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Alain GILLES
Devrait-on interpréter ces ambiguïtés comme un indice d'un problème mal posé?
Pourrait-il s'agir, en fait, de deux types d'intelligibilité et de sensibilité faisant face tous les
deux aux problèmes méthodologiques des sciences sociales: le statut des données, le rapport
entre le sujet et l'objet, et la nature historique et dynamique des systèmes sociaux, pour ne re-
tenir que ces trois? Après une période où le «militantisme» des adeptes privilégiait un dis-
cours axé sur l'opposition des deux orientations de méthodes, les réflexions courantes
semblent faire une place plus importante au discours axé plutôt sur leur complémentarité ou
sur leur convergence.
L
a distinction entre «méthodes» quantitatives et «méthodes» qualitatives est l'une des
oppositions consacrées dans les sciences sociales. Elle remonte au débat qui a pris naissance
vers la fin du 19e siècle en Allemagne et qui était centré sur la différence entre les «sciences
de la nature» et les «sciences de l'esprit». Par son lien historique avec ce débat, l'opposition
des méthodes quantitatives aux qualitatives, apparemment technique, revêt aussi un caractère
épistémologique. Si les chercheurs qui se réclament des méthodes quantitatives ou de l'«unité
de la science» sont placés dans les courants du positivisme1**, du réalisme, ou du
rationalisme critique, les adeptes des méthodes qualitatives sont reliés à des courants comme
la phénoménologie, l'herméneutique, ou l'ethnométhodologie.
La place occupée par les méthodes quantitatives ou les méthodes qualitatives dans les
activités de recherche ou dans les réflexions méthodologiques est due à des facteurs pouvant
être identifiés tant au niveau de la communauté des chercheurs, qu'à celui de la société dans
son ensemble. La résurgence des méthodes qualitatives dans les années 60 peut en effet s'ex-
pliquer aussi bien par l'insatisfaction qu'on éprouvait devant les résultats de recherche
auxquels conduisaient les méthodes quantitatives, que par le climat général de remise en
question qui prévalait à cette époque. Ce sont là autant de questions que l'on pourrait bien
étudier dans le cadre de la sociologie de la connaissance.
La première partie de l'article traite de ce que j'appelle les sources de confusion dans
la constitution des méthodes quantitatives et des méthodes qualitatives et comprend trois
sections. La première porte sur la nature de l'opposition des méthodes. L'opposition
technique, recoupe-t-elle l'opposition épistémologique? La deuxième section est relative à la
parenté généralement établie entre les méthodes qualitatives et Max Weber. Dans la troisième,
je souligne le caractère ambigu de la dichotomie quantitatif/qualitatif en retenant trois des
critères généralement utilisés comme fondements de cette dichotomie. Je compte montrer
dans cette première partie que l'opposition des méthodes quantitatives aux qualitatives est
pour le moins mal définie, et fondée sur des éléments qui peuvent être à la source de con-
fusions.
Le chercheur qui commence à recueillir des récits de vie, croyant peut-être utiliser ainsi une
nouvelle technique d'observation au sein de cadres conceptuels et épistémologiques inchangés,
se trouvera peu à peu à remettre en question ces cadres l'un après l'autre.
Il est donc clair que, d'après cet auteur, le cadre épistémologique n'est pas défini a
priori, le choix des techniques ne dérive pas d'une option épistémologique. C'est plutôt
l'inverse.
Telle n'est pas la position de la plupart des adeptes des méthodes qualitatives, dont par
exemple William Filstead (1979: 45) pour qui les méthodes quantitatives et qualitatives
reposent sur des «cadres épistémologiques fondamentalement différents». Dans cette
perspective, le choix de la méthode biographique ou du sondage suppose des choix
épistémologiques faits a priori.
Suivant la règle émise par Martin Trow (1957), d'autres analystes pensent que le choix
des méthodes est dicté par la nature du problème de recherche et non pas par des considéra-
tions d'ordre épistémologique. C'est ainsi que pour Robert Walker (1985), il y a des questions
de recherche qui ne peuvent pas être étudiées par des méthodes quantitatives, et d'autres pour
lesquelles les méthodes qualitatives sont aussi tout à fait inadéquates. L'examen de 1 434
articles de recherche par William Snizek (1986) tend à corroborer cette position en montrant
qu'il n'existe aucune relation entre les choix épistémologiques des chercheurs et les techniques
de recherche qu'ils utilisent.
D'autres auteurs encore pensent que les méthodes qualitatives et quantitatives ne sont
pas spécifiques à des problèmes de recherche, mais peuvent conduire à des conclusions tout à
fait contradictoires. C'est, par exemple, la thèse de Donald Light (1979), qui a comparé les
conclusions du rapport Coleman sur la performance académique avec celles d'une étude
réalisée en Angleterre sur le même sujet par des auteurs utilisant des méthodes différentes.
Tandis que James Coleman, avec des méthodes quantitatives, trouvait que les différences
entre les écoles avaient un effet négligeable sur la performance des élèves, Michael Rutter et
ses collaborateurs, avec des méthodes qualitatives, trouvaient que tout un ensemble de
facteurs caractérisant les milieux scolaires et auxquels la méthodologie de Coleman est
insensible affectait les résultats académiques des élèves. Ce genre de situation soulève
évidemment d'autres types de problèmes: la différence des conclusions, est-elle due à la
différence entre les méthodes, ou à celle entre les facteurs retenus?
Enfin mentionnons ceux qui refusent clairement d'opposer les méthodes encore
moins de leur donner une base épistémologique. Filstead (Op. cit.) lui-même, après avoir
soutenu que l'opposition des méthodes recouvre une opposition en termes de paradigmes, ne
recommande pas moins leur combinaison. Alvaro Pires (1989), de son côté, s'est évertué, dans
un article paru dans Anthropologie et société, à montrer comment «les recherches avec des
récits de vie peuvent contribuer à élucider la problématique de la causalité en sciences socia-
les». Il s'agit là d'un mélange qui ne pourrait pas manquer de soulever les objections des
puristes en méthodes qualitatives.
non plus admis que les méthodes sont spécifiques à des problèmes. Et finalement, quand elles
sont utilisées pour investiguer un même problème, les résultats contradictoires possibles ne
peuvent que contribuer à renforcer la confusion.
Une deuxième source de confusion réside dans l'affiliation établie entre les méthodes
qualitatives et la méthodologie de Max Weber. Cette affiliation entre Weber et les méthodes
qualitatives est notamment trouvée dans sa théorie de l'action sociale. Celle-ci est elle-même
basée sur la notion de compréhension, que Max Weber a reprise de Wilhem Dilthey et de
Heinrich Rickert, qui sont, parmi les premiers à lancer en Allemagne le débat opposant les
«sciences de la nature» aux «sciences de l'esprit».
Ce n'est pas seulement que les pionniers des méthodes qualitatives de l'Université de
Chicago n'étaient pas familiers avec les travaux de Max Weber, comme l'a montré Jennifer
Platt (1985), mais que la méthodologie proposée par Weber est nuancée au point que tant les
adeptes des méthodes quantitatives que ceux des méthodes qualitatives se réclament de ses
préceptes3. On pourrait même ajouter que les travaux de Max Weber lui-même reflètent cette
ambiguïté. Sa notion de «type-idéal», par exemple, a été en effet l'objet d'interprétations
diverses et parfois opposées4.
On retrouvera certes chez Max Weber la référence au caractère historique des objets
étudiés par les sciences humaines. Pour Max Weber, en effet «... ce que nous cherchons à
atteindre, c'est précisément la connaissance d'un phénomène historique, c'est-à-dire
significatif dans sa singularité»5. Max Weber sera cependant plus proche de Rickert, qui
établit la différence entre les sciences non pas sur celle des objets d'étude, mais plutôt sur «la
divergence de leurs méthodes» (Freund, 1973: 110). Les activités scientifiques se distinguent
non pas par ce qu'elles étudient, mais par leur manière d'appréhender la réalité empirique.
Celle-ci est nature «quand on la considère dans son rapport avec le général; elle devient
histoire quand on la considère dans ses rapports avec l'individuel et le particulier» (Rickhert
cité par Freund, Op. cit.: 111). La compréhension ou l'explication ne sont donc propres à
aucune science en particulier. Si Max Weber insiste sur la nécessité de comprendre l'action
sociale par l'interprétation, ce n'est donc pas parce que celle-ci ne peut se prêter à l'explication.
La spécificité accordée par Weber aux sciences humaines l'éloigne autant du positivi-
sme que de l'historicisme. La définition de l'action sociale par rapport à des valeurs rend
préalable la compréhension en remontant aux motifs et aux intentions des acteurs. Cela reste
néanmoins un préalable nécessaire à la construction de totalités sous formes de types idéaux,
qui eux peuvent se prêter à l'explication. Si Max Weber accorde une place importante à la
subjectivité de l'acteur dans la définition de l'action sociale, et à la nécessité d'en tenir compte
pour sa compréhension, ceci n'empêche pour autant qu'il ait soutenu que l'activité scientifique
dans les sciences sociales doit être caractérisée par l'objectivité et conduire au développement
de propositions universelles. Toute la méthodologie de Weber est traversée par cette tension
entre d'une part la sélection valorative des objets d'étude, le découpage subjectif de la réalité,
et d'autre part le fait que cette sélection ou ce découpage n'enlèvent pas aux objets ou à la
réalité leur objectivité. On trouve aussi cette double vision dans les deux types d'action ration-
nelle de Weber: l'action rationnelle par rapport à un but, et l'action rationnelle par rapport à
une valeur.
En conclusion, Max Weber semble n'appartenir à aucun des camps qui le réclament de
façon exclusive. Pour W. Runciman (1983: 2), c'est à ce trait que sa contribution
méthodologique doit l'effet qu'il continue d'exercer. Qu'il soit cependant considéré par certains
comme un classique des méthodes qualitatives, constitue pour le moins un indice que
l'opposition quantitatif/qualitatif n'est pas toujours fondée sur des bases épistémologiques
dépourvues de toutes nuances.
Suivant la source, la liste varie en contenu et en quantité. Rist (1977) nous présente
trois critères6, la liste de Michael Patton (1978) en comprend sept, Egon Guba (1978) nous en
donne 147, Alan Bryman (1988: 94) en a recensé huit.
Les listes présentent cependant des éléments communs. Aux fins d'illustration nous
allons retenir les trois critères suivants:
a) Il est soutenu que dans le paradigme qualitatif, les théories sont construites par voie
inductive, empirique. Suivant l'une des expressions consacrées, il s'agit de théorie ancrée. Par
contre, dans le paradigme quantitatif, les théories sont construites par voie déductive.
b) Dans le paradigme qualitatif, la réalité sociale est conçue comme dynamique. Dû à
l'intervention des acteurs, elle est un processus toujours en voie de production. Dans le
paradigme quantitatif, la réalité sociale est statique et déterminée par des structures qui
s'imposent de l'extérieur aux acteurs sociaux.
Pris un à un, ces trois critères ne forment pas des dichotomies dont les termes sont
mutuellement exclusifs et en conséquence ne sauraient recouper une opposition qui répondrait
elle-même à cette caractéristique.
Il n'existe pas de parfaite induction, dans le sens que le contact avec l'empirie puisse
se faire sans l'aide de notions prédéfinies. Aucune déduction ne saurait non plus être suffisan-
te, si ce n'est que parce que le réel est toujours beaucoup plus complexe que les concepts
élaborés pour l'appréhender. Ce qui se produit est un jeu complémentaire dans lequel on n'est
jamais conscient de la part exacte de l'un ou de l'autre. Je crois saisir cette complémentarité de
perspective chez Jean Piaget (1970a: 85) qui rejette aussi bien l'empirisme que les diverses
formes d'apriorisme. Il voit dans les interactions entre l'organisme et le milieu, et dans les
actions logico-mathématiques, qui complètent les premières par des systèmes de classement
ou de mise en correspondance, les sources des connaissances scientifiques. Il n'y a donc pas
d'un côté un mode de construction empirique ou inductif de la théorie, et de l'autre un mode
de construction rationnel ou déductif de la théorie. Il y a une démarche complexe dans
laquelle le réalisme et le rationalisme, comme nous dit Gaston Bachelard (1987: 5), se com-
plètent l'un par l'autre. Bachelard (Op. cit.: 6), en effet, souligne que:
le rationaliste le plus déterminé accepte journellement l'instruction d'une réalité qu'il ne connaît
pas à fond et que, d'autre part, le réaliste le plus intransigeant procède à des simplifications
immédiates, exactement comme s'il admettait les principes informateurs du rationalisme.
[la conception suivant laquelle l'induction est l'inverse de la déduction] n'est que partiellement
vraie pour une raison bien simple: le mode déductif de connaissance n'est point purement
logique et il s'inspire de la réalité concrète, tandis que le mode inductif de connaissance ne
laisse pas uniquement les faits parler eux-mêmes, mais découle d'orientations théoriques
préalables qui guident l'observation.
Il n'y a donc pas d'état statique dans lequel toute dynamique serait absente. Le présent
statique est en fait une «continuité entre deux discontinuités» (Alfred Grosser, 1972: 58). De
même, aucun objet ne peut être saisi dans sa dynamique sans qu'on admette, pour pouvoir au
moins l'identifier, que son «invariance est plus significative que son changement» (A.
Grosser, Op. cit.: 67). Les pratiques de recherche et les techniques d'analyse de processus, de
tendances, ou de mouvement sont des exemples qui montrent que les méthodes quantitatives
ne sont pas par définition incapables de se prêter à l'analyse des dynamiques sociales.
Enfin, quoique l'informatique ne réponde peut-être pas encore à toutes les exigences
de l'analyse des textes, la plupart des chercheurs utilisant les méthodes qualitatives se
montrent de plus en plus ouverts à cette innovation technique. Présentant leur programme
«THE ETHNOGRAPH», John V. Seidel et Jack A. Clark (1984) ont souligné que le
traitement par ordinateur des données qualitatives ne viole aucune de leur vertu
méthodologique. Kriss A. Drass (1989), dans un article de 1989, a soulevé des inquiétudes
quant à la possibilité que le chercheur qualitatif soit obligé de se soumettre aux prémisses qui
sont à la base de l'élaboration des logiciels. Cependant, il n'y voyait pas là un obstacle insur-
montable. D'après lui, les programmes, comme le «THE ETHNOGRAPH», produits par des
chercheurs qualitatifs eux-mêmes, pouvaient échapper à ce dilemme.
Certains, comme Charles C. Ragin et Howard S. Becker (1989), vont même jusqu'à
croire que l'utilisation du micro-ordinateur devra rapprocher les deux traditions de recherche.
En effet, disent-ils, le micro-ordinateur, contrairement aux unités centrales de grande
puissance, offre au chercheur quantitatif l'opportunité d'établir un contact plus étroit avec ses
données, de les reconceptualiser, de les recodifier. D'autre part, au chercheur qualitatif, le
micro-ordinateur offre l'opportunité de se concentrer sur les comparaisons entre les différentes
unités qu'il se bornait à étudier en profondeur, mais de manière descriptive.
«Indépendamment de la nature des données, disent les auteurs, le micro-ordinateur fournit les
moyens techniques pour tenir compte davantage de la complexité et de la diversité».
Évidement, la question a suscité des réactions diverses. Entre ceux qui ont accueilli
parfois avec un enthousiasme naïf les logiciels d'analyse de données qualitatives, et d'autres
qui affichent un refus absolu, se retranchant derrière un anti-objectivisme aussi absolu, l'on
peut quand même retrouver ceux qui pensent que l'informatique constitue un auxiliaire
efficace dans le codage, la récupération, la réduction, la classification des données. Quand
effectuées manuellement, ces opérations et ces manipulations, dont certaines peuvent être
pratiquement impossibles, consomment un temps considérable qui peut être libéré et consacré
à l'analyse et l'interprétation, ou encore comme le souligne Paul Sabourin (1993) «à l'éla-
boration d'une classification plus systématique et détaillée des unités de sens». Il reste certain
que le chercheur ne pourra jamais se faire substituer par un ordinateur dans le travail de
l'interprétation, de la mise en relief des différents niveaux de complexité de ses données. Jules
Duchastel (1993) a bien raison de dire que «l'informatique ne peut résoudre des problèmes
théoriques que nos propres sciences n'arrivent pas à solutionner». Ces réserves concernent
évidemment aussi bien les chercheurs utilisant les méthodes qualitatives que ceux utilisant les
méthodes quantitatives.
Cette première partie nous a donc montré que la distinction entre méthodes
quantitatives et méthodes qualitatives est fondée sur un ensemble d'ambiguïtés. De nature mal
définie, et voulant isoler des perspectives qui se recoupent, elle peut, pour se justifier, ignorer
des nuances importantes chez des auteurs. Cherchant à se systématiser, elle ne conduit pas
moins à des classifications, importantes en elles-mêmes, mais qui ne peuvent nullement servir
à la justifier. Si les ambiguïtés ne remettent pas en question la légitimité des méthodes elles-
mêmes, elles nous invitent tout au moins à questionner le bien-fondé du débat qui les oppose
et à considérer les efforts entrepris pour voir comment elles se complètent, ou les problèmes
fondamentaux de méthodologie auxquels elles sont confrontées.
Tout en reprenant cette terminologie, je pense que les trois types de discours ne se
présentent pas nécessairement sous la forme d'une évolution. Non seulement qu'il y a même
lieu de considérer une époque où les deux orientations se développaient de façon parallèle,
leurs premiers contacts ne furent pas marqués par l'opposition. Robert K. Merton, du Bureau
de recherche sociale appliquée de l'université Columbia, a produit des textes qui sont restés
des classiques en analyse qualitative (Gilles, 1994: 6). Les réflexions de Paul Lazarsfeld
(1970) sur les «fonctions de l'analyse qualitative» ne montrent aucune opposition entre
méthodes qualitatives et méthodes quantitatives. Même la thèse de doctorat de Samuel
Stouffer, qui allait devenir l'un des pionniers de l'analyse quantitative des sciences sociales
américaines, traitait de la possibilité d'arriver à des conclusions comparables en utilisant
l'analyse qualitative ou l'analyse quantitative (A. Pires, 1982). Ces derniers, Lazarsfeld et
Le discours centré sur l'opposition des méthodes a pris naissance dans un contexte
marqué par la contestation généralisée. Nous sommes à la fin des années 60. C'est l'ère où les
nouveaux mouvements sociaux (mouvement de jeunes, mouvement de femmes, mouvement
des droits civiques aux États-Unis) connaissent un essor particulier. Les lieux de contradiction
se multiplient, ne se cantonnent plus dans le secteur de la production. Les valeurs, les normes,
et les symboles sont remis en question. Au sein des sciences sociales, le fonctionnalisme est
attaqué (Gouldner, 1970). Par son essence même, disent les critiques, il est incapable
d'appréhender les mouvements, les changements. Il est donc voué à la défense du statu quo, et
sert les intérêts du capitalisme8. L'école de la modernisation, née dans les années 50, est
dénoncée (Wallerstein, 1979; Gunder-Frank, 1972) pour sa vision linéaire et eurocentrique du
développement.
C'est dans un tel contexte, caractérisé par des facteurs propres à l'émergence d'un
nouveau paradigme (T. Kuhn, 1970), qu'apparaissent «La découverte de la théorie ancrée» de
Barney Glaser et d'Anselm Strauss (1967), et les «Études en ethnométhodologie» de Harold
Garfinkel (1967), deux ouvrages qui feront date dans la méthodologie des sciences sociales, et
plus particulièrement dans le débat qui oppose les méthodes qualitatives aux méthodes
quantitatives. Si le premier se situe notamment au niveau de la théorisation, ou du mode de
construction de la théorie, l'ethnométhodologie va jusqu'à questionner l'objet même de la
sociologie. Dans la perspective de l'ethnométhodologie, le problème hobbésien de «l'ordre
social» devient le problème des méthodes utilisées dans la construction de cet ordre, sans
cesse reconstitué (J. H. Turner, 1984: 321-331).
La complémentarité peut être vue à partir de l'angle sous lequel un chercheur veut
étudier une question de recherche donnée. Cherchant à vérifier des théories relatives aux
facteurs explicatifs de la délinquance juvénile, Travis Hirschi a utilisé la méthode de sondage
et soumis les données recueillies à l'analyse quantitative. Voulant, par contre, comprendre le
monde de la délinquance, et comment les membres des groupes délinquants se représentent ce
monde, David Matza a opté pour la méthode de l'observation participante. Ici, ce n'est pas le
thème de la délinquance qui oriente dans le choix des méthodes, mais l'intérêt spécifique du
chercheur par rapport à ce thème10.
La plupart des chercheurs des sciences sociales, surtout (mais pas seulement)
les adeptes des méthodes quantitatives, pensent que les recherches réalisées avec des
méthodes qualitatives sont de nature exploratoire et peuvent donner lieu à la formulation
d'hypothèses qui devraient être testées à l'aide des méthodes quantitatives, qu'on croit plus
précises. Pour Lazarsfeld (Op. cit.), par exemple, l'analyse qualitative peut conduire à des
observations qui pourront être utilisées comme indicateurs de phénomènes non directement
perceptibles.
Les résultats de recherche obtenus par l'emploi des méthodes quantitatives peuvent
aussi conduire à des problèmes devant être investigués plus en profondeur par les méthodes
qualitatives. Même si l'expression «cas déviants», héritée peut-être du langage fonctionnaliste,
peut avoir une mauvaise connotation, c'est certainement à l'utilisation de la méthode de cas
que les chercheurs du bureau de recherche sociale appliquée de Columbia font référence
quand ils soutiennent que la recherche peut mettre en évidence des cas «marginaux» auxquels
le chercheur doit accorder une attention particulière (Patricia L. Kendall et Katherine M.
Wolf, 1955).
Soulignons que la combinaison par triangulation est loin de faire l'unanimité. Norman
Blaikie (1991), par exemple, a montré que les différences fondamentales entre les «perspec-
tives méthodologiques» font que la triangulation externe ne peut aboutir qu'à des conclusions
erronées et confuses. D'autres objections sont plutôt relatives aux aspects pratiques de la
combinaison en soulignant les facteurs de temps et de budget (Reichardt et Cook, Op.cit.: 25).
Dans certains cas, il peut s'agir d'obstacles appréhendés plutôt que réels. Après avoir fait
allusion à la difficulté ou l'impossibilité d'analyser ou même de recueillir deux mille récits de
vie, Daniel Bertaux (1993: 214), relatant une expérience réalisée à l'Université Laval au début
des années 80, fait la remarque suivante: «J'avais cru mettre en oeuvre une approche
qualitative12; et je me retrouvais avec un corpus de plus d'un millier de trajectoires de vies ...»
On peut donc comprendre qu'il ait pu arriver à la réflexion suivante:
Nous pensons avoir dégagé maintenant une orientation qui dépasse le clivage en apparence
irréductible entre approche quantitative et approches non quantitatives; une orientation
hybride13, certes complexe, mais dont la complexité répond à celle des phénomènes eux-
mêmes (Ibid.).
Cette nouvelle orientation dans laquelle s'engage Daniel Bertaux n'est pas sans lien
avec la combinaison des approches centrées sur les variables (variable-oriented approach),
placées dans la catégorie des méthodes quantitatives, avec les approches centrées sur les cas
(case-oriented approach), placées dans la catégorie des méthodes qualitatives prônée par
Charles Ragin (1987).
Le débat sur l'opposition des méthodes quantitatives aux méthodes qualitatives a, dans
une certaine mesure, servi à occulter des problèmes méthodologiques spécifiques aux
sciences sociales, qui les transcendent toutes les deux. On s'est surtout appliqué à montrer les
vertus d'un type de méthodes par rapport à un autre. Dans une certaine mesure, leur
combinaison, sous une forme ou sous une autre, a eu pour effet de faire prendre conscience
des problèmes méthodologiques des sciences sociales et de leur pertinence pour les deux
types de méthodes. Mentionnons les problèmes reliés au statut des données, au rapport entre
le chercheur (sujet) et l'objet de la recherche, et à la nature historique et dynamique des
systèmes sociaux. Il s'agit bien sûr de problèmes reliés entre eux. Le double statut de sujet et
d'objet du chercheur affecte toute la démarche de la recherche dans les sciences sociales.
Comme nous dit Jean Piaget (1970b: 17):
Ayant l'homme comme objet, en ses activités innombrables, et étant élaborées par l'homme en
ses activités cognitives, les sciences humaines, se trouvent placées en cette position particulière
de dépendre de l'homme à la fois comme sujet et comme objet, ce qui soulève, cela va de soi,
une série de questions particulières.
La terminologie est sans doute quelque chose de particulièrement difficile à fixer en sciences
humaines, du fait du caractère dynamique de la réalité qu'elles étudient et de l'impossibilité de
toute définition non génétique.
En conclusion, des chercheurs sont de plus en plus interpellés par des questions
méthodologiques qui refusent la dichotomie méthodes quantitatives /méthodes qualitatives. Il
tend donc à se dégager un discours non seulement centré sur les rapports entre la théorie et la
recherche, mais aussi sur les rapports entre la méthodologie et la recherche. Je crois que
Raymond Boudon (1979: 290), connu pour ses travaux en analyse quantitative, exprime à sa
façon cette nouvelle réalité en faisant remarquer que:
Sous couleur de rendre la sociologie scientifiquement respectable, certains sociologues ont cru
devoir gommer ou minimiser la dimension interprétative de l'analyse sociologique. Sous
prétexte d'herméneutique14 et au nom du refus sourcilleux du «positivisme», d'autres socio-
logues paraissent quelquefois s'estimer dispensés de contrôler leurs informations, de tester
leurs interprétations, et généralement de suivre les canons généraux de la méthode scientifique.
On ne manquera peut-être pas de souligner qu'il s'agit tout de même d'une réflexion
d'un «positiviste». Soit. Cela ne justifierait pas que l'on ne puisse se mettre d'accord sur le fait
que tout ce qu'on mesure ou quantifie est une qualité15. Raymond Aron (1962) a une fois fait
remarquer que «la croissance est une transformation qualitative dont les résultats sont mesu-
rables». Si tel est le cas, on acceptera donc volontiers que l'on ne saurait opposer le quantitatif
au qualitatif. Si débat il doit y avoir, il faut en redéfinir les termes. Le défi est certes
important. Nous ne pouvons cependant y échapper. Les êtres humains «isolés ou en groupes»
et tout ce qu'ils ont produit avec les conséquences que l'on sait s'imposent de plus en plus
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Notes
Russel Keat (1981:12) de son côté a fait la remarque suivante: «Despite the major significance attached by
critical theorists to the critique of positivism, one of the few things that emerges clearly from their work on
this is the absence of any clear conception of what positivism consists in».
2 L'utilisation des termes de quantitatif et de qualitatif pour désigner les méthodes ne constitue pas moins
une source de confusion. Les méthodes dites qualitatives ne produisent-elles pas des données qui sont sou-
mises à l'analyse dite quantitative? La question peut être évidemment inversée.
3 A propos de Max Weber, John K. Smith (1983) a fait remarquer ce qui suit:
His attempted synthesis of the approaches was so wide-ranging and deep that both critics and advocates
alike, given their diverse theoretical and methodological perspectives, have been able to utilize parts of his
arguments to develop their own positions. For example, empiricists of many varieties have found support
for their views in his ideas of causality, and a number of interpretive methodologists have drawn support
from his emphasis on subjective meaning or verstehen.
4 Par exemple Peter M. Blau (1970) a fait les remarques suivantes:
In one respect, according to Weber, the method of sociology is unlike that of the natural sciences and
like that of social philosophy. Since values give social life its meaning, it is not enough to show that two
social conditions occur together or that one products the other. It is also necessary to interpret these obser-
vations in terms of existing values. This is the gist of Weber's concept of Verstehen, as I understand it. In
another respect, however, the method of sociology parallels that of the natural sciences and contrasts with
that of history. Sociology is a generalizing science... Even if history furnishes us only with one instance of
a social system, as in the case of modern capitalism, Weber treated it as an ideal type in an attempt to ex-
plain its development by deriving generalizations about it rather by interpreting the configuration of histor-
ical conditions that led up to it.
5 Cité par P. de Bruyne, J. Herman et M. de Schoutheete, 1974: 136.
6 R. C. Rist, cité par Charles S. Reichardt et Thomas D. Cook (1979).
7 E. Guba, cité par Charles S. Reichardt et Thomas D. Cook. Ibid.
8 Dans un tel contexte, l'opposition des méthodes prendra aussi un aspect idéologique. L'analyse quantita-
tive est associée aux sciences sociales «bourgeoises», tandis que les méthodes quantitatives s'offrent
comme les seules capables de conduire les chercheurs au delà des sentiers battus. Voir Anne Laperrière
(1987) et Eric O. Wright (1979). L'article de Michael Pollak (1979), écrit pour rendre hommage à Paul La-
zarsfeld, est sur ce point suggestif tant par son titre que par son contenu.
9 Cité par Alan Bryman, 1988: 109.
10 T. Hirschi et D. Matza, cités par A. Bryman, Op. cit.: 110.
11 Relatif à cette position, Todd D. Jick (1983) fait remarquer qu'elle n'a de sens que s'il est pris pour ac-
quis que les différentes méthodes utilisées ne partagent pas les mêmes faiblesses.
12 Souligné dans l'original.
13 Souligné dans l'original.
14 Souligné dans l'original.
15 Cette remarque renvoie à la question controversée de la priorité de l'une (la qualité ou la quantité) par
rapport à l'autre. Finalement, il peut être vain de vouloir séparer les deux, comme il est vain de séparer la
méthode par laquelle on connaît de la connaissance elle-même.