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Sara Gaudreault-Jolin
Daphné Landry
Alexandre Sinotte
Techniques de Travail social
Cégep de Sherbrooke
19 mars 2019
Dans le cadre du cours Réponse sociale aux problèmes sociaux II, nous avions comme
objectif de session d’analyser une loi, une législation ou une politique sociale. Dans notre
équipe, nous avons tous été touchés par la problématique de l’itinérance lors de nos premiers
stages. C’est un problème social auquel nous sommes sensibles et intéressés. Nous avons donc
choisi unanimement d’analyser la Politique nationale de lutte à l’itinérance, implantée en 2014
au Québec. En commençant par son contexte d’émergence, nous présenterons les différents
points de cette politique, soit les acteurs concernés, les critères d’admissions, les enjeux et les
retombées sociales de celle-ci.
3. Relever et vulgariser les articles pertinents dans les règlements en vigueur, dont des
critères d’admissibilité :
Le visage de l’itinérance ne se limite plus le vieil ivrogne aux vêtements délabrés
dormant ou mendiant sur le seuil des bouche de métro à la recherche d’un peu de chaleur.
En fait, en 2014 on évalue à 235 000 Canadiens en situation d’itinérance par année. De
cette proportion, on attribue environ 20% aux jeunes de moins de 25 ans. (Conseil
jeunesse de Montréal, p.8) 40 % de ses jeunes ont connu un premier épisode d’itinérance
avant l’âge de 16 ans. Les garçons y sont un peu plus nombreux que les filles et bien
qu’une augmentation des jeunes issue de l’immigration soit noté, la grande majorité
demeure d’origine québécoise.
Les hommes, tous âges confondus, représentent la plus forte proportion parmi les
différents groupes d’itinérants. Le taux varie, d’une ville à une autre, mais se situe
toujours entre 60 et 80 %. Ces individus, lourdement hypothéqués, présentent des
troubles reliés aux addictions (jeux, drogues, alcool), une santé mentale instable, des
infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) et cumulent de nombreuses
ruptures.
L’itinérance au féminin n’échappe pas aux facteurs de son homologue masculin à
la différence que les femmes traînent un lourd passé d’agression et de violence. Plus de
80% des femmes itinérantes ont subis des agressions sexuelles, physiques,
psychologiques, conjugales ou familiales, rendant c’est dernière encore plus fragiles et
vulnérables. Ce groupe d’itinérance est moins visible, les femmes trouvent des stratégies
pour éviter la rue. Plusieurs useront de la prostitution et du vol pour amoindrir leur
situation qui, au final, les enfoncent un peu plus dans l’itinérance.
Un individus qui atteint 50 ans est considéré comme une personnes âgées dans la
rue. Leur mauvais état de santé tant à les vieillir prématurément. Ils ont en effet un taux
de mortalité de trois à quatre fois plus nombreux que le reste de la population. Les
intervenants des organismes en itinérance soulignent qu’il y a de plus en plus de
personnes âgées qui se retrouvent tardivement à la rue. Phénomène qui en inquiète
plusieurs.
L’itinérance des familles est marginalisée au Québec. Même si nous sommes loin
de la réalité américaine où l’itinérance familiale représente 38%, il en demeure pas moins
une réalité préoccupante.
Si la majorité des itinérants sont d’origine québécoise, les ressources en
itinérances remarque une forte hausse du taux d’immigrants qui se retrouvent en situation
d’itinérance, notamment, chez les jeunes et les femmes. En 2013, un hausse de 50% des
individus issus de l’immigration a été enregistré dans les organismes qui offrent une aide
alimentaire.
L’extrême pauvreté ainsi que la surpopulation dans les réserves autochtones
amènent les autochtones à s'exiler vers les villes et la métropole. Ainsi, près de la moitié
des gens de 18 ans et plus, issue des Premières Nations, affirment avoir vécu hors de la
réserve au moins une fois. Toutefois, stigmatisés par leurs origines l’accessibilité à un
logement décent et abordable est encore plus difficile que dans les réserves.
Les Inuits représentent 10 % de la populations autochtones à Montréal. 45 % de
la population autochtone itinérante de la métropole est Inuits. Le manque de logement au
Nunavut ainsi que le manque d’emploi poussent les Inuits à venir s’installer dans la
métropole. L’accessibilité aux logements n’étant pas plus facile, plusieurs se retrouvent à
la rue. La situation est particulièrement inquiétante pour cette population vulnérable.
4. Décrire les principaux enjeux et retombées sociales de la politique (effets sur les
groupes concernés et analyse de l’adéquation) ;
Avant d’énumérer les enjeux soulevés par la politique nationale de lutte à
l’itinérance, il est de mise de comprendre quels sont les principaux besoins identifiés par
cette même politique et par le fait même quels sont les orientations que préconisent cette
même politique. En me référent au document officiel Ensemble, pour éviter la rue et s’en
sortir, il y a 5 grands besoins identifiés soit, l’accès au logement, l’accès aux services de
santé et aux services sociaux, l’accès à l’éducation, à l’insertion sociale et l’insertion
socioprofessionnelle ainsi que les différents besoins au niveau de la cohabitation sociale
et de la judiciarisation. Ce sont d’ailleurs ces 5 besoins principaux qui mènent aux 5 axes
d’interventions de la politique nationale. Ces axes tâchent de répondre aux différents
besoins énumérés plutôt de par des orientations qui concernent les différents acteurs
œuvrant dans le domaine ou même par la création de différents services. Voici de façon
concise les 5 axes interventions, les retombées sociales qu’elles amènent ainsi que les
enjeux qu’elles soulèvent.
Tout d’abord, le premier axe intitulé le logement aborde comme le dit si bien son
titre, la difficulté d’accès au logement pour les individus vivant l’itinérance ou étant à
risque de la vivre. Les orientations à privilégier concernant le logement est,
l’augmentation du nombre de logements abordables, du nombre de logements sociaux (à
prix modique), du continuum dans l’offre de logement adapté (femme, personnes âgées,
personne atteinte d’un trouble mental, etc.) ainsi que le maintien des logements
abordables existants. D’ailleurs, on nomme dans la politique, plusieurs programmes ayant
été instaurés ou étant déjà existants visant à répondre à ce besoin comme, le Programme
de supplément au loyer (PSL), la Société d’habitation du Québec (SHQ), les offices
municipaux d’habitation (OMH), etc. Bref, il est nommé qu’il demeure essentiel
d’accroître la capacité des personnes à se loger et de soutenir l’accompagnement de ces
personnes malgré les nombreux services et/ou programmes offerts (Québec, 2014).
Le deuxième axe intitulé les services de santé et les services sociaux fait
référence aux différents défis à surmonter pour assurer l’accès aux services aux personnes
en situation ou à risque de vivre l’itinérance. Effectivement, n’ayant parfois pas de cartes
d’identité, d’adresse et n’ayant pas accès au transport, ces gens sont confrontés à
plusieurs problématiques liées au fonctionnement et aux règles d’admission du réseau de
santé et des services sociaux; difficulté d’accès aux services en psychiatrie, difficulté
d’accès et de maintien des soins, difficulté à offrir des soins au moment approprié,
difficulté à offrir un continuum de service harmonieux, etc. Les orientations de la
politique visent donc principalement à agir en amont des situations d’itinérances
(prévention) et à améliorer, adapter et intégrer les interventions et les services. Toutefois,
plusieurs programmes sont actifs surtout en ce qui a trait à la prévention d’une situation
d’itinérance comme le Programme de qualification des jeunes (PQJ), le soutien
communautaire, les équipes de liaisons en dépendances en centres hospitaliers, etc
(Québec, 2014).
Le troisième axe intitulé le revenu aborde quant à lui la précarité et l’insuffisance
du revenu ainsi que l’accès à un revenu pour les personnes en situation d’itinérance. Cet
axe dénonce la précarité financière dans laquelle les personnes en situation d’itinérance
vivent en plus de dénoncer la difficulté d’accès à l’emploi ainsi que les barrières du
système nuisant à l’obtention d’une aide financière. D’ailleurs plusieurs moyens ont été
misent en place afin de faciliter et d’alléger les démarches pour l’obtention d’une aide
financière; l’allègement des règles ayant trait à la preuve d’identité et de résidence. Aussi,
la mise en place de services de remise et d’encaissement de chèques et de fiducie
volontaire qui permet aux individus d’avoir accès à l’aide financière. Sans oublier les
projets de préparation à l’emploi (PPE), du programme d’aide et d’accompagnement
social (PAAS), etc. Toutefois, il demeure important selon la politique de continuer à
travailler à rehausser le revenu, à faciliter l’accès au revenu et à assurer et soutenir
l’accompagnement des personnes (Québec, 2014).
Le quatrième axe intitulé l’éducation, l’insertion sociale et l’insertion
socioprofessionnelle aborde quant à lui l’éloignement des personnes en situation
d’itinérance du monde du travail, le niveau d’éducation insuffisant de ceux-ci ainsi les
difficultés d’insertion sociale ou socioprofessionnelle de ses personnes. Toutefois, bon
nombre de programmes visant à prévenir le décrochage scolaire sont implantés afin que
ceux ne voulant pas demeurer ou ayant des difficultés d’apprentissage les amenant à
vouloir décrocher aient des alternatives. Par exemple, tous les programmes de formation
préparatoire au travail (FTP), les programmes de formation à un métier semi-spécialisé
(FMS) ou bien le programme CFER soit, les centres de formation en entreprise et
récupération et les écoles entreprises. Bref, plusieurs de ces programmes visent à prévenir
le décrochage scolaire ou du moins à permettre à ces jeunes d’avoir une formation
quelconque à leur sortie de l’école et par le fait même, ont un impacte sur la
problématique d’itinérance au Québec. D’autres services et programmes contribue à
paliers à ces problématiques (éducation, insertion sociale et insertion
socioprofessionnelle) telles que les plateaux de travail et d’insertion à l’emploi, la
collaboration du milieu scolaire avec les carrefours jeunesses emplois, etc. Toutefois,
malgré la présence de ces programmes, tant en prévention qu’en intervention directe, il
demeure important de soutenir les programmes de formation alternatifs, d’adapter les
programmes d’insertion sociale aux besoins des personnes et de soutenir les personnes et
la communauté lors des périodes de grand changement (Québec, 2014).
Finalement l’axe cinq intitulés, la cohabitation sociale et les enjeux liés à la
judiciarisation aborde quant à lui tout ce qui à trait aux préjugés entretenus à l’égard des
personnes en situation d’itinérance, la participation ou plutôt l’inclusion des ces
personnes au niveau locale, ainsi que la recherche de solutions alternatives à la
judiciarisation de ces personnes. À cet égard, je dois dire qu’il y a quelque programmes
et/ou mesures visant à améliorer la cohabitation sociale et la judiciarisation de ces
personnes toutefois, il est important selon moi de préciser que ces mesures et/ou
programmes reposent principalement entre les mains des villes et des municipalités
notamment par le soutien qu’elles offrent aux organismes communautaires intervenant
auprès des personnes en situation d’itinérance. Les équipes multisectorielles
d’intervention, la médiation sociale, les projets tel que « procureur désigné » et «
percepteur désigné » qui sont des moyens d’éviter la judiciarisation, etc. sont tous des
services et/ou programmes visant la cohabitation sociale et l’évitement de la
judiciarisation, mais il est évident qu’il reste beaucoup de travail à faire pour combattre
les préjugés et favoriser une cohabitation sociale harmonieuse, pour déterminer et
favoriser les solutions alternatives à la judiciarisation de ces personnes, et ce de concert
avec les acteurs du milieu de la justice (Québc, 2014).
Bref, ces axes d’interventions sont très pertinents et ils sont directement liés aux
besoins des personnes en situation d’itinérance. Toutefois, contenue du fait qu’il y a
encore énormément de manque au niveau des ressources pour combler ces besoins et que
les services existants sont souvent centralisés vers de grands centres tels que Montréal,
mais que compte tenu du fait que l’itinérance se trouve partout au Québec, je crois qu’il y
a encore énormément de chemin et d’amélioration à faire surtout en tenant compte des
enjeux que cette problématique soulève; la sécurité publique, la cohabitation, le partage
de l’espace public, l’organisation des services, la communication et la concertation de
l’ensemble des acteurs ainsi que l’enjeu au plan linguistique et culturel en lien avec les
Premières Nations.
Conclusion:
Dans l’ensemble, nous croyons que le gouvernement gagnerait à suivre les mesures indiquées
dans la politique, que nous considérons complète. Nous croyons que les besoins de personnes
itinérantes sont de plus en plus présents et criants, et que tous les outils nécessaires à aider cette
population sont présent dans le document, même qu’il pourrait aller plus loin encore. Il sera
intéressant de voir si, avec l’annonce de Legault qu’il y aurait 2 milliards de dollar en surplus, le
gouvernement prendra action pour aider les personnes en situation d’itinérance au Québec.
Médiagraphie
Québec, «Ensemble pour éviter la rue et en sortir», Ministère de la Santé et des Services sociaux,
2014, 72 pages, [http://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2013/13-846-03F.pdf]
(consulté le 28 février 2019).
CJM, «Jeunes et itinérance, dévoiler une réalité peu visible», Conseil Jeunesse de Montréal,
2017, 52 pages,
[http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/page/cons_jeunesse_fr/media/documents/cjm_itin
erance_montage_imp_page.pdf] (consulté le 12 mars 2019).