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INSTITUT SUPÉRIEUR DES MÉTIERS DE LA STATISTIQUE (ISMS)

Statistiques
Démographiques

Année Scolaire : 2020-2021

Alassane Yero BA, Démographe


Plan provisoire du cours

Introduction ............................................................................................................................................. 2
I. Définition des concepts de base...................................................................................................... 3
I.1. Démographie : ......................................................................................................................... 3
I.2. Population ............................................................................................................................... 3
I.3. Phénomènes et évènements démographiques ...................................................................... 4
II. Sources des statistiques démographiques ...................................................................................... 4
II.1. Recensement ........................................................................................................................... 4
III. Analyse longitudinale et transversale ......................................................................................... 6
III.1 Définition ................................................................................................................................. 6
III.2 Le diagramme de Lexis ............................................................................................................ 6
III.3 Calcul des taux bruts ............................................................................................................... 8
IV. Dynamique des populations ........................................................................................................ 9
IV.1 Accroissement démographique............................................................................................... 9
IV.2 Équation d’équilibre : .............................................................................................................. 9
IV.3 Accroissement naturel : ........................................................................................................... 9
IV.4 Taux d’accroissement naturel : ............................................................................................. 10
IV.5 Évolution d’une population à taux d’accroissement naturel constant ................................. 10
IV.6 Temps de doublement .......................................................................................................... 11
V. État et structure de la population par sexe et par âge.................................................................. 12
V.1 Graphiques et tableaux ......................................................................................................... 12
V.2 Répartition de la population par sexe et par âge .................................................................. 14
VI. Mesure des phénomènes démographiques .............................................................................. 16
VI.1 Mesure des indicateurs de la natalité et de la fécondité ...................................................... 16
VI.2 Indicateur de la mortalité (taux brut de mortalité, quotients de mortalité, espérance de vie
etc.) 20
VI.3 Analyse des événements matrimoniaux ............................................................................... 25
VII. Tables des phénomènes démographiques ................................................................................ 30
VII.1. La table de mortalité ......................................................................................................... 30
VII.2. Table de la fécondité ................................................................... Erreur ! Signet non défini.
VII.3. Table de la nuptialité ................................................................... Erreur ! Signet non défini.
VIII. Population et développement................................................................................................... 32
Bibliographie.......................................................................................................................................... 32

Introduction
Ce cours traite de quelques techniques de production et de l’analyse des statistiques
démographiques utiles pour la planification économique et sociale. Les statistiques
démographiques sont composées d’un ensemble de sujets touchant plusieurs disciplines
(mathématiques, biologie, sociologie, santé etc.). Elles traitent des composantes du mouvement
de la population (évolution de la population, fécondité, natalité, mortalité, de la mobilité
spatiale), de sa structure et de son évolution. Chacun des sous-systèmes traités dans ce cours
pouvant elle-même faire l’objet d’un cours particulier.

Seule la phase analytique de la démarche esquissée brièvement ci-dessus fait l’objet d’un
développement dans le présent cours. D’autres cours dans le programme, telles les leçons sur la
projection et la perspective socio-démographique, mettront davantage l’accent sur la synthèse
plutôt que sur l’analyse.

I. Définition des concepts de base


I.1. Démographie :

De l’ancien grec, (Demos : peuple et graphein : écrire), la démographie est définie par le
dictionnaire multilingue des Nations Unies comme une science ayant pour objet l’étude des
populations humaines en ce qui concerne leur dimension, leurs structures, leur évolution ainsi
que de certains de leurs caractères généraux.

La démographie se base ainsi sur deux principales catégories de données qui sont en fait
complémentaires :
La première s’attache à étudier l’état de la population à un instant donné et à
connaître particulièrement sa taille et sa structure (répartition par sexe, par âge,
par région, par milieu de résidence, par activité etc.)
La deuxième catégorie s’intéresse à suivre des mouvements de la population en
enregistrant d’une façon continue les naissances, les décès, les mariages et les
divorces, les migrations etc.
Ces éléments permettent d’étudier les mouvements naturels à travers la natalité, la mortalité et
les mouvements migratoires.

I.2. Population

Une population est un ensemble d'individus coexistant à un moment donné et délimité selon des
critères variés d'appartenance. Plus communément, le mot population désigne l'ensemble des
habitants d'un territoire (état, région, département, ville, village...) à une date donnée
(population totale). Il peut aussi désigner des fractions variées de cet ensemble (population
urbaine, rurale, population scolaire, population active, etc.).
3
I.3. Phénomènes et évènements démographiques

Le phénomène démographique est la survenance d’évènements d’une catégorie donnée.


L’évènement démographique se sont des faits concernant un individu et affectant directement la
structure des populations et leur évolution.

Ainsi aux événement décès, correspond le phénomène mortalité ; au mariage la nuptialité, aux
naissances, la natalité/fécondité.

Tableau 1 : événements et phénomènes démographiques


Événement démographique Phénomène démographique
Naissance Fécondité, Natalité
Décès Mortalité
Mariage Nuptialité
Divorce Divortialité

II. Sources des statistiques démographiques

Les statistiques démographiques proviennent principales des différentes sources suivantes : les
sources administratives, les recensements démographiques, les enquêtes par sondage, l’état civil
etc. en Mauritanie, les principales sources sont les recensements et les enquêtes.

II.1. Recensement

C’est l’opération qui consiste à recueillir des données démographiques et sociales se


rapportant, à un moment donné, à tous les habitants d’un territoire déterminé, le plus souvent
un pays. Il s’agit donc d’une photographie ou une photo instantanée de la population.

Les avantages et les inconvénients du recensement :


Avantages : Les inconvénients du recensement
Parmi les avantages du recensement : Parmi les lacunes du recensement :
➢ Exhaustif ; ➢ Couteux ;
➢ Couvre l’ensemble du territoire ➢ Donne un aperçu global sur
du pays ; les phénomènes de la
➢ Fournit l’ensemble des population sans
caractéristiques approfondissement ;
démographiques et ➢ Demande beaucoup de temps
socioéconomiques de la pour la préparation et
population recensée ; l’exécution : généralement
➢ Fournit une base de sondage fait chaque dix ans ;

4
pour le tirage des échantillons ➢ Soumis à des erreurs de
dans la période intercensitaire ; couverture : double compte
➢ Sans erreurs d’échantillonnage. et une omission.

II.2. État Civil

Historiquement, l’état civil est la plus importante des sources de renseignements sur les
évènements démographiques. Il a pour rôle de consigner les évènements du mouvement
démographique déclarés par les habitants (naissances, mariages, divorces, décès …). Ainsi,
l’enregistrement continu des faits d’état civil permet au démographe de se faire une idée sur
la dynamique (mouvement) de la population. En Mauritanie, les faits d’état civil sont
enregistrés à l’Agence Nationale du Registre des Populations et des Titres Sécurisés à
travers la déclaration auprès des centres d’accueils des citoyens.

Les avantages et les inconvénients du recensement :


Avantages : Inconvénients
➢ Un outil de suivi à temps ➢ Soumis à des erreurs de couverture
réel des événements ;
démographiques ; ➢ Demande une infrastructure assez
solide et des dispositifs étendus sur
l’ensemble du territoire du pays ;
➢ Ne couvre pas tous les
phénomènes de changement de
population.

II.3. Enquêtes ménages

A côté du recensement et de l’état civil qui constituent les deux principaux instruments pour
une observation exhaustive (toute la population est concernée), les enquêtes démographiques
par sondage (à passage unique ou à passage répétés) constituent une source appréciable des
données démographiques. Le mauvais fonctionnement de l’état civil et les difficultés liées à
l’organisation d’un recensement (opération lourde) ont conduit les démographes à
développer d’autres méthodes d’observations, en l’occurrence les enquêtes par sondage.

Les avantages et les inconvénients du recensement :


Avantages : Inconvénients
• Moins couteux ; • Soumis à des erreurs
• Demande moins de temps d’échantillonnage ;
pour la préparation et • Couvre un échantillon
l’exécution ; seulement de la population
• Fournir des données étudiée ;
approfondies sur le • Les généralisation ou
phénomène étudié ; l’extrapolation de résultats
issus des enquêtes ont des
biais.

II.4. Autres sources

5
La démographie peut également largement profiter du travail d’un nombre d’instruments qui ont
réuni des statistiques de population pour leurs besoins propres. Exemples : Registres de
population, registres ou fichiers de migration, les documents établis par les compagnies
d’assurances, les services sanitaires, les services scolaires, la sécurité sociale, la justice etc.

III. Analyse longitudinale et transversale

III.1 Définition

Ces deux thèmes bien que similaires ont des approches différentes :

• L’analyse longitudinale consiste à étudier les populations durant plusieurs années. Elle
permet de suivre une cohorte donnée au cours de sa vie. Elle est plus difficile à réaliser
et nécessite une reconstitution de l’histoire passée des générations. Elle permet aussi de
connaître précisément les changements réels de calendrier et d’intensité des phénomènes.
• L’analyse transversale consiste à étudier et à décrire la population dans une ou plusieurs
générations sur une période de temps donnée. Autrement dit, elle suivra la variation
d’une année à l’autre de la population (donc du stock total sans distinction de cohorte).
Cette étude prédomine en démographie car elle ne nécessite que des données annuelles.
• Cohorte est une personne ou un groupe de personnes actions ou un ensemble d’action
dans un temps donnée qu’on va suivre dans le temps.
Exemple : Admettons que l’on suit des personnes qui s’inscrivent dans un site web de vente de
produit. La S1, 1000 personnes se sont inscrites. Ils font partie de la cohorte N01
Le but d’utiliser cette cohorte est de voir dans quelle mesure dans le temps ils utilisent leur
produit. Au bout d’un mois, on peut voir combien de personnes continuent d’utiliser le produit.

III.2 Le diagramme de Lexis

La mesure des phénomènes peut se faire de deux façons :


1. Par durée écoulée depuis l’événement–origine ;
Exemple : la fécondité des femmes se situe entre 15 et 50 ans sur la ligne de
vie allant de 0 an à w ans ;
2. Par année : ici on mesure le nombre d’événements survenus par année
(nombre de mariages, nombre de décès, etc. par année).

La combinaison de ces deux repères sur un même diagramme porte le nom de diagramme de
Lexis du nom de celui qui l’a inventé. Ce diagramme représente simultanément par durée, par
période et par cohorte les phénomènes démographiques. La connaissance de deux repères
permet de retrouver le troisième.

6
Diagramme de Lexis

Durée
(âge)

0
1985 1986 1987 1988 1989 1990 Période de calendrier (année)

NB : - les âges sont en ordonnée


- les années sont en abscisse
- les effectifs se reportent sur des axes verticaux lorsqu’ils sont en âges révolus
ou en horizontal s’ils sont en âges exacts.
- les événements se situent sur des surfaces
• carrés (1 âge révolu, une année, sans distinction de génération)
• losanges (1 âge révolu, une cohorte connue)
• triangles (1 génération connue et un âge révolu donné)

Voici les trois exemples de figure que l’on peut extraire du diagramme de Lexis.

1er exemple : les décès de 0 an révolu de l’année 1986.


1 période
1 durée révolue : il s’agit de deux générations
1 1985 et 1986
En moyenne 0,5 an
0
1986

2ème exemple Décès de 0 an révolu 1


1 cohorte
1 durée révolue 0
2 années 1987 1988

7
cohorte génération de 1987
1 durée révolue 0 an révolu
cela se situe sur deux périodes 1987 et 1988

4
3ème exemple 1 cohorte
3
1 période
2
1988

Cohorte génération 1985 =➔ 2 durées


Période année 1988 révolues

III.3 Calcul des taux bruts

Exercice

On enregistre en France 570 601 décès pendant l’année 2009. Sachant que la population totale
s’élevait à 50 105 500 personnes au 1/1/2009 et à 50 524 00 personnes au 1/1/2010. Calculez le
taux brut de mortalité en 2009.

Solution

50 105 500+50 524 400


- La population moyenne = = 50 314 950 𝑝𝑒𝑟𝑠𝑜𝑛𝑛𝑒𝑠
2
570 601∗1 000
- TBM = = 11,34 ‰
50 314 950

8
IV. Dynamique des populations

IV.1 Accroissement démographique

Les mouvements de population dépendent de trois éléments : les naissances, les décès et la
migration. Au fur et à mesure que les gens naissent, meurent ou se déplacent, les effectifs d’une
population concernant un pays, une région ou une localité peuvent changer.

IV.2 Équation d’équilibre :


La méthode la plus fondamentale permettant de calculer des mouvements numériques de la
population dans le temps consiste à employer l’équilibre suivant :
Pt+n=Pt + (N – D )+ (I – E).

Dans laquelle :
❖ (N – D) : accroissement démographique naturel.
❖ (I – E) : solde migratoire.
❖ Pt+n : population à l’année (t + n).
❖ Pt : population à la date t.
❖ N : naissances.
❖ D : décès entre les deux dates.
❖ I : immigration.
❖ E : émigration.

IV.3 Accroissement naturel :


L’accroissement naturel est la variation de l’effectif d’une population durant une période
résultant de la balance des naissances et des décès : AN= N – D.
Dans laquelle :
❖ AN est l’accroissement naturel pendant une période.
❖ N présente les naissances pendant cette période.
❖ D présente les décès durant cette même période.
Nous entendons par Pt ou Pt+n la population moyenne à un temps « t » ou un temps « t + n
».
Elle correspond généralement à l’effectif au milieu de l’année (généralement au 1er Juillet),
il correspond aussi à la population au 1er Janvier de l’année et la population au 31 décembre,
le tout divisé par deux.

9
IV.4 Taux d’accroissement naturel :

Le taux d’accroissement est le taux avec lequel une population augmente (ou diminue)
durant une année donnée en raison de l’augmentation naturelle et de la migration nette
exprimée en pourcentage de la population de base. Le taux d’accroissement tient compte de
tous les éléments de la croissance de la population : naissances, décès et migration. Il se
calcule comme suit :

(naissance de l′ année t) − (Décès de l′ année ) + (migration nette )


𝑃𝑜𝑝𝑢𝑙𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑚𝑜𝑦𝑒𝑛𝑛𝑒 (𝑝𝑜𝑝𝑢𝑙𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙𝑒 𝑎𝑢 𝑚𝑖𝑙𝑖𝑒𝑢 𝑑𝑒 𝑙 ′ 𝑎𝑛𝑛é𝑒𝑡)
Le taux d’accroissement égale à la somme du taux d’accroissement naturel et de la migration nette
(positif ou négatif selon les cas).

Taux d’accroissement = TAN + TMN.

(naissance de l′ annéet) − (Décès de l′ année )


𝑇𝐴𝑁 =
𝑃𝑜𝑝𝑢𝑙𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑚𝑜𝑦𝑒𝑛𝑛𝑒

Migration nette
𝑇𝑀𝑁 =
𝑃𝑜𝑝𝑢𝑙𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑚𝑜𝑦𝑒𝑛𝑛𝑒

(population du 01 − 01 − t) + (Population 31 − 12 − t )
𝑃𝑜𝑝𝑢𝑙𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑚𝑜𝑦𝑒𝑛𝑛𝑒 =
2

P1 + P0
Pm =
2

Le taux d’accroissement r est égal à :

At Nt − Dt + I t − Et
r= =
Pm Pm

r = (n − m) + (i − e) (2)
= (taux brut d’accroissement naturel) + (taux brut de migration nette).
n = taux brut de natalité ;
m = taux brut de mortalité
i = taux brut d’immigration
e = taux brut d’émigration.

IV.5 Évolution d’une population à taux d’accroissement naturel constant

10
On considère maintenant que la population P est à taux d’accroissement constant r, Pt et Pt-1 les
effectifs de la population au cours de l’année t et t-1, At l’accroissement de cette population
entre t0 et t1.

At = r. Pt-1
P1 = P0 + A1 = P0 + r. P0 = P0 (1 + r)
P2 = P1 + A2 = P1 + r. P1 = P1 (1 + r) = P0 (1 + r)2
.
.
.
Pn = P0 (1 + r)n (3)

Une population dont le taux d’accroissement naturel est constant évolue en progression
géométrique. Si r est positif, la population croît ; si r est négatif la population décroît.

Connaissant Pt, P0 et t, on peut facilement en déduire le taux d’accroissement


démographique (r).

Le taux d’accroissement de la population est normalement variable partout dans le monde.


Un déclin de la population ne résulte pas nécessairement d’un déclin du taux
d’accroissement, car le déclin de celui-ci signifie la plupart du temps que la population
continue d’augmenter avec un taux plus réduit par contre un taux d’accroissement négatif
indique le déclin d’une population. Actuellement dans le monde, il y a quelques pays qui ont
une population en déclin, mais beaucoup de pays connaisse un déclin de leur taux
d’accroissement tel est le cas pour la Mauritanie, dont la valeur de ce taux qui était de 2,4 %
durant la période de 1984-2000 se situe à 2,77 % entre 2000 et 2013.

IV.6 Temps de doublement

Le temps de doublement d’une population est la durée requise, à partir d’une date donnée,
pour que son effectif soit multiplié par 2.

Log 2
Pt = 2. P0 = P0 (1 + r)t et t= (4)
Log (1 + r )

11
Exemple : une population qui augmente constamment au taux de 2,5 % par an doublerait en
28,1 ans.
Temps de doublement de la population pour quelques taux d’accroissement naturel annuel.

Taux d’accroissement Temps de


naturel (%) doublement (ans)
0,1 693,5
0,5 139,0
1,0 69,7
1,5 46,6
2,0 35,0
2,5 28,1
2,7 26,0
3,0 23,4
3,5 20,1
4,0 17,7

V. État et structure de la population par sexe et par âge

L’état de la population est sans doute la caractéristique de la population qui intéresse en premier
les démographes ainsi que les décideurs à tous les niveaux. Il est utile aussi bien du point de vue
purement démographique que du point de l’information nécessaire tant à la conduite de politique
de développement que de gestion quotidienne de la cité. L’importance de cette unité
d’enseignement n’est donc plus à démontrer.

V.1 Graphiques et tableaux

Les cartes, figures et graphiques permettent de mieux visualiser les données d’un tableau. Les
cartes permettent de visualiser les différences spatiales. Elles porteront sur des monographies ou
sur des thématiques précises.

Les graphiques seront utilisés pour les données d’état de variables quantitatives (âge par
exemple) ou qualitatives (discrètes ou catégorielles). Ils seront linéaires dans le premier cas et
représentés par des histogrammes, tuyaux d’orgue et secteurs dans le second cas.

12
Les tableaux d’état portent essentiellement sur la répartition de la population (totale ou partielle)
par rapport aux variables d’état.

- Une seule variable : Distribution de la population totale par … (nom de la variable).


- Exemple : Distribution de la population par sexe.

Sexe Effectif
Sexe masculin M
Sexe féminin F
Ensemble M+F

- Deux variables (tableau croisé) : X variable à analyser et Y variable de contrôle.


Répartition de la population totale par X selon Y.
Exemple : Répartition totale par milieu de résidence selon le sexe.

Sexe
Milieu de résidence Sexe masculin Sexe féminin Ensemble
Milieu rural Rm11 Rf12 E13=Rm11+Rf12
Milieu urbain Um21 Uf22 E23=Um21+Uf22
Ensemble E31=Rm11+Um21 E32=Rf12+Uf22 E33=PT

- Pour trois variables le tableau commence à être peu lisible. L’informatique permet d’analyser
plusieurs croisements de variables. C’est l’analyse multivariée.

Exemples

Tableau 1. Répartition de la population totale du Tchad par sexe en 1993. RGPH Tchad 1993.

Effectifs
Population par sexe Absolus Pourcentages (%)
Sexe masculin 3 001 371 48,5
Sexe féminin 3 192 167 51,5
Ensemble 6 193 538 100,0

Tableau 2. Répartition de la population totale du Tchad par sexe selon le milieu urbain en 1993.
RGPH Tchad 1993.

Milieu de résidence
Population par sexe Urbain Rural Ensemble
Sexe masculin 681 428 2 319 943 3 001 371
Sexe féminin 643 096 2 549 071 3 192 167
Ensemble 1 324 524 4 869 014 6 193 538

Milieu de résidence
Population par sexe Urbain Rural Ensemble
Sexe masculin 51,4 47,6 48,5
Sexe féminin 48,6 52,4 51,5
Ensemble 100,0 100,0 100,0

13
V.2 Répartition de la population par sexe et par âge

Une population à un instant donné se compose de plusieurs générations (80 ou plus selon l’âge
limite de la vie considéré). Chaque génération a son histoire propre et détermine en partie
l’histoire future de la population.

L’analyse de la structure par âge et par sexe se fait à partir des effectifs fournis par un
recensement et à l’aide de représentations graphiques sous forme de pyramide des âges et de
rapports de masculinité.

a. Pyramide des âges d’une population

Une pyramide des âges est formée de deux histogrammes horizontaux accolés des distributions
par sexe selon l’âge des effectifs d’une population. Sur l’axe vertical commun aux deux
histogrammes sont repérés les âges (par âge=structure complète ou par groupes d’âges=structure
abrégée), les effectifs du sexe masculin sont placés à gauche et ceux du sexe féminin à droite.
On respectera comme toute construction d’histogramme la règle de proportionnalité des effectifs
aux surfaces (y compris au dernier groupe d’âges ouvert pour une structure abrégée).

Une pyramide des âges peut aussi être construit à partir de la série des effectifs absolus ou à
partir des effectifs relatifs (effectifs ramenés à 1000 ou 10 000) calculés sur la base de l’effectif
total de la population. Ce dernier cas est le plus utilisé car il permet de comparer les deux
distributions par sexe sur la même base ou l’évolution de la structure par sexe selon le sexe dans
le temps.

Figure 1. Pyramide par année d’âge. Cameroun 1976.

72
62
52
42
32
22
12
2
-2,00 -1,50 -1,00 -0,50 - 0,50 1,00 1,50 2,00
Cameroun SM Cameroun SF

14
Avec la pyramide des âges on peut retrouver toutes les grandes lignes de l’histoire de la
population concernée. Elle regroupe plusieurs générations ayant chacune son histoire propre.
Exemple : pyramide des âges du Nigéria, USA et Espagne

b. Rapport de masculinité par âge

Le rapport de masculinité par âge se calcule en rapportant l’effectif des hommes sur
l’effectif des femmes. Il met en évidence le double effet que l’on doit bien séparer lors de toute
étude de structure :
- l’effet d’âge ;
- l’effet de génération (et, plus généralement l’effet de cohorte).

Avec l’avancée en âge, et du fait de la différence de mortalité entre les hommes et les femmes,
on observe les variations de la courbe des rapports de masculinité par âge. C’est l’effet de l’âge.

15
Chaque génération a sa propre histoire marquée par une mortalité et une migration
différentielles selon le sexe. C’est l’effet de génération. Cet effet de génération modifie de façon
plus ou moins sensible le profil que donne à la courbe de masculinité le seul effet d’âge.

Figure 1. Rapport de masculinité par année d’âge. Cameroun 1976.


200,0
180,0
160,0
140,0
120,0
100,0
80,0
60,0
40,0
20,0
-
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50
55
60
65
70
75
Cameroun RM(%) Rural RM(%) Urbain RM(%)

VI. Mesure des phénomènes démographiques

VI.1 Mesure des indicateurs de la natalité et de la fécondité

Le mot natalité est utilisé pour désigner la fréquence des naissances au sein des populations
proprement dites et l’on entend plus particulièrement par fécondité la fréquence des naissances
au sein d’ensembles en âge de procréer. La naissance est définie comme résultant d’un
accouchement, étant entendu qu’à chaque accouchement multiple correspondent à plusieurs
naissances. On distingue les naissances vivantes, ou naissances d’enfants nés vivants, des
naissances d’enfants mort-nés, à l’aide de critères de vitalité tels que la respiration, la mobilité,
le battement du cœur de l’enfant, après complète expulsion ou extraction.

A. Taux de natalité

Définition
C’est le nombre de naissances pour 1.000 habitants au cours d’une année. Cet indicateur rend
compte du volume global des naissances survenues auprès des femmes enregistrées au sein
d’une population au cours d’une année. Il s’obtient en divisant le nombre total des naissances
enregistrées au cours d’une année par la population moyenne1 du pays (population au milieu de
ladite année). Etant donné qu’il est difficile de déterminer la population moyenne au cours d’une
année, dans la pratique on estime2 cette population moyenne par l’effectif réel de la population

1
La population moyenne ou population en milieu de l’année est la demi-somme entre l’effectif en début de période
et en fin de période.
2
Cette estimation est fondée sur l’hypothèse que la population en début de l’année et à la fin de l’année est
identique et est égale à la population du pays, puisque cet effectif est rattaché à toute l’année. De ce fait, la
16
au cours de l’année. Ainsi, un TBN de 16 pour mille par exemple signifie qu’au cours de l’année
d’observation, pour 1000 habitants, il est né 16 enfants. Cet indicateur n’est pas pertinent
puisqu’il prend en compte au dénominateur non seulement les hommes mais aussi toutes les
femmes. On le sait, il y a un intervalle d’âge propice à la procréation chez les femmes (15-49
ans en général). Là où la fécondité est précoce et se poursuit même aux âges avancés, ces
bornes3 changent. C’est pour cette raison qu’il intéressant de calculer des indices qui éliminent
cet effet de structure par âge et par sexe à savoir le taux global de fécondité générale (TGFG) et
les taux spécifiques de fécondité ou les taux de fécondité par âge des femmes.

Données nécessaires
- Nombre de naissances vivantes au cours de 12 derniers mois précédent
l’opération de collecte (au cours d’une année) ;
- Effectif total de population considéré.

Méthode de calcul
Le taux brut de natalité est obtenu selon la formule suivante :

𝑁𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑛𝑎𝑖𝑠𝑠𝑎𝑛𝑐𝑒𝑠 𝑣𝑖𝑣𝑎𝑛𝑡𝑒𝑠 (12 𝑑𝑒𝑟𝑛𝑖𝑒𝑟𝑠 𝑚𝑜𝑖𝑠)


𝑇𝑎𝑢𝑥 𝑑𝑒 𝑛𝑎𝑡𝑎𝑙𝑖𝑡é = ∗ 1000
𝐸𝑓𝑓𝑒𝑐𝑡𝑖𝑓 𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑝𝑜𝑝𝑢𝑙𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛

Ce taux est exprimé en « ‰ »

Exemple :
Le volume total des naissances vivantes enregistrées au cours des
douze mois ayant précédé par le dénombrement de la population en
2000 en Mauritanie est de : 90 294 enfants.
L’effectif total de la population obtenu lors de ce recensement est de
2 508 159 individus.

En appliquant la formule précédente, on obtient un taux brut de


natalité de 36 ‰.

B. Taux de fécondité (TGF (t, t+a))

Définition

Le taux de fécondité par âge ou taux spécifique de fécondité est le rapport entre le nombre de
naissances vivantes des femmes d’un âge spécifique et le nombre total de femmes de cet âge. On

population moyenne, qui est la demie somme de l’effectif de la population en début et en fin de période, est
exactement le même que l’effectif de la population du pays.
3
La fécondité a été mesurée, par les différents es recensements réalisé par l’Office National de la Statistique à partir
de 10 ans.
17
le calcule généralement par groupes d’âge quinquennaux (15-19 ans, 20-24 ans, …, 40-44ans, 45-
49 ans). Il permet d’effectuer des comparaisons dans le temps ou de voir quelles sont les
différences de comportement en matière de fécondité à des âges différents.
Ainsi, le taux de fécondité exprime le nombre de naissances vivantes pour 1000 femmes âgées de
15-49 ans durant une année donnée.

Données requises

- Nombre de naissances au cours d’une année pour chaque groupe d’âge ;


- Nombre de femmes 15-49 ans par âge.

Méthode de calcul

On calcule le taux global de fécondité de l’année t en rapportant les naissances en t au nombre


de femmes en âge de procréer de cette même année.
𝑁𝑡
𝑇𝐺𝐹𝑡 =
𝐹15−49,𝑡

NB : Le taux global de fécondité s’appelle aussi taux de fécondité aux âges. Il se rapporte à
l’ensemble de la période de procréation.
• Au dénominateur figurent les femmes exposées au risque de la naissance aux âges
révolus de 15 ans, 16 ans, 17 ans … 49 ans.
• Les taux de fécondité sont généralement exprimés en naissances pour 1000.

C. Parité moyenne et descendance finale

Parité moyenne : Il indique le nombre moyen d’enfants nés-vivants par âge ou par groupe
d’âges quinquennaux des femmes âgées de 15-49 ans. Il est obtenu en faisant le rapport du
nombre d’enfants nés-vivants de chaque groupe d’âges par l’effectif de la population féminine
du même âge ou groupe d’âges.
Descendance finale (Df) : Elle indique le nombre moyen d’enfants nés vivants par femme à 50
ans.

Données requises

Nombre total des naissances par âge


Nombre de femme par âge

Méthode de calcul

18
𝑁𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙 𝑑𝑒 𝑛𝑎𝑖𝑠𝑠𝑎𝑛𝑐𝑒𝑠 𝑣𝑖𝑣𝑎𝑛𝑡𝑒𝑠 𝑝𝑎𝑟 𝑔𝑟𝑜𝑢𝑝𝑒 𝑑′â𝑔𝑒
𝑃𝑎𝑟𝑖𝑡é 𝑚𝑜𝑦𝑒𝑛𝑛𝑒 =
𝑁𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙 𝑑𝑒 𝑓𝑒𝑚𝑚𝑒 𝑝𝑎𝑟 𝑔𝑟𝑜𝑢𝑝𝑒 𝑑′â𝑔𝑒

D. Taux Global de Fécondité Générale (TGFG)

En plus du taux global de fécondité (TGF), il existe également le taux global de fécondité
général qui fournit la synthèse du taux fécondité par âge.
N(t)
TGFG = ----------
F15-50
F15-50 étant les femmes (en milieu de période) susceptibles de donner naissance à ces enfants
N(t).

E. Indice synthétique de la fécondité et descendance finale

Définition :
Nombre moyen d’enfants qu’aurait une cohorte de femmes dans l’hypothèse où ces femmes
seraient soumises tout au long de leur période de procréation aux taux de fécondité par âge
observés durant une période donnée.

Selon la définition donnée par l’Organisation mondiale de la santé, une naissance vivante se
définit comme étant une expulsion ou extraction complète du corps de la mère, indépendamment
de la durée de gestation, d’un produit de conception qui, après cette séparation, respire ou
manifeste tout autre signe de vie tel que le battement du cœur, la pulsation du cordon ombilical ou
la contraction effective d’un muscle soumis à l’action de la volonté, que le cordon ombilical ait
été coupé ou non et que le placenta soit ou non demeuré attaché (Organisation mondiale de la
santé, 1993).

Les naissances vivantes représentent une des composantes de la grossesse. Les autres
composantes sont les :
❖ Mortinaissances ;
❖ Interruptions volontaires de grossesse et
❖ Avortements spontanés.

Source de données

Les données nécessaires peuvent provenir de l’État civil, des enquêtes ménages et Recensement
Général de la population et de l’habitat. En Mauritanie, les enquêtes ménages (MICS, EDS) et
les recensements sont les principales sources utilisées.
19
Méthode de calcul

Somme, pour une période donnée, pour les différents groupes d’âge, du taux de
fécondité multiplié par l’amplitude du groupe d’âge.

𝐴𝑚𝑝𝑙𝑖𝑡𝑢𝑑𝑒 ∗ 𝑇𝐺𝐹
𝐼𝑆𝐹 =
1000
NB : Les données présentées dans le tableau ont été obtenues à partir d’une feuille
Excel. Il se peut donc que, dans certains cas, les calculs faits à la main à partir de
données arrondies ne fournissent pas exactement les résultats présentés dans les
exemples et le tableau.

Exemple de calcul de l’ISF :

Nombre de Nombre total des Taux de


Age de Nbre de naissances naissances Taux de fécondité fécondité par
la mère femmes 12 der ((2)÷(1)) âge ((3)x5)
15-19 2924 152 0,051988479 0,259942396
20-24 2586 570 0,220451612 1,102258062
25-29 2406 581 0,241492365 1,207461826
30-34 2118 521 0,245993831 1,229969157
35-39 1727 423 0,244970572 1,224852859
40-44 1484 100 0,067389876 0,336949382
45-49 198 51 0,257288548 1,286442742

ISF 6,647876425

VI.2 Indicateur de la mortalité (taux brut de mortalité, quotients de mortalité,


espérance de vie etc.)

Avec l’étude de la mortalité, on aborde un sujet fondamental en démographie, celle de la


probabilité de connaitre un événement au cours d’une période, en même temps qu’on aborde une
page importante de l’histoire de l’humanité : le recul de l’âge au décès.

Taux Brut de Mortalité

Définition :
C’est le nombre de décès pour 1.000 habitants au cours d’une année. En fait, cet indicateur rend
compte du volume total des décès enregistrés au sein d’une population au cours d’une année,
quels que soient l’âge et le sexe des individus décédés.
20
Données requises :
- Le nombre de décès au cours d’une période ;
- La population totale moyenne d’une période.

Méthode de calcul :
Il s’obtient en divisant le nombre total des décès survenus au cours d’une année par la
population moyenne du pays pour cette année et en multipliant le rapport ainsi obtenu par 1000.

D(t)
TBM = --------------
Pt
D(t) = décès total de l’année t
Pt = Population totale moyenne de l’année t

Ce résultat est multiplié par 1000 et est appelé le taux brut de mortalité. Il dépend fort de la
structure par âge de la population et il est dangereux de comparer les TBM de populations ayant
des structures relatives par âge très différentes.

Taux de mortalité par âge

Définition :
C’est le nombre de décès pour 1.000 personnes d’un groupe d’âges donné. Ces taux sont déduits
des données empiriques.

Méthode de calcul :
On peut aisément calculer les taux de mortalité aux différents âges. On divise le nombre de
décès observés à un âge donné par la population moyenne de la génération soit :

1dx

1tx = --------------------
½ (Nx + Nx+1)

Ce calcul peut s’effectuer selon les trois figures suivantes, soit dans la génération ou dans
l’année.
x+2 x +1
Nx +1 N’’x
x+1 1Dx N’x 1Dx
1Dx

21
Nx
x x
Année
x+1 Nx+1

x Nx
Dx
Dans le deuxième cas par exemple 1tx = -----------------------
½ (N’x + N’’x)

Les quotients (taux de mortalité)

Définition
C’est le quotient qui introduit la notion de probabilité : il s’agit pour un individu qui a atteint un
âge donné, de la probabilité de connaitre un événement avant d’atteindre l’âge suivant. Le
quotient rapporte donc les événements (naissances, mariages, décès, divorce etc.), non pas à la
population moyenne, mais à la population concernée au début de la période considérée.

Méthode de calcul
Le risque de décéder entre x et x + 1, encore appelé quotient de mortalité en démographie est
déterminé de la façon suivante :

• Dans une approche d’extinction multiple, tenant compte des flux


d’entrée et de sortie

1dx
1qx = ---------
1Nx

Quotient de mortalité infantile (1q0) : Risque ou probabilité pour un enfant né vivant, de


décéder avant d’atteindre son premier anniversaire. On le confond souvent avec le taux de
mortalité infantile (TMI).

Quotient de mortalité juvénile (4q1) : Risque ou probabilité pour un enfant âgé d’un an, de
décéder avant d’atteindre son cinquième anniversaire. Il se calcule en général dans une cohorte
d’enfants pris à la naissance (ou dans une cohorte fictive dans une table de mortalité).

Quotient de mortalité infanto-juvénile (5q0) : Risque ou probabilité pour un enfant né vivant,


de décéder avant d’atteindre son cinquième anniversaire.

Quotient de mortalité infanto-juvénile par wilaya

22
Espérance de vie à la naissance

Les indicateurs de morbidité

La morbidité est la fréquence de maladie dans une population. On utilise couramment les
indicateurs suivants : la prévalence, l’incidence et la létalité.

La prévalence (ou le taux de prévalence) est le nombre de malades pour 1000 personnes
exposées au risque au cours d’une période donnée.
Nombre total de cas
Prévalence = --------------------------- x 1000
Population exposée

L’incidence (ou le taux d’incidence) est le nombre de personnes qui, pendant une période
donnée, contractent une maladie pour mille personnes exposées au risque.

Nombre total de nouveaux cas


Incidence = ------------------------------------------ x 1000
Population exposée

La létalité (ou taux de létalité) est la proportion de personnes qui contractent une maladie et en
meurent.
Nombre total de décès dû à la maladie
Létalité = ---------------------------------------------- x 1000
Nombre total de cas

Ces indicateurs permettent de détecter les maladies les plus préoccupantes à traiter. C’est le cas
du COVID 19.

23
Les indicateurs de mortalité maternelle et infantile

Définition :
« C’est le décès d’une femme survenue au cours de sa grossesse ou dans un délai de 42 jours
après sa terminaison quelle que soit la durée ou la localisation … »

Le nombre de jours après la grossesse varie selon les pays et les contextes.

Les moyens permanents de collecte de données (état civil, fiches médicales de causes de décès)
étant très imperfectionnés en Afrique, cet indicateur peut être estimé à partir des enquêtes.

Formule de calcul

Rapport ou ratio de mortalité maternelle


Nombre de décès maternels
= ∗ 100 000
Nombre de naissances vivantes
Pays Mortalité maternelle Année Source
Algérie 73,9 2011 PNUD
Mali 368 2012 EDSM
Maroc 112 2010 END
Mauritanie 582 2013 RGPH
Sénégal 434 2013 RGPH

Taux de mortalité maternelle


Nombre de décès maternels
= ∗ 100 000
Nombre moyen de femmes 15 − 49 ans

Le rapport mesure la probabilité pour une femme de décéder dès qu’elle est enceinte.
Le taux donne la probabilité
• de concevoir
• et d’en décéder

24
VI.3 Analyse des événements matrimoniaux

Définition de nuptialité
Par nuptialité, on désigne le phénomène qui a trait à la constitution ou à la dissolution d’unions
ou de mariages de personnes de sexes opposés au sein d’une population et dans un but de
procréation.

« L’étude de la nuptialité comprend essentiellement celle des phénomènes quantitatifs


résultant directement de l’existence, au sein des populations, de mariages, ou unions
légitimes, c’est-à-dire d’unions entre individus de sexes différents, instaurées dans des
formes prévues par la loi ou la coutume, et conférant aux individus en cause des droits et
obligations particulières ».

La nuptialité porte en principe sur le mariage légal.


On note les différents types de mariages suivants :
- Mariages coutumiers,
- Mariages religieux
- Unions consensuelles ou simples cohabitations (sans sanction coutumière, ni juridique).

Les situations par rapport au mariage (état matrimonial) que l’on distingue sont les suivantes :
- Célibataire
- Marié
- Veuf ou veuve
- Divorcé

On introduit de plus en plus les catégories supplémentaires suivantes :


- Union libre ou consensuelle
- Séparé

Concepts importants
• Célibataire : toute personne qui ne s’est jamais mariée quel que soit son âge. Le célibat
est un événement non renouvelable.
• Marié(e) : Toute personne ayant contracté (au moins) un mariage et dont un conjoint (au
moins) est encore en vie.
• Veuf ou veuve : On appelle veuf ou veuve, toute personne dont le mariage a été dissous
par le décès du (dernier) conjoint.
• Divorcé (e) : Toute personne dont le (dernier) mariage a été rompu sans décès du
conjoint.
• Union libre ou consensuelle : Tout couple vivant ensemble sans être marié

25
• Séparé(e) : Toute personne cessant de vivre avec son conjoint sans que le mariage soit
rompu.

Les principaux indicateurs de l’état matrimonial


• Le pourcentage des personnes mariées (désagrégé par sexe, région, âge, milieu de
résidence etc.)
• Nombre de remariage
• Pourcentage des célibataires (célibat définitif à 50 ans)
• Pourcentage des divorcés (désagrégé par sexe, région, âge, milieu de résidence etc.)
• Pourcentage des veufs (désagrégé par sexe, région, âge, milieu de résidence etc.)
• Proportion des célibataires : la part des célibataires parmi la population d’âge
supérieur ou égal à 10 ans.
• Proportion des mariés : la part des mariés parmi la population d’âge supérieur ou égal
à 104 ans
• Taux de rupture d’union : la proportion des veufs/divorcés parmi la population d’âge
supérieur ou égal à 10 ans.
• Taux de polygamie : c’est la proportion d’hommes polygames parmi les hommes
mariés.
• Taux de femmes en union polygame : c’est la proportion de femmes en union
polygame parmi les femmes mariées.
• L’intensité de la polygamie : c’est le nombre moyen d’épouses par homme polygame.

• L’incidence de la polygamie : c’est le nombre moyen d’épouses par homme marié.

• La nuptialité est l’étude de survenance des mariages des célibataires dans une
génération. Elle aboutit à l’établissement de la table de nuptialité et au calcul des
principaux indicateurs de nuptialité que sont l’âge moyen, l’âge médian au premier
mariage, l’intensité de la nuptialité des célibataires et la fréquence du célibat définitif.
Ces indicateurs sont calculés pour chaque sexe et les écarts d’âge moyen et médian sont
calculés pour évaluer le décalage des unions entre les générations.
• L’âge médian au premier mariage : c’est l’âge auquel la moitié des mariages est
célébrée.

• L’âge moyen au premier mariage : c’est le nombre moyen d’années vécues en tant que
célibataires par les personnes de la cohorte qui finissent par se marier. Il permet de résumer le
calendrier de la nuptialité.

Le manque d’information sur l’âge au premier mariage oblige à utiliser une approche indirecte
pour calculer l’âge moyen au premier mariage. La méthode de Hajnal5 a donc été utilisée : elle
repose sur deux hypothèses : 1) l’indépendance entre nuptialité d’une part, mortalité et migration
d’autre part ; 2) la stabilité de la nuptialité dans le temps.
La méthode consiste à considérer que les proportions de célibataires sont relatives à une cohorte
(fictive) et à calculer le nombre moyen d’années passées dans le célibat par les individus de la
cohorte qui finissent par se marier.

4
Même si l’âge légal au mariage est de 18 ans, on considérera 10 ans comme limite inférieure
5
Les formules utilisées sont décrites en annexe.
26
L’intensité de la nuptialité : c’est le complément à 1 de la fréquence du célibat définitif. Les seuils
de 55 ans pour les hommes et de 35 ans pour les femmes supposent que s’il n’y a pas eu de mariage
avant cet âge, il n’y en aura plus.

Célibat définitif : C’est la proportion des célibataires dont la probabilité de se marier est supposée
nulle. Cet âge est défini, pour les hommes à 55 ans, et pour les femmes à 35 ans.

Table de nuptialité du moment : c’est un ensemble d’indices qui permettent de montrer comment se
réalisent les mariages des célibataires à travers les âges. La table de nuptialité indique la chance, à
chaque âge pour un célibataire, de contracter un mariage. La table du moment décrit le mariage au
sein d’une génération fictive, qui subirait à chaque âge la nuptialité observée durant l’année en
l’absence de la mortalité et de la migration. Pour les femmes et les hommes, on prendra à partir de 15
ans compte tenu de l’intensité de la sortie du célibat de chaque sexe.

Exemple

Etat matrimonial de la population selon le sexe


Célibataire Marié(e) Divorcé(e) Veuf (ve)
Masculin 54,7 41,6 3,2 0,6
Féminin 37,6 45,8 10,0 6,6
Ensemble 45,9 43,8 6,7 3,7

Pourcentage de célibataires par groupes d'âges


150 selon le sexe
Masculin Féminin Ensemble
100

50

Sources des données de la nuptialité

L’analyse de la nuptialité repose sur trois sources essentielles de données :

• L’état civil
• Les recensements et
• Les enquêtes

L’état civil

Devrait être une source importante pour l’étude de la nuptialité car il recueille :

27
• La date de célébration du mariage
• L’âge des époux et leur état civil antérieur
• Le rang du mariage
• L’acte de décès pourrait fournir la durée du mariage

Taux Brut de Nuptialité (TBN)

Le taux brut de nuptialité : il mesure le nombre annuel de mariages pour 1000 personnes. Il
s’obtient par la formule :

𝑵𝒐𝒎𝒃𝒓𝒆 𝒂𝒏𝒏𝒖𝒆𝒍 𝒅𝒆 𝒎𝒂𝒓𝒊𝒂𝒈𝒆𝒔


𝑻𝑩𝑵 = ∗ 𝟏𝟎𝟎𝟎
𝒑𝒐𝒑𝒖𝒍𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒎𝒐𝒚𝒆𝒏𝒏𝒆 𝒅𝒆 𝒍′𝒂𝒏𝒏é𝒆

M(t)
TBN = ----------
Pt
M(t) = Nombre de mariages conclus une année t
P(t) = Population totale moyenne de l’année t.
• Taux de Nuptialité des célibataires

Polygamie

La polygamie (terme utilisé habituellement à la place du mot « polygynie » désignant l’union


d’un homme avec plusieurs épouses) est assez répandue en Afrique, même si elle a été
interdite dans certains pays (Tunisie en 1956, Côte d’Ivoire en 1964).

L’existence de la polygamie est liée aux autres caractéristiques de la nuptialité en Afrique :


faible fréquence du célibat définitif, grande différence d’âges au mariage entre les hommes et
les femmes, rapide remariage de ces dernières après une rupture d’union.

On utilise généralement les indices suivants (indices d’état) :


- le taux de polygamie qui est la proportion de polygames parmi les hommes
mariés (à chaque âge) et qui mesure l’incidence du phénomène ;
- le nombre moyen d’épouses par homme polygame (toujours à chaque âge)
(supérieur ou égal à 2), qui mesure l’intensité du phénomène ;

28
- le nombre moyen d’épouses par hommes marié (toujours à chaque âge)
(supérieur ou égal à 1), qui synthétise les deux premiers.

On utilise parfois aussi la proportion des femmes mariées appartenant à des ménages
polygames.

De nouvelles formes de polygamie apparaissent, notamment en ville, avec les « maîtresses »


ou ce qu’on appelle le « deuxième bureau ». Dans certains cas, celui-ci marque l’existence de
relations privilégiées et stables entre un homme marié et une femme qui n’a pas le statut
social d’une femme mariée et qui peut reprendre sa liberté quand bon lui semble.

Il faut regretter ici l’absence de données longitudinales sur la polygamie, qui permettraient
d'analyser la dynamique du phénomène.

Ruptures d’union et remariages

Les ruptures d’union ont lieu par veuvage ou par divorce (qu’il est encore plus malaisé de
définir que le mariage). La séparation de fait correspondant au retour de l’épouse chez ses
parents précède souvent de plusieurs mois la séparation définitive dans le cas d’un mariage
coutumier.

Les ruptures d’union sont nombreuses mais suivies généralement d’un remariage. Les
proportions de divorcés relevées lors des recensements ne peuvent donc pas servir à mesurer
l’intensité du divorce. Le phénomène est encore plus complexe pour les hommes polygames
qui ne sont jamais recensés comme divorcés mais comme mariés tant qu’ils ont encore une
épouse.

La pratique sociale encourage le remariage des femmes. Le lévirat (même s’il reste formel
pour des femmes âgées) est une illustration de ces pratiques.

29
VII. Tables des phénomènes démographiques

VII.1. La table de mortalité

Une table de mortalité (aussi appelée table de survie) est une construction qui permet de
suivre minutieusement le destin d'une population. Cet outil est surtout utilisé en
démographie afin d'étudier le nombre de décès, les probabilités de décès ou de survie et
l'espérance de vie selon l'âge et le sexe. Il existe deux types de tables de mortalité : la table
de mortalité du moment et la table de mortalité par génération.

Fonctions de la table de mortalité


Les distributions Sx, d(x, x+1) et qx constituent les trois fonctions de base d'une table de
mortalité.
a. La distribution des Sx décrit la table de survie, distribution de survivants à
chaque anniversaire.
S0 est la racine de cette table, elle correspond à l'effectif des survivants à la naissance ;
elle prend des valeurs puissances de 10 (1, 10, 100, 1.000, 10.000 etc.) suivant la
structure des données disponibles.
b. La distribution d(x, x+1) décrit le nombre de décès qui surviennent entre deux
anniversaires.
Cette distribution représente le calendrier de mortalité de la génération considérée.
c. La fonction qx rend compte des variations selon l'âge du risque (probabilité)
annuel de mortalité.
Elle est égale à 1 à l'extinction complète de la génération, l'âge limite de la vie étant
supposé être égal à 110 ans.
Présentation de la table de mortalité complète

30
d ( x, x + 1) = S x − S x+1 = S x qx
d ( x, x + 1) S x − S x +1 S
qx = = = 1 − x +1
Sx Sx Sx

Espérance de vie

• Hypothèses
1. On admet que les personnes décédées entre les anniversaires x et x+1 décèdent en
moyenne à x+0,5 ans.
2. La durée de vie va de 0 an à ω (âge de fin de la vie.

Calcul de l’espérance de vie

31
i =

S x +1 + S x + 2 + S x +3 + S x + 4 + ...  S x +i
ex = 0,5 + = 0,5 + i =1
Sx Sx

Exemple :
Ces données sont extraites du Recensement Général de la Population et de l’Habitat, RGPH
2013. Elle concerne les individus du sexe masculin.
Compléter ce tableau.
Tableau : Table de mortalité (Sexe masculin)
Age l(x) q (x, n) d(x, n)
0 100 000 7 800
1 4 702
5 1 437
10 812
15 1 117
20 1 688
25 1 714
30 1 804
35 1 981
40 2 355
45 2 863
50 3 887
55 4 846
60 6 679
65 8 922
70 11 285
75 12 754
80 23 353

VIII. Population et développement

Bibliographie

32

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