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Initiation aux méthodes de

recherche, aux méthodes


critiques d'analyse des
textes, et aux méthodes de
rédaction en lettres,
littératures et sciences
humaines et sociales

Pierre N'DA

Connaissances & Savoirs

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Initiation aux méthodes de
recherche, aux méthodes
critiques d'analyse des
textes, et aux méthodes de
rédaction en lettres,
littératures et sciences
humaines et sociales
 
 
 
Aux jeunes chercheurs

Pour faire connaître ce qu’on doit savoir…

Pour réussir des recherches de qualité et une carrière


universitaire !

Remerciements

Merci au Seigneur pour tout et de ce qu’Il m’a permis


d’écrire des livres pour aider les autres à réussir plus
facilement.
Merci aussi à mes collègues Adama Coulibaly et Philip
Amangoua Atcha qui m’ont encouragé à entreprendre le
présent ouvrage dont ils ont assuré la relecture et la
correction.
J’apprécie notre collaboration et leur solidarité
intellectuelle.

Introduction

Dans la recherche scientifique et universitaire, il existe


plusieurs démarches, approches ou méthodes qu’il convient
de connaître pour les exploiter et les appliquer avec
discernement et pertinence. Fort heureusement, il y a
aujourd’hui des ouvrages intéressants, bien conçus, sur les
méthodes de recherche, sur le processus même de la
recherche, sur la recherche scientifique, sur l’esprit
scientifique, sur les démarches, méthodes et techniques de
collecte de l’information et d’analyse de données, sur les
méthodes quantitatives et qualitatives, sur les méthodes
d’analyse du discours, d’analyse de contenu, sur les
méthodes critiques de l’analyse littéraire, sur des méthodes
propres à certaines disciplines, etc.
Toutes les disciplines, pour ainsi dire, ont maintenant,
chacune, une méthode ! Et des livres de méthodologie dans
différents domaines et disciplines apportent leur expertise
aux jeunes chercheurs qui n’en demandent pas mieux. Ces
derniers ont en tout cas des méthodes ou des façons de
faire pour étudier un sujet, objet de recherche dans leur
spécialité. Mais, parfois, nombre de ces ouvrages à leur
disposition s’avèrent complexes, trop théoriques, trop
généraux, peu pratiques à l’usage et ne répondent pas
toujours aux attentes et aux besoins réels des uns et aux
situations concrètes des autres, selon les domaines de
recherche et les sujets traités.
Les étudiants, les masterants, les doctorants, en un mot,
les jeunes chercheurs, notamment ceux des disciplines
littéraires, philosophiques, théologiques et des sciences
humaines et sociales en général, ont besoin d’informations
pratiques et indispensables pour les aider à organiser les
idées et à structurer leur pensée dans leurs travaux de
recherche. Ils ont besoin spécifiquement d’orientations
méthodologiques sans confusion, de directives précises
pour la recherche, la réalisation et la rédaction d’une
thèse, d’un mémoire, d’un article scientifique. En somme,
ils ont besoin de méthodes claires et nettes, pratiques et
pragmatiques, opérationnelles et efficientes sur lesquelles
s’appuyer pour faire convenablement leur recherche et
rédiger avec assurance, aisance, lucidité et sérénité l’étude
entreprise.
Dans ce sens, ce livre d’initiation aux méthodes se veut
une contribution pour aider à la résolution des problèmes
effectifs de méthodes, problèmes préoccupants, s’il en est,
qui se posent constamment aux jeunes chercheurs,
déroutent plus d’un, découragent d’autres en inhibant leur
ardeur, leur détermination et tous leurs efforts et en
bloquant, de fait, la progression de leur travail.
L’ouvrage présente, tour à tour et de façon pédagogique,
un aperçu des principales méthodes employées dans les
travaux universitaires de mémoire, de thèse et d’article
scientifique. L’accent a été principalement mis sur celles
qui s’appliquent ou qui peuvent être utilisées notamment
dans les disciplines littéraires et dans les sciences
humaines et sociales. En fonction du type de thèse ou de
mémoire, de l’espace cognitif, du sujet, à l’étude, le
masterant, le doctorant, tout chercheur doit pouvoir choisir
la méthode ou les méthodes qui conviennent ou s’adaptent
le mieux à son cas d’espèce pour effectuer sa recherche et
réaliser un travail de qualité.
En ce qui concerne le titre du livre, si sa formulation est
un peu longue avec la répétition expresse du mot
«  méthode  », elle est bien appropriée  : elle vise
effectivement à mettre en relief trois catégories de
méthodes dont on se sert dans un travail de recherche
scientifique et universitaire.
Par commodité, le livre expose d’abord, en préliminaire,
les problèmes de définition et de terminologie avant que le
chapitre 1 ne propose une initiation aux principales
méthodes en recherche quantitative et en recherche
qualitative. Le chapitre 2 se charge des méthodes propres à
certaines disciplines des sciences humaines et sociales
tandis que le chapitre 3 se consacre aux méthodes critiques
de l’analyse de textes. La question du choix des méthodes
et de leur application concrète dans une étude est
examinée dans le chapitre 4 alors que le chapitre 5, le
dernier, concentre la réflexion et l’analyse sur les méthodes
de la rédaction scientifique et spécifiquement sur les
rapports entre la structure IMRAD et la structure IDC en
usage en lettres, dans les sciences littéraires, dans les
sciences philosophiques, théologiques et autres sciences
humaines et sociales.

Préliminaires. Autour de la méthode :


problèmes de définition et de
terminologie

Depuis quelques décennies, le discours de la recherche


universitaire est dominé par un certain dogmatisme
méthodologique, avec des approches fortement marquées
par un souci de rigueur, de scientificité, de technicité et
d’efficacité.
En plus des problèmes de méthodes d’approche ou
d’analyse (qui se posent dans la réalisation et la rédaction
de leurs travaux de mémoire, de thèse de Doctorat ou
d’article scientifique), certains jeunes chercheurs se
trouvent déroutés par des problèmes de terminologie et de
définition, d’autres, perturbés par la diversité lexicale ou
par la divergence des auteurs sur l’emploi des mots et des
notions dans la recherche scientifique et dans des ouvrages
de méthodologie.
L’intérêt de l’enseignement de cette matière, la
méthodologie de la recherche, à l’université n’est plus à
démontrer et est aujourd’hui encore plus nécessaire face à
l’éclatement rapide des disciplines et l’explosion des
espaces cognitifs avec des méthodes d’approche variées.
S’il n’est pas évident d’avoir le même langage et de tenir le
même discours sur la méthode, il est, à tout le moins,
important et même impérieux d’avoir une bonne
connaissance des principales méthodes en vigueur et une
maîtrise certaine de la terminologie dans le domaine de la
recherche scientifique et universitaire.
Il faut donc, sans tarder, commencer par attirer
l’attention sur les problèmes de lexique, de vocabulaire et
de terminologie qui, mine de rien, se posent de plus en plus
avec les emplois variables et confus de termes courants de
la recherche, dans le milieu universitaire, chez des
chercheurs mêmes et chez des auteurs de livres sur la
recherche scientifique et d’ouvrages de méthodes ou de
méthodologie.
Sont assez remarquables et gênantes les ambiguïtés, les
confusions et les contradictions dans l’usage des syntagmes
normaux tels que «  démarche scientifique, démarche de
recherche, processus de la recherche, méthodologie de la
recherche, démarche ou approche méthodologique,
méthodes de recherche, méthodes d’approche, méthodes
d’analyse, méthodes de collecte et d’analyse des données,
méthodes d’investigation, méthodes
quantitatives/qualitatives. », etc.
Dans plusieurs ouvrages savants, on trouve ici et là,
selon les auteurs, des expressions comme «  la démarche
inductive, la méthode déductive, la démarche ou méthode
hypothético-déductive, la méthode ou démarche analytique,
synthétique, dialectique, systémique, objective, les
méthodes et outils de collecte et d’analyse des données, la
recherche quantitative, les méthodes quantitatives,
l’analyse qualitative, etc.
Face à la diversité et à la profusion des termes et
expressions, on est à se demander s’il vaut encore la peine
de chercher des définitions claires et précises, d’essayer de
faire une bonne distinction et une nette démarcation entre
toutes ces expressions et notions devenues confuses,
ambiguës ou ambivalentes. Pour certains auteurs comme
Luc Van Campenhoudt et Raymond Quivy, il convient de
faire une distinction au moins entre ˝les démarches˝ et ˝les
méthodes˝. Ils estiment que ˝les démarches˝ sont des
manières, des moyens que se donnent des chercheurs
˝pour chercher et trouver ce qu’ils cherchent˝, pour
progresser vers le but visé, pour aboutir à une
connaissance scientifique tandis que les ˝méthodes˝ ne
sont que des mises en forme particulières de l’ensemble
des démarches, des cheminements ou des procédés pour
appréhender, analyser les faits ou les phénomènes afin
d’obtenir des résultats et parvenir à la découverte et à la
connaissance de l’objet d’étude.
Il faut reconnaître sans doute une certaine pertinence à
cette distinction, mais on ne saurait contraindre à l’adopter,
ceux qui, nombreux, ne distinguent pas forcément ces deux
termes et qui les emploient naturellement l’un pou l’autre.
Eux aussi estiment qu’une démarche méthodologique, tout
comme une méthode, est un ensemble d’opérations
intellectuelles, de procédés heuristiques, en somme des
moyens d’investigation et d’approche qu’une recherche
scientifique se donne pour atteindre ses objectifs et son
but, c’est-à-dire, en fin de compte, découvrir la ˝ vérité
cachée˝, obtenir des résultats, la connaissance recherchée.
En un mot, une méthode est la voie (hodos en grec) à
suivre pour mener à bout et à bien une recherche dans un
domaine précis et dans une spécialité donnée.
Voilà bien des discours ! Voilà bien un vocabulaire varié
et variable  ! Les efforts de distinction et de clarification
entrepris par les uns et les autres n’ont malheureusement
jamais abouti à une précision terminologique congrue,
consensuelle ; au contraire, tout se brouille et se complique
en entretenant la confusion dans les esprits et l’embarras
chez les jeunes chercheurs.
N’entrons pas dans le jeu de ces querelles d’écoles ou de
spécialistes et, avec précaution, concentrons-nous
simplement sur la notion de méthode. Ce terme est utilisé
dans son acception la plus simple, la plus courante, dans
son sens étymologique. Le terme «  méthode  » est la
combinaison de deux morphèmes grecs  : mét et hodo . Le
premier mot mét dérive de la préposition meta qu’on peut
traduire, selon le cas, par « avec » ou « après » ou encore
«  au-delà. » Le second mot hodo , du nom féminin hodos ,
veut dire  : voie, chemin, route. Le lexème "méthode"
signifie littéralement «  la voie  après, le chemin à prendre
avec soi, la route qui conduit au-delà, qui mène vers  »  ;
bref, la voie à emprunter pour aller plus loin, pour parvenir
et arriver à ses fins.
La notion de méthode, pour simplifier, englobe les
démarches effectuées, les techniques, les stratégies et les
procédés mis en œuvre pour atteindre, dans une discipline
donnée, les objectifs visés et parvenir aux résultats
escomptés. Autrement dit, la méthode est une voie à
emprunter, une démarche rigoureuse, ordonnée qu’on suit
pour avancer, pour progresser dans la recherche et la
connaissance, pour arriver sûrement au but et au bout,
c’est-à-dire découvrir ce qu’on cherche. C’est bien cela que
veut dire Jacqueline Russ lorsqu’elle écrit que la méthode
est simplement «  l’ensemble des démarches raisonnées
pour parvenir au but recherché » 1  ! Madeleine Grawitz ne
dit pas autre chose lorsqu’elle explique que la méthode de
recherche est «  l’ensemble des opérations intellectuelles
par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités
qu’elle poursuit, les démontre, les vérifie. » 2
On peut dire aussi avec Maurice Angers que la
méthodologie est «  l’ensemble des méthodes et des
techniques qui orientent l’élaboration d’une recherche et
qui guident la démarche scientifique  » 3 .
Tout travail de recherche scientifique suppose et
implique une démarche rationnelle, rigoureuse et
méthodique  ; c’est-à-dire simplement une méthode, une
méthode opérationnelle et performante. Dans toute
recherche ou étude universitaire, on doit normalement
indiquer clairement la méthode qu’on a choisi d’adopter et
de suivre. Ce choix méthodologique doit être cohérent et
adapté au sujet déterminé et au projet entrepris. Il est donc
important et indispensable de connaître les méthodes de
recherche ou d’analyse pour pouvoir les utiliser quand il
faut et comme il se doit. C’est pourquoi le premier chapitre
se charge de les exposer.

Chapitre 1. Les méthodes d’une


recherche quantitative et d’une
recherche qualitative

Dans cette rubrique, on a regroupé les méthodes


d’approche des faits et des phénomènes de la réalité
observable, des méthodes qui conviennent bien ou qui
s’adaptent mieux aux disciplines de type expérimental, aux
domaines où on peut recueillir des données mesurables, de
nature quantifiable (données numériques en particulier) et
qui se prêtent bien à l’analyse. Autrement dit, des
méthodes appropriées aux sujets, aux objets de recherche
qui portent sur des faits, des phénomènes, des conduites,
des choses observables, susceptibles d’expérimentation, de
recherche empirique, sur des choses mesurables,
calculables, évaluables en chiffres et éventuellement aussi
sur des documents, des textes voire des œuvres littéraires
aux structures repérables et quantifiables. En bref, tous les
sujets qui peuvent être appréhendés et étudiés avec les
outils, les méthodes et les techniques de collecte des
informations et d’analyse des données (observation,
entretien ou entrevue, enquête, statistiques, analyse de
contenu, tableaux, figures, graphiques, etc.
Après les méthodes d’approche quantitative qui se
fondent sur une mesure mathématique, sur des calculs et
des statistiques, il faudra aussi voir l’approche qualitative
qui s’appuie généralement sur des faits textuels, sur des
documents et, en tout cas, sur des indicateurs non
numériques.
1. La méthode
expérimentale
Le masterant, le doctorant ou le chercheur, dans son
domaine de recherche et en fonction de son sujet d’étude, a
tout intérêt à exploiter aussi et à tirer profit, autant que
possible, de la méthode expérimentale.
Personne n’est surpris d’apprendre que la méthode
expérimentale a été mise au point et développée par les
scientifiques pour des recherches dans les sciences de la
nature et dans les sciences expérimentales. Mais elle
convient et s’adapte bien aussi à des disciplines des
sciences humaines et sociales et notamment à la
psychologie, à la géographie, à la sociologie, à la
communication, à l’histoire,  etc. Il faut le dire très net,
l’utilisation de la méthode expérimentale en sciences
humaines provient d’une branche de la psychologie  : la
psychologie dite expérimentale , méthode empruntée aux
sciences naturelles, avec des expériences d’abord sur des
animaux avant d’être appliquées à l’homme. Cette méthode
expérimentale avec le prestige des sciences exactes
(physique, chimie, biologie) va marquer profondément la
psychologie 4 et assurer sa scientificité en permettant le
passage d’une psychologie «  subjective  » à la psychologie
objective, scientifique, se fondant sur les grands principes
de la science moderne. L’objectif essentiel de cette méthode
est de cerner et de mesurer les rapports de causalité entre
des phénomènes, et pour cela, il faut savoir manipuler,
comme il se doit, des variables pour déterminer l’influence
de la variable indépendante sur la variable dépendante.
Dans la pratique, la méthode expérimentale peut servir à
étudier des phénomènes, des conduites, des faits qui
existent réellement et qu’on cherche à comprendre. Mais
elle peut éventuellement porter aussi sur un phénomène,
une conduite, un fait provoqué, avec l’intention de l’étudier
afin de le confirmer ou de l’infirmer ou d’obtenir des
éléments nouveaux.
Pour aboutir à des résultats crédibles, le chercheur doit
bien réfléchir à son sujet d’étude et formuler une ou des
hypothèses à vérifier  ; il doit s’employer, de façon
systématique, à faire en sorte que ses résultats et ses
conclusions découlent d’une expérimentation ou soient
validés par une expérience faite.
Ici, avec la méthode expérimentale, le choix des
instruments de mesure est déterminant. D’où l’utilisation
des tests empiriques et la présence remarquable des
techniques et méthodes de collecte et d’analyse des
données, avec l’observation directe ou indirecte,
l’hypothèse à vérifier, l’enquête par questionnaire, par
sondage, l’entretien ou l’entrevue, les calculs, les
statistiques, l’analyse de contenu et de contexte, l’étude de
cas, etc.
Pour certains auteurs, la méthode expérimentale est la
méthode la plus scientifique qui soit et apparaît comme un
véritable modèle méthodologique. Si elle est, à plus d’un
titre, intéressante et efficace, elle exige, en tout cas, pour
une étude sérieuse, une bonne maîtrise des opérations
intellectuelles, heuristiques, théoriques et méthodologiques
que les chercheurs des disciplines littéraires et autres
doivent pouvoir faire grâce à des formations
complémentaires indispensables.
La méthode expérimentale a l’avantage d’être très
ouverte et applicable à toutes les disciplines qui veulent
afficher et affirmer la rigueur et le caractère scientifique de
leurs démarches et des recherches effectuées.
2. La méthode hypothético-
déductive
Les méthodes de recherche les plus connues et les plus
usitées se regroupent autour de l’approche déductive ou
encore de la méthode hypothético-déductive  : celle-ci
découle de la méthode expérimentale. De façon classique,
le chercheur se pose une question, formule une hypothèse,
cherche à la vérifier par la suite grâce à une étude
expérimentale ou un test empirique. Si l’hypothèse émise
se trouve confirmée, la recherche est terminée et le
chercheur n’a plus qu’à tirer des conclusions et à
communiquer ses résultats.
On le voit assez bien, sans aucun doute, cette
hypothético-déductivité elle-même est fondée sur les règles
cartésiennes que les sciences exactes, les sciences
expérimentales et autres exploitent grandement et
avantageusement. Et comme la validation la plus sûre, la
plus fiable, la plus incontestable est la voie quantitative,
beaucoup de recherches, aujourd’hui, dans différents
domaines et disciplines des sciences humaines et sociales,
font aussi appel aux mathématiques, aux calculs, aux
données chiffrées, aux observations quantifiées, aux
statistiques et autres pour affirmer ou confirmer, si besoin
est, leur rigueur ou leur scientificité. Les chercheurs dans
ces disciplines usent également des diverses méthodes et
techniques de recueil de l’information et d’analyse des
données.
3. La méthode quantitative
Le souci de scientificité s’imposant de nos jours, la
recherche dans les sciences cognitives, dans les sciences
littéraires, humaines, sociales et autres a recours aussi à la
méthode quantitative. Celle-ci repose fondamentalement
sur une démarche du raisonnement déductif, même si elle
use de l’inductif, à l’occasion. Comme l’adjectif quantitatif
l’indique a priori, elle concerne le dénombrement, la
classification, le comptage, la quantification, le calcul. Elle
vise à recueillir des données réelles, objectivement
mesurables, en se fondant sur des observations quantifiées,
des données chiffrées, des analyses et exploitations
statistiques des phénomènes, des conduites, des faits
sociaux qu’elle cherche à expliquer, à décrire, à prédire.
Pour ce faire, elle s’appuie sur des instruments, des
méthodes et des techniques fiables de collecte
d’informations et d’analyse des données.
Ces données chiffrées et précises obtenues permettent
de faire des analyses sérieuses, des analyses descriptives,
des analyses statistiques, des analyses factorielles, des
tableaux, des figures, des graphiques,  etc., toutes choses
qui aboutissent à l’explication et à la connaissance du
phénomène observé et étudié.
Si la méthode quantitative est opérationnelle et
performante, elle ne subit pas moins cependant la critique
de certains à cause de son acharnement à vouloir tout
objectiver, tout quantifier, tout calculer  ; une
mathématisation systématique qui tend à neutraliser la
connaissance scientifique, à réduire la recherche à un
système bipolaire tranché entre ʺ le vrai ʺ et ʺ le faux ʺ. Or,
tout n’est pas, à la vérité, quantifiable, comptabilisable,
calculable  ! Et la recherche scientifique n’est pas
seulement valable, scientifique que si on calcule, si on
formalise, si on prédit des phénomènes avec le soutien et le
besoin d’une pratique ʺ  mathématicologique  ʺ plus ou
moins compliquée dans laquelle les littéraires purs et
autres ne sont pas toujours à l’aise. Ceux-ci se trouvent
déroutés par les calculs, les chiffres, les statistiques, les
tableaux et les figures avec les diagrammes, les
histogrammes, les courbes,  etc. toutes choses qu’ils n’ont
pas appris à faire au cours de leur formation normale et qui
requièrent un effort spécial et des compétences
supplémentaires particulières pour en venir à bout de la
recherche entreprise et pour présenter un travail
scientifique de qualité.
Heureusement ou non, cette mesure mathématique des
phénomènes, cette formalisation des données, en un mot,
cette approche quantitative tend à être remise en question
et est contrebalancée ou complétée par les méthodes
qualitatives qui connaissent du succès dans certaines
disciplines. Par commodité, il faut en parler ici et
maintenant avant d’aborder la méthode de la statistique
littéraire qu’on peut classer aussi dans les méthodes de la
recherche quantitative.
4. La méthode qualitative
Contrairement à la méthode quantitative qui veut
systématiquement tout calculer pour obtenir des résultats
certains, des connaissances indiscutables, la recherche
qualitative n’implique pas nécessairement un processus de
quantification et de mathématisation avec des calculs
statistiques variés. Elles portent sur des faits textuels et
des phénomènes observables, susceptibles d’être des sujets
de recherche. Elles se fondent plutôt sur des données non
chiffrées, sur des indicateurs non numériques (tels que des
mots, des phrases, des textes, des documents), sur des
données obtenues à partir d’entretiens, d’observations, de
groupes de discussions (focus group), d’études de cas,
d’analyses de contenu de documents, d’analyses de textes,
d’analyses de discours, etc.
La méthode qualitative (comme le suggère déjà l’adjectif
qualitatif) vise à déterminer la qualité relative des faits
observés, des phénomènes à l’étude. Il s’agit ici, de saisir
plutôt le sens des choses, de comprendre la signification
des faits, des situations, des comportements, des attitudes,
des cas, situés dans leur contexte, après et à travers
l’observation, la description, l’appréciation, l’interprétation
qui sont faites.
La méthode en recherche qualitative, ayant pour visée la
compréhension d’un phénomène (le plus souvent) social,
pris dans son cadre naturel, a ceci d’intéressant qu’il sait
s’ouvrir au monde, qu’elle est capable de décrire le
phénomène dans toute sa complexité, capable d’associer
plusieurs méthodes et techniques différentes de collecte et
d’analyse des données (observation, entrevue, groupes de
discussion, analyse documentaire, analyse d’images, de
photos, de films ou documentaires, analyse de discours, des
affiches publicitaires, des sites web, des émissions
télévisées ou radiodiffusées, etc.)
Reposant en général sur un raisonnement logique
inductif, parfois déductif ou encore hypothético-déductif, la
méthode en recherche qualitative se veut souple, itérative.
De plus, pour elle, à l’opposé de la méthode quantitative,
une recherche scientifique doit fondamentalement avoir,
pour objet d’étude, ce qui est caché, car, souvent, plus
important, plus essentiel que ce qui est visible ou
apparemment évident, ce qui semble à la portée de chacun
et de tous.
Il faut noter que l’approche qualitative ne convient pas
nécessairement à tous les sujets de recherche d’autant que
la part de subjectivité qu’elle comporte peut être
dangereuse et disqualifiante si l’on ne la maîtrise pas
parfaitement. Attachée à la recherche du sens, à la
compréhension des choses et aux finalités des actions, des
conduites et attitudes humaines, aux faits et phénomènes
sociaux, la recherche qualitative s’intéresse par-dessus tout
aux valeurs, aux intentions, aux buts visés et recherchés,
aux traditions et croyances, aux idéologies des hommes et
des sociétés. C’est pratiquement la même idée que Jean-
Pierre Deslauriers exprime lorsqu’il écrit  : «  Elle se
concentre plutôt sur l’analyse des processus sociaux, sur
les sens que les personnes et les collectivités donnent à
l’action, sur la vie quotidienne, sur la construction de la
réalité sociale. »5
Dans le cadre des recherches et études littéraires et
autres, le masterant ou le doctorant peut exploiter et tirer
un bon parti de la méthode qualitative. En se concentrant
sur les données textuelles recueillies à partir des
documents à l’étude (des textes, des discours et même des
œuvres littéraires), le chercheur peut traiter son sujet avec
intelligence et compétence pour dégager et comprendre la
signification sous-jacente des documents ou objets textuels
étudiés.
Pour atteindre ses objectifs, il peut procéder, entre
autres, par une analyse de contenu des documents ou du
corpus d’étude, par une analyse de contexte ou encore par
une analyse thématique, une étude lexicale, sémantique et
même stylistique. Cette démarche méthodologique permet
sans doute de comprendre la signification du message
contenu dans les documents, de percevoir les modes
d’expression et les procédés pour créer du sens. Une telle
approche dans le domaine littéraire met en valeur, à sa
façon, la méthode qualitative qui se distingue aussi de la
méthode de la statistique littéraire
5. La méthode de la
statistique littéraire
Comme les autres méthodes ou approches de recherche,
il est loisible aux chercheurs en sciences littéraires, en
sciences du langage et autres d’expérimenter l’intérêt de la
statistique littéraire. Elle est née au 20e siècle, mais elle
n’a véritablement commencé à se développer que, depuis
quelques décennies, avec les travaux de George U. Yule ou
de Gustave Herdan en Angleterre, de Wilhelm Fucks en
Allemagne, de Frederick Mosteller et de David L. Wallace
aux Etats-Unis et de Pierre Guiraud ou de Charles Muller
en France et plus récemment de Christian Delcourt en
Belgique.
Avec la révolution informatique qui l’a stimulée, la
statistique littéraire est, à notre époque, en plein essor. Elle
se divise, de façon schématique, en deux branches  : la
statistique avec une méthode descriptive et la statistique
avec une méthode inférentielle.
La statistique descriptive classe, de manière rationnelle,
les textes et leurs constituants, et la statistique
inférentielle apprécie, en termes quantitatifs, des
hypothèses relatives aux données textuelles et leurs
composantes. A noter, en passant, que les approches
inférentielles connaissent beaucoup plus d’applications
dans la pratique.
Par ailleurs, la statistique littéraire étant une approche
assez récente et interdisciplinaire, ses applications et
réalisations ne sont pas toujours sans reproche. Elles
subissent parfois les critiques aussi bien des littéraires que
des statisticiens. On a l’impression que ce qu’on gagne (par
le dénombrement, la quantification, les données chiffrées,
les statistiques) en exactitude et en objectivité, on le perd
en richesse, en sensibilité, en compréhension et en
appréciation des valeurs, des données textuelles, des mots
et des choses. Il n’empêche que la statistique littéraire
permet de faire des études de valeur, scientifiquement et
méthodologiquement correctes, intéressantes et
fructueuses. En outre, elle peut fort bien être renforcée et
complétée, si nécessaire, par d’autres méthodes.
C’est pourquoi des chercheurs en Lettres, Littératures et
Sciences humaines et sociales peuvent aussi s’en servir
utilement pour leurs travaux de thèse ou de mémoire,
notamment pour des sujets portant sur des choses
mesurables tels que des documents, des textes ou des
œuvres littéraires aux structures repérables et
quantifiables. En un mot, quand il s’agit de sujets ou
d’objets de recherche qui peuvent être appréhendés et
étudiés avec des méthodes et techniques de collecte et
d’analyse de données, en particulier des données chiffrées,
quantifiées que les approches descriptives et inférentielles
permettent d’analyser, de comprendre et de leur donner du
sens.
Aujourd’hui il est clair que les recherches et les études
littéraires, celles des Sciences du langage et des Sciences
humaines et autres peuvent bénéficier aussi des
possibilités, des avantages et des apports de la statistique
littéraire comme s’est employé à le (dé)montrer avec
rigueur Christian Delcourt6 de l’Université de Liège en
Belgique après les nombreux travaux et publications de
Charles Muller7 en France sur la statistique linguistique, la
statistique lexicale, la linguistique quantitative.
Il est vrai, la littérature est par-dessus tout une affaire
de texte, de structures linguistiques et discursives, de
création imaginaire, d’esthétique, toutes choses non ou peu
quantifiables a priori. Le quantitatif, le calcul, on peut le
dire, n’a rien à avoir avec le littéraire, le poétique,
l’esthétique, l’artistique  ! Mais il est des cas, des sujets
pour lesquels on peut intelligemment exploiter, à bon
compte, les possibilités qu’offrent les mathématiques, les
calculs, les statistiques et autres. Il suffit aux chercheurs
des disciplines littéraires et des sciences humaines et
sociales de se mettre à jour et à niveau pour en tirer le
meilleur profit.

Pour en savoir plus, lire :

Les méthodes de recherche

BONNEVILLE Luc, GROSJEAN Sylvie et LAGACÉ Martine,


Introduction aux Méthodes de recherche en communication, Montréal,
Gaëtan Morin, 2007

CAMPENHOUDT Van Luc/QUIVY Raymond, Manuel de recherche en


sciences sociales , 4 e éd, Paris, Dunod, 2011

DÉPELTEAU François, La démarche d’une recherche en sciences


humaines. De la problématique de départ à la communication des résultats .
Bruxelles, De Boeck, 2011

FORTIN Marie-Fabienne, Le processus de recherche . De la conception


à la réalisation, Ville Mont-Royal (Québec), Décarie Éditeur, 1996

GRAWITZ Madeleine , 1996, Méthodes des sciences sociales, 10 e éd,


Paris, Dalloz, 1996

N’DA Paul, 2015, Recherche et méthodologie en sciences sociales et


humaines , Paris, L’Harmattan, 2015

Méthode expérimentale

DÉPELTEAU François, «  La méthode expérimentale  », La démarche


d’une recherche en sciences humaines. De la question de départ à la
communication des résultats . Bruxelles, De Boeck, 2011, p.251-271

GRAWITZ Madeleine , Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz,


1996
LAMOUREUX Andrée et al , Une démarche scientifique en Sciences
humaines, Méthodologie, Laval, Éditions Etudes vivante, 1992 Recherche et
méthodologie en sciences humaines, Laval, Éditions Études vivantes, 1995

Méthode hypothético-déductive

DÉPELTEAU François, Op.cit.

FORTIN Marie-Fabienne, Op.cit.

GRAWITZ Madeleine, Op.cit.

N’DA Paul, Op.cit.

Méthode quantitative

BONNEVILLE Luc / GROSJEAN Sylvie / LAGACÉ Martine, Introduction


aux méthodes de recherche en communication   : «  Les méthodes et les
outils de collecte de données en recherche quantitative  » p. 99-123,
l’analyse des données quantitatives p. 124-146, les outils de collecte et
d’analyse des données p.174-207

CAMPENHOUDT Van Luc / QUIVY Raymond, Manuel de recherche en


sciences sociales , 4 e éd, Paris, Dunod, 2011

GRAWITZ Madeleine , Méthodes des sciences sociales, 10 e éd, Paris,


Dalloz,

HUOT Rejean, Méthodes quantitatives pour les sciences humaines , 2


e éd, Québec, Presses de l’Université Laval, 2003

HOWELL C. David, Méthodes statistiques en sciences humaines ,


Bruxelles, De Boeck, 1998

N’DA Paul, Recherche et méthodologie en sciences sociales et


humaines , L’Harmattan, 2015, p.131 et 158-162 ; 167-186

ROBERT Serge, Méthodes quantitatives , Montréal, Modulo, Éditeur,


1993
SIMARD Christine, Méthodes quantitatives . Approche progressive
pour les sciences humaines , 3 e éd, Québec, Edition le Griffon d’argile,
2003

Méthode qualitative

AKTOUF Omar, 1987, La méthodologie des sciences sociales et


approche qualitative des organisations . Québec, Presses de l’Université du
Québec, 1987

BONNEVILLE Luc et al , « Recherche qualitative en communication »,


Op.cit . p.149-203

DESLAURIERS Jean-Pierre Recherche


(dir), qualitative. Guide
pratique, Montréal McGraw-Hill Éditeur, 1991        
Les méthodes de la recherche qualitative , Québec, Presses de l’Université
du Québec, 1987

GRAWITZ, Op.cit .

MILES Mathew et HUBERMAN Michaël, Analyse des données


qualitatives  : 2 e éd, Bruxelles, De Boeck, 2003

MUCCHIELI Alex, Dictionnaire des méthodes qualitatives en sciences


humaines et sociales , Paris, Armand Colin, 2002       
Les méthodes qualitatives , Paris, PUF, 1991

N’DA Paul. Op.cit . p.158-160 ; 183-186

ROSENTHAL Claude, Introduction aux méthodes qualitatives en


sciences humaines et sociales, Paris, Dunod, 2001

Méthode de statistique littéraire

BERNET Charles, Le vocabulaire des tragédies de Jean Racine.


Analyse statistique, Genève-Paris Slatkine-Champion, 1983 (Travaux de
Linguistique quantitative, 12 )
BRUNET Etienne (éd), Méthodes quantitatives et informatiques dans
l’étude des textes , Vol.1, Genève-Paris, Slatkine-Champion, 1986 (Travaux
de Linguistique quantitative, 35 )

DELCOURT Christian, «  La statistique littéraire  » Introduction aux


études littéraires. Méthodes du texte , Paris-Louvain-la-Neuve, 1990, p 132
147        
-  «  De la statistique lexicale à la statistique segmentale  » dans Brunet
Etienne (éd) Méthodes quantitatiques et informatiques dans l’étude des
textes, p.273-283

MULLER Charles, Études de statistique lexicale, le vocabulaire du


théâtre de Pierre Corneille , Paris Klincksieck, 1967 (réimpression : Genève-
Paris, 1979 (Travaux de Linguistique quantitative, 2)        
-  Principes et méthodes de statistique lexicale , Paris, Hachette, 1977
-  Initiation aux méthodes de la statistique linguistique, Paris, Hachette,
1973        
-  Langue française, linguistique quantitative, informatique , Genève-Paris,
Slatkine-Champion, 1985 (Travaux de Linguistique quantitative, 34)

KENNY Anthony, The Computation of Style. An Introduction to


Statistics for Students of Literature and Humanities, Oxford, Pergamon,
1982

OAKMAN Robert L, Computer Methods for Literary Research .


Columbia, South Carolina Univ. Press, 1980, (rééd. Athens 1984)

Chapitre 2. Les méthodes propres à


certaines disciplines en sciences
humaines et sociales

Si, comme on vient de le voir dans le chapitre précédent,


certaines disciplines s’accommodent bien des approches ou
méthodes présentées, ce n’est pas le cas pour d’autres et
en particulier pour les disciplines des Sciences humaines et
sociales. Celles-ci se caractérisent en général par leur
spécificité ou éventuellement par l’éclectisme des
approches méthodologiques, une multi-méthode qui tente
de compenser les limites d’une méthode par les forces
d’une autre.
Commençons par une discipline comme la philosophie,
«  la mère des sciences  », qui exige une approche
particulière, une méthode propre.
1. La méthode
philosophique
Il n’est pas superflu de le rappeler  : en philosophie, la
méthode consiste, comme dit Descartes dans «  Le Discours
de la méthode  », à bien conduire sa raison et sa pensée,
c’est-à-dire méthodiquement, rigoureusement, en
appliquant bien, comme il faut, les règles définies afin de
trouver dans les sciences la vérité recherchée.
Pour cette méthode, voici quelques règles fondamentales
que nous indique Jacqueline Russ 8 et qu’il faut s’efforcer
de respecter dans un travail de recherche pour un mémoire
de Master ou une thèse de Doctorat. Examinons les plus
importantes.

1.1. La délimitation précise de tout concept (la


définition)

La première démarche est de déterminer et de bien


définir avec précision les concepts et les notions au risque
de sortir des limites, de déborder ou de passer à côté du
sujet. Faute d’une bonne analyse conceptuelle, on peut se
tromper de voie, de définition, s’égarer et s’aventurer
distraitement sur d’autres problèmes, d’autres questions et
faire, en fin de compte, une fausse route, un hors-sujet
malencontreux. Il faut donc bien définir le concept,
circonscrire et délimiter la notion dans son contexte
particulier, dans son cadre temporel et spatial, dans son
environnement culturel et évolutif.

1.2. La démarche analytique (analyse)

La démarche analytique, qui suit l’effort de définition et


de délimitation correcte des concepts, consiste, comme
l’indique le mot grec «  analusis  » , à décomposer,
démembrer, à détacher et à séparer les éléments du sujet,
à décomposer un texte, une œuvre en ses différentes
composantes constitutives afin de saisir les rapports qui les
lient pour avoir une compréhension globale de l’ensemble.
Cela signifie que la démarche analytique attache beaucoup
plus d’intérêt et de prix aux éléments, aux parties qui
forment l’ensemble.

1.3. La démarche synthétique (synthèse)

La synthèse (du grec «  sunthesis   ») consiste à mettre


ensemble, à associer, à rassembler, à combiner des
éléments de connaissance sur un sujet donné pour en
présenter un ensemble structuré et cohérent, visant à
reconstituer un tout, à partir des éléments simples, à
mettre en évidence les relations entre eux, pour donner
une « vue d’ensemble » du sujet.

1.4. La démarche ordonnée (ordre)

Dans la méthode philosophique, l’ordre est très


important. On ne peut écrire au hasard, d’instinct et dans
le désordre les idées telles qu’elles viennent. Il faut les
organiser, les ordonner selon les exigences de la raison, de
façon successive et progressive (en partant du plus simple
au plus complexe), de façon hiérarchisée (en partant soit
du plus petit au plus grand, du moins important au plus
important, soit dans le sens inverse). Dans tous les cas, il
importe de savoir organiser, ordonner, hiérarchiser ses
idées, d’une manière logique, progressive et dynamique.

1.5. Une idée directrice, unificatrice (l’unité)

Pour tout travail de recherche et en particulier en


philosophie, il faut, de façon évidente, une idée principale,
centrale autour de laquelle tout s’organise et se structure
et qui apporte son unité à tout le développement qui est
fait. Fil conducteur, cette idée principale assure l’unité et
l’harmonie de l’ensemble de la construction de cette étude,
de ce mémoire ou de cette thèse.

1.6. Une dynamique interne aux concepts (la


cohérence)

Dans un travail de recherche en philosophie, tout comme


en littérature, il faut que l’argumentation soit soutenue par
une dynamique interne des concepts, dynamique qui,
organisée et bien exploitée, renforce naturellement la
cohérence des principaux axes de réflexion et d’analyse.
Il reste qu’en philosophie, un travail de mémoire de
Master ou une thèse de Doctorat peut aussi s’appuyer,
selon les types de sujet, sur une démarche en tout ou partie
déductive, sur une démarche inductive ou sur un modèle
hypothético-déductif, sur une démarche dialectique ou
encore sur toute autre démarche opérationnelle.
En principe, les règles fondamentales de la méthode
philosophique peuvent servir aussi en théologie. Cela
n’empêche pas les efforts importants qui sont faits pour des
approches méthodologiques propres et pour une méthode
théologique spécifique, comme en témoignent les études
et les ouvrages, par exemple, de Bernard Lonergan 9 , Jean-
Claude Petit 10 , Jean-Pierre Torrell 11 .
2. La méthode théologique
De fait, qu’on le veuille ou non, aujourd’hui, la théologie
a acquis ou conquis son statut de science et son autonomie
comme toutes les sciences et notamment les Sciences
humaines et sociales. Henriette Danet et Elvis Elengabeka
affirment, sans ambages, qu’elle est une science et qu’
«  elle est, au même titre que les autres sciences,
démonstrative ; elle démontre en montrant. 12  ».
Mais il reste que la science théologique a quelque chose
de particulier dans son approche  : la démarche de la
théologie chrétienne notamment se fonde sur la foi, la foi
chrétienne affirmée comme norme de vérité. On ne peut
donc pas faire l’impasse sur la foi, on ne peut pas
s’accommoder d’une démarche théologique sans rapport
avec la foi, sans adhésion croyante à la Révélation.
Si, dans l’absolu, comme ils disent, «  on peut concevoir
une science théologique qui se réduise à un ensemble de
connaissances non liées à la foi » 13 , il est raisonnable de
penser et de reconnaître avec nos deux auteurs qu’il est
illusoire de croire qu’un athée, qu’un historien agnostique,
que n’importe quel adepte d’une religion non chrétienne
est mieux placé pour étudier, avec plus d’objectivité et de
crédibilité, le fait chrétien, de l’extérieur, sans y être mêlé
de près, d’une façon ou d’une autre. C’est simplement
oublier que, malgré toute la bonne volonté et toutes les
précautions d’usage, la neutralité axiologique absolue
n’existe pas en réalité, c’est perdre de vue l’objet, le but, le
sens et l’essence même de la théologie.
Ainsi, la théologie chrétienne, qui est scientifique comme
toute autre discipline par ses méthodes et ses démarches,
ne peut se nier elle-même  : elle entend rendre compte
d’une foi, elle présuppose la foi, une foi «  captive de
l’obéissance au Christ  » 14 , selon le mot de Gérard
Siegwalt.
Dans la science théologique, sans la lumière de la foi,
sans la connaissance et l’éclairage de la parole de Dieu,
l’étude sera foncièrement biaisée  ; on court
immanquablement le risque de passer à côté du sens
profond. D’où la nécessité absolue de trouver précisément
le point de jonction et d’ancrage exact entre le donné
révélé et le point de réflexion, choisi pour étude.
Une lecture simplement humaine, rationnelle, une
compréhension cérébrale, une explication scientifique, une
herméneutique dégagée de toute subjectivité, sans le
secours et sans le recours à la religion, à la foi, et en la
personne Jésus-Christ, ne peuvent qu’aboutir à un discours
théologique sinon vide, du moins creux, sans réel
fondement, sans consistance objective, sans l’essentiel, la
Révélation divine.
Le chercheur en théologie ne peut être une personne
sans religion, sans foi ; le chrétien, chercheur en théologie
chrétienne, ne peut se dérober à sa responsabilité
d’homme de science et d’homme de foi, croyant fermement
en Jésus-Christ qui éclaire et donne tout son sens à la
théologie. Pour cette raison, la dimension théologique
fondamentale d’une recherche, d’un mémoire, d’une thèse
ne peut être occultée ; elle doit, au contraire, se traduire et
se manifester assez clairement dans l’énoncé même du
sujet et surtout dans la formulation de la question
directrice et l’option théologique choisie (théologie
dogmatique, exégétique, morale, historique, pratique, etc.),
étant donné que l’approche théologique varie quelque peu,
selon les branches, avec des orientations particulières et
des canons méthodologiques plus ou moins propres.
Si on peut définir, pour faire vite, la méthodologie
comme l’ensemble des démarches, des attitudes, des
indications nécessaires, des règles méthodologiques à
adopter pour une recherche fructueuse, pour réaliser,
concrètement et de la meilleure façon, l’étude en cours, il
reste à l’étudiant, au chercheur, au doctorant, assez de
marge pour s’informer et se former afin de trouver la
méthode qui convient le mieux à son sujet et à son cas
d’espèce  : la démarche analytique, la démarche
synthétique, la démarche dialectique, la démarche
systémique, la démarche descriptive, la démarche
historique, la démarche herméneutique, la démarche
exégétique, la démarche phénoménologique, etc. ?
Il a, à l’évidence, l’embarras du choix ; mais, faire le bon
choix est aussi un signe d’intelligence et de sagacité  ! Au
chercheur de trouver sa route, le chemin à emprunter, la
voie à suivre, en un mot, la bonne méthode pour traiter
avec assurance, compétence et efficacité le sujet, objet de
sa réflexion et de l’étude entreprise, sans oublier que, de
nos jours l’interdisciplinarité, l’éclectisme ou la
combinaison des méthodes ou la multi-méthode sont de
mise et sont bien vus.
En Lettres, Littératures, Arts et Sciences humaines,
d’autres méthodes sont souvent employées  ; il faut les
présenter aussi.
3. La méthode sociologique
En matière d’approches heuristiques, il existe fort
heureusement des ouvrages importants et intéressants qui
font autorité et qui font du bien aux chercheurs. Les
sociologues les connaissent et les jeunes chercheurs ont
tout intérêt à les connaître aussi et à les utiliser dans leurs
travaux d’étude et de recherche. Pour plus d’information,
voir les lectures recommandées.
En sociologie contemporaine, l’intérêt des recherches
porte davantage sur le système social étudié, l’expérience
et la réalité vécue, sur les faits ou les phénomènes sociaux
observés et en particulier sur l’action décisive des acteurs ;
ce point précisément constitue, de nos jours, l’objet d’étude
et un domaine de prédilection de recherche de nombre de
sociologues.
Au niveau de la méthode de recherche en sociologie, il
faut connaître les approches indiquées et conseillées par
les auteurs pour trouver sa voie et pour adopter celle qui
convient le mieux pour le sujet choisi et son projet de
recherche.
Pour les travaux de mémoire ou de thèse, la méthode de
recherche en sociologie peut s’avérer opérationnelle et
efficace  ; pour certains types de sujet, la démarche
déductive ou encore la démarche hypothético-déductive
avec la méthode expérimentale se révèlent des plus
adaptées et peuvent parfaitement faire l’affaire.
Aujourd’hui, afin de traiter le sujet avec le maximum de
rigueur et de précision, autrement dit, de façon scientifique
et fructueuse, la plupart des recherches pour des mémoires
de Master ou des thèses de Doctorat ont recours à la
sociométrie, c’est-à-dire à la voie quantitative, aux
mesures, aux calculs, aux statistiques. D’où la forte
présence, de plus en plus fréquente, des outils, des
techniques et méthodes de collecte des informations et
d’analyse des données  : questionnaires, observations
quantifiées, enquêtes, sondages, échantillonnages,
exploitations statistiques, analyses de contenu et de
contexte, tris croisés, analyses factorielles, etc.
4. La méthode historique
Cette méthode, on ne s’en doute pas, fut développée par
les historiens pour l’étude scientifique des faits passés  ;
mais elle peut servir aussi dans d’autres disciplines comme
l’anthropologie, la sociologie, la politique, l’économie, la
communication, l’autobiographie, le mémoire, le roman
historique, etc.
La spécificité de la recherche historique est qu’elle porte
sur des phénomènes, des événements, des faits passés,
définitivement passés, révolus. Pour étudier ces faits
irréversibles sur lesquels on n’a plus de prise, ces
phénomènes qu’on ne peut plus observer directement, ces
événements qu’on n’a pas la possibilité de reproduire, à
l’instar des expériences scientifiques, en laboratoire, les
chercheurs historiens se sont donné pour tâche de
remonter justement le cours du temps, de l’histoire en
travaillant sur les traces laissées ou des documents
concrets existants. Ceux-ci permettent d’avoir des données
intéressantes fiables, de reconstituer et de comprendre le
fait passé et plus encore d’avoir une idée claire et précise
de la vie passée à travers des traces, des objets, des
ouvrages, des œuvres, des réalisations de toutes sortes
laissées à la postérité.
Ces traces et tous ces documents sont les sources
d’investigation pour le chercheur en histoire. Il peut s’agir,
par exemple, de ruines et de vestiges du passé, de
manuscrits anciens et de supports d’écriture (tablettes,
parchemins, papyrus, pierres taillées, gravures et dessins,
inscriptions dans des grottes et cavernes), de documents
écrits (documents d’archives, traités internationaux,
journaux, mémoires, autobiographies, accords, contrats,
journaux intimes, correspondances officielles ou
privées,  etc.), d’enregistrements sonores (cassettes,
disques,  etc.), de films, de vidéos, de photographies, de
dessins, de tableaux de peinture, d’œuvres d’art, etc.
Pour donner un caractère scientifique à leur recherche,
pour faire véritablement œuvre de science au même titre
qu’en physique, en chimie, en botanique et autres sciences
de la nature, les historiens ont dû se doter d’une méthode
propre, spécifique  : la méthode historique , conçue
spécialement pour étudier, de façon objective et
scientifique, les traces plus ou moins subjectives du passé.
On peut résumer les grandes étapes de la méthode
historique de cette façon simplifiée. Après le choix du sujet
pour étude, le chercheur se doit de collecter et de
répertorier tous les documents et supports susceptibles
d’apporter un éclairage sur le sujet.
L’étape de la collecte des documents terminée, le
chercheur s’attache à leur examen critique. Il s’agit de
prendre toutes les dispositions et précautions
intellectuelles et heuristiques pour garantir au maximum la
fiabilité et la crédibilité de l’étude. Et pour cela, il devra
croiser et confronter les données recueillies, soumettre les
documents amassés à un examen critique approfondi visant
à faire des vérifications très importantes. D’une part, par la
critique externe, il doit s’assurer de l’authenticité, de la
nature, de l’origine et du contexte d’élaboration des
documents pris pour corpus d’étude  ; d’autre part, par la
critique interne, il doit, à tout prix, vérifier la véracité du
contenu, l’objectivité et la fiabilité des informations qui s’y
trouvent. Dans tous les cas de figure, il doit se battre pour
éliminer, les fausses informations, les documents erronés,
trafiqués, pour vaincre les difficultés et les obstacles de
toute nature qui peuvent se présenter dans son travail de
recherche.
Après l’examen critique qui a porté sur la nature du
document et sur le contenu, le chercheur en arrive à la
phase où il se trouve le plus impliqué dans son étude, où il
doit mettre en valeur et en évidence son ingéniosité, sa
capacité d’analyse, d’organisation et de mise par écrit des
données collectées, sa compétence d’historien fait et de
chercheur accompli. Il s’agit de la phase de l’écriture de
l’histoire, de la reconstruction du fait passé. Le chercheur
doit s’investir et s’appliquer, avec le maximum de rigueur
et de précision, dans le relevé exact et l’organisation
correcte et cohérente des informations historiques par-
devers lui. Il est question, en fait, de recomposer les
éléments, les indices, les données et les informations à sa
disposition pour reconstituer, pour reconstruire, pour
écrire l’histoire, l’histoire passée, la réalité d’antan en lui
donnant une image la plus plausible, la plus objective, la
plus proche possible de la vérité, de la réalité telle qu’elle
était à l’époque concernée. Tel est le challenge du
chercheur en histoire  ! Telle est l’efficacité de la méthode
historique !
 
Pour conclure, on peut dire avec force que, la bonne
méthode – c’est un truisme de le répéter – permet de ne
pas s’égarer et perdre inutilement de temps en chemin  ;
elle permet de prendre la voie royale pour avancer avec
assurance, de façon certaine et lucide, pour faire son
travail, un travail organisé, ordonné, avec une cohérence
manifeste. Elle permet aussi de maîtriser progressivement,
intelligemment et sûrement son sujet de réflexion, son
objet d’étude, de résoudre sereinement les difficultés qui se
présentent et de réussir, sans encombre, son étude.

Pour en savoir plus, lire :

Méthode philosophique

AKAKPO Yaovi, La recherche en philosophie. De l’intuition du thème à


la soutenance de la thèse , Paris, L’harmattan, 2012
DESCARTES Réné, Discours de la méthode. Pour bien conduire sa
raison et chercher la vérité dans les sciences , Paris, Librairie Générale
Française, 2000

CHOULET Philippe, FOLSCHEID Dominique, et WUNENBURGER


Jean-Jacques, Méthodologie philosophique , Paris, PUF, 1992

RUSS Jacqueline, Les méthodes en philosophie , 2 e éd, Armand Colin,


Paris, 1996        
-  Histoire de la philosophie  : de Socrate à Fourcault , Paris, Hatier, 1985

RUSSEL Bertrand, La méthode scientifique en philosophie   : Notre


connaissance du monde extérieur, Paris, Payot, 1971

MIQUEL Jean, La dissertation philosophique par l’exemple , Paris,


Edition Rondil, 1984       
Revues des sciences philosophiques et religieuses , 2011, 2012

SIDGWICK Henry, Les méthodes de l’éthique , Paris, PUF, 1998

Méthode théologique

Études théologiques et religieuses   : Les méthodes d’analyse


structurale, exemple pratique et répertoire des études dans le domaine
biblique, n° 1, 1973

LONERGAN J.F. Bernard, Pour une méthode en théologie, traduit de


l’anglais sous la direction de Louis Roy, collection "Cogitatio Fidei", n°93,
Paris, Éditions du Cerf-Éditions Fides, 1978

PETIT Jean-Claude, La Théologie  : sa structure, ses méthodes, son


histoire, ses problèmes  ; répertoire bibliographique international ,
Montréal, PUM, 1978

TORRELL Jean-Pierre, «  Méthode en théologie et en théologie


fondamentale », Revue Thomiste , Toulouse, 1981, vol 81, n°3

Méthode sociologique
BORLANDI Massimo, MUCCHIELLI Laurent (dir), La sociologie et sa
méthode. Les règles du Durkheim un siècle après , Paris, L’Harmattan, 1996

BOUDON Raymond, Les méthodes en sociologie, PUF, 1973

CAMPENHOUDT Van Luc / QUIVY Raymond, Manuel de recherche en


sciences sociales , 4 e , éd, Paris, Dunod, 2011

COMBESSI Jean-Claude, La méthode en sociologie , 2 e éd, Paris

COULON Alain, L’ethnométhodologie, Paris, PUF, coll. "Que sais-je  ?",


1996

DURKHEIM Émile, Les règles de la méthode, 1901 précédé de J.M.


Berthelot, Les règles de la méthode sociologique ou l’instauration du
raisonnement expérimental en sociologie , Paris, Flammarion, 1998

FREYSSINET-DOMINION Jacqueline, Méthodes de la recherche en


sciences sociales , Paris, Montchrestien, 1997

N’DA Paul, 2015, Recherche et méthodologie en sciences sociales et


humaines , Paris, L’Harmattan, 2015

GAUTHIER Benoît (dir), Recherche sociale. De la problématique à la


collecte des données , 3 e éd, Québec, Presses de l’Université du Québec,
1997

GIACCOBI Michèle, ROUX Jean-Pierre, Initiation à la sociologie, les


grands thèmes, la méthode, les grands sociologues , Paris, Hatier, 1990

GRAWITZ Madeleine, Les méthodes des sciences sociales , 10 e éd,


Paris, Dalloz, 1996

LOUBET DEL BAYLE Jean-Louis , Introduction aux méthodes des


sciences sociales , 2 e éd. augmentée, Toulouse, Privat, 1986

Méthode historique
BOURDÉ Guy et MARTIN Hervé, Les écoles historiques , Paris, Seuil,
1989

DÉPÉLTEAU François, « La méthode historique », La démarche d’une


recherche en sciences humaines. Bruxelles, De Boeck, 2011, p. 271-293

LANGLOIS Charles-Victor et SEIGNOBOS Charles, Introduction aux


études historiques , Paris, Editions Kimé, 1992

MUCCHIELLI ROGER, L’analyse de contenu des documents et des


communications , Paris, 8 e Editions Sociales Françaises, 1998

NOUSCHI André, Initiation aux sciences historiques , Paris, Nathan,


1999

THUILLIER Guy, TULARD Jean, La méthode en histoire , Paris, PUF,


1986

Chapitre 3. Les principales méthodes


critiques pour l’analyse des textes

Tout travail de recherche scientifique ou universitaire,


on l’a vu, exige une méthode. Et la méthode, on l’a vu
également, est à la fois la voie qu’on a choisi de suivre, la
démarche qu’on a décidé d’adopter pour chercher, la
stratégie mise en place et en œuvre pour avancer dans la
recherche et parvenir au but, celui de découvrir et
d’obtenir ce qu’on cherche.
Si les travaux de mémoire et de thèse dans les
disciplines littéraires et autres sont des travaux de
recherche, les méthodes et les approches employées dans
ces matières sont naturellement des méthodes de
recherche aussi. Mais, dans le domaine des Lettres et des
Langues et en particulier de la littérature, de l’art, de
l’esthétique, plus qu’ailleurs, il s’agit moins des techniques
de recherche, des procédés ou des stratégies de recherche,
des approches méthodologiques, moins des méthodes de
recherche que précisément des « méthodes du texte », des
«  méthodes d’analyse des textes  », des «  méthodes de
critique littéraire  », ou encore des «  méthodes critiques
pour l’analyse littéraire  », des «  méthode de l’analyse de
discours », etc.
Si, pour certains types de sujet, il s’agit de faire de la
recherche sur les textes, les ouvrages, les œuvres, les
auteurs, d’en faire des objets d’étude, pour d’autres en
revanche, il s’agit, pour être exact et plus précis,
d’analyser, d’étudier les œuvres mêmes du corpus ou les
documents choisis comme supports d’étude.
Dans le premier cas, la plupart des différentes méthodes
de recherche indiquées plus haut, peuvent, selon les sujets,
convenir et être utilisées avec beaucoup d’efficacité et de
profit, si on sait s’en servir comme il faut. Dans le second
cas d’espèce, ce sont plutôt les méthodes d’analyse ou
encore les méthodes critiques pour l’analyse des textes ou
des œuvres littéraires, des œuvres de création, des œuvres
de l’esprit, qui sont les plus appropriées et les plus
performantes. Ce sont ces méthodes d’analyse qu’il faut
présenter ici, et spécialement celles qui sont les plus
connues et les plus employées dans les travaux de
mémoire, de thèse et d’article scientifique en lettres,
langues, littératures, arts, etc.
Cet ouvrage expose les principales méthodes utilisées
dans les sciences littéraires, philosophiques, théologiques
et autres. La présentation ici est relativement sommaire
étant donné qu’il existe de bons ouvrages sur les méthodes
critiques d’analyse littéraire. Il suffit donc de les consulter
pour de plus amples informations et précisions, mais aussi
pour une bonne exploitation et des applications plus
heureuses et plus fructueuses. Dans un ordre indifférent,
nous allons voir, tour à tour, la narratologie, la sémiotique
narrative, la sociocritique, la thématique, la mythocritique,
la critique psychanalytique, la psychocritique, la critique
génétique, la pragmatique.
1. La narratologie
Étymologiquement parlant, la narratologie se présente
comme un discours critique qui se déploie pour cerner,
saisir et analyser les faits narratifs. Elle est, à vrai dire, une
approche du texte littéraire, inspirée du structuralisme qui,
il est bon de le rappeler, est une approche critique qui
étudie les faits humains en analysant les structures, c’est-à-
dire le système formé par un ensemble de phénomènes liés
les uns aux autres.
La narratologie est une approche structuraliste des
textes et des œuvres littéraires ; elle s’est développée à la
faveur des travaux des chercheurs comme Vladimir Propp
de l’école des formalistes russes, mais aussi avec les
Claude Lévi-Strauss, Michel Foucault, Greimas, Claude
Bremond, Roland Barthes, Tzvetan Todorov, Julia Kristeva,
Umberto Eco, Philippe Hamon, Japp Lintvelt et en
particulier avec Gérard Genette dont les travaux et les
publications (portant sur des aspects particuliers précis)
ont pu mettre au point une terminologie devenue
universelle pour cerner le texte narratif.
On peut dire simplement que la narratologie est une
approche qui permet de saisir et d’analyser les
composantes du récit ainsi que les mécanismes par
lesquels il se construit. Elle répond à la question  : qui
raconte quoi et comment ?
La narratologie s’intéresse par conséquent à
l’organisation interne du récit. Elle cherche à étudier, dans
une œuvre, les multiples relations qui se tissent entre
l’histoire et le récit. Autrement dit, le travail narratologique
consiste précisément à analyser la forme et le
fonctionnement des textes, c’est-à-dire leurs structures
narratives.
Il faut le redire, ce qui importe essentiellement pour les
narratologues, ce n’est ni le contenu, le message du texte,
ni son référent, mais bien l’organisation, l’articulation des
éléments qui le composent, en un mot sa textualisation. La
lecture se veut un défrichage du texte pour discerner du
sens ou pour saisir le sens indiqué.
La démarche narratologique met au jour les diverses
catégories textuelles (même des textes bibliques) à partir
desquelles peut s’élaborer l’interprétation du récit ou de
l’œuvre, comme signification. Dans une étude sur la forme,
les techniques et les procédés de création ou d’écriture
romanesque, elle est particulièrement adéquate et
performante, étant donné que la narratologie a introduit et
inauguré une nouvelle manière d’aborder la critique
littéraire et une nouvelle façon d’écrire le texte.
2. La sémiotique narrative
Toute sémiotique relève d’une théorie de la production et
de la communication, ou sémiotique générale. La
sémiotique, initialement appelée sémiologie se définit
comme la science des signes, ou mieux la théorie générale
des signes et des systèmes de significations linguistiques et
non linguistiques. Elle est, dans le discours littéraire,
« l’étroite correspondance de la forme et du fond » 15 .
La sémiotique littéraire, prolongement des travaux de
Saussure, de Hjelmslev, de Greimas, de Bakhtine, de
Roman Jacobson, s’est développée avec les Tzevetan
Todorov, Gérard Genette, Mieke Bal, Michael Riffaterre,
Philippe Hamon, Jean-Claude Coquet, Joseph Courtés, Anne
Henault et autres. Elle permet de comprendre le
fonctionnement interne autonome du texte littéraire et
d’analyser les structures formelles et sémantiques d’une
œuvre donnée. S’agissant de la sémiotique narrative,
Michael Riffaterre affirme avec force que :
«  L’analyse porte sur le texte lui-même, lequel est
immuable ; sur le rapport interne des mots entre eux, sur la
forme plutôt que le contenu ; sur l’œuvre littéraire comme
point de départ d’une chaîne d’événements, non point
d’aboutissement, ou son produit. » 16
La sémiotique narrative repose sur une conception du
discours entendu comme totalité signifiante, c’est-à-dire
que le sens d’un texte se dégage du réseau de relations
qu’entretiennent les différents éléments qui le constituent.
Ainsi donc, l’objet de cette approche critique est, d’abord
et avant tout, le texte comme forme. L’enjeu, pour le
sémioticien, n’est pas de découvrir le sens unique, vrai,
faux ou inédit d’un texte, ni non plus de faire la genèse,
l’historique et l’émergence de l’œuvre, de faire connaître
l’auteur et sa vie, mais plutôt d’analyser et d’étudier le
travail de construction du texte, c’est-à-dire la scription ,
pour emprunter le mot de Georges Pérec. Il s’agit
particulièrement de voir comment l’écriture de tel auteur
prend forme, de mettre en évidence les moyens, les
techniques, les stratégies et les procédés mis en œuvre
pour la réalisation du texte littéraire.
Par conséquent, la question cruciale sur laquelle la
sémiotique narrative se fonde n’est pas : que dit le texte ?
Ni  : qui dit le texte  ? Mais plutôt  : comment est dit le
texte  ? ou mieux comment le texte dit ce qu’il dit  ? En
résumé, pour les sémioticiens, l’intérêt réside plus dans les
conditions internes de signification qu’autre chose. C’est
pourquoi l’analyse d’un texte, d’une œuvre donnée suppose
qu’on prenne en compte les différentes structures qui la
composent, les dispositions, les procédés, les mécanismes,
les fonctionnements, les divers manifestations textuelles,
linguistiques, mais aussi figuratives, indépendamment de la
finalité du texte, de la thématique, du contenu idéologique
de l’œuvre.
Dans la perspective de la sémiotique narrative, on doit
être particulièrement attentif aux signes et non au sens, au
message, à l’extra-texte, car, comme dit Greimas, «  toute
sémiotique n’est qu’un réseau de relations » 17  ; de plus, il
n’y a de «  sens que par et dans la différence  » pour
reprendre le mot de Derrida. 18
Avec cette conception formaliste du texte littéraire, la
pratique de la sémiotique narrative et textuelle apparaît
nécessaire et même indispensable dans l’analyse des
textes, des œuvres, et précisément dans l’étude des mots,
des codes, des formes selon lesquels des sens sont
possibles ; en un mot, dans l’étude du texte avec toutes ses
composantes.
3. La sociocritique
Ce qu’on appelait initialement, avec les Lucien
Goldmann, Georges Lukacs et autres, la sociologie de la
littérature, était à la fois une analyse des institutions et des
productions littéraires, du contenu des œuvres à la lumière
des concepts et méthodes sociologiques, et une étude de la
réception.
De la sociologie de la littérature, on en est venu à la
socio-critique (en deux mots), puis à la sociocritique (en un
seul mot). Celle-ci, avec les Claude Duchet, Pierre Zima,
Edmond Cros et autres, s’est développée en se fondant sur
de solides assises théoriques. Elle vise le texte comme lieu
où se joue et s’effectue une certaine socialité  ; elle
considère toute œuvre comme un produit social. On
redécouvre maintenant avec Bonald, depuis le XIX è siècle,
que « la littérature est l’expression de la société » 19 et on
comprend mieux que l’écrivain lui-même comme son œuvre
sont des produits d’une société et que son texte doit être
situé et lu dans son contexte non seulement historique mais
plus encore social.
Dans cette perspective, selon Pierre Barberis, la
sociocritique « désignera donc la lecture de l’historique, du
social, de l’idéologique, du culturel dans cette
configuration étrange qu’est le texte… » 20
Toute œuvre littéraire en effet porte en elle les traces,
les marques et les stigmates de la société qui l’a vue naître
ou qui l’a produite. D’où l’intérêt et la nécessité de replacer
les œuvres de création dans leurs contextes de production :
contexte historique, culturel et linguistique, contexte
social, politique voire idéologique, contexte national et/ou
international, la mondialisation aidant.
La démarche sociocritique permet naturellement
d’explorer cet ensemble de contextes et de hors-textes, qui
fournit des informations diverses, riches et intéressantes
sur la société du texte littéraire, l’œuvre produite étant une
représentation, une inscription imaginaire ou une
transcription romanesque du social, de la réalité. On
retrouve là le postulat de départ, fortement affirmé par
Claude Duchet dans son article fondateur de la
sociocritique 21 , postulat que Gérard Gengembre résume
en rappelant «  la nature sociale du texte littéraire, la
présence constitutive du social en lui ou la fonction
constructive du social dans son élaboration. Le social ne se
reflète pas dans l’œuvre, mais s’y reproduit » 22 .
En effet, l’écrivain n’est jamais tout à fait seul devant sa
page blanche, car il vit dans une société, il appartient à un
système de pensée, de vision, de communication, à un
environnement historique, culturel, social, économique,
politique et idéologique qui interagissent sur lui et
conditionnent la conception et la création de son œuvre.
Par conséquent, qu’il le veuille ou non, il distille sa vision
du monde, de la société réelle dans ses œuvres. Ce qui
intéresse ou préoccupe au plus haut point la sociocritique
devant une production littéraire, c’est l’examen du texte et
précisément l’analyse des modalités, des voies et des
médiations par lesquelles le discours de la société passe
pour se réinjecter dans le texte.
L’approche sociocritique permet de situer la société dans
laquelle l’œuvre prend naissance ; elle prend en compte le
texte et son référent social, comme le souligne Claude
Duchet :
« L’enjeu, c’est ce qui est en œuvre dans le texte, soit un
rapport au monde. La visée, de montrer que toute création
artistique est aussi pratique sociale, et partant, production
idéologique, en cela précisément qu’elle est processus
esthétique, et non d’abord parce qu’elle véhicule tel ou tel
énoncé préformé, parlé ailleurs par d’autres pratiques  ;
parce qu’elle représente ou reflète telle ou telle « réalité ».
C’est dans la spécificité esthétique même, la dimension
valeur des textes, que la sociocritique s’efforce de lire
cette présence des œuvres au monde qu’elle appelle leur
socialité » 23
Autrement dit, la démarche sociocritique vise, par-
dessus tout, le texte  ; elle est même une lecture
immanente ; elle prend en compte le texte et le cotexte ou
le référent social, montre que la société sert de médiation à
la production des œuvres littéraires et qu’on est obligé de
passer par elle, d’autant que « le texte est indissociable du
tissu social où il a été produit (…). La société articule le
texte comme le texte articule la société » 24 .
La sociocritique veut donc rendre compte de la double
dimension sociale et esthétique de l’œuvre. C’est pour
cette raison qu’ «  en maintenant la tension ou la
problématique de l’esthétique et du social, elle se
démarque à la fois des approches purement formelles (…)
du texte littéraire et des approches purement
contextuelles, institutionnelles, déterministes » 25 .
Aujourd’hui, la plupart des critiques et théoriciens
considèrent la sociocritique comme une des méthodes des
plus sûres, des plus performantes et des plus complètes
parce qu’elle permet de lire et d’analyser l’œuvre dans sa
globalité, du texte au hors-texte et du hors-texte au texte.
Elle aide à lire les œuvres littéraires à la lumière de la
société qui a produit ces textes et leurs auteurs. Ce n’est
pas pour rien que, tout compte fait et bien pesé, les
critiques africains, en général, pensent qu’elle est, à
l’heure actuelle, la méthode la plus rassurante, la plus
intéressante à plus d’un égard, et qui s’adapte le mieux aux
productions littéraires africaines, d’autant que
l’imagination créatrice et l’acte d’écrire, demeurent,
surtout chez les écrivains africains, fortement tributaires
des réalités sociales, historiques et culturelles, et de plus
en plus, de la pression des modèles littéraires étrangers et
universels, avec l’avènement de la mondialisation et le
phénomène contemporain de la «  littérature-monde  »,
comme exposé et analysé dans un article de Pierre N’Da 26
.
4. La critique thématique
La thématique peut se définir comme l’ensemble des
thèmes qui reviennent très souvent à l’intérieur d’une
œuvre. De fait, tout texte littéraire repose, peut-on dire, sur
un tiroir de thèmes qui, à l’intérieur du discours narratif,
viennent comme pour donner matière à la stratégie
discursive du narrateur et des fondements à l’histoire
racontée.
Quand on parle de thème, il s’agit moins du sujet traité
que du matériau sémantique mobilisé. Le thème, pour la
critique thématique, est un réseau de significations, un
élément sémantique récurrent chez un écrivain dans une
œuvre, ou qui revient souvent, se répète d’une œuvre à
l’autre. Unité de signification dans une œuvre d’un auteur,
il se caractérise, pour l’essentiel, par sa récurrence, sa
permanence à travers ou malgré les variations du ou des
textes.
La critique thématique est particulièrement attentive à
tout ce qui, dans un texte, relève de la dynamique de
l’écriture et de l’effet de sens. Elle cherche, dans l’œuvre
ou dans la totalité du texte concerné, à dévoiler la
cohérence latente, à révéler les parentés secrètes entre les
éléments dispersés.
La critique thématique qui se veut «  totale  », du fait de
sa visée globalisante, est, on va dire, une analyse de
contenu, fondée sur la pertinence des thèmes récurrents.
Elle permet, par une lecture attentive de la focalisation
thématique dans les œuvres étudiées, non seulement
d’identifier ce pour quoi ou ce à propos de quoi ces textes
ont été écrits, mais aussi et surtout de dégager les thèmes
obsédants des romanciers.
La critique thématique est une méthode d’analyse
intéressante, qui convient bien pour l’étude des œuvres
avec des foyers ou des réseaux de thèmes aussi variés
qu’importants. Les principaux théoriciens de la critique
thématique, qui ont su lui donner des orientations
spécifiques, sont Gaston Bachelard, Georges Poulet, Jean
Rousset, Jean Starobinski, Jean-Pierre Richard, Gilbert
Durand et consorts.
5. La mythocritique
De même que le thème est un réseau de significations,
un élément sémantique récurrent chez un auteur, dans une
œuvre ou d’une œuvre à l’autre, de même qu’il existe des
thèmes communs qui se répètent et qu’on retrouve chez
plusieurs auteurs dans de différentes œuvres, de même,
Gilbert Durand observe qu’il existe aussi des mythes
récurrents, qui sont repris d’un auteur à l’autre, d’une
œuvre à l’autre, d’une époque à l’autre. Il note aussi que,
comme le thème, le mythe se caractérise par sa récurrence,
sa constance, sa permanence, son contenu et sa valeur
significative ; il postule que l’imagination donne sa valeur à
l’action et qu’il est donc possible (les hommes répétant « 
les décors et les situations dramatiques des grands mythes
) d’établir une similitude et une continuité entre «  les
scenarii significatifs des antiques mythologies et
l’agencement moderne des récits culturels  : littérature,
beaux-arts, idéologies et histoires  ».
A partir de ce constat décisif, Gilbert Durand va, à
travers ses recherches et ses publications, entreprendre de
fonder une mythocritique.
La mythocritique est un terme forgé sur le modèle de la
psychocritique (Mauron, 1948)  ; elle est née dans les
années 1970, à la faveur des nouvelles orientations des
sciences humaines. Son initiateur est le philosophe,
sociologue et anthropologue français, Gilbert Durand.
La mythocritique se donne pour objet de mettre en
évidence, dans une œuvre littéraire, les mythes directeurs
et leurs transformations significatives. Théorie et méthode
prenant place dans le mouvement de revalorisation du
mythe à la suite notamment de Claude Lévi-Strauss, la
mythocritique s’intéresse essentiellement aux Mythes
littéraires proprement dits qui se déclinent en «  mythes
littéraires nouveau-nés  » (c’est-à-dire les récits littéraires
prestigieux ayant rejoint les mythes ethno-religieux dans
l’imaginaire des peuples  et avec des lieux célèbres qui
frappent l’imagination), les mythes politico-héroïques, les
mythes parareligieux et les mythes critiques. La
mythocritique s’intéresse aussi aux variantes du mythe
(schèmes, symboles, archétypes, mythèmes), aux récits
structurés par des détails symboliques, etc.
Par rapport à cet objet, la mythocritique se veut
transgénérique, transhistorique et transdisciplinaire. Le
champ sur lequel elle s’exerce est variable en taille. Il peut
aller du simple « titre » aux œuvres d’une aire culturelle ou
civilisationnelle. Mais on retiendra que, plus le champ
d’application est vaste, plus la mythocritique s’exerce avec
aisance.
Plusieurs écoles se partagent cette théorie critique. On
citera à titre d’illustration celle de Gilbert Durand et celle
de Pierre Brunel. Pour Durand, le champ de la
mythocritique est essentiellement l’imaginaire. Les objets
visés sont évidemment le mythe, mais plus encore ses
composantes que sont les schèmes, les archétypes, les
symboles,  etc. L’approche méthodologique se fait en deux
phases  : d’abord le choix du champ d’étude et la mise en
évidence des traces mythiques, c’est-à-dire des indices de
présence de mythe  ; ensuite l’étude du parcours et des
transformations de ce ou ces mythe(s) repéré(s).
Pour Brunel, il s’agit de saisir un mythe particulier
irradiant dans un texte et se présentant comme un des
intertextes de ce texte. L’approche du texte littéraire qu’il
propose dans Mythocritique. Théorie et parcours (PUF,
1992), s’articule autour de trois phases  : l’émergence, la
flexibilité et l’irradiation.
Terminons cette brève présentation, par le relevé de
quelques concepts opératoires en mythocritique méritant
d’être connus : le symbole, le schème, l’archétype, la figure
mythique, le mythème, le décor mythique.
Sur la mythocritique et surtout si on veut l’utiliser
comme méthode d’approche dans le cadre d’un travail de
recherche pour un Master ou un Doctorat, un effort devra
être fait pour tirer le meilleur profit de quelques ouvrages
existants sur la question.
6. La critique
psychanalytique
L’approche psychanalytique fait partie des nouvelles
méthodes critiques pour l’analyse des textes littéraires.
L’application de la psychanalyse à la littérature et les « 
lectures psychanalytiques   » des œuvres et de textes, qui,
depuis ont cours, sont une résultante fructueuse des
travaux de Freud et de Jacques Lacan. Avec des
orientations assez différentes, ils se trouvent être les
fondateurs de la critique psychanalytique. Celle-ci apparaît
comme une incursion dans le langage de l’imaginaire ou
mieux un voyage d’exploration et d’analyse des processus
mentaux inconscients d’un sujet et/ou du monde
inconscient construit que révèle l’œuvre.
La méthode psychanalytique s’avère nécessaire pour
cerner et surtout pour comprendre l’être et le faire des
personnages ainsi que les motivations de leurs réactions.
Elle convient bien particulièrement pour l’analyse des
œuvres à forte subjectivité littéraire comme le roman
psychologique, le roman autobiographique, l’autofiction, le
mémoire, le roman épistolaire, le roman de science-
fiction, etc.
De la critique psychanalytique naît l’approche
psychocritique qui, dans la pratique, tend à se substituer à
elle.
7. La psychocritique
La psychocritique est d’inspiration psychanalytique,
s’appuyant sur une approche fondée sur la psyché élaborée
par Freud. Elle est une pratique fondamentale pour nombre
de critiques et théoriciens. Ceux-ci trouvent dans les
travaux de Freud et de ses successeurs (dont en particulier
Lacan) un moyen d’analyser les textes pour voir le rôle et
l’influence de l’inconscient sur divers aspects du
comportement humain, la psychanalyse devenant ainsi un
instrument au service de la littérature et de la critique en
particulier.
La psychocritique a été créée en 1948 par Charles
Mauron quelques années après ses premiers travaux sur
Mallarmé et avec sa thèse, Des métaphores obsédantes au
mythe personnel . Avec ce nouveau mot, psychocritique,
Charles Mauron entendait souligner l’autonomie d’une
méthode spécifique qui doit forger, par elle-même, «  ses
propres outils  » en fonction de sa vision de l’œuvre
littéraire et en fonction de sa visée, la production
esthétique, la création artistique.
Selon l’inventeur de cette méthode : « La psychocritique
prétend accroitre notre intelligence des œuvres littéraires
simplement en découvrant dans les textes des faits et des
réactions demeurés jusqu’ici inaperçus ou simplement
perçus et dont la personnalité inconsciente de l’écrivain
serait la source » 27 .
La psychocritique, telle que présentée par Charles
Mauron, apparaît à la fois comme une théorie de la
création littéraire et comme une méthode critique
d’analyse des textes, une méthode qui prend
particulièrement en compte «  le mythe personnel  » 28 de
l’auteur, la personnalité du créateur et précisément la
personnalité inconsciente de l’écrivain, «  l’auteur devenu
texte » 29 comme dit Jean Bellemin-Noël.
La démarche psychocritique consiste, pour l’essentiel, à
relever et à analyser, dans la totalité de l’œuvre d’un
auteur donné, un foyer associatif ou un réseau d’images
constantes, récurrentes, un ensemble ou système de « 
métaphores obsédantes  ».
Ces images sont sans doute conscientes, mais ce qui est
révélateur et significatif, c’est la pensée qui lie ces
métaphores et dont l’organisation inconsciente ne peut
apparaître que grâce à la superposition des situations
dramatiques, à la répétition des champs lexicaux et dans
les champs sémantiques ou à la récurrence des
phénomènes stylistiques.
La méthode psychocritique permet ainsi de mettre en
évidence l’association d’idées involontaires sous les
structures concentrées du texte, de découvrir la vie d’un
écrivain à la lumière de son œuvre, en mettant au jour le
fantasme fondamental dont les différents textes révèlent,
chacun, à sa manière, des aspects.
8. La critique génétique
Le point de départ de la critique génétique réside dans le
constat que toute œuvre littéraire, avant d’être ce qu’elle
est devenue, est passée par diverses phases  : elle est le
résultat d’un travail qui s’est effectué progressivement,
diversement, souvent sur une ou plusieurs années.
Parfois, l’auteur a écrit spontanément, selon son
inspiration du moment, sur des pages au brouillon, dans un
carnet, sur une feuille volante, sur des bouts de papier et
même dans sa main ; parfois, il a cherché des ouvrages, des
œuvres, des documents, il les a lus, il a pris des notes.
D’autres fois, il a pris le temps de chercher des documents,
des informations ici et là sur telle préoccupation, tel
problème, telle question, sur tel aspect du sujet qu’il veut
traiter, sur tel et tel type de personnages qu’il veut mettre
en scène, sur tel et tel lieu, tel événement, tel fait
historique, sur telle situation sociale économique, telle
affaire politique, sur telle ou telle façon d’écrire un roman
ou une pièce de théâtre, etc.
La critique génétique concerne la dimension temporelle
du texte depuis que l’auteur a eu l’idée de faire un livre et
a commencé à écrire jusqu’à ce que le manuscrit aboutisse
à un tapuscrit et au texte définitif avant de devenir un livre.
La naissance de l’œuvre a naturellement laissé des
traces. Ces traces matérielles sont constituées par les
notes, les écrits, les brouillons, les esquisses et autres qui
ont servi à la confection du texte de l’œuvre. C’est cet
ensemble de ce que les théoriciens de la genèse appellent
«  documents de rédaction  » ou « manuscrits de l’œuvre  »,
produits, réunis et parfois conservés par l’écrivain, qui
intéresse la critique génétique comme support et objet
d’étude.
À côté ou en plus du texte manuscrit, devenu tapuscrit
avant d’être édité en tant que livre, il y a tous ces
manuscrits qui restent, s’ils n’ont pas été détruits ou
perdus. Et c’est précisément ces «  documents de travail  »,
écrits de la main de l’auteur, que la génétique textuelle
se propose de retrouver et élucider, que la critique
génétique analyse, étudie et interprète. Notons, en
passant, la distinction qu’il convient de faire, pour éviter la
confusion entre les deux termes. Et Pierre-Marc de Biasi,
spécialiste dans ce domaine, nous y aide lorsqu’il apporte
une clarification nécessaire, tout en précisant leur but
commun  : «  la génétique textuelle (qui étudie
matériellement les manuscrits, qui les déchiffre) et la
critique génétique (qui cherche à interpréter les résultats
de déchiffrement) n’ont pas d’autre but que celui de
reconstituer une histoire du «  texte à l’état naissant  » en
cherchant à y retrouver les secrets de fabrication de
l’œuvre. » 30
L’approche critique permet d’analyser, sous tous ses
aspects, tous les écrits, les brouillons, les ébauches, bref
tout «  l’avant-texte   » pour faire découvrir les
modifications, les transformations, les rajouts, les
suppressions, les ratures, etc. qui se trouvent dans le texte
à l’état naissant, et toutes les corrections, tous les
amendements et remaniements faits avant la sortie ou la
publication officielle de l’œuvre.
La critique génétique a pour objet d’étude, «  les
manuscrits de l’œuvre  », et pour projet, l’étude de la
genèse matérielle de l’œuvre, et elle s’y emploie. C’est une
approche d’avenir qui se montrait prometteuse et
fructueuse dès le départ, dès les premières études
génétiques des textes et des œuvres littéraires notamment.
Ainsi, depuis ses débuts, des études de genèse littéraire
ont été effectuées sur des manuscrits de grands romanciers
comme Balzac, Flaubert, Zola, Proust et autres. Pour
exemple, citons seulement deux titres d’ouvrages réalisés
en la matière sur Flaubert  : La genèse de «  Madame
Bovary » 31 et Carnets de travail de G. Flaubert 32 .
En Afrique, des recherches de génétique textuelle sont
en cours sur des auteurs comme Ahmadou Kourouma, Sony
Labou Tansi, Jean-Marie Adiaffi et autres. De même, des
études, des thèses avec une approche génétique ont
commencé ; d’autres sont déjà soutenues. C’est le cas de la
thèse de Jean-Francis Ekoungoun dont il a tiré un ouvrage
33 . Il est membre d’un groupe de recherche sur les

manuscrits et projets d’écriture laissés par Kourouma.


La critique génétique apparaît comme la méthode
appropriée et des plus efficaces pour des études de genèse
littéraire. Elle a beaucoup évolué avec la constitution de
ses propres fondements théoriques, mais aussi avec
l’apport d’autres méthodes critiques comme la
psychanalyse littéraire, la psychocritique, la sociocritique,
la sémiotique textuelle, la critique textuelle,  etc. Mais la
génétique textuelle et la critique génétique n’entendent pas
se satisfaire d’un rôle secondaire, d’un rôle de méthode
auxiliaire. Pour un travail de mémoire ou de thèse, il y a
tout intérêt à s’informer et à se former davantage avec les
ouvrages et articles disponibles.
9. La pragmatique
La pragmatique est une des dernières-nées des
méthodes critiques d’analyse ; elle n’a pas encore fini de se
constituer entièrement en tant que véritable méthode, avec
ses propres fondements théoriques et une pratique établie.
Elle a débuté avec Charles Morris 34 qui est le premier à la
définir. Selon sa conception, la pragmatique «  traite des
relations entre les signes et leurs utilisateurs » 35 . Mais, se
limitant seulement à l’étude des pronoms de la première et
de la deuxième personne et à celle des adverbes de lieu et
de temps, Charles Morris laissera la discipline, pour ainsi
dire, en herbe et elle aura du mal à se développer. On note
que « la pragmatique était restée un mot qui ne recouvrait
aucune recherche effective  » 36 . Il a fallu des travaux de
John Langshaw Austin 37 pour la relancer et redynamiser
les recherches.
Contestant la tradition selon laquelle le langage servait
principalement à décrire la réalité, Austin démontre que le
langage sert à accomplir des actes, que ce soit des actes de
langage ou des actes littéraires . Il montre que toute
énonciation a nécessairement une dimension « illocutoire »
. Il détermine trois sortes d’actes de langage : le locutoire
(dire), l’illocutoire (faire) et perlocutoire (faire faire). Selon
lui, tout énoncé (locution) contient un acte (illocution) qui
vise à agir (perlocution) sur le monde plutôt qu’à décrire.
Dans son étude sur la pragmatique, Philippe Blanchet
s’emploie à clarifier les trois actes de langage, établis par
Austin. Il écrit :
«  L’acte «  locutoire  », la locution, est le simple fait de
produire des signes vocaux selon le code interne d’une
langue. L’acte «  illocutoire  », l’illocution, consiste à
accomplir par le fait de dire un acte autre que le simple fait
d’énoncer un contenu, et notamment en disant
explicitement (mais pas toujours) comment la locution doit
être interprétée dans le contexte de son énonciation. Enfin,
l’acte «  perlocutoire  », la perlocution, consiste à produire
des effets ou des conséquences sur les interlocuteurs
(comme un mouvement, la peur, le rire ou le chagrin).
Toute énonciation fait toujours intervenir, en fait, ces trois
aspects de l’acte de langage à des degrés divers » 38 .
À ce qu’il apparaît, la pragmatique se présente bien
comme « une science de la communication », une étude des
dispositifs communicationnels et en particulier de
l’énonciation littéraire. Il y a toujours, d’une façon ou d’une
autre, une relation de coopération entre celui qui parle ou
écrit et le destinataire, le lecteur qui comprend ce qui est
dit.
La pragmatique s’intéresse donc à tout ce qui touche à
l’efficacité du discours en situation et aux effets de
langage  ; sa démarche vise à mettre en évidence les
phénomènes d’interaction et de réflexivité dans le
déploiement des stratégies de communication.
Appliquée à la création littéraire, aux œuvres littéraires
qui ne sont pas de simples énoncés comme les autres, la
pragmatique permet de lire les textes et d’analyser la vie
de l’écrivain dans son rapport avec l’œuvre, la situation
d’énonciation, les dispositifs de communication, les
relations et les interactions entre l’auteur, le lecteur
directement ou par narrataire interposé.
L’application de la pragmatique, par exemple, au
paratexte des romans, suppose une «  machinerie
paratextuelle » destinée à convaincre, à attirer le lecteur et
lui donner envie de lire et de participer à l’activité
énonciative et par là à la construction de l’œuvre et d’un
monde possible. Mais ce langage tacite, modélisant le
paratexte, ne peut être saisi sans une analyse du contexte.
C’est pourquoi Dominique Maingueneau, en ce qui
concerne l’œuvre littéraire, invite à ne jamais dissocier le
texte et son contexte, convaincu que «  en se développant
autour d’une réflexion sur l’interaction énonciative et sur la
pertinence contextuelle des énoncés, les courants
pragmatiques ont fait de la réflexion sur les genres un axe
majeur de toute approche des énoncés » 39
La pragmatique préconise donc une nouvelle critique,
des changements fondamentaux dans la conception et
l’interprétation de l’œuvre littéraire.
À l’intersection de plusieurs méthodes d’analyse, la
pragmatique est ouverte  : elle ouvre le champ à d’autres
approches critiques qui la prolongent, la complètent et la
rendent plus opérationnelle. Des méthodes d’analyse
comme la thématique, la psychanalyse, la psychocritique, la
sociocritique, des méthodes d’approche de la linguistique,
de la communication et autres lui sont d’un grand soutien.
Pour plus amples informations et afin de pouvoir l’utiliser
pour un travail de mémoire, de thèse ou même pour un
article scientifique, il faut se référer aux ouvrages
intéressants sur la pragmatique.
 
On vient de faire le tour des principales méthodes
critiques pour l’analyse littéraire. Il convient de noter que,
pour certains types de sujets et de disciplines, notamment
dans le domaine de la poésie, de la stylistique, de la
grammaire, de la civilisation et autres, les méthodes
usuelles citées et couramment utilisées partout ne
conviennent pas, ne sont pas toujours applicables dans le
concret. Pour ces cas, à défaut d’une méthode constituée et
reconnue comme telle, le chercheur, le doctorant peut,
avec l’aide de son directeur de recherche, mettre au point
une démarche méthodologique intelligente, cohérente et
opérationnelle, une approche spécifique pour traiter
convenablement son sujet. Nul n’ignore d’ailleurs que
toutes les méthodes ont leurs limites et que l’essentiel est
d’avoir un outil de travail performant et efficace. Il suffit de
savoir s’en servir. Il faut donc éviter de s’enfermer, à tout
prix, dans une méthode au point d’y perdre son bon sens !

Pour en savoir plus, lire :

Les Méthodes critiques

BERGEZ Daniel et al , Introduction aux méthodes critiques pour


l’analyse littéraire, Paris, Bordas, 1990

BRUNEL Pierre, Mythocritique, théories et parcours, Paris, PUF, 1992

CHARTIER Pierre, Introduction aux grandes théories du roman , Paris,


Bordas

CHAUVIN Danièle, André SIGANOS et Philippe WALTER (dir),


Questions de MYTHOCRITIQUE.        
Dictionnaire , Paris, L’Harmattan, 2003

CROS Edmond, La sociocritique , Paris, L’Harmattan, 2003

DELCROIX Maurice, HALLYN Fernand (dir) Introduction aux études


littéraires. Méthodes du texte , Paris-Louvain-la-Neuve, Duculot, 1990

DUCHET Claude (dir), sociocritique , Paris, Nathan, 1979

GARDE-TAMINE Joëlle, HUBERT Marie-Claire, Dictionnaire de critique


littéraire , A. Colin, 1993

GENGEMBRE Gérard, Les grands courants de la critique littéraire ,


Paris, Seuil, 2007

JOUVE Vincent, Poétique du roman , Armand Colin, 2007

RAVOUX RALLO Élisabeth, Méthodes de critique littéraire , Paris, A.


Colin, 1993

REUTER Yves, Introduction à l’analyse du roman , Paris, Dunod, 1991


STALLON Yves, Écoles et courants littéraires , A. Colin, 2007

ZIMA Pierre V, Manuel de sociocritique, Paris, L’Harmattan, 2000

La narratologie

ADAM Jean-Michel, Le texte narratif , Paris, Nathan, 1985

BAL Mieke, Narratologie , Paris, Klincksieck, 1977

BARTHES Roland, «  Introduction à l’analyse structurale des récits  »,


Poétique du récit , Paris, Seuil, 1977, p.7-57

GENETTE Gérard, Figures III , Paris, Seuil, 1972       


Nouveau discours du récit , Paris, Seuil, 1983

GOURDEAU Gabrielle, Analyse du discours narratif , Québec, Gaëtan


Morin Edition, 1993

HENAULT Anne, Narratologie, sémiotique générale, Paris, PUF, 1893

LINTVELT Jaap, Essai de typologie narrative  : Le point de vue , Paris,


Cortis

La sémiotique narrative

BERTRAND Denis, Sémiotique littéraire du récit , Paris, Nathan, 2000

COQUET Jean-Claude, Sémiotique littéraire , Tours, Mame, 1973

COURTÉS Joseph, Introduction à la sémiotique narrative et discursive


, Paris, Hachette, 1976

CHABROL Claude (dir), Sémiotique narrative et textuelle, Paris,


Larousse, 1973
GROUPE d’Entrevernes, Analyse sémiotique des textes , Lyon, Presses
Univ de Lyon, 1979

HAMON Philippe, «  Pour un statut sémiologique du personnage  » ,


Poétique du récit , Paris, Seuil, 1977, p.115-180.

Sociocritique

BARBERIS Pierre, «  La sociocritique  », Introduction aux méthodes


critiques de l’analyse littéraire , Paris, Bordas

CROS Edmond, La sociocritique , Paris, L’Harmattan, 2003       


«  Fondement d’une sociocritique. Propositions méthodologiques et
application au cas de Buscon » Les lettres modernes , n°5-6, 1978

DUBOIS Jacques, «  la sociologie de la littérature  » Introduction aux


études littéraires, Méthode du texte , p. 288-304

DUCHET Claude (dir), Sociocritique , Paris, Nathan, 1979

ESCARPIT Robert, Le littéraire et le social , Paris, Flammarion, 1970

FALCONER Graham, MITTERAND Henri (dir) La lecture sociocritique


du texte romanesque , Torento, Samuel Stevens, Hakkert et Company, 1975

GOLDMANN Lucien, Pour une sociologie du roman, 2 e éd, Paris,


Gallimard, 1964

FAYOLLE Roger, «  Quelle sociocritique pour quelle littérature  ?  »


Sociocritrique , Nathan, 1979, p.215-217

PELLETIER Jacques et al , Littérature et société , Montréal, VLB


édition, 1994

ZIMA Pierre, -  Pour une sociologie du texte littéraire , Paris, U.G.E,


1978
- Manuel de sociocritique , Picard, 1985, réédition, L’Harmattan, 2000
La critique thématique

BERGER Daniel, « La critique thématique » Introduction aux méthodes


critiques de l’analyse littéraire , Paris, Bordas, 1990, p.96-112

GENGEMBRE Gérard « Auteur et texte : la critique thématique », Les


grands courant de la critique littéraire , p.22-28

TROUSSON Raymond, Thèmes et mythes. Question de méthode ,


Bruxelles, Université libre de Bruxelles, 1981        
«  Thématique et thématologie   », Actes du colloques à l’Université de
Bruxelles en 1966, Revues des langues vivantes , Bruxelles, 1977

RACELLE-LATIN Danièle, « La critique thématique »


Revue des langues vivantes 3 , 1975, p.261-281

La Mythocritique

BRUNEL Pierre (dir). Dictionnaire des mythes littéraires , éd du


Rocher, Monaco, 1988       
- Dictionnaire des mythes d’aujourd’hui , éd du Rocher, Monaco, 1999
- Mythocritique. Théories et parcours, Paris, PUF, 1992       
- Mythes et littératures , Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 1994

CHAUVIN Danièle et al (dir), Questions de MYTHOCRITIQUE.


Dictionnaire , Paris, Ed, Imago, 2005

COMTE Fernand, Les Héros mythiques et l’homme de toujours , Paris,


Seuil, 1993

DA COSTA Anne – DA COSTA Fabian, Les grands mythes et l’histoire


des hommes , Paris, éd. De Vecchi, 2004

DURAND Gilbert, Le décor mythique de la Chartreur de Parme , José,


Corti, 1961
-  Les structures anthropologiques de l’imaginaire , Bordas,1960, Rééd.
Dunod, 1992       
-  Figures mythiques et visages de l’œuvre. De la mythocritique à la
mythanalyse, 1979, Rééd. Dunod, 1992
ELIADE Mircea, Aspects du Mythe , Paris, Gallimard, 1963

GARCIN Jean (dir) Nouvelles mythologies , Paris, Seuil, 2007

HAMMEL Jean-Pierre, L’homme et les mythes , Paris, Hatier, 1994

LACARRIERE Jacques, Au cœur des mythologies, Paris, Gallimard,


Coll "Folio," 2002

YVANOFF Xavier, Mythes sur l’origine de l’homme , Paris, Ed. Errance,


1998

La psychanalyse et la psychocritique

ASSOUN Paul-Laurent, Littérature et psychanalyse, Paris,


Ellipse/Edition Marketing 1996

BELLEMIN-NOEL Jean, Psychanalyse et littérature, Paris, PUF, Coll.


"Que sais-je ? " 1972        
-  Vers l’inconscient du texte , Paris, PUF, 1979

CLANCIER Anne, Psychanalyse et critique littéraire , Privat, 1973,


Rééd 1989 (Chapitre sur Mauron)

FREUD Sigmund, Essais de psychanalyse appliquée , Paris, Gallimard


(Idées), 1975

GOHIN Yves « Progrès et problèmes de la psychanalyse littéraire » in


Pensée , 1980 (Bibliothèque nouvelle)

LACAN Jacques, Écrits I , Paris, Seuil, coll. Point, 1966

Le GALLIOT Jean, Psychanalyse et langages littéraires , Paris, Nathan,


1997

MARINI Marcelle, « La critique psychanalytique », in Daniel Bergez et


al , Introduction aux méthodes critiques de l’analyse littéraire, p.41-83
MAURON Charles , Des métaphores obsédantes un mythe personnel.
Introduction à la psychocritique, Paris, José Corti, 1962

MELNER Max, Freud et l’interprétation de la littérature , Paris,


SEDES, 1980

MICHAUX Gisèle «  Introduction à l’orientation lacanienne  »


Introduction aux études littéraires. Méthodes du texte, p. 277-287

PIRE François «  Psychanalyse et psychocritique  », Introduction aux


études littéraires. Méthodes du texte, p. 266-276

WIEDER Catherine, Éléments de psychanalyse pour le texte littéraires,


Paris, Bordas, 1990

La critique génétique

BELLEMIN-NOEL Jean, «  Avant-texte et lecture psychanalytique  » in


Avant-texte, Texte,       
Après-texte , éd du CNRS, Paris et Akadémiai Kiado, Budapest, 1982

BIASI de, Pierre Marc « La critique génétique »        


- Introduction aux méthodes critiques de l’analyse littéraire, p.5-40
- Carnets de travail de G. Flaubert, Paris, Balland, 1988       
-  «  L’analyse de manuscrits et genèse de l’œuvre   », Encyclopedia
Universalis, vol. Symposium, 1985

CONTAL Michel, L’auteur et son manuscrit , Paris, PUF, 1991

DEBRAY-GENETTE Raymonde, Métamorphoses du récit , Seuil, Coll  :


Poétique, 1980       
- Flaubert à l’œuvre , Paris, Flammarion, Coll. Textes et manuscrits, 1980

DIDIER Béatrice et NEEFS Jacques, De l’écrit au livre  : Hugo, Coll.


Manuscrits modernes, PUV, 1987

EKOUNGOUN Jean-François, Ahmadou Kourouma par son manuscrit


de travail. Enquête au cœur de la genèse d’un classique , Paris, Ed.
Connaissances et Savoirs, 2013
LEVAILLANT Jean «  Écriture et génétique textuelle  » in Valery à
l’œuvre , Presses Universitaires de Lille, 1982

MITTERAND Henri, « Critique génétique et histoire culturelle » in La


naissance du texte , ensemble réuni par Louis Hay, Paris, José Corti, 1985

GOTHOT-MERSCH Claudine, La genèse de Madame Borary , Paris,


José Corte, 1966

La Pragmatique

GARDENEN Alan Henderson, Langage et actes de langage   : Aux


sources de la pragmatique , Lille, Presses Universitaires de Lille, 1989

REBOUL Anne et MOESCHLER Jacques, La pragmatique aujourd’hui,


une science de la communication, Paris, Seuil, 1998

BLANCHET Phillipe, La pragmatique D’Austin à Goffman , Paris,


Bertrand-Lacoste, 1995

MAINGUENEAU Dominique, Le contexte de l’œuvre , Paris, Dunod,


1993

Chapitre 4. Les méthodes et leur


application pratique

Que ce soit les méthodes de recherche, les approches


méthodologiques ou les méthodes critiques d’analyse, il
s’agit toujours et sans conteste de méthodes. Il faut donc le
redire avec insistance  : on ne peut plus et on ne doit plus
faire aujourd’hui une thèse, un mémoire, un article
scientifique, sans méthode, au hasard, d’instinct,
approximativement. Il faut toujours et absolument avoir
recours à une approche, à une démarche méthodologique,
à une méthode élaborée ou à plusieurs méthodes. En effet,
celles-ci existent dans des livres appropriés ou spécialisés
et sont également enseignées dans des cours de
méthodologie et/ou d’initiation à la recherche ou encore
dans des séminaires doctoraux. D’une façon ou d’une autre,
un chercheur, un doctorant doit connaître les méthodes
pour pouvoir adopter celle ou celles qui s’adaptent le mieux
à son sujet et à la recherche entreprise. L’enseignement des
méthodes et de la méthodologie de la recherche ne devrait
pas être une option facultative, mais un cours à temps
complet et obligatoire pour les étudiants inscrits en Master
ou en Doctorat et même pour tout chercheur.
1. Les méthodes : des
outils de travail, des
moyens opérationnels
efficaces
Il faut souligner, à grand traits, que le manque de
méthode dans un travail de recherche scientifique ou
universitaire entraîne une débauche inutile d’énergie et
une perte de temps. Le chercheur est poussé à l’errance
intellectuelle et à des extrapolations heuristiques
hasardeuses. Il est conduit à marcher dans le vide, comme
à l’aveuglette, à chercher partout, à tâtons et péniblement,
comme dans l’obscurité, une main secourable, à attendre
désespérément l’intervention providentielle, à point
nommé, d’un maître à penser ou une brusque intuition
lumineuse géniale pour débloquer la situation afin de sortir
de la confusion et de l’impasse et de redynamiser des
énergies gâchées en rechargeant les accus.
De fait, les méthodes d’approche et d’analyse sont des
moyens opérationnels indispensables, des outils de travail
efficaces à la disposition des chercheurs et des doctorants.
Ceux-ci doivent savoir s’en servir, intelligemment, pour
effectuer leurs recherches et obtenir de bons résultats, des
résultats fiables et dignes d’intérêt. Dieu merci, des
méthodes existent ; il faut les connaître afin de les utiliser à
bon escient  ! C’est ce que veut dire Mathieu Guidère
lorsqu’il écrit, en forme de conseil et d’invite pour le jeune
chercheur :
«  Chaque discipline, chaque domaine de recherche,
possèdent des théories instituées et des méthodes
éprouvées. Il incombe à l’étudiant-chercheur de les
connaître et d’en apprécier le fondement et les postulats
avant d’engager sa propre recherche (…) Il faut s’enquérir
et s’imprégner des méthodes existantes. » 40
Selon les sujets, les objectifs de l’étude, la problématique
formulée, les méthodes d’approche peuvent varier et elles
varient effectivement d’un domaine à l’autre, d’une
discipline à l’autre. En fonction de l’aspect précis du
domaine ou de la matière qu’on a choisi d’étudier, on peut
recourir à certaines méthodes d’analyse plutôt qu’à
d’autres. Au chercheur d’être perspicace et donc de choisir
intelligemment l’outil qui convient le mieux à son cas
d’espèce, c’est-à-dire l’outil adéquat, le plus approprié, le
plus adapté et le plus performant pour réaliser son étude.
On peut dire, avec quelque excès, que toutes les
méthodes, à la limite, se valent, mais elles valent surtout
par ce qu’on en fait. En fonction du type de travail qu’il a à
faire, un paysan par exemple peut utiliser une machette,
une houe, une hache, une tronçonneuse ou un tracteur  ou
même un bulldozer  ; de même, dans le domaine de la
recherche universitaire et notamment dans la rédaction
d’un mémoire ou d’une thèse, le jeune chercheur doit être
suffisamment imprégné des méthodes existantes et avoir
assez d’éclairage et de discernement pour choisir parmi
toutes, celles qui sont à sa portée, celles qui siéent le plus à
son travail.
D’ailleurs, le choix judicieux d’une méthode idoine est, à
coup sûr, un signe d’intelligence et de perspicacité, une
marque de pertinence et de compétence  ; cela fait partie
intégrante d’une stratégie de recherche, stratégie qui doit
nécessairement cadrer avec la problématique construite et
les hypothèses faites.
Quelle(s) méthode(s) ou quelle approche
méthodologique utiliser ?
Pourquoi celle-ci plutôt que celle-là  ? Pourquoi les
deux ?
Dans quelle mesure, telle méthode ou telle approche
peut-elle contribuer à expliciter, à analyser le sujet et à
régler le problème pour lequel cette recherche est menée ?
Le masterant ou le doctorant de Lettres et en particulier de
littérature, par exemple, doit recourir aux méthodes
critiques pour l’analyse littéraire (la narratologie, la
sémiotique, la critique thématique, la critique génétique, la
sociocritique, la mythocritique, la critique psychanalytique,
la psychocritique, la pragmatique,  etc.). Mais, il doit être
au fait de ces méthodes. Il doit montrer par ses réflexions,
par ses analyses, ses observations, ses remarques et même
par ses réserves et critiques, qu’il connaît bien la ou les
méthodes dont il parle  ; il doit les exposer, de façon
intelligente et convaincante, en rappelant leur contexte
d’émergence sur la scène de la critique littéraire, leur
évolution depuis le début, les divergences entre les
théoriciens, les critiques et les méthodologues eux-mêmes,
les nouvelles tendances actuelles, mais aussi leurs
éventuelles limites ou insuffisances. Il s’évertuera à faire
ressortir la pertinence et l’intérêt de ces méthodes pour
son sujet ou pour telle ou telle partie de l’étude.
Si un étudiant, un chercheur ne maîtrise pas bien une
méthode et ses possibilités d’application, il risque, non
seulement de montrer son incurie et son incuriosité, mais
d’étaler ses carences, ses insuffisances, en un mot, son
ignorance, tout en se rendant ridicule lui-même, avec,
malencontreusement, des résultats erronés et des
interprétations tendancieuses, fantaisistes ou carrément
fausses. S’il s’inspire seulement d’une méthode, il doit
expliquer l’adaptation qu’il en fait, l’option qu’il prend et la
manière personnelle de l’appliquer à son travail.
2. Une méthode ou
plusieurs méthodes ?
Pour un travail de recherche de la taille d’un mémoire de
Master ou de la dimension d’une thèse de Doctorat,
normalement, une seule méthode, bien expliquée et bien
exploitée, peut suffire, mais il y a des cas, surtout en thèse,
où il est préférable de recourir à plusieurs méthodes par
nécessité. On peut donc associer, de façon intelligente,
lucide et bénéfique, deux, trois ou quatre méthodes qui se
complètent et se contrôlent réciproquement, compensant
les limites, les insuffisances de l’une par les forces de
l’autre, et cela selon les parties, selon les aspects
spécifiques du sujet traité et l’orientation donnée à la
recherche.
On ne doit pas avoir peur d’employer plusieurs
méthodes, si nécessaire. Choisir une seule méthode et s’en
tenir exclusivement à elle seule, là où plusieurs s’imposent
à l’évidence, c’est manquer de maturité, de discernement,
de perspicacité et même de bon sens simplement en se
montrant bêtement limité comme si les méthodes étaient
des alternatives qui s’excluent mutuellement, de toute
façon.
Du reste, dans le champ de la critique littéraire, il y a
une interdisciplinarité enrichissante, et l’éclectisme des
méthodes et leur judicieuse combinaison sont bien vus,
étant considérés plutôt comme un atout bénéfique et d’un
grand intérêt. La multi-méthode permet de traiter
convenablement la question soulevée sous tous ses aspects
et dans tous les contours de sa signification. En effet, c’est
en termes d’analyse concrète de sa signifiance et des
résultats obtenus que se perçoivent la performance et
l’efficacité des méthodes d’investigation textuelle. Par
ailleurs, l’association de plusieurs méthodes qui se
complètent à l’analyse, peut au contraire s’avérer
judicieuse et très bénéfique dans certains cas, avec de
sujets de type notionnel ou conceptuel notamment. Par
exemple  : Étude des dispositifs paratextuels dans les
romans de science-fiction de Stefan Wul  ; par exemple
encore Jeux et enjeux de la déconstruction dans l’écriture
romanesque de Marguerite Duras
Ici une démarche méthodologique plurielle, une multi-
méthode est d’autant plus justifiée que le "paratexte" et la
"science-fiction" d’une part, et la " Déconstruction" d’autre
part sont des notions et concepts relativement récents qui
n’ont encore d’assises théoriques, complètement établies et
dont l’approche, de ce fait, n’est pas aisée. Comme toute
chose nouvelle, il convient de circonscrire et d’analyser le
sujet et toutes les notions sur lesquelles il repose, avec
plusieurs approches afin de mieux l’appréhender et le
traiter de façon satisfaisante et fructueuse.
La combinaison des méthodes a beaucoup d’avantages, à
bien des égards, surtout si on sait les harmoniser et s’en
servir là et comme il faut. On doit faire attention pour ne
pas tomber dans un éclectisme de mauvais aloi,
superposant au hasard et inutilement des méthodes, l’une
après l’autre, sans raison et sans logique. Dans ce cas, il
vaut mieux une seule méthode, même insuffisante qu’une
multitude de méthodes disparates, mal assimilées et mal
employés.
On l’aura compris  : les méthodes sont les moyens
d’investigation, des outils de travail, des stratégies
d’opérationnalité et d’efficacité  ; en somme, des méthodes
à adopter, à suivre pour atteindre les buts et les objectifs
fixés et pour parvenir enfin à la réalisation et à la rédaction
du mémoire ou de la thèse en chantier depuis des mois ou
des années.
Chapitre 5. La structure IMRAD et
les méthodes de la rédaction
scientifique en Lettres, Littératures
et Sciences humaines et sociales

Devant la variété et la diversité des pratiques de


rédaction et de présentation des thèses et autres travaux
de recherche, le souci préoccupant d’une structure
commune, d’une structure simple, homologuée, s’est fait de
plus en plus sentir comme un besoin dans les milieux de la
recherche scientifique et dans les universités. À ce désir
constant d’harmonisation, de simplification et
d’uniformisation de la rédaction scientifique et de la
présentation formelle de tout travail de recherche s’est
ajoutée et imposée, comme une nécessité impérieuse, la
préoccupation de rigueur scientifique et d’une démarche
heuristique performante.
1. Le modèle IMRAD et son
évolution
La structure IMRAD, avec quelques décennies, a connu
une évolution assez notable pour mieux s’adapter aux
travaux de recherche depuis les rapports de recherche, les
articles scientifiques jusqu’aux mémoires de Master et aux
thèses de Doctorat. Les adaptations du schéma initial et
original ont abouti à des restructurations plus ou moins
appropriées aux différents types de travaux universitaires
et scientifiques. Rappelons d’abord les fondements et les
composantes de la structure IMRAD.

1.1. Un plan standard préétabli : 4 questions, 4


sections ou chapitres

Il est important de rappeler ici que c’est la volonté


d’harmoniser les pratiques rédactionnelles et le souci de la
qualité des travaux, avec une rigueur scientifique établie,
qui ont amené les chercheurs à mettre en place, un plan
standard, une structure de présentation type,
communément appelée IMRAD. Cet acronyme est obtenu
par la siglaison des mots anglais qui sont les intitulés des
quatre (4) sections ou chapitres d’un article scientifique  :
Introduction, Materials and Methods, Results And
Discussion, ce qui donne normalement IMMRAD, avec
l’inclusion du second « And ». Mais, avec la suppression de
Materials, l’abréviation est réduite à IMRAD et l’acronyme
correspond ainsi exactement aux quatre (4) mots dont il est
formé.
Comme modèle, la structure IMRAD, conçue par les
scientifiques dans le système américain et, au départ, pour
la publication des articles originaux dans les revues
scientifiques (journal en anglais), a été bien perçue non pas
comme « un format de publication arbitraire, mais un reflet
du processus de découverte scientifique ».
Elle a été adoptée pour les travaux de recherche et dans
la plupart des universités aux États-Unis et au Canada
voisin et dans les pays anglo-saxons. Mais, curieusement,
elle ne semble pas avoir reçu la faveur du système français,
et la plupart des Facultés ou UFR de Lettres, Littératures
et Sciences humaines en France et dans les pays africains
francophones ne l’ont pas adoptée. Elles en sont restées au
plan spécifique, construit par le chercheur lui-même, mais
suscité par le sujet ou la spécialité. Il n’empêche que, avec
l’internationalisation du système américain, la structure
IMRAD a fait et continue de faire son chemin  : elle s’est
instaurée progressivement et s’impose ici et là dans le
monde. Elle est même obligatoire aujourd’hui dans des
revues et périodiques scientifiques internationaux de
renom, très exigeants et très à cheval sur les normes, les
normes internationales établies.
Pour l’intérêt et la commodité de la structure IMRAD,
modèle standard international réputé, elle mérite qu’on y
prête attention, qu’on s’y arrête pour la présenter afin de
mieux la faire connaître et s’en servir judicieusement.
Cette structure, simple mais pratique, a l’avantage,
assure-t-on, de présenter à la fois la démarche scientifique
adoptée, les différentes étapes franchies dans la conduite
de l’étude entreprise et aussi les éléments fondamentaux
ou les rubriques constitutives du contenu de la recherche,
avec des résultats obtenus. Les thèses et autres travaux de
recherche scientifique ou universitaire ont désormais une
structure de présentation type, la même pour tous. Celle-ci
se compose de quatre (4) sections ou chapitres et est
articulée et organisée pour répondre intelligemment et
pertinemment à quatre (4) questions capitales précises,
correspondant à chacun des quatre (4) grands points :

1. Pourquoi cette recherche a-t-elle été faite ? ( Introduction )


2. Comment a-t-elle été menée ? ( Matériel et méthodes )

3. Qu’a-t-on observé, trouvé, obtenu ? ( Résultats )

4. Que pense le chercheur des résultats obtenus  ? Que valent-ils, que


signifient-ils, quelle(s) interprétation(s) donner ? ( Discussion)

 
On l’a vu, ces questions fondamentales forment et
constituent, avec le « And » inclus, le sigle IMMRAD, réduit
à IMRAD. Évidemment, l’IMRAD se termine naturellement
par une conclusion, même si cette dernière n’apparaît pas,
de façon formelle et explicite, dans l’acronyme.
Ainsi, l’idéal est que tous les travaux de recherche
adoptent et suivent le même cheminement pédagogique  :
des questions, des hypothèses, une enquête, une analyse,
des résultats, une discussion et des conclusions. Par
commodité et surtout par souci de rigueur scientifique et
d’harmonisation des pratiques rédactionnelles, la tendance
actuelle est de généraliser la structure IMRAD et de
l’étendre à tous les travaux de recherche quels qu’ils
soient.
Sur la base de ce plan préétabli, de ce schéma standard,
on estime qu’un travail de recherche peut valablement se
faire avec toutes les garanties de réussite. Il suffit, on va
dire, que le doctorant ou le chercheur s’en donne la peine,
qu’il ait des aptitudes pour la recherche, des capacités
intellectuelles et une compétence réelle dans son domaine
d’investigation. Pour y arriver, il doit s’employer à écrire,
comme il se doit, les quatre (4) composantes constitutives
de l’IMRAD : 1 – une introduction ; 2 – une description du
matériel et des méthodes  ; 3 – une présentation des
résultats obtenus après analyse  ; 4 – une interprétation et
une discussion des résultats.

1.2. Un schéma IMRAD en trois (3) étapes


Prévue au départ pour des articles portant sur des
recherches originales, mais aussi pour les rapports de
recherche de tout genre, la structure IMRAD, il faut le
savoir, se compose, tout compte fait, de trois (3) grandes
étapes :
1.2-1 Une partie introductive qui présente le sujet, le
situe dans un contexte ou dans un cadre de référence,
élabore la problématique, formule la question de
recherche, l’objectif principal, une hypothèse à vérifier.
1.2-2 Une partie centrale qui présente le travail de
recherche effectivement fait. Elle se subdivise en réalité en
trois (3) chapitres  : le matériel et les méthodes, les
résultats, la discussion.

1. 1-Le chapitre relatif aux «  Matériel et Méthodes  »


consiste à décrire les outils et les instruments
utilisés, mais aussi et surtout les sujets ou les objets
étudiés  : sujets d’enquêtes (ou «  enquêtés  »), objets
d’observation scientifique (matériel humain, animal,
végétal, matériel culturel ou littéraire, corpus
d’œuvres, de textes ou de documents de toute
nature, etc.) Ce chapitre décrit aussi, dans un second
temps, les méthodes et les techniques employées  ;
par exemple, les moyens de mesure ou d’observation,
les techniques de collecte des données et
informations, les techniques d’évaluation statistique,
les stratégies de vérification, etc. 

2. 2-Le chapitre des «  Résultats  » expose les résultats


obtenus après analyse des observations, des données
et des expérimentations. 

3. 3-Le chapitre relatif à la «  Discussion  » consiste à


expliquer, à apprécier, à critiquer, à discuter les
principaux résultats par apport au problème de
recherche, aux questions posées, aux hypothèses
formulées et notamment par rapport aux résultats
des autres études scientifiques connues. Cette partie
centrale, la deuxième étape, longue, plus développée,
avec ses trois (3) chapitres, constitue l’essentiel de
l’étude et correspond ailleurs, en Lettres,
Littératures et Sciences humaines en général, à ce
qu’on a l’habitude d’appeler «  le développement du
sujet  » et contient effectivement «  le corps de
l’étude. » 

 
1.2.3. La partie finale ou la conclusion, dans un
premier temps, récapitule l’essentiel de ce qui a été fait par
rapport à la problématique formulée, avec la question
principale et les questions annexes, les objectifs visés, les
hypothèses émises  ; elle rappelle aussi les résultats
obtenus et fait le point de la discussion. Dans sa deuxième
composante, qui est d’ordre prospectif, elle fait des
observations, des remarques et des mises au point sur
certains aspects, indique des pistes de réflexion, des sujets
de recherches en perspective, et, si possible, des projets
d’études et de publications sur la question traitée et
d’autres sujets connexes dans le même espace cognitif.

1.3. Le modèle IMRAD et sa restructuration pour


les thèses et mémoires

Le schéma IMRAD, pour s’appliquer aux travaux de


recherche de grande envergure comme les mémoires et les
thèses, a dû s’adapter et connaître quelques rajustements,
et particulièrement pour ce qui est de la thèse de Doctorat.
Avec le système américain qui s’impose dans le monde,
la thèse de Doctorat est, de nos jours, perçue et considérée
comme une sorte de gros rapport de recherche dans un
domaine donné, sur un sujet précis, ou encore une
communication de résultats de recherche effectuée en
répondant aux quatre (4) questions déterminantes qui
constituent les quatre (4) sections ou chapitres de la
structure IMRAD. Pour répondre et correspondre à
l’orientation actuelle et aux normes et pratiques de la
thèse, des propositions ont été faites, visant à
l’amélioration du schéma standard initial.
Parmi les auteurs, il y a ceux qui contribuent
indirectement, mais de près, à faire évoluer l’IMRAD avec
son contenu. Dans leurs ouvrages respectifs, bien qu’ils se
gardent de parler d’elle, de la désigner nommément, on
perçoit tout de même la démarche et l’esprit de l’IMRAD
avec tout le vocabulaire caractéristique et les éléments
syntaxiques qui l’accompagnent ou l’entourent. C’est le
cas, par exemple, lorsque Gordon Mace et François Pétry41
présentent les trois (3) parties que compte habituellement
un rapport de recherche bien fait :
«  Une partie introductive où l’auteur reprend la
formulation du problème, l’énoncé de la question de départ
et l’hypothèse, ainsi que la présentation du cadre
opératoire et de la démarche.
la partie centrale du rapport consiste en la
présentation et la discussion des résultats de l’analyse.
la conclusion fait le point sur la vérification de
l’hypothèse, critique la méthode utilisée et enfin dessine de
nouvelles pistes de recherche »
 
Pour sa part, Marie-Fabienne Fortin est, sans nul doute,
une des personnes qui, bon gré mal gré, ont fait la
promotion de la structure IMRAD sans jamais mentionner
explicitement cet acronyme. L’allusion est évidente
lorsqu’elle explique que, quelle que soit la modalité de la
communication des résultats, le contenu d’un rapport de
recherche comprend généralement « quatre composantes  :
1) une introduction, 2) une description des méthodes, 3)
une présentation des résultats, et 4) une discussion  »42. De
plus, elle présente dans son ouvrage, une structure des
mémoires et des thèses, qui reflète bien l’IMRAD
puisqu’elle reprend ses composantes, présentées ici en
cinq (5) chapitres entiers autonomes et avec des détails.

1.3.1. La structure IMRAD en 5 chapitres

Pour le besoin de la cause et pour illustration, la


structure des mémoires et thèses, proposée à la page 340
du livre, est reproduite ici, telle quelle.
 
STRUCTURE DES MÉMOIRES ET THÈSES.
Pages préliminaires
Page titre
Résumé
Liste des tableaux
Liste des figures
Chapitre I – LE PROBLÈME DE RECHERCHE
        Formulation
                Énoncé du but et des questions de recherche
Chapitre II – LA RECENSION DES ÉCRITS PERTINENTS
        Recension des écrits empiriques
        Recension des écrits théoriques
        Élaboration du cadre de référence
        Formulation des hypothèses
Chapitres III – LES MÉTHODES
        Description du devis de recherche
        Description de la population et de l’échantillon
        Description du milieu
        Définition des variables
        Description des instruments de mesure
        Description du déroulement de la collecte des données
        Présentation des considérations éthiques
        Description du plan d’analyse
Chapitre IV – LA PRÉSENTATION DES RÉSULTATS
        Présentation des résultats d’analyses descriptives
        Présentation des résultats d’analyses inférentielles
Chapitre V – LA DISCUSSION
        Interprétation des principaux résultats
        Description des limites
        Présentation des implications
        Énoncé de recommandations pour d’autres recherches
Références bibliographiques
                Appendices
 
Transposée de l’article scientifique ou du simple rapport
de recherche à l’échelle d’un mémoire de Master ou d’une
thèse de Doctorat encore plus volumineuse, la structure
IMRAD est donc devenue, de fait, complexe. Au lieu de cinq
(5) chapitres successifs, la thèse ou éventuellement le
mémoire peut être structurée, comme à l’accoutumée, en
deux (2) ou trois (3) grandes parties classiques avec des
chapitres, des sous-chapitres, des sections, les uns et les
autres avec les éléments propres qui les composent selon
les disciplines.

1.3.2. Le modèle IMRAD et son adaptation en 2


ou 3 parties avec des chapitres

Au lieu des chapitres, on peut encore diviser le corps de


l’étude en trois parties, indépendamment de l’introduction
et de la conclusion. Par exemple :

Première partie  :
Les fondements théoriques et conceptuels de l’étude

Chapitre 1  : Élaboration de la problématique de recherche


Chapitre 2  : Revue de la littérature ou recension critique des écrits pertinents
Chapitre 3  : Élaboration du cadre théorique et conceptuel de référence

Deuxième partie  :
Considérations d’ordre technique et méthodologique

Chapitre 1  : Le matériel : sujets d’enquêtes (ou « enquêtés »), objets observés


ou étudiés (matériel, végétal, animal, humain, etc.) description du milieu, de la
population enquêtée et de l’échantillon ; description et justification du support
ou du corpus d’étude (documents, textes, œuvres littéraires, etc.)
Chapitre 2  : Les méthodes : démarche méthodologique, description des outils
et de techniques de recueil de l’information, du déroulement de la collecte des
données, présentation du déroulement chronologique des activités de
recherche menées, etc.
Troisième partie  :
Résultats et Discussion

Chapitre 1   : Présentation des résultats obtenus  : analyse des


données quantitatives (statistiques), analyse qualitative des données
Chapitre 2  : Discussion des résultats  : explication, interprétation, évaluation
des résultats par apport à la question de recherche, aux hypothèses émises.
Confrontation avec les résultats des études et travaux antérieurs. Indications
des limites et des implications. Suggestions de pistes de réflexions et de
recherches pour des études et publications ultérieures.
 
Quoi qu’il en soit, sous sa forme originelle de plan
schématique ou sa forme de plan détaillé, la structure
IMRAD est stimulante et apparaît comme un moyen
novateur et sûr, un instrument de travail opérationnel et un
recours très bénéfique pour travaux de recherche
scientifique de tout genre.
La structure IMRAD a été, semble-t-il, bien accueillie et
adoptée dans les disciplines scientifiques (sciences de la
nature, sciences pures, sciences expérimentales et autres) ;
autrement dit, dans les domaines où on peut observer,
reproduire, expérimenter en laboratoire les conditions de la
réalité observable, mesurable, quantifiable. Ainsi, dans les
Facultés ou UFR des sciences en général et aussi des
sciences médicales et des sciences infirmières (comme on
dit au Canada), dans les Instituts et Centres de recherche
de tout genre, les chercheurs exploitent, depuis longtemps
déjà et à qui mieux-mieux, ce modèle de plan standard. Ils
le font d’autant plus que les données recueillies sont de
nature quantitative (données numériques en particulier) et
se prêtent bien à l’analyse quantitative, ce qui permet
d’adopter une stratégie de recherche et une stratégie de
vérification opérationnelles et performantes.
Ici se révèlent déterminants les moyens et les
instruments efficaces de collecte des informations et des
données (comme l’observation directe, l’observation
documentaire, l’entrevue, l’enquête, l’échantillonnage, le
sondage,  etc.) ainsi que les méthodes et outils d’analyse
statistique, d’analyse de contenu et d’étude de cas, etc.
2. La structure IMRAD et
la structure IDC : deux
schémas rédactionnels
Malgré tout son intérêt, force est de constater que,
curieusement, la structure IMRAD est peu (ou pas) utilisée
dans nombre de disciplines des Facultés ou UFR de Lettres,
Langues, Littératures, Arts et Sciences humaines et sociale
en France et dans les pays francophones. Les enseignants
et les chercheurs de ces domaines préférèrent la structure
IDC de la dissertation classique avec une Introduction, un
Développement, une Conclusion. Apparemment, l’IMRAD
n’a pas été adoptée par eux et n’a pas connu de succès
dans les disciplines comme la littérature, la grammaire, la
philosophie, la théologie, la sociologie, l’histoire, l’anglais,
pour ne citer que quelques exemples. Pure ignorance ou
simple méconnaissance  ? Incapacité ou peur des
nouveautés et du changement  ? Désintérêt ou rejet
systématique ? Peut-être. Peut-être non !

2.1. Le modèle IMRAD et le modèle IDC : deux


approches méthodologiques adaptées au type de
thèse

Les enseignants et les chercheurs des domaines


littéraires et autres ont apparemment du mal, en tout cas, à
s’adapter à l’IMRAD et à l’adopter pour les mémoires, les
thèses et les articles scientifiques. Ils lui préfèrent la
structure IDC. Il est raisonnable de penser et de dire (sans
risque de se tromper gravement) que le manque
d’enthousiasme pour l’adoption et l’emploi de l’IMRAD est,
entre autres, lié à la conception même de la thèse de
Doctorat. En effet, si en Sciences, il s’agit, en thèse, de présenter,
d’interpréter et de discuter les résultats déjà obtenus après
observation, expérimentation, analyse, après enquête, sondage, après
analyse des données statistiques et autres ; si la thèse est réduite, pour
ainsi dire, à un gros rapport de recherche, à une communication des
résultats, à une communication écrite idéaltypique,
elle n’a pas
perdu, dans le domaine des langues, de la littérature, de la
philosophie, de la théologie, de la sociologie et autres, son
sens originel de thèse.
La thèse en Lettres, en littératures et en Sciences humaines et
sociales, il ne faut pas oublier, est un important travail de recherche
approfondie où le candidat s’emploie, avec brio, de toute son
intelligence et sa compétence, à traiter un sujet, une question, à
développer des idées, à défendre des positions en s’appuyant sur des
ouvrages lus, des notes prises, des informations et des données
recueillies, des analyses pertinentes, des arguments solides et
convaincants, des considérations judicieuses, des exemples lumineux,
des citations appropriées d’auteurs, de théoriciens et de critiques, et
tout cela dans une langue soutenue et dans un style correct et agréable
à lire. Ici la thèse est avant tout une démonstration par
argumentations. Des argumentations fondées (il faut le répéter et le
souligner) sur une analyse minutieuse et rigoureuse, une étude
systématique et approfondie des textes d’auteurs, des documents ou des
œuvres du corpus d’étude retenu, des argumentations soutenues par
des développements documentés et consistants, soutenues par des
méthodes et théories littéraires, philosophiques et autres, selon les
spécialités, argumentations consolidées par des méthodes critiques
d’analyse, par des exemples concrets judicieux et des citations idoines,
bien placées. Le développement du sujet dans tout le corps de l’étude, à
travers les parties et les chapitres, s’emploie à faire des démonstrations
pour obtenir des réponses, des conclusions et des résultats conséquents
et convaincants.
À la limite, on peut dire, sans exagérer outre mesure,
que la thèse de Doctorat dans le domaine des Sciences
humaines, de la création littéraire, des Arts, des œuvres de
l’esprit et de création en général, n’est rien de moins
qu’une grosse dissertation bien faite. En tout cas, elle en a
tout l’air, tant par sa forme, son organisation, son volume,
que par son contenu, la valeur et la qualité du
développement qui est fait. De plus, elle se construit et se
rédige suivant la sacro-sainte structure de la dissertation
classique (inspirée de la rhétorique depuis le Vème siècle
avant Jésus-Christ) de la disputatio de la scolastique au
Moyen Âge et de la dissertatio latine qui a donné plus tard
la dissertation littéraire ou philosophique telle qu’elle est
encore aujourd’hui. Initialement, il s’agissait de la mise en
discussion d’une question ; on faisait l’inventaire des points
de vue en soulignant les différences, les divergences, les
contradictions et les conclusions possibles. Ainsi s’est
établi le genre dialectique, une des formes les plus
courantes de la dissertation.
Dans une dissertation académique, on a donc les trois (3)
étapes traditionnelles : une introduction, un développement
et une conclusion, qui constituent la structure IDC. C’est
dans la partie «  développement  » que se traite
véritablement le sujet ; elle constitue « le corps de l’étude »
à proprement parler. Celui-ci se divise, selon le cas, en
deux (2), trois (3), quatre (4) parties, chacune avec
plusieurs chapitres et des sections avec des subdivisions, le
tout articulé pour répondre concrètement et efficacement
aux préoccupations essentielles de la recherche, aux
questions posées, en couvrant, autant que possible, tous les
aspects du sujet abordé.
Dans les disciplines littéraires et dans les Sciences
humaines et sociales en général, les résultats ne sont pas
acquis au départ, avant même le développement du sujet
dans le corps de l’étude. Les nombreux ouvrages et
documents dépouillés et lus, les notes prises, les
publications, les œuvres du corpus et autres ouvrages et
textes analysés, les informations collectées, les données
recueillies ne sont pas des résultats, des résultats à
interpréter, l’étude elle-même n’étant pas encore terminée.
Ils constituent la matière ou le matériel au sens de
l’IMRAD, c’est-à-dire des matériaux, des moyens, des
éléments très importants qui vont servir dans l’organisation
d’un bon plan, mais aussi pour la construction d’un
discours structuré, articulé autour des parties et des
chapitres bien agencés pour traiter, de manière appropriée,
le sujet et les questions soulevées, à coups d’explications,
d’analyses, d’argumentations, de démonstrations et
d’illustrations. C’est ce travail de développement qui donne
des résultats, qui aboutit à des conclusions dont il faut
savoir tirer parti. Cette dissertation, avec le long
développement du sujet sur 200, 400, 600 et même plus de
1000 pages, est, somme toute et fondamentalement, une
démonstration par argumentations.
De ce point de vue, dans le traitement des sujets, on
perçoit mieux la différence qu’il y a d’une part entre une
thèse des sciences pures, des sciences expérimentales, des
sciences médicales et autres, et d’autre part une thèse sur
des œuvres littéraires ou artistiques, sur des œuvres
philosophiques ou théologiques,  etc. On admet, sans
conteste, par exemple, qu’une thèse de métaphysique,
d’herméneutique philosophique ou d’éthique ne peut
emprunter le schéma d’une thèse de physique, de chimie,
de mathématique, et inversement. Autant, a priori, la thèse
de biochimie, de botanique, de géologie, de médecine par
exemple, adoptera volontiers la structure appropriée de
l’IMRAD, autant la thèse de littérature, de philosophie, la
thèse sur les choses de l’esprit, sur les œuvres de création
ou d’imagination préférera naturellement et en principe le
modèle IDC, plus adapté au raisonnement argumentatif, au
discours démonstratif et à la progression des idées et de la
pensée.
Dans le domaine littéraire, philosophique, historique et
autres, avec les informations obtenues et les données
collectées, on n’en est pas encore au stade des résultats. À
cette étape de la recherche ou de l’étude, Bernadette Plot
note, à juste raison, que «  l’objet d’étude a pris une
configuration originale propre à être examinée avec
efficacité »43, et désormais «  l’auteur de la thèse a en main
des données lisibles », des données à analyser, des données
bonnes à exploiter dans le développement du sujet et
enrichir l’étude afin de produire des résultats conséquents.
Toute la thèse dans le domaine littéraire et autres repose
fondamentalement, pour ne pas dire entièrement, sur la
partie centrale dite "le corps de l’étude". C’est dans le
traitement et le développement du sujet avec ses
composantes, partie après partie, chapitre après chapitre,
c’est au fur et à mesure que l’exposé analytique et
explicatif progresse, que le discours argumentatif et
démonstratif s’affirme et se confirme qu’on aboutit à des
résultats. Ceux-ci s’obtiennent par le développement
intelligent, fécond, cohérent et rigoureux du sujet, des
idées, des pistes de réflexions et d’analyses des données
accumulées.
Ainsi, les résultats de tout le travail effectué depuis le
début, ajoutés aux conclusions pertinentes dégagées çà et
là dans les différentes parties apparaissent plus clairement
dans un texte élaboré, fouillé, documenté, solide,
soucieusement réfléchi et soigneusement argumenté.
Contrairement à ce qui se fait dans les disciplines
scientifiques où l’étude s’écrit, comme un rapport de
recherche ou une communication des résultats, avec les
temps des verbes au passé, en littérature, en philosophie
et autres, les analyses des œuvres, les explications et les
commentaires, les exposés discursifs et les développements
argumentatifs,  etc. sont tous rédigés au présent de
l’indicatif principalement.
La différence est significative et la raison est simple  :
d’un côté, on dispose déjà de résultats obtenus et connus à
l’avance, au départ, de l’autre, on s’emploie à les dégager,
à les obtenir au fur et à mesure de l’avancement du
développement du sujet, de la rédaction même de la thèse.

2.2. Une différence d’approche de la question des


résultats de recherche et de la conclusion

On observe par ailleurs que, par rapport à la discussion


des résultats, il y a une différence notable sur l’étape où
elle se situe et l’importance qui lui est accordée. Dans les
disciplines littéraires, philosophiques et dans les sciences
humaines en général, on n’a pas l’habitude de parler
d’analyse et de discussion des résultats dans une partie ou
un chapitre entier, à part, consacré spécialement et
expressément à cette fin. Dans ces domaines, l’exposé
narratif, le discours explicatif et argumentatif, les analyses
des œuvres et les commentaires critiques dans les
différentes parties (pour traiter le sujet dans toutes ses
composantes) ne laissent pas de place ni de temps pour des
débats ou la discussion dans un espace particulier, réservé,
dans un chapitre, à part. C’est plutôt dans la conclusion
générale, à la fin de l’étude et précisément dans la seconde
partie ou étape, qu’on fait si nécessaire des réserves, des
rectifications, qu’on nuance les affirmations excessives. Là
en particulier sont exposés brièvement les débats sur les
résultats et/ou sur certains aspects ou points de vue, sur
certaines positions osées des critiques et auteurs cités,
spécialistes en la matière  ; là se font les comparaisons et
les confrontations d’idées et d’opinions. Cette deuxième
partie de la conclusion est aussi le lieu opportun, plus
qu’ailleurs, pour donner son avis, pour indiquer sa position
personnelle sur la question débattue ou sur tel ou tel
aspect tendancieux, discutable et contestable de la
recherche effectuée. C’est là enfin qu’on esquisse, en
quelques mots, de nouvelles pistes de recherches, des
projets d’études ou d’articles et publications à faire dès que
possible.
La conclusion n’est pas le lieu d’un développement
comme un chapitre autonome. Par conséquent, tout doit
être fait, de façon synthétique. Ce qui, ailleurs (dans les
disciplines scientifiques) se fait dans un chapitre complet
autonome, est exposé rapidement (dans les disciplines
littéraires et autres) dans la dernière partie de la
conclusion comme ne faisant pas partie intégrante du corps
de l’étude. Cette originalité conserve à la conclusion tout
son sens et toute sa valeur !

2.3. Nuance entre une méthode et une démarche


ou approche méthodologique

Entre les thèses de Sciences et annexes et les thèses de


Lettres et autres, on peut aussi noter une autre différence
sur le plan des méthodes. D’un côté, le chapitre «  les
méthodes  », dans le système IMRAD, consiste à expliquer
comment la recherche a été menée. Le chercheur décrit en
détail la démarche suivie, le déroulement chronologique
des activités faites, des méthodes et techniques de collecte
des informations et des données ; il décrit aussi le milieu, la
population, l’échantillon, les moyens de mesure ou
d’observation,  etc. De l’autre côté, comme il ne s’agit pas
de recherche de type expérimental ou empirique dans le
monde observable, avec «  un travail de terrain  », le
chercheur ou le doctorant n’a pas à décrire les démarches
effectuées et les instruments et outils de recherche. Sa
préoccupation et son approche sont autres, celles qui
consistent à démontrer sa connaissance et sa maîtrise des
méthodes et théories de son champ disciplinaire. Pour un
littéraire, par exemple, son problème sera de faire la
preuve de son aptitude et de sa compétence dans
l’application concrète des théories littéraires et des
méthodes critiques d’analyse des textes pour justifier le
choix de celles convoquées par son sujet pour l’étude
entreprise.
Dans le domaine littéraire, par exemple, il existe, fort
heureusement, on l’a vu dans le chapitre 3, des méthodes
critiques pour l’analyse des textes et des œuvres, des
méthodes au point, très performantes, qui permettent de
faire, de façon scientifique et efficace, des thèses et des
mémoires de qualité.
Après quelques points de comparaison entre les thèses
des disciplines scientifiques et les thèses des disciplines
littéraires et autres, il faut voir aussi le problème du plan
ou de l’articulation du corps même de l’étude.
3. La structure IMRAD et
l’articulation ou le plan
structurel spécifique du
corps de l’étude ( t h è s e , m é m o i r e ,
article scientifique )
Il ne faut pas avoir peur de le dire dès le départ  : il
n’existe pas, à vrai dire et a priori, de plan type, standard,
un plan parfait, passe-partout, applicable par tous les
chercheurs et utilisable pour tous les sujets, quels qu’ils
soient et dans toutes les disciplines et spécialités ! D’où la
nécessité et l’intérêt de construire un bon plan structurel,
bien fait et approprié au sujet spécifique ou au thème
particulier à traiter.

3.1. Le plan schématique, un ensemble organique


construit

Le plan d’une thèse, d’un mémoire est une structure


schématique de l’ensemble des éléments essentiels qui
vont être développés dans l’étude. Un plan se construit
pour la circonstance et pour le besoin de la cause. Il est un
moyen concret de charpenter le texte de l’étude, il est aussi
une stratégie et une opération d’efficacité pour le
développement du sujet.
Le plan en effet est une ossature, un ensemble organique
construit, contenant sommairement les titres des parties,
les intitulés des chapitres, des sous-chapitres, des sections
et des subdivisions du corps de l’étude. La réussite d’un
travail de recherche de la taille d’une thèse ou d’un
mémoire dépend, pour une bonne part, du plan qui
constitue une architecture solide sur laquelle reposeront le
raisonnement, l’argumentation, l’analyse des données, le
développement des idées et tout le contenu de l’exposé
narratif et discursif qui sera fait, du début jusqu’à la fin de
l’étude. Autrement dit, le plan, mine de rien, est un élément
très important du dispositif textuel : il est le soubassement
de l’édifice ou la fondation qui maintient debout
l’échafaudage de l’édifice en construction qu’est le
mémoire ou bien la thèse entreprise et que le chercheur se
doit de mener à bonne fin.
De même que pour la construction d’une maison, il faut
un plan approprié, fait par un bon architecte selon les
desiderata, les suggestions et les options du propriétaire et
en fonction des pièces demandées ainsi que des possibilités
matérielles et financières en jeu pour la réalisation
concrète, de même, pour une thèse ou un mémoire, il faut
un bon plan spécifique adapté, bien conçu, qui permet de
traiter tous les aspects du sujet et de régler intégralement
et au mieux la question, objet de cette recherche.
Le plan de la thèse ou du mémoire – c’est une évidence
en Lettres, Littératures et Sciences humaines et sociales –
est personnel et propre à chaque sujet. Il n’y a donc pas,
dans les disciplines littéraires, philosophiques et autres, de
plan unique, de plan idéal pré-établi, adapté et adaptable
pour tous les types de sujet, à la manière de l’IMRAD. C’est
le sujet avec son orientation et l’optique choisie pour le
traiter, avec la problématique élaborée ainsi que le support
d’étude déterminé, c’est tout cela qui suggère ou convoque
le plan spécifique, idoine et le plus efficace pour l’étude
envisagée.
Dans cette perspective, on doit toujours avoir à l’esprit
que le plan est un ensemble ordonné, un ensemble
construit et raisonné des différentes composantes
essentielles de l’étude, que la thèse est un discours
structuré, un texte élaboré avec soin, articulé de façon
cohérente et dynamique. Il s’agit bien de l’articulation des
axes majeures de l’étude et précisément des principaux
éléments constitutifs du corps de l’étude. Celui-ci est
généralement organisé en parties avec des chapitres, des
sections et des subdivisions ; il est structuré selon la sacro-
sainte tradition académique du triptyque ou du plan
ternaire, c’est-à-dire en trois grandes parties, composées,
chacune, de plusieurs chapitres et sous-chapitres.
Mais, il faut bien le préciser : le plan, selon les cas, peut
être binaire (une étude en deux (2) parties est possible  ;
elle suppose une bonne maîtrise du sujet et des méthodes
d’approche appropriées), ou ternaire (les trois (3) parties
classiques), ou même en quatre (4) parties et, plus
rarement encore, en cinq (5) parties. Dans tous les cas, les
parties doivent mettre en relief les principales articulations
du texte du corps de l’étude, la progression des idées et les
différentes étapes. Il faut noter par ailleurs que le sujet
peut également être traité uniquement en chapitres comme
les cinq (5) chapitres du schéma IMRAD, indiqués plus
haut.
Pour un travail de mémoire de Master et encore plus de
thèse de Doctorat en Lettres, Langues, Littératures, Arts et
Sciences humaines et sociales, il est tout à fait valorisant
de ne pas s’en tenir, de façon scolaire, à des types de plans
passe-partout, même s’ils ont fait leur preuve. À la vérité, il
n’y a pas de plan type pour tous les sujets, pour
toutes les disciplines et pour toutes les thèses ! Il n’y
a pas non plus, quelque part, un plan objectif,
opérationnel et efficace, utilisable pour n’importe
quel sujet donné. Au rebours de ce qu’on donne à croire
ou en fait accroire, ou même qu’on enseigne parfois, c’est
chaque sujet qui suggère, détermine ou même impose
son plan. Celui-ci répond et correspond aux sollicitations,
aux inflexions, aux préoccupations, aux questionnements,
aux orientations majeures ainsi qu’aux contraintes du sujet
qui le convoque. D’où la nécessité impérieuse d’un bon plan
bien fait, bien organisé, d’un plan logique et cohérent, d’un
plan progressif et ordonné, orienté avec un fil conducteur
qui traverse toutes les composantes du corps de l’étude.
Il n’est pas superflu de rappeler que le plan sert de guide
et de repère pour le déroulement normal de l’étude. Il doit
par conséquent mettre en relief, à travers l’articulation des
parties, des chapitres et des sections, les étapes du travail
et leur enchaînement.

3.2. La sacro-sainte méthode académique du


triptyque ou plan en 3 parties

Généralement, le développement d’un sujet dans une


thèse ou dans un mémoire se fait dans un plan en trois
grandes parties formant le traditionnel triptyque. Ainsi,
dans les disciplines littéraires et des Sciences humaines et
autres, après une introduction académique avec la
présentation du sujet, de la problématique, de la revue de
la littérature, du support de l’étude, des méthodes
d’analyse, habituellement, la première partie du travail
est consacrée à la construction de l’objet d’étude et à la
détermination des voies et moyens pour traiter le sujet et
réaliser avec compétence la thèse envisagée. Et la
tendance actuelle est d’exiger du chercheur ou du
doctorant, surtout si son sujet est d’ordre "technique" ou
"notionnel" et même thématique, de tout mettre en œuvre
pour donner à son étude une assise solide, une base
scientifique ou, à tout le moins, un reflet caractéristique de
travail scientifique. Et les matériaux de ce soubassement
sont de divers ordres, variables en fonction de la nature de
la thèse ou du mémoire, en fonction de l’espace cognitif et
des disciplines concernées, en fonction de l’objet d’étude et
de la problématique élaborée, de sorte que la construction
peut reposer, par exemple, sur un fondement
épistémologique, conceptuel, historique, théorique voire
méthodologique.
Dans cette première partie de l’étude, on attend du
chercheur ou du candidat à un Master ou à un Doctorat
qu’il montre, dès le départ, le sérieux des recherches et des
lectures faites, ses capacités intellectuelles, ses
connaissances sur le sujet et dans son domaine de
recherche, sa maîtrise des théories et méthodes de son
champ disciplinaire et de la spécialité dans laquelle il veut
obtenir son diplôme. Bref, il s’agit, de se faire remarquer
déjà, à cette étape, par ses qualités de chercheur
courageux et crédible, par sa compétence et son habileté à
rédiger un travail de recherche d’un tel niveau. Réussir
brillamment cette première phase de l’étude est en soi un
challenge stimulant. Et tout chercheur, tout doctorant,
digne de ce nom, doit s’efforcer de le gagner comme un
défi.
Les titres de la première partie varient d’une thèse à
l’autre, d’une spécialité à l’autre, mais, fondamentalement,
les principes de base sont identiques. Il s’agit de donner
une assise à l’étude. Ainsi, en Lettres et notamment en
littérature, on trouve diverses formulations plus ou moins
pertinentes :
 

Fondements théoriques de l’étude

Construction de l’objet de l’étude

Approches théoriques et conceptuelles de la notion ou du thème,

Genèse, émergence et évolution de la notion, objet d’étude

Esquisses théoriques des notions fondamentales

Appareils conceptuels et méthodes d’analyse

Généralité et historique du sujet

Considérations générales sur la question ou le sujet d’étude


 
En fonction du sujet et du contenu, les intitulés des
chapitres de la première partie varient également. Comme
exemples concrets, voir dans les Annexes, les titres des
premières parties et les intitulés des chapitres de plans pris
dans des thèses de Lettres modernes soutenues à
l’Université, à Abidjan.
Quand, avec le système IMRAD, la problématique, la
recension critique des études et travaux antérieurs, les
méthodes d’analyse ne sont pas incorporées dans
l’introduction, elles constituent des chapitres entiers
autonomes de la première partie de l’étude.
Après la construction de l’objet d’étude avec l’ensemble
des paramètres qui forment la première partie, il faut aussi
organiser la seconde partie. Celle-ci se fait en se fondant
sur les données recueillies dans les ouvrages théoriques et
critiques collectés et lus, et plus encore sur l’analyse
minutieuse et l’examen perspicace et approfondi des
textes, des œuvres du corpus par rapport à l’objet d’étude,
avec toutes ses composantes.
Dans le domaine des Lettres, Langues, littératures, Arts
et Sciences humaines et sociales, la deuxième partie du
travail est, la plupart du temps, réservée à l’étude des
textes, des documents, supports d’analyse, ou des œuvres
du corpus en lien avec le sujet. Le chercheur, le doctorant
ou le masterant saisit ici l’occasion qui lui est donnée pour
faire montre de ses aptitudes intellectuelles, de sa
compétence en sa matière, de sa connaissance des œuvres
du corpus et de leurs auteurs. C’est le lieu, pour ainsi dire,
stratégique, de mettre en valeur et en avant sa capacité
d’analyse des œuvres et des textes ainsi que son habileté à
appréhender tous les aspects du sujet, son objet d’étude. Il
s’agit là, ni plus ni moins, d’un travail d’analyse des œuvres
du corpus en fonction du sujet, ou, pour mieux dire, d’un
travail d’étude du sujet ou du thème tel qu’il apparaît dans
les œuvres littéraires produites par ces écrivains.
En un mot ou deux, on peut dire que la deuxième partie,
dans le domaine des Lettres et Sciences humaines et de la
littérature en particulier, est l’espace adéquat où le
candidat s’emploie, à proprement parler, à traiter
véritablement son sujet. Il s’applique à étudier les œuvres
et le sujet en s’intéressant particulièrement aux différents
axes de réflexions et d’analyses susceptibles de faire
apparaître les points essentiels de cette deuxième partie.
Quand il s’agit d’une œuvre littéraire comme le roman,
on peut étudier le sujet en s’appuyant sur les seules
œuvres du corpus. On peut aussi, dans le domaine du
roman, analyser, par exemple, le fonctionnement textuel de
l’œuvre ou des œuvres avec tout ce qui a été mis en œuvre
comme techniques, procédés et stratégies pour produire
ces textes et traiter les sujets, les thèmes, les questions et
les problèmes qui sont l’objet de cette création littéraire.
Pour plus d’efficacité, le chercheur peut se focaliser
(sans jamais perdre de vue son objet d’étude et sa
problématique) par exemple, sur l’organisation et la
structure des récits, sur les instances narratives, sur la
représentation des personnages, sur la dimension spatiale,
sur la temporalité,  etc., mais toujours en liaison avec son
sujet.
Il est clair que, comme indiqué plus haut, en fonction de
l’inflexion et de l’orientation du sujet, en fonction de
l’optique choisie et des axes déterminés pour traiter le
sujet dans toutes ses composantes, les titres des parties
tout comme les intitulés des chapitres seront variables,
différents d’un auteur à l’autre, d’une thèse à l’autre, d’un
spécialiste à l’autre. Pour illustration, voir dans les
Annexes, trois exemples du contenu des plans de la
deuxième partie de thèses soutenues dans le domaine
littéraire.
Dans la tradition académique du triptyque, c’est-à-dire
du plan en trois grandes parties, la dernière partie n’est
pas simplement une suite normale des deux autres, mais en
principe, elle en découle, de façon logique et conséquente.
Ainsi, en Lettres, Arts, Langues, littératures et Sciences
humaines et sociales, la troisième partie est
habituellement la dernière étape de l’étude (sauf dans des
cas particuliers avec quatre (4) et même cinq (5) parties).
Elle est l’espace indiqué pour dégager, analyser et régler
un certain nombre de préoccupations d’intérêt, suscitées
par les développements faits dans les précédentes parties
et notamment dans la deuxième.
Comme un auteur n’écrit pas une œuvre pour ne rien
dire, comme une création littéraire, une œuvre romanesque
ou théâtrale, une production philosophique,
théologique,  etc. n’est jamais gratuite, sans visée, sans
signification, la troisième partie des thèses (et surtout dans
ces domaines) se présente opportunément comme le lieu
idéal et l’occasion souhaitée de mettre en relief le sujet ou
le thème, objet de l’étude par apport au discours des
œuvres pour dégager l’intérêt et la portée, les enjeux et les
effets de sens y compris la signification idéologique.
Il est important de rappeler encore une fois que le
contenu de la troisième partie, son titre ainsi que les
intitulés des chapitres et autres changent selon les
matières concernées, les spécialités, mais, dans le fond, les
composantes et les objectifs sont assez proches et ne sont
pas aussi différents que cela peut paraître a priori à plus
d’un.
Avant d’en arriver à la conclusion, il est indispensable de
dégager et de présenter dans cette troisième partie les
points et les axes qui viennent comme l’aboutissement
logique et le couronnement conséquent des analyses
effectuées précédemment et qui apportent un éclairage
supplémentaire nouveau fort intéressant et riche sur
l’ensemble.
Pour bien comprendre le développement qui vient d’être
fait sur l’articulation des parties du corps de l’étude ou, si
l’on veut, sur le plan ou la structure de la thèse, il vaut
mieux, à titre d’illustration voir les trois exemples de plans
présentés dans les Annexes. Ces plans (dont on peut
s’inspirer et tirer un bon profit) sont des plans originaux,
différents, bâtis à propos, conçus expressément par les
doctorants, chacun, à sa manière, pour mieux traiter son
sujet dans tous ses aspects essentiels.
Voilà comment faire et de quoi organiser le contenu des
trois parties d’une thèse ou d’un mémoire !

3.3. La construction d’un bon plan spécifique :


une méthode simple

De toute la réflexion faite à propos de la structuration du


corps de l’étude, on peut retenir que, tout compte fait, le
bon plan est celui qui, bien conçu, bien construit, bien fait,
équilibré, permet de faire la thèse, de façon concrète,
sereine, en abordant tous les axes majeurs, c’est-à-dire les
principaux centres d’intérêt du sujet, objet d’étude. Il
revient aux littéraires, aux philosophes, aux théologiens,
aux sociologues, aux historiens, aux grammairiens, aux
linguistes et consorts de faire preuve de sagacité,
d’imagination et de créativité pour ne pas adopter, d’office
et sans grand discernement, un plan préétabli, un schéma
standard, fût-il scientifique ou ayant comme la structure
IMRAD, «  un reflet du processus de découverte
scientifique  », un plan passe-partout qui ne convient pas
forcément à leurs sujets et à leurs cas spécifiques.
Il appartient aux doctorants, aux chercheurs dans ces
disciplines, de construire leur propre plan, un plan
spécialement conçu pour convenir et s’adapter à leur objet
d’étude. Ils ont intérêt, à partir de toutes les lectures faites,
de toute la documentation rassemblée, des données
recueillies, de tous les moyens logistiques et
méthodologiques à leur disposition, de l’optique choisie
pour traiter le sujet, à mettre en place une logique
dynamique et bâtir un plan détaillé, bien structuré avec des
parties, des chapitres et des divisions, le tout bien agencé.
Un tel plan, bien fait, leur permet de s’atteler, lucide et
confiant, au développement du sujet et à la progression de
l’étude. La thèse, on le sait, est un travail d’argumentation,
de démonstration et de développement des idées en
mettant en valeur des connaissances et des compétences,
en faisant des analyses judicieuses et perspicaces, des
commentaires pertinents, soutenus par des explications
lumineuses, des arguments solides et probants  ; le tout
structuré de façon cohérente et pertinente.
Comme il a été donné de le voir en comparant des
travaux de thèse ou de mémoire, il y a effectivement des
différences, des disparités, de la diversité dans les
manières de faire, dans les pratiques rédactionnelles d’une
discipline, d’une thèse, d’un mémoire à l’autre, ce qui a
suscité l’idée d’harmonisation et de standardisation et
même d’uniformisation, autant que possible, de tous les
travaux d’étude et de recherche.
En Lettres, Langues, Littératures, Arts et Sciences
humaines et sociales, la diversité et la variété sont perçues
comme des qualités à conserver, malgré tout  : elles
révèlent et mettent en valeur l’esprit de créativité,
l’émulation, l’ingéniosité, l’originalité et la personnalité du
chercheur ou de l’impétrant, toutes choses que bloquent ou
tuent l’uniformité et la «  mêmeté  » (pour employer ce
barbarisme) qui indiquent implicitement l’esprit cocardier,
le manque d’imagination et le manque d’esprit d’invention
et d’innovation qui se cachent derrière.
Dans les disciplines littéraires, philosophiques et autres,
sans doute à cheval sur les pratiques académiques du
système français, adoptées depuis toujours, l’on a quelque
difficulté à s’adapter au système américain avec l’IMRAD
qui s’instaure et s’impose de plus en plus dans le monde, et
est perçue comme la norme internationale. Il faudrait bien
pourtant, bon gré mal gré, un jour, s’y faire !
Au demeurant, pour tous, l’effort doit être fait pour
s’informer, se former et se mettre à jour, à niveau et au
diapason du monde scientifique et universitaire, pour
s’adapter aux recommandations internationales pour des
travaux de recherche. On a donc tout intérêt à être ouvert,
curieux, attentif et réceptif à ce qui se fait de mieux
aujourd’hui partout dans le monde !
En tout état de cause, la grande préoccupation véritable
des doctorants et des chercheurs n’est pas le problème de
l’harmonisation et de l’uniformatisation des pratiques
rédactionnelles, ni l’adoption du système IMRAD. Elle se
situe plutôt dans la capacité de mobilisation des énergies et
des ressources intellectuelles et méthodologiques pour
trouver, selon les cas, des démarches heuristiques
perspicaces, des méthodes performantes, des manières de
procéder, scientifiques et efficaces, des plans structurels
opérationnels. En somme, tout ce qui permet de produire,
avec assurance et compétence, une thèse intelligente, de
haut rang et de grande valeur. Il n’est donc pas nécessaire
de vouloir recourir, forcément et à tout prix, à la structure
IMRAD, comme si c’était une panacée, une recette
incontournable, une garantie de compétence et un label
absolu de qualité et de scientificité !
Par conséquent, en dépit de l’intérêt de la
standardisation et de la mondialisation, le chercheur ou le
doctorant doit se sentir libre des contraintes des modèles
qui ont parfois leurs limites, malgré tout. La latitude doit
lui être laissée de choisir lui-même ou avec son directeur
de recherche, telle ou telle option, tel ou tel schéma, bref
de choisir, à son escient et de préférence, la façon de faire
qui convient exactement ou le mieux à son sujet et à son
cas d’espèce afin de produire un article scientifique, une
thèse, un mémoire de grande qualité.
Mais il faut le redire ici. Sur la question du schéma
rédactionnel, rien n’empêche un masterant, un doctorant,
un chercheur des disciplines littéraires, philosophes,
théologiques et autres d’adopter (s’il le désire et lorsque
cela est possible et que le sujet s’y prête et s’il en a les
moyens et les capacités) la structure IMRAD pour faire son
travail. Il suffit d’avoir toujours à l’esprit que tout dépend
des thèses et surtout des types de sujets traités. En
principe, il n’y a pas de problème majeur particulier à
employer l’IMRAD quand il s’agit de sujets, ayant pour
objet d’étude, des phénomènes et des faits observables et
quantifiables, des choses mesurables, calculables,
évaluables en termes de données chiffrées et qui, plus est,
peuvent être étudiées avec des méthodes, des outils et des
techniques de collecte d’information et d’analyse des
données (observations quantifiées, entrevues,
questionnaires, sondages, enquête, statistiques, analyses
de contenu, de contexte, de cas, etc.)
Tant que ce modèle standard ‘‘marche’’ et s’adapte bien
au sujet à l’étude, tant qu’il s’avère opérationnel, il n’y a
pas de raison de l’écarter a priori, de s’en priver
inutilement. A défaut d’adopter cette structure IMRAD,
telle qu’elle est, on peut, tout au moins, s’en inspirer,
l’adapter et s’en accommoder, de la meilleure façon ; mais,
si d’aventure, elle pose plus de problème qu’elle n’en
resoud, il vaut mieux simplement l’abandonner au profit
d’un plan spécifique qu’on construit soi-même et à dessein
pour son étude et pour aboutir valablement aussi à un
travail de qualité.

Pour en savoir plus, lire :

AFFOU Y. Simplice, GOURÈNE Germain, Guide pratique de la


rédaction scientifique , Université de Cocody, Abidjan, EDUCI, 2005

BENICHOUX Roger, MICHEL Jean et PAJAUD Daniel, Guide pratique


de la communication scientifique  : comment écrire – comment dire . Paris,
Gaston Lachurié éditeur, 1995
DÉPELTEAU François, «  La communication des résultats  » La
démarche d’une recherche en sciences humaines (…) Bruxelles, De Boeck,
2011, p.386-408

FORTIN Marie-Fabienne «  Communication des Le


résultats  »,
processus de la recherche. De la conception à la réalisation, Ville Mont-
Royal, Décarie Éditeur, Québec, 1996, p.335-344

LENOBLE-PINSON Michèle, La rédaction scientifique. Conception,


rédaction, présentation signalétique. Bruxelles, De Boeck, 1996

N’DA Pierre, L’Article scientifique en Lettres, Langues, Arts et


Sciences humaines , Paris, L’Harmattan, 2015

En guise de conclusion

A l’issue de cette immersion dans les méthodes


d’approche sur toutes les formes, il est raisonnable de
penser que l’initiation est faite. Comme dans toute
initiation, c’est difficile, c’est pénible d’avoir accès aux
choses cachées, au secret initiatique, mais on s’en sort
toujours plus fort, investi d’ardeur et de courage
renouvelés. On est instruit, formé, on se sent plus adulte,
capable d’affronter les difficultés, décidé, déterminé à aller
de l’avant, croûte que coûte, avec dans la tête plein de
connaissances, et en soi l’assurance et la maîtrise de ses
capacités, conscient de ses aptitudes et qualités
unanimement reconnues dans et par la société, avec la
certification officielle des maîtres initiateurs, c’est-à-dire
les détenteurs attitrés de la Connaissance que sont les
chercheurs et les professeurs des universités.
Cette imprégnation dans les méthodes est une bonne
chose, une opération bénéfice, salutaire  : elle permet de
mieux s’informer, de se former davantage et de se dégager
des sentiers tortueux et embourbés de la recherche, de
sortir de l’errance méthodologique et heuristique, des
hésitations et du tâtonnement et de mettre fin aux
investigations et explorations aléatoires et improductives.
Toutes choses qui révèlent manifestement le manque
d’assurance et de compétence méthodologique ; en un mot,
l’absence de méthode.
Cette plongée dans les principales méthodes d’approche,
d’analyse, de rédaction ne peut être vaine, sans résultats
concrets et pratiques. Chaque initié connaît désormais, au
moins, une méthode, la voie (hodos en grec) qu’il va
prendre pour avancer, pour progresser dans ses recherches
et mener à bien et à bout son étude, avec les résultats
escomptés.
En tout état de cause, et à titre d’interpellation
insistante, tout doctorant, tout chercheur doit se tenir pour
dit et acquis  : on ne peut plus, à l’heure actuelle, faire un
travail de recherche, une thèse, un mémoire, un article
scientifique, au hasard, comme on l’entend, selon son
instinct, son intuition ou son inspiration !
Un travail de recherche, à l’instar de la thèse
notamment, n’est pas un inventaire, un catalogue, ni, qui
plus est, une bonne et habile compilation de documents
sérieux et savants, d’études et travaux solides, riches et
intéressants. La thèse ou le mémoire, il faut que cela soit
clair, n’est pas non plus un fourre-tout, rassemblant ou
mettant côte à côte des analyses, des commentaires, des
arguments, des résultats, des discours aussi savants que
disparates  ! Une thèse, tout comme un mémoire ou un
article scientifique, est un travail de construction, et
comme tel, il revient au chercheur de s’employer à
« chercher » et à trouver des voies et moyens et à user de
toutes ses facultés et compétences pour sa réalisation et
son achèvement.
Avec l’agencement logique et le développement cohérent
des déférentes parties, avec l’articulation ordonnée des
chapitres, avec l’organisation harmonieuse des sous-
chapitres, des sections, des subdivisions et même des
paragraphes, le travail universitaire de mémoire de Master
et en particulier de thèse de Doctorat doit être bien perçu
comme un travail scientifique, méthodique, un discours
argumentatif et démonstratif bien construit. C’est
précisément cette construction solide, cette maîtrise du
sujet et des méthodes d’analyse, cette connaissance avérée
des œuvres, des textes et des documents étudiés, cette
compétence affichée et reconnue dans le domaine de
recherche et dans la spécialité qui donnent à l’étude
effectuée sa dimension heuristique incontestable, sa qualité
objective de travail scientifique et toute sa valeur de thèse.
C’est tout cela qui constitue véritablement la contribution
réelle et essentielle du jeune chercheur ou de l’impétrant à
qui les membres du jury de soutenance n’hésitent pas à
décerner le titre et le grade de Docteur, c’est-à-dire savant,
compétent reconnu en sa matière.
Et on peut le dire  : un des moyens les plus sûrs d’avoir
accès aux plus grands diplômes universitaires ainsi qu’aux
titres et grades n’est rien d’autre que la parfaite
connaissance et la maîtrise indiscutable des méthodes.

Annexes. Le plan structurel


spécifique du corps de l’étude (thèse,
mémoire, article)

Ces exemples de plans, tirés de thèses de Doctorat de


Lettres modernes, soutenues à l’Université, à Abidjan, ne
sont pas des modèles parfaits à imiter absolument. Ils ont
été conçus par des chercheurs, chacun, à sa manière, selon
son sujet et en fonction des aspects à traiter. Ils sont
différents, spécifiques, même s’ils suivent le modèle
académique du triptyque.
 
 
 
 
Plan n°1
Sujet  : Onomastique et création littéraire  : étude des noms des personnages
dans les romans de Jean-Marie Adiaffi et Maurice Bandaman 44
Première partie  :
Construction de l’objet d’étude : fondements théoriques et approches
méthodologiques
Chapitre 1  : L’onomastique romanesque  : conception, définition, émergence
d’une théorie et d’une pratique littéraires.
Chapitre 2  : Recension critique des études et travaux sur l’onomastique
littéraire.
Chapitre 3  : Élaboration d’une problématique.
Chapitre 4  : Méthodes d’analyse des oeuvres  : la narratologie, la sémiotique
des personnages, la linguistique des noms propres, la sociocritique et la
thématique.
Deuxième partie  :
Techniques et stratégies de création onomastique dans les romans du
corpus
Chapitre 5  : La motivation onomastique et les procédés d’invention.
Chapitre 6  : Les noms et les qualifications des personnages.
Chapitre 7  : Les différents types de dénominations.
Chapitre 8  : Les noms et les rôles narratifs.
Troisième partie  :
L’onomaturgie des romanciers : enjeux, portée et signification
Chapitre 9  : Les noms des personnages  : une expression culturelle et
identitaire.
Chapitre 10  : La sémantique de l’onomastique : un concentré de la thématique
des œuvres.
Chapitre11  : Le jeu onomastique  : un langage ludique et humoristique, un
discours social et idéologique.
Chapitre 12  : L’onomastique littéraire : une contribution au renouvellement de
l’écriture romanesque
 
 
 
 
Plan n°2
Sujet  : Littérature et environnement  : la sécheresse dans la production
romanesque des écrivains d’Afrique noire francophone 45
Première partie  :
La sécheresse et sa représentation romanesque
Chapitre 1  : Le référent « sécheresse » et ses substituts lexématiques
Chapitre 2  : Origines et causes de la sécheresse dans la  littérature
romanesque
Chapitre 3  : La part ou la responsabilité de l’homme dans le phénomène de la
sécheresse
Deuxième partie  :
La sécheresse et ses méfaits
Chapitre 1  : La sécheresse et ses effets pervers sur l’environnement  : la
dénaturation
Chapitre 2  : La sécheresse et ses conséquences sur l’homme et la société : la
déshumanisation
Chapitre 3  : La sécheresse et le phénomène des déplacements massifs des
populations : l’exode rural, l’exil, l’immigration.
Troisième partie  :
L’écriture romanesque de la sécheresse : intérêt, portée et dimension
idéologique
Chapitre 1  : La sécheresse, source d’inspiration d’une écriture romanesque
spécifique : le roman sahélien
Chapitre 2  : Les romanciers sahéliens, promoteurs de la lutte de résistance, de
l’action révolutionnaire et de la solidarité
Chapitre 3  : Le discours du roman de la sécheresse et sa signification
idéologique
 
 
 
 
Plan n°3
Sujet : Roman de science-fiction et dispositifs paratextuels  : Etude des seuils
des romans de Stefan Wul 46
 

Première partie  :
Considérations théoriques et conceptuelles sur la science fiction et le
paratexe
Chapitre 1  : La science-fiction : approche descriptive et historique du genre.
Chapitre 2  : Le paratexte littéraire : les productions discursives en marge du
texte romanesque.
Chapitre 3  : Le paratexte de la science-fiction française, un hors-texte
américanisé.
Deuxième partie  :
Les stratégies paratextuelles des romans de Stefan Wul
Chapitre 1  : La première de couverture et les contradictions entre l’auctorial
et l’éditorial.
Chapitre 2  : Le dos du livre et la quatrième de couverture  : des espaces
stratégiques.
Chapitre 3  : La création titrologique chez Wul : un chef-d’œuvre d’ingéniosité
littéraire et esthétique.
Chapitre 4  : Les épigraphes et les préfaces  : des instances de légitimation et
de revalorisation.
Chapitre 5  : L’épitexte ou l’intrusion dans les alcôves des œuvres de Stefan
Wul.
Troisième partie  :
L’appareil d’escorte des romans de Stefan Wul : Enjeux et effets de sens
Chapitre 1  : Les seuils romanesques et enjeux pragmatiques : de l’influence du
hors-texte.
Chapitre 2  : De la périphérie au texte  : la dimension littéraire et esthétique
des œuvres.
Chapitre 3  : Le paratexte et le contenu thématique des romans.
Chapitre 4  : L’accompagnement paratextuel et la portée idéologique des
œuvres chez Stefan Wul.

Bibliographie

Comme, pour chaque type de méthode, des ouvrages


recommandés ont été indiqués à la fin, avec des références
bibliographiques, il est proposé ici, dans la bibliographie
générale, une sélection d’ouvrages fondamentaux de
méthode et de méthodologie de la recherche.
 

BERGEZ Daniel et al, Introduction aux études pour l’analyse littéraire,


Paris, Bordas, 1990

BONNEVILLE Luc, GROSJEAN Sylvie et LAGACÉ Martine ,


Introduction aux méthodes en communication , Montréal, 2007
BORLANDI Massimo, MUCCHIELLI Laurent (dir), La sociologie et sa
méthode. Les règles de Durkheim un siècle après , Paris, L’Harmattan, 1996

BOUDON Raymond, Les méthodes en sociologie , Paris, PUF, 1973

BRUNEL Pierre, Mythocritique, théories et parcours , Paris, PUF, 1992


-  Mythes et littératures , Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 1994

CHAUVIN Danièle, SIGANOS André, WALTER Philippe (dir), Question


de MYTHOCRITIQUE. Dictionnaire , Paris, Éditions Imago, 2005

COMBESSI Jean-Claude, La méthode en sociologie , 2 e éd, Paris,


Coll "Repères" La Découverte, 2001

COMPANHOUDT Van Luc / QUIVY Raymond, Manuel de recherche en


sciences sociales , 4 e -éd, Paris, Dunod, 2011

CROS Edmond, La sociocritique , Paris, L’Harmattan, 2003

DÉPELTEAU François, La démarche d’une recherche en sciences


humaines, De la question de départ à la communication des résultats ,
Bruxelles, De Boeck, 2011

DELCROIX Maurice, HALLYN Fernand (dir), Introduction aux études


littéraires. Méthodes du texte , Louvain-la-Neuve, Duculot, 1990

DESCARTES Réné, Le Discours de la méthode. Pour bien conduire sa


raison et chercher la vérité dans les sciences , Paris, Librairie Générale
Française, 2000

DESLAURIERS Jean-Pierre, Recherche qualitative. Guide pratique ,


Montréal, McGraw-Hill éditeur, 1991

DUCHET Claude (dir), Sociocritique , Paris, Nathan, 1979

DURKHEIM Émile, Les règles de la méthode sociologique (1901)


précédé de J.  M Berthelot, Les règles de la méthode sociologique ou
l’instauration du raisonnement expérimentale en sociologie , Paris,
Flammarion, 1988

FORTIN Marie-Fabienne, Le processus de la recherche. De la


conception à la réalisation , Ville Mont-Royal (Québec), Décarie Éditeur,
1996

GAUTHIER Benoît (dir), Recherche sociale. De la problématique à la


collecte des données , 3 e éd, revue et augmentée, Québec, Presses de
l’Université du Québec, 1997

GENGEMBRE Gérard, Les grands courants de la critique littéraire ,


Paris, Seuil. Coll. Memo, n°19, 1996

GRAWITZ Madeleine, Méthodes des sciences sociales , 10 e - éd,


Paris, Dalloz

GUIDÈRE Mathieu, Méthodologie de la recherche , nouvelle édition,


Paris, Ellipses Edition Marketing, 2004

HUOT Rejean, Méthodes quantitatives pour les sciences humaines , 2


e -éd. Québec, Presses de l’Université Laval, 2003

LAMOUREUX Andrée, Recherche et méthodologie des sciences


humaines , Laval, Éditions Études vivantes, 1995

LANGLOIS Charles-Victor et SEIGNOBOS Charles, Introduction aux


études historiques , Paris, Éditions Kimé, 1992

LONERGAN J.F. Bernard, Pour une méthode en théologie , traduit de


l’anglais sous la direction de Louis Roy, coll " Cogitatio Fidei ", n° 93, Paris,
éditions du Cerf-éditions Fides, 1978

MILES Matthew et HUBERMAN Michaël, Analyse des données


qualitatives , Bruxelles, De Boeck, 2003

MUCCHIELLI Alex, Dictionnaire des méthodes qualitatives en sciences


humaines et sociales , Armand Colin, 2002
N’DA Paul, Recherche et méthodologie en sciences sociales et
humaines , Paris, L’Harmattan, 2015

N’DA Pierre, L’Article scientifique en Lettres, Langues, Arts et Sciences


humaines, Paris, L’Harmattan, 2015

N’DA Pierre, Manuel de méthodologie et de rédaction de la thèse de


Doctorat et du mémoire de Master en Lettres, Langues et Sciences
humaines , L’Harmattan, 2016

NOUSCHI André, Initiation aux sciences historiques , Paris, Nathan,


1999

PETIT Jean-Claude, La théologie  : sa nature, ses méthodes, son


histoire, ses problèmes  ; répertoire bibliographique international ,
Montréal, PUM, 1978

ROSENTHAL Claude, Introduction aux méthodes qualitatives en


sciences humaines et sociales , Paris, Dunod, 2001

ROBERT Serge, Méthodes quantitatives , Montréal, Modulo Éditeur,


1991

SIMARD Christine, Méthodes quantitatives. Approche progressive pour


les sciences humaines , 3 e -éd, Québec, Edition le Griffon d’argile, 2003

RAVOUX RALLO Élisabeth, Méthodes de critique littéraire , Paris. A.


Colin, 1993

RUSS Jacqueline, Les méthodes en philosophie , 2 e -éd, Paris,


Armand Colin, 1996

RUSSEL Bertrand, La méthode scientifique en philosophie  : Notre


connaissance du monde extérieur , Paris, Payot, 1971

ROHOU Jean, Les études littéraires. Méthodes et perspectives , éd.


Nathan, 1993
THUILLER Guy et TULARD Jean, La méthode en histoire , Paris, PUF,
1986

ZIMA Pierre , Pour une sociologie du texte littéraire , Paris U.G.E,


1978
- Manuel de sociocritique , Picard, 1985, Réédition, L’Harmattan, 2000

 
 
 
1  Jacqueline Russ, Les méthodes en philosophie , Paris, A. Colin, 1996, p.12.
2  Madeleine Grawitz, Méthodes des sciences sociales , Paris, Dulloz, 1996.
3  Maurice Angers, Initiation pratique à la méthodologie des sciences humaines
, Montréal, Centre éducatif et culturel inc., 1992, p.353.
4  Jean-Pierre Rossi , L’approche expérimentale en psychologie , Paris, Dunod,
1997.
5  Jean-Pierre Deslauriers, Recherche qualitative. Guide pratique , Montréal
McGraw-Hill éditeur, 1991, p.6
6   Christian Delcourt, «  La statistique littéraire  », Introduction aux études
littéraires. Méthodes du texte , Paris – Louvain-la-Neuve, Edition Duculot,
1990, p.132-147
7  Charles Muller, Principes et méthodes de statistique lexical , Paris, Hachette,
1996
- Initiation aux méthodes de la statistique linguistique , Paris, Hachette, 1973.
-  Langue française, linguistique quantitative, informatique, Génève-Paris,
Slatkine-Champion, 1985.
8  Jacqueline Russ, Les méthodes en philosophie , 2 ème édition, Paris, A. Colin,
1996.
9  Bernard J.F. Lonergan, Pour une méthode en théologie , traduit de l’anglais
sous la direction de Louis Roy, collection «  Cogitatio Fidei  », n°93, Paris,
éditions du Cerf-éditions Fides, 1978.
10  Jean-Claude Petit, La théologie : sa nature, ses méthodes, son histoire, ses
problèmes ; répertoire bibliographique international , Montréal, PUM, 1978.
11  Jean-Pierre Torrell, « Méthode en théologie et en théologie fondamentale »,
Revue Thomiste , Toulouse, 1981, vol.81, n°3, p.447-476.
12   Henriette Danet et Elvis Elengabeka, Secrets de la réussite  : Guide des
mémoires et des thèses en Licence Master Doctorat, Yaoundé, 2013, p.17
13   Ibidem
14   Gérard Siegwalt, «  L’acte théologique aujourd’hui. Risque et promesse  »,
Revue d’Histoire et de Philosophie religieuses 2 , 1972, p.137-148.
15  A.J. Greimas, Sémantique structurale , Paris, Larousse, 1966, p.41.
16  Michael Riffaterre, La production du texte , Paris, Seuil, 1979, p.89.
17  A. Julien Greimas, Joseph Courtés, Sémiotique. Dictionnaire raisonné de la
théorie du langage , Paris, Hachette, 1979, p.388.
18  Jacques Derrida, L’écriture de la différence , Paris, Seuil, 1967, p.44.
19  Bonald, Articles de Mercure de France , paru sous l’Empire (recueillis dans
œuvres complètes, XIX è siècle.
20   Pierre Barberis, «  La sociocritique  », Introduction aux méthodes critiques
pour l’analyse littéraire , p.123.
21   Claude Duchet, «  Pour une socio-critique ou variations sur un incipit  »,
Littérature , n°1, Paris, Larousse, 1977.
22   Gérard Gengembre, Les grands courants de la critique littéraire , Paris,
Seuils, p.53.
23  Claude Duchet, « Positions et perspectives », Sociocritique , Paris, Nathan,
1979, p.3-4.
24   André Fossion et Jean Pierre Laurent, Pour comprendre les lectures
nouvelles : linguistique et pratique textuelle , Paris, Seuil, p.129.
25   Régine Robin et Marc Angenot, «  La sociologie de la littéraire  », Histoire
des poétiques , Paris, PUF, 1997, p.408.
26   Pierre N’Da, «  Les romanciers africains et les modèles littéraires
étrangers : À l’heure de la « littérature-monde, quelle place pour l’originalité et
l’identité culturelle ? », Université de Cocody, Abidjan, En-Quête , EDUCI, n°21,
2009, p.15-26.
27   Charles Mauron, Des métaphores obsédantes au mythe personnel , Paris,
José Corti, 1962, p.13.
28   Ibidem
29   Jean Bellemin-Noël, Psychanalyse et littérature , Paris, Que suis-je  ?
n°1752, 1995, p.96.
30  Pierre-Marc de Biasi, « La critique génétique », Introduction aux méthodes
critiques… , p.6-7.
31  Gothot-Mersch, C., La genèse de « Madame Bovary » , Corti, 1966.
32   Pierre-Marc de Biasi, Carnets de travail de G. Flaubert , Ballard, Paris,
1988
33  Jean-Francis Ekoungoun, Ahmadou Kourouma par son manuscrit de travail.
Enquête au cœur de la genèse d’un classique , Paris, Ed. Connaissances et
Savoirs, 2013.
34  Charles Morris, Fondations of the theory of signs , 1938.
35  Alan Henderson Gardener, Langage et actes de langage : Aux sources de la
pragmatique , Lille, Presses universitaire de Lille, 1989, p.13.
36   Anne Reboul et Jacques Moeschler, La pragmatique aujourd’hui, une
science de la communication , Paris, Seuil, 1998, p.27.
37  John Langshaw Austin, ( How to do things with word , 1962 ; trad.fr. Quand
dire, c’est faire , Ed. du Seuil, 1970).
38   Philippe Blanchet, La pragmatique. D’Austin à Goffman , Paris, Bertrand-
Lacoste, 1995, p.12.
39   Dominique Maingueneau, Le contexte de l’œuvre , Paris, Dunod, 1993,
p.65.
40   Mathieu Guidère, Méthodologie de la recherche , Paris, Ellipses Edition
Marketing, 2004, p.27.
41   Gordon Mace et François Pétry, Guide d’élaboration d’un projet de
recherche en sciences sociales , 4 e éd Bruxelles, De Boeck, 2011, p.5.
42  Marie-Fabienne Fortin, Le processus de la recherche, De la conception à la
réalisation , Ville Mont-Royal, Décarie Éditeur, 1996, p.326.
43   Bernadette Plot, Ecrire une thèse ou un mémoire en Sciences humaines ,
Paris, Ed. H. Champion, 1989, p.90.
44   Plan de la thèse de Koffi Kouassi Pierre, Département de Lettres
modernes, Université, Cocody-Abidjan, 2005
45   Plan de la thèse de Doctorat soutenue par Fréderic Akomian Mobio,
département de Lettres modernes, Université Félix Houphouet-Boigny, 23
Janvier 2013
46  Plan de thèse de Doctorat de Rosine Gnamien D. B. Kouadio, Département
de Lettres modernes, Université Félix Houphouët Boigny, 2014.

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