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CHAPITRE 1 : OBJET ET DISCIPLINES DE LA GEOLOGIE

OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES

Au terme de ce chapitre vous devriez pouvoir


 définir le mot géologie
 connaître l'objet et l'intérêt de la géologie
 connaître les disciplines de la géologie
 les relations de la géologie avec les autres disciplines
 le métier de géologue et ces méthodes de travail

I. Définition Il concerne la variation des divers


Le mot géologie vient du Grec phénomènes dans le temps. En effet, les
(Géo = Terre et logos = Sciences). La disciplines de la géologie ont montré que
Géologie est donc la science qui étudie la les divers phénomènes, objets de leurs
Terre. Mieux encore c'est une science études, évoluent dans le temps. L'étude de
comprenant l'étude de certaines parties de ces phénomènes permet d'établir une
la Terre directement accessibles à succession des formes dans le temps. De
l'observation, et à l'élaboration des statiques ou descriptives, ces sciences sont
hypothèses qui permettent de reconstituer devenues cinématiques. Le principe
leur histoire et d'expliquer leur général de variation dans le temps, donc
agencement. Elle tend aussi à nous donner d'une évolution, se trouve à titre d'exemple
une connaissance aussi complète que dans le domaine des minéraux (passage
possible de notre planète. d'un minéral à un autre), dans celui des
roches (transformation des roches
II. Objet de la géologie sédimentaires en roches cristallines et
L'étude des phénomènes qui font réciproquement), dans celui de la
l'objet de la géologie peut être abordée de répartition des mers et des continents
divers points de vue. (paléogéographie), dans celui des êtres
(évolution biologique).
II.1. Point de vue statique
C'est celui de la géologie II.3. Point de vue dynamique
descriptive. La description concerne : Il s'agit d'établir la cause des faits
- les matériaux constitutifs de la géologiques, les forces agissantes. La
Terre : les minéraux (minéralogie), les succession des formes dans le temps obéit
roches (pétrologie); à des lois de dynamique. La recherche des
- la répartition géométrique et la causes permet souvent de relier entre eux
disposition des matériaux (stratigraphie et des faits éloignés. A titre d'exemple, on
géologie structurale); peut noter que les phénomènes
- les êtres vivants disparus orogéniques aboutissant à la formation des
(paléontologie) : plantes fossiles chaînes de montagnes ont des
(paléobotanique) et animaux fossiles conséquences sur la répartition des mers et
(paléozoologie). des continents, sur la sédimentation donc
sur la formation des roches sédimentaires,
II.2. Point de vue cinématique

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mais aussi sur les conditions de vie à la restes ou vestiges d'origine végétale ou
surface du globe, c'est-à-dire l'évolution du animale, sont plus ou bien conservés entre
monde vivant. les strates des roches. On distingue les
macrofossiles c'est à dire des fossiles
III. Intérêt de la géologie visibles à l'œil nu (ou macroscopiques) à
On distingue la géologie l'exemple des ammonites et les
fondamentale et la géologie appliquée. La microfossiles c'est-à-dire des fossiles non
géologie fondamentale, qui, se rapporte à visibles à l'œil nu (ou microscopiques) tel
la recherche pure, pose les jalons de la que les radiolaires. Le paléontologue à
géologie appliquée. Cette dernière est au pour but de
service de l'homme. Elle se rapporte à la  Etudier la morphologie, la
recherche et à la mise en valeur de structure, la composition
substances utiles (gisements de pétrole, minéralogique et chimique des
minerais de manganèse, d'uranium, suivi fossiles ;
minier, recherche des nappes d'eau  Tenter de les classer et de déceler
souterraines, construction des routes et leur origine et leurs affinités
ouvrages d'art; etc…). Au Gabon, les systématiques ;
sociétés et compagnies comme Total,  Essayer de préciser leur
Shell, COMILOG, SEEG mettent en signification paléogéographique,
évidence l'application de la géologie au leur valeur stratigraphique et leur
service des hommes. intérêt paléobiologique.
La paléontologie comprend un
IV. Les disciplines de la Géologie certains nombres de disciplines parmi
La géologie comprend plusieurs lesquelles on distingue :
disciplines, ayant des approches L'Ichnologie : C'est la description et
différentes, mais complémentaires. En l'interprétation des traces laissées dans les
effet, elles concourent toutes à la meilleure sédiments par l'activité animale.
connaissance de notre planète. La Paléobiologie : Etude de la constitution
des fossiles
IV.1. L'hydrogéologie La Paléobotanique : C'est la
C'est la partie de la géologie qui paléontologie végétale (Etude des végétaux
s'occupe de la circulation des eaux dans le anciens)
sous sol (recherche des nappes, évaluation La Paléoécologie : Etude de l'habitat des
des réservoirs, etc…). fossiles
La Paléontologie descriptive : Elle
IV.2. La minéralogie concerne la description des fossiles
La minéralogie est la discipline de La Paléontologie systématique : Elle
la géologie qui a pour objet l'étude des permet de classer les fossiles
minéraux (matériaux élémentaires de la La Paléozoologie : C'est la paléontologie
croûte terrestre). Le minéralogiste étudie animale (Etude des animaux anciens)
les formes cristallines et la composition
chimique des minéraux à l'aide de divers IV.4. La pétrographie ou pétrologie
outils tel le microscope polarisant, le La pétrographie est l'étude des
microscope électronique à balayage roches. Elle s'appuie sur la minéralogie et
(MEB), les rayons X. la cristallographie. La pétrographie
s'intéresse à la description, la classification
IV.3. La paléontologie et à la formation des roches. Pour cela, le
La paléontologie est la science qui pétrographe qui part de l'observation des
étudie les organismes anciens appelés roches sur le terrain, fait des analyses
fossiles. Ces derniers, connus par leurs chimiques, microscopiques et spectrales au

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laboratoire, s'appuie sur la composition l'échantillon) et la macrotectonique (étude
chimique des roches, leur répartition en des structures observables à l'échelle de
groupes, leur distribution dans l'espace, l'affleurement).
leur succession dans le temps.
On distingue trois grandes familles V. Relations de la géologie avec les
de roches : roches sédimentaires (ex : autres sciences
calcaires à nummulites), les roches L'épanouissement tardif de la
métamorphiques (ex : gneiss rubané) et les géologie (au XIXe siècle) révèle du fait
roches magmatiques (ex : basalte à qu'elle repose sur plusieurs sciences ayant
olivines). comme champ d'application des objets de
La pétrographie comprend un notre Univers. Autrement dit la géologie
certain nombre de disciplines dont voici est étroitement liée à d'autres sciences.
quelques-unes :
La géochimie : Elle étudie la répartition V.1. La chimie.
des éléments et les lois de leur La géochimie, qui étudie les
comportement chimique. phénomènes chimiques du globe terrestre
La pédologie : C'est la science qui étudie est une discipline à cheval entre la géologie
les sols tout en s'intéressant à la partie la et la chimie. L'analyse chimique trouve de
plus superficielle de la croûte terrestre. nombreuses applications en minéralogie et
La sédimentologie : Elle étudie la façon en pétrographie. Les lois chimiques
dont se déposent les sédiments, et dont se contribuent à expliquer la formation et
sont constituées les roches sédimentaires. l'évolution des roches. A noter que le globe
terrestre fournit à la chimie un laboratoire
IV.5. La stratigraphie ou géologie de choix et un matériel immense. De tous
historique les constituants de l'écorce terrestre, le
La stratigraphie est la science qui silicium est le plus abondant; 95% des
étudie la succession des dépôts minéraux renferment de la silice.
sédimentaires, généralement arrangés en La géochimie isotopique a permis,
couches. Ceci dans le but d'établir une grâce à l'étude des isotopes stables du 13C
chronologie qui puisse servir de calendrier et 18O, de reconstruire certains
pour les autres événements géologiques et environnements du passé. De plus elle a
afin de mieux retracer l'histoire de notre révolutionné les méthodes de datation en
planète Terre. Pour suivre cette évolution, géologie en permettant les datations
le géologue dispose de deux méthodes : absolues.
 La désintégration de certains
éléments radioactifs tels que U/Th, V.2. Biologie, botanique, zoologie
U/Pb, c'est la La connaissance des êtres actuels,
chronostratographie de leurs formes et de leur biologie, est une
 L'évolution biologique dont les condition indispensable pour l'étude des
fossiles sont les témoins, c'est la formes fossiles. Inversement, la
biostratigraphie. paléontologie apporte une documentation
sur les formes disparues et complète de
IV.6. La tectonique ou géologie façon essentielle notre connaissance du
structurale monde vivant. La faune et la flore actuelle
C'est l'étude des déformations ayant ne représentent qu'une séquence dans un
affectées des terrains géologiques film qui se déroule depuis plus de 2500
postérieurement à leur formation (failles, millions d'années et que la paléontologie
plis, schistosité, boudin, etc…). On étudie dans son déroulement total.
distingue la microtectonique (étude des
structures observables à l'échelle de V.3. La géographie

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Les formes d'un paysage volcaniques d'âge connu, est également
s'expliquent par des causes géologiques. mesuré. Les observations ainsi faites ont
L'analyse de ces formes, objet de la permis de suivre le déplacement des pôles
géomorphologie, est nécessaire au au cours des temps géologiques. Elles ont
géologue désireux de reconnaître la apporté des arguments complémentaires à
structure d'une région : géologie et la théorie de la dérive des continents.
géographie s'éclairent mutuellement.
VI. Le métier de géologue, méthodes de
V.4. Les mathématiques et travail et interprétation des faits
l'informatique géologique Le géologue a pour mission
Les mathématiques, notamment les d'étudier la Terre c'est-à-dire la décrire,
statistiques, interviennent dans l'analyse de faire connaître son histoire, expliquer le
nombreux phénomènes tectoniques, sens et les causes des phénomènes ou
paléontologiques, sédimentologiques modifications qui s'y produisent, de
(dénombrements, mesures, modèles rechercher les substances utiles au
mathématiques). En effet, l'usage des développement de l'Homme.
mathématiques en géologie a permis par
exemple de mieux caractériser les espèces VI.1. Méthodes d'exploration géologique
en paléontologie, particulièrement au La recherche géologique exige du
niveau du groupe des ammonites, grâce à géologue, ayant acquis au préalable une
la morphométrie, de mesurer les paléo culture scientifique étendue et solide, un
contraintes en tectonique. Avec travail méthodique d'exploration et
l'informatique et par l'utilisation des d'investigation, ainsi que l'application
programmes et des logiciels spécifiques, raisonnée de certains principes.
des simulations, à l'instar de celle de la
future forme de la terre, ont pu être faites. VI.1.1. L'exploration systématique du
Des arbres phylogénétiques (arbres terrain
généalogiques) ont été aussi construits. La prospection géologique d'une
région de la terre se fait en plusieurs
V.5. La physique étapes.
Physique et géologie sont liées de
telle sorte qu'ils ont donné naissance à la A. Les études préliminaires
géophysique. La physique du globe utilise Elles consistent avant toute
les lois de la pesanteur (mesure des démarche, à réunir la documentation
variations de l'intensité de la pesanteur), les pouvant déjà exister sur la région : cartes
propriétés du champ magnétique terrestre topographiques, cartes géologiques,
(mesure des variations de la déclinaison travaux publiés.
magnétique), les courants électriques, la
propagation des ondes sismiques… pour B. Levers sur le terrain
étudier la constitution de l'écorce terrestre. Le géologue recherche les
Les études géophysiques ont notamment affleurements, lève les coupes, note la
permis de préciser la structure interne du nature des couches, leur disposition. Il
globe et la forme de la Terre. recueille les fossiles en place et prélève les
La radioactivité permet de échantillons de roches à étudier au
déterminer l'âge des couches géologiques laboratoire. On reporte toutes les
renfermant des éléments radioactifs tels K, informations sur une carte.
Th, Rb et de fixer l'origine du globe
terrestre à 4,5 milliards d'années. C. Examens au laboratoire
Le paléomagnétisme ou Les échantillons recueillis sont
magnétisme rémanent des roches préparés, analysés par voie chimique,

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étudiés à la loupe, au microscope cataclysmes de Cuvier. Les bases de cette
électronique à balayage, en lames minces théorie reposent sur :
au microscope polarisant, parfois aux RX - l'uniformité des lois naturelles
ou à l'aide d'autres techniques. Les fossiles dans le temps et dans l'espace : affirmation
sont triés et déterminés. à poser a priori pour analyser les
Ces travaux permettent de préciser phénomènes naturels.
et de confirmer les levers sur le terrain. - l'uniformité des processus au
cours du temps. Les processus qui
VI.1.2. La prospection géophysique et modèlent actuellement la face de la Terre
les sondages peuvent être invoqués pour expliquer les
Les prospections en géophysique événements du passé.
sont diverses et variées. On distingue : - l'uniformité de rythme ou
- la prospection gravimétrique (mesure de gradualisme. Les transformations
l'accélération de la pesanteur à l'aide des géologiques sont lentes, progressives et
gravimètres, anomalies); continuelles non cataclysmiques ou
- la prospection magnétique (mesure des extrêmes. Cela n'exclut pas l'existence de
variations du champ magnétique à l'aide phénomènes brutaux et spectaculaires
des magnétomètres); (inondations, séismes, éruptions
- la prospection électrique (mesure de la volcaniques….), mais ces cataclysmes sont
résistivité du sous-sol par des géologiquement très localisés.
potentiomètres); En somme dans le principe
- la prospection sismique (analyse de la d'actualité, on admet que les événements
propagation des ondes,); ou phénomènes géologiques se sont
- les forages. toujours faits de la même manière et avec
la même intensité et que les mêmes causes
VI.2. Les résultats de l'exploration engendrent les mêmes effets.
géologique
Elles sont de deux types : Quelques limites de ce principe
- les résultats pratiques : Le principe d'actualité qui place le
découvertes de substances utiles présent au centre de toute reconstitution
- les résultats scientifiques et leur d'un paysage ancien a des limites.
présentation : coupes géologiques, cartes - De nombreuses roches,
géologiques, cartes structurales. abondantes dans les séries géologiques, ne
semblent plus se former actuellement, ou
VI.3. L'interprétation des faits dans des proportions très différentes (cas
géologiques - le principe d'actualité ou des niveaux à silex).
principe d'uniformitarisme (le présent - Est-ce que le présent est
est la clé du passé, causes actuelles-causes représentatif des temps anciens?
anciennes) - Il n'est possible de reconnaître
dans l'ancien que les milieux actuels ou des
Le présent est la clé du passé est un mécanismes physico-chimiques identifiés.
principe qui a été proposé par Lyell, en - La comparaison entre actuel et
1830, d'abord en réaction contre les ancien ne peut se faire que sur ce qui est
théories "catastrophistes" ou des conservé dans l'ancien.

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FINCHAPITRE 2. QUELQUES NOTIONS DE GÉOLOGIE

OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES

Au terme de ce chapitre vous devriez connaître :


 les principaux types de failles ;
 quelques indicateurs cinématiques des failles ;
 les principaux types de plis ;
 les principaux arguments qui plaident en faveur de la dérive des continents ;
 la notion de plaque et les types de frontières entre plaques ;
 les principaux types de chaînes de montagnes ;
 la notion de système cristallin ;
 les notions de phénomènes géologiques et cycle des roches ;
 les notions de séquences et séries sédimentaires ;
 les notions de cycles sédimentaires et orogéniques.

Dans le chapitre précédent, nous voir quelques notions concernant certaines


avons vu que la géologie comprend disciplines de la géologie.
plusieurs disciplines dont chacune à une
approche propre. Outre cela chaque I. La tectonique analytique
discipline à des notions bien particulières à C'est l'étude des déformations qui
elle. Au cours de ce chapitre, nous allons affectent les roches après leur formation
ainsi que les structures qui en résultent. On

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distingue la déformation discontinue ou
cassante et la déformation continue ou
souple.

I.1. La déformation discontinue ou


cassante
La déformation discontinue ou
cassante se caractérise par des cassures qui
affectent les roches avec ou sans
déplacement des compartiments qu'elles
séparent. On distingue des failles et des
joints.

I.1.1. Les failles


Les failles sont des cassures
accompagnées d'un déplacement relatif des
deux compartiments. Elles sont
caractérisées par : (Fig. 2.1)
- un plan de faille (plan de rupture
qui sépare les deux compartiments) ;
- un rejet (distance qui sépare deux
points initialement confondus) ;
- une brèche de faille (résultat du
broyage mécanique des roches le long du
plan de faille) ;
- des lèvres de failles (bordures des
compartiments en contact avec le plan de
faille) ;
- un regard de faille (côté de la faille
vers lequel est tournée la lèvre du
compartiment surélevé)

Fig. 2.1 : Schéma d'une faille.

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A. Quelques types de failles montre, Fig. 2.4 ) ou senestre (lorsqu'il est
A.1. Selon le pendage : Le dans le sens contraire des aiguilles d'une
mouvement peut être oblique (failles montre, Fig. 2.4).
obliques, (failles obliques, Fig. 2.2a),
vertical (failles verticales, Fig. 2.2b),

Fig. 2.4 : Failles de décrochement

A.3. Selon leurs rapports avec les


couches
- Failles conformes : une faille est
conforme lorsque le pendage du plan de
faille est de même sens que celui des
couches stratigraphiques (Fig. 2.5a).
- Failles contraires : une faille est
contraire lorsque le pendage du plan de
faille est en sens opposé à celui des
couches stratigraphiques (Fig. 2.5b).
Fig. 2.2 : (a) Faille oblique, (b) faille verticale

A.2. Selon le rejet :


Le rejet vertical l'emporte sur les
autres on parle de failles normales et de
failles inverses
- Failles normales ou de distension,
le compartiment situé au dessus du plan de
la faille s'abaisse (Fig. 2.3a). Elles sont
dues à un mouvement de distension. Elles
caractérisent un allongement, une
dilatation de l'espace.
- Failles inverses ou de compression, Fig. 2.5 : Relation entre failles et marqueurs. (a)
failles conformes (normales ou inverses), (b)
le compartiment situé au dessus du plan de failles contraires (normales ou inverses).
la faille s'élève (Fig. 2.3b). Elles sont dues
à un mouvement de compression. Elles B. Association des failles
sont témoins d'un raccourcissement de - Graben ou fossé d'effondrement :
l'espace. structure géologique résultant de
l'association de failles normales
conjuguées (Fig. 2.6), c'est donc une
structure distensive.
- Horst ou mole : structure
géologique résultant de l'association de
failles inverses conjuguées (Fig. 2.6), c'est
Fig. 2.3 : (a) Faille normale, (b) Faille inverse. donc une structure compressive.
Le rejet horizontal l'emporte sur les
autres on parle de décrochement qui peut
être dextre (le mouvement relatif des blocs
se fait sans le sens des aiguilles d'une

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Fig. 2.6 : Structure en graben et horst
Fig. 2.9 : Bloc diagramme montrant des surfaces
I.1.2. Quelques indicateurs cinématiques et pics stylolitiques.
A. Les rebroussements en crochon
(Fig. 2.7) : Ils résultent soit d'un simple I.2. La déformation continue ou souple
frottement mécanique, soit de l'étirement La déformation continue ou souple
puis de la rupture d'une flexure. se traduit toujours par un raccourcissement
de l'espace disponible. Elle s'exprime par
la formation des plis. Les plis sont des
déformations continues formées par
d'ondulations plus ou moins serrées. Tout
pli est caractérisé par :
Sur la vue en coupe on a (Fig.
2.10a) :
- le point de crête (point de la surface
plissée qui occupe la position la plus
Fig. 2.7 : Crochons produits par une faille élevée par rapport à une ligne horizontale
normale (gauche) et par une faille inverse
(droite). de référence) ;
- le point de creux (point de la surface
B. Les fentes sigmoïdes (Fig. 2.8) : plissée qui occupe la position la plus basse
Elles sont liées au cisaillement engendré par rapport à une ligne horizontale de
par le glissement de couche sur couche. référence) ;
- le point de courbure maximale (point
de la surface plissée où la courbure atteint
une valeur maximale) ;

Sur la vue en perspective on a (Fig.


2. 10b) :
Fig. 2.8 : Fentes sigmoïdes (Landry et Mercier, - la ligne de crête (ligne qui joint les
1992). points de crête successifs pour une surface
C. Filons et joints stylolitiques donnée) ;
(Fig. 2.9) : Les filons viennent souvent - la ligne de creux (ligne qui joint les
combler les cavités causées par un points de creux successifs pour une surface
cisaillement de surfaces irrégulières alors donnée) ;
que les joints stylolitiques sont des - la charnière (ligne qui joint les points
surfaces irrégulières suivant lesquelles de courbure maximale successifs pour une
s'interpénètrent deux compartiments surface donnée) ;
juxtaposés. - la surface axiale (surface qui regroupe
des charnières successives) ;

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- la ligne d'inflexion (ligne qui joint les
points d'inflexion successifs pour une
surface donnée) ;
- les flancs (côtés de la surface courbée
de part et d'autre de la charnière.

1
Fig. 2.10 : Les éléments géométriques d'une surface plissée. (a) vue en coupe, (b) vue en perspective
(Ramsay in Landry et Mercier, 1992).

I.2.1. Quelques types de plis pli étiré ou laminé pouvant passer à un pli-
A. Selon la polarité des courbures faille ou même à un pli chevauchant.
(Fig. 2.11)
Un pli élémentaire se compose
d'une partie convexe vers le haut ou
antiforme et d'une partie concave ou
synforme.
-Pli anticlinal : pli antiforme dont
le cœur est occupé par les couches les plus
anciennes ;
- Pli synforme : pli synforme dont
le cœur est occupé par les couches les plus
jeunes ;

Fig. 2.12 : Principaux types de plis (Pomerol et


Renard, 1989).

Fig. 2.11 : Schéma d'un pli simple (Pomerol et


Renard, 1989). I.2.2. Associations des plis
- Synclinorium : c'est un ensemble
B. Selon l'attitude du plan axial et
de plis dont la disposition d'ensemble
des flancs (Fig. 2.12)
dessine un synclinal.
- Pli droit : le plan axial est vertical
- Anticlinorium : c'est un ensemble
et les deux flancs ont le même pendage,
de plis dont la disposition d'ensemble
mais de sens opposé ;
dessine un anticlinal.
- Pli déjeté : le plan axial est
oblique et les flancs sont inclinés en sens
II. La tectonique des plaques ou
contraire ;
tectonique globale
- Pli déversé ou renversé : le plan
La théorie de la tectonique des
axial est oblique et les flancs sont inclinés
plaques intègre deux notions principales :
dans le même sens. Un pli déversé dont le
celle de la dérive des continents et celle
flanc inverse a le même pendage que le
d'expansion océanique.
flanc direct est dit isoclinal.
- Pli couché : le plan axial est
II.1. La dérive des continents
horizontal.
La théorie de la dérive des
Chez les plis déjetés, déversés et
continents fut énoncée pour la première
couchés lorsque l'épaisseur des couches est
fois par Wegner. Ce dernier fonda son
la même sur les deux flancs, on parle de
hypothèse sur une étude comparée des
plis normaux. Dans le cas contraire on a un
caractéristiques paléoclimatiques,

1
géologiques, géographiques ou
topographiques et paléontologiques de II.1.2. Les arguments géologiques
territoires séparés. Cette théorie ne fut Ils résultent de la présence des
malheureusement acceptée que dépôts de houille (charbon) dans le nord
tardivement grâce aux données physiques est de l'Amérique du Nord, le nord est de
essentiellement liées au magnétisme qui l'Asie et en Europe du Nord d'une part et
ajouta un autre argument qu'est le celle des dépôts glaciaires en Afrique du
paléomagnétisme. Sud, en Australie, en Inde et en
Antarctique au cours du Carbonifère.
II.1.1. Les arguments paléontologiques
Ils sont fondés sur le fait que la II.1.3. Les arguments géographiques ou
flore et la faune du Paléozoïque montrent topographiques
de grandes similitudes d'un continent à un Ils reposent sur la morphologie des
autre. De ce fait les continents formaient continents à l'exemple des côtes de
pendant une bonne partie de cette ère un l'Afrique et de l'Amérique du Sud qui
ensemble unique : la Pangée (Fig. 2.13). s'emboîtent aisément (Fig. 2.13).

Fig. 2.13 : Carte paléogéographique du monde à la fin du Permien (Scoteese, 2002)

II.1.4. Les arguments paléomagnétiques


Ils découlent du fait que les roches gardent en mémoire les paramètres du champ
magnétique terrestre qui prévalait au moment de leur formation. Ce magnétisme (primaire) est
très utile pour retrouver l'emplacement passé des continents.

II.2. L'expansion (ou accrétion) océanique (Fig. 2.14)


Les zones d'accrétion (ou expansion) océanique se situent au niveau des dorsales. Ces
zones sont marquées par une importante anomalie thermique positive, corrélative d'une
montée de l'asthénosphère à leur aplomb. On considère ces zones comme des zones de
production de croûte océanique ce qui se manifeste au fond de l'océan, dans le rift, par un
volcanisme basaltique avec épanchement de laves en coussins (pillow lavas) de part et d'autre
de la dorsale. Les basaltes se situant plus ou moins à égale distance de part et d'autre de la
dorsale et montrant une même anomalie magnétique sont du même age et appartiennent à cet
effet au même épanchement de magma émis dans l'axe de la dorsale.

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Fig. 2.14 : L'hypothèse de Hess. La nouvelle croûte crée au niveau des rides se déplaçant solidairement
avec le manteau. Les continents se déplacent passivement.

II.3. La tectonique globale : le jeu des plaques


Une plaque est une entité rigide de la lithosphère constituée soit exclusivement de
matériel océanique, soit de croûtes océanique et continentale solidaires. Les plaques,
constituant de la partie superficielle de la Terre ou lithosphère (épaisse d'une centaine de
kilomètres), sont en mouvement sur l'asthénosphère.

II.3.1. Les limites des plaques (Figs. 2.15, 2.16)


Les plaques prennent naissance au niveau des dorsales océaniques et sont résorbées au
niveau des plans de plans de Benioff. Les frontières des plaques correspondent à trois types de
structures :
- une dorsale ou zone de création de croûte. Ici il y a création d'un océan. exemple :
plaque Afrique - plaque Amérique du Sud ;
- une zone de résorption de matériel lithosphérique ou zone de subduction (=
enfoncement d'une plaque sous une autre). La partie supérieure de la plaque subductée peut
être « découpée » en copeaux et portée sur le continent, on parle d'obduction. Ici il y a
formation de montagnes. Exemple plaque Nazca - plaque Amérique du Sud.
- une zone de failles transformantes. Ici il y a simplement déplacement latéral de
plaques. Exemple : plaque Pacifique - plaque Amérique du Nord.

Notons que la majeure partie de l'énergie interne du globe se dissipe au niveau des
limites entre les plaques soit sous forme mécanique (séismes) soit sous forme thermique
(magmatisme et hydrothermalisme).

1
Fig.2.15 : Coupe méridienne de la Terre
(Pomerol et Renard, 1989).

Fig. 2.16 : Principale plaques délimitée par des zones de sismiques actives que sont les dorsales, les fosses
et les failles transformantes (Landry et Mercier, 1992).

II.3.2. L'édification des chaînes de montagnes


La tectonique des plaques est une synthèse de différentes données géophysiques et
offre un modèle explicatif des grands phénomènes géologiques tels que la formation des
chaînes de montagne. Ces dernières se forment dans les lieux d'affrontement entre plaques.

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A. Les chaînes de subduction (Fig. 2.17a et b)
Ce type de chaînes de montagnes résulte d'une orogenèse qui se produit dans le
contexte d'une zone de subduction active. C'est le cas de la cordillère des Andes

B. Les chaînes d'obduction (Fig. 2.18)


Dans certains cas il peut y avoir blocage de la subduction. La croûte océanique ne
s'enfonce plus sous le continent mais, au contraire, tend à le chevaucher. A la longue des
chevauchements de plus en plus importants se forment et aboutissent à un charriage du
matériel océanique sur le continent qui subit lui-même des déformations. La chaîne de l'Oman
(péninsule arabique) est un exemple type.

Fig. 2.17 : Les chaînes de subduction et leur évolution (Mattauer, 1985). (a) subduction péricontinentale,
(b) formation d'une chaîne de subduction, (c) formation de chaîne de collision, (d) formation de chaîne
intracontinentale.
C. Les chaînes de collision (Fig. 2.17c)
Leur formation résulte d'un processus orogénique qui se produit dans le contexte d'une
zone de subduction parvenue à maturité. C'est le cas de la chaîne de montagne Himalaya-
Tibet formée de la collision de la plaque Inde avec la plaque Eurasie.

D. Les chaînes intracontinentale (Fig. 2.17d)


Ce sont des structures qui apparaissent à la surface d'une lithosphère continentale mise
en compression. Elle constitue une annexe des grandes chaînes de collision. Pour exemple
nous pouvons citer le Haut Atlas marocain.

1
Fig. 2.18 : Les chaînes d'obduction et leur évolution (Mattauer, 1985). (a) Subduction intraocéanique avec
formation d'une arc insulaire, (b) formation d'une chaîne d'obduction par blocage de la subduction, (c)
formation d'une chaîne de collision avec fermeture de l'océan arrière arc, (d) Stade d'hypercollision.

III. La pétrologie
III.1. Les minéraux
Un minéral est un solide naturel homogène, limité par des surfaces habituellement
planes faisant entre elles des angles bien définis (cristal), ce qui suppose une structure
atomique ordonnée périodique et une composition chimique définie.
On classe les minéraux suivant leurs caractères chimiques et cristallographiques. On
distingue deux grands groupes de minéraux : les minéraux silicatés (SiO 4), de loin les plus
abondants, et les minéraux non silicatés.
Les principaux minéraux constitutifs de l'écorce terrestre sont les silicates (SiO4) et les
carbonates (CO3).

III. 2. Les cristaux et les réseaux cristallins


Un cristal est un solide naturel caractérisé par un arrangement particulier des divers
atomes. La répétition régulière dans l'espace de ces atomes définit le réseau cristallin. On
distingue 7 systèmes cristallins à savoir : Les systèmes cubique, quadratique, hexagonal,
rhomboédrique, orthorhombique, monoclinique et triclinique (Fig. 2.19).

- Le système cubique. Le solide fondamental est un cube.


- Le système quadratique. Le solide fondamental est un prisme droit à base carrée.
- Le système hexagonal. Le solide fondamental est un prisme droit à base hexagone.
- Le système rhomboédrique. Le solide fondamental est un losange (rhomboèdre).
- Le système orthorhombique. Le solide fondamental est un prisme à base rectangle.
- Le système monoclinique. Le solide fondamental est un prime oblique à base rectangle.
- Le système triclinique. Le solide

1
fondamental est un prisme oblique à base
parallélogramme.

Fig. 2.19 : Les sept systèmes cristallins et leurs caractéristiques.

III.3. Les roches


Les minéraux sont aux roches ce que les cellules représentent pour les tissus en
biologie. Une roche est donc un matériau constitutif de l'écorce terrestre formé en général d'un
assemblage de minéraux. La classification des roches est complexe car elle repose sur un
grand nombre de critères. On distingue généralement deux grands groupes de roches : les
roches exogènes et les roches endogènes. Les roches exogènes correspondent aux roches
sédimentaires. Les roches endogènes regroupent les roches métamorphiques et les roches
magmatiques (plutoniques et volcaniques).

IV. Les phénomènes géologiques et cycle des roches (Fig. 2.20)


IV.1. Altération, érosion et transport
La surface des continents est modelée, façonnée par les agents de la géodynamique
externe que sont notamment l'eau, le vent, la glace et les êtres vivants. Les roches des
continents subissent donc, au contact de l'atmosphère et de l'hydrosphère, une altération -
physique et chimique conduisant à une modification des propriétés physiques et chimiques
des roches - accompagnée d'une érosion (processus mécanique consistant à l'enlèvement des

1
produits d'altération). Les particules dissociées subissent un transport par les différents
agents et enfin une sédimentation.

IV.2. La sédimentation et diagenèse


D'après ce qui précède, la sédimentation est l'ensemble des processus conduisant à la
formation des sédiments. Les produits (particules détritiques, éléments chimiques,
organiques) transportés par l'eau, le vent ou les glaciers se déposent formant ainsi des
sédiments. Les sédiments vont subir des transformations physiques, chimiques et
biochimiques qui conduisent à la formation des roches sédimentaires. Cet ensemble de
transformation s'appelle diagenèse.

Fig. 2.20 : Le cycle des roches (Landry et


Mercier, 1992).

IV.2.1. Quelques caractéristiques des


roches sédimentaires
Les roches sédimentaires se
disposent en couches ou strates (roches
stratifiées) et renferment souvent des
figures sédimentaires et des fossiles. Une
Fig. 2.21 : Stratifications entrecroisées formées
strate est une couche sédimentaire,
de strates.
d'épaisseur variable et ayant une lithologie
caractéristique, comprise entre deux Les figures sédimentaires sont liées
surfaces ou limites plus ou moins à l'agent de transport ainsi qu'à l'énergie du
parallèles (mur et le toit). milieu de sédimentation. On distingue des
La stratification est le fait qu'une rides de courant, des rides de vagues, etc…
roche se dispose en couche. On parle de
stratification horizontale, oblique ou IV.2.2. Le granoclassement positif ou
entrecroisée (Fig. 2.21). inverse.
Au cours de la mise en place du

1
sédiment, des tris granulométriques
peuvent s'opérer tant verticalement que
latéralement. Le granoclassement est
positif quand on note une diminution de la
taille des éléments de la base vers le
sommet; il est dit inverse dans le cas
contraire. (Fig. 2.22)

Fig. 2.22 : Granoclassement schématique

IV.3. Le métamorphisme

C'est la transformation d'une roche


à l'état solide du fait d'une élévation de
température et/ou de pression. Cette
transformation s'accompagne de la
cristallisation de nouveaux minéraux, dits
néoformés, et de l'acquisition de structures
particulières, sous l'influence de la
température et de la pression. On obtient
des roches métamorphiques.

IV.4. Le magmatisme
C'est l'ensemble des phénomènes
liés à la formation, à la cristallisation et
aux déplacements des magmas. Un magma
est un bain silicaté à haute température (au
moins 600°C)
qui donne des roches par solidification. On parle de roches plutoniques quand le
refroidissement du magma s'opère en profondeur (refroidissement lent) et de roches
volcaniques quand le refroidissement a lieu en surface (refroidissement rapide des laves).
Selon le chimisme, on distingue : des magmas granitiques, acides car riches en SiO 2 et des
magmas basaltiques, basiques, pauvres en SiO2.

V. Eléments de stratigraphie
V.1. Notion de faciès
Le faciès est l'ensemble des caractères pétrographiques (composition chimique,
structure, texture), paléontologiques (dans le sens des associations) d'une roche. Les fossiles
de faciès fournissent de précieuses indications sur le milieu. Notons que l'interprétation des
faciès repose sur le principe de l'uniformitarisme.

V.2. Séquence sédimentaire


Une séquence est un ensemble de niveaux sédimentaires de natures différentes se
succédant dans un ordre déterminé, habituellement limité au mur et au toit par des
discontinuités stratigraphiques. On distingue plusieurs types de séquences dont des séquences
transgressives, des séquences positives, des séquences négatives.

V.3. Série sédimentaire


Une série est un ensemble de couches sédimentaires, considérées dans leur succession
chronologique.

V.3.1. Les séries compréhensives


Les séries compréhensives sont des séries qui résultent de l'accumulation sur de
grandes épaisseurs, pendant de temps relativement court, de sédiments de même nature du
début à la fin de leur dépôt. Ces séries témoignent d'une vitesse de sédimentation élevée
corrélative d'apports importants et une subsidence importante. Les séries compréhensives sont
le plus souvent constituées de matériaux détritiques qui proviennent de la destruction rapide
d'un domaine continental voisin livré à une érosion intense. Ces dépôts se rencontrent dans les
domaines orogéniques. Les plus typiques sont les molasses, formations faites de conglomérats
et de grès plus ou moins grossiers, et les flysch, formations faites de monotones alternances de
grès, de pélites et parfois de roches carbonatées. Exemple de série compréhensive : la série
dauphinoise des Alpes (Fig. 2.23).

V.3.2. Les séries condensées


Ce sont des séries d'épaisseur relativement faible mais qui représentent des durées de
sédimentation relativement importantes. Ces séries procèdent à la fois de dépôts à faible
vitesse de sédimentation corrélatifs d'apports peu importants, et d'interruptions de la
sédimentation répétées. Il y a des phénomènes d'induration responsables de la formation de
surfaces durcies ou hard ground. Les séries condensées sont également des séries lacuneuses
dans lesquelles les fonds durcis sont de règle. Elles sont essentiellement carbonatées. Parmi
les plus caractéristiques, il y a le faciès « ammonotico rosso ». Exemple de série condensée :
la série briançonnaise des Alpes (Fig. 2.23).

2
Fig. 2.23 : Comparaison des séries dauphinoises et briançonnaise des Alpes occidentales au Jurassique et
Crétacé (Auboin et al., 1978).

V.3.3. Les séries continues et les séries discontinues


Lorsque les strates se succèdent sans interruption, on dit qu'elles forment une série
continue. Une série est dite discontinue lorsqu'il manque une ou plusieurs strates. On dit qu'il
y a lacune. Une lacune peut être due, soit :
- à une absence de sédimentation sous forme de surface durcie.
- à une émersion qui est toujours plus ou moins accompagnée d'une érosion, puis la
mer revient en transgression pour déposer les couches supérieures.

V.3.4. Les séries transgressives et les séries régressives


Une transgression est une avancée de la mer sur le domaine continental. Alors qu'une
régression est un retrait de la mer d'un domaine qu'elle occupait au préalable. Dans les deux
cas, il s'agit également d'une modification paléogéographique majeure.

A. Série transgressive (Fig. 2.24)


Une série transgressive est un ensemble de couches ou roches qui se déposent lors de
la transgression. On parle de dépôts transgressifs. Les terrains sur lesquels reposent les dépôts
transgressifs sont dits transgressés. Une série transgressive se reconnaît par plusieurs
caractères :
- plus grande extension des terrains transgressifs sur les terrains transgressés,
- disposition des couches en biseau,
- remaniements des roches transgressées sous forme de galets donnant en général
naissance à un conglomérat de base.

2
Fig. 2.24 : Schéma d'une trangression (Auboin et al., 1978). (a) sans discordance, (b) avec discordance
(Auboin et al., 1978)..

B. Série régressive
Une série régressive désigne l'ensemble des couches qui se déposent au cours une
régression. Les dépôts régressifs se caractérisent par une faible extension ainsi que par une
évolution de faciès qui deviennent davantage moins profonds.

V.4. Cycle sédimentaire et cycle orogénique


V.4.1. Cycle sédimentaire
Un cycle sédimentaire comprend trois termes qui sont : transgression (avancée de la
mer), sédimentation et régression (retrait de la mer du continent).

V.4.2. Cycle orogénique


Un cycle orogénique comprend également trois termes qui sont : transgression,
sédimentation et orogenèse (naissance d'une chaîne de montagne).
Exemples : cycle calédonien (Paléozoïque inférieur), cycle hercynien (Paléozoïque
supérieur).

V.5. Les discordances stratigraphiques


Une discordance désigne le repos stratigraphique d'une formation sédimentaire sur un
substratum plissé ou basculé antérieurement par des efforts tectoniques, et en partie érodé.
Notons qu'une discordance régionale typique exige une succession de phénomènes :
1. période de sédimentation,
2. phase tectonique avec plissement qui peut être accompagné ou suivi de phénomènes
éruptifs ou métamorphiques
3. émersion et constitution d'une surface d'érosion,
4. période de sédimentation marine ou continentale. La surface d'érosion élaborée en 3
est alors devenue une surface de discordance.
On distingue couramment des discordances angulaires et des discordances de
ravinement.

V.5.1. Discordance angulaire


C'est une discordance entre deux séries sédimentaires dont les pendages au même
point sont différents de part et d'autre de la surface de discordance.

V.5.2. Discordance de ravinement


C'est une lacune marquée par un ravinement du substratum par les couches sus-
jacentes.
CHAPITRE 3 : EVALUATION DU TEMPS EN GEOLOGIE

2
OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES

Au terme de chapitre vous devriez :


 pouvoir différencier la notion de chronologie relative à celle de la chronologie absolue
;
 connaître les principes de la stratigraphie ;
 connaître les types de fossiles ;
 connaître certaines méthodes de la chronologie absolue ;

En géologie le temps est une notion


fondamentale, primordiale. Pour I.1. Le principe de superposition
l'appréhender, il faut distinguer deux Il s'agit d'un principe fondamental
aspects : en stratigraphie. Ce principe énonce que
- l'aspect chronologique, par lequel «toute couche sédimentaire est plus
le géologue cherche à établir la succession récente que celle qu'elle recouvre » (Fig.
des événements ou le synchronisme de 3.1). Il est applicable pour les terrains
certains événements ; sédimentaires qui ont conservé leur
- l'aspect durée, c'est-à-dire le position d'origine ou pour lesquels ladite
temps pendant lequel se déroule un position peut être reconstituée sans
événement. ambiguïté.
Notons que le temps passé n'est
accessible qu'à travers les traces laissées
par divers processus comme l'accumulation
de sédiments ou une succession
d'événements. De plus le temps ne se
fossilise pas vraiment. On ne trouve que
des marques dues à un ou des événements
(sédimentaires, métamorphiques,
Fig. 3.1 : Selon le principe de superposition a est
magmatiques, tectoniques, etc…) qu'il faut la plus ancienne des représentées et e la plus
reconstituer et dater. récente.
On distingue la chronologie relative
de la chronologie absolue. Ce principe n'est pas applicable
dans les cas des :
I. Chronologie relative : les principes de - terrasses fluviatiles ;
la stratigraphie - filons clastiques ;
La chronologie relative permet de - terrains renversés.
situer les événements géologiques les uns
par rapport aux autres en observant les
rapports géométriques entre les
événements et les relations génétiques.
L'établissement d'une chronologie relative
se fonde sur un certain nombre de
principes.

2
I.1.1. Les terrasses fluviatiles Les fossiles qui ont gardé, dans la
On distingue les terrasses étagées couche qui les contient, leur position de
(Fig. 3.2) et les terrasses emboîtées (Fig. vie, constituent d'excellents critères de
3.2). Les terrasses fluviatiles s'étagent de polarité puisqu'ils permettent de
telle manière que les plus récentes soient reconnaître le haut et le bas d'une couche
les plus basses. Cette remarque est absolue (Fig. 3.5).
pour les terrasses étagées et est relative L'orientation suppose évidemment
pour les terrasses emboîtées dont les une bonne connaissance morphologique et
parties basses répondent au principe de écologique des individus. Ce critère de
superposition. polarité est d'ordre paléoécologique.

Fig. 3.2 : Terrasses fluviatiles. En haut, terrasses


étagées ; en bas, terrasses emboîtées.
(Auboin et al., 1978).
Fig. 3.5 : Rudiste en position de vie (Dercourt et
I.1.2. Les filons clastiques (Fig. 3.3) Paquet, 1995).
Il s'agit de fractures ouvertes dans
les sédiments et remplies ultérieurement de  Le granoclassement vertical
sédiments de haut en bas. Il s'agit de la diminution de la taille
des grains vers le sommet d'une couche.
Les particules grossières indiquent le bas
de la couche et se déposent les premières et
sont suivies de particules plus fines (Fig.
2.22).
Le granoclassement vertical est un
critère de polarité d'ordre
sédimentologique.
Fig. 3.3 : Filons clastiques (Auboin et al., 1978).

 La stratification
I.1.3. Les terrains renversés (Fig. 3.4)
entrecroisée
S'agissant des terrains renversés, il
Les bancs de grès montrent parfois
est nécessaire de reconstituer l'ordre de
des séries de laminations sécantes ; il s'agit
succession des couches en recherchant les
d'une stratification entrecroisée. Toute
critères de polarité.
lamination qui en recoupe une autre lui est
postérieure. La recherche de ces
intersections permet de déterminer le haut
et le bas d'une couche (Fig. 2.21).
La stratification entrecroisée est
également un critère de polarité d'ordre
Fig. 3.4 : Pli couché (Auboin et al., 1978). sédimentologique.

Quelques critères de polarité  Les figures de base de banc


 Les fossiles en position de vie

2
Ce sont aussi des critères de principe de continuité n'est plus applicable
polarité d'ordre sédimentologique (Figs. avec certitude.
3.6, 3.7).
I.3. Le principe d'identité
paléontologique

I.3.1. Les fossiles


Ce principe repose sur les fossiles.
Les fossiles sont des restes d'animaux ou
des végétaux ayant vécu il y a très
longtemps. Ce sont des indicateurs des
temps et des conditions de milieux dont
l'étude a permis de reconstituer les
Fig. 3.6 : Figures de base liées au fluage d'un différentes étapes de la vie sur la Terre.
niveau plastique (Dercourt et Paquet, 1995).
Les types de fossiles
On distingue deux types de
fossiles : les fossiles stratigraphiques et les
fossiles de faciès.
 Les fossiles stratigraphiques
Les fossiles stratigraphiques ou
fossiles marqueurs permettent de dater un
terrain. Ces fossiles se caractérisent par
une existence courte à l'échelle géologique
Fig. 3.7 : Figure de base de banc (Dercourt et ainsi que par une grande extension
Paquet, 1995). géographique, ce qui permet de comparer
des terrains plus ou moins éloignés. C'est
le cas des Graptolites (Fig. 3.9) et des
I.2. Le principe de continuité Trilobites (Fig. 3.10) qui caractérisent le
Ce principe énonce que « toute Primaire ; les Ammonites pour le
strate continue, délimitée par un toit et un Secondaire (Fig. 3.11).
mur, est de même âge sur toute son
étendue, quelque soit le faciès ». Ce
principe est à la base des corrélations
géologiques (Fig. 3.8)

Fig. 3.8 : Passage de faciès du gypse de


Montmartre aux calcaires de champigny à la
vallée de la Marne.
Fig. 3.9 : Graptolites (Théobald et Gama, 1969).
Limites de validité de ce principe
Dans le cas des variations latérales
de faciès le principe de continuité est Les fossiles de faciès
d'utilisation délicate. Si une couche est Ce sont des fossiles liés à un milieu
définie par un lithofaciès auquel on ne peut de sédimentation particulier. Ils fournissent
associer un faciès paléontologique, le donc des indications sur les conditions de

2
vie. C'est le cas des coraux, des Fig. 3.11 : Quelques ammonites du Jurassiques
échinodermes qui sont des organismes (Théobald et Gama, 1969). (A) Harpoceras
serpentium, (B) Stephanoceras blagdeni, (C)
marins sténohalins et sténothermes. Perisphinctes martelli.

I.3.2. Enoncé du principe


Ce principe énonce que « deux
couches ou deux séries de couches
contenant les mêmes fossiles
stratigraphiques ont le même âge ».

Limite d'application du principe


Ce principe n'est applicable que
dans des terrains fossilifères. Dans les
terrains azoïques, la détermination de la
chronologie repose sur d'autres critères
(géométriques, sédimentologiques,
lithologiques, analogiques).
Notons que deux couches
présentant le même contenu
paléontologique sont dites synchrones.
Elles sont dites diachrones si le contenu
paléontologique est différent.

I.4. Le principe de recoupement


On peut l'énoncer comme suit : «
toute unité lithologique qui en recoupe une
autre lui est postérieure ». ou plus
Fig. 3.10. Quelques Trilobites (Théobald et
Gama, 1969). généralement « toute entité qui en recoupe
une autre lui est postérieure ». (Fig. 3.12).
Ce principe s'applique à toutes les échelles.

Fig. 3.12. Selon le principe de recoupement la


faille est postérieure aux couches 1, 2 et 3

I.5. Le principe d'inclusion


Ce principe énonce que : « Si un
fragment de A est inclus dans B, B est
postérieur à A ».

2
isotope père (P ou N) se désintègre en
Fig. 3.13. Selon le principe d'inclusion B est donnant un isotope fils (F) non radioactif
postérieur à A.
dit radiogénique avec production soit de
II. Chronologie absolue ou particule α (noyaux d’hélium 42He2+), β
géochronologie (électrons), soit d’énergie (photons γ).
La géochronologie, du grec, Géo = L’équation de désintégration est la suivante
la Terre, Khronos = temps, Logos = : N → F + α ou β ou γ
sciences permet de préciser l'échelle des Ce processus de désintégration
temps géologiques en fixant les repères dépend uniquement du temps : c’est-à-dire
numériques et en rendant possible des que la proportion d’atomes radioactifs qui
corrélations impensables par la datation de se désintègre par unité de temps est une
façon absolue des phénomènes constante immuable, elle est indépendante
géologiques. des facteurs externes : température,
Parmi les méthodes utilisées pour pression, environnement chimique. Chaque
atteindre cet objectif, on peut citer : la élément radioactif est caractérisé par sa
radiochronologie ou radiométrie, le constante de désintégration λ telle que :
dénombrement de couches dues à une
sédimentation saisonnière (varves), la λ = Nombre d’atomes désintégrés par unité
croissance d'organismes (coraux, arbres, de temps/ Nombre d’atomes présents
lichens), la téphrochronologie, les traces de
fission, la magnétostratigraphie,… Ce phénomène étant continu,
irréversible, et se déroulant à vitesse
II.1. La radiochronologie ou chronologie constante, on dispose d'un chronomètre
isotopique géologique. Pour dater les âges anciens, on
La radiochronologie ou chronologie utilise des isotopes radioactifs primitifs,
isotopique, qui présente le plus large existant depuis la formation de la Terre ou
champ d'application dans le temps et dans certains de leurs descendants radioactifs et
l'espace, est fondée sur l'existence pour les âges récents des isotopes
d'isotopes radioactifs. On appelle isotopes radiogéniques (le carbone 14,) engendrés
des atomes ayant le même nombre de d'une façon permanente dans la haute
protons (donc d'électrons) mais un nombre atmosphère par le rayonnement cosmique.
de neutrons différents. Ils ont donc les
mêmes propriétés (même nombre II.1.2. Expression mathématique de la
d'électrons) mais des masses atomiques désintégration ou loi de décroissance
(protons plus neutrons) différentes. radioactive
L'immense mérite de la Le taux de transformation d'un
radiochronologie est d'assigner aux nuclide radioactif par unité de temps est
formations ou phénomènes géologiques proportionnel au nombre d’atomes de
une durée et un âge, même approximatif. nuclide père présents. Ceci s’exprime par :
La détermination d'âges radiométriques
revêt une particulière importance pour les dN/dt = - λN (1)
terrains précambriens, où la rareté des
fossiles rend difficilement applicable la où N est le nombre d’atomes du nuclide
biostratigraphie. radioactif, dN/dt le taux instantané de
transformation et λ la constante
II.1.1. Principe de la méthode radioactive. Celle-ci, dont la dimension est
inverse du temps, est caractéristique de
Les minéraux naturels contiennent chaque nuclide radioactif. Le signe négatif
des éléments radioactifs qui se désintègrent exprime la décroissance du nombre
spontanément : un isotope radioactif ou d’atomes radioactifs.

2
En utilisant les expressions (4) et
(1) peut être transformée par intégration en (5), on peut calculer l'âge d'un minéral en
: fonction de Nt, N0 et T :

Nt = N0e-λt ( N0 = Nteλt), loi de t = (T/0,693)LnN0/Nt (6)


décroissance exponentielle (2)
Conditions d'application
où N0 est le nombre d'atomes à l'instant Toutefois l'utilisation de cette
initial t=0, Nt le nombre d'atomes équation pour dater les minéraux ou les
subsistant au temps t. Le nombre d'atomes roches nécessite le respect de certaines
radioactifs décroît au cours du temps de conditions (système clos dès l'origine t 0 ce
manière exponentielle. qui exclut les pertes et les enrichissements,
seuils de dosages, provenance de l'élément
Ft = N0-Nt, si F0 existe au départ on a : fils uniquement des désintégrations de
F't = Ft+F0 l'élément père). Notons que les dosages des
F't = N0(1 - e-λt) + F0 ou éléments nécessitent des spectromètres de
F’t = N0(eλt - 1) + F0 (3) masses.
Si K est un isotope non radiogénique
(stable) de F, la relation (3) devient :
F’t/K = (N0/K)(eλt - 1) + F0/K II.1.3. Principales méthodes de datation
On obtient une équation de type y = ax+b isotopique
dont la droite est appelée isochrone (Fig.
3.14) A) Méthode Rubidium/Strontium
(Rb/Sr)
Le Rubidium possède deux isotopes
85
Rb et 87Rb. Seul le 87Rb est radioactif. La
transformation est la suivante : 87Rb →
87
Sr + β- + ў (λ = 1,42.10-11an-1 ; T = 4,88.
1010 ans).
Pour appliquer la formule t = 1/ λ
Ln (1 + 87Sr/87Rb), il faut doser 87Srt dans
l’échantillon et 87Rbt restant dans
l’échantillon.
Fig. 3.14 : Isochrone d’une roche et de ses
minéraux déterminée à partir des rapports B) Méthode Potassium/Argon
isotopiques de Rubidium (Rb) et Strontium (Sr)
(K/Ar)
40 40
La relation (2) permet de calculer K → Ar (T = 1,3.109 ans)
l’âge du minéral en fonction de Nt, N0 et λ.
De l’équation (2) on déduit en effet : C) Méthode Uranium/Plomb
(U/Pb)
236 207
t = (1/λ)LnN0/Nt (4) U → Pb (T = 4,5. 109ans)
236 206
U → Pb (T = 7.108 ans)
On définit T la période d’un nuclide
radioactif comme étant le temps nécessaire D) Méthode Thorium/Plomb
à la transformation de la moitié du stock (Th/Pb)
232
initial ; en faisant dans (2) NT/N0 = 1/2, on Th → 208Pb (T = 1,4. 1010ans)
obtient :
E) Méthode Carbone/Azote (C/N)
14
T = Ln2/λ = 0,693/ λ (5) C → 14N (T = 5370 ± 40 années).

2
II.2. Dénombrement des couches méthodes radioactives (datations des
II.2.1. Croissance des invertébrés marins minéraux, des roches volcaniques).
Plusieurs groupes d'invertébrés Le magnétisme est une propriété
marins (Mollusques, Echinodermes, commune à tous les corps qui, placés dans
Coelentérés) ainsi que les Stromatolites, un champ magnétique, acquièrent une
Algues bleues calcaires particulièrement aimantation ; celle-ci est :
bien développées au Précambrien, - permanente dans le cas des corps
présentent des stries de croissance (Fig. ferromagnétiques (métaux : fer, nickel,
3.15) cobalt, gadolinium ; magnétite, Fe3O4 ;) ; le
ferromagnétisme ne disparaît qu'au-dessus
du point de Curie.
- temporaire dans le cas des corps
paramagnétiques et diamagnétiques.

Le paléomagnétisme repose sur


l'étude des corps ferromagnétiques comme
les laves riches en magnétites qui se
comportent comme des aimants. Les
études paléomagnétiques ont montré que le
champ magnétique terrestre a varié au
cours des temps avec notamment des
Fig. 3.15 : Stries quotidiennes d'accroissement migrations des pôles et des inversions. Les
d'un Coelentéré du Dévonien (in Raup and inversions de pôles ont été utilisées pour
Stanley) évaluer la vitesse de l'expansion des fonds
océaniques (tectonique globale). On a pu
II.2.2. Croissance des arbres : la mettre en évidence une succession de
dendrochronologie périodes durant lesquelles le champ
Il s'agit de compter les stries magnétique terrestre (CMT) avait le même
d'accroissement d'un arbre sachant que sens qu'aujourd'hui : on parle de périodes
chaque strie correspond à une année normales et de périodes inverses quand le
d'existence de l'arbre. Par ce sens est différent de l'actuel. De plus, ces
dénombrement, on peut remonter jusqu'à études ont permis d'établir une échelle
60 ans et quelquefois jusqu'à 6.000 ans paléomagnétique (Fig. 3.16).
(Exemple des Séquoia).
A comparer à la radiochronologie,
la chronologie absolue par dénombrement
se heurte au problème de calage sur une
date ou sur une échelle datée.

II.3. Les méthodes paléomagnétiques


Les méthodes paléomagnétiques
sont surtout utilisées dans le cadre de
l'étude du magnétisme ancien. Il ne s'agit
pas de méthodes de datation à proprement
parler. Toutefois, elles fournissent
indirectement un moyen de dater certains
événements tels que ceux liés au
volcanisme ou à l'expansion des fonds à
partir des anomalies magnétiques
(inversion des champs magnétiques). Pour
ce faire, elles sont combinées avec les

2
Fig. 3.16 : Echelle paléomagnétique du
Jurassique à l'actuel
CHAPITRE 4 : ECHELLE STRATIGRAPHIQUE

OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES

Au terme de ce chapitre vous devriez connaître :


les paramètres utilisés pour l'établissement d'une échelle stratigraphique
les grands traits de l'échelle stratigraphiques
quelques traits de l'évolution de la vie

L'échelle stratigraphique (Fig. 4.1)


représente le calendrier des temps I.1.1. La couche ou banc
géologiques. Elle s'appuie sur toutes les La couche ou le banc est la plus
observations et données fournies par les petite unité décelable sur le terrain.
différentes disciplines de la géologie Généralement, elle n'est utilisée que dans
depuis plus de 175 ans. Actuellement, elle les descriptions stratigraphiques détaillées.
est encore constamment améliorée. On parle de couche calcaire, marno-
calcaire etc…
I. Les unités stratigraphiques
La stratigraphie est la discipline I.1.2. La formation
qui, au sein de la géologie, s'occupe de Une formation est l'unité
l'étude des strates d'un point de vue stratigraphique de base, souvent
fondamental ou appliqué. représentée sur les cartes géologiques à
moyenne échelle (1/25000 à 1/100000). Il
I.1. Les unités lithostratigraphiques s'agit d'un ensemble de couches
La lithostratigraphie est une sous sédimentaires défini géographiquement par
discipline de la stratigraphie qui s'intéresse un nom de lieu et présentant une somme de
à la nature des couches sédimentaires par caractères lithologiques et
l'analyse de leur faciès, définie comme paléontologiques suffisants pour être
l'ensemble des caractères pétrographiques, régionalement un élément de repère. Ses
paléontologiques (dans le sens des limites correspondent à des changements
associations) et stratonomiques. Le faciès de lithologie et coïncident avec des
d'une roche reflète les conditions locales discontinuités importantes dans la
du lieu de sa formation. La sédimentation.
lithostratigraphie, qui distingue des
couches, des formations et des groupes a I.1.3. Le groupe
donc nécessairement valeur locale ou Les formations peuvent être réunies
régionale. en un groupe. En effet, un ensemble de
Sur le terrain, les premières formation constitue un groupe.
subdivisions du temps reposent sur la base
des découpages lithostratigraphiques.

3
Fig. 4.1 : Echelle des temps phanérozoïques

3
1.2. Les unités biostratigraphiques

3
La biostratigraphie est une sous Les noms des étages sont formés en
discipline de la stratigraphie. Elle est ajoutant le suffixe ien au nom
fondée sur le contenu en fossiles des géographique du stratotype. Exemples :
couches (ou strates) sédimentaires. Givétien (Givet), Turonien (Tours),
L'analyse du contenu paléontologique des Oxfordien (Oxford).
couches permet de dater et d'établir des Notons que l'équivalent
corrélations entre régions ayant une géochronologique de l'étage est l'âge dont
sédimentation différente. Au cours du la durée, en moyenne, est de 5-6 millions
temps, les êtres vivants subissent une d'années.
évolution irréversible et, de ce fait, ils
fournissent, pour les temps I.3.2. La série, sous-système ou époque
phanérozoïques, une horloge qui est encore La série ou sous-système
aujourd'hui la plus précise de toutes celles correspond à un ensemble d'étages déposés
qu'on utilise pour dater les événements des au cours d'une époque. L'équivalent
ères Paléozoïque Mésozoïque et géochronologique de la série ou sous-
Cénozoïque. système est l'époque.
La répartition des espèces dans le Exemples : Lias (Jurassique
temps a permis de mettre en évidence la inférieur), Malm (Jurassique supérieur).
notion de biozone. La biozone (ou zone)
est l'unité fondamentale de la I.3.3. Le système ou période
biostratigraphie. Elle est définie comme Un système est l'ensemble des
correspondant au volume de roches séries déposées au cours d'une période. Il
sédimentaires contenant l'ensemble des est limité par des discontinuités
individus d'une espèce ou d'une association importantes correspondant souvent à des
d'espèces (taxons) considéré. régressions de plus grande ampleur. Un
système est défini par un cycle
I.3. Les unités chronostratigraphiques sédimentaire de grande ampleur.
Exemples : Cambrien, Crétacé,
Les unités chronostratigraphiques Paléogène.
sont caractérisées par des ensembles de
couches auxquelles on fait correspondre I.3.4. Les érathèmes ou ères
des intervalles de temps (qui sont des Une ère, coupure stratigraphique
unités géochronologiques). L'échelle majeure, est l'ensemble des systèmes d'une
stratigraphique comprend un ensemble période donnée. La définition des ères
d'importance variable : ère > système > s'appuie sur des critères paléontologiques
série > étage (Fig. 4.1) et stratigraphiques. Les ères sont séparées
par des changements majeurs intervenus
I.3.1. L'étage ou âge dans l'histoire de la Terre et en particulier
L'étage, unité chronostratigraphique dans l'histoire du monde vivant.
de base, est défini par un ensemble de
couches concordantes ayant le même II. Quelques grandes étapes de la vie
contenu paléontologique. Les étages sont II.1. Au Précambrien
nommés généralement à partir d'un lieu de Les terrains précambriens (environ
référence : le stratotype. On appelle 4000 Ma) sont souvent azoïques, c'est-à-
stratotype la coupe étalon pour la référence dire ne renfermant pas de fossiles. On
mondiale. Ces coupes de référence connaît toutefois des stromatolites (algues
contiennent des roches marines avec une bleues à structure concentrique, Fig. 4.2)
faune riche et variée. Les descriptions des dont les plus anciennes connues datent de
couches sont extrêmement fines et très 2800 Ma, la faune d'Ediacara (Australie du
détaillées. Sud), d'extension mondiale, et d'autres

3
formes représentant le début du monde L'ère Paléozoïque ou Primaire
vivant. Le gisement d'Ediacara (680 à 700 (environ 330 Ma) révèle un monde vivant
Ma) a livré une faune composée très diversifié mais archaïque. Sa base
d'invertébrés au corps mou (Coelentérés, correspond avec l'apparition des
Méduses et Pennatulides, divers types organismes à coquille (gastéropodes,
d'Annélides, un ancêtre des Trilobites) et brachiopodes) et la grande diversification
dont la taille moyenne pouvait atteindre des Trilobites. Son sommet s'exprime avec
jusqu'à un mètre. Ce sont les premiers la disparition de plusieurs groupes dont les
animaux pluricellulaires. plus caractéristiques sont les Trilobites
(arthropodes) et les fusilines (foraminifères
benthiques, Fig. 4.4). Le Paléozoïque est
encore appelé l'ère des trilobites.

Fig. 4.4 : Bloc diagramme d'un fusuline


Fig. 4.2 : Stromatolite (Elmi et Babin, 2002).
Outre les trilobites et les fusulines
La base correspond du Précambrien
la biostratigraphie utilise d'autres groupes
correspond avec l'origine de la terre et son
tel que les graptolites, les goniatites ou
sommet se confond avec la base de l'ère
encore les clyménies pour la subdivision
Primaire qui voit disparition de la faune
du Paléozoïque.
d'Ediacara (Fig. 4.3).
Durant l'Ordovicien et le Silurien,
les fossiles caractéristiques sont les
graptolites. La fin de l'Ordovicien, est
marquée par l'apparition des premiers
organismes vertébrés sous formes de
poissons sans mâchoires : les Agnathes
(Fig. 4.5).

Fig. 4.5 : Agnathe. Pteraspis rostrta, (Cl) vue


latérale, (Cd) vue dorsale (Théobald et Gama,
1969).

Au Dévonien, les poissons apparus


à l'Ordovicien se diversifient avec
notamment les Crossoptérygiens (Fig. 4.6)
Fig. 4.3 : Faune d'Ediacara qui vont donner naissance au premier
amphibien, Ichtyostega (Fig. 4.7) qui sera
II.2. Au Paléozoïque ou Primaire le premier animal à quitter le milieu marin
(Cambrien - Permien) pour s'installer en milieu terrestre.

3
intermédiaires (entre archaïsme et
modernisme) du monde vivant. Sa base
correspond au sommet de l'ère de
Paléozoïque et son sommet avec la
disparition des dinosaures (Fig. 4.9) et des
Fig. 4.6 : Crossoptérygien (Théobald et Gama, ammonites. Ces deux groupes atteignent
1969). leur apogée au cours du Mésozoïque. On
dit souvent que le Mésozoïque est l'ère des
ammonites et de dinosaures.

Fig. 4.7 : Reconstitution d'Ichthyostega


(Théobald et Gama, 1969).

Au Carbonifère On note surtout


l'apparition des reptiles, des fusilines et le
développement de forêts luxuriantes (Fig.
4.8) qui sont à l'origine de nombreux
gisements de charbon dans certaines
régions.

Fig. 4.9 : Dinosaures de type Ornithischien.

Le Trias voit apparaître les


premiers mammifères, les premiers
insectes à métamorphose complète
(Coléoptères, Diptères, Lépidoptères), les
bélemnites et les ammonites.
Le Jurassique est caractérisé d'une
part par l'apparition des dinosaures qui peu
à peu colonisent tous les milieux (marins,
terrestres), des premiers oiseaux dont le
genre Archaéoptéryx et d'autre part par
l'apogée des reptiles et des Gymnospermes.
Au Crétacé, les phénomènes
remarquables concernent l'apparition des
plantes à fleurs en particulier des et
l'extinction des dinosaures et des
ammonites.

II.4. Au Cénozoïque ou Tertiaire


(Paléogène -Néogène)
Fig. 4.8 : Végétaux du Carbonifère L'ère Cénozoïque ou Tertiaire
II.3. Au Mésozoïque ou Secondaire (environ 65 Ma) présente des caractères
(Trias - Crétacé) récents du monde vivant. Elle voit
L'ère Mésozoïque ou Secondaire s'épanouir les mammifères et se développer
(environ 165 Ma) présente des caractères les familles actuelles d'animaux et de

3
plantes. Elle aussi est caractérisée par
l'apparition des foraminifères de grandes
tailles tels que les Nummulites (Fig. 4.10).
Le Cénozoïque est dit ère des mammifères.
Sa base correspond au sommet de l'ère
Secondaire et son sommet n'est pas bien
défini.

II.5. Au Quaternaire (Pléistocène -


Holocène)
De très courte durée (2.106 ans), la
distinction d'une ère quaternaire ne se
justifie que par l'avènement de l'Homme,
ce qui révèle l'appellation d'ère
anthropozoïque utilisée dans certains
pays. De ce fait le quaternaire est marqué
par l'apparition de l'homme et son
évolution.

Fig. 4.10 : Nummulites (Tavernier et


Lizeaux, 1994)

3
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Paris, 685 p.
Cailleux, A., 1968. Histoire de la Géologie. Que sais-je, 2 eme édition, Presses Universitaire de
France, 126 p.
Dercourt J., Paquet J. 1995. Géologie : objets et méthodes - Cours et exercices résolus. 9 eme
édition, Dunod, Paris, 403 p.
Elmi, S., Babin, C., 2002. Histoire de la Terre. 4eme édition, Dunod Paris, 222 p.
Fourcault, A., Raoult, J., F., 1996. Dictionnaire de géologie. 4eme édition, Masson, Paris.
Landry, B., Mercier, M., 1992. Notions de géologie. 3eme édition, Modulo éditeur, 565 p.
Pomerol, C., Renard, M. 1989. Eléments de Géologie. 9 eme édition, Armand Colin éditeur,
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Pomerol, C., Babin, C., Lancelot, Y., LE Pichon, X., Rat, P., Renard, M., 1987. Stratigraphie :
méthodes, principes et applications. Edition Doin, Paris.
Pomerol, C., Lagabrielle, Y., Renard, M., 2000. Eléments de Géologie. 12 ème édition, Dunod,
Paris.
Tavernier, R., Lizeaux, C., 1994. Sciences de la Vie et de le Terre - Terminale S -
enseignement obligatoire. Editions Bordas 400 p.
Théobald, N., Gama, A., 1969. Paléontologie: éléments de paléobiologie. Edition Doin Deren
et compagnie 584 p.

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