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« La crise de l’humanité européenne et la philosophie »

Husserl 55
La grandeur des sciences de la nature réside en ceci qu’elles ne se satisfont pas d’une empiricité
intuitive, puisque toute description de la nature entend n’être pour elles qu’une transition
méthodique en vue de l’explication exacte, en dernier lieu physico-chimique. Ce sont de « simples
sciences descriptives » qui nous lient aux réalités finies du monde terrestre environnant (Umwelt),
voilà ce qu’elles pensent.
Au contraire, la science mathématique et exacte de la nature embrasse par sa méthode les réalités
infinies dans leurs effectivités et possibilités réelles. Elle comprend ce qui est donné intuitivement
comme apparition relative purement subjective, et enseigne à étudier le suprasubjectif lui-même,
conformément à l’absolument général (la nature objective), par une approximation systématique
d’après des éléments et des lois.
Par là même, elle enseigne à expliquer toutes les réalités concrètes données préalablement dans
l’intuition, qu’il s’agisse d’hommes, d’animaux, de corps célestes, à partir ce qui est ultimement
(…). La conséquence en fut une vraie révolution dans la maîtrise technique de la nature

Le monde environnant est un concept qui n’a sa place que dans la sphère spirituelle, à l’exclusion
de toute autre. Que nous vivions dans notre monde environnant respectif, dont la valeur rédise dans
tous nos soucis et nos peines, cela se déroule purement dans la spiritualité. Notre monde
environnant est une configuration spirituelle, en nous et dans notre vie historique. Il n’y a donc ici
aucune raison pour que celui qui prend pour thème l’esprit comme esprit, exige une explication de
ce monde autre que purement spirituelle. Et il en va ainsi en général : c’est un contresens que de
vouloir appréhender la nature comme étant en soi étrangère à l’esprit, et ensuite, d’asseoir la science
de l’esprit sur la science de la nature en prétendant ainsi la rendre exacte.
On oublie complètement, à l’évidence, que le terme de science de la nature (comme toutes les sciences
en général) désigne des productions humaines, celles des scientifiques qui travaillent ensemble, ; en
tant que telles, elles dont pourtant partie, tout autant que les processus spirituels, de l’ensemble ce
qui doit être expliqué selon la méthode des sciences de l’esprit. N’est-il pas alors absurde de vouloir
expliquer l’événement historique « science de la nature » selon la méthode des sciences de la nature,
c’est-à-dire en faisant intervenir des lois de la nature, qui, en tant que production de l’esprit,
appartiennent elles-mêmes au problème à résoudre ?

p. 66 Moi aussi, je suis certain que la crise européenne prend ses racines dans un rationalisme qui
s’égare. Mais cela ne permet pas de soutenir l’idée selon laquelle la rationalité comme telle est en soi
mauvaise, ou qu’elle n’a paour autant qu’une signification subordonnée dans toute l’existence
humaine. La rationalité prise en son sens élevée et véritable, seul sens que nous revendiquions, en
tant que sens originairement grec et devenu un idéal durant la période classique de la philosophie
grecque, nécessite assurément encore beaucoup d’élucidations, elle est cependant appelée à conduire à
un développement en direction de la maturité. Par ailleurs nous admettons volontiers (et l’idéalisme
allemand nous a à cet égard précédé depuis longtemps) que la figure du développement de la ratio
en tant que rationalisme de la période des Lumières a été, aussi concevable fût-il, un égarement.
Nous pressentons déjà qu’il va s’agir ici d’élucider les motifs les plus profonds qui sont à l’origine
du naturalisme funeste, et par là même, le sens véritable de la crise de l’humanité européenne
devrait finalement venir au jour.

Les nations européennes ont beau être encore vraiment hostiles les unes aux autres, elles ont
pourtant une parenté intime et singulière d’esprit qui les traversent de part en part, une fois les
différences nationales dépassées. C’est comme un lien sororal qui nous donne dans ce cercle la
conscience de l’appartenance à une patrie.

Il ne s’agit pas d’une de ces finalités organisatrices bien connues, qui dans le domaine physique,
donne leur caractère aux êtres organiques. Il ne s’agit pas d’une sorte de développement biologique
qui, partant de la figure embryonnaire, irait pas degrés jusqu’à la maturité, puis au vieillissement,
puis à l’extinction. Par essence, il n’y a pas de zoologie des peuples. Ce sont des
unités spirituelles, et ils n’ont pas, en particulier l’Europe supranationale, une figure parvenue, ni
jamais susceptible de parvenir à la maturité. (…) Le télos spirituel de l’humanité européenne (…)
se situe à l’infini (…)

p. 60 : En fait, c’est seulement chez les Grecs que s’accomplit en l’homme fini l’attitude
complètement transformée à l’égard du monde environnant, que nous caractérisons comme un
intérêt pur pour la connaissance, et par avance, comme un intérêt déjà purement théorique. Il ne
s’agit pas d’une simple curiosité qui, distraite du sérieux des soucis et des peines de la vie, devient
de manière accidentelle un pur intérêt porté à l’être et au mode d’être simple des données
environnantes, ou même un pur intérêt pris au monde environnant de la vie en son entier.

Bien au contraire, il s’agit essentiellement d’un intérêt analogue aux intérêts professionnels
et aux attitudes qui leur correspondent.
A l’encontre de tous les autres intérêts, celui-ci revêt le caractère particulier d’être un intérêt qui
embrasse le monde, et qui est entièrement non-pratique. On dispose par avance de toute
la vie à venir mue par la volonté et par conséquent, un horizon de travail conscient est pré-dessiné
en tant que champ de travail. Aussi l’homme est pris d’une aspiration passionnée à la
connaissance qui se hausse au-dessus de toute pratique naturelle de la vie avec ses peines et ses
soucis quotidiens, et qui fait du philosophe un spectateur désintéressé supervisant le monde.

Ainsi placé, le philosophe considère avant tout la multiplicité des nations, les siennes propres et les
nations étrangères, chacune disposant de son monde environnant propre qui, pour chacune, avec ses
traditions, ses dieux, ses démons, ses puissances mythiques, a la valeur d’un monde véirtable
purement et simplement évident. Au sein de ce contraste étonnant, se fait jour la différence entre la
représentation du monde et le monde véritable, et la question nouvelle de la vérité surgit.
Non pas donc la question de la vérité quotidienne liée à la tradition, mais celle d’une vérité en soi,
identiquement valable pour toux ceux que n’aveuglent pas la tradition. Il appartient à l’attitude
théorique du philosophe qu’il soit, par avance et constamment, résolu à consacrer continuellement
sa vie future, comme vie universelle, à la tâche de la theoria, et à édifier à l’infini la connaissance
théorique sur la connaissance théorique. Ainsi (…) s’éveille une nouvelle humanité, la philosophie
en tant que figure culturelle. Ces configurations idéales de la theoria conduisent sans plus au
travail mutuel, à l’aide réciproque par la critique. (…)
A la différence de toutes les œuvres culturelles, cette tendance n’est en aucun cas un intérêt en
mouvement lié au sol de la tradition nationale.

C’est donc le lieu de dévoiler la naïveté de ce rationalisme que l’on a pris pour la rationalité
philosophique pure et simple, mais qui est caractéristique assurément de la philosophie de toute la
modernité depuis la Renaissance et se prend pour rationalisme véritable, c’est-à-dire universel.
Toutes les sciences, et jusqu’à celles qui se sont développées dans l’Antiquité dès le début déjà, sont
prises dans cette naïveté inévitable au commencement. Plus précisément, le terme le plus général
pour désigner cette naïveté est l’objectivisme, formé de différents types de naturalisme et de
naturalisation de l’esprit.
Des philosophies anciennes et nouvelles ont été et demeurent naïvement objectivistes.

Je ne peux faire comprendre ce que je viens de dire que sous forme d’allusions grossières. L’homme
naturel (…) est installé dans le monde avec son souci et son action. Son champ de
vie et d’action est le monde environnant qui s’élargit spatio-temporellement autour de lui,
dans lequel il s’inclut lui-même.
Cette situation subsiste dans l’attitude théorique, qui ne peut être tout d’abord rien
d’autre que celle du spectateur désintéressé se maintenant au-dessus du monde en outre démythisé

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La philosophie voit dans le monde l’univers de ce qui est, et le monde devient le monde objectif, par
opposition aux représentations du monde -nationales- et variant de manière subjective et
particulière. La vérité devient donc la vérité objective.
Ainsi la philosophie commence comme cosmologie, elle est tout d’abord et bien
naturellement, par son intérêt théorique, orientée vers la nature corporelle, puisque tout ce qui est
donné spatio-temporellement a bien, à chaque fois, du moins quant au soubassement, la forme
d’existence de la corporéité.
Les hommes, les animaux, ne sont pas simplement des corps, mais si l’on dirige son
regard sur le monde environnant, ils apparaissent comme g, et par là même, comme des
réalités inscrites dans la spatio-temporalité universelle. Ainsi, tous les événements psychiques de
chaque moi, comme l’expérience, la pensée, la volonté, ont une certaine objectivité. La vie
communautaire, celle de la famille, des peuples, semble alors se dissoudre dans celle des individus
isolés, en tant qu’objets psycho-physiques. (…) La nature physique empiète partout.

70 Le cours historique du développement est sans doute pré-dessiné par cette attitude envers le
monde environnant. Ne serait-ce que le coup d’œil le plus furtif jeté sur la corporéité qui se trouve
dans le monde environnant montre que la nature est un tout homogène entièrement cohérent, pour
ainsi dire un monde pour soi cerné par la spatio-temporalité homogène, divisé en choses
particulières se déterminant toutes semblablement les unes les autres comme res extensa et selon une
causalité réciproque.

Dans l’ordre de la découverte, un premier pas, le plus grand, est très vite fait : il s’agit du
dépassement de la finitude de la nature, déjà pensée en soi comme quelque chose d’objectif, finitude
qui demeure telle malgré l’indéfinité ouverte. C’est la découverte de l’infinité, et d’abord sous la
forme de l’idéalisation des grandeurs, des mesures, etc. La nature, l’espace, le temps, s’étendent
idealiter à l’infini et se divisent idealiter à l’infini. La géométrie naît de l’arpentage, l’arithmétique
du calcul, la mécanique mathématique de la mécanique quotidienne etc. Alors la nature et le
monde intuitifs se transforment, sans que l’on en ait fait l’hypothèse explicitement, en un monde
mathématique, le monde des sciences mathématiques de la nature. L’Antiquité a ouvert la voie, et
la première découverte d’idéaux infinis et de tâches infinies a été accomplie en même temps que celle
des mathématiques.
Quel effet le succès enivrant de cette découverte de l’infinité physique a-t-il alors eu sur la conquête
scientifique de la sphère de l’esprit ?
Dans l’attitude à l’égard du monde environnant, dans cette attitude constamment objectiviste, tout
le spirituel apparaissait comme posé sur la corporéité physique. Il est facile dès lors de lui
transposer le monde de pensée des sciences de la nature. C’est pourquoi dès les commencements,
nous trouvons le matérialisme et le déterminisme de Démocrite.
(…)

Faisons un saut jusqu’à l’époque dite moderne. C’est avec un enthousiasme enflammé que la tâche
infinie d’une connaissance mathématique de la nature et, en général, d’une connaissance
du monde a été reprise.

Les immenses succès de la connaissance de la nature doivent être aussi accordés maintenant à la
connaissance de l’esprit. La raison a fait la preuve de sa force dans la nature. La méthode de la
science de la nature doit aussi déduire les secrets de l’esprit. L’esprit est réel, objectif, comme tel
fondé sur la corporeiété charnelle. L’appréhension du monde prend donc aussitôt et de manière
dominante la forme d’une appréhension dualiste, à savoir d’un dualisme psycho-physique. La
même causalité, simplement scindée en deux, englobe un monde unique, le sens de l’explication
rationnelle est partout le même, mais de telle sorte toutefois que toute explication de l’esprit, (…)
conduit au domaine physique.

Mais c’est là pour Husserl (72)


« la source de toutes les détresses : cet objectivisme ou cette appréhension psycho-physique du
monde, malgré son évidence apparente, est unilatérale et naïve, et en tant que telle, demeurée
incomprise. La réalité de l’esprit en tant qu’annexe réelle présumée des corps, son être spatio-
temporel présumé à l’intérieur de la nature sont un contresens. »
« l’époque moderne, si fière de ses succès millénaires, théoriques et pratiques, s’abîme en elle-même
dans une insatisfaction croissante, et bien plus, ressent sa situation comme une situation de
détresse. »

Ce sont des problèmes qui, de fond en comble, proviennent de la naïveté avec laquelle la science
objectiviste considère ce qu’elle nomme le monde objectif comme l’univers de tout ce qui est, sans
prêter attention au fait que la subjectivité opérant scientifiquement ne peut faire valoir son droit
aucune science objective.
Celui qui est formé dans l’esprit des sciences de la nature trouve tout naturel de devoir mettre hors
circuit tout ce qui est simplement subjectif et de déterminer objectivement la méthode des sciences de
la nature qui se présente dans les modes subjectifs de représentation. Ainsi, il cherche le vrai
objectif pour le psychique. (…)
Mais le chercheur en sciences de la nature n’est pas clairement conscient du fait que le fondement
constant de son travail pourtant subjectif de pensée est le monde environnant de la vie ;
ce dernier est constamment présupposé en tant que sol, en tant que champ
de travail, sur le fond duquel ses questions, ses méthodes de pensée ont un sens. Où est
désormais soumis à la critique et à l’élucidation ce dispositif méthodique vigoureux qui conduit
du monde environnant de la vie aux idéalisations mathématiques et à
l’interprétation du monde comme être objectif ?
Les bouleversements d’Einstein concernent les formules avec lesquelles la phusis idéalisée et
naîvement objectivée est traitée. Mais nous n’apprenons en rien comment les formules en général,
l’objectivation mathématique en général reçoivent un sens sur le soubassement de la vie et du monde
environnant intuitif ; et ainsi Einstein ne réforme pas l’espace et le temps dans lesquels notre vie
vivante se déroule.

La science mathématique de la nature est une technique merveilleuse pour faire des inductions
d’une productivité, d’une probabilité, d’une précision et d’une évaluation calculée qui ne pouvaient
auparavant pas même être pressenties. Mais en ce qui concerne la rationalité de ses méthodes et
théories, elle est une science tout à fait relative. Déjà, elle présuppose le point de départ principiel
qui est lui-même dépourvu de rationalité véritable. De même que le monde environnant intuitif
simplement subjectif est oublié dans la thématique scientifique, de même le sujet au travail lui-
même est ainsi oublié et le scientifique ne devient jamais un thème . (73)

Pourtant, le besoin ardent d’une compréhension de l’esprit se présente partout à notre époque, et
l’obscurité de la relation méthodique et objective entre les sciences de la nature et les sciences de
l’esprit est presque devenue insupportable. (…)
Mais rien ne peut être amélioré tant que l’objectivisme, né d’une attitude naturelle à l’égard du
monde environnant, n’est pas percé à jour dans sa naïveté, et que la connaissance qui fait de
l’appréhension dualiste du monde, au sein de laquelle nature et esprit doivent valoir comme des
réalités de sens équivalent, quoique fondés causalement l’un sur l’autre, n’est pas brisée de part en
part à titre d’absurdité.
L’esprit et même seul l’esprit existe en lui-même et pour lui-même, il est indépendant et, dans cette
indépendance et seulement en elle, il peut être traité de manière véritablement rationnelle et de fond
en comble scientifiquement.

Mais en ce qui concerne la nature dans sa vérité scientifique, elle n’est indépendante
qu’apparemment et n’est amenée à qu’apparemment par elle-même à la connaissance rationnelle
dans les sciences de la nature. Car la vraie nature en son sens scientifique est le produit de l’esprit
du chercheur des sciences de la nature, elle présuppose donc la science de l’esprit.
L’esprit est essentiellement capable de mettre en œuvre la connaissance de soi et, en tant qu’esprit
scientifique, la connaissance scientifique, et ce de manière répétée.
(…) En conséquence, il est absurde que les sciences de l’esprit combattent les sciences de la nature
pour obtenir l’égalité des droits. De même qu’elles accordent à ces dernières leur objectivité à titre
d’indépendace, de même elles ont elles-mêmes succombé à l’objectivisme. Mais telles qu’elles sont
maintenant constituées, avec leurs disciplines multiples, elles sont dépourvues de la rationalité
dernière et véritable qui rendrait possible la conception spirituelle du monde.
Ce n’est que lorsque l’esprit cessant de se tourner naîvement vers le dehors,
revient en lui-même et demeure en lui-même et purement en lui-même, qu’il
peut se suffire à lui-même. (76)

La formation d’une méthode véritable qui puisse saisir l’essence fondamentale de l’esprit dans ses
intentionnalités et édifier à partir de là une analytique conséquente de l’infini, a conduit à la
phénoménologie transcendantale. Elle surmonte l’objectivisme naturaliste et tout objectivisme en
général d’une seule manière possible, en ce que celui qui philosophe ainsi par de son moi (…) On
parvient dans cette attitude à édifier une science de l’esprit absolument indépendante sous la forme
d’une compréhension conséquente de soi-même et d’une compréhension du
monde comme production spirituelle
En cela, l’esprit n’est pas un esprit dans ou à côté de la nature, mais celle-ci passe elle-même dans
la sphère de l’esprit. Le moi n’est plus non plus une chose isolée à côté d’autres choses, qui le sont
aussi, dans un monde donné préalablement : la juxtaposition et l’extériorité des moi personnels les
uns par rapport aux autres s’efface en général au profit d’une relation intime entre êtres qui sont
l’un en l’autre et l’un pour l’autre.

Pour concervoir l’énigme de la « crise » présente, il faudrait élaborer le concept d’Europe en tant
que téléologie historique des buts infinis de la raison ; il faudrait montrer comment le « monde »
européen est né des idées de la raison, c’est-à-dire de l’esprit de la philosophie. La « crise » pourrait
alors être interprétée comme l’échec apparent du rationalisme. Le motif de l’insuccès d’une culture
rationnelle réside, comme nous le disions, non dans l’essence du rationalisme lui-même, mais
uniquement dans son extériorisation, dans son engloutissement dans le « naturalisme » et
« l’objectivisme.
La crise de l’existence européenne n’a que deux issues : soit la décadence de l’Europe devenant
étrangère à son propre sens vital et rationnel, la chute dans l’hostilité à l’esprit et dans la
barbarie ; soit la renaissance de l’Europe à partir de l’esprit de la philosophie, par un héroïsme de
la raison que surmonte définitivement le naturalisme. Le plus grand danger pour l’Europe est la
lassitude. Luttons avec tout notre zèle contre ce danger des dangers. (…) Seul l’esprit est immortel.

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