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Syllabus de cours
Nombre de crédits : 03
Contact : thozane@hotmail.com
Description du cours
Ce cours est fondamental dans la formation en géographie humaine. La migration représente les
déplacements de population d’un endroit à un autre avec changement de résidence. Elle concerne tout
le monde d’autant plus que la vie en autarcie n’est plus possible dans ce contexte de mondialisation.
Certaines personnes choisissent de migrer volontairement. Par contre, d’autres sont obligées de migrer
du fait des contraintes politique, socioéconomique et environnementale (migration involontaire).
Phénomène incontournable, la migration implique l’élaboration de stratégies pour sa régulation. Certains
pays ont développé des politiques restrictives en matière de migration alors que d’autres ont des
politiques moins contraignantes afin d’insuffler la dynamique de leur population. Qu’en est-il de la Côte
d’Ivoire dont la population comprend un stock important des étrangers et qui est devenue durant ces
dernières années l’un des premiers pays pourvoyeur de migrant irrégulier en Europe ?
Objectifs
Ce cours aide les étudiants à comprendre le phénomène migratoire en générale, et la migration en Côte
d’Ivoire, en particulier. De façon spécifique, il ambitionne de :
• Montrer les facteurs de migration et les différents statuts des migrants ;
• Présenter les indicateurs de mesure de la mobilité géographique de la population ;
• Décrire l’évolution du phénomène migratoire en Côte d’Ivoire au regard de la politique ;
• Montrer les conséquences de la migration en Côte d’Ivoire.
Méthodologie
L’enseignement se déroulera en 21 heures de CM. Les exposés seront entrecoupés d’échanges avec les
étudiants sur leur expérience migratoire interne et/ou externe. La formation magistrale sera complétée
avec les TD permettant d’initier les étudiants aux activités pratiques. Il s’agit d’approfondir leurs
connaissances sur la migration de sorte à les familiariser avec les notions apprises pendant le CM.
Après avoir bien accompli ce cours, l’étudiant devrait être capable de :
• Déterminer les différents statuts des migrants.
• Mesurer la mobilité géographique de la population à l’échelle locale ou nationale.
• Connaitre les différentes politiques ayant influencé les tendances de la migration en Côte d’Ivoire.
• Déterminer ses implications au plan démographique, socio-économique et spatial.
Evaluation
L’évaluation se fera sur table (questions- réponses ou dissertation) afin de mesurer la capacité de
l’étudiant à assimiler le cours. Elle compte pour 60% et sera additionnée à la note du travail personnel de
l’étudiant (40%). La note pondérée de validation de ce cours est 10/20. L’étudiant qui a une note inférieure
à 10 devra la compenser avec celle du cours démographie et population en Côte d’Ivoire de sorte à
obtenir une moyenne de 20/40. Dans le cas contraire, il reviendra composer en seconde session.
PLAN DU COURS
Séance 1 : Généralités sur la migration
Séance 2 : Mesure de la mobilité géographique de la population
Séance 3 : Politique migratoire et tendance de la migration en Côte d’Ivoire
Séance 4 : Conséquences de la migration en Côte d’Ivoire
Séance 1 : GENERALITES SUR LA MIGRATION
Objectif général : Comprendre le phénomène migratoire
• Déterminer les différents statuts des migrants
• Montrer les facteurs de la migration
• Présenter les lois de la migration
• Identifier les acteurs de la migration en Côte d’Ivoire
Au cours de cette séance, il s’agit de : définir les statuts des migrants, montrer les facteurs de la migration,
identifier ses facteurs, présenter quelques lois de migration et identifier les acteurs de la gestion de la
migration en Côte d’Ivoire. L’enjeu est de permettre aux étudiants de mieux comprendre ce phénomène.
1.1. Définition de la migration et différents statuts des migrants
La migration représente les déplacements de population d’un endroit à un autre. Ces déplacements ont
pour effet de transférer la résidence du lieu habituelle/lieu de départ, à un lieu de destination/lieu d’arrivée.
Du point de vue statistique, un migrant est une personne qui abandonne son lieu de résidence habituelle
pour aller résider ailleurs pour une durée minimale de six mois. Si la durée est inférieure à 6 mois, il est
un visiteur. En Côte d’Ivoire, la sous-préfecture est le mode de localisation du lieu de résidence.
Quelques statuts des migrants dans le lieu d’accueil
Conclusion
La migration représente les déplacements de population ayant pour effet de transférer la résidence du
lieu habituelle ou lieu de départ, à un lieu de destination ou lieu d’arrivée.
En Côte d’Ivoire, la sous-préfecture est le mode de localisation du lieu de résidence. Tout individu recensé
hors de sa sous-préfecture de naissance est un migrant.
Pour en savoir plus, lire :
HENRY Louis, 1981, Dictionnaire démographique multilingue, Liège, Ordina éditions, 179p. Consulter le
chapitre 7 intitulé mouvement général de la population (p. 99-115)
PIGUET Etienne, 2013, « Les théories des migrations. Synthèse de la prise de décision individuelle, in
Revue européenne des migrations internationales, vol.3, Poitiers, Université de Poitiers, p.141-161
Séance 2 : MESURE DE LA MOBILITE GEOGRAPHIQUE DE LA POPULATION
Objectif général : Comprendre les indicateurs de la mobilité géographique de la population
✓ Identifier les données permettant de mesurer la mobilité géographique de la population
✓ Construire les histoires migratoires des individus
✓ Calculer les indicateurs de la migration
Cette partie se consacre à l’identification des données permettant de mesurer la mobilité géographique
de la population, la construction des histoires migratoires et à l’estimation des indicateurs de la migration.
2.1. Données permettant de mesurer la mobilité géographique de la population
2.1.1. Le recensement général de la population (RGPH)
Tableau 1 : Echange migratoire entre régions
Régions Entrants Sortants Dans le questionnaire des recensements, deux types de questions
Lagunes 92 018 85 224 permettent de mesurer la mobilité géographique de la population à l’intérieur
Haut Sassandra 26 363 26 154 d’un pays :
Savanes 15 608 20 704
• Résidence à une date fixe (au cours des 5 années précédant la date de
Vallée du Bandama 31 926 47 185 la collecte). Cette question permet de calculer les probabilités de
Moyen Comoé 11 361 15 311 migration dans le temps au regard du lieu de naissance)
Montagnes 20 684 18 892 • Résidence antérieure et durée de résidence au lieu actuel. Ces
Lacs 18 697 20 704 questions ne permettent pas d’identifier la résidence de la population à
Zanzan 12 315 19 696 un moment précis avant la collecte.
Bas Sassandra 50 958 25 240 Le recensement de 2014 en Côte d’Ivoire permet de saisir la mobilité liée à la
Denguélé 4 825 5 922 crise militaro-politique de 2002. Pour tout résident né avant cette période, les
N'zi Comoé 18 305 33 943 questions suivantes lui sont posées :
Marahoué 13 295 14 545
Avez-vous déjà été forcé de quitter votre lieu habituel de résidence pour
Sud Comoé 15 551 12 060 cause de de conflit armé ?
Worodougou 14 087 7 537 Si oui, quand êtes-vous parti de votre lieu de résidence habituelle ?
Sud Bandama 17 504 19 744 Quel était votre lieu de résidence habituelle ?
Agneby 12 704 14 641 Etes-vous retourné ou avez-vous l’intention de retourner au lieu de
Fromager 17 822 15 406 résidence habituelle ?
Moyen Cavally 18 034 12 433
La question : y-a-t-il des personnes dans votre ménage qui ont émigré au
Bafing 8 177 4 893 cours des 5 dernières années ? permet d’estimer l’émigration des Ivoiriens
Ensemble CI 420 234 420 234
Source : RGPH 1998
(𝑃1 − 𝑃0)
𝑇𝐴𝑀𝐴 = [ ] ∗ 100
𝑝0 + 𝑃1
(𝑡1 − 𝑡0) ∗ (
2 )
✓ Population pour une année ultérieure n
𝑃𝑛 = 𝑃0(1 + 𝑡)𝑛
Pn = Population à estimer pour l’année n ; P0 = population de départ et t = TAMA, n = nombre d’années
Conclusion
Le recensement et les enquêtes démographiques sont les données permettant de mesurer la mobilité
géographique de la population. Avec ces données, il est possible de construire les histoires migratoires
des individus d’une part, et d’estimer des indicateurs pour une localité quelconque d’autre part. Des
analyses plus poussées peuvent être réalisées s’il s’agit d’enquête spécifique sur la migration.
Pour en savoir plus, lire :
GENDREAU Francis et al, 1985, Manuel de Yaoundé, estimations indirectes en démographie africaine,
UISP/IFORD/GDA, 276 p. Consulter les pages 181-187 et 263-269 sur les indicateurs de la migration
VANDESCHRICK Christophe, 2004, Analyse démographique, 3e éd., Louvain-la-Neuve, Academia-
Bruylant, Paris, Harmattan, 215 p.
8,4 1988-1998
7,0 6,4 6,0
5,6 5,0 5,5 5,6 1998-2014
4,5
3,8 3,2 3,2 1,6 3,3 3,2 3,7 3,6 3,3
2,5 2,5 2,4 2,1 2,5 2,2
L’émigration s’est amplifiée durant ces dernières décennies avec la crise militaro-
politique de 2002 à 2011.
Les flux migratoires depuis la Côte d’Ivoire se font majoritairement au sein de la
CEDEAO. Le Burkina Faso reste de loin le premier pays de destination des
ressortissants ivoiriens en Afrique de l’Ouest, suivi du Mali.
Les flux d’émigration des ressortissants ivoiriens vers les pays de l’OCDE sont
dirigés vers cinq principaux pays : France, Italie, Canada, États-Unis et
Allemagne, qui ont absorbé en moyenne 91 % des flux de ressortissants ivoiriens
dans les pays de l’OCDE entre 2000 et 2019.
La France et l’Italie sont de loin les deux principaux pays de destination de
l’OCDE des ressortissants ivoiriens, avec plus de 60 % des flux à destination de
ces deux pays.
De nombreux émigrés Ivoiriens sont en situation irrégulière. En 2017, 14 300
migrants Ivoiriens étaient dans cette situation en Europe.
Pour encadrer l’émigration des Ivoiriens, l’Etat a créé en 2001, le Département
des Ivoiriennes de l’étranger au sein du Ministère des affaires étrangères.
Figure 3 : Entrée annuelle des ressortissants ivoiriens dans les pays de l’OCDE de 2000-2019
Conclusion
De 1960 jusqu’aux années 80, la CI a adopté la politique migratoire libérale. Mais depuis les années 90,
elle a amorcé la politique de régulation de la migration. Ces politiques ont influencé la tendance migratoire
dans ce pays. Le stock important d’étrangers qui y résident et l’émergence de l’émigration des Ivoiriens
nécessitent la mise en place de politique migratoire explicite.
Pour en savoir plus, lire :
BEAUCHEMIN Chris, 1999, « Emigration urbaine, crise économique et mutation des campagnes en Côte
d’Ivoire », in Espace, Population et Société, p. 400-409
REPUBLIQUE de Côte d’Ivoire, 1987, Mémorial de la Côte d’Ivoire. Tome II, Abidjan, Ed. Ami, 303 p.
SEMI Bi Zan, 1975, La politique coloniale des travaux publics en Côte d’Ivoire (1900-1940), Abidjan,
Anales de l’Université d’Abidjan, N° spécial, 359 p.
Séance 4 : CONSEQUENCES DE LA MIGRATION EN COTE D’IVOIRE
Objectif général : Comprendre les enjeux de la migration
✓ Montrer la part de l’immigration étrangère dans la croissance de la population en Côte d’Ivoire
✓ Déterminer la contribution de la migration à la croissance urbaine
✓ Analyser l’apport des immigrés et émigrés à l’économie nationale
✓ Montrer l’impact de la migration au plan sociale
Il s’agit au cours de cette séance de montrer l’impact de la migration en Côte d’Ivoire au niveau
démographique, urbanistique, économique et sociale.
4.1. Au niveau démographique
4.1.1. Croissance rapide de la population ivoirienne grâce à
l’afflux des étrangers
La population ivoirienne a rapidement augmenté depuis les années
1960. De 4 000 000 d’habitants en 1965, elle est passée à 6 709 000
en 1975, à 10 815 694 en 1988 puis à 15 366 672 en 1998, soit des
taux de croissance annuelle de 3,8% entre 1975-1988 et de 3,3%
entre 1988-1998.
L’immigration étrangère explique en partie cette évolution car jusqu’à
cette période un peu plus 1 personne sur 4 résidant en Côte d’Ivoire
était étrangère (figure 4).
En 2021, 6 460 062 étrangers ont été recensés en Côte d’Ivoire
4.1.2. Hausse de la population des Ivoiriens par la naturalisation
La population des naturalisés est passée de 15 146 en 1988, à 88
714 en 1998 et à 95 395 en 2014. Ils augmentent à un rythme plus
rapide que celui de l’ensemble de la population ivoirienne à cause des
dispositions spéciales résultant du décret du 31 mai 2006. Répartition de la population étrangère par pays
En général, à un stade primitif du développement, lorsque les niveaux d’urbanisation sont faibles et que les
taux de croissance naturelle à la campagne et à la ville sont modérément élevés, la migration nette
contribue généralement plus à l’augmentation de la population urbaine que ne le fait la croissance
naturelle. A un stade intermédiaire d’urbanisation, la croissance naturelle prédomine. Au dernier stade, avec
des niveaux d’urbanisation élevés et des taux de croissance faible, le rapport risque de s’inverser à nouveau
en faveur de la migration nette (Obérai, 1991 : 192)
Les migrations en direction des villes ont favorisé la croissance rapide de la population urbaine en Côte
d’Ivoire. Cette population est passée de 2 146 293 en 1975 à 4 220 535 en 1988 et à 6 529 138 en 1998,
soit un doublement en 13 ans. Elle a augmenté de 7% sur la période 1975-1988 avec une période de
forte augmentation entre 1970-1975 correspondant à la période de forte croissance économique. Durant
cette période il y a eu une immigration importante des étrangers. En analysant leur destination, Fargues
(1986) a observé leur installation dans les zones urbaines. Entre 1978 et 1979, 2 étrangers sur 3
immigraient en ville dont 41% à Abidjan.
En 2021, la population urbaine en Côte d’Ivoire a été estimée à 15 428 957 personnes
4.2.2. Augmentation du nombre de villes centenaires
De 2 villes en 1975 (Abidjan et Bouaké), le nombre de ville centenaires est passé à 5 en 1988 (+ Daloa,
Korhogo, Yamoussoukro), à 8 en 1998 (+San-Pedro, Gagnoa, Man) et à 12 en 2014 (+ Anyama, Divo,
Soubré, Abengourou).
En 2021, 17 villes avaient plus de 100 000 hbts : Abidjan (5 616 633), Bouaké( 728 733), Korhogo
(386 586), Daloa (351 670), Anyama (325 209), San Pedro (293 444), Yamoussoukro (279 977), Divo
(215 312), Gagnoa (212 489), Man (198 048), Bingerville (187 192), Soubré (176 870), Duékoué
(126 970), Abengourou (125 143), Grand-Bassam (107 249), Bouaflé (104 838), Bondoukou (102 950).
30
20
10
0
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Conclusion
La migration influence la répartition spatiale de la population ivoirienne et contribue à sa croissance
rapide. Les transferts de fond et de compétences sont un atout pour l’économie. Elle est par contre source
de tension sociale si elle n’est pas bien gérée par les pouvoirs publics.