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UNIVERSITE DE YAOUNDE I

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DEPARTEMENT DE PHILOSOPHIE
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UEPHI 551 : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

Sujet

Que pensez- vous de cette affirmation de Jean Pierre Fragnière, dans


Comment réussir un mémoire, Paris, Dunod, p116 : « la réalisation
d’un mémoire est une lente et stimulante découverte d’un aspect de la
réalité ; souvent l’appétit vient en mangeant, encore faut-il se mettre à
table  » ?

Février 2023

1
INTRODUCTION

La recherche scientifique est régit par des exigences et des règles bien définies. En
effet, il s’agit d’une aventure intellectuelle, dans le cadre de laquelle l’étudiant ou le
chercheur s’investit corps et âme, pour la réalisation soit d’un mémoire de Master, soit d’une
thèse de Doctorat. Si d’après Lucien Ayissi, il existe une réelle distinction entre « méthodes »
et « méthode »1, alors nous comprenons qu’un mémoire ou une thèse en philosophie obéit à
un canevas précis, une méthode de recherche précise et une lucidité d’esprit. Ce qui revient
donc à dire que le travail d’un mémoire est une tâche qui nécessite un esprit d’éveil et de
curiosité, la soif, le goût et le désir insatiable de la recherche, le tout couronner par un procédé
méthodologique propre à la recherche scientifique. C’est dans cette perspective d’élucidation
du sens de la recherche, que s’inscrit Jean-Pierre Fragnière, lorsqu’il écrit : « la réalisation
d’un mémoire est une lente et stimulante découverte d’un aspect de la réalité ; souvent
l’appétit vient en mangeant, encore faut-il se mettre à table ». En d’autres termes, nous
comprenons par-là que la mise sur pied d’un mémoire ne se fait point ex-nihilo et de manière
hasardeuse. Bien au contraire, il s’agit de la mise en exergue d’un certain nombre de
prédispositions à la fois méthodologiques, psychologiques, intellectuelles et matérielles. A cet
effet, la difficulté fondamentale à laquelle nous sommes confrontés, est celle des modalités de
réalisation d’un mémoire. Dès lors, peut-on penser avec Jean-Pierre Fragnière que la mise sur
pied d’un travail de recherche, fut-il un mémoire, nécessite un procédé méthodologique
précis ? Autrement dit, la réalisation d’un mémoire implique-elle un canevas bien déterminé
propre à la recherche scientifique ?

1 Lucien Ayissi, dans le cadre de son cours UEPHI 441 : Initiation à la recherche, Master I philosophie,
Université de Yaoundé I, Semestre I, année académique 2021-2022, inédit.

2
ANALYSE COMMENTEE DE LA PENSE DE L’AUTEUR

Tout d’abord, lorsque Jean-Pierre Fragnière écrit : « la réalisation d’un mémoire est
une lente et stimulante découverte d’un aspect de la réalité ; souvent l’appétit vient en
mangeant, encore faut-il se mettre à table », il voudrait par-là dire que la mise sur pied d’un
mémoire ne se fait point à partir de rien. En effet, tout part du constat ou de l’influence d’un
évènement ou d’un phénomène précis de notre vécu quotidien, qui nous pousse à vouloir
effectuer des une recherche. C’est dire que tout travail de mémoire se structure autour d’un
aspect particulier ayant marqué notre existence. C’est la raison pour laquelle dans le cadre
d’un mémoire, toute débute autour de la formulation d’un thème de recherche. En d’autres
termes, Jean-Pierre Fragnière, à travers cette citation, voudrait signifier que dans le cadre de
la réalisation d’un mémoire, il faut un ensemble d’éléments, entres autres le thème de la
recherche, le projet de la recherche, la méthode de recherche, le problème que l’on veut
résoudre et un plan structurel. De même que lors de la réalisation d’une maison, l’architecte
met sur pied un plan, fait le devis, les sismographes et autres spécialistes étudient le terrain
dans l’optique de savoir s’il est propice ou non, de même que la réalisation d’un mémoire est
comme le dit Fragnière lui-même, une « lente et stimulante découverte d’un aspect de la
réalité ». Ce qui revient donc à dire qu’un mémoire de recherche ne se fait point à partir de
rien. Il s’agit en réalité d’une longue investigation sur un phénomène précis de notre vécu, qui
obéit à un procédé méthodologique bien précis.

Ensuite, Jean-Pierre Fragnière, à travers ses propos, montre la particularité et l’état


psychologique du chercheur ou de l’étudiant : un adepte patient et courageux de la recherche,
un lecteur doué et posé qui évite la précipitation. En effet, il s’investit démontrer que
l’étudiant ou le chercheur doit s’armer d’un esprit et d’un gout insatiable vis-à-vis de la
recherche. Il doit être un amoureux de la lecture. Car, si « souvent l’appétit vient en
mangeant, encore faut-il se mettre à table », alors nous comprenons qu’il faut non seulement
éviter la précipitation, comme le recommandait René Descartes dans son Discours de la
méthode2, mais aussi, « en traitant vos dossiers, en dépouillant vos bibliographies, vous serez
confronté a une quantité de documents. Leur signification n’est pas toujours immédiatement
perceptible. Il faut aborder vos dossiers comme s’ils ne pouvaient pas livrer toute leur à la

2 Il s’agit en effet du second chapitre du Discours de la méthode, plus précisément la première règle de la
nouvelle méthode proposée par René Descartes qui stipule que : « Le premier était de ne recevoir jamais aucune
chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle; c’est-à-dire, d’éviter soigneusement la
précipitation et la prévention, et de ne comprendre rien de plus en mes jugements que ce qui se présenterait si
clairement et si distinctement à mon esprit, que je n’eusse aucune occasion de le mettre en doute  », René
Descartes, Discours de la méthode (1637), Paris, Librairie Larousse,1952, pp.47-48.

3
première dégustation »3. En d’autres termes, la mise sur pied d’un mémoire est une
expérience qui intègre un esprit de recherche perpétuelle dans un domaine précis. L’appétit
dont parle Jean-Pierre Fragnière, n’est rien d’autre que la soif et le désir de recherche. Ce qui
voudrait dire que pour réaliser un mémoire digne de ce nom, il faut être patient, rechercher de
fond en comble les éléments nécessaires qui entre dans le cadre de l’élaboration de notre
thème de mémoire. La patience, le gout de la recherche, la lucidité d’esprit, telles se
présentent les vertus auxquelles devrait avoir recours l’étudiant ou le chercheur pour réaliser
un mémoire. Si cette réalisation du mémoire est une expérience à la fois « lente et
stimulante », alors, nous comprenons que le domaine de la recherche est l’ailleurs de la
précipitation et le compagnon incontestable du désir insatiable de la recherche.

Enfin, nous pouvons comprendre que d’après Jean-Pierre Fragnière, la mise sur pied
d’un mémoire est une «  lente et stimulante découverte d’un aspect précis de la réalité  »,
nécessite du temps accordé à la lecture des ouvrages, des articles et revues, des
documentaires, l’écoute des informations. C’est à travers cela que nous parviendrons à
enrichir d’avantage notre culture intellectuelle et éprouver la soif de poursuivre les recherches
qui entrent dans le cadre de notre thématique de recherche. A force de lire de faire les
recherches en permanence, nous éprouverons du plaisir à développer notre thème du
mémoire. En réalité, cette affirmation de Jean-Pierre Fragnière est en quelque sorte une
« contribution à une psychanalyse »4 de l’esprit de tout chercheur ou étudiant désirant réaliser
un mémoire. Un tel point de vue est également perceptible lorsque nous nous référons à une
autre affirmation de Jean-Pierre Fragnière, ou il écrit : « « vivre le temps du mémoire comme
une aventure, une suite de découvertes, une période d’enrichissement de vos capacités, de
dépassement de vos connaissances antérieures. Vous le ferez même avec plaisir et cette dans
cette ambiance qu’il convient d’apprécier l’important travail qu’exigera de vous cette
entreprise. C’est dans cet état d’esprit que vous affronterez au mieux les difficultés que vous
ne manquerez pas de rencontrer, que vous dépasserez les inévitables échecs sectoriels et que
vous supporterez la réelle monotonie de certaines tâches  »5.

3 Jean-Pierre Fragnière, Comment réussir un mémoire, Paris, Dunod, p.46.


4 Nous empruntons cette expression à Gaston Bachelard, plus précisément dans sous-titre de son ouvrage intitulé
La formation de l’esprit scientifique.
5 Jean-Pierre Fragnière, Comment réussir un mémoire, p.139.

4
CONCLUSION

Que retenir au final ? En définitive, notre réflexion était centrée sur le problème des
modalités de réalisation d’un mémoire. A cet effet nous avons relevé que cette affirmation de
Jean-Pierre Fragnière est digne d’intérêt, en tant qu’elle définit et structure les mécanismes
rendant possible la mise sur pied d’un mémoire. Ainsi, nous notons au final que les propos de
Jean-Pierre Fragnière se résument en ceci : premièrement, la réalisation d’un mémoire obéit à
une méthode et des exigences bien précises, lesquelles s’articulent autour d’un thème sur un
aspect précis, d’un projet, d’une méthode, d’un problème, des problématiques et d’un plan
structurel. C’est dire qu’un mémoire ne se fait point ex-nihilo. Deuxièmement, il s’agit d’une
expérience qui s’accompagne d’un désir et d’un esprit de recherche : lectures, recherches
personnelles, collectes d’informations et données fiables et ce de façon perpétuelle. C’est
donc qu’à travers un tel état d’esprit que le chercheur ou l’étudiant pourra enrichir son spectre
réflexif, et éprouver d’avantage une soif insatiable de poursuivre ses recherches : l’appétit
vient donc en mangeant. Ce qui revient à dire que l’étudiant ou le chercheur doit s’armer de
courage, de patience et de rigueur dans la recherche, afin de réaliser un mémoire.

5
BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages

✔ DESCARTES, René, Discours de la méthode (1637), Paris, Librairie Larousse, 1952.

✔ FRAGNIERE, Jean-Pierre, Comment réussir un mémoire, Paris, Dunod, p.46.

✔ BACHELARD, Gaston, La formation de l’esprit scientifique. Contribution à une


psychanalyse de la connaissance objective, Paris, Librairie philosophique J. Vrin,
1967.

Cours
✔ AYISSI, Lucien, dans le cadre de son cours UEPHI 441 : Initiation à la recherche,
Master I philosophie, Université de Yaoundé I, Semestre I, année académique 2021-
2022, inédit.

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