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Chapitre 2 : La méthodologie qualitative (Partie I)

ESCT / Février 2023 / Enseignante : Amel Bouderbala

La méthodologie c’est la science des méthodes. Elle peut être qualitative ou quantitative.

La méthode c’est l’ensemble des techniques utilisées pour conduire une recherche et répondre
à une problématique.

On peut distinguer deux types de méthodes : les techniques d’échantillonnage et de collecte


des données et les techniques d’analyse des données qui vont mener aux résultats de la
recherche et donc à la réponse à la question centrale posée lors de la problématique.

I. Les techniques d’échantillonnage et de collecte des données :

1. L’échantillonnage : il est défini comme étant la sélection d’une source de


données spécifiques à partir de laquelle des données sont collectées pour
répondre à la problématique. (Gentles et al., 2015). L’échantillonnage en
recherche qualitative est non probabiliste.

Selon Miles et Huberman (2003), Il y a différents types d’échantillonnage par cas unique ou
cas multiples, il peut être un milieu, des acteurs, des événements, des processus.

L’unité d’échantillonnage c’est l’unité minimale d’observation à partir de laquelle on obtient


des informations.

Yin (1994) et Hlady Rispal (2002) parlent d’unité d’analyse qui peut être le contexte, les
acteurs et leurs actions.

Selon Zaddem (2022), il y a différentes techniques d’échantillonnage, en voici quelques


exemples.

 L’échantillonnage boule de neige : il s’agit de choisir un répondant qui correspond au


critère d’échantillonnage et qui sera susceptible de mener à d’autres répondants c’est ainsi
que par réseau et par effet boule de neige plusieurs répondants pourront être sollicités pour
collecter les données.
 L’échantillonnage raisonné : il s’agit de fixer certains critères d’échantillonnage et de
mobiliser le jugement pour choisir un échantillon précis.
 L’échantillonnage par cas typique : il s’agit de repérer des cas (ex : entreprise) qui
révèlent et qui correspondent au phénomène posé lors de la problématique. Ce qui
augmente la validité des résultats.
 L’échantillonnage par convenance : on y a recours lorsque l’on rencontre des difficultés
d’accès au terrain et que l’on choisi la population étudiée pour des raisons pratiques
d’accessibilité au terrain
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Pour ce qui est de la taille de l’échantillon, l’auteur préconise de respecter une certaine
diversité de l’échantillon (cas contradictoires), cas révélateurs du cadre théorique et
conceptuel, on parle alors de représentativité théorique en recherche qualitative contrairement
à la représentativité statistique en recherche quantitative.

La taille de l’échantillon dépend aussi de la notion de saturation des données lorsque les
données collectées sont redondantes.

 L’étude de cas : Selon Zaddem (2022), c’est l’une des méthodologies qualitatives les plus
utilisées en sciences humaines et en sciences de gestion. On la mobilise quand la question
de recherche commence par pourquoi ? ou comment ?

Selon Wacheux (1996), c’est une analyse spatiale et temporelle d’un phénomène complexe
par les conditions, les acteurs, les événements et leurs implications.

Parmi les objectifs de l’étude de cas, il y a l’exploration et la description d’un phénomène, ou


bien le test et la génération d’une théorie (Eisenhardt, 1989)

Selon (Zaddem, 2022), il y a plusieurs formes d’étude de cas on peut citer parmi celles-ci :

– L’étude de cas descriptive : description des procédures et des pratiques managériales.


– L’étude de cas comparative : il s’agit de comparer deux cas et/ou plus d’un point de
vue d’un phénomène pour dégager les similitudes et les divergences.
– L’étude de cas illustrative : pour montrer des pratiques ou des processus nouveaux et
rares.
– L’étude de cas expérimentale (recherche action) : avec implémentation de pratiques et
de méthodes et analyse des effets. Il y a une forte implication du chercheur.
– L’étude de cas exploratoire : pour générer des hypothèses pouvant être testées dans
une recherche quantitative.

2. Les techniques de collecte de données :

Il existe en recherche qualitative plusieurs outils de collecte de données comme :


l’observation, l’observation participante et l’entretien.

 L’observation : « L’observation vise à connaître le fonctionnement ordinaire d’un milieu


social au cours d’une longue durée, sans préjuger de la nature de ce qui peut se produire.
Elle enregistre alors les formes de validation visibles dans les activités du milieu étudié. »
(Peretz, 1998 : 26).

Le travail d’observation est continuel sur terrain : L’observation lors de réunions du bureau,
lors de séminaires, lors de formation. Ainsi l’observateur (chercheur) est mobilisé, pour nous
constituer en témoins de l’histoire des évènements et des actions en entreprise.

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 L’observation participante : Selon Zaddem (2022), cette méthode consiste à observer les
acteurs étudiés et à participer à leur vécu.
Une caractéristique de la technique d’observation est qu’elle impose une relation sociale au
milieu étudié, que nous pouvons qualifier de légitimité d’accès au terrain.

Cette légitimité se construit au fur et à mesure de l’immersion dans le terrain. Elle nécessite
une phase d’adaptation au milieu social en s’efforçant de gagner la confiance des acteurs par
le travail accompli. Toutefois, cette faculté d’adaptation obéit à des règles qui relèvent de
l’éthique et qui sont aussi indirectement liées à la réussite de cette technique.

D’abord un scrupule moral à l’égard des situations et des acteurs qui vous ont fait confiance.
Ainsi, il faut affirmer, à chaque fois, son statut de chercheur et d’observateur avec pour
exigence de traiter tous les acteurs de la même manière et sans préjugés en mettant de côté sa
subjectivité. Il s’agit de préserver, précieusement, la confiance des acteurs et ce, même en
quittant le milieu.

Pour ce qui est de l’enregistrement des données, il s’agissait de transcrire des données
contextualisées. L’outil qui sert pour enregistrer les « notes d’observations » (Peretz, 1998),
est le « journal de bord » (Igalens et Roussel 1998, Baribeau 2005, Savoie-Zajc 2009) en tant
qu’outil de collecte des données. Cet instrument très ancré dans le processus de recherche,
consiste en un travail organisé de « consignation de traces écrites », qui ont pour contenu la
narration d’évènements contextualisés. La finalité du journal de bord est de permettre au
chercheur de se souvenir des évènements afin qu’il puisse dialoguer avec les données.

 L’entretien : L’entretien défini par Boutin (1997 : 23) comme étant « une méthode de
collecte de données qui se situe dans une relation de face à face entre l’interviewé et
l’intervieweur »

Zaddem (2022), distingue l’entretien directif, l’entretien semi-directif, l’entretien centré,


l’entretien en profondeur, l’entretien compréhensif et l’entretien collectif ou focus group.

– L’entretien directif, ou entretien fermé il se rapproche du questionnaire il est basé sur


un guide d’entretien contenant des questions précises. Il est très structuré et très cadré.

– L’entretien semi directif : le plus utilisé en sciences de gestion, il est ni complètement


ouvert ni complètement fermé. Il y a un guide d’entretien mais le chercheur n’est pas
obligé de suivre l’ordre des questions. Il y a une certaine latitude pour l’interviewé
pour s’exprimer librement.

– L’entretien centré : il n’ ya pas de questions préparées à l’avance, il y a juste des


thèmes qui sont proposés au répondant par rapport auxquels il s’exprime librement.

– L’entretien compréhensif : il se situe dans la démarche ethnographique, il vise la


découverte de nouvelle théorie et exige un savoir faire du chercheur.
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L’entretien collectif : Récemment reconnu dans les sciences sociales, l’entretien collectif est
souvent utilisé en complément d’autres méthodes qualitatives (Duchesne et Haegel, 2004).
C’est une technique où un chercheur rassemble un groupe d’individus pour discuter d’un sujet
spécifique. Ce chercheur est souvent assisté par une personne pour la retranscription. Le
chercheur doit accorder de l’importance à l’écoute active, aux relances et à la communication
non verbale.

Duchesne et Haegel (2004) le définissent comme un entretien impliquant au moins deux


personnes, dépassant la forme traditionnelle enquêteur/enquêté. Morgan (1997), considère
qu’une enquête fondée sur 3 à 5 groupes est parfaitement légitime.

Concernant le nombre de participants aux entretiens collectifs, la plupart des spécialistes


s’accordent pour établir que le nombre doit être compris entre 5 et 10 personnes (Duchesne et
Haegel, 2004).

Remarque très importante : dans le travail que vous allez me rendre (problématique et
revue de littérature et méthodologie) vous devez dans la partie méthodologie justifier vos
méthodes d’échantillonnage et de collecte des données que j’ai expliqué dans cette partie et
m’expliquer comment allez vous faire pour le choix de l’échantillon et des techniques de
collecte de données.

Bibliographie :

Bardin L. (1977), L’analyse de contenu, Presses Universitaires de France, PUF, coll. “Le
psychologue”.
Baribeau C. (2005), « Le journal de bord de chercheur ». Recherches qualitatives, Hors Série
N°2, pp. 98-114.
Boutin G. (1997), L’entretien de recherche qualitatif. Presses de l’Université du Québéc.
Duchesne S. et Haegel F. (2004), L’enquête et ses méthodes : l’entretien collectif, Paris,
Nathan, 126p.
Eisenhardt K. M. (1989), Building theories from case study research, Academy of
Management Review, Vol N° 14, No. 4, pp. 532-550.
Gentles S.J., Charles C., Ploeg J et McKibbon K.A (2015), « Sampling in Qualitative
Research : Insights from an overview of the Methods Literature », The Qualitative Report,
20(11), 1772-1789.
Hlady Rispal M. (2002), La méthode des cas, application à la recherche en gestion, Editions
de Boeck université, Bruxelles, 250p.
Igalens J. et Roussel P. (1998), Méthodes de recherche en gestion des ressources humaines,
Ed. Economica, 203 p.
Miles M.B. et Huberman A.M. (1994), Qualitative Data Analysis (2nd edition). Thousand
Oaks, CA: Sage Publications, 352p.
Morgan D.L. (1997), Focus Group as Qualitative Research, Sage Research Methods, 2nd
Edition, 94p.

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Peretz, H (1998), Les méthodes en sociologie : l’observation, Edition La Découverte, 128p.
Savoie-Zajc L. (2009). « Journal de bord », in A. Mucchielli (Dir.) : Dictionnaire des
méthodes qualitatives en sciences humaines et sociales. Paris, France: Armand Colin.
Wacheux F. (1996), Méthodes Qualitatives et Recherche en Gestion, Economica, coll.
« Gestion », 296p.
Yin R. (1994), Case study research: design and methods. Beverly Hills, CA: Sage
publications, 153p.
Zaddem F. (2022), La recherche qualitative en gestion : Fondements, approches, outils et
illustrations, Publication Universitaire de la Manouba, Série Manuel de Recherche.

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