourate - 180/35 : eau des schistes altérés à Skour des Rehamna - 201/35: eau des
conglomérats stéphano-autunien à Mechra-BenAbbou.
MASSIF DES REHAMNA 179
Hydrogéologie
On pourrait répéter au sujet des Rehamna ce qui a C'est en fait la seule formation susceptible de contenir
déjà été exposé pour les autres massifs hercyniens. Les des eaux douces à concentration inférieure à 1 g/l.
terrains, mis à part le granite altéré et les conglomérats,
Les conglomérats stéphano-autunien de la région de
sont imperméables ; seule l'altération et la fissuration
Mechra-Ben-Abbou offrent une perméabilité médiocre,
leur confère une perméabilité d'ailleurs médiocre.
et l'eau contenue est toujours très salée (2 à 6 g/l).
II en résulte que les Rehamna sont totalement L'oued Mouilah, temporaire, qui coule dans cette
dépourvus de nappes continues et étendues. On trouve région vers l'Oum-er-Rbia, est salé.
de maigres ressources dans les fonds de vallées où des
Les niveaux de quartzites donnent lieu à de petits
écoulements d'eau souterraine à faible profondeur se
suintements que l'on hésite à qualifier du nom de
produisent, partie dans les alluvions, partie dans la
source. De même les niveaux calcaires n'occupent que
frange d'altération du substratum. Ces eaux circulent
des superficies trop petites pour être dignes d'intérêt.
lentement, à faible profondeur et, subissant une
évaporation très élevée, se chargent en sels au cours de Quant aux lambeaux de couverture crétacée à l'W
leur trajet. et au NW, leurs eaux sont de mauvaise qualité, tout
comme dans le plateau des Phosphates. Les débits
On peut citer en exemple la nappe de la vallée de
unitaires extraits des puits sont faibles, moins de 1 à 2
l'oued Bouchane, au Sud du Massif entre Youssoufia et
l/s, et servent pourtant à l'alimentation de petits centres
Benguérir ; le niveau piézométrique se tient entre 5 et
tel Sidi-Rahal (1,1 l/s d'eau à 1,6 g/l de résidu sec, dans
10 m de profondeur. A l'amont, l'eau titre entre 1 et 1,5
un puits).
g/l de résidu sec : des puits traditionnels l'exploitent
activement au moyen d' « arhours » pour l'irrigation de La localité de Skour des Rehamna est alimentée à
petits lopins de terre. Vers l'aval, la salure augmente et partir de trois puits, tirant au total 1 1/s intéressants un
atteint 5 g/l dans la rhettara située dans la partie la plus horizon aquifère constitué des schistes primaires
étroite de la vallée, avant le débouché dans la plaine altérés ; l'eau a un résidu sec de l'ordre de 1 100 mg/l.
des Doukkala.
L'alimentation en eau potable du petit centre de
Les granites présentent une altération très variable Mechra-Ben-Abbou est réalisée par pompage dans
caractérisée par l'existence de véritables cuvettes l'Oum-er-Rbia ; les recherches d'eau souterraine dans
d'altération susceptibles de contenir des quantités non les alluvions anciennes et récentes n'ont pas permis de
négligeables d'eau de qualité chimique souvent bonne. trouver une eau de qualité chimique acceptable.
Oued
B
Ou
m
N
A
er
B
Rb
ia
C
D
C
226 m B
IMFOUT
E
C B
Pt 326 B
A BARRAGE
E
OUED OUED OUED
D
150 m
C
A
B
FiG. 76 - Carte et coupe géologique du synclinal d'Imfout autour du barrage (d'après J. Gubler,
1938). La série d'âge cambro-ordovicien constitue le synclinal d'Imfout : A = assise schisteuse
(400 m d'épaisseur), B = alternance de schistes et de quartzites en petits bancs (200 à 250
m), C = quartzites très durs en gros bancs, D. = alternance de gros bancs de quartzites et de
schistes gréseux (500 à 600 m), E = banc de quartzites blancs (25 m).
le pendage des couches est de 35 % vers l'aval et de reconnaissances préliminaires plutôt minces (6
20 % de la rive droite vers la rive gauche. Les fouilles sondages très courts, quelques bouts de galeries sur
poussées jusqu'au rocher, ont atteint 10 à 14 m de les rives et des puits). Le barrage réalisé est du type
profondeur et les travaux se sont déroulés sans poids en béton avec déversoir central constitué de
incident de nature géologique important, en dépit de cinq passes munies de vannes à secteur qui, ouvertes,
MASSIF DES REHAMNA 181
assurent l'évacuation jusqu'à 3 500 m3/s ; les travaux des Doukkala, sur la rive gauche de l'Oum-er-Rbia.
commencés en 1939 ont été achevés en 1947, la pre- Actuellement, la retenue d'Imfout est totalement
mière mise en eau ayant été effectuée dès 1944. Les envasée, jusqu'au niveau de la prise pour irrigation
caractéristiques de l'ouvrage sont les suivantes et la capacité utile de la retenue n'est plus que de
l'ordre de 10 millions de m3. La prise s'effectue au
- cote de l'oued à l'étiage : 151,5 m
fil de l'eau et sous cette charge la galerie tête-morte
- cote de la retenue : 190,0 m,
est susceptible de véhiculer un maximum de 40
- limite inférieure d'utilisation de la retenue:183,0 m,
m3 /s correspondant aux besoins en eau de pointe de
- surface de la retenue : 875 ha 65 000 ha dans les Doukkala ; on pense qu'une
- volume total: 84.106 m3, surélévation du barrage de l'ordre de 3 à 5 m
- capacité utile (cotes 183 à 190 m) 46.106 m3, permettrait d'accroître le débit limite actuel de la
- cote d'arase du déversoir : 181,75 m, galerie. Des essais sur modèle réduit sont envisagés
- cote du couronnement de l'ouvrage 192,50 m, depuis plusieurs années à ce sujet, mais ils ne
- hauteur maximum de l'ouvrage au-dessus des présentent aucun caractère d'urgence puisque les
fondations : 50 m, superficies irriguées dans les Doukkala atteindront
- largeur maximum y compris le coursier 58 m, seulement 30 000 ha en 1972.
- longueur au couronnement : 200 m,
La qualité chimique de l'eau de l'Oum-er-Rbia
- volume du béton : 130 000 m3,
- prise d'eau pour l'usine électrique en rive droite, à Imfout est suivie depuis de nombreuses années ;
chute brute maximum de 38,75 m, elles est bonne de type chloruré-sodique, avec des
- usine équipée de 2 turbines Kaplan absorbant 50 résidus secs à 180°C variant entre 0,5 et 1,0 g/l. Du
m3 /s chacune au maximum pour une puissance point de vue potabilité, cette eau est considérée
fournie de 15 600 kW. comme relativement pure.
assez simple garantissant, dans le plan d'équipement - un barrage de dérivation destiné à relever le plan
électrique du Maroc, une entrée en service inter- d'eau de 8,6 m et à créer une réserve journalière de
venant entre celles d'Imfout et de Bin El-Ouidane, 1 million de m3,
Le barrage est entré en service en 1950. A Daourat, - une galerie de dérivation souterraine en charge,
le bassin versant de l'Oum-er-Rbia a une superficie longue de 1425 m, de 6,5 m de diamètre, entièrement
de 28 000 km2. revêtue de béton : cette galerie débouche dans un
bassin de mise en charge de 24 000 m3 ; 4 ajutages
Le site de barrage est extrêmement favorable car
munis de vannes permettent d'amener 36 m3/s chacun
la vallée est très étroite et très encaissée. Le barrage
sous une charge de 17 m vers les turbines,
est ancré sur des barres de quartzites cambro-
- une usine hydroélectrique équipée de 4 groupes
ordovicien très durs, à pendage vertical et rela-
turboalternateurs et de deux groupes auxiliaires. Un
tivement peu tectonisés.
canal de fuite rejoint l'Oum-er-Rbia à l'aval de
L'ouvrage est un barrage-usine, l'ensemble étant l'usine.
groupé pour barrer l'oued sur une longueur de 125
Le barrage de dérivation est un barrage en béton à
m, en relevant le plan d'eau de 22 m. C'est un
quatre pertuis mobiles de 12,4 x 8 m équipés de vannes
ouvrage en béton, du type poids pour les parties
munies chacune à leur partie supérieure de volets
latérales et du type à contreforts pour la partie
mobiles indépendants hauts de 2,5 m. Un déversoir
centrale déversante. Les parties latérales sont
latéral assure l'évacuation des débits excédentaires, les
longues en crête de 36 m sur la rive droite et de 18
équipements permettant de faire transiter 4 500 m3/s.
m sur la rive gauche. L'usine proprement dite forme
L'ouvrage est fondé sur une barre gréseuse horizontale
barrage sur une longueur de 26 m en rive droite ;
faisant partie de la série argilo-gréseuse rouge du
elle est équipée de deux turbines Kaplan à axe
Permo-Trias qui constitue le soubassement de tout ce
vertical absorbant chacune un maximum de 50 m3/s
secteur.
et produisant 75 millions de kWh par an en
moyenne. La médiocrité de la réserve qui correspond à 2
La retenue a une capacité totale de 24 millions de heures de débit maximum vers l'usine fait que celle-ci
m3 et une capacité utile de 13 millions de m3 entre ne travaille pratiquement qu'au fil de l'eau, fournissant
les cotes maximales de la chute : 22,35 et 14.5 m. une production moyenne annuelle de 5.5 millions de
La zone d'évacuation des crues est équipée de trois kWh.
vannes segments en charge de 7,3 x 10 m et le Depuis 1952 la retenue de Sidi-Saïd-Maachou sert à
diaphragme qui complète supérieurement la l'alimentation en eau potable de Casablanca. Une station
bouchure mobile est aménagé en seuil déversant. Le de pompage a été édifiée à proximité immédiate de
débit maximum d'évacuation est de3 500 m3/s. l'ouvrage ; des pompes à axe vertical refoulent l'eau
brute jusqu'à la station de traitement et d'épuration
située en rive droite à quelque 150 mètres au-dessus du
BARRAGE DE SIDI-SAID-MAACHOU niveau de l'oued. Les eaux sont décantées, filtrées,
C'est le plus aval des aménagements de l'Oum- coagulées et stérilisées, puis gagnent Casablanca par une
er-Rbia. Il se situe à 46 km à l'aval de Daourat et à conduite gravitaire, de diamètre compris entre 1 et 1,7
61,5 km de l'embouchure, ces distances étant mètre, et longue de 75 km. Le réglage du débit de
comptées le long du cours développé de la rivière. l'adduction s'effectue par commande depuis l'aval et
Ce barrage fut le premier à être réalisé sur un cours l'ensemble est très moderne ; jusqu'en 1968, les
d'eau marocain ; il est entré en service en 1929. installations permettaient de livrer 1 m3/s à Casablanca.
Conçu dans un but exclusivement hydroélectrique il Depuis ce débit a été doublé.
sert aussi, depuis 1952, de réservoir d'eau brute pour
les stations de pompage et de traitement qui Il est à noter que cette retenue détient une qualité
alimentent la ville de Casablanca. fondamentale pour une retenue destinée à l'alimentation
en eau : cette eau est continuellement renouvelée, du fait
A Sidi-Saïd-Maachou, l'Oum-er-Rbia décrit une de la faible capacité du réservoir d'une part et d'autre
triple boucle longue de 13 kilomètres et dont les part parce qu'en temps de crues (soit plusieurs fois par
deux branches d'extrémité présentent entre elles une an), les pertuis sont partiellement ou totalement ouverts,
différence de niveau de 13 mètres pour une distance permettant une chasse totale de la retenue avec des
de 1 450 m. Cette particularité a été mise à profit débits importants (de l'ordre de 2 000 m3/s). En
pour créer un aménagement de boucle dont les conséquence, les dépôts solides ne s'accumulent pas et
travaux furent exécutés de 1925 à 1929. L'amé- les lois habituelles de la limnologie dans un réservoir
nagement comporte :
MASSIF DES REHAMNA 183
fermé ne sont pas valables car aucun organisme vivant utilisation de type hydroagricole, utilisation qui
ne peut se fixer et se développer ; l'eau ne se dégrade deviendrait nécessairement prioritaire lorsque l'on serait
pas dans la retenue, et sa qualité est rigoureusement amené à étendre le périmètre irrigué des Doukkala. En
identique à celle d'Imfout situé à l'amont. 1968, la construction d'un ouvrage à Sidi-Chého est
inscrite au plan quinquennal de 1968-1972 mais une
étude prospective de l'aménagement global du bassin de
LES OUVRAGES PROJETES l'Oum-er-Rbia démontre en 1969 qu'il est préférable
BARRAGE DE SIDI-CHÉHO d'équiper le haut bassin en premier lieu (ouvrage de
Dechra-el-Oued sur l'Oum-er-Rbia et aménagement du
Le site de Sidi-Chého se trouve au SE des Lakhdar) avant de songer à construire sur ce site un
Rehamna, à l'endroit où le fleuve s'encaisse dans le barrage de très grande capacité qui ne sera indispensable
massif primaire ; la superficie du bassin versant de qu'après 1980. En conséquence, la décision est prise en
l'Oum-er-Rbia est de 28 000 km2 et le module naturel 1970 de surseoir à l'exécution de l'ouvrage que l'on avait
de la rivière est un peu inférieur à 100 m3/s fictifs eu le temps de projeter à nouveau entre 1968 et 1970,
continus. après quelques travaux complémentaires de
Ce site remarquable par le volume de la cuvette de reconnaissance.
retenue a été noté de longue date et voué La vallée de l'Oum-er-Rbia est large de plus d'un
successivement à plusieurs projets d'ouvrages adaptés à kilomètre à l'amont du rétrécissement de Sidi-Chého,
des usages différents. Dès 1938, J. Bourcart y effectuait provoqué par la pénétration de la rivière dans le massif
une reconnaissance géologique sommaire, qu'il primaire constitué de quartzites et schistes ordoviciens
complétait en 1946 et 1948 par quelques travaux de plissés à l'Hercynien ; la retenue s'étendrait sur du
puits peu profonds ; les travaux de reconnaissance se Permo-Trias et du Crétacé marneux dans l'ensemble. Le
développent ensuite entre 1948 et 1954 en vue de site du barrage (quartzites essentiellement) est large
mettre au point un avant-projet d'aménagement d'une cinquantaine de mètres au niveau de l'oued et
hydroélectrique important qui intéresse l'Office de s'évase lentement vers les sommets des talus qui le
l'Electricité du Maroc. En 1961-62, l'Office National dominent de plus de cent mètres. Néanmoins une
des Irrigations s'oppose à la construction de l'ouvrage difficulté apparaît en rive droite au large du site, là ou
en faisant valoir que sa conception ne répond pas à une deux cols ne ferment pas la retenue au-delà de 45 à 50 m
COTES N.G.N.
HAUTEUR DE
70 290 + +
60 280 + +
50 270 + +
40 260 + +
30 250 + +
240
20 + +
10 ++
900 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000 Volumes en Mm3
0 220
0 25 50 75 100 125 150 175 200 Surface en Km²
FIG. 78 – Site de barrage de Sidi- Chého, courbes des volumes emmagasinés et des surfaces
De la retenue en fonction de la hauteur d’un barrage.
184 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
au-dessus de l'oued et doivent être obturés par des comme un optimum pour répondre à la fonction de
digues auxiliaires afin d'interdire un court-circuit du régularisation des crues de fréquence, interannuelle que
barrage par le N. les aménagements des hauts bassins laisseront échapper.
Or ces cols sont entaillés dans une formation
bréchique rouge (conglomérat) rapportée au Permien,
BARRAGE DE MRIJA
remplissant le paléorelief hercynien ; l'étanchéité de
cette brèche argileuse fut longtemps l'objet de
Cet ouvrage situé quelques kilomètres à l'aval de Sidi-
controverses qui conduisirent à limiter la hauteur de
Chého, entre Sidi-Chého et Imfout, avait été envisagé
l'ouvrage projeté en 1960 à 48 mètres (l 200 Mm3 de
vers 1960 pour servir de barrage de compensation à Sidi-
capacité). Les reconnaissances de 1968-69 s'attachèrent
Chého version hydroélectrique ; il devait régulariser les
à cette question qui apparaît moins préoccupante
eaux turbinées avant de les lâcher vers Imfout ou
actuellement puisque l'ouvrage à nouveau projeté
s'opérait la dérivation pour l'irrigation du périmètre des
(barrage à contreforts et digues annexes en terre)
Doukkala. L'ouvrage a fait l'objet d'esquisses, mais, le
s'élèverait à 54 m de hauteur (capacité 1 600 Mm3).
site n'a jamais été reconnu dans le détail ; il ne semble
Néanmoins ce problème est susceptible de surgir à
pas d'ailleurs que le site pose de problème sérieux pour
nouveau lorsqu'il faudra projeter l'ouvrage de 2 300 à
un ouvrage de ce type.
3 000 Mm3 (60 à 65 m de hauteur) qui a été déterminé
REFERENCES
BUFFLE J.-P. (1970) : Evolution de la qualité des eaux dans des retenues MICHARD A. (1968) : Une zone à staurotide et disthène dans les Rehamna
utilisées à des fins alimentaires. Retenues d'eau marocaines. (Maroc hercynien). C.R, Acad. Sci., Paris, t. 266, pp. 1639-
Techniques et sciences municipales et l'Eau, Sept. 1970. 1642.
DESGIGOT A. (1947) : Aménagement hydroélectrique d'Imfout sur
l'Oum-er-Rbia. Travaux, nov.-déc. 1947. MICHARD A. (1969) : Fractures profondes et décrochements dans les
Rehamna (Maroc hercynien). C.R. somm. Soc. géol. Fr., 3, pp.
FERRÉ M. (1964) : Note sommaire sur le site de barrage de Sidi Chého. 89-90.
Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE.
MOULLARD L. (1956): Etude hydrogéologique de la région
GIGOUT M. (1951) : Etudes géologiques sur la Méséta marocaine de Dar Caïd. Rapp. inéd, MTPC/DH/DRE.
occidentale (arrière pays de Casablanca, Mazagan et Safi). Notes
& M. Serv. géol. Maroc, n° 86, 507 p. NÉRAT DE LESGUISE M. (1951) : Alimentation en eau du centre de
GIGOUT M. (1965) : Notice explicative de la carte géologique de la Méséta Mechra Ben Abbou. Rapp. inéd. MTPC/ DH/DRE.
entre Settat et Mazagan (El Jadida). Notes & M. Serv. géol. NÉRAT DE LESGUISE M. (1953) : Etude hydrogéologique en vue de
Maroc, n° 75 bis, pp. 3-23. l'alimentation en eau des Ouled Saïd. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE.
GIGOUT M. (1965) : Notice explicative de la carte géologique de la
Méséta entre Mechra Ben Abbou et Safi (Doukkala et massif des PIQUÉ A. (U972): Contribution à la géologie structurale des Rehamna (Méséta
Rehamna). Notes & M. Serv. géol. Maroc, n° 84 bis, pp. 3-31. marocaine occidentale). Le matériel paléozoïque et son évolution
hercynienne dans l'ouest du massif. Thèse 3è cycle, Strasbourg, 101 p.
GIVCOVIC G. (1970) : Etude du régime de l'oued Oum-er-rebia et de ses
affluents. Rapport de synthèse inéd. MTPC/DH/DRE, RUHARD J.P. (1970) : Essai de pompage du puits 1163/35 à jbel Lakhdar.
Rapp. inéd., MTPC/DH/DRE.
LECOINTRE G. & G. GIGOUT M. (1950) : Carte géologique provisoire des
environs de Casablanca, notice explicative. Notes & M. Serv. RUHARD J.P. (1970) : Essai de pompage du puits 1737/27 à Sidi Rahal. Rapp.
géol. Maroc, n° 72 bis. 42 p. inéd., MTPC/DH/DRE.
LÉVEQUE P., MARCAIS J. & MONITION L. (1952) : Les aménagem- THUILLE G. (1954) : Alimentation en eau de Skour des Rehamna. Rapp.
ents hydrauliques du bas Oum-er-Rbia (Daourat et Sidi Saïd Maa- inéd., MTPC/DH/DRE.
chou). Rapp. inéd. MTPC/ DH/DRE.
2.12.
Par
Jean-Paul RUHARD
Présentation géographique
(fig. 79)
Les limites de la plaine de Berrechid sensu stricto zone côtière comprise entre Médiouna et Mohammédia
sont assez nettement définies et contribuent à lui donner qui s'intègre dans la Basse-Chaouia est adjointe à la
son originalité propre. Ce sont au SE, le plateau de plaine de Berrechid.
Settate avec sa falaise ; au NE, la vallée de l'oued A l'intérieur de ces limites, la plaine de Berrechid
Mellah, très fortement encaissée ; au SW, la pénéplaine forme grossièrement un secteur elliptique dont le grand
primaire de Souk-Jemaa (ex-Foucault), infertile et axe est orienté sensiblement SW-NE. Sa topographie est
parsemée de nombreuses dayet ; enfin au NW, le Sahel très calme et l'altitude varie très régulièrement du S vers
côtier au relief dunaire qui constitue le débouché aval de le N, entre 350 m et 140 m environ. L'altitude du Sahel
la plaine vers l'Océan. C'est pour cette raison que la côtier se situe entre 140 m et 0. Dans l'ensemble des
186 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
O.
O TI E
L le Rharb et 1,08 dans le Prérif. Ainsi, la plaine de
N H
LA A O. Berrechid ne semble-t-elle pas très fortement peuplée
Me
T S BEN-SLIMANE
A CASABLANCA
llah
compte tenu de ses possibilités. Cette situation
Ne
s'explique par plusieurs raisons, notamment à cause
f if
ik h
d'un faible peuplement au début du XX e siècle (deux à
trois fois moins important que maintenant), mais aussi
du fait de la mise en valeur qui s'est orientée vers la
Bouskoura Médiouna
céréaliculture (blé dur et maïs) dans des exploitations
modernes ou modernisées. L'agriculture de la région
n'est en général pas très intensive et par suite pas très
peuplante.
I A
EL-GARA
sements de 1960 et de 1971. Bien que la province
A
BERRECHID
.
H
Ai
ou
ad
ss
ze
re
BEN - AHMED
média a doublé en 11 ans (35 010 habitants en 1960
Ta
ma
PLATEAU DE
contre 70 392 en 1971) alors que celle de Casablanca,
dr
os
SETTATE- BEN-AHMED
t
SETTATE
3 e ville africaine après le Caire et Alexandrie, a crû de
55 % pendant la même période (1 500 000 habitants
en 1971) ce qui s 'explique par un phénomène de
Légende
Géologie
STRATIGRAPHIE
surmontés des quartzites d'El-Hank ; entre les schistes
De bas en haut de l'échelle stratigraphique, on et les quartzites vient s 'insérer dans la Basse-Chaouïa,
rencontre les formations suivantes : une série psammitique violine visible à El-Hank et
dans les déblais de certains puits du secteur d'Aïn-el-
Harrouda.
LE PRIMAIRE
Le Primaire est visible seulement en bordure de la L'épaisseur visible de ces niveaux est à El-Hank, où
plaine de Berrechid alors qu'il affleure plus fré- ils sont redressés, de 1 000 m pour les schistes et
quemment sous le recouvrement quaternaire de la psammites et de 170 m pour les quartzites. A l'E, le
Chaouia côtière ; au SE, ce sont des schistes siluriens Primaire est représenté par des schistes ordoviciens
et dévoniens intercalés de niveaux plus gréseux dont l'épaisseur est de l'ordre de 1 100 m.
(quartzites), qui apparaissent sous l'aspect de rochers
Sous la plaine de Berrechid, la profondeur du socle
très caractéristiques dans le paysage : ce sont les «
primaire est inconnue presque partout et doit être le
Sokhrate » ; au N, entre Médiouna et Bouskoura, il
plus souvent supérieure à plusieurs centaines de mètres ;
s 'agit de schistes verts acadiens, quelque fois micacés,
188 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
seuls les forages 1428/28 et 992/28 au SE de la plaine marnes, constitue un indice de la proximité du socle.
ont rencontré des schistes noirs entre 30 et 40 m de
profondeur. Par contre deux autres forages (1429/28 et LE SECONDAIRE
1430/28), réalisés en piémont du plateau de Settate, ont
atteint des profondeurs respectives de 162 m et de On rencontre en premier lieu le Permo-Trias sous
100,5 m sans rencontrer le socle, ce qui implique un son faciès assez habituel d'argiles pélitiques et grès
plongement important de celui-ci du SE vers le NW de rouges, de conglomérats et de coulées basaltiques
la plaine. Ceci est encore confirmé dans le forage (basaltes et dolérites) ; par ailleurs, on note
1772/27, situé à l'E de Sidi-el-Aydi, au SSW de fréquemment la présence de niveaux gypsifères im-
Berrechid, où de nombreux éléments de quartz ont été portants.
rencontrés entre 88 et 95 m de profondeur ; cette Cet ensemble de terrains n'affleure que sur les bor-
présence de lentilles de quartz, emballées dans des dures, notamment au N dans la vallée de l'oued Mellah ;
SSE
COUPES LONGITUDINALES 1428/20
1
m m
300 300
993/20
NNW
3270/20 2930/20
744/20 2935/20
2940/20
200 3235/20
P1 200
F
100 100
Cm
P1 SSE
F Pl
Cm Marno-calaires
SSE
1430/28
Ic Argiles rouges INFRACENOMANIEN NNW 3 1436/28
m 1437/28 m
280 280
2943/20
Pt Argiles rouges PERMO-TRIAS
200
Quaternaires 200
P
PRIMAIRE
Ic
P Schistes 120 Cm Cm (?) 120
Pt
F Failles
1429/28
NNW 1196/27 m
m 260 1186/27 280
2943/20 972/28
744/20 875/20
945/20
200 200
Pt(?)
100 100
Cm ou Ic(?)
Pt
F
MEDIOUNA
PLAN
5
DE
W E NNW SSE
SITUATION
3265/20
3269/20
4 3225/20 5 m
m 200 200
BERRECHID 1 EL-GARA
2
3 100
Ic 100
- Pt
mais bien qu'il soit généralement masqué par des dépôts des fondations de silos du quartier de l'Oasis. Ces
plus récents, le Trias constitue le substratum d'une terrains sont exclusivement rencontrés à l'E de la barre
partie importante de la plaine de Berrechid. Il a été de quartzites d'El-Hank, mais n'ont jamais été signalés
retrouvé dans les déblais des puits du secteur d'Aïn-el- dans la plaine de Berrechid ou ailleurs en zone côtière.
Harrouda, Tit-Mellil, la bordure NW de la plaine de Les dépôts du cycle Moghrébien ne peuvent être
Berrechid où il jalonne une importante faille NE-SW. distingués que très difficilement de ceux des cycles du
Son épaisseur est certainement très variable ; dans le Quaternaire, bien que la phase orogénique fini-
centre du bassin, elle doit atteindre plusieurs centaines villafranchienne ait été très importante et à l'origine du
de mètres. remplissage continental de la plaine de Berrechid.
On rencontre au-dessus, en discordance, des ter- Les formations marines des transgressions et
rains transgressifs, représentés d'abord par des argiles régressions qui se sont déposées tout au long du recul
de l'Infracénomanien (40-50 m), de couleur rougeâtre, général de la mer depuis la fin du Pliocène,
très souvent riches en gypse, avec quelques niveaux comprennent à la fois des conglomérats et des
conglomératiques. lumachelles, recouverts de calcaires détritiques du-
Etant donné la grande similitude des faciès entre les naires. L'épaisseur totale de ces dépôts est très variable
horizons infracrétacés et triasiques, il est le plus et peut atteindre localement 100 m dans la Basse-
souvent impossible d'opérer une distinction rigoureuse Chaouïa.
de visu entre ces deux étages. La seule méthode qui Le Pliocène est transgressif et cette transgression
permette d'opérer en toute certitude la distinction, est importante. Il semble que la mer pliocène se soit
notamment sur des cuttings de forages, est basée sur des avancée vers le Sud jusqu'à la falaise du plateau de
analyses aux rayons X. En effet, celles-ci permettent de Settate—Ben-Ahmed ; à la base des dépôts pliocènes se
mettre en évidence les chlorites, présentes uniquement trouve un conglomérat peu important, puis on rencontre
dans le Trias. des sables calcaires et des calcaires détritiques
Au-dessus de l'Infracrétacé, on rencontre des constitués de débris de coquilles triturées par les vagues
terrains d'âge Cénomanien, qui comprennent à la base, ; on note d'ailleurs souvent, à l'amont de la plaine, un
des sables, des grès tendres et des argiles sableuses, ciment de nature dolomitique. Le retrait de cette mer est
surmontés par des calcaires dolomitiques jaunes, marqué par l'édification de cordons dunaires. Dans la
tendres, finement interstratifiés de marnes jaunâtres ou plaine de Berrechid, cet ensemble n'est épais que de 20
d'argiles marneuses vertes ou bariolées. Ces dépôts à 50 m : il joue cependant un rôle hydrogéologique
dolomitiques et marno-calcaires sont connus au NE de essentiel.
Médiouna (Aïn-Sidi-Brahim) ; en dehors de cet Le début du Quaternaire correspond au comblement
affleurement, on rencontre encore le Cénomanien dans limoneux qui recouvre toute la plaine de Berrechid et y
la vallée de l'oued Mellah et sur les flancs du plateau de masque les terrains antérieurs. A la base se trouve une
Settate-Ben-Ahmed. Au total, il doit être bien série plus ou moins conglomératique, puis viennent des
représenté dans la plaine, là où l'érosion l'a épargné. argiles rouges limoneuses à galets et graviers. La
C'est ainsi qu'une série de forages récemment exécutés richesse des limons en galets diminue au fur et à mesure
sur le pourtour méridional de la plaine ne semblent pas que l'on s'éloigne de la bordure du plateau de Settate ;
l'avoir rencontré (1428 et 1429/28 et 1771/27). quant à l'épaisseur des limons, elle est extrêmement
A l'aval de la plaine de Berrechid, dans la Basse- variable (entre 0 et 50 m). En surface on note l'existence
Chaouïa, le Cénomanien ne s'observe que dans les de limons récents, noirs et souvent pelliculaires (tirs)
déblais de puits, notamment à l'W Immédiat de ainsi que des limons sableux d'origine éolienne et des
Casablanca. Il n'est pas impossible que dans ce secteur, limons alluvionnaires.
l'érosion ait là encore fait disparaître localement tout ou
partie de ces horizons.
APERÇU STRUCTURAL DE LA REGION
LE TERTIAIRE ET LE QUATERNAIRE (fig. 80 et 81)
On rencontre dans la Basse-Chaouïa des formations La région étudiée a une histoire tectonique rela-
miocènes constituées de marnes sableuses fossilifères, tivement simple.
attribuées au Vindobonien ; elles ont été découvertes
dans les déblais de certains puits et tranchées, aux Après la phase orogénique hercynienne qui a
abords mêmes de Casablanca, en particulier à proximité fortement plissé les terrains primaires, la Méséta
de l'hippodrome d'Anfa et dans des forages destinés à marocaine est restée stable jusqu'au Quaternaire et n'a
subi que des contrecoups assez lointains et atténués des
190 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
mouvements atlasiques et rifains ; on ne note en effet On peut résumer l'histoire géologique de la plaine
que des failles de faible rejet. de Berrechid de la manière suivante
Des mouvements de la fin de l'Acadien ont été Le Primaire est marqué par une histoire complexe
décelés dans la région de Mohammédia, par la pré- de transgressions et régressions marines ; la région
sence de grès à éléments volcaniques et des traces de appartenant au domaine marin, des épaisseurs très
glissements sous-marins (slumping) dans la région de importantes de sédiments se déposent sur les fonds et
El-Hank (Destombes & Jeannette, 1955). ils sont violemment plissés par l'orogenèse
hercynienne. La conséquence en est le retrait de la mer
Les mouvements hercyniens sont de beaucoup les et une action érosive intense, qui est d'abord à l'origine
plus importants et ils ont conféré à la région de de débris grossiers (conglomérats, grès grossiers) puis
Casablanca sa structure telle qu'elle est actuellement de plus en plus fins. Ces sédiments exposés à l'air libre
s'oxydent et ont une couleur rouge très caractéristique.
connue.
Des épanchements volcaniques se produisent en même
Les principales unités tectoniques sont (Delarue, temps, cette période correspondant au Permo-Trias.
Destombes & Jeannette, 1956) :
— l'anticlinorium de Casablanca Au Crétacé inférieur seulement, la mer envahit à
nouveau la plaine de Berrechid ; il se dépose alors des
— le synclinal d'Aïn-Diab calcaires, des marnes et des argiles dans des eaux peu
— au SE la plaine de Berrechid. profondes.
L'anticlinorium de Casablanca est marqué par les Au Tertiaire, on assiste aux répercussions des
affleurements des quartzites d'El-Hank à Bouskoura, mouvements atlasiques et rifains ; les accidents af-
sur la bordure NW de la plaine de Berrechid et à fectent alors les terrains antérieurs, puis la mer se
Ellouizia. Des synclinaux de faible extension se situent retire à nouveau, livrant la région à une érosion
aux environs d'Aïn-el-Harrouda et d'Aïn-Sbaa, tandis
continentale importante. Le réseau hydrographique
qu'au N de Bouskoura, les quartzites décalés
soulignent une faille NE-SW. Un autre accident s 'établit et creuse des vallées actuellement enfouies,
marque la bordure NE de la plaine de Berrechid. Au N dont l'importance hydrogéologique est fondamentale.
de Médiouna et au SW de Bouskoura, les quartzites Au Pliocène, la mer dépose des calcaires détri-
d 'El-Hank sont au contact des formations gréseuses de tiques, après une brève transgression et se retire
l'Ordovicien et l'accident est souligné par un ensuite, pour laisser la place à l'établissement de
remplissage permo-triasique rencontré dans des puits cordons dunaires, qui ferment la plaine de Berrechid et
situés au N de Médiouna, près de la limite N de la
l'isolent de l'océan.
plaine de Berrechid. Le synclinal d'Aïn-Diab, à l'W de
Casablanca, a une très faible extension géographique et On assiste enfin au cours du Quaternaire à une
est limité par un accident à l'W, qui fait disparaître les succession de périodes pluviales et interpluviales ;
quartzites. l'érosion du plateau de Settate—Ben-Ahmed est
Quand à la plaine de Berrechid, elle constitue une importante pendant les pluviaux et on assiste au
vaste cuvette synclinale, à grand rayon de courbure. transport des sédiments érodés (limons) qui se
Au cours de son histoire, elle a été marquée par des déposent dans la plaine en la comblant
phénomènes importants de subsidence et l'enfoncement progressivement. On aboutit ainsi au modelé actuel, où
régulier et lent du fond de cette fosse a permis une on note un très faible encaissement des oueds dans les
grande accumulation de sédiments dans les mêmes limons de surface et un mauvais drainage naturel,
conditions de dépôt. On note en effet que souligné dans le centre et à l'aval par de nombreuses
l'enfoncement du Primaire est très rapide sous les dayet temporaires.
dépôts plus récents. La plaine de Berrechid a subi les La région se présente donc suivant deux domaines :
effets des mouvements post-hercyniens et on a montré l'un côtier, où apparaissent les terrains primaires
en particulier sur sa bordure septentrionale l'existence plissés puis arasés, l'autre au Sud, subsident. La grande
de mouvements post-villafranchiens (Jeannette, 1954). fracture qui jalonne ces deux unités est emplie de
Quant à la bordure sud de la plaine, elle est marquée formations permo-triasiques à prédominance argileuse.
par la flexure des terrains cénomaniens du plateau de Du point de vue hydrogéologique, elle constitue une
Settate, parfois faillée. On note aussi l'existence de limite entre deux bassins bien différents par la nature
quelques failles secondaires sans grande importance des roches réservoirs, le mode de circulation des eaux
hydrogéologique. souterraines et la qualité chimique des eaux.
PLAINE DE BERRECHID ET BASSE-CHAOUIA 191
U E
T I Q
N
100
L A
0
A T
340 340
A N
O C E 1
200
AN CA
100
200
CASABL
100
0
20
0
10
0
0
0
2
4
3
335 335
150
100
50
330
Tit Mellil 330
0
Bled Oulad
Cheikh
325 325
20
Schistes Si2 (Llandeilo) militaire
0
D
HI
15
0
EC
Quartzites KS2
10
RR
320 320
50
BE
F
Psammites KS2
0
?
20
20
0
0
0
Climatologie
L'indice global de Thornthwaite calculé pour la station prolonge à l'aval se situent à la latitude moyenne du Maroc
de Berrechid-Averroes permet de classer la plaine de (33-34° N) et son relief est négligeable en ce qui concerne
Berrechid dans un domaine à climat semi-aride. Cependant une influence possible sur la climatologie. Les
la proximité immédiate de l’océan a une influence très températures sont modérées dans la zone côtière, plus
importante, pour assurer un degré hygrométrique de l'air contrastées à l'intérieur. Les pluies tombent régulièrement
toujours élevé. en automne et en hiver d'octobre à mars tandis qu'une
La plaine de Berrechid et la Basse-Chaouia qui la longue saison sèche s'étend au printemps et en été
192 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
CLIMATOLOGIE 1933-1963
MAROC ATLANTIQUE 12 – PLAINE DE BERRECHID ET CHAOUIA COTIERE DE
CASABLANCA A MOHAMMEDIA
FIG. 82
d'avril à septembre. Les sécheresses catastrophiques Berrechid : 25°5C et 9°6C) et très atténués sur le
sont rares, mais le total pluviométrique ne correspond littoral (22°2C et 13°5C pour Mohammédia).
pas partout, notamment dans la plaine de Berrechid (380 Quant aux températures extrêmes, elles peuvent
mm/an), aux besoins minima des cultures. Le rôle joué atteindre 49°C et — 5°C à l'intérieur de la plaine de
par les précipitations occultes (brumes et brouillards) est Berrechid ; le gel reste cependant un phénomène très
d'un secours très appréciable à la végétation en atténuant exceptionnel dans la plaine et inexistant sur la bande
le caractère aride du climat. littorale.
La pluviométrie moyenne de la région, établie sur les L'évaporation calculée d'après la formule de Turc
chiffres de la période 1933-1963, varie selon chacune aboutit aux résultats suivants :
des trois stations entre 380 et 440 mm par an (fig. 82). — Berrechid-Averroes : 380 mm
Les écarts thermométriques entre l'hiver et l'été — Casablanca-Anfa : 430 mm
apparaissent très forts à l'intérieur de la plaine de — Mohammédia : 420 mm
Berrechid (moyennes des maxima et des minima pour ;
De même l'évapotranspiration réelle calculée d'après
Thornthwaite donne les valeurs suivantes :
Ceci caractérise un type climatique semi-aride, une assez grande homogénéité pour la région considéré.
mésothermique à influence océanique, ce qui souligne
PLAINE DE BERRECHID ET BASSE-CHAOUIA 193
Hydrologie superficielle
Longueur
Superficie du thalweg Périmètre Altitude Altitude de Pente
Oued en km2 principal du bassin maximum l'exutoire moyenne
en km en km en m en m %
On remarque entre eux les points communs sui- Aucun exutoire n'existe vers l'Océan et la plaine de
vants: Berrechid est, comme les Doukkala, un bassin
- à l'exception de l'oued Tamdrost, les superficies pratiquement endoréique. Ce n'est pourtant qu'en
présentent une grande homogénéité (entre 120 période fortement humide que ce caractère est souligné
et 190 km2) ; par la présence de nombreuses dayet temporaires,
- la forme générale de tous ces bassins est étroite notamment dans la région de Médiouna, dayet posant
et très allongée, ce qui se traduit par la longueur alors le problème d'un drainage efficace. Seule
du thalweg principal et l'importance du l'existence d'un oued à l'aval de la plaine de Berrechid,
périmètre par comparaison avec la superficie ; l'oued El-Hassar, affluent de rive gauche de l'oued
Mellah, doit jouer le rôle d'un exutoire partiel.
- les pentes moyennes sont relativement fortes,
quoique variables le long du thalweg ; faibles Le régime hydrologique de tous ces oueds est mal
sur le plateau, elles s'accentuent à proximité du connu du fait de l'inexistence d'un réseau limnimétrique
débouché dans la plaine de Berrechid ; et de l'absence totale d'observation. Un équipement
- les pentes des versants sont faibles dans la partiel est cependant en voie de réalisation sur deux ou
partie supérieure des bassins et ne deviennent trois d'entre eux, au débouché amont dans la plaine de
fortes qu'en bordure du plateau. Berrechid, étant donné le rôle que jouent les eaux de
surface dans l'alimentation de la nappe souterraine. On
Du point de vue géologique, tous les bassins sont ne connaît aucun débit moyen annuel. A sec pendant une
situés sur des terrains assez perméables : calcaires, grande partie de l'année, ils coulent en crues, lors des
marnes, etc. En outre, la plus grande partie de ces orages d'automne ou de printemps.
bassins est cultivée.
Ces oueds ont creusé des vallées assez encaissées LES CRUES
dans la bordure méridionale de la plaine, mais après y
avoir débouché, ils sont peu marqués et se perdent au Une étude des crues a cependant été tentée, à partir
bout de quelques kilomètres, à proximité de Berrechid. des données pluviométriques et de l'attribution de
Leur disparition progressive est liée surtout aux coefficients de ruissellement comparables à ceux
nombreux prélèvements, opérés au profit des terres d'autres bassins limitrophes, afin d'obtenir les volumes
irriguées dans leur cours supérieur et dans la partie ruisselés. Quant aux pointes de crues, elles ont été
amont de la plaine, mais aussi à la topographie assez déduites des caractéristiques de sections des oueds après
molle qui favorise la divagation du réseau exécution de profils topographiques et d'enquêtes pour
hydrographique et les infiltrations de l'écoulement. connaître la hauteur des plus hautes crues. Tous les
194 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
chiffres avancés ne correspondent toutefois qu'à des d'Averroès (1941-60) a montré en outre que des pluies
estimations. d'une durée de 9 heures pouvaient se produire tous les
ans, tandis que des pluies plus longues ne se
L'étude des averses a été réalisée pour le poste
manifestaient qu'exceptionnellement (1 fois tous les 3
d'Averroès, situé à 15 km à l'E de Berrechid. Il est
ans jusqu 'à 13 h et 1 fois tous les 20 ans au-dessus).
apparu que pour donner naissance à une crue impor-
Sachant par ailleurs que les crues les plus dangereuses
tante, deux conditions devaient être réunies :
sont celles pour lesquelles la durée de pluie est voisine
— un sol en partie saturé par des pluies du temps de concentration du bassin (temps mis par
précédentes ; une particule d'eau tombée à la limite du bassin pour
atteindre l'exutoire), on a estimé les temps de
— des averses de faible durée mais de forte
concentration et les temps de ruissellement, d'après la
intensité, dépassant les capacités d'infiltration
taille de la pente des bassins. Les résultats obtenus
du terrain.
sont les suivants :
Le dépouillement des données pluviographiques
TAMDROST 24 h 28 h
EL-AHMEUR 8-9h 12 h
MAZERE 8-9h 12 h
AIADA 5-6h 10 h
TAMDROST 10 % 25 % 50 %
EL-AHMEUR 15 % 30 % 60 %
MAZERE 15 % 30 % 60 %
AIADA 17% 33% 65%
TAMDROST 0,59 6 14
EL-AHMEUR 0,35 2,4 6,45
MAZERE 0,31 2,15 5,8
AIADA 0,24 1,65 5,5
PLAINE DE BERRECHID ET BASSE-CHAOUIA 195
Quant aux résultats des levés topographiques, ils font l'objet du tableau suivant :
On a alors obtenu l'ordre de grandeur des pointes à la profondeur moyenne de l'eau dans la section et on
de crues correspondantes : après application de la a admis que la pente de la ligne d'eau était confondue
formule de Manning ; pour les sections retenues, le avec la pente du fond. A partir de ces approximations,
coefficient de rugosité a été choisi égal à 30. En outre, les estimations des pointes de crues ont abouti aux
le rayon hydraulique a été pris égal résultats suivants:
TAMDROST 3 43
EL-AHMEUR 5 49
MAZERE 19 53
AIADA 2 19
Les crues normales, sensiblement annuelles, ap- importants, tandis que les débits de pointe sont faibles.
paraissent très modestes. Les crues décennales sont plus
importantes. A l'aval de la plaine de Berrechid, dans la région
côtière, on note en dehors de l'oued Mellah et de son
On notera l'anomalie constituée par les faibles débits affluent, l'oued El-Hassar, l'inexistence d'un réseau
de pointe de l'oued Tamdrost qui possède cependant le hydrographique de surface, notamment depuis la
bassin le plus étendu ; en fait ce bassin étant très étroit réalisation des travaux d'urbanisme et d'assainissement
et très allongé, les hydrogrammes de crue doivent avoir de la ville de Casablanca, responsables de la disparition
une forme très aplanie ; les volumes ruisselés sont donc du cours aval de l'oued Bouskoura.
Hydrogéologie générale
un seul forage (1777/27) a permis de déterminer les La nappe circule principalement dans les faciès marins,
caractéristiques hydrauliques de ce terrain ; celles-ci mais aussi localement dans les faciès dunaires sus-jacents.
apparaissent médiocres (transmissivité : 1 à 2.10-4 m2/s, Il en résulte que la caractéristique principale des
perméabilité 1.10-5 à 5.10-6 m/s). Toutefois, cet unique circulations aquifères dans ces formations plus ou moins
essai n'aboutit peut-être pas à des résultats représentatifs consolidées est la coexistence de deux types de
de l'ensemble de la formation de grès infracénomaniens. perméabilité qui sont :
- une perméabilité en petit, dans les pores ou les
Les calcaires dolomitiques et marno-calcaires du microfissures, liée à un régime d'écoulement la-
Cénomanien constituent un aquifère profond de la plaine minaire, dans les horizons sableux peu ou pas
de Berrechid, lorsqu'ils sont présents. Ils sont souvent consolidés, mais aussi dans les faciès
cependant très marneux et pour cette raison on ne note normalement consolidés ;
aucune karstification suffisante, qui permettre d'en tirer
des débits intéressants. - une perméabilité en grand dans les fissures, liée
à un régime d'écoulement karstique, dans des
Leur rôle hydrogéologique n'est cependant pas horizons particulièrement riches en ciment. Ce
négligeable ; en effet leur fracturation est souvent type de perméabilité apparaît largement prépon-
intense, notamment à l'amont de la plaine de Berrechid ; dérant sur la perméabilité d'interstices dans la
ils doivent être le lieu de circulations souterraines plaine de Berrechid, tandis que dans la région
localement intéressantes et constituer un relai entre les côtière, on le rencontre beaucoup plus rarement.
formations profondes du Plateau de Settate—Ben-
Ahmed et du Plio-quaternaire de la Plaine de Berrechid De nombreux essais de pompage ont été réalisés
(voir chapitre 13 : Plateau des Phosphates). A l'aval de dans la plaine de Berrechid ; malheureusement peu
nombreux sont ceux qui ont été exécutés pendant une
la plaine, leur rôle hydrogéologique est sans doute plus durée suffisante pour pouvoir être interprétés en toute
accessoire, étant donné le caractère plus franchement rigueur selon la méthode de Theïs. On peut cependant
marneux de la formation (forages 3235/20 et 3265/20, caractériser les terrains à partir d'une dizaine d'essais
entre Médiouna et l'oued Mellah). Dans la zone côtière valables, par les valeurs suivantes :
comprise entre Casablanca et Mohammédia, on ne ren-
contre pas ces formations cénomaniennes. — pour la transmissivité : 2,6.10-3 à 3.10-2 m2/s soit
une valeur moyenne de 1.10-3 m2/s ;
LES FORMATIONS TERTIAIRES ET QUATERNAIRES — pour la perméabilité : 1,4.10-4 à 1,7.10-3 m/s soit
une valeur moyenne de 6,6.10-4 m/s.
Les marnes miocènes ont une extension limitée au SW
immédiat de Casablanca et elles jouent alors le rôle d'un Ces résultats sont à rapprocher des valeurs obtenues
niveau de base imperméable de la nappe phréatique qui pour les mêmes terrains dans la zone atlantique
circule dans les calcaires gréseux sus-jacents. marocaine (bassins du Loukkos, du Rharb, du Sahel de
Rabat à Témara, du Sahel de Mohammédia à
Le Plio-quaternaire constitue le seul niveau aquifère Azemmour, du Sahel des Doukkala, etc.)
étendu digne d'intérêt dans toute la région de la plaine de On est donc frappé de constater des caractéristiques
Berrechid et de la Basse-Chaouïa. D'un point de vue hydrauliques très modestes, malgré les résultats fort
lithologique et hydrogéologique, les faciès marins et prometteurs obtenus en laboratoire pour la porosité qui
dunaires se confondent en un seul ensemble perméable. ne portaient, il est vrai, que sur un nombre réduit
Ces niveaux marins côtiers sont représentés par des d'échantillons.
calcaires gréseux, interstratifiés avec des niveaux de
sables calcaires ou de conglomérats, et des lumachelles LIMONS ET SOLS QUATERNAIRES
à grosses coquilles brisées. Ces lumachelles se trouvent
à la base des faciès dunaires, présents le plus souvent La description lithologique des limons devrait
sous l'aspect de sables ou de grès très fins, à peine dispenser de leur accorder une grande attention, en les
cimentés et très argileux. Dans la région aval de classant dans la catégorie des formations imper-
Berrechid, entre Casablanca et Mohammédia, les méables. En fait, il convient de les étudier d'une
niveaux dunaires qui se manifestent par des reliefs en manière plus approfondie, puisqu'ils forment la quasi
bandes sensiblement parallèles au rivage, ont des consti- totalité du recouvrement de la région, à l'exception des
tuants détritiques extrêmement fins. Des mesures de rides dunaires de la zone côtière et que les infiltrations
porosité, effectuées en laboratoire, ont confirmé la très depuis la surface sont directement liées à leur
grande hétérogénéité de ces terrains, avec des résultats perméabilité verticale.
compris entre 0 et 30 %.
198 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
11
330
Xx
280
290
300
310
320
0
120
130 140
A
UI
de la nappe sous les limons l'aquifère principal
AO
160
CH
Zones probables de disparition
E
320 320
de l'aquifère principal
SS
MEDIOUNA
BA
Zones probables où la nappe circule
en -dessous de l'aquifère principal
Filets liquides 17
0
200
Courbes isopièzes
18
0 et cotes absolues 180
310 310
sila
As
190 u-
ibre
Bo 250
O.
st l
300
ee
app
la n
200
où
nes
Zo
300 300
210
BERRECHID
Oued
El
Oued
Aïa
da
220
Ou
ed al
Bou Maiz
ip
nc
pri
re
El
Ah iu fè
290
me
ur l'aq 290
de
Ou
n
ed
tio
ari
Ma
i sp
ze
d
re
de
Ou
s
ed
ble
ba -
es
pro
A TE
230
on TT
SE
Z
D
Tam
DE E
HM
adr
AU -A
ost
sa
E
ous
AT BE
N
-M
280
PL 280
ouB
O.
330
280
290
300
310
320
forme de sources (notamment le long de l'oued El- gradient hydraulique faible, correspondent à des
Hassar). transmissivités favorables de l'aquifère ; il s'agit du
La piézométrie permet de connaître la pente de la centre et du SW de la plaine (0,7 à 1 %). Mais en plus,
nappe, caractéristique hydraulique directement liée aux l'examen attentif de la piézométrie révèle des
variations de transmissivité des terrains. Il en résulte variations locales très marquées et souvent brutales de
que les variations de pente sont particulièrement la pente de la nappe au cours de l'écoulement, indices
intéressantes à suivre sur un même filet liquide. Les d'une hétérogénéité de l'aquifère. Cette prise en consi-
zones à fort gradient hydraulique, caractérisées par des dération des variations de gradient hydraulique, liée à
courbes isopiézométriques serrées, correspondent à des l'étude hydrochimique, a finalement conduit à
transmissivités médiocres de l'aquifère ; c'est ce qu'on délimiter les zones où la nappe circulait dans les
remarque en bordure du Plateau de Settate ― Ben- formations plio-quaternaires, seules dignes d'intérêt,
Ahmed (1 à 5 %), à l'E de la plaine et localement sur dans la perspective d'une exploitation rationnelle.
les bordures N et NW (1 %). Par contre, les zones à
200 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
20
330
320
310
300
290
280
10
a r
30
Isobathe de la nappe ss
Ha
IA
30
El
5
et profondeur en mètres Barrage
U
.
O 40
AO
H
C
30
E
SS
320 320
10
BA
50
MEDIOUNA
40
40
20
30
20
10
40
10
30
20
20
310
50
310
10
5
ila
re
20
ss
lib
30
-A
ou
t
es
B
O. 20
pe
30
ap
n 10
5
la
s où
50
ne
10
Zo
300 300
BERRECHID
20
Oued
30
10
El
l
ipa
Oued
Aïa
inc
da ou Maiz
5 5 30
pr
Ou
re
B
20
e d ifè
50 10
qu
l'a
El de
40
Ah
me n
itio 290
Ou
290 ur r
pa
5
ed
d is
M
20 e
az
sd
Ou
ere
E-
10
le
5
ab
ed
sp
r
T AT
ob
ne T
Zo
E SE ED
Ta
D HM
30
ma
sa
U A
dro
us
EA -
40
Mo
st
50
AT E N
u-
L
10
P B 280
Bo
280
O.
20
50
50
40
30
30
330
320
310
300
290
280
FIG. 84 — Carte des profondeurs sous le sol de l'eau de la nappe de la plaine de Berrechid.
Ca
+
5
Mg
PE
E
Cl
IR
PL
+
4
4
R
IO
SO
TE
-Q
M
UA E
A
RN
3
-
AI
IM
O
R
- T 2
R
P
R
C
1
IA
R
C
E
A
S
T
A
1
C
E
4
Na
O3
HC
+
5
K
+
3
CO
DIFFERENTES FAMILLES
9
HYDROCHIMIQUES DE
LA NAPPE DE BERRECHID
D
FIG. 85
202 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
D'après H. SCHOELLER
DIAGRAMME D'ANALYSE DE L' EAU Rés. sec 1/?
et E. BERKALOFF à 25°C
Teneurs en mg/l Figuré dh pH
Etage à 180° C
+ mmhos
Ca + + Mg + + Na + K + Cl - SO -- ° fr
4 mg/l /cm
10 000
10 000
PRIMAIRE 1850 63
10 000
TRIAS 4000 105
10 000
milliéquivalents
1450 74
CRETACE 850 42
1550 68
PLIOQU-
100 TERNAIRE 760 38
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
Faciès chimiques des eaux souterraines
FIG. 86 — Faciès chimiques de l'eau de la nappe de la plaine de Berrechid exprimés sous forme de diagrammes
logarithmiques.
Ainsi, dans la plus grande partie de la plaine, l'eau débouché dans la plaine des oueds Mazère et
titre-t-elle entre 1 et 2 g/1 de résidu sec à 180°C: son Tamdrost;sans doute ces oueds représentent-ils deux
faciès est bicarbonaté calcique et sa dureté élevée. Une bassins versants importants du Plateau de Settate—
vaste plage à résidu sec inférieur à 1 g/1 correspond au Ben-Ahmed, mais il est particulièrement intéressant de
PLAINE DE BERRECHID ET BASSE-CHAOUIA 203
330
280
290
300
310
320
Xx
r
Limites probables de la nappe captive sa
as
IA
Barrage
2 Courbes isocones et concentrations O circule en dessous de
AO
l'aquifère principal
H
320 320
2
Cénomanien
BA
MEDIOUNA
Primaire
2
310 310
b re
s ila
2 As
t li
-
ou
es
.B
O
pe
2
ap
2
an
ùl
so
2
ne
Zo
300 300
BERRECHID
Oued
al
El
Oued c ip
Aïa
2
in
2
1
pr
da
Ou re
fè
Bou Mai
1
ed
q ui
2 l 'a
El de
z
Ah n
2 me
r it io
Ou
290 ur 290
pa
ed
s
2
di
Ma
de
-
ze
es
Ou
bl
TE
re
ed
a
ob A
pr TT
1
s
Zo
ne SE ED
DE
Ta
M
AH
ma
sa
1
U
dro
us
EA -
Mo
st
T N
LA
u-
BE
Bo
280
P 280
O.
280
290
300
310
320
330
FIG. 87 — Carte des concentrations en sels (résidus secs à 180°C) de l'eau de la nappe de la plaine de
Berrechid.
204 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Une première étude, réalisée entre 1956 et 1959, a circule dans les grès plio-quaternaires ou dans d'autres
été effectuée grâce à une vingtaine de forages et formations, qu'elle soit libre ou captive ; il est
plusieurs profils de sondages électriques. Outre les notamment intéressant de constater que les limites E et
caractéristiques hydrauliques de l'aquifère, ces travaux S de l'extension de cette nappe dans les grès, définies
révélèrent l'existence d'un réseau hydrographique antérieurement à partir des faciès chimiques, soient
fossile datant du Pliocène ancien et correspondant confirmées par la géophysique de même qu'une salure
sensiblement au prolongement du débouché actuel des plus élevée dénote le caractère captif de la nappe lié à
oueds venant du S ; ce réseau, lorsqu'il a été recoupé des vitesses de circulations souterraines plus faibles (1
par forages, a parfois manifesté l'existence de g/1 de résidu sec à l'amont de la plaine et 2 g/1 à
formations plio-quaternaires non consolidées et l'aval). Il est donc nécessaire d'étendre jusqu'aux
particulièrement épaisses et perméables, au-dessus de confins occidentaux de la plaine les profils de sondages
l'Infracénomanien. électriques pour y préciser à la fois la nature de la
nappe (libre ou captive) et la présence ou non des
Cette étude fragmentaire a été reprise et complétée terrains résistants aquifères.
entre 1970 et 1972 par des profils géophysiques réalisés L'étude géophysique a permis d'établir la carte des
systématiquement en travers de la plaine, puis par une isopaches des terrains aquifères (fig. 88) ; elle fait
dizaine de forages, répartis au pied du plateau de ressortir deux zones distinctes, séparées par la limite
Settate—Ben-Ahmed et sur le parallèle de Médiouna, probable de l'extension des terrains résistants (le plus
pour chiffrer le débit souterrain de l'alimentation et des souvent les grès pliocènes) saturés d'eau. A l'W, on
exutoires de la nappe. note une variation rapide de l'épaisseur de ces terrains
L'exécution des sondages électriques a bien mis en et la grande majorité des plages où cet aquifère a une
évidence les terrains plio-quaternaires ou antérieurs puissance égale ou supérieure à 20, m se situe dans le
résistants représentant l'aquifère principal sous les SW de la plaine. En outre, le tracé des axes des
limons de surface conducteurs. S'il est certain que le dépressions ne coïncide pas nécessairement avec les
plus souvent les grès plio-quaternaires constituent ce plus grandes épaisseurs de l'aquifère ; ceci tient sans
terrain résistant, celui-ci peut aussi englober des doute à des surcreusements du toit des grès plio-
conglomérats ou des calcaires cénomaniens situés à leur quaternaires, liés à une érosion locale. Il en résulte
contact immédiat ou séparés par une passée peu épaisse alors que les limons sus-jacents mettent la nappe en
de marnes ou d'argiles. Sous réserve de la traduction charge. On remarque enfin, au débouché des oueds
fidèle de renseignements physiques en termes Tamdrost et Mazère, en bordure du Plateau de Settate,
géologiques, ces travaux ont permis de connaître plus l'existence de fortes épaisseurs de l'aquifère se situant à
précisément le comportement (extension, profondeur) l'origine des axes de surcreusement qui convergent vers
des dépôts gréseux en dessous du niveau piézométrique Berrechid.
de la nappe et de préciser la position des axes de
surcreusement du substratum. En outre on a localisé en RESERVES
bordure du plateau de Settate, une bande assez étroite L'établissement de la carte des isopaches de
(quelques kilomètres de largeur au plus), où les terrains l'aquifère doit permettre le calcul des réserves globales
résistants manquent ou existent sous une épaisseur trop de la nappe en connaissant le coefficient d'em-
faible pour être détectés par la géophysique ; cette magasinement ; ce terme de réserves concerne la masse
limite a été reportée sur la carte piézométrique de la d'eau emmagasinée dans la plaine qui ne se renouvelle
nappe (fig. 83) ainsi que celle marquant l'extension pas chaque année. Etant donné le caractère libre ou
(zones E et S de la plaine) de ces terrains résistants captif de la nappe selon les secteurs, les coefficients
dans la zone de saturation de la nappe ; on en déduit d'emmagasinement (23 au total) sont disparates (dans
que dans ces secteurs, la nappe circule dans les un rapport de 1 à 100). Un calcul antérieur (Ferré &
formations infrapliocènes (marno-calcaires Hazan, 1964) à partir de la moyenne arithmétique des
cénomaniens, grès marneux infracénomaniens et valeurs du coefficient d'emmagasinement (5.10-2)
permo-triasiques ou terrains primaires). Ceci est à permettait de chiffrer les réserves moyennes de la
rapprocher de la carte des salures établie en 1960 (fig. nappe à 700 Mm3. Sans doute serait-il possible d'ajuster
87), où l'extension géographique des différents faciès cette valeur moyenne au fur et à mesure de la
hydrochimiques avait déjà pu être précisée. Malgré connaissance de nouvelles valeurs pour le coefficient
l'existence d'un décalage de dix ans dans le temps entre d'emmagasinement mais il ne permettrait pas
l'établissement de cette carte des salures et celui de la nécessairement d'augmenter le degré de précision du
carte piézométrique, on note en effet une assez bonne résultat. C'est pourquoi on estimera que le volume des
coïncidence entre l'ensemble des plages où la nappe réserves est probablement compris entre 500 et 800
PLAINE DE BERRECHID ET BASSE-CHAOUIA 205
330
280
290
300
310
320
Xx
ar
Limites d'extension probable ss
Ha
IA
l
de la anppe .E
U
O Barrage
AO
H
Isopatches 0 à 10 m
C
E
10
Isopaches 10 à 20 m
10
SS
320 10 320
BA
Isopaches au dessus de 20 m MEDIOUNA
10
10
10
20
310 10 310
10
ila
10 10
ss
-A
10
u
Bo
O.
10
10
10
20
10
10
20
10
20
20
20
10
300 300
BERRECHID
10
10
Oued
20
10
20
El
20 Oued
Aï a
10
20
da ou Maiz
10
Ou B
ed
10
10
20
10
10
El
10
Ah
me
Ou
290 20 ur 290
20
ed
10
Ma
ze
Ou
E-
re
10
ed
AT
10
10
10
20
20
TT
SE D
ME
20
E
Ta
20
10
D
ma
H
sa
AU - A
dro
us
TE
Mo
st
A N
u-
10
PL B E
Bo
280 280
O.
330
280
290
300
310
320
FIG. 88 — Plaine de Berrechid : carte des isopaches des terrains aquifères résistants.
noté localement une alimentation souterraine en Pour connaître la part déjà exploitée de ces
provenance de l'amont, au S et au SSE de la plaine ressources annuelles, il faudrait mener des enquêtes
(forages 1429 et 1430/28), de même qu'on a pu chiffrer approfondies auprès de chaque fellah, seul moyen
le débit souterrain des exutoires à l'aval de la plaine, sur permettant une évaluation du volume d'eau prélevé dans
le profil transversal entre Médiouna et l'oued Mellah. la nappe par pompage pour les irrigations. De telles
Sous l'influence des apports et des prélèvements, la enquêtes détaillées n'ont jamais été effectuées à l'échelon
surface piézométrique de la nappe subit des fluctuations global de la plaine. A plusieurs reprises on s'est contenté
annuelles et interannuelles, suivies par l'observation sur de rechercher quelle était la puissance de pompage
un petit nombre d'années de 40 puits-témoins. Leurs installée, ce qui a permis de constater qu'entre 1956 et
courbes d'évolution permettent de distinguer deux zones 1971, le débit potentiel d'exploitation instantané avait
à comportement piézométrique différent : l'une au N et progressé de 1,7 m3/s à près de 1,9 m3/s et que les
à l'W de la plaine, où les fluctuations annuelles de la pompages étaient localisés au centre (secteur de
nappe sont faibles (moins de 1 m), l'autre au S et à l'E, Berrechid) et surtout à l'aval (région de Médiouna). Afin
c'est-à-dire au débouché des oueds du Plateau de d'approcher la connaissance des volumes d'eau prélevés
Settate, où les fluctuations annuelles sont fortes dans la nappe pour les besoins agricoles, on procéda
(souvent supérieures à 3 m). durant l'année 1971-72 à des enquêtes agronomiques
minutieuses dans trois secteurs différents de la plaine,
Les courbes présentent une allure générale classique choisis en fonction de leur représentativité de l'ensemble
et comprennent une remontée de septembre à janvier, pour un type d'utilisation donné de l'eau.
précédant une baisse jusqu'à un étiage en fin d'été. Il
semblerait donc que, malgré le petit nombre d'années Ce travail a été entrepris à la suite de l'exécution
d'observation, la nappe des grès plio-quaternaires par les services de l'Agriculture d'une carte pédologique
réalise une assez bonne régularisation annuelle. Les au 1/20 000 à partir d'une restitution de photos aériennes
fluctuations de la nappe ont permis de calculer il y a réalisées pendant l'été 1971, photos qui ne recouvrent
quelques années le volume des apports moyens annuels qu'une partie de la plaine (un peu moins de 900 km2).
après planimétrage des zones à amplitude semblable. Cette carte permet de localiser les parcelles irriguées en
On a alors obtenu, à partir des connaissances saison sèche, lesquelles sont irriguées exclusivement par
lithologiques recueillies sur les sondages et des valeurs
des eaux souterraines, puis de différencier trois zones :
obtenues pour les coefficients d'emmagasinement, le
volume d'eau des apports globaux. Ce calcul a abouti à l'une au N près de Médiouna, où les cultures irriguées
un total de 65 millions de mètres cubes, ce qui prédominent sur les cultures en sec, une autre au centre
correspond à un débit fictif continu d'environ 2 m3/s. près de Berrechid où les irrigations sont peu importantes,
Bien que cette valeur ait été obtenue par défaut, par une enfin au S et au SE, où les irrigations d'été sont
suite de l'introduction dans le calcul d'une distinction pratiquement inexistantes. Dans chaque zone, on choisit
entre les calcaires dunaires à plus faible coefficient alors un secteur échantillon où des équipes enquêtèrent
d'emmagasinement (S = 7,9.10-3) et calcaires marins sur la nature et la surface des cultures irriguées et les
coquilliers (S = 5.10-2), on peut néanmoins retenir ce volumes d'eau prélevés dans la nappe.
chiffre pour le volume des apports car il paraît
vraisemblable dans l'état actuel de nos connaissances. Les superficies de ces secteurs étaient les suivantes:
Ces enquêtes ont permis d'établir les pourcentages et en saison humide ; ils s'établissent ainsi dans les
existant entre les cultures irriguées en saison sèche trois échantillons considérés :
PLAINE DE BERRECHID ET BASSE-CHAOUIA 207
Ainsi, dans le secteur aval, les cultures irriguées Casablanca et Mohammédia (*).
augmentent-elles sensiblement en hiver, par opposition
aux autres secteurs où les cultures irriguées régressent LA NAPPE DE LA CHAOUIA COTIERE
considérablement pendant la saison humide ; le débit ENTRE MOHAMMEDIA ET CASABLANCA
annuel relevé en 1971 dans ces trois secteurs échantillons CARACTÉRISTIQUES DE LA NAPPE
est au total voisin de 100 l/s fictifs continus.
Dans l'ensemble hétérogène des terrains primaires et
des calcaires gréseux plio-quaternaires, une nappe aquifère
Si l'on admet maintenant que chaque secteur est une
circule très inégalement du SE au NW, selon l'agencement
image représentative de l'utilisation des ressources en eau fort complexe du réservoir souterrain. Une carte
souterraine dans chacune des trois zones précédemment hydrogéologique de la région et sa notice ont été réalisées
différenciées dans la plaine, on peut songer à extrapoler et publiées il y a une dizaine d'années ; on y trouve
les résultats partiels ci-dessus à la superficie totale de la notamment un tracé de courbes isopiézométriques qui
carte pédologique (un peu moins de 900 km2). On représentent l'allure générale de la surface de la nappe
trouverait alors un débit prélevé dans la nappe supérieur à (Monition & Nérat de Lesguisé, 1960).
2 m3/s. Cette manière de procéder est certainement très ap-
On remarque sur cette carte l'allure extrêmement
proximative, étant donné le rapport énorme entre les
tourmentée de la piézométrie qui est une image assez fidèle
superficies totales cultivées et celles des secteurs
tant de perturbations locales, liées sans doute à
échantillons choisis (de 10 à 25) et soumis à enquêtes ; la l'exploitation des eaux souterraines, que de l'hétérogénéité
valeur obtenue est certainement approchée par excès : cela importante de la nature de l'aquifère. En particulier,
signifie que l'échantillonnage des secteurs choisis est l'établissement d'une piézométrie dans les schistes, dont
insuffisant. Il faudrait en toute rigueur poursuivre ces l'épaisseur et le degré d'altération sont extrêmement
enquêtes, les étendre à des zones plus vastes, avant de variables d'un point à un autre, doit être considéré comme
généraliser, puis suivre les variations interannuelles des une limite de la méthode d'interpolation des courbes entre
prélèvements souterrains. Il convient toutefois de noter plusieurs points d'eau. Il serait plus exact d'envisager une
que la valeur obtenue ci-dessus ne concerne pas toute la piézométrie sectorielle de la région, pour autant que les
plaine, recouverte en partie seulement par la carte conditions géologiques de l'aquifère correspondant puissent
pédologique. A ce titre on peut retenir l'idée fondamentale être analysées en détail. Il n'en est rien la plupart du temps,
qu'une grande partie du volume des apports moyens à l'exception pourtant du secteur qui englobe les centres de Tit-
annuels serait déjà exploitée.
(*) En fait, une étude sur modèle mathématique en régime permanent
(Bonnet, Lamzibri, Ruhard, 1974) a conduit à des résultats précis
Cette conclusion est encore confirmée par la aux limites et se situant en deçà des valeurs avancées ci-dessus. Le
connaissance du débit souterrain qui s'écoule à l'aval de la bilan aux limites serait le suivant : alimentation de la nappe par le
SE = 805 1/s (pied du plateau de Settate); sortie à la limite NW
plaine de Berrechid en direction de la Basse-Chaouïa ; (Médiouna) = 304 1/s et vers la Chaouia = 74 1/s; prélèvements
celui-ci, à la suite d'essais de pompage réalisés en 1972 sur pour irrigation et eau potable = 435 1/s. S'il existe quelques apports
un profil transversal entre Médiouna et l'oued Mellah, à la nappe à l'intérieur des limites du modèle, ceux-ci sont
compensés par des prélèvements non répertoriés mais situés dans
s'établit à environ 400 l/s. Il apparaît donc actuellement les mêmes limites et ceci ne saurait étonner puisque le modèle
souhaitable de ne pas augmenter sans précautions les travaille en bilans successifs par mailles. En définitive, on en
prélèvements dans la nappe, notamment sans un contrôle conclue que les ressources naturelles de la nappe sont très exploi-
tées; accroître les exploitations conduirait à diminuer les apports
piézométrique permanent et rigoureux, afin de ne pas vers la zone côtière (sortie Médiouna) où des pompages importants
influer directement sur les prélèvements importants sont les reprennent.
effectués à l'aval de la plaine, dans la Basse- Chaouïa, entre
345
0 500 1 2 km
E 611
U
N 613
A Q 614
212
I 112 1487
E T 1486
C N
634
0
1840
641
O A 638
1500
639 1488
5
L 1485
10
T 1796
10
1484 ila
542
A 1483 643 1787
Be
ss
n A 751
1795
1794
d 340
552 Ble
551
550 645 644 1480 1489 1457
546 Ain Harrouda
545 1479 1792
209
à Rabat 1793 30
547 553
1800
1817 554 n ca
bla 1445 1503
542 544 sa
Ca 40
1475 1818 1801
541 1847
1476
1477 50
1790 1842 1847 207 1849
1474 1843
de 60
1421 1430
1846 1838
1431
1839 70
le 1803
Pp
1822 1823
1821
1845 ute
Ro 1452
1419 205 80
1804
1844 1820
Ain Sebaa
1470
1815 1837
1814 90
1848 1286 1824
993 1811
1812 1798
1425
100
1429 335
1805
204 1806
1490
Hassar
1807
1428 1835
Od. el
1438 1285
1491
1825 1833
1822
1810
1826
Ro 984
u te
Seco
ndair
e 952
953
1440
120
1830
Tit Mellil
1442 1809
1441 950
n° 1410
1831 102
1808 330
305
310
Complexe quartzites-psammites-Cambien
10 Courbes isopiézométriques
FIG. 89 — Drainage naturel des eaux souterraines par les quartzites primaires dans la région de Tit-Mellil.
LIMITE HYDROGEOLOGIQUE DE LA PLAINE DE BERRECHID ET DE LA BASS
CHAOUIA
LIMONS ET ARGILES
QUARTZITES E
U
Q
SCHISTES ROCHES PRIMAIRES T I
N
A
COMPLEXES SCHISTO-GRESEUX T L
A
N
E A
O C
CASABLANCA
TIT-MELLIL
Isobathe - 6 m
Isobathe - 20 m
QUARTZITES E
U
Q
SCHISTES ROCHES PRIMAIRES T I
N
A
COMPLEXES SCHISTO-GRESEUX T L
A
N
E A
O C
CASABLANCA
TIT-MELLIL
SALURES DES
BOUSKOURA
EAUX SOUTERRAINES
FIG. 91 — Carte des concentrations en sels (résidus secs à 180°C) des eaux souterraines dans la Basse-
Chaouia à l'E de Casablanca.
PLAINE DE BERRECHID ET BASSE-CHAOUIA 211
Mellil, Aïn-Sbaa et Aïn-el-Hamra, à l'E de Casablanca ; cependant, disséminées dans la zone côtière,
on se trouve alors en présence d'un « dioptre correspondant à un débordement (par exemple Aïn el-
hydraulique », qui se manifeste sur la carte hydro- Khalka 771/20 et Aïn-Chok 1763/20) issues des
géologique de la région de Casablanca par l'existence de calcaires gréseux par suite d'une remontée du socle. Les
courbes piézométriques fermées (fig. 92). Ce débits sont cependant faibles, de l'ordre de 1 à 3 1/s.
phénomène est lié à la juxtaposition de deux milieux
aquifères aux caractéristiques différentes : grès plio- L'oued El-Hassar, affluent de rive gauche de l'oued
quaternaires dans un synclinal de quartzites reposant Mellah, constitue un exutoire des marno-calcaires
eux-mêmes sur des schistes. Les quartzites jouent le rôle cénomaniens ; ceux-ci doivent jouer un rôle de relai
d'un drain vis-à-vis des formations schisteuses hydraulique des formations plio-quaternaires de l'amont
environnantes, du fait que les actions tectoniques y ont (plaine de Berrechid).
provoqué des cassures d'ampleur et de répartition La température des eaux souterraines est comprise
variables. Les débits pompés dans les quartzites sont de entre 15°C et 20°C, tandis que l'amplitude des
ce fait importants ; on note une forte pente hydraulique variations annuelles n'excède pas 2°C. L'étude
(2 %). Quant à l'évacuation des eaux, elle n'est comparative de la profondeur de l'eau par rapport au sol
explicable que par un système de fractures en et des températures montre qu'entre 3 et 20 m la
profondeur. température est comprise entre 18°C et 20°C, tandis
Par opposition à la piézométrie qui n'exprime pas 345
70
l'exception de région de Mohammédia où des pompages
maraîchers intensifs ont accéléré la progression du phé- 80
nomène. Les eaux souterraines aboutissent à l'Océan 90
avec une salure déjà élevée, mais accrue par la
100 335
proximité de la surface du sol qui favorise les remontées
capillaires et l'accroissement de la concentration ; ceci
el Hassar
310
qu'au-dessous de 20 m, elle croît avec la profondeur. 0,3 g/1 et 9,3 g/1. La carte des salures (fig. 91) a été
réalisée à partir des résidus secs à 180°C les isocônes
HYDROCHIMIE DES EAUX SOUTERRAINES ont été tracées pour 0,5 g/l, 1 et 2 g/l. Cette carte fait
ressortir la discontinuité de la concentration et
l'existence de secteurs de dilution.
Les eaux souterraines de la région ont des On observe à l'E que le domaine primaire présente
concentrations en sels très variables, comprises entre une zone d'eau douce (inférieure à 0,5 g/1)
D'après H. SCHOELLER
DIAGRAMME D'ANALYSE DE L' EAU Rés. sec 1/?
et E. BERKALOFF à 25°C
Teneurs en mg/l Figuré à 180° C dh pH
n° IRE
+ mmhos
Ca + + Mg + + Na + K + Cl - SO -- ° fr
4 mg/l /cm
10 000
10 000 B 761/20 295 - 18 -
C 1594/20 620 - 36 -
C 1401/20 1600 - 90 -
10 000
B 2500 - -
967/20 70
10 000 B 1607/20 1500 - 60 -
milliéquivalents
B 1608/20 2000 - 70 -
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
Faciès chimiques des eaux à la limite de la plaine de
Berrechid (B) et de la Basse - Chaouia (C) selon la coupe
0.1 géologique N° 2 de la figure 81 0.1
FIG. 93
PLAINE DE BERRECHID ET BASSE-CHAOUIA 213
qui correspond à des calcaires gréseux épais (20 à 30 accroissement de concentration des eaux de l'amont
m) reposant sur des quartzites. Une autre zone de vers l'aval.
moindre concentration correspond aux quartzites et à Au Sud, la région de Bouskoura est caractérisée par
la zone de drainage naturel de Tit-Mellil (fig. 92). Une des eaux dont la concentration varie entre 2 et 5 g/1.
D'une façon générale, on observe un phénomène de
zone de salure élevée (supérieure à 2 g/1) jalonne une
concentration des eaux souterraines au niveau du
bande côtière large de 2 km entre Casablanca et Aïn- Primaire et une dilution à l'aplomb des cordons de
el-Harrouda, pour s'étendre à plusieurs kilomètres au S dunes anciennes.
de Casablanca. Il apparaît donc dans cette région un
D'après H. SCHOELLER 1/?
DIAGRAMME D'ANALYSE DE L' EAU Rés. sec
et E. BERKALOFF à 25°C
Teneurs en mg/l Figuré à 180° C dh pH
n° IRE
+ mmhos
Ca + + Mg + + Na + K + Cl - SO -- ° fr
4 mg/l /cm
10 000
10 000 B 1571/20 1800 - 65 -
B 4/20 - - 75 -
10 000 C 127/20 280 - 20 -
C 744/20 220 - 16 -
10 000 B 762/20 1400 - 58 -
milliéquivalents
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
géologique N° 3 de la figure 81
FIG. 94
214 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
La comparaison entre la carte des résidus secs (fig. de Casablanca où l'eau, située entre 40 et 50 m de
91) et celle des profondeurs à l'eau par rapport au sol profondeur, a un résidu sec compris entre 3 et 8 g/l.
(fig. 90) fait ressortir que les zones de forte
concentration se superposent à celles de faible Mais outre l'action de la profondeur sur la
profondeur, tandis que les eaux les plus douces se concentration de l'eau et l'aridité du climat, il existe
rencontrent aux grandes profondeurs, notamment près encore deux autres facteurs qui influent sur la salure : la
de Tit-Mellil (70 m de profondeur, résidu sec inférieur à teneur en sels des terrains aquifères et l'invasion marine
1 g/1 (fig. 92). Seule fait exception la région située au S en bordure de l'Océan.
D'après H. SCHOELLER
DIAGRAMME D'ANALYSE DE L' EAU Rés. sec 1/?
et E. BERKALOFF à 25°C
Teneurs en mg/l Figuré à 180° C dh pH
n° IRE
+ mmhos
Ca + + Mg + + Na + K + Cl - SO -- ° fr
4 mg/l /cm
10 000
10 000 B 680/20 4500 - 200 -
B 1688/20 4000 - 110 -
10 000
C 1689/20 850 - 47 -
C 14/20 370 - 24 -
10 000
milliéquivalents
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
FIG. 95
LIMITE HYDROGEOLOGIQUE DE LA PLAINE DE BERRECHID ET DE LA BASS
CHAOUIA
LIMONS ET ARGILES
QUARTZITES E
U
Q
SCHISTES ROCHES PRIMAIRES T I
N
A
COMPLEXES SCHISTO-GRESEUX T L
A
N
E A
O C
CASABLANCA
TIT-MELLIL
INDICES
BOUSKOURA
D'ECHANGE DE BASE
QUARTZITES E
U
Q
SCHISTES ROCHES PRIMAIRES T I
N
A
COMPLEXES SCHISTO-GRESEUX T L
A
N
E A
O C
CASABLANCA
TIT-MELLIL
REPARTITION
DES
DIFFERENTES
FAMILLES CHIMIQUES
BOUSKOURA
rMg < rCa < rNa
rCO3 < rCa < rCl
rMg < rCa < rNa
rCO4 < rCO3 < rCl
rMg < rCa < rNa
rSO4 < rCl < rCO3
rCO3 < rSO4 < rCl
rCO3 < rSO4 < rCl
rCa < rMg < rNa
rSO4 < rCO3 < rCl
FIG. 97 — Répartition des différentes familles chimiques des eaux de la nappe phréatique en Basse-Chaouia à l'E de Casablanca
PLAINE DE BERRECHID ET BASSE-CHAOUIA 217
une approche correcte de la quantité d'eau prélevée l'oued El-Hassar drainait les marno-calcaires cénomaniens
annuellement. et aboutissait à l'oued Mellah ; son débit n'a cependant
jamais fait l'objet de mesures régulières. Cependant la part
On peut toutefois tenter d'estimer le débit d'ali- la plus importante du passif des eaux souterraines de la
mentation des eaux souterraines du secteur. On a vu en Basse-Chaouïa entre Casablanca et Mohammédia est
effet qu'entre Médiouna et l'oued Mellah, un débit représentée, parallèlement à l'action de l'évaporation, par
souterrain d'environ 400 1/s constituait le débit des les volumes prélevés au profit des besoins agricoles et
exutoires souterrains de la plaine de Berrechid ; on le alimentaires ; seuls ces derniers sont actuellement connus.
retrouve donc qui alimente l'amont de la Basse-Chaouïa. Il s'agit de trois captages destinés à la ville de Casablanca :
Par ailleurs, on peut admettre que l'ensemble des terrains
- celui de Tit-Mellil consistant en une série de puits et de
primaires et celui des formations perméables calcaréo-
galeries drainantes ; le débit maximum instantané peut
gréseuses sont à peu près équivalents en étendue. A partir
être de 145 l/s, mais le volume moyen journalier
de ces données, les éléments qui entrent dans le calcul de
exploité est de 10 000 m3, soit 3,65 millions de mètres
l'alimentation des eaux souterraines, sont nécessairement
cubes par an ;
arbitraires. Ils sont d'ailleurs tirés de la « Notice
explicative de la carte hydrogéologique de la région de - celui de l'Aïn-Dissa, en rive droite de l'oued El-Hassar,
Casablanca » par L. Monition et M. Nérat de Lesguisé constitué par une série de puits et de galeries
(1960). Ces auteurs admettent un coefficient d'infiltration drainantes. Le débit maximum instantané peut être de
de 15 % pour les affleurements calcaréo-gréseux et de 5 % 30 l/s, mais le volume moyen journalier exploité est de
pour les terrains primaires. Pour une valeur moyenne de la 200 m3, soit 0,73 millions de mètres cubes par an ;
pluviométrie de 400 mm, on obtient pour les terrains - celui des sources en rive gauche de l'oued Mellah, à
2
calcaréo-gréseux (480 km d'affleurements) une quantité l'amont de Sidi-Moussa, sur une distance de 5 km ;
d'eau infiltrée de 16,8 millions de m3/an ; pour les terrains elles peuvent fournir n débit maximum de 160 l/s, mais
primaires (280 km2 d'affleurements) le volume infiltré le volume moyen exploité est de 11 000 m3/jour, soit 4
serait de l'ordre de 5,6 millions de m3. Le volume moyen millions de mètres cubes par an.
annuel des infiltrations serait de 22,4 millions de mètres
cubes, correspondant à un débit de 720 1/s ou un peu Au total, ces captages exploitent près de 8,4 millions
moins de 1,3 l/s/km2 pour l'ensemble de la région. On de mètres cubes par an, soit un peu moins de 270 l/s de
pourrait en définitive estimer au total le débit de débit fictif continu et près du quart du débit d'alimentation
l'alimentation en eau souterraine de la région à près de estimé des eaux souterraines.
1100 1/s (dont 400 l/s provenant de l'amont), soit environ En ce qui concerne les prélèvements pour les cultures,
35 millions de mètres cubes par an. ils sont actuellement inconnus ; des enquêtes sont
cependant en cours pour essayer d'approcher le volume
En ce qui concerne les exutoires, on sait que les eaux moyen des prélèvements. Ceux-ci sont en tout cas très
souterraines de la Basse-Chaouïa aboutissent à l'Océan ; le importants et les moyens mis en oeuvre par les exploitants
débit de cet écoulement est actuellement inconnu. Par privés sont responsables en très grande partie du
ailleurs, il existe des sources, dans la vallée de l'oued déséquilibre entre l'eau salée et l'eau douce sur la frange
Mellah et en aval du barrage ; elles constituent aussi un côtière. Il n'apparaît donc pas souhaitable, dans ces
exutoire des eaux souterraines et sont captées au profit de conditions, d'autoriser de nouveaux pompages dans ce
l'alimentation en eau de Casablanca. De même on a vu que secteur qui est très certainement exploité au mieux de ses
ressources.
EXPLOITATION DES EAUX SOUTERRAINES utilisateurs potentiels des ressources en eau de cette
plaine,dont la vocation était jusqu'à ces dernières années
Les seules eaux disponibles et utilisables dans essentiellement agricole. On assiste déjà à des tentatives
l'ensemble de la région, sont les eaux souterraines de la de décentralisation industrielle de Casablanca, avec la
zone côtière (déjà très mobilisées) et surtout celles de la création de quelques usines autour de Berrechid ; mais ce
plaine de Berrechid pour une part qui reste à préciser. Il sont surtout les services de la Régie Autonome de
n'est donc pas étonnant de constater une concurrence qui Distribution (R.A.D.) d'Eau de Casablanca qui convoitent
ira sans doute croissant dans le temps, entre les différents ces ressources au profit de l'alimentation en eau de la
ville.
PLAINE DE BERRECHID ET BASSE-CHAOUIA 219
Dans l'état des connaissances hydrogéologiques — évacuer les eaux de surface excédentaires,
actuelles on a vu, même si certains éléments du bilan — favoriser la recharge de la nappe.
apparaissent encore imprécis, qu'on ne pouvait songer à
exploiter intensément les ressources de la nappe, sans que Pour répondre à ces préoccupations et en attendant
d'importantes répercussions en résultent, notamment pour peut-être la réalisation d'ouvrages absorbants conçus
l'aval, puisque l'excédent non exploité dans la plaine de spécialement, on a déjà envisagé l'utilisation dans ce but
Berrechid gagne la zone côtière où de forts pompages de forages existants et situés à proximité immédiate du
l'utilisent. réseau de surface et dans les secteurs où l'aquifère présente
des caractéristiques hydrauliques favorables. En outre,
Pour préciser davantage les possibilités d'exploitation l'équipement de ces forages doit être suffisant pour
de la nappe de la plaine de Berrechid, plusieurs inconnues permettre l'introduction d'une canalisation de refoulement
doivent encore être levées en ce qui concerne les volumes et réaliser des essais d'injection à un ou plusieurs paliers.
déjà exploités. Vu l'impossibilité de mener sur le terrain C'est pourquoi deux forages seulement ont été retenus
des enquêtes systématiques, seule une étude par modèle jusqu'à présent ; ils se situent l'un en bordure de l'oued
mathématique d'écoulement peut éventuellement permettre Mazère, à l'amont de la plaine (1430/28), l'autre dans le
de chiffrer les prélèvements effectués dans la nappe. Cette centre, à l'W de Berrechid, près de l'oued El-Ahmeur et
étude devra être menée de front avec l'élaboration des peu en aval de sa confluence avec l'oued Mazère (991/28).
données relatives à l'hydrologie des principaux oueds, en Ces deux oueds semblent en effet jouer un rôle
même temps que le contrôle piézométrique de la nappe hydrologique prépondérant par leurs apports.
sera renforcé (* ).
Le forage 1430/28 à l'amont est récent et a rencontré
DRAINAGE DES DAYET entre 38 et 60 m des terrains gréseux extrêmement
transmissifs ; équipé d'un tubage de diamètre 5", il a fait
On a noté en outre ces dernières années, marquées par l'objet d'un essai de pompage à faible débit (3,5 l/s), mais
leur caractère particulièrement humide, l'existence de en présentant un écoulement karstique bien caractérisé. Un
dayet temporaires dans la plaine de Berrechid ; elles sont essai d'injection pourra y être exécuté et à sa suite peut-
particulièrement visibles le long de l'axe routier être un forage en gros diamètre, pour injecter un débit plus
Casablanca-Marrakech, entre Berrechid et Médiouna et à élevé.
l'aval, entre Médiouna et Tit-Mellil. Dépendantes du
réseau hydrographique de surface qui divague dans la Le forage aval (991/28) est ancien et équipé d'un
plaine et converge vers Berrechid, elles témoignent du tubage de diamètre 10". Il a recoupé entre 21 et 42 m des
mauvais drainage naturel de cette région. A l'aval, elles grès dunaires et des grès coquilliers marins de bonne
soulignent la limite imperméable qui sépare la plaine de transmissivité (2.10-2 m2/s), présentant un coefficient
Berrechid et la Basse-Chaouia entre Médiouna et Tit- d'emmagasinement élevé. Un premier essai d'injection
Mellil et l'absence de circulation possible pour la nappe exécuté en 1972 à un débit de 23 l/s confirma ces résultats
vers le Nord le long de cet accident. Leur présence ; à la suite de quoi, on réalisa une acidification sur le
constitué une gêne pour la circulation, lorsqu'elles forage à l'acide sulfamique pour attaquer la formation
submergent les routes. En outre, leur temps de présence aquifère et diminuer les pertes de charge dans l'ouvrage.
est surtout prolongé à l'aval, où elles sont à l'origine de Un nouvel essai d'injection fut alors tenté, dans les mêmes
marécages, générateurs de paludisme pour les populations conditions de débit que le premier ; on constata que le
locales. Pour répondre aux préoccupations des différents rendement de l'injection avait augmenté de 20 % entre les
Services publics, la Division des Ressources en Eau a été deux essais et que le débit injectable pouvait être compris
amenée à étudier localement les possibilités de drainage entre 20 et 30 l/s.
de ces dayet. En effet, il apparaît peu souhaitable, compte
tenu du rôle joué par les infiltrations dans l'alimentation de On constate donc, à la faveur de ces deux exemples,
la nappe, d'envisager un drainage en grand de la plaine, que les débits susceptibles d'être évacués de la surface vers
drainage qui ôterait ainsi une part importante des eaux à la la nappe souterraine sont très faibles, malgré des
nappe. On doit songer par contre à des actions locales, caractéristiques locales de l'aquifère très favorables. Il est
lorsque les dayet créent des dommages collectifs im- donc exclu d'envisager uniquement ce moyen pour drainer
portants avec le double souci suivant : les zones marécageuses de la plaine de Berrechid, même
s'il est possible malgré tout de réaliser quelques forages
(l) Voir les résultats sommaires de l'étude sur modèle d'injection en gros diamètre, aménagés à la manière de
mathématique en note infrapaginale au terme du ceux de la plaine des Doukkala.
paragraphe concernant la Plaine de Berrechid, p. 207.
220 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Le problème du drainage se pose en définitive exemples, qu'il faudrait multiplier le nombre de ces
surtout à l'aval au contact de la plaine de Berrechid et ouvrages (en admettant un débit unitaire moyen
de la Basse-Chaouïa primaire. Dans ce secteur où les injectable de 20 l/s) pour injecter un débit saisonnier
infiltrations depuis la surface sont pratiquement important dans la nappe. Pour cette raison, il semble
impossibles et ne sont par suite d'aucune utilité pour la préférable d'orienter seulement les injections en
nappe souterraine, on peut songer à un drainage fonction des problèmes d'assainissement locaux de la
superficiel qui aboutirait au seul cours d'eau existant de région.
la région : l'oued El-Hassar. En ce qui concerne l'utilisation de forages existants
ou de nouveaux ouvrages d'exploitation, il apparaît que
CONCLUSIONS les débits unitaires exploitables sont en moyenne assez
De nombreux éléments manquent encore pour faibles si l'on considère les phénomènes d'interinfluence
chiffrer avec précision les ressources en eau de la entre les captages disposés d'amont en aval sur les
plaine de Berrechid. La réalisation d'un modèle mêmes lignes de courant et destinés à fonctionner
mathématique est en cours pour simuler l'écoulement simultanément ; il en résulte en effet une diminution
de la nappe souterraine de cette région en régime sensible des débits maxima unitaires pris séparément.
permanent et devrait permettre de préciser les De toutes manières, il est souhaitable de surseoir à toute
estimations actuelles, en même temps d'ailleurs que les nouvelle mise en exploitation jusqu'à ce que l'on pos-
premiers résultats d'observations hydrologiques qui sède une vision plus globale des ressources en eau
débuteront en 1973. encore disponibles, ressources dont le volume est
vraisemblablement limité autour de 15 millions de
La plaine de Berrechid constitue la seule zone m3/an.
aquifère intéressante dans l'arrière-pays de Casablanca- Parallèlement à la mobilisation croissante de l'eau de
Mohammédia, pour les eaux souterraines, alors que les la nappe au profit de sa mise en valeur agricole de la
eaux superficielles susceptibles d'être mobilisées sont plaine de Berrechid, il est probable qu'on assistera dans
éloignées (oueds Mellah et Oum-er-Rbia) et déjà les années à venir à une décentralisation progressive des
fortement hypothéquées. Dans le but de surexploiter industries casablancaises dans la région à cause de son
ces ressources, les services de la R.A.D. de Casablanca potentiel en ressources en eau bon marché alors que
avaient proposé de réalimenter artificiellement la nappe l'agglomération casablancaise est démunie de cet atout
à partir d'une dérivation des eaux de l'Oum-er-Rbia. En vital pour certaines implantations industrielles. Une des
fait, cette solution apparaît assez irréaliste dans sa premières amorces de ce phénomène économique est
conception, d'autant plus qu'on ignore s'il est constituée par le déplacement de l'aéroport international
techniquement possible et économiquement rentable de de Casablanca-Anfa au profit de celui de Nouasseur
réaliser une injection de volumes importants dans la situé entre Médiouna et Berrechid ; déjà plusieurs
nappe, volumes qui ne pouvaient être que partiellement usines se sont implantées dans le centre de Berrechid
récupérés ; cette opération aurait en effet pour résultat (traitement d'algues, fabrication d'engrais chimiques,
d'accroître le débit de transit aval vers la Basse- teinturerie, etc.), qui contribuent partiellement à
Chaouia, en augmentant la charge de la nappe à l'amont modifier la physionomie de la localité et de la région en
et on ne pourrait reprendre sans doute dans le réservoir absorbant une main-d'oeuvre importante. Il est donc
souterrain de la plaine de Berrechid qu'une fraction qui nécessaire dès maintenant de prévoir les conséquences
reste d'ailleurs à préciser des débits amenés à partir de de cette évolution dans un avenir proche, en prenant
l'Oum-er-Rbia. Dans l'état actuel de nos connaissances, notamment toute mesure nécessaire pour préserver le
le rendement économique d'une telle opération est capital que constitue la nappe souterraine de la plaine
impossible à apprécier. de Berrechid, à la fois contre une exploitation
anarchique et contre les risques de pollutions
Quant à la réalimentation artificielle réalisée par bactérienne et chimique, liés aux rejets industriels sans
puits ou forages absorbants dans un objectif de traitement préalable et sans contrôle efficace.
drainage superficiel, on a vu précédemment, sur deux
REFERENCES
BONNET M., LAMZIBRI M., RUHARD J . P . (197 4) : Modèle Compagnie Africaine de Géophysique (C.A.G.) (1972) : Reconnaissance par
mathématique en régime permanent de la région de Berrechid. Rapp. prospection électrique dans la plaine de Berrechid de décembre 1970
Inéd. MTPC/DH/DRE, 17 pp., 4 fig. à septembre 1971. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE.
PLAINE DE BERRECHID ET BASSE-CHAOUIA 221
C O M B E M. (1970) : Examen du rapport de la R.A.D. de juin 1970 intitulé : MONITION L. & NÉRAT DE LESGUISE M. (t) (1954) : Contribution à
Etude préliminaire d'un complément à l'alimentation en eau de l'étude du drainage naturel des nappes aquifères. Ass. int. Hydrol.
Casablanca à partir de la nappe souterraine de Berrechid, Nouasseur, sci,. C.R. Assembl, gén. Rome, publ. Louvain 1955, publ. n° 37, t. 2,
Médiouna. Rapp. Inéd. MTPC/DH/DRE. pp. 499-519.
COMTEC-OMS (1970) : Approvisionnement en eau de la zone côtière entre
Kénitra et Casablanca. Solution immédiate pour l'alimentation de MONITION L. & NÉRAT DE LESGUISE M. (t) (1960) : Carte
Casablanca. Etude préliminaire. Rapp. inéd., MTPCJDH/DRE et hydrogéologique de la région de Casablanca au 1/50 000. Notes & M.
O.M.S., 9ème rapport. Arch. MTPC/DH/DRE. Serv. géol. Maroc, n° 131.
DELARUE J., DESTOMBES J. & JEANNETTE A. (1956) : Etude géotechnique
MONITION L. & NÉRAT DE LESGUISE M. (t) (1960) : Notice
de la région de Casablanca. Notes & M. Serv., géol. Maroc, n° 130,
explicative de la carte hydrogéologique de la région de Casablanca.
178 pp.
Notes & M. Serv. géol. Maroc, n° 131 bis, 152 pp.
DESTOMBES J., HUPE P. & JEANNETTE A. (1959) : L'Ordodovicien de la
Méséta côtière marocaine à l'Est de Casablanca. C.R, Acad. Sci., MOULLARD L. & HAZAN R. (t) (1960) : Plaine de Berrechid,
Paris, t. 249, n° 16, pp. 1537-1539. caractéristiques géologiques, hydrauliques et d'équipement des
forages. Rapp. inéd. arch. MTPC/ DH/DRE.
DESTOMBES J. & JEANNETTE A. (1955): Etude pétrographique et
sédimentologique de la série acadienne de Casablanca; présence de MOULLARD L. & HAZAN R. (t) (1960) : Nappe phréatique de la plaine de
glissements sous-marins (slumpings). Notes Serv. géol. Maroc, t. Berrechid. Ass. int. Hydrol. sci., Assembl. D’Helsinki, Comm. eaux
1,1, n° 123, pp. 75-102. souterr., publ. n° 52, pp. ,105-142.
FERRÉ M. (1966) : Essai d'estimation des caractéristiques hydrologiques des MOULLARD L. & HAZAN R. (t) (1962) : Carte hydrogéologique de la
bassins versants dominant la plaine de Berrechid. Rapp. inéd. arch. plaine de Berrechid ad 1/100 000. Publ. off. nat. irrigat, (Serv.
MTPC/DH/DRE. ressources en eau), Rabat.
FERRÉ M. & HAZAN R. (t) (1964) : Notice explicative de la carte NOIN D. (1970) : La population rurale du Maroc. Publ. de l'Université de
hydrogéologique de la plaine de Berrechid au 1/100 000. Publ. Rouen. P.U.F.
ONI/SRE, arch. MTPC/DH/DRE.
RUHARD J.-P. (1973) : Plaine de Berrechid, rapport de fin de sondages, 6
FOSSET R. (1968) : Quelques aspects de la vie rurale dans l'arrière-pays de forages de reconnaissance et 6 piézomètres. Rapp. inéd.
Mohammedia (Basse-Chaouia). R. Géogr. Maroc, n° 13, pp, ,103- MTPC/DH/DRE, 77 pp., 36 fig.
119.
RUHARD J.-P. (1974) : Plaine de Berrechid, simulation en régime permanent
JEANNETTE A. (1954) : Quelques aspects de l'évolution de la plaine de` des écoulements souterrains, note complémentaire. Rapp. inéd.
Berrechid au Quaternaire ancien et moyen, Notes Serv. géol. Maroc, MTPC/DH/DRE, 2 pp., 1 fig.
t. 9, n° 121, pp. 11-16.
2.12.2. LA CHAOUIA COTIERE ENTRE CASABLANCA ET AZEMMOUR
par
Abderrahman BENTAYEB
Présentation géographique
La Chaouia côtière, située entre les villes de Ce développement, favorise par la douceur humide du
Casablanca et Azemmour, fait partie de la série des climat et l'influence prépondérante de l'Océan qui le
plaines subatlantiques qui se développent en bordure de caractérise, par la facilité des communications
l'Océan de Rabat jusqu'à Essaouira. Elle comporte, du intérieures, par la proximité d'un centre de
point de vue géologique, un recouvrement pelliculaire consommation important (Casablanca : 1,5 millions
de calcaires gréseux dunaires plio-quaternaires reposant d'habitants) et par les possibilités d'exportation par voie
sur un substratum schisteux paléozoïque. maritime, ne cesse de s'accroître, se traduisant par une
augmentation de l'exploitation des eaux souterraines
Aucune rivière pérenne ne traverse la région (l'Oum-
pour l’irrigation.
er-Rbia est en effet en limite sud) où les seules
ressources en eau proviennent d'une nappe phréatique, La présente description couvre une surface de près
pauvre certes, mais qui offre l'avantage d'être peu de 1 100 km2 de forme grossièrement rectangulaire avec
profonde. Cette disposition, favorable à l'irrigation par une longueur de 65 km, distance entre Casablanca et
pompage, a été l'un des atouts majeurs qui ont permis le l'embouchure de l'Oum-er-Rbia, et une largeur variant
développement des cultures maraîchères. entre 15 et 20 km.
Géologie
Le socle paléozoïque qui sur la majeure partie de la sont généralement des grès quartzites souvent très
région étudiée forme le substratum, est recouvert en fissurés qui, lorsqu'ils affleurent sur une certaine
surface par des grès dunaires pliocènes et quaternaires. étendue, peuvent jouer un rôle de drain important. Ils
Ce paléozoïque est constitué par des formations peuvent donner naissance à des sources permanentes
complètement imperméables ou très peu perméables d'un débit modeste mais non négligeable.
dans la frange supérieure altérée. Les formations Entre les schistes et les quartzites vient s'insérer une
prédominantes sont des schistes : schistes acadiens ou série psammitique violine, visible à El-Hank.
ordoviciens, et des quartzites auxquels s'associent des L'épaisseur de ces niveaux est d'environ 1 000 m pour
grès, attribués aussi à l'Acadien et à l'Ordovicien les schistes et psammites et de 170 m pour les
(Lecointre & Gigout, 1950 ; Destombes & Jeannette, quartzites.
1956).
Les dépôts calcaires et marno-calcaires du
Les schistes paléozoïques sont totalement imper- Cénomanien sont connus à l'Ouest de Casablanca. A
méables dans leur masse. Cependant leur altération, l'extrémité sud-ouest, dans la basse vallée de l'Oum-er-
parfois assez profonde, crée des conditions favorables à Rbia, affleurent des marno-calcaires jaunes et des
la rétention de nappes d'eau. L'abondance en eau est marnes jaunes et vert clair qui se continuent vers le
conditionnée par l'extension et la puissance de la zone Nord-Est sous le recouvrement constitué de Plio-
altérée (10 m en moyenne). Quaternaire jusqu'au niveau de Souk-et-Tnine (déblais
de puits).
Les vrais quartzites sont toujours très compacts et
peu perméables. Ceci est particulièrement vrai pour les Les dépôts du cycle pliocène ne peuvent être
quartzites d'El-Hank. Par contre, dans l'Ordovicien, ce
CHAOUIA CÔTIÈRE ENTRE CASABLANCA ET AZEMMOUR 223
distingués de ceux des cycles du Quaternaire, bien que recouvertes de calcaires détritiques. L'épaisseur est
la phase orogénique finivillafranchienne ait été très variable, pouvant atteindre quelques dizaines de mètres.
importante. Les formations marines des transgressions Des formations continentales de croûtes et de
et régressions qui se sont déposées tout au long du recul limons, épaisses de quelques décimètres, terminent la
général de la mer depuis la fin du Pliocène série quaternaire.
comprennent des conglomérats et des lumachelles
Climatologie
ent sur cette région a pu être déterminée en tenant
PRECIPITATIONS compte de ces 7 postes.
La totalité de la région est située entre les deux
isohyètes 300 et 500 mm de la carte des précipitations Pour la période 1933-1963, la moyenne plu-
du Maroc, établie par la Direction de l'Hydraulique en viométrique annuelle a été de 431 mm à Mohammédia,
collaboration avec le Service de Physique du Globe, sur 443 mm à Casablanca, 366 mm à El-Jadida, 479 mm à
la base des moyennes calculées sur 30 ans (1933-1963). Ben-Slimane et 387 mm à Berrechid. Elle a été de 469
Disposant de mesures relevées sur: mm à Bir-Jdid pour les années 1934-1942 et de 384 mm
— 5 stations pendant 30 ans, à Had-Ouled-Frej pour les années 1961-1970.
− 1 station pendant 10 ans, Six stations sur les sept précédemment énumérées
— 1 station pendant 8 ans, encadrent bien la région étudiée et permettent, grâce à
des corrélations ont été faites pour étendre à une leur répartition satisfaisante, de déduire des résultats
période de 30 ans les données des deux dernières valables par la méthode de Thiessen et la méthode des
stations ; la lame d'eau moyenne précipitée annuellem- isohyètes.
70
50 Moyennes pluviométriques mensuelles
30 Berrechid
établies sur 10 ans (1961 - 1970)
mm
70 70
50 50
Ben Slimane Had Od Fraj
30 30
S O N D J F M A M J J A
70
50
30 El Jadida
70
50 Casablanca
Moyennes pluviométriques mensuelles
30
établies sur 8 ans (1934 -1942)
70
70
50
50 30 Bir Jdid
30 Mohammedia
S O N D J F M A M J J A
S O N D J F M A M J J A
FIG.98. — Graphiques des moyennes pluviométriques mensuelles de la zone côtière do Casablanca à Azemmour.
Moyennes pluviométriques sur 30 ans : 1933/1963
Coordonnées
Altitude Moyenne
J F M A M J J A S O N D annuelle
Lat. N Long. W
(m)
Coordonnées
Altitude J F M A M J J A S O N D Moyenne
annuelle
(m) Lat. N Long. W
20 TYPE DE CLIMAT
Casablanca
10
Les indices climatiques ont été calculés à partir de
la pluviométrie et de la thermométrie par la méthode
de C.W. Thornthwaite.
20
Mohammedia Il ressort d'une manière générale, après analyse des
10
caractères du climat de chaque station, que la Chaouia
côtière se range dans la catégorie des régions semi-
arides. Le type D B'3 d a' de Thornthwaite, quasi
S O N D J F M A M J J A
général pour toutes les stations, signifie que l'on a un
climat semi-aride, mésothermique, sans ou avec un
FIG 99 — Graphiques des moyennes des faible surplus en hiver, favorisé par l'influence
températures_mensuelles. océanique. Si l'hiver n'est pas froid, l'été est par contre
sec et chaud, ce qui oblige les exploitants agricoles à
procéder à l'irrigation des cultures en cette saison.
226 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Hydrogéologie
CASABLANCA
Dunes et plages modernes
Points d'eau 20
Quartzites
N 10
0
Limite de la région étudiée
A
Schistes
L N° 132
110
T
A 120
130
140
N
A c on
dair
e
150
E Se
C
O 315
te
ou 160
Ro
R
ut
e
0 1 2 3 4 km
le
ipa
inc
Bir Jdid Pr 170
Se
co
nd
air
180
e
190
te
R ou
Souk Tnine
305
5
N° 200
11
AZEMMOUR 10
N°
3
S.
R.
OU
M
210
15
RB
IA 50
0
ER
100 200
230
240
250
260
270
280
290
FIG.100
ETUDE HYDROGEOLOGIQUE DE LA CHAOUIA COTIERE
par BENTAYEB
GEOLOGIE GRADIENT HYDRAULIQUES 335
CASABLANCA
T
Quartzites
A
Schistes
305
AZEMMOUR
OU
M
IA
ER RB
230
240
250
260
270
280
290
FIG. 101 — Nappe phréatique de la Chaouia côtière entre Casablanca et Azemmour : gradients hydrauliques.
ETUDE HYDROGEOLOGIQUE DE LA CHAOUIA COTIERE
par BENTAYEB
GEOLOGIE PROFONDEUR JUSQU'A L'EAU en m
335
CASABLANCA
T
Quartzites
A
Schistes
305
AZEMMOUR
OU
M
IA
ER RB
230
240
250
260
270
280
290
FIG. 102 — Nappe phréatique de la Chaouia côtière entre Casablanca et Azemmour : profondeurs jusqu'à l'eau.
ETUDE HYDROGEOLOGIQUE DE LA CHAOUIA COTIERE
par BENTAYEB
GEOLOGIE PIEZOMETRIE (Septembre 1971) 335
CASABLANCA
( Basses eaux )
Dunes et plages modernes
10
PLIO - QUATERNAIRE
Alluvions - Tirs - Limons rouges superficiels E
Limons rouges - Dunes consolidées - calcaires
U 50
Q
gréseux marins et dunaires I
CRETACE T
N
Calcaires et marnes A
PRIMAIRE
L 325
T 100
Quartzites
A
Schistes
200
305
10
AZEMMOUR 50
100 150
OU
M
IA
RB
ER 200
230
240
250
260
270
280
290
FIG.103 — Nappe phréatique de la Chaouia côtière entre Casablanca: et Azemmour : piézométrie en basses eaux.
230 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
PIÉZOMÉTRIE EN PÉRIODE DES BASSES EAUX incontestable. Si aucune influence n'est décelée cela
signifie que le long de la côte, le niveau du
(fig. 103) substratum, étant sensiblement supérieur ou au moins
La carte piézométrique pour cette période a été égal au niveau de la mer (d'après les travaux de
dressée à partir des observations et mesures faites sur géophysique exécutés en 1971), exclut l'échange dans
les mêmes points d'eau qui ont servi à l'établissement le sens « eau salée - eau douce ».
de la carte précédente correspondant à la période des Le calcul de la diffusivité avec T =5.10- 1 m3 /s et S =
hautes eaux (fig. 100). En général, la forme de la 2.10 -2 a montré qu'en un point situé à une distance de
surface piézométrique est inchangée et les courbes plus de 100 m, l'influence serait inférieure à 10 cm.
hydroisohypses conservent leur parallélisme à la côte,
d'où un écoulement permanent vers la mer. Cependant,
Puits observés :
il faut toujours noter l'allure convexe des courbes aux
approches de l'Oum-er-Rbia, manifestant là aussi un
phénomène de drainage permanent, prouvant que le N ° IRE Distance du bord Temps d'observation
niveau piézométrique de la nappe reste constamment de la mer en heures
supérieur au niveau de l'eau dans le fleuve.
Le sens de l'écoulement est conservé notamment à 1828/19 132 m 30 h
l'E où il est toujours orienté dans le sens S-N. Il n'y a
donc toujours ni entrée ni sortie par cette limite. . 827/19 180 m 24 h
838/19 237 m 24 h
Le gradient hydraulique varie entre des limites
assez proches de celles correspondant à la carte des 837/19 143 m 24 h
hautes eaux. j843/19 285 m et à 40 m 48 h
Les deux cartes piézométriques établies à dif- de l'Oum-er-Rbia
férentes époques, correspondant l'une au niveau
minimal de la nappe (étiage), l'autre au niveau ma-
ximal, permettent d'étudier et d'interpréter dans Les courbes des variations du niveau montrent
l'espace, les fluctuations des niveaux. Les variations que le plan d'eau n'a pas bougé dans 4 puits. Les
piézométriques semblent être plus importantes au droites sont parfaitement horizontales. Le dernier
centre et à l'amont que sur la côte. Elles seraient de puits (n° IRE : 1843/19), dont la courbe présente des
l'ordre de 5 à 6 mètres à l'amont contre 1 à 2 m à l'aval. oscillations périodiques, paraît être influencé.
C'est un des éléments importants qui permettent aux Pendant 24 h d'observations, le niveau piézométrique
exploitants d'estimer à quelle profondeur ils doivent accuse deux maxima et deux minima correspondant à
positionner la crépine de leur pompe. deux marées hautes et deux marées basses. Ces
maxima et minima du niveau piézométrique sont
EFFETS DES MARÉES déphasés dans le temps par rapport aux instants où
L'influence des marées sur la piézométrie de la ont lieu les marées hautes et les marées basses. Ce
nappe s'avérait inquiétante, présentant en général un dernier puits permet d'admettre la possibilité de
danger permanent d'invasion marine, donc d'aug- communication « eau salée - eau douce » à partir de
mentation de la salure des eaux du littoral. Jusqu'en l'Oum-er-Rbia, la marée remontant dans l'estuaire du
1970, aucune étude géophysique n'avait été faite pour fleuve. En effet, le puits en question étant creusé
déterminer la position du substratum en contact avec la dans les sables dunaires à 40 m de distance de l'Oum-
mer, et les quelques forages qui furent exécutés étaient er-Rbia au moment des marées basses, se trouve à
situés à quelques kilomètres de la côte. Ainsi toutes les moins d'une dizaine de mètres du fleuve au moment
anomalies chimiques manifestant une concentration des marées hautes. Mais cette influence ne doit pas se
élevée en sels, trouvaient leur explication dans le propager très loin dans la région étant donné que le
phénomène d'invasion marine, ce qui s'avère très Cénomanien essentiellement marneux, très peu
discutable après étude approfondie. perméable et reposant sur des schistes massifs, se
situe à moins de 100 m du bord du fleuve.
Pour préciser ce phénomène, des puits témoins
proches de l'océan ont été observés pendant 24 ou 48 Il apparaît donc qu'une communication « eau
heures pour suivre l'évolution du niveau piézométrique salée - eau douce » paraît peu probable, sauf éven-
de la nappe en fonction des cycles des marées. Si tuellement dans des zones très localisées à petite
l'influence est décelée, l'existence d'une échelle. En toute rigueur, l'extension de ces zones ne
communication hydraulique «eau salée - eau douce » est dépasserait pas 100 à 200 m vers l'intérieur du pays.
dz en m
6 6
5 1208!19 ! 5
4 4
3 3
2 2
1 1
0 0
4 4
1347/19
3 3
2 2
1 1
0 0
11 11
10 10
9 1349/19 ! 9
8 8
7 7
6 6
5 5
4 4
3 3
2 2
1 1
6 6
5 1208/19 ! 5
4 4
3 3
2 2
1 1
5 5
1372/19
4 4
3 3
2 2
1 1
10 1529/19 ! 10
9 9
8 8
7 7
6 6
5 5
4 4
3 3
3 1090/19 ! 3
2 2
1 1
0 0
3 1940/19 ! 3
2 2
1 1
0 0
240
PLUVIOMETRIE en mm
200 200
160 160
120 120
80 80
40 40
0 0
M J S D M J S D M J S D M J S D M J S D M J S D M J S D M J S D
56 57 58 59 90 61 62 63
FLUCTUATION DE LA NAPPE DANS LA ZONE DE CASABLANCA
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
EAUX DU PLIO-QUATERNAIRE
FIG. 105
CHAOUIA CÔTIÈRE ENTRE CASABLANCA ET AZEMMOUR 233
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
EAUX DU CRETACE
FIG. 106
ETUDE HYDROGEOLOGIQUE DE LA CHAOUIA COTIERE
par BENTAYEB
GEOLOGIE RESIDUS SECS, en g/l (Mars 1971)
335
CASABLANCA
T
Quartzites
A
Schistes
305
AZEMMOUR
OU
M
IA
ER RB
230
240
250
260
270
280
290
FIG. 107 — Nappe phréatique de la Chaouia côtière entre Casablanca et Azemmour : concentration des eaux en sels totaux (résidus secs à 180°C).
236 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
1
2 310
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
290
300
300
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
290
24
25
26
27
28
29
30
250
230
270
220
260
240
280
XX
FIG. 108 — Nappe phréatique de la Chaouia côtière entre Casablanca et Azemmour : carte des prélèvements d'eau par pompages.
238 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Le coefficient d'infiltration peut alors être estimé à 4. la quantité d'eau qui s'infiltre annuellement
15%. s'élèverait à 73.106 m3,
Cette valeur est assez proche de celle déterminée par
5. la quantité d'eau qui transite de l'amont dans la
E Bolelli (1951) = 14 à 20 % dans les calcaires gréseux
nappe peut être estimée à 80.103 m3/an.
d'Aïn-Reboula (région de Rabat). Elle l'est beaucoup
moins de celle trouvée dans les grès et limons sableux Si le coefficient d'infiltration calculé est très voisin
de Charf-el-Akab (région de Tanger) : 20 %, et de celle de ceux déterminés par d'autres auteurs dans des
déterminée par M. Messaoud : 24 % dans les sables et terrains analogues très proches de la région étudiée, les
calcaires gréseux du Sahel de Larache. Mais ces deux quantités d'eau prélevées de la nappe seraient
dernières régions sont caractérisées par un aquifère plus manifestement assez proches du volume global infiltré.
épais et surtout une pluviosité beaucoup plus On peut à la limite essayer de récupérer la différence
abondante. (sans grande signification en fait, compte tenu des
erreurs entachant les différents termes du bilan) :
On peut admettre, considérant l'hypothèse d'un bilan
équilibré que : 73.106 — 70.106 =3.106 m3/an.
à laquelle on peut ajouter les 80.103 m3/an qui
1. il tombe annuellement sur la région 486.106 m3 transitent de l'amont. Les perspectives d'exploitation de
d'eau, nouveaux captages ne pourront porter que sur des
2. la quantité d'eau déversée annuellement dans la prélèvements en des points multiples d'une partie de ce
mer et dans l'Oum-er-Rbia est de 1,8.106 m3, volume, puisque les quantités d'eau qui se déversent en
3. la quantité d'eau prélevée annuellement par mer et dans l'Oum-Er-Rbia y sont comprises. Le débit
pompage, sources et norias serait de l'ordre de global des prélèvements supplémentaire à envisager
70.106 m3, serait vraisemblablement inférieur à 100 l/s.
REFERENCES
BENTAYEB A. (1972) : Etude hydrogéologique de la Chaouïa côtière de la région de Casablanca au 1/200 000 et notice explicative.
avec essais de simulation mathématique en régime permanent. Notes & M. Serv. géol. Maroc, n° 72 et 72 bis, 42 pp.
150 pp., 20 tab., 55 fig., 1 carte h.t., Rapp. inéd.
MTPC/DH/DRE, Rabat. MONITION L. & NÉRAT DE LESGUIST M. (1960) : Notice explicat-
ive de la carte hydrogéologique de la région de Casablanca. Notes
BOLELLI E. (1951) : Coefficient d'évaporation, coefficient d'infiltration. & M. Serv. géol. Maroc, n ° 131, 152 pp., une carte au ,1/50 000.
Etude d'un cas précis dans les calcaires gréseux (Pliocène et
Quaternaire de la côte du Maroc). Union Géol. Géophys. Int., MOULLARD L. (1956) : Zone côtière Casablanca—El-Jadida (ex.
Ass. int. Hydrol. sci., n° 35, C.R. Assemb. Gén. Bruxelles 1951, Mazagan). Mise en place d'un réseau de surveillance. Rapp.
t. 4, pp. 12-14. inéd., MTPC/DH/DRE.
BOLELLI E. & NÉRAT DE LESGUISE M. (1952) : La Chaouïa in :
Hydrogéologie du Maroc. Notes & M. Serv. géol. Maroc, n° 97, NÉRAT DE LESGUISE M. (1952) : Etude hydrogéologique détaillée de
pp, 169-179. la région de Bir Jdid-Chavent. Rapp. inéd., MTPC/DH/DRE.
Prés e n t a t i o n g é o g r a p h i q u e
Il en résulte que les problèmes d'alimentation en d'extraction. Des investissements considérables doivent
eau, liés à la fois aux besoins industriels et humains, se être consentis pour amener l'eau nécessaire depuis des
sont posés et se posent encore avec acuité lorsque l'on sources lointaines d'approvisionnement.
envisage la mise en exploitation de nouveaux centres
Géologie
Ce plateau ne présente pas une morphologie — le Maestrichtien et l'Eocène (jusqu'au Lutétien), qui
tabulaire uniforme, mais constitue un ensemble de constituent la série phosphatée, puissante de 30 à 50
plates-formes emboîtées, disséquées par l'érosion, qui m. Le Maestrichtien (5 à 28 m) est représenté par
correspondent chacune aux niveaux calcaires les plus des phosphates marneux, tandis que l'Eocène (20 à
résistants de la série sédimentaire. Celle-ci s'étend du 30 m) présente des faciès plus variés (marnes
Crétacé à l'Eocène. Les plateaux s'étagent de 450 m phosphatées et phosphates sableux, dans lesquels on
d'altitude dans la région de Settate à 850 m aux note plusieurs intercalations calcaires).
environs de Khouribga. Au N et au S, ils se terminent
L'ensemble de ces terrains est surmonté par une
par un relief en « cuesta » avec buttes-témoins en avant
dalle de calcaires massifs détritiques.
de la ligne de côtes.
La série n'est complète qu'au NW dans la région de
STRATIGRAPHIE Khouribga—El-Borouj et elle semble plus puissante
vers le S du plateau. L'érosion a déblayé ailleurs une
La stratigraphie et la lithologie sont assez bien partie plus ou moins importante des terrains et il en
connues par suite des recherches suscitées par la résulte de larges superficies d'affleurements du
découverte et la mise en exploitation du gisement de Cénomanien, du Turonien ou du Sénonien (fig. 111).
phosphates des Ouled-Abdoun.
Sur les schistes et les quartzites primaires arasés STRUCTURE
qui affleurent au N et au SW du plateau, on rencontre
successivement : La structure du plateau des Phosphates est simple
— l'Infracénomanien (Albien ou Néocomien) non daté dans l'ensemble : sur le socle primaire très fortement
; il est représenté par 10 à 60 m de marnes plissé, faillé et redressé de la Méséta puis arasé,
bariolées, de grès rouges et de gypse, en discor- formations secondaires et tertiaires reposent en
dance sur le substratum primaire ; discordance avec un pendage général très faible vers le
— le Cénomanien, représenté par une alternance de SSW. Des ondulations à très grand rayon de courbure
marnes souvent gypseuses et de marno-calcaires peuvent également exister. Cette structure tabulaire
jaunes ; son épaisseur oscille entre 20 et 100 m sur s'ennoie lentement vers le S en s'épaississant
le plateau des Phosphates ; progressivement sous le remplissage moi-plio-
villafranchien de la fosse synclinale du Tadla.
— le Turonien calcaire (de 20 à 60 m d'épaisseur), qui
constitue par sa dureté une dalle bien marquée dans Le plateau des Phosphates s'est individualisé dès la
la topographie ; fin du Lutétien, lorsqu'une partie de la Méséta s'est
— le Sénonien, épais de 40 à 70 m est formé d'un exhaussée, interrompant ainsi toute sédimentation. Ce
ensemble de marnes et de marno-calcaire jaune d'or phénomène n'a fait depuis que s'accentuer, en un vaste
; on rencontre en outre, au tiers supérieur de cet bombement de fond, jusqu'au mi-lieu du Miocène, pour
étage, une dalle calcaire bien visible, dite « dalle former le « horst alpin » de la Méséta marocaine.
calcaire intercalaire ». C'est au S, dans la région
d'El-Borouj, que l'épaisseur du Sénonien semble
être la plus grande ;
Climatologie
La pluviométrie moyenne du plateau des Phosphates relativement élevée et l'absence d'obstacle depuis
relative à la période 1933-63, apparaît dans le tableau l'océan Atlantique.
de la figure 109. Le régime des pluies est classique ; il comprend une
Le chiffre relativement élevé de la pluviosité du saison humide d'octobre à avril et une saison sèche de
plateau des Phosphates, malgré sa situation à plus de mai à septembre. Les pluies sont concentrées en un
100 km à l'intérieur des terres, s'explique par l'altitude petit nombre de jours. Les températures présentent des
PLATEAU DES PHOSPHATES 241
CLIMATOLOGIE 1933-1963
FIG. 109
Hydrologie
L'hydrologie superficielle du plateau des Phos- emmagasinées pour l'abreuvement des troupeaux en
phates n'est pas connue, à l'exception de celle de été.
l'Oum-er-Rbia qui constitue le collecteur aval. On peut Les oueds qui convergent vers la plaine de Ber-
distinguer toutefois les affluents de rive droite de rechid ne sont pas mieux connus quant à leur régime
l'Oum-er-Rbia, dont le tracé est sensiblement N-S de hydrologique : ce sont principalement les oueds
ceux au tracé S-N, qui convergent vers le bassin Tamdrost, Mazere et El-Ahmeur. Leurs cours, pérennes
endoréique de la plaine de Berrechid, où ils à l'amont, deviennent irréguliers à l'aval, en raison
disparaissent. notamment des nombreux prélèvements qui s'opèrent à
Dans la première catégorie, on peut citer les oueds : partir de prises d'irrigation traditionnelles. Les crues
Zem, Bou-Guerroum, Tahezrite, Bou-Begra et Mellah, parviennent dans la plaine de Berrechid pour s'y
dont les écoulements sont très irréguliers. Les débits de épandre et créer de nombreuses dayas temporaires dans
base sont nuls ou très faibles et alimentés seulement les cuvettes topographiques ; elles sont certainement
par des résurgences locales. Seules les eaux de crue importantes car les hauts bassins sont bien arrosés (400
parviennent parfois à l'Oum-er-Rbia : celles-ci sont mm de pluie moyenne annuelle), mais inconnues sur le
d'ailleurs peu fréquentes et assez concentrées dans le plan quantitatif.
temps. Un équipement de stations hydrologiques est ac-
Le cas particulier de l'oued Bou-Guerroum mérite tuellement en cours de réalisation sur les oueds Mazère
cependant une mention particulière du fait qu'aucun et El-Ahmeur qui drainent les bassins les plus vastes.
écoulement ne parvient à l'Oum-er-Rbia depuis la L'exploitation des données d'écoulement que ces
création en 1930, à la limite de la plaine du Tadla, stations permettront d'acquérir représenteront les
entre Fquih-Ben-Salah et Boujad, d'une retenue premiers éléments quantitatifs sur l'hydrologie du
collinaire latérale à l'oued vers laquelle sont dérivées plateau des Phosphates.
grâce à un canal, toutes les eaux du Bou-Guerroum,
Hydrogéologie
L'inventaire systématique des points d'eau du crétacés et tertiaires du plateau des Phosphates au N et
plateau des Phosphates a été entrepris depuis peu. De leur prolongement sous les recouvrements pliocènes et
1968 à 1971, cet inventaire détaillé a pu être mené à quaternaires de la plaine du Tadla au S. C'est pourquoi
bien à l'E du méridien d'El-Borouj ; il est prévu de l'on traitera ici des nappes du plateau des Phosphates,
l'étendre vers l'W au cours des prochaines années. En mas aussi des nappes profondes du synclinal du Tadla.
1972, quelque 600 points d'eau ont été analysés, des Le chapitre 16 consacré au Tadla est plus
points de vue géologiques et hydrogéologiques, particulièrement axé sur les nappes phréatiques du
permettant de mieux comprendre les relations entre les Plio- quaternaire de cette plaine.
différentes nappes du système aquifère du plateau des
Les nappes reconnues jusqu'à présent se situent de
Phosphates. Un ensemble constitué de cartes détaillées
bas en haut dans les niveaux géologiques suivants :
au 1/50 000 et d'une notice générale (Archambault,
1972) synthétise les résultats acquis à cette date. A l'W — Primaire altéré : nappe pauvre mais d'intérêt local,
du méridien d'El-Borouj des relevés fragmentaires
— Infracénomanien : nappe mal connue, contenant
existent, mais ne permettent pas d'atteindre le degré de
souvent des eaux séléniteuses,
précision obtenu à l'E.
— Cénomanien : nappe bien individualisée au NW
Dans le passé, cette région a été étudiée essen- (plateau de Settate) mais pas ailleurs ; ses ca-
tiellement par B. Yovanovitch puis E. Bolleli, ce ractéristiques sont souvent médiocres et elle doit
dernier en ayant présenté une première synthèse selon les cas se rattacher aux nappes infracé-
descriptive en 1952. nomanienne ou turonienne,
0
80
0
79
720
74
730
0
750
780
255
987/28 556/28
1091/28
570/28 1034/28
760 770 555/28
554/28
740 76
0
575/28 790
1036/28
AF
E FF
OR GU
I AM
750
780
S ID 800
81
0
250
770
780
790
564/28
800
370
375
380
Quaternaire Sénonien et Eocène Turonien Infracénomanien et Cénomanien Primaire
Puits utilisé pour dresser la carte piézométrique Forage de reconnaisance Forage d'xploitation
760 Courbe piézométrique (d'aprçès des relevés des hivers 1952 et 1954)
SETTAT
580/28
(793/809)
127/28 KHENIFRA
(?/675)
1/28
3/28 (?/702) BOUJNIBA Chaouka
5/28 (603/637) O.
(?/654)
1007/28 KHOURIBGA
159/28
250
(642/665) OUED ZEM
(?/649) 6/28
4/28
(?/612) 700 O.
2/28
(?/<568)
2/36
(?/536) 600 BOUJAD Srou
500
450/36
(436?/4622)
118/36 524/37
119/36 644/38 (512/479?)
(460?/480?) 400 (463/466)
(503?/500?)
445/36
(?/>313) 645/36 2102 (?/289)
(462/463)
300 443/36 2107/37 KASBA TADLA
(462/277) (1/387) 1914/37
EL TLETA DES
442/36 441/36 ( >440/2337) (470/283) 2104/37
EL BOROUJ BENI OUKIL 406/36 (>436/290?) 2108/37 (1/98) EL KSIBA
200 (?/254?) 448/36 444/36 (>447/>152?) (1/237)
490/36 (?/221?) 446/36 447/36 2105/37
Sidi Chaho (290/290) (1/178) 0 10 20 30 40 50
642/36 331/36 100
(site de barrage) (306/296) (365?/198) FQUIH BEN SALAH
491/36 276/36 O.
(290/290?) 0
(9/41) RBIA Darna
Carte structurale du Turonien
-100
200 ER
-200 Faille possible au niveau du Turonien
OUM
449/36 BENI MELLAL
(-365/-401!!!) -300 Limite Nord du bassin versant de l'oum er Rbia moyen
300 OUED
1533/36 229/36
(?/210)
-400 Limite des formations primaires au Nord et l'Ouest
(-?/-439)
200 DAR OULD S. ES SEBT
18/36
100 -500
ZIDDOUH
N
Tessaout
L'W
?
S
100
NIEN VER
(+/-555)
391/45 3000/36 Affleurements de terrains secondaires anté-turoniens
T
(380/227)
D'EX
1535/45 828/45
(?/190) Affleurement du Turonien
El
(146/210)
?
O.
NAPPE
TURO
O.
TURONIENNE piézométrique
200
300
(403/170) (306/298)
(403/170) LIBRE Lac de Bin el Ouidane Limite approximative probable entre nappe turonienne
libre et captive
JBILE EL KELAA DES Limite approximative possible du domaine où la nappe
TE SRARHNA turonienne est artésienne
FIG. 111 — Carte structurale du toit des calcaires du Turonien supérieur, cotes NGM, équidistance des courbes de niveau : 100 m.
PLATEAU DES PHOSPHATES 245
nombreuses sur cet aquifère souvent très profond, reposant sur du Primaire. La nappe circule à la fois
dans les niveaux calcaires du Cénomanien et dans les
— Sénonien : nappe très étendue également, mais
schistes et quartzites altérés sans que l'on puisse
contenue dans un aquifère de qualité médiocre. Les
distinguer deux nappes individualisées.
eaux sont douces en général, ce qui incite à lui
accorder de l'intérêt pour la création de points
d'eau à faible débit. Cette nappe est mal connue et NAPPE DE GUEFFAF--SIDI-AMOR (fig. 110)
il existe des zones où l'on a mis en évidence qu'elle Le bassin de Gueffaf—Sidi-Amor a été étudié vers
se vidangeait dans la nappe turonienne sous- les années 1954-1960 afin de pourvoir aux besoins de
jacente et beaucoup plus perméable, la ville de Khouribga ; il se place à quelque 20 km au
— Eocène : des nappes perchées très localisées ont été NE de cette ville. Du point de vu géologique, ce petit
reconnues sur le plateau des Phosphates, mais en bassin se situe entre le pied de la cuesta sénonienne au
général l'Eocène est sec. Vers le S un niveau d'eau S et les affleurements de Primaire (Silurien et
généralisé semble exister, dépendant plus ou moins Dévonien) distants de 7 km au N. Les deux plaines de
de la nappe plio-quaternaire du Tadla. Sous le Gueffaf à l'E et de Sidi-Amor à l'W s'étendent sur une
Tadla, un horizon de calcaires lutétiens (dalle à longueur de l'ordre de 15 km d'E en W, mais les limites
Thersitées) peut être localement intéressant pour du bassin hydrogéologique sont très imprécises dans
des alimentations de petits centres urbains. ces deux directions où les affleurements de Crétacé
inférieur et moyen se poursuivent dans un relief de
D'une manière générale les connaissances sur ces collines. Les plaines de Gueffaf et Sidi-Amor
différentes nappes sont encore fragmentaires et leur représentent une superficie de l'ordre de 100 km2 ; elles
degré de précision varie selon les zones. Une ligne de sont séparées au centre par un relief N-S de collines
partage des eaux E-W passant en gros par Khouribga, cénomaniennes correspondant peut-être à une ride
existe dans la partie septentrionale du plateau des anticlinale du Primaire.
Phosphates ; une faible partie des eaux souterraines Sur le substratum primaire des plaines repose un
s'écoule vers le N alors que l'essentiel des écoulements Infracénomanien argileux peu épais (3 m) puis des
souterrains s'effectue du N vers le S. marno-calcaires cénomaniens (10 à 30 m). Vers le S la
NAPPE DU PRIMAIRE ALTERE série se poursuit par des calcaires turoniens
disparaissant ensuite sous la falaise sénonienne. La
GÉNÉRALITÉS plaine de Gueffaf est couverte en surface par des
limons quaternaires.
Dans les schistes et quartzites du Primaire, altérés Des relevés piézométriques effectués au cours des
dans leur partie superficielle, existe souvent une nappe hivers 1952, 1954 et 1958, soit avant l'entrée en service
assez pauvre mais contenant, à proximité des zones permanent des pompages d'exploitation, montrent
d'affleurements, une eau de bonne qualité chimique (de qu'une nappe phréatique généralisée existe sous la
l'ordre de 500 mg/l de sels totaux). Sur les plateaux plaine et s'écoule vers le NW où elle est_ drainée par le
d'Oued-Zem et de Boujad, le Primaire affleure parfois réseau superficiel de l'oued Zamrine, affluent de l'oued
au fond des thalwegs dont les berges sont constituées Mellah. L'eau est peu profonde à l'W (Sidi-Amor) : 1 à
de Crétacé ; là encore une nappe phréatique existe 8 mètres ; elle est plus profonde à l'amont (Gueffaf à
souvent dans le Primaire. En profondeur, sous le Tadla, 1'E) : 8 à 12 m au centre de la plaine, plus de 20 m sur
le Primaire semble encore contenir de l'eau qui serait les bordures. L'aquifère est constitué soit par le
artésienne mais très salée (jusqu'à 13 g/1 de R.S à Cénomanien marno-calcaire et le Primaire altéré au
110°C) d'après les quelques forages profonds de la centre des plaines, soit par le Primaire seul sur les
région de Fquih-Ben-Salah. bordures N et E, soit par une série crétacée plus
Hors des zones d'affleurement du Primaire (Pri- complète comprenant jusqu'au Turonien sur la bordure
maire recouvert par du Crétacé) il est probable que très sud ; faute de géophysique, le réservoir est en fait mal
fréquemment la nappe du Primaire altéré se trouve connu hors des quelques forages existants.
confondue avec la nappe contenue dans le premier L'alimentation de la nappe est pratiquement inconnue et
niveau crétacé recouvrant le Primaire. Alors on ne peut l'on envisage deux origines possibles : infiltration
distinguer franchement deux nappes indépendantes ; ce directe des pluies (mot verne annuelle 426 mm à Oued-
cas est illustré par le secteur de Gueffaf—Sidi-Amor Zem) et alimentation souterraine par les bordures :
situé au N de Khouribga où existe un petit bassin bien Crétacé au S et à l'E, Primaire altéré au N. Les
individualisé constitué par du Cénomanien peu épais décharges de la nappe constituent essentiellement par le
drainage de l'oued Zamrine et l'évaporation sont égale-
246 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
ment impossibles à chiffrer dans l'état actuel des et aux installations industrielles de l'Office Chérifien
connaissances. L'eau de cette nappe est douce (700 à des Phosphates à Khouribga. Des essais de pompage
900 mg/l de résidu sec à 180°C) et du type chloruré soignés, avec nombreux piézomètres, ont été réalisés en
sodique, légèrement sulfaté. 1958 sur les anciens ouvrages et en 1960 sur trois
forages d'exploitation nouveaux équipés en diamètre
Plusieurs forages ont été exécutés dès 1954-55 dans 14". Les résultats obtenus sont les suivants :
cette nappe pour l'exploitation d'eau destinée à la ville
GEOLOGIE
Crétacé de 0 à 14 m de 0 à 30 m de 0 à 18 m
Primaire de 14 à 20 m de 30 à 100 m de 18 à 125 m
Profondeur du niveau
piézométrique 3,2 m 21,0 m 25,1 m
EQUIPEMENT
tubage 14" plein de 0 à 5 m de 0 à 30 m de 0 à 32 m
tubage 14" crépiné de 5 à 20 m de 30 à 74 m de 32 à 121 m
corniches au-dessus de la série cénomanienne plus sous le niveau du sol), carte dérivée de la précédente,
tendre. En forage ils sont tendres et rapidement tra- conduit aux mêmes observations. La profondeur la
versés, si bien qu'il est parfois difficile de les localiser plus grande où le Turonien ait été reconnu est — 1 100
dans des coupes anciennes de forages non alternati- m au forage 3 000/36 en bordure de l'Atlas. Cette carte
vement surveillés lors de l'exécution ; les niveaux du a surtout pour objet de délimiter les zones où le
Turonien inférieur et du Cénomanien supérieur qui se Turonien pourrait être atteint par des forages
trouvent au-dessous comportent en effet très souvent hydrogéologiques économiquement acceptables (fig.
des intercalations calcaires plus ou moins importantes 112).
dans une série marneuse ou marno-calcaire avec gypse
intercalé au S et SE. Ces calcaires ont été déposés dans CARACTÉRISTIQUES HYDRAULIQUES
le bassin du Tadla par une mer provenant de
l'Atlantique et pénétrant entre les Rehamna-Jbilete et L'étude hydrogéologique de surface a été réalisée
la Méséta, massifs primaires demeurant partiellement de manière détaillée dans le secteur NE exclusivement.
émergés à cette époque (Choubert & Faure-Muret, Quelques forages hydrogéologiques, encore peu
1962). nombreux, ont eu le Turonien comme objectif hors des
L'épaisseur de l'assise calcaire du Turonien zones d'affleurements ; d'autres forages autres
supérieur est de l'ordre de 20 à 30 mètres sur les qu'hydrogéologiques (phosphatiers - charbonniers -
bordures du bassin du Tadla, et s'accroît peut être au pétroliers - géophysiques) ont fourni des données
coeur du synclinal jusqu'à une cinquantaine de mètres indicatives bien que peu sûres.
sans que l'on en soit absolument certain car les Les qualités hydrauliques du réservoir sont bonnes
repérages précis de la couche dans les forages en général, bien que variables. Dans le secteur NE
pétroliers 2 269 et 3 000/36 sont discutables. (nappe libre) les transmissivités sont en général de 10 -3
à 10 -2 m2 /s mais on note de très fortes valeurs (2.10 -2
L'extension dans l'espace des calcaires turoniens m2 /s) et également un très mauvais résultat (1.10 -4
est très large : 1 150 km2 affleurements dont 800 km m2 /s) ; dans les secteurs où la nappe est captive on
au NE dans le secteur compris entre Zaouia-Ech- dispose des mesures suivantes : à l 'E à Kasba-Tadla,
Cheikh et Boujniba, 300 km2 au NW à l'W et au SW forage 1914/37 (T = 1.10-1 m2 /s) à l'W à El-Borouj,
du plateau des Phosphates, 50 km2 au N des Ganntour forage 642/36 (T = 2.10 -2 m2 /s) et au SE en Bahira
et entre les oueds Tressaute et El-Abid au SW, orientale, forages 1 535/36 (T = 7.10-3 m2 /s) et 759/45
auxquels s'ajoutent 8 850 km2 au moins où le Turonien (T = 6.10 -4 m2 /s). Une porosité efficace des calcaires a
est enfoui sous le plateau des Phosphates, la Bahira pu être mesurée sur huit échantillons prélevés au
orientale et la plaine du Tadla. Il faudrait encore forage 1 914/37 de Kasba-Tadla et fournit une valeur
inclure tout le flanc sud du synclinal du Tadla, flanc moyenne très forte : 20 %. Les coefficients
situé sous l'Atlas et où le Turonien est certainement d'emmagasinement sont variables (de 1 à 10 % dans le
présent. Au total, le réservoir représente donc quelque secteur NE où la nappe est libre) ; pour la partie
10 000 km2 dont 1 150 km2 d 'affleurements, 5 350 km2 captive de la nappe, une valeur de 1.10 -4 a été calculée
où il est recouvert par des séries peu épaisses (plateau à El-Borouj (forage 642/36).
des Phosphates - Bahira orientale) et 3 500 km2 où il
est profondément enfoui (synclinal du Tadla). PIÉZOMÉTRIE
La carte de la figure 111 présente la structure
profonde du Turonien calcaire dans l'ensemble du La carte de la figure 113 constitue une tentative de
bassin. Elle a été établie essentiellement à l'aide des synthèse piézométrique. Les zones N et surtout NE
données de sondages complétées par la géophysique sont bien connues, la zone SW l'est un peu moins bien.
(électrique en Bahira - sismique dans le Tadla). On On dispose de données peu sûres à l' W et d'aucune
remarque le contraste entre le monoclinal mesure au SE. La carte piézométrique, en dépit de ses
régulièrement penté au N et le plongement accentué de nombreuses inconnues et imprécisions, permet de
la partie sud (synclinal du Tadla). De petits accidents dégager les observations suivantes :
cassants doivent affecter le Turonien dans le secteur — le gradient piézométrique, orienté N-S dans la
SE au niveau du môle primaire des Rehamna-Jbilete; partie septentrionale, a une valeur très faible de
ailleurs, aucun indice de cassure n'a jamais été mis en 1.10 -2 dans la zone NE des affleurements et une
évidence. Enfin, le synclinal du Tadla apparaît valeur moins grande mais assez incertaine au NW ;
nettement et son axe se situe bien sous l'Atlas calcaire ceci peut s'expliquer par l'alimentation réduite dont
; le synclinal principal se prolonge sous la Bahira entre bénéficie fort probablement le réservoir au NW par
les massifs des Rehamna et des Jbilete. rapport à la partie NE ;
La carte des profondeurs du Turonien (profondeurs — dès la mise en charge de la nappe turonienne, le
gradient piézométrique décroît très fortement,
300 350 400 450
SETTAT
580/28
127/28 (793/809)
1/28 KHENIFRA
(?/675) (?/702) BOUJNIBA
3/28
5/28 (603/637) Chaouka
(?/654) O.
1007/28 KHOURIBGA
159/28 (642/665)
250 OUED ZEM
(?/649) 6/28
4/28
(?/612)
100 O.
2/28
(?/<568)
2/36
(?/536)
BOUJAD Srou
450/36
(436?/4622)
118/36 524/37
(460?/480?)
119/36 644/38 (512/479?)
(503?/500?) (463/466)
445/36 100
(?/>313) 645/36
(462/463) 2102 (?/289)
443/36 2107/37 KASBA TADLA
(462/277) (1/387)
EL TLETA DES 1914/37
200 441/36 ( >440/2337) (470/283) 2104/37
BENI OUKIL 442/36
EL BOROUJ (?/254?) 406/36 (>436/290?) 2108/37 (?/92) EL KSIBA
448/36 444/36 (>447/>152?) (1/237)
490/36 (?/221?) 446/36 447/36 2105/37
(290/290) 300 0 10 20 30 40 50
Sidi Chaho (1/178)
642/36 331/36
(site de barrage)
(306/296) (365?/198) FQUIH BEN SALAH
491/36 O.
(290/290?) 276/36 400
(9/41) RBIA Darna
Carte structurale du Turonien
500
200 ER 500 Profondeur du Turonien sous le sol
600
449/36 700OUM BENI MELLAL
(-365/-401!!!) Limite Nord du bassin versant de l'oum er Rbia moyen
OUED
0 1533/36 800
229/36 -400
(?/210) (-?/-439) Limite des formations primaires au Nord et l'Ouest
100 DAR OULD 900S. ES SEBT
18/36 100
ZIDDOUH
N
Tessaout
1000
L'W
300
S
NIEN VER
3000/36 (+/-555)
391/45 Affleurements de terrains secondaires anté-turoniens
XT
(380/227)
828/45
D'E
1535/45 100
(?/190)
Affleurement du Turonien
El
(146/210)
200
?
O.
TU R O
NAPPE
O.
759/45 642/36
LIMIT
FIG. 112 — Carte des profondeurs sous le sol du toit des calcaires du Turonien supérieur.
300 350 400 450
SETTAT
580/28
(793/809)
127/28 KHENIFRA
(?/675)
1/28 800
3/28 (?/702) BOUJNIBA Chaouka
5/28 (603/637)
O.
(?/654)
1007/28 KHOURIBGA 750
159/28
250
(642/665) OUED ZEM
(?/649) 6/28 700
4/28
(?/612)
650 O.
2/28
(?/<568)
2/36 600 BOUJAD
(?/536) Srou
550
450/36
(436?/4622) 500
118/36 500 524/37
(460?/480?)
119/36 644/38 (512/479?)
(503?/500?) (463/466)
450 445/36
(?/>313) 645/36
(462/463) 2102 (?/289)
400 443/36 2107/37 KASBA TADLA
350 (462/277) (1/387) 1914/37
EL TLETA DES
442/36 441/36 ( >440/2337) (470/283) 2104/37
300 EL BOROUJ BENI OUKIL (?/254?) 406/36 (>436/290?) 2108/37 (1/98) EL KSIBA
448/36 444/36 (>447/>152?) (1/237)
490/36 (?/221?) 446/36 447/36 2105/37
Sidi Chaho (290/290) (1/178) 0 10 20 30 40 50
642/36 331/36
(site de barrage) (306/296) (365?/198) FQUIH BEN SALAH
491/36 276/36 O.
(290/290?)
(9/41) RBIA 450 Darna
OUM
449/36 BENI MELLAL
(-365/-401!!!) Limite Nord du bassin versant de l'oum er Rbia moyen
OUED
1533/36 229/36
(?/210) (-?/-439) Limite des formations primaires au Nord et l'Ouest
DAR OULD S. ES SEBT
18/36
100
ZIDDOUH
N
Tessaout
L' W
?
S
NIEN VER
(+/-555)
391/45 3000/36 Affleurements de terrains secondaires anté-turoniens
T
(380/227)
D'EX
1535/45 828/45
(?/190) Affleurement du Turonien
El
(146/210)
?
O.
NAPPE
TURO
O.
FIG. 113 — Carte piézométrique de la nappe des calcaires du Turonien supérieur - Equidistance des courbes : 50 m.
PLATEAU DES PHOSPHATES 251
principalement dans la zone SE, au coeur du timer les infiltrations à partir de la pluie et de
synclinal du Tadla ; l'évapotranspiration calculée d'après Thornthwaite en
— en aval-écoulement de la nappe au SW, l'écou- tenant compte du fait d'observation montrant qu'il n'y
lement s'effectue d'E en W avec un gradient plus a pratiquement pas d'écoulement superficiel dans les
marqué au niveau de l'Oum-er-Rbia ; les sources zones d'affleurement du Turonien. Avec des
en charge de l'Aïn Igli (18/36) et de la confluence hypothèses prudentes, l'infiltration est estimée de 10 à
Tessaoute—Oum-er-Rbia (8 et 9/36 - 378/36) ne 20 % des précipitations, correspondant pour le secteur
fournissent malheureusement que des indications NE de Oued-Zem-Boujad à une alimentation effective
piézométriques approximatives. Dans ce secteur, de la nappe turonienne comprise entre 35 et 70
la Tessaoute aval et l'Oum-er-Rbia semblent millions de m3 /an. Dans les autres zones
constituer des axes de drainage très importants ; d'affleurement (300 km2 sur les pourtours NW, W et
— enfin, deux secteurs différents se distinguent dans SW) l'alimentation directe serait de 5 à 10 millions de
cette nappe de part et d'autre de la ligne de m3 /an. Au total, l'alimentation de la nappe par
courant passant par El-Borouj : le secteur NW où infiltration directe de la pluie serait comprise entre 40
le Turonien affleure peu et est de ce fait peu et 80 millions de m3 /an, l'essentiel provenant du
alimenté par infiltration de la pluie, et le secteur secteur NE. C. Archambault ajoute à cette
NE où les affleurements sont importants (800 alimentation directe une alimentation indirecte par
km2 ) et qui bénéficie de ce fait d'infiltrations de la drainance verticale de haut en bas à travers les assises
pluie plus abondantes. de recouvrement du Turonien lorsque celles-ci sont
peu épaisses (niveau Sénonien) et justifie cette
alimentation par les observations et mesures
CHIMIE DE L' EAU effectuées de l'infiltration rapide des eaux de la
Excepté dans les zones d'affleurement, il est retenue du petit barrage du Bou-Guerroum (NE de
souvent difficile d'attribuer les eaux d'un captage Fquih-Ben-Salah). La retenue repose sur 60 mètres de
(puits ou forage) à un niveau donné. Sur le dia- marnes calcaires sénoniennes à 2,2.10-6 m/s de
gramme de la figure 114, des eaux dont la provenance perméabilité verticale recouvrant l'assise des calcaires
turonienne est pratiquement certaine ont été du Turonien ; la retenue s'étend sur 37 hectares et
rassemblées en tenant compte d'une large répartition absorbe 0,7 m3 /s sous une charge moyenne de 2,6 m.
géographique. En généralisant ce phénomène, l'auteur admet qu'une
centaine de millions de m3 /an pourraient représenter
Toutes ces eaux sont du type carbonaté calco- l'alimentation indirecte s'ajoutant à l'alimentation
magnésien. On note que les eaux proches des zones directe. Selon que l'on admet ou non cette hypothèse,
d'infiltration de la pluie (puits de Oued-Zem : 86/29 - l'alimentation de la nappe serait alors de 40 à 180
Khouribga : 1007/28) sont moins chargées que celles millions de m3 /an.
situées au centre du bassin (El Borouj : 642/36 et
Kasba-Tadla : 1914/37), ces dernières étant plus On peut tenter, compte tenu des quelques indi-
douces que les eaux de l'aval (sources Aïn-Igli : 18/36 cations que l'on possède sur la piézométrie et la
et Bissi-Bissa : 9/36). transmissivité du réservoir turonien dans les secteurs
septentrionaux, de chiffrer les débits souterrains
L'éventail des concentrations totales (résidus secs à s'écoulant le long d'une courbe isopièze. Dans le
180°C) demeure compris entre 500 et 1 000 mg/l de secteur NW (plateau des Phosphates, partie à l'W
l'amont à l'aval ; les eaux du Turonien sont par d'Oued-Zem), le long de la courbe piézométrique 500
conséquent de bonne qualité dans l'ensemble du m, le débit serait de l'ordre de 1 m3 /s (avec T = 5.10 -3
bassin. Il reste à vérifier qu 'il en est bien de même au m2 /s - pente piézométrique = 0,5.10-2 - longueur du
coeur du synclinal du Tadla. front = 45 km), Pour le secteur NE (Plateau des
Phosphates à l'E de Oued-Zem), le débit souterrain le
PERSPECTIVES D'EXPLOITATION DU RÉSERVOIR long de la courbe piézométrique 500 m serait, estimé
TURONIEN de la même manière, de l'ordre de 3 m3 /s avec T =
Le Turonien pourrait constituer une réserve d'eau 5.10 -3 m2 /s et de 6 m3 /s avec T = 1.10 2 m2/s, les autres
considérable dans l'ensemble du bassin Tadla-Plateau facteurs (pente piézométrique = 1.10 -2 - longueur du
des Phosphates-Bahira orientale. Pour la zone où la front de nappe = 60 km) demeurant constants. Les
nappe est captive (5 000 km2 ) le volume emmagasiné deux valeurs retenues pour la transmissivité du secteur
serait de l'ordre de 10 à 50 milliards de mètres cubes. NE étant tout aussi vraisemblables l'une que l'autre, on
En outre, le réservoir est régulièrement alimenté par retiendra un apport moyen de l'ordre de 130 millions
infiltration de la pluie sur les zones d'affleurement. de m3 /an. En y ajoutant l'apport du secteur NW,
l'alimentation peut s'estimer à 160 millions de m3 /an
On a tenté (cf. introduction climatologique) d'es- au niveau de la courbe piézométrique 500 m, chiffre
252 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
1914/37 610
10 000 -
86/29 640 54
10 000
milliéquivalents
18/39 1000 56
1007/36 500 41
9/35 975 49
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
1914/37 Forage kasba Tadla
10
9/36 Aïn Bissi Bissa
0.1 0.1
10
FIG. 114 — Composition chimique des eaux des calcaires turoniens en représentation sur diagramme logarithmique.
voisin du double du maximum admis ci-dessus pour hydrologiques sont insuffisamment précis pour un tel
l'infiltration de la pluie sur les zones d'affleurement du usage. Les sorties connues se situent en Tessaoute aval ;
Turonien. En retenant ce chiffre, on notera que sources Aïn Igli (18/36), sources de Bissi-Bissa (8,9 et
l'alimentation annuelle ne représenterait que de l'ordre de 378/36), drainage par la rivière ; au total, elles
1 % des réserves (10 à 50 milliards de mètres cubes). représentent un peu plus de 1 m3/s (cf. chapitre 17;
Ganntour et Bahira), il est certain que par ailleurs
Les débits de sortie du réservoir sont actuellement très l'Oum-er-Rbia moyen et peut-être l'oued El-Abid aval
mal connus et l'on ne possède guère de moyen pour les drainent également la nappe turonienne si l'on s'en
mieux approcher de manière directe car les résultats
réfère à la carte piézométrique ; il est cependant très
PLATEAU DES PHOSPHATES 253
hypothétique d’avancer un débit de drainage. C. l'importance de ces réserves, on peut affirmer qu'aucun
Archambault 1972 accordait un rôle essentiel à une problème grave n'interviendra dans les dix à vingt ans
décharge de la nappe turonienne par drainance consécutifs à la mise en exploitation. Au fur et à
ascendante vers la nappe phréatique du Tadla, surtout mesure de la mise en exploitation, les niveaux d'eau
en rive droite de l'Oum-er-Rbia ; afin de tenter de baisseront lentement et la nappe jaillissante à l'origine,
préciser ce point un modèle mathématique a été devra être pompée.
confectionné en 1972. Ce modèle ne pouvait qu 'être Les connaissances acquises jusqu'à présent sur cet
très imparfait en raison des incertitudes qui pèsent sur aquifère important demeurent très minces, prin-
la répartition des transmissivités dont la gamme me- cipalement dans la zone en charge. Aussi, est-il es-
surée s'étend entre 1.10 -1 et 1.10 -4 m2 /s avec une sentiel avant d'inclure des projets d'exploitation dans
distribution spatiale très lâche ; en jouant sur les
les plans d'aménagement des Beni-Amir et de la
transmissivités, il était possible de reproduire la
piézométrie des zones d'alimentation par le N et le SW Tessaoute aval d'exécuter des travaux de forage
avec des débits d'entrée variant très largement (de 1 à profond afin de vérifier la constance de la bonne
5). Cependant, il s'est avéré impossible de reproduire à qualité du réservoir et d'acquérir des compléments sur
la fois la piézométrie des zones d'alimentation et de les niveaux piézométriques et la délimitation du
sortie et celle du coeur du synclinal (courbes 450 et secteur d'artésianisme jaillissant. Ces travaux seront
400 m de la figure 113) sans faire intervenir une certes onéreux, mais ils doivent être conçus pour que
exhaure au niveau du centre du Tadla, en rive droite les ouvrages d'étude s'intègrent ensuite dans le réseau
de l'Oum-er-Rbia. Dans la mesure où la piézométrie d'exploitation ; ces travaux doivent débuter dès1973
extrapolée au centre du Tadla est bien conforme à la (*).
réalité (seuls des forages de reconnaissance peuvent
vérifier cette hypothèse), la décharge de la nappe
turonienne par drainance verticale vers la nappe
phréatique plio-quaternaire peut être considérée
comme une certitude. Sur le cas traité par le modèle,
la drainance évacuait environ les 2/3 des volumes NAPPE DU SENONIEN
d'alimentation provenant du secteur NE du plateau des
DU PLATEAU DES PHOSPHATES
Phosphates (zone à l'E de Khouribga).
ET DU TADLA
Ces considérations sur les entrées et sorties du
système aquifère turonien sont hypothétiques et théo- Le Sénonien, constitué dans le plateau des Phosphates
(épaisseur de l'ordre de 60 m) d'alternances de marnes et
riques et n'affectent pas de façon décisive le projet de marno-calcaires d'origine marine, ne peut être considéré
d'exploitation du système qui doit être axé sur l'uti- comme un bon aquifère ; seule la « dalle calcaire
lisation des réserves. Compte tenu de la carte des intercalaire », située environ au tiers supérieur de la
profondeurs du Turonien, de la limite probable du formation, présente des caractéristiques physiques
domaine où la nappe profonde est artésienne jail- permettant des circulations d'eau appréciables. Le
lissante (fig. 113) et des besoins en eau dans le bassin, Sénonien s'épaissit depuis les bordures du bassin vers le
on peut concevoir deux zones où d'exploitation serait centre du synclinal du Tadla ; au sondage 3 000/26 au
intéressante : d'une part, le secteur de Fquih-Ben- pied de l'Atlas mais près du coeur du synclinal du
Salah où l'eau souterraine profonde et douce pourrait Tadla, le Sénonien inférieur lagunaire à évaporites à la
servir à la recharge du canal d'irrigation des Beni- base (épaisseur 200 m) est surmonté d'un Sénonien
Amir pour environ 100 millions de m3 /an (projet de marin épais de 200 m. Cependant le Sénonien est très
modernisation du périmètre des Ben Amir), d'autre mal connu au S d 'une ligne passant par El-Borouj—
part le secteur de la Tessaoute aval où des ressources Fquih-Ben-Salah—Kasba-Tadla.
nouvelles sont à apporter aux périmètres irrigués L'extension de la nappe sénonienne est identique à
traditionnels en substitution aux débits pérennes de la celle des terrains sénoniens, sauf semble-t-il au S et
Tessaoute-Lakhdar dont ils ne disposeront plus SW de Boujad où aucun puits ne paraît la rencontrer.
lorsque ces rivières seront aménagé e s au profit du Peut-être y a-t-il dans ce secteur une vidange directe
Haouz de Marrakech ; un prélèvement de l'ordre de 50
à 100 millions de m3 /an peut être envisagé en ce
secteur. (*) Une campagne de forages profonds a été effectivement entreprise en
3 1973-74 pour vérifier les hypothèses précédentes. Sept forages
Au total, quelque 200 Mm /an pourraient être profonds de 200 à 500 m étaient achevés en fin 1974, ayant tous
captés dans la nappe profonde du Turonien dans un apporté des résultats décevants : mauvaise transmissivité du
premier temps ; une partie de ce volume serait Turonien profond (1 à 5.10-3 m2 /s), faibles débits d'exploitation, eau
assez chargée en sels dans quelques cas. De fait, le Turonien
prélevée sur les réserves de la nappe. Seule s'individualise mal en cuttings et log électrique et une étude
l'exploitation permettra de définir la part des réserves micropaléontologique des échantillons est en cours, ainsi qu'une
qui est soustraite à titre définitif, mais compte tenu de étude des isotopes naturels des eaux du bassin, afin d'expliquer ces
mauvais résultats et éventuellement orienter la poursuite des forages.
300 350 400 450
SETTAT
cT
cT
cT KHENIFRA
85
0 Chaouka
80 O.
0
cT
KHOURIBGA 750 OUED ZEM
250
400
70
650 0 O.
600 Cs cT
Cs BOUJAD Srou
0
55
55 550
0
500 500
cT 50
0
450
45
0
EL BOROUJ
400
400
Sidi Chaho cT FQUIH BEN SALAH 0 5 10 15 20 25 km
(site de barrage)
O.
350
RBIA Darna
Infracombrien et cénomanien
Abid
cT Turonien
O.
FIG. 115 — Plateau des Phosphates : répartition des affleurements du Sénonien et de l'Eocène et piézométrie schématique des nappes contenues dans ces niveaux.
PLATEAU DES PHOSPHATES 2.55
vers le Turonien sous-jacent et très perméable, par gnésien-calcique, résidu sec à 110°C entre 300 et 800
percolation verticale à travers les assises du Sénonien mg/l.
inférieur. Les potentialités hydrauliques de la nappe séno-
Une carte piézométrique de la nappe sénonienne nienne, bien que difficiles à évaluer, sont vraisem-
(figure 115) a été dressée en fonction des relevés blablement modestes et les perspectives d'exploitation
récents (1968-71) à l'E du méridien Lambert 350. demeurent limitées à la création de points d'eau de
Entre les méridiens 350 et 320, l'Eocène sus-jacent faibles débits unitaires. Rappelons encore que cette
semble contenir une nappe généralisée dont le niveau nappe très étendue joue peut-être un rôle important en
piézométrique serait très proche (bien que légèrement alimentant par drainance verticale vers le bas, la
supérieur) de celui de la nappe sénonienne. Comme il nappe turonienne sous-jacente. On trouvera dans le
est souvent délicat de déterminer le niveau aquifère paragraphe « exploitation des eaux » l'exemple
exploité dans les puits anciens, on a admis comme à d'infiltration verticale vers le Turonien à partir de la
rattacher au Sénonien les niveaux d'eau relevés dans retenue du barrage de l'oued Bou-Guerroum.
les puits profonds de cette zone. A l'W du méridien
320 l'Eocène est érodé et les quelques observations
dont on dispose peuvent être rattachées au Sénonien,
exceptés quelques forages qui manifestement NAPPE DE L'EOCENE
exploitent le Turonien et quelques rares puits peu
profonds situés en fond de vallées et qui puisent dans Dans la partie septentrionale du plateau des
une nappe alluviale plus ou moins temporaire. Eu Phosphates les terrains éocènes paraissent secs, l'eau
égard à cette simplification, la carte piézométrique de pluie s'infiltrant jusqu'au Sénonien ; ceci laisse
est discutable, mais les observations détaillées d'ailleurs supposer que la série phosphatée Eocène-
effectuées en particulier entre les méridiens Lambert Maestrichtien et les calcaires du Lutétien sont assez
345 et 355 où l'on peut souvent distinguer les nappes perméables sur toute leur hauteur. En effet il n'y a que
sénonienne et éocène ont montré (Archambault, trois puits (au sud immédiat de Khouribga : 2 069/28,
1972) que la nappe éocène avait un niveau systé- et au sud-ouest d'Oued-Zem : 2 054/28 et 2 059/28)
matiquement supérieur à celui de la nappe qui captent des nappes vraisemblablement
sénonienne. L'écart qui est de l 'ordre d 'une quinzaine lenticulaires et contenues dans l'Eocène du Plateau.
de mètres au N en amont du bassin se réduit à moins Par contre une nappe généralisée est connue au
de 10 m au S, au niveau du contact avec le Plio- NW (secteur des Ouled-Ayad à l'W de Khouribga)
Quaterpaire de la plaine du Tadla. Par rapport à la ainsi que vers le S dans les régions de Tleta des Beni-
nappe profonde du Turonien, la nappe sénonienne a Oukil et d'El-Borouj, et en bordure nord du Tadla.
un niveau piézométrique toujours plus élevé sur le Cette nappe s'ennoie ensuite vers le S sous le Tadla où
plateau des Phosphates (40 m en amont, 10 m en elle devient captive. Il est possible qu'en certains
aval) alors que le phénomène s'inverse u S sous la endroits la piézométrie de la nappe éocène et celle de
plaine du Tadla. la nappe mio-plio-quaternaire du Tadla se raccordent
La pente de la nappe est dans l'ensemble assez de manière continue ; l'Eocène alimenterait donc
régulière du N au S dans la partie orientale du N au latéralement les aquifères récents du Tadla.
SW dans la parte occidentale, un peu plus forte à l'E
L'écoulement de la nappe libre se fait selon la
qu'à l'W où rappelons le les relevés sont plus certains
même direction que pour la nappe sénonienne sous-
; le gradient hydraulique est de l'ordre de 1.10 -2 dans
jacente et l'on a déjà vu que les piézométries étaient
la zone aval ; il semble que, comme pour la nappe
assez voisines, principalement dans la partie aval du
turonienne, le gradient diminue fortement lorsque la
plateau des Phosphates (fig. 115). Vers le S, la nappe
nappe sénonienne s'ennoie au S sous le recouvrement
se mettrait en charge progressivement sous le
plio-quaternaire du Tadla.
synclinal du Tadla.
Sous le plateau des Phosphates, la nappe
sénonienne est toujours profonde : 10 mètres sous le Les caractéristiques hydrauliques de cette nappe
sol dans les zones aval, 30 à 40 mètres à l'amont. ne sont pas bien connues. A Kasba-Tadla, un test au
niveau du calcaire lutétien, au forage 1 914/37, a
Les caractéristiques hydrogéologiques sont permis de déterminer une transmissivité de 5.10 -4 m2 /s
médiocres dans la majorité des quelques cas où elle a et une perméabilité horizontale moyenne de 2.10-5 m/s.
été mesurée : transmissivités entre 2.10 -4 et 2.10 -5 De même, deux autres forages situés au pied de l'Atlas,
m2 /s. perméabilités de l'ordre de 3.10 -5 à 3.10 -7 m/s. entre Taghzirt, et Beni-Mellal, ont rencontré des
Les débits exhaurés par puits sont toujours terrains marneux appartenant peut-être à l'Eocène : le
inférieurs à 2 ou 3 l/s pour des rabattements forage 1 930/37 et le forage 1939/37 dont les valeurs
importants. L'eau est douce en général et de bonne des transmissivités sont respectivement 9.10 -4 m2 /s
qualité chimique : faciès chloruré bicarbonaté ma-
256 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
et 2.10 -4 m2 /s et celles des perméabilités horizontales où le résidu sec est de 9 050 m/l et le faciès chloruré-
moyennes de 3.10 -5 m/s et 5.10 -6 m2/s. Le puits 695/36 sulfaté-magnésien-calco-sodique. Dans le secteur
situé à 5 km au NW de Fquih-Ben-Salah donne T = occidental l'eau est souvent fluorée (1 à 3 mg/l de
5.10 -3 m2 /s et K= 3.10 -4 m2 /s, correspondant fluor) et l'on relève de nombreux cas de darmouss
probablement au calcaire à Thersitées du Lutétien. La (maladies dentaires et osseuses).
perméabilité des couches phosphatées n'est pas connue
D'une manière générale cette nappe de l'Eocène est
sur le plateau des Phosphates, mais a été évaluée
encore plus pauvre que la nappe sénonienne sous-
autour de 1.10 -5 à 1.10 -l m/s dans le plateau des
jacente et l'eau qu'elle contient est de moins bonne
Ganntour (Youssoufia).
qualité. Cette nappe peut constituer une gêne pour
La qualité chimique de l'eau est variable, en l'exploitation de gisements phosphatiers (gisement de
général de faciès bicarbonaté chloruré (parfois sulfaté) Sidi-Hajjaj au NW entre Settate et Khouribga par
calco-magnésien, avec résidu sec à 110°C géné- exemple); cependant l'expérience du dénoyage acquise
ralement compris entre 500 et 1 500 mg/l. Parfois l'eau à Youssoufia montre que les volumes d'eau à extraire
est plus salée, en particulier au puits 763/36, sont faibles et que les travaux miniers n'en sont guère
affectés.
Khouribga atteint 28 000 m3/j dont 10 000 m3/j d'eau intéressant ; les meilleurs puits ne débitent guère plus
alimentaire et 18 000 m3/j d'eau industrielle. Une nouvelle de 5 l/s et les forages profonds déjà exécutés pour
laverie consommant 12 000 m3/j entrera en fonctionnement recouper la totalité de la série cénomanienne ont été
en 1973. Les ressources : 50 000 m3 /j dont 10 000 m3 /j des échecs. Cette adduction lointaine pourrait provenir
de ressources locales et 40 000 m3 /j provenant de soit de la plaine de Berrechid (20 km environ) mais
Fquih-Ben-Salah sont estimées supérieures aux dont les ressources sont déjà convoitées à d'autres fins
besoins jusqu'en 1976. C'est pourquoi de nouvelles (agriculture — ville de Casablanca — industries) soit
prospections ont été effectuées dans le secteur de de l'Oum-er-Rbia avec ouvrage de prise dans la retenue
Fquih-Ben-Salah en 1970-71, permettant de garantir la du barrage projeté à Sidi-Chéo ; si l'exploitation du
possibilité de pomper 450 l/s supplémentaires dans la gisement de phosphates de Sidi-Hajjaj à l'E de Settate
nappe des Beni-Amir, d'une eau de la meilleure qualité voyait le jour à moyen terme, une solution mixte O.C.P
possible pour cette région. — ville de Settate, du type de celle adoptée pour
Khouribga, présenterait des avantages pour l'amor-
tissement des importants investissements à consentir
SETTATE dans l'adduction à l'Oum-er-Rbia longue de quelque 45
La ville de Settate, devenue depuis peu chef-lieu km.
de Province, est un gros bourg rural situé dans une
région d 'agriculture en sec assez prospère. Cette ville OUED-ZEM
qui avait 18 000 habitants en 1936 en comptait 40 000 D 'une population de 30 000 habitants en 1970, ce
en 1970. centre ne disposait que de 5 l/s et vivait en état de vive
Le premier captage et la première adduction, pénurie depuis de nombreuses années (10,5 l/hab./jour.
datant de 1923, concernait l'Aïn Nzhar. Plusieurs en 1970). Ces 5 l/s sont fournis par 2 puits et 2 forages
améliorations furent réalisées depuis cette date. La exploitant le calcaire turonien aux abords même de la
source est captée par deux drains divergents. L'eau ville. Des travaux de prospection systématique suivis
provient de calcaires diaclasés interstratifiés dans des du creusement de puits, travaux effectués de 1970 à
marnes, d'âge cénomanien ; le débit important de ce 1972, viennent d'être couronnés de succès au S de la
point d'eau (13 l/s à l'origine, portés à 35 l/s par les ville : un débit de 40 l/s a été obtenu, garantissant la
derniers travaux de captage) est imputable à sa satisfaction des besoins jusqu'en 1985. On avait un
situation privilégiée car c'est l'exutoire principal d'un moment songé à raccorder la ville à la conduite OCP :
synclinal fermé de 40 km2 de superficie. Une Fquih-Ben-Salah—Khouribga, grâce à une bretelle
adduction longue de 3,6 km relie l'Aïn Nzhar à Settate Boujniba—Oued-Zem longue de 21 km et extrêmement
; les pertes au cours du transport ont été évaluées à 12 onéreuse.
l/s, soit le tiers du débit capté.
PETITS CENTRES RURAUX
Un autre captage, l'Aïn Settate, est exploité depuis
1956 en plein coeur de la ville. La source constitue un Boujad — Un drain en travers de la vallée de
exutoire important d'un bassin synclinal semblable à l'oued Bou-Guerroum à 10 km au NNW de la ville
celui de l'Aïn Nzhar, rempli de Cénomanien marno- produit environ 1 l/s, débit très insuffisant. Des
calcaire et plus vaste (160 km2 ). Cette source est recherches du type de celles effectuées à Oued-Zem
captée par un puits à galerie équipé d'un groupe sont en cours et ont de fortes chances d'aboutir.
électro-pompe. Le captage débite 15 à 20 l/s selon
l'hydraulicité des années. El-Borouj — Un forage au Turonien, profond de
113 m, équipé d'une pompe immergée, est susceptible
Il est à noter que les deux captages, non protégés, de produire 10 l/s pour une population de l'ordre de
sont très vulnérables aux pollutions (notamment l'Aïn 5000 habitants. Ces installations datent de 1956-57.
Settate située en pleine ville). Dans le passé des
travaux de forage et de puits effectués à proximité LE BARRAGE DE RETENUE
des sources ont montré que celles-ci étaient SUR L'OUED BOU-GUERROUM
rapidement influencées et qu'on ne pouvait escompter
exploiter de nouvelles ressources à proxi m i t é des 2 Ce petit ouvrage est le seul aménagement hydrau-
captages existants. lique des eaux superficielles sur le plateau des Phos-
phates ; le petit barrage sur l'oued Zamrine servant à
Pour l'avenir il faudra avoir recours à une l'alimentation de l'O.C.P. à Khouribga se situant dans la
adduction lointaine, seule solution susceptible de Méséta (chapitre 10).
satisfaire de nouveaux besoins importants tout en
supprimant les risques sanitaires des captages actuels. L'emplacement de l'ouvrage se situe à mi-distance
En effet, il n'existe pas à proximité de la ville d’autres entre Boujad au N et Fquih-Ben-Salah au S, au centre
sources que celles captées, d'un débit suffisamment
258 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
d'une vaste zone de pacage qui, faute de possibilité justifie pas en cette région ; il serait moins onéreux et
d'abreuvement, devait autrefois être abandonnée par beaucoup plus efficace de créer un réseau de puits
les troupeaux dès la fin des dernières pluies en raison exploitant la nappe turonienne, points d'eau qui
du tarissement rapide des oueds. Afin de maintenir les ouvriraient aux troupeaux de vastes zones de pacage
troupeaux dans cette zone un peu plus longtemps, on actuellement inaccessibles en dehors de la saison
construisit vers 1930 une retenue collinaire sur une pluvieuse.
petite vallée morte où l'eau est acheminée grâce à une
prise de dérivation sur l'oued Bou-Guerroum et un CONCLUSION
canal d'amenée long de 3,5 km. Il s'agit donc d'un
réservoir latéral à l'oued Bou-Guerroum, réservoir On a longtemps cru que le plateau des Phosphates
sommairement aménagé, sans dispositif particulier était l'une des régions les moins aquifères du Maroc ;
d'élimination des dépôts solides au niveau de la prise c'était aussi l' une des régions les plus mal connues. Les
ou du bassin d'accumulation ; la digue est une levée de travaux récents tendent à prouver que cette opinion
terre longue de 420 m, haute de 7 m en son maximum demeure valable dans la partie septentrionale, à I'W de
à l'origine et surélevée de 1,5 m en 1969. Sa capacité Oued-Zem, (plateaux de Settate—Ben-Ahmed et de
qui était de 325 000 m3 à l'origine est passée à 800 000 Khouribga) mais est fausse ailleurs. En fait le plateau
m3 en 1969 pour une hauteur d 'eau moyenne 2,6 m et des Phosphates constitue un « château d'eau
une superficie du plan d 'eau de 370 000 m2 . De 1930 à souterraine » assez bien arrosé, où le ruissellement est
1965, une épaisseur de vase de près de 3 m s'était faible, laissant une belle part de la pluviosité à
déposée sur l'ensemble de la cuvette, réduisant sa l'infiltration verticale vers un niveau privilégié, très
capacité, ce qui introduisit la nécessité d'une transmissif qui est le Turonien calcaire. Ce niveau
surélévation. draine en profondeur l'essentiel des débits souterrains.
Sur le plateau des Phosphates, la forte pente du N au S
Avant 1969, la retenue s'asséchait progressivement de la formation turonienne entraîne un gradient
en été, phénomène attribué à l'évaporation. Dès le piézométrique élevé et une hauteur d 'aquifère mouillé
début des travaux de surélévation, la retenue n'étant réduite, particulièrement en certaines zones où les
plus alimentée par l'oued, on constata qu'elle se vidait captages par puits s'avèrent difficiles ou impossibles ;
trop rapidement pour que l'évaporation soit seule en cependant vers le S, lorsque la nappe turonienne est en
cause et des séries de mesures précises mirent en charge, les débits des captages deviennent parfois plus
évidence des fuites imputables à une percolation importants alors que leur coût s'accroît rapidement en
verticale généralisée de l'eau à travers les assises du raison de la profondeur de la couche productrice.
fond de la cuvette. La retenue est construite sur la série
marneuse et marno-calcaire du Sénonien, épaisse de Sur le plan du bilan on peut considérer comme
60 m et reposant sur le calcaire très perméable du vraisemblable une alimentation annuelle en eau sou-
Turonien qui constitue un drain profond. On a pu terraine de l'ordre de 200 millions de m3 , dont 160
mesurer les perméabilités verticales des vases millions sortent du domaine au S pour alimenter la
superficielles (1.10 -9 m/s) et du Sénonien (2,2.10 -6 nappe profonde du Turonien du Tadla et 40 millions
m/s) et chiffrer les infiltrations qui à retenue pleine, sortent aux limites du domaine sous forme
passaient de 400 l/s avant surélévation à 740 l/s après d'abouchements avec la nappe phréatique du Tadla ou
surélévation en raison de la charge supplémentaire de sources au N et à l'W ou encore de consommations
créée par une plus grande épaisseur d'eau. Les travaux sur place.
de surélévation ayant été exécutés, on ne peut que
vérifier les prévisions des études : en dépit du plus Le plateau des Phosphates n'a guère de possibilités
grand volume accumulé, le plan d'eau s'assèche aussi agricoles faute de bonnes terres. Sa vocation est
rapidement qu'avant les travaux, ceux-ci lui pastorale et minière. Si l'exploitation phosphatière
garantissant une durée d'existence supplémentaire peut consentir les lourds investissements nécessaires à
d'une dizaine de jours dans la saison sèche. Des l'approvisionnement en eau de ses centres urbains et
épandages uniformes de vases dans la cuvette ont été de ses usines de traitement à partir de ressources
conseillés pour ralentir un peu l'infiltration. lointaines captées dans un autre bassin, il n'en est pas
de même pour les activités pastorales. Aussi est-il
Cette réalisation est riche d'enseignements. Tout nécessaire de poursuivre les investigations
d'abord le rôle important du Turonien calcaire dans la hydrogéologiques systématiques, notamment dans la
partie orientale du plateau des Phosphates est bien mis partie occidentale du plateau des Phosphates afin de
en évidence ; cet aquifère est susceptible de drainer pouvoir conseiller efficacement la mise en place
des débits considérables, même lorsqu'il est recouvert progressive d'un réseau dense de points d'eau à faible
par des assises plus récentes et assez peu perméables. débit unitaire, destinés aux troupeaux ; le succès de
Ensuite sur le plan pratique, une telle retenue ne se l'entreprise est à ce prix.
PLATEAU DES PHOSPHATES 259
REFERENCES
ARCHAMBAULT J. (1953) : Etude hydrogéologique de l'alimentation en eau Historique du sondage DRZ 1 = 2269/36. Rapp. inéd. BRPM, Rabat.
de la base aéronavale de Khouribga. Rapp. inéd. arch. MTPC/
DH/DRE, 20 pp., 3 fig. Bureau de Recherches et de Participations Minières (1969) : Historique
du coredrill TAN 101. Rapport inéd. BRPM, Rabat.
ARCHAMBAULT C. (1969) : Note préliminaire concernant l'alimentation en
eau potable de Boujad et éventuellement d'Oued Zem à partir des Bureau de Recherches et de Participations Minières (1972) : Historique du
ressources en eau locales. Rapp. inéd MTPC/DH/DRE, 9 pp.,2 fig. sondage KMS 1 = 3000/36. Rapp. inéd. BRPM, Rabat.
ARCHAMBAULT C. (1969) : Etude de la retenue du Bou-Guerroum. Rapp. CHOUBERT G. & FAURE-MURET A. (1960-62) : Evolution du Domaine
inéd, MTPC/DH/DRE, 15 pp., 3 fig. atlasique marocain depuis les temps paléozoïques. M. h. sér. Soc.
géol. Fr. (Livre mémoire P. Fallot), t. 1, pp. 447-527.
ARCHAMBAULT C. (1971) : Effets de la surélévation de la digue de la
retenue du Bou-Guerroum en 1969. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 5 COMBE M. (1973) : Modèle mathématique préliminaire de la nappe captive
pp. du Turonien du Tadla, orientations de la campagne de
reconnaissances 1973-1974.
ARCHAMBAULT C. (1971) : Reconnaissance de la nappe captive du a inéd. MTPC/DH/DRE, 10 pp., 6 fig.
Turonien et alimentation en eau potable du centre de Kasba-Tadla par
le forage 1914/37. Perspectives d'avenir et programme de FERRÉ M. & HAZAN R. (1963) : Exploitation de la nappe de Sidi Amor-
reconnaissances complémentaires. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 44 Gueffaf utilisée pour le complexe phosphatier de Khouribga. Ass. int.
pp., 6 fig. Hydrol. sci., Comm. eaux souterr., Congr. Berkeley (Calif.), publ.
Gentbrugge, n° 64, 1964, pp. 473-481.
ARCHAMBAULT C. (1971) : Alimentation en eau des centres de Oued-Zem
et Boujad, compte rendu de la campagne de pompages d'essais sur HAZAN R. (1958) : Alimentation en eau de Khouribga. Résultat des essais de
puits. Rapp_ inéd. MTPC/DH/DRE, 4 pp., 1 fig. débit effectués du 13 mai au 5 juin 1958 dans la région de Gueffaf-
Sidi Amor. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 26 pp., nbx fig., annexes.
ARCHAMBAULT C. (1972) : Piézométrie des aquifères du Plateau des
Phosphates et du Tadla. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 33 pp., 13 HAZAN R. & MOULARD L. (1961) : Alimentation en eau de Khouribga.
cartes. Adduction Gueffaf-Sidi-Amor. Rapp, inéd. MTPC/DH/DRE, 37 pp.,
BENZAQUEN M. & Boujo A. (coll. J.W.H. van den Bosch) (1963) : Etude
nbx. fig.
préliminaire du bassin de la Bahira-Tadla (partie orientale). Rapp.
inéd. Bur. Bassins séd., DMG, Rabat. MESSAOUD M. (1958) : Alimentation en eau d'El Borouj, étude de la nappe
du Turonien. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE, 6 pp.
BENZAQUEN M. (avec coll. A. Boujo & J.W.H. van den Bosch) (1964) :
Etude préliminaire du bassin de la Bahira-Tadla (partie occidentale). NÉRAT DE LESGUISE M. (1953): Etude hydrogéologique en vue de
Rapp. inéd. Bur. Bassins séd., DMG, Rabat. l'alimentation en eau du centre de Settate. Rapp. inéd. arch.
BOLELLI E. (1952) : Alimentation en eau des futures bases aéronavales à MTPC/DH/DRE, 14 pp., ,18 fig.
Khouribga. Rapp. inéd. arch. MTPC/ DH/DRE, 4 pp., 2 fig. NÉRAT DE LESGUISE M. (1953) : Etude hydrogéologique de la région située
BOLELLI E. (1952) : Plateau des Phosphates, in : Hydrogéologie du Maroc au N et NE de Khouribga. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE, 20 pp.,
Notes & M. Serv. géol. Maroc, n° 97, pp. ,197-204, 2 fig. 8 fig.
BOLELLI E. (1953): Etude hydrogéologique de la région au NW d'Oued YOVANOVITCH B. (:1937): Etude hydrogéologique des abords de Settate.
Zem. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/ DRE, 9 pp., 4 fig. Bull. CEES, 3ème sér., t. II, pp. 7-32.
Bureau de Recherches et de Participations Minières (B.R.P.M.) (1969). YOVANOVITCH B. (1937) : Généralités sur l'hydrologie du plateau de Settate
dans la partie méridionale. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE.
2.14 et 15.
LES BASSINS DES ABDA-DOUKKALA ET
DU SAHEL DE AZEMMOUR A SAFI.
Table des matières
par
Michel FERRÉ & Jean-Paul RUHARD
Présentation géographique
'
La région qui fait l objet du présent chapitre côtière de quelques kilomètres de large, « l'Oulja »,
appartient au Maroc occidental ; elle est comprise porte de riches cultures maraîchères.
entre les latitudes 32° 15' et 33° 15' dessinant un
ensemble d 'environ 7 700 km2 , dont le centre se situe La Plaine des Doukkala (3 500 km2 ) est une vaste
près de Sidi-Bennour, à 125 km en droite ligne au SW étendue limoneuse inclinée régulièrement (2 à 3 %)
de Casablanca. du Sud-Est au Nord-Ouest et son altitude décroît de
Ses limites sont les suivantes (fig. 116) : 300 m en bordure des Rehamna à 120-130 m au pied
− au N et à l'E, l'oued Oum-er-Rbia, du Sahel. Elle se prolonge à son extrémité SW par le
− à l'W et NW, l'océan Atlantique, couloir étroit des Abda.
− au S, la base des collines des Mouissate, Cette plaine présente des potentialités agricoles
− au SE, le massif des Rehamna. remarquables car les sols, formés à partir des limons,
sont variés et de bonne qualité (en particulier les sols
Deux grandes régions naturelles, disposées en argileux ou « tirs » dans le SW). Consacrée presque
bandes sensiblement parallèles à l'Océan, doivent être totalement (76 % de la surface cultivée) à la
distinguées : le Sahel, bassin endoréique côtier à l'W céréaliculture (390 000 ha), cette région devrait
et la plaine des Abda-Doukkala située à l'Est. pouvoir, grâce à l 'irrigation, diversifier ses cultures et
2 '
Le Sahel (4 200 km ), s étend sur une profondeur introduire des assolements plus rémunérateurs (coton,
de 30 à 50 km depuis Azemmour jusqu'à Safi, soit sur betterave). L'équipement en grande hydraulique est en
une longueur de 150 km. C'est un pays de dunes cours.
consolidées, allongées en longues crêtes d'orientation
SW-NE, parallèles au rivage ; par sa position et sa La population, très importante (700 000 habitants
morphologie, il constitue une barrière naturelle à en 1960), est essentiellement rurale et dispersée en
l'écoulement vers l'Océan des eaux superficielles 2000 douars de faible importance chacun (moins de
issues de la plaine des Abda-Doukkala et du Massif 1000 habitants). Les villes sont situées en bordure de
des Rehamna. l'Océan, aux deux extrémités du Sahel et se
' développent rapidement : El-Jadida (40 000 habitants
C est une région pauvre où les sols, limités aux
en 1960, 55 000 en 1971) et surtout Safi (80 000
dépressions interdunaires, sont squelettiques, peu
habitants en 1960, 130 000 en 1971) ; la croissance de
profonds et inaptes à produire de bonnes récoltes. La
Safi est due à l'implantation d'un très important
vocation de la région est l'élevage. Seule une frange
complexe industriel (chimie).
Géologie
Les Abda-Doukkala appartiennent à la grande unité des dépôts secondaires et tertiaires reposant sur des
géologique, connue sous le nom de « Méséta terrains primaires fortement plissés par l'orogenèse
marocaine»: celle-ci est définie par le régime tabulaire hercynienne.
262 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
0 5 10 15 20 25 KM
Cénomanien
Crétacé inférieur
Jurassique supérieur
Trias
OUM
Ordivicien
Combrien
Granite
ER
Micaschistes
Metamorphisme de contact
DAOURAT (Barrage)
RB
IA
OUALIDIA
ZEMAMRA
C. MEDDOUZA
SAFI
YOUSSOUFIA BENGUERIR
FIG. 116 — Situation, limites et schéma géologique simplifié des Abda-Doukkala et de leurs, bordures.
époque, la mer s'est avancée en transgression sur le Le Crétacé est extrêmement important et constitue le
continent émergé et son extension maximum vers le substratum presque continu des terrains plio-
Nord est limitée sensiblement par une ligne reliant quaternaires aquifères des Doukkala, tandis que certains
Youssoufia au Tnine-Rharbia. Les dépôts du Jurassique niveaux calcaires renferment les nappes les plus
supérieur sont constitués par des calcaires et marno- intéressantes du Sahel.
calcaires jaunâtres, à lits argileux, contenant de Une transgression néocomienne fait suite sans
nombreux bancs de gypse : certains forages de la région discontinuité à la transgression jurassique, mais elle est
de Safi témoignent en faveur de l'importance des faciès plus étendue vers le Nord et l'Est. A Safi, il n'y a pas de
gypseux (IRE 5 / 3 4 : 109 m de gypse sur 154 m de discontinuité avec le Jurassique ; par contre, en bordure
Jurassique). La puissance totale de ces dépôts est de des Rehamna, la série néocomienne est transgressive sur
plusieurs centaines de mètres. le Primaire ou le Permo-Trias.
AZEMMOUR
LEGENDE
EL - JADIDA O.
Ou 300
Forage m -e r
H H' -r bia
Courbe de niveau du toit de l'argile de Safi (ci 2a)
G
40
0
-20 Toit des argiles inférieures (jcC)
A
Zone d'affleurement des argiles de Safi (ci 2a) dans le Sahel
ID
AD
JORF LASFAR
LJ
Affleurement du Crétacé inférieur en bordure des Rehamna
n
nie
D'E
ma
1: Zones calcaires; 2: Zones argilo-sableuses Si SAÏD MAACHOU
U
EA
no
Cé
AT
Axe anticlinal
Axe synclinal
Monoclinal
F
100
Flexure
Faille
N N'
Tracé et référence des coupes géologiques N'
Si MOUSSA
20
0 Had-ouled-
0 2 4 6 8 10 km
frej DAOURATE
N
E
G'
E'
BOULAOUANE
20
40
40
M'
40
F'
80 Si SMAÏN
40
250
M
D
0
20
20
OUALIDIA
C
IMFOUT
E'
20
60
40
60
-40 60 ciC
100
-20
K
ZEMAMRA
B
0 Si BENNOUR
80 60
20 DAR- CAID TOUNSI
40
60
0 80
A
6 0 8 J 0
10 0
12 80
60
CAP MEDDOUZA 40
0
-10 ciC
I
C'
-10
0 80
L'
00
-2
0
0
10
-1
12
0
0
0
10
80
K'
Bhrati
300
0
20
60 40 60 Sk el Arba-
40 Ouled-Amrane
B'
60
Jemaa-Sahim
80
J' 200
A
SAFI MN
HA
A'
ur RE
su r rie
pé
ire su
te rn a siq
ue
cé ua u ra
s
é ta oq J
C r Pli
ns
sa
ne
Zo ur YOUSSOUFIA
érie
su p
ue BENGUERIR
I'
E siq
AT s
IS S J u ra
OU PLATEAU DES GANNBTOUR
200
150
M
250
FIG. 117 — Esquisse structurale du Crétacé inférieur d'après géophysique (méthode électrique) et forages. Les tracés AA',
BB'... sont ceux des coupes géologiques fig. 120 et 121.
264 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Le tableau ci-dessous résume la constitution li- du Crétacé inférieur manque totalement. Le Crétacé
thologique et la puissance des différentes formations inférieur est absent dans la région d'El-Jadida et les
du Crétacé inférieur, formations parmi lesquelles le Abda. La figure 117 synthétise les données acquises
calcaire de Dridrate doit être signalé par l'importance dans le domaine par les campagnes de géophysique
de son rôle en hydrogéologie. par méthode électrique.
A la fin du Néocomien, la mer se retire et le reste Une nouvelle transgression marine se produit
Calcaires : 200 m
Jurassique Marno-calcaires Transgression et discordance
Argiles à gypse
LEGENDE AZEMMOUR
O.
Affleurement des formations crétacées EL - JADIDA Ou 300
m-
H er-
Affleurement des formations primaires r
H'bia
G
Limite entre le Sahel (Plioquaternaire affleurant) et les Doukkala (comblement
limoneux sur le Plioquaternaire)
60 Courbe de niveau de la base du Plioquaternaire
A
ID
AD
Pendage JORF LASFAR 20
LJ
ien
Faille ou flexure
D'E
n
ma
Axe anticlinal Si SAÏD MAACHOU
U
EA
no
Cé
Axe synclinal
AT
PL
Monoclinal
N N'
Tracé et référence des coupes géologiques
30
Forage et horizon géologique atteint (ciC...)
ciC
Niveau rencontré sous le Plioquaternaire 40
100
mm Pliocène
50
Cénomanien ?
cM
ciC Néocomien argiles supérieures 60
Si MOUSSA
cieb " = calcaires de Dridrate N'
70
ciea ! " = argiles de Safi ci2b Had-ouled-
ci2b 80 frej
js " = jurassique supérieur ciC DAOURATE
N
G'
E
80
0 2 4 6 8 10 km ci2b ? 90
E'
0
ciC 11
-20 0
ciC 80 13 BOULAOUANE
100
-10 100 M'
F'
0 10 ciC ciC
90 110
20 Si SMAÏN
30
L
ciC 250
100
120
5 0 ciC M
6 0
10 90
70
D
ci2b ci2b
90
ciC
OUALIDIA 0
ciC 0 12
120
12
C
0
13
70
ciC ci2b
0
ciC 12 IMFOUT
E'
80
ciC
ciC
B
ciC Si BENNOUR
0
ciC ZEMAMRA 12 0 13
0
DAR- CAID TOUNSI
ciC 11
A
J 0 100
14 cM
0
10 13
0 op
CAP MEDDOUZA D
ciC '
90
1 100
ciC
ci2b
I
1 20
C'
16 40
ciC 150
0
L'
0
18
Xx
js
Bhrati
13 0
0
12
0
14
K'
js
110
300
pije !
0
20
11 0
90
12
10 0
Sk el Arba-
0
Ouled-Amrane
130
B'
js
200
A
Jemaa-Sahim J'
N
ji2o!
AM
e
SAFI cèn
H
lio
A'
er p
RE
js la m
de
js js js um
a xim
nm
nsio
xte
d'e
ite YOUSSOUFIA
Lim
TE ur
js SA érie
I'
BENGUERIR
UIS sup
MO ue
a s siq
Jur PLATEAU DES GANNBTOUR
200
150
250
constitué de débris de coquilles liés par un ciment de — des calcaires à grain fin, sans fossiles : c'est le faciès
calcite et d'hydroxyde de fer. La porosité (20 à 30 dunaire, tendre et chargé en éléments argileux ;
%) est fonction de l'importance du ciment et résulte — des marnes sableuses.
de l'arrangement des coquilles ;
— des sables jaunes, grossiers : c'est le même faciès La répartition horizontale et verticale de ces dif-
que précédemment, mais sans ciment ; férents faciès est irrégulière et capricieuse : il s'agit
d'une sédimentation de type peu profond, effectuée dans
— des calcaires recristallisés, très durs : le ciment
des conditions très variées.
calcaire a tout envahi ; il semble que ce faciès
corresponde à la circulation d'eaux souterraines La puissance des faciès marins, connue grâce à de
actuelles ou fossiles, d'après de nombreux indices nombreux forages, est très régulière dans la plaine des
(géodes, calcite automorphe, etc.) ; Abda-Doukkala (20 à 40 m). Dans le Sahel, il semble
266 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
que le faciès marin soit moins épais (10 m) ; les dunes L'étude stratigraphique a révélé d'importantes
par contre, prises à leur sommet, peuvent atteindre 70 m lacunes dues au retrait de la mer. A chacune d'elles
d'épaisseur au-dessus du substratum marin. Les forages correspond une érosion ou une abrasion des terrains
peuvent donc, selon leur position par rapport aux crêtes précédemment déposés lors d'une transgression de la
et creux inter-dunaires, rencontrer des épaisseurs de mer.
formations plio-quaternaires de 10 à 80 m, avant
Etant donné l'intérêt hydrogéologique des
d'atteindre le Crétacé sous-jacent.
formations plio-quaternaires et crétacées, deux phases
Le Quaternaire continental des Doukkala a fait l'objet d'érosion doivent retenir l'attention :
de nombreuses études géologiques et pédologiques. Des
— L'érosion anté-pliocène (fig. 118) et l'abrasion marine
forages exécutés dans les dayet Fertouaou (à 6 km à
pliocène. Les niveaux atteints par cette phase sont
l'Est de Sidi-Bennour) et Ouarar (à 15 km plus au Sud),
les marno-calcaires cénomaniens, les argiles rouges
permettent de distinguer dans ces terrains :
hauteriviennes et les calcaires de Dridrate.
— des limons anciens (ou inférieurs) ; ils sont épais,
Dans le Sahel, des campagnes de géophysique ont
essentiellement argileux et forment les 4/5 du
mis en évidence une érosion importante relative aux
remplissage de la plaine. Les indices de plasticité
argiles rouges : les calcaires plio-quaternaires et de
(20 à 58) déterminés en laboratoire, en font des sols
Dridrate forment alors un seul et même ensemble
à plasticité moyenne ; leur teneur en eau naturelle
perméable.
varie entre 12 et 18 % (soit une teneur à saturation
de 25 %) ; Dans les Doukkala, l'érosion a donné au Crétacé un
— des limons récents (ou supérieurs) ; peu encroûtés et modelé complexe : cette topographie enfouie
plus épais dans les axes d'oueds importants, ils conditionne en partie l'écoulement souterrain de la
apparaissent beaucoup plus sableux et graveleux que nappe.
les précédents ; ils ont subi l'action de phénomènes L'érosion quaternaire. Les transgressions marines
pédogénétiques et l'action d'agents morphologiques ont modelé les plates-formes en escaliers entre
récents (lessivage, tirsification, déflation éolienne). La Sidi-Smaïn et El-Jadida c'est-à-dire du SE vers le
densité des limons est très élevée (comprise entre 1,85 NW et donné naissance à des falaises mortes ; la
et 2,1). L'épaisseur des limons varie entre 10 et 50 m, plus récente, la falaise ouljienne, est très nette entre
avec un maximum de 88 m (forage 6/35), ce qui fait Jorf Asfar (Cap Blanc) et Meddouza (Cap Cantin).
apparaître la forme synclinale d'orientation SW-NE du L'érosion marine a enlevé les argiles rouges au toit
bassin des Doukkala. la zone la plus creuse étant des calcaires de Dridrate.
excentrée vers les Rehamna (fig. 119).
Quant à l'érosion continentale, son importance est
A noter l'existence de glacis à éléments grossiers manifestée par le creusement du réseau hydro-
très encroûtés, disposés en auréoles autour des Re- graphique; la géophysique a notamment mis en évi-
hamna ; ils plongent sous la surface actuelle de rem- dence des zones d'érosion totale du Plio-Quaternaire
blaiement. dans les dépressions présahéliennes (voir coupes géo-
logiques, fig. 120 et 121).
STRUCTURE
GEOMORPHOLOGIE
C'est essentiellement la tectonique tertiaire, Trois éléments morphologiques sont à distinguer
conséquence à la fois des mouvements orogéniques ri- dans la plaine des Abda-Doukkala (fig. 122) :
fains et atlasiques, qui a donné sa structure à la région. — les plateaux,
On distingue deux directions principales aux plis :
— les vallées, actuelles ou anciennes,
— les reliefs dunaires.
- une direction N-S, souvent superposée à des
éléments tectoniques hercyniens ; LES PLATEAUX
- une direction SW-NE à E-W, qui est celle de
l'orogenèse atlasique. Ils représentent les restes de la surface de
comblement par les limons inférieurs argileux ; sous
Toute cette tectonique est douce : on note en effet une mince épaisseur (1 à 2 m) de limons récents, on
des plis à grand rayon de courbure et des flexures à rencontre toujours les argiles rouges fortement encroû-
pendage faible ; les failles sont rares et n'intéressent que tées au sommet. La topographie de ces plateaux est
des secteurs très limités. peu régulière et des « dayet » (dépressions qui se
ABDA-DOUKKALA ET SAHEL DE AZEMMOUR A SAFI 267
O. OUED
250
175
220
225
25
6 17
ER-RBIA
30 26
43 10
250 10 35 20 250
25
30
41
10 37
8
5 22
38
33 30 35
41 28
2 30 Si BENNOUR
21
ZEMAMRA 43
225
40 225
35 56
50
30 88
5 4 38 40
8 5 30 60
30
60 52
18 40
250
225
80
220
FIG. 119 — Carte schématique de l'épaisseur des limons quaternaires dans la plaine des Doukkala.
remplissent d'eau en année pluvieuse) parsèment leur d'ensembles à topographie tourmentée à l'E d'une ligne
surface. Des talus les limitent, dont l'origine peut être Youssoufia-Zemamra.
tectonique ou fluviatile.
En approchant du contact avec le Sahel et vers LES VALLÉES ACTUELLES OU ANCIENNES
I'Oum-er-Rbia, les premières crêtes dunaires qui Le réseau hydrographique comprend deux oueds
émergent de la couverture limoneuse, apparaissent. principaux : l'oued Farerh et l'oued Bouchane, et des
Leur direction SW-NE a souvent imposé leur tracé aux oueds moins importants : oued Aouja, oued Souani,
vallées.
oued Mtal, oued Guerrando. Le dessin des vallées est
La déflation éolienne s'exerçant par ailleurs sur les complexe : à côté de thalwegs vifs, lorsque la pente est
limons supérieurs très sableux, a conduit à l'édification suffisante, il existe de nombreux thalwegs morts, cons-
268 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Aïn Takabrat
Digue de Safi
NNW Carrières S SSE
RS121 RS126 RP12
Rs121 454/54
A A'
100 m
Océan
0m
130/34 SE
NW
RS121 Puits Conduite d'Aïn Rhor Dar si Aissa
1194/34 B'
B
100 m
F
0m
D
NW SE
Aïn R'Tem
28/34
100 m
0m Tnine Rharbia
NW Projection Dépression 3/34 SE
53/26 d'Ain Rhor F
100 m D 233/26 D
Oualidia
Lagune
0m
E
NW
195/26 210/26 253/26
100 m RS121 SE
0m
NW 213/26
Proj.251/26 248/26 SE
Proj.214/26
Proj.254/26 El Tleta Proj.250/26 Proj.217/26 Proj.215/26 258/26
S RS 121 E
100 m
Proj.252/26
0m
SE
Sidi smain
NW
6/27
F Had Ouled Aissa F
1/25
Proj.224/26
100 m Lagune
0m
NW
1708/27
Oued Fel-Fel Oued Fel-Fel
G Proj 9/27 SE
R.P.9
100 m Moulay abdellah
? ?
0m
W H
H
El Jadida
100 m Oum er Rbia
RP Oued Fel-Fel
SE
0m
FIG. 120 — Coupes géologiques W -E à travers le Sahel (les tracés AA' - 13W, etc. sont repérés sur les fig. 117 et 118).
NW SE
0 5 10
Métres SAHEL MOUISSATE
ABDA
400 I'
I Galerie canal
Proj. 1258/34 de Safi Jemaa Sahim 420/34
300 126/34 js
1252/34 1257/34 8/34
200 RS126
js
pq ? ? NP
100 ciC js?
F? NP
js
0 ci2b ci2a ESE
WNW Arba Amrane
pq
100 cM? cM
ci2b
ci2b ci2a Fl
0 cMa? cMa
ciC
100 ci1
jcC
SSE
WNW DOUKKALA
Projection 69/35 REHAMNA
SAHEL Drain du M'Tal 211/35
Drain Transversal Sidi Bennour 212/35 L'
Sidi Smain ciC
300 5/27 1207/27 202/35 3/35 PT
L Drain du Fahri
1257/27 1210/27 ci1 jcC
200 1211/27
pq NP
pq NP jcC
100 cM cM
ciC? cM?
cM Fl Fl cMa
0 cMa cMa
100 ciC
cM
L' ql : Limons
Projection Quaternaire
Arba Mogress 1704/27 Projection Encroûtement calcaire épais
Oued Fel-Fel 173/27 1702/27 SEE
NNW 1706/27 1705/27
pq : Calcaires détritiques - Plioquaternaire
1289/27
pq
cM cM cM : Calcaires marneux - Cénomanien
100 cMa? cMa cMa
cM cMa
cMa F Fl
0 cMa : Marnes à gypses-Crétaé inférieur ou moyen
FIG. 121 — Coupes géologiques â travers les Doukkala (les tracés AA' - BB', etc... sont repérés sur les fig. 117 ou 118)
270 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
tituant une suite de dépressions plus ou moins fermées. région. Ils apparaissent dans la morphologie sur la
bordure sahélienne des Doukkala ; en effet à l'intérieur
Un seul oued possède un exutoire : l'oued Farerh, de la plaine, le manteau limoneux forme un matelas
dont le cours S-N s'infléchit ensuite vers le NE par suite trop épais au-dessus des formations calcaires et
d'un phénomène de capture, pour aller se jeter dans gypseuses pour que les karsts soient bien développés.
l'Oum-er-Rbia.
Les plateaux crétacés de la bordure des Rehamna ne
Les autres oueds se perdent dans la plaine, qui présentent pas de formes karstiques, malgré la grande
constitue ainsi un bassin fermé, endoréique. superficie où affleurent les calcaires. Les niveaux
Le réseau hydrographique existant à la fin du susceptibles de subir une karstification intense sont les
dernier pluvial quaternaire a été reconstitué ; complexe suivants :
dans le détail, avec de nombreuses diffluences et — le Jurassique supérieur, calcaire et gypseux, très
confluences, il ne présentait que deux exutoires : l'oued épais,
Farerh et l'oued Fel-Fel ou « rivière d'El-Jadida » qui — les calcaires hauteriviens de Dridrate, plus ou
devait couler avant l'établissement d'un système moins dolomitiques,
d'épandage de crues sur l'oued Bouchane. Cette vallée,
entaillée dans les cordons dunaires, conduit aux plates- — les marnes à gypse du Crétacé inférieur ou
formes d'El-Jadida, interprétées par M. Gigout comme moyen,
d'anciens golfes marins quaternaires. — les calcaires cénomaniens,
LES RELIEFS DUNAIRES — les calcaires détritiques plio-quaternaires.
Ils n'ont pas tous la même importance ni la même
aptitude à la karstification ; le plus important est le
Le Sahel, ou région côtière, est loin d'être une
Jurassique supérieur qui joue le rôle principal dans
région uniforme. Le NE, compris entre l'Oum-er-Rbia et
toute la partie SW de la région étudiée. Plus au Nord,
les plates-formes d'El-Jadida, constitue la zone la plus
lorsque le Jurassique a disparu, les phénomènes les plus
large de cette région (50 km), où les rides dunaires sont
spectaculaires proviennent surtout des marnes à gypse
entièrement dégagées des limons.
du Crétacé inférieur ou moyen. Quant au Plio-
Dans l'ensemble, la morphologie dunaire est ré- Quaternaire, sa constitution lithologique limite le
gulière : les crêtes se suivent sur de grandes distances développement d'ouvertures de grande taille.
avec la même orientation SSW-NNE, séparées par des Les lapiaz abondent au centre du Sahel, sur les
dépressions interdunaires, remplies de limons très crêtes dunaires dénudées par l'érosion ; dans le fond
sableux. des dépressions, ils peuvent être masqués en partie par
La portion centrale, entre Cap Cantin et Cap Blanc, les limons qui s'y rassemblent.
se présente comme un alignement régulier de crêtes
Les grottes ou gouffres sont très nombreux et
dunaires, parallèles à la côte sur une largeur de 20 km.
connus surtout dans le Sahel ; l'ouverture de ces grottes
Dans ce secteur, se développe un important
qui sont sèches, est sans doute ancienne.
effondrement karstique appelé «Bled-Sersif». Une
étroite frange côtière de quelques kilomètres de large Les dolines sont fréquentes ; de belle taille, elles se
contraste avec le reste du Sahel : c'est l'Oulja. Elle trouvent le plus souvent en groupes, alignés ou en
correspond à la plate-forme d'abrasion de la mer essaims. Un alignement de formes très récentes se situe
ouljienne (phase de creusement entre les glaciations notamment à l'extrémité nord de la vallée de l'oued Fel-
quaternaires du Riss et Würm) et est bordée à l'E par Fel ; il s'agit d'un karst qui redevient acte à l'occasion
une importante falaise morte. La gouttière elle-même de crues exceptionnelles (décembre 1963, novembre
n'est protégée vers l'Océan que par un cordon dunaire et 1966). Il apparaît en outre qu'une relation étroite existe
une partie est d'ailleurs envahie par les eaux marines entre la tectonique récente, les zones de creusement
qui forment les lagunes d'Oualidia et de Sidi-Moussa. fluviatile au Quaternaire et le développement des karsts
Vers le SW, jusqu'à Safi, le Sahel présente un aspect ; la tectonique a favorisé la karstification et aidé ainsi
différent par suite de la disparition du manteau plio- le drainage souterrain de la plaine.
quaternaire et de l'affleurement des divers niveaux du
Les uvalas ou dolines coalescentes existent dans les
Crétacé.
mêmes zones que les dolines simples. Il convient de
LE KARST signaler en effet l'existence de grandes dépressions
comme le Bled-Sersif (8 km sur 2 km), terme ultime de
la coalescence de dolines très nombreuses, ou comme
Les phénomènes karstiques jouent un très grand le Bled-Khatazakan (12 km sur 3,5 km), réceptacle et
rôle dans l'hydrologie superficielle et souterraine de la
MORPHOLOGIE DU MASSIF ANCIEN azemmour
O.
Principales crête appalachiennes des grès-quartzites EL - JADIDA Ou
m- 300
Relief de granite sain V er-
rb ia
Arénes granitiques
IV 0 2 4 6 8 10 km
MORPHOLOGIE DE LA COUVERTURE CRETACEE
Plateaux ou collines à sommets aplatis
MORPHOLOGIE DE LA COUVERTURE PLIOQUATERNAIRE CAP BLANC
Principales crêtes dunaires III
Falaise morte (en bordure de l'ocean)
Corniche plioquaternaire (le long de l'Oum-er-rbia) Si SAÏD MAACHOU
MODELE KARSTIQUE
j
l
Dolines
u
Formes fraiches
Ouvala
O
BOULAOUANE
Dolines empatées par des limons
Dépressions d'origine karstique Si SMAIN
à fond sensiblement plat 250
Zyen
Zones karstiques complexes
Gypse affleurant
OUALIDIA
IMFOUT
Si BENNOUR
ZEMAMRA
DAR-CAÏD-TOUNSI
Gorane
CAP CANTIN
p.q.
e
rie d Bhrati
Gale Safi
p.q. p.q.
Sk el arba-
Ouled amrane
200
Jemaa-Sahim
SAFI
p.q.
p.q.
YOUSSOUFIA
BENGUERIR
p.q.
p.q.
PLATE-FORME D'EL-JADIDA : II Sebt-Douib (65-55 m) III Pacha (35-25 m) IV Douar Khenedra (20-15 m) V Chanps de courses (5 m)
I Ouled-Rafaï (95-70 m)
GEOLOGIE
1. Limons argilo-sableux-2-sables : Quaternaire Calcaires détritiques : plioquaternaire Calcaires-marno-calcaires : Crétacé et Eocène (Ganntour)
Calcaires-marnes-gypse : jurassique supérieur Conglomérats et argiles rouges : Permo-Trias Schiste et grès : Cambrien Granite
200
exutoire d'eaux superficielles venant des Mouissate ficiels, les Doukkala possèdent un ensemble d'exutoires
(poltjé). souterrains qui ont fonctionné aux diverses époques
pluviales du Quaternaire et parfois fonctionnent encore.
Il semble donc que, dépourvus d'exutoires super-
Climatologie
La région des Abda-Doukkala se situe à la latitude ques sont assez nombreuses (29 postes), mais leur
moyenne du Maroc (32-33° N), à proximité immédiate répartition dans le temps et l'espace laisse souvent à
de l'Océan. Son relief est à peu près négligeable en ce désirer. La pluviométrie des Doukkala a fait l'objet
qui concerne l'influence possible sur la climatologie. d'études statistiques très poussées, montrant qu'un
Les températures sont modérées dans les zones proches ajustement des pluviométries annuelles à la loi de Gauss
de l'Océan, plus contrastées à l'intérieur. Les pluies était très satisfaisant pour les stations choisies en raison
tombent régulièrement en automne et en hiver ; une de leur longue série d'observations (période continue de
longue saison sèche s'étend au printemps et en été. Les 30 années agricoles : 1933-1963, fig. 123 et 124).
sécheresses catastrophiques sont rares, mais le total
pluviométrique ne correspond pas partout aux besoins Le calcul des modules pluviométriques des stations a
minima des cultures (300 mm/an). Les précipitations été effectué soit directement (5 stations au total), tandis
occultes (brumes, brouillards) sont d'un secours sensible que des coefficients de corrélation étaient calculés pour
à la végétation jusqu'à une grande distance de la côte et les autres dont les observations n'étaient pas continues :
atténuent les effets de l'aridité. ceci a permis d'homogénéiser les données et d'obtenir la
D'après la classification des climats du Maroc de G. lame d'eau moyenne annuelle des différentes régions par
Debrach, uniquement basée sur les températures, le les méthodes des isohyètes (fig. 125) et de Thiessen. Les
Sahel aurait un climat littoral modéré, tandis que la hauteurs de la lame d'eau moyenne obtenues par ces
plaine des Doukkala se placerait dans le climat semi- deux méthodes sont les suivantes :
continental chaud, caractéristique du Maroc au N de
— Sahel : 350 mm (isohyètes) et 330 mm
l'Atlas.
(Thiessen).
La saison sèche s'étend de juin à septembre, tandis
que la saison humide couvre en moyenne la période — Doukkala : 325 mm (isohyètes) et 315 mm
d'octobre à mars. Les pluies génératrices des grosses (Thiessen).
crues proviennent de la succession à intervalles réduits
de plusieurs perturbations d'Ouest. Il faut noter une dispersion importante des résultats
LES PRECIPITATIONS pluviométriques du régime hyperannuel par rapport aux
valeurs moyennes annuelles. Le tableau suivant rend
Dans la région étudiée, les observations pluviométri- compte de ces écarts observés.
Par contre, la répartition des pluies à l'échelle il a fallu se contenter de l'étude de quelques stations
mensuelle est plus difficile à étudier statistiquement et caractéristiques aux résultats complets, à savoir :
CLIMATOLOGIE 1933-1963
Y0USSOUFIA 17.0 7.8 19.0 8.3 21.4 10.0 24.0 11.7 26.6 13.1 29.8 15.9 33.9 17.7 33.7 18.6 30.4 17.4 26.4 15.0 21.7 11.9 17.4 8.9 25.1 13.0
SAFI 18.8 8.4 19.7 8.8 21.2 10.3 23.3 12.0 24.4 13.8 26.0 16.0 28.9 17.8 29.5 18.0 27.6 17.0 25.4 15.0 22.1 12.1 19.3 9.4 23.9 13.2
Y0USSOUFIA 12.4 13.6 15.7 17.8 19.8 22.8 25.8 26.1 23:9 20.7 16.8 13.2 19.0 270 - 42,8 E1B’ 3 da’ 260
SAFI 13.6 14.2 15.8 17.6 19.1 21.0 23.4 23.8 22.2 20.2 17.1 14.4 18.5 330 - 38,2 DB’3 da’ 330 1600 (P)
1952-1961
FIG. 123
CLIMATOLOGIE 1933-1963
Fig. 124
ABDA-DOUKKALA ET SAHEL DE AZEMMOUR A SAFI 273
El-Jadida, Safi et Sidi-Bennour. Les conclusions de étudiées : il s'agit du nombre de journées successives
ces études appellent les remarques suivantes : pendant lesquelles une quantité de pluie a été
recueillie. L'étude de la fréquence d'apparition des
— la quasi-totalité des mois peut avoir une pluviosité
jours de pluie consécutifs montre que le phénomène de
nulle,
persistance est très faible et que les pluies tombent
— la courbe des moyennes présente un ou deux ma- surtout au cours de journées isolées.
xima ; le premier, le plus net, se situe au mois de
décembre ; le second au mois de février-mars, Enfin, pour permettre une étude hydrologique des
Doukkala, les averses ont été étudiées pendant 3
— les courbes des différentes fréquences mettent années agricoles, grâce à 8 pluviographes implantés
bien en évidence la coupure en janvier de la saison dans les bassins versants des Rehamna (7) en amont de
pluvieuse en deux périodes : la région, et à Zemamra. Une cinquantaine d'averses
1. pluies d'automne débutant en septembre et par postes ont pu être ainsi analysées. L'histogramme
présentant leur maxima en novembre-dé- des fréquences a montré un maximum très aigu pour
cembre, les averses de durée inférieure ou égale à 1 heure,
suivi d'une décroissance rapide. Il apparaît en outre
2. pluies de printemps, maximum en février- que les averses à précipitations supérieures à 10 mm
mars et décroissant en avril-mai, se répartissent en deux ensembles :
— la sécheresse débute en juin et se poursuit en — celles aux hyétogrammes pointus et à base très
juillet et août, mois durant lesquels les précipi- étroite, de type orageux : elles correspondent à des
tations sont exceptionnelles. orages d'automne ou à des temps à « grains »
Le nombre de jours pluvieux reste inférieur à 100 accompagnant le passage du front froid des
et n'atteint en moyenne 50 que pour la région d'El- dépressions ;
Jadida, s'établissant à 45 à Safi et 46 à Sidi-Bennour.
— celles aux hyétogrammes à base large, de type
On note une diminution du Nord au Sud et d'Ouest en
cyclonique et présentant plusieurs pointes : elles
Est. La répartition mensuelle présente un maximum
correspondent à des précipitations peu intenses, de
très net en décembre et un secondaire en mars ; il n'y a
longue durée, lors du passage du front chaud des
pas, en moyenne, plus de 10 jours de pluie par mois et
dépressions. Quant aux averses-types, on a pu
les maxima dépassent rarement 20 jours par mois.
déterminer les hyétogrammes représentatifs de
Une étude statistique des pluies journalières a été même fréquence que celles des crues qu'on désirait
menée par ailleurs à partir des valeurs maximales de estimer. Cette approche a été possible à partir des
celles-ci pour chaque année de la série étudiée. Etant constatations suivantes :
donné l'intérêt hydrologique de ces valeurs, 7 stations
• Les fortes averses représentent la quasi-totalité
ont été sélectionnées pour tenter des essais
des hauteurs de pluies observées en 24 h; ainsi
d'ajustement graphique à diverses lois statistiques
on a pu se servir des ajustements statistiques
(Gibrat-Gauss, Gumbel, Fréchet).
des pluies journalières pour estimer les
Après comparaison des résultats obtenus sur la précipitations pour des averses de même fré-
station de Sidi-Bennour, la loi de Fréchet a été choisie quence ;
et appliquée aux autres postes. Ainsi, malgré la
• On a enregistré pendant les 3 années d'obser-
dispersion des résultats, il apparaît que les valeurs
vations dans les Rehamna, des averses de
décroissent avec l'éloignement océanique, pour une
hauteurs voisines des maxima observés en 30
même probabilité de retour. On retiendra :
ans et appartenant aux deux types d'averses
définis plus haut.
10 ans 25 ans 50 ans 100 ans
LES TEMPERATURES
Sahel 55 mm 70 mm 90 mm 105 mm
Doukkala 50 mm 65 mm 80 mm 95 mm La moyenne des températures maxima et minima
mensuelles et annuelles est reportée dans les tableaux
des figures 123 et 124.
Ces chiffres sont au demeurant fort modestes pour
un climat de type méditerranéen. Les courbes d'amplitude mettent en relief des
différences notables d'amplitude moyenne journalière
La prise en compte des pluies journalières maxi- entre les stations. Au cours de l'année, cette variation
males est suffisante pour la prévision des débits de d'amplitude est faible pour les postes voisins de
crues. Les séquences de jours pluvieux ont donc été l'Océan, avec un minimum en été.
274 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
On a relevé par ailleurs les températures maxi- les conséquences biologiques, écologiques et
males absolues suivantes : hydrologiques en sont très importantes.
El-Jadida : 40°C Dans le domaine des vents, les observations ont
Safi : 50°C été sporadiques. D'octobre à mai, les vents sont
surtout de secteur NW à SW ; de mai à septembre, ce
Sidi-Bennour : 51°C sont des vents de N et NE et surtout des brises
valeurs qui sont comparables à celles de stations marines d'W. L'existence de vents plus violents en été
présahariennes du Maroc. Ces pointes extrêmes sont contribue à augmenter le contraste entre l'évaporation
atteintes lorsque souffle le « chergui », vent de en saison chaude et en saison froide.
secteur E originaire des dépressions sahariennes ;
Les observations relatives à la température du sol
elles sont moins fréquentes que dans le Sud (10 à 15
portent à Zemamra sur les profondeurs suivantes : 2 -
jours par an). Quant aux minima, on observe quelques
5 - 10 - 20 et 30 cm et sont relatives à une seule
gelées exceptionnelles à l'intérieur, mais jamais en
année. Il en ressort que le sol est plus chaud que l'air
bordure océanique.
ambiant : l'écart, de 2 à 3°C en hiver, croît rapidement
Des mesures de la température de l'eau n'ont été en été pour dépasser 10°C en août.
faites que dans le bac type Colorado de Zemamra, à
raison de 2 par jour, à partir de 1965. EVAPORATION ET EVAPOTRANSPIRATION
Leur dépouillement montre que :
Dans les Doukkala, de rares mesures directes
— la température de l'eau varie moins que celle d'évaporation ont été faites ; celles relatives à l'éva-
de l'air ambiant ; potranspiration sont inexistantes. Quant aux méthodes
— pendant l'hiver, la température moyenne de indirectes d'appréciation de ces deux grandeurs, elles
l'eau doit correspondre à la température mo- dépendent de facteurs conditionnels, dont certains
yenne de l'air ; sont totalement ignorés (rayonnement solaire, pression
atmosphérique). De ces facteurs, la température de
— pendant le reste de l'année (surtout en été), les
l'air est celui dont les observations sont les plus
températures de l'eau excèdent de plusieurs
nombreuses : 3 postes ont été retenus (El-Jadida, Safi
degrés la température moyenne de l'air.
et Sidi-Bennour) pour une période de 20 à 30 ans. Les
En ce qui concerne l'humidité de l'air, seules des moyennes annuelles se tiennent entre 17 et 19°C avec
mesures psychrométriques ont été effectuées à Ze- une augmentation du N au S et d'W en E, tandis que
mamra, à partir de septembre 1966. Les maxima l'amplitude annuelle est pour :
varient très peu et sont élevés ; les minima sont El-Jadida : 9°6 C
beaucoup plus variables, accusant un minimum en
saison sèche et un maximum en décembre. L'obser- Safi : 10° C
vation montre toutefois que les brouillards sont très Sidi-Bennour : 14°1 C
fréquents et pénètrent loin à l'intérieur des Doukkala. Pour étudier l'évapotranspiration, le fait important
On les observe surtout au printemps et à l'automne. est l'écart positif plus ou moins grand suivant les
Le régime diurne se décompose ainsi à Zemamra : saisons entre la température du sol et celle de l'air.
— un palier voisin du maximum entre 22 h et 6-8 Quant à la durée moyenne de l'insolation, on a
h du matin en été ; il couvre en hiver admis qu 'elle est, dans les Doukkala, comprise entre
l'intervalle 18 h - 10 h ; les valeurs de Casablanca et de Marrakech.
— une décroissance rapide de part et d'autre de Pour le calcul de l'évaporation sur eau libre, la
ce maximum et un minimum entre 12 h et 16 formule empirique de J. Loup, basée sur l'évaporation
h. « Colorado » :
E mm = 9t - 33 pour t < 21°C
Les maxima extrêmes sont voisins de 100 %, lors
des journées à brouillard matinal ; les minima absolus E mm = 19t - 243 pour t > 21°C
sont atteints les jours de « chergui » (moins de 10 %).
(où t est la température moyenne du mois considéré),
En conclusion, si les températures sont compa- conduit à des valeurs moyennes tout à fait acceptables
rables à celles des zones arides du Maroc, le facteur de l'évaporation sur bacs, malgré une légère
humidité de l'air rend toute comparaison impossible ; surestimation hivernale. L'évaporation Colorado annu-
ABDA-DOUKKALA ET SAHEL DE AZEMMOUR A SAFI 275
0 5 10 15 20 25 KM
0
35
Stations pluviométriques en fonctionnement en 1969
AZEMMOUR DOUKKALA
Stations pluviométriques en fonctionnement plus en 1969 EL JADIDA Canal principale d'irrigation
300
400 Isohyète interannulle 300 mm O
l'Adir UE
D
OUM
Had Oulad Frej
ER
DAOURAT (Barrage)
Bir Bou ali
RB
250
IA
F. Mechre
OUALIDIA
Imfout (barrage)
C. MEDDOUZA
Fme Fontaine La Gare
300
Tnine Ouled Amrane
Od Harat
Skour Rehamna
O. Lakhdar
M'Tel M'Tel
YOUSSOUFIA BENGUERIR
BENGUERIR
El Anba
Sidi Embarek
Bouguedra
Loubirel
FIG. 125 — Abda-Doukkala, carte des isohyètes moyennes annuelles pour la période 1933-63 et
position des postes pluviométriques.
elle croît de 1485 mm à El-Jadida jusqu’à 1 806 mm à Il manque en outre dans les Doukkala d'importants
Sidi-Bennour, le maximum mensuel se situant en août renseignements pour calculer l'évaporation physique
(173 à 259 mm) et le minimum en janvier (77 à 89 potentielle mensuelle par la formule de L. Turc :
mm). Le tableau ci-dessous rassemble les résultats radiation globale et vitesse du vent notamment. Les
obtenus. évaluations simplificatrices de ces valeurs conduisent
aux résultats des tableaux ci-après.
Station S O N D J F M A M J J A Total
El-Jadida 158 138 113 89 77 85 99 112 123 147 171 173 1 485
Safi 177 146 122 96 89 95 107 124 139 154 200 205 1 654
Sidi-Bennour 217 160 111 81 77 87 104 122 147 192 249 259 1 806
Station S O N D J F M A M J J A Total
El-Jadida 65 73 100 123 150 173 183 174 152 126 96 68 1 483
Sidi-
Bennour 65 75 102 130 160 185 200 190 160 134 96 65 1 562
Les valeurs obtenues pour l'évaporation par la méthode de Thornthwaite (tableau ci-
dessous) apparaissent assez faibles. On retiendra que l'évapotranspiration potentielle est
plusieurs fois supérieure à la pluviométrie.
Station S O N D J F M A M J J A Total
Quant aux mesures directes de l'évaporation, celles tions. Ce sont les valeurs données par la formule de Turc
obtenues à l'évaporomètre Piche montrent une valeur qui apparaissent les plus raisonnables. On adoptera :
annuelle dans les Doukkala dépassant 1 900 mm avec des
valeurs estivales mensuelles considérables : 280 mm, soit
plus de 9 mm/jour. Elles portent sur la période 1964-67 Sahel : 1 300 à 1 500 mm/an
aux stations de Zemamra et de l'Oued-Frej. L'évaporation Doukkala : 1 400 à 1 600 mm/an
à Zemamra (1965-67) au bac Colorado modifié, est de L'ARIDITE
1306 mm, mais la précision des résultats n'est valable
qu'à 20 ou 30 % près. Cette notion, de caractère empirique, est accessible
par des indices, qui font intervenir une combinaison des
Au total, la meilleure estimation de l'évaporation est précipitations et de l'évaporation.
celle obtenue à partir de la formule de J. Loup, avec un
coefficient de minoration de 0,8. Ces résultats sont P
d'ailleurs recoupés par ceux du bac Colorado. On L'indice d'E. de Martonne s'écrit I = ______________
adoptera les valeurs suivantes : T + 10
avec P = hauteur moyenne annuelle des précipitations
Sahel : Partie NE :1 200 mm ± 250 mm T = température moyenne.
Partie SW :1 300 mm ± 250 mm Calculé pour diverses stations des Doukkala, il donne
les valeurs suivantes :
Doukkala : Moitié NW :1 400 mm ± 300 mm El-Jadida I = 13,2
Moitié SE : 1 500 mm ± 300 mm Sidi-Bennour I = 10,8
Safi I = 11,5
Traduits en débit fictif continu, ces chiffres
représentent de 0,4 à 0,5 l/s/ha soit 40-50 l/s/km2 de Ces résultats contribuent à placer la limite (I = 10)
surface évaporante. entre les domaines aride et semi-aride à l'intérieur de la
plaine. Le même calcul réalisé à l'échelle mensuelle
L'évapotranspiration potentielle est plus difficile à donne les résultats suivants à Sidi-Bennour, rendant
chiffrer, aucune formule n'étant recoupée par des observa- mieux compte du contraste climatique des saisons :
ABDA-DOUKKALA ET SAHEL DE AZEMMOUR A SAFI 277
J F M A M J J A S O N D
24,2 20,6 22,8 11,5 6,4 3,6 0 0 2,1 12,7 21,7 28,0
Semi- Semi-
Sub-humide aride Aride aride Sub-humide
Rappelons que le climat subhumide correspond à limite de la steppe et du désert et l'indice 100 marque
des oueds semi-pérennes, les climats arides et semi- la limite des cultures non irriguées.
arides à des écoulements temporaires. Ces résultats convergent assez bien ; en dehors de
L'indice de Thornthwaite est le plus répandu. Les la frange, côtière, où existent des conditions sub-
calculs ont été exécutés par F. Joly pour 3 stations. humides sèches, le Sahel et la moitié occidentale des
Les types climatiques sont les suivants : Doukkala appartiennent au domaine semi-aride, la
partie plus interne s'intégrant à la zone aride. La limite
EI-Jadida : D. B'2. d. a' avec I = — 35,6 ne peut être précisée davantage.
Safi :D. B'3. d. a' I = — 38,2 Par contre le quotient pluviométrique de L. Em-
Sidi-Bennour : EI. B'3. d. b'2 I = — 40,4 berger a permis de séparer plusieurs zones, liées aux
La limite entre l'aride et le semi-aride se situerait étages bioclimatiques. Sidi-Bennour est proche de la
donc près de Sidi-Bennour comme précédemment. limite semi-aride — aride tandis que la zone côtière se
Néanmoins, il semble bien que l'indice du littoral situe dans l'étage semi-aride. La carte phytogéo-
océanique soit trop élevé, l'humidité de l' air y freinant graphique publiée par L. Emberger place d'ailleurs
considérablement l'évaporation ; on ne doit pas cette limite en bordure des collines des Aounate, du
remonter au-delà du type subhumide sec. M'Tal et des Mouissate. On retiendra que les bassins
versants amont des Doukkala se placent dans le
Quant à l'indice de J. Dubief, il se réfère à l 'éva- domaine aride ; il convient donc de s'attendre à des
poration journalière, de l'évaporomètre Piche et ex- écoulements superficiels temporaires et à des nappes
p
rime le nombre théorique de jours que mettrait à souterraines alimentées de façon très irrégulière.
s'évaporer la pluie tombée en une année : D' = P/EJ.
L'évaporation potentielle est de loin supérieure à
En utilisant les valeurs précédentes, on obtient : la pluviométrie, ce qui ne signifie pas une absence
Sahel : E = 4,l mm D = 83 d 'écoulement ; mais l 'impossibilité de prendre en
Doukkala : E = 5,3 mm/j D = 60 compte la concentration de la pluie sur quelques jours
ou quelques heures suffisent à expliquer ces ano-
Dans cette gamme l'indice 28 correspond à la malies.
Hydrologie superficielle
Crue d'orage
Q maxi pointe 60 m3 /s 100 m3 /s 125 m3 /s
Q spécifique 1 700 l/s/km2 680 l/s/km2 200 l/s/km2
Cru 50% 35% 20%
Crue cyclonique
Q maxi pointe 50 m3 /s 65 m3 /s 85 m3 /s
Q spécifique 1 200 l/s/km2 440 l/s/km2 200 l/s/km2
Cru 55 % 25 % 20 %
Hydrogramme
Temps de réponse 3/4 h à 1,5 h 2à3h 8à9h
Temps de base 4hà5h 7 à 9h 12 à15 h
Temps de concentration 5hà6h 9 à 10 h 18 à 20 h
Caractéristiques des crues décennales des bassins versants issus des Rehamna (Cru =
coefficient de ruissellement utile)
Au niveau des stations hydrologiques situées en des berges hautes de 5 à 10 m, tandis que la section est
bordure amont de la plaine, les lits des oueds sont suffisante pour le passage des crues décennales
encaissés et empêchent tout débordement important, jusqu'au centre du casier d'irrigation de Boulaouane.
tandis que leurs pentes permettent le transport de la L'oued commençait à divaguer avant l'aménagement en
charge alluvionnaire. La situation évolue par contre colature d 'une de ses branches et la réalisation du
rapidement en avançant dans la plaine : les pentes réseau de drainage. Les stagnations d'eau sous forme
diminuent, les lits deviennent moins encaissés, les de dayet sont pratiquement inexistantes, du fait de
débordements et les diffluences se multiplient. Les l'exutoire vers l'Oum-er-Rbia.
éléments qui conditionnent l'hydrologie sont outre les
oueds issus des Rehamna ou de la plaine, les dayet ou A l'E de la vallée de l'oued Fareh, la zone des
mares temporaires qui occupent les points bas de la sables de Bni Hellal constitue une zone de stagnation
topographie, et les dolines ou avens, susceptibles des précipitations sans apport amont ni exutoire aval.
d'absorber une partie du débit de surface. L'action de
l'homme a par ailleurs contribué à perturber le réseau : Le bassin central qui recouvre les casiers d'irri-
création du système de drainage et de colatures, de gation de Sidi-Smaïn et de Sidi-Bennour, est le point
zones d 'épandage de crues, des rhedir ou dayet de convergence des oueds issus des Rehamna, à
artificielles et des forages absorbants. Le découpage en l'exclusion du Fareh. La partie amont est une zone de
bassins est très délicat, mettant en évidence le ruissellement où les stagnations n'existent pas, tandis
caractère tourmenté de la plaine (fig. 126) très qu'à l'aval, à partir de la cote 200 m, on note leur
défavorable à un équipement hydraulique. présence sous forme de dayet. Le réseau
hydrographique très dégradé ne permet le passage vers
Le bassin tributaire de l'Oum-er-Rbia est par contre l'aval que d 'une faible partie des débits. L'oued Fel-Fel
bien drainé et présente des thalwegs courts et pentus. constitue cependant, lors des fortes crues, un exutoire
L'oued Fareh, à sa sortie des Rehamna, fait un coude à possible au bassin central, dont le drainage artificiel
angle droit pour prendre une direction S-N et se jeter améliore l'évacuation des eaux de surface.
dans l'Oum-er-Rbia par une vallée encaissée dans les La zone des sables de Zemamra est une zone à
dunes du Sahel. Cet exutoire est le résultat d'une topographie dunaire, très comparable à la zone des
capture, lors de l'enfoncement du fleuve au
Quaternaire. Le lit est dans l'ensemble encaissé entre
ABDA-DOUKKALA ET SAHEL DE AZEMMOUR A SAFI 279
0 5 10 15 20 25 KM
OUM
Dayas importantes
BASSINS
1
l
Tributaires de l'Oum er Rbia
Fe
2
el-
F
Faregh
O.
ER
3 Sables de Beni Hellal
4 Central 2 DAOURAT (Barrage)
5 Sables de Zemamra
6 Présahélien
7 Tnine Rharbia
8 Jema Sahim
Si SMAIN
9 Oued Safi
10 pied Khatazeken
RB
4 3
IA
OUALIDIA
6 5
Si BENNOUR
Mra BEN ABBOU
ZEMAMRA
O. fare
C. MEDDOUZA
gh
Ao
uja
7
O.
M'T
al
9 O. Kal
SAFI
YOUSSOUFIA BENGUERIR
10
sables de Bni-Hellal. Cette zone est caractérisée par Dans le bassin de Jemaa-Sahim, les oueds issus
une absence totale de ruissellement et une densité des Mouissate ne sont pas assez conséquents pour que
étonnante de dayet de toutes tailles. leurs eaux atteignent la gouttière des Abda : elles se
Les dépressions présahéliennes, en contrebas de la perdent par épandage sur le piedmont. On note la
ligne d'affleurement des premières dunes plio-qua- présence de dayet autour de Jemaa-Sahim où existent
ternaires (entre Zemamra et Had-Ouled-Frej), des infiltrations importantes, à la faveur de dolines,
constituent une zone de transition avec le Sahel, dont dans le Jurassique. Il en est de même dans le bassin de
la bonne qualité du drainage est liée à la faible Safi, où on note en outre, à la suite de pluies
profondeur des calcaires du Plio-quaternaire. abondantes, une évacuation des eaux jusqu'à l'Océan.
Le bassin de Tnine-Rharbia est caractérisé par un
ruissellement concentré, sans aucune liaison Enfin le Bled-Khatazakan, au SE de Safi, collecte
hydrologique avec les bassins amont. L'eau se des eaux d'un bassin de 250 km2 sur le flanc NW des
rassemble dans de vastes dayet où seule l'action de Mouissate. En novembre 1966, il a reçu environ 6.106
l'évaporation se manifeste actuellement. Une éva- m3 , confirmant ainsi son activité karstique actuelle.
cuation importante des eaux de surface devait s'ef-
fectuer au Quaternaire dans le réseau karstique des Le réseau actuel est une image peu modifiée du
calcaires de Dridrate. réseau quaternaire à la fin du dernier pluvial ;
280 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
1 Tributaires
Oum-er-Rbia — — —
Nord 225 —
3 Zones des sables
de Bni-Hellal 430
Sud 205 —
Aval 320 —
5 Sables de
Zemamra 290 —
Zemamra 120 —
6 Dépressions
Had-Ouled-Frej 180 —
présahéliennes 310
Arba-Mogress 10 —
7 Bassin de
Tnine-Rharbia 725 — — —
Piedmont des
Mouissate 140 150
8 Bassin de
Jemaa-Sahim 250
Plaine Abda 110 —
9 Bassin de — — — 110
l'oued Safi
10 Bled-Khatazakan 220. — — 250
Bassin central 3% 13 %
Bassin de Safi — 5,5 %
Bled-Khatazakan — 8,5 %
L'Oued Fareh évacue la quasi totalité de ses eaux à Les oueds Aouja et M'Tal concentrent 1 eaux à
l'Oum-er-Rbia ; lors des débits de pointe, km l'aval de Sidi-Bennour : il s'y opère un laminage et des
étalement de la crue s'opère cependant entre Khémis-
pertes importantes. L'oued Bouchane répartit ses eaux
M'Touh et Had-Ouled-Frej et on peut admettre que les
pertes liées à cet épandage ne dépassent pas 15 à 20 % entre les dayet Fertouaou et Ouarar selon les modalités
de l'apport. suivantes :
6,6.106 m3 (stockage)
Fertouaou 1.106 m3 2,4. 106 m3 (évacués à l'aval)
Le ruissellement propre de la plaine a été étudié sur vices techniques pour évacuer les eaux de la daya, a
le bassin de Tnine-Rharbia qui ne reçoit aucun apport modifié cet équilibre naturel et rendu l'oued Fel-Fel à
de l'amont et ne possède aucun exutoire, à partir du nouveau fonctionnel, au point que ses eaux menacent
planimétrage des dayet sur photos aériennes ; on a El-Jadida, en cas de crue exceptionnel-le.
obtenu une valeur globale élevée, comprise entre 4,5 et
Les crues de l'oued Aouja doivent, pour dépasser
5,5 %. Le calcul a permis en outre de fixer la valeur de
Sidi-Bennour, atteindre un volume de 1 à 1,5.10 6 m3 ;
0,29 l/s/ha comme base d'estimation des volumes
la fréquence des crues d 'un volume supérieur est au
journaliers à évacuer en cas de pluie, en l'absence de
moins décennale. Là encore, l'action de l'homme a
tout réseau de drainage. L'estimation du volume stocké
dynamisé les eaux sauvages et accéléré leur transit
dans les dayet a été tentée pour la crue de décembre
vers l'aval de la plaine.
1963 et chiffrée à 27.166 m3 .
Des observations détaillées de la propagation des Au total, les observations quantitatives de la
crues ont été effectuées sur le Fel-Fel. Des différences période novembre 1963 - janvier 1964 peuvent être
synthétisées ainsi pour la plaine des Abda-Doukkala
importantes apparaissent de 1927 à 1963 et sont liées à
(3500 km2 ) :
la variabilité des conditions pluviométriques et à
l'action de l'homme. Quant à l'écoulement du Fel-Fel, Précipitations (250 mm) = 875.10 6 m3
il dépend à la fois des crues de l'oued Aouja et de Apports des oueds amont = 12,6.10 6 m3
celles de l'oued Bouchane qui débouchent dans la daya Exutoires (Fel-Fel et Fareh) = 5.106 m3
Fertouaou: sa fréquence liée d'abord au remplissage de Infiltrations dans la nappe = 2 à 5.10 6 m3
celle-ci, devait être jusqu'à une date récente de 1 fois Rétention superficielle (dayet) = 27.106 m3
en 25 ou 30 ans. Mais l'intervention récente des ser-
Il est certain cependant que les dayet n'apparaissent
282 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
raissent pas systématiquement chaque année dans les celles au cours desquelles on observe un total de
Doukkala. Il ressort de tout ce qui précède que deux pluies supérieur à 200 ou 250 mm en 2 ou 3 mois,
facteurs principaux jouent : la hauteur de pluie avec au moins 90 à 100 mm recueillis en une
cumulée et la concentration. En dessous de 100 mm/ quinzaine ; la fréquence de retour du phénomène doit
mois, quelle que soit l'intensité, aucune daya ne dure se situer entre 10 et 15 ans, le facteur interannuel
plus de quelques jours ; les « années à dayet » sont devant en outre s'y superposer.
Hydrogéologie
ascendantes dans la plaine. Trois forages implantés Les puits sont donc très rares et les habitants des
dans la région de Sidi-Bennour et du M'Tal ont été Abda-Doukkala s'alimentent à partir de citernes.
exécutés en 1952 pour vérifier cette hypothèse. Dans
En conclusion de ce paragraphe concernant les
le forage 202/35 près de Sidi-Bennour, l'eau a été
nappes profondes, on peut dire que toutes ces nappes
ascendante à 350 m de profondeur dans les calcaires
sont ascendantes (leurs niveaux piézométriques se
néocomiens et le niveau stabilisé à 35 m sous le sol ;
situent entre 40 et 50 m de profondeur) mais que la
un essai de pompage a donné 5 l/s pour un rabattement
médiocrité des débits et la mauvaise qualité chimique
de 10 m. Le faciès de l'eau était chloruré sodique avec
des eaux condamne toute exploitation de ces nappes
un résidu sec de 2,7 g/l.
profondes dans les Doukkala.
0 5 10 15 20 25 KM
OUM
0
10
ER
150
0
10 DAOURAT (Barrage)
RB
100
IA
OUALIDIA
0
15
Si BENNOUR
0 Mra BEN ABBOU
20
ZEMAMRA
C. MEDDOUZA
0
15
0
20
0
15
REHAMNA
200
SAFI
YOUSSOUFIA BENGUERIR
GANNTOUR
Les isopièzes sont ici beaucoup plus espacées et le clinale de la bordure sahélienne et à l'absence
gradient ne dépasse pas 1 %. Les directions d'alimentation par la surface de la plaine. Dans le N
d'écoulement différent au NE et au SW de la première du secteur du Fareh notamment, la disparition de la
dorsale ; dans le secteur de l'oued Fareh notamment, nappe Plio-Quaternaire est brutale : à Had-Ouled-
l'écoulement souterrain apparaît nettement Frej, trois sondages confirment en effet son absence
conditionné par la direction du synclinal qui s'infléchit dans les calcaires détritiques, alors qu'on rencontre
progressivement vers l'W. Au SW par contre, une nappe importante dans les calcaires moyens ; le
l'écoulement reste conforme à ce qu'il était à l'amont : problème du déversement de la nappe du Plio-
l'anticlinal de Sidi-Bennour, par son orientation Quaternaire n'est donc pas résolu.
perpendiculaire à l'écoulement général, doit jouer un Profondeur de la nappe
rôle de barrière et ne permettre le transit vers l'aval Le caractère profond de la nappe est mis en évidence
que du « trop-plein » de la cuvette synclinale amont ; par la carte des isobathes. Dans l'ensemble, la profondeur
— un secteur aval, moins bien connu, où la narre est supérieure à 40 m et peut atteindre 70-80 m ; dans la
circule dans les niveaux crétacés sous-jacents du vallée de l'oued Fareh seulement, elle demeure inférieure
Plio-Quaternaire : ceci tient à la structure anti- à 40 m.
286 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Dans l'ensemble la qualité des eaux des Doukkala Il semble donc illusoire de vouloir chiffrer
est très médiocre. Près de 1 000 puits ont fait l'objet de l'alimentation de la nappe des Doukkala ; elle doit
prélèvements pour analyses chimiques de l'eau, d'ailleurs être très faible et très aléatoire. Les secteurs les
représentant environ 80 % des puits existant dans la plus favorisés se situent au débouché dans la plaine des
plaine. oueds importants : Bouchane et Fareh.
Dans le secteur d'Had-Ouled-Frej où la piézo-
Régime de la nappe métrie est régulière, la formule de Darcy a permis
Le réseau de surveillance de la nappe comporte 55 d'approcher le débit transité. Pour T 4.10-3 m2 /s on
puits-témoins ; ceux-ci ont été relevés mensuellement aboutit à un débit de 40 l/s par kilomètre de front de
depuis 1963, mais leur densité est trop faible et pas nappe sur l'isopièze 110, soit 100 l/s pour toute la
assez homogène. largeur de la vallée.
L'examen des courbes de variations annuelles Les exutoires sont moins bien connus encore,
montre que seuls les puits situés à l'amont de la nappe notamment à l'W d'une ligne Sidi-Bennour—Zemamra,
ont un régime de fluctuation annuel : le minimum se où les puits sont rares ; plus au Sud, le Jurassique doit
place en septembre-octobre, tandis que le maximum, constituer un exutoire pour la nappe du Plio-
plus variable, se situe de décembre à avril (IRE 646, Quaternaire. A l'E de la ligne Sidi-Smaïn—Sidi-
1093 et 1094/35). Vers l'aval, les amplitudes de Bennour, la nappe semble par contre en liaison étroite
variation diminuent pour ne plus être sensibles dans le vers le Nord avec celle du Cénomanien ; il est
centre de la plaine. A l'approche du Sahel par contre, vraisemblable que la nappe du Plio-Quaternaire se
les variations annuelles redeviennent sensibles. déverse dans la nappe cénomanienne, à la faveur d'un
changement de faciès du sommet de cet étage et qu'elle
On peut noter sur les courbes de variation pié- trouve ainsi son exutoire vers l'Océan.
zométrique de la plupart des puits témoins une
tendance hyperannuelle de très faible hauteur (2 à 5 m)
en valeur absolue : comparées cependant à l'épaisseur LES NAPPES PERCHÉES DES LIMONS
moyenne de la nappe, ces variations apparaissent
relativement importantes. QUATERNAIRES
Il s'agit d'accumulations très locales dans la partie
Alimentation et exutoires de la nappe superficielle des limons. Elles sont liées au réseau
hydrographique actuel ou fossile. L'eau est contenue
Les alimentations peuvent être dues : à une dans les limons alluviaux récents, dans les zones les
infiltration des eaux de pluie et d'épandage à partir de plus sableuses, l'imperméable étant constitué par les
la surface de la plaine elle-même, des plateaux limons anciens sous-jacents. Ces niveaux se situent
calcaires de bordure ou également à partir des oueds. entre 2 et 10 m de profondeur. Par leur position dans le
creux des vallées, leur alimentation est assurée
L'infiltration sur la plaine est à rejeter en raison de annuellement.
l'absence de fluctuation annuelle de la nappe, de la
La minéralisation de l'eau est très variable, mais
présence d'une couverture limoneuse à faible
perméabilité mais aussi de la persistance de dayet à la inférieure à celle de la nappe générale. Il en résulte
surface de la plaine. Des infiltrations localisées que l'eau de ces puits est très appréciée qualita-
existent cependant à partir de certaines dayet, en tivement.
particulier la daya Fertouaou, mais il s'agit là du cas
particulier d'une daya liée au réseau hydrographique. HYDROGEOLOGIE DU SAHEL
L'infiltration par les calcaires crétacés de bordure L'inventaire des points d'eau est moins avancé
existe, mais les modalités en sont difficiles à préciser ; dans le Sahel, le nombre total des puits recensés
le raccordement progressif et continu des courbes (1250) ne représentant que 50 % environ du total des
piézométriques du plateau situé entre M'Tal et l'oued ouvrages ; ils sont surtout localisés dans l'Oulja, entre
Bouchane avec celles de la nappe dans la plaine, est un Oualidia et Sidi-Moussa.
argument en faveur de l'alimentation latérale.
L'absence d'unité hydrogéologique caractérise le
L'apport principal est cependant celui des oueds et Sahel, car aucune nappe généralisée n'existe par suite
de leur nappe alluviale : il est continu, mais il s'y de la structure des terrains. C'est pourquoi on
superpose une alimentation épisodique, liée aux crues distinguera successivement quatre régions de carac-
des oueds et surtout aux décrues, lorsque les téristiques différentes et qui sont du S au N : le Sahel
conditions de vitesse sont plus favorables à l'infil- de Safi, le Sahel central, le plateau d'El-Jadida et le
tration. Sahel d'Haouzia.
288 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
n
l'ai r
rs o
Ve Rh
js
pq sec
TNINE RHARBIA
Nappe au contact
pq
pq/ciC
220
Nappe
pq
Profonde
dans ci2b
ci2b
js
pq sec
ci2b
ci2b 100 Petits niveaux
ci2b 150
js 25 js
sec
Nappes perchées au
très locaux dans le
contact pq/ciC
js
Aïn Tameï
sec
Aïn Saxou
Plioquaternaire
pq
A. Takabrot
js
86 200
Si Bouzid
18
140
160
180
LEGENDE
ci2a Argiles de Safi = imperméable Ligne de partage des eaux souterraines dans le calcaire des Dridrate
js
ci2b Calcaire de Dridrate aquifèe principal Perméable Sondage à niveau aquifère et altitude du niveau piézométrique
86
Calcaire marneux : Jurassique supérieur Axe anticlinal Axe synclinal Source
il est donc présent sur 460 km2 représentant 36 % de la la protection par les argiles est assurée (résidu sec à
superficie du Sahel de Safi (1 200 km2). Quelques 180°C entre 400 et 800 mg/l). Près de l'Océan, la
sources intéressantes sont issues de cette formation : qualité se dégrade.
l'Aïn-Rhor ( 1 9 /3 4 : 20 à 60 l/s) est la plus importante. Il existe dans cette région plusieurs nappes du Plio-
Des calculs sommaires donnent un coefficient Quaternaire. La nappe côtière (120 km2 de superficie
d'infiltration de 7 %. environ pour un bassin d'alimentation de près de 650
Ces eaux ont une faible minéralisation (0,5 à 1 g/l km2) est bien définie et ne s'étend pas au-delà de 3 km
de résidu sec) et un faciès chloruré sodique et sont du rivage. Son alimentation considérable par l'arrière-
finalement assez peu exploitées actuellement. pays (40 à 50.106 m3/an pour un coefficient d'infiltration
de 6 %) explique que l'invasion marine ne soit pas plus
Les niveaux aquifères situés dans les argiles généralisée, malgré l'intensité des pompages maraîchers.
sableuses crétacées et le Plio-Quaternaire servent à La teneur en sels dépasse souvent 3 g/l pour atteindre 30
l'alimentation des populations. Les réserves sont très g/l près de Oualidia en relation avec la présence de la
faibles. La qualité chimique des eaux du Plio-Qua- lagune.
ternaire est variable, mais très acceptable en général. Il
s'agit toujours de petites nappes indépendantes, La nappe du système Aïn-Rhor-Aïn-Rtem entre
possédant de faibles réserves et alimentées par les Tnine-Rharbia et Oualidia a un écoulement de type
infiltrations de la pluie. karstique bien caractérisé. Le débit moyen des sources
serait de 40 l/s; compte tenu d'une pluviométrie
En conclusion, le Sahel de Safi est pauvre en eau moyenne de 330 mm sur un impluvium de 60 km2, le
souterraine ; quelques structures synclinales du calcaire coefficient d'infiltration serait compris entre 5 et 10 %.
de Dridrate demeurent à explorer car elles sont La qualité chimique de l'eau est remarquable (25 à 300
susceptibles d'avoir accumulé quelques réserves. mg/l de résidu sec à 180°C).
En dehors du cas de la nappe d'Aïn-Rhor qui résulte
SAHEL CENTRAL
de la conjonction de conditions très particulières, on
Dans le Sahel central, au N du précédent (fig. 129), connaît dans le Plio-Quaternaire certains secteurs
les circulations s'effectuent dans les calcaires de aquifères localement ; cependant il n'existe pas une
Dridrate avec des pertes de charge très faibles, indices nappe d'extension généralisée.
d'une fissuration importante qui est confirmée par le
bon rendement des forages d'exploitation. Des travaux PLATEAU D'EL-JADIDA
de géophysique électrique ont permis en 1958 la
découverte de cette nappe et sa délimitation. Le plateau d'El-Jadida constitue une nouvelle unité
du Sahel située au N de la précédente et d'une superficie
La nappe est présente sur environ 400 km2 de de 400 km2. Un manteau à peu près continu de Plio-
superficie et se met en charge du SE au NW par suite de Quaternaire repose au S sur les calcaires et marnes du
la structure et de la présence des argiles supérieures. Au Cénomanien ; vers le N le Plio-Quaternaire est
niveau de l'Oulja à proximité de l'Océan, cette nappe se totalement érodé et le Cénomanien affleure. De façon
confond avec celle du Plio-Quaternaire (érosion des générale des niveaux d'eau localisés ont été reconnus
argiles rouges). Les coefficients d'emmagasinement dans la couverture plio-quaternaire, mais l'hydro-
sont compris entre 1 et 2.10-2 dans la zone libre de la géologie de ce secteur est vraisemblablement condition-
nappe (secteur Tleta-Bouaris) et la puissance des née par le Cénomanien. Peu de recherches ont encore été
calcaires égale 30 m ; les réserves seraient alors effectuées dans cette unité ; il semble qu'un niveau d'eau
comprises entre 100 et 200.106 m3. généralisé existe dans le Cénomanien au S du Cap
Blanc, avec quelques sources comme exutoires (la
Le calcul de l'alimentation ne peut être effectué que source du Cap Blanc : 3 l/s est la plus importante), alors
par l'application de la loi de Darcy sur le front de nappe qu'au N plusieurs réseaux karstiques indépendants sem-
(transmissivité 2.10-1 et pente de 3,5 pour dix mille), les blent coexister en raison de l'observation de cotes très
exutoires étant occultes ; elle paraît se situer entre 1 et variables de l'eau dans des puits voisins. L'eau du
2 m3/s (30 à 60.106 m3/an). Cette alimentation provient Cénomanien est toujours de qualité médiocre.
vraisemblablement de l'amont, soit des zones
d'affleurement du calcaire de Dridrate, soit des zones
où cette formation est en contact direct avec le Plio- SAHEL D'HAOUZIA
Quaternaire gréseux (170 km2). Le coefficient Le Sahel d'Haouzia est la zone la plus septentrionale
d'infiltration atteindrait alors près de 50 %. du Sahel et correspond au synclinal d'Azemmour. Les
La qualité chimique de l'eau est remarquable, là où dunes plio-quaternaires affleurent, recouvrant du
LEGENDE
L an
s
le
T te
A Dr
id ra
e de
ér
ôti
ec pq
pp
na
ire
a
el
lca
ed
ca
it
Lim
du
e
OUALIDIA
pp
na
la
A
de
ite
L
m
Li
A 240
K
N K
U
A Tleta Bouaris O
E pq
D
C S
O E
D
Aïn R'Tem E
N
Aïn Rhor I
or A
pq ci2b Rh
d 'A
ïn L ZEMAMRA
ci2b
Na
pp
e P
di
Si
rs
Ve
pq
CAP MEDDOUZA Tnine Rharbia
ci2b
140
160
180
200
FIG. 129 — Hydrogéologie du Sahel central.
ABDA-DOUKKALA ET SAHEL DE AZEMMOUR A SAFI 291
Crétacé inférieur et du Cénomanien. Une nappe impossible en raison du nombre important d'inconnues
généralisée existe grâce aux infiltrations de la pluie sur les différents facteurs. Les écoulements superficiels
dans le Plia-Quaternaire. L'interprétation de la et les alimentations des nappes semblent être des
piézométrie est difficile, faute de travaux de recon- phénomènes éminemment aléatoires au stade actuel des
naissance et ce secteur est très mal connu. observations. Aussi présente-t-on un bilan global
simplifié où les différents termes ont des valeurs
ESSAI DE BILAN HYDRAULIQUE REGIONAL relatives certainement meilleures que les valeurs
absolues que l'on ne peut guère connaître avec quelque
précision.
L'établissement d'un bilan précis est actuellement
ACTIF PASSIF
Apports mm 10 6 m3 % Sorties mm 10 6 m3 %
Evapotranspira-
tion directe et
indirecte 321 1 111 99,5
S A H E L (4 200 km2)
TOTAL 20 90 6
Evapotranspira-
tion 321,4 1 335 94
Ce bilan met en relief la prédominance absolue Les relations hydrologiques entre ces deux unités et
de l’évapotranspiration sur tous les termes du passif l'unité amont des Rehamna ne représentent que d'in-
(99% pour les Doukkala et 94 % pour le Sahel). fimes pourcentages des précipitations.
292 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Il est à noter que l'irrigation des Doukkala par artificiels d'un débit continu supérieur à 10 m3 /s
dérivation à Imfout de 600 106 m3 /an provenant de en première approximation. Les conditions
l'Oum-er-Rbia va profondément modifier ce bilan. En naturelles permettront-elles cette évacuation
effet, le drainage par injection dans les nappes des souterraine vers le Sahel et la mer ?
eaux de colatures va créer des écoulements souterrains
AZEMMOUR
EL JADIDA
O
UE
D
OUM
ER
RB
E
IA
U
Q
I
DAOURAT (Barrage)
N
A
Casier
L
Faregh
T
Boulaouane
A
Sd Smaïl
N
Casier Si ICE
A
s
Smaïl ERV 3/s 3/
E
S m
m 42
40
C
S Galerie d'IMFOUT
BA
O
ultérieures en ce qui concerne le schéma d'ensemble; ainsi que les eaux de ruissellement mais, faute
par contre des compléments importants ont été ap- d'exutoire naturel vers l'Océan, des exutoires artifi-
portés pour atteindre un développement régional in- ciels ont été imaginés : injection dans les nappes et
tégré. épandage superficiel. Les études hydrologiques et
hydrogéologiques ont été très importantes entre 1958
L'aménagement du périmètre irrigué est basé sur un et 1966 et orientées tant vers la protection contre les
canal principal d'irrigation bas-service desservant crues que vers les essais d'injection dans les nappes
72000 ha bruts répartis en sept casiers ; le débit de souterraines.
pointe nécessaire est de 48 m3 /s, correspondant à la
capacité maximum de transport de la galerie d'Imfout. LAMINAGE DES CRUES
En outre, un canal haut-service pourrait être exécuté et
dominer quelque 20 000 ha supplémentaires au centre L'étude hydrologique a permis de connaître des
de la plaine à condition d'aménager par des barrages et données relatives aux débits de pointe et aux volumes
des digues un certain nombre de réservoirs artificiels annuels écoulés pour les différents oueds. L'étude du
(dayet Fertouaou et Ouarar) que l'on remplirait lorsque laminage des crues dans les Doukkala a conduit aux
le canal bas-service n'est pas utilisé à son débit résultats suivants :
maximum de pointe. — plusieurs oueds ne nécessitent pas la création
L'irrigation des Doukkala n 'est pas un problème de de digues, un simple recalibrage du lit suffisant en
qualité de terres (111 000 ha sont irrigables sans général ; il s'agit des oueds M'Tal, Guerrando et
réserve et 115 000 ha avec précautions) mais un Souani ;
problème de disponibilité en eau dans l'Oum-er-Rbia
— les oueds Fareh, Aouja et Kaf doivent être
au niveau d'Imfout. En effet, ce périmètre est le plus
aval du bassin qui en comporte 3 autres : Tadla (90000 aménagés par contre avec de telles digues ;
ha), Tessaoute amont (28 000 ha) et dérivation vers le — l'oued Bouchane, ne présentant aucun site
Haouz de Marrakech (superficie non arrêtée mais d'aménagement possible par digue, étant donné la
comprise entre 15 000 et 25 000 ha), ainsi que de largeur de son lit, doit être recalibré.
nombreux périmètres traditionnels qui pourraient être
aménagés en périmètres modernes. Il faut ajouter à ces Sur l'oued Fareh, seul un site a été étudié à
besoins agricoles d'autres besoins à satisfaire pour l'amont. L'ouvrage permettant de stocker un volume
l'eau potable (Casablanca—El-Jadida—Azemmour— de 13.10 6 ms, pour une hauteur de 15 m a été réalisé
Safi) et l'industrie (Safi notamment). au cours du plan quinquennal 1968-1972.
Après une étude méthodique de répartition des eaux Un autre ouvrage similaire a été réalisé pendant la
du bassin de l'Oum-er-Rbia, on semble actuellement même période sur l'oued Aouja. Une digue haute de
s'orienter vers une limitation à 60 000 ou 70000 ha 7,5 m a une capacité de retenue de 9.106 m8 . La crue
nets du périmètre irrigué des Doukkala. Les besoins en de fréquence 25 ans y serait entièrement retenue si le
eau correspondants sont de 560 à 650.106 m3 /an sur un barrage est vide au moment où elle survient.
volume moyen inter-annuel naturel des ressources en
Sur l'oued Kaf, deux sites très favorables ont été
eau de I'Oum-er-Rbia de l'ordre de 3 850.10 6 m3 à
Imfout. En 1972, les équipements externes réalisés envisagés.
concernent 23 000 hectares dans les casiers de A l'origine du projet de laminage des eaux de
Boulaouane, Sidi-Smaïl, Sidi-Bennour et très crues par des digues, l'idée d'utiliser les eaux sto-
partiellement dans celui de Zemamra ; les superficies ckées pour étendre les irrigations dans des zones non
irriguées couvrent environ 10 000 ha. L'équipement desservies par le réseau, avait été retenue ; mais le
doit se poursuivre au rythme moyen de 4 000 ha/an laminage et la création de réserves pour irriguer sont
dans les prochaines années. basés sur des principes bien distincts, la première
opération imposant des réservoirs vides jusqu'à la fin
Parallèlement à l'équipement pour l'irrigation, de la saison humide. Il faut ajouter en outre à cet
l'équipement d'assainissement et de drainage du pé- obstacle, les deux suivants :
rimètre se poursuit. L'assainissement hydraulique est — la variabilité des apports selon les années,
un préalable au développement agricole de la plaine
des Doukkala car les passages des crues provoquent — l'intensité de l'évaporation s'exerçant sur les
des stagnations des eaux de ruissellement ainsi que des retenues.
dégâts aux ouvrages et aux cultures. Par ailleurs
l'irrigation par gravité de vastes superficies Il est donc préférable d'envisager une irrigation
s'accompagne d 'abondantes pertes d 'eau ; un réseau de sommaire d'appoint de type traditionnel avec l'eau
drainage est mis en place pour recueillir ces surplus disponible éventuellement dans les retenues en fin de
294 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
saison pluvieuse et d'accorder aux ouvrages une priorité impératives pour assurer un écoulement uniquement
d'exploitation pour le laminage des crues. gravitaire ; la zone de contact entre la plaine et le Sahel
répond favorablement à ces conditions. Le choix du terrain
Les colatures principales ont déjà été établies pour la
perméable à injecter ne peut être conduit que par des
zone située à l'aval du canal bas-service. Les drains
essais, tandis qu'une étude structurale et hydrogéologique
principaux utilisent essentiellement le réseau
détaillée doit s'assurer de la possibilité d'un écoulement.
hydrographique (drain du Farhi, du M'Tal, du Fareh),
On envisage d'utiliser concurremment dans les Doukkala :
tandis que la colature principale emprunte un ancien tracé
de l'oued Aouja. — l'injection artificielle par forages,
L'utilisation de la carte des écoulements superficiels — l'injection dans les dolines,
dans la plaine permettra d'opérer les rectifications
nécessaires de tracé pour maîtriser les eaux sauvages. — l'épandage sur les lapiaz.
Le drainage par injection artificielle nécessite
Quant au dimensionnement des colatures, il est lié à la
d'injecter les plus gros débits possibles avec le minimum
décharge aval des barrages de laminage.
d'ouvrages, ce qui impose de s'adresser à des terrains où la
fissuration est bien développée ; on recherche en même
DRAINAGE ET ASSAINISSEMENT temps des niveaux peu profonds où ces phénomènes
L'aménagement agricole des Doukkala a pour karstiques sont les plus développés. Seul le Plio-
préalable l'évacuation des eaux excédentaires, actuellement Quaternaire a été utilisé jusqu'à présent dans les Doukkala.
stagnantes. Celles-ci comprennent : Après des recherches assez empiriques au départ, un
canevas général d'études a été mis au point :
— les eaux pluviales, qui résultent des précipitations
directes et du ruissellement vers la partie la plus basse; — l'étude de la structure et des possibilités
d'écoulement est réalisée par la géophysique électrique,
— les eaux superficielles en provenance des Rehamna; accompagnée de forages d'étalonnage ;
leur importance, très modeste en année déficitaire, est
telle en année humide qu'elles peuvent entraîner la — l'exécution de forages de reconnaissance avec
destruction totale des cultures par submersion des essais par tranches descendantes est entreprise d'après les
terres ; résultats précédents, en tenant compte de l'aménagement
d'un ouvrage définitif ;
— les eaux excédentaires d'irrigation dont le débit, moins
important, affluent cependant régulièrement de 4 à 7 — la réalisation de l'ouvrage d'injection est faite à
mois par an. Dans les Doukkala, de très grandes proximité du meilleur forage de reconnaissance, avec des
difficultés existent pour réaliser le schéma classique essais en vraie grandeur.
du drainage d'un périmètre irrigué ; elles relèvent : Un premier forage absorbant (IRE 1195/27) a été
— du morcellement des casiers d'irrigation dû à la réalisé à Sidi-Bouknine, dans le casier de Boulaouane, à un
topographie compliquée, qui nécessite plusieurs endroit où la nappe est contenue dans le Plio-Quaternaire,
systèmes de colatures indépendants ; à la limite de déversement dans le calcaire cénomanien
sous-jacent. Trois forages de reconnaissance (IRE 1207,
— de l'absence d'exutoires naturels vers la mer, liée à 1210 et 1211/27) avec essais avaient été réalisés au
l'écran des dunes du Sahel. préalable. Des piézomètres furent disposés autour du
Seul le casier de Boulaouane qui possède un oued forage d'injection. L'essai en vraie grandeur a été conduit
susceptible de constituer un drain est pourvu d'un exutoire: ainsi :
l'oued Fareh. — 30 l/s injectés pendant 5 jours,
Quant aux casiers de Sidi-Smaïn et Sidi-Bennour, — 88 l/s injectés pendant 11 jours,
l'exutoire naturel est constitué par l'oued Fel-Fel, dont la
vallée n'est plus tracée en aval d'Harichat et il serait donc — 150 l/s injectés pendant 2 heures.
nécessaire de le canaliser sur plus de 50 km pour atteindre et interprété selon la méthode de Theis. L'écoulement a été
l'Océan. laminaire pour le premier palier seulement. Ainsi
L'absence d'exutoire superficiel a fait penser depuis l'efficacité du procédé était-elle prouvée, le débit de 30 l/s
longtemps à la création d'exutoires souterrains, par correspondant à celui de la colature voisine. Depuis 10 ans
injection dans les nappes. Le choix de zones où l'injection ce dispositif est en place et a rempli son rôle ; un bac de
sera réalisée dépend à la fois de conditions géologiques, décantation des sédiments précède l'injection directe des
hydrogéologiques et topographiques, ces dernières étant eaux dans le forage. De nouveaux essais effectués
ABDA-DOUKKALA ET SAHEL DE AZEMMOUR A SAFI
295
El jadida
Ou
ed
0 10 20 30 40 50
Oum er Rbia
Doline
d'Harichat
1195/27
Talaa Taghra al
c ip
p r in
Canal Im-Fout
Khemis
des Sidi Bennour
Zemamra
R.P.9
8
P.
R.
Safi
FIG. 131 — Plan de situation des ouvrages absorbants en fonctionnement dans les Doukkala.
après 10 ans de fonctionnement du forage ont montré Les débits injectés artificiellement ne pouvant
que ses qualités absorbantes demeuraient intactes. guère dépasser 100 l/s, on a songé à utiliser des
effondrements karstiques comme zones d'injection
Des études ont été entreprises ensuite dans les
naturelle : le drainage du bassin central nécessite en
casiers de Sidi-Smaïn, de Zemamra et de Rharbia ;
effet un exutoire calibré pour plusieurs m3 /s. Les crues
souvent décevantes, elles ont montré que les carac-
de 1963 ayant permis de réaliser une absorption
téristiques hydrauliques du Plio-Quaternaire se dé-
notable du débit de l'oued Fel-Fel dans la doline de
gradaient vers le SW du périmètre. Le débit maximum
Harichate, des essais en vraie grandeur ont été
injectable à Sidi-Smaïn ne dépasse pas en effet 20 l/s
envisagés. Rappelons que cet exutoire, de 100 m de
(IRE 1283/27). On peut cependant s'adresser pour les diamètre, appartient à un ensemble de dolines alignées
deux derniers casiers à des horizons plus profonds SSW-NNE sur 3 km environ. Des sondages ont mis en
(calcaires de Dridrate et Jurassique supérieur), bien évidence une dépression brutale de la base plio-
délimités par la géophysique, à des profondeurs quaternaire au droit de la doline et l'absence de nappe
acceptables. Une objection très fréquente émise à dans cet horizon, liée à la discontinuité de l 'écran
l'encontre de ce procédé est celle des risques de marneux sous-jacent. Les crues exceptionnelles de
colmatage des ouvrages, l'expérience montrant qu'il novembre 1966, ayant noyé entre temps l'exutoire et
était illusoire de vouloir une décantation poussée des provoqué d'importants effondrements, l'injection
sédiments argileux car les débits solides varient en, naturelle n 'a pas pu être conduite rationnellement.
effet de 1 à 4 g/l (50 % d'argile). Des essais contrôlés Seuls les piézomètres ont indiqué l'amplitude de
à Sidi-Bouknine ont donc été entrepris 2 ans et 12 ans variation de la nappe (maximum de 10 m au
après la première injection et ont montré que les piézomètre 1700/27). La réalisation d'essais contrôlés
caractéristiques hydrauliques étaient semblables à pendant 1 mois dans la doline a permis depuis (été
celles du début, malgré le dépôt de boue au fond de 1969) de chiffrer le débit moyen injectable qui ne
l'ouvrage. Le nettoyage périodique par moyens pourra dépasser 200 l/s, valeur nettement inférieure à
celle que l'on attendait.
mécaniques et chimiques (polyphosphates) s'est avéré
une solution satisfaisante au problème. Une autre voie s'offre pour résoudre le problème
des colatures : l'épandage dans les rides interdunaires
296 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
du Sahel, assez perméables en surface et de peu d'intérêt la mauvaise perméabilité des aquifères, à la profondeur
agricole. La condition préalable est cependant la traversée importante du niveau piézométrique et à la qualité
du cordon dunaire. chimique médiocre de l'eau. Dans le Sahel, l'irrigation par
Une zone favorable a été choisie en bordure du casier pompage n'est pratiquée en grand que dans la zone côtière
de Zemamra, en raison d'un abaissement à ce niveau de et a pour but le maraîchage entre le Cap Blanc et
l'axe des dunes (région de Khemis des Zemamra). Des Oualidia.
essais ont été exécutés en 1970 en noyant une zone calcaire
percée de 13 puits. 550 000 m3 ont été injectés en 10 jours Les débits obtenus sont élevés, mais la nappe de
(500 à 700 l/s), ne provoquant que de faibles remontées du l'Oulja est certainement exploitée (1,25 m3/s environ) à la
niveau piézométrique, remontées suivies d'une vidange limite de ses possibilités, bien qu'aucune invasion marine
normale après l'arrêt de l'injection. Il semble que 300 à caractérisée n'ait été observée. Il conviendrait en tous cas
500l/s puissent être injectés en ce point, suffisant au d'éviter les gaspillages et de rationnaliser l'exploitation en
drainage du casier de Zemamra. Des dispositifs de pré- créant des stations collectives.
décantation sont à prévoir. L'entretien d'un cheptel important peut être facilement
résolu dans les Doukkala par des puits équipés
Un problème demeure toutefois : celui des montées d'éoliennes ou de pompes à manège ; dans le Sahel, la
possibles de la nappe. L'apport d'eau moyen retenu dans le réalisation de points d'eau pastoraux a été rendue possible
projet de mise en valeur des Doukkala est de 9 120 grâce à la nappe des calcaires de Dridrate ; la profondeur
m3/ha/an et les pertes, estimées à 40 %, représentent une de l'eau impose alors l'éolienne. Les faibles débits
lame d'eau équivalente de 364 mm, soit une fois et demie prélevés (0,5 l/s par ouvrage) ne constituent aucun danger
la pluviométrie. Celles-ci comprennent des pertes par de surexploitation et leur multiplication est souhaitable.
évaporation, ruissellement et infiltration ; ces dernières
seules, situées le long du canal principal, dans les parcelles ALIMENTATION EN EAU
et le réseau de colatures doivent retenir l'attention. Les
paramètres du problème sont les suivants : DES POPULATIONS
Dans la moitié nord de la plaine des Doukkala, le
— épaisseur de la couverture de limons anciens, problème de l'alimentation en eau des douars peut être
— existence et profondeur de la nappe libre résolu à partir de la nappe plio-quaternaire; par contre, les
centres de Zemamra et Sidi-Bennour ne peuvent plus s'en
profonde, contenter et il a fallu prendre l'eau du canal principal
— amplitude des fluctuations annuelles de la nappe d'irrigation. Mais la situation est pire dans le Sud des
Doukkala et les Abda, où aucune nappe exploitable
sans irrigation, n'existe. Outre les puits traditionnels, on note la présence
— épaisseur de la nappe comparée à celle du niveau de pompes à manège à traction animale, qui ont connu un
perméable, vif succès auprès des populations rurales, ainsi que des
citernes dans les Abda.
— conditions d'écoulement vers l'aval,
Le problème est encore plus crucial pour les villes de
— existence des nappes perchées. la région. El-Jadida (40 000 habitants) et Azemmour
L'examen de toutes ces données pour chaque casier (15000 habitants) sont toutes deux alimentées à partir
permet d'affirmer que la montée possible de la nappe sous d'une station (Sidi-Daoui) de prise dans l'Oum-er-Rbia
irrigation ne revêt aucun caractère de gravité. Ceci a (50 l/s en moyenne en 1972).
d'ailleurs été parfaitement vérifié sur le casier de Quant à l'alimentation en eau de Safi, elle a toujours
Boulaouane depuis le début de l'irrigation. Cependant un été plus difficile à assurer par le manque de ressources
risque existe de créer, notamment dans les casiers de Sidi- proches. Effectuée d'abord grâce à des sources proches,
Bennour et Sidi-Smaïn, une nappe très superficielle, puis grâce au captage de l'Aïn-Rhor distante de 50 km,
saturant les limons récents. Là où les limons présentent une maintes fois repris et amélioré, l'alimentation en eau
tirsification qui favorise la stagnation de l'eau, une irri- potable a été accrue grâce au forage de plusieurs sondages
gation par aspersion est prévue. Quand aux observations d'exploitation entre 1959 et 1965 dans la nappe des
faites sur le canal bas-service, elles montrent que les débits calcaires de Dridrate, près de Oualidia ; mais les besoins
infiltrés sont minimes et que le canal ne nécessite qu'un nouveaux résultant de la création d'un complexe chimique
revêtement local, lorsqu'il rencontre des poches sableuses. ont imposé de réaliser une adduction à partir du canal bas-
Il n'existe pratiquement aucune possibilité d'irrigation service des Doukkala et une digue pour assurer une
par pompage dans la plaine des Doukkala, ceci étant lié à réserve de 2.106 m3. Safi (130 000 habitants) consomme
ABDA-DOUKKALA ET SAHEL DE AZEMMOUR A SAFI 297
en 1972 un débit de 150 l/s entièrement fourni par les potable des populations rurales. Au total, seuls quelque
eaux souterraines, mais il faut prendre garde à 100 millions de m3/an représentent les ressources en
l'invasion marine étant donné la faible distance (5 km) eaux souterraines de la région ; sur ce total, la moitié
de l'Océan aux forages de Tleta-Bouaris et le caractère environ est exploitée à raison de 40 millions de m3/an
karstique des circulations souterraines dans le calcaire pour l'irrigation (Sahel) et 10 millions de m3/an pour
de Dridrate. Les complexes chimiques consomment l'eau potable (Safi et populations rurales). Les
actuellement 200 l/s et leur développement nécessite ressources encore disponibles sont très difficiles à
une reprise du prolongement du canal de Safi et une utiliser en raison soit de leur répartition diffuse dans la
surélévation du barrage de retenue servant de bassin de zone, soit du coût élevé des ouvrages à exécuter en
compensation. rapport avec leur faible productivité ; ces ressources
sont de toutes manières à réserver pour l'alimentation en
eau potable ou pour la création de points d'eau
CONCLUSIONS pastoraux.
La région des Abda-Doukkala et du Sahel de Safi à
L'apport progressif de 600 millions de m3/an d'eaux
Azemmour est caractérisée par une pénurie d'ensemble
superficielles en provenance de l'Oum-er-Rbia va
des ressources en eau tant superficielles que
totalement modifier l'aspect du problème dans la région.
souterraines, seule la partie extrême occidentale du
On évalue à quelque 300 millions de m3/an l'injection
Sahel fait exception. Par ailleurs, les eaux sauvages
artificielle dans les nappes d'eaux d'irrigation et de
provoquent, faute de possibilités naturelles
ruissellement lorsque le périmètre d'irrigation sera
d'écoulement à la mer, des dégâts lors des crues et une
stagnation caractéristique en surface dans des dayet ou achevé. Cette injection pose de très sérieux problèmes
lacs temporaires. L'évaporation reprend à 99 % dans les hydrogéologiques mais des essais en vraie grandeur ont
Abda-Doukkala et à 94 % dans le Sahel, les eaux montré qu'elle était possible ; certains ouvrages
précipitées sur cette région en pure perte car elles sont fonctionnent d'ailleurs depuis plusieurs années en
pratiquement inutilisables ; les nappes souterraines, donnant toute satisfaction. Il s'en suivra un
profondes et isolées en surface des ruissellements par accroissement des ressources en eau souterraine,
des écrans argileux imperméables, ne bénéficient pas notamment dans le Sahel, ressources qui permettront
d'alimentations conséquentes et de ce fait ne jouent un d'intensifier l'activité pastorale qui est la vocation de
rôle important que pour l'approvisionnement en eau cette unité.
REFERENCES
AMROGGI R. & Tamise, G. (1952) : Abda-Doukkala, in : Hydrogéologie COLAS DES FRANCS E. (1962) : Acidification sur un forage. Un nouvel
du Maroc. Notes & M. Serv. géol. Maroc, n° 97, pp. 187-194. exemple d'application au Maroc. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE,
8 pp.
AMROGGI R., MOULLARD L., HAZAN R. & SABARLY F. (1960) :
Drainage par injection à l'aide de forages absorbants. Périmètre COLAS DES FRANCS E. (1962) : Alimentation en eau des centres du
d'irrigation de la plaine des Doukkala (Ma-roc) in : L'Hydraulique périmètre des Doukkala. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE.
souterraine. C.R. 6 è journ. Hydraul., 28-30 juin 1960, publ.
Grenoble, t. 1, pp. 276-282. DRESCH J., GIGOUT M., J0LY F., LE COZ J. & RAYNAL R. (1952)
: Aspects de la géomorphologie du Maroc. Notes & M. Serv.
BOLELLI (1950) : Danger d'un pompage intense dans la région SE de géol. Maroc, n° 96, 173 pp.
Mazagan, Notes Serv. géol. Maroc, t. 3. n° 76 pp., 239-244.
CHOUBERT G. (1953) : Le réseau hydrographique des Doukkala au Electroconsult et Office National des Irrigations (1965) Plan d'aménagement
Quaternaire récent (Würmien). C.R. Acad. Sci., Paris, t. 237, n° du territoire des Abda-Doukkala. Rapp. inéd. MARA/ONI, 9 rapp.
16, pp. 919-921.
FERRE M. (1963) : Adduction d'eau de Safi; réserve de sécurité; étude
CHOUBERT G. (1955) : Note sur la géologie des terrains récents des géologique. Rapp. inéd. arch. MTPC/ DH/DRE, 6 pp., 2 coupes.
Doukkala. Notes Serv. géol. Maroc, t . 13, n° 128, pp. 9-46.
FERRÉ M. (1963) : Drainage par injection de la cuvette de Sidi Smala,
CHOUBERT G., JOLY F., GIGOUT M., MARCAIS J., MARGAT J. Campagne 1962-63. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE, 11 pp., 1
&- RAYNAL R. (1956) : Essai de classification du Quaternaire carte.
continental du Maroc. C.R. Acad. Sci., Paris. t. 243, n° 5, pp. 504-
506. FERRÉ M. (1964) : Nappe du calcaire de Dridrate. Etat des travaux de
reconnaissance et d'exploitation. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE,
COLAS DES FRANCS E. (1962) : Périmètre des Abda-Doukkala. Casier 28 pp.
de Rharbia sud. Etude du drainage par injection. Rapp. inéd. arch.
MTPC/DH/DRE, 5 pp., 2 fig.. 3 cartes h.-t. FERRE M. (1966) : Etude de l'étanchéité de la retenue de Safi; résultats des
travaux de reconnaissance. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 9 pp., 4
tabl., 3 fig.,. 15 tabl. h.-t., 5 coupes h.-t., 5 cartes h: t.
298 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
FERRÉ M. (1966) : Périmètre des Abda-Doukkala Etat des et Chaouïa occidentale). Notice explicative. Notes s M. Serv.
connaissances sur l'hydrologie superficielle. Rapp. inéd. géol. Maroc, n° 75 bis, pp. 3-23.
MTPC/DH/DRE, 12 pp., 12 tabl., 6 fig., 1 carte.
GIGOUT M. (1965) : Carte géologique de la Méséta entre Mechra ben
FERRÉ M. (1966) : Etude hydrologique de l'Oued Aouja. Rapp. inéd. Abbou et Safi (Doukkala et massif des Rehamna). Notice
MTPC/DH/DRE, 10 pp., 5 tabl., 5 fig., 18 h.-t. explicative. Notes & M. Serv. géol. Maroc, n° 84 bis, pp. 3-31.
FERRÉ M. (1967) : Note au sujet de l'évolution des pertes dans la HAZAN R. & FERRÉ M. (1963) : Exploitation d'une nappe karstique à
retenue de Safi. Rapp. inéd. MTPC/DH/ DRE, 4 pp., 1 tabl., 1 proximité de l'Océan (région d'Oualidia). Ass. lnt. Hydrol. sci.,
fig. comm., eaux souterr,, Congr. Berkeley (Calif), publ.
Gentbrugge, n° 64, 1964, pp. 561-563.
FERRÉ M. (1969) : Hydrologie et hydrogéologie des Abda-Doukkala
(Maroc Occidental). Rapp. inéd. MTPC/ DH/DRE. Thèse de LECOINTRE G. (1952) : Recherches sur le Néogène et le Quaternaire
docteur ingénieur présentée à la Faculté des Sciences de marins de la côte atlantique du Maroc. Notes & M. Serv. géol.
l'Université de Nancy, 275 pp., 126 fig., 10 pl. h.-t., 1 tome Maroc, n° 99, t. 1 198 pp. (stratigraphie) et t. 2 : 172 pp,
d'annexes. (paléontologie).
FOSSET R. & NOIN D. (1966) : Utilisation du sol et population rurale LECOINTRE G. (1963) : Recherches sur le Néogène et le Quaternaire
dans les Doukkala. R. Géogr. Maroc, n° 10, pp. 7-17. marins de la côte atlantique du Maroc. Acquisitions nouvelles
durant la période ,1952-1962. Notes & M. Serv. géol. Maroc, n°
GIGOUT M. (1952) : Les ressources en eau souterraine des Doukkala et 174, 76 pp.
Abda (Maroc occidental). Rapp. inéd., seconde thèse.
MAZÉAS J : P. (1967) : Carte géotechnique de Safi au 1/20 000. Notes
GIGOUT M. (1955) : Enseignement de trois forages sur la stratigraphie & M. Serv. géol. Maroc, n° 189.
du Crétacé des Doukkala. Notes Serv. géol. Maroc, t. 11, n° 123,
pp. 44-55. MOUGIN G. (1955) : Etude du ruissellement des eaux météoriques dans
le périmètre d'irrigation des Abda-Doukkala. Rapp. inéd, MTPC.
GIGOUT M. (1956) : Recherches sur le Pliocène et le Qua-ternaire
atlantique marocains. Trav. Inst. sci. chérif., sér. Géol. & Géogr, ROUSSO P. (1931) : Hydrogéologie de la région de Safi à Mazagan dite
phys., n° 5, 94 pp. Sahel, et des abords de la ville de Safi. B. Com. et eaux souterr.,
Rabat, 1ère sér., t. 1, fasc. 1, pp. 33-45.
GIGOUT M. (1956) : Levés géologiques sur la feuille Sidi-Bennour
(Méséta marocaine occidentale). Notes Serv. géol. Maroc, t, 14, THUILLE G. (1950) : Etude hydrogéologique des environs de l'Aïn
n° 133, pp. 33-54. Rhor. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE,
GIGOUT M. (1965} : Carte géologique de la Méséta marocaine entre WILBERT J. (1961) : Le Quaternaire dans les Doukkala. Notes Maroc.,
Settate et Mazagan (El Jadida) (Doukkala Rabat, n° 16, pp. 5-30.
2.16.
LA PLAINE DU TADLA
Tables des matières
LA PLAINE DU TADLA
par
Hubert ETIENNE & Driss GUESSAB
(avec la collaboration de Christian ARCHAMBAULT)
Présentation géographique
La plaine du Tadla couvrant une superficie de 3 type endoréique, désorganisée au point de vue
600 km2 environ s'étend au Nord de la chaîne du Haut hydrologique. Une nappe phréatique alimentée par les
Atlas. Elle est limitée vers le Nord par le plateau des précipitations et sans doute par drainance à partir des
Phosphates qui s'élève graduellement sans marquer aquifères profonds (Turonien notamment) y était
une transition vraiment nette ; vers l'Est la plaine se connue avant la mise en valeur par irrigation.
rétrécit le long de l'Oum-er-Rbia en direction des
reliefs accusés du pays Zaïan. Enfin, à l'Ouest, aucune La rive gauche au contraire possède un réseau
limite géographique ne sépare le Tadla de la Bahira hydrographique relativement bien organisé, constitué
qui lui fait suite. Le cours inférieur de l'oued El-Abid par deux oueds importants drainant essentiellement la
sera pris comme limite régionale et hydrogéologique zone montagneuse : à l'Est l'oued Derna ou Drent au
de cet ensemble dénommé Tadla. régime très irrégulier et à l'Ouest l'oued El-Abid
collectant les eaux d 'un bassin versant très vaste.
La longueur de la plaine ainsi définie atteint D'autres oueds de moindre importance dont les
environ 125 km tandis que sa largeur maximum au parcours sont limités à la plaine elle-même, ont été
centre est de 50 km environ. L'altitude moyenne varie transformés en collecteurs lors de l'aménagement du
de 350 m à 500 m avec le point le plus bas à Sidi- périmètre d'irrigation. Avant les irrigations, une nappe
Driss (station hydrologique sur l'Oum-er-Rbia : 315 phréatique mieux alimentée que celle de la rive droite
m) et le plus haut sur la route principale 24 aux y était connue. Cette rive gauche offre également un
environs de Tighboula (750 m environ). caractère semi-aride, moins prononcé toutefois dans la
Géologiquement, le Tadla se présente comme une zone de piémont.
vaste dépression asymétrique recouverte de dépôts Deux périmètres irrigués ont été créés dans cette
mio-plio-quaternaires hétérogènes. Il s'agit d 'un immense plaine : l'un en rive droite de l'Oum-er-Rbia
synclinal dont l'axe est situé en bordure ou sous dénommé Bni-Amir, l'autre en rive gauche dénommé
l'Atlas (forages profonds récents à objectifs pétroliers) Bni-Moussa. Ils sont fréquemment traités comme un
dans lequel se sont déposées de puissantes séries ensemble sous la dénomination de « Périmètre du
allant du Trias au Quaternaire. Tadla », mais à tort puisque chacun présente des
Le Tadla est traversé de part en part par l'oued caractéristiques différentes sous bien des points de
Oum-er-Rbia sur environ 160 km ; la plaine se trouve vue.
ainsi divisée en deux moitiés de superficies inégales Plusieurs facteurs ont concouru à la création de ces
qui offrent des caractéristiques hydrologiques et deux périmètres : tout d'abord la présence de bonnes
hydrogéologiques différentes. terres pouvant être facilement irriguées par gravité,
Sur la rive droite s'étend une région semi-aride de puis la proximité de ressources en eau en quantité
importante, enfin des conditions climatiques qui
300 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
pouvaient devenir propices à certaines cultures à qui enjambent l'oued Zemkil jusqu'à l'Oum-er-Rbia.
condition qu'une irrigation bien conduite soit réalisée.
A l'exception des régions irriguées tradition-
Alors que l'on faisait appel à l'eau légèrement salée nellement, la végétation originelle est celle d'un pays
de l'Oum-er-Rbia pour irriguer les Bni-Amir, les Bni- semi-aride. La forêt a pu exister sous une forme
Moussa devaient bénéficier d'une eau d'excellente xérophytique mais, détruite, elle a fait place à des
qualité accumulée dans le lac artificiel de Bine-el- formations de doum et de jujubier sauvage. Dans les
Ouidane (apport des oueds El-Abid et Ahansal). parties anciennement irriguées, l'olivier domine avec çà
et là des orangers et des citronniers (en particulier à
GEOGRAPHIE PHYSIQUE Bni-Mellal et à Timoulilt).
La plaine du Tadla forme un contraste saisissant Dans les zones non irriguées, le fellah cultivait des
avec la chaîne du Haut Atlas dont les sommets lointains céréales (blé dur et orge) là où les conditions du sol le
atteignent 4 000 m (Ighil-Mgoun : 4 071 m). La bordure permettaient, mais la plus grande partie des terres était
sud du Tadla est ceinturée de sommets dépassant 2 000 réservée aux parcours d'hiver et de printemps pour le
m dans la région de Bni-Mellal (Tassemite : 2 247 m et bétail (ovins surtout).
Jbel Rnim : 2 404 m) et s'abaissant progressivement vers Si ce type de culture et d'élevage s'est conservé
l'WSW. Le raccord entre la montagne et la plaine pratiquement inchangé dans les régions que l'irrigation
constitue une zone de piémont (dir) formée par des moderne n'a pas encore atteintes (Bni-Maâdane,
terrains d'âges secondaire et tertiaire, fortement Semguett), il a été radicalement transformé dans les
tectonisés, recouverts partiellement par des cônes de zones mises en irrigation. A ce propos, il y a lieu de
déjection se prolongeant en direction de l'Oum-er-Rbia. distinguer, outre les zones de piémont irriguées de
Vers l'Est, la plaine se termine en biseau peu à l'Ouest manière traditionnelle, trois types de périmètres
de Dechra-el-Oued. irrigués : périmètres en plaine, partiellement irrigués
Sur les deux autres côtés, la plaine est beaucoup (anciennes séguias améliorées), périmètres des Bni-
moins bien délimitée : au NW, elle s'élève et passe Amir de type moderne, mais relativement ancien, et
progressivement au plateau des Phosphates surtout périmètre des Bni-Moussa, le plus moderne.
constitué de formations de l'Eocène et du Crétacé tandis Dans les zones irriguées du premier type (région
qu'au NE la région turonienne d'Oued-Zem (780 m) et située de part et d'autre de l'oued Derna et jusqu'à
de Boujad (680 m) lui fait suite sans coupure l'oued Zemkil), on cultive surtout du blé tendre, des
particulièrement visible. A l'Ouest, le Tadla ne peut pas haricots verts et des agrumes qui sont irrigués par des
être délimité géographiquement, sauf au Sud de l'Oum- séguias améliorées et, de plus en plus, par des
er-Rbia où l'oued El-Abid le sépare nettement de la pompages dans la nappe phréatique.
Bahira.
Dans le périmètre des Bni-Amir les cultures sont
Cette vaste plaine ne présente aucun relief, mais un fonction des règles d'assolement : céréales, légumi-
certain nombre de « vallées » peu profondes sont bien neuses, coton (une usine de traitement) et betteraves
visibles ainsi que des bas-fonds. Sur la rive gauche de sucrières ; les oliviers constituent une culture mar-
l'Oum-er-Rbia on remarquera, outre les cours encaissés ginale permanente pratiquée en général en bordure des
des oueds Derna et El-Abid, ceux de l'oued Zemkil et de champs. L'élevage est encouragé par la création
l'oued Day assez marqués dans la topographie générale d'étables modèles et repose sur la culture de la luzerne
de la plaine et les anciens marécages d'El-Arich qui qu'on envisage de conditionner par la construction
constituaient une zone d'émergence de la nappe d'unités de séchage. Les agrumes ne sont pratiquement
phréatique. Sur la rive droite de l'Oum-er-Rbia, le seul pas représentés du fait de la médiocre qualité des eaux
cours d'eau important est l'oued Bou-Guerroum dont les d'irrigation. A l'origine de la mise en valeur de la
eaux n'atteignent qu'exceptionnellement l'Oum-er-Rbia. plaine du Tadla, les premiers colons s'étaient installés
Au point de vue toponymique, on distinguera dans les Bni-Amir ; comme l'irrigation gravitaire
d'Ouest en Est les régions suivantes : sur la rive droite n'existait pas encore, ils pensaient irriguer à partir de
de l'Oum-er-Rbia, les Bni-Amir, au sens le plus large du pompages dans la nappe phréatique malheureusement
terme, s'étendent de la région d'El-Berouj au canal trop souvent mal alimentée pour être exploitée. Aussi
principal des Bni-Amir, puis ce sont les Bni-Maâdane et la plupart des agriculteurs émigrèrent-ils vers les Bni-
enfin les Semguett ; sur la rive gauche de l'Oum-er- Moussa.
Rbia, les Bni-Moussa au sens le plus large du terme, Dans le périmètre des Bni-Moussa l'essor de
couvrent la région comprise entre les oueds El-Abid et l'agrumiculture lors de la mise en eau du périmètre,
Derna, puis ce sont les Ouled-Youssef et les Guettaya puis de la betterave sucrière avec la construction de
trois sucreries : Souk-es-Sebt des Ouled-Nemaâ
PLAINE DU TADLA 301
périmètre du Tadla y ont été préfabriqués. La population du Tadla offre un mélange com-
plexe de type « berbère » et « arabe » du fait de la
L'économie reste essentiellement axée sur l'agri-
proximité de la limite plaine montagne et des
culture (céréales, agrumes, olives, coton, betterave
mouvements engendrés par ce phénomène sur lequel
sucrière et élevage moderne) mais deux tendances se
viennent se surimposer les divers flux migratoires dus
manifestent nettement : d 'abord une orientation vers
à la création des périmètres modernes.
une polyculture industrielle (betterave sucrière, coton,
etc.), puis un mouvement vers les industries de La population rurale dont l'habitat est soit du type
conditionnement et de transformation. Il faut isolé (nouala, gourbi, etc.) soit du type agglomération
également noter un essai d'implantation d'industrie (en particulier sur les bords de l'Oum-er-Rbia, ce type
laitière avec étables-modèles et une tendance au déve- d'habitation étant peut être à attribuer à des raisons de
loppement de luzernières avec projets de création sécurité), est nettement prépondérante ; même des
d'unités de séchage. localités comme Bni-Mellal possède un caractère
urbain limité bien qu'évoluant rapidement. Toutefois
Malgré la mise en valeur moderne, la culture
les conditions générales de l'habitat rural changent
céréalière reste encore largement pratiquée par les
actuellement grâce à la création des villages ruraux
fellahs ainsi qu 'un élevage extensif et peu rationnel.
conçus selon des normes modernes : construction en
Le cheptel, important et mal nourri dans son ensem-
dur, adduction d'eau potable, électrification, réseau
ble, peut être estimé à 300 000 ovins, 50 000 caprins,
routier, etc.
25 000 asins, 5 000 équidés et 30 000 camelins en
année normalement humide. En 1960, la population rurale du Tadla se montait
à 198 000 habitants (55 habitants au km2 ).
Géologie
360
380
400
440
420
BOUJAD
2/28
240
240
3/36
2/36
2119/37
Oued Mellah
524/37 BIA
R-R
ME
644/36 OU
379/37
645/36
2107/37 378/37 2106/37
445/36 2111/37 KASBA TADLA 2103/37
P24
P 22 320/37
2114/37 2110/37
2102/37
443/36 3014/36 914/37
220 441/36 2109/37 2101/37
220
442/36 EL KSOB
406/36 2108/37
3010/36
448/36 T 1658 2105/37
3013/36 444/36 446/36
447/36 2104/37
0
T 13
3867/36 3011/36 2112/37
276/36
FKIH-BEN SALEH 2629/36
3012/36
T 728 631/37
T 1786
331/36
P 24
- Xx
- Xx
200 0 10 20 km
200
GEOLOGIE GENERALE
T 17
28
BORDURE NORD-ATLASIQUE
1634/37
180
P 24 AFOURERE 180 FORAGE DEPASSANT 100 METRES DE PROFONDEUR
2597/36 T1802
3000/36 (OU PRESENTANT UN INTERET PARTICULIER
SONDAGE GEOTECHNIQUE
BARRAGE
260/36 NUMERO I.R.E. DE L'OVRAGE
BZOU Oued T1803
380
400
420
- Xx
340
360
el
Abid
- Xx TRACE DU PROFIL GEOLOGIQUE (FIG.133)
FIG. 132 — Plaine du Tadla : Schéma géologique et carte de situation au 1/500 000 des forages profonds.
444/36 5PROJECTION- 2?5 KM nw°
446/36 5PROJECTION-2?8 KM nw°
FKIH-BEN-SALAH
BOU GERROUM
DAR-OULD-ZIDOUH
NGM
Oued Oum-er-Rbia
Retenue de
Surface
3000/36 (KMS1)
phréatique
2269/36 (DRZ1)
644/36
+500 +500
QUATERNAIRE
+400 ?
? S.PH.
+300
OLIGO
SEN. ? -MIO-P
LIOCE
+200 TUR. NE
C.IF. S ER
? IE
+100 La nappe phréatique est
profinde il s'agit de la
La nappe phréatique PRI. M AE P H O SP
est de moins en moins ST R H
nappe turonienne qui profonde. Sa surface est contenue, ICHT ATEE
0 PRI. I EN -
est libre: le Turonien du NE vers le SW, successive- EOC 0
est non saturé d'eau S EN EN E
ment dans le Sénonien, puis O NI
sous le Sénonien ou dans la série phosphatée puis dans EN
-100 la série phosphatée, l'Oligo-mio-pliocène, puis enfin à Fkih- TU R
ou bien, plus au NE, le ? CE ONIE
ben-Salah, dans le Quaternaire. NO N
-200 Turonien affleure La napppe turonienne est MA
NIE
NE
captive sous le Sénonien. TIN
-300 FR
CO AC
NT EN
INE OM
-400 NT AN ?
AL IEN
INE
RC -500
-500 PR ALA ?
IM IRE
AI
-600 RE
?
Limite
-700
entre nappe turonienne libre (NE) ?
TR
-800 et captive (SW) ou forage 644/36 I AS
(calcaires turoniens saturés par l'eau)
-900
-1000 -100
ORDOVICIEN (?)
Xx 0 10 20 30 40 50 km
-1500
ORDOVICIEN
TERMINAL
(Asghill)
Vers l'E, le Quaternaire disparaît non loin de Le Quaternaire ancien comprend des limons (li-
Zaouia-ech-Cheikh, pincé entre le Turonien et la mons inférieurs roses à concrétions calcaires, à galets
bordure atlasique entrant en contact elle-même avec le ou à cailloutis avec des niveaux de conglomérats
Paléozoïque du Plateau Central. fluviatiles), des calcaires, des marno-calcaires et des
conglomérats lacustres ; cet ensemble appartenant à
Vers le NE, la plaine quaternaire passe aux
l'Amirien est bien représenté dans les Bni-Amir (d'où
affleurements du Sénonien et du Turonien qui lui font
son nom) et vers Dar-Ould-Zidouh. A cet âge, il faut
une suite régulière avec un relief assez peu accentué,
également rattacher de nombreux cônes de déjection en
avant de buter eux-mêmes contre les formations
bordure de l'Atlas ainsi que les terrasses moyennes et
paléozoïques (Carbonifère et Ordovicien essentiellem-
hautes de l'Oum-er-Rbia.
ent) du Plateau Central (Méséta).
Du Quaternaire moyen (Tensiftien) on connaît des
Au N et au NW on retrouve la même structure
terrasses de l'Oum-er-Rbia et des cônes de déjection.
(plateau des Phosphates), mais le Crétacé est recouvert
Le Quaternaire récent (Soltanien) est constitué par
partiellement de l'Eocène en partie phosphaté. De
des limons (limons supérieurs rouges, parfois tirsifiés),
l'Eocène affleure également au N de Kasba-Tadla
des calcaires et des marno-calcaires avec conglomérats
(Lutétien) et sur la bordure nord de l'Atlas.
affleurant sur de grandes surfaces dans les Bni-
Enfin à l'W, la Bahira représente la suite
Moussa. A cet âge appartiennent également de basses
géologique et géographique du bassin mio-plio-qua-
terrasses limoneuses le long de l'Oum-er-Rbia ainsi
ternaire du Tadla.
que des cônes de déjection en bordure de l'Atlas.
FORMATIONS PLIO-QUATERNAIRES
Le Quaternaire moderne (Rharbien) est surtout
DU TADLA
représenté par des dépôts alluvionnaires (graviers et
Le Tadla lui-même où les affleurements sont peu limons tirsifiés) et des calcaires lacustres. Il faut en
fréquents en raison de son allure topographique occupe effet noter des calcaires à Gastéropodes affleurant le
une vaste fosse de subsidence dont les séries long de l'oued El-Arich à l'ENE de Souk-es-Sebt des
secondaires et tertiaires ont été recouvertes par des Ouled-Nemaâ semblant ainsi représenter les derniers
dépôts continentaux du Villafranchien au Quaternaire vestiges de l'ancien lac du Tadla, ceci au point où les
récent. Bien que le cours moyen de l'Oum-er-Rbia ne dépôts quaternaires paraissent atteindre leur maximum
se soit vraisemblablement pas imposé pour des raisons de puissance.
tectoniques, on observe néanmoins de part et d'autre de
son tracé une différence géologique dans l'âge des En fait, le remplissage quaternaire est hétérogène
formations affleurantes : les formations sont plus (surtout dans les Bni-Moussa) et comporte de
anciennes (Quaternaire ancien et vers l'W, nombreux passages latéraux de faciès (formations
Villafranchien) au N qu 'au S (Qua-ternaire récent à hétéropiques et homotaxes). De nombreux forages
actuel, sauf à l'W où du Qua-ternaire ancien existe sur d'eau ont apporté des précisions sur le Quaternaire : ils
les berges de l'oued El-Abid). Cette asymétrie est ont en général une profondeur comprise entre 40 et 70
certainement due au fait que l'axe du synclinal est situé m (quelques-uns vont jusqu'à 100 m) ; de plus (la
entre l'Oum-er-Rbia et la bordure atlasique sinon sous figure 132 représente l'état des forages profonds dans
le déversement de l'Atlas comme semble le montrer le le Tadla à fin octobre 1973) sept forages
forage pétrolier entrepris dans les environs d'El- hydrogéologiques ont dépassé 100 m dont quatre,
Khemis des Ouled-Ayad (KMS 1 ou 3 000/36). foncés en vue de la recherche de nappes anté-
Le Villafranchien affleurant sur les rives de l'Oum- quaternaires, sont allés au-delà de 200 m: 276/36
er-Rbia et dans la partie ouest du Tadla se compose exécuté en 1955 (480,85 m) ; 331/36 exécuté en 1952
essentiellement de marno-calcaires roses, rouges ou (249,90 m) ; 1914/37 exécuté en 1971 (221,50 m) ;
blancs avec des intercalations de calcaires et parfois 3867/36 exécuté en 1973 (550,00 m). Pour la plupart,
des conglomérats à éléments calcaires du Lias, du ils ont été exécutés au battage (quelques rares forages
Permo-Trias et du Paléozoïque. On observe également ont été carottés mécaniquement en partie) et leurs
deux niveaux de calcaires lacustres : niveau supérieur coupes ne peuvent donc guère être que lithologiques et
et niveau inférieur, ce dernier appartenant peut être au de ce fait d'une interprétation géologique très délicate
Pliocène. sinon impossible. Dans l'état actuel de nos connais-
sances, aucune corrélation à l'intérieur du Quaternaire
On distingue ensuite le Quaternaire dit le plus
ne peut être valablement tentée en l'absence de
ancien formé de calcaires lacustres post-villafranchiens
renseignements complémentaires : diagraphies
(région de Dar-Ould-Zidouh) et de conglomérats à
électriques (quelques-unes ont été exécutées depuis
éléments siliceux, localement consolidés (entre El-
1970), études des minéraux lourds et des argiles,
Khemis des Bni-Chegdal et Tleta des Bni-Oukil de
analyses polliniques, micropaléontologie, etc.
même qu'au NE de Fkih-ben-Salah).
306 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Pédologie
Différents types de sols se rencontrent dans le Les sols calcomagnésiformes plus ou moins évo-
bassin du Tadla. Ce sont, par ordre d'importance : les lués sur substratum calcaire sont impropres à la
sols isohumiques conditionnés par les caractéristiques culture et s'observent en particulier le long des oueds
climatiques régionales, puis les sols dus à des Oum-er-Rbia et Derna.
conditions locales : sols à sesquioxydes, sols
calcomagnésiformes, vertisols et sols hydromorphes. Les vertisols (fréquemment sols tirsifiés), cultiva-
Les sols isohumiques (sols bruns et châtains sub- bles, possèdent une certaine extension : région à l'E
tropicaux) sont de loin les plus répandus : ce sont eux des Ouled-Jabri jusqu 'aux Ouled-Embark et zone au N
qui supportent la plupart des cultures. de Rhorm-el-Alem. Entre ces deux régions on observe,
outre des sols isohumiques, des sols peu évolués
Les régions ceinturant le Tadla du NW de Fkih- reposant sur les poudingues des cônes de déjection
ben-Salah au N de Kasba-Tadla ainsi que de petites (Bni-Mellal).
surfaces à l'WSW et à l'ENE de Bni-Mellal sont
caractérisées par des sols rouges méditerranéens à
Enfin les sols hydromorphes se voient dans les
caractère isohumique (sols à sesquioxydes) supportant
fonds de vallées ou d'anciens marécages mal drainés :
de maigres cultures.
oueds Ouerna, Day, marécages d'El-Arich.
Deux facteurs agissant en sens contraire, préci- d' une moyenne annuelle de 590 mm pour Bni-Mellal à
pitations et températures, conditionnent le climat 329 mm pour Dar-Ould-Zidouh.
semi-aride et continental de la plaine du Tadla.
Les températures sont sujettes à de très
Les précipitations sont réparties irrégulièrement importantes variations saisonnières ; il n'est pas rare
dans le temps et dans l'espace. En effet, la pluvio- d'observer en hiver des températures comprises entre
métrie annuelle d'une station peut varier de 1 à 2,5 0 et 5°C alors que les maxima d'été se situent toujours
(Bni-Mellal), voire de 1 à 4 (Fkih-ben-Salah). Alors entre 38 et 42°C. Par ailleurs les amplitudes
que la zone de piémont est relativement bien arrosée journalières peuvent dépasser 20°C. Dans l'espace, la
(Bni-Mellal en particulier), une diminution très nette moyenne générale des températures s 'élève de Bni-
des précipitations s'observe d'une part d'Est en Ouest, Mellal en direction de Dar-Ould-Zidouh où s'étend, le
d'autre part de l'Atlas vers l'Oum-er-Rbia, passant long de l'Oum-er-Rbia, une zone d'aridité bien marquée
PLAINE DU TADLA 307
CLIMATOLOGIE 1933-1963
KASBA TADLA 16.8 4.3 19.0 5.3 21.8 7.5 24.2 9.9 28.6 13.4 33.9 16.9 39.2 39.2 39.0 28.4 33.6 17.4 27.8 13.6 21.9 9.5 17.5 5.6 26.9 12.1
28.6 73.2
KASBA TADLA 10.6 12.2 14.6 17.0 21.0 25.4 29.7 29.7 25.5 20.7 15.7 11.6 19.5 390 - 30,6 DB’4 db’4 450 2310 (P) 1952 - 1961
L'automne à proprement parler n'existe pas ; le des caractères pluviaux et thermiques, notamment
passage entre la période chaude et sèche et la période pour les zones à plus grande aridité).
froide et plus humide se fait soit progressivement, soit En bref, le climat général du Tadla peut se définir
par paliers. comme suit : les températures s'élèvent progressivem-
ent depuis avril pour atteindre leurs maxima en juillet
Les observations précédentes se rapportent es- et en août et s'abaissent nettement depuis mi-
sentiellement à la région de Bni-Mellal ; elles restent septembre jusqu'aux minima de janvier-février ; les
toutefois valables pour l'ensemble du bassin du Tadla précipitations s'échelonnent irrégulièrement d'octobre-
en y apportant de légères modifications (accentuation novembre à avril-mai ; elles sont quasi-inexistantes en
juillet et en août.
L'oued Oum-er-Rbia traverse le Tadla sur environ d'hectares (maximum : 2 935 ha). Ces bassins qui ne
160 kilomètres ; son cours d'orientation générale contiennent pas de cours d'eau pérenne présentent de
ENE-WSW jusqu 'à l'amont de sa confluence avec grands dangers : en effet, des crues subites et violentes
l'oued El-Abid, puis à l'aval de celle-ci de direction, dues à un coefficient de ruissellement élevé (élévation
NW-SE, divise la plaine en deux parties rapide de l'altitude, peu ou pas de forêt) atteignent
asymétriques. rapidement la plaine. Du point de sortie, les eaux de
crue utilisées en partie par l'irrigation locale,
La rive droite se caractérise par un réseau hydro-
s'épandent sur des cônes de déjection plus ou moins
graphique mal organisé dont la plupart des oueds
anciens jusqu'aux canaux principaux GM et G, parfois
n 'atteignent l'Oum-er-Rbia que lors de crues
jusqu'à la route Bni-Mellal—Marrakech (P 24) ; une
importantes. D'Est en Ouest on relève les cours d'eau
très faible partie de ces eaux s'infiltre dans la nappe.
suivants : Mellah, Bou-Begra, Tahezrit, Bou-Guer-
Actuellement le problème du contrôle de ces eaux
roum et Zem. Les eaux de certains de ces oueds
sauvages est partiellement résolu, d'une part en
pérennes (alimentés par des sources) sont utilisées
procédant à l'établissement de banquettes et à un
pour l'irrigation locale : Bou-Guerroum et Zem. A
reboisement des bassins versants, d'autre part en
l'Ouest de ces oueds sillonnant les Bni-Maâdane,
conduisant les eaux excédentaires à l'Oum-er-Rbia au
s'étend une vaste région sans drainage naturel limitée
moyen des collecteurs utilisés également dans d'autres
arbitrairement à l'Ouest par l'oued Bou-Guerraf-Zoug
buts : évacuation des surplus d'irrigation, exutoire des
aux environs d 'El-Borouj : une partie de cette étendue
drains secondaires, drainage de la nappe phréatique
est occupée par l'actuel périmètre du Tadla (Bni-
dans la partie aval à l'ouest de Souk-es-Sebt des
Amir). Le drainage des Bni-Amir a été fortement
Ouled-Nemaâ.
amélioré dans la zone irriguée grâce à la construction
de nombreux drains-collecteurs qui, dans quelques
zones d'émergence de la nappe phréatique, ont été RESEAU HYDROGRAPHIQUE
équipés de branches secondaires et tertiaires. Trois rivières impriment leurs marques sur le
Sur la rive gauche de l'Oum-er-Rbia le réseau Tadla : l'Oum-er-Rbia, le Derna et l'El-Abid.
hydrographique est mieux organisé. D'Est en Ouest,
on note l'oued Zemkil dont les eaux n'atteignent en L'OUM-ER-RBIA
général pas l'Oum-er-Rbia, l'oued Derna orienté E-W
et traversant le Tadla sur plus de 25 kilomètres avant L'oued Fellat prend naissance vers 1 800 m
de se jeter dans l'Oum-er-Rbia, les collecteurs du d'altitude; après avoir reçu sur sa droite l'Admer-Izem,
périmètre des Bni-Moussa qui ont été aménagés puis sur sa gauche l'oued Bou-Idji grossi de l'apport
(oueds Ouerna, Day et Takerzoust-El-Arich dénommé d'une quarantaine de sources vauclusiennes, cette
aussi Rbat sur sa partie supérieure) et enfin l'oued El- rivière est à l'origine géographique de l'Oum-er-Rbia.
Abid de direction N-S parcourant plus de 20 En fait, on peut considérer comme origine
kilomètres en plaine avant d'atteindre l'Oum-er-Rbia. hydrologique l'ensemble des sources, d'ailleurs
A l'exception de l'oued El-Abid, les eaux de toutes dénommées « sources de l'Oum-er-Rbia », qui
ces rivières sont utilisées partiellement ou totalement jaillissent au débit moyen de 11 à 15 m3 /s au pied de la
pour les besoins d'une irrigation plus ou moins falaise calcaire du Kheddoud, située à 26 km au NE de
traditionnelle. Khénifra ; ainsi dès l'origine l'Oum-er-Rbia est assuré
d'un débit minimum régulier. L'eau des sources
Le piémont est dominé par de nombreux bassins jaillissant à un débit considérable au pied des calcaires
d 'extension limitée, variant de quelques dizaines du Lias inférieur est douce (résidu sec de l'ordre de
d'hectares ( minimum : 86 ha ) à plusieurs milliers 570 mg/l) tandis que d'autres sources qui sourdent au
440
340
420
380
400
360
BOUJAD
EL-KSIBA
KASBA-TADLA
M.A.R.A. 1005 621
240 M.T.P.C./M.N. 505 48 240
1959-1969
DB'4db'4(-30,6) 1933-1963 1961-1971
976 1056
26,9 12,1 459 577
FKIH-BEN-SALAH 1933-1963 1959-1969
1933-1963 1933-1963 1961-1971
ah
O.R.M.V.A.T. 435 384
Mell
1959-1969
d
Oue
350 405
R.
S.
1
1933-1963 1959-1969 KASBA-ZIDANIA BIA
33
R-R
ME
OU
O.N.E 435 387
1959-1969 ED
OU
350 414
1959-1969 KASBA TADLA P 24
1933-1963
22
P
DAR-OULD-ZIDOUH
220 220
M.I. 372 EL KSOB
E1B'4db'4(41,2) 1934-1944 OULAD-GNAOU
58
26.1 329 320 16 O.R.M.V.A.T. 447 409
11.4 T
1933-1963 DB'4db'4(-31,6) 1959-1969
T130
1934-1944 1934-1944 1954-1960
27,4 11,0 448
FKIH-BEN SALAH 1954-1960 1959-1969
T 1720
T 1786
P 24
M.T.P.C. 538 535
LA DEROUA Oued derna
DB'4db'4(-23,4) INCONNU 1959-1969
M.A.R.A./E.F. 42.8 392
590 638
1959-1969
R.
1933-1963 1959-1969
S.
415 0 10 20 km
1
27.2 8,7 ?
33
200 200
1950-1956 1959-1969
T 1728
1 2
ER-RBIA 3 4 5
OUM
DAR - OULD - ZIDOUH OUED 7 8 6
BENI-MELLAL
9 10 12
P 22
SOUK - ES - SEBT 14
T 1732 DES OULED- NEMAA 11 15
13
S 134
BZOU OUAOUIZARHT 1 TYPE DE STATION METEOTOLOGIQUE
Secondaire
M.I. 450 311 M.I. 925
Synoptique
Principale Pluviométrique
2 NOM DE LA STATION METEOLOGIQUE
1959-1969
S 508
O
MENSUELLE (les données manquantes ont été extrapolées à partir
ue
d'autres stations météorologiques)
d
BINE-EL-OUIDANE 27,8 12,1 487 501 6 PERIODE DE REFERENCE POUR LA CASE 5
OUAOUIZARHT 7 TYPE CLIMATIQUE + INDICE GLOBALE D'APRES THORNTHWAITE
0 O.N.E. 815 515 1949-1960 1949-1960 1959-1969 8 PERIODE DE REFERENCE POUR LA CASE 7
81
T1
9 MOYENNE ANNUELLE DES MAXIMA QUOTIDIENS EN °C
!!!chiffre!!
10 MOYENNE ANNUELLE DES MINIMA QUOTIDIENS EN °C
Q1B'3sb'4(-19,0) 1933-1963 1959-1969
11 PERIODE DE REFERENCE POUR LES CASES 9 ET 10
380
420
BZOU
400
360
- Xx
FIG. 135 — Plaine du Tadla : carte de situation au 1/500 000 des stations météorologiques.
380
360
340
420
440
400
BOUJAD
T DECHRA-EL-OUED 1475/37
240 B KASBA-TADLA 1476/37 M.T.P.C./D.R.E. 591 1953 240
O.R.M.V.A.T. 470 1924 3330 950 1953-1973
4310 960 1924-1973 31,4 9,4 4,2 2010 250 905 53
38,6 6,9 4,8 1670 450 773 142 1936--1970 1964-1971
ellah
1936-1970 1964-1971
dM
Oue
R.
S.
T OULAD-SIDI-DRISS 2408/36
13
3
M.T.P.C./D.R.E. 315 BIA
R-R
700 1967-1973 S KASBA-ZIDANA 1477/37 ME
18520 OU
22
PAS D'ANALYSES
P
NON CALCULABLE
220
220
s MECHRA-NEHADA 2213/36 EL KSOB
M.T.P.C./D.R.E 328 1964
58
7967 550 1964-1973
16
TAGHZIRT 1480/37
T
S
---- ---- ---- 930 260 273 35
30
1925
T1
----
M.T.P.C./D.R.E. 565
NON CALCULABLE 1964-1971 300 1963-1973
FKIH-BEN SALEH
455
T 728 (5,3) (11,6) ---- 510 160 53 9
T 1786
1968-1970 1964-1971
P 24
Oued Derna
C MECHRA-ED-DAHK 1478/37
M.T.P.C./D.R.E. 406 1963
R.
1963-1973
S.
6710 830 0 10 20 km
13
200
3
200
44,7 6,7 4,8 1170 240 479 44
1936-1970 1964-1971
1 2 3
T 1728
ER-RBIA
OUED OUM 4 5 6
DAR - OULD - ZIDOUH
7 8 9
BENI-MELLAL
P 22
SOUK - ES - SEBT 10 11 12 13 14 15 16
T 1732 DES OULED- NEMAA
17 18
S1
34
OUAOUIRHINNT C Cyclopotence
Telephonique
S
B
Simplifiée
Barrage
Ligne(s) d'échelles
El
6470 323 1953-1973
-A
9 PERIODES DES MESURES HYDROLOGIQUES (lacunes dans les mesures non indiquées)
Ou
bid
10 MODULE MOYEN ANNUEL NATUREL EN m3/s les chiffres entre parenthèses
ed
37,9 5,8 7,2 400 150 114 35 OUAOUIZARHT 11 MODULE MOYEN ANNUEL NATUREL EN l/s/km² sont donnés à titre indicatif
vu le nombre limité de mesures
12 COEFFICIENT D'IRRIGULARIT2 INTERANNUEL disponibles
1930-1970 1964-1969
10
17 LES PERIODES UTILISEES POUR LES CHIFFRES MENTIONNES DANS LES CASES 10 A 14
380
Ou
360
18
420
BZOU ed 03
Ab
id
contact des argiles triasiques au débit moyen compris station hydrologique n'existe. Par contre, outre l'oued
entre 400 et 500 l/s sont très chargées en sels (de El-Abid, des collecteurs, des drains, un canal de fuite
l'ordre de 17 000 mg/l). De ce fait, les sources salées et de nombreuses sources à faible débit atteignent
véhiculent annuellement 0,23.10 6 tonnes de sels contre l'Oum-er-Rbia qui, de plus, draine les nappes
0,20.10 6 tonnes pour les sources douces, ceci malgré le phréatiques dans des proportions inconnues. Une
rapport des débits qui est de l'ordre de 1 à 25. Le mesure, même très approchée, des débits apportés à
mélange entre les eaux douces et salées s'effectue l'Oum-er-Rbia dans sa traversée du périmètre
immédiatement après l'émergence. d'irrigation, est pratiquement impossible vu la
complexité du système hydrographique artificiel et
Jusqu'à son entrée dans le périmètre du Tadla, le
naturel.
régime de l'Oum-er-Rbia est assez bien connu grâce à
trois stations hydrologiques. Tout à l'amont, la station
de Khénifra fonctionne régulièrement depuis 1927 L'OUED DERNA
avec une lacune de 1956 à 1963 ; puis à l'aval, la A 41 km à l'aval de Kasba-Tadla, l'Oum-er-Rbia
station de Dechra-el-Oued fournit des résultats reçoit sur sa rive gauche un affluent de type
réguliers depuis 1953. A Kasba-Tadla le barrage de méditerranéen : l'oued Derna ou Drent. Deux stations
prise pour l'irrigation des Bni-Amir a été terminé en hydrologiques sont implantées sur son cours : l'une à
1935 ; auparavant une station hydrologique a été l'entrée dans la plaine à Taghzirt (à l'aval des séguias
exploitée de 1924 à 1931. Le barrage fournit des Tazeroualt et Aït-Habibi) fournit depuis 1963 des
données depuis 1937. Actuellement les débits à Kasba- résultats réguliers, malheureusement peu utilisables
Tadla sont connus en appliquant la formule suivante : (une ancienne station dénommée Et-Tleta dont
—— l'emplacement n'est pas connu avec certitude a
Q = 0,394 x 188 x H √2gH dans laquelle fonctionné sporadiquement de 1937 à 1947) ; l'autre
dénommée Moulay-bou-Zekri, entièrement nouvelle,
0,394= coefficient que l'expérience a con- est située à l'aval de l'exutoire du canal principal D des
firmé, Bni-Moussa et a commencé à fonctionner régulièrem-
188 = largeur de la lame déversante en m (et ent depuis 1963 également.
non 200 m comme utilisé par erreur
auparavant), L'OUED EL-ABID
H = hauteur du niveau d'eau (en m) au-dessus A 141 km à l'aval de Kasba-Tadla, l'oued El-Abid
du déversoir, lue à l'échelle. se jette dans l'Oum-er-Rbia (rive gauche) ; cet affluent
important est connu grâce à deux stations hydro-
logiques : l'une à la hauteur du barrage de Bine-el-
Q = débit réel (en m3 /s). Ouidane fournit des données depuis 1953 (de 1943 à
1947 des échelles ont été installées à l'amont du
Entre Khénifra et Kasba-Tadla, l'Oum-er-Rbia barrage actuel ; on ne possède pas de renseignements à
reçoit sur sa rive gauche deux affluents dont les débits leur sujet), l'autre peu à l'aval de l'entrée de l'oued dans
sont mal connus : d'abord l'oued Srou (station la plaine à Ouaouirhinnt près de Bzou a fonctionné de
hydrologique à Tillouguit-Homadi, mesures régulières 1924 à 1953 avec des lacunes. Une nouvelle station
depuis 1964) grossi de l'oued Chbouka (station mise en service à 150 m à l 'aval de l'ancienne fournit
hydrologique à El-Herri, mesures régulières depuis des résultats depuis 1963. Enfin, deux autres sections
1964), puis l'oued Ouaoumana (station hydrologique sur l 'oued El-Abid sont jaugées plus ou moins
sur la route P 24, mesures depuis 1964). régulièrement et ne possèdent pas d 'installations fixes :
Taguelft à l'amont du lac de Bine-el-Ouidane et
L'entrée de l'Oum-er-Rbia dans le périmètre irrigué Mechra-Nekhada (dénommée parfois Confluence) peu
proprement dit se fait à la hauteur du pont de la route à l'amont de la confluence de l'oued El-Abid avec
secondaire 133 où la station hydrologique de Mechra- l'Oum-er-Rbia.
ed-Dahk, construite en 1963, fonctionne régulièrement
depuis cette date. L'assif Ahansal, principal affluent sur la rive
' gauche de l'oued El-Abid à l'amont de Bine-el-
Le débit réel de l Oum-er-Rbia à sa sortie du Tadla Ouidane, a possédé une station hydrologique à Til-
est connu par la nouvelle station hydrologique louguit qui a donné des valeurs de 1950 à 1953.
d'Oulad-Sidi-Driss dont la mise en service remonte à Depuis 1967 un certain nombre de jaugeages ont
1967 seulement ; cette station est située 7 kilomètres à également été effectués en ce point.
l'aval de la jonction de l'oued El-Abid avec l'Oum-er-
Rbia. MODULES ANNUELS ET INTERANNUELS
Entre Mechra-ed-Dahk et Oulad-Sidi-Driss aucune A Khénifra, l'Oum-er-Rbia est une rivière au
312 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
module spécifique élevé (16,94 l/s/km2), phénomène dû A Khénifra, la crue de janvier 1970 a accusé un
à l'abondance des sources de l'Oum-er-Rbia et à la débit de pointe de 503 m3/s contre 420 m3/s pour celle
faible superficie du bassin versant hydrologique de décembre 1963 ; toutefois le volume écoulé de la
apparent. En effet, pour avoir un chiffre correct, il crue de décembre 1963 reste de loin le plus important.
faudrait connaître le bassin versant réel, c'est-à-dire
A Dechra-el-Oued, quatre crues dont le débit
inclure le bassin hydrogéologique des sources de
maximal dépasse 1 000 m3/s ont été observées depuis la
l'Oum-er-Rbia qui doit être partiellement ou totalement
création de la station :
commun au bassin versant de l'oued Guigou dont les
eaux de surface rejoignent le Sebou. Ce module
spécifique s'appauvrit vers l'aval : en effet, les affluents 1 062 m3/s mars 1962
sont peu nombreux et mal alimentés : oueds Srou, 1 133 m3/s février 1963
Ouaoumana et Derna. A Kasba-Tadla le module
spécifique (8,95 l/s/km2) atteint environ la moitié de 1 438 m3/s décembre 1963
celui de Khénifra tandis qu'à Oulad-Sidi-Driss (4,88 1 403 m3/s janvier 1970
l/s/km2) il s'élève au quart environ malgré l'apport de
Si les débits de pointe des crues de décembre 1963
l'oued El-Abid dont le module spécifique est de 5,62
et de janvier 1970 sont très voisins, la crue de 1963 a
l/s/km2 seulement à Ouaouirhinnt. En effet, bien que le
cependant véhiculé un volume d'eau beaucoup plus
module moyen annuel de l'oued El-Abid soit
important que celle de 1970.
relativement élevé, le module spécifique de cette rivière
est très faible à cause de la superficie importante du
bassin versant (7 840 km2 à Ouaouirhinnt). Vers l'aval, Les corrélations entre les crues mesurées à Khénifra
le module spécifique de l'Oum-er-Rbia diminue encore. et à Dechra-el-Oued sont excellentes. D'après les lois de
Tous ces modules spécifiques ont été calculés à partir Gumbel les crues théoriques de ces deux stations
des débits naturels mesurés (comme à Khénifra) ou peuvent être chiffrées comme suit :
reconstitués (comme à Oulad-Sidi-Driss) en prenant en
compte les utilisations des eaux dans le bassin '. 3
Débit de pointe en m /s
A Khénifra le coefficient d'irrégularité interrannuel Temps de récurrence Khénifra Dechra-el-Oued
des modules de l'Oum-er-Rbia est de 2,7, chiffre très
faible dans la zone méditerranéenne, dû à l'alimentation
régulière par les sources de l'Oum-er-Rbia. Ce décennal 392 1 225
coefficient croît vers l'aval pour atteindre 4,8 à Kasba-
centennal 629 1 995
Tadla et 5,4 à Oulad-Sidi-Driss.
millénial 861 2 750
Pour l'oued Derna, le coefficient d'irrégularité
interannuelle n'est pas connu, mais doit atteindre une dix millénial 1 095 3 510
valeur assez élevée, supérieure à 5, peut-être même, à
10, chiffre explicable par l'irrégularité des précipitat-
ions d'une année sur l'autre et favorisé par la faible A Mechra-et-Dahk, on peut très grossièrement
superficie du bassin versant. estimer le débit de pointe de la crue de décembre 1963
Pour l'oued El-Abid, le coefficient d'irrégularité à 2 500 m3/s, le débit moyen journalier du 20 décembre
interannuelle atteint 5,8 à Ouaouirhinnt, chiffre très 1963 ayant été de 2 060 m3/s.
proche de celui de l'Oum-er-Rbia à Oulad-Sidi-Driss. Bien que tous les débits de pointe des crues
Cette valeur assez élevée est essentiellement à mettre mentionnées plus haut soient élevés et les plus forts
en relation avec l'irrégularité des précipitations sur le actuellement connus, ils ne représentent pas des valeurs
Haut Atlas. exceptionnelles (temps de récurrence à Imfout sur
l'Oum-er-Rbia pour la crue la plus forte de décembre
CRUES 1963 : 3 200 m3/s en débit réel, soit 3 850 m3/s en débit
naturel = 40 ans) en effet, la pluviométrie de 1962-1963
Les crues importantes de l'Oum-er-Rbia sont a été élevée, mais non unique.
relativement bien connues aux stations hydrologiques
de Khénifra depuis 1963 et de Dechra-el-Oued depuis
1954. Elles ont également été observées aux autres ETIAGES
stations, notamment à Kasba-Tadla et à Mechra-ed-
Dahk, mais les courbes d'étalonnage de ces stations ne Les étiages aux diverses stations sont résumés dans
permettent pas de connaître avec sûreté les débits de le tableau ci-dessous : les débits mentionnés sont les
pointe ni les volumes écoulés. débits naturels soit mesurés, soit reconstitués.
PLAINE DU TADLA 313
Contrairement aux débits de crues, les étiages de A Kasba-Tadla, la situation est pratiquement la
l'année 1944-1945 sont dus à une année exceptionnel- même qu'à Khénifra : 960 mg/l de résidu sec en
lement sèche dont le temps de retour est de 250 ans à moyenne avec un maximum observé de 1 670 mg/l.
Imfout à l'aval du bassin. Plus à l'aval, la situation s'améliore mais sans in-
cidence sur le périmètre d'irrigation : en effet, on
QUALITE CHIMIQUE DES EAUX observe un résidu sec moyen de 830 mg/l (maximum
Comme une partie importante des eaux de l'Oum- mesuré : 1 170 mg/l) à Mechra-ed-Dahk et de 700
er-Rbia et de l'El-Abid est utilisée pour l'irrigation, mg/l (maximum mesuré : 900 mg/l) à Oulad-Sidi-
une attention toute particulière doit être portée à la Driss.
composition chimique des eaux de ces deux rivières.
En effet, lors d'années particulièrement sèches (1967 Par contre les oueds Derna et El-Abid roulent des
par exemple), la quasi-totalité du débit de l'Oum-er- eaux de bonne qualité chimique : environ 300 mg/l de
Rbia est dérivée vers le Périmètre des Bni-Amir. De résidu sec en moyenne pour l'oued Derna à Taghzirt et
plus, si le barrage de Dechra-el-Oued est construit, de à Moulay-bou-Zekri et, pour l'oued El-Abid, 300 mg/l
nouvelles zones dans les Bni-Amir et peut-être dans de résidu sec en moyenne à Bine-el-Ouidane et 500
les Bni-Moussa seront irriguées à partir des eaux de mg/l à Ouaouirhinnt.
l'Oum-er-Rbia.
Déjà à Khénifra, l'Oum-er-Rbia roule des eaux La médiocre qualité chimique des eaux de l'Oum-
relativement salées (990 mg/l de résidu sec en moy- er-Rbia supérieur (jusqu'à Kasba-Tadla compris) est
enne) pouvant atteindre 1 650 mg/l de résidu sec en donc une cause d'inquiétude à long terme pour l'ir-
période d'étiage ; cet état de fait est surtout dû à rigation des Bni-Amir. Toutefois on peut espérer que
l'apport des sources salées (voir plus haut). la qualité chimique de l'eau sera nettement améliorée
Entre Khénifra et Kasba-Tadla, l'Oum-er-Rbia si le barrage de Dechra-el-Oued est édifié grâce au
reçoit deux affluents ; le Srou : 1 250 mg/l de résidu stockage des eaux de crues dont le résidu sec peut
sec en moyenne à l'amont de sa confluence avec l'oued s'abaisser jusqu'à 250 mg/l (53 mg/l de chlorures).
Chbouka aux eaux douces (570 mg/l de résidu sec en
moyenne) et l'Ouaoumana (environ 300 mg/l Enfin, parallèlement aux jaugeages des débits
seulement de résidu sec en moyenne) mais coulant à liquides, des études de débits solides ont été en-
faible débit. De plus, pour le Srou, des concentrations treprises à diverses stations hydrologiques ; il est
en résidu sec dépassant 6 000 mg/l ont été mesurées en encore trop tôt pour en tirer des conclusions valables.
périodes d'étiage.
Hydrogéologie
De toute la plaine du Tadla, le périmètre irrigué assez fragmentaire, détaillant plutôt des problèmes
surtout a fait l'objet d'études hydrogéologiques locaux que généraux. Citons en particulier les travaux
suivies : celles-ci ont débuté vers 1946-47 avec celles de R. Hazan et de L. Moullard. En 1961, deux mises
de G. Choubert et E. Bolelli, ce dernier ayant pré- au point devaient être tentées, l'une dans les Bni-
senté une synthèse des résultats lors du 19e Congrès Moussa par Ph. Carlier, l'autre dans les Bni-Amir par
Géologique International tenu à Alger en 1952 dans S. Cottez. La création d'un Centre Régional de la
ouvrage intitulé « Hydrogéologie du Maroc ». Par Division des Ressources en Eau à Bni-Mellal en
suite, ces études ont été poursuivies d'une manière décembre 1961 a relancé les études systématiques
314 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
grâce à la mise à disposition de crédits importants limites, sont encore insuffisants pour l'établissement de
permettant une exploration toujours en cours. Ces bilans hydrauliques précis. Il y a d'ailleurs avantage à
études ont d'abord été menées par P. Breil (1961-1962), distinguer deux nappes phréatiques dont les
puis par H. Etienne et B. Genetier (1962-1967), par Ch. caractéristiques sont assez différentes : sur rive droite
Archambault (1967-1972) et actuellement par D. de l'Oum-er-Rbia, la nappe des Bni-Amir, sur rive
Guessab. gauche celle des Bni-Moussa. Depuis 1972 il a été fait
appel aux modèles mathématiques pour simuler un
Cette nouvelle phase de l'exploration commencée
certain nombre de problèmes : étude de l'optimisation
en 1961 s'est essentiellement concrétisée par l'exécution
de l'exploitation de la nappe comprise entre l'oued
de très nombreux forages hydrogéologiques étudiant
Derna à l'W et Kasba-Tadla à l'E et exploitation des
seulement la nappe phréatique du périmètre irrigué ou
captages par puits et forages dans la région du canal
en voie d'équipement. Au 31 décembre 1972, 362
Médian-Est des Bni-Moussa.
forages mécaniques dont 328 à but hydrogéologique
étaient recensés dans le Tadla. Plus des deux tiers des Des nappes profondes captives sous le Tadla,
forages d'eau ont fait l'objet d'essais de pompage après explorées avec des fortunes diverses par 32 forages au
leur exécution pour déterminer la transmissivité et, 31 décembre 1972 (la plupart de ces forages n'ont pas
beaucoup moins fréquemment, le coefficient poursuivi un but hydrogéologique) existent dans
d'emmagasinement. De plus, de nombreux essais de l'Eocène, le Crétacé (Turonien notamment) et le
pompage ont été conduits sur des puits et d'anciens Carbonifère, mais leurs potentialités restent encore
forages durant des périodes pouvant atteindre un mois entièrement à étudier.
ou davantage (quinze mois dans le cas des trois forages
exécutés dans la région de Fkih-ben-Salah pour NAPPE PHREATIQUE DES BNI-AMIR
l'alimentation en eau de Khouribga).
On dénommera nappe phréatique des Bni-Amir la
Le système de surveillance périodique de la nappe nappe circulant dans les formations plio-quaternaires au
phréatique (essentiellement en zone irriguée) mis en N de l'Oum-er-Rbia bien qu'au N du Tadla elle existe
place partiellement par l'ancien Office de l'Irrigation dans des formations plus anciennes. Ainsi définie, la
Bni-Amir—Bni-Moussa et par la Circonscription de nappe des Bni-Amir est délimitée au N de l'Oum-er-
l'Hydraulique et de l'Electricité du Ministère des Rbia par le contact du Quaternaire avec les terrains plus
Travaux Publics a été repris, étoffé et surtout anciens : Sénonien et Lutétien dans les environs de
régulièrement appliqué. Les points d'eau relevés Kasba-Tadla et au S de Boujad, Lutétien au N de Fkih-
périodiquement, actuellement au nombre de 630 ben-Salah jusqu'à Oulad-Sidi-Driss sur l'Oum-er-Rbia.
environ, sont constitués soit par des puits, soit par des Au S, l'Oum-er-Rbia lui-même trace une limite peut-
forages piézométriques. Ces relevés qui ont lieu en être artificielle ; en tous cas la rivière joue le rôle d'un
principe mensuellement servent à l'établissement de axe de drainage. La nappe affecte très grossièrement la
cartes diverses (surtout piézométriques) et de gra- forme d'une ellipse. La partie plus spécialement étudiée
phiques permettant de faire rapidement le point pour est comprise entre l'Oum-er-Rbia, le canal d'irrigation
une région donnée. Les premières mesures, malheu- principal des Bni-Amir et une ligne joignant les Ouled-
reusement irrégulières, remontent à 1955 pour les Bni- Aïssa à Dar-Ould-Zidouh : c'est donc la nappe existant
Moussa comme pour les Bni-Amir. dans le périmètre d'irrigation.
Un certain nombre de drains et de collecteurs sont RÉSERVOIR AQUIFÈRE DE LA NAPPE LIBRE
actuellement jaugés régulièrement, mais l'interprétation
des mesures reste encore difficile. Dans le passé, les La nappe phréatique chemine dans un complexe
mesures de débits furent irrégulières : fréquentes pour plio-quaternaire composé essentiellement de calcaires
une section, rares pour une autre. francs, de marno-calcaires et d'argiles. Vers 40 à 50
mètres de profondeur, on rencontre fréquemment un
La station hydrologique de Mechra-ed-Dahk sur horizon argileux paraissant assez continu et pouvant
l'Oum-er-Rbia, implantée pratiquement à l'amont du être considéré comme une sorte d'imperméable. Dans le
périmètre irrigué actuel, a commencé à fonctionner en détail, la nappe est hétérogène, toutefois dans une
1963 tandis que celle situé à Oulad-Sidi-Driss à l'aval moindre mesure que celle des Bni-Moussa. Localement
de la confluence avec l'oued El-Abid n'a fourni des on observe des mises en charge sans que l'on puisse
résultats que depuis 1967. Ces deux stations sont parler de nappe captive sauf peut-être aux environs de
destinées, entre autres objectifs, à tenter de calculer le Dar-Ould-Zidouh où un forage de reconnaissance
drainage de l'Oum-er-Rbia au droit du périmètre irrigué. géotechnique (2400/36) donne un débit artésien. De
Etant donné l'hétérogénéité de la nappe phréatique, toutes les manières ce phénomène est vraisemblablem-
en particulier dans la région des Bni-Moussa, les ent dû à des variations de faciès des terrains très
renseignements collectés, notamment les conditions aux localisées.
PLAINE DU TADLA 315
PROFONDEUR DE LA NAPPE LIBRE, FLUCTUATIONS m2 /s dans la zone comprise entre les drains de Fkih-
Le niveau piézométrique se situe entre le niveau ben-Salah et de Sidi-bou-Khobza là où les fluctuations
du sol (zone d'émergence de Bir-Ghejjat) et plus de 20 du niveau piézométrique sont très faibles. Les valeurs
m de profondeur au N et au NE de Fkih-ben-Salah. les plus faibles, inférieures à 1.10-3 m / s , ont été notées
Les fluctuations saisonnières du niveau piézométrique, au N et au NE de Fkih-ben-Salah ; elles sont général-
très complexes dans le détail, sont soumises d'une part ement comprises entre 1.10 -4 et 1.10 -3 m2 /s avec un
aux précipitations, d'autre part aux irrigations. A titre minimum de 4.10 -6 m2 /s pour le forage 2061/36. Les
d'exemple, les précipitations importantes de décembre meilleures transmissivités s'observent dans les
1963 (262,6 mm à Fkih-ben-Salah) ont eu pour effet calcaires, mais des phénomènes de dénoyage sont
presque immédiat de faire affleurer la nappe sur plus fréquemment à l'origine de rabattements élevés malgré
de 1 000 hectares. une bonne transmissivité ; à l'inverse, les terrains plus
argileux, donc moins transmissifs, sont parfois plus
Dans la partie amont du périmètre au N de Fkih- faciles à exploiter. Ce phénomène fort gênant se
ben-Salah, là où le niveau piézométrique est supérieur rencontre d'ailleurs davantage dans les Bni-Moussa.
à 5 m, les fluctuations atteignent des valeurs élevées
(jusqu'à 7 m) tandis qu'elles sont beaucoup moins Les valeurs du coefficient d'emmagasinement ne
importantes vers l'aval hydraulique où le niveau sont connues qu'en trente points environ : elles varient
piézométrique est toujours inférieur à 5 m (sauf en de 1,4.10 -2 à 1,1.10 -1 ; toutefois plus de la moitié des
bordure de l'Oum-er-Rbia). Entre ces deux zones mesures sont comprises entre 2 et 4.5.10-2 .
s'observe au S de Fkih-ben-Salah une sorte de
charnière où les valeurs des fluctuations sont très HYDROCHIMIE DE LA NAPPE LIBRE
faibles ou nulles.
La valeur du résidu sec à 110°C de l'eau de la
D'une manière générale, la profondeur maximum nappe varie de 500 à 8 500 mg/l. D 'une manière
du niveau piézométrique se rencontre en hiver (sauf en générale, on observe un accroissement de la salure vers
cas de précipitations importantes) tandis que le l'aval hydraulique, particulièrement au N du chemin T
minimum est noté en été. Depuis la mise en service de 1737 entre les drains de Sidi-bou-Khobza et des Bni-
nombreuses pompes dans la partie SW des Bni-Amir, Aoun (fig. 138).
la nappe a tendance à baisser en été pour remonter
ensuite lentement jusqu'à l'hiver. A l'origine l'eau de la nappe était faiblement
minéralisée (de l'ordre de 300 mg/l), mais les irri-
HYDRODYNAMIQUE DE LA NAPPE LIBRE gations conduites à partir de l'eau de l'Oum-er-Rbia
dont le résidu sec atteint 1 500 mg/l en période d'étiage
Dans son ensemble la nappe s'écoule vers le SW à Kasba-Tadla (moyenne : 960 mg/l), c'est-à-dire au
(fig. 137) avec une pente moyenne comprise entre 2,5 moment des irrigations intensives, a profondément
et 3,5.10 -3 . Dans la région de Fkih-ben-Salah la pente modifié l'état chimique de la nappe. Par ailleurs la
diminue jusqu'à 2.10 -3 . En bordure de l'Oum-er-Rbia remontée du niveau piézométrique à moins de 2 m du
les isopièzes s'incurvent franchement de façon à sol sur d'importantes superficies a provoqué une
devenir parallèles à la rivière, soulignant ainsi le rôle intense évapotranspiration à laquelle il faut ajouter le
drainant de celle-ci ; dans cette zone le gradient recyclage des eaux de drainage et le lessivage des
hydraulique augmente fortement en raison de faibles engrais.
transmissivités pour atteindre 6.10-3 , voire 1.10 -2 par
endroits. L'influence de l'évapotranspiration est particuliè-
rement visible à l'amont hydraulique du périmètre, là
Cet écoulement général NE-SW de la nappe est où la profondeur de la nappe est comprise entre 5 et 20
freiné à l'aval du périmètre irrigué dans la région des m. Dans cette zone où l'évapotranspiration est nulle les
Mesgouna ; en effet, les forages 2172/36 et 2173/36 résidus secs sont toujours inférieurs à 1 500 mg/l. Par
ont mis en évidence en 1964 l'existence d'un seuil contre vers l'aval hydraulique, la profondeur de la
argileux qui est partiellement à l'origine des nappe est généralement comprise entre 0 et 2 m ; aussi
importantes remontées observées à l'amont dans des l'évapotranspiration y est-elle très forte, et, corrélativ-
terrains parfois très transmissifs. ement, la valeur du résidu sec, pratiquement toujours
Les transmissivités mesurées en plus de 100 points supérieur à 2 000 mg/l, peut atteindre 8 500 mg/l.
oscillent entre les valeurs de 1.10 -3 et 1,5.10 -1 m2 /s ; la Le faciès chimique de l'eau de la nappe est de type
plus grande partie du périmètre irrigué (fig. 139) est chloruré sodique (dû à la composition chimique des
constituée par des terrains dont les transmissivités se eaux de l'Oum-er-Rbia) avec parfois une teneur en
situent entre 5.10 -3 et 5.10 -2 m2 /s. Les valeurs les plus nitrates (NO3 ) pouvant dépasser 45 mg/l. Cette forte
fortes peuvent atteindre 1,72.10 -1 et même 1,9.10 -1
390
400
410
430
420
KASBA-TADLA
24
RP
380
370
220 220
RS
CANAUX D'IRRIGATION PRINCIPAL
13
CT
3
CANAUX D'IRRIGATION SECONDAIRE PR CT
17 L IN 16
35 NA CIP 22 64
CA
430
DRAINS ET COLLECTEURS PRINCIPAUX AL P CT 1659
R
43
DE
0
S
BN
65
I-A
16
MIR
CT
370 COURBE ISOPIEZOMETRIQUE EN m (Avril1973)
440
COURBE ISOPIEZOMETRIQUE EXTRAPOLEE
42
440
0
380 COURBE ISOPIEZOMETRIQUE EN m (Août 1972)
FKIH-BEN-SALAH
COURBE ISOPIEZOMETRIQUE EXTRAPOLEE
420
0 5 10 km
RS
13
3
210 210
41 20
0
0
4
44
0
44
CT 1734
0
43
520
T
510
06
ES 0
42
19
N
IA
T
d
400
C
ED Oue
40
0
M
390
53
AL
0
AN
480 480
0
490
54
C 0 0
44 45
0
0
0
54 0
46
55
47
0
43 Derna
530
0
550
52
39
0
0
42
380
CT 1731
RP 22
4
67
38
.1
0
.T
C
200
200
RS
0
42
COLLECTEUR OUERNA CT
13
CT 17
16
3
430
410 71
370 0
0
37
28
ia
44
Rb
450
3
71
42
0
1
41
RP
CT
CO
0
Er
LL
EC 46
0
0 TE
um
47
40
0
U DA
49
R DE
48
O
Y
0
50
9
CT 16
172
77
520
CT 0
530
500
510
CT 1677
14 40
CT
29 360 390
d
BENI-MELLAL
ue
O
390 LL IP
37
CT 1732 EC C
DAR-OULD-ZIDOUH TE IN
UR
PR
0
190
36
190
360
SOUK-ES-SEBT CT 1736 CT
DES OULED-NEMAA
24
16
0
83
35
CT 1729 RS RP
AR
1 34
350
IC
H
TA
OU EST
MEDIAN
K
CANAL
ER
CA
ZO
NA
C
US
L
T
CO
17
T
33
UR
RS
22
SI
O
ue
E
RP
RP 24
d
508
L
NA
CA
L
CT 1730
INCIPA
AL PR
El
CAN
180
GM
RP 24 AFOURERE
Ab G
id
L
PRINCIPA
AL
CAN
420
430
410
380
390
360
400
370
340
350
400
410
430
420
KASBA-TADLA 4
2
RP
380
370
100
220 220
50
RS
CANAUX D'IRRIGATION PRINCIPAL
0
10
13
CT
3
CANAUX D'IRRIGATION SECONDAIRE PR CT
17 L IN 16
35 NA CIP 22 9 64
DRAINS ET COLLECTEURS PRINCIPAUX CA A P 165
10 L D R CT
00 ES
75 BN
65
0 15 I-A 0
00 25
16
MIR
CT
500 COURBE D'EGALE CONCENTRATION DU ION Cl- en mg/l
0
15 50
00
0
1500
150
1000 COURBE D'EGALE CONCENTRATION DU RESIDU SEC à 110° C en mg/l
00
10 FKIH-BEN-SALAH
750
250
0 5 10 km 0
500
RS 75
13
3
210 210
2000
0
50
CT 1734 75 50
500 0 T
100 00
250
06
ES
20
19
750 AN
0
2500
CT
I d
ED 00 Oue
150
00 00 40 0
20 25
100 M
AL 20
0
0 0
75
0 N 25 100 00
100
50
00 CA
500
0
00
0
1500
30 3500 50
15
250
00
0 Derna
15
00 75
00
10 0
10
0 2000
100
00
15
20
00
15 00
00 20 250
RP 22
0
CT 1731
4
00 4000
67
150
20 00 50
.1
0
10
15
.T
C
00
00 1000 0
00
25000 75 00
10
2 0 20
0
15 5000 00 10
0
25
1000
1000 00 0
15
250 10
15
20
1500
00
10
00
200
00
750 25 3000
00
200 3000
RS
COLLECTEUR OUERNA C
13
T
CT 17
16
3
71
500
13
2
17
Rbia
28
CT
00 0
500 50
4
10
2
0
RP
500
10
00
CO 500
Er
LL 100 500
EC
0
75 TE
um
UR DA
DE
O
Y
100 50
0
29
25 CT 16
77
17
CT 0 CT 1677
0
14
10
CT
29 500
d
100 BENI-MELLAL
ue
O
500
500
500
500
CT 1732 EC CI
500
DAR-OULD-ZIDOUH TE IN
UR
100 PR
15 190
190 0 1000
100
0
150 0 CT 1736
50
025 0 SOUK-ES-SEBT CT
2000 0 50 DES OULED-NEMAA
24
50
500
16
83
10
500 CT 1729 RS RP
0
AR
1 34 100
1000
0
IC
50
H
TA
750
750 OUEST
MEDIAN
KE
CANAL 00 0
CA
25
RZ
3000 20
NA
00
OU
0 00
C
150
15
L
T
1000 20
ST
CO
17
33
UR
1500
RS
22
S
O
150
1000 500
IE
ue
RP
00 RP 24
d
508
0 1000
150 30
250
L
00
NA
00 15 0
20
5000
75 00
CA
100 0 100
75
10
10
6000
50
0
0
100 50
CT 1730
00 CIPAL
El
70 00 L PRIN
0
50
0
CANA
50
60
50
1000
00
50
500
00
00
50
40
20
180 3000 GM
500
2000 RP 24 0
AFOURERE
25
150
0
Ab G
id 1000 3000
L
75 200 PRINCIPA
500 0 100 0 CAN
AL
0
420
430
410
380
390
360
400
370
340
350
concentration en nitrates existe en général dans les d'horizons aquifères à une seule et unique nappe
zones à faibles résidus secs et a particulièrement retenu phréatique. Le même phénomène d'hétérogénéité
l'attention ; ce problème sera évoqué plus en détail apparaît dans les Bni-Amir, mais dans une moindre
dans le paragraphe consacré à l'alimentation de mesure, de sorte qu'il n'y a pas lieu, dans ce cas, de
Khouribga. parler d'un système multicouche.
Dans ces conditions le mur de la nappe est difficile
E X P L O I T A T I O N DE LA NAPPE LIBRE sinon impossible à apprécier ; quelques diagraphies
L'exploitation de la nappe des Bni-Amir est conduite électriques ont bien été exécutées, mais elles ne
d'une manière assez désordonnée puisque les volumes permettent pas jusqu'à présent d'établir des corrélations.
pompés par les fellahs sont pratiquement incontrôlés. Par ailleurs la plupart des forages hydrogéologiques
Seul le pompage industriel pour l'Office Chérifien des n'ont pas dépassé 50 à 60 mètres et n'ont donc pas
Phosphates dans la région de Fkih-ben-Salah dont il traversé la totalité du Plio-Quaternaire. Les quelques
sera fait mention en détail plus loin a fourni des rares ouvrages qui ont atteint ou dépassé 100 m ont
données nouvelles sur le comportement de la nappe également été arrêtés avant que la base du Plio-
dans une zone assez étendue et a permis notamment un Quaternaire ne soit rencontrée ; toutefois ces ouvrages
calcul global du coefficient d'emmagasinement. Un ont généralement été implantés dans les zones où
pompage intensif de ce genre aura pour effet d'abaisser l'épaisseur du Plio-Quaternaire était vraisemblablement
le niveau piézométrique de la nappe et par voie de importante. En tout état de cause le toit de l'imperméable
conséquence de diminuer l'évaporation (donc la salure (au sens large du terme) doit se trouver entre 80 et plus
également) et les dangers de remontées subites dues de 120 m de profondeur suivant les zones.
aux précipitations. De plus, l'eau exhaurée par l'OCP
n'est pas recyclée contrairement à celle pompée pour ALIMENTATION DE LA NAPPE LIBRE
les besoins agricoles, mais est exportée hors du Tadla. L'alimentation naturelle de la nappe est constituée
Une exploitation rationnelle de l'ensemble de la par les précipitations (moyennes annuelles variant de
nappe serait souhaitable, mais elle semble difficile à 329 mm à Dar-Ould-Zidouh à 450 mm à Kasba-Tadla,
mettre en oeuvre vu le nombre élevé de contraintes à période 1933-1963, le long de l'axe de l'Oum-er-Rbia).
satisfaire. Plus l'on s'approche de l'Atlas, plus les précipitations
augmentent jusqu'à dépasser 500 mm (590 mm à Bni-
NAPPE PHREATIQUE DES BNI-MOUSSA Mellal). Par ailleurs une faible partie des eaux de crues
issues des bassins versants dominant les Bni-Moussa
La nappe phréatique des Bni-Moussa est comprise s'infiltre au pied du piémont ; ce phénomène était
entre l'Oum-er-Rbia au N (délimitation peut-être particulièrement sensible avant la création des
artificielle) et le pied de l'Atlas au S ; l'oued El-Abid collecteurs qui conduisent maintenant l'eau des bassins
constitue sa limite artificielle ouest tandis qu'une ligne versants directement à l'Oum-er-Rbia. Enfin il existe
joignant Kasba-Tadla à Rhorm-el-Alem peut peut-être des alimentations occultes : griffons de
approximativement définir sa terminaison vers l'Est. sources se trouvant au-dessous de la surface
RÉSERVOIR AQUIFÈRE DE LA NAPPE LIBRE topographique en bordure de l'Atlas, abouchements
avec des niveaux aquifères anté-quaternaires (calcaires
Cette nappe est contenue dans un complexe plio- turoniens dans les Guettaya et calcaires liasiques de
quaternaire comprenant essentiellement des calcaires, l'Atlas), drainance à partir des aquifères crétacés.
des marno-calcaires et des argiles ; on y rencontre
moins fréquemment des alluvions libres ou consolidées, Les apports artificiels sont constitués par la per-
parfois des conglomérats (notamment dans les zones de colation des eaux d'irrigation qui se rattachent à deux
piémont). En fait, il s'agit d'un ensemble argilo-calcaire catégories : les irrigations traditionnelles (à partir de
présentant d'innombrables variations de faciès latérales sources comme l'Aïn Asserdoun au-dessus de Bni-
et verticales dont le détail est encore loin d'être connu. Mellal ou les sources de l'oued Derna ou encore à partir
En conséquence il faudrait considérer un système des eaux de crues provenant des bassins versants
multicouche dont les niveaux aquifères seraient séparés dominant la plaine) qui font partie en quelque sorte de
les uns des autres par des horizons plus ou moins l'équilibre normal de la nappe et les irrigations
imperméables. Par ailleurs ces horizons aquifères modernes gravitaires à partir des eaux de Bine-el-
communiqueraient entre eux soit par drainance, soit à la Ouidane et des pompages dans la nappe.
faveur de variations de faciès. Actuellement il est Les irrigations modernes ont profondément modifié
impossible d'interpréter ce complexe de cette manière : l'image de la nappe phréatique en provoquant des
aussi a-t-on été amené à assimiler cet ensemble remontées parfois spectaculaires (plus de 20 m) du
318 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
niveau piézométrique. On peut encore actuellement irriguée uniquement à partir de prélèvements dans la
observer ce phénomène dans la vaste région située à nappe phréatique. Dans ce système, les quatre pompes
l'Ouest du canal Coursier, région dont la mise en eau à gros débit mentionnées plus haut alimentaient le
s'est faite à partir de 1966. canal secondaire E 5 et plusieurs stations de pompage
ne dépassant pas 40 l/s permettaient l'exploitation de la
Sur ces surfaces moins importantes que dans les
partie aval du canal secondaire E 2 ; ces dernières
Bni-Amir (plus de 12 000 ha en août 1971), d'autant
pompes n'ont pas été prises en compte dans les
plus que le périmètre des Bni-Moussa est beaucoup
pompages ORMVAT. Bien que le réseau gravitaire soit
plus étendu que celui des Bni-Amir, la nappe est
actuellement en voie de construction et qu'il soit
remontée à moins de 2 m du sol. Cette situation
partiellement alimenté par l'eau de Bine-el-Ouidane, la
critique a été diversement combattue : pompages
plupart des pompes installées dans le passé subsistent
intensifs dans le secteur du Médian-Est et dans la
et sont utilisées occasionnellement ou régulièrement
région de Sidi-Jabeur avec, dans ce dernier cas, un
pour l'alimentation du réseau. De plus de nouveaux
réseau de drains gravitaires équipés partiellement de
ouvrages de captage ont été construits en 1971-1972
branches tertiaires.
(voir ci-après).
EXUTOIRES DE LA NAPPE LIBRE En ce qui concerne les pompages privés, on peut
Outre l'évapotranspiration et l'évaporation (1 800 toutefois admettre qu'ils sont moins importants que
mm mesurés à l'évaporomètre Piche à Bni-Mellal), les dans les Bni-Amir ; en effet, seules les zones non
exhaures de la nappe sont constituées par le pompage irriguées par l'eau de Bine-el-Ouidane sont équipées de
et le drainage. L 'évapotranspiration doit être semblable pompes, sauf cas particuliers relativement rares où il
à celle des Bni-Amir : en effet, si les cultures s'agit davantage de pompages d'appoint que de
agrumicoles et betteravières sont plus importantes dans pompages réguliers.
les Bni-Moussa, par contre la température moyenne y
est un peu plus basse. En définitive, les quantités d'eau pompées peuvent
être estimées sur les bases suivantes:
Les prélèvements par pompage peuvent être — pompages ORMVAT (non compris les quatre
divisés en deux grands groupes : pompes à gros débit du secteur du Médian-Est) que
— pompages ORMVAT ; l'on peut chiffrer entre 10 et 15.10 6 m3 /an;
— pompages privés.
— pompages ORMVAT et privés pour le secteur
Les pompages industriels sont pratiquement ine- du Médian-Est, soit 5500 ha à 4 000 m3 /an/ha (ce
xistants, au contraire des Bni-Amir. dernier chiffre tient compte des apports en eau de
Dans le premier groupe figurent seules les pompes Bine-el-Ouidane), soit 22.10 6 m3 /an ;
rejetant l'eau dans des canaux d'irrigation secondaires. — pompages privés pour lesquels on peut admettre
Les quelques autres pompes ORMVAT, alimentant un prélèvement annuel de 24.10 6 m3 correspondant à
directement des parcelles, sont groupées avec les 300 pompes exhaurant en moyenne 10 l/s pendant 12
pompes privées. Au début de 1972, il existait 10 heures par jour durant 6 mois de l'année.
pompes du premier groupe dont 8 avaient un débit Les volumes pompés annuellement seraient donc
unitaire compris entre 150 et 200 l/s. Quatre de ces compris entre 55 et 60.106 m3 /an, soit exprimés en
pompes alimentaient le canal secondaire E 5 (remplacé débit fictif continu entre 1,8 et 2,0 m3 /s. Peut-être ces
partiellement par le canal principal Médian-Est) du chiffres sont-ils légèrement trop faibles étant donné la
secteur du Médian-Est, mais trois seulement pouvaient difficulté d'estimer les exhaures dans les parties
travailler simultanément. Quatre autres stations de extrêmes du périmètre (Est et Ouest).
pompage rejettent leurs eaux dans les canaux
secondaires D 13 et D 14 dans la région de Sidi- A ces chiffres s'ajoutent évidemment les quantités
Jabeur. Deux nouvelles stations dont les débits d'eau drainées gravitairement. Il est actuellement
unitaires sont plus faibles (65 et 95 l/s) ont également impossible de faire la distinction entre les eaux
été mises en service sur le canal secondaire D 13 à provenant réellement du drainage de la nappe et celles
l'amont de Sidi-Jabeur. Ces six dernières stations dues aux excédents d'irrigation. Cependant des
d'exhaure ont été implantées à la fois pour drainer la jaugeages régulièrement effectués sur les trois
nappe particulièrement transmissive et proche du sol collecteurs principaux depuis 1963 permettent de se
dans cette zone et pour renforcer les réseaux D13 et D14. faire une opinion sur le débit global sortant du
périmètre irrigué.
Comme pour les Bni-Amir et pour les mêmes
raisons, les quantités prélevées par pompage parti- Les trois oueds (d'Est en Ouest : Ouerna, Day et
culier sont très difficiles à connaître d'autant plus que Takerzoust—El-Arich) existant avant la création du
le secteur Médian-Est est actuellement en voie périmètre, n'avaient pas d'exutoires bien définis; aussi
d'équipement. En effet, cette zone était à l'origine ont-ils été recreusés et aménagés de façon à évacuer
PLAINE DU TADLA 319
les surplus des eaux d'irrigation et de ruissellement. séparées par des limites franches : tous les stades
Par ailleurs ces collecteurs jouent également le rôle intermédiaires imaginables existent. De plus, des
de drains principaux et reçoivent de véritables drains phénomènes plus ou moins locaux (pompage,
secondaires. Comme dans les Bni-Amir, et bien que drainage, irrigations intensives) peuvent modifier
ce phénomène y soit plus limité, on rencontre la temporairement ou définitivement l'image locale des
même tendance consistant à utiliser les eaux des fluctuations d'un puits ou d'un groupe de points d'eau.
collecteurs pour l'irrigation en remontant le plan d'eau D'E en W, ces zones sont les suivantes :
: cas observable à l'intersection du collecteur — Dans la région située au Nord de Bni-Mellal
Takerzoust—El-Arich avec le canal Coursier. Il et du canal d'irrigation principal D, la nappe rela-
semble inutile d'insister sur le danger d'une telle tivement haute à la fin de l'hiver baisse régulièrement
opération, d 'autant plus que dans le cas cité ci-dessus jusqu'à la fin de l'automne. Il s'agit là d'une zone
le niveau piézométrique est très proche du sol à irriguée traditionnellement par séguias issues de
l'amont de cette intersection (anciens marécages d'El- sources au pied de l'Atlas avec quelques rares points
Arich). Enfin une partie des eaux des collecteurs de pompage.
n'atteint pas l'Oum-er-Rbia, car elle est utilisée à
l'aval du périmètre proprement dit pour des irrigations — Dans la zone triangulaire non irriguée
locales : toutefois ceci doit très probablement être comprise entre le canal d'irrigation principal D et le
sans grande incidence sur le comportement de la pied de l'Atlas au SW de Bni-Mellal, on enregistre
nappe phréatique à l'amont. une baisse régulière du niveau piézométrique de la
fin; de l'hiver jusqu'au début de l'hiver suivant. C'est
A la sortie du périmètre irrigué, le débit moyen dans cette zone que l'on observe les écarts maxima, la
des trois collecteurs principaux semble être compris nappe étant très mal alimentée. Les précipitations
entre 3,5 et 4,5 m3 /s ; à ce chiffre il faut ajouter les d'hiver rechargent la nappe qui dépend donc
débits moyens des petits collecteurs non jaugés essentiellement de la pluie.
rejetant leurs eaux directement dans l'Oum-er-Rbia et
soustraire les apports inconnus des excédents d'ir- — Dans le périmètre irrigué limité à l'E et au S
rigation. En tout état de cause on peut estimer entre 4 par le canal principal D, au SW par. le canal principal
et 5 m3 /s (ce dernier chiffre semblant un maximum) le GM, à l'W par le canal Médian-Est et au N par l'Oum-
débit moyen drainé par les drains gravitaires dans les er-Rbia, la nappe atteint son point le plus haut en mai
Bni-Moussa. pour baisser graduellement jusqu'au début de l'hiver
suivant, sauf sur les bords de l'Oum-er-Rbia où le
Comme pour les Bni-Amir le drainage quantitatif point haut s'observe en été. Le jeu complexe de
de l'Oum-er-Rbia est encore totalement inconnu dans l'irrigation gravitaire et des pompages locaux explique
l'état actuel de nos connaissances, mais, vu l'aspect ce comportement.
des isopièzes, il joue sûrement un rôle non
négligeable. — Avant l'équipement de la zone Médian-Est
comprise entre le canal Médian-Est à l'E, le canal
Coursier à l' W et l'Oum-er-Rbia au N, la nappe se
PROFONDEUR DE LA NAPPE LIBRE - FLUCTUATIONS
trouvait à son point le plus bas en été lors des irri-
Le niveau piézométrique parfois localement mis en gations et à son point le plus haut en hiver. Ce
charge par des horizons argileux (mise en charge de mécanisme s'expliquait facilement puisque cette zone
l'ordre de quelques mètres au plus) varie de 0 m à était irriguée exclusivement par pompage dans la
plus de 50 m (zone au Sud de la route. P 24, à l’Ouest nappe. La mise en valeur de cette zone à partir de
du chemin T 1811). Dans une moindre mesure que sur ressources mixtes (nappe et eau de Bine-el-Ouidane)
la nappe des Bni-Amir, les précipitations intensives va modifier cette image en la compliquant.
influencent le comportement du niveau piézométr- — La région limitée au S par le pied de l'Atlas, à
ique. L'épaisseur de l'aquifère, mal connue et variable l'E par le canal Coursier et au N par l'Oum-er-Rbia
dans le détail, peut dépasser 80 mètres. dont la limite vers l'W ne peut être tracée, présente
La nappe est soumise à d'importantes fluctuations l'image classique d'un périmètre irrigué gravitairement
annuelles ou interannuelles : les écarts peuvent être : nappe basse en hiver, nappe haute en été.
supérieurs à 8 m au SW de Bni-Mellal. D'une manière — Le passage vers la partie en cours de mise en
générale les écarts sont d'autant plus importants que eau des Bni-Moussa Ouest se fait par une zone où la
la nappe est moins bien alimentée. nappe remonte graduellement depuis la mise en
Dans la région comprise entre les oueds Derna, service de nouveaux canaux secondaires dès 1966. A
Oum-er-Rbia et El-Abid et la bordure atlasique, on l'W du chemin T 1733, la nappe est basse en été et
peut distinguer six zones (fig. 137) présentant haute en hiver (image inverse de celle d'un périmètre
chacune un type particulier de comportement de la irrigué) bien que la plupart des puits montrent de
nappe phréatique. Ces zones ne sont évidemment pas faibles amplitudes dans les variations.
320 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
400
360
380
420
BOUJAD
240
240
Oued Mellah
BIA
R-R
ME
OU
22
P
220 220
EL KSOB
8
65
T1
0
T13
FKIH-BEN-SALAH
T 728
T 1786
P 24
- Xx
0 10 20 km
200 200
GEOLOGIE GENERALE
T 17
28
O
ue
1à5
d
OUAOUIZARHT
5 à 10
810
T1
10 à 25
BARRAGE 25 à 50
O
ue 50 à 100
d
el
T1
420
400
BZOU
380
Ab >100
80
360
340
id
FIG. 139 — Nappes phréatiques des Bni-Amir et des Bni-Moussa ; carte des transmissivités. 3
322 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
des régions où les valeurs sont pratiquement toujours semble-t-il, pas modifié l'équilibre chimique de la
inférieures à 1.10-2 m2/s sauf pour la zone assez nappe. D'une manière générale l'eau présente un faciès
hétérogène comprise entre les Guettaya et le canal bicarbonaté calcomagnésien avec de très faibles teneurs
principal D où les valeurs des transmissivités en chlorures et en sulfates.
atteignent fréquemment 2.10-2 m2/s avec quelques — Par contre à l'Ouest du canal Coursier la nappe
points oscillant autour de 5.10-2 m' /s. est beaucoup plus salée : résidu sec presque toujours
Les meilleures transmissivités s'observent dans les supérieur à 1 000 mg/l, atteignant fréquemment 2 000
calcaires plus ou moins marneux, plus ou moins mg/l, culminant à 8 140 mg/l pour le puits 2081/36
fissurés (en général vers le sommet), fréquemment situé à l'extrême Ouest des Bni-Moussa. Apparemment
karstifiés (zones de Sidi-Jabeur et de la Deroua), mais la carte dressée en 1969, donc peu après le début de la
parfois aussi dans des formations plus argileuses. mise en eau de cette région (à partir de 1966), semble
L'exploitation, liée aux pertes de charge, ne suit pas refléter l'état primitif de la nappe : en effet, cette vaste
exactement les données fournies par les transmissivités étendue n'a jamais été irriguée, mises à part quelques
: les écoulements dénoyés fréquents dans les calcaires petites zones qui n'ont pas été en mesure d'influencer
francs sont souvent à l'origine de rabattements l'équilibre chimique de l'eau. La mise en valeur
augmentant brutalement à partir d'un certain débit complète de cette région modifiera à long terme la
critique imprévisible, rendant ainsi une exploitation à chimie de l'eau ; toutefois en 1969 on n'observait pas
gros débit pratiquement impossible alors que des encore une diminution notable de la salinité dans les
forages traversant des terrains plus argileux, partant casiers mis en eau depuis 1966. Le faciès type de l'eau
moins transmissifs, sont plus faciles à exploiter. Pour est bicarbonaté chloruré calcomagnésien, sauf dans le
les captages dans des calcaires, une augmentation de la cas du puits 2081/36 qui est chloruré sodique sulfaté.
surface de suintement devient indispensable et conduit Dans ce dernier cas, peut-être faut-il admettre une
soit à l'exécution de puits en gros diamètre (2,5 m à 3,0 relation avec des terrains cénomaniens ou triasiques
m au minimum : Sidi-Jabeur et la Deroua), soit à des sous-jacents.
forages suivis d'une acidification (secteur du Médian- D'une manière générale, la salure de la nappe des
Est). Bni-Moussa n'augmentera pas ou faiblement, du fait
COEFFICIENTS D 'EMMAGASINEMENT que le niveau piézométrique se trouve le plus souvent à
plus de 2 m de profondeur. La plus forte évaporation se
fait certainement sentir dans le secteur compris entre le
Les valeurs du coefficient d'emmagasinement pour canal Coursier et les Oulad-Jabri ce qui expliquerait la
lequel on dispose de 75 mesures environ, varient de faible amélioration de la chimie de la nappe depuis la
4.10-3 à 1.10-1. Cependant la majeure partie des mise en eau de cette zone ; en effet, la mise en
chiffres est comprise entre 1 et 5.10-2 avec près de 50 irrigation de ce secteur a fait remonter le niveau
% des valeurs entre l,5 et 3,5.10-2. Apparemment la piézométrique à moins de 2 m du sol (et même 1 m) sur
moyenne des coefficients d'emmagasinement dans les d'importantes superficies. Par contre dans les autres
Bni-Moussa est légèrement plus faible que dans les zones où la nappe est également à moins de 2 m du sol
Bni-Amir (2 à 4,5.10-2) ainsi que celle des comme à Sidi-Jabeur ou dans la partie ouest du
transmissivités ; d'ailleurs la plus forte transmissivité Médian-Est, la nappe est beaucoup mieux drainée :
connue dans le Tadla (l,9.10-1 m2/s) a été mesurée dans drains gravitaires et pompages à gros débits. De plus
les Bni-Amir. les eaux de pompages sont rejetées dans des canaux
HYDROCHIMIE DE LA NAPPE LIBRE secondaires, mélangées à l'eau de Bin-el-Ouidane et, en
principe, réutilisées à l'aval du secteur drainé.
qu'une exploitation rationnelle de la nappe par quent ou sont par trop imprécises : volume des eaux
pompage, localement par drains gravitaires, présenterait drainées par l'Oum-er-Rbia (drains et collecteurs,
de très nombreux avantages : évaporation diminuée, sources et drainage proprement dit de la rivière),
voire supprimée, abaissement du niveau piézométrique volume des eaux pompées, évaporation, infiltration, etc.
mettant les cultures à l'abri de remontées intempestives Les valeurs données ci-après doivent être considérées
lors de précipitations abondantes, accroissement de la comme des ordres de grandeur, susceptibles
superficie des cultures exigeant de forts besoins en eau, d'importantes modifications ultérieures, notamment
transfert possible d'une partie des eaux des Bni-Moussa après la réalisation des travaux de synthèse sur modèle
vers le périmètre des Bni-Amir ou vers la Bahira. projetés pour les années 1974-1975.
Les entrées dans des nappes sont constituées par les
BILAN HYDRAULIQUE précipitations, les irrigations et les apports occultes.
DES NAPPES PHREATIQUES Les valeurs de l'excédent pluviométrique ont été
fournies par la formule de Turc mensuel en calculant la
DES BNI-AMIR ET DES BNI-MOUSSA différence entre les précipitations mesurées et
l'évapotranspiration réelle pour la période de 1959-60 à
Dans l'état actuel des connaissances, il est illusoire 1968-69. Les sept stations pluviométriques suivantes
de prétendre établir un bilan précis des nappes ont été utilisées :
phréatiques. Des données de première importance man-
Valeur de l'excédent
Nom de la station pluviométrique moyen Situation
annuel
Les valeurs des volumes d'eau distribués an- aussi à partir des nappes crétacées, mais par ailleurs il
nuellement pour l'irrigation sont mesurées à l’origine n'est pas invraisemblable que l'eau contenue dans le
des canaux secondaires ; elles comprennent donc les Lias de l'Atlas vienne alimenter la nappe phréatique en
volumes infiltrés après les mesures dans les canaux en certains points, notamment dans les Bni-Moussa de
terre des Bni-Amir (plus de 75 km) et les divers rejets l'Ouest où des anomalies piézométriques ont été
et pertes d'irrigation dans les colatures aussi bien pour observées. De même dans la zone de Sidi-Jabeur, des
les Bni-Amir que pour les Bni-Moussa où le réseau anomalies relevées entre le calcul du débit du front de
d'irrigation est plus moderne. Les chiffres des Bni- nappe et le débit calculé par une autre méthode (voir
Moussa se rapportent pratiquement aux volumes plus loin) sont peut-être à mettre en rapport avec une
réellement utilisés pour l'irrigation (aucun canal en terre alimentation occulte à partir de réservoirs atlasiques. En
n'existe dans les Bni-Moussa). tout état de cause, il n'est pas possible d'avancer
actuellement des chiffres, ni même de dire si la nappe
Les apports occultes ont vraisemblablement deux du Lias alimente réellement la nappe des Bni-Moussa.
origines : drainance depuis les nappes profondes et Par contre, la drainance à partir du Turonien semble
apports latéraux. Pour les Bni-Amir, il existe prouvée (voir chapitre consacré au plateau des Phos-
certainement une drainance assez importante à partir phates) au moins dans les Bni-Amir.
des aquifères du Crétacé et, plus spécialement, du Les sorties comprennent les exhaures par pompage,
Turonien. Peut-être y a-t-il également enrichissement le drainage gravitaire, le drainage par l'Oum-er-Rbia et
de la nappe phréatique à partir d'apports latéraux l'évaporation directe de la nappe.
des formations du plateau des Phosphates. Dans les
Bni-Moussa, une certaine drainance existe peut-être Les prélèvements par pompage sont encore mal
324 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
connus, mais peuvent cependant être approchés. Les moyenne annuelle des chiffres obtenus pour les
détails sont fournis dans la partie consacrée à l'hydro- jaugeages des drains. Toutefois, pour les Bni-Moussa,
géologie des nappes des Bni-Amir et Bni-Moussa. Une la valeur trouvée a été diminuée de 20 % environ, afin
partie des eaux pompées est recyclée dans la nappe de tenir compte des débits d'hiver importants
(quasi-totalité pour les Bni-Moussa) et devrait donc enregistrés, débits dus à une meilleure évacuation des
être comptabilisée avec les volumes épandus. Il est eaux de ruissellement. Les pompages dans les drains
cependant probable que les volumes concernés ne (notamment dans les Bni-Amir) ne sont pas pris en
jouent qu'un rôle secondaire dans le bilan et n'aient compte par les jaugeages, puisque ceux-ci sont
aucun sens pour l'établissement d'un bilan aussi exécutés tout à fait à l'aval des drains et collecteurs.
approché. Le drainage par l'Oum-er-Rbia et l'évaporation de
Dans les débits des drains gravitaires sont compris : la nappe ont été groupés par commodité ; il est
les rejets d'irrigation en été et les eaux de ruissellement d'ailleurs impossible de déterminer l'une ou l'autre
en hiver. Dans un cas comme dans l'autre, ces valeurs valeur. De fait, la valeur de ces deux paramètres non
sont impossibles à dissocier du drainage de la nappe dissociés a été calculée par différence.
proprement dit. Il a donc été décidé de prendre la
Pluie efficace
Surface de la nappe : 1 800 km2
Stations pluviométriques utilisées : Fkih-ben-Salah, Kasba-Zidania et Kasba-
Tadla (pour la partie Est seulement)
Valeur de l'excédent pluviométrique utilisé : 120 mm
Répartition ruissellement et infiltration : 50 % et 50 % (région très plate,
évacuation des eaux de surface très difficile, etc.)
Alimentation annuelle de la nappe des Bni-Amir par la pluie : 3,4 m 3/s
Infiltration des eaux d'irrigation
Surface irriguée : 26 000 hectares (1971)
Moyenne des volumes annuels distribués : 200 millions de m3
Moyennes annuelles utilisées : 1968-69 à 1970-71
Coefficient d'infiltration : 50 % (tient compte des infiltrations dues aux canaux
secondaires en terre, représentant plus de 75 km)
Valeur calculée : 3,2 m 3/s
Apports occultes
Il s'agit principalement de la drainance à partir de la nappe du Turonien
Valeur estimée : 2 m3/s (minimum)
Total des entrées dans la nappe : 8,6 m3/ s
Exhaures par pompage
(voir dans le texte pour les détails)
Valeur estimée : 3,5 m 3/s (moyenne)
Drainage gravitaire
Il s'agit de la valeur moyenne mesurée sur l'ensemble du réseau de drainage
Valeur calculée : 1,5 m 3/s
Drainage par l'Oum-er-Rbia et évaporation
Il n'est pas possible d'opérer la distinction entre ces deux paramètres. La valeur
est trouvée par différence entre la somme des entrées et le pompage plus le drainage.
Valeur calculée : 3,6 m 3/s
325
PLAINE DU TADLA
Apports occultes
Il est possible que des apports latéraux à partir des calcaires du Lias de l'Atlas
existent.
Valeur supposée : 1 m 3 /s
Total des entrées dans la nappe 8,5 m3/s
Il n'est pas possible d'opérer la distinction entre ces deux paramètres. La valeur
est trouvée par différence entre la somme des entrées et le pompage plus le drainage.
Valeur calculée : 3,1 m3 /s
340
360
380
400
420
440
BOUJAD
240 240
h
lla
Me
ed
DECHRA EL OUED
Ou
13
5 000 ha BIA
ER-R
OUM
ED
OU
KASBA TADLA RP24
10 000 ha
22
P
220 220
CAN
AL P
EL KSOB
RINC
IPAL
DES 658
BEN T1
I-AM
IR ZIDANIA
T130
FKIH-BEN SALAH
T 72
8 T
T 1786 ES
AN
DI 20 000 ha
4
ME
P2
L
NA
CA Oued Derna
S1
0 10 20 km
33
200 200
T 17
28
LD
IPA
OUED ER-RBIA
CANAL MEDIAN
INC
OUM
DAR - OULD - ZIDOUH
PR
P 22
BENI-MELLAL
EST
SOUK - ES - SEBT BARRAGE EXISTANT
T 1732 DES OULED- NEMAA
BARRAGE PREVU
CA
T
IA OUES S1 USINE HYDROELECTRIQUE EXISTANT
L MED
NA
34
CANA
LC
L
S 508
NA
CANAL EXISTANT
IE
R
CA
CIPAL CANAL PREVU
L PRIN
180 CANA AFOURERE 180
P 24
PERIMETRE D'IRRIGATION EXISTANT
420
360
380
340
400
BZOU
FIG.. 140 — Plaine du Tadla : carte de situation au 1/500 000 des aménagements.
PLAINE DU TADLA 327
CONCLUSION
Tout d'abord, peu de forages ont traversé les format-
ions anté-plio-quaternaires ; de plus, de nombreux forages
L'alimentation naturelle et artificielle des nappes sont anciens et la plupart n'ont pas été exécutés en vue de
des Bni-Amir et des Bni-Moussa est estimée actuel- la recherche hydrogéologique.
lement autour de 17 m3 /s. L'exploitation des nappes De bas en haut, les diverses nappes existantes sous
par pompages atteint environ 5,5 m3 /s. En consé- le Tadla sont les suivantes :
quence, un développement important des pompages
permettant le drainage et la préservation de la qualité — Nappe du Primaire altéré
de l'eau est à la fois possible et souhaitable, — Nappe de l'Infracénomanien
principalement dans les Bni-Moussa où l'eau sou- — Nappe du Cénomanien
terraine est de bonne qualité chimique. Globalement,
quelque 5 m3 /s supplémentaires pourraient être pom- — Nappe du Turonien
pés à peu de frais, à raison de 1,5 m3 /s dans les Bni- — Nappe du Sénonien
Amir et 3,5 m3 /s dans les Bni-Moussa. — Nappe de l'Eocène.
NAPPES ANTE-PLIO-QUATERNAIRES Toutes ces nappes ont été étudiées dans le chapitre
consacré au Plateau des Phosphates auquel le lecteur
Un certain nombre de niveaux aquifères existent est prié de se reporter, Par ailleurs, le lecteur trouvera
au-dessous des nappes phréatiques du Tadla, mais ils dans le schéma géologique au 1/500 000 (fig. 132) la
sont encore fort mal connus. situation des forages profonds.
son asservissement à l'irrigation. En amont de l'usine une Les possibilités d'extension du périmètre des Bni-
prise dans le canal Kasba-Tadla—Kasba-Zidania prélève Amir sont de 23 000 ha dont 5 500 ha au S, 12 500 ha à
jusqu'à 16 m3/s, traverse en siphon l'Oum-er-Rbia et l'W et 5 000 ha au N du périmètre actuel. Ces extensions
alimente le canal principal d'irrigation des Bni-Amir. nécessiteraient un barrage d'accumulation au site de
Le canal principal des Bni-Amir, long de 42 km et Dechra-el-Oued, entre Kasba-Tadla et Khénifra, et un
bétonné, véhicule un débit de 16 m3/s sur ses 24 premiers nouveau canal tête-morte long de 40 km environ à une
kilomètres, puis 12 et 6 m3/s ensuite. Les douze premiers cote supérieure à l'actuel canal principal. Toute extension
canaux secondaires ainsi que leurs tertiaires sont est différée pour le moment en raison des besoins en eau à
construits en terre. D'importantes infiltrations ayant garantir pour le périmètre irrigué des Abda-Doukkala à
provoqué des remontées du niveau piézométrique de plus l'aval, mais il est possible qu'elles soient réenvisagées
de 30 m, jusqu'à la surface du sol dans certaines zones, ultérieurement. Le programme d'action 1973-1977 dans
ainsi que la demande élevée en eau pour la partie aval du les Bni-Amir porte sur la modernisation de ce périmètre
périmètre obligeant à surdimensionner les sections amont par remembrements, bétonnage des canaux, drainage, etc.
des canaux (cause d'infiltration supplémentaire) a Il est à souligner que la salinité élevée des eaux de l'Oum-
contraint à construire, d'une part les nouveaux canaux er-Rbia à l'étiage (1,5 à 1,7 gr/l de résidu sec à 110°C)
secondaires en béton (depuis le canal n° 13 compris) et constitue pour l'irrigation des Bni-Amir le risque majeur
d'autre part un canal Médian-Est bétonné, branché entre pour son développement.
les prises 9 et 10 pour alimenter les prises 18, 19 et 20 des
canaux en terre de l'aval. Enfin, l'extrémité du canal LES BNI-MOUSSA
principal est continuée par le Coursier ouest sur lequel est
branchée la prise 23. L'équipement du périmètre des Bni-Moussa a
La superficie dominée est de 51 000 hectares, mais le commencé en 1946. Le barrage de Bine-el-Ouidane sur
réseau n'en dessert que 30 000 environ dont 25 000 en l'oued El-Abid, d'une capacité utile de 1 160 millions de
1972 sont totalement équipés. Il faut noter que les m3 (capacité réelle : 1 500 millions de m3) a été construit
modules d'irrigation passent de 0,3 l/s/ha pour les zones de 1950 à 1952. Situé dans le Haut Atlas calcaire, l'oued
les plus anciennement équipées à environ 1,0 l/s/ha pour El-Abid a un cours E-W parallèle à la bordure du Tadla,
les secteurs les plus modernes. séparé de la plaine par une chaîne montagneuse culminant
Après la mise en irrigation des terres, on a observé à 2 404 m d'altitude et large de 10 à 15 km ; la cote de
très rapidement une remontée importante du niveau l'oued au site du barrage est de 700 m alors que la bordure
piézométrique allant jusqu'à provoquer des émergences de de la plaine du Tadla est à 500 m environ. Ces
nappe (Ahl-Merba, Bir-Ghejjat). Ces perturbations ont été caractéristiques ont permis l'édification d'un complexe
partiellement combattues par la création d'un réseau de hydroélectrique, le premier du Maroc.
drains, approfondis et complétés par la suite. Ce réseau se Le barrage de Bine-el-Ouidane, du type voûte, a 133
compose essentiellement de secondaires parallèles aux m de hauteur au-dessus de ses fondations et relève le plan
canaux secondaires, débouchant dans l'Oum-er-Rbia, d'eau à 105 m au-dessus du niveau naturel de la rivière ; il
rarement complétés par des tertiaires (réseau 13 et région est long de 285 m à son couronnement et possède deux
du Korifat). Son efficacité est diminuée par l'habitude passes déversantes juxtaposées sur la rive droite
prise par les agriculteurs de pomper dans les drains en permettant d'évacuer une crue de 2 600 m3/s. Une usine
remontant le plan d'eau pour irriguer leurs parcelles, électrique en pied de barrage comprend 135 000 kW
surtout dans les zones de l'aval. Dans les zones non installés et produit en moyenne 215 millions de kWh par
équipées actuellement, de nombreuses irrigations an. Les eaux turbinées à l'usine de Bine-el-Ouidane sont
s'effectuent par pompage (superficies estimées à au moins retenues dans un bassin de compensation de 3,8 millions
3 000 hectares). de m3 grâce au barrage des Aït-Ouarda situé à 4 km à
Notons enfin qu'il avait été prévu initialement de l'aval de Bine-el-Ouidane et haut de 42 m au-dessus de ses
mélanger les eaux de l'Oum-er-Rbia relativement salées fondations. Cette compensation assure la dérivation et
aux eaux douces en provenance de Bine-el-Ouidane afin l'entonnement des eaux de l'oued El-Abid dans une galerie
de diminuer la salure moyenne de l'eau d'irrigation, voire souterraine longue de 10 570 m, bétonnée, de 4,5 m de
de lessiver les sols des Bni-Amir. A cet effet, l'extrémité diamètre permettant un débit de 48 m3/s ; au débouché sur
du canal principal D des Bni-Moussa est pourvue d'une la plaine du Tadla, trois conduites forcées équipant une
prise pouvant débiter 5 m/s, l'Oum-er-Rbia étant traversé chute de 235 m aboutissent à l'usine d'Afourère où une
en siphon. Ce projet est actuellement différé. puissance installée de 94 500 kW produit une moyenne
annuelle de 460 millions de kWh.
PLAINE DU TADLA 329
Les eaux turbinées à Afourère sont restituées dans Une extension du périmètre d'irrigation des Bni-
un bassin de tranquillisation de 25 000 m3 d 'où partent Moussa est possible vers l'Ouest, au-delà de l'oued
deux canaux principaux bétonnés : à droite (en El-Abid, en Bahira orientale, grâce au prolongement
regardant vers le Nord) le canal D et à gauche le canal du canal G qui a été surcalibré à cet effet ; cette
GM calibrés respectivement pour débiter 16 et 32 m3 /s. extension sera vraisemblablement réalisée (voir
Le canal D, long de 35 km, irrigue les Bni-Moussa de chapitre 17, Plateau des Ganntour et Plaine de la
l'Est (27 500 ha) et, par pompage, le haut service de Bahira). Une autre extension est possible vers l'Est
Timoulilt (800 ha). L'extrémité du canal D est équipée des Bni-Moussa, sur 20 000 ha supplémentaires déjà
de deux amorces de conduites prévues pour alimenter irrigués partiellement de façon très lâche par des
le canal principal des Bni-Amir (voir plus haut) à ressources en eau locales : sources au pied de l'Atlas
raison de 5 m3 /s, actuellement utilisées pour rejeter les et pompages dans la nappe. Pour cette extension, les
surplus dans l' oued Derna. Le canal GM, long de 9 km, ressources en eau ne peuvent provenir de l'oued El-
alimente 6 canaux secondaires avant de se diviser en Abid et seraient à fournir par l'Oum-er-Rbia à partir
deux à son extrémité : canal principal G et canal de du barrage projeté à Dechra-el-Oued et un canal tête-
fuite (Coursier). Cet ensemble irrigue 37 500 ha. Le morte de 27 km. Ce projet est actuellement différé
canal G proprement dit, long de 40 km environ et pour les mêmes raisons que l'extension des Bni-Amir
parallèle au pied de l'Atlas, véhicule initialement un et l'aménagement des Bni-Moussa de l'Est est
débit de 21 m3 /s et domine la partie haute du périmètre envisagé à partir de l'extension des pompages et de
comprise entre le pied de l'Atlas et le canal principal l'amélioration des réseaux traditionnels.
M. L'extrémité du canal G atteint l'oued El-Abid. Le
canal Coursier long de 16 km et capable de débiter 32 POMPAGES A FORT DEBIT
m3 /s constitue le canal de fuite vers l'Oum-er-Rbia et DANS LES BNI-AMIR POUR
est également utilisé pour alimenter deux canaux L'OFFICE CHERIFIEN DES PHOSPHATES
principaux et deux canaux secondaires : à l'intersection (SECTEUR DE KHOURIBGA)
de la route P 24 une prise de 5 m3 /s est prévue pour le
canal Médian-Est tandis que le canal secondaire E 1 Les besoins de la région de Khouribga en eau
prélève directement 1,5 m3 /s ; peu à l'amont de Souk- potable et industrielle pour les diverses installations de
es-Sebt des Ouled-Nemaâ prend naissance le canal l'Office Chérifien des Phosphates (OCP), notamment
principal Médian-Ouest capable de 11,5 m3 /s et long pour ses laveries, croissent rapidement et atteindront
de 26 km environ tandis que le canal secondaire M 1 environ 50 000 m3 /j en 1975-1976 (voir chapitre 13 :
(1,2 m3 /s) prend son origine directement dans le Plateau des Phosphates) dont 40 000 m3/j seront
Coursier. Nous ne nous étendrons pas sur ces deux fournis par la nappe phréatique des Bni-Amir.
secteurs traités par ailleurs. Dès 1958, les nouveaux besoins en eau étant
impossibles à satisfaire à partir des ressources locales
Les remontées de la nappe phréatique dues aux (nappe de Sidi-Amor—Gueffaf, barrages, sources), les
irrigations, moins importantes que dans les Bni-Amir, regards se sont tournés vers le Tadla relativement
ont été combattues partiellement par des collecteurs proche. Plusieurs solutions ont été envisagées : prise
aménagés en drains (Ouerna, Day et Takerzoust—El- dans l'Oum-er-Rbia, adduction à partir du canal
Arich) de même que par des drains secondaires d'irrigation principal D des Bni Moussa, pompage dans
spécialement construits. Par endroits, des réseaux de la nappe phréatique des Bni-Amir aux environs de
tertiaires ont été mis en place (région de Sidi-Jabeur Fkih-ben-Salah. Pour des raisons financières et
particulièrement menacée). économiques, seule la dernière solution, hydrogéo-
logiquement possible, a été retenue (fig. 141).
Au total le barrage de Bine-el-Ouidane dessert
Deux campagnes de forages par percussion, la
donc 65 000 ha de périmètre moderne pratiquement
achevé en 1973 et équipé dans sa quasi-totalité de première en 1960 comprenant 8 forages de recherche,
canaux en béton semi-circulaires, de type porté, pour 3 forages piézométriques et 1 forage d'exploitation en
les canaux secondaires. Quelques pompages dans la gros diamètre, la seconde en 1961 comportant 6
nappe (2 à 3 m3 /s) renforcent les débits des canaux forages de recherche et 2 forages d'exploitation en
principaux. gros diamètre ont été exécutées.
330 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Buse ciment
Ø 1 200 mm
655/36 377.566 211, 806 413,14 50,00 de 0 à 8,00 m
(O.C.P.: S 1)
Nu Ø 1 000 mm
de 8,00 à 50,00 m
Buse ciment
Ø 1 000 mm
721/36 378.510 209.740 429,05 40,00 de 0 à 11,40 m
(O.C.P.: S 2) Nu Ø 1 000 mm
de 11,40 à 40,00 m
Buse ciment
Ø 1 000 mm
722/36 379.275 212.548 437,41 38,00 de 0 à 11,20 m
(O.C.P.: S 3)
Nu Ø 1 000 mm
de 11,20 à 38,00 m
Des essais de courte durée ont montré que les en trois jours par trois équipes permettait de tracer une
caractéristiques hydrodynamiques des terrains permet- carte isopiézométrique représentative de l'état réel de la
taient d'exhaurer ponctuellement en régime continu : nappe.
— 200 l/s pour le 655/36 (deux pompes), Compte tenu de cette carte, il a été possible de
— 135 l/s pour le 721/36 (trois pompes), mettre sur pied un programme mené de pair avec les
essais pour l'approfondissement des puits qui devaient
— 130 l/s pour le 722/36 (deux pompes), soit être asséchés. Dans le but d'améliorer les conditions
465 l/s au total ou 40 000 m3 /j. d'hygiène des habitants de Fkih-ben-Salah (périmètre
urbain), il a été décidé de ne pas approfondir les puits
Il restait alors à vérifier la possibilité d'un pom-
asséchés situés en zone urbaine (environ 1 600 puits)
page simultané et son influence à long terme sur le
mais d'améliorer le réseau de distribution de la ville et
comportement de la nappe phréatique et à connaître
de donner la possibilité à chaque habitant de s'y
exactement les rabattements dans les nombreux puits
raccorder. A l'extérieur du périmètre urbain, 550 puits
particuliers (avec ou sans assèchement) afin de
durent être approfondis, les autres subissant soit des
préserver les droits d'eau acquis des tiers.
rabattements très faibles ou nuls, soit ayant une
tranche d'eau largement suffisante. Pour le calcul des
Il a été admis a priori que le rayon d'influence en approfondissements, le niveau piézométrique pris en
régime permanent ne dépasserait pas 7 km ; l'origine considération était celui après 3 mois de pompage à
du cercle ainsi construit était constituée par le centre 465 l/s sans tenir compte de la réalimentation de la
de gravité du triangle formé par les trois forages nappe (précipitations et irrigation).
d'exploitation. Un inventaire de tous les points d'eau
compris dans le cercle ainsi délimité a abouti au Pour l'essai de pompage proprement dit, 65 puits
recensement de 2 600 puits environ relevés pour la et piézomètres (dont 7 ont été foncés spécialement)
plus grande partie du 17 septembre 1962 au 17 ont été choisis. Un programme de mesures étalé sur
décembre 1962 (2 570 puits) et a permis huit jours fonctionnait de la manière suivante :
l'établissement d'une carte piézométrique entachée − les forages et leurs piézomètres proches
d'erreurs dues à la durée du recensement.
étaient relevés tous les jours,
Il importait toutefois de connaître l'état exact du
niveau piézométrique avant le début des essais de − 16 puits étaient relevés les jours impairs,
longue durée et chaque fois que le besoin s'en faisait − 12 puits étaient relevés les jours pairs,
sentir; en conséquence, un choix de 156 puits relevés
PLAINE DU TADLA 331
GHEFFAF II
316/28 1091/28
AIN m Q = 20 l/s
m SIDI
KAHLA 0
15 BARAGGE AMOR GUEFFAF I
Q = 1 500 m³/j = 1036/28 1034/28
AIN Ø DE ZEMRANE
Q = 40 L/S Q = 10 l/s
NEDIA
315/28 Q = 2 000 m³/j
Q = 500 m³/j EXPLOITATION DE
EXPLOITATIONS DIVERSES AIN
BOUIRAT LA NAPPE DE
ALIMENTANT DIRECTEMENT
308/28 SIDI - AMOR - GUEFFAF
mm
KHOURIBGA
225
mm
Ø=
75
m
=1
m
0 Q = 6 000 m³/j
25
Ø
Q = 4 000
X m³/j
total = Ø = 350 mm
Ø
VILLE DE Ø = 250 mm
STATION DE REPARTITION DE BOU - JNIBA LAVERIE
Ø = 350 mm DE
KHOURIBGA
2 RESERVOIRS : 9 000 + 21 000 m³ KERKOUR - RIH
Ø = 700 mm
ALTITUDE : 850 m
BENI - IDIR LAVERIE
HITANE Ø = 400 mm DE
Ø = 400 mm
MERAA - EL - Q = 40 000 m³/j * DAOUI - SUD
- ARECH Ø = 800 mm
1 BACHE : 600 m³
Q = 40000 m³/j
Ø = 800 mm
POTENTIALTES
EN EAU DE SURFACE :
Q = 200 l/s
POTENTIALITES DANS LA CANAL PRINCIPAL D DES
655/36 ou F1
NAPPE PHREATIQUE DES
BNI - MOUSSA
BNI - AMIR
OU
722/36 ou F3
Q = 130 l/s OUM - ER - RBIA
721/36 ou F2
Q = 135 l/s
— 8 puits répartis sur l'ensemble du cycle étaient — débits, volumes extraits, diverses mesures
relevés tous les quatre jours, électriques pour chaque forage en pompage.
— 19 puits répartis sur l'ensemble du cycle Le tableau ci-dessous explique comment a fonc-
étaient relevés tous les huit jours, tionné l'essai proprement dit. Signalons en outre que
l'évolution du niveau piézométrique de chaque forage
— pluviométrie quotidienne au forage 655/36 a été suivie plusieurs jours comme pour un essai de
(mesurée grâce à un pluviomètre et à un plu- pompage habituel (descente et remontée).
viographe),
Pendant les essais, on a constaté que le niveau Il est en effet prévu à l'avenir de remplacer ces
piézométrique dans les environs du canal secondaire en canaux par des canaux en béton.
terre n° 12 se comportait d'une manière plus ou moins Plus de 45 000 mesures ont été effectuées lors des
indépendante du pompage ; ce phénomène est essais. Si elles n'ont pas encore été exploitées dans le
évidemment à attribuer aux infiltrations dues au canal détail, vu les difficultés de manier un nombre aussi
lui-même. Aussi a-t-il été jugé nécessaire de procéder à élevé de valeurs, elles ont permis l'élaboration de cartes
des mesures spéciales dans cette zone en vue de piézométriques, l'approfondissement des puits dans de
résoudre les difficultés apparues et d'essayer de prévoir bonnes conditions, le calcul des transmissivités et des
le comportement de la nappe lorsque ce canal en terre coefficients d'emmagasinement de chaque forage,
sera supprimé. Par ailleurs, cette expérience devrait l'approche d'une valeur globale du coefficient
permettre l'extrapolation des résultats à l'ensemble des d'emmagasinement par le procédé de la variation du
zones dominées par les canaux secondaires en terre niveau piézométrique, etc.
dont les apports à la nappe par infiltration sont loin Les divers résultats hydrodynamiques obtenus sont
d'être négligeables. résumés dans le tableau ci-dessous.
Numéro I.R.E. 655/36 721/36 722/36
Volumes exhaurés durant la descente (m3) 7 100 000 3 000 000 1 900 000
Bien que de médiocre qualité chimique, les eaux point de vue de la potabilité selon les Normes
des forages d'exploitation ne posent pas de problèmes Internationales pour l'Eau de Boisson (OMS, 1965).
particuliers ; par contre il n'en est pas de même au
334 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Puits
Numéros I.R.E. Forage Forage Forage
des ouvrages 655/36 721/36 722/36 2660/36
Références SMD SMD SMD SMD SMD SMD SMD SMD SMD
Laboratoire n° 369 n° 447 n° 393 n° 407 n° 448 n° 394 n° 421 n° 449 n° 370
Date de prélèvement 28.6.64 15.3.66 18.2.65 17.6.65 15,3.66 18.2.65 31.8.65 15.3.66 27.6.64
Unité mg/l mg/l mg/l mg/l mg/l mg/l mg/l mg/l mg/l
Ions analysés
Na+ 54,5 76,4 209,0 185,9 182,5 144,3 106,1 108,5 92,0
Mg++ 73,6 79,3 86,1 78,9 90,1 77,0 78,0 79,8 83,6
++
Ca 138,5 136,3 153,7 158,2 155,1 135,3 136,0 133,0 161,3
Cl- 312,0 364,0 596,0 588,0 579,0 426,2 411,5 402,0 480,0
NO3 - 102,2 72,1 93,0 4,4 42,9 80,6 11,5 36,7 54,6
HCO3 -- 271,5 274,5 280,6 280,6 292,9 292,8 292,9 292,8 253,2
CO3 - 0 0 0 0 0 0 0 0 0
Résidu sec à 105°C 1 145,6 1 234,0 1 563,2 1 679,2 1 463,2 1 340,8 1 372,6 1 102,0 1416,4
Conductivité 1 670 1 731 2 338 2 542 2 382 1 934 1 838 1 740 2 008
en millimhos
pH (mesuré sur le 7,2 7,0 7,1 7,55 7,0 7,1 7,0 7,0 7,2
terrain)
Le tableau montre à l'évidence que la concen- - on constate que les concentrations totales et en
tration totale est fréquemment voisine de 1 500 mg/l chlorures varient en sens inverse des teneurs en
(maximum admissible), parfois au-dessus, que les nitrates.
chlorures exprimés en Cl - sont en général compris Il semble bien prouvé que l'activité des bactéries
entre 400 et 600 mg/l (maximum admissible : 600 nitrifiantes présentes dans l'eau de la nappe soit à
mg/l) et que les teneurs en nitrates (en NO 3 ) dépassent l'origine des nitrates. Les variations du taux de nitrates
presque toujours le seuil admissible, soit 45 mg/l. s 'expliqueraient alors par le fait que l'activité
bactérienne synthétisant les nitrates fluctuerait selon
Afin d'étudier le problème posé spécialement par les variations climatologiques et piézométriques. De
les taux élevés de nitrates, de nombreux prélèvements plus l'augmentation de la concentration totale (et,
ont été entrepris tant dans les forages d'exploitation corrélativement celle des chlorures) inhiberait
que dans les puits environnants et ont mis en évidence l'activité des bactéries nitrifiantes.
les faits suivants: Diverses solutions ont été proposées pour ramener
- les teneurs en nitrates d'un point donné fluctuent la teneur en nitrates à un taux acceptable : échange
considérablement dans le temps (dans le rapport de 1 à d 'ions, mélange avec des eaux moins riches en nitrates
2 couramment, parfois de 1 à 3, voire davantage), (en particulier celles du forage 721/36), recherche de
PLAINE DU TADLA 335
zones à haute transmissivité présentant des environ chacune furent ainsi définies sur documents :
caractéristiques chimiques plus favorables dans leur l'une au S de Fkih-ben-Salah et à l'E de la route P 22
ensemble, etc. Remarquons que le problème du taux (dans le prolongement de la conduite des forages
limite en nitrates a perdu de son acuité puisque les 721/36 et 722/36), l'autre à l'E de Fkih-ben-Salah et au
nouvelles normes sont: jusqu'à 50 mg/l satisfaisant — N de la route S 133 (sur le tracé de la future adduction
entre 50 et 100 mg/l utilisable — au-dessus de 100 du canal D).
mg/l déconseillé (Normes européennes applicables à A l'origine 10 forages avaient été prévus ;
l'eau de boisson — OMS, 1971). toutefois, les caractéristiques hydrodynamiques des
Vers 1975-1976 vraisemblablement, les besoins en puits imparfaits testés voisins des forages étant les
eau de la région de Khouribga à satisfaire à partir du mêmes que celles des forages, l'étude s'est surtout
Tadla dépasseront 40 000 m3 / j . Aussi un doublement orientée vers de nombreux essais de pompage sur des
de la conduite entre la station de reprise de Fkih-ben- puits existants.
Salah et Bou-Jniba a été prévu ; l'approvisionnement Finalement 6 forages seulement ont été exécutés
pourrait être alors assuré à partir du canal principal totalisant une longueur de 381 m (moyenne : 63,50 m),
d'irrigation D des Bni-Moussa. Toutefois, en attendant mais 26 puits ont été essayés à l'intérieur des zones
la réalisation de cette opération remise en question à ainsi définies et aux alentours. Parallèlement une
l'heure actuelle, une troisième campagne de forages et campagne de prélèvements réguliers dans 20 puits a
d'essais de pompage dans le but d'exploiter plus inten- duré une année et a porté sur les points suivants :
sément et dans de meilleures conditions la nappe mesure de la température de l'eau, détermination du
phréatique des Bni-Amir a été entreprise en tenant pH, dosage du CO-2 libre (sur le terrain), détermination
-
compte des facteurs suivants du Cl , du NO 3 et du résidu sec à 105°C (au
— emplacements des forages compatibles avec les laboratoire).
installations actuelles et futures, Partant du principe admis à l'époque de ne pas
— zone hydrauliquement favorable, pomper dans une zone où la teneur en nitrates dépasse
— zone de qualité chimique acceptable. 40 mg/l, une très petite zone a pu être circonscrite au S
de Fkih-ben-Salah, le long de la route P 22 dans
Avant tous travaux et études, deux zones de 16 km2 laquelle les quatre points suivants ont été sélectionnés.
Rabattement maximum
mesuré (m) 1.25 1,21 1,64 4,53
Transmissivité à la descente
(m2 /s) 1,1.10-1 1,1.10-1 5,5.10-2 _
Transmissivité à la remontée
(m2 /s) 1,1. 10-1 1,1.10-1 5,4.10-2 2,3.10-2
336 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Le débit cumulé de ces quatre points se monte à le niveau piézométrique est proche du sol, sous-
336 l/s environ. Par ailleurs le débit du front de nappe produit du drainage par pompage.
aux environs de ces captages, dans la zone où la
transmissivité est supérieure à 1.10 -1 m / s , atteint ETUDES PAR SIMULATIONS
environ 230 l/s au kilomètre linéaire. Il ne paraît donc DU DEVELOPPEMENT DES EXPLOITATIONS D'EAU
pas y avoir de difficulté pour satisfaire le débit
supplémentaire demandé à l'époque, soit 300 l/s. SOUTERRAINE DANS
Si les caractéristiques hydrodynamiques de ces LA REGION DES BNI-MOUSSA DE L'EST
ouvrages sont excellentes, plusieurs facteurs limitants La région NE des Bni-Moussa située entre l'oued
de la potabilité de l'eau existent : résidu sec toujours Derna et Kasba-Tadla (fig. 142) est actuellement en
supérieur à 2 000 mg/l, chlorures toujours supérieurs à partie irriguée en utilisant les sources du dir (piémont)
600 mg/l. L' eau de la nappe est donc de toutes et des dérivations de l'oued Derna. Le Ministère de
manières impropre à la consommation humaine. l'Agriculture et de la Réforme Agraire a étudié la
Quoiqu'il en soit, il semble difficile de mettre à jour rénovation de ce réseau d'irrigation et une mise en
des zones intéressantes hydrauliquement dont la valeur plus intensive en augmentant les superficies
concentration totale soit inférieure à 2 000 mg/l, et à irriguées, l'eau provenant du barrage de Dechra-el-
fortiori à 1 500 mg/l. Il faut donc renoncer à alimenter Oued sur l'Oum-er-Rbia ou bien de l'exploitation des
Khouribga en eau potable à partir de cette source. eaux souterraines. La solution barrage étant
Certes, les incidences d'un pompage continu à gros actuellement différée, il était donc nécessaire de
débit sur le drainage de la nappe et les irrigations à préciser les disponibilités de la nappe phréatique. Tout
partir d 'eaux moins salées (barrage de Bine-el-Ouidane d'abord, afin d'étudier les effets d'une mise en
ou/et barrage de Dechra-el-Oued sur l'Oum-er-Rbia ou fonctionnement de nouveaux captages destinés à cette
encore forages profonds au Turonien — voir chapitre exploitation, deux modèles mathématiques ont été
9) se feront sentir, mais sans doute à très long terme. réalisés ; ils simulent l 'écoulement de la nappe dans la
Par contre, les besoins en eau industrielle pour l'OCP zone comprise entre le dir et l'Oum-er-Rbia d'une part,
pourraient être certainement satisfaits à partir de la les oueds Zemkil et Day d'autre part (cette zone a été
nappe des Bni-Amir alors que l 'eau du canal d'irri- délimitée en fonction des connaissances hydro-
gation principal D des Bni-Moussa serait exclusi- géologiques à l'époque : printemps-été 1972). Le
vement réservée à la consommation humaine : cette premier (utilisant le programme mathématique
solution suppose évidemment un doublement de la DRPER) simule l'écoulement de la nappe en régime
conduite de refoulement vers Khouribga. permanent, tandis que le second (programme
Dans cette hypothèse, la nappe des Bni-Amir mathématique DRTRA) simule un régime transitoire.
serait fortement drainée par pompage ; ses eaux ne Dans les deux cas on a assimilé cette nappe à, une
seraient pas recyclées. Les quantités d'eau réservées à nappe captive à écoulement bidimensionnel. Les
l'irrigation ne seraient pas modifiées. programmes de calcul automatique DRPER et DRTRA
sont des modèles standard créés par le Bureau de
De même les quantités d'eau d'irrigation des Bni- Recherches Géologiques et Minières français et mis à
Moussa ne seraient pas diminuées car le débit prélevé la disposition de la Direction de l'Hydraulique.
dans le canal D pourrait être restitué au moyen de A partir de ces moyens de calcul, dans une seconde
captages judicieusement disposés dans la nappe phase, on a cherché à optimiser l'implantation des
phréatique des Bni-Moussa ; la nappe bénéficierait ouvrages projetés, de façon à connaître le volume
même d'un supplément de drainage dans les zones où
230 230
524
h
lla
C 8.9 Me 5.6
C
C 8.9 C
8.9
O. Guettaye?
379
ia
t? q il
Rb
iko
C6 Ko
O.
O. Tahezrit
2107 24
q il
qt RP
378 377
2103 2106 C 9al
2111 K. TADLA q il 2102
Ch. kebira?
m
2109
ou
220 1931 220
C6
2108 O. C
8.9
4
698
RP 2
Rherm el Alem
P 697
q il 1930
696
f
695 se
q 2
us
694 Yo
O. Foum El Anseur
"D
1540
q2 Limons rouges ou "hamri"
BENI-MELLAL
1632
al
6
C 0 2 4 6 8 10 km 670 Numéro I.R.E
190 190
O. Guettaye?
379
ia
t? q il
Rb
i ko
C6 Ko
O.
O. Tahezrit
2107 24
q il
q t RP
378 377
2103 2106 C 9al
Ch. kebira? 2111 K. TADLA q il 2102
O. Haoumet 2110 2.3
q
2
2114 1914 2101 e
m
2109
ou
220 1931 220
C6
2108 O. C
8.9
24
698
RP
Rherm el Alem
P 697
q il 1930
696
f
695 se
q 2
us
694 Yo
O. Foum El Anseur
"D
1540
q2 Limons rouges ou "hamri"
BENI-MELLAL
1632
al
6
C 0 2 4 6 8 10 km 670 Numéro I.R.E
190 190
d'eau maximum pouvant être exhauré en respectant Les sorties sont constituées par les prélèvements
certaines contraintes. On a déduit ensuite un prix au mal connus dans la nappe et par le drainage des
mètre-cube d'après les données économiques en oueds Oum-er-Rbia (estimé entre 700 et 1 100 l/s),
vigueur au Maroc. Derna entre le pont de la route P 24 et l'Oum-er-Rbia
(estimé à 750 l/s en moyenne) et Day (estimé à 400
ETABLISSEMENT DE MODÈLES MATHÉMATIQUES l/s en moyenne). L'évaporation de la nappe doit être
REPRÉSENTATIFS DE LA NAPPE nulle étant donné que le niveau piézométrique est
toujours inférieur à 5 m.
La simulation en régime permanent nécessite la
connaissance des éléments suivants : Si le calage du modèle permanent a été satisfai-
sant, il n'a pas été possible d 'effectuer un calage
— valeurs de la transmissivité (carte), satisfaisant pour le modèle transitoire dans l 'état
— valeurs de la piézométrie aux limites à poten- actuel de nos connaissances. Toutefois l'évolution
tiel hydraulique constant, probable des rabattements provoqués par les pom-
— valeurs des débits d'entrée et de sortie. pages projetés a été réalisée à partir d'un modèle
approché et suffisant pour les objectifs recherchés.
Après le report de ces différentes valeurs dans des
mailles carrées de 625 m de côté, il s'agissait de IMPLANTATION OPTIMALE DE NOUVEAUX
comparer la piézométrie ainsi calculée avec celle CAPTAGES ET COÛT DU MÈTRE CUBE DE L 'EAU
réellement mesurée, dite piézométrie de référence EXHAURÉE
(calage du modèle).
Le modèle mathématique décrit précédemment est
Pour la simulation en régime transitoire utilisant supposé représentatif du comportement de la nappe.
le modèle permanent calé, les données sup- On a donc adopté l'ensemble des hypothèses
plémentaires qui doivent être fournies sont : introduites pour son établissement (nappe assimilée à
- coefficient d'emmagasinement (pris égal à une nappe captive en particulier).
5.10 -3 pour toute la zone étudiée), Une pré-étude envisageait l'irrigation de la zone
- historique des alimentations de la nappe considérée, à partir d'un barrage édifié sur l'Oum-er-
par la zone de piémont, Rbia à Dechra-el-Oued. Cette solution est
actuellement différée au profit d'un aménagement des
- historique des prélèvements existants, ressources propres en eau souterraine et d'une amé-
- historique de quelques variations lioration du réseau de séguias existant à l'amont de la
piézométriques locales. nappe. On a supposé que ce dernier aménagement ne
perturbera pas l'équilibre actuel, c'est-à-dire que le
Pour l'établissement de ces deux modèles on dis- volume d'infiltration demeurera similaire.
posait des éléments suivants :
On a choisi pour objectif d'exhaurer le volume
- géologie, d'eau maximum de la nappe, compte tenu d'un certain
- cartes piézométriques à diverses dates nombre de contraintes.
(piézométrie générale et piézométrie Les précisions suffisantes concernant des con-
locale), traintes économiques n 'ont pu, jusqu'ici, être déter-
- paramètres hydrauliques, c'est-à-dire les minées. Aussi a-t-on choisi de ne prendre en compte
que des contraintes physiques, imposant une limi-
transmissivités et les coefficients tation au volume d'eau exhauré.
d'emmagasinement,
L'utilisation d'un modèle mathématique et de la
- les entrées, les sorties. programmation linéaire permet de sélectionner parmi
Les entrées comportent la pluviométrie moyenne une distribution géographique de forages que l'on peut
estimée à 500 mm/an (l'infiltration due aux projeter de réaliser, ceux permettant d'obtenir un
précipitations n'a pas été prise en compte car elle est volume d'eau exhauré maximum, tout en respectant
supposée contrebalancer les soutirages non ré- certaines contraintes physiques ou économiques. Dans
pertoriés), les infiltrations dues aux épandages des notre cas, seules des contraintes physiques ont été
eaux des sources du dir et des séguias (estimés glo- imposées : pour une profondeur moyenne de la nappe
balement entre 4 800 et 7 300 l/s pour l'année 1972 de 15 m, le rabattement maximum autorisé en un point
selon les époques) et l'alimentation à partir des quelconque de l'étude ne devait pas dépasser 20 m.
infiltrations de l'oued Derna entre Taghzirt et le pont Par ailleurs il était nécessaire de choisir au départ
de la route P 24 estimées à 300 l/s. Il ne semble pas les zones de captages les plus favorables selon les
qu'il faille tenir compte d 'une alimentation latérale à critères suivants :
partir des calcaires de bordure de l'Atlas ou par
drainance de la nappe turonienne.
PLAINE DU TADLA 339
Coût moyen
des investissements 0,0344 0,0346
Coût moyen de
l'énergie de pompage 0,0210 0,0202
il avait été prévu; à l'origine d'irriguer certaines sur le drainage (en effet, bien que GR II soit raccordé
parcelles à partir de pompages ponctuels, mesures au réseau D 14, son action se fait essentiellement
justifiées par la présence d'un aquifère très transmissif sentir dans la zone de Sidi-Jabeur) tandis que P. Breil
(transmissivités comprises entre 5.10 -2 et 1.10 -1 m2 /s à reprenait ces études en 1962. Entre temps, deux
l'E de la route S 133) et d'un niveau piézométrique campagnes de forages (18 ouvrages) devaient apporter
proche du sol (pompage + drainage). Par la suite, de une meilleure connaissance des conditions
nouvelles décisions ont été prises pour irriguer la hydrogéologiques régionales, notamment à l'Ouest de
totalité des superficies dominées à l'aide du réseau la route S 133. Un des forages de reconnaissance a
gravitaire existant dont le calibrage est de ce fait d'ailleurs été transformé en forage d'exploitation
inadapté. (725/36) dont il sera question plus loin. Depuis 1963
les recherches, continuées par H. Etienne et B. Gene-
Dès 1960, le Centre des Etudes Hydrogéologiques, tier, aboutirent à l'exécution de deux nouveaux
puis la Division des Ressources en Eau ont été forages d 'exploitation en gros diamètre (1 450/37 et
amenés à étudier les divers problèmes posés (tout 1451/37) tandis que C. Stork faisait construire un
d'abord le drainage des zones menacées par des réseau de drainage gravitaire en 1962-1963.
remontées importantes du niveau piézométrique) en En 1973, la région de Sidi-Jabeur comporte donc
tenant compte des facteurs en présence (stations de six ouvrages d'exploitation (trois puits et trois forages
pompage existantes, calibrage du réseau D 13, nappe en gros diamètre) ainsi qu'un puits (1 474/37) pouvant
proche du sol), à proposer de nouveaux travaux être exploité à un débit intéressant dans des conditions
(exécution de deux forages en gros diamètre : 1450/37 favorables. Tous ces points ont subi divers essais de
et 1451/37) et à recommander une exploitation pompage ponctuels plus ou moins longs. Après
rationnelle de la nappe. l'exécution des forages 1 450/37 et 1 451/37, une
étude de drainage par pompage plus complète que les
En 1953, quatre puits en gros diamètre ont été précédentes a pu être menée à bien ; c'est de cette
foncés : GR I (339/37) et GR V (531/37) alimentent le étude dont nous parlerons en détail.
réseau D 13 tandis que GR II (529/37) et GR III
(852/37) rejettent leurs eaux dans le réseau D 14 ; ces Les résultats hydrodynamiques des sept captages
ouvrages sont équipés de pompes débitant étudiés individuellement sont résumés dans le tableau
unitairement plus de 150 l/s. R. Hazan et L. Moullard ci-contre.
devaient étudier en 1960 par des essais de pompage
prolongés les trois premières stations et leur incidence
PLAINE DU TADLA 341
N° I.R.E de l'ouvrage étudié 725/36 339/37 529/37 531/37 1450/37 1451/37 1474/37
Altitude du sol (m) 428,2 455,9 456,8 458,5 457,5 459 430,5
Tubage
Tubage
Tubage
Longueur pleine
0-4 buses buses buses 0-6 0-6 buses
(m)
en en en en
Longueur béton béton béton béton
4-16 (1) 6-50 6-50
crépinée (m)
Niveau piézométrique par
rapport au sol (m) 4,15 2,99 2,45 3,21 3,53 3,55 4,47
non
descente 4,5.10-3 3,7.10-2 1,3.10–1 2,6.10–2 1,1.10–1 1,4. 10 –2
calculable
Transmissivité pas de
(m2/s) remontée
remontée 1,8.10-2 9,1.10–2 6,0.10–2 1,4.10–1 4,1.10–2 pour cet 2.10–2
essai
Coefficient
d'emmagasinement < 5,10-2 3,1.10–2 3,5.10–2 4,2.10-2 1 1,6.10-2 3,6.10–2 2,2.10–2
(1) Bouchon annulaire de ciment de 15 à 16 m; profondeur totale lors des essais : 33,45 m.
(2) Date du démarrage de l'essai retenu. (3)
(3) Piézomètres sans n° I.R.E; n'ont pas été conservés.
(4) Un essai de pompage de courte durée a été exécuté sur le forage de reconnaissance (675/36) situé à 3,35
(5) Un essai de pompage de courte durée a été exécuté sur le forage de reconnaissance (679/36) situé à 21,00 m.
N.B. : Seul l'essai de pompage le plus significatif pour chaque ouvrage a été retenu dans ce tableau. Le coefficient
d'emmagasinement moyen de la région de Sidi-Jabeur pour laquelle on disposait de 19 mesures est de 2,5.10–2.
342 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
La chimie des eaux de ce secteur comme d'ailleurs de la nappe phréatique et des eaux d'irrigation
celle de la plus grande partie des Bni-Moussa ne pose provenant de Bine-el-Ouidane.
aucun problème étant donné la bonne qualité des eaux
Somme des
ions anaysés 450,1 575,5 568,1 542,0 - - > 785,3
Résidu sec à
180°C 380 480 (1) 480 ( 1) 460 (1) 440 410 620
Date de
prélèvement 29.08.69 10.03.73 10.03.73 12.03.73 23.10.63 16.12.63 09.12.64
(1) à 110
Les valeurs sont exprimées en mg/l.
Pour étudier l'effet de drainage, les trois stations de simultanément au débit de 570 l/s suivant le
pompage GR et le forage 1 451/37 furent pompés calendrier ci-dessous :
3.11.63 17 h 00 65 65 15 h 30 15 h 30
1451/37
4.11.63 8 h 30 85 85 26 h 30 42 h
La surveillance piézométrique générale était as- étant de 1,08.10 6 m3 , il en résulte donc qu'on peut
surée par 35 puits relevés quotidiennement ; un certain évaluer le volume naturel moyen d 'écoulement de la
nombre de jaugeages furent exécutés pour contrôler les nappe (V 3) à 0,705.10 6 m3 ; ces volumes convertis en
débits des stations 339/37, 529/37 et 531/37 et ceux débit fictif continu représentent :
des drains parallèles aux canaux D 13 et D 13 A. 159 l/s pour les réserves fournies par la nappe,
L'irrigation générale était arrêtée ; les précipitations 300 l/s pour le débit moyen d'écoulement de la
(station météorologique de Bni-Mellal) n'ont nappe sur un front de 3 000 m environ
commencé que le ler décembre avec 90,4 mm pour la (soit 100 l/s au kml).
première décade. Pour le mois de novembre on note
18,8 mm dont 16,6 mm pour le 15, sans influence Les drains parallèles aux canaux D 13 et D 13 A
pratique sur le comportement de la nappe. ont vu rapidement diminuer leurs débits (de l'ordre de
40 l/s) à la suite du rabattement de la nappe ; par
Les mesures piézométriques effectuées permettent contre le rôle de l'oued Day est difficile à préciser.
de tracer un réseau de courbes d'isorabattement de 0 à
2 m entre le 3 et le 30 novembre 1963. En En supposant que toutes ces conditions se re-
planimétrant ce réseau de courbes, le volume des nouvellent, on prendra le débit moyen d'écoulement
terrains intéressés par le pompage est de 0,15.106 m3 . comme débit fictif continu d'alimentation ; ce sera le
En prenant comme valeur moyenne du coefficient débit total fictif continu disponible pour l 'irrigation,
d'emmagasinement 2,5.10 -2 , le volume d'eau (V 1) qui a soit 300 l/s, compte non tenu des réinfiltrations dues
été extrait des réserves de la nappe durant cette aux irrigations. En admettant que les irrigations
période se monte à: intensives durent six mois, le débit exploitable
V1 = 2,5.10 -2 . 0.15.10 6 = 0,375.10 6 m3 . instantanément sera de 600 l/s. Ce débit pourra être
extrait au moyen des cinq stations existantes dont les
Or le volume d'eau débité par les pompes (V 2) équipements sont les suivants :
344 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
380/37?
405
395
400
394/37? 357/37?
Collect
eur 165/37
84/37?
54/37
?
Oue 14
rna D
D24?
395/37 833/37
Ro
643/37?
u te
ed
Ou D11
se
Collecteur Xx 641/37?
co
A?
nd
principa 128/37? DD 105/37?
330/37 408/37?
ai r
Xx 195 l 185
en
°1
FORAGES
lD
33
UTILISES DANS L'ETUDE 346/37? Xx
ipa
107/37? D.T. 1077
PUITS Da
c
rin
y
lp
FORAGES ETUDIES
na
77
° 16
Ca
PUITS EXPLOITES A GROS DEBIT ire n
in tertia
395
405
0 1 2 3 km m
Che
400
FIG. 143 A
Au 30 novembre 1963 l'allure des courbes d'iso- 1451/37) au débit maximum (625 l/s) pendant trois
rabattement se présentait sous la forme d'une ellipse mois lorsque le drainage est nécessaire et évacuation
dont le grand axe se confondait avec le tracé du canal des eaux par l'oued Day,
D 13, ce qui s'explique aisément par l'alignement des 2. fonctionnement permanent des stations 339/37
trois stations de pompage 1451/37-531/37 - 339/37 et 531/37 au débit de 330 l/s correspondant sen-
totalisant lors des essais 440 l/s sur 570 l/s, soit plus siblement au débit d'apport de la nappe,
de 75 % du débit. Au bout d'un mois, la surface où la
nappe a été rabattue d'un mètre était de l'ordre de 560 3. surveillance hebdomadaire de la nappe au
ha. moyen de cinq piézomètres,
Le drainage, sous-produit gratuit de ces pompages, 4. mise en route de toutes les stations au débit
ne pourra toutefois exercer un effet continu et valable maximum (625 l/s) lorsque le niveau piézométrique ou
qu'à la condition de suivre certaines règles. Sachant les conditions météorologiques l'exigent.
par ailleurs que le débit transitant au droit de la zone
de Sidi-Jabeur est de 300 l/s au moins (les calculs faits L'eau exhaurée sera affectée à l'irrigation en pé-
à partir du gradient hydraulique et de la transmissivité riode d'arrosage ou rejetée dans l'oued Day. Il est
donnent des résultats beaucoup plus élevés cela tient évident que le débit de pompage nécessaire à l'irri-
vraisemblablement à une connaissance insuffisamment gation pourra dépasser 330 l/s ; dans ce cas il y aura
précise dans le détail des transmissivités et du gradient lieu de diminuer le débit du fonctionnement permanent
hydraulique), il est donc possible de proposer le (point 2) de façon à exploiter uniquement le débit
schéma suivant : d'apport réparti sur l'ensemble de l'année.
1. fonctionnement permanent de toutes les stations Certes, une autre méthode d'exploitation consiste à
de pompage (339/37, 529/37, 531/37, 1450/37, exhaurer uniquement les débits nécessaires aux
PLAINE DU TADLA 345
Ro
INDICE I.R.E. :37
1 2 3 km
400
ute
0
Ca
380
se
na
394
lD
on
357
da
54
ire
165
n°
84
1
D1 4
33
Coll
e c te 833
ur
D 14 395
Ouern
a
680
T.4 679
50
125
529 1451
GR II 531
0 546 GRV?
646
2 .0 0
403
0 0
.5 D13
0 157
644? 326 2.0
339 1 .5 0 0
1450
342 GR I .5 675
352 1 0
0 8 D1
3 1 .0 0 1.0 0 D ay
103
.0 67 5
1 C.T
. 1
327 0 0. 0 d
643 .05 Oo
ue
D13 B 0
641
330
129
50
408 0
y 68
13
A Da .1
D C .T
ipal
princ
lD
cteur
na
396 Colle
400
Ca
77
. 16
C .T
FIG. 143 B — Exploitation du secteur de Sidi-Jabeur (Bni-Moussa). Courbes d'isorabattement théorique après 3 mois de pompage
continu (en rouge); courbes d'isorabattement au 31-11-1963 (en bleu).
besoins de l'irrigation ; toutefois l'effet de drainage ont été étudiés en 1964: un ancien forage en gros
sera fortement réduit, car l'expérience a montré qu'il diamètre (725/36) et un puits exploité dans le passé
fallait pomper sans interruption durant des périodes (1474/37). Les divers résultats, paramètres et
prolongées pour obtenir un abaissement appréciable du informations obtenus, sont mentionnés dans les
niveau piézométrique. tableaux précédents.
Les trois stations de pompage les plus importantes Les résultats ont en ce cas été assez décevants : 35
(339/37, 531/37 et 1 451/37) sont disposées selon une l/s seulement peuvent être exploités dans le forage
ligne de courant, ce qui a pour inconvénient d'utiliser tandis que le puits peut fournir 45 l/s, soit 80 l/s au
un front d 'écoulement très étroit de la nappe. Pour une total. De plus les interinfluences calculées pour une
exploitation plus rationnelle, il y aurait intérêt à créer année de pompage continu à ces débits sont assez
deux lignes de pompages : l'une parallèle aux importantes : 0,91 m sur le forage et 0,66 m sur le
isopièzes et passant par les points 1 450/37 et 531/37 puits sont à ajouter aux rabattements propres des
et, de là, prolongée vers le nord avec une nouvelle ouvrages. Notons toutefois qu 'il est possible de
station dans une zone reconnue comme très restituer à la prise 23 : 450 l/s au moins prélevés dans
transmissive à environ 1 km du 531/37, supprimant les l'oued Day tout proche.
apports amont de la nappe, l'autre perpendiculaire à la
En résumé, les divers travaux et études entrepris
première passant par les points 1 451/37, 531/37,
dans le secteur de Sidi-Jabeur ont débouché sur les
339/37 ayant pour but d'extraire l'eau d'infiltration et
points suivants :
d'assurer le drainage de la zone aval (D 13 B).
— compléments d'alimentation aux canaux (705 l/s
Par ailleurs la partie aval du réseau D 13 accuse un
prélevés dans la nappe et 450 l/s dans l'oued Day),
déficit d'eau, notamment à partir de la prise 23. Dans
le but d'alimenter les canaux, deux ouvrages anciens — exploitation plus souple du réseau D 13,
OUVRAGES D'EXPLOITATION OUVRAGES D'ETUDE
FORAGE PREVU POUR L'EXPLOITATION MAIS FOURNISSANT PUITS D'EXPLOITATION NON INTEGRE
385
PUITS D'EXPLOITATION AYANT UNE PROFONDEUR SUUFISANTE
PUITS D'EXPLOITATION A APPROFONDIR
M MICROMOLINET
150 30 130
A
BI
COEFFICIENT D'EMMAGASINEMENT EN 1.10-2
-R
CO
ER
TRANSMISSIVITE EN 1.10-3 m2/s
LL
M-
EC
OU
TE
STATION DE POMPAGE SUR COLLECTEUR
UR
600 AVEC SON DEBIT PREVU EN l/s
ED
U
O
ZONE DU CANAL MEDIAN-OUEST
DAY
LIMITE DE L'ETUDE CITEE
2186
380
2181
2593 56 1,7
2182
1,3 --- 3 25
2066
195 195
5,4 --- 2180
77
E7
. 16 11 4,0
C.T 2185
4,9 8,0
E6
2179
44 7,0
2187
2188
1,8 ---
2951
14 2,0 63 --- 100
334
E5 408
2196 74 5,0 185 150 2,0 185 2938
334
ARICHE 2242 150 3,0 130
COLLECTEUR EL TA
16,5 3,3 KE
2219 RZ
2217 OU 411
ST
63? -- 160
2251 E2
2250 2249 2241 2952
32 3,5 37 3,2 --- 140 --- 150
14 3,5 SIDID-AHME
2248 BEN-BRAHIM 412 150 2,6 185
190 190
150 à200 E4 2184
C.T. 1736 a 160 2,5 90 M
54 7,0 40
2950 100 5,0140
130 -- 100
SOUK-ES-SEBT 2191
2954 50 2,2 47 2022 413
DES OULED- NEMAA C.CT. 1683
18 6,0 2247
2953
11 --- 4,2 50
CO
6 2246 36 1,6 24 70
2
LL
.2
45 2,2 40
EC
2216
.P
2189
R
2183
TE
15 0,4 600
50 --
UR
2245
EL
UEST 2178
E3
IAN O 166
AR
L ME D 15 --- 31 4,0
CANA 19 1,5
IC
E2
HE
R .S 2177
SU
. 13
T
2244
D
4
ES
2190 15 2,5
6,2 1,9 16 1,5
CA
2176
NA
6,2 3,4
N
L
IA
ED
M
2175
CO
E1
2,3 ---
UR
SI
ER
2215
L
185
NA
185
CA
R.P. 24
G
PRINCIPAL 0 1 2 3 KM
L
NA
CA
385
380
INDICE I.R.E. 36
FIG. 144 — Exploitation d'eau souterraine pour irrigation du secteur dominé par le canal Médian-Est (Bni-Moussa).
PLAINE DU TADLA 347
— diminution du débit de prise sur le canal Débit moyen : 1 390 l/s (répartis sur six mois)
principal D, ce débit pouvant être affecté à n'importe Débit maximum : 2 020 l/s (répartis sur six mois)
quel réseau du périmètre des Bni-Moussa,
Rapport Qmax/Qmoyen : 1,45.
— drainage efficace de Sidi-Jabeur.
Des études hydrogéologiques dont l'objectif était de
COMPARAISON DES RENDEMENTS savoir dans quelle mesure les ressources en eaux
DE PUITS ET FORAGES souterraines et superficielles (collecteur El-Arich—
ESSAIS AU MICROMOULINET Takerzoust) permettaient d'alimenter le réseau
ACIDIFICATION DES FORAGES : gravitaire du secteur Médian-Est ont alors été
EXPLOITATION POUR L'IRRIGATION exécutées.
DU SECTEUR DOMINE PAR LE CANAL Une série de travaux et d'études comprenant une
MEDIAN-EST (BNI-MOUSSA) enquête rapide sur les débits prélevés par les puits
particuliers, 16 forages nouveaux et 29 essais de
La surface dominée par le canal principal Médian- pompage (nouveaux forages — puits exploités mais
Est se monte à 7 900 hectares environ dont 6 700 inconnus au point de vue hydrodynamique — nouveaux
seront mis en valeur. Depuis longtemps déjà, cette essais sur des puits insuffisamment connus au point de
région limitée au Nord par les oueds Oum-er-Rbia et vue hydrodynamique) ont abouti aux résultats suivants:
Day, à l'Ouest par le canal Coursier et au Sud et à l'Est — estimation du débit global prélevé dans la nappe
par le canal Médian-Est lui-même, est irriguée à partir à l'aide des puits privés,
de pompages dans la nappe phréatique contenue dans — informations géologiques (16 points),
des calcaires quaternaires grumeleux surmontés d'une — amélioration du réseau piézométrique de con-
mince couche de limons et de terre arable. trôle (16 points nouveaux),
Le niveau piézométrique proche du sol ainsi que — exploitation plus rationnelle de la nappe par des
des caractéristiques hydrodynamiques excellentes puits existants ou dans des zones mal connues
permettent d'exhaurer des débits intéressants tout en (22 points),
abaissant le niveau de la nappe ; ils avaient incité les — étude des pertes de charge dues à l'augmen-
projeteurs à irriguer cette zone uniquement à partir de tation des débits (12 points),
pompages ponctuels. — calcul de la transmissivité (32 points),
Cependant, pour une raison de commodité d'ex- — calcul du coefficient d'emmagasinement (22
ploitation, il a été décidé d'irriguer la totalité des terres points),
dominées par le canal Médian-Est à l'aide d 'un réseau — estimation du débit de front de nappe alimen-
gravitaire alimenté en partie par l'eau de Bine-el- tant le secteur dominé par le canal Médian-Est
Ouidane et en partie par les ressources en eaux au niveau de l'isopièze 425 m (10 points).
souterraines et superficielles locales.
Fin 1971, deux fragments de réseau gravitaire L'ensemble des travaux ainsi exécutés a permis une
moderne existaient et étaient utilisés : connaissance approfondie des zones d'exploitation
— réseau E 2, partie aval, alimenté par quatre (pour l'implantation de nouveaux ouvrages), une
petites stations de pompage (puits 2 248/36 à meilleure utilisation des ouvrages existants et la
2 251/36), détermination du débit global à prélever dans la nappe.
— réseau E 5 alimenté par quatre importantes Par ailleurs, il fallait déterminer le type d'ouvrage à
stations de pompage (puits en gros diamètre : exécuter : puits ou forage. En effet, depuis longtemps
334/36, 408/36, 411/36 et 412/36). déjà, on avait observé que, dans les calcaires, les
Une étude menée en 1965 par SOGETIM devait pertes de charge dans les forages étaient beaucoup
aboutir aux résultats suivants concernant les besoins en plus importantes que dans les puits. Aussi trois
eau pour toute la zone : forages (2183/36, 2 184/36 et 2 191/36) ont été spécial-
ement étudiés à ce point de vue.
Rive gauche du collecteur El-Arich—Takerzoust : Les forages 2 183/36 et 2 191/36 ont montré d'une
Volume annuel : 20,4 Mm3 part que des pertes de charge anormalement élevées
Débit moyen : 1 300 l/s (répartis sur six existaient dans l'ouvrage par suite de l'écoulement
mois) dénoyé (surface de suintement trop réduite) et d 'autre
Débit maximum : 1 540 l/s (répartis sur six part que la présence d 'un tubage avait pour effet
mois) d 'augmenter fortement le rabattement au même temps,
Rapport Qmax/Qmoyen : 1,18. toutes autres conditions étant égales (pratiquement le
double pour le forage 2 183/36).
Rive droite du collecteur El Arich—Takerzoust : Volume
annuel : 21,8 Mm3
Le tableau ci-dessous résume les principales obser- sont voisins ; le rabattement spécifique est toutefois
vations effectuées. plus élevé pour le forage 2 183/36 bien que celui-ci ait
une transmissivité plus forte et fournisse un débit de
Par ailleurs la transmissivité du forage 2 183/36 10 % plus faible que le forage 2 191/36. Ces
est de 5.10 -2 m2/s contre 1,8.10 -2 m2/s pour le 2 191/36 phénomènes en relation avec l'écoulement dénoyé et la
alors que le rabattement spécifique à 7 200 secondes notion de débit critique montrent bien la difficulté,
est plus important pour le forage 2 183/36 que pour le dans de tels terrains, de relier la transmissivité
2 191/36 (forages tubés). A la fin du pompage (21 600 mesurée à l'exploitation théorique de l'ouvrage.
s) les rabattements spécifiques des deux forages tubés
à t/t'=361
soit 1 minute 5,95 7,03 5,44 3,20 3,10
après l'arrêt
Rabattement au cours
de la remontée à t/t' = 73
soit 5 minutes 0,47 0,55 0,96 0,96 0,91
après l'arrêt
à t/t' = 2
soit 6 heures 0,00 0,03 0,10 0,07 0,07
après l'arrêt
* La brutale augmentation de rabattement est due à une légère augmentation du débit à t = 7 200"
(passage de 31,65 à 34,50 l/s): le débit critique se situe vraisemblablement vers 33 l/s.
PLAINE DU TADLA 349
Des essais analogues menés sur le forage 2 184/36 L'accroissement de débit ainsi fourni sera de 610
(voir tableau des résultats plus loin) distant de 33 m l/s en moyenne et de 685 l/s en pointe. Les quatre
du puits 412/36 conduisent aux mêmes résultats. pompes installées (dont trois peuvent fonctionner
Toutefois le débit critique au-delà duquel le simultanément pour le réseau E 5 alors existant)
rabattement croît très rapidement n'a pu être atteint fourniront 600 l/s en moyenne et 740 l/s en pointe. Au
dans le forage 2 184/36 ; il se situe vraisemblablement total 1 060 l/s pourraient être exploités en moyenne
entre 100 et 150 l/s. (correspondant au débit transitant par l'isopièze 425 m
au droit des ouvrages d'exploitation) et 1 240 l/s en
A la suite de ces divers travaux et études, les
pointe.
renseignements obtenus furent les suivants :
— une zone triangulaire de 10 km2 à transmis- Notons enfin que les eaux du collecteur El-Arich—
sivité supérieure ou égale à l.10-2 m2 /s se trouve Takerzoust peuvent fournir environ 200 l/s pour les
à cheval sur le tracé du futur canal Médian-Est réseaux E 2 - E 3 et 600 l/s pour les réseaux E 4 - E 7.
entre le chemin T 1 683 et l'angle NE du canal L'entreprise chargée des travaux de foncement des
E 5 (environ 3 km), puits s'est très rapidement trouvée devant de grosses
— le tracé du canal Médian-Est coïncide sensi- difficultés qui la contraignirent à l'abandon : tenue
blement avec l'isopièze 425 m et permet une relativement médiocre des terrains en surface,
exploitation facile du front de nappe, avancement lent, débits importants à exhaurer.
— le débit mis à jour le long de l'isopièze 425 m Il devenait alors nécessaire d'étudier la possibilité
est d'environ 1 084 l/s sur 4 430 m (soit environ d'exécuter des forages en lieu et place des puits.
245 l/s au km), Toutefois les essais entrepris sur les forages 2183/36,
— par suite d'écoulement dénoyé il est préférable 2184/36 et 2191/36 avaient démontré que les pertes de
de foncer des puits en gros diamètre (3 m au charge rendaient la solution « forage » inadéquate. Il
minimum) de préférence à des forages. fallait dès lors trouver un procédé permettant d'obtenir
pour les forages un rayon efficace analogue à celui des
En fonction de ces diverses données, les proposit- puits.
ions furent les suivantes :
Etant donné la nature calcaire et semi-karstique des
Rive gauche du collecteur El-Arich—Takerzoust : terrains, la meilleure opération envisageable était
— cinq puits existants seront à approfondir l'acidification;, opération classique dans de telles
permettant une exploitation plus intensive, formations, mais alors peu employée au Maroc. Une
— un puits en gros diamètre devra être foncé. fracturation ne semblait pas convenir à la résolution
du problème.
L'accroissement de débit ainsi fourni se montera à
200 l/s en moyenne et à 290 l/s en pointe. Le tableau ci-dessous résume les résultats obtenus
avant et après acidification pour le forage 2184/36 qui
Rive droite du collecteur El-Arich—Takerzoust : fut choisi à titre expérimental et montre également la
— un puits en gros diamètre existant pourra être diminution des pertes de charge lorsque le diamètre de
exploité, l'ouvrage de captage augmente (comparaison entre un
— quatre puits en gros diamètre devront être puits et un forage).
foncés.
350 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
1) Mesures de T et S
2) Mesures de T et S, calcul des, pertes de charge, étude de l'écoulement dénoyé
3) Mesures de T et S, étude du rabattement spécifique avant acidification
4) Mesures de T et S, étude du rabattement spécifique après acidification.
PLAINE DU TADLA 351
Une opération d'acidification précédée et suivie partie supérieure du complexe calcaire de la Déroua.
d'essais au micromoulinet fut tentée sur le forage L'opération d'acidification eut lieu à forage ouvert
2184/36 le 14 mai 1971. (nappe phréatique - niveau piézométrique à 1,70 m du
Le principe du micromoulinet pour forage consiste sol) en injectant d'une manière assez artisanale 5 000
à mesurer des vitesses verticales de l'écoulement de kg d 'acide chlorhydrique à 22° Baumé du commerce,
l'eau à l'aide d 'une hélice (appareil dérivé des auquel on ajouta 120 kg d'acide lactique comme
micromoulinets employés en hydrologie de surface), adjuvant anti-hydroxydes de fer et d'aluminium. En
soit statiquement (communication de nappe à nappe même temps, 52,5 m3 d 'eau furent également injectés
— mouvement ascendant ou descendant), soit dans le forage afin de chasser l'acide dans le terrain
dynamiquement (forage ou puits pompé — injection encaissant. Par ailleurs, l'essai au micromoulinet ayant
d'eau). démontré que la zone productrice ne dépassait pas 10
m de profondeur, le déversement d'acide fut maintenu
Dans le cas présent, seul l'essai dynamique était à dans la mesure du possible entre 5 et 10 m de
considérer et devait définir la cote des niveaux les profondeur (injection d'abord à 5 m, puis à 8 m).
plus productifs dans une double optique :
Les résultats de cette acidification furent con-
- acidifier au droit des niveaux les plus inté- cluants : pour un même débit et au même temps, le
ressants (objectif immédiat), rabattement a diminué de 35 %, rapprochant ainsi des
- estimer la profondeur maximum à donner conditions d'exploitation du puits 412/36 (voir tableau
aux futurs forages du secteur Médian-Est. précédent).
L'expérience s'est révélée concluante puisque l'on Ces deux procédés ont donc permis de trouver une
a pu déterminer qu'au-delà de 20 m la nappe solution de remplacement pour les puits en gros
fournissait des débits négligeables et que l'essentiel diamètre et de limiter, de surcroît, la profondeur
était produit par les niveaux situés au-dessus de 12-14 maximum des nouveaux ouvrages.
m et, plus particulièrement, au-dessus de 10, m. En conséquence une campagne de forages au
En effet, les vitesses enregistrées s'échelonnent battage au diamètre de 1 000 mm a été lancée en 1971
entre 5 et 20 cm/s (débit de pompage : 43 l/s) pour la et a abouti à l'exécution de cinq forages ; de plus, un
zone de 5 à 10 m, puis décroissent rapidement vers le puits en gros diamètre (exécuté lors du marché de
bas pour atteindre 1 à 2 cm/s au-delà de 20 m. puits), non cuvelé, a subi un essai de pompage et
pourra être utilisé.
Les deux essais exécutés après Pacification ont
confirmé l'essai préliminaire et démontré que l'on Tous les forages ont subi des essais de pompage;
avait amélioré les venues d'eau qui existaient au- trois d'entre deux ont été acidifiés : deux à l'acide
paravant. chlorhydrique et un à l'acide sulfamique.
Les informations obtenues au moyen du micro- Les résultats hydrodynamiques sont résumés dans
moulinet furent d'une importance primordiale pour le tableau ci-dessous et ont confirmé les hypothèses
l'orientation de la campagne de forages qui fut émises, sauf pour les forages 2953/36 et 2954/36,
exécutée par la suite. Il est désormais acquis que la situés sur la rive gauche du Takerzoust, dont les pertes
nappe phréatique circule préférentiellement dans la de charge demeurent très élevées.
352 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
L'opération, très simple, convient particulière- forage en créant des renards lorsque la pression a
ment bien à un ouvrage exploitant une nappe libre atteint 400 gr/cm2 . Comme dans le cas précédent, 10
dont le niveau piézométrique est proche du sol. Il tonnes d'acide chlorhydrique du commerce (avec un
suffit en effet de verser l'acide en cristaux dans une « anti-hydroxydes et un inhibiteur de corrosion) ont été
chaussette » préalablement introduite dans le forage injectées, mais en deux phases distinctes de 5 tonnes
au droit de la zone à acidifier. Grâce à un léger envoi chacune. Dans ce cas, le rabattement spécifique au
d'eau de bas en haut au-dessous de la « chaussette », même temps a bien été divisé par deux, passant de 475
l'injection d 'acide peut être contrôlée et fait pénétrer le à 239,5 m/m 3 /s, mais restait encore trop élevé pour
mélange acide-eau dans le terrain à l'endroit choisi. justifier une exploitation intéressante. Ce forage a
donc été abandonné comme le 2954/36, situé dans la
A poids égal, l'efficacité de l'acide sulfamique est même zone, sur lequel aucune opération d'acidification
d 'environ 5 fois supérieure à celle de l'acide n'a été entreprise vu sa médiocre transmissivité
chlorhydrique, d'où une masse cinq fois plus petite à (1,3.10 -2 m2 /s) et son rabattement spécifique élevé
manier. Dans le cas du forage 2950/36, 1 800 kg de (655 m/m3 /s à l.10 5 s pour 6,4 l/s).
paillettes ont été utilisés.
Par contre le forage 2 952/36 a été jugé suf-
Le rabattement spécifique au même temps est fisamment bon pour ne pas entreprendre d'acidifi-
passé de 46,5 à 36,5 m/m3 /s montrant bien l'action de cation ; en effet, ses caractéristiques sont voisines de
l'acide sur le terrain. celles du puits en gros diamètre 2 938/36 qui,
Le forage 2951/36, par contre, a été traité à évidemment, n'a pas été traité à l'acide.
I'acide chlorhydrique. Une installation complexe fut En résumé, les trois acidifications (quatre si l'on
mise en place : elle comportait une dalle en béton tient compte de celle du forage 2 184/36 d'ailleurs
résistant à une pression de 0,8 kg/cm2 environ et parfaitement exploitable), malgré leur caractère em-
fermant le forage ainsi qu 'un ensemble de cuves, de pirique, ont donné des résultats satisfaisants. Certes,
pompes et de robinets et un compresseur permettant il serait tentant de dégager une méthodologie pour
d'injecter de l'eau, de l'acide, de l'air, ou encore un augmenter l'efficacité de ces opérations coûteuses,
mélange eau-acide dans diverses conditions. mais cela paraît fort difficile car les conditions d'aci-
Dix tonnes d'acide chlorhydrique à 22° Baumé dification sont chaque fois assez différentes. De plus
additionné d'acide citrique (comme anti-hydroxydes) dans le cas du canal Médian-Est, le niveau piézo-
et d'un inhibiteur de corrosion ont été envoyées sous métrique proche du sol ne permet pas une acidi-
pression dans le forage. Dans la mesure du possible fication sous pression véritable. D'ailleurs cette mé-
l'acide était maintenu à une cote supérieure à 10 m. thode semble à exclure en nappe libre, a fortiori
Très, rapidement (après 7 minutes environ) l'émulsion lorsque le niveau d'eau est proche de la surface du
devait contourner la dalle de fermeture pour sortir sol.
sous forme d'une mousse abondante. On peut donc Par ailleurs la comparaison entre les actions des
estimer que l'acidification n'a pas eu lieu en forage deux acides employés est malaisée à faire car plu-
fermé. De fait, il n'est ni possible, ni avantageux, sieurs variantes d 'acidifications furent utilisées. Di-
d 'acidifier un forage fermé pénétrant une nappe libre sons cependant que l'acide sulfamique est beaucoup
dont le niveau piézométrique est à 3 m environ du sol. plus aisé à manier, que son volume est environ cinq
Malgré les difficultés rencontrées, le résultat a été fois plus petit et qu'il ne nécessite qu'une installation
encourageant puisque le rabattement spécifique au très simple. Pour l'acide chlorhydrique dont le
même temps a été largement divisé par deux maniement est assez laborieux, il est cependant pos-
(diminution des pertes de charge). Cependant pour un sible de simplifier l'installation en forage ouvert :
débit inférieur à celui du puits 412/36, le rabattement l'installation sur le forage 2 951/36 a démontré qu'il
spécifique au même temps est encore presque le était bien inutile de recourir à une telle complexité.
double de celui du puits, montrant bien l'influence Dans le cas d 'une acidification à l'acide
prépondérante du diamètre de perforation. chlorhydrique, le problème le plus délicat consiste à
faire agir l'acide dans une zone déterminée d 'avance
Une autre opération à l'acide chlorhydrique a été sans trop de pertes. Pour l'acide sulfamique, il suffit
exécutée sur le forage 2 953/36 dont les carac- en effet de placer la « chaussette » à la cote choisie et
téristiques d 'exploitation étaient très décevantes. de créer une légère contre-pression d'eau pour
L'opération fut réalisée en forage semi-fermé, c'est-à- conserver le mélange eau-acide à l'endroit déterminé.
dire en maintenant et en contrôlant une certaine Le temps de contact acide-terrain est court (de l'ordre
pression (300 à 350 gr/cm2 durant une dizaine de d 'une heure) pour l'acide chlorhydrique, tandis qu'il
minutes). Malgré les dispositions prises, l'émulsion faut environ 24 heures pour laisser agir l'acide
eau-acide devait également contourner la tête de sulfamique correctement.
354 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
En ce qui concerne les résultats, il convient d'être environ du 2 022/36. Quant au forage 2 954/36, il est
circonspect. Toutefois, au vu des chiffres, la pré- situé bien en dehors de ce secteur.
férence, dans le cas du canal Médian-Est, va à l'acide
L'exploitation totale des ressources existantes sur la
chlorhydrique : pour les forages 2 951/36 et 2 953/36
rive gauche (sans utiliser les deux nouveaux forages)
les rapports des débits spécifiques avant et après
fournira cependant 290 l/s en pointe, soit un déficit de
acidification sont respectivement 2,8 et 2,0 tandis que
90 l/s qui pourra être aisément prélevé dans le
pour le forage 2 950/36 il n'est que de 1,3.
collecteur El-Arich—Takerzoust.
La détermination des venues d'eau au micromou-
linet fut très intéressante dans un cas comme celui du MESURES DIRECTES
Médian-Est. En effet, pour employer le micromoulinet, DES INFILTRATIONS DEPUIS LA
il est indispensable d 'opérer en pompage dans un SURFACE DU SOL :
forage parfaitement développé, si possible en diamètre ESSAIS DE MISE EN EAU
unique et régulier et sans tubage (ou éventuellement D'UN SECTEUR EN TERRE
avec un tubage gravillonné). Ces contraintes DU CANAL D 'IRRIGATION PRINCIPAL
restreignent évidemment fortement l'intérêt de la MEDIAN-OUEST (BNI-MOUSSA)
méthode, sauf pour les cas de communications entre
L'irrigation des Bni-Moussa situés à l'Ouest du
nappes. Par contre, lorsqu'il s'agit, comme dans la zone
canal Coursier est assurée par deux canaux principaux:
du Médian-Est, de connaître les zones préférentielles
de venues d'eau pour implanter de nouveaux ouvrages — canal G (gauche) pour la partie amont
de captage, il devient alors extrêmement intéressant de périmètre,
fixer la profondeur maximum à donner aux forages ou — canal Médian-Ouest branché sur le canal
puits et de prévoir les équipements à mettre en place Coursier pour la partie aval.
(tubages, crépines, etc.). Il y a alors intérêt à exécuter
un forage spécialement conçu pour des mesures au mi- Afin de réduire le coût d'équipement de l'infras-
cromoulinet, forage qui orientera la suite de la tructure des Bni-Moussa Ouest, il avait été envisagé
campagne de travaux. Dans le cas du canal Médian- dans la mesure du possible de construire les canaux
Est, il a été possible de fixer la profondeur maximum à principaux et secondaires en terre comme dans les
donner aux ouvrages entre 20 et 30 m, sachant qu'au- Bni-Amir. Le Laboratoire Public d'Essais et d'Etudes
delà aucune venue d'eau appréciable n'était à attendre. de Casablanca chargé de l'étude des perméabilités des
terrains (à l'aide d 'un perméamètre) avait conclu, dans
Notons que dans ce cas, les quatre puits d'ex- le cas du canal Médian-Ouest, que seuls les 2 500
ploitation anciens, profonds d'une quinzaine de mètres premiers mètres devraient être bétonnés, le reste
environ, démontraient déjà partiellement que les pouvant être construit en terre vu la faible
venues d 'eau importantes existaient à la partie perméabilité des limons superficiels.
supérieure du complexe calcaire de la Déroua.
En 1963, la Division des Ressources en Eau a été
Les résultats de cette campagne de forages sont de chargée d'une étude de perméabilité en vraie grandeur
valeur inégale : en effet, sur la rive droite du sur une section en terre déjà construite afin de vérifier
Takerzoust les résultats sont concluants et permettent le bien-fondé de ces mesures. Lors des essais, le canal
d'exhaurer avec les ouvrages existants 1 135 l/s selon Médian-Ouest d'une capacité de transport initiale de
le schéma de pompage, pour un débit moyen (soit 95 10,5 m2 /s, comportait trois sections :
l/s de plus que le débit demandé) ; pour le débit de 1. section amont trapézoïdale revêtue en béton, PK
pointe (débit maximum durant un mois au maximum), 0,000 (embranchement sur le canal Coursier) à
le débit exhaurable s'élève alors à 1 400 l/s, soit 25 l/s PK 2 502,50, soit 2 502,50 m ;
de moins que le débit demandé.
2. section aval trapézoïdale en terre, PK 2 502,50 à
Sur la rive gauche du Takerzoust, les résultats sont PK 5 330,46, soit 2 827,96 m ;
beaucoup moins favorables : cela est dû à une
transmissivité plus faible, à une fissuration et à une fet, 3. ouvrage en béton (franchissement de la route P
le puits 2 022/36 (X = 385.500; Y = 189.250) dont les 22), PK 5 330,46 à PK 5 452,69, soit 122,23 m.
résultats hydrodynamiques sont excellents, semble Les essais exécutés consistaient en une mise en
matérialiser la pointe SW de la zone triankarstification eau statique de la totalité de la section en terre
des calcaires moins importante. En efgulaire à très spécialement conçue (profil trapézoïdal plus évasé)
haute transmissivité (1.10 -1 m2 /s) du Médian-Est ; or le afin d'étudier sur ses 2 827,96 m :
forage 2953/36 se trouve au Sud de cette zone, à 700 m
PLAINE DU TADLA 355
— le comportement des terrains sous l'action de répercussion des fuites sur le mouvement général de
la mise en eau, la nappe,
— les répercussions sur la nappe phréatique — mise au point d'une méthode dont les résultats
située dans cette zone entre 8,00 et 14,50 m de pourraient être extrapolés à d'autres secteurs.
profondeur par rapport au sol. Pour cette étude, 32 piézomètres (profondeur
Au point de vue pratique, le résultat demandé était maximum : 20 m) furent exécutés et répartis selon
de calculer le débit de fuite au kilomètre linéaire, afin cinq lignes perpendiculaires au canal (29 ouvrages),
de savoir si le canal devait être bétonné ou non. le piézomètre le plus proche étant à 7,50 m environ
Au point de vue théorique par contre, d'autres de l'axe du canal, le plus éloigné à 500 m environ. En
résultats pouvaient être escomptés : outre, deux piézomètres étaient disposés à l'extrémité
0 100 500 1 km
2123
2112
P.K.352
2122
2,00
EST
N OU
M EDIA 2121 2124
ANAL
DU C BAC 2120 2125
AXE 2111 2126
2119
206,00 m 2118
P.K. 53
P.K.545
2106
2107 LA PIS
2130 2100
2101 2116
2131 2102
TE HAM
2128
m
30,60
2103
ON
0m
350,0
2117
m
656,0
0m 19,50
0m
2104 352,0
m
537.00
0m
416,0
618
lc
39,70 525
rs
ie
150,00 2143
2106 2107 39,60 2122 2123 302,00 2142
2108 2109 9,60 axe du canal R.S
22
619 . 13 2145
.
4
.P
R
FIG. 145 — Essais de mise en eau d'un secteur en terre du canal Médian-Ouest (Bni-Moussa).
356 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
ouest du canal (dont un dans l'axe même) et un à 1 200 par 24 puits répartis dans une large zone autour du
m environ au Sud. Médian-Ouest (surveillance générale de la nappe)
mesurés également une fois par jour; une station
Au droit du canal Médian-Ouest, la coupe géol-
météorologique comportant un pluviomètre et un bac
ogique se présente comme suit de haut en bas :
d'évaporation type Colorado, et trois échelles
limnimétriques complétaient l'installation. Pour le
Epaisseurs troisième essai, aucune surveillance de la nappe ne
Terrains rencontrés
fut nécessaire.
ALIMENTATION EN EAU POTABLE eau est assurée par l'Office National de l'Eau Potable
DES CENTRES URBAINS (ONEP) tire ses ressources d'une source vauclusienne
très importante, l'Aïn Asserdoun (source du mulet) qui
ALIMENTATION EN EAU POTABLE DE BNI-MELLAL sourd au pied de l'Atlas au-dessus de la ville.
La ville de Bni-Mellal dont l'alimentation en
Volume Nombre de
Nombre Débit fictif litres par
Année d'habitants Consommation m³ continu l/s habitant
* Prévisions selon rapport : Approvisionnement en eau potable — Projet O.M.S. — Maroc. 3201
Le débit minimum connu de la source (210/37) en eau de Bni-Mellal ne se posera avant longtemps. Il
s'élevant à 852 l/s aucun problème d'alimentation faut toutefois faire remarquer que les volumes
prélevés pour l'alimentation humaine viendront en
déduction des volumes consacrés à l'irrigation de
N° I.R.E, 210/37 l'oliveraie de Bni-Mellal.
Les débits sont mesurés régulièrement (une fois
Coordonnées par mois en principe) depuis le ler janvier 1969, soit à
X 411.805
fin 1972, 34 mesures (utilisées pour le calcul du débit
moyen). Auparavant il existe d'assez nombreuses
Lambert Y 192.610 mesures de débit, mais inégales en qualité et mal
réparties dans le temps.
Altitude du sol (m) 647,0 La qualité chimique des eaux distribuées est ex-
cellente ; depuis 1967, plus de 100 prélèvements aux
fins d'analyse chimique ont été effectués et ont montré
Minimum mesuré (l/s) 852 une certaine variation des paramètres chimiques (voir
plus loin : analyses chimiques).
K+
0,7 1,5 - - 0>7 0,7
CO3-- 0 0 - - 0 0
N° I.R.E. 1914/37
Coordonnées X 417.764
Lambert Y 222.252
Descente 4,140-2 —
Transmissivité 7,6.10 ** -6
(m2/s) Remontée 9,7.10-2 5.10-4
— : pas de mesure
1914/37
N° I.R.E.
(nappe du Turonien)
K+ 1,2 1,3
N+ 71,0 66,0
CO3-- 0 0
Il est vraisemblable que cet ouvrage puisse être Comme dans tous les puits de cette Zone, la
exploité à un débit couvrant les besoins de Kasba- qualité chimique de l'eau est à la limite de la
Tadla jusqu 'en 2 000, soit 89 l/s. Toutefois vu les potabilité. Par ailleurs le puits semble être exploité à
faibles diamètres des divers tubages d'équipement, il son débit maximum possible (30 l/s environ) lors des
faut s'attendre à des pertes de charge assez pointes journalières ; ce débit serait d 'ailleurs
importantes; le rabattement pour 100 l/s serait insuffisant.
vraisemblablement de l'ordre de 19 m, ceci à condition
de pouvoir installer une pompe adaptée à la chambre Pour l'avenir plusieurs solutions peuvent être
de pompage de 10" de diamètre. envisagées :
— pompage dans la nappe phréatique aux envi-
rons de la localité soit au moyen de puits, soit au
ALIMENTATION EN EAU POTABLE DE FKIH-BEN-SALAH moyen de forages. Si la qualité chimique de l'eau sera
médiocre, l'exploitation à des débits relativement
La ville de Fkih-ben-Salah dont l'alimentation en élevés ne semble pas devoir poser de problème,
eau est assurée par l'Office National de l'Eau Potable
(ONEP) tire ses ressources du puits 2 660/36 foncé — prise dans le futur canal d'irrigation lorsque le
dans la nappe phréatique au NW du forage 722/36. barrage de Dechra-el-Oued sera construit (1980).
Cette solution constituerait un excellent relai de la
Les caractéristiques hydrodynamiques du puits sont précédente,
résumées dans le tableau ci-dessous : — une alimentation à partir de l'aquifère du
Turonien semble difficile, sinon impossible.
En effet, les résultats obtenus tant à Fkih-ben-
Salah même, grâce au forage 3867/36, qu'à l'Ouest de
N° I.R.E. 2660/36 cette localité, sont très médiocres et peu encou-
rageants.
X 378.682 En conclusion, la solution de l'avenir semble bien
Coordonnées Lambert résider dans une prise sur le futur canal d'irrigation des
Y 213.760 Bni-Amir.
A la date du 16.01.63
* Prévisions selon rapport : Approvisionnement en eau potable — Projet O.M.S. — Maroc 3201.
REFERENCES
ARCHAMBAULT C. (1970) : Evolution de la chimie de la eau potable du centre de Kasba-Tadla par le forage
nappe phréatique du périmètre irrigué des Beni Amir 1914/37. Perspectives d'avenir et programme de
depuis le début de la mise en valeur. Rapp. inéd., reconnaissances complémentaires. Rapp. inéd., MTPC/
MTPC/DH/DRE, 8 pp., 5 pl. DH/DRE, 42 pp., 2 tabl„ 6 pl.
ARCHAMBAULT C. (1971) : La chimie des eaux du bassin de ARCHAMBAULT C. (1972) : Piézométrie des aquifères du
l'Oum-er-Rbia. Rapp. inéd., MTPC/DH/DRE, 26 pp., 3 Plateau des Phosphates et de la plaine du Tadla. Rapp.
pl., 30 graphiques. inéd., MTPC/DH/DRE, 23 pp., 14 pl. (dont 13 cartes au
.l/50 000).
ARCHAMBAULT C. (1971) : Rapport de présentation de do-
cuments de synthèse relatifs à la nappe phréatique du AURIOL, J., GUESSAB D. & VANDENBEUSCH H. (1972) :
Tadla. Rapp. inéd., MTPC/DH/DRE, 20 pp., 1,1 pl. Evaluation du potentiel des ressources en eaux souter-
raines de la région des Beni-Moussa-Est. Etude éco-
ARCHAMBAULT C., ETiENNE H. & GÉNÉTIER B. (197,1) : nomique de la mise en exploitation. Rapp. inéd,,
Acidification du forage 2184/36. Zone du canal Médian- MTPC/DH/DRE, 39 pp., 6 fig., 19 pl., ,11 tableaux, 1
Est des Beni Moussa, périmètre du Tadla (Province de annexe.
Beni-Mellal). Rapp. inéd., MTPC/DH/ DRE, ,18 pp., 4
pl. BOLELLI E. (1948) : Problèmes d'irrigation et de drainage dans
la plaine du Tadla, Beni Amir (Rive droite). Notes Serv.
ARCHAMBAULT C. & GUESSAB D. (1971) : Evolution de la géol. Maroc, t. 1, n° 71, pp. 147-.160, une carte
chimie de la nappe phréatique du périmètre irrigué des géologique et hydrogéologique des Beni Amir au l/50
Beni-Moussa depuis 1949. Rapp. inéd., MPTC/ 000.
DH/DRE, 8 pp., 5 pl.
BOLLELI E. (1951) : Carte géologique au l/50 000 et carte de la
ARCHAMBAULT C. (1972) : Reconnaissance de la nappe nappe phréatique au l/50 00(1 des Beni Moussa avec
captive du Turonien sous le Tadla et alimentation en notice explicative. Rapp, inéd., MTPC/DH/ DRE.
PLAINE DU TADLA 365
BOLELLI E. (1952) : Les plaines et les plateaux du domaine Publ. Inst. Nat. Rech. Agron., Rabat, 1967, t. 24, pp. 163-
marginal de l'Atlas : 2. Beni Amir—Beni Moussa, in : 206.
Hydrogéologie du Maroc. Notes & M. Serv. géol.
Maroc, n° 97, pp. 197-204. GENETIER B & HAZAN R. (1963) : Alimentation, en eau de
Khouribga; essai de pompage des forages 721/36 et 722/36.
BREIL P. (1963) : Etude sur la nappe phréatique du) Tadla. Rapp. Rapp. inéd., MTPC/DH/DRE, 12 pp., 3 plans, 6 cartes, 15
inéd., MTPC/DH/DRE, 13 pp., 9 cartes. graph. d'essais de pompage.
CARTIER Ph. (1961) : Hydrogéologie de la Plaine du Tadla—Beni- GlVCOVIC G. (1967) : Bassin de l'Oum-er-Rbia. Etude du régime
Moussa Rapp. inéd., MTPC/DH/DRE, 100 pp., 9 cartes, 13 de l'oued Oum-er-Rbia et de ses affluents. Rapport de
profils, 24 graphiques, 29 tableaux dans le texte, 1 carte au synthèse. Rapp. inéd., MTPC/DH/DRE, 47 pp., 4,1 tabl., 133
l/100 000 hors-texte, 7 cartes au 1/50 000 hors-texte. planches.
Cornez S. (1961) : Hydrogéologie de la Plaine des Beni Amir. Rapp. GUESSAB D. (avec la collaboration de Etienne H. & Genetier B.)
inéd., MTPC/DH/DRE, 79 pp., 10 cartes, 4 profils, 20 (1972) : Alimentation du canal Médian-Est. Rapport de fin
graphiques, 26 tableaux dans le texte, 6 cartes au 1150 000 de forages. Rapp. inéd., MTPC/ DH/DRE, 77 pp., 3 pl.
hors-texte.
HAZAN R. & MOULLARD L. (1960) : Plaine des Beni Moussa.
ETIENNE H.P., GENETIER B. &i HAZAN R. (1963) : Essai de Secteur de Sidi Jabeur. Etude du drainage par pompage
mise en eau d'un secteur en terre du canal Médian-Ouest, du (339/37, 529/37, 531/37). Rapp. inéd., MTPC/DH/DRE, 21
PK 2.502,20 au PK 5.330,46 (Périmètre du Tadla, Beni pp., 32 graph., 4 pl. h.-t.
Moussa). Rapp, inéd., MTPC/DH/ DRE, 10 pp., 2 tabl., 6 p.l
LOUP. J (1960) : L'Oum-er-Rbia. Contribution à l'étude
ETIENNE H.P. & GENÉTIER B. (1964) : Périmètre des Beni- hydrologique d'un fleuve marocain. Trav. Inst. sci. chérif.,
Moussa; réseau D 13 amont (Sidi-Jabeur, prise 1 à prise 24); sér. Géol. & Géogr. phys., n° 9, Rabat, 252 pp., 56 tabl., 35
étude concernant l'exploitation de la nappe phréatique. Rapp. fig., 4 cartes.
inéd., MTPC/DH/DRE, 29 pp., 25 pl., 2 tabl.
ETIENNE H.P. & GENETIER B. (1965) : Périmètre des Beni- MISSANTE G. (1963) : Les sols du Tadla et leur répartition
Moussa. Réseau D 13 aval (prise 23 à prise 30); exploitation schématique au l/500 000. Al Awamia, Rabat, n° 9, pp. 155-
de la nappe phréatique en vue d'une alimentation 190, .19 tabl., 4 diagr, ombrothermiques, 2 cartes in-texte, 1
complémentaire du réseau d'irrigation. Rapp. inéd., carte hors-texte au 1/500 000.
MTPC/DH/DRE, 12 pp.. 16 pl.
MOULLARD L. & HAZAN R. (1960) : Alimentation en eau de
ETIENNE H.P. (1966) : Géologie, géomorphologie et hydro- Khouribga et Fkih-ben-Salah. Rapp. inéd., MTPC/DH/DRE,
géologie de la plaine du Tadla et du piémont du Moyen Atlas 13 pp., 2 pp. d'annexes, 2 fig. 15 diagr. d'essais de pompage.
occidental in : Congr. Pédol. méditerr., Madrid, 1966, livret-
guide des excursions au Maroc, SOFRELEC-ORSTOM (1972) : Etude hydrologique de l'Oum-er-
Rbia. Rapp. inéd., MTPC/DH, Rabat, 138 pp., 60 fig., 300
tabl.
2.17.
PLATEAU DES GANNTOUR ET PLAINES DE LA
BAHIRA ET DE LA TESSAOUTEAVAL
Table des matières
par
Michel COMBE
Présentation géographique
Ce bassin sédimentaire s'insère entre le massif a été captée par l'Oum-er-Rbia dont la puissance
primaire des Jbilete au S et le massif primaire des érosive était très supérieure à celle du Tensift. Ce
Rehamna au N ; le plateau tertiaire des Ganntour cours de la Tessaoute aval est un lieu important
recouvrant les Rehamna, se prolonge vers le S sous la d'irrigation traditionnelle s'exerçant facilement à l'aide
Bahira ; vers l'W, il se termine contre le plateau de dérivations des eaux pérennes de l'oued grâce à des
secondaire des Mouissate. Aucune limite nette n'existe barrages rustiques d 'où partent des séguias en terre.
vers l'E où la plaine de la Bahira se poursuit par la Environ 40 000 ha sont irrigués de la sorte ; des projets
plaine de la Tessaoute aval, puis par la plaine des Bni- existent pour la modernisation de ces exploitations
Moussa qui appartient au Tadla ; on conviendra de grâce à une fourniture d 'eau régularisée par un barrage
limiter cette unité au niveau de l'oued El-Abid. Ainsi sur l'oued Lakhdar (affluent rive droite de la
définie, la région concernée par l'exposé suivant Tessaoute) et la prolongation du canal G des Bni-
représente quelque 5 000 km2 de superficie. Moussa alimenté par le barrage de retenue de Bin-el-
La partie centrale de la Bahira constitue une Ouidane (oued El-Abid). Des pompages dans les
dépression fermée, endoréique, ne possédant aucun nappes souterraines contribueraient également à la
exutoire pour les eaux de ruissellement qui s'infiltrent satisfaction des besoins agricoles.
dans le sol ou s'évaporent. Deux lacs salés temporaires, La population de cette région est de l'ordre de
le Sedd-el-Mejnoun au centre (superficie de l'ordre de 300000 habitants. La seule agglomération importante
35 km2 ) et le lac Zima à l'Ouest (superficie d'environ 6 est El-Kelaa des Srarhna située au bord de l'oued
km2 ) y ont des extensions variables selon les saisons Gaino qui provient du Haouz ; cette cité agricole
mais constituent des machines évaporatoires comprend quelques milliers d'habitants. Les ressources
s'apparentant aux chotts sahariens. naturelles sont agricoles (40 000 ha irrigués),
A l'Est, la vallée de la Tessaoute traverse les Jbilete pastorales (ovins et caprins) mais également minières
à l'E d'El Kelaa des Srarhna et rejoint l'Oum-er-Rbia grâce aux importants gisements de phosphates de
en suivant un cours orienté S-N. La Tessaoute qui fut Youssoufia, en exploitation depuis 1931 à raison de 2
au Tertiaire un affluent du Tensift millions de tonnes/an en 1972, et de Benguerir (mise
en exploitation en 1974-75).
Géologie
Les Ganntour sont un plateau monoclinal à pen- Le socle primaire est recouvert par des formations
dage sud plongeant des Rehamna vers les Jbilete. La de couverture triasiques, crétacées et éocènes,
Bahira est un vaste fossé synclinal resserré entre le antérieures aux premiers mouvements atlasiques ; ces
horst des Rehamna au Nord et le pli de fond des formations affleurent au Nord, s'enfoncent sous la
Jbilete au Sud. plaine vers le Sud et se terminent en biseau au Sud
368 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
contre le socle paléozoïque. Elles sont recouvertes par Le tableau suivant donne, par étage, un aperçu
des formations continentales néogènes de remplissage lithologique des formations :
et par des dépôts quaternaires.
Grès et quartzites
plusieurs
Schistes avec intrusions de roches éruptives,
Primaire milliers de
rhyolites, dolérites et granites.
mètres
Bancs gréseux ou calcaires.
La couverture triasique n'est représentée que sous hydrogéologiques. Plus de 60 forages ont été
la plaine de Chemaïa, à l'extrémité occidentale de la effectués en Bahira.
Bahira, dans les Jbilete et son sillon bordier nord. Le
Jurassique bien différencié n'existe qu'à l'W du Dans la partie orientale, l'oued Tessaoute a con-
bassin, dans les Mouissate. Un Crétacé inférieur tinué d'accumuler ses alluvions au N des Jbilete,
continental est connu au NW (Youssoufia) et sous la formant un cône de déjection de galets, graviers,
Bahira grâce à des forages profonds (2004/21). La sables et limons.
série du Crétacé moyen à l'Eocène est bien connue A la suite de campagnes de géophysique et de
grâce aux affleurements des Ganntour et aux travaux divers sondages, il apparaît que le socle primaire et la
miniers de l'Office Chérifien des Phosphates. couverture secondaire sont affectés de fractures
essentiellement de direction E-W sous la plaine. Par
En Bahira les croûtes calcaires et les limons ailleurs, une faille importante sépare au Sud le sillon
quaternaires recouvrent les terrains plus anciens de la Bahira du massif des Jbilete ; au Nord, le socle
reconnus par forages, la plupart du temps à objectifs
Le climat de la Bahira est de type semi continental 1933-1963 autour de 250 mm en moyenne (fig. 147) ;
aride, à hiver tempéré. La pluviosité est faible sur les écarts à la moyenne sont très importants et sont
l'ensemble de son étendue, se situant pour la période notés ci-dessous :
Moyenne
N S
251 mm
156 mm (1936-37)
349 mm (1933-34)
400 ?
? ?
300 ? ?
200
100
0
0 1 2 3 4 5 km
230 mm
Argiles roses à passées détritiques Plio-Quaternaire (?) Marnes et phostphates Maestrichtien marin Faille (Gravimétrie)
386 mm (1938-39)
115 mm (1936 -37)
Fig 146. Coupe géologique N-S des Rehamna aux Jbilete, le long de la route principale
RP 9 (d'après Benzaquen, Boujo & Médioni, 1963)
257 mm
EL-KELAA
FIG. 146 — Coupe géologique N-S des Rehamna aux Jbilete, le long de la route principale RP 9 (d'après Benzaquen, Boujo & Médioni, 1963).
526 mm (1921 - 22)
125 mm (1936 - 37)
370 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Les températures maximales moyennes mensuel- calculée par la méthode de Thornthwaite à El-Kelaa
les sont élevées et varient entre 18°C en janvier, mois pour la période 1933-63 est de 965 mm, l 'évaporation
le plus froid et 40°C de moyenne en juillet, mois le réelle étant de 250 mm, pratiquement égale à la
plats chaud. Les températures minimales moyennes hauteur de pluie moyenne. Un calcul mois par mois
varient entre 4°C en janvier et 18°C en juillet. permet de montrer qu'il y a un excédent
Les vents dominants sont de N ou NE en hiver et pluviométrique en décembre, janvier et février, ce qui
d'W en été. permet en année moyenne ou humide une vie des
cultures jusqu 'en mars ou avril grâce au potentiel
L'évaporation moyenne annuelle mesurée au Piche hydrique accumulé dans le sol. En dehors de ces
est de 2 100 mm à Chemaïa, 2 400 mm à Benguerir et périodes, l'existence d'une vie végétative est liée à
2 700 mm à El-Kelaa. L'évapotranspiration potentielle l'apport d 'eau par irrigation.
CLIMATOLOGIE 1933-1963
FIG. 147
Hydrologie
BASSIN ENDOREIQUE DE LA BAHIRA une partie des eaux de la nappe phréatique du Haouz
oriental. Sec en dehors des suites d'averses, cet oued
La majeure partie de la Bahira, depuis son ex- possède un sous-écoulement permanent qui a été
trémité occidentale jusqu 'au méridien d 'El-Kelaa, n'est évalué à 50 l/s par des travaux de forage. Un ouvrage
drainée par aucun oued. Les petits oueds qui de prise capte en partie ces eaux au seuil d'El-Kelaa.
descendent des Jbilete ou des Rehamna disparaissent Au seuil d 'El-Kelaa pénètrent également dans la
en arrivant dans la plaine. Les eaux de ruissellement Bahira deux séguias d'irrigation apportant l'une des
s 'accumulent dans les dépressions fermées du Sedd-el- eaux du Lakhdar (séguia Yacoubia) et l'autre des eaux
Mejnoun et du lac Zima, s'infiltrent ou s'évaporent. dérivées de la Tessaoute. Les apports superficiels du
L'oued Gaïno qui pénètre dans la Bahira à El- Gaïno en crue sont inconnus mais très probablement
Kelaa est issu du versant SE des Jbilete mais draine faibles, se situant peut-être autour de quelque 5
millions de m3/an.
GANNTOUR, BAHIRA ET TESSAOUTE AVAL 371
LA TESSAOUTE AVAL (fig. 152) flotteur quotidiens, ce qui permet de bien connaître le
La Tessaoute qui a reçu son affluent de rive droite régime en étiage, hors des crues dont les évolutions ne
Lakhdar avant de pénétrer dans la Bahira orientale, est sont pas suivies par une limnimétrie continue. Enfin
une rivière importante issue du Haut Atlas calcaire ; le on possède des mesures régulières des débits dérivés
point culminant de son bassin versant est le jbel Irhil- par les séguias permettant de connaître les volumes
Mgoun (4 071 m), Les réserves nivales du haut bassin utilisés dans les différents périmètres depuis 20 à 30
et les réserves souterraines des calcaires de l'Atlas ans.
garantissent des débits de printemps soutenus et des
étiages appréciables. La Tessaoute était autrefois très La station de Bissi-Bissa contrôle un bassin versant
exploitée à l' amont de la Bahira par un périmètre de 5 870 km2 et est située sur la Tessaoute, à 2 km à
d'irrigation traditionnel dit de la Tessaoute amont l'amont de sa confluence avec l'Oum-er-Rbia. Equipée
(20000 ha) ; la modernisation de ce périmètre s'achève d'échelles limnimétriques en 1962, elle a été
après avoir été rendue possible par l'édification du complétée par un téléphérique en 1963 ; 113 jaugeages
barrage Moulay-Youssef au site d'Aït-Aadel (260 de crues y ont été effectués entre 1963 et 1970. La
millions de m3 /an régularisés). De tous temps c'est série des observations a pu être étendue à la période
donc l'oued Lakhdar qui conflue avec la Tessaoute 1948-1962 en corrélant des mesures sporadiques aux
après le périmètre de la Tessaoute amont, qui a flotteurs faites au Pont de la route 24 avec celles
essentiellement contribué à l'irrigation du périmètre de fournies par la station permanente de Bissi-Bissa, sur
la Tessaoute aval, tout en desservant à l'amont un la période commune 1962-70. Enfin une extension des
périmètre traditionnel également et dénommé pé- résultats à la période 1941-1948 a été tentée à partir
rimètre du Lakhdar. des résultats des stations d'amont, sans que l'on puisse
juger de la validité des chiffres obtenus ; c'est
Une station de jaugeage, Bissi-Bissa, fonctionne pourquoi on se référera à la période de 1947-48 et
depuis 1962 sur la Tessaoute, juste avant sa confluence 1969-70.
avec l'Oum-er-Rbia. Cette station comptabilise donc
les eaux inutilisées à l'amont. Deux stations, l'une sur Le module moyen annuel de la Tessaoute à Bissi-
la Tessaoute (Timi-n'Outine), l'autre sur le Lakhdar Bissa pour la période 1947-48 et 1969-70 est de 16,5
(Sidi-Driss) sont implantées au pied de l'Atlas, avant le m3 /s, variant entre 4,5 m3 /s (année 1952-53) et 41 m3 /s
débouché de ces rivières dans la plaine et par (année 1962-63). Le module moyen annuel naturel a
conséquent mesurent les débits à l'amont des pu être reconstitué pour la même période en fonction
principaux prélèvements pour l'irrigation. Par ailleurs, de la somme des prélèvements du Lakhdar et de la
la station du pont de la route RP 24, située en amont Tessaoute amont et aval ; il serait de 27,8 m3 /s, variant
des dernières prises importantes d 'irrigation de la entre 15,4 et 50,6 m3 /s, Les modules moyens mois par
Tessaoute aval est exploitée par des jaugeages au mois sont les suivants, pour la période 1947-48 à
1969-70 :
S O N D J F M A M J J A Année
Tessaoute à Bissi-Bissa
(débits mesurés) 5,3 8,5 15,9 15,0 9,4 18,0 25,8 39,4 33,1 13,1 4,6 3,2 16,5
Ce tableau met clairement en évidence le régime de les apports les plus importants au printemps. Ce
la Tessaoute. Alors que les pluies sur le bassin versant régime qui garantit des débits soutenus toute l'année,
d'altitude moyenne soutiennent les débits d'automne et excepté en été, permet un développement considérable
d'hiver, la rétention nivale sur les hauts reliefs fournit des prélèvements au fil de l'eau pour l'irrigation.
372 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
pour l'irrigation. Ces prélèvements atteignent en mo- interruption, les mesures ont repris en 1967 permettant,
yenne 40 % des apports naturels, ce qui est très compte tenu de la connaissance des lâchers au barrage,
appréciable compte tenu du fait que cette régularisation de déterminer les apports naturels des 1 370 km2 du
est obtenue à l'aide d'ouvrages rudimentaires. On notera bassin montagneux calcaire intermédiaire entre le
que les prélèvements sont réguliers dans l'année, les barrage et la station de mesure. Les débits moyens
maxima se situant en Mars-Avril. mensuels et annuels constituant les apports des 1 370
km2 du bassin intermédiaire s'obtiennent actuellement
Pour terminer, on notera qu'un certain débit pérenne
en diminuant les débits mesurés à Ouaouirint des débits
demeure actuellement, en période d'étiage, à Bissi-
évacués au barrage de compensation (Aït-Ouarda) du
Bissa. Or l'examen des mesures à la station du Pont de
barrage de retenue de Bin-el-Ouidane ; trois années de
la route 24 située en amont, à l'entrée du périmètre
mesures sont disponibles et récapitulées dans le tableau
d'irrigation de la Tessaoute aval, montre que la
ci-dessous.
Tessaoute est pratiquement à sec à l'étiage à ce niveau.
Les apports d'eau entre le Pont de la Route RP 24 et L'examen de cette série montre que le débit moyen
Bissi-Bissa représentent le drainage des nappes de la mensuel du bassin intermédiaire n'est jamais descendu
Tessaoute aval ; on reviendra sur ce point dans le au-dessous de 3 m3/s ; cependant, cette série rapportée
paragraphe hydrogéologie. aux mesures de la période 1952-70 à Bin-el-Ouidane,
apparaît comme moyenne à humide du point de vue
L'OUED EL-ABID A OUAOUIRINT hydraulicité. Les apports à Bin-el-Ouidane du mois le
(route RP 24) plus sec observé (août 1966) sont un tiers plus faibles
Cette station se situe à l'aval du sous-bassin de que les apports d'août 1970 ; en appliquant ce rapport à
l'oued El-Abid et à la sortie du cours atlasique de cet Ouaouirint, il semble que I'on puisse fixer à 2 m3/s
affluent de l'Oum-er-Rbia. La superficie du bassin l'apport moyen mensuel minimum du bassin
versant de l'oued El-Abid à la station est de 7 840 km2 ; intermédiaire entre Bin-el-Ouidane et Ouaouirint. Le
des mesures plus ou moins régulières ont été effectuées débit utilisable au fil de l'eau dans l'oued El-Abid au
en ce point de 1925 à 1952, date à laquelle le barrage de niveau de Ouaouirint serait alors pour le mois de l'année
Bin-el-Ouidane situé en amont et contrôlant un bassin le plus sec, de l'ordre de 3 m3/s en année moyenne,
de 6 470 km2 a été mis en service. Après une longue pouvant s'abaisser à 2 m3/s en année sèche.
Ouaouirint A. Ouarda Apports Apports
1 370 km2 Ouaouirint A. Ouarda
mesurés évacués 1 370 km2
mesurés évacués
Décembre 1967 3,75 0,0 3,75 Mai 1969 29,30 18,70 10,60
Janvier 1968 3,99 0,0 3,99 Juin 8,59 0,09 8,50
Février 6,40 0,0 6,40 Juillet 6,58 0,00 6,58
Mars 15,00 0,0 15,00 Août 5,37 0,00 5,37
Avril 13,60 0,0 13,60 Septembre 5,00 0,08 4,92
Mai 6,59 0,0 6,59 Octobre 5,83 1,40 4,43
Juin 5,34 0,0 5,34 Novembre 6,11 0,84 5,27
Juillet 4,14 0,0 4,14 Décembre 5,50 0,47 5,03
8,70
Août 3,45 0,0 3,45 Janvier 1970 22,20 13,50
Septembre 3,19 0,0 3,19 Février 16,60 9,16 7,44
Octobre 3,03 0,0 3,03 Mars 26,00 20,00 6,00
Novembre 6,54 0,0 6,54 Avril 21,50 14,90 6,60
Décembre 7,21 0,0 7,2,1 Mai 5,45 0,00 5,45
Janvier 1969 6,12 0,0 6,12 Juin 4,84 0,04 4,80
Février 12,00 0,0 12,00 Juillet 4,26 0,10 4,16
Mars 25,90 13,0 12,90 Août 3,77 0,08 3,69
Avril 52,20 34,8 17,40
3
Apports en m /s du bassin versant intermédiaire entre Ouaouirint et Bin-el-Ouidane
200 250 300
200 200
35 36
ci
320
cm
A ct
ci N 330
190
YOUSSOUFIA
R M 340
E H A cs 350
js csm R.S. 125 BEN GUERIR 410
410
TE
419
SA
ei 360
UIS csm 450
MO416 em
180 400
csm csm
0 180
35 298 40 40 391
420
410 0
44 1535 36
509 45
380 38
0 828
420
25
0
400
39
1
em
S.
1333
R.
N 835
420
390
841
380
OU
410
1638
0
837 pvcl
JN
410
400
42
LAC CHEMAIA ME
0
ZIMA 848 847 4 765
L- 2
1636 170
1334 843 1335
-E P.
842
R.
37
846 DD
0
OUE
2086 1643 R.P.9
2075 2079 768
2085
R.P
D
420
2080
. 12 2081 EL KELAA
43 0 47
2082
TESSAOUT
470 0
2083 1640
160
160
2004 1641 1336
440 490
E
R.P. 7
Quaternaire ci
Crétacé inférieur continental
pvcl 1337
Pliovillafranchien js 420
Jurassique supérieur
em
O
Lutétien (calcaires) Permo-Trias 450
IN
GA
ei
Eocène (série phosphatée) Roches cristallines hercyniennes 2004 150
Forage et son n° IRE
csm
ED
E
500
P à 330 m SIDI BOU OTMANE
Maesstrichtien Paléozoïque affleurant U
440 O
cs Courbe isopiézomètrique (équidistance 10 m)
ct
Sénonien Paléozïque sub-affleurant
(seuil de Rhirat) Limite du pétimètre irriqué d'El Kelaa
T 35 36
Limites des indices IRE des pointd d'eau
Turonien
Alimentation de la nappe de la Bahira J E 35
44
36
ex: forage 2004/44
cm
Cénomanien
Ligne de partage des eaux
souterraines
0 2 4 6 8 10 km B I L 2004/44 44 45
45
44 45
240
190
260
220
250
200
270
320
230
310
210
280
290
300
FIG.148. Bahira occidentale et centrale – Géologie (d’après Benzaquen, Boujo & Médioni 1963), et piézométrie (d’après Cochet, 1963, modifiée par Combe 1972)
200 35 36 200
ci
cm
A ct
10
190
ci
YOUSSOUFIA
R M
E H A cs
180 20 180
508
35 36
44 40 350
45
10
5
5
12
20 em 20
S.
50 5
R.
em
em 10
10
818
50 152
5 40 pvcl
CHEMAIA 853 24
5 170
P.
30 20 R.
20
20
OUE
R.P.9
5
D
R.P EL KELAA
. 12
10
TESSAOUT
50 20
10
160 20 160
50
30 40
40 50 30
E
R.P. 7
ci
Quaternaire ct Crétacé inférieur continental
pvcl js
Pliovillafranchien Jurassique supérieur
O
em
IN
Lutétien (calcaires) Permo-Trias 30
GA
ei PROFONDEUR DE LA NAPPE PHREATIQUE 150
Eocène (série phosphatée) Roches cristallines hercyniennes 20
ED
csm
10
E
U
SIDI BOU OTMANE
O
Maesstrichtien Paléozoïque affleurant 10 Sous le sol en mètres
cs
Sénonien Paléozïque sub-affleurant
853
Piézomètres et leurs n° IRE cités dans T 35 36
Limites des indices IRE des pointd d'eau
ct (seuil de Rhirat)
E 35 36
cm
Turonien
Ligne de partage des eaux 0 2
le texte
4 6 8 10 km
J B I L 2004/44
44
44 45
45 ex: forage 2004/44
Cénomanien souterraines 44 45
220
230
190
200
210
240
250
260
270
280
290
300
310
320
FIG.149. Bahira occidentale et centrale – Géologie (d’après Benzaquen, Boujo & médioni 1963), et piézométrie (d’après Cochet, 1963,modifiée par Combe 1972)
GANNTOUR, BAHIRA ET TESSAOUTE AVAL 373
Hydrogéologie
Sous la plaine de la Bahira les eaux circulent l'existence d ' un horst du substratum paléozoïque
dans les formations récentes du Quaternaire et du que les synthèses structurales (fig. 148) ont bien
Néogène (nappe phréatique) et dans les niveaux mis en évidence à l'E de la route RP 7. Entre Sidi-
calcaires de l'Eocène et du Crétacé (nappes bou-Othmane et Benguerir, sur la route RP 9, une
profondes). faille E-W délimite un compartiment sud où le
Les problèmes hydrogéologiques posés par ces Primaire est sub-affleurant et un compartiment
nord ou l'Eocène supérieur existe sous le Néogène.
nappes sont totalement différents d'Ouest en Est, et
On ne peut malheureusement délimiter ce horst
l'on peut en fait distinguer trois sous-régions qui vers l’W, faute de reconnaissance géophysique ou
sont: de forage.
– La Bahira occidentale, secteur de Ras-el-Aïn— Les eaux souterraines provenant du plateau
Chemaïa où les eaux souterraines convergent Crétacé et Tertiaire de Youssoufia au N gagnent le
vers le « lac » Zima qui constitue un exutoire par sillon collecteur de la Bahira occidentale et
évaporation. s'écoulent alors d'E en W vers le « lac » Zima. Le «
– la Bahira centrale entre la route RP 9 et le lac » Zima est une dépression topographique mais
méridien d'El-Kelaa des Srarhna où les eaux correspond au coeur érodé d'un anticlinal. Son
souterraines convergent vers le « lac » du Sedd- substratum est triasique (argiles surtout et bancs
El-Mejnoun qui constitue à nouveau un exutoire gréseux) ; il collecte les eaux superficielles
par évaporation. provenant des reliefs bordiers (Mouissate -
Ganntour, Jbilete), ainsi que les eaux souterraines
– la Bahira orientale à l'E du méridien d'El-Kelaa
du plateau de Youssoufia. Quatre forages de
des Srarhna et jusqu'à l'oued El-Abid où les eaux
reconnaissance pour l'exploitation de salines ont
souterraines s'écoulent du S vers le N jusqu'à
rencontré le Trias sub-affleurant au SE du lac, vers
l'Oum-er-Rbia qui est le collecteur aval.
Chemaïa ; le plus profond d'entre eux a pénétré de
122 m dans les argiles rouges sans rencontrer le
LA BAHIRA OCCIDENTALE (fig. 148) substratum primaire.
Une ligne de partage des eaux souterraines est Le lac lui-même est peu étendu : 6 km2
bien mise en évidence sur la carte piézométrique de la environ, superficie variant selon les années en
nappe phréatique, un peu à l'W de la route RP 9 de El- raison de l'hydraulicité. B est peu profond : a u
Jadida à Marrakech ; cette ligne sépare la Bahira plus 1,50 m. On a noté que la salure élevée des
occidentale de la Bahira centrale. L'alimentation eaux (exploitation de salines) est acquise dans la
souterraine provient essentiellement du plateau région du Zima car les oueds qui y aboutissent sont
Crétacé et Eocène de Youssoufia ainsi que de peu salés, ainsi d 'ailleurs que la nappe phréatique.
l'infiltration dans la basse plaine des petits oueds Il semble bien ressortir d'anciennes études que les
temporaires provenant des Jbilete, des Mouissate et eaux du lac dissolvent peut-être du chlorure de
du plateau de Youssoufia. sodium dans le Trias sous-jacent, mais se
En ce secteur, la plaine de la Bahira constitue concentrent surtout par évaporation.
une zone basse entre les plateaux des Mouissate à l'W, Des études hydrogéologiques ont été
des Ganntour au N et le massif des Jbilete au S. La effectuées à partir des années 1960 afin d'alimenter
série stratigraphique comprend successivement au- en eau le centre phosphatier de Youssoufia. Les
dessus du substratum primaire des Rehamna au N et niveaux susceptibles d'être aquifères sont :
Jbilete au S : le Trias argileux et salifère affleurant – les séries phosphatées de l'Eocène,
autour du « lac » Zima et dans les Jbilete, un essentiellement marneuses donc peu
Jurassique supérieur marno-calcaire affleurant à productives et de toutes façons fournissant
l'Ouest seulement (Mouissate), le Crétacé moyen et des eaux fortement fluorées (de nombreuses
supérieur marno-calcaire affleurant au N, l'Eocène études hydrogéologiques ont été exécutées
marno-calcaire et phosphaté puis calcaire (Lutétien pour le dénoyage des gisements phosphatiers
supérieur) et enfin le Néogène représenté par des de Youssoufia),
calcaires lacustres, conglomérats, marnes et marno- – les calcaires de l'Eocène, karstiques,
calcaires. Il est certain que le Jurassique est absent à affleurant largement au S du plateau de
l'E du « lac » Zima ; le Crétacé et l'Eocène se Youssoufia où les recherches sont très
biseautent du N vers le S sur les Jbilete (forages 1944 aléatoires, mais très certainement plus
et 2 075/44). On notera l'absence en ce secteur des productifs sous la Bahira, lorsqu 'ils se
calcaires du Turonien, niveau très perméable existant situent au-dessous du niveau de la nappe
à l'Est. phréatique dans des secteurs où le réservoir
L'origine de la ligne de partage des eaux constituant la calcaire se biseaute sur les Jbilete au S,
limite orientale est probablement à rechercher dans
374 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
— les formations néogènes ou quaternaires de la Chemaïa et les besoins industriels de l'Office Chérifien
Bahira occidentale : calcaires marneux, marnes, des Phosphates jusqu'en 1990 *.
conglomérats, sables, qui étaient exploitées par
puits à I'E. La qualité des eaux de cette nappe pose des
problèmes en raison de son titre hydrotimétrique élevé
Des travaux de reconnaissance par forages ont été (jamais inférieur à 30° français) et surtout des teneurs
exécutés en 1960-61. A Ras-el-Aïn, le forage 2 075/44 a importantes en fluorures. La teneur maximale admise en
traversé 11 m de Plio-Quaternaire, puis 6 m de calcaires fluor dans des eaux destinées à la consommation
gris et 21 m de conglomérats à éléments de Trias et de humaine était de 0,8 mg/l jusqu'en 1971, taux relevés
Crétacé avant de pénétrer dans les schistes primaires. ensuite à 1,4 mg/l par l'OMS. Les eaux des captages
L'eau se situait dans les conglomérats, ne fournissant (forages récents et Ras-el-Aïn) ont des teneurs de l'ordre
qu'un faible débit (7 l/s pour un rabattement de 17 m) et de 1,1 à 1,2 mg/l compatibles avec les normes
Ras-el-Aïn apparaissait comme un seuil du Primaire actuellement admises et aucun accident sanitaire n'a
dépourvu d'Éocène, seuil étendu vers l'W puisque le jamais été signalé ; il ne semble pas que l'exploitation
forage 1944/ 45 confirmait ultérieurement la coupe du accrue depuis 5 à 6 ans ait amené une détérioration de la
2075/44. qualité initiale de l'eau des captages, mais cette question
est régulièrement suivie à l'aide d'analyses chimiques. Il
Sept forages ont ensuite été exécutés sur un profil est à noter que des concentrations en fluor beaucoup plus
élevées (jusqu'à 3,6 mg/l) avaient été rencontrées dans
N-S implanté à 9 km à l'E de Ras-el-Aïn dans une zone
l'eau des terrains du recouvrement plio-quaternaire.
de convergence des lignes de courant de la nappe
phréatique. Quatre de ces forages ont atteint l'Eocène Il est impossible, dans l'état actuel des connais-
calcaire (2077, 2078, 2079, 2084/44) situé vers 40 m de sances, de chiffrer sérieusement les ressources sou-
profondeur ; ils montrèrent de bonnes qualités terraines exploitables. Les infiltrations sur les calcaires
hydrauliques (transmissivité du calcaire de 5.10-1 à 7.10 éocènes au N et dans la plaine (crues des petits oueds
m2/s, perméabilité de 2.10-2 à 2.10-3 m/s). Les autres ayant leur bassin versant en bordure) sont totalement
forages ont exploré le recouvrement plio-quaternaire inconnues. Les décharges de la nappe, exceptée
extrêmement hétérogène et nettement plus épais au S l'exhaure d'environ 40 l/s par pompage, s'effectuent par
qu'au N ; les caractéristiques hydrauliques des évaporation sur l'ensemble de sa superficie (profondeur
meilleures formations (des conglomérats plus ou moins de l'eau : 10 à 30 m à l'E et nulle au lac Zima à l'W) ; le
argileux) étaient médiocres : transmissivités de 5.10-3 à lac Zima évaporerait à lui seul environ 100 l/s.
7.10-4 m2/s, perméabilités de 4.10-4 à 7.10-5 m/s, ce qui L'extension des prélèvements d'eau potable et
conduisit à des débits spécifiques peu intéressants. industrielle pour Chemaïa-Youssoufia jusqu'en 1990
Deux forages d'exploitation : 2 086 et 2 087/44 furent correspond à une exhaure d'une centaine de litres par
alors exécutés afin de capter le calcaire éocène ; les seconde que la nappe devrait pouvoir fournir ; mais il est
débits exploitables sur les deux ouvrages atteignent au indispensable de ne pas permettre d'autres prélèvements
total 150 l/s en pointe. nouveaux en Bahira occidentale avant d'avoir observé
les répercussions des pompages complémentaires de
Youssoufia—Chemaïa. Au cas où ces exploitations
Les niveaux d'eau dans les calcaires éocènes et dans
s'avèreraient excédentaires, il serait nécessaire
la nappe phréatique sont identiques en ce secteur ; d'exécuter des ouvrages de réalimentation artificielle des
l'alimentation de la nappe, provenant essentiellement du calcaires éocènes à partir de barrages destinés à infiltrer
plateau de Youssoufia étant inconnue, des réserves les crues.
avaient été exprimées à l'époque quant au débit moyen
exploitable. Un réseau de 14 puits-témoins répartis
LA BAHIRA CENTRALE
autour des ouvrages d'exploitation fut mis en place avant
la mise en service des pompages et est surveillé
Cette unité est limitée à l'W par la ligne de partage
régulièrement depuis. Les pompages ont débuté en des eaux souterraines orientée N-S et située à quelque
décembre 1966 et atteignent en 1971 une moyenne de 23 10 km à l'W de la route RP 9 ; à l'E
l/s au total, très inférieure à la prévision initiale (50 l/s).
De 1966 à 1971, les prélèvements n'ont pas modifié (*) Deux forages : 2886 et 2887/44 exécutés en 1974 sont
l'équilibre de la nappe et il a été décidé de réaliser les exploitables au débit total de 210 l/s d'après les essais de
équipements pour une exhaure moyenne de 120 l/s pompage et la conduite d'amenée à Youssoufia a été
calibrée à 200 l/s. -1Les transmissivités sont excellentes :
atteinte par tranches successives de débit croissant, avec respectivement 4.10 et 9.10-2 m2/s
débit de pointe de 150 l/s, couvrant l'évolution des A noter qu'une acidification dans le forage 2887/44 a
besoins des centres urbains de la région Youssoufia— fourni d'excellents résultats (rapport G. Bernert, 1974,
MTPC/DH/DRE).
GANNTOUR, BAHIRA ET TESSAOUTE AVAL 375
la limite hydrogéologique est constituée par une ligne trouve sub-affleurant sur une vaste zone longue de 30
de partage des eaux entre la Bahira centrale et la Bahira km, orientée E-W, comme on a pu le constater en
orientale, ligne se situant à, l'E du méridien de El- examinant les déblais de nombreux puits et les coupes
Kelaa. La superficie de la Bahira centrale est beaucoup de certains forages (profondeur des schistes : 39 m au
plus grande que celle de la Bahira occidentale. forage 1336/44, 9 m au 1337/44, 52 m au 1641/44).
Vers le S, le Paléozoïque s'ennoie rapidement sous un
GÉOLOGIE sillon bordant les Jbilete, puis remonte rapidement
grâce à la flexure limitant le massif des Jbilete. Le
sillon bordier des Jbilete est peu profond à l'W (200 à
La couverture sédimentaire des Ganntour se
300 m au maximum, forage 2004/44) mais très profond
présente ici de façon sensiblement différente par
à l'E, jusqu'à 2 000 m d'après la géophysique au droit
rapport à la zone occidentale ; bien que les terrains
d'El-Kelaa ; il est rempli de sédiments détritiques fins :
soient les mêmes, l'amincissement de la série et son
Permo-Trias argileux, Secondaire continental, mais
plongement plus rapide vers le S, sous la Bahira, réduit
certaines transgressions du Crétacé et de l'Eocène y ont
les zones d'affleurement du Crétacé et de l'Eocène à une
pénétré en certaines zones. Au forage 2004/44, le
bande large de 7 à 10 km seulement (contre 20 km à
Maestrichtien et la série phosphatée de l'Eocène
l'W) ce qui diminue notablement leur rôle
inférieur et moyen sont représentés alors que le calcaire
hydrogéologique. En outre, le calcaire lutétien qui
lutétien est absent ; par contre, sur le seuil primaire
constituait un réservoir intéressant sur le plateau de
situé entre Benguerir et Sidi-bou-Othmane, le calcaire
Youssoufia puis sous la Bahira occidentale, se trouve
lutétien est transgressif directement sur le substratum
beaucoup plus érodé ici et semble totalement absent en
(fig. 146).
profondeur sous la Bahira, (sauf dans l'extrémité NE) ;
le Plio-quaternaire repose sur l'Eocène inférieur, le La structure générale du bassin de la Bahira a
Crétacé ou même le Primaire. De ce fait, aucune nappe considérablement influencé le régime de la sédi-
profonde susceptible de produire des débits importants mentation continentale depuis la fin du Lutétien. Les
n'existe sous la Bahira centrale, faute de disposer dépôts récents se classent en deux groupes :
d'alimentations substantielles. Trois sondages ont
- au N, des calcaires lacustres à passées conglo-
prospecté le Turonien calcaire (391/36 et 1535/36 au
mératiques et niveaux terrigènes dominent, mais
NE et 759/45 au N d'El-Kelaa) à des profondeurs
ont une extension discontinue. Leur épaisseur
supérieures à 200 m ; l'eau est en charge, mais le niveau
n'est pas supérieure à 50 m ;
piézométrique est inférieur à celui de la nappe
phréatique ; les débits obtenus étaient de l'ordre de 10 - au S se situe un complexe d'argiles très épais
l/s, satisfaisants pour la création de points d'eau, mais (240 m au 2004/44) avec des lits de graviers et
le fait que l'eau du forage 759/45 soit très chargée et cailloutis.
sulfatée semble montrer que cet aquifère est à
considérer avec prudence en ce secteur. L A NAPPE PHRÉATIQUE
On dispose de peu de données pour comprendre la L'hydrogéologie de la Bahira centrale est essen-
géologie profonde de la Bahira centrale, sous le tiellement liée aux recouvrements plio-quaternaires
recouvrement quaternaire ; une analyse sommaire dans lesquels existe une nappe phréatique. Ce
montre pourtant que cette connaissance est essentielle recouvrement est de nature variable, mais en sus les
pour l'étude hydrogéologique. Dans les Ganntour, la variations latérales de faciès sont rapides et fréquentes.
couverture sédimentaire n'est affectée que par des
déformations de faible amplitude reflétant précisément Caractéristiques physiques de l'aquifère
les déformations du substratum paléozoïque ; ce
substratum paléozoïque est connu dans ses grandes De façon assez sommaire, on peut dire que les
lignes sous la Bahira grâce à la géophysique calcaires lacustres plio-villafranchiens, crayeux et
(gravimétrie - magnétométrie - électrique) et à deux fissurés, se trouvent essentiellement à une quinzaine de
forages profonds situés le long de la route RP 2 : kilomètres de part et d'autre de la route RP 7 de
2021/44 au N, 2004/44 au S. Le substratum Benguerir, au Nord du parallèle Lambert 165 qui
paléozoïque des Rehamna plonge vers le S sous les délimite grossièrement la partie septentrionale du horst
Ganntour avec une pente régulière et faible : 2 à 3° ; à primaire de Rhirat (forages 837 à 848/44, 1334/44,
la limite Ganntour—Bahira, il est à environ 300 m de 1335/44 et 1636/44) ; ils existent parfois en d'autres
profondeur (forage 2021/11, extrapolation des forages zones d'étendue restreinte (forages 391 /36 au NE et
850/44, 298/35, 391/36, 1535/36). Entre Benguerir et 1336/44 au centre sud) ; les niveaux calcaires sont
Sidi-bou-Othmane, une faille E-W de 300 m de rejet, intercalés avec des passées argileuses ou graveleuses
fait remonter en surface le socle paléozoïque qui se plus ou moins importantes.
376 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Les calcaires lacustres ont de bonnes caractéristiques Au NW de la Bahira centrale, une alimentation
hydrauliques (perméabilité 5.10-4 m/s, transmissivité souterraine importante provient du plateau de Yous-
3.10 -2 m2 /s au forage 840/44) et des débits intéressants soufia ; elle est canalisée entre le seuil primaire de
peuvent en être extraits : 10 à 30 l/s par ouvrage en Rhirat au S et la retombée sud d'un petit bombement
moyenne. anticlinal des Ganntour entre les routes RP 7 et RP 9.
Les eaux infiltrées dans les calcaires lutétiens du
Au S de la plaine de la Bahira, le Plio-quaternaire
plateau de Youssoufia franchissent vers l'E, toujours
souvent très épais dans le sillon bordant les Jbilete
dans les calcaires lutétiens, le goulet du Douar-Rhirat
(240 m au forage 2004/44), est de nature
large de 3 à 4 km, ce qui se traduit par un fort
essentiellement argileuse, avec quelques intercalations
accroissement du gradient de la nappe (6/1 000 entre
graveleuses ou sableuses. Les caractéristiques
les courbes 430 et 410 m), puis toujours canalisées au
hydrauliques sont mauvaises (perméabilité k = 5.10 -7
nord du seuil primaire passent dans les calcaires
m/s, transmissivité 1.10 -5 m2 /s au forage 1640/44) et
lacustres transmissifs situés au S de Benguerir où le
les débits exploitables se situent autour de 1 l/s par
gradient piézométrique s'abaisse considérablement.
ouvrage.
Ainsi s'explique l'abondance relative des eaux
Dans les zones centrales de la plaine, le remplis- souterraines au S de Benguerir, dans le secteur de
sage plio-quaternaire est de qualité intermédiaire entre l'ancienne base américaine ou secteur du périmètre
les calcaires lacustres et les argiles du sillon d'irrigation pilote des Ouled-Moussa (forages 839 et
méridional ; il est constitué d'alternances graveleuses 840/44) qui, démontrant l'existence d'eau, est à
et argileuses en proportions variables. Les trans- l'origine d'une prolifération inquiétante de pompages
missivités sont comprises entre 1.10 -3 et 1.10 -5 m2 /s. privés. Il est malheureusement très difficile d'estimer
Dans l'ensemble les qualités hydrauliques sont meil- les ressources de la nappe dans un tel aquifère
leures vers l'E (secteur d'El-Kelaa), car les éléments karstique et plus ou moins continu ; au droit de la
graveleux sont plus abondants. route RP 7, transiterait approximativement d'W en E
un débit d 'une centaine de litres/sec (transmissivité =
Piézométrie et alimentations de la nappe (fig. 148) 3.10 -2 m2 /s, pente piézométrique 5.10 -4, largeur du
front 6 000 m) correspondant en gros aux utilisations
En Bahira centrale, la nappe phréatique s'écoule actuelles qui sont : ville de Benguerir et école hôte-
depuis les bordures du bassin vers le centre constitué lière installée sur l'ancienne base américaine (30 l/s),
par le Sedd-el-Mejnoun (cote 404 m) qui n'est pas le périmètre irrigué des Ouled-Moussa (50 l/s),
point le plus bas de la nappe puisqu'une zone pompages privés (20 l/s). La nappe doit à l'avenir être
inférieure à la cote 400 m le prolonge vers le NE et régulièrement contrôlée en ce secteur.
qu 'une autre zone également inférieure à 400 m existe A l'Est de la Bahira centrale, dans le secteur d'El-
au N. Le tracé de la carte piézométrique repose sur un Kelaa, la nappe bénéficie des apports souterrains de
relevé de 700 puits effectués en 1963. l'oued Gaino qui, provenant du Haouz au S, traverse
Le Sedd-el-Mejnoun est topographiquement un le Primaire des Jbilete par la trouée dite du Gaino.
point bas et constitue de ce fait un lieu de convergence L'oued n'est pas pérenne, mais un sous-écoulement
des écoulements superficiels occasionnels. Les terrains existe dans sa vallée alluviale ; le débit de ce sous-
du recouvrement quaternaire sur lesquels il repose sont écoulement à la sortie du Haouz est connu grâce à
très argileux (forages 1332, 1338 et 1339/44) et très une série de 7 sondages réalisés en 1960. Ce débit est
épais (134 m au forage 1332/44). La nappe phréatique de 50 à 100 l/s, mais de nouveaux pompages
se situe très près du fond de la cuvette mais n'affleure implantés dans le Haouz (périmètre de Freita) le
pas ; les eaux de ruissellement remplissent la cuvette feront baisser à l'avenir. Ce sous-écoulement est
après les pluies et s'infiltrent partiellement dans la partiellement capté à l'amont même d'El-Kelaa
nappe dans les quelques semaines qui suivent. (résurgence, rhettaras et pompages) ; la salure de
L'évaporation ponctionne une part des eaux ruisselées, l'eau est de 3 à 5 g/l, ce qui implique qu'elle soit
puis par la suite agit sur les eaux emmagasinées dans mélangée avec des eaux douces provenant de séguias,
la nappe peu profonde. avant leur épandage dans le périmètre irrigué
Un périmètre d'irrigation d'environ 20 000 hec-
L'examen de la carte piézométrique montre que les tares fonctionne au N d'El-Kelaa grâce à des apports
gradients d'écoulement sont en général très faibles,
d'eaux superficielles provenant de la Tessaoute et du
excepté en deux zones : au NW et à l'E. La faiblesse
des gradients du N et du S vers le centre de la Bahira Lakhdar, eaux véhiculées par des séguias qui
s'explique par l'absence d'alimentation importante à empruntent la trouée du Gaino. Sur les 20 000
partir des Ganntour comme des Jbilete ; on peut noter hectares, environ le tiers serait irrigué en année
que le gradient est fort en bordure des Jbilete, dans le moyenne, la majeure partie pendant quelques mois
sillon bordier, en raison des très mauvaises secteur. grâce à des irrigations d'eaux de crues, et 2 000 ha
environ grâce à des irrigations pérennes. Au total,
200 35 36 200
ci
cm
A ct
10
190
ci
YOUSSOUFIA
R M
E H A cs
20 em 20
S.
50 5
R.
em
em 10
10
818
50 152
5 40 pvcl
CHEMAIA 853 24
5 170
P.
30 20 R.
20
20
OUE
R.P.9 5
D
R.P EL KELAA
. 12
10
TESSAOUT
50 20
10
160 20 160
50
30 40
40 50 30
E
R.P. 7
Quaternaire ct ci Crétacé inférieur continental
pvcl js
Pliovillafranchien Jurassique supérieur
O
em
IN
Lutétien (calcaires) Permo-Trias 30
GA
ei PROFONDEUR DE LA NAPPE PHREATIQUE 150
Eocène (série phosphatée) 20
Roches cristallines hercyniennes
ED
csm
10
E
U
SIDI BOU OTMANE
O
Maesstrichtien Paléozoïque affleurant 10 Sous le sol en mètres
cs
Sénonien Paléozïque sub-affleurant
853
Piézomètres et leurs n° IRE cités dans T 35 36
Limites des indices IRE des pointd d'eau
ct (seuil de Rhirat)
E 35 36
Turonien le texte
J B L
44 45 ex: forage 2004/44
cm
Cénomanien
Ligne de partage des eaux
souterraines
0 2 4 6 8 10 km I 44 45
2004/44 44 45
220
230
190
200
210
240
250
260
270
280
290
300
310
320
FIG.149. Bahira occidentale et centrale – Profondeurs de la nappe phréatique
300
250
200
200 200
35 36
ci
cm
ct
A
ci
N 190
YOUSSOUFIA M
R E H A cs
em
S.
em
R.
em
ZI pvcl UN
M NO
A CHEMAIA EJ 24 170
L-M P.
D - E R.
S ED
OUE
R.P.9
D
R.P EL KELAA
. 12
TESSAOUT
160
160
E
R.P. 7
ci Crétacé inférieur continental
Quaternaire ct
pvcl js
Pliovillafranchien Jurassique supérieur
O
IN
em
GA
Lutétien (calcaires) Permo-Trias
150
ei SALINITE DES EAUX DE LA NAPPE
Eocène (série phosphatée) Roches cristallines hercyniennes
ED
PHREATIQUE :RESIDUS SECS A 180°C E
U
SIDI BOU OTMANE
O
csm
Maesstrichtien Paléozoïque affleurant Iinférieur à 2 g/l
cs
Sénonien Paléozïque sub-affleurant
T 35 36
Limites des indices IRE des pointd d'eau
ct (seuil de Rhirat)
Compris entre 2 et 5 g/l
E 35 36
ex: forage 2004/44
cm
Turonien
Ligne de partage des eaux 0 2
Supérieur à 5 g/l
4 6 8 10 km
J B I L 2004/44
44
44 45
45
Cénomanien souterraines 44 45
320
310
300
230
290
220
280
270
260
250
240
210
200
190
les épandages d 'irrigation seraient de l'ordre de 50 haute (novembre à avril selon les pluies) et la période
millions de m3 /an dont 15 millions de m3 /an basse (septembre-octobre). Il semblerait que depuis
alimenteraient la nappe phréatique ; ces chiffres quelques années les apports provenant du périmètre
pourraient être précisés par le dépouillement de 30 ans d'El-Kelaa aient tendance à retarder le mouvement de
de mesures des débits des séguias et par la baisse saisonnière jusqu'à l'été.
comparaison de la carte phréatique actuelle avec une
carte datant de 1948, antérieure à l'aménagement du Salure de l'eau
périmètre. On constate en effet une nette monté des
niveaux de la nappe entre 1948 et 1963 au droit du La carte de la figure 150 montre la répartition des
périmètre. salures, exprimées en résidus sec à 180°C, des eaux de
la nappe phréatique. Les salures ont un rapport évident
Profondeurs de la nappe et fluctuations piézométriques avec la profondeur de la nappe, ce qui démontre
(fig. 149) l'importance de l'évaporation en tant qu'exutoire
général. Les eaux provenant de l'infiltration sur le
Les profondeurs de la nappe de la Bahira centrale plateau de Youssoufia sont douces (moins de 1 g/l),
vont régulièrement en diminuant depuis les bordures ainsi que celles issues de l'infiltration des crues de
vers le centre où le Sedd-el-Mejnoun occupe le coeur petits oueds descendant des Jbilete (secteurs de Sidi-
d'une zone à profondeurs inférieures à 5 m s 'étendant bou-Othmane et de la RP 9). Les excédents d'eaux
sur quelque 200 km2 . Localement, dans quelques d'irrigation infiltrés sur le périmètre d'El-Kelaa sont
secteurs d'alimentation en bordure du bassin (El-Kelaa, déjà plus chargés : 1 à 2 g/l à l'amont, 2 à 3 g/l à l'aval-
Benguerir, Sidi-bou-Othmane), la nappe peut être peu écoulement, alors que les eaux dérivées dans la
profonde (5 à 10 m). Les plus grandes profondeurs se Tessaoute et conduites sur le périmètre titrent moins de
notent dans le sillon bordier des Jbilete (jusqu'à 50-60 1 g/l en toutes saisons. Enfin la zone basse de la nappe:
m) et à la limite Ganntour-Bahira (30 à 50 m). La Sedd-el-Mejnoun et son prolongement vers le NE, est
figure 149 montre schématiquement la distribution des marquée par une vaste tache de salure élevée,
profondeurs. supérieure à 5 g/l.
Sept puits-témoins à relevés mensuels fonctionnent Les eaux sont du type chloruré-sodique et l'on
en Bahira, cinq depuis 1955-56 et deux depuis 1968. rencontre localement, dans le secteur du Sedd-el-
Dans le secteur au S de Benguerir (853/44) les Mejnoun, des eaux hyperchlorurées sodiques titrant de
fluctuations annuelles sont faibles, toujours inférieures 10 à 90 g/1 de résidu sec.
à 1 m ; par contre on note une montée régulière du
plan d'eau de 2 m au total entre 1956 et 1970, montée Dans les puits témoins, on remarque que la salure
imputable à la réduction considérable des prélèvements est assez peu variable au cours de la saison et que les
dans le secteur à la suite de la désaffectation de la base salures observées en 1955 sont semblables à celles que
américaine et avant la mise en service du périmètre l'on retrouve en 1971.
irrigué des Ouled-Moussa. Bilan et conclusion
Trois piézomètres contrôlent le périmètre d'irri- Il est fort difficile d'approcher un bilan des eaux
gation d'El-Kelaa. Le 152/45, situé au centre du de la Bahira centrale car les entrées comme les sorties
périmètre, enregistre des variations saisonnières in- sont encore fort mal connues. On ne peut donc
férieures à 1 m, avec hautes eaux au printemps, lors qu'aboutir à des ordres de grandeur qui permettent de
des épandages d'irrigation ; entre 1956 et 1965, le fixer les idées.
niveau moyen est remonté régulièrement de 5 mètres,
consécutivement à l'équipement du périmètre et semble Les sorties sont constituées par l'exploitation de la
stabilisé actuellement vers 8 m de profondeur. A l'aval nappe et l'évaporation. L'exploitation de la nappe est
du périmètre, le niveau est remonté rapidement de 16 à d 'une centaine de l/s autour de Benguerir et peut-être
12 m (508/36) et de 6 à 2 m (350/36) entre 1955 et de 200 1/s au maximum ailleurs (700 puits dont
1965 et semble à peu près stabilisé depuis à ces cotes plusieurs équipés de moyens mécaniques d'exhaure
hautes ; les fluctuations annuelles sont peu pour irrigation ou alimentation de laveries de mines) ;
importantes, inférieures à 1 m, marquant nettement les au total on admettra 300 l/s, chiffre qui pourrait être
apports d'irrigation du printemps. précisé par des enquêtes. L'évaporation sur les 200 km2
de la zone centrale où la nappe est à une profondeur
Le piézomètre 818/44 situé immédiatement au N de inférieure à 5 m est vraisemblablement de l'ordre de
Sedd-el-Mejnoun fluctue peu (amplitude maximale de grandeur de 30 à 50 % de l'évapotranspiration
2,40 m de 1956 à 1971) ; les années sèches et humides potentielle moins la pluviométrie (soit 960-250 mm,
se distinguent bien, alors que les fluctuations arrondi à 700 m) et représenterait quelque 40 à 70
saisonnières peuvent atteindre 2 mètres entre la période millions de m3 /an.
378 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
140
120
25130
110
0
0
ANTICLINAL
30
0
20
DE MZIZOUA cm cm 8/36 NP=312
150
0
10
9/36 NP=316 OUED
378/36
NP=320
O
F7 UM
cm
100
ER
UT
cm
F8
AO
SS
150
cm 510/36
TE
100
RBI 190
50
190
1533/36
300 NP=?
Z=327
em?
369/36 100
150
18/36 NP= 352
F5
250 Ain Igli
F5 150
100
ID
AB
0
20
0
10
em 0
15
391/36
180
180 NP=360 100
Z=225
50
150
1535/36
828/45
NP=346 NP=? 200 100
Z=208 Z=190
150
20
250
0
200
300
D
R.P. 24 250
OUE
759/45 767/45
NP=403 300
Z=171
765/45 ANTICLINAL DE
170 F3 20
0 cm
BOU GHAZI
627/45
170
15
25
0
0
30
F2 0
ct cm
F1
EL KELAA
DES SRARHNA
OUED
CA
IH F4
O
F2
cic 160
160 F1
J B I L E T E
F3
cic Crétacé inférieur continental Faille affectant le Crétacé
Plioquaternaire
140
120
110
FIG. 151 — Bahira orientale : carte géologique de surface et carte structurale profonde du toit
des calcaires du Turonien. Réinterprétation de la géophysique électrique C.A.G.
1966 en fonction des forages récents, par M. Combe, 1972.
380 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
épaisse série sédimentaire ( Permo-Trias et Crétacé de Bou-Ghazi (forage 827/45). Son épaisseur est
inférieur continental), bordant les Jbilete au N, sillon certainement variable, mais il comporte d'importantes
bien mis en évidence à l'W d'El-Kelaa, existe sans passées détritiques toujours plus ou moins argileuses ;
doute encore à l'E de la Tessaoute où on le verrait assez au forage 827/45, du gypse a été noté dans des niveaux
bien se prolonger vers le NE entre l'anticlinal de Bou- argilo-sableux. Aucun forage n'a permis de tester le
Ghazi au S et l'anticlinal de Mzizoua au NW. Ce sillon niveau piézométrique et la salure de l'eau dans cette
SW-NE correspond à une forte anomalie gravimétrique formation en Bahira orientale. A l'E de l'oued El-Abid,
négative qui avait déjà suggérée l'existence possible les forages pétroliers de Dar-Ould-Zidouh y ont
d'un Trias salifère en ce secteur (Benzaquen, Boujo & rencontré de l'eau salée (plus de 10 g/l) en quantité
Medioni, 1963). En outre, le Crétacé continental a été importante. Il semble que le Crétacé inférieur ne
partiellement traversé au SE par le forage 827/45 dans puisse pas constituer un objectif hydrogéologique, sauf
l'anticlinal de Bou-Ghazi, ainsi que par le forage TAN information complémentaire, en raison de la salure de
101 qui y a rencontré une puissante assise basaltique. l'eau qu'il contient.
Au niveau de la couverture tertiaire, une carte
Les calcaires du Turonien, épais de vingt à trente
structurale du Turonien calcaire (fig. 151) a pu être
mètres, très perméables, constituent un objectif très
établie à l'aide de la géophysique et des forages
intéressant dans l'ensemble du synclinal du Tadla. Des
profonds ; cette carte, probablement fiable au centre et
débits fort importants peuvent en être extraits par
au NE, l'est beaucoup moins dans le quart SE en
forages (plus de 100 l/s par ouvrage au NE du Tadla)
raison de l'existence en ce secteur d'Eocène (calcaires
moyennant des précautions dans la technologie du
lutétiens et marno-calcaires phosphatés) plus ou moins
captage (cf. chapitre Plateau des Phosphates).
discontinu et introduisant ainsi de sérieuses
perturbations dans l'interprétation des sondages L'étude structurale qui précède avait pour objet de
électriques. La carte structurale montre, reposant sur définir le comportement de l'assise turonienne sous la
le Primaire, un avant-pays crétacé constitué par les Bahira orientale et également de conclure sur l'origine
deux anticlinaux de Bou-Ghazi au S et de Mzizoua à turonienne ou non de l'Aïn Igli, source importante (400
l'W, anticlinaux séparés par un étroit sillon au niveau à 500 l/s) émergeant au centre de la plaine (IRE 18/36)
de la faille F 3, sillon probablement surimposé à une et dont le débit soutenu ne s'expliquait pas en faisant
structure du même type mais plus importante existant appel au réservoir superficiel plio-quaternaire, même
au niveau du Primaire. A partir de cet avant-pays en imaginant l'existence d'un lit fossile très transmissif
s'effectue un plongement général vers le NE, c'est-à- de la Tessaoute que la géophysique à très courte ligne
dire vers le coeur du synclinal du Tadla, plongement infirmait (CAG, 1966).
parfois compliqué un peu avant l'Oum-er-Rbia, par des
L'Aïn Igli est constituée par une suite de résur-
accidents d 'orientation NW-SE, différente de
gences s'échelonnant du S au N au fond d'un thalweg,
l'orientation W-E qui affectait la couverture sédiment-
sur quelques centaines de mètres de longueur. Le plan
aire de la Bahira. Une gouttière synclinale NW-SE
d'eau se situe à la cote 352 m dans le thalweg dont les
également, semble bien marquée à l'aval, constituant
sommets dépassent la cote 354 m alors que le fond est
la terminaison ouest du synclinal du Tadla. Une autre
à 351,5 m. La pente du plan d'eau dans la zone
gouttière E-W borde au N l'anticlinal de Bou-Ghazi ;
d'émergence est de 6/10 000 contre 30/10 000 pour la
en son point le plus bas et contre la faille F 5 émerge
pente de la nappe phréatique dans ce secteur ; il
l'Aïn Igli (18/36).
semble bien que la source est en charge car des
bouillonnements s'observent par endroits. Du point de
NAPPES PROFONDES vue composition chimique, l'eau de l'Aïn Igli est
bicarbonatée calcique et magnésienne, de type voisin
Les niveaux susceptibles d'être de bons aquifères de celui des sources 8 et 9/36 dont l'eau provient
dans la série crétacée de la Bahira orientale sont le manifestement du Turonien, mais également très
Crétacé inférieur continental et le Turonien calcaire. voisin du type des eaux de la Tessaoute (fig. 153)
L'Eocène marno-calcaire et surtout le Lutétien calcaire largement épandues sur le périmètre d'irrigation et
qui était un bon aquifère en Bahira centrale et constituant l'alimentation principale de la nappe
occidentale, semblent moins perméables à l'E de phréatique ; pour cette raison les différences de
l'anticlinal du Mzizoua. Ni la géophysique, ni les composition sont peu significatives de l'origine des
forages 1533/36 et 828/45 n'ont mis en évidence ces eaux de l'Aïn Igli. Les températures de l'eau aux
niveaux qui semblent absents au centre de la Bahira émergences de l'Aïn Igli et dans la nappe phréatique
orientale. sont toujours voisines de 22°C.
Le Crétacé inférieur continental est connu aux On dispose de jaugeages au moins mensuels de
coeurs des anticlinaux du Mzizoua (affleurements) et l'Aïn Igli depuis 1962 ; ces mesures effectuées au
GANNTOUR, BAHIRA ET TESSAOUTE AVAL 381
flotteur sont peu précises. En examinant la série de la nappe profonde du Turonien. En outre, ces zones
disponible, on peut se rendre compte qu'un écart marécageuses sont dans le prolongement vers l'W de la
supérieur au tiers du débit existe parfois entre 3 faille F 5.
mesures effectuées le même mois (avril et mai 1968 par
exemple) et que de tels écarts se retrouvent entre 2 Il est désormais important de vérifier ces hypo-
mesures effectuées toujours le même mois. Entre 2 thèses grâce à des jaugeages périodiques précis de l'Aïn
mois consécutifs des écarts du même ordre de grandeur Igli et des sources 8-9 et 378/36, puis par une campagne
sont très fréquents de 1962 à 1965 puis beaucoup de forages permettant de réaliser une piézométrie du
moins marqués ensuite. Tout ceci conduit à n'accorder réservoir turonien dans la moitié N et NE de la Bahira
que peu de poids à la valeur absolue du débit et à orientale. Il n 'est en effet pas exclu que l'on puisse
prendre plutôt en considération une moyenne globale disposer dans ce réservoir turonien, d'une ressource en
écartant tous les pics positifs ou négatifs qui ne eau très bien régularisée et pouvant atteindre au moins
peuvent d 'ailleurs s'expliquer puisque aucun cycle 1 à 2 m3 /s grâce à des pompages ou peut-être davantage
annuel n'apparaît. Il faudra vérifier par des jaugeages en pointe si l'on veut utiliser le réservoir comme
précis et systématiques que la conclusion à laquelle on complément saisonnier à d'autres ressources
aboutit ici : débit assez constant entre 440 et 540 l/s (dérivations par séguias). Le coût du plan directeur
avec variations lentes interannuelles, est bien valable ; d 'aménagement du périmètre irrigué de la Tessaoute
en effet, s'il en est ainsi, l'Aïn-Igli constitue l'exutoire aval pourrait en être considérablement diminué (*)
d'un important réservoir à régularisation interannuelle, LA NAPPE PHRÉATIQUE
réservoir dont l'alimentation serait lointaine et qui
correspondrait alors au synclinal turonien du Tadla.
Terrain aquifère
En effet on ne peut expliquer le débit élevé et sans
variation annuelle nette de l'Aïn-Igli par une
La nappe phréatique, d'extension continue en
alimentation proche ; le Turonien calcaire n'affleure à
Bahira orientale, se tient dans les formations détritiques
proximité (Ganntour, Mzizoua, Bou-Ghazi) que sur 30
et graveleuses du Plio-Quaternaire. En bordures de la
km2 environ, dans un secteur à pluviométrie moyenne
plaine, on note un niveau phréatique dans les
annuelle de l'ordre de 300 mm apportant, avec une
formations du Crétacé : niveau marno-calcaire du
infiltration maximale de 30 % un débit de 100 l/s tout
Sénonien du N de l'anticlinal de Bou-Ghazi (forage
au plus. S'il existait des infiltrations de la Tessaoute
767/45), calcaires du Turonien de l'anticlinal de
dans le Turonien, les alimentations donneraient lieu à
Mzizoua (sources 8 et 378/36).
des fluctuations saisonnières du débit de la source, tout
comme les alimentations à partir de la pluie ; or on Les épaisseurs du recouvrement plio-quaternaire
n'observe pas de telles fluctuations. Dans ces sont mal connues car peu de forages ont été exécutés
conditions, on doit admettre que l'Aïn Igli, ainsi que les dans cette région. A l'W, le long de la ligne de partage
sources 8-9 et 378/36 situées près de la confluence Tes- des eaux entre l'anticlinal de Mzizoua et El-Kelaa, le
saoute—Oum-er-Rbia et dont les débits élevés (120 à Plio-Quaternaire est épais (120 m au forage 759/45)
150 l/s pour les 3 sources) sont incompatibles avec la mais essentiellement limoneux et de mauvaise
superficie des affleurements turoniens susceptibles de perméabilité (K = 5.10 -5 m/s au forage 766/45). A l'E
les alimenter directement, sont des exutoires de la du seuil entre les anticlinaux de Mzizoua et de Bou-
nappe profonde des calcaires turoniens du bassin du Ghazi, soit un peu à l'W de la Tessaoute, l'épaisseur du
Tadla. Les conditions structurales et piézométriques Plio-Quaternaire semble diminuer rapidement, mais ni
connues jusqu 'à présent à propos de ce réservoir sont la géophysique, ni les forages 765 et 768/45 qui n'ont
compatibles avec cette hypothèse (cf. Synthèse du pas atteint la base du Plio-Quaternaire ne permettent de
réservoir des calcaires turoniens du bassin du Tadla, préciser ce point. Toujours est-il qu'à l'E de la
chapitre n° 13 : Plateau des Phosphates). Dans ces Tessaoute, on ne rencontre plus que 26 m de re-
conditions, il serait également possible qu'une partie au couvrement Post-crétacé au forage 828/45, et 22 m
moins du débit de drainage de la Tessaoute entre le
pont de la route RP 24 et la confluence Tessaoute—
Oum-er-Rbia, provienne également du Turonien, situé (*) Des travaux effectués en 1973-74 infirment beaucoup de ces
à faible profondeur en ce secteur ; ceci est difficile à hypothèses. Les eaux des sources 18/36 - 8 et 9/36 - 378/36
prouver par étude chimique, les eaux du Turonien et de contiennent du tritium et sont donc en partie récentes (infiltrations
des irrigations à partir des séguias). En outre, 4 forages profonds
la Tessaoute étant de composition voisine, mais ayant le Turonien comme objectif (dont un près de l'Aïn Igli) ont
pourrait expliquer la présence de zones marécageuses donné de très médiocres résultats dans ce secteur; le Turonien est
dans le lit de la Tessaoute vers x = 324, y = 184, z = plus profond que prévu et moins nettement calcaire qu'ailleurs, si
bien qu'il se distingue mal. Des études micropaléontologiques sont
355 m compatible avec ce que l'on sait de la piézométrie en cours et la campagne de sondages doit se poursuivre en 1975.
382 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
au forage 767/45. Dans la partie NE de la plaine, les irriguées, les profondeurs sont toujours inférieures à
épaisseurs du Plio-Quaternaire sont de l'ordre d 'une 20 m. Les remontées de nappe à l'aval, le long de
vingtaine de mètres (16 m au 510/36, 23 m au 369/36, l'Oum-er-Rbia, semblent s'expliquer par l'existence
11 m au 1533/36) mais les perméabilités sont bonnes : d 'un cordon E-W de terrains moins perméables ; c'est
1,1.10 -3 m/s au 369/36. Dans la vallée de la Tessaoute du moins ce que démontrerait la campagne
les alluvions sont épaisses : plus de 40 m au 509/36 et géophysique en courtes lignes (AB= 20 m et AB = 40
très perméables (1,7.10-3 m/s au 509/36). m) de 1966 si l'on acceptait les résultats obtenus,
résultats criticables à notre avis car on n'a pas assez
Piézométrie, alimentations de la nappe tenu compte des salures et profondeurs de la nappe
phréatique dans l'interprétation des mesures.
La carte piézométrique de la figure 152 a été
établie d'après un relevé d'une centaine de points d'eau Trois piézomètres seulement, implantés en 1964
effectué en 1963. (369 et 510/36) ou 1966 (1533/36) permettent de
L'oued Tessaoute semble alimenter la nappe suivre avec une fréquence mensuelle les évolutions de
depuis sa sortie des Jbilete jusqu 'à 3 km à l'aval du niveaux piézométriques. Ceci est très insuffisant,
pont de la route RP 24. A l'aval du pont, la rivière est d 'autant que les forages 510 et 1533/36 sont tous deux
fréquemment asséchée à l'étiage par les prises de situés dans le secteur d'irrigation très particulier de
nombreuses séguias qui dérivent ses eaux vers les l'Aïn Igli et que le 369/36 est hors des zones irriguées.
périmètres traditionnels d'irrigation situés sur les deux Aucun piézomètre n 'existe donc dans les zones
rives. Entre 4 à 5 km à l'aval du pont de la route 24 et d 'épandage des séguias de la Tessaoute.
la confluence avec l'Oum-er-Rbia, la Tessaoute draine Au NE (369/36) en zone non irriguée, la nappe est
la nappe phréatique (mais peut-être également la à une vingtaine de mètres de profondeur et les
nappe profonde des calcaires turoniens) car il existe fluctuations sont faibles (de l'ordre du mètre en une
toujours un écoulement au niveau de la confluence, année) ; les hautes eaux sont en hiver et au printemps,
même lorsque la Tessaoute est sèche au pont de la RP puis les niveaux décroissent régulièrement par la
24. Ce drainage n 'apparaît pas nettement dans la suite. A l'aval de l'Aïn Igli, la nappe est peu profonde
piézométrie de la nappe phréatique, sans doute à cause mais ses battements saisonniers sont relativement plus
de la densité insuffisante du relevé. En amont, à la importants ; les hautes eaux vont depuis la fin de
traversée des Jbilete, la Tessaoute coule sur un lit l'automne jusqu 'au printemps à partir duquel débute
alluvial épais d'une dizaine de mètres ; le débit du une décroissance régulière.
sous-écoulement a été évalué à 150 l/s grâce à 3
forages d 'essais en 1962.
Salure des eaux de la nappe
Dans la zone centrale de la plaine, l'alimentation
de la nappe phréatique provient essentiellement de la Les salures des eaux de la nappe phréatique (fig.
réinfiltration partielle des épandages d'irrigation 155) sont en général inférieures à 2 g/l de résidu sec à
effectués à partir des séguias traditionnelles, 180°C, sauf dans une petite zone située à l'aval de
lesquelles séguias, toujours non revêtues, perdent l'Aïn Igli où les eaux titrent entre 2 et 3 g/l. Les eaux
également par infiltration tout au long de leur de la Tessaoute épandues sur le périmètre d'irrigation
parcours une part appréciable des eaux dérivées. sont du type bicarbonaté-calcique et magnésien et
titrent toujours moins de 1 g/l de résidu sec, ainsi
L'écoulement en ce secteur s'effectue du SW vers d 'ailleurs que les eaux de la source Aïn Igli (fig. 153)
le NE si bien que le secteur NE où il n'existe pas largement épandues à l'aval.
d'épandage d 'irrigation (région du forage 369/36) est
alimenté souterrainement depuis les zones d'épandage
Bilan de la nappe phréatique
situées au centre de la plaine. Néanmoins, des apports
par infiltration des eaux des crues des petits oueds Les superficies irriguées en Bahira orientale telle
descendant de la montagne au S doivent exister, car que définie ici, sont de l'ordre de 50 000 ha. Les
on ne pourrait sans cela expliquer que la nappe épandages correspondants seraient de l'ordre de 175
phréatique soit présente au SE, nappe pauvre et millions de m3 /an sur lesquels 30 à 50 millions de m3
profonde il est vrai. devraient gagner la nappe (surplus d 'irrigation et
pertes dans les réseaux de séguias), quelques
Profondeurs de la nappe, fluctuations piézométriques infiltrations de fortes pluies et de crues de petits oueds
compléteraient l'alimentation, ainsi que des apports
La nappe phréatique de la Bahira orientale est peu souterrains latéraux probablement faibles, le plus
profonde en général. Les profondeurs moyennes (fig. important étant celui de l'underflow de la Tessaoute (5
155) vont en croissant depuis moins de 1 m à l'aval au millions de m3 /an).
N jusqu 'à un peu plus de 40 m au SE. Dans les zones
GANNTOUR, BAHIRA ET TESSAOUTE AVAL 383
120
130
110
140
ANTICLINAL
DE MZIZOUA cm cm
OUED
320
O
UM
cm
ER
T
cm
U
AO
JABRIA
510/36
N'JABELIA
SS
cm 330
TE
RBI 190
190
340
1533/36
em?
350 369/36
NE
NI
HAT
A IA
330
EL KOUANN
T
UA
ABIA
0
41
MO
18/36 Ain Igli
UIA
EL
UIA
ID
AG
AB
400
KAO
GR
ER
- RE
340
CH
UIA
360
AO
NIA
391/36 180
USS
180
40
ROU
0
MO
350
FAK
370
1535/36
828/45
0
0 38
IA
39
A
0
40
UD
IA
NI
Y
RH
AO
TA
IA
MA
SS
766/45 767/45
ME
AIN
D
R.P. 24
ME
OUE
410
H
SM
AM
759/45 172/45
D
AO
O
U
A
AL G
IA
USS
AS
D
CHERKAOUIA
IA
CAN
I MO
BEN
765/45 ZE
R ANTICLINAL DE
NI BOU GHAZI 170
170 F3 ZE cm
IRZATEN
627/45
GRINIA
0
42
ct cm
IA
HAK
430
ZINT
TAOU
EL KELAA
T
440
UH
OUED
BO
CA 450
IH 460
TA
O 470 450
YAGOUBIA
46
0
160
160 cic
J B I L E T E
YACOUBIA
Station de jaugeage
em? Jurasique du domaine atlasique
RHA
Lutétien
Projet de canal (tracé 1952)
B
140
120
110
IRE X Y Z Prof.
(Lambert) (Lambert) m m G E O L O G I E ZNP Q l/s R m T m2/s K m/s S RS mg/l Q
Exploit
369/36 341,4 186,4 357 51,0 PQ - Limons 0-8 m 336,5 40,2 14,4 3,5.10-2 3,9.10-1
1,1.10-3 1 100 Q = 30 l/s
Galets, graviers 8-23 m
Crétacé marnes et marno-
cal. 23-51 m
509/36 329,9 179,1 388 41,0 PQ Galets, graviers,
sables 0-41 m 377,2 30,5 2,2 4,5.10-2 1,7.10-3 2,5.10-1 700 Q = 30 l/s
510/36 330,0 191,0 342 35,0 PQ - Sables à graviers
0-16 m 336,8 29,0 11,5 1,0.10-2 2,5.10-4 2,5.10-2 2050 Q = 20 l/s
crétacé ? marno-cal. (Capté
16-23 m 16 à 35)
Crétacé ? limons-graviers
23-35 m
765/45 320,1 170,8 424 42,0 PQ - Galets, &av. sam.
0-34 m 412,0 27,0 2,4 2,0.10, 8,2.10-4 5,6.10-2 782 Q = 30 45
? argile rouge 34-42 m
766/45 308,1 174,4 420 40,0 PQ - argile, limon à grav.
0-40 m 410,0 9,5 14,7 1,5.10-3 5,0.10-5 8,2.10-3 4 635 Q= 8 l/s
767/45 329,3 174,6 408 55,0 PQ - galets. graviers
0-22 m 381,0 5,2 11,0 5,0.10-3 1,3.10-4 3,0.10-1 1 350 Q= 3 l/s
(Capté
Crétacé marno-calc. 22-49 m 22 à 25)
( ?) ( ?)
Crétacé argiles à galets
49-55 m
768/45 321,1 164,9 454 45,0 PQ - galets, graviers,
limons 0-27 m 440,7 25,0 10,0 1,1.10-2 2,5.10-4 1,0.10-1 1 000 Q = 20 l/s
PQ - limons à graviers
27-45 m
ZNP = Cote NGM du niveau piézométrique; Q = Débit maximum d'essai; R = Rabattement correspondant à Q; T = Transmissivité; K = Perméabilité; S = Coefficient d'emmagasinement;
RS = Résidu sec de l'eau; Q exploit= Débit fixé pour exploitation.
GANNTOUR, BAHIRA ET TESSAOUTE AVAL 385
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
FIG. 153 — Bahira orientale : diagramme logarithmique de la composition des eaux de l'oued Tessaoute et de la
nappe profonde du calcaire turonien.
Les sorties de la nappe sont constituées surtout par le par rapport à la sortie par la Tessaoute.
drainage de la Tessaoute et peut-être par les drainages
des oueds Oum-er-Rbia et El-Abid probablement Le drainage global de la Tessaoute (drainage de la
négligeables, car ces deux dernières rivières sont nappe phréatique et peut-être de la nappe profonde du
encaissées et aucune source n'est connue dans les berges; Turonien) peut être estimé par différence entre les débits
l'évaporation en zone aval du périmètre (nappe à moins moyens mensuels à Bissi-Bissa et au pont de la route
de 5 m de profondeur) n'est que d'importance secondaire
386 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
RP 24. Le tableau suivant récapitule ces différences Excepté quelques différences aberrantes et que la
pour les mois d'étiage des 8 dernières années pour non-homogénéité des mesures au pont de la RP 24
lesquelles on possède des mesures à Bissi-Bissa; le peuvent expliquer, on constate que le débit à Bissi-
débit de drainage est obtenu en diminuant la somme Bissa est toujours supérieur à celui du pont de la route
24. Les différences de débit sont positives et de l'ordre
des débits moyens mensuels d'étiage de la Tessaoute à de 1,5 à 2,5 m3/s; on peut adopter 2,0 m3/s comme
Bissi-Bissa et des prélèvements des séguias entre le chiffre moyen du drainage entre les deux stations. Avec
pont de la RP 24 et Bissi-Bissa, du débit de la ce drainage de 60 millions de m3/an, on retrouve un peu
Tessaoute au pont de la RP 24. Les prélèvements des plus que les chiffres avancés antérieurement pour
séguias sont mesurés pour les séguias Mouaayanine et l'alimentation de la nappe à partir des pertes d'irrigation
Hattabia, et estimés à 10 % du débit de la séguia (30 à 50 millions de m3/an) et il serait possible qu'une
Hattabia pour la séguia El-Kouanna qui n'est pas part du drainage provienne de la nappe profonde des
calcaires du Turonien.
observée mais n'irrigue qu'un tout petit périmètre.
700
600
500
400
J F MA MJ J AS O N D J F MA MJ J AS ON D J F MA MJ J AS O N D J F MA MJ J AS O N D J F MA MJ J AS O N D J F MA MJ J AS O N D J F MA MJ J AS O N D J F MA MJ J AS ON D J F MA MJ J AS O N D
FIG. 154 — Bahira orientale évolution dans le temps du débit de la source Aïn Igli (18/36) d'après les jaugeages effectués par l'ORMVAH.
388 RESSOURCES EN EAU D U M A R O C
ouvrages du type du forage 509/36 au débit sources et rhettaras du Gaino (0,1 m3 /s), Aïn Bissi-
d'exploitation de 30 l/s, il faudrait réaliser une Bissa et pompages (0,15 m3 /s) Avec ces 225 Mm3/an
quarantaine de sondages profonds d'une quarantaine bruts, quelque 60 000 ha seraient irrigués; dont 15 000
de mètres, soit 1 600 mètres forés et équipés ha d'arbres (oliviers surtout). Comme on le voit, les
représentant un investissement de l'ordre de 1 300000 modules d'irrigation sont extrêmement faibles et il
Dh. La zone de captage serait parallèle à la Tessaoute s'agit essentiellement d'épandages d'eaux de crues
et située au plus près de la rivière afin de bénéficier permettant des cultures céréalières, les débits pérennes
de zones aquifères épaisses et très transmissives; l'es- étant réservés à l'irrigation des arbres et de quelques
pacement des forages sur une ligne N-S serait de cultures fourragères.
l'ordre de 400 mètres. Avant d'exécuter le programme
Le plan directeur d'aménagement de cette région
d'équipement complet, il est indispensable de vérifier
n'est pas encore précisément défini car il est
par une dizaine de sondages s'intégrant ultérieurem-
conditionné par les choix qui seront faits de l'uti-
ent au dispositif d'exploitation, que les conditions
lisation des eaux de l'oued Lakhdar et en particulier
favorables du captage 509/36 se retrouvent bien de
des volumes à dériver vers le Haouz de Marrakech. Les
part et d'autre de cet ouvrage.
limites extrêmes entre lesquelles se situera ce plan
Par ailleurs, on peut émettre l'hypothèse que la d'aménagement peuvent être ainsi définies, en termes
Tessaoute, point bas topographique, draine quelque de besoins en eau :
0,5 m3 /s d'eau provenant de la nappe profonde du
- limite inférieure : elle correspond à la garantie
Turonien du Tadla entre les stations de la RP 24 et de
de fourniture des volumes d'eau équivalents
Bissi-Bissa. Obtenir un chiffre plus exact n'a pas une
aux droits traditionnels, soit 200 millions de
grande importance si l'on envisage l'exploitation
m3 /an prélevés actuellement dans la Tessaoute
progressive des réserves de la nappe profonde captive
par les séguias,
du Turonien du Tadla dans le secteur de la Tessaoute
aval ; il est donc inutile de vouloir chercher à le - limite supérieure : elle, est constituée par l'irri-
préciser. gation des bonnes terres à raison de 5 000 ha
intensifs et 35 000 ha semi-intensifs,
Des pompages d'eau souterraine viendraient en
représentant un besoin en eau de 210 millions
déduction du débit à apporter au périmètre de la
de m3 nets à la parcelle ou 250 millions de m3
Tessaoute aval par le canal devant prolonger le canal
bruts fournis aux pieds des ouvrages de
G du Tadla en apportant des eaux du barrage de Bin-
régularisation; 20 000 ha demeureraient
el-Ouidane (Oued El-Abid) en remplacement des
irrigués par des eaux de crue, ou des eaux
eaux de la Tessaoute qui seront à l'avenir partiel-
sauvages provenant des Jbilete.
lement ou totalement barrées en amont. Un ancien
projet de la Direction des Travaux Publics (1952) Les ressources en eau disponibles sont les suivantes :
prévoyait l'irrigation moderne d'un secteur de 6 600
1. Prolongement du canal G des Bni-Moussa à l'W de
ha dit périmètre de la Foukrounia, implanté dans le
l'oued El-Abid (90 Mm3 /an régularisés garantis).
secteur aval des séguias traditionnelles Foukrounia,
Messaoudia, Ben-Yaya, Regraga où l'eau n'arrive pas 2. Pompage au fil de l'eau des débits disponibles dans
en quantité suffisante ; l'eau était fournie par une l'oued El-Abid et correspondant aux apports du
prise sur la prolongation du canal G du Tadla allant bassin versant intermédiaire entre. le barrage
de l'oued El-Abid à El-Kelaa. d'accumulation de Bin-el-Ouidane et la confluence
oued El-Abid—Oum-er-Rbia. Ce débit peut varier
RESSOURCES EN EAU POUR entre 2.0 m3 /s (étiage d 'année sèche) et 3,8 m3 /s
(étiage d 'année moyenne), représentant une
L'AMENAGEMENT DE LA BAHIRA ressource moyenne de 60 à 110 Mm3 /an.
ORIENTALE ET CENTRALE
3. Dérivation dans les séguias du débit pérenne de la
Les deux régions de la Bahira orientale (ou Tessaoute aval. Un certain débit demeurera toujours
Tessaoute aval) et de la Bahira centrale (périmètre à l'entrée dans la Bahira orientale, provenant du
irrigué d'El-Kelaa) sont actuellement indissociables drainage des périmètres du Lakhdar et de la
car les eaux d'irrigation proviennent dans les deux cas Tessaoute amont. La valeur de ce débit est
de la Tessaoute. Les débits prélevés dans la Tessaoute actuellement difficile à prévoir faute de connaître
et dérivés dans les séguias traditionnelles atteignent au les aménagements qui seront exécutés sur le
total 200 Mm3 /an en moyenne pour les périmètres de Lakhdar et les résultats de la gestion du système
la Tessaoute et d'El-Kelaa; il s'y ajoute les ressources constitué par les épandages de 220 Mm3 régularisés
locales représentant 25 Mm3 /an: Aïn Igli (0,5 m3 /s), en Tessaoute amont et la reprise des infiltrations par
GANNTOUR, BAHIRA ET TESSAOUTE AVAL 389
120
110
140
130
ANTICLINAL
DE MZIZOUA cm cm
OUE
D
O
UM
cm
ER
UT
cm
AO
510/36
SS
cm
TE
190 RBI 190
1533/36
em?
5
369/36
F5 18/36
Ain Igli
F5
ID
AB
20
10
20
10 5
180 180
30
508/38 350/36
5 40
10 R.P. 24
ED
OU
10
765/45
ANTICLINAL DE
170 cm
BOU GHAZI 170
ct cm
20
EL KELAA
20
DES SRARHNA
OUED
CA
IH
O
J B I L E T E
Plioquaternaire
cic Crétacé inférieur continental 10 Profondeur de la nappe phréatique en mètres
em?
510/36 Piézomètre et son n° IRE (relvés mensuels)
Lutétien Jurasique du domaine atlasique
Salures de la nappe phréatique
Eocène phosphaté Primaire des Jbilete
ct
entre 1 et 2 g/l
Turonien
0 2 4 6 8 10 km entre 2 et 3 g/l
cm Cénomanien
> 3 g/l
110
130
120
140
F I G 155 — Bahira orientale: carte des profondeurs de la nappe phréatique et des salures (résidus
secs à 180°C). d'après A. Cochet, 1963.
390 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
120
130
110
140
ANTICLINAL
DE MZIZOUA cm cm
OUED
O
UM
cm
ER
UT
cm
AO
JABRIA
phréatique
510/36
SS
cm
N'JABELIA
TE
RBI 190
190
1533/36
em?
nappe
369/36
INE
H AT
N
A Champ captant nappe profonde
AIA
EL KOUANN
Ain Igli
T AB
UA
MO
IA
UIA
EL
IA
captant
ID
RAG
OU
AB
KA
EG
ER
IA-R
CH
OU
SSA
NIA
391/36 180
180
ROU
U
Champ
El
MO
FAK
1535/36
828/45
IA
NIA
UD
YIA
RH
AO
TA
IA
MA
SS
767/45
ME
766/45
AIN
R.P. 24
D
ME
OUE
H
SM
AM
759/45 172/45
D
AO
O
UI
A
E
AL G
NA AG
A
USS
SD PT bid
CA
CHERKAOUIA
IA el A 3/s
CAN
I MO
ed
ou 3,8 m
0 à
2,
BEN
765/45 ZE
R ANTICLINAL DE
NI BOU GHAZI 170
170 ZE cm
IRZATEN
627/45 L
GRINIA
NA
CA
3 m3/s
ct cm
IA
HAK
ZINT
TAOU
EL KELAA
T
OUED
CA
UH
IH CAPTAGE
BO
O
SEGUIAS TESSAOUTE
TA
TESSAOUTE
ET LAKHDAR 1 0 2 m3/s
YAGOUBIA
160
cic
3/s
160
0,1 INO
5m
GA
J B I L E T E
YACOUBIA
Station de jaugeage
em? Jurasique du domaine atlasique
RHA
Lutétien
Projet de canal (tracé 1952)
B
ct Turonien
0 2 4 6 8 10 km
cm Cénomanien
130
140
120
110
FIG. 156 - Bahira orientale : ressources en eau mobilisables pour l'irrigation du périmètre de la Tessaoute
aval dans le cas où les oueds Tessaoute et Lakhdar sont totalement utilisés à l'amont.
GANNTOUR, BAHIRA ET TESSAOUTE AVAL 391
pompages dans la nappe à l'aval du Haouz. Il est mobiliser au mois 260 Mm3/an avec les aménagem-
probable que 1 à 2 m3/s seront drainés en Tessaoute ents suivants : ouvrage de prise sur l'oued El-Abid et
amont et passeront en Tessaoute aval (soit 30 à 60 station de pompage, canal El-Abid—El-Kelaa
Mm3/an). (intégrant les apports du canal G), ouvrage de prise
sur la Tessaoute (débits de drainage du Haouz),
4. Maintien dans la Tessaoute ou le Lakhdar de débits champs captants des nappes phréatique et profonde
régularisés à l'amont par les ouvrages de retenue comportant des pompages. Il faut au préalable
existants eu à construire et destinés à desservir tout s'assurer du rendement des captages dans la nappe
ou partie des besoins (droits d'eau). En ce cas, des profonde turonienne et de leur localisation optimale.
améliorations do l'irrigation en Tessaoute aval
pourraient intervenir par l'exploitation des
ressources locales (nappes souterraines). Les 2. On fait appel à des ressources régularisées de la
orientations récentes visant à utiliser au maximum Tessaoute et du Lakhdar:
les eaux de la Tessaoute et du Lakhdar dans le — Pour couvrir la totalité des droits d'eau des séguias
Haouz, on recherchera ici des solutions pour (200 Mm3/an). Des améliorations sont apportées
minimiser les contributions de ces deux rivières à en aval du périmètre par le pompage dans les
l'irrigation de la Tessaoute aval. nappes de 30 à 60 Mm3/an. Aucun ouvrage n'est
5. Utilisation des nappes. Actuellement, quelque 25 exécuté sur l'oued El-Abid.
Mm3/an (dont 18 Mm3/an provenant de sources) — Pour couvrir une partie des besoins, ceux du
sont utilisés. Moyennant certains travaux périmètre actuel à l'E d'El-kelaa par exemple
complémentaires à réaliser, on doit pouvoir pomper (séguias Yacoubia - Rhabia - Caïdia) transitant
1 m3/s (30 Mm3/an) dans la nappe phréatique et au par le Gaïno ; les épandages dans ce périmètre
moins autant dans la nappe profonde turonienne. Au seraient régularisés mais non accrus, ce qui
total, les nappes devraient fournir au moins 80 éviterait d'avoir à faire face à de difficiles
Mm3/an (Gaïno et Aïn Igli compris) (*). problèmes de drainage. Les apports du canal G
Les ressources disponibles au niveau de la Bahira, des Bni-Moussa et les pompages dans l'oued El-
sans faire appel à des ouvrages de régularisation s u r l a Abid transiteraient alors dans un canal El-
Tessaoute et le Lakhdar, seraient comprises entre 260 et Abid—Tessaoute et desserviraient la partie
430 Mm3/an bruts. On disposerait donc des 250 Mm3 centrale du périmètre de la Tessaoute aval raval
nécessaires pour réaliser le programme maximum du périmètre serait soutenu en étiage pur les
envisagé jusqu'à présent. pompages dans les nappes. L'amont du
périmètre, entre le canal et la trouée de la
Au terme de cet exposé, deux grandes lignes Tessaoute, serait alimenté par le débit de
directrices d'aménagement des ressources peuvent être drainage sortant du Haouz par la trouée de la
imagées : Tessaoute
1. On ne fait pas appel aux ressources régularisées de la On rappellera enfin une nouvelle fois que les
Tessaoute et du Lakhdar. On pourrait en ce cas possibilités de pompage dans les nappes phréatique et
(*) On a déjà signalé (cf. note infrapaginale précédente) que les profonde, nettement plus importantes que ce que l'on
travaux de forages au Turonien de 1973-74 étaient décevants espérait autrefois, doivent absolument être vérifiées et
dans la région. Il est donc probable que l'objectif de la nappe
profonde turonien sera abandonné (soit 30 Mm3/an, à déduire). mieux définies dans les meilleurs délais afin de disposer
L'objectif de la nappe phréatique doit être reconnu en 1975 par d'éléments économiques certains pour leur introduction
une campagne de 10 forages peu profonds. dans le plan directeur d'aménagement de cette région.
REFERENCES
AMBROGGI R. & THUILLE G. (1952) : Les plaines et les plateaux
du domaine marginal de l'Atlas : 3. Bahira, in : Hydrogéologie CHOUBERT G. (1948) Rapport sur la géologie de la plaine de la
du Maroc. Notes & M. Serv. géol. Maroc, n° 97, pp. 217-221. Bahira. Rapp. inéd. CEE, Rabat, 22 pp., 1 carte géol.
BENZAQUEN M-, BOUJO A., VAN DEN Basal J.W.H. (1963) : Bassin COCHET A. (1958) : Etude hydrogéologique dans la partie occidentale
de la Bahira-Tadla, étude structurale. Rapp. inéd. DMG. Rabat, de la Bahira en vue d'une adduction d'eau à la mine de Kettara.
14 pp., 9 fig. Rapp. inéd. CEH, arch. MTPC/DH/DRE, 8 pp., 1 carte géol., 1
coupe géol.
BENZAQUEN M., Boum A., MEDIONI R. (1963): Etude préliminaire
du bassin de la Bahira-Tadla, partie orientale. Rapp. inéd. DMG. COCHET A. (1958) : Etat d'avancement de l'étude hydrogéologique de
Rabat, 17 pp., 12 fig la plaine de la Bahira (de Ras el
392 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Aïn à l'Oued el Abid). Rapp. inéd. CEH, arch. HAZAN R. & MOULLARD D.L. (1961) : Alimentation en eau de
MTPC/DH/DRE, 14 pp., 1 carte géol. Youssoufia, Ras el Ain — plaine de la Bahira. Rapp. inéd.
MTPC/DH/DRE, 9 pp.
COCHET A. & HAZAN R. (1960) : Périmètre des Ouled Moussa,
région de Benguerir, note hydrogéologique et résultats des LAMZIBRI M. (1967) Résultats de l'essai de pompage du puits
essais de débit effectués en 1960 sur les forages 839 et 1633/44. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 5 pp., 2 fig.
840/44. Rapp. inéd. MTPC/ DH/DRE, 8 plis 11 fig.
MARGAT J. (1961) Les eaux salées au Maroc. Hydrologie et
COCHET A. & HAZAN R. (1961) : Etude hydrogéologique et hydrochimie. Notes & M. Serv. géol. Maroc, a" 151, 138 pp.
estimation des débits d'écoulement souterrain des trouées du
Gaino et de la Tessaoute Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE, MONITION L. (1953) Etude hydrogéologique dans la Bahira.
9 pp., 24 fig. Rapport inéd. Arch. MTPC/DH/DRE, 37 pp., 5 fie,
Compagnie Générale de Géophysique (1952) : Etude des formations ORSTOM-SOFRELEC (1972) : Etude hydrologique de l'Oum-er-
superficielles et reconnaissance hydrologique par Rbia. Rapp. inéd. MTPC/DH, 138 Pp., 300 tabl., 60 fig.
prospection électrique de la région Ben guérir El-Kelaa.
SCET (1972) Etude des potentialités hydro agricoles de petite et
Rapp. Inéd. Génie Rural, 34 pp., 7 cartes, 3 coupes.
moyenne hydraulique dans les bassins du Tensift et de l'Oum-
Compagnie Africaine de Géophysique (1964) : Prospection er-Rbia. Rapp. inéd. MARA/ DMV, Rabat.
électrique dans la Bahira orientale. Rapp. inéd.
THUILLE G. (1952) Note sur l'alimentation en eau d'El-Kelaa des
MTPC/DH/DRE, 13 pp., 2 fig., 179 sondages électriques.
Srarhna. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/ DRE, 7 pp., 3 fig.
Compagnie Africaine de Géophysique (1966) Etude par prospection
électrique dans la Bahira orientale. Rapp. inéd. THUILLE G. (1956) La nappe phréatique de la Plaine d'El-Kelaa des
MTPC/DH/DRE, 15 pp., 8 fig., 294 sondages électriques. Srarhna. .Soc. Sci. natu. & phys. Maroc, ver. sci n" 7, pp.
GENÉTIER B. (1969) Alimentation en eau de Youssoufia. 23-27.
Exploitation de la nappe du calcaire éocène dans la Bahira THUILLE G. (1955) Remarques sur deux sondages exécutés par
occidentale. Rapp. Inéd. MTPC/DH/DRE, 2 pp., 1 carte. S.I.F. pour le compte du génie rural en Bahira (IRE 839 et
GÉNETIER B. (1969) Périmètre des Ouled Moussa, région de 840/44). Rapp. inéd. CEH, arch. MTPC/DH/DRE, 4 pp., 1
Benguerir, conditions d'exploitation des forages 839 et coupe.
840/44. Rapp. Inéd. MTPC/DH/DRE, 2 pp,
TOUJAN S. (1954) : Note pédologique sur le périmètre d'El-Kelaa
GENÉTIER B. (1969) Alimentation en eau de Sidi-bou-Othmane, des Srarhna. Soc. Sci. natur. & phys. Maroc, Trav. Sect.
exploitation du puits 1666/44. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, pédologie, Rabat, t. 8 & 9, pp. 135-152.
3 pp., 2 fig.
2.18.
JBILETE ET MOUISSATE
Table des matières
Présentation géographique
Ces deux unités, différentes sur le plan géologique cultures; il s'agit essentiellement de céréales, d'oliviers
et hydrogéologique, ont néanmoins des caractéristiques et de figuiers cultivés ou plantés dans les fonds de
communes en ce qui concerne la géographie, la vallées. Un cheptel d'environ 360 000 têtes, composé
climatologie et l'hydrographie. pour les 3/4 d'ovins, sillonne les pentes. Les seules
ressources minières importantes sont constituées par
Les Jbilete, ou « petites montagnes », sont bordées des filons de pyrrhotine exploités dans la mine de
au Nord par la plaine de la Bahira et au Sud par celle Kettara, à 30 km au NW de Marrakech, pour le
du Haouz de Marrakech; à l'Est elles se terminent en complexe chimique de Safi.
biseau contre le Haut Atlas tandis qu'à l'Ouest elles
s'ennoient sous le plateau des Mouissate qui surplombe Le réseau hydrographique se compose de nombreux
lui-même la plaine des Abda. Les altitudes ne petits oueds, longs d'une vingtaine de kilomètres au
dépassent guère 800 m dans les Mouissate et 1 000 m maximum, qui n'ont d'eau dans leur lit que lors des
dans les Jbilete. La superficie des Jbilete est de l'ordre pluies. Ils sont soit tributaires des plaines de la Bahira
de 3 500 km2 et celle des Mouissate de 1 800 km2. ou des Abda, soit au Sud de l'oued Tennsift. Celui-ci
longe ou entame légèrement les Jbilete et les Mouissate
Cet ensemble est le siège d'un habitat très dispersé; dans leur bordure méridionale sur une longueur de 150
la population est au nombre d'environ 150 000 km. A l'Est des Jbilete, les oueds Gaino et Tessaoute
habitants ; il n'est traversé que par quelques voies de font communiquer par leurs trouées les plaines du
communication (routes et voie ferrée) en ses points Haouz et de la Bahira.
bas. Moins du 1/6e de la superficie fait l'objet de
Géologie
Dans les Jbilete les formations géologiques sont batholithes ou de sills, et par des filons minéralisés.
presque toutes paléozoïques. A l'Est, le terrain dominant est le Silurien schisto-
gréseux reposant sans doute sur l'Ordovicien.
Les Jbilete occidentales correspondent aux schistes
et aux grès (exception faite du Jbel Irhoud, calcaire) Considérées sous l'angle de la tectonique, les Jbilete
cambriens et très probablement aussi ordoviciens. sont un édifice complexe résultant de la superposition
de deux orogénies :
Les roches de la partie centrale de la chaîne sont - l'orogénie hercynienne post-viséenne a donné
constituées principalement par une série schisteuse naissance à un synclinorium dont l'axe N-S est
puissante et monotone dont l'âge a été rapporté marqué par la série schisteuse de la partie
(Huvelin, 1961) au Viséen supérieur et au Namurien. centrale,
Cette série est recoupée par des granites, des - L’orogénie tertiaire a suffisamment retenti sur
microgranites, des gabbros et des dolérites, en forme de les Jbilete paléozoïques poux qu'elles s'offrent
394 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
maintenant comme une voûte orientée franchement W- Il s'agit d'une épaisse série de calcaires et de marno-
E et fermée périclinalement à ses deux extrémités. calcaires jaunâtres avec lits argileux et bancs de gypse
Des failles, dont les directions, sub-équatoriales, très fréquents et importants. La puissance de cette série
sont comprises entre ESE et ENE, hachèrent le socle au est voisine de 200 mètres et des lentilles de gypse ont
cours de ces plissements. été traversées par des sondages sur une épaisseur de
Les formations de couverture post-hercyniennes ont plus de 100 mètres. Ce gypse est intercalé en bancs
été entièrement déblayées par l'érosion sauf quelques réguliers ; il provient donc d'un dépôt marin ou
placages de Stéphano-Trias continental aux extrémités lagunaire sans remaniement ni déformation.
occidentale et orientale. Cette couverture de Jurassique supérieur a été
Les formations quaternaires sont représentées par affectée par la tectonique tertiaire qui a soulevé les
des arènes, des cailloutis et des alluvions de fonds de Jbilete il en résulte quelques failles et quelques
vallées. Elles couvrent une superficie très réduite et leur flexures.
puissance est en général très faible.
L'oued Tennsift qui recoupe la partie sud de ce
Les Mouissate sont entièrement constitués par les massif a déposé des alluvions le long de son cours; ce
formations du Jurassique supérieur qui est transgressif sont les seules formatons récentes de quelque
sur le Paléozoïque ou le Stéphano-Trias de l'extrémité importance des Mouissate.
occidentale des Jbilete.
CLIMATOLOGIE 1933-1963
FIG. 157
JBILETE ET MOUISSATE 395
période, on a relevé à Marrakech (altitude : 470 m) une Le climat est semi-aride, chaud, à forts contrastes
moyenne de 250 mm. Aucune mesure ne permet de se de températures. La culture est partout aléatoire,
faire une idée sur l'abondance des pluies dans les zones consacrée essentiellement à l'orge,
d'altitude entre 500 et 1 000 m.
Hydrogéologie
Formations anciennes,
A Formations argilo-gréseuses rouges PERMO-TRIAS
Et Tleta de Sedimentaires, peu pérmeables
PRIMAIRE
OCENA ATLANTIQUE
A ou
n
Chemaïa jn
Me
El
dd
Se El Kelaa
des Srarhna
B A
A
TE
I R
H
SA
IS
Sidi Bou E O.
U
La
O
kh
da
Otmane
M
r
J T
B E
ougi?
I L Skoura
t
aou
O. Ard
Ou
e ss
ed
O. T
TENSIFT
O
O. R
.N
dat
O.
'fis
Ch
H Marrakech
ich
A
ao
O U Z
ua
Dans la vallée de l'oued Tennsift, les alluvions sont toujours salées (2 à 5 g/l de résidu sec; faciès chloruré
le siège d'un sous-écoulement, mais les eaux en sont sodique).
Conclusions — Bilan
Ces « petites montagnes » ne sont alimentées en eau Ce plateau également n'est alimenté en eau que par
que par les précipitations directes. Les trouées du Gaïno les précipitations directes; le long de l'oued Tennsift
et de la Tessaoute dans la partie orientale, les coupures cependant une partie des eaux superficielles d'origine
de l'oued Tennsift dans la bordure sud ne sont que des atlasique peut s'infiltrer dans les calcaires du Jurassique
interruptions par où ne font que transiter des eaux sous les alluvions.
superficielles et souterraines d'origine atlasique.
Pour une pluviométrie annuelle moyenne de 300
Pour une pluviométrie moyenne annuelle de 265 mm mm et en considérant que le coefficient d'infiltration peut
et en considérant que le coefficient d'infiltration est être de l'ordre de 10 % dans les formations calcaires, on
inférieur à 10 % dans les formations schisteuses qui déduit que la quantité d'eau infiltrée sur ce plateau est
composent cette chaîne, on déduit que la quantité d'eau d'environ 50 millions de m3 par an, ce qui représente
infiltrée sur l'ensemble des Jbilete est inférieure à 120 moins de 1 l/s par km2.
millions de m3 par an, ce qui représente moins de 1 l/s Cette eau s'infiltre profondément et, au contact du
par km2. gypse, devient de mauvaise qualité; après avoir
Les puits d'exploitation, de même que les cultures, cheminée en profondeur sous la plaine des Abda elle
sont concentrés dans les fonds de vallées; ils peuvent y s'abouche directement à la mer ; l'exploitation est à peu
bénéficier du drainage des versants; les prélèvements près nulle. Mise à part une étroite zone le long de l'oued
sont dans l'ensemble faibles et n'excédent probablement Tennsift, les besoins de l'alimentation en eau sont
pas l'alimentation. satisfaits essentiellement par des citernes.
REFERENCES
COCHET A. (1960) : Région Sidi Tiji—Tleta Bouguedra. Etude GIGOUT M. (1951) Etudes géologiques sur la Méséta, marocaine
hydrogéologique, possibilités en eau potable pour les nouveaux occidentale. Notes & M. Serv. géol. Maroc, n' 86, 507 pp.
souks de ces 2 centres. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE.
AUVENTS P. (1961) Sur l'âge viséen supérieur des schistes de Kettara
COCHET. A. (1961) : Mine de Skoura. Etude hydrogéologique. et du jbel Sarhlef (Jebitet centrales, Maroc). C.R. somm. Soc.
Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE géol. Fr., 10, pp. 290-291.
COCHET A. & H A Z A N , R. (1961) Etude des exutoires NE du
Haouz (trouées du Gaino et de la Tessaoute). Etude MARGAT J. (1961) Les eaux salées au Maroc. Notes & M. Serv. géol.
hydrogéologique et estimation des débits d'écoulement Maroc, n° 151, 138 pp.
souterrain. Rapp. inéd. MTPC/DH/ DRE.
COCHET A. (1961) Etude hydrogéologique pour une adduction d'eau MAZEAS J.P. & NATAF M. (1967) : Le gypse de la région de Safi;
gisements, utilisations, marchés. R. Géogr. Maroc, Rabat, n°
à la mine de Kettara. Rapp. Inéd. MTPC/DH/DRE. 12, pp. 91-112.
2.19.
LE HAOUZ DE MARRAKECH
ET LE BASSIN DU MEJJATE
Table des matières
LE HAOUZ DE MARRAKECH
ET LE BASSIN DU MEJJATE
par
Entre les contreforts de la chaîne atlasique au Sud a favorisé la constitution de deux grands réseaux
et les chaînons des Jbilete au Nord, entre les plateaux hydrographiques qui, bien que de régime très irrégulier,
d'Essaouira-Chichaoua à l'Ouest et les premiers versants ont profondément marqué le Haouz de leur empreinte.
du Moyen Atlas à l'Est, le Haouz de Marrakech et le Ce sont :
bassin du Mejjate constituent une vaste plaine alluviale — Le système du Tennsift, collecteur au cours Est-
d'environ 6 000 km2 de superficie. Fermée de toute part, Ouest qui, prenant sa source à Ras-el-Aïn, dans la partie
elle prend ainsi l'apparence d'une dépression large orientale de la plaine, reçoit en hiver l'apport d'oueds
d'environ 40 km et allongée d'Est en Ouest sur plus de atlasiques : R'dat, Zat, Réraya et N'Fis.
150 km. Dominée par les hauts sommets de l'Atlas qui, — Le système de la Tessaoute et du Lakhdar qui,
au Jbel Toubkal culmine à 4 165 m, bordée par les perçant la fermeture des Jbilete, rejoint le bassin de
reliefs plus mous des Jbilete qui s'élèvent à 1 061 m, la l'Oum-er-Rbia.
plaine offre le contraste de sa platitude et d'une
morphologie monotone à laquelle un climat semi aride a De ces caractères morphologiques et hydro-
conféré un aspect steppique, quasiment saharien. La graphiques résulte la division géographique habituelle
bordure sud en est toutefois plus accidentée, elle se du Haouz en trois unités: orientale, centrale et occi-
raccorde progressivement à la montagne dont elle reçoit dentale, correspondant respectivement soit au bassin de
les éboulis et les cônes torrentiels. De là, l'altitude la Tessaoute moyenne, entre les oueds Lakhdar et R'dat,
décroît insensiblement vers le Nord, passant ainsi de soit aux terres comprises entre R'dat et N'Fis, soit enfin
900 à 300 mètres. Enfin, près de l'oued N'Fis, une ligne au bassin du N'Fis augmenté de ceux du Mejjate,
de collines, les monts Mzoudia, de direction SE-NW, d'Imin-Tanout et de Chichaoua.
séparent le Haouz proprement dit du bassin du Mejjate. La population du Haouz atteint le chiffre d'environ
Le climat plus humide des versants nord de l'Atlas 400 000 habitants, très inégalement répartis entre la
campagne et la ville. Le secteur rural intéresse au total
400 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
COUPE GEOLOGIQUE 1
( FIG. 160 )
CADRE GEOGRAPHIQUE
YEN
EL KELAA
MO LAS
0 1 2 3 4 5 km COUPE GEOLOGIQUE 2
(FIG. 160) O.
AT
LA
KH
DA
T
SAOU
R
L
TAMELELT NTA
COUPE GEOLOGIQUE 3
O RIE
Z
S
U
HAO
O. TE
( FIG.160 ) JBILETE SAHRIJ DEMNATE
OUED TE N
SIFT
O. C
O BgeMOULAY
MARRAKECH .E
SIDI ZOUINE L YOUSSEF
HICH
HA Si REHAL
JE
R
O. R
AOU
D AT
CHICHAOUA
A
O. Z
O.
O.R
N'F
EL
AT
O. IS
ERA
I
O. O
M
GUEMASSA
ELH
SIL
YA
BGE LALLA U
RIKA
TE
TAKERKOUST
A S
MEJJA ATL
T
AMIZMIZ HAU
44 000 personnes, ce qui conduit sur l'ensemble de la N'Fis et de Moulay-Youssef sur la Tessaoute — et la
plaine à une densité moyenne de 7 habitants au k m 2 . mise en place de réseaux d'irrigation modernes et de
L'habitat, souvent dispersé, se regroupe localement en stations de pompage dans la nappe phréatique ont
gros douars, voire en petits centres administratifs et accéléré la mutation du secteur agricole, la
commerciaux au développement rapide ; tels sont, d'Est
en Ouest, Demnate, Tamelelt, Aït-Ourir, Amizmiz, transformation des paysages et la mise en valeur plus
Chichaoua et Imin-Tanout. Quant aux activités large des terres. Quant au secteur urbain, il est
humaines, elles consistent essentiellement en la représenté par la ville de Marrakech, métropole
pratique ancestrale et traditionnelle de l'élevage, de la régionale de 340 000 habitants à vocation commerciale
culture bour et de la culture irriguée (céréales, agrumes et touristique, carrefour routier entre la côte Atlantique
et arboriculture) par séguias, rhettaras et pompages et le Moyen Atlas, entre le Nord du pays et les villes du
privés. Toutefois la réalisation de grands ouvrages Sud.
hydrauliques —les barrages de Lalla Takerkoust sur le
Géologie
STRATIGRAPHIE
iques. Tous les étages de la série géologique, du
Le Haouz de Marrakech doit être considéré comme Primaire au Quaternaire récent, sont représentés, sous
un bassin de sédimentation modérément subsident les faciès décrits par le tableau stratigraphique suivant.
avant-fosse d'origine tectonique dans laquelle se sont Ils connaissent toutefois une répartition très inégale
accumulées au Tertiaire (Néogène) et au Quaternaire, dans le sous-sol de la plaine, comme en témoignent
d'abondantes formations détritiques continentales et trois coupes schématiques Nord-Sud, dressées du Haut
fluviatiles, issues du démantèlement des chaînes Atlas- Atlas aux Jbilete (fig. 160).
COUPES GEOLOGIQUES SCHEMATIQUES NS DE LA PLAINE DU HAOUZ
N
S
COUPE I
Jbilete Haut Atlas
1200 m
Trouée du Gaino Sondage de la
El Kelaa Tessaout
900
600
3000 10 20 km
Haut
Asni Atlas
COUPE II Tahanout
Sondage de
1200 m J. Gueliz Ourika
Jbilete Marrakech
900 O. Tensift
600
0 10 20
300
Haut Atlas
J. Ourgouz. 1481 m
Jbilete COUPE III
Imi n'Tanout
Chichaoua Ras el Ain
O. Tensift
2000
1000
0
1000
0 5 10 15 20
LEGENDE
Conglomérats : Villafranchiens Marnes et Marno-calcaires Crétacé supérieur Calcaires lithologiques Jurassiques Quaternaire
Marnes gréseuses Miocène Continental Calcaires et Marnes Crétacé moyen Grés rouges Permo-Trias
Eocène et
Sables. Calcaires et Marnes phosphatés Marnes Crétacé inférieur Schistes Primaire non differencié
Maestrichien
Coupe I Haouz Orienal Coupe II: Haouz Central Coupe III: Mejjat
FIG. 160
402 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Série stratigraphique
D’après R. AMBROGGI & G. THUILLE (1952)
et A. COCHET (1962)
Puissance
Divisions géologiques Faciés
maximale
Sables, graviers et galets d'oueds. For-
Quaternaire récent Mations détritiques consolidées des ter- 50 m
rasses. Limons de la plaine
Conglomérats plus ou moins consolidés.
Villafranchien Marnes gréseuses et calcaires lacustres 100 m
TEMPERATURES
Sur l'ensemble de la plaine règne un climat con- Les contrastes en sont remarquables, avec des
tinental de type aride, caractérisé par une pluviosité et variations diurnes, saisonnières et annuelles. A Mar-
une hygrométrie faibles, une forte évaporation et des rakech, la moyenne annuelle, calculée sur 20 ans, est de
températures moyennes élevées, aux écarts mensuels et 19°8, avec pour extrêmes les valeurs suivantes: - 3 ° et
journaliers importants. 48°1, enregistrées l'une en février 1935 et l'autre en
juillet 1929.
Quant aux moyennes mensuelles, elles oscillent
PRECIPITATIONS généralement entre 11°5 en janvier et 28°8 en août.
Corrélativement, le nombre de jours d'insolation
Rares et peu abondantes, groupées pendant la saison moyenne se chiffre à 240, dont 119 d'insolation
froide, du mois de septembre au mois de mai, avec continue.
deux maxima en novembre-décembre et en mars-avril,
elles correspondent à une pluviométrie moyenne HYGROMETRIE - EVAPORATION
partout inférieure à 300 mm, irrégulière dans le temps Soulignant la sécheresse du climat, l'humidité
et dans l'espace. Ainsi, à Marrakech : relative passe en moyenne de 73 % en janvier à 33 %
— altitude ............................................... 470 m en juillet. Durant ce même mois, elle descend
— pluviométrie moyenne annuelle couramment à 18 % pondant l'après-midi, pour parfois
calculée sur 30 ans…………………….250 mm s'annuler par temps de chergui ou de sirocco. Ceux-ci,
— moyenne mensuelle maximale contrairement aux vents dominants originaires de
(décembre) …………………………….35mm l'Ouest ou du Nord-Ouest, soufflent respectivement de
— moyenne mensuelle minimale l'Est et du Sud, et ce, pour une durée cumulée d'environ
39 jours par an.
(juillet)…………………………………2 mm
— variabilité interannuelle ....................... 330 mm L'évaporation moyenne annuelle, mesurée sur 20
années à l'évaporomètre de Piche, est de 2 700 mm, les
En outre, géographiquement, les moyennes extrêmes mensuels moyens étant de 93 mm en
croissent d'Est en Ouest (proximité plus grande du lit- décembre et de 400 mm en août.
toral) et du Nord au Sud (augmentation de l'altitude).
404 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
CLIMATOLOGIE 1933-1963
FIG. 161
Hydrologie superficielle
'
Les principaux oueds, tous d origine atlasique, se souterraines circulant dans le Haouz, les divers bassins
regroupent en deux systèmes bien distincts intéressant, versants peuvent être classés entre eux par comparaison
l'un les domaines centraux et occidentaux de la plaine, de certaines de leurs caractéristiques fondamentales.
l'autre le Haouz oriental. Ce sont rappelons-le, celui du Aussi le tableau suivant indique-t-il, pour les
Tennsift qui, du R'Dat au Chichaoua, reçoit en rive principaux oueds, outre la superficie des bassins, leurs
gauche tous les oueds issus du versant nord de l'Atlas, paramètres physiques, lithologiques et pluviométriques
et celui de la Tessaoute et du Lakhdar, affluents de essentiels. On notera que les plus grandes surfaces de
l'Oum-er-Rbia. Alors que ce dernier système peut se réception sont situées dans le Haouz oriental : ce sont
caractériser par des bassins versants de grande étendue, celles de la Tessaoute et surtout du Lakhdar ; que les
des débits importants et des régimes relativement altitudes moyennes varient entre 1 500 et 3 000 m et
stables dans le temps, il n'en va pas de même pour le que les pentes des versants, plus fortes au centre du
réseau du Tennsift qui connaît à la fois des débits plus domaine, s'adoucissent sur ses extrémités. La
modestes et des variations saisonnières beaucoup plus composition lithologique des bassins versants intervient
importantes. Du point de vue morphologique, les lits à divers titres :
des cours d'eau ne sont généralement pas encore — le pourcentage en roches meubles à l'affleu-
stabilisés et chaque crue provoque la dégradation des rement conditionne le débit solide des cours d'eau, donc
berges et le creusement de nouveaux chenaux ; les lits en particulier les possibilités d'envasement des
mineurs sont toujours très étroits, à la différence des lits barrages. A ce titre, les terrains érodables, essen-
majeurs dont la largeur peut couramment atteindre 500 tiellement triasiques, abondent à l'Ouest du R'Dat
à 1 000 m. (réseau du Tennsift) ;
LES BASSINS VERSANTS — la proportion de terrains superficiels imper-
méables agit sur l'infiltration et le ruissellement des
Collecteurs de toutes les eaux superficielles ou eaux le long des pentes, ainsi que, plus en aval, sur la
HAOUZ DE MARRAKECH ET MEJJATE 405
composition du milieu alluvionnaire: transmissivités du du Haouz est favorisée par la présence, plus au Sud, de
sous-sol et possibilités d 'alimentation des nappes formations calcaires perméables susceptibles d'em-
souterraines en sont fonction. Là encore, l'unité orientale magasiner l'eau et de régulariser les régimes.
Bassins versants
Caractéristiques Lithologie
Indice
Superficie
OUED
Hauteur pente P. S P. I. pluviométrique
moyenne
km2 m % % % % mm
Autre conséquence, les transmissivités des format- l/s, c'est-à-dire à un apport moyen annuel d'environ 1,5
ions néogènes et quaternaires de la plaine y sont, nous milliards de m3. En particulier, la part des oueds
le verrons, plus élevées. Lakhdar et Tessaoute représente à elle seule plus de la
Enfin, en ce qui concerne la pluviométrie et si l'on moitié de ces totaux, soit un débit de 28 300 1/s (900
excepte le bassin versant du Reraya dont la hauteur millions de m3 par an).
moyenne est très élevée, les précipitations sont plus
Tous les régimes sont caractérisés par leur va-
abondantes sur les bassins de la Tessaoute et du
riabilité saisonnière et interannuelle : les oueds coulent
Lakhdar qui sont seuls, en outre, à connaître un
en hiver et la plus grosse partie des débits est évacuée
enneigement durable.
par les crues qui, au printemps, après la fonte des
neiges et les pluies, atteignent leur intensité maximale.
LES DEBITS ET LES REGIMES L'étiage est en août, seuls coulent encore à cette époque
Viennent dans le tableau suivant les débits des la Tessaoute et le Lakhdar qui, pour l'ensemble des
principaux oueds atlasiques. Calculés sur une période raisons lithologiques et climatologiques déjà citées,
d'observation d'une quarantaine d'années (1932-1970), connaissent des régimes plus stables dans le temps que
après dépouillement de jaugeages effectués au flotteur le système du Tennsift.
ou au moulinet, ils conduisent à un débit total de 47950
406 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Les crues que provoquent des averses violentes, révèlent oriental, aux dépens de la nappe phréatique. De là, son
des hydrogrammes « en pic », caractérisés par une apparition alimentation procède, soit du drainage de cette même nappe
subite, un temps de montée très court et une décrue tout aussi tout au long du cours de l'oued, soit des débits apportés par
rapide, succession qui souligne les caractéristiques les affluents, essentiellement pendant leurs crues. La part du
morphologiques des bassins versants, et notamment la drainage est connue : elle vaut en moyenne 2 500 l/s qui
raideur de leurs pentes et le faible taux de leur boisement. représentent environ 80 millions de m3 par an. Par contre,
l'apport en eaux superficielles est bien difficilement
Dans tout ce schéma, le cas du Tennsift est quelque peu chiffrable, à cause de la complexité d'utilisation de ces eaux.
particulier. Dépourvu de haut bassin versant, il coule d'Est en Aussi des mesures systématiques par jaugeages différentiels
Ouest, ayant pris sa source à Ras-el-Aïn, dans le Haouz ont-elles été récemment décidées pour lever cette incertitude.
Unité Unité
Oum-er-Rbia Tennsift
LE RESEAU DES SEGUIAS sur ordinateur a conduit aux valeurs moyennes inscrites
dans le tableau précédent. Ce tableau précise en outre le
Les séguias sont des ouvrages destinés à l'irrigation débit résiduel des oueds après les ouvrages de prise et
des terres par les eaux superficielles se composant d'une la proportion, en pourcentage, des eaux ainsi captées.
prise sur oued au fil de l'eau, de canaux primaires de
distribution et de ramifications secondaires au niveau CHIMIE DES EAUX SUPERFICIELLES
des parcelles cultivées. Il s'agit, dans le Haouz, d'un
ensemble essentiellement traditionnel, au tracé A leur entrée dans le Haouz, la salure des différents
extraordinairement complexe, directement façonné dans oueds dépend directement de la nature des bassins
la terre, rarement bétonné. La Tessaoute fait toutefois versants, c'est-à-dire de l'extension à l'affleurement des
exception à ce schéma avec un réseau moderne en cours formations continentales et lagunaires et notamment des
d'achèvement, alimenté par le barrage Moulay-Youssef, terrains salifères permo-triasiques.
ainsi que l'oued N'Fis avec le barrage de Lalla-
Takerkoust dont dépend depuis 1937, un système Mais elle est aussi fonction de la saison : maximale
d'adduction rationnel. Les prises se regroupent à l'étiage d'été, puis en automne lorsque les premières
généralement toutes au débouché des oueds sur la pluies lessivent sur le sol les encroûtements salins, elle
plaine; elles s'échelonnent parfois plus à l'aval. Ce sont, décroît avec les crues d'hiver et de printemps. Dans ces
pour la plupart, de simples murettes en pierre, conditions, le résidu sec de l'eau des oueds peut varier
suffisantes pour détourner de l'oued la totalité de son de 0,1 à 5 g/l; il ne dépasse toutefois 1 g/1 qu'en étiage.
débit; mais, d'un autre côté, la possibilité de destruction et pour les oueds R'Dat et Zat dont les bassins versants
par les crues évite la surcharge, le débordement et la sont particulièrement riches en Permo-Trias. Par
détérioration de tout le réseau des séguias. Les débits ailleurs, les eaux superficielles sortant du Haouz sont
de ces ouvrages, mesurés journellement au flotteur salées : le Tennsift et le Gaïno connaissent des résidus
depuis trente ans par les services des Travaux Publics et secs compris à l'étiage entre 1 et 5 g/1.
de l'Agriculture, apparaissent sous la forme d'un Du point de vue de leur chimie, les .eaux ont essent-
ensemble considérable de mesures dont le iellement le faciès chloruré-sodique.
dépouillement n'a pu être envisagé que par voie
automatique. L'homogénéité de présentation des ar-
chives en a permis la perforation directe, et le traitement
Hydrogéologie
Les premières études hydrogéologiques de la plaine ement toutefois s'intercalent des bancs de grès et de
remontent à l'année 1948, date de implantation à quartzites qui, fissurés, sont le siège d'un écoulement:
Marrakech d'une section régionale du Centre des c'est le cas au Nord de Tamelelt où il y a
Etudes Hydrogéologiques. Dès lors furent menés de individualisation d'une nappe aquifère au sein des
nombreux travaux concernant plus spécialement les assises primaires des Jbilete.
problèmes de lithologie et de structure dans le Haouz et Quant aux formations perméables du Secondaire et
ses bordures, l'inventaire des ressources en eau avec la de l'Eocène, elles ont été reconnues en 1951 par J.-R.
constitution du fichier, la définition des divers horizons Villemur tout au long de la bordure atlasique où elles se
aquifères et la détermination de leurs caractéristiques. marquent par des lignes de sources plus ou moins
GÉNÉRALITÉS abondantes. Le pendage des bancs vers le Nord et leur
plongement sous le recouvrement détritique récent,
autoriserait à supposer l'existence, dans le Haouz, de
L'alternance, dans la série géologique, de niveaux nappes profondes captives. Cette hypothèse est fondée
imperméables et de couches susceptibles de circulation dans le cas du Haouz occidental où les couvertures
d'eau interstitielle ou fissurale rend possible la anté-néogènes ont été conservées (coupe III de la figure
définition d'un certain nombre de réservoirs. Ce sont, 160) : les trois nappes du Jurassique supérieur, du
au-dessus d'un substratum primaire et permo-triasique Cénomano-Turonien et de l'Eocène y sont connues.
généralement imperméable, ceux du Jurassique, du Caractérisées par un écoulement fissurai orienté vers le
Crétacé (Cénomano-Turonien) et de l'Eocène (calcaires Nord, elles se manifestent le long de l'oued Chichaoua,
et sables phosphatés de l'Eocène inférieur, calcaires là où sa vallée recoupe le point haut des structures, par
blancs gréseux de l'Eocène supérieur), d'autre part le un ensemble de sources dont le débit global atteint
remplissage alluvial néogène et quaternaire. 1000 l / s ; au contraire, vers le centre des deux cuvettes
L'imperméabilité du Paléozoïque est essentiellem- synclinales d'Imin-Tanoute et de Chichaoua, l'eau est
ent due à l'abondance de ses séries schisteuses. Local- captive, ainsi que l'ont montré divers sondages de
reconnaissance ci-après répertoriés.
Reconnaissance par sondages des nappes profondes
HAOUZ OCCIDENTAL
Turonien Calcaires au-dessus Débit artésien très
150/52 167,70 81,50 160 - 325 0,05 0
Cénomanien Grès et Marnes du sol faible
396/52 171,40 83,70 Lutétien Calcaires 149 - 180 129 0,85 0,6 Nappes en charge
Turonien Calcaires 460 - 495 111 1 0
Disparition du
397/52 180,90 90,35 Lutétien Calcaires 121 - 150 43 3,2 0,21
Turonien
HAOUZ CENTRAL
Eocène 18 4 20
800/53 264,40 100,40 495 - 560 Imperméable
Crétacé moyen Marnes — — —
595
HAOUZ ORIENTAL
Calcaires et Contact direct
648/45 341,30 134,10 Lias 220 - 370 59 0,1 59
Marnes Lias-Néogène
HAOUZ DE MARRAKECH ET MEJJATE 409
FEITOUT
aout
6 ANNEXE ASSOUFID 7
TAMELELT
Tess
7
0
81
ed
Ou
Oued
DEMNAT
5 Tens
ift 5 Ou e
dR
dat
O.
5
570
Ou
El
3
ed
MARRAKECH
H aja
r
Si RAHAL
1 4 570
5
MZOUDA
AIT OURIR
Oued
O
6
ue
Oued Rmel
d
N'F
is
550
Ou
Issil
ed
5 2
Re
Zat
ray
a
5
800
BARRAGE
LALLA TAHANOUT
TAKERKOUST
0 5 10 15 20 km
AMIZMIZ
FEITOUT
aout
6 ANNEXE ASSOUFID 7
TAMELELT
Tess
7
0
81
ed
Ou
Oued
DEMNAT
5 Tens
ift 5 Oue
d Rd
at
O.
5
570
Ou
El
3
ed
MARRAKECH
H aja
r
Si RAHAL
1 4 570
5
MZOUDA
AIT OURIR
Oued
O
6
ue
Oued Rmel
d
N'F
is
550
Ou
Issil
ed
5 2
Re
Z at
ray
a
5
800
BARRAGE
LALLA TAHANOUT
TAKERKOUST
0 5 10 15 20 km
AMIZMIZ
l'Atlas, fosse d'Assoufid) jusqu'à des valeurs très faibles C’est la conséquence d'une plus grande richesse des
(seuil d'Assoufid) ou nulles (Tennsift). bassins versants centraux en roches argileuses ou
marneuses. Cela dit, la carte des transmissivités se
De l'hétérogénéité des lithologies et des puissances caractérise, dans le détail, par une extrême complexité.
découle la diversité des chiffres caractérisant le
comportement hydrodynamique de la roche magasin: On y distinguera des chenaux fluviatiles plus
transmissivité et coefficient d'emmagasinement. Ces perméables : ce sont d'Ouest en Est ceux du N'Fis
grandeurs ont été testées soit au hasard de la mise en (2,4.10-2 m2/s), du Reraya (1 à 2.10-2 m2/s) et des
service d'ouvrages captants, soit depuis 1970, grâce à oueds Ourika, Ramat et El-Hajar (1 à 2,4.10-2 m 2/s),
des campagnes systématiques do pompages d'essais sur auxquels ils convient d'ajouter, plus à l'Est, deux
puits privés et forages. Au nombre d'environ 200, hétérogénéités (4,2.10-2 m2 /s) évoquant, par leur
répartis plus ou moins uniformément sur l'ensemble du manque de continuité, les méandres éventuels d'un
domaine, plus rares sur les bordures, ils dénotent en paléo-cours du Zat. Milite en faveur de cette hypothèse
général une homogénéité assez grossière mais réelle du la saute d'orientation de l'oued dont le cours,
réservoir, avec les fourchettes moyennes suivantes : primitivement SSE-NNW, devient en amont de Ta-
— transmissivité comprise entre 2.10-3 et 2 . 1 0 -2 feriat brusquement Est-Ouest ; un ancien tracé, plus
m2/s, rectiligne, est morphologiquement possible. Quant au
— coefficient d'emmagasinement compris entre 1 et cône actuel, il est l'exemple typique d'un allu-
8%. vionnement colmaté par une matrice argileuse (de 1,5 à
2,5.10-3 m2/s). Au Sud-Ouest de Marrakech, la flexure
Allant plus loin, le recours aux modèles a permis d'Assoufid s'inscrit nettement dans la carte par une
l'établissement d'une carte synthétique des trans- zonation des transmissivités en bandes d'extension
missivités (fig. 165) qui fait bien apparaître les diverses SW-NE. Faibles au niveau du seuil (de 0,8 à 4.10-3
unités de la nappe, mettant de plus en évidence les m2/s), elles augmentent en aval de celui-ci, traduisent
formations de chenaux, les fosses et les zones ainsi l'existence de la fosse bordière et prouvent du
marginales. même coup la grande puissance locale de la nappe :
elle serait présente sur plusieurs centaines de mètres et
Haouz oriental non pas localisée, comme on pouvait le penser, dans
une tranche assez mince de terrains superficiels. Enfin,
Dans un fond de terrains de transmissivité entre les oueds Ourika et Reraya, s'individualisent
constante (1,2 à 1,5.10-2 m2/s), s'individualisent trois différentes zones de mauvaise qualité hydrodynamique
hétérogénéités principales: le cône de la Tessaoute de (6.10-3 à 10-4m2/s), due à une cimentation argileuse du
meilleure caractéristique (3 à 4.10-2 m2/s) et les confins vaste éboulis descendu des versants. A ce propos, la
de la nappe au Sud de Sahrij ou au Nord de Feitout (T rive droite du Reraya montre l'existence d'une zonation
= 6.10-3 m2/s). Le cône de la Tessaoute se présente sous en éventail tout à fait remarquable, car elle rend
la forme d'un vaste domaine d'allongement SW-NE compte de la morphologie actuelle du paysage et peut
dont on peut expliquer les propriétés de bonne être corrélée avec l'emboîtement des terrasses
transmissivité par le dépôt, en bas des versants, fluviatiles.
d'alluvions fluviatiles très grossières. Il se serait
progressivement accru au fur et à mesure du
changement de cours de la Tessaoute qui coulait MORPHOLOGIE DE LA NAPPE
primitivement vers le Tennsift selon le tracé de Les travaux ont consisté en un levé général de
l'actuelle séguia Sultania. A Feitout, au contraire, les points d'eau effectué en 1971 dans le but de dresser des
qualités médiocres du réservoir sont imputables à la cartes de piézométrie, de profondeur et de conductivité
réduction de sa puissance et au changement latéral de de la nappe. Les particularités de cette campagne,
son faciès; c'est en effet à ce niveau que se produit venant 20 ans après celle de G. Thuille qui avait
l'abouchement entre les schistes et quartzites primaires conduit à l'expression d'une première piézométrie, et 9
des Jbilete peu perméables, et les alluvions ans après celle de A. Cochet, ont été d'une part
quaternaires. Enfin, c'est à un fait structural, la ride de l'imposition d'un délai d'intervention très court (un
Sahrij, que l'on doit, décroissant vers le Sud, les très mois), permettant de comparer toutes les mesures
faibles transmissivités observables vers l'extrémité entres elles, d'autre part le choix de 1 400 points
orientale de la plaine. d'observation très uniformément répartis, à une densité
moyenne d'environ 1 point tous les 4 km2.
Haouz central
Le réseau a été, dans la mesure du possible, serré
Les terrains y sont généralement moins perméables au maximum sur les bordures du réservoir, afin de
et la transmissivité moyenne y vaut 6.10-3 m 2 / s ;
330
260
290
300
250
270
320
310
280
DIRECTION DE L'HYDRAULIQUE
DIVISION DES RESSOURCES EN EAU
140 140
TAMELELT
300
T
O
UE
D
300
220
230
240
1200 100
AS
OU
E
SIL
ED
3600 TID
M
130
OUED
I 600 10 130
2400
TENSIFT
J B TENS
IFT
FOSSE D'ASSOUFID
OUED
Si ZOUINE
1200
600
OU
4200
ED
120 120
600 -600 4200 CONE DE DEJECTION
2400 1200 BARRAGE
DE L'OUED TESSAOUT MLY YOUSSEF
OU
1000
OU
ED
ED
2400
1200
R
2400 150
DA
T
TE
SS
CONE DE DEJECTION
AO
CHENAL DE L'OUED 2400
UT
250
DE L'OUED ZAT LA
RH
N'FIS
110 110
1000
150 0 250
15
0 400
40 1000 1000
OU
ED
10
1000
200
CHENAL DE L'OUED
1400
330
300
320
OU
310
OURIKA
ED
1000 600
FLEXURE D'ASSOUFID M
EL
LEGENDE
ZA
LA
H
T
50
1000 LIMITE DU RESERVOIR AQUIFERE
N
'F
IS LIMITE PROBABLE DU RESERVOIR AQUIFERE
100
10 LIMITE DE COURANT (limite du modèle)
50
CHENAL DE L'OUED VALEURS DES ZONES DE TRANSMISSIVITES EN 10-5 m²/s
RERAYA
90 90
10 à 80 100 à 200
BARRAGE
LALLA 10 100
200 à 300 400 à 600
O
TAKERKOUST
UR
IK
A
Aa
kil 1000 à 2000 2000 à 4200
Talb
CONE D'EBOULIS 0 2 4 6 8 10 km
aht?
260
290
220
250
270
280
ECHELLE
230
240
290
300
270
240
310
260
280
320
330
340
350
230
200
210
220
XX
O
GAIN
55 DRAINAGE TESSAOUT
0
0
55
PLAINE DU HAOUZ 650 l/s
ED
150 150
OU
550
0
55
OU
ENTREE 140 l/s ED
1000 l/s
0
60
C. BERNERT -- J.P. PROST
J B I L E T
O
U
ED
140 140
SEGUIA SULTANIA
ATTAOUIA ECH CHAIBIA
190
180
UT
IS
SIL
AO
SS
TE
DRAINAGE N'FIS
OUED
460 l/s
ED
DRAINAGE RDAT NAPPE
OU
OUED 160 l/s OUED
TENSIFT
0
30
130 130
DRAINAGE TENSIFT CAPTIVE
OU
ED
OU
NS
TE
420 l/s DEMNATE
0
TENSIFT
0
35
50
LA
OUED
CH
RH
0
40
ICHA
BO
0 OU
ED
45
U
O.
OU
EL
Si ZOUINE
A
600
PRELEVEMENTS ENTREE 1600 l/s
HAJ
300 100 l/s RD
AT
AR
RHRASS ?
OU
OU
ED
ED
120 120
MARRAKECH Si RAHAL
OUED
BARRAGE
PRELEVEMENTS MLY YOUSSEF
2800 l/s ENTREE 120 l/s
OUED
550
OU
55
OUED N'FIS + SEGUIAS OUED
ED
0
350
INJECTION 1500 l/s IMI
BAAJA
ZA
T 600
ZAT
TE
SS
400
AO
0
65 S
UT
AIT OURIR
LA
AT
110 CHICHAOUA 110
OU
ED
N'FI
S
OUED
450
OU
ED
ENTREE 180 l/s
ISSI
RHMAT ?
?
500
GUEDJI
UT
L
45
0
OU
OUED ZAT+ SEGUIAS HA
RD
ED INJECTION 750 l/s
AT
ED
450
ENTREE 900 l/s
OU
65 OU
ED
0
RE
550
100 100
R
50
AY
0
ZAT
EL
700
LA
H
500
0
65
290
300
310
320
330
340
350
ENTREE 70 l/s
750
N'F
700
IS
550 0
75
800 80 LEGENDE
0 OUED OURIKA + SEGUIAS
500
INJECTION 2000 l/s
90 SEGUIAS OUED ZAT
90 Affleurements de roche primaire INJECTION 750 l/s
Valeur moyenne des débits d'injections au niveau des reseaux
ASS
PRELEVEMENTS
BARRAGE Valeur des débits prélevés en 1970 par pompage, rhettaras et sources,
ASSIF
TAHANAOUT
IF
1000 l/s
LALLA 650 courbe isopiézomètrique sûre
OUED
TAKERKOUST en admettant les coefficents d'infiltration suivants
OUED
OUED RERAYA + SEGUIAS
INJECTION 1200 l/s 700 Courbe isopiézomètrique probable
- Profondeur de la nappe inférieur à 10 m : 50%
AS
AAKIL
TALBAHT?
SIF
OU
RIK
YA
Limite étanche
A
80 80
IZ
IZM Limite d'alimentation Débit calculé sur modèle
AM
CARTE PIEZOMETRIQUE CONSTRUITE A PARTIR DE 1400 MESURES DE
OUED
ED
Limite d'alimentation Débit inconnu
OU HAUT ATLAS NIVEAU D'EAU EFFECTUEES DU 1 AU 30 AVRIL 1971
AMIZMIZ
Oued pérenne ECHELLE
260
270
240
280
230
200
210
190
220
180
FIG. 166
250
290
300
310
350
270
330
340
320
260
280
240
230
210
200
220
INO
312
314
GA
DIRECTION DE L'HYDRAULIQUE
00
50
324
ED
156
OU
316
5
154 154
-22
318
326
322
10000
-22
3000
152 152
-162 -57
PLAINE DU HAOUZ -47 -52 -5 -6 -9 -23
200
0
00
8000
2500
15
+35 +35 +35
304
150 150
-55 -50 -23 -9 -33 -27 -94 -22 -171
-13
306
1500
CARTE DES ENTREES SORTIES 250
0 +17 +17 +17 OU
10
30--X
00 148
5
148 ED
-3 -16 -11 -36 -26 --X -37 -3
15
DES PROFONDEURS
10
334
00 10
298
00
+17
00
1500 20 +13 +17 +17
294
296
-4 -50 -1 -5 -2
292
-1 -6 -4
5
288
ET DES CONDUCTIVITES
336
00 LA
40 +13 +13 +13 +13
KH
D
+21 AR
5
1500
144
-3 -1 -21 -5 -9 -1 -1
DE LA NAPPE
1000
+20 +20 +20 +20 +20 +13 +13 30
142
4000
1971 -1 -5 -2 -19 -3 -9
284
1000
3000
J B I L E T
O
C. BERNERT - J.P. PROST
UE
+25 150
D
140
282
140 0
-6 -1 -7 -5 -24 -8 ATTAOUIA
+150 ECH CHAIBIA 1500
OUED
190
180
TAMELELT
1500
30 000
138
-4 -5 -4 -2 -14 -11 -10 -10
00
UT
2
IS
10
SIL
AO
00
SS
60
TE
5
136
-30 -10 -9 -1 -10 -10
TID
50
3000
30 200
M
00 0
I
134
-2 -3
OUED
5 70 3000
1500
2000
288
132 90
-1
ED
206
218
232
228
OU
216
25
226
208
236
234
15 +107 2
00
222
OUED
224
OUED
214
TENSIFT 00 00 130
212
238
130 0
-2 3000 -116
286
-2 -6 -4 2000 DEMNATE
342
OU
202
242
2000 -1 20 +201 +172 +97 +35
ED
OU
338
194
00
40
284
IFT
204
ED
334
128
+317
00
282
25 +300
196
128 NS
50
TE
246
00
?
-1 -4 -1 -7 -1
10
-2 -1
00
-9
328
5000
278
326
?
252
00
248
15 TENSIFT -24 +10 -2
182
272
274
126 126
+209
276
184
LA
126 50 OUED
266
254
-12500 -24
3000
-- +1 +1
268
00 -4 -1
RH
256
-2 -5 -5 -15 -5 -2 -159
262
-1 +12
264
CH
-1
258
-1 3000 4
30 000? 0?
186
188
+12
BO
ICHA
322
OU
00 +20 ED +9
00
+5 +5 O.
2000 +13 +20 +10
U
10
OU
124 124
-15 -40 -47 +24
EL
Si ZOUINE -8 -25 -1 -6 -10 -25 9 -4 -5 -10 -10 -12 -12 -24 +24 -3 -11 -10 -24 -7 -23 -75 -5 -15
A
-10
192
318
25
-2
HAJ
RD
00
00
+18 AT
+10 +15 +11 +18 +13
AR
+20
90
15
+20 +20 +20 +20
OU
+20
RHRASS
122
OU
122
-24 -1
ED
-2 -3 -19 -12 -20 -14 -28 -38 -20 -15 -29 -9 -19 -6 -13 -21 -6
314
-1 -49 -10 -5 -1 -27 -16 -11 -4 -24 -20 -32 -22 -23
ED
2000
312
0 +75 +50
300 +10 +10 +15 +20 +20 +20 +5 MARRAKECH +2 +14 +13 120
120
-9 -5 -16 -25 -5 -28 -3 -3 -15 -5 -39 -23 -10 -12 -11 -9 -53 -27 -18 -20 -16 -27 -1 -1 -1 -2 00 Si RAHAL
308
-2 -1 -1 -4 -7 -19 10
1500
OUED
2500
+6 +10
304
+10 +10 +15 +20 +15 +10 -10 +20 +40 +40 +20 +2 +6
302
118 +4 +3 +20 +20 118
-2 -91 -5 -8 -3 -27 -17 -2 -1 -3 -4 -36 -19 -5 -2 -14 -1 -25 -21 -15 -25 -3 -8
2000 -1 -1 -2 -3
+15 +10 -47 OUED
+8 +21 +22
+16 +10 +20 -10 +15 +10 +35 +20 +40 +30 +20 +20 +15 +15 +12 +12 116
116
-1 -102 -16 -1 -1 -2 -4 -2 -4 -12 -4 -5 -21 -29 -4 -46 -12 -17 -20
-12
OU
10 OUED 70
ED
296
+30 50
1000
+10 -20 +15 +10 +10 +10 +15 +10 -- +5 +7 +8 +10 +12 +21
+6 114
292
IMI
114
-1 -14 -- -23 -16 -21 -7 -10 -10 -10
294
-2
BAAJA
-4 -9 ZA
288
T
-5 ZAT 30
TE
+10 +10 +20 +20 +20 +20 -25 -10 +10 +10 +5 +5 -10 +10 +5 +4 +92 +94 +86
SS
+5 112
A
112
112
-10 10
O
-3 -17 -25 -21 -39 -11 -22 -25 -12 -3 -1
U
CHICHAOUA
T
AIT OURIR
110 +20 +5 +10 +20 +10 +25 +20 +20 +10 +5 +10 +5 +4 +4 +50 +89 110
OU
-1 -1 -9 -7 -5 -9 -14 -21 -7 -10 -15 -4 -7 -6 10
10
ED
N'FI
+20 +5 +10 +20 +20 +20 -10 +9 +48
S
108
OUED
286
108
-8 -3 -34 -14 -17 -20 -60 -71 -3 -5 -4 -5 -2 -1
500
O
UE
10
+200
D
10 +50 +50 +10 +8 +70
00
106
30
106
-6 -1 -4 -1 -27 -1 -17 -23 -12
ISSI
RHMAT ?
?
30
238
50
GUEDJI
282
0
L
30 200 200 +8 +8 +8
104 104
104
-15 -31 -13 -10 -19 -16 -1 -5
00
234
50 +6
UT
10 OU
232
RD
ED
+8 +16 +16 +16 -16 -16
HA
AT
D
102 102 102
-4
OUE
-7 -10 -4 -31 -6 -15 -5 -15
OU
00
ED
228
15
+20 +20 +20 +4 +16 +54 +56 +54 +54 100
ER
+5
50
100
AY
-6 -15 -23 -9 -13 -7
A
226
-2
278
ZAT
EL
+23
224
LA
+20 +20 +25 +15 +20 -50 +20 +61 +76 +76 +76
H
30
98 98 98
98
-10 -20 -20 -27 -4
30
244
246
+15 +20 +60 +20 +15 +62 +62 -62
248
350
340
330
96 96
96 96
-29 -24 -67
N'F
10
150
IS
00
0
+20 +100 +20 +64 +54 +32
XX
224
94
LEGENDE
276
1000 94
-6 -4 -3
176
252
50
226
50
0
+200 +128 +1354
174
92 92
92
10
--
10
50
30
0
+100 +100 +150
90
CARTE DES DEBITS ECHANGES ANNEE 1970
172
90
+10
30
50
254
+300
10
20
10
+100
ASS
50 +300 Prélevement total net en l/s (mesuré)
UT
88 -1
ASSIF
88
TANO
88
IF
272
BARRAGE TAHANAOUT
OUED
LALLA +10 Injection en l/s (calculée sur modèle)
IMIN
OUED
+10 +25 +25
258
TAKERKOUST
1000
UA
86 86
86
+10 +15
AO
+10
268
TALBAHT?
AS
SE KS
AAKIL
Taille bikilométrique limitée
266
164
SIF
50
264
262
84
84
Chauvauchement de modèles ou drainage de l'Oued
EL
232
MA
L
RERA
82
OU
CARTE DES ISOPROFONDEURS AVRIL 1971
ED
RIK
OU
YA
A
80
164
80
166
168
IZ
IZM Courbe d'égale-profondeur de la nappe par rapport au sol
174
172
208
AM
206
OUED
78
198
204
202
78 78 78
ED
OU HAUT ATLAS
212
214
OU
188
186
216
182
184
222
224
228
AMIZMIZ
0 2 4 6 8 10 km
250
180
280
260
270
290
230
300
210
310
200
190
220
240
320
FIG.167
HAOUZ DE MARRAKECH ET MEJJATE 415
manière la flexure d'Oumenast décrite par R. Ambroggi Les zones caractérisées par un résidu sec plus
& G. Thuille; enfin, le bassin du Mejjate montre, en important ne représentent qu'une superficie maximale de
son centre, une configuration identique aux deux 400 km2 dont 5 % à peine répondent à des salures
précédentes. Les gradients prennent les valeurs supérieures à 5 g/l La teneur en sels augmente
moyennes suivantes: de 2 à 4 % à l'extrême Sud du régulièrement de l'amont vers l'aval hydraulique : l'eau
domaine, au niveau des cônes de l'Ourika et du Reraya des oueds, généralement douce à l'entrée de la plaine
; de 1 à 2% sur le seuil d'Assoufid ; de 0,25 à 0,5 % au (excepté l'oued Mellah entre le Zat et l'Ourika),
niveau de la fosse; de 0,5 à 1% à l'aval. Deux secteurs s'infiltre. Le cheminement dans les alluvions a pour
s'opposent ainsi très nettement: le réservoir amont effet leur lessivage, donc la minéralisation des eaux,
caractérisé par une piézométrie à forte pente, voire encore accentuée par un phénomène d'évaporation qui,
même par des « chutes » au niveau des flexures, et le agissant localement sur une nappe à faible profondeur,
réservoir aval où la topographie de la surface libre induit un processus de concentration. Ces deux phé-
s'adoucit. nomènes (lessivage et concentration par évaporation)
s'exacerbent encore dans les terrains de mauvaises
Quant aux sorties, ce sont outre les débits passant caractéristiques où l'eau séjourne plus longuement; au
directement au Tennsift par drainage, toute une ligne contraire, un écoulement naturellement rapide ou
de sources s'ouvrant, en rive gauche, le long de son lit. artificiellement accéléré au niveau, par exemple, des
zones de prélèvements, provoquent une diminution de la
PROFONDEURS DE LA NAPPE salure. Ces observations sont clairement confirmées par
Ainsi que le montre la carte des isobathes (fig. l'examen du diagramme logarithmique de la figure 168
167), la surface libre de la nappe phréatique s'équilibre qui, sur l'exemple du N'Fis, montre bien un gradient
en moyenne à une vingtaine de mètres du sol. Plus positif de salinité. Sur la carte de la figure 167, le seuil
proche le long du Tennsift et selon les chenaux d'Assoufid se marque aussi par des concentrations plus
fluviatiles du Zat, de l'Ourika et du Reraya (5 à 10 m), fortes, ainsi que les rives du Tennsift, notamment dans
ce qui dans ce dernier cas confirme la percolation des le Haouz occidental, en aval de Sidi-Zouine; le même
eaux superficielles, elle s'approfondit brutalement au phénomène, le long du Gaïno et dans la trouée d'El-
Sud du Haouz oriental (plus de 60 m) et du Haouz Kelaa, peut s'expliquer quelque peu différemment, par
central (plus de 50 m), conformément à la différence de l'existence, au Nord du Haouz oriental, interceptant
pentes existant entre la surface du sol et celle de la l'écoulement, de dépôts limoneux salés provenant
nappe. Elle révèle aussi par sa forme les irrégularités d'anciens chotts. Le gradient est parfois inverse, la
du socle et les zones d'exploitation intensive, marquées salure décroissant d'amont en aval : c'est le cas pour les
par une anomalie de profondeur (périmètre de la Targa). eaux des oueds R'Dat et Zat salées par les formations
perme-triasiques de l'Atlas qui, après infiltration, se
PHYSICO-CHIMIE diluent progressivement dans la nappe, au fur et à
mesure de leur cheminement.
DES EAUX SOUTERRAINES
La paysico-chimie des eaux souterraines est connue Parmi les autres caractéristiques physiques, la
par les analyses d'échantillons effectuées lors des température oscille entre 17 et 22°C, selon que la
relevés de points d'eau et par les mesures de mesure affecte des zones de forte circulation ou au
conductivité que l'on peut directement mettre en contraire des régions profondes du réservoir à vitesse
corrélation avec la valeur des résidus secs. On dispose d'écoulement lente. Quant au pH, légèrement basique, il
à cet égard de trois cartes des salures, l'une établie en varie généralement de 7 à 7,5 (fig. 169).
1951 par G. Thuille, la seconde en 1962 par A. Cochet
et la troisième en 1971. Celle-ci (fig. 167) confirme Le faciès chimique des eaux varie en fonction de la
sensiblement les tracés antérieurs, et a été dessinée à localisation de la prise, c'est-à-dire en fonction en fait
partir de données du mois d'avril 1971, recueillies du résidu sec. La comparaison des courbes dressées sur
parallèlement à la campagne piézométrique. Elles ont les diagrammes logarithmiques des figures 168 et 169 le
toutefois nécessité la définition d'un réseau montre: lorsque le résidu sec reste faible, inférieur à 1
d'observation distinct, plus lâche, établi sur des g/l, l'eau est essentiellement bicarbonatée-calcique et
ouvrages exploités où l'eau ne stagne pas. magnésienne. Après passage dans les terrains, par
échanges de bases et pour des satures supérieures à 1
Les conductivités sont généralement comprises g/l, elle devient chlorurée-sodique (échantillon
entre 1 000 et 2 000 micromhos, ce qui correspond à des 1291/44). Enfin l'analyse des eaux de la nappe profonde
salures acceptables pour les besoins de l'agriculture, du Cénomanien-Turonien dans le bassin du Mejjate,
inférieures à 2 g/l. portée sur la figure 169, révèle des teneurs en chlorure
HAOUZ DE MARRAKECH ET MEJIATE 417
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
Oued Tensift
1 1
1283/44
1291/44 1312/44 Marrakech
219/11
10
N'FIS
1236/53 !
10
0 5 10 15 20 km
D
OUE
0.1 0.1
de sodium très faibles, inférieures à 50 mg/l et un des particuliers et les stations d'état dépendant de
caractère bicarbonaté-calcique accentué, pour un résidu l'Agriculture (irrigation) ou des Travaux Publics
sec de 800 mg/l (échantillon 116/52). (alimentation en eau potable).
116/52 500
Source
Abaino
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
il peut atteindre 2 000 à 3 000. Quant au débit global euses dans le Haouz central et essentiellement à l'Est de
ainsi prélevé, il reste à coup sûr négligeable en regard Marrakech, elles sont au total environ 650,
des autres modes de prise. correspondant à une longueur cumulée de 700 km ;
selon la topographie, certaines rhettaras de la zone
LES RHETTARAS amont ne dépassent guère quelques centaines de mètres
alors que d'autres, lancées de l'aval, offrent des tracés
de plusieurs kilomètres. L'ensemble forme un réseau
Ce sont des galeries captants, construites depuis le contrôlé depuis trente ans, à la fréquence mensuelle ou
Xe siècle qui, partant à l'air libre en aval, s'enfoncent hebdomadaire, par les Services de l'Agriculture et des
sous terre et rejoignent la surface libre de la nappe par Travaux Publics.
le fait d'une pente inférieure à celle du sol. Très nombr-
HAOUZ DE MARRAKECH ET MEJIJATE 419
Les débits sont mesurés au déversoir, à la sortie à l'air clages il est inférieur au chiffre précédemment avancé.
libre de la rhettara. Se chiffrant à plus de 200 000
valeurs, ils se présentent sous la forme d'archives LES POMPAGES
volumineuses dont le dépouillement n'était concevable
que sur ordinateur. De même que pour les séguias,
Tant publics que privés, ils se sont multipliés, ces
l'homogénéité dans la présentation des informations a
dernières années, à une cadence rapide.
permis leur perforation directe, puis leur traitement par
des programmes spécifiques de vérification, de tri et de
calcul, et l'établissement de moyennes interannuelles Ouvrages privés
par rhettara. Le débit cumulé moyen de tous les
ouvrages, calculé entre 1930 et 1970, s'élève environ à Extrêmement nombreux, répartis dans tout le
7 000 l/s. Pendant cette période, il a connu toutefois Haouz, mais surtout dans son unité centrale entre les
une forte décroissance que l'on peut mettre en oueds N'Fis et Zat ainsi qu'au Nord du Haouz oriental,
corrélation d'une part avec l'abaissement du niveau ils ont fait l'objet, en 1970, d'une enquête exhaustive
piézométrique dû aux pompages, d'autre part avec la destinée à en dresser l'inventaire et à en évaluer les
disparition de nombreuses rhettaras dépourvues débits. Les renseignements demandés pour ce faire
d'entretien. étaient de deux ordres, concernant à la fois les
caractéristiques hydrauliques de l'ouvrage et
Le mode de fonctionnement d'une rhettara est dans agronomiques de l'exploitation ; mais il s'est vite avéré
le détail très complexe. Dans la nappe, la galerie se que seules ces dernières étaient utilisables. Elles ont
comporte comme un drain, mais une partie des eaux permis en deux temps le calcul des débits : après
ainsi détournées la rejoint sitôt franchie la surface répartition par type de culture des surfaces irriguées,
piézométrique. A l'air libre le débit résiduel, que l'on chacune a été affectée d'un débit unitaire annuel moyen,
connaît par les mesures, s'écoule dans un système évalué par l'Agriculture selon le besoin en eau réel de la
superficiel de séguias, avec tout ce que cela comporte plante. Ces débits unitaires sont les suivants :
comme pertes par infiltrations. Le débit global
effectivement prélevé doit prendre en compte ces recy-
Coton/Mais
Bersim Arbori-
Culture Blé/Orge Luzerne Agrumes Abricotier
Fève culture
Maraîchage
Débit en
l/s/ha 0,04 0,19 0,38 0,19/0,28 0,16 0,16
Les chiffres auxquels ils conduisent ne corres- relativement modestes de 500 l/s ne sont que
pondent pas aux quantités d'eau réellement prélevées provisoires ; ils doivent augmenter au fur et à mesure
dans la nappe: ils leur superposent l'effet de la de la mise en service des ouvrages construits. Dès lors
réinfiltration, compte non tenu d'un taux inconnu pourront se poser, dans certains cas, compte tenu de
d'évaporation. Il faut en outre citer le cas où séguias et l'importance des projets et de la densité des puits et
puits concourent de façon complémentaire à l'irrigation; forages, tous les problèmes d'une exploitation trop
il en résulte des sorties plus faibles, sur la base d'une intensive qui risque d'affecter l'aquifère de façon
utilisation uniquement estivale des eaux souterraines. A dangereuse. A titre d'exemple, le périmètre de la Targa
partir de ces éléments ont été établis des documents au (pompages privés et collectifs) se marque par un
1/100 000 donnant, par maille kilométrique, la valeur abaissement local de la nappe d'une dizaine de mètres
des débits ponctionnés. Ils atteignent un total de 1 500 (fig. 167). Quant aux stations de Joualla-Freita, si elles
l/s. ne tirent actuellement qu'un débit total de 80 l/s, elles
ont en fait un potentiel de plus de 1 000 l/s qui, s'il était
Stations d'état (fig. 171) utilisé, induirait des rabattements de plusieurs dizaines
de mètres, compte non tenu des infiltrations un niveau
Il s'agit de batteries de pompage destinées soit à du périmètre irrigué de la Tessaoute.
l'irrigation des terres, soit à l'alimentation en eau
potable. D'un débit actuel cumulé d'environ 500 l/s, les ESSAI DE BILAN
pompages sont implantés essentiellement dans le Haouz
central au sein des périmètres de Suelha-Targa-
M'Hamdia et Beggaria, et dans le Haouz oriental, avec Le dernier passage du modèle « Haouz 2 », au
ceux de Joualla et de Freita. Ces prélèvements encore terme définitif de la simulation en régime permanent,
420 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
ENTREES SORTIES
RESUME
s'effectue à la fois au droit des lits et des cônes pourcentages respectifs de 20, 40 et 60, pour des
fluviatiles (notamment en période de crue), le long des transmissivités respectives de 2,5, 10 et 20.10 m2/s. Des
séguias, enfin au niveau des parcelles irriguées. Chiffrée divergences aussi importantes illustrent clairement les
globalement à 6 300 l/s, elle représente environ 20 % du variétés de comportement possibles entre cônes
débit cumulé moyen des oueds atlasiques. On notera différemment colmatés ;
dans le détail (voir tableau) la diversité selon les oueds — géométriques d'autre part : il semble bien, d'après les
des coefficients de perte qui varient de 4 à 65 %. Les essais sur modèles, que la percolation, importante
raisons qu'il est plausible d'invoquer, sont de deux pour une surface phréatique proche du sol (50 % du
ordres : débit superficiel pour des profondeurs de nappe
— lithologiques d'une part : les débits de percolation inférieures à 10 m, 25 % entre 10 et 20 m), diminue
sont une fonction croissante de la perméabilité des très rapidement pour devenir très faible lorsque la
terrains. Ainsi, à profondeurs égales de nappe, le profondeur excède 20 m.
Zat, l'Ourika et le Reraya se caractérisent par des
Ruissellement et
N'Fis 80 350 940
infiltration de l'oued
Tel est par exemple le cas des oueds Larh, R'Dat et a montré la nécessité, pour son réglage, d'une injection
Tessaoute. On notera d'ailleurs que les 450 l/s de 150 l/s, soit 25% du débit de la séguia Soltania,
d'injection attribués à la Tessaoute n'intéressent que le seule responsable de l'irrigation locale des terres. Ce
Nord du Haouz oriental, c'est-à-dire des périmètres au dernier chiffre situe, en l'absence de tout autre
droit desquels la nappe est précisément à moins de 20 m mécanisme possible et en un domaine où la recharge
du sol. Ils correspondent à 10 % environ du débit dévié par percolation est certaine, l'ordre de grandeur du taux
par les séguias. d'infiltration des eaux épandues.
En confirmation de ces résultats viennent deux LES SORTIES
séries d'arguments: d'une part des jaugeages diffé-
rentiels tout au long des canaux en terre qui ont prouvé
On peut en distinguer trois types : les écoulements
l'existence de pertes souvent considérables sur les dix
d'oueds, les drainages et les prélèvements gravitaires
premiers kilomètres après la prise (20 %, 50 % et
ou pompés, auxquels les sources ont été associées.
parfois même 80 à 90 % des débits) ; d'autre part, sur un
Deux classes de conditions distinctes prévalent, en
secteur entourant Tamelelt, une simulation de détail qui
HAOUZ DE MARRAKECH ET MEJJATE 423
Larh 700 50 7 1 00 12
?
R'dat 3030 2460 278 9 90 12
* Chiffre partiel
Débit global des oueds 32320 1/s
Percolation 6 300 l/s
Pourcentage moyen d'Infiltration 20 %
sortie, sur les limites géographiques du domaine: il pas été abordé, car son cours se situait légèrement à
s'agit soit de drainages avec, de ce point de vue, le rôle l'extérieur du modèle; mais une expérience sur papier
prépondérant que joue le Tennsift pour tout le Haouz conducteur permet de proposer la valeur de 200 l/s. Les
central et occidental, soit d'un sous-écoulement de débits spécifiques varient selon l'oued: moyens pour le
trouée, mode d'exutoire naturel du Haouz oriental. La Tennsift (32 l / s / k m ) et pour l'El-Hajar (27 l/s/km), ils
part de ce dernier mécanisme est difficile à faire car, sont plus grands pour le R'Dat et le N'Fis (52 et 46
dans l'expression du bilan, il se confond nécessairement l/s/km). D'un autre côté, le chiffre de 2 300 l/s donné
avec d'autres phénomènes ; ainsi le chiffre de 170 l/s, pour le Tennsift s'accorde avec les estimations
trouvé au niveau de la trouée d'El-Kelaa, intègre le antérieures de A. Cochet qui s'élevaient à 2 500 l/s, et
sous-écoulement du Gaïno et le drainage de la nappe avec le taux communément admis de 30 l/s/km ; il est
par cet oued ; de la même manière, le débit correspon- très supérieur aux résultats d'une campagne de terrain
dant à la sortie « Tessaoute » comprend à la fois qui en 1927, par jaugeages différentiels, avait conduit à
drainage, sous-écoulement et sorties, à la cote 550, par un débit de 1 500 l/s ; toutefois, depuis cette date, il y a
les sources localisées sur sa rive gauche. eu baisse générale des prélèvements par rhettaras, ce
qui a pu secondairement induire une augmentation des
Les drainages drainages. Parallèlement aux simulations, ont été
systématiquement effectués du 1 au 3 novembre 1972,
Détaillés dans le tableau annexé, ils atteignent un des jaugeages différentiels sur les oueds Tennsift,
débit global d'environ 3 400 l/s pour le système du R'Dat, El-Hajar et N'Fis, dont le but était de vérifier les
Tennsift qui, outre cet oued collecteur principal, volumes drainés. Au dépouillement, les résultats que
comprend en rive gauche R'Dat, El-Hajar et N'Fis. l'on peut, en l'absence de toute pluie antérieure, consi-
Quant aux oueds du Haouz oriental, Tessaoute et Gaïno, dérer comme représentatifs de l'étiage d'été, sont
ils drainent une part difficile à chiffrer des 800 l/s consignés sur le tableau ci-joint; ils montrent des ordres
sortant au Nord de l'unité. Enfin, le cas du Lakhdar n'a de grandeur sensiblement identiques aux valeurs calculées.
424 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Ce réseau de mesures par jaugeages est désormais en périodique destinée à l'acquisition de moyennes annuel-
place et sera l'objet, dans l'avenir, d'une surveillance les.
Débits drainés
Nom de l'oued Longueur de l'oued en km Débit spécifique drainé
calculés sur l/s/km
mesurés par
modèle
jaugeages
Gaino — 168 3 —
Lakhdar — 200 S 25
Tessaoute — 654 7 —
R'dat 320 157 3 52
EI-Hajar 190 424 16 27
N'Fis 130 457 10 46
Tennsift 2 820 2 342 73 32
Les prélèvements
par jaugeages ou compteurs, doivent être diminués de la
Le débit brut prélevé est de l'ordre de 8 000 l/s, et réinfiltration. Les taux retenus sont identiques à ceux que
correspond aux sorties par rhettaras, sources et pompages. l'on avait adoptés pour les pertes des séguias, soit: 50 %
pour la nappe proche à moins de 10 m du sol et 25 %
Ce total est toutefois très largement surestimé : si les pour des profondeurs comprises entre 10 m et 20 m.
débits pompés sur puits privés, calculés d'après les besoins Après ces corrections, le prélèvement réel se chiffre à
en eau des plantes, se rapprochent de ce qui est effectiv- environ 5 000 l/s; il est explicité par zones (fig. 170) dans
ement pris à la nappe, il n'en va pas de même pour les le tableau ci-après qui consigne également, dans chacun
rhettaras et les stations d'état dont les débits, mesurés des cas, le détail des valeurs brutes.
LE PLAN DIRECTEUR D'AMENAGEMENT car les ordinateurs en service au Maroc ne sont pas assez
DU HAOUZ puissants pour exécuter les calculs nécessités par les
modèles mathématiques en régime transitoire. La
Tous les travaux analytiques conduits sur modèles géométrie du modèle analogique est identique à celle du
mathématiques et précédemment exposés ont permis la modèle mathématique de synthèse à mailles bikilométr-
construction d'un grand modèle analogique résistance- iques ; ce modèle comprend 773 noeuds situés à
capacité qui est l'outil destiné aux études d'exploitation du l'intersection de 34 lignes et 57 colonnes; une extension du
réservoir souterrain du Haouz de Marrakech. Cet outil a été modèle à la région du Mejjate est prévue pour 1973. Le
choisi pour les simulations en régime transitoire en raison calage de ce modèle en régime permanent a été obtenu
du prix de revient plus économique des manipulations en rapidement et sans difficulté à partir des données déduites
analogie par rapport au prix de celles conduites en des travaux sur modèles mathématiques ; les écarts entre
mathématique, mais également pour des raisons matérielles les deux types de modèles, écarts inévitables compte tenu
HAOUZ DE MARRAKECH ET MEJJATE 425
Prélèvements
des contraintes physiques imposées à l'analogie (gamme souterrain transitoires, d'où la nécessité de disposer d'un
des résistances disponibles dans le commerce en outil de simulation tel que le modèle analogique,
particulier), demeurent peu importants et sont sans permettant d'effectuer des prévisions du comportement
incidence sur les résultats puisque l'exploitation du réservoir en régime annuel mais également
s'effectue en variations relatives par rapport à une interannuel car l'effet de réserve peut être considéré pour
situation de référence de la piézométrie. franchir des périodes d'années sèches.
L'idée directrice en 1973 de l'aménagement des eaux
dans le Haouz consiste en un épandage d'eaux Les eaux destinées à permettre une irrigation im-
superficielles destinées à l'irrigation dans les zones portante du Haouz de Marrakech parviendront au terme
amont et moyenne de la plaine (épandage provoquant des de l'aménagement, de plusieurs sources qui sont
recharges de la nappe phréatique), suivi d'une
exploitation intensive des eaux souterraines par 1. Des eaux des affluents atlasiques de l'oued Tennsift
pompages dans les zones aval de la plaine. En ce sens, (Zat - R'Dat - Ourika - Reraya) captées
on utilise l'important réservoir souterrain du Haouz traditionnellement au fil de l'eau et épandues
comme un régulateur qui permet d'utiliser à l'aval essentiellement au piémont de l'Atlas dans l'amont
l'excédent des épandages de l'amont. L'étude du de la plaine. Comme on l'a vu, les captages
comportement du réservoir souterrain soumis traditionnels dérivent une part importante (60 à 80
annuellement à des recharges (infiltrations des épandages %) des apports naturels de ces oueds, si bien que
d'irrigation et des débits des oueds atlasiques) et des tout aménagement moderne que l'on peut envisager
décharges (pompages) modulées plus ou moins différem- pour régulariser les 20 à 40 % perdus, doit
ment, se rapporte à des phénomènes d'écoulement d'abord régulariser ce qui l'est traditionnellement
drainage Gaino
- 166 l/s
0 5 10 15 20 km
aout
TAMELELT
Tess
Prélevement par
Drainage de N'Fis Drainage el Hajer
Drainage Rdat pompages et rhettaras
-457 l/s* - 424 l/s
Drainage de Tensift - 157 l/s - 100 l/s ?
ed
Ou
O
-2342 l/s
ued DEMNAT
Tens Oue
ift d Rda
t Entrée DEMNATE : 1607 l/s
O.
Ou
El
Injections Larh : 50 l/s
ed
MARRAKECH
Ha
jar
Si RAHAL
Injections seguias + oued Rdat : 278 l/s
PRELEVEMENT PAR Injections seguias + oued Zat : 752 l/s
MZOUDA
POMPAGES ET RHETTARAS
-3874 l/s AIT OURIR
Oued
O
ue
Oued Rmel
d
N'F
Ou
Entrée N'FIS : 940 l/s Injections seguias + oued Ourika : 2011 l/s
Issil
ed
R
era
Zat
Injections seguias + oued N'Fis : 1476 l/s
ya
AMIZMIZ
FIG. 170
POSSIBILITES D'AMENAGEMENT
110
FREITA
DU HAOUZ DE MARRAKECH SIDI BOU OTMANE
OU
ED
JOUALLA
T
E
I L
EMPLACEMENTT BARRAGE DE PRISE
DE SIDI Xx
DRISS
R.
LA
P.
KH
B
R.P.7
TAMELELT DA
8
R
,
J R.S. 50
8
OU
ED
OUED
TENSIFT LA 90
RH
DEMNATE
PRISE AU FIL DE L'EAU
SUELHA
SIDID ZOUINE
TARGA OU
ED
R'D
AT 26
4 .60 BARRAGE AIT AADEL
R.P.3 R.S
MARRAKECH
R.P. 10
M'HAMDIA SIDI RAHAL
BEGGARIA
OU
ED
OUED
R.P ZA
T
.3
78?
1
50
R.S.
0
01
.1 AIT OURIR OU
R.S
N'FIS
70
ED
OUED
TE
SS
AO
UT
R.
P
31
TAMESLOUHT
R.S.1010
RE R.
R S .5
E
AY
RT
A 13
MO E
ET
OUVRAGE DE DECHARGE
LT
R.S.507
R.P
NA
. 31
CA
B
OUED
FIG. 171
428 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
avant de produire de véritables ressources de mobilisation par barrage y étaient les moins
supplémentaires. Ceci, joint au fait que la plupart élevés. Il faut rappeler à ce sujet que les débits
des sites de barrages reconnus sur ces affluents dérivés traditionnellement au fil de l'eau sur le
atlasiques sont peu favorables dans les rapports R'Dat sont très importants, mais que la nappe du
hauteurs-volumes des retenues, se situent dans un Haouz ne profite que très peu des infiltrations à
contexte géologique délicat et noient des retenues partir des réseaux de séguias du R'Dat car elle est
déjà fort cultivées, conduit à des coûts du mètre trop profonde et même localement en charge dans
cube d'eau supplémentaire régularisé situés bien ce secteur.
au-delà des limites admissibles à notre époque.
Pour aller encore plus avant dans cette 3. Des eaux des affluents atlasiques de l'Oum-er-
argumentation, on peut noter que les infiltrations Rbia.
naturelles dans la nappe à partir des lits des oueds à Un premier barrage : Moulay-Youssef au site
l'aval du piémont atlasique, régularise encore une des Aït-Aadel sur l'oued Tessaoute a été achevé en
fraction des débits non dérivés par les prises 1971. Il régularise 240 millions de m3/an destinés
traditionnelles, Enfin il ne faut surtout pas oublier au Haouz oriental ; un périmètre moderne de 27000
que les épandages d'irrigation et les pertes dans les hectares se substitue en cette région à un périmètre
réseaux traditionnels des piémonts atlasiques traditionnel qui fonctionnait par dérivations au fil
constituent l'alimentation de la nappe phréatique du de l'eau de quelque 150 millions de m3/an prélevés
Haouz, si bien que la création de retenues sur les sur la Tessaoute. Les réseaux d'irrigation en béton
affluents atlasiques (suivie du bétonnage des sé- interdisent les infiltrations vers la nappe qui se
guias traditionnelles en terre) conduirait à un produisaient à partir des anciens réseaux en terre,
transfert d'eaux régularisées naturellement dans la ce qui a permis d'étendre les superficies irriguées
nappe vers des eaux régularisées par des réservoirs antérieurement ainsi bien entendu que les volumes
artificiels. En fonction des disponibilités en eau de supplémentaires mobilisés. La nappe profite encore
l'aval, on sera peut-être amené à titre d'équilibre des infiltrations à la parcelle et les premières études
dans le développement du Haouz, à accroître les sur modèle analogique laisseraient supposer que
irrigations sur les piémonts grâce à quelques son alimentation serait plus importante
bétonnages de séguias, opérations susceptibles de qu'auparavant.
récupérer et d'utiliser sur place quelque 20 à 50%
des débits dérivés, récupération qui s'effectuera Un ou plusieurs ouvrages sont actuellement prévus
bien sûr, aux dépens de l'alimentation de la nappe sur l'oued Lakhdar, abondant affluent rive droite de
phréatique. la Tessaoute. Le transfert de ces eaux (quelque 300
à 400 millions de m3/an) du bassin de l'Oum-er-
2. Des eaux des affluents atlasiques de l'oued Tennsift Rbia vers celui du Tennsift est admis pour
régularisées par des barrages de retenue. Le barrage l'irrigation du Haouz central entre les oueds Zat et
de Lalla-Takerkoust (oued N'Fis) achevé en 1935, N'Fis. Cependant, d'importants ouvrages doivent
régularise déjà 65 millions do m3/an en moyenne être mis en place pour le stockage, la reprise et le
sur un apport naturel interannuel de 170 millions de transport de ces eaux et d'importants problèmes
m3/an. On a étudié en 1970-71 la possibilité de subsistent en ce qui concerne les ressources en eau
construire un autre barrage à l'amont de Lalla- à mobiliser pour irriguer les périmètres tradition-
Takerkoust afin d'accroître les volumes régularisés nels de la Tessaoute aval qui utilisent une forte part
sur le N'Fis ; le coût du m3 d'eau supplémentaire des eaux du Lakhdar. L'étude de ce projet fort an-
s'est avéré prohibitif. On a également examiné une cien et qui avait vu un début de réalisation vers les
possibilité de surélévation de Lalla-Takerkoust, années 1950-57 par le démarrage sur 82 km du
opération qui se révèle encore trop coûteuse pour creusement du canal de rocade du Haouz devant
une production d'eau à usage agricole et ne se relier la Tessaoute au N'Fis, a été reprise et doit
justifierait que pour une utilisation à valeur ajoutée s'achever vers 1975 avec des avant-projets détaillés
supérieure (eau alimentaire essentiellement). Le des ouvrages et des choix de solutions aux
barrage de Lalla-Takerkoust domine un périmètre problèmes de répartition des eaux.
irrigué moderne de 7 500 hectares au SW de Marra-
kech. 4. Des eaux de l'oued Tennsift lui-même.
Par ailleurs, les études se poursuivent pour la Plutôt que de récupérer sur chacun des affluents
création d'une retenue superficielle unique stockant atlasiques de faibles débits marginaux non utilisés,
les apports des 2 affluents orientaux R'Dat et Lahr, une idée récente conduit à mobiliser l'ensemble de
car il ressortait des études préliminaires portant sur ces débits, ainsi que ceux drainés dans la nappe
l'ensemble des affluents du Tennsift que les coûts phréatique, dans le Tennsift lui- même, en aval de
HAOUZ DE MARRAKECH ET MEJJATE 429
son cours dans le Haouz. Des sites de barrages ont Ces dernières années, la ville a consommé en
été reconnus entre le niveau de Marrakech et l'aval moyenne: 450 1/s en 1969, 474 l/s en 1970 et 500 l/s en
de la confluence N'Fis-Tennsift. Si les sites aval 1971. Pour 1971, la consommation unitaire par habitant
sont les plus indiqués pour une retenue maximale est de 130 l/jour et l'on constate que le taux de
ils conduisent, faute de terre irrigable dominée, à un croissance de la consommation est de 5,5 % pour les 2
relevage par pompage des eaux accumulées afin de dernières années, croissance qui s'explique par le
les ramener dans le Haouz. Par contre, les sites sur renforcement du potentiel hôtelier. Pour l'avenir, une
le Tennsift situés un peu en amont de Marrakech, étude détaillée par quartiers (XVe Rapport de l'O.M.S. -
après la confluence avec les affluents R'Dat, Zat et 1972) a permis de dégager un taux de croissance
Ourika pourraient mobiliser quelques 180 millions annuelle de 6 % conduisant aux prévisions suivantes
de m3/an dominant sans transport excessif un des besoins moyens annuels en eau potable : 650 l/s en
périmètre de bonnes terres à l'Ouest de Marrakech, 1975 - 870 l/s en 1980 - 1 160 l/s en 1985. Pour
périmètre se substituant et étendant les irrigations dimensionner les adductions, il convient de prendre en
partielles pratiquées actuellement par pompages compte un coefficient de pointe saisonnière qui majore
dans la nappe phréatique, pompages limités puisque par 1,3 les débits moyens annuels. Il faut enfin préciser
la surexploitation de la nappe de ce secteur est que tous les débits ci-dessus mentionnés s'entendent
évidente. Des études détaillées sont engagées dans pour un rendement du réseau de 0,70 jusqu'en 1975,
cette voie où plusieurs solutions intéressantes puis d'un rendement de 0,75 à partir de 1976.
existent.
Les ressources de la ville en 1972 proviennent
5. Des eaux de la nappe phréatique. toutes de la nappe phréatique du Haouz et s'élèvent à
L'importance du réservoir aquifère du Haouz est 530 l/s répartis entre des captages gravitaires de 305 l/s
considérable puisque chaque année les entrées ou de débit moyen annuel (335 l/s en hiver et printemps -
sorties d'eau atteignent 300 millions do m3. Ce 225 l / s en fin d'étiage) et des captages par pompages
réservoir permet en outre des recyclages et produisant 225 1/s. l e s captages gravitaires sont
réutilisations successives d'eaux et l'on ne s'est constitués par un drain dans la vallée du Reraya et une
guère penché jusqu'à présent sur ses possibilités de rhettara à l'Ouest de Marrakech ; les captages par
régularisations interannuelles en jouant sur les pompages comprennent 2 puits et 4 forages aux S et SE
réserves. Du fait des apports nouveaux d'eaux immédiat de la ville.
superficielles, à partir du Tennsift et ses affluents, A partir de 1973 de nouvelles ressources devront
la Tessaoute et du Lakhdar, les utilisations être mobilisées pour couvrir les besoins de la ville.
présentes de la nappe vont être supprimées ou Trois puits à gros diamètre ont été implantés à pro-
modifiées dans des régions entières; par contre en ximité de la ville et doivent pouvoir produire 150 l/s
implantera ou intensifiera les pompages dans les environ, assurant une couverture des besoins jusqu'en
secteurs aval afin d'utilisation d'eau excédentaire et 1976 moyennant des rabattements supplémentaires
de drainage. Selon les décisions qui seront prises dans la nappe estimés tolérables pour les autres
pour la réalisation des grands aménagements utilisateurs après essais de simulation sur modèle
hydrauliques de l'amont, les effets sur la nappe et analogique.
les possibilités nouvelles d'exploitation de celle-ci
seront simulés sur le modèle analogique construit A partir de 1976, la croissance des besoins est
dans ce but. vertigineuse et une nouvelle adduction apportant des
ressources lointaines devrait entrer en service car la
II est prévu que le plan directeur d'aménage- nappe, très sollicitée dans le secteur de Marrakech, ne
ment du Haouz de Marrakech soit étudié et mis au serait pas susceptible de fournir les suppléments
point entre les années 1975 et 1976. nécessaires si ses conditions d'alimentation demeurent
identiques à ce qu'elles sont actuellement. Toutes les
ALIMENTATION EN EAU POTABLE ressources lointaines susceptibles d'être mobilisées ont
DE LA VILLE DE MARRAKECH été répertoriées et les coûts des adductions ont été
chiffrés ; pour toutes les adductions mobilisant des eaux
La population de la ville de Marrakech a eu un taux superficielles : barrage de Lalla-Takerkoust surélevé,
de croissance de 2,6 % l'an entre 1960 (243 000 barrage Moulay-Youssef sur la Tessaoute, prise sur le
habitants) et 1971 (333 000 habitants). Les prévisions canal principal du périmètre irrigué de la Tessaoute
de l'Organisation Mondiale de la Santé (XIIe rapport sur amont, les adductions et stations de traitement coûtent
l'étude de l'approvisionnement en eau à l'échelle entre 20 et 40 millions de Dh 1972 selon les solutions,
nationale - 1970) retiennent pour l'avenir un taux de pour un débit de 350 à 500 l/s supplémentaires. On a
croissance de 3,5 % l'an qui conduit pour 1985 à une également envisagé des champs captants dans la nappe
prévision de population urbaine de 520 000 habitants. du Haouz, très au large de la ville, qui se révèlent d'un
430 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
moindre coût niais influeront rapidement sur les De 1976 à 1981 il faut donc encore mobiliser
prélèvements existants. quelque 200 l/s supplémentaires à partir de la nappe du
Haouz, à proximité de la ville de Marrakech ou de
Après mûre réflexion, il s'avère prudent de retarder l'adduction existante du Reraya. Ceci est certainement
le choix d'une adduction lointaine de façon à la possible à condition de répartir les captages dans
concevoir dans le cadre du Plan général d'aménagement l'espace afin d'étaler les répercussions sur les
du Haouz qui doit être confectionné entre 1975 et 1976. exploitations existantes et d'admettre une certaine
En effet, on doit supposer que dès 1980 ou 1981, surexploitation. Mais des essais en vraie grandeur sont
également effectués pour tenter de recharger
certains ouvrages importants d'accumulation (barrages artificiellement la nappe en amont de Marrakech par
sur le Tennsift) ou de transport d'eau (canal de rocade) des injections d'eaux d'hiver dans les tronçons excavés
seront en service à proximité de Marrakech et la nappe en 1950-57 du canal de rocade et non revêtus jusqu'à
elle-même pourra peut-être produire des volumes présent; on espère pouvoir injecter dans la nappe, grâce
suffisants en des champs captants rapprochés de la ville. à ce canal, l'équivalent du débit supplémentaire à
Les investissements seront alors considérablement prélever jusqu'à la soudure de 1981.
réduits.
Conclusions
Les besoins en eau du Haouz sont de deux ordres : fossiles, portés sur la carte des transmissivités et qui
ils correspondent soit à la nécessité de mise en valeur marquent des domaines privilégiés de l'écoulement.
agricole des terres grâce à une irrigation moderne, soit
aux problèmes d'alimentation en eau potable d'une Par contre, l'unité orientale du Haouz demande dès
métropole régionale en pleine expansion démographique à présent une surveillance plus particulière: le potentiel
et économique. Pour les satisfaire, il serait illusoire de de pompage de plus de 1000 l/s que représentent les
compter faire appel aux nappes du Secondaire ou de stations de Joualla et de Freita, conduirait, s'il était
l'Eocène, dont l'intérêt ne peut être que local, sur les pleinement utilisé, à une surexploitation locale de la
bordures de la plaine ou dans le Mejjate. Seules sont nappe et à un abaissement de la surface piézométrique.
susceptibles d'une exploitation intensive les eaux C'est d'ailleurs le problème que posent actuellement
superficielles, abondamment tombées sur les sommets deux zones de prélèvements intensifs, celle de la Targa
du Haut Atlas et drainées par un important réseau et celle des grandes rhettaras du Haouz central, à l'Est
hydrographique et les eaux souterraines, celles de la de Marrakech; la sauvegarde de l'aquifère y exigerait
nappe phréatique, incluses dans le sous-sol néogène et des mesures soit de ralentissement des pompages ou de
quaternaire de la plaine. remplacement des rhettaras, soit de recharge artificielle
Au terme de l'année 1972, les propriétés de la plus à l'amont. Quoiqu'il en soit, l'évolution future de
nappe phréatique, testées par des travaux divers de l'exploitation passe actuellement par la définition de
reconnaissance, des essais systématiques de pompage et schémas généraux d'aménagement, comportant diverses
des simulations très complètes sur modèles, peuvent options possibles : leurs valeurs respectives en seront
être désormais tenues pour bien connues, dès l'instant testées, sur modèle électriques Résistances-Capacités »
que sont établis la carte de synthèse des transmissivités qui permet la simulation des écoulements transitoires.
et le bilan hydrodynamique de la nappe. Ces deux
documents, qu'il conviendra d'actualiser au rythme des A cette utilisation planifiée des réserves souter-
connaissances nouvelles, seront la base de toute étude raines sera associée une domestication plus poussée des
ultérieure. Quant aux objectifs que l'on peut désormais eaux superficielles. La tendance actuelle est à la
fixer, ils se traduiront par 1a recherche d'une recherche de schémas mixtes : une régularisation des
récupération optimale des débits perdus, au niveau oueds par barrage, alimentant un réseau moderne de
notamment des drainages, et la protection des réserves. séguias bétonnées; un épandage sur les périmètres
Ce sont en effet, pour le seul système du Tennsift, 3400 cultivés qui se traduit généralement par la percolation
l/s qui, sortant de la nappe, sont captés par le cours aval vers la nappe d'une part importante des débits repris et
des oueds atlasiques (R'Dat, El-Hajar, N'Fis) et par le recyclés en irrigation par des batteries de pompages
Tennsift lui-même. Repris localement par des séguias, implantées en aval hydraulique. Il ne faut toutefois pas
ils pourraient aussi être partiellement exploités, avant perdre de vue que le remplacement d'un système
résurgence, par des batteries de pompage convena- traditionnel de séguias en terre, aux pertes
blement implantées. Les zones les plus favorables, pour considérables, par un réseau bétonné, donc étanche et
ce faire, sont celles des chenaux d'oueds actuels ou sans fuite, s'il traduit en surface une amélioration
HAOUZ DE MARRAKECH ET MEJJATE 431
incontestable de la distribution et des rendements, aura à une part importante de l'alimentation au niveau des
l'inverse des conséquences encore difficiles à prévoir sur cônes. Le projet en doit être traité avec prudence.
le comportement de l'aquifère, lui supprimant de façon
radicale
REFERENCES
AMBROGGI R. & TTHUILLE G. (1952): Les plaines et les plateaux Compagnie Africaine de Géophysique (1963) : Etude géophysique
du domaine marginal de l'Atlas : Haouz de Marrakech In: électrique de la plaine du HaouZ oriental. Rapp. inéd.
Hydrogéologie du Maroc Notes & M. Serv, géol. Maroc, ne MTPC/DH/DRE, 13 pp., 3 cartes, 44 diagram.
97, pp. 223-233.
Compagnie Africaine de Géophysique (1965) Gravimétrie,
BERNERT G.(1970): Plaine du Haouz, rapport de fin de sondage de la magnétisme dans le bassin du Haouz. Rapp, inéd. arch.
campagne 1970. Rapp, inéd., MTPC/ DH/DRE, 17 pp, MTPC/DH/DRE, 4J pp., 16 cartes.
BERNERT G. (1970) Plaine du Haouz, rapport de fin de sondage Compagnie Africaine de Géophysique (1968): Etude par prospection
J996/53, oued Issil. Rapp. inéd, MTPC/ DH/DRE, 4 pp. électrique et sismique de la basse vallée du Tensift Rapp.
inéd. MTPC/DH/DRE., 16 pp., 5 cartes, 148 diagram.
BERNERT G.(1979): Haouz central, périmètre irrigué d'El Beggaria,
caractéristiques de 6 puits. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 10 Compagnie Générale de Géophysique (1950) Etude par prospection
pp. électrique dans la région du Haouz. Rapp. inéd. arch.
MTPC/DH/DRE, 9 pp., 5 fig., 20 diagram.
BERNERT G. (1970): HaouZ central, périmètre irrigué de M'hamdia,
caractéristiques et conditions d'exploitation de 9 puits. Rapp. Compagnie Générale de Géophysique (1952) Complément d'étude
inéd, MTPC/DH/DRE, II pp. structurale et hydrologique par prospection électrique dans la
plaine du HaouZ Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE, 17 pp., 5
BERNERT G.(1970): Haouz oriental, périmètre irrigué de Joualla, cartes, nbrx. diagram.
caractéristique et conditions d'exploitation de 8 puits. Rapp. Compagnie de Prospection Géophysique Nord-Africaine (1960) :
inéd, MTPC/DH/DRE, 9 pp. Plaine du Haouz, cône de déjection de l'Ourika, étude
BERNERT G. & GENETIER B. (1971) : Périmètre irrigué de Freita, géophysique. Rapp. inéd. arch. MTPC/ DH/DRE, 9 pp., J2 fig.
problèmes posés par la mise en exploitation des puits COCHET A. (J959) : Etat d'avancement actuel de l'étude hydro-
ORMVAH. Rapp. inéd. MTPC/DH/ DRE 7 pp,, 2 fig. géologique de la plaine du HaouZ. Rapp, inéd. MTPC/
BERNERT G. & PROST J.P. (1972) : Bilan de la nappe du Haouz, DH/DRE, 35 pp., 2 cartes.
étude hydrodynamique en régime permanent, introduction COCHET A. (1959) : Barrage Cavagnac, étude hydrogéologique dans
générale. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, J3 pp., 3 fig., 7 cartes. le cadre du projet de surélévation. Rapp. inéd., arch. MTPC/
BERNERT G., BOUDON A. & PRosT J.-P. (1972) Bilan de la nappe DH/DRE, 35 pp., J carte.
du Haouz, étude hydrodynamique en régime permanent, COCHET A. & HAZAN R. (J961): Etude des exutoires NE du Haouz
modèle préliminaire au papier conducteur du Haouz. Rapp. (trouées du Gaïno et de la Tessaoute), étude hydrogéologique
inéd. MTPC/DH/DRE, 7 pp, 2 fig., 1 carte, et estimation des débits d'écoulement souterrain. Rapp, inéd,
BERNERT G., BOUDON A. & PROST J.-P. (1972) : Bilan de la MTPC/DH/DRE, 9 pp, 3 cartes, 6 fig.
nappe du Haouz, étude hydrodynamique en régime permanent, COCHET A. & HAZAN R. (1961): Réalimentation de la nappe du
modèle sur papier conducteur du Haouz oriental. Rapp. MM. Haouz, essais d'injection par forages dans le cône de déjection
MTPC/DH/DRE, 47 pp, 12 fig., 10 cartes. de l'Ourika. Rapp. inéd, MTPC/ DH/DRE, 9 pp., I carte.
BERNERT G. & PROST J.-P. (1972): Bilan de la nappe du Haouz, COCHET A. (1962) : Alimentation en eau de Marrakech, note
étude hydrodynamique en régime permanent, modèle sur hydrogéologique en vue de la recherche d'un débit de 40 L/s
papier conducteur du HaouZ central. Rapp. inéd, pour 1962 et J00 l/s pour 1966. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 9
MTPC/DH/DRE, 43 pp, 15 fig., 14 cartes. pp., 2 fig.
BERNERT G, CIRON P. & PROST J. P. (1972) : Bilan de la nappe du COCHET A. (1963): Reconnaissance géologique des sites de barrages
Haouz, étude hydrodynamique en régime permanent, modèles sur les affluents atlasiques du Tensift. Rapp. inéd.
mathématiques. Rapp, inéd. MTPC/DH/DRE, 39 pp., 26 fig., 2 MTPC/DH/DRE, 24 pp.
cartes, 1 tome annexe.
COCHET A. & BRISSAUD M. (1963): Aménagement régional du
BERNERT G. & PROST j : P. (1972) : Bilan de la nappe du Haouz, Haouz, rapport général préliminaire, étude hydrogéologique.
étude hydrodynamique en régime permanent, conclusion Rapp, inéd. MTPC/DH/DRE, 24 pp., 8 fig., 11 cartes.
générale- Rapp, inéd. MTPC/DH/DRE, 25 pp., 3 cartes.
COCHET A. (J964): Site de barrage des gorges du N'Fis, note
BOUDON A. & CIRON P. (1972) : Haouz oriental, étude hydro- géologique préliminaire. Rapp. inéd. MTPC/ DH/DRE, 3 pp, 2
géologique de la région de Feitout. Rapp. Inéd. MTPC/ fig., 1 carte.
DH/DRE, 20 pp., 37 fig., 3 cartes.
COCHET A., HAZAN R. & MONITION L. (1965) Le Haouz de
Marrakech, bassin représentatif d'une Zone aride
432 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
au contact d'une haute chaîne montagneuse de climat sub- GEOPROSCO (1957) : Prospection géophysique d’eau souterraines
humide. Publ. Ass. lnt Hydrol. sci., Sympos. Budapest, du Haouz de Marrakech. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE, 8
Bassins expérim., Gentbrugge n' 66, pp. 564-569, J carte h-t. pp., 1 carte, nbx. fig.
COCHET A. (1965) : Haouz de Marrakech et hassid du Mejjate, JANCIC S. (1971) : Minute provisoire de l'étude hydrologique du
d'Imi-n-Tanoute et de Chichaoua. Rapp. inéd. MTPC/DH/ bassin du Tensift. Rapp. inéd. MTPC/DH/ DRE, 42 pp., 104
DRE, 21 pp., 2 fig., 1 carte. fig.
COCHET A. (1968): Etude des sites de barrage sur les oueds Rdat, MORET L. (1931) : Recherches géologiques dans l'Atlas de
Zat, Ourika, Reraya et N'Fis, résultats des campagnes de Marrakech. Notes & M. Sent. Mines. & Carte géol. Maroc, n°
sondages de reconnaissance. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 14 18, 262 pp.
pp., 6 cartes, 24 fig.
COMBE M. (1973): Le plan directeur d'aménagement du Haouz de NELTNER L. (1938) : Etudes géologiques dans le sud marocain (Haut
Marrakech et l'alimentation en eau de Marrakech. Rapp. Atlas et Anti-Atlas). Notes & M. Serv. Mines & Carte géol.
inéd. MTPC/DH/DRE, 7 pp., 1 carte. Maroc, n' 42, 298 pp.
GOTHA (1956) : Réalimentation de la nappe du Haouz de
Marrakech. Rapp. inéd. arch. MTPCJDH/DRE, 32 pp., 2 Office Régional de Mise en Valeur Agricole du Haouz (J968) : Les
cartes, nbx fig. et annexes. potentialités naturelles et la mise en valeur actuelle la plaine
du Haouz. Rapp. inéd. ORMVAH, H, arch. MTPC/DH/DRE,
Division des Ressources en Eau (1971) : Rhettaras du Haouz de, 77 pp.
Marrakech, présentation des débits mensuels et annuels
depuis l'origine des mesures jusqu’en novembre 1957 Rapp. Office Régional de Mise en Valeur Agricole du Haouz (1969)
inéd. MTPC/DH/DRE, 1 fascicules. Nomenclature systématique des secteurs d'irrigation moderne
et traditionnelle. Rapp. inéd. ORMVAH, arch. MTPC/DH/
Division des Ressources en Eau (1972) : Séguias du Haouz de DRE, J0 pp., I carte.
Marrakech. Présentation des débits mensuels et annuels
depuis l'origine des mesures. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 4 Organisation Mondiale de la Santé (1970): Approvisionnement en eau
fascicules. potable de la ville de Marrakech, adductions nouvelles
possibles pour la période J970-.1985. Rapp. inéd. arch.
DRESCH J. (1935): Sur les formations récentes du Haouz de MTPC/DH/DRE.
Marrakech. C.R. Acad. Sci., Paris, t. 200, n' 22, pp. 1957-
1959. Organisation Mondiale de la Santé (1972): Approvisionnement en eau
DRESCH J. ( 1 935): Sur la structure du HaouZ de Marrakech C ,R. potable de la ville de Marrakech. Dossiers techniques n° 1 à
Acad. Sei., Paris, t.. 200, n' 25, pp. 2104-2106. 5. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE, 213 pp., nbx, fig. et
FEUGA B. (1972) : Système aquifère du Haouz de Marrakech, étude plans annexés.
sur modèle analogique résistance-capacité. Calage du modèle
en régime permanent. Rapp. inéd_ MTPC/DH/DRE, 10 pp., ROCH E. (1939) : Description géologique des montagnes à l'Est de
1 carte: Marrakech. Notes & M. Serv. Mines &i Carte géol. Maroc, n'
.
GENETIER B. & HAZAN R. (J964) : Aménagement et mise valeur 51, 438 pp.
de la Tessaoute amont, exploitation de la nappe phréatique. RUSSO P. (1928): Recherche sur l'hydrologie générale du HaouZ B.
Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 8 pp. Soc. géol. Fr, 4è série, t. 28, pp. 69-77.
GENETIER B. (1966) : Adduction d'eau de la ville de Marrakech, THUILLE G. (1950): Hydrologie du Haouz, note préliminaire sur la
exploitation des forages 1543 et 1544/53. Rapp, inéd. région ouest de Marrakech. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 16
MTPC/DH/DRE, 11 pp., 8 fig., J carte. pp„ 2 cartes, .8 fig.
GENETIER B. (1970): Périmètre irrigué des Freita, conditions
d'exploitation de 12 forages. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, THUILLE G. (1951) : Crues et vague phréatique dans le Haouz de
12 pp. Marrakech. Ass. Int. Hydrol. sci., Union géodés. & géophys.
int.. Assemblée gén. Bruxelles, publ. n' 35, t. 4, pp. 7-1J.
GENETIER B. (1970): Périmètre irrigué de Beggaria, son exploita-
tion de 3 forages. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 5 pp. THUILLE G. (195J) : Hydrogéologie du Haouz, carte phréatique et
carte des sabres. Rapp. inéd. MTPC/DH/ DRE, 2 cartes.
GÉNETIER B. (1970) : Périmètre irrigué de M'hamdia, conditions
d'exploitation de 2 forages. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 2 THUILLE G. (1957): Nappe phréatique du Haouz, essai de
pp. classification hydrogéologique, exploitation sur 10 ans. Rapp.
inéd. MTPC/DH/DRE, W pp., nbx. cartes, fig., annexes.
GENETIER B. (1971) : Ressources en eau de la nappe phréatique
d'Aït-Ourir, projet de champ captant pour l'alimentation en TILLARD (1971) : Note sur les possibilités d'aménagement hydro-
eau de Marrakech. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 10 pp., 2 agricole du Haouz, étude des barrages. Rapp. inéd.
cartes. MTPC/DH/SE, 11 pp, 12 fig., 1 carte.
VILLEMUR J,-R. (1951): Etude géologique de la bordure nord de
l'Atlas de Marrakech entre l'oued Zat et l'oued Ourika Dipl.
Et. sup., Paris. inédit.
2.20.
BASSIN D'ESSAOUIRA-CHICHAOUA
ET ZONE CÔTIÈRE D'ESSAOUIRA
Tables des matières
Présentation géographique
Cet ensemble hydrogéologique est limité au N par Maroc, débarquant une dizaine de milliers de tonnes
le plateau des Mouissate et l'embouchure de l'oued de poisson par an. Les ressources sont essentiellement
Tennsift, au S par le Haut Atlas occidental, à l'E par agricoles: cultures de céréales et de maïs, plantations
les plaines d'Imi-n-Tanoute et de Chichaoua et à l'W d'oliviers et d'arganiers, troupeaux de moutons et de
par l'océan Atlantique. Sa superficie est d'environ 6000 chèvres ; leur importance peut varier de façon assez
km2 (fig. 172). considérable suivant que l'année est « sèche » ou «
Il forme un immense plateau, légèrement relevé au humide ». La superficie des terrains irrigués à partir de
S et au N, descendant vers l'W en pente douce puis quelques sources ou de l'oued Ksob ne dépasse pas
s'abaissant brusquement pour donner naissance à la 500 hectares. Essaouira dispose en plus de la pêche, de
zone côtière à relief dunaire. L'arganier et le thuya quelques usines de conserves de poissons, de
dominent le paysage avec les terrains de parcours où l'artisanat et du tourisme. Dans l'ensemble cette région
s'intercalent parfois de minuscules champs d'orge. est pauvre.
La population (environ 350 000 habitants) est
essentiellement rurale ; la seule ville, Essaouira (ex. Enfin, depuis quelques années (1957), des recherches
Mogador) ne compte en 1970 que 30 000 citadins. pétrolières ont mis à jour des ressources encore assez
Ancien port florissant au XIXe siècle (débouché du limitées en hydrocarbures liquides et en gaz naturel et
Souss et du Haouz et point d'aboutissement des ca- les prospections se poursuivent sur terre et sur la plate-
ravanes provenant du grand Sud), il est actuellement forme continentale. Le bassin pétrolier d'Essaouira n'en
délaissé au profit d'Agadir et de Casablanca. Il n'en est pas moins actuellement le premier producteur du
demeure pas moins le troisième port de pêche du Maroc.
Géologie
E
U
QUATERNAIRE ET PLIOCENE
E
Série phosphatée, marnes et marno-calcaires -
AT
I
EOCENE, MAESTRICHTIEN, SENONIEN
SS
T
UI
N
J B I
MO
L E T
A
E
uaï
L
O. el Hallouf
a
O. Ardo
I
ud
AT
T
ao
UR
.R
A
O
K
OUE
J.
D
EL TENSIFT
N
HA
er
D
ADI
A
m
RT
ra
J. H
.M
E
U Z
O
MARRAKECH
H A O
C
O
ESSAOUIRA
Chichaoua
T
R IMA
KO
O. Kso
b
Calcaires lithologiques et marno-calcaires -
ID
ounza
r
BO
O. el Rhira
O.
Zel
tan
e Calcaires gypseux - JURASSIQUE SUPERIEUR
O; IMI N4Tanoute
Formations rouges, dolérites -
E
EN Imi n'Tanoute PERMO - TRIAS
S ITT
J. AM
Schistes - PRIMAIRE
0 5 10 15 20 25 km
La zone côtière est presque partout recouverte par les c. la cuvette synclinale de Korimat-Bled Hart, où les
formations dunaires du Pliocène et du Quaternaire, sur couches demeurent subhorizontales et sont à peine
une bande parallèle à l'Océan et large d'une vingtaine de affectées d'un très léger pendage vers le S,
kilomètres ; ces formations peuvent dépasser 100 mètres
d'épaisseur sur le plateau d'Akermoud par exemple (fig. d. la cuvette synclinale d'Essaouira qui, est traversée par
177). l'oued Ksob,
TECTONIQUE e. l'accident diapirique de Permo-Trias salifère de l'oued
L'ensemble de cette région forme entre les deux Tidsi qui sépare les cuvettes synclinales de Bouabout et
anticlinaux du Jbel Amsittène au S et du Jbel Hadid au N, d'Essaouira. Cet accident est orienté d'abord W-E sur 8
une vaste zone synclinale ouverte sur l'Océan. à 9 km, le long de l'oued Tidsi, puis SW-NE sur 20 km,
Cette zone synclinale est affectée d'ondulations et jusqu'au N de l'oued Ksob.
d'accidents qui permettent d'y distinguer les subdivisions
suivantes : Enfin au N de l'anticlinal du Jbel Hadid s'ouvre un
autre synclinal côtier sous la plaine d'Akermoud.
a. la cuvette synclinale de Bouabout, correspondant au
cours de l'oued Igrounzar, Ces plissements et ondulations n'affectent que les
b. la crête anticlinale complexe des Ouled-Bou-Sba terrains anté-pliocènes que le Pliocène et le Quaternaire
séparant le synclinal de Bouabout au S du synclinal recouvrent en discordance.
de Korimat au N,
436 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Le climat de la région côtière d'Essaouira est d'un diminuent et l'irrégularité annuelle devient plus sen-
type extrêmement original et particulier grâce à sible. Le nombre de jours de pluie est en moyenne de
l'action du courant froid des Canaries qui tempère 42 par an à Essaouira mais de 31 seulement à
énormément les amplitudes thermiques et donne à la l'intérieur (Chichaoua) et les quantités de pluie mo-
région même d 'Essaouira un climat de type insulaire, yenne par jour pluvieux sont de l'ordre de 6 à 7 mm.
semi-aride à hiver chaud, exceptionnel au Maroc. Les températures sont très tempérées sur la côte où
Les pluies sont assez régulières en zone côtière l'écart thermique entre les moyennes des minima et
grâce à l'action régulatrice de l'Océan et elles attei- maxima annuels n'est que de 6°2 C. Cet écart croît
gnent 300 mm à Essaouira, c'est-à-dire tout juste le rapidement vers l'intérieur.
besoin minimum des cultures de céréales sans L'évaporation mesurée au Piche atteint 1 500
irrigation. Vers l'intérieur, les hauteurs de pluies mm/an à Essaouira et 2 700 mm à Chichaoua.
CLIMATOLOGIE 1933-1963
FIG. 173
Hydrologie
L'oued Igrounzar reçoit l'oued Zeltène à 30 km de du pont de la route RP 8) ; les débits ont varié entre
son embouchure. Il prend alors le nom d'oued Ksob et 0,180 m3/s (juillet 1967) et 3,350 m3 /s (janvier 1964).
se jette dans l'Océan à 2 km au Sud d'Essaouira. Il Le débit moyen, calculé à partir de la pluviométrie par
draine les eaux de ruissellement de la cuvette la formule d'Iskowski et par la méthode graphique
synclinale de Bouabout et du versant nord du Haut (Kabbaj, 1968), est de 3,5 m3/s, soit un apport moyen
Atlas occidental ; la superficie du bassin versant est de annuel écoulé de 110.106 m3. A partir d'un abaque
1698 km2. Une station de jaugeage simplifiée a été établi par Dj. Lazarevic sur la base de données
installée en 1963 à la confluence des oueds Igrounzar concernant les superficies des bassins versants et la
et Zeltène puis déplacée ensuite vers l'aval (en amont pluviométrie sur l'ensemble du Maroc, le débit de la
BASSIN ESSAOUIRA-CHICHAOUA ET ZONE COTIERE ESSAOUIRA 437
crue millénaire serait de 1 450 m3 /s et celui de la crue mesure n'a été effectuée sur ces oueds temporaires.
centenaire de 840 m3 /s. Enfin le cours inférieur, assez souvent à sec, de
l'oued Tennsift longe la lisière nord de la plaine
D 'autres oueds drainent les eaux de ruissellement d'Akermoud. Une station hydrométrique a été mise en
des cuvettes synclinales de Korimat et d' Essaouira et place en amont de l'estuaire (pont de la route
de la plaine d 'Akermoud. Ils sont courts et presque principale Essaouira-Safi) en 1969 afin de recueillir
toujours à sec, sauf à la suite d 'une pluie. Leurs des données chiffrées sur le débit évacué à l'Océan
bassins versants ont en effet des dimensions réduites par ce fleuve qui n'est pas pérenne au niveau de son
et sont constitués de calcaires ou de grès dunaires embouchure en raison des dérivations pour l'irrigation
dans lesquels les eaux s'infiltrent largement. Aucune à l'amont.
Hydrogéologie
130
125
E
U
SOUIRA GUEDIMA E T
A B
Q U
I
N
O
La nappe alluviale draine sans doute les versants où
T
N
FORAGE D'ESSAI ceci est difficile à démontrer sur des profils en travers,
N
D'EOLIENNE
E
165 165 vallée. Par contre il est acquis que l'oued alimente
C
PUITS
O
VALLEE ALLUVIALE
if
175).
ns
Te
SITUATION EVENTUELLE
LIMITE DE REMONTEE
D'UN BARRAGE DE
DES PLUS HAUTES
Les travaux de recherche ont permis d'approcher le
GARDE SOUTERRAIN 162/43
MAREES débit souterrain s'écoulant à la mer par la nappe
alluviale : 50 l/s fictifs continus, d'estimer les réserves
permanentes de la nappe à 7,5 Mm3 (240 1/s fictifs
continus), ainsi que de fixer à 0,17 le taux de
ed
Ou
DUNES RÉCENTES
LE PLIOCÈNE
FIG. 174 — Vallée alluviale du Bas-Tennsift, plan de Sous forme de calcaires coquilliers ou de grès
situation des principaux travaux réalisés. calcaires perméables et correspondant à d'anciennes
dunes consolidées, le Pliocène existe et affleure le plus
zones particulières et finalement peu étendues, souvent sur presque toute la zone côtière. La roche
l'ensemble aquifère est assez perméable (5.10-3 m/s) et magasin, bien connue pour sa bonne qualité tout le long
le coefficient d'emmagasinement assez bon (3 à 4.10-2). du littoral Atlantique et renfermant d'ailleurs ici-même
Par ailleurs, les eaux salées marines remontent dans une eau de qualité chimique toujours acceptable, a fait
l'estuaire jusqu'à 5 km de la mer, ce qui est un facteur l'objet des principales investigations hydrogéologiques
BASSIN ESSAOUIRA-CHICHAOUA ET ZONE COTIERE ESSAOUIRA 439
W E
FORAGE FORAGE 160/43
LIT MINEUR
40 m 158/43 SE 44
DU TENSIFT SE 45
PUITS FORAGE
156/43 SE 52 SE 51 SE 48
SE 55
SE 47 SE 46
SE 54 SE 53
20 SABLES
NIVEAU PIEZOMETRIQUE
GRAVIER
20 m SUBSTRATUM MARNEUX
(SECONDAIRE)
FIG. 175 — Vallée alluviale du Bas-Tennsift, coupe en travers de la vallée d'après la géophysique électrique
(SE = emplacement d'un sondage électrique) et les forages.
systématiques exécutées dans ce bassin. Il ne fait nombreuses cuvettes et même de véritables dolines qui
pourtant aucun doute que ce Pliocène qui repose par laissent supposer l'existence d'infiltrations. Le
endroits sur des formations jurassiques ou crétacées substratum est constitué, pour autant que l'on puisse
perméables est drainé verticalement vers elles et de ce l'observer, par du Crétacé marneux ou du Crétacé
fait peut s'avérer sec sur de larges zones. Ceci explique calcaire. La couverture plio-quaternaire comprend des
les nombreux échecs survenus dans ce secteur. grès calcaires, surmontés de sables et limons argileux
dunaires plus ou moins fortement consolidés, mais
L'alimentation de ces nappes provient vraisembla-
perméables. Entre ce plateau et la mer s'allonge une
blement de la pluie et d'abouchements latéraux, mais
bande de dunes vives récentes qui s'élargit près
rien ne permet de dissocier et de chiffrer séparément ces
d'Essaouira jusqu'à 5 km de la côte, et ne comporte
deux facteurs.
aucune terre cultivable susceptible d'être exploitée car
Les exutoires du Plio-Quaternaire dunaire sont les sols sont sableux et mobiles. Par contre le plateau est
constitués par : davantage susceptible d'être mis en valeur et il porte des
— des sources, à la faveur de certaines conditions cultures ; en cas de découverte d'eau, le maraîchage
morphologiques (la plus importante est l'Aïn-el- constituerait une plus-value certaine. Sept forages y ont
Hajar : 54/43, fig. 176, débit 30 l/s) ; été exécutés : cinq à proximité d'Essaouira et deux au
— des exhaures par puits lorsque le niveau aquifère est NE. Tous ont été des échecs, bien qu'ils aient été
peu profond ; précédés d'une campagne de géophysique (sismique
réfraction) qui avait localisé des vallées fossiles à la
— des dégorgements à la mer, totalement inconnus
base du Plio-Quaternaire, vallées que l'on considérait
actuellement ;
comme susceptibles de constituer des drains pour la
— des abouchements avec des calcaires perméables du nappe. Le forage 63/51 (X = 93,3 ; Y = 116,9 ; Z = 125
Crétacé qui ensuite dégorgent en mer. m) montre que cet objectif n'est peut-être pas valable ;
Deux régions distinctes ont fait l'objet de recherches sa coupe simplifiée est la suivante :
qui, il faut bien le dire, n'ont pas été conduites au-delà — 0 à 20 m : grès calcaires
d'une reconnaissance à grande échelle qui mérite de — 20 à 59 m : sables et grès calcaires
sérieux compléments.
— 59 à 75 m : marnes, sables et grès
L'arrière-pays d'Essaouira, compris entre l'Océan à — 75 à 77 m : conglomérats et grès coquilliers
l'W, le plateau crétacé à l'E, le Jbel Hadid au N et l'oued
Tidsi au S, est un plateau couvert de forêts, au réseau — 77 à 120 m : calcaires et marnes (Crétacé).
hydrographique à peine marqué en dehors des vallées Le niveau d'eau se situait à 77 m de profondeur et le
des oueds Tidsi, Ksob et El-Aïoun, comportant de débit était pratiquement nul : comme on le voit, le
Pliocène est sec à cet endroit, comme probablement en
440 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Qa - Alluvions récentes E
AT
162/43
S S
I
Qd - Quaternaire dunaire OU
148/43 M
a2 Vives a1 Anciennes
152/43
104/43 T
IF
P - Pliovillafranchien. Quater- NS
158/43 T TE
naire marin et dunaire TIJ D
UA UE
TO O
J.
Série phosphatée
ATI
Crétacé supérieur
KOUR
Crétacé moyen et TALMEST
JBEL
inférieur
Jurassique
0
AMR
A 13
EL H
Trias BET
CHA
13
0
Puits
D
Forages Sources AKERMOUD
92/43 DI
HA
EL
Site de Barrage
JB
0 2 4 6 8 10 km
103/43
DAI
FA
EL
ED
OU
130
80
63/51
T I Q U E
A T L A N
Si BOUZID
R
ESSAOUIRA D KS
OB ZA
OUE O UN
GR
O.
45/51 AS
SI
F
ZE
LT
A NE
E A N
CAP SIM
I?
DE
TI
O.
O C
beaucoup d'autres. Les puits productifs de cette région La base du Moghrébien gréseux s'abaisse de la cote +
exploitent très certainement une nappe perchée dans la 70 m au S à + 40 m au N (vallée de l'oued Tennsift) et
partie supérieure du Pliocène, au-dessus d'un niveau l'on est ainsi tenté de prévoir une vidange de la cuvette
plus marneux qui ne doit pas être homogène car les gréseuse vers le N, c'est-à-dire vers la vallée du
nappes perchées sont manifestement discontinues ; Tennsift ; malheureusement il est probable que le
l'argument qui milite en faveur de cette ' hypothèse est substratum du Pliocène est perméable au N du plateau
que le niveau piézométrique mesuré dans ces puits se (série calcaréo-dolomitique du Jurassique). Deux
situe vers 30 m de profondeur et que les débits objectifs s'offraient alors aux recherches : atteindre la
unitaires des ouvrages sont minimes. En fin de compte nappe plio-quaternaire au cœur du synclinal ou bien
le Pliocène inférieur, très perméable, ne semble être explorer la série jurassique au NE, là où elle n'est pas
aquifère que lorsqu'il est peu profond ou bien repose trop profonde (sa base se situerait vers 400 m de
sur une formation elle-même aquifère (vallée du Ksob profondeur à proximité de l'oued Tennsift). Etant
et région d'Essaouira) ; ailleurs il est probablement sec donné l'intérêt de trouver de l'eau au centre du plateau,
le plus souvent. Ainsi, toutes les recherches anciennes on choisit d'explorer le Pliocène ; deux sondages
sont-elles sans doute à reconsidérer au moins du point auprès d 'Akermoud (92 et 103/43) exécutés en 1953
de vue de leur objectif ; on s'est dans cette affaire peuvent être considérés comme positifs bien que l'eau
laissé influencer par une étude géophysique, de qualité soit profonde (103 et 46 m respectivement) et les
d'ailleurs plus que douteuse, aux dépens d'un examen débits modestes (1 et 8 litres/seconde). Il ne fait pas de
hydrogéologique approfondi. Il n 'en demeure pas doute qu'il serait possible de créer un réseau assez
moins que les chances de découvrir d'importants dense de points d'eau au bénéfice des troupeaux et
débits d'eaux souterraines dans cette région peut-être même de permettre la promotion individuelle
apparaissent plutôt minces. de quelques petits périmètres maraîchers irrigués ; l'eau
Le plateau côtier d'Akermoud s'allonge entre la se situe vers la cote absolue + 30 m dans les deux cas,
mer et les Jbel Hadid et Ali-Kourati qui constituent et la partie aquifère du réservoir Pliocène comprend les
une limite très marquée au SE et à l'E. La limite N est 10 à 20 mètres inférieurs ce qui est assez peu.
large d'une dizaine de kilomètres. Le substratum
secondaire est constitué de Crétacé affleurant vers la La moitié nord du plateau d'Akermoud a été
cote 70 m en bordure de mer au SW, et à l'E par les prospectée (Boudon, 1972), mais les points d'eau y
massifs jurassiques des Jbels Hadid et Ali-Kourati ; ce sont très rares : une dizaine seulement ont été in-
substratum secondaire est assez peu perméable dans ventoriés. Comme le laissait prévoir un précédent
l'ensemble et dessine un synclinal très plat entre la rapport (Thuille, 1957), l'eau est profonde car le
mer et les jbels, synclinal recouvert en discordance substratum secondaire (Jurassique supérieur), est
par les grès pliocènes marins puis la dune quaternaire.
JBEL RADID
PLAINE D'AKERMOUD AIN ASSOUAFIR
500
500
300
200
100
0
0
Terre végétale rouge Crétacé inférieur. Calcaire. Marno-calcaire NB : Les failles hypothétiques ont
été portées sur la coupe . Cette hy-
Jurassique supérieur. Calcaire (Callovien
Grès dunair pothèse est fondée sur l'existance
Lusitanien. Kimméridgien
Pliocène d'un lambeau de pliocène près du
Jurassique lagunaire. Calcaires gréseux Marabout de Si Yacoub à la cote
Grès marin et marnes rouges
650 environ
Méso-crétacé et crétacé supé- 4
Trias. Marnes rouges et gypse 0 2 6 km
rieur. Marnes-calcaires
FIG. 177 — Coupe géologique schématique de la plaine d'Akermoud d'après L. Monition, 1953.
442 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
401/52 1000 63
100
1 000
--
1 000 CO 3 Combiné
- 50
milliéquivalents
1 000 -- -
( CO 3 + HCO 3 )
1 000
1 000
1 000 NO- 3
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
ALIMENTATION EN EAU D 'ESSAOUIRA Ksob après chaque crue importante, de façon à dériver
(fig. 179) l'eau vers la séguia. Enfin, vers 1952, une crue
importante détruisit la séguia qui ne fut jamais
La population d'Essaouira était de 26 400 habitants reconstruite ; la zone de jardins qu'elle irriguait fut
au recensement de 1960, et dépasse en 1970 les 30 000 livrée à l'urbanisation. Simultanément, on captait 2 km
habitants. La vie économique est axée sur la pêche et en amont de la dérivation ci-dessus mentionnée une
les industries dérivées (conserveries) mais il existe une série de sources dans la vallée du Ksob, sources
tannerie et une huilerie ainsi qu'une activité artisanale émergeant du Pliocène, mais manifestement soutenues
importante spécialisée dans le travail du bois (tables et par des dégorgements du Turonien sous-jacent ; des
coffres). pompes refoulent l'eau au sommet de la berge rive
L'alimentation de la citadelle portugaise fut d'abord droite et une adduction gravitaire la conduit à
assurée par des puits foncés dans les grés dunaires puis Essaouira. De l'ordre de 30 1/s, le débit capté était
par une séguia dérivant les eaux pérennes de l'oued insuffisant dès 1940 et de nombreux travaux furent
Ksob à 3 km au SSE de la ville. Le débit de cette effectués depuis cette époque pour tenter d'accroître les
séguia, progressivement aménagée en buses, fut porté exploitations locales d'eau souterraine. L'exploitation de
jusqu'à 30 et 40 l/s ; puis l'ouvrage fut désaffecté pour deux sources et d'un puits permirent de porter les
l'alimentation de la ville et consacré à l'irrigation d'une ressources à 42 l/s, puis le captage d'une nouvelle
vingtaine d'hectares de jardins dans la ville même. source (source du Palmier) en 1968, à 600 m en amont
L'ouvrage de prise ne fut jamais réalisé et les usagers des installations existantes, porta le potentiel disponible
reconstituèrent sommairement une levée de terre sur le à 58 l/s, encore insuffisant en raison de l ’ accroissement
Indice I.R.E. 51
115
0 1 2 3 km
79
E
U
I Q
T
N
78
A
L
ESSAOUIRA
T
A
110
. 10
N
R.P
77
A
C E
O
O UE
D
68
43 65
64
85
63
84 86
KSOB
105
R.P
. 8
60
53
45
90
R.P
85 90
.8
Fia. 179 — Plan de position des différents travaux de recherche effectués pour l'alimentation en eau
potable de la ville d'Essaouira.
BASSIN ESSAOUIRA-CHICHAOUA ET ZONE COTIERE ESSAOUIRA 445
des besoins. De nombreux travaux de recherche, tous 85 et 86/51) s'adressait à nouveau aux calcaires
négatifs, avaient été effectués entre-temps d'abord turoniens autour des sources. Ces derniers,
auprès des captages productifs, puis en s'en éloignant. épais de 35 m, étaient traversés sous 4 m de
Ce sont : Pliocène et s'avéraient à nouveau compacts
(0,5 à 0,7 l/s). Le caractère karstique de ces
• Le sondage 64/51 (1953) effectué dans la basse
formations est l'élément essentiel comme en
terrasse de l'oued Ksob à 150 m en amont des
témoignent les griffons des sources ; hors du
captages principaux avait pour objet de recon-
karst, l'ensemble est compact et improductif,
naître la perméabilité des alluvions et les
ce qui rend particulièrement aléatoire une
qualités du calcaire turonien. L'ouvrage traversa
recherche par puits ou sondage,
10 m d'alluvions colmatées puis 20 m de
calcaires turoniens compacts avant de s'achever • Enfin, en 1971 des essais de puits négatifs
dans le Cénomanien marno-calcaire. Le débit (puits 53 et 90/51) ont été effectués au
était faible (2,5 1/s) et le sondage fut abandonné. débouché d'une petite plaine alluviale en
amont de la route RP N° 8 où des émergences
• Le sondage 68/51 (1953) avait uniquement le
dans l'oued Ksob avaient été reconnues,
calcaire turonien pour objectif. Implanté en rive
indices du drainage d'un réservoir aquifère.
gauche du Ksob au droit du captage, il recoupa
la série calcaire compacte (0,5 l/s) et fut aban- Comme on peut en juger, l'alimentation en eau
donné. d'Essaouira à partir de ressources souterraines locales
• Le puits 65/51 (1953) situé en rive droite du pose des problèmes difficiles dans l'état actuel des
Ksob, en aval des sources, recoupa une diaclase connaissances, il est vraie assez fragmentaires, sur
dans des bancs calcaires du Cénomanien qui l'hydrogéologie de cette région. En multipliant les tra-
produit 8 l/s. Ce puits fut équipé au bénéfice de vaux de recherche, on peut peut-être espérer découvrir
la ville. (Ce puits est mal implanté sur la fig. quelques bons captages dans le Plio-Quaternaire (du
179, il se situe en fait en rive droite au même type de l'avant-puits pour sondage pétrolier mentionné
niveau que le forage 84/51). ci-dessus), mais leur exploitation sera toujours difficile
• En 1955, trois puits (77,78 et 79/51) furent exécutés et coûteuse. On pourrait peut-être aussi s'intéresser à
à l'E d'Essaouira, dans les dunes quaternaires. Les une source connue, (45/51) sortant du Plio-Quaternaire
deux premiers ont traversé le Quaternaire et le en bord de mer au S d'Essaouira, source submergée à
Pliocène et atteint le Crétacé, alors que le troisième marée haute, réputée pour un débit de 20 l/s et qu'il
était arrêté dans le Pliocène. La tranche aquifère faudrait pouvoir capter en amont. Ces solutions n'en
était très peu épaisse dans tous les cas, les débits demeurent pas moins assez problématiques actuellem-
étaient faibles et le niveau de l'eau très proche du ent, alors que la ville dispose de 60 l/s (contre 65 l/s
niveau de la mer ce qui faisait craindre une invasion demandés) et aura besoin de 80 l/s en 1975 de 105 1/s
marine de, la nappe en cas d'exploitation d'ouvrages en 1985 et de plus de 160 l/s en 2 000. Pour l'immédiat
de ce genre, si l'on en constituait de plus productifs (1975-85), on pense capter par drain le sous-
et conduisait à éliminer cette voie de recherche. En écoulement pérenne de l'oued Ksob aval, soit 30 à 40l/s
1968, à l'occasion du fonçage d'un avant-puits pour à l'étiage, écoulement jadis réservé à l'ancienne séguia
un sondage pétrolier, un débit de 15 l/s d'eau douce de la ville.
fut extrait à proximité des anciens puits d'étude, PROJET DE BARRAGE SUR L'OUED KSOB
dans le Plio-Quaternaire, reposant le problème de
l'étude de cet objectif. L'alimentation en eau d'Essaouira pourrait être
• En 1956 puis en 1959 furent exécutés les deux assurée pour une plus longue échéance par la cons-
sondages 63/51 et 120/43 sur le plateau côtier au truction d'un barrage sur l'oued Ksob, à la confluence
NE d'Essaouira, recherchant des vallées fossiles des oueds Zeltène et Igrounzar. L'oued Ksob recoupe
du Pliocène déterminées par géophysique. La en cet endroit des formations de calcaires, de marno-
validité de ces objectifs a été discutée précédem- calcaires et de marnes du Turonien et du Cénomanien ;
ment et les deux ouvrages furent des échecs. le site est assez resserré et le pendage des couches
orienté vers l'amont. L'oued Ksob pourrait être ainsi
• Un puits à galerie fut effectué (1959) pour capter entièrement régularisé, ce qui permettrait de disposer
la source du Palmier (62/51) située à 600 m en d'un débit fictif continu de l'ordre de 3,0 m3 /s.
amont des captages de la ville et émergeant des actuellement presque entièrement perdu à l'Océan. Sur
calcaires turoniens. Le débit obtenu était de 6 ce débit il faudrait effectuer le prélèvement nécessaire
l/s, mais les ouvrages furent détruits par une à l'alimentation actuelle et future d 'Essaouira et utiliser
crue en 1962 ; la reprise du captage de cette le reliquat soit à l'irrigation de plus de, 1 000 hectares
source en 1968 permit d'obtenir 16 l/s injectés de terres cultivables situées en aval dans la vallée, là
immédiatement dans le réseau urbain. où s'effectuaient jadis des cultures de canne à sucre soit
aux besoins industriels d'un nouveau centre d'extraction
• En 1962 une nouvelle campagne de sondage (84,
446 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
phosphatier (Bni des Meskala dont l'étude est en partie de cette région, les eaux de sources s'accumulent
cours). Si cette suggestion d'un emploi mixte d'une parfois en des points bas et posent des problèmes de
réserve importante et coûteuse à mettre en place ne drainage.
pouvait être combinée, l'édification d'un grand barrage
L'ensemble des prélèvements par sources, puits ou
serait trop coûteuse pour les seuls besoins d'Essaouira
sondages est de l'ordre de 1 m3 /s, soit environ le 1 / 5
et il faudrait avoir recours à une autre solution, par
de l'alimentation. La majeure partie des eaux infiltrées
exemple la création d'une petite retenue parallèle au
s'enfonce profondément par des cheminements kars-
Ksob, à proximité d'Essaouira, alimentée par des
tiques difficilement décelables, gagne le Jurassique
dérivations de débits d'hiver de l'oued Ksob.
supérieur qui s 'abouche à l'Océan.
CONCLUSIONS Un barrage sur l'oued Ksob et le captage des
Cette région comporte de nombreux niveaux aqui- sources existantes permettraient de résoudre les pro-
fères dans les formations calcaires, gréseuses et allu- blèmes d'alimentation en eau potable d'Essaouira, de
viales ; leur alimentation en eau ne peut provenir que nombreux douars environnants et de petits centres
des infiltrations dues aux précipitations directes ; pour ainsi que de créer ou d'étendre des petits périmètres
une pluviométrie de 250 mm par an et en supposant d 'irrigation qui valoriseraient l 'agriculture de cette
que le coefficient d'infiltration est de 10 %, on peut région et permettraient peut-être une relance de son
estimer que la quantité d'eau infiltrée sur ce plateau est activité économique.
de 150 millions de m3 par an, ce qui représente environ Des recherches par puits et par sondages profonds
0,7 l/s par km2 . dans les divers niveaux aquifères, à l'emplacement des
structures favorables à l'accumulation souterraine des
La circulation des eaux souterraines est dans eaux, permettraient également de créer des points d'eau
l'ensemble du type karstique. Alors que les citernes dans d'autres secteurs jusqu'alors bien délaissés dans le
sont le seul moyen de conserver l'eau sur la plus grande domaine de la prospection des ressources en eau.
REFERENCES
AMBROGGI R. & THUILLE G. (1952) : Le Haut Atlas : 1. Haut Atlas MOULLARD L. (1951) : Reconnaissance hydrologique de la région de
occidental et synclinal de Mogador, in Hydrogéologie du Maroc Notes Mogador. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE.
& M. Serv. géol. Maroc, n° 97, pp. 237-243.
ROCH E. (1930) : Etudes géologiques dans la région méridionale du Maroc
BERNERT G. (1970) : Plaine du Bas Tennsift, rapport de fin de sondage de la occidental. Notes & M. Serv. Mines & Carte géol. Maroc, n° 9,
campagne 1969-70. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 36 pp., 5 fig. 542 pp.
BOUDON A. (1972) : Etude préliminaire de la région d'Akermoud. Rapp.
inéd. MTPC/DH/DRE, 16 pp., 4 fig. SUTER G. (1958) : Géologie du plateau d'Akermoud (Maroc occidental),
COCHET A. (1963) : Alimentation en eau de la ville d'Essaouira. Rapp. inéd. Notes Serv. géol. Maroc, t. 16, n° 143, pp. 7-16.
MTPC/DH/DRE.
SERFATY A. (1958) : Ressources minérales et énergétiques de la région
COCHET A. (1968) : Note concernant un débit de 15 1/s trouvé dans les Mogador—Marrakech—Safi. Mines & Géol., Rabat, n ° 1 , p. 49.
sables dunaires récents à 6 km au NE d'Essaouira. Rapp. inéd.,
MTPC/DH/DRE, 3 pp. THUILLE G. (1957) : Note sur les ressources en eau souterraine de la zone
côtière Safi-Mogador. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE.
KABBAJ A. (1968) : Note hydrologique sur l'oued Ksob. Rap. inéd.
MTPC/DH/DRE. Société Africaine d'Etudes Maroc (1966) : Etude de l'alimentation en eau de la
ville d'Essaouira. Rapp. inéd., arch. MTPC/DH/DRE.
MARGAT J. (1961) : Les eaux salées au Maroc. Hydrogéologie et
hydrochimie. Notes & M. Serv. géol. Maroc, n° 151, 138 pp, Manuscrit reçu le 8 mai 1973.
MONITION L. (1953) : Sur l'intérêt de sondages dans la plaine d'Akermoud. Mise à jour partielle en décembre 1974
Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE.
LISTE DES FIGURES
Meknès-Fès
9. Coupe géologique schématique du sillon sud-rifain passant par la
ville de Fès, avec les différents types de sources ..................................................... 42
10. Tableau climatologique ............................................................................................. 44
11. Cours d'eau pérennes et principales sources ............................................................. 45
12. Carte hydrogéologique, relevés piézométriques de 1967 ........................................ 46
13. Nappe phréatique du plateau de Meknès-Fès, isobathes (région de
Douyet et isocônes de l'eau exprimées en résidus secs à 180°C 48
14. Plateau de Meknès-Fès, types d'eaux souterraines de la nappe
phréatique, influence de la lithologie ........................................................................ 50
15. Saïs-Est, schéma des débits d'écoulement ................................................................ 51
16. Saïs-centre, schéma des débits d'écoulement ........................................................... 53
17. Saïs-Ouest, schéma des débits d'écoulement ............................................................ 54
18. Meknès-Est, schéma des débits d'écoulement .......................................................... 56
19. Meknès-centre, schéma des débits d'écoulement ..................................................... 57
20. Esquisse piézométrique de la nappe profonde du Lias du plateau
de Meknès-Fès et de la bordure du Causse moyen- 62
21. Evolution piézométrique de 1963 à 1972 de la nappe profonde
du Lias du plateau de Meknès-Fès (piézomètre n° 290/22) .................................... 64
22. Bilan hydraulique total du plateau de Meknès-Fès .................................................. 68
448 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Couloir Fès-Taza
Plaine du Rharb
33. Nappe profonde et plan de situation ........................................................................ 96
34. Coupes géologiques de quelques forages du Rharb ............................................... 97
35. Tableau climatologique ............................................................................................. 99
36. Bilan hydrologique .................................................................................................... 100
37. Répartition des apports de l'Oued Sebou par sous-bassins versants
(1932-1970) ................................................................................................................ 101
38. Carte des inondations de la crue de janvier 1963 ... ............................................... 102
39. Salinités des eaux de l'estuaire du Sebou ................................................................ 104
40. Coupe NW-SE dans la partie centrale des dunes côtières du 106
Rharb
41. Coupe géologique N-S de la Mamora ...................................................................... 108
42. Coupe géologique N-S à travers le périmètre irrigué ............................................ 109
43. Diagramme d'analyse d'eau de la nappe profonde du Sud-Est du
Rharb ........................................................................................................................... 110
44. Schéma géologique de la perte du Sebou dans la nappe profonde
à l'entrée dans la plaine du Rharb ............................................................................ 112
45. Carte isopiézométrique de la nappe profonde en charge, étiage
1965, de la Plaine du Rharb ...................................................................................... 113
46. Fluctuations piézométriques de la nappe profonde du Rharb ............................... 115
47. Carte de drainage de la nappe en charge vers la nappe phréatique…………….……. 116
48. Bilan hydraulique des eaux souterraines de la nappe profonde……………………… 117
LISTE DES FIGURES 449
Méséta
61. Plan de situation et schéma géologique ..................................................................... 151
62. Points d'observations hydrologiques et climatologiques ........................................... 154
63. Corrélation entre pluviométrie et altitude .................................................................. 154
64. Tableau climatologique, Méséta centrale et côtière (littoral) .................................... 155
65. Tableau climatologique, Méséta centrale et côtière (partie centrale) ....................... 156
Tableau climatologique, Méséta centrale et côtière (partie orientale) ......................
66. 156
67. Nappe phréatique de Rabat-Témara. Schéma géologique et piézo-
métrique ...................................................................................................................... 162
68. Nappe phréatique de Benslimane, schéma géologique et piézomé-
trique ........................................................................................................................... 165
69. Besoins en eau potable des villes de la côte de Kénitra à Casa-
blanca jusqu'à l'an 2 000 ............................................................................................. 166
70. Alimentation en eau des villes de la côte atlantique entre Kénitra
et Casablanca, adductions existantes en 1970 et adductions projetées
jusqu'en 2 000 ............................................................................................................. 167
'
71. Ressources en eau susceptibles d être mobilisées pour l'alimentation
des villes de la côte atlantique .................................................................................... 169
72. Gisement de la source thermale Lalla-Aghya d'Oulmès en Méséta
centrale ........................................................................................................................ 171
Rehamna
73. Massif des Rehamna, croquis de situation et schéma géologique,
d'après M.Gigout ......................................................................................................... 177
74. Tableau climatologique .............................................................................................. 178
450 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Plaine de Berrechid
79. Présentation géographique et géologique du bassin constitué par la
plaine de Berrechid et la Chaouia entre Mohammedia et Casa-
blanca .......................................................................................................................... 188
80. Plaine de Berrechid, coupes géologiques longitudinales et trans-
versales ....................................................................................................................... 190
81. Coupes géologiques schématiques de la Chaouia côtière entre
Casablanca, Médiouna et Tit-Mellil, d'après L. Monition & M.
Nérat de Lesguisé ...................................................................................................... 193
82. Tableau climatologique ............................................................................................. 194
83. Carte piézométrique de la nappe de la plaine de Berrechid .................................. 201
84. Carte des profondeurs sous le sol de l'eau de la nappe de la plaine
de Berrechid ............................................................................................................... 202
85. Différentes familles hydrochimiques des eaux de la nappe de Berre-
chid .............................................................................................................................. 203
86. Faciès chimiques de l'eau de la nappe de la plaine de Berrechid
exprimés sous forme de diagrammes logarithmiques ............................................ 204
87. Carte des concentrations en sels (résidus secs à 180°C) de l'eau
de la nappe de la plaine de Berrechid ...................................................................... 205
88. Plaine de Berrechid : carte des isopaches des terrains aquifères ré-
sistants ........................................................................................................................ 207
89. Drainage naturel des eaux souterraines par les quartzites primaires
dans la région de Tit-Mellil ...................................................................................... 210
90. Profondeur de la nappe phréatique dans la basse Chaouia à l'E
de Casablanca ............................................................................................................. 211
91. Carte des concentrations en sels (résidus secs à 180°C) des eaux
souterraines dans la Basse Chaouia à l'E de Casablanca ....................................... 212
92. Région de Tit-Mellil (Basse Chaouia) : piézométrie et salure de la
nappe phréatique ........................................................................................................ 213
93. Faciès chimiques des eaux à la limite de la plaine de Berrechid
et de la Basse Chaouia .............................................................................................. 214
94. Faciès chimiques des eaux à la limite de la plaine de Berrechid
et de la Basse Chaouia .............................................................................................. 215
95. Faciès chimiques des eaux à la limite de la plaine de Berrechid
et de la Basse Chaouia .............................................................................................. 216
96. Basse Chaouia à l'E de Casablanca : carte des indices d'échanges
de base ........................................................................................................................ 217
97. Répartition des différentes familles chimiques des eaux de la nappe
phréatique en Basse Chaouia à l'E de Casablanca .................................................. 218
LISTE DES FIGURES 451
Abda-Doukkala
116. Situation, limites et schéma géologique simplifié des Abda-Doukkala
et de leurs bordures ................................................................................................... 262
117. Esquisse structurale du Crétacé inférieur d'après la géophysique
(méthode électrique) et forages ............................................................................... 263
'
118. Esquisse structurale de la base du Plio-Quaternaire d après la géo-
physique et les forages ............................................................................................. 265
119. Carte schématique de l'épaisseur des limons quaternaires dans la
plaine des Doukkala ................................................................................................. 267
120. Coupes géologiques W-E à travers le Sahel .......................................................... 268
121. Coupes géologiques à travers les Doukkala ........................................................... 269
452 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
270
122. Esquisse géomorphologique des Abda-Doukkala .................................................
123. Tableau climatologique, plaine des Abda-Doukkala ............................................ 272
124. Tableau climatologique, Sahel de Safi—Azemmour ............................................ 272
125. Abda-Doukkala, carte des isohyètes moyennes annuelles pour la
période 1933-63 et position des postes pluviométriques ...................................... 275
Tadla
Ganntour—Bahira
146. Coupe géologique N-S des Rehamna aux Jbilete, le long de la route
principale RP 9 (d'après M. Benzaquen, A. Boujo & R. Médioni,
1963) ............................................................................................................................ 369
147. Tableau climatologique ............................................................................................. 370
148. Bahira occidentale et centrale, Géologie et piézométrie ........................................ 372
LISTE DES FIGURES 453
Jbilete et Mouissate
157. Tableau climatologique .............................................................................................. 394
158. Jbilete et Mouissate, plan de situation et schéma géologique ..................................... 396
Haouz
159. Cadre géographique ..................................................................................................... 400
160. Coupes géologiques schématiques N-S de la plaine du Haouz ................................... 401
161. Tableau climatologique ............................................................................................... 404
162. Plaine du Haouz, étude sur papier conducteur ............................................................. 410
163. Plaine du Haouz, étude sur modèles mathématiques ................................................... 411
164. Modèle mathématique Haouz en fin de calage ............................................................ 413
165. Carte des transmissivités ............................................................................................. 414
166. Carte piézométrique, carte des conditions aux limites ................................................. 415
167. Carte des profondeurs, conductivités et débits d'échange ............................................ 416
168. Diagramme logarithmique des eaux du N'Fis .............................................................. 417
169. Diagramme logarithmique de l'analyse chimique des eaux souterraines
en quelques points caractéristiques .............................................................................. 418
170. Carte des débits, résultats définitifs ............................................................................. 426
171. Possibilités d'aménagement du Haouz de Marrakech .................................................. 427
Essaouira-Chichaoua
172. Bassin d'Essaouira-Chichaoua, schéma géologique et plan de situation ....................
434
173. Tableau climatologique .............................................................................................. 436
454 RESSOURCES EN EAU DU MAROC