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Espace géographique

Des géographies urbaines


Antoine S. Bailly, Jean-Bernard Racine

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Bailly Antoine S., Racine Jean-Bernard. Des géographies urbaines. In: Espace géographique, tome 10, n°2, 1981. pp. 143-
152;

doi : https://doi.org/10.3406/spgeo.1981.3631

https://www.persee.fr/doc/spgeo_0046-2497_1981_num_10_2_3631

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Abstract
Urban geographies. — Many geographers had been waiting impatiently for the publication in French of
new manuals of urban geography, equivalent to those written by Anglo-Saxon authors but with all the
originality of thought of the French speaking world. In different perspectives, five important works have
just been published in 1980. More than a commentary, this article proposes, based on these works,
considering the evolution of the concepts, their progressive adoption in the social sciences, the
opening-up of new directions of research and the pertinence of contemporary urban geography. To
identify the fundamental problems by locating their advantages and limits is the objective of this
analysis which is destined to identify the original ways of each of these works.

Résumé
Bien des géographes attendaient, avec impatience, la publication de nouveaux manuels de géographie
urbaine en langue française, équivalents de ceux écrits par les auteurs anglo-saxons, mais avec toute
l'originalité de la pensée du monde francophone. Dans des perspectives différentes, cinq ouvrages
importants viennent d'être publiés en 1980. Plus qu'un commentaire, cet article se propose, à partir de
ces travaux, de réfléchir à l'évolution des concepts, à leur progressive adoption dans les sciences
sociales, à l'ouverture de nouvelles directions de recherche et à la pertinence de la géographie urbaine
contemporaine. Identifier les problèmes fondamentaux en situant leur intérêt et leurs limites, tel est
l'objectif de cette analyse destinée à identifier les voies originales de chacun de ces ouvrages.
L'Espace Géographique, n" 2, 1981, 143-152.
Doin, 8, place de l'Odéon, Paris-VIe.

DES GÉOGRAPHIES URBAINES

Antoine BAILLY et Jean-Bernard RACINE


Université de Genève Université de Lausanne

ANALYSE SYSTEMIQUE RESUME. — Bien des géographes attendaient, avec impatience, la publication de
ÉCONOMIE URBAINE nouveaux manuels de géographie urbaine en langue française, équivalents de ceux
EMPIRIE écrits par les auteurs anglo-saxons, mais avec toute l'originalité de la pensée du
ÉPISTÉMOLOGIE monde francophone. Dans des perspectives différentes, cinq ouvrages importants
GÉOGRAPHIE URBAINE viennent d'être publiés en 1980. Plus qu'un commentaire, cet article se propose,
à partir de ces travaux, de réfléchir à l'évolution des concepts, à leur progressive
adoption dans les sciences sociales, à l'ouverture de nouvelles directions de recherche
et à la pertinence de la géographie urbaine contemporaine. Identifier les problèmes
fondamentaux en situant leur intérêt et leurs limites, tel est l'objectif de cette
analyse destinée à identifier les voies originales de chacun de ces ouvrages.
EMPIRY ABSTRACT. — Urban geographies. — Many geographers had been waiting
EPISTEMOLOGY impatiently for the publication in French of new manuals of urban geography,
SYSTEM ANALYSIS equivalent to those written by Anglo-Saxon authors but with all the originality
URBAN ECONOMY of thought of the French speaking world. In different perspectives, five important
URBAN GEOGRAPHY works have just been published in 1980. More than a commentary, this article
proposes, based on these works, considering the evolution of the concepts, their
progressive adoption in the social sciences, the opening-up of new directions of
research and the pertinence of contemporary urban geography. To identify the
fundamental problems by locating their advantages and limits is the objective of
this analysis which is destined to identify the original ways of each of these
works.

« C'est pour notre bien que nous la géographie urbaine a contribué à transformer
devrions être aussi attentijs aux en profondeur les connaissances et les pratiques de
techniques qui permettent d'aller pêcher la discipline, car plus que tout autre champ de
les hypothèses scientifiques qu'aux recherche, elle fait appel à la collaboration
recettes de cuisine grâce auxquelles transdisciplinaire.
on les sert à table ■», in Pierre Jacob
(éd.) (1980), De Vienne à Cambridge, Malgré l'ampleur de ce mouvement de recherche,
L'héritage du positivisme logique de disposait-on d'ouvrages de synthèse de géographie
1950 à nos jours, Paris, NRF, urbaine en français ? Il existait certes les manuels
Gallimard. de P. George, de J. Beaujeu-Garnier et G. Chabot,
déjà anciens. Bien sûr, des livres spécialisés traitaient
Voilà bientôt vingt ans que la géographie urbaine d'aspects spécifiques de la ville, phénomène
est à la mode dans les programmes et dans la économique (J. Rémy), modèles et théories (A. Bailly),
pratique de la géographie, et plus de quinze ans sans lieu de reproduction sociale (H. Lefebvre, M. Cas-
doute qu'elle est enseignée comme telle dans les tells). La liste pourrait être longue, comme les
Universités, alors qu'un cours de « géographie bibliographies que nous présentons à nos étudiants
urbaine » distinct de la géographie humaine n'était lors des cours de géographie urbaine. Malheureu-
que l'exception jusque dans les années 60. Sous- La géographie urbaine réclamait cet effort, mais
division maintenant bien établie de la géographie, nous attendions encore plus, toujours dans la même
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sèment aucun de ces livres ne fournit une vue inextricablement mêlée. C'est pourquoi, pour Berry
globale de l'ensemble des relations des hommes à comme pour Kuhn, quand changent les paradigmes
l'espace urbain, des configurations et des changent généralement aussi les critères qui
organisations qui en résultent, des processus qui les sous- déterminent simultanément la légitimité des problèmes
tendent, des transformations qui s'y manifestent, des et des solutions proposées. Qu'en est-il en matière
problèmes qu'elles posent. Bien des géographes de géographie urbaine ? Poser la question c'est déjà
attendaient donc, avec impatience, la publication de prendre position face à certains manuels de la
nouveaux manuels, espérant une qualité équivalente géographie française, comme le fait J. Beaujeu-Garnier
à cette magnifique « perspective » offerte dès 1970 en admettant explicitement, dès le début de son
au public anglophone par B.-J.-L. Berry et F. Hor- travail, cette opinion de B.-J.-L. Berry : « les
ton. Avec, si possible, en prime, toute la richesse géographes, comme les autres scientifiques, se définissent
et l'originalité de la pensée des pays francophones. moins par l'objet qu'ils étudient que par les concepts
C'est ce constat de manque qu'ont dû faire J. Bastié et les processus de relations sur lesquels ils mettent
et B. Dézert, J. Beaujeu-Garnier et C. Chaline, qui l'accent » (Berry et Marble, 1968) . On peut en
nous proposent en 1980 trois manuels de géographie conclure qu'une bonne présentation de la géographie
urbaine. urbaine doit s'appuyer sur une analyse de
l'évolution de ces concepts et de leur progressive adoption
Bonne occasion pour nous interroger sur ce qu'est (voire de leur abandon) par les spécialistes.
et peut être aujourd'hui la géographie urbaine à la
lumière de deux autres publications concernant C'est à cet exercice fondamental que se sont
l'urbain mais réalisées dans des perspectives astreints, fort utilement, tous les grands manuels que
disciplinaires différentes : celles de M. Reichert et J.-D. les Anglo-saxons ont consacrés à la géographie
Rémond d'une part, de P.-H. Derycke d'autre part, urbaine ces dix dernières années, qu'il s'agisse du
bons miroirs du travail géographique. Mais peut- Berry et Horton (1970), du Carter (1975), du Berry
être vaut-il d'abord la peine de faire l'inventaire, et Kasarda (1977) ou même de la série de mises au
d'un point de vue épistémologique, des questions point sur les progrès en la matière que proposent
que l'on pouvait légitimement se poser, avant de Herbert et Johnston (1976), ne serait-ce que pour
voir si la publication de ces divers ouvrages répond enlever chez l'étudiant et le lecteur cette idée qu'il
à notre attente, en essayant d'identifier les types de y aurait des « faits » spécifiques à étudier en
pertinences, épistémologique, théorique, pratique dans géographie urbaine, faits indépendants de l'ensemble
lesquels ils s'inscrivent. dynamique des concepts qui s'y rapportent.
Faut-il encore une fois rappeler cette évidence que,
dans l'ensemble des faits de la réalité, le chercheur
1. LES NOUVEAUX BESOINS DE LA privilégie, consciemment ou non, des
sous-ensembles dont le découpage dépend de sa problématique ?
GEOGRAPHIE URBAINE. Toute cohérente qu'elle puisse être, celle-ci est
influencée à des degrés divers par la vision que le
Depuis vingt ans la géographie a évolué dans ses géographe a du monde, par la conscience collective
objets, dans ses méthodes, sans doute dans ses et la praxis du groupe auquel il appartient, par les
objectifs, et en tout cas dans ses approches. Malgré conditions de son environnement culturel,
sa relative nouveauté, la géographie urbaine ne peut économique et politique. Faut-il encore rappeler, après
manquer d'être un révélateur de l'évolution des Claude Raffestin (1974), qu'à l'origine de toute
problématiques et des pratiques de la géographie démarche scientifique, il existe toujours, même à
dans son ensemble. Chacun sait que, mêmes rares, l'intérieur d'un paradigme bien défini, un parti pris, c'est-
les travaux de géographie urbaine de la fin du à-dire une problématique qui décide : 1) des
siècle dernier et de la première partie de ce siècle questions que l'on pose et de celles qu'on ne pose
n'avaient pas échappé à l'influence des paradigmes pas à la réalité, 2) de l'importance qu'on accorde
qui se sont succédé, de l'environnementalisme du aux différents facteurs auxquels on s'intéresse. Il
début au triomphe de l'école classique d'inspiration paraît de plus en plus indispensable de demander
possibiliste, pas plus que la géographie urbaine aux auteurs d'être conscients du fait que leur
d'aujourd'hui ne peut échapper à l'influence de la démarche s'appuie obligatoirement sur une
« géographie globale », d'un économisme un peu naïf problématique, même si celle-ci est implicite, et donc de
et certainement réducteur, à un systémisme plus ou réclamer d'eux, comme condition de validité, sinon
moins mâtiné de « radicalisme » marxiste ou de de vérité, qu'ils dégagent clairement les raisons qui
behaviorisme phénoménologique. guident le choix qu'ils font (1) .
Or, il est connu, depuis le travail de Kuhn (1972) ligne de pensée. Les étudiants ont besoin non
sur la structure des révolutions scientifiques, que seulement de savoir ce qu'ils cherchent et pourquoi,
tout paradigme conditionne la nature des activités
de recherche et les directions qu'elles suivent pour
ordonner la connaissance. Comme le relevait (1) Même si, comme nous le suggère J.L. Piveteau,
récemment Brian J.-L. Berry (1978), en s'attachant à une partie seulement de cette explication peut être faite
l'étude d'un paradigme, le chercheur acquiert en même à l'époque de la conception, l'autre partie n'étant dégagée
temps théories, méthodes et normes, d'une façon qu'à une époque ultérieure.
Des géographies urbaines 145

mais encore d'être systématiquement initiés à la


pratique des instruments disponibles et nécessaires
à la solution de leurs problèmes. Parmi ces 2. LA VOIE DE LA TRADITION :
instruments, des hypothèses certes, mais aussi des axiomes L'EMPIRISME.
ou des principes qui vont guider la recherche. Seule
la conceptualisation préalable de l'objet permet de
guider la recherche empirique. Pourquoi alors ne Dans un ouvrage imposant par le nombre des
pas définir clairement au début du travail le thèmes traités (25 chapitres), et des exemples
caractère relatif de l'objet, non seulement dans le temps, donnés, J. Bastié et B. Dézert (1980) offrent au
mais aussi dans l'espace et selon les échelles géographe un traité caractéristique de la géographie
considérées ? Chaque étude s'inscrit dans un niveau urbaine classique. On est heureusement surpris par
d'organisation bien particulier (unité de voisinage, le premier titre : « L'espace urbain : de la réalité
quartier, ville, métropole, système urbain régional à la théorie et à la pratique », même si son label
ou national, société dans son ensemble). Les témoigne déjà de la priorité qui sera donnée à la
géographes le savent fort bien, même s'ils oublient démarche descriptive. La réalité, c'est l'explosion
souvent de le préciser ou d'en tirer les conséquences urbaine des xixe et xxe siècles qui a entraîné un
au plan de leur problématique théorique et changement d'échelle, c'est aussi l'expansion spatiale,
méthodologique. A chaque échelle de la hiérarchie socio- l'extrême diversité et l'atomisation urbaines. A
spatiale, le géographie pose des questions spécifiques l'évidence, pour les auteurs, l'évolution du phénomène
et utilise des méthodes d'observation, d'explication urbain a entraîné une modification du regard des
et de représentation qui le sont également. géographes : « à la notion de ville, espace organisé,
Ces instruments de la réflexion géographique, ce mononucléaire, bien délimité, à croissance lente, s'est
cadre conceptuel indispensable, capable de jeter substituée celle d'agglomération et d'espace urbain »
les bases d'une réflexion systématique sur l'urbain, (p. 15). De là l'utilisation du concept de structure
devraient se prolonger en outre par une discussion spatiale urbaine, concept qu'on illustre brièvement,
des théories, des modèles et des problèmes que pose mais sans le définir. Comme on illustre aussi la
la recherche. Les manuels français allaient-ils être variété, nouvelle, des facteurs qui contribuent à la
l'occasion d'une initiation aux stratégies possibles ? redéfinition de l'urbain (rôle des techniques, facteurs
Que l'objectif soit « contemplatif » ou « actif », la psychologiques, pouvoir, etc.).
principale question est la suivante : comment Sans transition, le même chapitre évoque alors
résoudre les problèmes que peut se poser le géographe « la théorie ». Pour mieux renoncer à l'employer.
face à l'urbain; et encore : comment le géographe « S'il y a une typologie à établir et des théories
s'y prend-il pour résoudre ses problèmes ? Peut-il générales explicatives, chaque espace urbain nécessite
même prétendre les résoudre ? une analyse originale et un traitement particulier »
(p. 24). Pour les auteurs, la place de la théorie est
C'est ainsi que nous attendions des ouvrages qui bien délimitée : « les théories projetées dans l'espace
iraient au-delà de la simple présentation des urbain peuvent peut-être rendre compte d'une
chapitres thématiques, des ouvrages qui ouvriraient des macro-réalité, mais bien plus difficilement d'une
(et serviraient de) directions de recherche et qui micro-réalité infiniment complexe » (p. 15) . C'est
indiqueraient aux lecteurs que certains problèmes pour cela qu'ils n'évoquent que des théories
neufs peuvent être résolus par un processus de globales en se demandant si l'on peut en tirer parti et
recherche particulier. Le maintien et le développement si elles peuvent servir à la confection de modèles.
de la discipline dans l'enseignement, la recherche et La question leur semble résolue en 22 lignes, sans
l'action, en d'autres termes le statut scientifique et que la notion de modèle ait été explicitée ni qu'ait
social de la géographie, dépendent de la possibilité été montré l'usage qui en avait été fait dans
qu'auront les géographes de faire la démonstration l'histoire de la pensée urbaine. La pratique ? Elle revient
de la pertinence de leur travail. La seule chose à au traitement de l'information dont on dira les aléas
faire à notre sens est de montrer que nous sommes sans les illustrer, et surtout, sans faire de lien avec
capables, dans nos manuels et dans nos pratiques, les théories. Comme si ce qui était vraiment
d'évaluer de façon critique le niveau et les conditions nouveau dans la démarche des géographes n'avait pas
de pertinence des différentes voies de recherche. été compris.
Identifier les problèmes fondamentaux en faisant si
possible le lien entre la recherche géographique et Etait-ce là ce que nous attendions ? Evidemment
les besoins de l'aménagement, en situant avec non. A l'image d'une géographie française riche en
précision l'intérêt et les limites de notre pratique faits et en observations, mais qui n'attache
spécifique en regard des autres pratiques en vigueur malheureusement guère de poids aux principes et aux
dans les sciences de l'homme, telle était notre attente. concepts et qui ne se pose guère de problèmes de
recherche, cet ouvrage en reste aux pétitions de principe
Qu'en reste-t-il au terme de nos lectures urbaines et n'apporte aucune solution spécifique. On
de cette année 1980 ? Devant la pluralité des reconnaîtra cependant, en dehors de la variété des
ouvrages, il est essentiel de dégager les voies originales observations — observations parfois tellement lapidaires
de chacun, afin que l'étudiant puisse directement que ce manuel ne peut s'adresser qu'aux étudiants
orienter ses lectures en fonction de ses objectifs. de première année, voire aux lycéens — , l'originalité
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de certaines liaisons entre thèmes et résultats de la démarche empirique est volontaire : « la
l'observation (résultats souvent obtenus d'ailleurs par problématique, les hypothèses, les théories doivent
l'application de modèles anciens que l'on n'évoque prendre appui sur l'expérience, au commencement de
plus). Mais, à la limite, chaque phrase de ce livre tout il doit y avoir l'observation, car c'est la seule
pourrait presque correspondre à un sous-titre. On méthode scientifique fiable » (p. 25) . Ils croient à
attend en vain une analyse véritable, une l'objectivité du jugement. Ils n'en demeurent pas
démonstration, un problème scientifique résolu. moins fort déphasés par rapport aux jugements les
C'est donc avant tout par des séries d'exemples plus contemporains en la matière. Même s'ils ont
observés par les auteurs (« la quasi totalité des visité toutes les villes dont ils parlent, même s'ils
villes auxquelles se rapporte une photo ou un ont été en contact avec d'autres approches culturelles,
croquis, ainsi que la majorité de celles citées dans le celles-ci les ont-elles vraiment intéressés ? Nous
texte ont été vues par l'un ou l'autre auteur », voudrions évoquer cette opinion de G. Devereux
p. 6), que sont juxtaposés les principaux thèmes (1980) dans De l'angoisse à la méthode : « On ne
abordés sur lesquels on est d'ailleurs obligé de peut construire de science du comportement
revenir dans plusieurs chapitres : plan des villes (chap. scientifique qu'en recourant systématiquement à une
2, 3, 5, 7), sol, logement et équipement (chap. 6, 8,), méthode scientifique généralisée et à une épistémologie
fonctions urbaines (chap. 12 à 16), circulation (chap. généralisée » (p. 29) . Or quel est ce système
10 et 17), et quelques thèmes contemporains comme scientifique ? D'abord, 1) l'examen de la matrice des
l'espace vécu (chap. 19), l'environnement (chap. 20), significations dans lesquelles prennent racine toutes
la rénovation (chap. 22), les villes nouvelles et la les données; 2) l'étude de l'engagement personnel
rurbanisation (chap. 23 et 24). Pas d'hypothèse du chercheur et des déformations liées au contre
explicitée, encore moins d'axiomes proposés pour guider transfert, 3) l'analyse du lieu et de la partition entre
ou légitimer telle ou telle analyse, mais une le sujet et l'observateur, 4) l'utilisation de la
succession de thèmes, variés, rapidement évoqués, des subjectivité de l'observateur.
observations et des descriptions étayées de plans et Enserrés dans le carcan de leur discipline, bien
de photos. L'ouvrage est ainsi facile et agréable à des géographes se croient dispensés de lire tout ce
lire et certains lecteurs apprécieront de ne pas être qui se publie autour de leur pratique spécifique,
enfermés dans le cadre de la pensée des auteurs. Popper et plus tard dans des directions originales,
Son apport scientifique reste cependant fort maigre Feyerabend, Hansen, Kuhn, Toulmin, tous ces
en regard de la richesse de son contenu courants de pensée qui certes n'évitent pas les
documentaire. Sous un habillage nouveau et en y introduisant contradictions, mais qui dès les années 50, ont contribué
par ci, par là quelques thèmes à la mode, il s'agit au rejet des démarches purement empiriques — de
d'une reprise des modèles mentaux, donc des idées la description des faits aux typologies qui en
dominantes qui, implicitement, nourrissaient déjà le résultent — , considérées aujourd'hui comme
Traité de Géographie urbaine de G. Chabot et J. pseudo-scientifiques, invérifiables, la part des faits étant
Beaujeu-Garnier. inextricablement liée à celle des conventions. Le
Le dernier chapitre (chap. 25) se veut essai de postulat de base de l'empirisme est que dans la réalité
généralisation : « les types d'espaces urbains ». Or, les observables apparents sont plus faciles à saisir
tel qu'il est rédigé, ce chapitre aurait mieux eu sa et témoignent du comportement des acteurs. Or
place au début de l'analyse. Ici, il fallait se demander derrière le langage descriptif, n'omet-on pas toute la
le « pour quoi » et le « pour qui » de cette relativité du caractère observationnel et cet « éche-
typologie, et à ce niveau, être capable d'en définir les veau hétéroclite de croyances religieuses, de
conditions de légitimité. Comment sinon, échapper présuppositions métaphysiques et d'analogies inattendues » ?
à cette impression de banalité pseudo-scientifique (Jacob, 1980).
dont la pertinence sociale est tout sauf évidente ? Les auteurs de l'Espace urbain, livre riche de faits et
En fait, ce qui nous a le plus gêné réside dans une témoignage de la grande familiarité des auteurs avec
construction définitivement liée à une démarche ce qui se passe dans les villes, ne semblent
inductive généralisante, les villes étant certes définitivement pas préoccupés de ces questions, qui
présentées sur le plan historique, urbanistique, personnellement nous paraissent essentielles. J. Beaujeu-
économique et sociologique mais sans que cette démarche Garnier en revanche y est plus sensible. Plus
vienne répondre à des questions explicitement posées. soucieuse de réflexion méthodologique, allait-elle
Parfois évoquées au niveau des résultats, les marquer par son ouvrage une nouvelle étape de la
approches quantitatives et radicales sont géographie urbaine ?
systématiquement évacuées. La principale préoccupation des
auteurs concerne en effet la description des
contenus plutôt que leur probabilité d'apparition ou leur 3. UNE NOUVELLE ÉTAPE DE LA
signification. GÉOGRAPHIE URBAINE ?
Nous n'avons pas échappé à l'impression que ce
livre est le dernier d'une série de manuels classiques, Plus qu'un « remplaçant » du Traité de
l'expression de la fin d'une ère. Faut-il le regretter ? Géographie urbaine, la Géographie urbaine de J. Beaujeu-
Les auteurs ont la grande honnêteté de ne pas Garnier (1980) se veut une « suite » cherchant à
cacher leurs opinions épistémologiques. Le choix de utiliser le « mode de réflexion et d'exposé systémi-
Des géographies urbaines 147

que ». Présentés dans une introduction très claire tiales, de l'extension et des espaces urbains, fournit
et remarquable, les objectifs sont cette fois des descriptions imagées, autre qualité de l'ouvrage,
explicités, et particulièrement ambitieux : « insister sur avec de multiples exemples, judicieusement choisis
l'ensemble des inter-relations qui, plus que les dans divers pays occidentaux, socialistes, du Tiers
composantes traditionnelles, caractérisent en fait ce que Monde. Volontairement descriptive-explicative, la
l'on peut appeler le système urbain » (p. 7) . Cette démarche convient à la présentation des études des
« voie de la géographie future » repose selon l'auteur géographes classiques, mais devient insuffisante
sur une trilogie fondamentale, espace, habitants, rôle lorsqu'il s'agit de traiter de travaux hypothético-déduc-
des villes. tifs — par exemple les modèles de Wingo, Alonso.
A la lecture passionnante des deux premiers L'auteur insiste sur les faiblesses dans la
chapitres (le phénomène urbain et le système urbain), généralisation des résultats et non sur les hypothèses de base,
apparaît toute la nécessité de cette nouvelle étape volontairement limitatives, destinées à dégager des
de la géographie urbaine. Des définitions mécanismes explicatifs. Sont ainsi critiqués (chap. 8)
particulièrement bien venues des composantes de les modèles de Hoyt, Burgess (p. 115-116) alors qu'ils
l'urbanisation valident l'introduction de la réflexion sur les sont malgré tout repris, sous un angle plus positif,
systèmes présentés selon leurs structures statiques, à travers les travaux de B. Marchand (p. 156). Des
leurs relations fonctionnelles et leurs processus problèmes aussi délicats que ceux de la rente et de
dynamiques (p. 25). Cette conceptualisation de la ville la formation des prix du sol sont traités en quelques
ouvre la voie aux importantes notions de médiation, pages, en s'attachant aux variations de prix plutôt
de diffusion, d'organisation et à une analyse des qu'aux mécanismes complexes de leur formation. Et
composantes majeures du système urbain, le capital, dans plusieurs chapitres disparaissent, peut-être pour
le travail, la politique et l'espace. Même s'il ne figure des raisons de présentation pédagogique, les
pas dans cette liste, le temps constitue une analyses de processus complexes : « filtering » pour
cinquième composante explicite, par suite de la perspective expliquer l'évolution socio-économique de l'habitat dans
historique de J. Beaujeu-Garnier. Seul absent de l'espace-temps, processus de localisation industrielle
cette description systémique, l'énergie. On pourrait selon Weber, Pallender, Ponsard, Boudeville et
se demander pourquoi l'auteur n'a pas insisté plutôt autres chercheurs des sciences régionales. On s'étonne
sur l'espace, le temps, l'énergie, les autres également de constater le peu de place donné aux
composantes étant incluses dans cette simple trilogie ? travaux, extrêmement nombreux aujourd'hui, de
La suite de l'ouvrage nous en donne l'explication. l'écologie factorielle urbaine, pourtant fondamentaux
Dès le chapitre 3 (les fonctions urbaines) le contenu pour la compréhension de la formation des espaces
change. On oublie les composantes systémiques (qui résidentiels. Il est certes difficile d'intégrer les
ne seront explicitement rappelées qu'à la page 172) multiples publications en matière urbaine, mais
pour revenir à des thèmes de la géographie classique, constatons que le plan traditionnel (utilisation du sol,
déjà présents dans les manuels anciens. Même si les communications, espaces résidentiels, commerciaux,
titres sont actualisés, l'ouvrage accepte implicitement industriels) ne permet pas de donner une vue globale
la vision possibiliste, sans questionner les définitions des processus et de développer une analyse qui puisse
fonctionnalistes comme celles du primaire, véritablement recevoir le label systémiste.
secondaire, tertiaire, sans s'ouvrir sur les nouvelles
analyses de l'emploi en termes d'échange et des En privilégiant l'homme-habitant, le titre de la
coefficients multiplicateurs (par exemple les tableaux troisième partie « Les urbains : vie de travail dans
la ville », donne l'espoir d'un retour aux
carrés). Il nous semble que ce propos traduit encore préoccupations du début de l'ouvrage. Incorporer l'individu à
une fois le profond malaise d'une géographie qui se l'analyse des processus peut effectivement enrichir
voudrait renouvelée mais qui, par crainte d'entrer l'approche de la géographie; mais là encore les
dans le champ des spécialistes de disciplines
connexes, reste au niveau de l'induction qualitative : descriptions de la concentration, de la natalité-mortalité,
« Bien entendu une telle approche directe n'est pas des taux homme-femme, de la consommation et des
facile et elle échapperait bien souvent au géographe types d'emploi, ne donnent qu'un aperçu statistique
pour appartenir davantage aux domaines du et fonctionnaliste de la ville. Qu'on est loin des
financier, de l'économètre ou de tel spécialiste selon la multiples espaces vécus avec leur subjectivité, leur
composante considérée » (p. 37) . Le chapitre 4 sur variété; qu'on est loin aussi des analyses x-igoureuses
de la démographie ! En tentant de généraliser à
la classification des villes, d'essence aussi classique, partir de descriptions — et non de processus — J. Beau-
illustre cette difficulté : on ébauche des typologies
sans explicitation préalable des concepts sous-jacents, jeu-Gamier compare l'incomparable et s'éloigne de
on classe de manière intuitive sans définir pourquoi son objectif d'analyse systémiste. En fait on en vient
certains éléments sont plus significatifs que d'autres, à se demander si l'ouvrage est suite, ou copie
on traite de la base économique en insistant sur la (actualisée) du Traité de Géographie Urbaine et si le
qualité et les défauts de cette mesure descriptive et remarquable effort préalable de conceptualisation de
ce cas, mais qui repose sur une construction théo- l'objet et de réflexion sur le discours a eu une autre
non sur le coefficient multiplicateur, essentiel dans portée que la simple légitimation d'un plan
rique explicite. d'exposition.
La deuxième partie consacrée à l'espace urbain C'est dans les deux dernières parties, « Les
(chap. 5 à 12), tout en traitant des conditions pouvoirs et la ville» (4), «La ville et l'environne-
148 Antoine S. Bailly, Jean-Bernard Racine
ment » (5) que sont mis en lumière les éléments titre en évoque bien le propos : « Qu'est-ce qui fait
envisagés dans l'introduction : les capitaux, la changer les villes ? Quelles forces sous-tendent leurs
politique, le pouvoir et la ville, les économies externes, transformations de forme et de fonction ? ». Il s'agit
les flux financiers, l'aspect politique des centres et bien là d'un « thème fondamental de notre temps » :
des villes nouvelles sont clairement présentés. « en l'espace d'une génération les décors de la scène
Pourtant nulle part n'apparaît de véritable réflexion de urbaine se sont renouvelés avec une ampleur qui,
géographie politique en termes de domination et de jusqu'alors ne s'était vue qu'à la suite d'épisodes
relations dissymétriques centre-marginalité. On sent catastrophiques » (p. 7) . Cette géographie urbaine
bien, à travers cette réflexion, une tentative moderne est d'abord celle du changement. C.
d'ouverture, mais elle est bloquée par le carcan du plan de Chaline nous y sensibilise en analysant tour à tour « les
la géographie traditionnelle dont l'articulation en forces motrices » (chap. 1, p. 11-81) , et « les
cinq parties n'est pas véritablement explicité. Le mécanismes » (chap. 2, p. 82-144), avant d'en venir, dans
problème est encore plus net en ce qui concerne les une perspective cette fois plus traditionnelle, à l'étude
rapports ville-environnement, où se côtoient théorie des de la « différenciation géographique » (chap. 3,
places centrales, discussions sur ce qui est urbain et p. 145-198).
rural, et sur ce qui est hinterland. Les répétitions La présentation illustre pourtant les difficultés
avec les chapitres précédents sont abondantes, d'intégration des diverses explications des sciences
logiques, vu les conflits entre la problématique de humaines même lorsqu'elles se veulent à la fois
l'introduction et le plan. globales et vulgarisatrices et qu'elles souhaitent « saisir
Notons enfin que ce n'est que dans la conclusion dans leur contexte spatial, temporel, économique et
qu'apparaît le souci de présenter la ville dans le culturel les transformations qui bouleversent
cadre de l'aménagement du territoire. En ce sens actuellement la vie et le paysage urbains» (p. 7). Prenons
l'ouvrage de C. Chaline est complémentaire. Quant comme exemple du cloisonnement des explications
aux réflexions de la géographie sociale critique, de économiques et sociales, la présentation des forces
la géographie behaviouriste, elles ne surgissent qu'à motrices (chap. 1) : espaces politiques et
l'occasion de discussions très brèves. L'ouvrage administratifs sont différenciés de l'environnement socio-
fournit certes un tableau de la géographie urbaine, mais économique, les délocalisations fonctionnelles séparées
un tableau incomplet. des mouvements migratoires intra-urbains. Dans les
Au terme de notre lecture, comment ne pas noter mécanismes (chap. 2), forces institutionnelles, sociales
cette évidence : du fait de sa démarche à dominante et économiques sont tour à tour privilégiées. Les villes
inductive, la géographie classique ne peut se libérer du Tiers Monde méritent également des paragraphes
des truismes et des stéréotypes — l'urbain ne vit pas séparés, non pas suite à un type de croissance opposé,
que de pain (p. 225) ; quant aux Etats-Unis « une mais plutôt comme conséquence du contexte politique
promenade sur une route semble une anomalie et économique. La différenciation géographique (chap.
inquiétante » (et le jogging ?) — ni de ses jugements 3), dans une présentation plus urbanistique que les
de valeurs fondés sur des évaluations totalement chapitres précédents, oblige une nouvelle fois à cet
empiriques. L'ambition de l'ouvrage était grande, éclatement économique-social : villes occidentales,
encore faudrait-il que cette géographie arrive à se socialistes, du Tiers Monde.
libérer un jour ou l'autre de sa vision fonctionnaliste « La solidarité des phénomènes sociaux et
du monde (et donc « à tiroir ») pour acquérir la économiques » est partout présente dans la problématique,
pertinence scientifique que l'on attend d'elle. Ce manuel, les conclusions, mais difficile à lier dans les
pourtant clair, bien fait, bien illustré, intelligent, explications. N'est-ce pas un des problèmes de la géographie
complété par une excellente bibliographie, en porte contemporaine que de vouloir tout aborder, tout
par défaut le témoignage. Comment ne pas le résoudre, sans posséder toute la finesse des domaines
regret er même si, comme l'auteur qui a « aimé faire ce scientifiques utilisés ? Cette critique est
livre », nous avons aimé le lire et le trouvons d'une particulièrement vraie pour l'explication économique des
très grande utilité. mécanismes de décision (p. 105 à 108). Pour atteindre ces
objectifs, C. Chaline doit à la fois aborder des
questions démographiques, économiques, sociales,
4. LA DYNAMIQUE URBAINE : A LA politiques, géographiques, urbanistiques... Peut-on être au
fait et saisir en profondeur l'ensemble de ces courants
RECHERCHE D'UN RENOUVELLEMENT DE de pensée, ou reste-t-on à un niveau anecdotique ?
LA GÉOGRAPHIE URBAINE. L'ouvrage n'est-il pas le révélateur d'un problème de
fond de la géographie humaine ?
Les livres de C. Chaline ont toujours été marqués C'est dans l'approche des phénomènes sociaux et
par de remarquables qualités de rigueur et par une des problèmes de planification que l'ouvrage de
grande originalité de construction dont l'une nous C. Chaline est le plus stimulant. Sont ainsi clairement
paraît essentielle : l'adéquation des plans à la exposées, en leur donnant un sens, les forces de
hiérarchie des problèmes plutôt qu'en fonction des contre urbanisation, de reconquête des centres, les
habitudes traditionnelles des géographes. A cet égard interventions volontaires des collectivités publiques
son ouvrage sur La dynamique urbaine (1980) se dans le processus de planification (p. 120 et suiv.).
différencie des livres que nous venons commenter. Le Les dispositifs institutionnels en Grande-Bretagne,
Des géographies urbaines 149

très finement analysés dans une perspective critique, baines donne à ce livre une vision délibérément
expliquent la reproduction des systèmes de valeurs qualitative et deductive (p. 9) : des idées maîtresses
et de relations sociales. Les évolutions les plus étayées d'exemples souvent bien connus par l'auteur
récentes (Inner Urban Areas Bill de 1978) sont (Grande-Bretagne, France), des présentations
intégrées à l'explication et rendent l'ouvrage d'une grande d'articles originaux (signalons Pooley, Richardson, Gans,
actualité; C. Chaline n'insiste pas par exemple sur Schnore...) qui montrent la richesse des lectures d'un
les villes nouvelles, très souvent présentées, mais sur géographe ouvert sur le monde anglo-saxon, mais
les phénomènes de reconversion, beaucoup moins pas de présentation logico-mathématique, pas de
connus et pourtant tout aussi importants. D'autres formules — même pour expliquer des modèles — ,
exemples, américains en particulier, sont moins peu d'hypothèses explicitées. Ce n'est par exemple
pertinents : qui connaît New York n'ignore pas que qu'à la page 50 qu'il est précisé : « On a posé comme
cette fameuse expressway le long de l'Hudson, citée hypothèse que toute ville est un système plus ou
en exemple dans l'ouvrage (p. 77) pour son influence, moins ouvert à des forces extérieures... ».
est coupée depuis longtemps à hauteur de mid-town
et que la municipalité n'a pas jugé prioritaire un Hésitant entre plusieurs voies, celle de la
investissement financier de rénovation ! Ceci n'est pas géographie traditionnelle et celles des nouvelles géographies
grave, car il ne s'agit pas de remise en cause des scientifiques et critiques, C. Chaline n'apporte que
rarement des explications théoriques : ainsi n'identi-
problèmes contemporains, mais plutôt irritant, tout fie-t-il pas « ces forces principales qui, endogènes ou
comme le coup de griffe à un Forrester (p. 200) qui
« évoque très grossièrement » les « mécanismes exogènes, objectives ou subjectives, président à la
relativement neutres, régis par des sortes de logiques transformation de l'espace urbain » (p. 80) . A travers
internes » dans son ouvrage sur la dynamique ce cheminement, n'oublie-t-il pas d'inclure et
urbaine ! Lorsqu'on connaît la rigueur scientifique et d'expliciter sa propre idéologie ? Peut-on parler
les précautions d'un Forrester dans le choix des d'économies externes, de processus cumulatifs (p. 26), ou de
hypothèses et des variables, ce type de reproche processus de « gentrification » (p. 72) sans aborder
apparaît peu mérité. ceux de domination ?
Au terme de notre lecture, nous découvrons que, Nous aimerions qu'enfin les géographes français,
pour C. Chaline, deux voies conceptuellement quand ils évoquent tel ou tel résultat obtenu par
distinctes sont ouvertes pour l'étude des villes, même l'utilisation de tel ou tel modèle (de Pred, p. 29, de
si elles ne sont pas encore mûres. L'une donne Berry, p. 41, ou de Morrill, p. 95 par exemple),
priorité à trois moteurs de la dynamique urbaine, le dépassent le stade allusif et montrent ce qu'ils sont,
Temps, l'Espace, l'Energie, l'autre, d'inspiration plus pourquoi et dans quelles conditions ils ont été
socio-économique, intégrant trois forces motrices, appliqués, comment et dans quelles limites ils ont permis
l'Intérêt, le Profit, le Désir (p. 201). L'auteur les de créer une connaissance nouvelle. Car c'est bien
énonce malheureusement au terme de sa à ce niveau que réside l'innovation. Comme les
présentation et de ses analyses. On se demande ce qu'aurait élèves du secondaire, nous n'avons pas seulement
donné la mobilisation a priori de cet « aboutissement envie de savoir : nous avons envie, et besoin,
logique » de « courants de pensée » qui devraient d'apprendre à apprendre. Nos manuels, pour les
« conduire à s'interroger sur l'existence de finalités, enseignants comme pour les étudiants, doivent être conçus
ou d'un certain sens, par-delà le caractère divers et comme des instruments de formation et comme
mouvant des systèmes urbains ». A quelle « nouvelle approche méthodologique des problèmes d'innovation,
lecture de la ville » cette problématique sur laquelle suscitant chez le lecteur un véritable esprit créatif.
il débouche nous aurait-elle conduit si elle avait été Sa conception rend sans doute l'ouvrage de Chaline
posée comme point de départ ? L'auteur en fait a plus facile à lire. Mais il est souvent plus qu'une
choisi une autre voie, plus familière : dans une simple vulgarisation, ce qui est aisé à montrer : la mise au
perspective historique, il insiste plus sur le temps que point du 2" chapitre, sur les mécanismes, apporte par
sur les autres forces tandis que l'espace lui sert de exemple une perspective complètement nouvelle pour
trame d'analyse. Par moment, rappel est fait des la géographie française et témoigne d'une remarquable
autres perspectives, mais sans jamais que l'auteur maîtrise, même si parfois certains concepts manquent
opte pour un camp : « Notre intention n'aura pas été de précision. L'ouvrage occupe donc incontestablement
de trancher entre différentes visions de la ville en une place de choix en tant qu'introduction, initiation,
mouvement » (p. 201) , mais de présenter des à une géographiee urbaine dynamique, orientée sur
approches complémentaires. Qualité ou faiblesse que cette la connaissance des pratiques sociales concrètes. Et
absence d'engagement malgré une prise de pourtant, il n'est pas complètement satisfaisant comme
conscience du rôle des paradigmes dans la connaissance ? manuel d'initiation à une problématique de
Qualité, car les explications sont multiples, recherche. Prenons un exemple. Ce fameux secteur «
illustrant la relativité des faits; faiblesse, car il devient quaternaire », présenté plusieurs fois comme moteur
difficile de saisir le fond de la pensée de l'auteur, dans les dynamiques urbaines, n'est jamais défini.
son originalité si présente dans ses ouvrages sur La S'agit-il d'une extension de la typologie des
métropole londonienne et La Grande-Bretagne. fonctions de Clark ou d'une toute autre notion, fondée
Le choix est pourtant net quant à la démarche de sur le concept de productivité ? Y aurait-il un
l'ouvrage; l'analyse empirique des dynamiques soudain accord sur ce secteur ?
150 Antoine S. Bailly, Jean-Bernard Racine
En résumé, un ouvrage clair, intéressant, Dans les deux parties de l'ouvrage, les auteurs
fourmillant d'exemples, mais quelque peu confus par appliquent les méthodes d'analyse sociale des
suite d'objectifs peut-être trop ambitieux pour entreprises à cette institution ouverte et complexe que
la dimension du volume et ignorant trop constitue la ville. La première partie, consacrée à sa
délibérément certains apports précis de la géographie réalité sociale, est un panorama disciplinaire des
quantitative et behaviouriste. A cet égard, l'ouvrage orientations de la recherche urbaine — panorama
de C. Chaline reste un ouvrage de transition, bien incomplet — alors que la deuxième constitue
d'ouverture, mais pas la manifestation de cette « un effort méthodologique pour une meilleure
nouvelle géographie urbaine » que nous attendons, pratique de l'analyse sociale : « ... en créant le cadre
fondant sa pertinence sociale sur la rigueur d'une composition des représentations de la ville, qui
scientifique. A l'écart des grands courants de pensée constituerait en quelque sorte la structure
scientifique, inconsciente — volontairement ? — de sa d'expression des différents points de vue sur la ville, et
charge idéologique, la géographie française poursuit tendrait, par la rigueur et la diversité de son
un cheminement qui continue de l'éloigner des information, à une expression de synthèse de la réalité
sentiers de la pertinence sociale. Pourquoi s'étonner des urbaine » (p. 75) , les auteurs désirent fournir autre
attaques subies par la discipline sur tous les fronts, chose qu'une grille de lecture, la mise en évidence
enseignement, recherche et de sa perte de de processus permettant à la fois la connaissance et
crédibilité ? D'autres chercheurs feront et font ce que les l'action. Objectifs ambitieux, nul ne le contestera,
géographes n'ont pas fait. liés à la transposition de l'Analyse Sociale des
Institutions à un autre système, plus ouvert, et à une
échelle géographique différente. Se pose alors toute
5. VERS UNE MÉTHODE D'ANALYSE la question de la validité de l'analogie...
GLOBALE DE LA VILLE. Que doit-on privilégier dans la structure urbaine ?
Les structures d'implantation et d'accueil (mise en
Il n'est alors pas étonnant de constater la part forme de l'espace matériel de l'institution), les
dérisoire que Henri Reichert et Jean-Daniel Rémond structures de connexion (support des flux de
(1980), directeur de la Compagnie pour l'Etude et le communication), les structures relationnelles (ensemble des
Développement des Systèmes et président de codes permettant une intelligibilité des
l'Institut International de Communication Sociale, informations) (p. 77) ? En fait les trois, pour ne pas
consacrent à la ville des géographes : 38 lignes (p. 54-55) , méconnaître tous les éléments constituant la ville, les
y compris l'approche militaire qui y est rattachée. personnes, avec leur liberté d'action, les groupes, sous-
« Terminologie austère », « qui répond bien au souci ensembles organisés et opérationnels de l'institution,
de description du géographe », marquée par les l'environnement, avec les problèmes de régulation de
éléments de position, de noyau, les fondements l'écosystème. La quête de l'information s'effectue
économiques et l'habitant, écrivent les auteurs de l'analyse alors suivant onze rubriques : habiter, apprendre,
sociale de la ville. comprendre, se distraire, se maintenir en bonne
Diverses sciences humaines sont d'ailleurs à peine santé, être protégé, être relié, être servi, avoir des
activités, être approvisionné, ne pas être seul. Chaque
mieux traitées, sociologie, histoire, biologie, rubrique se divise en sous-catégories, par exemple
psychanalyse, architecture, aménagement... car elles
privilégient une approche partielle — et non globale — de le logement, son espace, son confort, son autonomie,
la ville. Pour H. Reichert et J.-D. Rémond, l'idée son esthétique, sa dimension collective pour l'habiter.
fondamentale de toute analyse urbaine, dont la ville Réflexion systématique sur les composantes "urbaines
tout comme d'autres organisations n'est qu'une susceptibles de permettre l'analyse simple de la
composante, est « d'allier les exigences de la régulation ville, ce livre repose sur un raisonnement très mé-
collective et la diversité extraordinaire des aspirations caniste : le découpage artificiel d'éléments en
interaction peut être critiqué, mais il a le mérite de
individuelles » (p. 73) . Si nous souhaitons être présenter une thèse claire, une notion de la démocratie,
capable de nous attacher à des projets transcendants qui ne masque pas son contenu idéologique. C'est
pour l'avenir de la société, il nous faut avant tout en fait une « méthode de participation » qui est
rechercher les notions de personne, c'est donc
réapprendre à vivre l'être humain... » (p. 22) et à proposée. Certains seront séduits, d'autres irrités par
l'échelon d'un organisme social tel qu'un pays, c'est cette naïveté politique volontairement affichée... dans
« équilibrer tous les circuits d'information existants » tous les cas l'ouvrage aura atteint son but, celui de
pour « compenser le flux considérable faire réfléchir sur sa pertinence sociale.
d'informations descendantes » ... « par un circuit de remontée
de l'information » (p. 23) pour que chacun pui^e 6. LES VOIES OFFERTES PAR LES SCIENCES
s'exprimer. Thèse behaviouriste puisqu'elle propose
d'éviter l'écrasement de l'individu, et au contraire RÉGIONALES.
développer les réflexes d'activité, d'initiative,
d'expression. Thèse utopiste, et pourtant ce nouveau Le nouvel ouvrage de Pierre-Henri Derycke «
mode de régulation sociale que constitue le Economie et planification urbaines » (1979) est beaucoup
phénomène associatif, illustre le désir de combler le fossé plus qu'une actualisation de « L'économie urbaine »
entre les individus, l'Etat et les institutions. publiée en 1970. C'est une véritable synthèse d'ana-
Des geographies urbaines 151
lyse urbaine, fournissant de manière minutieuse une des auteurs français tournent et retournent leurs
présentation des principales recherches économiques propres problèmes. Ce repli sur soi n'explique-t-il
sur la ville et la région. C'est également, au-delà pas en partie la faible diffusion des livres français
d'un manuel d'économie urbaine, une ouverture sur hors de ce pays ? Pour P.-H. Derycke cependant
les travaux des géographes, sociologues, aménageurs le choix d'exemples étrangers (par exemple prix
et en ce sens un livre très complet. Sans trop fonciers à Bruxelles, Mexico, Chicago, Paris) permet
développer les thèmes d'une mode éphémère, il s'attache souvent d'éviter ce travers.
aux courants les plus solides de la pensée urbaine, Cette critique générale n'enlève rien aux qualités
à leurs origines épistémologiques et à leurs fondamentales d'un livre qui, sur le plan
contenus théoriques. méthodologique, est à conseiller en priorité aux étudiants de
Les chapitres I et II « Le phénomène urbain », « La géographie urbaine. N'y aurait-il plus de différence
ville, l'espace et la théorie économique » apportent entre l'approche des économistes spatiaux et celle des
des enseignements riches sur des auteurs anciens nouveaux géographes ? Sans répondre totalement par
dont les théories, fondamentales pour la pensée la positive, constatons l'ampleur des convergences,
contemporaine, prennent toute leur signification dans le en particulier en ce qui concerne l'arsenal
contexte de l'évolution des paradigmes dominants conceptuel, théorique et méthodologique. Et lorsqu'il existe
(Petty, Cantillon, Steuart, Von Thûnen...). On encore des différences, c'est uniquement sur le plan
souhaiterait souvent plus de précisions épistémologiques; de la priorité donnée aux mécanismes économiques,
mais est-ce possible dans un travail de 400 pages ? plutôt qu'aux relations de l'homme à l'espace. Ce
Cette perspective historique débouche logiquement cheminement commun ne va-t-il pas aboutir à une
sur le chapitre III « Les réseaux urbains », solide discipline thématique commune consacrée à la ville ?
présentation des théories des aires d'influence des villes A la lecture de ce livre, l'espoir renaît, ouvrant la
(Reilly, Zipf ) , sur la hiérarchie des villes (Christaller, voie à de nouvelles recherches interdisciplinaires
loi rang-dimension, croissance allométrique, concept fondées sur des problématiques clairement
d'armature urbaine) et sur le chapitre IV, examen explicitées et n'oubliant pas que toute science sociale est
détaillé des problèmes de « L'espace urbain et son à la fois une construction intellectuelle —
prix ». Toutes les théories présentées sont connaissance — et pratique d'une connaissance (L. Prieto,
approfondies, les hypothèses limitatives explicitées, leur 1975).
pertinence dégagée. P. -H. Derycke fait, lorsque
nécessaire, appel aux explications mathématiques;
mieux vaut quelques formules qu'un discours CONCLUSION.
ténébreux ! Certains géographes le regretteront, mais
chez P.-H. Derycke il ne s'agit jamais de jargon pour
le jargon, mais plutôt d'un moyen pour atteindre un Comment conclure, sinon en regrettant encore une
objectif de clarté pédagogique et méthodologique, fois que la réflexion épistémologique soit si pauvre
objectif pleinement atteint. dans des ouvrages destinés à former nos étudiants.
Le géographe s'étonnera peut-être de la faible place Le fait est surtout préoccupant en ce qui concerne
faite aux relations site-formes urbaines (p. 234) et la contribution de J. Bastié et B. Dézert, pour qui
aux liaisons avec le milieu physique. A peine « la réalité », et c'est un paradoxe chez des auteurs
quelques pages au lieu de plusieurs chapitres comme dans qui se méfient tant des méthodes statistiques, se
les manuels des géographes. Mais pouvait-il en être réduit justement à un inventaire statistique, alors
autrement lorsque l'auteur développe des approches, même que ne sont qu'à peine évoquées les
oh combien plus pertinentes, sur la densité urbaine formidables croissances des villes d'Afrique, d'Asie et
et les prix fonciers. La complexité des théories n'est d'Amérique latine, problème urbain fondamental et
pas masquée, mais à chaque étape sont présentées la qui, comme le relève justement Yves Lacoste (1980),
logique des schémas de réflexion, les méthodes de devrait nous conduire à « envisager de façon
la connaissance et leurs possibilités opérationnelles. nouvelle toutes les rubriques de la géographie urbaine ».
Ce type de démarche permet à l'auteur de mener La peur d'une réflexion épistémologique se traduit
une discussion fructueuse sur les liaisons entre par l'absence de problématique explicite qui
armature urbaine et aménagement du territoire, sur définisse pourquoi le géographe privilégie tel ou tel
la politique des villes moyennes, sur les rapports découpage dans l'ensemble des faits qu'il appelle « la
législation foncière et urbanisation. Peut-être parfois réalité ». Pour l'instant, force est de constater qu'en
tombe-t-il dans ce travers si classique des livres dehors de J. Beaujeu-Garnier, les auteurs étudiés ne
français qui envisagent les problèmes essentiellement nous disent pas grand chose des raisons qui guident
à travers les cas de l'hexagone... et l'énumération de le choix qu'ils font et qui fondent l'importance et la
sigles impénétrables de l'extérieur (SMUH, IAU signification qu'ils accordent aux phénomènes
RIF...). Ici au moins nous donne-t-on la clef de retenus dans leurs analyses.
décryptage... ce qui ne signifie pourtant pas toujours, Est-ce à dire qu'ils ignorent le système en
pour le lecteur étranger (ou même provincial) une fonction duquel l'analyse est conduite ? L'absence de
compréhension du rôle et de l'utilité de ces formulation d'hypothèses, le découpage finalement
organismes ! Pris dans le carcan de l'administration traditionnel et thématique plutôt que «
parisienne centralisatrice, avec ses multiples recoins, bien problématique », les carences dans les théories et la concep-
152 Antoine S. Bailly, Jean-Bernard Racine
tualisation explicite de l'espace et du temps nous pondre à un projet explicité et de répondre à une
disent assez qu'aujourd'hui encore deux problèmes logique interne dans le cadre d'une problématique
fondamentaux de la géographie sont loin d'être clairement définie. Il reste dans cette direction un
résolus : le problème du contenu et le problème, plus vaste travail de conceptualisation.
aigu encore, de l'explication. Qu'étudions-nous ? Des Qu'est-ce qu'une explication valable en géographie
objets matériels ? Des distributions spatiales, des urbaine ? Quel est, dans cette explication, le rôle
comportements, des structures, des processus, les spécifique de l'espace, des décideurs, des
conditions d'opération de ces processus ? Des comportements individuels ou de groupes, de la société et
macrostructures, des micro-structures ? Les deux ? Si oui des rapports sociaux, voire du hasard ? Comment
comment se fait le passage de l'une à l'autre ? David établir les conditions nécessaires et suffisantes de
Herbert (1980) a récemment esquissé un plan pour l'explication ? A cet égard la géographie française
l'étude de la géographie urbaine, à quatre niveaux, n'est manifestement pas plus avancée que la
celui de l'économie politique, celui de l'allocation et géographie anglo-saxonne. Du moins celle-ci pose-t-elle
de la provision des ressources, celui des décideurs, toutes ces questions (Johnston, 1980).
celui de l'environnement local. Bien d'autres
découpages pourraient être envisagés à condition de Manuscrit reçu en novembre 1980, révisé en février 1981

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