Vous êtes sur la page 1sur 58

REPUBLIQUE DE GUINEE

Travail- Justice- solidarité

MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR, DE LA


RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET DE L’INNOVATION

UNIVERSITE DE LABE

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

DEPARTEMENT : SOCIOLOGIE

PROGRAMME : LICENCE EN SOCIOLOGIE

ANNEE UNIVERSITAIRE : 202 202

SEMESTRE : 1

TITRE DU COURS : INITIATION A LA RECHERCHE

Elaboré par

M. Bernard LENO

Contact : 621 04 94 29 /657 49 25 53

Mail : lenobernard23@gmail.com

La recherche est un déroulement structuré d’activités orientées vers la saisie de


la réalité (Lamoureux, 1995, p.34).
Plan du cours
1-Titre : Initiation à la recherche
2-Nombre de crédits : six (6).
3-Type de cours : Cours théorique et expérimental(empirique) obligatoire.
4- cours préalables : sociologie générale.
5-Niveau du cours : Initiation à la recherche sociologique.
6-Place du cours : semestre (1).
B-Objectifs du cours :
1-Objectif général : dans le cadre du programme de licence en sociologie, ce
cours vise à amener les étudiants à s’initier à la recherche sociologique.
2-Objectifs spécifiques : ce cours vise à rendre l’étudiant capable de concevoir
les différentes étapes d’un protocole de recherche.
C- contenus des apprentissages.
 Généralités sur les éléments de l’esprit scientifique
 Le choix du thème de recherche ;
 Question de recherche ;
 Les lectures et les entretiens exploratoires
 La problématique ;
 La construction d’un objectif ;
 L’hypothèse ;
 Le cadre conceptuel et théorique ;
 La revue de la littérature ;
 La méthodologie ;
 La collecte des données
 L’analyse et la discussion des résultats
 La bibliographie
 Introduction à la rédaction scientifique

2
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
D-Stratégies d’enseignement : Cours magistraux, les exposés des étudiants,
pause d’apprentissage, travail groupal, les recherche empiriques.
E- Mode d’évaluation : Les étudiants seront évalués à travers : l’évaluation
écrite 0,35% de la charge de travail ; le travail de recherche empiriques 0,25%
de la charge de travail et une évaluation finale sur table 0,40%. Une évaluation
de rattrapage peut être organisée éventuellement.

F-Identification de l’enseignant : M. Bernard LENO enseignant-chercheur à


L’Université de Labé, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Chef de
Département de sociologie, Diplômé du programme de Master Espace Temps
Société à L’université Général Lansana Conté de Sonfonia-Conakry, Doctorant
à L’UNIVERSITE CHEIK ANTA DIOP DE DAKAR, Ecole Doctorale Etudes
Sur l’Homme et La Société, Laboratoire de Sociologie d’Anthropologie et de
Psychologie (LASAP). Contacts : 657-49-25-53/621-04-94-29/622516529

E-mail : lenobernard23@gmail.com

Disponibilité : sur rendez-vous. Consultation : par téléphone et par mail.

H. Références bibliographiques

1. Ouvrages :

1-Angers, M. (1992). Initiation pratique à la méthodologie des sciences


humaines. CEC.

2-Campenhoudt, L., V., Quivy, R. (2011). Manuel de recherche en sciences


sociales. Dunod.

3-Fortier, C. (1997). Les individus au cœur du social, Presses de l’Université de


Laval.

4-Freyssneyt, D., J. (1997). Méthodes de recherche en sciences sociales,


Quercy.

5-Lamoureux, A. (1995). Recherche et méthodologie en sciences humaines,


Editions Etudes Vivantes.

3
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
6-Mayer, R., Ouellet, F., Marie, C., St J., Turcott, D. (2000). Méthodes de
recherche en intervention sociale. Gaëtan Morin.

7-Gauthier, B. (2009). Recherche sociale de la problématique à la collecte des


données. Presses de l’Université du Québec.

8-Grinschpoun, M. (2014). Construire un projet de recherche en sciences


humaines et sociales Une procédure de mise en lien. Enrick B. Editions.

9-Mace, G., et Pétry, F. (2017). Guide d’élaboration d’un projet de recherche.


Presses de l’Université Laval.

10-Ministère des Enseignements secondaire et supérieur, Université de


Ouagadougou. (2013). La rédaction d’un projet de recherche scientifique
Guide de formation n°1. Ministère des Enseignements secondaire et supérieur,
Université de Ouagadougou.

11-Mucchielli, L. (2010). Émile Durkheim les règles de la méthode


sociologique. Champs classiques.

12-N’Da, P. (2015). Recherche et méthodologie en sciences sociales et


humaines Réussir sa thèse, son mémoire de master ou professionnel, et son
article. L’Harmattan.
13-Paillé, P., Mucchielli, A. (2016). L’analyse qualitative en Sciences Humaines
et Sociales. Armand Colin.
2. Notes de cours :

1. Dioubaté Mamoudou, 2007, cours d’initiation à la recherche en sciences

sociales, UJNK.

2-M. Assie Guy Roger, Sociologue, S-DRH-M de l’INFPA, DR. Kouassi


Roland Raoul, Enseignant-chercheur des universités, Cours d’initiation à la

4
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
méthodologie de recherche, Ecole Pratique de la Chambre de Commerce et
d’Industrie – Abidjan
3. Sylla Mamadou Kaira, 2010, cours d’initiation à la recherche, Institut
Supérieur de Formation à Distance (ISFAD).

5
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
INTRODUCTION

Le travail de recherche est la construction d’un « objet scientifique ». Il permet à


l’auteur (le sociologue) de :
- Explorer un phénomène

- Résoudre un problème

- Questionner ou réfuter des résultats fournis dans des travaux antérieurs ou une
thèse

- Expérimenter un nouveau procédé, une nouvelle solution, une nouvelle théorie

- Appliquer une pratique à un phénomène

- De décrire un phénomène

- Expliquer un phénomène

- ou une synthèse de deux ou plusieurs de ces objectifs.

La recherche constitue l’une des préoccupations fondamentales de la


communauté scientifique tant dans les sciences formelles, sociales que dans les
sciences de la nature. Quelle soit bien fondamentale ou appliquée, une recherche
se focalise sur des principes et une démarche déterminée. En effet, le travail de
recherche est une clef aux mains de l’homme qui non seulement ouvre les portes
du changement, de la prospective et de l’innovation, mais également aide à
optimiser ses outils et technique de production et à améliorer ses conditions de
vie.

Ce cours d’initiation à la recherche tentera de familiariser les étudiants inscrits


en première année de licence en sociologie à l’esprit scientifique, aux différents
éléments du protocole de recherche en sociologie et à l’introduction à la
rédaction scientifique. Ainsi le cours est reparti en 2 chapitres. Le chapitre I a

6
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
trait à la généralité sur l’esprit scientifique et le chapitre II est axé sur les étapes
d’un protocole de recherche ou de la démarche scientifique.
Chapitre I. Généralités sur l’esprit scientifique
Section 1. Notion de science et caractéristiques de la science
Objectif général : Permettre les étudiants de saisir la notion de science et ses
caractéristiques.

Objectif spécifique : À la fin de cette section l’étudiant doit être capable de


définir la notion de science et ressortir les principales caractéristiques de la
science.

Selon Anger (1992), s’il y a un esprit sportif qui caractérise les activités liées au
sport, il y a un esprit scientifique qui imprègne l’activité de recherche. Se
préparer mentalement à une activité, c’est adopter une attitude susceptible d’en
favoriser la réussite. Il en est de l’étudiant inscrit en première année de
sociologie.

Définition : L’esprit scientifique est une attitude caractérisée par certaines


dispositions mentales essentielles à la réalisation d’une recherche.

1.1. La Notion de science

Selon Anger (1992), la science est un ensemble cohérent de connaissances


susceptible de vérification dans le réel.

Selon Lamoureux (1995), au départ il est connu que la réalité est un univers
vaste, car composé de plusieurs phénomènes. Elle est également complexe, car
chaque phénomène résulte de l’action simultanée de différents éléments. Les
phénomènes de la réalité constituent les objectifs et les buts de la science
exemple la Sociologie.

Par exemple, la participation d’une population locale au développement d’une


Commune Urbaine est certes liée aux actions des opérateurs du développement
(Organisation Non Gouvernementale, Institution partenaires, Groupement,

7
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
Groupements, Coopératives). Cependant cette participation naît également
lentement d’un transfert réel des compétences aux collectivités locales.

La science pose un regard sur la réalité, dans le but de la connaitre.


Ce regard a des particularités qui le distinguent de celui qui est posé par d’autres
points de vue. Ainsi, par exemple, l’explication du début de l’univers est
différente selon que l’on adopte un point de vue scientifique (ex. : le big-bang)
ou religieux (ex. : un dieu créateur). Le scientifique adopte a un point de vue
rationnel. Ces scientifiques s’entendent pour affirmer que l’essence même de la
science est qu’elle veut réunir, dans un ensemble organisé, des connaissances
vérifiées et véritables.
Dans les sciences humaines, la réalité sociale, le fait social font l’objet d’étude
de la sociologie.
1.2. Les caractéristiques de la science

La science a trois caractéristiques à savoir : l’approche rationnelle de la réalité,


la représentation abstraite de la réalité et la science est dynamique
1. 2.1. Une approche rationnelle
Pour appréhender la réalité de façon rationnelle, le scientifique doit adopter
deux convictions fondamentales.
a- Tout d’abord, celle selon laquelle les phénomènes fréquemment observés ne
sont pas dus au hasard mais, au contraire, sont ordonnées et répondent à des
lois ; b- Ensuite, celle selon laquelle ces lois peuvent être découvertes par un
travail scientifique d’observation et de reproduction. (Une recherche).

Pour aboutir à ses convictions, le scientifique doit accepter les postulats de base
reconnus par la communauté scientifique relativement à la réalité. Ces postulats
sont au nombre de quatre.
1.2.1.1. La réalité est observable selon le premier principe

8
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
Le premier postulat ou principe scientifique affirme que les éléments de la
réalité peuvent être observés, de même que leurs caractéristiques ou propriétés.
Certains objets sont concrets, tels des personnes ou des groupes, des
phénomènes ou des choses ; d’autres sont abstraits, telles des motivations, des
émotions, des intentions. Certains sont extérieurs au sujet qui s’interroge, telles
les actions des autres ; d’autres font partie de lui, tout en étant des objets
d’observation, telles ses propres actions, émotions ou intentions.

1.2.1.2. La réalité est mesurable selon le deuxième principe


Les objets de la réalité étant observables, il devient possible de la mesurer et
d’en mesurer les transformations. Le deuxième postulat scientifique affirme que
les objets de la réalité ou leurs propriétés peuvent habituellement être définis
d’une façon telle qu’il vient possible de les mesurer. Les objectifs du chercheur
indiquent la mesure à réaliser dans une recherche scientifique.
1.2.1.3. La réalité est organisée selon le troisième principe
Les objets et leurs propriétés n’apparaissent pas et ne se modifient pas par
hasard. Ils sont la manifestation d’un ordre sous-jacent, c’est-à-dire de relations
qui existent entre leurs éléments, ou de principes qui structurent ces relations. Le
troisième postulat scientifique affirme que la manifestation des objets et de leurs
propriétés témoigne d’une organisation interne.
1.2.1.4. La réalité est explicable selon le quatrième principe
Le quatrième postulat scientifique affirme qu’il est possible d’espérer pouvoir
fournir un jour une explication aux différents aspects de la réalité.
Parce que la réalité est organisée, il devient possible de l’expliquer. Il s’agit en
effet de découvrir les relations ou les principes qui structurent les manifestations
des objets.

1.3. La Science se fait une représentation abstraite de la réalité

9
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
Puisque les relations entre les éléments d’un phénomène sont complexes, la
connaissance scientifique de ce phénomène n’en sera jamais la connaissance
entière et absolue. La science n’est donc qu’une approximation de la réalité, et
son processus d’acquisition de connaissances est continu.

1.3.1. Les faits


La connaissance scientifique de la réalité commence par l’observation des faits.
Le fait observé de façon immédiate et spontanée est appelé fait brut. En faisant
abstraction (idée)des circonstances particulières dans lesquelles se sont produits
les faits bruts, le scientifique en dégage les caractéristiques ou les propriétés
permanentes. Les faits scientifiques, et eux seuls constituent les fondements de
la, science. Chaque science s’occupe de l’étude d’un ou des faits. Exemple en
Sociologie : le fait social.
Le phénomène est un fait perçu directement par ou indirectement par les
sciences et sur lesquels porte la connaissance scientifique.

1. 3.2. Les lois


Une loi est un énoncé qui établi une relation entre les faits.
Le scientifique, en observant attentivement des faits scientifiques, remarque la
régularité de leur apparition ; son travail consiste alors à enregistrer les
conditions présentes lors de l’apparition de ces faits (qu’il s’agisse de
conditions physiques, sociales, politiques, économiques ou autres) et noter à
quel point ces conditions sont toujours les mêmes.
Cette régularité d’apparition des faits dans certaines conditions lui démontre
qu’il existe des relations entre eux et des principes qui régularisent ces relations.
C’est le travail de la science que de découvrir ces relations et ces principes, et de
les énoncer sous forme de lois.
1.3.3. Les théories

10
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
Une théorie est une construction intellectuelle qui établit une relation entre les
lois (Anger, 1992).
Une théorie va plus qu’une loi dans l’explication de la réalité. Elle établit un lien
entre les lois jusque-là éparses, en faisant ressortir ce qui leur est commun. Le
scientifique interroge les conditions dans lesquelles ces diverses lois se
confirment, il sollicite l’existence d’un principe général qui sous-tend leur
apparition. Finalement il formule une proposition d’explication sous forme de
théorie ou de modèle (Lamoureux, 1995).
 Une théorie établit une relation entre des lois, comme une loi établit
une relation entre des faits. Une théorie est donc une loi sur des lois.
1.4. Une évolution dynamique
La science n’est pas un ensemble de connaissances fixes. Au contraire, elle
évolue au fil des interrogations de la société et du perfectionnement de ses
méthodes d’acquisition des connaissances. Pour assurer cette évolution
dynamique, le scientifique doit accepter la possibilité de critiquer les acquis et
de réfuter les théories du moment (Lamoureux, 1995).
1.4.1. La capacité d’autocritique
Pour que les connaissances acquises et les théories formulées soient fiables, la
science doit se préoccuper de tendre vers l’objectivité. L’atteinte de cet idéal
passe par la critique systématique de toute activité scientifique. Le scientifique
doit donc accepter d’être critiqué par ses pairs et, de ce fait, rendre publics ses
hypothèses, ses méthodes de collecte de données, ses résultats et ses
conclusions. Ce faisant, il permet que quelqu’un d’autre vérifie ses dires (soit en
reproduisant son étude, mais dans des conditions différentes, ou en interrogeant
un aspect plus particulier du phénomène étudié, ou encore en corroborant ses
résultats et ses conclusions) (Lamoureux, 1995).
1.4.2. La capacité de réfutation
La science progresse par sa capacité de réfuter (démentir) ses explications
théoriques. En effet, les explications acceptées comme vraies peuvent devenir

11
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
désuètes par la découverte de faits plus récents. Ainsi, les théories se
construisent, se modifient, puis s’avèrent possiblement périmées. De même, des
théories contradictoires peuvent coexister, tant que des recherches ne mettront
pas à jour les faits nouveaux appuyant l’une plus que l’autre, ou réfutant les
deux à la fois (Lamoureux, 1995).
Récapitulatif de la section : Comme il a été affirmé, la science est un
ensemble organisé de connaissances vérifiées et vérifiables ; elle est donc une
approche rationnelle de la réalité. Toutefois, la science n’est pas la réalité ; en
effet, les théories qu’elle ébauche n’en sont qu’une représentation abstraite.
C’est pourquoi, au fil des découvertes et des remises en question, l’état des
connaissances scientifiques évolue ; la science est dynamique (Lamoureux,
1995).

Section 2. Les objectifs et les buts de la science


Objectif général : Expliquer les objectifs et les buts de la science
Objectifs spécifiques : En fin de cours les étudiants distinguent les différents
objectifs poursuivis par la science.

La science a comme objectif premier de comprendre la réalité. Une fois cet


objectif atteint, elle poursuit celui de contrôler la réalité (Lamoureux, 1995).
2.1. Comprendre la réalité
La science veut d’abord comprendre la réalité, c’est-à-dire acquérir des
connaissances à son sujet. Cet objectif s’articule autour de trois buts qui
marquent une progression entre eux.

Tout d’abord, quand le scientifique s’intéresse à un objet de la réalité non encore


abordé par la science, son but est de l’explorer.

12
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
Une fois cette étape franchie, le scientifique possède des informations qui lui
permettent d’entrevoir des liens entre certains aspects de l’objet étudié. Il est
alors en mesure de décrire des phénomènes.

Quand les connaissances acquises jusque-là le permettent, il devient possible


pour le scientifique d’expliquer des phénomènes.

2.2. Contrôler la réalité.


Une fois qu’une portion de la réalité est suffisamment comprise, la science a
comme deuxième objectif de la contrôler, c’est- à-dire d’appliquer les
connaissances acquises.
Par exemple la psychologie est une science humaine dont une grande partie des
activités consistent à appliquer des connaissances préalablement acquises ; tout
le domaine des thérapies, les conseils pour promouvoir la santé mentale et les
théories sur l’éducation des enfants en sont des exemples.
 Les liens entre les objectifs de la science
Les objectifs scientifiques de comprendre la réalité sera atteint grâce des
activités de recherche ; celui de contrôler la réalité le sera grâce à des activités
d’interventions. Ces deux grands champs d’intérêts de la science ne sont pas
étrangers l’un à l’autre ; en effet, les scientifiques poursuivent des activités de
quête de connaissances en espérant pouvoir se servir des résultats obtenus pour
intervenir de façon positive dans la réalité quotidienne des gens.

Section 3. Les qualités du scientifique

Objectif général : Parler des qualités que doit développer un scientifique.


Objectifs spécifiques : En fin de séance, les étudiants développent les aptitudes
leur permettant de se familiariser à la démarche scientifique

13
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
Le scientifique contribue à l’évolution de la science en poursuivant des activités
de quête de connaissances. La réflexion amorcée sur les caractéristiques et les
buts de la science fait ressortir les qualités que doit posséder tout scientifique,
quelle que soit l’ampleur de la recherche (Lamoureux, 1995).
Les qualités essentielles se résument en six thèmes :(la distanciation,
l’objectivité, la rigueur, le raisonnement, l’esprit critique et l’innovation)
3.1. La distanciation
La première qualité du scientifique est de se considérer comme un sujet qui
observe des objets. Il doit développer la capacité de se distancier des objets
étudiés, de prendre du recul par rapport à eux ; il doit être capable de « se mettre
à l’intérieur » de ce qu’il observe dans le but de l’explorer, de le décrire ou de
l’expliquer. Cela est particulièrement difficile en sciences humaines, puisque
l’objet d’étude est justement l’être humain (Lamoureux, 1995).
3.2. L’objectivité
Comme tout être humain le scientifique est mû par son affectivité, dont ses
émotions et ses sentiments, ses valeurs et ses intérêts, ses opinions et ses désirs.
De tels facteurs personnels peuvent être des biais dans ses activités de recherche,
et risquent d’altérer son objectivité (Lamoureux, 1995).

A chacune des étapes de sa recherche, le scientifique doit donc se méfier des


facteurs personnels qui pourraient fausser sa perception ; il doit également
reconnaître ses limites par rapport à ce phénomène. C’est l’une des raisons pour
lesquelles il est tenu de publier un rapport de recherche : ses résultats et ses
conclusions pourront être vérifiés par d’autres et corroborés, s’il y a lieu.
3.3. La rigueur
Le scientifique doit faire preuve de rigueur. Tout d’abord, il doit prendre en
considérant tous les faits observés. Quand il analyse les données de sa
recherche, il ne peut les sélectionner, en privilégiant certaines et en ignorant
d’autres. Il doit tirer ses conclusions à partir de toutes les informations

14
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
recueillies. En deuxième lieu, le scientifique doit mener ses activités de
recherche de façon méthodique et systématique ; pour cela, il doit respecter les
étapes de la recherche scientifique (Lamoureux, 1995).

3.4. Le raisonnement
Il fait appel à des opérations mentales et au processus logiques (Lamoureux,
1995).
 Les opérations mentales
Les opérations mentales sollicitées par tout travail de recherche sont l’analyse et
la synthèse.
 L’analyse consiste à décomposer un tout en ses éléments et à déterminer
les relations qui existent entre ces éléments.
 La synthèse consiste à composer un tout à partir de ses éléments et des
liens supposés existants entre eux. Pour élaborer une théorie, le
scientifique fait une synthèse ; pour démontrer sur quoi elle repose, il fait
une analyse.
 Les processus logiques
Les processus logiques sont basés sur la déduction et l’induction.
Un raisonnement par déduction passe du général au particulier. Ainsi, la
déduction s’appuie sur une vérité générale en dégager des faits particuliers qui
devraient se révéler vrais ; cette forme de raisonnement permet de faire des
analyses.
Un raisonnement par induction passe du particulier au général. Ainsi,
l’induction s’appuie sur un ensemble de faits pour en tirer une vérité plus
générale ; cette forme de raisonnement permet de faire des synthèses.

3.5. L’esprit critique

15
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
Consiste pour le scientifique de questionner avant d’accepter une idée. Cet esprit
critique se manifeste par un équilibre entre le doute et la tolérance (Lamoureux,
1995).
 Le doute
Le scientifique ne doit donc reconnaître aucune vérité comme
immuable(immobile), aucune affirmation comme définitive, aucun énoncé
comme accepté inconditionnellement (aveuglement). Cette attitude de doute se
manifeste par le fait de soulever des questions et d’envisager qu’il existe
probablement des aspects de la réalité qui ne sont pas encore compris.

Concrètement, le scientifique doit remettre en question certaines données


présomptions acceptées comme vraies et ouvrir par le fait même de nouvelles
pistes de recherche.
 La tolérance
Par contre, l’attitude de doute doit être justifiée et raisonnable, le scientifique
doit considérer certaines connaissances comme exactes, et s’en servir comme
tremplin pour aller plus loin et les déplacer, tout en acceptant que ces
connaissances puissent être éventuellement modifiée par la recherche future.

3.6. L’innovation
Le scientifique ne doit pas craindre d’innover ; c’est une qualité précieuse que
d’être capable d’entrevoir des idées et des approches qui s’éloignent de la
pratique habituelle. Le scientifique doit toujours essayer de poser un regard
neuf sur la réalité. Cette attitude l’aidera à reconnaître des thèmes de recherche
importants qui, à première vue, paraissent anodins parce qu’ils sont censés être
connus ou sans intérêt. Une grande curiosité intellectuelle est donc pour un
chercheur un moyen d’apporter de nouvelles connaissances (Lamoureux, 1995).

16
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
Section 4. Des sources de connaissance non scientifiques
Objectif général : Conduire les étudiants à saisir les sources de connaissance
Objectifs spécifiques : En fin de cour, les étudiants distinguent les différentes
sources de connaissance non scientifiques.
Il y a cinq sources plus fréquentes de connaissances non scientifiques. Les deux
premières n’ont rien en commun avec la science ; les suivantes peuvent, à
certaines conditions, se retrouver dans une démarche scientifique (Lamoureux,
1995).
4.1. L’intuition
Consiste à se fier de façon spontanée à ses perceptions immédiates ou à
l’apparence des choses pour conclure qu’un phénomène existe.
4.2. Les croyances populaires
Se fier à la tradition, au gros bon sens ou aux superstitions pour croire à
l’existence d’un phénomène, c’est évoluer dans le sens des croyances
populaires. Ces croyances se transmettent principalement de façon orale ; elles
sont donc souvent partagées par les membres d’une même famille, d’un groupe
social.
4.3. L’autorité
Accorder une crédibilité aux affirmations de personnes considérées comme des
experts dans un domaine, c’est se fier à l’autorité comme source de
connaissances.

L’expertise d’une personne est souvent reconnue sur la base de sa formation


scolaire, de son emploi, ou de sa position dans la hiérarchie sociale.
17
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
La méthode de l’autorité, appliquée avec une nuance, peut servir la science.
Tout d’abord, il est adéquat de considérer la capacité réelle d’un expert de
fonder son opinion sur ses connaissances scientifiques.

Section 5. Les diverses sciences


Objectif général : Catégoriser les diverses sciences

Objectifs spécifiques : Permettre les étudiants de se familiariser aux diverses


sciences

Les aspects de la réalité n’ont pas été envisagés par la science au même moment.
Piaget (1967 ; 1970) cité par Lamoureux (1995) suggère un parallèle entre la
progression historique des sciences et celle du développement de l’enfant
(Lamoureux, 1995).

 Ainsi, tout comme l’enfant qui développe d’abord ses habiletés mentales.
Les sciences formelles, essentiellement abstraites, sont nées en premier.
 Puis, comme l’enfant qui s’intéresse ensuite au monde extérieur, les
sciences de la nature sont apparues.
 Finalement, comme l’enfant qui se tourne en dernier vers lui- même et
s’interroge sur sa propre dynamique, les sciences humaines ont pris leur
envol.

5.1. Les sciences formelles par opposition aux sciences empiriques

Pour classer les sciences, la première étape consiste à diviser en sciences


formelles en sciences empiriques.

L’objet d’étude des sciences formelles est abstrait. Les sciences formelles sont
essentiellement la logique et les mathématiques.
18
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
A l’inverse, l’objet d’étude des sciences empiriques, lui, est concret. En effet, les
énoncés des sciences empiriques doivent être vérifiés dans la réalité, et ils ne
seront acceptés comme vrais que s’ils sont adéquatement prouvés par les faits,
par l’évidence empirique. L’objet d’étude des sciences empiriques doit donc être
observable et mesurable. Les sciences empiriques regroupent les sciences de la
nature et les sciences humaines

Tableau 1. Les différences entre les sciences.

Sciences

Vérification empirique

Sciences formelles Sciences empiriques

Objet d’étude abstrait Objet d’étude concret

Logique Sciences de la Nature Science Humaines

Mathématique Biologie Administration

Chimie Anthropologie

Physique Economie

Histoire

Politique

Psychologie

Sociologie

Source : Andrée Lamoureux (1995, p. 22), Recherche et méthodologie en sciences humaines, Editions
Etudes vivantes.

Dans ce tableau nous voyons que toutes les sciences visent la vérification
empirique en premier lieu.

Deuxièmement, nous avons les sciences formelles à objet abstrait à savoir la


logique et la mathématique ensuite les sciences empiriques à objet concret qui
sont réparties en deux groupes.

19
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
- Les sciences de la nature (Biologie, Chimie, Physique) ;
- Les sciences humaines (Administration, Anthropologie, Economie,
Géographie, Histoire, Politique, Psychologie, Sociologie)
5.2. Les sciences de la nature par opposition les sciences humaines

Les sciences de la nature ont comme objet d’étude les éléments de la nature et
leur fonctionnement ; il s’agit principalement de la biologie (ex. : le
fonctionnement d’un organe), de la chimie (ex. : une molécule) et de la physique
(ex. : le mouvement).

Les sciences humaines ont comme objet d’étude les différents aspects de l’être
humain et de son fonctionnement individuel et social. Il s’agit principalement de
l’administration (ex. : la mise en marché d’un produit), de l’anthropologie (ex. :
les mœurs), de l’économique (ex. : le pouvoir d’achat), de la géographie (ex. :
l’urbanisme), de l’histoire (ex. : les traités entre certains pays), de la politique
(ex. : la popularité d’un chef de parti), de la psychologie (ex. : les émotions) et
de la sociologie (ex. : les transformations de la famille).

5.3. Le rapport entre les différentes disciplines


Chaque discipline de science de la nature ou de sciences humaines a un objet
d’étude particulier, des méthodes privilégiées, des instruments de collecte de
données plus appropriés. Elle a donc sa propre sphère d’activités et développe
ainsi un corpus de connaissances qui lui est distinct (Lamoureux, 1995).

Cependant chaque discipline est dans l’interdisciplinarité pour augmenter son


corpus de connaissances. Il est évident, par exemple, que toutes les disciplines
profitent des progrès faits par les mathématiques ; de même que les
connaissances de la biologie et de la chimie servent souvent en psychologie.

Dans le but de comprendre la réalité de façon plus significative, il arrive souvent


que quelques disciplines travaillent de concert à étudier un même phénomène ;
elles mettent donc en commun leur corpus de connaissances.

20
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
Par cette approche multidisciplinaire, le phénomène est étudié sous différents
angles ; la compréhension qui en résulte est donc une meilleure approximation
de la réalité. La connaissance scientifique acquise est plus complète.

Chapitre II. Les étapes d’un protocole de recherche ou de


la démarche scientifique
2.1. Généralité sur la notion de recherche
Objectifs : Définir la notion de recherche, parler des domaines de recherche, des
conceptions de la recherche, des règles d’éthique et des actes de la démarche
scientifique.
La notion de la recherche
Le concept de recherche recouvre un large éventail de significations. C’est
pourquoi la littérature concernant la notion de recherche est diverse.
N’Da (2016) note que la recherche scientifique, c'est avant tout un processus,
une démarche rationnelle qui permet d'examiner des phénomènes, des problèmes
à résoudre, et d'obtenir des réponses précises à partir d'investigations. Ce
processus se caractérise par le fait qu'il est systématique et rigoureux et conduit
à l'acquisition de nouvelles connaissances. En d'autres termes, la recherche
scientifique se définit comme un processus systématique de collecte de données
observables et vérifiables à partir du monde empirique.
Angers (1992) définit la recherche comme suit: La recherche scientifique est
une activité consistant en un processus de collecte et d’analyse de données dans
le but de répondre à un problème de recherche déterminé.

Dioubate (2007) dit que : La recherche est une investigation ou une demande
scientifique ou sociale.

Pour Lamoureux (1995) : La recherche est un déroulement structuré d’activités


orientées vers la saisie de la réalité.
21
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
Gauthier (2009) stipule que d’abord, nous définissons la recherche comme un
processus, une activité : quand on recherche, on fait quelque chose. D’une
manière générale Gauthier dit que la recherche est une activité de quête
objective de connaissances sur des questions factuelles.

Pour Campenhoudt et Quivy(2011), qu’apprend-on en fait, dans le meilleur des


cas, au terme de ce que l’on qualifie communément de travail de « recherche en
sciences sociales » ? Elle sert à mieux comprendre les significations d’un
événement ou d’une conduite, à faire intelligemment le point d’une situation, à
saisir plus finement les logiques de fonctionnement d’une organisation, à
réfléchir avec justesse aux implications d’une décision politique, ou encore à
comprendre plus nettement comment telles personnes perçoivent un problème et
à mettre en lumière quelques-uns des fondements de leurs représentations.

La recherche se distingue donc d'un simple tâtonnement ou de l'essai


circonstanciel du praticien : elle suit une démarche rigoureuse pour trouver des
réponses à des questions qui nécessitent des investigations dans le réel. Elle
tente de découvrir ce qui est caché, de mettre à nu ce qui ne se constate pas de
manière évidente ; elle tend vers la découverte de loi, de principe d'explication.

On retient par conséquent que la recherche a pour fonctions de décrire,


d'expliquer, de comprendre, de contrôler, de prédire des faits, des phénomènes,
des conduites, donc d'élucider le mécanisme de production des faits, en
l'occurrence des faits sociaux.

2.1.1. Les domaines de recherche selon Lamoureux (1995)


Il se fait de la recherche dans deux domaines différents. Il le domaine
fondamental et le domaine appliqué.

22
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
Ces deux domaines sont complémentaires. En effet, le domaine appliqué est
possible grâce aux connaissances du domaine fondamental, et les connaissances
pratiques du premier viennent s’ajouter à celle du deuxième.
2.1.1.1. La recherche fondamentale
Dans la recherche fondamentale, le chercheur est motivé par des préoccupations
théoriques. En prenant comme point de départ les connaissances accumulées
jusqu’à ce jour sur un phénomène donné, il vise à augmenter la somme des
connaissances scientifiques.

A partir d’une hypothèse ou d’un objectif qu’il vérifiera dans les faits, il planifie
ses activités de recherche de telle sorte que les connaissances mises à jour
puissent être le plus possible généralisées, c'est-à-dire « probablement vraies »
pour des personnes et des contextes autre que ceux qui ont été soumis à sa
recherche. Ces nouvelles connaissances constituent donc un savoir théorique et
se caractérisent par un certain niveau d’abstraction.
2.1.1.2. La recherche appliquée : Dans la recherche appliquée, le chercheur est
motivé par des préoccupations concrètes. Devant une situation problème réelle,
son rôle est de proposer un plan d’action dont les effets permettront
éventuellement de prendre une décision éclairée.

Il planifie donc ses activités de recherche de telle sorte que les connaissances
acquises soient suffisamment spécifiques pour être utiles aux personnes pour
lesquelles il entreprend sa recherche ; évidemment, les résultats obtenus peuvent
inspirer une autre recherche appliquée dans un contexte semblable. Dans ce cas,
les connaissances nouvelles constituent un savoir pratique et se caractérisent par
un certain niveau de spécialisation.

23
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
En général, dans le domaine fondamental, le chercheur augmente la somme des
connaissances théoriques ; et dans le domaine appliqué, il prépare une
intervention pratique.
2.1.2. Les conceptions de la recherche et les règles d’étique
Épistémologie : étude critique d’une science qui peut se faire par elle-même ou
par d’autres qui y portent un regard.
La conception objective : Approche philosophique selon laquelle seule les
phénomènes vérifiables, explicables et quantifiables constituent des objets
d’études scientifique. Cette approche est courante dans l’étude des phénomènes
naturels.
La conception subjective : Approche philosophique selon laquelle des facteurs
subjectifs influent sur toute étude scientifique : cette approche est courante dans
l’étude des phénomène humains.
L’éthique : Règles morales que le chercheur doit respecter. Ces règles ont pour
but de protéger les enquêtés d’une recherche et de protéger la société contre la
manipulation ou abus qui pourraient commis par un chercheur.
La déontologie : C’est l’ensemble des règles d’éthique présentés sous forme de
lois.

2.1.3. Les actes de la démarche scientifique


Selon Campenhoudt et Quivy (2011), dans son livre la Formation de l’esprit
scientifique (Paris, Librairie philosophique J. Vrin, 1965), G. Bachelard a
résumé la démarche scientifique en quelques mots : « Le fait scientifique est
conquis, construit et constaté ».

La même idée structure l’ensemble de l’ouvrage Le Métier de sociologue de P.


Bourdieu, J.-C. Chamboredon et J.-C. Passeron (Paris, Mouton, Bordas, 1968).
Les auteurs y décrivent la démarche comme un processus en trois actes dont
l’ordre doit être, selon eux, respecté. C’est ce qu’ils appellent la hiérarchie des

24
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
actes épistémologiques. Ces trois actes sont la rupture, la construction et la
constatation (ou expérimentation).

■ La rupture
Il s’agit de prendre du recul avec les idées préconçues autant qu’avec les
catégories de pensées du sens commun, c’est-à-dire qui sont généralement
admises dans une collectivité donnée (par exemple une société nationale, une
communauté confessionnelle ou une catégorie professionnelle) que certains
auteurs parlent carrément de rupture épistémologique, soit de rupture dans l’acte
de connaissance. Pour eux, notamment G. Bachelard, il doit y avoir rupture
radicale entre le sens commun et ses préjugés d’une part et la connaissance
scientifique d’autre part.
■ La construction
La rupture ou, moins radicalement dit, la démarcation, ne se réalise pas
seulement dans le recul réflexif. Elle se concrétise positivement dans le
deuxième acte de la recherche en sciences sociales, celui de la construction.

Celle-ci consiste à reconsidérer le phénomène étudié à partir de catégories de


pensée qui relèvent des sciences sociales, à se référer à un cadre conceptuel
organisé susceptible d’exprimer la logique que le chercheur suppose être à la
base du phénomène.

Il s’agit de « reconstruire » les phénomènes sous un autre angle qui est défini par
des concepts théoriques relevant des sciences sociales. C’est grâce à ce cadre
théorique, que le chercheur peut construire des propositions explicatives du
phénomène étudié et qu’il peut prévoir le plan de recherche à installer, les
opérations à mettre en œuvre et le type de conséquences auxquelles il faut
logiquement s’attendre au terme de l’observation. Sans cette construction
théorique, il n’y aurait pas d’expérimentation valable. Il ne peut y avoir, en

25
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
sciences sociales, de constatation fructueuse sans construction d’un cadre
théorique de référence.
■ La constatation
Une proposition n’a droit au statut scientifique que dans la mesure où elle est
susceptible d’être vérifiée par des informations sur la réalité concrète. Cette mise
à l’épreuve des faits est appelée constatation ou expérimentation. Elle
correspond au troisième acte de la démarche. C’est le processus de vérification
de l’hypothèse de la recherche.

2.2. Les étapes de la recherche

I. Le choix du thème de recherche

Objectif général : À la fin de ce chapitre, vous choisissez un thème de


recherche.
Objectifs spécifiques : Rendre les étudiants capables de définir un thème de
recherche et un sujet de recherche, saisir les sources d’inspiration pour le choix
d’un thème, respecter les conditions de choix d’un thème et en fin formuler
correctement un thème de recherche.

D’après Angers (1992), le sujet d'une recherche, c'est la réponse que vous allez
donner à la question : « Sur quoi travaillez-vous ? » Il s'agit de dire brièvement
ce sur quoi portera la recherche. Exemple dans le contexte guinéen : Le
développement du quartier, l’assainissement, la santé des populations locales, la
criminalité, le rôle de la femme dans la famille chez la communauté peuhle,
l’autonomisation des jeunes.

Comment trouver un sujet ?

26
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
Pour trouver un sujet de recherche, il faut prendre le temps nécessaire pour y
réfléchir et examiner diverses possibilités. Une réflexion suffisante et
approfondie est la seule façon d’éviter les retours en arrière.

Cette réflexion porte principalement sur l'intérêt pour tel ou tel sujet. Si le sujet
pique la curiosité, il donne alors le gout d'investir de l'énergie et du temps dans
la recherche. Un sujet qui semble ennuyeux peut être démotivant, alors qu'un
sujet intéressant peut devenir une passion.

Cependant, même si un sujet parait intéressant, certaines précautions sont à


prendre avant d'arrêter votre choix.

Il faut éviter un sujet trop vaste risquant d'avoir une ampleur démesurée. De
même, un sujet ne doit pas aller au-delà de vos compétences étant donné votre
formation scolaire actuelle et le fait que vous débutez en recherche.

Définition d’un thème de recherche : un thème de recherche est un domaine


vaste dans lequel se situe une recherche. Ex : Economique, politique, social,
culturel, environnemental, juridique, technique et technologique, le
développement.

Définition d’un sujet de recherche : est un aspect d’un domaine de recherche.

1.1. Les sources d’inspiration pour le choix d’un thème de


recherche.

Il n’existe pas de méthodes rigoureuses pour choisir un sujet de recherche.


D’une manière générale, l’intérêt pour un sujet peut être éveillé par différentes
sources d’inspiration.
 L’échange d’idées : dans le cadre d’un remue-méninge ;
 Expériences vécues : celles de votre vie sur lesquelles vous vous
interrogez ;

27
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
 Désir d’être utile : en réponse à une demande ou à un besoin d’un
organisme ;
 Observation de l’entourage : ce que vous avez observé à l’échelle
locale, nationale ou internationale et que vous aimeriez approfondir.
 Recherches déjà réalisées : celles dont vous avez pris connaissance ou
dont vous avez eu qui suscite votre curiosité.

Fortier (2003) donne trois (3) indications liées au choix du thème:

1. Soit, il a un intérêt particulier pour le thème ;


2. Soit, il a constaté une lacune dans l’état des connaissances actuelles dans
un domaine précis qu’il voudrait combler ;
3. Soit, le sujet n’a jamais été traité.
1.2. Les critères ou conditions de choix d’un thème de recherche.
Le choix du thème est toujours lié à certaines conditions. Le chercheur est
généralement influencé par 4 facteurs dans le choix d’un thème de recherche
(Turcotte, 2003)
1- Les ressources dont il dispose et les contraintes avec lesquelles il doit
composer ;
2- L’intérêt des milieux de pratiques et de la communauté scientifique ;
3- Le contexte social et culturel ;
4- Les occasions (opportunités) qui se présentent.
Rudestam et Newton (1992) cités par Turcotte (2003) formulent (5) indications
pour aider au choix d’un sujet de recherche :
1- Choisir un sujet susceptible de maintenir l’intérêt pendant une longue
période de temps ;
2- Eviter un sujet trop ambitieux ou trop difficile. Il faut s’assurer que la
recherche peut être menée à terme dans le temps prévu ;

28
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
3- Eviter des sujets ayant des implications personnelles trop fortes. IL ne
faut pas que la recherche soit vue comme l’occasion de régler un
problème personnel ;
4- Eviter de s’engager dans une recherche intéressée, c'est-à-dire une
recherche qui voudrait apporter la preuve de quelque chose ; la recherche
demande honnêteté et objectivité ;
5- Choisir un sujet qui offre la possibilité de faire un rapport intéressant à
l’état actuel des connaissances : le sujet doit valoir la peine d’être traiter.

Selon Lamoureux (1995), le chercheur a avantage à choisir son thème de


recherche en fonction de ses intérêts personnels tout en tenant compte des
contraintes de son milieu de recherche du travail en équipe.

Pour trouver des idées de thème de recherche, il peut :

 Lire les articles ou des revues scientifiques, pour prendre connaissance


des types de travaux déjà réalisés ;
 Choisir un sujet relié à son domaine d’étude, ce qui lui fera découvrir des
connaissances utiles pour ses projets à venir ;
 Feuilleter des revues ou des journaux, pour découvrir que certains
domaines l’intéressent ;
 Ecouter des reportages d’actualité à la télévision,
 S’inspirer de ses propres observations
 S’intéresser à des phénomènes sociaux relativement récent
 Relever des contradictions apparentes (ex. : certaines personnes réagissent
stress en mangeant davantage, d’autres, en mangeant moins).

Travaux dirigés sur le choix de thèmes.

29
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
Formulation ou composition de sujets de recherche par les étudiants à travers le
cours de sociologie générale : Le fait social et ses caractéristiques, les domaines
de la sociologie.

II. La question de recherche

Objectif général : Initier les étudiants à la formulation d’une question de


recherche.

Objectifs spécifiques : Au sortir de ce cours, l’étudiant formule correctement sa


question de recherche.

Des sociologues réputés ont commencé leurs travaux de recherche sous la forme
d’une interrogation par laquelle le chercheur tente d’exprimer le plus exactement
possible ce qu’il cherche à savoir, à élucider, à mieux comprendre. Citons-en
trois exemples :

« L’inégalité des chances devant l’enseignement a-t-elle tendance à décroître


dans les sociétés industrielles ? » les résultats de cette question posée par
Raymond Boudon ont été publiés sous le titre l’inégalité des chances : la
mobilité sociale dans les sociétés industrielles (1973).

« La lutte étudiante en France n’est-elle qu’une agitation où se manifeste la crise


de l’université ou porte-elle en elle un mouvement social capable de lutter au
nom d’objectifs généraux contre une domination sociale ? » Cette question
posée par Touraine s’est soldée par la rédaction d’un ouvrage : La lutte étudiante
(1978).

« Qu’est ce qui prédisposent certains à fréquenter les musées contrairement à la


grande majorité de ceux qui ne les fréquentent pas ? » A cette question,
Bourdieu et Datbel ont répondu en publiant l’amour de l’art (1969).

30
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
Poser une question de départ se rapporte à écarter les prénotions. D’après
Mucchielli (2010), Durkheim pose sa fameuse « règle fondamentale » : « Les
phénomènes sociaux sont des choses et doivent être traités comme des choses. »
Ce sont en effet les données de départ du sociologue : « Est chose tout ce qui est
donné, tout ce qui s'offre ou, plutôt, s'impose à l'observation. Traiter des
phénomènes comme des choses, c'est les traiter en qualité de data qui constituent
le point de départ de la science. »

2.1. Les qualités d’une question de départ.

Le choix d’une question de départ obéit à trois critères : la clarté, la faisabilité et


la pertinence (Quivy et Campenhoudt, 2011).

La clarté : Elle concerne la précision et la concision. Une question de départ


doit être univoque (avoir un seul sens).

La faisabilité : Elle porte sur le caractère réaliste ou non du travail que la


question va entrevoir. Car le chercheur doit s’assurer que ses ressources en
temps lui permettront d’y apporter des éléments de réponse valables. Pour être
traiter, une question de départ doit être réaliste c’est à dire en rapport avec les
ressources personnelles, matérielles, humaines et des conditions techniques et
temporaires bien définies.

Exemple de question de départ pour un chercheur : Quel est le rapport


économique entre l’Afrique et l’Union Européenne ? Cette question est claire
cependant le caractère réaliste pose problème vu les ressources disponibles pour
traiter la question.

La pertinence : La question de recherche doit soulever de vrais problèmes, elle


doit se situer au niveau explicatif. Par exemple la question suivante : « La
manière dont la fiscalité est organisée dans notre Pays est-elle socialement
juste ? » cette question n’est pas pertinente car elle ne vise pas l’analyse du

31
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
fonctionnement de la fiscalité ni des problèmes de la fiscalité mais de juger sur
le plan moral, ce qui ne relève pas de la démarche des sciences sociales.

Une bonne question ne sera pas moralisatrice ; elle cherchera non à juger mais à
bien comprendre pour expliquer.

Travaux dirigés de formulation de question de recherche

III. Les lectures et les entretiens exploratoires

Objectif général : initier les étudiants à l’exploration documentaire et aux


entretiens exploratoires.

Objectifs spécifiques : À la fin du cours, chaque étudiant doit pouvoir faire les
lectures, conduire les entretiens exploratoires et utiliser les méthodes
complémentaires.

3.1. Les lectures : Les lectures préparatoires servent d’abord à s’informer des
recherches déjà menées sur le thème du travail et à situer la nouvelle
contribution envisagée par rapport à elles. Grâce à ses lectures, le chercheur
pourra en outre mettre en évidence la perspective qui lui paraît la plus pertinente
pour aborder son objet de recherche.

Le choix des lectures demande à être fait en fonction des critères précis ou
principes:
 Lien avec le questionnement de départ ;
 Dimension raisonnable du programme de lecture ;
 Eléments d’analyse et d’interprétation ;
 Approche diversifiées (disciplinaire, par support : ouvrage, revue,
Internet…)
 Temps disponible pour la réflexion personnelle, les échanges de vues,
l’écriture.

32
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
Où trouver à lire?

 Dans les bibliothèques : en se familiarisant rapidement aux méthodes


de lecture.
 Dans les archives : en consultant les archivistes dans les services
publics et privés.
 Dans les centres de documentation : en consultant les documentalistes.
 A l’Internet : en explorant les sites.
 Dans les revues universitaires ;
 Les colloques, les conférences, les symposium…
Quelle catégorie de documents lire

 Les ouvrages d’auteurs ;


 Les Dictionnaires et Encyclopédies ;
 Les Mémoires et Thèses ;
 Les Articles de revues ;
 Les publications gouvernementales ;
 Les journaux, les notes de colloque, les notes de conférence, les
rapports d’organismes privés…
Comment lire ?

D’une manière générale, la lecture proprement dite doit être effectuée à l’aide
d’une grille de lecture appropriée aux objectifs poursuivis. Enfin, des résumés
correctement structurés, sous forme de fiches de lecture permettront de dégager
les idées essentielles des textes et de les comparer entre eux.

3.2. Les entretiens exploratoires et les méthodes complémentaires.

Les entretiens exploratoires complètent concrètement les lectures, ils permettent


au chercheur de prendre conscience d’aspects de la question, absents de sa
propre expérience et de ses lectures.

33
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
Trois types d’interlocuteurs intéressent ici le chercheur : les spécialistes
scientifiques de l’objet étudié (chercheurs- enseignants), les témoins privilégiés
(professionnels-associatifs…), et les personnes directement concernées (public-
usagers-bénéficiaires…).

Les entretiens exploratoires sont mis en œuvre en même temps que les méthodes
complémentaires, telles que l’observation de certains documents (compte-
rendus-rapports…), au terme de la phase exploratoire, le chercheur est souvent
amené à reformuler sa question de recherche en tenant compte des
renseignements de ses lectures et de ses entretiens.

Travaux dirigés en bibliothèque

IV. La problématique (le problème)

Objectif général : Conduire les étudiants à formuler une problématique de


recherche

Objectifs spécifiques : À la fin du cours vous formulez un problème de


recherche

Selon Chevrier (2009), présenter la problématique de recherche dans un projet,


un rapport ou un article de recherche, c’est fondamentalement répondre à la
question suivante : « Pourquoi avons-nous besoin de réaliser cette recherche et
de connaître les résultats qu’elle propose ? »

En définissant le problème auquel on s’attaque et en montrant pourquoi il faut le


faire, la problématique fournit au chercheur les éléments nécessaires pour
justifier sa recherche. En cela, elle constitue essentiellement un texte
argumentatif présentant le thème de recherche, un problème spécifique se
rattachant à une question générale et les informations nécessaires pour soutenir
l’argumentation servant à justifier la recherche elle-même.

34
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
La recherche naît toujours de l’existence d’un problème à résoudre, à clarifier. Il
y a problème lorsqu’on ressent la nécessité de combler un écart conscient entre
ce qu’on sait et ce qu’on devrait savoir. Et résoudre un problème, c’est trouver
les moyens d’annuler cet écart, de répondre à une question.

Autrement dit, il n’y a pas de recherche là où l’on ne pose pas de question.


Einstein a pu dire que la science est bien moins dans la réponse que dans les
questions que l’on se pose. La formulation du problème permet de spécifier (là
où) les questions pertinentes par rapport à l’objet d’étude et de construire cet
objet en lui donnant un sens ou en intégrant des faits qui, pris isolément ou en
eux-mêmes, n’ont pas grande signification.

En s’appuyant sur les lectures (consultation d’ouvrages et travaux), et les


observations préliminaires de terrain, le chercheur formule un problème de
recherche, c’est-à-dire qu’il développe et articule par un enchaînement
d’arguments la traduction d’une préoccupation majeure, l’expression de “ce qui
pose problème”, de “ce qui fait problème”, et qui mérite d’être étudié, élucidé.

V. La construction d’un objectif

Objectif général : Amener les étudiants à formuler un objectif de recherche

Objectifs spécifiques : À la fin de ce chapitre, vous devez être à mesure de :


définir un objectif de recherche, cerner les caractéristiques de l’objectif de
recherche et déterminer l’objectif général et les objectifs d’une recherche.

5.1. Définition d’un objectif de recherche.

L’objectif de recherche est l’intention manifestée de se renseigner


empiriquement pour répondre à une question de recherche. Autrement dit c’est
le but de la recherche. Une recherche sociale vise à produire des informations

35
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
par rapport l’état actuel des connaissances liés à un sujet. Les objectifs indiquent
ces informations à prélever sur le terrain. En fin de recherche ces objectifs de
recherche deviennent des résultats.

5.2. Les caractéristiques de l’objectif de recherche.

L’objectif de recherche doit avoir un contenu cohérent et vérifiable. Cependant,


contrairement à l’hypothèse, l’objectif ne contient pas de prédiction, c'est-à-dire
une réponse provisoire à la question de recherche. L’objectif de recherche
indique dans l’état actuel des connaissances sur un phénomène le type de
renseignements qui seront recueillis.

5.3. Objectif général et objectifs spécifiques de recherche.

Objectif général : IL exprime les intentions générales de l’étude à faire sans


assez de précisions. Les verbes à sens large et vague sont généralement
privilégiés dans leur formulation. Exemples de verbes : saisir, connaitre,
contribuer…. Exemple d’un objectif général de recherche : Saisir les
déterminants économiques de la délinquance juvénile chez les jeunes de 15 à 20
ans dans la Commune Urbaine de Labé.

Objectifs spécifiques : Ils se situent dans un cadre opératoire, les verbes


d’action doivent être privilégies dans leur formulation. Les objectifs spécifiques
indiquent les actions concrètent à mettre en œuvre, c'est-à-dire le travail qui est à
accomplir. Ils proviennent de l’objectif général. Pour les formuler, les verbes
tels que : expliquer, décrire, identifier, comparer, analyser, classifier… sont
bien placés.

Travaux dirigés de formulation d’objectifs de recherche.

VI. L’hypothèse

36
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
Objectif général : initier les apprenants à la formulation d’une hypothèse de
recherche.

Objectifs spécifiques : Au terme de ce cours, chaque étudiant doit pouvoir


définir une hypothèse, dégager ses caractéristiques, faire la différence entre
hypothèse principale et hypothèse secondaire et utiliser les formes d’hypothèses.

6.1. Définition de l’hypothèse de recherche.

(Fortier, 1997) définit l’hypothèse comme : « une hypothèse est une proposition
de réponse à la question posée ; elle formule une relation entre des faits
significatifs. ». La première opération de concrétisation de la question de
recherche consiste à y répondre, habituellement sous la forme d’une hypothèse.
(Réponse supposée à une question de recherche, une prédiction à vérifier
empiriquement. La vérification empirique qui consiste à confronter des
suppositions avec la réalité par l’observation de cette dernière).

Grinschpoun (2014) dit qu’une hypothèse est une affirmation a priori qui met en
relation une conduite avec la cause supposée à cette conduite. C’est la réponse
supposée à la problématique posée. C’est une affirmation parce qu’à une
question (la problématique) peut correspondre plusieurs réponses et ici
l’hypothèse devra être validée ou invalidée par l’analyse des outils utilisés.
Lorsqu’une hypothèse n’est pas validée, reconnue comme vraie par l’analyse
des données, elle est considérée comme fausse.

6.2. Les caractéristiques de l’hypothèse.

L’hypothèse à trois caractéristiques, c’est une prédiction, elle doit être cohérente
et elle doit être vérifiable.

 Entant que prédiction, l’hypothèse est une réponse supposée et plausible à


une question de recherche

37
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
 L’hypothèse doit être cohérente en l’exprimant ; les rapports entre les
idées dans une hypothèse doivent être d’une logique simple et claire.
 La troisième caractéristique de l’hypothèse est que son contenu doit
pouvoir être soumis à une vérification empirique. La vérification
empirique, qui est l’une des préoccupations essentielles de la recherche
scientifique, consiste donc à observer la réalité, et l’hypothèse se présente
comme un moyen d’y arriver.
6.3. L’hypothèse principale et les hypothèses secondaires.
Dans le cadre de l’élaboration d’un projet de recherche ou de la rédaction d’un
rapport de recherche,
Le chercheur peut formuler une seule hypothèse ou plusieurs. Pour avoir une
hypothèse principale et des hypothèses secondaires, le chercheur formulera une
première hypothèse qui sera appelée principale et des secondaires découlant de
la première qui seront appelées hypothèses secondaires.
Les hypothèses se formulent au conditionnel ou à l’affirmatif présent.
6.4. Les formes d’hypothèses.
On peut distinguer avec (Lasvergnas, 1987) cité par (Angers, 1992) trois formes
d’hypothèses.
 L’hypothèse uni variée : se concentre sur un seul phénomène dont elle
cherche à prédire l’évolution et l’ampleur. Exemple La paupérisation des
ménages (familles monoparentales) évolue dans la ville de Conakry
depuis cinq ans.
 L’hypothèse bi variée, porte sur deux faits principaux que la prédiction
relit l’un a l’autre. C’est la forme la plus courante de l’hypothèse
scientifique qui vise à expliquer les phénomènes. Cette relation posée
entre deux faits peut se présenter comme une corrélation, c’est à dire l’un
vari en fonction de l’autre.

38
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
 L’hypothèse multi variée annonce un lient entre plusieurs phénomènes.
Exemple : L’anthropisation pousse à l’avancée du désert qui à son tour
conduit à la rareté des pluies.
Travaux dirigés de formulation d’une hypothèse de recherche

VII. Le cadre conceptuel et théorique

Objectif général : Faire la différence entre conceptualisation et théorisation

Objectifs spécifiques : En fin de cours les étudiants définissent un cadre


conceptuel et parlent correctement de la théorisation.

7.1. La conceptualisation.
Le concept est un mot, ou une expression, que les chercheurs ont emprunté au
vocabulaire courant ou construit de toute pièce pour désigner ou circonscrire des
phénomènes de la réalité observable qu’ils désirent étudier scientifiquement.

C’est une représentation abstraite d’une réalité observable ; elle n’est donc
jamais parfaitement conforme au phénomène réel qui, de toute façon, ne peut
jamais être complètement connu (Mace et Pétry, 2017, p. 26).

La conceptualisation vise à concrétiser les concepts de l’hypothèse ou de


l’objectif de recherche. Un concept peut avoir plusieurs définitions selon les
auteurs, les dictionnaires et les encyclopédies. On peut extraire également les
dimensions et les indicateurs d’un concept. La conceptualisation est le processus
de définitions ou d’analyse des concepts de l’objectif ou de l’hypothèse de la
recherche.

7.2. La Théorisation.

Les théories sont des piliers qui permettent de mieux éclaircir notre problème
de recherche. Selon (Ouellet, 1982) cité par Angers (1992) une théorie se prête à

39
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
deux utilisations : premièrement la théorie assure une première clarification et
une première mise en ordre du problème, en regard des réflexions déjà faites par
les théoriciens. Elle peut donc aider à la précision du problème.

Deuxièmement la théorie par les déductions que ces propositions abstraites


entrainent, un domaine à explorer ou un type de relation entre des phénomènes à
étudier. L’étudiant ou le chercheur doit inscrire son travail dans un cadre
théorique en s’inspirant des théories sociologiques. Cependant, il épousera une
théorie en relation avec son problème de recherche. Il existe en sociologie
plusieurs théories liées à des courants de pensées : La dynamique sociale, la
reproduction sociale, l’imitation…

Pour Mace et Pétry(2017, p. ) l’approche théorique, pour sa part, est une


structure potentielle d’explication qui comporte un certain nombre d’éléments.
Elle comprend d’abord des postulats (principes premiers indémontrables ou non
démontrés) qui traduisent la vision des choses sur laquelle elle s’appuie. Elle
comprend aussi les concepts qui permettent de cerner et de classifier les
phénomènes à étudier. Elle précise, par des propositions, l’ensemble des
relations postulées entre les différents concepts et sous concepts de l’approche et
pose quelques hypothèses sur des relations entre concepts qui, si elles peuvent
être vérifiées et confirmées, pourront être transformées en lois générales ou en
généralisations théoriques.

En sociologie plusieurs courant de pensées développement des théories qui


soutienne des positions différentes de la compréhension des faits sociaux. On
peut citer parmi ces courants : Le fonctionnalisme, le structuralisme, le
culturalisme, l’interactionnisme, le Marxisme… qui font d’un autre cours
intitulé les grands courants de la sociologie contemporaine.

Travaux dirigés sur le cadre conceptuel et le cadre théorique

VIII. La revue critique de la littérature ou état de l’art


40
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
Objectif général : Conduire les étudiants à établir une revue de la littérature

Objectifs spécifiques : Permettre les étudiants à partir de la recherche


documentaire faire le point sur l’état des connaissances sur un sujet de
recherche.

La construction d’une revue de littérature part de la question de recherche qu’on


s’est donnée. C’est pour cette raison d’ailleurs que cette question de recherche
doit être clairement formulée - cette question de recherche doit faire l’objet d’un
examen précis de ses différentes composantes.

Supposons que l’étude suivante doit être réalisée ; elle a pour thème : étude des
déterminants sociaux et du niveau d’aspiration scolaire et professionnelle des
enfants.

Formulons la question de recherche suivante : le cursus scolaire et le choix


d’une profession liée au niveau d’étude visé par les enfants sont-ils fonction de
la catégorie socioprofessionnelle des parents, de leur mode de vie et de leur
niveau d’instruction ?

Cette question de recherche contient un certain nombre d’information qu’il faut


exploiter en vue d’organiser la revue de la littérature. Ainsi par exemple, les
déterminants sociaux caractérisent la population des parents (mode de vie,
situation socioprofessionnelle, niveau d’instruction) mais orientent vers les
études démographiques, vers les enquêtes de budget-consommation et vers les
analyses socio-économiques portant sur les niveaux de vie. Les aspects de la
question de recherche relatifs à la population des enfants tels que le niveau
d’étude poursuivi, les résultats scolaires, les conditions de travail scolaire des
enfants nous orientent vers le secteur de l’éducation nationale, vers les
spécialistes de la pédagogie et vers les ouvrages de la sociologie de l’éducation.
Une fois ces orientations précisées, il faut sélectionner les ouvrages qui se

41
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
réfèrent au thème de l’étude et à la question de recherche ou qui portent sur des
problématiques liées à la question de recherche.

La revue de la littérature doit être organisée, systématisée, structurée. C’est donc


dire qu’elle n’est pas une entreprise hasardeuse, subjective conduite selon les
préférences esthétiques ou idéologiques du chercheur.

La revue de la littérature doit commencer par structurer l’exposé des textes en se


donnant des thèmes. Dans l’exposé d’une revue de recherche, on n’écrit pas le
titre de l’ouvrage ; on annonce seulement l’auteur et la date de publication de
l’ouvrage. On ne met pas de citations ; il s’agit de résumer ce que l’auteur a dit
concernant l’idée évoquée dans l’ouvrage et qui est en rapport avec les volets de
la question de recherche. A la fin de l’exposé, on donne son point de vue quant à
l’apport de cet ouvrage dans l’exercice qu’on veut entreprendre.

Autrement dit l'état de l'art ou la revue bibliographique ou encore la revue de la


littérature consiste à faire le point des connaissances et des règles existantes sur
un sujet d'étude dans tout domaine des sciences et techniques, médical, social et
humaine, des arts et métiers etc. En outre, c’est se rendre compte de ce qui a
déjà été fait et rapporté pour justifier l’idée du projet sur toutes les dernières
avancées scientifiques que sur les travaux antérieurs ayant un lien avec le sujet
choisi. Cette démarche est préliminaire à tout travail de recherche ou
d'application.

Travaux dirigés sur la revue de la littérature ou état de l’art

IX. La méthodologie

Objectif général : Amener les étudiants à construire une méthodologie de la


recherche

42
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
Objectifs spécifiques : Vous devez être capable de définir la méthodologie,
distinguer les techniques de collecte de données et les techniques d’analyse des
données.

9.1. Définition : La méthodologie sociologique est l’ensemble des méthodes et


des techniques qui orientent l’élaboration d’une recherche et qui guident la
démarche scientifique.
9.2. Les méthodes.
La sociologie utilise deux (2) méthodes de recherche. La méthode ou approche
qualitative et la méthode ou approche quantitative. L’usage des deux au cours
d’une recherche a donné naissance à la méthode mixte.
 La méthode qualitative : Elle est une forme de recherche formative qui
se sert de techniques spécialisées au fin d’obtenir des réponses
approfondies sur ce que les individus pensent et ressentent.
L’approche qualitative permet de mieux comprendre les attitudes, les
représentations, les motifs et les comportements de la population à l’étude.

Selon Paillé et Mucchielli(2016), l’enquête est dite « qualitative »


principalement dans deux sens : d’abord, dans le sens que les instruments et
méthodes utilisés sont conçus, d’une part, pour recueillir des données
qualitatives (témoignages, notes de terrain, images vidéo, etc.), d’autre part,
pour analyser ces données de manière qualitative (c’est-à-dire en extraire le sens
plutôt que les transformer en pourcentages ou en statistiques) ; l’enquête est
aussi dite qualitative dans un deuxième sens, qui signifie que l’ensemble du
processus est mené d’une manière « naturelle », sans appareils sophistiqués ou
mises en situation artificielles, selon une logique proche des personnes, de leurs
actions et de leurs témoignages

43
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
 La méthode quantitative : Elle fait appel à des mesures ordinales ou
numériques. Les mesures peuvent être ordinaires du genre (plus grand ou
plus petit que) ou numérique avec usage de calculs.
Par exemple l’étude du taux de prévalence du paludisme chez les enfants de 0 à
5 ans dans la Commune Rurale de d’Hafia Préfecture de Labé.
Aujourd’hui, les deux méthodes sont complémentaires dans plusieurs cas de
recherche et elles feront objet de cours aux semestres 2 et 3.

 L’approche mixte : Cette approche est une combinaison des deux


précédentes. Elle permet au chercheur de mobiliser aussi bien les
avantages du mode quantitatif que ceux du mode qualitatif. Cette conduite
aide à maitriser le phénomène dans „toutes‟ ses dimensions.
9.3. Les techniques de collecte des datas.
Les techniques de collecte des données utilisées en sociologie sont :

a- L’Entrevue de recherche : Elle est une technique directe visant à interroger


quelques individus, de façon semi-directive pour faire un prélèvement qualitatif.
Elle peut être individuelle ou groupale. L’instrument de collecte de données de
cette technique est le guide d’entretien.

b- L’observation en situation : Elle est une technique directe visant à observer


habituellement un groupe de façon non directive pour faire un prélèvement
qualitatif. L’observation peut être selon la structure, selon le rôle de
l’observateur et selon la transparence des rôles. L’instrument de collecte de
données de l’observation est la grille d’observation, le cahier de bord.

c- Le questionnaire ou le sondage : Elle est une technique indirecte visant à


questionner un grand nombre d’individus habituellement de façon directive pour
faire un prélèvement quantitatif. Le questionnaire peut être administré quand
l’enquêteur remplit le formulaire de question ou auto-administré lorsque les

44
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
enquêtés remplissent le formulaire à eux même. Ce questionnaire peut prendre
plusieurs formes

Le questionnaire à questions ouvertes ne préforme pas les réponses des sujets


ce qui donne à ceux-ci un sentiment de plus grande liberté et aussi d’être pris en
compte, écoutés, reconnus dans leur singularité. De cette manière, on mesure
mieux le vécu de chacun. On peut choisir d’utiliser un questionnaire à questions
ouvertes lorsqu’on ne possède pas encore assez d’éléments sur le thème étudié
ou bien pour aborder des thèmes délicats tels que la sexualité, les croyances, le
salaire.

Le questionnaire à questions fermées ou à choix multiples (QCM) fixe les


réponses à l’avance. L’avantage des questions fermées ou préformées est
l’indéniable rapidité de dépouillement mais l’inconvénient en est la restriction
de liberté des sujets répondants.

Le questionnaire à questions couplées comprend une combinaison de


questions ouvertes et fermées. En général, la question fermée précède la
question ouverte laquelle fait préciser la pensée du sujet. Par exemple, « êtes
vous favorable à une note de conduite pour un enfant scolarisé au collège ? » Le
sujet répond par « oui » ou par « non » puis une question ouverte, sous la forme
d’un « pourquoi ? », permet au sujet de s’en expliquer.

Dans certains cas, plus rares, on apposera d’abord la question ouverte sans que
celle-ci fasse l’objet d’une analyse. Cette question ouverte précédant la question
fermée ne servira qu’à permettre au sujet de clarifier sa pensée pour pouvoir se
situer et répondre de manière fiable à la question fermée qui sera seule prise en
compte.

d- L’analyse des statistiques : Elle est une technique directe permettant


d’examiner des documents au contenu chiffré se rapportant à des individus ou à
des groupes pour faire un prélèvement quantitatif. Elle est appropriée quand le

45
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
problème de recherche amène à se pencher sur de grands ensembles, de larges
populations. L’instrument de l’analyse de statistiques sont les séries.

e- L’analyse de contenu : est une investigation indirecte à l’aide de documents


provenant d’individus ou de groupes ayant un contenu non chiffré pour faire un
prélèvement quantitatif ou qualitatif. Le contenu peut être manifeste ou latent.
On instrument sont les catégories.

f- Le récit de vie (ou l’histoire de vie)

Au lieu de récit de vie (Daniel Bertaux,1989), Nicole Demouge et Guy Olivier


(1999) et (N’Da, 2017, pp. 149-150) parlent d’histoire de vie. En effet, « …la
vie est une histoire et… à l’instar de l’ouvrage de Maupassant Une vie, c’est
l’ensemble des évènements d’une existence individuelle conçue comme une
histoire et le récit de cette histoire »

Le récit ou l’histoire de vie désigne des entretiens à visée plus large et complète
(raconter une vie) que l'entretien semi-directif. Le récit porte sur une vaste série
de sujets (des souvenirs, des rêves, des espoirs, des craintes, des joies, des
souffrances, le travail, les relations avec les amis, avec la famille, avec les
patrons, la vie sentimentale et sexuelle, la conception de la justice, de la religion
de la politique, la vision du monde, etc.).

Chaque entretien est plus spécifiquement centré sur un thème ou sur une «
tranche de vie », un moment de la « vie ». Plus que dans l'entretien semi-directif,
dans l'histoire de vie, la prise de notes est nécessaire. Il s'agit, en effet, de faire
entendre la parole des personnes interrogées et de proposer au lecteur une «
tranche de vie ». Ce « témoignage » doit cependant être situé par rapport à
d'autres témoignages et à d'autres informations.

Tableau 2 : Méthodes et techniques.

Méthodes Techniques Instruments

46
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
-Entrevue de recherche Guide d’entretien
Méthode qualitative
-Observation en situation Grille
d’observation

-Analyse de contenu Catégories

-Histoire de vie Guide d’entretien

Formulaire de
Méthode quantitative -Sondage/questionnaire
questions

-Analyse de statistiques Séries,


graphiques,
diagrammes

-La quantification Fiche

-Le recensement Fiche

Construit par nous même

X. La collecte des données

Objectif général : permettre les étudiants de conduire un processus de collecte


de données d’une recherche

Objectifs spécifiques : En fin de chapitre, les étudiant définissent une


population de recherche, l’échantillonnage, et un échantillon de recherche.

Le chercheur prévoit et décrit autant que possible les problèmes que pourrait
soulever le processus de collecte des données. Dans tous les cas, un plan de
recherche doit avoir prévu la façon d'organiser le déroulement : quelle

47
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
population sera interrogée, qui précisément sera soumis par exemple à
l'enquête, quelle sera la taille de l'échantillon, de quelle façon on interrogera,
quelles dispositions administratives ont été prises, de combien d'enquêteurs
disposera-t-on, quels sont les véhicules à disposition ? Quels sont les obstacles
prévisibles à contourner ? etc.

10.1. La population de recherche.

Pour Grinschpoun (2014), elle est constituée par l’ensemble des sujets concernés
par les hypothèses (primaires et secondaires).

Une population de recherche est un ensemble d’éléments ayant un ou plusieurs


caractéristiques en commun qui les distinguent d’autres éléments et sur lesquels
porte l’investigation. Exemple : les familles monoparentales, les étudiants du
semestre 1 du Département de sociologie, les enfants domestiques, Les quartiers
périurbains….
La population peut indiquer autre que les individus par exemple les quartiers de
la ville de Labé.
Une population peut avoir un effectif c'est-à-dire le nombre d’éléments de la
population.

10.2. L’échantillonnage.
L’échantillonnage consiste en un ensemble d’opérations permettant de
sélectionner un sous-ensemble d’une population en vue de constituer un
échantillon.
L’échantillon est cette partie de la population auprès de laquelle les
informations seront recueillies. C’est un sou ensemble homogène d’éléments
extrait de la population mère pour servir d’échantillon représentatif. Selon
Grinschpoun (2014) L’échantillon est une fraction de la population concernée
présentant les mêmes caractéristiques que l’ensemble de la population.

48
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
Tableau 3 : Les types et sortes d’échantillonnages.

Types d’échantillonnages Sortes d’échantillonnages

A- Echantillonnage - Aléatoire simple ;


probabiliste - Stratifié ;
- Systématique ;
- En grappes.

B- Echantillonnage non - Accidentel ;


probabiliste - Typique ;
- Par quotas.
- Le choix raisonné
Construit par nous même
10.1.1. Les sortes d’échantillonnages
Echantillonnage aléatoire : L’échantillonnage aléatoire simple consiste à
réaliser un tirage de numéros de sujets à partir d’une base de données c’est-à-
dire d’une liste exhaustive de tous les sujets de la population (par exemple,
numéros de listes électorales, numéros de dossiers d’étudiants, numéros de
téléphone...).

Un tirage systématique prend en compte un intervalle régulier (par exemple


tous les 40 sujets : 40, 80, 120, 160…). >

L’échantillonnage par grappes prend comme unité un groupe de sujets (par


exemple, les étudiants d’un même parcours universitaire, les élèves d’une même
classe, les habitants d’une même résidence…). On enquête auprès de tous les
sujets contenus dans une unité (par exemple tous les étudiants en psychologie
sociale d’une même université). Dans ce sens il peut y avoir des tirages à

49
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
plusieurs degrés c’est-à-dire une succession de tirages (par exemple, je tire au
sort une université, puis une UFR, puis une discipline, puis une filière). >

L’échantillonnage stratifié est segmentaire. La stratification résulte du


découpage de la population en fonction de différentes variables (classes d’âge
CSP, situation de famille…). La population est classée en sous populations ou
strates et pour chaque strate, un tirage aléatoire est réalisé.

Le choix des strates prises en compte dépend de ce que l’on cherche. Par
exemple pour une enquête sur l’orientation universitaire, on prendra en compte :
les différentes séries de baccalauréat, les mentions obtenues, les différentes
filières.
L’échantillonnage par quota ou proportionnel : consiste à réaliser un
échantillon identique à la population au niveau de certaines caractéristiques ou
variables contrôlées. Les quotas sont choisis en fonction des statistiques connus
sur l’objet d’étude.
L’échantillonnage accidentel : se fait à la convenance du chercheur
L’échantillonnage typique : Ici le chercheur sélectionne les éléments
exemplaires dans une population.
L’échantillonnage par choix raisonné : procédé par lequel le chercheur choisit
de façon délibéré certains éléments d’une population pour former un échantillon.

XI. L’analyse et la discussion des résultats


Objectif général : conduire les étudiants à présenter les résultats d’une
recherche ensuite donner une signification aux résultats obtenus.
Objectifs spécifiques :
- Utiliser les techniques qualitatives et quantitatives d’analyse des données
de la recherche ;

50
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
- Comparer les résultats d’une recherche aux résultats des travaux
antérieurs.

11.1. L’analyse de Données

Pour l’essentiel l’analyse des données comprend deux étapes : la classification


de l’information et l’analyse proprement dite des données (N’Da, 2016). Les
informations recueillies sur un objet de recherche grâce à des protocoles
ordonnés d'exploitation des observations que sont les techniques de recherche
constituent malgré tout autant d'éléments fragmentaires du phénomène observé
et doivent être structurées et articulées de façon cohérente dans un système de
relations explicatives (N’Da, 2016). Il faut les analyser d’abord ; plus tard, on
les discutera. L’analyse des données vise à montrer leurs liens avec le problème
de recherche (N’Da, 2016).

L’analyse des données est fonction du type d’étude et de son but, selon qu’il
s’agit d’explorer ou de décrire des phénomènes et de comprendre ou de vérifier
des relations entre des variables.
Les statistiques permettent de faire des analyses quantitatives avec usage des
instruments quantitatifs (tableau, graphiques…)

L’analyse qualitative réunit et résume, sous forme narrative, les données non
numériques. Elle peut par exemple faire des catégorisations. L’analyse des
données permet de produire des résultats qui sont interprétés et discutés par le
chercheur.

11.2. L’interprétation /discussion des résultats


L’interprétation et la discussion des résultats consistent pour l’essentiel à
dégager en quoi les données recueillies et les résultats obtenus permettent de
répondre à la question de recherche.

51
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
Les données étant analysées et présentées à l’aide de textes narratifs, de
tableaux, de graphiques, de figures et autres, le chercheur les explique dans le
contexte de l’étude et à la lumière des travaux antérieurs. En partant des résultats
qu’il discute en vérifiant leur authenticité, en revenant sur les hypothèses, en
convoquant justement les théories et les auteurs qui ont abordé la question
étudiée, il pourra faire des généralisations, tirer des conclusions ou élaborer une
théorie et faires des recommandations.

Il ne s’agit pas de répéter ce que les autres ont fait ni de vérifier des travaux déjà
démontrés. Ici, les travaux antérieurs d’autres chercheurs vont servir de base à la
discussion en usant des citations comme d’un dialogue fictif avec les auteurs. La
recherche est un édifice commun à tous les chercheurs et il convient
d’harmoniser la construction si on veut la poursuivre. C’est dans cette
perspective que toute recherche débouche sur une problématique nouvelle à
partir des derniers éclairages réalisés.
XII. La bibliographie
Objectif général : faire comprendre aux apprenants les contours liés à la
conception d’une bibliographie.

Objectifs spécifiques : à la fin de la séance, les étudiants devraient être capables


de parler des références en fonction du type de document et des méthode de
référencement.

Une bibliographie est une liste de références bibliographiques. Elle identifie tous
les documents qui ont été utilisés pour la réalisation d’un travail de recherche.

Selon Franklin (2013, p. 254-257 ; Weselby, 2014) cités par Mace et pétry
(2017, p.13), il existe quatre principaux systèmes de présentation des citations et
bibliographies utilisés dans le monde : celui de l’APA (American Psychological
Association), utilisé principalement en psychologie, le format Vancouver,

52
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
présent surtout en médecine et dans les sciences naturelles, le format Harvard
et le format Chicago. Les sciences sociales et les sciences humaines
privilégient ces deux derniers formats ou des variations de ces deux formats
selon les universités et les maisons d’édition.

La méthode Harvard, appelée aussi système auteur-date ou encore système


abrégé, est généralement utilisée dans le réseau universitaire nord-américain. On
indique entre parenthèses dans le texte le nom du ou des auteurs auxquels on fait
référence, suivi de la date de publication et du numéro de la ou des pages, le cas
échéant. L’information complète à propos de la publication apparaît alors dans
la liste des ouvrages cités en fin de chapitre ou en fin d’ouvrage.

Le format Chicago (University of Chicago Press Staff, 2010), qu’on nomme


parfois système classique puisqu’on l’utilise depuis une centaine d’années, est
un système où la référence apparaît dans une note de bas de page ou de fin de
chapitre. On indique alors, dans le cas d’un livre, le nom de l’auteur, le titre du
document, le lieu de publication, la maison d’édition et la date de publication.
On regroupe toutes les références dans une bibliographie placée en fin de
chapitre ou, plus généralement, en fin d’ouvrage.

Certaines universités utilisent des variations de ces formats. La règle diffère


selon les institutions et il est préférable de s’informer auprès de son département
ou de sa faculté. À l’Université Laval, par exemple, le Département de science
politique met à la disposition des étudiants un Guide pour la présentation des
travaux écrits (Département, 2005). Peu importe le format utilisé, la règle à
respecter est l’uniformité. On doit demeurer fidèle au même format tout au long
du travail.

53
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
XIII. Introduction à la rédaction scientifique
Objectif général : familiariser les apprenants à la rédaction scientifique .
Objectifs spécifiques : En de fin de partie, l’étudiant doit être capable de parler
d’une manière générale de la différence entre le projet de recherche et le rapport
de recherche.
13. 1. Le projet de recherche.
Le cycle de la recherche indique les moments forts de la démarche scientifique.
Cette démarche se concrétise, dans un premier temps, par l’élaboration d’un
projet de recherche. Etape préliminaire de la recherche proprement dite, le
projet de recherche rédigé suivant un plan strict et précis circonscrit l’objet
de l’étude et précise la façon de réaliser chacune des étapes du processus de la
recherche.

Par exemple, l’étudiant qui prépare un mémoire ou une thèse est tenu de
présenter d’abord un projet de recherche. De même, le chercheur sociologue qui
fait une demande de fonds ou qui demande l’’autorisation d’entreprendre une
recherche doit soumettre une proposition de recherche, c'est-à-dire une
description détaillée du projet de recherche.

L’élaboration du projet de recherche suppose une connaissance préalable de tout


ce qu’implique, point par point, une recherche. Cela signifie que le chercheur
soit déjà dans quel courant théorique il se situe, quelles méthodes et techniques
il adoptera, quel type d’instruments il utilisera et, quel type de traitement de
données il effectuera. Il aura aussi pris les précautions nécessaires quant aux
moyens d’évaluation de la recherche.

54
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
De fait, le chercheur peut consacrer près du tiers de son temps à élaborer ce
projet, car il va même jusqu'à prévoir de quelle façon il analysera les données
recueillies. S’il a l’intention de soumettre son projet à un organisme dans le but
d’obtenir un financement, il doit de plus prévoir une argumentation conséquente
et faire la preuve de l’intérêt et de la pertinence de la recherche.

Il doit en outre se situer dans les contraintes de temps et de budget et de


l’organisme qui le subventionne. Elaborer un projet de recherche demande une
certaine préparation que le chercheur novice n’a pas. Toutefois, il peut faire
l’apprentissage du processus de la recherche graduellement, étape par étape.

Section 2 : Le rapport de recherche.


Un rapport de recherche doit inclure les renseignements utiles pour qu’un
lecteur puisse saisir exactement ce qui a été fait. Les règles d’éthique exigent
que le chercheur rapporte les faits réels tels qu’ils se sont produit : il ne peut en
passer certains sous silence, ou les rapporter tels qu’il aurait souhaité qu’ils
fussent.

Toutefois, le chercheur n’écrit rien d’inutile, ni de personnel : par exemple, il ne


mentionne pas les ouvrages qu’il a lus mais qui ne sont pas avérés pertinents, ni
les difficultés rencontrées à une étape ou à une autre de sa démarche
scientifique.
Un rapport de recherche doit être un outil pratique et efficace : le lecteur doit
trouver rapidement les informations qu’il cherche. C’est pour cela que les
grandes lignes demeurent les mêmes, malgré un contenu qui peut varier selon la
méthode de recherche employée, ou malgré que certaines parties soient plus
importantes que d’autres dans une méthode donnée.

55
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
Les parties d’un rapport de recherche correspondent, pour la plupart, aux
étapes de la démarche scientifique. Elles sont présentées ici selon l’ordre où
elles apparaissent dans le rapport, et non selon l’ordre dans lequel le chercheur
les rédige. Par exemple, ce dernier doit avoir terminé la rédaction de son rapport
pour en rédiger le sommaire, qui apparaît au début.

Conclusion
Le cours d’initiation à la recherche présente de façon générale les éléments de
l’esprit scientifique, les étapes de la démarche scientifique et l’introduction à la
rédaction scientifique mais ne traite pas tous les détails liés au processus de la
recherche en sociologie. Cependant il est destiné aux étudiants inscrits en
licence de sociologie en vue de les initier la recherche scientifique. D’autres
cours viendront prendre en détail les chapitres développées dans ce cours à partir
du semestre 2 jusqu’au semestre 6. Ce cours se présente comme une vue
d’ensemble de la recherche en sociologie. Dans son élaboration, il existe des
insuffisances que les travaux ultérieurs pourront corriger. Cependant les
étudiants doivent en faire comme un moyen d’initiation qu’ils combleront à
travers d’autres sources de lecture et cours.

56
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
Questions de consolidation.
1. Qu’est-ce que c’est la science ?
2. Quels sont les principes ou postulats de l’approche rationnelle de la
réalité ?
3. Expliquez les éléments de la représentation abstraite de la réalité par la
science.
4. Comment la science connait-elle une évolution dynamique ?
5. Expliquez les caractéristiques et les buts de la science.
6. Que savez-vous des qualités d’un scientifique ?
7. Dégagez les sources de connaissance non scientifiques.
8. Quelle différence faites-vous entre : sciences formelles et sciences
empiriques ?
9. Définissez la notion de recherche, faites sa typologie et dégager les
conceptions de la recherche et les règles d’éthique.
10.Définissez la question de recherche et dégagez ses qualités.
11.Expliquez les actes de la démarche scientifique.
12.Qu’est-ce que c’est la lecture ?
13.Pourquoi lire ?
14.Citez les principes de la lecture, les catégories de documents à lire, et où
trouve-t-on à lire ?
15.Définissez l’objectif de recherche et dites quels sont ses caractéristiques et
les types d’objectifs.
16.Après avoir défini une hypothèse de recherche, dégagez ses
caractéristiques, sa typologie et les formes d’hypothèses.
17.Qu’appelle-t-on méthodologie sociologique ?
18.Quelles sont les méthodes en usage en sociologie.
19.Quelles sont les techniques de collecte et d’analyse des données en
sociologie ?

57
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL
20.A l’aide d’un tableau faites la classification des types et sortes
d’échantillonnages.
21.Définissez les termes suivants : Echantillonnage, population de recherche,
Echantillon.
22.Quels sont les sortes d’échantillonnages ?
23.Qu’est-ce que c’est la bibliographie ?
24. Quelle sont les méthodes d’établissement d’une bibliographie ?
25.Quelle est la différence entre un projet de recherche et un rapport de
recherche ?

58
Cours d’initiation à la recherche, Programme de licence en sociologie, FLSH, UL

Vous aimerez peut-être aussi