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Claval Paul. Chronique de géographie économique XVIII : une nouvelle vague de modèles marxistes du monde contemporain .
In: Revue Géographique de l'Est. Tome 25, N°2-3, année 1985. Vieilles villes industrielles d’Europe occidentale. pp. 283-302;
doi : https://doi.org/10.3406/rgest.1985.1584
https://www.persee.fr/doc/rgest_0035-3213_1985_num_25_2_1584
CHRONIQUE
DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE XVIII :
C'est vers 1975 que l'accent sur les dimensions sociales des faits
géographiques atteint son maximum <15> : nombre de géographes anglo-saxons se
mettent alors à déclarer que notre discipline n'a pas de sens, que seul importe
l'analyse du mode de production, de la formation sociale et des luttes de
classe. Que celles-ci soient alors saisies dans leur cadre géographique ne
change rien au problème : le principe de l'explication ignore l'espace, la
distance, l'étendue. La rente, seule, paraît refléter le poids des contraintes
physiques, mais l'accent mis par la plupart des théoriciens de la ville sur
les rentes différencielles, sur la rente différencielle II, celle qui naît des
transformations que l'investissement fait naître et des oppositions qu'il crée
dans le milieu, permet d'occulter totalement des facteurs aussi importants
que l'éloignement.
Lassé de ces fantaisies, je consacrai quelques mois à en chercher la
cause dans la doctrine marxiste et dans Marx lui-même et publiai en 1977
un article sur «le marxisme et l'espace» dans L'Espace Géographique (16).
Cet article dérangea beaucoup de collègues de France, des autres pays latins,
de Belgique flamande et des Pays-Bas, ce qui lui valut d'être réfuté nombre
de fois dans cette revue (17) sans que jamais ses arguments essentiels soient
pris en compte, puis d'être fustigé dans l'édition anglaise de l'ouvrage que
Massimo Quaini a consacré à Geography and marxism (18). Comme
d'autres auteurs élevaient, à peu près dans le même temps, des réserves
semblables aux miennes, l'idée de faire dériver toutes les interprétations
géographiques d'un corps de doctrine où l'espace ne jouerait aucun rôle n'a
plus guère cours. De nouvelles versions, plus élaborées, du marxisme, sont
en train de voir le jour. Nous voudrions évoquer ici quelques-unes des
positions les mieux construites sur le plan général, puis parler des conceptions
de l'économie mondiale à travers les recherches historiques d'I. Wallerstein
et les publications contemporaines sur le stade du capitalisme global.
(18) Quaini (M.). — Geography and marxism, Oxford, Blackwell, 1982, 204 p.
Il s'agit d'une édition élargie et remaniée de l'ouvrage paru en italien en 1974
(cf. note 10 supra).
(19) Harvey s'était surtout signalé comme théoricien des approches
néo-positivistes dans son grand ouvrage de 1969 lorsqu'il publie Social justice and the city
et y montre sa conversion au marxisme.
Harvey (D.). — Explanation in geography, Londres, Arnold, 1969, XX-521 p.
— Social justice and the city, Londres, Arnold, 1973, 336 p.
(20) Harvey (D.). — The geography of capitalist accumulation : a
reconstruction of the Marxian theory, Antipode, vol. 7, 1975, p. 9-21.
(21) Harvey (D.). — Labor, capital and class struggle around the built
environment in advanced capitalist societies, Potitics and Society, vol. 6, 1977,
p. 265-295.
— Urbanization under capitalism : a framework for analysis, International
Journal of Urban and Régional Research, vol. 2, 1978, p. 101-131.
MODÈLES MARXISTES DU MONDE CONTEMPORAIN 287
Et Harvey précise sur ce point à l'aide des rares textes où Marx aborde
ces questions : « Nous notons, alors, que les marchandises « ont à être
amenées au marché » pour l'échange (...), et que ceci implique éventuellement
un mouvement dans l'espace. Ce dernier est essentiel dans la formation des
prix. Dans la mesure où l'échange devient général et est rendu parfait, la
circulation des marchandises « rompt toutes les restrictions en ce qui concerne
le temps, le lieu et leurs caractères individuels ». Des prix se forment qui
reflètent les conditions de production en divers lieux sous diverses
conditions de travail concret. Le processus d'échange est, en résumé, responsable
d'un mouvement perpétuel d'abstraction des conditions spécifiques de lieu
à travers la formation du prix. Cela ouvre la voie à une conceptualisation
des valeurs en termes indépendants des lieux. Le travail abstrait contenu en
un lieu particulier sous des conditions concrètes spécifiques est une moyenne
sociale prise à travers tous les lieux et toutes les conditions » <28).
Nous voilà ramené exactement au propos que je considérais comme la
faiblesse fondamentale de toutes les entreprises marxistes dans mon article
de 1977, mais le raisonnement suivi par Harvey n'est pas celui que j'avais
choisi de relever chez Marx : dans l'Introduction à la critique de l'économie
politique, Marx justifie son épistémologie par la distinction qu'il introduit
entre le concret de pensée et le concret réel : « De même que dans toute
science historiques ou sociale en général, il ne faut jamais oublier, à propos
de la marche des catégories économiques, que le sujet, ici la société
bourgeoise moderne, est donné aussi bien dans la réalité que dans le cerveau,
que les catégories expriment des formes d'existence, des conditions
d'existence déterminées, souvent de simples aspects particuliers de cette société
déterminée, de ce sujet, et que par conséquent cette société ne commence
à exister, du point de vue scientifique aussi, qu'à partir du moment où il
est question d'elle en tant que telle » (29>. Cela justifie donc un mode
d'analyse à partir des concepts : «... la méthode qui consiste à s'élever de l'abstrait
au concret n'est, pour la pensée, que la manière de s'approprier le concret,
de le reproduire sous la forme d'un concret pensé (30). Ce que Harvey nous
a présenté, c'est l'application au cas de l'espace du principe général que je
considère toujours comme central dans l'aventure marxiste — et source de
l'impuissance spatiale et de l'infécondité finale de la doctrine.
Harvey ne se met donc que verbalement à l'abri de la critique que l'on
peut adresser à toute pensée marxiste puisqu'il ignore les déterminations
concrètes — ou que plus exactement, il attache plus de poids à des concepts
que les techniques modernes l'ont considérablement accrue (33). C'est tout.
Il parle de contrôle et d'organisation sociale, mais sans que jamais cela
lui paraisse mériter une explication, et une explication qui mette en jeu la
distance et la manière de maîtriser ses effets dans la vie de relation. En
ce qui concerne le rôle de l'espace dans l'émergence des consciences de
classe, il va moins loin que Marx, qui savait combien les facilités de contact
sont indispensables pour que la pâte sociale prenne !
Que reste-t-il alors comme rôle que l'espace puisse jouer dans la vie
sociale ? Plus qu'on ne pense, et c'est là que l'ouvrage de David Harvey
se montre novateur. Dans les trois derniers chapitres, il tire grand parti
des recherches contemporaines sur la ville, les mouvements sociaux,
l'organisation des espaces nationaux, l'impérialisme, l'inégal développement et la
succession des formes du capitalisme. L'argument qui court tout au long de
ces chapitres, c'est que le capital est générateur de contradictions
spatiales (34). La concurrence impitoyable qui y est la règle pousse les
entrepreneurs à explorer sans cesse de nouvelles opportunités et à élargir le
champ de leurs activités : il est donc marqué par une tendance
fondamentale à l'universalisation. Mais dans le même temps, il secrète mille formes
de fragmentation qui sont utiles à certains, et s'opposent à son dynamisme
majeur.
Commençons par la rente. C'est un des domaines où les raisonnements
de Marx sont les plus touffus. Harvey réussit à présenter de manière
limpide et en quelques pages les notions de rente <35> : la rente de monopole
qui revient à celui qui contrôle la totalité d'un type de sol ou de
localisation dont on ne peut se passer quel qu'en soit le prix ; la rente absolue
qui échoit à l'ensemble des propriétaires lorsqu'ils refusent de laisser le
capital s'investir dans leurs exploitations et livrent ainsi sur le marché des
produits dont la composition diffère de la normale : ils incorporent trop de
capital variable, ce qui donne aux marchandises produites par la terre un
surplus de profits confisqué comme rente. La rente différentielle I est celle
que tous les économistes connaissent : elle naît de l'inégale répartition des
fertilités (Ricardo) ou des avantages de position (von Thiïnen), si bien que
les revenus nets dégagés varient d'un point à un autre et reviennent au
propriétaire. La nature de la rente différentielle II est liée au fait que les
investissements qui portent sur la terre s'y trouvent souvent comme
incorporés : lorsque des paysans améliorent leur champ en les épierrant, en les
amendant par du sable ou de la marne, le gain provoqué est permanent, si
bien que le revenu auquel il donne lieu ne participe pas à la même caté-
gorie que les profits. C'est une rente, mais dont les composantes sont mixtes.
C'est elle qui fait passer, dans l'optique commune, la terre comme un
capital — un capital fictif aux yeux du théoricien marxiste.
A quoi servent ces rentes? (3(J>. A rationaliser la production et à
aviver la concurrence entre les producteurs d'abord : les entrepreneurs ne
peuvent compter sur les avantages locaux que procurent la fertilité ou la
position pour relâcher leur effort de modernisation, puisque les revenus qui
en résultent reviennent aux propriétaires fonciers ; les producteurs n'ont
d'autre solution que de faire sans cesse renaître leurs profits en innovant,
mais c'est une course sans fin puisqu'ils sont presqu'aussitot rejoints par les
autres. L'argent collecté par les propriétaires fonciers peut jouer aussi un
grand rôle dans le financement des investissements productifs. Le divorce
que la grande propriété foncière instaure entre le travailleur et son outil de
production facilite enfin, sur les marges des aires modernisées, la
pénétration du capitalisme. Mais à côté de ces avantages, que d'inconvénients pour
le système ! Une partie des revenus se trouve soustraite aux producteurs et
souvent, aux usages productifs ; tant que les attitudes traditionnelles, de
type féodal, se maintiennent parmi les propriétaires fonciers, la rente
absolue qu'ils perçoivent fait perdre à l'ensemble de l'économie une partie de
son dynamisme. Ainsi se créent, parmi les détenteurs de capitaux (au sens
commun) une tension entre deux sous-groupes : les capitalistes au sens
strict, et les propriétaires fonciers.
Mais il y a d'autres sources de contradictions spatiales. Il convient, dans
le processus de production, d'investir en capitaux fixes destinés à la
production elle-même (bâtiments, voies de transport), aux faux-frais de la
circulation, et à la reproduction de la force de travail (les logements). La
rationalité du système est d'autant plus forte que la mobilité de tous ces
éléments est plus grande : celle-ci ne peut malheureusement être réalisée
que par des investissements fixes !
Comment sortir de cette contradiction ? Pour le capitaliste uniquement
soucieux de gérer au mieux son capital, en abandonnant autant que possible
à d'autres la charge de financer la mise en place du capital fixe (37). Mais
ceux-ci doivent être de toute manière payés : s'ils le sont sur la production,
directement, les profits se trouvent laminés. La tentation est donc grande,
pour un capitalisme cohérent, de faire régler partie ou totalité de ces frais
par l'Etat — les analyses contemporaines de l'intervention publique dans le
domaine de la construction y insistent constamment depuis les travaux de
Lojkine (38) ou de Topzlov (39).
David Harvey est également sensible au rôle de ce qu'il appelle les
infrastructures sociales (40> (le terme est mal choisi, car elles appartiennent,
il le dit plus loin, à la catégorie des superstructures — c'est un des points
où son effort de clarification achoppe). En effet, il n'y a pas de circulation
dire que leur résultat, c'est de fragmenter l'espace. Du coup, pas moyen
vraiment de remettre en cause les hypothèses initiales. La synthèse de Harvey
est brillante, mais elle souffre de l'infécondité structurelle des approches
marxistes en matière spatiale.
mesure que ces notions sont employées, et la thèse majeure est reprise à
la fin du Pr volume, en 10 pages (p. 347-357). Le second volume explore
l'incidence des mouvements de la conjoncture au xvir siècle et au xvme
siècle plutôt qu'il n'introduit de nouvelles notions spatiales. Il est cependant
important, puisqu'il se penche sur une crise pour dégager la signification du
système qu'elle affecte et achève de mettre en place : on reconnaît là un
thème qui ressemble à ceux signalés chez Harvey.
L'idée majeure qui court à travers les deux ouvrages, c'est en effet
que les unités majeures que doit prendre en considération l'historien, ce sont
les économies-mondes, c'est-à-dire les ensembles territoriaux soudés par la
division du travail qui les rend solidaires. Isoler un état, une nation, un
ensemble arbitraire de pays, c'est se priver de la possibilité de percer la
logique d'ensemble des systèmes territoriaux — cette logique économique
qui est au cœur de l'interprétation.
Les économies-mondes sont de deux types : les grands empires, et les
économies-mondes proprement dites. La différence vient de ce que dans le
premier cas, les frontières de l'organisation politique coïncident avec l'aire
de complémentarité économique, alors qu'il y a discordance dans le second.
Jusqu'au xvie siècle, les économies-mondes ont presque toujours pris la
forme impériale ; il faut atteindre le Moyen Age pour que s'esquissent,
autour de la Mer du Nord et de la Baltique d'une part, et autour du bassin
méditerranéen de l'autre, des zones où l'échange est actif sans qu'elles
possèdent la moindre cohésion politique globale. Au xvie siècle, on assiste à
une tentative pour intégrer l 'économie-monde élargie que les grandes
découvertes sont en train d'engendrer dans le cadre d'un grand Empire, celui
de Charles-Quint, mais la tentative échoue. Pourquoi ? Parce que la nouvelle
formule de structuration, plus souple, offre d'immenses avantages.
Tant que les foyers actifs de la vie d'échange et les secteurs qui les
approvisionnent ou leur servent de débouchés sont inclus dans le même
Etat, le souverain est obligé de protéger les uns contre les convoitises des
autres : la machine politique limite les possibilités d'exploitation économique.
Celles-ci sont au contraire maximisées dans l'économie-monde au sens du
xvie siècle et des siècles suivants.
La mécanique des rapports centre-périphérie telle que l'explore Waller-
stein ne fait guère intervenir les notions de distance, d'effet de centralité
et d'avantages externes nés de la structure des réseaux de relation. Elle
repose tout entière sur une théorie de l'économie et des systèmes politiques
qui va dans le sens des interprétations naïves et marxisantes de la vie
publique : c'est la partie du schéma qui me paraît faible, et qui compromet
sa validité globale, quels que soient les traits positifs qu'il présente par
ailleurs.
Pour qu'un Etat soit fort, il faut en effet, dans l'optique de Wallerstein,
qu'il dispose à la fois de soutiens de classes puissants et de moyens
financiers abondants. La seconde condition est plus facilement remplie là où
l'économie est complètement monétarisée et les échanges très actifs — dans
les foyers de la vie d'échange, donc. Ceux-ci se fixent dans les zones capables
de produire bon marché et à grande échelle (55> car le protectionnisme y
(55) Wallerstein (L). — The modem world system, op. cit., cf. T. II,
p. 38-44.
*298 P. CLAVAL
que la tourbe y joue un grand rôle (62), c'est évident, mais cela ne suffit
pas à expliquer le déclin ou la ruine des Foyers industriels italiens <63> ; on
ne voit pas pourquoi la crise de la fonction de redistribution et de commerce
de Florence, de Gênes, de Milan et de Venise à la suite des changements
dans les courants maritimes devait nécessairement retentir sur les activités,
manufacturières. Les arguments présentés ne manquent pas — le prix de la
main-d'œuvre en Italie du Nord, l'absence de source d'approvisionnement en
céréales suffisante pour les besoins du monde méditerranéen et la position
de monopole de la Hollande vis-à-vis du commerce des grains baltiques,
tout cela a certainement joué un rôle, mais sans que l'on puisse à partir
de là comprendre les bouleversements dans la géographie européenne et
le passage de la Méditerranée septentrionale, Italie du Nord et France du
Sud, dans la semi-périphérie.
On voit, à ces exemples, les dangers qu'offrent toutes ces théories
d'inspiration marxiste : elles permettent de classer de manière satisfaisante une
bonne partie de ce que l'on sait, mais elles le font en exigeant des
simplifications douteuses, et en gommant certains aspects de la réalité déclarés a
priori sans signification. Dans le cas de Wallerstein, le schéma
centre-périphérie est dépourvu des dimensions spatiales qui le justifieraient vraiment.
Le côté positif de la tentative, c'est de proposer une interprétation
sociale globale dans laquelle les faits économiques, sociaux et politiques sont
articulés les uns aux autres. Il est dommage que la mécanique sociale
demeure analysée seulement sous l'angle de l'équilibre des classes et que
Wallerstein n'ait pas compris ce qu'il y a à retirer de l'étude des
architectures sociales et des divers types de relations qui structurent l'espace : cela
va dans le sens de son idée de sphères de rayons différents et en interaction
constante, mais le rôle des idéologies et des représentations ne peut être
rayé d'un trait de plume. C'est ce qui rend la thèse de Wallerstein, malgré
le déploiement spectaculaire d'érudition que l'on y trouve, assez fragile
sous l'angle scientifique.
monde présent. Ils ont tiré de Mandel <72) l'idée que la crise qui secoue le
monde doit retenir l'attention tant elle marque une péripétie majeure dans
l'histoire du capitalisme. C'est ainsi que sont nées, en partie autour des
géographes marxistes de l'Université de Clark et des chercheurs australiens
de l'Australian National University et de l'Université de Sydney, les thèses
sur le capitalisme global <73> ; elles développent des positions connues
également en France, où elles ont séduit certains économistes ou sociologues (74).
L'idée qui les domine est simple : l'évolution du système capitaliste
pousse sans cesse à plus de mobilité. Les systèmes nationaux constitués un
temps en son sein pour résoudre quelques-unes de ses contradictions en
socialisant ses coûts de production ont fini par apparaître comme des
obstacles à une solution plus radicale — la diminution des coûts par l'intégration
plus poussée des périphéries au processus de production. Là, pas besoin de
payer très cher un prolétariat qui manque encore de combativité ou de
consacrer des sommes énormes à la lutte contre la pollution, car les
associations d'écologistes n'existent pas ou n'ont aucun poids politique. Les
multinationales permettent de rapatrier les profits réalisés dans les nouvelles
zones industrielles et de maintenir celles-ci en état de dépendance,
puisqu'el es ne peuvent inventer les technologies nouvelles indispensables pour
garder place dans la compétition. La multiplication de zones industrielles dans
le Tiers Monde, c'est le capitalisme global ; les migration de travailleurs
célibataires parqués dans des villes ou des quartiers où ils ne sont jamais
que des hôtes provisoires, comme on le voit dans les pays du Golfe persique,
à Singapour ou en Europe et Amérique du Nord, c'est toujours le
capitalisme global ; l'effort pour tirer parti le plus vite possible de toutes les
facilités que l'électronique moderne offre en matière de communication et
de traitement de l'information pour la gestion, c'est toujours le capitalisme
global ; et son syndrome de mobilité fébrile. On pourrait multiplier ainsi les
exemples à l'infini. Tous les éléments qui changent depuis quelques années
dans notre monde peuvent être interprétés de cette manière, depuis le
glissement vers le Sud et vers l'Ouest de l'industrie américaine, le
redéploiement de l'industrie australienne, les interventions de l'Etat, jusqu'à la
politique des firmes monopolistes : c'est ce que montrent les articles rassemblés
et présentés par Richard Peet dans le numéro d'avril 1983 de la revue
Economie Geography (75).