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Initiation aux méthodes de recherche,

aux méthodes critiques d'analyse des


textes, et aux méthodes de rédaction
en lettres, littératures et sciences
humaines et sociales

Pierre N'DA

Connaissances & Savoirs

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Initiation aux méthodes de
recherche, aux méthodes
critiques d'analyse des textes, et
aux méthodes de rédaction en
lettres, littératures et sciences
humaines et sociales

Aux jeunes chercheurs

Pour faire connaître ce qu’on doit savoir…

Pour réussir des recherches de qualité et une carrière universitaire !

Remerciements

Merci au Seigneur pour tout et de ce qu’Il m’a permis d’écrire des livres
pour aider les autres à réussir plus facilement.
Merci aussi à mes collègues Adama Coulibaly et Philip Amangoua
Atcha qui m’ont encouragé à entreprendre le présent ouvrage dont ils ont
assuré la relecture et la correction.
J’apprécie notre collaboration et leur solidarité intellectuelle.
Introduction

Dans la recherche scientifique et universitaire, il existe plusieurs


démarches, approches ou méthodes qu’il convient de connaître pour les
exploiter et les appliquer avec discernement et pertinence. Fort
heureusement, il y a aujourd’hui des ouvrages intéressants, bien conçus, sur
les méthodes de recherche, sur le processus même de la recherche, sur la
recherche scientifique, sur l’esprit scientifique, sur les démarches, méthodes
et techniques de collecte de l’information et d’analyse de données, sur les
méthodes quantitatives et qualitatives, sur les méthodes d’analyse du
discours, d’analyse de contenu, sur les méthodes critiques de l’analyse
littéraire, sur des méthodes propres à certaines disciplines, etc.
Toutes les disciplines, pour ainsi dire, ont maintenant, chacune, une
méthode ! Et des livres de méthodologie dans différents domaines et
disciplines apportent leur expertise aux jeunes chercheurs qui n’en
demandent pas mieux. Ces derniers ont en tout cas des méthodes ou des
façons de faire pour étudier un sujet, objet de recherche dans leur spécialité.
Mais, parfois, nombre de ces ouvrages à leur disposition s’avèrent
complexes, trop théoriques, trop généraux, peu pratiques à l’usage et ne
répondent pas toujours aux attentes et aux besoins réels des uns et aux
situations concrètes des autres, selon les domaines de recherche et les sujets
traités.
Les étudiants, les masterants, les doctorants, en un mot, les jeunes
chercheurs, notamment ceux des disciplines littéraires, philosophiques,
théologiques et des sciences humaines et sociales en général, ont besoin
d’informations pratiques et indispensables pour les aider à organiser les
idées et à structurer leur pensée dans leurs travaux de recherche. Ils ont
besoin spécifiquement d’orientations méthodologiques sans confusion, de
directives précises pour la recherche, la réalisation et la rédaction d’une
thèse, d’un mémoire, d’un article scientifique. En somme, ils ont besoin de
méthodes claires et nettes, pratiques et pragmatiques, opérationnelles et
efficientes sur lesquelles s’appuyer pour faire convenablement leur
recherche et rédiger avec assurance, aisance, lucidité et sérénité l’étude
entreprise.
Dans ce sens, ce livre d’initiation aux méthodes se veut une contribution
pour aider à la résolution des problèmes effectifs de méthodes, problèmes
préoccupants, s’il en est, qui se posent constamment aux jeunes chercheurs,
déroutent plus d’un, découragent d’autres en inhibant leur ardeur, leur
détermination et tous leurs efforts et en bloquant, de fait, la progression de
leur travail.
L’ouvrage présente, tour à tour et de façon pédagogique, un aperçu des
principales méthodes employées dans les travaux universitaires de
mémoire, de thèse et d’article scientifique. L’accent a été principalement
mis sur celles qui s’appliquent ou qui peuvent être utilisées notamment dans
les disciplines littéraires et dans les sciences humaines et sociales. En
fonction du type de thèse ou de mémoire, de l’espace cognitif, du sujet, à
l’étude, le masterant, le doctorant, tout chercheur doit pouvoir choisir la
méthode ou les méthodes qui conviennent ou s’adaptent le mieux à son cas
d’espèce pour effectuer sa recherche et réaliser un travail de qualité.
En ce qui concerne le titre du livre, si sa formulation est un peu longue
avec la répétition expresse du mot « méthode », elle est bien appropriée :
elle vise effectivement à mettre en relief trois catégories de méthodes dont
on se sert dans un travail de recherche scientifique et universitaire.
Par commodité, le livre expose d’abord, en préliminaire, les problèmes
de définition et de terminologie avant que le chapitre 1 ne propose une
initiation aux principales méthodes en recherche quantitative et en
recherche qualitative. Le chapitre 2 se charge des méthodes propres à
certaines disciplines des sciences humaines et sociales tandis que le chapitre
3 se consacre aux méthodes critiques de l’analyse de textes. La question du
choix des méthodes et de leur application concrète dans une étude est
examinée dans le chapitre 4 alors que le chapitre 5, le dernier, concentre la
réflexion et l’analyse sur les méthodes de la rédaction scientifique et
spécifiquement sur les rapports entre la structure IMRAD et la structure
IDC en usage en lettres, dans les sciences littéraires, dans les sciences
philosophiques, théologiques et autres sciences humaines et sociales.

Préliminaires. Autour de la méthode :


problèmes de définition et de terminologie
Depuis quelques décennies, le discours de la recherche universitaire est
dominé par un certain dogmatisme méthodologique, avec des approches
fortement marquées par un souci de rigueur, de scientificité, de technicité et
d’efficacité.
En plus des problèmes de méthodes d’approche ou d’analyse (qui se
posent dans la réalisation et la rédaction de leurs travaux de mémoire, de
thèse de Doctorat ou d’article scientifique), certains jeunes chercheurs se
trouvent déroutés par des problèmes de terminologie et de définition,
d’autres, perturbés par la diversité lexicale ou par la divergence des auteurs
sur l’emploi des mots et des notions dans la recherche scientifique et dans
des ouvrages de méthodologie.
L’intérêt de l’enseignement de cette matière, la méthodologie de la
recherche, à l’université n’est plus à démontrer et est aujourd’hui encore
plus nécessaire face à l’éclatement rapide des disciplines et l’explosion des
espaces cognitifs avec des méthodes d’approche variées. S’il n’est pas
évident d’avoir le même langage et de tenir le même discours sur la
méthode, il est, à tout le moins, important et même impérieux d’avoir une
bonne connaissance des principales méthodes en vigueur et une maîtrise
certaine de la terminologie dans le domaine de la recherche scientifique et
universitaire.
Il faut donc, sans tarder, commencer par attirer l’attention sur les
problèmes de lexique, de vocabulaire et de terminologie qui, mine de rien,
se posent de plus en plus avec les emplois variables et confus de termes
courants de la recherche, dans le milieu universitaire, chez des chercheurs
mêmes et chez des auteurs de livres sur la recherche scientifique et
d’ouvrages de méthodes ou de méthodologie.
Sont assez remarquables et gênantes les ambiguïtés, les confusions et les
contradictions dans l’usage des syntagmes normaux tels que « démarche
scientifique, démarche de recherche, processus de la recherche,
méthodologie de la recherche, démarche ou approche méthodologique,
méthodes de recherche, méthodes d’approche, méthodes d’analyse,
méthodes de collecte et d’analyse des données, méthodes d’investigation,
méthodes quantitatives/qualitatives. », etc.
Dans plusieurs ouvrages savants, on trouve ici et là, selon les auteurs,
des expressions comme « la démarche inductive, la méthode déductive, la
démarche ou méthode hypothético-déductive, la méthode ou démarche
analytique, synthétique, dialectique, systémique, objective, les méthodes et
outils de collecte et d’analyse des données, la recherche quantitative, les
méthodes quantitatives, l’analyse qualitative, etc.
Face à la diversité et à la profusion des termes et expressions, on est à se
demander s’il vaut encore la peine de chercher des définitions claires et
précises, d’essayer de faire une bonne distinction et une nette démarcation
entre toutes ces expressions et notions devenues confuses, ambiguës ou
ambivalentes. Pour certains auteurs comme Luc Van Campenhoudt et
Raymond Quivy, il convient de faire une distinction au moins entre ˝les
démarches˝ et ˝les méthodes˝. Ils estiment que ˝les démarches˝ sont des
manières, des moyens que se donnent des chercheurs ˝pour chercher et
trouver ce qu’ils cherchent˝, pour progresser vers le but visé, pour aboutir à
une connaissance scientifique tandis que les ˝méthodes˝ ne sont que des
mises en forme particulières de l’ensemble des démarches, des
cheminements ou des procédés pour appréhender, analyser les faits ou les
phénomènes afin d’obtenir des résultats et parvenir à la découverte et à la
connaissance de l’objet d’étude.
Il faut reconnaître sans doute une certaine pertinence à cette distinction,
mais on ne saurait contraindre à l’adopter, ceux qui, nombreux, ne
distinguent pas forcément ces deux termes et qui les emploient
naturellement l’un pou l’autre. Eux aussi estiment qu’une démarche
méthodologique, tout comme une méthode, est un ensemble d’opérations
intellectuelles, de procédés heuristiques, en somme des moyens
d’investigation et d’approche qu’une recherche scientifique se donne pour
atteindre ses objectifs et son but, c’est-à-dire, en fin de compte, découvrir la
˝ vérité cachée˝, obtenir des résultats, la connaissance recherchée. En un
mot, une méthode est la voie (hodos en grec) à suivre pour mener à bout et
à bien une recherche dans un domaine précis et dans une spécialité donnée.
Voilà bien des discours ! Voilà bien un vocabulaire varié et variable !
Les efforts de distinction et de clarification entrepris par les uns et les autres
n’ont malheureusement jamais abouti à une précision terminologique
congrue, consensuelle ; au contraire, tout se brouille et se complique en
entretenant la confusion dans les esprits et l’embarras chez les jeunes
chercheurs.
N’entrons pas dans le jeu de ces querelles d’écoles ou de spécialistes et,
avec précaution, concentrons-nous simplement sur la notion de méthode. Ce
terme est utilisé dans son acception la plus simple, la plus courante, dans
son sens étymologique. Le terme « méthode » est la combinaison de deux
morphèmes grecs : mét et hodo . Le premier mot mét dérive de la
préposition meta qu’on peut traduire, selon le cas, par « avec » ou « après »
ou encore « au-delà. » Le second mot hodo , du nom féminin hodos , veut
dire : voie, chemin, route. Le lexème "méthode" signifie littéralement « la
voie après, le chemin à prendre avec soi, la route qui conduit au-delà, qui
mène vers » ; bref, la voie à emprunter pour aller plus loin, pour parvenir et
arriver à ses fins.
La notion de méthode, pour simplifier, englobe les démarches
effectuées, les techniques, les stratégies et les procédés mis en œuvre pour
atteindre, dans une discipline donnée, les objectifs visés et parvenir aux
résultats escomptés. Autrement dit, la méthode est une voie à emprunter,
une démarche rigoureuse, ordonnée qu’on suit pour avancer, pour
progresser dans la recherche et la connaissance, pour arriver sûrement au
but et au bout, c’est-à-dire découvrir ce qu’on cherche. C’est bien cela que
veut dire Jacqueline Russ lorsqu’elle écrit que la méthode est simplement
« l’ensemble des démarches raisonnées pour parvenir au but recherché » 1
! Madeleine Grawitz ne dit pas autre chose lorsqu’elle explique que la
méthode de recherche est « l’ensemble des opérations intellectuelles par
lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu’elle poursuit, les
démontre, les vérifie. » 2
On peut dire aussi avec Maurice Angers que la méthodologie est
« l’ensemble des méthodes et des techniques qui orientent l’élaboration
d’une recherche et qui guident la démarche scientifique » 3 .
Tout travail de recherche scientifique suppose et implique une démarche
rationnelle, rigoureuse et méthodique ; c’est-à-dire simplement une
méthode, une méthode opérationnelle et performante. Dans toute recherche
ou étude universitaire, on doit normalement indiquer clairement la méthode
qu’on a choisi d’adopter et de suivre. Ce choix méthodologique doit être
cohérent et adapté au sujet déterminé et au projet entrepris. Il est donc
important et indispensable de connaître les méthodes de recherche ou
d’analyse pour pouvoir les utiliser quand il faut et comme il se doit. C’est
pourquoi le premier chapitre se charge de les exposer.
Chapitre 1. Les méthodes d’une recherche
quantitative et d’une recherche qualitative

Dans cette rubrique, on a regroupé les méthodes d’approche des faits et


des phénomènes de la réalité observable, des méthodes qui conviennent
bien ou qui s’adaptent mieux aux disciplines de type expérimental, aux
domaines où on peut recueillir des données mesurables, de nature
quantifiable (données numériques en particulier) et qui se prêtent bien à
l’analyse. Autrement dit, des méthodes appropriées aux sujets, aux objets de
recherche qui portent sur des faits, des phénomènes, des conduites, des
choses observables, susceptibles d’expérimentation, de recherche
empirique, sur des choses mesurables, calculables, évaluables en chiffres et
éventuellement aussi sur des documents, des textes voire des œuvres
littéraires aux structures repérables et quantifiables. En bref, tous les sujets
qui peuvent être appréhendés et étudiés avec les outils, les méthodes et les
techniques de collecte des informations et d’analyse des données
(observation, entretien ou entrevue, enquête, statistiques, analyse de
contenu, tableaux, figures, graphiques, etc.
Après les méthodes d’approche quantitative qui se fondent sur une
mesure mathématique, sur des calculs et des statistiques, il faudra aussi voir
l’approche qualitative qui s’appuie généralement sur des faits textuels, sur
des documents et, en tout cas, sur des indicateurs non numériques.
1. La méthode expérimentale
Le masterant, le doctorant ou le chercheur, dans son domaine de
recherche et en fonction de son sujet d’étude, a tout intérêt à exploiter aussi
et à tirer profit, autant que possible, de la méthode expérimentale.
Personne n’est surpris d’apprendre que la méthode expérimentale a été
mise au point et développée par les scientifiques pour des recherches dans
les sciences de la nature et dans les sciences expérimentales. Mais elle
convient et s’adapte bien aussi à des disciplines des sciences humaines et
sociales et notamment à la psychologie, à la géographie, à la sociologie, à la
communication, à l’histoire, etc. Il faut le dire très net, l’utilisation de la
méthode expérimentale en sciences humaines provient d’une branche de la
psychologie : la psychologie dite expérimentale , méthode empruntée aux
sciences naturelles, avec des expériences d’abord sur des animaux avant
d’être appliquées à l’homme. Cette méthode expérimentale avec le prestige
des sciences exactes (physique, chimie, biologie) va marquer profondément
la psychologie 4 et assurer sa scientificité en permettant le passage d’une
psychologie « subjective » à la psychologie objective, scientifique, se
fondant sur les grands principes de la science moderne. L’objectif essentiel
de cette méthode est de cerner et de mesurer les rapports de causalité entre
des phénomènes, et pour cela, il faut savoir manipuler, comme il se doit, des
variables pour déterminer l’influence de la variable indépendante sur la
variable dépendante.
Dans la pratique, la méthode expérimentale peut servir à étudier des
phénomènes, des conduites, des faits qui existent réellement et qu’on
cherche à comprendre. Mais elle peut éventuellement porter aussi sur un
phénomène, une conduite, un fait provoqué, avec l’intention de l’étudier
afin de le confirmer ou de l’infirmer ou d’obtenir des éléments nouveaux.
Pour aboutir à des résultats crédibles, le chercheur doit bien réfléchir à
son sujet d’étude et formuler une ou des hypothèses à vérifier ; il doit
s’employer, de façon systématique, à faire en sorte que ses résultats et ses
conclusions découlent d’une expérimentation ou soient validés par une
expérience faite.
Ici, avec la méthode expérimentale, le choix des instruments de mesure
est déterminant. D’où l’utilisation des tests empiriques et la présence
remarquable des techniques et méthodes de collecte et d’analyse des
données, avec l’observation directe ou indirecte, l’hypothèse à vérifier,
l’enquête par questionnaire, par sondage, l’entretien ou l’entrevue, les
calculs, les statistiques, l’analyse de contenu et de contexte, l’étude de
cas, etc.
Pour certains auteurs, la méthode expérimentale est la méthode la plus
scientifique qui soit et apparaît comme un véritable modèle
méthodologique. Si elle est, à plus d’un titre, intéressante et efficace, elle
exige, en tout cas, pour une étude sérieuse, une bonne maîtrise des
opérations intellectuelles, heuristiques, théoriques et méthodologiques que
les chercheurs des disciplines littéraires et autres doivent pouvoir faire
grâce à des formations complémentaires indispensables.
La méthode expérimentale a l’avantage d’être très ouverte et applicable
à toutes les disciplines qui veulent afficher et affirmer la rigueur et le
caractère scientifique de leurs démarches et des recherches effectuées.
2. La méthode hypothético-
déductive
Les méthodes de recherche les plus connues et les plus usitées se
regroupent autour de l’approche déductive ou encore de la méthode
hypothético-déductive : celle-ci découle de la méthode expérimentale. De
façon classique, le chercheur se pose une question, formule une hypothèse,
cherche à la vérifier par la suite grâce à une étude expérimentale ou un test
empirique. Si l’hypothèse émise se trouve confirmée, la recherche est
terminée et le chercheur n’a plus qu’à tirer des conclusions et à
communiquer ses résultats.
On le voit assez bien, sans aucun doute, cette hypothético-déductivité
elle-même est fondée sur les règles cartésiennes que les sciences exactes,
les sciences expérimentales et autres exploitent grandement et
avantageusement. Et comme la validation la plus sûre, la plus fiable, la plus
incontestable est la voie quantitative, beaucoup de recherches, aujourd’hui,
dans différents domaines et disciplines des sciences humaines et sociales,
font aussi appel aux mathématiques, aux calculs, aux données chiffrées, aux
observations quantifiées, aux statistiques et autres pour affirmer ou
confirmer, si besoin est, leur rigueur ou leur scientificité. Les chercheurs
dans ces disciplines usent également des diverses méthodes et techniques de
recueil de l’information et d’analyse des données.
3. La méthode quantitative
Le souci de scientificité s’imposant de nos jours, la recherche dans les
sciences cognitives, dans les sciences littéraires, humaines, sociales et
autres a recours aussi à la méthode quantitative. Celle-ci repose
fondamentalement sur une démarche du raisonnement déductif, même si
elle use de l’inductif, à l’occasion. Comme l’adjectif quantitatif l’indique a
priori, elle concerne le dénombrement, la classification, le comptage, la
quantification, le calcul. Elle vise à recueillir des données réelles,
objectivement mesurables, en se fondant sur des observations quantifiées,
des données chiffrées, des analyses et exploitations statistiques des
phénomènes, des conduites, des faits sociaux qu’elle cherche à expliquer, à
décrire, à prédire. Pour ce faire, elle s’appuie sur des instruments, des
méthodes et des techniques fiables de collecte d’informations et d’analyse
des données.
Ces données chiffrées et précises obtenues permettent de faire des
analyses sérieuses, des analyses descriptives, des analyses statistiques, des
analyses factorielles, des tableaux, des figures, des graphiques, etc., toutes
choses qui aboutissent à l’explication et à la connaissance du phénomène
observé et étudié.
Si la méthode quantitative est opérationnelle et performante, elle ne subit
pas moins cependant la critique de certains à cause de son acharnement à
vouloir tout objectiver, tout quantifier, tout calculer ; une mathématisation
systématique qui tend à neutraliser la connaissance scientifique, à réduire la
recherche à un système bipolaire tranché entre ʺ le vrai ʺ et ʺ le faux ʺ. Or,
tout n’est pas, à la vérité, quantifiable, comptabilisable, calculable ! Et la
recherche scientifique n’est pas seulement valable, scientifique que si on
calcule, si on formalise, si on prédit des phénomènes avec le soutien et le
besoin d’une pratique ʺ mathématicologique ʺ plus ou moins compliquée
dans laquelle les littéraires purs et autres ne sont pas toujours à l’aise. Ceux-
ci se trouvent déroutés par les calculs, les chiffres, les statistiques, les
tableaux et les figures avec les diagrammes, les histogrammes, les
courbes, etc. toutes choses qu’ils n’ont pas appris à faire au cours de leur
formation normale et qui requièrent un effort spécial et des compétences
supplémentaires particulières pour en venir à bout de la recherche entreprise
et pour présenter un travail scientifique de qualité.
Heureusement ou non, cette mesure mathématique des phénomènes,
cette formalisation des données, en un mot, cette approche quantitative tend
à être remise en question et est contrebalancée ou complétée par les
méthodes qualitatives qui connaissent du succès dans certaines disciplines.
Par commodité, il faut en parler ici et maintenant avant d’aborder la
méthode de la statistique littéraire qu’on peut classer aussi dans les
méthodes de la recherche quantitative.
4. La méthode qualitative
Contrairement à la méthode quantitative qui veut systématiquement tout
calculer pour obtenir des résultats certains, des connaissances indiscutables,
la recherche qualitative n’implique pas nécessairement un processus de
quantification et de mathématisation avec des calculs statistiques variés.
Elles portent sur des faits textuels et des phénomènes observables,
susceptibles d’être des sujets de recherche. Elles se fondent plutôt sur des
données non chiffrées, sur des indicateurs non numériques (tels que des
mots, des phrases, des textes, des documents), sur des données obtenues à
partir d’entretiens, d’observations, de groupes de discussions (focus group),
d’études de cas, d’analyses de contenu de documents, d’analyses de textes,
d’analyses de discours, etc.
La méthode qualitative (comme le suggère déjà l’adjectif qualitatif) vise
à déterminer la qualité relative des faits observés, des phénomènes à
l’étude. Il s’agit ici, de saisir plutôt le sens des choses, de comprendre la
signification des faits, des situations, des comportements, des attitudes, des
cas, situés dans leur contexte, après et à travers l’observation, la description,
l’appréciation, l’interprétation qui sont faites.
La méthode en recherche qualitative, ayant pour visée la compréhension
d’un phénomène (le plus souvent) social, pris dans son cadre naturel, a ceci
d’intéressant qu’il sait s’ouvrir au monde, qu’elle est capable de décrire le
phénomène dans toute sa complexité, capable d’associer plusieurs méthodes
et techniques différentes de collecte et d’analyse des données (observation,
entrevue, groupes de discussion, analyse documentaire, analyse d’images,
de photos, de films ou documentaires, analyse de discours, des affiches
publicitaires, des sites web, des émissions télévisées ou radiodiffusées, etc.)
Reposant en général sur un raisonnement logique inductif, parfois
déductif ou encore hypothético-déductif, la méthode en recherche
qualitative se veut souple, itérative. De plus, pour elle, à l’opposé de la
méthode quantitative, une recherche scientifique doit fondamentalement
avoir, pour objet d’étude, ce qui est caché, car, souvent, plus important, plus
essentiel que ce qui est visible ou apparemment évident, ce qui semble à la
portée de chacun et de tous.
Il faut noter que l’approche qualitative ne convient pas nécessairement à
tous les sujets de recherche d’autant que la part de subjectivité qu’elle
comporte peut être dangereuse et disqualifiante si l’on ne la maîtrise pas
parfaitement. Attachée à la recherche du sens, à la compréhension des
choses et aux finalités des actions, des conduites et attitudes humaines, aux
faits et phénomènes sociaux, la recherche qualitative s’intéresse par-dessus
tout aux valeurs, aux intentions, aux buts visés et recherchés, aux traditions
et croyances, aux idéologies des hommes et des sociétés. C’est
pratiquement la même idée que Jean-Pierre Deslauriers exprime lorsqu’il
écrit : « Elle se concentre plutôt sur l’analyse des processus sociaux, sur les
sens que les personnes et les collectivités donnent à l’action, sur la vie
quotidienne, sur la construction de la réalité sociale. »5
Dans le cadre des recherches et études littéraires et autres, le masterant
ou le doctorant peut exploiter et tirer un bon parti de la méthode qualitative.
En se concentrant sur les données textuelles recueillies à partir des
documents à l’étude (des textes, des discours et même des œuvres
littéraires), le chercheur peut traiter son sujet avec intelligence et
compétence pour dégager et comprendre la signification sous-jacente des
documents ou objets textuels étudiés.
Pour atteindre ses objectifs, il peut procéder, entre autres, par une
analyse de contenu des documents ou du corpus d’étude, par une analyse de
contexte ou encore par une analyse thématique, une étude lexicale,
sémantique et même stylistique. Cette démarche méthodologique permet
sans doute de comprendre la signification du message contenu dans les
documents, de percevoir les modes d’expression et les procédés pour créer
du sens. Une telle approche dans le domaine littéraire met en valeur, à sa
façon, la méthode qualitative qui se distingue aussi de la méthode de la
statistique littéraire
5. La méthode de la statistique
littéraire
Comme les autres méthodes ou approches de recherche, il est loisible
aux chercheurs en sciences littéraires, en sciences du langage et autres
d’expérimenter l’intérêt de la statistique littéraire. Elle est née au 20e siècle,
mais elle n’a véritablement commencé à se développer que, depuis quelques
décennies, avec les travaux de George U. Yule ou de Gustave Herdan en
Angleterre, de Wilhelm Fucks en Allemagne, de Frederick Mosteller et de
David L. Wallace aux Etats-Unis et de Pierre Guiraud ou de Charles Muller
en France et plus récemment de Christian Delcourt en Belgique.
Avec la révolution informatique qui l’a stimulée, la statistique littéraire
est, à notre époque, en plein essor. Elle se divise, de façon schématique, en
deux branches : la statistique avec une méthode descriptive et la statistique
avec une méthode inférentielle.
La statistique descriptive classe, de manière rationnelle, les textes et
leurs constituants, et la statistique inférentielle apprécie, en termes
quantitatifs, des hypothèses relatives aux données textuelles et leurs
composantes. A noter, en passant, que les approches inférentielles
connaissent beaucoup plus d’applications dans la pratique.
Par ailleurs, la statistique littéraire étant une approche assez récente et
interdisciplinaire, ses applications et réalisations ne sont pas toujours sans
reproche. Elles subissent parfois les critiques aussi bien des littéraires que
des statisticiens. On a l’impression que ce qu’on gagne (par le
dénombrement, la quantification, les données chiffrées, les statistiques) en
exactitude et en objectivité, on le perd en richesse, en sensibilité, en
compréhension et en appréciation des valeurs, des données textuelles, des
mots et des choses. Il n’empêche que la statistique littéraire permet de faire
des études de valeur, scientifiquement et méthodologiquement correctes,
intéressantes et fructueuses. En outre, elle peut fort bien être renforcée et
complétée, si nécessaire, par d’autres méthodes.
C’est pourquoi des chercheurs en Lettres, Littératures et Sciences
humaines et sociales peuvent aussi s’en servir utilement pour leurs travaux
de thèse ou de mémoire, notamment pour des sujets portant sur des choses
mesurables tels que des documents, des textes ou des œuvres littéraires aux
structures repérables et quantifiables. En un mot, quand il s’agit de sujets ou
d’objets de recherche qui peuvent être appréhendés et étudiés avec des
méthodes et techniques de collecte et d’analyse de données, en particulier
des données chiffrées, quantifiées que les approches descriptives et
inférentielles permettent d’analyser, de comprendre et de leur donner du
sens.
Aujourd’hui il est clair que les recherches et les études littéraires, celles
des Sciences du langage et des Sciences humaines et autres peuvent
bénéficier aussi des possibilités, des avantages et des apports de la
statistique littéraire comme s’est employé à le (dé)montrer avec rigueur
Christian Delcourt6 de l’Université de Liège en Belgique après les
nombreux travaux et publications de Charles Muller7 en France sur la
statistique linguistique, la statistique lexicale, la linguistique quantitative.
Il est vrai, la littérature est par-dessus tout une affaire de texte, de
structures linguistiques et discursives, de création imaginaire, d’esthétique,
toutes choses non ou peu quantifiables a priori. Le quantitatif, le calcul, on
peut le dire, n’a rien à avoir avec le littéraire, le poétique, l’esthétique,
l’artistique ! Mais il est des cas, des sujets pour lesquels on peut
intelligemment exploiter, à bon compte, les possibilités qu’offrent les
mathématiques, les calculs, les statistiques et autres. Il suffit aux chercheurs
des disciplines littéraires et des sciences humaines et sociales de se mettre à
jour et à niveau pour en tirer le meilleur profit.

Pour en savoir plus, lire :

Les méthodes de recherche

BONNEVILLE Luc, GROSJEAN Sylvie et LAGACÉ Martine, Introduction aux


Méthodes de recherche en communication, Montréal, Gaëtan Morin, 2007

CAMPENHOUDT Van Luc/QUIVY Raymond, Manuel de recherche en sciences sociales


e
, 4 éd, Paris, Dunod, 2011

DÉPELTEAU François, La démarche d’une recherche en sciences humaines. De la


problématique de départ à la communication des résultats . Bruxelles, De Boeck, 2011
FORTIN Marie-Fabienne, Le processus de recherche . De la conception à la réalisation,
Ville Mont-Royal (Québec), Décarie Éditeur, 1996

GRAWITZ Madeleine , 1996, Méthodes des sciences sociales, 10 e éd, Paris, Dalloz,
1996

N’DA Paul, 2015, Recherche et méthodologie en sciences sociales et humaines , Paris,


L’Harmattan, 2015

Méthode expérimentale

DÉPELTEAU François, « La méthode expérimentale », La démarche d’une recherche en


sciences humaines. De la question de départ à la communication des résultats . Bruxelles, De
Boeck, 2011, p.251-271

GRAWITZ Madeleine , Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 1996

LAMOUREUX Andrée et al , Une démarche scientifique en Sciences humaines,


Méthodologie, Laval, Éditions Etudes vivante, 1992 Recherche et méthodologie en sciences
humaines, Laval, Éditions Études vivantes, 1995

Méthode hypothético-déductive

DÉPELTEAU François, Op.cit.

FORTIN Marie-Fabienne, Op.cit.

GRAWITZ Madeleine, Op.cit.

N’DA Paul, Op.cit.

Méthode quantitative

BONNEVILLE Luc / GROSJEAN Sylvie / LAGACÉ Martine, Introduction aux méthodes


de recherche en communication : « Les méthodes et les outils de collecte de données en
recherche quantitative » p. 99-123, l’analyse des données quantitatives p. 124-146, les outils de
collecte et d’analyse des données p.174-207
CAMPENHOUDT Van Luc / QUIVY Raymond, Manuel de recherche en sciences
sociales , 4 e éd, Paris, Dunod, 2011

GRAWITZ Madeleine , Méthodes des sciences sociales, 10 e éd, Paris, Dalloz,

HUOT Rejean, Méthodes quantitatives pour les sciences humaines , 2 e éd, Québec,
Presses de l’Université Laval, 2003

HOWELL C. David, Méthodes statistiques en sciences humaines , Bruxelles, De Boeck,


1998

N’DA Paul, Recherche et méthodologie en sciences sociales et humaines , L’Harmattan,


2015, p.131 et 158-162 ; 167-186

ROBERT Serge, Méthodes quantitatives , Montréal, Modulo, Éditeur, 1993

SIMARD Christine, Méthodes quantitatives . Approche progressive pour les sciences


humaines , 3 e éd, Québec, Edition le Griffon d’argile, 2003

Méthode qualitative

AKTOUF Omar, 1987, La méthodologie des sciences sociales et approche qualitative des
organisations . Québec, Presses de l’Université du Québec, 1987

BONNEVILLE Luc et al , « Recherche qualitative en communication », Op.cit . p.149-


203

DESLAURIERS Jean-Pierre (dir), Recherche qualitative. Guide pratique, Montréal


McGraw-Hill Éditeur, 1991
Les méthodes de la recherche qualitative , Québec, Presses de l’Université du Québec, 1987

GRAWITZ, Op.cit .

MILES Mathew et HUBERMAN Michaël, Analyse des données qualitatives : 2 e éd,


Bruxelles, De Boeck, 2003
MUCCHIELI Alex, Dictionnaire des méthodes qualitatives en sciences humaines et
sociales , Paris, Armand Colin, 2002
Les méthodes qualitatives , Paris, PUF, 1991

N’DA Paul. Op.cit . p.158-160 ; 183-186

ROSENTHAL Claude, Introduction aux méthodes qualitatives en sciences humaines et


sociales, Paris, Dunod, 2001

Méthode de statistique littéraire

BERNET Charles, Le vocabulaire des tragédies de Jean Racine. Analyse statistique,


Genève-Paris Slatkine-Champion, 1983 (Travaux de Linguistique quantitative, 12 )

BRUNET Etienne (éd), Méthodes quantitatives et informatiques dans l’étude des textes ,
Vol.1, Genève-Paris, Slatkine-Champion, 1986 (Travaux de Linguistique quantitative, 35 )

DELCOURT Christian, « La statistique littéraire » Introduction aux études littéraires.


Méthodes du texte , Paris-Louvain-la-Neuve, 1990, p 132 147
- « De la statistique lexicale à la statistique segmentale » dans Brunet Etienne (éd) Méthodes
quantitatiques et informatiques dans l’étude des textes, p.273-283

MULLER Charles, Études de statistique lexicale, le vocabulaire du théâtre de Pierre


Corneille , Paris Klincksieck, 1967 (réimpression : Genève-Paris, 1979 (Travaux de Linguistique
quantitative, 2)
- Principes et méthodes de statistique lexicale , Paris, Hachette, 1977
- Initiation aux méthodes de la statistique linguistique, Paris, Hachette, 1973
- Langue française, linguistique quantitative, informatique , Genève-Paris, Slatkine-Champion,
1985 (Travaux de Linguistique quantitative, 34)

KENNY Anthony, The Computation of Style. An Introduction to Statistics for Students of


Literature and Humanities, Oxford, Pergamon, 1982

OAKMAN Robert L, Computer Methods for Literary Research . Columbia, South


Carolina Univ. Press, 1980, (rééd. Athens 1984)
Chapitre 2. Les méthodes propres à certaines
disciplines en sciences humaines et sociales

Si, comme on vient de le voir dans le chapitre précédent, certaines


disciplines s’accommodent bien des approches ou méthodes présentées, ce
n’est pas le cas pour d’autres et en particulier pour les disciplines des
Sciences humaines et sociales. Celles-ci se caractérisent en général par leur
spécificité ou éventuellement par l’éclectisme des approches
méthodologiques, une multi-méthode qui tente de compenser les limites
d’une méthode par les forces d’une autre.
Commençons par une discipline comme la philosophie, « la mère des
sciences », qui exige une approche particulière, une méthode propre.
1. La méthode philosophique
Il n’est pas superflu de le rappeler : en philosophie, la méthode consiste,
comme dit Descartes dans « Le Discours de la méthode », à bien conduire
sa raison et sa pensée, c’est-à-dire méthodiquement, rigoureusement, en
appliquant bien, comme il faut, les règles définies afin de trouver dans les
sciences la vérité recherchée.
Pour cette méthode, voici quelques règles fondamentales que nous
indique Jacqueline Russ 8 et qu’il faut s’efforcer de respecter dans un travail
de recherche pour un mémoire de Master ou une thèse de Doctorat.
Examinons les plus importantes.

1.1. La délimitation précise de tout concept (la définition)

La première démarche est de déterminer et de bien définir avec précision


les concepts et les notions au risque de sortir des limites, de déborder ou de
passer à côté du sujet. Faute d’une bonne analyse conceptuelle, on peut se
tromper de voie, de définition, s’égarer et s’aventurer distraitement sur
d’autres problèmes, d’autres questions et faire, en fin de compte, une fausse
route, un hors-sujet malencontreux. Il faut donc bien définir le concept,
circonscrire et délimiter la notion dans son contexte particulier, dans son
cadre temporel et spatial, dans son environnement culturel et évolutif.

1.2. La démarche analytique (analyse)

La démarche analytique, qui suit l’effort de définition et de délimitation


correcte des concepts, consiste, comme l’indique le mot grec « analusis » ,
à décomposer, démembrer, à détacher et à séparer les éléments du sujet, à
décomposer un texte, une œuvre en ses différentes composantes
constitutives afin de saisir les rapports qui les lient pour avoir une
compréhension globale de l’ensemble. Cela signifie que la démarche
analytique attache beaucoup plus d’intérêt et de prix aux éléments, aux
parties qui forment l’ensemble.

1.3. La démarche synthétique (synthèse)


La synthèse (du grec « sunthesis ») consiste à mettre ensemble, à
associer, à rassembler, à combiner des éléments de connaissance sur un
sujet donné pour en présenter un ensemble structuré et cohérent, visant à
reconstituer un tout, à partir des éléments simples, à mettre en évidence les
relations entre eux, pour donner une « vue d’ensemble » du sujet.

1.4. La démarche ordonnée (ordre)

Dans la méthode philosophique, l’ordre est très important. On ne peut


écrire au hasard, d’instinct et dans le désordre les idées telles qu’elles
viennent. Il faut les organiser, les ordonner selon les exigences de la raison,
de façon successive et progressive (en partant du plus simple au plus
complexe), de façon hiérarchisée (en partant soit du plus petit au plus
grand, du moins important au plus important, soit dans le sens inverse).
Dans tous les cas, il importe de savoir organiser, ordonner, hiérarchiser ses
idées, d’une manière logique, progressive et dynamique.

1.5. Une idée directrice, unificatrice (l’unité)

Pour tout travail de recherche et en particulier en philosophie, il faut, de


façon évidente, une idée principale, centrale autour de laquelle tout
s’organise et se structure et qui apporte son unité à tout le développement
qui est fait. Fil conducteur, cette idée principale assure l’unité et l’harmonie
de l’ensemble de la construction de cette étude, de ce mémoire ou de cette
thèse.

1.6. Une dynamique interne aux concepts (la cohérence)

Dans un travail de recherche en philosophie, tout comme en littérature, il


faut que l’argumentation soit soutenue par une dynamique interne des
concepts, dynamique qui, organisée et bien exploitée, renforce
naturellement la cohérence des principaux axes de réflexion et d’analyse.
Il reste qu’en philosophie, un travail de mémoire de Master ou une thèse
de Doctorat peut aussi s’appuyer, selon les types de sujet, sur une démarche
en tout ou partie déductive, sur une démarche inductive ou sur un modèle
hypothético-déductif, sur une démarche dialectique ou encore sur toute
autre démarche opérationnelle.
En principe, les règles fondamentales de la méthode philosophique
peuvent servir aussi en théologie. Cela n’empêche pas les efforts importants
qui sont faits pour des approches méthodologiques propres et pour une
méthode théologique spécifique, comme en témoignent les études et les
ouvrages, par exemple, de Bernard Lonergan 9 , Jean-Claude Petit 10 , Jean-
Pierre Torrell 11 .
2. La méthode théologique
De fait, qu’on le veuille ou non, aujourd’hui, la théologie a acquis ou
conquis son statut de science et son autonomie comme toutes les sciences et
notamment les Sciences humaines et sociales. Henriette Danet et Elvis
Elengabeka affirment, sans ambages, qu’elle est une science et qu’ « elle
est, au même titre que les autres sciences, démonstrative ; elle démontre en
montrant. 12 ».
Mais il reste que la science théologique a quelque chose de particulier
dans son approche : la démarche de la théologie chrétienne notamment se
fonde sur la foi, la foi chrétienne affirmée comme norme de vérité. On ne
peut donc pas faire l’impasse sur la foi, on ne peut pas s’accommoder d’une
démarche théologique sans rapport avec la foi, sans adhésion croyante à la
Révélation.
Si, dans l’absolu, comme ils disent, « on peut concevoir une science
théologique qui se réduise à un ensemble de connaissances non liées à la
foi » 13 , il est raisonnable de penser et de reconnaître avec nos deux auteurs
qu’il est illusoire de croire qu’un athée, qu’un historien agnostique, que
n’importe quel adepte d’une religion non chrétienne est mieux placé pour
étudier, avec plus d’objectivité et de crédibilité, le fait chrétien, de
l’extérieur, sans y être mêlé de près, d’une façon ou d’une autre. C’est
simplement oublier que, malgré toute la bonne volonté et toutes les
précautions d’usage, la neutralité axiologique absolue n’existe pas en
réalité, c’est perdre de vue l’objet, le but, le sens et l’essence même de la
théologie.
Ainsi, la théologie chrétienne, qui est scientifique comme toute autre
discipline par ses méthodes et ses démarches, ne peut se nier elle-même :
elle entend rendre compte d’une foi, elle présuppose la foi, une foi « captive
de l’obéissance au Christ » 14 , selon le mot de Gérard Siegwalt.
Dans la science théologique, sans la lumière de la foi, sans la
connaissance et l’éclairage de la parole de Dieu, l’étude sera foncièrement
biaisée ; on court immanquablement le risque de passer à côté du sens
profond. D’où la nécessité absolue de trouver précisément le point de
jonction et d’ancrage exact entre le donné révélé et le point de réflexion,
choisi pour étude.
Une lecture simplement humaine, rationnelle, une compréhension
cérébrale, une explication scientifique, une herméneutique dégagée de toute
subjectivité, sans le secours et sans le recours à la religion, à la foi, et en la
personne Jésus-Christ, ne peuvent qu’aboutir à un discours théologique
sinon vide, du moins creux, sans réel fondement, sans consistance
objective, sans l’essentiel, la Révélation divine.
Le chercheur en théologie ne peut être une personne sans religion, sans
foi ; le chrétien, chercheur en théologie chrétienne, ne peut se dérober à sa
responsabilité d’homme de science et d’homme de foi, croyant fermement
en Jésus-Christ qui éclaire et donne tout son sens à la théologie. Pour cette
raison, la dimension théologique fondamentale d’une recherche, d’un
mémoire, d’une thèse ne peut être occultée ; elle doit, au contraire, se
traduire et se manifester assez clairement dans l’énoncé même du sujet et
surtout dans la formulation de la question directrice et l’option théologique
choisie (théologie dogmatique, exégétique, morale, historique,
pratique, etc.), étant donné que l’approche théologique varie quelque peu,
selon les branches, avec des orientations particulières et des canons
méthodologiques plus ou moins propres.
Si on peut définir, pour faire vite, la méthodologie comme l’ensemble
des démarches, des attitudes, des indications nécessaires, des règles
méthodologiques à adopter pour une recherche fructueuse, pour réaliser,
concrètement et de la meilleure façon, l’étude en cours, il reste à l’étudiant,
au chercheur, au doctorant, assez de marge pour s’informer et se former afin
de trouver la méthode qui convient le mieux à son sujet et à son cas
d’espèce : la démarche analytique, la démarche synthétique, la démarche
dialectique, la démarche systémique, la démarche descriptive, la démarche
historique, la démarche herméneutique, la démarche exégétique, la
démarche phénoménologique, etc. ?
Il a, à l’évidence, l’embarras du choix ; mais, faire le bon choix est aussi
un signe d’intelligence et de sagacité ! Au chercheur de trouver sa route, le
chemin à emprunter, la voie à suivre, en un mot, la bonne méthode pour
traiter avec assurance, compétence et efficacité le sujet, objet de sa
réflexion et de l’étude entreprise, sans oublier que, de nos jours
l’interdisciplinarité, l’éclectisme ou la combinaison des méthodes ou la
multi-méthode sont de mise et sont bien vus.
En Lettres, Littératures, Arts et Sciences humaines, d’autres méthodes
sont souvent employées ; il faut les présenter aussi.
3. La méthode sociologique
En matière d’approches heuristiques, il existe fort heureusement des
ouvrages importants et intéressants qui font autorité et qui font du bien aux
chercheurs. Les sociologues les connaissent et les jeunes chercheurs ont
tout intérêt à les connaître aussi et à les utiliser dans leurs travaux d’étude et
de recherche. Pour plus d’information, voir les lectures recommandées.
En sociologie contemporaine, l’intérêt des recherches porte davantage
sur le système social étudié, l’expérience et la réalité vécue, sur les faits ou
les phénomènes sociaux observés et en particulier sur l’action décisive des
acteurs ; ce point précisément constitue, de nos jours, l’objet d’étude et un
domaine de prédilection de recherche de nombre de sociologues.
Au niveau de la méthode de recherche en sociologie, il faut connaître les
approches indiquées et conseillées par les auteurs pour trouver sa voie et
pour adopter celle qui convient le mieux pour le sujet choisi et son projet de
recherche.
Pour les travaux de mémoire ou de thèse, la méthode de recherche en
sociologie peut s’avérer opérationnelle et efficace ; pour certains types de
sujet, la démarche déductive ou encore la démarche hypothético-déductive
avec la méthode expérimentale se révèlent des plus adaptées et peuvent
parfaitement faire l’affaire. Aujourd’hui, afin de traiter le sujet avec le
maximum de rigueur et de précision, autrement dit, de façon scientifique et
fructueuse, la plupart des recherches pour des mémoires de Master ou des
thèses de Doctorat ont recours à la sociométrie, c’est-à-dire à la voie
quantitative, aux mesures, aux calculs, aux statistiques. D’où la forte
présence, de plus en plus fréquente, des outils, des techniques et méthodes
de collecte des informations et d’analyse des données : questionnaires,
observations quantifiées, enquêtes, sondages, échantillonnages,
exploitations statistiques, analyses de contenu et de contexte, tris croisés,
analyses factorielles, etc.
4. La méthode historique
Cette méthode, on ne s’en doute pas, fut développée par les historiens
pour l’étude scientifique des faits passés ; mais elle peut servir aussi dans
d’autres disciplines comme l’anthropologie, la sociologie, la politique,
l’économie, la communication, l’autobiographie, le mémoire, le roman
historique, etc.
La spécificité de la recherche historique est qu’elle porte sur des
phénomènes, des événements, des faits passés, définitivement passés,
révolus. Pour étudier ces faits irréversibles sur lesquels on n’a plus de prise,
ces phénomènes qu’on ne peut plus observer directement, ces événements
qu’on n’a pas la possibilité de reproduire, à l’instar des expériences
scientifiques, en laboratoire, les chercheurs historiens se sont donné pour
tâche de remonter justement le cours du temps, de l’histoire en travaillant
sur les traces laissées ou des documents concrets existants. Ceux-ci
permettent d’avoir des données intéressantes fiables, de reconstituer et de
comprendre le fait passé et plus encore d’avoir une idée claire et précise de
la vie passée à travers des traces, des objets, des ouvrages, des œuvres, des
réalisations de toutes sortes laissées à la postérité.
Ces traces et tous ces documents sont les sources d’investigation pour le
chercheur en histoire. Il peut s’agir, par exemple, de ruines et de vestiges du
passé, de manuscrits anciens et de supports d’écriture (tablettes,
parchemins, papyrus, pierres taillées, gravures et dessins, inscriptions dans
des grottes et cavernes), de documents écrits (documents d’archives, traités
internationaux, journaux, mémoires, autobiographies, accords, contrats,
journaux intimes, correspondances officielles ou privées, etc.),
d’enregistrements sonores (cassettes, disques, etc.), de films, de vidéos, de
photographies, de dessins, de tableaux de peinture, d’œuvres d’art, etc.
Pour donner un caractère scientifique à leur recherche, pour faire
véritablement œuvre de science au même titre qu’en physique, en chimie,
en botanique et autres sciences de la nature, les historiens ont dû se doter
d’une méthode propre, spécifique : la méthode historique , conçue
spécialement pour étudier, de façon objective et scientifique, les traces plus
ou moins subjectives du passé.
On peut résumer les grandes étapes de la méthode historique de cette
façon simplifiée. Après le choix du sujet pour étude, le chercheur se doit de
collecter et de répertorier tous les documents et supports susceptibles
d’apporter un éclairage sur le sujet.
L’étape de la collecte des documents terminée, le chercheur s’attache à
leur examen critique. Il s’agit de prendre toutes les dispositions et
précautions intellectuelles et heuristiques pour garantir au maximum la
fiabilité et la crédibilité de l’étude. Et pour cela, il devra croiser et
confronter les données recueillies, soumettre les documents amassés à un
examen critique approfondi visant à faire des vérifications très importantes.
D’une part, par la critique externe, il doit s’assurer de l’authenticité, de la
nature, de l’origine et du contexte d’élaboration des documents pris pour
corpus d’étude ; d’autre part, par la critique interne, il doit, à tout prix,
vérifier la véracité du contenu, l’objectivité et la fiabilité des informations
qui s’y trouvent. Dans tous les cas de figure, il doit se battre pour éliminer,
les fausses informations, les documents erronés, trafiqués, pour vaincre les
difficultés et les obstacles de toute nature qui peuvent se présenter dans son
travail de recherche.
Après l’examen critique qui a porté sur la nature du document et sur le
contenu, le chercheur en arrive à la phase où il se trouve le plus impliqué
dans son étude, où il doit mettre en valeur et en évidence son ingéniosité, sa
capacité d’analyse, d’organisation et de mise par écrit des données
collectées, sa compétence d’historien fait et de chercheur accompli. Il s’agit
de la phase de l’écriture de l’histoire, de la reconstruction du fait passé. Le
chercheur doit s’investir et s’appliquer, avec le maximum de rigueur et de
précision, dans le relevé exact et l’organisation correcte et cohérente des
informations historiques par-devers lui. Il est question, en fait, de
recomposer les éléments, les indices, les données et les informations à sa
disposition pour reconstituer, pour reconstruire, pour écrire l’histoire,
l’histoire passée, la réalité d’antan en lui donnant une image la plus
plausible, la plus objective, la plus proche possible de la vérité, de la réalité
telle qu’elle était à l’époque concernée. Tel est le challenge du chercheur en
histoire ! Telle est l’efficacité de la méthode historique !

Pour conclure, on peut dire avec force que, la bonne méthode – c’est un
truisme de le répéter – permet de ne pas s’égarer et perdre inutilement de
temps en chemin ; elle permet de prendre la voie royale pour avancer avec
assurance, de façon certaine et lucide, pour faire son travail, un travail
organisé, ordonné, avec une cohérence manifeste. Elle permet aussi de
maîtriser progressivement, intelligemment et sûrement son sujet de
réflexion, son objet d’étude, de résoudre sereinement les difficultés qui se
présentent et de réussir, sans encombre, son étude.

Pour en savoir plus, lire :

Méthode philosophique

AKAKPO Yaovi, La recherche en philosophie. De l’intuition du thème à la soutenance de


la thèse , Paris, L’harmattan, 2012

DESCARTES Réné, Discours de la méthode. Pour bien conduire sa raison et chercher la


vérité dans les sciences , Paris, Librairie Générale Française, 2000

CHOULET Philippe, FOLSCHEID Dominique, et WUNENBURGER Jean-Jacques,


Méthodologie philosophique , Paris, PUF, 1992

RUSS Jacqueline, Les méthodes en philosophie , 2 e éd, Armand Colin, Paris, 1996
- Histoire de la philosophie : de Socrate à Fourcault , Paris, Hatier, 1985

RUSSEL Bertrand, La méthode scientifique en philosophie : Notre connaissance du


monde extérieur, Paris, Payot, 1971

MIQUEL Jean, La dissertation philosophique par l’exemple , Paris, Edition Rondil, 1984

Revues des sciences philosophiques et religieuses , 2011, 2012

SIDGWICK Henry, Les méthodes de l’éthique , Paris, PUF, 1998

Méthode théologique

Études théologiques et religieuses : Les méthodes d’analyse structurale, exemple pratique


et répertoire des études dans le domaine biblique, n° 1, 1973
LONERGAN J.F. Bernard, Pour une méthode en théologie, traduit de l’anglais sous la
direction de Louis Roy, collection "Cogitatio Fidei", n°93, Paris, Éditions du Cerf-Éditions Fides,
1978

PETIT Jean-Claude, La Théologie : sa structure, ses méthodes, son histoire, ses


problèmes ; répertoire bibliographique international , Montréal, PUM, 1978

TORRELL Jean-Pierre, « Méthode en théologie et en théologie fondamentale », Revue


Thomiste , Toulouse, 1981, vol 81, n°3

Méthode sociologique

BORLANDI Massimo, MUCCHIELLI Laurent (dir), La sociologie et sa méthode. Les


règles du Durkheim un siècle après , Paris, L’Harmattan, 1996

BOUDON Raymond, Les méthodes en sociologie, PUF, 1973

CAMPENHOUDT Van Luc / QUIVY Raymond, Manuel de recherche en sciences


sociales , 4 e , éd, Paris, Dunod, 2011

COMBESSI Jean-Claude, La méthode en sociologie , 2 e éd, Paris

COULON Alain, L’ethnométhodologie, Paris, PUF, coll. "Que sais-je ?", 1996

DURKHEIM Émile, Les règles de la méthode, 1901 précédé de J.M. Berthelot, Les règles
de la méthode sociologique ou l’instauration du raisonnement expérimental en sociologie , Paris,
Flammarion, 1998

FREYSSINET-DOMINION Jacqueline, Méthodes de la recherche en sciences sociales ,


Paris, Montchrestien, 1997

N’DA Paul, 2015, Recherche et méthodologie en sciences sociales et humaines , Paris,


L’Harmattan, 2015

GAUTHIER Benoît (dir), Recherche sociale. De la problématique à la collecte des


données , 3 e éd, Québec, Presses de l’Université du Québec, 1997
GIACCOBI Michèle, ROUX Jean-Pierre, Initiation à la sociologie, les grands thèmes, la
méthode, les grands sociologues , Paris, Hatier, 1990

GRAWITZ Madeleine, Les méthodes des sciences sociales , 10 e éd, Paris, Dalloz, 1996

LOUBET DEL BAYLE Jean-Louis , Introduction aux méthodes des sciences sociales , 2
e éd. augmentée, Toulouse, Privat, 1986

Méthode historique

BOURDÉ Guy et MARTIN Hervé, Les écoles historiques , Paris, Seuil, 1989

DÉPÉLTEAU François, « La méthode historique », La démarche d’une recherche en


sciences humaines. Bruxelles, De Boeck, 2011, p. 271-293

LANGLOIS Charles-Victor et SEIGNOBOS Charles, Introduction aux études historiques


, Paris, Editions Kimé, 1992

MUCCHIELLI ROGER, L’analyse de contenu des documents et des communications ,


Paris, 8 e Editions Sociales Françaises, 1998

NOUSCHI André, Initiation aux sciences historiques , Paris, Nathan, 1999

THUILLIER Guy, TULARD Jean, La méthode en histoire , Paris, PUF, 1986

Chapitre 3. Les principales méthodes critiques


pour l’analyse des textes

Tout travail de recherche scientifique ou universitaire, on l’a vu, exige


une méthode. Et la méthode, on l’a vu également, est à la fois la voie qu’on
a choisi de suivre, la démarche qu’on a décidé d’adopter pour chercher, la
stratégie mise en place et en œuvre pour avancer dans la recherche et
parvenir au but, celui de découvrir et d’obtenir ce qu’on cherche.
Si les travaux de mémoire et de thèse dans les disciplines littéraires et
autres sont des travaux de recherche, les méthodes et les approches
employées dans ces matières sont naturellement des méthodes de recherche
aussi. Mais, dans le domaine des Lettres et des Langues et en particulier de
la littérature, de l’art, de l’esthétique, plus qu’ailleurs, il s’agit moins des
techniques de recherche, des procédés ou des stratégies de recherche, des
approches méthodologiques, moins des méthodes de recherche que
précisément des « méthodes du texte », des « méthodes d’analyse des
textes », des « méthodes de critique littéraire », ou encore des « méthodes
critiques pour l’analyse littéraire », des « méthode de l’analyse de
discours », etc.
Si, pour certains types de sujet, il s’agit de faire de la recherche sur les
textes, les ouvrages, les œuvres, les auteurs, d’en faire des objets d’étude,
pour d’autres en revanche, il s’agit, pour être exact et plus précis,
d’analyser, d’étudier les œuvres mêmes du corpus ou les documents choisis
comme supports d’étude.
Dans le premier cas, la plupart des différentes méthodes de recherche
indiquées plus haut, peuvent, selon les sujets, convenir et être utilisées avec
beaucoup d’efficacité et de profit, si on sait s’en servir comme il faut. Dans
le second cas d’espèce, ce sont plutôt les méthodes d’analyse ou encore les
méthodes critiques pour l’analyse des textes ou des œuvres littéraires, des
œuvres de création, des œuvres de l’esprit, qui sont les plus appropriées et
les plus performantes. Ce sont ces méthodes d’analyse qu’il faut présenter
ici, et spécialement celles qui sont les plus connues et les plus employées
dans les travaux de mémoire, de thèse et d’article scientifique en lettres,
langues, littératures, arts, etc.
Cet ouvrage expose les principales méthodes utilisées dans les sciences
littéraires, philosophiques, théologiques et autres. La présentation ici est
relativement sommaire étant donné qu’il existe de bons ouvrages sur les
méthodes critiques d’analyse littéraire. Il suffit donc de les consulter pour
de plus amples informations et précisions, mais aussi pour une bonne
exploitation et des applications plus heureuses et plus fructueuses. Dans un
ordre indifférent, nous allons voir, tour à tour, la narratologie, la sémiotique
narrative, la sociocritique, la thématique, la mythocritique, la critique
psychanalytique, la psychocritique, la critique génétique, la pragmatique.
1. La narratologie
Étymologiquement parlant, la narratologie se présente comme un
discours critique qui se déploie pour cerner, saisir et analyser les faits
narratifs. Elle est, à vrai dire, une approche du texte littéraire, inspirée du
structuralisme qui, il est bon de le rappeler, est une approche critique qui
étudie les faits humains en analysant les structures, c’est-à-dire le système
formé par un ensemble de phénomènes liés les uns aux autres.
La narratologie est une approche structuraliste des textes et des œuvres
littéraires ; elle s’est développée à la faveur des travaux des chercheurs
comme Vladimir Propp de l’école des formalistes russes, mais aussi avec
les Claude Lévi-Strauss, Michel Foucault, Greimas, Claude Bremond,
Roland Barthes, Tzvetan Todorov, Julia Kristeva, Umberto Eco, Philippe
Hamon, Japp Lintvelt et en particulier avec Gérard Genette dont les travaux
et les publications (portant sur des aspects particuliers précis) ont pu mettre
au point une terminologie devenue universelle pour cerner le texte narratif.
On peut dire simplement que la narratologie est une approche qui permet
de saisir et d’analyser les composantes du récit ainsi que les mécanismes
par lesquels il se construit. Elle répond à la question : qui raconte quoi et
comment ?
La narratologie s’intéresse par conséquent à l’organisation interne du
récit. Elle cherche à étudier, dans une œuvre, les multiples relations qui se
tissent entre l’histoire et le récit. Autrement dit, le travail narratologique
consiste précisément à analyser la forme et le fonctionnement des textes,
c’est-à-dire leurs structures narratives.
Il faut le redire, ce qui importe essentiellement pour les narratologues, ce
n’est ni le contenu, le message du texte, ni son référent, mais bien
l’organisation, l’articulation des éléments qui le composent, en un mot sa
textualisation. La lecture se veut un défrichage du texte pour discerner du
sens ou pour saisir le sens indiqué.
La démarche narratologique met au jour les diverses catégories
textuelles (même des textes bibliques) à partir desquelles peut s’élaborer
l’interprétation du récit ou de l’œuvre, comme signification. Dans une étude
sur la forme, les techniques et les procédés de création ou d’écriture
romanesque, elle est particulièrement adéquate et performante, étant donné
que la narratologie a introduit et inauguré une nouvelle manière d’aborder
la critique littéraire et une nouvelle façon d’écrire le texte.
2. La sémiotique narrative
Toute sémiotique relève d’une théorie de la production et de la
communication, ou sémiotique générale. La sémiotique, initialement
appelée sémiologie se définit comme la science des signes, ou mieux la
théorie générale des signes et des systèmes de significations linguistiques et
non linguistiques. Elle est, dans le discours littéraire, « l’étroite
correspondance de la forme et du fond » 15 .
La sémiotique littéraire, prolongement des travaux de Saussure, de
Hjelmslev, de Greimas, de Bakhtine, de Roman Jacobson, s’est développée
avec les Tzevetan Todorov, Gérard Genette, Mieke Bal, Michael Riffaterre,
Philippe Hamon, Jean-Claude Coquet, Joseph Courtés, Anne Henault et
autres. Elle permet de comprendre le fonctionnement interne autonome du
texte littéraire et d’analyser les structures formelles et sémantiques d’une
œuvre donnée. S’agissant de la sémiotique narrative, Michael Riffaterre
affirme avec force que :
« L’analyse porte sur le texte lui-même, lequel est immuable ; sur le
rapport interne des mots entre eux, sur la forme plutôt que le contenu ; sur
l’œuvre littéraire comme point de départ d’une chaîne d’événements, non
point d’aboutissement, ou son produit. » 16
La sémiotique narrative repose sur une conception du discours entendu
comme totalité signifiante, c’est-à-dire que le sens d’un texte se dégage du
réseau de relations qu’entretiennent les différents éléments qui le
constituent.
Ainsi donc, l’objet de cette approche critique est, d’abord et avant tout,
le texte comme forme. L’enjeu, pour le sémioticien, n’est pas de découvrir
le sens unique, vrai, faux ou inédit d’un texte, ni non plus de faire la genèse,
l’historique et l’émergence de l’œuvre, de faire connaître l’auteur et sa vie,
mais plutôt d’analyser et d’étudier le travail de construction du texte, c’est-
à-dire la scription , pour emprunter le mot de Georges Pérec. Il s’agit
particulièrement de voir comment l’écriture de tel auteur prend forme, de
mettre en évidence les moyens, les techniques, les stratégies et les procédés
mis en œuvre pour la réalisation du texte littéraire.
Par conséquent, la question cruciale sur laquelle la sémiotique narrative
se fonde n’est pas : que dit le texte ? Ni : qui dit le texte ? Mais plutôt :
comment est dit le texte ? ou mieux comment le texte dit ce qu’il dit ? En
résumé, pour les sémioticiens, l’intérêt réside plus dans les conditions
internes de signification qu’autre chose. C’est pourquoi l’analyse d’un
texte, d’une œuvre donnée suppose qu’on prenne en compte les différentes
structures qui la composent, les dispositions, les procédés, les mécanismes,
les fonctionnements, les divers manifestations textuelles, linguistiques, mais
aussi figuratives, indépendamment de la finalité du texte, de la thématique,
du contenu idéologique de l’œuvre.
Dans la perspective de la sémiotique narrative, on doit être
particulièrement attentif aux signes et non au sens, au message, à l’extra-
texte, car, comme dit Greimas, « toute sémiotique n’est qu’un réseau de
relations » 17 ; de plus, il n’y a de « sens que par et dans la différence »
pour reprendre le mot de Derrida. 18
Avec cette conception formaliste du texte littéraire, la pratique de la
sémiotique narrative et textuelle apparaît nécessaire et même indispensable
dans l’analyse des textes, des œuvres, et précisément dans l’étude des mots,
des codes, des formes selon lesquels des sens sont possibles ; en un mot,
dans l’étude du texte avec toutes ses composantes.
3. La sociocritique
Ce qu’on appelait initialement, avec les Lucien Goldmann, Georges
Lukacs et autres, la sociologie de la littérature, était à la fois une analyse
des institutions et des productions littéraires, du contenu des œuvres à la
lumière des concepts et méthodes sociologiques, et une étude de la
réception.
De la sociologie de la littérature, on en est venu à la socio-critique (en
deux mots), puis à la sociocritique (en un seul mot). Celle-ci, avec les
Claude Duchet, Pierre Zima, Edmond Cros et autres, s’est développée en se
fondant sur de solides assises théoriques. Elle vise le texte comme lieu où
se joue et s’effectue une certaine socialité ; elle considère toute œuvre
comme un produit social. On redécouvre maintenant avec Bonald, depuis le
XIX è siècle, que « la littérature est l’expression de la société » 19 et on
comprend mieux que l’écrivain lui-même comme son œuvre sont des
produits d’une société et que son texte doit être situé et lu dans son contexte
non seulement historique mais plus encore social.
Dans cette perspective, selon Pierre Barberis, la sociocritique
« désignera donc la lecture de l’historique, du social, de l’idéologique, du
culturel dans cette configuration étrange qu’est le texte… » 20
Toute œuvre littéraire en effet porte en elle les traces, les marques et les
stigmates de la société qui l’a vue naître ou qui l’a produite. D’où l’intérêt
et la nécessité de replacer les œuvres de création dans leurs contextes de
production : contexte historique, culturel et linguistique, contexte social,
politique voire idéologique, contexte national et/ou international, la
mondialisation aidant.
La démarche sociocritique permet naturellement d’explorer cet ensemble
de contextes et de hors-textes, qui fournit des informations diverses, riches
et intéressantes sur la société du texte littéraire, l’œuvre produite étant une
représentation, une inscription imaginaire ou une transcription romanesque
du social, de la réalité. On retrouve là le postulat de départ, fortement
affirmé par Claude Duchet dans son article fondateur de la sociocritique 21 ,
postulat que Gérard Gengembre résume en rappelant « la nature sociale du
texte littéraire, la présence constitutive du social en lui ou la fonction
constructive du social dans son élaboration. Le social ne se reflète pas dans
l’œuvre, mais s’y reproduit » 22 .
En effet, l’écrivain n’est jamais tout à fait seul devant sa page blanche,
car il vit dans une société, il appartient à un système de pensée, de vision,
de communication, à un environnement historique, culturel, social,
économique, politique et idéologique qui interagissent sur lui et
conditionnent la conception et la création de son œuvre. Par conséquent,
qu’il le veuille ou non, il distille sa vision du monde, de la société réelle
dans ses œuvres. Ce qui intéresse ou préoccupe au plus haut point la
sociocritique devant une production littéraire, c’est l’examen du texte et
précisément l’analyse des modalités, des voies et des médiations par
lesquelles le discours de la société passe pour se réinjecter dans le texte.
L’approche sociocritique permet de situer la société dans laquelle
l’œuvre prend naissance ; elle prend en compte le texte et son référent
social, comme le souligne Claude Duchet :
« L’enjeu, c’est ce qui est en œuvre dans le texte, soit un rapport au
monde. La visée, de montrer que toute création artistique est aussi pratique
sociale, et partant, production idéologique, en cela précisément qu’elle est
processus esthétique, et non d’abord parce qu’elle véhicule tel ou tel
énoncé préformé, parlé ailleurs par d’autres pratiques ; parce qu’elle
représente ou reflète telle ou telle « réalité ». C’est dans la spécificité
esthétique même, la dimension valeur des textes, que la sociocritique
s’efforce de lire cette présence des œuvres au monde qu’elle appelle leur
socialité » 23
Autrement dit, la démarche sociocritique vise, par-dessus tout, le texte ;
elle est même une lecture immanente ; elle prend en compte le texte et le
cotexte ou le référent social, montre que la société sert de médiation à la
production des œuvres littéraires et qu’on est obligé de passer par elle,
d’autant que « le texte est indissociable du tissu social où il a été produit
(…). La société articule le texte comme le texte articule la société » 24 .
La sociocritique veut donc rendre compte de la double dimension sociale
et esthétique de l’œuvre. C’est pour cette raison qu’ « en maintenant la
tension ou la problématique de l’esthétique et du social, elle se démarque à
la fois des approches purement formelles (…) du texte littéraire et des
approches purement contextuelles, institutionnelles, déterministes » 25 .
Aujourd’hui, la plupart des critiques et théoriciens considèrent la
sociocritique comme une des méthodes des plus sûres, des plus
performantes et des plus complètes parce qu’elle permet de lire et
d’analyser l’œuvre dans sa globalité, du texte au hors-texte et du hors-texte
au texte. Elle aide à lire les œuvres littéraires à la lumière de la société qui a
produit ces textes et leurs auteurs. Ce n’est pas pour rien que, tout compte
fait et bien pesé, les critiques africains, en général, pensent qu’elle est, à
l’heure actuelle, la méthode la plus rassurante, la plus intéressante à plus
d’un égard, et qui s’adapte le mieux aux productions littéraires africaines,
d’autant que l’imagination créatrice et l’acte d’écrire, demeurent, surtout
chez les écrivains africains, fortement tributaires des réalités sociales,
historiques et culturelles, et de plus en plus, de la pression des modèles
littéraires étrangers et universels, avec l’avènement de la mondialisation et
le phénomène contemporain de la « littérature-monde », comme exposé et
analysé dans un article de Pierre N’Da 26 .
4. La critique thématique
La thématique peut se définir comme l’ensemble des thèmes qui
reviennent très souvent à l’intérieur d’une œuvre. De fait, tout texte
littéraire repose, peut-on dire, sur un tiroir de thèmes qui, à l’intérieur du
discours narratif, viennent comme pour donner matière à la stratégie
discursive du narrateur et des fondements à l’histoire racontée.
Quand on parle de thème, il s’agit moins du sujet traité que du matériau
sémantique mobilisé. Le thème, pour la critique thématique, est un réseau
de significations, un élément sémantique récurrent chez un écrivain dans
une œuvre, ou qui revient souvent, se répète d’une œuvre à l’autre. Unité de
signification dans une œuvre d’un auteur, il se caractérise, pour l’essentiel,
par sa récurrence, sa permanence à travers ou malgré les variations du ou
des textes.
La critique thématique est particulièrement attentive à tout ce qui, dans
un texte, relève de la dynamique de l’écriture et de l’effet de sens. Elle
cherche, dans l’œuvre ou dans la totalité du texte concerné, à dévoiler la
cohérence latente, à révéler les parentés secrètes entre les éléments
dispersés.
La critique thématique qui se veut « totale », du fait de sa visée
globalisante, est, on va dire, une analyse de contenu, fondée sur la
pertinence des thèmes récurrents. Elle permet, par une lecture attentive de la
focalisation thématique dans les œuvres étudiées, non seulement
d’identifier ce pour quoi ou ce à propos de quoi ces textes ont été écrits,
mais aussi et surtout de dégager les thèmes obsédants des romanciers.
La critique thématique est une méthode d’analyse intéressante, qui
convient bien pour l’étude des œuvres avec des foyers ou des réseaux de
thèmes aussi variés qu’importants. Les principaux théoriciens de la critique
thématique, qui ont su lui donner des orientations spécifiques, sont Gaston
Bachelard, Georges Poulet, Jean Rousset, Jean Starobinski, Jean-Pierre
Richard, Gilbert Durand et consorts.
5. La mythocritique
De même que le thème est un réseau de significations, un élément
sémantique récurrent chez un auteur, dans une œuvre ou d’une œuvre à
l’autre, de même qu’il existe des thèmes communs qui se répètent et qu’on
retrouve chez plusieurs auteurs dans de différentes œuvres, de même,
Gilbert Durand observe qu’il existe aussi des mythes récurrents, qui sont
repris d’un auteur à l’autre, d’une œuvre à l’autre, d’une époque à l’autre. Il
note aussi que, comme le thème, le mythe se caractérise par sa récurrence,
sa constance, sa permanence, son contenu et sa valeur significative ; il
postule que l’imagination donne sa valeur à l’action et qu’il est donc
possible (les hommes répétant « les décors et les situations dramatiques
des grands mythes ) d’établir une similitude et une continuité entre « les
scenarii significatifs des antiques mythologies et l’agencement moderne des
récits culturels : littérature, beaux-arts, idéologies et histoires ».
A partir de ce constat décisif, Gilbert Durand va, à travers ses recherches
et ses publications, entreprendre de fonder une mythocritique.
La mythocritique est un terme forgé sur le modèle de la psychocritique
(Mauron, 1948) ; elle est née dans les années 1970, à la faveur des
nouvelles orientations des sciences humaines. Son initiateur est le
philosophe, sociologue et anthropologue français, Gilbert Durand.
La mythocritique se donne pour objet de mettre en évidence, dans une
œuvre littéraire, les mythes directeurs et leurs transformations
significatives. Théorie et méthode prenant place dans le mouvement de
revalorisation du mythe à la suite notamment de Claude Lévi-Strauss, la
mythocritique s’intéresse essentiellement aux Mythes littéraires proprement
dits qui se déclinent en « mythes littéraires nouveau-nés » (c’est-à-dire les
récits littéraires prestigieux ayant rejoint les mythes ethno-religieux dans
l’imaginaire des peuples et avec des lieux célèbres qui frappent
l’imagination), les mythes politico-héroïques, les mythes parareligieux et
les mythes critiques. La mythocritique s’intéresse aussi aux variantes du
mythe (schèmes, symboles, archétypes, mythèmes), aux récits structurés par
des détails symboliques, etc.
Par rapport à cet objet, la mythocritique se veut transgénérique,
transhistorique et transdisciplinaire. Le champ sur lequel elle s’exerce est
variable en taille. Il peut aller du simple « titre » aux œuvres d’une aire
culturelle ou civilisationnelle. Mais on retiendra que, plus le champ
d’application est vaste, plus la mythocritique s’exerce avec aisance.
Plusieurs écoles se partagent cette théorie critique. On citera à titre
d’illustration celle de Gilbert Durand et celle de Pierre Brunel. Pour
Durand, le champ de la mythocritique est essentiellement l’imaginaire. Les
objets visés sont évidemment le mythe, mais plus encore ses composantes
que sont les schèmes, les archétypes, les symboles, etc. L’approche
méthodologique se fait en deux phases : d’abord le choix du champ d’étude
et la mise en évidence des traces mythiques, c’est-à-dire des indices de
présence de mythe ; ensuite l’étude du parcours et des transformations de ce
ou ces mythe(s) repéré(s).
Pour Brunel, il s’agit de saisir un mythe particulier irradiant dans un
texte et se présentant comme un des intertextes de ce texte. L’approche du
texte littéraire qu’il propose dans Mythocritique. Théorie et parcours (PUF,
1992), s’articule autour de trois phases : l’émergence, la flexibilité et
l’irradiation.
Terminons cette brève présentation, par le relevé de quelques concepts
opératoires en mythocritique méritant d’être connus : le symbole, le
schème, l’archétype, la figure mythique, le mythème, le décor mythique.
Sur la mythocritique et surtout si on veut l’utiliser comme méthode
d’approche dans le cadre d’un travail de recherche pour un Master ou un
Doctorat, un effort devra être fait pour tirer le meilleur profit de quelques
ouvrages existants sur la question.
6. La critique psychanalytique
L’approche psychanalytique fait partie des nouvelles méthodes critiques
pour l’analyse des textes littéraires. L’application de la psychanalyse à la
littérature et les « lectures psychanalytiques » des œuvres et de textes, qui,
depuis ont cours, sont une résultante fructueuse des travaux de Freud et de
Jacques Lacan. Avec des orientations assez différentes, ils se trouvent être
les fondateurs de la critique psychanalytique. Celle-ci apparaît comme une
incursion dans le langage de l’imaginaire ou mieux un voyage d’exploration
et d’analyse des processus mentaux inconscients d’un sujet et/ou du monde
inconscient construit que révèle l’œuvre.
La méthode psychanalytique s’avère nécessaire pour cerner et surtout
pour comprendre l’être et le faire des personnages ainsi que les motivations
de leurs réactions. Elle convient bien particulièrement pour l’analyse des
œuvres à forte subjectivité littéraire comme le roman psychologique, le
roman autobiographique, l’autofiction, le mémoire, le roman épistolaire, le
roman de science-fiction, etc.
De la critique psychanalytique naît l’approche psychocritique qui, dans la
pratique, tend à se substituer à elle.
7. La psychocritique
La psychocritique est d’inspiration psychanalytique, s’appuyant sur une
approche fondée sur la psyché élaborée par Freud. Elle est une pratique
fondamentale pour nombre de critiques et théoriciens. Ceux-ci trouvent
dans les travaux de Freud et de ses successeurs (dont en particulier Lacan)
un moyen d’analyser les textes pour voir le rôle et l’influence de
l’inconscient sur divers aspects du comportement humain, la psychanalyse
devenant ainsi un instrument au service de la littérature et de la critique en
particulier.
La psychocritique a été créée en 1948 par Charles Mauron quelques
années après ses premiers travaux sur Mallarmé et avec sa thèse, Des
métaphores obsédantes au mythe personnel . Avec ce nouveau mot,
psychocritique, Charles Mauron entendait souligner l’autonomie d’une
méthode spécifique qui doit forger, par elle-même, « ses propres outils » en
fonction de sa vision de l’œuvre littéraire et en fonction de sa visée, la
production esthétique, la création artistique.
Selon l’inventeur de cette méthode : « La psychocritique prétend
accroitre notre intelligence des œuvres littéraires simplement en découvrant
dans les textes des faits et des réactions demeurés jusqu’ici inaperçus ou
simplement perçus et dont la personnalité inconsciente de l’écrivain serait
la source » 27 .
La psychocritique, telle que présentée par Charles Mauron, apparaît à la
fois comme une théorie de la création littéraire et comme une méthode
critique d’analyse des textes, une méthode qui prend particulièrement en
compte « le mythe personnel » 28 de l’auteur, la personnalité du créateur et
précisément la personnalité inconsciente de l’écrivain, « l’auteur devenu
texte » 29 comme dit Jean Bellemin-Noël.
La démarche psychocritique consiste, pour l’essentiel, à relever et à
analyser, dans la totalité de l’œuvre d’un auteur donné, un foyer associatif
ou un réseau d’images constantes, récurrentes, un ensemble ou système de
« métaphores obsédantes ».
Ces images sont sans doute conscientes, mais ce qui est révélateur et
significatif, c’est la pensée qui lie ces métaphores et dont l’organisation
inconsciente ne peut apparaître que grâce à la superposition des situations
dramatiques, à la répétition des champs lexicaux et dans les champs
sémantiques ou à la récurrence des phénomènes stylistiques.
La méthode psychocritique permet ainsi de mettre en évidence
l’association d’idées involontaires sous les structures concentrées du texte,
de découvrir la vie d’un écrivain à la lumière de son œuvre, en mettant au
jour le fantasme fondamental dont les différents textes révèlent, chacun, à
sa manière, des aspects.
8. La critique génétique
Le point de départ de la critique génétique réside dans le constat que
toute œuvre littéraire, avant d’être ce qu’elle est devenue, est passée par
diverses phases : elle est le résultat d’un travail qui s’est effectué
progressivement, diversement, souvent sur une ou plusieurs années.
Parfois, l’auteur a écrit spontanément, selon son inspiration du moment,
sur des pages au brouillon, dans un carnet, sur une feuille volante, sur des
bouts de papier et même dans sa main ; parfois, il a cherché des ouvrages,
des œuvres, des documents, il les a lus, il a pris des notes. D’autres fois, il a
pris le temps de chercher des documents, des informations ici et là sur telle
préoccupation, tel problème, telle question, sur tel aspect du sujet qu’il veut
traiter, sur tel et tel type de personnages qu’il veut mettre en scène, sur tel et
tel lieu, tel événement, tel fait historique, sur telle situation sociale
économique, telle affaire politique, sur telle ou telle façon d’écrire un
roman ou une pièce de théâtre, etc.
La critique génétique concerne la dimension temporelle du texte depuis
que l’auteur a eu l’idée de faire un livre et a commencé à écrire jusqu’à ce
que le manuscrit aboutisse à un tapuscrit et au texte définitif avant de
devenir un livre.
La naissance de l’œuvre a naturellement laissé des traces. Ces traces
matérielles sont constituées par les notes, les écrits, les brouillons, les
esquisses et autres qui ont servi à la confection du texte de l’œuvre. C’est
cet ensemble de ce que les théoriciens de la genèse appellent « documents
de rédaction » ou « manuscrits de l’œuvre », produits, réunis et parfois
conservés par l’écrivain, qui intéresse la critique génétique comme support
et objet d’étude.
À côté ou en plus du texte manuscrit, devenu tapuscrit avant d’être édité
en tant que livre, il y a tous ces manuscrits qui restent, s’ils n’ont pas été
détruits ou perdus. Et c’est précisément ces « documents de travail »,
écrits de la main de l’auteur, que la génétique textuelle se propose de
retrouver et élucider, que la critique génétique analyse, étudie et interprète.
Notons, en passant, la distinction qu’il convient de faire, pour éviter la
confusion entre les deux termes. Et Pierre-Marc de Biasi, spécialiste dans ce
domaine, nous y aide lorsqu’il apporte une clarification nécessaire, tout en
précisant leur but commun : « la génétique textuelle (qui étudie
matériellement les manuscrits, qui les déchiffre) et la critique génétique
(qui cherche à interpréter les résultats de déchiffrement) n’ont pas d’autre
but que celui de reconstituer une histoire du « texte à l’état naissant » en
cherchant à y retrouver les secrets de fabrication de l’œuvre. » 30
L’approche critique permet d’analyser, sous tous ses aspects, tous les
écrits, les brouillons, les ébauches, bref tout « l’avant-texte » pour faire
découvrir les modifications, les transformations, les rajouts, les
suppressions, les ratures, etc. qui se trouvent dans le texte à l’état naissant,
et toutes les corrections, tous les amendements et remaniements faits avant
la sortie ou la publication officielle de l’œuvre.
La critique génétique a pour objet d’étude, « les manuscrits de
l’œuvre », et pour projet, l’étude de la genèse matérielle de l’œuvre, et elle
s’y emploie. C’est une approche d’avenir qui se montrait prometteuse et
fructueuse dès le départ, dès les premières études génétiques des textes et
des œuvres littéraires notamment.
Ainsi, depuis ses débuts, des études de genèse littéraire ont été
effectuées sur des manuscrits de grands romanciers comme Balzac,
Flaubert, Zola, Proust et autres. Pour exemple, citons seulement deux titres
d’ouvrages réalisés en la matière sur Flaubert : La genèse de « Madame
Bovary » 31 et Carnets de travail de G. Flaubert 32 .
En Afrique, des recherches de génétique textuelle sont en cours sur des
auteurs comme Ahmadou Kourouma, Sony Labou Tansi, Jean-Marie
Adiaffi et autres. De même, des études, des thèses avec une approche
génétique ont commencé ; d’autres sont déjà soutenues. C’est le cas de la
thèse de Jean-Francis Ekoungoun dont il a tiré un ouvrage 33 . Il est membre
d’un groupe de recherche sur les manuscrits et projets d’écriture laissés par
Kourouma.
La critique génétique apparaît comme la méthode appropriée et des plus
efficaces pour des études de genèse littéraire. Elle a beaucoup évolué avec
la constitution de ses propres fondements théoriques, mais aussi avec
l’apport d’autres méthodes critiques comme la psychanalyse littéraire, la
psychocritique, la sociocritique, la sémiotique textuelle, la critique
textuelle, etc. Mais la génétique textuelle et la critique génétique
n’entendent pas se satisfaire d’un rôle secondaire, d’un rôle de méthode
auxiliaire. Pour un travail de mémoire ou de thèse, il y a tout intérêt à
s’informer et à se former davantage avec les ouvrages et articles
disponibles.
9. La pragmatique
La pragmatique est une des dernières-nées des méthodes critiques
d’analyse ; elle n’a pas encore fini de se constituer entièrement en tant que
véritable méthode, avec ses propres fondements théoriques et une pratique
établie. Elle a débuté avec Charles Morris 34 qui est le premier à la définir.
Selon sa conception, la pragmatique « traite des relations entre les signes et
leurs utilisateurs » 35 . Mais, se limitant seulement à l’étude des pronoms de
la première et de la deuxième personne et à celle des adverbes de lieu et de
temps, Charles Morris laissera la discipline, pour ainsi dire, en herbe et elle
aura du mal à se développer. On note que « la pragmatique était restée un
mot qui ne recouvrait aucune recherche effective » 36 . Il a fallu des travaux
de John Langshaw Austin 37 pour la relancer et redynamiser les recherches.
Contestant la tradition selon laquelle le langage servait principalement à
décrire la réalité, Austin démontre que le langage sert à accomplir des actes,
que ce soit des actes de langage ou des actes littéraires . Il montre que toute
énonciation a nécessairement une dimension « illocutoire » . Il détermine
trois sortes d’actes de langage : le locutoire (dire), l’illocutoire (faire) et
perlocutoire (faire faire). Selon lui, tout énoncé (locution) contient un acte
(illocution) qui vise à agir (perlocution) sur le monde plutôt qu’à décrire.
Dans son étude sur la pragmatique, Philippe Blanchet s’emploie à
clarifier les trois actes de langage, établis par Austin. Il écrit :
« L’acte « locutoire », la locution, est le simple fait de produire des
signes vocaux selon le code interne d’une langue. L’acte « illocutoire »,
l’illocution, consiste à accomplir par le fait de dire un acte autre que le
simple fait d’énoncer un contenu, et notamment en disant explicitement
(mais pas toujours) comment la locution doit être interprétée dans le
contexte de son énonciation. Enfin, l’acte « perlocutoire », la perlocution,
consiste à produire des effets ou des conséquences sur les interlocuteurs
(comme un mouvement, la peur, le rire ou le chagrin). Toute énonciation
fait toujours intervenir, en fait, ces trois aspects de l’acte de langage à des
degrés divers » 38 .
À ce qu’il apparaît, la pragmatique se présente bien comme « une
science de la communication », une étude des dispositifs
communicationnels et en particulier de l’énonciation littéraire. Il y a
toujours, d’une façon ou d’une autre, une relation de coopération entre celui
qui parle ou écrit et le destinataire, le lecteur qui comprend ce qui est dit.
La pragmatique s’intéresse donc à tout ce qui touche à l’efficacité du
discours en situation et aux effets de langage ; sa démarche vise à mettre en
évidence les phénomènes d’interaction et de réflexivité dans le déploiement
des stratégies de communication.
Appliquée à la création littéraire, aux œuvres littéraires qui ne sont pas
de simples énoncés comme les autres, la pragmatique permet de lire les
textes et d’analyser la vie de l’écrivain dans son rapport avec l’œuvre, la
situation d’énonciation, les dispositifs de communication, les relations et les
interactions entre l’auteur, le lecteur directement ou par narrataire interposé.
L’application de la pragmatique, par exemple, au paratexte des romans,
suppose une « machinerie paratextuelle » destinée à convaincre, à attirer le
lecteur et lui donner envie de lire et de participer à l’activité énonciative et
par là à la construction de l’œuvre et d’un monde possible. Mais ce langage
tacite, modélisant le paratexte, ne peut être saisi sans une analyse du
contexte. C’est pourquoi Dominique Maingueneau, en ce qui concerne
l’œuvre littéraire, invite à ne jamais dissocier le texte et son contexte,
convaincu que « en se développant autour d’une réflexion sur l’interaction
énonciative et sur la pertinence contextuelle des énoncés, les courants
pragmatiques ont fait de la réflexion sur les genres un axe majeur de toute
approche des énoncés » 39
La pragmatique préconise donc une nouvelle critique, des changements
fondamentaux dans la conception et l’interprétation de l’œuvre littéraire.
À l’intersection de plusieurs méthodes d’analyse, la pragmatique est
ouverte : elle ouvre le champ à d’autres approches critiques qui la
prolongent, la complètent et la rendent plus opérationnelle. Des méthodes
d’analyse comme la thématique, la psychanalyse, la psychocritique, la
sociocritique, des méthodes d’approche de la linguistique, de la
communication et autres lui sont d’un grand soutien. Pour plus amples
informations et afin de pouvoir l’utiliser pour un travail de mémoire, de
thèse ou même pour un article scientifique, il faut se référer aux ouvrages
intéressants sur la pragmatique.
On vient de faire le tour des principales méthodes critiques pour
l’analyse littéraire. Il convient de noter que, pour certains types de sujets et
de disciplines, notamment dans le domaine de la poésie, de la stylistique, de
la grammaire, de la civilisation et autres, les méthodes usuelles citées et
couramment utilisées partout ne conviennent pas, ne sont pas toujours
applicables dans le concret. Pour ces cas, à défaut d’une méthode constituée
et reconnue comme telle, le chercheur, le doctorant peut, avec l’aide de son
directeur de recherche, mettre au point une démarche méthodologique
intelligente, cohérente et opérationnelle, une approche spécifique pour
traiter convenablement son sujet. Nul n’ignore d’ailleurs que toutes les
méthodes ont leurs limites et que l’essentiel est d’avoir un outil de travail
performant et efficace. Il suffit de savoir s’en servir. Il faut donc éviter de
s’enfermer, à tout prix, dans une méthode au point d’y perdre son bon sens !

Pour en savoir plus, lire :

Les Méthodes critiques

BERGEZ Daniel et al , Introduction aux méthodes critiques pour l’analyse littéraire,


Paris, Bordas, 1990

BRUNEL Pierre, Mythocritique, théories et parcours, Paris, PUF, 1992

CHARTIER Pierre, Introduction aux grandes théories du roman , Paris, Bordas

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MYTHOCRITIQUE.
Dictionnaire , Paris, L’Harmattan, 2003

CROS Edmond, La sociocritique , Paris, L’Harmattan, 2003

DELCROIX Maurice, HALLYN Fernand (dir) Introduction aux études littéraires.


Méthodes du texte , Paris-Louvain-la-Neuve, Duculot, 1990

DUCHET Claude (dir), sociocritique , Paris, Nathan, 1979


GARDE-TAMINE Joëlle, HUBERT Marie-Claire, Dictionnaire de critique littéraire , A.
Colin, 1993

GENGEMBRE Gérard, Les grands courants de la critique littéraire , Paris, Seuil, 2007

JOUVE Vincent, Poétique du roman , Armand Colin, 2007

RAVOUX RALLO Élisabeth, Méthodes de critique littéraire , Paris, A. Colin, 1993

REUTER Yves, Introduction à l’analyse du roman , Paris, Dunod, 1991

STALLON Yves, Écoles et courants littéraires , A. Colin, 2007

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La narratologie

ADAM Jean-Michel, Le texte narratif , Paris, Nathan, 1985

BAL Mieke, Narratologie , Paris, Klincksieck, 1977

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GENETTE Gérard, Figures III , Paris, Seuil, 1972


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HENAULT Anne, Narratologie, sémiotique générale, Paris, PUF, 1893

LINTVELT Jaap, Essai de typologie narrative : Le point de vue , Paris, Cortis

La sémiotique narrative
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COQUET Jean-Claude, Sémiotique littéraire , Tours, Mame, 1973

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CHABROL Claude (dir), Sémiotique narrative et textuelle, Paris, Larousse, 1973

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Sociocritique

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« Fondement d’une sociocritique. Propositions méthodologiques et application au cas de
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MAINGUENEAU Dominique, Le contexte de l’œuvre , Paris, Dunod, 1993

Chapitre 4. Les méthodes et leur application


pratique

Que ce soit les méthodes de recherche, les approches méthodologiques


ou les méthodes critiques d’analyse, il s’agit toujours et sans conteste de
méthodes. Il faut donc le redire avec insistance : on ne peut plus et on ne
doit plus faire aujourd’hui une thèse, un mémoire, un article scientifique,
sans méthode, au hasard, d’instinct, approximativement. Il faut toujours et
absolument avoir recours à une approche, à une démarche méthodologique,
à une méthode élaborée ou à plusieurs méthodes. En effet, celles-ci existent
dans des livres appropriés ou spécialisés et sont également enseignées dans
des cours de méthodologie et/ou d’initiation à la recherche ou encore dans
des séminaires doctoraux. D’une façon ou d’une autre, un chercheur, un
doctorant doit connaître les méthodes pour pouvoir adopter celle ou celles
qui s’adaptent le mieux à son sujet et à la recherche entreprise.
L’enseignement des méthodes et de la méthodologie de la recherche ne
devrait pas être une option facultative, mais un cours à temps complet et
obligatoire pour les étudiants inscrits en Master ou en Doctorat et même
pour tout chercheur.
1. Les méthodes : des outils de
travail, des moyens
opérationnels efficaces
Il faut souligner, à grand traits, que le manque de méthode dans un
travail de recherche scientifique ou universitaire entraîne une débauche
inutile d’énergie et une perte de temps. Le chercheur est poussé à l’errance
intellectuelle et à des extrapolations heuristiques hasardeuses. Il est conduit
à marcher dans le vide, comme à l’aveuglette, à chercher partout, à tâtons et
péniblement, comme dans l’obscurité, une main secourable, à attendre
désespérément l’intervention providentielle, à point nommé, d’un maître à
penser ou une brusque intuition lumineuse géniale pour débloquer la
situation afin de sortir de la confusion et de l’impasse et de redynamiser des
énergies gâchées en rechargeant les accus.
De fait, les méthodes d’approche et d’analyse sont des moyens
opérationnels indispensables, des outils de travail efficaces à la disposition
des chercheurs et des doctorants. Ceux-ci doivent savoir s’en servir,
intelligemment, pour effectuer leurs recherches et obtenir de bons résultats,
des résultats fiables et dignes d’intérêt. Dieu merci, des méthodes existent ;
il faut les connaître afin de les utiliser à bon escient ! C’est ce que veut dire
Mathieu Guidère lorsqu’il écrit, en forme de conseil et d’invite pour le
jeune chercheur :
« Chaque discipline, chaque domaine de recherche, possèdent des
théories instituées et des méthodes éprouvées. Il incombe à l’étudiant-
chercheur de les connaître et d’en apprécier le fondement et les postulats
avant d’engager sa propre recherche (…) Il faut s’enquérir et s’imprégner
des méthodes existantes. » 40
Selon les sujets, les objectifs de l’étude, la problématique formulée, les
méthodes d’approche peuvent varier et elles varient effectivement d’un
domaine à l’autre, d’une discipline à l’autre. En fonction de l’aspect précis
du domaine ou de la matière qu’on a choisi d’étudier, on peut recourir à
certaines méthodes d’analyse plutôt qu’à d’autres. Au chercheur d’être
perspicace et donc de choisir intelligemment l’outil qui convient le mieux à
son cas d’espèce, c’est-à-dire l’outil adéquat, le plus approprié, le plus
adapté et le plus performant pour réaliser son étude.
On peut dire, avec quelque excès, que toutes les méthodes, à la limite, se
valent, mais elles valent surtout par ce qu’on en fait. En fonction du type de
travail qu’il a à faire, un paysan par exemple peut utiliser une machette, une
houe, une hache, une tronçonneuse ou un tracteur ou même un bulldozer ;
de même, dans le domaine de la recherche universitaire et notamment dans
la rédaction d’un mémoire ou d’une thèse, le jeune chercheur doit être
suffisamment imprégné des méthodes existantes et avoir assez d’éclairage
et de discernement pour choisir parmi toutes, celles qui sont à sa portée,
celles qui siéent le plus à son travail.
D’ailleurs, le choix judicieux d’une méthode idoine est, à coup sûr, un
signe d’intelligence et de perspicacité, une marque de pertinence et de
compétence ; cela fait partie intégrante d’une stratégie de recherche,
stratégie qui doit nécessairement cadrer avec la problématique construite et
les hypothèses faites.
Quelle(s) méthode(s) ou quelle approche méthodologique utiliser ?
Pourquoi celle-ci plutôt que celle-là ? Pourquoi les deux ?
Dans quelle mesure, telle méthode ou telle approche peut-elle contribuer
à expliciter, à analyser le sujet et à régler le problème pour lequel cette
recherche est menée ? Le masterant ou le doctorant de Lettres et en
particulier de littérature, par exemple, doit recourir aux méthodes critiques
pour l’analyse littéraire (la narratologie, la sémiotique, la critique
thématique, la critique génétique, la sociocritique, la mythocritique, la
critique psychanalytique, la psychocritique, la pragmatique, etc.). Mais, il
doit être au fait de ces méthodes. Il doit montrer par ses réflexions, par ses
analyses, ses observations, ses remarques et même par ses réserves et
critiques, qu’il connaît bien la ou les méthodes dont il parle ; il doit les
exposer, de façon intelligente et convaincante, en rappelant leur contexte
d’émergence sur la scène de la critique littéraire, leur évolution depuis le
début, les divergences entre les théoriciens, les critiques et les
méthodologues eux-mêmes, les nouvelles tendances actuelles, mais aussi
leurs éventuelles limites ou insuffisances. Il s’évertuera à faire ressortir la
pertinence et l’intérêt de ces méthodes pour son sujet ou pour telle ou telle
partie de l’étude.
Si un étudiant, un chercheur ne maîtrise pas bien une méthode et ses
possibilités d’application, il risque, non seulement de montrer son incurie et
son incuriosité, mais d’étaler ses carences, ses insuffisances, en un mot, son
ignorance, tout en se rendant ridicule lui-même, avec, malencontreusement,
des résultats erronés et des interprétations tendancieuses, fantaisistes ou
carrément fausses. S’il s’inspire seulement d’une méthode, il doit expliquer
l’adaptation qu’il en fait, l’option qu’il prend et la manière personnelle de
l’appliquer à son travail.
2. Une méthode ou plusieurs
méthodes ?
Pour un travail de recherche de la taille d’un mémoire de Master ou de la
dimension d’une thèse de Doctorat, normalement, une seule méthode, bien
expliquée et bien exploitée, peut suffire, mais il y a des cas, surtout en
thèse, où il est préférable de recourir à plusieurs méthodes par nécessité. On
peut donc associer, de façon intelligente, lucide et bénéfique, deux, trois ou
quatre méthodes qui se complètent et se contrôlent réciproquement,
compensant les limites, les insuffisances de l’une par les forces de l’autre, et
cela selon les parties, selon les aspects spécifiques du sujet traité et
l’orientation donnée à la recherche.
On ne doit pas avoir peur d’employer plusieurs méthodes, si nécessaire.
Choisir une seule méthode et s’en tenir exclusivement à elle seule, là où
plusieurs s’imposent à l’évidence, c’est manquer de maturité, de
discernement, de perspicacité et même de bon sens simplement en se
montrant bêtement limité comme si les méthodes étaient des alternatives
qui s’excluent mutuellement, de toute façon.
Du reste, dans le champ de la critique littéraire, il y a une
interdisciplinarité enrichissante, et l’éclectisme des méthodes et leur
judicieuse combinaison sont bien vus, étant considérés plutôt comme un
atout bénéfique et d’un grand intérêt. La multi-méthode permet de traiter
convenablement la question soulevée sous tous ses aspects et dans tous les
contours de sa signification. En effet, c’est en termes d’analyse concrète de
sa signifiance et des résultats obtenus que se perçoivent la performance et
l’efficacité des méthodes d’investigation textuelle. Par ailleurs, l’association
de plusieurs méthodes qui se complètent à l’analyse, peut au contraire
s’avérer judicieuse et très bénéfique dans certains cas, avec de sujets de
type notionnel ou conceptuel notamment. Par exemple : Étude des
dispositifs paratextuels dans les romans de science-fiction de Stefan Wul ;
par exemple encore Jeux et enjeux de la déconstruction dans l’écriture
romanesque de Marguerite Duras
Ici une démarche méthodologique plurielle, une multi-méthode est
d’autant plus justifiée que le "paratexte" et la "science-fiction" d’une part, et
la " Déconstruction" d’autre part sont des notions et concepts relativement
récents qui n’ont encore d’assises théoriques, complètement établies et dont
l’approche, de ce fait, n’est pas aisée. Comme toute chose nouvelle, il
convient de circonscrire et d’analyser le sujet et toutes les notions sur
lesquelles il repose, avec plusieurs approches afin de mieux l’appréhender
et le traiter de façon satisfaisante et fructueuse.
La combinaison des méthodes a beaucoup d’avantages, à bien des
égards, surtout si on sait les harmoniser et s’en servir là et comme il faut.
On doit faire attention pour ne pas tomber dans un éclectisme de mauvais
aloi, superposant au hasard et inutilement des méthodes, l’une après l’autre,
sans raison et sans logique. Dans ce cas, il vaut mieux une seule méthode,
même insuffisante qu’une multitude de méthodes disparates, mal assimilées
et mal employés.
On l’aura compris : les méthodes sont les moyens d’investigation, des
outils de travail, des stratégies d’opérationnalité et d’efficacité ; en somme,
des méthodes à adopter, à suivre pour atteindre les buts et les objectifs fixés
et pour parvenir enfin à la réalisation et à la rédaction du mémoire ou de la
thèse en chantier depuis des mois ou des années.

Chapitre 5. La structure IMRAD et les


méthodes de la rédaction scientifique en
Lettres, Littératures et Sciences humaines et
sociales

Devant la variété et la diversité des pratiques de rédaction et de


présentation des thèses et autres travaux de recherche, le souci préoccupant
d’une structure commune, d’une structure simple, homologuée, s’est fait de
plus en plus sentir comme un besoin dans les milieux de la recherche
scientifique et dans les universités. À ce désir constant d’harmonisation, de
simplification et d’uniformisation de la rédaction scientifique et de la
présentation formelle de tout travail de recherche s’est ajoutée et imposée,
comme une nécessité impérieuse, la préoccupation de rigueur scientifique et
d’une démarche heuristique performante.
1. Le modèle IMRAD et son
évolution
La structure IMRAD, avec quelques décennies, a connu une évolution
assez notable pour mieux s’adapter aux travaux de recherche depuis les
rapports de recherche, les articles scientifiques jusqu’aux mémoires de
Master et aux thèses de Doctorat. Les adaptations du schéma initial et
original ont abouti à des restructurations plus ou moins appropriées aux
différents types de travaux universitaires et scientifiques. Rappelons
d’abord les fondements et les composantes de la structure IMRAD.

1.1. Un plan standard préétabli : 4 questions, 4 sections ou


chapitres

Il est important de rappeler ici que c’est la volonté d’harmoniser les


pratiques rédactionnelles et le souci de la qualité des travaux, avec une
rigueur scientifique établie, qui ont amené les chercheurs à mettre en place,
un plan standard, une structure de présentation type, communément appelée
IMRAD. Cet acronyme est obtenu par la siglaison des mots anglais qui sont
les intitulés des quatre (4) sections ou chapitres d’un article scientifique :
Introduction, Materials and Methods, Results And Discussion, ce qui
donne normalement IMMRAD, avec l’inclusion du second « And ». Mais,
avec la suppression de Materials, l’abréviation est réduite à IMRAD et
l’acronyme correspond ainsi exactement aux quatre (4) mots dont il est
formé.
Comme modèle, la structure IMRAD, conçue par les scientifiques dans
le système américain et, au départ, pour la publication des articles originaux
dans les revues scientifiques (journal en anglais), a été bien perçue non pas
comme « un format de publication arbitraire, mais un reflet du processus
de découverte scientifique ».
Elle a été adoptée pour les travaux de recherche et dans la plupart des
universités aux États-Unis et au Canada voisin et dans les pays anglo-
saxons. Mais, curieusement, elle ne semble pas avoir reçu la faveur du
système français, et la plupart des Facultés ou UFR de Lettres, Littératures
et Sciences humaines en France et dans les pays africains francophones ne
l’ont pas adoptée. Elles en sont restées au plan spécifique, construit par le
chercheur lui-même, mais suscité par le sujet ou la spécialité. Il n’empêche
que, avec l’internationalisation du système américain, la structure IMRAD a
fait et continue de faire son chemin : elle s’est instaurée progressivement et
s’impose ici et là dans le monde. Elle est même obligatoire aujourd’hui
dans des revues et périodiques scientifiques internationaux de renom, très
exigeants et très à cheval sur les normes, les normes internationales établies.
Pour l’intérêt et la commodité de la structure IMRAD, modèle standard
international réputé, elle mérite qu’on y prête attention, qu’on s’y arrête
pour la présenter afin de mieux la faire connaître et s’en servir
judicieusement.
Cette structure, simple mais pratique, a l’avantage, assure-t-on, de
présenter à la fois la démarche scientifique adoptée, les différentes étapes
franchies dans la conduite de l’étude entreprise et aussi les éléments
fondamentaux ou les rubriques constitutives du contenu de la recherche,
avec des résultats obtenus. Les thèses et autres travaux de recherche
scientifique ou universitaire ont désormais une structure de présentation
type, la même pour tous. Celle-ci se compose de quatre (4) sections ou
chapitres et est articulée et organisée pour répondre intelligemment et
pertinemment à quatre (4) questions capitales précises, correspondant à
chacun des quatre (4) grands points :

1. Pourquoi cette recherche a-t-elle été faite ? ( Introduction )

2. Comment a-t-elle été menée ? ( Matériel et méthodes )

3. Qu’a-t-on observé, trouvé, obtenu ? ( Résultats )

4. Que pense le chercheur des résultats obtenus ? Que valent-ils, que signifient-ils, quelle(s)
interprétation(s) donner ? ( Discussion)

On l’a vu, ces questions fondamentales forment et constituent, avec le


« And » inclus, le sigle IMMRAD, réduit à IMRAD. Évidemment,
l’IMRAD se termine naturellement par une conclusion, même si cette
dernière n’apparaît pas, de façon formelle et explicite, dans l’acronyme.
Ainsi, l’idéal est que tous les travaux de recherche adoptent et suivent le
même cheminement pédagogique : des questions, des hypothèses, une
enquête, une analyse, des résultats, une discussion et des conclusions. Par
commodité et surtout par souci de rigueur scientifique et d’harmonisation
des pratiques rédactionnelles, la tendance actuelle est de généraliser la
structure IMRAD et de l’étendre à tous les travaux de recherche quels qu’ils
soient.
Sur la base de ce plan préétabli, de ce schéma standard, on estime qu’un
travail de recherche peut valablement se faire avec toutes les garanties de
réussite. Il suffit, on va dire, que le doctorant ou le chercheur s’en donne la
peine, qu’il ait des aptitudes pour la recherche, des capacités intellectuelles
et une compétence réelle dans son domaine d’investigation. Pour y arriver,
il doit s’employer à écrire, comme il se doit, les quatre (4) composantes
constitutives de l’IMRAD : 1 – une introduction ; 2 – une description du
matériel et des méthodes ; 3 – une présentation des résultats obtenus après
analyse ; 4 – une interprétation et une discussion des résultats.

1.2. Un schéma IMRAD en trois (3) étapes

Prévue au départ pour des articles portant sur des recherches originales,
mais aussi pour les rapports de recherche de tout genre, la structure
IMRAD, il faut le savoir, se compose, tout compte fait, de trois (3) grandes
étapes :
1.2-1 Une partie introductive qui présente le sujet, le situe dans un
contexte ou dans un cadre de référence, élabore la problématique, formule
la question de recherche, l’objectif principal, une hypothèse à vérifier.
1.2-2 Une partie centrale qui présente le travail de recherche
effectivement fait. Elle se subdivise en réalité en trois (3) chapitres : le
matériel et les méthodes, les résultats, la discussion.

1. 1-Le chapitre relatif aux « Matériel et Méthodes » consiste à décrire


les outils et les instruments utilisés, mais aussi et surtout les sujets
ou les objets étudiés : sujets d’enquêtes (ou « enquêtés »), objets
d’observation scientifique (matériel humain, animal, végétal,
matériel culturel ou littéraire, corpus d’œuvres, de textes ou de
documents de toute nature, etc.) Ce chapitre décrit aussi, dans un
second temps, les méthodes et les techniques employées ; par
exemple, les moyens de mesure ou d’observation, les techniques de
collecte des données et informations, les techniques d’évaluation
statistique, les stratégies de vérification, etc.

2. 2-Le chapitre des « Résultats » expose les résultats obtenus après


analyse des observations, des données et des expérimentations.

3. 3-Le chapitre relatif à la « Discussion » consiste à expliquer, à


apprécier, à critiquer, à discuter les principaux résultats par apport
au problème de recherche, aux questions posées, aux hypothèses
formulées et notamment par rapport aux résultats des autres études
scientifiques connues. Cette partie centrale, la deuxième étape,
longue, plus développée, avec ses trois (3) chapitres, constitue
l’essentiel de l’étude et correspond ailleurs, en Lettres, Littératures
et Sciences humaines en général, à ce qu’on a l’habitude d’appeler
« le développement du sujet » et contient effectivement « le corps
de l’étude. »

1.2.3. La partie finale ou la conclusion, dans un premier temps,


récapitule l’essentiel de ce qui a été fait par rapport à la problématique
formulée, avec la question principale et les questions annexes, les objectifs
visés, les hypothèses émises ; elle rappelle aussi les résultats obtenus et fait
le point de la discussion. Dans sa deuxième composante, qui est d’ordre
prospectif, elle fait des observations, des remarques et des mises au point
sur certains aspects, indique des pistes de réflexion, des sujets de recherches
en perspective, et, si possible, des projets d’études et de publications sur la
question traitée et d’autres sujets connexes dans le même espace cognitif.

1.3. Le modèle IMRAD et sa restructuration pour les thèses et


mémoires
Le schéma IMRAD, pour s’appliquer aux travaux de recherche de
grande envergure comme les mémoires et les thèses, a dû s’adapter et
connaître quelques rajustements, et particulièrement pour ce qui est de la
thèse de Doctorat.
Avec le système américain qui s’impose dans le monde, la thèse de
Doctorat est, de nos jours, perçue et considérée comme une sorte de gros
rapport de recherche dans un domaine donné, sur un sujet précis, ou encore
une communication de résultats de recherche effectuée en répondant aux
quatre (4) questions déterminantes qui constituent les quatre (4) sections ou
chapitres de la structure IMRAD. Pour répondre et correspondre à
l’orientation actuelle et aux normes et pratiques de la thèse, des
propositions ont été faites, visant à l’amélioration du schéma standard
initial.
Parmi les auteurs, il y a ceux qui contribuent indirectement, mais de
près, à faire évoluer l’IMRAD avec son contenu. Dans leurs ouvrages
respectifs, bien qu’ils se gardent de parler d’elle, de la désigner
nommément, on perçoit tout de même la démarche et l’esprit de l’IMRAD
avec tout le vocabulaire caractéristique et les éléments syntaxiques qui
l’accompagnent ou l’entourent. C’est le cas, par exemple, lorsque Gordon
Mace et François Pétry41 présentent les trois (3) parties que compte
habituellement un rapport de recherche bien fait :
« Une partie introductive où l’auteur reprend la formulation du
problème, l’énoncé de la question de départ et l’hypothèse, ainsi que la
présentation du cadre opératoire et de la démarche.
la partie centrale du rapport consiste en la présentation et la discussion
des résultats de l’analyse.
la conclusion fait le point sur la vérification de l’hypothèse, critique la
méthode utilisée et enfin dessine de nouvelles pistes de recherche »

Pour sa part, Marie-Fabienne Fortin est, sans nul doute, une des
personnes qui, bon gré mal gré, ont fait la promotion de la structure
IMRAD sans jamais mentionner explicitement cet acronyme. L’allusion est
évidente lorsqu’elle explique que, quelle que soit la modalité de la
communication des résultats, le contenu d’un rapport de recherche
comprend généralement « quatre composantes : 1) une introduction, 2) une
description des méthodes, 3) une présentation des résultats, et 4) une
discussion »42. De plus, elle présente dans son ouvrage, une structure des
mémoires et des thèses, qui reflète bien l’IMRAD puisqu’elle reprend ses
composantes, présentées ici en cinq (5) chapitres entiers autonomes et avec
des détails.

1.3.1. La structure IMRAD en 5 chapitres

Pour le besoin de la cause et pour illustration, la structure des mémoires


et thèses, proposée à la page 340 du livre, est reproduite ici, telle quelle.

STRUCTURE DES MÉMOIRES ET THÈSES.


Pages préliminaires
Page titre
Résumé
Liste des tableaux
Liste des figures
Chapitre I – LE PROBLÈME DE RECHERCHE
Formulation
Énoncé du but et des questions de recherche
Chapitre II – LA RECENSION DES ÉCRITS PERTINENTS
Recension des écrits empiriques
Recension des écrits théoriques
Élaboration du cadre de référence
Formulation des hypothèses
Chapitres III – LES MÉTHODES
Description du devis de recherche
Description de la population et de l’échantillon
Description du milieu
Définition des variables
Description des instruments de mesure
Description du déroulement de la collecte des données
Présentation des considérations éthiques
Description du plan d’analyse
Chapitre IV – LA PRÉSENTATION DES RÉSULTATS
Présentation des résultats d’analyses descriptives
Présentation des résultats d’analyses inférentielles
Chapitre V – LA DISCUSSION
Interprétation des principaux résultats
Description des limites
Présentation des implications
Énoncé de recommandations pour d’autres recherches
Références bibliographiques
Appendices

Transposée de l’article scientifique ou du simple rapport de recherche à


l’échelle d’un mémoire de Master ou d’une thèse de Doctorat encore plus
volumineuse, la structure IMRAD est donc devenue, de fait, complexe. Au
lieu de cinq (5) chapitres successifs, la thèse ou éventuellement le mémoire
peut être structurée, comme à l’accoutumée, en deux (2) ou trois (3)
grandes parties classiques avec des chapitres, des sous-chapitres, des
sections, les uns et les autres avec les éléments propres qui les composent
selon les disciplines.

1.3.2. Le modèle IMRAD et son adaptation en 2 ou 3 parties avec


des chapitres

Au lieu des chapitres, on peut encore diviser le corps de l’étude en trois


parties, indépendamment de l’introduction et de la conclusion. Par
exemple :

Première partie :
Les fondements théoriques et conceptuels de l’étude

Chapitre 1 : Élaboration de la problématique de recherche


Chapitre 2 : Revue de la littérature ou recension critique des écrits pertinents
Chapitre 3 : Élaboration du cadre théorique et conceptuel de référence

Deuxième partie :
Considérations d’ordre technique et méthodologique

Chapitre 1 : Le matériel : sujets d’enquêtes (ou « enquêtés »), objets observés ou étudiés (matériel,
végétal, animal, humain, etc.) description du milieu, de la population enquêtée et de l’échantillon ;
description et justification du support ou du corpus d’étude (documents, textes, œuvres
littéraires, etc.)
Chapitre 2 : Les méthodes : démarche méthodologique, description des outils et de techniques de
recueil de l’information, du déroulement de la collecte des données, présentation du déroulement
chronologique des activités de recherche menées, etc.

Troisième partie :
Résultats et Discussion
Chapitre 1 : Présentation des résultats obtenus : analyse des données quantitatives (statistiques),
analyse qualitative des données
Chapitre 2 : Discussion des résultats : explication, interprétation, évaluation des résultats par apport
à la question de recherche, aux hypothèses émises. Confrontation avec les résultats des études et
travaux antérieurs. Indications des limites et des implications. Suggestions de pistes de réflexions et
de recherches pour des études et publications ultérieures.

Quoi qu’il en soit, sous sa forme originelle de plan schématique ou sa


forme de plan détaillé, la structure IMRAD est stimulante et apparaît
comme un moyen novateur et sûr, un instrument de travail opérationnel et
un recours très bénéfique pour travaux de recherche scientifique de tout
genre.
La structure IMRAD a été, semble-t-il, bien accueillie et adoptée dans
les disciplines scientifiques (sciences de la nature, sciences pures, sciences
expérimentales et autres) ; autrement dit, dans les domaines où on peut
observer, reproduire, expérimenter en laboratoire les conditions de la réalité
observable, mesurable, quantifiable. Ainsi, dans les Facultés ou UFR des
sciences en général et aussi des sciences médicales et des sciences
infirmières (comme on dit au Canada), dans les Instituts et Centres de
recherche de tout genre, les chercheurs exploitent, depuis longtemps déjà et
à qui mieux-mieux, ce modèle de plan standard. Ils le font d’autant plus que
les données recueillies sont de nature quantitative (données numériques en
particulier) et se prêtent bien à l’analyse quantitative, ce qui permet
d’adopter une stratégie de recherche et une stratégie de vérification
opérationnelles et performantes.
Ici se révèlent déterminants les moyens et les instruments efficaces de
collecte des informations et des données (comme l’observation directe,
l’observation documentaire, l’entrevue, l’enquête, l’échantillonnage, le
sondage, etc.) ainsi que les méthodes et outils d’analyse statistique,
d’analyse de contenu et d’étude de cas, etc.
2. La structure IMRAD et la
structure IDC : deux schémas
rédactionnels
Malgré tout son intérêt, force est de constater que, curieusement, la
structure IMRAD est peu (ou pas) utilisée dans nombre de disciplines des
Facultés ou UFR de Lettres, Langues, Littératures, Arts et Sciences
humaines et sociale en France et dans les pays francophones. Les
enseignants et les chercheurs de ces domaines préférèrent la structure IDC
de la dissertation classique avec une Introduction, un Développement, une
Conclusion. Apparemment, l’IMRAD n’a pas été adoptée par eux et n’a pas
connu de succès dans les disciplines comme la littérature, la grammaire, la
philosophie, la théologie, la sociologie, l’histoire, l’anglais, pour ne citer
que quelques exemples. Pure ignorance ou simple méconnaissance ?
Incapacité ou peur des nouveautés et du changement ? Désintérêt ou rejet
systématique ? Peut-être. Peut-être non !

2.1. Le modèle IMRAD et le modèle IDC : deux approches


méthodologiques adaptées au type de thèse

Les enseignants et les chercheurs des domaines littéraires et autres ont


apparemment du mal, en tout cas, à s’adapter à l’IMRAD et à l’adopter
pour les mémoires, les thèses et les articles scientifiques. Ils lui préfèrent la
structure IDC. Il est raisonnable de penser et de dire (sans risque de se
tromper gravement) que le manque d’enthousiasme pour l’adoption et
l’emploi de l’IMRAD est, entre autres, lié à la conception même de la thèse
de Doctorat. En effet, si en Sciences, il s’agit, en thèse, de présenter, d’interpréter et de
discuter les résultats déjà obtenus après observation, expérimentation, analyse, après enquête,
sondage, après analyse des données statistiques et autres ; si la thèse est réduite, pour ainsi dire,
à un gros rapport de recherche, à une communication des résultats, à une communication
écrite idéaltypique,
elle n’a pas perdu, dans le domaine des langues, de la
littérature, de la philosophie, de la théologie, de la sociologie et autres, son
sens originel de thèse.
La thèse en Lettres, en littératures et en Sciences humaines et sociales, il ne faut pas
oublier, est un important travail de recherche approfondie où le candidat s’emploie, avec brio,
de toute son intelligence et sa compétence, à traiter un sujet, une question, à développer des
idées, à défendre des positions en s’appuyant sur des ouvrages lus, des notes prises, des
informations et des données recueillies, des analyses pertinentes, des arguments solides et
convaincants, des considérations judicieuses, des exemples lumineux, des citations appropriées
d’auteurs, de théoriciens et de critiques, et tout cela dans une langue soutenue et dans un style
correct et agréable à lire. Ici la thèse est avant tout une démonstration par argumentations. Des
argumentations fondées (il faut le répéter et le souligner) sur une analyse minutieuse et
rigoureuse, une étude systématique et approfondie des textes d’auteurs, des documents ou des
œuvres du corpus d’étude retenu, des argumentations soutenues par des développements
documentés et consistants, soutenues par des méthodes et théories littéraires, philosophiques et
autres, selon les spécialités, argumentations consolidées par des méthodes critiques d’analyse,
par des exemples concrets judicieux et des citations idoines, bien placées. Le développement du
sujet dans tout le corps de l’étude, à travers les parties et les chapitres, s’emploie à faire des
démonstrations pour obtenir des réponses, des conclusions et des résultats conséquents et
convaincants.
À la limite, on peut dire, sans exagérer outre mesure, que la thèse de
Doctorat dans le domaine des Sciences humaines, de la création littéraire,
des Arts, des œuvres de l’esprit et de création en général, n’est rien de
moins qu’une grosse dissertation bien faite. En tout cas, elle en a tout l’air,
tant par sa forme, son organisation, son volume, que par son contenu, la
valeur et la qualité du développement qui est fait. De plus, elle se construit
et se rédige suivant la sacro-sainte structure de la dissertation classique
(inspirée de la rhétorique depuis le Vème siècle avant Jésus-Christ) de la
disputatio de la scolastique au Moyen Âge et de la dissertatio latine qui a
donné plus tard la dissertation littéraire ou philosophique telle qu’elle est
encore aujourd’hui. Initialement, il s’agissait de la mise en discussion d’une
question ; on faisait l’inventaire des points de vue en soulignant les
différences, les divergences, les contradictions et les conclusions possibles.
Ainsi s’est établi le genre dialectique, une des formes les plus courantes de
la dissertation.
Dans une dissertation académique, on a donc les trois (3) étapes
traditionnelles : une introduction, un développement et une conclusion, qui
constituent la structure IDC. C’est dans la partie « développement » que se
traite véritablement le sujet ; elle constitue « le corps de l’étude » à
proprement parler. Celui-ci se divise, selon le cas, en deux (2), trois (3),
quatre (4) parties, chacune avec plusieurs chapitres et des sections avec des
subdivisions, le tout articulé pour répondre concrètement et efficacement
aux préoccupations essentielles de la recherche, aux questions posées, en
couvrant, autant que possible, tous les aspects du sujet abordé.
Dans les disciplines littéraires et dans les Sciences humaines et sociales
en général, les résultats ne sont pas acquis au départ, avant même le
développement du sujet dans le corps de l’étude. Les nombreux ouvrages et
documents dépouillés et lus, les notes prises, les publications, les œuvres du
corpus et autres ouvrages et textes analysés, les informations collectées, les
données recueillies ne sont pas des résultats, des résultats à interpréter,
l’étude elle-même n’étant pas encore terminée. Ils constituent la matière ou
le matériel au sens de l’IMRAD, c’est-à-dire des matériaux, des moyens,
des éléments très importants qui vont servir dans l’organisation d’un bon
plan, mais aussi pour la construction d’un discours structuré, articulé autour
des parties et des chapitres bien agencés pour traiter, de manière appropriée,
le sujet et les questions soulevées, à coups d’explications, d’analyses,
d’argumentations, de démonstrations et d’illustrations. C’est ce travail de
développement qui donne des résultats, qui aboutit à des conclusions dont il
faut savoir tirer parti. Cette dissertation, avec le long développement du
sujet sur 200, 400, 600 et même plus de 1000 pages, est, somme toute et
fondamentalement, une démonstration par argumentations.
De ce point de vue, dans le traitement des sujets, on perçoit mieux la
différence qu’il y a d’une part entre une thèse des sciences pures, des
sciences expérimentales, des sciences médicales et autres, et d’autre part
une thèse sur des œuvres littéraires ou artistiques, sur des œuvres
philosophiques ou théologiques, etc. On admet, sans conteste, par exemple,
qu’une thèse de métaphysique, d’herméneutique philosophique ou
d’éthique ne peut emprunter le schéma d’une thèse de physique, de chimie,
de mathématique, et inversement. Autant, a priori, la thèse de biochimie, de
botanique, de géologie, de médecine par exemple, adoptera volontiers la
structure appropriée de l’IMRAD, autant la thèse de littérature, de
philosophie, la thèse sur les choses de l’esprit, sur les œuvres de création ou
d’imagination préférera naturellement et en principe le modèle IDC, plus
adapté au raisonnement argumentatif, au discours démonstratif et à la
progression des idées et de la pensée.
Dans le domaine littéraire, philosophique, historique et autres, avec les
informations obtenues et les données collectées, on n’en est pas encore au
stade des résultats. À cette étape de la recherche ou de l’étude, Bernadette
Plot note, à juste raison, que « l’objet d’étude a pris une configuration
originale propre à être examinée avec efficacité »43, et désormais « l’auteur
de la thèse a en main des données lisibles », des données à analyser, des
données bonnes à exploiter dans le développement du sujet et enrichir
l’étude afin de produire des résultats conséquents.
Toute la thèse dans le domaine littéraire et autres repose
fondamentalement, pour ne pas dire entièrement, sur la partie centrale dite
"le corps de l’étude". C’est dans le traitement et le développement du sujet
avec ses composantes, partie après partie, chapitre après chapitre, c’est au
fur et à mesure que l’exposé analytique et explicatif progresse, que le
discours argumentatif et démonstratif s’affirme et se confirme qu’on aboutit
à des résultats. Ceux-ci s’obtiennent par le développement intelligent,
fécond, cohérent et rigoureux du sujet, des idées, des pistes de réflexions et
d’analyses des données accumulées.
Ainsi, les résultats de tout le travail effectué depuis le début, ajoutés aux
conclusions pertinentes dégagées çà et là dans les différentes parties
apparaissent plus clairement dans un texte élaboré, fouillé, documenté,
solide, soucieusement réfléchi et soigneusement argumenté.
Contrairement à ce qui se fait dans les disciplines scientifiques où
l’étude s’écrit, comme un rapport de recherche ou une communication des
résultats, avec les temps des verbes au passé, en littérature, en philosophie
et autres, les analyses des œuvres, les explications et les commentaires, les
exposés discursifs et les développements argumentatifs, etc. sont tous
rédigés au présent de l’indicatif principalement.
La différence est significative et la raison est simple : d’un côté, on
dispose déjà de résultats obtenus et connus à l’avance, au départ, de l’autre,
on s’emploie à les dégager, à les obtenir au fur et à mesure de l’avancement
du développement du sujet, de la rédaction même de la thèse.

2.2. Une différence d’approche de la question des résultats de


recherche et de la conclusion

On observe par ailleurs que, par rapport à la discussion des résultats, il


y a une différence notable sur l’étape où elle se situe et l’importance qui lui
est accordée. Dans les disciplines littéraires, philosophiques et dans les
sciences humaines en général, on n’a pas l’habitude de parler d’analyse et
de discussion des résultats dans une partie ou un chapitre entier, à part,
consacré spécialement et expressément à cette fin. Dans ces domaines,
l’exposé narratif, le discours explicatif et argumentatif, les analyses des
œuvres et les commentaires critiques dans les différentes parties (pour
traiter le sujet dans toutes ses composantes) ne laissent pas de place ni de
temps pour des débats ou la discussion dans un espace particulier, réservé,
dans un chapitre, à part. C’est plutôt dans la conclusion générale, à la fin de
l’étude et précisément dans la seconde partie ou étape, qu’on fait si
nécessaire des réserves, des rectifications, qu’on nuance les affirmations
excessives. Là en particulier sont exposés brièvement les débats sur les
résultats et/ou sur certains aspects ou points de vue, sur certaines positions
osées des critiques et auteurs cités, spécialistes en la matière ; là se font les
comparaisons et les confrontations d’idées et d’opinions. Cette deuxième
partie de la conclusion est aussi le lieu opportun, plus qu’ailleurs, pour
donner son avis, pour indiquer sa position personnelle sur la question
débattue ou sur tel ou tel aspect tendancieux, discutable et contestable de la
recherche effectuée. C’est là enfin qu’on esquisse, en quelques mots, de
nouvelles pistes de recherches, des projets d’études ou d’articles et
publications à faire dès que possible.
La conclusion n’est pas le lieu d’un développement comme un chapitre
autonome. Par conséquent, tout doit être fait, de façon synthétique. Ce qui,
ailleurs (dans les disciplines scientifiques) se fait dans un chapitre complet
autonome, est exposé rapidement (dans les disciplines littéraires et autres)
dans la dernière partie de la conclusion comme ne faisant pas partie
intégrante du corps de l’étude. Cette originalité conserve à la conclusion
tout son sens et toute sa valeur !

2.3. Nuance entre une méthode et une démarche ou approche


méthodologique

Entre les thèses de Sciences et annexes et les thèses de Lettres et autres,


on peut aussi noter une autre différence sur le plan des méthodes. D’un
côté, le chapitre « les méthodes », dans le système IMRAD, consiste à
expliquer comment la recherche a été menée. Le chercheur décrit en détail
la démarche suivie, le déroulement chronologique des activités faites, des
méthodes et techniques de collecte des informations et des données ; il
décrit aussi le milieu, la population, l’échantillon, les moyens de mesure ou
d’observation, etc. De l’autre côté, comme il ne s’agit pas de recherche de
type expérimental ou empirique dans le monde observable, avec « un travail
de terrain », le chercheur ou le doctorant n’a pas à décrire les démarches
effectuées et les instruments et outils de recherche. Sa préoccupation et son
approche sont autres, celles qui consistent à démontrer sa connaissance et sa
maîtrise des méthodes et théories de son champ disciplinaire. Pour un
littéraire, par exemple, son problème sera de faire la preuve de son aptitude
et de sa compétence dans l’application concrète des théories littéraires et
des méthodes critiques d’analyse des textes pour justifier le choix de celles
convoquées par son sujet pour l’étude entreprise.
Dans le domaine littéraire, par exemple, il existe, fort heureusement, on
l’a vu dans le chapitre 3, des méthodes critiques pour l’analyse des textes et
des œuvres, des méthodes au point, très performantes, qui permettent de
faire, de façon scientifique et efficace, des thèses et des mémoires de
qualité.
Après quelques points de comparaison entre les thèses des disciplines
scientifiques et les thèses des disciplines littéraires et autres, il faut voir
aussi le problème du plan ou de l’articulation du corps même de l’étude.
3. La structure IMRAD et
l’articulation ou le plan
structurel spécifique du corps de
l’étude ( t h è s e , m é m o i r e , a r t i c l e s c i e n t i f i q u e )
Il ne faut pas avoir peur de le dire dès le départ : il n’existe pas, à vrai
dire et a priori, de plan type, standard, un plan parfait, passe-partout,
applicable par tous les chercheurs et utilisable pour tous les sujets, quels
qu’ils soient et dans toutes les disciplines et spécialités ! D’où la nécessité
et l’intérêt de construire un bon plan structurel, bien fait et approprié au
sujet spécifique ou au thème particulier à traiter.

3.1. Le plan schématique, un ensemble organique construit

Le plan d’une thèse, d’un mémoire est une structure schématique de


l’ensemble des éléments essentiels qui vont être développés dans l’étude.
Un plan se construit pour la circonstance et pour le besoin de la cause. Il est
un moyen concret de charpenter le texte de l’étude, il est aussi une stratégie
et une opération d’efficacité pour le développement du sujet.
Le plan en effet est une ossature, un ensemble organique construit,
contenant sommairement les titres des parties, les intitulés des chapitres,
des sous-chapitres, des sections et des subdivisions du corps de l’étude. La
réussite d’un travail de recherche de la taille d’une thèse ou d’un mémoire
dépend, pour une bonne part, du plan qui constitue une architecture solide
sur laquelle reposeront le raisonnement, l’argumentation, l’analyse des
données, le développement des idées et tout le contenu de l’exposé narratif
et discursif qui sera fait, du début jusqu’à la fin de l’étude. Autrement dit, le
plan, mine de rien, est un élément très important du dispositif textuel : il est
le soubassement de l’édifice ou la fondation qui maintient debout
l’échafaudage de l’édifice en construction qu’est le mémoire ou bien la
thèse entreprise et que le chercheur se doit de mener à bonne fin.
De même que pour la construction d’une maison, il faut un plan
approprié, fait par un bon architecte selon les desiderata, les suggestions et
les options du propriétaire et en fonction des pièces demandées ainsi que
des possibilités matérielles et financières en jeu pour la réalisation concrète,
de même, pour une thèse ou un mémoire, il faut un bon plan spécifique
adapté, bien conçu, qui permet de traiter tous les aspects du sujet et de
régler intégralement et au mieux la question, objet de cette recherche.
Le plan de la thèse ou du mémoire – c’est une évidence en Lettres,
Littératures et Sciences humaines et sociales – est personnel et propre à
chaque sujet. Il n’y a donc pas, dans les disciplines littéraires,
philosophiques et autres, de plan unique, de plan idéal pré-établi, adapté et
adaptable pour tous les types de sujet, à la manière de l’IMRAD. C’est le
sujet avec son orientation et l’optique choisie pour le traiter, avec la
problématique élaborée ainsi que le support d’étude déterminé, c’est tout
cela qui suggère ou convoque le plan spécifique, idoine et le plus efficace
pour l’étude envisagée.
Dans cette perspective, on doit toujours avoir à l’esprit que le plan est un
ensemble ordonné, un ensemble construit et raisonné des différentes
composantes essentielles de l’étude, que la thèse est un discours structuré,
un texte élaboré avec soin, articulé de façon cohérente et dynamique. Il
s’agit bien de l’articulation des axes majeures de l’étude et précisément des
principaux éléments constitutifs du corps de l’étude. Celui-ci est
généralement organisé en parties avec des chapitres, des sections et des
subdivisions ; il est structuré selon la sacro-sainte tradition académique du
triptyque ou du plan ternaire, c’est-à-dire en trois grandes parties,
composées, chacune, de plusieurs chapitres et sous-chapitres.
Mais, il faut bien le préciser : le plan, selon les cas, peut être binaire (une
étude en deux (2) parties est possible ; elle suppose une bonne maîtrise du
sujet et des méthodes d’approche appropriées), ou ternaire (les trois (3)
parties classiques), ou même en quatre (4) parties et, plus rarement encore,
en cinq (5) parties. Dans tous les cas, les parties doivent mettre en relief les
principales articulations du texte du corps de l’étude, la progression des
idées et les différentes étapes. Il faut noter par ailleurs que le sujet peut
également être traité uniquement en chapitres comme les cinq (5) chapitres
du schéma IMRAD, indiqués plus haut.
Pour un travail de mémoire de Master et encore plus de thèse de
Doctorat en Lettres, Langues, Littératures, Arts et Sciences humaines et
sociales, il est tout à fait valorisant de ne pas s’en tenir, de façon scolaire, à
des types de plans passe-partout, même s’ils ont fait leur preuve. À la
vérité, il n’y a pas de plan type pour tous les sujets, pour toutes les
disciplines et pour toutes les thèses ! Il n’y a pas non plus, quelque part,
un plan objectif, opérationnel et efficace, utilisable pour n’importe quel
sujet donné. Au rebours de ce qu’on donne à croire ou en fait accroire, ou
même qu’on enseigne parfois, c’est chaque sujet qui suggère, détermine
ou même impose son plan. Celui-ci répond et correspond aux sollicitations,
aux inflexions, aux préoccupations, aux questionnements, aux orientations
majeures ainsi qu’aux contraintes du sujet qui le convoque. D’où la
nécessité impérieuse d’un bon plan bien fait, bien organisé, d’un plan
logique et cohérent, d’un plan progressif et ordonné, orienté avec un fil
conducteur qui traverse toutes les composantes du corps de l’étude.
Il n’est pas superflu de rappeler que le plan sert de guide et de repère
pour le déroulement normal de l’étude. Il doit par conséquent mettre en
relief, à travers l’articulation des parties, des chapitres et des sections, les
étapes du travail et leur enchaînement.

3.2. La sacro-sainte méthode académique du triptyque ou plan en


3 parties

Généralement, le développement d’un sujet dans une thèse ou dans un


mémoire se fait dans un plan en trois grandes parties formant le traditionnel
triptyque. Ainsi, dans les disciplines littéraires et des Sciences humaines et
autres, après une introduction académique avec la présentation du sujet, de
la problématique, de la revue de la littérature, du support de l’étude, des
méthodes d’analyse, habituellement, la première partie du travail est
consacrée à la construction de l’objet d’étude et à la détermination des voies
et moyens pour traiter le sujet et réaliser avec compétence la thèse
envisagée. Et la tendance actuelle est d’exiger du chercheur ou du
doctorant, surtout si son sujet est d’ordre "technique" ou "notionnel" et
même thématique, de tout mettre en œuvre pour donner à son étude une
assise solide, une base scientifique ou, à tout le moins, un reflet
caractéristique de travail scientifique. Et les matériaux de ce soubassement
sont de divers ordres, variables en fonction de la nature de la thèse ou du
mémoire, en fonction de l’espace cognitif et des disciplines concernées, en
fonction de l’objet d’étude et de la problématique élaborée, de sorte que la
construction peut reposer, par exemple, sur un fondement épistémologique,
conceptuel, historique, théorique voire méthodologique.
Dans cette première partie de l’étude, on attend du chercheur ou du
candidat à un Master ou à un Doctorat qu’il montre, dès le départ, le sérieux
des recherches et des lectures faites, ses capacités intellectuelles, ses
connaissances sur le sujet et dans son domaine de recherche, sa maîtrise des
théories et méthodes de son champ disciplinaire et de la spécialité dans
laquelle il veut obtenir son diplôme. Bref, il s’agit, de se faire remarquer
déjà, à cette étape, par ses qualités de chercheur courageux et crédible, par
sa compétence et son habileté à rédiger un travail de recherche d’un tel
niveau. Réussir brillamment cette première phase de l’étude est en soi un
challenge stimulant. Et tout chercheur, tout doctorant, digne de ce nom, doit
s’efforcer de le gagner comme un défi.
Les titres de la première partie varient d’une thèse à l’autre, d’une
spécialité à l’autre, mais, fondamentalement, les principes de base sont
identiques. Il s’agit de donner une assise à l’étude. Ainsi, en Lettres et
notamment en littérature, on trouve diverses formulations plus ou moins
pertinentes :

Fondements théoriques de l’étude

Construction de l’objet de l’étude

Approches théoriques et conceptuelles de la notion ou du thème,

Genèse, émergence et évolution de la notion, objet d’étude

Esquisses théoriques des notions fondamentales

Appareils conceptuels et méthodes d’analyse

Généralité et historique du sujet

Considérations générales sur la question ou le sujet d’étude


En fonction du sujet et du contenu, les intitulés des chapitres de la
première partie varient également. Comme exemples concrets, voir dans les
Annexes, les titres des premières parties et les intitulés des chapitres de
plans pris dans des thèses de Lettres modernes soutenues à l’Université, à
Abidjan.
Quand, avec le système IMRAD, la problématique, la recension critique
des études et travaux antérieurs, les méthodes d’analyse ne sont pas
incorporées dans l’introduction, elles constituent des chapitres entiers
autonomes de la première partie de l’étude.
Après la construction de l’objet d’étude avec l’ensemble des paramètres
qui forment la première partie, il faut aussi organiser la seconde partie.
Celle-ci se fait en se fondant sur les données recueillies dans les ouvrages
théoriques et critiques collectés et lus, et plus encore sur l’analyse
minutieuse et l’examen perspicace et approfondi des textes, des œuvres du
corpus par rapport à l’objet d’étude, avec toutes ses composantes.
Dans le domaine des Lettres, Langues, littératures, Arts et Sciences
humaines et sociales, la deuxième partie du travail est, la plupart du temps,
réservée à l’étude des textes, des documents, supports d’analyse, ou des
œuvres du corpus en lien avec le sujet. Le chercheur, le doctorant ou le
masterant saisit ici l’occasion qui lui est donnée pour faire montre de ses
aptitudes intellectuelles, de sa compétence en sa matière, de sa
connaissance des œuvres du corpus et de leurs auteurs. C’est le lieu, pour
ainsi dire, stratégique, de mettre en valeur et en avant sa capacité d’analyse
des œuvres et des textes ainsi que son habileté à appréhender tous les
aspects du sujet, son objet d’étude. Il s’agit là, ni plus ni moins, d’un travail
d’analyse des œuvres du corpus en fonction du sujet, ou, pour mieux dire,
d’un travail d’étude du sujet ou du thème tel qu’il apparaît dans les œuvres
littéraires produites par ces écrivains.
En un mot ou deux, on peut dire que la deuxième partie, dans le domaine
des Lettres et Sciences humaines et de la littérature en particulier, est
l’espace adéquat où le candidat s’emploie, à proprement parler, à traiter
véritablement son sujet. Il s’applique à étudier les œuvres et le sujet en
s’intéressant particulièrement aux différents axes de réflexions et d’analyses
susceptibles de faire apparaître les points essentiels de cette deuxième
partie.
Quand il s’agit d’une œuvre littéraire comme le roman, on peut étudier
le sujet en s’appuyant sur les seules œuvres du corpus. On peut aussi, dans
le domaine du roman, analyser, par exemple, le fonctionnement textuel de
l’œuvre ou des œuvres avec tout ce qui a été mis en œuvre comme
techniques, procédés et stratégies pour produire ces textes et traiter les
sujets, les thèmes, les questions et les problèmes qui sont l’objet de cette
création littéraire.
Pour plus d’efficacité, le chercheur peut se focaliser (sans jamais perdre
de vue son objet d’étude et sa problématique) par exemple, sur
l’organisation et la structure des récits, sur les instances narratives, sur la
représentation des personnages, sur la dimension spatiale, sur la
temporalité, etc., mais toujours en liaison avec son sujet.
Il est clair que, comme indiqué plus haut, en fonction de l’inflexion et de
l’orientation du sujet, en fonction de l’optique choisie et des axes
déterminés pour traiter le sujet dans toutes ses composantes, les titres des
parties tout comme les intitulés des chapitres seront variables, différents
d’un auteur à l’autre, d’une thèse à l’autre, d’un spécialiste à l’autre. Pour
illustration, voir dans les Annexes, trois exemples du contenu des plans de
la deuxième partie de thèses soutenues dans le domaine littéraire.
Dans la tradition académique du triptyque, c’est-à-dire du plan en trois
grandes parties, la dernière partie n’est pas simplement une suite normale
des deux autres, mais en principe, elle en découle, de façon logique et
conséquente. Ainsi, en Lettres, Arts, Langues, littératures et Sciences
humaines et sociales, la troisième partie est habituellement la dernière
étape de l’étude (sauf dans des cas particuliers avec quatre (4) et même cinq
(5) parties). Elle est l’espace indiqué pour dégager, analyser et régler un
certain nombre de préoccupations d’intérêt, suscitées par les
développements faits dans les précédentes parties et notamment dans la
deuxième.
Comme un auteur n’écrit pas une œuvre pour ne rien dire, comme une
création littéraire, une œuvre romanesque ou théâtrale, une production
philosophique, théologique, etc. n’est jamais gratuite, sans visée, sans
signification, la troisième partie des thèses (et surtout dans ces domaines) se
présente opportunément comme le lieu idéal et l’occasion souhaitée de
mettre en relief le sujet ou le thème, objet de l’étude par apport au discours
des œuvres pour dégager l’intérêt et la portée, les enjeux et les effets de
sens y compris la signification idéologique.
Il est important de rappeler encore une fois que le contenu de la
troisième partie, son titre ainsi que les intitulés des chapitres et autres
changent selon les matières concernées, les spécialités, mais, dans le fond,
les composantes et les objectifs sont assez proches et ne sont pas aussi
différents que cela peut paraître a priori à plus d’un.
Avant d’en arriver à la conclusion, il est indispensable de dégager et de
présenter dans cette troisième partie les points et les axes qui viennent
comme l’aboutissement logique et le couronnement conséquent des
analyses effectuées précédemment et qui apportent un éclairage
supplémentaire nouveau fort intéressant et riche sur l’ensemble.
Pour bien comprendre le développement qui vient d’être fait sur
l’articulation des parties du corps de l’étude ou, si l’on veut, sur le plan ou
la structure de la thèse, il vaut mieux, à titre d’illustration voir les trois
exemples de plans présentés dans les Annexes. Ces plans (dont on peut
s’inspirer et tirer un bon profit) sont des plans originaux, différents, bâtis à
propos, conçus expressément par les doctorants, chacun, à sa manière, pour
mieux traiter son sujet dans tous ses aspects essentiels.
Voilà comment faire et de quoi organiser le contenu des trois parties
d’une thèse ou d’un mémoire !

3.3. La construction d’un bon plan spécifique : une méthode


simple

De toute la réflexion faite à propos de la structuration du corps de


l’étude, on peut retenir que, tout compte fait, le bon plan est celui qui, bien
conçu, bien construit, bien fait, équilibré, permet de faire la thèse, de façon
concrète, sereine, en abordant tous les axes majeurs, c’est-à-dire les
principaux centres d’intérêt du sujet, objet d’étude. Il revient aux littéraires,
aux philosophes, aux théologiens, aux sociologues, aux historiens, aux
grammairiens, aux linguistes et consorts de faire preuve de sagacité,
d’imagination et de créativité pour ne pas adopter, d’office et sans grand
discernement, un plan préétabli, un schéma standard, fût-il scientifique ou
ayant comme la structure IMRAD, « un reflet du processus de découverte
scientifique », un plan passe-partout qui ne convient pas forcément à leurs
sujets et à leurs cas spécifiques.
Il appartient aux doctorants, aux chercheurs dans ces disciplines, de
construire leur propre plan, un plan spécialement conçu pour convenir et
s’adapter à leur objet d’étude. Ils ont intérêt, à partir de toutes les lectures
faites, de toute la documentation rassemblée, des données recueillies, de
tous les moyens logistiques et méthodologiques à leur disposition, de
l’optique choisie pour traiter le sujet, à mettre en place une logique
dynamique et bâtir un plan détaillé, bien structuré avec des parties, des
chapitres et des divisions, le tout bien agencé.
Un tel plan, bien fait, leur permet de s’atteler, lucide et confiant, au
développement du sujet et à la progression de l’étude. La thèse, on le sait,
est un travail d’argumentation, de démonstration et de développement des
idées en mettant en valeur des connaissances et des compétences, en faisant
des analyses judicieuses et perspicaces, des commentaires pertinents,
soutenus par des explications lumineuses, des arguments solides et
probants ; le tout structuré de façon cohérente et pertinente.
Comme il a été donné de le voir en comparant des travaux de thèse ou de
mémoire, il y a effectivement des différences, des disparités, de la diversité
dans les manières de faire, dans les pratiques rédactionnelles d’une
discipline, d’une thèse, d’un mémoire à l’autre, ce qui a suscité l’idée
d’harmonisation et de standardisation et même d’uniformisation, autant que
possible, de tous les travaux d’étude et de recherche.
En Lettres, Langues, Littératures, Arts et Sciences humaines et sociales,
la diversité et la variété sont perçues comme des qualités à conserver,
malgré tout : elles révèlent et mettent en valeur l’esprit de créativité,
l’émulation, l’ingéniosité, l’originalité et la personnalité du chercheur ou de
l’impétrant, toutes choses que bloquent ou tuent l’uniformité et la
« mêmeté » (pour employer ce barbarisme) qui indiquent implicitement
l’esprit cocardier, le manque d’imagination et le manque d’esprit
d’invention et d’innovation qui se cachent derrière.
Dans les disciplines littéraires, philosophiques et autres, sans doute à
cheval sur les pratiques académiques du système français, adoptées depuis
toujours, l’on a quelque difficulté à s’adapter au système américain avec
l’IMRAD qui s’instaure et s’impose de plus en plus dans le monde, et est
perçue comme la norme internationale. Il faudrait bien pourtant, bon gré
mal gré, un jour, s’y faire !
Au demeurant, pour tous, l’effort doit être fait pour s’informer, se former
et se mettre à jour, à niveau et au diapason du monde scientifique et
universitaire, pour s’adapter aux recommandations internationales pour des
travaux de recherche. On a donc tout intérêt à être ouvert, curieux, attentif
et réceptif à ce qui se fait de mieux aujourd’hui partout dans le monde !
En tout état de cause, la grande préoccupation véritable des doctorants et
des chercheurs n’est pas le problème de l’harmonisation et de
l’uniformatisation des pratiques rédactionnelles, ni l’adoption du système
IMRAD. Elle se situe plutôt dans la capacité de mobilisation des énergies et
des ressources intellectuelles et méthodologiques pour trouver, selon les
cas, des démarches heuristiques perspicaces, des méthodes performantes,
des manières de procéder, scientifiques et efficaces, des plans structurels
opérationnels. En somme, tout ce qui permet de produire, avec assurance et
compétence, une thèse intelligente, de haut rang et de grande valeur. Il n’est
donc pas nécessaire de vouloir recourir, forcément et à tout prix, à la
structure IMRAD, comme si c’était une panacée, une recette
incontournable, une garantie de compétence et un label absolu de qualité et
de scientificité !
Par conséquent, en dépit de l’intérêt de la standardisation et de la
mondialisation, le chercheur ou le doctorant doit se sentir libre des
contraintes des modèles qui ont parfois leurs limites, malgré tout. La
latitude doit lui être laissée de choisir lui-même ou avec son directeur de
recherche, telle ou telle option, tel ou tel schéma, bref de choisir, à son
escient et de préférence, la façon de faire qui convient exactement ou le
mieux à son sujet et à son cas d’espèce afin de produire un article
scientifique, une thèse, un mémoire de grande qualité.
Mais il faut le redire ici. Sur la question du schéma rédactionnel, rien
n’empêche un masterant, un doctorant, un chercheur des disciplines
littéraires, philosophes, théologiques et autres d’adopter (s’il le désire et
lorsque cela est possible et que le sujet s’y prête et s’il en a les moyens et
les capacités) la structure IMRAD pour faire son travail. Il suffit d’avoir
toujours à l’esprit que tout dépend des thèses et surtout des types de sujets
traités. En principe, il n’y a pas de problème majeur particulier à employer
l’IMRAD quand il s’agit de sujets, ayant pour objet d’étude, des
phénomènes et des faits observables et quantifiables, des choses
mesurables, calculables, évaluables en termes de données chiffrées et qui,
plus est, peuvent être étudiées avec des méthodes, des outils et des
techniques de collecte d’information et d’analyse des données (observations
quantifiées, entrevues, questionnaires, sondages, enquête, statistiques,
analyses de contenu, de contexte, de cas, etc.)
Tant que ce modèle standard ‘‘marche’’ et s’adapte bien au sujet à
l’étude, tant qu’il s’avère opérationnel, il n’y a pas de raison de l’écarter a
priori, de s’en priver inutilement. A défaut d’adopter cette structure
IMRAD, telle qu’elle est, on peut, tout au moins, s’en inspirer, l’adapter et
s’en accommoder, de la meilleure façon ; mais, si d’aventure, elle pose plus
de problème qu’elle n’en resoud, il vaut mieux simplement l’abandonner au
profit d’un plan spécifique qu’on construit soi-même et à dessein pour son
étude et pour aboutir valablement aussi à un travail de qualité.

Pour en savoir plus, lire :

AFFOU Y. Simplice, GOURÈNE Germain, Guide pratique de la rédaction scientifique ,


Université de Cocody, Abidjan, EDUCI, 2005

BENICHOUX Roger, MICHEL Jean et PAJAUD Daniel, Guide pratique de la


communication scientifique : comment écrire – comment dire . Paris, Gaston Lachurié éditeur,
1995

DÉPELTEAU François, « La communication des résultats » La démarche d’une recherche


en sciences humaines (…) Bruxelles, De Boeck, 2011, p.386-408

FORTIN Marie-Fabienne « Communication des résultats », Le processus de la recherche.


De la conception à la réalisation, Ville Mont-Royal, Décarie Éditeur, Québec, 1996, p.335-344

LENOBLE-PINSON Michèle, La rédaction scientifique. Conception, rédaction,


présentation signalétique. Bruxelles, De Boeck, 1996

N’DA Pierre, L’Article scientifique en Lettres, Langues, Arts et Sciences humaines , Paris,
L’Harmattan, 2015
En guise de conclusion

A l’issue de cette immersion dans les méthodes d’approche sur toutes les
formes, il est raisonnable de penser que l’initiation est faite. Comme dans
toute initiation, c’est difficile, c’est pénible d’avoir accès aux choses
cachées, au secret initiatique, mais on s’en sort toujours plus fort, investi
d’ardeur et de courage renouvelés. On est instruit, formé, on se sent plus
adulte, capable d’affronter les difficultés, décidé, déterminé à aller de
l’avant, croûte que coûte, avec dans la tête plein de connaissances, et en soi
l’assurance et la maîtrise de ses capacités, conscient de ses aptitudes et
qualités unanimement reconnues dans et par la société, avec la certification
officielle des maîtres initiateurs, c’est-à-dire les détenteurs attitrés de la
Connaissance que sont les chercheurs et les professeurs des universités.
Cette imprégnation dans les méthodes est une bonne chose, une
opération bénéfice, salutaire : elle permet de mieux s’informer, de se former
davantage et de se dégager des sentiers tortueux et embourbés de la
recherche, de sortir de l’errance méthodologique et heuristique, des
hésitations et du tâtonnement et de mettre fin aux investigations et
explorations aléatoires et improductives. Toutes choses qui révèlent
manifestement le manque d’assurance et de compétence méthodologique ;
en un mot, l’absence de méthode.
Cette plongée dans les principales méthodes d’approche, d’analyse, de
rédaction ne peut être vaine, sans résultats concrets et pratiques. Chaque
initié connaît désormais, au moins, une méthode, la voie (hodos en grec)
qu’il va prendre pour avancer, pour progresser dans ses recherches et mener
à bien et à bout son étude, avec les résultats escomptés.
En tout état de cause, et à titre d’interpellation insistante, tout doctorant,
tout chercheur doit se tenir pour dit et acquis : on ne peut plus, à l’heure
actuelle, faire un travail de recherche, une thèse, un mémoire, un article
scientifique, au hasard, comme on l’entend, selon son instinct, son intuition
ou son inspiration !
Un travail de recherche, à l’instar de la thèse notamment, n’est pas un
inventaire, un catalogue, ni, qui plus est, une bonne et habile compilation de
documents sérieux et savants, d’études et travaux solides, riches et
intéressants. La thèse ou le mémoire, il faut que cela soit clair, n’est pas non
plus un fourre-tout, rassemblant ou mettant côte à côte des analyses, des
commentaires, des arguments, des résultats, des discours aussi savants que
disparates ! Une thèse, tout comme un mémoire ou un article scientifique,
est un travail de construction, et comme tel, il revient au chercheur de
s’employer à « chercher » et à trouver des voies et moyens et à user de
toutes ses facultés et compétences pour sa réalisation et son achèvement.
Avec l’agencement logique et le développement cohérent des déférentes
parties, avec l’articulation ordonnée des chapitres, avec l’organisation
harmonieuse des sous-chapitres, des sections, des subdivisions et même des
paragraphes, le travail universitaire de mémoire de Master et en particulier
de thèse de Doctorat doit être bien perçu comme un travail scientifique,
méthodique, un discours argumentatif et démonstratif bien construit. C’est
précisément cette construction solide, cette maîtrise du sujet et des
méthodes d’analyse, cette connaissance avérée des œuvres, des textes et des
documents étudiés, cette compétence affichée et reconnue dans le domaine
de recherche et dans la spécialité qui donnent à l’étude effectuée sa
dimension heuristique incontestable, sa qualité objective de travail
scientifique et toute sa valeur de thèse. C’est tout cela qui constitue
véritablement la contribution réelle et essentielle du jeune chercheur ou de
l’impétrant à qui les membres du jury de soutenance n’hésitent pas à
décerner le titre et le grade de Docteur, c’est-à-dire savant, compétent
reconnu en sa matière.
Et on peut le dire : un des moyens les plus sûrs d’avoir accès aux plus
grands diplômes universitaires ainsi qu’aux titres et grades n’est rien
d’autre que la parfaite connaissance et la maîtrise indiscutable des
méthodes.

Annexes. Le plan structurel spécifique du corps


de l’étude (thèse, mémoire, article)

Ces exemples de plans, tirés de thèses de Doctorat de Lettres modernes,


soutenues à l’Université, à Abidjan, ne sont pas des modèles parfaits à
imiter absolument. Ils ont été conçus par des chercheurs, chacun, à sa
manière, selon son sujet et en fonction des aspects à traiter. Ils sont
différents, spécifiques, même s’ils suivent le modèle académique du
triptyque.

Plan n°1
Sujet : Onomastique et création littéraire : étude des noms des personnages dans les romans de
Jean-Marie Adiaffi et Maurice Bandaman 44
Première partie :
Construction de l’objet d’étude : fondements théoriques et approches méthodologiques
Chapitre 1 : L’onomastique romanesque : conception, définition, émergence d’une théorie et d’une
pratique littéraires.
Chapitre 2 : Recension critique des études et travaux sur l’onomastique littéraire.
Chapitre 3 : Élaboration d’une problématique.
Chapitre 4 : Méthodes d’analyse des oeuvres : la narratologie, la sémiotique des personnages, la
linguistique des noms propres, la sociocritique et la thématique.
Deuxième partie :
Techniques et stratégies de création onomastique dans les romans du corpus
Chapitre 5 : La motivation onomastique et les procédés d’invention.
Chapitre 6 : Les noms et les qualifications des personnages.
Chapitre 7 : Les différents types de dénominations.
Chapitre 8 : Les noms et les rôles narratifs.
Troisième partie :
L’onomaturgie des romanciers : enjeux, portée et signification
Chapitre 9 : Les noms des personnages : une expression culturelle et identitaire.
Chapitre 10 : La sémantique de l’onomastique : un concentré de la thématique des œuvres.
Chapitre11 : Le jeu onomastique : un langage ludique et humoristique, un discours social et
idéologique.
Chapitre 12 : L’onomastique littéraire : une contribution au renouvellement de l’écriture romanesque

Plan n°2
Sujet : Littérature et environnement : la sécheresse dans la production romanesque des écrivains
d’Afrique noire francophone 45
Première partie :
La sécheresse et sa représentation romanesque
Chapitre 1 : Le référent « sécheresse » et ses substituts lexématiques
Chapitre 2 : Origines et causes de la sécheresse dans la littérature romanesque
Chapitre 3 : La part ou la responsabilité de l’homme dans le phénomène de la sécheresse
Deuxième partie :
La sécheresse et ses méfaits
Chapitre 1 : La sécheresse et ses effets pervers sur l’environnement : la dénaturation
Chapitre 2 : La sécheresse et ses conséquences sur l’homme et la société : la déshumanisation
Chapitre 3 : La sécheresse et le phénomène des déplacements massifs des populations : l’exode
rural, l’exil, l’immigration.
Troisième partie :
L’écriture romanesque de la sécheresse : intérêt, portée et dimension idéologique
Chapitre 1 : La sécheresse, source d’inspiration d’une écriture romanesque spécifique : le roman
sahélien
Chapitre 2 : Les romanciers sahéliens, promoteurs de la lutte de résistance, de l’action
révolutionnaire et de la solidarité
Chapitre 3 : Le discours du roman de la sécheresse et sa signification idéologique

Plan n°3
Sujet : Roman de science-fiction et dispositifs paratextuels : Etude des seuils des romans de Stefan
Wul 46

Première partie :
Considérations théoriques et conceptuelles sur la science fiction et le paratexe
Chapitre 1 : La science-fiction : approche descriptive et historique du genre.
Chapitre 2 : Le paratexte littéraire : les productions discursives en marge du texte romanesque.
Chapitre 3 : Le paratexte de la science-fiction française, un hors-texte américanisé.
Deuxième partie :
Les stratégies paratextuelles des romans de Stefan Wul
Chapitre 1 : La première de couverture et les contradictions entre l’auctorial et l’éditorial.
Chapitre 2 : Le dos du livre et la quatrième de couverture : des espaces stratégiques.
Chapitre 3 : La création titrologique chez Wul : un chef-d’œuvre d’ingéniosité littéraire et
esthétique.
Chapitre 4 : Les épigraphes et les préfaces : des instances de légitimation et de revalorisation.
Chapitre 5 : L’épitexte ou l’intrusion dans les alcôves des œuvres de Stefan Wul.
Troisième partie :
L’appareil d’escorte des romans de Stefan Wul : Enjeux et effets de sens
Chapitre 1 : Les seuils romanesques et enjeux pragmatiques : de l’influence du hors-texte.
Chapitre 2 : De la périphérie au texte : la dimension littéraire et esthétique des œuvres.
Chapitre 3 : Le paratexte et le contenu thématique des romans.
Chapitre 4 : L’accompagnement paratextuel et la portée idéologique des œuvres chez Stefan Wul.

Bibliographie

Comme, pour chaque type de méthode, des ouvrages recommandés ont été
indiqués à la fin, avec des références bibliographiques, il est proposé ici,
dans la bibliographie générale, une sélection d’ouvrages fondamentaux de
méthode et de méthodologie de la recherche.

BERGEZ Daniel et al, Introduction aux études pour l’analyse littéraire, Paris, Bordas,
1990

BONNEVILLE Luc, GROSJEAN Sylvie et LAGACÉ Martine , Introduction aux


méthodes en communication , Montréal, 2007

BORLANDI Massimo, MUCCHIELLI Laurent (dir), La sociologie et sa méthode. Les


règles de Durkheim un siècle après , Paris, L’Harmattan, 1996

BOUDON Raymond, Les méthodes en sociologie , Paris, PUF, 1973

BRUNEL Pierre, Mythocritique, théories et parcours , Paris, PUF, 1992


- Mythes et littératures , Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 1994

CHAUVIN Danièle, SIGANOS André, WALTER Philippe (dir), Question de


MYTHOCRITIQUE. Dictionnaire , Paris, Éditions Imago, 2005

COMBESSI Jean-Claude, La méthode en sociologie , 2 e éd, Paris, Coll "Repères" La


Découverte, 2001
COMPANHOUDT Van Luc / QUIVY Raymond, Manuel de recherche en sciences
sociales , 4 e -éd, Paris, Dunod, 2011

CROS Edmond, La sociocritique , Paris, L’Harmattan, 2003

DÉPELTEAU François, La démarche d’une recherche en sciences humaines, De la


question de départ à la communication des résultats , Bruxelles, De Boeck, 2011

DELCROIX Maurice, HALLYN Fernand (dir), Introduction aux études littéraires.


Méthodes du texte , Louvain-la-Neuve, Duculot, 1990

DESCARTES Réné, Le Discours de la méthode. Pour bien conduire sa raison et chercher


la vérité dans les sciences , Paris, Librairie Générale Française, 2000

DESLAURIERS Jean-Pierre, Recherche qualitative. Guide pratique , Montréal, McGraw-


Hill éditeur, 1991

DUCHET Claude (dir), Sociocritique , Paris, Nathan, 1979

DURKHEIM Émile, Les règles de la méthode sociologique (1901) précédé de J. M


Berthelot, Les règles de la méthode sociologique ou l’instauration du raisonnement
expérimentale en sociologie , Paris, Flammarion, 1988

FORTIN Marie-Fabienne, Le processus de la recherche. De la conception à la réalisation


, Ville Mont-Royal (Québec), Décarie Éditeur, 1996

GAUTHIER Benoît (dir), Recherche sociale. De la problématique à la collecte des


données , 3 e éd, revue et augmentée, Québec, Presses de l’Université du Québec, 1997

GENGEMBRE Gérard, Les grands courants de la critique littéraire , Paris, Seuil. Coll.
Memo, n°19, 1996

GRAWITZ Madeleine, Méthodes des sciences sociales , 10 e - éd, Paris, Dalloz

GUIDÈRE Mathieu, Méthodologie de la recherche , nouvelle édition, Paris, Ellipses


Edition Marketing, 2004
HUOT Rejean, Méthodes quantitatives pour les sciences humaines , 2 e -éd. Québec,
Presses de l’Université Laval, 2003

LAMOUREUX Andrée, Recherche et méthodologie des sciences humaines , Laval,


Éditions Études vivantes, 1995

LANGLOIS Charles-Victor et SEIGNOBOS Charles, Introduction aux études historiques


, Paris, Éditions Kimé, 1992

LONERGAN J.F. Bernard, Pour une méthode en théologie , traduit de l’anglais sous la
direction de Louis Roy, coll " Cogitatio Fidei ", n° 93, Paris, éditions du Cerf-éditions Fides,
1978

MILES Matthew et HUBERMAN Michaël, Analyse des données qualitatives , Bruxelles,


De Boeck, 2003

MUCCHIELLI Alex, Dictionnaire des méthodes qualitatives en sciences humaines et


sociales , Armand Colin, 2002

N’DA Paul, Recherche et méthodologie en sciences sociales et humaines , Paris,


L’Harmattan, 2015

N’DA Pierre, L’Article scientifique en Lettres, Langues, Arts et Sciences humaines, Paris,
L’Harmattan, 2015

N’DA Pierre, Manuel de méthodologie et de rédaction de la thèse de Doctorat et du


mémoire de Master en Lettres, Langues et Sciences humaines , L’Harmattan, 2016

NOUSCHI André, Initiation aux sciences historiques , Paris, Nathan, 1999

PETIT Jean-Claude, La théologie : sa nature, ses méthodes, son histoire, ses problèmes ;
répertoire bibliographique international , Montréal, PUM, 1978

ROSENTHAL Claude, Introduction aux méthodes qualitatives en sciences humaines et


sociales , Paris, Dunod, 2001

ROBERT Serge, Méthodes quantitatives , Montréal, Modulo Éditeur, 1991


SIMARD Christine, Méthodes quantitatives. Approche progressive pour les sciences
humaines , 3 e -éd, Québec, Edition le Griffon d’argile, 2003

RAVOUX RALLO Élisabeth, Méthodes de critique littéraire , Paris. A. Colin, 1993

RUSS Jacqueline, Les méthodes en philosophie , 2 e -éd, Paris, Armand Colin, 1996

RUSSEL Bertrand, La méthode scientifique en philosophie : Notre connaissance du


monde extérieur , Paris, Payot, 1971

ROHOU Jean, Les études littéraires. Méthodes et perspectives , éd. Nathan, 1993

THUILLER Guy et TULARD Jean, La méthode en histoire , Paris, PUF, 1986

ZIMA Pierre , Pour une sociologie du texte littéraire , Paris U.G.E, 1978
- Manuel de sociocritique , Picard, 1985, Réédition, L’Harmattan, 2000
1 Jacqueline Russ, Les méthodes en philosophie , Paris, A. Colin, 1996, p.12.
2 Madeleine Grawitz, Méthodes des sciences sociales , Paris, Dulloz, 1996.
3 Maurice Angers, Initiation pratique à la méthodologie des sciences humaines , Montréal, Centre
éducatif et culturel inc., 1992, p.353.
4 Jean-Pierre Rossi , L’approche expérimentale en psychologie , Paris, Dunod, 1997.
5 Jean-Pierre Deslauriers, Recherche qualitative. Guide pratique , Montréal
McGraw-Hill éditeur, 1991, p.6
6 Christian Delcourt, « La statistique littéraire », Introduction aux études littéraires. Méthodes du
texte , Paris – Louvain-la-Neuve, Edition Duculot, 1990, p.132-147
7 Charles Muller, Principes et méthodes de statistique lexical , Paris, Hachette, 1996
- Initiation aux méthodes de la statistique linguistique , Paris, Hachette, 1973.
- Langue française, linguistique quantitative, informatique, Génève-Paris, Slatkine-Champion, 1985.
8 Jacqueline Russ, Les méthodes en philosophie , 2 ème édition, Paris, A. Colin, 1996.
9 Bernard J.F. Lonergan, Pour une méthode en théologie , traduit de l’anglais sous la direction de
Louis Roy, collection « Cogitatio Fidei », n°93, Paris, éditions du Cerf-éditions Fides, 1978.
10 Jean-Claude Petit, La théologie : sa nature, ses méthodes, son histoire, ses problèmes ; répertoire
bibliographique international , Montréal, PUM, 1978.
11 Jean-Pierre Torrell, « Méthode en théologie et en théologie fondamentale », Revue Thomiste ,
Toulouse, 1981, vol.81, n°3, p.447-476.
12 Henriette Danet et Elvis Elengabeka, Secrets de la réussite : Guide des mémoires et des thèses en
Licence Master Doctorat, Yaoundé, 2013, p.17
13 Ibidem
14 Gérard Siegwalt, « L’acte théologique aujourd’hui. Risque et promesse », Revue d’Histoire et de
Philosophie religieuses 2 , 1972, p.137-148.
15 A.J. Greimas, Sémantique structurale , Paris, Larousse, 1966, p.41.
16 Michael Riffaterre, La production du texte , Paris, Seuil, 1979, p.89.
17 A. Julien Greimas, Joseph Courtés, Sémiotique. Dictionnaire raisonné de la théorie du langage ,
Paris, Hachette, 1979, p.388.
18 Jacques Derrida, L’écriture de la différence , Paris, Seuil, 1967, p.44.
19 Bonald, Articles de Mercure de France , paru sous l’Empire (recueillis dans œuvres complètes,
XIX è siècle.
20 Pierre Barberis, « La sociocritique », Introduction aux méthodes critiques pour l’analyse
littéraire , p.123.
21 Claude Duchet, « Pour une socio-critique ou variations sur un incipit », Littérature , n°1, Paris,
Larousse, 1977.
22 Gérard Gengembre, Les grands courants de la critique littéraire , Paris, Seuils, p.53.
23 Claude Duchet, « Positions et perspectives », Sociocritique , Paris, Nathan, 1979, p.3-4.
24 André Fossion et Jean Pierre Laurent, Pour comprendre les lectures nouvelles : linguistique et
pratique textuelle , Paris, Seuil, p.129.
25 Régine Robin et Marc Angenot, « La sociologie de la littéraire », Histoire des poétiques , Paris,
PUF, 1997, p.408.
26 Pierre N’Da, « Les romanciers africains et les modèles littéraires étrangers : À l’heure de la
« littérature-monde, quelle place pour l’originalité et l’identité culturelle ? », Université de Cocody,
Abidjan, En-Quête , EDUCI, n°21, 2009, p.15-26.
27 Charles Mauron, Des métaphores obsédantes au mythe personnel , Paris, José Corti, 1962, p.13.
28 Ibidem
29 Jean Bellemin-Noël, Psychanalyse et littérature , Paris, Que suis-je ? n°1752, 1995, p.96.
30 Pierre-Marc de Biasi, « La critique génétique », Introduction aux méthodes critiques… , p.6-7.
31 Gothot-Mersch, C., La genèse de « Madame Bovary » , Corti, 1966.
32 Pierre-Marc de Biasi, Carnets de travail de G. Flaubert , Ballard, Paris, 1988
33 Jean-Francis Ekoungoun, Ahmadou Kourouma par son manuscrit de travail. Enquête au cœur de
la genèse d’un classique , Paris, Ed. Connaissances et Savoirs, 2013.
34 Charles Morris, Fondations of the theory of signs , 1938.
35 Alan Henderson Gardener, Langage et actes de langage : Aux sources de la pragmatique , Lille,
Presses universitaire de Lille, 1989, p.13.
36 Anne Reboul et Jacques Moeschler, La pragmatique aujourd’hui, une science de la
communication , Paris, Seuil, 1998, p.27.
37 John Langshaw Austin, ( How to do things with word , 1962 ; trad.fr. Quand dire, c’est faire , Ed.
du Seuil, 1970).
38 Philippe Blanchet, La pragmatique. D’Austin à Goffman , Paris, Bertrand-Lacoste, 1995, p.12.
39 Dominique Maingueneau, Le contexte de l’œuvre , Paris, Dunod, 1993, p.65.
40 Mathieu Guidère, Méthodologie de la recherche , Paris, Ellipses Edition Marketing, 2004, p.27.
41 Gordon Mace et François Pétry, Guide d’élaboration d’un projet de recherche en sciences
sociales , 4 e éd Bruxelles, De Boeck, 2011, p.5.
42 Marie-Fabienne Fortin, Le processus de la recherche, De la conception à la réalisation , Ville
Mont-Royal, Décarie Éditeur, 1996, p.326.
43 Bernadette Plot, Ecrire une thèse ou un mémoire en Sciences humaines , Paris, Ed. H. Champion,
1989, p.90.
44 Plan de la thèse de Koffi Kouassi Pierre, Département de Lettres modernes, Université, Cocody-
Abidjan, 2005
45 Plan de la thèse de Doctorat soutenue par Fréderic Akomian Mobio, département de Lettres
modernes, Université Félix Houphouet-Boigny, 23 Janvier 2013
46 Plan de thèse de Doctorat de Rosine Gnamien D. B. Kouadio, Département de Lettres modernes,
Université Félix Houphouët Boigny, 2014.

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