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Université de Garoua

École Supérieure des Sciences Économiques et


Commerciales (ESSEC)

Méthodologie de Rédaction d’un Mémoire


en Sciences de Management

Parcours : Première Année de Cycle de Master

SOULEYMANOU KADOUAMAÏ
Agrégé en Sciences de Gestion / Gestion Comptable
Professeur Titulaire – CAMES
Chevalier de l’Ordre International des Palmes Académiques du CAMES
Université de Garoua

Année Académique : 2023-2024


Introduction

Nous pouvons définir avec H. Ben Aissa (2001) « la recherche comme une action organisée
systématique, critique qui prend naissance par un questionnement scientifique concernant un
problème sous investigation dans un objectif de trouver des réponses et de trouver des solutions
ou bien de développer des nouvelles théories et connaissances à partir de l’analyse d’un objet de
recherche ».

Le mot « méthodologie » est parfois employé comme synonyme des outils techniques d’une discipline.
Mais il désigne le plus souvent une analyse des concepts, des théories et des principes d’une discipline.
S’interroger sur la façon dont les économistes expliquent les phénomènes auxquels ils s’intéressent
revient en fait à se demander en quels sens l’économie est une science (M. Blaug 1982).

La méthodologie est plus un art qu’une discipline à proprement parlé. Ce cours est organisé en quatre
chapitres :
Chapitre 1- Généralités sur la méthodologie de recherche
Chapitre 2- Les étapes d’une recherche en sciences sociales
Chapitre 3- Echantillonnage et collecte des données
Chapitre 4- Traitement des données, résultats et présentation des résultats

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Chapitre 1. Généralités sur la méthodologie de rédaction d’un mémoire

La question méthodologique s’impose naturellement au chercheur dans la mesure où le processus


scientifique vise à produire une connaissance objective de la réalité observée.
L’utilisation d’une méthode de recherche est souvent la conséquence d’un choix méthodologique et
épistémologique. Piaget (1967) définit l’épistémologie « en première approximation comme l’étude de
la constitution des connaissances valables » (discipline qui fait de son objet ou de son projet des
discours (logos) sur la connaissance (épistémè).
D’après Cohen (1996) l’épistémologie correspond à un simple retour critique de la connaissance sur
elle-même, sur son objet, sur ses conditions de formation et de légitimité ; elle est définie comme
la philosophie de connaissance, la théorie des sciences ou encore comme la théorie de la
connaissance.

I- LES SCIENCES SOCIALES


On a pris l’habitude de classer les matières en deux classes principales :
- Les sciences de la nature dites sciences dures à l’instar de la physique, chimie,
- Les sciences dites sociales comme Administration ou science administrative, Anthropologie,
Archéologie ou civilisations anciennes, Economie ou Sciences économiques, Géographie, Histoire,
Psychologie, Sciences de la religion, Science politique, Sociologie, sciences de gestion.

II- INDIVIDUALISME METHODOLOGIQUE ET HOLISME


Les tenants de l’individualisme et du holisme s’opposent traditionnellement en sciences sociales.
1. Le holisme
C’est la méthode d’approche des phénomènes qui consiste à expliquer les phénomènes à partir du tout ;
dans les sciences sociales, le holisme affirmera que les comportements des individus trouvent leur
explication au niveau de la société, de la structure sociale. C’est la méthode adoptée par les marxistes et
les structuralistes.
2. Individualisme méthodologique
Au contraire l’individualisme méthodologique énonce que :
« Pour expliquer un phénomène social quelconque, il est indispensable de reconstruire les
motivations des individus concernés par le phénomène en question et d’appréhender ce
phénomène comme le résultat de l’agrégation des comportements individuels dictés par ces
motivations » (Boudon, 1985, p. 644).
Les classiques et les néoclassiques ont largement adopté l’individualisme méthodologique. Mais parfois
cette distinction n’est pas aussi tranchée.

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III- TYPOLOGIE DE RECHERCHE
Dans leur contribution à la « Case Research » Post & Andrew distinguent quatre catégories de recherche
en fonction de la direction de l’effort de recherche ou des objectifs de la recherche. S’agit-il de décrire,
d’explorer, d’expliquer ou de prédire ?
1. La recherche descriptive
La recherche descriptive cherche à articuler en une image cohérente la collection de faits qui se manifeste
dans un objet d’étude. On cherche avant tout à donner une représentation exacte des événements sans
s’essayer de les analyser.
2. La recherche exploratoire
La recherche exploratoire cherche à identifier des problèmes ou propriétés de situations ou événements
complexes. Le propos est plus analytique : il ne s’agit plus d’accumuler les faits ou de développer des
hypothèses, mais de conduire une étude à partir de certaines idées.
3. La recherche explicative
La recherche explicative (explanatory) est moins dépendante des faits puisqu’elle repose sur des
propositions ou des hypothèses que l’on teste empiriquement ;
4. La recherche prédictive
La recherche prédictive a pour but d’arriver à des prévisions, souvent sous la forme de scénarii.

Les deux auteurs résument leur typologie comme suit :


Type de Question Usages principaux
recherche
Descriptive Que se passe-t-il ? Développer empiriquement les fondements d’une étude
à venir. Illustrer une théorie
Exploratoire Comment l’organisation Etude pilote permettant de structurer une étude plus
fonctionne-t-elle ? large. Permet de clarifier les variables en cause.
Explicative Quelle est l’origine de ? Construire une théorie en testant des hypothèses.
Prédictive Que se passera-t-il si.. ? Tester et vérifier des hypothèses
Source : Post J.E. et Andrew P.N. (1982)

La distinction entre le qualitatif et le quantitatif est ambiguë car aucun des critères ne permet une
distinction absolue entre l’approche qualitative et l’approche quantitative.
IV- METHODE QUANTITATIVE / QUALITATIVE
La distinction entre le qualitatif et le quantitatif est ambiguë car aucun des critères ne permet une
distinction absolue entre l’approche qualitative et l’approche quantitative. Aujourd’hui on parle de
triangulation c’est-à-dire les deux études complémentaires

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1. Méthodes qualitatives
• Van Maanen (1974) définit les méthodes qualitatives comme « un éventail des techniques
d’interprétation qui visent à décrire, décoder, traduire et d’une façon plus générale être en
accord avec le sens et non pas d’écrire la fréquence de certains phénomènes qui se
produisent plus ou moins naturellement dans le monde social ».
• La recherche qualitative repose sur une approche subjective ou interprétative.
• La notion de subjectivisme est relative à la manière dont un individu interprète le monde qui
l’entoure et ses propres réactions.
Cette approche « perçoit l’individu comme une entité complexe, difficilement quantifiable, qui, à
travers ses propres expériences, va façonner son environnement avec toute la subjectivité
inhérente à sa compréhension et à son interprétation des événements » (Perrien et al. 1986)
2. Méthodes quantitatives
Mucchieli (1991) précise la notion de méthodes quantitatives: « leur objet est quantifiable ou rendu
quantifiable et elles utilisent essentiellement des grilles rigides de recueil de données et des
techniques de traitement mathématique de ces données ».
L’approche objective perçoit l’individu comme quelqu’un de logique, de rationnel.

V- LE PROCESSUS D’ELABORATION DE LA CONNAISSANCE


On distingue trois approches :
- L’approche inductive
- L’approche déductive
- L’approche hypothético-déductive
1. L’approche inductive
Selon Tiercelin C. (2004), « on appelle habituellement induction toute forme d’inférence par laquelle on
passe d’un ensemble fini d’observations particulières à une conclusion générale, et qui n’est pas de
nature démonstrative ; Il y a plusieurs différentes formes d’inférences inductives, mais la principale est
l’induction énumérative (ou baconienne) qui part de la prémisse qu’un phénomène a toujours suivi un
autre jusqu’à présent, conclut que ces phénomènes seront toujours associés dans le futur ».
On part donc de l’observation de quelques faits pour généraliser c’est-à-dire induire une théorie, c’est-à-
dire par généralisation d’une série d’énoncés d’observations en une loi universelle.
Pour les inductivistes, l’ensemble de la démarche scientifique peut alors être présenté comme suit :
Observations Induction Lois, théories Déduction Explications, prévisions

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L’abduction est un processus inférentiel (en d’autres termes, une hypothèse) qui s’oppose à la
déduction, car la déduction part d’une règle, considère le cas de cette règle et infère automatiquement
un résultat nécessaire.
Selon Koenig (1993), « l’abduction est l’opération qui, n’appartenant pas à la logique, permet d’échapper
à la perception chaotique que l’on a du monde réel par un essai de conjecture sur les relations
qu’entretiennent effectivement les choses. L’abduction consiste à tirer de l’observation des conjectures
qu’il convient ensuite de tester et de discuter. »

2. L’approche déductive
La déduction est avant tout un moyen de démonstration (Grawitz, 1996). Elle se caractérise par le fait
que, si les hypothèses formulées initialement (prémisses) sont vraies, alors la conclusion doit
nécessairement être vraie.
Exemple d’une déduction classique : le syllogisme de Socrate :
(1) Tout homme est mortel.
(2) Socrate est un homme.
(3) Socrate est mortel
(1) et (2) sont les prémisses et (3) la conclusion.

3. L’approche hypothético-déductive (ou déductive nomologique) -


La déduction est le raisonnement qui fonde la démarche hypothético-déductive. Cette démarche
consiste à élaborer une ou plusieurs hypothèses et à les confronter ensuite à une réalité. Le but est alors
de porter un jugement sur la pertinence de l’hypothèse initialement formulée.

Lois et théories universelles

Conceptualisations
(hypothèses, modèles, théories)

Démarche abductive
Démarche hypothético-déductive

Faits établis par l’observation


Explications et prédictions

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Chapitre 2. Les étapes d’une recherche en Sciences Sociales

Toute recherche scientifique en sciences sociales exige le respect d’une démarche rigoureuse qui passe
par plusieurs étapes.

I- LE CHOIX DU SUJET ET DE L’ENCADREUR


Le choix d’un sujet est une opération importante, mais sur laquelle il ne faut pas perdre trop de temps car
il n’y a pas de sujet idéal.
Il n’y a pas de thèmes ou sujets de recherche bons ou mauvais dans l’absolu. Plusieurs critères doivent
guider votre choix :
a) Est-ce que le thème/sujet vous intéresse ou vous motive ?
b) Votre encadreur : est-ce que le sujet s’inscrit dans ses préoccupations, son centre d’intérêt ?
c) L’état de la recherche : le sujet n’est-il pas rebattu c’est-à-dire traité plusieurs fois ?
d) Y a-t-il un débat important sur lequel vous pouvez apporter de nouveaux éclairages ?
e) Voir si vous avez des connaissances préalables
f) Identifier les ressources disponibles

II- LA QUESTION DE DEPART


Les critères d’une bonne question de départ
- Les qualités de clarté
Les qualités de clarté concernent essentiellement la précision et la concision de la formulation de la
question de départ ;
- Les qualités de faisabilité
Elles portent essentiellement sur le caractère réaliste ou non du travail que la question laisse entrevoir.
- Les qualités de pertinence
Les qualités de pertinence concernent le registre (descriptif, explicatif, normatif, prédictif…) dont relève
la question de départ.

III- LA PROBLEMATIQUE
1. Définition
Selon le Petit Robert, une problématique, c’est l’art de poser les problèmes. Problématiser c’est donc
être capable d’interroger un sujet pour en faire sortir un ou plusieurs problèmes. Au-delà, l’élaboration
d’une problématique suppose la capacité à articuler et hiérarchiser ces problèmes.
Problématiser, c’est l’art de poser des questions pertinentes, c’est une caractéristique de toute
activité scientifique.

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Pour Lévi-Strauss « le savant n’est pas celui qui donne les bonnes réponses, mais celui qui pose
les bonnes questions ». L’effort de problématisation, c’est la capacité à faire surgir du sujet une série
de questionnements et de problèmes articulés entre eux et à choisir un angle d’attaque pertinent et
fécond. Il implique donc :
- Travail de reformulation sous forme d’une ou plusieurs questions articulées ;
- Stratégie argumentative permettant de répondre de manière cohérente à l’ensemble de ces
questions.
La problématique est le fil conducteur de l’argumentation qui permet d’introduire chez le correcteur ou
l’auditeur le sentiment d’une logique argumentative convaincante dans un champ de réflexion déterminé
et clairement délimité. Formuler une problématique s’inscrit dans une méthode de réflexion ou
d’argumentation et permet de relever bien des défis intellectuels et même professionnels. La
problématique permet de bien délimiter un sujet d’étude.

2. Caractéristiques d’une bonne problématique


Une bonne problématique peut être caractérisée de trois manières :
- Une problématique doit être englobante. Elle donne au sujet son extension maximale. Les
principaux aspects du sujet sont abordés.
- La problématique est actuelle : elle en considération l’état le plus récent du débat théorique et
des données empiriques, tout en les mettant en perspective dans le temps et dans l’espace. Elle
se situe dans les grands débats de l’heure.
- La problématique doit être féconde : elle est la plus riche possible.

3. Démarche pour élaborer une problématique


- Il s’agit d’abord de faire le point des diverses approches du problème et d’élucider leurs
caractéristiques de base essentielles. Il existe plusieurs manières de penser le réel et d’étudier
les phénomènes sociaux.
- Se donner une problématique, c’est-à-dire de choisir une orientation théorique, un rapport avec
l’objet d’étude. C’est aussi expliciter le cadre conceptuel de sa recherche, décrire le cadre
théorique dans lequel s’inscrit la démarche personnelle du chercheur, préciser les concepts
fondamentaux et les liens qu’ils ont entre eux, construire un système conceptuel adapté à l’objet
de la recherche.
IV- OBJECTIFS DE LA RECHERCHE
Les objectifs sont des déclarations affirmatives qui expliquent ce que le chercheur vise, cherche à
atteindre. Ils expriment l’intention générale du chercheur ou le but de la recherche et spécifient les
opérations ou actes que le chercheur devra poser pour atteindre les résultats escomptés.
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V- INTERET DE LA RECHERCHE
L’intérêt est double et doit être spécifié :
- Sur le plan théorique (apports pour la recherche dans le domaine)
- Sur le plan pratique (apports pour les praticiens, pouvoirs publics)

VI- BASES D’HYPOTHESES ET HYPOTHESES


Le problème de recherche explicité par des questions précises conduisent à faire des supputations, des
propositions, des réponses anticipées aux questions ; c’est le sens des hypothèses.
L’hypothèse se présente comme une phrase qui représente une réponse plausible à une question de
recherche (la problématique). C’est une supposition ou une prédiction, fondée sur la logique de la
problématique et des objectifs de recherche définis. C’est la réponse anticipée à la question de recherche
posée.
Si l’hypothèse est une proposition de réponse à la question posée, elle tend à formuler une relation entre
des faits significatifs. Ceux-ci étant rassemblés, elle permet de les interpréter, de leur donner une
signification qui, vérifiée, constituera un élément possible de début de théorie.
La formulation d’une hypothèse implique la vérification d’une théorie. L’hypothèse demande à être
confirmée, infirmée ou nuancée par la confrontation des faits.
Votre hypothèse ne naît pas de rien. Il faut toujours partir d’une littérature en rapport avec votre sujet,
votre problématique pour formuler vos propres hypothèses. C’est pourquoi on parle de bases
d’hypothèses. Il faut une revue critique de la littérature, une analyse personnelle ou le bon sens du
chercheur.

Types d’hypothèses :
Malgré la variété d’hypothèses possibles, il existe en sciences sociales des types de recherche qui se
retrouvent plus souvent que d’autres, des hypothèses qui se ressemblent, et que l’on peut distinguer
suivant leur niveau d’abstraction en trois classes :
a) Hypothèses supposant l’existence d’uniformités. Elles se limitent le plus souvent à quantifier
des distributions des comportements. Par exemple la constatation que le taux de divorce
augmente dans les classes ayant des revenus élevés. Ce genre d’hypothèse redresse souvent
des préjugés et s’il confirme ce que l’on savait, il donne du moins des précisions.
b) Hypothèses supposant l’existence des liens logiques à partir des corrélations empiriques.
C’est le cas par exemple de certains comportements particuliers que l’on retrouve dans des

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groupes minoritaires. Il s’agit ici d’épurer les constations, pour conserver leurs caractéristiques
communes à ces différents groupes, pouvant expliquer leur comportement semblable.
c) Hypothèses concernant des relations entre variables analytiques qui impliquent la formulation
des relations entre certaines variables complexes, par exemple l’influence du niveau
économique, du lieu d’habitation, du nombre d’habitants, de la religion etc.… sur le taux de la
fécondité. Dans le cas où les éléments qualitatifs sont seuls considérés l’hypothèse doit justifier
la théorie explicative proposée, soit dans le cadre de la recherche effectuée, soit face à un
phénomène inattendu, soit pour remplacer une théorie antérieure.

VII- LA CONSTRUCTION DU MODELE D’ANALYSE


1. La construction des concepts
La conceptualisation, ou construction des concepts constitue une construction abstraite qui vise à rendre
compte du réel. Elle ne retient pas tous les aspects de la réalité concernée mais seulement ce qui exprime
l’essentiel du point de vue du chercheur. La construction d’un concept consiste dès lors à désigner les
dimensions qui le constituent, et ensuite à en préciser les indicateurs grâce auxquels ces dimensions
pourront être mesurées.

2. La construction des hypothèses


Une hypothèse est une proposition qui anticipe une relation entre deux termes, qui, selon le cas, peuvent
être des concepts ou des phénomènes. C’est une proposition provisoire, une présomption, qui demande
à être vérifiée. Elle sera dès lors confrontée à des données d’observations.
Les facteurs à prendre en compte dans la formulation des hypothèses :
- L’énoncé des relations : relation entre deux variables, deux phénomènes, deux concepts etc.
Cette relation peut-être causale (de cause à effet...), ou d’association (exemple ceci a un lien
avec cela, ceci est en relation avec cela..). Dans la plupart des hypothèses deux principaux types
de concepts : les causes ou facteurs qui ont des effets (ou des conséquences). Les causes sont
aussi nommées variables indépendantes tandis que les effets les variables dépendantes. Dans
une relation entre deux variables d’une hypothèse, la variable à expliquer, c’est la variable
dépendante, et le facteur explicatif, c’est la variable indépendante.
- Le sens de la relation est indiqué par des termes tels que : « moins que », « plus grand que »,
« différent de », « positif », « négatif » etc.
- La vérifiabilité : l’essence d’une hypothèse réside en qu’elle peut être vérifiée ; Elle contient des
variables observables, mesurables dans la réalité et analysables.

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Pour pouvoir faire l’objet de la vérification empirique, une hypothèse doit être falsifiable c’est-à-dire
pouvoir être testée indéfiniment et donc revêtir un caractère de généralité, et ensuite elle doit accepter
des énoncés contraires qui sont théoriquement susceptibles d’être vérifiées.
- La plausibilité : l’hypothèse doit être plausible, c’est-à-dire qu’elle doit être pertinente par rapport
au phénomène à l’étude.
Conditions de validité :
Quel que soit son origine, l’hypothèse ne peut être utilisable que sous certaines conditions :
-Elle doit avant tout être vérifiable, pour cela utiliser des concepts communicables, c’est-à-dire que les
deux termes mis en relation par l’hypothèse doivent être définis, si possible de façon opératoire, de façon
à permettre des observations précises.
K. Popper insiste sur le caractère provisoire des hypothèses qui peuvent être démontrées fausses, mais
dont la vérité, elle, n’est pas susceptible d’être démontrée. Pour cet auteur il n’y a pas de démonstration
possible du caractère définitivement irréfutable d’une proposition. Il préfère le terme de réfutable à celui
de falsification. Une hypothèse falsifiable n’est pas tautologique c’est-à-dire du genre « tous les
hommes sont de sexe masculin ou féminin »
-Sur le plan pratique, l’hypothèse doit ensuite mettre en cause des faits réels et ne pas comporter de
jugements de valeur : bon, mauvais, devraient etc.
- L’hypothèse doit être spécifique, c’est-à-dire ne pas se perdre dans des généralités. Si l’on veut
pouvoir la tester, il faut, quelle que soit l’idée générale dont elle est issue, qu’elle aboutisse à mettre
en cause des facteurs précis, ce qui implique des indices révélateurs de ces facteurs.
- Enfin l’hypothèse doit enfin se rattacher à une théorie existante, c’est-à-dire être en conformité
avec le contenu actuel de la science. Une hypothèse ne surgit pas indépendamment des
connaissances acquises antérieurement. Elle n’est pas une utopie, bien l’utopie puisse devenir
hypothèse.
Elle doit reposer sur des fondements théoriques solides (revue de la littérature), une analyse précise
de l’environnement et sur le bon sens du chercheur.

VIII- LA PRESENTATION D’UN PROJET DE RECHERCHE


La présentation d’un projet de recherche respecte un certain canevas :

1. Contexte de la recherche
2. Problématique
3. Les objectifs de la recherche
4. Intérêt de la recherche

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5. Bases d’hypothèses et hypothèses de recherche
6. Démarche Méthodologique
7. Plan provisoire du travail
8. Références bibliographiques

Le projet de recherche doit être :


- Soigné
- Cohérent
- Bien documenté
- Qui répond à une problématique

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Chapitre 3. Les échantillons et la collecte des données

Combien de personnes devons-nous interroger pour qu’une enquête soit crédible ? Voilà certes la
question que tout chercheur se pose avant d’entreprendre une démarche quantitative. La même
interrogation est présente dans l’esprit du lecteur des résultats de cette recherche. Ces derniers peuvent
remettre en question les résultats de cette étude parce qu’à leurs yeux un très petit nombre d’individus à
été interrogé ou encore à cause d’une faiblesse méthodologique dans la constitution de l’échantillon. En
plus du nombre de répondants, il faut s’interroger sur la manière de choisir ces derniers, sur l’utilisation à
faire des données recueillies et sur le type d’analyse à privilégier. Toutes ces dimensions ont un impact
sur les résultats d’une recherche qui se base sur une enquête. L’objet de ce chapitre vise à fournir un
guide, un support technique en ce qui concerne l’échantillonnage.
Lorsqu’on travaille à partir d’un échantillon, la statistique descriptive rend compte des observations faites
à base de cet échantillon. On tente de comprendre une situation lorsqu’on est en mesure d’expliquer les
différences observées dans l’échantillon au moyen des variables qui expliquent ces différences : par
exemple on observe dans l’échantillon des personnes entrepreneurs et d’autres non et les variables
permettant de les expliquer peuvent être nombreuses : niveau d’éducation, culture, origine sociale…enfin,
on projette sur l’ensemble de la population lorsque les données d’un échantillon permettent de
généraliser sur l’ensemble de la population. Il faut donc s’assurer au préalable de la représentativité de
l’échantillon avant de généraliser.
Cependant, les statistiques n’auront de sens que si les données utilisées sont crédibles. Il faut donc que
le nombre d’observations soit suffisant et fiable. Les éléments ou les individus qui doivent être utilisés
dans ce contexte doivent être représentatifs de la population à étudier. En fait l’opération statistique par
la médiation d’un échantillon vise à réduire l’erreur de décision que l’on commet lorsqu’on présente un
résultat. Cette erreur demeure omniprésente en statistique.

I- POPULATION, ECHANTILLON ET LANGAGE DES STATISTIQUES

Il est essentiel dans un premier temps de bien définir la population de l’étude. Une population dans le
sens statistique du terme désigne un ensemble d’individus ou d’unités statistiques qui composent la
totalité de l’univers qui est étudié. Si l’étude porte sur les mangers de 25 à 60 ans, alors la population
sera l’ensemble des managers de 25 à 60 ans. Une population peut être très circonscrite ou générale. Il
est cependant primordial de bien connaître cette population afin de bien établir le plan d’échantillonnage.
L’échantillon pour sa part ne compte que sur une partie de la population. On utilise un échantillon
lorsqu’on désire connaître les caractéristiques d’une population mais qu’il est trop difficile pour des raisons

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pratiques ou financières d’interroger l’ensemble de la population. Il s’agit donc dans un premier temps de
s’assurer si l’enquête touchera ou non l’ensemble de la population. Il est important de déterminer si les
personnes représentent l’ensemble de la population ou une sous population. Une sous population peut
être définie en fonction du sujet étudié. Si l’objectif est l’étude de certains modes de prise de décision, il
est en effet possible que ces modes proviennent de l’origine sociale du manager. Dans un tel cas on est
en présence d’une sous population. Si l’objectif est d’évaluer les différences d’origine sociale on doit
envisager la constitution d’un échantillon de plus grande taille. Si l’étude porte sur un environnement
contrôlé, un échantillon de petite taille convient le mieux.

Il est essentiel de définir les populations et les sous populations qui composent le champ d’étude. Il faut
aussi se demander s’il est question de décrire les caractéristiques d’une population ou d’une sous
population, de comprendre les raisons du comportement de cette population ou encore de projeter à
l’ensemble de la population le comportement individuel des personnes qui la composent. La clé réside
dans l’échantillonnage et dans la technique d’analyse.

II- LA TAILLE DE L’ECHANTILLON


Combien de personnes devons-nous interroger ? Pour répondre il est essentiel de s’interroger sur les
raisons d’être de l’enquête. En fait, il existe deux façons d’envisager la question. Voulons-nous brosser
un tableau général de la situation ou obtenir des données minutieuses et précises ? La taille de
l’échantillon est donc tributaire de la précision recherchée. Il est donc plus juste de se demander quelle
est la taille de l’échantillon qui assure un niveau de précision acceptable pour les fins de la recherche ?
Plus spécifiquement, il s’agit d’évaluer si la précision recherchée est pour une « moyenne » le manager
moyen à 25 ans », un total « 1 million d’entrepreneurs femmes », ou un effectif « il y’aura 1,5 millions
de managers femmes d’ici à 2 ans ». Une proportion » « 60% » de managers sont des femmes » il faut
donc s’interroger sur les besoins de la recherche afin d’appliquer le test approprié.
Il existe un principe selon lequel la taille de l’échantillon est indépendante de la taille de la population en
ce qui concerne l’erreur d’échantillonnage (l’erreur d’échantillonnage est la variation observée et dû
au hasard entre les échantillons. A partir d’une même population, il est possible de tirer plusieurs
échantillons. Chaque échantillon donnera un résultat différent. Toutefois, l’écart entre les
échantillons ne variera qu’à l’intérieur d’une fourchette dont le pourcentage est déterminé par la
taille de l’échantillon. Si on examine la note méthodologique des sondages publiés dans les
quotidiens et magazines, on peut lire une formule du genre « pour une enquête de cette taille,
l’erreur d’échantillonnage ne s’écartera pas de plus ou moins 4%( ou 3,5% ou 5%) dix-neuf fois
sur vingt. Cela signifie que si l’on prend 100 échantillons de la même, population, il est possible

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que cinq de ces échantillons s’écartent de la marge d’erreur de 4% (ou 3,5% ou 5%) par exemple,
un échantillon de 500 employés pour une entreprise de 3000 salariés, une ville de 100000 habitants pour
une ville de 25 millions d’habitants, offre la même erreur d’échantillonnage dans ces deux cas).
La taille de l’échantillon dépend aussi de plusieurs autres facteurs : la marge d’erreur acceptable et la
connaissance préalable de la population enquêtée. Connaissance qui peut provenir d’enquête d’opinions
et de recensements.

III- DIFFERENCES DE TAILLE D’UN ECHANTILLON POUR UNE POPULATION FINIE ET INFINIE
Une population finie est une population dont on connaît la taille au départ et elle est généralement petite
(par exemple, les 30 entreprises de logistiques de la ville Ngaoundéré). Une population infinie est une
population dont on ne connaît pas la taille exacte parce qu’elle relativement grande. Lorsque la population
de l’étude est petite, la taille de l’échantillon peut être plus petite tout en conservant la même marge
d’erreur que pour une population plus grande, mais il faut appliquer un facteur de correction. (Pour
déterminer si la population est petite on applique la règle du « 7 ». On multiplie la taille de
l’échantillon calculé par 7. Si le résultat est plus petit que la taille de la population, on applique le
facteur de correction). Par exemple, nous avons une population de 200 élèves et nous ignorons les
caractéristiques de cette population donc l’écart type est inconnu. Nous décidons d’accepter une marge
d’erreur de + ou – 5%. Pour déterminer le nombre de répondants nécessaire nous appliquons ensuite la
formule N= 1/E², c'est-à-dire la taille de l’échantillon (n) est égale à l’inverse de l’erreur E au carré. Comme
nous avons déterminé que l’erreur acceptable serait de 5%, nous avons donc :
N= 1/0,05², N=1/0,0025 ; N= 400. Nous avons donc besoin de 400 répondants avec ce nombre, les
résultats ne s’écarteront pas de plus ou moins5% 19 fois sur 20(ou 95% des fois). Comme ma population
d’élèves est inférieure à la taille de mon échantillon, je dois appliquer le facteur de correction. Ce dernier
suit la formule suivante : N’= (N * n) / (N + n) où N’est l’échantillon corrigé, N la taille de ma population,
n la taille de l’échantillon (ici 400 répondants) donc N’= 400*200/400+200=80000/600=133. Nous avons
donc besoin de 133 répondants. Cette démarche doit être utilisée si nous utilisons des tests statistiques
qui extrapolent les résultats à l’ensemble de la population.

IV- LES DIFFERENTS TYPES D’ECHANTILLONS

Il existe plusieurs méthodes pour sélectionner les individus qui serviront à répondre aux objectifs d’une
recherche. Essentiellement, les échantillons se regroupent en deux familles : les échantillons non
probabilistes et les échantillons probabilistes.

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1. Les échantillons non probabilistes
Ce sont des échantillons qui n’offrent pas à tous les membres de la population une chance égale ou
prédéterminée d’être sélectionnés. La probabilité de sélection d’un membre de la population est donc
inconnue. Il devient ainsi impossible de calculer la précision des résultats ainsi obtenus et d’utiliser les
résultats pour extrapoler à l’ensemble de la population. Cette impossibilité réside dans le fait qu’il est
possible que les répondants ne soient pas représentatifs de la population en générale (un enquêté que
le chercheur connaît, le directeur d’une société interrogé que l’enquêteur connaît et l’échantillon
volontaire sont autant d’exemples d’échantillons non probabilistes). Il est toutefois possible de légitimer
l’utilisation d’un échantillon non probabiliste notamment dans la compréhension des questions ou encore
pour calculer le temps traitement ou d’administration du questionnaire.
a) Echantillons de convenance
b) Echantillon par choix raisonné
c) Echantillons par quotas
d) Echantillons boule de neige

a) Echantillons de convenance
Le chercheur fait appel à des personnes interceptées dans la rue, dans les marchés, dans les bureaux
etc. pour répondre à son questionnaire;
Un tel échantillon n’est pas représentatif.
b) Echantillon par choix raisonné
C’est aussi une forme d’échantillon de convenance à la différence que les éléments de la population sont
sélectionnés en fonction du jugement du chercheur
C’est également non représentatif.

c) Les quotas
Les éléments d’un échantillon par quota ne sont pas sélectionnés au hasard mais en fonction d’un certain
nombre prédéterminé d’éléments à l’intérieur de certaines catégories. Cette méthode est utilisée par
certains instituts de sondage. Il s’agit de déterminer dès le départ le nombre de personnes qui offrent
certaines caractéristiques. Par exemple 10 personnes de sexe masculin entre18 et 24 ans, 15 femmes
entre 25 et 34 ans, …. Le sondage par quota n’est pas probabiliste cependant lorsqu’il est intégré dans
le cadre d’un échantillon stratifié, il est possible de travailler à partir de ses résultats de manière
statistiquement fiable. Cette méthode est pratique pour les recherches en marketing. Son application
dans d’autres champs de recherche est plus problématique.
Dans ce cas le chercheur identifie les caractéristiques descriptives de la population mère à étudier puis
élabore un échantillon présentant les mêmes caractéristiques descriptives.

16
Si la procédure est rigoureusement suivie, alors l’échantillon sera représentatif.
Cette méthode est utilisée par certains instituts de sondage.

d) Echantillon boule de neige


Le chercheur choisit un premier groupe de répondants généralement au hasard. Après avoir les
interrogés, on leur demande d’indiquer d’autres répondants potentiels qui appartiennent à la population
cible étudiée;
Ce type d’échantillon est utilisé lorsque la population cible est difficile à maîtriser.
Exemple la population des sorciers de Maroua

2. Les échantillons probabilistes

Un échantillon est probabiliste lorsque la probabilité d’être choisi est connue pour tous les membres d’une
population. Il est alors possible d’effectuer des calculs afin de mesurer ‘exactitude des résultats.

a) L’échantillon aléatoire simple


Consiste à sélectionner les répondants au hasard à partir d’une population. Dans ce cas chaque membre
de la population a une chance d’être sélectionné (exemple d’un tirage pour une tombola ou tous les billets
participants se trouvent à l’intérieur d’un baril de tirage)

b) L’échantillon aléatoire systématique


Ce type d’échantillon est simple et s’utilise lorsque nous avons affaire à une population captive ou si nous
disposons d’une liste des membres qui la composent. Les éléments sont choisis d’une façon
systématique selon le nombre de personnes devant être sélectionnés. Par exemple, nous voulons
sélectionner 100 personnes et notre liste contient 1000 noms. Nous prenons un chiffre au hasard entre 1
et 10 puisque 1000 divisé par 100 donne 10. Cela représente le pas de sondage. Si nous choisissons au
hasard le chiffre 5, nous sélectionnons la cinquième personne sur la liste la quinzième, la vingt
cinquième…toutes les personnes au départ avaient la même chance d’être sélectionnés.

c) L’échantillonnage par grappes


Lorsqu’une population se divise en plusieurs composantes semblables ou en sous populations
possédant des caractéristiques similaires, on associe ses sous populations à des grappes. Dans le cas
des études sur les écoles, les écoles d’un quartier formeraient une grappe. Toutes les écoles d’un même
quartier possèdent les mêmes caractéristiques sociodémographiques. Alors une école de ce quartier
pourrait représenter l’ensemble des écoles de ce quartier. La grappe peut être complète ou partielle c'est-

17
à-dire qu’on peut prendre une partie des élèves de l’école ou seulement une partie d’entre eux. Les
grappes sont à utiliser lorsque la population est homogène et peu sous divisée. Elles permettent des
économies d’échelles notamment dans les déplacements. Elle convient aux études s’étendant sur des
vastes territoires.

d) L’échantillonnage stratifié.
Il y a une relation directe entre la précision d’une enquête et l’homogénéité de la population d’étude. Il
arrive parfois que les sous populations soient homogènes que la population elle-même ou que des
éléments d’une population ne représente qu’eux-mêmes. Dans ce cas ces sous populations forment des
strates. Par exemple l’étude sur l’utilisation de certaines techniques de vente, il est possible que des
études préliminaires ait démontré que la taille de l’entreprise, son secteur d’activité et son âge ont une
influence. La sélection des entreprises se fera selon ces strates. Les strates peuvent être simples avec
une variable ou complexes avec plusieurs variables. Les strates sont donc formées à partir de certaines
caractéristiques de la population et qu’une connaissance préalable de cette dernière est nécessaire. En
prenant l’exemple d’une étude portant sur les étudiants d’une ville. En supposant qu’il y’a 4 universités
dans la ville concernée. Ces 4 universités se partagent deux langues d’enseignement. Il y’a deux
universités de langue A que nous appelons universités A1 et A2. Deux universités de langue B que nous
appelons B1 et B2. La clientèle des 4 universités est également différente. En effet, les étudiants des
universités A1 sont majoritairement inscrits dans les programmes scientifiques alors que ceux des
universités A2 sont majoritairement inscrits dans les programmes de sciences humaines. Supposons que
nous ayons le même phénomène dans les universités B 1 et B2. Nous nous retrouvons donc avec une
population générale d’étudiants. Cependant si nous effectuons une recherche sur les étudiants de la ville
et que nous choisissons les étudiants de l’université A1 pouvons-nous légitimement utiliser les résultats
et en déduire pour l’ensemble des étudiants de la ville? Non puisque les étudiants de A 1 possèdent des
caractéristiques qui leurs sont propres. Ces caractéristiques sont à la fois linguistiques et d’orientation
académique. Mais si nous faisons une étude sur l’utilisation des termes techniques nous pourrions dire
que chacune des universités forme une population homogène. L’échantillonnage stratifié nécessite une
connaissance statistique préalable pouvant provenir des recensements. Ces derniers permettent
l’identification des strates et leur pondération.

Conclusion
Que ce soit pour des échantillons de petite taille ou pour des échantillons plus importants, il est important
de respecter les étapes de la planification méthodologique suivante :

18
1- Définir la population à l’étude : il est primordial de bien définir cette population
2- Définir les objectifs statistiques de l’enquête : voulons-nous simplement décrire une situation ?
comprendre les causes de la situation ou extrapoler sur l’ensemble d’une population à partir d’un
échantillon ?
3- Déterminer le degré de précision recherché
4- Établir les contraintes de l’enquête : taux d’incidence, taux de refus
5- Établir la méthode d’échantillonnage la plus appropriée en fonction des contraintes : de temps et
de budgets
6- Coûts
7- Délais impartis
8- Les informations disponibles (recensements, enquêtes antérieures)

Comme nous l’avons mentionné la taille de l’échantillon peut avoir une influence sur l’erreur que l’on
commet lorsque l’on tente de projeter sur l’ensemble de la population les résultats d’une enquête. Le
meilleur moyen pour contourner ce problème est l’utilisation du test statistique approprié.

V- LA COLLECTE DES DONNEES


De quelles données le chercheur a-t-il besoin pour tester ses hypothèses ? Ce sont les données qui sont
définies par les indicateurs.
Il existe pour le chercheur plusieurs types de données : les données secondaires et les données
primaires. Les données secondaires sont celles qui existent ou sont déjà publiées par des organismes
tels que l’INS (Institut National de la Statique), la BEAC, la Banque Mondiale, le FMI, la BAD. Tandis que
les données primaires sont recueillies directement auprès des responsables ou personnes interviewées.
N.B. : ne collecter que de données qui ont trait avec votre sujet et dont les indicateurs sont bien définis
pour éviter d’être submergé par une multitude de données !

1. La collecte des données primaires dans les recherches quantitatives


Le mode de collecte de données primaires le plus développé dans les recherches quantitatives est le
questionnaire.
a) La collecte par questionnaire
Le questionnaire permet d’interroger directement des individus en définissant au préalable, par une
approche qualitative, les modalités de réponse au travers des questions dites « fermées ». C’est un outil
de collecte de données primaires bien adapté aux recherches quantitatives puisqu’il permet de traiter des
grands échantillons et d’établir des relations statistiques ou des comparaisons chiffrées.
Le questionnaire est le résultat d’une succession de quatre phases principales :
- La définition des besoins en information ;
- La définition du type de question à poser
- Le nombre et l’ordre des questions

19
- La rédaction du projet des questionnaires
a1) Formulation des questions
Elles doivent être conçues de façon :
- A être comprises par les personnes interrogées d’où le choix du vocabulaire et de la syntaxe.
Eviter donc des formulations trop longues et trop complexes ;
- A avoir des réponses connues de la personne interrogée
- A favoriser des réponses sincères et à éviter des biais de confidentialité, de prestige et de
conformisme.
a2) Les trois biais
- Le biais de confidentialité apparaît lorsque l’enquêté retient volontairement l’information, ex. le
CA des entreprises camerounaises.
- Le biais de prestige apparaît lorsque l’enquête cherche à défendre son honneur, exemple,
combien de fois vous lavez-vous par semaine ;
- Le biais de conformisme lorsque l’enquêté a tendance à répondre systématiquement de la
même façon à une série de questions. C’est notamment lorsque les items de mesure d’un
concept sont groupés au même endroit.
a3) Progressivité des questions
L’ordre des questions est important et doit suivre une logique très précise : on passe du général au
spécifique (précis et difficile), une manière de familiariser l’interviewé au format des questions et de
l’amener à réfléchir sur le sujet de l’enquête.
Il est recommandé de ne pas poser des questions embarrassantes concernant par exemple la vie privée,
l’opinion publique dans la seconde partie du questionnaire.
La fin du questionnaire sera consacrée à des questions d’identification telles que l’âge, la catégorie
socioprofessionnelle, la fonction, l’ancienneté.
a4 ) L’administration du questionnaire
L’administration du questionnaire se fait de plusieurs façons :
- L’administration en face à face,
- L’administration d’un questionnaire postal
- L’administration par téléphone,
- L’administration par voie informatique

20
Modes d’administration
Postal Face à face Téléphone Informatique
Coût Moyen, Elevé, si non Elevé, si non Moyen, si envoi
Coûts postaux et pratiqué par le pratiqué par le postal, ou faible
coût de chercheur chercheur via internet
reproduction
Contrôle de Faible, aucun Elevé Elevé Faible, aucun
l’échantillon moyen de savoir moyen de savoir
qui a répondu qui a répondu
Temps de Assez court, sauf Très dépendant Très dépendant Assez court, sauf
réalisation cas de relance de l’échantillon et de l’échantillon et cas de relance
du nombre du nombre
d’enquêteurs d’enquêteurs

b) Les autres modes de collecte des données primaires destinées à une utilisation quantitative
Ce sont principalement les cadres d’observation et les méthodes expérimentales
b1) Les cadres d’observation
L’observation n’est pas une méthode de collecte très courante dans les recherches quantitatives. Parce
qu’il est difficile de mener de mener des observations sur des larges échantillons. C’est pourquoi on
recourt à un cadre d’observations « systématique » pour décrire de la même façon les comportements
observés. Un cadre d’observation est construit comme un questionnaire sur la base du modèle conceptuel
de recherche et du choix de la méthode d’analyse des données que le chercheur compte utiliser. Les
données collectées par observation systématique peuvent faire l’objet d’un traitement quantitatif.
b2) Les méthodes expérimentales
Elles permettent de faire de faire des prélèvements quantitatifs et d’exploiter statistiquement les données
recueillies. La qualité d’une expérimentation repose avant tout sur la mise en conditions des participants
(comportement, volonté, condition d’environnement, etc.) ;
Différentes méthodes peuvent être mobilisées pour mener des expérimentations. Le chercheur peut avoir
recours à la méthode des protocoles : le sujet est alors invité à reconstituer et à décrire à « haute voix »
les processus internes de traitement de l’information qui sous-tendent ses décisions.
Une autre méthode d’expérimentation consiste en la participation des sujets à un jeu de rôle.

2. La collecte des données primaires dans les recherches qualitatives


Van Maanen (1974) définit les méthodes qualitatives comme un « éventail de techniques d’interprétation
qui visent à décrire, décoder, traduire et d’une façon plus générale être en accord avec le sens, et non
pas décrire la fréquence, de certains phénomènes qui se produisent plus ou moins naturellement dans le
monde social ».

21
La méthode qualitative fondamentale est l’interview en profondeur. Il existe d’autres méthodes ou
approches de recherche : l’incident critique, la technique de la repertory grid (grille de lecture), les
techniques projectives, les méthodes de protocoles, les interviews de groupe et les cartes cognitives.

a) L’interview
C’est une technique destinée à collecter, dans la perspective de leur analyse, des données discursives
(basées sur le discours) reflétant notamment l’univers mental conscient ou inconscient des individus. Il
s’agit d’amener les sujets à vaincre ou à oublier les mécanismes de défense qu’ils mettent en place vis-
à-vis du regard extérieur sur leur comportement ou leur pensée.

b) L’observation participante
Elle trouve ses origines dans les recherches ethnographiques. La tradition de ces recherches de terrain
consiste à vivre immergé au sein de cultures tribales, pour essayer de comprendre de l’intérieur les
mœurs, coutumes, pratiques sociales et symboliques de cultures très différentes. La littérature est
abondante surtout en sociologie et anthropologie. Les organisations peuvent parfaitement être vues elles
aussi comme des « tribus », dotées de leurs propres coutumes et rites, étranges aux yeux de ceux qui
n’en sont pas membres. C’est pourquoi cette technique est utilisée en management en marketing.

c) La technique de l’incident critique


Proposée par Flanagan (1957), elle est définie comme « un ensemble de procédures pour collecter des
observations directes du comportement humain afin de faciliter leur utilisation potentielle dans la
résolution des problèmes pratiques, et la mise à jour des principes psychologiques généraux ». Par
incident, l’auteur entendait toute activité humaine observable suffisamment complète pour permettre
l’inférence ou la prédiction du comportement personnel. Pour être critique l’incident doit se produire dans
un contexte où l’objet ou l’intention de l’acte paraît très claire à l’observateur, et lorsque ses conséquences
sont suffisamment nettes pour ne laisser aucun doute.

d) Technique de grille d’analyse


Une autre technique d’analyse pour explorer les domaines qui sont difficiles à structurer est celle de la
grille d’analyse. Elle est utilisée pour comprendre les perceptions individuelles et les construits utilisés
par les individus pour saisir et gérer leur propre univers de représentations. Une grille d’analyse est une
représentation abstraite qui peut être utilisée même avec les personnes dotées de faibles aptitudes
verbales. Elle est particulièrement adaptée pour la recherche auprès des enfants ou de personnes ayant
de problèmes de langue.
Une grille d’analyse contient les éléments suivants :

22
- Des éléments ou objets de pensée. Ces objets sont généralement les personnes qui nous
entourent ; ils peuvent être aussi des objets inanimés ou des représentations telles que l’idée
que se fait l’individu de ses talents et de la manière dont il a les acquis.
- Des construits : ce sont les qualités que l’individu utilise pour décrire et différencier les éléments.
Ce sont en quelque sorte les lunettes à travers lesquelles il voit le monde.
- Des mécanismes de relation : ce sont différents moyens d’indiquer comment les éléments et
les construits sont liés, et de les présenter sous une forme matricielle.

e) Techniques projectives
Ces techniques se fondent sur l’idée que les sujets vont révéler des niveaux cachés de leur conscience
en réagissant à différents types de stimuli, des dessins par exemple. Ces stimuli doivent être assez
ambigus afin que le répondant puisse projeter ses propres interprétations. Ce faisant, il met au jour des
aspects de ses motivations et sentiments cachés, dont l’interprétation peut être faite par des
psychologues expérimentés.

f) L’analyse des protocoles


La méthode des protocoles constitue une autre technique pour débusquer la logique sous-jacente de la
manière dont les gens pensent et se comportent. A ce titre elle fait partie de la perspective du
constructivisme social. Des épisodes uniques dans une perspective individuelle, par exemple durant une
situation de prise de décision, forment le centre de la méthode des protocoles. La personne doit ensuite
commenter ce qui se passe, ou lorsque cela s’avère difficile, d’un enregistrement de l’épisode
correspondant au protocole (au magnétophone ou bien vidéo). Le sujet fait l’analyse du protocole à
travers des événements de sa propre vie, cependant que les chercheurs analysent a posteriori les
discussions qu’ils ont enregistrées de façon à rechercher les idées pertinentes.

g) Les interviews de groupe


Les interviews ne se déroulent pas uniquement en face à face, pour certains types d’enquête des
interviews de groupe peuvent s’avérer fructueuses. Elles prennent la forme de conversations légèrement
structurées et guidées. Elles sont intensivement utilisées en recherche commerciale, ou l’on parle souvent
d’interviews par focus group

h) Les cartes cognitives


Un développement récent des interviews de groupe est connu sous le nom de « cartes cognitives ». Cela
part souvent de la perspective de recherche-action qui considère le changement organisationnel comme
une partie importante du processus de recherche. Les cartes cognitives tentent de modéliser la

23
complexité des problèmes organisationnels, tels que les managers le voient, de telle sorte que l’on puisse
ensuite les analyser et les résoudre.
La formulation de la stratégie est un domaine important d’utilisation de cette technique.

24
Chapitre 4. Traitement des données et présentation des résultats

Section 1. Présentation des résultats en recherche quantitative

La présentation des résultats doit être brève et explicite, sans redondance: on ne doit mettre en évidence
que les données significatives. Lors des discussions des résultats, il faut faire ressortir les principes ou
les relations que les résultats autorisent. Bref il faut faire parler les résultats, les interpréter, montrer en
quoi l’hypothèse de travail se trouve corroborée ou infirmée.
I. Les tris à plat
Le tri à plat est une opération consistant à déterminer comment les observations se répartissent sur les
différentes modalités que peut prendre une variable à modalités discrètes. Le résultat de cette opération
est donc un simple tableau, de « tableau de fréquences ». Ce tableau peut faire apparaître simplement
le nombre d'individus dans chaque modalité, la fréquence d'individus par modalité, ou le pourcentage.

II. Les tris croisés


C’est une extension à plusieurs variables du tri à plat.
Le tri croisé est l'opération consistant à calculer les fréquences d'individus statistiques tombant dans
chacune des cases du produit cartésien de plusieurs variables. Le résultat d'un tri croisé est ce qu'on
appelle un « tableau de contingences ».
Le tri croisé porte sur deux variables et permet d'obtenir un bilan croisé de leurs réponses.
. Pour deux variables qualitatives, on obtient un tableau comprenant :
Les réponses de la première variable choisie en colonne, à raison d'une colonne par réponse.
Les réponses de la seconde variable choisie en ligne, à raison d'une ligne par réponse

III. Méthodes d’analyse multivariée


L'analyse multivariée recouvre un ensemble de méthodes destinées à synthétiser l'information issue de
plusieurs variables, pour mieux l'expliquer.
Une population peut être définie par une variable (taille), deux variables (taille et poids) ou plus de
variables. Si la population est définie par plus de deux variables on utilise soit les méthodes de
régressions multiples soit les méthodes d'analyses multivariées pour décrire la population. Nous
considérons ici le cas des analyses multivariées
Dans la plupart des cas et surtout pour ce qui concerne nos populations à échantillonner (cas de la faune)
on suppose que les éléments de la population sont distribués selon la loi du hasard et que cette
distribution obéit à la loi normale. Les méthodes d'analyse multivariée sont des statistiques descriptives

25
qui permettent de comprendre l'organisation des données autour des axes du plan (plan euclidien, plan
tridimensionnel).
IV. TYPOLOGIE DES METHODES MULTIVARIEES
Objectifs
Régression multiple Pr édiction de y en fonction des variables xK
Recherche de dépendance entre x et y en présence d’autres variables
Vérifier la validité du modèle
Multiple ANOVA (MANOVA) Tester la différence entre les moyennes mesurées ou étudiées sur deux ou
plusieurs populations

Analyse discriminante Décrire les différences entre plusieurs groupes, on définit une relation
linéaire des variables permettant une meilleure discrimination des groupes

Analyse en composantes Décrire une matrice des données par la réduction des dimensions
principales (ACP) Définir la variation entre les données originelles
Définir une nouvelle matrice des données (c’est-à-dire les composantes
principales) pour utilisation
Analyse des facteurs par Reproduire une matrice de corrélation pour les données originelles
correspondance (AFC) Permettre d’interpréter la contribution des facteurs dans la structure des
données

1. REGRESSION ET CORRELATION
Lorsqu'on observe deux variables quantitatives sur les mêmes individus, on peut s'intéresser à une
liaison éventuelle entre ces deux variables.
La régression fournit une expression de cette liaison sous la forme d'une fonction mathématique.
La corrélation renseigne sur l'intensité de cette liaison

a) Ajustement d’un nuage de points a une fonction mathématique

a1) Ajustement linéaire par la méthode des moindres carrés


Lorsque le nuage de points (xi, yi) est à peu près rectiligne, on peut envisager d'exprimer la liaison entre
x et y sous forme de fonction affine y = ax + b

26
a2) Ajustement à une fonction exponentielle

Pour ajuster un nuage de points à une courbe exponentielle , il suffit de faire le changement de
variable Y = ln y , X = x , A = ln a , B = ln b , pour obtenir l'équation Y = AX + B, et d'utiliser ensuite
l'ajustement linéaire par la méthode des moindres carrés sur les points (Xi , Yi).

a3) Ajustement à une fonction puissance

Pour ajuster un nuage de points à une courbe puissance , il suffit de faire le changement de
variable Y = ln y , X = lnx , A = a , B = ln b , pour obtenir l'équation Y = AX + B , et d'utiliser ensuite
l'ajustement linéaire par la méthode des moindres carrés sur les points (Xi , Yi).
b) Mesure de l'intensité de la relation linéaire entre deux variables
b1) Covariance

x et y varient dans le même sens


x et y varient en sens contraire

27
b2) Coefficient de corrélation linéaire

Relation fonctionnelle linéaire


Indépendance linéaire
Dépendance linéaire d'autant plus forte que est grand
N.B :
Une forte causalité entre x et y implique une forte relation entre x et y qui n'est pas forcément linéaire; on
n'a donc pas obligatoirement une forte corrélation linéaire.
Une forte corrélation linéaire n'implique pas forcément une forte causalité.
b3) Droites de régression

Dy/x : y = ax + b avec

Dx/y : x = a'y + b' avec


La position des deux droites de régression l'une par rapport à l'autre donne un renseignement sur
l'intensité de la relation linéaire:
* droites de régression confondues relation fonctionnelle linéaire
* droites de régression perpendiculaires dont une de pente nulle indépendance
linéaire
* Plus les droites sont proches, plus la relation linéaire est importante
b4) Des relations intéressantes
r² = aa'

28
Ce sont des séries d'observations échelonnées dans le temps. L'objectif de l'étude des séries
chronologiques est double:
 Analyse d'un phénomène temporel en mettant en évidence essentiellement la tendance générale
et les fluctuations saisonnières
 Élaboration d'un modèle permettant de faire de la prévision à court terme

2. L’ANALYSE EN COMPOSANTES PRINCIPALES (ACP)

C’est une méthode d’analyse factorielle qui vise à permettre une représentation plus accessible de la
structure des données en retenant que l’essentiel de l’information.

a) Objectifs :
 Extraire l’essentiel de l’information contenue dans un grand tableau des données.
 Etudier le tableau des données du point de vue de la ressemblance entre les individus ou des
liaisons entre variables.
b) Nature des données
Les données doivent être métriques.

Section 2. Présentation des résultats en recherche qualitative

Les données d’une variable qualitative fondées sur l’analyse des documents, l’analyse d’entretiens, sur
une étude de cas etc... Le chercheur établit des catégories susceptibles de produire de sens pour la
situation. L’objectif est de mettre en évidence le sens global des données, donc d’identifier des unités de
signification, de développer le contenu des unités de significations et de synthétiser l’ensemble. Les tris
à plat et les tris croisés peuvent être utilisés ici également.

I- Analyse factorielle des correspondances (AFC)


1. Problèmes
Lorsqu’on recueille des données qualitatives pour un nombre important de variables et d’individus, celles-
ci peuvent se présenter sous la forme d’un tableau individus-variables : les cases du tableau sont remplies
de 0 et de 1 selon que l’individu possède ou pas la modalité correspondante (tableau binaire ou dispositif
complet).
2. Objectifs
Pour l’analyse des correspondances d’un tableau de contingence, représenter les modalités de deux
variables dans un même plan afin de mettre en évidence les fortes liaisons entre modalités.
3. Nature des données
Deux types de tableaux peuvent être traités :
- Tableau de contingence qui croise les modalités de deux variables qualitatives

29
- Tableau binaire (ou disjonctif complet) qui croise des individus et des modalités des variables
qualitatives : on fera dans ce cas, une analyse des correspondances multiples.

II- Tableau de contingence et test du chi-deux

1. Principes
Le cas de croisement entre deux variables nominales est rencontré très fréquemment dans l’analyse des
résultats d’enquête : il s’agit de l’étude des tris croisés (ou tableau de contingence) dont la signification
peut être certifiée par le test du chi-deux.
Les tris croisés consistent à comparer les réponses à une question selon la réponse donnée à une autre
question ; par exemple, on comparera la répartition des oui et des non à une question sur la
consommation au cours d’une période donnée (par exemple, avez-vous consommé une bière X au cours
des 3 derniers jours ?) ou encore êtes-vous marié ou non, selon que la personne interrogée est un homme
ou une femme.

Dans le cadre formel de la matrice des données, cela consiste à étudier simultanément deux colonnes et
à dénombrer les apparitions des 4 combinaisons possibles (homme marié, homme non marié, femme
marié, femme non mariée). Un tel tableau est dit tableau de contingence.

Tableau 1 : Effectifs observés dans l’échantillon

Marié non marié Total


Homme 100 17 117
Femme 1 40 41
Total 101 57 158

Les résultats peuvent être présentées soit en valeurs absolues, soit (pour faciliter l’interprétation et la
comparaison) en pourcentage1. Ces pourcentages peuvent être calculés suivant les lignes ou les
colonnes.
Ce regroupement des données à deux conséquences. En augmentant les effectifs conjoints par case, il
diminue les effets aléatoires sur les effectifs. En revanche, il crée une perte d’informations car le détail
des situations matrimoniales à l’intérieur des « mariés » ou des « non mariés » disparaît.

1
Il cependant indispensable de référer aux valeurs absolues pour mesurer la « signification », au sens statistique
des résultats.

30
L’examen du tableau montrant combien d’individus satisfont à deux modalités des variables croisés
permet à l’observateur de chercher le degré d’association entre les deux variables : le fait d’être du sexe
masculin ou féminin a-t-il ou non une influence sur le mariage ?

En examinant le tableau, on peut avoir une idée sur les éléments de réponse. Mais dans le cas de faibles
différences, ou de grands tableaux, il est utile de disposer d’une assistance statistique pour cet examen.
Dans tous les cas, le test du Chi-deux va permettre de répondre à la question : le mariage est-il
indépendant du sexe ?

Tableau 2 : Effectifs théoriques dans l’échantillon

Marié non marié Total


Homme 74,8 42,2 117
Femme 26,2 14,8 41
Total 101 57 158

Le principe du test est le suivant : il s’agit de comparer la distribution observée sur un échantillon à une
distribution théorique correspondant à l’hypothèse que l’on veut tester (voir tableau 2).
La procédure de calcul est la suivante : soient deux variables qualitatives X et Y, ayant pour nombre de
modalités respectif k et l. Le tableau de contingence représentant la ventilation de l’échantillon ou (de la
population) suivant ces deux variables a pour éléments général nij, nombre d’éléments de la population
répondant simultanément à la modalité i de la variable X et à la modalité j de la variable Y.
Tableau 3 : Tableau de contingence : cas général
Y Total
  j q
1

X i
nij ni.
p
Total n.j N

31
n
Notons le nombre d’éléments de la population ayan la modalité i de X : ni.   nij (i est fixé et c’est j
j 1

n
qui varie); et de façons analogue pour Y : n. j   nij . Soit N le nombre total d’éléments de la
i 1

population : N   n  n  n
ij i. .j .
i j

La probabilité pour un élément de la population de répondre à la fois aux modalités i et j des deux variables
peut être estimée par : Pˆij  nij / N . De façon analogue, Pˆi.  ni. / N et Pˆ. j  n. j / N . Si l’hypothèse

testée, c’est-à-dire l’indépendance entre X et Y est vrai, on doit avoir Pˆij  Pˆi.  Pˆ. j (c’est-à-dire

l’appartenance d’un élément à une case d’une variables n’est pas conditionnée par son appartenance à
une classe de l’autre).
ni.  n j .
L’effectif théorique nˆij de la classe (i,j) est alors égale à nˆij  .
N
101117
Ainsi, dans le tableau 2 la première valeur est : 74,8  nˆ11  .
158
On peut dès lors effectuer le test d’hypothèses :

H 0 :les variables sont indépendantes


H1 : les variables ne sont pas indépendantes

n  nˆij 
2

Le test du Chi-deux consiste alors à calculer la quantité :  c   


2 ij

i j nˆij

qui suit une loi du  2 à v = (p-1)(q-1) degré de liberté.

Plus les écarts entre effectifs observés et effectif théoriques (ou espérés) sont élevés, plus il est probables
que les deux variables sont indépendantes entre elles.

Règle de décision : si c2 observé   2 lu, à un niveau de signification donné, l’hypothèse nulle

(l’hypothèse d’indépendance) est rejetée.

100  74,8 17  42, 2  1  26, 2   40  14,8 


2 2 2 2

Dans notre exemple,  


2
    90, 68
74,8 42, 2 26, 2 14,8

32
Le nombre de degré de liberté est : v = (p-1)(q-1) = (2-1)(2-1) = 1.

Pour  = 0,05 et v = 1, la table du Chi-deux indique le seuil critique :  0,95


2
1  3,84 .

Conclusion : l’hypothèse d’indépendance est largement rejetée. Il très peu probable de se tromper si
l’on affirme que les variables nominales « sexe » et « situation matrimoniale » ne sont pas
indépendantes l’une de l’autre.
En général, le  2 est sensible à la taille de l’échantillon n. Si la taille de l’échantillon double, alors, à

structure d’échantillon inchangée, la valeur du c2 double. Afin d’éliminer l’effet de taille d’échantillon, un

coefficient de contingence C est établi :

 c2
C
 c2  n

Le coefficient de contingence mesure le degré d’indépendance ou la corrélation entre les variables


étudiées dans le tableau de contingence. Le coefficient de contingence varie de 0 à une valeur maximale
qui dépend du nombre de lignes et de colonnes du tableau, mais toujours inférieur à 1.
Appliqué à la relation entre sexe et situation matrimoniale, le coefficient de contingence2 est égal à

c2 90, 68
C   0, 603 .
 n
2
c 90, 68  158

2. Limites :

1) Le test du Chi-deux a pour limite d’application d’être assez sensible à la taille de l’échantillon (pour le
test soit fiable, il faut que l’effectif attendu pour chaque case du tableau des effectifs théoriques soit
supérieur à 5, et au nombre de degrés de liberté3.
2) La situation matrimoniale a été réduite à l’opposition « marié » et « non marié » ; il n’est pas possible
d’inclure des conclusions sur les différents statuts matrimoniaux des non-mariés.

2
Ce coefficient est en réalité très élevé car si la dépendance entre les variables avait été totale (relation

fonctionnelle réciproque), on démontre que C  1/ 2  0, 707 , valeur maximale de C dans un tableau 22.
3
C’est-à-dire au nombre de catégories des deux variables : des regroupements de modalité peuvent ainsi avoir un
effet sur le résultat du test.

33
3) Conclure au rejet d’indépendance entre les variables n’implique nullement une indépendance totale
entre les variables.
4) Le chi-deux ne fournit aucune information sur le sens de causalité entre les variables.
5) Le chi-deux ne doit pas être confondu au coefficient de corrélation.
6) Le chi-deux ne constitue pas un indicateur commode de la force de l’association entre deux variables,
dans la mesure où il n’est pas normé, ce qui ne permet pas de comparer un cas à l’autre.

Section 3. Les logiciels statistiques

Le logiciel le plus connu est SPSSX disponible également en version ordinateur personnel (SPSS PC+).
Les initiales SPSS signifient Statistical Package for the Social Sciences. Très répandu parmi les
chercheurs, il offre un ensemble complet de méthodes statistiques actuelles et de bonnes capacités
d’édition et d’entrée de données.
Un autre logiciel Minitab est convivial, parfaitement interactif et facile à utiliser.
D’autres logiciels existent comme SAS, Systat, Eviews. Ce dernier est plus un logiciel d’économétrie
mais traite également la plupart des données.

34
Bibliographie

Beaud Michel (2006), L’art de la thèse, La Découverte, 202 pages.

Beaud Stéphane et Weber Florence (2003), Guide de l’enquête de terrain, La Découverte, 352 pages.

Blaug Mark (1982), La méthode économique, Economica, 259 pages

Chalmers A.F. (1976), What is this Thing Call Science? Traduction française: Qu’est-ce que la science?

Edition La Découverte (1987).

Frécon Guy (2012), Formuler une problématique, Dunod, 2ème édition, 154 pages.

Grawitz Madeleine (1993), Méthodes des sciences sociales, Dalloz

Meidinger C. (1994), Sciences économiques : questions de méthodes, Vuibert.

Mouchot Claude (2003), Méthodologie économique, Editions du Seuil, 548 pages.

Post J.E. et Andrew P.N. (1982), « Case Research in Corporation and Society Studies », Research in

Corporate Social Performance and Policy, JAI Press, vol. A, pp. 1-33.

Thiétart Raymond-Alain et Coll. (2003), Méthodes de recherche en management, Dunod, 2ème édition,

537 pages.

35
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION ..................................................................................................................................................... 2
CHAPITRE I- GENERALITES SUR LA METHODOLOGIE DE RECHERCHE ....................................................... 3
I- LES SCIENCES SOCIALES ...................................................................................................................... 3
II- INDIVIDUALISME METHODOLOGIQUE ET HOLISME ............................................................................ 3
1. Le holisme.............................................................................................................................................. 3
2. Individualisme méthodologique .............................................................................................................. 3
III- TYPOLOGIE DE RECHERCHE............................................................................................................. 4
1. La recherche descriptive ........................................................................................................................ 4
2. La recherche exploratoire ...................................................................................................................... 4
3. La recherche explicative ........................................................................................................................ 4
4. La recherche prédictive .......................................................................................................................... 4
IV- METHODE QUANTITATIVE / QUALITATIVE ........................................................................................ 4
1. Méthodes qualitatives ............................................................................................................................ 5
2. Méthodes quantitatives .......................................................................................................................... 5
V- LE PROCESSUS D’ELABORATION DE LA CONNAISSANCE ................................................................. 5
1. L’approche inductive .............................................................................................................................. 5
2. L’approche déductive ............................................................................................................................. 6
3. L’approche hypothético-déductive (ou déductive-nomologique) ............................................................ 6
CHAPITRE II- LES ETAPES D’UNE RECHERCHE EN SCIENCES SOCIALES................................................... 7
I- LE CHOIX DU SUJET ET DE L’ENCADREUR .......................................................................................... 7
II- LA QUESTION DE DEPART ...................................................................................................................... 7
III- LA PROBLEMATIQUE................................................................................................................................... 7
1. Définition ................................................................................................................................................ 7
2. Caractéristiques d’une bonne problématique ......................................................................................... 8
3. Démarche pour élaborer une problématique.......................................................................................... 8
IV- OBJECTIFS DE LA RECHERCHE ........................................................................................................ 8
V- INTERET DE LA RECHERCHE ................................................................................................................. 9
VI- BASES D’HYPOTHESES ET HYPOTHESES ....................................................................................... 9
VII- LA CONSTRUCTION DU MODELE D’ANALYSE................................................................................ 10
1. La construction des concepts............................................................................................................... 10
2. La construction des hypothèses........................................................................................................... 10
VIII- LA PRESENTATION D’UN PROJET DE RECHERCHE ..................................................................... 11
CHAPITRE III- LES ECHANTILLONS ET COLLECTE DES DONNEES ............................................................. 13
I- POPULATION, ECHANTILLON ET LANGAGE DES STATISTIQUES .......................................................... 13
II- LA TAILLE DE L’ECHANTILLON .................................................................................................................. 14

36
III- DIFFERENCES DE TAILLE D’UN ECHANTILLON POUR UNE POPULATION FINIE ET INFINIE ............ 15
IV- LES DIFFERENTS TYPES D’ECHANTILLONS .......................................................................................... 15
1. Les échantillons non probabilistes ....................................................................................................... 16
a) Echantillons de convenance ............................................................................................................ 16
b) Echantillon par choix raisonné ......................................................................................................... 16
c) Les quotas ....................................................................................................................................... 16
d) Echantillon boule de neige............................................................................................................... 17
2. Les échantillons probabilistes .............................................................................................................. 17
a) L’échantillon aléatoire simple ........................................................................................................... 17
b) L’échantillon aléatoire systématique ................................................................................................ 17
c) L’échantillonnage par grappes ......................................................................................................... 17
d) L’échantillonnage stratifié. ............................................................................................................... 18
V- LA COLLECTE DES DONNEES .............................................................................................................. 19
1. La collecte des données primaires dans les recherches quantitatives ................................................ 19
a) La collecte par questionnaire .............................................................................................................. 19
a1) Formulation des questions.............................................................................................................. 20
a2) Les trois biais.................................................................................................................................. 20
a3) Progressivité des questions ............................................................................................................ 20
a4 ) L’administration du questionnaire .................................................................................................. 20
b) Les autres modes de collecte des données primaires destinées à une utilisation quantitative ............ 21
b1) Les cadres d’observation ................................................................................................................ 21
b2) Les méthodes expérimentales ........................................................................................................ 21
2. La collecte des données primaires dans les recherches qualitatives ................................................... 21
a) L’interview ........................................................................................................................................ 22
b) L’observation participante ................................................................................................................ 22
c) La technique de l’incident critique .................................................................................................... 22
d) Technique de grille d’analyse .......................................................................................................... 22
e) Techniques projectives .................................................................................................................... 23
f) L’analyse des protocoles ................................................................................................................. 23
g) Les interviews de groupe ................................................................................................................. 23
h) Les cartes cognitives ....................................................................................................................... 23
CHAPITRE IV- TRAITEMENT DES DONNEES ET PRESENTATION DES RESULTATS .................................. 25
SECTION I- PRESENTATION DES RESULTATS EN RECHERCHE QUANTITATIVE ....................................... 25
I. LES TRIS A PLAT .................................................................................................................................... 25
II. LES TRIS CROISES ................................................................................................................................ 25
III. METHODES D’ANALYSE MULTIVARIEE .......................................................................................... 25
IV. TYPOLOGIE DES METHODES MULTIVARIEES ............................................................................... 26

37
1. REGRESSION ET CORRELATION ..................................................................................................... 26
a) Ajustement d’un nuage de points a une fonction mathématique ..................................................... 26
a1) Ajustement linéaire par la méthode des moindres carrés ............................................................... 26
a2) Ajustement à une fonction exponentielle ........................................................................................ 27
a3) Ajustement à une fonction puissance ............................................................................................ 27
b) Mesure de l'intensité de la relation linéaire entre deux variables ..................................................... 27
b1) Covariance ..................................................................................................................................... 27
b2) Coefficient de corrélation linéaire ................................................................................................... 28
b3) Droites de régression ..................................................................................................................... 28
b4) Des relations intéressantes............................................................................................................ 28
2. L’ANALYSE EN COMPOSANTES PRINCIPALES (ACP) ................................................................... 29
a) Objectifs : ......................................................................................................................................... 29
b) Nature des données ........................................................................................................................ 29
SECTION II- PRESENTATION DES RESULTATS EN RECHERCHE QUALITATIVE ......................................... 29
I- ANALYSE FACTORIELLE DES CORRESPONDANCES (AFC) ................................................................... 29
1. Problèmes ............................................................................................................................................ 29
2. Objectifs ............................................................................................................................................... 29
3. Nature des données ............................................................................................................................. 29
II- TABLEAU DE CONTINGENCE ET TEST DU CHI-DEUX ........................................................................... 30
1. Principes ................................................................................................................................................... 30
2. Limites : .................................................................................................................................................... 33
SECTION III- LES LOGICIELS STATISTIQUES .............................................................................................. 34
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................................................... 35

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