Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
I- OUVRAGES
LOIS FONDAMENTALES
INTRODUCTION GENERALE
PREMIÈRE PARTIE :
DROIT DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES
SECTION 2 : L’AGREEMENT
1
Lire David CUSHMAN COYLE, « L’ONU au travail », Nouveaux horizons, ISTRA, p.7. 1964.
2
Une personne morale est une entité dotée personnalité juridique, ce qui lui permet d’être directement titulaire
de droits et d’obligations en lieu et place des personnes physiques ou morales qui la composent ou qui l’ont
créée. Une personne morale de droit public est soumise au droit public et spécialement au droit
administratif pour certaines de ces activités ; elle peut toutefois être régie par le droit privé. La personnalité
juridique confère à la personne morale, nombre d’attributs reconnus aux personnes physiques, comme le nom, un
patrimoine ou un domicile. La personnalité morale permet notamment d’ester en justice, d’acquérir des biens
meubles et immeubles, l’encaissement des ressources (principalement les cotisations des membres, ou les
éventuelles subventions publiques).
3
Elle peut être à vocation régionale ou continentale.
Une Organisation Non Gouvernementale (ONG) par contre est une Association à
but non lucratif4, d’intérêt public5, qui ne relève ni d’institutions internationales6, ni d’un
Etat, encore moins d’un gouvernement et qui, bien que n’ayant pas le statut de sujet de droit
international, intervient dans le champ national ou international et promeut, entre autre les
droits humains, la défense de l’environnement, l’approche genre, les droits des enfants...
A priori, si l’on s’en tient à ces deux définitions, les deux notions semblent
absolument contraster et justifieraient un exposé distinct pour présenter de façon plus
approfondie et exhaustive chacune d’elles.
Cependant, cet effet de contraste entre les deux notions n’est qu’apparent. Le cours
sur les « Organisations Internationales (OI) et les Organisations Non Gouvernementales
(ONG) », il faut l’avouer, a la particularité de procéder d’un dessein pédagogique propre
qui entend synthétiser en un seul enseignement, des connaissances relatives à deux types
d’Organisations, deux personnes morales qui, bien que foncièrement liés, car exerçant de
façon complémentaire et interdépendante, des activités opérationnelles de promotion de la
condition humaine, de développement durable, de promotion de la solidarité, de la
coopération internationale et des droits humains, ont souvent fait l’objet de cours distincts.
Ce d’autant plus que ces deux personnes morales, se distinguant nettement des
gouvernements, interviennent généralement toutes deux dans les champs aussi bien
nationaux qu’internationaux.
En effet, de par leurs objectifs les Organisations Non Gouvernementales et les
Organisations Internationales semblent ombilicalement liées.
Si les OI couvrent des objectifs globaux et transnationaux de sécurité et de sûreté
collectives, une sorte de subsidiarité7 mécanique nous amène à constater que les ONG, de
plus en plus, prennent part aux processus de développement économique, culturel et social
en implémentant très souvent les politiques des OI. De sorte que la taille et la lourdeur
bureaucratique des unes, sont compensées par la flexibilité, l’efficacité et la performance
des autres8.
4
Une association à but non lucratif est un regroupement de droit privé d’au moins deux personnes, qui décident
de mettre en commun des moyens afin d’exercer une activité ayant un but premier autre que la recherche d’un
gain, d’un profit ou leur enrichissement personnel.
5
La notion d’intérêt public est certes très large ; mais on s’accorde à la relier à d’autres idées comme l’avantage
commun, le bien public, le bien commun, l’intérêt général, les bienfaits publics ou la volonté générale.
6
Une institution internationale est une organisation dont le statut lui permet d’exercer des activités
internationales, tel que la Banque Mondiale, banque africaine de développement, le FMI, l’OMS, UNESCO,
OIT, OMC…
7
Principe selon lequel une autorité centrale ne peut effectuer que les taches qui ne peuvent pas être réalisées à
l’échelon inférieur. Selon le principe de la subsidiarité, la responsabilité d’une action publique, lorsqu’elle est
nécessaire, revient à l’entité compétente la plus proche de ceux qui sont directement concernés par cette action
8
Lire Mohamed SANOUN « Somalia : the missed opportunities », dans lequel l’ancien diplomate algérien
analyse les raisons de l’échec de l’intervention de l’ONU, et des forces US en Somalie en 1992. Selon lui, le
dévouement et l’engagement des ONG pour fournir l’aide alimentaire a supplanté l’inefficacité bureaucratique et
la prudence excessive des responsables onusiens calfeutrés et confinés dans leurs bureaux très loin des théâtres
Cependant, les liens qui unissent ce tandem ne doivent pas occulter les dérives
pouvant survenir du fait des dépendances et des ingérences qui travestissent, dénaturent et
enveniment les relations entre les Etats du sud et ces dernières. En fait, les Etats africains en
général, et ceux d’Afrique sub-saharienne francophones en particulier, confrontés depuis la
fin de la deuxième guerre mondiale à plusieurs guerres, crises sanitaires, économiques,
sociopolitiques et humanitaires sont devenus les circonscriptions opérationnelles de
prédilection des ONG et des OI. Ce qui ne se réalise pas sans heurts et tensions : dans leur
volonté d’imposer leur vision du monde ou de façon plus louable, de s’impliquer dans la
conception, la réalisation, et le suivi des projets de développement et de coopération 9, ces
ONG et / ou ces OI entretiennent très généralement avec les pays d’accueil bénéficiaires,
des rapports condescendants, de tutorat et d’ingérence qui bafouent le sacro-saint principe
de la souveraineté des Etats et de la non-ingérence.
Ainsi, tout en se rappelant le rôle que jouèrent Bernard Koushner et les « french
doctors » des Médecins Sans Frontière (MSF) dans le conflit du biaffra (de 1967 à 1970),
l’assassinat du guide de la révolution de la jamahiria libyenne à Syrte en 2011 ou même
l’affaire de l’arche de Zoé en octobre 2007 au Tchad, les analystes sont de plus en plus
fondés et convaincus que l’interventionnisme des ONG et des OI occidentales, moyennes
orientales et extrêmes orientales10 est loin d’être de simples actions pacifiques,
philanthropiques et humanitaires. La mise en avant du « droit d’ingérence » est parfois un
alibi pour déstabiliser les régimes en place ou pour faciliter et actionner l’ingérence néo-
colonialiste ou impérialiste afin de mieux piller et préempter les richesses de ces pays. Tout
comme il peut consister à On comprend mieux et aisément aujourd’hui l’incidence des
résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU ou l’impact des ONG tels qu’OXFAM 11,
Médecins Sans Frontières, CARE12… sur les pays africains ou dit du « tiers-monde ».
Voilà justement ce qui sous-tend l’idée et l’objectif de cet enseignement. La finalité
didactique poursuivie vise la présentation inclusive et invasive des deux thématiques : elle a
PREMIÈRE PARTIE :
DROIT DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES.
PROLEGOMENES
13
Présentation de la genèse, préfaces et/ou principes préliminaires consistantes qui fournissent les prérequis
nécessaires à l’étude et à la compréhension d’une thématique ou d’une question. De façon générale, les
prolégomènes désignent un ensemble de notions préliminaires que doit connaître toute personne abordant l’étude
d’une science nouvelle. Etudier le droit des OI et des ONG n’est certainement pas aussi évident que peuvent
souvent penser certains étudiants. Autant dire que ces prolégomènes ont été insérés à ce niveau pour éclairer et
faciliter l’appréhension et l’immersion de l’apprenant.
14
Mouvement nationaliste réclamant l’annexion des territoires où vivent des nationaux » non rachetés » (sous
domination étrangère. Il trouve son origine dans une doctrine politique énoncée en Italie, revendiquant
l’unification politique de l’ensemble des territoires de langue italienne ?
15
L’isolationnisme est une tendance de la politique des Etats Unis pour une intervention minimale dans les
affaires du monde. Il a été longtemps été l’un des fondements de la politique étrangère des Etats-Unis, érigé en
doctrine par le Président James Monroe en 1823
16
Relatif au Droit et à son environnement sociologique, économique…
l’émancipation internationale des OI et des ONG. Depuis lors, la recherche d’une
Organisation Internationale forte, de caractère universel, et visant à assurer la paix, a
toujours préoccupé l’esprit des hommes.
Cependant, la genèse d’une idée visant à la recherche d’une Organisation
Internationale de caractère universel, répondant au criterium ci-dessus indiqué, remonte au
14e siècle avec Pierre Dubois et son ouvrage : « De recuperatione terrae sanctae 17».
Elle se poursuivra par le projet du roi de Bohême Georges de PODEBRADY 18 en
1464 qui prônera l’organisation de la paix et de la sécurité à l’échelle européenne. Au 17 e
siècle, plusieurs s ouvrages ont été consacrés aux organisations internationales ; sans être
exhaustif, on citera « le grand dessein d’Henry IV. », roi de France qui imagina aussi une
confédération chrétienne européenne, envisagée comme « un système politique par lequel
on pouvait partager et conduire toute l’Europe comme une famille » ; « les profits qu’on
assure, outre la paix, surpasse de beaucoup la dépense la dépense à laquelle on l’engage ».
Dans le contexte des conflits en Europe et notamment dans l’objectif d’enrayer le pouvoir
de la couronne, espagnol et d’apaiser les conflits religieux, concevra un plan afin de
garantir une paix solide en Europe. Son projet inspira celui de l’Abbé de Saint Pierre au
XVIIIème siècle, qui alimenta le projet de rendre la paix perpétuelle en Europe
Le 18e siècle voit paraitre les multiples projets du même type, conceptualisés et des
philosophes et par des penseurs tels que Jérémy Bentham, Jean Jacques Rousseau ou
l’Abbé Grégoire. Qui furent de véritables précurseurs des Organisation Internationales.
Néanmoins, leurs ouvrages qui peuvent présenter quelques intérêts, du point de vue des
idées politiques, n’ont réservées en réalité qu’une très faible influence sur les solutions qui
devraient être adoptées compte tenu de dévolution de la suite des évènements de la vie
internationale.
17
Pierre Dubois, Jurisconsulte et avocat du Roi français Philippe IV le Bel, théorise dans son traité « De
recuperatione terrae sanctae » (de la récupération de la terre sainte), la pensée selon laquelle la paix au sein de
la chrétienté est une condition nécessaire pour justifier la conquête par les croisades de Jérusalem et de chypre,
considérés comme la terre sainte, mais occupés par Saladin et les armées musulmanes depuis 1154. Son traité
présente les mesures à prendre pour faire de la chrétienté une sorte d’empire couvrant tout le territoire jadis
colonisé par l’empire romain pendant la pax romana. Le but de son idéologie vise la prééminence de la France
pour pacifier la chrétienté et faire triompher ses ambitions de guerre et de croisade. Une de ses idées phares reste
le projet de création d’une cour internationale de justice pour régler les différends entre les nations et un interdit
économique déclaré contre toute puissance chrétienne qui ferait la guerre à une autre puissance chrétienne. Il
conseille la réconciliation entre le pouvoir temporel (le Roi) et le pouvoir spirituel (le Pape).
18
Georges de PODEBRADY, gouverneur, régent puis roi de Bohème est le tout premier souverain rejetant la foi
catholique et l’incitation aux croisades par le pape Pie II, qui fondera sa politique sur les compactata, un accord
conclu et visant instaurer une cohabitation harmonieuse entre les catholiques minoritaires et la majorité Hussite
(mouvement religieux inspiré par les doctrines de jan Hus, qui prône un retour à l’église apostolique pauvre et
spirituelle, précurseur du protestantisme,).l’histoire retient de lui qu’il envoya ses ambassadeurs dans toute
l’Europe occidentale pour proposer à la chrétienté une alliance permanente sous la forme d’un traité instaurant
une « confédération de rois et de princes chrétiens », dotée d’une assemblée permanente et d’une cours
internationale de justice, c’était des projets précurseurs de l’Union Européenne.
Au 19e siècle apparaissent les premières tentatives des organisations internationales.
20
La SDN est une des pionnières dans l’univers des OI. Elle est introduite par le traité de Versailles en 1919 et
dissoute en 1949. Elle était composée de quatre membres permanents, (France, Italie, japon, Royaume Uni), de
l’Allemagne à partir de 1926 et de membres non permanents élus pour trois ans. La SDN, connaitra dans l’entre-
deux guerres la désertion de trois pays (l’Allemagne nazie 1933, le japon en 1933 et l’Italie en 1937) qui
contestaient la dépendance des pays faibles et fragilisés par la première guerre mondiale, aux grandes puissances
pour l’application de ses résolutions.
21
C’est une conférence qui a jeté les bases de l’organisation des nations unies. Elle a eu lieu à la fin de la
deuxième guerre mondiale, du 21 aout au 7 octobre 1944, dans la ville de Dumbarton Oaks, à Washington, DC
L’ONU a été fondée sur les principes du multilatéralisme 22, de légalité, des droits
des nations, et de l’internationalisme libérale (Idéologie qui encourage et met en place une
solidarité de principes, d’intentions et d’actions parmi les individus et les forces collectives
et qui tend vers une organisation dont les compétences dépassent les structures nationales) .
Pour WOODROW WILSON, la vision d’un internationalisme libéral en matière de
politique étrangère consiste à soutenir la sécurité et l’ouverture du marché entre les
différentes démocraties, le tout régulé par un système d’institutions internationales
dépendantes des Etats-Unis. L’ONU comporte notamment en son centre : un exécutif
restreint, le Conseil de Sécurité, un forum délibératif, l’assemblée générale, où règne le
principe démocratique « un pays une voix » ; un corps juridique, la cour internationale de
justice, le conseil économique et social ; L’article 68 de la charte prévoit que le conseil
institue les commissions pour déléguer dans sa tâche notamment pour des questions
économiques et sociales et le progrès des droits de l’homme et dans tout autre domaine.
22
Le Multilatéralisme est un concept utilisé dans le champ des relations internationales. Il se définit comme un
mode d’organisation des relations interétatiques, se traduisant par la coopération des trois Etats, au moins, dans
le but d’instaurer les règles communes et de privilégier le règlement multilatéral des problèmes mondiaux.
Exemple : Accord Multilatérale sur l’Environnement (AME) ;
Il se distingue de l’Unilatéralisme qui refuse la suprématie du droit et de la délibération collective. L’acte
unilatérale qualifie une démarche, une action et un engagement dont celui qui le prend n’attend de quiconque
aucune prestation corrélative. Exemple : l’unilatéralisme américain exacerbé pendant les années Bush ;
l’unilatéralisme français pendant le quinquennat du président Sarkozy culminé lors du renversement du guide
libyen Kadhafi.
Le bilatéralisme par contre est un système de relation fondé sur des échanges, des accords bilatéraux. Il est très
souvent un accord ou un acte d’engagement de nature politique, économique ou culturelle entre deux parties
(deux Etats, bien qu’il puisse s’agir d’autres entités) contractantes consentantes, les liant de façon
synallagmatique, de façon réciproque, l’une envers l’autre. Exemple : une convention fiscale qui est un traité
entre deux pays visant à éviter la double imposition des personnes et des entreprises.
plus importants, l’on retrouve l’OIT, UNESCO, et l’OMS, FMI, et le groupe de la Banque
Mondiale, constitué de cinq banques). Chacune de ces organisations est liée de manière
différenciée à l’ONU, laquelle apparait comme un gouvernement mondial dont chacune des
composantes doit agir de manière à favoriser et atteindre une cohérence d’ensemble.
Pour Sir Gérald Grey Fitzmaurice, l’ONU est une organisation internationale c’est-
à-dire « l’association d’Etats, constituée par un traité, doté d’une constitution, d’organes
communs possédant une personnalité juridique distincte de celles des Etats membres ».
Cette définition n’a pas été retenue par la convention de Vienne sur le droit des
traités. La convention de vienne du 23 mai 1969, dans son article 2 alinéa (1) dispose
que l’expression « Organisation Internationale » dérive d’une Organisation
Intergouvernementale. Toutefois, de façon plus concise c’est la convention de vienne de
1975 sur la représentation des Etats, en son article 1(a) qui proposera cette définition de
l’Organisation Internationale faite plus tôt par Sir Gérald Grey Fitzmaurice, en ces
termes : « l’expression OI s’entend d’une association d’Etats constitués par un traité doté
d’une constitution et d’organes communs et possédant une personnalité juridique de celle
des Etas membres ».
De façon simplifiée, selon le projet d’articles sur la responsabilité des OI en son
article 2 (a), l’expression « OI » « s’entend, toute organisation instituée par un traité ou un
autre instrument régi par le droit international et dotée d’une personnalité juridique propre »
outre les Etats, une OI peut comprendre parmi ses membres des entités autres que les Etats.
Les OI ne sont pas des supers Etats, mais ont, comme ces derniers, une constitution,
une personnalité juridique propre, un système de responsabilité qu’il faut distinguer de celle
de ses membres.
Acteurs incontournables de la vie internationale, les OI ont cessé de se multiplier et
de se diversifier. Des centaines ont été créées en prenant des aspects multiformes ;
universelle et régionale, générale et spéciale, politique et économique.
Les OI constituent les formes particulières d’arrangement institutionnel qui sont
actuellement confrontées à des défis complexes de régulation de système mondial que
comporte des dimensions politiques, économiques, juridiques, sociales, culturelles et
environnementales et ils sont également différenciés. Selon les perspectives, on distingue
de nombreux acteurs sur la scène internationale, les Etats, les entreprises, ou encore les
organisations de la société civile.
Nous articulerons les développements qui suivent autour de trois grandes parties :
une Première partie déclinant le Cadre juridique des OI ; une Deuxième partie présentant
les OI à caractère universel et les OI à caractère régional ; la troisième et dernière
partie quant à elle analysera les institutions spécialisées de l’ONU
CHAPITRE 1:
CADRE JURIDIQUE DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES
On peut dire qu’une organisation internationale est une institution créée par
plusieurs Etats pour gérer de manière commune leur coopération dans différents domaines.
Une OI est créé grâce à un instrument juridique qui constate l’accord des Etats membres.
Cet instrument peut revêtir plusieurs noms : charte, convention, accord, etc. Il est soumis à
la procédure de ratification. Pour qu’un instrument juridique entre en vigueur, il faut que
cet instrument ait atteint un nombre minimal qui est alors appelé un seuil (situation la plus
fréquente dans les OI à vocation universelle telle l’ONU) ou la totalité dans les OI à
vocation restreinte, spécifiquement les OI d’intégration, instruisant les relations renforcées
entre les Etats membres.
Dans la pratique internationale, l’on note deux cas de figures s’agissant des
réserves. Les conventions de vienne de 1969 et 1986 reconnaissent aux Etats, la possibilité
d’émettre des réserves sur certaines conditions. Par contre, la charte est muette sur la
question et le statut de la CPI en son article 120 dispose qu’il n’admet aucune réserve.
L’OI est une personne juridique qui est créée par les Etats. Mais elle va être dotée
d’une certaine autonomie qui va lui permettre de se détacher dans une certaine mesure des
Etats qui l’ont créée. Ainsi, les OI sont dotées de leur propre règlement (charge
constitutive) et bénéficient d’une personnalité juridique.
Une OI a des organes qui sont permanents dans le sens qu’ils existent de manière
permanente même s’ils ne se réunissent pas de manière permanente.
A.Les organes à existence permanente
Toute organisation internationale a les organes qui sont permanents dans ce sens ils existent
de manière permanente même s’ils ne se réunissent de manière permanente ; par exemple,
l’Assemblée Générale des Nations Unies est un organe permanent, mais qui ne se réunit
qu’une fois par an. Le Conseil de Sécurité est un organe permanent qui se réunit
fréquemment mais qui ne fonctionne pas en permanence.
Même si une OI est créée par les Etats et même si ce sont ceux-ci qui composent
certains organes, ces organes vont être juridiquement considérés comme les organes
propres à l’OI.
23
On comprend donc mieux pourquoi certaines grandes puissances habillent généralement leurs démarches
bellicistes par l’onction des résolutions du Conseil de Sécurité ; l’assassinat du guide libyen ; Mouammar
Kadhafi, fut ainsi précédée par la résolution 1973, adoptée par 10 voix pour et 5 abstentions (Allemagne, Brésil,
Chine, Fédération de Russie et l’Inde), interdisant tous les vols dans l’espace aérien de la Jamahiriya arabe
libyenne, en alléguant la protection des populations civiles. De sorte qu’après la guerre qui s’en suivie, après la
chute du gouvernement libyen, après la capture et l’exécution sommaire du raïs, et surtout après les dégâts
collatéraux que cette crise a charriés dans le bassin méditerranéen et en Afrique subsaharienne, les
commanditaires se réfugient toujours derrière la résolution de l’ONU.
Toute OI comporte également des organes intégrés. Les organes intégrés sont, à la
différence des organes inter-gouvernementaux, composés des personnes qui ont pour tâche
de défendre l’intérêt commun. Ils ne doivent pas être dépendants de leurs Etats de
nationalité par exemple, le Secrétaire Général de l’ONU une fois nommée doit être
indépendant de tous les Etats et en particulier de son Etat de nationalité. Les fonctionnaires
et le personnel des organes intégrés sont des « fonctionnaires internationaux ».
A la différence des Etats qui ne peuvent pas nier l’existence d’un nouvel Etat, les
Etats tiers d’une Organisation Internationale ne sont pas tenus de lui reconnaitre la
personnalité juridique ; pour eux, la charte constitutive est un traité qui répond aux
principes de l’effet relatif des traités27. Ils ne sont pas soumis aux obligations créées par ce
traité. Par exemple, l’URSS a difficilement reconnu l’existence de la communauté
européenne28. Un Etat tiers devra entrer en contact avec l’organisation internationale pour
que celle-ci soit considérée comme un sujet de droit par lui.
25
Ce principe veut dire que les OI sont dotées, par les Etats qui les créent, de compétences d’attribution dont les
limites sont fonction des intérêts communs que ceux–ci leur donnent pour mission de promouvoir ; ce principe
revient en réalité à s’intéresser à la question même des compétences des Organisations Internationales. En
matière de compétence, les OI, n’ont que les compétences que les entités qui les composent, aussi appelés les
Etats membres, décident de lui attribuer. Elles ne disposent pas de compétence de la compétence (Kompetenz-
Kompetenz) au contraire des Etats qui disposent de la souveraineté. Elles ne peuvent pas déterminer, par elles-
mêmes, les compétences qu’elles seront amenées à exercer : cette tache de la répartition des compétences revient
aux Etats membres qui en assument la distribution.
26
La notion de pouvoirs implicites désigne les pouvoirs non expressément disposés dans la charte constitutive de
l’organisation internationale, ce sont des pouvoirs qui se déduisent de celle-ci par une interprétation évolutive
qu’en donne le juge international à l’occasion d’un litige.
27
En effet, un traité ne peut pas avoir des effets à l’égard de ceux qui ne l’ont pas conclu, car le traité repose sur
la notion de contrat et en raison de la souveraineté des Etats il est admis qu’un Etat ne peut pas lier par un traité
que s’il y a consenti
SECTION III : LA PARTICIPATION AUX ORGANISATIONS
INTERNATIONALES
La notion de participation a deux aspects. Elle suppose qu’elle ait un début, elle
suppose aussi qu’elle puisse avoir été suivie. La participation aux organisations
internationales est volontaire et doit être conforme aux règles édictées par la convention de
base. La participation aux organisations internationales peut cesser soit par décision de
retrait, soit de graves manquements aux obligations incombant aux Etats membres.
28
Le projet de création d’une Union Européenne a pendant plus de 30 années été considéré et présenté par
l’U.R. S.S comme essentiellement destiné à faire progresser les préparatifs d’agression contre l’Union
Soviétique. Pendant longtemps, Moscou avait toujours considéré, le plan Schuman, qui constitua un texte
fondateur, un tournant majeur dans l’histoire de la construction européenne, comme un projet inspiré par les
dirigeants de Washington, destiné à faciliter l’asservissement de l’Europe et l’accroissement de sa contribution
aux préparatifs de guerre américains contre l’U.R.S.S. Ceci explique la tardive reconnaissance de la réalité de
l’intégration par les russes.
PARAGRAPHE II : LES PROCEDURES D’ACQUISITION DE LA QUALITE DE
MEMBRE
Il convient de distinguer à cet égard : les membres originaires et les membres
administratifs.
1- Le retrait volontaire, est un acte unilatéral de l’Etat membre qui veut sortir de l’organisation
et cesse d’être lié par l’acte constitutif. Par exemple, les USA se sont retirés de l’UNESCO
en 1984 pour y revenir en 1995.
3- L’expulsion
Pour ce qui est du fond, l’expulsion est une sanction contre un manquement grave ou
persistant à des obligations conventionnelles par exemple en 1954 la Tchécoslovaquie est
formellement expulsée du FMI pour avoir refusé de communiquer certains renseignements
à l’organisation. L’expulsion fut également appliquée à l’URSS en 1939 lors de la guerre
contre la Finlande.
L’expérience prouve que les organisations hésitent à mettre en œuvre ces sanctions même
dans leur forme la plus anodine.
Pour ce qui est de la forme, l’expulsion requiert un vote obtenu dans les conditions requises
pour les matières les plus importantes par exemple : la charte de l’ONU (article 5) exige
Etats-Unis. La réintégration de la France est annoncée par le Président de la République française Nicolas
Sarkozy en 2007 et ne deviendra effective qu’en avril 2009au sommet de l’OTAN à Strasbourg-Kehl.
une recommandation du Conseil de Sécurité et une décision d’Assemblée Générale. Au
FMI, il faut la majorité des gouverneurs exerçant la majorité des droits de vote.
Les Organisations Internationales ont des compétences variées qui sont définies
surtout par leurs chartes constitutives. Le contenu de ces compétences dépendra du domaine
d’action de l’Organisation Internationale et de ses objectifs, elles sont toutefois soumises à
un certain contrôle.
30
La notion des pouvoirs implicites désigne les pouvoirs non expressément disposés dans la charte constitutive
de l’OI. Ce sont des pouvoirs qui se déduisent de celle-ci par une interprétation évolutive qu’en donne le juge
international à l’occasion d’un litige
31
La Cour Pénale Internationale (CPI), siégeant à la Haye, est une juridiction pénale internationale permanente,
et à vocation universelle chargée de juger les personnes accusées de génocide, de crime contre l’humanité, de
crime d’agression et de crime de guerre. Elle a aussi une dimension préventive et dissuasive. La CPI peut exercer
sa compétence lorsque la personne accusée est un national d’un Etat membre, ou si le crime supposé est commis
sur le territoire d’un Etat membre, ou encore si l’affaire lui est transmise par le Conseil de Sécurité des Nations
unies. Elle ne peut exercer sa compétence que lorsque les juridictions nationales n’ont pas la volonté et/ ou la
capacité pour juger des crimes internationaux (principe de complémentarité*). En d’autre terme, la CPI
n’intervient que lorsque les systèmes internes sont défaillants.
32
Créée le 26 juin 1945 à San Francisco, en Californie au Etats unis, la Cour Internationales de Justice (CIJ),
siégeant à la Haye, dans le palais de la paix, est établie par l’article 62 de la charte des Nations Unies : la Cour
Internationales de Justice constitue l’organe judiciaire principal des Nations Unies. Elle fonctionne
conformément à un statut établi sur la base du statut de la Cour Permanente de Justice Internationale et annexé à
la présente charte dont il fait partie intégrante. Elle a pour principale fonction de régler des conflits juridiques
soumis par les Etats et de donner un avis sur des questions juridiques présentées par des organes et des agences
internationales agréées par l’AG des Nations unies.
Elles sont relatives à la création des normes juridiques techniques ou financières. Elles sont
utilisées pour l’organisation interne de l’organisation internationale et pour
l’accomplissement de sa mission, générale. Elles correspondent à deux catégories de
normes : les actes unilatéraux et les traités.
Les traités auxquels les organisations internationales sont parties sont ceux qu’elles ont
conclus pour exercer aux mieux leurs activités (ratification de l’accord des sièges). Mais
aussi ceux qui sont la transcription directe de leurs activités. Les Etats tiers ne peuvent
refusés d’être partie à une convention qui dépasse le domaine d’activité de l’organisation.
33
Juriste de formation et diplomate de carrière, Dumitru Mazilu est chargé par les Nations Unies en 1985 de
d’élaborer un rapport sur les droits de l’homme et de la jeunesse dans le monde. Il devient dès lors rapporteur
spécial de la haute instance internationale. Lorsque les services secrets du régime roumain décadent de Nicolae
Ceaucescu apprennent le contenu du rapport, ils le feront congédier du ministère des affaires étrangères,
retireront son passeport, l’empêcheront de se rendre aux sessions pour présenter son travail et le mettront sous
arrêt à domicile. A plusieurs reprises, la Police politique roumaine empêche les Nations unies de le contacter. Ce
qui obligera les Nations unies à présenter le cas devant la Cour International de Justice de la Haye qui ; une fois
saisie du dossier, rendra à l’unanimité, sa décision en faveur des Nations unies « Dumitru Mazilu doit jouir de
tous les privilèges et immunités diplomatiques prévues par l’article 22 de la Convention ».
Le pouvoir de sanction : en cas de manquement à une obligation par un Etat
membres, l’organisation peut sanctionner cet Etat. C’est le cas du conseil de sécurité de
l’ONU et de l’organisation internationale du travail.
34
Le 14 avril 1992, la Cour Internationale de Justice (CIJ), a rendu, par onze voix contre cinq, deux ordonnances
par lesquelles elle a décidé que les circonstances de l’espèce la conduisaient à ne pas indiquer de mesures
conservatoires dans l’affaire opposant la Jamahiriya arabe libyenne au Royaume uni.
PARAGRAPHE 1 : PRINCIPE ET FONDEMENT DES PRIVILÈGES ET
IMMUNITÉS
Les chartes constitutives des organisations internationales contiennent généralement les
clauses reconnaissant à l’organisation, sur le territoire de chacun de ses membres, des
privilèges et immunités nécessaires à l’accomplissement de ses fonctions (article 105 de la
charte des nations unies). Ce type de disposition permet à l’organisation internationale
d’agir en toute indépendance sur le territoire des Etats membres, en empêchant notamment
que du fait de sa compétence territoriale, l’Etat hôte ne puisse occuper une situation. Cette
affirmation, généralement acceptée découle d’un avis de service juridique des nations unies
rendues le 16 mai 1968 à propos de l’immunité fiscale. Les privilèges et immunités dans le
cadre des organisations internationales sont fonctionnelles c’est-à-dire limitées au cadre
strictement nécessaire à l’exercice de sa fonction.
Il convient par ailleurs, de relever ici que contrairement à la diplomatie classique et aux
privilèges qui en découlent, la réciprocité ne joue pas pour ce qui est des organisations
internationales, car il s’agit d’un type de relation particulière qualifiée de diplomatie
multilatérale. Les privilèges et immunités font l’objet d’une règlementation
constitutionnelle détaillée dans trois catégories de normes ou instruments.
D’abord, les dispositions des actes constitutifs des organisations internationales qui
en posent le principe (article 105 de la charte des nations unies alinéa 1). L’organisation
jouit sur le territoire de chacun de ses membres des privilèges et immunités qui lui sont
nécessaires pour atteindre ces buts (alinéa 2) : « les représentants des membres des nations
unies et les fonctionnaires de l’organisation jouissent également des privilèges et immunités
qui leurs sont nécessaires pour exercer en toute indépendance leurs fonctions en rapport
avec l’organisation », (article 40 du conseil de l’Europe).
Ensuite, les instruments multilatéraux concernant spécifiquement les privilèges et
immunités. C’est le cas de la convention de 1946 sur les privilèges et immunités des nations
unies, la convention de 1947 sur les privilèges et immunités des institutions spécialisées des
nations unies…
Enfin, les accords spécifiques qui définissent les conditions d’établissement d’une
organisation internationale sur le territoire d’un Etat (les accords de siège). Le
développement du droit conventionnel en la matière est tel que l’on s’est posé la question
de savoir si au regard de l’OPINIO JURIS, les privilèges et immunités n’avaient pas
finalement un caractère coutumier.
La question s’est posée à la suite de la détention à Abidjan après l’atterrissage forcé d’un
aéronef du représentant permanent de la Guinée auprès des Nations Unies et d’un
fonctionnaire de l’union postale universelle lui aussi de nationalité guinéenne. Il faut
souligner, pour une meilleure problématisation de la question que la Côte d’Ivoire n’était
pas partie à la convention de 1946 et la Guinée n’y avait pas adhérée et donc tous deux
étaient tiers à cette convention.
Le caractère coutumier est aujourd’hui expressément reconnu par les différentes
conventions y afférentes qui s’affirment elles même comme étant des conventions de
codification.
Le but de ce régime de privilèges et immunités est de permettre à l’action de l’Organisation
Internationale et de ses fonctionnaires de s’exercer en toute indépendance. Il permet
également de garantir l’égalité entre les Etats membres de l’organisation. Illustration nous
est faite par la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH), N° 28934/95 du 18
février 1999, BE23 , dans l’affaire Beer Regan c. Allemagne 35 . Dans cette affaire, les faits,
tels qu’ils sont établis par les circonstances de l’espèce, indiquent ce qui suit :
L’ingénieur Karlheinz Beer, ressortissant allemand, et Philip Regan, programmeur, engagèrent
devant le tribunal du travail de Darmstadt en Allemagne, une procédure contre l’A.S. E (l'Agence
Spatiale Européenne), faisant valoir qu'en vertu de la loi allemande sur le prêt de main-d’œuvre, ils
avaient acquis le statut d'agents de cette organisation.
Dans les procédures respectives, l'ASE invoqua l'immunité de juridiction dont elle jouissait
en vertu de l'article XV, paragraphe 2 de la Convention de l’ASE et de son annexe I. le tribunal du
travail de Darmstadt, déclara les demandes des requérants irrecevables. Le tribunal considéra que
l’ASE jouissait d'une telle immunité en vertu de l'article XV § 2 de la Convention de l’ASE et de
son annexe I. Estimant que l'ASE avait valablement invoqué son immunité de juridiction, qui
pouvait être prévue notamment par des accords internationaux. Dans son raisonnement, il estima en
particulier que l'ASE avait été instituée en 1975 comme une Organisation Internationale nouvelle et
indépendante. Il rejeta donc l’argument des requérants selon lequel l’ASE était par conséquent
soumis à la juridiction allemande.
Le tribunal rappela en outre que la Cour fédérale du travail, avait conclu que les
dispositions litigieuses ne se heurtaient pas aux principes fondamentaux du droit constitutionnel
allemand.
Tous les privilèges et immunités reconnus aux organisations internationales ont pour but de
faire échapper celles-ci à l’autorité des Etats membres et même de l’Etat hôte (autorité
juridique, autorité judiciaire, pouvoir de contrainte, pouvoir fiscale).
L’immunité de juridiction : une Organisation Internationale bénéficie d’une immunité de
juridiction36 en ce qui concerne ses biens et avoirs quel que soit leur siège ou leur détenteur.
Mais l’organisation peut toujours renoncer à imposer son immunité tout en faisant subsister
l’immunité d’exécution (privilège qui protège contre toute exécution forcée, les
bénéficiaires d’une immunité de juridiction (c’est-à-dire dont bénéficie les agents
diplomatiques étrangers en vertu duquel ils ne peuvent pas être déférés aux juridictions de
l’Etat où il réside).
On remarquera néanmoins que la communauté européenne ne dispose pas de l’immunité de
juridiction (article 40 CECA, article 183 du conseil de l’Europe). Cela se justifie car elle a
en effet compétence pour connaitre de la quasi-totalité de litiges soulevés à l’occasion de
leurs activités. L’inviolabilité des dépôts et des archives. Qui en principe doivent se
dérouler dans la confidentialité. Sauf l’autorisation ou consentement clairement formulé
forme les autorités de l’Etat haute, les forces publiques locales ou toute autre autorité
nationale ne doivent accéder aux locaux de l’instruction. Dans la pratique, les manquements
à cette opération ont provoqué de vives protestations dans les Etats intéressés. Ces derniers
sont par ailleurs tenus de prendre toutes les mesures nécessaires à la protection des locaux
et les archives de l’organisation (CIJ, affaire du personnel diplomatique et consulaire des
36
Il s’agit d’un privilège dont bénéficient les agents diplomatiques étrangers en vertu duquel ils ne peuvent être
déférés devant les juridictions des Etats où ils résident.
USA en Iran37). Elle est prévue à la fois dans les chartes constitutives et les accords de
siège38 signés entre l’organisation et l’Etat d’accueil. Elle est susceptible dans sa mise en
œuvre, d’ouvrir sur la problématique de l’asile diplomatique c’est-à-dire cette protection
qu’un sujet de droit bénéficiant de l’immunité ou de l’inviolabilité des locaux peut accorder
à toute personne fuyant un péril éminent (affaire du droit d’asile AYA de la Torre39).
Les immunités fiscales dont bénéficie l’organisation internationale concernant tous les
impôts directs qui posent dans leur mise en œuvre, pratiquement très peu de problèmes.
Cependant, il faut relever que l’organisation internationale ne se définie comme liée par les
définitions d’impôts et taxes admises par certains systèmes juridiques. Cela veut dire que la
qualification donnée à l’impôt par un ordre juridique nationale ne peut gouverner
l’application de la convention de 1946 qui doit être interprétée de manière uniforme à
l’égard de tous les Etats membres y compris l’Etat hôte de l’organisation. Le but
recherché par cette immunité, reste celui de l’égalité entre tous les Etats membres. Cela
reste vrai s’agissant même les pensions retraites perçues par les anciens fonctionnaires
d’une organisation. Pour l’impôt indirect, les mesures sont prises par les Etats membres en
vue du remboursement des montants des taxes retenues. C’est le cas de la TVA.
Les organisations internationales bénéficient de l’exonération des droits de vente à l’égard
des biens et autres objets importés. Ainsi, l’analyse du contenu des privilèges et immunités
peut s’apprécier en triple niveau :
- D’abord, les privilèges et immunités des représentants des Etats membres que l’on peut
analyser à travers la convention de Vienne de 1975.
- Ensuite, les privilèges et immunités des fonctionnaires internationaux que l’on peut
également analyser à travers les conventions de Vienne de 1946-1947
37
La crise des otages américains en Iran fait suite, en plus de l’hospitalisation à New York, da l’ancien dirigeant
iranien refugié au Mexique, le Sha Mohammed Reza Pahlavi à la suite de la révolution iranienne, aux soupçons
d’espionnage des autorités iraniennes à l’égard de l’ambassade des USA. Le bâtiment de l’ambassade américain
Surnommé “le nid d’espion”, sera envahi et pris d’assaut par des étudiants iraniens le 4 novembre 1979. La
tentative de protéger les appareils d’écoute, les télé-transcripteurs, les documents confidentiels, les documents
classifiés et plus de centaines de livres de documents secrets par la destruction au moyens d’incinérateurs, de
broyeurs, et de déchiqueteuses, fut interrompue brutalement par l’irruption des étudiants qui forcèrent l’entrée du
bâtiment et stoppèrent les agents américains.
38
Un accord siège est un type de traité qu’une organisation internationale conclut avec un Etat qui l’accueille sur
son territoire, afin de définir son statut juridique dans ce dernier. Ce qui conduit généralement l’Etat hôte à
concéder des privilèges, tels que des immunités pour les agents de l’organisation ou un statut d’extraterritorialité
pour ses locaux.
39
Dans son arrêt du 23 juin 1951, Affaire dit « HAYA De la TORRE », entre la Colombie et le Pérou, avec
comme partie intervenante cuba, la CIJ, qui avait préalablement défini les rapports de droit entre la Colombie et
le Pérou au sujet des questions que ces Etats lui avaient soumises touchant à l’asile diplomatique en général, et,
en particulier, l’asile accordé les 3 et 4 janvier 1949 par l’ambassadeur de la Colombie à Lima, à Victor Raul
Haya De La Torre ; jugea à l’unanimité, qu’il ne rentre pas dans sa fonction judiciaire de choisir entre les
diverses voies par lesquelles l’asile politique peut prendre fin ; par 13 voix contre une, la cour jugea que la
Colombie n’est pas obligé de remettre Haya de la Torre aux autorités péruviennes ; à l’unanimité, que l’asile
aurait dû cesser après le prononcé de l’arrêt du 20 novembre 1950, et doit prendre fin.
- Enfin, les privilèges et immunités des collaborateurs occasionnels de l’organisation
internationale (affaire comte Folke Bernadotte40).
I- LEUR AUTONOMIE
Chaque institution spécialisée est une véritable organisation internationale c’est-à-dire
qu’elle a la personnalité juridique qui la distingue à la fois de l’ONU mais à la fois des
Etats membres qui l’ont créée. Chaque institution spécialisée repose sur une charte
constitutive qui est la base de sa personnalité juridique. Chaque charte prévoit le
mécanisme d’admission à l’organisation. Si bien qu’un Etat peut être membre de l’ONU
sans être membre d’une institution spécialisée et vice-versa.
II- LA STRUCTURE
Dans chaque institution spécialisée, on va tout d’abord retrouver un organe premier
généralement appelé l’Assemblée Générale où sont regroupés tous les Etats membres de
l’institution. Cet organe se réunit périodiquement dans les sessions ordinaires qui peuvent
40
En novembre 1947, l’Assemblée Générale de l’ONU vote la résolution 181 qui met fin au mandat britannique
sur la Palestine et partage celle-ci en deux Etats, Arabe et Israélien. La guerre commence aussitôt entre les deux
belligérants. Cherchant à imposer un cessez-le-feu, les Nations Unies nomment un médiateur, le comte suédois
Folke Bernadotte. Alors que l’armée israélienne a non seulement résisté aux forces armées arabes coalisées,
mais surtout consolidé ses positions, Bernadotte propose au conseil de sécurité un nouveau plan de partage,
assorti de l’internationalisation de Jérusalem. Ce qui représente un recul pour Israël, et est vécu comme une
preuve que le comte est à la solde des Anglais. Un commando du groupe stern l’assassinera dans la partie de
Jérusalem sous contrôle Juif.
être plus au moins espacés (un an jusqu’à 5 pour certain). Cet organe premier détermine la
politique générale de l’organisation, il vote le budget, modifié la charte, adopte un certain
nombre d’actes. Il existe un organe restreint généralement élu par un organe premier dont
composé de certains des membres de l’organisation. Il va se réunir plus au moins
fréquemment au maximum une fois par semaine (la banque mondiale) mais il peut se réunir
une fois seulement par an. Le rôle de l’organe restreint c’est de faire proposition à l’organe
premier, mettre en œuvre la politique de l’organisation et de contrôler le secrétariat.
Dans toute institution spécialisée existe un organe intégré, du secrétaire avec à sa
tête un secrétariat général (UNESCO ou un directeur dans le cas de l’ONC). Il remplit les
fonctions administratives, il est le chef de l’organisation, il gère son budget, il représente
juridiquement son organisation.
DEUXIEME PARTIE :
Les ONG ne sont pas des sujets de Droit international. Elles ne doivent pas être confondues
aux Organisations Internationales (OI). Mais ces associations ne vont-elles pas un jour
prendre la place des sujets de droit international ? C’est vrai, elles-se répandent dans le
monde, leurs activités ont un but humanitaire, mais il faut un normativisme juridique, pour
les empêcher d’envahir et de remplacer les véritables acteurs du Droit International.
Il faut donc savoir quelles sont leurs conditions de création, les ressources utilisées, etc. Les
Etats ne sont plus à même d’atteindre les populations : les mutations que l’ordonnancement
juridique organisant les Etats ont connues, ont conduit l’Etat providence ou l’Etat gendarme
à gérer des systèmes politiques, économiques et sociétaux plus complexes ; de sorte qu’au
final, l’Etat étant occupé à ses problèmes de souveraineté, le domaine social est délaissé.
D’où l’existence des associations tel que, « Médecins sans frontières », « l’Amnesty
international » etc. de façon globale, les ONG mènent des actions humanitaires d’urgence,
d’aide au développement, de protection de l’environnement, de défense des droits humains
auprès des populations indigentes ; mais elles réalisent aussi des actions d’éducation à la
citoyenneté, à la solidarité internationale et de plaidoyer41.
Aujourd’hui, les ONG, poursuivent une diversité et une pluralité d’objectifs allant du
développement durable aux questions de santé, migrations, changement climatiques qui
font qu’en définitive, une impérieuse nécessité d’efficacité et de cohérence pousse les ONG
locales, du Sud et du Nord, à construire des objectifs communs, en les obligeant à redéfinir
les modalités des contrats synallagmatiques 42 qui fondent les partenariats les positionnant
comme des acteurs de changement. Les ONG se sont multipliées et leur rôle sur la scène
nationale, régionale, et internationale s’est accru considérablement. Ces ONG de tous les
Etats de la planète et les militants qui y œuvrent sont l’incarnation contemporaine de
l’universalité des droits fondamentaux.
Il faut donc ici étudier la réglementation des ONG : leurs conditions de création, de
financement ; leurs fondements juridiques, le rôle, la place et l’importance de plus en plus
prégnante des dynamiques collectives au sein de la société civile et justifiant la place des
partenariats au centre des stratégies des ONG.
Les ONG qui vivent des collectes ou des aides, n’ont en principe pas un but lucratif : ceci
étant, elles sont exonérées des impositions et autres taxes. L’ONG a son siège dans l’Etat
où elle est créée. Mais il se passe que des gens utilisent le label d’une ONG pour faire leurs
propres affaires et poursuivent des intérêts très souvent personnel.
Un autre problème se pose : sous quelle emprise est l’ONG ? L’Etat ?, les Nations Unies ?
ou les Firmes internationales ?
Par ailleurs qu’est-ce qu’une ONG ? quelles sont ses missions ? son financement ? ses
fondements juridiques ? les sanctions qui encadrent la violation par elle de la loi ?
Généralement, lorsque l’Etat finance beaucoup une ONG, il peut avoir dépendance de cette
dernière face cet Etat.
Un problème se pose avec acuité : comment l’ONG se finance-t-elle ? Pour éviter ce
problème de dépendance évoqué plus haut, aux USA par exemple, ce sont des particuliers
très riches et des mécènes très influents qui financent de tels mouvements associatifs.
41
Human Right Watch (HRW) et des militants des droits de l’homme, avaient ainsi assuré un plaidoyer auprès
des autorités iraniennes dans la décennies 80-90 pour défendre certaines minorités religieuses et faire annuler
l’exécution à des peines capitales prononcée contre Haik HOVSEPIAN et Mehdi DIBAJ, pour des libération
pure et simple ou des commutations de peine.
42
Une nouvelle tendance converge vers la nécessité de trouver un nouvel équilibre entre les ONG du Nord et du
Sud, et sur la nécessité de construire des partenariats plus stratégiques, plus réciproques et plus autonomes,
visant plutôt une logique de complémentarité permettant de faire « ensemble ». Cette tendance cherche à
dépasser les limites de la relation « appuyeur-appuyé ». Elle souhaite des relations réciproques fondées sur le
renforcement de la légitimité, la responsabilité et la souveraineté des partenaires et non plus seulement sur des
financements condescendants sensés « renforcer les capacités des ONG du Sud. Lire, Jean Martial Bonis
CHARANCLE et Martin VIELAJUS, « les ONG et leurs pratiques de partenariat. Nouvelles tendances et
nouveaux défis ». Coordination SUD, janvier 2017.
Les ONG sont créées soit par un groupe au départ, soit par un particulier ; mais comme
elles interviennent dans le domaine de l’Etat, celui-ci peut les reconnaitre et commencer à
leur apporter des subventions.et /ou à les financer. Elles sont des ONG parce qu’elles ne
sont pas créées par l’Etat. On a les ONG nationales et ONG transnationales.
Au Tchad récemment, le Président Idriss DEBY ITNO avait parlé de la souveraineté
nationale pour se reconnaitre la plénitude de compétence dans l’affaire de l’"Arche de Zoé".
C’était donc un problème entre l’Etat tchadien et des ressortissants français.
De par le monde, les citoyens veulent être des acteurs de la solidarité nationale et
internationale. C’est dire qu’à côté de la coopération entre Etas, se développent de plus en
plus des formes de solidarité non gouvernementale gérées par les ONG.
Ces associations humanitaires qui se multiplient rapidement dans les pays développés et en
direction des pays sous des pays sous-développés, apparaissent comme les plus efficaces
dans la lutte pour le développement du un tiers monde.
Le phénomène des ONG prend de l’ampleur. En effet, les ONG aux USA et même en
France canalisent les fonds en provenance du grand public, de donateurs voire de
l’Administration. Les gouvernements leur apportent un soutien financier important et les
Organisation Internationales, face à la crise des « modèles du développement », sont de
plus en plus séduites par ces associations humanitaires qui renforcent les savoir-faire
locaux.
Les ONG ont connu une évolution thématique et interventionniste dans la communauté
internationale. Selon David KORTEN qui a formalisé cette évolution, la première
génération des ONG se serait impliquée dans l’aide d’urgence et les projets sociaux.
La seconde se serait préoccupée et continue de se préoccuper des microprojets destinés à
l’autosuffisance d’une population ciblée et limitée (un village ou un groupe d’individu).
La troisième s’efforcerait de mettre en place des programmes viables d’ampleur régionale
appuyés sur des organisations locales structurées, d’intégrer des micro-réalisations dans une
programmation régionale et rechercherait une rentabilisation des investissements engagés.
Les enjeux des ONG fascinent en même temps qu’ils inquiètent :
Les ONG fascinent en ce sens que les populations y trouvent progressivement la solution à
leurs problèmes quotidiens.
Cependant elles inquiètent en ce sens qu’elles se transforment le plus souvent en groupe de
pression des pays développés.
D’un autre point de vue, les ONG rencontrent des difficultés à travailler avec les
gouvernements du sud suspicieux vis-à-vis d’organisations qui tôt ou tard chercheront à
transformer en capital politique la confiance acquise auprès des populations.
Une telle situation a amené les Etats à canaliser l’action des ONG à travers une
réglementation que l’on peut traduire sous le vocable de « droit des ONG ».
Un tel droit vient apporter des réponses à une multitude de questions relatives à :
- La nature juridique des ONG ;
- Les conditions et procédés de leur création ;
- Leur organisation ;
- Leur mode de fonctionnement ;
- La juridiction compétente ;
- Les organes de contrôle de leurs activités ;
- L’emprise de la réglementation sous laquelle elles exercent leurs activités à travers le monde.
L’enseignement du droit des ONG a pour ambition d’apporter un éclairage à toutes les
préoccupations. Il faut donc pour cela s’intéresser sur les fondements socio-juridiques des
ONG à travers une première partie (TITRE 1), mais aussi de rechercher les instruments
juridiques qui encadrent ces ONG, (TITRE 2).
TITRE 1. LES FONDEMENTS SOCIO JURIDIQUES DES ORGANISATIONS NON
GOUVERNEMENTALES
Toute analyse juridique d’un phénomène donné requiert qu’on convoque sa genèse, laquelle
s’incruste dans un moule juridique bien déterminé. Les ONG n’échappent pas à cette réalité
Les relations entre le monde des affaires, les gouvernements et les ONG sont souvent
compliquées, antagonistes, et peuvent créer une dépendance des ONG vis-à-vis des États
donateurs. En effet, les ONG de développement implémentent des projets à la suite d'un appel
d'offres des donateurs. La concurrence des Organisations « Non Gouvernementales » les unes
avec les autres peuvent réduire leur rôle à l'application des décisions des États. D’où
l’importance de circonscrire les bases et les cadrages juridiques des ONG.
1. L’initiative privée
Elle constitue une preuve de la spontanéité qui se manifeste au plan international à l’insu ou
en dehors de toute directive gouvernementale ou intergouvernementale. L’on doit toutefois
relever qu’il faut des exceptions à cette règle. En effet, plusieurs ONG ont été instituées à la
suite d’une incitation émanant de telle ou telle OIG. Tel est le cas des associations
scientifiques dont la création est suscitée par l’UNESCO.
Cependant, il n’en demeure pas vrai que l’origine de l’initiative demeure même dans ces
cas partagés puisque les incitations émanant des OIG n’auraient eu aucune chance d’aboutir
si elles n’avaient pas trouvé d’écho sur un certain nombre d’individus ou de groupes privés.
En règle générale une ONG regroupe des particuliers qui n’ont à prendre leurs consignes
auprès d’aucune autorité gouvernementale ou inter-gouvernementale.
2. La solidarité internationale
Les ONG sont marquées par la solidarité entre des particuliers appartenant à plusieurs pays.
Il convient cependant de relever que certains groupes privés qui restent purement nationaux
tant par leur composition que par leur financement ont également une vocation
internationale qui peut leur valoir reconnaissance et consécration par les OIG.
C’est ainsi que les organisations privées nationales bénéficient du statut consultatif auprès
du Conseil économique et social.
Cependant, dans l’immense majorité des cas, les ONG sont constituées par le regroupement
d’individus ou de mouvement en provenance de différents Etats (trois au moins selon le
critère de sélection retenu par l’union des associations internationales pour la confection de
son annuaire).
4. La diversité d’objectif
La prolifération des ONG intéresse à peu près tous les secteurs de l’activité sociale et
témoigne en faveur de l’internationalisation du problème cependant, ces activités ne
correspondent pas aux mêmes types d’objectifs. Beaucoup d’associations n’ont d’autres
ambitions que d’assurer la protection de leurs membres ou se contentent d’activités
purement internes ; d’autres ont des objectifs caritatifs ou humanitaires dont la réalisation
ne risque pas de mettre en question l’ordre établi. D’autres au contraire sont plus nettement
engagés dans une transformation du monde Parce qu’elles sont porteuses d’idéologies à
défendre ou à répandre : Ce sont des ONG politiques, confessionnelles et syndicales qui ne
peuvent guère exister sans entretenir une certaine dose de militantisme et de messianisme.
43
L’intuitu personæ, est une référence à une personne, se rapportant à son identité. L’intuitu personæ évoque
non seulement les éléments qui individualisent officiellement une personne (tels que ses nom, prénom, âge,
domicile, etc.), mais également énonce que l'identité est aussi l'ensemble des traits physiques et moraux qui
caractérisent un être précis, et font qu'il est une personne unique. C'est d'ailleurs le plus souvent l'identité
qualifiée de morale qui entre en ligne de compte, c'est-à-dire que seront prises en compte essentiellement les
qualités de la personne : sa compétence, son imagination, son savoir-faire, son habileté, sa réputation, son
appartenance à une profession, voire sa moralité.
universelle des droits de l'homme de 1948. Une association de personnes est la première
forme d'entreprise, comme l'indique également la définition du dictionnaire Larousse:
Entreprise veut dire « Action d'entreprendre quelque chose, de commencer une action; ce
que l'on entreprend ». L’association privée s’analyse dès lors comme la convention par
laquelle des personnes mettent en commun leur capacité ou leurs activités dans un but autre
que celui de partager les bénéfices. Il ressort de cette définition le caractère non lucratif de
l’ONG.
44
Défraiement, action de défrayer ; sommes versées à un individu en compensation des frais (transport,
hébergement, repas) qu’il a engagés.
45
Dans tous les cas, elle doit être gérée de manière désintéressée, sans rechercher le profit, même si par ailleurs,
les associés ou tout au surplus l’équipe exécutive perçoit des fonds et engage des salariés.
(tel que la distribution de produits issus du commerce équitable46 et l'excédent
budgétaire47 peut servir au développement de l'association.
Lorsque nous remontons dans l’histoire, Les groupes de bénévoles constituent une forme
initiale d’organisation à but non-lucratif, ayant existé depuis l’Antiquité. La Grèce antique,
par exemple, comptait diverses organisations, allant du club élitiste réservé aux hommes
riches aux associations religieuses privées, en passant par les associations professionnelles.
Au sein des sociétés de l’ère préindustrielle, les responsabilités administratives
gouvernementales étaient régulièrement assurées par des associations de bénévoles qui
contrôlaient souvent des villes entières.
Sans devenir lucratives, les associations peuvent avoir des activités variées : promotion et
pratique d'une activité (sport, activité manuelle, culturelle, théâtre, musique, etc.), défense
d'une catégorie de personnes (étudiants, handicapés, victimes, malades, usagers des services
publics, consommateurs, professions diverses, etc.), action sociale et humanitaire (aide à
domicile, soins gratuits, distribution de nourriture, secourisme, garde d'enfants, etc.),
regroupement de professionnels, animation d'un quartier ou d'une ville, etc.
Il faut cependant préciser que les ONG demeurent des associations privées
indépendamment de la diversité de leur financement.
B. Un financement diversifié
A l’origine, l’ONG est créée sur la base des fonds privés. La plupart des ONG sont
financées par des dons privés, parfois en nature, provenant d’individus, d’entreprises ou de
fondation. De manière globale, les ONG sont financées par leurs ressources propres 48, par
des versements d’autres ONG nationales, sous régionales ou internationales 49, et par des
subventions ou contributions publiques
Cependant, l’on constate que les gouvernements apportent de plus en plus un soutien
financier croissant aux ONG qui bénéficient de par le monde de larges financements
publiques bilatéraux ou multilatéraux.
46
Le commerce équitable est un système d'échange dont l'objectif est de proposer une plus grande équité dans le
commerce conventionnel, voire une alternative à celui-ci, basée notamment sur la réappropriation des échanges
marchands par ceux qui les pratiquent 2. Sa démarche consiste à utiliser le commerce comme un levier de
développement et de réduction des inégalités, en veillant à la juste rétribution des producteurs et travailleurs 1. À
cette perspective économique s'ajoutent des préoccupations éthiques, sociales et environnementales qui ne font
pas toujours l'unanimité3, ne nécessitant pas l'intermédiaire des États et la modification des législations
nationales.
47
Un excédent budgétaire est une situation dans laquelle un organisme à but non lucratif a des recettes
supérieures aux dépenses. L'excédent budgétaire est à distinguer du bénéfice, qui suggère une distribution de
richesses aux apporteurs de capitaux ou aux porteurs de projet. Dans un organisme à but non lucratif, les
excédents sont en général permis s'ils restent affectés au projet de l'organisme. Cela permet par exemple de
préparer un investissement futur, de sécuriser la stabilité financière, ou d'assainir une trésorerie déficitaire.
48
Produits de campagne de récolte de fonds, cotisations, legs et dons des membres, produits de vente d’articles divers
49
Certains gouvernements de pays de la « vieille Europe » et des pays nordiques financent la réalisation de programme de
développement des ONG de leurs pays en partenariat avec d’autres du tiers monde.
Qui peut financer un projet conduit par une ONG ? De façon schématique, le promoteur
d’une ONG peut actionner quatre leviers pour lever des fonds et obtenir un financement:
- Les investisseurs en fonds propres;
- Les banques et les établissements de crédit;
- Les subventions publiques;
- Les plateformes de crowdfunding50 .
51
Voir Loi N° 3/91 du 26 mars 1991 ; Loi N°1/94 du 18 mars 1994 ; Loi N°18/95 du 29 septembre 1995 ; Loi
N°1/97 du 22 avril 1997 ; Loi N° 14/2000 du 11 octobre 2000 ; Loi N°13/2003 du 19 Aout 2003.
portant statut type des associations, ligues, fédérations sportives, culturelles et de jeunesse,
et de l’arrêté N° 0001/MJS/CA/DS du 31juillet 1969, fixant les statuts types pour les
fédérations sportives. Le principal texte réglementaire fondateur est le décret N° 00602
/PR/MJSDA/DS du 30 juillet 1969.
1. Economie du décret N° 00602 /PR/MJSDA/DS du 30 juillet 1969
Pour un meilleur encadrement et suivi des ONG au Gabon, le gouvernement, à travers le
décret 00602 /PR/MJSDA/DS du 30 juillet 1969, a créé une Commission Chargée du
contrôle des activités des ONG sur l’ensemble du territoire National.
Cette commission permet d’avoir une meilleure visibilité des ONG dans la mesure où elle
se trouve en amont pour donner le statut d’ONG, à toute association qui le désire et qui
remplit les conditions pour obtenir l’agreement ; mais elle joue aussi le rôle de contrôleur
des activités des ONG au Gabon. De ce fait, le Décret N° 00602 / PR/ MJSDA du 30 juillet
1969 a une portée indéniable dans ce sens qu’il met en place une structure spécialement
chargée d’un type particulier d’association, notamment les ONG.
SECTION 2 : L’AGREMENT
De toute évidence, toute ONG sollicitant de soumettre une procédure de déclaration ne peut
obtenir le statut d’ONG au Gabon qu’à travers un agrément. Intéressons-nous donc à la
procédure d’obtention de l’agreement.