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UE7 – Sociologie – La migration – 27.12.

2017

LA MIGRATION

I. Quelques données générales


A. Un phénomène mondial
B. La France : très vieux pays d’immigration

II. Approche sociologique


A. USA : L’assimilation
B. En France « l’angle mort » a une sociologie de la domination

Retranscripteurs : Karim et Colleen

Remarque : le cours est nouveau et il n’y a donc pas d’annales. Les éléments importants ont été mis
en évidence en gras, en rouge et/ou sont soulignés.

BON COURAGE !

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I. Quelques données générales

A. Un phénomène mondial qui débute franchement depuis les années 1980


En 2012, 1 personne sur 7 est en position de mobilité interne (25%) ou internationale (75% plus marquée depuis une
40aine d’années).
Il s’agit de phénomène planétaire avec des pays connus pour être immigrateur ou émigrateurs.
Facteur de la migration mondialisée
Les inégalités de développement économique dans le monde peuvent être un facteur de migration puissant en raison
de différences concernant :

• La question de l’agriculture et alimentaire


• L’accès à l’éducation et la poursuite des études
• L’égalité des sexes
• La santé
• L’environnement
• La crise politique / les guerres
• Facteur démographique : l’Europe vieillissante fait appel à une main d’œuvre « jeune » provenant des
pays du Maghreb par exemple. Mais le chômage local peut aussi pousser les jeunes à immigrer pour
chercher du travail en Europe.
En 2010, plus de 500 millions de personnes vivaient dans des mégapoles de plus 10 millions d’habitants
et plus de 3 milliards dans les milieux urbains.
• Urbanisation rapide : négatif : les bidonvilles la ville grandit trop vite
positif : plus d’accès à l’éducation par proximité et de réseau
• Facteurs environnementaux : Refugié climatique / catastrophe naturelle

La difficulté à l’accès à l’un de ces facteurs peut entrainer un flux migratoire, c’est une dynamique à l’échelle globale et
complexe généralement du sud vers le nord.

B. La France : très vieux pays d’immigration

L’immigration est un phénomène très ancien. Avant la


première guerre mondiale on compte déjà 1 million d’immigré
en France métropolitaine, soit 3% de la population. Cette
courbe suit l’histoire.

Ceci va en augmentant avec la perte de 1 million et demi de


morts et/ou invalides durant la première guerre mondiale.

Pour remédier à la pénurie de main d’œuvre le gouvernement


va conclure en 1919 des accords avec d’autres pays européens jusqu’à la veille de la crise économique internationale (la
seconde guerre mondiale). Il n’y a pas de passeport donc beaucoup d’immigration « non contrôlée » qui ne figure pas
sur cette courbe.

La France est une terre d’asile depuis longtemps. En 1931, il y a 2.7 millions d’immigré soit 7% de la population avec un
ratio d’homme plus nettement marqué que celui des femmes. En 1932, une loi régit l’immigration ce qui fait diminuer
le nombre de migrants. Et la rebelote, le phénomène de besoin de main d’œuvre pour la reconstruction fait surface

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donc il y’a encore une augmentation de l’immigration cette fois ci encouragé par le gouvernement par un recrutement
actif et tenter de le contrôler.

En 1945, l’ONI (office national de l’immigration) qui a pour but de recruter et d’accueillir les travailleurs étrangers
Jusqu’en 1975 l’immigration augmente franchement puis lors du choc pétrolier, une crise économique le gouvernement
français décide de restreindre l’immigration sauf pour les demandes dérogations spéciales. Mais le travail n’est plus un
motif valable. Le regroupement familial quant à lui, permet encore l’immigration.

Ce qui est marquant depuis 1990, c’est que l’écart homme-femme tend à se réduire pour finalement avoir autant
d’hommes que de femmes.

Origine :
• Avant la première guerre mondiale: européenne (pays limitrophes : Belgique, Italie) et début de l’immigration
maghrébine (1910) avec une configuration différente.
• Après 1960 -> 1970 : Portugal, Maroc, Afrique sub saharienne et Asie du sud-est (Vietnam, Laos, Cambodge)
• 1975 – 2009 : Une baisse continue de l’arrivé des immigrés en provenance de l’Europe 68%->38% et
diversification. Par la suite on note la poursuite de l’immigration des personnes venant du Maghreb et l’arrivée
d’autre pays d’Afrique Sub-saharienne ainsi qu’un accroissement pays d’Asie (hors Cambodge,Laos, Vietnam)
Turquie et Chine

• Entrants de 2012+ :
Forte provenance européenne 46% , 30% d’Afrique avec une majorité de femme (fait nouveau, du au regroupement
familial, les études etc.)
Le niveau de diplôme est augmenté, plus de 60% ont le bac et le plus souvent ont déjà un emploi à leur arrivée.

Mesurer = nationalité : lieu de naissance

• Etranger = « personne résident en France qui n’a pas la nationalité française » c’est une définition juridique qui
fait référence à la nationalité. Cette donnée bouge dans le temps

• Immigré = « personne résident en France et née étrangère dans un pays étranger » (1990). C’est une définition
floue et de sens commun. C’est une catégorie démographique et non juridique, elle fait référence au pays de
naissance. Cette donnée ne bouge pas dans le temps (utilisée dans les statistiques). C’est une catégorie qui ne
dispose pas de tous les droits du français comme le droit de vote etc.

II. Approche sociologique

A. Travaux américains sur l’assimilation : école de Chicago


On a mis longtemps en France pour travailler sur l’immigration en revanche aux Etats-Unis, la question s’est posée assez
vite avec une approche socio interactionniste (école de Chicago : berceau historique de cette approche). L’intérêt pour
les questions migratoires s’est beaucoup centré sur la question de l’assimilation.
Quand on effleure l’histoire des Etats-Unis, on constate une vague migratoire très importante en début de siècle  on
comprend que cette question ait donné lieu à toute une série de travaux.

Il faut comprendre que pendant cette période on observe un développement urbain industriel et migratoire très
important. C’est aussi une période où la pensée rapide extrêmement prégnante et est soutenue par une approche
biologisante des différenciations y compris différenciation culturelle.
Une des forces des travaux des chercheurs va être de proposer une autre approche plus culturaliste  question milieu
social, environnemental, valeurs sociales etc.

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Robert Parks (1921) va définir le cycle des relations raciales par un lien entre : compétition – conflit – accommodation –
assimilation.

Les individus vont rentrer en compétition les uns les autres pour accéder aux ressources
Compétition économiques, emploi, logement. La compétition est une question centrale.

La phase de conflit nécessite et suppose le contact social. Il n’y a pas de connotation péjorative. Pour
Parks, une fois qu’on passe à une phase de conscience de la compétition ça prend la forme de conflit
Conflit pour acquérir un statut dans l’ordre social. Pour lui, c’est socialisateur et ça permet d’acquérir et
consolider une conscience commune pour pouvoir revendiquer ses droits etc. Le conflit amène à se
rencontrer. Le conflit est une phase politique.

C’est la période où les antagonismes entre population immigrée et dominante ne sont pas résolus
MAIS la dimension conflictuelle est apaisée et suspendue. Période qui se caractérise par des
ajustements et des formes d’adaptation réciproque qui peuvent se régler par le biais de la loi. On
Accommodation
note un changement d’habitudes et de coutumes des individus pour être en phase. Par exemple,
l’acquisition de la naturalisation serait une accommodation aux traditions, conventions et rites
sociaux. C’est un temps essentiel mais rapide qui engendre des modifications profondes.

L’assimilation clôture et reprend tout le processus : processus long qui s’assimile à une fusion des
expériences : la communauté en question va construire une mémoire de sa vie dans le pays
d’accueil. Acculturation = acquisition d’expériences et d’attitudes propres aux autres groupes 
Assimilation partage et assimilation dans une vie commune. Il ne s’agit pas de dire qu’il y a abandon des
différences culturelles : elles existent mais sont affaiblies et relativisées.
La temporalité est différente de l’accommodation : l’assimilation est une étape plus lente et
inconsciente, c’est dans la vie quotidienne, dans les pratiques

Aussi, 2 vecteurs sont importants : parler une langue commune et connaitre l’histoire du pays d’accueil. Il ne s’agit pas
d’oublier le passé.
Notons que l’approche de Parks est assez optimiste mais d’autres études ont permis de relativiser cette fin heureuse en
montrant que ce cycle n’est pas « vrai » pour tout le monde et que certains groupes sont plus stigmatisés que d’autres.
On peut aussi dire que les travaux qui se font à ce moment-là relèvent d’une sociologie qui s’intéresse plus aux
immigrés qu’à l’immigration.

Dans les années, ce concept est remis en cause pour plusieurs raisons :
Discrimination des Un certain nombre de travaux constate que les populations Noires américaines (par rapport aux
noirs (ségrégations européens) subissent toujours la ségrégation structurelle extrêmement en appui sur une vision
structurelles) biologisante et que l’histoire des populations américaines est aussi porteuse de cette dimension
raciale et donc d’une infériorité biologique.

Distinguer Il est aussi important de distinguer les relations ethniques (les relations qui se construisent sur les
relations différences culturelles entre les groupes) et raciales (désignation d’une catégorie par les groupes
ethniques et dominants à des populations dominés). Le rapport social n’est pas le même dans le 1er cas, la
relations raciales différence est culturelle et dans le 2ème cas, la relation raciale est structurée sur un mode
biologique.

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On constate à cette période-là que les Noirs sont en position plus défavorables par rapport
migrants européens.

Les secondes générations sont plutôt dans un processus d’affirmation ethnique : l’origine devient
une ressource sociale et culturelle, mobilisable  identification personnelle et privée qu’on va
mobiliser dans des contextes festifs, évènements familiaux. C’est une affirmation symbolique,
choisie, variable dans le temps et vécue positivement.
Affirmation
ethnique et enjeux Il s’agit aussi d’un enjeu de revendication et de mobilisation car c’est aussi une tentative de
de revendication retourner le stigmate de positiver les attributions (y compris disqualifiantes. L’ethnicité n’est plus
attribuée par les autres et on va la réutiliser. Toutefois, cela peut donner lieu à des formes de
discriminations.

Un certain nombre de travaux vont s’intéresser aux institutions du pays d’accueil dans les années
90 : reprise de la notion d’assimilation en distinguant les facteurs individuels et les facteurs
structurels qui renvoient à l’organisation et aux structures de la société d’accueil  assimilation
segmentée. (Études de Portes et Zhou)

Ce que montre cette question consiste à dire qu’il y a des modes d’incorporation différents dans la
société d’accueil.

Modes d’incorporation Variables

Ces modes d’incorporation renvoient à des variables :

- Politique gouvernementale (accueillante/


On peut voir des groupes avec une demandeuse/ indifférente/ hostile)
reproduction de l’acculturation rapide
Facteurs c’est-à-dire des groupes où ça va se - Accueil = perception collective face aux immigrés.
individuels et reproduire rapidement notamment grâce Ces modalités qui changent en fonction de la période
structurels au maintien de la communauté d’origine (accueil sans préjugés ou accueil soumis à des
et de la solidarité ainsi que ce qu’elle a préjugés sur l’autre)
développé comme contexte socio-
- Structuration de la communauté ethnique
économique (ex : entreprises etc.)
d’origine : (sens éducatif, service, développement
(immigrés des classes moyennes)
d’activité économique, sociale et culturelle) : plus on
D’autres n’ont pas le même « destin » et accumule en 2ème ou 3ème générations des « points »
s’inscrivent dans une situation de c’est-à-dire population accueillante sans préjugés +
gouvernement favorable à l’immigration +
pauvreté (underclass)
assimilation rapide etc., plus on a des chances de
rentrer dans un système d’acculturation valorisant
et dans une mobilité sociale. En revanche à l’inverse,
certains groupes peuvent être en difficultés et le
schéma inverse peut se produire.

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B. En France « l’angle mort » … à une sociologie de la domination


La France est certes un vieux pays d’immigration mais angle mort de la sociologie jusqu’aux années 1960 avec D.
Schnapper. Il y a comme un déni de la question « pays d’immigration qui s’ignore ».

Cette absence de la question migratoire tient au fait que la France s’est beaucoup construite sur le mythe de la
construction nationale, de l’état nation.

A la différence du contexte américain, on n’a pas de sources secondaires : quand Gerard Noriel travaille sur ce sujet, on
ne retrouve pas du tout des musés d’immigration ou des archives etc. pour retracer l’immigration de travail. Il n’y a donc
pas une immigration structurante qui fait partie de l’histoire du pays.
Autre type d’obstacle : jusqu’aux années 60 la sociologie « regarde ailleurs » et ne voit donc ni le genre, ni les immigrés.
Les travaux à cette période-là portent sur la reproduction sociale, le travail, la classe ouvrière mais étonnamment la
classe ouvrière n’est pas perçue dans sa diversité (même si beaucoup de travailleurs immigrés) : il n’y a pas de travaux
sur les différenciations internes de ces rapports de classe.

Après 1968, il y a aussi des travaux sur les mouvements sociaux (pas que les étudiants ou les femmes) c’est aussi les
mouvements sociaux qui se sont révélés dans les entreprises mais là encore, rien ne ressort du côté de la sociologie.
On considère que dans ces mouvements sociaux là, les immigrés ont eu un rôle secondaire (situation de subordination
(permet pas de participer etc.)) et dans l’inconscient collectif : idée que la présence des immigrés est une situation
provisoire, quelque chose qui ne se construit pas dans la durée. Parallèlement à cela, il n’y a toujours pas de travaux
académiques ni de traduction des ouvrages américains (qui sont pourtant des outils entre sociologues).

L’impulsion des travaux va se faire avec la demande sociale et la demande des pouvoirs publics dans les années 50/60 :
émergence d’un certain nombre de travaux qui vont avoir une position critique : pour les pouvoirs publics les immigrés
n’intéressent que dans la dimension de leur fonction productive. L’immigration est donc liée à la fonction production
des étrangers après la SGM et donc comme on est centrée sur cette question, les travaux qui vont se développer vont
concerner des politiques autour de l’adaptation dans le milieu du travail et aussi dans le rôle de l’état qui est considéré
comme important pour la structuration collective.

Et puis, lorsque que les pouvoirs publics prennent conscience qu’on n’est pas dans un contexte d’immigration de travail
mais d’immigration de peuplement, que les gens restent, on constate un renforcement des demandes faites à la
sociologie  émergence d’une sociologie de l’immigration. Les pouvoirs publics vont avoir des demandes assez
normatives (« faut-il intégrer ? Quand ? Comment ? »). C’est aussi réveiller les démons et l’extrême droite dans les
années 80/90 car à chaque crise économique, il y a une montée de xénophobie. Quand on passe à l’immigration de
peuplement la demande politique est donc forte à cause (entre autres) des pressions de l’extrême droite.

Les travaux d’Abdelmalek Sayad


Abdelmalek Sayad est un grand spécialiste et pionnier de l’histoire migratoire/ immigration algérienne. Il a tenu à lier
la question de l’émigration à celle de l’immigration et dénonce le fait qu’on voit surtout celui qui arrive comme s’il ne
venait de nul part. Le rapport change donc totalement. Les deux dimensions sont à prendre en compte, cela fait de la
migration un fait social total qui cristallise toutes les dimensions de la vie.

L’apport des travaux va être de déconstruire le sens commun autour de l’immigration et de construire une nouvelle
vision de l’immigration comme étant une expérience de dominations multiples sociales, culturelles, économiques et
identitaires qui structurent la vie des migrants et qui questionnent les différentes générations d’immigrés.

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Les personnes immigrées sont souvent renvoyées à des questionnements sur leur légitimité, leurs choix de vie. Elles
font face à la question de la double absence : « absence » du contexte français mais aussi du contexte du pays d’origine.
Se pose la question de la gestion de cette double absence ainsi que la gestion des illusions qui se construisent dans les
familles etc.

Il y a eu de nombreux débats autour de l’intégration. En France, on n’a pas parlé de l’assimilation (utilisé dans le
contexte américain) pour plein de raisons dont le fait que c’était un des mots utilisés pour parler du rapport des
populations colonisées dans le contexte colonial.

Le terme d’intégration va faire l’objet de réflexion.

Débat plus récent autour de la façon de penser l’intégration, les approches différent entre sociologues :

- D. Schnapper considère que l’intégration est efficace et se structure autour des questions de laïcité et
citoyenneté et elle est convaincue par la force de la cohésion sociale (approche durkheimienne)

- D’autres sociologues vont constater l’épuisement de cette force intégratrice pour montrer qu’en réalité
dans la pratique on a une diversification importante des comportements et qu’on s’intéresse plus aux
individus pour ce qu’ils sont plutôt que pour ce qu’ils font.

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