Armand Colin

Review: Le «tournant culturel» de la géographie économique

Reviewed Work(s): o by
Review by: Guy Di Méo
Source: Annales de Géographie, 114e Année, No. 646 (novembre-décembre 2005), p. 669
Published by: Armand Colin
Stable URL: http://www.jstor.org/stable/23456734
Accessed: 19-05-2017 03:35 UTC

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Annales de Géographie, n° 646 ♦ 2005 COMPTES RENDUS • 669

□ Economie et culture : nouveaux Ceux-ci furent dès lors analysés comme

enjeux géographiques ? «régis par des combinaisons, histori
quement et géographiquement varia
Revue Géographie et cultures, Paris, L'Harbles d'institutions», ainsi que «par des
mattan, n"49, 2004, 143 p. systèmes de relations entre des indivi
dus et des entités collectives». La
relecture de Polanyi amena à distin
guer, en complément de l'économie
des échanges marchands, les circuits de
la redistribution sociale et de la réci
procité.
Le «tournant culturel» de
Cependant cette liaison établie entre
la géographie économique culture (ou société) et économie
s'accompagne trop peu, en France,
Introduit par Isabelle Géneau de d'une vraie dimension géographique.
Lamarlière, ce numéro spécial de Géo Les lieux et les territoires redécouverts
graphie et cultures fait le point sur de la géographie économique ou de
l'incontestable relance de la géographie l'économie spatiale sont trop souvent
économique, en liaison avec la prise en délimités a priori. Ils sont trop fré
compte accrue de la composante cultu quemment conçus comme des cadres
relle (et sociale?) des phénomènes éco de circonstance, sans contenu idéologi
nomiques considérés dans leur dimen que et politique, ni réflexion sur leurs
sion spatiale. Si ce «tournant» a été limites, leurs articulations scalaires et
tracé par de nombreux géographes les effets de réseau qui les affectent.
anglo-saxons, il est surtout abordé, en De façon significative, trois articles
France, par des économistes et par de ce numéro, écrits par des géographes
des adeptes de la science régionale. anglo-saxons, insistent sur le tournant
Parmi ces derniers figurent quelques culturel de la géographie économique.
géographes (absents de ce numéro) Celui de D. Massey traite des interpé
assez proches du courant dit de nétrations de l'économique et du cul
«l'analyse spatiale», alors que chez les turel. Il ne les dissocie pas d'une con
Anglo-Saxons le divorce semble acquis ceptualisation de l'espace et du lieu en
entre partisans de la «nouvelle géo tant que productions et qu'enjeux
graphie» quantitative et tenants d'une sociaux ou politiques. B. Pecqueur
approche culturelle des questions géo s'interroge sur les raisons d'une inté
économiques. gration séparée du culturel, en France,
En fait, ce qui a fait l'objet de la dans les sciences économiques et la
théorisation la plus convaincante, au géographie. Les deux dernières contri
cours de ces dernières années, ce sont butions sont plus empiriques. Celle de
les relations entre l'économie et la cul
C. Desbiens montre comment, à pro
ture. Cet effort s'est traduit par un pos des installations hydroélectriques
intérêt accru des sciences sociales pour de la baie James, l'économie matéria
l'économie. Tandis que les grandes lise un rapport culturel aux lieux et
doctrines perdaient leur légitimité, une participe à la construction d'un terri
revalorisation de l'acteur, du sens toire identitaire.
comme du contexte de son action
Cuy Di Méo
s'affirmait. Le mouvement gagna la
science économique à partir de la fin
des années 1970, lorsque les nouvelles
théories de la régulation, du néo-insti
tutionnalisme, des grandeurs, des con
ventions et des contrats reconnurent
enfin l'existence de marchés diversifiés,
hétérogènes et socialement construits.

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