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FONDEMENTS DE GEOGRAPHIE

ECONOMIQUE ET ORGANISATION
DES TRANSPORTS

GODEFROID SINZIDI KABUKI


Docteur en Economie Urbaine, Population et
Développement.
Plan sommaire

Première Partie : La Géographie Economique


Chapitre 1 : Précisions sémantiques des concepts et méthodes de recherche en
géographie
Chapitre 2 : Les origines de la formation de la Géo-Eco (activités économiques et
caractéristiques de l’espace)
Chapitre 3 : Quelques secteurs cibles de l’économie congolaise : considérations et
illustrations pour la géographie économique
Chapitre 4 : Population, Ressources et Environnement
Chapitre 5 : Intégration territoriale, Intégration économique régionale et effets de la
mondialisation
Deuxième partie : L’Organisation des transports
Chapitre 1 : Notions de base sur les transports
Chapitre 2 : Le rôle des transports dans la croissance économique et le développement
Chapitre 3 : L’état des lieux des transports en RDC
PREMIERE PARTIE :
LA GEOGRAPHIE ECONOMIQUE
INTRODUCTION

❑ La géographie décrit et explique le monde tel qu’il est, c’est-à-dire qu’elle nous montre
les contours de la nation, fait ressortir sa diversité ainsi que les complémentarités entre
ses parties et la solidarité d’ensemble.
❑ L’homme dans sa quête permanente pour un mieux-être arrive à modeler, à façonner,
moyennement et ce, à travers l’urbanisme et l’aménagement du territoire, les données
géographiques pour bâtir un monde conforme à nos rêves et à nos aspirations, mais il
faut reconnaitre que la plupart du temps, les données géographiques s’imposent à lui.
❑ Ainsi, qu’en sera-t-il de la localisation des activités économiques, industrielles et de
l’urbanisation. En effet, la formation des pôles de développement en pays développés
comme en pays en voie de développement obéit d’abord et avant tout aux données
géographiques c’est à dire, en la présence, à des espaces bien déterminés du territoire
national, des ressources énergétiques, agricoles ou minières susceptibles d’attirer les
capitaux tant nationaux qu’étrangers, d’une part, et la concentration humaine, d’autre
part.
Suite introduction….

❑ La croissance et le développement de l’ensemble du territoire national ne sont obtenus,


en revanche, que grâce à l’aménagement conscient du milieu de propagation des effets
des différents pôles de développement. Ainsi, y aurait-il des tracées des voies de
communication qui, loin de s’imposer aux données géographiques, épousent, d’ailleurs
très souvent, celles-ci.

❑ Connaitre la géographie économique et l’organisation des transports en général et e


particulier pour la RDC, voire la géographie des transports de la RDC, est un impératif
pour tout étudiant en économie.

❑ Il serait audacieux de prétendre épuiser, en 60 heures, l’examen de tous les problèmes


relatifs à la géographie économique de la RDC. Ces enseignements offrent, le
minimum nécessaire à connaitre, à ce stade ! (2ème graduat !), sur les deux importants
domaines que sont, d’une part, la géographie économique et, d’autre part,
l’organisation (économie) des transports.
CHAPITRE I :
PRECISIONS SEMANTIQUES
DES CONCEPTS
INTRODUCTION

➢ Dans ce premier chapitre, nous définissons d’abord ce qu’est-ce la géographie et la


géographie économique. Cette définition des concepts fait l’objet de la première
section, tandis que la deuxième section traitera de méthodes de recherche en
géographie et la troisième, à son tour, devra s’articuler autour du monde
géographique et de ses facteurs de différenciation.
Section I : PRECISION DES CONCEPTS
1.1. Définitions
➢ Par géographie, on entend « l’étude descriptive et explicative de la répartition à
la surface de la terre des aspects physiques, des phénomènes biologiques, des
formes de peuplement et d’activités développées par les sociétés humaines (Claval
Paul, 2003) ».
➢ elle décrit (le terme d’origine grecque signifie description de la terre) mais un
accent particulier sera mis, dans ce cours, sur l’aspect explicatif. La
géographie ne se limite pas seulement à décrire ; elle va bien plus loin à
expliquer la variété des aspects de la surface de notre planète.
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➢ Notons aussi que cette discipline est sujette à beaucoup d’innovations découlant du
souci d’actualiser les curiosités et les connaissances géographiques.
1.2. Champ d’application de la géographie
➢ Les géographes distinguent deux domaines fondamentaux de connaissances en
géographie :
(1) La géographie régionale et
(2) La géographie générale

1.2.1. Géographie Régionale


✓ Elle est une sorte de lecture des différences et des dynamiques spatiales et sociales de
la surface de la terre.
✓ La région entendue, comme un territoire (pays, continent, région,…) relativement
étendu est saisie à ce niveau afin de dégager des combinaisons possibles entre les faits
étudiés dans la géographie générale (eau, types de sols, populations, migrations,
températures, climats,…).
Suite chapitre premier ….
1.2.2. La géographie générale
➢ C’est une branche comprenant la géographie physique et la géographie humaine.
1.2.2.1. La géographie physique
 Elle englobe plusieurs branches notamment :
 La géomorphologie : étude des formes du relief ;
 La géologie : étude des données de la structure de la lithosphère et de la dynamique
actuelle de ces formes en relation avec le climat, la couverture végétale et les sols ;
 La climatologie : étude des climats comme combinaisons des états de l’atmosphère
liées à la circulation générale et à des conditions locales ;
 L’hydrographie : étude des eaux (océans, fleuves, rivière,…) ;
 La pédologie : étude de la distribution des types de sols et leur composition.
En résumé, la géographie physique touche ou se rapporte à la nature, au monde concret.

1.2.2.2. La géographie humaine


 Parmi ses branches et/ou sections, il y a lieu de citer :
 La géographie de la population : étude de la distribution géographique des effectifs
humains, des types géographiques de comportement démographique, des migrations
qui transforment la distribution géographique des effectifs humains et leur
comportement ;
 La géographie rurale et la géographie urbaine : elles analysent et classent les modes
de peuplement représentant des formes particulières de la vie sociale (en compagnes,
soit en ville) ;
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 La géographie politique et la géopolitique : elles analysent les différenciations
spatiales des faits de pouvoir, la division des territoires, la formation, la transformation
et la disposition des cadres territoriaux, les modalités de l’expression des choix
politiques, les facteurs et les formes de résolution des conflits linguistiques ;
 La géo-éco: elle étudie la répartition et les modalités des activités humaines
d’exploitation des ressources naturelles non renouvelables (cuivre, zinc,…) ou
renouvelables (bois, pêche), de production (agricole, industrielle) et d’échanges
(transports). Notons ici, tout simplement, que la géo-éco est une branche de la géo-
humaine. Nous y reviendrons avec forts détails.
➢ Il sied de relever, cependant que, de nos jours, les activités lourdes et apparemment
stables comme l’industrie et l’agriculture sont facilitées par le développement des
réseaux de transport grâce aux flux de bien et d’informations. Ainsi, la géo- éco se
trouve être transformée par la mondialisation, les recherches géographiques
notamment sur les conditions de localisation qui expliquent certaines modifications de
la carte économique des nations.
➢ Notons encore, qu’Il n’existe pas de définition unique et absolue de la géo-
éco. Néanmoins, elle peut être définie comme étant la branche de la géographie
humaine qui étudie la répartition spatiale et la localisation des activités
économiques.
Suite chapitre premier ….
Cette localisation dépend de plusieurs facteurs notamment :
 l’importance des ressources naturelles ;
 le facteur démographique ;
 le rôle des moyens de communications.
1.2.3. Objet de la géographie économique
➢ Selon Geneau et Staszak, 2000, la géo-éco s’intéresse à l’étude de la distribution des
ressources et richesse, à la localisation de la production, aux régions économiques
(intégration) et à l’orientation des échanges.
➢ Pour s’en rende compte elle fait appel à l’économie ; la géographie économique est
donc la rencontre de la géographie et de l’économie. Ainsi, les faits géographique et
économiques sont interdépendants (Claval P, 1976), et qu’il est souvent difficile de les
séparer.
➢ La géo-éco analyse la configuration, la traduction et la dimension spatiale de
l’économie, du système et de l’activité économique. Claval fait la distinction entre
deux types de géographie économique :
 La géographie économique générale : traite du fondement économico-spatial de
l’activité humaine dans ses dimensions de production, de consommation, distribution,
interactions et localisation. Selon ce même auteur, la géographie économique étudie la
dimension spatiale des activités économiques et de l’économie en général.
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 La géographie économique sectorielle : traite d’une activité précise comme l’Industrie,
le Transport, le Tourisme, l’Administration, le Commerce ou l’Agriculture.

➢ Par ailleurs, La géo-éco tente de répondre à un certain nombre de questions ; lesquelles


représentent les cinq préoccupations fondamentales de la géographie économique à
savoir :
 Quelle est l’importance des ressources humaines et naturelles en matière de
localisation des activités économiques ;
 Où sont localisées les activités économiques ;
 Pourquoi sont-elles localisées de cette manière et à ces endroits ;
 Quelle est la meilleure localisation pour une activité donnée ;
 Quelle est la meilleure activité à implanter dans un milieu donné ?

➢ C’est ainsi que, la littérature économique parle de plus en plus de la Nouvelle


Géographie Economique (NGE)

✓ La NGE s’appuie sur les apports des travaux de l’économiste Paul Krugman menés
dans les années 1980 sur la recherche d’explication des échanges internationaux et de
l’organisation géographique des activités économiques étant marquée par de très
fortes disparités en termes de densité spatiale. La nouvelle économie géographique
analyse ces mécanismes qui expliquent le modelage de l'espace économique.
Suite chapitre premier ….
➢ C’est en traitant de la manière que les activités économiques se localisent dans l’espace,
Paul Krugman a contribué à donner naissance à la NEG. Dans ses travaux, il se focalise
sur deux grandes questions : (1) est relative aux raisons qui poussent l’activité
économique à se concentrer sur un nombre limité de régions, territoires et/ou de villes.
(2), concerne les raisons qui poussent certaines activités économiques particulières, à
se concentrer dans certains lieux.

➢ Pour Paul Krugman, les sciences économiques ont longtemps ignoré le


concept de spatialité et de localisation des activités, comme si les
phénomènes économiques ne se déroulaient pas dans un espace
géographique. Les préoccupations des économistes se sont orientées
depuis une trentaine d’années sur la recherche d’explications de la
localisation des activités. Ils ont ainsi cherché, à partir des théories
économiques traditionnelles, à développer de nouvelles approches et des
modèles explicatifs de la localisation d’activités.

➢ Il s’agit là de la science économique traditionnelle, fondée sur une économie


ponctiforme (qui ne bouge pas) : agents économiques concentrés en un point sans prise
en compte des critères de localisation des agents économiques et une parfaite mobilité
des facteurs (Polèse M. et Shearmur R., (2005).
Suite chapitre premier ….
➢ La NGÉ considère l’implantation des activités économiques dans l’espace comme le
résultat d’une confrontation complexe entre des forces centrifuges qui conduisent à
une dispersion des activités économiques et des forces centripètes qui sont à l’origine
de l’agglomération spatiale des activités.

➢ Pour expliquer l’agglomération d’activités économiques dans une zone économique, la


NGE retient comme essentiels 4 séries d’éléments explicatifs :
 les rendements d’échelle croissants ;
 la concurrence spatiale ;
 les coûts de transport ;
 les externalités positives.

➢ Paul Krugman montre alors que, dans un contexte de concurrence imparfaite, la


production de certains produits peut bénéficier d’économies d’échelles
importantes. Cela peut permettre à ces pays de se spécialiser sur un registre limité
de biens et d’alimenter ainsi, à l’échelle mondiale, la variété des biens consommés.
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➢ Les économies d’échelle (internes ou externes) permettent de réduire les coûts
unitaires. Elles sont source d’agglomération des activités. Les rendements croissants
(rendus possibles par l’augmentation de la productivité et les ruptures technologiques
fortes) favorisent le regroupement géographique des industries, et donc de l’offre, alors
que les entreprises s’installent aussi de ce fait dans les régions qui présentent les
débouchés les plus importants.

➢ Dans le modèle centre-périphérie de Krugman (1991), les industries se localisent dans


un lieu en tenant compte de l’arbitrage entre les économies d’échelle, qui favorisent
la concentration, et les coûts de transport, qui favorisent la dispersion. Chaque
industrie tente alors de desservir son marché en minimisant les coûts de transport,
c’est-à-dire en se rapprochant de la demande locale. Cela entraîne un processus
circulaire : les industries recherchent des localisations où la demande locale est forte
tandis que la demande locale est d’autant plus forte que de nombreuses industries ont
choisi cette localisation. Ce processus est à l’avantage de grands marchés.

➢ Paul Krugman montre alors que les conditions initiales de l’agglomération sont
parfois déterminantes pour expliquer la concentration de l’activité économique, à
mesure que se réduisent les coûts de transport. Certains avantages comparatifs
mineurs conduisent ainsi à des divergences majeures dans l’évolution de
différents centres urbains.
Suite chapitre premier ….
➢ Pour expliquer les concentrations géographiques particulièrement importantes
d’industries manufacturières ou de services, Krugman (1998) s’appuie sur les
externalités marshalliennes classiques. Il montre ainsi le rôle fondamental d’un
marché du travail spécialisé qui réduit les coûts de formation et de recrutement et
attire de nouveaux individus qualifiés, ainsi que l’importance de la disponibilité de
fournisseurs spécialisés et de clients. Ces avantages liés à la taille des marchés sont
renforcés dans certains lieux par des externalités technologiques ou informationnelles
liées à l’importance de la proximité dans la transmission du savoir et des
connaissances.

➢ L’intégration croissante favorise la spécialisation et la concentration. En


effet, la baisse des coûts de transaction permet de se localiser dans une seule région,
en bénéficiant des économies d’échelle, ce qui favorise les effets de concentration et de
spécialisation. La spécialisation peut ainsi entraîner des échanges de nature intra-
branche, en raison de la différenciation des produits -i.e. de produits spécialisés-. La
NGE propose ainsi un cadre d’analyse permettant d’expliquer les
conditions de spécialisation et de concentration des économies sur les
territoires.
Suite chapitre premier ….

1.2.4. Distinction entre géographie économique et économie géographique


➢ D’emblée, il nous faut faire une nette distinction ici entre le concept « géographie
économique » et « économie géographique », car comme le souligne le Professeur
Tiker Tiker, les deux termes ne désignent pas la même réalité. Bien plus, ils
recourent à des méthodes d’analyse légèrement différentes.

➢ Pour André Meymer, la géographie économique étudie la production des denrées


utilisées par l’homme pour son alimentation et pour son industrie. Elle étudie aussi les
transformations que subissent ces matières, les échanges auxquels elles donnent lieu
avant d’être livrées à la consommation.

➢ Pour le Professeur Tiker Tiker, cette définition est peu géographique. Elle ne dit rien
sur l’espace et ses différenciations de caractère spatial et elle semble viser uniquement
l’Agriculture, l’Industrie et le Commerce. Etant ainsi axée sur des éléments concrets,
elle néglige des phénomènes aussi importants que les différences de niveau de vie qui,
pourtant, restent observables sur les diverses parties du monde.
.
Suite chapitre premier ….

➢ Pierre Georges, dans son ouvrage “Précis de Géographie Economique” nous propose
cette définition: la géographie économique a pour objet, l’étude des forces de
production et celle de la localisation de la consommation des différents
produits dans l’ensemble du monde.

Cette définition est considérablement meilleure que les deux précédentes, mais elle a
aussi son défaut. Elle est trop concrète et donc trop étroite. L’auteur réduit, en effet,
l’objet du problème à la consommation et à la production et, il ne dit rien sur les
phénomènes de transport, d’organisation des marchés et de niveau de vie.

❑ La géographie économique a pour tâche essentielle l’explication des paysages


économiques concrets et met ainsi l’accent sur les diversités.
❑ L’économie géographique s’efforce de dégager les règles générales qui gouvernent
l’organisation des activités dans l’espace.

➢ Donc, la géo-éco recourt à la méthode inductive (particulier au général) tandis que


l’éco-géo fait appel à la méthode déductive (général au particulier).
Suite chapitre premier ….

➢ Ainsi donc, l’une est plus riche et l’autre est plus rigoureuse. Nous pouvons donc retenir
les définitions suivantes :
▪ D’après René Courtin, la géo-éco décrit, compare et explique
l’organisation des activités au sein des différents territoires concrets.
▪ L’éco-géo analyse l‘influence exercée par le cadre spatial sur l’activité des
hommes luttant contre la rareté et par là même, conduit à exercer des
choix pour produire des biens et fournir des services aptes à satisfaire au
mieux leurs besoins et leurs désirs. Elle analyse aussi l’action symétrique
exercée par cette activité sur ce cadre.

Section II : LES METHODES DE RECHERCHES EN GEOGRAPHIE

➢ Pour atteindre son objectif principal à savoir, expliquer l’état de la surface terrestre, ses
aspects naturels de plus en plus rares et exigus, la diversité et l’intensité des formes
d’humanisation qui s’y développent rapidement, le géographe générale et
particulièrement la géographie économique, recourt à beaucoup de méthodes,
techniques et outils.
➢ Ainsi, le géographe recourt entre autres :
Suite chapitre premier ….
2.1. Collecte des données
➢ Le géographe recourt soit aux données primaires (rassemblées sur le terrain par lui-
même), soit aux sources secondaires (comme les recensements, les enquêtes
statistiques, les cartes et photographies).
➢ La photographie qui a particulièrement bien évolué au point qu’elle permet de mener,
à ce jour, des études plus détaillées sur la surface de la terre et sur ses ressources. On
peut utiliser également des radars et des satellites artificiels.
2.2. Cartographie
C’est l’outil par excellence du géographe. La cartographie permet notamment :
❑ de rassembler et de localiser un grand nombre d’informations auparavant
ponctuelles ;
❑ d’étudier presque instantanément des comparaisons visuelles entre des aires
différentes lorsqu’elle indique non seulement des éléments localisés de l’aire ;
❑ d’enregistrer de simples données ou des résultats d’une étude géographique complexe.
2.3. Utilisation de l’informatique
Le Système d’Information Géographique (SIG) enregistre, conserve et analyse les
données géographiques. Ce système permet de créer des images à deux ou trois
dimensions utilisées comme modèles dans les études géographiques. Aussi, ce système
permet-il de traiter d’importantes quantités de données avec une vitesse et une précision
accrues.
Suite chapitre premier ….
2.4. Explorations
L’histoire des premiers géographes, depuis l’antiquité, le prouve à suffisance. A titre
documentaire :
❑ les chinois, les Égyptiens et les Phéniciens entreprirent de longs voyages et consignent
leurs impressions sur les pays traversés ;
❑ l’une des premières cartes que connait le monde aujourd’hui fut réalisée sur une
tablette d’argile à Babylone en 2300 environ avant J.C. ;
❑ vers 1400 av. J.C. étaient connues les rives de la Méditerranée ;
❑ au IVe siècle av. J.C., Aristote, philosophe et savant grec démontre le premier que la
terre était ronde ;
❑ en 1522, Magellan réalise son expédition du 1re tour du monde ;
❑ en 1492, les Espagnols et les Portugais arrivent en Amérique ;
❑ au VIIIe siècle, des érudits arabes traduisent les œuvres des géographes grecs,
lesquelles seront traduites plus tard en latin. Parmi ces arabes, citons ibn Battuta et ibn
Khadoun,…
2.5. Harmonisation des données géographiques
Afin de dépasser ces difficultés et être en mesure de proposer des analyses rendant
compte des analyses géographiques à l’échelle du monde, une base de données
harmonisée au niveau mondial a été créée dès 1992 : Geopolis. Elle répondait initialement
aux besoins de la recherche en géographie quantitative. Désormais elle fait l’objet d’un
programme de diffusion, de maintenance et d’une mise à jour technologique et donc de
standardisation : e-geopolis.
Suite chapitre premier ….
➢ Dans cette base de données « e-Geopolis », toutes les agglomérations du Monde
sont identifiées et définies de la même manière, suivant l’un des principes
recommandé par les Services Statistiques des Nations Unies.
➢ De cette manière, elle permet de saisir des processus sur le temps long, et de les
mettre en relation avec les tendances de l’économie. Les polygones
correspondant à l’extension actuelle des surfaces bâties sont tracés en partant
d’images satellites, de sorte que les résultats avancés sont vérifiables,
notamment par affichage dans le logiciel Google Earth, dont l’accès est gratuit et
mondial, grâce au format KML qui répond aux normes GNU (General Public
License).

Section III : LE MONDE GEOGRAPHIQUE ET SES FACTEURS DE


DIFFERENCIATION
➢ Le monde géo. offre à tout observateur attentif un spectacle de différenciations
énormes et variées tant sur le plan qualitatif que quantitatif aussi bien qu’entre
les continents, les pays et les régions d’un même pays. Il n’existe pas, en effet,
une homogénéité parfaite entre deux continents distincts encore moins entre
deux pays.
Suite chapitre premier ….

❑ Les facteurs responsables de cette différenciation sont d’origine diverses et peuvent être
ramenés à 3 groupes principaux à savoir:
- les éléments d’origine naturelle;
- les éléments d’origine humaine;
- les éléments d’origine économique.
Avant d’aborder l’étude de chacun des éléments, il convient d’abord de préciser les deux
termes que sont l’espace et la région économique.
3.1. L’espace
➢ L’espace est un simple ensemble de données éco. localisées en des lieux épars, réunis en
fonction de leurs caractères, de leurs interdépendances ou de pouvoirs de décision
commune.
On distingue généralement 3 sortes d’espaces à savoir :

3.1.1. L’espace géographique


✓ C’est la surface terrestre et la biosphère, espace accessible aux hommes, c.-à-d. : le sol,
le climat et le paysage où nous vivons, le lieu où se situent nos outils et nos actes.
✓ Il est un contenu social où se situent les hommes et leurs activités.
✓ Il se repère par rapport à trois dimensions : la longitude, la latitude et l’altitude. En
langage mathématique, l’espace géographique est le produit cartésien de l’ensemble
des lieux élémentaires.
Suite chapitre premier ….

✓ Tout comme nous pouvons dire que la RDC comme espace géographique, est composée
(la somme) de 26 provinces.
3.1.2. L’espace mathématique
✓ Il est le lieu abstrait qui permet la représentation des relations existant entre des
variables indépendantes, en dehors de toute localisation géographique. Il convient pour
tracer les relations techniques agricoles et industrielles et les relations de
comportement des producteurs ou des consommateurs. Ainsi la surface de production
possible de l’entreprise, l’espace technique d’une matrice de Leontief, une courbe
d’indifférence du consommateur se situent dans un espace mathématique abstrait.
✓ L’espace math. est une notion abstraite de représentation et d’analyse logique qui peut
servir à dépeindre le déroulement des phénomènes économiques indépendamment de
toute localisation à l’intérieur ou à l’extérieur de l’espace considéré.
3.1.3. L’espace économique
✓ L’espace éco. est un espace concret à la fois matériel et humain. C’est une réalité
technique, commerciale, monétaire et politique localisée. Un exemple l’Union
Européenne, SADEC, CEDEAO
✓ L’espace éco. sur lequel rayonne l’UE s’étend de l’Afrique à l’Asie et l’Amérique du Sud.
Par contre, l’espace géographique de l’Union Européenne comprend le sol, le climat et
le paysage humanisé des pays unis, concernés.
Suite chapitre premier ….

✓ L’espace éco. est à la fois géographique et mathématique. Il est la synthèse des deux
espaces, c’est à dire la combinaison de localisation concrète, et de l’espace
géographique qui représente la surface terrestre et la biosphère.
✓ Dans l’espace éco., les relations techniques et le comportement humain y sont
géographiquement localisés, c’est l’espace des relations existant entre deux ensembles,
celui des activités économiques (premier espace) et celui des lieux géographiques
(deuxième espace). C’est le produit cartésien de ces deux ensembles (espaces)
disjoints.

❑ Un exemple très simple peut en être donné. Pour concrétiser l’espace économique qui
est l’application d’un espace mathématique ou technique sur ou dans un espace
géographique, envisageons trois grands types d’activités : primaires (agriculture,
élevage, pêche), secondaires (industries) et tertiaires (services) qui forment un premier
ensemble ou premier espace [X] et quatre localisations régionales (Kinshasa, Kasaï
Oriental, Katanga et la province Orientale) qui forment un second ensemble [Y], c’est-
à-dire, un second espace celui des lieux géographiques.
- la fig. 1.1. : Espace économique.
Suite chapitre premier ….
Fig1. Espace économique
Secteurs d’activités Lieux d’activités

x1 : Primaire y1 : Kinshasa
X1 Y1
x2 : Secondaire y2 : K. Orientale
X2 Y2
x3 : Tertiaire y3 : Katanga
X3 Y3
y4 : Prov. Orientale
Y4

Domaine Espace Champs

➢ Dans le langage des mathématiques modernes, l’espace économique considéré a pour


domaine les activités (X) et pour champ les lieux (Y). C’est l’ensemble de tous les
couples lieu-activité possibles. C’est le produit cartésien de ces deux ensembles
disjoints.
➢ C’est le moyen d’analyser toutes les localisations possibles de toutes les activités. Il va
sans dire que les relations observées en fait dans l’espace économique ne couvrent pas
toutes les activités possibles (X), ni tous les lieux possibles (Y).
➢ Par exemple, considérons cinq activités industrielles dans le pays et les villes où elles se
trouvent localisées. La relation (R) définit les localisations effectives et peut être exprimé
par cette phrase « est localisée à …. ». Ainsi, on dira que la brasserie est « localisée à
Kinshasa, Katanga, Sud-Kivu, Equateur, Kisangani ». La métallurgie est localisée au
Katanga ; la cimenterie est localisée au Bas-Congo et au Katanga.
Suite chapitre premier ….
La relation réciproque ou inverse s’exprime par la phrase : « est un lieu d’activité pour…
». Ainsi, on dira que « le Katanga est un lieu d’activité pour » la métallurgie ; le Bas-
Congo est un lieu d’activité pour la cimenterie, … En définitive, le domaine des
localisations R n’est pas tout l’ensemble des secteurs [X]. De même, le champ des
localisations R n’est pas tout l’ensemble des villes Y. L’espace économique, grâce à la
technique des hommes, remplace l’espace géographique rigide à l’image de l’écorce
terrestre, par un espace topologique souple où les contraintes géographiques ne sont que
secondaires. Il est donc éminemment déformable, en fonction des relations qui s’y
inscrivent. Il se transforme en outre avec l’apparition d’activités nouvelles et ses
relations évoluent avec le progrès technique.
Fig2. Relations économiques
Activités X Lieux Y

X1 : Mécanique X1 Y1 Y1 : Equateur

X2 Y2 Y2 : Kinshasa
X2 : Cimenterie
X3 Y3 Y3 : Katanga
X3 : Textile
X4 Y4
X4 : Brasseries Y4 : Kongo Centrale
X5 Y5
X5 : Métallurgie Y5 : Sud-Kivu
Y6
Y6 : Kisangani

Domaine Relation Champs


Suite chapitre premier ….
3.2. La région
❑ Espace et région ne sont pas synonymes.
✓ Une région éco. est une notion moins générale que celle d’espace, mais cette différence
ne tient pas à sa taille.
✓ L’espace n’est pas une grande région, une communauté internationale par exemple,
dont les nations et les régions nationales seraient des sous-ensembles.
✓ Une région éco. est nécessairement continue, tandis qu’un espace économique est
discontinu.
❑ L’espace, rappelons-le, est un simple ensemble de données éco. localisées en des lieux
épars, réunis en fonction de leurs caractères, de leurs interdépendances, ou de pouvoirs
de décision commune.
❑ La région s’oppose à l’espace parce qu’elle se compose d’éléments géographiques
nécessairement contigus, d’éléments spatiaux qui possèdent des frontières communes.
La région se différencie donc de l’espace par une contrainte de contiguïté dont la
justification est d’être une réalité humaine et économique plus large, plus profonde et
observable.
Ainsi, un groupe d’établissements appartenant à une même société forme un espace
économique discontinu et non une région.
✓ La contiguïté n’est pas une simple observation qualitative et géographique. Il existe un
effet de contiguïté statistiquement mesurable qui est la justification scientifique de la
notion de région.
Suite chapitre premier ….

✓ En définitive, l’effet de contiguïté est le phénomène qui justifie objectivement la notion


de région. Les deux notions d’espace et de région peuvent être envisagées de 3 points de
vue distincts et complémentaires à savoir :
➢ le point de vue descriptif de l’homogénéité permet de définir la région ou l’espace
homogène;
➢ le point de vue fonctionnel des relations permet de définir la région ou l’espace polarisé;
➢ le point de vue décisionnel de la politique économique permet de définir la région ou
l’espace plan.

3.2.1. Espace homogène et Espace hétérogène


✓ Claude Ponsard n’oppose pas les caractères d’homogénéité et d’hétérogénéité. Il en fait
deux instruments d’analyse complémentaire.
✓ Les espaces homogènes, sont les lieux des points où les relations caractéristiques de
chaque marché - entre prix, localisations, aires individuelles - donnent naissance à des
modèles spatiaux ordonnés et cohérents.
Suite chapitre premier ….

✓ L’homogénéité des espaces de marché repose sur l’identité économique du bien à


travers un espace donné. Elle suppose donc l’identité dans l’objet des activités des
unités économiques; cette activité porte sur un seul bien. Elle contient, d’autre part,
des conditions concernant les caractéristiques du marché c’est à dire, prix, localisation,
aire, nature concurrentielle ou monopolistique en ce qui concerne l’organisation des
relations entre unités économiques.
✓ Les espaces hétérogènes sont définis, comme ordonnancement systématique d’un
nombre variable d’espaces homogènes. Ils ne sont pas le contraire des espaces
homogènes, ils en sont la combinaison. Si l’espace homogène est illustré par le
marché, l’espace hétérogène comporte des types remarquables à savoir les régions,
les nations, les circuits internationaux.
✓ Pour J.R. Boudeville, l’espace homogène est un ensemble, un espace dont toutes
parties constituantes présentent entre elles des caractéristiques ou des propriétés aussi
proches que possible les unes des autres.
✓ L’espace hétérogène se distingue de l’espace homogène par une dispersion minima des
caractéristiques de chaque unité élémentaire autour de la moyenne de l’ensemble.
✓ Le caractère homogène de ces espaces est déterminé par des indicateurs du niveau de
l’activité économique ou du développement économique.
Suite chapitre premier ….

❖ Soulignons pour conclure ce point : le niveau de développement atteint au sein d’un


espace économique est étroitement lié au degré d’homogénéité observable dans cet
espace. Ce degré d’homogénéité est visible à travers la nature des unités économiques et
le système de relations qui les unissent.

❖ Peut-on conclure, pour autant, des rapports qui unissent homogénéité et


développement que le processus de développement lui-même doit être homogène c’est-
à-dire, qu’il doit toucher également les différentes unités micro-économiques et macro-
économiques composant l’espace considéré.
Suite chapitre premier ….

3.2.2. Région homogène


La région homogène est un ensemble dont chacune des parties géographiques présentent
des caractéristiques ou des propriétés aussi proches que possibles les unes des autres.
3.2.3. Les instruments de mesure de l’homogénéité de l’espace et la région
économique
Pour étudier l’espace économique ou la région économique, il faut réunir les éléments de
la statistique descriptive qui permettent de différencier les espaces ou les régions suivant
leurs caractères homogènes et polarisés. Cela signifie, entre autres choses qu’il faut
trouver:
❑ la composition démographique de la région;
❑ la répartition de sa main-d’œuvre par industrie et par secteur d’activité;
❑ la valeur ajoutée par branche d’activité localisée dans la région;
❑ le niveau du coût de la vie locale;
❑ l’importance du revenu régional par tête.
Suite chapitre premier ….

➢ L’homogénéité d’un espace ou d’une région économique peut être observée sous trois
aspects différents :
❖ quant à la nature des activités des unités économiques au sein de l’espace
ou la région : sur ce point, il nous faut souligner que le développement n’est pas
synonyme d’homogénéité, mais bien au contraire d’hétérogénéité. Le développement
implique la division du travail, la diversification des activités, la multiplication du
nombre des unités économiques spécialisées. L’apparition d’un processus de
développement engendrerait donc une hétérogénéité croissante des activités
économiques. Les économies sous-développées sont, de ce point de vue, relativement
homogène, le secteur traditionnel fournit l’exemple d’une économie peu diversifiée,
basée sur une agriculture de subsistance, alors que le secteur moderne est lui réduit à
un petit nombre de branches axées sur la production de matières premières pour
l’exportation, sur le commerce d’import-export, sur quelques rares industries de
transformation;
❖ quant à la structure des unités économiques au sein de l’espace : sur ce
point, il nous faut relever que l’économie développée se signale par l’homogénéité en ce
qui concerne la structure des activités économiques. Il faut souligner aussi que dans un
espace économique en voie de développement rapide, l’hétérogénéité qui peut être
observée n’est qu’un stade provisoire qui conduit nécessairement et finalement à
l’homogénéité, c’est à dire à un degré supérieur de développement.
Suite chapitre premier ….

❖ quant à l’organisation des relations entre unités économiques au sein de


l’espace : le lien entre l’homogénéité et développement apparaît évident. Que le
développement soit organisé dans le cadre du marché ou dans le cadre du plan, il exige
une transmission à toutes les unités de l’ensemble des stimulations économiques
engendrées par les innovations, les investissements, les prix, les économies
extérieures.
❖ L’espace économique homogène est donc la caractéristique d’un pays développé et
une économie en progrès réel se signale par la tendance vers l’homogénéité de son
espace économique.

❖ Par contre, dans une économie sous-développée ou en régression, l’hétérogénéité de


l’espace économique est un obstacle majeur au développement et cette hétérogénéité se
manifeste par l’absence d’un réseau homogène de prix, de flux et d’informations qui
paralysent le développement. L’hétérogénéité est donc dans une double mesure la
marque fondamentale des espaces économiques sous- développés.
Suite chapitre premier ….

➢ L’hétérogénéité spécifique des économies sous-développées s’oppose à la transmission


de la croissance depuis les pôles vers l’ensemble de l’économie.
3.2.4. Espace et région polarisés
✓ La polarisation est à la fois un réseau de relations et une hiérarchie. C’est parce que les
villes et secteurs communiquent entre eux qu’ils forment des ensembles polarisés.
✓ Une étendue polarisée est un graphe dont les arcs sont constitués par des flux et les
points représentent les pôles. Un graphe est un ensemble de points reliés par des traits.
D’après leur forme qui révèle des caractéristiques structurelles, on distingue des
graphes en forme d’arbre qui sont unidirectionnels, les graphes en forme de circuits et
qui comportent des bouclages, et enfin les graphes de contact qui révèlent les
contiguïtés et ne comportent aucune orientation.
Suite chapitre premier ….
Fig. 3. Espace et région polarisés

𝑋1 𝑉12 𝑋2

𝑉13
𝑋3
𝑋15

𝑉14
𝑋5
❑ Les points X sont des pôles du graphe
❑ Tout élément V est un arc du graphe
𝑉4

➢ La polarisation peut aussi se définir comme un réseau de relations existant entre les
éléments d’un ensemble d’activités localisées, à savoir villes, régions ou secteurs. Si l’on
considère les couples composés avec l’ensemble des activités, chaque lieu ou flux entre
couple est un arc et chaque activité est un pôle.
Suite chapitre premier ….
Fig. 4. Graphe associé en forme de circuit orienté et pondéré
A

B C

✓ Un espace polarisé est un ensemble d’unités ou pôles économiques qui entretiennent


avec un pôle d’ordre immédiatement supérieur plus d’échanges ou connexion, qu’avec
tout autre pôle de même ordre. Cet espace traduit la double notion de connexion et de
dépendance.
✓ La notion d’espace polarisée a deux origines distinctes à savoir l’une géographique
et l’autre technique.

✓ La conception géographique est apparue en premier. Elle trouve son origine empirique
dans l’observation du rayonnement des villes et dans l’existence d’une constellation
d’agglomérations satellites qui se hiérarchisent du village à la métropole régionale.
Bref, la notion d’espace polarisé est liée à celle de système urbain.
Suite chapitre premier ….

✓ L’origine technique de la notion d’espace polarisé réside dans l’observation des


systèmes de relations interindustrielles. Les échanges et les influences entre secteurs
localisés présentent des relations dissymétriques et hiérarchisables à l’image des
échanges entre villes.
✓ L’espace et la région polarisés présentent des caractéristiques observables et
communes. Ils ne constituent pas une simple description de flux et de leur classement
en groupes plus ou moins homogènes. Ils sont constitués par des relations
hiérarchiques existant entre les pôles économiques en fonction des flux qui les lient.
✓ La région polarisée n’est pas homogène, c’est par nature, un espace hétérogène dont les
diverses parties ont un caractère complémentaire et entretiennent de façon principale,
avec un pôle dominant, plus d’échanges qu’avec tout pôle de même ordre dominant
dans une région voisine.
• La région polarisée ne se fonde pas sur la description d’une ou plusieurs
caractéristiques, mais sur les relations existant entre les diverses unités considérées.
Les échanges commerciaux, la circulation routière, les informations téléphoniques ou
postales constituent des flux de relations interurbaines qu’il serait possible de repérer
par voie cartographique.
Suite chapitre premier ….
✓ La fonctionnalité de la région polarisée repose sur l’observation du rayonnement
commercial des agglomérations urbaines. Elle repose sur l’existence des relations
d’échanges mutuels mais inégaux, bref de relations dissymétriques. La ville commerce
avec la campagne et les communes de moindre importance qui gravitent autour d’elle,
mais chacune de ces communes dépend plus de la ville que celle-ci ne dépend de
chacune d’elles prise isolement.
Il est intéressant de souligner une fois de plus, en ce nouveau domaine, que l’effet de
contiguïté est le phénomène qui justifie objectivement la notion de région.
3.2.5. Espace et Région-plan
✓ La région-plan est un espace continu, un instrument technique et géographique
permettant d’atteindre de la façon la plus économique un objectif lui-même localisé tel
qu’un maximum d’échanges ou de revenus urbains, le développement de la frontière de
polarisation pour permettre une meilleure mise en valeur collective dans un cadre plus
vaste.
✓ La région-plan est une région fonctionnelle. Elle se distingue de la région polarisée en
ce sens qu’elle est orientée par vers une fin, qui est la marque de l’action politique
humaine.
Celles-ci se traduisent opérationnellement, dans le moyen terme, par (1) la
régionalisation de la politique économique nationale et dans le long terme par (2)
l’aménagement du territoire
Suite chapitre premier ….

(1) La régionalisation de la politique économique nationale


➢ La politique de développement régional a précédé, dans certains pays comme
l’Angleterre et l’Allemagne, l’élaboration d’une politique économique nationale. Dans
d’autres pays comme la France et la Scandinavie, elle en est au contraire la suite et le
développement.
Il existe deux grands aspects de la politique régionale :
▪ le premier concerne certains objectifs spéciaux des régions à problèmes à savoir, la
conversion, l’exode rural, la congestion urbaine, l’intégration frontalière,...;
▪ le second porte sur les objectifs et les instruments de politique générale s’étendant à
l’ensemble des régions du pays. Le régionalisme apparaît alors comme une
redistribution. Pour résoudre ces problèmes, deux tendances s’opposent : la première
préconise que certaines responsabilités de l’administration centrale soient confiées à
un organe administratif de ressort géographique plus restreint; la seconde postule
qu’une part de responsabilités des autorités locales soient regroupées et confiées à une
instance régionale plus haute.
➢ Le développement régional ne peut être mené partout et dans le même temps. Il est
nécessaire d’adopter une politique de développement par zones ou pôles de croissance
auxquels on accorde une aide maximum. Il faut encourager l’industrie dans des lieux
défavorisés.
Suite chapitre premier ….

(2) L’aménagement du territoire


✓ Du point de vue de la théorie économique, l’espace et la région-plan utilisent les
notions d’espace et de région polarisée par nature interdépendante et hiérarchisée.
✓ Mais ces deux types de notions ne se confondent pas. Un plan peut précéder la
polarisation pour la créer ou la développer.
✓ L’espace et la région-plan sont une analyse de système déterminant des objectifs
localisés et la meilleure utilisation possible d’instruments politiques permettant de les
atteindre.
✓ L’espace et la région polarisée sont la simple explication de la réalité économique et de
son fonctionnement localisé à un moment donné.
Suite chapitre premier ….

➢ Au demeurant, la différence entre l’espace plan et la région-plan est facile à saisir :


▪ Le premier est sectoriel et porte sur la localisation d’une branche d’activités nationales
: on parle d’espace énergétique, d’espace des transports, d’espace sidérurgique,
d’espace agricole. Un plan peut être conçu pour chacun de ces espaces. Il vaudrait
mieux dire un programme.
▪ Le deuxième, la région-plan possède une contiguïté géographique et n’intéresse qu’une
partie du territoire. Elle se définit comme la recherche d’un objectif régional, compte
tenu des contraintes résultant des ressources locales et des interdépendances
économiques et sociales de la région et cela dans le cadre d’un plan ou mieux d’un
programme.

➢ Un plan est un modèle de décision générale qui intègre l’ensemble des variables
significatives tandis qu’un programme est un modèle partiel de décision qui comporte
des variables extérieures ou bien la clause «toutes choses égales par ailleurs ».
Suite chapitre premier ….

3.3. Différenciation de l’espace géographique sur base des éléments naturels


La différenciation de l’espace géographique sur base des éléments naturels s’observe à
partir d’un certain nombre de facteurs tous à caractère physique à savoir : la latitude,
la météorologie, le relief, l’hydrographie et la richesse du sol. Ces différents éléments
varient d’une région à l’autre et sont responsables des différences observées sur le plan
physique.
3.3.1. La latitude
La latitude et la météorologie constituent deux facteurs importants dans la détermination
et la différenciation des zones climatiques. Grâce à la latitude, en effet, il est possible de
définir et d’expliquer les différences de température moyenne, l’alternance des saisons et
la longueur des jours dans le monde et ce, sur plusieurs plans.
Sur le plan des conditions d’activités :
❑ zones tempérées : en ce qui concerne les conditions de travail, cette zone serait une des
plus favorables à l’activité de l’homme ;
❑ zones froides : ici, les conditions de vie sont très dures à cause du froid. En outre, les
jours en hiver sont très courts et on travaille très durement en cas de gel. Ces
conditions difficiles de travail seraient sans aucun doute à l’origine du retard qu’ont
connu ces régions dans leur accession à la civilisation moderne.
Suite chapitre premier ….
❑ zones chaudes : elles se caractérisent par une température régulière et élevée et une
réduction des charges d’entretien - logement, habillement, chauffage, nourriture -.
Elles ont, cependant, l’inconvénient majeur de se prêter difficilement à une dépense
d’énergie physique et même intellectuelle. Certains auteurs en sont même arrivés à
affirmer que les grandes civilisations ne peuvent pas se développer dans les zones
équatoriales et tropicales sauf sur les hautes terres plus fraîches. Cette affirmation se
fonde, peut-être, sur la situation actuelle plaçant les pays développés dans les zones
tempérés et les pays retardés dans les zones chaudes. Cette coïncidence ne doit pas
conduire à une affirmation radicale.
Sur le plan des richesses disponibles
❑ zones tempérées : une certaine opinion prétend que ces régions seraient les plus
favorables à l’agriculture. Nous pensons que cette affirmation devrait être nuancée car
on ne doit pas perdre de vue que dans les autres régions, il y a un problème sérieux de
non-développement tant en ce qui concerne les ressources agricoles que les autres
ressources. Cependant, il est vrai que dans les régions tempérées, les plantes propices à
l’alimentation humaine et aux utilisations industrielles semblent plus nombreuses que
dans les régions froides et chaudes.
❑ Zones chaudes : dans ces régions, les sols sont plus fragiles que ceux des pays tempérés
et, ne favorisent donc pas le développement de l’agriculture. Dans ces régions, en effet,
les rayons intenses du soleil, les pluies torrentielles contribuent abondamment â la
décomposition de l’humus ; ce qui explique l’appauvrissement des sols.
Suite chapitre premier ….
3.3.2. La météorologie
✓ Le régime des pluies est essentiellement fonction de la latitude mais aussi d’autres
éléments dont notamment la proximité de la mer, l’altitude, le relief, le sens de vents
dominants...
✓ Cet ensemble des facteurs permet de définir la différenciation de grandes zones
climatiques qui s’identifient aux divers manteaux végétaux naturels dans les deux
hémisphères depuis les pôles jusqu’à l’Equateur.
➢ La succession du manteau végétal naturel tient, d’une façon générale, à deux facteurs à
savoir :
❖ la température qui augmente au fur et à mesure que l’on s’approche de l’Equateur; la
pluviométrie qui, en descendant du pôle, après une augmentation rapide diminue
jusqu’à atteindre un minimum correspondant à la zone désertique, puis augmente
fortement pour atteindre un maximum aux alentours de l’équateur.
➢ Il convient de noter que cette différence des manteaux végétaux naturels, que nous
venons d’évoquer et qui sont observables sur la carte du Congo, explique l’abondance
des plantes surtout utiles à l’homme dans notre espace.
➢ En effet, bien que certaines plantes présentent des possibilités d’adaptation à toutes les
zones, on constate d’une façon générale qu’elles restent localisées dans des régions
bien déterminées. On arrive ainsi à distinguer deux types de plantes à savoir les moins
exigeantes c’est-à-dire celles s’étendant sur plusieurs zones et les plus exigeantes c’est-
à-dire celles qui ne se trouvent que dans des zones bien spécifiques.
Suite chapitre premier ….
✓ Parmi les plantes les moins exigeantes, nous pouvons citer le blé, le riz, le maïs, la
pomme de terre...
Le blé est originaire du Moyen-Orient c’est-à-dire de la zone de steppes, mais sa culture a
pu s’étendre jusqu’à la limite de la Toundra. Il en est de même de plusieurs autres céréales
et de la pomme de terre.
Le riz à besoin de beaucoup d’eau. Tant que cette condition est réalisée, il peut se cultiver.
C’est ainsi qu’on rencontre sa culture depuis la zone équatoriale jusqu’au sein de la région
tempérée.
Le maïs avec ses diverses variétés peut aussi se cultiver dans la zone tempérée comme
dans la zone tropicale.
Le coton : sa culture a lieu principalement dans la zone de steppes et de savane mais aussi
dans la zone tropicale.
✓ Parmi les cultures exigeantes, on peut citer le café, le cacao... qui sont des produits
sensiblement plus exigeants et dont la culture a lieu principalement dans la zone de
savane et dans la zone tropicale et équatoriale.
3.3.3. Hydrographie
➢ Les eaux (les océans, les mers, les fleuves, les lacs...) occupent les 7/10 de la surface du
globe et constituent aussi un élément de différenciation de par le double rôle qu’elles
jouent dans les pays qu’elles arrosent.
➢ Les eaux constituent un facteur de richesse en fournissant des produits de la pêche, des
produits agricoles et des produits chimiques comme le sel.
Suite chapitre premier ….

➢ Elles fournissent également de l’énergie et représentent un réseau des transports de


très grande importance.
➢ Elles influencent fortement les climats des zones qu’elles avoisinent, par leur action sur
les températures et la pluviométrie. Elles régularisent les températures.
➢ Elles affectent l’importance des précipitations par l’évaporation de l’eau de mer qui
découle de l’humidité et la formation de nuages. C’est ce qui explique que les zones
côtières sont généralement plus arrosées que les zones continentales.

3.3.4. La richesse du sol


✓ Le sol n’est pas également riche partout.
✓ Il présente des différences énormes en ce qui concerne sa fertilité. Celle-ci est fonction
du climat, de l’hydrographie mais aussi et surtout de sa composition physique’ et
chimique et de sa richesse en humus.
✓ Une bonne terre présente généralement une double caractéristique : elle doit être assez
compacte pour retenir une quantité d’eau nécessaire à la vie des plantes et assez légère
pour éviter toute stagnation pouvant entraîner des phénomènes d’asphyxie. Ces deux
caractéristiques permettent d’apprécier la qualité du sol exprimée par le cologarithme
de la concentration en H du sol.
Suite chapitre premier ….

➢ Si le PH < 7 le sol est acide ; le PH > 7 le sol est basique; le PH = 7 le sol est neutre
▪ Un PH < 7 rend difficile la fixation des colloïdes et se traduit par la cristallisation du sol.
L’insuffisance de colloïdes donne ainsi au sol un caractère poreux. Ce qui ne permet
pas la rétention de l’eau. C’est le cas des sols sableux très répandus malheureusement
au Congo.
▪ Par contre un PH > 7 rend difficile l’assimilation de certains minéraux. Il s’agit en fait
d’une abondance excessive des colloïdes ; ce qui ne permet pas l’infiltration de l’eau. Il
se produit un manque d’oxygène puisque l’eau reste à la surface et ne pénètre pas dans
le sol mais se trouve par contre exposé à l’évaporation ; on dit alors que le sol est
basique.
▪ Enfin, un PH oscillant autour de 7 désigne un sol bon et permet au complexe absorbant
de retenir et d’emmagasiner tous les éléments nutritifs nécessaires à la vie des plantes,
le sol est neutre. En bref, un excès ou une insuffisance de colloïdes donne au sol une
mauvaise texture.
En conclusion, le complexe absorbant joue un rôle important dans la vie des plantes et
constitue un élément déterminant de la qualité du sol c’est-à-dire de la capacité ou de
l’incapacité d’un sol à fixer les substances fertilisantes.
3.4. Différenciation de l’espace géographique sur base des éléments humains
✓ L’examen de la différenciation, sur le plan humain, peut être étudié sous deux aspects à
savoir : qualitatif et quantitatif.
Suite chapitre premier ….
3.4.1. Aspect qualitatif
➢ La différenciation réside dans les variations du niveau d’instruction de diverses
populations.
➢ Deux raisons sont souvent avancées pour tenter d’expliquer cet état de choses.
▪ La première se base sur les différents degrés d’accès aux progrès techniques qui, suivant
les tenants de cette thèse, auraient transformé les conditions de vie et introduit par la
suite des qualifications différentes, ceci expliquerait les écarts de niveaux de
développement entre les peuples.
▪ La deuxième se fonde sur une explication relative aux différents degrés d’accession à la
connaissance. Cette seconde thèse essaie de trouver une raison de nature à justifier la
situation selon laquelle certains peuples sont instruits et tandis que d’autres en sont
ignorants. Pour les auteurs favorables à cette thèse, l’instruction ne dépend pas
uniquement du niveau de vie et du système de valeurs mais aussi d’un certain nombre
d’éléments liés à l’efficacité économique dont notamment : l’intelligence, les qualités
morales, le courage au travail, l’initiative, l’honnêteté.
➢ Partant de ces éléments, Rostow en est arrivé à la définition de six propensions suivantes
et qui seraient, d’après lui, à l’origine des différenciations entre les peuples notamment :
▪ la propension au développement des sciences fondamentales ;
▪ la propension à l’application économique des disciplines scientifiques
▪ la propension à accepter les innovations ;
▪ la propension à rechercher le progrès matériel ;
▪ la propension à consommer ;
▪ la propension à la reproduction.
Suite chapitre premier ….
3.4.2. Aspect quantitatif
✓ La différenciation des éléments humains sous l’aspect quantitatif revient à l’étude de la
distribution de la population sur le plan statique et dynamique.
1. Sur le plan statique
La distribution de la population dans l’espace se focalise sur la définition et sur l’étude de
deux concepts à savoir l’optimum de population et la densité de population.
▪ L’optimum de population désigne une certaine situation dans laquelle une population,
utilisant les meilleures connaissances techniques sur un territoire limité donné, serait
compatible avec la production la plus élevée possible, c’est-à-dire qui permet un niveau
de vie le plus élevé possible.
▪ La notion de densité de population désigne le nombre d’habitants au Km2. Cette
méthode serait valable si l’espace pris en considération était naturellement
indifférencié ; ce qui n’est pas le cas. La densité de population au Km2 mesure donc
mal la charge effective, de la population sur un espace donné.
Devant les insuffisances de cette méthode, les géographes, les économistes
et les démographes ont imaginé d’autres méthodes :
❑ la 1ère méthode, qui ne prend en considération que la surface cultivée à la disposition
de chaque habitant, a l’inconvénient de ne prendre en considération que la surface
cultivée et non la surface cultivable. Elle ne prend pas en considération le potentiel de
différents pays contenant des possibilités d’extension énormes et variables.
Suite chapitre premier ….

❑ la 2ème méthode consiste à ramener l’ensemble de la population uniquement sur la


surface utilisable, c’est-à-dire la surface cultivable et relever le nombre d’Hab/Km2 et
non plus la surface totale. Cette formule présente l’inconvénient de négliger l’espace
qu’on peut cultiver avec des techniques nouvelles.

➢ En somme, il n’existe pas une méthode idéale pour le calcul de la densité. Outre les
diverses méthodes proposées, la plus intéressante serait celle consistant à utiliser toute
la surface cultivable, tenant compte de la technologie disponible. Mais cette formule a
été rejetée à cause des difficultés que pose son calcul.

➢ Il nous faut souligner en conclusion que la notion de densité de population représente tout
de même un aspect intéressant de la répartition géographique de la population sur la
surface terre.
Suite chapitre premier ….
2. Sur le plan dynamique
➢ En géo-éco, l’analyse dynamique de la population est axée essentiellement sur
l’évolution quantitative de la pop. c’est-à-dire sur l’accroissement ou la diminution du
nombre d’habitants.
➢ La contraction du nombre d’habitants est devenue aujourd’hui exceptionnelle; Par
contre, l’accroissement de la pop. mondiale est le phénomène le plus important et le
plus préoccupant de nos jours, particulièrement en pays sous-développés.
➢ Les différentes masses de la pop. du globe sont en constante augmentation mais une
progression qui est inégale d’un continent à l’autre.
➢ Cette progression inégale de la pop. du monde s’observe aussi bien dans l’inégale
répartition de la pop. sur le plan de l’occupation du sol que sur base des facteurs
physiques et des reliefs.
➢ Le trait dominant de la répartition géographique de la pop. du globe, sur
le plan de l’utilisation du sol, réside essentiellement dans sa forte
concentration dans l’espace. Les trois quarts de la pop. mondiale
occupent ainsi moins 1/10 de la surface utile des continents.
Sur base des facteurs physiques, on constate la même caractéristique. Près de la moitié
(1/2) de l’humanité vit dans la zone tempérée de l’hémisphère Nord et presque autant
dans la zone chaude.
Suite chapitre premier ….

❑ Cette différenciation ne peut pas s’expliquer par le fait d’une fatalité naturelle, encore
moins d’une carence de conditions naturelles. L’inégalité de développement
économique et technique du monde contemporain semble être une des causes
essentielles si pas unique.

❑ Le sous-développement économique porte à la fois sur l’inexploitation de ressources


brutes et surtout sur l’inutilisation de la capacité de production de la population. Il
n’est pas facile, en effet, d’apprécier avec exactitude les ressources d’un pays en état
de non-exploitation ou de sous-exploitation. Cet état de choses tient au fait que dans le
sous-développement, il y a aussi une insuffisance de prospection. Dans nos pays, cette
prospection se fait toujours en fonction d’intérêts étrangers et ne se réalise pas dans
l’intention de connaître les richesses de nos pays mais, plutôt et presque
essentiellement pour le besoin des économies extérieures.

❑ Il découle de ce qui précède que la première insuffisance de moyens de production des


économies sous-développées est donc celle des moyens d’investigation des richesses
nationales ; ce qui entraîne un ensemble de carence : insuffisance des investissements
appliqués à l’équipement national et à la création d’une industrie ; absence de moyens
de production de l’outillage fondamental et d’objets de consommation et enfin
surcharge humaine de l’économie agricole.
Suite chapitre premier ….
3.5. Différenciation de l’espace géographique sur base des éléments
économiques
➢ La différenciation de l’espace géographique sur base des éléments économiques repose
sur l’organisation des systèmes économiques actuels.
➢ En effet, les inégalités qu’on peut observer sur les différentes parties du monde
s’expliquent en grande partie par (1) l’efficacité économique des peuples mais aussi et
surtout par (2) l’organisation des systèmes économiques en présence.
➢ Ces deux facteurs sont responsables des disparités dans l’espace tant au niveau de la
répartition des lieux de production des matières premières, de la circulation des flux de
ces dernières, que de la distribution de grands foyers d’industries de transformation et
de consommation des produits finis.
❖ On en arrive ainsi à observer sur l’espace du globe différents degrés de développement
ramenés généralement à deux grands groupes : pays développés et pays sous-
développés
Genèse de l’économie mondiale
La genèse de l’économie mondiale peut se ramener à 3 phases à savoir:
❑ la naissance de l’économie capitaliste;
❑ l’apparition des économies socialistes aujourd’hui quasiment disparues;
❑ l’avènement de la décolonisation et l’apparition des économies sous-développées.
Suite chapitre premier ….
1. La naissance de l’économie capitaliste
Deux principes sont à la base de la naissance de l’économie capitaliste à savoir :
❑ le principe de la libre concurrence, c’est-à-dire le libéralisme économique
ou encore le libre jeu du marché ;
❑ l’initiative individuelle ou privée, c’est-à-dire l’appropriation privée de
moyens de production.
Ces deux principes ont commandé et façonné ce type d’économie qu’on reconnaît par les
traits ci-après :
▪ la création d’entreprises ayant pour objet la recherche du profit maximum, en vue
d’enrichissement de leurs créateurs de manière élucidée ;
▪ l’emploi d’une main-d’œuvre salariée rémunérée à un tarif imposé par les employeurs
la dominance du secteur de la production industrielle marquée par la tendance
continue à la concentration des unités de production ;
▪ le développement de la consommation des produits agricoles.
➢ Le système capitaliste a pris racine d’abord dans les pays tempérés pour s’étendre
ensuite dans le reste du monde et les pays qui ont digéré ce système ont presque tous
réalisé enfin leur industrialisation sur une base nationale.
2. L’apparition des économies socialistes
➢ De 1917 à décembre 1989, nous avons assisté à la bipolarisation de l’éco. mondiale. En
effet, la révolution russe de 1917, a rompu, par l’introduction d’une nouvelle forme des
rapports de production, l’organisation et l’unité éco. du monde capitaliste.
Suite chapitre premier ….

➢ Dans ce nouveau système, la finalité sociale et distributive s’est substituée à la


recherche du profit maximum.
➢ Ce nouveau système d’organisation économique dirigé par un puissant appareil
bureaucratique politico-économique et basé sur la planification impérative et la
centralisation à outrance, a privilégié la création des industries lourdes, des industries
d’équipement.
3. L’apparition des économies sous-développées
➢ La colonisation a conduit naturellement à la division internationale du travail c’est-à-
dire à l’instauration de la complémentarité entre pays colonisateurs et pays colonisés
; ces derniers étant cantonnés dans le rôle de producteurs des produits primaires
alors que les premiers ont conservé leurs privilèges de producteurs de biens
d’équipement et de produits manufacturés.

➢ C’est ainsi qu’avec la décolonisation est apparu le problème du sous-développement


généré entres autres par les nombreux inconvénients de la spécialisation dans la
production des produits primaires qui entraîne bien des conséquences pour les pays
concernés.
FIN DU CHAPITRE PREMIER
CHAPITRE II :
LES ORIGINES DE LA FORMATION
DE LA GEOGRAPHIE ECONOMIQUE
Suite chapitre deuxième….

Introduction
➢ Les relations économiques ont de bonne heure retenu l’attention de ceux qui ont créé
les sciences sociales modernes.
➢ Les problèmes, qui furent les siens, étaient simples : comment assurer au Prince les
ressources nécessaires à ses ambitions militaires et diplomatiques ? Comment orienter
le commerce extérieur d’un pays de manière à lui faire retirer le plus grand avantage
possible de son ouverture sur le monde extérieur ?
➢ Comme on peut le constater, à l’origine la géographie économique est née donc des
préoccupations mercantilistes sous forme d’arithmétique politique ou de la statistique.
Elle est apparue comme la base indispensable à toute réflexion sur la richesse du
Prince à partir de l’instant où l’on a commencé à bien voir que celle-ci était
indissociable de la prospérité de la nation.
➢ L’histoire de la géo-éco au sens où nous l’entendons aujourd’hui conduit donc à
annexer des courants qui n’étaient pas considérés comme géographiques par leurs
contemporains.
➢ Longtemps, la géographie économique s’est développée un peu en marge des
problèmes majeurs que se posait la discipline; on la considérait certes comme un
domaine utile mais non fondamental.
Suite chapitre deuxième….
➢ Tout a changé dans la deuxième moitié du XVIIe siècle. Au cours de cette période les
progrès vont s’accélérer. On parlait plus de la géographie commerciale.
➢ En Angleterre, William Petty s’efforce d’évaluer le nombre de citoyens dans ce pays,
à séparer les citadins des ruraux et à apprécier le produit que leur activité dégage. On
conçoit désormais qu’un bon gouvernement doit s’appuyer sur une connaissance
précise des hommes, du territoire et des ressources.

➢ Néanmoins, il nous faut reconnaître qu’en dépit de nouvelles orientations prises par la
géo-éco aujourd’hui, celle-ci a tiré et tire toujours une partie des matériaux qu’elle met
en œuvre des compilations menées à bien par les diverses administrations modernes
dans une optique qui n’est pas systématiquement différente de celle de la statistique de
l’âge classique c’est-à-dire de la géo-éco traditionnelle.
➢ La géo-éco ne s’est constituée vraiment que vers la fin du XIXème siècle. La conjoncture
à l’époque était favorable à l’évolution et à la consolidation de cette discipline. En effet,
les sociétés de géographie commerciale s’étaient multipliées d’avantage.
➢ Un peu partout sont publiés des manuels de géographie commerciale - l’expression
précède celle de géographie économique - qu’offrent ces ouvrages ? Un inventaire des
ressources de chaque pays et des équipements qui permettent de les mettre sur le
marché.
Suite chapitre deuxième….
➢ La pensée économique, telle qu’elle s’est développée depuis Adam Smith, met au
premier rang de ses analyses la division du travail : celle-ci est motivée par la diversité
des aptitudes humaines et par l’inégale distribution des richesses agricoles et des
ressources minérales.
➢ Il s’opère donc une division simple des tâches entre l’économiste et le géographe.
Celle-ci décrit la science où se développe l’action économique et explique ce qui
pousse les gens à l’échange.
➢ A l’économiste de décrire les flux et les équilibres des prix qui résultent des choix.

➢ Au géographe encore de parler de la fertilité des sols, des nuances du climat, de la


manière de corriger ses insuffisances par l’irrigation, par le drainage ou par la mise en
place d’abris protecteurs, c’est à lui aussi d’expliquer la répartition des ressources
minérales.
Suite chapitre deuxième….
➢ La faiblesse essentielle de la géographie ainsi conçue, c’est la difficulté qu’elle éprouve
à sortir de l’inventaire des ressources. Pour aller plus loin, il aurait fallu sans doute que
les préoccupations écologiques soient plus vives chez ceux qui s’intéressaient à la
répartition des richesses. Certains parmi eux sentaient bien la nécessité de mieux
comprendre ce que sont les ressources et de présenter un tableau clair de celles qui
sont épuisables et celles qui sont renouvelables.
➢ Parmi celles qui sont épuisables, il importe d’établir un classement et de savoir à quel
prix et dans quelles conditions elles pourront être mises en valeur. C’est justement le
devoir du géographe de l’économie de mettre ainsi en garde l’opinion publique contre
les risques d’appauvrissement liés à l’exploitation inconsidérée des richesses vouées à
disparaître complètement un jour.
➢ Il faut reconnaître que sur ce point, les géographes de l’économie ont abattu un travail
considérable. Nombreux furent les articles ou les publications qui ont dressé le
catalogue des réserves connues, des réserves probables et des réserves possibles pour
chaque pays.
➢ C’est en ce qui concerne les ressources agricoles que le travail des géographes se révèle
le plus efficace et qu’il contribue le plus à asseoir le prestige de la discipline.
➢ Cependant, les géographes qui abordent la géographie économique avec le souci
d’employer les méthodes et les théories proposées par les sciences économiques sont
rares. Il y a de ceux, Buchanan par ex. dans son étude pionnière sur l’économie
laitière néo-zélandaise. Mais il y a surtout Walter Christaller qui a esquissé l’union
avec l’économie spatiale.
Suite chapitre deuxième….

➢ C’est au XXème siècle et plus particulièrement dans le courant des années 1950 que la
géo-éco a connu une évolution profonde et, peut-on dire, a acquis ses lettres de
noblesse. Au cours de cette période, en effet, la NGE a emprunté l’essentiel de ses
outils et de ses concepts à l’économie spatiale et à la jeune science régionale.

La géographie économique au fil du temps


➢ La géo-éco est une branche qui apparait récente par le fait qu’elle s’est démasquée de la
géo. humaine et a forgé ses propres concepts et théories au fil du temps. C’est une
discipline carrefour qui emprunte à plusieurs disciplines comme la science de la
nature, l’économie ou la démographie, ce qui n’exclut pas qu’elle dispose de sa propre
individualité et son outillage propre.

➢ Tout en utilisant les catégories de l’économie, la géo-éco s’en démarque totalement.


Son développent date des années 1950 quand la géographie économique s’est détachée
progressivement de la géographie humaine. Ce sont surtout les anglo-saxons qui ont
contribué à façonner cette discipline en particulier Edgar Hoover et Walter Isard.
Ce dernier est considéré comme l’un des pères de l’économie spatiale et le fondateur de
« la régionale science » dans les années 1960.
Suite chapitre deuxième….

➢ En langue française, on note l’apparition de « principes de géographie économique »


de P. Georges en 1956. Ce n’est que durant les années 1970 qu’apparaissent les
premiers ouvrages de géographie économique générale avec Claval Pierre en 1976 «
Elément de géographie économique ». En 1985« Géographie économique et humaine
».
➢ Parallèlement les ouvrages de géographie économique sectorielle se multiplient :
transport ; industrie… M. Wolkowitch, 1973 : « géographie des transports » P.U.F
Parmi les plus récents écrits en matière de géographie économique générale en France
: « Précis de géographie économique de « Geneau et Staski, 2000 ». Et « géographie
de la mondialisation » de L. Carroue, 2002.
➢ L’intérêt des géographes pour les transports date de très longtemps. Depuis quelque
temps, la géographie des transports retient l’attention des géographes et pour cause : le
domaine spatial et les transports sont constamment et étroitement corrélés. En fait, les
géographes n’ont pas étudié la géographie des transports de façon systématique ;
progressivement ils ont réalisé l’importance de ce genre d’étude et ont alors étudié les
transports dans leur dépendance spatiale et leurs impacts dans des domaines comme
la distribution des hommes et de l’habitat et récemment l’état de l’environnement.
Nous pourrons retracer quelques grands auteurs de la pensée économique
spatiale comme suit :
Suite chapitre deuxième….
La pensée économique spatiale : essor et renouvellement
Suite chapitre deuxième….

Source : Polèse M. et Shearmur R., (2005)


Suite chapitre deuxième….

➢ Nous n’allons pas développer avec force détail, toutes ces théories évoquées par ces
auteurs, néanmoins nous y reviendrons de temps en temps pour élucider avec ceux-ci
et d’autres auteurs pour une meilleure compréhension de notre cours de géographie
économique.
Section I : LOCALISATION DES ACTIVITES ET ECONOMIE SPATIALE
❖ La réflexion systématique sur la localisation des activités économiques est née à la fin
du XVIIème siècle. Elle est contemporaine des premiers travaux de statistique. Elle est
d’ailleurs souvent menée par les mêmes hommes.
❖ Durant tout le XVIIIème siècle, l’économie spatiale tient une place de choix dans les
refixions des théoriciens. Ceux-ci s’attachent à comprendre la répartition des cultures
en fonction de l’éloignement des marches. William Petty, Pierre le Pesant de
Boisguilbert, Gregory King, Sébastien de Vauban (1663-1707), Sir James
Stewart, feront progresser le raisonnement qui permit que Richard Canon élabore
une théorie ambitieuse de la structure des réseaux urbains. Les villes sont pour lui des
centres de consommation où résident les propriétaires fonciers désireux de trouver les
aménités et les services qui manquent sur leurs terres.
Suite chapitre deuxième….
➢ Adam Smith élargit encore le champ de la réflexion géographique en mettant l’accent
sur la division du travail comme élément moteur du progrès de la productivité, il
attire l’attention sur tout ce qui pousse à différencier les activités : les dotations en
facteurs de production sont inégales et c’est l’élément majeur de toute l’explication
géographique. En outre, Adam Smith met l’accent sur le développement des
complémentarités : s’intéresser à l’économie d’un pays c’est embrasser dans le
même mouvement la production qui crée les richesses, la distribution qui les achemine
vers les clients, et la consommation qui est le motif ultime de l’activité.

➢ L’économie spatiale est donc une part importante de la nouvelle science économique et
elle se développe rapidement au début du XIXème siècle. A l’époque de Malthus et de
Ricardo, c’est l’équilibre entre la société prise dans son ensemble et les ressources qui
attire peut être le plus l’attention, mais les recherches sur les effets des coûts
comparatifs et la spécialisation internationale du travail complètent celles d’Adam
Smith.
Suite chapitre deuxième….

➢ C’est Ricardo qui a montré le premier le poids des dotations inégales en facteur terre
dans la dynamique de la mise en valeur des nations.
➢ Le grand initiateur de 1a réf1exion spatiale est cependant Von Thünen J.H.; il est le
premier à comprendre qu’une partie des faits de localisation ne dépend que de la
disposition relative des partenaires sociaux; il le montre pour l’espace rural qui entoure
une ville-marché. Ses successeurs n’auront pas de mal au XXème siècle à appliquer son
raisonnement au cadre urbain.
➢ L’économie spatiale se développe ainsi en marge des sciences économiques et elle
retient peu l’attention des grands théoriciens. Le seul à s’intéresser aux problèmes de
localisation, c’est Alfred Marshall, mais la notion d’économie externe qu’il introduit
est très ambiguë car elle présente sous un aspect purement économique un phénomène
qui est d’ordre spatial.
➢ Les recherches les plus originales de la fin du siècle dernier ont pour objet la
localisation des activités industrielles, et sur ce point, ce sont les Allemands qui ont
particulièrement brillé. De Wilhem Laundhardt à Alfred Weber, c’est tout
l’équilibre spatial de la firme qui est éclairé, le poids des ressources (c’est-à-dire la
localisation des matières premières et de l’énergie), mais aussi celui de la clientèle à
travers la situation du marché et celui de la main-d’œuvre dont les salaires et
l’efficacité varient d’un lieu à un autre sont tour à tour pris en considération. Avec
Alfred Weber, l’approche se fait plus savante et les externalités sont prises en
compte.
Suite chapitre deuxième….

➢ Des activités primaires au secteur secondaire, on ne quittait pas des domaines où le


facteur terre, c’est à dire le sol ou le sous-sol jouait un rôle important. Au début des
années 1930, avec Auguste Lösch et avec Walter Christaller, l’intérêt glisse vers
le secteur tertiaire. Dans un service, il n’y a que le demandeur et le prestataire qui
comptent. Les déterminations naturelles cessent d’intervenir autrement que par les
frais de déplacement des personnes ou des informations.

➢ La théorie explore les règles de localisation qui résultent des rapports entre les
partenaires d’un échange purement horizontal. La transformation est complète ; ce
n’est pas l’environnement, dans la diversité des déterminations variées qui est
désormais au centre de la quête des géographes, c’est le groupe lui-même et l’ensemble
des interrelations qui s’y déterminent simultanément.
➢ Que Walter Christaller les orientations politiques successives et contradictoires de
Christaller et la disparition prématurée de Lösch ralentiront la diffusion auprès des
géographes de ces thèmes nouveaux, mais le hasard des circonstances n’est pas le seul
en cause. Les orientations traditionnelles de la géographie économique étaient trop
marquées par le souci d’éclairer la diversité des dotations pour que la logique des
relations d’homme à homme ou de groupe à groupe paraisse séduisante.
Suite chapitre deuxième….

Section II : LA SYNTHESE DE LA GEOGRAPHIE ECONOMIQUE


TRADITIONNELLE ET DE L’ECONOMIE SPATIALE
➢ Dans le courant des années 1950, l’optique géographique évolue profondément.
L’intérêt pour les déterminations liées à la diversité des milieux physiques ne se
dément pas, mais les recherches qui se sont multipliées dans les pays avancés où la
population est fortement urbanisée conduisent à mettre l’accent sur la vie des
relations, car c’est pour elle que les gens se sont agglomérés et les réseaux urbains ont
une régularité qui défie les déterminismes physiques simples. Il faut relever ici la
contribution majeure d’Edward Ullman et de Walter Isard.

2.1. Le rôle d’Edward Ullman


➢ L’économiste américain E. Ullman est parfaitement représentatif de cette nouvelle
génération. Au début des années 1940, aux USA, en partant d’une analyse de la
répartition des villes assez semblables dans son principe à celle de la théorie des
lieux centraux, a esquissé le rôle de la cité comme nœud de relations et à montrer
comment la ville est une machine à maximiser les interactions sociales.
Suite chapitre deuxième….
➢ Il a été l’un des premiers économistes américains à avoir posé le problème de la ville en
termes d’avantages globaux. Il s’est consacré à l’analyse des externalités.
S’intéressant aux entreprises, il a été sensible aux choix de localisation auxquels elles
aboutissent.
➢ Les plus petites, celles qui sont les plus dépendantes des services et d’activités
extérieures s’installent plus volontiers que les grandes dans des métropoles car c’est
pour elles le seul moyen d’arriver à des résultats satisfaisants. Par contre, la grande
entreprise, la firme la plus puissante est capable de créer toute seule les services dont
elle a besoin. Elle est en mesure d’internaliser les avantages externes qui naissent
normalement de la ville.
➢ Au début des années 1950, Ullman s’est consacré davantage à l’étude des liaisons
sociales et à leurs dimensions spatiales. Il a fait aussi des recherches sur les transports,
mais sur ce sujet, son point de vue est plus général. Il s’est intéressé en fait à
l’ensemble des faits de circulation, c’est à dire à tout ce qui s’échange entre les
hommes, les idées, les biens et à tous les mouvements que cela occasionne, biens,
personnes ou nouvelles.
2.2. Walter ISARD et la science régionale
✓ L’économie spatiale était restée longtemps une discipline un peu marginale, pratiquée
surtout par les Allemands. Elle suscitait peu d’émules et on manquait de synthèse
rendant ses résultats accessibles à un large public.
Suite chapitre deuxième….
Entre les deux guerres mondiales, l’audience s’était pourtant déjà un peu élargie : bon
nombre de travaux sont alors l’œuvre des Suédois, de Tord Palander à Bertil Ohlin.
August Lösch avait fait l’effort d’ordonner tous les résultats de ses prédécesseurs et de
les présenter dans le cadre d’une théorie générale conçue dans l’optique walrassienne.
C’est cela qui devait en fin de compte stimuler la recherche. Les économistes découvrent
qu’à côté du temps, la dimension spatiale demande une réflexion générale.
Les travaux de Lösch étaient intéressants, mais ils ignoraient certains développements
contemporains de la science économique. L’optique retenue était celle de l’équilibre de la
firme et les réalités globales ne retenaient guère son attention. C’est vraiment dommage,
car la nouvelle économie d’inspiration keynésienne réactualisait des démarches oubliées
depuis le XVIIIème siècle à savoir l’analyse globale des circuits économiques à la
manière des physiocrates. Voici qu’en quelques années, les progrès de la comptabilité
nationale se multiplient à la suite des recherches de Simon Kuznets, les liaisons d’un
secteur à l’autre de la production se précisent grâce à la détermination des coefficients
interindustriels de Wassily Leontief et la notion de multiplicateur de l’investissement
ou du commerce extérieur devient familière après les travaux pionniers de Fritz
Machlup.
Pour que l’économie spatiale soit tout à fait utile aux géographes, il a fallu qu’elle intègre
ces résultats tout en sachant que le problème n’est pas seulement de comprendre la
localisation des activités agricoles, industrielles ou de service, il est aussi de voir comment
chaque implantation conditionne les autres.
Suite chapitre deuxième….
L’importance de 1’œuvre de Walter Isard vient de là, certes, il ne va guère au-delà
d’August Lösch en ce qui concerne l’intégration des diverses composantes de la recherche
spatiale dans une construction cohérente, mais ses écrits combinent les acquis de Von
Thünen, de Weber, de Christaller, de Lösch et ceux de leurs rivaux fixent une
connaissance précise de la macro-économie, des effets multiplicateurs dans un espace
urbain ou régional ou des coefficients intersectoriels et interrégionaux et une réflexion
systématique sur le poids de la distance. Il a développé, les analyses de potentiel de
population élaborée par William Warntz et John Q. Stewart et les modèles de
gravitation qui se multiplient durant les années 1950, modèles utilisés pour les
prévisions de trafic dans les agglomérations urbaines
Notons que la notion de potentiel de population mesure les coûts généraux
d’accessibilité, à tous ceux qui habitent un territoire fermé. Sa signification change avec le
progrès des moyens de transport et de communication. Elle n’est guère pertinente lorsque
la mobilité est trop faible. Elle devient décisive pour expliquer la localisation de ceux qui
participent le plus à l’interaction générale lorsque la mobilité est moyenne. Elle est moins
satisfaisante pour (expliquer) interpréter les répartitions lorsque la mobilité devient très
forte et les coûts de déplacement très réduits.
Le groupe de science régionale que structure Isard dans les années 1954-1956 offre aux
géographes un cadre tout indiqué, prêt à servir pour l’interprétation des faits de
répartition des activités économiques et des faits de croissance. Il n’ignore pas le poids
des déterminations naturelles mais il met plutôt l’accent sur les forces sociales, celles qui
naissent de la vie de relation.
Suite chapitre deuxième….

Ainsi la géographie économique pratiquée durant les années 1960, s’appuie désormais sur
les recherches conduites en économie durant les années 1940-1950, spécialement dans le
domaine des équilibres et des déséquilibres macro-économiques et dans celui de la
croissance.
2.3. Une géographie économique axée sur la théorie des lieux centraux
L’inspiration économique a largement dominé toute la géographie durant les premières
phases de la mutation d’où résoulte la géographie moderne. C’est dire que les études
spécifiquement orientées vers la vie des entreprises, leur localisation, leur dynamisme,
sont relativement moins représentées que celles consacrées aux villes, aux réseaux
urbains, aux régions économiques et à leurs métropoles ou aux niveaux de vie et de
développement. Les applications, dans le domaine de l’activité agricole, ne dépassent
guère l’illustration des modèles de Von Thünen.
En ce qui concerne les activités industrielles, les applications sont du même ordre, c’est-à-
dire que les activités lourdes où les frais de transport sont exorbitants retiennent
davantage l’attention des géographes et des économistes que les industries légères dont
l’on estime qu’elles sont susceptibles de s’implanter n’importe où.
Dans le même temps, les recherches sur les lieux centraux foisonnent. Elles se donnent
pour but de mettre en évidence la hiérarchie des villes, de fixer les seuils qui séparent ses
divers niveaux, de mesurer l’espacement des foyers qui dispensent des services identiques
et de les comparer à ce qui se passe en amont et en aval de la pyramide.
Suite chapitre deuxième….
Les lieux centraux sont les grandes métropoles c’est-à-dire des villes centrales qui
sont des véritables pôles autour desquels gravitent des villes clientes plus petites qui ne
possèdent pas les services fournis par ces centres urbains supérieurs. La loi de Reilly
sur l’attraction commerciale est bâtie sur cette théorie des lieux centraux. Plusieurs
auteurs ont montré que l’espace a tendance à se structurer autour des commutateurs
sociaux principaux que sont les lieux centraux et cela pour les échanges et
communications de toute sorte, pour des besoins religieux, pour des motifs politiques,
pour des raisons culturelles aussi. Ainsi, dans un même espace il peut ‘coexister plusieurs
hiérarchies de foyers lorsque les besoins auxquels ils répondent ne reposent pas sur la
même logique. La métropole économique peut être excentrée si elle doit
l’essentiel de son activité aux relations avec le monde extérieur, et la
capitale politique et culturelle restée au centre pour bien ordonner l’espace
sur lui-même.
Lorsqu’on adopte l’idée que les villes sont destinées à maximiser les interactions sociales,
on comprend que des points de rencontre apparaissent et qu’ils soient hiérarchisés
lorsque la population à desservir est dispersée. Cependant, au fur et à mesure que l’on
s’écarte du secteur central des affaires, les avantages que l’on retire des possibilités de
travail et d’interaction sont rongées par le temps et la dépense pour se rendre au bureau,
au magasin ou à l’atelier.
En résumé, la géographie économique des années 1960 revient toujours sur le même
thème à savoir : l’influence de la distance sur la répartition des activités. Le
concept clef de cette époque, c’est celui de portée limite : autour d’un point, il existe des
activités qui lui sont liées et ne peuvent se développer si elles s ‘implantent trop loin. Il y
a un rayon à ne pas dépasser.
Suite chapitre deuxième….
Cela montre que les localisations sont solidaires les unes des autres et que l’on peut dire
dans quel rayon elles doivent s ‘implanter dès que l’une se trouve fixée. La géographie
économique ainsi conçue répond très exactement à la curiosité majeure de l’époque à
savoir la mise en évidence des contraintes de localisation qui ne naissent pas de
l’environnement mais des relations que les (hommes) personnes entretiennent entre elles.
2.4. Ira Lowry : géographie économique et développement
La géographie économique a été confrontée à des problèmes plus délicats lorsqu’il s’est
agi de concevoir une politique d’aménagement du territoire. En réponse à ces problèmes,
le modèle de Ira Lowry, bâtit un concept fondamental à savoir la notion de portée
limite, qui a constitué un apport majeur. La notion de portée limite stipule que, certaines
fonctions s’implantent nécessairement autour d’une usine, d’un centre de services par
suite des contraintes de la distance; de ce fait, les ouvriers et les employés ne peuvent
résider que dans le rayon où les migrations alternantes sont supportables et les
magasins destinés à satisfaire leurs besoins doivent obligatoirement se situer assez près
de nouveaux quartiers d’habitation pour être réellement fréquentés.
Ces idées simples montrent comment naissent les régions économiques et comment elles
présentent une certaine spécificité. Elles montrent aussi comment une bonne partie des
revenus distribués par les entreprises d’une aire se trouvent dépensés dans ses limites,
c’est-à-dire qu’une usine qui s’implante dans une région fait naître, outre les emplois
directs qu’elle apporte, des emplois dans tous les secteurs qui bénéficieront du pouvoir
d’achat supplémentaire.
Suite chapitre deuxième….
Le modèle de Ira Lowry est fort utilisé pour les prévisions d’aménagement urbain. Mais
ces idées ne suffisent pas à résoudre toutes les questions. Que faire pour attirer de
nouvelles activités dans des zones industrielles vieillies ou dans des régions rurales dont
la dépopulation s’accélère ? On a appris à dévancer les conséquences de ces implantations
mais pas à cerner ce qui les motive. Comment éviter le gigantisme de certaines
métropoles et mettre en place une hiérarchie plus satisfaisante de villes là où la capitale
nationale attire toutes les forces vives ? Comment surtout aider les pays en voie de
développement, victimes consentantes d’une urbanisation sauvage, conséquence du
marasme qui frappe leurs économies ? Qu’offre la réflexion économique classique en ce
domaine ?
En réponse, la réflexion classique offre la théorie de la spécialisation du travail
et des avantages qui en découlent. En effet, pour ce courant de pensée, il est
intéressant pour quiconque et pour la collectivité que chacun choisisse une activité où il
sera le plus performant. C’est à cette condition que la richesse collective se
multipliera le plus et que chacun pourra espérer obtenir le sort le meilleur ;
ce qui vaut pour l’individu vaut aussi pour les lieux. Chaque région ne peut
maximiser ses revenus qu’en choisissant comme champ de production celui dans lequel
elle est la mieux douée. Comment parvenir à ce résultat ? C’est en laissant les gens
libres d’agir à leur guise et d’arriver par tâtonnement, à la spécialisation
optimale. Il faut donc laisser-faire et laisser passer, deux leitmotive de toute
politique libérale. Mais les frontières et la délimitation d’espaces nationaux ne
risquent-elles pas d’interdire la réalisation de l’optimum?
Suite chapitre deuxième….

Assurément, si des barrières douanières viennent gêner le mouvement des


biens et la spécialisation qui en découlent, mais la théorie des avantages
comparatifs est là pour prouver qu’il n’en est rien lorsque le libéralisme
triomphe.
Certes, les acteurs économiques ne peuvent assurément s’installer tous là où les
ressources sont les meilleures, mais si la liberté du commerce existe, ceux qui sont
installés dans des pays mal dotés choisiront de faire porter leurs efforts sur des
fabrications qui réclament peu de facteur-terre. Le commerce international est en
fait en partie un commerce des facteurs de production par biens interposés;
les nations trop peuplées exportent le facteur-travail à travers les articles
qu’elles proposent, les pays riches en ressources se spécialisent dans la
vente de matières premières ou de produits agricoles qui incorporent
surtout du facteur-terre. En résumé, les échanges entre nations suffisent à
rompre tous les inconvénients de l’autarcie, à égaliser les prix et les
rémunérations des facteurs de production et à améliorer le sort d’un
chacun, à emmener chaque nation vers 1’optimum.
La théorie classique est donc claire dans ses affirmations : les gouvernements n’ont rien à
faire pour parvenir à résoudre les problèmes de l’inégal développement sinon supprimer
tous les obstacles au commerce intérieur et international. Pour des multiples causes, les
faits ne donnent malheureusement pas totalement raison à cette théorie. En effet, depuis
le début de la révolution industrielle, la croissance a tendance à se concentrer dans un
petit nombre de nations.
Suite chapitre deuxième….
Certes, elles sont plus nombreuses aujourd’hui qu’au début du XIXème siècle, à l’époque où
l’Angleterre était franchement détachée du peloton, mais il n’y en a guère en dehors de
l’Europe, de l’Amérique du Nord, du Japon, des anciens dominions blancs de
l’hémisphère sud à savoir l’Australie et la Nouvelle Zélande, bien que depuis peu on puisse
y inclure certains pays d’Asie du Sud-est comme la Corée du Sud, Singapour,…
C’est là le grand problème de la décennie 60 : Comment réduire le contraste entre les
pays développés et ceux qui ne le sont pas? Comment relancer les régions des pays
avancés dont l’économie est menacé par une anémie croissante? Qui donc est capable de
suggérer une solution? Pour Marx et les marxistes, les imperfections du marché, qui
sont à l’origine d’inégalités entre les participants à l’échange comme l’affirment les
libéraux, sont structurelles et ne peuvent être éliminées que par le renoncement même au
principe du marché. Marx offre à ce sujet d’autres perspectives. Dès ses premières
œuvres, il dénonce les contrastes et les inégalités sociales et spatiales, l’opposition entre
villes et campagnes avant la révolution industrielle, celle entre les quartiers pauvres et les
quartiers riches là où les manufactures ont déjà bouleversé la trame urbaine, comme à
Manchester. Le mal dont souffre le monde a pour lui sa racine dans l’organisation même
de la société capitaliste.
L’économie du marché est porteuse d’inégalités dès l’instant où le travail s ‘échange
comme une autre marchandise car il n ‘est jamais payé à sa vraie valeur; il reçoit une
rémunération juste suffisante pour assurer 1‘entretien des travailleurs et leur
remplacement. Le reste, la plus-value, est empoché par l’employeur. Celui-ci est donc
capable d’accumuler des richesses alors que la masse pauvre le reste indéfiniment.
Suite chapitre deuxième….
Dans le capital, Marx n’exploite pas lui-même les implications spatiales que l’on peut
donner à son analyse, mais l’idée d’un cœur capitaliste et d’une périphérie qu‘il pénètre et
organise à son profit est déjà présente. C’est déjà tout le schéma centre-périphérique qui
est esquissé. Il est rendu explicite à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle par
ses adeptes comme Hilferding, Lénine, Rosa Luxembourg, Gunder Frank. Le
mécanisme de la croissance et de l’accumulation a tendance à s’enrayer là où il a débuté
faute de marché pour écouler la production sans cesse accrue. La seule solution, c’est la
fuite en avant que constitue l’impérialisme, stade suprême du capitalisme, écrira Lénine.
Au lieu de présenter l’action colonisatrice des puissances européennes comme un effort
pour ouvrir la terre tout entière au progrès et à la croissance, la voici dénoncée comme
porteuse de subordination, de dépendance et d’appauvrissement. Un tel schéma
correspond mieux à l’image qu’offre le monde à la fin des années 1950 qu’à celle proposée
par la théorie libérale. La réflexion marxiste, qui redécouvre ce domaine dans le courant
des années 1950, emploie le schéma de l’exploitation, pour expliquer le sous-
développement régional au sein des nations industrielles et la stagnation du Tiers-Monde
au plan international.
Une critique attentive décèle cependant des faiblesses dans le schéma marxiste, celui-ci
n’explique jamais pourquoi le centre est devenu le centre et pourquoi le reste du monde
stagne ou régresse. L’espace, la distance en particulier n’intervient pas dans le
raisonnement. Une fois créées les inégalités, on conçoit aisément qu’elles se maintiennent
ou s’accentuent, mais rien n’explique leur formation initiale.
Suite chapitre deuxième….
Les marxistes convaincus acceptent, sans gêne, l’idée avancée par Marx d’une
accumulation initiale fondée sur la violence. Leurs vues rencontrent un succès facile chez
tous ceux qui sont troublés, par l’injustice du monde et sont enchantés de découvrir
pourquoi elle est née et qui en est responsable. Ces explications ne satisfont pas certains
esprits rigoureux.
Les autres économistes et les géographes ont cherché à découvrir une interprétation
théorique plus satisfaisante que celle inspirée de Marx. Ainsi, François Perroux a
rencontré un succès indéniable lorsqu’il a élaboré sa théorie de la polarisation. Un autre
économiste, Jacques Raoul Boudeville, mettra en œuvre la macro-économie
régionale, à la manière d’Isard, pour rendre compte du phénomène. Les interprétations
vont se multiplier et devenir plus satisfaisantes lorsque seront prises en considération les
économies externes. Les économistes ont montré que plus une économie est complexe,
plus les chances d’y voir apparaître des complémentarités hors marché sont
considérables, plus les perspectives de profit sont élevées. Ils ont démontré aussi qu’en
sens inverse, l’accumulation conduit à la multiplication des dysfonctionnements à partir
d’un certain point, c’est-à-dire, que dans un environnement congestionné, les nuisances
se font plus nombreuses, plus générales et plus pernicieuses; elles finissent par
contrebalancer les avantages de la concentration.
Ces interprétations de la croissance inégale ont l’avantage de s’appliquer à toutes les échelles et
de ne pas faire intervenir les effets de domination ou d’inhibition difficiles à prouver. Les
externalités traduisent en termes d’argent gagné l’heureuse influence de l’organisation des
transports et communications, et de la structure d’ensemble du territoire.
Suite chapitre deuxième….
Cependant, les explications libérales des inégalités croissantes n’ont pas rencontré le
succès escompté. Elles ne mettent peut être pas assez l’accent sur les faits de structuration
économique, sur le rôle des nouvelles formes du capitalisme, sur les multinationales ou
sur le poids des facteurs politiques.
La géographie économique a rencontré d’autres limites vers la fin des années 1960, dans
l’étude des firmes. En effet, on ne peut traiter de la localisation de grandes firmes
modernes comme on le faisait de petits ateliers indépendants. Pour ces grandes firmes
modernes, les décisions prises pour une usine sont toujours influencées par celles qui ont
été arrêtées pour les autres usines, les laboratoires ou le siège social.
La géographie économique a rencontré aussi certaines difficultés dans les études
urbaines, où pourtant les succès les plus notables ont été remportés. Les problèmes qui
surgissent sont les suivants:
❑ Quel est le rôle de la rente urbaine?
❑ Faut-il condamner ou accepter les formes de ségrégation sociale dont les mécanismes
de marché et les mesures de structuration urbaine (Zonning) qui les complètent sont
responsables?
❑ Comment parvenir à rééquilibrer les réseaux urbains et la tendance naturelle n’est-
elle pas à l’étalement, à la dissolution de la ville dans un milieu bien équipé mais dont
les paysages restent pour bien des traits ruraux?
On voit donc que de toute part, on se trouve confronté aux problèmes qui excèdent le champ
étroit de l’économie
Suite chapitre deuxième….
2.5. Géographie économique et organisation sociale
Beaucoup de géographes n’ont pas fait l’effort de suivre systématiquement les recherches
des économistes, si bien qu’il s’est parfois écoulé 10 ou 15 ans avant qu’ils ne découvrent la
pertinence pour leurs propos sur certains travaux. Ils ont tiré davantage des travaux
simples, écrits dans une langue accessible, que des recherches de pointe. Il n’y a guère que
dans le domaine étroit de la science régionale que géographes et économistes ont travaillé
ensemble, mais ce n’est pas là le secteur où les mutations essentielles ont eu lieu. La
première frange essentielle se situe ailleurs. Elle est animée par des chercheurs qui
essaient de repenser le rôle de l’espace dans la vie économique sur de nouvelles
bases. L’économie spatiale s’est bâtie, de Von Thünen à Walter Isard, sur l’idée que la
distance constituait fondamentalement un obstacle à la circulation des biens. Mais la
circulation de nouvelles a été négligée comme si la transparence était une propriété
naturelle de l’espace et qu’en tout point, on puisse disposer sans peine de mêmes éléments
d’appréciation.
A partir de l’instant où l’on renonce à cette hypothèse, tout le champ de la géographie
économique se trouve bouleversé. Le rôle des centres de contacts où s’échangent les
nouvelles qui jouent comme des commutateurs devient décisif et la polarisation qui en
résulte cesse d’apparaître anormale. La théorie des lieux centraux n’est plus qu’un cas
particulier dans une construction plus large c’est-à-dire celle qui en fait comprendre
comment s’ordonne tout espace de communication, comment il devient anisotrope et
comment des points privilégies y apparaissent. Combinée avec l’analyse plus classique des
effets d’entraînement, c’est toute la théorie de la polarisation qui se trouve ainsi confortée.
Suite chapitre deuxième….
Mais les problèmes d’information ne sont pas seulement techniques. Ils tiennent à la
qualité des liens qui se développent entre partenaires. Là où la confiance règne, les
contrôles peuvent être allégés ou supprimés et les coûts s’en trouvent diminués.
La géographie économique cesse dès lors d’être totalement indifférente aux autres aspects
de la vie sociale. Le monde dans lequel les affaires se déroulent n’est pas fait d’atomes
indépendants les uns des autres; il est fait des molécules, plus ou moins pesantes, plus ou
moins bien organisées et leur structure fait intervenir bien d’autres choses que le simple
intérêt matériel à savoir la tradition, le sens de responsabilités, l’esprit-maison.
La nouvelle géographie économique n’apparaît plus comme un compartiment que l’on
peut détacher des autres compartiments de la vie sociale. La nouvelle géographie est en
même temps plus soucieuse de souligner les imperfections et les contradictions de chaque
type d’institutions économiques. Le marché n’est pas capable de résoudre tous les
problèmes de distribution. Le problème foncier est mal réglé ou pas du tout, dans les
grandes villes du monde libéral et il gêne le développement harmonieux de grandes villes
du Tiers-Monde. Mais les économies qui essayent de se passer de mécanismes de prix en
ce domaine n’arrivent pas à mesurer les externalités et à en tirer parti pour assurer leur
croissance aux meilleures conditions. C’est un des reproches les plus graves que l’on a
formulé à l’égard du système socialiste.
Les modèles économiques n’expliquent pas la totalité des traits de la planète, comme
certains géographes le pensaient un peu naïvement il y a trente ans, au moment où ils
découvraient les recettes neuves de l’économie spatiale, mais ils constituent un des
ingrédients nécessaires de toute analyse des relations que les humains nouent entre eux,
c’est en les liant aux aspects sociaux et aux aspects politiques que l’on peut progresser
aujourd’hui.
FIN DU CHAPITRE DEUXIEME
CHAPITRE III :
QUELQUES SECTEURS CIBLES DE L’ECONOMIE
CONGOLAISE : CONSIDERATIONS ET ILLUSTRATIONS
POUR LA GEOGRAPHIE ECONOMIQUE
Suite chapitre troisième….
Dans ce chapitre, nous ciblons deux secteurs clés : l’agriculture et l’industrie pour illustrer
le sens de la géographie économique avec un accent particulier sur le cas concret de la
RDC.
Section I : LE SECTEUR AGRICOLE CONGOLAIS
Le secteur agricole constitue un élément important aussi bien dans les pays développés
que dans le pays sous-développés. Dans une économie développée, le secteur agricole
intervient dans la fourniture des produits alimentaires et dans l’approvisionnement de
certaines industries en matières premières. De même dans une économie sous-
développée, l’agriculture occupe 70 à 80 % de la population active et fournit en moyenne
environ 40 % du produit intérieure brut (PIB) et 60 % du commerce extérieur.
L’agriculture apparaît ainsi comme un facteur important dans le processus de
croissance économique et de développement.
Dans son ouvrage intitulé « Agriculture et accession au développement », Robert
Badouin a stigmatisé cette importance du secteur agricole dans la croissance
économique par la définition de trois rôles que peut jouer ce secteur à savoir :
1. Agriculture : secteur de lancement de la croissance économique ;
2. Agriculture : secteur de financement de la croissance économique et
3. Agriculture : secteur d’ajustement de la croissance économique.
Suite chapitre troisième….

a) Agriculture- secteur de lancement


Elle a un rôle moteur du fait qu’elle émet des impulsions créatrices. Son expansion, en
effet, lui permet d’être à la fois un moyen de financement et une possibilité d’acquisition
de devises, ce qui autorise des occasions d’investissements générateurs et l’émergence
d’autres secteurs en relation d’abord avec le secteur agricole et ensuite avec d’autres
activités.
b) Agriculture- secteur de financement
Elle est appelée à jouer ce rôle chaque fois que l’option de financement interne du
développement repose sur une épargne nationale. A cause d’abord de son importance sur
la population active, sa contribution au produit national brut et sa part dans les
exportations et du fait de l’inexistence du secteur industriel ou de son état embryonnaire
dans les premières phases du développement et du caractère refuge du secteur tertiaire,
l’agriculture est amenée à mettre son épargne à la disposition d’autres secteurs à moindre
expansion. Elle déclenche ainsi, normalement, la croissance économique.
c) Agriculture- secteur d’ajustement
Elle permet de répondre aux nombreuses sollicitations lui adressées et ce, en rapport avec
les besoins du processus de développement, lorsque l’agriculture est étrangère aux deux
premiers rôles. L’agriculture y intervient pour rétablir et maintenir certains équilibres,
soit au niveau alimentaire, soit au niveau des finances publiques et soit au niveau des
relations avec l’extérieur.
Suite chapitre troisième….
Une économie en expansion engendre, en effet, une demande accrue des produits
d’origine agricole, un besoin intense des ressources nécessaires au financement des
infrastructures nécessaires sociales et économiques et l’achat important des biens
d’équipement en provenance de l’étranger. L’agriculture peut, dans une certaine mesure,
contribuer à répondre à ces exigences du développement économique.
1.1. Production des cultures alimentaires
Examinons trois catégories de cultures alimentaires à savoir :
➢ Les cultures destinées à la fabrication de la boisson ;
➢ Les cultures des plantes à huile et
➢ Les cultures des plantes à sucre.
1.1.1. Cultures destinées à la fabrication de boisson
Ce type de cultures se caractérise par un nombre important et varié de produits végétaux
donnant naissance à la boisson recherchée par l’homme. Seules quelques cultures
spéciales connaissent des productions de boisson très consommées dans le monde et ont
ainsi donné lieu à des échanges commerciaux importants. Il s’agit notamment de la vigne,
de l’arbre à thé et du caféier.
1.1.2. Cultures des plantes à huile
Il existe un très grand nombre de plantes qui fournissent l’huile comestible et les huiles de
lavage. Il convient de signaler aussi que ces plantes varient d’un climat à l’autre.
Les oléagineux : arachide, tournesol, soja, colza, coton, sésame, coprah, palmistes et
autres.
Suite chapitre troisième….
1.1.3. Cultures des plantes à sucre
La production mondiale du sucre (saccharose) est obtenue à partir de la betterave et de la
canne à sucre. La betterave est produite dans les régions tempérées, surtout dans les pays
développés, et la canne à sucre est cultivée dans des zones chaudes et principalement dans
le pays en développement.
1.2. Production d’élevage et de pêche
La géographie de l’élevage est plus vaste que celle des cultures car le marché des produits
animaux repose sur des élevages géographiques très dispersés dans les pays à haute
technicité agricole de l’Europe, de l’Amérique du Nord et des pays mis en exploitation par
la colonisation et l’émigration européenne du XIXème siècle dans l’hémisphère Sud.
1.2.1. Situation de l’élevage dans le monde
1. Formes d’élevage de gros bétail
Trois formes :
• Elevage archaïque à très faible valeur économique ;
• Elevage régionalement spécialisé des pays à économie industrielle et
• Elevage spéculatif, pratiqué à titre exclusif ou en liaison avec les spéculations
culturales variées.
2. Evaluation du cheptel
L’évaluation du cheptel pose des difficultés dues à la carence de statistiques observées
dans les pays où les productions ne sont pas commercialisées.
Suite chapitre troisième….
1.2.2. Produits de la pêche
Les grandes zones de consommation de poissons : Europe du Nord-Ouest, Asie oriental, le
Nord-est du pacifique, les côtes occidentales de l’Amérique. Il y a aussi la pêche pratiquée
en Afrique du Sud et aux côtes occidentales de l’Afrique.
1.3. Les sols congolais et leur vocation agricole
La République Démocratique du Congo comprend beaucoup de types de sols qu’on peut
ramener à trois catégories essentielles : les ferralsols, les ferrisols et les areno-ferrals.
1.3.1. Les ferralsols
Sont des sols argilo-sableux couvrant une bonne partie du territoire, et ce type de sols
qu’on peut être ramené à trois catégories essentielles : les ferralsols, les ferrisols et les
areno-ferrals. Ils se caractérisent par une teneur importante en argile (50 à 65 %) et une
valeur agricole moyenne et même faible. Ces sols supportent facilement les cultures
suivantes : le palmier à l’huile, l’hévéa, le caféier, le coton, le riz, le manioc, le maïs et
l’arachide.
1.3.2. Les ferrisols
Ils sont généralement couverts de forêt. Ils sont localisés dans le Nord de l’Equateur, la
province Orientale, le Bas-Congo et le Kivu. Ils présentent de bonnes conditions pour un
grand nombre de cultures.
1.3.3. Les areno-ferrals
Ils sont constitués du sable en grande proportion et se rencontrent au centre-ouest
du pays et dans le Katanga, et sont couverts d’une grande forêt claire dans certaines
régions et des steppes herbeuses dans d’autres.
Suite chapitre troisième….
Globalement, les sols congolais ne sont pas de bonne valeur agricole car non seulement, ils
comprennent du sable en abondance, mais ils se trouvent, en outre, associés aux sols dont
la valeur agricole est généralement reconnue faible.
1.4. La problématique du secteur agricole congolais
1.4.1. Les surfaces agricoles et le régime foncier
Les données statistiques existantes montrent que la RDC est dotée des terres abondantes.
Selon le droit congolais, toutes les terres appartiennent à l’Etat, mais en réalité le régime
foncier est coutumier.
1.4.2. Le poids du secteur agricole congolais dans l’économie congolaise
Cette importance se mesure par la population totale utilisée par l’agriculture, la valeur
ajoutée, la fiscalité et les exportations. Actuellement, il est hasardeux de donner des
chiffres fiables, mais une baisse sensible est perceptible dans notre agriculture.
Il est à noter que l’agriculture congolaise a deux secteurs d’exploitation :
❑ Le secteur moderne est né et s’est développé pendant la colonisation et connait une
forte régression depuis l’accession du pays à l’indépendance (1960) : Zaïrianisation
(1973), radicalisation, rétrocession, etc.
❑ Le secteur traditionnel : il est caractérisé par des techniques ancestrales de production,
la non utilisation des intrants agricoles et la pratique des exploitations très réduites.
Suite chapitre troisième….
1.5. Problèmes et contraintes du secteur agricole congolais
3.1.5.1. Problèmes au niveau de la production
Il s’agit des entraves qui touchent aux divers facteurs de production.
1) Main-d’œuvre agricole
• Vieillissement, exode rural et difficultés d’introduire des techniques nouvelles de
production.
2) Intrants agricoles
• Pénurie d’engrais et de produits phytosanitaires et médiocrité des variétés en culture et
dégénérescence de semences.
3) Matériel agricole
• Vétusté des équipements et pénurie des pièces de rechange.
4) Capital foncier
• L’occupation d’un terrain est souvent compliquée par des propriétaires fonciers.
5) Industries liées à l’agriculture
• L’inexistence avérée des industries de l’agriculture en amont et en aval.
1.5.2. Problèmes au niveau de la recherche agricole
La recherche agricole dépend essentiellement de l’INERA et dans une faible mesure, de
certaines sociétés agro-industrielles et de quelques organismes confessionnels.
Malheureusement, l’INERA est paralysé par une série de problèmes et ne joue plus son
rôle dans la recherche agricole.
Suite chapitre troisième….
1. Déclin de l’infrastructure de recherche ;
2. Modicité des allocations budgétaires ;
3. Manque de coordination entre les programmes de recherche ;
4. Inadaptation des thèmes de recherche aux besoins réels du secteur agricole
1.5.3. Problèmes au niveau de l’encadrement, de la vulgarisation et de la
formation
1) Absence d’une politique concrète d’encadrement agricole définie par le Ministère de
l’Agriculture ;
2) Insuffisance de l’effectif et de la formation des encadreurs
3) Insuffisance de moyens logistiques
4) Manque de collaboration entre vulgarisateurs, leurs chefs et autorités politico-
administratives
5) Absence de motivation de l’encadreur
6) Rapports difficiles entre encadreurs et encadrés.
1.5.4. Problèmes au niveau de la commercialisation
1) Insuffisance de l’infrastructure et de moyens de transports ;
2) Absence de dispositions de stockage et de conservation ;
3) Inorganisation des circuits de commercialisation
Suite chapitre troisième….
1.5.5. Problèmes au niveau de financement
1) Faiblesse et saupoudrage des investissements publics ;
2) Conditions sévères imposées à l’accès aux crédits agricoles par les Organismes privés et
paraétatiques ;
3) Orientation déséquilibrée des crédits ;
4) Manque de condition entre différents organismes de financement agricole.
1.5.6. Problèmes au niveau de la politique agricole
1. Manque d’une définition précise du rôle de l’agriculture dans les divers programmes
2. Inadéquation entre les moyens et les objectifs
3. Mauvaise conception des projets
4. Absence d’une armature statistique.
1.6. Cultures congolaises et zones de production agricole, animale et de
poissons
La RDC est dotée de possibilités immenses dans le domaine agricole, animal et de
poissons susceptibles d’en faire un grand grenier pour l’Afrique. Il n’existe pas, en effet,
dans ce pays un quelconque recoin où il manque une ressource agricole. L’espace agricole
congolais parait ainsi plus équilibré que celui du secteur minier caractérisé par un grand
déséquilibré dans la répartition des ressources. Cet atout n’est malheureusement pas
encore exploité par la RDC.
Suite chapitre troisième….
Examinons à présent quatre différentes ressources agricoles à savoir :
1. La production non vivrière
2. La production vivrière
3. La production animale
4. La production de pêche
3.1.6.1. La production non vivrière
Elle comprend la quasi-totalité des productions généralement qualifiées « d’agro-
industrielles » ou « modernes », dont une très grande partie est destinée à l’exportation et
l’autre au marché local.
Les plantes entrant dans cette catégorie peuvent se ramener à cinq groupes : les
oléagineux, les stimulants, les plantes à caoutchouc, les fibres textiles et l’exploitation
forestière.
a) Les oléagineux
Ce sont, d’une façon générale, les plantes capables, après traitement, de fournir des
matières grasses c'est-à-dire de donner lieu à l’huile végétale.
On distingue plusieurs catégories de corps gras à savoir : huiles végétales alimentaires,
huiles de palmiers, huiles industrielles, graisses animales et huiles marines.
Néanmoins, disons un mot sur le palmier qui est la plante oléagineuse la plus importante
en RDC.
Suite chapitre troisième….
Palmier Elaeis
Originaire d’Afrique occidentale et centrale, il se trouve un peu partout en RDC. Les
exploitations industrielles se sont concentrées dans quatre provinces : Equateur,
Bandundu, Province orientale et Bas Congo.
b) Les stimulants
On classe généralement dans cette catégorie, trois types de produits à savoir : le café, le
cacao et le thé.
❑ Le café : est produit surtout dans trois provinces (orientale, Equateur et Kivu). Il est
aussi pratiqué dans de faibles proportions au Bandundu, au Bas Congo et dans les deux
Kasaï.
❑ Le cacao : la RDC n’est pas une grande productrice du cacao. Elle peut le produire
suffisamment dans la province de l’Equateur, la province orientale, une partie
du Bandundu et du Bas Congo.
❑ Le thé : il est réalisé dans les zones élevées de l’Est c'est-à-dire dans les régions situées
à l’Ouest et au Nord du lac Kivu.
c) Plante à caoutchouc
L’hévéa est originaire de la forêt du bassin amazonien. Il est une plante de la zone des
forêts équatoriales et se localise essentiellement dans la région de l’Equateur.
Les principales plantations se trouvaient à :
✓ Equateur (65 %) (Boende, libenge, ikela,…) ;
Suite chapitre troisième….
✓ Bas Congo (Mayombe) ;
✓ Bandundu (Mai-Ndombe) ;
✓ Orientale (Banalia, Basoko, Opala).
d) Fibres textiles : coton, fibre douce et fibre dure
Le coton est produit à l’Equateur, dans la province orientale, dans les deux Kasaï, au
Nord-Katanga et dans la partie chaude du Kivu.
Les fibres douces sont des cellulosiques titrées à partir de la rocelle. La rocelle peut être
cultivée sous tous les climats chauds.
Les fibres dures : ce sont des fibres végétales.
e) Exploitation forestière (bois)
Considéré dans l’ensemble des principaux produits d’exploitation, le bois en RDC apparait
encore comme un produit de moindre importance. Ceci traduit l’absence d’une véritable
industrie forestière et non la pauvreté de la RDC en ce produit.
Les principales zones d’exploitation sont : Kongo-Central (Mayombe) ; Kwilu (Mai-
Ndombe) ; Equateur.
En effet, 47% des réserves forestières africaines se trouvent logées en RDC.
f) Le tabac
En RDC, la culture du tabac est fort répandue. Dans toutes les agglomérations rurales, à
proximité des maisons, il en existe quelques plantes. Il est cultivé dans tous les pays
tempérés ou tropicaux, même dans les pays froids. Les principales zones
d’industrialisation en RDC sont : Kaniama (Katanga) et Equateur.
Suite chapitre troisième….
1.7. Production Vivrière
Par produits vivriers, on entend généralement ceux destinés essentiellement à
l’alimentation de base. Il s’agira pour la RDC du manioc, du riz, du maïs, des bananes
plantains, de l’arachide, etc.
La production vivrière en République Démocratique du Congo est réalisée essentiellement
par le secteur traditionnel et se trouve, de ce fait, butée à certaines difficultés dont les plus
importantes sont :
➢ La demande solvable a dépassé depuis plusieurs années la production commercialisée
du pays et le contraint à recourir aux importations ;
➢ Une grande partie de la production est autoconsommée, ce qui se traduit par un faible
taux de commercialisation ;
➢ Des techniques de production sont rudimentaires, ce qui donne une faible production
agricole.
Or, cette production est destinée essentiellement à l’alimentation de base de la
population. Son insuffisance et sa mauvaise qualité ont pour conséquence la sous –
alimentation (consommation insuffisante sur le plan quantitatif) et la malnutrition
(consommation insuffisante sur le plan qualitatif) qui débouchent sur plusieurs maladies.
Quelques notions élémentaires de nutrition
Pour mieux vivre, un homme doit consommer des aliments contenant des principes
nutritifs équilibrés lesquels doivent contenir des éléments ci- après :
1. Calories : toute action alimentaire se ramène à l’apport de l’énergie dans le corps.
Cette énergie se traduit en autant de calories dont l’organisme a besoin.
Suite chapitre troisième….
2. Protide (protéine) : a pour rôle de fournir des acides aminés naturels libres. Viandes,
lait et dérivés, poissons et certains légumes secs (soja, haricot).
3. Glucide : produit le glucose, le sucre et l’amidon et libère de l’énergie.
4. Lipide : donne la graisse dont le rôle est énergétique mais en petit volume, beurre,
fromage, huiles végétales diverses,…
5. Vitamine : est une substance organique, sans valeur énergétique, mais indispensable à
l’organisme qui peut en faire la synthèse.
6. Sels minéraux : éléments Ca, P, Fe, Na, Sn, Mg, Oligo – éléments Si, Zn, Mn, I, Bo.
Chacun d’eux a un rôle spécifique.
On peut à cela ajouter l’eau qui a pour rôle d’assurer l’abreuvage des cellules et
l’élimination des déchets.
Autres productions vivrières en RDC.
1. Les féculents : cette catégorie comprend le manioc, la patate douce, les ignames, les
bananes plantains. Le manioc : il se cultive partout en République Démocratique du
Congo avec prédominance dans les provinces du Kivu, du Bandundu, de l’Equateur,
du Katanga et dans les deux Kasaï.
2. Les céréales : il y a le riz, le maïs, le sorgho, le mil,… les céréales les plus importantes
en République Démocratique du Congo sont le riz et le maïs. Ils sont cultivés un peu
partout en République Démocratique du Congo. Le riz est cultivé avec prédominance
dans les provinces du Kivu, du Kongo-Central, dans la province Orientale et à
l’Equateur. Le maïs est la céréale la plus cultivée en République Démocratique du
Congo, surtout en savane au Katanga, dans les deux Kasaï, dans le Bandundu et au
Nord de l’Equateur.
Suite chapitre troisième….
3. Les légumineuses : elles comprennent le haricot, le pois sec, le voandzou, le sésame,
etc. Le haricot constitue l’espèce la plus importante.
4. Les légumes : on classe généralement dans cette catégorie les pommes de terre, les
oignons secs, les courges, les tomates et autres légumes.
5. Les fruits : ils sont fort nombreux et comprennent les bananes plantains, la banane
douce, l’ananas, la papaye, la mangue, le safou, l’avocat, la mangouste, etc.
6. La canne à sucre : la production actuelle du sucre est nettement inférieure dû aux
besoins du pays. Aussi, la République Démocratique du Congo se trouve-t-elle
contrainte de recourir aux importations pour combler le déficit. Néanmoins, ce déficit
peut être comblé grâce à la réhabilitation de certaines sucreries et la réalisation de
certains projets sucriers.
1.8. Production animale
La République Démocratique du Congo, de par sa superficie, son climat et sa végétation,
présente d’énormes potentialités d’élevage et de pêche, potentialités qui à l’heure actuelle
peu et mal exploitées.
Des superficies de pâturage actuellement disponibles sont de l’ordre de 65.500.000 ha
dont 1.336.500 ha seulement sont exploités.
Deux sortes d’élevage sont actuellement pratiquées en République Démocratique du
Congo à savoir :
▪ L’élevage moderne pour les bovins en complexes agro industriels et de grandes fermes
pour les porcins et la volaille ;
▪ L’élevage traditionnel.
Suite chapitre troisième….
1.8.1. Espèces d’élevages
a) Cheptel bovin
L’élevage bovin est caractérisé par une faible prolificité, entrainant une lenteur prononcée
dans l’accroissement de l’espèce. La faiblesse du taux de natalité est due d’abord à
l’importance de la stérilité dans les troupeaux à l’âge de réforme et ensuite aux taux élevés
d’avortement résultant de certaines maladies. A ces raisons, nous pouvons associer la
pauvreté du pâturage et surtout l’inaptitude à la conduite des exploitations agricoles.
b) Les élevages extensifs modernes
Ces unités détiennent 40 % du cheptel congolais et sont réparties dans les régions
suivantes :
✓ Kongo-Centrale, Kwilu, Kwango, Equateur, les deux Kasaï et Katanga. Les grosses
unités sont contraintes de plafonner leurs cheptels pour plusieurs raisons,
notamment :
• difficulté d’approvisionnement en matériel d’élevage et intrants vétérinaires de
première nécessité,
• carence en infrastructures d’abattage de stockage et de transport approprié ;
• désorganisation du circuit commercial.
c) Cheptel porcin
On peut estimer à 90 % l’effectif du cheptel porcin constitué des porcs indigènes ne bénéficiant
d’aucun soin et se nourrissant eux-mêmes. La mortalité est aussi très élevée.
Suite chapitre troisième….
L’élevage intensif représente 10 % du cheptel et est implanté à proximité de grands
centres urbains pour la facilité d’approvisionnement en aliments du bétail et des produits
vétérinaires d’une part et l’écoulement rapide des produits d’élevage, d’autre part.
d) Elevage ovin et caprin
La quasi-totalité de ce cheptel est aux mains des villageois et pratiqué essentiellement
pour l’autoconsommation.
e) Volaille
Elle est élevée en milieu traditionnel à 90 %. Elle est très peu commercialisée et est
produite pour l’autoconsommation.
1.8.2. Production de la viande en République Démocratique du Congo
La production de la viande dépend d’un certain nombre de facteurs d’exploitation,
notamment : les effectifs à pieds, leur poids moyen, le rendement à l’abattage et le taux
d’exploitation qui est fonction de la taille des effectifs et leur rythme de croissance.
A partir de l’année 1970, on a constaté une baisse sensible de l’offre et une reprise à partir
de l’année 1980 due à l’augmentation de la production intérieure.
Cet accroissement de la production intérieure était dû à l’action des projets
d’encadrement des éleveurs de l’Ituri et du Nord Kivu qui détenaient plus au moins 50 %
du cheptel congolais, à l’implantation des infrastructures d’abattage et de stockage de
viande et à l’organisation de l’évacuation de ces produits par voie aérienne vers les centres
de consommation. Depuis 1990 jusqu’à ce jour, la situation-trouble que vit notre pays a
désorganisé le système de production de viande en RDC.
Suite chapitre troisième….
Contraintes
Contraintes endogènes
Elles sont essentiellement techniques et relèvent soit de l’élevage, soit de la production de
viande et touchent essentiellement les élevages traditionnels.
Contraintes exogènes
Elles touchent aussi bien les exploitations traditionnelles que des exploitations intensives.
Par exemple :
▪ difficultés d’approvisionnement en matériels d’élevage et intrants vétérinaires de
première nécessité ;
▪ carence en infrastructures d’abattage, de stockage, de conservation et de transport
approprié ;
▪ désorganisation du circuit commercial ;
▪ Insuffisance en infrastructures routières pour l’évacuation de la production vers les
centres de consommation ;
▪ inaptitude de la main d’œuvre engagée dans les exploitations traditionnelles ;
▪ mentalité des paysans considérant la possession d’un cheptel comme un bien de
prestige social du propriétaire et non comme une richesse économique.
Recommandations
▪ la réorganisation du service vétérinaire par l’encadrement technique et vétérinaire ;
Suite chapitre troisième….
▪ la réhabilitation des stations zootechniques pour l’amélioration de la race et
l’aménagement des pâturages par l’introduction des plantes d’une valeur alimentaire
appréciable en vue d’augmenter la productivité du cheptel congolais ;
▪ la création dans les zones pastorales d’infrastructures d’abattage, de stockage et de
conservation des produits animaux et l’acquisition des moyens de transport
appropriés ;
▪ l’incitation à la production par les crédits en matériels d’élevage et en encadrement
profond des pasteurs pilotes ;
▪ les mesures institutionnelles facilitant l’acquisition par les grandes exploitations du
matériel permettant la modernisation de leurs techniques et méthodes d’exploitation.
1.9. La production des produits de la pèche
La République Démocratique du Congo renferme d’abondantes ressources en poisson. De
nombreux lacs et cours d’eaux, d’après certains rapports, offrent des possibilités
intéressantes pour la production des poissons. En effet, les lacs Moero, Mobutu, Idi Amin,
Tanganyika, Tumba, Mai-Ndombe, Upemba,…. Constituent des réserves poissonnières
importantes.
Les possibilités de développement de la pêche en République Démocratique du Congo
dans la zone atlantique, les lacs cités ci-haut et les fleuves, couvrent 80 % des ressources
du pays. Actuellement, la République Démocratique du Congo recourt aux importations
pour combler son déficit en poissons.
Suite chapitre troisième….

En République Démocratique du Congo, il y a deux types de pêche qui sont pratiqués :


❑ la pêche artisanale : utilise la pirogue, des filets, des hameçons et des pêcheurs
artisanaux/professionnels.
❑ la pêche industrielle : fait appel à des équipements modernes et dispose de
techniques de capture des poissons plus puissantes.
Section II : LE SECTEUR INDUSTRIEL CONGOLAIS
Cette section fournit une vue d’ensemble sur le secteur industriel de la RDC. La 1ère
section est consacrée aux généralités (notions et autres concepts utilisés) et, tandis que la
2ème section sera axée sur à la situation et aux problèmes de croissance dans le secteur
industriel.
2.1. Généralités
2.1.1. Problèmes de concept et de nomenclature
2.1.1.1. Le terme « industrie »
Le terme industrie, selon le dictionnaire « petit Robert », vient du latin « industria » qui
veut dire « activité ». Il désigne l’habileté à exécuter quelque chose. Il est aussi synonyme
d’ingéniosité, intelligence, invention, savoir-faire. Mais, cette expression a connu une
évolution certaine depuis lors. Elle désigne les opérations contribuant à la production et à
la circulation de richesses notamment, les mines, les usines, les transports et les
communications.
Suite chapitre troisième….
Depuis le XXème siècle, elle désigne les activités en rapport avec l’exploitation des richesses
minérales, des sources d’énergie, de transformation des matières premières, bref des activités,
essentiellement productives, c’est-à-dire, une entreprise, une exploitation. Une fabrique, une
manufacture ou une usine.
Actuellement, d’après le « lexique de géographie humaine et économique de Dalloz »,
l’industrie signifie : « ensemble des activités qui, par la mise en œuvre collective des moyens
de production (terre, capital, travail, intelligence, …) permettent de transformer, par une série
d’opérations successives effectuées à l’aide de machines de plus en plus automatisées, de la
matière issus de la sphère géo biologique (ressources de l’air, du sol et du sous-sol, des eaux)
en produits fabriqués destinés à la satisfaction des besoins de l’homme ».
3.2.1.2. Types d’industries
Selon l’importance accordée à l’un ou l’autre critère, on peut distinguer plusieurs types
d’industries :
Industries agricoles et alimentaires : ensemble des activités de transformation des produits
agricoles, animaux et végétaux en aliments propres à la consommation de l’homme ou du
bétail.
Industrie en amont : proche de l’industrie de base. Elle désigne, d’une façon générale, les
activités industrielles procédant aux premiers traitements des matières brutes dont les produits
seront à la base des chaines techniques d’élaboration de la production finale. Ce sont les
industries qui précèdent une activité industrielle donnée dans le déroulement du processus de
fabrication.
Suite chapitre troisième….
Industries en aval : par rapport à une activité industrielle donnée, désignent les industrielles
qui la suivent dans le déroulement du processus de fabrication.
Industries de base : sont celles situées en amont des chaines techniques longues, c’est-à-dire au
départ de la succession d’opérations, plus ou moins nombreuses et complexes qui vont
permettre la transformation des matières brutes en produits directement consommables. Par
exemple : Sidérurgie, pétrochimie.
Industries des biens de consommation ou des biens d’usage : ce sont les activités industrielles
fabriquant des produits destinés à la consommation individuelle, qu’il s’agisse de biens de
consommation durable, semi-durable ou non durable.
Industries des biens intermédiaires : ce sont les activités industrielles qui fabriquent des
produits pouvant être destinés soit à l’élaboration des biens de production, soit à l’élaboration
des biens de consommation.
Industries légères : celles qui utilisent des matières premières et fabriquent des produits de
forte valeur à l’unité de masse. Leur production est souvent exprimée en unités ou en valeur.
(Par exemple : industrie électronique).
Industries lourdes : celles qui utilisent les matières premières pondéreuses et fabriquent des
produits pondéreux, c’est-à-dire, de faible valeur relative à l’unité de masse. Leur pondération
est souvent exprimée en tonnage. (Par exemple : Sidérurgie)
Industrie motrice : une industrie est dite motrice lorsqu’elle possède un important pouvoir
d’induction ou pouvoir d’entrainement, c’est-à-dire lorsqu’elle provoque dans son
environnement immédiat la création et le développement d’industries qui lui sont directement
liées.
Suite chapitre troisième….
On parle d’effets de polarisation lorsque l’industrie motrice nécessite la croissance
d’industries utilisant comme matière première les produits de sa fabrication, c’est-à-dire
l’industrialisation située à l’aval de son activité.
En revanche, lorsque l’industrie motrice suscite la croissance d’industries dont les produits sont
nécessaires à son environnement, c’est-à-dire d’industries situées en amont de son activité, on
parle d’effets de multiplication.
3.2.2. Causes de difficultés actuelles de l’industrie congolaise
Ces causes sont appréhendées à deux niveaux : macroéconomique et sectoriel
(microéconomique).
Les causes macroéconomiques sont liées aux conditions générales de l’environnement socio-
économique, tandis que les causes sectorielles sont relatives aux aspects de gestion interne et
aux modes d’organisation industrielle en application au sein du secteur industriel congolais.
3.2.2.1. Aspects macroéconomiques
Parmi ces causes, il y a lieu d’épingler la faiblesse du cadre institutionnel, l’absence de
cohérence dans l’organisation industrielle et les carences dans les autres secteurs économiques.
Ces causes semblent avoir déterminé le ralentissement de la production et favorisé
l’effondrement de l’emploi industriel dans notre pays, à partir des années 70.
Faiblesse du cadre institutionnel
Grosso modo, il y a lieu de retenir ici que le gouvernement de la RDC n’a jamais conçu ni suivi
une politique industrielle bien définie, de manière officielle.
Suite chapitre troisième….
Cela est d’autant plus vrai qu’il n’a élaboré à ce jour aucune vision et n’a mis en place aucun
moyen nécessaire pour réaliser ladite vision. Cependant, il sied de relever que l’effondrement
institutionnel survenu dans les années 60 après l’indépendance, avait laissé un vide que les
autorités de la 2ème République remplirent rapidement par des structures fort centralisées.
Dans le cas précis de l’industrialisation, toutes les responsabilités avaient été confiées au
cabinet du président de la République (Inga I, Inga II, Ligne HTCC Inga- SHABA, PORT eaux
profondes de Banana, Prolongement de la voie ferrée Ilebo-Kinshasa) réduisant, par ce fait
même, les services ministériels à de simples rôles administratifs.
Tous ces différents projets ont conduit le pays au bord du gouffre de l’endettement. Il est aussi
vrai qu’au début des années 80, le régime avait encore tenté de relancer l’idée de réaliser une
zone franche « ZOFI » dans la province du Kongo-Central, afin de rentabiliser les barrages
réalisés et d’utiliser à bon escient l’énergie électrique produite à Inga. Cette ZOFI ne reçut pas le
soutien des banquiers « échaudés par l’ampleur de l’endettement congolais et qui refusèrent de
couvrir financièrement le risque ».
Le premier plan quinquennal 1986-1990 de développement socio-économique n’a pas réussi à
réhabiliter les infrastructures de base et partant, l’industrie.
Bref, toutes les actions ont été effectuées dans un cadre disparate, caractérisé par la faiblesse du
cadre institutionnel et les limites d’une approche du développement industriel par projet.
L’absence de cohérence du secteur industriel
Ici également, les différentes initiatives privées étrangères et locales ont échoué du fait de
l’absence d’une politique dynamique d’industrialisation.
Suite chapitre troisième….
Ainsi, les initiatives se trouvent-elles être concentrées dans deux régions :
❑ la bande Moanda – Matadi – Kinshasa – Kikwit et
❑ la province du Katanga (Lubumbashi – Likasi – Kolwezi).
Tout cela a conduit à un tissu industriel sans grande cohésion, particulièrement extraverti et
n’ayant que de faibles relations intersectorielles.
Cette absence d’intégration provient des deux faits majeurs que voici :
❑ le fait que le processus de production industriel est très court ;
❑ le processus de production court, nécessite peu d’inputs en dehors d’éléments préfabriqués
et relativement élaborés. Par exemple : pour l’industrie pharmaceutique, le processus de
production se réduit à la simple dilution et au conditionnement des principes actifs.
Les carences dans les autres secteurs
Notons ici que les difficultés du secteur agricole, les mauvaises liaisons des communications
(routes), l’inadaptation des services financiers et autres défaillances du système de transport
expliquent notamment l’insuffisance du système d’incitation à la base de contraintes majeures
dans lesquelles évoluent les entreprises industrielles.
3.2.2.2. Aspects sectoriels
Les difficultés à ce niveau peuvent être regroupées en deux temps, d’une part, les difficultés
liées à la gestion interne des entreprises ; d’autre part, les modes d’organisation industrielle.
Suite chapitre troisième….
Les difficultés dans la gestion interne.
On peut citer :
❑ une très faible productivité de la main d’œuvre (Par exemple : dans l’ensemble, la valeur
ajoutée par employé du secteur industriel en RDC est estimée à 1.843$ par an, contre
27.943$ pour la Côte d’Ivoire) ;
❑ le surcroit de certains investissements et le surdimensionnement des capacités de
production. Ceci concerne la majorité des entreprises dont le fonctionnement est tributaire
des importations ;
❑ la vétusté des équipements, le non renouvellement du capital investi et le retard
technologique ;
❑ l’endettement excessif (cas ONATRA, SNEL,…) ;
❑ l’insuffisance de la qualité des produits par rapport à la concurrence ;
❑ le manque de dynamisme des entreprises qui cherchent à s’abriter derrière des protections
excessives (textiles, pneus, batteries,…) ;
❑ le manque de dynamisme de la plupart des entreprises publique qui, tout en bénéficiant de
monopoles, ne tirent pas profit des secteurs potentiellement rentables.
Les principaux modes d’organisation industrielle
Les entreprises congolaises peuvent être regroupées en deux principales catégories selon leur
mode d’organisation industrielle :
❑ les entreprises recourant à l’intégration verticale ;
❑ les entreprises qui ont des procès de production relativement courts (les « entreprises
tournevis »).
Suite chapitre troisième….
1° Les entreprises recourant à l’intégration verticale
Ici se posent des problèmes de taille.
En effet, jusqu’à la fin des années 70 et même durant les années 80, la plupart des grandes
firmes industrielles de la RDC dont la création remonte à l’époque coloniale, ont généralement
conservé leur ancien schéma d’organisation du travail.
L’intégration verticale consiste en ce que les entreprises décident non seulement de tout
faire de l’amont en aval, mais en outre de développer en leur sein toute une série d’autres
activités connexes, allant du transport du personnel, de la maintenance du charroi
automobile, de la gestion immobilière, des services médicaux aux activités sociales et
scolaires. Parfois, certaines de ces entreprises se voyaient confier des tâches qui devaient
revenir à la collectivité, tel l’entretien des routes de desserte agricole ou la gestion d’un hôpital
général.
Avantage :
1. Une économie des coûts de transactions ;
2. Une domination dans la branche ;
3. Une certaine préoccupation en faveur du personnel.
Désavantage :
1. Une lourdeur administrative ;
2. Une pléthore des effectifs occupés ;
3. Une moindre productivité.
Suite chapitre troisième….
2° Les entreprises « tournevis » ayant des procès de production très courts
Ces firmes ont deux caractéristiques :
❑ leurs processus de fabrication comportent très peu de stades d’élaboration c’est-à-dire
importation – Montages – distribution – demande finale. Ceci signifie que la valeur que ces
entreprises apportent aux matières premières ou aux éléments semi-finis généralement
importés, se révèle dérisoire. Et, en conséquence, leur contribution à la production
intérieure brute reste fort négligeable (Par exemple : Midema, Cobra,…) ;
❑ elles utilisent des technologies avancées et des équipements intensifs en capital et une main-
d’œuvre réduite. Leur contribution en matière d’emplois a été insignifiante par rapport aux
sommes investies.
3.2.3. Formes d’organisation industrielle plus ouvertes
Deux idées dominantes seront reprises ici afin de réduire cette forte intégration des firmes
industrielles : promouvoir davantage de transactions sur le marché et accroitre ainsi les
relations intersectorielles.
3.2.3.1. La quasi-intégration verticale ou la sous-traitance de spécialité
Il est préférable, pour les firmes recourant aux opérations verticales coûteuses et qui estiment
ne pouvoir diversifier à l’infini les métiers et compétences en leur sein sans perte de qualité et
d’efficacité, de traiter pour certains produits avec des fournisseurs plus spécialisés.
D’où, une filialisation (une restructuration interne de l’entreprise en créant une structure
juridique indépendante pour accueillir une division, un département naissant, autrefois intégré
au sein de la structure juridique de la maison-mère) ou une orientation vers la forme
multidimensionnelle « M » semble être une voie indiquée.
La firme principale assure la prise des décisions stratégiques tandis que les anciennes divisions,
devenues de quasi-firmes indépendantes et spécialisées dans la sous-traitance, se comportent
en centres de profit.
3.2.3.2. La quasi-intégration horizontale ou la contractualisation
Il s’agit d’une négociation impliquant les firmes dont les inputs jusqu’ici importés peuvent être
localement fournis, avec des fournisseurs locaux, tels que des coopératives de production, des
communautés de base, des groupements des paysans, ou des PME-PMI.
De même, pour limiter au maximum les risques d’incertitude liés au marché, les firmes
(donneurs d’ordre) peuvent porter leur attention à la qualité des prestations fournies par leurs
sous-traitance, par des aides à l’amélioration des procédures de fabrication, par des échanges
du savoir-faire ou par la formation des fournisseurs.
FIN DU CHAPITRE TROISIEME
CHAPITRE IV :
POPULATIONS, RESSOURCES ET
ENVIRONNEMENT
Suite chapitre quatrième….
Les sciences économiques: « sciences de l’administration des ressources rares,
étudient la forme que prend le comportement humain dans l’aménagement de ces
ressources qui sont dans la nature; elles analysent et expliquent les modalités selon
lesquelles un individu ou une société affecte des moyens limités à la satisfaction de
besoins nombreux et illimités » (R. Barre, 1972). C’est dans cette optique que nous avons
jugé utile insérer ce chapitre.
Il n’est pas question dans ce chapitre d’analyser ou de quantifier les populations ou les
ressources du monde ou de la RDC, mais plutôt les interrelations entre ces concepts qui
influencent le monde géographique. Ce chapitre porte sur deux sections à savoir :
population et ressources d’une part et population et environnement d’autre part.
Section I : POPULATIONS ET RESSOURCES
La croissance indéfinie ou qui a longtemps paru indéfinie de la population dans un monde
fini, aux ressources nécessairement limitées, a posé depuis plusieurs siècles le problème
de leurs rapports. Si de nombreux philosophes et économistes se sont penchés sur ce
problème, le nom de Thomas Malthus lui est particulièrement associé; dans son célèbre
Essai sur le principe de la population, qui date de 1798, il soutient que « la population
croît plus vite que les ressources, la première progressant de façon géométrique et les
secondes de façon arithmétique; sauf guerres, épidémies ou restriction volontaire de la
natalité, cette situation de déséquilibre tendanciel conduit l’humanité à la famine ».
Malthus a eu de nombreux détracteurs, surtout parmi les socialistes de toutes tendances
et il en a encore; il a eu aussi de nombreux défenseurs, surtout parmi les partisans du
libéralisme économique et il en a encore. Entre les uns et les autres, l’opposition reste vive
même si les arguments ont quelque peu changé avec le temps.
Suite chapitre quatrième….
L’évolution récente a paru donner raison aux seconds: la crise de l’énergie et la raréfaction
de certaines matières premières, l’explosion démographique du Tiers Monde, la
paupérisation croissante de certains pays démunis, la réapparition des famines dans
plusieurs territoires africains et asiatiques, autant d’éléments qui vont dans le sens des
thèses malthusiennes; enfin, le fait que plusieurs pays, dont les dirigeants se réclament du
marxisme, se soient engagés par souci de réalisme sur la voie de la limitation des
naissances prête à réflexion.
1.1. La population et le « système » mondial
La question des rapports existant entre population et ressources a été reprise récemment
par des scientifiques dotés de puissants moyens dans le cadre des travaux suscités par le
Club de Rome.
L’objectif poursuivi est ambitieux, sinon même prétentieux, mais pas dénué de sens: il
vise à définir tous les facteurs qui influent sur la vie de l’humanité afin de déceler ses
lignes d’évolution possibles dans le futur. Parmi ces facteurs figurent en particulier
l’effectif de la population, la croissance démographique, la nourriture, les matières
premières, l’énergie, la pollution et les innovations techniques, tous sont liés entre eux en
gigantesque système d’une complexité extrême, les changements qui affectent l’un des
facteurs touchent tous les autres en raison de leur imbrication, de leurs interrelations ;
seul un ordinateur de grande capacité peut maîtriser les variations concomitantes de ces
divers éléments de façon à étudier la dynamique globale des changements.
Suite chapitre quatrième….
Dans un premier rapport dû à D. Meadows (1972), les phénomènes ont été considérés
pour l’ensemble de la planète. Les conclusions en sont très pessimistes, la croissance
démographique et la consommation accélérée des ressources terrestres
conduisent l’humanité a une catastrophe dans le courant du XXIe siècle ; la
date de cette catastrophe varie selon les scenarios envisages mais celle-ci est inévitable si
on ne réussit pas à stopper à temps la croissance démographique et économique, et en cas
d’échec, le déséquilibre population/ressources va se traduire par une brutale diminution
de la population ou une altération irréversible du milieu.
Ce rapport, en dépit de son allure scientifique, s’inscrit nettement dans le courant de
pensée néo-malthusien. Il a été sévèrement critiqué, car il ne tient pas compte de certains
facteurs, et les liens qu’il établit entre ceux qui ont été retenus peuvent être discutés. Une
équipe anglaise sous la direction de Ch. Freeman a d’ailleurs obtenu des résultats très
différents en modifiant certaines de l’interrelation du modèle une seconde étude a été
effectuée dans le même but par M. Mesarovic et E. Pestel (1974), mais sa façon de
présenter le système mondial est infiniment plus complexe et ses conclusions sont plus
nuancées, le monde n’est pas envisagé globalement mais en dix sous-systèmes
correspondant à dix ensembles territoriaux plus ou moins homogènes. Pour être moins
angoissantes que celles du premier rapport, les conclusions n’en sont pas moins
pessimistes ce qui risque de se produire, ce n’est pas l’effondrement général du système
mondial mais des catastrophes dans certaines parties du monde, notamment dans le sud
de l’Asie, peut-être avant le milieu du XXIème siècle.
Suite chapitre quatrième….
Ce second rapport est également critiquable et il a été largement critiqué pour les mêmes
raisons que le premier: il ne tient pas compte de certains facteurs ou mécanismes de
régulation et notamment de la capacité de réaction des sociétés humaines. Ce deuxième
rapport montre, en tous cas, que la gravité du problème population/ressources
diffère d’une contrée à l’autre du monde, tout géographe économiste ne
peut que souscrire à ce point de vue.
1.2. Le problème des matières premières
Cette approche globale ne donnant pas satisfaction, pour le moment du moins,
réexaminons le problème de façon plus analytique pour y chercher quelques éléments de
réponse.
Par exemple, quelles sont les perspectives pour les matières premières? Force est de
reconnaître que la vitesse à laquelle elles sont consommées dans le monde
s’élève de façon inquiétante du fait de l’augmentation de la population et
surtout du fait de la croissance très rapide des consommations par tête dans
les pays riches. L’extraction de certaines matières première n’a-t-elle pas
été multipliée par 50, 100 ou 200 depuis un siècle? La consommation
d’énergie n’a-t-elle pas été multipliée par 1 000 dans le même temps?
A titre d’exemple, les Etats-Unis, avec 5,6 % de la population mondiale en 1970,
n’utilisent-ils pas, à eux seuls, 44 % du charbon extrait dans le monde, 33 % du pétrole, 63
% du gaz naturel, 28 % du fer, 33 % de cuivre et 42 % de l’aluminium?
Suite chapitre quatrième….
Dans la mesure où les matières premières ne sont pas renouvelables, on ne peut éviter de
se poser le problème de leur épuisement. La réponse n’est pas simple car il est difficile
d’évaluer correctement les réserves et de prévoir l’augmentation des consommations. Des
bilans qui ont été faits par diverses équipes (notamment The déterminants and
conséquences 1°73-B Berry, E. Conkhng et M. Ray (1976), on peut tirer les indications
suivantes :
❑ pour le charbon, les réserves sont importantes dans de nombreux pays, en revanche
pour le pétrole et le gaz naturel, en revanche, elles sont très réduites. Certes, la menace
d’épuisement suscite d’intenses campagnes de prospection, mais la durée de
l’extraction ne sera plus très longue désormais, toutefois, il sera possible, lorsque les
prix seront suffisamment élevés, d’utiliser les réserves contenues dans les sables et
schistes bitumineux.
❑ pour l’électricité d’origine hydraulique, il reste de nombreux sites à équiper le long des
cours d’eau des pays tropicaux, mais pas assez pour faire face aux besoins prévus pour
la fin du siècle; les centrales solaires, géothermiques et marémotrices ne fourniront
sans doute qu’un appoint, la seule véritable source de remplacement est l’électricité
nucléaire, surtout lorsqu’on pourra maîtriser l’énergie de fusion mais son utilisation
suscite de nombreuses inquiétudes. Quelles que soient les solutions envisagées, il faut
s’attendre à des difficultés sérieuses et a des hausses de prix importantes, sans doute à
partir de 1985. L’époque de l’énergie bon marche est d’ores et déjà révolue,
une politique rigoureuse d’économies doit, dès à présent, être pratiquée.
Suite chapitre quatrième….
❑ pour les minerais métalliques, la situation est variable. Pour le fer, les réserves sont
importantes mais les gisements les plus riches ou les plus faciles à exploiter seront
bientôt épuisés. En ce qui concerne, les métaux non-ferreux, les réserves sont
abondantes pour l’aluminium, le magnésium, le manganèse, le chrome et le titane;
elles sont faibles pour le cuivre, le plomb, le zinc, le nickel, l’étain, le molybdène et le
tungstène. De toute façon, pour l’ensemble des minerais métalliques, la période de
facilite est également terminée, des augmentations de prix importantes sont déjà
intervenues et continueront à suppléer pour ceux dont les réserves diminuent dès à
présent. On peut prévoir de sévères pénuries avant la fin du siècle pour l’étain et le
tungstène.
❑ pour les minéraux utilises dans la fabrication des engrais ou des produits chimiques en
revanche, il n’y a guère de problèmes : l’azote, le phosphate, la potasse et le soufre
existent en abondance dans la nature.
L’épuisement de certaines ressources non renouvelables semble inévitable à terme, mais
des parades peuvent néanmoins être envisagées: la raréfaction d’un produit entraîne la
hausse de son prix, donc une diminution de sa consommation, la recherche de nouvelles
réserves ou l’utilisation de produits de substitution. Par ailleurs, l’inventaire des
ressources terrestres est encore très incomplet dans certaines parties de la planète et des
réserves importantes existent dans le sol et le sous-sol des océans. Enfin le recyclage des
produits relativement rare a déjà commencé, pour le cuivre et le plomb par exemple, et il
est certain qu’il se développera dans l’avenir.
Suite chapitre quatrième….
De toute façon, toutes les solutions envisagées risquent d’être coûteuses. Les hausses de
prix vont à coup sûr contribuer à ralentir la croissance économique et à établir un autre
type de gestion des ressources terrestres.
1.3. Le problème des ressources alimentaires
Le problème des ressources alimentaires suscite souvent plus d’inquiétude que celui des
matières premières. La situation est déjà alarmante aujourd’hui. Qu’en sera-t-il à la fin du
XXIe siècle avec plus de 7 milliards de bouches à nourrir? Va-t-on vers la famine comme le
prévoit le premier rapport du Club de Rome (1973) ou comme le proclame l’agronome R.
Dumont (1966, 1975)?
1.4. La situation actuelle
Pour juger de la situation actuelle, il faut d’abord connaître les besoins alimentaires de
diverses populations mais ceux-ci peuvent être évalués fort différemment selon qu’on
envisage les stricts besoins de l’organisme ou des régimes qui sont physiologiquement et
psychologiquement satisfaisants; en outre, les besoins varient sensiblement pour les
populations selon le climat, la taille, la proportion de jeunes et de personnes âgées, la
proportion de travailleurs manuels et intellectuels... Le problème est donc complexe. En
retenant qu’une alimentation satisfaisante demande l’absorption de 2700-2800 calories
par jour et 40 g de protéines animales, on le simplifie considérablement mais il est
difficile de faire autrement pour une approche.
Suite chapitre quatrième….
J. Klatzmann (1975), se permet de distinguer les groupes suivants parmi les pays du
monde :
1. Dans un premier groupe, rassemblant 14 % de l’humanité, les populations sont bien
nourries, voire trop nourries; ce groupe comprend l’Amérique du nord, la France,
l’Océanie puis le reste de l’Europe occidentale et septentrionale ainsi que les pays du
Rio de la Plata ; dans les premiers, la suralimentation est assez fréquente.
2. Dans un deuxième groupe représentant 10 % de la population mondiale, comprenant
l’U.R.S.S. et les pays d’Europe orientale et méridionale, la situation est considérée
comme correcte: les quantités sont suffisantes sans êtres excessives.
3. Dans un troisième groupe qui englobe le Japon et l’Afrique du sud et rassemble 4 % de
l’humanité, le bilan alimentaire est déjà moins bon mais il est encore acceptable.
4. Dans un quatrième groupe qui réunit 17 % des hommes dont le Brésil, le Mexique, la
Turquie, 1’Egypte et Taïwan, des insuffisances apparaissent, surtout en ce qui
concerne les protéines.
5. Le dernier groupe enfin est celui des mal nourris; des déficiences plus ou moins
accentuées en calories (moins de 2 500, parfois moins de 2 200) et en protéines
(moins de 20 g) peuvent y être constatées; c’est aussi, hélas, le groupe qui est
numériquement le plus important puisqu’il comprend 55 % de la population mondiale
; néanmoins, la place de la Chine reste incertaine (douteuse).
Suite chapitre quatrième….
La situation y est peut-être moins mauvaise que celle indiquée, néanmoins, les difficultés
les plus grandes sont localisées en Afrique tropicale et en Asie méridionale.
Au total, les inégalités qui caractérisent le monde actuel se manifestent très clairement
dans le domaine de l’alimentation. Les pays développés où vivent 28 % de la population
mondiale consomment environ 60 % de la valeur des biens alimentaires du monde tandis
que les pays sous-développés, où vivent 72 % de la population, ne disposent que de 40 %
de la valeur des biens alimentaires. Le groupe le plus favorisé (Amérique du nord, France,
Océanie) consomme à lui seul 34 % de ces biens tout en rassemblant 14 % de l’humanité;
le plus favorisé (Asie du sud et du sud-est, Afrique tropicale) en consomme seulement 13
% tout en ayant 30 % de l’humanité.
1.5. Les perspectives
Il ne faut pas s’attendre à ce que la situation alimentaire s’améliore sérieusement dans
une échéance étroite ou dans une période compact. Certes, la production mondiale
augmente, en moyenne, un tout petit peu plus vite que la population mais pas assez pour
qu’un progrès substantiel apparaisse, d’après les données publiées par la F.A.O., la
production alimentaire par habitant dans le monde a augmenté annuellement de 1,4 %
dans les années 50 et 0,8 % dans les années 60; en fait la situation ne cesse de s’améliorer
dans les pays développés où le bilan alimentaire est déjà favorable (respectivement 1,9 et
1,5 % pour ces deux décennies) tandis qu’elle change avec lenteur dans les pays du Tiers
Monde (respectivement 1,2 et 0,5%) ; les premiers disposent de surplus alimentaires
croissants qui renforcent encore leur position dominante sur les secondes.
Suite chapitre quatrième….
Les résultats pour le début des années 70 ne montrent aucun renversement de tendance.
Du reste, des difficultés très grandes apparaissent certaines années dans les pays de
l’Afrique sahélienne et du subcontinent indien ; et il n’est pas vraiment nécessaire de
disposer de modèles élaborés pour prévenir des crises alimentaires graves qui risquent de
s’y produire avant la fin du siècle.
Les perspectives font l’objet de débats ardents entre spécialistes pour l’an 2000 ou pour
l’époque où la population mondiale sera stabilisée, peut-être vers le milieu ou la fin du
XXIème siècle. Les évaluations diffèrent évidemment selon les auteurs. Quelques points
peuvent néanmoins être considérés comme sûrs :
1. Les ressources alimentaires seront toujours fournies, en presque totalité, par
l’agriculture : même si la proportion actuelle (plus de 99 %) diminue, elle continuera
de rester très forte. Les océans ont certes des réserves de nourriture qui ne sont pas
négligeables, surtout pour les protéines, mais elles sont beaucoup moins importantes
qu’on l’imagine souvent et, de toute façon, elles sont très menacées par la pollution des
mers et par la surexploitation de certaines espèces. L’aquaculture pourrait être une
solution dans l’avenir mais, en admettant qu’elle devienne vraiment praticable, elle ne
pourra être beaucoup étendue. La production de protéines à partir de cultures
d’organismes cellulaires n’est guère envisageable pour l’alimentation humaine. Il faut
donc continuer de compter essentiellement sur l’agriculture pour nourrir l’humanité
future.
Suite chapitre quatrième….
1. Les surfaces cultivées pourront sans doute être augmentées de façon appréciable mais
relativement peu et seulement à un prix élevé car toutes les bonnes terres sont déjà
cultivées. Rappelons que l’extension des terres cultivées, a souvent donné lieu à de
mauvaises surprises.
2. La seule véritable possibilité d’augmenter sérieusement la production de nourriture
réside dans l’amélioration génétique des espèces cultivées ou élevées et surtout dans
l’intensification de l’agriculture; l’application des techniques les plus intensives
permettra seule d’augmenter fortement la production de biens alimentaires dans les
pays sous-développés mais elle suppose des investissements importants, un gros
effort de formation de la main-d’œuvre et sûrement des réformes sociales.
Un des meilleurs spécialistes en la matière et l’un des plus réalistes, J. Klatzmann (1975)
estime que, sans faire entrer en ligne de compte les problèmes humains ou sociaux, la
production agricole pourrait atteindre un jour 5 fois son niveau actuel. Si cette évaluation
est correcte, la t erre pourrait donc nourrir convenablement les 9 ou 10 milliards d’êtres
que comptera peut-être l’humanité dans un siècle, lorsque la période de transition
démographique sera complètement terminée.
Le problème essentiel dans l’avenir résiderait donc moins dans la croissance
démographique que dans celui d’un meilleur partage des biens alimentaires produits ou
d’un rééquilibrage des capacités de production entre pays riches et pauvres. Car si les
possibilités d’augmentation des quantités de nourriture sont globalement importantes, il
n’en est pas moins vrai que les perspectives alimentaires sont plutôt sombres dans les
prochaines décennies pour certaines parties du Tiers Monde et, en particulier, pour les
territoires surpeuplés du continent asiatique.
Suite chapitre quatrième….
Section II. POPULATIONS ET ENVIRONNEMENT
Il faut examiner pour finir les relations qui existent entre les populations et
l’environnement. D’abord parce que l’accroissement démographique a parfois
été considéré comme un facteur essentiel des dommages causés au
patrimoine naturel: c’est en particulier la thèse soutenue avec vigueur par
le biologiste américain P. Ehrlich dans des publications qui ont été
largement diffusées (1972 a et b). Ensuite et surtout parce que les atteintes
faites à l’environnement constituent désormais une réelle menace pour la
survie de l’humanité si des mesures de protection ne sont pas prises
rapidement.
On laissera de côté l’examen des relations entre la population et le milieu dans les sociétés
traditionnelles pour mettre l’accent sur les problèmes posés par ces relations dans les
sociétés industrielles, parce que ce sont les problèmes les plus brûlants aujourd’hui et
surtout parce qu’ils ont pris désormais une dimension mondiale.
2.1. La dégradation de l’environnement dans les sociétés industrielles
Depuis son apparition sur terre, l’homme a modifié de façon croissante l’environnement
naturel dans lequel il s’est trouvé. Pendant plusieurs millions d’années, son intervention a
été insignifiante. C’est seulement à partir du Néolithique que des changements plus
profonds ont été apporté aux écosystèmes par l’agriculture, le pacage, les brûlis ou encore
les déchets produits par des populations plus groupées; les atteintes portées à
l’environnement ont cependant été relativement limitées jusqu’à la fin du XVIIIème siècle,
car les moyens techniques étaient peu puissants.
Suite chapitre quatrième….
Il en va tout autrement depuis l’avènement de la civilisation industrielle car les
technologies sont devenues plus efficaces, plus agressives pour le milieu naturel et plus
polluantes; depuis la Deuxième Guerre mondiale en particulier, l’environnement s’est
incontestablement altéré dans les pays industriels en raison des énormes quantités de
déchets non dégradables qui ont été émis et qui continuent d’être émis. Plus que la
détérioration de la couverture végétale et des sols, c’est l’existence d’importantes
pollutions qui constitue aujourd’hui un danger pour les populations; au cours des années
60 et surtout 70, on a d’ailleurs vu se multiplier les accidents à caractère écologique; en
même temps, la pollution est devenue un thème sensibilisant l’opinion dans les pays
industriels, au point d’infléchir partout la réflexion et l’action politiques.
Cette dégradation de l’environnement a touché à de nombreux domaines :
1. La pollution atmosphérique s’est partout aggravée, particulièrement dans les grandes
villes. Ces matières solides, en suspension dans l’air, ne sont d’ailleurs pas les plus
graves. Ce sont les polluants chimiques qui sont les plus inquiétants. Ces polluants,
émis par les foyers domestiques, les usines et les véhicules, sont extrêmement variés.
Certains sont des dérivés du soufre qui est contenu dans les divers combustibles
utilisés: c’est notamment le cas du dioxyde de soufre qui est émis en quantités
considérables et qui peut être à l’origine de pluies acides ou de brouillards acides, avec
parfois des traces d’acide sulfurique. Certains autres sont des dérivés du carbone,
formés lorsque les mêmes combustibles sont brûlés ou incomplètement brûlés,
notamment le dioxyde de carbone, le dangereux monoxyde de carbone ou encore les
hydrocarbures eux-mêmes.
Suite chapitre quatrième….
Certains autres encore sont des dérivés de l’azote comme l’ammoniac, l’acide nitrique
et les oxydes d’azote. Certains enfin sont des polluants minéraux: c’est notamment le
cas du plomb à cause du tetraéthyle de plomb qui est ajouté à l’essence.
Cette pollution atmosphérique concerne en premier lieu les grandes agglomérations
urbaines et les vieilles régions industrielles.
2. La pollution des eaux douces s’est, elle aussi, aggravée et de façon particulièrement
rapide: naguère, l’élimination des déchets par les processus naturels se faisait tant
bien que mal car les quantités émises étaient faibles; ce n’est plus le cas aujourd’hui
parce que des masses importantes de produits non dégradables sont déversées dans
les rivières.
Les polluants, ici aussi, sont nombreux. Ce sont d’abord les produits chimiques utilisés
aujourd’hui par tous les foyers domestiques ; les lessives et les détergents dans le cas de
fortes concentrations de population finissent par représenter des quantités
impressionnantes; on ne s’en préoccupe plus guère depuis qu’ils sont
«biodégradables», alors qu’ils sont devenus plus polluants en raison du phosphore
qu’ils contiennent. Ce sont aussi les produits chimiques rejetés par les usines, fort
nombreux et souvent très toxiques, en particulier les produits des usines chimiques et
sidérurgiques, des papeteries et des raffineries de pétrole. Ce sont enfin les engrais,
herbicides, insecticides et fungicides utilisés massivement par l’agriculture et qui, pour
une part, gagnent peu à peu les cours d’eau.
Suite chapitre quatrième….
Le mal a gagné la plupart des rivières, même petites, dans tous les pays développés,
mais il est particulièrement grave dans le cas des grands cours d’eau traversant les
régions industrielles et urbaines. Presque partout, on constate l’élévation de la teneur
des eaux en azote et en phosphore, la diminution de la teneur en oxygène dissous et
l’accroissement important du nombre de bactéries et de virus.
3. La pollution des eaux océaniques s’est accrue elle aussi de façon inquiétante depuis
une vingtaine d’années. L’opinion a été sensibilisée à ce problème, plus qu’aux autres
peut-être, à cause des graves épanchements de pétrole qui se sont produits à diverses
reprises au cours des dernières années comme ce fut notamment le cas en mars 1978
sur le littoral de la Bretagne à la suite de l’échouement d’un très gros tanker, l’Amoco
Cadiz: plus de 150 kilomètres de côtes ont été polluées et de nombreuses activités ont
été compromises. Ces «marées noires » sont pourtant loin d’être les seules sources de
pollution : le dégazage des pétroliers en haute mer ou les fuites qui se produisent lors
des forages sous-marins constituent des risques plus grands; d’ailleurs, la quantité
d’hydrocarbures rejetée chaque année à la mer atteint maintenant 5 millions de tonnes
selon les estimations les plus sûres ! En outre, les produits chimiques transportés par
les eaux continentales se retrouvent évidemment dans les eaux marines: à lui seul, le
Rhône apporte plus de 400 000 tonnes de déchets industriels par an dans la
Méditerranée dont plusieurs produits très toxiques. Il faut ajouter enfin les rejets des
agglomérations côtières, des industries littorales ou des bateaux de toutes tailles.
Suite chapitre quatrième….
Cette pollution modifie peu à peu les caractères du milieu marin en raison de la
diffusion des produits toxiques et parfois de leur ré-concentration dans les animaux
marins. Certains processus naturels de régulation ne fonctionnent plus.
4. La pollution radioactive constitue un autre risque, encore qu’il soit difficile d’en faire
une évaluation précise. Les explosions d’engins atomiques dans l’atmosphère sont
pratiquement terminées aujourd’hui en raison des dangers que représentent les
retombées d’éléments radioactifs sur des surfaces importantes, mais la multiplication
des centrales nucléaires, jugée nécessaire pour faire face aux besoins en énergie, n’est
peut-être pas dépourvue de risques. Le problème le plus délicat ne réside d’ailleurs pas
dans les installations elles-mêmes mais dans celui du stockage des déchets qu’elles
produisent. Dans l’avenir, on envisage de se débarrasser des déchets sous terre, dans
des mines abandonnées, après enrobage dans du bitume, de la résine ou du verre selon
la durée d’activité des matériaux. Ce problème des déchets nécessite à coup sûr une
grande vigilance.
5.Un autre aspect doit enfin être considéré: c’est la pollution chimique de l’alimentation.
Dans les sociétés industrielles et tertiaires, l’alimentation devient de moins en moins
naturelle; de nombreux produits d’origine agricole conservent des traces des
traitements chimiques qu’ils ont subis pour augmenter leur rendement ou améliorer
leur conservation après cueillette; quantité de produits, transformés par l’industrie
alimentaire, comportent des conservateurs, des colorants, des antioxydants ou des
agents de sapidité qui ne sont pas toujours naturels et dont l’utilité n’apparaît pas
toujours clairement; l’étiquetage plus précis des produits alimentaires a fait connaître
ces multiples additifs, du moins sous la forme de leurs notations symboliques, aux
consommateurs de certains pays.
Suite chapitre quatrième….
Ces produits ont bien sûr été contrôlés par les laboratoires officiels mais comme
certains d’entre eux, réputés inoffensifs, se sont révélés dangereux par la suite, il est
permis d’être réservé: l’azobenzopyrène n’a-t-il pas été utilisé pendant de
nombreuses années pour colorer le beurre avant d’être reconnu cancérigène?
A la consommation proprement alimentaire, il faut ajouter aussi l’absorption d’une
impressionnante quantité de médicaments, dont une partie hors de tout contrôle
médical. On ne saurait enfin oublier le tabac depuis que les dangers auxquels il expose
les utilisateurs ont été clairement démontrés par de nombreuses enquêtes médicales.
2.2. Les effets de la dégradation sur les populations
Les pollutions constatées dans l’environnement naturel ne sont évidemment pas restées
sans conséquence sur les populations ou ne sont pas sans menace pour l’avenir.
Le problème ne saurait être seulement considéré dans le présent car les effets d’une
quelconque pollution ne se font sentir qu’avec un retard plus ou moins long pouvant se
chiffrer en années ou en dizaines d’années. Le plus souvent, les substances toxiques
commencent par se diluer dans l’atmosphère ou dans l’eau, mais elles ont ensuite
tendance à se reconcentrer en certains points. Prenons un exemple: le D.D.T. s’est
répandu sur toute la planète, très largement au-delà des régions où on l’a utilisé; on le
trouve aujourd’hui partout, dans l’atmosphère, sur le sol, dans l’eau, de l’équateur aux
zones polaires; cette diffusion très étendue s’est accompagnée en même temps d’une
concentration progressive le long des chaînes alimentaires: le produit, qui est
pratiquement insoluble dans l’eau, passe des végétaux aux herbivores, puis à certains
Suite chapitre quatrième….
carnivores et de ceux-ci à d’autres carnivores jusqu’à atteindre parfois des niveaux
dangereux pour certains animaux comme les oiseaux carnassiers, les humains sont
également contaminés et on retrouve du D.D.T., en plus ou moins grande quantité, dans
les tissus gras de toutes les populations du monde. Il a fallu attendre environ un quart de
siècle pour se rendre compte du danger. Cet insecticide a certes rendu de très grands
services mais on peut se demander ce qui se serait passé, pour une partie de la faune
terrestre et pour l’humanité elle-même, si sa toxicité avait été plus grande.
Il faut toutefois distinguer les dégradations locales de dégradations générales :
Les dégradations générales concernent la planète entière ou, du moins, des espaces
très étendus. Ce sont évidemment les plus difficiles à évaluer. C’est le cas de la pollution
de l’atmosphère terrestre qui a donné lieu à des appréciations diverses et même à des
controverses. Ainsi, certains chercheurs se sont inquiétés de l’énorme consommation
d’oxygène des foyers et moteurs existant dans le monde et plus particulièrement dans les
pays industriels; des chiffres fantaisistes ou destinés à émouvoir l’opinion ont parfois été
avancés; toutefois, la consommation d’oxygène, en dépit de son énormité et de son
augmentation ne constitue pas une menace sérieuse. Il semble en être de même pour le
dioxyde de carbone; certains spécialistes, dans les années 50, ont considéré que
l’accroissement de sa teneur constituait une grave menace écologique, moins en raison de
sa toxicité pour l’homme que par suite de son influence sur le climat de la planète; des
quantités croissantes de dioxyde de carbone pourraient en effet provoquer un
réchauffement général de l’atmosphère et entraîner une fusion partielle ou totale des
glaces polaires, donc une hausse du niveau des mers avec toutes les conséquences
prévisibles sur les zones littorales de la planète ; or les mesures précises qui ont été faites
Suite chapitre quatrième….
ont montré que l’augmentation de la teneur en CO2 était nettement moins forte que celle
indiquée par les premières évaluations ; par ailleurs, on n’a pas constaté d’augmentation
de la température : après la hausse observée du milieu du XIXe siècle jusque 1940
environ, il y a eu une baisse due soit à l’accroissement de la turbidité atmosphérique soit à
une phase de refroidissement de la Terre. Certes, le cycle du carbone a été altéré, de même
que celui de l’azote, du soufre ou du phosphore, mais sans qu’on puisse évaluer de façon
précise leurs effets sur les populations humaines en l’état actuel des connaissances. On ne
sait pas non plus quel peut être l’effet de certains rejets comme le dioxyde de soufre dont
100 millions de tonnes sont répandues chaque année dans l’atmosphère.
Les dégradations locales sont évidemment plus manifestes. C’est le cas, tout
particulièrement de la dégradation de l’atmosphère dans les grandes agglomérations. Il
existe une relation certaine entre la pollution élevée qu’on y constate et certains cancers
pulmonaires; divers produits dont la présence dans l’air est liée à la circulation
automobile sont considérés comme cancérigènes : c’est en particulier le cas des
hydrocarbures polycycliques ou du plomb tétraéthyle présents dans les gaz
d’échappement, de la poudre de caoutchouc due à l’usure des pneumatiques, de la poudre
d’asphalte provoquée par la dégradation des chaussées ou encore de la poudre d’amiante
due à l’usure des garnitures de freins; il en est de même de la fumée de tabac. Les effets de
ces divers produits sur la mortalité ou simplement sur la morbidité sont toutefois difficiles
à mesurer de façon précise, exception faite du cas des fumeurs qui peuvent être aisément
comparés aux non-fumeurs.
Suite chapitre quatrième….
2.3. La préservation de l’environnement
Les dégradations qui viennent d’être évoquées ne sont pas irrémédiables; elles ne sont pas
l’inévitable contrepartie du progrès. De nombreuses mesures de protection ont d’ailleurs
été adoptées, au cours de dernières années, dans les pays industriels.
Il a fallu pour cela qu’une large prise de conscience intervienne dans les années 60. Les
responsables des dégradations sont apparus peu à peu. Ils sont en réalité fort nombreux
depuis le simple habitant des pays riches jusqu’aux grandes sociétés industrielles,
nationales ou multinationales, dont les fautes ont souvent paru lourdes dans les
catastrophes écologiques qui se sont produites au cours de vingt dernières années. D’une
façon générale, les dégradations sont beaucoup plus liées au type de société qui s’est
développé dans les pays les plus industrialisés depuis la Deuxième Guerre mondiale qu’à
la croissance démographique; l’accroissement de la pollution est dû essentiellement à la
recherche du profit et au souci du rendement qui ont sous-tendu le développement
économique dans les pays les plus avancés, aussi bien capitalistes que socialistes. Le
problème démographique est certes préoccupant mais il l’est beaucoup moins, en ce qui
concerne l’environnement, que l’orientation prise par les sociétés les plus riches, qui sont
à la fois les plus consommatrices et les plus gaspilleuses.
Ainsi, les machines existant dans le monde et dont les 4/5e sont concentrés dans les pays
développés rejettent 17 fois plus de dioxyde de carbone que les quatre milliards
d’hommes.
La thèse de P. Ehrlich apparaît donc comme un nouvel avatar de malthusianisme. La
Terre est apte à supporter plusieurs milliards d’hommes supplémentaires mais à de
nombreuses conditions, et notamment à condition que des mesures soient prises pour
assurer un développement plus soucieux des hommes et de l’environnement dans lequel
ils vivent.
II reste beaucoup à faire pour atteindre cet objectif mais certaines dispositions ont déjà
été adoptées, particulièrement aux Etats-Unis, au Japon, en R.F.A., aux Pays-Bas, en
Suède, en Angleterre, en Suisse et en France. Aux Etats-Unis par exemple, diverses
mesures ont été prises pour purifier l’air et l’eau, éliminer les déchets, réduire le bruit et
réglementer l’utilisation des pesticides ou des additifs alimentaires. En France, il en a été
à peu près de même; d’ici à 1990, les rejets de composés soufrés dans l’atmosphère
doivent être diminués de 40 % et les déversements de polluants dans les rivières réduits
de 4 fois. Les mesures prises ne sont pas exagérément coûteuses: le Japon consacre 2,5 %
de son p.n.b. à la dépollution, les Etats-Unis presque autant, la R.F.A. 1,8 %., la France et
l’Angleterre 1 %. En termes d’investissement, la charge est évidemment plus lourde mais
elle ne dépasse pas 10 % dans le cas des deux pays qui font le plus grand effort dans ce
domaine. Les mesures de protection de l’environnement contribueront à réduire la
croissance économique mais cette réduction est, de toute façon, inévitable; quant à ces
mesures, elles sont indispensables pour préserver le sort de l’humanité ; il est même
souhaitable qu’elles soient renforcées et étendues à toute la planète.
FIN DU CHAPITRE QUATRIEME
CHAPITRE V :
INTEGRATION TERRITORIALE,
INTEGRATION ECONOMIQUE REGIONALE
ET EFFETS DE LA MONDIALISATION
Introduction du chapitre
La mondialisation est géographique, c'est-à-dire qu’elle s’inscrit dans des territoires. Elle
forme des territoires, elle modifie, elle arrange. Dès lors, il se dégage des conséquences
sur l’espace, sur l’organisation humaine, sur la façon dont le territoire est aménagé. Il
s’agit d’une approche territoriale, donc géographique, du monde et de ses composantes.
La mondialisation repose en effet sur une mise en relation des différents lieux du monde
par des flux de toute nature qui se trouvent échangés entre les pôles. Par définition, la
mondialisation est le processus de mise en relation et en interdépendance de la quasi-
totalité des pays du monde dans une sorte de vaste marché unique, de système-monde
grâce à l’extension et à l’intensification des échanges économiques et culturels à l’échelle
de la planète.
Le problème de l’intégration territoriale et régionale est aujourd’hui, dans toutes les
parties du monde, un problème de brûlante actualité. Tous les efforts tentés pour assurer
l’intégration spatiale d’un pays ou pour regrouper ou fusionner l’ensemble des territoires
nationaux, quelle que soit, par ailleurs la forme de cette intégration, de ces regroupements
ou de ces fusions, rentrent dans le cadre de ce qu’on est convenu d’appeler politique
d’intégration territoriale ou régionale.
Pourquoi a-t-on été conduit à qualifier une telle politique aux aspects si divers, de
politique d’intégration territoriale ou comme d’intégration régionale?
Pour une première raison, d’abord, à savoir la nécessité de distinguer l’intégration
territoriale par rapport à d’autres types d’intégrations avec lesquels on pourrait la
confondre.
Suite introductive …
C’est que le terme d’intégration est employé par les spécialistes dans des sens très
différents.
Dans les sciences économiques, le sens le plus courant du terme intégration
est d’ordre technique. C’était le seul qui figurait dans tous les manuels d’économie
politique presque jusqu’à la veille de la seconde guerre mondiale. Intégration, en ce
sens, désigne cette concentration industrielle verticale qui réalise ou tend à
réaliser la fusion de plusieurs entreprises situées à des stades différents du
processus de production. Cette intégration technique n’est d’ailleurs pas sans liens
avec l’intégration spatiale et territoriale qui nous intéresse.
L’intégration technique, du fait qu’elle réalise le groupement ou la fusion dans une
entreprise unique, de toutes les opérations ayant pour objet la transformation d’une
même matière, par là même, elle intensifie, en organisant la complexité des activités sur
un espace donné c’est-à-dire qu’elle stimule ou accroît l’intégration territoriale. Il en est
de même lorsque cette fusion ou coopération technique se fait à distance, elle réalise cette
intégration territoriale dans un espace plus vaste.
Pour une deuxième raison, ensuite à savoir la clarification de l’adjectif territorial.
Qualifier de territorial le phénomène d’intégration pour éviter les confusions que peut
engendrer l’utilisation d’un même terme pour désigner des choses différentes, est certes,
légitime ; encore faut-il que l’adjectif utilisé corresponde aussi exactement que possible
avec l’objet que l’on qualifie. L’adjectif territorial répond précisément au but visé.
Fin de l’introduction
Il s’agit, en effet, de spécifier un phénomène qui, dans un espace délimité
géographiquement, est total, en ce sens qu’il concerne tous les éléments de la vie
économique, sociale, technique, politique etc. Bref, il englobe tout ce qui prend comme
support le territoire. Le terme territorial évoque, en outre, davantage l’idée d’un
aménagement «total» de toutes les formes d’activités qui sont situées et qui se déploient
sur le territoire considéré. Entre l’intégration technique et l’intégration territoriale, il y a
des liens d’une inéluctable nécessité.
Suite chapitre cinquième…
Section I : LES DEUX OPTIQUES DE L’INTEGRATION TERRITORIALE
Dans le domaine de l’intégration territoriale, on relève deux optiques diamétralement
opposées à savoir l’optique classique, libérale et l’optique structurale, interventionniste,
volontariste.
1.1. L’optique classique (libérale) de l’intégration territoriale
Envisagée sous cette première optique, l’intégration n’est pas autre chose que
l’aménagement spontané des économies en présence tel qu’il résulte de la loi du marché.
Elle se définit tout à la fois par son but qui vise la constitution d’un vaste marché, par
ses conditions ayant pour objet la mise en contact d’économies étroitement spécialisées
et complémentaires, par son mécanisme basé essentiellement sur le libre jeu des lois
du marché, et enfin, par sa nature qui est essentiellement statique.
Le but de l’intégration dans l’optique classique:
Dans l’optique classique, l’intégration spatiale, territoriale d’un pays ou d’un ensemble de
pays vise la constitution d’un vaste marché qui permet de pousser la division du travail
aussi loin que possible, grâce à la spécialisation. L’effet attendu de cette intégration est
une meilleure répartition des activités conduisant ainsi, grâce à l’utilisation rationnelle
des ressources, à l’optimum économique, toute déperdition de forces se trouvant, par-là
même, éliminée.
Suite chapitre cinquième…
Les conditions
En ce qui concerne les conditions, celles-ci impliquent que les économies à intégrer
doivent être complémentaires; la réalisation de l’intégration ne faisant en somme que
consacrer et renforcer ce caractère de complémentarité. En effet, pour les classiques,
l’intégration des économies concurrentes n’est bénéfique que si ces économies
apparaissent comme potentiellement complémentaires e’ est-â-dire susceptibles, dès leur
mise en contact, de s’engager dans la voie de la spécialisation et ainsi de faire surgir entre
elles une véritable division internationale du travail.
Le mécanisme
Le mécanisme de l’intégration spatiale, territoriale, dans l’optique classique, c’est le libre
jeu des lois du marché c’est-à-dire chaque facteur de production s’orientera
spontanément, grâce à la main invisible, vers le lieu où lui sont offertes les meilleures
conditions et où il obtiendra le maximum de rendement. La politique d’intégration ici
vise exclusivement à supprimer tous les obstacles aux échanges entre les divers marchés
à intégrer afin de permettre l’emploi optimum de tous les facteurs rendus ainsi
parfaitement mobiles.
La nature
Le concept classique d’intégration est essentiellement statique. Il correspond à une
situation d’équilibre. L’intégration réalisée, dans cette optique, est donc moins un
processus qu’un état, qu’une situation caractérisée par un ensemble de rapports sociaux
stables.
Suite chapitre cinquième…
On peut dire en somme que, dans cette optique, l’intégration se définit par opposition à la
désintégration qui se produit quand des forces extérieures entrent en jeu et provoquent
des perturbations dans cet état d’équilibre.
Pour les classiques, l’intégration correspond ainsi à un retour pur et simple à l’idéal libre
échangiste du XIXème siècle.
Pour ces économistes de tendance libérale pure, l’intégration spatiale, territoriale d’un
pays ou de plusieurs pays est réalisée, lorsque par suite du libre jeu des lois du marché,
les prix des biens et des services identiques tendent partout à devenir les mêmes et
lorsque chaque partie de la nation ou chacune des économies du pays concernés, sous
l’action du libre-échange, s’est spécialisée conformément à la loi de la division
internationale du travail et à celle des coûts comparatifs, c’est donc essentiellement en
termes de libre-échange que se définit pour ces économistes, l’intégration. L’intégration
et la libéralisation des échanges sont des termes différents pour exprimer un seul et
même phénomène à savoir la constitution d’un vaste marché.
L’optique structurale et volontariste de l’intégration.
Se placer dans l’optique structurale et volontariste donc interventionniste de l’intégration,
c’est se référer à un critère dynamique de l’intégration nationale ou territoriale. Celle-ci
concerne alors l’intégration de l’économie nationale ou des économies nationales au
plein sens du mot et non seulement le commerce, les échanges mais aussi la production.
Elle tend à réaliser, l’unification de l’espace national ou la gestion des espaces nationaux
des économies similaires et concurrentes pour former un vaste ensemble économique
complexe et équilibré.
Suite chapitre cinquième…
Est-on en droit, objectent un certain nombre d’économistes qui se placent dans cette
perspective plus franchement dynamique et volontariste de parler de l’intégration
résultant d’un processus libéral de spécialisation territoriale alors qu’aucune
interpénétration, aucune intégration véritable des économies ne se produit si ce n’est
qu’une simple juxtaposition d’économies à structures complémentaires ?
“Juxtaposer, écrit Maurice Byé, ce n’est pas intégrer” De par son but, ses conditions,
son mécanisme et sa nature, l’optique structurale constitue le processus qui conduit à
la véritable intégration.
A. Le but de l’intégration dans l’optique structurale, interventionniste
Cette intégration vise à réaliser non seulement l’intégration des marchés, mais bien
l’intégration des économies aboutissant à la formation d’un vaste ensemble équilibré,
d’une entité économico-sociale complexe se substituant progressivement aux unités
composantes et structurées dans un cadre géographique plus étendu, de la même façon
que l’est chacune de ces unités. L’intégration doit aboutir ici, en somme, à la création
d’un seul espace national ou territorial caractérisé par l’existence, en son sein de tout un
réseau complexe et enchevêtré de liens très étroits de solidarité. Intégrer n’est donc pas
autre chose que renforcer la solidarité qui règne ou qui doit régner entre les divers
éléments d’un ensemble.
En ce qui concerne la notion de l’intégration, la confusion entretenue entre les deux
approches vient du fait qu’on a souvent tendance à négliger la différence fondamentale
qui distingue la simple interdépendance de la solidarité proprement dite.
Suite chapitre cinquième…
Au sein d’un ensemble solidaire règne une étroite interdépendance, mais la
proposition inverse n’est pas toujours vraie car il peut bien y avoir interdépendance mais
sans véritable solidarité. Considérons le cas de plusieurs pays dont les économies sont
intégrées selon l’approche libérale, c’est-à-dire qui, par suite de la suppression de tous les
obstacles aux échanges qu’elles font entre elles, forment ensemble un marché de vaste
dimension sur lequel règne la division internationale du travail, chacune d’elles
échangeant avec les autres les produits de sa spécialité. Il va de soi que, dans ce cas, toute
transformation subie par l’une de ces économies suscite fatalement une modification de
ses relations avec les autres. L’économiste-conjoncturiste allemand Ernst Wagemann
compare cette situation à celle d’un filet dont toutes les mailles sont reliées les unes aux
autres si bien que toute pression ou toute tension exercée sur l’une d’entre elles se
répercute aussitôt sur toutes les autres en quelque sorte mécaniquement. Le terme qui
traduit alors exactement ce phénomène mécanique, automatique, c’est celui
d’interdépendance, bien plus, à vrai dire, que celui de solidarité.
En effet, et c’est ce qu’on oublie trop souvent, le concept de solidarité par quoi se définit la
véritable intégration spatiale, territoriale et même industrielle, contient une idée que ne
renferme pas celui d’interdépendance à savoir l’idée de destin commun dans le succès
comme dans l’adversité.
Soit un pays spécialisé dans les activités industrielles et un autre dont la production
dominante repose sur les matières premières. Ces deux pays se fournissent l’un à l’autre
leurs produits nationaux.
Suite chapitre cinquième…
Un lien solide existe entre eux résultant de cet échange, leurs économies sont donc
complémentaires et des liens d’interdépendance les unissent. Mais sont-ils solidaires ? Il
est bien difficile de l’admettre si l’on songe qu’une chute des prix mondiaux des matières
premières, en modifiant les termes de l’échange, si elle profite au pays industriel qui peut
ainsi s’approvisionner à meilleur compte, se fait au détriment du pays spécialisé dans les
productions primaires. Interdépendants, ces pays le sont certes, mais non pas solidaires et
cela parce que leurs économies ne sont pas vraiment intégrées.
Au contraire, dans un espace économique intégré comme le BENELUX, la Belgique ne
tirerait aucun avantage de la chute des prix des produits primaires hollandais, car les
agriculteurs hollandais, en même temps que fournisseurs, sont les meilleurs clients
acheteurs des produits de l’industrie belge. Ce qui compte, ce n’est pas tellement le coût
des produits primaires achetés par l’industrie que les revenus des clients de cette
industrie. Dans un espace de solidarité, dans un espace national unifié par exemple,
lorsqu’une région se trouve temporairement défavorisée par rapport aux autres tout un
mécanisme de redistribution se déclenche - fiscalité, sécurité sociale, subventions dont le
gouvernement est l’initiateur principal qui tend à réduire et même à faire disparaître les
conséquences de ces inégalités. Le gouvernement apparaît ainsi par sa politique
économique, par sa politique sociale, par sa politique fiscale, plus encore peut être comme
l’un des facteurs les plus puissants de la solidarité nationale.
Suite chapitre cinquième…
La condition même de la véritable solidarité, c’est que le progrès de l’un
profite aux autres et vice versa. La solidarité, seul et vrai fondement de
l’intégration implique aussi que les collaborateurs contribuent tous au
résultat de l’effort commun et que la part de chacun dépende de l’effort de
tous (Lucien Brocard).
Si l’on tient compte du fait que la liberté des échanges entre régions ou entre nations
inégalement développées, suscitée par le déclenchement d’un double processus cumulatif
d’appauvrissement chez les uns, d’enrichissement chez les autres, une accentuation des
inégalités, qui va conduire à proposer la définition suivante : il y a ensemble intégré
lorsque les liens de solidarité qui existent entre divers éléments sont tels que
la liberté totale des échanges ne nuit à personne et profite à tous.
B. Les conditions de l’intégration dans l’optique structurale, volontariste
Dans l’optique structurale, les conditions de l’intégration postulent que celle-ci se réalise
entre économies similaires et concurrentes et non entre économies spécialisées et
complémentaires. C’est parce que les diverses économies en présence sont semblables,
également diversifiées et structurées qu’on peut envisager de les fusionner en une unité
économique nouvelle, plus vaste, plus diversifiée, mieux équilibrée et structurée.
II ne s’agit donc pas comme c’est le cas avec l’intégration libérale des marchés de
perpétuer et de renforcer une situation donnée, mais par des modifications des
structures, par des mouvements de déstructurations et de restructurations, d’aboutir à
la création d’un complexe économique nouveau, né de la compénétration ou de
l’intégration d’unités plus petites.
Suite chapitre cinquième…
Voilà pourquoi la véritable intégration spatiale, territoriale est une
intégration des économies, une économie volontariste, structurale. Elle
repose sur l’idée de structure et elle tend par une adaptation mutuelle des
structures à organiser une entité économique nouvelle plus fortement et
plus harmonieusement structurée.
C. Le mécanisme de l’intégration structurale, volontariste
L’intégration spatiale de la nation ou de plusieurs nations est concevable sans la crise. Et
elle est l’œuvre de politiques économiques nationales fortes et systématiquement
coordonnées. On ne peut, en effet, pour réaliser une telle intégration, compter sur les
seules forces du marché qui tendent, au contraire, à accentuer la spécialisation des
économies en présence et à réaliser la division internationale du travail sur un vaste
espace et perpétuer voire approfondir les inégalités économiques régionales et nationales.
Les économies relativement bien intégrées et de nos jours, à peu près seules les nations
développées nous en fournissent des exemples, sont toutes plus ou moins éloignées du
modèle théorique du marché parfait. C’est que tout marché concret est soumis à la fois
aux plans d’un Etat national et aux plans des groupements économiques inégaux, c’est-à-
dire à des forces étrangères aux calculs des individus. Il en sera d’ailleurs de plus en plus
ainsi à mesure que se poursuivra l’évolution qui, principalement sous l’aiguillon du
progrès technique, ne cesse de faire accroître la dimension des unités de production, de
susciter la formation d’ententes et par voie de conséquence logique, d’inciter l’Etat à
exercer son contrôle sur l’ensemble de l’économie.
Suite chapitre cinquième…
Au niveau de la nation, l’intégration implique une politique économique, des efforts
conscients volontaires en vue de coordonner voire d’unifier l’espace économique
national.
Au niveau régional, elle implique aussi une politique, des efforts conscients,
volontaires en vue de coordonner voire d’unifier les politiques économiques monétaires,
financières, sociales, de différents gouvernements pour enfin de compte, mettre en place
une autorité commune, interterritoriale, internationale ou supranationale capable de
réaliser l’unité de la décision qui est le couronnement, le parachèvement, la conséquence
ultime de l’intégration qui est, comme l’écrit Maurice Byé, “d’accroître sur un espace
donné, la compatibilité des plans d’un ensemble de centres de décisions appelés à former
un seul système économique”.
D. La nature de l’intégration structurale
Pour André Marchal, l’intégration totale et complète n’est qu’un idéal pratiquement
inaccessible puisque la solidarité entre les hommes n’est jamais absolue, mais seulement
limitée à certains aspects de leurs activités ou à certaines périodes de leur existence.
L’intégration est bien plus qu’un état, c’est un processus mais un processus dynamique
qui, comme l’écrit Robert Majolin, “ conduit à un plus grand degré d’unité”. Non
seulement donc l’intégration est susceptible de degrés, mais elle se poursuit par toute une
série d’ajustements, d’adaptations internes, de déstructurations et de restructurations
engendrées par la mise en contact de différentes économies. Aussi ne peut-elle guère se
concevoir que dans un processus dynamique de croissance et de progrès qui, seul, peut
affermir et renforcer la cohésion sociale.
Suite chapitre cinquième…
L’intégration spatiale, territoriale dépasse donc de beaucoup le cadre des phénomènes
économiques proprement dits. Elle met en jeu l’idée de solidarité et de cohésion sociale, la
prise de conscience par les individus et les groupes de leur appartenance à la
communauté. Une communauté intégrée, écrit Gunnar MYRDAL, est celle dans
laquelle “ses membres doivent prendre de plus en plus conscience de leur mutuelle
dépendance, de ta communauté de leurs intérêts et de leurs responsabilités et acquérir
une disposition à obéir aux règles s ‘appliquant à la communauté entière, ainsi que
prendre leur part des dépenses communes” C’est-à-dire que l’intégration territoriale est
un phénomène extrêmement complexe qui met en jeu la totalité de la vie sociale. Une
économie intégrée est un espace donc de solidarité mais de solidarité
ressentie et consentie par tous ceux qui font partie de cette économie. Aussi,
on peut affirmer sur ce point, que le seul ensemble vraiment solidaire, c’est l’économie
nationale qui s’est formée par compénétration progressive des économies des différentes
régions du pays qui la composent.
Si l’on souscrit à cette analyse, on est conduit à rechercher, dans la façon dont s’est faite
progressivement l’unité nationale, l’intégration nationale, les procédés grâce auxquels
pourra, peut-être, se réaliser un jour l’intégration des ensembles économiques africains.
La formation des économies complexes et équilibrées des nations de l’Europe occidentale
qui a conduit et donné naissance à la formation de cet ensemble économique complexe et
équilibré qu’est l’Union Européenne aujourd’hui, peut et doit servir d’exemple à celle que
les africains s’efforcent aujourd’hui de réaliser, c’est-à-dire l’économie complexe et
équilibrée de l’Afrique intégrée et solidaire.
Suite chapitre cinquième…
Celle-ci ne peut être que l’aboutissement d’abord de la formation des économies
complexes et équilibrées des différentes nations d’Afrique, puis de la formation des
économies complexes et équilibrées des ensembles sous régionaux africains et non le
contraire.

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