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Progrès récents
Ces dernières années, de nombreux États ont fait un effort déterminé pour renforcer la
protection des droits humains des personnes LGBT. Toute une série de nouvelles lois ont
été adoptées - notamment des lois interdisant la discrimination, pénalisant les crimes de
haine homophobe et transphobe, accordant la reconnaissance des relations entre
personnes de même sexe et permettant aux personnes transgenres d'obtenir plus
facilement des documents officiels reflétant leur genre préféré.
Des programmes de formation ont été élaborés pour la police, le personnel pénitentiaire,
les enseignants, les travailleurs sociaux et d'autres personnels, et des initiatives de lutte
contre les brimades ont été mises en œuvre dans de nombreuses écoles
L'action de l'ONU
Niveau intergouvernemental
En juillet 2013, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) a
lancé Libres et égaux - une campagne mondiale d'information sans précédent des
Nations Unies visant à promouvoir l'égalité des droits et le traitement équitable des
personnes LGBTI.
Apprenez-en davantage sur les défis en matière de droits de l'homme auxquels sont
confrontées les personnes lesbiennes, gays, bi, trans et intersexes (LGBTI) partout dans
le monde et sur les actions qui peuvent être entreprises pour lutter contre la violence et la
discrimination et protéger les droits des personnes LGBT partout dans le monde
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NEW YORK (31 octobre 2022) - Les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et
de genre divers (LGBT) sont confrontées à un impact différencié et disproportionné
dans les situations de conflit armé, a déclaré un expert des droits humains de l'ONU à
l'Assemblée générale.
Le rapport analyse les obligations des États et des acteurs non étatiques
en vertu du droit international humanitaire, du droit international des
droits humains, du droit pénal international et du droit des réfugiés - ainsi
que de l'agenda sur les Femmes, la Paix et la Sécurité. Il identifie et
répertorie également les formes de violence auxquelles sont soumises
les personnes LGBT pendant les conflits armés et recommande des
mesures pour assurer leur participation effective aux processus de
transition et de consolidation de la paix
1. Contexte
La sensibilisation à l’ampleur et à la portée de la discrimination et de
la violence dirigée contre les personnes lesbiennes, homosexuelles,
bisexuelles, transgenres et intersexuelles (LGBTI) de tout âge et dans
toutes les régions du monde a considérablement augmenté au cours
des dernières années. Au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU à
Genève, plus d’une centaine de pays ont accepté des
recommandations pour réformer leurs lois et introduire d’autres
mesures pour protéger les droits des personnes LGBTI. Depuis 2011,
le Conseil des droits de l’Homme a adopté trois résolutions et a
demandé deux études sur les droits de l’Homme, l’orientation sexuelle
et l’identité de genre et, en 2015, le Conseil de sécurité de l’ONU a
tenu une discussion sans précédent sur la violence dirigée contre les
individus LGBTI dans les conflits. En septembre 2016, le Conseil des
droits de l’Homme a nommé le Dr. Vitit Muntarbhorn de Thaïlande
premier expert indépendant en matière de protection contre la
violence et la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et
l’identité de genre. Le nouvel expert a pris ses fonctions en novembre
2016.
Les jeunes LGBTI - et les autres jeunes perçus comme non
conformes à leur genre - sont particulièrement à risque d’abus et de
discrimination à l’école, à la maison et dans la communauté.
L’intimidation, la violence et le rejet par leurs familles laissent des
millions de personnes isolées et déprimées, conduisant beaucoup
d’entre eux à abandonner leurs études et à s’enfuir de chez eux.
Rompre de cette spirale - et veiller à ce que tous les jeunes LGBTI
puissent exercer leurs droits à la sécurité physique, à la santé et à
l’éducation - nécessite une action concertée des gouvernements
nationaux, des autorités locales, ddes autorités juridiques, des écoles,
des parents et des alliés.
2. Focus et objectifs
L’événement contribuera à sensibiliser les Nations unies et la
communauté internationale à l’intimidation et à l’exclusion des jeunes
LGBTI, mais aussi à amplifier les voix des personnes touchées et à
célébrer la résilience, la diversité et le potentiel des jeunes LGBTI à
travers le monde.
L’accent sera mis sur les expériences des jeunes LGBTI dans
différentes parties du monde et sur les mesures que les États
membres de l’ONU pourraient et devraient prendre pour protéger les
jeunes, que ce soit par des réformes juridiques, des changements
dans les programmes scolaires ou des politiques sociales. Les
discussions mettront également en évidence des initiatives positives
prises dans différentes régions du monde pour créer un
environnement sécuritaire et favorable pour les jeunes LGBTI - ainsi
que le rôle essentiel joué par les familles, les écoles et les organismes
communautaires.
3. Format
Le format de l’événement combinera la projection d’un court
documentaire et un débat organisé avec la participation active de
jeunes activistes LGBTI.
* Le Core Groupe LGBT est un groupe trans-régional qui comprend
l’Argentine, l’Australie, le Brésil, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, le
Salvador, la France, l’Allemagne, Israël ; le Japon, le Monténégro, les
Pays-Bas, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, l’Espagne, le
Royaume-Uni, les États-Unis d’Amérique, l’Uruguay, l’Union
européenne et l’Albanie (en tant qu’observateur) ainsi que le Bureau
du Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, et les
organisations non gouvernementales Human Rights Watch et Out
Right Action International
La déclaration est un puissant appel à l'action aux gouvernements à faire plus contre
la violence et la discrimination homophobe et transphobe et l'abus de personnes
intersexes, et une expression de l'engagement des entités de l'ONU pour aider les
États Membres à le faire
À ce propos, le rapport montre que l’intégration des personnes LGBTI dans nos sociétés n’a
cessé de progresser au cours des dernières décennies. Il y a 20 ans, aucun pays de l’OCDE
n’autorisait le mariage homosexuel. Celui-ci est désormais possible dans 20 pays. Il en va de
même pour les droits à l’adoption et l’accès à la procréation médicalement assistée des
couples de même sexe.
En parallèle, la discrimination explicitement fondée sur l’orientation sexuelle a été interdite
presque partout dans la zone OCDE. Il n’en demeure pas moins que le chemin à parcourir
avant de parvenir à l’intégration complète des personnes LGBTI est long. Les discriminations
à leur encontre compromettent encore les perspectives économiques et la santé mentale
de millions de personnes dans les pays de l’OCDE, comme le révélait l’édition 2019
du Panorama de la société, premier rapport d’importance du projet de l’OCDE sur
l’intégration des personnes LGBTI (OCDE, 2019[2]). Ce constat est préoccupant dans un
contexte où la proportion de personnes se définissant comme LGBTI augmente, et va sans
doute continuer de progresser sous l’influence des cohortes plus jeunes : aux États-Unis, par
exemple, 1.4 % des répondants nés avant 1945 se considéraient LGBT en 2017, alors que ce
chiffre est de 8.2 % parmi les personnes de la génération Y (nées entre 1980 et 1999).
Il existe au moins trois raisons pour lesquelles il faut assurer aux personnes LGBTI la
possibilité de vivre en tant que telles sans être victimes de discrimination ou d’agressions. La
première, et la plus importante, est à l’évidence éthique. L’orientation sexuelle, l’identité de
genre et les caractéristiques sexuelles sont des traits inhérents à la personnalité de chacun. Les
personnes LGBTI ne doivent pas être condamnées à vivre cachées ou à subir des représailles
lorsque leur identité est révélée. La deuxième raison est d’ordre économique. La
discrimination à l’encontre des personnes LGBTI entrave le développement économique par
de multiples canaux. Elle entraîne ainsi une diminution de l’investissement dans le capital
humain en raison du harcèlement scolaire dont sont victimes les jeunes LGBTI, et du moindre
rendement de l’investissement éducatif sur le marché de l’emploi. Elle dégrade également les
performances économiques en excluant les talents LGBTI du marché du travail, et en minant
leur santé mentale et physique, donc leur productivité. La troisième raison pour laquelle
l’intégration des personnes LGBTI doit figurer au premier rang des priorités de l’action
publique est d’ordre social. Les lois qui favorisent leur intégration ont généralement pour effet
d’améliorer leur acceptation sociale. Cette intégration est par ailleurs propice à l’émergence
de normes de genre moins restrictives, bénéfiques à l’égalité des sexes en général.
Ce rapport dresse le premier panorama complet des législations visant à assurer l’égalité de
traitement des personnes LGBTI dans les pays de l’OCDE, et des mesures complémentaires
qui pourraient favoriser cette évolution. Il définit le cadre législatif et réglementaire
indispensable à l’intégration des minorités sexuelles et de genre, et vérifie, en se fondant sur
un questionnaire pré-rempli que les pays de l’OCDE ont passé en revue, si des législations de
cette nature sont en vigueur. Le rapport ne se limite pas aux lois et réglementations, mais
présente aussi les mesures plus générales qui devraient accompagner les dispositions
juridiques pour renforcer l’intégration des personnes LGBTI.
Le rapport révèle que :
L’objectif d’intégration des personnes LGBTI n’est pas hors d’atteinte : même s’ils
n’ont parcouru que la moitié du chemin vers l’intégration juridique complète de ces
personnes, tous les pays de l’OCDE ont progressé au cours des deux dernières
décennies, notamment grâce à la reconnaissance juridique des couples de même sexe,
l’égalité des droits à l’adoption et une meilleure protection des personnes LGBTI
contre la discrimination ;
La situation s’est considérablement améliorée, même dans les pays qui affichaient
auparavant de piètres résultats en matière d’intégration des personnes LGBTI ;
Cela dit, même les pays les plus en pointe doivent continuer de montrer la voie à
suivre. En particulier, bon nombre des dispositions légales indispensables à
l’intégration des personnes transgenres et intersexes ne sont appliquées que dans une
minorité d’entre eux.
S’il est vrai qu’il est parfois difficile de faire progresser l’intégration des personnes LGBTI, le
rapport apporte de nouvelles preuves de la corrélation de cette intégration avec l’acceptation
et la qualité de vie de la population LGBTI, mais aussi avec l’égalité femmes-hommes et le
développement économique. Une augmentation du pourcentage des lois adoptées en faveur de
l’intégration des personnes LGBTI de son niveau moyen (25 %) dans les trois pays de
l’OCDE les moins avancés (Turquie, Japon et Corée) à son niveau moyen (79 %) dans les
trois pays les plus avancés (Canada, Portugal et France) va de pair avec :
Un accroissement de l’acceptation sociale des personnes LGBTI qui se traduit par une
hausse de 2.5 points de l’acceptation de l’homosexualité sur une échelle comprise
entre 1 et 10 (de 3 à 5.5) ; un quasi triplement de la proportion de répondants estimant
que leur lieu de résidence offre un cadre de vie accueillant aux lesbiennes et aux gays
(de 28 % à 75 %) ; une progression de plus de 25 % du pourcentage d’enquêtés
favorables aux personnes transgenres (de 34 % à 43 %) ; et une hausse de plus de
50 % de ceux favorables aux personnes intersexes (de 28 % à 43 %) ;
Une amélioration de l’égalité femmes-hommes qui se traduit par une hausse d’un
point du soutien à cette égalité sur une échelle comprise entre 1 et 4 (de 2 à 3) ; une
proportion de femmes dans les parlements deux fois supérieure (de 15 % à 34 %) ; une
progression d’un tiers du taux d’activité des femmes (de 64 % à 85 %) ; et une
diminution de 30 % de l’écart salarial entre hommes et femmes (de 22 % à 15 %) ;
Une augmentation d’environ 3 200 USD du PIB réel par habitant.
Enfin, le rapport définit les actions envisageables pour renforcer l’intégration des personnes
LGBTI, au-delà de l’adoption de lois visant leur égalité de traitement. L’analyse des bonnes
pratiques et des plans d’action nationaux actuellement en vigueur dans un tiers des pays de
l’OCDE met en évidence plusieurs mesures complémentaires susceptibles d’induire des
avancées substantielles concernant l’intégration des personnes LGBTI:
Des dispositifs visant à assurer l’application effective des lois antidiscrimination, des
lois destinées à protéger les personnes LGBTI contre les crimes et les discours de
haine, et des lois concernant le traitement des demandeurs d’asile LGBTI. Cela
suppose : i) de lutter contre la non-déclaration des actes de discrimination, qui est la
réaction par défaut des personnes qui les subissent ; ii) de former les agents de police à
traiter de manière adaptée les crimes de haine visant les personnes LGBTI, et de
s’attaquer aux formes les plus pernicieuses de discours de haine, comme les propos
haineux en ligne ; iii) d’aider les agents des services d’asile à gérer les demandes des
réfugiés LGBTI et à assurer leur sécurité dans les centres d’accueil et de rétention.
Des politiques visant à encourager une culture prônant l’égalité de traitement dans les
domaines de l’éducation, de l’emploi et de la santé, au-delà de l’application des lois
interdisant la discrimination dans ces secteurs. Il s’agit : i) de guider le personnel
scolaire dans l’application d’un programme d’enseignement visant l’intégration des
personnes LGBTI et de mobiliser l’ensemble de chaque établissement dans la lutte
contre le harcèlement scolaire à l’encontre des jeunes LGBTI ; ii) d’encourager les
employeurs à adopter des mesures visant l’égalité sur le lieu de travail, en particulier
pour les personnes LGBTI, grâce à des normes et des standards à respecter ;
iii) d’intégrer dans la formation initiale et continue du personnel de santé des modules
obligatoires pour informer des besoins particuliers des personnes LGBTI et les
sensibiliser aux moyens de traiter ces personnes sans préjugés, notamment lorsqu’elles
sont âgées.
Des interventions visant à susciter et à entretenir une vaste adhésion à l’intégration des
personnes LGBTI : i) des campagnes de sensibilisation bien conçues qui trouveront un
écho dans la population et exerceront de ce fait une influence favorable sur les
attitudes et les comportements individuels ; ou ii) des encouragements à destination de
l’administration et des pouvoirs publics pour qu’ils donnent l’exemple par une
conduite collective et individuelle irréprochable.
Par ailleurs, les lois en faveur de l’intégration des personnes LGBTI doivent s’accompagner
d’une action vigoureuse en vue d’améliorer la représentation et la visibilité de ces personnes
dans les statistiques nationales.
La protection des personnes sur la base de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre
et de leurs caractéristiques sexuelles ne doit pas entraîner la création de droits nouveaux ou
spéciaux pour les personnes LGBTI. Elle doit plutôt résulter de l’extension à ces personnes
des mêmes droits que ceux dont jouissent les autres individus en vertu des normes
internationales relatives aux droits de l’homme. Ces normes sont au cœur des traités,
conventions ou chartes édictés par l’Union européenne, les Nations Unies, le Conseil de
l’Europe ou l’Organisation des États américains qui ont été signés et ratifiés par les pays de
l’OCDE.
L’application de ces normes au cas des personnes LGBTI met en évidence deux grandes
catégories de lois visant l’égalité de traitement de cette population : i) les dispositions
générales qui présentent un intérêt pour l’intégration de l’ensemble des personnes lesbiennes,
gays, bisexuelles, transgenres et intersexes ; ii) les dispositions catégorielles qui visent à
combattre les difficultés spécifiques auxquelles se heurtent des sous-groupes de cette
population. L’analyse des politiques nationales présentée ici se fonde sur ces deux grandes
catégories.
Les États doivent garantir le droit des personnes à vivre sans subir de violence, et sont
tenus à ce titre de voter des lois contre les crimes de haine qui permettent de
considérer comme circonstance aggravante tout acte motivé par un préjugé
défavorable envers une liste de critères protégés, soit en qualifiant cet acte d’infraction
distincte, soit en renforçant la sanction d’un délit existant. Pour prévenir pleinement
les crimes de haine, il convient en parallèle de lutter contre les formes graves de
« discours haineux » – en évitant cependant toute restriction inappropriée à la liberté
d’expression.
Assurer la protection des personnes LGBTI contre la discrimination suppose d’élargir
aux minorités sexuelles et de genre les réglementations en vigueur concernant les
groupes religieux, ethniques ou d’autres catégories protégées. Comme pour ces
derniers, la protection des personnes LGBTI contre la discrimination doit s’appliquer
au lieu de travail, mais aussi à d’autres secteurs susceptibles de pratiquer l’inégalité de
traitement, comme l’éducation, la santé, ou l’accès à divers biens et services,
notamment le logement.
La protection des demandeurs d’asile LGBTI vivant dans l’un des 68 pays où
l’homosexualité est encore pénalisée suppose la reconnaissance explicite des
persécutions fondées sur l’orientation sexuelle, l’identité de genre ou les
caractéristiques sexuelles comme motif valable pour l’octroi de l’asile.
La garantie universelle des droits à la liberté d’expression et à la liberté de réunion et
d’association signifie qu’aucune disposition juridique ne doit interdire les discours de
promotion des droits des personnes LGBTI, ni ériger de barrière à l’organisation de
manifestations publiques pacifiques comme les marches des fiertés LGBTI, ou faire
obstacle à la création, au fonctionnement ou à l’accès au financement des associations
de défense des droits LGBTI.
Les défenseurs internationaux des droits de l’homme ont également souligné que la
mise en œuvre de législations relatives à l’égalité de traitement nécessite des
institutions nationales indépendantes de défense des droits de l’homme - organismes
de promotion de l’égalité, médiateurs ou commissions des droits de l’homme par
exemple - explicitement chargés de protéger les personnes LGBTI, entre autres
groupes.
À partir de ce cadre d’analyse, un questionnaire a été établi pour vérifier si, au 30 juin 2019,
les pays de l’OCDE avaient adopté les lois et réglementations susmentionnées en faveur des
personnes LGBTI. Le questionnaire précise également, pour les dispositions en vigueur,
l’année où elles ont pris effet. Ces informations ont été recueillies par l’OCDE, à partir d’une
analyse des lois nationales et de leurs amendements qui a été contrôlée par une grande
majorité des pays couverts dans le présent rapport (33 sur 35).
Ces données ont permis de calculer l’intégration juridique des personnes LGBTI, définie
comme le pourcentage de lois en vigueur parmi l’ensemble des dispositions juridiques
présenté à la section 1.1. Cet indicateur est construit en attribuant le même coefficient de
pondération aux dispositions générales et catégorielles et, dans la seconde catégorie, le même
coefficient de pondération aux dispositions propres aux personnes lesbiennes, gays et
bisexuelles d’une part, et aux personnes transgenres et intersexes d’autre part (Graphique 1.2).
S’il est vrai qu’il est parfois difficile de faire progresser l’intégration des personnes
LGBTI, le rapport apporte de nouvelles preuves de la corrélation de cette intégration
avec l’acceptation et la qualité de vie des personnes LGBTI, mais aussi avec l’égalité
des sexes et le développement économique.
L’égalité des personnes LGBTI est une priorité de l’Union européenne depuis 2014,
lorsque le Parlement européen a publié une résolution sur la « Feuille de route de l’UE
contre l’homophobie et la discrimination fondées sur l’orientation sexuelle et
l’identité de genre », et a demandé à la Commission européenne d’élaborer « une
politique pluriannuelle exhaustive en matière de protection des droits fondamentaux
des personnes LGBTI » (Parlement européen, 2014[6]). Suite à cette résolution, la
Commission européenne a présenté en 2015 une liste de mesures visant à faire
progresser l’égalité de traitement des personnes LGBTI (List of actions to advance
LGBTI equality), approuvée en 2016 par le Conseil de l’Union européenne. Cette liste
présente les mesures concrètes que la Commission s’est engagée à prendre entre 2015
et 2019 pour intensifier les efforts de lutte contre la discrimination fondée sur
l’orientation sexuelle, l’identité de genre et les caractéristiques sexuelles. Elle se
compose des volets suivants :
Suite à cette liste de mesures, de nombreux efforts ont été déployés pour s’assurer
que les personnes LGBTI ne soient pas laissées pour compte – un grand nombre
d’entre eux sont détaillés dans ce rapport. Pour renforcer ces mesures, un groupe de
19 États membres [4] a présenté conjointement en 2018 un document officieux sur
l’avenir de la liste de mesures, demandant l’adoption d’une stratégie en faveur des
personnes LGBTI. En 2019, le Parlement européen a également demandé à la
Commission européenne d’adopter un nouveau document stratégique pour faire
progresser l’égalité des personnes LGBTI, actuellement en préparation.
La CEDH
Par-dessus tout, la Cour estime qu’en adoptant de telles lois les autorités ont
renforcé la
stigmatisation et le préjugé et encouragé l’homophobie, qui est incompatible
avec les valeurs – d’égalité, de pluralisme et de tolérance – d’une société
démocratique.
La Cour dit, par six voix contre une, que la Russie doit verser 8 000 euros
(EUR) à M. Bayev,15 000 EUR à M. Kiselev et 20 000 EUR à M. Alekseyev
pour préjudice moral.
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1. L’intégrité
La Cour EDH garantit, au titre du droit au respect de la vie privée, l’intégrité morale et
physique des individus. Si cette dimension du droit ne surprend pas, elle joue un rôle
ingénieux de coordination entre l’article 8 et les droits intangibles. En effet, lorsque la Cour
n’est pas en mesure d’identifier une violation sur le fondement de ces droits, car le seuil de
gravité n’est pas atteint, elle peut faire jouer un rôle complémentaire à l’article 8, permettant
d’identifier une violation des droits fondamentaux (parmi les arrêts fondateurs, relatif aux
conditions de détention : Raninen c. Finlande, 16 déc. 1997, n° 20972/92). Cette
jurisprudence permet ainsi de capturer sous l’angle de l’article 8 notamment les violences
sexuelles (X et Y c. Pays-Bas, 26 mars 1985, n° 8978/80, la Cour n’hésitant pas à reconnaître
la violation des articles 3 et 8 sur le fondement des obligations positives : V.G. c. Italie,
1er févr. 2018, au sujet d’une mineure victime d’un réseau de prostitution), domestiques
(not. A. c. Croatie, 14 oct. 2010, n° 55164/08) ou les examens gynécologiques
imposés durant une garde à vue (Y.F. c. Turquie, 22 juill. 2003, n° 24209/94) ou encore la
santé (au sujet de l’absence de réaction des autorités à la suite de deux opérations risquées
ayant entraîné des séquelles neurologiques graves : Erdinç Kurt et autres c. Turquie,
6 juin 2017, n° 50772/11).
2. L’identité
La sphère de l’identité emporte création de droits ignorés par la Convention de 1950. La
création prétorienne est, en ce domaine, particulièrement extensive. Ainsi :
l’intimité sexuelle, qui suggère le droit de mener « la vie sexuelle de son choix en
conformité avec son identité propre », générant même un droit à l’autodétermination
sexuelle (Van Kück c. Allemagne, 12 juin 2003, n° 35968/97). Cette jurisprudence
a permis de bâtir certes une protection contre les législations pénales réprimant
l’homosexualité (expl : Modinos c. Chypre, 22 avr. 1993, n° 15070/89), mais également
contre les mesures injustifiées qui s’appuieraient sur l’orientation sexuelle (comme une
révocation, expl. dans l’armée : Smith et Grady c. RU, 27 sept. 1999, n° 33985/96).
Plus largement, la Cour combat les discriminations dont sont victimes les personnes
homosexuelles (sur le refus d’agrément en vue d’une adoption : G.C. E.B. c. France,
22 janv. 2008, n° 43546/02 ; sur le refus de reconnaître l’autorité parentale d’un père
homosexuel consécutivement au divorce : Salgueiro Da Silva Mouta c. Portugal,
21 déc. 1999, n° 33290/96).
Au-delà, à titre plus anecdotique, parce que ce contentieux divertissant n’est guère passé
inaperçu, le sadomasochisme demeure relève de l’article 8 (Laskey, Jaggard et Brown
c. RU, 19 févr. 1997, n° 21627/93 ; K.A et A.D. c. Belgique, 17 févr. 2005,
n° 42758/98), là où certain(e)s aimeraient le placer sous l’égide de l’article 3. Cependant,
l’autonomie personnelle, qui implique le droit d’opérer des choix sur son propre corps,
interdit que ces pratiques sexuelles volontaires soient pénalement poursuivies.
La Cour ne fait, en revanche, preuve d’aucune complaisance à l’égard de l’inceste, même
consenti, la répression pénale relevant de la marge nationale d’appréciation des États
(Sübing c. Allemagne, 12 avr. 2012, n° 43547/08) ;
le droit à la protection de l’image fait également partie des droits découverts par la
Cour européenne. L’arrêt Von Hannover c. Allemagne (G.C. 7 févr. 2012, n° 40660/08)
en fait une des conditions essentielles de l’épanouissement personnel et implique que
l’individu puisse maîtriser son image et la possibilité de la diffuser. Cette forte
affirmation du droit n’en atténue pas cependant la principale problématique, celle de sa
coordination dans un rapport d’horizontalité avec l’article 10, qui garantit le droit à la
liberté d’expression et par voie de conséquence la liberté de la presse (y compris
« people », expl : G.C. Couderc et Hachette Filipacchi c. France, 10 nov. 2015,
n° 40454/07). La Cour identifie également un droit à la réputation se rattachant à la vie
privée puisqu’elle représente une partie de son identité personnelle et psychique
(not. Petrina c. Roumanie, 14 oct. 2008, n° 78060/01), les tribunaux devant mettre en
balance ce droit avec l’article 10, au titre de leurs obligations positives (Tarman
c. Turquie, 21 nov. 2017, n° 63903/10) ;
Enfin, la Cour a dû se confronter à l’impact des nouvelles technologies sur les droits
fondamentaux. La protection des données à caractère personnel trouve naturellement
à s’arrimer à l’article 8 puisque le simple fait de mémoriser ces informations est une
ingérence dans le droit au respect de la vie privée (G.C. S et Marper c. RU, 4 déc. 2008,
n° 30562/04, sur des échantillons cellulaires et profils ADN). La jurisprudence est déjà
abondante et traverse la matière pénale, le droit de la santé ou encore le droit du travail.
Quelques grandes condamnations méritent d’être évoquées sans prétendre
à l’exhaustivité. Elles résultent généralement d’une loi défaillante ou d’une hardiesse des
États peu conforme au principe de proportionnalité.
Dans le cadre des enquêtes pénales, la Cour a pu condamner des enregistrements au
parloir (Wisse c. France, 22 déc. 2005, n° 71611/01), des mécanismes de géolocalisation
(Ben Faiza c. France, 8 févr. 2018, n° 31446/12), la captation des données associées
à une adresse IP (Benedik c. Slovénie, 24 avril 2018, n° 62357/14), l’utilisation de
fichiers de police (Brunet c. France, 18 sept. 2014, n° 21010/10), d’empreintes
génétiques (Aycaguer c. France, 26 juin 2017, n° 8806/12). Elle a également sanctionné
la collecte des données contenues sur un ordinateur par des douaniers (Ivashchenko
c. Russie, 13 févr. 2018, n° 61064/10). La collecte (L.H. c. Lettonie, 29 avril 2010,
n° 52019/07), divulgation (à un employeur : Radu c. République de Moldova,
15 avril 2015, n° 50073/07) de données personnelles en matière de santé peut aussi
emporter violation de l’article 8, tout comme l’impossibilité d’y accéder (sur l’accès au
dossier médical de personnes ayant fait l’objet de stérilisations forcées : K.H et autres
c. Slovaquie, 28 avril 2009, n° 32881/04).
4. La socialisation
La protection de l’article 8 dépasse le cercle intime, car l’individu s’épanouit également grâce
aux liens sociaux qu’il entretient. Le droit de développer des relations avec ses semblables est
le fruit du célèbre arrêt Niemietz c. Allemagne (16 déc. 1992, n° 13710/88), qui s’attache
davantage à la protection du domicile qu’à celle de la vie privée. Qu’importe, il servira de
fondement à une abondante jurisprudence développant la dimension sociale de l’article 8,
pour ne pas dire travailliste. Car, si la Cour se refuse à découvrir dans l’article 8 « un droit
générique à l’emploi ou au renouvellement d’un contrat de travail à durée déterminée »
(Sodan c. Turquie, 2 févr. 2016, n° 18650/05), dans l’arrêt Sidabras et Dziautas
c. Lituanie (27 juill. 2004, n° 55480), elle admet que la disposition conventionnelle génère un
droit à ne pas être privé d’une vie professionnelle (sur l’entrave à l’accès à la profession
d’avocat : Bigaeva c. Grèce, 28 mai 2009, n° 26713/05).
La Cour analyse, au cas par cas, un nombre croissant de requêtes s’articulant autour d’un
litige horizontal salarié-employeur, admettant parfois la violation du droit au respect de la vie
privée des salariés (surveillance informatique : G.C. Barbulescu c. Roumanie, 5 sept. 2017,
n° 61496/08 ; vidéosurveillance secrète : Lopez Ribalda et autres c. Espagne, 9 janv. 2018,
n° 1874/13), y renonçant dans d’autres cas (Libert c. France, 22 févr. 2018, n° 588/13),
particulièrement lorsqu’il lui appartient de mettre en balance l’atteinte à un autre droit (sur la
coordination entre vie privée et liberté religieuse dans les entreprises de tendance : Obst
c. Allemagne, 13 sept. 2010, n° 425/03). Le contrat de travail n’épuise pas le contentieux qui
se déploie aussi en droit de la santé et de la sécurité au travail (sur les décès liés à l’amiante,
violation article 2 et 8 : Brincat et autres c. Malte, 24 juill. 2014, n° 60908/11).