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Introduction

Le présent sujet intitulé « Analyse des productions discursives économiques d’un ministre :
cas du discours d’Emile Doumba », est un projet de recherche qui présente un parcours en
analyse du discours.

L’analyse du discours est une approche multidisciplinaire qui emprunte plusieurs concepts
aux champs de la sociologie, de la philosophie, de la psychologie etc. et qui a pour objet
d’étude le discours qualitative et quantitative qui étudie le contenu des discours écrit ou
oraux, de façon précise en tenant compte de leur contexte de production.

Cette discipline s’est développée en France, en grande Bretagne et aux Etats unis à partir des
années 1960. C’est sous l’effet de la philosophique analytique et de la théorie des actes du
langage de Austin qu’Emile Benveniste a introduit dans la linguistique française la notion
d’analyse du discours. Car le terme « Analyse du discours », on le doit au linguistique
américaine Harris qui a publié en 1952 « Discourses analysis » dans la revue américaine
Langage volume 8 :1-30. L’analyse du discours s’applique à des objets variés tels que le
discours politique, religieux, médiatique, économique, publicitaire, » etc. L’analyse du
discours peut se faire à travers deux approches : l’approche descriptive, qui permet de
décrire un discours pour comprendre son fonctionnement et la logique de la parole du
locuteur, et l’approche critique qui a pour objectif d’établir une critique du discours pour
relever ses contraintes et ses limites.

Le but recherché dans ce travail est de décrire les stratégies discursives auxquelles a eu
recours Emile Doumba dans son discours, pour se construire une certaine image à l’endroit
de ses allocutaires. Pour cela nous allons nous allons adopter une approche énonciative et
pragmatique. De ce fait, notre analyse va se faire en analyse va se s’effectuer en en quatre
parties.

Dans la première partie, nous allons présenter la méthodologie que nous avons choisi pour
mieux structurer et élaborer notre travail, dans la seconde partie nous allons aborder l’étape
de la rupture, dans la troisième partie, nous allons traiter de l’exploration. Et enfin dans la
quatrième partie nous allons élaborer la problématique de notre travail.

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Approche méthodologique

La méthodologie est une étape de la démarche qui s'élabore en un ensemble de procédés, de


techniques, de méthodes visant à opérer des choix théoriques de référence. Le choix d'une
méthodologie est essentiel pour le chercheur. Elle permet de mieux structurer notre travail et
de pouvoir l'analyser. Dans le cadre de notre étude, nous allons adopter la démarche
méthodologique proposée par Quivy et Van Campenhoudt (2008) dans Manuel de recherche
en sciences sociales.

Pour ces auteurs, l'amorce d'un travail de recherche répond à une démarche scientifique
articulée sur trois actes : la rupture, la construction et la constatation.La rupture sert à
rompre avec les préjugés et les fausses évidences qui nous donnent seulement l'illusion de
comprendre les choses. Elle est le premier acte constitutif de démarche scientifique et se
compose des trois étapes suivantes : la question de de départ, l'exploration et la
problématique.

La construction est le système conceptuel organisé auquel se réfère et se concrétise la


rupture. II s’agit d'un travail rationnel fondé sur la logique et sur un système valablement
constitué qui permet au chercheur d'exprimer la logique qu'il suppose être à la base du
phénomène. Elle est à partir de la problématique, constituée de la construction du modèle
d'analyse.

La constatation permet à une proposition d'acquérir le statut scientifique à partir du moment


où cette proposition est vérifiée. C'est la mise à l'épreuve des faits. Elle se fait en trois étapes
l’observation, l'analyse des informations et les conclusions. Ces trois actes sont étroitement
liés grâce à l'enchainement des sept différentes étapes à partir desquelles les trois actes de la
démarche scientifiques sont effectifs.
Toutefois, pour le présent travail, nous ne retiendrons que le premier acte, à savoir, la rupture,
qui comprend les trois étapes suivantes :

-La question de départ, qui comprend une question, une approche thématique, les objectifs,
le choix et l'intérêt scientifique du sujet

-L'exploration du sujet, qui se compose des comptes rendus de lecture, et des lectures
exploratoires.

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-La problématique, qui est la mise en évidence de l'ensemble de questionnements faisant
référence au sujet. Elle englobe le récapitulatif, le cadre théorique et l'explication de la
problématique.

Question de départ

La meilleure manière d'entamer un travail de recherche consiste à énoncer le projet sous


forme d'une question de départ. Par cette question, nous voulons exprimer le plus exactement
possible ce qu'on cherche à savoir, à élucider, à mieux comprendre. C'est le fil conducteur de
notre recherche. Elle constitue une rupture avec les préjugés. Pour remplir correctement sa
fonction, la question de départ doit présenter des qualités de clarté, de faisabilité et de
pertinence.

Par la qualité de clarté, la question doit être claire, précise, concise et unique.

Par la qualité de faisabilité, la question doit être réaliste, c'est-à-dire en rapport avec les
ressources personnelles, maternelles et techniques que l'on peut considérer comme
nécessaires et sur lesquelles on peut raisonnablement compter.

Par la qualité de pertinence, il est question du registre auquel le sujet fait appel ou se
réfère. La question de départ ne doit pas avoir de connotation morale et elle ne doit pas
chercher à porter un jugement mais bien à bien expliquer le sujet.

Pour mieux appréhender notre sujet, il sied de l'interroger. Selon Bachelard, «toute
connaissance est une réponse ù une question. S 'il n 'y a pas eu de question, alors il ne peut
y avoir connaissance scientifique » (1980 : 14). Ainsi, nous avons formulé notre projet sous
la question suivante : Quelles sont les stratégies discursives utilisées par l'auteur dans
son discours ?

Présentation du sujet

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Les principes de la démocratie et de la société moderne, rendent le discours comme un outil
indispensable pour la légitimité de la communication. Au Gabon, à l'occasion des
cérémonies ou des séminaires d'échanges communicatifs entre les hommes d'état, il se
produit souvent des discours, comme c'est le cas du discours d'Emile Doumba, produit dans
le cadre de sa fonction de ministre de l'Economie forestière, des Eaux, de la Pêche et de
l'aquaculture et qui nous a intéressé ici.

Ainsi, notre sujet s'intitule « Analyse des productions discursives économiques : cas du
discours d'Emile Doumba ». Nous allons rechercher dans notre étude, les stratégies
discursives et la marque laissée par I 'homme économique dans son discours.

A travers cette étude, nous voulons faire émerger les éléments clés qui révèlent les points
spécifiques du discours du ministre. Cette année de Master 1 nous allons nous limiter à
produire une analyse théorique de notre sujet de recherche.

Nous trouvons judicieux de faire une approche thématique des termes clés de notre sujet pour
en avoir une meilleure compréhension.

Approche thématique

L’approche thématique constitue une étape essentielle à la compréhension de notre sujet, dans
la mesure où elle est un préalable à la compréhension des termes du sujet ou des termes en
lien avec celui-ci. Dans le souci de mieux appréhender notre sujet de recherche, nous allons
d'abord procéder à une définition des termes clés qui constituent notre sujet.

Discours

Benveniste (1996) oppose le discours à la langue en partant du fonctionnement « la langue est


un système commun à tous ; le discours est à la fois un porteur de message et un instrument
d’action »

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Pour Guespin (1971), le discours est ce qui s'oppose à l'énoncé, c'est-à —dire « l'énoncé
c'est la suite de phrases émises entre deux blancs sémantiques, deux arrêts de la
communication, le discours c'est l'énoncé considéré du point de vue mécanisme discursif qui
le conditionne ».

Pour Maingueneau, (1987 :11-12) « tout discours peut être défini comme un ensemble de
stratégies d'un sujet dont le produit sera une construction caractérisée par les acteurs, des
propriétés, des évènements sur lesquels il s'opère ». Pour l'auteur, le terme discours renvoie
à six acceptions :

Discours 1 : renvoie à la parole

Discours 2 : signifie un message transphrastique

Discours 3 : est soumis à un ensemble de règles d'enchainements de suite de phrases


composant l’énoncé

Discours 4 : comme une étude linguistique des conditions de productions

Discours 5 : une énonciation du locuteur dans l'intention d'influencer un interlocuteur dit


auditeur

Discours 6 : un lieu de contextualisation de la langue ou s'exerce la créativité.

Le discours est donc une entité complexe qui implique un acte langagier d'où émergent le
texte(linguistique), le contexte(sociologique), et l’intention (communication)

Pour Adam (1998), « un discours est un énoncé caractérisable certes par des propriétés
textuelles mais surtout comme acte de discours accompli dans une situation de participation
institutionnelle, lieu, temps »

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D’après Charaudeau et Maingueneau (2002 :02) « le discours est considéré comme un
produit langagier d'un locuteur ou d'un ensemble de locuteurs qui utilisent un vocabulaire
afin de s'exprimer et transmettre un message à son interlocuteur dans le but d'informer ou de
convaincre ».

Selon Dubois et al (2002 : 10) « le discours est le langage mis en action ; la langue assumée
par le sujet parlant lorsqu'il est synonyme de la parole. Mais également une unité égale ou
supérieure à la phrase ; il est constitué par une suite formant un message, ayant un
commencement et une clôture parlant de I ' énoncé. Le discours est une suite de
développements oratoires destinés à persuader ou à émouvoir et structurés Selon des règles
précises ». Cette définition rejoint celle Guillaume (1991 :95) qui pense « qu'engager une
opération de discours c'est vouloir agir, produire un effet sur quelqu'un En l'absence de telle
visée pas de discours ».

Le dictionnaire Larousse (2011) décrit le discours comme un « développement oratoire sur


un sujet déterminé, prononcé en public, allocution. Une réalisation concrète, écrite ou orale,
de la langue considérée comme un système abstrait. Et aussi, un énoncé supérieur à la
phrase, considéré du point de vue de son enchainement. Discours direct ou indirect. C'est un
ensemble de manifestations verbales, orales ou écrites, représentatives d'une idéologie ou
d'un état des mentales à une époque ».

Production discursive

C'est l'action, la constitution d'un discours par un sujet parlant. Ce discours est basé sur le
raisonnement ou la persuasion. C’est une suite de phrases, identifiée à une référence
particulière qui est le discours. C’est un acte au cours duquel s’actualisent les phrases,
assumées par un locuteur particulier, dans des circonstances du discours.

Analyse

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Selon le Dictionnaire Larousse, c'est une étude minutieuse, précise pour dégager des unités
qui constituent un ensemble, pour expliquer et éclairer.

En linguistique, c'est un procédé qui vise à dégager des unités, (mots, morphèmes, phrases
etc.), et relations qui existent entre les unités.

Le dictionnaire Larousse (2011) décrit le discours comme un « développement oratoire sur


un sujet déterminé, prononcé en public, allocution. Une réalisation concrète, écrite ou orale,
de la langue considérée comme un système abstrait. Et aussi, un énoncé supérieur à la
phrase, considéré du point de vue de son enchainement. Discours direct ou indirect. C'est un
ensemble de manifestations verbales, orales ou écrites, représentatives d'une idéologie ou
d'un état des mentales à une époque ».

Stratégies discursives

Les stratégies discursives représentent les choix langagiers d'un locuteur dans une situation
de communication.

Les objectifs

Les objectifs sont le point de départ d'un projet de recherche. Le dictionnaire en ligne
Wiktionnaire le définit comme un but à atteindre ou une finalité que l'on s'est fixé et qui se
doit d'être réalisé au travers d'un projet.

Ce travail vise à présenter un parcours en analyse du discours, qui, au-delà de la diversité


d'objets d'analyse, se caractérise par l'approfondissement des questions de recherches en
analyse du discours, notamment à l'étude du discours économique. Notre travail se donne
pour objectif d'identifier et de décrire les stratégies discursives auxquelles a eu recours
Emile Doumba et de montrer l'image (éthos) qu'il veut faire paraitre face à ses allocutaires à
travers ses choix langagiers.

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Choix et intérêt scientifique

Le choix d'un sujet de recherche ne se fait pas de manière aléatoire. Une recherche cognitive
ou non est influencée par le contexte de la découverte personnelle, psychologique, politique,
social, historique, économique d 'ensemble, dans lequel se trouve le chercheur, le Zeitgeist
qu’est l'air du temps, l'esprit du moment, entoure le théoricien et dont celui-ci ne saurait
s’abstraire au sein d'une espèce de tour d'ivoire.

Notre sujet intitulé « Analyse de productions discursives économiques d'un ministre : cas du
discours d'Emile Doumba » a été choisi dans le cadre de l'analyse du discours dans une
approche descriptive. Nous voulons à travers ce travail apporter une contribution dans le
domaine scientifique. Cette étude nous permettra d'acquérir des connaissances
complémentaires essentielles à la compréhension des stratégies discursives utilisées dans le
discours, notamment le discours économique. De plus, notre choix se porte sur le discours
d'Emile Doumba, car en tant que ministre, il se distingue des autres par sa posture idéo-
économique, qui nous permet de pénétrer l'univers économique dans lequel il s'inscrit, et
celui de la société civile à laquelle il appartient.

Ce travail pourra servir de modèle d'étude aux personnes soucieuses de comprendre les
stratégies discursives, de pouvoir l'appliquer et l'adapter dans une autre étude analytique, à
d'autres personnalités.

L'intérêt de ce travail est donc de montrer que l'analyse du discours comme la linguistique
propose des descriptions scientifiques sur des faits de langue avec de nombreuses approches
techniques. Il nous permet ainsi d'appréhender le fonctionnement du discours dans un
environnement socio-économique précis.

L’exploration

A cette étape de la recherche, nous sommes tenus de présenter les différents ouvrages que
nous avons consulté et qui en rapport avec notre sujet d’étude. Sachant que tout sujet de
recherche s’inscrit dans un continium, il nous revient des lors de situer notre analyse dans
des cadres conceptuels reconnus.

De ce fait, nous allons d’abord présenter les ouvrages que nous avons lu, ensuite nous allons
les présenter sous forme de fiche de lecture.

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- M.B. SONIA, 2008, Analyse pragmatique du discours politique : cas du
dernier discours d’Emmanuel Macron précédant son élection.
- CHARAUDEAU. P, 2005 : Le discours politique. Les masques du pouvoir,
Paris, Vuibert
- J.L AUSTIN, 1970 : quand dire, c’est faire, Paris, Seuil.
- ABDOULLAH.H, 2019, l’image de soi dans le discours politique, 18 pages.
- MAINGUENAU.D, 1994 : l’énonciation en linguistique française, Paris,
Hachette, 149 pages.
- PAMPHILE.M. A,2008, stratégies discursives et schématisation de soi dans
une production discursive d’Omar Bongo Ondimba : Analyse pragmatique
19 pages (148-167) Gabonica 2.

Fiche de lecture 1.

Nature : article

M.B. Sonia, 2008, Analyse pragmatique du discours politique : cas du dernier discours
d’Emmanuel Macron précédant son élection présidentiel 2007

Contenu : dans cet article l’auteur propose un exemple d’analyse pragmatique du discours
d’Emmanuel Macron, dans lequel il relève les stratégies discursives que ce dernier use pour
persuader ou convaincre son auditoire.

Pour l’auteur, les stratégies discursives représentent les choix langagiers auxquels a recours
un locuteur dans une situation de communication. Ainsi, il identifie quatre stratégies
discursives dans le discours d’Emmanuel Macron.

- la première stratégie c’est l’éthos discursif : il permet à l’énonciateur de se donner une


image positive ; celle d’un homme bienveillant, tolérant et crédible pour gagner la confiance
de son auditoire. En employant des marqueurs linguistiques tels que « je respecte », il se
construit un éthos de « vertu », qui est une sous classe de l’éthos de crédibilité selon
Charaudeau.

-la deuxième stratégie c’est la stigmatisation : l’auteur définit d’abord la stigmatisation en


citant Erving Goffman dans son ouvrage « Stigmate. Les usages sociaux des handicaps »
(1963), dans lequel il considère que stigmatiser une personne ou un groupe de personnes est le
fait de le marginaliser en le déviant des normes.
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L’auteur répertorie les traces de stigmatisation dans le discours de Macron à travers l’emploi
des termes péjoratifs tels que : nationaliste, dangereux et anti-européen qu’il utilise pour
discréditer le Front National aux yeux des français.

-la troisième stratégie identifiée est la présupposition. L’auteur donne d’abord quelques
définitions selon certains auteurs. Il cite ainsi Catherine Kerbrat Orecchionni dans son
ouvrage « implicite ». Qui définit le présupposé comme « une information qui, sans
constituer l’objet du message à transmettre, est toutefois automatiquement entrainer par sa
formulation » (1998 :25.) Cette définition correspond chez Ducrot au « dit » et au « non- dit
», dans lesquels on trouve deux types de composants : « posés »et « présupposés » (1993).

Ainsi, le présupposé présent dans le discours d’Emmanuel Macron est indiqué par le verbe
« tenir » et par des phrases ayant un sens « posé », et « présupposé », dont l’intérêt est de
persuader, manipuler en faisant passer certaines informations, indirectement, pour ne pas
heurter la sensibilité de son auditoire.

-la quatrième et dernière stratégie c’est la promesse. L’auteur commence comme pour les
autres stratégies par une définition qu’il puise dans le dictionnaire Larousse « promettre c’est
s’engager à faire, à donner ». Il fait ensuite appel à l’ouvrage « quand dire c’est faire »
(1970) de Austin qui montre que certains énoncés ont la capacité d’accomplir eux-mêmes
l’acte qu’il désigne. On parle alors de « discours performatif », qui peut être implicite ou
explicite. Revenant sur son corpus, il montre que dans son discours, Emmanuel Macron
réalise un acte de parole qui est celui de la promesse. Son discours est plutôt émotionnel, car il
se donne pour mission d’accomplir les différentes actions qu’il présente à son peuple une fois
qu’il sera élu. L’auteur présente la stratégie de promesse de Macron comme une manipulation
de sa part, nourrit par son désir de maintenir le pouvoir sur le peuple, car à travers cette
promesse, il peut efficacement créer de l’espoir, de la confiance, de l’attente ainsi que l’envie
d’adhérer à son parti politique. Le discours d’Emmanuel macron se distingue des discours des
autres présidents français par son caractère poétique et performatif.

Fiche de lecture 2

Nature : ouvrage

Charaudeau P, 2005 : Le discours politique. Les masques du pouvoirs, Paris, Vuibert, 256
pages

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Contenu : dans cet ouvrage, l’auteur s’attache à replacer le discours politique sous l’angle du
langage, à travers la description de la transformation de trois de ses instances, en constante
interaction : l’opinion publique, les médias et les acteurs politique. Ce livre se divise en quatre
parties comprenant chacun deux chapitres.

Dans la première partie, voulant répondre à la question « qu’est-ce qu’un discours


politique ? », il pose une problématique axée sur le rapport existant entre langage, action,
pouvoir et vérité, qu’il tente de résoudre dans les deux chapitres respectivement intitulés : « la
parole politique », « l’étude du discours politique ».Ainsi, en passant par une approche
définitionnelle, Charaudeau présente le discours politique comme une pratique sociale, qui
marque le passage de la langue au discours, et qui est un espace de persuasion qui légitime le
faire politique et qui représente ainsi une sorte de contrat.

Dans la deuxième partie, l’auteur décrit les enjeux et les stratégies de la communication
politique à travers deux chapitres qui sont « les conditions du discours politique : contrat et
stratégie », et « les contraintes du discours politique ». L’auteur nous présente comme des
êtres à la fois collectifs et individuels, contraints par les choix individuels des normes de la
langue qui nous permettent de nous individuer. A travers les stratégies du discours politique,
l’auteur explore les rouages de la persuasion, à travers l’image d’un intercesseur bienfaiteur,
que donne l’homme politique, mais qui représente en réalité, la perversité et le « mentir vrai »,
« vrai semblant », pouvant conduire au « faux semblant » car la manipulation d’opinion est le
propre du discours politique.

La troisième partie aborde l’« image des acteurs politiques ». L’auteur pose dans le premier
chapitre la question de l’éthos en tant que construction de l’image de soi. L’auteur nous
présente les images que l’orateur politique est amené à se construire pour paraitre crédible.
L’éthos est constitutif de tout acte de langage, et les caractéristiques qu’il prend varie selon la
situation d’énonciation. L’image de soi concerne aussi bien l’individu, qu’un groupe
d’individus, on parle alors d’éthos collectif. Le deuxième chapitre met l’accent sur les
procédés discursifs qui contribuent à fabriquer l’éthos en prenant en compte l’ensemble des
circonstances qui président à leur emploi (valeur de l’époque, situation de communication,
personnalité de l’orateur, etc.) Enfin, dans la dernière partie « les imaginaires de vérité du
discours politique », qui comprend deux chapitres qui sont : « de l’idéologie aux imaginaires
socio-discursif » et « de quelques imaginaires de vérité du politique ». L’auteur aborde à
travers l’activité de langage, la façon dont la société détermine et classe les objets de
connaissance dans des domaines d’expérience. Ainsi, l’imaginaire social est définit comme
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« un univers fondateur de l’identité du groupe » d’une part, et comme « imaginaire de vérité »
d’autre part. La vérité se définissant comme une adhésion, cela revient à dire qu’il n’existe
pas de vérités en soi, mais des imaginaires qui permettent au sujet parlant de se construire une
identité. Parmi les principaux imaginaires de vérité l’auteur cite : les imaginaires de « la
tradition », de « la modernité », de « la souveraineté populaire ».

Au terme de cette description, l’ouvrage propose une nouvelle réflexion sur des phénomènes
nouveaux qui surgissent dans l’espace social actuel, permettant d’une part de contrer l’idée
d’une dégénérescence du discours politique et, d’autre part de proposer la recherche d’une
nouvelle éthique.

Fiche de lecture 3

-J. L AUSTIN, 1970 : Quand dire, c’est faire, Paris Seuil

Dans la première partie, Austin estime qu’énoncer ce n’est ni décrire ce que nous sommes en
train de faire, ni affirmer que nous le faisons. C’est le faire. IL appelle ce type de phrases :
performatifs ou énonciatives performatives. Elles sont donc vraies ou fausses comme l’ont fait
penser quelques philosophes mais ce sont des énonciations visant à faire quelques choses, ou
exécuter une action. Après avoir expliqué dans la première conférence que l’énonciation
performative ne dit pas ou ne se limite pas à dire quelque chose, Austin fait remarquer dans la
deuxième conférence que l’énonciation peut être malheureuse, dans la mesure elle ne parvient
pas à faire, ce qu’elle est destinée à faire car les circonstances ne sont appropriées. En d’autres
termes, toutes mes conditions nécessaires ne sont pas réunies pour la réalisation de l’acte.
Austin établit ainsi, cinq règles auxquelles nous devons nous soumettre pour la réalisation de
l’acte :

-La première est qu’il doit exister une procédure reconnue par convention, dotée par
convention d’un certain effet, et comprenant l’énoncé de certains mots par certaines personnes
et dans certaines circonstances ;

-La deuxième est qu’il faut que dans chaque cas, les personnes et les circonstances
particulières soient celles qui conviennent pour qu’on puisse évoquer la procédure en
question.

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-La troisième est que la procédure doit être exécutée par tous les participants, à la fois
correctement et intégralement

-La quatrième est qu’il faut que la personne qui prend part à la procédure (et par là l’évoque)
ait, en fait, des pensées ou sentiments, et que les participant aient l’intention d’adopter le
comportement impliqué.

-La cinquième est qu’ils doivent se comporter ainsi, en fait, par la suite.

Après avoir énuméré les critères d’une énonciation, l’auteur nous fait remarquer dans la
troisième conférence, une violation de quatre règles sur les six règles citées, qu’il va appeler
l’« Echec ». Ainsi, « Echec » désigne tout ce qui empêche la réalisation de l’énonciation.

Dans la quatrième conférence, Austin explique les deux dernières règles auxquelles nous
devons nous soumettre pour l’accomplissement de l’acte. Il pense que ces deux règles sont
celles qui entrainent la vérité ou la fausseté d’une affirmation.Dans la cinquième conférence,
il s’agit de la distinction entre l’énonciation performative et l’énonciation constative sur le
plan grammatical et lexical. L’auteur se rend vite compte que ces deux énoncés partagent les
mêmes critères grammaticaux et lexicaux. Il pose alors la distinction selon laquelle, le
performatif est heureux ou malheureux, alors que le constatif est vrai ou faux.

Dans la sixième conférence, à travers des exemples, Austin va poser une distinction entre le
constatif explicite et le constatif implicite. Le constatif implicite permet de décrire un acte,
alors que le constatif explicite se développe à partir de l’implicite, et le confirme.

Exemple : « je serai là » énoncé constatif implicite, « je promets que je serai là » énoncé


performatif explicite.

Dans la septième conférence, l’auteur s’attèle encore à décrire les performatifs et aboutit à la
conclusion selon laquelle, il n’existe pas de critères spécifiques pour établir une distinction
entre le constatif et le performatif. Il s’intéresse donc à la question de savoir quelle est la
portée significative entre le fait que dire quelque chose, c’est faire quelque chose.

Dans la huitième conférence, l’auteur distingue trois sortes d’actes : l’acte locutoire ou acte de
dire quelque chose, c’est la production d’une phrase ayant un sens et un référent ; l’acte
illocutoire, qui est la réalisation d’un acte par le fait de le dire ; enfin l’acte perlocutoire.

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Dans la neuvième conférence, l’auteur faire une étude détaillée des trois actes, en s’appuyant
sur les actes d’illocution et de perlocution. Il dit que l’acte illocutoire est conventionnel, alors
que l’acte perlocutoire est ne l’est pas.

Dans la dixième conférence, il montre que les formules « en disant », et « par le fait de dire »,
peuvent nous aider à distinguer les actes d’illocutions des actes de perlocution.

Dans la onzième conférence, Austin montre qu’une affirmation constitue un acte d’illocution,
donc, un faire comme les performatifs, mais à la seule différence qu’elle n’a pas d’objectif
comme l’acte perlocutoire. Il propose une étude critique de la manière dont les sortes
d’illocution seraient destinées à être juste ou non, permises ou non, et le sens précis des
expressions que nous utilisons pour porter des jugements de valeurs sur les illocutions.

Enfin, dans la douzième conférence, Austin propose de classifier les différentes valeurs
illocutoires que peut recevoir une illocution quelconque en cinq grandes classes.

-les verdictifs ou actes judiciaires (condamner, acquitter)

- les exercitifs formulant un jugement (ordonner, exhorter)

-les promissifs ou commissifs qui obligent le locuteur à adopter une certaine conduite
(promettre, garantir)

-les comportatifs qui expriment une attitude du locuteur envers imminente de quelqu’un
(remercier, s’excuser)

-les expositifs qui sont utilisés pour exposer une idée (affirmer, nier, objecter)

Fiche de lecture : 4

Abdoullah. H, 2019, 18 pages I 'image de soi dans le discours politique,

Nature : article

Contenu : cet article nous propose l'étude de l'image de soi dans le discours politique
Yéménite lors de la séance d'ouverture de la conférence du dialogue national qui s'est tenu à
Sanaa en 2013. L'objectif de ce travail est de proposer une analyse de l'éthos discursif en
tenant compte de l'impact que peut avoir l'image prédiscursive ou sociale dans la construction
l'éthos du président.

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L'auteur fait d'abord un rappel sur le mouvement dit le printemps arabe qui a profondément
bouleversé plusieurs domaines de la vie Yémène : politique, social, économique et culturel.
De cela est né plusieurs approches et méthodes de façon à pouvoir contrôler cette phase
sensible.

L'article se divise en deux parties : une partie théorique et une partie pratique. Dans la
première partie il aborde l’éthos en citant les propos d'autres auteurs sur ce sujet et dans
seconde partie il fait une analyse pratique de son corpus.

L'auteur choisi de porter son travail sur le l'éthos au lieu du logos et du pathos car il estime
que l'éthos fait appel à la confiance en soi, à la légitimité et à la crédibilité sans lesquelles il
serait difficile d'établir un contact avec le public. Il montre que depuis leur avènement, les
études rhétoriques accordent une place importante dans la manipulation à caractère
argumentatif à travers la triade rhétorique : l'éthos, le pathos et le logos. Il pose que lors d'une
interaction verbale, l'auteur déploie un discours à visé persuasive comme en politique, pour
imposer subtilement son point de vue et donc agir sur son interlocuteur, car c'est dans le
domaine politique que la persuasion acquiert un intérêt particulier qui permet de concilier
«l'instance politique » et « l'instance citoyenne » En cas de problème.

L'auteur distingue deux principales tendances dans l'étude de l'éthos. La première tendance
vient d'Aristote et est développé plus tard par Chaïm Perelman (1958), soutient que l'image de
soi est un effet de discours qui ne doit pas prendre en compte la conduite ou la réputation du
sujet parlant avant sa prise de parole, alors que la seconde tendance en analyse de discours
notamment avec Mainguenau (1993) définit l'éthos comme étant « ce que l'orateur prétend
être il cite aussi Ducrot (1972) qui estime que l'éthos peut être « dit » ou « montré » de
manière explicite dans l'énoncé. Ainsi, il va dans le même sens que R. Amossy(2010) qui
affirme que le locuteur peut se reconstruire une image de soi dans le « dire » ou le « dit ». II
fait aussi appel l'approche définitionnelle de Isocrate qui considère que l'éthos est avant tout
un résultat de l'identité sociale. Cette tendance porte un intérêt aux éléments prédiscursifs.

En revenant sur son corpus, l'auteur relève diverses stratégies langagières qui permettent au
président de construire son éthos. En utilisant les termes d'adresse « frères » et « sœurs »
ayant une valeur du déictique « vous », le locuteur et l'interlocuteur portent une identité
religieuse qui inspire un effet de solidarité, de fidélité, de famille, d'égalité qui fait que le
locuteur soit considéré comme légitime face à son auditoire, qu'il arrive à persuader.

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Le président présente une image de chef, une image de guide suprême à travers l'emploi de «
je » renforcé par l'utilisation des verbes de nécessité « demander » et « falloir

L'auteur relève sans le discours du président la stratégie de dramatisation de la situation


travers la mise en scène des substantifs subjectifs de « fanatisme », de « conflit », de «
machination ». Cette stratégie lui permet de se proposer comme « modificateur et « sauveur
» de cette situation critique.

Le président présente un ethos de vertu mis en scène par les adjectifs axiologiques «
sincère», « chaleureux », « fidèle ».

L'auteur identifie une stratégie de l'auto-désignation par le pronom personnel « nous »,


exemple « nous devons nous rendre compte ». Ce « nous » se présente comme une synthèse
qui fusionne le « je » du locuteur et le « non-je », afin de manipuler l'auditoire.

L'auteur relève un éthos prédiscursif du président qui se manifeste par le fait que le locuteur
dispose d'une double autorité : une autorité individuelle et une autorité institutionnelle, En le
choisissant comme candidat cela présuppose qu'il dispose déjà de certaines qualités
reconnues qui lui donnent cette image préalable qui fait que le public lui accorde une
certaine crédibilité lors de son discours.

Le président présente une image de sérieux étayée par les adjectifs axiologiques « décisifs »
et « inévitables »

Enfin l'auteur relève l'effacement énonciatif comme le témoigne ce passage « la foi est
yéménite et la sagesse aussi est yéménite

Cet article nous apporte des connaissances essentielles dans l'étude théorique et pratique de
l'éthos dans un discours, Nous pouvons ainsi identifier et analyser l'éthos discursif et les
stratégies langagières auxquels a recours un locuteur dans un discours à partir d'autres corpus
discursifs.

Fiche de lecture 5

Mainguenau. D, 1994 : I 'énonciation en linguistique française, Paris, Hachette, 149 pages


Nature : ouvrage théorique

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Contenu : dans cette ouvrage D. Mainguenau présente la théorie de l'énonciation. Pour
l'auteur, la théorie de l'énonciation se caractérise particulièrement par les embrayeurs, des
modalités, des discours rapportés pour une meilleure approche de ces concepts, il amorce
son introduction par une explication de l'énonciation. Ainsi ce livre se divise en trois parties
distinctes :la première partie traite des « des personnes et des déictiques », la deuxième partie
expose les « temps de l'indicatif » et la troisième partie concerne le « discours rapporté

Dans la première partie, l'auteur parle des personnes et des déictiques. L'auteur distingue les
personnes et les non-personnes. Les personnes renvoient aux pronoms personnels tels que «
je « tu « nous » et « vous » qui se manifestent à partir des embrayeurs à des Co-énonciateurs,
et aux possessifs. Ces derniers sont désignés comme étant des personnes car il réfère
directement à individus cite dans un énoncé quelconque. Les non-personnes désignent les
groupes nominaux et leur substituts pronominaux. Pour ce qui est des déictiques, l'auteur
affirme qu'ils ont pour fonction de marquer les énoncés- occurrences dans l'espace et dans le
temps par rapport au point de repère que constitue l'énonciateur. Puis il établit une
distinction entre les déictiques spatiaux et les déictiques temporels.

Dans la deuxième partie, l'auteur parle des temps de l'indicatif qu'il répertorie en mettant
leur valeur énonciative en relief. II opère une distinction entre le temps linguistique et le
temps extra linguistique dans son approche du discours du temps. Car il considère que le
temps linguistique indique le moment de I ‘énonciation et le temps extralinguistique indique
le moment qui marque soit l'antériorité ou la postériorité de l'énonciation. Ainsi seul
l'indicatif peut situer l'énoncé par rapport au moment de l'énonciation, de ce point de vue il
est le mode de l'actualisation maximale.

L'auteur pense que l'usage d'un quelconque aspect temporel implique nécessairement un
certain rapport de l'énonciateur a son énoncé et au monde, plus loin il peut marquer le
déroulement du procès énonciatif. En outre il établit une comparaison entre les formes
temporelles simples et les formes temporelles composées. De cette distinction va naitre une
autre distinction entre discours et récit. Le discours se distingue du récit par des énonces
oraux ou écrits référés à l ' instance énonciative.

Enfin dans la dernière partie l'ouvrage met en exergue le discours rapporté, notamment le
discours indirect et direct. Le discours indirect libre établit une liaison du discours rapporté à
la polyphonie à ce sujet l'auteur dit que pour citer un énoncé à l'intérieur d'un autre, il y a
trois manœuvres à adopter selon le type de relation citant et le discours cité. Ces trois

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manœuvres sont telles que l'utilisation du discours direct qui correspond à la préservation du
discours cité à l'égard d'un discours citant. Quant au discours indirect il renvoie à l'extraction
de toute autonomie du discours cité et le subordonne à l'acte d'énonciation du discours citant.

Le discours indirect libre est beaucoup plus utilisé sans la narration littéraire et associe les
propriétés du discours direct et indirect dans une énonciation originale. L'auteur évoque le
fait que le discours rapporté s'intéresse aussi à la problématique de la polyphonie, qui renvoi
au fait de citer les propos d'un énonciateur dans son énoncé et en assumer la responsabilité.
Ainsi, la polyphonie peut se traduire sous plusieurs angles : la reprise, l'énonciation
proverbiale et l'ironie.

Cet ouvrage est un support essentiel qui nous permet de pouvoir identifier et analyser les
différents aspects dans une énonciation : on peut faire ressortir les embrayeurs, les dectiques,
les temps de l' indicatif et les déférents types de discours en appliquant cette étude à
n'importe quel autre corpus analysable.

Fiche de lecture 6

Nature : article

Mebiame Akono.P,2008, stratégies discursives et schématisation de soi dans une production


discursive d’Omar Bongo Ondimba : Analyse pragmatique, Gabonica 2, 19 pages (148-167)

Contenu : dans ce travail, l’auteur s’inscrit dans le paradigme de la linguistique parolière,


héritière de F. de Saussure et de linguistique des interactions de C.Kerbrat Orrecchioni,
lesquelles estime que le discours, en tant que mécanisme regroupant des unités sonores ou
écrites associées au sens, représente une réalité construite par un auteur. Aussi, le langage ne
servant pas uniquement à transmettre une information mais il est le lieu où se jouent
plusieurs enjeux c’est à dire discursifs, relationnels, et sociaux, plus que « parler » induit
dorénavant une pratique dans laquelle les sujets parlants interagissent les uns sur les autres.
Pour l’auteur, l’objectif de ce travail est de saisir l’inscription singularisant d’Omar Bongo
Ondimba dans sa production discursive d’une part, et de décrire le processus de
schématisation conduisant à la construction de son discours prononcé à l’occasion de la
commémoration de son quarantième anniversaire à la magistrature suprême, d’autre part.

L’auteur dans son analyse s’attelle à une représentation du domaine de la linguistique


énonciative. Il l’enchaîne par la présentation du domaine de la linguistique énonciative. Il
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enchaine par la présentation de quelques lieux d’inscription subjective d’Omar Bongo
Ondimba dans son discours : par les déictiques personnels, et voir comment cette inscription
du sujet dans ses productions énonciatives s’articule avec la schématisation de soi et
l’affichage de soi par le discours et l’éthos.

Enquête exploratoire

Par définition l’enquête désigne l’étude d’une question au moyen des témoignages, des
expériences et des documents. C’est une investigation qui permet d’élucider le problème
posé par le sujet de recherche. Ces enquêtes exploratoires s’accompagnent à la fois des
lectures, des enquêtes linguistiques et des enquêtes de terrain, qui postulent l’élaboration
d’une problématique de recherche en vue de découvrir les aspects du phénomène à étudier,
de mettre en lumière les aspects du phénomène étudié auxquels le chercheur n’aurait pas
pensé de manière spontanée et de compléter ainsi les pistes de travail mises en évidence par
les lectures exploratoires.

La pré-enquête

Comme son nom l’indique, la pré-enquête est une technique de préparation à l’enquête. Elle
consiste à repérer le lieu et le moment de l’enquête en prenant un premier contact avec les
informateurs. Dans le cadre de ce travail de recherche, nous n’avons pas eu recours à des
informateurs physiques, mais plutôt à internet afin de pouvoir établir le premier contact qui
nous permet de vérifier la faisabilité de notre objet d’étude.

La problématique

La problématique de recherche se définit comme l’approche théorique que l’on décide


d’adopter pour traiter le problème posé par la question de départ. Elle comprend trois
étapes :

-D’abord faire le point : il s’agit là de dresser l’inventaire des points de vue adoptés sur le
sujet par les auteurs, d’établir une analogie entre ces différents points de vue afin d’en
apprécier leur rapprochement ou leur différence, pour mettre en évidence les cadres
théoriques implicites ou explicites de chacun d’entre eux ;

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-Ensuite se donner une problématique ou un cadre théorique : à la lumière de
l’inventaire qui vient d’être précédemment réalisé par le chercheur. A cette étape, deux
possibilités s’offrent au chercheur, il peut choisir un cadre théorique en l’empruntant chez
l’un des auteurs qu’il a lus, ou il peut tout simplement en proposer un nouveau. Quel que soit
le choix du cadre théorique, il doit le plus être compatible et en lien avec la question de
départ.

-Enfin, expliciter le cadre théorique ou la problématique : cette dernière étape consiste à


résumer, à reformuler soi-même cette problématique ou cadre théorique pour la faire sienne.

Récapitulatif des lectures

Pour avoir des connaissances en rapport avec notre sujet de recherche, nous avons consulté
six ouvrages (théoriques et pratiques), que nous avons présenté sous forme de fiche de
lecture, car tout sujet de recherche s’inscrit dans un continum qui nous aide à situer notre
travail dans des cadres conceptuels reconnus. Ainsi, nous allons faire un résumé de ces
ouvrages qui servent de support d’analyse à notre sujet de recherche intitulé : « Analyse des
productions discursives d’un ministre : cas du discours d’Emile Doumba ».

La première lecture de M.B.Sonia intitulé « Analyse pragmatique du discours politique »,


l’auteur propose un exemple pratique d’analyse du discours du président Macron dans lequel
elle relève quatre stratégies discursives dont use ce dernier pour persuader son auditoire. Il
s’agit de l’éthos discursif, de la stigmatisation, de la présupposition et de la promesse.
L’auteur relève la particularité du discours de Macron qui est à la fois poétique et
performatif.

Notre deuxième lecture porte sur l’ouvrage de P.Charaudeau intitulé « Les masques du
pouvoirs. Le discours politique » porte sur la « dégénérescence du discours politique », de la
dissolution du débat d’idées au profit de la bataille des images, de l’élaboration réfléchie et
de la négociation des projets de vie collective. Ce livre est axé sur le rapport entre langage,
action, pouvoir et vérité, il envisage de mettre un terme sur la mise au point du discours à
consommation immédiate, vouée à l’éphémère et à réguler la cote de la popularité des
acteurs politiques.

La troisième lecture porte sur l’ouvrage « quand dire, c’est faire » de Austin, dans lequel
aborde la théorie des actes de langage. Pour l’auteur le langage ne sert pas uniquement à
décrire le monde mais plutôt à agir sur celui-ci. Il réunit douze conférences. De la première

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conférence à la quatrième conférence l’auteur parle des règles de l’accomplissement de la
réalisation de l’énoncé qui entrainent la vérité ou la fausseté. De la cinquième à la septième
conférence l’auteur commence par établir une distinction entre un énoncé performatif et un
énoncé constatif, puis, ne parvenant pas clairement à les distinguer il s’intéresse alors au sens
qu’il y a entre le fait de dire quelque chose et de faire cette chose. De la huitième conférence
à la dixième conférence il distingue trois sortes d’actes : l’acte locutoire, l’acte illocutoire et
l’acte perlocutoire. De la onzième à la douzième conférence Austin propose une étude
critique des actes d’illocution et propose de les classifier en différentes valeurs illocutoires
de cinq grandes classes : les verdictifs, les exercitifs, les promissifs, les comportatifs et les
expositifs.

Dans notre quatrième lecture portée sur « l’image de soi dans le discours politique » de
Abdoullah.H. L’auteur propose une analyse de l’éthos discursif du président Yéménite, en
montrant comment l’éthos prédiscursif peut avoir un impact sur la construction de l’éthos
discursif du locuteur dans son discours. Pour cela, il convoque deux approches d’autres
auteurs: la première tendance soutenue par Aristote et Chaïm considère que l’image de soi
est un effet de discours, qui ne doit pas prendre en compte la vie sociale du sujet parlant
avant sa prise de parole. Contrairement à la deuxième tendance en analyse du discours avec
Mainguenau (1993), Ducrot (1972), Amossy (2010) et Isocrate qui pensent que l’éthos est
avant tout le résultat d’une identité sociale. En revenant sur son corpus, l’auteur relève ainsi
un éthos prédiscursif et un éthos discursif du président dans son discours. Car ce dernier
dispose d’une double autorité : individuelle et institutionnelle.

Au cours de notre cinquième lecture de l’ouvrage « l’énonciation en linguistique


française », Mainguenau.D présente la théorie de l’énonciation qui se caractérise par les
embrayeurs, de la modalité, des discours rapportés. L’auteur procède à une approche
explicative de l’énonciation en trois parties. Dans la première partie il opère une distinction
entre « les personnes et les déictiques », dans la deuxième partie il parle de la question des
temps à l’indicatif et dans la troisième partie il fait référence rapporté et particulièrement au
discours direct et indirect.

Dans la sixième lecture P.Mebiame-Akono pense que le langage n’a plus seulement pour
fonction exclusive la transmission d’une information, mais il est également le lieu dans
lequel on observe plusieurs enjeux : discursifs, relationnels et sociaux. Le fait de parler
conduit à une pratique dans laquelle le locuteur et l’interlocuteur sont en situation
d’interaction où, les uns interagissent sur les autres, car l’interaction est au centre de la
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conversation orale et écrite. Auteur présente l’inscription subjective d’Omar Bongo
Ondimba dans son discours par les déictiques personnels « je » et « nous ».

Le cadre théorique

Le cadre théorique est la camisole de force du chercheur. Son objectif est de nous permettre
d’avoir des outils qui vont nous servir à mener une bonne étude de notre sujet de recherche.
Ainsi, nous allons inscrire notre recherche dans le cadre théorique de l’analyse du discours
en adoptant une approche énonciative selon Emile Benveniste et une approche des stratégies
discursives de P.Charaudeau

Explicitation du cadre théorique

Benveniste « l’énonciation est cette mise en fonctionnement de la langue par un acte


individuel d’utilisation » (1974 :80). L’auteur porte un intérêt particulier aux marques
linguistiques qui permettent qui permettent de retracer le locuteur dans son discours. Il
privilégie le pôle de l’énonciation en s’intéressant à la relation qu’entretient le locuteur avec
la langue : « l’énonciation suppose la conversion individuelle de la langue en discours »
(1970 :12).

Les stratégies discursives représentent les choix langagiers auxquels a eu recours un locuteur
dans une situation de communication dans le but de se donner une image positive afin de
persuader son allocutaire. Selon P.Charaudeau, toute stratégie du discours est produite dans
un cadre contractuel qui assure la stabilité et la prévisibilité des comportement de ses
allocutaires de sorte que la production d’un discours peut viser plusieurs buts « un enjeux de
légitimation qui visent à déterminer la position d’autorité du sujet... un enjeux de captation
qui vise à faire entrer un partenaire de l’échange communicatif dans le cadre de pensée du
sujet parlant ».

Conclusion

Arrivé au terme de notre étude, nous avons présenté dans notre projet de recherche intitulé
« Analyse des productions discursives économiques d’un ministre : cas du discours d’Emile
Doumba », un parcours en analyse du discours qui nous a permis de poser les bases
théoriques qui sont en lien avec notre sujet d’étude et qui nous servirons pour la rédaction de
notre mémoire.

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Nous avons adopté la démarche méthodologique proposée par Quivy et Van en nous limitant
seulement à l’acte de rupture qui comprend : la question de départ, l’exploration et la
problématique.

En nous interrogeant sur les stratégies discursives utilisées par Emile Doumba dans sa
production discursive, dans le but de persuader ou de convaincre son auditoire nous avons
procédé à la lecture de six ouvrages, dont trois sont théoriques, et les trois autres sont
pratiques. Notre première lecture s’est porté sur l’ouvrage : « analyse pragmatique du
discours politique : cas du dernier discours d’Emmanuel Macron précédant son élection
présidentielle en 2007 » de M, B. Sonia, dans lequel elle relève quatre stratégies discursives
utilisées par le président Macron pour persuader son auditoire. Il S’agit de l’ethos discursif,
la stratégie de stigmatisation, la présupposition et la promesse. Dans la deuxième lecture,
nous avons consulté P.Charaudeau, dans son livre intitulé « Le pouvoir politique. Les
masques du pouvoir » qui évoque la dégénérescence du discours politique. Troisièmement,
nous avons lu « Quand dire c’est faire » de Austin, dans lequel il présente la théorie des
actes de langage. Notre quatrième lecture a porté sur « l’image de soi dans le discours
politique » où l’auteur parle du rôle que joue l’éthos prédiscursif dans la construction de
l’éthos discursif. Dans notre cinquième lecture nous avons consulté l’œuvre de
P.Charaudeau intitulé « énonciation en linguistique française » qui présente la théorie de
l’énonciation. Et enfin notre sixième lecture a porté sur « stratégies discursive et
schématisation de soi dans une production discursive d’Omar Bongo Ondimba : analyse
pragmatique » de P.Mebiame-Akono dans lequel il montre l’inscription subjective du
locuteur dans son discours.

Toutes ces lectures nous ont permis d’explorer les différentes théories et concepts de certains
auteurs pour analyser le discours. Et Parmi lesquels, nous avons décidé de retenir l’approche
énonciative et l’approche pragmatique. Ces deux approches vont nous permettre de répondre
à la question de départ posée par notre sujet, c’est à dire que nous allons pouvoir décrire la
manière dont l’auteur s’approprie la langue lorsqu’il s’adresse à son auditoire.

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