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ROYAUME DU MAROC
MINISTERE DU COMMERCE, DE L'INDUSTRIE, DES MINES ET DE LA MARINE
MARCHANDE DIRECTION DES MINES, DE LA GEOLOGIE ET DE L ' ENERGIE
DIVISION DE LA GEOLOGIE
N° 231
RABAT
1975
PRÉSENTATION DU DOMAINE ATLANTIQUE
Table des matières
Introduction ................................................................................................................... 18
Le domaine Atlantique ................................................................................................. 19
Présentation du domaine Atlantique (par A. Kabbaj & M. Combe)……………. 21
Présentation géographique .......................................................................................... 21
Géologie ................................................................................................................... 25
Climatologie .............................................................................................................. 28
Hydrologie superficielle ............................................................................................ 32
Hydrogéologie .......................................................................................................... 35
Références ................................................................................................................. 39
INTRODUCTION
0 50 100 SETTAT 27
15 13 KHOURIGBA 26
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GOULIMINE
42
TARFAYA
43
1 Zone axiale du Rif 8 Plateau de Mekhnès - Fès et couloir Fès-Taza 21 Moyen Atlas et Causse
2 Zone r ifaine 9 Rharb et Dradère - Soueïre 22 Haut Atlas occidental
3 Zone et r ides pr ér if aines 10 Meseta 23 Massif ancien du Haut Atlas
4 Bas Loukkos 11 Rehamna 24 Haut Atlas calcaire
5 Tangérois 12 Chaouia côtière et plaine de Berrechid 25 Haut Atlas oriental-Tamlelt
6 Kerte 13 Plateau des Phosphates
7 Gareb et Sou Areg 14 Doukkala - Abda Domaine du sillon sud-atlasique
15 Sahel de Safi à Azemmour
Domaine du Maroc Oriental 16 Tadla 35 Souss et bassin de Ti znit
17 Bahira 36 Bassin de Ouarzazate
26 Haute Moulouya - Itzer 18 Jbilete et Mouissate 37 Bassin Ksar es Souk_ Boudenib
27 Moyenne Moulouya 19 Haouz de Marrakech
28 Rekkame 20 Synclinal Essaouira-Chichaoua Domaine anti-atlasi que
29 Chaîne des Horsts
30 Hauts Plateaux 38 Ant i- Atlas- zone ax iale
31 G u e r c if 39 Ant i- At las or ient a l
32 Couloir Taourirt - Oujda. 40 Moyenne vallée du Drâ
33 B n i - B o u - Y a h i - B n i - S n a s s e n e 41 Bas-Drâ et Rani
34 T r i f f a 42 Seyad-Noun
44 Tafilalt
45 Maidère
46 Hamada du SE
par
Le domaine Atlantique qui fait l'objet des descriptions du présent tome numéro deux
de l'ouvrage « Ressources en Eau du Maroc » est encadré au N par la chaîne rifaine qui,
avec son prolongement du Maroc oriental, a fait l'objet du tome premier, et à l’E et au S
par la chaîne atlasique qui avec le Maroc sud-atlasique fera l'objet du tome trois et enfin à
l'W par l'océan Atlantique (fig. 1).
Les plaines et plateaux du versant Atlantique du Maroc sont isolés du reste du pays
par deux hautes chaînes montagneuses, le Rif et l'Atlas, qui constituent des barrières
naturelles à de nombreux titres et confèrent à ce domaine une homogénéité d'ensemble
qui s'avèrera pourtant très relative en pénétrant plus avant dans le détail ; ceci ne saurait
par trop étonner si l'on considère que le domaine s'étend sur 4 degrés de latitude (entre les
parallèles 31 et 35 degrés N) et 6 degrés de longitude (entre les méridiens 4 et 10 degrés
W) et s'étend sur une superficie de l'ordre de 80 000 km2 représentant le sixième du
Maroc. Ce domaine contient des potentialités naturelles abondantes par comparaison au
reste du pays. Si l'Etat effectue depuis plusieurs années des actions de développement de
toutes natures sur l'ensemble du territoire, il faut bien reconnaître que la plupart des
actions les plus amples, les mieux réussies et les plus rentables intéressent ce domaine
Atlantique qui détient à lui seul en dépit de son étendue relativement restreinte, à peu près
les trois quarts du potentiel de production économique du Maroc, tout comme il recèle les
2/3 des terres irriguées pérennes, plus des 2/3 du potentiel hydraulique, les 2/3 de la
population et les 4/5 des industries.
PRESENTATION GEOGRAPHIQUE
Le domaine Atlantique, c'est avant tout 600 de vieux massifs primaires très érodés et d'al-
km de côtes entre Larache au N et Essaouira au titude modeste (500 à 1 500 m) qui sont la
S. Puis vient une bande plus ou moins large de Méséta centrale, les Rehamna et les Jbilete, des
basses plaines côtières d'altitude inférieure à 200 plateaux et hautes plaines compris entre 200 et
mètres. Entre ces plaines côtières et les massifs 600 mètres d'altitude où les développements de
montagneux élevés du Rif et de l'Atlas (plus de l'irrigation permettent une agriculture prospère.
3000 m d'altitude) se situent, de part et d'autre,
22 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Cette côte, redoutée jadis des plus audacieux Meddouza à l'embouchure du Tensift, de hautes
navigateurs, est dans l'ensemble monotone, rectiligne et falaises constituées de terrains crétacés, dominent
sans abri naturel. Secouée par des tempêtes violentes, l'Océan de plusieurs dizaines de mètres ; le cordon
elle demeurait avant l'édification de ports modernes dunaire existant partout ailleurs disparaît dans ce
fréquemment inabordable en hiver pendant des semaines secteur. Au S de l'oued Tensift, les dunes vives
entières, lorsque la barre y développe sa frange de réapparaissent et prennent autour d'Essaouira une
rouleaux créés par le déferlement d'une houle extension qu'elles n'ont nulle part ailleurs sur la côte.
qu'engendrent des perturbations atmosphériques très
éloignées, sur une plate-forme continentale large et peu En arrière immédiat de la côte se situe la zone des
profonde. dunes du Quaternaire ancien, mortes et fixées,
constituant le Sahel. Celui-ci est formé de sols légers
La côte est constituée assez généralement par une et sablonneux faciles à labourer et s'échauffant
dune sableuse récente plus ou moins consolidée en grès, rapidement. Le profil des dunes, quoique très émoussé,
d'altitude comprise entre 5 et 20 mètres et rarement impose au littoral une morphologie caractéristique faite
fixée par la végétation. Au N de Rabat et jusqu'à de longues croupes parallèles à la côte, séparées par
Larache une plage presque ininterrompue de sables des sillons à fond plat s'allongeant en dépressions plus
fins, plus ou moins recouverte pendant le flot, s'étend ou moins marécageuses. Ces dunes anciennes contien-
au pied de la falaise dunaire. Entre Rabat et Meddouza, nent une nappe phréatique facile à exploiter et souvent
les plages de sables fins alternent avec des promontoires assez riche, ce qui fait du Sahel très tempéré par la
proximité de l'Océan, une zone à vocation d'agriculture
rocheux (chicots de socle primaire ou grès du Qua-
intensive, encouragée par la facilité d'écoulement des
ternaire ancien) et se trouvent parfois isolées de la produits vers les grandes villes proches du littoral.
mer ouverte par une barre rocheuse qui protège une
lagune (Oualidia). De part et d'autre de Safi, de
La chaîne du Rif vient plonger au N dans irrigations à 200 000 ha d'ici l'an 2 000 ; l'exécution
l'Atlantique en enserrant la basse plaine du Loukkos de ce plan a été entamée en 1970.
qui appartient naturellement au domaine Atlantique
mais a été traitée par ailleurs (tome 1, chapitre 4). Les Au S du bassin Rharb-Mamora, la frange littorale
dernières collines prérifaines séparent la plaine du de la Méséta centrale marocaine correspond à une
Bas-Loukkos au N de la plaine du Rharb-Mamora au bande étroite et basse (altitude de 100 à 200 m) où le
S. socle primaire est recouvert de sols peu épais mais qui
portent des cultures céréalières et des pâturages, faute
Le bassin du Rharb-Mamora est une vaste cuvette de nappe phréatique en dehors du Sahel côtier voué au
fermée dont le centre, occupé par l'oued Sebou, a une maraîchage. Entre Rabat et Azemmour, la plate-forme
altitude inférieure à 10 mètres alors que les bords ne primaire est profondément entaillée (de l'ordre d'une
dépassent pas une centaine de mètres. Vers la mer, la centaine de mètres) par des rivières dont l'eau, située
cuvette est également fermée par le Sahel dunaire à une côte trop basse par rapport au sommet des rives,
large de 5 à 25 km et haut de 30 à 50 mètres. La est de ce fait inemployée, même lorsque les oueds ne
plaine est subsidente et fait l'objet d'un alluvion- sont pas temporaires (Bou-Regreg – Mellah - Oum-er-
nement important depuis le Miocène par le Sebou, Rbia). Des arêtes de quartzites durs appartenant au
fleuve le plus abondant du Maroc et qui la traverse d'E socle primaire font parfois saillie dans le paysage, du
en W. Le fleuve s'écoule entre ses propres levées de plateau côtier, en rompant la monotonie.
berges qui dominent la plaine environnante, et
déborde fréquemment, provoquant des inondations Au S de l'Oum-er-Rbia, la plaine des Abda-
catastrophiques et très redoutées. Cette plaine fertile Doukkala est un autre bassin alluvionnaire fermé qui
où 50 000 ha de cultures riches sont irriguées a fait possède la particularité de n'être parcouru par aucune
l'objet d'un plan d'aménagement destiné à étendre les
Limites du domaine atlantique
Limite de bassin hydrogéologique Targuist
8 Plaine de Meknès-Fès et couloir de Taza OUEZZANE
9 Plaine du Rharb et bassin de Dradère
10
11
Meseta centrale et Meseta côtière OUED DOMAINE
Massif de Rehamna
12 Chaouia intérieur et Chaouia côtière RIFAIN Ouarrha
13 Plateaux des Phosphates
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rivière permanente. Les oueds torrentiels qui y Essaouira n'est pas pérenne à ce niveau car ses eaux
débouchent en provenance du massif des Rehamna sont totalement utilisées à l'amont pendant l'été. Au
n'ont plus aucun exutoire et s'épandent dans la plaine, Sud du Tensift, l'altitude se relève et l'on peut parler
s'infiltrant dans le sol perméable et s'évaporant après d'un plateau côtier d'Essaouira, interrompu par des
avoir causé des dégâts aux aménagements mis en chaînons montagneux qui se rattachent au système
place. Cette plaine possède beaucoup de sols de bonne atlasique. Cette région méridionale de la zone côtière
qualité ; un périmètre moderne d'irrigation est en atlantique est la plus pauvre en eau, tant souterraine
cours d'équipement à partir des eaux de l'Oum-er-Rbia que superficielle ; en outre les sols sont peu épais et
et atteindra 30 000 ha en 1972 sur 65 000 ha au moins généralement sableux, ce qui explique qu'en dépit
envisagés actuellement et 125 000 ha potentiels. d'un climat très doux, l'agriculture ne soit pas
Le Tensift qui se jette à l'Océan entre Safi et prospère et possède un fort caractère aléatoire.
Trois massifs anciens et très érodés brisent avec une de pommiers (Oulmès) et quelques exploitations
direction E-W l'extension du N vers le S des basses minières.
plaines. Ce sont successivement la Méséta centrale, les Les Rehamna ont la même constitution géologique
Rehamna et les Jbilete. que la Méséta, mais demeurent à une altitude plus
basse (moins de 700 mètres) et se situent déjà
La Méséta centrale est une succession de plateaux beaucoup plus à l'intérieur des terres. Les pré-
tabulaires d'altitudes croissantes d'W en E, atteignant cipitations (300 mm/an) sont plus que deux fois
1400 m au pied de l'Atlas et culminant à 1 650 m. inférieures à celles reçues par la Méséta ; cette région
Constituée de roches primaires schistes, quartzites et est avec les Jbilete la moins peuplée du Maroc
granites, la Méséta est fortement entaillée par les atlantique. Cependant, grâce à cette faible densité, les
vallées profondes des réseaux hydrographiques du habitants des Rehamna qui disposent de vastes
Bou-Regreg et du Beth. Les sols provenant de la parcours, sont moins démunis que certaines tribus
décomposition des roches primaires sont des plus d'autres régions plus à l'étroit sur de meilleurs sols.
médiocres et il n'existe pas de nappe d'eau souterraine Les Jbilete ne sont séparés des Rehamna que par le
étendue dans le substratum. C'est l'abondance des plateau des Ganntour et la plaine de la Bahira. Ils sont
précipitations grâce à la proximité de l'océan et à peu élevés puisqu'ils culminent vers 1 000 m, mais
l'altitude qui donne à cette région d'excellentes possèdent des caractères encore un peu plus
aptitudes pastorales et une vocation forestière. On y continentaux que les Rehamna de sorte que les deux
note en outre quelques cultures céréalières, des vergers massifs, de même constitution, sont très semblables.
Dans la partie septentrionale du domaine Atlantique, régions et établit des conditions très normales à la
le bassin côtier du Rharb-Mamora se poursuit vers l'E culture des céréales sans irrigation ; le plateau de
par le plateau de Meknès-Fès prolongé jusqu'à Taza Meknès-Fès porte de riches terres à blé qui sont parmi
par le couloir sud-rifain ; ce secteur est bien les plus prospères du Maroc. La prairie dense,
circonscrit par le Rif, le Moyen Atlas et la Méséta formation végétale la mieux adaptée à la modération
centrale. La disposition du relief de ce couloir en fait du climat, permettrait également un élevage prospère ;
la voie de passage la plus importante de l'Afrique du les croupes marneuses et les piémonts montagneux qui
Nord ; cette fonction géographique s'est épanouie en bordent les plateaux portent des arbres fruitiers,
un rôle historique prestigieux lorsque les Idrissides oliviers surtout au N, mais aussi cerisiers (Sefrou),
établirent à Fès au IXe siècle les bases de l'Etat pommiers, vignes et agrumes. Fès et Meknès sont
chérifien. Le plateau, dont le soubassement calcaire deux très grandes villes à vocation commerçante, dont
poursuit le massif du Moyen Atlas, recèle une nappe le rôle historique est considérable.
d'eau souterraine abondante qui dégorge en de grosses Au S de la Méséta centrale, la présence de sédiments
sources, utilisées de longue date pour l'irrigation. Par crétacés et éocènes sur le socle primaire individualise
ailleurs, l'humidité océanique pénètre jusqu'à ces les plateaux des Phosphates et des Ganntour qui sont
25
DOMAINE ATLANTIQUE
régulièrement inclinés du N vers le S, entre les bordent, ce qui a incité à créer d'importants
altitudes 1 000 et 600 m. Ces plateaux, sans arbre et aménagements hydroagricoles qui ont permis à cette
sans accident notable sont d'une monotonie date la mise en eau de 90 000 ha irrigués de façon
désespérante ; aucun cours d'eau important ne les moderne (25 000 ha dans les Beni-Amir et 65 000 ha
traverse. Le climat est très continental et les sols sont dans les Beni Moussa). Des extensions pouvant
peu profonds en général ; la région donne l'impression atteindre 45 000 ha sont prévues pour les prochaines
d'un désert de pierres en été et ne porte en hiver que années.
quelques cultures de céréales (orge surtout) dont la
rentabilité est liée directement à l'abondance des Au S des Jbilete qui constituent un seuil très
pluies annuelles. Le mouton constituait le capital de aisément franchissable, s'étend la plaine du Haouz,
cette région avant la découverte et la mise en exploi- dans des conditions très comparables à celles du Tadla,
tation des gisements phosphatiers (plus de 10 millions mais au pied du Haut Atlas. La continentalité de cette
de tonnes par an) dont Khouribga est la capitale sur le plaine est encore plus accusée que celle du Tadla et la
plateau des Phosphates et Youssoufia, celle du plateau végétation spontanée est la steppe à jujubiers ; on ne
des Ganntour. peut qu'exceptionnellement y pratiquer des cultures
sèches. Cependant, l'irrigation est facilitée par la
disposition de la plaine qui descend en pente douce du
Vers le SE, le plateau des Phosphates s'abaisse Haut Atlas vers un drain naturel : l'oued Tensift qui
progressivement vers la plaine du Tadla qui s'adosse s'écoule tout à fait au N, en longeant les Jbilete d'E en
aux montagnes des Moyen et Haut Atlas. Cette région W. Le Haut Atlas, où la neige se conserve longtemps
devenue cuvette synclinale à la fin du Tertiaire, après grâce aux altitudes de 4 000 m, constitue une réserve
la surrection des Atlas, fut longtemps occupée par un d'eau importante distribuée entre plusieurs. affluents
lac que les torrents qui y convergeaient en dévalant de qui s'écoulent du S vers le N ; ces affluents sont dérivés
la montagne ont progressivement comblé de leurs à leur entrée dans la plaine par de nombreuses seguias
alluvions. Le puissant Oum-er-Rbia sépare la plaine en et les infiltrations d'eau dans les formations
deux secteurs : les Beni-Amir sur la rive droite et les alluvionnaires souterraines sont également exploitées
Beni Moussa sur la rive gauche qui étaient à l'origine pour l'irrigation, par des puits où des drains souterrains
très différents. En effet, l'Oum-er-Rbia ne reçoit pas dénommés rhettaras. Grâce à l'irrigation, très ancienne
d'affluent en rive droite et la nappe phréatique était en ce secteur, toutes les cultures sont possibles et la
profonde, de sorte que les Beni-Amir étaient population est exceptionnellement dense ; des
essentiellement voués à l'élevage ; en rive gauche au aménagements sont en cours ou prévus pour porter à
contraire parviennent plusieurs affluents abondants 50000 ha les irrigations modernes de ce secteur (Haouz
alimentés par de grosses sources, dérivées et vallée de la Tessaoute) ; Marrakech, ville impériale
partiellement depuis de longues années par des seguias au passé prestigieux, possède une puissance d'attraction
d'irrigation. Le climat du Tadla est très continental et considérable pour l'ensemble du Maroc Sud-occidental;
les cultures annuelles ne peuvent y subsister sans les possibilités touristiques exceptionnelles de cette
irrigation ; les bonnes terres sont nombreuses et l'eau cité constituent une ressource susceptible d'une grande
abondante dans les rivières qui le traversent ou le expansion.
GEOLOGIE (fig.3)
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SCHEMA GEOLOGIQUE TRES SIMPLIFIE
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E DU DOMAINE ATLANTIQUE
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Tamanar D Crétacé et Tertiaire
Plioquaternaire
Nappes périfaine et rifaine
TERTIAIRE
Dès le Maestrichtien une nouvelle transgression surmontées d'une épaisse série marneuse (marnes
est enregistrée, suivie par celle de l'Eocène ; toutes bleues) qui s'achève par un épisode sableux, rapporté
deux sont très semblables, tant par la sédimentation au Pliocène, marquant le retrait de la mer à la suite
phosphatée que par l'extension. Au S et au SW de la d'une nouvelle phase tectonique : c'est alors
Méséta centrale s'étendent deux golfes ouverts sur l'avènement d'une importante phase lacustre (Plio-
l'Atlantique, séparés par l'île des Jbilete qui se trouve villafranchien) très étendue dans les régions de
séparée de l'île des Rehamna car la Bahira est Meknès Fès, Tadla, Bahira, etc. suivie sur la côte
immergée. La sédimentation est phosphatée jusqu'au Atlantique d'une transgression limitée (Moghrebien =
Montien, puis calcaréo-gréseuse au Lutétien. A la fin Calabrien de la Méditerranée).
du Lutétien se produit le premier grand plissement de
l'Atlas, suivi d'une exondation totale du domaine
atlasique. Deux nouvelles phases paroxysmales de QUATERNAIRE
plissement se produisent encore à l'Oligocène et au On assiste au Quaternaire à un exhaussement
Miocène (Tortonien) ; pendant cette période, la presque continu des terres émergées et sur la côte des
sédimentation est continentale dans tout le domaine. allées et venues de la mer très peu étendues et en
La phase orogénique miocène est suivie par la rapport avec les lointaines glaciations ; des dépôts de
transgression vindobonienne qui s'étend brusquement lumachelles alternent avec des dunes consolidées. Sur
au N de la Méséta, faisant communiquer l'Atlantique et le continent, alternent des phases climatiques humides
la Méditerranée par le détroit sud rifain. La sédiment- et sèches qui se manifestent par les régimes de
ation marine comprend des molasses à la base, terrasses fluviatiles.
CLIMATOLOGIE
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M Courbes 500 et 300 mm
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Moins de 200 mm/ an
HAUTEURS MOYENNES DE PLUIE EN MM/AN neige y sont exceptionnelles ou très rares. Les
précipitations supérieures à 600 mm se situent en
bordure du Rif et du Moyen Atlas et sur les zones
orientales élevées du plateau central. Le plaine du
Rharb et les plateaux du sud et de l'est reçoivent 500 à
600 mm seules quelques grandes vallées encaissées et
orientées N-S, parallèlement à la côte (oued Beth par
exemple), sont moins" bien arrosées. Le littoral jusqu'à
KENI TR A
Casablanca et le glacis méridional du plateau central
600 reçoivent entre 400 et 500 mm seulement.
300 . ESSAOUIRA
FIG. 5 -
- 200
Pluviosité moyenne
annuelle en fonction de
- 100
la latitude, le long du
LATITUDE E N DEGRES littoral Atlantique
35 34 33 32 31
domaine au N et à l'E sont partout soulignées par des (Doukkala-Jbel Cadid au N d'Essaouira) et la bordure
bandes de pluviosité relativement fortes. Des hauteurs occidentale du Haouz. La neige est pratiquement
de pluie réellement observées autorisent à admettre inconnue. Certaines cuvettes reçoivent moins de 200
que les sommets du Moyen Atlas et de l'Atlas mm (Chichaoua et Haouz central).
reçoivent entre 1 000 et 2 000 mm par an, alors que les
totaux les plus élevés dans le Rif dépassent fort Le nombre de jours de pluies par an et la ré-
probablement ces derniers chiffres. Malheureusement partition des quantités de pluies dans l'année varient
la faible densité des stations de montagne ne permet sensiblement au N et au S du domaine.
pas d'établir avec exactitude 1e gradient de variation De 50 à 70 au N de la ligne Casablanca-Kasba-
de la pluviométrie selon l'altitude. En particulier, la Tadla, le nombre de jours pluvieux descend au S entre
décroissance des précipitations au-delà d'une certaine 50 et 30 (et même moins parfois) ; le nombre de mois
altitude est encore mal connue ; le maximum se situe- secs s'élève entre 7 et 10 au S de la précédente ligne,
rait vers 2 500 m d'après certains pluviomètres tota- contre 5 à 6 au N.
lisateurs et les observations des botanistes.
La répartition des précipitations dans l'année
En outre, tous les versants accusent une dissymétrie ressort bien des diagrammes pluviothermiques (f g. 6).
entre les versants ouest ou nord-ouest exposés aux
vents pluvieux et les versants est abrités des vents LES TEMPERATURES
pluvieux par la montagne. Des îlots de sécheresse Les cartes en courbes isothermes des températures
peuvent ainsi apparaître dans des vallées profondes et moyennes annuelles montrent un alignement
abritées alors que les sommets sont très arrosés (haute remarquable parallèlement à la côte Atlantique, ce qui
vallée du Sebou par exemple). traduit parfaitement l'influence océanique qui modère
plus ou moins la continentalité. On admet général-
On distingue deux zones dans la répartition de ement, pour l'influence de l'altitude, un gradient
l'abondance des pluies dans le domaine Atlantique; la vertical moyen de 0°45 C de diminution de température
partie septentrionale au N d'une ligne Casablanca- moyenne pour une élévation de 100 mètres ;
Kasba-Tadla est plus humide que la partie méridionale cependant, on a noté que la température décroît moins
(carte des isohyètes, moyennes annuelles). vite avec l'altitude pendant la saison chaude que
pendant la saison froide.
Le domaine septentrional reçoit des précipitations
comprises entre 400 et 800 mm par an ; les chutes de Les diagrammes pluviothermiques (fig. 6) illustrent
les variations thermiques mensuelles dans les sens W-E
FIG 6. Diagrammes pluviothermiques selon quatre coupes méridiennes dans le domaine atlantique
32 RESSOURCES EN E A U DU MAROC
HYDROLOGIE SUPERFICIELLE
(fig. 7)
Beht
O.
18 Jbilete et Mouisssate Qe = 0 TAZA
19 Haouz de Marrakech CHERRATE V= 50 Qe = 0 Salé FES
RABAT
20
Bassin d'Essaouira - Chichaoua NFIFIKH V = 60
E
MEKNES
15 30 45 60 75 km
Qe = 0
SEB
U
0
O.
MELLAH V = 100 8
Bo
Q
O
Qe = 0
u R
U
O.
I
CASABLANCA
eg
Karifla
O.
reg
N
Nf O.
OUM ER RBIA V =3700 Ifrane
ifik
A
Qe = 30 10 Azrou
h
u
go
L
12 ui
O.
Me
EL JADIDA Berrechid . G
T
llah
A
Gr
OU
au
SETTAT E
ED
U
N
Oued Zem
15 Q
A
13 I
S
E
14 A
C
11
OU
Kasba Tadla
L
M
O
16 Abid
T
ER
SAFI RBIA
A
Benguerir Beni Mellal
TENSIFT V= 1000
Qe = 0 el
O. ul
17 Mello
el Kalâa des Srarhna Asif
OU 18
out
ED
TENNSIFT Tessa Limite des bassins versants hydrologiques
KSOB V = 110
Qe = 0 Bassin fermé, endoreïque
ESSAOUIRA MARRAKECH Station hydrologique du réseau national (1971)
O.
S OB
19
E principaux bassins hydrologiques
I N V Apports annuels moyens naturels (en 10E6 m³/an )
A
Nfis
FIG. 7 - Bilan des ressources en eaux superficielles à l'embouchure des principaux bassins, en modules
annuels et à l'étiage. Situation du réseau national de mesures de la Division des Ressources en Eau (1971).
34 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
HYDROGEOLOGIE
(fig. 8)
ht
Be
19 Haouz de Marrakech RABAT FES
E
20
Bassin d'Essaouira - Chichaoua
MEKNES
U
NAPPES CHAOUIA INTERIEURE
SE
15 30 45 60 75 km
O.
0 8
BO
Ressource : 85 Mm³ (80% exploités)
Bo
O.
U
u
I
T
Re
CASABLANCA
Karifla
gre
O.
N
NAPPES CHAOUIA COTIERE
g
Ressource : 75 Mm³ (90% exploités)
Nfi
A
Ifrane
fikh
10 Azrou
O.
L u
O.
go
O.
12 ui
T
O.
Mell
G
EL JADIDA Berrechid .
A
ah
NAPPES MEKNES-FES
G
Ressource : 320 Mm³
NAPPES ABDA-DOUKKALA-SAHEL ro (40% exploités)
u
Ressource 100 Mm³ (50% exploités) SETTAT
E
U
N
Oued Zem
15 Q
A
OU
ED 13 I PLATEAU DES PHOSPHATES
E
14
S (ET EXTENSION PROFONDE SOUS
A
C
11 LE TADLA)
OU
Kasba Tadla
L Ressources 200 Mm³ (10% exploités)
M
O
ER
16
T
Abid
SAFI
A
NAPPE DE LA BAHIRA RBIA NAPPE DE TADLA
Benguerir Beni Mellal Ressource 400 Mm³ (25% exploités)
Ressource 100 Mm³ (20% exploités)
el
O. ul
17 Mello
el Kalâa des Srarhna
NAPPE ESSAOUIRA CHICHAOUA Asif
OU
Ressources 150 Mm³ (20% exploités) ED 18
out
T es s a
TENNSIFT
NAPPES PHREATIQUES
ESSAOUIRA MARRAKECH
O. 20
O.
19
E
I N Aquifères divers d'âges secondaire ou teriaire
A
Nf
is
FIG. 8 – Bilan des ressources en eaux souterraines par aquifères, avec indication du taux d’exploitation (1971)
DOMAINE ATLANTIQUE 37
et plaine des Doukkala, plateaux côtiers d'Akermoud petits exploitants petits exploitants agricoles,
et d'Essaouira. maraîchers essentiellement. Des captages à haute
productivité ont été exécutés un peu partout pour
Les bassins sont de moins en moins bien arrosés par
l'alimentation en eau potable des centres urbains
les pluies au fur et à mesure que l'on descend du N
(Rabat, Casablanca, Kénitra, Berrechid, Essaouira),
vers le S. De 600 mm/an au N, la pluviosité décroît
de très nombreuses petites agglomérations et des
progressivement jusqu'à 300 mm/an au S. Ce facteur
industries. On a couramment à se préoccuper pour
est particulièrement important car l'alimentation
ces aquifères côtiers, des risques d'invasion marine à
naturelle de ces nappes est imputable essentiellement
la suite de mises en exploitation intensives ; à
à l'infiltration des eaux de pluies. Rien d'étonnant par
l'heure actuelle, ce phénomène est peu prononcé,
conséquent à ce que les nappes des bassins du N
sauf cas particuliers.
soient plus riches que celles des bassins du S.
systématiques et détaillées, une bonne connaissance de plateau des Phosphates (n° 13) et la Bahira (n° 17).
ces grands aquifères, ce qui permet d'y implanter des
captages importants avec le maximum de chances de La barre calcaire du Turonien, bien qu'épaisse
succès. Il ne faut surtout pas omettre de considérer, dans d'une trentaine de mètres environ, s'est avérée être un
ces secteurs, pour chaque application, la qualité excellent aquifère en quelques points du Tadla (n° 16)
chimique de l'eau qui, souvent recyclée plusieurs fois, et du plateau des Phosphates (n° 17). Cependant elle
se détériore jusqu'à devenir inutilisable en certains s'enfouit très rapidement du N au S, sous ces bassins,
endroits. et de ce fait n'a encore été explorée qu'en de rares
points, ce qui ne permet pas d'avoir une idée très
Les trois grands aquifères d'origine fluvio-lacustre précise sur ses possibilités. Il en est de même de la
du domaine posent des problèmes tout à fait différents formation des calcaires de Dridrate (Crétacé inférieur)
aux hydrogéologues. Le plateau de Meknès-Fès est mis de la région de Safi (bassin n° 15).
en valeur par des dérivations de petits oueds et par le
captage de sources et résurgences aux débits très Les formations calcaires du Lias du Moyen Atlas
importants, mais grevés de droits d'eau très anciens se prolongent vers le N sous le plateau de Meknès-Fès
perpétuant un mode d'exploitation qu'il est très difficile et le couloir sud-rifain (bassin n° 8) en s'enfonçant
de songer à modifier car aucun apport d'eau progressivement du S vers le N. Puissantes et bien
supplémentaire provenant de réserves nouvelles alimentées en eau par le Moyen Atlas montagneux,
(superficielles en particulier) ne peut être assuré, sauf ces calcaires dégorgent leurs réserves d'eau dans le
investissements déraisonnables. La plaine du Tadla par bassin n° 8 à l'occasion d'accidents géologiques
contre, est abondamment irriguée par des apports (failles et flexures). Par ailleurs, des forages profonds
massifs d'eaux provenant de réservoirs superficiels ; ces ont atteint cet aquifère et l'exploitent. Dans la réalité,
apports ont alimenté et constitué une nappe abondante la distinction entre l'origine des sources (nappe
qu'il faut désormais drainer, mais qui commence déjà à phréatique ou nappe profonde) est souvent malaisée et
être utilisée comme un réservoir supplémentaire per- il est assez difficile d'effectuer un bilan des réserves
mettant de recharger les canaux d'irrigation en certaines de chacune des nappes. On trouvera un exposé
périodes de l'année. La nappe du Haouz enfin, est détaillé de la méthode adoptée (modèle analogique
exploitée de longue date pour l'irrigation par des électrique) mis en oeuvre pour mieux approcher ce
ouvrages originaux, les rhettaras (drains souterrains de problème.
confection traditionnelle) et depuis une trentaine
d'années par des stations de pompage modernes ; une BILAN DES RESSOURCES
extension de la mise en valeur grâce à l'irrigation EN EAUX SOUTERRAINES
massive par des apports d'eau superficielle d'une part et DU DOMAINE ATLANTIQUE
l'accroissement des exploitations de la nappe d'autre
part, est prévue à court terme. Dans les trois cas ci- La figure 8 constitue un récapitulatif graphique
dessus, le problème de la gestion intégrée des ressources des ressources renouvelables en eau souterraine du
souterraines et superficielles est d'ores et déjà posé et domaine Atlantique. Ces ressources atteindraient, au
commence à faite l'objet d'études d'un genre nouveau, stade actuel des investigations, un total de l'ordre de 2
encore jamais abordées au Maroc jusqu'à tout 100 millions de m3 /an dont 40 % seraient utilisés en
dernièrement. 1971.
On entend désigner sous ce terme des nappes - L'atmosphère par évaporation. Cette issue qui
généralement en charge, situées dans des aquifères concerne presque toutes les nappes dans les sec-
nettement séparés (par un horizon imperméable ou teurs ou elles sont peu profondes constitue l'exu-
semi-perméable) d'un aquifère superficiel contenant une toire essentiel de certaines parties fermées des
nappe phréatique (libre). bassins n° 9, 17 et 20. On admet un total de 8 m3/s
pour les pertes par cette voie.
On rencontre des niveaux profonds, suffisamment - La mer par écoulement souterrain, en ce qui
individualisés et étendus horizontalement dans le Plio- concerne les nappes aquifères du littoral appar-
quaternaire gréseux du Dradère, du Rharb (n° 9) et de la tenant aux bassins n° 9, 10, 12, 14, 15 et 20. Le
Chaouia intérieure (Plaine de Berrechid n° 12). débit total perdu est évalué à 8 m3 /s.
- La mer par écoulement superficiel, collecté par les
Des niveaux calcareux ou gréso-sableux de Crétacé rivières qui drainent les excédents des réservoirs
moyen et supérieur ainsi que de l'Eocène renferment des aquifères. Ce volume écoulé par les rivières (24
nappes profondes habituellement assez pauvres sous le m3 /s) ne doit surtout pas, sous peine de double
DOMAINE ATLANTIQUE 39
double comptabilisation, être ajouté aux ressources compte dans ces dernières ressources précédem-
en eaux superficielles puisqu'il est déjà pris en ment évaluées à 380 m3/s transitant par le domaine
Atlantique.
REFERENCES
CHOUBERT G. & FAURE-MURET A. (1960-62) : Évolution du THAUVIN J.P. & ZIVCOVIC Z. (1969) : Quelques données de base
Domaine atlasique marocain depuis les temps paléozoïques. des moyennes climatologiques du Maroc (Période 1933-1963).
M. h. sér. Soc. géol. Fr. (Livre mémoire P. Fallot), t. 1, Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 63 pp., 1 carte.
pp. 447-527. THAUVIN J.P. (1969) : Indices climatiques de Thornthwaite pour 110
COMBE M. (1969) : État en 1968 des connaissances sur le bilan stations du Maroc. Rapp. inéd. MTPC/ DH/DRE, 115
pp., 1 carte.
des ressources en eau du Maroc et sur leur pourcentage
d'utilisation. Mines & Géol. Rabat, n° 29, pp. 5-12. Division des Ressources en Eau (1971) : Annuaire hydrologique du
Maroc 1944-1970 et récapitulatifs des débits mensuels aux
DEBRACH J., GAUSSEN H. & JOLY F. (1958) : Précipitations stations de mesures depuis l'origine, document provisoire.
annuelles. Atlas du Maroc, notice explicative. Sect. 2, pl. n° Edit. Direction de l'Hydraulique, Rabat.
4 a. C o m . Géogr. Maroc, Rabat, 36 pp.
S o m m a i r e
Introduction .......................................................................................................................... 18
Le domaine Atlantique ........................................................................................................ 19
Climatologie ..................................................................................................................... 96
Hydrologie superficielle ................................................................................................... 97
Modules et crues ........................................................................................................... 97
L'estuaire du Sebou à l'étiage ....................................................................................... 101
Les bassins des oueds Dradère et Soueïre (par M. Combe) ..................................... 129
Présentation géographique .............................................................................................. 129
Climatologie ................................................................................................................... 129
Hydrologie ...................................................................................................................... 130
Géologie ......................................................................................................................... 130
10 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Stratigraphie ................................................................................................................130
Structure du bassin .......................................................................................................130
Nature des sols ..............................................................................................................132
Hydrogéologie ................................................................................................................133
Les points d'eau ...........................................................................................................133
Les sources .............................................................................................................133
Les puits ....................................................................................................................136
Les forages ............................................................................................................136
Ressources en eau souterraine .....................................................................................138
Le secteur de Dehar-el-Hadechi ...............................................................................138
Le secteur N en rive droite du Soueïre ...............................................................139
Le secteur S du bassin (El-Fahis) .......................................................................139
Le bassin de l'E, synclinal Ferjane-Lalla-Mimouna ..........................................140
Le secteur Merja Zerga et dunes côtières de l'W ..............................................140
Le bassin côtier entre Moulay-Bou-Selham et Bargha .................................140
Ressources en eau du bassin (récapitulatif) .......................................................141
Aménagement des ressources en eau ...........................................................................143
Principe de la mobilisation des ressources en eau ...............................................143
Les périmètres de pompage d'eaux souterraines dans 1e bassin
côtier ...................................................................................................................143
Références ...........................................................................................................................145
2.11. Le massif des Rehamna (par M. Combe, M. Ferré & J.P. Thauvin) .................................. 173
Présentation géographique ............................................................................................. 173
Géologie ........................................................................................................................ 174
Stratigraphie ............................................................................................................... 174
Primaire ................................................................................................................ 174
Secondaire ............................................................................................................ 174
Tertiaire et Quaternaire ......................................................................................... 176
Tectonique ................................................................................................................. 176
Climatologie ................................................................................................................... 177
Hydrologie ....................................................................................................................... 177
Hydrogéologie ............................................................................................................... 179
Les aménagements de l'Oum-er-Rbia inférieur ............................................................... 179
Les ouvrages existants .............................................................................................. 179
Barrage et galerie d'Imfout ..................................................................................... 179
Barrage de Daourat ................................................................................................. 181
Barrage de Sidi-Saïd-Maachou ............................................................................. 182
Les ouvrages projetés .................................................................................................. 183
Barrage de Sidi-Chého ......................................................................................... 183
Barrage de Mrija ..................................................................................................... 184
Références ..................................................................................................................... 184
Le Secondaire ...........................................................................................188
Le Tertiaire et le Quaternaire ....................................................................189
Aperçu structural de la région .......................................................................189
Climatologie ....................................................................................................191
Hydrologie superficielle ...................................................................................193
Bassins versants et régimes ...........................................................................193
Les crues ...................................................................................................193
Hydrogéologie générale .....................................................................................196
Caractéristiques hydrogéologiques des différents terrains .............................196
Les formations primaires ...........................................................................196
Les formations secondaires .......................................................................196
Les formations tertiaires et quaternaires ....................................................197
La nappe de la Plaine de Berrechid ...............................................................198
Caractéristiques de la nappe ......................................................................198
Hydrochimie de la nappe ...........................................................................200
Etude quantitative par sondage et géophysique .........................................203
Réserves ....................................................................................................204
Alimentations et exutoires .........................................................................205
La nappe de la Chaouia côtière entre Casablanca et Mohammedia ...............207
Caractéristiques de la nappe ......................................................................207
Hydrochimie des eaux souterraines ...........................................................211
Etude quantitative des eaux souterraines ...................................................217
Aménagement des eaux .....................................................................................218
Exploitation des eaux souterraines ................................................................218
Drainage des dayet .......................................................................................219
Conclusions ..................................................................................................219
Références .........................................................................................................220
Hydrogéologie ....................................................................................... 47
Structure hydrogéologique .................................................................. 47
La nappe phréatique ........................................................................... 47
Hydrodynamique de la nappe libre ............................................... 49
Calcul des débits par fronts de nappe ........................................... 49
Le Saïs ...................................................................................... 50
Plateau de Meknès .................................................................... 55
Bilan hydraulique de la nappe libre ............................................... 59
La nappe profonde du Lias ............................................................. 61
Structure du Lias sous le bassin ....................................................... 62
Caractères physiques et chimiques de la nappe profonde ..................... 63
Bilan sommaire de la nappe du Lias ........................................................ 64
Etude de l'exploitation du système aquifère de la plaine du Saïs 65
par simulations sur modèles analogiques ................................................
Bilan hydraulique global - Ressources totales en eau du bassin de 67
Meknès-Fès ...............................................................................................
La pluie et sa répartition ........................................................................... 67
L'écoulement et l'infiltration ..................................................................... 68
Les ressources utilisées ............................................................................ 68
Les ressources disponibles ....................................................................... 70
Conclusions générales .............................................................................. 70
Références ................................................................................................. 71
Le couloir de Fès-Taza (par M. Combe) .................................................... 72
Présentation géographique ....................................................................... 72
Géologie (avec la collaboration de J. Chamayou et J. Cl. Vidal) ............... 73
Stratigraphie ............................................................................................. 73
Structure ................................................................................................... 75
Tectonique ................................................................................................ 75
Climatologie .............................................................................................. 76
Pluviométrie .............................................................................................. 76
Températures ............................................................................................ 76
Hydrologie ................................................................................................. 76
Hydrogéologie ............................................................................................ 78
Recherches dans les calcaires du Lias ..................................................... 78
Réservoirs des faciès détritiques du Miocène ........................................... 81
Réservoirs plio-villafranchiens .................................................................. 81
Réservoirs alluviaux des vallées ............................................................... 81
Thermalisme ............................................................................................. 81
Le centre thermal de Sidi-Harazem .......................................................... 81
Autres sources thermo-minérales du couloir Fès-Taza ....................... 84
Aménagement des eaux du couloir Fès-Taza ........................................... 84
Le barrage Idriss 1er au site d'Arabat (Oued Inaouène) ......................... 84
Les ouvrages de dérivation du Sebou dans la retenue du barrage 90
Idriss 1er et l'aménagement hydroélectrique du Haut Sebou………..
Projet d'aménagement de la vallée de l'Inaouène ..................................... 91
Références ................................................................................................. 92
2. 8
Par
Jean CHAMAYOU, Michel COMBE, Bernard GENETIER & Claude LECLERC
Introduction géographique
Le bassin de Meknès-Fès forme la partie centrale puisqu'elle varie entre 30 habitants par km2 et plus de
du sillon sud-rifain ; il domine l'oued Beth à l'W et le 90 ; ces variations de densité sont principalement dues
Sebou à l'E et est encadré par les rides prérifaines au N aux modalités de l'utilisation du sol: faible dans les
et le rebord du Causse moyen-atlasique au S. La secteurs de céréaliculture, forte dans les secteurs de
superficie totale du bassin est de 2 100 Km², se viticulture.
subdivisant en deux parties structurales : le plateau de
L'agriculture est la grande richesse de la région.
Meknès à L'W (600 à 700 m d'altitude) et la plaine du
Les principales spéculations agricoles sont : la
Saïs à l'E (500 à 550 m d'altitude).
viticulture (50 % de la production du Maroc), la
La population totale est de l'ordre de 700 000 céréaliculture, les légumineuses alimentaires, tandis
habitants en 1970, les deux villes voisines de Fès que l'élevage occupe une place modeste. L'artisanat
(322000 habitants en 1971) et Meknès (248 000 garde une activité importante. Des industries textiles
habitants en 1971) dominent par l'importance nu- ont été créées à Fès et des industries de matériaux de
mérique de leur population l'ensemble du bassin. La construction à Meknès, les industries alimentaires
répartition de la population rurale est assez inégale, s'étant développées dans ces deux villes.
Géologie
Le bassin de Meknès-Fès considéré dans son Le substratum anté-Néogène est formé essen-
ensemble est un vaste synclinal dissymétrique de tiellement par le Lias calcaire et dolomitique, les argiles
direction E-W qui s'enfonce progressivement du S vers bariolées du Trias ou les schistes du Primaire, suivant
le N, et se redresse brusquement au contact des rides l'importance de l'érosion et les lacunes de sédimentation.
prérifaines. Le remplissage est constitué, au-dessus des Le Lias du Causse moyen-atlasique s'enfonce
marnes du Tortonien par des formations détritiques et progressivement sous le bassin de Meknès-Fès, vers le
lacustres. Les calcaires du Plio-Villafranchien déter- N. Il est affecté par des failles et des flexures. La
minent une surface structurale que les oueds érodent et
description de cette unité sera détaillée dans l'étude de
entaillent profondément, dans le plateau de Meknès. Par
contre, la plaine du Saïs est en grande partie une plaine l'aquifère profond.
d'érosion encroûtée. Explorée par de nombreux sondages et plusieurs
campagnes de géophysique, la structure du Néogène est
CADRE GEOLOGIQUE (fig. 9) connue avec une bonne précision. Présents dans tout le
bassin les dépôts du Néogène sont très puissants le long
Le bassin de Meknès-Fès fait partie du « couloir sud-
de la grande dépression synclinale qui jalonne les rides
rifain » qui s'étend de la plaine du Rharb à l'W jusqu'au
col du Touahar à l'E. Entre les deux grandes unités prérifaines au N du bassin (subsidence qui se poursuit
structurales qui forment les limites N et S du bassin encore) ; leur toit s'abaisse progressivement du S au N
(Prérif et Moyen Atlas) une transgression marine a avec une pente moyenne de 2 %. Toutes les flexures
déposé au Miocène une série marneuse très puissante, affectant le Pliocène et visibles en surface dans la
suivie au Plio-Villafranchien et au Quaternaire par des plaine, se retrouvent dans les marnes miocènes sous-
dépôts continentaux. Les deux grandes unités du Prérif jacentes. Elles sont le résultat du rejeu des accidents du
et du Moyen Atlas, influencent directement la structure substratum anté-Néogène. D'autres flexures qui sont en
actuelle du bassin : le Moyen Atlas se prolonge sous le disharmonie avec la structure du socle ont subi
bassin et correspond au substratum anté-Néogène dont l'influence de la tectonique rifaine, notamment la flexure
les accidents ont rejoué en déterminant toutes les d'Aïn-Taoujdat. Le redressement brutal du Néogène à la
flexures de direction SW-NE. Le Prérif, ou plus limite nord du bassin, au contact des rides prérifaines,
précisément la tectonique rifaine, crée toutes les est marqué par des fractures et des plis déversés.
flexures de direction SE-NW.
2 3
1
J.TRATT
900 FES NW
SE
600
300 NAPPE
PRERIFAINE
- 0
300
600
900
MIOCENE - Marnes
1200 DOGGER - Marno-calcaire et marnes
FIG. 9 — Coupe géologique schématique du sillon sud-rifain passant par la ville de Fès, avec les différents types de
sources de débordement (1), de flexure (2), de faille (3).
BASSIN DE MEKNÈS-FÈS 43
Climatologie
CLIMATOLOGIE 1933-1963
MAROC ATLANTIQUE 8 - COULOIR DE TAZA ET PLAINE DE FES-MEKNES
FIG. 10
Le calcul de l'évapotranspiration théorique par valeurs approchées qui figurent ci-dessous (période
la méthode de Thornthwaite permet d'obtenir des 1933-1963) :
J F M A M J J A S O N D Année
L'évapotranspiration moyenne réelle calculée ainsi considéré comme semi-aride à hiver tempéré, mais à
dans le bassin de Meknès-Fès serait comprise entre régime semi-continental ; les caractères d'aridité et de
400 et 450 mm/an ce qui représente sur la superficie continentalité sont plus accusés à Aïn-Taoujdat.
totale (2 100 km2) un volume de 800 à 900 Mm3 /an, L'indice global de Thornthwaite varie de - 18,3 à - 12,7
assimilable à un déficit d'écoulement moyen.
entre Fès et Meknès. L'amplitude thermique extrême
Le climat de la région de Meknès-Fès peut être décroît de 31,5°C à 29,8°C entre ces deux villes.
BASSIN DE MEKNÈS-FÈS 45
L'oued El-Kell affluent du Beth, le R'Dom et les — Mikkés atteint 1 300 km2 dont 600 dans le Saïs
affluents rive gauche du Mikkés drainent le plateau de ou le plateau de Meknès,
Meknès, tandis que l'oued Fès et les affluents rive droite — oued Fès dont la superficie totale est de 700
du Mikkès (N'ja, Atchane) collectent les eaux du Saïs. km2, 375 km2 étant dans le Saïs.
Tous ces oueds sont des affluents du Sebou. Ils coulent
généralement du SSE au NNW, excepté l'oued N'ja qui a Le Sebou lui-même draine 150 km2 du Saïs par
une direction générale E-W et l'oued Fès qui coule W-E. '
l intermédiaire d'affluents secondaires à écoulement très
Ces deux derniers ont des bassins versants presque sporadique.
exclusivement alimentés par la pluie tombée sur la
plaine et par les sources issues des aquifères du bassin, La pente moyenne des cours d'eau est généralement
tandis que lés autres oueds ont presque tout leur haut- comprise entre 2 et 3 % dans le plateau de Meknès et
bassin situé dans le Causse moyen-atlasique. dans la partie sud du Saïs. Elle est par contre beaucoup
plus faible pour les oueds Fès et N'ja dans la partie
La superficie totale des cinq bassins versants
basse du Saïs où elle ne dépasse pas 0,5 %.
principaux est d'environ 3 800 km2, dont 1 700 km2 pour
les bassins versants dominant le plateau du Moyen Atlas Les cours d'eau sont très encaissés dans le plateau
et 2 100 km2 représentant la surface drainée sur le de Meknès (40 à 100 m au-dessous de la surface
plateau de Meknès-Fès. La répartition de ces cinq structurale) ce qui explique l'apparition de nombreuses
bassins est la suivante : petites sources en bordure des vallées. Ils sont peu
— El-Kell couvre une superficie totale de 740 km2 encaissés dans le Saïs, sauf dans les zones de flexures
dont 390 sur le plateau de Meknès. qui ont provoqué la surimposition des vallées (Bou-
— R'Dom couvre une superficie totale de 1 100 R'Keiss sur la flexure de Ras-el-Ma par exemple) mais
km2 dont 390 sur le plateau de Meknès, ont une action drainante plus marquée que dans le
plateau de Meknès.
Ou
510 MOULAY YACOUB
ed
520 530 540
O.
Fes
2055/15
O.
1179/15 DOUYET 694/15
COURS D'EAU PERENNES ET PRINCIPALES SOURCES 380 125/15
159/15
380
O. Hanrar
916/15
Madhoume
878/15 121/15
Chkef
O. Sejra
e
h
O.
Fre
O. S
Nja
O.
48/15
Bourkri
51/15
AÏN TAOUJDAT 822/15
O.
917/15 54/15
AÏN LORMA
MEKNES 2194/15
SEBAA AIOUN AÏN CHEGAG
2195/15 O.
O.
254/15 Ma
dh
42/15
77/14 255/15 256/15 76/15 O
am
a
.
O.
360
ao
119/22
360
LEGENDE
Gn
Bou
116/22
Regraga
112/22
Trop-plein des eaux du Lias
Fekrane
u
Bo
115/22 106/22
O.
525/22 8/22
Lo
Oued perenne
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O.
EL HAJEB
124/22 Limite de bassin versant
340 340
0 10 Km
AGOURAÏ
470 480 490 500 510 520
FIG. 11
46 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Il existe deux « lacs » temporaires situés dans réalimentées par la nappe profonde du Lias. Les
le Saïs : émergences des calcaires lacustres dans les parties
basses du Saïs ou en bordure des oueds peu encaissés
— le dayet El-Kochtam à 7 Km au N de l'Aïn- (ex. l'Ouislam, affluent du R'Dom) drainent la nappe.
Bittit, temporaire, est situé dans une zone semi- Les sources de déversement des formations lacustres
fermée, sur un substratum marneux imperméable ; ou pliocènes sur les versants des thalwegs encaissés
— l'étang de Douyet à 10 Km à l'W de Fès sont nombreuses, en particulier dans l'oued El-Kell et
correspond à une cuvette synclinale subsidente, ses affluents, mais elles ont généralement de très
comblée par des dépôts quaternaires limoneux, très faibles débits. Les principaux cours d'eau pérennes
peu perméables, qui rendent captive la nappe des sont au nombre de six dans le bassin de l'oued Fès, de
calcaires lacustres. La superficie de ce lac atteint quatre dans le bassin du Mikkés, de six dans le bassin
100 ha en hiver. du R'Dom. L'oued El-Kell s'assèche parfois en été,
Les cours d'eau sont fortement tributaires des sources malgré l'apport des sources de déversement. Les trois
qui les alimentent. Les sources les plus importantes principaux oueds (Fès, Mikkès, R'Dom) drainent à
sont les exsurgences du Lias sur le rebord du Causse eux seuls l'ensemble des sources non captées et les
(Aïn-Bittit, Aïn-Aguemgam, Aïn-Sebaa...), et les débits perdus par la nappe.
émergences de la nappe des calcaires lacustres sur les Le bilan hydraulique des cours d'eau dans la
lignes de flexures importantes (Aïn-Chkeff, Aïn-Ras- plaine pour une année moyenne théorique (hauteur
El-Ma, Aïn-Amelal..), celles-ci étant partiellement de pluie de 573 mm) est le suivant :
Les valeurs du coefficient de ruissellement ont été du coefficient d'infiltration sont déduites de l'analyse
obtenues en analysant les courbes des débits annuels des périodes de recharge de la nappe (analyse des
des années hydrologiques 1965-66 à 1969-70 ; la diagrammes de variations piézométriques).
variabilité constatée est principalement due à la plus La répartition des différents facteurs d'écoule-
ou moins grande fréquence des débits jaugés. Celles ment de l'année moyenne théorique est la suivante :
en % 28 25 17 100
N.B. Les écarts de chacun des facteurs n'étant pas indépendants les uns des autres, l'écoulement total n'est pas
tout à fait la somme des valeurs extrêmes des facteurs partiels. En outre, le drainage par les oueds
inclue indirectement des apports souterrains depuis la nappe profonde du Lias.
Le volume drainé par les cours d'eau pendant l'année l'ordre de 70 à 90 Mm3 /an, correspondant à un
à hauteur de pluie minimale (3/1962 -3/1963) est de volume de pluie tombée sur la plaine de 680 Mm3 /an.
470 480 490 500 510 520 530 540
450
Carte hydrogéologique, relevés piézométrique de 1967 O. Nja
Aïn Senne
O.
bou
s 380
Fe
D'APRES J. CHAMAYOU et C. LECLERC O. H P
Fekrane
Aïn Jouaou 450
G Aïn Amier
O. Aïn Res el Ma
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O. A C O. el Atchane
Aïn Chkeff
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Aïn Smène 550
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O. K
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F' Aïn el Beida
450 Aïn Ablouz
Aïn du Ksir
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O. Aïn Cheggag
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650
O.
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Aïn Aouire
el Aïn Si Chafi 360
O. 550
O. Sebah T' D' 700
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Aïn Jaoui
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Aïn Seba
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Aïn Akkous Aïn S'Lmir
O. el
Forage
Kell
Aïn Agouengam
O. O O. Defali calculs de débits defronts de nappes )
O.
uc hkett Faille
Aïn Arthat
Zone où le substratum miocène est au dessus du niveau piézomètrique
O. L
llah
X'
Miocène (Tortonien )
O.
Marnes bleues
Am e
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Sa
ja
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El Hajeb
O. D
850 Lias
Calcaires et dolomies
Limite S. de l'extension du Tortonien (Marnes bleues)
FIG.12
BASSIN DE MEKNÈS-FÈS 47
Hydrogéologie
Les études hydrogéologiques du bassin de Meknès- beaucoup plus faible de l'oued N'ja. Leur épaisseur,
Fès débutent en 1929 par celles de P. Russo à l'occasion que dans le plateau de Meknès, va en diminuant d'W
de diverses interventions particulières. Puis à partir de en E et ne dépasse pas trois mètres près de Ras-El-
1947, dans le cadre du Centre des Etudes Hydro- Ma. Plus à l'E, ils disparaissent et les calcaires
géologiques, J. Margat et P. Taltasse entreprennent lacustres reposent directement sur les marnes bleues
l'étude systématique de ce bassin, les nombreuses du Tortonien. Dans le Saïs E, les calcaires lacustres
informations recueillies aboutissant à la publication en passent latéralement à des conglomérats qui reposent
1960 de la carte hydrogéologique au 1/100 000 de J. aussi directement sur les marnes bleues. Dans le Saïs
Margat. Puis successivement de 1958 à 1968, G. N, en particulier dans la basse plaine de Douyet, la
Chapond, J. Chamayou et C. Leclerc ont rassemblé de nappe circule dans une série de remplissage, d'âge
nouvelles données : caractéristiques hydrodynamiques, quaternaire, qui peut atteindre 70 m d'épaisseur. Ces
fluctuations piézométriques, mesures systématiques des dépôts argilo-sableux deviennent parfois franchement
débits des sources et des cours d'eau aux limites du marneux et provoquent la mise en charge de la nappe
système aquifère. Ces informations ont permis d'établir phréatique. Les marnes du Tortonien, très faiblement
un bilan général des ressources en eau du bassin et de perméables suivant leur épaisseur (elle peut atteindre
définir, pour le Projet Sebou (Projet de mise en valeur 900 m), constituent la séparation entre la nappe libre
intégrée du bassin du Sebou, Gouvernement Marocain- et la nappe captive profonde. La puissance de
FAO, 1963-1968), les ressources naturelles l'aquifère est essentiellement fonction du modelé du
renouvelables dans l'ensemble du bassin de Meknès-Fès. toit du Miocène, les épaisseurs les plus importantes se
Par la suite ce bilan a pu être affiné grâce à la poursuite trouvant au droit des cuvettes miocènes (entre Aïn-
jusqu'en 1971 des séries de mesures hydrologiques. Lorma et Bou-Fekrane, région de Douyet, au N d'Aïn-
Chegag), mais cette épaisseur est comprise entre 10 et
20 m sur plus de 1 200 km2 (60 % de la superficie
STRUCTURE HYDROGEOLOGIQUE totale).
On distingue deux réservoirs aquifères importants :
la nappe profonde du Lias et la nappe phréatique qui Dans la plus grande partie du bassin, la nappe
circule dans les formations lacustres du Plio- libre se situe à une profondeur moyenne comprise
Villafranchien. Les eaux infiltrées sur le Causse dans entre 10 et 30 m. Dans la plaine de Douyet, au nord
les calcaires dolomitiques du Lias, alimentent une nappe d'Aïn-Taoujdate et en bordure du Causse entre Aïn-
libre dans le Causse et en bordure du bassin de Meknès- Bittit et Aïn-Chegag, cette profondeur est inférieure à
Fès ; cette nappe s'enfonce ensuite sous les terrains 10 mètres ; la nappe peut affleurer et créer des étangs
imperméables du Tertiaire et constitue la nappe captive temporaires après de fortes recharges, comme au
profonde sous la plaine ; cette nappe peut communiquer dayet El-Kochtam.
directement par des flexures, ou indirectement par La surface de la nappe est en général plus
drainance, avec la nappe phréatique des calcaires profonde dans le plateau de Meknès où les niveaux
lacustres qui constituent le réservoir le plus accessible piézométriques peuvent se situer à plus de 70 m sous
du bassin de Meknès-Fès (fig. 9). le sol (région d 'Haj-Kaddour et à l'Ouest d'El-Hajeb).
La surveillance de 120 puits témoins depuis 1955
LA NAPPE PHREATIQUE (fig. 12) a permis de constater que :
Elle se manifeste par de nombreuses sources et a — les fluctuations annuelles de la nappe suivent
été reconnue par près de 100 forages dont 25 l'ont grosso modo celles des précipitations, avec un retard
traversé et atteignent la nappe profonde. Dans le de un à trois mois dans la plaine du Saïs, et de un à
domaine du plateau de Meknès, la nappe circule
deux mois dans le plateau de Meknès,
principalement dans les sables, les grès et les
conglomérats du Sahélien et du Pliocène et localement — la hauteur moyenne annuelle de fluctuation est
dans les calcaires lacustres lorsque les conditions de 2 m. Les plus fortes amplitudes s 'observent dans
topographiques et structurales s'y prêtent ; parfois, on les conglomérats pliocènes du Saïs-Est et sur la
distingue plusieurs couches aquifères isolées par des bordure sud du plateau dans la région de Meknès,
passées argileuses ou marneuses. Dans la plaine du c'est-à-dire dans les zones les plus éloignées de
Saïs, les sables et grès du Pliocène de faciès dit « limites d'émergence et de plus forte alimentation,
sahélien », recouverts par les calcaires lacustres, comme il se doit logiquement.
s'étendent jusqu'au Bou-R'Keiss à l'E et sous la vallée
48 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
L'étude des caractéristiques hydrauliques au moyen recharges d'automne ou de printemps, avec un retard
d'essais de pompage montre que les terrains aquifères sont de un à trois mois sur les pluies.
très hétérogènes. Les valeurs de la perméabilité sont
En comparaison avec beaucoup de nappes libres
comprises entre 1.10-5 et 5.10-3 m/s, tandis que celles de la
du Maroc, ce qui caractérise avant tout les eaux du
transmissivité sont comprises entre 2.10-5 et 1.10-1 m / s .
bassin lacustre de Meknès-Fès, c'est leur minérali-
Ces diverses valeurs sont dispersées et on ne peut attribuer
sation exceptionnellement faible qui est souvent in-
une gamme bien définie aux différents faciès lithologiques.
férieure à 0,5 g/l et dépasse rarement 1 g/l.
Le coefficient d'emmagasinement varie entre 1.10-3 et
6,5.10-2. Le volume des terrains aquifères étant de l'ordre de Seules les zones où la nappe est peu profonde et
45 milliards de m3, le volume de la réserve d'eau totale subit ainsi une évaporation intense, ont une
serait de 650 à 1 300 millions de m3 (coefficient d'emmaga- concentration qui peut atteindre 2 à 2,5 g/1. C'est en
sinement moyen de 1,5 à 3.10-2), total très modeste pour une particulier le cas de la plaine de Douyet où la nappe
superficie de 2 100 Km² et de surcroît très inégalement se situe à moins de 10 m de profondeur. Les zones à
réparti selon les secteurs du bassin (le synclinal du Saïs nord l'aval de la nappe ont aussi des eaux plus concentrées
en renfermant la plus grande part). en sels, ce qui est normal. Par contre à l'amont et au
pied de la flexure d'Aïn-Taoujdate, la nappe est
La température des eaux a été relevée mensuellement sur diluée par les apports de la nappe du Lias dont l'eau
120 puits témoins de 1955 à 1963, elle suit sensiblement les est plus douce.
fluctuations de la température atmosphérique. Les extrêmes
sont de 23 et 13°C suivant la situation et la profondeur de la La concentration des eaux varie aussi en fonction
nappe. Les écarts annuels le plus forts sont accusés dans les de la lithologie des aquifères qui, par leurs per-
zones où la nappe est proche du sol et les plus faibles dans méabilités différentes, provoquent une circulation
les zones de grande profondeur de la nappe. Les plus ou moins lente de l'eau et une dissolution de sels
températures minima s'observent au moment des fortes variable.
385
550
20
Vers Moula
y Yacoub 15
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Fes
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Vers Sid
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5 Douyet
5
10
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10
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20
325
20 10
FIG.13 — Nappe phréatique du plateau de Meknès-Fès (région de Douyet), isobathes et isocônes de l'eau exprimées en résidus secs à 180°C.
BASSIN DE MEKNÈS-FÈS 49
Les eaux des calcaires lacustres sont les moins chargées Q : débit en m3/s
en sels (0,2 à 0,4 g/l) ; suivent ensuite celles des grès et
sables du Pliocène (0,4 à 0,8 g/l) et enfin les eaux des K : perméabilité en m/s
alluvions du Quaternaire (0,5 à 1,5 g/l). Les eaux de la T : transmissivité en m2/s (T = K. b.)
nappe sont bicarbonatées calciques et magnésiennes et b : épaisseur de l'aquifère en mètres
très légèrement chlorurées sodiques. Ces faciès l : longueur en m de la courbe équipotentielle
caractérisent les formations lacustres et, à un moindre
degré, les grès et les sables du Pliocène. Les eaux sont limitée par deux lignes de courant
généralement basiques et incrustantes par suite de leur i : gradient hydraulique ou pente de la nappe.
forte teneur en carbonates. Les rapports rSO4/rCl
augmentent de 0,2 à 1,5 avec les concentrations par Le schéma de calcul des débits d'écoulement d'une
évaporation ou avec la lente circulation des eaux dans zone donnée est le suivant, en régime permanent:
les formations peu perméables. La dilution par apport — détermination de limites latérales de panneaux
des eaux du Lias ne modifie guère les faciès normaux hydrauliques par des lignes de courant ; les panneaux
car les eaux sont aussi bicarbonatées calciques et constituent un découpage arbitraire du système aquifère
magnésiennes. en zones homogènes ou séparées par des lignes de
Le degré hydrotimétrique des eaux de la nappe partage des eaux,
libre est assez élevé : 30 à 33 dans les calcaires — calcul du débit d'écoulement le long d'une
lacustres et les grès du Pliocène, 35 à 40 dans les courbe isopiézométrique à l'amont de la zone étudiée,
conglomérats du Saïs E, 40 à 50 pour les eaux du connaissant les gradients hydrauliques et les
Quaternaire (région de Douyet). Ce sont donc en transmissivités dans des puits ou forages,
général des eaux bonnes pour l'alimentation mais assez
mal adaptées à l'industrie parce que trop incrustantes. — calcul du débit d'écoulement le long d'une
Pour l'irrigation, la qualité des eaux est généralement courbe isopiézométrique à l'aval de la zone étudiée (ou
excellente, exception faite pour celles de Douyet plus suivant une courbe intermédiaire),
alcalines et qui ne devraient être utilisées que — connaissant les apports extérieurs (infiltrations
mélangées aux eaux de surface ou en alternance avec dues à la pluie, aux irrigations) ou les prélèvements
celles-ci. Dans l'ensemble, les caractéristiques (pompages), on vérifie aux approximations près la
chimiques de l'eau conviennent à l'irrigation des cohérence des résultats obtenus ci-dessus en estimant
cultures les plus variées, sans problème de drainage ou que les variations de réserves sont négligeables.
de lessivage des sols.
Cette méthode nécessite la connaissance aussi
précise que possible de la surface piézométrique et des
HYDRODYNAMIQUE DE LA NAPPE LIBRE valeurs de la transmissivité.
Dans le cas de la plaine de Meknès-Fès, la carte
Afin de déterminer l'ordre de grandeur des écou- piézométrique est en général de bonne qualité, mais les
lements souterrains dans le bassin de Meknès-Fès, une
valeurs des transmissivités, assez dispersées à l'échelle
approche par calcul manuel par front de nappe avait été
réalisée en 1966-67. C'est ce calcul qui est reproduit ci- de toute la plaine, sont beaucoup plus homogènes le
dessous, avec toutes ses extrapolations et imprécisions long d'une même courbe isopiézométrique. Les résultats
dans le détail ; il est évident que les méthodes de calcul obtenus, bien que peu précis, sont assez cohérents
automatique disponibles maintenant permettraient de globalement.
bien meilleures approches. Néanmoins, les résultats La plaine de Meknès-Fès a été subdivisée en
déduits de cette méthode étaient suffisants dans leurs panneaux hydrauliques dont les limites correspondent à
ordres de grandeur et les conclusions auxquelles ils des lignes de courant de la nappe. Ces panneaux
conduisent pour ne pas nécessiter jusqu'à présent une apparaissent sur la carte piézométrique (fig. 12).
reprise de l'étude.
Dans le plateau de Meknès, trois panneaux
principaux : celui d'El-Kell, de Meknès centre, et de
Calcul des débits par front de nappe
Meknès Est ont été délimités.
L'écoulement dans une nappe obéit à la loi de
Dans le Saïs, trois panneaux inégaux : le Saïs Ouest,
Darcy, exprimant que le débit est proportionnel à la
le Saïs centre et une petite unité correspondant aux
perméabilité, à la section traversée et au gradient
conglomérats : le Saïs Est, ont été également distingués.
hydraulique (ou pente de la surface. piézométrique) ; la
relation est de la forme :
Q = K. b. l. i. = T . l . i .
50 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
48/15 360 29
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
du
qua
10 E au 10
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100
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de D
100
Eau 100
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10
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10
ires
10
lac
10
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10
s
0.1 0.1
10
FIG. 14 — Plateau de Meknès-Fès, types d'eaux souterraines de la nappe phréatique, influence de la lithologie.
BASSIN DE MEKNÈS-FÈS 51
trapézoïdal de 60 km2 constitué de cônes de déjection, d'irrigation sur 70 km2, apports qui compensent
est propice à l'infiltration de la pluie ou des eaux largement les pertes par évapotranspiration. La valeur
d'irrigation. La hauteur de pluie près d'Aïn-Chegag est de T, calculée sur un seul essai de débit, est en fait
proche de 600 mm/an au cours d 'une année moyenne sujette à caution. Deux autres puits testés
théorique. respectivement à 3 et 5 Km à l'Ouest du puits 1 165/15
Pluie totale : 60 km2 x 0,600 m = 36 Mm3. ont donné des valeurs de T extrêmement mauvaises.
Pluie infiltrée : 15 % (au plus) = 5,5 Mm3 soit 0,170 La source en aval de la ligne (Aïn-Amier) débite à
m3/s environ elle seule 0,1 m3/s qui s'ajoutent au drainage de l'oued
Irrigation de l'ordre de 0,100 m3/s environ Maarez, au moins égal à cette valeur. On est donc très
Eau d 'irrigation infiltrée (20 à 30 %), ce qui proche des valeurs de la ligne 550 en tenant compte
représente 0,02 à 0,03 m3/s environ ( 2 ) des débits de la source et du drainage de l'oued.
Total des apports superficiels : 0,190 à 0,200 m3/s. En conclusion, le débit souterrain de ce panneau est
Les débits sur la ligne isopièze amont peuvent de l'ordre de 0,20 à 0,25 m3/s, ce qui correspond à un
s 'expliquer uniquement par les infiltrations super- débit par kilomètre de front de 30 35 l/s. Ce débit
ficielles. Les apports profonds seraient faibles ou provient en quasi totalité des infiltrations des eaux de
négligeables dans cette zone. pluie et d'irrigation.
2. Ligne aval 450 (OR) ( 1 )
T =4.10 -4 m2/s d'après le puits 1 165/15, (1) Position de ces points sur la figure 12.
l = 6 000 m (2) Le coefficient d'infiltration à partir des irrigations est généralement
i = 2.10 -2, soit Q = 0,05 m3/s plus élevé qu'à partir des eaux de pluie car les eaux sont épandues
sur des superficies plus limitées, en quantités supérieures à celles
Entre les lignes 550 et 450 il se perdrait 0,2 m3/s des eaux de pluies tombées au cours d'une averse.
environ malgré les apports de la pluie et des eaux
Aïn Amier
0,1 m³/s O. Maarez
0,1 m³/s
Infiltrations
Pertes par
pluie - irrigation évapotranspiration
0,2 m³/s
Infiltrations
pluie - irrigation
0,2 m³/s
Causse
Le Saïs centre est avec le Saïs Ouest la zone la plus Débit sur le front de nappe : la section tracée
complexe car c'est sur ces panneaux que les d'après la carte des isopaches de la nappe entre les
communications entre la nappe phréatique et la nappe points L et M a une superficie totale de 600 000 m2 . La
profonde semblent les plus importantes. perméabilité moyenne du forage 1828/15 a pour valeur
3,4.10 -1 m/s. Le gradient hydraulique est égal à
Les deux panneaux sont séparés par une crête
1 . 4 . 1 0 -2 . La valeur de Q est 2,8 m3 /s.
hydraulique dans la région de Douyet où les eaux se
partagent en deux zones de drainage E et W (oueds Fès Entre K et L, le débit qui s'écoule doit sans doute
et N'ja). être très faible, car l'Aïn-Bou-R'Keiss a déjà drainé la
zone d'alimentation, en amont. Un ordre de grandeur de
On peut scinder ce panneau du S vers le N en trois
3 m3 /s pour l'ensemble du segment K, L, M, pourrait
secteurs :
être avancé en s 'appuyant sur les seules valeurs des
— le secteur amont entre le Causse et la ligne forages 1828 et 1829/15.
isopièze 500,
— le secteur intermédiaire entre les lignes 500 et Débit total des sources : les débits de l'Aïn-Smène,
400, d'Aïn-El-Beïda et d'Aïn-Chkeff, sources plus à l'aval de
— le secteur aval ou de drainage par l'oued Fès. la courbe isopièze 500, sont de l'ordre de 0,8 à 1,2
m3 /s. Ce débit est très inférieur d'environ 2 m3 /s au
débit calculé précédemment. Le calcul fondé sur une
1. Secteur amont compris entre le Causse et l'isopièze
seule valeur de perméabilité est donc peu précis et dans
500 m délimitée entre K et M. (1) ce cas surestimé. Les calculs du paragraphe suivant
La superficie de cette zone est de 80 km2 environ. permettent d'évaluer le débit d'écoulement vers l'aval
(au-delà des sources) à 0,5-0,6 m3 /s provenant de
La hauteur de pluie moyenne près d'Aïn-Chegag et l'isopièze 500.
en bordure du Causse qui est de 600 mm environ
(année moyenne théorique) correspond à un apport de Le débit d'écoulement souterrain le long de la
48 Mm3 /an. Les infiltrations de la pluie (15 %) sont de courbe K.L.M. serait de l'ordre de 1,3 à 1.8 m3 /s et le
l'ordre de 7 Mm3 /an et représentent un débit fictif débit total (y compris l'Aïn-Bou-R'Keiss) de 2 à 2,5
continu de 0,23 m3 /s environ. m3 /s.
Les irrigations sur ce plateau calcaire par les Conclusion. Entre le Causse et la ligne isopièze
séguias d'Aïn-Chegag (source du Lias) apportent 0,8 à 500, les débits infiltrés à partir des eaux de pluies ou
1,0 m3 /s ce qui permet d'estimer à 0.2 ou 0,3 m3 /s les des eaux d'irrigation ont une valeur de 0,5 m3 /s en-
débits infiltrés vers la nappe (coefficient d'infiltration viron. Sur l'isopièze 500, le débit total est de 2 à 2,5
20 à 30 %). m3 /s (y compris l'Aïn-Bou-R'Keiss) ce qui laisse
supposer que de 1,5 à 2 m3 /s viennent par en dessous, à
Au total les apports superficiels à la nappe re- partir des eaux du Lias. Ces échanges peuvent se
présentent de 0,43 à 0,53 m3 /s soit environ 0,5 m3 /s que produire en bordure du Causse par abouchement dans
l'on doit retrouver sur la ligne aval (500). A ces apports la zone où les deux nappes ne sont pas encore isolées,
s'ajoute un débit provenant de l'amont, dû à la mais peuvent aussi se produire sur les lignes de
continuité hydraulique entre le Lias et les formations flexures où se rencontrent les gros débits (l'Aïn-Bou-
lacustres, attestée notamment par la source Aïn- R'Keiss, Aïn-Chkeff...), dans ces zones où les pertes de
Chegag. charge sont moins fortes et les circulations favorisées
par la structure profonde. En ajoutant les débits de
2. Débit le long de l'isopièze 500 (K, L, M) (1) l'Aïn-Chegag, en bordure du Causse (1 m3 /s), l'apport
total du Lias atteindrait de 2,5 à 3 m3 /s et constituerait
Pour cette courbe il sera retenu deux modes de la véritable alimentation de ce panneau.
calcul ; l'un basé sur le débit total des sources situées à
proximité, l'autre s'appuyant sur la formule : Q = K. A. 1. Débit le long de l'isopièze 400 (F, G, H, J)
i. où Cette courbe a été décomposée en trois segments
FG, GH, HI sur lesquels se situent des puits ou des
Q : est le débit exprimé en m3 /s,
forages.
K : la perméabilité exprimée en m/s,
Sur le segment FG, le débit des sources de Ras-El-
A : la section en m, et i : le gradient hydraulique.
Ma, en aval, doit théoriquement se retrouver sur cette
Les forages 1828 et 1829/15 se situant dans une fraction de courbe et avoisiner 0,35 à 0,50 m3 /s.
fosse, il est préférable d'utiliser la section car Les débits sur les segments GH et HJ sont respec-
l'épaisseur de la nappe n'est pas uniforme sur toute la tivement de 0,38 m3 /s et de 0,16 m3 /s. Au total on peut
longueur de l'isopièze.
BASSIN DE MEKNES-FÈS 53
O. Fès : 1 - 2 m³/s
1,3 - 1,6 m³/s
Infiltraions
Pluie - irrigations
0,5 m³/s
Aïn Cheggag -+ 1 m³/s
Causse
LIAS
2 - 3 m³/s
estimer à 1 m3/s environ le débit transitant au niveau de isopièzes 500 et 400, malgré les forts débits des
l'isopièze 400 entre F et J, ce qui correspond à un débit émergences. Ce qui confirme l'apport profond du Lias
de 70 l/s par kilomètre de front. (1,5 à 2 m3/s) sur les flexures ou à l'amont de celles-ci.
Origine de ce débit : celui-ci provient de l'écou-
lement souterrain de l'amont et des infiltrations entre 4. Débits à l'exutoire aval (oued Fès)
les isopièzes 500 et 400. La superficie totale de 90 km2 L'eau écoulée sur la courbe isopièze 400, se retrouve
et les fortes irrigations dans ce secteur, peuvent ensuite dans l'oued Fès qui draine toute la basse plaine.
justifier une infiltration de 0,4 à 0,5 m3/s qui s'ajoute à Les débits des oueds Bou-R'Keiss, Aïn-Smène, Chkeff, à
l'écoulement naturel provenant de l'amont de la nappe. leur confluence avec l'oued Fès sont négligeables, car
Ceci suppose que 0,5 à 0,6 m3/s transitent entre les l'eau a été entièrement distribuée.
54 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Le drainage par l'oued Fès varie en étiage de 1 à 2 m3/s représente un volume annuel évaporé de 1 à 1,5 Mm3.
en relation avec la charge à l'amont. L'évapotranspiration n 'est importante que lorsque la
nappe est à moins de 5 m du sol, ce qui est rarement le
Les infiltrations sur une superficie de 90 km2 sont
cas, sauf dans la zone de drainage de l'oued Fès et en
de l'ordre de 0,4 à 0,5 m3 /s qui s'ajoutent à
bordure de l'étang de Douyet ; son importance,
l'écoulement de l'amont (0,9 à 1,1 m3/s), ce qui donne
difficile à chiffrer, est inférieure à l'erreur que l'on
un débit total de 1,3 à 1,6 m3/s à l'aval (valeurs
peut commettre dans les estimations et n'est
intermédiaires aux débits d'étiage de l'oued Fès sur les
mentionnée que pour mémoire.
cinq années observées).
Les débits qui s'évaporent à Douyet proviennent Le Saïs Ouest (fig. 17)
principalement des infiltrations sur la zone nord. La 1. Entre le Causse et la flexure (courbe isopièze 500).
superficie de l'étang dépasse rarement 1 km. Ce qui Les infiltrations à partir de la pluie ou des eaux
N'JA
1,5 m³/s (Sources de l'oued)
Irrigations
Infiltrations
Pluie - irrigation
0,5 - 0,6 m³/s
Sources
1 m³/s
Alimentation
Infiltrations
Pluie - irrigation
LIAS
3,5 - 4 m³/s
d'irrigation sur une superficie de 190 km2 environ, se Conclusions sur le Saïs
décomposent comme suit :
— Pluie 190 km2 x 0,6 m = 114 Mm3 L'écoulement de la nappe libre le long de l'isopièze 500
est compris entre 2,5 et 3 m3/s et entre 2,5 et 3,5 m3/s aux
pluie infiltrée 15 % au plus = 17 Mm3,
exutoires. Dans cet écoulement, une part provient des
soit un débit de l'ordre de 0,5 m3/s.
apports profonds du Lias, comme l'ont démontré les
— Irrigations : 1,5 m3/s environ, paragraphes précédents ; ces apports peuvent se produire
eau infiltrée 20 à 30 %, soit de 0,30 soit par abouchement tant que les deux aquifères ne sont
à 0,45 m3/s. pas encore séparés, soit par drainance de bas en haut à
travers les marnes du Tortonien. Il faut cependant
Au total il s'infiltre de 0,8 à 1 m3/s, débit qui doit se
remarquer que les grosses sources se situent soit au pied de
retrouver au niveau de la courbe isopièze 500.
la flexure d'Aïn-Taoujdate de style et d'orientation rifaine,
2. Débit le long de la courbe isopièze 500: le débit total soit à la rencontre de celle-ci avec les flexures de style et
des sources au pied de la flexure d'Aïn-Taoujdate (et sur de direction atlasique :
l'isopièze 500) est de l'ordre de 1 m3/s. On peut donc dire
Aïn-Chkeff sur la flexure d'Aïn-Chegag
que le débit infiltré entre le Causse et l'isopièze 500 ressort
par les sources situées à proximité de cette ligne. Aïn-Ablouz sur la flexure de Ras-.El-Ma
3. Débit le long de la courbe isopièze 4 0 0 : le débit total Aïn-Amelal sur la flexure de même nom.
calculé le long de cette isopièze entre les points A et F,
La source importante de Bou-R'Keiss se situe par
peut être décomposé en quatre segments (AB, BC, CD,
contre dans un sillon, entre les deux premières flexures.
DF). Sur la longueur totale de 15,5 Km, le débit est de 2,2
m3/s environ soit un débit de 140 l/s par kilomètre de front. On peut supposer que la fracturation importante des
marnes miocènes au niveau des flexures favorise les
Les infiltrations entre les isopièzes 500 et 400, sur une
échanges de bas en haut, en diminuant les pertes de charge
superficie de 120 Km², sont de l'ordre de 0,5 à 0,6 m3/s
des circulations entre la nappe profonde captive et la nappe
(0,3 m3/s pour les eaux de pluie et 0,2 à 0,3 pour les eaux
libre.
d'irrigation).
Entre le débit total le long de l'isopièze 400 (2,2 m3/s) Importance du Lias dans le Sais
et le débit infiltré (0,5 à 0,6 m3/s) il y aurait un surplus de
1,6 à 1,7 m3/s qui ne peut s'expliquer que par les apports La nappe profonde du Lias constitue la principale
du Lias, mais ces débits sont surestimés comme le montre richesse du Saïs, soit par les exsurgences au pied du
le paragraphe suivant. Causse, soit par des sources de flexures où se matérialisent
les apports profonds qui ont pu diffuser à travers les
4. Débit à l'exutoire sur l'oued N'ja : les débits des marnes séparant les deux nappes.
principales sources sur l'oued N'ja, atteignent près de 1,5
m3/s. Il y aurait donc un déficit entre l'isopièze 400 et Les apports du Lias dans le Saïs peuvent se résumer
l'exutoire de 0,7 m3/s. déficit qui ne s'explique pas par les ainsi :
prélèvements ou les pertes par évapotranspiration qui sont — Sources de trop plein, exsurgences : 3,5 à 4 m3/s
largement compensées par les infiltrations à partir des eaux
épandues. Les sources captées près de l'isopièze 500 ne — Abouchements et apports profonds du Lias sources
s'écoulent pas vers l'exutoire. de flexures pro parte): 2,5 à 3 m3/s.
Il faut donc en déduire que le débit à l'amont, le long de Au total l'alimentation de la nappe libre en provenance
la courbe isopièze 400, est probablement surestimé, en de la nappe du Lias atteint de 6 à 7 m3/s; ces apports sont
particulier sur le segment DE, de plus de 0,7 m3/s, ce qui beaucoup plus importants que les infiltrations de la pluie et
réduit à moins de 1 m3/s les apports du Lias, par des irrigations.
abouchement. Plateau de Meknès
Les exsurgences en bordure du Causse ont un débit
compris entre 2,5 et 3 m3/s qui, ajoutés aux apports Il a été divisé en trois panneaux : celui de Meknès Est,
profonds du Lias à la nappe libre, donnerait un débit total celui de Meknès centre et celui de Meknès Ouest (ou
des eaux du Lias, compris entre 3,5 et 4 m3/s, sur ce panneau de l'oued El-Kell), suivant les mêmes critères que
panneau de Saïs Ouest. pour la plaine du Saïs.
56 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Le panneau de Meknès Est (fig. 18) 1. à 0,30 m3/s dont 0,17 pour la pluie et 0,08 à 0,13 pour
les eaux d'irrigation.
1. Courbe isopièze amont (700).
Le long de la courbe isopièze 700, il apparaît donc
Cette isopièze de 17 Km de long a été subdivisée
un surplus de 0,20 à 0,25 m3/s qui peut s'expliquer par
en trois segments (A'B', B'C', C'D'). Les débits tran-
des abouchements entre la nappe libre et la nappe
sitant le long de ces trois segments sont respecti-
profonde. Les communications ne peuvent s'effectuer
vement de 0,28 m3/s pour A'B', 0,08 m3/s pour B'C' ;
qu'au Sud-Est car le reste du panneau surmonte un
pour le segment C'D', les sources situées peu à l'aval
môle primaire sans Lias.
(Aïn-El-Jaoui, Aïn-Aouine, Aïn-Chaffit) réparties sur
tout le tronçon de ligne, ont un débit proche de 0,1 2. Courbe aval 550
m3/s (3) .
Au total près de 0,5 m3/s s'écoulent à l'aval de cette Ce front de nappe d'une longueur totale de 19,5
ligne. Km peut se diviser en trois segments (E'F', F'G', G'H')
; les débits que l'on obtient par le calcul à l'aide des
Entre le Causse et l'isopièze 700, sur une superficie transmissivités sont de deux à quatre fois plus élevés
de 90 km2, les infiltrations seraient de l'ordre de 0,25 que ceux qui sont déduits de la décharge des sources et
(3) du drainage des oueds.
Position de ces points sur la figure 12.
Pluie - irrigation
Aïn El Jaoui
Aïn Aouine
Aïn Sidi Chaffit
0,1 m³/s
Irrigation
Infiltrations
Plie - irrigation Aïn Akkous
0,25 - 0,3 m³/s
0,3 - 0,4 m³/s
Entre les courbes isopièzes 700 et 500 il y a un 0,25 m3/s et le débit des exsurgences est de 0,3 à 0,4
apport de 0,4 à 0,5 m3/s par les infiltrations sur les m3/s (Aïn-Akkous). Le Lias ne fournit donc que de 0,5
210 km2 de superficie mais une décharge de 0,15 à à 0,65 m3/s dans ce panneau privé de nappe profonde
0,20 m3/s par les sources. La différence entre les sur près de la moitié de sa superficie.
entrées et les sorties fait ressortir un débit à l'exutoire,
compris entre 0,60 et 0,75 m3/s.
Meknès centre (fig. 19)
3
3. Conclusion. Ce débit de 0,60 à 0,75 m /s alimente l. Courbe isopièze amont (700)
les sources de déversement et les affluents du Mikkès Cette courbe est décomposée en cinq segments
à l'aval. J'K', K'L', L'M', M'N', N'A' par où s'écoule au total 1
Les apports à l'amont par le Lias sont faibles 0,2 à m3/s environ sur les 19,7 km de longueur totale,
Oued Ouislam
Oued Boufekrane
0,9 - 1,3 m³/s
Infiltration
pluie -irrigation
Irriagations
Aïn Karrouba
0,2 - 0,25 m³/s
LIAS
1,3 - 1,4 m³/s
soit un débit de 50 l/s par kilomètre de front de nappe. gauche de 160 km2 . Un petit panneau nord
correspond à l'extrémité du plateau sur la route
Le débit sur le segment M'N' a été calculé d 'après
principale Meknès-Rabat au-delà du bassin du
l émergence d'Aïn-Karrouba qui a un débit de 0,20 à
'
R'Dom (40 km2 environ).
0,25 m3/s (la transmissivité du puits 494/22 n 'étant
certainement pas représentative de l'ensemble du Plusieurs mesures de transmissivités dispersées sur
segment). ces trois fragments du panneau donnent un ordre de
grandeur assez logique des débits.
Du Causse à la ligne isopiézométrique 700, soit
sur une superficie de 1190 Km², les infiltrations totales 1. Débit sur la rive droite entre W' et X'. Isopièze
atteignent de 0,5 à 0,6 m3/s dont 0,35 m3 /s d'eau de 740
pluie et 0,15 à 0,25 m3/s d'eau d'irrigation.
Le débit sur 6 Km est d'environ 0,16 m3 / s ;
Il y a donc un surplus de 0,4 à 0,5 m3/s qui peut
s'expliquer par les abouchements de la nappe captive Soit un débit de 25 à 30 l/s par kilomètre. Entre le
profonde avec la nappe libre ou par apports Causse et cette courbe, les infiltrations de la pluie (de
préférentiels sur les flexures de Bou-Fekrane à Haj- 0,10 à 0,15 m3 /s) expliquent presque entièrement les
Kaddour et de l'oued Bou-Gnaou. débits du front de nappe, le restant étant comblé par
2. Courbes isopièzes aval 550 et 600. l'infiltration des eaux d 'irrigation (assez faibles dans ce
secteur). Le Lias faisant défaut en dessous, il n'y a pas
Celles-ci ont été décomposées en quatre segments d'apport profond à la nappe libre, ce qui est confirmé
dont deux (P'Q', O'R') sur la courbe 550 et deux (T'U', par les débits au droit de l'isopièze. L'écoulement de la
U'V') sur la courbe 600 pour rester à proximité des nappe alimente à l'aval les nombreuses sources de
puits ou forages dont les caractéristiques hydrauliques déversement de l'oued El-Kell.
ont été déterminées.
2. Débit sur la rive gauche entre Y' et Z'. Isopièze
Le débit total souterrain n'atteint plus que 0,6 m3/s 600
bien qu'il y ait des infiltrations évaluées entre 0,4 et
0,6 m3/s, réparties sur une superficie de 170 Km² entre Le débit de 0,27 m3 /s sur 8 Km correspond à un
les courbes isopièzes` amont et aval. débit de près de 35 l/s par kilomètre et s'explique
entièrement par les apports superficiels. La pluie
3. Débit aux exutoires tombée sur 130 km2 et les irrigations peuvent donner
lieu à des infiltrations de 0,20 à 0,25 m3 /s, ordre de
Les exutoires de ce panneau sont les oueds : grandeur comparable au débit sur ce segment
Ouislam et Bou-Fekrane les deux principaux affluents d 'isopièze.
de l'oued R'Dom dont le débit total se situe en étiage
entre 0,6 et 1 m3/s ce qui, ajouté aux prélèvements sur 3. Débit sur la rive gauche entre Y" et Z". Isopièze
ces deux oueds pour alimenter Meknès (0,3 m3/s 550
environ), donne un ordre de grandeur de 0,9 à 1,3
m3/s. Le front de nappe se réduit de moitié et la nappe se
vide par de nombreuses sources de déversement sur les
4. Conclusion rives de l'oued El-Kell et de ses affluents. Il ne reste
plus sur ce segment d'isopièze que 40 l/s soit un débit
Sur ce panneau, l'écoulement moyen de la nappe de 8 l/s par kilomètre.
libre est de l'ordre de 1 m3/s. 4. Débit au Nord de l'oued El-Kell. Isopièze 480.
Les apports du Lias par abouchement ou sur les Ce panneau surélevé, drainé de toutes parts, est
flexures seraient de 0,4 à 0,5 m3/s en amont de alimenté seulement par les infiltrations de l'eau de
l'isopièze 700. Les exsurgences (Aïn-Bou-Jaoui, Aïn- pluie et celles des irrigations effectuées au moyen de
Maarouf, Aïn-Arhbal) et le groupe de sources d'El- quelques rares stations de pompage dans la nappe.
Hajeb débitent de 0,8 à 0,9 m3/s, ce qui suppose un
Sur 5 Km le débit est d'environ 20 l/s soit un débit
apport total du Lias de 1,2 à 1,4 m3/s sur le panneau de
de 4 l/s par kilomètre.
Meknès centre.
Ces trois panneaux de l'oued El-Kell sont donc
Panneau de Meknès Ouest ou d'El-Kell pauvres en eau souterraine parce que mal alimentés
(pluie seulement, irrigations peu développées) et ne
Ce panneau qui correspond approximativement au bénéficiant d'aucun apport profond. Cela démontre
bassin de l'oued El-Kell est scindé en deux par l'oued : que la nappe profonde est la vraie richesse de la
une partie rive droite de 90 Km environ, une partie rive plaine de Fès-Meknès, et met en évidence la relative
BASSIN DE MEKNÈS-FÈS 59
pauvreté de la nappe libre lorsqu'elle n 'est pas proportion par les eaux du Lias, transitent à, travers la
soutenue par des apports de la nappe profonde du nappe libre et sont comptabilisés dans les apports du
Lias. Lias à la nappe libre.
L'alimentation se fait aussi en deuxième lieu par les
Conclusions sur le plateau de Meknès apports de la nappe profonde du Lias à la nappe libre
Le débit sur la ligne isopièze amont (700) attein- soit par abouchement, soit par drainance verticale à
drait au total près de 2 m3 /s sur une longueur de 40 travers les marnes bleues du Miocène.
Km, ce qui correspond à un débit moyen de 45 l/s/Km
environ. Infiltration des eaux de pluie
3
Ces 2 m /s ne s'expliquent pas entièrement par les
infiltrations des eaux de surface (pluies ou irrigations) Le volume d'eau de pluie infiltré (cf. § Hydrologie)
qui seraient de l'ordre de 1,1 à 1,3 m3 /s. Le surplus dans le Sais est compris entre 85 et 92 Mm3 /an et atteint
(0,6 à 0,7 m3 /s) doit donc provenir des apports de 85 à 93 Mm3 /an sur le plateau de Meknès, plus
profonds du Lias. étendu mais moins perméable. Le volume total est
compris entre 170 et 185 Mm3 /an soit un débit fictif
Apports du Lias continu de l'ordre de 5 à 6 m3 /s.
L'alimentation globale serait ainsi en débit fictif Au total : 5,5 à 8,5 m3/s, s'écoulent de la nappe vers
continu de l'ordre de 10 m3/s. les cours d'eau en année moyenne. Ce débit comprend
aussi les eaux de sources non captées à l'aval du Saïs et
Décharge de la nappe du plateau de Meknès et à un moindre degré, la part des
débits dérivés, restitués aux cours d'eau (restitution).
Celle-ci est aussi complexe que l'alimentation, car il
est difficile de distinguer la décharge de la nappe
profonde de celle de la nappe libre. Les sources de Sources captées pour les irrigations
flexure en sont un exemple type, car les eaux du Lias se
mélangent aux eaux de la nappe libre. Cependant, 1. Sources d'émergence et de déversement de la nappe
comme il est tenu compte des apports profonds dans libre.
l'alimentation de la nappe libre, il est logique de La plupart des sources du milieu de la plaine sont
considérer les débits des sources de flexures comme un généralement captées pour les irrigations. Le débit des
facteur de décharge de cette même nappe, bien que l'eau sources utilisé pour l'irrigation est de l'ordre de 0,7 à 0,8
des sources de flexures ait une double origine. m3/s dans le Sais et de 0,5 à 0,6 m3/s sur le plateau de
Les principaux facteurs de décharge sont par ordre Meknès, soit au total de 1,2 à 1,4 m3/s. Une partie de ce
décroissant: débit (20 à 30 %) est réinfiltré, ce qui réduit à 1 m3/s
— le drainage des cours d'eau à l'aval (débits environ le débit réellement consommé pour l'irrigation,
exportés hors du bassin); soit un volume annuel moyen de l'ordre de 30 Mm3.
— les émergences, les sources de déversement et
2. Les sources de flexures d'origine mixte, mais dont
de flexures captées pour l'irrigation (débits nets
l'eau transite par l'aquifère des formations lacustres sont
consommés dans le bassin).
captées pour l'irrigation et pour l'alimentation des villes
— les prélèvements à la nappe pour l'alimentation
en eau potable.
en eau potable et par pompage pour l'irrigation (débits
partiellement consommés et exportés), La plupart de ces sources et celles qui ont le plus
— l'évapotranspiration directe dans le bassin. fort débit se situent dans le Sais. Sur les 2 à 2,5 m3/s
captés, le débit consommé par l'irrigation, donc diminué
Drainage par les cours d'eau des réinfiltrations (20 à 30 %) s'élève à un volume
annuel moyen de l'ordre de 50 à 55 Mm3.
Le volume drainé par les oueds est évalué à 170-
Le débit d'eau total des émergences, des sources de
270 millions de m3/an (cf. § Hydrologie) pour
flexure, et des sources de déversement, utilisé et
l'ensemble de la plaine. Ce drainage constitue le
consommé pour l'irrigation dans le bassin, est compris
principal facteur de décharge de la nappe phréatique, et
entre 80 et 85 Mm3/an dont 20 à 30 Mm3 environ pour le
se répartit ainsi (en arrondissant) :
plateau de Meknès et de 55 à 60 Mm3 pour le Saïs.
— 3,6 à 5,7 m3/s, pour le Sais, soit de 115 à 180
Mm3, Sources captées pour l'alimentation en eau potable et
— 1,8 à 2,8 m3/s, pour le plateau de Meknès, soit prélèvement par pompage dans la nappe
de 55 à 90 Mm3.
Ce facteur de décharge comprend en particulier une
Les oueds Fès et N'ja drainent le Sais, tandis que partie des débits prélevés et exportés pour en eau des
les affluents rive gauche du Mikkès drainent le plateau
de Meknès.
BASSIN DE MEKNÈS-FÈS 61
villes de Fès et de Meknès, plus les débits de pompage 0,3 à 0,4 m3 /s sur le plateau de Meknès et de 0,1 à 0,2
dans la nappe libre. Les débits prélevés pour m3 /s dans le Saïs.
l'alimentation des centres ruraux et des douars sont Les prélèvements dans la nappe phréatique pour
faibles. l'alimentation et pour les irrigations par pompage
atteignent un débit de 1 à 1,25 m3 /s, soit un volume
La ville de Fès prélève dans la nappe libre 0,10 annuel moyen de 30 à 40 Mm3 , moitié prélevé dans le
m3 /s environ de l'Aïn-Amier, 0,15 m3 /s de l'Aïn- Saïs, moitié dans le plateau de Meknès.
Chkeff, 0,25 m3 /s de l'Aïn-Bou-R'Keiss. Ces deux
dernières sources ont probablement une alimentation Evapotranspiration
mixte (nappes libre et profonde). Les débits des L'évapotranspiration directe de la nappe est le
forages artésiens (0,3 m3 /s) ne sont pas comptés car ils facteur le plus difficile à évaluer, car le bilan peut
s'équilibrer sans tenir compte de ce phénomène. La
intéressent exclusivement la nappe profonde et en
valeur que l'on pourrait avancer serait inférieure à
outre on ignore dans quelle mesure il s'agit d'exploit- l'erreur que l'on peut commettre dans le calcul des
ation de réserves. autres facteurs. La surface de la nappe se situant le plus
souvent à une profondeur supérieure à 10 m, on peut en
Au total, la ville de Fès exporte 0,5 m3 /s qui
conclure que l'évapotranspiration directe de la nappe,
peuvent être assimilés par excès à un prélèvement dans sur l'ensemble de la plaine, très peu boisée, est
la nappe libre. probablement négligeable car inférieure à 0.5 m3 /s, mis
La ville de Meknès dérive 0,15 m3 /s de l'Aïn- à part l'évaporation sur le lac de Douyet qui a été
Karrouba, source de la nappe libre, plus 0,3 à 0,4 m3 /s chiffrée entre 1 et 1,5 Mm3 /an.
prélevés à l'Aïn-Bittit dont l'eau provient du Lias.
Total de la décharge
Les stations de pompage pour l'irrigation ou pour Les débits totaux de décharge connus peuvent se
l'alimentation des douars représentent un débit de résumer dans le tableau ci-dessous (en millions de
l'ordre de 0,4 à 0,6 m3 /s mais inégalement réparti : m3 /an et en m3 /s pour la dernière ligne) :
Prélèvements
les exsurgences et les sources de trop-plein en bordure d'El-Hajeb, ce qui a été démontré par différentes
du Causse, par les sources des flexures (pro parte) et campagnes de prospection géophysique.
par les sources artésiennes hydrothermales du Saïs. Le Lias s'enfonce progressivement par failles et
Elle est reconnue et exploitée par des forages artésiens
flexures en direction du Nord-Ouest, avec une pente
généralement très productifs.
moyenne de 6 %, et atteint sa profondeur maximale
(1000 m) dans la zone synclinale en bordure du Prérif.
STRUCTURE DU LIAS SOUS LE BASSIN Il se redresse ensuite brutalement par failles pour
La nappe captive s'écoule dans les calcaires et les constituer le coeur des anticlinaux des rides prérifaines
dolomies du Lias et dans les grès, sables et (tome 1, chapitre 3).
conglomérats du Miocène transgressif qui surmontent Dans tout le bassin et principalement dans le Sud,
le Lias, là où ils existent (bordure sud et est du Saïs en le Lias est découpé en panneaux séparés par des failles
particulier). de direction atlasique NE-SW, comme celle d'Aïn-
Sur le rebord sud-ouest du plateau de Meknès, le Chkeff qui a un rejet de l'ordre de 200 m.
Lias est absent ainsi que dans le môle primaire au Nord
SIDI
HRAZEM
FES 1566/15
600
105/15
1755/15
380
AÏN SKRONNAT
F
KE
872/15
CH
A
M
2165/15
L
EL
LLA
2060/15
S
AÏN
E
RA
AM
A. Chkef 1
AÏN
RE
E
Xx
UR
XU
1539/15
EX
FLE
E
XUR
FL
E FL
RE
AÏN
2 296/15
XU
TAO 370
UJD
E
ATE 225/15
FL
A. Bou Rkaiss
AÏN TAOUJDATE 68/15
MEKNES 732/15 152/15
700
42/15 288/15
820/15 A. Cheggag
600 67/15
U
NAO
UG
552/15 800
BO
360
HAJ KADDOUR
UR
900
ED
553/22
DO
OU
AD
554/22
URE
JK
1000
X
FLE
-
NE
290/22
E
A.Akkous 1100
KR
215/22
FE
A. el Atrous
OU
A.Ribaa
B
201/22
RE
BOUFEKRANE 350
XU
E
A.Aguengam
FL
526/22
700
A.Arhbal
530
540
527/22
199/22
Xx/22 137/22
214/22 EL HAJEB Calacires et dolomies du Lias
213/22
A. Maarouf Limite de la zone des rides Prérifaines
800 Flexure
340
Zone avec lacune du Lias
600
Courbe isopèze (équidistance 100 m)
Limite sud de
900
Limite sud de l'artésianisme
l'extension du toit impérméable
Source du Lias (Tortonien)
Forage atteignant le Lias
0
100 Forage artésien au Lias
500
510
520
La région comprise entre Bou-Fekrane et El-Hajeb Meknès, constituent un réservoir en continuité avec
est particulièrement disloquée, le Lias est discontinu et celui du Lias. En bordure du Causse, ces dépôts servent
localement absent, enlevé par l'érosion anté-miocène. de relais entre la nappe phréatique des formations
Les eaux du Lias circulent sous la plaine dans un lacustres et la nappe profonde du Lias.
certain nombre de panneaux, individualisés et séparés
par des failles importantes. De l'W à l'E on distingue CARACTÈRES PHYSIQUES ET CHIMIQUES DE LA NAPPE
plusieurs unités : PROFONDE (fig. 20). SURFACE PIÉZOMÉTRIQUE DE LA
— sous le plateau de Meknès, le panneau de NAPPE PROFONDE
Meknès à l'W de la flexure Bou-Fekrane—Haj-
Kaddour où le Lias se termine en biseau stratigra- Elle est relativement connue dans les parties des
phique sur le socle primaire ou triasique. Dans ce panneaux d'Ain-Chegag et de Haj-Kaddour.
compartiment, le niveau piézométrique est très bas. Dans le premier panneau, la surface piézométrique
Les communications latérales avec le panneau d'Haj- passe de la cote 630 à la cote 590 m, avec une pente
Kaddour s'effectuent avec de très fortes pertes de moyenne de 4°/00 et chute brutalement au passage de
charges à travers le Pliocène ou le Miocène trans- la flexure d'Aïn-Chkeff.
gressif. Des lacunes du Lias expliquent la relative
pauvreté en eau profonde et phréatique de ce panneau. Dans le deuxième panneau, la cote varie entre 740
Le panneau de Haj-Kaddour, compris entre la flexure et 690 m avec une pente de 4 °/00 . La cote, plus élevée
de Bou-Fekrane—Hadj Kaddour à l'W et ce de l'oued dans ce panneau, est due à la flexure d'Aïn-Taoujdat
Bou-Gnaou à l'E est très disloqué vers le Sud, mais qui se répercute aussi bien dans la structure du Plio-
s'enfonce ensuite vers le Nord plus régulièrement avec Villafranchien que dans celle du Lias.
une pente moyenne de 5 0 /00. Ce panneau a été reconnu
par les forages artésiens : 553, 554 et 290/22 (forage à Les eaux du Lias et du Miocène transgressif se
la limite de l'artésianisme ; devient jaillissant lors des mettent en charge sous les marnes imperméables du
remontées du niveau piézométrique). Le môle primaire Miocène (Tortonien). La limite d'artésianisme suit
du N d'El-Hajeb s'étend entre les flexures d'oued Bou- approximativement la cote 700 sur le plateau de
Gnaou à l'W et celle d'Ain-Taoujdat au N, sur une Meknès et la cote 630 environ dans le Saïs (moins les
largeur moyenne de 8 à 10 km. L'absence de Lias rend pertes de charge).
ce panneau stérile en profondeur ;
Les évolutions des charges sont peu connues, car
— sous la plaine du Saïs et sa zone amont, le les observations sont peu étalées dans le temps et
panneau de Ribaa-Bittit déborde à l'W sous le plateau discontinues. Les variations observées sur un sondage
de Meknès. Il est limité par le môle d'El-Hajeb à l'W, du Lias (290/22) situé entre El-Hajeb et Meknès,
par la flexure d'Ain-Chkeff à l'E et la flexure d'Aïn- peuvent atteindre une amplitude pluriannuelle de
Taoujdat au N. Bien que non reconnu par forage, l'ordre de 10 m (fig. 21). Ces variations pluriannuelles
l'existence du Lias ne fait aucun doute en raison de sont assez sensibles : les années 1965 à 1967 à
l'importance des principales sources du bassin (Bittit- recharges médiocres (pluies faibles et absence de
Ribaa, Aguemgam, Akkous) et des émergences sur les neige hivernale sur le Causse) se traduisent par une
flexures situées au N de la flexure d'Aïn-Taoujdat. Le baisse de charge très importante dans la nappe captive
panneau d'Aïn-Chegag à l'E de la flexure d'Aïn-Chkeff, à une dizaine de kilomètres de la partie libre du
est exploité par les sondages artésiens alimentant la réservoir. Par contre, on note que les fluctuations
ville de Fès. Il s'étend au large vers l'E et le NE ce qui annuelles sont très amorties.
explique la présence des sources thermales de Sidi-
Harazem. Dans la cuvette synclinale du Saïs La température des eaux est comprise entre 18 et
proprement dit, le Lias semble exister partout et forme 25°C et assez constante à chaque point observé. Les
un vaste synclinal limité au S par la flexure de style eaux de fonte de neige et un écoulement rapide
rifain d'Aïn-Taoujdat, à l'E par celle d'Aïn-Chkeff, et concourent à abaisser la température des eaux qui sont
au N par les rides prérifaines. Cette fosse moins chaudes que celle des sources hydrothermales,
probablement fermée, est compartimentée par les la température de ces dernières pouvant provenir de
flexures de Ras-El-Ma et d'Aïn-Amellal, mais la nappe réactions exothermiques (notamment dans les marnes
du Lias y est très profonde. et schistes pyriteux).
Au-dessus du Lias, les dépôts transgressifs du Les eaux du Lias sont peu chargées en sels
Miocène, dont la puissance peut atteindre 340 m dans dissous, légèrement basiques, incrustantes. Elles sont
la plaine du Saïs (sondage 2230/15) mais va en généralement bicarbonatées calciques et magnésien-
diminuant vers l'W (0 à 20 m) dans le plateau de nes, mais peuvent devenir chlorurées sodiques lorsqu’
64 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
ARTESIEN
X=497.800 X=479.600
Y=353.850 Y=354.000
Z(sol)=292m Z(sol)=698 m
+2
métres
+1
265/22
290/22
SOL
19 0
ARTESIEN
20 1
21 2
22 3
23 4
24 5
25 6
1963 1964 1965 1966 1967 1968 1969 1970 1971 1972
FIG. 21 — Evolution piézométrique de 1963 à 1972 de la nappe profonde du Lias du plateau de Meknès-Fès
(piézomètre n° 290/22).
elles cheminent dans les faciès transgressifs du Miocène. déterminer un coefficient d'infiltration, en faisant
Le résidu sec est généralement compris entre 0,2 et 0,3 cependant deux réserves.
g/l mais peut atteindre 0,8 g/l lorsque les eaux transitent 1. Les limites des bassins hydrogéologiques sont
dans le Miocène transgressif. Les eaux sont d'une qualité supposées être proches des limites topographiques des
chimique excellente pour l'alimentation humaine, mais bassins versants,
leur dureté les rend peu favorables à l'industrie. Pour les 2. Le calcul du coefficient d'infiltration utilisant le
irrigations, l'eau est suffisamment douce et peu alcaline volume total des décharges, suppose que celles-ci sont
et ne pose aucun problème de lessivage ou de drainage. compensées par des recharges égales ou proches de la
valeur globale des décharges.
BILAN SOMMAIRE DE LA NAPPE DU LIAS a. Le tableau ci-après détaille les principaux facteurs
de décharge de la nappe du Lias.
Les principaux facteurs de décharge de la nappe Si les débits moyens des exsurgences, des sources
profonde dans le bassin de Meknès-Fès et de la nappe du thermales, et des forages sont relativement bien connus,
Lias dans le Causse, peuvent être approximativement par contre les transferts vers la nappe phréatique
connus. A partir de la hauteur de pluie annuelle (apports profonds et abouchements) ainsi que les débits
moyenne sur le Causse (aire d'alimentation) et la des émergences et des sources de déversement du
superficie des bassins versants dominants, on peut Causse sont bien moins précisés.
BASSIN DE MEKNÈS-FÈS 65
Les sorties par les exutoires latéraux à l'E et à l'W l'ajustement sur le modèle du profil piézométrique de la
de la plaine sont inconnues. Cependant la nappe nappe libre a permis d'obtenir les caractéristiques du
profonde réagissant assez rapidement aux variations Miocène et de compléter celles de l'aquifère à nappe
importantes des recharges d'hiver et de printemps d'une libre. Le schéma obtenu montra que 48 % du débit dis-
année à l'autre, on peut supposer que ce réservoir ponible dans la nappe libre provenait de la nappe
profond, interrompu vers le Nord, est pratiquement profonde du Lias, la perméabilité horizontale du
fermé et qu'en conséquence les sorties occultes sont Miocène étant d'environ 2.10-7 m/s, l'anisotropie de 6
probablement faibles. dans la partie amont au S (Kv = 3.10-8 m/s) et de 30 dans
la partie aval au N (Kv = 6.10-9 m/s).
b. Le coefficient d'infiltration calculé est compris
entre 22 et 25 %, sans tenir compte des sorties occultes Dans l'étude en plan, pour raison de simplification
par les exutoires latéraux. Ces valeurs paraissent des conditions aux limites dans la partie W de la nappe,
plausibles bien que supérieures à celles qui sont la partie de la nappe étudiée fut limitée aux zones « Saïs-
retenues pour le bassin de Meknès-Fès. La nature des Est » et « Saïs-Centre » représentant un front d'environ
terrains et l'enneigement sur les plateaux très karstifiés 25 kilomètres. A l'amont et à l'aval, les conditions aux
et en partie fermés, favorisent une infiltration plus limites utilisées furent des conditions de niveau, isopièze
importante que dans la plaine. Cet ordre de grandeur 650 à l'W et isopièze 600 à l'E pour l'amont, isopièze 380
doit être vérifié par des calculs de pluie efficace (pluie à l'aval (oued Fès et zone d'évaporation). Sur les flancs,
moins évapotranspiration réelle) sur l'ensemble du les conditions sont de flux nul, ligne de courant
domaine karstique atlasique. correspondant au partage des eaux entre oued N’ja et
oued Mikkès à l'W, ligne de courant correspondant à la
disparition de la nappe aux abords de l'oued Bou-
ETUDE DE L 'EXPLOITATION Fekrane. Les potentiels imposés aux sources étaient :
DU SYSTEME AQUIFERE DE LA + 500 mètres NGM à Aïn-Blouze—Ain-Beida
PLAINE DU SAIS PAR SIMULATIONS SUR + 520 mètres NGM à Aïn Bou-R'keiss
MODELES ANALOGIQUES + 480 mètres NGM à Aïn-Smène
L'étude du phénomène de drainance de la nappe + 460 mètres NGM à Aïn-Chkeff.
profonde du Lias vers la nappe libre, dans la plaine du
Saïs, a été réalisée au moyen de modèles analogiques L'ajustement fut effectué en fin d'étiage, lorsque le
(résistances - capacités) et mathématiques ; cela a régime est non influencé et s'apparente à un régime
permis d'examiner le fonctionnement du système permanent. Il a consisté à déterminer une carte des
aquifère et de rechercher les conditions d'exploitation transmissivités telle que, pour sa cote respective, chaque
optimales. Un modèle en coupe en régime permanent a source fournisse le débit d'étiage correspondant, soit
d'abord permis d'évaluer l'ordre de grandeur des respectivement 500, 700, 300 et 500 l/s. Le débit total de
caractéristiques hydrodynamiques du Miocène les plus base du système aquifère était de 4 m3/s, celui des
vraisemblables, valeurs qui ont été ensuite utilisées dans sources étant de 2 m3/s, donc le débit évacué vers l'aval
un modèle bidimensionnel en plan. et drainé par les émergences et l'oued Fès ou évaporé
était de 2 m3/s. Par la suite, la représentativité du modèle
L'étude en coupe s'est faite selon un tube de courant en plan fuit contrôlée en régime transitoire par l'étude
de 3 kilomètres de large, intégrant une source amont des effets d'une modulation de l'alimentation amont sur
d'exsurgence du Lias, Aïn-Chegag, une source de le débit des sources de flexure et sur l'évolution dans le
flexure, Aïn-Chkeff et l'exhaure aval constitué par les temps des niveaux piézométriques aux puits témoins,
sources de déversement et le drainage de l'oued Fès. Les compte tenu d'un coefficient d'emmagasinement moyen
débits de sortie étaient fixés à leur valeur d'étiage, de 2,5 %. L'introduction à la limite amont de la plaine du
respectivement 1, 0,5 et 0,25 m3/s et équilibraient un Sais d'une fluctuation de niveau arrondie à 10 mètres
débit d'alimentation qui, introduit dans la zone (évaluée à partir des excédents pluviométriques et du «
d'abouchement à nappe unique, à l'amont, se répartissait coefficient d'infiltration » du bassin versant amont pour
ensuite entre les deux couches aquifères suivant les l'année la plus pluvieuse : 1962-1963) entraînait sur le
caractéristiques hydrodynamiques du Miocène et des modèle, au droit des puits témoins, des variations de
formations lacustres de la nappe libre. Connaissant des niveau de 1,20 à 1,50 mètres, en accord avec les obser-
valeurs de transmissivités obtenues au cours d'essais de vations de l'année 1962-1963 et des déphasages de
pompage dans ce tube de courant (T =3,6.10-² m2/s en l'ordre de trois mois. En aval des sources de flexure et au
amont de Aïn-Chkeff et T = 2,4.10-3 m2/s près de Fès), droit de ces mêmes sources, les fluctuations de niveau
66 EN EAU DU MAROC
TOTAL
Émergences et sources
du Causse (débit con- 0,5 à 1 — — 0,5 à 1 15 à 30
sommé)
Exsurgences au pied du
— 3,5 à 4 1,1 à 1,3 4,6 à 5,3 145 à 165
Causse
Apports profonds et
abouchements avec la — 2,5 à 3 0,6 à 0,7 3,1 à 3,7 95 à 115
nappe phréatique
Forages profonds
en 0,3 à 0,4 0,1 0,4 à 0,5 10 à 15
artésiens ou ascendants)
TOTAL
Coefficient d'infiltration 22 à 25
— — — (Soit 200 mm de pluie
de la pluie en %
efficace)
p.m. (pour mémoire).
restaient négligeables, les répercussions sur l'aval étant hydraulique est donc régularisé ; le modèle montrait par
absolument nulles (oued Fès). A une certaine distance de la ailleurs que les variations d'alimentation ne représentent
limite amont, passée la zone d'infiltration, le système en fait que 10 % du débit de base. Ce chiffre était
BASSIN DE MEKNÈS-FÈS 67
Le débit des eaux de surface dépend en grande ent entre eux. Il appelle quelques remarques
partie des eaux souterraines et la nappe libre du bassin d'ensemble sur les principaux facteurs qui le
est en communication directe ou indirecte avec d'une composent (fig. 22).
part les cours d'eau superficiels et, d'autre part, les
eaux profondes du Lias. Les bilans partiels en eaux de LA PLUIE ET SA RÉPARTITION
surface, eaux de la nappe libre et eaux de la nappe
profonde, nécessitent des coupures artificielles, qu 'un Sur les 3 800 km2 environ que couvrent les zones
bilan global permet d'éviter. Ce bilan hydraulique d'alimentation (Causse + bassin de Meknès-Fès), la
total, présenté sous forme de tableau, schématise la pluie alimente les eaux superficielles et souterraines.
complexité des phénomènes hydrauliques qui interfèr- Le volume total de la pluie au cours d'une année
68 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Hauteur de pluie annuelle : 573 mm Coef. d'infil. : 15 - 13 % Haut. de pluie ann. : 750 - 800 mm Coef. d'infil. : 22 - 25 %
RESTITUTION RESTITUTION
CONSOMMATION
Evapotranspiration
~0 ~0 ( Evapotranspiration )
90 -100 Mm³
BILAN
105 115
15 - 30
Réinfiltration
Drainage de la nappe Réinfiltration Alimentation
20 -25 Mm³ IRRIGATION
( émergences non captées) des villes (p.p)
30 - 45 Mm³ 135 - 160 Mm³
170 - 220 Mm³ 20 Mm³
IRRIGATION
par les sources
100 - 110 Mm³
SOUTERRAINE
Alimentation 20
Pompages 10 - 20
Réinfiltration
sur le causse
5 - 10 Mm³
15 - 20 Mm³
NAPPE DU LIAS
( Nappe libre du Causse, nappe captive de la plaine )
Renouvellement anuel moyen ; 280 - 345 Mm³
moyenne théorique est de 2340 à 2700 Mm3, ce qui villes ponctionnent une part du débit qui retourne à la
équivaut à un débit fictif continu de 74 à 86 m3 /s. nappe par réinfiltration (25 à 30 %) ou est
L'évaporation directe ou l'évapotranspiration par la évapotranspiré et consommé (75 à 80 %). Le volume
végétation (1 785 à 1 935 Mm3), correspond à 70-75 infiltré ou réinfiltré à partir des eaux captées est
% du total, tandis que le restant : 25 à 30 %, se compris entre 55 et 480 Mm3/an. La part évaporée ou
répartit entre les écoulements de surface et les évapotranspirée par les plantes est de l'ordre de 210 à
infiltrations souterraines (555 à 765 Mm3 /an). 245 Mm3/an.
LES RESSOURCES UTILISÉES
L 'ÉCOULEMENT ET L'INFILTRATION
Pour l'irrigation
Les parts écoulées ou infiltrées se recyclent et Les irrigations à partir des eaux de surface sont
s'approvisionnent mutuellement en transitant par la rares dans la plaine, sauf là où les oueds sont
nappe profonde ou par la nappe libre. Au fur et à directement alimentés par des sources importantes. Les
mesure que les eaux s'écoulent, les dérivations et les pluies d'hiver et de printemps conditionnent le rendement
captages pour l'irrigation et pour l'alimentation des
BASSIN DE MEKNÈS-FÈS 69
des cultures non irriguées, tandis que les captages des Au total 35 à 40 Mm3/an sont prélevés dans les
sources et les prélèvements dans les nappes sont utilisés nappes pour l'alimentation humaine, moitié dans la
par les cultures irriguées. Les irrigations se font surtout nappe libre moitié dans la nappe du Lias.
à partir des eaux qui ont transité par les nappes dont 135
à 160 Mm3/an à partir des eaux du Lias (exsurgences au
pied du Causse) et 80 à 85 Mm3/an à partir des Répartition des utilisations
émergences, des sources de déversement et de flexure,
Pour les deux nappes, les différentes utilisations se
plus 10 à 20 Mm3 de pompages dans la nappe libre, soit
répartissent ainsi :
un total de 225 à 265 Mm3 par an et un débit fictif
continu de 7 à 9 m3/s environ.
Utilisations en Mm3 en %
La plus grande partie de l'eau est consommée et
évapotranspirée et une faible part s'écoule à l'aval vers
les exutoires naturels, sans compter la part infiltrée ou Irrigations (captage des
245 à 290 50 à 46
réinfiltrée vers la nappe libre. Le retour aux oueds sources + pompages)
(restitution) est insignifiant en période d'irrigation, mais Drainage par les oueds 170 à 220 34 à 35
plus élevé durant les périodes pluvieuses, durant
lesquelles les eaux de sources sont peu utilisées. Ces Alimentation des villes 35 à 40 7
pertes restent en moyenne assez faibles à côté des
volumes utilisés.
Sources thermales
Evaporation 45 à 75 9 à 12
Pour l’alimentation en eau des villes Captage dans le Causse
des émergences
Cette alimentation s'effectue à partir des eaux de la
Total 495 à 625 100
nappe libre du bassin et des eaux de la nappe captive ou
libre du Lias. Dans la plaine, ce sont surtout les villes de
Fès et de Meknès qui doivent être prises en Taux de renouvellement des ressources souterraines
considération.
Le taux de renouvellement, ou fraction de la réserve
3 totale renouvelée. annuellement en moyenne, est le
La ville de Fès prélève (1970) 0,15 à 0,20 m /s par
rapport Q/V, du volume moyen annuel global
les forages artésiens, 0,4 m3/s des sources de flexures à
d'alimentation d'une nappe (Q) au volume moyen de la
origine mixte, et 0,1 m3/s de l'Aïn-Amier, émergence de
réserve totale (V).
la nappe libre, soit un volume annuel moyen de l'ordre
de 20 Mm3. Les besoins moyens en 1982 sont évalués à
1 100 l/s, ceux du mois de pointe étant de 1 400 l/s. Le renouvellement de la réserve peut servir à classer
les nappes aquifères :
Dans l'état actuel des connaissances, ces besoins
pourraient être satisfaits, en premier lieu, en éliminant — un taux de renouvellement élevé, égal ou
les pertes des adductions actuelles, puis en augmentant supérieur à 1, sera le propre des nappes à faible
les prélèvements dans la nappe du Lias au S de la ville réserve, sans capacité régulatrice utilisable, à
(fig. 20) au moyen de forages nouveaux. D'ici 1982, exploiter à la manière de cours d'eau réguliers, par
l'étude approfondie de la nappe profonde devrait des ouvrages « au fil de l'eau » ;
permettre, soit d'augmenter ultérieurement les pré-
— un taux moyen, de l'ordre de 0,5, caractérisera
lèvements dans cette nappe, sinon on pourrait exploiter
les sources suivant différents schémas. des nappes à capacité régulatrice annuelle utilisable,
mais à capacité régulatrice pluriannuelle limitée ;
La ville de Meknès est alimentée (1970) par les eaux — un taux petit, de l'ordre de 0,1, correspondra à
du Lias (Aïn-Bittit : 0,3 à 0,4 m3/s) et par la nappe libre des nappes à capacité régulatrice pluriannuelle optimale,
(0,15 à 0,20 m3/s de l'Aïn-Kharrouba), soit un débit pour des exploitations en régime d'équilibre.
compris entre 0,45 et 0,60 m3/s et un volume moyen
annuel de 15 à 20 Mm3. Les besoins moyens en 1985
(*)
sont évalués à 1 100 l/s ; la ville dispose d'un droit d'eau Des forages profonds au Lias (600 à 700 m) exécutés en fin 1974 ont
de 300 l/s sur la source Aïn-Ribaa, la réalisation de cette permis, après acidifications, d'obtenir des débits artésiens jaillissants de
30 à 40 l/s par unités, les débits en pompage dépassent 100 l/s par
adduction portera les ressources de la ville à 800 l/s, ouvrage. Un champ captant proche de la ville (secteur Haj Kaddour)
suffisantes jusqu'en 1974. Au-delà, on pourrait assurera par conséquent la couverture des besoins de Meknès dans
vraisemblablement exploiter la nappe profonde du Lias l'avenir.
au SE de Meknès (*).
70 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Dans la plaine de Meknès-Fès, la réserve de la sont de 60 à 75 Mm3 /an, ceux concernant la plaine de
nappe phréatique est évaluée à 650 - 1300 Mm3 . Le 70 à 190 Mm3 /an. C'est-à-dire un volume total de 130 à
débit annuel d'alimentation de cette nappe est de 265 Mm3 /an (4 à 8,5 m3 /s). Ces eaux superficielles
l'ordre de 295 à 345 Mm3 /an, comprenant les sont en partie mobilisables soit au moyen de barrages
infiltrations de l'eau de pluie (170 à 185 Mm3 /an), les si le procédé est réalisable économiquement, soit en les
apports profonds de la nappe du Lias (95 à 115 utilisant « au fil de l'eau », plus à l'aval.
Mm3 /an) et les infiltrations des eaux d 'irrigation
provenant de la nappe profonde (30 à 45 Mm3 /an). Les volumes drainés par les oueds s'élèvent à 170-
220 Mm3 /an. Les droits d 'eau à maintenir, à l'aval, sont
Le taux de renouvellement a pour valeurs extrêmes au moins égaux au débit de drainage de l'étiage, soit 70
0,22 et 0,53. La nappe libre est à capacité régulatrice à 90 Mm3 /an. Afin de diminuer les volumes drainés,
annuelle, utilisable avec une certaine capacité 100 à 130 Mm3 /an (3,2 à 4,8 m3 /s) supplémentaires
régulatrice pluriannuelle médiocre en général, sauf pourraient être prélevés ; 70 à 90 Mm3 /an pourraient
dans le bas-Saïs. l'être dans la plaine du Saïs et 30 à 40 Mm3 /an dans le
plateau de Meknès.
LES RESSOURCES POTENTIELLES DISPONIBLES Ces prélèvements supplémentaires seraient ef-
Les ressources disponibles comprennent les eaux de fectués dans les zones préférentielles connues, par
ruissellement et celles résultant du drainage de la exemple les sources dont la surexploitation pendant la
nappe phréatique par les cours d'eau. période estivale devraient permettre la diminution du
débit de drainage pendant l'hiver.
Les volumes des eaux de ruissellement sur le Causse
Conclusions générales
Les diverses études, ainsi que le modèle ana- 50 % du volume des eaux utilisées (495 à 625
logique, ont confirmé que la nappe profonde du Lias Mm3 /an).
influence le comportement de la nappe phréatique ;
Les oueds de la plaine drainent de 170 à 220
celle-ci présente une certaine discontinuité, quelques
Mm3 /an, représentant 35 % du volume utilisé.
forages s'étant révélés secs. D 'une façon générale, les
aquifères où circule la nappe libre du bassin ont des L'alimentation des villes, les sources thermomi-
caractéristiques hydrauliques médiocres qui ne nérales, etc., constituent les autres formes d'utilisation.
permettront pas l'installation de stations de pompage Les quantités d'eau prélevées et consommées ou
importantes. Les grosses sources qui y apparaissent exportées totalisent 240 à 285 millions de m3 /an, soit 8
sont en fait alimentées essentiellement par la nappe à 9,5 m3 /s fictifs continus sur une ressource globale de
profonde du Lias. 425 à 495 Mm3 /an ou 14 à 16,5 m3 /s fictifs continus
L'ensemble des zones d 'alimentation (Causse et répartie entre 150-160 Mm3 /an pour l'alimentation
bassin de Meknès-Fès) reçoit, sous forme de pluie, propre de la nappe libre du bassin et 275-335 Mm3 /an
2340 à 2700 Mm3 /an au cours de l'année moyenne pour la nappe du Lias (Causse et bassin de Meknès-
théorique. Le volume d 'eau ruisselée représente 130 à Fès). Un peu plus de la moitié des ressources
265 Mm3 /an, les coefficients de ruissellement qui en potentielles en eau souterraine est exploitée, la majeure
résultent étant de 5 à 6 % pour le Causse et 6 à 16 % partie du reste étant constituée par les débits drainés
pour la plaine. Le volume global infiltré alimentant la par les cours d'eau et qui sont également utilisés et
nappe libre du bassin et la nappe profonde, s'élève à grevés de droits d'eau. Il n'y a donc presque plus de
450-530 Mm3 /an, les « coefficients d 'infiltration » qui ressources renouvelables disponibles en eau
en résultent ayant pour valeur 22 à 25 % dans le Causse souterraine.
et 13 à 15 % dans la plaine. Le volume de la réserve totale de la nappe
L'irrigation des cultures à partir des eaux de surface phréatique est évalué à 650 - 1300 Mm3 , l'ordre de
est rare dans le bassin et s'effectue essentiellement par grandeur du taux de renouvellement étant de 0,2 à 0,5 ;
des eaux souterraines captées. Celles-ci proviennent il en résulte que, en fonction du taux d'exploitation, la
des sources au pied du Causse, des sources de nappe libre du bassin possède une capacité régulatrice
déversement et de flexure et de quelques stations de annuelle globale satisfaisante, mais une capacité
pompage dans la nappe libre du bassin. Le volume ainsi régulatrice pluriannuelle restreinte, sauf localement
distribué s'élève à 245-290 Mm3 /an, représentant 46 à dans le Nord du Saïs.
BASSIN DE MEKNÈS-FÈS 71
Parmi les ressources en eau souterraine disponibles, mais dans la mesure où davantage d'informations seront
un volume supplémentaire de 100 à 130 Mm3/ a n (70 à disponibles.
90 Mm3/an dans la plaine du Saïs, 30 à 40 Mm3/an dans Ces informations comprennent : l'étude du Causse et
le plateau de Mekhnès) pourrait être obtenu en de la nappe profonde, afin de déterminer avec plus de
diminuant les volumes d'eau drainés par les cours d'eau. précision le volume infiltré, le volume de la réserve
Ces prélèvements seraient effectués dans des zones totale de cette nappe, une meilleure connaissance des
préférentielles connues, par exemple les sources dont la niveaux piézométriques à l'amont de la plaine du Saïs,
surexploitation pendant la période estivale devraient enfin une détermination plus précise des débits des
permettre de diminuer les débits de drainage des cours cours d'eau à l'amont et à l'aval de la plaine en
d'eau pendant l'hiver. augmentant la périodicité des jaugeages et en modifiant
l'emplacement de quelques stations de mesures. Mais
Afin de mobiliser le maximum de ressources en eau, pour pouvoir réaliser cette étude plus précise à long
il est nécessaire de rechercher l'exploitation optimale terme, il est indispensable de poursuivre des mesures
avec régularisation pluriannuelle (décennale). Cette régulièrement espacées dans le temps et simultanées de
recherche, tant hydrogéologique qu'économique, sera toutes les variables (niveaux piézométriques, débits des
tentée au moyen de modèles analogique ou mathématique, sources et des cours d'eau, pluviométrie).
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Présentation géographique
Le couloir de Fès à Taza constitue la partie la plus terranéen du Moyen Atlas car il existe une différence de
orientale de l'unité géologique dénommée couloir sud- 200 m entre les niveaux de base locaux formés à l'W par
rifain. Du point de vue hydrogéologique, cette unité le confluent Inaouène-Sebou et à l'E par celui du
offre une grande parenté avec le bassin de Meknès-Fès, M'Soun et de la Moulouya. Par ailleurs il faut noter la
car la présence en profondeur d'importantes assises de dissymétrie des bordures du couloir, le versant
calcaires et dolomies liasiques rend possible l'existence méridional (Moyen Atlas) étant beaucoup plus abrupt
d'une puissante nappe profonde artésienne ; mais que le versant rifain constitué de collines marneuses. Le
contrairement au bassin lacustre de Meknès-Fès qui couloir de Fès-Taza constitue naturellement une voie de
dispose des ressources en eau d'une importante nappe communication humaine très ancienne et très importante
phréatique, le couloir de Fès-Taza dont les recouvrem- entre le Maroc atlantique et le Maghreb oriental.
ents superficiels sont imperméables, se trouve être
moins riche en eau. L'eau est rare en dehors des vallées des oueds Sebou
et Inaouène, mais la pluviosité étant élevée, les collines
Les limites de ce sous-bassin hydrogéologique sont et plateaux qui modèlent la région sont couverts de
ainsi définies (fig. 23) : au N, la limite d'affleurement cultures céréalières et plantés d'oliveraies ; l'élevage y
des formations essentiellement marneuses appartenant est important mais fournit des produits de qualité
aux nappes prérifaines ; à l'W, le bassin lacustre de médiocre. Dans les vallées des oueds Sebou et Inaouène
Meknès-Fès ; de l'WSW à l'ENE, la limite des existent de petits périmètres irrigués voués à la culture
affleurements continus des calcaires liasiques du Moyen maraîchère et quelques plantations d'agrumes, peu
Atlas rejoint vers le NE celle des Nappes prérifaines au nombreuses d'ailleurs.
niveau du massif primaire du Tazzeka, un peu à l'W de
Taza. Le couloir de Fès-Taza prend ainsi la forme d'un Les centres urbains de Fès et Taza, situés chacun aux
triangle très allongé dans le sens Ouest-Est et d'une extrémités du couloir, constituent les métropoles
superficie approximative de 750 km2. d'attraction pour les échanges commerciaux de la région.
Quelques bourgades telles Matmata, Tahala et Bir-Tam-
Le couloir de Fès-Taza est morphologiquement un Tam ne regroupent guère plus de quelques milliers
fossé compris entre deux unités montagneuses : le Rif au d'habitants chacune et ont essentiellement un rôle de
N et le Moyen Atlas au S, fossé qui se rétrécit marchés ruraux. Cette région est très peuplée (70
progressivement d'W en E jusqu'à disparaître un peu à
habitants au km2 en moyenne) par rapport à ses
l'W de Taza. Ce couloir correspond essentiellement à la
vallée de l'Oued Inaouène, affluent important du Sebou. ressources et les conditions de vie de cette population
L'Inaouène ne cesse de faire reculer vers l'E la sont médiocres.
séparation entre le versant atlantique et le versant médi-
COULOIR DE FÈS-TAZA 73
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G é o l o g i e*
Le couloir Fès-Taza appartient au sillon sud-rifain dans plusieurs boutonnières dont la plus importante est
qui s'étend de l'Atlantique à la Méditerranée entre la celle du Jbel Tazzeka au NE. Puis vient une série
chaîne du Rif au N et les môles hercyniens de la permo-triasique de marnes rouges continentales et
Méséta et du Moyen Atlas au S. Le couloir de Fès à lagunaires, discordantes sur le Primaire, souvent
Taza constitue la partie la plus étroite du couloir sud- accompagnées de coulées de basaltes doléritiques (100
rifain. Le Causse moyen-atlasique au S s'ennoie à 120 mètres d 'épaisseur) ; cette série rouge est salifère,
progressivement vers le N sous des formations le sel se présentant selon les endroits, en amas ou bien
miocènes transgressives sur le Primaire ou le de façon diffuse selon les conditions de sédimentation
Jurassique. de l'époque.
Au Miocène supérieur (Tortonien), après les Les calcaires et dolomies du Lias viennent pra-
phases tectoniques majeures qui ont déformé et ex- tiquement en concordance sur le Permo-Trias. Le Lias
haussé la chaîne rifaine mais n'ont pas affecté son inférieur est constitué d'une série massive épaisse de
avant-pays le Moyen Atlas, s 'est formée une zone de 100 à 120 mètres ; puis vient le Lias moyen sous forme
sédimentation qui est le domaine prérifain. de calcaires dolomitiques lités et de calcaires à silex et
à chailles ou de calcaires sublithographiques (épaisseur
STRATIGRAPHIE DE LA BORDURE totale de 40 à 50 mètres).
DU CAUSSE MOYEN-ATLASIQUE
ET DU COULOIR DE FES-TAZA MIOCÈNE-PLIOCÈNE
PRIMAIRE ET SECONDAIRE
Le Miocène transgressif est venu se déposer sur un
Le Primaire du Causse est constitué par des schistes Causse émergé depuis le Jurassique (Domérien), érodé,
et grès, parfois métamorphiques, bien représentés plissé et fracturé ; il s'est moulé sur des structures
anciennes qu 'il a fossilisé avant d'être à son tour plissé
* Texte écrit en collaboration avec J. CHAMAYOU et J: Cl. VIDAL. par des mouvements tardifs de faible importance. Deux
74 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
niveaux principaux peuvent être différenciés : à la base mètres se rencontrent en bordure du Sebou et au
l'Helvétien détritique (grès et marno-calcaires), puis le milieu de la cuvette de la Rhomra. Ces séries
Tortonien essentiellement marneux, à fines intercalations continentales en bordure du Causse sont rattachées
marno-gréseuses (série dite des marnes bleues), à l'Helvétien.
considérablement plus épais que l'Helvétien. De façon
— Des marno-calcaires, grès dunaires, calcaires gré-
générale le Miocène s'épaissit rapidement du S vers le N
seux, formations de littoral, se rencontrent au SW,
et de l'E vers l'W ; cependant, des prospections géophysi-
entre le Causse et les anticlinaux liasiques qui le
ques par méthode électrique sur le plateau qui prolonge le
précèdent vers le N ; ils peuvent atteindre 20 à 30
Causse vers le N ont permis de mettre en évidence des
mètres d'épaisseur. On y rencontre de magnifiques
fossés contenant des épaisseurs importantes de Miocène,
Huîtres géantes fossiles.
comme la Rhomra (370 m au sondage électrique n° 7) ou
les Beni-Saden (260 m au sondage électrique n° 3). Vers — Des marnes gréseuses surmontent la série conglo-
l'E à Matmata, c'est-à-dire au niveau du rétrécissement du mératique et gréseuse de base vers le N et le NE
couloir de Fès-Taza, le forage 2153/15 a traversé 425 m (oued Inaouène). Des bancs de grès peu épais (1 à 3
de Miocène marneux avant d'atteindre le Lias. m) s'intercalent dans cette série qui peut
s'épaissir jusqu'à 150 ou 200 mètres.
Les faciès du Miocène varient selon la situation
géographique dans le bassin. Dans le S et le SW (secteur Marnes bleues
de l'oued Sebou) la série débute par des imbrications de
faciès continentaux et marins, puis se poursuit par des Ce sont des marnes compactes contenant quelques
dépôts marins ; au N et NE (secteur de l'oued Inaouène) rares niveaux gréseux. Le plus souvent elles passent
la totalité des faciès de la série semble d'origine marine. latéralement aux formations détritiques que nous
venons de décrire par l'intermédiaire de marnes
Dolomies et brèches dolomitiques sableuses blanches. Vers l'Est, les marnes bleues re-
posent sur les conglomérats et même très souvent,
En discordance sur les calcaires jurassiques et même directement sur les dolomies. Elles renferment une
probablement sur le Trias, apparaissent des faciès microfaune abondante qui a permis de les dater du
dolomitiques. Ce sont à l'Est des dolomies massives Tortonien ou du Messinien. Ces marnes peuvent être
beiges, parfois un peu sableuses, de faible épaisseur, très épaisses (425 m à Matmata, mais plus de 1 000 m
datées du Tortonien ; à l'Ouest des brèches dolomitiques au N de. Fès).
à patine noire, très épaisses (environ 100 m) qu'il est
difficile de distinguer du Lias. L'origine .de ces brèches Complexe prérifain
est encore difficile à préciser : s'agit-il d'altération sur
place du calcaire liasique ou y-a-t-il eu transport ? Le On désigne ainsi un ensemble chaotique à matrice
problème reste posé; toutefois. Ces faciès dolomitiques marneuse, où sont mêlés des éléments de toutes tailles
sont bien d'âge Miocène. (depuis celle du Foraminifère jusqu'à celle du lambeau
de nappe de plusieurs centaines de milliers de mètres
Faciès détritiques cubes), appartenant à tous les terrains connus dans les
nappes de charriage rifaines. Les éléments durs sont
Au-dessus des dolomies on a souvent un niveau arrondis ou très émoussés ; les éléments marneux ont un
conglomératique peu épais (zéro à quelques mètres) à aspect disloqué très caractéristique. On trouve tous les
galets roulés, principalement de calcaires liasiques. intermédiaires entre des formations marneuses bien
Viennent ensuite des calcaires et des argiles sableuses stratifiées et des formations entièrement chaotiques. Le
jaunes qui passent latéralement dans la région de l'oued caractère sédimentaire de celles-ci est attesté par la
Sebou à des faciès continentaux. L'importance de ces présence au voisinage de leur extrémité, de niveaux
niveaux détritiques alimentés à partir du Moyen Atlas, détritiques stratifiés et par leur inter stratification dans
s'accroît beaucoup vers l'Ouest. On citera notamment : les sédiments marneux. Il s'agit d'olistostromes,
— Des conglomérats à galets liasiques essentiellement, accumulation chaotique de matériel varié mis en place
qui constituent la base de la série miocène sur la rive par des glissements sous-marins.
gauche du Sebou et peuvent atteindre jusqu'à 50 Ces olistostromes se sont mis en place en même
mètres d'épaisseur au SW. Des niveaux marneux, temps que les nappes et comme elles, proviennent du
gréseux ou calcaires s'intercalent parfois. nord du bassin prérifain. Ce complexe est daté du
Tortonien. Il correspond à ce que l'on appelait la «
— Des argiles gréseuses et des grès fins argileux nappe prérifaine ».
d'épaisseur variable mais pouvant atteindre 100
COULOIR FES-TAZA 75
Climatologie
PLUVIOMETRIE (cf. tableau de la fig. 10) L'hiver, les précipitations peuvent tomber sous
forme de neige au-dessus de 1 000 m d'altitude c'est-à-
Le couloir de Fès-Taza est caractérisé par un dire sur les bordures du couloir sud-rifain, mais la
régime des pluies qui divise l'année en deux. L'hiver neige ne tient pas au-dessous de 1500 mètres
est pluvieux de novembre à avril et l'été est sec, voire d'altitude.
très sec de juin à septembre. La pluviosité varie entre
500 mm vers l'W (confluence Sebou-Inaouène) et 700 TEMPERAT URES
mm vers l'Est (Taza) ; les zones montagneuses bordant
le bassin sont beaucoup plus arrosées : jusqu'à 1500 Les moyennes des températures minimales varient
entre 11° 1 C (Fès, altitude 415 m) et 11°C (Taza,
mm au SE sur les sommets lu jbel Tazzeka et un peu
altitude 510 m) ; les moyennes des températures
plus de 1000 mm sur es hauts versants septentrionaux. maximales sont de 24°6 C à Fès et 24°1 C à Taza. Les
La variabilité interannuelle de la somme des températures minimales s 'observent en janvier
précipitations est assez grande et se situe dans un (moyennes du mois : 4°2 à Taza, 4°5 à Fès) et les
rapport de 1 à 6. maximales en juillet (35°1 à Taza et 35°7 à Fès).
Hydrologie
L'oued Sebou traverse la partie occidentale du de jaugeage à Touaba (bassin versant : 3 320 km2 )
couloir sud-rifain avec une direction SSE ; son affluent située immédiatement à la sortie du couloir sud-rifain,
l'oued Inaouène parcourt d'E en W le couloir sud-rifain, un peu en amont du barrage Idriss 1er . Le module
sur sa bordure septentrionale, avant de rejoindre le moyen annuel reconstitué pour la période 1932-1970, à
Sebou. Des projets d'aménagement importants partir d'une corrélation avec Aïn-Timedrine, s'élève à
intéressent ces deux rivières. 19,4 m3 /s ; l'année la plus sèche est 1944-45 (2,7 m3 /s)
et la plus humide 1962-63 (50,6 m3/s). L'irrégularité
L'oued Sebou avant son entrée dans le couloir sud-
des apports est donc beaucoup plus importante que
rifain est équipé d 'une station de jaugeage fonctionnant
dans le bassin voisin du Sebou ; ceci s'explique par le
depuis 1932 à Aïn-Timedrine (superficie du bassin
fait que la majeure partie du bassin de l'Inaouène est de
versant : 4 387 Km²), dans le Moyen Atlas. Le module
composition marneuse.
moyen annuel de la période d'observation 1932-1970
est de 21,5 m3 / s ; l 'année la plus sèche est 1944-45 Les étiages de l'Inaouène sont assez sévères ; les
(6,1 m3 /s) et la plus humide 1962-63 (41,2 m3 /s). Au débits moyens des mois les plus secs, août et sep-
niveau d'Aïn-Timedrine, le Sebou est donc assez tembre, sont respectivement de 2,2 et 2,4 m3 /s pour
régulier pour un fleuve maghrébin ; les réservoirs 1932-70, mais sur cette période de 38 années, ils sont
calcaires du Moyen Atlas assurent cette régulation et inférieurs ou égaux à 2 m3 /s : 28 fois en août et 24 fois
surtout permettent l'existence de débits d 'étiage en septembre, dont inférieurs ou égaux à 1 m3 /s: : 9
appréciables, de l'ordre de 7 à 8 m3 /s en moyenne en fois en août et 10 fois en septembre. Le débit mensuel
août-septembre. Les plus faibles débits moyens minimum observé est de 0,5 m3 /s en août 1962, mais
mensuels observés ont été de 2,7 m3 /s (juillet et août on a estimé à 0,4 m3 /s le débit moyen mensuel d'août
1945) et 3,1 m3 /s (août 1967). Les débits maxima 1945. Les débits maxima instantanés de crues s'élèvent
instantanés de crues s'élèvent à : d'après les calculs statistiques à :
— crue millénaire : 2 000 m3 /s — crue millénaire : 2 500 m3/s
3
— crue centennale : 1 200 m /s
— crue centennale : 1 400 m3/s
— crue décennale : 600 m3 /s.
— crue décennale : 660 m3/s.
L'oued Inaouène est équipé, depuis 1960, d'une station
COULOIRDE FÈS-TAZA 77
La qualité des eaux du Sebou et de l'Inaouène est à 180°C ) reste compris entre 600 et 1 100
toujours bonne. Les eaux de l'Inaouène sont un mg/litre la composition de ces eaux est figurée sur
peu plus chargées mais leurs sels totaux (résidu sec le diagramme logarithmique de la figure 24.
DIAGRAMME
+ + LOGARITHMIQUE ( D'après H. SCHOELLER )
Rés. sec Ca en mg par litre Mg en mg par litre dH Na en mg par litre Cl en mg par litre SO4 en mg par litre CO 3en mg par litre pH mesuré
8000
n° IRE 20 000 7000 4000 10 000
3
7000 9000 300
300 6000 10 000
9000 8000
6000 4
5000 3000 7000
8000
TENEUR EN MILLIVALENCES
5000
TENEUR EN MILLIVALENCES
Hydrogéologie
(fig. 25)
OUED
INAOUENE
TOUABA MATMATA
2152/15
RIE
253/15
OU
)
ED
ET
LE
SE TAHALA
OJ
BO
GA
1810/15
U
(PR
A
147/16
FES 1845/15
E K
SADEN 1818/15
BENI 149/16
Sidi Harazem
858/15 1566/15 Z Z 380
BASSIN
LACUSTRE 1520 à 1522/15 554/15
DE MEKNES - FES
1822/15 RHOMRA QUATERNAIRE récent, alluvions
1838/15
MIOCENE - PLIOCENE, marnes
2145 à 2148/15
et recouvrement gréseux
1225/15
156/15
288/15
LIAS ; calcaires et dolomies
Forages
profond et bien mis en évidence quelques kilomètres en centre de la dépression, le Lias serait à environ 350
amont grâce à plusieurs sources au contact du Miocène mètres de profondeur. Suite à l'étude géophysique,
et du Lias. diverses considérations hydrogéologiques tendaient à
On s'est intéressé en premier lieu à la structure et à conclure que, même s'il était aquifère, le Lias
la profondeur du calcaire liasique sous le recouvrement contiendrait de l'eau faiblement artésienne ; dans ces
des marnes miocènes. Trois études isolées par conditions, aucun sondage n'avait été exécuté vers les
géophysique (méthode électrique) ont été effectuées en années 1950. Deux sondages au Lias ont été exécutés en
1949-1950 dans les Beni-Saden, la Rhomra et à Bou- 1968 à l'Ouest de la Rhomra, dans le cadre des
Ourhouil ; il est à noter que l'espacement entre reconnaissances sur le tracé de la galerie Sebou-
sondages électriques (1 pour 2 km2) paraît à présent Inaouène ; le premier (1822/15) aurait peut-être mis en
bien lâche pour aboutir à une carte structurale, d'autant évidence un niveau d'eau vers 207 mètres de profondeur
que le relief de la région est assez tourmenté. Ceci et le alors que le second (1838/15) s'avérait sec à la
fait que les études n'avaient que des extensions très profondeur de 100 mètres dans le Lias calcaire,
localisées, sans lien entre elles, expliquent que le profondeur à laquelle le forage fut stoppé. La campagne
compartimentage du Lias profond en panneaux n'ait pas géophysique de 1968 (électrique et sismique) ayant
été très bien vu à l'époque, ce qui entraîna plusieurs confirmé la structure en cuvette de la Rhomra et ayant
échecs lors de l'implantation de sondages de véri- de surcroît mis en évidence plusieurs failles
fication. compartimentant le Lias calcaire en profondeur, il
A l'Ouest, au nord de Sefrou, dans le secteur de semble inutile de poursuivre les recherches hydrogéo-
Bou-Ourhouil où l'extrapolation était la plus simple en logiques en ce secteur.
raison de la proximité des affleurements liasiques et Dans la région des Beni-Saden (fig. 26) c'est-à-dire
d'un plongement régulier du Lias du S vers le N, un au NW de Bir-Tam-Tam, l'ennoyage vers le N du Lias
forage (156/15, 1952) confirmait les prévisions et calcaire des anticlinaux de Chaïrat et Saya sous le
permettait d'extraire un débit de 5 l/s du Lias, débit très Miocène est connu grâce à la campagne électrique de
vraisemblablement inférieur aux possibilités qu'offrirait 1949-50 précisée par les travaux de géophysique
actuellement un captage correctement exécuté. électrique et sismique de 1968. Ces derniers travaux, à
Dans la plane de la Rhomra (fig. 26), le problème mailles très denses, montrent que le toit du Lias calcaire
se présente différemment. Cette plaine est située entre plonge du S vers le N avec une pente de l'ordre de 10
les plongements calcaires du Moyen Atlas au S et deux pour 100 ; ce plongement assez régulier est interrompu
bombements anticlinaux Liasiques (Saya et Chaïrat) au par plusieurs failles NNE-SSW surtout et quelques
N et à l'W ; entre ces deux structures, la plaine de la failles orthogonales à cette direction. Ces accidents
Rhomra s'inscrit comme une fosse profonde comblée de occasionnent des remontées anticlinales de Trias argi-
Miocène, bien mise en évidence par la géophysique. Au leux qui constituent autant d'obstacles à la circulation
des eaux du S vers le N. En bref, le problème hydrogéo-
BASSIN DE
S N
LA RHOMRA
BIR TAM TAM
USINE HYDROELECTRIQUE
VERS PROJETEE VERS
FORAGE (Chute : 190 m )
OUED SEBOU FORAGE FORAGE OUED INAOUENE
554/15
1822/15 1818/15
SE88
SE
195 SE63 SE27
500 m
SE2
400
GALERIE PROJETEE
200
MIO-PLIO-QUATERNAIRE
0
LIAS: calcaires dolomitiques
FIG. 26 — Coupe géologique N-S sur le tracé du projet de galerie Sebou-Inaouène, montrant la
structure du Lias calcaire dans le fossé de la Rhomra au S, les anticlinaux de Saya et
Chaïrat au centre et les Beni-Saden au N.
80 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
logique est complexe du fait de la tectonique profonde le débit d'exploitation de l'ouvrage pouvait être fixé à
du Lias et mériterait un examen très détaillé avant tout 30 l/s pour un rabattement de 8 m (transmissivité :
projet d'implantation de captage. En 1952, un forage 4.10 -2 m2 /s - perméabilité : 5.10-4 m/s). Le second
profond de 185 m avait été tenté à Bir-Tam-Tam pour forage (2153/15) implanté au SW de Matmata, à 4,5
l'alimentation en eau du centre (554/15) ; il recoupa
successivement 3 mètres de marnes miocènes, puis 115 km à l'W du précédent et sensiblement à la même cote
mètres de Lias calcaréo-dolomitique avant de pénétrer topographique, présente une coupe géologique très dif-
dans les argiles rouges du Trias. Le forage était sec, férente : 12 m d'alluvions argileuses quaternaires, puis
mais il est à noter que les travaux détaillés de 1968 ont 414 m de marnes miocènes avant de pénétrer de 44 m
bien montré qu'il se situait dans une zone de horst dans les dolomies du Lias dans lesquelles le forage a
calcaire limité par des failles ce qui, joint au fait que le été arrêté. Le Lias calcaréo-dolomitique contient une
Lias est insuffisamment épais à cet endroit, vouait nappe captive en charge, jaillissante cette fois, avec un
toute recherche à l'échec. Par contre un forage exécuté
débit au sol de 33,5 l/s correspondant à un rabattement
en 1968 pour la reconnaissance de la galerie Sebou-
Inaouène (1840/15) à 1,5 Km au N de Bir-Tam-Tam a de 123,5 m (pression en tête du forage : 12,35 kg/cm²
permis de mettre en évidence un niveau d'eau dans le — transmissivité : 9.10 -4 m2 /s). Ainsi, à moins de 5 km
Lias à 164 m de profondeur. Il paraît actuellement à de distance, les cotes absolues du toit du Lias sont —
peu près exclu d'espérer exploiter la nappe profonde du 193 m à l'W (2153/15) et + 213 m à l'E (2152/15) ; le
Lias en ce secteur ; un examen minutieux des données niveau piézométrique de la nappe du Lias est en cotes
existantes demeure néanmoins à faire. absolues : + 260 m à l'E (2152/15) et + 356 m à l'W
Quelque 20 Km à l 'Est de Bir-Tam-Tam, à Tahala, (2153/15). Ceci illustre l'importance des accidents
en bordure même du Causse moyen-atlasique où les tectoniques au niveau du Lias, découpant les calcaires
calcaires liasiques affleurent, deux forages successifs en compartiments indépendants ayant des charges
destinés à l'alimentation en eau potable du centre, les différentes et des bassins d'alimentation séparés ; il est
147 et 149/16 ont traversé la totalité des calcaires. Soit rigoureusement impossible d'interpréter les résultats
respectivement 104 et 101 mètres (1959). Tous deux de ces deux forages sans une couverture géophysique
ont dû être abandonnés en dépit d'opérations spéciales détaillée et d'extension régionale (électrique et
destinées à accroître les débits d 'exhaure qui étaient en sismique).
définitive de 2,7 l/s avec 40 m de rabattement pour le Encore plus à l'Est de Matmata, à oued Amlil, un
147/16 et de 0,7 l/s avec 50 m de rabattement pour le autre forage au Lias s'est révélé positif en 1956 (forage
149/16. 120/16). Ce forage a traversé successivement : 12 m
Il est maintenant étonnant de constater les résultats de terrasse quaternaire, 38 m de complexe de la nappe
positifs obtenus par deux forages de reconnaissance prérifaine, 87 m de calcaires gréseux du Miocène
exécutés en 1964 à Matmata, localité située à 15 Km inférieur (fig. 27), avant de pénétrer de 19 m dans les
au NE de Bir-Tam-Tam et à 12 Km au NW de Tahala, calcaires du Lias. Un débit de 10 l/s pouvait être
soit assez près et en aval hydraulique de deux zones où exhauré ; la nappe est en charge et son niveau s'établit
à 2 m sous le niveau du sol. Le forage 120/16 a été
les recherches avaient échoué auparavant. Ces deux
détruit en hiver 1970 par une crue violente de
ouvrages avaient été implantés sans reconnaissance
l'Inaouène.
géophysique préliminaire, en bordure des deux
affluents de l'Inaouène dénommés Matmata et En conclusion, il est certain qu'une nappe profonde
Zemlane, sans autre objectif qu'une reconnaissance exploitable n'existe pas systématiquement dans le Lias
hydrogéologique du Lias calcaire en amont calcaire. Des recherches longues et coûteuses
hydraulique de deux sources bicarbonatées chaudes permettraient sans doute d'obtenir quelques résultats
positifs, du type des captages de Matmata,
(voir ci-dessous : thermalisme). Le premier sondage principalement au N du couloir de Fès-Taza. Ces
(2152/15) implanté au SE de Matmata, au bord de recherches devraient débuter par une couverture
l'oued Zemlane traversa successivement : 10 m de géophysique systématique, en électrique et sismique, de
limons plio-quaternaires, puis 40 m de marnes la région, avec une maille dense, de façon à préciser la
miocènes, puis 135 m de calcaires liasiques avant géométrie du toit des calcaires sous le recouvrement.
d'être arrêté à 250 m de profondeur dans le Trias (30 m Des forages relativement profonds suivraient ensuite,
d'argiles rouges surmontant des dolérites). Les avec vraisemblablement un assez fort pourcentage
d'échecs qu'il faut être prêt à accepter, compte tenu de
calcaires du Lias contenaient une nappe captive en
la nature du réservoir et de sa géométrie complexe.
charge dont le niveau s'établissait à 15 m sous le sol ;
COULOIR DE FÈS-TAZA 81
N Inaouene S
m A. Ansar
450 Labrarek
400 120/16
350
300
250
200
150
100
50
0
LEG ENDE
N.G.M
FIG .20
145
150
155
160
165
170
175
prescription ou usage médical en ce domaine. Puis
NW
W
vinrent les expérimentations médicales du Professeur
ZONE X
Chiray et du Docteur Secret qui confirmèrent après
plusieurs années la renommée de la station,
NH
F36
ZONE IX
Soucieux de mettre en valeur ses richesses
hydrothermales, l'Etat marocain a promu et participé
F35
à la création d'une société chargée d'élaborer un plan
d'aménagement d'ensemble susceptible de transfor-
mer le site en une station thermale pilote. Cette
NH
ZONE VIII
E
station fonctionne désormais avec des installations
F32
NH
N
très modernes ; une station d'embouteillage d'eau
ZONE VI
F30
ZONE VII
F27
F22
NH
F20
F19
F12
NH
F10
N
ZONE IV
Limons argileux
Argiles
F9
P4 F8
P3
BARRAGE
IDRISS 1 er
S1
F1W
F2
Galets
Gravillons et graviers
F3
ZONE II
F5
F6
SE
E
145
150
155
160
165
170
175
Cotes
N.G.M
FIG. 28
COULOIR DE FÈS-TAZA 83
Route Fès-Taza
Chemin de fer
Oued Sebou
Ruisseau
Ruisseau
Ruisseau
Chemin
Ruisseau
Chemin
Chemin
SW
m
500
400
NE
300
200
100
Faille
1964, permettant de recouper la zone de faille qui amène alliage inox également, dessert désormais les
les eaux à la surface, entre les profondeurs de 63 et 92 installations ; il a été vérifié que les qualités de l'eau
mètres ; un débit jaillissant de 24 l/s était obtenu dans captée étaient rigoureusement identiques à celles de
un tubage de diamètre 78 mm. La température des eaux l'eau des sources, avec de surcroît la garantie totale de la
du forage était de 35° C, donc supérieure à celle des pureté bactériologique.
sources les plus chaudes (33°C) et demeure constante
dans le temps. Les résultats de ce forage d'exploration Les eaux de Sidi-Harazem appartiennent au groupe
qui servit d'ailleurs d'ouvrage d'exploitation pendant des bicarbonatées à bases alcalino-terreuses, de faible
quelque temps, permirent l'exécution en 1970 du forage minéralisation. Les eaux des forages, régulièrement
d'exploitation lui-même, situé à 43 m du précédent. contrôlées, montrent des variations de la concentration
Réalisé selon les règles de l'art, l'ouvrage est profond de totale (résidu sec à 180°C) comprises entre 675 à 950
84 m et équipé d'une colonne en alliage inoxydable de mg/l. Ces variations semblent essentiellement
diamètre 150 mm, soigneusement cimentée jusqu'au imputables aux différences de concentrations en ions
jour. La pression de l'eau au sol est de 1,2 kg/cm2 et le C a ++ et Mg++ dont le rapport r Mg/r Ca oscille entre
débit jaillissant correspondant est de 60 l/s, largement 0,43 et 2,33 ; le rapport r Na/r Ca + Mg est compris
supérieur aux besoins du centre thermal et de l'usine entre 0,93 et 2,00, mais demeure assez stable autour de
d'embouteillage. Il est à noter qu'en cours de forage, des 1,10 ; le rapport r So4/r Cl est stable autour de 0,08. Ces
débits de l'ordre de 200 l/s jaillissants avaient été notés rapports sont caractéristiques des eaux du Lias de la
lors de la pénétration dans la brèche de faille. Ce forage région ; l'analyse type est la suivante (en mg/ litre) :
qui est équipé en surface d'une tête de production en
84 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
La radioactivité des eaux est faible, due presque (Aïn-Skouna - 1564/15) et l'autre (1565/ 15) à 8 km plus
exclusivement au radon. au S. La première débite 50 l/s d'eau bicarbonatée à 32°C ;
Les applications thérapeutiques essentielles ont trait à la seconde 20 l/s d'eau du même type à 25°C. Toutes deux
la diurèse traitée par des ingestions et des bains. Des ont leur gisement dans le Lias calcaire profond et émergent
guérisons ont été également observées dans les affections sur le tracé de failles qui assurent la remontée de l'eau dans
suivantes : colibacillose, pyélite, cystite et eczéma. des conditions tout à fait semblables à celles qui règnent à
Sidi-Harazem.
AUTRES SOURCES THERMO-MINÉRALES DU COULOIR
FÈS-TAZA
Deux sources chaudes sont connues, l'une à Matmata
Plusieurs aménagements ont été projetés dans le 89 à 91). Rappelons simplement ici que le barrage est
couloir Fès-Taza. Ils concernent les eaux superficielles qui dimensionné pour permettre l'irrigation de 45 000 ha
représentent une ressource importante ; le premier de ces nouveaux dans la plaine du Rharb, surface qui pourra
aménagements, le barrage Idriss l er sur l'Inaouène au site atteindre 70 000 ha après réalisation de la galerie de
d'Arabat, est en travaux depuis 1969. Il doit être mis en dérivation du Sebou dans l'Inaouène.
eau partiellement à partir de 1972 et définitivement au
Les études préliminaires du site d'Arabat ont débuté en
début de 1973. La galerie de dérivation du Sebou dans la
1964 et l'exécution de l'ouvrage Idriss 1er a donc suivi très
retenue d'Idriss 1er doit suivre, ainsi que le barrage de
rapidement. L'ouvrage et la retenue se situent en bordure
M'Dez qui permettra la prise d'eau dans le Sebou. Ces
du couloir sud-rifain, mais dans l'unité des nappes
deux aménagements profiteront à l'aval du couloir de Fès-
prérifaines. La géologie régionale de ce secteur est fort
Taza ; par contre, un projet de barrage sur l'Inaouène dans
complexe en raison de l'extrême désordre qui règne dans
les gorges de Touahar en amont d'Idriss l er serait destiné à
les superpositions de couches ; on retiendra essentiel-
l'irrigation de la vallée de l'Inaouène entre les deux
lement l'existence d'écailles rigides, de dimensions
barrages. Ces ouvrages ont été conçus dans le cadre de
variables allant du simple bloc jusqu'au massif imposant,
l'aménagement global du bassin du Sebou par la mission
fichés dans une série marneuse malaxée et broyée, aux
FAO-MAROC dénommée Projet Sebou (1963-1968). Un
qualités mécaniques très mauvaises et qui sera englobée
projet partiel et antérieur avait envisagé l'édification d'un
sous l'appellation de « complexe marneux ». La présence
barrage d'accumulation au site de M'Dez sur le Sebou avec
de ce « complexe » dans les zones d'appuis ou de
utilisation agricole des eaux sur le plateau de Meknès-Fès ;
fondations de sites de barrages conduit irrémédiablement à
en dépit de l'intérêt d'étendre les irrigations sur le riche
l'élimination de ces emplacements pour l'édification
plateau de Meknès-Fès, ce projet doit être éliminé par le
d'ouvrages hydrauliques importants.
Projet Sebou en raison du coût prohibitif du canal tête-
morte à réaliser. Le long de la vallée de l'Inaouène, à proximité du
resserrement d'Arabat (fig. 30), s'observent précisément
LE BARRAGE IDRISS 1er AU SITE D'ARABAT plusieurs affleurements de ce « complexe marneux », ainsi
(OUED INAOUENE) que des massifs calcaires qui constituent les écailles
Les considérations technico - économiques ayant rigides dont il vient d'être question. Sur l'esquisse
conduit au choix du site d'Arabat pour l'édification d'un géologique, cinq écailles ont été mises en évidence et
grand barrage de retenue ont déjà été exposées dans le numérotées ; leurs volumes respectifs sont variables et les
tome 1 de l'ouvrage «Ressources en Eau du Maroc » (pp. pendages de couches, anarchiques de l'une à l'autre,
COULOIR DE FES-TAZA 85
ESQUISSE STRUCTURALE
0 1500 m
N
560
1
40°
90° 50°
45°
A
F 20°
45°
2
40° F
30° F
10° 5
3 40°
30°
15°
40°
20°
B
15°
395 395
25° 20°
4
10°
20°
Complexe marneux 20°
Ecailles rigides
(calcaires - grés - marnes calcaires )
20°
25°
O.
Site de barrage d' ARABAT IN
15° 80° A OU
25° EN
E
F
560
NGM A 2 3 4 5 1
500 B
F F
BARRAGE
400
300
200
100
FIG. 30 — Site d'Arabat (barrage Idriss 1er ) ; esquisse structurale et coupe géologique régionale.
F9 (10,3)
F1
CARTE GEOLOGIQUE Complexe marno-salifère
N.110.55°
DU SITE DE BARRAGE D'ARABATE N.130.40° Idem sous recouvrement quaternaire
B4(70,0)
F 1-2-3 Failles
Q1
F1 N 340 40°
S1(30,0) G5(44,2) Pendages de couches (direction et intensité
du pendage
N.90.25°
DP3(45,0)
Ou
B7(30,0)
ed
396 000 B6(40,0)
B3(41,5)
N20.20°
B2(30,2)
G4(32,1)
B5(40,0) P11(6,5) Q2
S603(50,0) N 110.15°
N.320.40° G3(40,0)
B1 (30,0) F2
S602(100,2)
D4
DP2(50,7)
G1(30.1) N 110.8°
395 800
N.150.40°
Q1
DP1(35,0) N. 20.20°
G2(15,0)
F3 Q2 Q3
N.140.20°
F1(10,5)
N.330.40°
N 31.40° Q2
Inaouene Q1
TRAVAUX DE RECONNAISSANCE
N.220.40°
395 600
N.100.20° F2 F2(10 5
S.602(100) Sondage 1 ère campagne (1964) et pronfondeur
en m
B1(30,0) Sondage 2 ème campagne (1965) et profondeur
B en m
65 540° galerie et longueur en m
Q1
F1 (10.6) Forage de reconnaissance de matériaux
profondeur en m
P11 (6,5) Puits d'échantillonnage de matériaux et
395 400
profondeur en m
559 200
561 000
556 800
559 400
559 600
559 800
560 000
560 200
556 400
556 600
C1 C2 N.50.45°
FIG. 31
COULOIR DE FÈS-TAZA 87
entre les écailles 4 et 5 et affleurent par ailleurs — des formations d'âge divers qui se présentent sous
largement, vers le N, dans la vallée ; sur la rive droite, forme de blocs emballés, aux dimensions des plus
l'examen de la carte révèle une disposition identique, variables.
encore plus évidente sur le terrain où les contacts sont
très visibles à l'aval comme à l'amont du site.
FORMATIONS CONSTITUANT L'ÉCAILLE D'ARABAT
Après l'étude géologique préliminaire, certains
doutes demeuraient sur la façon d'interpréter la vallée Une coupe géologique complète des terrains cons-
de l'Inaouène, au niveau de l'emplacement du barrage. tituant l'écaille d'Arabat existe depuis la bordure de
Les recouvrements alluvionnaires récents ne permettent cette dernière en aval rivé droite du site jusqu'au
effectivement aucune observation sur une largeur de sommet du massif rive droite. On y observe, sur le «
250 mètres, suffisante pour masquer le passage d'un complexe marneux » :
accident injecté de « complexe » ; l'oued pouvait
justement avoir utilisé une telle zone faible pour frayer Série des marnes à silex
son chemin. Les premiers travaux de reconnaissance
permirent d'éliminer cette hypothèse pessimiste. Epaisse de 75 mètres environ, elle est rapportée à
l'Eocène et à l'Oligocène.
GÉOLOGIE DU SITE DE BARRAGE (fig. 31) C'est une alternance de marnes blanchâtres et de
calcaires marneux gris, en couches épaisses de dix
COMPLEXE MARNEUX
centimètres environ, avec intercalations de niveaux à
gros silex brun-noir. Au sommet de cette série, une
Ce terme a été précédemment défini comme dizaine de mètres de marnes grises peuvent sans doute
représentant un ensemble de matériaux plastiques ayant être rattachées à l'Oligocène, non formellement daté sur
subi les chevauchements et les glissements de masses la rive droite, mais identifié par microfaunes sur la rive
plus rigides. Il est bien entendu que, géologiquement gauche, à l'Ouest du mamelon Aïcha.
parlant, cette appellation ne possède aucun sens car
elle réunit dans un même ensemble des formations de Série des « calcaires du site »
natures et d'âges très différents. Cependant ces
matériaux sont si souvent étroitement mêlés et malaxés Son épaisseur est de l'ordre de 350 mètres et son
qu'ils constituent une entité aux qualités mécaniques âge Miocène (Tortonien inférieur).
extrêmement constantes et particulièrement mauvaises. Cette série, très homogène, est composée de cal-
Lithologiquement, c'est un matériau marneux, caires marneux à pâte fine contenant 62 à 85 % de
broyé, trituré, décomprimé, gypsifère : 0,2 à 0,5 % de CO 3 Ca, gris sombre ou clair en profondeur, d'autant
sulfate de calcium (gypse) et souvent salifère, jusqu'à 2 plus sombres qu'ils sont plus marneux, s'altérant en
% de chlorure de sodium, caractérisé : jaune en surface. A l'affleurement, ils se présentent en
— dans les formes du paysage, là où il affleure, par bancs épais de dix centimètres, se désagrégeant en
des glissements de terrain généralisés, boules sous les chocs ; quelques rares inclusions
lenticulaires de marnes ligniteuses noires à gypse et sel
— dans les études géophysiques par méthode élec- avaient été notées, quoique d'épaisseurs inférieures à
trique, par de basses résistivités, inférieures à 1,5 un centimètre, particulièrement dans la partie
ohm, supérieure de la série. On en retrouve en sondages,
— dans les essais au laboratoire, par des indices de mais le gypse et le sel en proportion infime : Cl Na
plasticité élevés, toujours supérieurs à 30, des inférieur à 0,1 % et SO4 Ca 2H 20 inférieur à 0,05 %
densités sèches de l'ordre de 1,65 (compacité dans les échantillons analysés. Les sondages ont
médiocre), une cohésion en essai non consolidé également permis d'observer de rares intercalations de
autour de 1 kg/cm2 . niveaux gréseux ou bréchiques épais de quelques
centimètres.
En entrant dans le détail, on peut reconnaître parmi Tous les ouvrages de reconnaissance sur le site de
les sédiments : barrage sont demeurés dans cette formation. D'après les
— des marnes versicolores à gypse, des grès violacés affleurements, cette série serait essentiellement marno-
à boules de gypse et de sel gemme qui sont ; calcaire à la base et au sommet, et plus calcaire dans la
rapportés au Trias (niveau le plus inférieur des partie moyenne ; mais ceci est très subjectif car les
décollements), variations du pourcentage en CO 3 Ca suffisent pour
— des marnes bariolées et des marnes noires à gypse expliquer des érosions différentielles sensibles dans les
qui appartiennent au Crétacé, lignes du relief.
88 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
l'épaisse formation des « calcaires du site ». Cette faille fissures ; les essais l'ont rapidement confirmé et dès
a été suivie, sous les alluvions de l'oued, par la lors, il devenait inutile d'effectuer des mesures lorsque
prospection électrique qui indique un relèvement d'une le matériau se montrait compact à la sortie du carottier
trentaine de mètres du compartiment nord par rapport au (fond des sondages B 4, B 7,. S 1, SP 1 et DP 2). Par
compartiment sud. Enfin, vers le sud-ouest, cet accident contre, les zones fracturées perméables subirent
semble s'amortir et ne pas affecter la rive gauche de souvent plusieurs essais successifs, de façon à localiser
l'Inaouène où on ne le remarque ni sur la base sismique plus précisément les cotes des pertes importantes.
I, ni entre les sondages électriques A 6 et A 7, ni entre Perméabilité des appuis
les sondages mécaniques S 1 et DP 3 ; cependant, dans
les galeries G 3 et G 4 se rencontrent des zones broyées Le mamelon Aïcha qui constitue l'appui rive gauche
verticales, orientées N 20°, sensiblement dans le est parcouru par un réseau de fractures et de fissures
prolongement de F 1 (elle-même orientée N 15°), qui encore actif, alimenté par l'infiltration des eaux de
pouvaient représenter le passage de cette faille dans pluies sur ses bordures ouest et sud-ouest, puisque l'on
l'appui rive gauche. Ce dernier point a été confirmé lors retrouve dans les galeries G 1 et G 3 des dépôts de
des décapages effectués pendant la construction du gypse fibreux provenant probablement de dissolutions
barrage Idriss 1er. effectuées dans le « complexe ». Des circulations
naturelles de type karstique ont été mises en évidence
par le sondage DP 2 vers la cote 190 mètres. Dans la
La faille F 2 s'observe en surface dans le massif partie amont du massif, entre DP 1 et DP 2, les terrains
calcaire de la rive droite et semble ensuite s'amortir compacts peu perméables existent en profondeur un
rapidement vers l'Ouest. Des pendages inverses peu au-dessus de la cote de l'oued ; dans la partie aval,
jalonnent son tracé dans le massif, jusqu'à l 'oued. A l'E, vers DP 3, ces formations n'apparaissent qu'une
elle est verticale avec un rejet d'une vingtaine de mètres, vingtaine de mètres au-dessus de l'oued.
bien mis en évidence par l'abaissement des grès de la
série repère R 1 appartenant au compartiment nord. Au L 'OUVRAGE IDRISS ler
niveau de l'oued, des bancs calcaires disloqués et
redressés à 40° indiquent encore sa présence. Sous les Les travaux de construction ont été inaugurés au
alluvions, la prospection électrique permet de la suivre printemps 1969 par Sa Majesté Hassan II et se
jusqu'au milieu de la vallée mais il semble logique de la poursuivront jusqu'au début de l'année 1973. Le
poursuivre jusque dans la rive gauche, dans la cuillère barrage est un ouvrage poids évidé en béton, à 25 plots
de glissement amont située dans son prolongement dont 4 déversants (évacuateur de crues). La hauteur
exact ; en effet F 2 délimite deux types différents de maximale du barrage est de 62 m, au-dessus du lit et
structures en grand et se définit donc comme un acci- de 68 m au-dessus des fondations. Au couronnement,
dent important. l'ouvrage est long de 447,3 m ; sa largeur est de 63 m
La faille F 3 se signale en surface, au bord de en pied et de 2,5 m en crête. L'évacuateur de crues
l'oued, essentiellement par une brusque diminution du peut déverser 6 000 m3 /s. Les 2 vidanges de fond
pendage des couches qui passe de 40° à 20° sur une débitent ensemble 920 m3 /s à retenue pleine. Les 2
distance de quelques mètres avec une interruption dans vidanges de demi-fond débitent 820 m3 /s à retenue
la continuité des observations. Le rejet et les broyages pleine. Une usine hydro-électrique sera installée au
créés par cette faille doivent être faibles puisqu'on ne pied du barrage en rive gauche et sera équipée de 2
remarque pas sa présence sur la base sismique 1, aux groupes turbine-alternateurs de 17,5 MW chacun
dromochroniques parfaitement symétriques de part et (débit équipé de 2 x 40 = 80 m3 /s).
d'autre de son éventuel passage et que les sondages La retenue à un volume total de 1 430 millions de
électriques dans la vallée ne permettent pas davantage m3 représentant une superficie de 57 km2 . Le volume
de la poursuivre. utile à l'irrigation est de 1 100 millions de m3 ; 200
Tous les sondages exécutés sur le site au cours des millions de m3 ont été réservés pour l'envasement et
deux campagnes de reconnaissance, furent soumis à 130 millions de m3 constituent le volume de laminage.
des essais d'eau du type Lugeon. Chaque coupe de La vocation principale du barrage Idriss 1 er est la
sondage possède un diagramme d'absorption plus ou garantie interannuelle des besoins en eau de
moins continu et les résultats obtenus ont été regroupés l'agriculture. Dans le plan d'aménagement du bassin du
sur un profil transversal à la vallée. Sebou, ce barrage est plus particulièrement affecté à la
Il paraissait certain que la perméabilité des calcaires satisfaction des besoins de périmètres à créer dans la
marneux d'Arabat était fonction des fractures et
90 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
plaine du Rharb. Les études de gestion de la retenue sans tenir compte des eaux sauvages).
ont montré que :
Le fait d 'avoir dimensionné l'ouvrage Idriss 1er
— tant que le barrage ne dispose que des apports de pour obtenir une retenue de 1 100 millions de m3 utiles
l'Inaouène (550 millions de m3/an) le volume de implique que l'option de réaliser les ouvrages de
régularisation nécessaire de la retenue est de 700 dérivation du Sebou dans l'Inaouène est arrêtée et sera
millions de m3 pour garantir les besoins en eau de entreprise à moyen terme.
80000 hectares irrigués compte tenu de l'utilisation
au niveau du périmètre des eaux sauvages du
bassin intermédiaire situé entre Idriss ler et la prise LES OUVRAGES DE DERIVATION DU SEBOU
dans le Rharb (45 000 ha sans tenir compte des DANS LA RETENUE DU BARRAGE
eaux sauvages) ; IDRISS 1 er (OUED INAOUENE)
— après la mise en service de la dérivation du Sebou ET L'AMENAGEMENT HYDROELECTRIQUE
dans l'Inaouène qui apporte 400 à 600 millions de DU HAUT SEBOU
m3 d 'eau supplémentaires, le volume de Deux considérations complémentaires ont été à
régularisation de 1 100 millions de m3 de la l'origine de la conception de ce projet. La première est
retenue du barrage Idriss 1 er permet de garantir les un facteur naturel noté de longue date : la différence
besoins en eau de 135 000 ha irrigués (90 000 ha de niveau topographique de 200 mètres existant entre
0
40
INA
BARRAGE OU BARRAGE EXISTANT ( OU EN CONSTRUCTION EN 1972 )
E NE
DAR EL ARSA
barrage existant (ou en construction en 1972)
BARRAGE
IDRISS 1 er PROJET DE BARRAGE
GALERIE
PROJET DE CENTRALE
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BARRAGE
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SEFROU
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BARRAGE BARRAGE
OUED EL YOUDI
0 2 4 6 8 10 km
550
0
35
schistes de bonne qualité mécanique ; la capacité utile millions de DH pour les 3 350 ha.
serait de l'ordre de 60 millions de m3 pour un ouvrage haut Cet aménagement serait susceptible d'intervenir à
de 37 m et de 120 m de longueur en crête, d'un coût moyen terme car il se situe parmi les projets à bonne
relativement modeste estimé à 10 millions de dirhams en rentabilité dans l'ensemble des possibilités inventoriées
1968 ; par ailleurs les investissements pour le réseau dans le bassin du Sebou.
d'irrigation étaient à la même époque estimés autour de 10
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Inaouène à Touaba et au site du barrage Idriss 1er. Rapport inéd., 40 Sadden. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 8 pp., 1 fig.
pp., 42 fig., arch. MTPC/DH/DRE. VIDAL J. Cl. (1971) : Texte manuscrit sur la géologie du couloir sud-rifain
entre Fès et Taza.
2.9.
Le bassin Rharb-Mamora et les petits bassins
septentrionaux des oueds Dradère et Soueïre
Table des matières
par
Michel COMBE
Présentation géographique
La superficie du bassin hydrogéologique Rharb- La population du Rharb atteint 500 000 personnes dont
Mamora est de 7 500 km2; ses limites sont constituées par 360 000 vivent de la terre ; les statistiques montrent que
l'océan Atlantique à l'W, les collines de Lalla-Zohra au N, en 1971, 67 % des familles rurales possèdent leur terre (5
celles de Ksiri, Bou-Drâa, Outita à l'E et par les reliefs hectares par famille en moyenne) et cultivent
entre Khémissete et Tiflete au S. La moitié nord du annuellement 350 000 hectares. L'implantation étrangère :
bassin, correspondant à la plaine du Rharb, a environ 18 000 personnes en 1956, est en très forte régression
4000 km2 de superficie. puisqu'elle n'atteignait plus que quelques dizaines de
familles. à la fin 1971 ; en 1956, 174 000 hectares dont
La morphologie de l'ensemble du bassin correspond à
100 000 cultivés annuellement lui appartenait (chiffres
une vaste cuvette dont les 4/5 sont à une altitude
ramenés à 20 000 ha en 1971), divisés en unités
inférieure à 20 m, alors que les bordures présentent des
d'exploitation comprises pour la moitié entre 200 et 500
reliefs très doux. L'oued Sebou pénètre dans la plaine par
hectares. Sur ces superficies, 57 217 hectares ont été
l'E, y dessine une ample courbe vers le N avant de revenir
transférés à l'Etat par les dahirs des 9 mai 1959 et 27
au S pour atteindre l'Océan par la trouée de Kénitra-
septembre 1963 et sont gérés par lui, provisoirement. La
Mehdya ; toujours endigué dans ses propres levées qui
population citadine se rassemble en une grande ville :
dominent partout la plaine environnante, l'oued a un trajet
Kénitra, capitale provinciale, port et centre industriel
en méandres de 223 Km pour 107 Km de trajet réel en
(139000 habitants en 1971) et en quelques agglomérations
ligne droite suivant l'axe de la gaine fluviale. Son
réparties dans la plaine : Sidi-Kacem (20 000), Sidi-
principal affluent l'oued Beth, est canalisé dans la plaine
Slimane (15 000), Souk-el-Arba (12 000), Mechrabel-
de façon à assurer la permanence de l'exutoire au Sebou.
Ksiri (5 000).
Le centre de la plaine, naturellement marécageux, était
initialement impraticable six mois par an aux cavaliers ; La superficie cultivée annuellement couvre 350 000
d'importants travaux de drainage ont considérablement hectares en 1971 dont 60 000 en secteur irrigué. En sec les
amélioré cette situation. céréales, blé dur essentiellement, couvrent 240 000
hectares avec des rendements de 11 quintaux par hectare
94 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Géologie
A la limite de deux grands ensembles structuraux : bassin : au N, ce sont des lumachelles et conglomérats, à
Méséta primaire rigide plongeant régulièrement du S l'E, des sables jaunes, au SE des sables et grès
vers le N avec une pente de 3°, et domaine rifain dont coquilliers, Divers sondages ont rencontré ces
les formations se sont avancées sur les précédentes du formations sous la plaine. Ces dépôts, en général peu
NE vers le SW, en nappes de charriage, le Rharb se épais, ne constituent qu'exceptionnellement l'objectif de
trouve affecté d'une subsidence continue depuis le recherches hydrogéologiques.
Vindobonien moyen (mise en place des nappes). Encore
A la fin du Pliocène, la mer n'occupe plus dans le
active de nos jours, cette subsidence est soulignée par un
Rharb qu'un golfe qui va sans cesse se rétrécir. Les
enfoncement de 3 m des égoûts de la cité romaine de
premières transgressions marines quaternaires
Banasa située au coeur de la plaine ; elle apparaît déjà
(Calabrien - Sicilien) n'intéresseront plus qu'une étroite
nettement sur la carte du toit du Miocène (fig. 33).
bande (20 Km au plus) parallèle à la côte actuelle ; les
Alors que s'effectue dans la mer tortonienne suivantes seront encore moins sensibles. Ces pulsations
l'avancée des nappes prérifaines, la sédimentation se ont laissé des sédiments d'origine marine : calcaires
poursuit, déposant, jusqu'au début du Pliocène, une gréseux, grès et sables qui sont datés à l'affleurement en
épaisse série marneuse pouvant atteindre 2 000 m de quelques points privilégiés de la Mamora et
puissance dans la plaine, contre quelques centaines de qu'accompagnent d'anciens cordons dunaires
mètres sur les bordures, conformément à l'ampleur de la apparaissant sous forme de sables souvent grésifiés.
subsidence dans le bassin. Cette série, dite des « marnes L'ensemble de ces formations, localisé en zone côtière et
bleues », constitue le plancher imperméable des niveaux dans une partie de la Mamora, peut atteindre 200 m
aquifères du Rharb ; tous les terrains antérieurs ne d'épaisseur et constitue une zone d'infiltration et un
jouent pratiquement aucun rôle hydrogéologique. réservoir aquifère de première importance.
Le cycle sédimentaire de l'ère tertiaire s'achève au A l'amont de cette zone d'influence marine s'ac-
Pliocène, caractérisé par des dépôts à caractères cumulaient, au cours de la même période, des sédiments
régressifs identifiés à l'affleurement sur les bordures du d'origine continentale, alternativement grossiers (galets
CARTE DE SITUATION TANGER
ROYAUME DU MAROC a
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SERVICE DES RESSOURCES EN EAU MEKNES
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Eau bicarbonatée Si Kacem
Tiflète
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RABAT
Eau chloobicarbonatée
FIG. 33
m 227/8 1495/14 1538/8 583/8 697/8 244/14
0
Grés et argiles
SOLTANIEN
Sables et grés
ANCIEN
SOLTANIEN RHARBIEN
QUAT.
SOLTANIEN ET
Argiles jaunes Argiles sableuses
RHARBIEN
RHARBIEN
Argiles grises et
Argiles jaunes et jaunes
Argiles jaunes Grés et sables
brunes Argiles jaunes passées d'argiles
-
Grés et sables
CALABRIEN - SICILIEN
Argiles jaunes et
gris-bleu
Sables et grés
SOLTANIEN
TENSIFTIEN
Grés et sables Sables, graviers, Grés et sables
Argiles sabeuses
galets argileux
Argiles sableuses jaunes
grises Argiles gris-bleu Argiles jaunes
MIO-PLIOCENE
TENSIFTIEN
QUATERNAIRE INDIFFERENCIE
Sables et grés
Sables, graviers et ocres
galets parfois Argiles gris bleu et galets
consolidés
AMIRIEN
avec passées
Argiles grises Sables rouges
argileux consolidées
150 sableuses X=419,3 Y=411,6
BOURDURE SUD DU RHARB
Argiles sableuses SIDI YAHIA
Sables et garviers
Sables rouges grises
917/8
Argiles gris-beu Argiles bleues Argiles grises 0
SOLTANIEN
AMIRIEN
, ANCIEN
X = 469,5 Y = 408,2 argileux Sables argileux Sables argileux
Argiles jaunes
VILLAFRANCHIEN ET
200 BORDURE SUD-EST DU
RHARB à
Argiles vertes
PLIOCENE
Argiles bleues
Sables rouges graviers et galets
VILLAFRANCHIEN
X=416,5 Y= 454,3
QUATERN. ANC.
QUATERNAIRE
Sables à graviers NW DU RHARB, DUNES Sables rouges
ET
50
et lits conglo- COTIERS très fins,
VILLAFRANCHIEN,
mératiques argileux
Sables jaunes
250 très fins,
Argiles jaunes argileux
PLIOCENE
Argiles jaunes
Argiles jaunes
grises et beues
COUPES GEOLOGIQUES Sables fins jaunes
Argiles sableuses
Sableuses, bleues 100
DE QUELQUES FORAGES sables et galets
PLIOCENE
PLIOCENE
lumachelles X=450,5 Y=426,0
300
DU RHARB X=437,5 Y=431,6 BOURDURE OUEST Argiles bleues et
CENTRE SUD DU RHARB DU RHARB lumachelles
DAR- GUEDDARI marines
MIOCENE
FIG. 34
96 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
- cailloutis) et fins (limons et argiles) selon la pluviosité sables fin argileux et de cailloutis, bien développées au S,
des époques et la violence de l'érosion. En fait, dans le se rattachent également à cette période ;
détail, la répartition de ces matériaux est capricieuse et
— A l'Amirien, des sédiments argileux et limoneux à
varie rapidement dans le sens latéral. De gros efforts ont
poupées calcaires (jusqu'à 50 m d'épaisseur) ;
été déployés par les hydrogéologues pour identifier des
repères et corréler ces niveaux à distance ; la plupart des — Au Tennsiftien, un nouvel épisode à cailloutis dans
procédés modernes de l'analyse sédimentologique : des sables plus ou moins argileux (jusqu'à 60 m
microfaunes, minéraux lourds, granulométrie, minéraux d'épaisseur) ;
argileux ainsi que les procédés classiques de la corrélation
— Au Soltanien, des faciès limoneux rouges et jaunes
: examen et conservation des déblais de forage, carottage
comportant quelques niveaux de cailloutis à la base
mécanique, carottage électrique, ont été mis en oeuvre sans
(jusqu'à 50 m d'épaisseur) ;
apporter de résultats satisfaisants ; actuellement encore,
c'est la seule comparaison subjective avec les — Au Rharbien (ou Actuel), des dépôts qui
affleurements les plus proches ou les sondages voisins qui recouvrent l'ensemble de la basse plaine et qui sont soit des
guide les corrélations chronologiques. On affecte limons plus ou moins sableux (dess) soit des sols noirs
habituellement : argileux (tirs).
— Au Villafranchien et Quaternaire ancien Les quelques coupes lithologiques des forages
(Moulouyien - Régrégien - Salétien) d'importants présentés sur la figure 34 donnent une idée des nombreuses
épandages de galets et cailloutis, bien représentés au N et à variations lithologiques susceptibles d'être rencontrées
l'E de la plaine, qui peuvent atteindre 250 m d'épaisseur. dans le Rharb.
Les formations rouges de la Mamora, constituées de
CLIMATOLOGIE 1933-1963
KENITRA 18.2 5.9 19.1 6.3 21.4 8.4 23.5 9.9 25.1 12.1 27.8 15.1 30.4 16.7 31.1 17.1 29.1 15.4 26.6 12.6 22.3 9.6 19.3 7.1 24.5 11.4
FIG. 35
fréquemment de 100 %. L'été, le taux s'abaisse On ne possède aucun chiffre concernant les pré-
rarement au-dessous de 50 % et n'atteint 20 % cipitations occultes : brouillard, rosée, condensation à
qu'exceptionnellement, par temps de chergui. A l'ombre. Divers essais de condensation sur tôles ou
l'intérieur (station de Sidi-Slimane) les saturations galets lisses n'ont pas donné de résultat qui puisse
moyennes sont inférieures de 5 à 10 % à celles de la permettre d'estimer leurs influences sur le
côte. ralentissement de l'évaporation.
Hydrologie superficielle
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Limite du bassin Rharb-Mamora u ed
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Station hydrologique SEBOU T t
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TNINE 435 140 (0.1) 0,0
FIG. 36
BASSIN RHARB-MAMORA 99
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AZIB SOLTANE :1 ³
R' 2 215 Mm³ OM Mm
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:3 TH m³
30 CONFLUENCE : 5 570 Mm³ BE 00M
M
m :2
³ RA
AMO
O .M
d'environ 210 m3 /s, soit 6,6 milliards de mètres l'Ouerrha. De fait, entre 1944 et 1972, trente sept
cubes/an, correspondant à un bassin versant de 34 000 années ont été marquées par des débordements ; pour
km2 qui transite chaque année dans la plaine du Rharb juger de l'ampleur des dommages causés, il suffit de se
par les cours d'eau. La figure 37 fournit graphiquement souvenir que les berges du Sebou dominent la plaine
l'origine des débits du Sebou par sous-bassins. de plusieurs mètres, et que par conséquent les eaux de
débordement envahissent rapidement de vastes
La largeur du Sebou endigué dans ses propres
superficies qu'elles ne pourront quitter par le trajet
levées, sa faible pente sur 230 Km de son cours dans la
inverse, stagnant donc, souvent pendant plusieurs
plaine (1/10 000 aux hautes eaux) et l'influence de la
semaines.
marée dynamique qui se fait sentir jusqu'à 85 Km de
Les crues les plus dangereuses se produisent
l'embouchure, ne permettent pas au fleuve d'évacuer
lorsqu 'il y a conjonction des crues particulières du
plus de 1 600 m3/s à Mechra-bel-Ksiri et 2 000 m3/s à
Sebou et de l'Ouerrha auxquelles s'ajoutent
Sidi-Allal-Tazi, débits de l'ordre des crues moyennes
généralement celles des autres petits affluents. Quel-
(fréquence 1 an sur 5) de son seul grand affluent :
ques chiffres, obtenus pour certaines années montrent
l'ampleur du désastre :
Conjonction des Durée
Date Superficies inondées
débits les plus forts des débordements
3 en hectares
en m /s en heures
MECHRA-BEL-KSIRI
SEBOU HAD KOURT
at
Rd 440
Sidi-Allal
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FIG. 38
BASSIN RHARB-MAMORA 101
L'inondation de janvier 1963 (fig. 38), une des d'eau salée en l'espace de 5 heures, ce qui explique
plus importantes de mémoire d'homme, était pro- l'importance des phénomènes marégraphiques dans
voquée par les débits conjoints de : 8 000 m3 /s à la l'estuaire à l'étiage.
confluence Sebou-Ouerrha, 500 m3 /s sur le Beth, 500
Les études effectuées en 1966 ont montré que les
m3 /s sur le R'Dat, 400 m3 /s sur le R'Dom ; les 600
effets dynamiques de l'onde de marée se font sentir
m3 /s restant constituaient l'apport des autres petits
jusqu'à 85 Km de l'embouchure (Sidi-Allal-Tazi) ; les
oueds (M'Da - Hamma - Tihili - Tiflete - Touirza, lieux géométriques des plus hautes et plus basses mers
etc.). Cette inondation a été dépassée en 1970 ont été déterminés sur toute cette portion de l'estuaire.
provoquant des dégâts beaucoup plus coûteux car Lors de marées très amples les variations thermiques
l'équipement du Rharb progresse régulièrement ; cette des eaux de l'estuaire peuvent atteindre jusqu'à 3°3 C à
fois, les volumes de débordements (2,9 milliards de l'embouchure au cours d'un cycle de marée et se font
m3 ) étaient sans commune mesure avec ce que l'on sentir jusqu'à 42 km de l'embouchure.
avait connu antérieurement (1,4 milliards de m3 en
1963). Des augmentations de la salinité des eaux de
l'estuaire en liaison avec les remontées marines
Le mécanisme des débordements et le chemi- peuvent se manifester jusqu'à 35 Km de l'embouchure,
nement de l'inondation dans la plaine sont par- lors de très fortes marées. La figure 39 montre la
faitement connus ; un système d'alerte radio fonc- répartition de la salinité dans l'estuaire à marée haute
tionne dès les premières pluies. Il centralise à Kénitra en fonction des hauteurs de marée pour deux débits du
les renseignements émanant des stations de jaugeages Sebou à Kénitra : moins de 4 m3 /s et 12 m3 /s qui peut
situées à l'amont et permet de donner l'alarme être considéré comme un débit moyen annuel d'étiage.
plusieurs heures avant le début des débordements dans A Kénitra, où les industriels sont tentés par ces eaux de
la plaine. Le temps est suffisant pour évacuer les l'estuaire en raison de leur coût très bas, il est possible
zones menacées. Les remèdes à cette situation ont été d'enregistrer des augmentations de salinité supérieures
étudiés dans le cadre du projet de mise en valeur à 1 g/l de ClNa, pendant la haute mer, dès que le Sebou
globale de la plaine par le gouvernement marocain et débite moins de 40 à 50 m3 /s, c'est-à-dire pendant plus
une mission d'experts de la F.A.O. (1964-1968). de 4 mois consécutifs par an ; lorsque le débit du
L'étude d'un canal d'évacuation (by-pass) doublant la fleuve tombe à moins de 4 m3 /s, les salinités peuvent
capacité de transit du Sebou montre la nécessité d'un en cette zone dépasser 20 g/l de ClNa et demeurent en
ouvrage de coût très élevé ; on s'était alors tourné vers permanence supérieures à 1,5 g/l de CINa, même à
la création de grands barrages sur l'Ouerrha (M'Jara), basse mer. De ce fait, la qualité des eaux du Sebou
le Sebou moyen (Dar-El-Arsa) et l'Inaouène (Arabat) s'avère fréquemment trop mauvaise pour convenir à de
qui possèdent l'avantage supplémentaire de constituer nombreux usages industriels, à Kénitra. D'autre part, la
de vastes réserves d'irrigation. Les travaux du premier régularisation de l'oued Sebou par des barrages
de ces ouvrages (Arabat), prévu parmi les grands implantés dans le bassin amont aura pour effet certain
aménagements qui doivent être réalisés au cours du une aggravation des débits d 'étiage naturels ; les eaux
Plan quinquennal 1968-1972 ont été inaugurés en douces ne contiendront plus les eaux salées marines
1969. Les dégâts des inondations de 1970 ont conduit dans le bas de l'estuaire, et celles-ci remonteront
à poser en d'autres termes économiques le problème chaque année aussi loin que lors des années sèches
de la création d'un by-pass au Sebou et de nouvelles actuelles. Or l'eau à bon marché fait défaut à Kénitra,
études sont entreprises sur ce sujet depuis 1972. ce qui freine l'expansion industrielle de cette cité qui
devrait voir s'installer, grâce au développement
L ' E S T U A IR E D U S E B O U A L ' ET IA G E agricole de son arrière-pays, un bon nombre d'in-
dustries alimentaires et frigorifiques ; les eaux de
A l'étiage, les débits moyens mensuels du Sebou à l'estuaire étant inutilisables une bonne partie de l 'été il
Sidi-Allal-Tazi peuvent descendre en année sèche à 5 faudra rapidement envisager, pour couvrir les besoins
m3 /s ; compte tenu des pompages existant entre Tazi industriels, une adduction spécifique pour laquelle des
et Kénitra, le débit du fleuve est parfois pratiquement solutions existent, telles l'édification de barrages de
nul à l'embouchure. Selon l'amplitude des marées, le garde contre la salinité de marée ou la prolongation du
courant de flot mesuré à l'embouchure introduit dans canal principal d'irrigation rive gauche du Rharb, ou
l'estuaire entre 8,5 et 19 millions de mètres cubes encore des captages dans les dunes.
102 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
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B P Po p
M J M Cl P B Disatnce à
0 10 20 30 40 la côte (Km)
FIG. 39
BASSIN RHARB-MAMORA 103
Hydrogéologie
L'étude hydrogéologique systématique du Rharb nappe phréatique pauvre mais peu profonde, fort gênante
débute en 1940 avec une mission conduite par A. pour la mise en valeur agricole.
Robaux ; puis E. Bolelli anime les recherches de façon
très dynamique à partir de 1948 et présente en 1952 la
synthèse de ses travaux dans l'ouvrage « Hydrogéologie LES ZONES D'ALIMENTATION EN BORDURE
du Maroc » publié à l'occasion du 19e congrès d'Alger. DU BASSIN
L. Monition prend la relève entre 1956 et 1961 et Sur les pourtours du bassin affleurent des formations
aboutit à une monographie détaillée qui comporte le perméables qui contiennent des nappes libres rechargées
premier bilan des eaux souterraines de la Mamora par les infiltrations de la pluie. Ces formations plongent
accompagné de cartes hydrogéologiques au 1/200 000 vers le centre du bassin (plaine du Rharb) où elles sont
(1964). Les recherches se poursuivent ensuite avec J.-P. recouvertes par des niveaux argileux épais ; les nappes
Thauvin qui axe ses efforts sur la Mamora et l'auteur qu'elles renferment sont alors en charge et reçoivent leur
qui travaille plus spécialement sur la nappe phréatique alimentation depuis les bordures.
et élabore dans le cadre du plan d'aménagement global
de la plaine, un schéma d'exploitation des ressources
aquifères profondes du bassin. Les cartes hydro- '
ALIMENTATION PAR L W : LES DUNES CÔTIÈRES DU RHARB
géologiques de la Mamora au 1/100 000 [Thauvin, (fig. 40)
1964] et du Rharb au 1/100 000 [Combe, 1969]
complètent la documentation abondante déjà A l'W, deux cordons de dunes anciennes, parallèles
rassemblée sur cette région. au rivage, sont séparés par une zone basse marécageuse
(altitude : + 2 m NGM en moyenne) dite des merjas
STRUCTURE HYDROGEOLOGIQUE côtières. Le cordon côtier s'étend sans discontinuité
DEFINITION DES NIVEAUX AQUIFERES depuis Kénitra jusqu'à Moulay-bou-Selham sur une
distance de 60 Km ; le cordon intérieur, au relief plus
L'étude du système aquifère par forages débute en aplani, est nettement marqué au N de Sidi-Allal-Tazi,
1923, mais s'accélère à partir de 1948. En 1968 on mais plus estompé au S, en rive droite du Sebou. Ces
dénombrait environ 500 forages totalisant près de 50 dunes affleurent sur environ 500 km2. L'espace
000 m forés, ce nombre augmentant de 10 à 20 unités interdunaire des merjas côtières constitue une étroite
par an ; il s'y ajoute les renseignements apportés par bande tapissée d'argiles limoneuses peu perméables qui
une centaine de sondages à objectifs pétroliers. Les est drainée artificiellement par un canal dont l'exutoire
sondages d'eau en exploitation étaient au nombre d'une est la merja Zerga pour la zone Nord, et le Sebou pour la
centaine en 1968. zone Sud.
Le substratum général des nappes aquifères est D'une façon assez synthétique, car le détail est très
constitué par le toit de l'épaisse série marneuse du complexe, on peut dire qu'un niveau grésosableux
Miocène-Pliocène dite communément des « marnes affleure en surface sur l'ensemble de ces zones dunaires
bleues ». On possède une carte de ce substratum (fig. ; épais de 20 à 30 m dans le cordon littoral, ce niveau est
33) que 300 sondages de recherche d'eau et de pétrole assez mince sur le cordon intérieur (5 à 10 m). Ce
ont atteint ; dans certaines zones, des campagnes niveau superficiel contient une nappe phréatique
géophysiques suivant la méthode électrique ont été d'extension générale, alimentée par l'infiltration des
réalisées sur d'importantes surfaces (campagnes de la eaux de pluies ; les caractéristiques hydrogéologiques de
Mamora et en zone côtière du Rharb) pour préciser l'aquifère sont bonnes : en général 1.10-2 m2/s pour la
cette donnée fondamentale. Au-dessus, suivant la transmissivité (5.10-3 m2/s dans le cas le plus
position dans le bassin quaternaire subsident, se défavorable) et 1 à 2.10-3 pour le coefficient
rencontrent un ou plusieurs niveaux perméables (grès - d'emmagasinement. L'eau est peu profonde : 1 à 3 m sur
galets - sables - cailloutis) qui se prolongent et les 4/5 de la superficie de la nappe. Sous ce premier
affleurent sur les bordures où les infiltrations d'eaux de niveau superficiel se rencontre un niveau argilo-sableux
pluies ou d'eaux superficielles les alimentent. Des rouge épais de 10 à 20 m dans la zone située au S de
niveaux argileux (Amirien et Soltanien) mettent ces Sidi-Allal-Tazi, alors qu'au N ce niveau devient
aquifères en charge sous la plaine du Rharb proprement franchement argileux et s'épaissit encore ; au-dessous
dite. existe un niveau gréseux épais au S de Sidi-Allal-Tazi,
Enfin, dans les sols de surface de la basse plaine qui et des alternances gréseuses et argileuses au N.
occupe le centre du bassin se tient en permanence une
COUPE NW-SE DANS LA PARTIE CENTRALE DES DUNES COTIERES DU GHARB
NW DUNES SE
OUEST DUNES EST PLAINE DU RHARB
COTIERES
m
MERJAS
100
Si ALLAL - TAZI
O. SEBOU
O. SEBOU
0. SEBOU
345/8 158/8 347/8 291/8 635/8 246/8 233/8 139/8
50 MM2 SPE SPE RP 2 ST 2
SPE
OCEAN
0 RS 237
CL 66
RS 256
CL 50
RS 905
RS 280 RS 200 RS 241
CL 390 CL 53 CL 60 RS 3050
RS 360 CL 1320
RS 200 RS 265 CL 103
50 RS 4690 RS 918
CL 57 COR
REL
RS 2170 RS 340 ATIO RS 4340
CL 2500 CL 1200 N SPE
CL330 CL 103 CL 2385
RS 270
RS 28710 CL 57 RS 828
CL 10800 CL 420 RS 340
RS 1240
CL 103
100 CL 508 RS 1788 COR RS 2350
CL 1000 REL
RS 35360 ATIO CL 1221
N
SPE
CL 18673
150 RS 11592
CL 6000
200
250
Argiles sableusee
FIG.40
BASSIN RHARB-MAMORA 105
Sous le premier écran argileux ou argilo-sableux, les fournit, en raison de transmissivités plus élevées, à peu
grès contiennent une nappe captive en charge dont le près les deux tiers de ces écoulements. La somme des
niveau piézométrique s'établit cependant au-dessous de prélèvements (5.10 6 m3 /an), le volume éliminé par
celui de la nappe phréatique ; le caractère captif de évaporation dans les secteurs où la nappe phréatique est
cette nappe ressort de la valeur d e s coefficients peu profonde, ainsi que celui drainé par les canaux de
d'emmagasinement (entre 1.10 -4 et 2.10 -5 ) et de la l'espace interdunaire (en hiver, car les canaux sont
rapidité de réaction aux variations d'amplitude pratiquement secs à l'étiage) s'ajoutent aux chiffres
marégraphiques que l'on observe dans des forages précédents et fixent l'ordre de grandeur du débit des
implantés à proximité de l ' océan. Les caractéristiques exutoires autour de 100.10 6 m3 /an.
hydrogéologiques de ces aquifères profonds sont en
Les deux procédés permettant l'évaluation du
général inférieures à celles de l'aquifère superficiel, du
volume annuel de régularisation du système aquifère
moins pour la transmissivité qui est de 2 à 3.10 -2 m2 /s
(infiltration : 60.10 6 m3 ; exutoires : 100.10 6 m3 /an)
au S où les grès sont épais et de 2 à 4.10 -3 m2 /s au N
s'avèrent entachés de beaucoup d'approximation, le
où ces puissances diminuent, car la perméabilité est
chiffre moyen de 80.10 6 m3 /an sera retenu pour le bilan
toujours du même ordre de grandeur : 2 à 5.10 -4 m/s.
général. Il subsiste dans ces dunes d'importants
Les cartes isopiézométriques des nappes phréa- volumes d'eau de très bonne qualité qui ne sont pas
tiques et profondes (fig. 45 et 49) montrent nettement exploités. L'accroissement des prélèvements jusqu'à un
que ces dunes jouent un rôle de château d'eau ; volume annuel de 60.10 6 m3 ne paraît pas présenter de
l'alimentation des nappes provient uniquement de risque car on demeure fort probablement au-dessous du
l'infiltration des précipitations, assez abondantes dans volume de recharge ; les captages les plus économiques
cette région (600 mm/an). Les eaux de pluie s'infiltrent intéresseront la nappe phréatique au moyen de batteries
dans les niveaux gréso-sableux superficiels et de puits profonds de 10 à 20 m, fournissant des débits
rechargent la nappe phréatique qui, par drainance vers unitaires de 15 à 20 l/s. L'implantation des ouvrages
le bas, alimente elle-même la nappe profonde. s'effectuera sur les bordures du cordon dunaire
L'infiltration est importante dans ces formations intérieur, par conséquent à proximité des terres
perméables au relief atténué ; le ruissellement est irrigables dominées (terres basses des merjas
pratiquement inexistant, excepté lors d'averses interdunaires et du Rharb) que le rabattement produit
violentes ou prolongées. Des expérimentations sur par les pompages contribuera à drainer ; en outre, ces
cases lysimétriques ont montré que 50 % du volume de captages se trouveront distants de l'Océan d 'environ 3
certaines averses était susceptible de s'infiltrer ; trop km, ce qui réduit considérablement le risque d'invasion
discontinues et trop brèves pour être extrapolées à une marine des nappes (invasion inexistante à l'heure
année complète, ces observations ne fournissent qu 'une actuelle). L'observation des répercussions de ces
indication relative. Les expérimentations et mesures en exploitations permettra, beaucoup mieux qu'une ex-
vraie grandeur réalisées dans des formations identiques tension forcément limitée des travaux de reconnais-
au S de Rabat (Aïn-Reboula) permettent d'admettre un sance, d 'approcher un bilan plus précis des ressources
coefficient d 'infiltration minimum de 20 % ce qui, sur disponibles.
une superficie de 500 km2 , conduirait à une recharge
moyenne annuelle de 60.10 6 m3 . Les volumes des
ALIMENTATION PAR LE S : LA FORÊT DE LA MAMORA
apports déduits de l'amplitude des fluctuations pié-
zométriques et du coefficient d'emmagasinement n'in- (fig. 41)
firment pas cet ordre de grandeur. Le glacis de la Mamora est compris entre le massif
Le débit des exutoires est difficile à préciser, dans ancien et tabulaire de la Méséta au S, et la plaine
l'état actuel des connaissances, à cause du nombre subsidente du Rharb au N. Du S vers le N affleurent
insuffisant de mesures de transmissivités et de les terrains primaires (schistes et quartzites) recouverts
l'absence de données suivies sur le débit des canaux de progressivement par les assises marneuses du Miocène
drainage. Les cartes piézométriques et les quelques qui supportent elles-mêmes des formations du Plio-
transmissivités disponibles (8 mesures sur la nappe Villafranchien et du Quaternaire (grès - cailloutis -
profonde et 5 sur la nappe phréatique) permettent le sables - argiles). Ces dernières formations contiennent
calcul sommaire du débit qui s'écoule vers l'océan une nappe phréatique qui s'écoule, en raison de la
(40.10 6 m3 /an pour l'ensemble du système à raison de disposition de la Mamora, vers le Rharb (bassin
50 % pour chacune des nappes phréatique et profonde) d'alimentation : 1 550 km2 ), vers l'Océan (390 km2 ), ou
et du débit qui s'écoule vers l'intérieur des terres vers l'oued Beth à l'E (180 km2 ).
(35.10 6 m3 / an également répartis entre les deux Les terrains aquifères sont essentiellement de
nappes). La zone située au S de Sidi-Allal-Tazi nature gréso-sableuse et d 'âge Plio-Villafranchien ;
106 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
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NIVEAU PIEZOMETRIQUE
FIG. 41
vers l'E, des cailloutis quaternaires sont superposés à ces gouttières privilégiées, présentant fort
formations. L'aquifère s'épaissit progressivement du S probablement des écoulements karstiques dans
vers le N où il atteint une centaine de mètres de les grès, offrent des caractéristiques
puissance au niveau de la route Kénitra—Sidi-Slimane— exceptionnelles T = 1,5.10 -1 m2/s (captage de
Sidi-Kacem. Un certain nombre de gouttières parallèles, Taïcha), T = 6.10 -2 m2 /s (captages de Sidi-
dans lesquelles les oueds sont surimposés, ont été mises Taïbi) et 3 à 9.10 -2 m2/s (captage de Bir-Rami
en évidence par géophysique dans le substratum au S de Kénitra). Le débit de la nappe se
imperméable ; ces gouttières qui ont été comblées par perdant à l'Océan entre Kénitra et Salé à pu,
des sédiments quaternaires drainent la nappe et grâce à ces données, être chiffré à environ 700
constituent des lieux de captages privilégiés. l/s fictifs continus, l'exploitation atteignant
2000 l/s en 1972 ;
La nappe de la Mamora est bien connue depuis les
travaux de J.-P. Thauvin (1964) ; la carte hydro- - vers le N, la nappe de la Mamora alimente la
géologique au 1/100 000 et les cartes annexes (isobathes nappe profonde en charge de la plaine du
de la nappe et du substratum, isopaches de l'aquifère...) Rharb. La valeur de cette alimentation a été
ainsi que l'interprétation et la réinterprétation d'anciens calculée au niveau de la route Kénitra—Sidi-
essais de pompage par les méthodes de Theiss-Jacob ont Yahya—Sidi-Slimane. La nappe étant plus
permis de mieux apprécier l'importance de cet aquifère. épaisse à l'W qu'à l'E, deux zones de
Le calcul des débits de front de nappe le long de courbes transmissivités ont été distinguées ; à l'W,
isopièzes donne les résultats suivants, compte tenu entre Kénitra et l'oued Touizra (40 km de
d'éléments récents apportés par de nouveaux forages front), onze mesures de transmissivités donnent
d'exploitation : une valeur moyenne de T 1,3.10 -2 m2/ s ; à l'E,
entre l'oued Touizra et Sidi-Slimane (20 Km de
- vers l'Océan, les courbes isopiézométriques sont front de nappe) une transmissivité moyenne de
parallèles entre elles et parallèles au rivage ; la 7,2.10 -3 m2/s basée sur 2 mesures a été retenue.
pente de la nappe est de 3.10-3 à 10.10 -3 au N et
plus importante au S où les captages sont
nombreux dans la zone maraîchère comprise Compte tenu des pentes de la nappe qui varient
entre Bouknadel et Salé. La perméabilité entre 1,4 et 2,0.10 -3, le débit s'écoulant vers le
moyenne est de l'ordre de 4.10 -4 m/s, la Rharb a été chiffré à 1 200 1/s continus (40.10 6
transmissivité de 1.10 -2 m3/s et l'emmagasin- m3/an) ;
ement de 2.10-2 ; cependant, certaines - vers l'E la nappe de la Mamora se déverse dans
COUPE GEOLOGIQUE NORD-SUD A TRAVERS LE
PERIMETRE IRRIGUE
NAPPE PROFONDE DU PLIO - VILLAFRANCHIEN
N NAPPE CAPTIVE NAPP LIBRE S
A R T ESI E N N E ARTISIENNE JAILLISSANTE ARTESIENNE ZONE D'ALIMENTATION
JBEL NOUILAT
L I T H O L O G I E
Niveau hydrostatique de la nappe profonde ALTITUDE
bl - BLEU ARGILES FORAGES
"
OH1 , KH3
697/8; 1305/14
Forages pétroliers (SCP)
" Hydrogéologiques
ZRAR AJ4
SPE
+500
jn - JAUNE ARGILES SABLEUSES ( SPE ) dotés d'un carottage électrique
" "
Ø Piézométriques OH6
" " SPE
br BRUN GRES
OHS
O. RDOM CANAL PRINCIPAL SPE +400
gr GRIS MARNES (Miocène )
PERIMETRE IRRIGUE OH4b
SPE F
rg ROUGE SABLES
KH3
SPE
SABLES Argileux
PROJ.
482/14 +300
SPE
OH3
SPE
GALETS ET CONGLOMERATS OH1
SPE OH3 PROJ.
SPE 537/14 SOURCE
CALCAIRES ( Jurassique)
1511/14 PROJ.1530/14 THERMALE
SPE 218/14
SPE 1497/14 SPE
3/8 SPE +200
PROJ.697/8 1305/14 2646/14
SPE PROJ.2/8 SPE PROJ.
PROJ.13334/14 3/14+2669/14
SPE
335/8
rg +100
PR19 rg
SOLTANIEN
553 PR21 Ø
Ø jn
bl
NH jn
jn
br
br jn jn bl
000
jn jn
jn
TENSIFT
bl bl
jn
jn
rg jn
br
VILLAFRANCHIEN
jn
jn -100
AMIRIEN
bl
jn jn jn
jn
ET QUATERNAIRE
bl
bl
jn jn
jn
rg jn E
bl CE N -200
M IO
PLIOCENE
HELVETIEN A - 650
bl
HELVETIEN A 660
jn DU
HE S
? bl
C
RA N
IEN
NE S F IE N
TO N
ET
M AR T OR
LV
-300
HE
0 1 2 3 4 5
FIG. 4 2
108 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
2057/14 (PR 20 )
1305/14
2646/14
70/14
1493/14
3
NO
Ca
Cl
+M
g
SO
R'DOM et HAMMA
ZONE D'ALIMENTATION ( HAMMA )
1511/14 ( PR 21)
32/50/14
2669/14
0
10A0 C
0 0
0 0
10
3
Na
CO
+K
H
Mg
SO
+
4
3
CO
100
0
0
100 Ca 0 D0 Cl + NO3 100
FIG.43
BASSIN RHARB-MAMORA 109
l'oued Beth. Les essais de débit effectués dans ce les bordures, alimentée par les infiltrations de la pluie
secteur sont peu nombreux et peu significatifs. (70 km2 dans les Cherarda) mais surtout par les
L'apport moyen à l'oued est estimé à 200 l/s fictifs infiltrations à partir des petits oueds pérennes : Sidi-
continus à l'étiage. Aïssa, Hamma,, R'Dom, Tihili, à leur entrée dans la
plaine ; ce phénomène est nettement mis en évidence
Le bilan annuel des sorties de la nappe de la
par une étude chimique sur diagramme logarithmique
Mamora s'établit ainsi :
car les eaux de ces petits oueds ont des caractéristiques
— Ecoulement vers l'Océan particulières, acquises dans les parties amont des
……………...…20 millions de m3 /an bassins versants (fig. 43). La nappe est pauvre,
profonde et circule lentement dans ces zones, si bien
— Ecoulement vers le Rharb
que les eaux sont toujours chargées en sels ; plus de
………………..40 » » »
2 000 mg/l de sels totaux en général ; les infiltrations à
— Drainage par les oueds (Tiflete et Beht) partir de l'oued Hamma (eaux salées) détériorent
……………….10 » » » encore la qualité moyenne dans le secteur central du
— Prélèvements (pompages) Zrar.
……………….80 » » » Vers le N pour le Zrar et vers l'E pour les Cherarda,
3
TOTAL .... 150 millions de m /an la nappe phréatique alimente la nappe profonde en
charge de la plaine du Rharb. Les débits de front de
Ce volume correspond à un coefficient d'infiltration nappe au niveau de la zone de mise en charge sont de
efficace de la pluie de 16 % en Mamora centrale et de 40 l/s pour le Zrar et de 60 l/s pour les Cherarda. Les
22 % dans la zone côtière. Cette différence s'explique prélèvements dans ce secteur étant évalués à 50 l/s, la
par le fait qu'une grande partie de la Mamora centrale recharge annuelle des nappes se situe autour de 5
est recouverte par plusieurs mètres d'argile sableuse millions de m3 .
rouge qui constitue un obstacle à l'infiltration des eaux ALIMENTATION PAR L'E : INFILTRATIONS A PARTIR DES
de pluie ; en zone côtière, ces argiles sont très peu OUEDS SEBOU ET OUERRHA
épaisses ou même totalement absentes. Vers le N Le Sebou, à son entrée dans le Rharb coule di-
(plaine du Rharb) les argiles s'épaississent et mettent rectement sur des formations graveleuses plio-villa-
en charge la nappe contenue dans les formations franchiennes et quaternaires qui affleurent sur les
gréseuses et caillouteuses sous-jacentes. bordures est et plongent ensuite d'E en W vers le centre
Les eaux de la Mamora, tout comme celles des de la plaine où elles s'épaississent considérablement.
dunes côtières, sont extrêmement douces : 250 à 500 Entre Sidi-Abdelaziz et El-Abid à l'aval de la
mg/l de sels totaux en général ; leur faciès est confluence Sebou—Ouerrha, le Sebou coule sur 20 à
bicarbonaté calcique. On a longtemps pensé que la 30 m de limons sableux intercalés de niveaux sableux
Mamora constituait un château d'eau considérable ; les grossiers, si bien que cette formation ne devrait pas
études synthétiques récentes ont montré que la réaliser une parfaite étanchéité entre l'oued et la nappe
recharge annuelle était modeste, et que la réserve qui se tient dans les niveaux graveleux sous-jacents
probable se situait vraisemblablement autour de 300 (fig. 44).
millions de mètres cubes. Plusieurs séries de jaugeages en cascade effectués à
l'étiage, ont montré que les pertes du Sebou vers la
nappe étaient essentiellement localisées à l'amont de
ALIMENTATION PAR LE SE : ZRAR ET CHERARDA Sidi-Abdelaziz où elles atteignent environ 10 % du
(fig. 42) débit de l'oued ; ce pourcentage correspondant à la
précision que l'on peut attendre des mesures de débit
Dans le SE du bassin, en bordure des rides pré- ne serait pas très significatif s'il ne se retrouvait
rifaine, se sont accumulés des terrains villafranchiens systématiquement, d'une série de mesure à l'autre. Par
essentiellement sableux dans le Zrar (glacis compris contre, à l'aval de Sidi-Abdelaziz, les jaugeages sont
entre les oueds Beth et R'Dom) et caillouteux dans les insuffisamment précis pour mettre une quelconque
Cherarda (collines entre les oueds R'Dom et Sebou). Le infiltration en évidence. Plusieurs sondages réalisés en
substratum imperméable des marnes miocènes plonge 1967 pour des reconnaissances de génie civil (sites de
très rapidement depuis le S et l'E vers une fosse barrages de prises agricoles) ont permis de rattacher le
profonde située à peu près à l'aplomb du périmètre plan d'eau de l'oued à la surface piézométrique de la
irrigué de l'oued Beth ; les horizons quaternaires nappe des galets ; les résultats de ces travaux
perméables qui affleurent en bordure plongent démontrent que les infiltrations existent à l'amont de
également vers cette fosse, mais se chargent en Sidi-Abdelaziz, mais qu'elles sont très improbables à
matériaux argileux ou s'amincissent considérablement. l'aval ; le nombre de sondages est insuffisant pour
Une nappe phréatique d'extension générale existe sur qu'une approximation du débit d'infiltration puisse être
110 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
-50
-100
0 10 15 20 Xx
-150
-200
FIG. 44
tentée par un calcul d'hydraulique souterraine. Ce débit secteur, sont encore peu nombreuses et varient entre
infiltré est donc mal connu ; les jaugeages le fixeraient 1.10 -3 et 1.10 -7 m2/s.
entre 1 et 2 m3 /s à l'étiage. Pour tenir compte de
l'accroissement plus que linéaire de ces pertes lorsque Sur la bordure nord du Rharb, les collines de
le plan d'eau monte en hiver, et du fait que l'oued Lalla-Zohra présentent sur 20 km2 environ des af-
Ouerrha coule, à son entrée dans la plaine, dans des fleurements de galets et de grès calcaires qui
conditions identiques à celles qui ont pu être mises en contiennent une nappe. Cependant, un système de fail-
évidence à propos du Sebou, les pertes des deux oueds les importantes orientées E-W interrompt le réservoir
sont évaluées en première approximation à 60 millions du N vers le Rharb au S et bloque tout écoulement vers
de mètres cubes par an ; ce volume alimente la nappe la plaine. Les recharges annuelles de cet aquifère par
profonde du Rharb. Comme il a été dit plus haut, les la pluie sont estimées à environ 2 millions de m3 qui se
eaux de l'oued Sebou sont douces (0,3 à 0,7 g/1 de sels retrouvent sous forme de sources dans la zone même
totaux) en toutes saisons. (0,5.10 6 m3) ou bien alimentent la nappe superficielle
du Rharb. Ces eaux sont toujours de bonne qualité
chimique.
ALIMENTATION PAR LE NE (MECHRA-BEL-KSIRI) ET LE N
(LALLA-ZOHRA)
LA NAPPE PROFONDE EN CHARGE
Sur la bordure NE du Rharb affleurent sur environ DE LA PLAINE DU RHARB
100 km2 des formations essentiellement sableuses,
plio-villafranchiennes, épaisses de 10 à 30 m, qui MUR IMPERMÉABLE ET AQUIFÈRE
plongent vers l'W sous la plaine du Rharb. Ces Les formations perméables du Plie-villafranchien
formations sont peu perméables et constituent un et du Quaternaire qui affleurent sur les bordures du
impluvium modeste dont la recharge annuelle serait de bassin s'enfoncent progressivement vers le centre de la
l'ordre de 5.10 6 m3 en admettant une infiltration de 10 plaine du Rharb, zone subsidente depuis la mise en
% de la pluviométrie, fraction qui paraît raisonnable; place des nappes de charriage pré-rifaines (Miocène,
aucun calcul hydraulique n'est actuellement possible Tortonien). Le substratum imperméable des nappes est
car les transmissivités, qui ont été mesurées dans ce constitué par les marnes du Miocène dont l'épaisseur
NAPPE PROFONDE EN CHARGE LIMITE DU BASSIN HYDROGEOLOGIQUE
PIEZOMETRIE (étiage 1965) LIMITE DE MISE EN CHARGE DE LA NAPPE
LIMITE DU PERIMETRE IRRIGUE DE
DE L'OUED BETH
Karia
Oulad Daouia 460
ZONES OU LA NAPPE PROFONDE
EST ARTISIENNE ET JAILLISSANTE O
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25 COURBE ISOPIEZOMETRIQUE Mda SOUK-EL-ARBA
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(espacement : 5 m) DU GHARB
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NATURE DE L AQUIFERE T