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Cours de Géomorphologie - Première année BTS Mines, Géologie et Pétrole - AIST

COURS DE GEOMORPHOLOGIE

Objectif :
Ce cours a pour objectif la description et l’explication des reliefs actuels. Il est comprend deux
aspects de la géomorphologie à savoir :

La géomorphologie climatique qui analyse l’influence du climat sur l’évolution des formes
du relief ;

La géomorphologie structurale qui étudie l’influence de la structure géologique sur la forme


de la terre.

Contenu du cours :
Introduction à la Géomorphologie
Chapitre 1 : L’altération météorique et évolution des sols
Chapitre 2 : L’érosion mécanique et la formation des modelés
Chapitre 3 : L’étude des systèmes d’érosion dans la zone tropicale
Chapitre 4 : Les types morphologiques en pays tropicaux
Chapitre 5 : La géomorphologie de la Côte d’Ivoire

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INTRODUCTION A LA GEOMORPHOLOGIE
Qu’est-ce que la géomorphologie ?
La géomorphologie est l’étude des formes du relief et des paysages de la terre. Chez les
géologues, elle devient géodynamique externe car ces derniers mettent l’accent sur les processus
géologiques qui donnent naissance aux paysages. C’est une science à la fois descriptive et
explicative.
Dans sa partie descriptive, la géomorphologie s’apparente fortement à la géographie physique avec
laquelle elle utilise la cartographie, la photographie aérienne, la climatologie, l‘hydrologie, etc.
Dans sa partie explicative, elle se rapproche de la géologie et utilise la pétrographie, la géochimie
des roches, la stratigraphie, l’hydrogéologie, l’océanographie, etc.
La géomorphologie est une ‘‘science de l’environnement’’ qui a des liens étroits avec la vie car
c’est le paysage qui abrite la vie.
En général il existe trois principaux agents de façonnement des paysages :
- la nature des roches (facteur lithologique) ;
- la structure du sous-sol (facteur structural) ;
- le climat (facteur climatique).
A ces facteurs, il faut ajouter les activités biologiques -plantes, animaux et hommes (facteurs
anthropogéniques).
En général, tous ces facteurs peuvent agir simultanément dans une même région pour modeler
le paysage. Mais dans certains cas, un seul facteur prédomine sur les autres pour modeler et
donner les paysages lithologiques, structuraux et climatiques.
Ainsi la géomorphologie telle que nous la verrons dans ce cours s’articulera autour de la
géomorphologie structurale et la géomorphologie climatique ou zonale (aujourd’hui dynamique).
La géomorphologie est dite structurale car elle s’intéresse à la liaison entre le relief et la structure
géologique. Comme toute science, elle se définit donc par son objet (relief) et sa méthode
(comparaison relief-géologie, mesures du relief,…)
L’autre composante de la géomorphologie est la géomorphologie climatique qui s’intéresse elle
à la liaison entre le paysage et le climat.
Ainsi donc la géomorphologie structurale étudie le relief et la géomorphologie climatique
s’intéresse au modelé. »
Qu’est-ce que le relief ?
Le relief peut-être définit comme « la variation de la pente topographique à petite échelle ».
Qu’est-ce que le modelé ?
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C’est « la forme que prend la pente à grande échelle ».


La distinction entre géomorphologie structurale et géomorphologie climatique est donc avant tout
une distinction d’échelle spatiale.
- Géomorphologie structurale : < 1 km2 à 10 km2 ;
- Géomorphologie climatique : 10 à 106 km2.
Mais, cette distinction se fonde également sur des différences d’échelle temporelle : temps long
pour la géomorphologie structurale (100 à 105 ans), temps plus court pour la géomorphologie
climatique (10 à 100 ans).

Figue 1 : Domaine de la géomorphologie en fonction d’échelle spatiale et temporelle Enfin,


le type de processus impliqué est différent :
La géomorphologie structurale invoque plutôt des facteurs relevant de la géodynamique interne du
globe (tectonique des plaques, compensation isostatique,…).
La géomorphologie climatique s’appuie sur des facteurs liés à la géodynamique externe du globe
(altération, processus d’érosion,…).
Les deux approches (structurale et climatique) sont complémentaires pour une bonne
compréhension de l’évolution des topographies.
Cependant, du fait de l’emboîtement d’échelles spatiales et temporelles (effet de dominance), le
modelé est subordonné à la structure. Cela signifie d’une part que la compréhension de la genèse
et de l’évolution des formes à grande échelle (système de pente, processus,…) reste dépendante
des données structurales et d’autre part que le relief sensu stricto est créé par les processus
géodynamiques internes qui permettent la mise en place d’un système d’érosion. Au final, on
peut envisager le relief comme le résultat de la compétition entre processus de création
(d’origine interne) et de destruction (d’origine principalement interne).

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Notion de durée en géomorphologie


Les phénomènes d’érosion sont en général très lents. Un cycle d’érosion peut mettre un ou
plusieurs millions d’années pour s’accomplir entièrement. Par conséquent, pour comprendre les
modifications du modelé terrestre, on est obligé d’admettre le principe de l’actualisme, théorie
selon laquelle, les anciens changements produits à la surface de la terre sont dus à des causes
analogues du point de vue nature et intensité, à celles qui agissent de nos jours.
Cependant, il existe d’importantes exceptions à cette théorie :
- Les sédiments anciens formés d’accumulations organiques n’ont pas d’équivalents actuels
- Le modèle de formation des minéraux de fer zoolithique n’est pas connu de nos jours ;
- Des phénomènes plus complexes comme l’énorme déclenchement des laves rhyolitiques
enregistrés dans le passé ne sont plus fréquemment observables de nos jours et il en est de
même pour le basalte.
Mais dans le passé comme maintenant, la cause principale du modelage des paysages terrestres
est l’érosion qui met à contribution la température, le vent et l’eau sous l’influence du soleil.

Principe de la géomorphologie
Il existe en tout quatre principes de la géomorphologie : la chronologie inverse, l’érosion régressive,
le principe de pente et le profil d’équilibre.
- Principe de la chronologie inverse : d’après ce principe, les dépôts les plus anciens
correspondent à la couche érodée en premier lieu (figure 2).

Figure 2 : Principe de la chronologie inverse


- Principe de l’érosion régressive : l’érosion commence par la zone basse des bassins
versants et remonte vers l’amont. Dans ce cas, les têtes des cours d’eau les plus actives
vont capturer des fractions de bassins versants voisins (figure 3).

Figure3 : Principe de l’érosion régressive


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- Principe de pente : Plus la pente est forte, plus l’érosion est active (figure 4).

Figure 4 : Principe de la pente

- Principe du profil d’équilibre : L’érosion décroît pendant son histoire récente, jusqu’à
l’obtention de son profil d’équilibre (figure 5). Mais, ce principe doit tenir compte des
variations du niveau des mers au cours du quaternaire. Ce niveau appelé, niveau de base
ultime a varié de 120 à 150 mètres environ en fonction des périodes glaciaires de
mobilisation d’énormes masses d’eau aux calottes polaires. La répartition des terres et des
mers a également subi durant les 400 000 dernières années des variations considérables.

Par conséquent, on peut dire qu’un cours d’eau n’arrive jamais à son niveau d’équilibre.

Figure 5 : Principe du profil d’équilibre


Les bases de la dynamique des processus géomorphologiques sont :
- Météorisation, Erosion, Transport, Sédimentation.

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Chapitre 1 : ALTERATION METEORIQUE ET EVOLUTION DES SOLS


I. Définition
L’altération météorique ou la météorisation désigne l’ensemble des processus (mécaniques ou
physiques, chimiques et biologiques) qui concourent à la modification des propriétés physiques
et chimiques des minéraux, et partant des roches. En d’autres termes c’est l’ensemble des
processus par lequel la roche est désagrégée en surface. Des sols peuvent se former dans la roche
altérée, aussi appelée le régolite. Le régolite peut supporter la végétation et un sol (pédon) peut
se former dedans. La météorisation ameublit les surfaces et prépare le terrain pour l’érosion.

II. Les conditions lithologiques de la météorisation


Au niveau de la zone de contact lithosphère-atmosphère-biosphère, l’action conjuguée d’un
certain nombre de facteurs d’altération, provoque la transformation des roches en produits
meubles qui évoluent par la suite pour former le sol. Cette transformation de la roche en produits
meubles est facilitée par des conditions lithologiques.
Les conditions lithologiques de la météorisation sont liées à la nature minéralogique, chimique et
physique de la roche.
En effet l’action de la température dépend de la couleur des roches (figure 1). Les roches les plus
sombres s’échauffent plus vite augmentant la vulnérabilité des roches à l’altération.
Exemple le basalte (sombre) s’échauffe plus vite que le calcaire (clair).
De même, l’intervention des eaux météoriques est contrôlée par la perméabilité des roches
c’està-dire leur aptitude à se laisser traverser par un fluide. Ce paramètre joue un rôle majeur
dans la fissuration des roches. Ainsi à l’échelle de l’affleurement ce facteur est à l’origine de la
macrofissuration et la fracturation de la roche (figure 2). A l’échelle de la lame mince, ce
phénomène se traduit par une microfissuration de la roche (figure 3).
La composition minéralogique et chimique influence aussi le processus d’altération, en effet la
différence entre les roches acides et les roches basiques est facteur important dans le processus
de désagrégation de la roche.

Figure 1 : Différence de couleur entre calcaire et basalte

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Figure 2 : Macrofissuration et fracturation Figure 3 : Microfissuration au niveau


dans la roche affleurante de la lame mince

III. Les différents processus de l’altération météorique


La météorisation ou l’altération météorique comporte deux aspects essentiels : l’altération physique
et l’altération chimique.

III.1. L’altération physique ou mécanique


Les actions mécaniques de la météorisation entraînent la formation de rupture dans les roches sans
modification de leur nature. Les processus physiques (mécaniques) de la météorisation sont :
- La gélifraction (climat froid: cycles gel-dégel) ;
- L’expansion-contraction thermique (déserts) ;
- La thermoclastie (déserts) ;
- La haloclastie (régions côtières, déserts salés) ;
- La décompression (suivant déglaciation ou érosion rapide) ;
- L’humidification-séchage (wetting and drying).
Ces processus s’apprécient à travers les différentes actions qui assurent cette altération météorique.

III.1.1. Action de la température :


Sous l’effet d’une variation de la température, on observe une fragmentation d’origine thermique
de la roche.
Dans certaines régions arides, les différences brutales entre les températures diurnes et nocturnes
entraînent des phénomènes de desquamation et d’exfoliation de la roche. En effet, ces deux
mécanismes correspondent au décollement de portions superficielles ou d’écailles du massif
rocheux compact. Cependant, lorsque les écailles sont minces, on parle de desquamation tandis
qu’on parle d’exfoliation lorsqu’elles sont grandes.
Dans une région de forte amplitude thermique comme le désert, les chocs de température répétées
fendent puis font éclater les roches : c’est la thermoclastie.

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En zone de climat froid ou glacial, les formations rocheuses pendant la période de glaciation du
fait de l’augmentation de volume de l’eau congelée qu’elles contiennent sont soumises à une
augmentation de la pression. Au cours de la déglaciation, la pression interne de ces formations
chute. Ceci provoque la fragmentation des formations rocheuses affectées : c’est la
décompression.

Figure 4 : Formation rocheuse sujette à décompression

III.1.2. Action du gel et du dégel :


Les alternances de gel-dégel en climat suffisamment humide, fragmentent les roches, il s’agit du
phénomène de cryoclastie ou la gélifraction (figure 5 et 6). L’eau en gelant augmente son volume
de 9 à 10 %. Elle occupe les vides dans les roches ; sous l’action du gel et du dégel, elle agit
en coin en élargissant progressivement les fractures et provoque l’éclatement des roches

Figure 5 : Phénomène de cryoclastie Figure 6 : Phénomène de gélifraction

III.1.3. Effet de chocs :


La fragmentation de la roche peut résulter des chocs qui se produisent suite à un éboulement.
Les grains de sable projetés par des vents violents peuvent arracher des particules aux roches.

III.1.4. Action de l’eau à l’état liquide


La fragmentation de la roche peut être d’origine hydrique. En effet la fragmentation peut être
provoquée par les variations de la teneur en eau dans les roches ou dans les minéraux par des
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phénomènes alternant dissecation-humectation (humidification-séchage) :c’est l’hydroclastie.


L’eau qui s’insinue dans les moindres failles de la roche fait gonfler les minéraux tels que les argiles
capables de l’absorber (figure 7).
Souvent l’eau chargée en sels pénètre dans une fissure et fait éclater la roche lors de la
recristallisation. Ce phénomène particulier de l’hydroclastie est appelé haloclastie (figure 8).

Figure 7 : phénomène de l’hydroclastie Figure 8 : Phénomène de l’haloclastie

III.2. L’altération chimique


L’altération chimique désigne des actions chimiques variées transformant la totalité ou une
partie des constituants minéraux des roches. C’est une transformation lente des minéraux d’un
stade instable à un stade stable. L’altération potentielle des roches résulte des combinaisons entre
leur composition chimique et minéralogique, leur porosité et leur fissuration. Elle a lieu dans un
environnement de surface où abondent l’eau et les gaz atmosphériques (O2 et CO2).
L’eau, facteur le plus important, agit sous forme de dipôle (OH--H+). Les
processus chimiques de la météorisation :
- dissolution (eau minéralisée, ions, acides, etc.) ;
- Oxydation et réduction (en présence d’eau: ex. Fe2+ à Fe3+ ou FeO à Fe2O3) ; attaque
les minéraux ;
- Hydrolyse (apport de H+ ou de OH- dans la structure des minéraux) ;
- Hydratation (association avec H2O) ;
- Les réactions d’échanges
La vitesse d’altération double pour chaque 10°C de hausse de température et l’intervention du
climat permet aux actions météoriques de l’exploiter plus ou moins selon les conditions qu’il
offre.

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Figure 9 : Influence du climat sur le processus Figure 10 : Météorisation chimique de la roche en


de désagrégation chimique des roches place

III.2.1. L’Hydrolyse
C’est un phénomène d’échange de bases entre les cations des minéraux et les ions H+ de l’eau.
Un renouvellement rapide et constant des ions H+, et donc une bonne circulation de l’eau,
permettent une réaction rapide. ;
Exemple: Mg2SiO4 + 4 H2O 2 Mg2+ + 4 OH- + H2SiO4
4NaAlSi3O8 + 22H2O Al4Si4O10(OH)8 + 4Na+ + 4OH- + 8Si(OH)4
Plagioclase acide + eau kaolinite

Quelques fois en zones tropicales où il existe de très fortes précipitations, l’altération des
minéraux tels que les feldspaths ou les autres silicates d’alumine peut donner de la kaolinite. Ce
processus d’altération météorique omniprésent acquiert son maximum sous les climats
tropicaux humides chauds. Dans les zones équatoriales, la décomposition des feldspaths et des
autres silicates alumineux peut être rapide. De même d’autres argiles et shales peuvent aussi
s’altérer rapidement en une mixture de kaolinite et de quartz. Le processus d’altération s’effectue
selon la réaction :
4KAlSi3O8 + 4H2O Al4Si4O10(OH)8 + 8SiO2 + 2K2O
Feldspaths potassiques + eau kaolinite + Silice + potasse

2KAL3Si3O10(OH)2 + 5 H2 O 3 Al2Si2O5(OH)4 + K2OH


Illite + eau kaolinite + potasse

La profondeur d’altération peut varier de quelques mètres à une centaine de mètres dans des
circonstances exceptionnelles. Les minéraux ferromagnésiens comme la biotite perdent le fer
qu’ils contiennent durant l’altération.

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III.2.2. La Dissolution
Il s’agit de la dissociation d’une molécule en ions sous l’action d’un solvant. L’eau est le solvant
universel capable de dissoudre certaines substances. La dissolution d’un minéral donne des ions
ou des colloïdes dans l’eau. En fait, la solubilité est limitée pour un très grand nombre de
minéraux. La halite est le minéral le plus soluble. L’eau restée longtemps en contact avec
l’atmosphère s’enrichit en dioxydes de carbone (CO2), devient acide (H2CO3) et s’attaque aux
minéraux.
Exemple: CaCO3 + H2CO3 2 HCO3- + Ca2+

Les roches sédimentaires sont plus sensibles que les roches magmatiques et métamorphiques,
celles de la famille des évaporites constituées par des chlorures (sel gemme) ou des sulfates
(anhydrite, gypse) comptent parmi les plus solubles.

Figure 11 : Vue de détail de ces micro-rigoles de


dissolution dans du sel, désert d'Atacama (Chili)

III.2.3. L’Oxydation
Elle agit principalement sur les oxydes de fer (FeO). L’oxydation du fer ferreux donne le fer
ferrique qui précipite sous forme d’oxydes (Fe2O3) ou d’hydroxydes [Fe(OH)3].

Exemple: FeO + O2 Fe2O3 (1)


FeO + O2 + H20 Fe(OH)3 + H+ + OH- (2)

III.2.4. L’Hydratation
Elle correspond à un apport d’eau qui a pour conséquence une augmentation de volume.
L’hydratation implique la rupture des liaisons de H+ et OH- des composés.
Exemple: 2 Fe2O3 (hematite) + 3 H2O 2 Fe2O3, 3H2O (limonite)

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III.2.5. La décarbonatation
C’est la dissolution du carbonate du matériau originel. Cette action concerne le matériau ou le sol
(horizon supérieur).
La décarbonatation a lieu grâce à des acides organiques (CO2 dissout) :
CaCO3 + CO3H2 Ca(CO3)H2
Ca(CO3)H2 est soluble, donc entraîné par les eaux, hors du profil de sol.
C’est principalement le calcaire actif (en fines particules de 50 à 100µm de CaCO3) qui est susceptible
d’être facilement solubilisé.

III.2.6. Les réactions d’échanges


Elles représentent le processus le plus important après que l’altération initiale ait formé les minéraux
argileux. Ce sont des réactions d’échanges entre ions interfoliaires et ions de surface.
Exemple : Altération de la biotite avec échange d’ions entre H+ et K+, donne l’illite.

III.3. La météorisation et les actions biologiques


La fragmentation peut être due à l’action de certains organismes végétaux entre autres les racines
des végétaux et les lianes. L’homme et certains microorganismes prennent une part active dans les
processus de désagrégation des roches. Les processus biologiques de la météorisation se résument à
l’action des bactéries, des acides humiques, des racines, des animaux microscopiques et des animaux
fouisseurs.

III.3.1. Actions des animaux


Les actions des animaux surtout mécaniques sont limitées aux formations meubles (sols, argiles…).
Leurs actions entraînent la trituration de la matière organique, le creusement ….

Figure 13 : Figure de bioturbation à la base d’un banc au toit d’une carrière


Les terriers verticaux et galeries horizontales sont soulignés par une teinte rouille due à une concentration d’oxyde de fer.

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III.3.2. Actions des végétaux


L’action mécanique des végétaux est étendue aux roches cohérentes à la faveur de fissures créées
par leurs racines, mais elle est surtout chimique. Il s’agit de :
- la sécrétion d’ions H+ par certaines bactéries et les racines ;
- la décomposition microbienne des débris organiques qui entraîne la production de
l’humus du sol. Cet humus est un agent d’agression car relativement acide. Ce qui
aboutit souvent à la podzolisation des sols ;
- la libération du CO2 dans les eaux de percolation par la respiration. Ce CO2 est un agent
d’agression des roches car participant au phénomène de dissolution (figure 14).

Figure 14 : Empruntes de racines dans le calcaire par dissolution dans la zone de production de CO2

En résumé, les processus mécaniques sont davantage du domaine des régions froides et des
régions arides, car les variations de température jouent un rôle important. Donc dans les régions
froides et les régions désertiques.
Les processus chimiques sont favorisés par les températures élevées et l’abondance d’eau dans le
milieu. Donc plus importants dans les régions intertropicales.
Tous ces processus évoqués ci-dessus aboutissent à la formation des sols et à leur évolution.

IV. Formation et évolution des sols


IV.1. Définition
La première conséquence des phénomènes d’altération et des roches est la formation des sols.
Le sol fait partie intégrante des écosystèmes terrestres et constitue l’interface entre la surface de
la terre et le socle rocheux. Il se subdivise en couches horizontales successives aux
caractéristiques physiques, chimiques et biologiques spécifiques. Le mot sol a une signification
différente selon la spécialité.

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Pour le géologue, un sol est une simple accumulation in situ des produits d’altération des roches.
Ce type de sol peut s’être développé à partir d’une roche ou à partir de matériaux transportés
comme par exemple les dépôts glaciaires, le sable ; les lits argileux. Le sol constitue la partie
superficielle du manteau d’altération avec lequel il peut se confondre.

IV.2. Classification des sols


IV.2.1. Classification pédologique
Pour le pédologue, les sols sont classifiés d’après le profil qu’ils présentent. Le profil typique d’un
sol comprend les horizons A, B et C :
- L’horizon A est une zone de lixiviation ou d’oxydation. Il contient le couvert végétal,
la litière organique et la roche lessivée de certains éléments chimiques ;
- L’horizon B est une zone d’accumulation où se concentrent les cations venus de
l’horizon A par une zone de transition ;
- L’horizon C est composé de la roche-mère dont la partie supérieure est en voie
d’altération.

Figure 15 : Profil de sol classique de nos régions


Au stade ultime, on peut voir apparaître les quatre couches bien différenciés (A, E, B et C).

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Figure 16 : Stade ultime de formation des sols avec les quatre horizons différenciés

IV.2.2. Classification géologique


Le sol se développe à même la roche en place à partir des matériaux transportés. Parmi les
matériaux transportés, il y a les sols d’origine glaciaire, les sols éoliens, fluviatiles, marins,
lacustres, organiques, etc. Il s’agit donc d’une classification génétique.

IV.3. Principaux types de sols


a. Sols peu évolués
Sols désertiques (aridisols) : profil réduit à C ; sols gelés (cryosols) ; sols alluviaux et colluviaux
; ranker sur roches siliceuses : humus peu actif (mort) profil AC.
b. Sols calcimagnésiques
Rendzines sur roches calcaires, horizon A humifère à complexe argile - humus - Ca C03,
épaisseur : 40 cm
c. Chernozem
Sous climat froid et sec (steppe); défini en Ukraine; horizon A noir à structure grumeleuse,
jusqu'à 60 cm d'épaisseur, B réduit : profil AC ; sol très fertile.
d. Sols bruns
En climat tempéré; profil ABC; humus actif (mull), horizon B brun (association oxydes de Fe
- argiles)
e. Podzols
Sols à horizon cendreux de zones boréales et tempérées humides;
A : cendreux, surtout du quartz; très lessivé sous l'action des acides organiques de l'humus.
B : coloré, accumulation de composés organiques et minéraux.

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f. Gleys
Sols hydromorphes, imbibés d'eau; le déficit d'oxygène ralentit l'humidification et réduit le Fe
(couleur gris-vert), à l'extrême, une gley peut donner une tourbe.
g. Sols rouges fersialitiques
Riches en oxydes de Fe; sous climats méditerranéens et subtropicaux.

V. Facteur contrôlant le développement d’un sol


Les facteurs qui contrôlent le développement des sols sont les mêmes que ceux qui contrôlent
l’altération des roches. On peut citer entre autre la nature de la roche-mère, le temps, la
topographie, le couvert végétal, le climat. Tous ces facteurs gouvernent les différents processus
physique, chimique et biologique de formation des sols et d’altération des roches.

Roche-mère Couvert végétal

Topographie Temps

Figure 17 : Facteurs qui contrôlent le taux de formation d’un sol

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Chapitre 2 : L’EROSION MECANIQUE ET LA FORMATION DES MODELES


Introduction
En géomorphologie, l’érosion est le processus de dégradation et de transformation du relief, et
donc des roches, qui est causé par tout agent externe (donc autre que la tectonique). L’érosion
désigne donc l’ensemble des phénomènes de dégradation, d’ablation, de destruction et d’usure
des roches. L’érosion implique une désagrégation superficielle de la roche ou du sol appelée
météorisation. Elle se produit sur place, et produit des débris. C’est un phénomène
essentiellement physique qui sous-tend la dynamique et le transport. La formation de nouveaux
paysages par l’érosion va dépendre de la nature de la roche, de sa structure ou texture, de sa
disposition (inclinaison) et de son état de fracturation.
Cependant, il existe un phénomène antagoniste à l’érosion, l’isostasie. En effet, à l’échelle
continentale, l’érosion par les eaux de ruissellement, la glace et le vent tend à aplanir les reliefs
vers un profil de base qui est le niveau des mers.
Selon le principe d’isostasie, (rappelons que la lithosphère "flotte" sur l'asthénosphère),
l'ablation d'une tranche de matériaux à la surface d'un continent entraîne un rééquilibrage des
masses. Il y a remontée de l’ensemble de la lithosphère continentale. De cette manière, la croûte
continentale s'amincit progressivement; on tend vers la pénéplaine et vers une épaisseur de
croûte continentale qui soit compatible avec l'épaisseur de la croûte océanique, en conformité
avec les densités respectives des deux croûtes (figure 19 a, b c).

a. Etat initial b. Erosion et dépôt

c. Réajustement
Figure 18 : Phénomène d’isostasie

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Un relief dont le modelé s’explique principalement par l’érosion est dit « relief d’érosion ».
Les facteurs d’érosion sont :
- Le climat ;
- La pente ;
- La physique (dureté) et la chimie (solubilité par exemple) de la roche ;
- L’absence ou non de couverture végétale et la nature des végétaux ;
- L’histoire tectonique (fracturation par exemple) ;
- L’action de l’homme (pratiques agricoles, urbanisation).
L’érosion agit à différents rythmes et peut, sur plusieurs dizaines de millions d’années, araser
des montagnes, creuser des vallées, faire reculer des falaises. Des phénomènes naturels tels
qu’une avalanche ou un orage peuvent modifier considérablement le paysage de manière
presque instantanée.

Dans le processus d’érosion on distingue généralement trois phases distinctes :


- Destruction du matériel rocheux (ablation du matériel) ;
- Transport ;
- Accumulation des débris (dépôts du sédiment).

I. L’érosion mécanique
La désagrégation mécanique se produit sous l’action d’une force physique qui arrache des morceaux
de roches plus ou moins volumineux :
- Eclatement dû au gel ou à la chaleur ;
- Usure par frottement : glacier, écoulement d’eau (cavitation) ou vent ; ce sont les
débris charriés par ces facteurs (roches, graviers, quartz ou sable) qui sont efficaces
dans le processus d’érosion. L’érosion mécanique est particulièrement active dans
les milieux froids (gels et dégels) et/ou arides.
L’érosion est causée par les eaux de ruissellement, le vent et les différences de température.

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Érosion des colonnes basaltique, Islande Makhtesh Ramon, Israël.

Sphère quasi parfaite taillée dans le Nostoc ; colonie de milliards de bactéries.


granite rose de Bretagne, à Trégastel. La destruction du biofilm, du film bactérien, d'algues, ou de la croûte de
lichens ou des nostocs fragilisent les sols vulnérables à
l'érosion éolienne et hydrique

I.1. Erosion par l’eau


L’érosion due à l’eau de ruissellement : elle est active sur les sols nus dans les profils des sols ;
elle attaque le premier horizon (A). Elle entraîne les limons et trace des rigoles (crevasses) sur
la surface du sol.
Elle est mécanique et chimique, avec comme principales altérations ; l'hydroclastie, l'effet splash
(impact des gouttes d'eau qui tombent sur le sol), la reptation, la solifluxion. L'érosion par l'eau
est renforcée par la pente (torrents) et est un facteur de transport à plus ou moins longue distance
dépolluants du sol (dont pesticides agricoles ou de la vigne). Sur le littoral, il faut tenir compte
des vagues et des courants. Dans les fleuves ou canaux, c'est le batillage qui accélère l'érosion.
Si un fluide comme l'eau coule il peut se charger de particules en suspension. La vitesse de
sédimentation est la vitesse minimale qu'un flot doit avoir pour transporter, plutôt que déposer,
des sédiments
Si la vitesse de l'écoulement est plus grande que celle de dépôt, le granulat continue vers l'aval.
Comme il y a toujours des diamètres différents dans le flot, les plus gros se déposent (décantation)
tout en pouvant continuer à descendre par des mécanismes comme la saltation (collisions

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particules-paroi), roulant et glissant dont les traces sont souvent conservées dans les rochers
solides, et, peuvent être utilisées pour estimer la vitesse du courant.
Le ruissellement est le type d'érosion le plus fréquent sur terre.
Il peut être concentré (torrents, oueds) ou diffus (film d'eau issus de la fonte des neiges, érosion
littorale).

I.2. Erosion par le vent

Arche naturelle, creusée par l'érosion, Phénomène d'érosion éolienne et hydrique sur
Capitol Reef National Park, États-Unis. sol dévégétalisé, Ile Maurice
L’érosion causée par le vent ou érosion éolienne : elle est particulièrement plus active sur les sols
nus. Le vent érode par déflation et corrasion.
La déflation est l’action de balayage par le vent des débris meubles et fins du sol. Elle opère un
tri des matériaux. Le vent emporte les matériaux les plus fins et laisse sur place les plus grossiers.
On obtient comme résultat, un véritable paysage de cailloux appelé Reg. Le Reg est une vaste
plaine sur laquelle il ne reste que des cailloux, le vent ayant emporté les sables. Les sables
emportés s’accumulent pour former des dunes.
La corrasion est l’action mécanique d’attaque de la roche par le vent chargé de matériaux qu’il
transporte. C'est un phénomène d'abrasion par l'eau et le vent (un erg est une vaste région
couverte de dune).
La corrasion donne un modèle de cailloux à facettes légèrement concaves.
L'érosion éolienne attaque les roches en enlevant des particules (déflation, abrasion) ou en
polissant la surface. Elle est d'autant plus efficace que les obstacles sont inexistants et que le
vent est puissant, régulier et chargé de poussières ou d'embruns.
Elle conduit à une dégradation environnementale sévère par l’appauvrissement des sols et le
déplacement de volumes élevés de particules par le vent.

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Dunes reg

I.3. Erosion liée par les différences de température


Dans les régions de forte amplitude thermique (climat continental, polaire, déserts, haute
montagne, etc.), les chocs thermiques répétés par la succession des cycles jour/nuit, fend puis
fait éclater certaines roches, à différentes échelles micro et/ou macroscopique ; c'est la
thermoclastie.
L'érosion liée à la température fait également intervenir l'eau comme agent d'érosion en présence
de roches poreuses et/ou de fissures qui éclatent en cas de gel. La cryoclastie est un exemple
d'érosion par thermoclastie : la roche éclate à cause de l'alternance gel-dégel de l'eau qui
s’infiltre, lorsque l'eau gèle, elle occupe plus de volume et exerce une force capable de faire
exploser une roche. Les morceaux libérés par le gel sont appelés gélifracts. Le cycle gel/dégel
est saisonnier (en Sibérie par exemple) ou quotidien en haute montagne.
Ce sont les processus de la gélifraction ou gélivation. En montagne, la cryoclastie produit des
éboulements qui s'accumulent en bas de pente pour former des éboulis ou des pierriers.

I.4. L’érosion causée par les êtres vivants


Les microorganismes participent à la biométéorisation. Les pholades sont des mollusques
perforateurs. Les végétaux peuvent concourir à l'érosion par leurs racines par exemple. Les
activités humaines modèlent la surface de la Terre. En creusant des carrières, l'Homme modifie
le relief. Les aménagements humains tels que les barrages provoquent l'érosion des rives
fluviales. La déforestation accélère l'érosion des sols.

I.5. Les mécanismes chimiques


Dans ce cas, le principal processus est la dissolution, en particulier des calcaires par la pluie plus
ou moins acide (chargée en gaz carbonique). La dissolution est une forme de météorisation qui
affecte essentiellement les massifs calcaires. Elle donne lieu à des paysages de karst.

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I.6. Phénomènes exceptionnels et brutaux


Ce sont :
- Les Avalanches : Masse de neige détachée d’une montagne qui dévale subitement,
- les Glissements de terrains : mouvement horizontal qui se produit le long d’un plan de faiblesse
ou à la faveur d’un horizon de roche très plastique,
- les Séismes,
- les Phénomènes volcaniques,
- les lahars : coulée de boue sur les flancs de montagne.

I.7. Le Transport

Déplacement d'un rocher, vallée de la Mort, États-Unis


Le transport des matériaux issus de la désagrégation de la roche s'effectue soit sous forme
dissoute dans la circulation des eaux continentales, soit sous forme solide. Dans ce dernier cas,
il peut s'agir de processus gravitaires agissant à faible distance par des processus gravitaires ou
de transport à plus longue distance quand les matériaux sont pris en charge par un agent de
transport : glacier, eau, vent. Les matériaux transportés peuvent éventuellement être stockés,
créant des accumulations sédimentaires, avant d'être de nouveau mis en mouvement. À long
terme, ils aboutissent dans les mers et les océans.
Les glaciers transportent des matériaux de toute taille (blocs erratiques, moraines, sables). Sur
le long terme, la sédimentation des débris donne naissance à des roches détritiques. Le vent
constitue un formidable agent de transport, en particulier dans les régions désertiques. Le vent
peut aussi transporter des graviers et du sable (par saltation) et des limons (par suspension) à
partir de zones de (déflation). Ils emportent et déposent les lœss parfois à des milliers de
kilomètres de leur lieu d'origine.

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I.7. Dépôt et accumulation


Lorsque les conditions de transport se modifient, à savoir la baisse de la vitesse du vent, de l’eau
ou du glacier, on assiste à un dépôt des charges
Le dépôt des matériaux détritiques se fait généralement au pied des pentes (point de rupture de
charge d'un cours d'eau), sous forme d'éboulis, d'alluvions, de cônes de déjection, de dunes, de
moraines. Les spécialistes appellent les accumulations de débris "manteau d'altération". Ils
peuvent être ensuite repris par des agents morphodynamiques (vent, eau ...). Sur le long terme,
la sédimentation des débris donne naissance à des roches détritiques.

II. Les modelés d’érosion


II.1. Définition
De l’italien modello, venu du latin modulus, mesure ; en anglais landform : le modelé est l’ensemble
des figures de la surface topographique expliquées par l’action de l’érosion et indépendamment des
structures des roches, ce qui différencie le modelé du relief structural.

II.2. Le modelé désertique


Dans les déserts, les formes du relief sont façonnées par les actions conjuguées de :
o l’amplitude des variations de températures diurnes et nocturnes qui provoque une
désagrégation des roches ;
o des vents (ou déflation) qui, en balayant les particules fines, forment des regs dans les zones
d’érosion, et des dunes dans les zones d’accumulation ;
o des ruissellements en nappe, rendus fortement érosifs du fait de l’absence de couvert végétal.
Ce travail érosif aboutit à la formation de pédiments (ou glacis d’érosion) dominés, localement, par
des inselbergs.
•Inselberg est un mot allemand signifiant montagne-île ; c’est un relief montrant des flancs
abrupts, il est isolé et entouré par un pédiment.
•Pédiment ; Glacis d’érosion constitué sur des roches dures, au pied d’un inselberg.
•Knick ; mot allemand, signifiant pli, brisure. Dans sa signification géomorphologique désigne
une rupture de pente faisant le raccord entre un inselberg et son pédiment.
•Pédiplaine : Surface sensiblement horizontale, constituée par un ensemble de pédiments.

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II.3. Le modelé glaciaire


Les glaciers, soit par leurs creusements ou leurs dépôts de matériaux, façonnent le relief.
Un glacier est une masse de glace formée par l’accumulation et la compaction de la neige. Un
inlandsis est un glacier couvrant une importante surface continentale (quelques milliers de km2).
Les formes de creusement:
- Le cirque glaciaire qui est une dépression contenant, ou ayant contenu un glacier.
- L’auge glaciaire qui est une vallée glaciaire caractérisée par une forme en "U".

Auge glaciaire Cirque glaciaire

Les formes de dépôt


On peut les classer en deux grands groupes :
 Les dépôts glaciaires
Les dépôts glaciaires, ou dépôts morainiques, sont formés des matériaux transportés par le glacier.
On a :
- La moraine : Amas de débris rocheux entrainés ou déposés par un glacier. En fonction de sa
position par rapport au glacier, on distingue :
o La moraine frontale : dépôt formé au front du glacier. Il marque l’avancement maximum
d’un glacier et, parfois, ses stades de retrait successifs ;
o La moraine de fond : dépôt morainique sous le glacier ;
o La moraine latérale : dépôt morainique aux marges (sur les côtés) du glacier.
- Le drumlin : Colline, constituée par la moraine de fond d’un ancien glacier, et allongée suivant
l’écoulement glaciaire.
- Le Till : Dépôt morainique non consolidé.

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 Les dépôts fluvio-glaciaires


Les dépôts fluvio-glaciaires sont caractérisés par leur mauvais classement granulométrique et la
présence d’une abondante matrice argileuse. Il s’agit de dépôts glaciaires remaniés par les eaux.
On a :
- L’esker : Colline serpentiforme, étroite et allongée, parfois sur plusieurs dizaines de kilomètres
que l’on observe dans les régions qui furent occupées par un inlandsis.
- Le kame : butte formée par un dépôt de cailloux dans un trou ou une rigole du glacier formant
de petits monticules.
- Le sandur : plaine d’épandage provenant de la fonte d’un glacier.
- Kettle: dépression dans une moraine ou un dépôt fluvio-glaciaire créée par la fonte d'un bloc de
glace emprisonné dans les matériaux.

PRINCIPAUX DEPOTS DU PAYSAGE POST-GLACIAIRE

II.4. Le modelé karstique


C’est un type de relief qui affecte les régions calcaires. Il est principalement dû à la dissolution des
roches par les eaux météoriques chargées de gaz carbonique.

Cette eau va dans un premier temps dissoudre la roche puis dans un second temps, redéposer cette
matière dissoute en créant des formations caractéristiques. On distingue :

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Les formes de surface


- Le lapiez ou lapiaz ou lapié ou karren : Ce sont des rigoles de dissolution plus ou moins
parallèles, tracées sur les sols calcaires par les eaux de ruissèlement.

- Le relief (ou paysage) ruiniforme : comme son nom l’indique, c’est un paysage qui présente
un aspect de ruine. Il s’agit de formes dues à l’érosion lorsque le sous-sol est hétérogène
(calcaires et dolomies par exemple, ou grès et calcaires). L’action de l’érosion est inégale, les
roches les plus résistantes (aux agressions physiques ou chimiques) formeront des reliefs alors
que les roches les moins résistantes disparaîtront et formeront des parties en creux.
- La doline : dépression fermée plus ou moins circulaire dont le font plat est occupé par les argiles
de décalcification (résidus de la dissolution chimique du calcaire). Lorsque plusieurs dolines se
réunissent, on parle d'ouvala.

- Le poljé : vaste dépression fermée, allongée et à fond plat dominée par des versants rocheux très
escarpés.

- L’aven : un gouffre aux parois subverticales, communiquant avec la surface par une ouverture
étroite, mais évasée en cheminée vers le bas. L’aven conduit à des cavités souterraines.

- Le canyon : la dissolution des roches calcaires conduit souvent à la formation de fosse à parois
quasi-verticales où s’écoulent des rivières allogènes (d’origine différente).

Lapiez paysage ruiniforme aven

Doline poljé

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Les formes souterraines


L’érosion provoque des cavités et des galeries souterraines qui sont principalement dues au travail
des rivières souterraines selon la stratification des terrains.

Les toits et planchers des cavités souterraines sont parfois ornés de concrétions aériennes les plus
connues sont les stalactites et les stalagmites.

- Les stalactites : concrétions calcaires qui se forment au plafond d’une grotte et pointant vers le
bas.

- Les stalagmites : concrétions calcaire qui se forment sur le sol d’une grotte et pointées vers le
haut.
Lorsque la hauteur entre le plafond et le sol est assez réduite, il peut arriver que la stalactite et la
stalagmite se rejoignent. Il se forme alors une colonne qui peut s’épaissir peu à peu en pilier.

Stalactites stalagmites

PAYSAGE KARSTIQUE MODELISE

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II.5. Le modelé périglaciaire


Ces formes de relief se rencontrent dans les régions soumises à de longues périodes durant
lesquelles alternent gels et dégels, alternances qui produisent des mouvements, réunis sous
l’appellation de cryoturbation, des terrains.

II.6. le littoral
Le recul et la transformation des littoraux dépendent de très nombreux facteurs :
- la configuration de la côte ;
- la nature de la roche ;
- la force et l'orientation des courants, des vagues, de la dérive littorale et de la houle
- la présence de galets ;
- l'anthropisation.
On peut donc avoir plusieurs cas de figure :
- littoral à falaise différent selon les roches ;
- les calanques appartiennent au relief karstique ;
- les rias, abers et fjords ;
- les marais, deltas, estuaires ;
- les dunes.
Un produit de l'érosion du littoral : l'arche naturelle

Rias, abers et fjords


Une ria (ou un aber) est un estuaire d'un fleuve ou la confluence d'une rivière avec une autre ou
dans un fleuve. En breton le mot signifie un fleuve coulant dans une vallée ennoyée par
l'élévation du niveau de la mer. Alors que la vallée d'un fjord est étroite, profonde et à pentes
latérales raides parce qu'elle a été creusée par un glacier, une ria est une vallée non glaciaire.

Marais, delta, estuaire


Lieux de rencontre entre un cours d'eau et la mer, les estuaires et les deltas subissent à la fois l'apport
de sédiments et l'ablation de matériel rocheux.
Les marais se forment par colmatage d'une baie ou d'un golfe et par abri derrière des cordons
littoraux.
Une calanque est une formation géologique particulière se présentant sous forme d'un vallon
étroit et profond à bords escarpés, en partie submergé par la mer. Creusées dans un calcaire

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résistant ou dans la roche granitique, les calanques composent de nombreux paysages des côtes
méditerranéennes. On peut les rapprocher, quant à leur forme, des rias ou des abers.

Calanque Fjord Ria ou Aber

Marais Delta Estuaire

II.7. L’érosion des sols agricoles


L’érosion des sols agricoles produit des croûtes (gypseuses ou
calcaires), des cuirasses ferrugineuses et latéritiques Cette
érosion est due en grande partie à l'action de l'homme :
- les défrichements ;
- les méthodes agricoles intensives, la monoculture, la culture en rang espacés, la
mécanisation, le labour, le sol nu en période hivernale, le défrichage, les sillons dans le
sens de la pente, etc. ;
- les aménagements routiers et urbains augmentent les surfaces de ruissellement ;
- le surpâturage: dans les pays du Sahel, la désertification est la conséquence du
surpâturage ;
- le remembrement aboutit à l'augmentation de la taille des parcelles et corrélativement
à la suppression des haies, des talus et des fossés.
- la destruction des plantes adventices par les herbicides laisse le sol à nu entre les plants
cultivés.
- les zones détruites par les incendies sont particulièrement exposées à l'érosion.

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Chapitre 3 : ETUDE DES SYSTEMES D’EROSION EN ZONE TROPICALE


I. L’érosion en nappe ou aréolaire ou laminaire "sheet erosion"
C’est la première forme d’érosion. Elle apparait lorsque le ruissellement n’est pas encore organisé.
Elle est caractérisée par une eau de ruissellement sans griffes ou rigoles visibles. Sous l’effet de
l’impact des gouttes de pluies (effet splash), les particules sont arrachées et transportées. Ce
phénomène est observé sur les pentes faibles, où l’eau ne peut pas se concentrer.

I.1. Mécanisme de l’érosion en nappe


Dans un premier temps, c’est l’impact des gouttes d’eau qui va arracher les particules. La battance
des gouttes de pluie va envoyer des gouttelettes dans toutes les directions. Seulement sous l’effet
de la gravité les gouttelettes auront une vitesse plus importante vers l’aval que vers l’amont. Si
l’on réalise une moyenne sur l’ensemble des gouttelettes, la vitesse sera dirigée de l’amont vers
l’aval. A partir de là, il y aura formation de flaques et débordement de l’eau non infiltrée d’une
flaque à l’autre ce qui entrainera un ruissellement en nappe.

I.2. Facteurs favorisant l’érosion en nappe.


L’érosion en nappe dépend de :
• L’intensité maximale des pluies qui déclenchent le ruissellement
• L’énergie cinétique des pluies qui détachent les particules
• La durée des pluies et/ou l’humidité avant les pluies.
Les signes qui permettent de caractériser l’érosion en nappe sont l’apparition de plages de couleur
claire aux endroits les plus décapés et la remontée des cailloux a la surface du sol.
Lorsqu’il y a érosion en nappe, le déplacement des particules se fait d’abord par effet splash à
courte distance et ensuite par le ruissellement en nappe. La battance des gouttes de pluie envoie
des gouttelettes et des particules dans toutes les directions. En fait, ce n’est qu’après la formation
des flaques et débordement de l’eau non infiltrée d’une flaque à l’autre, que nait le ruissellement
en nappe. Celui-ci s’étalant à la surface du sol gardera une faible vitesse même sur des pentes de
5 à 10% à cause de la rugosité du sol (mottes, herbes, feuilles, racines, cailloux, etc…) qui
l’empêchent de dépasser la vitesse limite de 25cm/seconde.
Comment l’érosion en nappe se manifeste en plein paysage.
Avec le décapage de la couche superficielle du sol au cours du temps, les racines sont plus exposées
en surface. Ainsi, l’érosion en nappe peut se manifester in-situ comme suit :

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Au cours de la battance des pluies, des particules ou même des agrégats (en particulier quand des
grosses gouttes d’orage tombent sur des mottes sèches) vont quitter les mottes pour sédimenter
dans les creux et y former des croutes de sédimentation à très faibles capacité d’infiltration.

I.3. La cause et les processus de l’érosion en nappe


La cause de l’érosion en nappe est l’énergie de la battance des pluies sur les sols dénudés.
L’arrachement des particules de terre vient de l’énergie des gouttes de pluie, lesquelles sont
caractérises par une vitesse de chute (fonction de leur hauteur de chute et de la vitesse du vent)
et par un certain poids qui est fonction de leur diamètre. Le vent peut augmenter l’énergie des
gouttes de pluie de 20 à 50% mais les turbulences réduisent la taille des gouttes de 3à 5 mm de
diamètre. Sous la cime des grands arbres, l’énergie de des gouttes de pluie est souvent plus forte
que dans la parcelle cultivée car les gouttes se réunissent sur les ligules des feuilles, formant des
gouttes plus grosses.

I.4. Conséquences de l’érosion en nappe


Les conséquences de l’érosion en nappes ont :
• Le nivellement de la surface du sol
• La squelettisation des horizons superficiels
• Le décapage entrainant l’apparition des taches claires

Effet splash Apparition de zone c laire à la surface du sol exposition des racines à la surface du sol

Effets de l’érosion en nappe

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II. L'érosion linéaire


II.1. Mécanisme de l’érosion linéaire
Lorsque l'intensité des pluies dépasse la capacité d'infiltration du sol, il se forme d'abord des
flaques; ensuite ces flaques communiquent par des filets d'eau et lorsque ces filets d'eau ont
atteint une certaine vitesse, ils acquièrent une énergie propre qui va créer une érosion limitée
dans l'espace par des lignes d'écoulement. Cette énergie n'est plus dispersée sur l'ensemble de la
surface du sol, mais elle se concentre sur des lignes de plus forte pente. L'érosion linéaire est
donc un indice que le ruissellement s'est organisé, qu'il a pris de la vitesse et acquis une énergie
cinétique capable d'entailler le sol et d'emporter des particules de plus en plus grosses: non
seulement des argiles et des limons comme l'érosion en nappe sélective, mais des graviers ou
des cailloux et des blocs lorsqu'il sera organisé en ravines.

II.2. Les formes d'érosion linéaire


L'érosion linéaire apparaît lorsque le ruissellement en nappe s'organise, il creuse des formes de
plus en plus profondes. On parle de griffes lorsque les petits canaux ont quelques centimètres
de profondeur, de rigoles lorsque les canaux dépassent 10 cm de profondeur mais sont encore
effaçables par les techniques culturales. On parle de nappe ravinante lorsque les creux ne
dépassent pas 10 à 20 cm mais que leur largeur atteint plusieurs mètres et enfin, de ravines
lorsque les creux atteignent plusieurs dizaines de cm (plus de 50 cm) et en particulier, lorsqu'ils
ne sont plus effaçables par les techniques culturales. A l'intérieur des ravines on peut encore
distinguer des petites ravines dont le lit est encore encombré de végétation herbacée et surtout
arbustive et qu'on pourra fixer rapidement par des méthodes biologiques. Par contre, dans des
grandes ravines qui peuvent s'étaler sur plusieurs kilomètres, le canal central comporte des
blocs rocheux, témoins d'un charriage important et d'une certaine torrentialité.
On parlera de grosses ravines ou de ravines à fonctionnement torrentiel lorsque la violence
et la fréquence des crues, l'importance du charriage, ne permettent pas d'envisager la
végétalisation du fond de la ravine dans un délai raisonnable.
L’érosion par ravinement est la forme culminante de l’érosion du sol. Les dégâts causés sont
d’autant plus importants que la stabilisation et la réparation de cette forme d’érosion sont les
plus couteuses de tous les travaux de lutte contre l’érosion. L’approfondissement des ravines
remonte du bas vers le haut de la pente (érosion régressive). Cette forme d’érosion peut
transformer le paysage en "badlands"

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Il est également intéressant de noter la forme de ces ravines. Certaines ont des berges en V à
pente constante jusqu'au fond (figure b), d'autres ont des berges verticales et sont en U (figure
a). Enfin d'autres ravines évoluent par tunnel et effondrement (figure c)

a. Sur matériau hétérogène: ravines en U

b. Sur matériau homogène: flancs de ravine en V

c. Sur argiles gonflantes, gypse et matières solubles : ravine en tunnel Les


formes d'érosion linéaire

II.3. La cause et les processus de l'érosion linéaire


La cause de l'érosion linéaire réside dans l'énergie du ruissellement, laquelle dépend à la fois du
volume ruisselé et de la vitesse de celui-ci.
E Ruiss = 1/2 MV2sur parcelle = 1/2 MGH sur bassin versant
Trois théories permettent d’expliquer la naissance du ruissellement :
Selon la théorie de Horton (1945), le ruissellement naît lorsque l'intensité des pluies est
supérieure à la capacité d'infiltration du sol (figure 2.a). Cependant, les hydrologues ont montré
qu'il était rare d'obtenir une bonne corrélation entre le volume ruisselé sur un bassin versant et
l'intensité des pluies. On a donc cherché une autre explication.

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Selon la théorie de la saturation du milieu, le ruissellement naît lorsque l'espace poreux du sol
est saturé (figure 2.b). Lorsqu'un milieu est totalement saturé, toute goutte d'eau tombant dans
ce milieu ruisselle, quelle que soit l'intensité de la pluie.
Théorie de la contribution partielle de la surface du bassin au ruissellement
A la figure 2.c, on constate que le ruissellement observé au niveau de la rivière est fonction de
la surface du sol saturé au fond de la vallée. L’ensemble du bassin versant va contribuer au
volume écoulé par la rivière par extension de la surface saturée, la nappe étant alimentée
directement par le drainage de l'ensemble du bassin.

a. Si intensité pluie > Infiltration (Horton) b. Si la porosité du sol est saturée

c. Contribution localisée du ruissellement


Naissance du ruissellement: trois théories

II.4. Les facteurs du ruissellement


L'énergie du ruissellement est égale à 1/2 MV2 ou est égale à 1/2 MGH à l'échelle du bassin versant.

II.4.1. Quels sont les facteurs qui font varier le volume ruisselé ?
- La hauteur des pluies ;
- L'humidité du sol préalable à l'averse ;
- La surface du bassin versant drainé par le même chenal ;
- L'état de la surface du sol (organisation pelliculaire, fissuration, orifices d'origine
biologique, rugosité) ;

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- L'inclinaison de la pente. Généralement, l'inclinaison de la pente diminue le volume


ruisselé car sur forte pente, on observe un meilleur drainage interne et une formation plus
lente des pellicules de battance, lesquelles sont détruites au fur et à mesure par l'énergie
du ruissellement. Le facteur longueur de pente intervient également sur le volume
ruisselé, mais si théoriquement, ce volume en pourcentage reste constant le
long de la pente, il apparaît dans de nombreux cas, lorsque les sols sont dénudés, que le
coefficient de ruissellement diminue lorsque la pente augmente ;
- Les techniques culturales peuvent augmenter de façon considérable l'infiltration.

III. L'érosion en masse


Alors que l'érosion en nappe s'attaque à la surface du sol, le ravinement aux lignes de drainage
du versant, les mouvements de masse concernent un volume à l'intérieur de la couverture
pédologique.

III.1. Les formes d'érosion en masse


Les phénomènes de mouvement de masse sont très nombreux mais on peut les regrouper en six
groupes principaux :
III.1.1. Les glissements lents (creep)
C'est un glissement plus ou moins lent des couches superficielles de la couverture pédologique,
généralement sans décollement, qui s'observe assez généralement sur les pentes fortes grâce à la
forme couchée des jeunes plants forestiers et à la forme en crosse de la base des arbres adultes.
Dans les zones sylvopastorales; la circulation des animaux le long des versants peut également
entraîner la formation d'escaliers encadrés par des réseaux de fissures.
Une autre forme de creep, causée par les techniques culturales, a été traitée à part: c'est l'érosion
mécanique sèche. L'ensemble de ces processus aboutissent, comme l'érosion en nappes et
rigoles, au décapage des sommets de collines et à l'empâtement des bas de pentes.

III.1.2. Les glissements rapides


Les glissements de terrain en planches sont des décollements d'une couche plus ou moins
épaisse de sol, glissant sur un horizon plus compact (souvent de la roche altérée), servant de plan
de glissement. Ce phénomène est très courant sur les schistes dont le pendage est parallèle à la
topographie (pendage conforme) sur les gneiss et sur les marnes en voie d'altération.

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1. Glissements rapides
a) Coulées boueuses b) Glissements de terrain

2. Mouvements lents

a) Creep (Glissement lent des particules b) Erosion mécanique ou érosion sèche. Descente progressive de terres
poussées par les outils de travail du sol (Charrue à socle, Charrue à disque, Herse)
à la surface du sol sur pentes fortes)
Différentes formes d'érosion en masse

III.1.3. Les versants moutonnés


Formes molles apparaissant dans des conditions humides lorsque les horizons superficiels
dépassent le point de plasticité et progressent lentement, comme une pâte dentifrice, entre la
trame de racines qui retient l'horizon de surface et l'horizon compact imperméable que représente
l'altérité des marnes ou des argilites par exemple.

III.1.4. Les coulées boueuses (lave torrentielle)


Ce sont des mélanges d'eau et de terre à haute densité ayant dépassé le point de liquidité et qui
emportent à grande vitesse des masses considérables de boue et de blocs de roches de taille
imposante. Lorsqu'elles viennent de se produire, elles se présentent sous forme d'un canal
terminé par une langue de matériaux de texture très hétérogène (cône de déjection). Les
matériaux fins sont repris ultérieurement par l'érosion hydrique en nappe ou en rigole, laissant
en place une masse de cailloux et de blocs de taille très hétérogène. Elles apparaissent souvent
à la suite d'un glissement en planche ou dans une ravine lors d'une averse exceptionnelle
nettoyant les altérites accumulées depuis quelques années.

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Coulée boueuse
III.1.5. Les glissements rotationnels en "coups de cuillère"
Ce sont des glissements où la surface du sol et une partie de la masse glissent en faisant une
rotation, de telle sorte qu'il apparaît une contrepente sur le versant (figure 4). Il s'agit souvent de
toute une série de coups de cuillère, laissant au paysage un aspect moutonné. Au creux du coup
de cuillère, on observe généralement une zone humide où croît une végétation adaptée à
l'hydromorphie (Carex). Il arrive couramment qu'après des périodes très humides, il s'installe un
ruissellement sur les bords de la contrepente et ce ravinement fait progressivement disparaître
la contrepente, ne laissant qu'un creux dans le versant qu'il est difficile de dissocier d'un
ravinement ordinaire.

Glissement rotationnel en coups de cuillère

Comparaison glissement plan et glissement rotationnel

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III.1.6. Les formes locales


Il s'agit d'éboulements rocheux, de sapements de berges ou d'effondrements de versants qui
entraînent des glissements localisés. Ceux-ci sont très fréquents en tête de ravine: ils entraînent
l'éboulement de la partie supérieure des lèvres d'une ravine et font progresser la ravine vers le
sommet de la colline par érosion régressive. On les retrouve également dans les oueds, en
particulier dans les parties concaves de la rivière lorsqu'elle forme un méandre.

III.2. Les causes et les processus des mouvements de masse


La cause des mouvements de masse (lents ou rapides) est à rechercher dans le déséquilibre entre
d'une part, la masse de la couverture pédologique, de l'eau qui s'y trouve stockée et des végétaux
qui la couvrent et d'autre part, les forces de frottement de ces matériaux sur le socle de roche
altérée en pente sur lequel ils reposent (pente limites de 30 à 40 degrés = 65 %). Ce déséquilibre
peut se manifester progressivement sur un ou plusieurs plans de glissement suite à l'humectation
de ce(s) plan(s) ou par dépassement dans la couverture pédologique du point d'élasticité
(creeping avec déformations sans rupture) ou de liquidité (coulées boueuses).
Les facteurs qui favorisent ce déséquilibre sont les secousses sismiques, les fissurations suite à
l'alternance gel/dégel ou à la dessiccation des argiles gonflantes, l'altération de la roche,
l'humectation jusqu'à saturation de la couverture pédologique, l'humectation du plan de
glissement qui devient savonneux (présence de limons issus de l'altération des micas), des roches
présentant des plans de clivage ou de fracture préférentiels (argilites, marnes, schistes, roches
micacées, gneiss).
L'homme peut accélérer la fréquence de ces mouvements de masse en modifiant la géométrie
externe du versant (par terrassement, creusement d'un talus pour installer une route ou des
habitations, surcharge d'un versant par des remblais, modification des écoulements naturels,
érosion au pied d'un versant par une rivière dont le cours est modifié, etc.).

IV. L'érosion éolienne


L'érosion éolienne prend de l'importance en Afrique de l'Ouest dans les zones tropicales sèches,
là où la pluviosité annuelle est inférieure à 600 mm, où la saison sèche s'étend sur plus de six
mois et où la végétation de type steppique laisse de larges plaques de sol dénudé. Ailleurs elle
peut aussi se développer dans des conditions de préparation du sol qui amènent une pulvérisation
importante des matériaux superficiels secs.

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IV.1. Les processus de l’érosion éolienne


Le vent exerce sur les particules solides au repos une pression sur la surface exposée au flux d'air,
appliquée au-dessus du centre de gravité, auquel s'oppose un frottement centré sur la base des
particules. Ces deux forces constituent un couple tendant à faire basculer et rouler les particules
lourdes (0,5 à 2 mm).
De plus, la différence de vitesse entre la base et le sommet des particules provoque leur aspiration
vers le haut. Les particules les plus légères s'élèvent à la verticale jusqu'à ce que le gradient de vitesse
ne les porte plus. Elles retombent alors, poussées par le vent, suivant une trajectoire subhorizontale.
En retombant, ces grains de sable transmettent leur énergie à d'autres grains de sable (comme dans
un jeu de boules) ou dégradent les agrégats limono-argileux en dégageant de la poussière.
Sur le terrain, on peut observer les trois processus suivants lorsque la vitesse du vent dépasse 15 à 25
km/heure (ou 4 à 7 m/sec.) selon la turbulence de l'air.
La saltation de sables fins (0,1 à 0,5 mm): ce sont les nappes de sable soulevées par vent violent qui
circulent sur plusieurs dizaines de mètres sur des surfaces lisses et laissent au sol des nappes de
sables ridées (ripplemarks) ou des petites buttes de sable piégées dans les touffes de végétation. Ce
sont ces nappes de sable qui flagellent les rochers dans les zones désertiques et leur donnent une
forme caractéristique de champignon (corrasion).
La déflation entraîne le départ en suspension des particules légères du sol (argiles, limons et
matières organiques). Ces poussières sont aspirées par les tourbillons jusqu'à plusieurs milliers de
mètres d'altitude pour être ensuite dispersées sous forme de brume sèche ou pour circuler sous forme
de nuage sur plusieurs milliers de kilomètres.
La reptation (roulement ou traction ou glissement)
Les grains de sable (0,5 à 2 mm), trop lourds pour être aspirés en altitude, sont déséquilibrés par les
bourrasques du vent, roulés et traînés à la surface du sol jusqu'en haut des dunes qui progressent
ainsi de quelques mètres par heure de vent violent.

Trois processus d'érosion éolienne: suspension, saltation, traction (reptation)

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IV.2. Les effets de l'érosion éolienne


Le premier effet est le vannage des particules légères. L'érosion éolienne est très sélective. Elle
exporte à grande distance les particules les plus fines, en particulier les matières organiques, les
argiles et les limons qu'elle peut déposer à des kilomètres de distance. L'accumulation de ces limons
arrachés par le vent dans les steppes périglaciaires donne naissance aux loess, terres fertiles qui
couvrent de larges espaces.
Les formes les plus spectaculaires sont les dunes, accumulation de sables plus ou moins stériles qui
migrent au gré des vents au point d'ensevelir les oasis et les cités anciennes.
La dégradation des croûtes de sédimentation à la surface des sols dénudés ou encore la désagrégation
des roches, à leur base, au niveau de leur contact avec le sol (abrasion).
Les nappes de sable qui circulent à faible altitude (30 à 50 m) peuvent dégrader les végétaux (en
particulier les jeunes semis de mil ou de coton dans les zones semi-arides). Finalement, les effets de
l'érosion éolienne entraînent un dessèchement du milieu par perte de capacité de stockage des
nutriments et de l'eau des terres.

IV.3. Les facteurs modifiant l'importance de l'érosion éolienne


IV.3.1. L'aridité du climat
Bien que l'érosion éolienne puisse avoir lieu également dans des climats humides lorsque certains
mois de l'année sont particulièrement secs (à condition que le sol soit préparé par des techniques
culturales qui pulvérisent la surface du sol), on constate en Afrique que l'érosion éolienne ne se
manifeste avec une certaine importance que là où les pluies sont inférieures à 600 mm, où l'on
observe plus de six mois secs, où l'évapotranspiration potentielle dépasse 2.000 mm et où les sols
sont dénudés et la végétation passe d'une savane à une steppe à plages de sol dénudé.
Il faut aussi que la vitesse du vent dépasse un seuil de l'ordre de 20 km/h ou de 6 m/s sur sols secs.
Les phénomènes d'érosion éolienne seront d'autant plus importants qu'il existe des vents forts et
réguliers ou des bourrasques prenant des directions dominantes.

IV.3.2. La texture des sols


Les sols les plus fragiles sont limono-sableux, donc riches en particules comprises entre 10 et 100
microns. Les sols qui sont plus argileux sont nettement plus cohérents et mieux structurés, donc plus
résistants. Les sols à sable grossier et à gravier ou à lourde charge en roche résistent également
mieux, les particules étant trop lourdes pour être déplacées par l'érosion éolienne.
L'optimum pour l'érosion éolienne se situe autour de 80 microns.

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IV.3.3. La structure des sols


Moins les sols comportent en surface de matières qui améliorent la structure (matières
organiques, fer et alumine libre, calcaire), et plus ces sols sont fragiles. Par contre, la présence
de sodium ou de sel entraîne souvent la formation d'une couche pulvérulente en surface, ce qui
favorise l'érosion éolienne.

IV.3.4. L'état de la surface des sols


La pierrosité à la surface du sol, en formant un "pavage", réduit les risques d'érosion éolienne. C'est
le cas dans les regs.
La rugosité du sol, laissée par le travail motteux ou par des billons perpendiculaires au vent
dominant, ralentit la vitesse du vent au ras du sol et diminue les processus de saltation.

IV.3.5. La végétation

Les chaumes et les résidus de culture fichés dans le sol réduisent la vitesse du vent au ras du sol.

IV.3.6. L'humidité du sol

Elle augmente la cohésion des sables et des limons, rendant ceux-ci temporairement indisponibles
pour l'érosion éolienne.

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Chapitre 4 : LES TYPES MORPHOLOGIQUES EN PAYS TROPICAUX


La zone tropicale désigne cette zone comprise entre les deux tropiques (tropique du cancer au Nord
et du capricorne au Sud). Cette zone est caractérisée par un type de climat chaud et humide où la
température est élevée et les précipitations sont très variables tout au long de l’année.

I. Paysages lithologiques des pays tropicaux


Les différents types d’affleurements rencontrés en pays tropicaux sont des roches cristallines et
cristallophylliennes formées il y a des millions d’années.
Les formes caractéristiques sont :
• Les boules granitiques
Les boules de granite proviennent du découpage en bloc des granites par
des fractures de directions variées. Sous l’effet de l’altération,
ces blocs se dégagent peu à peu et évoluent lentement vers des boules
flottantes ou noyées par des altérites. Des boules de granites

• Les chaos granitiques


Il s'agit d'un entassement désordonné de rochers (boules des granites
dégagées par l'érosion). Il s’agit d’un type de modelé. Les paysages
de chaos s'expriment sous toutes les latitudes et dans des roches de nature
Chaos granitique
très différentes (basalte, grès, karst…)
• Les dalles granitiques
Une dalle granitique se présente comme une véritable plate-forme.
• Les dômes et dos de baleine Dalle granitique

Les dômes sont des collines boisées ou herbeuses où le granite affleure,


d’altitude généralement faible.
• Les inselbergs
Dôme granitique
Un inselberg ou monadnock est un relief (colline ou un petit massif) isolé
qui domine significativement une plaine ou un plateau subhorizontal.
Il existe deux modes de classifications des inselbergs : en fonction de la nature du sommet et en fonction
de la raideur de la pente.
En fonction de la nature du sommet, on a trois types d’inselbergs :
- Les inselbergs à sommet nu ;
- Les inselbergs à couvert d’un tapis végétal ;
- Les inselbergs à sommet très fracturés et brisé en blocs chaotiques tablette de chocolat.
En fonction de la raideur de la pente on a deux types d’inselbergs :
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- les inselbergs à pente verticale ; - les inselbergs à pente oblique.

Inselberg à pente verticale Inselberg à pente oblique

II. Evolution des formes du relief des pays tropicaux : les systèmes morphogéniques
Le détail des modelés dépend de l’évolution de trois zones, à savoir : la surface des cuirasses, leur rebord
et les glacis.

II.1. Les modelés des zones désertiques (climat tropical sec)


Les modelés les plus caractéristiques rencontrés dans ces zones sont :
- Les hamadas : une hamada est un plateau dégagé dans un terrain sédimentaire. Ce plateau peut
être recouvert de cailloux anguleux sur une vaste étendue qu’on qualifie de reg.
- Les plateaux cristallins : ce sont des plateaux interrompus par des dômes résiduels de roches plus
résistantes appelés dos de baleine ou inselberg en fonction de leur dimension.
- Les ergs : ce sont de vastes zones régions couvertes de dunes ou de barkhanes (dune en forme de
croissant)

II.2. Les modelés des zones de savanes (alternance climat tropical sec et humide)
Les modelés les plus fréquents s’ordonnent autour des résidus de surfaces cuirassées, tandis que
quelques zones sont sous la dépendance des inselbergs.
II.2.1. Modelés déterminés par le cuirassement
a. Degré d’évolution d’ensemble du paysage
L’évolution générale aboutit à deux types schématiques de paysage, en fonction essentiellement de la
durée.
- le premier type présente les traits suivants : une colline domine le glacis cuirassé,
ultérieurement coupé de sa source par une gouttière lors d’une reprise d’érosion. Ce glacis
peut, lui aussi, avoir été disséqué et d’autres glacis peuvent s’y emboîter, laissant ainsi des
buttes témoins en cuestas, ou le démantèlement peut même aller jusqu’à la formation de
collines à sommets subaplanis et gravillonnaires (fig.1).
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- le second type peut être une inversion totale du relief, lorsque la durée est suffisante, et
lorsque les oscillations climatiques ont interrompu les processus de cuirassement. En effet,
seules les parties aval des glacis et les anciennes dépressions indurées par la cuirasse
résistent à l’érosion (fig. 2).
Ces zones cuirassées, devenues plateaux sommitaux, jouent à leur tour le rôle de source et d’autres
glacis cuirassés peuvent se former à leur pied et être démantelés par les mêmes processus en fonction
des oscillations climatiques. L’évolution donne donc là encore des reliefs
de cuestas, auxquels on donne souvent le nom de bowal (pluriel : bowé).

Figure 1 : Glacis emboîtés et collines subaplanies. Région de Tanda.


(1. Témoins d’un haut-glacis ; 2. Bas-glacis ; 3. Bas-glacis démantelé en collines).

Fig. 2 : Inversion de relief en zone cuirassée.

b. Evolution de détail
Le détail des modelés dépend de l’évolution de trois zones, à savoir la surface des cuirasses, leur rebord
et les glacis.
• Surfaces cuirassées
En dehors d’une évolution sur place marquée par un durcissement progressif de certaines zones, un
léger abaissement sur place, ou l’acquisition d’une topographie légèrement ondulée, les surfaces
cuirassées peuvent se démanteler à la suite d’un abaissement du niveau de base et d’une phase
climatique plus humide. Le modelé à profil convexe ou concave qui en résulte est directement lié à
cette évolution (fig. 3).

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Fig. 3 : Evolution d’une surface cuirassée par altération (a. Glacis cuirassé ; b. Démantèlement de
la surface, dissection par un réseau hydrographique ; c. Intense altération ; d. Transformation en
collines gravillonnaires et colluvionnement dans bas-fond).

• Rebord des cuirasses et des bowé.


L’évolution de cette zone est résumée dans la figure 4. Ce détail du modelé a une grande importance
dans la répartition des formations végétales, puisque la zone de cuirasse éboulée, plus humide et
aussi plus argileuse permet à la forêt de s’installer.

Fig. 4 : Evolution d’un rebord de cuirasse.


• Glacis.
Les glacis qui se développent en contrebas des surfaces cuirassées forment les plans de raccordement
avec les dépressions. Ils sont généralement sableux et/ou gravillonnaires en surface et présentent
souvent un carapacement à leur base (cuirasse de nappe) ou aux deux tiers inférieurs de la pente. Ils
semblent s’élaborer par ruissellement diffus et en nappe décapante.

c. Les différents aspects des modelés


Selon qu’ils se développent sur schistes ou sur granites, les modelés présentent des variations assez
sensibles, la grosse différence provenant de la proportion des surfaces en plateaux qui sont plus
fortes sur schistes que sur granites.

• Modelés sur schistes


Le pourcentage des surfaces occupées par les plateaux par rapport aux pentes et bas-fonds est élevé.

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Ces plateaux sont plus ou moins cuirassés, la cuirasse s’épaississant généralement en bordure ; un
ressaut assez net domine un glacis caractérisé par un replat marqué vers le haut suivi d’une pente
forte (7 à 10 %) mais relativement courte qui se raccorde à un bas-fond évasé (fig. 5).

Fig. 5 : Modelé sur schistes (Savane)


• Modelés sur granites
Les plateaux sont moins étendus que sur schistes, et présentent deux aspects. Ce sont en effet :
- soit des buttes témoins assez fortement cuirassées, mais d’extension réduite, de véritables «
mesas » ;
- soit des plateaux beaucoup plus étendus mais dont la cuirasse est discontinue. Le ressaut
plus ou moins marqué domine un replat peu développé et une pente faible (1 à 3%) mais
généralement longue. Le bas-fond est plat (fig. 6).

Fig. 6 : Modelé sur granites (Savane).

II.2.2. Modelés des zones non cuirassées (sous la dépendance des inselbergs)
En dehors des inselbergs dont la dépression périphérique est bien marquée, deux types de modelés se
rencontrent à leur pied:
- le premier rencontré et le plus fréquent, montre une zone en pente forte passant à un glacis à
altération relativement profonde, puis à un versant de raccordement à pente assez forte (7 à
10 %) dominant un bas-fond peu marqué (fig. 7a).
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- le second semble lié à une tectonique plus récente qui a entraîné un encaissement des vallées
dans des berges assez étroites. Le glacis relativement plat est interrompu brusquement par
l’entaille du marigot (fig. 7b).

Fig. 7a : Inselberg, région de Boundiali (CI)

Fig. 7b : Inselberg, région de Séguela (CI)

II.3. Les modelés des zones de forêt (zone tropicale humide)


Dans cette zone, ce sont les phénomènes d’érosion différentielle qui président à la mise en place des
modelés, étant entendu qu’il s’agit d’abord d’une érosion chimique (fortes pluies), provenant d’une
différence dans l’altérabilité des roches et dans leur aptitude à donner tel ou tel produit d’altération
; l’érosion mécanique n’intervient que par la suite.

• Les modelés granitiques


Dans les régions granitiques, la forte altération qui se développe donne aux formations superficielles
des caractères particuliers : elles sont puissantes, fortement arénacées, poreuses et par conséquent
très perméables. L’eau percole bien, permettant l’individualisation de niveaux d’accumulation,
parfois gravillonnaires, et la constitution de nappes en profondeur. Le raccordement des versants
avec les dépressions se fait par une pente très accusée, tandis que les profils sont convexes. La plus
caractéristique est une colline convexe qualifiée de demi-orange, qui donne au paysage l’aspect
d’une mer de collines.

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• Les modelés schisteux


Les pays schisteux de plaines et de plateaux possèdent, comme dans les pays granitiques, une épaisse
couverture d’altération, mais leur originalité provient de trois différences essentielles :
- le matériel est constitué d’éléments plus fins ; la roche s’altère en effet en argiles, et lorsqu’il y
a des micas, les oxydes de fer abondants par ailleurs peptisent ces argiles ;
- les horizons des sols sont moins tranchés, en particulier les horizons de surface ne sont guère
plus perméables que le reste du profil ;
- les nappes d’eau affleurantes sont rares, et le chevelu hydrographique est mieux développé, la
densité des talwegs étant plus forte.
• Les modelés sur sables tertiaires
Les sables tertiaires bordant le littoral apportent une originalité dans les modelés; ils forment des bas
plateaux dominant les lagunes et la mer, mais aussi très souvent en relief au-dessus des plaines
granitiques et schisteuses vers l’aval.
L’origine du modelé particulier réside dans la nature même de ce matériel essentiellement quartzeux
que dans l’action des agents d’érosion mécanique. Cependant, cette altération existe néanmoins et
fractionne en particulier les sables en éléments plus petits, de la taille des sables très fins et des
limons
• Les modelés sur roches vertes
Les formes qui sont liées aux roches vertes dominent souvent franchement les plateaux ou les plaines
par de hautes buttes dont le commandement est souvent de 300 à 400 m et sont repérables dans le
paysage. Ces buttes à sommets souvent tabulaires, cuirassés, et à flancs rigides et irréguliers dans le
détail sont en fait de forme complexe et correspondent aux reliefs décrits dans les régions de savane.

Figure 9 : Coupe schématique de massif sur roches vertes

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Chapitre 5 : GEOMORPHOLOGIE DE LA COTE D’IVOIRE


A. Aspects généraux
La Côte d’ivoire, comme une grande partie de l’Afrique et l’essentiel de l’Afrique de l’Ouest
représente le «triomphe de l’horizontalité». Peu de choses distinguent ses paysages des autres
paysages de la plateforme ouest africaine. L’unité, la planité d’ensemble qui s’en dégagent, sont
associées à l’allure générale du socle qui s’incline du Nord vers le Sud en direction de
l’Atlantique avec une pente régulière. La Côte d’ivoire semble recouvrir trois modelés plus ou
moins affaissés : le plus élevé est le plus occidental, autour de Man, le plus affaissé étant celui
qui est actuellement occupé par les pays des lagunes. Mais la majeure partie du modelé est
ondulée, caractérisée par une succession de collines subaplanies et en définitive très monotones,
bien que parfois entrecoupées de reliefs résiduels plus élevés, comme posés sur la pénéplaine.

Du Nord au Sud, on passe d’un paysage de plateaux développés en glacis à celui d’une plaine
au réseau hydrographique peu organisé, avec une zone intermédiaire plus ou moins bien
développée, et dont le caractère de marche est visible dans le paysage.

Bien plus, dans le détail apparaît souvent une impression de microcloisonnement, d’évolution en
ordre dispersé et en définitive de discontinuité et de morcellement.

Les variations climatiques, au moins celles du quaternaire, ont profondément marqué ces
paysages et des différences se font jour selon que l’on se trouve dans une province schisteuse
ou granitique. Aussi les paysages sont marqués par une certaine opposition selon que l’on se
trouve en zone de forêt ou de savane.

Les reliefs sont organisés en de grands domaines : les plateaux du nord et les plaines qui leur
font suite vers le sud avec une zone intermédiaire qualifiée de marche centrale. Deux unités sont
facilement décelables, à savoir la frange littorale donnant des formes particulières quoique
variées, et l’Ouest qui correspond à la retombée de la dorsale guinéenne.

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B. La répartition des reliefs

Figure 1 : carte de découpage physique de la Côte d’Ivoire

I. La retombée orientale de la dorsale guinéenne


L’extrémité du bourrelet des hautes terres qui prolonge vers l’Est le Fouta-Djalon et marque la
ligne de séparation entre les eaux se dirigeant vers le bassin du Niger au Nord et le drainage
atlantique au Sud, atteint la CI dans sa partie nord et ouest. Cette dorsale guinéenne se présente
comme une succession de hauts et moyens plateaux, avec quelques-uns des reliefs les plus
spectaculaires de l’Afrique occidentale (montagne et plateau). Mais alors que le socle
essentiellement granitique se maintient aux alentours de 500 à 600 m d’altitude en Guinée, il se
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trouve à son entrée en CI vers 400 m pour s’abaisser lentement tant au Nord qu’au Sud très
exactement selon une ligne NE-SW. La partie sud de cet ensemble comporte encore quelques
reliefs plus importants qui semblent jaillir de ces plateaux et être sans liens apparents avec eux
; vraie montagne aux formes hardies comme le Nimba ou lourdes croupes plus molles comme
le massif de Man. Dans cette région, trois grands compartiments peuvent être définis :
I.1. Le compartiment montagneux
Ce compartiment correspond à ce que les géographes humains appellent «l’Ouest» de la CI, et
comporte les reliefs les plus vigoureux de ce pays :
- d’une part le massif du Nimba et sa bordure, qui marque la frontière entre le Libéria, la
Guinée et la CI, et culmine à 1 750 m.
- d’autre part le grand ensemble du massif de Man dont certains sommets s’élèvent au-dessus
de 1 000 m et qui forme un arc de cercle de près de 120 km.
Des cours d’eau importants délimitent cette région sur la plus grande partie de son périmètre :
Férédougouba au Nord, Sassandra à l’Est, Noun et Cavally à l’Ouest et au Sud-ouest. A partir
du pied du massif du Nimba, une surface de plateaux ou de glacis s’étend et s’abaisse
progressivement vers le Sud depuis l’altitude de 500 m jusque vers 200 m, et se raccorde
insensiblement au domaine des glacis méridionaux. Le réseau hydrographique principal, est
tourné vers le drainage atlantique et est contenu entre des vallées étroites et encaissées
descendant de toute cette zone montagneuse.
I.1.1. Le massif du Nimba et sa bordure
A la convergence des trois frontières, la silhouette rectiligne du Nimba s’aperçoit de loin avec
sa terminaison vers le Nord. Elle domine la zone forestière de près de 1 300 m, s’élevant d’un
seul jet à plus de 1700 m. Il s’agit d’une haute chaîne appalachienne, présentant une remarquable
adaptation à la structure : ce massif est étroitement lié à une série sédimentaire plus ou moins
métamorphique redressée à la verticale et qui affleure au milieu de régions cristallines ; la zone
axiale est moulée sur la tranche d’une puissante barre de quartzites à magnétites qui constitue le
terme principal de la série. Muraille dressée au-dessus du piedmont, ce massif est caractérisé par
des flancs rigides, des cimes rabotées par une surface d’érosion en ruban, ou crêtes en dents de
scie, des vallées intérieures longitudinales selon l’axe de l’ensemble, des balcons cuirassés
perchés vers 1300 m, hautes ‘‘mesas’’ cuirassées formant le socle vers 800 m, au-dessus de 500
m, de basses terres meubles parfois marécageuses. Modelés évocateurs de formes tempérées en
haut, de style tropical soudanien au-dessous et modelés tropicaux humides tout en bas. Le
piedmont sud-est de la chaîne se raccorde insensiblement au reste de la CI des glacis.
51
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I.1.2. Le massif de Man


Le massif de Man est loin de constituer une zone homogène, puisque trois unités s’en dégagent.
Une zone centrale, occupée par le Bafing, plus déprimée, sépare une partie sud montagneuse
d’une partie nord de hautes collines.
a. La zone des Dans et des Touras
Au Sud, une zone très montagneuse comprenant les massifs des Dans et des Touras, forme un
ensemble d’une altitude variant de 500 à 1000 m, avec quelques pointements dépassant même
cette altitude (Mont Tonkoui, 1189 m). Les vallées se situent entre 350 et 700 m. L’ensemble
donne une impression de vraie montagne apparentée aux vieux massifs des mondes tempérés.
C’est un paysage très mamelonné, avec un foisonnement de lourdes croupes, des vallées
montagnardes, des cols. Cet ensemble original doit beaucoup à la variété locale du matériel
rocheux de la famille des granites à hypersthène et à des vicissitudes d’ordre tectonique qui ont
perturbé, jusqu’à une date assez récente, les conditions d’équilibre entre façonnement des
modelés et évacuation des débris.
b. La région de Touba
Cette unité est formée par une succession de collines et de chaînons, soit à sommets tabulaires,
soit au contraire à crêtes relativement aiguës. L’altitude moyenne se situe entre 600 et 700 m,
malgré quelques reliefs s’élevant aux environs de 1000 m, ce qui donne une allure générale de
hauts reliefs s’allongeant sur près de 100 km, mais s’opposant fortement à la partie montagneuse
du Sud, puisque présentant surtout des hautes tables à versants abrupts dominés par des rebords
de cuirasses ferrugineuses. En contrebas de ces chaînons s’étendent des plateaux granitiques qui
restent assez accidentés et souvent cuirassés ; ils se terminent vers l’Est sur la grande gouttière
méridienne du Sassandra, et au Sud sur la dépression occupée par le Bafing.
c. La dépression du Bafing
Cette vaste dépression qui sépare les deux zones précédentes, et reste partout à des altitudes
légèrement inférieures à 500 m ; seules quelques buttes isolées, généralement cuirassées,
dominent faiblement le paysage.
d. La « gouttière » du Sassandra
A l’Est de la région, le fleuve Sassandra occupe une vaste zone légèrement inclinée, d’axe NS,
s’inclinant de 350 à 200 m. Des terrasses anciennes, dont quelques-unes sont très caillouteuses,
se retrouvent de part et d’autre de son cours actuel et se présentent sous la forme d’un alignement
de collines et buttes grossièrement à la même altitude et séparées les unes des autres par de larges
bas-fonds sableux.
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I.2. Le compartiment du Nord-ouest (Odienné-Borotou)


Il s’agit d’un plateau assez étendu se situant entre les altitudes de 450 et 400 m. De rares reliefs
individualisés émergent de ces vastes surfaces aplanies à substratum granitique ou gneissique :
ce sont vers le Sud une série de buttes et de collines à sommets rigides ou tabulaires se moulant
sur des venues doléritiques (Monts Kourouba par exemple) et se rattachant d’ailleurs aux
chaînons de Touba. Vers l’Ouest de Odienné apparaissent des dômes de faible importance
(Dengélé... etc.).
I.3. Le compartiment à l'Est du Sassandra
Deux unités peuvent être dégagées au Nord et au Sud, la seconde ayant une extension qui déborde
quelque peu la dorsale guinéenne proprement dite.
I.3.1. Unité de Boundiali-Madinani
Ce sous-compartiment qui s’étend entre Borotou et Boundiali s’élève à une altitude légèrement
supérieure à 500 m. Les plateaux sont plus accidentés et à des altitudes plus diversifiées. Les
reliefs individuels prennent une plus grande importance dans le paysage : alignements de collines
soulignant des passées de gneiss, de quartzites et de dolérites au Nord de Tiémé, ensemble
d’inselbergs et de dômes cristallins de Séguéla et le long de la limite orientale, s’étendant sur une
centaine de kilomètres.
I.3.2. Unité de Mankono-Séguéla
Au Sud-est de la région, cette unité correspond à un ensemble assez homogène de plateaux
s’abaissant modérément du Nord vers le Sud entre 400 et 300 m, et faisant transition avec les
plateaux du Nord. Mais sur un substratum essentiellement granitique, avec une large tache
porphyroïde, s’est développée entre Séguéla et Mankono une remarquable série de dômes
cristallins qui sont des inselbergs typiques. Ils dominent fortement l’ensemble de la pénéplaine,
et s’opposent à ceux de l’unité de Boundiali par leurs flancs abrupts et dénudés et leurs angles
basaux sans éboulis.
Deux autres caractères définissent cette unité :
- les cours rectilignes et parallèles des principaux cours d’eau, leurs tracés à angles droits
fréquents, en « baïonnette », marquent la rigidité du socle et son rejet en horst et graben à
une époque peut-être relativement récente.
- des zones déprimées sont empruntées par certains cours d’eau comme la Marahoué
(Bandama rouge), le Bou ou le Béré sur une partie de leur cours : elles correspondent à
des bandes schisteuses s’insérant entre les granites.

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Enfin la longue barre rocheuse qui se situe à l’Ouest de Séguéla (Monts Fouimba, Monts Goma)
correspond à un massif de roches vertes qui culmine vers 700 m d’altitude.
II. Les plateaux du Nord
La région comprise entre les dernières rides de la dorsale guinéenne à l’Ouest et la Volta à l’Est,
est le domaine de l’extension méridionale des glacis. Ces plateaux à allure tabulaires sont de
formes étagées et présentent une superposition de surfaces individualisées les unes par rapport
aux autres. De ces plateaux émergent certains reliefs qui ne semblent pas avoir de rapports avec
la surface générale : collines qui se groupent en chaînons ou barres, buttes souvent tabulaires
coiffées de cuirasses ferrugineuses, reliefs en dômes surbaissés ou au contraire aux flancs
escarpés, où la roche saine, affleurante semble «crever la surface du plateau».
Ce monde des glacis peut être divisé en deux grands ensembles par une limite remarquable qui
court de Nord-est en Sud-ouest sur plus de 400 km, depuis la Haute Comoé jusqu’entre
Sassandra et Bandama inférieurs au-delà de la zone des glacis proprement dit. La différence est
d’ordre pétrographique : pays granitique à l’Ouest, pays essentiellement schisteux à l’Est.
II.1. Le Nord proprement dit
Entre les derniers éléments de la Dorsale guinéenne et la gouttière schisteuse de la Comoé, des
surfaces très aplanies, mollement ondulées, s’abaissent progressivement sur une distance de 350
km, depuis les côtes de 450 et 400 m près de Boundiali jusqu’à moins de 300 m au Sud-est dans
la vallée de la moyenne Comoé. Les niveaux atteignant 400 m d’altitude deviennent très rares
et se résolvent en étroites lanières dans les parties axiales des interfluves ou soulignent quelques
dômes isolés.
Malgré la monotonie d’ensemble, les glacis se développent néanmoins avec un certain nombre
de nuances grâce à la disposition particulière des formations géologiques (alternance de bandes
schisteuses et granitiques d’axe NE-SW) :
- les glacis sur granites (ou migmatites) présentent des formes moins rigides que sur les
schistes et des lignes plus fuyantes. Ils sont soit à des altitudes plus élevées formant des
points de divergence du réseau hydrographique (compartiment N’zi-Bandama), soit
dominés par des dômes cristallins (Korhogo, Niangbo).
- Sur les séries schisteuses, les glacis sont au contraire plus rigides, et relativement
déprimés présentant une marche d’escalier avec des buttes cuirassées qui sont l’élément
majeur des paysages à l’Est de Korhogo ou au Nord de Kong.
Quelques reliefs isolés interrompent par endroit la planéité des plateaux, mais sont toujours
étroitement localisés à des affleurements de roches particulières :
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- dômes cristallins sur granite (Korhogo, Niangbo),


- lignes de collines ou de buttes cuirassées de Siemurgo, de Kasséré, de Sirasso, de
Dikodougou, collines de Fétékro).
Enfin une mention spéciale doit être faite de la «guirlande de relief» qui dans la zone entre Comoé
et N’zi atteint localement 600 m d’altitude (Monts Gorohoui, alignement de buttes situées au Sud-
est de Dabakala). Les formes y sont tabulaires, établies sur des roches vertes cuirassées avec des
bandes étirées de quartzites.
II.2. Le Nord-est
A l’Est des Monts Gorohoui, s’établit une grande gouttière schisteuse empruntée par la Comoé et
qui s’élargit au Nord-ouest de la zone. Autour de Bouna, au Nord et à l’Est de Bondoukou, c’est au
contraire un pays granitique qui s’installe : on y rencontre en fait des formations géologiques
alternées qui introduisent un relief plus différencié.
Sur les schistes, et plus particulièrement le long de la frontière voltaïque, des plateaux rigides,
cuirassés, cernés de corniches forment la majeure partie du paysage.
Des barres rocheuses, dominant les glacis de 100 à 200 m se moulent exactement sur des
alignements N-S de roches vertes (chaîne de Yérélé et de Wabélé près de Ouangofitini à l’Ouest,
de Téhini au Centre). Elles surplombent soit les surfaces rigides des glacis sur schistes, soit les
vallées incisées par les affluents de la Comoé.
Au Sud, enfin, une écharpe de formations birimiennes (schistes, roches vertes, quartzites,
dolérites), dont la direction n’est pas conforme à l’orientation classique puisqu’elle est NWSE
ou N-S, provoque l’exhaussement important des Monts Boutourou. Là se retrouve une
succession de buttes cuirassées dépassant localement 500 m d’altitude.
Autour de Bouna, et au Nord et à l’Ouest de Bondoukou, ce sont au contraire des plateaux arénacés
qui s’installent sur un substratum granitique, à une altitude légèrement supérieure à 300 m.
III. La zone de transition : glacis méridionaux et marche centrale
Approximativement entre les 8e et 6e parallèles (si l’on excepte la région ouest de Man et du
Nimba), se développe une région confuse dans le détail, dont les caractères de glacis sont encore
manifestes, bien que n’ayant plus l’ampleur de ceux du Nord. Le trait principal est un
abaissement en direction de la mer, plus sensible que dans la zone du Nord :
- les surfaces restent à peu près tabulaires mais les interfluves s’effilochent et les collines et
vallonnements deviennent plus fréquents au fur et à mesure que l’on va vers le Sud : les
grands cours d’eau enfoncent leurs vallées dans la surface des plateaux et des éléments de
terrasses se multiplient dans ces vallées;
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- les surfaces subhorizontales sont encore dominées par des buttes ou reliefs résiduels (hautes
buttes cuirassées comme I’Orumbo-Boka, chapelet de collines du Centre et de l’Ouest), tout
comme les plateaux du Nord et façonnées par les mêmes processus d’ablation, mais ces buttes
perdent de leur ampleur, et les reliefs individuels disparaissent. Tous ces caractères font de cette
région une zone de bas-plateaux et un secteur de transition et le caractère de gradin ou de longues
«marches» paraît mieux s’appliquer à elle.
III.1. Les glacis méridionaux
III.1.1. Les glacis de l’Ouest
La forme en glacis semble la mieux conservée dans l’Ouest, et occupe deux zones de part et d’autre
du Sassandra :
a. le Nord de l’interfluve entre Sassandra et Cavally, jusqu’à la latitude de Taï, où
prédominent des surfaces granitiques aplanies, gravillonnaires, souvent même arénacées,
indiquant des retouches dans le système des glacis.
b. le grand interfluve entre Sassandra et Bandama, jusqu’à la latitude d’une ligne passant à
peu près par Soubré et Divo. Des glacis aplanis indifféremment établis sur schistes ou sur
granites s’abaissent de 300 vers 200 m d’altitude, et couvrent la majeure partie de cette unité ;
plusieurs nuances peuvent cependant être dégagées :
b.1. dans la partie Nord-est, entre Zuenoula et Bouaflé des bandes schisteuses orientées NE-
SW ont permis l’étalement de la Marahoué (Bandama rouge) en une large dépression occupée par
une longue série de méandres ;
b.2. dans la partie Nord-ouest, une zone plus aplanie et relativement déprimée, avec un ennoyage
généralisé, correspond au bassin de la Lobo entre Vavoua et Daloa.
b.3. plus au Sud, les surfaces subhorizontales autour de Gagnoa s’abaissent aux environs de 200
m d’altitude, tandis que la région de Divo présente un modelé plus différencié, du fait que
l’on arrive à l’extrémité sud de ces glacis, avec début de l’action des fleuves côtiers. Un
substratum de roches vertes, prolongeant la guirlande des collines traversant la CI en
écharpe, est souligné par des reliefs tabulaires, cuirassés, assez vigoureux, formant massif
près de HiréOumé et au Nord-ouest de Divo (Kazo). Ils ne sont en fait que les prolongements
de l’Alebouma-Boka et du Kokoumbo-Boka de la zone centrale.
III.1.2. Les glacis de l’Est
a. L’interfluve N’zi-Comoé
Cet interfluve correspond à la plus grande partie de la « boucle du cacao » et est presque entièrement
schisteux. Il se présente comme une succession monotone de bas-plateaux
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(auxquels feront suite plus au Sud des plaines vallonnées), dont l’altitude décroît de 350 m au
Nord à 200 m au Sud ; là, les derniers lambeaux disséqués du glacis se terminent en lanières
aplanies avec des ressauts cuirassés dominant de larges vallées à profil concave.
Un seul accident notable interrompt ces glacis : il s’agit d’un alignement de collines de schistes,
d’orientation structurale NE-SW, s’allongeant sur près de 80 km entre Bongouanou et Daoukro
et dont certains pointements dépassent 600 m.
Le long de la limite ouest se place le contact schistes-granites qui sépare la CI en deux provinces
et souligné par la limite forêt-savane (branche orientale de V baoulé).
b. L’Est de la Comoé
Les glacis méridionaux sont moins bien développés dans l’Est. Moins amples, ces lambeaux
laissent une plus grande impression de glacis : ils sont plus rouges, plus cuirassés, plus proches
de la surface originelle.
Dans la partie septentrionale, le modelé aplani sur granite s’incline lentement à partir de 400 m
d’altitude au sommet de l’interfluve entre la Volta et la Comoé. Entre Tanda et Bondoukou
s’élève une série de reliefs importants, pointements isolés ou alignements rocheux cuirassés. Ces
hauteurs correspondent à un ensemble complexe de granites intrusifs, et culminent à plus de 700
m dans le massif à l’Ouest de Bondoukou. La partie méridionale, aux environs d’Abengourou,
repose entièrement sur un substratum de schistes birimiens, si l’on excepte une amande
granitique qui borde le cours du Manzon à l’Est. Les lambeaux subhorizontaux des glacis passent
progressivement de 300 à 200 m d’altitude et occupent les interfluves en s’amenuisant vers le
Sud.
III.2. La «marche» centrale
Cette zone de savane boisée (généralement à rôniers) ouverte dans la forêt dense occupe l’interfluve
Bandama-N’zi, qui est communément appelé le «V baoulé».
Les glacis du Nord s’abaissent progressivement de 400 m jusque vers moins de 100 m au
confluent N’zi-Bandama. Des ressauts existent, qui donnent à cet ensemble une allure en longues
marches inclinées : c’est l’impression que l’on ressent en prenant la route de Bouaké vers
Yamoussoukro.
L’importance relative des reliefs permet de dégager plusieurs unités en relation d’ailleurs avec les
formations géologiques :
- le horst granitique de Bouaké,
- la longue bande granitique, déprimée, qui s’étend de Toumodi vers M’Bahiakro ;

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- Les bas pays schisteux de l’Ouest entre Tiébissou et le Bandama d’une part, ceux de l’Est
qui bordent le N’zi d’autre part ;
- l’ensemble des collines birimiennes du Yaouré et de Marabadiassa ; - enfin la chaîne qui
s’étire du Kokumbo-Boka à Fétékro.

III.2.1. Les pays granitiques


a. Le horst de Bouaké et son prolongement vers le Sud
Dans la partie nord, en position centrale, le horst de Bouaké s’impose dans le paysage par ses
formes lourdes, ses plateaux, ses longs versants... Il domine les pays alentours de 50 à 100 m
par de longues pentes parfois insensibles, parfois bien dégagées comme à l’Est au-dessus du
pays mi-schisteux, mi-granitique qui s’étend jusqu’à la chaîne de Fétékro. Il est strié par le
réseau divergent des affluents du Bandama et du N’zi.
Vers le Sud, cette zone se prolonge par une série de hautes surfaces qui sépare elle aussi les eaux
du Bandama et du N’zi, et qui s’incline en larges panneaux vers le Sud.
b. La bande Toumodi-M’Bahiakro
Longue bande granitique déprimée, cette unité semble jouer le rôle d’un glacis perpendiculaire
à la direction générale. Elle est striée par une série d’affluents du N’zi qui évacuent les eaux de
la chaîne centrale.
III.2.2. Les pays schisteux
Le massif granitique central est entouré par des formations birimiennes schisteuses, intrusives, qui
donnent des paysages sensiblement différents.
a. L’Ouest
I1 est possible de distinguer deux sous-unités :
- Entre le massif de Yaouré proprement dit et Béoumi, s’étend un pays schisteux où les
plateaux cuirassés, les pentes fortes, les versants rectilignes, les bas-fonds plus étroits
donnent un modelé beaucoup plus contrasté.
- Au Nord-ouest, près de Marabadiassa, le paysage est très voisin du précédent, mais les
plateaux cuirassés sont mieux dégagés.
b. L’Est
Ce pays est constitué par la bande Singrobo-M’Bahiakro. Autre grand ensemble schisteux, son
modelé ne diffère guère de ceux de l’Ouest, et on y retrouve les mêmes systèmes de pente, et
quelquefois les mêmes plateaux cuirassés, mais il présente une certaine originalité dès que l’on

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rencontre la zone forestière : les pentes y sont plus fortes, la cuirasse disparaît pour laisser la
place à des sols gravillonnaires.
III.2.3. Les collines
a. La «chaîne baoulé»
La série de reliefs correspond à un système peu élevé de rides et de collines dues à un matériel
essentiellement schisteux, avec de nombreuses passées de roches vertes et de quartzites.
S’étendant du mont Kokumbo au Sud-ouest, jusqu’à Fétékro au Nord-est, elle épouse parfaitement
la direction birimienne et offre une gamme de hauteurs plus ou moins importantes, isolées ou
groupées en alignements, parfois assez bien raccordées à la pénéplaine, parfois aussi entourées de
glacis cuirassés.
b. Les reliefs tabulaires
Ce sont les témoins des surfaces d’érosion plus anciennes, tels que I’Orumbo-Boka, le mont
Dido, le Kokumbo, le Blaffo-Gueto, les principaux sommets du Yaouré. Ils constituent les points
culminants du pays baoulé (450-500 m) et dominent puissamment les pays alentours. Une
cuirasse massive, épaisse, parfois bauxitique constitue la table supérieure, tantôt horizontale,
tantôt inclinée.
IV. Les Bas pays intérieurs
Au sud du 6’ parallèle, et plus précisément en dessous de la ligne marquant les 200 m d’altitude,
on entre dans un monde différent, qui échappe à la vieille plateforme africaine : pays de collines,
de vallonnements, de mamelonnements où les interfluves sont caractérisés par des plateaux mal
élaborés s’élevant entre 150 et 120 m et par des plaines dont le caractère de grande monotonie
est encore accentué par le couvert forestier.
Cette zone correspond au front d’attaque de l’érosion atlantique et est beaucoup moins régulière
que les plateaux. Deux caractères généraux s’en dégagent cependant : la faible importance des
volumes et la présence des eaux stagnantes.
- Les bossellements n’engendrent pas de dénivellations importantes puisque les zones en
reliefs ne dominent que rarement de plus de 20 m les zones déprimées. Partout une
épaisse couverture d’altérites et de sols empâte un modelé largement ondulé, exceptés
quelques accidents : rares dômes cristallins comme le Mont Nienokoué dans l’arrièrepays
de Tabou, les Monts Haglé ou les collines de Céchi, de Binao, de Brafouédi, buttes
cuirassées comme 1’Angbanou au Nord d’Agboville ou le Boka Kpri près d’Aboisso.
- Partout l’eau est présente, sous des aspects divers et souvent de façon temporaire. Mais
ces eaux semblent avoir des difficultés à se frayer un chemin, se rassemblant dans des
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zones marécageuses et déprimées à certaines saisons de l’année, ou empruntant une


grande densité de talwegs à sec la plupart du temps.
Ici, le substratum géologique paraît déterminant : le façonnement différentiel joue à fond, en
fonction des variétés de schistes et de granites, et la topographie enregistre ces moindres
variations. Ces différences dans le détail se retrouvent à plus grande échelle :
- l’Ouest plus granitique présente un paysage où les caractères de confusion sont à leur
comble avec des mamelonnements informes et une quasi-absence de réseau hiérarchisé.
- l’Est plus schisteux s’ordonne mieux autour d’un chevelu hydrographique plus dense
mais aussi plus structuré, ce qui provoque des vallonnements.
IV.1. L'Ouest
Au Sud d’une ligne Taï-Soubré-Lakota-Divo, la plaine essentiellement granitique s’étend sur 250
km de long et 150 km de profondeur en moyenne. Mamelonnée, elle est assez uniforme, confuse,
sillonnée de nombreux cours d’eau très ramifiés ; elle s’incline, d’altitudes variant entre 175 et
150 m vers Taï à une altitude de 80 m vers Grabo (le long de la frontière libérienne). Quelques
passées schisteuses aux vallonnements plus accentués apportent des nuances dans le détail,
comme par exemple les dépressions drainées par deux tributaires du Cavally : le Hana et la Méno.
Enfin, une lanière de roches vertes relaie les Monts granitiques du Nienokoué (600 m) et se
prolonge jusqu’aux abords du Cavally pour séparer cette plaine des petits bassins côtiers.
IV.2. Le Centre et l'Est
La partie orientale de ces plaines intérieures est plus profonde puisqu’elle atteint parfois près de
200 km. Domaine essentiellement schisteux, elle englobe les pays de la moyenne et basse
Comoé, de la moyenne Bia, ainsi que ceux qui se développent depuis une ligne passant un peu
au Nord du confluent N’zi-Bandama jusqu’à l’arrière-pays d’Abidjan.
Le socle schisteux est parsemé de taches granitiques sur lesquelles s’étendent des plateaux aux
formes plus adoucies. Par ailleurs, quelques matériaux de type éruptif et d’âge birimien sont
responsables de reliefs accusés (souvent cuirassés) dans les régions d’Ayamé et d’Aboisso,
s’ordonnant suivant quatre barres rocheuses parallèles orientées NE-SW, et séparant de larges
couloirs à fond occupés par les schistes.
V. La frange littorale
Les grandes plaines intérieures deviennent rarement plaines littorales :
- à l’Ouest, les seules basses terres qui parviennent à la mer sont d’étroites langues
insinuées entre des collines cristallines le long des cours d’eau. Lorsque des plaines de
très faible altitude existent dans l’arrière-pays, elles y forment des expansions
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continentales que barrent le long du littoral des lignes de hauteurs. La côte y est
essentiellement rocheuse.
- au Centre et à l’Est, un nouvel élément vient interrompre les pays schisteux : il s’agit de
la couverture argilo-sableuse tertiaire du Continental Terminal, tandis que les lagunes
doublent une côte sableuse.
V.1. L'Ouest (de Tabou à Fresco)
Le socle en majeure partie granitique parvient jusqu’à la côte en une série de bas plateaux finement
disséqués par l’érosion : les fleuves côtiers se fraient des passages difficiles entre des seuils
soulignés par des rapides et quelques plaines intérieures remblayées. Ils forment des élargissements
en arrière des sables littoraux qui barrent plus ou moins leurs embouchures :
C’est typiquement une côte à limons. Le reste de la côte est rocheux à l’Ouest du Sassandra
avec des falaises importantes, plus varié à l’Est où alternent des zones rocheuses et des zones
sablo-argileuses (plaines littorales largement ouvertes).
V.2. Le Centre et l'Est
Au Sud du bas pays schisteux, un alignement de bas-plateaux correspond à la nappe de sédiments
tertiaires argilo-sableux recouvrant le socle. Ces bas-plateaux s’étagent en deux ensembles, l’un vers
100 m d’altitude, l’autre autour de 40 ou 50 m. Ils forment des surfaces horizontales mal drainées,
surplombant parfois l’arrière-pays schisteux d’un rebord abrupt et festonné. Au Sud, ils se terminent
au-dessus des lagunes par une côte souvent élevée, profondément incisée et entaillée par des vallons.
A leurs pieds, les plaines alluviales sont de faible extension et se localisent autour des lagunes ou sur le
cordon littoral qui sépare celui-ci de la mer.
Les pays des lagunes sont un des éléments du relief les plus caractéristiques de la basse CI...
Ces lagunes traduisent un état lié d’une part à l’histoire tectonique et d’autre part au rapport de puissance
et de transports solides entre les fleuves et la mer :
- le littoral est faillé transversalement et longitudinalement, ce qui détermine des compartiments
de grandes proportions,
- tandis que tout au long de ce littoral la mer apporte beaucoup de sables, les rivières ne sont pas
assez puissantes pour les disperser.
Plusieurs grands ensembles lagunaires se retrouvent d’Ouest en Est :
- ceux séparés par les apports alluviaux du Bandama qui s’étirent sur près de 200 km avec à
l’Ouest le système complexe de Grand-Lahou et à l’Est celui de la lagune Ebrié,
- celui tout aussi important de l’Est avec le système Abi-Tendi-Ehi.
- enfin toute une série d’étangs parsemant le reste du pays.

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