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Economie et démographie

Examen final : Dissertation. 3 heures.


Requiert la connaissance de théories économiques/concepts, de faits historiques et d’actualité.

Introduction
Il y a deux façons d’aborder l’économie :
- L’oïkos-nomos (Xénophon).
- L’objet social de l’économie. L’économie étudie la société au moment où elle s’organise pour
satisfaire les besoins des hommes et des femmes.
La démographie (demos-graphos) est la description chiffrée des populations. La démographie n‘a pas
vertu à expliquer, mais à rendre compte, décrire. Elle met en évidence des phénomènes relatifs aux
populations, et donc, par extension, aux sociétés.
Remarques :
- Les sources utilisées sont des sources officielles (INSEE/INED au niveau national, Eurostat au
niveau européen et ONU au niveau mondial).
- La démographie parle de manière globale, elle ne dit rien sur l’individu.
- La démographie permet de faire des corrélations, mais ne fait pas de causalités. Exemple : Un
baby-boom, qui se caractérise par une forte croissance du taux de natalité. Si l’on doit évoquer
un baby-boom en particulier, c’est bien celui de l’après-guerre.

I- Le nombre des humains compte


II- La structure des populations
III- La distribution spatiale des populations

I- Le nombre des humains compte


Compter la population au niveau mondial, au niveau d’un territoire étendu nécessite des outils et des
techniques spécifiques. Compter les naissances et les décès ne suffit pas. En effet, chaque naissance et
chaque décès n’est pas forcément déclaré. Egalement, il peut y avoir des enjeux stratégiques et/ou
économiques à compter la population (DGF : Nombre des habitants * Taux par habitant).

Quelle est la technique générale pour compter le nombre des habitants en France et au niveau
mondial ? La population est considérée comme un stock variant en fonction des entrées et des sorties.
Considérons :
- Pt  Population à l’instant t
- Et-1  Entrées en t-1
- St-1  Sorties en t-1
Soit : Pt = Pt-1 + Et-1 – St-1

Il est possible de diviser les populations en deux types : les populations dites fermées et les
populations dites ouvertes. Pour les populations fermées il n’y a pas de mouvements migratoires,
tandis que pour les populations ouvertes il y a des mouvements migratoires.
 Population fermée : Pt = Pt-1 + Nt-1 – Dt
 Population ouverte : Pt = Pt-1 + Nt-1 + It-1 – Dt-1 – Et-1
Remarque : Il n’existe qu’une seule population fermée : c’est la population mondiale.
Ce degré d’ouverture n’est pas le même selon les pays et selon les époques.

Population fermée : L’opération est la factorisation.


Pt = Pt-1 * (1 + Nt-1 / Pt-1 – Dt-1 / Pt-1)
 Lorsqu’on divise le nombre des naissances par la population totale : taux de natalité (nt-1).

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 Lorsqu’on divise le nombre des décès par la population totale : taux de mortalité (mt-1).
Il faut comprendre comment évoluent ces deux taux.
- Accroissement de la population : at-1 = nt-1 – mt-1

 La natalité (+ fécondité) :
Taux de natalité : Nombre des naissances / Population totale. En France, on considère qu’il y a
naissance dès lors que l’enfant sort. Un enfant mort-né n’est pas considéré comme une naissance.
Un autre taux est intéressant : c’est le taux de fécondité (Nombre des naissances / Nombre des femmes
en âge de procréer). Lorsqu’on parle de fécondité, on s’intéresse uniquement aux femmes. Les femmes
en âge de procréer sont celles qui ont entre 16 et 50 ans.
1°) Cet âge de procréer n’est pas un âge biologique.
2°) L’âge biologique change. D’après les travaux des démographes, l’âge moyen de la fécondité a
baissé suivant les conditions de vie et d’hygiène.
Le taux de fécondité est plus significatif que le taux de natalité. Seulement, ce taux ne dit rien. On
aimerait savoir combien chaque femme met d’enfants au monde en réalité. Il y a deux manières de
regarder le nombre d’enfants par femme :
- L’indice synthétique de fécondité (ISF). On regarde, au cours de l’année, et en fonction de
l’âge des filles (15-50 ans), le taux de fécondité par âge. C’est la somme des taux de fécondité
par âge. Cet indice est, par définition, supérieur à 1. Mais ce chiffre dit combien il devrait y
avoir d’enfants par femme.
- La descendance finale. Elle consiste à attendre que les femmes aient 50 ans et d’en faire une
moyenne.
Remarque : La descendance finale est un indicateur parfait, mais il n’est possible de connaître la
descendance finale au mieux des femmes nées en 1972 (centré sur le passé). En revanche, bien que
l’ISF ne soit pas un indicateur parfait, il a un avantage puisqu’il dit quelque chose pour aujourd’hui. Il
est l’indicateur le plus mobilisé.

Comment ont évolué les indicateurs, et en particulier l’ISF ? Si on prend les 100 dernières années,
au niveau national et/ou mondial, la tendance générale connaît une baisse du taux de natalité, du taux
de fécondité, de l’ISF, voire de la descendance finale. On constate de manière générale une baisse de
la natalité et de la fécondité. Cette baisse n’est pas une baisse régulière. En réalité, cette baisse
interroge à trois niveaux :
- Comment se fait-il qu’il y ait une baisse de la fécondité ? L’allongement des études produit un
effet immédiat et réduit la fécondité, de même que les conditions de logement…
- Le rapport à la contraception. Une femme devrait en moyenne avoir 21 enfants, ce qui n’est
pas du tout le cas. L’humanité a toujours contrôle sa fécondité, que ce soit par le mariage ou
par l’abstinence, par exemple.
- L’avenir de la population.
Sur la baisse de la fécondité, les démographes mettent en avant plusieurs statuts :
- Le statut de la mère. La valorisation du statut de mère n’est plus le même qu’il a pu être.
- Les études, en lien avec la question du travail salarié.
- Les conditions de vie, et notamment l’urbanisation. Plus la ville est grande et plus l’indice de
fécondité est faible. Les conditions de vie pèsent sur l’évolution de la natalité (Jean-François
Gravier (1946) : A Paris la natalité est beaucoup plus faible qu’elle ne l’est en campagne).
- La disparition de la courbe en U. On est allés vers une normalisation aux alentours de 2-3
enfants. Les études montrent que les populations qui viennent s’installer en France vont vers
le modèle « français » de 2-3 enfants. On constate la diminution du nombre d’enfants. Cette
diminution pose une interrogation sur le devenir de la population. L’évolution de la population
est quelque chose de subi (exogène).

 La mortalité :

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Hobbes : Les individus ont intérêt à être protégés des autres qui risquent de les tuer : Etat régalien.
Nous n’allons pas mourir à la même date, ni de la même cause. Un classement international des
maladies (CIM) recense toutes les causes de mortalité possibles. En France, les deux premières causes
de mortalité sont les accidents cardiovasculaires et les tumeurs. En 2020, la 3 ème cause de mortalité est
le Covid.

A quel âge meurt-on ? Taux de mortalité = Nombre de morts / Population * 1000.


Le taux de mortalité est la proportion des individus morts au cours de l’année au sein de la population
totale. Il est possible de calculer de là des quotients de mortalité qui mesurent en réalité la mortalité
par âge. Exemple : Taux de mortalité infantile  tm0 = Nombre des morts âgés de – de 1 an / Nombre
de ceux âgés de – de 1 an. Il est possible de calculer, à partir de ces coefficients d’âge, l’espérance de
vie (âge moyen auquel les individus meurent). Il s’agit du nombre d’années en moyenne que
devraient vivre les individus.
Constats : La mortalité est en très forte baisse en France sur une longue période, tandis que la
population augmente. On constate également que la mortalité infantile est passée de 300/1000 à
4/1000. La baisse de la mortalité infantile va tirer l’espérance de vie vers le haut. L’espérance de vie
est corolaire de la mortalité.
Pour expliquer la baisse de la mortalité, les démographes avancent 4 grands facteurs :
1°) L’amélioration des conditions d’hygiène.
2°) L’amélioration des conditions de travail. Au niveau mondial, la première cause de mortalité est le
travail (Code du travail). Dans les années 1830, les ouvriers de Manchester parce qu’ils souhaitent que
la journée de travail ne dépasse pas 16 heures. La loi de 1941 interdit le travail des enfants jusqu’à 12
ans. La loi ne concerne que les entreprises de plus de 20 salariés. Dans l’agriculture, les enfants
peuvent continuer de travailler.
3°) La modification des modes de vie et la réduction des pratiques à risques. On estime que la ration
journalière d’un ouvrier en 1800 est entre 6 et 7 litres de vin.
4°) Les progrès de la médecine.
Les 4 facteurs sont totalement endogènes. La baisse de la mortalité est le résultat de transformations
économiques et sociales voulues. La volonté est de lutter contre la mortalité, notamment aux âges les
plus jeunes de la vie. La mortalité est le résultat de la santé publique. Sa conséquence est la baisse de
la mortalité. En réalité, il n’y a que des inégalités en termes de mortalité. On ne va pas tous mourir au
même âge, ni dans les mêmes conditions. Il y a des inégalités en termes de genre, de métier, du niveau
d’études…

Une interrogation se pose autour de la croissance du nombre des habitants. On peut voir, chez les
économistes, qu’il y a 2 grands positions possibles dans l’Histoire par rapport à la croissance du
nombre des habitants :
- Une position optimiste. La croissance du nombre des habitants est une bonne nouvelle. On
peut citer dans cette perspective, tout d’abord, le philosophe et économiste Jean Bodin. Il dit
qu’il n’est de richesse que d’hommes. C’est un mercantiliste. Les mercantilistes disent que le
fondement de la richesse sont les métaux précieux. Mais, ils sont aussi populationnistes pace
qu’ils raisonnent sur le fait que l’intérêt du roi exerce une pression sur la nation. Plus le roi est
riche et plus la nation l’est.
Les néoclassiques ont une vision positive, notamment si l’on prend un auteur
particulier (Solow) et son modèle. Il faut revenir d’abord sur le modèle d’Harrod-Domar.
C’est un modèle qui date de 1939, repris en 1946. Ce modèle s’interroge sur le problème de
l’accumulation. Pendant très longtemps, les auteurs en économie voyaient l’accumulation
comme étant un problème. L’accumulation, chez Ricardo, est ce qui conduit à l’Etat
stationnaire parce qu’il suppose que les rendements sont décroissants. Chez Ricardo, le
problème de l’accumulation est un problème majeur. Chez Marx, l’accumulation produit la
crise. Le modèle d’Harrod-Domar dit que deux facteurs contribuent à la croissance

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économique, à savoir le travail et le capital. Ce modèle d’Harrod-Domar montre qu’il existe
un niveau de croissance de la population idéal. En effet, tant que le taux de croissance de la
population est inférieur au taux de croissance de l’économie, le PIB par tête augmente. Solow
répond qu’il est possible de formaliser ce qu’Harrod-Domar a mis en place. Si :
Y : Niveau de la production. / K : Capital. / L : Quantité de travail. / A : Qualité du travail.
 Ainsi : Y = f(K , A * L).
Une fonction de production permet de lier une quantité de facteurs de production utilisée et la
quantité produite.
Le modèle de Solow suppose qu’il y a une substituabilité forte entre le capital et le travail.
S’il en est ainsi, le modèle de Solow montre qu’il n’y a pas de limites à la production. La
croissance infinie est possible, il n’y a donc pas d’Etat stationnaire ni de problèmes avec
l’évolution de la population. Le modèle de Solow fait gommer la perspective selon laquelle il
y aurait un souci avec la croissance de la population.
À la suite du modèle de Solow, il y a eu la controverse des deux Cambridge (pôle Solow
(américain) versus Robinson et Kaldor (anglais)). Robinson et Kaldor considèrent que Solow
se trompe sur sa définition du capital. Ils disent que n’est capital que ce qui est fait pour
rapporter. Dans ce modèle classique, il n’y a pas de rapports sociaux entre les gens.
- Une position négative. Toute une tradition considère que la croissance de la population est un
problème majeur (Malthus). Pour Malthus, le constat est que la croissance de la population est
trop forte par rapport à la croissance des ressources. Dans l’idéal, il faudrait augmenter la
croissance des ressources. Mais étant donné que cela ne suffit pas, il faut jouer sur la
population. La bonne réponse est de réduire la croissance de la population. Il va notamment
retarder l’âge de mariage des filles à 27 ans. De plus, les femmes ne doivent avoir des enfants
que si elles peuvent les élever. Egalement, les pauvres n’ont plus leur place (banquet de la
nature). Malthus ne croit pas en la capacité d’augmenter la croissance.
Beaucoup d’auteurs ont une vision assez malthusienne. Ricardo partage la vision du problème
de croissance de la population, Keynes également. Ceux qui ont redonné un éclat particulier à
la théorie de Malthus sont les auteurs de ce que l’on appelle le rapport Meadows (1972)
« Halte à la croissance ». Il faut arrêter la croissance de l’économie, mais aussi la croissance
de la population. La particularité rapport Meadows est la méthode utilisée. En effet, on a
introduit un raisonnement systémique. On peur résumer leurs conclusions de la manière
suivante :
Ils montrent que la croissance de la population a un effet direct sur les prélèvements sur les
ressources naturelles et sur les émissions de pollution. Il y a une corrélation positive entre la
population et le prélèvement sur les ressources, mais aussi et entre la population et les
émissions de pollution. La qualité à renouveler le stock n’est pas suffisante par rapport aux
prélèvements effectués. On peut formaliser le rapport Meadows en disant qu’il transforme la
fonction de production de Solow. La fonction de production dépend du capital, du travail et
des ressources naturelles (Y = f(K, L, RN)). Quand il en est ainsi, le stock de ressources
naturelles devient un enjeu. Si on ne préserve pas assez de ressources naturelles, demain il ne
sera pas possible de produire suffisamment. Il faut donc préserver un certain stock de
ressources naturelles. Implicitement, Meadows considère que la substituabilité ici est faible.
Cela veut donc dire que le stock de ressources naturelles doit toujours être à un certain niveau.
On voit donc que la question de pessimisme/optimiste tourne autour d’une question centrale : celle de
la substituabilité.
Soit on considère que la substituabilité est forte et on va avoir un discours optimiste (innover, trouver
une solution). L’investissement en capital dans la recherche fait que l’on va trouver une solution.
Soit on considère qu’il faut préserver les ressources et que la croissance de la population devient un
problème, une limite extrêmement importante. Dans ce cas, la question de limiter la croissance de la
population va se poser.

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Comment va évoluer la population ? Quand on veut voir comment évolue la population, l’exercice que
l’on fait est une projection. Une projection est un exercice mathématique, c’est-à-dire une règle
d’évolution du nombre. La prévision est le fait d’anticiper des évolutions possibles dans la loi de
prévision. Une projection donne l’avenir si cet avenir est bien conforme à la loi d’évolution. L’ONU
élabore 3 scénarios possibles :
- L’explosion démographique. C’est regarder le taux de croissance de la population actuelle
(aux alentours de 1%) et appliquer cette croissance de 1%. A l’horizon 2100, la population
mondiale devrait être de 12 milliards.
- La transition démographique. C’est le résultat de l’observation dans le temps de l’évolution de
la natalité et de la mortalité. En effet, si l’on regarde les pays les plus développés, on va
observer qu’ils sont tous passés par 4 phases :
=> La natalité et la mortalité sont très élevées. Il y a un écart faible. La croissance va être
faible.
=> La natalité reste élevée et la mortalité chute faiblement. La croissance va être de plus en
plus forte.
=> La mortalité continue de baisser et la natalité baisse. La croissance est de moins en moins
forte.
=> La natalité et la mortalité sont faibles. La croissance va être faible.
Le scénario de la transition démographique dit que la population devrait tendre aux alentours
de 10 milliards et se stabiliser autour de 10 milliards.
2 remarques sur la transition démographique :
Tous les pays ne vont pas forcément suivre le même modèle.
La transition démographique est une théorie qui s’appuie sur ce que l’on a pu observer. Cela
ne fait pas des lois de ce qui va nécessairement advenir. La transition économique suppose que
cette 4ème phase serait la fin des temps.
- L’implosion démographique. C’est la comparaison entre le seuil de renouvellement l’indice
conjoncturel de fécondité. L’indice conjoncturel de fécondité mesure le nombre d’enfants que
devraient avoir les femmes en moyenne si la fécondité ne change pas. Le seuil de
renouvellement mesure le nombre d’enfants que chaque femme doit avoir en moyenne pour
renouveler les générations. A partir de là : Si le seuil de renouvellement est égal à l’indice
conjoncturel de fécondité, la population va être stable. Si l’indice conjoncturel de fécondité est
supérieur au seuil de renouvellement, la population va augmenter. Si le seuil de
renouvellement est supérieur à l’indice conjoncturel de fécondité, la population va baisser.
Comment calculer le seuil de renouvellement ? Comment 100 femmes vont pouvoir donner
naissance à 100 femmes ? 100 femmes vont devoir donner naissance à 100 filles. Or, en
moyenne, quand il naît 100 filles il naît 105 garçons. Egalement, ces 100 filles ne vont pas
toutes devenir 100 femmes car elles vont décéder avant. Pour arriver à 100 femmes il faut
donc 3 naissances supplémentaires. Ces 100 femmes doivent donc mettre au monde 208
enfants. Le seuil de renouvellement en 2023 est de 2,1.
Remarque : Le seuil de renouvellement de 1800 aurait été de 4,1. Le seuil de renouvellement
n’est pas une constante et dépend de la mortalité.
Selon certaines études, aujourd’hui l’indice conjoncturel de fécondité mondiale serait inférieur
au seuil de renouvellement mondial.
D’un point de vue démographique, tant que l’indice conjoncturel de fécondité est inférieur au
seuil de renouvellement, la population va baisser.
D’un point de vue économique, la baisse de la population ne produit pas que des effets positifs
(emplois non-pourvus, baisse de la productivité…).
L’ONU aura nécessairement raison : soit la population va augmenter, soit elle va se stabiliser, soit elle
va diminuer. Enfin de compte, puisqu’il y a 3 scénarios, on a des incertitudes sur le devenir de la
population. L’ONU n’a pas la capacité de dire ce qu’il va arriver. En revanche, l’ONU dit qu’à
l’horizon 2040 on a des certitudes : 1 milliards de plus qu’aujourd’hui. Cela pose des difficultés. De

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surcroît, toutes les parties du globe ne vont pas se développer de la même manière (Asie et l’Afrique,
notamment). Cela peut amener à des interrogations géopolitiques. Ces incertitudes à long terme
doivent nous amener à être prudents sur les recommandations que l’on fait. Or, l’économie, c’est le
court terme.
Jusqu’alors, on a raisonné comme si la population mondiale était homogène et comme si un habitant
de la planère équivalait à un autre habitant de la planète. Des questions environnementales se sont
développées pour dire que la population mondiale n’est pas homogène et que tous les habitants n’ont
pas le même impact d’un point de vue économique et environnemental. Pour mesurer cet impact, on a
développé l’empreinte écologique. L’empreinte écologique est le nombre d’hectares qu’il faudrait à un
individu pour assurer son mode de vie. Au niveau de la planète, l’empreinte écologique est un petit
peu plus de 2 hectares. Il faut 7 hectares à un européen, tandis qu’il faut plus de 10 hectares à un
habitant de l’Amérique du Nord et 1 hectare à un Africain. Il faut retenir que le nombre des habitants
n’est qu’une donnée du problème. Il faut se poser la question suivante : Quel est le mode de vie des
habitants ? Le mode de vie des habitants est une autre donnée.
Remarque : Le mode de vie est une donnée considérée comme exogène.
Quand on a ces 3 éléments (maximiser la satisfaction, rationnel et préférences), on sait qu’on a une
contrainte (revenus). C’est combien dépense l’individu compte-tenu des prix, en fonction de ses
préférences, pour maximiser sa satisfaction. La courbe de demande ou d’offre traduit le comportement
de l’agent pour maximiser sa satisfaction compte-tenu des prix. Si l’on baisse le prix, il va vouloir
consommer plus. On sait qu’il existe des mécanismes qui peuvent influencer les préférences des
individus (juridiques : loi, économiques : prix). Les préférences sont initialement données, mais on sait
qu’on a des mécanismes économiques qui peuvent influencer ces préférences.
Le nombre des habitants va aussi dépendre des politiques que l’on va mettre en œuvre pour
transformer les modes de vie.

II- La structure des populations


Au-delà du nombre des habitants, comment est constituée la population ?
Pour étudier la structure des populations, les démographes ont inventé un outil particulier qui s’appelle
la pyramide des âges. D’un point de vue statistique, c’est un histogramme. Le principe d’un
histogramme est d’indiquer les modalités de réponse. La réponse la plus observée s’appelle le mode.
Le principe de la pyramide des âges est de faire un double histogramme.
Plusieurs éléments sur les pyramides des âges :
- Le passage d’une année sur l’autre est facile à connaître. La pyramide des âges évolue avec le
nombre des naissances et des morts. Elle repose sur les mêmes indicateurs que l’évolution des
populations.
- La forme/structure de la pyramide des âges permet de caractériser une population.
- La pyramide des âges raconte l’Histoire de la population.
 Le théorème d’ergodicité faible. Si l’on prend 2 populations totalement différentes, que ce soit en
nombre d’habitants ou en structure, et que l’on applique à ces 2 populations la même loi de fécondité
et la même loi de mortalité, alors, à terme, ces deux populations auront la même structure.
En 1928, Alfred Sauvy est sollicité dans une conférence pour dire ce que sera la population française
en 1956. Dans sa réflexion, il est interpellé par la faiblesse de la natalité française parce que la natalité
française dans l’entre-deux guerres est faible. Cela inquiète sur le devenir de la France, puisqu’à côté
l’Allemagne a des taux de fécondité élevés. Sauvy, pour parler de natalité, va inventer ce qu’il appelle
le vieillissement. C’est le ratio entre le nombre des personnes âgées divisé par la population totale et
multiplié par 100 (nombre des personnes âgées / population totale * 100). Lorsqu’on fait ce ratio, on
fait implicitement apparaître la natalité. En faisait ce calcul, Sauvy fait un lien entre la natalité et le
vieillissement de la population. Il montre bien que la seule alternative pour limiter le vieillissement,
c’est que la population augmente plus vite que le nombre des personnes âgées : il faut donc que la
fécondité/natalité augmente. Cela donnera lieu à la mise en place des allocations familiales. La forte

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croissance des naissances fait que le vieillissement n’est plus une difficulté, mais l’accroissement du
nombre des jeunes peut l’être.
La question du vieillissement revient se poser à la fin des années 70/début des années 80. Sauvy écrit à
nouveau sur ce sujet.
Aujourd’hui, la notion de vieillissement est une notion très fortement mobilisée. Elle va donner lieu à
2 thématiques : les retraites et les dépenses d’assurance maladie.
Qu’est-ce qu’une personne âgée ? A partir de quel âge rentrerait-on dans la catégorie « personnes
âgées » ?
- 1ère manière, qui est celle décidée par Sauvy : décider d’un âge seuil. Sauvy, en 1928, retient
comme âge de la vieillesse 60 ans. Il fait référence à Cicéron. Aujourd’hui, il est vrai que
l’INSEE considère davantage l’âge de 65 ans.
- 2ème manière, qui est de se dire que le problème du vieillissement est un processus. Mais il est
difficile de caractériser le processus.
- 3ème manière, qui est caractérisée par Bourdelais. Il propose de raisonner à l’inverse et de dire
que la vieillesse est une période avant la mort quand on est âgé. L’avantage est que l’âge de la
vieillesse varie en fonction de l’évolution de la population.
Selon la méthode que l’on utilise, on n’a pas la même vision du vieillissement.
Est-ce que le vieillissement est une bonne nouvelle ?
Le vieillissement démographique est avant tout une bonne nouvelle, puisque la mortalité baisse.
Personne ne veut empêcher le vieillissement démographique.

La question des retraites


3 grandes difficultés se posent :
- Il y a plusieurs régimes de retraite. Dans le projet initial de 1946, la volonté de Croizat est
d’avoir un régime unifié. Mais, De Gaulle a refusé et il s’est maintenu un certain nombre de
régimes spécifiques.
- Quand on parle de retraite, en réalité les individus peuvent cumuler plusieurs modes de
retraite. En effet, un système de retraite a toujours existé : il s’agit de l’épargne libre.
- Il y a controverse chez les économistes sur ce qu’est la retraite.
La question de la réforme des retraites est ce que l’on appelle le régime général, c’est-à-dire celui qui
touche la majorité des Français. Le régime général, en réalité repose sur 3 piliers :
- La question de l’âge de départ.
- La durée de cotisation.
- Le calcul des pensions.
Avant cela, il y a un débat : Pourquoi imposer un régime de retraite ? Il y a eu des résistances parce
que c’est une philosophie particulière de gagner moins pour gagner une retraite dans plusieurs dizaines
d’années.
Le régime de retraite que l’on connaît a été créé en 1910. 1946 ce n’est que la reprise de 1910. En
1910, ce n’était pas obligatoire. On constate que quand ce n’est pas obligatoire personne le prend. Le
côté obligatoire est tiré du fruit de l’Histoire.
En France, on identifie 3 formes de retraite :
- L’épargne libre.
- La capitalisation (fonds de pension).
- La répartition. Le système de répartition est matérialisé par une multitude de régimes, qui,
chacun, ont leur spécificité.
Dans le régime général, on doit faire une distinction entre le régime de la fonction publique et le
régime de la fonction privée. Dans le régime de la fonction publique, les fonctionnaires ne cotisent pas
parce que leur système passe par le budget de l’Etat.
La particularité du régime mis en place en 1946 tient de 2 éléments :
- Il a un caractère obligatoire. Tout salarié doit cotiser.
- Le montant de la retraite dépend de la carrière individuelle.

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Branche retraite : La cotisation est proportionnelle au revenu. On reçoit en fonction de la maladie.
Branche retraite : La cotisation est proportionnelle au revenu. La pension, quant à elle, dépend de
combien a été cotisé.
Il y a des incidences : Le système de retraite n’est pas un système égalitaire et aggrave les inégalités
salariales. Il accroît et maintien aussi les inégalités de genre. Ce choix de système cotisation/pension
produit un effet comptable : les cotisations annuelles doivent être égales aux pensions annuelles.
On peut noter, sur cet élément comptable, que jusqu’au début des années 80, les régimes de retraite
sont excédentaires. Dans les années 70, le niveau de vie des retraités est de 70% du niveau de vie du
français moyen. Vers la fin des années 80, certains économistes disent qu’ils faut réformer le système.
Les premières réformes auront lieu en 1993 avec les réformes Balladur, et bien d’autres par la suite.
Si R est le nombre des retraités et r la pension moyenne, alors les cotisations annuelles/pensions
annuelles versées sont r * R. Si W est le nombre des travailleurs et c la cotisation moyenne, alors les
cotisations annuelles/pensions annuelles versées sont c * W = r * R.
Pour que l’équilibre se maintienne, il faut que la somme des variations globales soit identique. La
variation du nombre des retraités Δ R = Δ c * W + Δ W * c – Δ r * R / r.
A noter que : Δ c * W + Δ W * c = Δ r * R + Δ R * r
Depuis les réformes Balladur, on joue sur le niveau des pensions.
1946 1993 2002 2013 2019 / ! \ 2023 ?
Age de départ à
65 ans 60 ans 62 ans 62 ans 62 ans 64 ans
la retraite
Nombre
d’années de 35,5 ans 40 ans 42 ans 43 ans 43 ans 44 ans
cotisation
10 meilleures 25 meilleures Toutes les
Calcul de la
années années _ _ années _
pension
SR SR comptent
En passant de 10 à 25 meilleures années, on a fortement diminué les pensions.
Calcul pension (branche Sécurité sociale) = 75% * SR * Nombre d’années cotisées / Nombre d’années
à cotiser [40 / 42].
En 2040, le niveau de vie des retraités sera 70% du niveau de vie de la population française. On veut
faire en sorte que les pensions moyennes soient moins élevées.
Ratio : Nombre de retraités / Nombre de cotisants. Argument : Ce ratio se détériore, si bien qu’il faut
faire la réforme (gouvernement). Face à cela, on peut répondre 2 choses :
- Pour faire des comparaisons dans le temps, il faut que les choses soient identiques. Or, elles ne
sont pas identiques. En 1946, pour nourrir 40 millions de français, il faut 6 millions
d’agriculteurs (40 millions de français / 6 millions d’agriculteurs, soit 40 / 6). 1 agriculteur
doit nourrir 6,6 français. Aujourd’hui : 68 / 0,5. En 2023, 1 agriculteur doit nourrir 136
français.
- Le gouvernement ne veut pas jouer sur les cotisations car il faudrait augmenter les salaires. Si
les femmes gagnaient autant que les hommes, il n’y aurait plus de déficit de la Sécurité sociale
et plus de déficit des caisses de retraite. Le gouvernement fait en sorte que les retraités soient
plus pauvres.
L’enjeu derrière les retraites est une question du partage des richesses. On peut le résumer ainsi :
- Un discours général consiste à dire que les retraites correspondraient en réalité à un salaire
différé.
- Un autre discours consiste à dire que les retraites sont un salaire continué.
La question fondamentale des retraites et la question du partage de la valeur ajoutée. Les réformes sur
le régime des retraites sont des réformes qui ont des incidences sur l’ensemble de l’économie
française.
Il faut prendre en compte que l’espérance de vie des Français a augmenté. Ces français ayant des âges
de plus en plus élevés sont confrontés à des difficultés particulières appelées dépendances. Lorsqu’on

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fait des catégories, on rend des choses homogènes qui ne le sont pas. Le culte de la mortalité provoque
l’augmentation très forte des personnes les plus âgées. Ceux pour lequel le nombre de personne va
augmenter le plus fortement sont ceux avec l’âge le plus élevé. Cette perspective démographique en
cours produit un premier effet qui est que l’âge de l’héritage ne cesse d’augmenter. Les gens héritent
au moment où elles n’en ont pas besoin. La plus connue des incidences est que plus l’âge avance et
plus les personnes sont en difficulté pour accomplir les actes quotidiens de la vie. L’INSEE mesure 2
types d’espérance de vie : l’espérance de vie à la naissance ou à un âge donné et l’espérance de vie en
bonne santé, c’est-à-dire le nombre d’années que devraient vivre en moyenne les personnes sans
connaître de difficultés pour accomplir les activités de la vie (60 ans).

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