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REPUBLIQUE DU NIGER

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METHODOLOGIE DE RECHERCHE
(Guide de rédaction et de présentation de mémoire)

Prof AFFO DAOUDOU Hamissou

Novembre 2023
COURS DE
METHODOLOGIE DE RECHERCHE
(Guide de rédaction et de présentation de mémoire)

Master 2 / Toutes options

AFFO DAOUDOU Hamissou, Ph.D


Professeur des Universités (USA)
Tél : (+227) 95 85 24 24 – (+229) 97 24 80 60 (WhatsApp)

Novembre 2023
PRESENTATION DU MODULE

La compétence est définie comme une cible de formation centrée sur le développement des
capacités de l’apprenant à identifier et résoudre efficacement des problèmes propres à une
famille de situations sur la base de ressources pertinentes et intégrées. Contrairement à
l’objectif, la compétence ne s’atteint pas. Elle ne peut que se développer. L’apprentissage est
indispensable au développement cette compétence.

OBJECTIFS DU MODULE

Ce cours vise à permettre aux apprenants de s’approprier les différents types de recherche
scientifiques courants afin d'être en mesure de juger la qualité de projets spécifiques et
d'éventuellement devenir un participant actif dans la prise en charge de projets de recherche
en milieu professionnel. De façon plus spécifique, à la fin de ce module, les apprenants
doivent :

 comprendre les principales étapes de la démarche scientifique ;


 être capable de faire le choix du sujet et élaborer un projet de recherche ;
 être capable d’élaborer un document de mémoire ;
 savoir présenter et soutenir publiquement son mémoire.

METHODES PEDAGOGIQUES

L’approche pédagogique appliquée au cours s’inspire des méthodes d’apprentissage interactif


ou par l’action. En effet, le cours intégrera, et en plus d’un recueil théorique, des études de
cas, des jeux de rôles et des ateliers. A partir d'études de cas ou de problématiques préparées
au préalable par les apprenants, et travaillées en séance de manière interactive, les thèmes
seront traités pour développer une intelligence tout en veillant à apporter un éclairage pratique
correspondant aux réalités du monde.

CONTENU DU COURS

Partie 1. Démarches et méthodes scientifiques

 Point 1. Démarche scientifique de recherche


 Point 2. Méthodes scientifiques de recherche

Partie 2. Démarche de recherche et processus d’élaboration d’un mémoire

 Point 1. Choix et élaboration de la problématique de recherche ;


 Point 2. Construction du cadre théorique de l’étude ;
 Point 3. Mise au point de la méthodologie de recherche ;
 Point 4. Analyse et interprétation des résultats.

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AFFO DAOUDOU Hamissou, Ph.D MR/Licence/Master
BIBLIOGRAPHIE

Angers, M. (1996). Initiation pratique à la méthodologie des sciences humaines. Montréal : Les
Éditions CEC.
Bardin, L. (1977). L’analyse de contenu. Paris : Presses Universitaires de France.
Claude B. (1865). Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, rééd. Paris, Garnier-
Flammarion, 1966.
De Lansheere, G. (1976). Introduction à la recherche en éducation. Paris : Colin-Bourrelier.
Dufour, S., Fortin, D. & Hamel, J. (1991). L’enquête de terrain en sciences sociales. Montréal :
Éditions Saint-Martin.
Fortin, M.-F. (1996). Le processus de la recherche : de la conception à la réalisation. Montréal :
Décarie Éditeur.
Gauthier, B. (1986). Recherche sociale : de la problématique à la collecte des données. Québec,
QC : Presses de l’Université du Québec.
Jean G. (1996). Les réflexions méthodologiques de Claude Bernard : contexte et origines, Bull.
Hist. Épistém. Sci. Vie, 3 (1), p. 75-92.
Lamoureux, A. (1995). Recherche et méthodologie en sciences humaines. Laval, QC : Éditions
Études vivantes.
Paillé, P. & Mucchielli A. (2003). L’analyse qualitative en sciences humaines et sociales. Paris :
Armand Colin.
Paillé, P. (1994). Pour une méthodologie de la complexité : le cas d’une recherche-action-
formation. Canadian Journal of Educatioin / Revue canadienne de l’éducation, 19(3), 215-230.
Paillé, P. (1996). Recherche-action (pp. 193-195). Dans A. Mucchielli (Éd.), Dictionnaire des
méthodes qualitatives en sciences humaines et sociales. Paris : Armand Colin.
Picard C.F. (1965). Théorie des Questionnaires. Gauthier-Villars
Pierre D. (2012). Principes d'expérimentation: planification des expériences et analyse de leurs
résultats, Presses agronomiques, Gembloux, 413 p.
Richard L. (2005). Les plans d'expériences. Un outil indispensable à l'expérimentateur, Les
Presses de l'École Nationale des Ponts et Chaussées, 2005, 320 p.
Robert, M. (1988). Fondements et étapes de la recherche scientifique en psychologie. St-
Hyacinthe / Paris : Édisem / Maloine.
Yin, R.K. (1989). Case study research: design and methods. Newbury Park, Ca: Sage Publications.

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AFFO DAOUDOU Hamissou, Ph.D MR/Licence/Master
Cours de Méthodologie de Recherche

PARTIE 1. DEMARCHES ET METHODES SCIENTIFIQUES


La recherche est une activité en quête d’objectivité de connaissances sur des questions
factuelles. L’objectivité peut être définie comme une attitude d’appréhension du réel basée sur
une acceptation intégrale des faits (ou l’inexistence de filtrage des observations autre que celui
de la pertinence), sur le refus de l’absolu préalable (ou l’obligation de doute quant à toute
conception préexistante) et sur la conscience de ses propres limites.

La recherche consiste, en général, à confirmer ou infirmer une hypothèse principale, expliquer


de plus près les raisons, les mécanismes, les causes, en référence aux hypothèses
secondaires formulées qui constituent les pistes que la démarche emprunte.

Faire de la recherche, notamment en sciences de gestion et sociales, c’est tenter de répondre


à trois principaux types de question que sont :

 descriptive : lorsque la recherche vise principalement à décrire une action ou une


situation.
 relationnelle : lorsque la recherche examine l'ensemble des relations entre deux ou
plusieurs variables.
 causale : lorsque la recherche vise à déterminer si une ou plusieurs variables (par
exemple, un programme ou une mesure incitative) produit ou modifie une ou plusieurs
variables résultantes.

On entend par mémoire, une application d’un ou de plusieurs schémas de connaissances à


un aspect de la réalité pour en comprendre les mécanismes, les caractéristiques, les
dysfonctions, les difficultés et suggérer, par voie d’analyse et de démonstration, une ou
plusieurs possibilités d’amélioration de correction… selon la nature du sujet traité. Il apparaît
ainsi que le point de départ de toute recherche est une insatisfaction. C’est cette insatisfaction
qui, pour amorcer le processus de recherche doit se transformer en interrogation, laquelle
pose son pourquoi à une réalité concrète pour déboucher sur l’idée de la recherche.

POINT 1. LA DEMARCHE SCIENTIFIQUE DE RECHERCHE

La science dans son besoin d’achèvement comme dans son principe, s’oppose absolument à
l’opinion. Le chercheur doit se détacher de ses préjugés et adopter une démarche scientifique
pour être objectif ; car la science doit se construire contre l’évidence et les illusions des
connaissances immédiates.

1. Qu’est-ce que la démarche scientifique ?

On entend par démarche, l'ensemble des moyens, des outils d'analyse mis en place en lien
avec la problématique. La « démarche scientifique » est donc définie comme toute méthode
utilisée pour guider toute production scientifique. C’est une procédure rigoureuse caractérisée
par des « grandes méthodes d’investigations » qui sont connues de toutes les sciences.

Selon Anne-Marie Lavarde (2008), il n’y a pas de recherche scientifique sans démarche
scientifique. Chaque communauté scientifique la met ainsi en œuvre en tant que méthode
académiques appropriée aux objectifs visés.
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La démarche scientifique permet d’encadrer les observations et les idées des chercheurs. Son
objectif est d’aboutir à une conclusion qui confirmera ou infirmera une hypothèse. Cette
méthode permet de vérifier des théories déjà existantes ou de créer de nouvelles hypothèses
à tester. Il s’agit donc d’un système d’évaluation et de vérification du savoir produit. Pour cela,
il faut réaliser des expériences et des tests scientifiques.

En termes de typologie, la méthode scientifique peut être appliquée suivant différentes


procédures de raisonnement. A cet effet, il existe fondamentalement deux types de démarches
scientifiques à savoir : la démarche scientifique inductive et la démarche scientifique
déductive.

La démarche inductive, aussi appelée approche empirico-inductive, est une méthode de


travail qui part de faits, de données brutes réelles et observables, pour aller vers l’explication
de celles-ci. A partir des phénomènes particuliers observés, le chercheur peut comprendre un
phénomène général. On va du particulier au général.

Exemple : Tous les hommes que j’ai rencontrés jusqu’à maintenant sont altruistes. D’après
certaines études scientifiques, l’homme est altruiste de manière innée. Donc tous les hommes
que je rencontrerai dans ma vie seront naturellement altruistes.

La démarche déductive, aussi appelée approche hypothético-déductive, est une technique


qui part d’une ou plusieurs hypothèses de travail vers l’explication de ces hypothèses. En effet,
à partir d’hypothèses générales, cette méthode permet au chercheur de comprendre des
éléments particuliers (du général au spécifique).

Exemple : Tous les hommes sont mortels. Socrate est un homme, donc il est mortel.

La méthode inductive ou la méthode déductive aident le chercheur dans son début


d’enquête. Elles lui donnent des pistes pour savoir comment structurer son enquête, à partir
de ses recherches inductives (sur des faits réels) ou déductives (à partir d’hypothèses). Au
début d’un travail d’enquête le chercheur peut avoir recours à la méthode inductive ou
déductive pour étudier un fait ou un phénomène. Il peut alors se demander quelle méthode
serait la plus efficace par rapport au sujet étudié.

2. Buts de la démarche scientifique

L'approche scientifique a des objectifs clairs ainsi que des fonctions précises. En sciences
de gestion et sociales, les buts et objectifs de la recherche scientifique sont :

- décrire les phénomènes et les événements ;


- comprendre et expliquer le comportement ;
- prédire le comportement ;
- contrôler (ou modifier) le comportement.

A ces quatre buts de la démarche scientifique, on peut ajouter deux autres qui s'inscrivent
dans un processus d'investigation et d'intervention scientifique. Il s’agit notamment de formuler
un système cohérent de connaissances, et de contribuer au développement de nouvelles
techniques et pratiques.

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Tableau 1 : Principales approches de recherche

Approche de
But Dmaine scientifique Caractéristiques
recherche
Explorer Nouveau domaine, peu Méthode  Investiguer un phénomène peu connu
d'investigations réalisées exploratoire  Identifier ou découvrir des variables importantes
à ce jour  Générer des hypothèses pour des recherches
futures
Décrire Domaine qui a déjà été Méthode  Décrire et documenter le phénomène (occurrences)
l'objet de certaines études descriptive  Comparer les phénomènes
 Étudier les phénomènes de covariance.
Expliquer Domaine dont on possède Méthode  Expliquer les causes du phénomène
Comprendre de bonnes descriptions explicative  Identifier les réseaux causaux possibles
 Modeler le phénomène
Prédire Domaine pour lequel on a Méthode  Prévoir les suites ou les conséquences d'un
déjà identifié des liens prédictive phénomène
causaux entre  Prévoir les événements ou les comportements qui
phénomènes pourraient résulter d'un phénomène
Evaluer Domaine pour lequel on a Méthode  Évaluer la qualité ou l'impact d'un phénomène en
déjà développé une évaluative fonction de critères
certaine pratique  Mettre au point un phénomène (produit ou service)
Contrôler Domaine pour lequel on Méthodes  Intervenir dans une situation sociale pour la
possède une bonne d'intervention modifier ou la changer
connaissance et une bonne  Modifier la conduite d'un individu, d'un groupe,
compréhension d'une organisation ou d'une société

3. Règles de base de la démarche scientifique

Toute démarche scientifique suit plusieurs règles. Parmi elles, quatre règles de base sont à
connaître à savoir : la neutralité, la prise en compte des échecs, le doute et l’expérience
pratique qui doit confirmer la théorie.

La neutralité : la méthode scientifique ne doit suivre aucun parti. Elle doit être neutre
politiquement et religieusement, rationnelle et s’intéresser aux phénomènes observables.

La prise en compte des échecs : toute méthode scientifique qui échoue doit faire l’objet
d’une réflexion ; les tests et expériences doivent être reproduits. Si l’échec persiste,
l’hypothèse doit être revue, reformulée ou changée.

Le doute : il suppose de douter de tout ce qui n’a pas encore été prouvé. Dans le domaine de
la science, tout ce qui n’est pas encore confirmé peut faire l’objet d’un doute.

L’expérience pratique doit confirmer la théorie : si une idée est testable avec une
expérience scientifique, alors elle respecte la démarche scientifique.

POINT 2. LA METHODE SCIENTIFIQUE DE RECHERCHE

Selon Jean Louis LAUBET Del Bayle (2010), la méthode s’entend comme l’ensemble des
opérations intellectuelles permettant d’analyser, de comprendre et d’expliquer la réalité
étudiée. Il n’est pas à confondre avec la méthodologie, qui est la science des méthodes. Quant
à la méthode scientifique, elle concerne la façon d'accéder à la connaissance.

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D’une façon générale, on entend par méthode scientifique, la méthode d'enquête basée sur
des études empiriques, mesurables, et sur une base théorique. Ainsi, la méthode scientifique
désigne l'ensemble des canons destinés à guider le processus de production des
connaissances scientifiques, qu'il s'agisse de calculs théoriques, d'observations,
d'expériences, ou de raisonnements. En d’autres termes, il s’agit d’un ensemble de règles et
de démarches à suivre pour atteindre des objectifs et pour conduire une recherche scientifique.

Très souvent, le terme de « méthode » engage l'idée implicite de son unicité, tant auprès du
grand public que de certains chercheurs, qui de surcroît la confondent parfois avec la seule
méthode hypothético-déductive. L'étude des pratiques des chercheurs révèle cependant une
si grande diversité de démarches et de disciplines scientifiques que l'idée d'une unité de la
méthode est rendue très problématique. Toutefois, ce constat ne doit pas être entendu comme
une forme d'anarchisme épistémologique. Si la question de l'unité de la méthode est
problématique, cela ne remet pas en cause l'existence d'une pluralité de canons
méthodologiques qui s'imposent aux chercheurs dans leurs pratiques scientifiques.

1. Principales méthodes en sciences sociales

Le nombre et l'organisation des principales méthodes en sciences sociales ne font pas


toujours l’unanimité dans la littérature. Certains parlent de trois grands groupes de méthodes :
description, corrélation et expérimentation ; d'autres parlent de quatre groupes différents de
méthodes et d'autres encore parlent de cinq à savoir : exploratoire, descriptive, explicative,
prédictive, évaluative (Tremblay M-C, 1968). Le tableau 2 présente différentes classifications
des méthodes scientifiques selon le principe de trois grandes méthodes scientifiques.

Tableau 2 : Différentes classifications des méthodes scientifiques

Regroupement en trois Regroupement en Regroupement en quatre Regroupement en cinq


catégories quatre catégories catégories catégories
(Myers) (Angers) (traditionnelle) (Tremblay - Lamoureux)
Description Historique Etude d’archives Exploratoire
• Etude de cas • Recherche documentaires
• Enquête • Analyse du contenu.
• Observation
Corrélation Enquête Etude sur le terrain Description
• Méthodes de tests • Etude de cas
• Enquête • Observation en milieu naturel
• Observation participante.
Expérimentation Expérimentation Enquête Explicative
• Observation expérimentale • Entrevue de recherche
• Expérimentation • Questionnaire
Expérimentation Prédiction
Evaluation

1.1. Les méthodes descriptives

 Définition de la méthode descriptive

La méthode descriptive de la recherche consiste à observer et à décrire le comportement d'un


sujet sans l'influencer d'aucune façon. Les méthodes descriptives, si elles n’ont pas vocation
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à rendre compte des liens de causalité entre les processus ou entre les comportements, sont
indispensables en science sociales car elles lui permettent de décrire les comportements dans
leur globalité.

 Méthodes de collecte et d’analyse de la méthode

Plusieurs disciplines en sciences sociales utilisent la méthode descriptive pour obtenir une
vue d'ensemble du sujet. Quatre outils ou méthodes sont classiquement utilisées :
- l’observation ; - l’enquête ; - l’entretien ; - l’étude de cas.

1.2. La méthode corrélationnelle

La méthode corrélationnelle s'intéresse aux relations qui existent entre différentes variables
ou facteurs. Elle tente de préciser la nature (positive ou négative) et la force (nulle à parfaite)
de ces relations. La méthode corrélationnelle est fréquemment utilisée avec les méthodes
d'enquête. Elle permet d'établir le degré de relation entre une caractéristique de l'individu
(exemple : son âge ou son revenu annuel) et un comportement ou une attitude (exemple : le
nombre d’enfants, le nombre de contraventions au volant ; etc.).

 Principe de la méthode

Le principe fondamental de la méthode corrélationnelle est de déterminer s'il existe un lien


entre les différents événements que l'on observe. Lorsque l'on observe une relation entre deux
variables par la méthode corrélationnelle, on ne peut toutefois pas établir quelle variable
influence le comportement de l'autre. On peut, tout au plus, établir que les deux variables covarient.

 Méthodes de collecte et d’analyse de la méthode

La méthode corrélationnelle privilégie comme méthodes quantitatives, les différentes


statistiques corrélationnelles (coefficient de corrélation, droite de régression, coefficient de
covariation, coefficient de contingence, etc.). Bien que la méthode n'implique pas directement
une technique de collecte de données, elle est fréquemment utilisée soit avec la méthode des
tests ou la méthode de l'enquête.

1.3. La méthode expérimentale

La méthode expérimentale a été centrale dans la révolution scientifique accomplie depuis


le XVIIe siècle, en donnant naissance aux sciences expérimentales. Elle est basée sur un
prince de fonctionnement bien élaboré qui décrit les conditions et le processus de déroulement
d'une expérimentation ou d'un test.

 Définition de la méthode expérimentale

Les méthodes expérimentales scientifiques consistent à tester la validité d'une hypothèse, en


reproduisant un phénomène (souvent en laboratoire) et en faisant varier un paramètre. Le
paramètre que l'on fait varier est impliqué dans l'hypothèse. Le résultat de l'expérience valide
ou non l'hypothèse. Le protocole d'expérimentation regroupe la description des conditions et
du déroulement d'une expérience ou d'un test. La description doit être suffisamment claire afin
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que l'expérience puisse être reproduite à l'identique et il doit faire l'objet d'une analyse critique
pour notamment détecter d'éventuels biais.

 Outils d’analyse de la méthode expérimentale

Le plus souvent on cherche à tester une hypothèse portant sur une liaison cause-
conséquence. Dans l'analyse des résultats (la qualité de cette liaison), les statistiques jouent
un rôle très important aussi bien pour porter un jugement (sur la précision du modèle
prévisionnel obtenu) que pour concevoir une expérimentation optimale par rapport au risque
statistique. Ainsi, l’approche expérimentale fait appel aux méthodes quantitatives, notamment
aux statistiques inférentielles pour petits échantillons (tests paramétriques et non-
paramétriques, analyse de variance, tests t de Student, etc.).

Tableau 3 : Synthèse des principales caractéristiques de chacune des trois méthodes


scientifiques.

Méthodes
Méthode de l’observation
Méthode corrélationnelle Méthode expérimentale
Caractéristiques (descriptive)

Méthode Observation Corrélation Expérimentation


Principe Présence ou absence d’un Relation entre deux Effet d’un phénomène sur
phénomène phénomènes un autre
Lien entre les Oui Oui
Non
évènements (Covariation) (Causalité)
Rôle du chercheur Passif Passif Actif
Traitement quantitatif Statistiques
Statistiques descriptives Statistiques inférentielles
des données corrélationnelle
Avantages  Décrit le comportement  Met en relation le  Explique le
 Méthode de base comportement comportement
 Permet de décrire et de  Moins artificielle que  Permet de prédire et
prédire le comportement l’expérimentation de contrôler le
 Observe le  Permet de mettre en comportement
comportement dans son relation deux variables
contexte. ou plus
Limites  Ne peut contrôler tous  Artificialité
 Pas toujours productive
les facteurs  Détruit certaines
 Prend beaucoup de
 Pas de véritable réalités.
temps
causale

2. Nature de recherche et méthodes de collecte de données empiriques

Dans la méthode scientifique le mot « empirique » se réfère à l'utilisation des hypothèses de


travail qui peut être testée en utilisant l'observation et l'expérimentation. Dans le domaine de
la recherche scientifique, il existe deux grandes traditions méthodologiques, la méthode
quantitative et la méthode qualitative qui représentent deux façons différentes et
complémentaires de faire de la recherche en sciences sociales.

2.1. La méthode de recherche quantitative

L’étude quantitative est une technique de collecte de données qui permet au chercheur
d’analyser des comportements, des opinions, ou même des attentes en quantité. Elle sert à

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prouver ou démontrer des faits en quantifiant un phénomène. L’objectif est souvent d’en
déduire des conclusions mesurables statistiquement.

Dans une étude quantitative, les résultats, exprimés en chiffres, prennent la forme de données
statistiques que l’on peut représenter dans des graphiques ou tableaux. Ici, l’on recherche à
collecter une grande quantité de données (échantillon important) et repérer des régularités,
afin de proposer des conclusions scientifiquement viables.

Cette technique d’étude utilise le questionnaire ou le sondage auprès d’un panel pour récolter
des données à analyser.

Tableau 4 : Principaux outils de recherche de l’étude quantitative


Questionnaire Sondage
C’est une technique de collecte de données Il permet de mesurer un ensemble de
quantifiables qui se présente sous la forme d’une comportements, de dispositions, ou d’avis, d’un
série de questions posées dans un ordre bien échantillon représentatif de la population
précis. étudiée.
Exemple Exemple
Vous êtes : /_/ Homme /_/Femme Question : Le service proposé par la SONEB à
Votre âge (ex : 24) :______ l’année 2020 est-il à la hauteur de vos
Votre profession : attentes ?
/_/ Cadre supérieur
/_/ Employé /_/Oui /_/Non
/_/ Profession libérale
/_/ Agriculteur exploitant Résultat : Oui à 83 %
/_/ Artisan, commerçant, Non à 13 %.
/_/ Ouvrier

2.2. La méthode de recherche qualitative

A la différence de l’étude quantitative, l’étude qualitative est une méthode qui permet
d’analyser et comprendre des phénomènes, des comportements de groupe, des faits ou des
sujets. Il s’agit d’une méthode de recherche plus descriptive, qui se concentre sur des
interprétations, des expériences et leur signification.

L’objectif n’est pas d’obtenir une quantité importante de données, mais d’obtenir des données
de fond, donc de qualité. C’est pourquoi l’on interroge un échantillon pertinent (des experts
par exemple) qui peut apporter des informations précises et de grande qualité sur un sujet
précis. Celui-ci peut être très restreint (une ou deux personnes).

L’étude qualitative s’appuie sur une collecte de données qualitatives qui sont obtenues grâce
à trois méthodes principales : l’observation, l’entretien et le focus group.

Tableau 5 : Principaux outils de recherche de l’étude qualitative


Observation Entretien Focus group
Recueil d’informations présentes
Entretiens entre Observation des interactions
(émotions, ton, silences,
interviewer et interviewé. entre participants.
hésitations…).

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2.3. La méthode mixte de recherche

Une démarche méthodologique est qualifiée de mixte lorsque le chercheur combine des
données/méthodes quantitatives et qualitatives dans une même étude (Johnson et
Onwuegbuzie 2004). Son hypothèse centrale est que l'utilisation combinée d'approches
quantitatives et qualitatives fournit une meilleure compréhension des problèmes de recherche
qu’aucune autre méthode unique.

La méthode mixte de recherche permet au chercheur de mobiliser aussi bien les avantages
du mode quantitatif que ceux du mode qualitatif. Cette conduite aide à maitriser le phénomène
dans toutes ses dimensions. Les deux approches ne s’opposent donc pas ; elles se
complètent : l’approche qualitative, par observation, entretien ou protocoles (etc.) permet de
récolter énormément d’informations. Certaines d’entre elles n’étaient pas attendues. Elles font
progresser la recherche. Cependant la durée d’une enquête qualitative limite son recours à
des sujets de recherche pour lesquelles on dispose de peu d’informations.

L’enquête qualitative sera choisie dans une phase exploratoire d’un nouveau sujet de
recherche. Elle permet de développer une théorie et relève donc d’un processus inductif.
Cependant ce qui fait la force de l’approche quantitative (profondeur des entretiens) est source
de faiblesses (durée de l’entretien) : on ne peut interroger qu’une faible partie des individus.
La validité externe de la recherche est questionnable. L’approche quantitative, quant à elle,
repose sur un corpus théorique qui permet de poser des hypothèses. La phase empirique
d’une telle recherche se réalise souvent en conduisant une enquête par questionnaire. Le
questionnaire permet d’interroger un beaucoup plus grand nombre d’individus. Mais le format
de l’enquête ne permet de recueillir que les informations relatives aux questions.

Il convient de retenir qu’avant de choisir le type d’étude (qualitative ou quantitative) à faire


pour répondre à vos hypothèses et à votre problématique, il est important de cibler les
personnes susceptibles de vous apporter des informations pertinentes, c’est ce qu’on appelle
l’échantillonnage. Cette démarche permet d’étudier une partie sélectionnée pour établir des
conclusions applicables à un tout. Ainsi, si votre sujet d’enquête porte sur une étude d’un
phénomène très précis, explicable par seulement quelques professionnels du secteur, il sera
intéressant de mener une étude qualitative pour collecter des informations émanant d’une
argumentation et de l’explication de fait.

Lors de la planification d’une évaluation MM, il faut prendre quatre décisions :

 À quelle étape (ou étapes) de l’évaluation utilisera-t-on des MM ?


 Est-ce que les méthodes QUANT et QUAL seront utilisées de manière consécutive ou
simultanée ?
 Donnera-t-on aux méthodes QUANT et QUAL un poids relativement égal ou y aurait-il
une méthodologie dominante ?
 Le modèle sera-t-il à un seul niveau ou à plusieurs

En fonction de sa question de recherche, le chercheur peut choisir le design de méthode mixte


qui correspond. Les motivations d’une recherche pouvant être diverse (exploration,
confirmation), le chercheur peut combiner plusieurs designs de méthodes mixtes.

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LES DIFFERENTS DESIGNS DES METHODES MIXTES

 La triangulation

La triangulation consiste à obtenir des données différentes mais complémentaires sur un


même sujet afin de mieux comprendre le problème de recherche. L’intention du chercheur est
de bénéficier des différents avantages des méthodes qualitatives (plus de détails, de
profondeur) et quantitatives (taille de l’échantillon, tendances, généralisation) réduisant ainsi
les faiblesses de chacune par la complémentarité de l’autre. Un des buts de la triangulation
est la recherche d’une convergence ou d’une corroboration des résultats sur un même
phénomène étudié afin de renforcer la validité de l’étude.

Niveaux de triangulation de recherche qualitative et quantitative

 Le design de complémentarité

Le design de complémentarité permet au chercheur de prendre en compte différents


niveaux d’analyse d’un même phénomène. Ce design est également utilisé pour répondre à
différentes questions nécessitant des données de natures différentes. Greene et al. (1989),
expliquent que la complémentarité permet de mesurer différentes facettes d’un phénomène
afin d’en obtenir une compréhension plus riche.

 Le design explicatif

Le design explicatif est une conception séquentielle dans laquelle un type de recherche est
suivi par les autres afin d’expliquer davantage ce qui a été trouvé dans la première partie. Les
données qualitatives viennent généralement approfondir et expliquer plus en détails les
premiers résultats quantitatifs.

 Le design exploratoire

Le design exploratoire est également une conception séquentielle et consiste à utiliser des
méthodes qualitatives pour découvrir les thèmes concernant une question, puis utiliser ces
thèmes pour élaborer et administrer un instrument qui permettra de générer des données qui
seront analysées quantitativement. Cette méthode est utilisée lorsque les mesures ou
instruments ne sont pas disponibles ou les variables sont inconnues.

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3. Méthodes/techniques de collecte et d’analyse des données

En recherche scientifique, il existe plusieurs techniques de collecte et d’analyse des données.


Nous allons parcourir ici quelques-unes, notamment la méthode d’observation, la méthode
d’enquête et la méthode de l’étude de cas.

3.1. La méthode d’observation

Considérée comme une méthode descriptive, l'observation a pour but de fournir une
description de l'objet étudié. En préambule, précisons qu’il est question ici de l’observation
scientifique. Elle se distingue clairement de l’observation à laquelle nous nous livrons dans
notre vie quotidienne en ce qu’elle doit s’opérer dans des conditions définies, de manière
systématique et objective.

L’observation peut être directe ou indirecte. Elle est directe lorsque le chercheur observe
directement l’objet d’étude dans un champ d’investigation précis dans le but de recueillir des
informations factuelles et pertinentes. Elle est dite indirecte lorsque le chercheur s’adresse au
sujet pour obtenir l’information recherchée. En répondant aux questions le sujet intervient dans
la production de l’information. L’observation indirecte se fait soit par un questionnaire soit par
un guide d’interview.

a) Typologie de l’observation

Il existe différents types d’observations. Par exemple, en tant qu’observateur, vous pouvez
participer plus ou moins à la situation observée et l’observation peut se faire de manière plus ou
moins structurée. Il existe quatre types d’observations : simple, structurée, participante, ou non.
Tableau 6 : Typologie d’observations

Caractéristiques Avantages Limites


L’observateur fait partie Les questions permettent En faisant connaître son rôle
du contexte dans lequel le d’approfondir une observation faite. d’observateur l’enquêteur risque
comportement des Technique d’observation utile pour de modifier la réalité de la
Observation personnes est étudié. Il comprendre un phénomène au- scène.
participante peut faire connaître son delà d’une simple observation. Il risque d’orienter le
action et peut poser des comportement des personnes
questions. observées.
L’observateur ne fait pas En n’étant pas vu, l’enquêteur peut En ne pouvant pas poser de
partie du cadre social analyser un fait ou un phénomène questions l’enquêteur peut
observé. Il n’est pas vu dans toute son authenticité sans le passer à côté de certains
Observation non pas le/les individu(s) modifier. éléments d’informations utiles.
participante observé(s). Avec le recul, l’observateur peut Les interprétations de
analyser l’ensemble d’une l’enquêteur peuvent l’emmener
situation. vers une mauvaise piste
d’observation.
L’observation structurée Les règles écrites au préalable L’ensemble des observations
doit son nom aux règles structurent l’entretien. doit être réalisé de la même
Observation qui la structurent : elles Il est plus facile de comparer et de manière.
structurée sont inscrites dans un catégoriser les observations faites. Si cette règle n’est pas suivie, la
schéma d’intervention. conclusion peut être de
La conclusion est plus simple à
rédiger. mauvaise qualité.

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Dans l’observation non Permet de réaliser un rapport Observation qui peut être difficile
structurée le narratif du comportement de à mener car ne comporte pas de
comportement des l’individu observé. ligne directrice.
Observation non personnes est observé de Recueil un maximum L’enquêteur peut produire des
structurée façon très détaillée sans d’informations. interprétations erronées.
schéma d’observation
Donne une vue d’ensemble de la Risque d’étudier un seul aspect
rédigé à l’avance.
situation à étudier. en délaissant un autre aspect
important.
Outils d’analyse de la méthode de l’observation

Au niveau des analyses quantitatives, la méthode de l'observation fait surtout appel aux
statistiques descriptives telles que les fréquences, les pourcentages, les indices de tendance
centrale (moyenne, médiane, mode), de dispersion (étendue, variance, écart-type, coefficient
de variation) et de forme (symétrie).

3.2. La méthode d’enquête

La méthode de l'enquête fait appel à l'interview (entrevue). Par l'interview, les chercheurs en
sciences sociales questionnent les gens sur leurs comportements, leurs intentions, leurs
idées, leurs préférences. L'interview peut prendre la forme d'une entrevue verbale ou d'un
questionnaire.

L’entretien est une technique régulièrement utilisée pour mener une étude qualitative, car
étant très efficace pour collecter des données informatives. Le questionnaire est une
méthode de recueil d'informations mise en place afin d'expliquer et de comprendre des faits.
Contrairement à l'entretien et à l'observation qui sont des méthodes individuelles ou
collectives, le questionnaire est une méthode seulement collective.

Le « sondage d'opinion publique » est peut-être la forme la plus répandue de recherche par
interview. Grâce à cette stratégie, de grands échantillons représentatifs de la population sont
questionnés, soit en personne, soit au téléphone ou sur Internet.

Pour préparer un entretien, le chercheur doit rédiger au préalable un guide d’entretien. Cet
outil s’avère très utile pour cadrer tout entretien à venir, et définir les questions et/ou les
thèmes à aborder. Il peut prendre trois formes différentes :

 L’entretien directif : l’échange avec la personne est très cadré : ordre des questions,
formulation, durée de l’entretien, tout est préparé à l’avance et ne peut être changé.
 L’entretien semi-directif : ce type d’échange est préparé à l’avance avec des questions
et des thèmes prédéfinis. Cependant, l’enquêteur peut relancer son interlocuteur pour
approfondir un élément soulevé.
 L’entretien libre : pour ce type d’échange, seuls les thèmes de l’entretien peuvent être
préparés à l’avance. L’enquêteur pose une question large et laisse la personne argumenter
comme il le souhaite autour de cette interrogation.

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3.3. La méthode de l’étude de cas

L'étude de cas est une étude approfondie d’un fait, d’un sujet, d’un phénomène, d’une
institution ou d’un groupe de personnes ; le but est d’apporter des informations qualitatives à
travers une étude spécifique d’un cas déterminé. Ainsi, Yin R. K. (1989), dans son ouvrage
"Case Study reseach. Design and Methods", propose : « une étude de cas est une
investigation empirique d'un phénomène contemporain, pris dans son contexte, spécialement
quand les limites entre phénomène et contexte ne sont pas évidentes ».

a) Typologie de l’étude de cas

Il existe plusieurs types d’étude de cas. Selon Merriam S. B. (1998 ; 38-39), trois types d’étude
de cas sont à distinguer, en fonction de l’intention générale de l’étude : l’étude de cas
descriptive, l’étude de cas interprétative et l’étude de cas évaluative.

L’étude de cas descriptive présente un compte rendu détaillé du phénomène à l’étude sans
référence théorique. L’étude de cas interprétative, tout en contenant une description riche et
dense du phénomène, utilise les données recueillies pour développer des catégories
conceptuelles ou pour illustrer, soutenir ou remettre en question des postulats théoriques
avancés avant la collecte de données. Enfin, l’étude de cas évaluative, en plus de décrire et
d’interpréter le phénomène, porte un jugement sur sa valeur le sujet étudié.

b) Importance et outils de l’étude de cas

Selon Yin R. K. (1989), trois arguments peuvent être avancés en faveur du choix d'un seul cas
comme objet d'étude : ce choix s’avère justifié lorsqu’il s’agit de :

 un cas stratégique (critical case) pour tester une théorie déjà bien formulée ;
 un cas extrême ou unique ; ou
 un cas révélateur (c'est-à-dire révélant une situation jamais étudiée auparavant).

Il est évidemment possible de sélectionner plus d'un cas. Une fois le(s) cas sélectionnés, il
faut déterminer quelles méthodes de collecte et d'analyse seront mises à profit pour bien les
documenter. Le choix ici est très vaste : collecte par observation, entrevue, questionnaire,
analyse clinique, thématique, etc.

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PARTIE 2. DEMARCHE DE RECHERCHE ET PROCESSUS


D’ELABORATION D’UN MEMOIRE
La réalisation d'un mémoire de recherche exige l’adoption d'une démarche scientifique
comportant une série d'étapes. Il s’agit fondamentalement des étapes suivantes :

 choix et élaboration de la problématique de recherche ;


 construction du cadre théorique de l’étude ;
 mise au point de la méthodologie de recherche ;
 collecte et traitement données ; et
 analyse et interprétation des résultats.

POINT 1. CHOIX ET ELABORATION DE LA PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE

La formulation de la problématique constitue la première étape du processus de recherche


pour la rédaction d’un mémoire. Elle traduit la capacité du chercheur à éveiller et animer le
thème de recherche par une suite de questionnement tout en articulant les arguments entre
eux afin d’obtenir une structuration pertinente du mémoire.

1. Qu’est-ce qu’une problématique de recherche ?

Qu'il s'intéresse à des problèmes particuliers ou qu'il entreprenne d'étudier un problème qu'on
lui soumet, l’étudiant chercheur doit lui-même identifier, préciser et définir les questions qui
sont à l'origine de ses démarches. Il n'existe pas de banque de questions toutes faites à
l'usage des étudiants/chercheurs en panne d'idées ; il existe certes des stratégies que l'on
peut utiliser pour trouver une bonne question de recherche.

1.1. Définition de la problématique de recherche

On entend par « problématique » un questionnement qui permet de chercher des réponses à


une question qui pose problème. C’est donc une question qui fait émerger un ensemble de
problèmes, ou en d’autres termes, c’est la présentation d'un problème sous différents aspects.
La problématique prête à discussion ; elle amène d’autres questions. Elle suscite un
raisonnement qui permet d’apporter des éléments de réponse argumentés et vérifiés.
Exemple : Le sentiment d’insécurité est-il lié aux chiffres de la délinquance dans les pays
développés ?

Dans un mémoire de fin d'étude, la problématique est la question à laquelle l'étudiant va tâcher
de répondre. C'est poser le problème de recherche (énoncé), en faire ressortir les informations
pertinentes (termes) et être dans le bon cadre spatio-temporel. Une problématique mal posée
est un hors-sujet. La construction de la problématique se fonde sur une vue exposée de la
phrase qui rend compte des sous-entendus (sens caché) et permet de mettre en évidence les
liens logiques entre les termes du sujet.

1.2. Situations suscitant d’écrire une problématique

Face à la grande variété des sources possibles de thèmes de recherche, comment les
étudiants ou les chercheurs en arrivent-ils à choisir un sujet d’étude ?

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Parmi les facteurs importants de décision, on trouve les penchants personnels et les
jugements de valeur des investigateurs. On peut dire qu'il existe, en sciences de gestion et
sociales, plusieurs sources principales de problèmes auxquelles l’étudiant chercheur peut faire
appel pour trouver des questions de recherche intéressantes. On peut citer :
 un nouveau phénomène de recherche ;
 l'observation de faits qui posent problème ;
 la présence de failles dans l'ensemble des connaissances ;
 l'observation de faits apparemment contradictoires ;
 la validation d'une théorie.

2. Formulation d’une problématique de recherche

Une problématique de recherche réunit l'ensemble des éléments du questionnement qui est à
l'origine d'une recherche. En règle générale, la problématique d'une recherche précise un
thème général à l'intérieur duquel se situe le problème de recherche, appuie l'énoncé d'une
question de recherche et, s'il y a lieu, formule une hypothèse de recherche.

Tableau 7 : Problématique de la recherche

1. Le thème de la recherche
Définition : Le sujet sur lequel porte la recherche
Question : Sur quoi porte la recherche ?
Exemple : La performance des PME au Bénin.
2. Le problème de recherche
Définition : Enoncer une situation qui intrigue le chercheur.
Question : Que cherches-tu à mieux comprendre ou expliquer ?
Exemple : Le chercheur veut faire le lien entre la performance des PME et son
secteur d’activité.
3. La question de recherche
Définition : Le problème de recherche est posé sous forme de question.
Question : À quelle question veux-tu répondre ?
Exemple : Est-il possible que plus les PME évoluent dans l’agroalimentaire, plus elles
sont performantes ?
4. L’hypothèse de recherche
Définition : Un énoncé qui prédit les résultats.
Question : Quels résultats prévois-tu obtenir ?
Exemple : Les PME du secteur de l’agroalimentaire sont plus performantes que les
PME des autres secteurs d’activité.

2.1. Le sujet de recherche

Le choix du sujet est la première étape fondamentale du travail d’élaboration de la


problématique. Il n’y a pas de sujet de recherche bon ou mauvais dans l’absolu ; tout domaine
de la réalité sociale peut faire l’objet d’un thème de recherche.

Le choix d'un thème de recherche peut résulter d'une préoccupation en fonction d'un problème
ou de l'intérêt pour un domaine général du comportement ou d'un ensemble théorique. Il peut
provenir du centre d’intérêt de l’étudiant ou du chercheur ou de ses lectures antérieures, des
objectifs professionnels, des discussions avec des enseignants et des personnes du monde
scientifique, et même des discussions avec des collègues.
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Une fois le sujet choisi, il faut être capable de le préciser en formulant une question centrale
unique résumant toute la problématique du travail ! Il faut être précis. Eviter les sujets vagues.
La formulation de la question de recherche est une étape décisive.

2.2. Le problème de recherche

Selon la définition proposée par Gauthier et al. (1986 ; 52), « ...un problème de recherche est
considéré comme étant un écart ou un manque à combler dans le domaine de nos
connaissances entre ce que nous savons et ce que nous devrions ou désirons savoir sur le
réel. Le problème s’exprime par un sentiment d’ignorance et par le désir de connaître, par la
volonté d’en savoir plus en ce qui concerne le réel observable, par un questionnement ! ... La
situation finale désirée est une connaissance de la réalité qui soit à la fois la plus complète et
le plus vraie possible. En définitive, un problème de recherche se reconnaît à la présence
initiale d’une question concernant le monde réel observable et le désir d’y répondre de la façon
la plus objective et la plus complète possible. » Cette définition s’adapte bien à divers types
de recherche autant dans le paradigme qualitatif que quantitatif. Elle est synthétique, sans être
vague.

Un bon problème de recherche doit posséder les qualités suivantes :

 il doit pouvoir être formulé opérationnellement, c'est-à-dire en termes de démarches par


lesquelles il faut procéder pour y trouver réponse ;
 il doit être assez spécifique pour se prêter à une investigation limitée ;
 il doit être possible de recueillir des données pertinentes avec l'instrumentation et les
ressources matérielles et humaines disponibles et ce, sans porter atteinte à l'intégrité ou
à la santé des individus qui participent à l'expérience.

2.3. La question de recherche

La question de recherche a une portée beaucoup plus large qu'une simple question d'entrevue
et le chercheur dispose, pour y répondre, d'une variété de méthodes d'investigation telles que
l'observation, l'entrevue, l'expérimentation, etc. Il peut aussi arriver qu'un problème de
recherche donne lieu à l'énoncé de plusieurs questions de recherche, certaines d'entre elles
se concentrant sur des aspects spécifiques du problème. L’étudiant chercheur est donc amené
à produire à la fois des questions générales et des questions spécifiques de recherche.

Exemple
 Problème : Les paysannes de la région ont des difficultés à commercialiser leurs produits.
 Question de recherche : Quelles sont les distances de commercialisation des produits ?
 Variable : Distance entre l’exploitation et la route principale.
 Question : Combien de temps vous faut-il pour atteindre la route principale ?

< 1 heure /__/ Entre 1 et 2 heures /__/ > 2 heures /__)

2.4. L'hypothèse de recherche

Il est souvent utile pour le chercheur, dans le cadre de certaines démarches de recherche, de
formuler une hypothèse de recherche, c'est-à-dire un énoncé qui prédit les résultats que le
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chercheur devrait obtenir à la fin de son étude. De façon plus spécifique, une hypothèse est
une affirmation qui suppose l'existence d'une relation entre deux éléments ou deux variables.
Dans le contexte d'une expérimentation, la relation porte sur une variable indépendante et une
variable dépendante.

La variable indépendante correspond au facteur qui est comparé ou manipulé par le chercheur
en vue d'expliquer un phénomène. La variable dépendante correspond à un facteur dont les
variations sont liées à des changements survenant au niveau de la variable indépendante.

La pertinence de formuler une hypothèse tient souvent au fait que le chercheur peut disposer
d'informations assez précises ou d'une théorie suffisamment explicite pour en tirer une
hypothèse de recherche. En l'absence de tels éléments de connaissance scientifique,
l'hypothèse devient un énoncé correspondant aux intuitions du chercheur ou, ce qui est encore
pire, le reflet des préjugés ou des croyances personnelles de celui-ci.

3. Projet de recherche et choix d’encadreur

Après la formulation de la problématique de recherche, l’étudiant doit choisir un encadreur


(directeur de recherche) et lui présenter son projet de recherche. Ensuite, le travail pourra se
poursuivre par la définition de l’objet et de la stratégie de recherche à adopter pour mener à
bien l’étude.

3.1. La direction de recherche

La direction de recherche met en rapport deux personnalités qui peuvent être très différentes.
Mais en règle générale, il appartient à l’étudiant de s’adapter au tempérament et aux exigences
de son encadreur qui, à son tour, devra guider et motiver son étudiant. Si l’on est décidé à
travailler sous la direction d’un enseignant et qu’il est disposé à diriger votre travail, il est
préférable de prendre rendez-vous avec lui pour parler de votre sujet et de tous les problèmes
y afférant.

Dans une relation étudiant – encadreur, dans le cadre de travail de rédaction d’un mémoire
ou d’une thèse, trois attentes légitimes sont exprimées par l’étudiant. D’abord, en tant que
caution et garant scientifique du travail de recherche, l’encadreur doit vérifier la validité et la
pertinence du sujet de recherche (attentes scientifiques). Ensuite, il se doit d’être disponible à
l’égard de l’étudiant qui entame une phase difficile dans sa formation, et l’informer sur la
nécessité d’aborder de nouvelles techniques de recherche ou de travail (attentes
pédagogiques). Enfin, il doit motiver l’étudiant et l’encourager devant les difficultés et l’aider à
trouver en lui-même les forces nécessaires pour mener à bien ses recherches (attentes
psychologiques et morales). Cependant, quelle que soit la disponibilité de l’encadreur,
l’étudiant doit être conscient de ses limites.

La direction de recherche comporte également des limites. En effet, le mémoire ou la thèse


est personnel(le) et est le résultat du travail de recherche de l’étudiant. Dès lors ce dernier est
seul responsable de la valeur de son travail. Il lui appartient donc de faire des recherches
bibliographiques nécessaires. L’encadreur peut l’aider en lui évitant les fausses pistes et si
nécessaire lui donner de nouvelles orientations. Ensuite, l’étudiant doit faire l’esquisse de son
plan qu’il soumet à son encadreur qui devra l’aider à l’équilibrer et à le rendre cohérent. Enfin,
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la rédaction du mémoire ou de la thèse relève exclusivement de la responsabilité de l’étudiant.


Toutefois, l’encadreur doit veiller à la présentation de l’ensemble du travail, de son harmonie
et de sa cohérence.

3.2. Le projet de recherche

Les étudiants doivent soumettre et faire approuver leur projet avant de s’engager dans la
recherche proprement dite conduisant à la rédaction de leur thèse ou de leur mémoire.

3.2.1. Qu’est-ce que le projet de recherche ?

Le projet de recherche est une synthèse du travail à entreprendre. Il se présente en différentes


articulations. Le projet de mémoire ne doit pas excéder 3.000 mots c’est-à dire 12 pages (à
l'exclusion de la page de couverture, du résumé, de la table des matières et de la
bibliographie). Etant donné que le projet est l’énoncé initial de la recherche, il commence par
un énoncé concis et clair de la question générale de recherche.

3.2.2. Structure et contenu du projet de mémoire

Format de présentation
 3.000 mots (10-12 pages) maximum
 Police de caractères : Arial ou Times New Roman 12, interligne 1,5.
Page de couverture
 Titre de la thèse ou du mémoire, date.
 Nom de l’étudiant, numéro d’étudiant.
 Mots clés : 2 sur les concepts, 2 sur les méthodes, 1 sur le terrain d’observation.

Sommaire (100 mots)


 Quel est le sujet de l’étude ?
 Dans quel cadre théorique est-il abordé ?
 Quelle est la problématique générale ?
 Quelles méthodes seront utilisées ? 14
 Que peut-on anticiper comme résultats?

Table des matières


Introduction (1 - 1,5 pages)
 Présentation générale de la problématique.
 Contexte/explication de la recherche proposée.
 Objectifs de recherche.

Revue de la littérature (4-5 pages)

L’objectif ici consiste à démontrer que vous avez une bonne connaissance du domaine étudié
et des principales questions qui y sont débattues. Le texte devrait être présenté sous forme
de dissertation. Il est important de jeter les bases de votre cadre théorique en définissant les
concepts clés qui seront utilisés pour guider la recherche.
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Travail à faire :
 Examen des principales théories relatives au sujet d’étude.
 Élaboration d’un cadre théorique spécifique au sujet étudié.
 Définition des concepts clés qui seront utilisés pour guider la recherche (en précisant
comment ils sont défendus par certains chercheurs et contestés par d’autres et aussi
comment ils s’intègrent à l’intérieur du paradigme théorique général dans lequel le projet
se situe).

Méthodologie (3-4 pages)

Il est important que l'étudiant démontre comment la mise en œuvre de la méthodologie


proposée produira la preuve des hypothèses avancées.
 Description de la méthodologie proposée dans la recherche.
 Identification des forces, faiblesses et limites de la méthodologie.
 Identification des sources d'information ou des données qui seront utilisées.
 Précision sur les instruments de collecte de données.
 Précision sur la valeur et la disponibilité de ces données.

Conclusion (1-2 paragraphes)


Il s’agit de faire une présentation d’une brève discussion sur l’importance et la pertinence du
problème de recherche (en quoi les résultats de la recherche contribuent éventuellement à
l’avancement des connaissances dans le domaine étudié).

Plan de la thèse ou du mémoire (1-1,5 pages)


Présentation des titres de chapitres et de leur contenu
Calendrier de travail (1 page)
Il s’agit de la présentation d’un échéancier (provisoire) de travail.
Bibliographie
Il s’agit de la présentation des ouvrages cités dans le projet et des autres références
pertinentes.

POINT 2. CONSTRUCTION DU CADRE THEORIQUE DE L’ETUDE

La construction du cadre théorique de l’étude est l'occasion d'établir des rapports nouveaux
entre diverses données empiriques et théoriques. C'est aussi l'occasion de faire le point sur
les théories existant dans le domaine afin de juger dans quelle mesure elles rendent compte
ou non des plus récentes découvertes, d'apprécier leurs qualités prédictives et leur pouvoir
d'explication. Le cadre théorique constitue le deuxième chapitre du rapport de recherche,
lequel présente les principaux aspects de la recherche ; le premier chapitre étant consacré au
cadre institutionnel de l’étude.

1. Principales étapes du cadre théorique

La construction du cadre théorique de l’étude comporte trois principales étapes dont il convient
de s’assurer de leur qualité. Il s’agit de l’inventaire des théories et des recherches portant sur

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le thème retenu, la définition et l’opérationnalisation des concepts, et la mise en relation de


l'étude en cours avec les autres connaissances.

1.1. L'inventaire des théories et des recherches

1.1.1. L'inventaire des théories

Il existe un certain nombre de théories suffisamment élaborées pour servir de point de départ
à la recherche en science. Parmi celles-ci, on trouve les diverses théories de l'apprentissage,
les théories cognitives. Les façons dont l'inventaire d'un ensemble de théories peut conduire
à la découverte de problèmes susceptibles d'être traités par la recherche sont nombreuses.

D'abord, l’on peut penser à des moyens de vérifier la théorie elle-même ou, plus
vraisemblablement, des propositions qu'elle contiendrait ou qu'on pourrait directement en
déduire. En deuxième lieu, il peut laisser entrevoir un moyen d'en arriver à la compréhension
d'un mécanisme ou d'un comportement qui vous intéresse (l'émergence d'un sentiment de
sympathie, ou les changements d'attitude, par exemple). Troisièmement, il peut vous inspirer
l'organisation sous forme de concepts d'un amas de données pour lesquelles aucun autre
principe d'intégration ne semble adéquat.

1.1.2. L'inventaire des recherches

L'inventaire de la recherche qui a déjà été faite sur le sujet qui vous intéresse peut vous aider
à formuler un problème spécifique grâce à plusieurs procédés différents. Prenons des
exemples d'un certain nombre de ces procédés : contester les résultats ou l'interprétation
d'une recherche antérieure, tenter de clarifier les processus sous-jacents aux données d'une
recherche précédente, répéter des études antérieures pour voir si les résultats sont les
mêmes, appliquer une recherche passée à de nouveaux phénomènes, essayer d'expliquer
des résultats inattendus ou le fait de n'avoir pu confirmer une prédiction, trouver un moyen
d'appliquer les méthodes utilisées pour l'étude d'un problème à la recherche sur un autre
problème pour lequel on ne disposait pas de méthodes appropriées, découvrir des façons
inaccoutumées de combiner les travaux précédents dans deux domaines différents pour en
tirer une nouvelle façon d'aborder le problème.

1.2. Définition et opérationnalisation des concepts

Tout chercheur, s'il désire mettre de l'ordre dans ses données de façon à pouvoir déceler les
relations qui existent entre elles, se doit d'utiliser des concepts. Un concept, en effet, est une
abstraction faite à partir d'événements qu'on a observés. Il vise à simplifier la pensée en
résumant un certain nombre d'éléments sous un vocable général, certains concepts se
rapprochant assez des objets ou des faits qu'ils représentent. Ainsi, on peut illustrer facilement
le concept de « chien » en montrant du doigt des chiens spécifiques. Ici, le concept constitue
donc une abstraction des caractéristiques (animal domestique à quatre pattes, recouvert de
poil, qui aboie, jappe et hurle) que partagent tous les chiens.

D'autres concepts ne peuvent se rattacher facilement aux phénomènes qu'ils se proposent de


représenter : empathie, attitude, intelligence, motivation, etc. Ce sont des inférences faites à
partir d'événements concrets, mais à un plus haut niveau d’abstraction. Leur sens ne peut se
rendre facilement en désignant du doigt certains objets, individus ou événements. On désigne

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parfois ces abstractions de ce haut niveau par le terme constructions, puisqu'elles sont «
construites » à partir de concepts d'un plus bas niveau d'abstraction. Ainsi, le concept
d'intelligence contient des concepts plus spécifiques tels que « capacité de solution de
problème », «compréhension verbale», « mémoire », etc.

1.3. Mise en relation de l'étude en cours avec les autres connaissances

Il s’agit fondamentalement de l’analyse des travaux de recherche antérieurs à l’étude et


d’autres connaissances. En effet, peu importe la base sur laquelle on a formulé le problème,
il est bon de vérifier à nouveau la recherche déjà faite et toutes documentations sur la théorie
qui pourraient se rapporter à la question. Il peut nous arriver de trouver que, même si notre
recension initiale des théories et des recherches ne nous avait pas amenés à penser à un
problème à soumettre à la recherche ; mais, maintenant que nous avons fini par en découvrir
un, certains des travaux antérieurs sont pertinents. Si tel était le cas, il y aurait plusieurs
avantages à en tirer.

2. Formulation d’hypothèses de recherche

La qualité des hypothèses posées dépend étroitement de la qualité du recensement et de


l'analyse du cadre théorique. Souvent considéré comme le résultat d'un long processus
impliquant plusieurs étapes, l’hypothèse fait en quelque sorte la jonction entre la dimension
théorique et la dimension méthodologique de l'investigation.

2.1. Formulation de l'hypothèse générale

Lorsqu'on se pose un problème de recherche, il est possible à partir des connaissances


générales qu'on possède, des tendances théoriques auxquelles on adhère ou des lectures
qu'on a pu faire, de déboucher assez rapidement sur une ou plusieurs hypothèses générales.
Il s'agit d'hypothèses de travail qui serviront à guider une réflexion plus approfondie, à orienter
d'autres lectures et à procéder à certains choix concernant les objectifs précis que poursuivra
la recherche.

L'hypothèse générale, en soi, n'est pas directement vérifiable, ou plus exactement, elle
pourrait être vérifiée par une diversité de stratégies : on pourrait de la sorte imaginer quantité
de façons de montrer que l'observation de comportements agressifs augmente l'agressivité.
A chacune d'elle correspondrait une hypothèse spécifique. Parmi toutes ces recherches il
faudrait en choisir une qui implique une stratégie particulière. C'est à ce stade qu'il faut passer
à l'hypothèse de recherche.

2.2. Formulation des hypothèses de recherche

Une hypothèse de recherche équivaut à concrétiser l'hypothèse générale dans le cadre d'une
recherche spécifique. Dans ce contexte, l'hypothèse générale se concrétise sous la forme de
plusieurs hypothèses de recherche. Dans le cas de notre exemple, on peut retenir :
Hypothèse de recherche 1 : « Les enfants confrontés à l'exemple d'un modèle agressif
produisent, par la suite, davantage de comportements agressifs que ceux qui ne l'ont
pas été ».

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Hypothèse de recherche 2 : « Chez les témoins d'un comportement agressif, l'adoption


d'un tel comportement est plus fréquente lorsque le modèle agit sous les yeux de
l'observateur et moins fréquente lorsqu'il est présenté dans un dessin animé ».

Ces formulations nous amène à parler de la qualité des hypothèses de recherche. On en


distingue, en effet, quatre à savoir : la qualité opérationnelle, la rigueur, la fécondité théorique,
et le caractère vérifiable.

Il existe, dans la pratique de la recherche, plusieurs manières de formuler une hypothèse de


recherche, à savoir : l’hypothèse comme relation causale, l’hypothèse comme affirmation et
l’hypothèse comme question.

(1) L’hypothèse comme relation causale


« Si X est … , alors Y est … »
X = variable(s) indépendante(s)
Y = variable(s) dépendante(s)

Exemples
 « La dévaluation du FCFA a entraîné l’augmentation de l’exportation du bétail vers la zone
non-CFA »
 « La part du revenu de l’élevage dans le revenu agricole augmente avec le degré
d’intensification »
 « L’émigration des paysans vers les villes est due à une aspiration vers une vie meilleure »

(2) L’hypothèse comme affirmation

Exemples
 « Les femmes résistent à l’adoption des technologies plus que les hommes. »
 « Il existe des sources d’information informelles (arbre à palabres, église, …). »
 « Depuis la dévaluation du FCFA, l’exportation du bétail vers la zone non-CFA a
augmenté. »

En résumé

• l'hypothèse prédit une relation entre des facteurs manipulés et des facteurs mesurés.
• l'hypothèse prolonge le contexte théorique.
• l'hypothèse est reliée directement à l'expérience.
• l'hypothèse est l'élément de base de toute recherche: il est donc très important qu'elle soit
claire, précise et courte.
• l'hypothèse est toujours rédigée avant d'exécuter l'expérience puisque cette dernière est
faite dans le but de vérifier l'hypothèse.
• l'important ce n'est pas de prouver que l'hypothèse est bonne mais d'acquérir une nouvelle
connaissance.

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POINT 3. MISE AU POINT DE LA DEMARCHE DE L’ETUDE

Lorsqu’on réalise une un travail de recherche pour un mémoire ou une thèse, on utilise
forcément des méthodes de recherche pour collecter des données. La collecte de preuves
pour prouver ou contrer toute théorie implique forcement la définition d’un plan de recherche
dans le but de recueillir des données empiriques. Cette démarche représente le mode de
raisonnement emprunté par l’étudiant pour étudier son objet de recherche.

1. Définition de la méthode de la recherche

En harmonie avec les dimensions de sa problématique et par nécessité de collecte de


données adéquates pour son étude, le chercheur définit une méthodologie de recherche.
Celle-ci permet d’orienter sa stratégie de recherche : définition de la population cible, choix
des méthodes et techniques de collecte de données, etc.

1.1. Méthode de la recherche

Pour collecter des données, il existe plusieurs méthodes de recherche dont le chercheur peut
se servir. On peut citer retenir entre autres les recherches : transversale, descriptive,
expérimentale, d’observation, exploratoire, quantitative, qualitative, d’enquête, etc.

Tableau 8 : Aperçu des méthodes de recherche

Recherche Elle consiste à observer une population dans sa globalité à travers un


transversale échantillon représentatif.
Recherche Elle consiste à baser son enquête uniquement sur l’observation sur une
d’observation longue période du phénomène ou du sujet étudié.
Recherche Dans la recherche descriptive, l’intérêt est de pouvoir décrire précisément le
descriptive phénomène étudié.
Recherche
Elle permet d’explorer le phénomène ou le cadre du sujet à l’étude.
exploratoire
Recherche Elle permet d’analyser des comportements, des opinions, ou même des
quantitative attentes en quantité.
Recherche Elle permet d’analyser et de comprendre des phénomènes, des
qualitative comportements de groupe, des faits ou des sujets.
Recherche Elle consiste à collecter des informations par rapport à son sujet de recherche
documentaire à partir de sources fiables
Recherche Ce type de recherche vise à tester à l’aide d’hypothèses, diverses théories.
expérimentale

Recherche
Elle consiste à comparer les différentes données récoltées pour parvenir à
comparative établir une conclusion apportant des enseignements notables par rapport au
sujet de l’enquête.

1.2. Construction de modèle d’analyse pour l’étude

Beaucoup de sciences reposent en grande partie sur l'utilisation et/ou sur l'élaboration de
modèles suivie de leur confrontation avec des observations de phénomènes.

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a) Qu’est-ce qu’un modèle de recherche

On entend par modèle, un objet dépouillé de tout ce qui ne concerne pas les propriétés
étudiées. L'activité de modélisation consiste donc à simplifier une réalité complexe pour la
décrire et pouvoir utiliser les lois sur les éléments ainsi modélisés. Par exemple, la chute d'une
pomme peut être décrite en modélisant la pomme par un point matériel. Il s'agit d'une
importante simplification qui élimine le fait que la pomme à une forme, une couleur, une
composition chimique, etc., autant d'informations qui ne peuvent être intégrées dans les lois
de Newton.

Pour collecter les informations pertinentes pour la réalisation des études, plusieurs types de
modèles ont été proposés et utilisés par des chercheurs. Mais, en fonction des informations
que l’étudiant chercheur souhaite collecter, certaines méthodes d’analyses sont plus adaptées
que d’autres. Nous proposons ici, de présenter quelques exemples de méthodes d’analyse
efficaces.

 La matrice SWOT

La matrice SWOT (Strengths, Weaknesses, Opportunities, Threats ou Forces, Faiblesses,


Opportunités, Menaces) est une méthode d’analyse régulièrement utilisée pour réaliser un
diagnostic sur une entreprise ou une stratégie d’entreprise particulière. Elle vise à préciser les
objectifs de l'entreprise ou du projet et à identifier les facteurs internes et externes favorables
et défavorables à la réalisation de ces objectifs.

Les forces et les faiblesses sont souvent d'ordre interne, tandis que les opportunités et les
menaces se concentrent généralement sur l'environnement extérieur. Grâce à cette
technique, l’étudiant ou le chercheur peut analyser les différentes options qui composent un
domaine d’activité stratégique.

Exemple : La SCB, perspectives et avenir du cimentier.

Ici, la méthode d’analyse de la matrice SWOT s’avère utile. Elle permettra d’analyser les forces
et faiblesses de la SCB, pour comprendre la stratégie de la marque.

 L’analyse PESTEL

La méthode d’analyse PESTEL peut être utilisée pour comprendre le développement d’un
marché en particulier ainsi que le positionnement d’une entreprise. Cette technique permet
d’analyser les facteurs macro-économiques qui peuvent influencer l’environnement d’une
entreprise. Comme la matrice SWOT, l’analyse PESTEL est un outil pour les analyses
externes ainsi que pour les analyses de force-faiblesse.

Exemple : L’enseignement supérieur privé au Bénin, perspectives et avenir.

La méthode d’analyse PESTEL va permettre à l’étudiant de réaliser une étude de cas sur les
forces et faiblesses d’un groupe universitaire privé en particulier.

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 Le modèle des cinq forces de Porter

Le modèle des cinq (05) forces de la concurrence de Michael Porter doit permettre d’analyser
les facteurs de succès, ainsi que les différentes stratégies à établir pour les entreprises. Ces
stratégies permettent aux entreprises de dégager un avantage concurrentiel sur ses
concurrents.

Exemple : Coursier à moto, étude comparée entre EMS Bénin et Top Chrono.

Dans cette enquête le chercheur pourra déterminer grâce au modèle des cinq forces de la
concurrence de Porter, les forces en présence, chez EMS Bénin et Top Chrono.

b) Identification des relations entre variables d’étude

Dans une recherche scientifique, l'hypothèse prédit toujours une relation entre des facteurs
manipulés ou assignés et des facteurs mesurés. Ces facteurs (manipulés ou mesurés) varient
ou changent, d’où ils portent le nom de variables. Une variable peut donc être définie comme
toute chose ou phénomène qui varie. Par conséquent, toute variable doit avoir au moins deux
états distincts. Il existe plusieurs façons de classer les propriétés des variables à l'intérieur
d'une recherche à savoir par rapport à : leur nature, leur niveau d'analyse ou leur définition
dans un plan de recherche.

b1) Les variables en fonction de leur nature

En fonction de leur nature, on retrouve généralement deux grands types de variables : les
variables à catégories et les variables numériques. Les variables à catégories sont constituées
d'ensembles de catégories ou d'attributs et correspondent généralement à des indices tels
que : occupation, religion, sexe, préférences, etc. Les variables numériques sont associées à
des indices dont les valeurs peuvent être adéquatement représentées par des valeurs
numériques. Ainsi, le quotient intellectuel, le revenu annuel, l'âge et le degré d'accord face à
une politique gouvernementale sont tous des exemples d'indices qui peuvent être représentés
par une variable numérique.

b2) Les variables en fonction de leur niveau d'analyse

Ces variables établissent une distinction entre les variables structurales et les variables
contextuelles. Une variable dite structurale se rapporte aux caractéristiques qui reflètent un
ensemble structuré de faits de connaissances personnels qui se présente à un niveau
d'analyse inférieur au niveau individuel. Les variables contextuelles, au contraire, sont les
caractéristiques des unités des niveaux supérieurs d'analyse qui englobent (ou forment le
contexte de) l'unité d'analyse à laquelle nous nous intéressons.

b3) Les variables en fonction de leur définition dans le plan de la recherche

Comme les buts d'une recherche sont généralement de décrire, de prédire et d'expliquer
certains phénomènes, il est normal que les variables soient établies en fonction de ces
différents buts. Ainsi, pour prédire un phénomène, il faudra établir une distinction entre variable
prédictive et variable prédite ; pour expliquer un phénomène, il faudra établir une distinction
entre variable explicative (indépendante) et variable expliquée (dépendante).

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Par convention, les « variables indépendantes » sont celles que le chercheur identifie dans
son étude comme pouvant prédire ou expliquer le comportement d'autres variables. On les
appelle parfois variables antérieures ou causales. On reconnaît en général deux types de
variables indépendantes : variables indépendantes assignées et variables indépendantes
manipulées.

Les variables indépendantes assignées correspondent à des caractéristiques de l'unité


d'analyse qui ne peuvent pas être manipulées ; c’est l’exemple des caractéristiques d'un
individu (personnalité, âge, sexe, etc.). Quant aux variables indépendantes manipulées, elles
correspondent à des caractéristiques du milieu ou de l'environnement qui peuvent être
manipulées par le chercheur (Exemple : la température d'une salle, le climat de travail, la
nature des renforcements sociaux, le système de rémunération, etc.).

On appelle « variables dépendantes » les variables dont la variation dépend du comportement


des variables indépendantes. On les appelle aussi variables postérieures ou variables effets.
Ce sont en quelque sorte des variables mesurées. Certaines traditions de recherche identifient
un troisième groupe de variables qui portent le nom de « variables intermédiaires ». Ces
variables sont dites intermédiaires parce qu'elles interviennent entre les deux autres types de
variables.

2. Collecte et traitement des données

Après avoir défini la méthodologie appropriée pour son étude, l’étudiant ou le chercheur doit
collecter et traiter des informations pour son travail de recherche.

2.1. La collecte des données

Dans un travail de recherche, deux étapes caractérisèrent fondamentalement, la collecte des


données : l’échantillonnage et l’investigation.

a) L’échantillonnage

Lorsque l'on souhaite avoir des informations sur une population, il n'est pas toujours possible
de considérer l'ensemble des entités. Il faut donc prélever des échantillons représentatifs de
la population. L'image obtenue doit être fidèle à la population.

a1) Définition de l’échantillonnage


On entend par échantillon, un sous-ensemble de la population choisi pour l'étude ; la
population étant l'ensemble des unités considérées. L’échantillonnage consiste donc à
sélectionner des individus ciblés pour réaliser un sondage ; en d’autres termes, il consiste à
extraire de la population, un ensemble d’unités d’enquête qui présente des caractéristiques
similaires à la population de référence, et à partir duquel il sera possible d’établir certaines
généralisations.
Un échantillon est par nature incomplet, mais peut s'avérer tout à fait suffisant pour atteindre
les objectifs de l'étude avec un niveau de confiance suffisant. L'échantillon doit fournir
suffisamment d'information pour qu'une inférence soit possible à propos des caractéristiques
de la population.

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a2) Techniques d’échantillonnage


Comment faire concrètement pour constituer un échantillon ? Il existe en fait, deux types
d’échantillonnage : les échantillonnages probabilistes et les échantillonnages non
probabilistes.
Un échantillon probabiliste est un échantillon pour lequel la chance de prélever chaque
élément est connu avant même le prélèvement de l'échantillon. On notera les techniques
d'échantillonnage suivantes :
Echantillonnage Il repose sur une démarche scientifique validant le fait de laisser intervenir le
aléatoire simple hasard. La probabilité de sélection de chaque membre d'une population a une
chance égale d'être inclus à l'intérieur de l'échantillon.
Echantillonnage Dans ce type d’échantillonnage, on procède au tirage dans la base de
systématique l’enquête de manière systématique, en établissant un «pas de tirage.
L'expérimentateur détermine un écart, ou un intervalle, systématique entre
chaque unité sélectionnée.
Exemple : prélever le 20ème nom, puis le 40ème nom, puis le 60ème nom etc.
Echantillonnage Il s’applique lorsque l’on a besoin de s’assurer que certaines populations
stratifié distinctes sont bien présentes dans votre échantillon. On découpe alors la
population par strates homogènes et on organise échantillonnage aléatoire ou
systématique au sein de ces strates.
Echantillonnage Lorsqu’il est trop complexe ou couteux d’organiser un échantillonnage
en grappes systématique ou stratifié, on peut avoir recours à un échantillon en grappes ou
en groupes. Dans ce cas, on identifie des poches d’échantillons que l’on inclut
intégralement dans l’échantillon.
Ces principales méthodes probabilistes d’échantillonnage, permettent de composer un
échantillon représentatif en faisant en sorte que les individus d’une population aient les mêmes
chances d’être retenus par l’enquête.
Un échantillon non probabiliste consiste à déterminer les critères essentiels à l’enquête et
à choisir les individus sur la base de ces derniers. Plus de hasard ici, mais un choix délibéré
et contrôlé par l’enquêteur et ses équipes. Il y a, ici aussi, plusieurs méthodes pour composer
ces échantillons non probabilistes :
Echantillonnage Dans le cadre de l’échantillonnage dit «de convenance» ou «de commodité»,
par commodité on sélectionne des individus parce qu’ils sont faciles d’accès. Toute la question
sera alors celle de la validité de l’échantillon composée (représentativité).
Echantillonnage Il repose sur l’interrogation des individus qui sont volontaires pour répondre à
issu d'une une enquête, soit parce que cette dernière impose un engagement soutenu,
participation soit parce que des problèmes éthiques et moraux rendent trop complexes un
volontaire recours au hasard.
Echantillonnage Il est également possible de faire appel à la bonne volonté des individus
en boule de neige interrogés en composant un échantillon en «boule de neige» ; ce qui revient à
demander à des individus interrogés de désigner dans leur entourage d’autres
personnes susceptibles d’être interrogées.
Echantillonnage On peut également composer un échantillon «au jugé», selon les
au jugé ou caractéristiques ou les compétences que l’on confère aux individus retenus.
discrétionnaire L’initiative n’est plus dans le camp des enquêtés, mais dans celui de
l’enquêteur.
Echantillonnage Il consiste à composer l’échantillon en fonction de critères retenus au
par quotas préalable. On peut par exemple décider que, la population de référence étant
composée à 60% de femmes et 40% d’hommes, il convient de retrouver cette
proportion. Cela ressemble à la technique probabiliste par strates, sauf que
dans ce cas, on ne laisse plus intervenir le hasard mais que l’on choisit
délibérément les individus en fonction de ce critère.

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a3) Détermination de la taille d'échantillonnage

Dans toutes les enquêtes quantitatives, la taille de l’échantillon est un facteur déterminant pour
obtenir des données fiables. Les spécialistes des sondages font appel à des théories
statistiques très complexes pour calculer la taille de l’échantillon en fonction de la marge
d’erreur tolérée. Ce qu’il faut savoir avant tout, c’est que les résultats obtenus sur l’échantillon
ne sont extrapolables à la population entière que si l’échantillon est représentatif.

La formule de calcul de la taille de l’échantillon est la suivante :

n = z² x p (1 – p) / m²
n = taille de l’échantillon
z = niveau de confiance selon la loi normale centrée réduite (pour un niveau de confiance de 95%,
z = 1.96, pour un niveau de confiance de 99%, z = 2.575)
p = proportion estimée de la population qui présente la caractéristique (lorsque inconnue, on utilise
p = 0.5 ce qui correspond au cas le plus défavorable c’est-à-dire la dispersion la plus grande)
m = marge d’erreur tolérée (par exemple on veut connaître la proportion réelle à 5% près)

Cette formule détermine le nombre de personnes n à interroger en fonction de la marge


d’erreur m que l’on peut tolérer sur une proportion de réponses p.

b) L’investigation

Une investigation est une opération qui a pour but la découverte de faits, l'amélioration des
connaissances ou la résolution de doutes et de problèmes. Concrètement, il s'agit d'une
recherche poussée d'informations, avec le but de l'exhaustivité dans la découverte des
informations inconnues au début de l'enquête et parfois la volonté de publication des
informations collectées.

Plusieurs outils et/ou techniques sont généralement utilisées dans le cadre de mémoires pour
collecter les informations. Il s’agit notamment de :

- l’observation directe ;
- la recherche documentaire ;
- le questionnaire ;
- le guide d’entretien, etc.

2.2. Traitement des données collectées

Une fois les données recueillies, l’étudiant ou le chercheur s'engage dans leur organisation et
leur traitement. Plusieurs opérations sont exécutées pour supprimer les erreurs accidentelles
dans les fichiers et vérifier rigoureusement les données pour en assurer la cohérence. Enfin,
l’étudiant ou le chercheur devra choisir les seuils de décision statistiques.

a) Etapes du traitement des données

La phase de traitement des données comporte une série d’étapes pour convertir les réponses
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au questionnaire de leur format brut à une base de données conviviale de grande qualité
comprenant un ensemble exhaustif de variables pour l’analyse. Le tableau 9 synthétise les
différentes étapes du traitement des données d’une recherche.

Tableau 9 : Etapes du traitement des données


Réception des  Suppression de tous les identificateurs personnels des fichiers (noms,
données et adresses, etc.).
épuration des  Passage en revue de dossiers des répondants, afin de s’assurer que chacun
dossiers faisait partie du champ de l’enquête (âge, sexe, catégorie socio-
professionnelle, etc.).
 Vérification du remplissage suffisant de questionnaire.
 Retrait de la base des données des personnes qui ne respectent les critères.
Codage  Nouveau codage des variables et questions à réponses multiples.
 Codage des questions « Autre – Précisez ».
 Codage de questions ouvertes et classifications types.
Contrôle et  Vérifications de la validité des variables elles-mêmes et entre elles, afin de
imputation déterminer les lacunes, les incohérences, les valeurs aberrantes extrêmes et
d’autres problèmes liés aux données.
 Vérification des enchaînements des questions afin de s’assurer que l’univers
ou la population cible pour chaque question avaient été saisis correctement
lors du traitement.
 Contrôle de la fiabilité des réponses.
Création de Le fichier de traitement final est un fichier interne qui comprend un certain
fichiers de nombre de variables temporaires qui seront utilisées exclusivement pour le
données finaux traitement.

b) Choix de seuils de décision statistiques

Une fois le processus de traitement de données élaboré, l’étudiant doit déterminer si les faits
à observer vont confirmer ou infirmer les hypothèses de recherche formulées au préalable.
Pour y arriver, il choisit pour chaque hypothèse, un seuil critique de décision. Ensuite, il
appliquera l’outil statistique afférent, en vue de tirer une conclusion conséquente confirmant
ou rejetant l’hypothèse.

On entend par « seuil de décision statistique » le degré de certitude face à l'impact du hasard
qui est jugé suffisant par le chercheur ou par la communauté scientifique pour prendre une
décision. Comme la probabilité que le hasard explique un événement est toujours présente, il
s'agit de doser le degré de confiance que l’on aura en affirmant qu'un effet observé n'est pas
dû au hasard.

Dans une recherche scientifique, les seuils les plus fréquemment retenus sont 5% (P = 0,05),
1% (P = 0,01) et 1/10 de 1% (P = 0,001), c'est-à-dire 5% ou moins des chances qu'un effet
s'explique par le hasard, 1% ou moins des chances qu'un effet s'explique par le hasard, et
1/10 de 1% ou moins des chances qu'un effet s'explique par le hasard.

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POINT 4. ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS.

Cette dernière étape de la recherche permet la comparaison quantitative ou qualitative des


différentes solutions envisagées sur la base des relations qui existent entre les variables à
l’étude. Il est donc essentiel que l’étudiant se fonde sur une approche systématique et
rigoureuse. Parmi les tâches accomplies par le chercheur, cette étape est sans doute celle qui
fait le plus appel à ses connaissances techniques et à sa rigueur scientifique.

1. Présentation et analyse des résultats

Elle vise à restituer l’enquête de l’étudiant chercheur dans son ensemble : aussi bien les
interrogations, les doutes, que les résultats finaux.

1.1. La forme des résultats de recherche

Selon l’étude qu’il a menée, les résultats prendront une forme différente.

a) Les résultats de recherche d’une étude qualitative

Faut-il le rappeler, l’étude qualitative permet d’analyser et comprendre des phénomènes, des
comportements de groupe, des faits ou des sujets. Elle s’appuie sur plusieurs outils :
l’entretien (directif, semi-directif, libre), l’observation, le focus group, l’enquête de terrain, et
permet de collecter des données informatives de fond.

Pour analyser des données récoltées par entretien, il est possible de retranscrire
l’entretien (des logiciels existent pour vous aider) ou d’étudier le texte et le codifier ou encore
de comparer les codifications et rechercher des régularités (ces modèles forment la base de
votre analyse finale). C’est après ce travail que le chercheur pourra présenter ses résultats de
recherche sous la forme suivante :
 un paragraphe argumenté qui expliquent les résultats obtenus ;
 un tableau récapitulatif mettant en avant les principales données informatives.

Les résultats de l’étude qualitative sont généralement décrits avec des mots, mais il est aussi
possible d’utiliser des tableaux, graphiques ou des images

b) Les résultats de recherche d’une étude quantitative

L’étude quantitative permet de collecter un grand nombre de données sur un sujet précis afin
de comprendre un phénomène. Pour ce faire, elle dispose de deux outils principaux :
le sondage et le questionnaire. Après avoir utilisé un de ces deux outils, le chercheur peut
présenter ses résultats statistiques sous forme de graphiques ou de tableaux statistiques.

Quelques exemples d’un tableau statistique et de graphiques.


Sujet : La fermeture des centres d’accouchement privés (maternités) au Bénin.
Problématique : va-t-on vers une pénurie des maternités dans les territoires ruraux béninois ?

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Tableau 10 : Résultats statistique en tableau


Questions Réponses
Avez-vous une maternité à moins d’une demi-heure de chez vous ? Oui : 77 %
Non : 23 %
Une maternité a-t-elle fermé récemment dans votre arrondissement ? Oui : 34 %
Non : 66 %
Pensez-vous que le Bénin manque de service de maternité ? Absolument : 28 %
Plutôt : 32 %
Pas forcément : 25 %
Absolument pas : 15 %

Figure 1 : Digrammes des résultats

Graphique en question 1 : Graphique question 2 : Graphique question 3 : diagramme en


diagramme circulaire diagramme en bâtons bâtons horizontal

Le tableau statistique donne du volume à votre travail de recherche, et apparaît comme un


gage de sérieux. Le graphique apporte du dynamisme à votre enquête écrite.

1.2. Analyses statistiques des données

La plupart des mesures sociales sont fondées actuellement sur des résultats statistiques et
leurs interprétations.

a) Analyses statistiques sommaires

Les analyses statistiques sommaires des données d’une enquête ou d’un sondage portent sur
les tris à plat, les tris croisés, ainsi que les filtres. Ils constituent naturellement la base des
rapports d’enquête.

b) Analyses statistiques plus poussées

Pour ceux qui ont des compétences en statistiques, grâce aux données recueillies disponibles,
des analyses plus poussées sont possibles avec un logiciel spécialisé ou tout simplement un
tableur : tris combinés ou multiples, écart-type ou variance, tests statistiques, etc.

2. Interprétation des résultats de l’étude

L'interprétation des résultats est un court texte (deux à quatre pages). L’énonciation des
arguments doit vous amener à expliquer si les résultats finaux ont répondu ou non à vos
attentes. Dans ce sens, vous il faut expliquer pourquoi votre enquête est parvenue à satisfaire
vos attentes ou non. L'interprétation des résultats se divise en plusieurs parties :
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- la discussion ;
- la critique ;
- la portée des résultats ;
- les prospectives ; et
- la conclusion.

2.1. Discussion, critique et portée des résultats

Il s'agit de la première partie de l’interprétation. C'est également la plus importante. Elle


équivaut généralement à plus de 75 % du texte. Les sous-titres sont généralement invisibles.
Certains auteurs estiment que seul le titre « Interprétation des résultats » marque le début de
toute la section des interprétions des résultats de recherche.

Le but de la discussion est d'expliquer au lecteur les résultats de votre recherche. En science,
expliquer consiste à utiliser des théories et des faits pour montrer en quoi X est bel et bien la
cause de Y.

Critiquer consiste à mettre en évidence les points faibles et les point forts d'une recherche,
notamment sa méthode (déroulement, mesure, échantillonnage, etc.).

La portée des résultats consiste à généraliser les résultats d'une recherche à d'autres
populations (ou d'autres contextes de recherche) que celle de votre recherche. Le but est ici
de répondre à la question suivante : jusqu'à quel point les résultats de votre recherche
peuvent-ils être généralisés à d'autres populations semblables à la vôtre ?

2.2. Perspectives et conclusion

Il s'agit de la seconde partie de l’interprétation. Elle équivaut à environ 20 % du texte. Comme


dans le premier cas, les sous-titres sont également invisibles.

Les prospectives sont les suites d'une recherche, ce que l'on pourrait faire à l'avenir en
recherche compte tenu de ce que l'on sait maintenant grâce à votre recherche. Le but de cette
section est de suggérer des suites à votre recherche, afin de contribuer à l'enrichissement des
connaissances, et plus particulièrement à celles de votre thème de recherche. Dans cette
partie, les chercheurs ont le choix entre.

La conclusion consiste en un bref rappel des résultats qui confirment ou non notre
hypothèse/objectif. Nous pouvons également faire part au lecteur d'une nouvelle découverte,
s'il y a lieu. Le but de la conclusion est de faire un bref rappel des résultats qui confirment ou
non notre hypothèse /objectif, et de tirer une conclusion finale et nuancée en précisant que
notre hypothèse est soit : (i) confirmée, (ii) confirmée en grande partie ou partiellement, ou (iii)
qu'elle n'est pas confirmée (donc infirmée).

Fin du module

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