Vous êtes sur la page 1sur 400

Série « annales »

ANNALES 2017
DE LA BANQUE
D’ÉPREUVES
COMMUNES CCIR
SUJETS ET CORRIGÉS

HEC

ESSEC

ESCP EUROPE

EM LYON

EDHEC

ESC

IÉNA

Avec le soutien de l’ISC Paris

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 1 13/10/2017 11:34


978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 2 13/10/2017 11:34
Le mot
ESPACE PRÉPAS
Aucun candidat à ­l’intégration des Grandes Écoles de management ne peut
se passer ­d’un travail autour des épreuves tombées au(x) concours précé-
dent(s). Aucun préparationnaire ne doit passer à côté de cette nouvelle édition
des Annales BCE ! Le présent ouvrage propose une sélection de corrigés du
concours 2017, un must pour accompagner les derniers mois de préparation
avant les écrits du printemps prochain.
Faites-­en un compagnon de route pour vous familiariser avec les épreuves,
leurs formulations, les consignes associées. Intéressez-­vous au côté technique
du concours, aux conditions dans lesquelles il se déroule et aux attentes des
écoles. Cela vous évitera les surprises, les doutes et le hors-­piste au moment
de composer. Il est important d ­ ’anticiper ce volet dans vos révisions avec vos
professeurs également. Arrivez dans la salle ­d’examen en sachant ce que ­l’on
attend de vous.
Pour vous mettre en condition, ­l’équipe ­d’Espace Prépas et des éditions
Studyrama ont rassemblé un panel de sujets le plus représentatif de la diver-
sité et de ­l’exigence du concours : toutes les voies, toutes les matières et tous
les fournisseurs d ­ ’épreuves sont présents. Tous les corrigés sont réalisés par
des professeurs de classes préparatoires qui ne manquent pas, lorsque cela
est nécessaire, de commenter le sujet et leurs propositions de correction. Pour
une immersion maximale dans la préparation au concours, doublée ­d’une prise
de recul bienvenue.
Remercions ces professeurs, dont un certain nombre écrit également pour la
revue Espace Prépas. Avec eux, nous explorons le thème de culture générale,
nous décortiquons ­l’actualité géopolitique, nous parlons méthodologie dans
chacun des 5 numéros paraissant dans l­’année. Espace Prépas réunit également
toutes les informations importantes au sujet des business schools que vous vous
apprêtez à intégrer. ­C’est ­d’ailleurs avec le soutien de ­l’une ­d’entre elle, ­l’ISC
Paris, que nous réalisons cet ouvrage qui vous sera définitivement utile cette
année pour tout savoir sur le concours BCE. Seul point tenu secret : ­l’intitulé
des prochains sujets ! Bon courage et bonne réussite à vous.

Stéphanie Ouezman
Rédactrice en chef ­d’Espace Prépas

Pour lire Espace Prépas

ANNALES CCIR 2017-2018 l 3

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 3 13/10/2017 11:34


Sommaire
Le mot d’Espace Prépas 3
Coefficients et cooptation
les épreuves du concours ISC Paris 2017 7
Présentation de l’ISC Paris 9

Épreuves communes

CULTURE GÉNÉRALE
Épreuve EM LYON 14
Épreuve EDHEC-ESSEC 21
RÉSUMÉ DE TEXTE
Épreuve HEC 29
LANGUE VIVANTE 1
Anglais IENA 37
Anglais ELVi 41
Allemand IENA 47
Allemand ELVi 51
Espagnol IENA 57
Espagnol ELVi 61
Italien IENA 67
LANGUE VIVANTE 2
Anglais IENA 71
Anglais ELVi 75
Allemand IENA 79
Allemand ELVi 82
Espagnol IENA 86
Espagnol ELVi 90
Italien IENA 94

4 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 4 13/10/2017 11:34


Option scientifique

HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE


DU MONDE CONTEMPORAIN
Épreuve ESCP Europe 97
Épreuve ESSEC 111
MATHÉMATIQUES
Épreuve EM LYON 124
Épreuve ESSEC 150
Épreuve HEC 178
MATHÉMATIQUES II
Épreuve HEC/ESCP Europe 216

Option économique

ÉCONOMIE, SOCIOLOGIE ET HISTOIRE


DU MONDE CONTEMPORAIN
Épreuve ESSEC 233
Épreuve ESCP Europe 242
MATHÉMATIQUES
Épreuve EM LYON 251
Épreuve EDHEC 270

Option technologique

ÉCONOMIE
Épreuve ESC 292
Épreuve ESSEC 307
DROIT
Épreuve ESC 336
Épreuve ESSEC 346
MATHÉMATIQUES
Épreuve ESCP Europe 355
Épreuve ESC 372
RÉSUMÉ DE TEXTE
Épreuve ESC 387

ANNALES CCIR 2017-2018 l 5

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 5 13/10/2017 11:34


iscparis.com

Préparez vos écrits et retrouvez gratuitement


toutes les annales depuis 2006 sur notre site internet.

LAISSEZ-VOUS
SURPRENDRE
PAR VOTRE FUTUR

LES ÉPREUVES ISC PARIS DU CONCOURS 2018

PRÉSENTATION DE L’ISC PARIS

6 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 6 13/10/2017 11:34


ÉPREUVES ÉCRITES ET COEFFICIENTS
ISC PARIS
AUX CONCOURS 2018
OPTION SCIENTIFIQUE Concepteur Coefficient Durée
Dissertation de culture générale EM LYON 5 4h
Contraction de texte HEC 3 3h
Mathématiques EM LYON 4 4h
Langue vivante I IÉNA 8 4h
Langue vivante II IÉNA 5 3h
Histoire, géographie et géopolitique du monde
ESCP Europe 5 4h
contemporain

OPTION ÉCONOMIQUE Concepteur Coefficient Durée


Dissertation de culture générale EM LYON 4 4h
Contraction de texte HEC 3 3h

ÉPREUVES ISC PARIS DU CONCOURS 2018


Mathématiques EM LYON 3 4h
Langue vivante I IÉNA 7 4h
Langue vivante II IÉNA 5 3h
Économie, sociologie et histoire du monde
ESCP Europe 8 4h
contemporain

OPTION TECHNOLOGIQUE Concepteur Coefficient Durée


Dissertation de culture générale ESC 3 4h
Résumé de texte ESC 3 3h
Mathématiques ESC 3 4h
Langue vivante I IÉNA 4 4h
Langue vivante II IÉNA 3 3h
Économie/ Droit ESC 5 4h
Management et Gestion de l’entreprise ESC 9 4h

OPTION A/L Ulm et ENS Lyon Concepteur Coefficient Durée


Contraction de texte HEC 3 3h
Langue vivante I IÉNA 7 4h
Langue vivante II IÉNA 5 3h
Moyenne concours ENS 15

OPTION B/L Concepteur Coefficient Durée


Contraction de texte HEC 3 3h
Dissertation littéraire ESSEC 5 4h
Dissertation philosophique HEC 4 4h
Histoire ou géographie ESCP Europe 4 4h
Langue vivante I IÉNA 5 4h
Langue vivante II IÉNA 3 3h
Épreuve à options ESSEC 6 4h

ANNALES CCIR 2017-2018 l 7

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 7 13/10/2017 11:34


978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 8 13/10/2017 11:34
ISC PARIS
22, boulevard du Fort de Vaux
75017 Paris
Tél. : 01 40 53 99 99
Fax. : 01 40 53 98 98
Internet : www.iscparis.com
E-mail : ltheulier@iscparis.com

LAISSEZ-VOUS SURPRENDRE
PAR VOTRE FUTUR

I NTERLOCUTEURS

Président du groupe :  Yves Hinnekint


Directeur Général :  Henry Buzy-Cazaux
Directeur Général adjoint / Académie et Recherche :  Tamym Abdessemed
Directeur des Programmes : Thierry Delécolle
Directrice du Programme Grande École : Bianca Lauret
Directeur des Relations Entreprises/Relation Alumni :  Martine Verbrugghe
Directeur Entreprises Étudiantes :  Pierre Barreaud

I NFORMATIONS GÉNÉRALES

Principaux repères
Une formation académique, internationale et professionnelle sur 3 ans
• Création : 1963 (association loi 1901) ;

PRÉSENTATION DE L’ISC PARIS


• Situation  : Paris, ville privilégiée pour l’emploi, les stages, les partenariats ;
• Reconnaissance par l’État : 1969, Diplôme visé à Bac+5 par le Ministère de
l’Éducation Nationale et conférant le Grade de Master ;
• Membre de la Conférence des Grandes Écoles ;
• Membre du Chapitre des Écoles de Management ;
• Accréditée AACSB ;
• Membre de l’EFMD (European Foundation for Management Development) ;
• Membre de l’UGEI (Union des Grandes Écoles Indépendantes) ;
• Membre de la FNEGE (Fondation Nationale pour l’Enseignement et la Gestion
des Entreprises) ;
• Membre de l’EAIE (European Association for International Education) ;
• Membre de la NAFSA (Association for International Educators) ;
• Membre de Campus France ;
• Labellisée EESPIG (établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général)

Quelques chiffres
• 2 400 étudiants ;
• 55 professeurs permanents et enseignants chercheurs et 300 professionnels
d’entreprises ;
• De nombreuses spécialisations et doubles diplômes couvrant tous les domaines
(luxe, finance, management du sport, e-business, communication, …) ;
• 18 Entreprises Étudiantes (culture & arts, sports & aventures, service aux
étudiants, humanitaire) ;

ANNALES CCIR 2017-2018 l 9

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 9 13/10/2017 11:34


• 147 accords internationaux dans 48 pays ;
• Au minimum 12 mois de stages ;
• Plusieurs centaines d’entreprises et organismes partenaires ;
• 40 000  € de salaire annuel au 1 er emploi ;
• Plus de 17 000 anciens élèves.

Frais de scolarité : 11 300 € pour l’année scolaire 2016-2017 (frais réévalués


chaque année).
Financement des études : bourses d’État, bourses ISC Paris (de 500 à
1 600  €), prêts bancaires à taux préférentiels. Job service interne (ISC Network,
missions rémunérées 10 € de l’heure), alternance, emploi du temps aménagé
et contrat de professionnalisation possible.

L
AISSEZ-VOUS SURPRENDRE PAR VOTRE FUTUR

Dans un monde interpellé par la globalisation de l’économie, les multiples


changements du système économique et social, les évolutions technologiques
incessantes, la mission de l’ISC Paris est d’assurer aux élèves sélectionnés une
formation généraliste au management, de haut niveau académique assise sur
une activité de recherche diversifiée, réellement professionnalisante et condui-
sant à une insertion professionnelle de qualité.

Dans le cadre de cette formation, l’ISC Paris se donne aussi pour mission :

• d’accompagner les élèves à devenir acteurs responsables de leur forma-


tion et de l’acquisition de leurs connaissances, à construire leur identité
professionnelle et à développer leur capacité à donner du sens au travail.
PRÉSENTATION DE L’ISC PARIS

• de développer les capacités décisionnelles des élèves par une pédagogie de
l’action stimulant l’esprit d’entreprise, par la mise en œuvre d’enseignements
transversaux et par l’acquisition d’une bonne pratique des réseaux.
• d e conduire des activités de recherche diversifiée : recherche à visée
managériale, à visées théoriques et à visée pédagogique.
• d’encourager les élèves à la prise de risque en milieu complexe et incertain,
en leur donnant le goût de l’entrepreneuriat, et en développant leurs capacités
d’analyse et de synthèse, de créativité et d’innovation, de prise de décision.
• de construire des communautés apprenantes favorables à l’apprentissage
collaboratif, source d’intelligence collective et de création de valeur.
• de préparer les élèves à la conduite du changement par l’hybridation des
savoirs, par la capacité à l’approche globale des problématiques de l’entre-
prise, par l’ouverture d’esprit et la culture générale, par le développement du
leadership.
• de prédisposer les élèves à assurer des responsabilités professionnelles dans
un environnement international par une exposition aux réalités internationales
et une approche multiculturelle du management.
• d’amener les élèves à prendre conscience des exigences de l’éthique des
affaires, de la responsabilité sociale de l’entreprise et de créer les conditions
favorables d’une pratique de l’altérité, du respect de l’autre et de la solidarité.

10 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 10 13/10/2017 11:34


Devenir expert et trouver sa voie

Objectif : dispenser une formation académique de qualité et personnalisée.

Marketing, droit, communication, gestion… avec 44 matières à valider au cours


de vos deux premières années d’études, vous aurez la possibilité d’acquérir
les connaissances nécessaires pour mener à bien les principales missions d’un
manager : définir une stratégie marketing et commerciale, diriger une équipe,
gérer un budget…
Cette polyvalence et cette pluridisciplinarité, fortement appréciées des recru-
teurs, seront complétées par 5 pré-spécialisations au choix.
En 3e année, entre 300 à 350 heures de spécialisation, vous maîtriserez parfai-
tement l’un de nos domaines d’expertise. De la finance au marketing, du luxe
aux nouvelles technologies, des ressources humaines à l’international, chacun
pourra trouver le domaine de compétence qui conviendra le plus à sa vocation.
Ces spécialisations construites comme de véritables Masters vous ouvriront
les portes des recruteurs les plus exigeants.

Les spécialisations et doubles diplômes de 3e année

MARKETING/COMMUNICATION ET RELATIONS COMMERCIALES


- Management des relations commerciales
- Marketing digital et e-business
- Marketing stratégie
- Marketing communication
- Marketing management des industries créatives
- Marketing management des industries du luxe
- Marketing et Management du Sport
- Management des études Marketing et d’Opinions DD

PRÉSENTATION DE L’ISC PARIS


MANAGEMENT
- Entrepreneuriat
- Innovation in European Business DD
- Management des Systèmes d’Information
- Management et Marketing des Technologies de l’information
et de la communication DD
- Achats et Supply Chain Management
- International Business and Management
- Management des Ressources Humaines
- Manageur-Ingénieur (EFREI) DD
- Sustainable development and global quality Management DD
- Organisation et conduite du changement DD
- Business Intelligence DD
- Information system and cloud engineering DD

FINANCE ET AUDIT
- Expertise Juridique et Fiscale / Ingénierie du Patrimoine DD
- Finance
- Gestion des Risques Financiers DD
- Gestion des Instruments Financiers DD
- Expertise Audit et Contrôle (validation de 5 épreuves sur 7 du diplôme DSCG)

DD = Double diplôme

ANNALES CCIR 2017-2018 l 11

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 11 13/10/2017 11:34


Mettre le cap sur l’international pour s’ouvrir au monde

Objectif : vous ouvrir les portes de l’international.

Conscient du caractère primordial des langues sur le marché du travail, l’ISC


Paris vous offre la possibilité d’étudier jusqu’à trois langues étrangères.

C’est pour vous une triple opportunité :

• Perfectionner votre niveau en anglais, langue des affaires par excellence, et


valider une qualification officielle (TOEFL et/ou TOEIC). À l’ISC Paris, les meil-
leurs étudiants en anglais pourront suivre un cursus bilingue et International ;
• Renforcer vos compétences dans une 2e langue déjà étudiée ou en
découvrir une nouvelle ;
• S’ouvrir à des cultures plus originales, avec la possibilité de choisir une
3e langue (arabe, chinois, coréen, espagnol, italien, japonais, portugais,
russe…) afin de vous préparer à aborder les nouveaux marchés en pleine
effervescence !
Au-delà de votre niveau linguistique, ce sont vos expériences réelles à
l’international qui feront la différence aux yeux des recruteurs.
À l’ISC Paris, vous aurez la possibilité en 1re année de faire un stage de
4 mois à l’international ; en 2e ou 3e année de partir 1 ou 2 semestres
chez un de nos partenaires avec la possibilité d’un diplôme de l’univer-
sité d’accueil ; d’effectuer un stage de 6 à 8 mois à l’étranger et enfin de
suivre un MBA en 4e année !
Pour ceux dont l’objectif professionnel n’est pas orienté vers l’international,
il faudra néanmoins valider le « passeport international » en validant le
TOEIC avec un score minimum de 785 points et/ou son TOEFL à 90 points,
et vivre au moins une expérience à l’international : lors d’un stage de
PRÉSENTATION DE L’ISC PARIS

16  semaines minimum et/ou lors d’un échange dans l’une de nos
147 universités partenaires dans 48 pays.

S’immerger en entreprise et devenir professionnel

Objectif : faire de l’entreprise un lieu d’acquisition des compétences.

Lors de vos recherches de stages et d’emplois, les recruteurs seront particu-


lièrement attentifs à vos expériences professionnelles. En bref : à ce que vous
savez faire !
L’ISC Paris a donc développé sa pédagogie autour de l’acquisition d’ex-
périences, en proposant 12 à 26 mois de stage au cours des trois années.
Ces expériences de terrain vous permettront d’appréhender les missions
d’entreprises, de tester différents secteurs d’activités et d’acquérir des
compétences professionnelles. De plus, vous pourrez choisir de passer
12 mois en entreprise entre votre 2e et 3e année, c’est l’année d’expérience
professionnelle. Pour vous aider à aborder ces stages de façon efficace et
professionnelle, vous bénéficierez d’un coaching personnalisé.
Autre atout : vous profiterez à Paris, d’une situation géographique exception-
nelle, qui vous donnera accès à un important réseau d’entreprises dans des
domaines d’activités variés.

12 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 12 13/10/2017 11:34


Des moyens mis en place pour accompagner la recherche de stage

• L’Entreprise Étudiante, Partner ISC, propose à tous les étudiants de l’école


des offres de stage en France et à l’international. L’année dernière, ce sont
près de 4 000 offres de stages qui ont été proposées.
• MyISCstage permet aux recruteurs de déposer leurs offres de stage à partir de
notre site internet et à nos étudiants de les consulter en temps réel. Cet outil
permet aussi à nos étudiants d’être en contact avec les différents recruteurs
afin d’échanger avec eux sur les missions proposées.

Des outils pour trouver son 1er emploi :

• Les forums ISC Paris : permettent deux fois dans l’année à nos étudiants de
rencontrer les entreprises qui recrutent ;
• La semaine des métiers et la quinzaine des secteurs d’activité ;
• Les ateliers CV/emploi ;
• CV des jeunes diplômés en ligne, consultables par les entreprises ;
• La rédaction et la soutenance d’un projet professionnel pour chaque étudiant
de 3e année ;
• Un réseau actif de plus de 17 000 anciens ;
• Plus de 3 000 offres d’emploi déposées par an ;
• 11e au classement des meilleures universités et écoles en France pour l’employa-
bilité des diplômés (Times Higher Education – novembre 2016) ;
• Une nouvelle plateforme exclusive en partenariat avec Job Teaser.

Un pédagogie par l’action : « Entreprendre pour Apprendre »

Objectif : créer un pont entre connaissances et expérience professionnelle grâce


à l’univers des Entreprises Étudiantes.

PRÉSENTATION DE L’ISC PARIS


Dès votre première année, et pendant toute votre scolarité, vous pourrez
allier formation académique et missions réalisées au sein de votre Entreprise
Étudiante. L’intérêt premier de cette « alternance » est de vous permettre
d’appliquer l’ensemble des connaissances enseignées en cours lors de missions
d’entreprises réelles.
Point d’orgue du parcours, les Entreprises Étudiantes vous obligeront à
gérer un emploi du temps conséquent, à l’image des managers en activité. Des
expériences qui vous apprendront à vous organiser, à planifier, à déléguer,
à anticiper… des qualités attendues par les entreprises.

Depuis plus de 50 ans, l’ISC Paris accompagne


ses élèves sur le chemin de la réussite.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 13

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 13 13/10/2017 11:34


S UJET

CULTURE GÉNÉRALE
Durée : 4 heures.

– La dissertation devra être précise et concise. Elle ne devrait pas


EM excéder 6 à 7 pages, les dépassements ne pouvant se justifier que par
LYON
une qualité exceptionnelle.
– La note tiendra compte de la présentation, du style, de la correction
de la langue et de ­l’orthographe. Au-­delà de 5 fautes ­d’orthographe
et de syntaxe, il y aura pénalisation automatique et progressive.
– Les candidats ne doivent faire usage d­ ’aucun document, l­ ’utilisation
de tout matériel ­n’est pas autorisée.

S
UJET

DISSERTATION

Une parole peut-­elle faire évènement ?


S

C ORRIGÉ
Par Tony Brachet, agrégé de philosophie, E.N.S. St-­Cloud, correcteur aux
concours des Grandes Écoles de commerce.

« Entre le vide et ­l’évènement pur,


­J’attends ­l’écho de ma grandeur interne
Eco. techno. Khâgne

Amère, sombre et sonore citerne,


Sonnant dans ­l’âme un creux toujours futur ».

Ces vers du Cimetière marin ouvrent commodément le beau sujet de ­l’EM


Lyon. Louons-­en, cette année encore, le « classicisme », sans en exclure la
difficulté. S
­ ’il semble, en effet, aisé de « cibler » ­l’évènement q
­ u’une parole –
CULTURE GÉNÉRALE

poétique, politique ou amoureuse – est ou constitue, il ­l’est autrement moins


de décrire celui ­qu’elle détermine, en tant que jurisprudence par exemple,
ou encore dans la philosophie, ­lorsqu’elle fait École.

Événement a en effet deux sens bien tranchés. Soit il surgit en tant que telle
parole dans un monde auquel elle ­n’appartenait pas encore, soit il advient
comme conséquence de cette parole et il convient dès lors de doter cette
dernière ­d’une sorte de « causalité ». Les complications, autrement dit notre
problématique, commencent ici.

La causalité est en général ­d’ordre matériel – rappelons ce titre de Léon


S cient.

Brunschvicg : ­L’expérience humaine et la causalité physique. On parle ainsi


­d’évènement ­lorsqu’une particule « apparaît » ou « disparaît » – un photon,
un électron – dans des processus bien connus et répétables ; mais aussi, et

14 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 14 13/10/2017 11:34


cette fois avec force paroles, l­orsqu’une nouvelle « structure physique » est
détectée, voire attendue « en théorie » dans un accélérateur.
EM
Cet évènement, dont une parole est constitutive – « ­j’ai trouvé le boson de
LYON
Higgs ! » – cesse alors ­d’être seulement un « fait » à la première ou deuxième
occurrence duquel nous venons ­d’assister. Il appartient désormais à ­l’Histoire,
cette « phrase qui reflète la réalité, mais ­qu’on ­n’avait jamais dite auparavant »
­s’il faut en croire un certain commentateur de Hegel.

C ORRIGÉ
Du fait pourtant de la finitude de ce processus – l­’Histoire, que ce philosophe
dit n ­ u’un discours : « Il se produit toujours des évènements, mais on
­ ’être q
ne peut plus rien en dire de nouveau. »
La « fin de ­l’histoire » serait donc le temps des évènements sans paroles, se
répétant à la façon ­d’un fait physique.

Cette citation, qui épouse parfaitement notre sujet, va même en constituer


la trame.

Nous définirons l­’Histoire – soit l­’ensemble des évènements qui ne constituent


pas des faits naturels – comme ­l’effet ­d’une « causalité parlante » comparable
à la « causalité finale » ­d’Aristote, ou à la « causalité psychique » de Lacan –
comme ­l’« intégrale » des évènements de parole, ou évènements communs.
Puis nous montrerons que les évènements sus-­désignés, parvenus par
la répétition, à leur propre « concept », « perdurent », en se détachant des
paroles qui ont présidé à leur émergence, en tant q ­ u’évènements banalisés,
se rapprochant tendanciellement des faits bruts.
Enfin nous nous demanderons si nous sommes bien fondés à suivre dans
leur approche métaphorique du fait de parole, dont ils déduisent l­’évènement
– que ce soit au titre du signifiant ou bien du signifié – des auteurs tels que
Derrida ou Kojève, et si certains faits culturels, ­d’ordre artistique, affectif ou
religieux, ne méritent pas au contraire le nom ­d’évènements purs, avec ou
sans paroles.
Eco. techno. Khâgne

Les évènements constituent, tous ensemble, l­’Histoire, et celle-­ci peut


être conçue comme le déploiement multiple ­d’une Parole.

Les évènements constituent ­l’Histoire. Celle-­ci ­n’est pas un ensemble de


faits « naturels ». On peut même, en toute rigueur, hésiter à parler ­d’«  Histoire
de ­l’Univers » ou ­d’« Histoire des espèces », ­c’est-­à‑dire de ce qui ne parle
CULTURE GÉNÉRALE

pas comme ­d’un évènement, plutôt que ­d’un fait physique – répétitif – ou
à ­l’inverse ­d’un fait biologique – « silencieux ».
­L’histoire humaine peut être définie à partir de tout évènement fait parole – à
condition ­qu’il y en ait au moins deux. Parole prophétique, parole de tribun
même vox populi – quand la voix reflète une voix singulière, non certes les
cris ­d’une émeute ou les applaudissements du cirque, paroles retournées
à la voix.
Les paroles, disposées ensemble, sont élevées au récit, dont Paul Ricoeur
ou Paul Veyne, après tant ­d’autres, nous ont appris combien il est malaisé
de le distinguer de l­’histoire. Un récit – tel que la Guerre des Gaules – est
parole une ou, comme dans une nouvelle littéraire, s­ ’opposent le début et la
S cient.

fin ou « chute ». Deux évènements au moins y constituent comme le précise


Hjelmslev, un seul signifiant textuel, comparable à ces paroles isolées et
singulières : Veni, vidi, vici, relatives à une autre campagne de César.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 15

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 15 13/10/2017 11:34


­ ’Histoire est donc bien une « phrase » – toujours singulière puisque ­l’on se
L
trouve toujours en un moment (et un lieu) déterminé du récit ­qu’elle constitue
EM
en sa totalité. On songe à Chomsky, à ceci près que la créativité de la
LYON
phrase, ou des paroles, est attribuée par notre philosophe à la sous-­jacence
­d’un discours. Ainsi Kojève, dans le même texte, évoque le « début de la
phrase », ­qu’il situe en Grèce ancienne – en écartant la pensée orientale, au
motif ­qu’elle ne serait ­qu’une répétition radicalisée de ce même « début ».
C ORRIGÉ

Une phrase, des paroles ou même des mots ne constituent pas un discours
au sens contemporain, par exemple, de Foucault ou de Lacan. Les phrases
qui déterminent ­l’Histoire – les phrases-­évènements, pourrait-­on dire –
possèdent, en effet, un caractère discontinu, quand bien même on les
rapporterait, comme Chomsky, à la même « capacité phrastique » et au
mépris de la diversité des langues. Les paroles sont pourtant, par impos-
sible, disséminées q ­ u’elles sont dans ­l’espace et le temps, « plus multiples »
que ces dernières.
On serait ici tenté de conclure, comme Descartes, à la négation de l­’Histoire,
en reléguant les « évènements » dans un imaginaire fait ­d’identification et de
récit. Ainsi, Cournot oppose-­t‑il, à ­l’histoire comprise comme succession de
singularités évènementielles observables – le monde ­d’Ockham en quelque
sorte –, la science des faits répétables, dont on sait ­aujourd’hui ­qu’ils ne
sont, à ­l’échelle humaine, ni simultanés, ni successifs.
Les « évènements » du monde physique – ainsi, la « création » ou plutôt
­l’émergence ­d’une paire de particules telles que le couple électron-­positron,
suivie de son « annihilation » ou disparition – constituent, en dépit de leur
caractère « spectaculaire » pour l­’observateur, qui n ­ ’en perçoit d
­ ’ailleurs que
les signes, un « non-­évènement », faute de parole pour les accompagner
au-­delà du constat de leur mesure qui ­n’est ­d’ailleurs ­qu’une trace matérielle
ou un simple enregistrement.

­L’évènement physique, dé-­qualifié par la quantification, se réduit ainsi au fait.


Tous les évènements que l­’on rattache au monde humain sont a contrario
Eco. techno. Khâgne

irréversibles, q
­ u’on les considère comme faits réels ou faits de récit. Le Christ
de Tacite, Vico ou Voltaire appartient à ­l’Histoire aussi bien par toutes les
paraboles que rapportent de manière plausible les « Synoptiques » que par
les dogmes dirimants (Incarnation, Double Nature, Double Volonté) érigés
à son sujet par les religions, schismes et hérésies.
Avant que le « discours théologique » – catholique – en fasse une énigme –
CULTURE GÉNÉRALE

un évènement ininterprétable en vérité –, Jésus, « Fils de ­l’Homme », est un


évènement de parole, tant par le nom que lui confère le récit et par lequel
nous le résumons, que par chacune de ses paroles – métaphores, métony-
mies ou paraboles – que les Évangiles en rapportent, et ceci, tant pour le
croyant que pour ­l’athée.

Rares – autant que singulières – sont toutefois les paroles qui ne font
évènement que par elles-­mêmes. Il convient de distinguer deux sortes
­d’évènements, comme aussi deux sortes de paroles.

On soupçonne certes – pour ce ­qu’il en est de Jésus – que la parabole du


S cient.

fils prodigue, ou celle de l­’ouvrier de la onzième heure ont « circulé » plus


tôt encore dans les différentes communautés, et non moins que le récit de
la Résurrection, qui ne fait pourtant pas pour tous Événement au sens où il

16 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 16 13/10/2017 11:34


ne reflète pas pour eux la réalité. Une croyance en effet, non moins ­qu’une
« œuvre » – peut aussi « faire évènement ». Elle n­ ’en est pas moins constituée
EM
par une parole – un dogme, ou la répétition ­d’un récit.
LYON
­L’Histoire – voire, la microhistoire que veut y voir un Carlo Ginzburg, à laquelle
­l’on pourrait faudrait ajouter une « mésohistoire » collective et « structurale » –
est faite ­d’évènements qui sont faits par des paroles. Certains, redisons-­le,
sont des paroles : ainsi, une parabole fait évènement dans la mesure où elle

C ORRIGÉ
est un récit ; ­d’autres en supposent seulement et ­n’accèdent à ­l’historicité
que par le récit, ou la répétition que ­l’on en fait.

Dans la « grande Histoire » – la macrohistoire –, ­l’Appel du 18 juin – si


fréquemment cité alors que sa force perlocutoire n ­ ’a atteint, affirment
unanimement les historiens, que peu d ­ ’auditeurs étend pourtant, sa force
illocutoire ­jusqu’à ­l’écrasante Constitution de 1958 et au discutable « Coup
­d’État permanent » dont ­l’affublera un rival historique – autre phrase –
évènement, appropriée ou futile selon l­’interprétation que l­’on donnera, par
exemple, de son article 16.
Le Général de Gaulle a fait évènement de chacune de ses paroles, des
propositions d ­ ’« armée de métier » – vainement suggérées, en tant que simple
colonel en 1934, à Paul Reynaud qui s­ ’y rallia, puis à Blum – à ­l’Appel,
parole-­évènement rétroactive (ou de performativité inverse q ­ u’Aristote ou
Kant auraient dit de « causalité finale » voire, pour le second, providentielle)
puis aux déclarations contemporaines de son exercice du pouvoir.

Nous en relèverons de trois types :

« Vive le Québec-­libre ! » constitue un évènement de parole par la person-


nalité et les fonctions du Général – sinon, ce ne serait q ­ u’une u-­chronie ;
« Il faut – en 1968 – que les étudiants étudient et que les boulangers
boulangent » relève ­d’un fin politique, conscient ­qu’un discours peut lier
conjoncturellement la société aussi sûrement que la religion le fait selon
Eco. techno. Khâgne

Durkheim. La  phrase-­évènement institue un consensus que ­l’Histoire


a matérialisé avec succès, là où la déclaration sur le Québec opérait par le
dissensus.
Edgar Faure affirmait dix ans plus tard dans une intervention télévisée :
« Il faut ajouter aux voix de la droite les voix de tous ceux qui ont voté
à gauche en espérant que la droite conserverait le pouvoir. » Tel de Gaulle
CULTURE GÉNÉRALE

encourageant dans le « subliminal » et à contre-­courant de ­l’Histoire tous


ceux des Québecois qui redouteraient d ­ ’acquérir réellement l­’indépendance
– « sabrant » ainsi les espérances des indépendantistes véritables – Faure
interpellait ainsi ­l’inconscient conservateur des majorités de gauche.
Enfin, l­’impérissable et gaullien : « Je salue Fécamp, port de mer et qui
entend le rester » – on ­n’a jamais vu un port prendre la mer – constitue
un « canular » digne du « normalien sachant écrire » que le Général affirma
vouloir recruter (rappelons que ce fut Georges Pompidou) pour diriger son
Cabinet. La déclaration de Fécamp ­n’est déterminante ni pour ses marins
– dont on ne sait si elle a pu contribuer à encourager les vélléités syndica-
listes – ni pour la France, mais elle pourrait appartenir à ­l’histoire littéraire,
S cient.

avec la plupart des boutades de cet « évènement phrastique permanent »,


si ­l’on peut dire, ­qu’a constitué, par sa propre personnalité et son talent,
le père de ­l’« armée de métier ».

ANNALES CCIR 2017-2018 l 17

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 17 13/10/2017 11:34


Lorsqu’un évènement se réduit ainsi à son support phrastique, il devient
un mot ­d’esprit. Il n ­ ’est plus une création libre – ce q ­ u’il était la première
EM
fois – mais un matériau pour la parole. Il se confond alors, dans le registre
LYON
dit comique, avec sa propre répétition, celle par exemple d ­ ’Henri Tisot,
célèbre imitateur du Général. Les mêmes évènements, écrit encore Marx,
se répètent deux fois dans ­l’Histoire, la seconde sur le mode comique. Il
y a alors répétition ­d’une différence et effet de parodie : ainsi, Napoléon III,
C ORRIGÉ

dit par Hugo « Le-­petit » – et dont ­l’historien n


­ ’est d
­ ’ailleurs plus certain q­ u’il
soit bien le neveu du Grand.
Nous n ­ ’imaginons guère d ­ ’ailleurs, en dépit de toutes les fascinations
­qu’exerce encore l­’Empereur, un Napoléon V – succédant par exemple
à une « Sixième République ». Ce qui reste toujours possible – parce que
non contradictoire – devient improbable avec le temps. La répétition de
­l’évènement, marque de la différance dans la parole l­’entraîne vers une
éternité de comédie. Dans « ­l’Ère du Vide » de Lipotevsky, ou mieux dans
« ­l’Ère de ­l’éphémère  » :

Il se produit toujours des évènements, mais on ne peut plus rien en


dire de nouveau, car « les mots eux-­mêmes y manquent », suppléés
par le geste et la figuration, et relayés seulement par des paroles ­d’un
« troisième type ».

Le commentateur discuté d ­ ’Hegel que nous citions, et que croise ici


Lipotevsky, ne parle pas de « non-­évènement  » comme certain « structu-
raliste » dont il se moque dans le même texte (il s­ ’agit de Foucault) mais
seulement ­d’évènements ne suscitant plus de paroles nouvelles, ou dont la
différence ne peut plus être marquée dans la parole. Dans le style derridien,
ces évènements ne font plus différance avec un a – ou ne sont plus relayés
dans ­l’Histoire passée ou future – faute, selon Kojève, de « phrases » pour
signaler ce relais.
Eco. techno. Khâgne

« Le premier qui compara une femme à une rose, ­c’est un poète, le second
fut un imbécile ». La plus simple manière, dans notre histoire personnelle,
de redire la sottise stigmatisée par Nerval, réside dans le «  je ­t’aime »
réitéré dans ­l’angoisse ou ­l’obsession, alors ­qu’il est constitutif, « la toute
première fois » – sous réserve de réciprocité – de ­l’entrée dans une « histoire
­d’amour » : ­c’est-­à‑dire une série singulière ­d’évènements « partagés », inter-
CULTURE GÉNÉRALE

férant, comme ­l’écrit Cournot de la causalité, avec une autre série.


La parole amoureuse – ce ­n’est pas encore le discours amoureux mis en
fiches par Barthes – n ­ ’est constitutive d ­ ’une histoire sous la condition de
­l’interférence. Si ma parole demeure sans écho – fût-­ce le rejet – elle ne
relève que de la « série » subjective, fantasmatique, de mon seul vécu ; elle
ne fait évènement que pour moi, non pour ­l’autre, pour qui elle demeurera
« non-­évènement » dans sa vie propre.
Même dans la mienne, cette parole ­d’amour non reçue, mais que je ­n’aurai
pu taire, constitue, plus q ­ u’un évènement, un fait psychique « réversible »,
car frappé de la modalité ­d’un « ­n’avoir-­pas-du-­avoir-lieu » – que seule la
puissance ­d’un Mallarmé pourrait décrire, et la finesse ­d’un Jankélévitch,
S cient.

penser. À moins que mon aveu n ­ ’ait déjà été un « bilan ­d’irréversibilité », un
« je ­t’aimais » comme aveu ­d’un échec, ­d’un simple désir de désirer, d ­ ’une
nostalgie qui ­n’est « déjà plus ce ­qu’elle était ».

18 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 18 13/10/2017 11:34


Une parole ne fait donc évènement que moyennant un certain nombre de
conditions. Enumérons-­les, à la suite d ­ ’Alain Badiou. Un évènement – et
EM
donc aussi la parole qui l­’institue comme tel – doit être auto-­référent, et par
LYON
impossible, au sens mathématique, « auto-­appartenant », ce qui implique
­qu’il soit indexé à une théorie des ensembles « non-­standard » où ce type
­d’écriture a appartient à a ne soit pas interdite. Un évènement ­s’appartient
à lui-­même, ou bien est « singulier ».

C ORRIGÉ
Un évènement est encore la « réunion » de lui-­même et ­d’un ensemble de
conditions, dont le nombre ne saurait être précisé, et qui constituent avec
lui ­l’ensemble de ses parties. Il est donc à la fois élément et sous-­ensemble,
multiple et singulier, produit de ses conditions qui ­l’incluent et libre surgis-
sement en leur sein. Quand les conditions sont données, la chose émerge
à ­l’existence. Il en est ainsi de l­’évènement politique comme de l­’évènement
amoureux : sans cesser de ­s’appartenir, ­l’individu devient partie ­d’un couple.

Dans son célèbre travail sur La Méditerranée et Le monde méditerranéen


à ­l’époque de Philippe II, Fernand Braudel décrit longuement – intermi-
nablement aux yeux de ses détracteurs – les conditions géographiques
et humaines des grandes séquences évènementielles de l­’époque, en les
qualifiant de « brillantes et superficielles ». On lui a ainsi reproché – au sujet
de la bataille de Lépante de 1571, qui scelle le glas de l­’expansionnisme
ottoman – de ­s’attacher davantage aux conséquences ­qu’au récit.
Une conséquence est, nous l­’avons vu, une sorte de condition inverse dans
la « flèche du temps ». ­L’évènement, scellé par une phrase – serait-­ce le
dernier mot du coureur de Marathon par exemple – ­s’enracine dans deux
autres au moins dont ­l’une, ici la déclaration de guerre et l­’autre, le règle-
ment du conflit. Là où ces phrases viennent à manquer, l­’évènement est
« sans condition » ni « conséquence », et, à ­l’instar de la parole amoureuse
fantasmatique, il bascule dans le non-­évènement tel un « électron libre ».

La vision « globaliste » de ­l’École des Annales aboutit – dans la mesure où elle


Eco. techno. Khâgne

­ ’est pas « structuraliste » – à opposer à ­l’unité de ­l’Histoire une « poussière


n
­d’évènements  » disséminés, au sens de Derrida, sans différance ni média-
tion. Est-­ce là ce que Valéry nomme ­l’évènement pur ? Non sans doute : un
évènement pur ne peut être ­qu’unique. « Je fonde » « Je dissous  », ­s’exclame
Lacan dans son épopée parodiquement gaullienne ; et il meurt en déclarant :
« Je suis obstiné. Je disparais. » – la mort est un évènement pur.
CULTURE GÉNÉRALE

La création aussi, qui va, et inversement, du Néant à ­l’Être. Selon Thomas


­d’Aquin, Dieu crée à la fois le Monde et le Temps ­d’une seule Parole. Fiat Lux
– et Lux facta est : la création comme le premier miracle, et le pouvoir de faire
ainsi, par la Parole, évènement radical ne peut être délégué, souligne-­t‑il,
à aucune créature, même par miracle – ce miracle serait pourtant la Liberté,
« le pouvoir de commencer absolument une série », et nous basculerions de
Thomas vers Kant.

­ ’évènement de l­’École des Annales semble aux antipodes de l­’évènement


L
« sacral », qui requiert, comme l­’a montré Eliade, la répétition mythique. Il se
présente, pour citer, avant Badiou, Parménide, comme un Multiple-­sans-Un.
S cient.

Mais ­c’est là aussi la raison pour laquelle il est si « aisément » réductible à un
enchevêtrement ou une hiérarchie de structures – de la même manière que
la parole ­l’est à la langue chez Saussure – là où ne suffira plus ­l’altérité pure

ANNALES CCIR 2017-2018 l 19

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 19 13/10/2017 11:34


et simple des évènements profanes enchaînés par le « récit » de ­l’histoire
traditionnelle.
EM
­L’Évènement pur au contraire, « aux sources du Poème », est acheminement
LYON
vers la Parole « échappant » ainsi de la Multiplicité comme de l­’Histoire. Il
en devient Éternel et Verbe. Dieu chez Thomas est dit Esse ou acte ­d’Être,
dont ­l’évènementialité ­d’existant ­s’enracine dans son Essence sans pour
autant constituer avec elle une « preuve ontologique ». En regard, ­l’existence
C ORRIGÉ

sans essence des « êtres-­évènements » de notre singularité multiple ­n’est


que contingence.
Le Verbe est ­l’évènement ­d’Être par la Parole. Que cette Parole soit trans-
cendante ou « incarnée » ne change pas ce statut fondamental. ­C’est la
raison pour laquelle les paraboles – ­qu’on les nomme, selon les croyances,
divines ou prophétiques – constituent elles aussi des évènements purs, qui
ont statut ­d’énigmes, mais au-­delà de ces évènements sans parole que
constituent, selon Hegel, les Sphinx antiques, « symboles du symbolisme »,
ainsi que maintes manifestations de ­l’art contemporain.

Concluons. Une parole fait évènement : leurs domaines se recouvrent exac-


tement dans ­l’Histoire, Parole diffractée par la multiplicité de l­’espace et du
temps. Le jeu de la répétition libère toutefois graduellement ­l’évènement de
la parole, pour en faire ce ­qu’on peut nommer ­l’évènement brut, par oppo-
sition à ­l’évènement commun. Advient enfin le temps où il n ­ ’y a plus assez
de langage pour « faire évènement » – même sans mots – naufrage dont ne
surnagent que les « évènements purs » de ­l’amour, de la foi ou du poème.
Eco. techno. Khâgne
CULTURE GÉNÉRALE
S cient.

20 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 20 13/10/2017 11:34


S UJET
CULTURE GÉNÉRALE
Durée : 4 heures.

Il sera tenu compte des qualités de plan et ­d’exposition, ainsi que de


la correction de la langue. EDHEC
ESSEC
Les candidats ne doivent faire usage ­d’aucun document ; ­l’utilisation
de toute calculatrice et de tout matériel électronique n­ ’est pas
autorisée.

S UJET

DISSERTATION

Faire parler un texte

C ORRIGÉ
Par Gilbert Guislain, ancien élève E.N.S. Saint-CLoud et IEP, professeur
honoraire de culture générale en classes préparatoires économiques et
commerciales à Versailles et à Paris, correcteur aux concours.

Ce sujet du concours 2017, bien centré sur le thème, faisait intervenir deux
infinitifs, faire et parler qui méritaient attention et qui devaient faire réfléchir
à la question de ­l’écrit et de ­l’oral, par de multiples ouvertures à la fois
littéraires et philosophiques. Les autres sujets méritaient aussi intérêt : une
Eco. techno. Khâgne

parole peut-­elle faire événement ? (EM Lyon), la force de la parole (EDHEC-­


ESSEC), la parole libre (ESC). En contraction, était proposé un texte de
Frédéric Jullien sur le conflit et la stratégie (Le Détour et ­l’Accès, Seuil)
et en synthèse, un corpus sur le pouvoir et la morale (Rousseau, Second
Discours), Didier Fassin (La Raison humanitaire, une histoire morale du temps
présent) et Yves Michaud (Contre la bienveillance). Sujets et commentaires,
CULTURE GÉNÉRALE

rapports de jurys, figurent sur le site bce.com, à examiner de près par tous,
pour toutes matières et toutes épreuves.

La parole et le texte écrit

Faire parler comporte deux sens : comprendre et interpréter, et rendre


parlant, faire entendre la voix et les idées de ­l’auteur, avec la participation
du lecteur, lequel fait la moitié du livre.
Parole et écrit différent. En effet, ­l’usage ­d’un texte ne passe pas ­d’abord
par la parole, cette dernière est immédiate et précède l­’écriture comme le
montre Rousseau dans le Discours sur l­’origine de l­’inégalité. On apprend
S cient.

à parler avant ­d’apprendre à lire et, comme le remarque Lévi-­Strauss, les


hommes, dans la plupart des civilisations, ont pu échanger par la parole.
Cette dernière est une faculté naturelle, peu applicable à la lecture, qui est

ANNALES CCIR 2017-2018 l 21

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 21 13/10/2017 11:34


une faculté artificielle et qui n ­ ’exclut pas le regard, la posture, les gestes,
ce qui est hors texte. D ­ ’autre part, la parole reste fondatrice de ­l’écrit et ce
EDHEC
dernier peut enregistrer l­’oral : on recueille par écrit une parole. Des figures
ESSEC
philosophiques et religieuses, comme Socrate ou le Christ, ont prononcé des
paroles reprises par des disciples qui écrivent pour retrouver la dimension
que le message comportait à ­l’oral. ­C’est pour rendre l­’oral que le texte est
adapté. Ainsi, en retour, la parole est à ­l’origine de l­’écrit qui la valorise. Des
C ORRIGÉ

exemples littéraires, comme le français parlé, ­l’argot travaillé chez Céline


(Voyage au bout de la nuit) ou dans les dialogues ­d’Audiard, le registre
vulgaire étudié nous le montre. L ­ ’écriture est l­’expression d
­ ’une parole inté-
rieure comme le montre ­l’œuvre de Proust, sur lequel nous reviendrons
à propos de sa polémique contre Sainte-­Beuve : ­l’œuvre est-­elle ­l’expression
du moi ? Ou ­d’un autre moi ?
Faire parler un texte, est-­ce risquer ­d’en obscurcir le sens ou ­d’extraire
celui-­ci, de ­l’éclairer, au risque de projeter sur lui nos jugements ou nos
passions ? Cette démarche manifeste-­t‑elle une faiblesse du texte ou bien
du lecteur qui cède à ses interprétations sans pouvoir transcender sa
subjectivité ? Nous verrons comment il est difficile de faire parler un texte,
et comment, inversement, il est possible de le valoriser par ­l’éloquence.

Pourquoi et comment faire parler un texte : difficultés de la critique

Les ambitions de la critique littéraire


Le xixe siècle est le siècle par excellence de la critique littéraire même si,
antérieurement, Boileau au xviie siècle et Voltaire au xviiie siècle avaient déjà
porté des jugements sur des œuvres. La critique classique jugeait au nom
­d’un Beau absolu, du goût et des règles, comme Boileau (L’Art poétique) ou
­l’abbé Du Bos – Réflexion critique sur la poésie et la peinture. En revanche, le
rôle de ­l’histoire, dominant au xixe siècle, mène les critiques à ­s’interroger sur
les contextes pour faire parler les textes. Dans les Nouveaux lundis, Sainte-­
Beuve écrit : « ­Aujourd’hui, il faut prendre garde à chaque pas, se questionner
Eco. techno. Khâgne

sans cesse, se demander si ­c’est le bon texte, si ­l’auteur ­qu’on goûte ­n’a pas
pris cela ailleurs, ­s’il a copié la réalité ou ­s’il a inventé, ­s’il a été fidèle à sa
nature, mille autres questions qui engendrent le doute et qui vous obligent
à monter à votre bibliothèque. C ­ ’est la question de l­’établissement du texte
qui est poésie, celle des sources, des emprunts, voire des plagiats, ou des
CULTURE GÉNÉRALE

ajouts. Pour ­l’essentiel, une œuvre serait le produit de son temps, alors il
faudrait comprendre le milieu pour faire parler le texte. Ceci repose sur un
postulat scientifique, sur ­l’idée de ­l’importance des déterminismes. Taine
insiste sur « la race, le milieu, le moment ». Fustel et Zola sont aussi dans
cette démarche. Cette méthode critique et érudite implique de connaître
­l’auteur pour connaître ­l’œuvre. Dans ­l’Avenir de la science, Renan critique
­l’admiration absolue et lui préfère ­l’admiration historique, relative, ­d’où des
commentaires et des critiques nécessaires. Les textes sont pour lui des
étapes des moments de ­l’esprit humain. Critique veut dire discernement et
jugement, et pour cela, des normes sont nécessaires. Mais cette science
est en deçà de ­l’admiration. Certes, lire ­c’est juger, mais ­c’est aussi sentir,
S cient.

comme ­l’indiquait Charles Maurras, pourtant apôtre de la raison antique et


ennemi du sentiment romantique. Le plaisir importe, comme Anatole France
le soutenait contre Brunetière, professeur et critique de la fin du xixe siècle.
Proust, dans Contre Sainte-­Beuve, défendait l­’idée de la liberté de l­’auteur

22 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 22 13/10/2017 11:34


et de la création littéraire. Il est difficile de faire parler définitivement un
texte, de parvenir à des jugements aboutis, ­d’imposer par exemple une
EDHEC
lecture romantique de Pascal sensible à ­l’infini ou de Don Juan homme
ESSEC
du défi. D ­ ’autre part, il n
­ ’est pas l­’expression exclusive de sa génération.
Le moi créateur ne se réduit pas au seul moi biographique : « le livre est le
produit ­d’un autre moi » écrivait Proust dans Contre Sainte-­Beuve. Toute
la fin du xixe siècle a été marquée par l­’essor de la critique littéraire, mais il

C ORRIGÉ
serait déconseillé ­d’en faire en dissertation un catalogue exhaustif, au risque
de perdre de vue les mots du sujet : faire parler un texte. Mieux vaut faire
un choix d ­ ’exemples. Alors que Brunetière dénonçait la prétention scien-
tifique du naturalisme, défendait les classiques et voulait situer les textes
dans des œuvres, Lanson, parallèlement, insistait sur le rôle de ­l’histoire
littéraire, sur la valeur des sources, de la documentation, sur les influences,
en complément d ­ ’une lecture directe des œuvres. Toutefois, la littérature
­n’était pas pour lui « objet de savoir ». En face, Jules Lemaître défendait la
critique subjective, le concept de plaisir contre le scientisme. Quant à Julien
Benda un peu plus tard, au début du xxe siècle, il soutenait une critique de
type rationnel, objectif contre Bergson et sa critique intuitive. Benda voulait
examiner les œuvres pour elles-­mêmes.

Interpréter, faire parler


Au xxe siècle, ­l’écrivain italien Italo Calvino écrivait : « un classique, ­c’est
­ uelqu’un qui ­n’a jamais fini de dire ce ­qu’il a à dire ». Certes, ­l’interprétation
q
est ­l’art de faire apparaître du sens là où ce ­n’est pas clair, là où il peut
y avoir plusieurs sens. ­L’interprétation ­s’efforce de faire sortir le sens, vu
­l’insuffisance du langage, la complexité, ­l’ambiguïté ou ­l’hermétisme du
texte. Elle complète la compréhension. On peut faire parler aussi une pein-
ture, un moment de ­l’histoire, avec les mots du présent, ou enfin questionner
la science, il existe d
­ ’ailleurs une histoire des sciences. C ­ ’est surtout dans le
champ religieux – expression de la transcendance – ­qu’intervient ­l’exégèse
et l­’herméneutique, la distinction du sens propre, figuré, allégorique, littéral,
Eco. techno. Khâgne

allusif. Dans De la genèse au sens littéral, saint Augustin distingue les vérités
éternelles, les faits racontés, les événements à venir et enfin les injonctions
à ­l’humanité.
Faire parler un texte, ­c’est risquer de se substituer à ­l’auteur, ­c’est une
démarche relative, subjective et aléatoire. Le sujet invite à réfléchir plus
largement à ­l’interprétation. Loin de dégager des vérités ­d’un texte, nous
CULTURE GÉNÉRALE

plaquons des mots sur des choses que nous voyons, comme le montre
le relativisme nietzschéen. Tout est question de point de vue, les inter-
prétations religieuses dogmatiques ou l­’Idée de Progrès sont influentes et
parfois réductrices. Il ­n’y a pas une formule vraie. Il ­n’y a pas de faits, il ­n’y
a que des interprétations « Nietzsche (La Volonté de puissance) : Les vérités
prétendues ne sont que des illusions dont on a oublié ­qu’elles le sont, des
métaphores usées ». Le « vrai » comme le « faux » sont à dénoncer. On fait
parler une œuvre, on est alors en manque en faisant « déchanter » le texte
– ou en excès. La vérité de l­’interprétation résulte plutôt du fait que l­’œuvre
peut résister à ­l’interprétation. La subjectivité peut dévoyer le sens, mais
dire cela, ­c’est croire à ­l’objectivité ; or la subjectivité ­n’est pas ­l’arbitraire, il
S cient.

existe une vérité de la subjectivité comme dans la démarche poétique. Or, la


raison de celui qui fait parler le texte dépoétise le monde, la poésie est plus
musique que raison. Celui qui fait parler un texte doit posséder la prudence

ANNALES CCIR 2017-2018 l 23

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 23 13/10/2017 11:34


aristotélicienne – car ­l’interprétation est irréductible à une simple technique
mais aussi de sensibilité. Dans De la dissertation de philosophie, Étienne
EDHEC
Akamatsu étudie longuement et justement cette question de l­’interprétation
ESSEC
qui peut ­s’étendre à la traduction, au commentaire de texte, à ­l’exégèse
biblique, à laquelle nous ajouterons la représentation théâtrale. Traduire,
­c’est risquer des malentendus, des ambiguïtés, rencontrer des faux amis,
forcer le sens, surtout si celui-­ci est objectif mais incompris.
C ORRIGÉ

Si un texte originel est clair mais dont le sens est masqué, alors il est
nécessaire de pratiquer un décodage. Cela a été fait pour les lettres de
Marie-­Antoinette à Fersen par des cryptologues ou par les scientifiques
anglais comme Turing pour la machine électromécanique Enigma utilisée
par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale qui encodaient ainsi
leurs messages.
Il est malaisé ­d’expliquer, ­d’interpréter un texte littéraire. Interprétation peut
vouloir dire trahison : le sens est-­il donné de ­l’extérieur ou réside-­t‑il clai-
rement dans le texte ? Il faut rendre explicite celui-­ci, mais contient-­il de
­l’implicite ? Il faut formuler plusieurs discours possibles, dévoiler, définir des
intentions, lever les obscurités, mais au risque du contresens ou de ­l’oubli
de sens multiples…
Faire parler un texte, ­c’est rentrer dans la pensée de celui qui ­l’a écrit,
dialoguer avec lui, mais interviennent dans cette démarche nos valeurs et
nos structures mentales. Le commentaire peut en dire plus sur celui qui
commente que sur les intentions de ­l’auteur. ­C’est la question du porte-­
parole, que l­’on retrouve par exemple chez les orateurs romantiques, qui
par leurs discours, voulaient parler du peuple, au peuple, au nom du peuple.
Dans toute démarche dialogique, le texte est partagé entre ce q ­ u’il dit, ce
­qu’il a à dire, ce q ­ u’il sous-­entend, ce q
­ u’il ne peut dire. N
­ ’oublions pas non
plus ­qu’un texte est « parlant », éloquent parce ­qu’il ne dit pas et que ses
silences ne sont pas neutres. Un texte peut dire plus par ce ­qu’il ne dit pas
que par ce ­qu’il dit.
Eco. techno. Khâgne

Comment faire parler un tableau, une œuvre ­d’art, une pièce de théâtre ?
Le commentaire tend vite à se substituer à ­l’œuvre. Le mystère de ­l’art
dépasse les concepts comme le montre Kant dans La Critique de la faculté
de juger. ­L’intelligibilité du tableau est celle de son invention par le peintre,
et de son exécution, l­’analyse du choix des formes, des couleurs, comme
je peux le faire par exemple pour les lignes de La Liberté guidant le peuple
CULTURE GÉNÉRALE

de Delacroix ou pour la perception des choix esthétiques, dramatiques, par


exemple selon la règle classique des unités dans une tragédie du xviie siècle.
­J’éclaire ­l’œuvre à la lumière de ses codes, de ses normes, de son contexte.
Je discerne ­l’appartenance du texte à un genre, à un mouvement littéraire,
­j’y identifie des tonalités, des connotations, une intertextualité qui nous
mène vers ­d’autres textes, qui nous les rappelle, sans oublier la pratique
de ­l’imitation. ­J’y discerne des repères techniques, des figures de style, des
structures non neutres, comme l­’a fait la critique structuraliste et forma-
liste de Barthes : le langage serait un ensemble de structures dans une
démarche sémiologique que ce sociologue applique à la société contem-
poraine dans Mythologies. La critique peut également privilégier l­’angle
S cient.

sociologique comme Goldmann et Barberis ­l’ont fait du roman balzacien.


La critique essentielle se veut attachée à la perspective littéraire, comme
celle de J.P. Richard, de G. Poulet, de J. Starobinski, ou plus poétique

24 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 24 13/10/2017 11:34


encore, comme celle de Bachelard (La Poétique de l­’espace). La critique
littéraire des années 1960, liée aux sciences humaines, se veut exigeante,
EDHEC
exploratrice, tournée vers la découverte de sens nouveaux, loin de la critique
ESSEC
académique, scolaire, parfois moralisatrice, érudite, spécialisée, celle qui
étudiant par exemple le classement des papiers de Pascal. Et l­’on applique
même une critique psychanalytique à Racine contre une conception idéaliste
et humaniste de ­l’homme. Il en découle une scission entre publics, les uns

C ORRIGÉ
amateurs ­d’un art populaire – qui a de la popularité – les autres plus élitistes
ou plus hermétiques.
Certes, il existe ­aujourd’hui plusieurs types de critique littéraire mais tout
texte est avant tout un espace de pensée que je ne peux faire parler en le
mécanisant et en le réduisant à des structures formelles. ­L’œuvre est-­elle le
produit d ­ ’un contexte, ou bien le créateur est-­il parfaitement libre, autonome,
dans sa démarche ? Qui parle à travers le texte ? La conscience autonome
de ­l’auteur, la classe à laquelle il appartient, la culture et les mentalités qui
sont les siennes ? Que dois-­je privilégier en faisant parler le texte, si je tiens
compte de mes valeurs ? Les années 1960, celles de la déconstruction du
sujet, avaient montré que ­c’était autre chose que ­l’auteur libre qui parlait
dans le texte. Mieux encore, je peux ­m’interroger philosophiquement sur
­l’existence même de ­l’œuvre ­d’art, sur ­l’art qui nous dit, selon Malraux, ­qu’il
est un antidestin.
Faire parler un texte mène à une série de discours, à une suite de jugements
historiques sur le texte, qui seront toujours en devenir, toujours inachevés.
Dans ­l’Œil et ­l’esprit, Merleau Ponty affirmait que nous portions divers
regards subjectifs sur le monde, qui nous révèlent nous-­mêmes. Il existe
­d’ailleurs une histoire de la critique. Un texte est toujours autre, excède mon
jugement et il est dangereux de le réduire à une seule expression sociale ou
psychologique. Néanmoins, en traduction, nous pouvons parvenir à formuler
des équivalences en surmontant ­l’incompossible.
La question de la mise en scène théâtrale est liée au sujet car le théâtre n ­ ’est
pas seulement un texte mais surtout une représentation, avec, a ­ ujourd’hui,
Eco. techno. Khâgne

le rôle du metteur en scène. En revanche, au xviie siècle, Molière était à la


fois auteur, comédien, metteur en scène, intendant de sa troupe, et réglait
les mouvements des acteurs, rôle dévolu maintenant au metteur en scène,
le texte comportant des didascalies. Le théâtre peut présenter ainsi diverses
interprétations du même texte. Tartuffe apparaîtrait plus ou moins détes-
table, Don Juan peut paraître sympathique comme homme du défi libertin,
CULTURE GÉNÉRALE

admiré par les romantiques. Chaque interprétation possède sa cohérence


mais on aboutit à une lecture de la pièce selon tel ou tel metteur en scène,
parfois inattendue ou déconcertante mais juste : il en va ainsi de Don Juan
comme pièce baroque.
Quant à ­l’exégèse, elle doit porter la parole divine vers les hommes par
le biais d ­ ’une parole humaine, d ­ ’où le rôle des prophètes à ­l’exégèse du
xixe siècle, qui avait voulu lire la Bible à la lumière de la raison comme Renan,
passé du christianisme de son enfance (Souvenirs d ­ ’enfance et de jeunesse)
au rationalisme dans la Vie de Jésus. Des textes religieux dits apocryphes
présentent une authenticité incertaine. Toute démarche herméneutique,
comme celle de Paul Ricoeur, doit être sensible au conflit des interprétations
S cient.

subjectives. Qui est alors légitime pour faire parler un texte ? ­L’homme de
foi appartenant à ­l’institution ecclésiale, le simple croyant (Sola fide, sola
scriptura), ­l’esprit humaniste, prudent, et éclairé, ­l’agnostique ouvert ?

ANNALES CCIR 2017-2018 l 25

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 25 13/10/2017 11:34


­L’auteur, le lecteur, le critique
EDHEC Le critique qui fait parler le texte pour le mettre à la portée du lecteur.
ESSEC Néanmoins la critique peut être malveillante et discutable, oublier tel aspect
littéraire. La Bruyère dénonçait la critique prétentieuse et mondaine dans
les Caractères (Des ouvrages de l­’esprit, 20, 26 et 28). La critique peut être
destructrice ; « le plaisir de la critique nous ôte celui ­d’être vivement touché
C ORRIGÉ

par de belles choses. » Il peut encourager ­l’auteur, le stimuler. Boileau exhor-


tait Racine à ne pas se décourager l­orsqu’il échouait. Voltaire, novateur et
libéral dans le domaine idéologique, louait les classiques dans Le Temple
du Goût. Rappelons que critiquer veut dire examiner, discerner, et non pas
nécessairement contester.
Le critique peut être lui-­même sous influence, manifester les valeurs par
lesquelles il juge, peut récupérer idéologiquement consciemment ou incon-
sciemment le texte, le tronquer, le censurer, en majorer ou en minorer tel
aspect, peut dépendre de la mode. Il peut être intéressé. Balzac avait parfai-
tement perçu le jeu des intérêts et des rapports de force dans le monde
médiatique de son temps : journaux, salons, coteries littéraires, académies,
là où se font les réputations, là où on lance ou ­l’on discrédite tel auteur,
là on ­l’on pratique les échanges de services. Faire parler un texte devient
faire parler ­d’un texte, le médiatiser. Dans Illusions perdues, Lousteau
révèle à Rubempré les rapports de force liés au journalisme : « Vous êtes
à la veille de devenir l­’une des cent personnes privilégiées qui imposent des
opinions à la France. Dans trois jours, si nous réussissons, vous pouvez,
avec trente bons mots imprimés à raison de trois par jour, faire maudire
la vie à un homme ; vous pouvez vous créer des rentes de plaisir chez
toutes les actrices de vos théâtres, vous pouvez faire tomber une bonne
pièce et faire courir tout Paris à une mauvaise. » Forestier tient un discours
semblable à Duroy dans Bel Ami de Maupassant. Le journaliste devient alors
­l’homme des intérêts plus que le littéraire « pur ». Le succès d ­ ’une œuvre, sa
réception sont donc aléatoires et dépend également de la faveur du public.
Celle-­ci fait son chemin dans ­l’histoire, comme ­l’avait montré Vigny dans
Eco. techno. Khâgne

Les Destinées (La Bouteille à la mer). ­L’œuvre peut échapper à son temps
et nous livrer de nouvelles questions. À nous de les formuler. La science
elle-­même, comme l­’Histoire se signale plus par les questions q ­ u’elle pose
que par les réponses ­qu’elle apporte. C ­ ’est même la valeur de ­l’erreur et du
détour qui nous mène vers la connaissance. La critique est une construc-
tion intellectuelle, non linéaire, intégrant les obstacles comme les erreurs et
CULTURE GÉNÉRALE

sachant revenir sur elle-­même. Tel mouvement littéraire opère une lecture
particulière ­d’une œuvre passée, comme les romantiques par exemple en
faveur de Don Juan, homme du défi. Car ­l’œuvre avait été assez peu repré-
sentée en son temps, au xviie siècle. Elle renaît au xixe siècle. ­L’intérêt peut
se réaffirmer ou bien se dissiper, le goût et la mode aidant. Ce qui rend le
sujet difficile, ­c’est la complexité entre ­l’auteur, le narrateur, le personnage,
le destinataire et le lecteur.

Éloge de ­l’éloquence
S cient.

Si la critique est ambigüe, le propre de l­’éloquence est bien de faire parler


un texte. Ce sont les usages de la parole écrite comme celle de Céline qui
révèlent l­’oralité au sein du texte. La force du verbe rabelaisien, hugolien,
célinien est éloquente. La musique verlainienne fait parler les vers. Le propre

26 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 26 13/10/2017 11:34


du poète est ­d’évoquer le monde, de soulever les émotions, d ­ ’évoquer les
passions de ­l’humanité comme dans la littérature celtique. Il existe depuis
EDHEC
­l’Antiquité toute une tradition oratoire, religieuse, pédagogique ou judicaire,
ESSEC
qui sait donner vie aux textes. On proclame des valeurs, on prophétise
­l’avenir, on procède par prosopopée, comme Rousseau qui donne la parole
à Fabricius, un romain vertueux qui déplorerait la « décadence ». La parole
possède elle-­même un caractère performatif : « parler c ­ ’est agir » (Austin,

C ORRIGÉ
Quand dire, ­c’est faire). Le texte donne à ­l’auteur la liberté ­d’enjamber le
temps. Je peux faire parler les morts, parler de l­’avenir, avec la parousie, la
prophétie, ­l’eschatologie.
­D’autre part, la force de ­l’éloquence permet de se libérer de ­l’écrit pour faire
parler le texte. Elle donne sa vigueur au texte. Il ne ­s’agit pas exactement de
« mettre le ton » ­d’une manière scolaire en lisant les Fables de la Fontaine
comme on pourrait le croire, mais de dévoiler la vie intérieure du texte.
De nombreux écrivains du xixe siècle ont dénoncé les discours officiels,
la rhétorique, la déclamation convenue, et emphatique, les orateurs étant
alors extérieurs à ce ­qu’ils disent. Brecht disait du comédien : « Que sa
diction soit exempte de tout ronron de curé et de ses cadences qui bercent
le spectateur si bien que le sens se perd (Écrits sur le théâtre). Le théâtre
est représentation significative, et la lecture d­ ’un texte écrit n
­ ’est pas une
parole compassée. Rabelais tournait en dérision les régents de collège, les
sorbonnards qui récitaient leurs gloses comme Tubal Holopherne ou Jobelin
Bridé, un « vieux tousseux ». Rimbaud, Paul Nizan, Céline surtout, et plus
récemment Michel Onfray, ont dénoncé les discours officiels, sans vérité
ni passion. Au xixe et au xxe siècle, des intellectuels engagés, des interve-
nants dans des rassemblements militants ont su faire parler leur texte, q ­ u’ils
­s’expriment avec ou sans notes, par opposition à la parole post-­moderne
normalisée et souvent technocratique qui ne nous parle guère.
On peut faire parler un objet, voire discerner la fausseté ­d’un document
– comme le montrent les exemples très différents des Protocoles des
sages de Sion, des études de graphologie, de celles des documents de
­l’affaire Dreyfus ou, plus loin de nous, des prophéties de Nostradamus.
Eco. techno. Khâgne

Nous pouvons nous demander si tel texte est un plagiat, ou si tel tableau
authentique, ou si telle pièce est recevable dans les grands procès – Outreau
ou affaire Gregory – ou dans des enquêtes criminelles comme celle de la
commission Warren sur ­l’assassinat de Kennedy pour exploiter le sujet,
à charge ou à décharge. On peut choisir des faits et des preuves, mais leur
mise en avant est souvent polémique, non neutre. Se déroulent alors des
CULTURE GÉNÉRALE

batailles ­d’experts.
On peut faire parler un texte ou un sujet comme on l­’entend, par
­d’interminables gloses et bavardages, selon les formules toutes faites
des religions monothéistes ou des idéologies, souvent religions laïcisées.
Protestants et humanistes avaient valorisé le seul texte de la Bible, dégagé
de la tradition du commentaire, et Voltaire avait montré, dans Micromegas
comment il était possible de faire parler le mot âme, de manière multiple et
en même temps dogmatique.
Toutefois il est intéressant de dire que faire parler un texte, c ­ ’est aussi lui
conférer une valeur ajoutée, celle de la parole sur ­l’écrit. Un texte dit ou
commenté ­n’est pas ­qu’un texte lu. On peut y découvrir des références
S cient.

culturelles, des sous-­entendus, des doubles sens, de l­’ironie, des struc-


tures dissimulées, mettre en valeur des bons mots, attirer ­l’attention sur des
« petites phrases ». Au-­delà de ­l’étymologie, de la philologie, nous donnons

ANNALES CCIR 2017-2018 l 27

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 27 13/10/2017 11:34


de la force au texte par ­l’éloquence comme par le commentaire, sans le
contraindre dans des interprétations toutes faites et en nous gardant des
EDHEC
contresens ainsi que des « clés » savantes et souvent arbitraires. Le risque
ESSEC
est de faire parler le texte dans un sens univoque. La relecture révèle celui
qui relit, mais le commentaire reste toujours ouvert, la neutralité étant impos-
sible, voire indésirable.
C ORRIGÉ

Vidéos sur le thème de la parole

Consultez les vidéos de Gilbert Guislain sur la chaîne youtube Espace Prépas

Thème 2017-2018 : le corps

Le Corps, F. Farago, E. Akamatsu, G. Guislain, Dunod


Dissertations sur le corps, Véronique Bonnet, Studyrama
Magazine Espace prépas, site grandes-­ecoles.studyrama.com/

Bibliographie de culture générale

Cent Fiches de culture générale, collectif, D. Bourdin, Bréal


Réussir son oral, 50 sujets de culture générale, Gilbert Guislain, Studyrama
25O fiches de culture générale, collectif, Studyrama
Éléments de culture générale, collectif, Ellipses
­L’Intégrale de la culture générale, collectif, Ellipses
Exercices de contraction et de synthèse de textes, G. Guislain et Y. Terrades,
Ellipses
QCM commentés de culture générale, G. Guislain, Studyrama
Eco. techno. Khâgne
CULTURE GÉNÉRALE
S cient.

28 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 28 13/10/2017 11:34


S UJET
RÉSUMÉ DE TEXTE
Durée : 3 heures

Résumez en QUATRE CENTS MOTS plus ou moins 5 % (soit


380-420 mots), le texte suivant, en vous attachant à mettre en valeur HEC
les idées essentielles et les articulations de la pensée de ­l’auteur.
Mentionnez le décompte par 50 mots et, en fin de copie, reportez le
nombre de mots utilisés.
Cet exercice doit rester impersonnel dans le fond comme dans la
forme, et respecter STRICTEMENT les limites imposées.
La copie doit être entièrement rédigée : la correction et la clarté de
la langue entrent pour une part dans ­l’appréciation du correcteur.
Il ­n’est fait usage ­d’aucun document ; ­l’utilisation de toute calcula-
trice et de tout matériel électronique est interdite.

S UJET
La stratégie a représenté, au sein de la Chine antique, beaucoup plus
­ u’une technique particulière. On voit ­s’y refléter certaines des options les
q
plus radicales de la pensée chinoise, et elle a informé, élaborée en théorie,
bien ­d’autres domaines de la réflexion. Or ­s’il est un principe de base sur
lequel insistent, en Chine, tous les anciens traités militaires, c ­ ’est bien
­d’éviter ­l’affrontement direct avec l­’armée ennemie. Un choc frontal, où les
deux armées sont engagées face à face, est toujours éminemment risqué
et destructeur. Tout ­l’art de la guerre est au contraire de déposséder ­l’autre
de sa capacité défensive, et de le miner intérieurement, avant même que
­l’engagement n ­ ’ait lieu : de sorte que, au moment de l­’affrontement, ­l’ennemi
Eco. techno. Khâgne

­s’effondre de lui-­même. « Remporter cent victoires en cent batailles, nous


dit un des plus anciens maîtres de ­l’art de la guerre, voilà qui n ­ ’est pas la
fin du fin ; tandis que soumettre ­l’armée ennemie sans avoir à engager de
combat, tel est le comble de ­l’excellence. » Le meilleur général est celui dont
on ne songe même pas à louer les mérites ­puisqu’il vainc « un ennemi déjà
défait ». Au lieu de magnifier le combat, ­l’art de la guerre apprend à triompher
en pouvant ­s’en passer.
RÉSUMÉ DE TEXTE

Aussi la stratégie consiste-­t‑elle logiquement à attaquer ­l’ennemi dans


ses « plans », à un stade idéel, plutôt que dans ses troupes, par la force
physique : le meilleur stratège est celui qui est toujours en mesure ­d’anticiper
sur l­’évolution du cours des choses, en se situant en amont de leur détermi-
nation, et réussit ainsi à déjouer les manœuvres de l­’autre à peine les a-­t‑il
conçues. En sens inverse, la pire façon de mener la guerre est d ­ ’aboutir
à une immobilisation face à face des armées, telle que sont les opérations
de siège. Car il y a alors enlisement de ­l’initiative, perte de la ductilité. On
ne peut ­s’étonner dès lors de ce que les théoriciens chinois de la stratégie
S cient.

ne conseillent pas la destruction de ­l’adversaire (car se serait se priver des


ressources de ­l’autre, ­qu’il vaudrait mieux voir basculer à son profit), mais
plutôt sa déstructuration : en l­’atteignant dans son « cerveau » plutôt q ­ u’au
niveau des forces déployées, le bon stratège se contente ­d’inhiber son

ANNALES CCIR 2017-2018 l 29

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 29 13/10/2017 11:34


S UJET

ennemi ; il lui suffit de le priver de sa capacité de réaction, de paralyser ses


mouvements. ­C’est pourquoi, nous dit-­on, celui qui « est habile à utiliser ses
troupes » « soumet ­l’ennemi sans combattre et prend ses places sans atta-
quer ». La désintégration intérieure à laquelle ­l’adversaire est préalablement
soumis évite ­d’avoir plus tard à ­l’affronter : cet ennemi est toujours aussitôt
vaincu, ­puisqu’il ne cesse ­d’être désemparé.
HEC Ce rejet de la stérilité du face-­à‑face se vérifie dans le jeux de deux
couples de notions qui sont chargées de structurer, au sein des écrits mili-
taires antiques, cette théorie du déjouement : ceux de « direct » et de « biais »,
de « droit » et de « détourné ». D ­ ’entre ces notions, les deux premières
possèdent une dimension stratégique essentielle, les deux autres se limitent
plutôt à la description des opérations tactiques. Mais q ­ u’il ­s’agisse de l­’un
ou ­l’autre plan, ­l’unique ressource que puisse exploiter ­l’art militaire repose
toujours sur ce seul rapport combiné du direct et de l­’indirect. En ce qui
concerne la simple manœuvre des troupes, il peut convenir aussi bien de
rendre excessivement longue et tortueuse la route de son adversaire, en
­l’attirant par de faux appâts, de façon à ­l’épuiser, que de rendre sinueuse
sa propre marche de manière à pouvoir surprendre ­l’autre en gardant ses
desseins impénétrables. De même, sous ­l’angle de la stratégie la plus
générale, « la rencontre ­s’opère de face et la victoire ­s’obtient de biais ».
« De face », ou de front, signifie nous disent la série des commentateurs en
ouvrant le plus largement le registre, « face à ­l’ennemi », mais aussi ­d’une
façon « normale », ordinaire, prévisible ; parallèlement, « de biais » ne signifie
pas seulement de flanc, mais aussi ­d’une façon extraordinaire, laquelle
­l’ennemi ne ­s’attendait pas, qui ­l’atteint là où il est démuni. ­L’attaque alors
est « détournée », elle ­s’opère « en secret ».
Mais même aussi largement ouverte, la distinction est encore trop fruste,
elle ne capte ­l’opposition que du dehors sans rendre compte de la diffé-
rence interne au processus. Un autre traité de ­l’Antiquité nous permet de
pénétrer plus avant dans la logique de cette corrélation en inscrivant déli-
bérément celle-­ci sur le plan, plus général, de ­l’avènement des choses :
« Quand [quelque chose] qui ­s’est actualisé et a pris forme répond à [quelque
Eco. techno. Khâgne

chose] qui également a pris forme, ­c’est un rapport de face ; mais quand
­c’est sans avoir pris forme que [cela] régit [ce qui] a pris forme, alors ­c’est
un rapport de biais. » Si je rends plus précisément cette phrase par référence
à ­l’art militaire et en envisageant des opérations sur le terrain : mettre en
œuvre une certaine disposition pour répondre à une disposition adverse,
­c’est un rapport de face ; mais réussir à dominer la disposition de ­l’adversaire
sans avoir pris soi-­même de disposition particulière, tel est le rapport de
RÉSUMÉ DE TEXTE

biais. Au lieu de recourir à une disposition pour faire face à la disposition de
­l’autre, ­c’est au contraire par une absence de disposition que je contrôle la
disposition de ce dernier. Dans le premier type de rapport, les deux réalités
qui « se répondent » se limitent elles-­mêmes par ce ­qu’elles possèdent de
caractéristiques concrètes et particulières ; en même temps q ­ u’elles donnent
prise à ­l’autre par ce ­qu’elles lui offrent à voir, en elles, ­d’objectif et de repé-
rable. Il est aisé de définir par contraste l­’autre type de rapport – le rapport
de biais – et ce qui fait sa supériorité : ce qui ne ­s’est pas encore actualisé
et ­n’a pas pris forme concrète bénéficie d ­ ’autant mieux des ressources du
possible et échappe à tout dévisagement extérieur qui permettrait de le
S cient.

contrecarrer. En opérant à ce stade du virtuel, le rapport de biais permet de


maintenir intacte son initiative, en même temps que de rester inattaquable. 1. Ph
2. Po
­C’est pourquoi ce rapport de biais sert de figure au déjouement.
3. Xé

30 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 30 13/10/2017 11:34


S UJET
Car, comme le constate ce même traité, dans la mesure où un adversaire
est pareil à ­l’autre, il ne peut triompher de lui ; ­c’est donc le rapport sous
lequel ­l’un diffère de ­l’autre et qui constitue, ­d’une façon figurée, la relation
« de biais » vis-­à‑vis de lui, qui permet de ­l’emporter à son égard. […] Toute
la stratégie chinoise se résumerait, en définitive, dans cette obliquité.
Aussi souhaiterais-­je, pour faire réagir ces conceptions et bousculer
­l’évidence dans laquelle elles ont tendu à ­s’enfermer, les confronter un HEC
instant à ce que des spécialistes de la stratégie antique (John Keegan,
puis Victor Davis Hanson) nous ont récemment décrit comme le « modèle
occidental » de la guerre. Celui-­ci aussi se trouverait formé, de façon quasi
définitive, dès notre Antiquité, à ­l’âge des cités grecques ; mais la concep-
tion ­qu’il met en valeur serait diamétralement inverse, elle reposerait sur
­l’affrontement direct ­d’une bataille rangée. On sait, en effet, que, aux alen-
tours du viie siècle avant notre ère, la conduite de la guerre connaît en Grèce
de profondes mutations : fini le temps du conflit fait d ­ ’escarmouches ou
­d’embuscades, des combats singuliers entre héros pris de « fureur », tels que
les célébrait Homère ; une structure nouvelle se met en place – la phalange1
– selon laquelle deux corps ­d’hoplites lourdement armés et cuirassés, rangés
en ligne les uns derrière les autres et marchant solidairement ­d’un même
pas, que rythme l­’aulète, avancent ­l’un contre l­’autre en formation serrée,
sans laisser de possibilité de fuir. Ce face-­à‑face ne peut ­qu’aboutir à un
heurt, massif et destructeur ; car ­l’effort unique de ces hommes, de part et
­d’autre, est dans la « poussée » (ôthismos), les premiers rangs qui supportent
directement la charge ennemie se trouvant soutenus par la pression accu-
mulée dans les rangs qui les suivent. Plus, en effet, la colonne est profonde
et ses rangs serrés, mieux elle peut « peser » sur ­l’ennemi, plus elle possède
de puissance de frappe et ­d’élan.
Victor Hanson a bien montré, je crois, que ce qui pourrait n ­ ’apparaître,
à travers ce choc frontal, q ­ u’un pur carnage, répondait, en fait, à un principe
­d’économie ; réduire les ravages ­d’une guerre prolongée, ­n’épargnant ni
biens ni familles, au « tout ou rien de la bataille de rangée », obtenir par un
affrontement bref et direct, entre ces corps politiques que sont les cités, une
Eco. techno. Khâgne

décision qui soit à la fois la plus rapide et la moins équivoque. C ­ ’est pourquoi
les adversaires engagent un combat dans les règles, en mettant en œuvre
­l’ordre rigide de la phalange, sur un terrain découvert et dénué ­d’embûches,
choisi par eux ­d’un commun accord. Sont dédaignées, à ­l’inverse, les opéra-
tions dilatoires où ­l’esquive et le harcèlement se relaieraient pour épuiser
­l’ennemi : ­puisqu’elles diluent, à travers leur sinuosité, ce processus de déci-
sion rapide et définitive procurable par le seul assaut ; de même, toutes les
RÉSUMÉ DE TEXTE

armes qui atteignent de loin ou par surprise, telles flèches et javelots, sont
rejetées au profit de la lance, qui est ­l’arme du face-­à‑face par excellence.
« Les Grecs estimaient, nous dit Polybe2, que seul le combat de près, au
corps à corps, pouvait décider valablement ­d’un conflit. » L ­ ’habileté dans
la manœuvre, à ce compte, perd de son intérêt, seul importe, au fond, le
courage dont on témoigne au moment crucial. Au point q ­ u’on peut même ne
pas chercher à affaiblir par avance son adversaire : « Agésilas décida, nous
rapporte Xénophon3, ­qu’il valait mieux laisser ses ennemis se réunir », quel
que soit leur nombre, « et puis, s­ ’ils voulaient combattre, leur livrer carrément
S cient.

1. Phalange : corps ­d’infanterie des hoplites ; hoplite : soldat cuirassé, armé ­d’une lance.
2. Polybe : historien grec né vers –200, mort en –118.
3. Xénophon : historien grec né en –430, mort en –335.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 31

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 31 13/10/2017 11:34


S UJET

une bataille en règle. » Poussé à ce point, le tableau ne peut manquer de


faire contraste avec tout ce que nous avons noté de la stratégie chinoise : les
Grecs auraient résolument tourné le dos aux infinies ressources du rapport
de biais, attendant tout du heurt violent de la rencontre, victorieux ou fatal.
­D’un côté, la pesée en masse, de l­’autre, la stratégie du détour : la pres-
sion physique ­s’opposerait à ­l’art du déjouement. Ce « modèle » grec de la
HEC
guerre, nous dit ­d’ailleurs Hanson, ne serait pas mort avec les Grecs : les
Américains, mis dans ­l’impossibilité au Vietnam ­d’engager un affrontement
de ce type, « seraient les plus récents prisonniers de cet héritage antique ».
Ce tableau appelle ­d’abord une précision : il ne conduit pas à supposer
que les « Grecs » seraient demeurés inconscients des ressources du détour
ou ne seraient pas « rusés ». On connaît depuis toujours leur goût des strata-
gèmes, et J-­P. Vernant et M. Detienne ont brillamment montré ­l’importance
que possède aux yeux des Grecs la mètis, cette « intelligence rusée » dont
des dieux eux-­mêmes sont richement pourvus et qui combine à la fois le
« flair », la « prévision », la « feinte », des « habiletés diverses », le « sens de
­l’opportunité ». Il est important toutefois de remarquer que ce ­n’est pas de
cette façon-­là, par un recours à la mètis, que les Grecs choisissaient délibé-
rément de régler, à ­l’époque classique, leurs conflits armés. Plus important
encore : la forme ­d’intelligence qui se manifeste dans ce goût du détour,
cette agkulométés que ­n’ont pas ignorée les Grecs, « apparaît toujours plus
ou moins “en creux”, nous disent Detienne et Vernant, immergée dans une
pratique qui ne se soucie à aucun moment, alors même q ­ u’elle l­’utilise
­d’expliciter sa nature ni de justifier sa démarche ». À ­l’opposé de l­’obliquité
chinoise, la mètis demeure dans l­’ombre de la raison, elle ne se repère
­d’ailleurs clairement ­qu’au niveau des mythes. Refoulée par ­l’intelligence
spéculative, elle ne fait donc pas ­l’objet, en Grèce, ­d’une théorie. […]
Cette pratique du détour est toujours présentée, à la différence de ce que
nous avons vu en Chine, si ce ­n’est comme un pis-­aller, du moins comme
un expédient : on peut bien la conseiller, mais ce n ­ ’est pas à partir d­ ’elle
que la guerre est pensée. À ­l’inverse, les travaux de Marcel Detienne sur
Eco. techno. Khâgne

la phalange nous confirment d ­ ’autant mieux l­’importance de cette forme


grecque de ­l’affrontement ­qu’ils nous font voir quel lien étroit la phalange
entretient avec l­’organisation de la cité. Il y aurait même homologie de struc-
ture entre ­l’une et ­l’autre : par ­l’uniformité des équipements, ­l’équivalence
des positions, voire ­l’identité du comportement exigé, les fantassins de la
phalange sont réduits à la similitude ­d’« éléments interchangeables » qui
correspond exactement à ce ­qu’ils sont, en tant que citoyens, dans le cadre
égalitaire de leur vie politique. Il apparaît donc que la phalange et, avec elle,
RÉSUMÉ DE TEXTE

la logique ­d’un abord frontal pourraient bien résumer tout un « choix » de la


culture grecque. Voyons par conséquent si la comparaison engagée ne peut
pas être poursuivie et si, notamment, ce que nous a montré la phalange ne
pourrait pas nous orienter, en venant se refléter sur ­d’autres plans, vers une
opposition plus générale.
Je serais tenté, en effet, de risquer la question : ce face-­à‑face des
phalanges se confrontant sur le champ de bataille ne trouve-­t‑il pas un
équivalent dans le face-­à‑face des discours autour duquel ­s’est organisée
la cité ? Je dis bien équivalence et non seulement analogie. Car la structure
S cient.

­d’agôn que constitue cette organisation de ­l’affrontement armé se retrouve


au cœur du théâtre (tragédie ou comédie), du tribunal, de ­l’assemblée ; en
effet, ­qu’il soit théâtral, judiciaire ou politique, le débat se manifeste aussi 4. An
Ve siè

32 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 32 13/10/2017 11:34


S UJET
comme une pesée ­s’exerçant pour ou contre ; et il est remporté seulement
en fonction de la force et du nombre des arguments qui sont de part et
­d’autre accumulés. Aussi, s­ ’il y a homologie entre l­’ordre de la phalange
et celui de la cité, ce n
­ ’est peut-­être pas seulement parce que les mêmes
participants se retrouvent de part et ­d’autre (en tant que citoyens-­soldats),
mais aussi parce que, ­d’un point de vue structurel, ­c’est de la même façon
HEC
que, des deux côtés, la décision se trouve acquise. On vient de voir que
­l’affrontement des phalanges visait à obtenir la décision ­d’une manière qui
soit à la fois la plus rapide et la moins équivoque : or, l­’alignement face
à face des arguments au sein de discours antithétiques, tels que les Grecs
ont conçu ceux-­ci, que ce soit au théâtre, au tribunal ou à ­l’assemblée,
vise au même effet. Les orateurs plaident ­l’un contre ­l’autre, au vu et au su
de tous, dans un temps limité, et tout témoin, dans son for intérieur, peut
aussitôt trancher : cette « poussée » antagoniste basculant dans un sens ou
dans ­l’autre se traduit, en définitive, par un vote à la majorité. Par là même,
ce face-­à‑face des discours se révèle étroitement lié à notre organisation
démocratique (il suffit, pour ­s’en convaincre, de mesurer ­l’importance que
détiennent, dans notre vie politique, les débats télévisés). Ce qui ne manque
pas de nous poser en retour la question : dans quelle mesure le privilège que
la tradition chinoise accorde à ­l’abord de biais, dans la gestion des rapports
antagonistes, ­n’enraye-­t‑il pas ­aujourd’hui encore, en Chine, le « processus »
démocratique ? (Et, de façon plus ironique : quand verrons-­nous les candidats
au pouvoir, en Chine, s­ ’affronter dans les débats organisés ?) Même si cela
vient heurter certaines de nos opinions idéologiques majeures (puisque nous
associons le plus étroitement vote et liberté), il ne me paraît guère douteux
néanmoins que, dans un fonctionnement politique dominé par l­’obliquité, un
mode de décision par simple scrutin ait logiquement du mal à ­s’implanter.
Ce face-­à‑face des discours, dont nous avons tant ­l’habitude, ­n’est
donc pas aussi « évident » ­qu’on pouvait le penser ; il révèle, de même que
le vote auquel il aboutit, ­d’une conjoncture culturelle dont nous constatons,
par comparaison avec la Chine, q ­ u’elle est, somme toute, particulière. On
Eco. techno. Khâgne

pourrait en établir ainsi le principe : si un discours isolé est en mesure de


dégager des idées, deux discours antithétiques, en les opposant, les serrent
de plus près. […]
Je crois ­qu’on peut même saisir un principe essentiel au logos, tel q ­ u’il
est né en Grèce, à partir de ce fonctionnement, devenu si courant alors,
de ­l’antilogie4 : le propre du logos est de serrer au plus près son objet. En
sens inverse, nous verrons que, à bien des égards, le propre de ­l’expression
chinoise (ce qui caractérise le wen en Chine) est, à travers le détour, de
RÉSUMÉ DE TEXTE

maintenir la parole ondoyante et lâche, de garder « détendue » la prise : de


manière à instaurer une distance allusive par rapport à ­l’objet visé.
Précisons encore cette figure de ­l’affrontement en mettant en valeur
en quoi consiste, dans ce cas, la pesée antagoniste. Nous ne manque-
rons pas de retrouver à ce propos des aspects tactiques que nous avons
relevés précédemment. Une fois que sont établies telles les deux phalanges
opposant leur colonne ­l’une à ­l’autre, les deux listes ­d’arguments énumé-
rant les avantages jouant dans un sens ou dans l­’autre, il suffit alors pour
trancher « de dire quelle liste est la plus longue ou présente les avantages
S cient.

4. Antilogie : couple de discours opposés ; forme utilisée notamment par Thucydide, historien grec du
Ve siècle, pour présenter les discours ­qu’il rapporte dans sa Guerre du Péloponnèse.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 33

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 33 13/10/2017 11:34


S UJET

les plus grands ». À cet égard, la comparaison (et donc aussi la décision qui
­s’ensuit) sera d ­ ’autant plus probante et rapide que les éléments à comparer
seront plus semblables. Le principe isonomique que nous remarquions dans
la structure de la phalange apparaît donc, ici, tout aussi nécessaire : la
rigueur de ­l’antilogie est de tendre « à transformer tous les éléments de
­l’argumentation en données comparables, propres à ­l’addition et à la sous-
HEC
traction, voire interchangeables5 » ; les arguments se constituent ainsi en
unités, alignées les une en face des autres, « comme on procèderait avec
des chiffres ». Confrontation et calcul sont donc à la base de ce conflit
des paroles, et ­c’est toujours par un surplus – mais ici surplus ­d’argument
avancé et non d ­ ’obliquité secrète – q
­ u’on prétend l­’emporter. « Comptez
donc, fait dire Thucydide à ­l’un des chefs péloponnésiens, en face de leur
plus grande expérience, votre plus grande audace, et, en regard des craintes
dues à nos revers, le fait que nous nous trouvions alors mal préparés : il reste
alors à votre crédit la supériorité numérique des navires et la perspective
­d’un combat naval près ­d’un côte qui vous est amie… » « Ici, commente
Jacqueline de Romilly, les mots mêmes décrivent les deux colonnes paral-
lèles (antitaxasthe), permettant la claire vision du résultat arithmétique ; et
les comparatifs neutres correspondent bien aux avantages de ­l’un et ­l’autre
camp6. » Les arguments qui s­ ’affrontent sont ainsi évalués comme des quan-
tités pesant en sens inverse ; il est d ­ ’ailleurs révélateur à cet égard que,
comme on ­l’a souvent noté, un même terme grec, logizesthai, signifie à la
foi « réfléchir » et « décompter ». […]
­J’ai été conduit ainsi à supposer que l­’invention et la mise au point des
discours antithétiques, dans la Grèce classique, trouvaient leur contrepoint
dans ­l’affrontement des phalanges ­s’opposant face à face sur le champ
de bataille ; du même coup, ­l’occasion nous était donnée de commencer
à mettre à ­l’épreuve une métaphore : celle de stratégie du sens.
Et, de fait, la rhétorique grecque encourage, jusque dans son vocabu-
laire, à concevoir ­l’affrontement des discours en termes de combat. Le cas
est encore plus flagrant du côté chinois. […] Ainsi à ­l’obliquité recommandée
Eco. techno. Khâgne

par ­l’art de la guerre correspond une obliquité – équivalente – de la parole.


Le tableau ne demande donc ­qu’à être complété – en tirant toujours parti
de ce seul contraste : à la « poussée » de ­l’affrontement, au face-­à‑face (ou
au corps-­à‑corps) des soldats ou des arguments, sont préférées, en Chine,
la pratique du détour qui laisse plus de champ à la manœuvre, la menée
insidieuse qui déroute ­l’adversaire sans ­qu’on ait à ­s’exposer. Esquive et
harcèlement sont à nouveau de mise ; au lieu de présenter en pleine lumière
des arguments auxquels ­l’autre, du même coup, se trouver en mesure de
RÉSUMÉ DE TEXTE

rétorquer, ­l’expression sinueuse nous permet ­d’« esquiver » toute attaque


frontale nous obligeant à nous justifier, en puisant sur notre défense ; en
même temps q ­ u’elle nous rend à même de « harceler » sans cesse notre
opposant en le gardant sous la menace de l­’allusion – en le maintenant
sous la pression du sous-­entendu. Car du point de vue de ­l’affrontement
verbal aussi, la subtilité du rapport de biais ouvre la voix aux jeux infinis
de la manipulation. Le stratège, on l­’a vu, opérait en amont de l­’avènement
des choses et dominait ­d’autant mieux la disposition de ­l’adversaire ­qu’il
­n’avait pas encore actualisé, lui-­même, de disposition propre : de même, la
S cient.

5. Jacqueline de Romilly, Histoire et raison chez Thucydide, Paris, 1956, p. 225.


6. Ibid, p. 227.

34 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 34 13/10/2017 11:34


S UJET
critique gagne à se situer toujours à un stade purement suggestif – inchoa-
tique – de ­l’énoncé, car ce sens à peine esquissé, au lieu de nous soumettre
à la contrainte d ­ ’une position déterminée q ­ u’il faudrait désormais défendre,
nous permet de continuer à évoluer à notre guise, en restant maître du jeu :
de sorte que ­l’adversaire demeure suspendu à ­l’initiative de notre parole et
soit réduit à la passivité. Ce sens qui ne fait que poindre est ­d’autant plus
HEC
menaçant que les autres ne savent jamais précisément où nous voulons
en venir ; cette critique seulement ébauchée est d ­ ’autant plus dangereuse
­qu’elle ne se présente jamais à découvert et n ­ ’offre donc pas de prise pour la
réfuter. Entre l­’obiliquité du discours et celle de la stratégie, il y a donc mieux
­qu’un parallèle : ­l’une et ­l’autre renvoient à la même économie ­d’ensemble,
elles contiennent les mêmes justifications logiques.
François Julien,
Le détour et ­l’accès, strétagies du sens en Chine, en Grèce,
Édition du Seuil, collection Points, 2010.

Eco. techno. Khâgne

RÉSUMÉ DE TEXTE
S cient.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 35

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 35 13/10/2017 11:34


HEC
C
ORRIGÉ
Par Françoise Détharré, professeur agrégé de lettres modernes.

Emblématique ­d’un fonctionnement intellectuel, la stratégie chinoise clas-


sique récuse/ ­l’assaut face à face pour préconiser une érosion souterraine/
C ORRIGÉ

de la puissance ennemie. Elle engage à prévoir avant l­’/adversaire lui-­même


ce que celui-­ci va tenter, à/saper les racines de toute offensive et, ainsi,
à vaincre/(50) sans exterminer pour mieux ensuite exploiter les vaincus.
Ce « déjouement »/ ­s’opère dans le refus ­d’une trop transparente linéarité :/
imposer et ­s’imposer tours et détours fatigue et déconcerte/ ­l’ennemi.
Loin ­d’opposer un formalisme à un autre,/ il faut celer ses choix tactiques
à ­l’armée qui(100) met ouvertement les siens en œuvre. La bataille spéculaire
ne/saurait, dans la Chine antique, mener à la victoire.
­L’/art militaire occidental, né dans la Grèce classique, contredit radicale-
ment/ pareille théorie. Renonçant aux duels héroïques de la guerre de/Troie,
il prône l­’avancée symétrique d ­ ’une phalange vers/(150) une autre j­usqu’à la
fulguration de leur rencontre. Moins/ meurtrière ­qu’il ­n’y paraît, cette tactique
prévient les/opérations longues et tortueuses qui n ­ ’épargnent pas les civils/
sans toujours désigner nettement un vainqueur. Selon Victor Davis Hanson,
les États-­Unis/ se sont enferrés au Viêtnam, faute ­d’avoir renoncé à/(200) la
stratégie hellène. Pourtant, les Grecs ne mésestimaient pas la/ ruse, apte
au « déjouement » mais ils lui préféraient leur raison./ Pour Marcel Détienne,
ils voulaient guerroyer comme ils vivaient leur citoyenneté,/ dans la lumière
logique de leurs lois.
Ne ­s’affrontaient/-ils pas selon les critères charpentant leur théâtre et
leur/(250) rhétorique ? En peu de temps, deux argumentations serrées
­s’exposaient/ devant un public pour emporter son adhésion. Il en va/ encore
de même pendant nos campagnes électorales et on peut/ comprendre que 5
la Chine, héritière de la stratégie du « déjouement »,/ peine à instaurer la
démocratie. Derrière la pratique ou l­’/(300)évitement du débat frontal se
Eco. techno. Khâgne

distinguent deux conceptions contraires de/ ­l’expression : la grecque visait


la rigoureuse clarté, la chinoise/ recherche ­l’évocation labile et serpentine.
Or la rigueur de/ ­l’argumentation, cultivée communément par les jouteurs, 10
conduit à une/ issue d ­ ’une simplicité arithmétique : vainc celui qui énonce
davantage/(350) ­d’arguments, vainc ­l’armée qui aligne davantage de forces./
La pensée chinoise, à ­l’inverse, se garde de ­l’/évidence mathématique. Les
orientations ­d’un discours comme celles ­d’/une stratégie se fondent dans un
RÉSUMÉ DE TEXTE

halo déstabilisateur voire inhibiteur./ Savoir se tenir en embuscade confère 15


la maîtrise du jeu.
(400 mots)

20
S cient.

25

36 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 36 13/10/2017 11:34


S UJET
LV1 – ANGLAIS
Durée : 4 heures.

(La note sur 80 sera divisée par 4 pour obtenir la note sur 20, qui
sera arrondie au dixième supérieur.) IENA
Les candidats ne sont pas autorisés à modifier le choix, effectué
lors de ­l’inscription, de la première langue dans laquelle ils doivent
composer.
Les candidats ne doivent faire usage ­d’aucun document, dictionnaire
ou lexique ; ­l’utilisation de toute calculatrice ou de tout matériel
électronique est interdite.
Si au cours de ­l’épreuve, un candidat repère ce qui lui semble être
une erreur ­d’énoncé, il la signalera sur sa copie et poursuivra en
expliquant les raisons des initiatives ­qu’il sera amené à prendre.

S UJET

Versailles in the valley

Cupertino looks like many other small, drab cities in northern California,
with serried houses and shopping centres. Later this year, however, it will
become the only place to find ­Apple’s newest creation: the enormous ring
wich will serve as the technology ­firm’s headquarters. Several months before
5 he died in 2011, Steve Jobs, ­Apple’s founder and the mastermind of the
project, predicted that the spaceship-­like structure would become “the best
office building in the world” and that people from everywhere would travel
Eco. techno. Khâgne

to see it.
To prove Jobs right, around 13,000 construction workers have laboured
10 for years behind thick, high walls. The site spans several city blocks. Earlier
this year, everything was hidden from view except cranes and a huge sand
pile that rose a few hundred feet high, like the Great Pyramid of Giza. The
scacle of the project rivals the ancient E ­ gyptians’ monuments. Every piece
of glass on the four-­storey exterior is curved, requiring special panes to be
15 made in Germany – the largest pieces of curved glass ever manufactured.
With a price tag of around $5 billion, it may be the most expensive corporate
headquarters in history. […]
“Silicon Valley is having its Versailles moment,” says Louise Mozingo,
LV1 – ANGLAIS

a professor at the University of California, Berkeley, and the author of


20 a fine book called “Pastoral Capitalism” about corporate headquarters.
Last year Facebook opened a new, 430,000-square-­foot building in Menlo
Park designed to embody the ­company’s informal culture. Resembling
a giant warehouse, it is reputedly the largest open-­plan office in the word.
S cient.

Meanwhile, Google is working on a zany idea for a new headquarters to


25 replace its Googleplex, wich involves constructing movable glass build-
ings. Other technology companies, including Nvidia, Samsung and Uber,
will, collectively, spend well over $1 billion on new buildings that broadcast

ANNALES CCIR 2017-2018 l 37

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 37 13/10/2017 11:34


S UJET

their success. These ambitious projects will transform a bland architectural II. Q
landscape of generic-­looking office parks. But they also mark a cultural shift
30 for the Valley, whose ethos is to value garages (in which firms like Hewlett-­
Packard and Apple were born) over glitz. […]
­Google’s plans are the most audacious – on brand for a firm working
on imaginative projects like exploring space, extending human life and
IENA
creating a self-­driving car. As it continues to grow quickly in profits and
35 headcount, Google has decided it wants to devise new ways to make
its headquarters expandable. The company has hired two architects,
Thomas Heatherwick and Bjarke Ingels, who have come up with an idea
that feels as though it was concocted at an all-­night party at Burning Man,
the annual gathering of hippies and techies in the Nevada desert. Their plan
40 is to construct a mobile set of glass buildings that would expand and shift
like Lego blocks as different d ­ epartments’ space requirements changed.
A specially designed crane will be needed to rearrange the structures. The
proposal suggests that Google, having disrupted many industries, now
wants to rethink a central tenet of architecture: that buildings are immovable.
45 These ­firms’ visions for what they want to erect may differ, but they
share common elements. They are designing functional, open-­plan offices
to increase collaboration among employees: “activity-­based” working,
which involves people doing their jobs from different places within an office,
including outdoor benches, on-­site coffee shops, napping pods and meeting
50 rooms, is becoming the norm. They are also softening the buildings – and the
whiff of corporate might – with greenery. Apple is using renewable energy
to power its spaceship and is planting 9,000 trees. At nine acres, the roof
garden on top of ­Facebook’s Building 20 feels vast. There is a juice bar and
food carts, and sprinkled throughout it are map legends, designed to look
55 like those consulted by backpackers in a state park.
But while this wave of construction captures the optimism and wealth of III.
a cohort of companies that are imagining and packaging our digital future,
Silicon Valley could lose something in the long term.
Eco. techno. Khâgne

The Valley thrived because people met and shared ideas in office parks,
60 restaurants and cafés, and talent has historically moved around easily within
and between companies. As firms build self-­enclosed universes, that mixing
may stop. Innovative architecture may attract talent and tourists initially,
but it also risks altering an environment that has fostered world-­beating
ideas and products. Cupertino and other Silicon Valley towns may come to
65 long for the time when they had no interesting buildings to distinguish them.
Alexandra suich, 1843 Magazine (The Economist), April/May 2016.

I. VERSION (sur 20 points)


LV1 – ANGLAIS

Traduire à partir de “These ­firms’ visions…” ­jusqu’à “…Silicon Valley could


lose something in the long term.”
(De la ligne 44 à la ligne 57)
S cient.

38 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 38 13/10/2017 11:34


S UJET
II. QUESTIONS (sur 40 points)

1. Question de compréhension du texte


Explain what the following sentence means:
‘As it continues to grow quickly in profits and headcount, Google has decided IENA
it wants to devise new ways to make its headquarters expandable.’
(lignes 33-35)
(100 mots + ou – 10 %* ; sur 10 points)

2. Question de comprehension du texte


Explain what the following sentence means:
‘Innovative architecture may attract talent and tourists initially, but it also
risks altering and environment that has fostered world-­beating ideas and
products.’ (lignes 61-63)
(100 mots + ou – 10 %* ; sur 10 points)

3. Question ­d’expression personnelle


Do you think public opinion can have a significant impact on c
­ ompanies’
policies?
(300 mots + ou – 10 %* ; sur 20 points)

* Le non-­respect de ces normes sera sanctionné.


Indiquer le nombre de mots utilisés.

III. THÈME (sur 20 points)

En 1993, la mine de charbon de Shirebrook, dans le nord de ­l’Angleterre,


Eco. techno. Khâgne

a fermé, mondialisation oblige. À son emplacement, comme un symbole, se


trouve ­aujourd’hui un immense hangar de 75 000 mètres carrés.
Une armée de 3 200 travailleurs y trie, emballe et distribue les produits
importés directement ­d’Extrême-­Orient par Sports Direct, la plus grande
enseigne britannique de magasins de sport. Vingt-­quatre heures sur vingt-­
quatre, chaussures de football, survêtements et autres shorts sont envoyés
par milliers pour répondre aux commandes sur Internet et pour fournir les
400 magasins du groupe au Royaume-­Uni.
Une chose ­n’a pas changé pourtant, entre la mine et l­’entrepôt : les condi-
tions de travail. « Victoriennes », a asséné, fin juillet, un rapport parlementaire
britannique. Contrats précaires, brimades en tout genre, sanctions sur les
LV1 – ANGLAIS

salaires… Toute la panoplie des pires excès du droit du travail britannique


est utilisée. La prochaine assemblée générale de Sports Direct s­ ’annonce
houleuse.
Eric Albert, Le Monde, 5 septembre 2016.
S cient.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 39

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 39 13/10/2017 11:34


IENA
C ORRIGÉ
Par Alain Goudot, professeur de chaire supérieure ­d’Anglais en classes prépa-
ratoires économiques et commerciales au lycée Bellepierre, à Saint-­Denis
de la Réunion.
C ORRIGÉ

I. VERSION

Si ces entreprises peuvent avoir des projets de construction différents,


elles partagent des éléments communs. Elles conçoivent des espaces
de travail fonctionnels sans cloisons pour stimuler la collaboration entre
employés : « ­L’environnement de travail basé sur l­’activité », qui implique que
les employés exercent leur tâche à partir de tel ou tel poste de ­l’entreprise,
y compris sur des bancs en extérieur, des cafeterias sur site, capsules
de repos et salles de réunion, devient la norme. Elles humanisent aussi
les bâtiments – et atténuent la légère impression de toute-­puissance de
­l’entreprise – avec des espaces verts. Apple utilise des énergies renouve-
lables pour alimenter son vaisseau spatial et plante 9 000 arbres. Mesurant
neuf hectares, le jardin sur toit du bâtiment de Facebook paraît vaste. Il
y a un bar à jus, des chariots nourriture et ça et là, des légendes de cartes
identiques à celles consultées par les routards dans les parcs nationaux.
Mais alors que cette vague de construction capte l­’optimisme et la richesse
­d’une cohorte ­d’entreprises qui imaginent et conditionnent notre avenir
numérique, Silicon Valley pourrait y perdre à long terme.

III. THÈME

In 1993 S ­ hirebrook’s colliery in the north of England closed down due to


Eco. techno. Khâgne

globalisation. On its former location, as a symbol, sits a huge 75,000 square-­


metre warehouse.
A 3 200-strong army of workers are sorting, packaging and delivering
commodities directly imported from the Far East by Sports Direct, ­Britain’s
largest sports retailer. Round the clock, soccer boots, tracksuits, shorts and
the like are shipped by the thousand overseas to meet online orders and to
supply the ­group’s 400 stores based in the United Kingdom.
One thing has not changed however if we compare the mine to the ware-
house, namely the working conditions. “Victorian” conditions asserted
a British Parliamentary report late July. Precarious contracts, bullying of all
kinds, pay sanctions… The wide range of the worst abuse of ­Britain’s labour
law is being practised. Sports D ­ irect’s next general assembly foreshadows
LV1 – ANGLAIS

fiery debates/is likely to be stormy.


S cient.

40 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 40 13/10/2017 11:34


S UJET
LV1 – ANGLAIS
Durée : 4 heures.

Les candidats ne doivent faire usage ­d’aucun document, dictionnaire


ou lexique ; ­l’utilisation de toute calculatrice et de tout matériel élec- ELVi
tronique est interdite. Si au cours de ­l’épreuve, un candidat repère ce
qui lui semble être une erreur d­ ’énoncé, il la signalera sur sa copie
et poursuivra sa composition en expliquant les raisons des initiatives
­qu’il sera amené à prendre.

1 . TRADUCTIONS

Durée ­ ’épreuve :
de l 2 heures.

I. TRADUCTION DE FRANÇAIS EN ANGLAIS

Ma mère prenait le thé dans le jardin. Debout à ses côtés, légèrement incliné,
une main déjà posée sur le dossier de la chaise, M. Zaremba attendait une
invitation à ­s’asseoir qui ne venait pas. Comme il y avait un sujet de conver-
sation qui ne laissait jamais ma mère indifférente, il n ­ ’eut aucune difficulté
à éveiller son attention.
– Il y a une chose, Nina, dont je tenais à vous parler depuis quelque temps
déjà. Il ­s’agit de votre fils.
Elle buvait toujours son thé beaucoup trop chaud, et, après s­ ’être brûlé les
lèvres, elle avait l­’étrange habitude de souffler dans la tasse pour la refroidir.*
– Je vous écoute.
– Ce ­n’est jamais bon – je dirais même que ­c’est dangereux – ­d’être fils
Eco. techno. Khâgne

unique. […]
– Je ­n ’ai aucune intention d ­ ’adopter un autre enfant, répliqua-­t‑elle
sèchement.
– Je ne songeais à rien de ce genre, voyons ! murmura M. Zaremba, qui
­n’avait pas cessé de contempler la chaise.
– Asseyez-­vous.
Le peintre ­s’inclina pour la remercier et ­s’assit. […]
– Je voudrais seulement vous dire que cela aiderait Romain s­ ’il y avait
un autre homme à vos côtés. À condition, bien entendu, ­qu’il s­ ’agisse de
­quelqu’un de compréhensif et qui ne se montrerait pas trop exigeant.
Romain Gary, La Promesse de ­l’aube, Gallimard, 1960.
LV1 – ANGLAIS

* « après ­s’être brûlée les lèvres » ­d’après le texte original.

II. TRADUCTION DE ­L’ANGLAIS EN FRANÇAIS

IT MUST HAVE BEEN ten in the evening when her husband stumbled
S cient.

through the door. From the corridor he actually called: “Honey, I­’m home.”
In the living room, he stopped and stared, as if he were in the wrong
place. He slapped his pockets like he might find a different set of keys there.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 41

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 41 13/10/2017 11:34


S UJET

“Is something wrong?” he said to Claire.


He looked as if he could have aged some and then stepped right out of
the portrait on the wall. His tie was a little askew but his shirt was buttoned
up to the neck. The bald dome shone. He carried a leather briefcase with
a silver snap, Claire introduced me. He pulled himself together and walked
across to shake my hand. […] “Pleasure to meet you,” he said, in the sort
ELVi
of way that meant he had no idea whatsoever why it might be a pleasure,
but he had to say it anyway; he was bound to by pure politeness. His band
was chubby and warm. He placed his briefcase at the foot of the table and
frowned at the ashtray.
“Girls’ night out?” he said.
Claire kissed him high, on the cheek, near his eyelid, and loosened his
tie for him.
“I had some friends over.” […]
“Come sit with us,” she said.
“I’m going to run and have a shower, hon.” […]
He was undoing the buttons on his shirt and for a moment I thought he
might take the shirt off in front of me, stand in the middle of the room like
some round white fish.
Colum McCann, Let the Great World Spin, Bloomsbury, 2009.

2 . EXPRESSION ÉCRITE

Durée ­ ’épreuve :
de l 2 heures.

Hillary Clinton won the popular vote by more than two million, and she would
probably be president-­elect if the director of the F.B.I. h­ adn’t laid such
a heavy thumb on the scales, just days before the election. But it ­shouldn’t
Eco. techno. Khâgne

even have been close; what put Donald Trump in striking distance was
overwhelming support from whites without college degrees. So what can
Democrats do to win back at least some of those voters?

Recently Bernie Sanders offered an answer: Democrats should “go beyond


identity politics.” ­What’s needed, he said, are candidates who understand
that working-­class incomes are down, who will “stand up to Wall Street, to
the insurance companies, to the drug companies, to the fossil fuel industry.”

But is there any reason to believe that this would work? Let me offer some
reasons for doubt.
LV1 – ANGLAIS

First, a general point: Any claim that changed policy positions will win elec-
tions assumes that the public will hear about those positions. How is that
supposed to happen, when most of the news media simply refuse to cover
policy substance? Remember, over the course of the 2016 compaign, the
three network news shows devoted a total of 35 minutes combined to policy
S cient.

issues – all policy issues. Meanwhile, they devoted 125 minutes to Mrs.
­Clinton’s emails.

42 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 42 13/10/2017 11:34


S UJET
Beyond this, the fact is that Democrats have already been pursuing policies
that are much better for the white working class than anything the other party
has to offer. Yet this has brought no political reward.

Consider eastern Kentucky, a very white area which has benefited enor-
mously from Obamaera initiatives. Take, in particular, the case of Clay
ELVi
County, which the Times declared a few years ago to be the hardest place
in America to live. I­t’s still very hard, but at least most of its residents now
have health insurance: Independent estimates say that the uninsured rate
fell from 27 percent in 2013 to 10 percent in 2016. ­That’s the effect of the
Affordable Care Act, which Mrs. Clinton promised to preserve and extend
but Mr. trump promised to kill.

Mr. Trump received 87 percent of Clay ­County’s vote.

Now, you might say that health insurance is one thing, but what people want
are good jobs. Eastern Kentucky used to be coal country, and Mr. Trump,
unlike Mrs. Clinton, promised to bring the coal jobs back. (So much for the
idea that Democrats need a candidate who will stand up to the fossil fuels
industry.) But ­it’s a nonsensical promise.

Where did ­Appalachia’s coal mining jobs go? They ­weren’t lost to unfair
competition from China or Mexico. What happened instead was, first,
a decades-­long erosion as U.S. coal production shifted from underground
mining to strip mining ans mountaintop removal, which require many fewer
workers: Coal employment peaked in 1979, fell rapidly during the Reagan
years, and was down more than half by 2007. A further plunge came in
recent years thanks to fracking. None of this is reversible.

In the case of former coal country exceptional? Not really. Unlike the decline
in coal, some of the long-­term decline in manufacturing employment can
Eco. techno. Khâgne

be attributed to rising trade deficits, but even there i­t’s a fairly small fraction
of the story. Nobody can credibly promise to bring the old jobs back; what
you can promise – and Mrs. Clinton did – are things like guaranteed health
care and higher minimum wages. But working-­class whites overwhelmingly
voted for politicians who promise to destroy those gains.

So what happened here? Part of the answer may be that Mr. Trump had


no problems with telling lies about what he could accomplish. If so, there
may be a backlash when the coal and manufacturing jobs d
­ on’t come back,
while health insurance disappears.

But maybe not. Maybe a Trump administration can keep its supporters on
LV1 – ANGLAIS

board, not by improving their lives, but by feeding their sense of resentment.

For ­let’s be serious here: You ­can’t explain the votes of places like Clay
County as a response to disagreements about trade policy. The only way to
make sense of what happened is to see the vote as an expression of, well,
S cient.

identity politics – some combination of white resentment at what voters see


as favoritism toward nonwhites (even though it i­sn’t) and anger on the part
of the less educated at liberal elites whom they imagine look down on them.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 43

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 43 13/10/2017 11:34


S UJET

To be honest, I ­don’t fully understand this resentment. In particular, I ­don’t


know why imagined liberal disdain inspires so much more anger than the
very real disdain of conservatives who see the poverty of places like eastern
C
Kentucky as a sign of the personal and moral inadequacy of their residents.

One thing is clear, however: Democrats have to figure out why the white
ELVi
working class just voted overwhelmingly against its own economic interests,
not pretend that a bit more populism would solve the problem.
Paul Krugman, The New York Times, November 25, 2016.

Répondre en ANGLAIS aux questions suivantes :


(Environ 250 mots pour chaque réponse)

1. According to the author of the text, what interpretations may be given for
Donald ­Trump’s victory? Answer the question in your own words.

2. Do you believe an anti-­establishment parallel can be drawn between


the American election and Brexit? Illustrate your answer with relevant
examples.
Eco. techno. Khâgne
LV1 – ANGLAIS
S cient.

44 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 44 13/10/2017 11:34


C ORRIGÉ
Par Philippe Rayet, agrégé d
­ ’anglais, professeur au lycée Notre-­Dame-
ELVi

du‑Grandchamp à Versailles.

I. TRADUCTION DU FRANÇAIS A ­L’ANGLAIS

C ORRIGÉ
My mother was having tea in the garden. Standing beside her [by her side
/ next to her] and leaning slightly forward, one hand already resting on the
back of the chair, M. Zaremba was waiting for her to invite [ask] him to sit
down. But she ­didn’t. As there was a [one] topic of conversation that never
left my mother indifferent [that never failed to retain my m ­ other’s attention],
he had no difficulty (in) arousing her curiosity.
“There is one thing, Nina, which I’ve been eager to talk to you about for
quite a while [for some time] now. It concerns your son.”
She would always start drinking her tea [She always began to take a sip
of tea] while it was still far [much] too hot, and, after it had burnt her lips, she
would have [she had] that weird habit of blowing on the tea to cool it (down).
“Go ahead,” (she said).
“It’s never a good thing – I would [should] even say i­t’s dangerous – to
be an only son.” […]
“I have no intention of adopting another child,” she retorted curtly [she
snapped].
“I meant nothing of the sort, come now!” M. Zaremba muttered without
taking his eyes off the chair.
“Do sit down [Take a seat],” (my mother said).
The painter gave a bow by way of thanks [to thank her] and sat down. […]
“I’d just like to tell you [to say] that the presence of a man at your side
would certainly be beneficial to Romain. Provided [As long as], of course,
it [he] were [was] somebody understanding and not too hard to please.”
Eco. techno. Khâgne

Romain Gary, La promesse de ­l’aube, Gallimard, 1960.

II. TRADUCTION DE ­L’ANGLAIS AU FRANÇAIS

Son mari dut rentrer ce soir-­là sur le coup des dix heures et il trébucha en
franchissant la porte. Depuis le couloir, on ­l’entendit même crier : « Chérie !
­C’est moi [Je suis là] ! »
Arrivé dans le salon [dans la salle de séjour], il ­s’arrêta et écarquilla les
yeux : était-­il au bon endroit ? Il tâta ses poches comme ­s’il allait y trouver
un autre jeu de clefs.
– ­Y’a quelque chose qui ne va pas ? demanda-­t‑il à Claire.
LV1 – ANGLAIS

Avec quelques années de plus, c ­ ’était le portrait tout craché de l­’homme


du tableau accroché au mur, ­qu’on aurait [eût] cru descendu dans la pièce.
Il avait la cravate un peu de travers mais sa chemise était boutonnée j­usqu’à
­l’encolure. Le sommet de son crâne, complètement dégarni, luisait. Il portait
à la main une serviette [un porte-­documents] de [en] cuir au [marqué(e) ­d’un]
fermoir argenté. Claire me présenta. Il se ressaisit et traversa la pièce pour
S cient.

me serrer la main. […] « Je suis enchanté de faire votre connaissance ! »


lança-­t‑il sur un ton qui laissait entendre q ­ u’il ne voyait pas du tout pourquoi
il le serait, mais il fallait pourtant q
­ u’il le dise. Il y était obligé [tenu] par pure

ANNALES CCIR 2017-2018 l 45

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 45 13/10/2017 11:34


politesse. Je sentis la chaleur de sa main potelée. Il posa sa serviette au
pied de la table et fronça les sourcils à la vue du cendrier.
ELVi – (C’est) une soirée entre filles ? demanda-­t‑il.
Claire déposa un baiser sur le haut de sa joue, près de sa paupière, et
desserra sa cravate.
– ­J’ai invité quelques copines. […] Viens ­t’asseoir avec nous, dit-­elle.
– Je vais prendre une douche vite-­fait, (ma) chérie ! […]
C ORRIGÉ

Je le vis déboutonner sa chemise, et, ­l’espace ­d’un instant, je crus bien


­qu’il allait ­l’enlever devant moi et se tenir là, debout, au milieu de la pièce,
comme un gros poisson (tout) blanc.
Colum McCann, Let the Great World Spin, Bloomsbury, 2009.

5
Eco. techno. Khâgne

10

15
LV1 – ANGLAIS

20
S cient.

25

46 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 46 13/10/2017 11:34


S UJET
LV1 – ALLEMAND
Durée : 4 heures.

(La note sur 80 sera divisée par 4 pour obtenir la note sur 20, qui
sera arrondie au dixième supérieur.) IENA
Les candidats ne sont pas autorisés à modifier le choix, effectué
lors de ­l’inscription, de la première langue dans laquelle ils doivent
composer.
Les candidats ne doivent faire usage ­d’aucun document, dictionnaire
ou lexique ; ­l’utilisation de toute calculatrice ou de tout matériel
électronique est interdite.
Si au cours de ­l’épreuve, un candidat repère ce qui lui semble être
une erreur ­d’énoncé, il la signalera sur sa copie et poursuivra en
expliquant les raisons des initiatives ­qu’il sera amené à prendre.

S UJET

Der Exzess, den München dringend braucht

Das grenzenlose Feiern auf dem „Oktoberfest“ ist für München sehr wichtig,
es bringt das nötige Chaos in die sonst so saubere, beherrschte Stadt. In
München ist der Exzess heimatlos. Nur zwei Wochen im Jahr, während des
„Oktoberfestes“, wird ihm ausnahmsweise Asyl gewährt. Doch das Asylrecht
5 wurde verschärft, für den Exzess gelten erschwerte Bedingungen: Erstens
müssen dieses Jahr mehrere Hindernisse überwunden werden, wie ein Zaun
und unzählige Sicherheitsleute, die darüber wachen, dass niemand Taschen
Eco. techno. Khâgne

auf das Festgelände bringt. Zweitens war das Wetter in den ersten Tagen
besonders ungünstig: höchstens 16 Grad, andauernder Regen.

10 Jedoch hat sich der Exzess davon nicht beeindrucken lassen. Wie jedes
Jahr hat er langsam von der Masse Besitz ergriffen. Auch wenn die
Besucherzahl diesmal etwas kleiner war als gewöhnlich, musste sich das
Bedienungspersonal abends schon um halb neun einen Weg durch die
Menge bahnen.
LV1 – ALLEMAND

15 Menschengruppen vor den Bierzelten, Menschenreihen auf Bierbänken,


Betrunkene, die unterschätzt haben, wie stark das Bier ist. Frauen in
geschmackvollen Dirndln, Frauen in billigen Dirndln, Männer in edlen
Lederhosen, Männer in schercklichen Lederhosen. Nun könnte man
leicht das Ganze als ein Fest der Trinkerei betrachten, so wie die Berliner
20 Zeintung taz, die vor fast 20 Jahren einen Artikel über dans „Oktoberfest“
mit „Massenintoxikation in München“ betitelte. Im Text ging es um „eine
S cient.

internationale Szene von sechs Millionen Drogengebrauchern“, die sich „zur


welweit größten Orgie mit Suchtmitteln“ trifft. Es stimmt ja: Das „Oktoberfest“
ohne Bier is völlig undenkbar, aber dank dem Alkohol versteht man den
25 Charakter dieses Festes besser. Das ist eigentlich ein riesiges soziologisches

ANNALES CCIR 2017-2018 l 47

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 47 13/10/2017 11:34


S UJET

Experiment und der Exzess, der dort zelebriert wird, hat eine fast magische I. V
Wirkung.

In einer Stadt, in der jeder Exzess schon am Anfang verhindert wird, ist es
wohltuend, dass es zwei Wochen gibt, in denen frei gefeiert werden darf.
30 Das „Oktoberfest“ geht auf eine mehr als 200-jährige Tradition zurück, die
IENA
dazu noch vom bayerischen Königshaus begründet wurde. Normalerweise
ist Münschen eine reibungslos funktionierende Stadt. Niemand streikt, alle
gehen arbeiten und nur bei Grün über die Ampel, die Isar fließt friedlich
hindurch, die U-­Bahnen fahren pünktlich, das Fahrrad ist auch noch da, wo II. Q
35 man es ursprünglich abgestellt hat, und abends um elf sind alle brav im Bett,
weil sie am nächsten Morgen wieder früh raus müssen. Das „Oktoberfest“
fügt dieser allzu strikten Choreografie ein chaotisches Element hinzu, das
der Stadt sonst fehlen würde.

Plötzlich ist der Gehsteig nicht mehr so sauber. Plötzlich ist nachts überall
40 Leben auf den Straßen. Plötzlich sind alle Menschentypen auf die halbe Stadt
verteilt. Und plötzlich hat man das Gefühl, als sei Münschen eine pulsierende
Metropole. Ob Bier trinken, Hähnchen essen oder Tabak rauchen – fast alles,
was man tun kann, ist ungesund. Der Exzess, der im Bierzelt zelebriert wird,
ist eine Ode an die Unvernunft.

45 Das „Oktoberfest“, dafür ist es seit jeher berühmt, ist ein großes Fest der
Gleichheit. So ein Biertisch ist eben keine geschlossene Gesellschaft,
sondern eine offene Bühne mit wechselnden Akteuren. Schüchternheit,
Sprachbarrieren und soziale Unterschiede verschwinden. Da sitzen Bayern,
Preußen, Deutsche und Ausländer nebeneinander und alle verstehen sich
50 irgendwie, sogar fast problemlos. Der Exzess macht schließlich die harte,
böse Realität besser erträglich. Wer sich gehen lässt, mit der Masse eins
wird, die Distanz aufgibt und vollends der herrlichen Stimmung erliegt, der
ist geschützt vor den Frustrationen des Alltags. III.
Eco. techno. Khâgne

Vielleicht sind das „Oktoberfest“ in München und der „Karneval“ in Köln in


55 mancher Hinsicht vergleichbar. In beiden Fällen wird eine ganze Stadt von
Exzess erfasst, in beiden Fällen kostümieren sich die Teilnehmer mit selt-
samen Kleidungen und in beiden Fällen ist das Feiern eine Flucht aus der
Alltäglichkeit, ein Zeichen dafür, dass alles auch ganz anders sein könnte.
Doch während in Köln alle Karnevalisten am Aschermittwoch an die eigene
60 Sterblichkeit erinnert werden, steht der Besucher des „Oktoberfestes“ dieses
Jahr, nach 17 Tagen Exzess, am 3. Oktober Punkt 22:30 Uhr, im Hacker-­Zelt,
in der einen Hand eine brennende Kerze, in der anderen den Maßkrug mit
LV1 – ALLEMAND

dem letzten Bier, und schreit auf Bayerisch: „Aus is und schad is, d ­ ass’s
wahr is.“
Nach einem Artikel von Oliver Klasen
„Süddeutsche Zeitung“, 23. September 2016.
S cient.

48 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 48 13/10/2017 11:34


S UJET
I. VERSION (sur 20 points)
Traduire le titre et les paragraphes 1 et 2, depuis : „Das grenzenlose Feiern
auf dem „Oktoberfest“ ist für München sehr wichtig… “ ­jusqu’à „…musste
sich das Bedienungspersonal abends schon um halb neun einen Weg durch
die Menge bahnen“
(de la ligne 1 à la ligne 14) IENA

II. QUESTIONS (sur 40 points)


1. Question de compréhension du texte
Was ist, nach der Meinung des Journalisten, der tiefe Sinn des
„Oktoberfestes“?
(100 mots + ou – 10 %* ; sur 10 points)

2. Question de compréhension du texte


Ist das „Oktoberfest“ wirklich so idyllisch?
(100 mots + ou – 10 %* ; sur 10 points)

3. Question ­d’expression personnelle


Vor noch 20 Jahren galt Deutschland als unattraktiv… Heute ist das
Deutschlandbild viel positiver. Wie lässt sich diese spektakuläre Veränderung
erklären?
(300 mots + ou – 10 %* ; sur 20 points)

* Le non-­respect de ces normes sera sanctionné.


(Indiquer le nombre de mots sur la copie après chaque question.)

III. THÈME (sur 20 points)


Eco. techno. Khâgne

Ce ­n’est plus un secret

La date ­n’a pas été choisie au hasard. Bien que sa candidature soit attendue
depuis plusieurs mois, Angela Merkel, la « femme la plus puissante au
monde » (Forbes), a dû attendre que la tempête se calme pour ­l’annoncer.
Sa décision de laisser entrer près d ­ ’un million de réfugiés en 2015 a en effet
irrité ses sympathisants. Mais la popularité de la Chancelière s­ ’est ­aujourd’hui
stabilisée. 87 % des membres de la CDU souhaitent q ­ u’elle les guide vers une
nouvelle victoire. De plus, jeudi dernier, ­l’ancienne physicienne, que ses conci-
LV1 – ALLEMAND

toyens surnomment affectueusement « Mutti », a reçu un soutien important.

En venant à Berlin pour son dernier voyage officiel, Barack Obama a salué
les qualités de cette « partenaire extraordinaire ». « Si ­j’étais Allemand et
si je votais, je pourrais la soutenir », a expliqué le Président des États-­
Unis. Celui-­ci ­s’est cependant demandé si ce soutien pouvait l­’aider ou au
contraire la pénaliser. Les Allemands étant de grands fans de « Barack », on
choisit plutôt la première option.
S cient.

­D’après un article de Frédéric THERIN


« Le Point », 18 novembre 2016*.

* (Ces références ne sont pas à traduire.)

ANNALES CCIR 2017-2018 l 49

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 49 13/10/2017 11:34


IENA
C ORRIGÉ
Par Jean-­Michel Hannequart, professeur d’Allemand au lycée François Ier,
au Havre.
C ORRIGÉ

I. VERSION

­ ’excès, dont Munich a un besoin urgent (a absolument besoin).


L
Faire la fête sans limite lors de l­’Oktoberfest (lors de la fête de la bière),
­c’est essentiel pour Munich, cela apporte le chaos indispensable dans une
ville par ailleurs si propre, si disciplinée. À Munich, ­l’excès ­n’a pas droit de
cité. Il n
­ ’y a que deux semaines par an, pendant la « fête de la bière » où
exceptionnellement on lui accorde le droit ­d’asile. Mais ce droit a été durci,
les excès sont encadrés de manière plus draconienne (plus sévèrement).
Tout ­d’abord, il faut cette année surmonter plusieurs obstacles comme par
exemple une clôture et ­d’innombrables agents de sécurité qui veillent à ce
que personne ­n’introduise de sac sur le site de la fête. Ensuite la météo a été
particulièrement défavorable pendant les deux premiers jours : tout au plus
16 °C et une pluie persistante (ininterrompue).
Cependant ­l’excès ne s­ ’est pas laissé impressionner par tout cela. Comme
chaque année, il a pris peu à peu possession de la foule. Même si les
visiteurs ont été cette année un peu moins nombreux ­qu’à ­l’habitude, le
personnel de service devait chaque soir se frayer un passage à travers la
foule (la cohue).

III. THÈME

Es ist kein Geheimnis mehr.


Eco. techno. Khâgne

Das Datum wurde nicht zufällig gewählt. Obwohl ihre Kandidatur seit
mehreren Monaten erwartet wurde, hat Angela Merkel, laut Forbes „die
mächtigste Frau der Welt“, warten müssen, bis der Sturm sich legt, um
sie anzukündigen (bekannt zu geben). Ihre Entscheidung, 2015 knapp
eine Million Flüchtlinge ins Land zu lassen (aufzunehmen), hat nämlich ihre
Sympathisanten verärgert (irritiert). Aber die Beliebtheitswerte der Kanzlerin
haben sich heute stabilisiert. 87% der CDU-­Mitglieder wünschen, dass
sie sie zu einem neuen Sieg führt. Zudem (außerdem) hat die ehemalige
Physikerin, die von ihren Mitbürgern (Landsleuten) liebevoll „Mutti“ genannt
wird, letzten Donnerstag eine bedeutende Unterstützung bekommen. Auf
LV1 – ALLEMAND

seiner letzten offiziellen Reise nach Berlin hat Barack Obama die Vorzüge
dieser „außerordentlichen Partnerin“ gewürdigt (hervorgehoben). Wenn ich
Deutscher wäre und wenn ich wählen würde, könnte ich sie unterstützen,
erklärte der Präsident der vereinigten Staaten. Dabei hat er sich aber gefragt,
ob diese Unterstützung ihr helfen oder im Gegenteil schaden könnte. Da die
Deutschen große Anhänger von Barack (Barack-­Fans) sind, spricht man sich
eher für die erste Option aus (wählt man eher die erste Option).
S cient.

50 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 50 13/10/2017 11:34


S UJET
LV1 – ALLEMAND
Durée : 4 heures.

Les candidats ne doivent faire usage ­d’aucun document, dictionnaire


ou lexique ; ­l’utilisation de toute calculatrice et de tout matériel élec- ELVi
tronique est interdite. Si au cours de ­l’épreuve, un candidat repère ce
qui lui semble être une erreur d­ ’énoncé, il la signalera sur sa copie
et poursuivra sa composition en expliquant les raisons des initiatives
­qu’il sera amené à prendre.
En matière d­ ’orthographe, les graphies antérieure et postérieure à la
réforme sont acceptées.

1 . TRADUCTIONS

Durée ­ ’épreuve :
de l 2 heures.

I. TRADUCTION DU FRANÇAIS EN ALLEMAND

Et puis le temps a commencé à paraître long, la parfaite mécanique familiale


­s’est enrayée. Les parents de Paul, qui avaient pris l­’habitude de les aider
à la naissance de la petite, ont passé de plus en plus de temps dans leur
maison de campagne, où ils avaient entrepris d ­ ’importants travaux. Un
mois avant ­l’accouchement de Myriam, ils ont organisé un voyage de trois
semaines en Asie et ­n’ont prévenu Paul ­qu’au dernier moment. Il ­s’en est
offusqué, se plaignant à Myriam de l­’égoïsme de ses parents, de leur légè-
reté. Mais Myriam était soulagée. Elle ne supportait pas d ­ ’avoir Sylvie dans
Eco. techno. Khâgne

les pattes. Elle écoutait en souriant les conseils de sa belle-­mère, ravalait sa


salive quand elle la voyait fouiller dans le frigidaire et critiquer les aliments
qui ­s’y trouvaient. (…) Myriam et elle ­n’étaient jamais ­d’accord sur rien, et il
régnait dans l­’appartement un malaise compact, bouillonnant, qui menaçait
à chaque seconde de virer au pugilat. « Laisse tes parents vivre. Ils ont raison
­d’en profiter maintenant ­qu’ils sont libres », avait fini par dire Myriam à Paul.

Elle ne mesurait pas ­l’ampleur de ce qui ­s’annonçait. Avec deux enfants tout
est devenu plus compliqué : faire les courses, donner le bain, aller chez le
LV1 – ALLEMAND

médecin, faire le ménage. Les factures se sont accumulées. Myriam ­s’est


assombrie. Elle ­s’est mise à détester les sorties au parc. Les journées ­d’hiver
lui ont paru interminables. (…) Elle ressentait chaque jour un peu plus le
besoin de marcher seule, et avait envie d ­ ’hurler comme une folle dans la
rue. « Ils me dévorent vivante », se disait-­elle parfois.
Leïla Slimani, Chanson douce, Gallimard 2016.
S cient.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 51

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 51 13/10/2017 11:34


S UJET

II. T
 RADUCTION DE ­L’ALLEMAND
AU FRANÇAIS

„Klara.“
„Ja?“
ELVi „Was ist jetzt mit nächster Woche?“
„Du willst, dass ich mitkomme?“
Das Angebot überraschte und beunruhigte sie gleichermaßen.
„Ja, vielleicht haben wir an der Nordsee mehr Glück mit dem Wetter.“
Ihre Mutter ging davon aus, dass sie nicht Nein sagen würde. Der Ton, in
dem sie fragte, ließ gar nichts anderes zu. Klara kannte ihn gut.

Sie legte das Wattestäbchen auf die Ablage unter dem Spiegel und zupfte an
ihrer rechten Augenbraue, die ein wenig aus der Form geraten war.
„Ich weiß nicht, ob ich so spontan wegkann. Wir haben am Dienstag eine
wichtige Besprechung im Verlag, und hier liegt ein Berg an Texten, den ich
bis Juli fertig haben muss.“
„Bis Juli ist ja noch ein bisschen Zeit. Nimm dir doch etwas mit zum Arbeiten.
Du kannst dich schön auf die Terrasse setzen und lesen.“
Lesen, wenn es nur das wäre. Aber das wusste ihre Mutter nicht so genau,
und es interessierte sie auch nicht wirklich.
Klara fühlte sich unter Druck gesetzt. Dass sie sie morgens anrief und
verlangte, ein paar Tage später mit ihr eine Woche im Landevejen* zu
verbringen, war typisch für ihre Mutter.
Aber vielleicht sollte sie wirklich mitfahren. Es gab vieles, über das sie gern
mit ihr sprechen würde. Sie fürchtete nur, und ihre Erfahrungen gaben ihr
da immer wieder Recht, dass es zu diesen Themen nicht kommen würde.
„Kann ich dir morgen Bescheid geben? Ich muss im Verlag Klären, ob das
irgendwie machbar wäre“.

* nicht übersetzen
Eco. techno. Khâgne

Anette Beckmann, Wann, wenn nicht morgen, dtv 2016.

2 . EXPRESSION ÉCRITE

Durée ­ ’épreuve :
de l 2 heures.
LV1 – ALLEMAND

IM BETONHIMMEL: WIE KÖNNEN STÄDTE


LEBENSWERTER WERDEN?

Die Menschheit zieht um. Dörfer entvölkern sich, Städte platzen aus allen
Nähten. Schon heute leben 54 Prozent der Weltbevölkerung in Städten –
im Jahr 2050 sollen es gar zwei Drittel sein. Mit dieser Wanderbewegung
hängen viele Krisen wie Klimawandel und Ressourcenknappheit zusammen.
S cient.

Kurzum: Die Zukunft der Menschheit wird in der Stadt entschieden.


Nun setzen die Vereinten Nationen das Thema auf die Tagesordnung.
Kommende Woche treffen sich Tausende Diplomaten, Bürgermeister und

52 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 52 13/10/2017 11:34


S UJET
Stadtplaner zum Weltsiedlungsgipfel Habitat III in Quito – 20 Jahre nach dem
Vorgängertreffen Habitat II. Bei so einem Konferenzturnus ist der politische
Nachholbedarf natürlich enorm.
In der Haupstadt Ecuadors wollen die Regierungen eine “Neue Agenda für
Städte” verabschieden. Dort drängen außerdem Städtenetzwerke darauf, in
den UN-­Prozessen zu Klimaschutz oder Nachhaltigkeitszielen endlich eine ELVi
eigene Stimme zu bekommen. Denn ihre Probleme sind groß.
Vor allem in Asien und Afrika versprechen sich viele Landbewohner vom
Stadtleben mehr Freiheit, höheren Wohlstand und bessere Gesundheit.
Doch für mehr als eine Milliarde Menschen von Mumbai bis Lagos, von
La Paz bis Baltimore endet die Hoffnung in den Hütten der Elendsviertel.
Bis 2050 könnte sich die Zahl der Slumbewohner sogar verdoppeln. Denn
es wird immer mehr Megacitys geben, chaotische Ballungsräume, in denen
sich mehr als 10 Millionen Einwohner drängen.
Heute sind Städte für drei Viertel der Co2-Emissionen verantwortlich. Allein
die Baustoffe, die notwendig wären, um jede Familie und jedes Büro nach
westlichen Ansprüchen zu beherbergen, würden künftig das gesamte
Co2-Budget der Menschheit fordern. Dann wäre noch niemand zur Arbeit
gefahren, kein Zimmer geheizt, kein Computer angeschaltet.
Doch gleichzeitig sind Städte auch Orte voll kreativer Energie. Während
nationale Regierungen oft zögern, treibt der Problemdruck die Politiker
am Ort zu mutigen Lösungen. So will etwa Santiago de Chile bis
Ende 2017 das U-­Bahn-System für 2,5 Millionen Menschen auf Wind- und
Solarstrom umstellen. Kapastadt hat sich radikale Ziele zur Erhaltung der
Wasserressourcen gesetzt. Toronto knüpft mit einem Ernährungsrat neue
Beziehungen zu den umliegenden Bauern.
Neue Technologien wie wiederverwertbare Leichtbaustoffe und energieef-
fiziente Heizungen. Elektroautos oder smarte öffentliche Verkehrssysteme
werden eine größere Rolle spielen. Wichtig – und oft vernachlässigt – sind
Eco. techno. Khâgne

zudem Hilfen für die Armen, transparente Verwaltungen, das Engagement


für die Kulturelle Eigenart.
Im Folgenden zeigen wir an [zwei] Beispielen den Ideenreichtum der Städte.
Sie beweisen, wie kluge Projekte häufig gleich mehrere Probleme auf einmal
lösen. (…)
Städte werden lebendiger, wenn sich Konsum und Produktion, Arbeit und
Leben wieder mischen. In so einer Stadt könnten Bürger einen Teil der Dinge,
die sie brauchen, künftig selber herstellen. Denn die digitalen Maschinen
LV1 – ALLEMAND

von morgen – Lasercutter, 3-D-­Drucker, CNC-­Fräsen – passen in jedes


Hinterhaus. In die “Dezentrale” im Dortmunder Unionsviertel zum Beispiel.
Dort wird diese Zukunft schon erprobt. Tüftler aus dem Quartier haben
gerade ein Lastenfahrrad zu einem solar betriebenen Elektrotransporter
umgebaut.
Maker, so nennt sich die neue, Hightech-­gestütztz Do-­it-yourself-­Bewegung.
In Dortmund werden ihre Experimente vom Fraunhofer Institut für Umwelt-,
S cient.

Sicherheits- und Energietechnik (Umsicht) unterstützt. Die Forscher wollen


mit interessierten Laien nicht nur nach Energiesparkonzepten für den
Transport suchen, sondern auch für einzelne Haushalte. Im e:Lab könnte

ANNALES CCIR 2017-2018 l 53

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 53 13/10/2017 11:34


S UJET

man Windturbinen fürs Mikrokraftwerk auf dem Balkon ausdrucken, erzählt


Jürgen Bertling von Umsicht. Oder eine sensible Infrarotheizung entwickeln,
die spürt, in welchem Raum sich die Bewohner gerade aufhalten und die
C
nur dort Wärme spendet.
Auch ein Senior Design lab ist geplant. Ältere menschen werden technische
ELVi Helfer basteln, die ihnen trotz Rheuma oder Rückenschmerz den Alltag
zu Hause erleichtern. Mit solchen Innovationen könnten Projekte wie die
Dezentrale zum Entstehen einer umweltverträglichen regionalen Wirtschaft
beitragen, meint der Umsicht-­F orscher Bertling. Aber nicht nur das:
Gemeinsam zu reparieren, erfinden und produzieren stifte, “anders als die
globalisierte Industrieproduktion”, sozialen Zusammenhalt im Stadtviertel.
Als Verwaltung und Rat der westfälischen Kleinstadt Hiddenhausen vor ein
paar Jahren Prognosen zur demografischen Entwicklung ihrer Gemeinde
in die Hand bekamen, da erkannten sie: Entweder wir tun jetzt was – oder
demnächst steht hier jedes zehnte Haus leer.
In vielen Industrienationen lässt nicht nur die Attraktivität der Städt die länd-
lichen Regionen verarmen, sondern auch der demografische Trend: Junge
Paare ziehen weg, weniger Kinder werden geboren, die Einwohner werden
immer älter. Das führt in einen Teufelskreis: Wo nur noch wenige Rentner
leben, lohnt sich kein Supermarkt mehr, kein Restaurant, kein Kindergarten,
keine Schule. Die Folge: Noch mehr Leute wandern ab.
Aber Hiddenhausen will keine Geisterstadt werden. Also tun die Stadtpolitiker
etwas – und verbinden Klima – und Bevölkerungspolitik. Statt junge Familien
mit Bauland zu locken und Böden zu versiegeln, schießen sie ihnen, verteilt
auf sechs Jahre, 9.000 Euro zu, damit sie in verwaiste alte Häuser ziehen.
Plus weitere 1.500 Euro für ein Gutachten über deren Zustand. 424 Familien
haben das Angebot “Jung kauft Alt” bereits angenommen, 60 Prozent dieser
Bürger kommen von außen. Die Gemeinde sparte trotz des Zuwachses
Flächen so groß wie 30 Fußballfelder ein. Und auf den Straßen spielen
Eco. techno. Khâgne

wieder Kinder.

Von Christiane Grefe, Die Zeit Nr. 43/2016.

Répondez en ALLEMAND aux questions suivantes :


(250 mots environ pour chaque réponse)

1. Wie versuchen die im Text genannten Städte auf den Klimawandel


einzugehen?
LV1 – ALLEMAND

2. Welche sind für Sie die großen aktuellen Herausforderungen der


Stadtentwicklung? Argumentieren Sie mit konkreten Beispielen aus
Deutschland und dem internationalen Kontext.
S cient.

54 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 54 13/10/2017 11:34


C ORRIGÉ
Par Jean-­Michel Hannequart, professeur d’Allemand au lycée François Ier,
ELVi

au Havre.

I. T
 RADUCTION DE ­L’ALLEMAND

C ORRIGÉ
EN FRANÇAIS

« Klara. »
« Oui ? »
« Que faisons nous maintenant la semaine prochaine (Qu’en est-­il maintenant
de la semaine prochaine) ? »
« Veux-­tu que je ­t’accompagne ? ».
Cette proposition la surprit et en même temps ­l’inquiéta.
« Oui, nous aurons peut-­être plus de chance avec le temps au bord de la
mer du nord. »
Sa mère supposait (partait du principe) ­qu’elle ne dirait pas non.
Elle posa le coton-­tige sur ­l’étagère en dessous du miroir et tira son sourcil
droit qui avait un peu perdu de sa forme.
« Je ne sais pas si je peux partir comme bon me semble (sans rien demander).
Nous avons une réunion importante à la maison d ­ ’édition mardi et j­’ai là une
montagne de textes que je dois avoir terminés pour juillet ».
« Pour juillet tu as encore un peu de temps. Emmène donc quelque chose
pour travailler sur place ! Tu pourras ­t’asseoir sur la terrasse et lire. »
Comme ­s’il ne ­s’agissait que de lire. Ma sa mère n­ ’était pas bien au courant
et ça ne ­l’intéressait pas vraiment.

Klara se sentait mise sous pression. Appeler le matin et demander à passer


une semaine avec elle à Landevejen quelques jours plus tard, c ­ ’était typique
de la façon de faire de sa mère. Mais peut-­être devrait-­elle vraiment
Eco. techno. Khâgne

­l’accompagner. Il y avait beaucoup de choses dont elle aurait aimé parler


avec elle. Elle craignait seulement, et son expérience lui avait toujours donné
raison sur ce point, que ­l’on ­n’aborde pas ces sujets.
« Puis te donner ma réponse demain ? Je dois discuter avec la maison
­d’édition pour savoir si ce serait faisable ».

II. T
 RADUCTION DE FRANÇAIS
EN ALLEMAND
LV1 – ALLEMAND

Und dann begann, die Zeit lang zu werden (dann kam ihr allmählich die Zeit
lang vor), die perfekte Mechanik des Familienlebens geriet ins Stocken.
Pauls Eltern, die es sich seit der Geburt der Kleinen angewöhnt hatten,
ihnen zu helfen, verbrachten nun immer mehr Zeit in ihrem Landhaus, in
dem sie umfangreiche Renovierungsarbeiten unternommen hatten. Einen
Monat vor Myriams Entbindung organisierten sie eine dreiwöchige Reise
nach Asien und benachrichtigten Paul erst im letzten Moment (und sagten
Paul… Bescheid). Er regte sich darüber auf und beschwerte sich (klagte) bei
S cient.

Myriam über den Egoismus und die Leichtfertigkeit seiner Eltern. Myriam
aber war erleichtert. Sie konnte es nicht ertragen, dass Sylvie ihr ständig im
Weg stand (Sylvie ständig auf der Pelle zu haben). Sie hörte sich lächelnd

ANNALES CCIR 2017-2018 l 55

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 55 13/10/2017 11:34


die Ratschläge ihrer Schwiegermutter an, unterdrückte ihren Ärger, wenn
sie sah, wie diese in ihrem Kühlschrank stöberte und dabei Kritik an den
ELVi Lebensmitteln übte, die sich darin befanden. (…) Myriam und sie waren
sich nie über irgend etwas einig, und in der Wohnung herrschte ein dichtes,
brodelndes Unbehagen, das jede Sekunde in eine Schlägerei hätte ausarten
können. „Lass doch deine Eltern leben, wie sie wollen. Sie haben ganz recht,
jetzt ihre Freiheit zu genießen“, hatte Myriam schließlich zu Paul gesagt.
C ORRIGÉ

Sie hatte das Ausmaß dessen nicht geahnt, was ihr bevorstand . Mit zwei
Kindern wurde alles viel komplizierter : einkaufen, die Kinder baden, zum
Arzt gehen, der Haushalt. Die Rechnungen stapelten sich. Myriams Laune
wurde immer düsterer. Sie begann es zu verabscheuen, in den Park zu
gehen. Die Wintertage kamen ihr endlos vor. (…) Mit jedem Tag wurde in
ihr das Bedürfnis stärker, alleine spazieren zu gehen, und sie hatte Lust, auf
der Straße wie eine Verrückte zu schreien. „Sie fressen mich bei lebendigem
Leib auf“, sagte sie sich manchmal.

5
Eco. techno. Khâgne

10

15
LV1 – ALLEMAND

20
S cient.

25

56 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 56 13/10/2017 11:34


S UJET
LV1 – ESPAGNOL
Durée : 4 heures.

(La note sur 80 sera divisée par 4 pour obtenir la note sur 20, qui
sera arrondie au dixième supérieur.) IENA
Les candidats ne sont pas autorisés à modifier le choix, effectué
lors de ­l’inscription, de la première langue dans laquelle ils doivent
composer.
Les candidats ne doivent faire usage ­d’aucun document, dictionnaire
ou lexique ; ­l’utilisation de toute calculatrice ou de tout matériel
électronique est interdite.
Si au cours de ­l’épreuve, un candidat repère ce qui lui semble être
une erreur ­d’énoncé, il la signalera sur sa copie et poursuivra en
expliquant les raisons des initiatives ­qu’il sera amené à prendre.

S UJET

En 25 años, casi todo un siglo

Cuando hace veinticino años, exactamente el 18 de julio de 1991, se celebró


la primera Cumbre Iberoamericana de jefes de Estado y de Gobierno en
Guadalajara, México, era dificil imaginar el mundo que vendría un cuarto
de siglo después.
5 Aquel gran foro estuvo marcado por la ola democrática liberal en América
Latina; la reafirmación del comunismo en cuba pese a la caída del bloque
soviético; el fin de la década perdida; el programa de reddución de la deuda
Eco. techno. Khâgne

externa; la profundización de la economía de mercado y la exitosa transición


en España y Portugal.
10 Pese a las diferencias ideológicas, en Guadalajara estuvieron todos los
dirigentes iberoamericanos, incluido Fidel Castro. Hace 25 años, aquél era
el único espacio multilateral que el dirigente cubano compartía con sus
homólogos de la región.
La primera cumbre tuvo fundamentos sólidos: sus lenguas, sus culturas,
15 su historia compartida; también una situación económica marcada por la
masiva inversión española en América Latina y, después, por el surgimiento
LV1 – ESPAGNOL

de las corporaciones multilatinas.


Triunfó una iniciativa pionera de España y México – luego se sumó Brasil –
que contaría, siempre, con el apoyo de la Corona.
20 Cuando se vuelve la mirada atrás, la velocidad del cambio, la tecnología
y la globalización han hecho que parezca un siglo. China se ha consolidado
como potencia económica con gran impacto en Latinoamérica. El terrorismo
se ha convertido en un desafio planetario. Se han borrado fronteras trazadas
S cient.

a principios del siglo pasado y han aparecido nuevos flujos y presiones


25 migratorias. Las tecnologías de la información aplicadas a las redes sociales
han generado nuevas voces. La Unión Europea, sin duda la construcción

ANNALES CCIR 2017-2018 l 57

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 57 13/10/2017 11:34


S UJET

multilateral más importante del siglo XX junto con la ONU, sufre nuevas I. V
tensiones y desafíos, como ha evidenciado el Brexit.
La sociedad actual está confusa ante las políticas económicas que no
30 superan las que aplican los bancos centrales; enojada porque percibe
que sus hijos vivirán peor que sus padres, y violenta porque ve dasatarse
el terror, el racismo y la xenofobia, viejos conflictos de razas, religiones
IENA
o nacionalidades.
América Latina empezó bien el siglo. La fuerte demanda china disparó los
II. Q
35 precios de sus materias primas. Los recursos sirvieron para reducir la deuda
pública, alimentar las reservas y, en algún caso, ahorrar para tiempos de
escasez. La mayoría de los países aplicaron mecanismos de distribución
que han reducido la probreza (hasta 80 millones de personas han salido de
ella) y, en alguna medida, la desigualdad.
40 Con los ajustes en China dejó de soplar el viento de cola. Hay, pues, que
poner en marcha procesos de estabilización, siempre dolorosos, para
controlar la inflación, no perder los recursos ganados y, al tiempo, diversi-
ficar el aparato productivo para mejorar rendimiento y competitividad. La
calidad de la educación y de las infraestructuras sociales y económicas
45 deben ser objetivos impostergables.
Mientras España y Portugal parecen superar los peores momentos de la
crisis, América Latina está logrando absorber tensiones y conflictos. La crisis
venezolana pide una solución, cada vez más “acompañada” por la comu-
nidad internacional. Brasil se enfrenta a una crisis política y económica, pero
50 sus instituciones funcionan y su economía comienza a reactivarse. Colombia
ha cerrado el más viejo conflicto armado del continente. Y asistimos, por fin,
a la normalización de las relaciones entre Cuba y Estados Unidos.
El foro de las cumbres no reclama méritos, pero puede reivindicar el hilo
conductor que arrancó en Guadalajara hace 25 años con la presencia de
55 Fidel Castro y que continuó cuando la régión exigió, en la Cumbre de las
Américas (Cartagena, 2012), que no hubiera otro foro similar sin la partici-
pación de Cuba.
Eco. techno. Khâgne

Aquel proceso ha mostrado, frente a las tendencias centrípetas que vemos


III.
en otras partes del mundo, una gran capacidad de “convergencia en la
60 diversidad”, como dijo recientemente la presidenta Bachelet de Chile.
Las cumbres iberoamericanas han tenido la virtud de, sin competir con
otros foros multilaterales o regionales, alimentar en todos ellos el recono-
cimiento de la diversidad como parte de un destino común. En está época
de tensiones y de dispersión, no es poca cosa.
Enrique V. Iglesiais, El País, 20/07/16.
LV1 – ESPAGNOL
S cient.

58 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 58 13/10/2017 11:34


S UJET
I. VERSION (sur 20 points)

Traduire depuis “Cuando se vuelve la mirada atrás…” j­usqu’à “…religiones


o nacionalidades”.
(Lignes 20 à 33)
IENA

II. QUESTIONS (sur 40 points)

1. Question de compréhension du texte


¿En qué contexto se celebró “la primera Cumbre Iberoamericana de jefes
de Estado y de Gobierno” según Enrique V. Iglesias? (ligne 2)
(100 mots + ou – 10 %*; sur 10 points)

2. Question de compréhension du texte


¿En qué se basa el autor para afirmar que “América Latina empezó bien el
siglo”? (ligne 34)
(100 mots + ou – 10 %*; sur 10 points)

3. Question ­d’expression personnelle


¿En qué medida considera usted que las relaciones entre España
y Latinoamérica deben alimentarse del « reconocimiento de la diversidad
como parte de un destino común »? (lignes 62 à 63)
(300 mots + ou – 10 %*; sur 20 points)

* Le non-­respect de ces normes sera sanctionné.


Indiquer le nombre de mots sur la copie après chaque question. Eco. techno. Khâgne

III. THÈME (sur 20 points)

Le rêve de la maison connectée face à la réalité

Le fantasme de la maison connectée où tous nos appareils électroménagers


devanceront nos moindres désirs sans que nous ayons à bouger le petit
doigt ­n’est pas nouveau. (…)
Grâce au développement ­d’Internet et des réseaux de communication,
cette vision futuriste est ­aujourd’hui une réalité bien tangible. Le marché
de la maison intelligente connaît un véritable essor ces dernières années et
LV1 – ESPAGNOL

suscite la convoitise ­d’une multitude ­d’acteurs, des géants de ­l’Internet aux


grands groupes ­d’électronique, en passant par les opérateurs télécoms et
une pléthore de jeunes entreprises, tous désireux de se tailler une part de
cet immense gâteau.
Pour le moment, peu de particuliers ont encore succombé, même si beau-
coup plébiscitent les avantages de ces produits, notamment en matière de
gestion des dépenses ­d’énergie, de sécurité ou de diverstissement.
S cient.

Zeliha Chaffin, Le Monde, 6/11/16.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 59

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 59 13/10/2017 11:34


IENA
C ORRIGÉ
Par Nicolas Léger, professeur ­d’Espagnol en classes préparatoires ECE et
ECS à ­l’institution des Chartreux, à Lyon.
C ORRIGÉ

I. VERSION
­ orsqu’on regarde en arrière, la vitesse du changement, la technologie et la
L
globalisation donnent l­’impression q ­ u’un siècle s­ ’est écoulé. La Chine s­ ’est
renforcée en tant que puissance économique au fort impact en Amérique
Latine. Le terrorisme est devenu un défi planétaire. On a effacé1 les frontières
dessinées au début du siècle dernier et de nouveaux flux et pressions migra-
toires ont fait leur apparition. Les technologies de ­l’information appliquées
aux réseaux sociaux ont donné naissance à de nouvelles voix. L ­ ’Union
européenne, qui est sans doute, avec ­l’ONU, la construction multilatérale
la plus importante du xxe siècle, connaît2 de nouvelles tensions et est face
à des défis, comme le Brexit ­l’a bien montré.
La société actuelle est perdue3 face aux politiques économiques qui ne
vont pas au-­delà de celles que les banques centrales appliquent ; elle est
en colère car elle se rend compte que ses enfants vivront moins bien que
leurs parents, et elle est violente car elle voit ressurgir la terreur, le racisme
et la xénophobie, les vieux conflits raciaux, religieux ou nationalistes.
1. On préférera ­l’impersonnel à une traduction plus littérale (« les frontières se sont effacées »).
2. « Sufrir » sans préposition « de » est à traduire par « subir » et non « souffrir ».
3. L’emploi du verbe « estar » devant ­l’adjectif « confusa » doit guider la traduction vers le sens ­
d’un embarras, ­d’un flou. En ­d’autres termes, la société « se trouve dans le brouillard ».

III. THÈME
Eco. techno. Khâgne

El sueño de la casa conectada ante la realidad1


El fantasma de la casa conectada en la que todos nuestros electrodomés-
ticos anticipen2 nuestros más mínimos deseos sin que tengamos que mover
un solo dedo no es nuevo. (…)
Gracias al desarrollo de Internet y de las redes de comunicación, esta visión
futurista es ahora una realidad muy tangible. El mercado de la casa inte-
ligente conoce un verdadero auge desde hace unos años y despierta la
codicia de una multitud de actores, desde los gigantes de Internet hasta
los grandes grupos de electrónica, pasando por operadores de telecomu-
LV1 – ESPAGNOL

nicaciones y un sinfín3 de jóvenes empresas, deseosos todos de conseguir


un pedazo de este inmenso pastel4.
De momento, pocos particulares han cedido, aunque muchos alaban las
ventajas de estos productos, entre otros en materia de gestión de los gastos
energéticos, de seguridad o de diversión5.
1. Variante possible : « frente a lo real ».
2. Le sens futur de cette spécificité non réalisée (« devanceront ») rend logique ­l’emploi du subjonctif.
On peut aussi penser à « precedan ».
S cient.

3. Variante possible : « un sinnúmero ». « Una plétora » est désuet.


4. La traduction littérale convient. « Un trozo del pastel/de la tarta » est également attestée.
On pouvait aussi penser à ­d’autres expressions figurées telles que « hacerse un hueco en el sector ».
5. Variante possible : « el entretenimiento ».

60 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 60 13/10/2017 11:34


S UJET
LV1 – ESPAGNOL
Durée : 4 heures.

Les candidats ne doivent faire ussage ­d’aucun document, dictionnaire


ou lexique ; ­l’utilisation de toute calculatrice et de tout matériel élec- ELVi
tronique est interdite.
Si au cours de ­l’épreuve, un candidat repère ce qui lui semble être
une erreur ­d’énoncé, il la signalera sur sa copie et poursuivra sa
composition en expliquant les raisons des initiatives ­qu’il sera amené
à prendre.

1 . TRADUCTIONS

Durée ­ ’épreuve :
de l 2 heures.

I. TRADUCTION DU FRANÇAIS EN ESPAGNOL

Je me rappelais la salle plongée dans ­l’obscurité autour de nous et cette


zone étroite de lumière, tout au fond, comme un refuge clandestin après
­l’heure de la fermeture. Et ce nom, « le 66 », ­l’un de ces noms qui circulent
à voix basse, entre initiés…
« Vous étiez seul ?
– Oui. Seul. »
Il consultait une feuille sur le bureau où il me semblait voir une liste de
noms.
­J’espérais que celui de Dannie ­n’y figurait pas.
Eco. techno. Khâgne

« Et vous ne connaissiez personne parmi les habitués du “66” ?


– Personne. »
Il fixait toujours son regard sur la feuille de papier. ­J’aurais voulu ­qu’il me
cite les noms des « habitués du 66 » et ­qu’il ­m’explique qui étaient tous ces
gens. Peut-­être Dannie en avait-­elle connu quelques-­uns. Ou Aghamouri.
Ni Gérard Marciano, ni Duwelz, ni Paul Chastagnier ne fréquentaient appa-
remment « le 66 ». Mais je ­n’étais sûr de rien.
« Ça doit être un café d ­ ’étudiants, comme tous les autres, dans le
Quartier latin, ai-­je dit.
LV1 – ESPAGNOL

– De jour, oui. Mais pas de nuit. »


Il avait pris un ton sec, presque manaçant.
« Vous savez », lui ai-­je dit, et je m
­ ’efforçais ­d’être le plus doux, le plus
conciliant possible, « je ­n’ai jamais été un “habitué de nuit du 66” ».
Il ­m’a considéré de ses gros yeux bleus, et son regard, lui, n ­ ’avait rien
de manaçant, un regard las et plutôt bienveillant.
Patrick Mondiano, ­L’Herbe des nuits, Editions Gallimard, 2012.
S cient.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 61

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 61 13/10/2017 11:34


S UJET

II. T
 RADUCTION DE ­L’ESPAGNOL
EN FRANÇAIS

– Bueno, ¿qué le parece al coronel lo que se ha obtenido?


Arenas miró a su hijo y con voz bastante apagada se dirigió a Alejandro
ELVi Antonio, aplazando la respuesta que requería la pregunta de su diligente
y extraordinario abogado.
– ¿Y Ana Inocencia y Arturito ya saben la buena nueva?… Perdone usted
un momento, doctor Aybar – se excusó Arenas.
– Claro que se lo hice saber a los dos, pero preferí que se quedaran para
poder ultimar detalles que, estando ellos presentes, no prodrían acordarse
sin restarle atención a su presencia. Pronto vendrán a verte, posiblemente
esta tarde.
– Doctor, perdóneme que no le contestara de inmediato su pregunta,
pero necesitaba saber de la nena y el niño.
– Lo entiendo perfectamente; además, este caso nos ha hermanado
y los buenos hermanos no pueden perderse en formalidades.
– Se torna inefable decir los sentimientos que se agolpan en mi corazón
en estos momentos. Bien, ¿cómo se desenvolverán las cosas? –preguntó
el coronel Arenas para cortar tajantemente cualquier sentimentalismo
inoportuno.
– Papá, usted debe elegir el lugar donde va a recomenzar su vida,
y tenga presente los cien kilómetros de sepacación de La Habana.
– ¿Qué la parece Santa Clara, coronel? –le preguntó Rosado Aybar.
– Ni loco, doctor; nadie es profeta en su tierra. Si yo le dijera que he
aprendido a querer a La Habana, donde finalmente tan mal me ha ido, quizá
hasta lo ponga en duda, pero es como le digo.
Alberto Rocasolano, A pocos pasos de la felicidad, Editorial José Marti, 2015.

2
Eco. techno. Khâgne

. EXPRESSION ÉCRITE

Durée ­ ’épreuve :
de l 2 heures.

España americana

Hace dos siglos espagñoles dejamos lo mejor de nosotros en América.


Allá quedaron nuestra capacidad de reinvención, nuestro optimismo
LV1 – ESPAGNOL

y nuestra fe en el futuro. Las independencias nos desgajaron al quebrarse


la unidad emocional de la Monarquía hispánica. Con ellas fuimos privados
de aquella pulsión utópica que desde las profundidades del alma de Castilla
nos propulsó hasta tocar las costas de América un 12 de octubre de 1492.
De ahí que el proceso independentista iniciado en México con el Grito de
Dolores fuera algo más que una secesión política. Fue la pérdida de la
completitud de España. La separación forzada de nuestro ser americano
y la condena a ser europeos, sin más.
S cient.

Desde aquel Grito del 16 de septiembre de 1810, los españoles nos


empequeñecimos, por dentro y por fuera. Nos vimos obligados a habitar
dentro de nuestro particular laberinto de soledad. Trafalgar, primero, y la

62 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 62 13/10/2017 11:34


S UJET
Guerra de la Independencia, después, allanaron el camino hacia la ruptura
con el futuro que encarnaba América en el imaginario colectivo. Es cierto que
Cuba y Puerto Rico permanecieron como puertas de comunicación ameri-
cana durante casi un siglo. Pero poco a poco fueron cerrándose con el lento
declinar de nuestra presencia trasatlántica; hasta que, por fin, el mazazo
del 98 supuso la pérdida radical de los vestigios de nuestra americanidad.
Desde entonces España ha ido dando tumbos sin saber cómo definirse. ELVi
Casticistas y europeístas se enfrentaron por dirigirnos hacia las entrañas del
ser peninsular o hacia las soluciones que venían de allende los Pirineos. […]
Algún día deberíamos desenfocar el campo de visión peninsular para
entender el meollo de nuestra identidad. A lo mejor comprenderíamos que
ni España es el problema ni Europa la solución. Quizá descubriéramos que
el origen de las inseguridades patrias está en haber perdido nuestra comple-
titud trasatlántica. Pero, sobre todo, en renunciar entonces a la noción
de futuro como una constante generacional, al tiempo que perdíamos la
heterogénea faz americana para quedar atrapados dentro de los muros de
la homogénea fisonomía peninsular.
Y es que el 12 de octubre de 1492, España eligió el futuro como mito
colectivo y se comprometió con él. […] El impulso utópico del Renacimiento
nos llevó hasta los confines del planeta para dilatar allí la experiencia europea
y mediterránea y hacerla atlántica, americana y universal.
No cabe duda de que los sueños fueron una poderosa fecundadora de
oportunidades. Y que llevaron más lejos que el miedo liberado debido a la
injusta violencia que acompañaron los comienzos de nuestra americanidad
hispánica. Sin embargo, pronto quedaron reemplazados los errores y los
daños iniciales al emprender juntos un proyecto de españolidad mestiza.
Se diluyeron las divisiones excluyentes y España creció en ambición de sí
misma. En contacto con la vastedad continental americana y su comple-
jidad étnica, geográfica, lingüística y cultural, dimos lo mejor de nosotros.
Sublimamos lo que nos unía y nos sentimos orgullosos de ello. En América
se fraguó la verdadera unidad hispánica al constatar lo que éramos esen-
cialmente: una comunidad heterogénea de valores, cultura y emociones que
Eco. techno. Khâgne

no se veía amenazada al sumarse a la hipercompleja enormidad americana.


Por eso, asombramos al mundo al hacernos americanos. […]
Y es que España se americanizó a partir del siglo XVI radicalmente.
En las costas del otro lado del Atlántico se instalaron, además de nuestra
violencia y nuestros vicios, nuestras ilusiones y esperanzas de cambio. Las
mismas que llevaron a Cervantes a anhelar un empleo al servicio del Rey
en Guatemala y Cartagena de Indias. Las mismas que hacen que el Quijote
adquiera su pleno significado espiritual como espacio inagotable para la
alegría, la imaginación y la voluntad de desprenderse del dolor de la vida
LV1 – ESPAGNOL

y sus sinsabores. Lo que Cervantes veía en América no era otra cosa que
volver a tener un futuro; la oportunidad de renovarse y dejar atrás su pasado
para apostar por ese deseo de imaginarse un caballero andante dispuesto
a deshacer los entuertos de su particular biografía.
España debería afrontar en el siglo XXI un empeño colectivo de mutarse
nuevamente americana. No podemos seguir varados en una Europa que
muestra sus facciones más intransigentes al nacionalizarse a golpes de
machamartillo excluyente y fanático. Ser la esquina nordeste, europea
S cient.

y  mediterránea de Latinoamérica no sería un mal proyecto nacional.


Quizá así podríamos salir de nuestro laberinto de soledad y recuperar la
completitud perdida. Si nuestra cultura, nuestra lengua e, incluso, nuestras

ANNALES CCIR 2017-2018 l 63

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 63 13/10/2017 11:34


S UJET

empresas lo han hecho, ¿por qué no como país? ¿Por qué no pensar una
España americana? Sería aleccionador que entre tantos debates estériles
y tanta torpeza institucional, territorial y partidista, comprendiéramos que
C
no podremos reconocernos a nosotros mismos, enorgullecernos de lo que
somos y pensarnos juntos de forma ilusionada si no nos descubrimos en
nuestro rostro americano, ya sea criollo, indígena, negro o mestizo. No se
ELVi
me ocurre mejor futuro que volver a nuestra esperanza americana, a lo
mejor de nosotros.
José María Lassalle, El País, 11 oct 2016.

Répondre en ESPAGNOL aux questions suivantes :


(250 mots environ pour chaque réponse)

1. ¿Qué es para el autor la “España americana”?

2. ¿Piensa usted que los recientes acontecimientos políticos hispanoame-


ricanos abren nuevas posibilidades de proyecto para una España más
americana? Justifique con ejemplos.
Eco. techno. Khâgne
LV1 – ESPAGNOL
S cient.

64 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 64 13/10/2017 11:34


C ORRIGÉ
Par Frédérique Mabilais, professeur agrégée d
­ ’Espagnol au lycée Jeanne-­
ELVi

d’Arc, à Caen.

I. TRADUCTION DU FRANÇAIS EN ESPAGNOL

C ORRIGÉ
Recordaba yo la sala sumida en la oscuridad a nuestro alrededor y aquella
estrecha zona de luz, allá al fondo, como un refugio clandestino tras la hora
del cierre. Y aquel nombre, “el 66”, uno de esos nombres que suelen circular
en voz baja, entre iniciados…
“¿Estaba usted solo?
– Sí. Solo.”
Él estaba consultando una hoja en la mesa de despacho donde me parecía
ver una lista de nombres. Yo esperaba que el de Dannie no figurara entre
ellos.
“¿Y usted no conocía a nadie entre los clientes asiduos del 66??
– À nadie.”
Seguía mirando fijamente la hoja de papel. Yo habría querido que me
citara los nombres de los “asiduos del 66” y que me explicara quiénes eran
todas esas personas. À lo mejor Dannie había conocido a algunas de ellas.
O Aghamouri. Por lo visto ni Gérard Marciano ni Duwelz ni Paul Chastagnier
frecuentaban “el 66”. Pero yo no estaba seguro de nada.
“Debe de ser un bar para estudiantes, como todos los demás, en el Barrio
Latino, dije.
– De día, sí. Pero de noche, no. “
Había contestado con uno tono seco, casi amenazador.
“Sabe”, le dije, y me esforzaba por mostrarme lo más suave, lo más conci-
liador posible, “nunca he sido un asiduo de noche del 66”.
Me examinó con sus grandes ojos azules, y su mirada, en cambio, no tenía
nada de amenazador, una mirada cansada y más bien benévola.
Eco. techno. Khâgne

II. T
 RADUCTION DE ­L’ESPAGNOL
EN FRANÇAIS

– Bien. Que pense le colonel de ce que ­l’on a obtenu ?


Arenas regarda son fils, et d ­ ’une voix presque éteinte s­ ’adressa à Alejandro
Antonio, retardant ainsi la réponse à la question de son serviable et extraor-
dinaire avocat.
– Ana Inocencia et Arturito sont-­ils déjà au courant de la bonne nouvelle ?…
LV1 – ESPAGNOL

Excusez-­moi un instant, docteur Aybar – ­s’excusa Arenas.


– Bien-­sûr que ­j’ai demandé ­qu’on les prévienne, mais ­j’ai préféré ­qu’ils
restent là-­bas pour pouvoir finaliser et se mettre ­d’accord sur quelques
points : eux ici, la chose aurait été impossible sans négliger leur présence.
Ils viendront vite te voir, probablement cet après-­midi.
– Docteur, pardonnez-­moi de ne pas avoir répondu immédiatement à votre
question, mais j­’avais besoin d ­ ’avoir des nouvelles de la fillette et de l­’enfant.
S cient.

– Je comprends parfaitement ; de plus cette affaire nous a rapprochés


comme des frères, et les bons frères ne peuvent se perdre en formalités.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 65

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 65 13/10/2017 11:34


– Il devient impossible pour moi de vous expliquer les sentiments qui se
pressent dans mon cœur en ce moment. Eh bien, comment les choses vont-­
ELVi elles se dérouler ? – demanda le colonel Arenas pour couper court à tout
sentimentalisme malvenu.
– Papa, vous devez choisir le lieu où vous allez recommencer votre vie à zéro
en ayant en tête les cent kilomètres qui vous séparent de La Havane.
– Que pensez-­vous de Santa Clara, colonel ? – lui demanda Rosado Aybar.
C ORRIGÉ

– Hors de question, docteur ; nul ­n’est prophète en son pays. Si je vous


disais que j­’ai appris à aimer La Havane, où finalement les choses se sont si
mal passées pour moi, peut-­être iriez-­vous ­jusqu’à en douter, mais je vous
assure que ­c’est vrai.
Eco. techno. Khâgne
LV1 – ESPAGNOL
S cient.

66 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 66 13/10/2017 11:34


S UJET
LV1 – ITALIEN
Durée : 4 heures.

(La note sur 80 sera divisée par 4 pour obtenir la note sur 20, les
deux chiffres après la virgule arrondis au dixième supérieur.) IENA
Les candidats ne sont pas autorisés à modifier le choix de la première
langue dans laquelle ils doivent composer. Tout manquement à la
règle sera assimilé à une tentative de fraude.
Ils ne doivent faire usage ­d’aucun document, dictionnaire ou lexique ;
sauf en latin pour lequel un dictionnaire Latin-­Français est autorisé ;
­l’utilisation de toute calculatrice ou de tout matériel électronique
est interdite.

S UJET

Firenze, i gommoni1 ­dell’artista Ai Weiwei sulle facciate


di Palazzo Strozzi

Un braccio meccanico impegnato a fissare dei gommoni arancioni


sulle facciate di Palazzo Strozzi. È quanto si sono trovati davanti agli occhi
turisti e residenti che camminavano per le vie del centro storico di Firenze,
nella mattinata di lunedì 12 settembre. Si chiama “Reframe” ­l’installazione
preparata dal cinese Ai Weiwei, fra i più celebrati e discussi artisti contem-
poranei. I gommoni utilizzati in tutto sono 22, e sono stati collocati, come
“nuove cornici” – da qui il titolo ­dell’opera – delle bifore2 del secondo piano
della struttura, capolavoro d ­ ell’architettura rinascimentale. Il significato
Eco. techno. Khâgne

­dell’iniziativa? Richiamare l­’attenzione internazionale sulla irrisolta questione


dei migranti. “Un problema attuale, davvero legato alla contemporaneità”,
ha spiegato Ai Weiwei, che ha poi precisato: “Il mio lavoro riguarda sempre
­l’umanità di oggi”.
À poche ore d ­ all’allestimento d­ ell’installazione, sono divampate le pole-
miche. Da un lato gli scettici, che ritengono quei gommoni così ingombranti
un oltraggio ad uno dei simboli della città. D ­ all’altro, invece, chi apprezza
la novità e esalta il valore politico d ­ ell’iniziativa. I social network, anche
stavolta, fanno da cassa di risonanza del dibattito. La pagina Facebook
di Palazzo Strozzi, in particolare, è stata invasa dai commenti dei cittadini
fiorentini e non solo. “Orrore”, “vandalismo”, ma anche “una roba che non
si può vedere”: queste sono le parole ­d’ordine della fazione dei contrari e
LV1 – ITALIEN

degli indignati. I quali, però, si attirano a loro volta gli strali di chi non vede
affatto di buon occhio il rifiuto di tutto ciò che è contemporaneo. “Non si
può restare sempre fermi al “500”, scrive qualcuno. Altri, invece, liquidano
la questione con giudizi assai meno diplomatici: “Questi fiorentini lagnosi,
sempre col ditino alzato a dare lezioni sui bei tempi andati! Fate ridere
S cient.

per non dire che fate pena”. A tentare di calmare la disputa, è arrivata


anche la dichiarazione ufficiale di Palazzo Strozzi: “Lo sappiamo, si tratta
di ­un’installazione ‘forte’, difficile da ignorare, soprattutto perché si colloca

ANNALES CCIR 2017-2018 l 67

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 67 13/10/2017 11:34


S UJET

su un palazzo rinascimentale. Ma potrebbe rappresentare u ­ n’occasione per


la città di Firenze per portare ­l’attenzione sul tema della crisi umanitaria dei
rifugiati grazie ­all’arte”.
Ilfattoquotidiano.it ha contattato lo storico d­ ell’arte Tomaso Montanari,
che approva l­’inziativa. “Per una volta, Firenze non è costretta ad ospitare
un ‘contemporaneo di seconda ­mano’, con ’novità’ ideate dieci o ­vent’anni
IENA
prima per altri luoghi. Quella di Ai Weiwei è u­ n’opera pensata specificamente
per Palazzo Strozzi: e trovo interessante, ad esempio, ­l’analogia tra la forma
dei gommoni e quella ­dell’arco acuto che caratterizza le bifore. U ­ n’analogia
– prosegue Montanari – che rispetta le linee del palazzo e al contempo
la altera con un messaggio fortissimo. Noi siamo abituati a pensare alla
tragedia dei migranti come qualcosa di lontanissimo dal lusso ­dell’arte: Ai
Weiwei ci ricorda che non è così, ed è particolarmente significativo che lo
faccia in una città come Firenze, che si sta trasformando sempre più in una
bomboniera per turisti, seguendo lo sciagurato esempio di Venezia”. Due
i possibili rischi connessi ­all’operazione, secondo Montanari: “Il primo è di
tipo materiale, data la delicatezza ­dell’operazione necessaria per fissare i III.
gommoni alle facciate del palazzo. Ma voglio augurarmi che siano state
prese tutte le precauzioni del caso, visto che si tratta di uno degli esempi di
architettura rinascimentale di maggior valore nel nostro Paese. Il secondo
è un rischio più subdolo, e ha a che fare con l­’estetizzazione del dolore. Ma
in questo caso, mi pare proprio che valesse la pena correrlo”.
­L’installazione “Reframe” non è che una delle 60 opere che comporranno
la mostra “Ai weiwei. Libero“: una retrospettiva dedicata ai 30 anni di carriera
­dell’artista cinese, da molto tempo impegnato nella lotta per i diritti sociali
e umanitari, accanito oppositore del regime di Pechino, fino al punto di
essere arrestato nel 2011 e detenuto per 81 giorni in una località segreta per
volere del governo del suo Paese. La mostra occuperà, nel suo complesso,
vari spazi di Palazzo Strozzi, dal cortile al piano nobile, fino ai sotterranei
della Strozzina e alla facciata.
1. Il gommone: le canot pneumatique.
Eco. techno. Khâgne

2. La bifora: finestra a due archi.

Valerio Valentini, Il Fatto Quotidiano, 16 settembre 2016.

I. VERSION (sur 20 points)

Traduire en français depuis “Non si può restare sempre fermi al “500”…”


­jusqu’à “…pensata specificamente per Palazzo Strozzi.”

II. QUESTIONS (sur 40 points)


LV1 – ITALIEN

1. Question de compréhension du texte


Spiegate : « Richiamare ­l’attenzione internazionale sulla irrisolta questione
dei migranti »
(100 mots + ou – 10 %* ; sur 10 points)
S cient.

68 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 68 13/10/2017 11:34


S UJET
2. Question de compréhension du texte
Spiegate : « Firenze si sta trasformando sempre più in una bomboniera per
turisti ».
(100 mots + ou – 10 %* ; sur 10 points)

3. Question ­d’expression personnelle IENA


Gli artisti possono veramente sensibilizzare ­l’opinione pubblica ai grandi
problemi contemporanei ?
(300 mots + ou – 10 %* ; sur 20 points)

* Le non-­respect de ces normes sera sanctionné.


Indiquer le nombre de mots sur la copie après chaque question.

III. THÈME (sur 20 points)

Généralement assaillie par les amoureux du monde entier venus fermer les
yeux, jeter des pièces et croiser les doigts, la mythique Fontaine de Trevi
a pris des allures de podium ultra select, sous la houlette de Karl Lagerfeld
et de Silvia Venturini Fendi. Un choix doublement logique, pour une maison
qui a vu le jour à Rome sur les bords du Tibre et qui a entrepris, en 2014,
la restauration du site touristique en déboursant 2 millions ­d’euros. Jouant
à fond la carte de ­l’Italie, la maison romaine rend hommage à ses origines.
Tout a commencé en 1925, dans un petit atelier de la Via Plebiscito, près
du Colisée et de la très commerçante Via del Corso.
Dans un décor immortalisé par Fellini (rappelez-­vous Marcello Mastroianni
et Anita Ekberg les pieds dans ­l’eau), les mannequins foulent comme par
miracle – traduisez un podium en plexiglas – de la Fontaine de Trevi.
­D’après Astrid Faguer, Huffington Post, 12 juillet 2016.
Eco. techno. Khâgne

LV1 – ITALIEN
S cient.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 69

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 69 13/10/2017 11:34


IENA
C ORRIGÉ
Par Bernard-­A Chevalier, professeur ­d’Italien.

I. VERSION
C ORRIGÉ

« On ne peut pas rester bloqué sur le xvie siècle » écrit ­quelqu’un. ­D’autres,
par contre, liquident la question par des jugements beaucoup moins
mesurés : « Ces florentins pleurnichards, le petit doigt toujours en ­l’air pour
donner des leçons sur le bon vieux temps ! Vous faites rire pour ne pas dire
pitié ». Pour tenter de calmer le jeu le Palais Strozzi a fait une déclaration
officielle : « Nous savons ­qu’il ­s’agit ­d’une installation « forte », ­qu’on ne peut
ignorer, surtout parce ­qu’elle a lieu dans un palais de la Renaissance. Mais
elle pourrait représenter pour la ville de Florence une occasion, grâce à ­l’art,
­d’attirer ­l’attention sur le sujet de la crise humanitaire des réfugiés ».
Ilfattoquotidiano.it a contacté l­’historien de l­’art Tommaso Montanari, qui
approuve ­l’initiative. « Pour une fois Florence ­n’est pas obligée ­d’accueillir
un « contemporain de seconde main » avec des « nouveautés » conçues dix
ou vingt ans plus tôt pour ­d’autres lieux. ­L’oeuvre ­d’Ai Weiwei a été pensée
spécialement pour le Palazzo Strozzi ».

III. THÈME

Generalmente assalita dagli innamorati del mondo intero venuti a chiudere 5


gli occhi, a buttare le monete incrociando le dita, la Fontana di Trevi si è
transformata in passerella di alta moda sotto la guida di Karl Lagerfeld e di
Silvia Fendi. Una scelta doppiamente logica, per una casa nata a Roma sulle
sponde del Tevere, e che ha intrapreso, nel 2014, il restauro del sito turistico
Eco. techno. Khâgne

sborsando 2 milioni di euro. Giocando pienamente la carta d ­ ell’Italianità, la 10


casa romana rende omaggio alle sue origini.
Tutto è cominciato nel 1925, in una piccola sartoria di Via Plebiscito, vicina
al Colosseo e alla commercialissima Via del Corso.
In una scenografia resa immortale da Fellini (ricordate Marcello Mastroianni
ed Anita Ekberg con i piedi n­ ell’acqua), i top model calcano come per mira- 15
colo ­l’acqua – traducete : un podio di plexiglas – della Fontana di Trevi.
Da Astrid Faguer, Huffington Post, 12 luglio 2016.

20
LV1 – ITALIEN

25
S cient.

30

70 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 70 13/10/2017 11:34


S UJET
LV2 – ANGLAIS
Durée : 3 heures.

(La note sur 80 sera divisée par 4 pour obtenir la note sur 20, les
deux chiffres après la virgule arrondis au dixième supérieur.) IENA
Les candidats ne sont pas autorisés à modifier le choix de la deuxième
langue dans laquelle ils doivent composer. Tout manquement à la
règle sera assimilé à une tentative de fraude.
Ils ne doivent faire usage ­d’aucun document, dictionnaire ou lexique ;
sauf en latin pour lequel un dictionnaire Latin-­Français est autorisé ;
­l’utilisation de toute calculatrice ou de tout matériel électronique
est interdite.

S UJET

Streets without shops

[…] We already know the impact Uber has had on taxis, Airbnb on hotels,
and even, perhaps, dating apps for gay bars and queer culture. But apps
are also taking on long-­standing local independent businesses that may
not be standing for much longer: everything from cobblers (with the Shoe
5 Drop app) and barbers (Shortcut, “Uber for haircuts”) to launderettes and
dry cleaners (Laundrapp, ZipJet).
Should these on-­demand services really catch on, it will be a serious chal-
lenge for a whole swathe of independent businesses offering everyday
services that are already suffering. If we no longer need to walk to the local
Eco. techno. Khâgne

10 shops to get our groceries, drop off our dry cleaning and fix our shoes, just
how long will it be before the cafes charging extortionate prices for cups of
coffee swoop in to take their place?
When you assume that no one needs laundrettes anymore because you can
get your laundry picked up and delivered through an app […], ­you’re auto-
15 matically annulling a big swathe of the population who actually need them.
­What’s more, the transformation of these services from physical spaces
to simple deliveries takes away some important inclusive places for social
interaction.
In New York, it is clear that neighbourhoods like the West Village gentri-
20 fied long before smartphones, with rents being the determining factor, but
technology “might be the nail in their coffin”, suggested Peter Moskowitz
LV2 – ANGLAIS

in the New Republic. “Apps ­don’t start the process, but they do enable
neighbourhoods to retain their real estate value without having any local
value,” he argued. […]
25 As a thriving website and app, Airbnb is already putting a strain on rents –
and some say contributing to gentrification. By renting apartments out to
tourists, its users are, whether they like it or not, contributing to a lack of
S cient.

affordable housing. Cities including Berlin and Barcelona have already taken
measures like banning it altogether or heavily cracking down on illegal flats
30 on the site.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 71

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 71 13/10/2017 11:34


S UJET

Like everything related to the g-­word, these processes are far from black and
white. For a lot of independent businesses, namely restaurants, getting on
the app bandwagon seems to have worked well, helping them stay put and
not rely solely on foot traffic. Apps like Deliveroo, the food delivery service
35 that has taken the high street by storm, or ­Uber’s food delivery branch, are
only a couple of years old, and are growing rapidly and employing armies
IENA of (precarious) workers.
Marta Bausells, The Guardian, Friday, October 7th 2016.

I. VERSION (sur 20 points)

Traduire à partir de « Should these on-­demand services really catch on… »


­jusqu’à « …takes away some important inclusive places for social interaction. »
(de la ligne 7 à la ligne 18)

II. QUESTIONS (sur 40 points)

1. Question de compréhension du texte


Explain how new technologies have redefined urban living in some areas.
(150 mots + ou – 10 %* ; sur 20 points)

2. Question ­d’expression personnelle


Would you say that the Uberisation of the economy is creating a new
underclass?
(250 mots + ou – 10 %* ; sur 20 points)

* Le non-­respect de ces normes sera sanctionné.


Eco. techno. Khâgne

Indiquer le nombre de mots utilisés.

III. THÈME (sur 20 points)

1. Depuis combien de temps les étudiants manifestent-­ils contre


­l’augmentation des frais de scolarité ?
2. La majorité des Ecossais ­s’interroge désormais sur la place de leur nation
au sein du Royaume-­Uni.
3. Plus les électeurs craignent pour l­’avenir, plus ils ont tendance à soutenir
des candidats radicaux.
LV2 – ANGLAIS

4. Dans quatre cas de fraude sur dix, les enquêteurs n ­ ’ont pas assez de
preuves.
5. La législation des drogues douces permettra-­t‑elle ­d’accroître les
recettes fiscales ?
6. Le parlement britannique n ­ ’a jamais été aussi divisé sur la question
européenne.
S cient.

7. Malgré ­l’optimisme des cadres dirigeants, ­l’avenir de ­l’entreprise


demeure incertain.

72 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 72 13/10/2017 11:34


S UJET
8. Il pourrait y avoir une autre manière ­d’envisager les transports urbains.
9. Ces pays ne connaîtront pas la croissance sans investir davantage dans
les universités.
10. Même si beaucoup la critiquent, peut-­on vraiment dire que sa carrière
est finie ?
IENA

Eco. techno. Khâgne

LV2 – ANGLAIS
S cient.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 73

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 73 13/10/2017 11:34


IENA
C ORRIGÉ
Par Alain Goudot, professeur de chaire supérieure ­d’Anglais en classes
préparatoires économiques et commerciales au lycée de Bellepierre, à Saint-­
Denis de la Réunion.
C ORRIGÉ

I. VERSION

Traduire à  partir de « Should these on-­d emand services really catch


on… » ­jusqu’à « …takes away some important inclusive places for social
interaction. »
Si ces services à la carte devaient réellement se multiplier, ce serait un
sérieux défi à relever pour une foule d­ ’entrepreneurs indépendants offrant
des services quotidiens déjà en souffrance. Si bientôt nous n ­ ’aurons plus
besoin d
­ ’aller dans les boutiques du quartier pour faire nos courses, déposer
nos vêtements au pressing et faire réparer nos chaussures, alors combien
de temps faudra-­t‑il avant que les cafés qui facturent une tasse de café
à des prix exorbitants ne ­s’imposent à leur place ?
En partant du principe que personne ­n’a plus besoin de laverie automa-
tique puisque notre linge peut être collecté et livré à domicile grâce à une
application internet, on lèse automatiquement une grande partie de la
population qui en éprouve encore le besoin. De surcroît, la transformation
de ces espaces interactifs en simple livraison fait disparaître certains lieux
accueillants importants pour le vivre ensemble.

III. THÈME

1. How long have the students been demonstrating against the rise in tuition
Eco. techno. Khâgne

fees?
2. Most Scots are now wondering about the role of their nation within the
United Kingdom.
3. The more fearful voters are about the future, the more they will tend to/
the likelier they will be to support radical candidates.
4. In four cases of fraud out of ten, investigators do not have enough
evidence.
5. Will legalising soft drugs make it possible to increase Inland Revenue?
6. The UK Parliament has never been so divided over the European issue.
7. Despite the ­executives’ optimism, the ­firm’s future remains unsure.
8. There could be another way of contemplating urban transport.
LV2 – ANGLAIS

9. These countries will not experience growth unless they invest more in
universities.
10. Even if she is criticised by many, can it really be said that her career is
over?
S cient.

74 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 74 13/10/2017 11:34


S UJET
LV2 – ANGLAIS
Durée : 3 heures.

Les candidats ne doivent faire usage ­d’aucun document, dictionnaire


ou lexique ; ­l’utilisation de toute calculatrice et de tout matériel élec- ELVi
tronique est interdite. Si au cours de ­l’épreuve, un candidat repère ce
qui lui semble être une erreur d­ ’énoncé, il la signalera sur sa copie
et poursuivra sa composition en expliquant les raisons des initiatives
­qu’il sera amené à prendre.

1 . TRADUCTIONS

Durée de l­ ’épreuve : 1 heure 30.

I. TRADUCTION DU FRANÇAIS À ­L’ANGLAIS

Ils auraient aimé être riches. Ils croyaient q ­ u’ils auraient su l­’être. Ils auraient
su ­s’habiller, regarder sourire comme des gens riches. Ils auraient eu le tact,
la discrétion nécessaires. Ils auraient oublié leur richesse, auraient su ne pas
­l’étaler. Ils ne ­s’en seraient pas glorifiés. Ils l­’auraient respirée. Leurs plaisirs
auraient été intenses. Ils auraient aimé marcher, flâner, choisir, apprécier.
Ils auraient aimé vivre. Leur vie aurait été un art de vivre.
Ces choses-­là ne sont pas faciles, au contraire. Pour ce jeune couple, qui
­n’était pas riche, mais qui désirait l­’être, simplement parce q ­ u’il ­n’était pas
pauvre, il ­n’existait pas de situation plus inconfortable. Ils ­n’avaient que
ce ­qu’ils méritaient ­d’avoir. Ils étaient renvoyés, alors que déjà ils rêvaient
Eco. techno. Khâgne

­d’espace, de lumière, de silence, à la réalité, même pas sinistre, mais simple-
ment rétrécie – et ­c’était peut-­être pire – de leur logement exigu, de leurs
repas quotidients, de leurs vacances chétives.
Georges Perec, Les Choses, Julliards, 1965.

II. TRADUCTION DE ­L’ANGLAIS AU FRANÇAIS

Marcus looked over at the very small group dancing in the corner where the
TV usually was. There were four people, three women and a man, and only
one of them seemed to be having a good time: she was sort of punching
LV2 – ANGLAIS

the air with her fists and shaking her hair. Marcus guessed that this had
to be ­Ellie’s mum – not because she looked like her (no adult looked like
Ellie, because no adult would chop her hair up with kitchen scissors and
wear black lipstick, and that was all you saw), but because Ellie was clearly
embarassed, and this was the only dancer who would ambarass anyone.
The other dancers were embarassed themselves, which meant that they
S cient.

­weren’t actually embarrassing: they ­weren’t doing much more than tapping
their feet, and the only way you could tell they were dancing at all was that
they were facing each other but not looking at each other and not talking.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 75

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 75 13/10/2017 11:34


S UJET

“I wish I could dance like that”, said Marcus.


Ellie made a face, “Anyone can dance like that. All you need is no brain and
crap music.”
“I think she looks great. ­She’s enjoying herself.”
Nick Hornby, About a boy, Riverhead Books, 1998.
ELVi

2 . EXPRESSION ÉCRITE

Durée ­ ’épreuve :
de l 1 heure 30.

The challenge of climate change is global and it demands action on an inter-
national scale, such as the Paris Agreement. But a large part of the solution
will be local, involving all of us in the way energy is produced and consumed.
The potential for citizen involvement in electricity production is consid-
erable. A recent study showed that by 2050 half of all Europeans could
produce their own electricity either at home, as part of a cooperative, or in
their small business. Counting generation from wind and solar power alone,
these small actors could meet almost half of ­Europe’s total electricity needs.
Even more people could support the energy transition, and share in the
benefits, by storing power in batteries, electric vehicles and smart boilers.
This enables the grid to draw power when ­it’s cheap and plentiful, and
temporarily lighten the load if ­there’s a peak in demand.
These projections may seem generous, but they must be considered in
the context of the unprecedented fall in wind and solar prices. Since 2009,
the price of solar panels has fallen by 80% and wind turbines by 40%. And
it ­won’t stop there. Renewable energies are becoming competitive with
fossil fuels and new nuclear, such as Hinkley Point, where EDF will try to
Eco. techno. Khâgne

build the most expensive reactors in the world and provide electricity at an
unprecedented cost.
Renewable energies and supporting technologies, like storage and demand
response, are advancing in leaps and bounds. The old energy companies
have been sluggish in catching up, so a regulatory framework that favours
the status quo will slow the necessary change to clean energy. Conversely,
the right policies can fulfil the great potential for citizen-­owned energy.
Too often the debate around renewable energy focuses just on the
technology. But the benefits of citizen-­owned renewables are manifold.
Encouraging ordinary people to invest in renewable energy taps a large
LV2 – ANGLAIS

source of reliable funding for projects. As local people profit from renewable
energy projects, and have a say in their planning and running, opposition to
developments is avoided in an equitable way.
This also builds more public support for renewable energy generally, with
a positive knock-­on effect for government policy. The returns on investment
S cient.

in these citizen-­owned projects are likely to be spent in the local economies,


supporting employment and businesses.

76 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 76 13/10/2017 11:34


S UJET
The European commission has at least paid lip-­service to the important role
ordinary people have to play in energy production, as they set out their plan
for an EU energy system “with citizens at its core” who “participate actively
in the market”. As they and our national governments develop energy policy,
we should be demanding that they allow citizens to become active partici-
pants, not just passive consumers.
ELVi
What rules do we need in order to unlock this potential? There should be
recognition that ­peoples’ active participation in the market ­doesn’t just mean
the ability to switch supplier – it means producing, consuming and selling
their own energy either individually or collectively through cooperatives.
These new entrants need to have fair access to the market, with rules
designed for small, medium and large producers alike, without discrimina-
tion. For example, the impending tax hike in the UK for owners of commercial
and public sector buildings that have installed solar panels is very prob-
lematic. We need to see fair prices for the electricity people put back into
the grid as well as fair access to the distribution networks. We also need to
see an end to punitive taxes, charges and administrative procedures that
favour the bigger established players in the energy market.
That urgent climate action needs to be taken is no longer up for debate. But
we must recognise that there are opportunities as well as challenges. Millions
of people are ready to transform our energy system, if the right environment
is created for them to do so. We are on the cusp of true energy democracy.
It is a chance we cannot miss.

Gérard Magnin, The Guardian online, 29 November 2016.

Répondre en ANGLAIS aux questions suivantes :


(environ 200 mots pour chaque réponse)

1. Identify some of the opportunities and challenges for urgent climate action
Eco. techno. Khâgne

according to the text. Answer the question in your own words.

2. In the current political context, to what extent is the idea of “energy


democracy”, a valid prospect? Support your arguments with examples
from the Anglophone world.
LV2 – ANGLAIS
S cient.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 77

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 77 13/10/2017 11:34


ELVi
C
ORRIGÉ
Par Philippe Rayet, agrégé d
­ ’anglais, professeur au lycée Notre-­Dame-
du‑Grandchamp à Versailles.

I. TRADUCTION DU FRANÇAIS À ­L’ANGLAIS


C ORRIGÉ

They would have liked to be rich [wealthy]. They thought they would have
been able to be so. They would have been able to dress, look and smile
[they could have dressed, looked and smiled] like rich [wealthy] people. They
would have been tactful and discreet according to etiquette [as etiquette
required]. They would have forgotten they were rich and (would have) been
able to conceal it. They would not have boasted about it. They would have
exuded it. They would have taken intense pleasure in everything. They would
have enjoyed walking, wandering about, making choices and appreciating
things. They would have liked to live. Their existence would have been an
art-­de-vivre.
These things are not easy ones, on the contrary. For this young couple,
which was not wealthy, but which wanted to be so, simply because it was
[they were] not poor, no other situation was more uncomfortable. They just
had what they deserved to have. While they already began to dream of
space, light and silence, they were jolted back to the reality of their cramped
flat, their daily meals and their restricted [modest] summer holidays – a reality
that was not grim but simply reduced, which was perhaps even worse.
Georges Perec, Les Choses, Julliard, 1965.
5
II. TRADUCTION DE ­L’ANGLAIS AU FRANÇAIS

Marcus jeta un coup d ­ ’œil dans la direction du tout petit groupe qui dansait
dans le coin où se trouvait d ­ ’habitude la télé. Ils étaient quatre – trois femmes
Eco. techno. Khâgne

et un homme – et, parmi eux, il ­n’y en avait ­qu’une qui donnait ­l’impression 10
de bien ­s’amuser : ­c’est comme si elle envoyait des coups de poings en ­l’air
tout en secouant ses cheveux. Marcus se dit que c ­ ’était forcément [que
ce ne pouvait être que] la mère ­d’Ellie, non pas parce que cette femme lui
ressemblait (aucun adulte, en effet, ne ressemblait à Ellie parce ­qu’aucun
adulte ne se coupait les cheveux avec des ciseaux de cuisine ni ne mettait de 15
rouge à lèvres noir – et (il faut dire que) chez elle, on ne voyait que ça), mais
parce q­ u’Ellie (elle-­même) avait visiblement l­’air gêné, et que celle qui dansait
était la seule qui eût pu être pour quiconque source d ­ ’embarras. Quant aux
autres, ils étaient tous mal à ­l’aise – ce qui signifie ­qu’ils ­n’étaient pas vraiment
gênants : ils se contentaient de faire du sur-­place en marquant discrètement 20
LV2 – ANGLAIS

le rythme, et ­l’on ne pouvait se rendre compte ­qu’ils dansaient que parce


­qu’ils se faisaient face sans (jamais) se regarder ni ­s’adresser la parole.
– ­J’adorerais [Qu’est-­ce que ­j’aimerais] pouvoir danser comme ça ! dit
Marcus.
Ellie fit la moue. 25
– ­N’importe qui peut danser comme ça, (dit-­elle). Tu fais le vide dans ta tête,
S cient.

tu balances une musique merdique et ­c’est bon !


– Moi, je la trouve super [géniale]. Elle, au moins, elle ­s’éclate !
Nick Hornby, About a Boy, Riverhead Books, 1998.

78 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 78 13/10/2017 11:34


S UJET
LV2 – ALLEMAND
Durée : 3 heures.

(La note sur 80 sera divisée par 4 pour obtenir la note sur 20, les
deux chiffres après la virgule arrondis au dixième supérieur.) IENA
Les candidats ne sont pas autorisés à modifier le choix de la deuxième
langue dans laquelle ils doivent composer. Tout manquement à la
règle sera assimilé à une tentative de fraude.
Ils ne doivent faire usage ­d’aucun document, dictionnaire ou lexique ;
sauf en latin pour lequel un dictionnaire Latin-­Français est autorisé :
­l’utilisation de toute calculatrice ou de tout matériel électronique
est interdite.

S UJET

VERALTETE PRINZIPIEN?

Vor ein paar Tagen habe ich das Abendessen auf dem Tisch vor dem
Sofa serviert. Einfach so, den Käse in Plastik, und die Salami habe ich auch
in der Verpackung gelassen. In meiner Familie stört das niemanden. Außer
mir. Meine Jungen jubilierten. Am liebsten würden sie immer so essen, auf
5 dem Sofa vor dem Fernsceher. Aber es fällt mir schwer, das zu akzeptieren,
weil es da doch ums Prinizip geht !
Prinzipien sind der Ausdruck einer gewissen Werteordnung. Ich habe
meinen jüngsten Sohn gefragt, ob er weiß, was ein Prinzip ist, ob er das Wort
oft hört? Denn dieses Wort ist heute altmodisch geworden. Kein moderner
Eco. techno. Khâgne

10 Mensch möchte diesen autoritären Satz sagen: „In unserer Familie haben
wir Prinzipien!“ Viele glauben, es sind eher autoritäre Menschen, die an
Prinzipien hängen, die sie meist selbst nicht befolgen.
Viele Prinzipien sind für mich sehr wichtig, das beginnt schon beim
Essen, denn Essen ist ja nicht nur Nahrungsaufnahme, sondern ein regel-
15 mäßiger sozialer Akt. Eine Gabe, für die jemand gearbeitet hat, die man
respektiert und genießt. Und eine Gelegenheit zu kommunizieren. Am
Esstisch passiert Familie.
Und dann gibt es das Prinzip der Arbeitsaufteilung von Mama und
LV2 – ALLEMAND

Papa. Die strukturiert alles. Wer macht was ? Wer übernimmt wofür die
20 Verantwortung ? Wer erledigt die Wäsche, den Einkauf, das Putzen, das
Kochen, die Finanzen, die Reparaturen ? Das eine macht fast immer and
überall die Mama und das andere fast immer der Papa. Weil die Papas un die
Mamas das so gelernt haben. Bei den Eltern meines Mannes, beispielsweise,
geht das immer noch so: Der Opa sitzt auf dem Sofa vor dem Fernseher, und
25 die Oma rennt den ganzen Tag zwischen Wohnzimmer und Küche hin und
her, um dem Mann, den Kindern und Enkeln Essen nach Wunsch zu liefern.
S cient.

Jedem zu seiner Zeit. Ich will das so auf keinen Fall bei uns zu Hause haben!
Unsere Kinder sind jetzt zehn und zwölf. In diesem Alter ist eine
Persönlichkeit in ihren Grundzügen ausgebildet. Was man bis dahin nicht

ANNALES CCIR 2017-2018 l 79

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 79 13/10/2017 11:34


S UJET

30 integriert hat, das lernt man nie. Ich glaube, dass unsere Kinder verstanden
haben, was ihren Eltern wichtig ist. Deswegen lass ich sie jetzt manchmal
Sachen machen, die ich im Prinzip blöd finde, lasse sie vor dem Fernseher
C
essen. Und wenn sie mal nicht mehr bei uns zu Hause sind? Dann machen
sie bestimmt alles anders. Aber dafür müssen sie das Prinzip erst mal erlebt
35 und verstanden haben.
IENA
Nach einem Artikel von Nataly BLEUEL, « Die Zeit », 31/05/2016 / 06/09/2016.
I. V

I. VERSION (sur 20 points)

Traduire le titre et les paragraphes 1 et 2 depuis :“Vor ein paar Tagen habe
ich das Abendessen auf dem Tisch vor dem Sofa serviert…“ j­usqu’à :“…
es sind eher autoritäre Menschen, die an Prinzipien hängen, die sie meist
selbst nicht befolgen.“
(de la ligne 1 à 11)

II. QUESTIONS (sur 40 points)

1. Question de compréhension du texte


Welche Prinzipien hat die Autorin und warum sind ihr diese Prinzipien
wichtig ?
(150 mots + ou – 10 %* ; sur 20 points)

2. Question ­d’expression personnelle


Was halten Sie von dem Motto: „Ich mache, was ich will,
wann ich will?“ III.
(250 mots + ou – 10 %* ; sur 20 points)
Eco. techno. Khâgne

* Le non-­respect de ces normes sera sanctionné.


Indiquer le nombre de mots sur la copie après chaque question.

III. THÈME (sur 20 points)

1. Excusez-­moi, quelle heure est-­il, ­s’il vous plaît ? Il est six heures et demie.
2. Je trouve préoccupant que presque tous les enfants aient un téléphone
portable.
LV2 – ALLEMAND

3. À quoi penses-­tu ? Cela fait plusieurs minutes que tu ne dis pas un mot !
4. Son métier lui plaît tellement ­qu’il ­n’envisage pas de prendre sa retraite !
5. Quand il fait chaud, il faut que les personnes âgées boivent plus que
­d’habitude.
6. Avant de faire de la politique, elle devrait travailler quelques années en
entreprise.
7. Je ne connais pas le livre dont vous parlez mais je vais ­l’acheter.
S cient.

8. Si elle avait eu confiance en elle, elle serait maintenant dans une Grande
École.
9. ­L’article le plus intéressant sur ce sujet a été publié dans la presse.
10. Bien ­qu’il soit encore assez jeune, il a déjà beaucoup ­d’expérience.

80 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 80 13/10/2017 11:34


C ORRIGÉ
Par Jean-­Michel Hannequart, professeur d’Allemand au lycée François Ier,
IENA

au Havre.

C ORRIGÉ
I. VERSION

Des principes dépassés (vieux jeu).

Il y  a quelques jours, j­’ai servi le dîner sur la table devant le canapé.


Simplement comme ça, le fromage dans le plastique et ­j’ai également laissé
le salami dans son emballage. Dans ma famille, cela ne dérange personne.
Sauf moi. Mes garçons étaient enchantés. Ils préféreraient toujours manger
ainsi, sur le canapé (s’ils le pouvaient, ils mangeraient toujours ainsi) sur la
canapé, devant la télévision. Mais j­’ai du mal à ­l’accepter car il s­ ’agit là d
­ ’une
question de principe. Les principes sont l­’expression ­d’un certain système
de valeur (d’un certain ordre moral). J ­ ’ai demandé à mon plus jeune fils
­s’il savait ce ­qu’est un principe, ­s’il entendait souvent ce mot. Car ce mot
est de nos jours passé de mode. Aucun homme d ­ ’aujourd’hui ne voudrait
prononcer cette phrase à la tonalité autoritaire : “dans notre famille, nous
avons des principes !” Beaucoup pensent que ce sont plutôt des personnes
autoritaires qui tiennent à des principes que la plupart du temps ils ne
respectent pas eux même.

III. THÈME

1. Entschuldigung / entschuldigen Sie, wie spät ist es? / wie viel Uhr ist es
Eco. techno. Khâgne

bitte? Es ist halb sieben.


2. Ich finde es besorgniseeregend / bedenklich, dass fast alle Kinder ein
Handy haben.
3. Woran denkst du? Seit mehreren Minuten sagst du kein Wort.
4. Sein Beruf gefällt ihm so gut, dass er es gar nicht ins Auge fasst (dass
er sich gar nicht vorstellen kann), in Rente zu gehen.
5. Wenn es heiß ist, müssen alle Menschen mehr trinken als sonst.
6. Bevor sie sich mit Politik beschäftigt (in die Politik engagiert), sollte sie
ein paar Jahre in einem Unternehmen arbeiten.
LV2 – ALLEMAND

7. Ich kenne das Buch nicht, von dem (wovon) Sie sprechen, aber ich werde
es kaufen.
8. Wenn sie selbstsicherer gewesen wäre (mehr Selbstvertrauen gehabt
hätte), wäre sie jetzt an einer Elite-­Schule (Hochschule).
9. Der interessanteste Artikel zu diesem Thema ist in der Presse veröffent-
licht worden;
10. Obwohl er noch ziemlich jung ist, hat er schon viel Erfahrung.
S cient.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 81

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 81 13/10/2017 11:34


S UJET

LV2 – ALLEMAND
Durée : 3 heures.

Les candidats ne doivent faire usage ­d’aucun document, dictionnaire


ELVi ou lexique ; ­l’utilisation de toute calculatrice et de tout matériel élec-
tronique est interdite. Si au cours de ­l’épreuve, un candidat repère ce

2
qui lui semble être une erreur d­ ’énoncé, il la signalera sur sa copie
et poursuivra sa composition en expliquant les raisons des initiatives
­qu’il sera amené à prendre.
Dur

1. TRADUCTIONS

Durée ­ ’épreuve :
de l 1 heure 30.

I. TRADUCTION DU FRANÇAIS EN ALLEMAND

­ ’aimais, ­j’aime toujours Berlin et je ­n’en aurai jamais fini avec ­l’énigme
J
que ­l’ex-­capitale du Reich, capitale ­aujourd’hui de ­l’Allemagne réunifiée,
représente pour moi. Je peux passer des heures au Paris Bar ou au Café
Einstein, où inlassablement je confronte le spectacle de ces couples de
jeunes Allemands, avenants, libres, sérieux, à toutes les images de ma
mémoire ancienne. Depuis 1948, je suis revenu bien des fois à Berlin, (…)
­j’avais été saisi par l­’architecture du nouveau Berlin, légère, aérienne, inven-
tive, qui défiait le Berlin en ruine que ­j’avais connu autrefois et sa première
reconstruction dont j­’avais été le témoin, comme si l­’Histoire imposait à cette
métropole un recommencement perpétuel. Bien plus tôt, dès 1989, ­j’avais
Eco. techno. Khâgne

découvert le Bauhaus-­Archiv (…) et d ­ ’autres lieux non construits, de vastes


espaces abandonnés au cœur de Berlin (…). ­J’étais allé à maintes reprises
à Berlin-­Est pendant les interminables années de la guerre froide (…).
Claude Lanzmann, Le Lièvre de Patagonie, Folio 2009.

II. T
 RADUCTION DE ­L’ALLEMAND
EN FRANÇAIS

Marie trank ihren Tee, süß, heiß. Dann fragte sie: „Woher nimmst du eigent-
LV2 – ALLEMAND

lich den Mut, einfach in den Kaukasus zu reisen?“


Jens nahm einen Schluck aus seiner Tasse. „Ich glaube, den habe ich schon
als Kind gehabt. […] Mit fünf oder sechs Jahren bin ich einmal alleine bei
meiner Oma gewesen, ohne meine Eltern. Ich hatte mein erstes Fadrrad mit
dabei. Sie ließ mich damit tagsüber draußen herumfahren. Abends habe ich
erzählt, wo ich überall gewesen war. Sie regte sich auf: Da warst du doch
zwanzig Kilometer weit weg mit dem Fahrrad, mein Gott, Kind! Und ich
S cient.

erwiderte: Aber wenn ich beim Hinfahren genau aufpasse, kenne ich doch
den Weg. Und so finde ich immer zurück. Aber sie war so schockiert, dass
sie bei meiner Mutter anrief und bat, mich wieder abzuholen: Das kann ich
nicht verantworten, der Kleine macht, was er will.“

82 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 82 13/10/2017 11:34


S UJET
Er schenkte ihr noch eine Tass nach.
„Wenn ich eine Idee habe, dann will ich sie auch realisieren. Und wenn man
es einmal geschafft hat, weiß man doch, dass man es weirder kann. Ob
du es wirklich schaffst, ist vielleicht noch offen. Damals als Kind habe ich
geglaubt, das kann ich einfach.“
Peter Wensierski, Die verbotene Reise. München 2014. ELVi

2 . EXPRESSION ÉCRITE

Durée ­ ’épreuve :
de l 1 heure 30.

Wir Kinder aus der Komfortzone

« Warum willst du in einer Zeit, in der jeder besonders sein will, eigentlich
normal sein? », wird Marcello Clerici in Bernardo Bertoluccis Kinomeisterwerk
« Il conformista» nach dem gleichnamigen Roman von Alberto Moravia
gefragt. Clerici, der sich der tonangebenden Bewegung der italienischen
Faschisten angedient hat, weiß darauf keine direkte Antwort.
Eine ähnliche Frage stellt sich heute an die Generation Y beziehungsweise Z,
grob also an Menschen zwischen 14 und 36, freilich in einem gänzlich
anderen politischen Umfeld: « Warum wollt ihr normal sein, wo doch heute
jeder besonders sein kann?» Warum nimmt man im Moment größter poten-
zieller Freiheit so wenig an Möglichkeiten wahr, sondern sammelt sich in der
kuscheligen Mitte, in der Habitus, Lebensweg und Denken weitestgehend
ähnlich sind?
In der letzten Sinus-­Jugendstudie, die auf Tiefeninterviews mit 72 Jugendlichen
zwischen 14 und 17 Jahren beruht, wird als einer der Haupttrends der
« Neo-­Konventionalismus» ausgemacht. Es gibt demnach kaum mehr
Eco. techno. Khâgne

Abgrenzungsbemühungen der Jüngeren gegenüber den Erwachsenen und


keine Subkulturen. Das Wertegerüst ist einheitlich, und zum « Mainstream» zu
gehören wird nicht mehr als Schande empfunden. Junge Menschen wollen
auffallend unauffällig sein.

Bloß keine Fehltritte

(…) Die Jugend ist also, wie immer: schlecht? Was auf den ersten Blick
klingt, wie die altbekannte Klage des Sokrates, die angeblich schon immer
LV2 – ALLEMAND

erhoben wurde, ist tatsächlich eine Kritik mit radikal veränderten Vorzeichen:
Sokrates beklagte die Ausschweifung der Jugend, den Drang nach Luxus, die
Ungehorsamkeit gegenüber Älteren. Die Neokonventionalisten sind dagegen
sparsame Gemüter, bescheiden und angepasst, sie denken in kleinen
Maßstäben, haften am Altbekannten und sind mit ihren Eltern befreundet,
sofern diese nicht ohnehin ihre größten Vorbilder sind. (…)
Neokonventionalismus ist eine Selbstverpflichtung auf kollektives
S cient.

Lebenszwergentum, auf « Thinking Small» statt « Thinking Big». Laut der


Studentenstudie 2016 von Ernst & Young finden 32 Prozent der angehenden
Akademiker eine Laufbahn im öffentlichen Dienst besonders attraktiv, bei den
Frauen sind es 42 Prozent. Das Motto « #Yolo» (« You only live once»), das

ANNALES CCIR 2017-2018 l 83

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 83 13/10/2017 11:34


S UJET

einmal das Jugendwort des Jahres 2013 war, lässt sich auch als Drohung
lesen: « Du lebst nur einmal, also ­versau’es nicht. Bloß keine Fehltritte!» C
(…) Der Neokonventionalist ist ein Konformist. Er will korrekt sprechen,
ähnliche Sachen essen, möglichst biologisch und korrekt konsumieren, sich
entspannt, nett und gefällig verhalten und über die gleichen smarten Kanäle
ELVi kommunizieren.

Vom Original zur Kopie

In den USA arbeiten fast die Hälfte aller Harvard-­Absolventen entweder in


den Bereichen Finanzen oder Unternehmensberatung. An anderen Elite-­
Colleges sind die Präferenzen ähnlich gelagert, trotz sehr unterschiedlicher
Fachrichtungen. Man beginnt als Original und endet als Kopie. Und das
Schöne: Die Standardisierung erfolgt quasi freiwillig. Man muss jungen
Menschen gar nicht explizit drohen, niemanden zwingen oder brechen.
Es genügt völlig, diese im allgemeinen Einheitsbrei langsam weich zu
kochen. (…) « Die erfolgreichste Tyrannei», so der amerikanische Philosoph
Allan Bloom, « ist diejenige, die es schafft, das Bewusstsein für andere
Möglichkeiten auszulöschen».
Der Uniformitätsdrang aus der Mitte der Gesellschaft ist beunruhi-
gend, wenngleich beim näheren Hinsehen wenig überraschend. Viele
Neokonventionalisten von heute sind Kinder der Babyboomer-­Generation
und daher nolens volens von deren Erfahrungswelt mitgeprägt. Der deut-
sche Publizist Stefan Willeke, selbst ein Kind des geburtenreichsten
Jahrgangs 1964, hat im « Kursbuch» einmal die Babyboomer als Generation
beschrieben, die sich an keiner Ideologie oder waghalsigen Idee versucht
hat, und die der Geschichte ihres Landes kein neues Kapitel hinzugefügt hat.
Warum sollte eine Generation von Konformisten, Profiteuren und Verwaltern
also ausgerechnet Revolutionäre hervorbringen?
(…) Tatsächlich leiden die Neokonventionalisten an der Unterentwicklung
Eco. techno. Khâgne

basaler Fähigkeiten, von Sichtfeldverengung auf digitale Geräte,


Konsumentenhaltung bis hin zur Unfähigkeit, sich demokratisch selbst
zu organisieren. Wer zu lange im Hotel Mama gelebt hat, sich inzwischen
vom Lieferdienst das Essen nach Hause schicken lässt und « Mutti Merkel»
das Regieren überlässt, leidet vielleicht an diffusen großstädterischen
Sinndefiziten, ist aber nicht primär prädestiniert für die Entdeckung neuer
Welten und einen Ausbruch aus der Komfortzone. (…)

von Milosz Matuschek, Neue Zürcher Zeitung, 14/11/2016.


LV2 – ALLEMAND

Répondre en ALLEMAND aux questions ci-­dessous :


(Environ 200 mots pour chaque réponse)

1. Wie werden im Artikel die Jugendlichen von heute beschrieben und


welche Gründe für dieses Verhalten werden genannt?
S cient.

2. Stimmen Sie mit dem Bild, das in dieser Studie gegeben wird, überein?
Erkennen Sie sich in dieser Beschreibung wieder? Führen Sie konkrete
Beispiele an.

84 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 84 13/10/2017 11:34


C ORRIGÉ
Par Jean-­Michel Hannequart, professeur d’Allemand au lycée François Ier,
ELVi

au Havre.

I. TRADUCTION DU FRANÇAIS EN ALLEMAND

C ORRIGÉ
Ich liebte, ja ich liebe immer noch Berlin, und die ehemalige Reichshauptstadt,
heute Hauptstadt des wiedervereinigten Deutschland, wird nie aufhören, mir
ein Rätsel zu bleiben. Ich kann Stunden in der Paris Bar, im Café Einstein
verbringen, wo ich unaufhörlich den Anblick dieser jungen, deutschen Paare
– liebenswürdig, frei, seriös – mit all den Bildern vergleiche (ohne müde zu
werden, den Anblick… mit all den Bildern zu vergleichen), die mir von früher
im Gedächtnis geblieben sind. Seit 1948 bin ich schon viele Male nach
Berlin zurückgekommen, (…) ich war eingenommen (fasziniert) gewesen
von der so leichten, luftigen, einfallsreichen (innovativen) Architektur des
neuen Berlin, die dem Berlin in Trümmern, das ich damals gekannt hatte,
und seinem ersten Wiederaufbau, dessen Zeuge ich gewesen war, heraus-
fordernd gegenüberstand, als ob die Geschichte dieser Metropole einen
ewigen Neuanfang aufzwingen würde. Schon sehr viel früher, schon 1989,
hatte ich das Bauhaus-­Archiv entdeckt (…) und andere weite nicht bebaute
(unbebaute) verlassene (brach liegende) Flächen im Herzen Berlins (…).
Ich war während der endlosen Jahre des Kalten Krieges viele Male nach
Ostberlin gereist.

II. T
 RADUCTION ­DE L’ALLEMAND
EN FRANÇAIS

Marie buvait son thé, sucré, très chaud. Puis elle demanda : « mais où trouves
tu le courage de partir comme ça dans le Caucase ? »
Eco. techno. Khâgne

Jens but une gorgée dans sa tasse. „Je crois que je l­’avais déjà enfant. (…)
À cinq ou six ans, je me suis retrouvé un jour seul chez ma grand mère, sans
mes parents. J ­ ’avais emporté mon premier vélo. Dans la journée, elle me
laissait circuler dehors. Le soir, je lui ai raconté où j­’étais allé. Elle s­ ’affola :
alors tu es allé à vingt kilomètres d ­ ’ici sur ton vélo, grand dieu, mon petit !
Et je lui ai répondu : si je fais très attention à ­l’aller, je connais bien la route.
Et ainsi ­j’arrive toujours à retrouver mon chemin. Mais elle était tellement
choquée ­qu’elle appela ma mère au téléphone et lui demanda de venir me
rechercher. Je ne peux pas prendre cette responsabilité, cet enfant n ­ ’en
LV2 – ALLEMAND

fait ­qu’à sa tête.


Il lui servit une deuxième tasse de thé.
« Lorsque ­j’ai une idée, je veux la réaliser. Et ­lorsqu’on a réussi à le faire
une première fois, on sait ­qu’on peut y parvenir à nouveau. Que ­l’on y arrive
vraiment, ­n’est peut-­être pas garanti. À cette époque là, ­l’enfant que ­j’étais
croyait tout simplement ­qu’il en était capable.
S cient.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 85

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 85 13/10/2017 11:34


S UJET

LV2 – ESPAGNOL 30

Durée : 3 heures.

(La note sur 80 sera divisée par 4 pour obtenir la note sur 20, les
deux chiffres après la virgule arrondis au dixième supérieur.) 35
IENA
Les candidats ne sont pas autorisés à modifier le choix de la deuxième
langue dans laquelle ils doivent composer. Tout manquement à la
règle sera assimilé à une tentative de fraude.
Ils ne doivent faire usage ­d’aucun document, dictionnaire ou lexique ;
sauf en latin pour lequel un dictionnaire Latin-­Français est autorisé :
­l’utilisation de toute calculatrice ou de tout matériel électronique
est interdite. I. V

S UJET

Humanidades obligatorias
II. Q
Parece fácil ponerse de acuerdo en que nadie debería graduarse, en la
disciplina que fuese, sin antes haberse educado; y en que esta función ya
no la cumple satisfactoriamente el bachillerato, bien por la complejidad
y globalización del mundo actual, bien por los bajos resultados de España en
5 los informes PISA. Como sabemos, actualmente los grados preparan para
ejercer una profesión. Es comprensible: nadie desea contratar un arquitecto
que no sepa de arquitectura. Pero eso no debería ser todo. La preparación
para ejercer una profesión debe ir acompañada de una preparación para
la ciudadanía democrática y de una formación esencial en la historia de la
Eco. techno. Khâgne

10 expresión humana y de lo que significa ser humano. La universidad debe


cumplir su verdadera función desde la Ilustración: cultivar las facultades
de pensamiento e imaginación que nos hacen humanos y que hacen que
nuestras relaciones sean relaciones humanas ricas, y no meramente de
uso y manipulación.
15 Existen modelos que entienden el valor de las humanidades y las protegen:
en Estados Unidos, por ejemplo, todos los alumnos están obligados a tomar
cursos de escritura y lectura crítica, así como de Great Books. También la
élite entiende el valor de las humanidades sin necesidad de explicaciones:
LV2 – ESPAGNOL

cuando, recientemente, Marco Rubio, senador del partido republicano esta-


III.
20 dounidense, afirmó que la sociedad necesitaba más fontaneros y menos
filósofos, no se refería con el sintagma “la sociedad” a sus hijos, que leerán
a Homero en las mejores universidades del país. Hay aquí, finalmente, una
cuestión de clase: en España se ha hecho creer a las clases media y baja
que existe una correlación entre el tipo de estudios realizados y la posibi-
25 lidad de encontrar una ocupación laboral. Sin embargo, en un país donde
S cient.

más de la mitad de los menores de 35 años no encuentra empleo a pesar de


sus múltiples titulaciones esta creencia desaparecerá si no lo ha hecho ya.
La estadística muestra que tener o no trabajo no es una cuestión primordial-
mente de tipo de estudios cursado, sino de linaje*. Como ha sido siempre.

86 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 86 13/10/2017 11:34


S UJET
30 Nos jugamos mucho. Como sociedad, debemos escoger entre educar
para la democracia o para la rentabilidad; entre una educación que cultive
y prepare futuros ciudadanos o una universidad que produzca empleados.
Para ello primero debemos saber si nos sentimos responsables de asegurar
que la educación que reciben nuestros hijos sirve a los propósitos y la
35 naturaleza de nuestra sociedad y a su formación como individuos con
IENA
criterio y capacidad expresiva, o si preferimos que nuestros hijos sirvan
para aumentar la plusvalía de alguna empresa. La prevalencia de una u otra
opción definirá la universidad del futuro.

Juan Manuel Escourido, El Pais, 28/09/16.

* linaje: conjunto de ascendientes o descendientes de una persona.

I. VERSION (sur 20 points)

Traduire le titre et depuis « Parece fácil… » ­jusqu’à « …que nos hacen


humanos ».
(de la ligne 1 à la ligne 12)

II. QUESTIONS (sur 40 points)

1. Question de compréhension du texte


¿Cómo llega el autor a afirmar que « tener o no trabajo no es una cuestión
primordialmente de tipo de estudios cursado, sino de linaje”?
(150 mots + ou – 10 %* ; sur 20 points)

2. Question ­d’expression personnelle


¿Qué comentario le sugiere a usted la siguiente aseveración de Juan Manuel
Eco. techno. Khâgne

Escourido, aplicada a España: « Como sociedad, debemos escoger entre


educar para la democracia o para la rentabilidad » ?
(250 mots + ou – 10 %* ; sur 20 points)

* Le non-­respect de ces normes sera sanctionné.


Indiquer le nombre de mots utilisés.
LV2 – ESPAGNOL

III. THÈME (sur 20 points)

1. Commençons par expliquer quels sont les enjeux de cette rencontre.


2. Pour que la population ne continue pas de croître démesurément, que
proposez-­vous  ?
3. ­J’irai chercher des informations sur le site que tu ­m’as indiqué.
4. La situation du Venezuela était dans tous les esprits depuis plusieurs
mois.
S cient.

5. Ils te répondront dès que tu les contacteras. ­C’est sûr.


6. Le bilan de ces chercheurs leur avait tout ­d’abord paru encourageant.
7. Si notre filiale galicienne pouvait embaucher, elle le ferait.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 87

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 87 13/10/2017 11:34


S UJET

8. ­L’accès à la culture pour tous reste un but auquel nous ne renoncerons
pas.
9. La planète se réchauffe et certains confondent encore la météo et le
C
climat.
10. Dans cette entreprise, on décida de changer les façons de travailler et
­d’augmenter les salaires.
IENA
I. V

III.
Eco. techno. Khâgne
LV2 – ESPAGNOL
S cient.

88 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 88 13/10/2017 11:34


C ORRIGÉ
Par Nicolas Léger, professeur d ­ ’Espagnol en classes préparatoires ECE et
IENA

ECS à ­l’Institution des Chartreux, à Lyon.

I. VERSION

C ORRIGÉ
Sciences humaines obligatoires
Il semble facile de se mettre ­d’accord sur un point, qui est que personne
ne devrait obtenir un diplôme, de quelque discipline que ce soit, sans avoir
auparavant reçu une éducation, et que ce ­n’est plus le lycée1 qui remplit
cette fonction de façon satisfaisante, soit à cause de la complexité et de la
globalisation du monde actuel, soit à cause des faibles résultats de l­’Espagne
dans les classements / études PISA. Comme nous le savons, les diplômes
préparent actuellement à ­l’exercice d­ ’une profession. On peut le comprendre :
personne ne souhaite embaucher un architecte qui n ­ ’ait aucune connais-
sance en architecture. Mais ça ne devrait pas s­ ’en arrêter là. La préparation
à ­l’exercice d
­ ’une profession doit s­ ’accompagner d ­ ’une préparation à la
citoyenneté en démocratie et ­d’une formation fondamentale en histoire de
­l’expression humaine et de ce que signifie être un humain. ­L’université doit
remplir ce ­qu’est sa véritable fonction depuis ­l’époque des Lumières : cultiver
les facultés de pensée et ­d’imagination qui font de nous des humains.
1. Le terme espagnol ­n’est pas à entendre ici comme ­l’échéance du baccalauréat, comme le diplôme
en tant que tel, mais le cursus du lycée, les années qui préparent à ­l’obtention de ce titre.

III. THÈME
1. Empecemos explicando qué está en juego1 en este encuentro.
2. Para que la población no siga creciendo de forma disparatada, ¿qué
propone Usted ?
Eco. techno. Khâgne

3. Iré a buscar información en la web que me has indicado2.


4. La situación de Venezuela estaba en todas las mentes desde hacía varios
meses.
5. Te contestarán en cuanto contactes con ellos3. Es seguro.
6. En primer lugar, el balance de estos investigadores les había parecido4
alentador.
7. Si nuestra sucursal gallega pudiera contratar, lo haría.
8. El acceso a la cultura para todos sigue siendo una meta a la que no
renunciaremos.
9. El planeta se recalienta y algunos siguen confundiendo5 el tiempo con
LV2 – ESPAGNOL

el clima.
10. En esta empresa, se decidió cambiar las maneras de trabajar y aumentar
los sueldos.
1. « Empezar por + infinitif » peut également convenir. Le terme « enjeu » ­n’a, en revanche,
pas de traduction propre en espagnol.
2. Le prétérit simple est tout aussi envisageable : « indicaste ».
3. Variante : « te pongas en contacto con ellos ». Dans tous les cas, le subjonctif présent est obligatoire
dans cette subordonnée de temps avec sens futur.
S cient.

4. Il faut absolument proscrire le calque syntaxique du français ici et, ainsi, ne rien placer entre
­l’auxiliaire et le participe passé ­d’un verbe composé.
5. Bien que la périphrase « seguir + gérondif » soit souhaitable, ­l’utilisation de « aún » et « todavía »
pour traduire « encore » reste recevable.
6. Variante possible : « decidieron ».

ANNALES CCIR 2017-2018 l 89

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 89 13/10/2017 11:34


S UJET

LV2 – ESPAGNOL
Durée : 3 heures.

Les candidats ne doivent faire usage ­d’aucun document, dictionnaire


ELVi ou lexique ; ­l’utilisation de toute calculatrice et de tout matériel élec-
tronique est interdite. Si au cours de ­l’épreuve, un candidat repère ce
qui lui semble être une erreur d­ ’énoncé, il la signalera sur sa copie
et poursuivra sa composition en expliquant les raisons des initiatives
­qu’il sera amené à prendre.

1. TRADUCTIONS

Durée ­ ’épreuve :
de l 1 heure 30.

I. TRADUCTION DU FRANÇAIS À ESPAGNOL

Cette femme est très belle…, dit doucement François Mitterand. Daniel
suivit son regard. Le Président contemplait la brune en robe rouge. Dumas
profita de ­l’arrivée des plats pour se retourner discrètement. Le gros fit de
même. – Très belle femme, approuva-­t‑il. – Je confirme, souffla Dumas.
Daniel se sentit en communion avec le chef ­d’État. François Mitterrand avait
commandé le même vin que lui, maintenant il repérait la même femme. Avoir
les mêmes goûts que le premier des Français ­n’était pas rien. Cette convivia-
lité de demi-­mots échangés sur les femmes était le ciment de nombreuses
amitiés viriles et Daniel se prit à rêver ­qu’il était le quatrième convive de la
table du Président. Lui aussi possédait un agenda de cuir noir dont ­l’ancien
Eco. techno. Khâgne

ministre serait ravi de recopier les contacts. La cave du gros ­n’avait pas
de secret pour lui, et régulièrement il s­ ’y rendait pour une dégustation de
saucisson avant ­d’allumer les plus fins havanes du monde.
Antoine Laurain, Le Chapeau de Mitterrand, Flammarion, 2012.

II. T
 RADUCTION DE ­L’ESPAGNOL
AU FRANÇAIS
LV2 – ESPAGNOL

Una mañana me llamaron por teléfono. El que lo hacía dijo estar en gran
peligro. A mi natural pregunta : « ¿Con quién tengo el gusto de hablar? »,
respondió que nunca nos habíamos visto y que nunca nos veríamos. ¿Qué
se hace en esos casos? Pues decir al que llama que se ha equivocado de
número; enseguida, colgar. Así lo hice, pero a los pocos segundos de nuevo
sonaba el timbre. Dije a quien de tal modo insistía que por favor marcase
bien el número deseado y hasta añadí que esperaba no ser molestado otra
vez, ya que era muy temprano para empezar con bromas.
S cient.

Entonces me dijo con voz angustiada que no colgase, que no se trataba de


broma alguna; que tampoco había marcado mal su número; que era cierto
que nos conociamos, pues mi nombre lo había encontrado al azar en la

90 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 90 13/10/2017 11:34


S UJET
guía telefónica. Y como adelantándose a cualquier nueva objeción me dijo
que todo cuanto estaba ocurriendo se debía a su cara; que su cara tenía
un poder de seducción tan poderoso que las gentes, consternadas, se
apartaban de su lado como temiendo males irreparables. Confieso que la
cose me interesó; al mismo tiempo, le dije que no se afligiera demasiado,
pues todo tiene remedio en esta vida…
ELVi
Virgilio PIÑERA, « La cara », Cuentos, Alfaguara, 1983.

2 . EXPRESSION ÉCRITE

Durée ­ ’épreuve :
de l 1 heure 30.

Colombia, el precio de la paz

Los efectos del referéndum del domingo pesan como una losa en la
realidad colombiana. Parece que con las horas el estupor se hace más
denso. No es para menos, desde 1982 se han tratado de negociar siete
acuerdos de paz y los siete han fallado. Precisamente, lo único que redime
la confusión ciudadana es que el actual acuerdo no ha muerto. En la tregua
adoptada entre los contendientes del sí y del no parece existir una suerte
de consenso extremo: es nuestra última oportunidad.
La rápida reacción de las FARC anunciando su voluntad de adaptarse
a nuevos escenarios y el tesón del Gobierno de Juan Manuel Santos por
recomponer diálogos sin pérdida de tiempo ha aportado un impagable balón
de oxígeno al proceso de paz. Nadie lo afirma abiertamente pero es una
idea que subyace en el común colombiano: la paz o el caos. Porque todos
en este país regado de sangre durante 50 años saben que la única manera
de ganar el futuro es por medio de una convivencia pacífica.
Eco. techno. Khâgne

En horas, Colombia ha pasado de ser un país referente para la región


y para el mundo, a una nueva duda geopolítica. Un reflejo de cómo han
sido las campañas de los defensores de cada postura. Objetivamente nadie
cuestiona la importancia de la paz, pero las lagunas argumentales han dado
alas a los que mantienen causas pendientes con los guerrilleros.
Como apuntaba antes del plebiscito la profesora M. Fernanda Gonzáles
de la Universidad de La Sorbona, el no ha centrado su discurso en un relato
bélico donde han prevalecido las palabras terrorismo, impunidad, delitos,
criminales, lesa humanidad, tiranía. Frente a esta focalización emocional,
LV2 – ESPAGNOL

Santos no ha centrado su Gobierno en defender el sí. Ha hecho une lectura


de Estado en la que los costes de negociación eran pequeños frente a las
oportunidades asociadas a la reconciliación. Una apelación al recuerdo de
los horrores vividos contra una propuesta de futuro basada en el diálogo
y la razón. Emociones contra sentido común. Claro que esta reflexión
quedaría coja si no se pusiera sobre la mesa lo mal que le ha sentado
a muchos colombianos las condiciones asociadas al referéndum. Bajar
el umbral del plebiscito del 50% al 13%, prohibir el voto en blanco y no
S cient.

posibilitar medios públicos para quienes defendían el no, han sido deci-
siones que ganaron impopularidad a medida que se acercaba el momento
decisivo de emisión del voto.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 91

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 91 13/10/2017 11:34


S UJET

Desde mi llegada el viernes a Bogotá como observador internacional del


proceso he visto crecer en mi interior una idea que siempre he procurado
tener solapada porque me cuesta expresarla (y me refiero a una dificultad
C
fisiológica para enunciarla) pero ahí va: la paz, como todo, tiene un precio.
Es horrible. Es verdad. El precio para Colombia se ha empezado a expresar
(o lo hará en breve) en términos de riesgo país, de captación de inversión
ELVi
extranjera, de desarrollo de activos sociales claves como la educación o la
sanidad (durante 50 anos afectadas directamente por el gasto militar y de
seguridad). El precio para Colombia es, en mi opinión, inaccesible. Por eso
y porque después de compartir ilusiones con tantos colombianos necesito
creerlo, admiro el esfuerzo de Santos por recomponer filas y nos ceder
ante la adversidad. Se trata de una lucha titánica porque lo vivido desde el
domingo es apenas un spin-­off de las complejas y largas conversaciones
con las FARC y los mediadores internacionales.
Ahora, Colombia espera el siguiente capítulo de una historia en la que
dos presidentes (Uribe y Santos) deben mostrar su capacidad política
para sacar al país de un atolladero en el que todos han participado y del
que nadie es responsable. Tras tantos años de desempeño profesional
me sigo tomando en serio el aserto de anteponer los intereses del Estado
a los patriculares o partidistas. Atendiendo a lo que sucede en mi entorno
(Colombia y España) resulta difícil de creer pero es un concepto, un ideal
que debemos seguir pugnando porque sea de obligado complimiento. Es
por esta visión que aplaudo la tenacidad de un gobernante cuando, derro-
tado en las urnas, persevera en la búsqueda de soluciones hasta el último
minuto de su mandato. Que así sea y que Colombia pueda pagar la paz
que tanto se merece.
Carlos Prado, Cinco Días, 04/10/2016.

Répondez en ESPAGNOL aux questions suivantes :


(200 mots environ pour chaque réponse)
Eco. techno. Khâgne

1. ¿Cuál es el precio de la paz en Colombia, según el autor?

2. ¿Piensa usted que el camino hacia la paz en Colombia es un signo de


cambio en America Latina? Justifique con ejemplos.
LV2 – ESPAGNOL
S cient.

92 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 92 13/10/2017 11:34


C ORRIGÉ
Par Frédérique Mabilais, professeur agrégée d
­ ’Espagnol au lycée Jeanne-­
ELVi

d’Arc, à Caen.

I. TRADUCTION DU FRANÇAIS À ­L’ESPAGNOL

C ORRIGÉ
Esta mujer es muy hermosa…, dijo suavemente François Mitterrand. Daniel
siguió su mirada. El presidente contemplaba a la morena del vestido rojo.
Dumas aprovechó la llegada de los platos para darse la vuelta discretamente.
El gordo hizo lo mismo. – Una mujer muy hermosa, asintió. – Lo confirmo,
susurró Dumas. Daniel se sintió en comunión con el jefe de estado. François
Mitterrand había pedido el mismo vino que él, ahora estaba fijándose en
la misma mujer. Tener los mismos gustos que el primero de los franceses
no era poca cosa. Esta conversación de medias palabras intercambiadas
sobre las mujeres era el cimiento de numerosas amistades viriles y Daniel
se puso a soñar que era el cuarto comensal de la mesa del presidente. Él
también poseía una agenda de piel negra de la que al ex ministro le encan-
taría copiar los contactos. La bodega del gordo no tenía ningún secreto para
él, y solía acudir allí para una degustación de salchichón antes de encender
los habanos más finos del mundo.
Antoine Laurain, Le chapeau de Mitterrand, Flammarion, 2012.

II. T
 RADUCTION DE ­L’ESPAGNOL
AU FRANÇAIS

Un matin, on me téléphona. Celui qui m ­ ’appelait me dit courir un grand


danger. À ma question logique « A qui ai-­je l­’honneur de parler ? », il répondit
que nous ne nous étions jamais vus et que nous ne nous verrions jamais.
Que fait-­on en pareilles circonstances ? Et bien, on dit à celui qui appelle
Eco. techno. Khâgne

­qu’il ­s’est trompé de numéro ; et ensuite, on raccroche. ­C’est ce que je fis,


mais quelques secondes plus tard, la sonnerie retentissait de nouveau. Je
dis à celui qui insistait de la sorte de bien vouloir composer correctement
le numéro souhaité et j­’ajoutai même que j­’espérais de pas être dérangé
à nouveau, car il était trop tôt pour commencer à faire des plaisanteries.
Alors il me dit d
­ ’une voix angoissée de ne pas raccrocher ; ­qu’il ne s­ ’agissait
nullement ­d’une plaisanterie ; ­qu’il ne ­s’était pas non plus trompé de numéro ;
­qu’en effet, nous ne nous connaissions pas car il avait trouvé mon nom au
hasard dans ­l’annuaire téléphonique. Et comme ­s’il voulait devancer une
LV2 – ESPAGNOL

quelconque objection, il me dit que tout ce qui était en train ­d’arriver était dû
à son visage, que son visage avait un pouvoir de séduction si puissant que
les gens, consternés, ­s’écartaient de lui comme ­s’ils craignaient des maux
irréparables. Je reconnais que l­’affaire ­m’intéressa, et en même temps, je
lui dis de ne pas être trop chagriné car ici-­bas, tout a une solution.
S cient.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 93

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 93 13/10/2017 11:34


S UJET

LV2 – ITALIEN
Durée : 3 heures.

(La note sur 80 sera divisée par 4 pour obtenir la note sur 20, les
IENA deux chiffres après la virgule arrondis au dixième supérieur.) I. V
Les candidats ne sont pas autorisés à modifier le choix de la deuxième
langue dans laquelle ils doivent composer. Tout manquement à la
règle sera assimilé à une tentative de fraude.
Ils ne doivent faire usage ­d’aucun document, dictionnaire ou lexique ;
sauf en latin pour lequel un dictionnaire Latin-­Français est autorisé : II. Q
­l’utilisation de toute calculatrice ou de tout matériel électronique
est interdite.

S
UJET

De niro e Bottura insieme per una mensa degli scarti nel Bronx

Dopo il Refettorio ambrosiano ­dell’Expo e Refetto-­Rio, versione olimpica


del progetto, lo chef numero uno al mondo Massimo Bottura ha lanciato il
nuovo progetto di mensa degli avanzi con una foto sul suo profilo Instagram:
« Progettando il nuovo Refettorio nel Bronx. Con Bob nel 2017».
Che lo chef stellato avesse puntato al quartiere difficile di New York per aprire
un nuovo punto di approdo del suo progetto si sapeva. Lo stesso Bottura lo III.
aveva annunciato a giugno dicendo che avrebbe avuto il sostegno del conso-
lato italiano. La scelta di un partner come Robert De Niro sembra perfetta
per lanciare un progetto che per sua natura deve essere profondamente
Eco. techno. Khâgne

radicato al territorio. Il due volte premio Oscar (Il padrino e Toro scatenato)


ha anche una carriera di ristoratore, parallela a quella d
­ ell’interprete e regista,
e ha solo a New York, tre locali, Nobu, Tribeca Grill e Locanda Verde ed è
molto legato alla sua città dove ha fondato il Tribeca Film Festival, come
reazione alla tragica esperienza ­dell’11 settembre.
­L’idea è semplice ma geniale: trasformare il cibo scartato in pasti cucinati
da una schiera di cuochi messi a disposizione dallo stesso Bottura. Durante
Expo più di 15 tonnellate di cibo sono state così impiegate da una schiera di
sessanta chef internazionali che ogni notte hanno sfamato una novantina di
homeless a Milano. Da quella prima esperienza ne sono seguite altre, come
quella che sta per partire a Rio de Janeiro, dove star chef del calibro di Alain
Ducasse cucineranno « gli avanzi» per fornire circa 19.000 pasti durante le
LV2 – ITALIEN

Olimpiadi. Per tenere alta l­’attenzione sul tema della fame e dello spreco
di cibo, Bottura ha creato Food for Soul che, sotto lo slogan « Cucinare è
un appello ad agire» si fa una domanda e si dà una risposta: « Consapevoli
che un terzo del cibo prodotto in tutto il mondo viene buttato via, il nostro
progetto parte da una domanda: Sono lo spreco alimentare e la fame due
S cient.

espressioni dello stesso problema? Noi crediamo di sì ». La Fao stima


1,3 miliardi di tonnellate di cibo gettate ogni anno per un valore comples-
sivo di 750 miliardi, 12 miliardi solo in Italia, mentre 795 milioni di persone

94 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 94 13/10/2017 11:34


S UJET
soffrono la fame. Ridurre questo paradosso d ­ ell’abbondanza rientra anche
tra gli obiettivi di sviluppo sostenibile 2030 delle Nazioni Unite.
Da Chira UGOLINI, La Republica, 18 luglio 2016.

I. VERSION (sur 20 points) IENA

Traduire en français depuis “Durante Expo più di 15 tonnellate di cibo…”


­jusqu’à “Noi crediamo di sì”.

II. QUESTIONS (sur 40 points)

1. Question de compréhension du texte


Spiegate : « Il paradosso ­dell’abbondanza ».
(150 mots + ou – 10 %* ; sur 20 points)

2. Question ­d’expression personnelle


Impegnarsi per una grande causa è un dovere per le celebrità ?
(250 mots + ou – 10 %* ; sur 20 points)

* Le non-­respect de ces normes sera sanctionné.


Indiquer le nombre de mots utilisés.

III. THÈME (sur 20 points)

1. Madame, savez-­vous que Turin et Rome ont élu une femme à la mairie ?
2. On lit souvent des informations contradictoires.
Eco. techno. Khâgne

3. 60 % des électeurs italiens ont voté « non » au référendum de décembre.


4. Nous irons visiter Naples dans un mois avec mes parents et mon cher
frère.
5. Si la nouvelle piste cyclable était réalisée, ce serait une révolution pour
la capitale.
6. Tu ne croyais pas que la visite de l­’Emilie-­R omagne serait aussi
intéressante.
7. Cet entrepreneur a donné vingt millions d ­ ’euros pour la restauration du
Colisée.
8. Il faut du temps pour visiter le site archéologique de Pompéi (et de
bonnes chaussures !).
9. Aidons les habitants de Lampedusa qui accueillent depuis plusieurs
LV2 – ITALIEN

années les migrants !


10. Cette entreprise italienne dont on parle tant, a été rachetée par un groupe
français.
S cient.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 95

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 95 13/10/2017 11:34


IENA
C ORRIGÉ
Par Bernard-­A Chevalier, professeur ­d’Italien.

I. VERSION
C ORRIGÉ

Ainsi, pendant Expo, ce sont plus de 15 tonnes de nourriture qui ont été utili-
sées par une escouade de soixante chefs de tous pays qui chaque nuit ont
nourri environ quatre vingt dix sans abri à Milan. À partir de cette première
expérience d­ ’autres ont suivi, comme celle qui va démarrer à Rio de Janeiro,
où des chefs étoilés du calibre d ­ ’Alain Ducasse cuisineront « des restes »
pour fournir environ 19.000 repas durant les Jeux Olympiques.
Pour attirer et retenir ­l’attention sur le thème de la faim et du gaspillage de
nourriture, Bottura ha créé Food for Soul, qui, à partir du slogan « Cuisiner
est un appel à agir » pose une question et donne une réponse : « Conscients
­qu’un tiers de la nourriture produite dans le monde est jetée, notre projet
part de la question suivante : Est-­ce que le gaspillage alimentaire et la faim
dans le monde sont deux expressions du même problème ? Nous croyons
que oui »

III. THÈME

1. Signora, sa che Torino e Roma hanno eletto una donna al municipio ?


2. Si leggono spesso notizie contradittorie.
3. Il 60% degli elettori italiani ha votato « no » al referendum di dicembre.
4. Andremo a visitare Napoli fra un mese, con i miei genitori e il mio caro
fratello.
5. Se la nuova pista ciclabile fosse realizzata, sarebbe una rivoluzione per
Eco. techno. Khâgne

la capitale.
6. Non credevi che la visita d ­ ell’Emilia Romagna sarebbe stata così
interessante.
7. Questo imprenditore ha dato venti milioni di euro per il restauro del
Colosseo.
8. Ci vuole tempo per visitare il sito archeologico di Pompei (e scarpe
comode !).
9. Diamo una mano agli abitanti di Lampedusa che accolgono i migranti
da parecchi anni !
10. ­Quest’impresa italiana è stata acquisita da un gruppo francese.
LV2 – ITALIEN
S cient.

96 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 96 13/10/2017 11:34


S UJET
HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE
DU MONDE CONTEMPORAIN
Durée : 4 heures.

Tout verbiage doit être évité et il est expressément recommandé de


ne pas dépasser huit pages. Il sera tenu compte des qualités de plan ESCP
Europe
et ­d’exposition, ainsi que de la correction de la langue. Il est rappelé
que la carte réponse est à remplir (en collant ­l’étiquette code barre
supplémentaire). Les documents ­d’accompagnement ci-­joints sont
essentiellement là pour aider le candidat dans sa réflexion sur le sujet
posé et sa représentation cartographique. Il n­ ’est fait usage ­d’aucun
document ; ­l’utilisation de toute calculatrice et de tout matériel élec-
tronique est interdite.

S UJET

HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE


­L’Union européenne face aux effets déstabilisateurs
de la mondialisation

S
CARTE : En utilisant vos connaissances et si nécessaire les documents
ci-joints, construisez une carte appuyant et illustrant vos propos. La légende
ne devra pas faire plus d’une page. Il est rappelé que la carte est obliga-
toire. Elle doit également comporter un titre.

Document 1 : 31 mars 2010, annonce de la fermeture de ­l’usine de pneu-


matique du groupe Continental à Clairoix (Oise), 1120 salariés licenciés.

Document 2 : Extrait ­d’une interview du Président de la Fédération des indus-


tries mécaniques (FIM) en mars 2012. (Sources : Les Échos, 6 mars 2012,
p. 15)

Document 3 : La géographie du chômage en France métropolitaine en 2016.


(Source : Images économiques du monde 2017)

Document 4 : La pauvreté en Europe (situation en 2012). (Sources : Revue


Carto, n° 21, 2014, p. 31)

Document 5 : Le confinement des migrants en Europe et dans les pays


méditérranéens en 2011. (Source : Revue Carto n° 14, 2012, p.19)

Document 6 : ­L’évolution des rapports de forces internationaux. (Source :


S cientifique

­L’histoire de ­l’Occident, Le monde – La Vie, 2014, p. 161)

Document 7 : 20 janvier 2016, annonce du rachat de 67 % du capital de


la société du port du Pirée (Grèce) par le groupe chinois COSCO, pour un
montant de 368,5 millions ­d’euros.

Document  8 : Vote « pro-­B rexit » en faveur de la sortie de l­’UE du


Royaume-­Uni (23/06/2017). (Source : Images économiques du monde 2017)

ANNALES CCIR 2017-2018 l 97

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 97 13/10/2017 11:34


S UJET

D
OCUMENTS

Document 1. 31 mars 2010 : Annonce de la fermeture de ­l’usine


de pneumatiques du groupe Continental à Clairoix (Oise),
ESCP 1 120 salariés licenciés.
Europe
HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE

Document 2. Extrait ­d’une interview du Président de la Fédération


des industries mécaniques (FIM), mars 2012.

« ­L’objectif ­n’est pas d


­ ’imposer le fabriquons français » à coups de lois et
de réglementations, mais de donner envie de concevoir et de produire en
France. »
Jérôme Frantz*, Les Échos, 6 mars 2012, p. 15.
*Président de la Fédération des industries mécaniques (FIM)

Document 3 : La géographie du chômage en France métropolitaine en 2016.


S cientifique

98 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 98 13/10/2017 11:34


S UJET
Document 4. La pauvreté en Europe (situation en 2012).

ESCP
Europe

HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE


Document 5. Le confinement des migrants en Europe
et dans les pays méditérranéens en 2011.

S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 99

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 99 13/10/2017 11:34


S UJET

Document 6. ­L’évolution des rapports de force internationaux.

ESCP
Europe
HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE

Document 7. 20 janvier 2016, annonce du rachat de 67 % du capital


de la société du port du Pirée (Grèce) par le groupe chinois COSCO
pour un montant de 368,5 millions ­d’euros.
S cientifique

100 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 100 13/10/2017 11:34


S UJET
Document 8. Vote « pro-­Brexit » en faveur de la sortie de ­l’UE
du Royaume-­Uni (23/06/2017).

ESCP
Europe

HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE


S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 101

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 101 13/10/2017 11:34


ESCP
Europe
C
ORRIGÉ
Par Alain Nonjon, professeur de chaire supérieure.

De prime abord…
Un sujet fédérateur : le thème de ­l’UE ­n’a pas eu les faveurs des jurys
C ORRIGÉ

depuis longtemps, ­l’approche spécifique « les effets déstabilisateurs de la


mondialisation » est indiscutablement stimulante, l­’absence de chronologie
est le gage de la fin des paraphrases monocordes et monocolores dans les
devoirs, l­’actualité du sujet est évidente pour le pire (une accroche dans une
copie sur 3 était bâtie sur l­’épisode de Whir(l)pool) et une certaine lassitude
face à ­l’allusion fréquente, à ­l’entre-­deux tours des présidentielles.

Un sujet sélectif :
– qui exigeait une réflexion sur ­l’UE, processus né de et se pensant dans la
mondialisation ;
– qui ne pouvait que déboucher sur une réflexion sur la date, les années,
la décennie où ­l’Europe passe du crédo mondialiste quasi unanime à la
défiance, voire au rejet (fin des années 90, ou crise des subprimes) ;
HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE

– qui nécessitait de balayer tous les effets déstabilisateurs sans se cantonner


aux seuls secteurs agressés en termes d ­ ’emplois (culture normalisée, projet
édulcoré, FMN prédatrices, tropismes centrifuges, frontières dévaluées) ;
– qui imposait ­l’art de la nuance ; déstabilisateurs ne signifie pas dévasta-
teurs et le pessimisme ambiant concernant ­l’UE était mauvais conseiller ;
– qui passait par une analyse des comportements diversifiés des rythmes
­d’adaptation hétérogènes… des régions qui gagnent et des territoires qui
perdent.

Un sujet délicat à  traiter : face au désenchantement européen, face


à ­l’europessimisme ambiant en période de Brexit, de souverainismes de
replis nationaux, face au problème des migrants qui a fait irruption dans
­l’espace Schengen.
Face aux débats ouverts encore sur la désindustrialisation européenne,
­l’effet des travailleurs détachés, l­’ordolibéralisme plaqué dans l­’UE, la
bureaucratie Bruxelloise, les visions populistes ­d’une Europe technocra-
tique… bref « ­l’Europe et ses salauds » de Jean Quatremer.
Il fallait une dose ­d’engagement personnel, de prise de position non frileuse,
car de fait le jury attend des raisonnements et pas des alignements sur
des banalités, il attend une démonstration et pas que le candidat se borne
à montrer en déballant des approximations journalistiques.
Et face à ­l’importance des connaissances à mobiliser.

Problématique possible : la mondialisation fragilise sensiblement les


positions acquises, les avantages comparatifs et le modèle même de la
S cientifique

construction européenne, ajoutant à la crise économique une série de


crises et de remises en questions cruciales pour ­l’avenir de ­l’Europe. Mais la
mondialisation au cœur même du projet européen met également en valeur
les atouts considérables de l­’Union sur la scène internationale, à charge pour
les responsables politiques de les reconnaître et les mettre en œuvre. L ­ ’UE
est-­elle apte à dépasser les effets déstabilisateurs de la mondialisation voire
à se mobiliser pour se réinventer face à cette dynamique ?

102 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 102 13/10/2017 11:34


I/ ­L’UE, projet apparemment structuré par et pour la mondialisation
est au milieu des années 80 confrontée à la pression
ESCP
de la mondialisation
Europe
A. Un projet européen délibérément tourné vers la mondialisation
Jeremy Rifkin : « Le rêve européen est la première tentative pour créer une
conscience universelle dans un monde de plus en plus petit ».

C ORRIGÉ
– ­L’Europe a été associée pleinement aux battements de la mondialisa-
tion depuis les grandes découvertes, les volontés impériales nées sur ses
terres. ­L’Europe a toujours connu le prix élevé à payer aux nationalismes,
aux modèles autarciques. En ce sens, même spectatrice des ruptures
depuis 1991, elle a une carte à jouer dans la 4e mondialisation portée par
­l’émergence de nouveaux acteurs, la confirmation de l­’économie de marché
et du couple libre-­échange croissance.
– Le refus des États-­Unis ­d’Europe, et ­d’une américanisation par certains
­n’interdit pas une identification de ­l’UE aux idéaux de la mondialisation
au travers de ­l’installation ­d’un grand marché libéral, ­d’une dynamique
­d’élargissements qui convertit certaines économies socialistes à ­l’économie
de marché, d ­ ’une concentration des firmes pour les rendre plus opéra-
tionnelles, ­d’une recherche de compétitivité (programme de Lisbonne sur

HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE


­l’Europe première puissance mondiale par sa compétence) des coopérations
­d’excellence dont le but est de partir à la conquête des marchés mondiaux
dans des spécialisations européennes (cf. airbus industries).
– ­L ’UE introduit des déréglementations dans des secteurs pourtant
protégés : la directive travailleurs détachés fixe le cap d ­ ’une mobilité et
­d’une flexibilité de la main-­d’œuvre à ­l’échelle des 28 pays membres.
– De fait, héritière ­d’un xixe où l­’Europe a fixé le cap de la mondialisation,
­l’UE ne se vit pas comme une construction autocentrée. ­L’UE peut être
même considérée comme une « petite mondialisation ». Pour Neil Fligstein
et Frédéric Mérand (Mondialisation et Européanisation ? La preuve par
­l’économie européenne depuis 1980) : « La mondialisation ­n’est donc pas une
force mystérieuse échappant au contrôle des gouvernements et pilotée par
des entreprises prédatrices. Au contraire, le plus achevé des projets au cœur
de la mondialisation fut celui pour lequel des gouvernements ont coopéré le
plus intensément. Ils ont produit un ensemble de règles communes et des
mécanismes ­d’application qui ont dans ­l’ensemble encouragé le commerce
entre pays européens… ».

B. Un projet européen bousculé par une mondialisation 


jugée déstabilisante
Pourtant depuis les années 90 on inventorie souvent les effets déstabilisa-
teurs de la mondialisation.
– Les délocalisations sont vécues comme un événement industriel sans
penser aux transferts vers des ex PECO, aux marchés nouveaux ouverts
S cientifique

par le passage à ­l’économie de marché ­d’économies socialistes.


– La désindustrialisation est conçue comme le lourd tribut payé à la mondia-
lisation : 1,4 millions d
­ ’emplois auraient été perdus en France dans l­’industrie
en 25 ans et au niveau européen l­’industrie et la construction, la part des
actifs seraient passées de 29 % à 23 %, souvent sans prendre en compte
les transferts vers le tertiaire et les gains de productivité… La mondialisation
est seule (et à tort) convoquée pour expliquer ce déclin. Et le chômage de

ANNALES CCIR 2017-2018 l 103

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 103 13/10/2017 11:34


masse lié pour Jacques Sapir (La fin de ­l’eurolibéralisme) « la pression du
libre-­échange coûte à la France directement environ 2 % de la population
ESCP
active en emplois industriels perdus ou non créés. Ceci correspond proba-
Europe
blement à une perte globale (avec l­’effet multiplicateur habituel de l­’emploi
industriel sur ­l’emploi global) de 3 à 3,5 % de la population active »…
– La pauvreté endémique est ressentie comme une mondialisation qui trie, et
déclasse ceux qui sont les moins formés, ceux qui ne sont pas des « analysts
C ORRIGÉ

resolvers », ceux qui ­n’appartiennent pas à des élites financières sans penser
aux insuffisances de ­l’Europe sociale malgré la charte de Strasbourg.
– Des déclassements industriels sont identifiés à des pertes de compé-
titivité face à de nouveaux concurrents que les accusations de dumping
social ou monétaire (cf. cas chinois) ne suffisent pas à freiner. L ­ ’analyse
est parfois sommaire mais il est de bon ton de dénoncer la sinistrose du
secteur automobile par ­l’environnement mondialisé sans penser aux effets
­d’investisseurs étrangers comme Dong feng chez Peugeot et Tata chez
Jaguar.
– Les IDE sont accueillis parfois avec le sentiment d ­ ’intrusions intolérables
(cf. Chine dans la machine outil, ou le photovoltaïque allemand, ou les
vignobles bordelais ou de Bourgogne), en oubliant un peu vite les quelques
35 000 emplois préservés ou créés par les investissements étrangers.
HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE

– Les déséquilibres dans l­’ADT avec primat des grandes métropoles mais
le déménagement du territoire est bien antérieur à ­l’impact de la mondia-
lisation. Les scénarios évoqués dès 2010 par Fitoussi, scénario des villes
États où la croissance se concentre sur quelques pôles par le jeu des effets
­d’agglomération. Ou les analyses de Pierre Veltz et autres Paul Krugman,
sur les régions qui gagnent en sédimentant des avantages comparatifs dans
la mondialisation, que dire enfin des menaces directes sur la zone euro par
les dettes souveraines elles-­mêmes rançons de la globalisation financière
et des pesanteurs de la gouvernance monétaire européenne, il faut bien le
reconnaître. En 2016, la dette des 28 États membres se porte à 83,5 % du
PIB. Celle de la zone euro équivaut quant à elle à 89,2 % du PIB, atteignant
179 % du PIB, la dette de la Grèce est la plus élevée ­d’Europe.

C. La mondialisation vécue non comme une opportunité


mais comme une contrainte ?
Le contexte ne peut que conduire à stigmatiser la mondialisation.
– Un contexte où l­’Europe connaît une érosion systématique de son
importance globale. Edgar Morin : « ­l’Europe a rétréci. Elle ­n’est plus ­qu’un
fragment de l­’Occident alors q­ u’il y a quatre siècles l­’Occident n
­ ’était q
­ u’un
fragment ­d’Europe  ».
Le rétrécissement est d ­ ’abord démographique : ­l’Europe pesait 22 % de
la population au xixe siècle, au plus fort de son expansion coloniale. ­C’est
exactement ce que pèse la Chine actuellement, alors que les Européens ne
correspondent plus ­qu’à 7 % de la population mondiale. Cet affaiblissement
S cientifique

participe du rétrécissement général de l­’Occident dans la mondialisation :


en 2030, deux habitants de la planète sur trois seront Asiatiques.
– Un contexte de « panne technologique » qui voit ­l’Europe un peu décalée
par rapport aux NTIC (Siemens un des rares constructeurs européens de
hard) dans les réseaux (monopole rapidement installé de AGFA) dans des
projets.

104 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 104 13/10/2017 11:34


– Un contexte où l­’Europe semble victime de l­’onde de choc de la crise
des « subprimes » ­q u’elle subit au niveau des produits toxiques, de
ESCP
­l’instrumentalisation des dettes souveraines (cf. en Grèce rôle de Goldman
Europe
Sachs – banque la plus puissante du monde, a spéculé sur le dos de la
Grèce tout en se faisant rémunérer par Athènes pour ­l’aider à gérer la
crise…).
– Un contexte où l­’Europe ne parle pas d ­ ’une même voix : très tôt cavalier

C ORRIGÉ
seul britannique depuis 1974 (Pac ciblée), ou après 1979 le « I want my money
back » de Thatcher, Allemagne de plus en plus tentée par ­l’extension de son
hinterland au monde et à un contrôle de ­l’Europe à la veille de la faillite de
Lehman brothers, ou après les incartades de certains pays comme l­’Autriche
ou certains pays de ­l’Est qui ont du mal à déléguer leur souveraineté surtout
pour les fondamentaux des valeurs européennes. La Pologne par exemple
encore a ­ ujourd’hui, ou République Tchèque eurosceptique avant l­’heure, ou
simplement pays méditerranéens brutalisés par la crise et donc contraints
à porter un regard critique sur une Europe passive à leur égard.
– Un contexte où le problème de l­’intangibilité des frontières du vieux conti-
nent émerge étrange préface à une mondialisation assumée après Kosovo,
Crimée, et remise en cause de la notion même de frontière au contact du
problème des migrations de Syrie, d ­ ’Afghanistan… crise de ­l’Europe puis-

HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE


sance ­d’accueil.

De plus en plus ­d’opposants sortent de ­l’anonymat de combat clandestins


ou confidentiels pour porter un message anti européen et anti mondialisation
(pour certains ­l’un ne se conçoit pas sans ­l’autre) comme les indignés nés
sur la puerta del sol.
Anti et altermondialistes : le berceau de Attac en France : combat pour un
autre monde possible, les populistes et les souverainistes qui réinterprètent
avec plus ou moins ­d’honnêteté statistique la formule de Jean Jaurès « Un
peu ­d’internationalisme éloigne de la patrie ; beaucoup ­d’internationalisme
y ramène » ­l’armée nouvelle 1910, et plus généralement tous ceux qui
derrière ­l’Europe des nations cachent une volonté de repli frileux et font du
protectionnisme la réponse aux excès de la mondialisation.

II/ ­L’UE est tout à la fois confrontée depuis les années 90
à la concomitance ­d’une « polycrise » et à une radicalisation
des contestations de la mondialisation

A. Les fragilités structurelles de ­l’UE


– Des choix de mondialisation à des rythmes différents : engagement de la
Grande Bretagne qui ne va pas au rythme du social colbertisme gaulois.
– La désaffection vis-­à‑vis du projet européen or la mondialisation exige un
sursaut et une mobilisation collectifs.
S cientifique

– Les divisions intestines sur les solidarités nécessaires face à la mondia-
lisation rendent celles-­ci plus inacceptables : migrations incontrôlées,
problèmes des dettes souveraines (derrière la crise grecque les responsa-
bilités de Goldman Sachs).
– La fragilité de certaines politiques structurelles et surtout industrielles
qui interdisent des réactions collectives, majorent les problèmes : pas
­d’industries d­ ’armements, pas de logique de coopération malgré des para-
vents (sidérurgie, automobiles).

ANNALES CCIR 2017-2018 l 105

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 105 13/10/2017 11:34


– Le vieillissement de ­l’Europe obscurcit son horizon : En 2015, le nombre
des décès sera supérieur au nombre de naissances dans l­’Union ce qui
ESCP
­s’accompagne de perspectives inquiétantes en termes ­d’innovation, de
Europe
tensions sur le marché du travail ou de financement des retraites.

B. ­L’UE mal préparée pour résister aux effets déstabilisateurs


– Elle ­n’a aucune voix, en tant ­qu’Union, dans les grandes institutions inter-
C ORRIGÉ

nationales, économiques ou politiques, à ­l’exception de ­l’OMC. Or les États


membres qui participent à ces instances, ­qu’il ­s’agisse de ­l’ONU, du FMI
ou du G20, ne pèsent que leur petit poids relatif par rapport aux États-­Unis
ou à la Chine. Au G20, l­’Union ­n’envoie pas moins de 8 représentants, mais
cette surreprésentation quantitative se paie ­d’une sous-­influence politique
notoire.
– La crise est une crise de confiance dans le modèle européen : difficile de
se projeter dans la mondialisation avec de tels handicaps. La construc-
tion européenne ­n’est plus évaluée comme une réussite exemplaire.
­L’appauvrissement et la récession plombent les visions d ­ ’avenir, une nouvelle
fracture Nord-­Sud peut à tout moment déboucher sur ­l’implosion de la zone
euro (Grèce), la régression de pays stigmatisés autour de ­l’acronyme Piigs
(Italie Portugal Irlande Espagne), le club méditerranée européen est cloué au
HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE

piloris, ­l’Allemagne est ciblée pour son manque de solidarité envers les pays
en crise, et le retrait de la Grande Bretagne est une destinée que ­d’autres
envisagent dans un contexte où des régions réclament leur indépendance de
la Catalogne à ­l’Écosse ou la Padanie région imaginaire du Nord de ­l’Italie ;
– Le « soft power » autre parade contre une mondialisation prédatrice est
­d’autant plus en veilleuse que le « vouloir vivre ensemble » ciment de l­’Europe
se délite. Le repli derrière leurs frontières des pays de ­l’Est (provocation de
la Hongrie pour faire financer son mur) et la crise ­d’identité à ­l’Ouest hésitant
entre rôle ­d’acteur ou de subdélégué des EU, discrédite ­l’UE.
– ­L’UE est même considérée comme l­’amplificateur des déséquilibres
nés de la mondialisation : chômage avec près de 20 millions de personnes
sans emploi, le taux de chômage dans l­’Union européenne atteint 7,8 % en
mai 2017, et 8,7 % dans la zone euro désindustrialisation, régions sinistrées
trouvent leur bouc émissaire : la mondialisation libérale acceptée par ­l’UE sans
fixer en quelque domaine que ce soit les règles du jeu. Pire, ­l’UE est souvent
perçue comme un acteur ultralibéral dont les choix sont tenus responsables
de la dégradation économique et sociale des classes moyennes.
– ­L’UE est victime ­d’une crise de projet enfin, dans la mesure où aucun
accord ­n’existe plus entre Européens sur le rôle et la finalité de ­l’Union dans la
mondialisation. Marcel Gauchet, la Condition politique, ­L’Europe cette mixture
de bureaucratie et de bons sentiments « Doit-­elle se concevoir comme une
protection collective contre les dérèglements de la mondialisation ? ­S’agit-­il
à ­l’inverse ­d’un tremplin et d­ ’un échelon nécessaires pour réussir au sein de
­l’économie mondiale ? ­L’Union doit-­elle subir les règles du jeu mondialisé, au
S cientifique

mieux en ­s’en protégeant, au pire en les contournant ? Doit-­elle au contraire


avoir pour objectif de participer, aux côtés ­d’autres puissances, à ­l’écriture
des nouvelles règles de la mondialisation à venir ? Le projet politique de la
construction européenne semblait clair à ­l’origine des Traités de Rome : la
réconciliation franco-­allemande et le retour de la prospérité en Europe de
­l’Ouest. Il était également lisible lors de la chute du communisme : la récon-
ciliation entre les deux parties de ­l’Europe et ­l’aide à la démocratisation des

106 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 106 13/10/2017 11:34


nouveaux pays ex-­communistes. Mais le projet du xxie siècle manque encore
­d’un grand récit mobilisateur », fondation Schuman.
ESCP
C. Des mobilisations où populismes et europhobies se conjuguent Europe

– Face à  ces carences, il est aisé pour les opposants d ­ ’accuser la


Mondialisation d ­ ’être un libéralisme exacerbé, une américanisation subie,
et la dure loi ­d’un darwinisme industriel.

C ORRIGÉ
– Les régions perdantes témoins des agressions de la mondialisation se
mobilisent contre (Lorraine contre Mittal, Combats des métallos de Hayange
Hagondange).
– La Mondialisation est vite cataloguée de destructrice car ­l’Europe paraît
plus offerte q ­ u’ouverte (Tafta, Ceta). Les nationalismes se crispent au service
­d’une Europe citadelle. Des peurs sont instrumentalisées par des partis
(Front National, Ukip Bepe Grillo et le mouvement des 5 Étoiles).
– Des réquisitoires sont formatés : mondialisation – financiarisation ­c’est la
toute puissance des marchés financiers : où est ­l’Europe Beveridgienne ?
­C’est l­’américanisation à outrance : où est l­’Europe qui se fait par elle-­même
entre deux blocs ? ­C’est la régression sociale : où est ­l’Europe du « bien-­être
et de tous » ? ­C’est le nivellement par le bas : où est l­’Europe des transferts
sociaux, des avancées sociales de la seconde chance ? ­C’est ­l’acculturation :

HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE


où est l­’Europe qui donnait par sa technique, ses idéaux, sa civilisation des
leçons au monde non sans quelque arrogance au xixe siècle (P. Lévi Strauss).
Ce sont les retours des tribalismes : où est le bien vivre ensemble ?
Tous ces réquisitoires se retrouvent dans une nébuleuse de contestations
où la mondialisation coalise contre elle nationalistes, souverainistes, anti
et alter mondialistes… opportunistes de tout poil pour dresser le portrait
­d’une Europe projet inspiré par l­’étranger qui s­ ’est fait sans les peuples
(J. Quatremer rappelle la formule maladroite du belge P.-H. Spaak « ­l’œuvre
accomplie fut celle ­d’une minorité sachant ce ­qu’elle voulait »).

III/ ­L’europessimisme face à la mondialisation fait le constat


de ­l’impuissance collective mais fait fi des potentiels de ­l’Europe

A. Les capacités de riposte de ­l’UE sont souvent à tort minimisées


­ ’UE ­n’est pas désarmée.
L
– Le FEM, Fonds européen d ­ ’ajustement à la mondialisation créé en 2006 et
doté ­d’un budget est un amortisseur des conséquences de la mondialisation
« pour les plus vulnérables » : ­C’est dire ­qu’avec un budget certes restreint
(150 millions d­ ’euros pour la période 2014-2020) il tente de faire face
aux restructurations dans des entreprises de plus de 500 salariés à ­l’aval
­d’une mondialisation agressive (Aide à la recherche d ­ ’emploi, formation,
reconversion)…
– ­L’UE peut opérer des rééquilibrages régionaux par le Feder depuis 1975
S cientifique

qui même accusé de compléter les programmes nationaux de ne pas assez


promouvoir ­d’initiatives intraeuropéennes est un élément modérateur des
excès de la mondialisation. Complété par le fonds de cohésion articulé sur
les fonds structurels, tous ces mécanismes de rééquilibrage ne laissent pas
les régions sinistrées sans moyens. (cf. dans les RETI régions à tradition
industrielles du Nord, Pas de Calais au Limbourg luxembourgeois).
– ­L’UE est un réducteur d ­ ’incertitudes dans les grandes négociations
commerciales au cœur de la mondialisation ; ­L’Europe a une masse critique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 107

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 107 13/10/2017 11:34


qui peut en imposer. Même pour le traité avec le Canada, la Ceta, des
garde fous sont installés et à ­l’OMC, l­’UE se fait forte d ­ ’obtenir quelques
ESCP
concessions réparatrices (comme dans la renégociation de Blair house au
Europe
moment du Reagan round agricole). De toute façon la riposte est plus simple
et plus efficace à 28 que séparément. ­L’Europe est représentée soit à titre
­d’observatrice soit d­ ’actrice directe des grandes institutions de la mondia-
lisation et peut fixer des cadres à ­l’OMC comme aux conférences sur le
C ORRIGÉ

climat (à la COP 21 la ratification a été globale pour ­l’Europe avant que les
pays ne ratifient séparément ­l’accord final).
– ­L’Europe peut peindre la mondialisation à ses couleurs pour P. Lamy. La
construction européenne est un dépassement du vieux système international
vers un système de gouvernement démocratique alter-­national avancé : elle
a le sens du compromis final au terme de marathons dantesques (agricul-
ture, dettes), elle sait conclure des accords pondérés, in extremis au terme
de négociations laborieuses et en ce sens elle est un laboratoire utile de la
mondialisation et de prise de décision collective.
– ­L’UE ne reste pas sans réaction face aux FMN américaines. ­L’échec du
NTM (new transatlantical market) à ­l’initiative de la France, la négociation
âpre du TIPP bousculé désormais par l­’administration Trump, la lutte contre
­l’optimisation fiscale dans le prolongement ­d’amendes contre Microsoft
HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE

ou IBM montrent que ­l’UE ­n’est pas passive ; loin de là, elle anime une
réflexion sur les paradis fiscaux et le retrait de la Grande Bretagne (le mea
culpa du Luxembourg J.-C. Juncker) annoncent certainement des positions
plus affirmées.

B. ­L’UE a de toute façon peu de moyens ­d’échapper


à la mondialisation quels que soient les effets induits
et les moyens de ­s’y préparer
– ­L’UE puissance commerçante avant tout, donc impactée positivement et
négativement.
– Le protectionnisme européen serait contre productif pour ­l’UE cham-
pion mondial à ­l’exportation, même si certains plébiscitent une préférence
communautaire et que ­l’Europe soit ouverte sans être offerte. La riposte
de partenaires pourrait être pire que la solution initiée, et ­l’UE devrait
tirer les leçons des embargos ou des sanctions dans le passé (cf. encore
­aujourd’hui les effets des sanctions contre la Russie sur ­l’agroalimentaire
français). ­L’interdépendance est féconde : même dans des secteurs comme
­l’aéronautique Airbus et General Électrique marchent main dans la main,
le même General Électrique venu à la rescousse de Alstom. Cas ­d’école
le secteur de l­’automobile : Jaguar doit beaucoup à des acteurs étrangers.
Nationalisé en 1966 – avant l­’entrée du Royaume-­Uni dans la Communauté
économique européenne en 1973 – puis privatisé en 1984 par Margaret
Thatcher, Jaguar est repris par Ford en 1990 à ­l’occasion d
­ ’un vaste mouve-
ment de concentration dans l­’industrie mondiale automobile. La marque,
S cientifique

qui ne faisait pas partie des priorités de ­l’américain, a perdu son côté so
british et a décliné. Aussi, lorsque Ford acculé par la crise des subprimes
­s’est séparée de ses activités les moins stratégiques Jaguar – et Land Rover
ont été cédés – au conglomérat indien Tata. Résultat immédiat : un « revival
industriel ». Le groupe Jaguar Land Rover, a quadruplé son CA en 6 ans, et
est devenu le premier constructeur automobile dans une Grande-­Bretagne
intégrée à ­l’UE. Toutefois, le marché britannique ne représente plus que 20 %

108 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 108 13/10/2017 11:34


des ventes des deux marques, soit moins que pour le reste de l­’Europe et la
Chine à plus de 20 % chacun. Jaguar a connu une croissance vertigineuse
ESCP
avec, par exemple, une progression de 80 % des ventes mensuelles en
Europe
février 2017 par rapport à 2016. Deux enseignements : ni ­l’UE ni la mondia-
lisation ne sont des obstacles industriels !
– ­L’UE ne peut raisonnablement emboiter le pas du make america greater
de Donald Trump et au contraire doit saisir l­’opportunité d ­ ’être aux

C ORRIGÉ
avant-postes du libre échange désormais. La fébrilité des accords commer-
ciaux asiatiques montre que le balancier penche du côté d ­ ’un libéralisme
organisé des échanges plus ­qu’une quelconque idéologie du repli.
– Si l­’UE a  quelque chose à  reprocher à  la mondialisation c ­ ’est peut
être avant tout de ses responsabilités ou des États ou des entreprises
elles-mêmes : chez STX, l­’accord de « compétitivité » conclu en 2014, par
lequel les salariés avaient renoncé à des RTT, signé par les syndicats
réformateurs, a peut-être permis de booster les commandes. Depuis, des
commandes colossales sur neuf ans ont été signées avec la livraison de
14 paquebots prévues ­d’ici à 2026 et donner les moyens de résister à la
pression de Fincantieri (acquéreur potentiel de 50 % des actions).

C. ­L’UE rempart paradoxal face à la mondialisation ?

HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE


– La force du nombre est un atout : un marché de 508 millions de consom-
mateurs globalement homogénéisés par des normes et des goûts.
– La force d­ ’un marché qualitativement évolué au regard d ­ ’un PIB par habi-
tant élevé (34 000 dollars par hab.) est intacte.
– La force ­d’une créativité qui donne de la plus value mais aussi des gages
de qualité et donc de moindre porosité face à la pénétration produits
étrangers.
– La force des politiques structurelles pour Pascal Lamy l­orsqu’il était
Commissaire européen au commerce : « ces politiques communes – poli-
tique commerciale, politique agricole, politique de la concurrence, politique
structurelle – sont donc ­l’un des fondements de la solidarité européenne.
Face à des réalités qui ­s’expriment en termes globaux, elles sont autant
­d’instruments disponibles pour permettre à ­l’Europe de répondre aux défis
de la mondialisation »… Et, il ajoutait : « pour que la mondialisation se fasse
au bénéfice de tous ». Politiques de cohésion (développement régional)
peuvent être perçues comme des outils pour mieux se protéger contre les
effets négatifs de la mondialisation (pour les territoires). Rappelons que ces
politiques furent mises en place dans les années 1980 pour accompagner
à la fois les élargissements et atténuer les effets négatifs du Grand Marché
Unique (pour ces mêmes pays).
– La modernité des principes d ­ ’action de l­’Union européenne, principal atout
­d’abord sur le plan économique et financier : une adhésion plus mesurée
à ­l’idée d
­ ’une toute puissance des marchés, la nécessité d ­ ’une certaine
régulation politique des échanges mondiaux et d ­ ’un contrôle minimal des
S cientifique

opérateurs financiers assortie ­d’un rôle de ­l’État en faveur ­d’une dose de


protection et de cohésion sociales, tels sont les éléments d ­ ’un modèle
européen de développement économique et social, devenu avec la crise
plus pertinent que le modèle ultralibéral des Anglo-­saxons.
– La modernité sur le plan stratégique : la vision européenne de la sécurité
internationale, proclamée dès 2003 dans la stratégie européenne de sécurité
ne cesse, partout dans le monde, d ­ ’être validée par les faits : que la démo-
cratie ne s­ ’impose pas par la force, que la puissance militaire n ­ ’est ni le

ANNALES CCIR 2017-2018 l 109

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 109 13/10/2017 11:34


seul ni le premier instrument de gestion de crises, que le dialogue avec tous
et la négociation multilatérale sont indispensables pour la prévention des
ESCP
conflits, que la pauvreté du monde est aussi déstabilisante que la violence du
Europe
terrorisme, ce catalogue de bon sens figure en effet au cœur de ­l’approche
stratégique de ­l’Union et il est chaque jour rappelé par certains comme
Emmanuel Macron qui veut retrouver « ­l’odeur, la couleur, la lecture, tout ce
qui fait le sel de ­l’Europe » et pour ce qui dénonce « le FMI et ses hommes
C ORRIGÉ

en noir » sur ­l’échafaud de la Grèce.


– Et qui peut oublier La génération Erasmus porteuse des espoirs européens
face à un american dream un peu palot sinon en berne après ses années
de lustre (concept né en 1931 et son apogée dans les années 60 et 80. Le
« rêve européen » serait mieux armé pour nous conduire dans le nouvel âge
global parce q ­ u’ils se fonde sur les relations entre communautés plutôt que
­l’autonomie individuelle, sur la diversité culturelle plutôt que ­l’assimilation,
la qualité de vie plutôt que l­’accumulation de la richesse, le développement
soutenable plutôt que la croissance matérielle illimitée, les droits de l­’homme
universels et les droits de la nature plutôt que le droit de propriété, la coopé-
ration globale plutôt que l­’exercice unilatéral du pouvoir. Le rêve européen
­n’est pas la fin de l­’histoire mais la fin d
­ ’une histoire et le début d
­ ’une autre
écrite à travers de normes nouvelles que ­l’Europe saura imposer.
HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE

– Encore faut-­il que ­l’Europe soit capable de rebondir, de se refonder, de


faire un nouveau pari une décennie après ce credo européen de Nicole
Gnesotto, Notre Europe.
« Les Européens sont pétris de la culture du partage du pouvoir, ils ont su
incarner dans la construction européenne via notamment les fonds struc-
turels une forme particulièrement généreuse de solidarité entre pays riches
et pauvres de la communauté. Or ce modèle européen parce ­qu’il est une
incarnation d­ ’un partage des pouvoirs et des solidarités est exemplaire pour
­l’établissement ­d’une structure nouvelle de gouvernance au niveau mondial.
Inspirer la structure du monde de demain, fonder le système international
de la mondialisation sur le partage du pouvoir politique et la solidarité entre
riches et pauvres, y a-­t‑il puissance plus politique que celle-­là ?

Conclusion

Sans nier les effets déstabilisateurs que la mondialisation fait peser sur
­l’Europe, il faut voir en eux une invite à « un wake up » surtout quand
­l’Amérique de Donald Trump se replie, à un sursaut car « le plus grand péril
qui menace ­l’Europe ­c’est la lassitude » disait déjà en 1935 Husserl. Les
Européens ne doivent pas considérer l­’Europe comme trop ouverte, ni mal
armée face à la mondialisation mais ils doivent simplement cesser de cher-
cher des boucs émissaires et poursuivre dans la voie ­d’une mondialisation
maîtrisée. « À la peur de ­l’avenir ne répondent que les formules creuses des
démagogues. Ce qui ­s’entend, ce ­n’est pas le refrain du déclin, ni celui de la
S cientifique

décadence finale. C ­ ’est ­l’appel du vide ». P. André Taguieff… est-­il encore


temps ? ­C’est ce que pense le président de la commission européenne
Juncker qui exhorte les Européens à un sursaut fédéraliste (plus de majorité
qualifiée pour décider) pour mieux protéger ­l’Europe de la concurrence,
pour contrôler les IDE.

110 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 110 13/10/2017 11:34


S UJET
HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE
DU MONDE CONTEMPORAIN
Durée : 4 heures.

Les candidats ne doivent faire usage ­d’aucun document en dehors


de ceux fournis au verso ; ­l’utilisation de toute calculatrice et de ESSEC
tout matériel électronique est interdite. Si au cours de l­’épreuve,
un candidat repère ce qui lui semble être une erreur ­d’énoncé, il la
signalera sur sa copie et poursuivra sa composition en expliquant
les raisons des initiatives ­qu’il sera amené à prendre.

S UJET

Le développement de ­l’Afrique à ­l’épreuve de la guerre


(des années 1960 à nos jours)

HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE


D OCUMENTS
Remarque importante : les documents et la carte sont destinés à aider à la
réflexion dans le cadre de la dissertation. Ils ­n’ont pas à faire ­l’objet ­d’un
commentaire spécifique.

Document 1. Chronologie sommaire

1960-1965 : sécession et guerre civile au Congo (ex « Congo belge »).


Intervention militaire de ­l’ONU.
1962 : accords ­d’Évian et indépendance de ­l’Algérie.
1967 : guerre du Biafra (guerre civile du Nigéria) – Guerre des Six jours.
1975-1976 : partition du « Sahara espagnol » et affrontements entre le Marco
et ­l’Algérie.
1975-2002 : succédant à la guerre pour ­l’indépendance, guerre civile en
Angola et ses prolongements internationaux.
1989-2003 : guerre civile au Libéria et son extension à la Sierra Leone.
1991 : début de la guerre civile algérienne.
1994-2003 : génocide rwandais de 1994 et extension du conflit dans toute
la région des Grands Lacs et du Zaïre.
2002 : création de ­l’Union Africaine.
2003 : début de la guerre civile du Darfour.
S cientifique

2012 : conflit armé au Nord du Mali entraînant une intervention militaire


française et internationale.
2013 : nouvelle guerre civile en République centrafricaine.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 111

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 111 13/10/2017 11:34


S UJET

Document 2. Dessin de presse (Les Échos, 9.11.2012).

ESSEC
HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE

Document 3. La longue guerre froide du Maghreb


(Le Monde du 21.04.2013).

Le conflit autour du Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole


annexée par le Maroc en 1975, paralyse le développement d ­ ’une union
politique et économique dans la région. (…) Une étude du ministère maro-
cain de ­l’économie publiée en 2008 avait évalué le commerce entre États
­d’Afrique du Nord à 1,3 % de leurs échanges extérieurs, le taux régional le
plus bas du monde. Une autre étude, européenne cette fois, avait calculé, la
même année, que l­’Algérie importait 0,6 % de ses produits agroalimentaires
du Maroc, alors que 40 % provenaient de France et ­d’Espagne… Depuis,
bien peu de choses a changé.

Document 4 . Yves Lacoste, La question postcolonie


(Hérodote n° 120, 1er tr. 2006, p. 26).

« Le grand problème géopolitique de l­’Algérie depuis 1990 est l­’offensive


islamiste qui peut être relancée, celle-­ci combinant les contradictions
­d’ensemble du monde musulman avec les multiples conséquences de la
colonisation, celles de la guerre ­d’indépendance, celles de vingt-­cinq ans
de socialisme et de dix ans de guerre civile. »
S cientifique

112 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 112 13/10/2017 11:34


S UJET
Document 5. « Un continent dévasté par les conflits ».

ESSEC

Source : Questions internationales, n° 5, janvier-­février 2004. HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE


Document 6. Sylvie Brunel, ­L’Afrique, Bréal, 2004, p. 84.

« La multiplication des conflits a, dans l­’intervalle, ouvert de larges balafres


dans un continent où la porosité des frontières et ­l’affaiblissement des
États ont favorisé la multiplication des entrepreneurs de guerre »… 35 pays
africains en guerre sur 53, le drame du génocide rwandais en 1994 (…) :
­l’effondrement des États a pour conséquence ­d’embraser le continent. Parce
que la guerre est désormais plus rentable que la paix pour certains groupes
politiques, comme pour les enfants soldats qui recrutent – qui puisent dans
leurs épopées meurtrières une reconnaissance, un revenu, une famille –
­l’Afrique présente dans la décennie 1991-2001 à peu près toute la panoplie
S cientifique

des conflits.

Document 7. L’Afrique et la croissance en 2016


(source : Les Échos 27.09.2016).

Cette année, « seulement » dix des vingt économies les plus dynamiques de
la planète sont africaines. Sur la période 2005-2015, ­c’étaient même douze

ANNALES CCIR 2017-2018 l 113

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 113 13/10/2017 11:34


S UJET

des pays à plus fort taux de croissance, avec 8 % en moyenne, qui étaient
situés sur ce continent ayant longtemps désespéré les économistes. (…)
Certes, les participants de cette séquence africaine [les Rencontres écono-
C
miques africaines] à Paris se sont appliqués à rappeler que ces croissances
échevelées peuvent ­s’expliquer par un effet de rattrapage (…).
ESSEC
HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE
S cientifique

114 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 114 13/10/2017 11:34


C ORRIGÉ
Par Alain Nonjon, professeur de chaire supérieure.
ESSEC

­ ’Afrique est le continent de la conflictualité : depuis 1991, ­l’Afrique


L
a  concentré 40 % des conflits mondiaux contre 30 % de la fin des

C ORRIGÉ
années 1960 à 1989. Le nombre de victimes dépasse celui de toutes les
autres guerres réunies. En témoignent les bilans des guerres (RDC plus de
4 millions de morts en 40 ans de conflits, Rwanda en juillet 1994 plus de
800 000 morts) et surtout leurs cortèges de réfugiés (l’Afrique est le continent
qui compte le plus de réfugiés et le camp de Dadaab, qui porte la marque
de cette histoire troublée avec ses 500 000 réfugiés surtout des Somaliens).
­L’Afrique même engagée sur la voie d ­ ’une renaissance après l­’impasse du
sous-­développement depuis les années 90 en est encore à se poser la ques-
tion de son essor : est-­elle encore mal partie (1960 : PIB par tête de ­l’Afrique
subsaharienne était égal à 5 % de celui des États-­Unis… il était de 3 % en
2015) ou si elle est repartie, est-­elle bien partie ? Les hésitations viennent
de la masse des PMA figés dans leur retard, de ­l’isolement et de la vulné-
rabilité de quelques success stories souvent liées à des matières premières

HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE


plus q­ u’à une véritable stratégie. Tous les échecs posent directement la
question du lien entre guerre et développement. L ­ ’émergence n ­ ’est-­elle
pas condamnée à ­n’être ­qu’une utopie devant la réalité au quotidien de la
guerre ? ­L’Afrique a-­t‑elle les moyens par elle-­même de créer le cadre d ­ ’une
paix qui serait la matrice ­d’un nouveau développement ?

I/ Dès les indépendances, le développement de ­l’Afrique


est borné par des guerres spoliatrices

A. Les guerres ­d’indépendance, véhicules de modèles


de développement plaqués
Certes ces guerres expriment des rejets d ­ ’une emprise coloniale mais elles
vont peser sur la nature du développement.
– Économie de traite et mono-­exportation rendant vulnérable aux cours erra-
tiques des matières premières minérales et agricoles (Ouganda ou Rwanda
dont les génocides sont concomitants ­d’une crise du café et de ­l’étain).
– Un clientélisme qui va être un principe de gouvernement, une corrup-
tion pas éradiquée (Sassou Nguesso au Congo), le népotisme qui prépare
­l’avènement de la fille de E. Santos déjà milliardaire ou la femme de Mugabe.
– Une Kleptocratie installée souvent au travers de dirigeants choisis comme
gage de stabilité plus que de probité : les pays arabes avant les printemps en
ont été les meilleurs exemples comme les plus anciens dirigeants africains
(Sur le continent, sept chefs ­d’État sont au pouvoir depuis plus de 30 ans
dont le président Teodoro Obiang Nguema de la Guinée Équatoriale ou
S cientifique

Edouardo Santos en poste depuis 1979 et à 92 ans Robert Mugabe est au


Zimbawe au pouvoir depuis ­l’indépendance en 1980. (Frontières de papier
plaquées car confirmées.)
– Un bilatéralisme qui a du mal à être remplacé par un multilatéralisme fécond :
cas ­d’école la Françafrique ou la dépendance dans ­l’interdépendance de
pays comme la Côte ­d’Ivoire.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 115

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 115 13/10/2017 11:34


– ­L’exode des cerveaux : formation dans les métropoles avec peu de retour
ou si retour des schémas pas adaptés aux besoins locaux : drainage des
ESSEC médecins nigérians en Grande Bretagne.
Le post colonialisme est au total plus vecteur de recettes artificiellement
plaquées que ­d’un véritable développement.

B. La guerre froide et ses prolongements :


C ORRIGÉ

un développement pris en otage


– La Rente minière a expliqué le jeu des grandes puissances sur le continent
africain.
– Les affrontements entre maquis s­ ’inscrivent souvent dans le cadre de
conflits secondaires dits de substitution où des acteurs locaux agissent
pour le compte des États-­Unis ou de ­l’URSS. Entre 1960 et 1965, ­l’URSS
espérait le basculement de ­l’ex-­Congo belge dans le camp socialiste et la
« congolisation » de toute ­l’Afrique centrale par la multiplication des foyers
de guérillas. À partir de 1975, Moscou et Washington se sont affrontés
en Angola sur la ligne de front des États hostiles à la RSA (Apartheid),
­l’URSS sous-­traitant ­l’intervention en Angola à ses auxiliaires cubains
(50 000 hommes) alors que les États-­Unis soutenaient ­l’UNITA. En 1977-
1978 Brejnev l­’Africain, à la faveur de la guerre de l­’Ogaden a renversé ses
HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE

alliances dans la Corne de l­’Afrique ; les conseillers cubains et soviétiques


ont quitté Mogadiscio pour Addis-­Abeba. Parfois l­’Afrique a été victime par
mouvements de libération nationale interposés des affrontements idéolo-
giques entre Moscou et Pékin comme au Mozambique.
– Des conflits internationalisés et longs se nourrissent de la guerre froide et
de ses effets de traîne comme en Angola ou en Érythrée. Les seuls conflits
en Angola de 1961 à 2002 ont fait un demi million de morts, 500 000 exilés,
4 millions de déplacés pour une population de 12 millions ­d’habitants dont
les 2/3 de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté, liens qui
sont plus ­qu’une corrélation, des liens de causalité directe. ­L’Angola qui
émerge en 2017, accueille des multimillionnaires en dollars et anime une
immigration en provenance du Portugal mais reste 149e au niveau de l’IDH.
– Des jeux de chaise musicale perturbent le développement (cf. Égypte de
­l’allié russe à ­l’allié américain ou la Somalie de l­’allié américain à la proximité
russe).
– Le loyer géopolitique ­d’hier demeure souvent sous forme de réseaux et de
prébendes avec des évolutions qui propulsent la Chine désormais comme
partenaire de choix, (conférence de Pékin réunissant en Novembre 2006,
48 chefs d ­ ’État africains) dans un théorique win win où la Chine ménage ses
intérêts : accaparement de terres, boom des échanges avec des pays pétro-
liers (plus de 75 % ­d’importations chinoises d ­ ’Afrique sont des ressources
naturelles).

C. Les guerres larvées et latentes héritées :


S cientifique

un développement siphonné par le coût des guerres


– Le conflit du Sahara occidental est des plus représentatifs : une partie du
capital de légitimité du Maroc a été gaspillé ; le pays a quitté l­’UA, ­jusqu’en
2017, ­l’UMA a été condamné à ­l’impasse au regard des conflits intestins sur
­l’aide aux sahraouis entre Alger et Rabat après une « guerre des sables ».
– Les conflits interethniques du Biafra (1967) traduisent les heurts et
malheurs de la captation de la rente pétrolière entre les Ibos chrétiens du

116 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 116 13/10/2017 11:34


Sud et les peuples musulman Nord et ­l’insécurité du delta du Niger ­n’y est
pas étrangère derrière les coups de main du Mouvement pour l­’émancipation
du delta. 30 ans de coups ­d’État et de dictatures militaires… ­jusqu’à la ESSEC
démocratie retrouvée de 1999 que veut dire alors la 1re place en terme de
PIB du Nigéria en Afrique en 2014 quand près des 2/3 de la population sont
en dessous du seuil de pauvreté ? La première guerre mondiale africaine
des grands lacs et du Congo et le génocide du Rwanda sont des factures

C ORRIGÉ
très lourdes acquittées au nom du passé et de la gestion des légitimités des
ethnies (Tutsis et Hutus). Les colons privilégient les Tutsis, décrits comme
des « Européens noirs » et jugés ­d’intelligence supérieure, au détriment des
Hutus qualifiés de « Nègres bantous », réduits à leur condition d ­ ’agriculteurs.
Les Tutsis étaient prioritaires dans ­l’accès aux écoles missionnaires et dans
le recrutement pour les emplois administratifs. Inutile de dire que les Hutus
vivaient leur relégation comme une injustice. De là les enchaînements du
génocide de 1994 qui met à genoux l­’économie rwandaise (armée portée à
40 000 hommes, infrastructures plus opérationnelles, climat ­d’insécurité).
– Des conflits potentiels émergent : guerre de l­’eau sur le Nil malgré l­’accord
de 1959, pas de possibilité de pleinement utiliser le pactole du Nil à la fois
en termes d­ ’irrigation et d
­ ’électricité hydraulique. Tensions depuis le barrage
de la renaissance éthiopien inauguré en 2016.

HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE


– Des conflits interétatiques territoriaux sont rares mais il existe certains
prédateurs de la Libye et le rêve de grande Libye au détriment du Tchad
en passant par les guerres expansionnistes en Ogaden ou dans le triangle
Éthiopie, Érythrée, Somalie.

II/ Les guerres récentes des deux dernières décennies plombent


le développement

A. Des guerres dont le terreau est le mal développement structurel


et qui ­l’aggravent
– Les conflits fonciers : l­’accès à la terre dans un contexte de désertification
est la base même des conflits ente tribus arabes nomades et populations
sédentaires africaines. Le conflit du Darfour est en partie dû à ­l’exaspération
des tensions entre cultivateurs et éleveurs pour l­’accès à la terre et aux
ressources naturelles.
– Les conflits interethniques. Guerres tribales qui mettent en échec des
processus électoraux ; ­c’est le cas du Kenya dont le dynamisme (leader
mondial du paiement mobile) est remis en cause par la vulnérabilité face
au terrorisme et des affrontements entre les membres de l­’ethnie kikuyu du
président Uhuru Kenyatta et des partisans luo de l­’opposant Raila Odinga,
en août 2017.
– Les conflits à ­l’aval ­d’un délitement des États : ainsi peut-­on parler du Sud
Soudan, le 54e État africain ­d’État mort né avec la guerre civile qui oppose le
S cientifique

chef rebelle Riek Machar et le president Salva Kir, nuits écarlates de terreur
depuis 2013 entre Dinkas et Nuer, un État sinistré alors que le jeune État
était doté de 75 % de la production pétrolière du Soudan et de la bienveil-
lance des chinois. Les États sont souvent exsangues pour honorer leurs
pouvoirs régaliens. Ces États simples garde-­barrières ne sont pas aptes
à payer les soldats ; la police, et souvent face à cette incurie s­ ’organisent
des insurrections (Centrafrique, Kivu).

ANNALES CCIR 2017-2018 l 117

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 117 13/10/2017 11:34


– La guerre récente contre le terrorisme mobilise des troupes, création de
fonds des solidarités fragiles (G5 africain face à Boko Haram et autre Aqmi
ESSEC ou Mujao), détournement des fonds (Muhari au Nigeria est contraint de
changer de priorité pour contenir la menace terroriste). Après la Guerre civile
algérienne (1991-2002), les 4 élections de Bouteflika sont un gage d ­ ’inertie
plus que de développement.
– Les conflits sur les matières premières demeurent : la richesse du sous sol
C ORRIGÉ

est un facteur de conflictualité élevée et la malédiction du pétrole ­n’est pas


­qu’une vision pessimiste de ­l’Afrique : Sao Tomé, comme le Sud Soudan
confirment le mot de Jean Giraudoux dans la folle de Chaillot. « Ce ­qu’on
fait avec du pétrole ? De la misère, de la guerre, de la laideur. Un monde
misérable. »
– Les Guerres climatiques ­s’amplifient avec leur cortège de réfugiés et
de migrants subsahariens qui à ­l’image des malinkés préfèrent travailler
à ­l’extérieur de leur pays plutôt que mourir chez eux.

B. Des guerres aux modalités particulières qui hypothèquent


le développement
– La privatisation des guerres et le mercenariat se généralisent : difficile de
croire que la convention de 1977 sur la suppression du mercenariat a suffi
HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE

à éliminer ces « chiens de guerre » ces « affreux » qui étaient intervenus dès


les années 1960 au Congo (devenu Zaïre, puis République démocratique
du Congo) ; dans les années 1970 et 1980, aux Comores, aux Seychelles,
au Bénin, en Guinée, en Rhodésie (devenue le Zimbabwe) et en Angola.
Le Royaume-­Uni, la France, ­l’Afrique du Sud et Israël ont été parmi les
grands pourvoyeurs de ces « soldats perdus ». Durant ces années dominées
par les luttes anticoloniales et la guerre froide, le roi Hassan II du Maroc,
le président gabonais Omar Bongo, le régime blanc de M. Ian Smith en
Rhodésie (Zimbabwe), ou des dirigeants français comme Jacques Foccart
– secrétaire général aux affaires africaines de l­’Élysée – et l­’ancien premier
ministre Michel Debré, député de l­’île française de La Réunion, leur avaient
apporté un soutien plus ou moins discret… Un des plus emblématiques
de ces mercenaires fut M. Robert « Bob » Denard du Katanga (1961) aux
Comores (1975) avec le soutien des services secrets français… La Libye
de Kadhafi a poursuivi leur recrutement et ils jouent encore un rôle dans
les milices de ­l’après dictature ou dans les raids dans ­l’arc sahéliens. Prêts
à ­s’enrôler auprès du plus offrant ils contribuent à ­l’instabilité des territoires,
ils sont un déni de démocratie, et ils placent le développement des pays
africains sous la dictature du hasard. La bonne intention ­d’observer les
élections en Afrique – pour attester de leur sincérité – a fait naître une espèce
­d’observateurs, lesquels sont prêts à apporter, contre espèces sonnantes et
trébuchantes, leur onction à des scrutins calamiteux : ce sont les nouveaux
mercenaires.
– Les Enfants soldats. À la Conférence de Paris en février 2007, 105 États
S cientifique

membres de ­l’ONU ­s’engagent à « libérer de la guerre » les enfants asso-


ciés aux forces et groupes armés. 10 ans plus tard, sur les 20 pays ou
zones concernés figurent des pays africains : République centrafricaine,
République Démocratique du Congo, Libye, Mali, Somalie, Soudan du Sud,
Soudan. Selon le rapport 2016 de l­’Unicef, des filles et des garçons de
moins de 18 ans sont recrutés et exploités par des groupes armés dans
20 conflits répartis sur quatre régions du monde : Afrique, Asie, Moyen-­Orient

118 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 118 13/10/2017 11:34


et Amérique latine. ­L’image du garçonnet africain à la kalachnikov est
loin ­d’être ­l’unique réalité : la prolifération ­d’armes légères qui ­s’adaptent
aux petites mains, ­l’endoctrinement de jeunes enfants intellectuellement ESSEC
malléables, la discrétion des enfants espions, sont des incitations à les
recruter… (Soudan ­jusqu’en 2016).
– Les guerres véhiculent une acculturation sournoise, la culture du kalach-
nikov, la culture du 4X4 et des pick up des janjawids, la culture des supermen

C ORRIGÉ
en Somalie (cf. film la chute du faucon noir) sont autant de schémas culturels
plaqués et régressifs.
– Le Commerce des armes se nourrit ­d’une mondialisation sans règle. Plus
de 100 millions ­d’armes circuleraient en Afrique. ­L’Algérie, ­l’Égypte et le
Maroc forment un trio de tête, qui a dépensé à lui seul plus de 11 milliards
de dollars entre 2012 et 2016, ce qui place l­’armée algérienne entre ses
homologues chinoise et turque en termes de dépenses. Derrière, ­l’Afrique
subsaharienne est un peu à la traîne mais le Nigeria et, dans une moindre
mesure, le Cameroun, s­ ’illustrent, notamment sous l­’effet du conflit engagé
contre Boko Haram. On ne peut que ­s’interroger sur le retour sur investis-
sement de tels choix.
– Des richesses naturelles sont détournées pour acquérir des armes comme
les diamants du sang au Libéria ou en Sierra Leone, les minerais stratégiques

HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE


circulent dans des circuits parallèles comme le coltan (RDC et Rwanda), la
déforestation finance la guerre et les contrats miniers signés par la RDC avec
la Chine sur le cobalt avaient certes pour but de financer des infrastructures
(barrages de l­’Inga) mais dévoyés. Ils expliquent l­’insurrection du mouvement
M23 dès 2012. Au Tchad les royalties pétrolières destinées aux générations
futures… sont très vite devenues des liquidités pour protéger Idriss Déby
et contrer les maquis venus du Darfour.
Richesses humaines et matérielles font donc cruellement défaut à ­l’heure
des stratégies de développement.

C. Les stigmates des guerres constituent autant de handicaps


parfois irréversibles pour un développement futur
– Les réfugiés : ­L’Afrique subsaharienne est à elle seule la terre ­d’asile de
4,41 millions de réfugiés (sur un total de 21,3 millions dans le monde) et
occupe donc la première place. Leur gestion est souvent chaotique au point
que ­l’horizon ­d’une vie au-­delà des camps ­n’est plus vraiment envisagé chez
les habitants de ces camps comme Dollo Ado (plus de 200 000 habitants) en
Éthiopie ou ­M’bera en Mauritanie (plus de 40 000 habitants). Ces camps se
caractérisent par leur longévité : au Kenya, le camp de Dadaab, ­aujourd’hui
le plus grand complexe de camps de réfugiés dans le monde (avec près
de 350 000 habitants en 2016), existe depuis plus de vingt-­cinq ans. Ses
habitants, sont pour la plupart des Somaliens, dont une partie n ­ ’a jamais
connu ­d’autre toit que celui de leur tente estampée UNHCR.
– Les victimes des guerres : les femmes. Le viol des femmes et des filles est
S cientifique

conçu comme arme de guerre pour terroriser les populations pour les inciter
à se déplacer, et ce en toute impunité. Quelques cas de violences sexuelles
ont même été enregistrées dans les forces ­d’interposition de ­l’ONU ou de
­l’UA, ce qui accroît incompréhensions et tensions. Enfants soldats les forces
vives du développement.
– Les guerres conduisent à des destructions de capital (infrastructures) et
de capital humain. Leur coût est élevé et les taux de pauvreté sont estimés

ANNALES CCIR 2017-2018 l 119

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 119 13/10/2017 11:34


à 20 % supérieurs pour les pays touchés par la violence. Les comparaisons
internationales montrent que les guerres (7 ans en moyenne) font chuter les
ESSEC revenus per capita de 15 % et amputent de 2 points le taux de croissance.
80 % des PMA ont connu un conflit au cours des 15 dernières années.
Insécurité et pauvreté conduisent à des trappes à conflits accroissant les
risques de récurrence : 90 % des conflits se déroulent dans des pays ayant
déjà connu des conflits. 200 millions ­d’Africains répartis dans 17 pays sont
C ORRIGÉ

touchés par des conflits ou ­l’instabilité politique (Pierre Jacquemot, ­L’Afrique


des possibles. Les défis de ­l’émergence, 2016).
– Dépenses miliaires surdimensionnées : Égypte de Sissi au prix d ­ ’une mise
en sommeil des réformes (rafales et mistral) prés de 2 % du PIB. Nigéria un
des premiers importateurs ­d’Afrique subsaharienne.
– Les retards des infrastructures ne sont rien aux côtés des effets de déstruc-
turation des sociétés africaines par la guerre. La manipulation des famines
au service de causes politiques fait partie des coûts des guerres de plus en
plus nombreuses en Afrique. Les guerres en Afrique font désormais parties
de ce que les géopoliticiens appellent les nouveaux conflits : conflits de
portée limitée ne remettant pas en cause les équilibres internationaux ; des
conflits de basse intensité (low intensity conflicts) mais surtout des conflits
interminables ; parfois médiatisés à ­l’instar du génocide au Rwanda en 1994
HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE

alors que cet épisode avait été précédé par la « Toussaint rwandaise » de
1959 où les Tutsis avaient été chassés par ­l’installation ­d’un pouvoir Hutu
à Kigali. Un « système de conflits » ­s’érige donc en Afrique, antagonique au
système économique matrice du développement.

III/ ­L’Afrique est elle condamnée à la guerre


et donc au sous-­développement ?

Éviter la guerre est-­ce nécessairement se développer pour le continent


africain ?

A. ­L’extérieur, garant de la paix ? Un développement sous surveillance


– On ne compte plus les interventions bilatérales extérieures qui ont des
relents ­d’ingérences postcoloniales… dans la logique post guerre froide.
Les interventions françaises sont… légion, depuis la répression au
Cameroun de l­’UPC (union des populations camerounaises, à la guerre
­d’Algérie achevée sur des traumatismes encore vivaces en 1964, la parti-
cipation à la lutte contre les rebelles du Tibesti en 1968, et en 1972 avec
la pénible affaire Claustre) ou la prise de relais des américains à Kolwezi
pour sécuriser le Shaba au Zaïre, ­l’intervention pour contrer le Polisario
en 1977, le soutien à des régimes typiques de la Françafrique comme
en 1983 aux côtés de Eyadéma ou en 1990 au Gabon, sans oublier les
interventions aux Comores (1989 et 1995) contre les tentatives putschistes
de Bob Denard ­aujourd’hui jugé, et ­l’opération Licorne en Côte ­d’Ivoire et
S cientifique

un contingent de maintien de la paix avec ­l’opération Artémis en Ituri en


république démocratique du Congo.
– ­L’ONU (« ce meilleur espoir et ce meilleur investissement » pour Madeleine
Albright s­ ’active aussi avec des effectifs (indiens notamment) considérables
du Rwanda, au Soudan, en Côte ­d’Ivoire, comme hier au Congo (première
intervention de casques bleus en 1965) – missions Monuc en RDC j­usqu’en
2010 la plus importante devenue la Monusco) ­l’ONUCI en Côte ­d’Ivoire

120 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 120 13/10/2017 11:34


depuis 2004, la Minurcat en RCA et au Tchad la Minuad au Darfour dissoute
en juillet 2011, la MINUL depuis 2003 au Libéria, la Manurss au Soudan du
sud depuis 2011. Parfois réduite au rôle de spectateur comme au Rwanda ESSEC
ou en Somalie elle ­n’échappe pas aux critiques même si les 16 programmes
DDR sur 22 dans le monde (désarmement, démobilisation), réinsertion sous
patronage onusien se multiplient. Pour ­l’ONU le message est clair : « il ­n’y
a pas de paix sans développement et pas de développement sans démo-

C ORRIGÉ
cratie ». De là la multiplication des commissions de sanctions (6) en Afrique
Subsaharienne pour restaurer paix et sécurité.
– La piraterie devient un thème majeur de mobilisation avec le soutien de
­l’OTAN.
– Les ONG tentent tant bien que mal de se mobiliser sans être récupérées
comme Médecins sans frontières née de la guerre du Biafra (1967-1970)
certaines bavures (Arche de Zoé) facilitent leurs critiques : instrumentali-
sation, et rôle dans la victimisation des populations africaines les ONG
sont de plus en plus victimes de la brutalité croissante des conflits (morts,
kidnappings (3/100 000 /an en RDC)).
– Le CPI essaie de mettre en accusation tous les anciens dictateurs
seigneurs de guerre de Taylor à Hissene Habré (pas encore abandonné
par le Sénégal où il a trouvé refuge).

HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE


– ­L’Europe dans sa vocation de puissance normative essaie de prévenir
les conflits avec des initiatives originales comme tout sauf les armes (2001)
accord commercial par lequel elle s­ ’engage à importer en franchise de
douane tous les produits des PMA excepté les armes.
– Beaucoup de dirigeants ont travaillé dans des organisations internatio-
nales et font valoir leur expérience de travail en commun au service de la
paix (Ellen Johnson, Sirleaf au Libéria prix nobel de la paix 2011, Amadou
Toumani Traoré au Mali et Olusegun Obasanjo au Nigeria).
­L’impuissance de la diplomatie spectacle, et des grandes puissances
apparaît dans des règlements différés comme au Darfour où les grandes
puissances sont chacune prise en tenailles dans leurs contradictions.
­L’ingérence extérieure ­n’est pas la panacée : suivisme, immaturité, clienté-
lisme, dérapages, télescopage culturel, incompréhensions et inadéquation
des méthodes, sont autant de risques pour le développement si les pays
africains se limitent à cela. ­C’est un peu comme la « politique du cargo » et
de ­l’aide qui a des aspects mercantilo philanthropiques aliénants.

B. La paix par ­l’Afrique elle-­même ?


Un espoir de développement assez lointain
Des solutions africaines pour des crises africaines existent-­elles ?
– Le panafricanisme renaît au travers de l­’Union africaine (UA) qui tente de
redorer depuis 2002 le blason de ­l’ex OUA sur un modèle calqué sur ­l’Union
européenne (désormais l­’ONU se prononce clairement pour un financement
des interventions qui laisse le terrain à ­l’UA).
– Les organisations régionales semblent jouer un rôle plus important comme
S cientifique

la CEDEAO (communauté économique des États d ­ ’Afrique de l­’ouest) impli-


quée dans les conflits du Libéria, de la Sierra Leone, de la Côte ­d’Ivoire.
Le commerce peut être doux (Montesquieu) dès lors que 10 000 produits
circulent en franchise au sein de l­’Union économique et monétaire ouest
africaine.
– Le Nepad peut être aussi un laboratoire d ­ ’expérimentation de la bonne
gouvernance de son triptyque transparence, gouvernance, et maintenance

ANNALES CCIR 2017-2018 l 121

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 121 13/10/2017 11:34


peut contribuer à pacifier des zones de conflits notamment avec ­l’autorité
morale de ces leaders (Algérie de Boutéflika, Nigéria de Obasango, Sénégal
ESSEC de Wade, Afrique du sud de Thabo Mbeki).
– ­L’Afrique du Sud pilote beaucoup d ­ ’interventions de pacification comme le
traité de Sun city et de Prétoria décisif pour permettre au Congo de vivre ses
premières élections libres depuis 40 ans mais le rôle de grande puissance
de ­l’Afrique du Sud est source de méfiances internes (Sénégal) et externes
C ORRIGÉ

(Brésil).
Les crises maliennes et centrafricaines sont des tournants dans le débat sur
la sécurité en Afrique car elles ont montré les limites de la gestion africaine
des crises, ce sont les crash test de ­l’UA ! La CEDEAO a été prise de vitesse
par les islamistes de même que la CEEAC et la Micopax mission de conso-
lidation de la paix en RCA présente depuis 2008 a été prise de cours. ­D’où
­l’appel à la France, la Force africaine en attente de l­’UA était toujours en…
attente. De là une gestion métisse des crises. Les transferts des missions
de paix à ­l’ONU comme la Misca en septembre 2014 montrent ­l’échec de
­l’UA absente alors que Paris avait alerté dès ­l’été 2013 pour la RCA. Les
grandes puissances africaines ont du mal à assurer leur présence continue,
­l’Afrique du Sud n
­ ’a pas donné suite en Centrafrique, le Nigeria s­ ’est retiré
de Misma prétextant le combat contre Boko Haram.
HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE

Mais la crise du Sud Soudan est un bon contre exemple car elle a été gérée
essentiellement par l­’Afrique avec la vive réaction de l­’IGAD (autorité inter-
gouvernementale pour le développement). ­L’Igad a déployé des troupes
aux côtés des 12 000 casques bleus présents, ­l’ONU ne joue ­qu’un rôle
secondaire. Succès de « peacemaking » ? Les récents foyers de reprise de
la guerre civile paraissent le démentir.

C. Une prise de conscience salutaire ­d’une paix vitale : ­


l’ultime chance du développement
– Il n
­ ’y a pas de fatalité : le Rwanda renoue avec la croissance et même dans
les TIC fait figure de pionnier, mais il faut se garder de toute exagération :
avec la stabilité retrouvée depuis le génocide de 1994 le PIB par habitant du
Rwanda a certes été multiplié par trois en vingt ans. Mais avec 700 dollars,
il reste parmi les plus bas au monde.
– Il ­n’y a pas de certitude : le Kenya longtemps considéré comme un des
symboles du tourisme spectacle revient dans une période ­d’instabilité
à ­l’occasion des présidentielles de 2017.
– Il ­n’y a rien d
­ ’impossible : ainsi le président Idriss Déby en faisant la guerre
contre Boko Haram et pour maintenir la paix au Sahel, vient d ­ ’obtenir en
septembre 2017 les dividendes de sa lutte contre le terrorisme : un plan de
développement sur 5 ans (2017-2021) avec objectif émergence en 2030,
financement qui lui aurait été refusé si on avait pris en compte que ses capa-
cités de réforme, il occupe encore le 3e rang des pays les plus pauvres du
monde. Soumis à des attaques de ­l’extérieur, à la présence de 400 000 réfu-
S cientifique

giés, à des migrations climatiques le Tchad verrou du Sahel, et poste de


commandement de ­l’opération barkhane tire paradoxalement une manne
de la guerre.
– Il ­n’y a q
­ u’une conviction profonde : le développement a besoin du terreau
de la paix si l­’Afrique veut pouvoir rebondir sur des résultats flatteurs : 10 des
20 économies les plus dynamiques de la planète sont africaines en 2016, en
2015 de parent pauvre des IDE ­l’Afrique est devenu eldorado. Même illusoire

122 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 122 13/10/2017 11:34


dans certaines données chiffrées la « moyennisation » des classes sociales
en Afrique est en cours. On pense bien sûr aux « petits prospères » du Niger
commerçants fonctionnaires, taximan avec activité connexe à ­l’emploi prin- ESSEC
cipal (ventes de sacs bijoux, mécanique) qui se disent ni riches ni pauvres
qui échappent à la survie au jour le jour. Certes on peut suspecter la middle
class d
­ ’être une muddle class (classe confuse) ? On ne peut oublier que pour
la Banque africaine de développement la classe moyenne commence à partir

C ORRIGÉ
­d’un pouvoir d ­ ’achat de deux dollars par personne et par jour (en parité des
pouvoirs d ­ ’achat). Mais iI y a dans l­’émergence des classes moyennes et
­l’accès à la consommation peut-­être un potentiel de baisse des conflits liés
à la pauvreté et aux inégalités. Cécile Nallet, Afrique contemporaine, 2012.
– Dans ­l’hypothétique Chindiafrique, ­l’Afrique par sa jeunesse rejoint le camp
des émergents asiatiques au-­delà de ­l’Afrique du Sud déjà présente dans
le G3 IBSA (avec Inde et Brésil). La gouvernance est à bonne école avec
la fondation Mo Ibrahim qui chaque année publie un indice évaluant les
avancées ou les reculs en matière de bonne gouvernance en Afrique, et
récompense depuis 2007 les dirigeants africains qui incarnent un « leadership
­d’excellence » ­l’ancien président mozambicain Joaquim Chissano, ou encore
à ­l’ancien président sud-­africain Nelson Mandela ont été honorés et taisons
le fait que certaines années le prix ­n’a pu en être accordé.

HISTOIRE, GÉOGRAPHIE ET GÉOPOLITIQUE


Le chemin est encore long vers une paix salvatrice. ­L’Afrique reste mitée
de maillons faibles : le « Djihadistan » au Sahel péniblement endigué par les
opérations Serval-­Barkhane, la Somalie dans la Corne de l­’Afrique, les Kivus
en Afrique centrale, le Zimbabwe en Afrique australe. Dans de nombreux
États, dits les « démocratures » le désordre est un art de gouverner et de
faire ­l’impasse sur ­l’essentiel comme en RDC et la province du Kasai. De ce
fait nombreux sont les États africains qui enregistrent, selon l­’expression de
­l’économiste ghanéen Georges Ayittey, une « croissance sans développe-
ment », qui bénéficie à une poignée de riches sans toucher une majorité de
pauvres, voire de très pauvres. Cette croissance inégale condamne ­l’Afrique
à rester « un continent riche peuplé de pauvres » : la moitié de la popula-
tion y vit encore avec moins de 1,25 dollar par jour et Sylvie Brunel peut
encore légitimement poser la question « ­l’Afrique est-­elle si bien partie ? »
(ed. sciences humaines : 2014). « On ne peut raisonnablement parler de
développement sans sécurité », diagnostic de François Hollande au moment
de bâtir un partenariat France-­Afrique (déc 2013).
S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 123

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 123 13/10/2017 11:34


S UJET

MATHÉMATIQUES
Durée : 4 heures. Code sujet : 295

La présentation, la lisibilité, l­ ’orthographe, la qualité de la rédaction,


EM la clarté et la précision des raisonnements entreront pour une part
LYON
importante dans ­l’appréciation des copies.
Les candidats sont invités à encadrer dans la mesure du possible les
résultats de leurs calculs.
Ils ne doivent faire usage d­ ’aucun document : ­l’utilisation de toute
calculatrice et de tout matériel électronique est interdite. Seule
­l’utilisation ­d’une règle graduée est autorisée.
Si au cours de ­l’épreuve, un candidat repère ce qui lui semble être
une erreur ­d’énoncé, il la signalera sur sa copie et poursuivra sa
composition en expliquant les raisons des initiatives ­qu’il sera amené
à prendre.

S
UJET
MATHÉMATIQUES

1/4
Tournez la page S.V.P.
S cientifique

124 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 124 13/10/2017 11:34


S UJET
EM
LYON

MATHÉMATIQUES

2/4
S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 125

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 125 13/10/2017 11:34


S UJET

EM
LYON
MATHÉMATIQUES

3/4 Tournez la page S.V.P.


S cientifique

126 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 126 13/10/2017 11:34


S UJET
EM
LYON

MATHÉMATIQUES

4/4
S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 127

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 127 13/10/2017 11:34


EM
LYON
C ORRIGÉ
Par Jean-­L ouis Roque, external lecturer à  ESSEC Business School
(jlroque@me.com).

Problème 1
C ORRIGÉ

Partie 1

1. Elle n’est pas inversible car sa première colonne est nulle. En revanche sa deuxième
et sa troisième colonne forment ouvertement une famille libre — profondeurs différentes
for example — et nul ne peut alors ignorer que

rg A = 2.

2. C’est tout à fait trigonalement que nos yeux assénent

Spec A = {0, 2, 6},

et notre matrice est suffisamment(*) diagonalisable car elle possède trois valeurs propres
différentes alors que 3 est précisément son ordre.
 Lorsque n est un entier naturel non nul, nous avons pris l’habitude de qualifier de stars
les matrices d’ordre n qui possèdent justement n valeurs propres distinctes. Ce qualificatif
n’est pas du tout usurpé quand on a compris que ces matrices constituent le nec plus ultra
de la gente des matrices diagonalisables d’ordre n. Il est d’ailleurs officiellement exigé
de savoir que les sous-espaces propres des stars sont des droites vectorielles, c’est-à-dire
des espaces vectoriels de dimension 1.
3. Le lecteur habile en résolution de systèmes trouvera aisément et sans aucun produit
illicite que
2 3 2 3 2 3
1 1 1
E0 (A) = Vect 4 0 5 ; E2 (A) = Vect 4 −2 5 ; E6 (A) = Vect 4 −6 5 ,
0 0 6

en ayant bien entendu tenu compte de la consigne selon laquelle certaines entries doivent
impérativement être égales à 1. Cela étant, et parce que nous maîtrisons la grande histoire
de la diagonalisation et que nous respectons toutes les consignes, nous proposons
2 3 2 3
1 1 1 0 0 0
P = 4 0 −2 −6 5 et D = 4 0 2 0 5 ,
0 0 6 0 0 6

et tout le monde devrait y trouver son compte.


MATHÉMATIQUES

Partie 2 (*
(**
4. Nous devons y aller en deux temps.
B Soit P un élément de E. Vu les innombrables et officielles stabilités de l’environne-
S cientifique

ment polynomial, nous pouvons tout d’abord affirmer que

X(X − 1)P 0

(*) C’est une gentille allusion à une très importante condition suffisante de diagonalisation.

128 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 128 13/10/2017 11:34


est à coup sûr un polynôme réel et nous pouvons même ajouter que son degré ne devrait
pas excéder n + 1. Nous savons ensuite que la dérivation le ramenera docilement dans EM
l’espace Rn [X] et nous avons ainsi prouvé que T applique bien E dans E. LYON
B Quant à la linéarité de T , nous nous autoriserons à dire tout bêtement qu’elle repose,
essentiellement, sur celle de la dérivation.
� Nous sommes souvent étonnés de voir que, dans ce genre de sitations, d’aucuns traitent

C ORRIGÉ
la linéarité, avant d’avoir prouvé le côté « application ». C’est quand même quelque part
a world upside down… Pas vraiment sérieux tout cela !
5. Soit k appartenant à [[0, n]]. La polynomiale attitude(*) impose une articulation en deux
temps.
B Si k = 0, on a (X k )0 = 0 et il en résulte dans la foulée que T (X k ) = 0.
B Si k > 1, nous avons cette fois (X k )0 = kX k−1 , et un calcul enfantin amène alors à
T (X k ) = k(k + 1)X k − k2 X k−1 .
Grâce à l’important protocole de « matricialisation » on parvient alors gentiment à
2 3
0 −1
6 2 −4 7
6 7
6 .. 7
6 6 . 7
6 .. 7
6
M =6 . −k2
7
7.
6 .. 7
6
6 k(k+1) . 7
7
6 .. 7
4 . −n2 5
n(n+1)

les éléments « oubliés » étant assurément nuls.


� Le texte a supposé n > 2, ce qui nous a permis de faire figurer au moins les trois
premières colonnes de M . Si l’on avait autorisé les valeurs n = 0 ou n = 1, notre matrice
eut été sérieusement rétrécie et l’on aurait trouvé M = [ 0 ] dans le premier cas et
 �
0 −1
M=
0 2
dans le second.
6. La première colonne de M est nulle. La matrice M n’est donc pas inversible. Quant
aux autres colonnes de M , elles sont de visu de profondeurs différentes et elles forment
donc une famille libre. Nous devons alors impérativement clamer que
rg M = n.
Il reste maintenant à ressortir le Gaffiot(**) du linéariste pour affirmer que T n’est pas
bijectif et que
rg T = n.
MATHÉMATIQUES

(*) C’est un comportement exemplaire qui consiste, par exemple, à ne pas écrire X k−1 , lorsque k=0…
(**) En hommage à un très célèbre latiniste, nous appelons ainsi le dictionnaire officiel qui permet de passer de la langue vectorielle
à la langue matricielle et Lycée de Versailles.
S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 129

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 129 13/10/2017 11:34


Observons pour finir que le théorème de monsieur durang stipulant que B
EM
LYON dim Ker T = dim E − rg T,

le noyau de T est une droite vectorielle qui, depuis une fort belle lurette, contient le
polynôme 1. Autant dire alors que et c
l’in
C ORRIGÉ

Ker T = Vect (1) = R0 [X].


B

7. La matrice M est trigonale supérieure et nos mirettes murmurent à l’oreille que



Spec M = k(k + 1) | k 2 [[0, n]] .
et n
Un petit coup de Gaffiot plus loin, nous avons bien sûr également

Spec T = k(k + 1) | k 2 [[0, n]] .
con
Il suffit alors de se persuader que, lorsque l’entier k déambule dans [[0, n]], les nombres Nou
k(k + 1)

sont deux à deux distincts, et la très fameuse condition suffisante utilisée quelues lignes
et c
plus haut conduit à la diagonalisabilité de T .
raci
 Avec notre langage très personnel et comme nous l’avons évoqué supra, l’endo-
morphisme T est une authentique star et tous ses sous-espaces propres sont donc des
droites vectorielles. On retrouve ainsi, via une autre route, que
et n
dim Ker T = 1,
 Il
Cel
puisque tout le monde sait que Ker T = E0 (T ).
Aut
Partie 3 de l
On
8. On rappelle que pour gérer une problématique de produit scalaire on peut s’y prendre
en quatre points ou en cinq points. Il va être commode ici de le faire en cinq. Here we go ! 9. S
B Soit P et Q deux éléments de E. Les polynômes étant continus sur R, le produit P Q
est en particulier continu sur le segment [0, 1] et son intégrale a alors tout à fait droit de
cité. Ainsi, ' applique bien E ⇥ E dans R.
B La symétrie de ' ne mérite rien de plus que no comment puisque la multiplication et v
dans R est commutative. inté
On fixe Q 2 E. La linéarité de l’application
MATHÉMATIQUES

Z 1
P 7! P (x)Q(x)dx Elle
clas
0
S cientifique

repose avant tout sur celle de l’intégration, même si quelques arguments de distributivité
doivent venir émailler l’affaire.

130 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 130 13/10/2017 11:34


B Soit P 2 E. Nous avons
EM
Z 1
LYON
'(P, P ) = P (x)dx,
2
0

et cette quantité est ouvertement positive ou nulle car c’est carrément le cas de P 2 et que
l’intégration est croissante quand les bornes le veulent bien.

C ORRIGÉ
B Soit pour finir P appartenant à E vérifiant '(P, P ) = 0. Cela s’écrit
Z 1
P 2 (x)dx = 0,
0

et nous mettons alors en avant les réalités suivantes :


B les bornes d’intégration sont différentes ;
B la fonction intérieure — la fameuse intégrande — est continue et de signe
constant sur [0, 1].
Nous sommes alors supposés savoir en déduire que

8x 2 [0, 1], P 2 (x) = 0 i.e. P (x) = 0,

et comme le segment [0, 1] est un ensemble infini, le polynôme P possède une infinité de
racines, ce qui ne lui présage pas un très grand avenir ! Bref,

P = 0,

et nous pouvons envisager la suite.


 Il y a de nombreux produits scalaires archi renommés sur les espaces de polynômes.
Celui qui nous concerne est celui d’Adrien-Marie Legendre sur le segment [0, 1].
Autre chose, le texte garde dans toute la suite la notation ' pour le produit scalaire, au lieu
de lui substituer une notation genre < , >, comme cela se pratique pourtant très souvent.
On peut sûrement regretter ce choix.
9. Soit P et Q deux éléments de E. Nous avons
Z 1
� �
' T (P ), Q = T (P )(x)Q(x)dx
0

et vu les origines dérivatives de T (P ) nous sommes quasiment contraints de nous


intérésser aux deux applications
MATHÉMATIQUES

u : x 7! Q(x) et v : x 7! x(x − 1)P 0 (x).

Elles sont, très polynomialement, de magnifique classe sur R et tout particulièrement de


classe C 1 sur le segment [0, 1] et l’on a
S cientifique

8x 2 [0, 1], u0 (x) = Q0 (x) et v 0 (x) = T (P )(x).

ANNALES CCIR 2017-2018 l 131

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 131 13/10/2017 11:34


Au vu et au su du faciès de v, il est totalement indéniable que et a
EM
⇥ ⇤1 Seu
LYON uv 0
= 0, et c

et le théorème d’intégration por partes apporte alors sur un plateau l’égalité espérée qui
peut plus élégamment s’écrire
C ORRIGÉ

� �
Z 1 Com
' T (P ), Q = x(1 − x)P 0 (x)Q0 (x)dx. con
0
B

10. Soit à nouveau P et Q appartenant à E. D’après la précédente question nous avons élém
déjà
Z 1
� �
' T (P ), Q = x(1 − x)P 0 (x)Q0 (x)dx,
0

et grâce à un gentil swap(P, Q) et la symétrie du produit scalaire, nous revendiquons Bre


également élém
Z 1
� �
' P, T (Q) = x(1 − x)Q0 (x)P 0 (x)dx. Par
0

Il s’ensuit alors commutativement que 12.


� � � �
' T (P ), Q = ' P, T (Q) ,

chronique d’une symétrie attendue. On retrouve ainsi, mais via le théorème spectral, la

diagonalisabilité de T . En revanche, cela ne permet pas de redémontrer son immense côté
star… D
11.a. Soit P appartenant à E. Grâce à l’élégante égalité mise en place à la question 9, sym
nous avons on
sim
Z 1
� � � �2
' T (P ), P = x(1 − x) P 0 (x) dx, tou
0

et il suffit d’utiliser la même argumentation que celle développée au quatrième point de 13.
la question 8, après avoir carrément observé que pro
� �2
8x 2 [0, 1], x(1 − x) P 0 (x) > 0.

b. Nous nous y prenons en deux temps.


B Soit P appartenant à E vérifiant
� �
' T (P ), P = 0. et g
MATHÉMATIQUES

Cela s’écrit Z 1 � �2
x(1 − x) P 0 (x) dx = 0,
0
E
et en utilisant la même rhétorique qu’au cinquième point de la 8, nous parvenons cette
S cientifique

fois à � �2 le s
8x 2 [0, 1], x(1 − x) P 0 (x) ,
Les
sym

132 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 132 13/10/2017 11:34


et autant dire alors que, pour tous les réels x de l’ouvert ]0, 1[, nous avons P 0 (x) = 0.
Seulement voilà, l’ouvert ]0, 1[ est un ensemble tout aussi infini que son cousin segment EM
et c’est exactement comme supra que nous assénons que LYON

P 0 = 0.

C ORRIGÉ
Comme R est un intervalle, il doit naturellement s’ensuivre que P est un polynôme
constant.
B Supposons, réciproquement, que P soit un polynôme constant, c’est-à-dire un
élément de R0 [X]. La kernly question 6 oblige T (P ) = 0 et l’on a a fortiori
� �
' T (P ), P = 0.

Bref, les polynômes recherchés sont exactement les polynômes constants, c’est-à-dire les
éléments de R0 [X].

Partie 4

12. C’est à la surprise générale que l’on découvre que

MatB (T ) = A,

où A a été apercue lors de la première partie.


D’aucuns pourraient être complètement défaits de trouver, pour l’endomorphisme
symétrique T , une matrice qui n’est absolument pas symétrique ! Cependant et quand
on domine son cours, il n’y a aucun péril en la demeure. Cet état de chose démontre
simplement que la base B n’est pas orthonormale pour le produit scalaire ', et puis c’est
tout !
13. La question 3 de la première partie s’est chargée de mettre en avant les éléments
propres de la matrice A, en l’occurrence

Spec A = {0, 2, 6},


2 3 32 2 3
1 1 1
E0 (A) = Vect 4 0 5 ; E2 (A) = Vect 4 −2 5 ; E6 (A) = Vect 4 −6 5 ,
0 0 6
et grâce à un petit coup de Gaffiot, nous en déduisons ceux de l’endomorphisme T à savoir
MATHÉMATIQUES

Spec T = {0, 2, 6},

E0 (T ) = Vect (1) ; E2 (T ) = Vect (1 − 2X) ; E6 (T ) = Vect (1 − 6X + 6X 2 ),


S cientifique

le spectre ayant été également et par ailleurs obtenu lors de la question 7.


Les pros de la fabrication de bases orthonormales propres pour les endomorphismes
symétriques connaissent farpaitement la musique. Il faut uniquement

ANNALES CCIR 2017-2018 l 133

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 133 13/10/2017 11:34


B obtenir des bases orthonormales de chacun des sous-espaces propres par le biais, la Soit
EM plupart du temps, du fameux procédé de Jorgen Gram et Ehrard Schmidt ;
LYON
B concaténer tout cela en tenant compte des consignes, si consignes il y a.
Here we go !
B Les sous-espaces propres étant ici de dimension 1, les Gram Schmidt process
la li
C ORRIGÉ

permettant d’obtenir des bases orthonormales sont réduits à peau de chagrin ! Il suffit
form
en effet de procéder à de toutes bêtes divisions par la norme correspondante. As usual,
base
nous noterons || || la norme euclidienne attachée au produits scalaire ' et nous avons donc
Z 1
||1||2 = dx,
0

et Mai
de C
Z Z
1 1
orth
||1 − 2X||2 = (1 − 2x)2 dx ; ||1 − 6X + 6X 2 ||2 = (1 − 6x + 6x2 )2 dx.
0 0

Des calculs genre « amie de la poésie bonsoir ! » conduisent alors à


est e
1 1 dire
||1|| = 1
2
; ||1 − 2X|| =
2
; ||1 − 6X + 6X || = ,
2 2
3 5
et nous avons pour bases orthonormales respectives de nos espaces propres les familles
�p � �p �
(1) ; 3(1 − 2X) ; 5(1 − 6X + 6X 2 ) .
don
rem
B la concaténation qui respecte la consigne de croissance, produit alors la base
orthonormale U
� p p �
C = 1, 3(1 − 2X), 5(1 − 6X + 6X 2 ) ,
qui devrait satisfaire everybody.
est
14. Nous ne sommes évidemment pas surpris par l’égalité
qua
2 3
0 0 0
MatC (T ) = 4 0 2 0 5 ,
0 0 6 l’en
et comme nous maîtrisons habilement la diagonalitude, nous sommes pratiquement Si E
contraints de définir matriciellement notre endomorphisme V par app
2 3
MATHÉMATIQUES

0 p0 0
MatC (V ) = 4 0 2 p0 5 .
0 0 6
On
lequ
Il est en effet tout à fait évident que V = T et nous ajoutons que C étant orthonormale,
2
S cientifique

notre nouveau venu V est un endomorphisme symétrique de E puisque les matrices


diagonales réelles sont évidemment symétriques réelles et qu’il existe sur le marché une ce q
fondamentale caractérisation matricielle de la symétrie. uniq

134 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 134 13/10/2017 11:34


Soit alors pour finir un élément P de E et notons
EM
2 3
a LYON
4b5 (1)
c

la liste de ses coordonnées dans notre base orthonormale. Ce n’est qu’une matricielle

C ORRIGÉ
formalité que de déduire que la liste des coordonnées de V (P ), toujours dans la même
base, est 2 3
0
6 p 7
4 2b5. (2)
p
6c
Maintenant, et au risque de fortement radoter, nous insistons adonf sur l’orthonormalité
de C qui permet de mettre en exergue l’awesome propriété « produit scalaire en base
orthonormale ». Cette dernière affirme que le produit scalaire
� �
' V (P ), P

est exactement le produit scalaire canonique des deux colonnes (1) et (2) supra, c’est-à-
dire 2 3
0
6 p 7 p p
[ a b c ] · 4 2 b 5 = 2 b2 + 6 c2 ,
p
6c
dont la positivité n’aura échappé à personne. Il semble alors bien que notre contrat soit
rempli.
Un endomorphisme symétrique u d’un espace euclidien (E, < , >) vérifiant

8x 2 E, < u(x) , x > > 0,

est appelé endomorphisme symétrique positif et c’est d’ailleurs une notion importante
quasiment à la limite du programme officiel. On note parfois

s (E)
L+

l’ensemble des endomorphismes symétriques positifs de E.


Si E est maintenant un espace vectoriel quelconque et si u est un endomorphisme de E, on
appelle assez naturellement « racine carrée » de u, tout endomorphisme r de E, vérifiant
MATHÉMATIQUES

r2 = u.

On démontre alors — c’est un exercice très classique — the square root theorem selon
lequel
S cientifique

8u 2 L+ s (E), 9 ! r 2 L+
s (E), r2 = u,
ce qui, en français, signifie que tout endomorphisme symétrique positif u possède une
unique racine carrée symétrique positive r.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 135

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 135 13/10/2017 11:34


Mettons-nous bien d’accord, l’endomorphisme u peut posséder une palanquée de racines son
EM carrées, mais, parmi les endomorphismes symétriques positifs, il en possède une et une
LYON seule et elle est internationalement notée
�D
qu’
u1/2 . exi
dém
Forts de toutes ces informations, il semble que le texte nous ait fait découvrir un don
C ORRIGÉ

endomorphisme V qui n’est autre que �C


l’in
V = T 1/2 . n’e
La partie « existence » de V a été parfaitement couverte, mais on peut sûrement regretter
que la partie « unicité » ait été complètement occultée. Une autre fois peut-être…

Problème 2 2. S
Partie 1

1. Soit x un élément de I. Comme nous maîtrisons toutes les finesses(*) concernant les
fameuses fonctions « puissance », et comme
les
8t 2 [0, +1[, 1 + t2 > 0,

nous clamons la continuité sur [0, +1[ de la fonction

t 7!
1 , et l
(1 + t2 )x

à telle enseigne que l’intégrale définissant H(x) n’est impropre qu’en plus l’infini. Mais
il est indéniable que pui
1 1 1 3.a
⇠ et 8t > 1, > 0.
(1 + t2 )x t!+1 t2x t2x

Comme x appartient à I, nous avons 2x > 1, ce qui assure une paisible existence à la
référence riemannienne Z +1
dt ,
1 t2x b
et, par équivalence en signe positif, il devrait en être de même de la cousine l’in
Z +1
dt .
1 (1 + t2 )x

L’intégrande de cette dernière étant, depuis longtemps, continue sur [0, +1[, un important No
théorème de Michel Chasles — cf. la première remarque infra — assure que les deux
intégrales
MATHÉMATIQUES

Z +1 Z +1
dt dt
et
(1 + t2 )x (1 + t2 )x
son
1 0

(*) Et Dieu sait s’il y en a !


S cientifique

136 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 136 13/10/2017 11:34


sont de même nature et nous pouvons donc envisager la suite.
EM
� D’aucuns invoquent à cet endroit la relation de Chasles ! Il est totalement impossible LYON
qu’elle fasse le job puisque c’est une simple égalité qui n’a jamais eu vocation à prouver des
existences d’intégrales. En revanche le théorème de Chasles auquel nous faisons allusion,
démontre que, sous certaines conditions, quelques intégrales sont de même nature, et est
donc profondément au cœur du débat.

C ORRIGÉ
� Conformément à la requette du texte, nous avons établi que H est au moins définie sur
l’intervalle I. Le lecteur malin pourra vérifier que la preuve que nous venons de donner
n’est pas loin de révéler qu’en réalité

def H = I.

2. Soit x et y deux éléments de I vérifiant x < y, et t un élément de [0, +1[. Comme

1
6 1,
1 + t2
les pros de l’exponentiation doivent savoir en déduire que

1 1 ,
6
(1 + t2 )y (1 + t2 )x

et l’on en déduit immédiatement que

H(y) 6 H(x),

puisque l’intégration est croissante lorsque les bornes le veulent bien.


3.a. Vu la position géographique de 1 par rapport à sa montié, on a sans autre explication
Z +1 h i+1 ⇡
= .
dt
H(1) = = Arctan t
0 1+t 2 0 2

b. Comme n et n + 1 appartiennent à I la situation est sous contrôle et la linéarité de


l’intégration amène tout d’abord en douceur à
Z +1
� � t2
2n H(n) − H(n + 1) = 2n dt.
0 (1 + t2 )n+1

Nous observons alors que les deux fonctions

1
MATHÉMATIQUES

u : t 7! t et v : t 7! −
(1 + t2 )n

sont assurément et rationnellement de classe C 1 sur [0, +1[ et que


S cientifique

2n t .
8t 2 [0, +1[, u0 (t) = 1 et v 0 (t) =
(1 + t2 )n+1

ANNALES CCIR 2017-2018 l 137

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 137 13/10/2017 11:34


En outre et parce que n n’est pas nul, le produit uv a la limite finie 0 en plus l’infini. elle
EM Comme l’on a également uv(0) = u(0)v(0) = 0, le théorème d’intégration impropre by théo
LYON parts stipule que
� �
Z +1 Com
2n H(n) − H(n + 1) =
dt ,
0 (1 + t2 )n
ce qui n’est pas du tout pour nous déplaire.
il su
C ORRIGÉ

 Contre toute attente, nous sommes depuis un certain temps au XXIe siècle, mais le
théorème d’intégration impropre par parties n’est toujours pas au programme de nos
classes. Le lecteur obéissant devra donc rédiger cette intégration
B en annonçant first un réel A > 0 ;
 Il
B en procédant à une intégration par parties propre sur le segment [0, A] via les mêmes
fonctions u et v que celles que nous avons sélectionné supra ; Dan
logo
B en légitimant pour finir la possibilité de passer à la limite lorsque A tend vers plus
logo
l’infini.
un c
Il reste alors à redire pour la 6174ième fois que n n’est pas nul et que par conséquent et ce n
tout à fait mentalement
2n − 1
H(n + 1) = H(n).
2n
c. Voilà notre proposition. b.
que
n = input (’ Entrer une valeur de n : ’)
H = %pi/2
for i = 1 : n − 1 réal
H = (2 ⇤ i − 1) ⇤ H/(2 ⇤ i) ; de c
end
disp (’And the winner is ’) ; disp (H)

d. Une récurrence de Cotonou et un nanochouia d’habileté calculatoire viennent à bout


de l’affaire. Nous laissons au lecteur méfiant, le soin d’en rédiger les détails. Nou
Partie 2

4.a. La fonction ' est à n’en pas douter de classe(*) C 1 sur R et nous avons immédiatement
et i
8u 2 R, '0 (u) = eu + e−u ,
hyp
et il en résulte de visu que
8u 2 R, '0 (u) > 0.
Comme R est un intervalle, notre application ' est désormais strictement croissante qui
sur R et c’est déjà une excellente nouvelle. Comme elle y est continue et que, sans
aucune indétermination, nous avons
MATHÉMATIQUES

'(u) −−−−! −1 et '(u) −−−−! +1,


u!−1 u!+1
Que
(*) Nous n’avons pas lésiné sur la classe de ' car, comme le signale la maxime de Duracell, qui peut le plus, peut le moins. Nous résu
n’utiliserons cependant que sa dérivabilité en question a et sa classe C 1 en question b.
S cientifique

138 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 138 13/10/2017 11:34


elle réalise effectivement une bijection de R sur R, car il existe sur le marché un important
théorème de la bijection strictement monotone. EM
LYON
Comme
'(0) = 0 et lim (u) = +1,
u!+1
'

il suffit de se mettre la tête à l’envers pour asséner tranquillement que

C ORRIGÉ
'−1 (0) = 0 et lim '−1 (t) = +1,
t!+1

 Il y a ici un gros parfum de trigonométrie hyperbolique.


Dans la littérature, la fonction ' est appelée « sinus hyperbolique » et son international
logo est « sinh » et sa dérivée '0 est son compère « cosinus hyperbolique » ayant pour
logo « cosh ». Il est à noter que le formulaire de trigonométrie hyperbolique est presque
un copier-coller de celui de trigonométrie classique — dite trigonométrie circulaire — et
ce n’est pas vraiment étonnant car, si l’on en croit les formules de Leonhard, nous avons

8u 2 R, cosh(iu) = cos u et sinh(iu) = i sin u.

b. Soit x appartenant à I. Vu ce qui vient d’être narré à l’instant, on déduit aisément


que la fonction
u 7! '(u)
réalise une bijection croissante de [0, +1[ sur lui-même et selon l’important théorème
de changement de variable, nous déduisons que
Z +1
'0 (u)
H(x) = � �x du.
0 1 + '2 (u)

Nous avons déjà observé que

eu + e−u ,
8u 2 R, '0 (u) =
2
et il est très facile de parvenir — c’est la formule fondamentale de la trigonométrie
hyperbolique — à l’égalité

8u 2 R, cosh2 u − sinh2 u = 1,

qui se décline ainsi en


⇣ eu + e−u ⌘2
.
MATHÉMATIQUES

8u 2 R, 1 + '2 (u) =
2
Quelques simplifications tranquilles et un nanochouia de linéarité conduisent alors au
résultat souhaité, que nous préférons écrire
S cientifique

Z +1
H(x) = 22x−1 (eu + e−u )1−2x du.
0

ANNALES CCIR 2017-2018 l 139

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 139 13/10/2017 11:34


5.a. Soit u un réel positif ou nul. Après avoir mis en avant la désopilante banalité 7.a
EM un
LYON 0 6 e−u 6 eu , pui

nous pouvons passer à la question suivante.


b. Soit x appartenant à I et u appartenant à R+ . Comme 1 − 2x est négatif, il résulte
C ORRIGÉ

aisément de la précédente que ye


d’a
21−2x e−(2x−1)u 6 (eu + e−u )1−2x 6 e−(2x−1)u , la fi

qui se transforme positivement et opérationnellement en

e−(2x−1)u 6 22x−1 (eu + e−u )1−2x 6 22x−1 e−(2x−1)u . et c

Vu qu’en réalité 2x − 1 est strictement positif, il est bien connu que la référence
exponentielle nou
Z +1
pro
e−(2x−1)u du
0 b
mène une paisible existence et vérifie l’égalité l’in
Z +1
1 .
e−(2x−1)u du =
2x − 1
exis
0

L’encadrement mis en place quelques lignes plus haut, la croissance de l’intégration —


les bornes n’y sont pas opposées ! — et un picochouia de linéarité permettent alors de
conclure tranquillement l’affaire.
6. Il est tout d’abord évident que exis
1
−−−−! +1,
2x − 1 x!1/2
x>1/2
Soi
et vu la partie gauche de l’encadrement de la toute récente question b, c’est by squeeze à
l’infini que nous assénons que

H(x) −−−−! +1. sem


x!1/2
x>1/2

Notons ensuite que


22x−1 −−−−! 1,
ains
x!1/2
x>1/2
MATHÉMATIQUES

de sorte que, quasi mentalement

1 .
H(x) ⇠ c
x!1/2 2x − 1
x>1/2
de t
S cientifique

Partie 3

140 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 140 13/10/2017 11:34


7.a. Il y a sûrement bien des manières d’aborder une telle question. Nous optons pour
un argument de concavité. La fonction u 7! ln(1 + u) est concave sur l’intervalle [0, 1] EM
puisqu’elle y est ouvertement de classe C 1 et que sa dérivée, en l’occurrence, LYON

1
u 7! ,
1+u

C ORRIGÉ
y est assurément décroissante. Comme l’équation de la corde tendue entre les points
d’abscisses 0 et 1 a une équation qui devrait rappeler de bons souvenirs aux potaches de
la fin du collège, nous nous permettons d’en déduire que

8u 2 [0, 1], ln(1 + u) > ln 2 u,

et comme nul ne peut ignorer que


1,
ln 2 >
2
nous pouvons savourer notre plaisir en signalant, cependant, que la positivité de certains
protagonistes a été fortement appréciée.
b. Il est normalement recommandé de savoir que, tout réel strictement positif σ,
l’intégrale
Z +1
2 2
e−t /2σ dt
−1
p
existe et vaut σ 2⇡. Un joli argument de parité fait alors que sa moitié de copine
Z +1
2
/2σ 2
e−t dt
0

existe également et que r


Z +1
2
/2σ 2 ⇡.
e−t dt = σ
0 2
Soit alors x 2 I. Ce dernier étant strictement positif, le choix
1
σ=p
x

semble parfaitement judicieux et nous revendiquons ainsi l’existence de l’intégrale


Z +1
2
e−xt /2
dt,
0

ainsi que la valeur r


Z +1
MATHÉMATIQUES

2 ⇡.
e−xt /2
dt =
0 2x

c. Soit x appartenant à I et t appartenant au segment [0, 1]. Comme c’est aussi le cas
de t2 , il résulte du récent a légèrement exponentié que
S cientifique

2
1 + t2 > et /2
,

ANNALES CCIR 2017-2018 l 141

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 141 13/10/2017 11:34


et l’élévation à la puissance négative −x devrait nous déposer en douceur sur et c
EM
2
LYON 0 6 (1 + t2 )−x 6 e−xt /2
,

la positivité ajoutée sur le côté gauche, ne pouvant troubler que certains neurasthéniques
8. S
chroniques. La croissance de l’intégration — encore elle ! — assure alors que
suffi
C ORRIGÉ

Z 1 Z 1
2
loga
06 (1 + t2 )−x dx 6 e−xt /2
dt,
0 0 a
term
puisque les bornes l’ont bien voulu, et il reste à évoquer la positivité d’une certaine
intégrande stipulant que
Z 1 Z +1
et le
2 2
e−xt /2
dt 6 e−xt /2
dt,
0 0

pour que le récent b se charge de conclure l’affaire.


d. Soit à nouveau x appartenant à I. Étant très bien entendu que
perm
1 1
8t > 1, 06 6 2,
1 + t2 t
et que 2x − 1 est positif, nous revendiquons Seu
1 1
8t > 1, 06 6 2x ,
(1 + t2 )x t

et comme la référence riemannienne b.


Z +1
dt , de R
1 t2x

a déjà eu l’occasion de faire parler de son existence, c’est par le sempiternel argument de
croissance déjà utilisé mille fois que Tou
Z Z test
ges
+1 +1
dt dt .
06 6
1 (1 + t2 )x 1 t2x c.
Le lecteur rompu aux références intégrales et à leurs valeurs — quand elles existent la s
s’entend ! — n’oserons pas contredire l’égalité
Z +1
dt 1 , son
=
t2x 2x − 1 nou
MATHÉMATIQUES

1
dan
et nous pouvons donc passer à la question suivante.
e. Soit x 2 I. Il résulte des deux dernières question et de la relation de Chasles que
r ce q
S cientifique

⇡ 1 ,
0 6 H(x) 6 +
2x 2x − 1

142 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 142 13/10/2017 11:34


et c’est grâce à un très gentil squeezing process que l’on parvient à
EM
H(x) −−−−! 0. LYON
x!+1

8. Soit n 2 N⇤ . Notons avant de commencer que la question 3.d de la première partie


suffit à mettre en lumière l’indispensable stricte positivité de H(n), sans laquelle son

C ORRIGÉ
logarithme… Tout est donc sous contrôle.
a. Soit derechef n 2 N⇤ . Grâce à la question 3.b et à notre passage sur les bancs de la
terminale scientifique, nous avons
⇣ 1 ⌘ 1 ⇣ 1 ⌘,
un+1 − un = ln 1 − + ln 1 +
2n 2 n
et le développement limité officiel au voisinage de 0

u2
ln(1 + u) = u − + o(u2 ),
2
permet d’en déduire en un tournemain que
3 ⇣1⌘
un+1 − un = − + o .
8n2 n2
Seulement voilà, cette dernière assertion est exactement la définition de l’équivalence
3 .
un+1 − un ⇠ −
n!+1 8n2

b. Nous mettons en avant l’équivalence obtenue à l’instant, la convergence de la série


de Riemann de paramètre 2 ainsi que le crucial argument de signe
3
8n > 1, − 6 0.
8n2
Tout cela devrait satisfaire tout le monde, puisqu’il existe sur le marché un important
test d’équivalence en signe (localement) négatif, un argument de picolinearity — pour la
gestion de la constante −3/8 — ayant cependant participé aux rouages de la machine.
c. Nul ne peut officiellement ignorer la géniale « passerelle suite-série » selon laquelle
la suite (un ) et la série X
(un+1 − un ),
n>1

sont de même nature. Il ressort alors du récent b que la suite (un ) est convergente et nous
nous empressons de noter ` sa limite. La légendaire continuité de l’exponentielle stipule
MATHÉMATIQUES

dans la foulée que


eun −−−−! e` ,
n!+1

ce qui, après notre passage sur les bancs de la fin du lycée, se métamorphose en


S cientifique

p
H(n) n −−−−! e` .
n!+1

ANNALES CCIR 2017-2018 l 143

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 143 13/10/2017 11:34


Comme le réel e` n’est pas nul, cette dernière « flèche » de limite se transforme en ont
EM l’équivalence p san
LYON H(n) n ⇠ e` ,
n!+1

et il reste à proposer
K = e` ,
C ORRIGÉ

en insistant fortement sur sa criante positivité stricte. �L


défi
9. Il s’agit d’une de ses parfois délicates problématiques de passages de propriétés
concernant des integers à des propriétés analogues portant sur des reals dans lesquelles
le concept de « partie entière » est souvent fortement sollicité.
Soit donc x un réel, que nous supposons confortablement supérieur ou égal à 1 et profitons-
en pour noter et q
nx = bxc.
Soi
Étant donné que, nous avons entièrement var

1 6 nx 6 x 6 nx + 1,

et que H est décroissante sur I, nous avançons tranquillement que le r


les
H(nx + 1) 6 H(x) 6 H(nx ), pre
se t
et comme à l’évidence
nx −−−−! +1,
x!+1

la précédente question, profitant du caractère integer de nx , ne laisse aucune place au


doute. Nous devons avoir tout d’abord Avi

H(nx ) ⇠ p
K
et H(nx + 1) ⇠ p
K . (eq) Par
x!+1 nx x!+1 nx + 1
10.
Seulement voilà, comme nul ne s’opposera à l’équivalence ou
que
nx + 1 ⇠ nx ,
x!+1

et qu’il est officiellement indéniable que


Qu
buc ⇠ u, 11.
caï
u!+1

nous pouvons très largement améliorer les deux équivalences (eq) en les transformant en
MATHÉMATIQUES

p ,
K K
H(nx ) ⇠ p et H(nx + 1) ⇠
x!+1 x x!+1 x

puisque l’équivalence est, entre autres, légendairement compatible avec les légales
élévations à la puissance 1/2. Les deux extrêmes de l’encadrement supra b
S cientifique

H(nx + 1) 6 H(x) 6 H(nx ),

144 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 144 13/10/2017 11:34


ont donc le même équivalent et c’est par un squeeze d’équivalence, que le lecteur justifiera
sans peine, que nous assénons EM
LYON

p .
K
H(x) ⇠
x!+1 x

C ORRIGÉ
� La fonction H a des liens très étroits avec la célèbre fonction W de John Wallis facilement
définie sur ]−1, +1[ par
Z ⇡/2
8x > −1, W (x) = cosx u du,
0

et qui avait déjà fait parler d’elle dans le sujet de la même école de l’année 1996.
Soit en effet x appartenant à I. Le lecteur pugnace constatera que, via le changement de
variable t = tan u, effectué sur l’intégrale H(x), il s’avère que

H(x) = W(2x − 2),

le réel 2x − 2 étant, fort heureusement, strictement supérieur à −1. Dans ces conditions,
les habitués de la sphère wallisienne ne doivent pas être surpris par les résultats de la
première partie et pire, ils se doivent de connaître la vraie valeur de la constante K, qui
se trouve, en réalité, être la magnifique
p
⇡.
K=
2
Avis aux amateurs !

Partie 4

10. La fonction f est parfaitement définie sur R, elle y est ouvertement à valeurs positives
ou nulles, elle n’a manifestement qu’une seule discontinuité et nous avons déjà signalé
que H(1) existe et que
H(1) = .

2

Quod quaeris !
11.a. Soit x un nombre réel. Une gentille gestion des facettes de l’application f conduit
caïman mentalement à
8
<0 si x 6 0,
MATHÉMATIQUES

FX (x) = 2
: Arctan x si x > 0.

b. Étant donné que


S cientifique

t 1,

1 + t2 t!+1 t

ANNALES CCIR 2017-2018 l 145

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 145 13/10/2017 11:34


le lecteur maîtrisant ses classiques — signe ambiant, références riemanniennes, test des
EM équivalents — concluera que X ne possède pas d’espérance et qu’en conséquence elle a
LYON encore moins de variance.
12. Soit n 2 N⇤ . On ne le répétera jamais assez, Mn n’est absolument pas le maximum des
variables aléatoires X1 , . . . , Xn , pour la simple et bonne raison qu’elles n’en possèdent
pas, mais en revanche et même si cela dérange, nous avons plutôt
C ORRIGÉ

Mn = sup(X1 , . . . , Xn ).

a. Soit x un nombre réel. La sempiternelle lapalissade du « sup » se traduit as usual


par
n
⇥ ⇤ \ ⇥ ⇤
Mn 6 x = Xi 6 x ,
i=1

ce qui a déjà le privilège, comme nous allons bientôt le constater, de démontrer que Mn
est une variable aléatoire sur l’espace probabilisé sur lequel sont définies les variables Xi
et que nous nous permettrons de baptiser (⌦, A, p), puisque le texte n’a pas jugé bon de
le faire.
Pour chaque entier i 2 N⇤ , puisqu’il est précisé que Xi est une variable aléatoire réelle
sur notre espace, nous sommes tenus de savoir que
⇥ ⇤
Xi 6 x 2 A,

et comme les tribus sont, entre autres, stables par intersection finie, nous avons également
⇥ ⇤
Mn 6 x 2 A,

ce qui termine ce petit épisode tribal. Cela étant, et compte tenu de la mutuelle
indépendance et de l’isonomie — la même loi — des variables Xi , nous assénons très
nautiquement que � �n
FMn (x) = FX (x) .

� En vue d’argumentation future, nous allons quelque peu approfondir l’affaire. Les
origines densitaires de la variable X font que la fonction FX est ouvertement continue
sur R et de classe C 1 sur R⇤ et ces deux propriétés sont généreusement transmises à la
fonction
FMn = FXn .
Bref, la variable aléatoire Mn est également à densité et nous saurons nous en souvenir.
b. Notons momentanément µ — comme Machin ! — la fonction parfaitement définie
sur ]0, +1[ par
MATHÉMATIQUES

1
8u 2 ]0, +1[, µ(u) = Arctan u + Arctan .
u
(*)
Elle est très pertinemment dérivable sur R⇤+ et l’on a presque mentalement
S cientifique

8u 2 ]0, +1[, µ0 (u) = 0.

146 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 146 13/10/2017 11:34


Seulement voilà, il se trouve que ]0, +1[ est un authentique intervalle de R ce qui permet
à la fonction µ d’y réclamer sa constance, et comme EM
LYON
⇡...
µ(1) = 2 Arctan 1 =
2

 Voici une vieille anecdote qui devrait éveiller les méfiances de nos lecteurs dévoués.

C ORRIGÉ
Notre gentille fonction µ est en réalité farpaitement définie et dérivable sur R⇤ et un jour
d’un certain mois de mai des années 80 un texte de concours, que nous ne nommerons
pas, demandait le calcul de µ(u) pour tout u réel non nul. On a évidemment comme supra

8u 2 R⇤ , µ0 (u) = 0,

et, à l’époque, pas loin de 98% des candidats ont dramatiquement répondu que µ était
constamment égale à ⇡/2 sur R⇤ alors que la réalité est bien différente puisque
8⇡
> si u > 0,
1 <2
8u 2 R⇤ , µ(u) = Arctan u + Arctan =
u :> ⇡
− si u < 0,
2
ce qui constitue d’ailleurs l’un des aspects des fameuses formules de John Machin.
Au risque de radoter, cette anecdote mérite que l’on clame dans les chaumières qu’une
dérivée nulle n’a pratiquement jamais entraîné une constance vu que les intervalles de R
sont rares(*), voire très très rares !
Il nous reste maintenant à justifier une gentille équivalence. Nous le faisons, par exemple,
en notant que
Arctan 0 = 0 et Arctan0 0 = 1,
et en s’appuyant sur la définition et sur quelques conséquences de la dérivabilité ponctuelle
que nous résumons dans le résultat suivant.
dérivabilité et équivalence
Soit f une application numérique de variable réelle définie sur un voisinage V de 0. On
suppose que f est dérivable en zéro. Alors,
i. on a, au voisinage de 0, et quoi qu’il arrive

f (u) − f (0) = uf 0 (0) + o(u) ;

ii. en outre, si f 0 (0) 6= 0, on a l’équivalence

f (u) − f (0) ⇠ uf 0 (0).


u!0
MATHÉMATIQUES

Bien entendu, tout le monde aura bien reconnu ici les premiers pas vers l’exquis théorème
de Brook Taylor, William Henry Young et l’acolyte Colin Maclaurin !

(*) Si l’on choisit au hasard une partie de R, la probabilité qu’il s’agisse d’un intervalle est nulle ! So…
S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 147

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 147 13/10/2017 11:34


c. Soit x un réel quelconque pour l’instant et organisons-nous un poquitı́n. B
EM
B Si x est strictement positif, étant donné les strictes positivités des uns et des autres(*)
LYON
nous avons sans ambage
⇥ ⇤ h n i,
Zn 6 x = Mn >
x qui
et cela démontre que
C ORRIGÉ

⇥ ⇤
Zn 6 x 2 A,
puisque Mn a récemment gagné ses galons de variable aléatoire réelle sur (⌦, A, p). Vu
B Si x est maintenant négatif ou nul, il est positivement acquis que
⇥ ⇤
Zn 6 x = ?, l’éq

et il est bien connu que l’ensemble vide appartient à toutes les tribus du monde ! Nous
avons ainsi établi que Zn est également un authentique alea numérique sur notre espace nou
probabilisé.
� Le texte semble faire fi des problématiques tribales que nous avons cru bon de mettre
en avant par deux fois. Nous nous sommes donc sentis obligés de combler ces manques
que
car n’est pas variable aléatoire qui veut, même si…
Revenons maintenant à nos moutons en annonçant x > 0. D’après ce que nous venons
de constater, nous avons déjà
⇣ Com
n⌘ ⇣n⌘
,
p(Zn 6 x) = p Mn > = 1 − FMn
x x

la dernière égalité reposant fermement sur la providentielle avancée densitaire que nous
avons faite à l’issue de la question 12.a ainsi que sur l’adage bien connu selon lequel et p
les variables à densité ne chargent rien sur leur passage. La stricte positivité de n/x, les
questions 11.a, 12.a et la formule de Machin de la 12.b font alors in fine que tour à tour
⇣2 n ⌘n ⇣ x ⌘n ,
p(Zn 6 x) = 1 − Arctan
2
= 1 − 1 − Arctan Aut
⇡ x ⇡ n

ce qui ne peut que nous satisfaire.


d. Soit n un entier naturel non nul, x un nombre réel et reprenons notre indispensable Le
organisation.
B Si x est négatif ou nul, il est quasiment dit un peu plus haut que

FZn (x) = 0,
et l
et il en ressort évidemment que
MATHÉMATIQUES

FZn (x) −−−−! 0.



n!+1

auto
(*) Celle de Mn repose sur l’excellente idée du texte d’imposer des Xi à valeurs strictement positives !
S cientifique

148 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 148 13/10/2017 11:34


B Si x > 0, le lecteur futé vérifiera aisément la stricte positivité du réel
EM
2
Arctan ,
x LYON
1−
⇡ n
qui autorise la neperienne action grâce à laquelle
⇣ 2 x ⌘n ⇣ 2 x ⌘.

C ORRIGÉ
ln 1 − Arctan = n ln 1 − Arctan
⇡ n ⇡ n
Vu qu’il est indéniable que
2 x
Arctan −−−−! 0,
⇡ n n!+1
l’équivalence standard
ln(1 + u) ⇠ u
u!0

nous amène gentiment vers


⇣ 2 x ⌘n 2n
Arctan ,
x
ln 1 − Arctan ⇠ −
⇡ n n!+1 ⇡ n
que la fin de la récente question b métamorphose transitivement en
⇣ 2 x ⌘n 2x
ln 1 − Arctan ⇠ − .
⇡ n n!+1 ⇡
Comme le right hand side ne dépend pas de n, il s’ensuit inexorablement que
⇣ 2 x ⌘n 2x
ln 1 − Arctan −−−−! − ,
⇡ n n!+1 ⇡
et puisque la fonction exponentielle est continue, nous avons également
⇣ 2 x ⌘n
1 − Arctan −−−−! e−2x/⇡ .
⇡ n n!+1

Autant dire alors que finalement

FZn (x) −−−−! 1 − e−2x/⇡ .


n!+1

Le résultat de toutes ces courses est donc


8
<0 si x 6 0,
8x 2 R, FZn (x) −−−−!
:
si x > 0,
n!+1
1 − e−2x/⇡
et l’impétrant expoaffuté concluera haut et fort que
MATHÉMATIQUES

L
Zn −−−−! Z,
n!+1

où Z est une variable aléatoire suivant la loi exponentielle de paramètre 2/⇡, ce qu’il est
autorisé de résumer en ⇣2⌘
.
L
S cientifique

Zn −−−−! E
n!+1 ⇡

ANNALES CCIR 2017-2018 l 149

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 149 13/10/2017 11:34


S UJET

MATHÉMATIQUES
Code sujet : 281
Durée : 4 heures.

La présentation, la lisibilité, l­ ’orthographe, la qualité de la rédaction,


ESSEC la clarté et la précision des raisonnements entreront pour une part
importante dans ­l’appréciation des copies.
Les candidats sont invités à encadrer dans la mesure du possible les
résultats de leurs calculs.
Ils ne doivent faire usage d­ ’aucun document. L ­ ’utilisation de toute
calculatrice et de tout matériel électronique est interdite. Seule
­l’utilisation ­d’une règle graduée est autorisée.
Si au cours de ­l’épreuve, un candidat repère ce qui lui semble être
une erreur ­d’énoncé, il la signalera sur sa copie et poursuivra sa
composition en expliquant les raisons des initiatives ­qu’il sera amené
à prendre.

S
UJET
MATHÉMATIQUES

Tournez la page S.V.P.


S cientifique

150 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 150 13/10/2017 11:34


S UJET
ESSEC

MATHÉMATIQUES
S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 151

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 151 13/10/2017 11:34


S UJET

ESSEC
MATHÉMATIQUES

Tournez la page S.V.P.


S cientifique

152 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 152 13/10/2017 11:34


S UJET
ESSEC

MATHÉMATIQUES
S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 153

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 153 13/10/2017 11:34


S UJET

ESSEC
MATHÉMATIQUES

Tournez la page S.V.P.


S cientifique

154 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 154 13/10/2017 11:34


S UJET
ESSEC

MATHÉMATIQUES
S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 155

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 155 13/10/2017 11:34


ESSEC
C ORRIGÉ
Par Jean-­L ouis Roque, external lecturer à  ESSEC Business School
(jlroque@me.com).

Nous signalons que la définition de l’extrémalité d’un point a peut être simplifiée en
C ORRIGÉ

x+y
8(x, y) 2 A2 , = a ) x = y,
2
et nous ne l’oublirons pas. Une autre chose, comme nous allons le rencontrer maintes
fois, nous noterons J le segment [0, 1].

Partie 0

1. Soit a un élément de l’ouvert ]0, 1[. Le plus simple est de faire un dessin et de distinguer
deux cas.
B Si 0 < a 6 1/2, les réels

et y = a + ,
a a
x=a−
2 2

appartiennent ouvertement à ]0, 1[, vérifient

x+y
=a
2
parce que l’on a tout fait pour, et sont manifestement très différents. Le point a n’est donc
pas extremal.
B Si 1/2 < a < 1, on procède mutatis mutandis mais avec cette fois

1−a 1 − a.
x=a− et y = a +
2 2

� Il eut été possible d’éviter les deux cas en considérant le réel

⌘ = min(a, 1 − a) > 0,

et en proposant
et y = a + ,
⌘ ⌘
x=a−
2 2
mais comme nous savons que les min, les max et autres inf et sup, donnent parfois des
MATHÉMATIQUES

migraines ophtalmiques à nos lecteurs…


2. Soit a appartenant cette fois au fermé J et organisons-nous naturellement.
B Si a appartient à l’ouvert ]0, 1[, grâce aux mêmes acolytes (*)
S cientifique

; y =a+ ,
⌘ ⌘
⌘ ; x=a−
2 2
qui ont permis au migraineux de réussir la question 1, le point a n’est pas extremal.
B Si a = 0, et si x et y sont deux éléments de J vérifiant

x+y
= 0, i.e. x + y = 0,
2

156 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 156 13/10/2017 11:34


le fieffé argument des sommes nulles de réels positifs ou nuls oblige x = y = 0 et 0 est
bel et bien extremal.
ESSEC
B Si a = 1, et si x et y sont deux éléments de [0, 1] vérifiant

x+y
= 1, i.e. (1 − x) + (1 − y) = 0,
2

C ORRIGÉ
le même fieffé impose x = y = 1, et nous pouvons envisager la suite.

Partie 1

Il suffit de bien ouvrir les mirettes pour constater que les matrices appartenant à A2 sont
exactement les matrices (2, 2) réelles, dont les entrées sont positives ou nulles et telles que
la somme des éléments de chaque ligne et de chaque colonne est égal à 1. Ces matrices
sont appelées matrices bitochasiques d’ordre 2 et elles seront généralisées à l’ordre n un
petit peu plus loin.
Les matrices bistochastiques jouent un grand rôle en mathématique et tout particulièrement
en calcul des probabilités.
3.a. No comment !
 Cette dernière et triviale égalité a cependant le privilège de mettre en lumière que A2
est l’ensemble des combinaisons convexes(*) des vecteurs I2 et J
⇥ ⇤
A2 = I2 , J ,

qui s’appelle « segment » d’extrémités I2 et J dans l’espace vectoriel réel M2 (R). La


notion de segment d’un espace vectoriel réel figurait dans l’ancien programme mais comme
il y a toujours de l’érosion…
b. Simple formalité, puisque lorsque ↵ et β appartiennent à I, on a mentalement

↵+β
2 I,
2
et il en résulte aussi facilement que

M↵ + Mβ
= M ↵+β , (mp)
2 2

jolie précision que nous appellerons « middle property » lorsque nous en aurons l’utilité.
 Nous insistons sur une chose importante. Le texte a décidé, manu militari, de n’autoriser
la notation Myo qu’à la condition sine qua non que « yo » soit un élément de I. Nous
saurons ne pas le perdre de vue.
c. Soit ↵ appartenant au segment [0, 1]. Nous avons aisément
MATHÉMATIQUES

det M↵ = 2↵ − 1,

(*) On appelle ainsi les importantes combinaisons linéaires à coefficients positifs de somme 1.
S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 157

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 157 13/10/2017 11:34


et par conséquent La
1.
ESSEC M↵ inversible , ↵ 6=
2
Supposons désormais que la matrice M↵ soit inversible. D’après l’incontournable formule
des cofacteurs nous revendiquons
et d
 �
C ORRIGÉ

1 ↵ ↵−1 ↵ ↵−1
M↵−1 = = I2 + J,
2↵ − 1 ↵ − 1 ↵ 2↵ − 1 2↵ − 1

et il faut alors s’organiser un peu. chr


B Si ↵ vérifie B
1
0<↵< ,
2
on a
↵ ↵−1
< 0 et > 0.
2↵ − 1 2↵ − 1 la s
Ces signes contraires nous font oublier la combinaison convexe et M↵−1 n’a aucune chance
d’appartenir à A2 .
B Si ↵ est maintenant tel que
1 et l
< ↵ < 1,
2 b
c’est mutatis mutandis que nous affirmons que M↵ n’appartient pas à A2 . est
pro
B Si ↵ = 0, on a alors
M↵−1 = J 2 A2 .

B Si ↵ = 1, on a cette fois
M↵−1 = I2 2 A2 . Sig
En résumé, lorsque M↵ est inversible, on a l’équivalence tou
c
M↵−1 2 A2 , ↵ = 0 ou ↵ = 1. soig

4. Nous commençons par deux utiles observations. Lorsque ↵ est un élément de I, nous
avons les anodines équivalences logiques No
N
M↵ = I2 , ↵ = 1 et M↵ = J , ↵ = 0.
peu
app
a. Nous les prenons l’un après l’autre.
son
B Soit ↵ et β deux éléments du segment I tels que
5.a
MATHÉMATIQUES

M↵ + Mβ
= I2 ,
2
ce qui, depuis quelques lignes, s’écrit également et i
S cientifique

M ↵+β = I2 .
2

158 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 158 13/10/2017 11:34


La première des anodines conduit alors à

↵+β ESSEC
= 1,
2

et d’après l’extrémale question 2, il advient que ↵ = β, c’est-à-dire

C ORRIGÉ
M↵ = Mβ ,

chronique d’une extrémalitude annoncée !


B Si maintenant nos deux compères vérifient

M↵ + Mβ
=J i.e. M ↵+β = J,
2 2

la seconde anodine amène cette fois et facilement à

↵+β
= 0,
2

et l’extrémale…
b. Vu l’idyllique position de ↵, les réels ↵ et 2↵ appartiennent docilement à I — tout
est donc sous contrôle — et comme depuis la nuit des temps J = M0 , la géniale middle
property garantit qu’effectivement

M2↵ + J .
M↵ =
2

Signalons maintenant que, because ↵ 6= 0, on sait que M2↵ 6= J et, compte tenu de notre
toute première mise au point, M↵ n’est extrémal.
c. On procède bien sûr mutatis mutandis en ayant pris cette fois la peine de justifier
soigneusement l’égalité
M2↵−1 + I2 .
M↵ =
2
Nous laissons au lecteur le soin de se charger de l’intendance.
 Nous prenons le temps de revenir sur le résultat de la récente question 3.c qui mérite un
peu de considération. Comte tenu des résultats de cette quatrième question, nous y avons
appris que les matrices M↵ qui sont inversibles et dont l’inverse appartient encore à A2
sont précisément les éléments extrémaux du segment A2 .
5.a. Soit λ un nombre réel. Nous avons
MATHÉMATIQUES

det (J − λI2 ) = λ2 − 1,

et il en ressort très tranquillement que déjà


S cientifique

Spec J = {−1, 1}.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 159

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 159 13/10/2017 11:34


C’est ensuite dans la même sérénité que notre dévoué lecteur trouvera est
 �  � app
ESSEC 1 1
E−1 (J) = Vect et E1 (J) = Vect .
−1 1

et n
 Nous laissons au lecteur malin le soin de découvrir au moins deux raisons menant à la
le f
diagonalisabilité de J.
C ORRIGÉ

7. L
b. C’est à la surprise générale que nous proposons
car
 �
1 1
P = ,
−1 1
pui
puisque les pros de la diagonalisation savent depuis peu qu’elle est inversible et que ma
 � a
−1 0
P −1 JP = , tou
0 1

Si maintenant ↵ est un élément de notre vénéré I, nous avons tour à tour


� �
 � la d
2↵ − 1 0
P −1 M↵ P = P −1 ↵I2 + (1 − ↵)J P = ↵I2 + (1 − ↵)P −1 JP = , déc
0 1
enc
les différents calculs ne posant aucune espèce de difficulté. Nous proposons alors
 �
2↵ − 1 0
D↵ = , et q
0 1
�P
ce qui devrait satisfaire tout le monde. sim
 Il y a ici un petit miracle dont nous devons causer. Notre géniale matrice P ne dépend la m
aucunement de ↵ et elle diagonalise pourtant toutes les matrices M↵ . On dit que ces
dernières sont codiagonalisables ou encore qu’elles sont simultanément diagonalisables.
c. Attention, il nous semble qu’il y ait une légère faute de frappe à cet endroit, mais On
cela n’engage que nous ! Nous préférons annoncer ↵ dans le semi-ouvert [0, 1[. D’après
la question précédente les matrices M↵ et D↵ sont semblables et par conséquent
et d
u↵ projecteur , D↵2 = D↵ ,

ce qui, très diagonalement, sur résume à


L’h
(2↵ − 1)2 = 2↵ − 1 i.e. 2(2↵ − 1)(↵ − 1) = 0.
Par
comme nous avons manu militari exclu 1 de l’affaire, il ne reste qu’un projecteur
Pou
MATHÉMATIQUES

convenable en l’occurrence u1/2 .


les
Partie 2 B

6. Comme il est dit que A est non vide il existe au moins un élément z 2 A et
S cientifique

0 = ||z − z||

160 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 160 13/10/2017 11:34


est un figurant de l’ensemble en question qui n’est donc pas vide. Soit maintenant v et w
appartenant à A. Selon l’inégalité du triangle, nous avons
ESSEC
||v − w|| 6 ||v|| + ||w|| 6 2R,

et notre ensemble est donc majoré par 2R. L’existence de sa borne supérieure repose sur
le fantastique — mais délicat, admis même ! — théorème de la borne supérieure.

C ORRIGÉ
7. L’hypothèse (H) fait que pour une fois — nous en verrons d’autres infra — l’on a
carrément
δ(A) = max 2 ||u − v||,
(u,v)2A

puisque l’on doit — on l’on devrait ! — savoir qu’un supremum atteint s’appelle un
maximum.
a. Selon l’inégalité du triangle et notre récente supposition nous avons simplement et
tour à tour

2δ(A) = 2||a − b|| = ||c − b + d − b|| 6 ||c − b|| + ||d − b|| 6 2δ(A),

la dernière inégalité procédant de ce qu’un supremum est avant tout un majorant et notre
découverte est grosso modo la première chose qui nous est demandée. On déduit de cet
encadrement pour le moins serré que
� � � �
δ(A) − ||c − b|| + δ(A) − ||d − b|| = 0,

et quand une somme de nombres manifestement positifs est nulle…


� Pardonnez-nous si nous oublions les futures questions b, c, d, e parce que, s’il s’agit
simplement de conclure, nous préférons passer par la formule du parallélogramme ou de
la médiane qui, pour chaque triplet (u, v, z) 2 E 3 , peut efficacement s’écrire
�u + v �2
� �
4� − z � + ||u − v||2 = 2||u − z||2 + 2||v − z||2 .
2
On y choisit alors
u=c ; v=d ; z = b,
et d’après ce qui précède, on récupère ainsi
� �2 � �2
4 δ(A) + ||c − d||2 = 4 δ(A) .

L’histoire se termine en bref sur c = d, and Bob’ your uncle !

Partie 3

Pour une matrice rectangulaire R quelconque de format (m, p), il est pratique d’adopter
MATHÉMATIQUES

les dispositions suivantes :


B pour chaque entier i 2 [[1, m]], on note
p
X
S cientifique

`i (R) = Rij ,
j=1

ANNALES CCIR 2017-2018 l 161

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 161 13/10/2017 11:34


qui n’est autre que la somme des éléments de la ligne i ; b
ESSEC B pour chaque entier j 2 [[1, p]], on note
m
X
cj (R) = Rij ,
i=1
C ORRIGÉ

qui n’est autre que la somme des éléments de la colonne j.


Il est absolument évident que les différentes applications `i et cj sont des formes linéaires l’ég
sur l’espace vectoriel Mm,p (K) et nous utiliserons librement cet état de choses. pré

L’ensemble An des matrices bistochastiques d’ordre n est ainsi exactement l’ensemble


des matrices M appartenant à E, dont les entrées sont toutes positives ou nulles et pour
lesquelles
c
`1 (M ) = `2 (M ) = · · · = `n (M ) = c1 (M ) = c2 (M ) = · · · = cn (M ) = 1.

Nous pouvons alors attaquer l’affaire.


8.a. Nous y allons en deux temps et trois mouvements !
B En ce qui concerne
M + M0 ,
et n
2
nous observons que d
B ses entrées sont évidemment positives ou nulles ; B

B pour chaque i 2 [[1, n]], la linéarité de `i oblige


⇣ M + M 0 ⌘ ` (M ) + ` (M 0 ) 1+1
i i
`i = = =1;
2 2 2
et la
B pour chaque j 2 [[1, n]], la linéarité de cj oblige B

⇣ M + M 0 ⌘ c (M ) + c (M 0 ) 1+1
j j
cj = = = 1.
2 2 2

B En ce qui concerne M T nos divagations sont les suivantes :


on r
B ses entrées sont manifestement positives ou nulles ;
B pour chaque entier i 2 [[1, n]], tout transposeur sait bien que

`i (M T ) = cj (M ) = 1 ;
MATHÉMATIQUES

la d
B pour chaque entier j 2 [[1, n]], on a également Le
cj (M T ) = `j (M ) = 1,
S cientifique

et tout le monde est ravi.

162 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 162 13/10/2017 11:34


b. Les adeptes du produit matriciel d’Arthur Cayley ne pouvant s’opposer à
2 ` (M ) 3 ESSEC
1
6 `2 (M ) 7
6 7
M X0 = 6 . 7 ,
4 .. 5
`n (M )

C ORRIGÉ
l’égalité souhaitée est lumineuse. Nous nous permettons d’ajouter que, compte tenu de la
précédente, nous avons à l’avenant

M T X0 = X0 .

c. Nous nous appuyons à nouveau sur l’opération du roi Arthur selon laquelle
2 ` (M ) 3 2 c (M ) 3
1 1
6 `2 (M ) 7 6 c2 (M ) 7
6 7 6 7
M X0 = 6 . 7 et M T X0 = 6 . 7 ,
4 .. 5 4 .. 5
`n (M ) cn (M )

et nos mirettes font le reste.


d. C’est encore une valse !
B Soit i et j appartenant à [[1, n]]. Au gré de la formule du King, nous avons
n
X
(M M 0 )ij = 0
Mik Mkj ,
k=1

et la positivité des entrées de M M 0 pointe son nez au milieu de la figure.


B Soit i 2 [[1, n]]. Il ne fait aucun doute que
n
X n X
X n
`i (M M 0 ) = (M M 0 )ij = 0
Mik Mkj ,
j=1 j=1 k=1

on réverse à la papa et voilà que tour à tour

X n
n X n
X n
X
`i (M M 0 ) = 0
Mik Mkj = Mik 0
Mkj ,
k=1 j=1 k=1 j=1
MATHÉMATIQUES

la dernière égalité procédant, du bout de la lorgnette, de la non dépendance de j des Mik .


Le physio est alors mis à contribution. Il trahit que pour chaque entier k 2 [[1, n]] on a
n
X
S cientifique

0
Mkj = `k (M 0 ) = 1,
j=1

ANNALES CCIR 2017-2018 l 163

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 163 13/10/2017 11:34


et il poursuit dans la foulée avec et il
ESSEC n
X
Mik = `i (M ) = 1.
La
k=1

Voilà donc en bref que Soi


C ORRIGÉ

`i (M M 0 ) = 1,
et c’est une excellente chose.
B Soit pour finir j 2 [[1, n]]. On démontre mutatis mutandis que et p

cj (M M 0 ) = 1,

et nous pouvons changer de question. vu q


9.a. Après avoir ingurgité une énorme dose d’antalgique, nous sommes parvenus à

fσ = IdRn et Mσ = In . Nou
c
mat
b. À très bien y regarder, la définition de l’endomorphisme fσ et le protocole de
« matricialisation » font que
La
8i 2 [[1, n]], 8j 2 [[1, n]], (Mσ )ij = δiσ(j) ,

où nous utilisons, très librement, le génial symbole de Leopold Kronecker. En conséquence


B les entrées de Mσ sont bien positives ou nulles, car il ne s’agit que de 0 ou de 1 ; et u
ains
B pour chaque i 2 [[1, n]], nous avons
n
X
`i (Mσ ) = δiσ(j) , d
j=1

et nous appuyons sur la bijectivité de σ pour affirmer que


8 et c
< 1 si j = σ −1 (i),
8j 2 [[1, n]], δiσ(j) =
:
0 sinon,
chr
et après la gestion toujours si délicieuse de nos « δ », il ne reste que
e
`i (Mσ ) = δii = 1.
MATHÉMATIQUES

B
cha
B Soit maintenant j 2 [[1, n]], nous avons cette fois B
cett
« la
n
X
S cientifique

cj (Mσ ) = δiσ(j) ,
colo
i=1

164 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 164 13/10/2017 11:34


et il ne reste délicieusement que
ESSEC
cj (Mσ ) = δσ(j)σ(j) = 1.

La matrice Mσ est donc bien bistochastique. Poursuivons.


Soit i et j appartenant à [[1, n]]. Nous savons par définition que

C ORRIGÉ
(MσT )ij = (Mσ )ji = δjσ(i) ,

et par une simple pirouette bijective, il est très facile de relever que

δjσ(i) = δiσ−1 (j) ,

vu que
j = σ(i) , i = σ −1 (j).
Nous proposons donc ⌧ = σ −1 , et tout le monde est aux anges.
c. La première partie de la question n’est qu’une formalité qui se traduit d’ailleurs
matriciellement par
Mσ Mσ0 = Mσ◦σ0 .
La puissante et récente question a permet alors d’en déduire que

Mσ Mσ−1 = In ,

et une officielle nouveauté assure que cela suffit à prouver l’inversibilité de la matrice Mσ
ainsi que l’égalité
(Mσ )−1 = Mσ−1 .

d. Soit σ 2 Sn . Nous avons appris à la récente b que

MσT = Mσ−1 ,

et compte tenu de ce qui précède cela devient

MσT = (Mσ )−1 ,

chronique d’une orthogonalité annoncée.


e. Le « exactement » impose une gestion de la chose en deux temps.
Soit à nouveau σ 2 Sn . Symbole de Konecker oblige, nous avons déjà aperçu que
MATHÉMATIQUES

B
chaque ligne et chaque colonne de Mσ contiennent une fois le réel 1 et n − 1 fois le réel 0.
B Considérons maintenant et réciproquement une matrice M de Mn (R) possédant
cette propriété. Soit j appartenant à [[1, n]]. Nous définissons alors σ(j) comme étant la
« latitude » de l’unique 1 de la j ième colonne de M . Nous insistons sur le fait que chaque
S cientifique

colonne de M ayant un et un seul 1, σ est une genuine application de [[1, n]] dans lui-même.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 165

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 165 13/10/2017 11:34


Nous allons maintenant montrer que σ est injective. Si par l’absurde elle ne l’est pas, il Nul
existe, dans [[1, n]] deux entiers différents i et j tels que
ESSEC La
σ(i) = σ(j)

et grâce à la définition « latitudinale » de σ cela signifie que la ligne de numéro σ(i)


contient au moins deux « 1 » dont un est situé en longitude i et l’autre en longitude j. Cela
C ORRIGÉ

fait évidemment désordre et σ est bel et bien injective. On rappelle alors un important la to
résultat de la théorie des ensembles finis.
finitude et bijectivité
Soit E un ensemble fini et f une application de E dans lui-même. On a alors les et l
équivalences logiques

f injective , f surjective , f bijective.

Notre application σ est donc dorénavant une permutation de [[1, n]] et sa définition à te
latitudinale fait précisément que

8i 2 [[1, n]], 8j 2 [[1, n]], Mij = δiσ(j) . b


Autant dire alors que
M = Mσ ,
ce qui nous permet de changer de question.
ce q
10. Supposons que A et B soient deux éléments de An tels que

A + B,
Mσ =
2
ce qui se détaille en le te
d
Aij + Bij .
8i 2 [[1, n]], 8j 2 [[1, n]], (Mσ )ij = B
2
Soit maintenant i et j appartenant à [[1, n]]. Il y a une évidente chose qui ne nous a pas
servie jusqu’à présent et qui va avoir ici une effet fulgurant. En effet, pour des raisons
d’éléments positifs et se sommes égales à 1, les entrées de toutes les matrices de An sont la d
situées dans l’inénarrable I. Comme (Mσ )ij ne peut valoir que 0 ou 1, selon l’éternelle
question 1, il est extrémal dans I, et comme Aij et Bij appartiennent à ce dernier, il
advient que
Aij = Bij . ce q
B
Autant dire alors que A = B chronique d’une nouvelle extrémalité annoncée.
ann
MATHÉMATIQUES

11.a. Un composée de deux permutations de Sn est bien sûr encore un élément de Sn et de s


il s’ensuit déjà que '⌧ est donc une application de Sn dans lui-même. Considérons alors nou
manu militari : σ 7! ⌧ −1 ◦ σ. C’est pour la même raison une application de Sn dans
lui-même et c’est très mentalement qu’elle vérifie
et to
S cientifique

'⌧ ◦ = ◦ '⌧ = IdSn . d

166 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 166 13/10/2017 11:34


Nul ne peut alors ignorer que cela entraîne la bijectivité de '⌧ .
La composition ayant de grandes vertus distributives nous avons maintenant ESSEC
1 X 1 X
f⌧ ◦ p = f⌧ ◦ fσ = f⌧ ◦σ ,
n! n!
σ2Sn σ2Sn

C ORRIGÉ
la toute dernière égalité reposant la récente 9.c. Le changement d’« indice »

σ0 = ⌧ ◦ σ

et la toute récente bijectivité font alors et très lumineusement que

1 X 1 X
f⌧ ◦σ = fσ0 = p,
n! n! 0
σ2Sn σ 2Sn

à telle enseigne qu’effectivement


f⌧ ◦ p = p.

b. Toujours pour de distributives raisons, il ne fait aucun doute que

1 X
p2 = fσ ◦ p,
n!
σ2Sn

ce qui d’après la précédente, se transforme tour à tour en

1 X 1
p2 = p = ⇥n! p = p,
n! n!
σ2Sn

le texte ayant aimablement rappelé que le cardinal de Sn est n!.


d. L’égalité ensembliste va passer par une double inclusion.
B Supposons que x soit tel que

8σ 2 Sn , fσ (x) = x,

la définition de p et l’amabilité du cardinal font sans crier gare que

p(x) = x,

ce qui, vague histoire de faciès, montre que x appartient à Im p.


B Supposons maintenant et réciproquement que x appartienne à l’image de p et
annonçons σ 2 Sn . Les liens indestructibles entre l’image d’un projecteur et l’ensemble
MATHÉMATIQUES

de ses points fixes font que p fixe x et la récente égalité du a, en l’occurrence fσ ◦ p = p,


nous amène au point x à
fσ (x) = x
et tout le monde est charmé.
S cientifique

d. Nous procédons à nouveau en deux temps.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 167

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 167 13/10/2017 11:34


B Soit σ 2 Sn , grâce à la linéarité et à la définition de fσ , nous avons lect
orth
ESSEC n
X n
X
fσ (x0 ) = fσ (ei ) = eσ(i) , Qua
i=1 i=1 que
nou
et comme σ n’est qu’une permutation des entiers de [[1, n]], nous avons également bas
C ORRIGÉ

de c
fσ (x0 ) = x0 .
B

Ainsi et depuis quelques secondes, x0 appartient à Im p et par conséquent

Vect x0 ⇢ Im p.
B
B Supposons, réciproquement, que x soit un élément de Im p. Comme il est a fortiori
élément de Rn et qu’une certaine base canonique traîne dans le passage, il existe des
scalaires a1 , . . . , an tels que

x = a1 e1 + · · · + an en . la c
B
Soit alors j appartenant à [[2, n]] et considérons la transposition σ = swap(1, j), c’est-à-
dire la permutation qui échange 1 et j et qui ne touche à rien d’autre. Nous avons alors
sans conteste
fσ (x) = a1 ej + · · · + aj e1 + · · · + an en , et l’
les termes sa cachant derrière les « pointillés » ayant été épargnés par l’affaire. Comme
il est écrit quelque part que fσ (x) = x et quand on sait à quoi servent les bases on
revendique avec force où J
aj = a1 , f
et voilà donc in fine que sera
12.
x = a1 (e1 + · · · + en ) = a1 x0 , lui

ce qui n’est pas pour nous défriser.


e. La transposition étant linéaire, nous avons déjà

1 X 1 X la d
PT = MσT = Mσ−1 ,
n! n!
σ2Sn σ2Sn b
et n
la transposition des matrices de permutations ayant été gérée quelques lignes plus haut.
Seulement voilà, la correspondance σ 7! σ −1 est aussi une bijection de Sn sur lui-même et B

par le même argument de changement d’indice que celui développé supra nous avançons dan
MATHÉMATIQUES

que B
P T = P.
B
La matrice P est donc désormais symétrique réelle et c’est assurément la matrice de p dans
notre base canonique qui est officiellement orthonormale. L’importante caractérisation
S cientifique

matricielle de la symétrie fait alors que p est un endomorphisme symétrique de Rn et le

168 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 168 13/10/2017 11:34


lecteur aware siat bien que les projecteurs symétriques sont exactement les projecteurs
orthogonaux. On avance, on avance !
ESSEC
Quand on sait ce sur quoi les projecteurs projettent, on doit deviner, depuis le récent d,
que p est le projecteur orthogonal sur Vect x0 , et c’est ici que nous allons apprécier une
nouveauté officielle que l’on pourrait appeler « matrices de projecteurs orthogonaux et
bases orthonormales ». Dans ce qui suit, nous appliquons tout simplement un protocole

C ORRIGÉ
de cours auquel le lecteur dubitatif est chargé de se reporter. Nous le déroulons par étapes.
B Une base orthonormale de Vect x0 est bien évidemment constituée du seul vecteur

u= p .
x0
n

B Le vecteur colonne associé à ce dernier dans la base canonique est tranquillement

X0
U=p
n

la colonne X0 ayant été croisée lors de la huitième question.


B Il faut alors officiellement savoir que

P = U · U T,

et l’on en déduit de memoria que


Jn ,
P =
n
où Jn est la retentissante matrice (n, n) dont les entrées sont toutes égales à 1.
f. Mis à part, pour ceux — ou celles ! — qui souffrent de diplopie aiguë, notre réponse
sera à jamais no comment !
12.a. Le produit M T ·N manifestement carré (n, n) est assuré de laisser une trace derrière
lui et, via l’éternelle formule du produit matriciel, il ne nous échappe pas que :
n
X n X
X n n X
X n
tr(M T · N ) = (M T · N )ii = T
Mij Nji = Mji Nji (1)
i=1 i=1 j=1 i=1 j=1

la dernière égalité procédant d’une adorable gestion de transpositition.


b. En prenant juste un tout petit peu d’avance, nous notons ( | ) l’application en question
et nous allons nous y prendre en quatre points.
B La précédente question montre déjà que ( | ) est une genuine application de E ⇥ E
dans R.
MATHÉMATIQUES

B Vu la toute proche égalité (1), la symétrie de ( | ) ne pose aucun problème.


B Soit M un élément de E fixé. La linéarité de
n X
X n
S cientifique

N 7! Mji Nji
i=1 j=1

ANNALES CCIR 2017-2018 l 169

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 169 13/10/2017 11:34


découle très naturellement de celle de la sommation.
B Soit M une matrice non nulle de E. Toujours grâce à la très pratique formule (1),
ESSEC
nous avons :
Xn X n
(M | M ) = Mji2

i=1 j=1

Il s’agit d’une somme de réels positifs non tous nuls et nous ne craignons donc pas
C ORRIGÉ

d’affirmer que :
(M | M ) > 0

 This scalar product s’appelle produit scalaire de Schur-Hilbert-Schmidt. D’aucuns le


qualifient également de produit scalaire canonique sur Mn (R). La raison en est que si
nous rangeons dans une seule et même colonne les n2 éléments d’une matrice carrée
réelle d’ordre n, la formule (1) stipule que ( | ) n’est rien d’autre que le produit scalaire
canonique sur Rn et cela aurait d’ailleurs pu constituer une preuve pour le moins solide
2

de la présente question…
 Précisons, juste pour enfoncer le clou que nous avons le choix entre
n X
X n
( M | N ) = tr(M T · N ) et (M | N ) = Mji Nji ,
i=1 j=1

ainsi qu’entre
n X
X n
||M ||22 = tr(M T · M ) et ||M ||22 = 2
Mji ,
i=1 j=1

la dernière version exhibant la somme des carrés des entrés de la matrice M .


c. C’est par exemple orthogonalement(*) que nous avons alternately
� � � �
||Mσ ||22 = tr MσT · Mσ = tr Mσ−1 · Mσ = tr In = n,

et nous en déduisons que


p
||Mσ ||22 = n.

d. On trouve assez facilement que


 �
↵−β β−↵
M↵ − Mβ = ,
β−↵ ↵−β

et nous optons ici pour la somme des carrés des entrées, à telle enseigne que
MATHÉMATIQUES

||M↵ − Mβ ||22 = 4(↵ − β)2 .


(*)
(*) On aurait pu, tout aussi bien, passer également par la somme des carrés des entrées conformément à la remarque précédente.
S cientifique

170 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 170 13/10/2017 11:34


Après avoir échappé au piège le plus sournois de la fin du collège(*), nous terminons
notre calcul en beauté sur
||M↵ − Mβ ||2 = 2|↵ − β|. ESSEC

Comme il ne fait aucun doute que

−1 6 ↵ − β 6 1,

C ORRIGÉ
il s’avère que |↵ − β| 6 1, et 1 majore déjà l’ensemble

|↵ − β| | (↵, β) 2 I2 ,

et à simplement regarder la situation ↵ = 1 et β = 0, ce majorant est atteint et tout le


monde sait qu’un majorant atteint est un maximum. Bref

max ||M↵ − Mβ ||2 = 2,


(↵,β)2I2

ce qui devrait s’écrire


δ(A2 ) = 2.

� Le sup du diamètre qui généralement n’est qu’une borne supérieure, est ici un maximum
et cela vaut bien la peine d’être souligné.
e. Nous avons déjà signalé que les entrées des matrices de An appartiennent à
l’omniprésent I et par conséquent, pour chaque couple (i, j), l’on a Mij
2
6 Mij de
sorte que
n X
X n Xn Xn
||M ||22 = 2
Mji 6 Mji .
i=1 j=1 i=1 j=1

Seulement voilà, le physio rétorque que


n X
X n n
X n
X
Mji = cj (M ) = 1 = n,
i=1 j=1 i=1 i=1

et nous passons à la suivante.


f. Soit M et N deux matrice appartenant à An . D’après la formule d’Al Kashi, il
apparaît déjà que

||M − N ||22 = ||M ||22 − 2 ( M | N ) +||N ||22 .

La positivité de nos fameuses entrées révélant que


n X
X n
(M | N ) = Mji Nji > 0,
MATHÉMATIQUES

i=1 j=1

(*) Le piège le plus redoutable — et redouté — de la classe de troisième. Combien de potaches ont foiré leur brevet des collèges
p p
pour avoir naïvement cru que, pour x réel, x2 = x alors qu’en réalité x2 = |x| ?
S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 171

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 171 13/10/2017 11:34


nous déduisons que 13.
||M − N ||22 6 ||M ||22 + ||N ||22 ,
ESSEC
et c’est ainsi grâce à la précédente que

||M − N ||22 6 2n.


et d
Il reste alors à prendre les carrés par la racine…
C ORRIGÉ

b
g. Soit ⌧ un élément de Sn quelconque pour l’instant. Nous avons déjà été informés de mat
n X
n lign
X
( Mσ | M⌧ ) = δjσ(i) δj⌧ (i) ,
i=1 j=1

et il suffit de mettre en place une permutation ⌧ telle que

8i 2 [[1, n]], ⌧ (i) 6= σ(i),


app
pour exiger la victoire ! Le lecteur assidu vérifiera aisément que la shifted ⌧ définie par
8 8
< σ(i + 1) si 1 6 i 6 n − 1,
8i 2 [[1, n]], ⌧ (i) =
:
σ(1) si i = n,
en p
fait farpaitement l’affaire. trop
p a de
h. La récente question f est là pour nous persuader que le réel 2n est un majorant de
l’ensemble �
||M − N ||2 | (M, N ) 2 A2n .
Soit alors σ appartenant à Sn et choisissons ⌧ comme il est dit dans la question précédente.
Selon le théorème de Pythagore, nous avons et q
de n
||Mσ − M⌧ ||22 = ||Mσ ||22 + ||M⌧ ||22 = 2n,

la dernière égalité reposant sur la toute proche question c. Notre majorant supra est donc
atteint sur le couple (Mσ , M⌧ ) qui appartient bien à A2n depuis une certaine question 9.b.
Nous avons donc établi que
p La
max 2 ||M − N ||2 = 2n,
(M,N )2An Il y
c’est-à-dire p B
δ(An ) = 2n, qu’
sca
la remarque concernant les acolytes sup et max étant encore une fois d’actualité. Notons
MATHÉMATIQUES

pour finir qu’il est écrit que B

δ(An ) = ||Mσ − M⌧ ||2 ,

et qu’une très vieille question, en l’occurrence la 7, stipule alors que Mσ est extrémal. Nous Nou
S cientifique

retrouvons ainsi, par une bien jolie méthode, l’extrémalité des matrices de permutation. mér

172 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 172 13/10/2017 11:34


13.a. Il suffit d’observer visuellement que

⇣\
n ⌘ ⇣\
n ⌘ ESSEC
Fn = Ker `i \ Ker cj ,
i=1 j=1

et de ne pas avoir égaré qu’une intersection de sous-espaces vectoriel…

C ORRIGÉ
b. Nous mettons en place ici une notion qui va nous être utile par la suite. Soit A une
matrice carrée d’ordre n − 1. On souhaite la border par une colonne de hauteur n et une
ligne de largeur n pour obtenir une matrice (n, n) « genre »
2 ⇤3
..
B=4 A . 5,
⇤ ··· ⇤

appartenant au fameux Fn . La solution est simple puisqu’il suffit de visu de définir

n−1
X n−1
X
8i 2 [[1, n − 1]], Bi,n = − Aij et 8j 2 [[1, n − 1]], Bn,j = − Aij ,
j=1 i=1

en priant, cependant pour que le gugus en bas à droite, en l’occurrence Bnn , ne soit pas
trop dans le mood ! On peut avoir en effet et de façon louable une légère angoisse car Bnn
a deux contraintes à repecter qui sont

n−1
X n−1
X
Bnn = − Bin et Bnn = − Bnj ,
i=1 j=1

et qui n’ont pas intérêt à être antinomiques ! Seulement voilà, la chance est décidément
de notre côté puisque, inversion des sommations oblige, on a

n−1
X n−1
X n−1
X n−1
X
− Bin = − Bnj = Aij .
i=1 j=1 i=1 j=1

La matrice B sera notée bord(A) et nous pouvons maintenant reprendre notre activité.
Il y a plusieurs points à mettre en avant et nous y allons sagement.
B À bien y regarder Φ applique ouvertement Fn dans Mn−1 (R), et sa linéarité n’est
qu’une mince affaire de définition des opérations — addition et multiplication par un
scalaire — sur les matrices.
MATHÉMATIQUES

B Définissons alors sur Mn−1 (R) par

8A 2 Mn−1 (R), (A) = bord(A).

Nous nous sommes décarcassés pour que applique Mn−1 (R) dan Fn et sa linéarité ne
S cientifique

mérite pas beaucoup plus d’égards que celle de sa cousine Φ.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 173

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 173 13/10/2017 11:34


B Ensuite et parce que nous avons tout fait pour — on borde, on déborde ! — il est B
manifeste que que
ESSEC Φ ◦ Φ = IdFn et ◦ Φ = IdMn−1 (R) ,
chronique d’une bijectivité — et donc d’une isomorphie — totalement annoncées.
Lorsque deux espaces vectoriels sont isomorphes ils ont la même dimension et quand l’on pui
connaît parfaitement ses classiques on doit asséner ad
C ORRIGÉ

pos
dim Fn = (n − 1)2 . B
sca
14.a. À très bien y regarder, la première partie a révélé que les points extrémaux de A2
sont exactement  �  �
1 0 0 1
I2 = et J = ,
0 1 1 0
qui sont d’authentiques matrices de permutation. et p
b. Nous nous permettons une remarque liminaire à propos de ces matrices élémentaires ouv
appelées aussi « unités matricielles » du format (n, n). Il est bien connu qu’elles forment
une base de Mn (R) appelée d’ailleurs base canonique et que à te
n X
X n
8M 2 Mn (R), M= Mij Eij .
i=1 j=1

Il e
En outre, parce que les couples (ik , jk ) sont deux à deux distincts, la famille uni
(Eik jk )k2[[1,2n]]
que
est une sous-famille de la base canonique et hérite ainsi d’une réelle liberté. Enfin et parce
que nous savons compter, nous en déduisons que don

dim H = 2n.

Nous pouvons maintenant retourner à nos moutons.


Supposons par l’absurde que en
H \ Fn = {0}.
Les deux sous-espaces vectoriels H et Fn seraient donc en somme directe et l’on aurait
Voi
dim H + dim Fn = dim(H ⊕ Fn ) 6 dim Mn (R), un
Soi
l’inégalité procédant de l’incontournable théorème du sous-espace. Seulement voilà, étant
l’im
donné notre liminaire remarque
MATHÉMATIQUES

dim H + dim Fn = 2n + (n − 1)2 = n2 + 1


Po
ce qui dépasse un peu trop la dimension n2 de notre cher Mn (R)…
S cientifique

c. La question est un peu sévère !

174 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 174 13/10/2017 11:34


B On commence par noter que, vu la linéarité des `i et autres cj , on a pour n’importe
quelle valeur de t et n’importe quelle valeur de i et j,
ESSEC
`i (Qt ) = 1 et cj (Qt ) = 1,

puisque M appartient à An et que N se pavane dans Fn . Ce ne sont donc pas les sommes
ad hoc égales à 1 qui posent problème pour l’appartenance de Qt à An et c’est donc la

C ORRIGÉ
positivité des (Qt )ij qui est au cœur du débat que nous allons animer sur-le-champ.
B Les origines de la matrice N font aussi qu’elle est non nulle et qu’il existe des
scalaires ↵1 , . . . , ↵2n tels que
2n
X
N= ↵k Eik jk ,
k=1

et pour virer les « 0 » inutiles et indésirables nous pouvons à loisir considérer l’ensemble
ouvertement non vide �
K = k 2 [[1, 2n]] | ↵k 6= 0 ,
à telle enseigne que, pour n’importe quelle valeur de t
X
Qt = M + t ↵k Eik jk .
k2K

Il est alors temps de s’organiser un peu en n’oubliant pas le fonctionnement de ces fameuses
unités matricielles. Soit (i, j) un couple d’éléments de [[1, n]].
B Si (i, j) n’est pas l’un des couples (ik , jk ) où k 2 K, il est absolument lumineux
que
(Qt )ij = Mij
dont la positivité large est à l’ordre du jour depuis la genèse !
B En revanche, si le couple (i, j) est l’un des (ik , jk ) en question, on a

(Qt )ik jk = Mik jk + t↵k ,

en ayant rappelé, malgré l’heure tardive et parce qu’il faut toujours s’accrocher, que

Mik jk > 0 et ↵k 6= 0.

Voici alors un gentil résultat annexe et anodin.


un lemme taquin
Soit a un réel strictement positif, b un réel non nul et t un réel quelconque. On a
l’implication
MATHÉMATIQUES

a
|t| < ) a + tb > 0.
|b|
Pour gérer parfaitement les nombreux k en question, nous proposons
S cientifique

Mik jk ,
✏ = min
k2K |↵k |

ANNALES CCIR 2017-2018 l 175

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 175 13/10/2017 11:34


qui est un authentique réel strictement positif et, minimum oblige, si |t| < ✏, le lemme On
taquin nous garantit toutes les positivités espérées !
ESSEC
 Nous vous avions prévenu…
d. Choisissons, parce qu’il y a la place, un réel t non nul dans l’ouvert ]−✏, ✏[. Son
compère −t appartient également à cet ouvert et les matrices Qt et Q−t sont donc déjà H
dans An . Nous avons en outre et trivialement
C ORRIGÉ

Qt + Q−t ,
M=
2
alors que les matrices Qt et Q−t sont différentes puisque t et N sont non nuls.
qui
Pour une extrémale, cela est une énaurme contradiction ! aisé
e. Supposons par l’absurde que toutes les colonnes aient au moins deux termes non
nuls. À bien y compter, cela en ferait au moins 2n dans le carré, ce qui est définitivement
exclu. Il existe donc au moins une colonne ayant au plus un élément non nul et comme la Co
somme des éléments de cette colonne doit valoir 1… que

f. La somme des éléments de la rième ligne de M vaut aussi 1 et comme Mrs = 1 prend
toute la place, les autres n’ont plus que Lisieux pour pleurer ! h
g. La matrice M a donc dorénavant le look la q
2 3 aut
0 via
..
6
6
A1 . A2 7
7
6 0 7
6 7
6 7
M = 60 ··· 0 1 0 ··· 07 r
6 7
6 0 7
6
4 .. 7
5
A3 . A4
0
s
fon
et la compagne M est donc
0
 � une
A1 A2
M0 =
A3 A4 N
les
C’est alors en gardant un œil sur M et l’autre sur M qu’il apparaît, intelligiblement, que
0
Bir
la matrice M 0 appartient à An−1 , quelques entrées nulles idéalement placées ayant eu,
quelque part, leur pesant d’arachide. Il reste maintenant à parler d’extrémalité.
Soit donc H 0 et K 0 deux matrices appartenant à An−1 vérifiant
H0 + K0 .
M0 =
MATHÉMATIQUES

2
On découpe H 0 et K 0 en blocs de quatre suivant le patron de la découpe de la matrice M 0
et leurs nouvelles écritures ont alors le genre
 �  �
S cientifique

H1 H2 K1 K2
H0 = et K 0 = .
H3 H4 K3 K4

176 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 176 13/10/2017 11:34


On leur fait naturellement correspondre les matrices
2 0 3 2 0 3 ESSEC
.. ..
6
6
H1 . H2 7
7
6
6
K1 . K2 7
7
6 0 7 6 0 7
6 7 6 7
6 7 6 7
H = 60 ··· 0 1 0 ··· 07 et K = 6 0 · · · 0 1 0 ··· 07,

C ORRIGÉ
6 7 6 7
6 0 7 6 0 7
6
4 .. 7
5
6
4 .. 7
5
H3 . H4 K3 . K4
0 0

qui, à la surprise générale, et les yeux dans les clous, appartiennent à An et vérifient
aisément
H +K.
M=
2
Comme M est par essence extrémale, on déduit que H = K, et il en résulte dans la foulée
que
H 0 = K 0.

h. L’hypothèse de récurrence stipule que M 0 est une matrice de permutation, et depuis


la question 9.e elle ne présente ainsi sur chaque ligne et chaque colonne qu’un seul 1 les
autres éléments étant nuls. Les liens étroits entre M et M 0 que nous remettons en lumière
via 2 3
0
..
6
6
A1 . A2 7
7
6 0 7  �
6 7 A1 A2
6 7
M = 6 0 · · · 0 1 0 · · · 0 7 et M 0 = ,
6 7 A3 A4
6 0 7
6
4 .. 7
5
A3 . A4
0
font alors et de visu, qu’il en est de même de la matrice M et la question 9.e est sollicitée
une dernière fois.
 Nous avons ainsi magistralement établi que les points extrémaux de An sont, exactement,
les matrices de permutation. Ce célèbre résultat est dû au mathématicien américain Garrett
Birkhoff et date de 1946.
MATHÉMATIQUES
S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 177

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 177 13/10/2017 11:34


S UJET

MATHÉMATIQUES
Durée : 4 heures.
Code sujet : 280
La présentation, la lisibilité, l­ ’orthographe, la qualité de la rédaction,
HEC la clarté et la précision des raisonnements entreront pour une part
importante dans ­l’appréciation des copies.
Les candidats sont invités à encadrer dans la mesure du possible les
résultats de leurs calculs.
Ils ne doivent faire usage d­ ’aucun document : ­l’utilisation de toute
calculatrice et de tout matériel électronique est interdite. Seule
­l’utilisation ­d’une règle graduée est autorisée.
Si au cours de ­l’épreuve, un candidat repère ce qui lui semble être
une erreur ­d’énoncé, il la signalera sur sa copie et poursuivra sa
composition en expliquant les raisons des initiatives ­qu’il sera amené
à prendre.

S
UJET
MATHÉMATIQUES
S cientifique

1/5
Tournez la page S.V.P.

178 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 178 13/10/2017 11:35


S UJET
HEC

2/5
MATHÉMATIQUES
S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 179

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 179 13/10/2017 11:35


S UJET

HEC

3/5
Tournez la page S.V.P.
MATHÉMATIQUES
S cientifique

180 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 180 13/10/2017 11:35


S UJET
HEC

4/5
MATHÉMATIQUES
S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 181

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 181 13/10/2017 11:35


S UJET

C
HEC
Par

Soi

En

est
En
très
dis
bre
Enfi
de
not
Tou
1.a

et q

b
diff
libr

5/5
MATHÉMATIQUES

Cel
der
S cientifique

est
dim
c

182 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 182 13/10/2017 11:35


C ORRIGÉ
Par Jean-­L ouis Roque, external lecturer à  ESSEC Business School
HEC

(jlroque@me.com).

Partie 1

C ORRIGÉ
Soit n 2 N⇤ . Nous observons avant toute chose que

8k 2 [[0, n]], deg Bn,k = n.

En conséquence, la famille
(Bn,0 , Bn,1 , . . . , Bn,n )
est définitivement formée de polynômes appartenant à Rn [X].
En outre, au vu et au su ce que nous venons de narrer, il apparaît que Tn applique
très tranquillement Rn [X] dans lui même et sa linéarité n’est qu’une mince affaire de
distributivité, de définition des opérations fonctionnelles et de summation linearity. En
bref, Tn est un authentique endomorphisme de Rn [X].
Enfin, pour chaque entier naturel k, le monôme X k est ainsi noté depuis au moins l’année
de naissance de l’arrière-grand-mère de Matusalem et nous ne voyons pas l’intérêt de le
noter autrement.
Toutes ces choses, nous ne les redirons plus !
1.a. Nous avons très naturellement

B2,0 = 1 − 2X + X 2 ; B2,1 = 2X − 2X 2 ; B2,2 = X 2 ,

et quand on maîtrise la notion de matrices des familles, on doit revendiquer


2 3
1 0 0
K2 = 4 −2 2 0 5 .
1 −2 1

b. La matrice K2 est trigonalement inversible, vu que ses diagonales entries sont


différentes de 0. On doit facilement en déduire que ses colonnes forment une famille
libre, liberté qui se transmet automatiquement à

(B2,0 , B2,1 , B2,2 ).


MATHÉMATIQUES

Celle-ci est désormais une famille dans R2 [X], libre et de longueur 3. Comme cette
dernière est précisément la dimension de notre espace polynomial, la famille

(B2,0 , B2,1 , B2,2 )


S cientifique

est effectivement une base de R2 [X], comme en atteste la caractérisation des bases en
dimension finie.
c. Notre valeureux lecteur trouvera sans stress

X + X2 ,
T2 (1) = 1 ; T2 (X) = X ; T2 =
2

ANNALES CCIR 2017-2018 l 183

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 183 13/10/2017 11:35


et grâce au protocole de matricialisation, nous parviendrons ensemble à
HEC
2 3
1 0 0
6 7
H2 = 4 0 1 1/2 5 .
0 0 1/2
C ORRIGÉ

C’est assez trigonalement que nous assénons

Spec H2 = {1, 1/2}

et après quelques résolutions de systèmes, il n’est pas vraiment difficile de parvenir à


2 3 2 3 2 3
⇣ 1 0 ⌘ ⇣ 0 ⌘
E1 (H2 ) = Vect 4 5
0 , 14 5 et E1/2 (H2 ) = Vect −1 5
4
0 0 1

Nous avons ici les éléments propres de la matrice H2 et ceux de l’endomorphisme T2 s’en
déduisent, mot à mot, par traduction canonique. Here you are !

Spec H2 = {1, 1/2}

E1 (T2 ) = Vect(1, X) et E1/2 (T2 ) = Vect(X 2 − X)

2.a. Afin de nous simplifier la vie, nous considérons les cousins βk où

8k 2 [[0, n]] βk = X k (1 − X)n−k

et nous commençons par traiter la question pour la famille allégée

(β0 , . . . , βn )

également située dans notre cher Rn [X]. Nous attaquons par la liberté en proposant trois
méthodes.
la méthode matrice des familles
C’est la généralisation de ce que nous avons développé à la récente question 1.a. Pour
chaque entier k 2 [[0, n]], Isaac Newton nous apprend que

n−k
X ✓ ◆ n
X ✓ ◆
n−k n−k
βk = (−1)i X k+i = (−1)i−k X i,
i=0
i i−k
i=k

et nous en déduisons que la matrice de notre nouvelle famille dans la base Cn est trigonale
MATHÉMATIQUES

inférieure ses diagonales entries étant tout bêtement égales à 1. Il s’agit donc d’une matrice
inversible et notre liberté s’en déduit par l’argumentation affichée lors de la question 1.a.
la méthode de valuation (*)
Elle permet de réparer une très injuste discrimination de notre bible officielle. Pour un
S cientifique

polynôme non nul P , il y a certes son terme non nul de plus grande puissance, mais il y a

184 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 184 13/10/2017 11:35


également son terme non nul de plus petite puissance. La plus grande puissance en question
est officielle, elle s’appelle « degré » de P et se note deg P . Curieusement, la plus petite
puissance en question est sauvagement ignorée, elle s’appelle pourtant « valuation » du HEC
polynôme P et se note val(P ).
Par exemple le polynôme
6174
X
P = Xi

C ORRIGÉ
i=13

est de degré 6174 et de valuation 13.


Cela étant, nul ne peut ignorer que toute famille de polynômes non nuls ayant des degrés
deux à deux distincts est une famille libre, et l’on démontre, mutatis mutandis, que c’est
également le cas des familles de polynômes non nuls ayant des valuations deux à deux
distinctes. Comme c’est ouvertement le cas de la famille (β0 , . . . , βn ), nous pouvons nous
tourner vers la troisième méthode.
la méthode de l’opérateur
Elle va sembler copieusement parachutée, mais elle fortement inspirée de la propriété que
le texte nous demande docilement d’admettre quelques lignes plus bas.
On considère l’opérateur U qui à tout polynôme P 2 R[X] associe

1
U (P ) = X(1 − X)P 0 + XP.
n
Comme la dérivation envoie linéairement R[X] dans lui-même, il est sereinement acquis
que U est un endomorphisme de R[X] et il est très facile de constater que

k k n − k k+1
8k 2 [[0, n]], U (X k ) = X + X ,
n n
la polynomiale attitude ayant exigé de traiter à part la position k = 0. Grâce à un énorme
coup de chance lorsque k = n, nous en déduisons que

8k 2 [[0, n]], U (X k ) 2 Rn [X],

et il n’en faut pas plus pour asséner que U stabilise Rn [X]. Nous avons alors le droit et
le devoir de considérer l’endomorphisme u que U induit sur Rn [X] et cela dessine un
nouveau venu � �
u 2 L Rn [X] ,
opérateur ô combien sympathique, car après quelques calculs anodins, le lecteur assidu
finira(*) par découvrir que

k
8k 2 [[0, n]], u(βk ) = βk .
n
MATHÉMATIQUES

Parce qu’ils sont évidemment non nuls, les vecteurs β0 , . . . , βn , sont désormais des
vecteurs propres de l’adorable u, attachés à des valeurs propres qui ont bien l’air d’être

(*) Il devra cependant, au nom de la polynomiale attitude, distinguer les trois situations k=0,k=n et 16k6n−1.
S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 185

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 185 13/10/2017 11:35


deux à deux distinctes. Et, comme nous le savons bien, cela est aussi un sérieux gage de
liberté ! La famille (β0 , . . . , βn ), désormais libre et de longueur n + 1, est une genuine
HEC base de l’espace vectoriel Rn [X] puisque ce dernier est précisément de dimension n + 1
et que, au risque de radoter, il existe sur le marché une précieuse caractérisation des bases
en dimension finie.
Notons pour en terminer que
C ORRIGÉ

✓ ◆
n
8k 2 [[0, n]], Bn,k = βk ,
k

et que les coefficients du binôme que nous avons sous notre nez ne sont absolument pas
nuls. En conséquence, le propriétés acquises par la famille (βk ) — la liberté, puis la
basitude — se transmettent de façon filiale à sa cousine

(Bn,0 , Bn,1 , . . . , Bn,n )

et nous pouvons envisager la suite.


b. Soit P appartenant au noyau de Tn , ce qui se traduit par
n
X ⇣k⌘
P Bn,k = 0.
n
k=0

La famille (Bn,k )06k6n étant depuis peu libre comme l’air, nous nous devons d’en déduire
allègrement que
⇣k⌘
8k 2 [[0, n]], P = 0.
n
Ainsi et à bien y regarder, le polynôme P vient de s’enticher de n+1 racines apparemment
deux à deux distinctes et comme il appartient à Rn [X], il ne peut s’agir que du polynôme
nul. L’endomorphisme Tn est donc désormais injectif et comme l’espace ambiant est de
dimension finie, il gagne ses galons d’automorphisme, comme l’affirme la caractérisation
des automorphismes en dimension finie.
c. Nous avons tout d’abord
Xn ✓ ◆
n
Tn (1) = X k (1 − X)n−k = (X + 1 − X)n = 1
k
k=0

la mécanique newtonienne ayant été fortement mise à contribution. Pour la suite, nous
commençons par annoncer x 2 [0, 1] et nous observons que
n ✓ ◆
1X n k
MATHÉMATIQUES

Tn (X)(x) = k x (1 − x)n−k
n k
k=0

ce qui permet au physio de revendiquer, binomialement, les égalités


(*)
S cientifique

1 � �
Tn (X)(x) = E B(n, x) = x.
n

186 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 186 13/10/2017 11:35


Les deux polynômes Tn (X) et X coïncident donc sur [0, 1] et comme ce dernier est un
ensemble infini, il ne fait plus aucun doute que
HEC
Tn (X) = X.

d. Comme nous n’aimons pas trop admettre les choses nous allons démontrer la grosse
égalité en question et c’est l’occasion de ressortir le gentil endomorphisme u et les

C ORRIGÉ
polynômes βi mis en place quelques lignes plus haut. Soit donc k appartenant à [[0, n−1]].
Nous avons par définition

Xn ⇣ ⌘k ✓ ◆
i n
Tn (X k ) = βi
i=0
n i

L’application de la linéaire u fait alors que


n ⇣ ⌘k ✓ ◆
� � X i n
u Tn (X k ) = u(βi )
i=0
n i

et comme nous n’avons pas oublié l’extrême propreté des βi selon laquelle

i
8i 2 [[0, n]], u(βi ) = βi ,
n
nous atterrissons sur
n ⇣ ⌘k+1 ✓ ◆
� � X i n
u Tn (X k ) = βi = Tn (X k+1 ),
i=0
n i

la dernière égalité procédant d’une formelle reconnaissance faciale ! La grosse égalité


admise par le texte est donc désormais avérée et c’est bien.
Nous revenons maintenant à nos ovins en traitant à part la situation k = 0, puis en
procédant par récurrence finie sur k 2 [[1, n]].
B Vu que depuis peu Tn (1) = 1, notre cas singulier est règlé.
B Nous avons également vu récemment que Tn (X) = X, ce qui initialise parfaitement
notre récurrence.
B Supposons pour finir que, pour un entier k vérifiant(*)

1 6 k < n,

nous ayons deg Tn (X k ) = k. Notons a le coefficient dominant de Tn (X k ) et nous faisons


valoir que quasi mentalement
MATHÉMATIQUES

1 � �0 ak
X(1 − X) Tn (X k ) = − X k+1 + ·|· · · · {z
· · · · · ·}·
n n
termes de degré 6k

(*) Ce sont les nécessités inévitables de la récurrence finie !


S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 187

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 187 13/10/2017 11:35


alors que B
XTn (X k ) = aX k+1 + ·|· · · · {z
· · · · · ·}· arro
HEC
termes de degré 6k

Il ressort de ce magma et de la grosse égalité que


⇣ Il e
k ⌘ k+1
Tn (X k+1 ) = 1 − + ·|· · · · {z
C ORRIGÉ

aX · · · · · ·}·
n
termes de degré 6k

et comme nos hypothèses obligent ou


⇣ k⌘
1− a 6= 0,
n
et i
notre inductive affaire semble bien engagée.
la
e. Nous venons d’apprendre à l’instant que Soi
⇣ k⌘ de d
8k 2 [[1, n − 1]], ↵k+1 = 1 − ↵k ne
n
Com
et il se trouve providentiellement que cette égalité reste d’actualité lorsque k = 0. Nous résu
avons donc en réalité
⇣ k⌘
8k 2 [[0, n − 1]], ↵k+1 = 1 − ↵k
n
La
Il est alors très facile de conjecturer que

Akn ,
8k 2 [[0, n]], ↵k = qui
nk
app
où Akn est l’arrangement bien connu et la preuve de cela s’effectuera par récurrence finie 3. N
sur k 2 [[0, n]], tâche laissée à la charge de notre très dévoué lecteur.
Il reste à causer de diagonalisation. Il résulte de la récente d et du début de la présente, que
la matrice Hn de l’endomorphisme Tn dans la base canonique est trigonale supérieure et
que les éléments diagonaux de cette matrice sont justement les réels ↵k que nous venons
de croiser. Seulement voilà, il est très facile de constater qu’en réalité le contexte est le son
suivant déc
1 = ↵0 = ↵1 > ↵2 > · · · > ↵n ,
Un
à telle enseigne que les différentes valeurs propres de Tn sont au nombre de n et sont
exactement a
1 ; ↵2 ; . . . ; ↵n . et n
MATHÉMATIQUES

Nous mettons alors en avant deux choses capitales.


B Comme depuis le récent 2.c, les deux vecteurs 1 et X appartiennent à E1 (Tn ) et
parce que la famille (1, X) est libre, nous arguons déjà que pui
S cientifique

dim E1 (Tn ) > 2

188 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 188 13/10/2017 11:35


B Vu que — never forget ! — un sous-espace propre n’est jamais nul, nous nous
arrogeons également
HEC
8k 2 [[2, n]], dim E↵k (Tn ) > 1.

Il en résulte sans trembler que

C ORRIGÉ
dim E1 (Tn ) + dim E↵2 (Tn ) + · · · + dim E↵n (Tn ) > n + 1,

ou encore

dim E1 (Tn ) + dim E↵2 (Tn ) + · · · + dim E↵n (Tn ) > dim Rn [X], (1)

et il est maintenant l’heure de rappeler aux amnésiques le dogme suivant :


la règle du non-dépassement
Soit E un espace vectoriel de dimension finie et φ un endomorphisme de E. Toute somme
de dimensions d’espaces « genre » Eλ (φ) attachés à des scalaires λ deux à deux distincts
ne peut, en aucun cas, dépasser la dimension ambiante, en l’occurrence dim E.
Comme nous avons précisé que 1, ↵2 . . . , ↵n , sont précisément deux à deux distincts, il
résulte de cette précieuse règle que

dim E1 (Tn ) + dim E↵2 (Tn ) + · · · + dim E↵n (Tn ) 6 dim Rn [X]. (2)

La synthèse des inégalités (1) et (2) est alors élogieuse. Nous avons la superbe

dim E1 (Tn ) + dim E↵2 (Tn ) + · · · + dim E↵n (Tn ) = dim Rn [X],

qui, comme nous le savons bien, est une nécessaire suffisance de diagonalisabilité de Tn
appelée parfois « condition du comptable ».
3. Nous commençons par un peu de culture en précisant que les polynômes
n
X ⇣k⌘ n
X ⇣ k ⌘✓n◆
f Bn,k = f X k (1 − X)n−k
n n k
k=0 k=0

sont appelés polynômes de Serge Bernstein attachés à la fonction f . Nous allons bientôt
découvrir une propriété qui les relie étroitement à la fonction f .
Un peu de patience donc…
a. Soit n 2 N⇤ . La variable Z n étant finie, elle possède des moments de tous les ordres
et nous avons en particulier la linéaire
MATHÉMATIQUES

E(Zn )
E(Z n ) = = z,
n
puis la quadratique
S cientifique

V(Zn ) z(1 − z) ,
V(Z n ) = =
n2 n

ANNALES CCIR 2017-2018 l 189

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 189 13/10/2017 11:35


le côté B(n, z) de Zn ayant éveillé quelques uns de nos souvenirs.
HEC Soit alors ✏ > 0. Vu ce que nous venons de narrer, l’inégalité de Jules Bienaymé et
Pafnouti Tchebychev, appliquée ici à la variable Z n , s’écrit sur-le-champ
  z(1 − z)
p |Z n − z| > ✏ 6 ,
n✏2
C ORRIGÉ

et il en résulte by squeeze que


 
p |Z n − z| > ✏ −−−−! 0,
n!+1

chronique d’une convergence en probabilité annoncée. . .


b. La fonction |f | est, comme sa consœur f , continue sur le segment [0, 1]. Un important
théorème d’optimisation de Karl Weierstrass stipule alors qu’elle y possède un maximum.
� Nous rassurons notre lecteur en indiquant qu’elle y possède également un minimum,
mais que celui-ci ne doit pas passionner les foules à cet endroit. . .
c. Au vu et au su de son côté binomial, les valeurs de la variable Zn appartiennent
au segment [0, n] et celles de sa dulcinée Z n se situent, quant à elles, dans [0, 1] qui se
trouve être précisément le domaine de définition de f . La composition f (Z n ) est donc
parfaitement définie et c’est une bonne chose.
Cependant l’histoire ne dit pas vraiment pourquoi Un est véritablement un événement
mais, pour ne pas perturber le déroulement des opérations, nous le prendrons pour argent
comptant. Procédons au baptême

h = 2M 1Un + ✏ 1U n

et annonçons ! 2 ⌦. Il nous faut tout d’abord observer que, très triangulairement, nous
pouvons avancer que
   
f (Z n (!)) − f (z) 6 f (Z n (!)) + |f (z)| 6 2M

On passe alors à la phase organisationnelle.


B Si ! appartient à Un , nos indics nous informent que

1Un (!) = 1 et 1U n (!) = 0,

à telle enseigne que


h(!) = 2M.
Vu un certain triangle supra, l’inégalité
 
MATHÉMATIQUES

f (Z n (!)) − f (z) 6 h(!)

est d’actualité dans ce premier cas. (*)


B Si ! appartient à U n , nous avons a contrario
S cientifique

 
f (Z n (!)) − f (z) 6 ✏,

190 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 190 13/10/2017 11:35


et comme nous sommes cette fois informés que h(!) = ✏, nous pouvons envisager la
suite.
HEC
d. Nous conservons les dispositions de la question précédente en y apportant l’ évidente
amélioration selon laquelle
 
f (Z n ) − f (z) 6 2M 1 + ✏,
Un

C ORRIGÉ
les indicatrices ayant rarement l’occasion de dépaser 1 ! La finitude de nos variables nous
donnant toute raison d’espérer, la précieuse linéacroissance du green operator amène
tranquillement et dans un premier temps à
 
Ef (Z n ) − f (z) 6 2M p(Un ) + ✏.

L’officielle inégalité triangulaire de l’espérance se charge, quant à elle, de nous rappeler


que     
E f (Z n ) − f (z)  6 Ef (Z n ) − f (z)

inégalité qui, profitant d’une gentille linéarisation à gauche, se métamorphose en


     
E f (Z n ) − f (z) 6 Ef (Z n ) − f (z),

ce qui, transitivement, nous amène in fine à


   
E f (Z n ) − f (z) 6 2M p(Un ) + ✏. (3)

La question 3.a nous a permis d’apprendre que


P
Z n −−−−! z,
n!+1

et le fantastique théorème de la fonction continue(*) assure alors que


P
f (Z n ) −−−−! f (z),
n!+1

Il en émane tout naturellement que

2M p(Un ) −−−−! 0
n!+1

ce qui, de manière epsilontik, produit un entier n0 > 1 tel que

8n > n0 , 2M p(Un ) 6 ✏.

Il résulte alors de l’inégalité (3) supra que


MATHÉMATIQUES

   
8n > n0 , E f (Z n ) − f (z) 6 2✏,

(*) Il eut cependant officiellement fallu que f soit continue sur R tout entier mais comme elle l’est sur le segment [0,1], il ne doit
pas être insurmontable de la prolonger à R, en toute continuité, s’entend…
S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 191

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 191 13/10/2017 11:35


et même si l’honneur n’est pas sauf — on termine sur 2✏ et non sur ✏ ! —, nous avons bel Le
et bien fini par établir que   mé
HEC E f (Z n ) −−−−! f (z).
n!+1
Par
Il reste alors à ne pas avoir égaré le théorème de transfert qui rend compte de l’égalité
  5.a
8n 2 N⇤ , E f (Z n ) = fn (z),
B
C ORRIGÉ

qui n’est pas vraiment pour nous déplaire. des


 Nous avons finalement démontré que, lorsque f est continue sur [0, 1], la suite des B
polynômes de Bernstein converge simplement vers f sur [0, 1], ce qui signifie tout bêtement des
que
B
8z 2 [0, 1], lim fn (z) = f (z)
n!+1

Ce résultat a été obtenu à la fin du récent d.


Ainsi, pour toute fonction f continue sur [0, 1], il existe une suite de polynômes qui ce
converge simplement vers f sur [0, 1]. Ce résultat pourrait être appelé « théorème rac
d’approximation de Weierstrass » du pauvre, car le vrai, le beau, le grand théorème de plu
Karl assure qu’en réalité, il existe une suite de polynômes qui converge uniformément(*)
vers f sur [0, 1], ce qui est more amazing !
4.a. C’est dans un « grand » élan scylabic que nous proposons
L’a
function Z = binom(n, z) son
Z = grand(1, 1,’bin’, n, z) l’oc
endfunction
isom
b. Signalons, et pas que pour le fun, que la fonction f ici choisie, est bien continue sur b
le segment [0, 1], la raison essentielle étant que, selon une très classique prépondérance, avo
nous avons
x ln x −−−−! 0.
x!0 et l
pol
x>0

Cela étant, pour chaque entier k 2 [[1, N ]], le kième passage dans notre boucle for ajoute
à S une simulation d’une variable aléatoire, mettons f (Z n,k ) de même loi que f (Z n ) à
telle enseigne que le display final simulera

f (Z n,1 ) + f (Z n,2 ) + · · · + f (Z n,N ) . Il e


N pol
il d
En outre, les différents appels à binom(n, z) sont informatiquement indépendants, et
grâce au lemme des coalitions, nous pouvons espérer l’indépendance des f (Z n,k ). La
sempiternelle finitude ambiante faisant que f (Z n ) possède une variance, la loi faible des
grands nombre répond à l’appel en stipulant que

f (Z n,1 ) + f (Z n,2 ) + · · · + f (Z n,N ) P  


MATHÉMATIQUES

−−−−! E f (Z n ) .
N N !+1 Com

(*) Le lecteur curieux désirant savoir ce qu’est une telle convergence pourra avantageusement saisir la locution « convergence
uniforme » dans son favorite search engine et essayer d’en décrypter toute la nuance !
S cientifique

192 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 192 13/10/2017 11:35


Le code en question affiche donc une valeur approchée de l’espérance de f (Z n ), et la
méthode employée ici a de sérieuses origines monégasques !
HEC
Partie 2

5.a. Nous nous organisons en trois temps.


B Quand on sait bien compter, il est clair que Φ applique bien Rn [X] dans R , une
n+1

C ORRIGÉ
des raisons essentielles étant que les fonctions polynômes sont définies partout, partout !
B La linéarité de Φ n’est qu’une formalité s’appuyant uniquement sur les définitions
des opérations sur les polynômes et sur les listes.
B Soit P appartenant à Ker Φ. Autant dire alors que

P (x0 ) = P (x1 ) = · · · = P (xn ) = 0,

ce qui, au vu et au su de nos hypothèses, procure au polynôme P pas moins de n + 1


racines différentes. Vu sa situation géographique — au cœur de Rn [X] — son avenir est
plutôt sombre et nous avons donc

Ker Φ = {0}.

L’application linéaire Φ est donc désormais injective, mais comme Rn [X] et Rn+1
sont deux espaces vectoriels réels ayant, officiellement, la même dimension finie, en
l’occurrence l’entier n + 1, la conclusion passe par la rocambolesque caractérisation des
isomorphismes en même dimension finie.
b. Soit i appartenant à [[0, n]], grâce au lumineux « delta » de Leopold Kronecker, nous
avons
ei = (δik )06k6n
et la désormais bijectivité de Φ cautionne l’existence — et aussi l’unicité ! — de ce
polynôme Li 2 Rn [X] qui, vérifie en fin de compte

8k 2 [[0, n]], Li (xk ) = δik . (δ)

Il en résulte, en particulier, que les xk pour lesquels k 6= i sont des racines différentes du
polynôme Li , et comme ce dernier est situé dans Rn [X] et que nous savons bien compter,
il doit exister une constante c 2 R, telle que
n
Y
Li = c (X − xk ).
k=0
k6=i
MATHÉMATIQUES

Comme nous avons également Li (xi ) = 1, on a obligatoirement

1 ,
c= n
Y
(xi − xk )
S cientifique

k=0
k6=i

ANNALES CCIR 2017-2018 l 193

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 193 13/10/2017 11:35


à telle enseigne qu’effectivement B
lag
HEC n
Y X − xk .
Li =
k=0
xi − xk
k6=i

 Les polynômes Li sont les fameux polynômes de Joseph-Louis Lagrange attachés à la ce


C ORRIGÉ

liste sans répétition (x0 , . . . , xn ). La propriété selon laquelle par


8i 2 [[0, n]], 8k 2 [[0, n]], Li (xk ) = δik ,

est à n’en pas douter, le plus important attribut de ce genre de polynômes. Nous nous y La
référerons sous le nom de δ-property.
nou
c. Nous attaquons l’affaire en cinq points. B
B Les fonctions polynomiales étant définies partout, partout, il est manifeste que bie
applique bien Rn [X]⇥Rn [X] dans R. hoc
B La symétrie de se passe de tout commentaire. L
B On fixe Q 2 Rn [X]. La linéarité de l’application que
ma
n
X
P 7! P (xk )Q(xk ) L’o
k=0

repose essentiellement sur celle de la sommation épaulée au passage par la définition des
opérations sur les polynômes et par un nanochouia de distributivité.
B La positivité de est « genre » le nez au milieu de la figure. Seu
B Soit pour finir P 2 Rn [X] vérifiant

(P, P ) = 0,

c’est-à-dire
n
X la δ
P 2 (xk ) = 0. Bre
k=0

Le sempiternel argument des sommes nulles de réels positifs ou nuls obligeant inélucta-
blement
P (x0 ) = P (x1 ) = · · · = P (xn ) = 0,
nous concluons que P = 0 puisqu’il appartient au noyau de l’injection Φ rencontrée, rela
chemin faisant(*), quelques lignes plus haut. d
 Ce produit scalaire a également son lot de célébrité. C’est celui de Joseph-Louis attaché de
à la liste
MATHÉMATIQUES

(x0 , x1 , . . . , xn ).
Il nous faut maintenant causer d’orthonormalité. Nous nous y prenons en deux temps.
et l
(*) Pan, pan !
S cientifique

194 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 194 13/10/2017 11:35


B Soit i et j deux entiers appartenant à [[0, n]], Grâce à l’incontournable δ-property
lagrangienne, nous avons tour à tour
HEC
n
X n
X
(Li , Lj ) = Li (xk )Lj (xk ) = δik δjk ,
k=0 k=0

ce qui, après la toujours aussi délicieuse gestion des symboles de Leopold — tout

C ORRIGÉ
particulièrement le second — se réduit comme peau de chagrin à

(Li , Lj ) = δij .

La famille (L0 , L1 , . . . , Ln ) est donc dorénavant orthonormale et c’est une excellente


nouvelle.
B Everybody knows que les familles orthonormales sont libres et notre famille est donc
bien une base de Rn [X] puisqu’elle est de surcroît — et ouvertement ! — de longueur ad
hoc et que nous avons déjà cité l’efficace caractérisation des bases en dimension finie.
 Le texte aurait pu caser ici un précieux complément, à savoir l’écriture d’un polynôme
quelconque P 2 Rn [X] sur cette prodigieuse base. Nous décidons donc de combler ce
manque.
L’officielle propriété « coordonnées dans une base orthonormale » précise qu’ici
n
X
P = (P, Li )Li .
i=0

Seulement voilà, pour chaque entier i 2 [[0, n]], nous avons successivement
n
X n
X
(P, Li ) = P (xk )Li (xk ) = P (xk )δik = P (xi ),
k=0 k=0

la δ-property et les délicieuses gestions ayant eu, en core une fois, leur pesant d’arachide.
Bref, la réponse à notre préoccupation est
n
X
8P 2 Rn [X], P = P (xi )Li , (idl)
i=0

relation fondamentale appelée parfois « formule d’interpolation de Lagrange ».


d. Soit j 2 [[0, n]]. D’après la magnifique formule (idl) que nous venons, à l’instant,
de mettre sur le marché, nous avons
n
X
MATHÉMATIQUES

Xj = xji Li ,
i=0

et le protocole « passage » qu’il faut impérativement maîtriser, stipule que


⇥ ⇤
S cientifique

A = xji 06i6n .
06j6n

ANNALES CCIR 2017-2018 l 195

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 195 13/10/2017 11:35


 Cette dernière matrice s’appelle matrice d’Alexandre Théophile Vandermonde attachée B
à la liste (x0 , x1 , . . . , xn ) et on la trouve dans la littérature sous le look
HEC B

V(x0 , x1 , . . . , xn ). On

e. Nous pouvons avantageusement reformuler notre problématique par le biais de


l’application Φ du début de cette partie. À bien y regarder, on désire tout simplement
C ORRIGÉ

l’existence et l’unicité d’un certain polynôme Pf 2 Rn [X] qui vérifie pr


� � No
Φ(Pf ) = f (x0 ), f (x1 ), . . . , f (xn ) ,
s’a
et comme depuis une fort belle lurette, Φ est bijective. . . nou
Pour finir, nous profitons de notre dernière pépite (idl), car elle témoigne déjà de l’égalité B
zér
n
X
Pf = Pf (xi )Li ,
i=0
No
qui, au travers de la mission interpol de Pf , se transfigure in fine en sati
n
X
Pf = f (xi )Li .
i=0

6.a. Les dispositions prises font, entre autres, que Il e

Pf 2 Rn [X] ; Qf 2 Rn+1 [X],

et également et c
8i 2 [[0, n]], Pf (xi ) = Qf (xi ) = f (xi ).
Il en résulte que les n+1 réels distincts x0 , . . . , xn sont des racines du polynôme Qf −Pf
qui, depuis peu, semble appartenir à Rn+1 [X]. Nous sommes donc dans l’obligation nou
d’exiger un réel δ tel que l’in
B
Qf − Pf = δ(X − x0 )(X − x1 ) · · · (X − xn ),
s’a
et vu la définition du polynôme w… en

 On observera qu’en dépit de la timidité du texte, on a en réalité


et,
8t 2 R, Qf (t) − Pf (t) = δ w(t). l’or
À b
b. Le tout début de la question procède uniquement de la raison d’être du polynôme ce q
MATHÉMATIQUES

interpolateur Qf . La suite repose sur le classique résultat d’analyse que voilà, qui, même
La
s’il n’est pas totalement officiel, est souvent traité en classe par le professeur !
l’im
le lemme de rolle bea
Soit I un intervalle quelconque de R et m un entier naturel non nul. Soit également f une jud
S cientifique

application de I dans R qui vérifie

196 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 196 13/10/2017 11:35


B f est continue sur I ;

B f est dérivable m fois sur l’intérieur I de I. HEC
On suppose que la fonction f s’annule en m + 1 points distincts de I. Alors,

9 c 2 I, f (m) (c) = 0.

C ORRIGÉ
preuve
Nous allons établir par récurrence finie sur i que, pour tout i 2 [[1, m]], la fonction f (i)

s’annule au moins m − i + 1 fois dans I , ce qui, en y choisissant i = m, ne pourra que
nous combler définitivement.
B Nous trions en croissant les m + 1 annulations de f et nous obtenons ainsi m + 1
zéros a0 , . . . , am de f dans I tels que

a0 < a1 < · · · < am .

Nos lumineuses hypothèses font que, pour chaque entier k 2 [[0, m − 1]], la fonction f
satisfait aux quatre nécessités du théorème originel de Rolle entre ak et ak+1 , à savoir

ak 6= ak+1 ; f (ak ) = f (ak+1 ),

continuité sur le segment [ak , ak+1 ] ; dérivabilité sur l’ouvert ]ak , ak+1 [.
Il existe donc un réel ck 2 ]ak , ak+1 [ tel que

f 0 (ck ) = 0,

et comme nous avons l’interlacement

a0 < c0 < a1 < · · · < am−1 < cm−1 < am ,



nous sommes bien à la tête de m annulations de f 0 , ouvertement situées dans I , et
l’initialisation est in the pocket.
B Supposons maintenant que, pour un entier i vérifiant 1 6 i < m, la fonction f
(i)

s’annule en au moins m − i + 1 points de l’intérieur de I. Comme supra nous les trions


en croissant, mettons
b0 < · · · < bm−i ,
et, pour chaque k 2 [[0, m − i − 1]], les lumineuses permettent d’appliquer cette fois
l’originel à f (i) entre bk et bk+1 .
À bien y regarder, cela devrait nous procurer pas moins de m − i annulations de f (i+1) ,
ce qui nous permet de revenir à nos ovins.
MATHÉMATIQUES

La fonction h possède dorénavant n + 2 zéros distincts situés dans l’intervalle [a, b] et vu


l’immense classe des fonctions poynomiales, elle est de classe C n+1 sur [a, b] ce qui est
beacoup plus qu’il n’en faut pour lui appliquer le précédent lemme en ayant fait les choix
judicieux
S cientifique

I = [a, b] et m = n + 1.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 197

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 197 13/10/2017 11:35


En conséquence, il existe bel et bien un réel — pourquoi ne pas le nommer ✓ ! — situé et q
dans l’intérieur de [a, b], à savoir
HEC ◦ En
I = ]a, b[,
qui est tel que h(n+1) (✓) = 0, and Bob’s your uncle !
c. The tricky guy writes
C ORRIGÉ

8t 2 [a, b], f (t) − Pf (t) = h(t) + Qf (t) − Pf (t) = h(t) + δ w(t), Par

la dernière égalité procédant du délicieux mais récent a, et après une légale dérivation à
7. L
l’ordre n + 1, il apparaît linéairement que Il i
nou
8t 2 [a, b], (t) = h (t) + (n + 1)!δ, ces
(n+1) (n+1)
f
sys
puisque d’une part, nulle est la dérivée (n+1)ième d’un polynôme de Rn [X] et que, d’autre
part, celle du monic polynomial w, de degré n + 1, vaut exactement (n + 1)! parce que Cep
nous le savons bien. L’évaluation au point ✓ du récent b amène alors sur un plateau la très vig
précieuse égalité
a
f (n+1) (✓)
δ=
(n + 1)!
qui en révèle un petit peu plus sur le mystérieux δ apparu quelques lignes plus haut.
est
Il nous revient maintenant qu’il y a une des textuelles dispositions qui n’a pas encore eu
son mot à dire ; nous parlons de l’interpolation de f par Qf au point x̄ grâce à laquelle b
ym
f (x̄) − Pf (x̄) = Qf (x̄) − Pf (x̄) = δ w(x̄), la f

le famous and recent a ayant, encore une fois, été mis à contribution. Le levé de voile c
concernant δ nous permet alors de clôturer en beauté cette question.
d. Nous commençons par une mise au point qui n’est pas vraiment un scoop.
La fonction f étant de classe C n+1 sur [a, b], la fonction |f (n+1) | est continue sur ce
segment et selon le théorème d’optimisation de karl déjà cité plus haut elle y possède Pui
carrément un maximum(*). Soit t appartenant à [a, b] et organisons-nous en deux temps. la s
B Si t est l’un des xk , l’interpolitude fait que

f (t) − Pf (t) = 0,

et nous pouvons, positivement, passer à la suite. Le


B Si t est différent de x0 , . . . , xn , nous avons le loisir de choisir x̄ = t et il existe donc con
depuis peu un réel ✓ 2 ]a, b[ tel que

1
MATHÉMATIQUES

|f (t) − Pf (t)| = ⇥|w(t)|⇥|f (n+1) (✓)|


(n + 1)!
et l
(*) Au risque de radoter, nous rappelons qu’il est très vexant pour un max, de se faire bassement appeler sup. Nous avons à
chaque fois une pensée émue pour Hervé Christiani et sa liberté… 8. L
bel
S cientifique

à av

198 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 198 13/10/2017 11:35


et quand on maîtrise la notion de maximum…
En bref et compte tenu de notre nostalgique rectification, nous revendiquons HEC
1
8t 2 [a, b], |f (t) − Pf (t)| 6 ⇥|w(t)|⇥ max |f (n+1) |.
(n + 1)! [a,b]

C ORRIGÉ
Partie 3

7. Le texte précise que, dorénavant, l’entier n sera autorisé à bouger.


Il il est dès lors très louable d’afficher la dépendance à n des uns et des autres et cela
nous amène, par exemple, aux notations « genre » xk,n . Comme nous trouvons lourdes
ces dispositions truffées de n, et si cela ne dérange personne, nous ne les utiliserons pas
systématiquement.
Cependant, lorsque n se décidera à jouer véritablement les filles de l’air, nous serons
vigilants et nous aviserons !
a. Puisque ⇢ n’est pas nul, la fonction polynomiale

x 7! x2 + ⇢2

est de classe C 1 sur R et ne s’y annule jamais. Il ne reste donc plus qu’à culbuter l’affaire !
b. La fonction f⇢ est nouvellement de classe C 1 sur R et à bien y regarder elle semble
y manifester une certaine parité. Nul ne peut alors ignorer ignorer que, pour tout n 2 N,
la fonction f⇢ a la même parité que l’entier n et quand la valeur absolue passe par là…
(n)

c. Soit x un réel vérifiant |x| < ⇢ et profitons-en pour définir l’allégé

x2 .
a=−
⇢2

Puisqu’àPl’évidence |a| < 1, le serial geometer peut exiger avec force la convergence de
la série ak , ainsi que l’égalité
+1
X 1 .
ak =
1−a
k=0

Le remplacement de a par son vrai visage et quelques minuscules aménagements


conduisent alors dans la douceur à
+1
X x2k ⇢2 ,
(−1)k = 2
x + ⇢2
MATHÉMATIQUES

⇢2k
k=0

et le salut passe enfin par une gentille division par le non nul ⇢2 .
8. Le théorème que le texte admet à cet endroit est un des fondamentaux d’une très
belle théorie analytique appelée « étude des séries entières ». Nous sommes nombreux
S cientifique

à avoir souvent demandé que cette artillerie lourde soit au programme de nos classes,

ANNALES CCIR 2017-2018 l 199

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 199 13/10/2017 11:35


mais malheureusement sans succès et nous sommes donc bel et bien obligés de nous
sousmettre…
HEC
À côté de cela, et autant le mettre en place tout de suite, le même serial geometer justifiera
comme au précédent 7.c que l’on a également
+1 2k
X x ,
C ORRIGÉ

8x 2]−⇢, ⇢[, v(x) =


⇢2k
k=0

égalité que nous gardons sur le feu pour l’instant.


a. Le texte est catégorique. Il a bien dit déterminer « les » réels et non déterminer
« des » réels et il s’agit donc d’une genuine problématique d’existence et d’unicité que
nous allons gérer par analyse-synthèse.
analyse
Supposons que le couple (p, q) soit convenable. Après une tranquille réduction au même
dénominateur il apparaît que

8x 2 ]−⇢, ⇢[, (p − q)x + ⇢(p + q) = ⇢2 .

Comme l’ouvert ]−⇢, ⇢[ est un ensemble infini, les deux polynômes

(p − q)X + ⇢(p + q) et ⇢2 ,

are infinitely matching et sont donc fatalement égaux. Ils ont ainsi les mêmes coefficients
et voilà désormais que
p − q = 0 et p + q = ⇢,
puisqu’il est précisé depuis une belle lurette que ⇢ n’est pas nul. Il s’ensuit obligatoirement
que
p=q= ,

2
et nous sommes supposés savoir qu’une telle conclusion d’analyse règle inéluctablement
la question de l’unicité.
synthèse
Ce n’est maintenant qu’une formalité que de contrôler l’idoinitude du couple
⇣⇢ ⇢⌘
,
2 2
et nous la laissons, as usual, à la charge de notre dévoué lecteur.
b. L’intervalle ]−⇢, ⇢[ est symétrique par rapport à 0 et notre fonction v y est
manifestement de classe C 1 et paire. C’est alors exactement comme au récent 7.b, que
MATHÉMATIQUES

nous assénons

8n 2 N⇤ , 8x 2 ]−⇢, ⇢[, |v (n) (x)| = |v (n) (−x)|.


(*)
S cientifique

c. Soit x appartenant à l’ouvert ]−⇢, ⇢[.

200 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 200 13/10/2017 11:35


Soit n 2 N⇤ . Grâce au théorème de dérivation des séries entières — le bazooka que nous
avons admis ! — la série
X (−1)k � �(n) HEC
x2k (bazoo)
⇢2k
k>0

est convergente et nous avons

C ORRIGÉ
+1
1 X (−1)k � 2k �(n)
f⇢(n) (x) = x ,
⇢2 ⇢2k
k=0

où, une fois n’est pas coutume, nous nous sommes autorisés une notation, certes un peu
exotique — mais ô combien pratique parfois ! — des dérivées successives.
Nous ressortons maintenant l’égalité qui mijote plus haut au début du 8 et la même rockette
antichar, nous apprend cette fois que la nouvelle série
X 1 � �(n)
x2k , (antichar)
⇢2k
k>0

converge à son tour et que


+1
X 1 � 2k �(n)
v (n) (x) = x .
⇢2k
k=0

La situation pourrait sembler mal engagée, car nous avons visiblement de méchants
problèmes de signe, mais fort heureusement, les questions 7.b et 8.b sont là pour nous
persuader que, pour tirer notre épingle du jeu, il suffit à coup sûr de traiter le cas x > 0,
ce que nous supposons sur le champ.
Cette désormais positivité de x a une conséquence énorme pour ne pas dire maous costaud.
Elle révèle en effet que
� 2k �(n)
8k 2 N, x > 0,
puisque le dérivateur compulsif ne peut ignorer l’arrangement selon lequel
8 n 2k−n
� 2k �(n) < A2k x si 2k > n,
8k 2 N, x =
:
0 sinon.

Ces précieuses informations révèlent alors que la série valuée de la série (bazoo) n’est
autre que sa voisine (antichar) et nous en déduisons que la série (bazoo) est absolument
convergente. Elle est dorénavant tout à fait favorable à l’inégalité triangulaire(*) et voilà
donc au bout du compte que
MATHÉMATIQUES

+1
1 X 1 � 2k �(n)
|f⇢(n) (x)| 6 x ,
⇢2 ⇢2k
k=0

(*) On rappelle qu’il est totalement interdit de « trianguler » les séries semi-convergentes et pour cause !
S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 201

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 201 13/10/2017 11:35


ce qui, parce que v (n) (x) est ici positif, s’écrit éxactement et c
uni
HEC 1 (n) und
|f⇢(n) (x)| 6 |v (x)|.
⇢2
a
Disons pour finir, que nous avons déjà indiqué que les questions 7.b et 8.b se chargeraient B
de régler en douceur le cas de la négativité de x, et nous envigeasons maintenant de
C ORRIGÉ

changer de question.
� Indépendamment des bazookas et autres rockettes, la question est loin d’être anodine. Le
crux de l’affaire est la légalisation de la « triangulation » de la série définissant f⇢ (x) !
(n)
B
Nous pensons qu’il y a sûrement d’autres façons de parvenir à la convergence absolue
de cette série — arguments « genre » binôme négatif, par exemple — mais nous avons
finalement opté pour l’artillerie lourde.
d. Soit n 2 N⇤ . Il est très facile — et très classique — de justifier que les fonctions
Éta
1 1
x 7! et x 7!
⇢−x ⇢+x

ont pour dérivées nièmes respectives

n! (−1)n n! c’e
x 7! et x 7! nou
(⇢ − x)n+1 (⇢ + x)n+1

Nous laissons au lecteur dubitatif le soin de s’en assurer inductivement. Il résulte alors de
la toute proche question 8.a, délicatement triangulée, que

⇢n! ⇣ 1 1 ⌘
,
8x 2 ]−⇢, ⇢[, |v (n) (x)| 6
2 (⇢ − x)n+1
+
(⇢ + x)n+1 Seu

puisque, as usual, les quantités déjà positives, sont dispensées de valuation. Supposons
désormais que x soit un élement du segment [−1, 1]. La nouvelle situation géographique
de ⇢ obligeant maintenant les strictement providentielles

0 < ⇢ − 1 6 ⇢ − x et 0 < ⇢ − 1 6 ⇢ + x, et n
Il n
ce n’est qu’une affaire de puissante élévation et de culbute que de parvenir à

|v (n) (x)| 6
⇢n! ,
(⇢ − 1)n+1 ou,
une gentille simplification par 2 s’étant glissée dans les rouages. La précédente question
et une autre aimable simplification conduisent alors aisément au résultat souhaité.
9. Nous rappelons que, au tout début de cette partie 3 et pour des raisons de légèreté, nous com
MATHÉMATIQUES

avons demandé l’autorisation de noter simplement et sporadiquement xk le heavy xk,n . pro


Cela étant et à très bien y regarder, le réel x appartient à la réunion
n−1
[
S cientifique

]xi , xi+1 [
i=0 He

202 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 202 13/10/2017 11:35


et comme il s’agit d’une réunion ouvertement « disjointe », il existe effectivement un
unique entier k 2 [[0, n − 1]] tel que x appartienne à ]xk , xk+1 [. Everything is therefore
under control ! HEC

a. Soit i appartenant à [[0, n]]. Nous devons faire la part des choses.
B Si i 6 k, vu la position idyllique de x et la définition des xi nous avons tour à tour

C ORRIGÉ
2
|x − xi | = x − xi 6 xk+1 − xi = (k − i + 1).
n

B Si i > k + 1, au su de la même paradisiaque situation, nous avons cette fois

2
|x − xi | = xi − x 6 xi − xk 6 (i − k).
n

Étant maintenant entendu que

n
Y k
Y n
Y
|wn (x)| = |x − xi | = |x − xi | ⇥ |x − xi |,
i=0 i=0 i=k+1

c’est dans une douce ambiance de positivité qu’une multiplication membre à membre
nous conduit tranquillement à

⇣ 2 ⌘n+1 k
Y n
Y
|wn (x)| 6 ⇥ (k − i + 1) ⇥ (i − k).
n i=0 i=k+1

Seulement voilà, la factorielle attitude est formelle. Nous avons sans conteste

k
Y n
Y
(k − i + 1) = (k + 1)! et (i − k) = (n − k)!,
i=0 i=k+1

et nous avons déjà fait un bon bout de chemin.


Il nous reste maintenant établir la majoration

(k + 1)!(n − k)! 6 n!,

ou, ce qui revient au même, ✓ ◆


n ,
k+16
k
comme l’affirme une certaine et importante formule dite des « trois factorielles ». Mais
MATHÉMATIQUES

profitant également d’une incontestable symétrie binomiale, nous allons plutôt établir que
✓ ◆
k+16
n .
n−k
S cientifique

Here we go !

ANNALES CCIR 2017-2018 l 203

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 203 13/10/2017 11:35


Nous remarquons tout bêtement que les ensembles B

HEC [[1, n − k]] ; [[2, n − k + 1]] ; ··· ; [[k + 1, n]],

sont de genuine parties à n − k éléments de l’ensemble [[1, n]] et comme k est provi- ce q
dentiellement différent de n, elles ont le bon goût d’être distinctes. En conséquence et
parce que nous savons bien compter, nous disposons déjà de k + 1 parties différentes de
C ORRIGÉ

[[1, n]] ayant, chacune, le cardinal n − k et les zélés dénombreurs savent bien que [[1, n]] a
à no
exactement et au total ✓ ◆
n �C
n−k cho
sous-ensembles de cardinal n − k. So…
� Nous faisons remarquer que l’hypothèse k < n est loin d’être anodine dans cette affaire. et u
C’est absolument grâce à elle que les ensembles dép
sup
[[1, n − k]] ; [[2, n − k + 1]] ; ··· ; [[k + 1, n]], que
c
sont différents et qu’il y en a donc k + 1. Le lecteur insensible au vertigo pourra noter
qu’en revanche, si k = n, nos ensembles sont tous égaux à l’ensemble vide et il n’y en
a donc qu’un seul ! Enfin et histoire d’enfoncer le clou, il pourra également observer que
dans ce cas douteux l’inégalité nous avons
D’a
✓ ◆
n
= 1 < k + 1 = n + 1.
n−k
nou
b. Notons momentanément (an ) et (bn ) les deux suites définies sur N⇤ par
⇣ 2 ⌘n+1 ⇣ 2 ⌘n+1
8n > 1, an = ⇥ n! et bn = .
n e
Les
La suite (bn ) est nettement à valeurs strictement positives et grâce à l’équivalence de
Stirling-de Moivre puis à de spectaculaires simplifications, on trouve très facilement que
r
an 2⇡ .
bn n!+1
⇠ e
n la 8
dan
On en déduit naturellement que
an
−−−−! 0,
bn n!+1
et il existe alors un entier n0 > 1, tel que La
MATHÉMATIQUES

an
8n > n0 , 6 1 i.e. an 6 bn .
bn

Soit maintenant n > n0 et x 2 [−1, 1] et organisons-nous gentiment. tou


Si x est l’un des réels xi,n , nous avons wn (x) = 0 et les palmipèdes échappent à la par
S cientifique

B
wooden leg !

204 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 204 13/10/2017 11:35


B Si x n’est pas l’un des xi,n , la récente question a s’est chargée de mettre en avant

|wn (x)| 6 an , HEC

ce qui, transitivement, et parce que n est plus grand que n0 , débouche sur

|wn (x)| 6 bn ,

C ORRIGÉ
à notre plus grande satisfaction.
� Cette question 9.b a une formulation hyper précise. Sa quantification ressemble à quelque
chose du genre
9n0 2 N⇤ , 8n > n0 , 8x 2 [−1, 1], ...
et un tel ordre dans l’empilement des quantificateurs interdit de proposer un entier n0
dépendant d’un éventuel réel x et c’est fort heureusement le cas de notre n0 dévoilé
supra. Le lecteur curieux ayant pris le temps de creuser l’uniforme remarque suivant la
question 3.d rapprochera ses tergiversations de cette non dépendance…
c. Soit à nouveau n > n0 , x 2 [−1, 1] et supposons suffisamment que

2
⇢>1+ . (s)
e
D’après la question 6.d, dans laquelle nous faisons les choix légitimes et judicieux

a = −1 ; b=1 ; f = f⇢ ,

nous avons déjà


1
|f⇢ (x) − Pf⇢ ,n (x)| 6 ⇥|wn (x)|⇥ max |f⇢(n+1) |.
(n + 1)! [−1,1]

Les questions 8.d et 9.b ont, quant à elles, apporté les précieuses informations suivantes
⇣ 2 ⌘n+1 1 (n + 1)! ,
|wn (x)| 6 et max |f⇢(n+1) | 6 ⇥
e [−1,1] ⇢ (⇢ − 1)n+2

la 8.d étant tout à fait opérationnelle car la suffisance (s) oblige ⇢ > 1. On place tout cela
dans le shaker, on agite bien, et il devrait en ressortir une chose du genre

1 ⇣ 2 ⌘n+1
|f⇢ (x) − Pf⇢ ,n (x)| 6 ⇥ .
⇢(⇢ − 1) e(⇢ − 1)

La fameuse sufficiency qui nous accompagne réalisant la miraculeuse situation


MATHÉMATIQUES

2
06 < 1,
e(⇢ − 1)

tout individu ayant assidûment suivi la classe de première scientifique pourra conclure
par squeeze que
S cientifique

f⇢ (x) − Pf⇢ ,n (x) −−−−! 0,


n!+1

ANNALES CCIR 2017-2018 l 205

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 205 13/10/2017 11:35


ce qui n’est pas pour nous défriser ! à te
HEC  Nous relançons encore une fois le lecteur avide en lui faisant remarquer, qu’ici, la suite
de polynômes (Pf⇢ ,n ) converge uniformément vers f⇢ sur [−1, 1].
10. Nous faisons valoir que, lorsque ⇢ n’est pas nul, la fonction
Si n
t 7! ln(t2 + ⇢2 )
C ORRIGÉ

est carrément de classe C 1 sur le segment [−1, 1]. Elle y est donc assurément continue
et notre intégrale est d’une netteté impeccable ce qui est, pour le moins, une excellente
nouvelle. il e

En outre, et parce que l’intégrande est lumineusement paire, nous n’ignorons pas que
Z
1 1
H(⇢) =
2
ln(t2 + ⇢2 )dt. et n
que
0

a. En partie grâce à ce que nous venons de narrer, les deux fonctions b


ouv
u : t 7! ln(t + ⇢ ) et v : t 7! t
2 2

sont ouvertement de classe C 1 sur le segment [0, 1] et nous avons

8t 2 [0, 1], u0 (t) =


2t
et v 0 (t) = 1. En
t2 + ⇢2 con
voi
L’officiel théorème d’intégration par parties stipule alors que
co
Z 1 Z 1
t2 Soi
ln(t2 + ⇢2 )dt = ln(1 + ⇢2 ) − 2 dt,
0 0 t2 + ⇢2 i
et en vertu de la tricky du siècle selon laquelle i

t2 ⇢2 , i
8t 2 [0, 1], =1− 2
t2 + ⇢2 t + ⇢2

c’est très linéairement que nous revendiquons Alo

Z Z Grâ
ann
1 1
dt .
ln(t2 + ⇢2 )dt = ln(1 + ⇢2 ) − 2 + 2⇢2
0 0 t2 + ⇢2 pos

Comme il se fait tard, nous demandons à notre lecteur compréhensif d’accepter docilement
la facile intégration(*)
MATHÉMATIQUES

Z 1 
1 ⇣ t ⌘�1 1 ⇣1⌘ nou
dt
= Arctan = Arctan ,
0 t2 + ⇢2 ⇢ ⇢ 0 ⇢ ⇢

(*) Il peut être bon de connaître par cœur les primitives de t7!(t2 +a2 )−1 lorsque a est non nul.
Tou
S cientifique

iné

206 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 206 13/10/2017 11:35


à telle enseigne que le résultat des courses devrait finalement être
1 ⇣1⌘ HEC
H(⇢) = ln(1 + ⇢2 ) − 1 + ⇢ Arctan .
2 ⇢
Si nous ajoutons à cela que sans l’ombre d’un doute
⇣1⌘

C ORRIGÉ
−−−−! ,

ln(1 + ⇢2 ) −−−−! 0 et Arctan
⇢!0
⇢>0
⇢ ⇢!0
⇢>0
2

il est assez difficile de s’opposer à

H(⇢) −−−−! −1,


⇢!0
⇢>0

et nous réussissons effectivement le prolongement par continuité souhaité en décretant


que H(0) = −1.
b. Vu les propriétés de classe des logarithmes et autres arctangentes, la fonction H est
ouvertement de classe C 1 sur R⇤+ et l’on trouve aisément
⇣1⌘
8⇢ > 0, H 0 (⇢) = Arctan > 0.

En outre, et maintenant qu’elle a été joliment prolongée, la fonction H est également


continue sur R+ . Nous rappelons alors simplement le fin théorème de Lagrange que
voici.
continuité, dérivabilité, stricte monotonie
Soit I un intervalle de R et f une application de I dans R. On suppose que
i. f est continue sur I ;

ii. f est dérivable sur l’intérieur I de I ;
iii. on a

8x 2 I , f 0 (x) > 0.
Alors, l’application f est strictement croissante sur I.
Grâce à ce très fonctionnel théorème — il devrait figurer dans tous les cours de première
année ! — la fonction H est strictement croissante sur R+ . De plus, comme il est
positivement incontestable que
1
8⇢ > 0, H(⇢) > ln(1 + ⇢2 ) − 1,
2
MATHÉMATIQUES

nous avons sans l’aide d’aucun antalgique

H(⇢) −−−−! +1.


⇢!+1

Toutes ces précieuses informations et le grand théorème de la bijection font alors,


S cientifique

inéluctablement, que H réalise une bijection strictement croissante de R+ sur [−1, +1[.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 207

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 207 13/10/2017 11:35


 Il se trouve, en réalité, que H est ici dérivable en zéro et que H 0 (0) > 0. Nous aurions les
donc pu nous dispenser des finesses du théorème de Lagrange évoqué plus haut, mais méc
HEC pourquoi se priver d’un outil qui se moque, comme de sa première chemise, des faiblesses
de dérivabilité aux bornes de l’intervalle I ?
c. Le réel −1 + ln 2 appartient à l’ouvert ]−1, +1[ et, bijection oblige, il existe
effectivement un unique réel ⇢0 dans l’ouvert R⇤+ tel que ce q
C ORRIGÉ

H(⇢0 ) = −1 + ln 2.

Nous allons alors, en avant-première, utiliser la fonction G qui pointera son bout de nez
à la prochaine question 11, en l’occurence la différence
N
G : x 7! H(x) − (ln 2 − 1), de l
nul
dont le tableau de signe devrait facilement ressembler à

x 0 ⇢0 +1
où,
− 0 +
not
G

Comme Arctan 1 = ⇡/4, nous avons ensuite

G(1) =
⇡ − 2 ln 2
> 0, Il y
4 le p
cette stricte positivité provenant, mentalement, des deux évidences
est
⇡>3 ; 2 ln 2 < 2 ln e = 2, men
sou
la première étant carrément connue de l’homme de la rue ! Un simple coup d’œil à notre
tabeau de signe fait alors qu’il est indubitable que ⇢0 < 1.
 Notons que nous n’avons pas eu la nécessité d’utiliser l’approximation de ln 2 fournie
par le texte qui avait pourtant mis le paquet avec pas moins de trois décimales ! et p
d. Les racines du polynôme wn sont visibles à l’oeil nu. Il s’agit des fameux réels xk,n .
Seulement voilà, vu que ⇢ n’est pas nul, i⇢ n’est pas réel et par conséquent wn (i⇢) n’est
pas nul et l’on a fatalement nou
|wn (i⇢)| > 0.
Remarquons pour la suite que
n
Y et il
wn (i⇢) = (i⇢ − xk,n ),
MATHÉMATIQUES

 N
pro
k=0

et que par conjugaison de ce produit, nous avons également Rie


n
Y
S cientifique

wn (i⇢) = (−i⇢ − xk,n ),


k=0

208 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 208 13/10/2017 11:35


les quantités déjà réelles étant, as usual, dispensées de conjugaison. Il en résulte
mécaniquement que
HEC
n
Y
|wn (i⇢)| = wn (i⇢)⇥wn (i⇢) =
2
(i⇢ − xk,n )(−i⇢ − xk,n ),
k=0

ce qu’une identité remarquable du teenager transforme magnifiquement en

C ORRIGÉ
n
Y
|wn (i⇢)|2 = (⇢2 + x2k,n ).
k=0

 Notons, au passage, que cette égalité fournit une nouvelle preuve de la première partie
de la question. La prise de logarithme, doublement légitimée, et une division par le non
nul n, conduisent alors facilement à

2X ⇣ k⌘
n n
1 1 X
ln |wn (i⇢)| = ln(⇢2 + x2k,n ) = l −1 + 2 ,
n 2n n n
k=0 k=0

où, histoire de mettre un peu de beurre dans les épinards, nous nous sommes autorisés la
notation l pour une fonction qui nous hante depuis quelques lignes, en l’occurrence
1
l : t 7! ln(⇢2 + t2 ).
4
Il y a maintenant de la somme de Riemann dans l’air ! En effet, et depuis la nuit des temps,
le partage
(x0,n , x1,n , . . . , xn,n )
est la subdivion régulière du segment [−1, 1] en n parts et comme l est providentielle-
ment continue sur ce segment, l’important théorème de Darboux-Riemann stipule sans
sourciller que
n−1
2X
l(xk,n ) −−−−! H(⇢),
n n!+1
k=0

et puisque
n n−1
2X 2X 2l(1) ,
l(xk,n ) = l(xk,n ) +
n n n
k=0 k=0

nous avons à l’avenant n


2X
l(xk,n ) −−−−! H(⇢),
n n!+1
k=0

et il nous semble urgent de changer de question.


MATHÉMATIQUES

 Nous nous devons d’insister sur un point de cours particulièrement important. Le


professeur a dû préciser en classe qu’il y a, grosso modo, deux types de sommes de
Riemann de rang n et qui ont les looks respectifs

b−a X ⇣ ⌘ b−a X ⇣ ⌘
n−1 n
S cientifique

k k
f a + (b − a) et f a + (b − a)
n n n n
k=0 k=1

ANNALES CCIR 2017-2018 l 209

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 209 13/10/2017 11:35


et ce sont elles qui sont concernées par le théorème de Darboux-Riemann. Une somme  Il
de genre calc
HEC
b−a X ⇣ ⌘
n
k
f a + (b − a) b
n n
k=0
12.
n’est pas, au sens académique du terme, une somme de Riemann, et c’est ce qui explique mêm
nos petits ajustements supra.
C ORRIGÉ

a
11.a. Juste pour le fun nous vous suggérons de la jouer en qcm avec les trois réponses
possibles que voici :
i. la méthode rose ;
ii. la méthode Coué ; et il
iii. la méthode de dichotomie.
Cela étant, on décrypte sur la première ligne de code que, mettons pour un x > 0, on a Les
b
1 ⇣ 1 + x2 ⌘ ⇣1⌘
G(x) = ln + x Arctan = H(x) + 1 − ln 2, suit
2 4 x laqu
la dernière égalité reposant sur une intervension musclée du physio.
Comme le rôle de la méthode, forcément sélectionnée par nos gagnants de qcm, est de que
donner des valeurs approchées de certains zéros fonctionnels, le programme en question sym
est a priori chargé d’approximer à 10−3 près une solution de l’équation G(x) = 0 mais d’in
qui, vu la deuxième ligne de code, devrait se situer entre 0.25 et 1. Depuis notre avant-
première de la question 10.c nous connaissons un zéro de G, en la personne de ⇢0 , pour
l’instant situé dans l’ouvert ]0, 1[, et le dénouement de l’affaire doit passer par la recherche
de la position de ⇢0 par rapport à 0.25. pré
Comme, à l’époque, nous avons mis en place un très précieux tableau de signe, c’est réel
tout naturellement que notre regard se porte sur G(0.25) et un calcul moins fatiguant que
poétique révèle que
⇣1⌘ 1 ⇣ 1⌘ 1 que
G = ln 1 + − ln 2 + Arctan 4.
4 2 16 4
Everybody knows the classical

8u > −1, ln(1 + u) 6 u. L’é


et l
On sait également qu’un arctangente est toujours inférieur à ⇡/2 et selon l’approximation
de ln 2 textuellement fournie, on peut espérer que ln 2 > 0.6. Comme enfin, l’homme
de la rue sait que ⇡ 6 3.2, il devrait émerger de ce cruel magma que
MATHÉMATIQUES

⇣1⌘ 27 chr
G 6− < 0,
4 160 c
et notre ⇢0 est définitivement situé entre 0.25 et 1.
S cientifique

En conclusion notre code donne une valeur approchée à 10−3 près du fameux ⇢0 alias s0 .

210 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 210 13/10/2017 11:35


 Il se trouve que 1/3 pouvait également faire l’affaire en lieu et place de 0.25 et les
calculs à virgules auraient été un petit peu plus simples, mais à peine…
HEC
b. Nous pensons avoir déjà répondu à cette question !
12. Remarquons avant tout que Sn est un polynôme et aux dernières nouvelles il devrait
même appartenir à Rn+2 [X]. Nous saurons nous en souvenir…

C ORRIGÉ
a. Soit k appartenant à [[0, n]]. Interpolation oblige, nous avons

1 ,
Pf⇢ ,n (xk ) = f⇢ (xk ) =
x2k + ⇢2

et il s’ensuit dans la foulée que


Sn (xk ) = 0.
Les xk sont donc désormais des zéros de Sn , et comme ils sont différents…
b. Il y a une chose que nous n’avons pas eu l’occasion d’utiliser jusqu’ici et qui, par la
suite, va avoir énormément de poids. Il s’agit de la remarque, judicieuse et facile, selon
laquelle
8k 2 [[0, n]], − xk = xn−k , (sym)
que nous avons baptisée (sym) parce qu’elle signifie que les réels xk et xn−k sont
symétriques par rapport à 0. Il est alors assez facile — le lecteur habile en changements
d’indices et autres classiques manipulations s’en sortira très bien — d’en déduire que

8k 2 [[0, n]], 8x 2 R, Lk,n (−x) = Ln−k,n (x),

précieuse propriété qui va bientôt avoir son pesant d’arachide. Soit alors x un nombre
réel. Nous avons
X n
Pf⇢ ,n (−x) = f⇢ (xk )Lk,n (−x),
k=0

que la toute récente et précieuse métamorphose en


n
X
Pf⇢ ,n (−x) = f⇢ (xk )Ln−k,n (x).
k=0

L’éternel changement d’indice de lecture à rebours, say k : = n − k, la propriété (sym)


et la parité de f⇢ font alors qu’au bout du compte

Pf⇢ ,n (−x) = Pf⇢ ,n (x),


MATHÉMATIQUES

chronique d’une parité annoncée…


c. On trouve très facilement
n
Y
1
S cientifique

|wn (yn )| = (2k − 1),


nn+1
k=1

ANNALES CCIR 2017-2018 l 211

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 211 13/10/2017 11:35


le sempiternel changement d’indice countdown ayant encore une fois été mis à contribu-
tion, et comme nul ne peut ignorer les formules dites des doubles factorielles rappelées
HEC infra, on obtient déjà
(2n)! .
|wn (yn )| = n
2 n! nn+1
Il suffit alors de déterrer l’équivalence de James et Abraham pour voir apparaître en beauté
C ORRIGÉ

p ⇣ ⌘
2 2 n,
|wn (yn )| ⇠
n!+1 n e

quelques spectaculaires simplifications ayant, deci delà, jalonné le parcours. Les réels
strictement positifs
p 2
⌧ = 2 et σ = ,
e
sont donc assurément les bienvenus !
 Cette présentation d’équivalence demandée par le texte n’est pas du tout opérationnelle.
Étant entendu que
2
ln = ln 2 − 1 = H(⇢0 ),
e
nous préférons et de loin la nouvelle version
p
2 nH(⇢0 )
|wn (yn )| ⇠ e .
n!+1 n

Nous la ressortirons en temps utiles.


Voici maintenant comme promis une petite piqûre de rappel.
la double factorielle
Soit n un entier naturel. La classique factorielle descend les marches une par une alors
que la double factorielle les descend deux par deux. Elle est notée avec deux points
d’exclamation. Ainsi
n!! = n⇥(n − 2)⇥ · · · ⇥ ⇤
où l’étoile finale « ⇤ » est égale à 1 si n est un naturel impair et à 2 si n est un entier pair
supérieur ou égal à 2.
On a alors, pour tout p 2 N⇤ , les archiclassiques factorialisations

(2p)! ,
(2p)!! = 2⇥4⇥ · · · ⇥(2p) = 2p p! et (2p − 1)!! = 1⇥3⇥ · · · ⇥(2p − 1) =
2p p!

que le lecteur, s’il ne les a jamais pratiquées, retrouvera sans peine muni d’un crayon à
MATHÉMATIQUES

papier et d’un confetti


d. Attention, le résultat admis est faux ! On a en réalité
(*)
� � 1
S cientifique

lim ln |wn (i⇢)| − nH(⇢) = ln(1 + ⇢2 ),


n!+1 2

212 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 212 13/10/2017 11:35


mais, fort heureusement, cela ne va pas chambouler le cours de l’histoire. La sempiternelle
continuité de la fonction exponentielle et notre légendaire habileté en expologmania
doivent normalement nous conduire à HEC

|wn (i⇢)| p
nH(⇢)
−−−−! 1 + ⇢2 ,
e n!+1

et comme les « flèches » vers des limites non nulles(*) peuvent se transformer allègrement

C ORRIGÉ
en équivalence, nous nous permettons de revendiquer
p
|wn (i⇢)| ⇠ 1 + ⇢2 enH(⇢) ,
n!+1

et le nouvel aspect de l’équivalence du récent c nous dépose en douceur sur


r
|wn (yn )| 2 en(H(⇢0 )−H(⇢)) .
⇠ ⇥
|wn (i⇢)| n!+1 1 + ⇢2 n

13.a. Comme nous l’avons déjà découvert lors de la question 10.d nous avons
n
Y
wn (i⇢) = (−i⇢ − xk,n ),
k=0

égalité qui, lorsque l’on sait compter de 0 à n pourrait se décliner en


n
Y n
Y
wn (i⇢) = (−1)n+1 (i⇢ + xk,n ) = (i⇢ − xn−k,n ),
k=0 k=0

la dernière version reposant sur la toute nouvelle imparité de n et sur la savoureuse


propriété (sym) de nos amis xk,n . C’est alors via l’inévitable changement d’indice cuenta
atrás et à la pertinence du physio que nous débouchons sur
n
Y
wn (i⇢) = (i⇢ − xk,n ) = wn (i⇢).
k=0

Étant égal à son conjugué, le complexe wn (i⇢) est profondément réel et comme il est non
nul depuis une fort belle lurette, nous avons bien l’appartenance

wn (i⇢) 2 R⇤ ,

et c’est déjà un bon début.


Depuis les conclusions de la question 12.a, le poynôme wn divise le polynôme Sn et nous
nous rappelons que
MATHÉMATIQUES

deg wn = n + 1 et deg Sn 6 n + 2,

(*) Limites nulles s’abstenir ! !


S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 213

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 213 13/10/2017 11:35


à telle enseigne qu’il doit indéniablement exister deux réels a et b tels que nou
HEC Sn = (aX + b)wn .

Comme il est patent que Sn (i⇢) = 1, de sorte que


pui
1 ,
ai⇢ + b =
Me
C ORRIGÉ

wn (i⇢)

puisque, au risque de battre la breloque, notre ami wn (i⇢) n’est pas nul. Comme notre
camarade est depuis peu foncièrement réel et, comme depuis beaucoup plus longtemps,
le réel ⇢ n’est pas nul, il s’avère que

1 , nou
a = 0 et b =
wn (i⇢) et s
à telle enseigne que
wn .
Sn =
wn (i⇢)
Co
b. Soit x appartenant au segment [−1, 1]. Nous avons sans détour cat

f⇢ (x) Sn (x) = f⇢ (x) − Pf⇢ ,n (x),

égalité que le récent a renouvelle en


b
wn (x) .
f⇢ (x) − Pf⇢ ,n (x) = f⇢ (x)⇥ Sel
wn (i⇢)
pos
Il ne reste plus qu’à valuer l’affaire sans omettre la positivité d’un certain f⇢ (x). Cel
 À bien y regarder le domaine de validité de la précédente égalité n’est pas seulement le que
segment [−1, 1], c’est en réalité la totalité de R !
14. Dans ce qui suit et sans que nous en fassions tout un pataques, lorsque nous écrirons Le
des limites ou des équivalences sur n, il sera entendu qu’elles porteront sur des sous-suites
tacitement impaires. Nous noterons ainsi tout simplement n!+1 lim ce que nous devrions
noter
lim ,
n!+1
n impair
�C
mis
et nous ferons de même pour l’équivalence, tout cela, bien sûr, dans l’unique but louable leu
de ne pas surcharger les écritures.
Qu
a. D’après la fin de la question 13, nous avons d’u
MATHÉMATIQUES

|wn (yn )| ,
|f⇢ (yn ) − Pf⇢ ,n (yn )| = f⇢ (yn )⇥
|wn (i⇢)|
et comme il semble bien que
S cientifique

1 ,
f⇢ (yn ) −−−−!
n!+1 1 + ⇢2

214 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 214 13/10/2017 11:35


nous sommes en droit d’espérer que

1 , HEC
f⇢ (yn ) ⇠
n!+1 1 + ⇢2

puisque les « flèches vers les non nuls »…


Mezalor, en rapprochant cela de l’équivalence de la 13.d, nous proclamons haut et fort

C ORRIGÉ
en(H(⇢0 )−H(⇢)) ,
|f⇢ (yn ) − Pf⇢ ,n (yn )| ⇠ ⇥
n!+1 n

où  est une constante strictement positive que, pour des raisons purement esthétiques,
nous ne jugeons pas nécessaire d’étaler. Seulement voilà, il est ici précisé que 0 < ⇢ < ⇢0 ,
et si l’on en croit une certaine croissance stricte, il devrait se révéler que

H(⇢0 ) − H(⇢) > 0.

Comme il existe sur le marché un arsenal de prépondérances classiques appelé parfois


catalogue des « croissances comparées », nous nous devons d’asséner que

|f⇢ (yn ) − Pf⇢ ,n (yn )| −−−−! +1.


n!+1

b. La fonction |f⇢ − Pf⇢ ,n | est, depuis belle lurette, continue sur le segment [−1, 1].
Selon l’important théorème d’optimisation de Weierstrass déjà cité plusieurs fois, elle y
possède carrément un maximum et nous avons déjà eu l’occasion de signaler que…
Cela étant, et parce que yn appartient au segment [−1, 1], une vraie lapalissade précise
que
|f⇢ (yn ) − Pf⇢ ,n (yn )| 6 max |f⇢ − Pf⇢ ,n |.
[−1,1]

Le récent a et un somptueux squeeze à l’infini amènent définitivement à

max |f⇢ − Pf⇢ ,n | −−−−! +1.


[−1,1] n!+1

� Cette pathologie, découverte en 1901 par le mathématicien Carl David Tolmé Runge, a
mis un sacré coup de pied dans la fourmilière, confirmant que nos inspirations ont parfois
leurs limites.
Qui pourrait en effet imaginer perdre de la précision en démultipliant le nombre de points
d’une interpolation ? And yet…
MATHÉMATIQUES
S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 215

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 215 13/10/2017 11:35


S UJET

MATHÉMATIQUES II
Durée : 4 heures.
Code sujet : 283
HEC
La présentation, la lisibilité, l­ ’orthographe, la qualité de la rédaction,
ESCP la clarté et la précision des raisonnements entreront pour une part
Europe importante dans ­l’appréciation des copies.
Les candidats sont invités à encadrer dans la mesure du possible les
résultats de leurs calculs.
Ils ne doivent faire usage d­ ’aucun document ; ­l’utilisation de toute
calculatrice et de tout matériel électronique est interdite. Seule
­l’utilisation ­d’une règle graduée est autorisée.
Si au cours de ­l’épreuve, un candidat repère ce qui lui semble être
une erreur ­d’énoncé, il la signalera sur sa copie et poursuivra sa
composition en expliquant les raisons des initiatives ­qu’il sera amené
à prendre.

S
UJET
MATHÉMATIQUES II
S cientifique

1
Tournez la page S.V.P.

216 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 216 13/10/2017 11:35


S UJET
HEC
ESCP
Europe

MATHÉMATIQUES II

2
S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 217

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 217 13/10/2017 11:35


S UJET

HEC
ESCP
Europe
MATHÉMATIQUES II

3
Tournez la page S.V.P.
S cientifique

218 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 218 13/10/2017 11:35


S UJET
HEC
ESCP
Europe

MATHÉMATIQUES II
S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 219

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 219 13/10/2017 11:35


BC
BCE 2017 - Option Scientifique Corrigé de l’épreuve de Mathématiques II

HEC
ESCP
C ORRIGÉ
BCE - Concours 2017 - Option scientifique
Par FrancisCorrigé
Ain
]0,

Europe de professeur
Raccaglia, l’épreuve de
au Mathématiques II
lycée Thiers, à Marseille.
C ORRIGÉ

Partie I. Une démonstration probabiliste de la formule de Stirling


 1
1.a) Par définition In = (1 − x)n enx dx et x = 1 − nu . La fonction u → 1 − u
n est de classe C 1 sur [0, n] à valeurs
0
dans [0, 1] ce qui justifie que le changement de variable est possible et conduit à l’égalité :
c) H

 0  u n    D’a
1 n
e n
In = en(1− n ) − du = un e−u du
u
H
n n nn+1 0
n
int

Fin
2
b) Posons pour tout x ∈ [0, 1[, ϕ(x) = x + ln(1 − x) + x2 . ϕ(0) = 0, ϕ est de classe C 1 sur [0, 1[ et pour tout x,
2
1 x2
ϕ (x) = 1 − 1−x + x = − 1−x−1+x−x
1−x = − 1−x . ϕ est donc décroissante sur [0, 1[ ce qui implique que pour tout x ∈ [0, 1[,
3.a)
x2
ϕ(x) ≤ 0. On a donc bien pour tout x ∈ [0, 1[, x + ln(1 − x) ≤ − .
2
b) P
 1  1 2
c) Par définition, In = en(x+ln(1−x)) dx. D’où par croissance de l’intégrale, In ≤ e −n x2
dx. En réalisant le
0 0
 1  √n
x2 t2 1
changement de variable x = √n , on obtient l’égalité
t
e 2 dx =
−n
e 2 √ dt.

0 0 n c) h
 +∞
1 x2
On sait d’après la définition de la loi normale centrée réduite que √ e− 2 dx = 1.
−∞ 2π De
Par parité :  +∞  +∞ 
1 2 1 2 π x∈
√ e− 2 dx = i.e. e− 2 dx =
t t

0 2π 2 0 2
Ain
Ainsi :  √  
+∞
1 n
t2 1 t2 π de
√ e− 2 dt ≤ √ e− 2 dt d’où In ≤
n 0 n 0 2n dy

La positivité de In est immédiate. Ainsi on a bien établi l’encadrement : 0 ≤ In ≤ π
2n

  
2.a) Pour tout x ∈]0, 1[, hn (x) = exp (n(x + ln(1 − x))) = exp − nx2 −2 ln(1−x)+x . On a donc H(x) = −2 ln(1−x)+x
2

x2 x2
pour tout x ∈]0, 1[. H est définie et continue sur ]0, 1[ par les opérations sur les fonctions continues. De plus
x2 2
2 − + o(x ) d) Q
ln(1 − x) = −x − x2 + o(x2 ), d’où H(x) = −2 2 2 = 1 + o(1). D’où H possède 1 pour limite en 0 donc
0 0 x
on peut prolonger H par continuité en 0 en posant H(0) = 1. Ain

et
b) Les résultats généraux sur les fonctions de classe C 2 permettent d’affirmer que g est de classe C 2 sur ]0, 1[. On
calcule g  (x) et g  (x) pour x ∈]0, 1[ :
Fin
x
g  (x) = − ln(1 − x) − x et g  (x) =
MATHÉMATIQUES II

1−x

1
S cientifique

220 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 220 13/10/2017 11:35


BCE 2017 - Option Scientifique Corrigé de l’épreuve de Mathématiques II

Ainsi, pour tout x ∈]0, 1[, g  (x) > 0 ce qui prouve que g est convexe et que g  est strictement croissante sur
HEC
]0, 1[. Utilisons un tableau de variation :
ESCP
x 0 1 Europe

g (x)

+

C ORRIGÉ
g(x)
0
On a donc bien que pour tout x ∈]0, 1[, g(x) > 0.

g(x)
c) H est bien entendu dérivable sur ]0, 1[. Un calcul fastidieux aboutit à l’égalité suivante : ∀x ∈]0, 1[, H  (x) = 4 .
x3 (1 − x)
D’après la question qui précède, H  (x) > 0 pour tout x ∈]0, 1[.
H est donc continue sur [0, 1[, strictement croissante sur cet intervalle, on sait qu’alors elle réalise une bijection de cet
intervalle sur [H(0), lim H(x)[. On obtient facilement que cette limite vaut +∞.
x→1

Finalement, H réalise une bijection strictement croissante de [0, 1[ sur [1, +∞[ .

1
3.a) On peut donner plusieurs exemples : un = , un = (n + 1)−α où α ∈]0, 12 [...
2 + ln(n)

b) Puisque un → 0 quand n → +∞ et que H et continue en 0 avec H(0) = 1, on peut alors en conclure que
(vn ) converge et que lim vn = 1.

 un  1
c) hn étant à valeurs positives sur [0, 1] et un ∈]0, 1[, on peut donc affirmer que hn (t)dt ≤ hn (t)dt.
0 0
 un  un  2

nx
De plus on peut écrire que : hn (t)dt = exp − H(x) dx. Or H est croissante sur ]0, 1[, d’où pour tout
0 0  2 2 
nx2 x
x ∈]0, 1[, H(x) ≤ H(un ), donc exp − H(x) ≥ exp − H(un ) .
2 2
 un    un  
nx2 nx2
Ainsi par croissance de l’intégrale, exp − H(x) dx ≥ exp − vn dx. Réalisons alors le changement
√ 0 2 0 2
de variable y = nvn x. (vn ) étant à valeurs dans [1, +∞[, ce changement de variable affine est possible avec de plus

dy = nvn dx. On obtient alors bien l’inégalité :

    un √nvn  2
un
nx2 1 y
exp − H(x) dx ≥ √ exp − dy.
0 2 0 nvn 2

√ √ √
d) Quand n → +∞, vn → 1 et un nvn → +∞ car un n → +∞ et vn → 1.
 un √nvn  2  +∞  2
1 1 y y
Ainsi √ ∼ √ et lim exp − dy = exp − dy sachant que cette dernière intégrale converge
nv
√n n 0 2 0 2

2π π
et vaut = (1.c)).
2 2
 un √nvn  2   un √nvn  2 
1 y 1 π 1 y π
Finalement, √ exp − dy ∼ √ i.e. √ exp − dy ∼ .
nvn 2 n 2 nvn 2 2n
MATHÉMATIQUES II

0 0

2
S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 221

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 221 13/10/2017 11:35


BCE 2017 - Option Scientifique Corrigé de l’épreuve de Mathématiques II BC

   b) A
HEC In est ainsi majorée par
π
(1.c)) et minorée par une suite équivalente à
π
d’où on a l’équivalence In ∼
π
. do
2n 2n 2n
ESCP
Europe
4.a) Par indépendance, d’après le cours, Sn suit la loi γ(n).
 Or
Sn − E(Sn )
Par ailleurs, la suite (Tn )n∈N∗ vérifie les hypothèses du théorème central limite : converge en loi vers lim
σ(Sn ) √ n
C ORRIGÉ

une variable aléatoire qui suit la loi normale centrée réduite avec ici E(Sn ) = n et σ(Sn ) = n. Fin
 
Sn − n
En particulier, P √ ≤0 → Φ(0) i.e. 12 quand n → +∞ ce qui équivaut à P ([Sn − n ≤ 0]) → 12 quand
n
1
n → +∞ i.e. P ([Sn ≤ n]) → 2 quand n → +∞.

b) On peut appliquer soit l’inégalité de Markov ou de Tchébichev puisque Tn+1 admet une variance. Pour tout ε > 0,
    c) P
|Tn+1 | E(|Tn+1 |) |Tn+1 | 1
P √ ≥ε ≤ √ i.e. P √ ≥ε ≤√
n nε n nε int
 
puisque E(|Tn+1 |) = E(Tn+1 ) = 1. On peut donc en conclure que ε > 0, P |Tn+1 |

n
≥ε → 0 quand n → +∞ d) N

pour tout ε > 0.


Sn − n L Tn+1 P
c) On a donc : √ −→ U qui suit la loi normale centrée réduite et √ −→ 0 quand n → +∞. Le théorème de
n n La
Sn − n Tn+1 L Sn+1 − n L
Slutsky permet alors d’en déduire que √ + √ −→ U i.e. √ −→ U . Ceci prouve comme dans la question
n n n
4.a) que P ([Sn+1 ≤ n]) → 12 quand n → +∞.

 n
xn −x
5. Sn+1 suit la loi γ(n + 1), d’où P ([Sn+1 ≤ n]) = e dx. Effectuons le changement de variable x = n(1 − t). On
0 n!
a alors dx = −ndt d’où  7.a
0
nn (1 − t)n −n(1−t) e−n nn
P ([Sn+1 ≤ n]) = e (−n)dt = nIn • ψ
1 n! n!
d’où • L
e−n nn 1
nIn ∼ alors n! ∼ e−n nn In (2n) en
n! 2
 √ √
et en utilisant que In (2n) ∼ 2n (2n)
π
i.e. e−n nn In (2n) ∼ nn e−n 2πn d’où n! ∼ nn e−n 2πn

Partie II. Quelques propriétés de la loi de Cauchy


6.a) La fonction Arctan est bien définie sur un intervalle symétrique par rapport à 0.
b) E
De plus, par définition de la fonction Arctan et par parité de la fonction tangente, pour tout x réel tan(Arctan(−x)) = −x
et tan(−Arctan(x)) = − tan(Arctan(x)) = −x. fon
 
Par injectivité de la fonction tan sur − π2 , π2 , on en déduit l’égalité Arctan(−x) = −Arctan(x) .
c) V
Rem. On pouvait aussi montrer par dérivation que la fonction x → Arctan(x) + Arctan(−x) est nulle sur R.
MATHÉMATIQUES II

3
S cientifique

222 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 222 13/10/2017 11:35


BCE 2017 - Option Scientifique Corrigé de l’épreuve de Mathématiques II

b) Arctan est de classe C 3 sur R donc elle admet un développement limité à l’ordre trois en tout point de R qui est
donné par la formule de Taylor-Young. En particulier en 0 : HEC
x x2 x3
Arctan(x) = Arctan(0) + Arctan (0) + Arctan (0) + Arctan (0) + o(x3 )
ESCP
0 1! 2! 3! Europe
1
Or pour tout x réel Arctan (x) = = 1−x2 +o(x2 ). D’où la formule de Taylor-Young et l’unicité du développement
1 + x2 0
limité de Arctan à l’ordre 2 en 0 donne Arctan (0) = 1, Arctan (0) = 0 et Arctan (0) = −2.


C ORRIGÉ
Finalement :

x3
Arctan(x) = x − + o(x3 )
0 3

 x
1 1
c) Pour tout x ∈ R, Arctan(x) = dt. Or, si x ≥ 0, pour tout t ∈ [0, x], 0 ≤ ≤ 1. Il ne reste plus qu’à
0 1 + t2 1 + t2
intégrer cet encadrement entre 0 et x pour conclure, puisque x ≥ 0 : 0 ≤ Arctan(x) ≤ x .

1
d) Notons, pour tout x > 0, g(x) = Arctan(x) + Arctan x . g est dérivable d’après les théorèmes généraux et on a :

1 − x12 1 −1
g  (x) = + = + 2 =0
1 + x2 1 + x12 1 + x2 x +1

La fonction g est donc constante sur l’intervalle R∗+ . En 1, g(1) = π


4 + π
4 = 2.
π
Ainsi, pour tout x > 0,

1 π
Arctan(x) + Arctan =
x 2

7.a) Notons ψ la fonction en question.


• ψ est clairement définie et continue sur R et à valeurs positives.
1 1
• La fonction x → Arctan(x − θ) est une primitive de ψ sur R. Cette primitive admet pour limite 2 en +∞ et − 12
π  +∞
en −∞. On peut en déduire que ψ(x)dx converge et vaut 1. Ceci achève la preuve du fait que
−∞

1 1
ψ : x → est une densité de probabilité sur R.
π 1 + (x − θ)2

 +∞
1 1
b) En conservant la notation de la question précédente, xψ(x) ∼ et dx diverge d’où par équivalence entre
+∞ πx 1 πx
 +∞
fonctions positives, xψ(x)dx divergence donc X n’admet pas d’espérance.
1

c) Voici la courbe demandée :


MATHÉMATIQUES II

4
S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 223

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 223 13/10/2017 11:35


BCE 2017 - Option Scientifique Corrigé de l’épreuve de Mathématiques II BC

y
et
HEC
ESCP 0.4
Europe
0.3
i.e

0.2 
1
C ORRIGÉ

fX (x) = π(1+x2 )
0.1 −

x pu
−8 −6 −4 −2 0 2 4 6
On

1 et
8.a) Pour l’expression de la fonction de répartition de X on utilise la primitive de fX : x → Arctan(x − θ) :
π
1 1
FX (x) = Arctan(x − θ) − (− 12 ) = 1
2 + Arctan(x − θ).
π π
d’o
1 1 1 1
b) L’équation FX (x) = 2 s’écrit 2 + Arctan(x − θ) = 2 i.e. Arctan(x − θ) = 0 i.e. x = θ.
π


θ est la médiane théorique de X. −

do
Parte III. Loi de la moyenne empirique
9.a) La fonction t → ϕn,x (t) est continue sur R. L’intégrale à étudier est donc impropre en +∞ et −∞ uniquement.
10.a
 +∞
1 1
On a classiquement : ϕn,x (t) ∼ et ϕn,x (t) ∼ 2 4 . D’où la convergence de ϕn,x (t)dt converge to
−∞ n2 t4 +∞ n t −∞

par comparaison aux intégrales de Riemann.


D’
 
b) On remarque que la fonction Ψn,x : t → ln(1 + t2 ) − ln 1 + (x − nt)2 est une primitive de ψn,x sur R.
 
1 + t2 1 + t2 1 1 + t2 1 b)
Pour tout t réel, Ψn,x (t) = ln . Or, lim = 2 et lim = 2 , d’où on
1 + (x − nt)2 t→+∞ 1 + (x − nt)2 n t→−∞ 1 + (x − nt)2 n
peut affirmer que : fon

 +∞ On
 1
  1

Ψn,x (t)dt converge et vaut ln n2 − ln n2 =0
−∞
La

Or
c) On a :  
 +∞  +∞
1 2nxt + (1 + x2 − n2 ) −2n3 xt + n2 (3x2 + n2 − 1)
ϕn,x (t)dt = + dt
−∞ σn,x −∞ 1 + t2 1 + (x − nt)2
MATHÉMATIQUES II

Po

5
S cientifique

224 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 224 13/10/2017 11:35


BCE 2017 - Option Scientifique Corrigé de l’épreuve de Mathématiques II

2nxt −2n3 xt + 2n2 x2


et 2nxψn,x (t) = + . D’où
1 + t2 1 + (x − nt)2 HEC
 +∞
1
 +∞ 
1 + x2 − n2 n2 x2 + n4 − n2
 ESCP
ϕn,x (t)dt = 2nxψn,x (t) + + dt
−∞ σ n,x −∞ 1 + t 2 1 + (x − nt)2 Europe
i.e.
 
  +∞  +∞  +∞
+∞
1  1 

C ORRIGÉ
 n 
ϕn,x (t)dt =  2nxψn,x (t)dt +(1 + x2 − n2 ) dt + (nx2 + n3 − n) dt
−∞ 1 + t −∞ 1 + (nt − x)
σn,x  −∞ 2 2 
−∞
  
=0

puisque toutes ces intégrales sont convergentes.


On obtient en utilisant les primitives t → Arctan(t) et t → Arctan(nt − x) que :
 +∞
1 + x2 − n2
dt = π(1 + x2 − n2 )
−∞ 1 + t2

et que
 +∞
n2 x2 + n4 − n2
dt = π(nx2 + n3 − n)
−∞ 1 + (x − nt)2
d’où

 +∞
π (n + 1)x2 + n3 − n2 − n + 1 (n + 1)x2 + (n + 1)(n2 − 2n + 1)
ϕn,x (t)dt = (1+x2 −n2 +nx2 +n3 −n) = π =π
−∞ σn,x σn,x σn,x

 +∞
π(n + 1)
donc finalement ϕn,x (t)dt = .
−∞ x2 + (n + 1)2

 
1 1
10.a) Soit x ∈ R. FY (x) = P ([Y ≤ x]) = P ([X − θ ≤ x]) = P ([X ≤ x + θ]) = Arctan((x + θ − θ) + d’où pour
  π 2
1 1
tout x réel P ([Y ≤ x]) = Arctan(x) + .
π 2

D’où Y − θ suit la loi de Cauchy de paramètre 0.

b) Y1 et Y2 sont indépendantes et ont des densités de probabilité bornées donc une densité de la somme Y1 + Y2 est la
 +∞
1 1
fonction x → × dt d’après la formule de convolution des densités de probabilité.
−∞ π(1 + t ) π(1 + (x − t)2 )
2
 +∞  +∞
1 1 1 1 2π 2
On constate que × dt = 2 ϕ1,x (t)dt = 2 2 = .
−∞ π(1 + t2) π(1 + (x − t)2) π −∞ π x + 22 π(x2 + 22 )
 x
2
La fonction de répartition de S2 vaut donc au point x : dt.
−∞ π(t + 2 )
2 2

1  x  2
Or, la fonction x → Arctan est une primitive de x → , ce qui montre que
π 2 π(x2 + 22 )

1 x 1
la fonction de répartition de S2 , notée F2 , est définie par : F2 (x) = Arctan +
π 2 2
 
MATHÉMATIQUES II

1 2x 1
Pour Y 2 , P ([Y 2 ≤ x]) = P ([S 2 ≤ 2x]) = Arctan + .
π 2 2

6
S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 225

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 225 13/10/2017 11:35


BCE 2017 - Option Scientifique Corrigé de l’épreuve de Mathématiques II BC

On remarque que Y 2 suit la loi de Cauchy de paramètre 0 .


P
HEC
12.a
ESCP c) Montrons par récurrence sur n que Y n → C0 . L’
Europe da
• Pour n = 1, pas de difficulté.
• On suppose que cette propriété est vraie au rang n.
O

Rem. On utilisera la propriété classique suivante : in


x va
C ORRIGÉ

1
si f est une densité de X et a > 0 alors x → af a est une densité de aX.
1 De
Appliquée à nY n cela donne que x →  x2
 est une densité de nY n .
nπ 1 + n2 pa
Déterminons la loi de Sn+1 : Sn+1 = nY n + Yn+1 . nY n et Yn+1 sont indépendantes d’après le théorème  des
coalitions  et à densités bornées sur R. On applique la formule de convolution pour obtenir une densité hn+1 de Sn+1 : P
 +∞
n 1
∀x ∈ R, hn+1 (x) = × dt
−∞ π(n2 + t2 ) π(1 + (x − t)2 )
Do
En réalisant le changement de variable affine bijectif t = nθ de R dans R (dt = ndθ) :
 +∞  +∞
n 1 1 1
∀x ∈ R, hn+1 (x) = × ndθ = × dθ
−∞ π(n2 + n2 θ2 ) π(1 + (x − nθ)2 ) −∞ π(1 + θ2 ) π(1 + (x − nθ)2 )
n+1 O
d’où hn+1 (x) = d’après le résultat de la question 9.c).
π(x2 + (n + 1)2 )
1 n+1
Pour finir, remarquons que Y n+1 = Sn+1 , d’où une densité de Y n+1 est la fonction x → (n+1)
n+1 π (((n + 1)x)2 + (n + 1)2 )
1
ce qui après simplification donne x → . Le récurrence est établie. Donc,
π(x2 + 1)

Y n suit la loi de Cauchy de paramètre 0.

b)

D’
d) La loi faible des grands nombres ne s’applique pas à (Y n )n∈N∗ puisque à l’évidence Y n ne converge pas en
O
loi vers une constante. [x
Le fait que la loi de Cauchy n’admette pas d’espérance implique que (Y n )n∈N∗ ne satisfait pas aux hypothèses
de la loi faible des grands nombres.

11.a) Voici le programme complété : Pa

N =12000 ; n=200 ;
A = cauchy (N , n )
MoyEmp =1/ n * sum (A , ’c ’)
x=(-8 :0.5 :8)
histplot (x , MoyEmp ) // h i s t o g r a m m e 1 et
histplot (x , A( :,1)) // h i s t o g r a m m e 2

Il
b) Les histogrammes proposés représentent les densités empiriques de la loi C(0) et de la loi de Y 200 obtenues à partir
d’un échantillon de taille 12000 de ces lois.
On constate que ces deux histogrammes sont quasi identiques, ce qui illustre le fait que Y 200 suit la loi C(O)
MATHÉMATIQUES II

7
S cientifique

226 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 226 13/10/2017 11:35


BCE 2017 - Option Scientifique Corrigé de l’épreuve de Mathématiques II

Parte IV. Loi de la médiane empirique


HEC
12.a) Remarquons tout d’abord que P (A) = P ([x < X̂n+1 < x + h]) puisque X̂n+1 est à densité.
ESCP
L’événement [x < X̂n+1 < x + h] ∩ [Z = 1] est réalisé si et seulement si parmi X1 (ω), ..., X2n+1 (ω) un seul se situe
dans l’intervalle ]x, x + h[ et de plus n valeurs exactement parmi celle-ci se trouvent dans l’intervalle ] − ∞, x].
Europe
On choisit alors un indice parmi 2n + 1 ce qui fait 2n + 1 choix pour la variable se situant entre
 xet x + h, puis n
2n
indices exactement parmi les 2n autres qui donnent des variables qui sont inférieures à x soit choix. Pour les
n
variables associées aux autres indices, elles doivent être supérieures ou égales à x + h.

C ORRIGÉ
De plus, si k ∈ [[1, 2n + 1]] et [[1, 2n + 1]] = {k} ∪ I ∪ J où I et J sont deux ensembles disjoints à n éléments ne contenant
pas k, alors par indépendance :
   
 
P [Xi ≤ x] ∩ [x < Xk < x + h] ∩  [Xj ≥ x + h] = (FX (x))n (FX (x + h) − FX (x))(1 − FX (x + h))n
i∈I j∈J

 
2n
Donc, finalement, comme réunion de (2n + 1) événements deux à deux disjoints,
n
 
2n
P (B) = (2n + 1) (FX (x))n (FX (x + h) − FX (x))(1 − FX (x + h))n
n
   
2n 2n + 1
Or (2n + 1) = (n + 1) d’où :
n n+1

 
2n + 1
P (B) = (n + 1) (FX (x))n (FX (x + h) − FX (x))(1 − FX (x + h))n
n+1

b) Par la formule des probabilités totales, P (A) = P (A ∩ [Z = 1]) + P (A ∩ [Z = 1]).

D’où 0 ≤ P (A) − P (B) ≤ P (A ∩ [Z = 1]).

Or si A et [Z =
 1] sont réalisés alors il existe au moins deux indices différents i et j tels que [x < Xi < x + h] et
[x < Xj < x + h] soient réalisés. Ainsi :
 

P (A ∩ [Z = 1]) ≤ P  [x < Xi < x + h] ∩ [x < Xj < x + h]
1≤i<j≤n

Par l’inégalité de Boole,


 
 
P [x < Xi < x + h] ∩ [x < Xj < x + h] ≤ P ([x < Xi < x + h] ∩ [x < Xj < x + h])
1≤i<j≤2n+1 1≤i<j≤2n+1

et par indépendance,
P ([x < Xi < x + h] ∩ [x < Xj < x + h]) = P ([x < Xi < x + h]P ([x < Xj < x + h]) = (FX (x + h) − Fx (x))2
 
2n + 1 (2n + 1)2n
Il y a termes dans la somme majorante, d’où P (A ∩ [Z =
 1]) ≤ (FX (x + h) − Fx (x))2 et ainsi :
2 2

0 ≤ P (A) − P (B) ≤ (2n + 1)n(FX (x + h) − Fx (x))2


  
MATHÉMATIQUES II

=K

8
S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 227

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 227 13/10/2017 11:35


BCE 2017 - Option Scientifique Corrigé de l’épreuve de Mathématiques II BC

c) Pour tout h > 0, on divise par h les trois membres de l’encadrement obtenu dans la question précédente : O
HEC FX̂n+1 (x + h) − FX̂n+1 (x)
 
2n + 1 FX (x + h) − FX (x) (FX (x + h) − Fx (x))2
ESCP 0≤ −(n+1) (FX (x))n (1−FX (x+h))n ≤ K
h n+1 h h
Europe
fX est continue au point x, d’où FX est dérivable en x et FX

(x) = fX (x). D’où :

FX (x + h) − FX (x) (FX (x + h) − FX (x))2


lim = fX

(x) ; lim (1 − FX (x + h))n = (1 − FX (x))n ; lim =0
h→0 h h→0 h→0 h
C ORRIGÉ

  d’
FX̂n+1 (x + h) − FX̂n+1 (x) 2n + 1
D’où par encadrement, lim = (n + 1) (FX (x))n fX (x)(1 − FX (x))n .
h→0 h n+1
D
O
 
2n + 1
La fonction x → (n + 1) (FX (x))n fX (x)(1 − FX (x))n
n+1
est définie, à valeurs positives sur R et coı̈ncide avec la dérivée de FX̂n+1 sur R. d’
On sait d’après le cours que c’est une densité de X̂n+1 .

1 1 ce
13.a) Quand x → +∞, FX (x) ∼ 1, fX (x) ∼ × . Pour 1 − FX (x) c’est plus technique.
+∞ π x2
+∞
 
1 π  1 1 R
D’après les questions 6.d) et 8.a), 1 − FX (x) = − Arctan(x − θ) = Arctan pour x > θ.
π 2 π x−θ

1 1 c)
On sait que Arctan(x) ∼ x, d’où 1 − FX (x) ∼ × .
0 +∞
π x l’o
1 1 1 1 1 1
Finalement (FX (x))n fX (x)(1 − FX (x))n ∼ n × n × × 2 i.e. (FX (x))n fX (x)(1 − FX (x))n ∼ n+1 × n+2 .
+∞ π x π x +∞ π x
  G
2n + 1
Or xfX̂n+1 (x) = x(n + 1) (FX (x))n fX (x)(1 − FX (x))n , d’où on a bien :
n+1
d)

 
2n + 1 1 1 −
xfX̂n+1 (x) ∼ (n + 1) × n+1
+∞ n + 1 π n+1 x
Pa


0
b) Rem : Avec la méthode proposée et surtout la question suivante, on a tout intérêt à remarquer que, pour tout x
réel, fX (x + θ) = fX (−x + θ) et FX (x + θ) = 1 − FX (−x + θ), conséquences de la symétrie de la courbe de fX par En
rapport à la droite x = θ.

 +∞ éq
Pour établir l’existence de E(X̂n+1 ) il s’agit de montrer que xfX̂n+1 (x)dx est absolument convergente. Par le
−∞
 +∞
changement de variable x = t + θ, on se ramène à l’étude de (t + θ)fX̂n+1 (t + θ)dt En
−∞

 +∞
14.a
On simplifie encore le problème en remarquant que θfX̂n+1 (t + θ)dt converge et vaut θ.
−∞
 +∞ fX̂
tfX̂n+1 (t + θ)dt est impropre en −∞ et +∞.
−∞
MATHÉMATIQUES II

9
S cientifique

228 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 228 13/10/2017 11:35


BCE 2017 - Option Scientifique Corrigé de l’épreuve de Mathématiques II

Or la fonction t → fX̂n+1 (t + θ) est une fonction paire, car :



2n + 1
 HEC
fX̂n+1 (−t + θ) = fX̂n+1 (−t + θ) = (n + 1) (FX (−t + θ))n fX (−t + θ)(1 − FX (−t + θ))n
n+1 ESCP
 
= (n + 1)
2n + 1
(1 − FX (t + θ))n fX (t + θ)(FX (t + θ))n
Europe
n+1
= fX̂n+1 (t + θ)

 +∞

C ORRIGÉ
d’où il suffit d’établir la convergence de tfX̂n+1 (t + θ)dt puisque la fonction t → tfX̂n+1 (t + θ) est impaire.
0

Démontrons la convergence de cette intégrale.


On a établi l’équivalence :
 
2n + 1 1 1
(t + θ)fX̂n+1 (t + θ) ∼ (n + 1) ×
+∞ n + 1 π n+1 (t + θ)n+1
d’où
 
2n + 1 1 1
tfX̂n+1 (t + θ) ∼ (n + 1) × n+1
+∞ n + 1 π n+1 t

ce qui permet de conclure grâce aux intégrales de Riemann. Donc E(X̂n+1 ) existe.
 +∞
Rem. On peut aussi en déduire que tfX̂n+1 (t + θ)dt = 0 puis que E(X̂n+1 ) = θ.
−∞

c) X̂n+1 est, pour tout n ∈ N∗ , une variable aléatoire de la forme gn+1 (X1 , ..., X2n+1 ), c’est donc un estimateur de θ, si
l’on suppose de plus que gn+1 ne dépend pas de θ.

Grâce au travail réalisé dans la question précédente , E(X̂n+1 −θ) = 0. Ainsi X̂n+1 est un estimateur sans biais de θ.

d) Pour l’existence du moment d’ordre 2 de X̂n+1 , on se ramène dans un premier temps à l’étude de la convergence de
 +∞
(t + θ)2 fX̂n+1 (t + θ)dt.
−∞
 +∞
Par équivalence en −∞ et +∞, on est ramené à la convergence de t2 fX̂n+1 (t + θ)dt, puis par parité à celle de
−∞
 +∞
t2 fX̂n+1 (t + θ)dt.
0
   
2n + 1 1 1 2n + 1 1 1
Ensuite t2 fX̂n+1 (t + θ) ∼ t(n + 1) × n+1 i.e. t2 fX̂n+1 (t + θ) ∼ (n + 1) × n Par
+∞ n + 1 π n+1 t +∞ n + 1 π n+1 t
 +∞  +∞
1
équivalence t2 fX̂n+1 (t + θ)dt converge si et seulement si dt converge c’est à dire si et seulement si n ≥ 2.
1 1 tn

En conclusion X̂n+1 possède un moment d’ordre 2 donc une variance si et seulement si n ≥ 2.

14.a) Nous avons établi que pour t ∈ R, fX̂n+1 (t + θ) = fX̂n+1 (−t + θ), d’où fX̂n+1 ((θ − t) + θ) = fX̂n+1 (−(θ − t) + θ) =

fX̂n+1 (t). On a donc bien pour tout t, fX̂n+1 (2θ − t) = fX̂n+1 (t).
MATHÉMATIQUES II

10
S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 229

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 229 13/10/2017 11:35


BCE 2017 - Option Scientifique Corrigé de l’épreuve de Mathématiques II BC

b) On a [|X̂n+1 − θ| ≥ ε] = [X̂n+1 ≥ θ + ε] ∪ [X̂n+1 ≤ θ − ε], d’où en passant aux probabilités et par incompatibilité des 15.a
HEC deux événements précédents,

ESCP  +∞

Europe P ([|X̂n+1 − θ| ≥ ε]) = fX̂n+1 (x)dx + FX̂n+1 (θ − ε)


θ+ε
d’
En effectuant le changement de variable x = 2θ − t ⇐⇒ t = 2θ − x,
D
 +∞  θ−ε  +∞
W
fX̂n+1 (x)dx = fX̂n+1 (2θ − t)(−1)dt = fX̂n+1 (t)dt
C ORRIGÉ

θ+ε +∞ θ−ε

On a ainsi P ([|X̂n+1 − θ| ≥ ε]) = 2FX̂n+1 (θ − ε).


et

c) Montrons que pour tout ε > 0, FX̂n+1 (θ − ε) → 0 quand n → +∞.

Pour cela majorons fX̂n+1 (t) pour t ≤ θ − ε.


i.e
1
Pour tout ε > 0 et x ≤ θ − ε, 0 < FX (x) ≤ FX (θ − ε) < . La fonction t → tn (1 − t)n est croissante sur [0, 12 ], d’où :
2
  ce
2n + 1
0 ≤ fX̂n+1 (t) ≤ (n + 1) (FX (θ − ε)(1 − FX (θ − ε))n fX (t)
n
b)
Notons δ = FX (θ − ε)(1 − FX (θ − ε)). Il est bien connu que puisque 0 ≤ FX (θ − ε) < 12 , alors 0 ≤ δ < 14 .
 
2n + 1 pr
On a aussi classiquement : ≤ 22n+1 . D’où :
n

0 ≤ fX̂n+1 (t) ≤ (n + 1)2(4δ)n fX (t)

On intègre entre −∞ et θ − ε,
 et
θ−ε
0 ≤ FX̂n+1 (θ − ε) ≤ (n + 1)2(4δ)n fX (t)dt ≤ 2(n + 1)(4δ)n
−∞

On conclut alors puisque 0 ≤ 4δ < 1, (n + 1)(4δ) → 0 quand n → +∞ ce qui implique par le théorème des gendarmes
n

que FX̂n+1 (θ − ε) → 0 quand n → +∞. On peut alors conclure :


O

(X̂n+1 )n∈N∗ converge en probabilité vers θ


d’

d) C’est un résultat général. La convergence en probabilité implique la convergence en loi. Dans le cas présent il suffit
d’appliquer Slutsky : O

• (X̂n+1 )n∈N∗ converge en probabilité vers θ,


• la suite dont tous les termes sont éguax la variable aléatoire nulle converge en loi vers la variable nulle,

d’où par le théorème de Slusky, la somme converge en loi vers la variable certaine θ i.e.
O

d’
(X̂n+1 )n∈N∗ converge en loi vers la variable certaine θ
MATHÉMATIQUES II

11
S cientifique

230 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 230 13/10/2017 11:35


BCE 2017 - Option Scientifique Corrigé de l’épreuve de Mathématiques II

15.a) Travaillons sur la fonction de répartition. Pour tout x réel :


   
xπ xπ HEC
P ([Wn+1 ≤ x]) = P X̂n+1 − θ ≤ √ =P X̂n+1 ≤ √ +θ
2 2n + 1 2 2n + 1 ESCP


 Europe
d’où P ([Wn+1 ≤ x]) = FX̂n+1 √ +θ .
2 2n + 1
D’après la densité obtenue dans la question 12.c), FX̂n+1 est de classe C 1 sur R. D’où la fonction de répartition de
Wn+1 est de classe C 1 sur R et on obtient l’unique densité continue sur R par dérivation :

C ORRIGÉ
 
π xπ
fWn+1 (x) = √ fX̂n+1 √ +θ
2 2n + 1 2 2n + 1

et, d’après les questions 8.a) et 10.c), en posant xn = √ :
2 2n + 1
  n  n
π 2n + 1 1 1 1 1 1
fWn+1 (x) = √ (n + 1) + Arctan(xn ) − Arctan(xn )
2 2n + 1 n 2 π 2 π π(1 + x2n )
i.e   n
n+1 2n + 1 1 1 2
fWn+1 (x) = √ − 2 (Arctan(xn )) (1 + x2n )−1
2 2n + 1 n 4 π
ce qui prouve le résultat demandé.

1 1 2
b) Pour tout x, (1 + x2n )−1 → 1 quand n → +∞. Quand n est assez grand − 2 (Arctan(xn )) > 0, d’où on peut
 n 4 π
1 1 2
prendre le ln de − (Arctan(xn )) :
4 π2
 n     
1 1 2 1 1 2 4 2
ln − (Arctan(xn )) = n ln − (Arctan(xn )) = −n ln(4) + n ln 1 − 2 (Arctan(xn ))
4 π2 4 π2 π
 
2 x2 π 2 4 2 x2
et (Arctan(xn )) ∼ d’où n ln 1 − 2 (Arctan(xn )) ∼ −n i.e.
4(2n + 1) π (2n + 1)
 
4 2 x2
n ln 1 − 2 (Arctan(xn )) = − + o(1)
π 2
 
n+1 2n + 1
On s’intéresse ensuite à √ . Grâce à la formule de Stirling :
2 2n + 1 n
  
2n + 1 (2n + 1)2n+1 e−(2n+1) 2π(2n + 1)
∼  √
n (n + 1) n+1 e −(n+1) 2π(n + 1)nn e−n 2πn
d’où   √ √   1
2n + 1 (2n + 1)2n+1 2π 2n + 1 n+1 2n + 1 1 (2n + 1)2n+ 2
∼ √ √ et √ ∼ √
(n + 1)n+1 (2π) n + 1nn n 2 2n + 1
1 1
n n 2 2π (n + 1)n+ 2 nn+ 2

On prend le ln de l’équivalent :
 1

1 (2n + 1)2n+ 2 √ 1 1 1
ln √ = − ln(2) − ln( π) + (2n + ) ln(2n + 1) − (n + ) ln(n + 1) − (n + ) ln(n)
1
2 2π (n + 1)n+ 2 nn 2 2 2
 1
 1
 
Or ln(2n + 1) = ln(2n) + ln 1 + 2n = ln(2n) + 2n + o( n1 ), ln(n + 1) = ln(n) + ln 1 + n1 = ln(n) + 1
n + o( n1 )

d’où  
1 1 1
2n + ln(2n + 1) = (2n + ) ln(n) + (2n + ) ln(2) + 1 + o(1)
2 2 2
MATHÉMATIQUES II

12
S cientifique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 231

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 231 13/10/2017 11:35


BCE 2017 - Option Scientifique Corrigé de l’épreuve de Mathématiques II

et  
1 1
n+ ln(n + 1) = (n + ) ln(n) + 1 + o(1)
HEC 2 2
ESCP ainsi  
1
1 (2n + 1)2n+ 2 √ 1
Europe ln √ 1 = − ln(2) − ln( 2π) + (2n + ) ln(2) + o(1)
2
2 2π (n + 1)n+ 2 nn

Finalement,
   n 
n+1 2n + 1 1 1 x2 √ 1
C ORRIGÉ

2
ln √ − (Arctan(xn )) = −2n ln(2) − − ln(2) − ln( 2π) + (2n + ) ln(2) + o(1)
2 2n + 1 n 4 π2 2 2
  n 
n + 1 2n+1 1 1 2 2 √
soit ln √ − 2 (Arctan(xn )) = − x2 − ln( 2π) + o(1). et on a alors,
2 2n + 1 n 4 π

  x2 √
ln fWn+1 (x) → − − ln( 2π) quand n → +∞
2

1 x2
ce qui donne bien que fWn+1 (x) → √ e− 2 quand n → +∞.

c) On cherche βn tel que P ([|X̂n+1 − θ| ≥ βn ]) → α quand n → +∞.


 √ √   √ 
2 2n + 1 2 2n + 1 2 2n + 1
Or P ([|X̂n+1 − θ| ≥ βn ]) = P |X̂n+1 − θ| ≥ βn =P |Wn+1 | ≥ βn
π π π

2 2n + 1
Classiquement, pour tout P ([|Wn | ≥ tα ]) → 2Φ(talpha ) − 1 ie vers α. On choisit alors βn tel que βn = tα i.e.
π
π
βn = √ tα .
2 2n + 1
On peut donc affirmer que :

 
π π
X̂n+1 − √ tα , X̂n+1 + √ tα
2 2n + 1 2 2n + 1
est un intervalle asymptotique d’estimation de θ au niveau de confiance 1 − α.

16. Voici le programme :


A = cauchy (p ,2* n +1) // c h a q u e l i g n e de A e s t un ( 2 n+1)− é c h a n t i l l o n de l a l o i de
X
S = gsort (A , ’c ’)
MedianeEmp = A( :,n +1) // c ’ e s t l a n+1−ième c o l o n n e de A
W =2* sqrt (2* n +1) / %pi * MedianeEmp
MATHÉMATIQUES II

13
S cientifique

232 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 232 13/10/2017 11:35


S UJET
ÉCONOMIE, SOCIOLOGIE ET HISTOIRE
DU MONDE CONTEMPORAIN
Durée : 4 heures.

Tout verbiage doit être évité et il est expressément recommandé de ne


pas dépasser huit pages, sauf justification par la qualité du résultat. ESSEC
Il sera tenu compte des qualités de plan et ­d’exposition, ainsi que de
la correction de la langue.
Il ­n’est fait usage ­d’aucun document ; ­l’utilisation de toute calcula-
trice et de tout matériel électronique est interdite.

É CONOMIQUE
UJET

« Gagnant en extension, ­l’Europe perd en intensité ».


Que pensez-­vous de cette affirmation de François Perroux (1974) ?

C ORRIGÉ

ÉCONOMIE, SOCIOLOGIE ET HISTOIRE


Par Frédéric Besset, professeur à Intégrale, à Paris.

Préambule :
­L’évidente crise actuelle de la construction européenne – institutions
devenues illisibles, Brexit, défiance croissante des citoyens, réponses
désordonnées à la crise migratoire… – appelle à rechercher des diagnos-
tics. « Élargir, approfondir, intégrer » tel est le triple objectif que le président
français Pompidou assigne aux Européens lors du sommet de La Haye en
1972. Dès 1974 à la veille du 1er référendum britannique de juin 1975 sur
le maintien du Royaume Uni dans une CEE q ­ u’il avait rejointe en 1973,
­l’économiste français François Perroux formule un principe qui au vu des
événements survenus depuis semble quasiment prophétique.

Élucidation des mots-­clés et du contexte historique :


­L’Europe c ­ ’est ici non le continent mais le projet collectif de la construc-
tion communautaire lancé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale
(BENELUX, OECE, Union Occidentale créés en 1948 e.g.) et formalisé par
les traités de Rome de 1957.

­L’affirmation de F. Perroux ­s’inscrit dans un contexte ­d’accélération de la


É conomique

construction européenne au sein d ­ ’une transformation rapide de l­’ordre


économique mondial à la fin des Trente Glorieuses.

Accélération de la construction européenne :


1972 : création du Serpent monétaire européen via le MTC ou mécanisme
des taux de change.
1973 : 1er élargissement de la CEE de 6 à 9 pays.
1974 : création du Fonds européen de développement régional (FEDER).
ANNALES CCIR 2017-2018 l 233

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 233 13/10/2017 11:35


Transformation de ­l’ordre économique mondial :
1971 : fin de la convertibilité du dollar en or héritée des accords de Bretton
ESSEC Woods.
1972 : publication du rapport Meadows The limits of growth.
1973 : 1er choc pétrolier à ­l’issue de la guerre du Kippour.
1974 : baisse de la croissance dans tous les pays de ­l’OCDE (-2,4 % au
RU e.g.) et publication du paradoxe d ­ ’Easterlin (la satisfaction marginale
C ORRIGÉ

procurée par la hausse du revenu par tête plafonne à partir ­d’un certain
niveau).

­L’extension de « ­l’Europe » (la CEE/UE) fait évidemment référence à son


élargissement géographique par ­l’adhésion de nouveaux pays membres
(22 entre 1973 et 2017).
­L’intensité peut se comprendre à la fois comme ­l’approfondissement des
liens entre Européens (migratoires, culturels, économiques) et comme le
renforcement des coopérations institutionnelles ­qu’incarnent les différentes
politiques communes (agricole, régionale, monétaire…), les normes (régle-
mentations…) et structures de gouvernance (Parlement, Commission, Cour
de Justice…).

Reformulation et problématisation du sujet :


Perroux suppose ainsi une contradiction entre ­l’extension du périmètre de
la CEE/UE et ­l’intégration de ses structures politiques et économiques. Le
ÉCONOMIE, SOCIOLOGIE ET HISTOIRE

projet européen ­s’étiole à mesure ­qu’il est rejoint par de nouveaux peuples
et nations…

Cette sorte ­d’entropie politique de ­l’aventure européenne est-­elle liée


à ­l’hétérogénéité croissante de la construction communautaire que les
élargissements favorisent ou bien résulte-­t‑elle du caractère inabouti et
des contradictions des approfondissements successifs de la CEE/UE
susceptibles à leur tour d
­ ’enrayer voire d
­ ’inverser l­’extension du projet ?

I/ En un premier temps, une vingtaine ­d’années, la proposition


de Perroux semble invalidée : ­l’Europe progresse simultanément
en extension et en intensité

A. On peut le constater empiriquement : de 1973 à 1995 en 21 ans


la construction communautaire ­s’élargit à 9 nouveaux pays
en 4 vagues
1. Tout en mettant en œuvre toute une série de politiques communes
nouvelles : politiques monétaire (Serpent, SME, UEM…), structurelle
(1975), de sécurité et de défense (1992) qui ­s’ajoute à la seule politique
agricole commune initiale (1962).
É conomique

2. Tout en transformant son marché commun (1968) en un marché unique


via ­l’Acte unique (1986/1993) abolissant les obstacles non tarifaires de types
normes et actualisant l­’objectif des 4 libertés de circulation du traité de
Rome sur la CEE comme aucune autre Organisation régionale de commerce
(ORC) dans le monde.
3. Tout en connaissant une intégration politique nouvelle via ­l’élection du
Parlement au suffrage universel (1979), le renforcement de ses pouvoirs

234 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 234 13/10/2017 11:35


(démission de la commission Santer en mars 1999) ou la création ­d’une
citoyenneté politique et ­l’affirmation du principe de subsidiarité (traité de
Maastricht de 1992, art. 8 et 3B respectivement) qui élargit les compétences ESSEC
de ­l’Union à de nouveaux domaines (éducation, formation professionnelle,
culture, santé publique, protection des consommateurs, réseaux transeu-
ropéens et politique industrielle).

C ORRIGÉ
B. Il semble même que les élargissements aient catalysé
certains approfondissements du processus communautaire
1. ­L’extension au Royaume-­Uni a permis de sortir de l­’orientation quasi
exclusivement agricole de la CEE : les Britanniques réclament et obtiennent
en 1975 la mise en œuvre ­d’une politique ­d’aides régionales (FEDER) dit
structurelle au bénéfice de leur black belts dont profitent davantage encore
les Irlandais.
2. ­L’extension aux péninsules méditerranéennes dans les années 1980 –
ibérique et hellénique – rééquilibre politiquement la CEE au profit des
pays du sud de ­l’Europe et budgétairement ­l’allocation des fonds entre
politique agricole et politique structurelle – amplifiée en 1988 – dont les
nouveaux entrants sont alors les grands bénéficiaires.
3. La réunification interallemande de 1990, qui élargit de facto la CEE
aux 6 nouveaux Länder constitués à partir du territoire de l­’ex-­RDA, a été
­l’occasion de négocier « en échange » avec les Allemands un abandon de
leur Deutschemark au profit de ­l’euro, sorte de DM continental.

ÉCONOMIE, SOCIOLOGIE ET HISTOIRE


C. Les approfondissements exercent en retour un effet ­d’attraction
incontestable sur les pays limitrophes
1. La peseta espagnole rejoint par exemple le SME et son mécanisme de
change en 1989, la livre sterling en 1990 (mais en sort en 1993) ; certains
pays extra communautaires (Suisse, Norvège) rejoignent ­l’espace de libre-­
circulation Schengen institué en 1985.
2. En Irlande, en Espagne, au Portugal notamment mais aussi en Autriche et
en Finlande (intégrées en 1995) l­’entrée dans la CEE a conduit à ­l’essor d ­ ’un
esprit pro européen, notamment chez les jeunes générations, qui ­n’existait
pas auparavant. Les créations d ­ ’emplois notamment dans le tourisme
(espace Schengen) et l­’automobile (rachat de la marque espagnole SEAT
par Volkswagen en 1986), les échanges universitaires (programme Erasmus
de 1987) y ont beaucoup contribué.
3. Du coup le projet communautaire à la fois en tant q
­ u’idéal et q
­ u’opportunité
(manne financière), dans des proportions impossibles à démêler, suscite
de nouvelles demandes d ­ ’adhésions parfois de pays géographiquement
et culturellement extra européens : le Maroc voit sa demande ­d’adhésion
rejetée en 1987 ; au contraire, la Turquie est reconnue comme candidate en
1999. En revanche 4 pays du continent – ­l’Islande, la Norvège, la Suisse,
le Liechtenstein – qui ne souhaitent pas rejoindre la CEE/UE ­s’associent
É conomique

à celle-­ci en 1992 sous la forme de l­’Espace Économique Européen (EEE) :


ils appliquent les 4 libertés de circulation issues de l­’Acte Unique mais
aucune des grandes politiques communes : PAC, PESD, politique moné-
taire… Enfin, aux 8 PECO sortis du communisme en 1989/1990 est imposée
une transition-­moratoire ­d’une douzaine ­d’années – le temps ­d’intégrer les
35 chapitres de « ­l’acquis communautaire » à leur législation et d ­ ’amorcer
leur convergence économique – ­jusqu’à leur inclusion par le traité ­d’Athènes
signé en 2003.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 235

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 235 13/10/2017 11:35


II/ Mais à partir du tournant du xxie siècle beaucoup ­d’éléments
valident ­l’hypothèse ­d’un antagonisme croissant entre
ESSEC élargissement et approfondissement

A. ­L’approfondissement décisif porté par le traité de Maastricht –


« nouvelle étape dans le processus créant une union sans cesse
plus étroite entre les peuples de ­l’Europe » – avec son fédéralisme
C ORRIGÉ

monétaire ne convainc pas ­l’ensemble des pays de la zone


1. Certains États ont accepté le traité de Maastricht mais vidé de son
contenu par des clauses dérogatoires ­d’opting out pour ne pas intégrer
­l’Union économique et monétaire (Suède, RU) ou l­’espace Schengen (RU,
Irlande) ; le Danemark, lui, a refusé ­l’ensemble du traité en 1992 par réfé-
rendum. Depuis 2004, parmi les 10 PECO ayant rejoint ­l’UE seule la moitié
(les trois pays baltes, la Slovaquie et la Slovénie) ont rejoint la zone euro qui
comporte 19 membres en 2017.
2. La Grèce a rejoint la zone euro en 2001 à la faveur d ­ ’une fraude de grande
ampleur sur ses ratios comptables. Le pays ne dispose alors même pas d ­ ’un
cadastre ! Profitant des anticipations des bailleurs de fonds estimant que
­l’ensemble des économies de la zone euro en seront les payeurs en dernier
recours, elle accumule une dette colossale. La crise de la dette grecque
détone à partir de 2009 (le déficit public atteint cette année-­là 12 % du PIB !)
à la faveur de la crise des subprimes. Elle est la variante extrême ­d’une
crise des « PI(I)GS » (Portugal, Irlande, (Italie), Grèce, Espagne) reposant
entre 2009 et 2014 sur un grand écart entre les taux d ­ ’intérêt artificielle-
ÉCONOMIE, SOCIOLOGIE ET HISTOIRE

ment bas que ­l’euro leur autorise, générateur de bulles immobilières ou


de consommation, et une faible compétitivité aggravée par des systèmes
fiscaux laxistes et une vaste économie informelle.
3. Plus largement, la zone euro est perçue par les opinions publiques et
certains experts des économies du « sud » de ­l’Europe, dont ­l’Italie mais
aussi la France, comme avantageant essentiellement ­l’Allemagne et les
pays de ­l’ancienne « zone Mark » (Benelux, Finlande, Autriche…). La poli-
tique désinflationniste voire déflationniste (avec de fortes baisses du
coût du travail depuis les réformes Hartz en RFA de 2002-2005) imposée
par les critères de Maastricht – même si ceux-­ci ne sont guère formellement
respectés – avantage la RFA, nation ­d’épargnants attachés à la préser-
vation de la valeur de leur patrimoine financier. La très forte compétitivité
structurelle de l­’industrie allemande (240 MDS d ­ ’E. ­d’excédent commercial
en 2016) non seulement creuse le déficit commercial de ses partenaires
de la zone euro ou en dehors (France et RU 2e et 3e client de Berlin) mais
aspire aussi les investissements manufacturiers en UE accélérant la désin-
dustrialisation des autres économies européennes bien davantage que les
délocalisations vers les pays extra communautaires à bas salaires finalement
assez anecdotiques.
É conomique

B. ­L’élargissement radical de 2004/2007 accroît ­l’hétérogénéité


de la zone de manière dramatique et pose des problèmes
de gouvernance
1. Entre 2004 et 2007, 12 nouveaux pays viennent quasiment doubler le
nombre des membres de l­’UE. La Croatie en 2013 est le 28e et à ce jour
dernier membre. Ce sont plus de 100 millions ­d’habitants qui sont ainsi
accueillis dans la Communauté. Mais le poids de ces économies est faible

236 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 236 13/10/2017 11:35


­puisqu’il ne représente que 4 % du PIB de ­l’Union élargie. Ces économies
à la fois très éloignées de celles des pays ­d’Europe de ­l’Ouest (le revenu par
tête en 2005 est en moyenne du tiers de celui des autres Européens ; le coût ESSEC
du travail est en moyenne en 2003 d ­ ’1/6e de celui de la France) mais aussi
très divergentes entre elles (cf. ­l’opposition Tchéquie/Roumanie) captent
une part croissante des aides régionales et agricoles.
2. Ces pays partagent deux spécificités : des économies marquées par une

C ORRIGÉ
collectivisation plus (Roumanie) ou moins (Hongrie) poussée ayant fonc-
tionné pendant des décennies dans une économie de troc avec ­l’URSS
(CAEM) ; à cet égard la transition vers l­’économie de marché n ­ ’est pas
encore achevée lors de ­l’adhésion, notamment au niveau des mentalités.
Par ailleurs, des orientations diplomatiques farouchement atlantistes
par crainte d ­ ’un retour de la puissance russe (République tchèque, Hongrie,
Pologne adhèrent à ­l’OTAN dès 1999…) rendent la quête ­d’une politique
extérieure commune à ­l’Union plus improbable encore, comme le démontre
la crise diplomatique de 2003 – ­l’année du traité ­d’adhésion ­d’Athènes – où
le secrétaire d­ ’État américain Donald Rumsfeld oppose les pays de la « vieille
Europe » (France, RFA) hostiles à ­l’intervention américaine en Irak et une
Europe de ­l’Est (Pologne) loyale à Washington.
3. La logique concurrentielle libérale qui est celle du Marché unique ­s’oppose
à la convergence et favorise deux types de dumping. La spécificité écono-
mique et sociale des pays de l­’ex-­bloc de ­l’Est est source d ­ ’un « dumping
social ». La directive « travailleur détaché » qui date de 1996 accroît à partir
de 2010 les flux de salariés des PECO vers ­l’Europe de ­l’Ouest. En résulte

ÉCONOMIE, SOCIOLOGIE ET HISTOIRE


une concurrence jugée déloyale par les salariés locaux dont les employeurs
doivent payer, eux, des charges sociales très élevées : 300 000 travailleurs
détachés œuvrent en France en 2016, principalement issus de Pologne,
de Roumanie et du Portugal. Par ailleurs à ­l’ouest des pays très différents
pratiquent eux un « dumping fiscal » facilitant le siphonnage des emplois
et faisant perdre surtout des recettes fiscales à leurs voisins. ­C’est le cas
notamment de ­l’Irlande, de Chypre, des Pays-­Bas et surtout du Luxembourg
(1er PIB/hbt du monde, 1 % du PIB de la zone euro mais 8 % des émissions
de pièces et billets en euros) dont les techniques ­d’optimisation fiscales
clé en main ont été révélées par le scandale Luxleaks : entre 2002 et 2010,
340 entreprises (Amazon, Ikea, Dyson, HSBC, Amazon…) ont créé une
holding ou une filiale au Luxembourg, avec peu de salariés et d ­ ’activités.
Avec l­’aide de cabinets spécialisés, elles ont négocié un accord avec
­l’administration fiscale (tax ruling) du Luxembourg réduisant à quasiment
rien leur imposition alors même q ­ u’officiellement le Grand-­Duché affiche
des taux ­d’IS dans la moyenne de ses partenaires.

C. Du coup, ­l’intensification de ­l’UE est à ­l’arrêt comme le démontre


­l’échec du TICE et le déficit de légitimité du traité de Lisbonne
(2009) censé ­s’y substituer
É conomique

1. Après ­l’entrée en vigueur du traité de Maastricht instaurant ­l’Union euro-


péenne le 1er novembre 1993, deux nouveaux textes sont rapidement venus
­l’amender : les traités d­ ’Amsterdam et de Nice. Le traité ­d’Amsterdam
(1997/1999) introduit une clause de flexibilité qui permet d ­ ’instaurer des
« coopérations renforcées » entre certains États membres ; se dessine une
Europe à la carte ou à géométrie variable ! Il crée une « politique commu-
nautaire de ­l’emploi » qui ­s’avère encore plus fantomatique que la PESD de

ANNALES CCIR 2017-2018 l 237

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 237 13/10/2017 11:35


Maastricht. De même, la politique sociale européenne est intégrée au traité
mais elle se fonde sur des objectifs minima que respectent déjà de toute
ESSEC façon les États européens y compris les moins progressistes. Le traité de
Nice (2001/2003) renforce la pondération en voix des États les plus peuplés
au Conseil européen, dans la perspective de ­l’arrivée en 2004 de 10 États
dont certains confettis démographiques (Malte 400 000, Chypre 1 M, Estonie
1,3 M, Slovénie 2 M ­d’habitants…) de facto injustement surreprésentés dans
C ORRIGÉ

les instances européennes.


2. La complexité de ces traités qui s­ ’empilent brouille le message politique
européen au profit d ­ ’une construction de plus en plus technocratique. D ­ ’où
­l’idée ­d’un nouveau texte fondateur récapitulant tous les traités antérieurs
et dotant l­’Union d
­ ’une constitution, un autre des attributs d ­ ’un État avec la
monnaie. ­L’année du grand élargissement de 2004 est signé (traité dit de
Rome II) par les chefs de gouvernement des 25 États-­membres un texte
ambitieux « instituant une constitution européenne » (TICE) préparé par
la Convention de Laeken depuis 2001. Le document affirme les valeurs de
­l’Europe (charte des droits fondamentaux) mais pas ses racines chrétiennes
et crée – à la demande des grands États – un Président et un ministre des
Affaires étrangères. ­S’il ­n’établit pas un pouvoir supranational il constitue
une nette avancée vers une « confédération ­d’États-­nations  » (Joschka
Fischer) en rendant possible de multiples transferts de souveraineté actuels
ou à venir. Pour cette raison-­là mais aussi à cause de la longueur du texte
(448 articles et 36 annexes rédigés dans les 20 langues de ­l’UE) qui le rend
très difficilement lisible, le traité ­n’est pas ratifié par les peuples français
ÉCONOMIE, SOCIOLOGIE ET HISTOIRE

(référendum du 29 mai 2005) et néerlandais (1er juin 2005). Il ne peut donc


être appliqué.
3. Après cet échec un nouveau traité a minima (mais de 145 pages !) est
signé à Lisbonne en 2007. Les Irlandais sont les seuls à le ratifier par la
voie référendaire : ils rejettent le traité en juin 2009 avant ­d’être curieusement
appelés à revoter avec des garanties cette fois sur leur neutralité militaire ou
le maintien en ­l’état de leur législation sur ­l’avortement. En octobre, le réfé-
rendum de Dublin est cette fois favorable au traité. La nature complexe voire
obscure du texte qui reprend nombre des dispositions du TICE hormis les
plus symboliques (un simple « haut représentant » remplace le ministre des
affaires étrangères par exemple, tout le préambule disparaît avec ses réfé-
rences aux valeurs ou aux symboles fédéralistes (drapeau, hymne, devise))
comme ses conditions de ratification (pas de référendum par exemple en
France où la voie parlementaire est cette fois choisie par le président Sarkozy
en même temps ­qu’une modification de la Constitution de la Ve République
votée par le Congrès) nourrit les critiques eurosceptiques : le traité dit « modi-
ficatif » a été imposé au prix ­d’un véritable contournement de la volonté
populaire.

III/ Au point même que et ­l’extension et ­l’intensification semblent


É conomique

­aujourd’hui au point mort, sans même que soit encore vérifiée


la corrélation supposée par Perroux

A. ­L’élargissement indéfini semble désormais un chapitre clos


de ­l’histoire de ­l’UE
1. Certes 6 pays ont le statut de pays candidats avec une candidature
déposée et reconnue portant à 33 le possible effectif futur des membres

238 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 238 13/10/2017 11:35


de ­l’UE  : ­l’Albanie, la Macédoine, le Monténégro, la Serbie, la Bosnie-­
Herzégovine dans les Balkans occidentaux et la Turquie ; 2 autres ont
le statut de candidats « potentiels » mais ­n’ont pas encore déposé leur ESSEC
candidature (Kosovo et Moldavie) ; les pays candidats avérés mènent des
négociations dans le cadre du processus d ­ ’adhésion (divisé en 35 chapitres).
Celui-­ci débute lorsque le Conseil européen ouvre officiellement les négo-
ciations (en 2005 par exemple pour Ankara) durant lesquelles la Commission

C ORRIGÉ
européenne examine la candidature à la lumière des critères ­d’adhésion
dits de Copenhague.
2. Ces derniers ont été élaborés en 1993 au moment où se posait la question
de ­l’élargissement à ­l’Est : la présence ­d’institutions stables garantissant la
démocratie, ­l’État de droit, les droits de ­l’homme, le respect des minorités ;
une économie de marché viable et la capacité à faire face aux forces
du marché et à la pression concurrentielle à ­l’intérieur de ­l’UE ; ­l’aptitude
à assumer les obligations découlant de ­l’adhésion – notamment les règles,
les normes et les politiques qui forment le corpus législatif de ­l’UE (l’ac-
quis) – et à souscrire aux objectifs de ­l’union politique, économique et
monétaire. Ces critères ne définissent aucune identité européenne a priori
et sont suffisamment vagues pour faire de ­l’adhésion à ­l’Union une décision
politique des anciens membres plutôt que ­l’aboutissement ­d’un processus
mécanique. La Grèce avait ainsi bénéficié ­d’un coup de pouce politique en
1981 – « on ne ferme pas la porte à Platon » aurait dit le président français
Valéry Giscard ­d’Estaing – car elle était très loin des critères de ­l’époque
pourtant a minima (et nullement explicites).

ÉCONOMIE, SOCIOLOGIE ET HISTOIRE


3. Pour autant, aucune date ­n’est prévu pour ­d’éventuelles nouvelles adhé-
sions. Au lendemain de ­l’entrée de la Croatie (2013), Jean-­Claude Juncker
estime en 2014 q ­ u’une pause est nécessaire et q ­ u’aucun nouvel élargisse-
ment ne doit intervenir durant le mandat de la commission q ­ u’il préside, soit
5 ans, ­jusqu’en 2019 au moins. En avril 2015 il ajoute à propos de ­l’Ukraine
– bénéficiaire d ­ ’un accord d ­ ’association mais tentée par une candidature
– que ­l’adhésion de Kiev ­n’est pas « une question ­d’actualité immédiate ».
La Turquie enfin obtient certes à la faveur de ­l’accord de mars 2016 sur la
question des migrants une relance du processus ­d’adhésion. Mais la dérive
autoritaire du président Erdogan (modification de la constitution turque en
avril 2017) a conduit la chancelière allemande Merkel à souhaiter publique-
ment l­’arrêt du processus (septembre 2017). Plus révélateur encore le désir
­d’Europe diminue chez certains pays naguère tentés par ­l’UE : ­l’Islande
a débuté les négociations ­d’adhésion juste après la crise financière en 2009
puis a changé ses plans et a retiré sa candidature en 2015.

B. Le Brexit de juin 2016 rompt une dynamique et crée un précédent


qui rend concevable une désintégration brutale ou bien graduelle
de ­l’UE
1. Les pays candidats sont donc désormais des petits États balkaniques
É conomique

pauvres et dépendants, issus de la désintégration de la Yougoslavie ainsi


­qu’un pays du Sud certes émergent mais quasi dictatorial et rongé par
­l’islamisme… Le RU qui négocie sa sortie de ­l’UE est une puissance majeure
de 66 millions ­d’habitants (1 habitant sur 8 de ­l’UE), 2e place financière et
6e économie mondiale, à ­l’influence planétaire surtout (héritages, alliances,
prestige) plus que proportionnelle à son PIB et à sa population. Pour l­’UE
toutes les adhésions ne se valent pas. Le Brexit, rendu juridiquement

ANNALES CCIR 2017-2018 l 239

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 239 13/10/2017 11:35


possible par ­l’activation de ­l’article 50 du récent traité de Lisbonne (Rome
et Maastricht ne comportaient pas ce type de clause), crée un précédent
ESSEC qui rend désormais politiquement et psychologiquement pensable pour
­d’autres pays de quitter l­’Union européenne. Paradoxalement cependant,
le départ de Londres lève un hypothèque – une menace réalisée ne pèse
plus ! – et ôte un frein à la construction communautaire : le RU, pays atlantiste
et très libéral, ­s’est longtemps opposé à toute forme ­d’intégration militaire
C ORRIGÉ

indépendante de l­’OTAN et, depuis le tournant thatcherien de 1979, à tout


transfert de souveraineté économique.
2. La volonté de près de 52 % des Britanniques de quitter l­’Union euro-
péenne traduit un désenchantement certain q ­ u’a catalysé le flux de réfugiés
qui ­s’entassent à Calais dans l­’espoir de traverser le Channel. Pour autant
la crise couve depuis longtemps et le Royaume Uni est le pays le moins
intégré aux politiques communes (il est comme la Bulgarie, la Croatie et la
Roumanie à la fois un des 6 pays de l­’UE hors espace Schengen et l­’un
des 9 hors zone euro). En 1975, un premier référendum (67 % de oui) avait
été organisé sur le maintien ou non dans la Communauté. Les travaillistes
étaient hostiles à celle-­ci la jugeant trop libérale et incompatible avec le
Welfare State britannique. En 2016, ce sont les conservateurs au contraire
qui redoutent les évolutions de la zone euro et le risque de concurrence
pour la City, ou encore le manque de limitation des prestations sociales
accordées aux travailleurs communautaires. Les Britanniques ont toujours
eu une approche comptable de ­l’Union estimant ­qu’elle leur coûte davantage
­qu’elle ne leur rapporte. Les referendums sont des outils pour exercer une
ÉCONOMIE, SOCIOLOGIE ET HISTOIRE

pression politique et négocier des accords plus favorables.


3. Si au Royaume-­Uni, Ukip a été le fer de lance de la campagne pour le
« Non », il existe dans d­ ’autres pays membres des forces politiques hostiles
à des degrés divers au maintien dans ­l’Union européenne au nom de
visions souverainistes refusant les délégations de prérogatives régaliennes
à Bruxelles et les flux migratoires internes comme externes à ­l’Union. Le
Front national (25 % des voix aux élections européennes de 2014), la Ligue
du Nord, le Parti de la liberté ­d’Autriche et le Vlaams Belang ont ainsi créé
en 2014 un « Mouvement pour ­l’Europe des nations et des libertés ». En
RFA, ­l’AFD (Alternativ für Deutschland) qui n ­ ’en fait pas partie milite a minima
pour une sortie de ­l’euro et la restauration du Deutsche Mark. À ­l’autre
extrémité du spectre politique des partis de gauche ou ­d’extrême-­gauche
comme Podemos en Espagne, Syrisa en Grèce (parvenu au pouvoir avec
son leader Alexis Tsipras), ou de manière plus ambiguë le Mouvement-5-
étoiles en Italie critiquent une Europe technocratique, au service exclusif des
marchés financiers, indifférente à la question sociale considérée comme une
simple variable ­d’ajustement de ­l’économie, muette sur les grands enjeux
de notre temps… Des forces politiques sont partout apparues dont le credo
oscille entre euroscepticisme et alter-­européisme.
É conomique

C. Pour autant le lien entre extension du périmètre de ­l’UE


et entropie de ses institutions politiques est contestable.
Celle-­ci ne résulte-­t‑elle pas plutôt de chocs exogènes
et de lacunes structurelles ?
1. Le premier choc exogène est lié au ralentissement de la mondialisation
dont ­l’aventure communautaire est finalement une des dimensions conti-
nentales depuis les années 1960. En témoignent l­’échec des dernières

240 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 240 13/10/2017 11:35


négociations multilatérales de l­’OMC (Doha, 2001), les tentations protec-
tionnistes que la crise des subprimes de 2007/2008 a suscitées (projet de
taxe aux frontières ad carbonem, multiplication des taxes anti-­dumping, ESSEC
promesses électorales de Donald Trump aux EUA…), la prise de conscience
du caractère non pas libéral mais souverainiste voire étatiste du capitalisme
des grands émergents (Chine, Russie notamment). ­L’Union européenne,
avec son ingénuité libre-­échangiste et la vigilance parfois contreproduc-

C ORRIGÉ
tive de la direction générale de la concurrence de la Commission vis-­à‑vis
des subventions des États aux entreprises installées sur leur sol, apparaît
davantage comme le cheval de Troie d ­ ’une « mondialisation malheureuse »
(Thomas Guénolé) que comme un amortisseur de celle-­ci. La vague terroriste
depuis le début de la décennie relance le débat sur l­’ouverture des frontières
et notamment les accords de Schengen que plusieurs pays dont la France
en novembre 2015 suspendent.
2. Le second choc exogène est la crise migratoire issue de l­’implosion du
Moyen Orient suite aux « printemps arabes » depuis 2011. Celle-­ci révèle
la cacophonie européenne en matière d ­ ’accueil des réfugiés, l­’ampleur des
divergences ­d’intérêt et de tradition des pays membres. ­L’afflux de migrants
en mer Égée frappe le pays le plus vulnérable de ­l’UE, la Grèce, et permet
à la Turquie de mener avec succès un chantage aux subsides et aux visas.
La France doit garder sur son sol, à Calais, des migrants qui ne veulent pas
y rester (les accords du Touquet de 2003 confient à Paris la garde de la
frontière transmanche de ­l’espace Schengen…) mais rêvent de passer en
Angleterre où la seule perspective de leur arrivée nourrit ­l’euroscepticisme…

ÉCONOMIE, SOCIOLOGIE ET HISTOIRE


Les pays ­d’Europe de ­l’Est se montrent hostiles à ­l’accueil de migrants
venus du monde arabe et ­d’Afrique et plus encore à toute imposition de
quotas ­d’accueil par Bruxelles. Cette attitude ferme, à ­l’opposée de la poli-
tique de la « porte ouverte » pratiquée par des pays comme la RFA (dont la
démographie est en berne) ou la Suède (ce pays de moins de 10 millions
­d’habitants a accueilli 300 000 migrants en 4 ans de 2014 à 2017), consolide
la popularité des gouvernements souverainistes eurosceptiques de Victor
Orban (Hongrie) ou de Beata Szydlo (Pologne).
3. À côté de ces chocs exogènes joue un facteur structurel hérité. Les poli-
tiques et institutions communes de ­l’UE, indépendamment du nombre
croissant de pays amenés à y participer, sont inachevées et ambiva-
lentes. Peut-­être parce que les élargissements en fanfare ont toujours été
préférés à leur difficile remise à plat. Ainsi la zone euro est loin ­d’être une
zone monétaire optimale au sens de Robert Mundell : les mouvements de
travailleurs y sont assez faibles ; il n
­ ’existe pas de vrai budget fédéral permet-
tant des transferts de revenus susceptibles de lisser les chocs asymétriques,
etc. Selon Joseph Stiglitz (L’euro. Comment la monnaie unique menace
­l’avenir de ­l’Europe, 2016), l­’euro a fait diverger et non pas converger les
économies européennes. Sans doute parce q ­ u’il a été conçu comme un
préalable au fédéralisme politique voire un substitut à celui-­ci. Or la monnaie
É conomique

unique ne pouvait être bénéfique au contraire ­qu’à ­l’issue ­d’un processus


­d’union politique reposant par exemple sur une convergence fiscale (le taux
facial ­d’imposition sur les sociétés (IS) varie de 12,5 % en Irlande à 33 % en
France) et un budget fédéral digne de ce nom. Cette union politique apparaît
­aujourd’hui une arlésienne. Il ne peut y avoir de souveraineté européenne
car à ­l’ère démocratique le seul souverain est le peuple et, ­s’il y a une civi-
lisation européenne, il ­n’y a pas en revanche de « peuple européen ».

ANNALES CCIR 2017-2018 l 241

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 241 13/10/2017 11:35


S UJET
ANALYSE ÉCONOMIQUE ET HISTORIQUE
DES SOCIÉTÉS CONTEMPORAINES

Durée : 4 heures.

Tout verbiage doit être évité et il est expressément recommandé de ne


ESCP pas dépasser huit pages, sauf justification par la qualité du résultat.
Europe
Il sera tenu compte des qualités de plan et ­d’exposition, ainsi que de
la correction de la langue.
Il ­n’est fait usage ­d’aucun document ; ­l’utilisation de toute calcula-
trice et de tout matériel électronique est interdite.

S
UJET

Le bon fonctionnement ­d’un marché justifie-­t‑il


­l’intervention de ­l’État  ?

C
ANALYSE ÉCONOMIQUE ET HISTORIQUE

ORRIGÉ
Par Frédéric Besset, professeur à Intégrale, à Paris.

Remarque liminaire : il s­ ’agit ­d’un sujet d ­ ’un insurpassable classicisme.


Mais il ne doit en aucun cas être le prétexte à un mitraillage de doctrines.
Le panorama de théories économiques façon bouillie de manuel ­c’est le
contraire ­d’une dissertation !
Encore moins faudrait-­il opposer une face sombre un ubac de
­l’interventionnisme étatique à une époque lumineuse, un adret du triomphe
libéral. Ou ­l’inverse selon le militantisme du candidat…
Il faut intégrer trois exigences :
1. Articuler principes de la science économique et documentation factuelle.
Ne serait-­ce que pour établir combien les politiques publiques sont prag-
matiques voire empiriques : elles ne sont généralement pas des travaux
pratiques des théories économiques !
2. Intégrer la dimension diachronique du programme et donc du sujet : la
théorisation économique ne s­ ’inscrit pas dans le Ciel des idées platoni-
cien mais dans ­l’histoire (ES… H !). Le libéralisme britannique du xixe siècle
ne saurait se comprendre sans référence au climat moral de l­’Angleterre
victorienne ; les politiques de redistribution inspirée par le keynésianisme
prennent tout leur sens dans le contexte de crise de la démocratie au milieu
É conomique

du xxe siècle…
3. Ne pas essayer de tout dire, au risque de ne rien dire du tout en 4 heures,
mais bâtir une démonstration à partir d ­ ’une sélection de faits et de doctrines,
non pas partielles ou partiales mais choisies pour la cohérence de l­’ensemble.

Préambule : la crise économique dite des subprimes mais aussi les grands
désordres écologiques ou sociaux engendrés par les déséquilibres de la

242 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 242 13/10/2017 11:35


mondialisation ont remis au goût du jour ­l’action régulatrice de ­l’État criti-
quée et mise à mal depuis 30 ans par le paradigme néolibéral.
ESCP
Europe
Analyse du sujet
« ­L’État » ou puissance publique est défini classiquement (Weber) comme
« ­l’instance qui revendique avec succès le monopole de ­l’exercice de la

C ORRIGÉ
violence légitime ». À noter que cette définition régalienne de l­’État ­n’exclut
pas une action sur les marchés via la fiscalité, la frappe monétaire ou la
dépense publique, militaire notamment. Par ailleurs, depuis la fin du
xixe siècle (législation sociale, politiques contracycliques…) les préroga-
tives économiques des pouvoirs publiques n ­ ’ont cessé de s­ ’élargir, j­usqu’à
devenir quasiment absolues dans le cas des expériences socialistes – au
sens de collectivistes – du xxe siècle.
« ­L’intervention » de ­l’État, même dans les économies dites de marché où
elle est par nature limitée, ­n’a cessé de se diversifier entre interventions
directes (politiques de taux, entrée au capital des entreprises…) et tactiques
­d’environnement (fiscalité, infrastructures physiques ou institutionnelles…).
« Un marché » est un lieu où s­ ’effectuent des transactions. Les trois marchés
classiquement identifiés sont ceux où ­s’échangent à un certain prix des
biens et services mais aussi les facteurs de production du travail (marché
de ­l’emploi) comme du capital (ce dernier marché par ailleurs subdivisé en
compartiments financier, obligataire, monétaire, cambiaire (Forex)).

ANALYSE ÉCONOMIQUE ET HISTORIQUE


« Le bon fonctionnement » (d’un marché) est une notion ambivalente que
­l’on peut tenter ­d’objectiver par les apports de la théorie néoclassique :
­l’optimum de Pareto se réalise ainsi l­orsqu’il n
­ ’est plus possible d ­ ’améliorer
la situation – son « utilité » – ­d’un individu sans détériorer celle ­d’un autre.
« ­L’équilibre général » du français Léon Walras suppose un état de « concur-
rence pure et parfaite » où ni les consommateurs, ni les producteurs n ­ ’auront
intérêt à modifier les quantités de biens et services q ­ u’ils offrent sur les diffé-
rents marchés. On pourra substituer au très désincarné homo economicus
au cœur de ces théories des agents plus concret comme les travailleurs
des pays riches ou ceux des pays émergents, les actionnaires des transna-
tionales ou les investisseurs privés ou institutionnels des différentes parties
du monde.
« Justifier » est sans doute le terme du libellé qui appelle le moins de précau-
tions. Il est cependant polysémique : la justification peut être d ­ ’ordre pratique
– elle est ce qui rend nécessaire – ou éthico-­politique : elle est ce qui rend
défendable voire moral.
Les différents pré-­requis du sujet ainsi désoccultés appellent par exemple
le questionnement suivant :
Dans quelle mesure l­’intervention des pouvoirs publics rend-­elle
­l’allocation que réalisent les différents marchés plus efficaces en terme
économique et plus juste en terme politico-­éthique permettant un meil-
leur fonctionnement du capitalisme minorant les conséquences des
É conomique

crises et amplifiant la satisfaction sociale ?

ANNALES CCIR 2017-2018 l 243

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 243 13/10/2017 11:35


I/ Historiquement la vision dominante est celle qui oppose ­l’État
au(x) marché(s) : ­l’État fait obstacle à leur bon fonctionnement,
ESCP
du moins ­s’il ne ­s’en tient pas à ses missions régaliennes strictes
Europe
A. ­L’État parasite les marchés de différentes façons
selon cette approche typiquement libérale
1. Ses objectifs diffèrent (souveraineté, quête d ­ ’influence ou de puissance au
C ORRIGÉ

sein de la communauté internationale) de ceux des marchés voire leur sont


antagonistes (correction des inégalités que l­’économie de marché engendre
ou amplifie…).
2. La puissance publique bride la dynamique des marchés par sa réglemen-
tation ou ­l’excès de celle-­ci : ainsi le Banking Act américain (Glass-­Steagall
Act) de 1933 en interdisant l­’exercice par un même établissement des
activités de banque ­d’investissement et de celles de banque commerciale
limite la taille des banques américaines au profit de leurs concurrentes
européennes et japonaises. La réglementation « Q », (1930) qui plafonnait
les taux d­ ’intérêt sur les dépôts à terme et interdisait la rémunération sur les
dépôts à vue a incité les capitaux en quête ­d’une meilleure rentabilité à se
placer hors du territoire des États-­Unis, assurant ainsi ­l’essor du marché
des euro-­dollars après 1945.
3. La sphère publique grève enfin la rentabilité de ­l’activité économique
sur les différents marchés en imposant des prélèvements fiscaux (TVA,
ANALYSE ÉCONOMIQUE ET HISTORIQUE

droits ­d’accise, impôt sur les sociétés…) et sociaux (dont les employeurs
doivent ­s’acquitter par exemple en France auprès de ­l’URSSAF) visant
à financer ses missions régaliennes, sa propre politique économique (la
politique de la formation professionnelle ou du logement en France) ou la
protection sociale. Son action intempestive crée des effets pervers : ainsi
dans les pays développés à forte tradition régulationniste comme la France
le surencadrement du marché primaire du travail nourrit un marché secon-
daire fortement précarisé, créant un nouveau clivage social entre insiders
et outsiders (cf. entre autres les analyses de Jean Tirole).

B. Différents moments et courants ont contribué


au paradigme libéral dans ses déclinaisons particulières
1. Les physiocrates au xviiie siècle en rompant avec la tradition mercan-
tiliste hégémonique sous l­’Ancien Régime s­ ’opposent principalement au
protectionnisme qui est alors – par exemple avec les « aides » en France
– la grande immixtion de ­l’État dans le fonctionnement des marchés. Mais
lorsque Turgot, un de leurs disciples, tente de supprimer la police des grains
et les douanes intérieures, il déclenche la « guerre des farines » (1775). Le
concept alors dominant « ­d’économie morale » rend ­l’intervention de ­l’État
dans la police des grains moralement nécessaire pour éviter que les régions
productrices ne se vident de leurs céréales au profit des provinces en déficit
frumentaire chronique.
É conomique

2. Le libéralisme du xixe siècle – Ricardo, Say… – cantonne ­l’action de


­l’État à ses missions régaliennes traditionnelles pour des raisons à la
fois d­ ’efficience – ainsi la baisse du salaire ouvrier rendue possible par la
suppression des tarifs sur les céréales en 1846 – et ­d’éthique – le refus
malthusien de ­l’assistance aux indigents (suppression de l­’assistance aux
pauvres à domicile en 1834 en Angleterre) ou l­’anathème jeté sur le déficit
budgétaire au nom de la gestion en « bon père de famille » des deniers

244 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 244 13/10/2017 11:35


publics. Seule la menace existentielle que fait peser la guerre mondiale
conduit à un renversement d ­ ’ailleurs temporaire de la doxa non interven-
ESCP
tionniste (en France, suspension de la cotation boursière, cours forcé du
Europe
franc, émissions monétaires massives, organisation des marchés publics par
Albert Thomas…) : ­l’État a des objectifs non seulement différents de ceux
des marchés mais ontologiquement supérieurs (persistance dans le temps
et dans ­l’espace de la communauté nationale).

C ORRIGÉ
3. Après la marée haute des théories de la demande entre les années 1930
et 1970, ­s’impose une nouvelle mouture des théories de l­’offre sous le
nom de néo-­libéralisme. Celui-­ci considère que la crise des années 1970
résulte ­d’un excès de régulation étatique des marchés qui a fini par tuer
la croissance économique. Milton Friedman déplace l­’objectif principal
des politiques publiques de la lutte contre le sous-­emploi à la lutte contre
­l’inflation : ­l’État doit garantir la valeur de la monnaie q­ u’il émet en accordant
par exemple, là où elle ­n’existe pas, ­l’indépendance aux banques centrales ;
ainsi ­l’épargne nourrira-­t‑elle ­l’investissement source ­d’emplois futurs. Dans
la même veine, Arthur Laffer fait l­’hypothèse d ­ ’un rendement décroissant
de ­l’impôt qui l­orsqu’il dépasse un certain seuil décourage l­’activité voire
dans le contexte de la mondialisation incite à la délocalisation des facteurs
de production trop taxés. Le néo-­libéralisme cependant ­n’est pas un retour
ne varietur au libéralisme victorien : même là où il est appliqué avec le plus
­d’enthousiasme (RU, EU) il aboutit à une baisse des prélèvements publics

ANALYSE ÉCONOMIQUE ET HISTORIQUE


mais pas de la dépense publique (keynésianisme militaire américain) –  d’où
une envolée des dettes souveraines – et ne conduit pas tant ­s’en faut
à ­l’abandon des politiques ­d’État-­providence parfois simplement rabotées
ou transférées aux collectivités locales (en France les départements versent
le RMI/RSA depuis 2004).

C. Pour autant à toutes les époques même les tenants ­


d’un libéralisme orthodoxe ne considèrent pas comme
systématiquement intempestive toute intervention publique
dans le fonctionnement des marchés
1. La puissance publique fournit en effet un cadre réglementaire et légis-
latif qui permet le bon fonctionnement des marchés en assurant l­’équité
de leur fonctionnement (droit de la concurrence : Sherman anti-­trust act
puis Clayton act aux EU en 1890 et 1914) et en réprimant les comporte-
ments délictueux (par exemple le délit ­d’initié, infraction pénale en France
depuis la loi du 2 août 1989 relative à la sécurité et à la transparence du
marché financier). ­L’analyse « institutionnaliste » développée par Douglass
North définit les institutions comme « des contraintes humainement conçues
qui structurent les interactions politiques, économiques et sociales ». Ces
normes hors marché améliorent voire rendent possible le fonctionnement
même de ceux-­ci : ils en sont la véritable « main invisible ».
2. En dehors de toute infraction à réprimer, ­l’État joue un rôle vital dans le
É conomique

fonctionnement des marchés par exemple, notamment pour John Stuart Mill,
en garantissant le droit de propriété, « inviolable et sacré » selon l­’article 17
de la Déclaration des Droits de l­’homme du 26 août 1789. Le rôle de ­l’État
est ainsi de faire baisser les coûts de transaction selon Ronald Coase en
agissant comme tiers de confiance entre les agents économiques. Cela
vaut ainsi pour la propriété intellectuelle : le 10 avril 1790 aux EUA George
Washington promulgue la première loi moderne sur les brevets. ­L’existence

ANNALES CCIR 2017-2018 l 245

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 245 13/10/2017 11:35


de juges indépendants, susceptibles de faire appel à la force publique pour
faire appliquer leurs arrêts, inspire confiance aux personnes physiques et
ESCP
morales et les incite à des comportements moraux (loyauté à ­l’employeur,
Europe
exécution des contrats…) plus rentables que des comportements immoraux
(tromperie, vol) au coût économique et social prohibitif.
3. Enfin la puissance publique, exerce une action contracyclique bienvenue
permettant ­d’accélérer la reprise pendant ou après la crise : les premières
C ORRIGÉ

traces de ce type de politiques apparaissent dans le cadre libéral du xixe siècle


pendant la Grande dépression avec le recours massif au protectionnisme
éducateur listien aux États-­Unis ou en Allemagne voire avec l­’embryon de
politiques publiques de relance (plan Freycinet de 1879). Plus récemment,
dans le contexte de la crise des subprimes, le contribuable a été sollicité
pour éviter la disparition ­d’acteurs économiques « too big to fall » essentiels
à la santé ­d’un secteur voire de ­l’ensemble de ­l’économie : ainsi le secré-
taire au Trésor Henry Paulson – un républicain grand teint – ordonne-­t‑il en
septembre 2008 la nationalisation du réassureur AIG placé sous la tutelle
de la Fed pour éviter in extremis la faillite ­d’un acteur-­clé du marché de
­l’assurance… Ces choix sont aussi de nature politique et ne relèvent pas de
la pure rationalité économique : le 15 octobre 2008 aucun deus-­ex-machina
ne vient à la rescousse de la banque d ­ ’affaires Lehman Brothers fondée en
1850 mais dont la faillite fut considérée comme pédagogique voire édifiante
par ­l’administration Bush.
ANALYSE ÉCONOMIQUE ET HISTORIQUE

Transition : ­l’ampleur des exceptions au principe de la stricte neutralité d


­ ’un
État-­gendarme adepte du « laissez faire, laissez passer » (dont certaines
conçues par ­l’auteur même de la formule, le physiocrate Vincent de Gournay)
suggère ­l’existence ­d’un continuum entre les positions non intervention-
nistes et les partisans d ­ ’un activisme de la puissance publique sur les
différents marchés.

II/ A contrario, les différentes crises de ­l’économie de marché


comme son échec à répartir la richesse de manière socialement
satisfaisante ont donné du crédit à une vision interventionniste

A. Certains auteurs se situent délibérément en dehors de ­l’alternative


interventionnisme/laissez-­faire et ont repensé la relation
État/marché(s) de manière radicale
1. Pour Karl Marx, si on ose une formulation quasiment parodique de sa
pensée, ce sont les marchés qui régulent ­l’État ! Au sens où les rapports
technico-­économiques qui y prévalent – « ­l’infrastructure » – déterminent
toute la « superstructure » institutionnelle et idéologique. ­L’État ­n’est jamais
indépendant de l­’économie/que : il est féodal à ­l’âge de l­’économie de
subsistance, capitaliste à ­l’âge de la révolution industrielle… Dès lors, le
É conomique

débat sur ­l’intervention de la puissance publique dans la vie de marchés


présumés indépendants n ­ ’a pas lieu d
­ ’être. L
­ ’État « bourgeois » ­n’est que le
syndic des copropriétaires des entreprises capitalistes. Dès lors ­l’intervention
de ­l’État « socialiste », confondu avec le parti révolutionnaire au pouvoir, ne
peut être que radicale : elle ­n’améliore pas le fonctionnement des marchés
mais les supprime comme lieu d ­ ’échange et de fixation de la valeur. Ils n ­ ’ont
plus aucun rôle – sauf le marché noir qui, lui, prospère… – dans le cadre
­d’une propriété non plus privée mais collective des moyens de production,

246 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 246 13/10/2017 11:35


les prix étant fixés arbitrairement par le pouvoir politique qui interdit tout
profit ou plus-­value.
ESCP
2. À travers des raisonnements très différents, Karl Polanyi, un siècle après
Europe
Marx (La Grande transformation, 1944) suppose une inversion de la relation
entre le marché et la sphère sociale au moment de la révolution industrielle.
Jusque-­là le marché n ­ ’était q
­ u’une modalité marginale de l­’échange. « Le
système économique était submergé dans les relations sociales géné-

C ORRIGÉ
rales ; les marchés n ­ ’étaient ­qu’un trait accessoire d ­ ’un cadre institutionnel
que ­l’autorité sociale maîtrisait et réglementait plus que jamais. » Avec la
révolution industrielle, ­l’échange se serait peu à peu désencastré du reste
des relations sociales pour tendre vers la constitution d ­ ’un grand Marché
Autorégulateur nécessitant ­l’appui institutionnel de ­l’ensemble des struc-
tures sociales : « la maîtrise du système économique par le marché a des
effets irrésistibles sur l­’organisation toute entière de la société, elle signifie
tout bonnement que la société est gérée en tant q ­ u’auxiliaire du marché.
Au lieu que l­’économie soit encastrée dans les relations sociales, ce sont
les relations sociales qui sont encastrées dans le système économique ».
Polanyi explique cette évolution par ­l’essor ­d’une croyance concernant le
caractère à la fois naturel et inévitable de cette mutation institutionnelle,
croyance diffusée par la science économique. Il appartient alors à ­l’État
­d’intervenir ­d’une part pour saper cette mythologie par ­l’enseignement et la
diffusion de ses propres idéaux, d ­ ’autre part pour rééquilibrer, réguler voire

ANALYSE ÉCONOMIQUE ET HISTORIQUE


renverser la relation société/marché.
3. ­L’héritage du marxisme est dual. Il comprend certes les expériences
totalitaires du marxisme-­léninisme qui supprime les libertés publiques
en même temps que le marché ! Mais il est aussi, avec ­d’autres courants
de pensée (mutuellisme, fabianisme, solidarisme, etc.), un des socles de
la social-­démocratie (SPD ­d’Eduard Bernstein…) même si celle-­ci ­s’en
éloigne et finit par le renier complètement (congrès de Bad Godesberg
du SPD en 1959). Indirectement, ­l’existence de régimes socialistes à ­l’Est
a été un puissant aiguillon de réforme du capitalisme libéral (L. Erhard et
« soziale Marktwirtschaft » en RFA) dans la seconde moitié du xxe siècle
(idée défendue notamment par ­l’historien britannique Eric Hobsbawm). Le
legs de Polanyi est évidemment plus discret. Mais une partie de sa pensée
qui milite pour une « réencastrement » au moins partiel du marché dans le
social irrigue les courants de « ­l’économie sociale et solidaire » (banques
coopératives, AMAP, commerce équitable…). À noter cependant que cette
forme ­d’économie relève ­d’une prise ­d’autonomie et de responsabilité de
la société civile plutôt que d ­ ’une intervention directe de l­’État même si le
législateur public peut fournir un cadre réglementaire à ces activités (loi
Hamon en France en 2014).

B. À partir des années 1930 et pour quasiment un demi-­siècle


­l’intervention de la puissance publique dans ­l’économie de marché
É conomique

­s’amplifie et trouve de nouveaux fondements théoriques


1. La crise des années Trente et la Seconde Guerre mondiale offrent un
terreau fertile à ­l’intervention de ­l’État selon un large spectre qui court de
­l’empirisme des New Deals ou de la « reflation » Blum aux expériences diri-
gistes des régimes autoritaires (Italie, Japon, Allemagne…) en passant par la
fidélité au cadre libéral qui est le choix du Royaume-­Uni du moins ­jusqu’en
1940. Mais ­s’agit-­il là ­d’assurer le bon fonctionnement des marchés ou de

ANNALES CCIR 2017-2018 l 247

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 247 13/10/2017 11:35


servir ­d’autres fins ? Préparer le pays à la guerre totale, satisfaire des clien-
tèles électorales ou des lobbies industriels (Konzern, zaïbatsus…), préserver
ESCP
la démocratie en évitant la prolétarisation des classes moyennes…
Europe
2. ­L’œuvre de Keynes, Théorie générale de ­l’emploi, de ­l’intérêt et de la
monnaie (1936) ­n’inspire que très indirectement – voire en rien du tout –
cette première dilatation du périmètre de l­’action publique dans un contexte
de crise générale. Mais la révolution copernicienne du keynésianisme, qui
C ORRIGÉ

place la demande stimulée par la dépense publique, et non plus l­’offre,


comme perspective centrale de ­l’économie, inspire en revanche fortement
les politiques des Trente Glorieuses. Moins en tant que telle ­qu’à travers
la synthèse néo-­classique opérée notamment par Paul Samuelson et John
Hicks. Le modèle IS/LM de Hicks par exemple représente l­’équilibre du
système économique quand il y a à la fois équilibre sur le marché des biens
et services, représenté par la relation IS, et équilibre sur le marché financier,
représenté par la relation LM : ­c’est un modèle macroéconomique à système
de prix fixe qui donne aux autorités un outil pour établir une politique budgé-
taire ou monétaire. Dans le cadre de la grande croissance de l­’après-­guerre,
­l’intervention publique se justifie par un double objectif de stabilisation de
la conjoncture (politique de stop and go) et de redistribution de la richesse.
3. Dans le monde en développement, y compris non communiste, le cœur
du xxe siècle – entre 1930 et 1980 en dates rondes – a été aussi ­l’âge ­d’or
de ­l’action publique via les modèles ­d’industrialisation par substitution
ANALYSE ÉCONOMIQUE ET HISTORIQUE

aux importations en vigueur en Amérique latine par exemple (Commission


économique pour l­’Amérique latine ou Cépal de 1948). Le « théorème »
de Singer-­Prebisch sur la détérioration des termes de ­l’échange Nord/
Sud justifie la mise en place de barrières protectionnistes et ­l’incitation
à une production nationale de biens manufacturés (entreprises nationali-
sées, subventions publiques à ­l’industrie…). Sans adhérer complètement
aux thèses cépalistes, les pays ateliers ­d’Asie du Sud-­est voire le Japon
ont mené des stratégies nationales de remontée de filières industrielles
avant de migrer de manière volontariste (et non pas contrainte comme les
économies ­d’Amérique latine dans les années 1980 à ­l’ère du consensus de
Washington) vers un modèle ­d’industrialisation par promotion des expor-
tations. Celui-­ci dessine des économies de marchés fortement épaulées
par la puissance publique (prêts bonifiés, politiques de change agressives,
porosité entre les états-­majors des grands conglomérats et la haute adminis-
tration…). Ce capitalisme ­d’État est la martingale de la « haute croissance »
chinoise depuis bientôt quarante ans.

C. Les défis du début du xxie siècle redonnent à la dialectique


de l­’État et du Marché toute sa pertinence dans un contexte
où le « fanatisme du marché » (J. Stiglitz, 2006) finit
par se retourner contre la mondialisation elle-­même
1. L
­ ’accélération de la mondialisation depuis le début du présent siècle
É conomique

est catalysée par ­l’apparition de nouvelles technologies (dématérialisation


des transactions…) et de nouveaux acteurs géopolitiques émergents voire
convergents. Elle complique voire invalide ­l’intervention des États qui entrent
comme les entreprises en concurrence les uns avec les autres pour attirer
talents et capitaux. En Union européenne ­l’existence de pays hautement
développés (Luxembourg, Irlande…) pratiquant le dumping fiscal rend illu-
soire toute politique de cavalier solitaire ­d’un des gouvernements de ­l’UE

248 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 248 13/10/2017 11:35


tenté par exemple de taxer de manière volontariste les profits des trans-
nationales américaines de la cyberéconomie. Toute politique économique
ESCP
publique est plus que jamais soumise à une contrainte extérieure maxi-
Europe
misée. Les marchés ont pris un essor colossal qui dépasse de loin la force
de frappe financière des États les plus influents : la valeur des transactions
quotidiennes sur le seul marché des devises dépasse le double du PIB
annuel de la France, 5e puissance économique du monde. Par ailleurs le

C ORRIGÉ
pouvoir réglementaire de la communauté internationale des États est aussi
très circonscrit : par exemple, il s­ ’arrête au seuil du vaste compartiment de la
finance fantôme (shadow banking) dont les transactions hors-­bilan quoique
formellement légales et d ­ ’un montant égal au PIB planétaire échappent au
régulateur institutionnel.
2. Conclure à la caducité de ­l’encadrement étatique des marchés serait
cependant hâtif. En effet la multiplication de graves crises financières
continentales (crises mexicaine en 1994, asiatique en 1997, russe en
1998, argentine en 2001…) ou mondiale (crise dite des subprimes depuis
2007) dans un contexte de déréglementation néo-­libérale (consensus
de Washington) assumée a sérieusement remis en cause le dogme de
­l’efficience spontanée des marchés. ­S’en est suivi un retour en grâce de
­l’État thaumaturge, prêteur en dernier recours et arbitre de la cupidité des
agents économiques (cf. le titre français du livre de Joseph Stiglitz analysant
en 2010 les causes de la crise des subprimes, Le Triomphe de la cupidité).

ANALYSE ÉCONOMIQUE ET HISTORIQUE


Une des réponses collectives de G20 à la crise récente a été en 2010
­l’introduction de nouveaux ratios prudentiels dans le cadre de la réforme
Bâle III de la réglementation bancaire ; la même année a été imaginée en UE
le Mécanisme Européen de Stabilité (MES) créant une institution financière
internationale qui peut lever des fonds sur les marchés financiers, pour
un montant allant ­jusqu’à 700 milliards ­d’euros, afin ­d’aider sous condi-
tions des États en difficulté ou de participer à des sauvetages de banques
privés… La finalité de ces interventions concertées des États sur les marchés
est double : ­d’une part empêcher la survenue de désordres économiques
graves, ­d’autre part éviter une contestation politico-­sociale de la mondiali-
sation des marchés par ceux-­là mêmes, individus et peuples qui en seraient
les perdants ou les victimes.
3. Sur les différents marchés où elle est opérante et en particulier ceux
qui sont les moins encadrés (marchés financiers…) la mondialisation crée
des externalités négatives : ségrégations socio-­spatiales (« sécession »
des riches au Nord comme au Sud, enrichissement relatif des pauvres du
Sud, précarisation voire désintégration des classes moyennes et popu-
laires au Nord), prédation de ­l’environnement et altération globale du
climat. Celles-­ci sont susceptibles de freiner la mondialisation voire de
provoquer une rétro-­mondialisation. ­D’autant plus ­qu’aucun mécanisme
auto-­stabilisateur (convergence des salaires, hausse spontanée du prix des
hydrocarbures sources de gaz à effet de serre ou GES…) n ­ ’est susceptible
É conomique

à lui seul corriger ces désordres comme ­l’atteste le retour d ­ ’expérience


des dernières décennies. Dès lors, ­l’État apparaît comme la seule instance
susceptible d ­ ’apprivoiser la mondialisation et d­ ’éviter son rejet (pour aller
vers ­d’improbables expériences autarciques ?) par les peuples. Mais comme
dans le cas d ­ ’école du MES européen, seule l­’action concertée voire mutua-
lisée des États est ­aujourd’hui pensable dans un monde ­d’interdépendance
des marchés et des sociétés. Ses modalités d ­ ’exercice sont variées

ANNALES CCIR 2017-2018 l 249

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 249 13/10/2017 11:35


(actualisation de la taxe Tobin sur les transactions financières, impôt mondial
au service des urgences universelles, taxation du carbone ou réorganisation
ESCP
des systèmes ­d’échange de quotas ­d’émission de GES…) et supposent une
Europe
unité de vue de la communauté internationale sur la notion de Bien public
qui ­n’est encore que très partiellement réalisée.
C ORRIGÉ

S
ANALYSE ÉCONOMIQUE ET HISTORIQUE
É conomique

250 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 250 13/10/2017 11:35


S UJET
MATHÉMATIQUES
Durée : 4 heures.

La présentation, la lisibilité, l­ ’orthographe, la qualité de la rédaction,


la clarté et la précision des raisonnements Code entreront
sujet : 296pour une part EM
LYON
importante dans ­l’appréciation des copies.
Les candidats sont invités à encadrer dans la mesure du possible les
résultats de leurs calculs.
Ils ne doivent faire usage d­ ’aucun document : ­l’utilisation de toute
calculatrice et de tout matériel électronique est interdite. Seule
­l’utilisation ­d’une règle graduée est autorisée.
Si au cours de ­l’épreuve, un candidat repère ce qui lui semble être
une erreur ­d’énoncé, il la signalera sur sa copie et poursuivra sa
composition en expliquant les raisons des initiatives ­qu’il sera amené
à prendre.

S UJET

MATHÉMATIQUES
É conomique

1/5
Tournez la page S.V.P.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 251

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 251 13/10/2017 11:35


S UJET

EM
LYON

2/5
MATHÉMATIQUES
É conomique

252 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 252 13/10/2017 11:35


S UJET
EM
LYON

MATHÉMATIQUES

3/5
Tournez la page S.V.P.
É conomique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 253

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 253 13/10/2017 11:35


S UJET

EM
LYON
MATHÉMATIQUES

4/5
É conomique

254 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 254 13/10/2017 11:35


S UJET
EM
LYON

MATHÉMATIQUES

5/5
É conomique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 255

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 255 13/10/2017 11:35


EM
LYON
C ORRIGÉ
Par Bénédicte Bourgeois, professeur agrégée de mathématiques, correctrice
Premièreaux
épreuve de mathématiques,
concours BCE. voie économique, de l’EML 2017.
Corrigé par Bénédicte Bourgeois, lycée Notre Dame du Grandchamp, Versailles.
C ORRIGÉ

EXERCICE 1

Partie I : Etude de la fonction f . 4. a

1. a. Les fonctions exponentielle et logarithme népérien sont toutes les deux dérivables deux fois sur
]0; +∞[ donc, par les opérations sur les fonctions dérivables, la fonction f est deux fois dérivable sur
]0; +∞[.
e
∀x > 0, f  (x) = ex −
x
e
∀x > 0, f  (x) = ex + 2
x

b. La dérivée seconde de f est clairement strictement positive sur ]0; +∞[ donc la fonction f  est
strictement croissante sur ]0; +∞[. Or f  (1) = 0. On en déduit que f  est strictement négative sur b
]0; 1[ et stritement positive sur ]1; +∞[.
Les limites ne présentent pas de forme indéterminée :

lim f  (x) = −∞; lim f  (x) = +∞


x→0+ x→+∞

On peut alors dresser le tableau de variation de la fonction f  :


x 0 1 +∞
f  (x) + +
f  (x) −∞  0  +∞

2. D’après la question précédente, le signe de f  est connu ce qui permet d’en déduire le sens de variation
5. O
de la fonction f .
P
On a f (1) = e et lim f (x) = +∞.
x→0+ O
La limite en +∞ présente une forme intéterminée qu’on lève en modifiant l’écriture de f (x) : ]0
  L
ex ln x
∀x > 0, f (x) = x −e A
x x
L
D’après les formules de croissance comparée, lim f (x) = +∞.
x→+∞
On dresse le tableau de variations de la fonction f :
x 0 1 +∞
f  (x) − + 6. a
f (x) +∞  e  +∞
MATHÉMATIQUES

3. Allure de la courbe :
É conomique

256 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 256 13/10/2017 11:35


4. EM
LYON

2.

C ORRIGÉ
−1. f 1. 2. 3. 4.
0

4. a. La fonction u est dérivable sur ]0; +∞[.

∀x > 0, u (x) = f  (x) − 1

e
∀x > 0, u (x) = ex + −1
x2
e
Or, pour tout x > 0, ex > 1 et > 0 ; il en résulte que :
x2
∀x > 0, u (x > 0
La fonction u est strictement croissante sur ]0; +∞[.

b. On remarque tout d’abord que l’équation proposée est équivalente à l’équation u(x) = 0.
La fonction u est continue et strictement croissante sur ]0; +∞[. Elle réalise une bijection de ]0; +∞[
sur u (]0; +∞[) = R.
L’équation u(x) = 0 admet donc une unique solution α strictement positive.
e
On calcule u(1) = −1 et u(2) = e2 − − 2 donc en utilisant les encadrements fournis au début du
2
sujet, u(2) > 0. On peut donc conclure que :
L’équation u(x) = 0 a pour unique solution le réel α tel que 1 < α < 2.

Partie II : Etude d’une suite, étude d’une série.

5. On démontre le résultat demandé par récurrence.


Pour n = 0, comme u0 = 2, la propriété est vérifiée de manière immédiate.
On suppose que pour un entier naturel n, un existe et un ≥ 2. Comme la fonction f est définie sur
]0; +∞[, f (un ) existe donc un+1 existe.
L’étude de la fonction f a montré que celle-ci avait un minimum qui valait e. Donc f (un ) ≥ e ≥ 2.
Ainsi Un+1 ≥ 2.
La propriété est donc établie au rang n + 1 ; on a ainsi prouvé par un raisonnement par récurrence que :
Pour tout entier naturel n, un existe et un ≥ 2.

6. a. La fonction g est dérivable sur [2; +∞[ et

∀x ≥ 2, g  x) = f  (x) − 1
MATHÉMATIQUES


Or la fonction f est strictement croissante sur R d’après la question I-1-b donc

∀x ≥ 2, f  (x) ≥ f  (2)
e
∀x ≥ 2, g  (x) ≥ e2 − −1>0
2
É conomique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 257

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 257 13/10/2017 11:35


La fonction g est donc strictement croissante sur [2; +∞[ .
Par stricte croissance de g sur [2; +∞[,
EM
LYON ∀x ≥ 2, g(x) ≥ g(2)
2
Or g(2) = f (2)−2 = e −e ln 2−2. En utilisant les encadrements donnés en début du sujet, g(2) > 0.
La fonction g est strictement positive sur [2; +∞[.
C ORRIGÉ

b. On vient de prouver que :


∀x ≥ 2, g(x) > 0
Or on a montré à la question II-5 :
∀n ∈ N, un ≥ 2
Il en résulte que ∀n ∈ N, g(un ) > 0 soit f (un ) − un > 0, ce qui peut encore s’écrire :

∀n ∈ N, un+1 > un

La suite (un ) est croissante.

7. On sait déjà que la suite (un ) est croissante ; supposons qu’elle est majorée ; alors elle convergerait vers
un réel L tel que L ≥ 2 d’après le théorème de compatibilité de l’ordre et de la limite.
Comme la suite (un ) vérifie la relation un+1 = f (un ) où f est une fonction continue sur ]0; +∞[ donc
continue en L, le réel L serait solution de l’équation f (x) = x soit g(x) = 0.
Or il a été prouvé à la question II-6-a que ∀x ≥ 2, g(x) > 0 donc l’équation g(x) = 0 n’admet pas de
solution sur l’intervalle [2; +∞[.
Par suite,
La suite (un ) est croissante non majorée et lim un = +∞.
n→+∞

8. u=2
n=0
while u < A do
u = exp(u) - e * log (u)
n = n+1
end
display (n)

9. a. Pour démontrer la double inégalité proposée, on utilise l’étude de deux fonctions :


On pose :
∀x ≥ 2, h(x) = 2 ln x − x
La fonction h est dérivable sur [2; +∞[.
2−x
∀x ≥ 2, h (x) = 10.
x
La fonction h est décroissante sur [2; +∞[.

∀x ≥ 2, h(x) ≤ h(2)

∀x ≥ 2, h(x) ≤ 2 ln 2 − 2 < 0
MATHÉMATIQUES

∀x ≥ 2, 2 ln x ≤ x.
É conomique

258 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 258 13/10/2017 11:35


On pose :
ex
∀x ≥ 2, k(x) = −x
3 EM
La fonction k est dérivable sur [2; +∞[. LYON
ex − 3
∀x ≥ 2, k  (x) =
3
La fonction h est croissante sur [2; +∞[.

C ORRIGÉ
∀x ≥ 2, k(x) ≥ k(2)

e2
∀x ≥ 2, k(x) ≥ −2>0
3
ex
∀x ≥ 2, ≥ x.
3

b. On s’appuie sur l’inégalité précédente puisqu’on a prouvé en II-5 que tous les termes de la suite (un )
sont supérieurs à 2.

e un
∀n ∈ N, 2 ln un ≤ un ≤
3
un un
On en déduit que eun ≥ 3un et ln un ≤ d’où −e ln un ≥ −e .
2 2
u n
Par suite, eun − e ln un ≥ 3un − e .
2
Soit finalement,
6−e
∀n ∈ N, un+1 ≥ un .
2

c. D’après le résultat précédent, on peut écrire :


 
1 2 1
∀n ∈ N, 0 ≤ ≤
un+1 6−e un
On montre rapidement par récurrence que :
 n  
1 2 1
∀n ∈ N, 0 ≤ ≤
un 6−e u0
 n
2 2
Or, −1 < < 1 donc la série de terme général est une série géométrique convergente.
6−e 6−e
D’après le critère de comparaison des séries à termes positifs,
1
La série de terme général est convergente.
un

Partie III : Etude d’intégrales généralisées.

10. La fonction f est continue sur ]0; 1].


 1
D’après le cours, l’intégrale ln xdx est une intégrale convergente et vaut −1.
0
 1  1
L’intégrale ex dx est une intégrale définie et ex dx = e − 1.
0 0
On peut donc conclure que :
MATHÉMATIQUES

 1
f (x)dx est une intégrale convergente qui est égale à 2e − 1.
0
É conomique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 259

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 259 13/10/2017 11:35


11. La fonction f est continue sur [1; +∞[.
 A
On pose, pour A > 1, IA = f (x)dx et on utilise les calculs de la question précédente pour déterminer
EM 1 14.
LYON IA :
x
IA = [e − e(x ln x − x)]A
1
A
= e − e(A ln A − A) − 2e
D’après les théorèmes de croissance comparée, lim IA = +∞, on conclut :
A→+∞
 +∞
C ORRIGÉ

f (x)dx est une intégrale divergente .


1

12. D’après la question II-9-a,


ex
∀x ≥ 2, ln x ≤
6
D’où  e
∀x ≥ 2, f (x) ≥ ex 1 −
6
Et finalement
1 6 −x
∀x ≥ 2, 0 < < e
f (x) 6−e
 +∞
Or, d’après le cours, e−x dx est convergente ; comme les fonctions considérées sont continues et
2
positives sur [2; +∞[, on peut conclure, d’après le critère de comparaison :
 +∞
1
dx est une intégrale convergente .
2 f (x)

Partie IV : Etude d’une fonction de deux variables réelles.

13. La fonction F est de classe C 2 sur l’ouvert U =]1; +∞[2 donc elle admet des dérivées partielles d’ordre
1 par rapport à x et à y.
∀(x, y) ∈ U, ∂1 (F )(x, y) = f  (x) − y; ∂2 (F )(x, y) = f  (y) − x

La fonction F admet des points critiques en tout (x, y) de U tel que les deux dérivées partielles d’ordre
1 s’annulent simultanément.
 
∂1 (F )(x, y) = 0 f  (x) − y = 0

∂2 (F )(x, y) = 0 f  (y) − x = 0
On commence par prouver que x = y : 
f  (x) − y = 0
Considérons un couple (x, y) de U tel que x < y et
f  (y) − x = 0
Comme on a prouvé dans la partie I que la fonction f  est strictement croissante sur [0; +∞[ alors
f  (x) < f  (y) soit y < x, ce qui amène à une contradiction. On montre de même qu’il n’est pas possible
d’avoir x > y. Par suite, si (x, y) vérifie le système ci-dessus, on a x = y.
Le système s’écrit donc
 
  f (x) − y = 0

∂1 (F )(x, y) = 0
⇔ f  (y) − x = 0
∂2 (F )(x, y) = 0 

x= y
soit
MATHÉMATIQUES

 
∂1 (F )(x, y) = 0 f  (x) = x

∂2 (F )(x, y) = 0 x = y
Or d’après la question I-4-b, l’équation f  (x) = x admet pour unique solution le réel α
É conomique

260 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 260 13/10/2017 11:35


La fonction F admet un unique point critique en (α, α).

14. a. La fonction F est de classe C 2 sur U donc elle admet des dérivées partielles d’ordre 2 . EM
LYON
2
∀(x, y) ∈ U, ∂1,1 (F )(x, y) = f  (x); ∂2,2
2
(F )(x, y) = f  (y)
La fonction F étant de classe C 2 sur U , on peut appliquer le théorème de Schwarz.

C ORRIGÉ
2 2
∀(x, y) ∈ U, ∂1,2 (F )(x, y) = ∂2,1 (F )(x, y) = −1

En (α, α), la matrise hessienne de F est :


 
f  (α) −1
∇2 F (α, α) =
−1 f  (α)

b. Les valeurs propres de la matrice ∇2 F (α, α) sont les solutions de l’équation :

(f  (α) − x)2 − 1 = 0

Cette équation admet deux solutions

x1 = f  (α) − 1; x2 = f  (α) + 1
e
Or f  (α) = eα + avec 1 < α < 2. Les deux valeurs propres trouvées sont strictement positives.
α2
La fonction F admet un minimum local en (α, α).

MATHÉMATIQUES
É conomique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 261

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 261 13/10/2017 11:35


Première épreuve de mathématiques, voie économique, de l’EML 2017.
Corrigé par Bénédicte Bourgeois, Lycée Notre Dame du Grandchamp, Versailles.

EXERCICE 2
EM
LYON PARTIE I : Etude de a 4. O
éc
1. On montre que a est une application linéaire : E

∀(P, Q) ∈ E 2 , ∀k ∈ R, a(P + kQ) = (P + kQ) − X(P + kQ)


C ORRIGÉ

D’après les propriétés de la dérivation dans E en modifiant l’écriture, il vient : O


2  
∀(P, Q) ∈ E , ∀k ∈ R, a(P + kQ) = (P − XP ) + k(Q − XQ ) = a(P ) + ka(Q)

ce qui établit la linéarité de l’application a.


L
On montre que l’application a est de E dans E. es
En reprenant les données du sujet, on pose P = α + βX + γX 2 . On a alors :

a(P ) = α + βX + γX 2 − X(β + 2γX)


O
a(P ) = α − γX 2
Ceci montre que a(P ) appartient bien à E. O
a est un endomorphisme de E.
C
2. a. On détermine les images des vecteurs de la base canonique de E par l’endomorphisme a :
a(1) = 1; a(X) = 0; a(X 2 ) = X 2 − X(2X) = −X 2
Comme la matrice de a dans la base canonique de E est la matrice ayant pour colonnes les coordon-
nées des images des vecteurs de la base canonique dans cette même base, on a bien : O
 
1 0 0
A= 0 0 0 
0 0 −1 C
b. La deuxième colonne de A est nulle et ses deux autres colonnes ne sont pas colinéaires ; on peut
donc en conclure que :
La matrice A est de rang 2. 5. a
3. La matrice A est une matrice carrée d’ordre 3 qui est de rang 2 donc elle n’est pas inversible et
l’endomorphisme a n’est pas bijectif.

Comme le rang de A est aussi la dimension de l’image de a, on sait que l’image de a est de dimension 2
b
donc, d’après le théorème du rang, le noyau de a est de dimension 1. Il est donc engendré par n’importe
lequel de ses éléments non nuls ; or, on a prouvé à la question précédente que a(X) = 0 donc le polynôme
X appartient à Ker (a).

Ker (a) = Vect (X).

 
Im (a) = Vect a(1); a(X); a(X 2 ) . Donc d’après les résultats de la question 2 :
Im (a) = Vect (1, X 2 ).
6. O

PARTIE II : Etude de b
O
MATHÉMATIQUES

1
É conomique

7. O

262 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 262 13/10/2017 11:35


l’endomorphisme a n’est pas bijectif.

Comme le rang de A est aussi la dimension de l’image de a, on sait que l’image de a est de dimension 2
donc, d’après le théorème du rang, le noyau de a est de dimension 1. Il est donc engendré par n’importe
lequel de ses éléments non nuls ; or, on a prouvé à la question précédente que a(X) = 0 donc le polynôme
X appartient à Ker (a).

Ker (a) = Vect (X).

 
Im (a) = Vect a(1); a(X); a(X 2 ) . Donc d’après les résultats de la question 2 :
Im (a) = Vect (1, X 2 ).

PARTIE II : Etude de b
EM
4. On peut montrer de différentes manières que l’endomorphisme
1 b est bijectif ; la plus simple consiste à LYON
écrire sa matrice dans la base canonique de E.
En procédant comme à la question 2-b :

b(1) = 1; b(X) = X − 1; b(X 2 ) = X 2 − 2X

C ORRIGÉ
On a ainsi :  
1 −1 0
B =  0 1 −2 
0 0 1
La matrice B est une matrice triangulaire dont tous les coefficients diagonaux sont non nuls ; donc elle
est inversible et par suite ,
L’endomorphisme b est bijectif.

On pose
∀Q ∈ E, g(Q) = Q + Q + Q
On a alors  
∀P ∈ E, (g ◦ b)(P ) = g P − P  = (P − P  ) + (P − P  ) + (P − P  )
Comme P est un polynôme de degré inférieur ou égal à 2, P  = 0 et

∀P ∈ E, (g ◦ b)(P ) = P − P  − (P  − P  ) − (P  ) = P

On montre de même que :

∀P ∈ E, (b ◦ g)(P ) = P
Ceci permet d’affirmer que g ◦ b = b ◦ g = idE et donc que b−1 = g.
∀Q ∈ E, b−1 (Q) = Q + Q + Q .

5. a. La matrice B est triangulaire donc ses valeurs propres sont ses coefficients diagonaux ; elle admet
une unique valeur propre qui est 1. Or les valeurs propres de l’endomorphisme b sont celles de la
matrice B.
L’endomorphisme b a pour unique valeur propre 1.
b. Si b était diagonalisable, B le serait donc il existerait une matrice P inversible et une matrice D
diagonale telles que B = P DP −1 . Or l’unique valeur propre de B étant 1, on aurait D = I soit
finalement B = I ce qui est faux.
L’endomorphisme b n’est pas diagonalisable.

PARTIE III : Etude de c


6. On détermine les images des vecteurs de la base canonique de E par l’endomorphisme c :

c(1) = 2X; c(X) = X 2 + 1; c(X 2 ) = 2X


On peut alors construire la matrice C :
MATHÉMATIQUES

 
0 1 0
C= 2 0 2 
0 1 0
É conomique

7. On remarque que la matrice C a deux colonnes identiques ; donc elle n’est pas inversible.
L’endomorphisme c n’est pas bijectif.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 263

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 263 13/10/2017 11:35


8. a. Dans cette question, on nous demande de diagonaliser la matrice C ; on peut déjà remarquer que C
n’étant pas inversible, elle admet 0 comme valeur propre.
EM Le réel λ est valeur propre de la matrice C si et seulement si la matrice C − λI est non inversible.
LYON  
−λ 1 0
C − λI =  2 −λ 2 
0 1 −λ
On applique successivement les opérations élémentaires suivantes :
C ORRIGÉ

L1 ↔ L3 ; L2 ← 2L2 + λL1 ; L2 ↔ L3 ; L3 ← (2 − λ2 )L2 − L3 9.

On obtient ainsi la matrice G :  


2 −λ 2
G= 0 1 −λ 
0 0 λ3 − 4λ
La matrice C − λI est non inversible si et seulement si G est non inversible. Or G est une matrice
triangulaire qui est non inversible si et seulement si λ3 − 4λ = 0.
On en déduit que le spectre de C est l’ensemble {−2; 0; 2}.
La matrice C est une matrice d’ordre 3 qui admet trois valeurs propres distinctes dont elle est
diagonalisable et ses sous-espaces propres sont de dimension 1.
On a remarqué que c(1) = c(X 2 ) ; comme c est un endomorphisme de E, il en résulte que c(1−X 2 ) = 0
donc comme on a vu que les sous-espaces propres
 de  sont de dimension 1 :
c
1
Ker (c)= Vect (1 − X 2 ) soit E0 (C) = Vect  0  .
−1
On cherche maintenant les matrices colonnes
 X telles que CX = 2X.
  y = 2z
x 

En posant X =  y , CX = 2X ⇔ 2x + 2z = 2y


z y = 2z
 10.
y = 2z
CX = 2X ⇔
x=z
 
1
Ainsi E2 (C) = Vect  2  .
1
En procédant demême,
 on
trouve :
1
E−2 (C) = Vect  −2  .
1
La matrice D est la matrice ayant sur sa diagonale les valeurs propres de C dans l’ordre croissant :
 
−2 0 0
D= 0 0 0 
0 0 2

La matrice R est la matrice dont les colonnes sont les vecteurs propres déterminés auparavant, placés
dans un ordre compatible avec D :
 
1 1 1
MATHÉMATIQUES

R =  −2 0 2 
1 −1 1

Ces vecteurs propres sont associés à trois valeurs propres distinctes de C donc ils forment une famille
libre et la matrice R est inversible.
É conomique

264 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 264 13/10/2017 11:35


b. La matrice de c dans la base canonique de E étant diagonalisable d’après la question précédente,
L’endomorphisme c est diagonalisable.
On obtient une base de vecteurs propres de c à partir de la base de vecteurs propres de C trouvée EM
précédemment : LYON
B = (1 − 2X + X 2 ; 1 − X 2 ; 1 + 2X + X 2 ).

PARTIE IV : Etude de f

C ORRIGÉ
9. Par définition f = b ◦ a − a ◦ b.

∀P ∈ E, (b ◦ a)(P ) = b [a(P )] = b(P − XP  )

∀P ∈ E, (b ◦ a)(P ) = (P − XP  ) − (P − XP  )

Après avoir appliqué la formule de dérivation des produits, il vient :

∀P ∈ E, (b ◦ a)(P ) = P − XP  + XP 

On procède de même pour déterminer (a ◦ b)(P ) :

∀P ∈ E, (a ◦ b)(P ) = a(P − P  )

∀P ∈ E, (a ◦ b)(P ) = P − (1 + X)P  + XP 

Soit finalement :

∀P ∈ E, f (P ) = (P − XP  + XP  ) − (P − (1 + X)P  + XP  ) = P 

10. Désignons par F la matrice de l’endomorphisme f dans la base canonique de E.


Puisque f = b ◦ a − a ◦ b, alors F = AB − BA.
Considérons l’endomorphisme f 3 :

∀P ∈ E, f 3 (P ) = f 2 (P  ) = f (P  ) = P 

Or P est un polynôme de degré au plus égal à 2, donc P  est le polynôme nul. Ainsi, f 3 est l’endo-
morphisme nul de E et sa matrice est la matrice nulle.

F 3 = (BA − AB)3 = 0.

MATHÉMATIQUES
É conomique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 265

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 265 13/10/2017 11:35


E

Première épreuve de mathématiques, voie économique, de l’EM LYON (2017) O

Corrigé par Bénédicte Bourgeois, lycée Notre Dame du Grandchamp, Versailles.

EXERCICE 3 L
co
EM
LYON Partie I : Simulation informatique.

O
1. On complète les lignes manquantes dans le programme :
if x < r/r+b ra
C ORRIGÉ

then r = r+1 co
s=s+1
else b = b+1
L
2. Interprétation du résultat : d
Le programme exécute 1000 fois la fonction précédente et renvoie la moyenne des résultats obtenus.
Donc en effectuant dix tirages dans l’urne, le nombre moyen de boules rouges obtenues est environ
6.657.

Partie II : Rang d’apparition de la première boule bleue et rang d’apparition de la O


première boule rouge.
te
3. (a) La variable aléatoire Y est égale au rang d’apparition de la première boule bleue.

[Y = 1] = B1 ; ∀n ≥ 2, [Y = n] = R1 ∩ R2 ... ∩ Rn−1 ∩ Bn
On applique la formule des probabilités composées :

∀n ≥ 2, P ([Y = n]) = P (R1 ) × PR1 (R2 )... × PR1 ∩R2 ...∩Rn−2 (Rn−1 ) × PR1 ∩R2 ...∩Rn−1 (Bn )
5. L
En suivant l’évolution de l’urne : S

2 3 n 1
∀n ≥ 2, P ([Y = n]) = × ...... × ×
3 4 n+1 n+2
On simplifie et on s’assure que la formule obtenue peut s’étendre au cas n = 1.
2
P ([Y = n]) = . 6. L
(n + 1)(n + 2)
d

(b) La variable aléatoire Y admet une espérance si et seulement si la série de terme général nP ([Y =
n]) converge absolument ; comme cette série est à termes positifs, on est ramené à une convergence
simple.

2n 2 7. (

(n + 1)(n + 2) n
1
Or la série de Riemann de terme général est une série divergente. D’après le critère de compa-
n
2n
raison des séries à termes positifs, il en résulte que la série de terme général est
(n + 1)(n + 2)
aussi divergente.
La variable aléatoire Y n’admet pas d’espérance. Par suite, elle n’admet pas de variance.

1
MATHÉMATIQUES

4. La variable aléatoire Z est égale au rang d’apparition de la première boule rouge. On procède comme
à la question précédente :

[Z = 1] = R1 ; ∀n ≥ 2, [Z = n] = B1 ∩ B2 ... ∩ Bn−1 ∩ Rn
(
On applique la formule des probabilités composées :
É conomique

∀n ≥ 2, P ([Z = n]) = P (B1 ) × PB1 (B2 )... × PB1 ∩B2 ...∩Bn−2 (Bn−1 ) × PB1 ∩B2 ...∩Bn−1 (Rn )

En suivant l’évolution de l’urne :


1 2 n−1 2
∀n ≥ 2, P ([Z = n]) = × ...... × ×
3 4 n+1 n+2
On simplifie et on s’assure que la formule obtenue peut s’étendre au cas n = 1.
4
P ([Z = n]) = .
n(n + 1)(n + 2)

La266
variable aléatoire Z
l ANNALES admet
CCIR une espérance si et seulement si la série de terme général nP ([Z = n])
2017-2018 8. (
converge absolument ; comme cette série est à termes positifs, on est ramené à une convergence simple.

4n 4
∼ 2
n(n + 1)(n + 2) n
1
Or la série de Riemann de terme général est une série convergente. D’après le critère de compa-
978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 266 n2 13/10/2017 11:35
4n
∀n ≥ 2, P ([Z = n]) = P (B1 ) × PB1 (B2 )... × PB1 ∩B2 ...∩Bn−2 (Bn−1 ) × PB1 ∩B2 ...∩Bn−1 (Rn )

En suivant l’évolution de l’urne :


1 2 n−1 2
∀n ≥ 2, P ([Z = n]) = × ...... × ×
3 4 n+1 n+2
On simplifie et on s’assure que la formule obtenue peut s’étendre au cas n = 1.
4
P ([Z = n]) = .
n(n + 1)(n + 2)

La variable aléatoire Z admet une espérance si et seulement si la série de terme général nP ([Z = n])
converge absolument ; comme cette série est à termes positifs, on est ramené à une convergence simple.
EM
4n 4
∼ 2 LYON
n(n + 1)(n + 2) n
1
Or la série de Riemann de terme général est une série convergente. D’après le critère de compa-
n2
4n
raison des séries à termes positifs, il en résulte que la série de terme général est aussi

C ORRIGÉ
n(n + 1)(n + 2)
convergente.
La variable aléatoire Z admet une espérance.

La variable aléatoire Z admet une variance si et seulement si elle admet un moment d’ordre 2, c’est à
dire si et seulement si la série de terme général n2 P ([Z = n]) converge (série à termes positifs).

4n2 4

n(n + 1)(n + 2) n
1
Or la série de Riemann de terme général diverge. D’après le critère de comparaison des séries à
n
4n2
termes positifs, il en résulte que la série de terme général diverge aussi
n(n + 1)(n + 2)
La variable aléatoire Z n’admet pas de moment d’ordre 2 donc elle n’a pas de variance.

Partie III : Nombre de boules rouges obtenues au cours de n tirages.

5. La variable Xk prend la valeur 1 si on obtient une boule rouge au tirage de rang k et 0 sinon. La variable
Sn est égale au nombre de boules rouges obtenues au cours des n tirages. On a donc clairement :
n

∀n ∈ N∗ , Sn = Xk .
k=1

2
6. La variable X1 suit la loi de Bernoulli de paramètre P ([X1 = 1]) = .
3
d’après le cours,
2 2
E(X1 ) = ; V (X1) = .
3 9

7. (a) Les variables X1 et X2 prennent toutes les2 deux leurs valeurs dans {0; 1}.

1 2 1
P ([X1 = 0] ∩ [X2 = 0]) = P (B1 ∩ B2 ) = P (B1 )PB1 (B2 ) = × =
3 4 6

1 2 1
P ([X1 = 0] ∩ [X2 = 1]) = P (B1 ∩ R2 ) = × =
3 4 6

2 1 1
P ([X1 = 1] ∩ [X2 = 0]) = P (R1 ∩ B2 ) = × =
3 4 6
MATHÉMATIQUES

2 3 1
P ([X1 = 1] ∩ [X2 = 1]) = P (R1 ∩ R2 ) = × =
3 4 2

(b) En utilisant la question précédente et les lois marginales :


É conomique

2
P ([X2 = 1]) = P ([X1 = 0] ∩ [X2 = 1]) + P ([X1 = 1] ∩ [X2 = 1]) =
3

2
La variable aléatoire X2 suit la loi de Bernoulli de paramètre .
3

1 1
(c) On compare, par exemple, P ([X1 = 0] ∩ [X2 = 0]) = et P ([X1 = 0]) × P ([X2 = 0]) = .
6 9
Les variables aléatoires X1 et X2 ne sont pas indépendantes.

8. (a) Soit n ∈ N∗ et k un naturel tel que 0 ≤ k ≤ n. ANNALES CCIR 2017-2018 l 267


On applique comme dans la question II-3 la formule des probabilités composées en suivant bien
l’évolution de l’urne au fil des tirages :

   
2 3 k+1 1 2 n−k
P (R1 ... ∩ Rk ∩ Bk+1 ∩ ... ∩ Bn ) =× × ... × × × ... ×
978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 267 3 4 k+2 k+3 k+4 n+2 13/10/2017 11:35
2
P ([X2 = 1]) = P ([X1 = 0] ∩ [X2 = 1]) + P ([X1 = 1] ∩ [X2 = 1]) =
3

2
La variable aléatoire X2 suit la loi de Bernoulli de paramètre .
3

1 1
(c) On compare, par exemple, P ([X1 = 0] ∩ [X2 = 0]) = et P ([X1 = 0]) × P ([X2 = 0]) = .
6 9
Les variables aléatoires X1 et X2 ne sont pas indépendantes.

8. (a) Soit n ∈ N∗ et k un naturel tel que 0 ≤ k ≤ n.


On applique comme dans la question II-3 la formule des probabilités composées en suivant bien
EM l’évolution de l’urne au fil des tirages :
LYON
   
2 3 k+1 1 2 n−k
P (R1 ... ∩ Rk ∩ Bk+1 ∩ ... ∩ Bn ) = × × ... × × × ... ×
3 4 k+2 k+3 k+4 n+2
C ORRIGÉ

Soit après simplification :

2(k + 1)!(n − k)!


P (R1 ... ∩ Rk ∩ Bk+1 ∩ ... ∩ Bn ) =
(n + 2)!

 
n
(b) L’événement [Sn = k] se décompose en la réunion disjointe de événements deux à deux
k
incompatibles, tous de même probabilité égale à P (R1 ... ∩ Rk ∩ Bk+1 ∩ ... ∩ Bn ).
On peut donc conclure :
 
n
P ([Sn = k]) = P (R1 ... ∩ Rk ∩ Bk+1 ∩ ... ∩ Bn )
k

Il suffit alors d’utiliser le résultat de la question III-8-a :

n! 2(k + 1)!(n − k)!


P ([Sn = k]) =
k!(n − k)! (n + 2)!
11.
Après simplification, il vient :
2(k + 1)
P ([Sn = k]) =
(n + 1)(n + 2)

9. Pour tout entier naturel n non nul, Sn prend ses valeurs entre 0 et n donc Sn admet une espérance.
3
n n
  2k(k + 1) 12.
E(Sn ) = kP ([Sn = k]) =
(n + 1)(n + 2)
k=0 k=0

 n
2
E(Sn ) = (k + k 2 )
(n + 1)(n + 2)
k=0

En appliquant les formules sur les sommes usuelles :


 
2 n(n + 1) n(n + 1)(2n + 1)
E(Sn ) = +
(n + 1)(n + 2) 2 6

En développant les produits et en simplifiant, on obtient le résultat demandé :


2n
E(Sn ) =
3

10. (a) Soit k un entier naturel tel que 0 ≤ k ≤ n. Si l’événement [Sn = k] est réalisé, on a obtenu k
boules rouges au cours des n premiers tirages. Au moment d’effectuer le n + 1 ième tirage, l’urne
contient k + 2 boules rouges sur un total de n + 3 boules présentes dans l’urne. Comme toutes les 13.
boules ont la même probabilité d’être tirées :
MATHÉMATIQUES

k+2
P[Sn =k] ([Xn+1 = 1]) = .
n+3

(b) On applique la formule des probabilités totales avec le système complet ([Sn = k]; 0 ≤ k ≤ n) de
probabilités non nulles :
É conomique

n

P ([Xn+1 = 1]) = P[Sn =k] ([Xn+1 = 1])P ([Sn = k])
k=0

n
 k+2
P ([Xn+1 = 1]) = P ([Sn = k])
n+3
k=0
 n n

1  
P ([Xn+1 = 1]) = kP ([Sn = k]) + 2 P ([Sn = k])
n+3
k=0 k=0

Soit finalement
268 l ANNALES CCIR 2017-2018
E(Sn ) + 2
P ([Xn+1 = 1]) = .
n+3

(c) On remplace alors E(Sn ) par sa valeur obtenue à la question III-9 :


978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 268 2n 13/10/2017 11:35
+2
n
probabilités non nulles :
n

P ([Xn+1 = 1]) = P[Sn =k] ([Xn+1 = 1])P ([Sn = k])
k=0

n
 k+2
P ([Xn+1 = 1]) = P ([Sn = k])
n+3
k=0
 n n

1  
P ([Xn+1 = 1]) = kP ([Sn = k]) + 2 P ([Sn = k])
n+3
k=0 k=0

Soit finalement
E(Sn ) + 2
P ([Xn+1 = 1]) = . EM
n+3
LYON

(c) On remplace alors E(Sn ) par sa valeur obtenue à la question III-9 :


2n
+2
3

C ORRIGÉ
P ([Xn+1 = 1]) =
n+3
Après calcul, il vient :

2
P ([Xn+1 = 1]) =
3
2
La variable aléatoire Xn+1 suit aussi la loi de Bernoulli de paramètre .
3

On peut alors remarquer :

2
Toutes les variables aléatoires Xk4 suivent la loi de Bernoulli de paramètre .
3

Partie IV : Etude d’une convergence en loi.

Sn
11. Pour n ∈ N∗ , la variable aléatoire Sn prend ses valeurs entières entre 0 et n donc la variable Tn =
n
prend ses valeurs dans [0; 1].
On a donc clairement :
∀x < 0, P ([Tn ≤ x]) = 0; ∀x > 1, P ([Tn ≤ x]) = 1.

12. Soit x ∈ [0; 1]. Puisque la variable aléatoire Sn ne prend que des valeurs entières :

nx

∀n ∈ N∗ , P ([Tn ≤ x]) = P ([Sn ≤ nx]) = P ([Sn = k])
k=0

nx nx
 2(k + 1) 2 
P ([Tn ≤ n]) = = (k + 1)
(n + 1)(n + 2) (n + 1)(n + 2)
k=0 k=0

2 (nx + 1)(nx + 2)
P ([Tn ≤ n]) = ×
(n + 1)(n + 2) 2
Soit après simplification :

(nx + 1)(nx + 2)
∀n ∈ N∗ , P ([Tn ≤ x]) = .
(n + 1)(n + 2)

13. On cherche la limite en +∞ de P ([Tn ≤ x]) ; les deux cas étudiés en question IV-11 sont triviaux.
MATHÉMATIQUES

(nx + 1)(nx + 2)
lim = x2
n→+∞ (n + 1)(n + 2)
On peut donc définir sur R la fonction F par :

∀x < 0, F (x) = 0; ∀x ∈ [0; 1], F (x) = x2 ; ∀x > 1, F (x) = 1


É conomique

La fonction F est continue sur R, de classe C 1 sur R sauf éventuellement en 0 et en 1. Elle est croissante
sur R, de limite nulle en −∞ et de limite 1 en +∞.
On en déduit que F est la fonction de répartition d’une variable U à densité.
La suite de variables aléatoires (Tn )n∈N∗ converge en loi vers une variable aléatoire à densité.
Une densité de U s’obtient en dérivant F sur les intervalles où elle est de classe C 1 :
Une densité de la variable U est la fonction f définie par f (x) = 2x si x ∈ [0, 1] ; f (x) = 0 sinon.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 269

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 269 13/10/2017 11:35


S UJET

MATHÉMATIQUES
Durée : 4 heures. Code sujet : 298

La présentation, la lisibilité, l­ ’orthographe, la qualité de la rédaction,


EDHEC la clarté et la précision des raisonnements entreront pour une part
importante dans ­l’appréciation des copies.
Les candidats sont invités à encadrer dans la mesure du possible les
résultats de leurs calculs.
Ils ne doivent faire usage d­ ’aucun document : ­l’utilisation de toute
calculatrice et de tout matériel électronique est interdite. Seule
­l’utilisation ­d’une règle graduée est autorisée.
Si au cours de ­l’épreuve, un candidat repère ce qui lui semble être
une erreur ­d’énoncé, il la signalera sur sa copie et poursuivra sa
composition en expliquant les raisons des initiatives ­qu’il sera amené
à prendre.

S
UJET
MATHÉMATIQUES

1/6
É conomique

Tournez la page S.V.P.

270 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 270 13/10/2017 11:35


S UJET
EDHEC

2/6
MATHÉMATIQUES
É conomique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 271

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 271 13/10/2017 11:35


S UJET

EDHEC

3/6
MATHÉMATIQUES

Tournez la page S.V.P.


É conomique

272 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 272 13/10/2017 11:35


S UJET
EDHEC

4/6
MATHÉMATIQUES
É conomique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 273

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 273 13/10/2017 11:35


S UJET

EDHEC

5/6
MATHÉMATIQUES

Tournez la page S.V.P.


É conomique

274 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 274 13/10/2017 11:35


S UJET
EDHEC

6/6
MATHÉMATIQUES
É conomique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 275

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 275 13/10/2017 11:35


CO

EDHEC
C ORRIGÉ
Par Bernard Delacampagne, professeur de mathématiques au lycée c.
CORRIGE EDHECMEichelis, à Amiens.
Madeleine-­ ANNEE 2017

Exercice 1
C ORRIGÉ

1. En développant, on peut écrire, pour tout couple  x, y  de  2 :


f  x, y   x 4  y 4  2x 2  4xy  2y 2
Donc f est de classe C sur  2 , en tant que fonction polynomiale.
2

2.a. D’après l’expression de f obtenue à la question précédente, il résulte que, pour tout Do
couple  x, y  de  2 , les dérivées partielles d’ordre 1 de f sont :
De
 1  f  x, y   4x3  4x  4y et  2  f  x, y   4y 3  4x  4y
b. Pour tout couple  x, y  de  2 , le gradient de f en  x, y  est, d’après la question
précédente :
 1  f  x, y    4x 3  4x  4y 
  f  x, y  
  3 
  2  f  x, y    4y  4x  4y 
Il vient donc, en simplifiant par 4 :
0 4x 3  4x  4y 0  x 3  xy 0
  f  x, y  0  3  3
  4y  4x  4y 0  y  xy 0
x 3  x  y  0 Do
Donc le gradient de f est nul si, et seulement si, on a :  3 .
y  x  y  0 fé
c. D’après la question précédente, on a : qu
0 x 3  x  y  0 f é
 x, y  est un point critique de f sur  2    f  x,  y     3
 0  y  x  y  0 2
On a :
alo
 x  x  y 
3
0  L1   x 3  x  y  0  L1   x 3  x  y  0
 3  3  3 La
 y  x  y  0  L 2   x 
 y 3
0  L 2  L 2  L 1   y   
 x
3

 x  x  2  
2
 x 3  2x  0 0 
 x 0 ou x 
2
2 0
   No
 y   x  y   x  y   x he
  x 0  x  x   2  loc
 x  0 ou x  2 ou x   2  2
   ou  ou  
y  x  y 0
 2  d.
    y 
 2  y 
Donc f possède trois points critiques :  0, 0  ,   
2,  2 et  2, 2 .  Et
3.a. Il résulte de la question 2.a que, pour tout couple  x, y  de  , les dérivées partielles
2
MATHÉMATIQUES

d’ordre 2 de f sont : Ai
2
 1,1  f  x, y   12x2  4 ,  22,2  f  x, y   12y 2  4 et  1,2
2
 f  x, y    2,1
2
 f  x, y   4
b. La matrice hessienne de f en tout couple  x, y  de  2 est, par définition, la matrice :
2
 f  x, y  1,2
2
 f  x, y   12x 2  4
É conomique

 1,1 4 
 2  f  x, y  
 2    

 2,1  f  x, y   2
2,2  f  x, y    4 12y 2
 4
Les matrices hessiennes de f en chaque point critique sont donc :

1/16

276 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 276 13/10/2017 11:35


CORRIGE EDHEC E ANNEE 2017

 4 4   20 4 
 2  f  0, 0   
 4  4 

 et   f  2,  2    f   2, 2  
2 2
 
 4 20 
 
EDHEC
c. On a :
 valeur propre de  2  f  0, 0    2  f  0, 0   I 2 non inversible
 4   4 
  non inversible
 4 4   

C ORRIGÉ
  4     16  0
2

  4    16
2

  4    4 ou 4    4 
    0 ou   8 
Donc les valeurs propres de   f  0, 0  sont 8 et 0.
2

De même, on a :
 
 valeur propre de  2  f  2,  2   2  f  2,  2  I 2 non inversible  
 20   4 
  non inversible
 4 20   
  20     16  0
2

  20    16
2

  20    4 ou 20    4 

   16 ou
  24 
Donc les valeurs propres de  2  f    
2,  2 et  2  f   2, 2 sont 16 et 24. 
2 1
2 2
f étant de classe C sur  , donc de classe C sur  , f ne peut admettre un extremum local
qu’en un de ses points critiques.
f étant de classe C2 sur  2 , et les valeurs propres 16 et 24 de la matrice hessienne
  
 2  f  2,  2 et de la matrice hessienne  2  f  2,  2 étant strictement positives, 
alors f admet un minimum local en   
2,  2 et  2, 2 . 
La valeur de ce minimum est :
  
f 2,  2 = f  2, 2  4  4  16  8 
Notons, même si cela n’est pas demandé, que l’une des valeurs propres de la matrice
hessienne  2  f  0, 0  étant nulle, on ne peut conclure quant à l’existence d’un extremum
local en  0, 0  .
d. On a, tout couple  x, y  de  2 :
f  x, x   x 4  x 4  2  x  x   2x 4  0
2

Et
f  x,  x  x 4    x   2  x  x   2x 4  8x 2  2x 2  x 2  4   0 au voisinage de 0
4 2
MATHÉMATIQUES

Ainsi a-t-on, au voisinage de x  0 :


f  x, x   0 et f  x,  x   0

2/16
É conomique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 277

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 277 13/10/2017 11:35


CORRIGE EDHEC E ANNEE 2017 CO

e0
Comme f  0, 0   0 et que, d’après ce qui précède, f change de signe au voisinage de 0, f
EDHEC n’admet pas d’extremum local en  0, 0  .
c.
4.a. Pour tout  x, y  de  2 , on a :
f  x, y    x 2  2    y 2  2   2  x  y 
2 2 2

C ORRIGÉ

x 4  y 4  2x 2  4xy  2y 2  x 4  4x 2  4  y 4  4y 2  4  2x 2  4xy  2y 2 
 8 Pu
Ainsi a-t-on, pour tout  x, y  de  2 :
Il e
f  x, y    x 2  2    y 2  2   2  x  y   8
2 2 2

b. Puisque  x 2  2    y 2  2   2  x  y   0 , il résulte de la question précédente que, pour


2 2 2

tout  x, y  de  : 2 
Co
f  x, y    x  2    y  2   2  x  y   8  8
2 2 2 2 2

De plus, on a vu à la question 3.c que : 2.a


f 2,  2 
f  2, 2 
8    co
Donc f admet un minimum global en  2,  2 et  2, 2 .    vie

5.a. La deuxième ligne du script complétée afin de définir la fonction f est la suivante :

z=x^4+y^4-2*(x-y)^2
b.
b. Le script précédent, une fois complété, renvoie à la nappe 1, car c’est la seule nappe où est
la fonction présente deux points admettant un minimum global de même valeur. au
c.
Exercice 2 do
Si
1.a. On a, pour tout réel  et pour toutes fonctions P et Q de E : un
   P  Q    x    P  Q  x  t  dt   P  x  t   Q  x  t   dt
1 1

0 0
Or
  P  x  t  dt   Q  x  t  dt     P    x      Q    x 
1 1

0 0

    P     Q    x  Ce
Ainsi a-t-on, pour tout réel  et pour toutes fonctions P et Q de E :
  P  Q     P     Q  3.
ne
Donc  est linéaire.
b. On a, pour tout réel x :
 φ  e    x   e  x  t  dt  dt  1
1 1
0 0 0 0
1
1
 φ  e    x   e  x  t  dt   x  t  dt  xt  12 t 
1 1

  x  2
2
1 1
0 0
 0 4.a
1

 φ  e2    x   0 e2  x  t  dt  0  x  t 2 dt   13  x  t 3   13  x  13  13 x3  x2  x  13
MATHÉMATIQUES

1 1 rée
 0
Il en résulte donc que l’écriture de   e0  ,   e1  et   e2  comme combinaisons linéaires de

3/16
É conomique

278 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 278 13/10/2017 11:35


CORRIGE EDHEC E ANNEE 2017

e0 , e1 , e2 est :
1 1
  e0   e0 ,   e1  e0  e1 et   e2   e0  e1  e2 EDHEC
2 3
c. Puisque  e0 , e1 , e2  est une base de E, toute fonction P de E s’écrit sous la forme
P  e0  e1   e 2
où  ,  et  sont trois réels.

C ORRIGÉ
Puisque  est linéaire d’après la question 1, il vient :
  P     e0     e1     e 2 
Il en résulte, en utilisant la question 1.b, que :
1  1   1 1 
  P   e0    e0  e1     e 0  e1  e2          e0       e1  e 2
2  3   2 3 
  P  étant combinaison linéaire de e0 , e1 , e2 ,   P  appartient à E.
Comme de plus  est linéaire,  est bien un endomorphisme de E.

2.a. A est la matrice de  dans la base  e0 , e1 , e2  , donc les colonnes de A sont formées des
coordonnées de   e0  ,   e1  et   e2  dans la base  e0 , e1 , e2  ; d’après la question 1.b, il
vient :
1 1 / 2 1 / 3
 
A  0 1 1 
0 0 1 

b. A est une matrice inversible, comme matrice triangulaire sans 0 sur la diagonale, donc 
est bijectif. D’après la question1.c,  est un endomorphisme de E, donc  est un
automorphisme de E.
c. La matrice A étant triangulaire, ses valeurs propres sont ses coefficients diagonaux ; 1 est
donc la seule valeur propre de A.
Si A, et donc  , était diagonalisable, il existerait, puisque 1 est la seule valeur propre de A ,
une matrice inversible P telle que :
P 1AP  I3
Or, on a :
P 1AP  I3  A  PI3 P 1  A  PP 1  A  I3
Ceci étant absurde, on en déduit que l’endomorphisme  n’est pas diagonalisable.

3. Les commandes Scilab complétées pour que soit affichée la matrice A n pour une valeur de
n entrée par l’utilisateur sont les suivantes :

n=input('entrez une valeur pour n:')


A=[1 1/2 1/3;0 1 1;0 0 1]
disp(A^n)

4.a. Montrons par récurrence la propriété Pn définie pour tout entier naturel n par : il existe un
MATHÉMATIQUES

réel u n tel que l’on ait :

4/16
É conomique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 279

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 279 13/10/2017 11:35


CORRIGE EDHEC E ANNEE 2017 CO

 1 n / 2 un  la
 
An   0 1 n
EDHEC 0
 0 1 
Initialisation :
P0 est vraie car :
 1 0 0   1 0 / 2 u0  Ce
C ORRIGÉ

   
A 0  I  0 1 0   0 1 0
0 0 1 0 0 1 
  
Ai
en posant :
u0  0
Hérédité :
c.
On suppose Pn vraie pour une valeur de l’entier naturel n, c’est-à-dire il existe un réel u n tel
est
que l’on ait :
 1 n / 2 un 
 
An   0 1 n
0 0 1 

On montre que Pn 1 est vraie, c’est-à-dire il existe un réel u n 1 tel que l’on ait :
 1  n  1 / 2 u n 1 
  1.a
A n 1   0 1 n  1
0 0 1 

En utilisant l’hypothèse de récurrence, on obtient :
 1 n / 2 u n  1 1/ 2 1 / 3   1 1  n  / 2 1/ 3  n / 2  u n  On
    
 A n 1 An 1
A 0 1 n  0 1 1   0 1 1 n 
0   Il v
 0 1  0 0 1   0 0 1 

 1  n  1 / 2 u n 1 
  b.
 0 1 n  1
D’
0 0 1 
 de
en posant :
1 2.a
u n 1  1/ 3  n / 2  u n  u n   3n  2 
6
Ceci assure que Pn 1 est vraie.
Le principe de récurrence permet de conclure que, pour tout entier naturel n, il existe un
Pu
réel un tel que l’on ait :
 1 n / 2 un 
 
An   0 1 n
Co
0 0 1 

avec :
1
MATHÉMATIQUES

u 0  0 et n   un 1 = un   3n  2 
6 So
b. Puisque u 0  0 , on a, pour tout entier naturel n non nul, par somme télescopique, d’après

5/16
É conomique

280 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 280 13/10/2017 11:35


CORRIGE EDHEC E ANNEE 2017

la question précédente et par linéarité de la somme :


n 1 n 1 n 1 n 1
1  n  1 n  1  1 1
un 
k 0

 u k 1  u k  
k 0
1
6
 3k  2  
3
6   k 0
k
1
6
k 0
2 
2 2
  2n
6
EDHEC

n  n  1 n n  3n  3  4  n  3n  1
 
 
4 3 12 12
Cette égalité reste vraie pour n  0 , car :

C ORRIGÉ
0  3  0  1
 0 u 0
12
Ainsi a-t-on, pour tout entier naturel n :
n  3n  1
un 
12
c. Il résulte de la question précédente que l’écriture de An sous forme de tableau matriciel
est :
 1 n / 2 n  3n  1 / 12 
 
An   0 1 n 
0 0 1 
 

Exercice 3

1.a. On a, pour tout réel x :


FW  x   P  W  x   P   ln V  x   P  ln V   x   1  P  ln V   x   1  P  V  e  x 
 1  FV  e  x 
On a, pour tout réel x :
e x  0
Il vient donc, pour tout réel x :

FW  x  1  1  e  e
x

e  e x

b. Il a été admis que W est une variable aléatoire.


D’après la question 1.a, FW est de classe C1 sur  (donc continue sur  ), comme composée
de fonctions de C1 sur  , donc W est une variable à densité.

2.a. On a, pour tout réel x :


 n 
 P  Yn  x P  max  X1 , X 2 , , X n 
FYn  x  x  P    Xk  x  
 k 1 
Puisque X1 ,…, X n sont indépendantes et suivent la même loi que V, il vient, pour tout réel x :
n n n
 x   F  x 
n
x
FYn   P X
k 1
k x
  P  V 
k 1
x F 
k 1
V V

Compte-tenu de l’expression de FV , on a :
0 si x  0
FYn  x   
1  e 
x n
si x  0
MATHÉMATIQUES

Soit encore, puisque FYn est continue en 0 :

6/16
É conomique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 281

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 281 13/10/2017 11:35


CORRIGE EDHEC E ANNEE 2017 CO

0 si x  0 d.
FYn  x   
1  e  si x  0
x n

EDHEC
b. On obtient une densité f Yn de Yn en dérivant FYn là où elle est dérivable, c’est-à-dire sur Il r
 , sauf peut-être en 0.
On obtient donc :
0 si x  0 Il r
f Yn  x     x
C ORRIGÉ

ne 1  e 
x n
si x  0
En posant f Yn  0   0 , on obtient : Do
0 si x  0
f Yn  x     x
ne 1  e 
x n
si x  0
4.a
3.a. On a, pour tout réel t positif ou nul :
1  FYn  t  1  1  e  t 
n
La
On connaît l’équivalent, pour tout réel  : va
1  x 

 1  x Lo
0
On en déduit, par multiplication par 1 , que : Pu
1  1  x    x

Puisque lim e  t  0 , il vient : Le


t 

1  FYn  t   ne t

 
On sait que 
0
e t dt converge, comme intégrale de la forme 
0
e t dt avec   1  0 , donc b.


t
ne dt converge, donc par critère d’équivalence des intégrales des fonctions continues et
0

 1  F  t   dt

positives , Yn est convergente. Do
0

 1  F  t   dt
x
b. Calculons, pour tout réel positif x, Yn à l’aide d’une intégration par parties,
0

en posant, pour tout réel t de  0, x  :


u  t   1  FYn  t  u '  t   f Yn  t 
v t 1
'
vt  t
u et v étant de classe C1 sur  0, x  , il vient, pour tout réel positif x : Pa

 1  F  t   dt   t 1  F  t      tf  t   dt  x 1  F  x    
x x x x
Yn Yn Yn Yn tfYn  t  dt
0 0 0 0

c. En utilisant l’équivalent obtenu à la question 3.a, il vient :



x 1  FYn  x   nxe  x  
On
Par croissance comparée, on a :
lim xe  x  0
x 
MATHÉMATIQUES

On en déduit que :
Ca

lim x 1  FYn  x   0
x 

7/16
É conomique

282 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 282 13/10/2017 11:35


CORRIGE EDHEC E ANNEE 2017

d. Sous réserve de convergence, on a, puisque f Yn est nulle sur , 0 :


 
E  Yn    tf Yn  t  dt   tf Yn  t  dt EDHEC
 0
Il résulte de la question 3.b que :

 1  F  t   dt  x 1  F  x  
x x
 tf Yn  t  dt  Yn Yn
0 0
Il résulte des questions 3.a et 3.c que :

  1  F 

C ORRIGÉ
 t   dt  x 1  FY  x    0 1  F  t   dt
x x 
lim  tf Yn  t  dt  lim Yn Yn
x  0 x  0 n

Donc Yn possède une espérance et on a :

1  F  t  dt
 x 
E  Yn    tf Yn  t  dt  lim  tf Yn  t  dt   Yn
0 x  0 0

4.a. On a, pour tout réel x positif :

 1  F  t   dt 
x

0
Yn
x

0 1  1  e   dt t n

La fonction u  1  e t est de classe C1 sur  0, x  , donc on peut utiliser le changement de


variable u  1  e t .
Lorsque t  0 , u  0 et lorsque t  x , u  1  e  x .
Puisque u  1  e t , on a :
1  1  e  t  1  u n et du e t dt
n
1  u  dt
Le changement de variable u  1  e t donne donc, pour tout réel x positif :
x 1 e  x
1  un
 0
1  F  t   dt  
Yn
0 1u
du
b. Comme u est différent de 1, on a :
n 1
1 un
1 u
 u i0
i

Donc, d’après la question précédente et par linéarité de l’intégrale :

  
1 e  x  n 1  n 1
 1e 
x
x

0

1  FYn  t  dt  u du 
0



 i 0
i

 i0 


0
u i du 

  
n 1 n 1 i 1
1 e x
 u i 1  1  e x
    
 i 1 0 i 1
i 0 i0
Par le changement de variable k  i  1 , il vient donc :

 1  e 
n
x x k

 0
1  F  t   dt 
Yn

k 1
k
On a donc :
1  e 
 
n n
  x k

 
1
E  Yn   1  F  t   dt lim
Yn
x 
1  F  t   dt lim
Yn
x  k

k
0 0
MATHÉMATIQUES

k 1 k 1
Car :
lim e x  0
x 

8/16
É conomique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 283

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 283 13/10/2017 11:35


CORRIGE EDHEC E ANNEE 2017 CO

5.a. La déclaration de fonction Scilab complétée afin qu’elle simule la variable aléatoire Zn
est la suivante :
EDHEC
function Y=f(n) Ai
x=grand(1,n,'exp',1)
Z=max(x)-log(n)
endfunction
C ORRIGÉ

Pa
b. Comme les histogrammes se ressemblent pour une grande valeur de n, on peut donc
conjecturer que la suite des variables aléatoires  Z n  converge en loi vers W. 1.
équ
6.a. On a, pour tout réel x :
FZn  x
 P  Zn  x  P  Yn  ln n  x  P  Yn  x  ln n   FYn  x  lnn 
b. D’après la question précédente et la question 2.a, on a ;
0 si x   ln n
L’e
FZn  x   
1  e  si x   ln n
 x  ln n n

Or :
e x e x
1  e  x ln n  1  ln n  1
e n 2.
Donc : à2
0 si x   lnn

FZn  x    e  x n Ini
 1  n  si x   lnn P2
 
c. On connaît l’équivalent :
ln 1  x   x Hé
0
x On
e
Puisque lim  0 , il vient :
n  n
 e x  e x On
ln 1  
 
 n  n
Puis : En
 e x  l’in
n ln  1    e x
 
 n  exe
Donc on a bien :
 e x  x Ce
lim n  1    e
n 
 n  Le
d. Pour montrer que la suite des variables aléatoires  Zn  converge en loi vers W, montrons éga
que, pour tout réel x :
lim FZn  x   FW  x 
n 
3.a
Fixons le réel x ; puisque lim   ln n    , on a, pour n assez grand :
d’é
MATHÉMATIQUES

n 

x   ln n
Il vient donc, d’après les questions 6.b, 6.c et 1.a :

9/16
É conomique

284 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 284 13/10/2017 11:35


CORRIGE EDHEC E ANNEE 2017

n  e x 
 e x  n ln  1
 
n 
lim FZn  x   lim 1    nlim e    e x
e FW  x 
n  n 
 n  
EDHEC
Ainsi a-t-on montré que la suite des variables aléatoires  Z n  converge en loi vers W.

Problème

C ORRIGÉ
Partie 1 : étude d’une variable aléatoire.

1. A l’instant 0, le mobile est sur le sommet 1, donc à l’instant 1, le mobile est, avec
équiprobabilité, sur le sommet 2, 3 ou 4, donc la loi de X1 est donnée par :
 X1      2, 4

 1
P  X1  2   P  X1  3   P  X1  4  
 3
L’espérance E  X1  de la variable aléatoire X1 est :
4
1 4 1 9
E  X1    kP  X
k 2
1  k   k  3  2  3  4  3  3
3 k2

2. Montrons par récurrence la propriété Pn définie pour tout entier naturel n supérieur ou égal
à 2 par :
X n    1, 4
Initialisation :
P2 est vraie car, d’après la loi de X2 admise et donnée par l’énoncé, on a :
X 2    1, 4
Hérédité :
On suppose Pn vraie pour une valeur de l’entier naturel n supérieur ou égal à 2, c’est-à-dire :
X n    1, 4
On montre que Pn 1 est vraie, c’est-à-dire :
X n 1    1, 4
En utilisant l’hypothèse de récurrence, si le mobile est sur le sommet i appartenant à 1, 4 à
l’instant n, il sera sur le sommet j appartenant à 1, 4 \ i à l’instant n  1 ; en prenant par
exemple i  1 et i  2 , on obtient bien :
X n 1    1, 4
Ceci assure que Pn 1 est vraie.
Le principe de récurrence permet de conclure que, pour tout entier naturel n supérieur ou
égal à 2, l’ensemble des valeurs prises par Xn est :
Xn     1, 4

3.a. En utilisant la formule des probabilités totales appliquée au système complet


d’événements  X n  k k 1,4 , il vient, pour tout entier naturel n supérieur ou égal à 2 :
MATHÉMATIQUES

 

10/16
É conomique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 285

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 285 13/10/2017 11:35


CORRIGE EDHEC E ANNEE 2017 CO

4 Il v
P  X n 
1 
1  P  X  k  P
k 1
n Xn  k   X n 1  1
EDHEC On a :
1
P Xn 1  X n 
1  0 et k  2, 4 P Xn k   X n 1 1
1
4.a
3
Donc il vient, pour tout entier naturel n supérieur ou égal à 2 : de
4

 1 1 po
C ORRIGÉ

P  Xn  1  1   P  X n  k    P  X n  2   P  X n  3   P  Xn  4  
3 3
k2
b. Pour n  0 , on a, puisqu’à l’instant 0, le mobile est sur le sommet 1, et d’après la question
1: On
1 1
3
 P  X0  2   P  X 0  3  P  X0  4    3  0  0  0   0  P  X1  1
Pour n  1 , on a, d’après la question 1 et la loi de X 2 admise : Do
1
3
 P  X1  2   P  X1  3  P  X1  4    13  13  13  13   13  P  X 2  1
  Po
Ainsi cette relation reste valable pour n  0 et n  1 .
c. Pour tout entier naturel n supérieur ou égal à 2,  X n  k k 1,4 est un système complet
 
d’événements, donc on a : Po
P  Xn 
1  P  X n 
2  P  Xn 
3  P  X n 
4 
1
Pour n  0 , la formule est vraie car on a :
P  X0  1  P  X 0  2  P  X0  3  P  X 0  4  1 0  0  0 1 Do
Pour n  1 , la formule est vraie car on a :
1 1 1
P  X1  1  P  X1  2   P  X1  3  P  X1  4   0     1 b.
3 3 3
On a bien montré que, pour tout entier naturel n, on a : en
P  Xn  1   P  Xn  2   P  Xn  3   P  Xn  4   1 P
On déduit de l’égalité précédente et des questions 3.a et 3.b que, pour tout entier naturel n :
c.
1 1 1 1
P  Xn  1  1  
3
 P  Xn  2   P  Xn  3  P  X n  4 
3
1  P  X n 1    P  Xn  1 
3 3 de
d. La deuxième égalité de la question précédente prouve que la suite  P  X n  1 n est une
suite arithmético-géométrique. rai
Cherchons son point fixe k ; on a :
1 1 1
k  k   3k k  1  4k 1  k 
3 3 4
On a, pour tout entier naturel n : Il v
1 1 1 1 1 1 1 1
P  X n 1  1    P  X n  1     P  X n  1     P  X n  1  
4 3 3 4 3 12 3 4
 1 1
Ceci prouve que la suite  P  X n 1   est une suite géométrique de raison q   , et
 4 n 3 5.
on a donc, pour tout entier naturel n :
MATHÉMATIQUES

n n
1  1  1  1  3 1
P  X n  1    P  X 0  1   q n  1         
4  4  4  3  4 3 on

11/16
É conomique

286 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 286 13/10/2017 11:35


CORRIGE EDHEC E ANNEE 2017

Il vient donc, pour tout entier naturel n :


n
1 3 1
P  Xn  1     
4 4 3 EDHEC

4.a. En procédant de la même façon qu’à la question précédente et en en utilisant la formule


des probabilités totales appliquée au système complet d’événements  X n  k k 1,4 , il vient,
 
pour tout entier naturel n supérieur ou égal à 2 :

C ORRIGÉ
4
P  X n 
1 
2  P  X k  P
k 1
n Xn  k   X n 1  2 
On a :
1
P Xn  2  X n 
1  0 et k  1,3, 4 P Xn  k   X n 1 2
2
3
Donc il vient, pour tout entier naturel n supérieur ou égal à 2 :
1
P  X n 1  2 
3
 P  Xn 1  P  X n  3  P  X n 4
Pour n  0 , on a, puisqu’à l’instant 0, le mobile est sur le sommet 1, et d’après la question 1 :
1 1 1
3
 P  X0  1  P  X 0 
3  P  X 0  4 
3
1  0  0  
3
P  X1 
2

Pour n  1 , on a, d’après la question 1 et la loi de X 2 admise :


1 1 1 1 2
3
 P  X1  1  P  X1  3  P  X1  4 
3
 0    
3 3 9
P  X2  2

Donc on a bien, pour tout entier naturel n :


1
P  Xn+1  2    P  Xn  1  P  Xn  3   P  Xn  4  
3
b. On déduit de la question 4.a et de la première égalité de la question 3.a que, pour tout
entier naturel n :
1 1 1 1
P  Xn  1  2  
3
 P  Xn  1  P  X n 3  P  X n 4 
3
1  P  X n 
2     P  Xn = 2  
3 3
c. Comme à la question 3.d, la suite  P  X n  2  n est une suite arithmético-géométrique,
1  1
de même point fixe k  , donc la suite  P  X
n 2   est une suite géométrique de
4  4 n
1
raison q   , et on a donc, pour tout entier naturel n :
3
n n
1  1  1  1  1 1
P  Xn  2   P  X0  2    q n   0          
4  4  4  3  4 3
Il vient donc, pour tout entier naturel n :
n
1 1 1
P  Xn  2     
4 4 3

5. Admettant que pour tout entier naturel n, on a :


1 1 1 1
P  X n 1 
3 
 P  Xn  3  et P  X n 1  4   P  Xn 4 
MATHÉMATIQUES

3 3 3 3
on en déduit que les suites  P  X n  3 n et  P  X n  4  n ont la même relation de

12/16
É conomique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 287

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 287 13/10/2017 11:35


CORRIGE EDHEC E ANNEE 2017 CO

récurrence que la suite  P  X n  2  n , et puisqu’elles sont même premier terme 0 que la
suite  P  X n  2  n , il vient, d’après la question 4.c, pour tout entier naturel n : En
EDHEC
n
1 1 1
P  Xn  3   P  X n 
 4  P
 Xn 2      Ce
4 4 3
Le

6. Pour tout entier naturel n, l’espérance E  X n  de la variable aléatoire X n est :


C ORRIGÉ

c.
4

 kP  X n 
E  Xn  
k 1
k 
P Xn 
1  2P  X n 
2   3P  X n 
3   4P  X n 
4
On
Il vient, d’après les questions 3.d, 4.c et 5 :
 1 1  1 n  5 3  1 n
n An
1 3 1
E  Xn  P  X n 1  9P  X n 2        9           
 
4 4 3  4 4 3  2 2 3

Partie 2 : calcul des puissances d’une matrice A.


8.
7.a. Par définition de U n , il vient, pour tout entier naturel n :
àd
 U n 1  P  X n 1 1  P  X n 1 2  P  X n 1  3 P  X n 1  4   De
D’après les questions 3.a et 4.a, on a, pour tout entier naturel n :
1
P  X n 1  1 
3
 0  P  Xn 
1  1 P  X n  2  1 P  Xn  3  1 P  X n  4
La
Et :
1
P  X n 1  2 
3
1 P  X n 1  0  P  X n 2   1 P  Xn  3  1  P  X n  4
En procédant comme dans ces deux questions, on obtient aisément : De
1
P  X n 1  3   1  P  X n  1  1 P  X n  2   0  P  X n  3  1  P  X n  4   som
3
Et :
1
P  X n 1  4   1  P  X n  1  1 P  X n  2   1  P  X n  3  0  P  X n  4  
3 De
Il vient donc, pour tout entier naturel n : som
0 1 1 1
 
1 1 0 1 1
 U n 1 
3
 P  X n 1  P  Xn 2  P  X n 3  P  Xn 4  
 1 1 0 1
 Un A
 
1 1 1 0 Pa
b. Montrons par récurrence la propriété Pn définie pour tout entier naturel n par :
9.
Un  U0An
Initialisation :
P0 est vraie car :
0
U0A
 U
0I U0
Hérédité :
On suppose Pn vraie pour une valeur de l’entier naturel n, c’est-à-dire :
MATHÉMATIQUES

10
Un  U0An
On montre que Pn 1 est vraie, c’est-à-dire :

13/16
É conomique

288 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 288 13/10/2017 11:35


CORRIGE EDHEC E ANNEE 2017

U n 1  U 0 A n 1
En utilisant la question 7.a et l’hypothèse de récurrence, on obtient :
U U n
A U 0 A n 1 EDHEC
n 1 nA U 0 A
Ceci assure que Pn 1 est vraie.
Le principe de récurrence permet de conclure que, pour tout entier naturel n, on a
Un  U 0 An

C ORRIGÉ
c. On a :
U
 0  P  X0 1 P  X0 2  P  X0 3 P  X0 4  1 0 0 0 
On déduit de l’égalité U n  U 0 A n obtenue à la question précédente que la première ligne de
An est, pour tout entier naturel n, U n , c’est à dire :
 1 3  1 n 1 1 1
n
1 1 1
n
1 1 1
n

              
4 4 3 4 4 3 4 4 3 4 4 3 

8. Pour obtenir la deuxième ligne de la matrice A n , il faut prendre U 0   0 1 0 0  , c’est


à dire placer le mobile au départ sur le sommet 2.
Des calculs analogues à ceux effectués aux questions 3 et 4 donnent :
n n
1 1 1 1 3 1
P  X n 1 P  X n 3 P  X n 4       et P  X n 2      
4 4 3 4 4 3
La deuxième ligne de la matrice An est donc :
 1 1  1 n 1 3  1  n 1 1  1 n 1 1  1  n 
              

4 4 3 4 4 3 4 4 3 4 4 3 
n
De même, on trouve la troisième ligne de la matrice A en plaçant le mobile au départ sur le
sommet 3, donc la troisième ligne de la matrice An est :
 1 1  1 n 1 1  1  n 1 3  1 n 1 1  1  n 
              

4 4 3 4 4 3 4 4 3 4 4 3 
n
De même, on trouve la quatrième ligne de la matrice A en plaçant le mobile au départ sur le
sommet 4, donc la quatrième ligne de la matrice An est :
 1 1  1 n 1 1  1  n 1 1  1  n 1 3  1  n 
              

4 4 3 4 4 3 4 4 3 4 4 3 

Partie 3 : une deuxième méthode de calcul des puissances de A.

9. On a :
0 1 1 1  1 1 1 1  1 0 0 0
  
11 0 1 1  1  1 1 1 1  0 1 0 0   1
A    J  I
31 1 0 1  3  1 1 1 1  0 0 1 0  3

       
1 1 1 0  1 1 1 1  0 0 0 1
MATHÉMATIQUES

10.a. On a :

14/16
É conomique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 289

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 289 13/10/2017 11:35


CO
CORRIGE EDHEC E ANNEE 2017

Po
1 1 1 11 1 1 1  4 4 4 4  1 1 1 1
       et
 1 1 1 11 1 1 1  4 4 4 4  1 1 1 1
EDHEC 2
J JJ   4  4J
1 1 1 1 1 1 1 1  4 4 4 4  1 1 1 1
      
1 1 1 1 1 1 1 1  4 4 4 4  1 1 1 1 c.
Montrons par récurrence la propriété Pk définie pour tout entier naturel k non nul par :
J k  4 k 1 J
C ORRIGÉ

Initialisation :
P1 est vraie car : Do
11 0 1
4 J 4 J J J Pa
Hérédité :
On suppose Pk vraie pour une valeur de k non nul, c’est-à-dire : 11
J k  4 k 1 J d’o
On montre que Pk 1 est vraie, c’est-à-dire : où
sui
J k 1  4k J
En utilisant l’hypothèse de récurrence et le premier résultat de cette question, on obtient :
J k
1 k
J J 4k 1
JJ 4k 1 J 2 4 k 14J
 4k J
Ceci assure que Pn 1 est vraie.
Le principe de récurrence permet de conclure que, pour tout entier naturel k non nul, on a :
J k  4k  1 J
b. On a, d’après la question 9 :
1 b.
A
 J  I rev
3
Il vient donc, pour tout entier naturel n : som
1
 J  I
n
An
3n 1
Puisque J et I commutent, la formule de Newton donne, pour tout entier naturel n :
n n n

An 
1
3n
k 0

n k
 k  J  I  

n k 1
3n k 0
n
 k   1 J I 
 
n k k n k 1
3n k 0
n
 k   1 J
 
n k k

On a donc, pour tout entier naturel n non nul :


1  n   1 n  
n n

An

n  
3  0

  1
n 0
J 

k 1
n

k
   1
n k k
J   
n  
 3  0
 
  1
n 0
J 
 k 1
n

k
  1 4k 1 J 
n k



  n
    n
 
1
 n   1 I  
3 

n


 k 1
 n
 k
 
 3 
1
   1 4  J   n   1 I  
n  k k 1


n 1
4 
 k 1
n
   1 4  J 
 k
n k k


 
1  1  
n


3n 

 1
n
I 
4

 k 0
n
 k
   1 4
n k k n
    1 40  J 
0
 
n

 
 
1
3 
n 1
4

 n   1 I   4  1   1 J 
n n 

 d’après la formule du binôme de Newton
MATHÉMATIQUES

n n
1  1 

1
n 
3 
n 1
4
 n   1
  3

1 I  3n   1 J      I  1      J
4   3  

15/16
É conomique

290 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 290 13/10/2017 11:35


CORRIGE EDHEC E ANNEE 2017

Pour tout entier naturel n non nul, l’expression de An comme combinaison linéaire de I
et J est :
n n
 1 1  1  EDHEC
An 
  I  1      J
 3 4  3 
c. Pour n  0 , on a :
0 0
 1 1  1  0
   I  1      J  1 I  0  J  I  A

C ORRIGÉ
 3 4  3 
Donc l’expression trouvée à la question 1.b reste valable pour n  0 .

Partie 4 : informatique.

11.a. Le script Scilab complété pour qu’il affiche les 100 premières positions, autres que celle
d’origine, du mobile dont le voyage est étudié dans ce problème, ainsi que le nombre n de fois
où il est revenu sur le sommet numéroté 1 au cours de ses 100 premiers déplacements est le
suivant :

A=[0 1 1 1;1 0 1 1;1 1 0 1;1 1 1 0]/3


X=grand(100,'markov',A,1)
n=sum(x==1)
disp(x)
disp(n)

b. Ces résultats font apparaître que sur 100 déplacements, le nombre de fois où le mobile est
revenu sur le sommet numéroté 1 est à peu près égal à 25, soit une fréquence de retour sur le
1
sommet 1 proche de ; ce résultat est normal car on a, d’après la question 3.d et puisque
4
1
1    1 :
3
 1 3  1 n  1
lim P  X n 1  lim       
n  n   4 4  3   4

MATHÉMATIQUES

16/16
É conomique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 291

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 291 13/10/2017 11:35


S UJET

ÉCONOMIE
Durée : 2 heures 30.

Il ­n’est fait usage d­ ’aucun document ; ­l’utilisation de toute calcu-


ESC latrice et de tout matériel électronique est interdite. Si au cours
de ­l’épreuve, un candidat repère ce qui lui semble être une erreur
­d’énoncé, il la signalera sur sa copie et poursuivra sa composition
en expliquant les raisons des initiatives ­qu’il sera amené à prendre.
T ECHNOLOGIQUE

S UJET

La croissance économique de long terme en France

Vous rédigerez une note de synthèse de l’ensemble documentaire fourni


en 500 mots environ.

D OCUMENT

Document 1

Les facteurs explicatifs de la croissance potentielle française

Entre le début de la crise de 2008 et la fin de ­l’année 2013, la richesse produite


par habitant a légèrement diminué en France. Surtout, on a observé avant
la crise un fléchissement progressif de la croissance française, alors que la
croissance par habitant se maintenait autour de 1,7 % par an en Allemagne.
Une question essentielle pour la France (comme pour l­’Italie, qui a subi une
évolution encore plus marquée) est de savoir si le mouvement de baisse du
taux de croissance est inexorable, ou bien si les politiques publiques ont la
capacité de redresser le taux de croissance de l­’économie. […] Un faible
taux de croissance observé sur une longue période a des conséquences
majeures non seulement sur ­l’emploi et le niveau de vie, mais aussi pour les
finances publiques. Considérons, à titre illustratif, un scénario pessimiste
avec un taux de croissance de long terme du Produit Intérieur Brut – PIB)
agrégé de la France de 1 % par an. Cumulé sur 26 ans, il aboutirait en 2040
T echnologique

à un niveau du PIB en volume supérieur de près de 31 % à celui de 2014. En


considérant un taux de croissance annuel de 1,6 % par an, le PIB en 2040
serait supérieur de 51 % à celui de 2014. La différence est considérable. Pour
les régimes de retraite publics, cette perte cumulée de PIB relèverait entre
ÉCONOMIE

2 et 2,5 points de PIB le besoin de financement à ­l’horizon 2040, avec les


paramètres de la réforme 2014. Il faudrait alors, pour rééquilibrer les régimes
en supposant ­qu’ils ­l’étaient avec un scénario de croissance à 1,6 %, ponc-
tionner le pouvoir ­d’achat des actifs, ou bien réduire très sévèrement le niveau
des retraites. Pour le système public de santé, une croissance potentielle de
1 % ne permettrait pas de financer des dépenses qui, compte tenu du vieil-
lissement démographique et des évolutions technologiques, devraient croître

292 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 292 13/10/2017 11:35


S UJET
­ ’au moins 2 % par an en termes réels, si ­l’on en croit les projections de long
d
terme sur les dépenses de santé. Cette tension de financement pourrait alors
conduire à de nouvelles amputations de pouvoir ­d’achat des cotisants ou
à des déremboursements de soins de santé plus marqués. Plus générale-
ment, la trajectoire des finances publiques est fortement conditionnée aux
perspectives de croissance de long terme […]
Ces chiffres peuvent être jugés pessimistes sur une longue période, mais ils ESC
ne sauraient être totalement écartés. Ils mettent en avant ­l’importance des
politiques de croissance non seulement pour ­l’emploi et le niveau de vie, mais
aussi pour la pérennité de notre système social. Améliorer le fonctionnement
du marché du travail afin de mobiliser plus efficacement la force de travail
dans une économie changeante, grâce notamment à un meilleur appariement
entre offre et demande et à une moindre dualité du marché, semble essen-
tiel. Stimuler la concurrence sur le marché des biens et services, repenser
la politique industrielle et la fiscalité sur les revenus du capital ou rendre la
dépense publique plus efficace sont également des pistes importantes pour
redresser le potentiel de croissance français. […]

Croissance et productivité

Les déterminants du PIB à long terme résident du côté de ­l’offre, donc des
facteurs de production et de leur productivité. Le concept le plus simple
de productivité est la productivité du travail, ­c’est-­à‑dire la production
par personne employée (productivité par tête) ou bien par heure travaillée
(productivité horaire). […] La productivité par tête dépend à la fois du stock
de capital par travailleur et de la productivité globale des facteurs (PGF) qui
représente ­l’efficacité de la combinaison du travail et du capital. La PGF est
souvent assimilée au progrès technique mais elle englobe d ­ ’autres facteurs
tels que les infrastructures et les institutions. Or, la PGF stagne en France
depuis le début des années 2000, alors q ­ u’elle a continué ­d’augmenter en
Allemagne et surtout aux États-­Unis et en Suède.

Un ralentissement quasi général

Le ralentissement de la productivité du travail de la PGF sont-­ils le fait de


certains secteurs spécifiques ou bien affectent-­ils toute ­l’économie ? Pour le
savoir, nous examinons quatre grands secteurs : ­l’industrie manufacturière,
la construction, les services aux entreprises et les services financiers, les
autres services (commerce, transport, hébergement, restauration, loisirs,
services aux particuliers). […] La productivité ralentit dans les quatre secteurs
en France, alors q­ u’en Allemagne et aux États-­Unis, la productivité horaire
du travail a accéléré dans l­’industrie au cours des années 2000. […] Ceci
­n’est pas imputable à ­l’évolution de la durée du travail dans la mesure où
T echnologique

ce phénomène ­s’observe aussi bien pour la productivité par tête que pour
la productivité horaire. Bien que la durée annuelle du travail soit faible et ait
beaucoup baissé en France depuis les années 1970, la dépression induite
ÉCONOMIE

de la productivité par tête est dominée par le freinage de la productivité


horaire du travail.
­L’écart des gains de productivité entre la France et les États-­Unis ­n’est pas
dû au poids dans ­l’économie du secteur des technologies de ­l’information
– secteur à forts gains de productivité –, qui avoisinait les 7 % dans les
deux pays en 2007. Celui-­ci a depuis lors augmenté ­d’un point de pour-
centage aux États-­Unis alors ­qu’il est resté constant en France, mais la

ANNALES CCIR 2017-2018 l 293

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 293 13/10/2017 11:35


S UJET

différence reste faible. L


­ ’écart des productivités pourrait davatange provenir Doc
de ­l’utilisation des nouvelles technologies par les autres secteurs.

Expliquer le ralentissement de la productivité en France

ESC Quatre facteurs sont susceptibles ­d’expliquer le ralentissement de la produc-


tivité en France : le recul de ­l’industrie manufacturière – secteur à forts gains
de productivité – dans ­l’économie ; un investissement en capital productif
insuffisant (en quantité ou en qualité) ; une recherche et développement
trop faible et la diffusion trop lente des nouveaux produits et procédés de
production ; enfin, des taux ­d’emploi et des compétences insuffisants. […]
Source : Patrick Artus, Cecilia Garcia-­Penalosa, Pierre Mohnen,
Les notes du conseil ­d’analyse économique, n° 16, septembre 2014.

Document 2

Taux de croissance moyens de la productivité par pays


et par secteur. Taux de croissance moyen de la productivité
par tête et de la productivité horaire (en % par an)

Taux de croissance moyen de la productivité horaire 1990-1999


et 2000-2013 (en % par an)
T echnologique
ÉCONOMIE

Source : Patrick Atrus, Cecilia Garcia-­Penalosa, Pierre Mohnen,


Les notes du conseil ­d’analyse économique, n° 16, septembre 2014.

294 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 294 13/10/2017 11:35


S UJET
Document 3

De ­l’utilité de la croissance potentielle

Dans la vie normale, mieux vaut laisser les questions techniques aux tech-
niciens. Le conducteur d ­ ’une voiture n
­ ’a généralement pas besoin de savoir
ESC
ce qui se passe sous son capot. Mais si elle tombe en panne, il n ­ ’a souvent
plus le choix.
On peut en dire autant de ­l’économie : les controverses techniques relèvent
des spécialistes. Pourtant depuis quelques années, des sujets dont la plupart
des gens ­n’avaient jamais entendu parler et qui ne suscitaient guère d ­ ’intérêt
dans ­l’opinion – par exemple la titrisation, les CDS (titre ­d’assurance contre
le risque de défaillance ­d’un emprunteur) ou le système européen de paie-
ment brut en temps réel Target 2 – se sont imposés dans le débat public,
contraignant les non-­spécialistes à essayer ­d’y comprendre quelque chose.

Croissance potentielle : un calcul imprécis,


qui donne lieu à controverse publique

Le même phénomène se répète avec le concept de croissance de la produc-


tion potentielle. Créé à ­l’origine par des économistes pour les économistes,
son utilisation pour déterminer quand et à quel seuil le déficit public doit être
corrigé est devenue ­l’objet de discussions publiques. De fait, son manque
de précision affaiblit sérieusement le pacte budgétaire européen. C ­ ’est pour-
quoi il faut soulever le capot.
Contrairement au PIB réel, le PIB potentiel permet de tenir compte du fait
­qu’à la manière d ­ ’un moteur, une économie fonctionne généralement en
dessous ou au-­dessus de son potentiel. Ainsi dans une récession provoquée
par une baisse de la demande, la production réelle tombe en dessous de son
potentiel, ce qui provoque une hausse du chômage. De la même manière,
un boom de la construction engendré par le crédit amène la production
au-­dessus de son potentiel, ce qui provoque de ­l’inflation. ­L’écart entre
PIB réel et potentiel est donc un indicateur de la capacité inutilisée d ­ ’une
économie. La distinction entre les deux aide aussi à choisir la politique
à adopter : si le potentiel de croissance est faible il faut agir sur ­l’offre et
non sur la demande.

Un concept clair, une valeur incertaine

Mais le PIB potentiel ne peut être mesuré, on ne peut que ­l’estimer. Son
évaluation repose sur la quantité de main d ­ ’œuvre et le volume de capital
T echnologique

disponibles pour la production, et sur une appréciation quantitative de leur


productivité conjointe. Les estimations peuvent différer en fonction des
chiffres et de la méthode retenus, de telle sorte que si le concept de PIB
ÉCONOMIE

potentiel est clair, sa valeur est incertaine.


Par ailleurs la crise financière mondiale a créé de nouveaux casse-­têtes.
Dans presque tous les pays avancés, le PIB se situe bien en dessous des
prévisions faites avant la crise et la plupart des experts pensent que l­’écart
ne sera jamais comblé. Les responsables de la politique économique ont
beaucoup de mal à apprécier l­’écart actuel au PIB potentiel, au point que
certains se demandent si cette notion continue à être utilisable.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 295

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 295 13/10/2017 11:35


S UJET

­ ’Union européenne a créé un problème supplémentaire : en réaction à la


L
crise souveraine, la plupart des pays européens sont convenus en 2011
­d’un Pacte budgétaire exigeant ­qu’ils maintiennent leur déficit budgétaire
structurel – celui ­qu’ils enregistreraient si la production réelle était égale à la
production potentielle – à une valeur inférieure à 0,5 % de leur PIB. Un pays
qui ­n’évolue pas vers cet objectif peut faire ­l’objet de sanctions financières.
ESC
Ce cadre est judicieux en ce q ­ u’il prend en compte les conséquences d ­ ’un
fléchissement temporaire de la production sur les revenus fiscaux. Un déficit
est donc acceptable s­ ’il résulte de revenus fiscaux anormalement bas, mais
pas si ceux-­ci sont à leur niveau normal.
Le Pacte de stabilité et de croissance de ­l’UE avait le grand défaut de ne
pas inclure ce type de correction. Le traité de 2011 ­s’est inscrit dans le
prolongement ­d’une série de réformes antérieures, qui ont mis ­l’accent
sur ­l’évaluation de la situation budgétaire en fonction de la croissance
potentielle.
Le pacte budgétaire est destiné à élargir l­’horizon temporel des décideurs
politiques et à leur permettre d ­ ’avoir davantage conscience des problèmes
de soutenabilité de la dette publique auxquels ils sont confrontés. Il y faut de
la cohérence. Or ­l’incertitude qui entache ­l’estimation du potentiel de crois-
sance les empêche de s­ ’approprier une notion déjà obscure, celle de déficit
structurel, et elle rend volatiles les politiques basées sur cette évaluation.
Cela se traduit paradoxalement par le rétrécissement de ­l’horizon temporel.
Les discussions politiques devraient donc porter non pas sur la dernière
révision du PIB potentiel, mais sur le fait de savoir si un pays est bien sur le
chemin de ­l’assainissement à long terme de ses finances publiques.
Source : Jean Pisani-­Ferry, commissaire général de France Stratégie,
8 avril 2015, Latribune.fr.

Document 4 

Quelle(s) politique(s) économique(s) pour redresser


la croissance à long terme ?

Observer la croissance économique ne suffit pas pour se faire une idée de


la dynamique de fond ­d’une économie ; beaucoup ­d’événements peuvent
en effet influer ponctuellement sur la croissance, comme un hiver particu-
lièrement rigoureux, une augmentation ponctuelle des dépenses publiques,
une récession chez un partenaire commercial, etc. ­L’image qui en ressort
est donc floutée, alors même que distinguer ce qui relève de la conjoncture
T echnologique

et ce qui relève de tendances plus profondes, ­c’est-­à‑dire la croissance


potentielle de ­l’économie, est essentiel pour la conduite de la politique
économique, tant dans sa composante conjoncturelle (réponse aux chocs de
court terme) que structurelle (réformes permettant d­ ’augmenter le potentiel
ÉCONOMIE

de croissance).
Une crise profonde, telle que celle apparue en 2008, peut réduire durable-
ment le potentiel de production ­d’une économie. Face à ­l’éclatement ­d’une
bulle spéculative – telle que celle des subprime en 2008 – les agents voient
leur richesse diminuer et ajustent leur demande. Or, face à cette baisse
de la demande, les entreprises ajustent les facteurs de production. Et si la

296 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 296 13/10/2017 11:35


S UJET
situation de faiblesse de la demande perdure, et c ­ ’est malheureusement
le cas dans la crise actuelle puisque les agents mettent plusieurs années
à corriger les déséquilibres accumulés auparavant, ­l’ajustement à la baisse
de la production se cristallise et affecte les facteurs de croissance ainsi
que la PGF.
ESC
Les leviers ­d’action pour stimuler la croissance

La difficulté q­ u’ont les principales économies avancées à sortir de la situa-


tion de crise a fait naître un débat sur une possible « stagnation séculaire ». Il
­s’agirait ­d’une situation où la demande est durablement déprimée (en raison
des dettes accumulées ou ­d’autres facteurs tels ­qu’un ralentissement de la
démographie ou de la PGF) et où une baisse des taux d ­ ’intérêt nominaux,
bridée par le plancher de 0 %, serait donc insuffisante pour relancer suffi-
samment ­l’activité.
Il faut toutefois noter que la plupart des institutions prévoient ­aujourd’hui
un redressement progressif de ­l’activité, en France et dans la zone euro.
Si ce débat reste ouvert, les leviers ­d’action pour stimuler le potentiel de
production sont connus. Les politiques économiques devraient ainsi cibler
les facteurs de vulnérabilité qui persistent dans les économies pour améliorer
les perspectives de croissance.

À court et moyen terme

Pour la plupart des économies avancées qui présentent un écart de produc-


tion négatif, ­l’urgence est de redresser la demande tout en préservant les
équilibres de long terme. Redresser la demande passe par une politique
monétaire très accommodante et, notamment en zone euro, par un soutien
décisif à ­l’investissement. Mais la politique budgétaire doit ­s’adapter à la
situation de chaque pays : la réduction des déficits publics doit être pour-
suivie en priorité car elle permet de conserver la confiance des investisseurs
et ­d’alléger le fardeau de la dette, et les engagements pris en la matière
doivent être honorés. Toutefois, au-­delà de cette contrainte, les pays qui
conservent une marge de manœuvre ont tout intérêt à mettre en place des
politiques favorables à ­l’investissement et à la croissance. Profiter d­ ’un envi-
ronnement de taux bas pour investir dans les infrastructures est une solution
intéressante, dans la mesure où ce type d ­ ’investissement présente un effet
bénéfique pour ­l’activité, à la fois à court terme, en soutenant la demande,
et à long terme, en développant les facteurs de production et donc l­’offre
potentielle. Il faut cependant veiller à ce que les investissements soient bien
ciblés, en fonction des besoins et de la rentabilité attendue. Dans le cas de
T echnologique

­ u’il y ait une véritable stratégie de croissance


la zone euro, il est essentiel q
européenne, mobilisant tous les leviers disponibles.
ÉCONOMIE

À long terme

Pour renforcer sur le long terme le potentiel de production, il faut veiller


à une gestion efficace des dépenses publiques, une dérive des déficits se
soldant immanquablement à terme par un alourdissement de la fiscalité
pouvant entraver ­l’action des acteurs économiques. Il est aussi nécessaire,

ANNALES CCIR 2017-2018 l 297

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 297 13/10/2017 11:35


S UJET

pour renforcer la compétitivité et la capacité de réaction des économies, de


mettre en œuvre des réformes structurelles sur les marchés des biens et
services et sur le marché du travail. Les réformes sur les marchés des biens
C
et services permettent d ­ ’éliminer les situations de rente et favorisent ainsi la
productivité de ­l’ensemble de ­l’économie. Les réformes du marché du travail
doivent aller dans le sens d­ ’une souplesse accrue pour les entreprises : elles
ESC
seront ainsi mieux à même de faire face aux périodes de récession et seront
moins réticentes à embaucher en phase de reprise. Mais en contrepartie, les
salariés ou chômeurs doivent être mieux accompagnés dans leur parcours,
avec des formations adéquates, pour bénéficier in fine ­d’une plus grande
flexibilité. Ces deux éléments sont essentiels pour réduire le chômage de
longue durée. Des travaux réalisés à la Banque de France 8 montrent tout
­l’intérêt de ces réformes : dans le cas de la France, un alignement sur les
meilleures pratiques au niveau international en matière de régulation des
marchés des biens et services et du travail permettrait ­d’augmenter la
productivité ­d’environ 6 points en dix ans. Ces réformes ne doivent pas
attendre, car si elles exigent un soutien de la part des citoyens, leur mise
en œuvre ­n’entraîne généralement pas un coût financier pour la collectivité
et pour ­l’économie dans son ensemble.
Source : Banque de France, Focus n° 13, 2 mars 2015.
T echnologique
ÉCONOMIE

298 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 298 13/10/2017 11:35


C ORRIGÉ
Par Frédérique Larchevêque, professeur de chaire supérieure au lycée
ESC

Michelet, à Vanves.

I. À la découverte de ­l’ensemble documentaire

C ORRIGÉ
­ ’ensemble documentaire comprend 4 documents pour un volume total de
L
2 600 mots, contre 2 800 mots la session précédente. Parmi les 4 documents,
on compte trois textes, un tableau de chiffres et un graphe. ­L’ensemble
documentaire est comme chaque année précédé d ­ ’un titre, « La croissance
économique de long terme en France ».

De ­l’analyse du titre…
Le titre de ­l’ensemble documentaire constitue la première information
sur ­l’objet de la note à rédiger. Il constitue donc une aide précieuse pour
identifier la problématique et sélectionner plus rapidement les principaux
répertoires ­d’idées au cours de sa lecture.
Une première lecture « découverte » de ­l’ensemble documentaire permet
­d’affiner la première piste de problématique fournie par le titre.
Le premier document établit le diagnostic d ­ ’un ralentissement assez
marqué de la croissance économique en France qui a débuté avant la
crise de 2008. Il passe en revue les conséquences d ­ ’une faible croissance
prolongée sur une longue période sur le niveau de vie, le financement de
la protection sociale et l­’équilibre des finances publiques. Puis après avoir
défini les déterminants de la croissance à long terme, le document recense
les éléments explicatifs de cet affaiblissement du potentiel de la croissance
française. À titre subsidiaire, sont aussi évoqués les leviers ­d’une politique
de croissance efficace.
Le second document présente l­’évolution depuis le début des années 1970
des gains de productivité dans plusieurs pays, dont la France et par
secteurs économiques. Un tableau et un histogramme servent de supports
­d’informations. Ni l­’un ni l­’autre ne devaient être négligés, car ils ont une
importance aussi grande que les textes. Posez-­vous la question : ­qu’est-­ce
que ces documents nous apportent comme information(s) essentielle(s)
qui pourra prendre place dans la note de synthèse ? Concrètement, il ne
­s’agit donc pas ­d’en faire une analyse complète, ce ­n’est pas ­l’exercice
demandé, mais ­d’en produire ­l’idée essentielle et de relever un ou deux
chiffres significatifs.
Le troisième document était sans doute le plus complexe. Il définit la crois-
sance potentielle comme indicateur de mesure de la croissance économique
T echnologique

de long terme et en rappelle les déterminants (facteurs ­d’offre mobilisables).


­S’il montre ­l’utilité de ce concept théorique pour la détermination de la poli-
tique économique, particulièrement pour fixer l­’orientation de la politique
ÉCONOMIE

budgétaire à mettre en œuvre au sein de la zone euro (pacte budgétaire), il


pointe aussi ses limites en raison de ­l’incertitude quant à sa valeur.
Enfin, le dernier document porte sur les politiques de croissance à mettre
en œuvre pour parvenir à redresser la croissance dans un pays comme la
France.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 299

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 299 13/10/2017 11:35


Il convient de réussir à démêler les causes conjoncturelles et structurelles
du ralentissement économique, sachant que la crise conjoncturelle de 2008
ESC a eu des effets négatifs sur le niveau de la croissance potentielle. Il convient
donc d­ ’articuler les actions sur la demande et l­’offre, les actions sur la
conjoncture et les réformes plus structurelles.

… à ­l’objet de la note de synthèse


C ORRIGÉ

Cette lecture « découverte » permet de mieux définir l­’objet de la note de


synthèse. Rappelons que ­s’il ­n’est pas obligatoire de ne poser ­qu’une seule
question, il est important de reformuler le titre plutôt que de le reprendre tel
quel. On a compris que la croissance de long terme désignait la croissance
potentielle, et que son ralentissement préoccupant invite à réfléchir aux
orientations des politiques de croissance.
Voici une possibilité : Quels sont les différents enjeux du ralentissement
de la croissance potentielle de la France et comment y remédier ?

­L’ensemble documentaire dans le programme


­ ’ensemble documentaire portait sur deux modules du programme, les
L
modules 1 (Conditions et finalités de la croissance) et 4 (Déséquilibres
économiques et politique économique).

Les principaux points du programme abordés :


  Module II Conditions et finalités de la croissance
   2.1 Les facteurs de production
    2.1.1 Le facteur travail, ­l’évolution de la population active
et des qualifications
   2.1.3 Le progrès technique
   2.1.4 Les propriétés des facteurs : substituabilité, productivité
   2.2 L’analyse de la croissance
    2.2.1 La quantification, le caractère cyclique de la croissance
économique
   2.2.2 Les déterminants conjoncturels de la croissance
    2.2.3 Les déterminants à long terme de la croissance ;
la croissance potentielle
  Module IV Déséquilibres économiques et politique économique
   4.3 L’intervention des autorités publiques dans la régulation
   4.3.3 Les politiques de croissance

Les principales notions à maîtriser


Concrètement, la compréhension de l­’ensemble documentaire nécessitait
la maitrise de plusieurs notions étudiées au cours des deux années :
– la notion de productivité (productivité par tête et productivité horaire,
T echnologique

productivité globale des facteurs) ;


– la notion de croissance potentielle (savoir distinguer la croissance effective
du PIB de la croissance potentielle était essentiel) ;
ÉCONOMIE

– les politiques économiques de croissance (politiques de demande et


­d’offre, politiques conjoncturelles et structurelles).
Il faut le rappeler, la note de synthèse ne peut être réussie ­qu’à la condition
de bien comprendre le vocabulaire économique utilisé. Seule cette maitrise
­d’un vocabulaire spécialisé permet une reformulation exacte, précise et
sans paraphrase.

300 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 300 13/10/2017 11:35


II. Les critères ­d’évaluation de la note de synthèse

• Respecter les trois exigences fondamentales énoncées dans le règle- ESC


ment de ­l’épreuve.
– La note de synthèse ne doit pas dépasser le nombre de mots indi-
qués dans la consigne, 500 mots à 10 % près en plus ou en moins. Il
est obligatoire ­d’indiquer le nombre de mots utilisés au début ou à la fin

C ORRIGÉ
de sa note de synthèse. Si le jury ­n’exige pas un décompte aussi précis
­qu’en contraction de texte, il sanctionne lourdement les dépassements qui
dénaturent ­l’exercice.
– ­L’objectivité et la neutralité du propos (la synthèse ­n’est pas une
dissertation qui cherche à convaincre d ­ ’une position personnelle) :
le candidat exprime exclusivement les idées présentes dans l­’ensemble
documentaire. Il ne faut donc ajouter des arguments ou des exemples qui
auront pu être étudiés par ailleurs. Aussi, l­’emploi du « je » ou du « nous »,
notamment pour annoncer le plan de sa note, est interdit, car la note de
synthèse est un compte rendu impersonnel.
– La reformulation personnelle des idées et arguments relevés (la
synthèse n ­ ’est pas un résumé) : le candidat ne peut se contenter de
reprendre des morceaux de phrase des textes sous la forme d ­ ’un « copier-­
coller » ou de paraphraser les documents. Par ailleurs, il ne saurait se
contenter ­d’exprimer les idées dans ­l’ordre des documents. Il convient de
sélectionner les idées principales, de les reformuler sans commettre de
contre sens.

• Les compétences principales attendues ­d’une bonne copie :


– Le respect des règles de ­l’exercice : une courte introduction qui annonce
­l’objet de la note, un développement structuré en deux ou trois parties, une
rapide conclusion sans répétition ni ouverture, une expression écrite soignée,
tant du point de vue du respect des règles de grammaire et ­d’orthographe
que de la syntaxe ;
– La détermination précise de l­’objet de la note : on ­s’inspire du titre de
­l’ensemble documentaire que ­l’on précise à la première lecture ;
– Un recensement exact et une reformulation pertinente des idées de
­l’ensemble documentaire permettent ­d’évaluer la bonne compréhension
des textes à travers l­’absence ­d’oublis majeurs, l­’absence de contre-­sens
ou de faux sens et enfin ­l’emploi ­d’un vocabulaire adapté ;
– La production d­ ’un agencement personnel et hiérarchisé des idées dans
un plan cohérent et apparent. La note de synthèse doit avoir du sens pour
constituer un compte rendu efficace de ­l’ensemble documentaire.

• Ces compétences sont évaluées à partir de certaines capacités :


T echnologique

– La capacité à prendre en compte le titre pour cerner efficacement l­’objet


de la note ;
– La capacité à identifier avec exactitude les idées principales (les princi-
paux répertoires ­d’idées) de ­l’ensemble documentaire ;
ÉCONOMIE

– La capacité à hiérarchiser les idées en ne mettant donc pas sur le même


plan celles qui sont essentielles et celles plus accessoires sur lesquelles on
pourra passer pour rester dans le nombre de mots imparti ;
– La capacité à reformuler sans paraphrase les idées identifiées, notam-
ment par un usage approprié du vocabulaire économique ;

ANNALES CCIR 2017-2018 l 301

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 301 13/10/2017 11:35


– La capacité à proposer un plan cohérent, clairement annoncé de façon
impersonnelle ;
ESC – La capacité à organiser et à relier l­’ensemble des idées sélectionnées
en utilisant les connecteurs logiques.

III. Le recensement des idées de ­l’ensemble documentaire


C ORRIGÉ

Vous ne disposez pas du temps nécessaire pour produire un recensement


totalement rédigé des idées principales de l­’ensemble documentaire tel q ­ u’il
est proposé dans ce corrigé. Mais, ce recensement vous sera utile pour vous
entraîner et vérifier que vous ­n’avez rien oublié.
Vos différents entraînements (en devoir, en colle d ­ ’économie) vous ont
permis de tester la méthode qui vous convient le mieux : prise de note,
confection ­d’un tableau par répertoire d ­ ’idées, système de numéros, surli-
gnement efficace et usage ­d’un jeu de couleurs, etc.
Chacun doit, dans tous les cas, trouver sa méthode et ­s’y tenir pour accroître
les effets ­d’expérience. En tous les cas, il est important de rendre sa lecture
active en cherchant à classer les idées principales dans de grands répertoires
­d’idées (constat, causes, conséquences, solutions, difficultés, limites, etc.).
Pour ce corrigé, nous avons relevé et reformulé les idées principales de
chaque document en nous laissant guider par notre analyse préalable du titre.

Document 1
Doc
Les facteurs explicatifs de la croissance potentielle française

Idée 1 : Le ralentissement de la croissance française est antérieur à la


crise et ­s’est poursuivi depuis 2008.
Les conséquences de l­’affaiblissement de la croissance sur une longue
période sont estimées à partir ­d’un écart de 0,6 point de croissance main-
tenu sur 26 ans (2014-2040) :
– poursuite de la diminution du niveau de vie moyen déjà constatée depuis
la crise, alors ­qu’il a progressé en Allemagne ;
– apparition ­d’un besoin de financement plus important pour les régimes de
retraite et de santé qui pourrait nécessiter une amputation supplémentaire
du pouvoir d ­ ’achat des actifs pour maintenir leurs droits et/ou une réduction
des pensions de retraite et des niveaux de remboursement des soins ;
– fragilisation de ­l’équilibre des finances publiques ;
– problème pour ­l’emploi.
T echnologique

Idée 2 : Ce diagnostic met au centre les politiques de croissance.


Ces politiques devraient avoir pour objectifs ­d ’agir sur les facteurs
­d’offre susceptibles ­d’accroître le potentiel de croissance de ­l’économie Doc
française :
ÉCONOMIE

– réforme du marché du travail pour mieux mobiliser ­l’offre de travail ;


– réforme des marchés de biens et services afin de stimuler la concurrence
et réduire les rentes de situation ;
– la réduction de la fiscalité sur les revenus du capital, une nouvelle politique
industrielle sont des leviers ­d’action.

302 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 302 13/10/2017 11:35


Idée 3 : Les facteurs explicatifs du ralentissement de la croissance de
longue période.
La croissance de long terme dépend de la capacité de l­’économie à mobi- ESC
liser ses facteurs d
­ ’offre et de leur productivité du travail. La productivité
la plus mesurée est celle du travail qui dépend elle-­même de l­’intensité
capitalistique et du progrès technique (ou PGF).
Les explications du ralentissement de la croissance à long terme :

C ORRIGÉ
– le ralentissement de la productivité du travail, horaire et par tête et de la
PGF ;
– stagnation de la PGF, mesure du progrès technique, alors ­q u’elle
a continué à augmenter aux États-­Unis, Allemagne et Suède ;
– ralentissement de ­l’efficience productive dans tous les secteurs de
­l’économie en France, alors q ­ u’aux États-­Unis ou en Allemagne, la produc-
tivité continue à augmenter dans ­l’industrie.
Les explications du décrochage de la France par rapport aux États-­Unis :
– une moindre diffusion des technologies numériques dans le reste de
­l’économie, car le poids de ce secteur des TIC est très voisin (environ 7 %
du PIB) ;
– 4 facteurs plus probants, le recul marqué de l­’industrie en France ces
dernières années, un investissement peu dynamique et mal ciblé, une R&D
trop faible qui ne se traduit pas par une diffusion rapide des innovations, un
capital humain insuffisant en termes de taux ­d’emploi et de compétences.

Document 2

Taux de croissance moyens de la productivité par pays et par secteur

Idée 1 : Le taux de croissance moyen de la productivité par tête et de la


productivité horaire (en % par an) a été divisé d ­ ’un facteur 4 en France
entre la période 1971-1979 et 2000-2013 (2,91 %/an contre 0,66 %/an en
moyenne). Cette baisse des gains de productivité du travail est commune
à des pays comme l­’Allemagne, ­l’Italie ou ­l’Espagne, mais est plus marquée
­qu’aux États-­Unis (1,33 %/an contre 0,66 %/an en moyenne).

Idée 2 : En France, le taux de croissance annuel moyen de la productivité


horaire a fortement baissé entre la période 1990-2000 et la période 2000-
2013 dans trois secteurs : ­l’industrie, les services domestiques, la
construction où il est même devenu négatif. En revanche, la productivité
horaire du travail a progressé sur la même période dans l­’industrie et les
services à la personne en Allemagne et aux États-­Unis.
T echnologique

Document 3
ÉCONOMIE

De ­l’utilité de la croissance potentielle

Idée 1 : La croissance potentielle est un concept théorique qui dépend ­d’une
estimation des facteurs d ­ ’offre (voir aussi Doc. 1 pour sa définition) créé par
les économistes avec deux objectifs principaux :
– calculer le déficit public structurel ;

ANNALES CCIR 2017-2018 l 303

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 303 13/10/2017 11:35


– orienter la politique économique selon ­l’écart de production calculé entre
la croissance effective du PIB et la croissance potentielle. ­L’idée étant que
ESC lorsque la croissance effective est inférieure à la croissance potentielle, il
convient d ­ ’agir sur la demande et à ­l’inverse de mettre en place une politique
de ­l’offre pour redresser le potentiel de croissance.

Idée 2 : Dans la pratique, son estimation est loin de faire consensus (les
C ORRIGÉ

hypothèses prises en compte peuvent être discutées) ce qui pose des


problèmes concrets :
– une difficulté à évaluer ­l’écart de production depuis la crise ;
– une difficulté à mesurer le déficit structurel comme l­’exige le pacte budgé-
taire adopté par les pays de la zone euro pour assurer la soutenabilité de
leur endettement public.

Document 4

Quelle(s) politiques(s) pour redresser la croissance à long terme ?

Idée 1 : La crise de 2008 a eu pour effet de réduire le potentiel de crois-
sance ­d’une économie comme la France. La baisse de la demande a conduit Prop
à un retrait de facteurs d
­ ’offre et à une baisse de la PGF de telle sorte que
faible croissance effective et faible croissance potentielle coexistent, faisant
penser à ­l’entrée dans une phase de stagnation séculaire.

Idée 2 : La politique économique doit agir à la fois sur la demande et sur
les facteurs ­d’offre :
– à court et moyen terme, et lorsque l­’écart de production est négatif, une
stratégie coordonnée au sein de la zone euro doit se mettre en place pour
redresser la demande globale et surmonter le choc conjoncturel. Dans
cette optique, il convient de mener une politique monétaire accommodante,
relancer ­l’investissement public dans les pays où des marges de manœuvre
existent, car la réduction des déficits publics doit être poursuivie ;
– à long terme, le but poursuivi est de relever le potentiel d­ ’offre par une
action de maitrise crédible des déficits publics, par des réformes des
marchés de biens et services afin de supprimer les rentes de situation,
élever le niveau de la productivité et par des réformes du marché du travail
pour créer les conditions ­d’une flexisécurité.

Note de synthèse proposée en 548 mots


T echnologique

Introduction, rappel de méthode


Courte et précise, ­l’introduction remplit deux fonctions essentielles. Elle
énonce d­ ’abord avec précision le problème central soulevé dans l­’ensemble
ÉCONOMIE

documentaire, puis elle propose au lecteur un guide clair du plan de la


note. ­L’introduction débute par une entrée en matière qui reprend une
idée, un exemple, une donnée chiffrée en lien avec le problème abordé par
­l’ensemble documentaire.

304 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 304 13/10/2017 11:35


Proposition rédigée
La France connait un ralentissement de sa croissance de long terme qui se
situe actuellement à un niveau inférieur à celle de l­’Allemagne ou des États-­ ESC
Unis. Au-­delà du choc conjoncturel causé par la crise de 2008, le potentiel
de croissance est affaibli au risque de fragiliser le modèle social français.
Quelle politique économique faudrait-­il mettre en œuvre pour renouer avec
un rythme de croissance plus élevé ?

C ORRIGÉ
­L’examen des principales causes et conséquences de la faible croissance
française (I) conduit à réfléchir aux solutions de politique économique les
mieux adaptées (II).

Le développement, rappel de méthode


Le lecteur doit repérer aisément le plan choisi l­orsqu’il découvrira votre
note de synthèse. Il convient donc de ­l’organiser en deux ou trois parties
clairement annoncées par une phrase courte. Le plan proposé correspond
à un réagencement ordonné des idées qui permet de rendre compte avec
exactitude de ­l’ensemble documentaire. Il est important que votre note de
synthèse soit porteuse de sens.

Proposition rédigée (550 mots)

Partie I. Les causes et conséquences de la faible croissance


de long terme en France

A/ Les explications de son affaiblissement


Cet affaissement ­s’explique par la division d­ ’un facteur ­d’ordre 4 des gains
de productivité du travail entre les années 1970 et 2000 et la stagnation de
la PGF, mesure du progrès technique, alors ­qu’elle a continué à augmenter
aux États-­Unis et en Allemagne. On la retrouve dans tous les secteurs de
­l’économie en France, mais pas en Allemagne ou les États-­Unis. La France
est davantage handicapée par une moindre diffusion des technologies
numériques que par le poids de ce secteur (environ 7 % du PIB), mais elle
pâtirait du recul marqué de son industrie, ­d’un investissement peu dyna-
mique et mal ciblé, d
­ ’une diffusion trop lente des innovations et d ­ ’un déficit
de capital humain.

B/ Les dangers ­d’une croissance faible sur longue période


Si la France se maintient sur le sentier ­d’un pourcent de croissance par an
­­
d’ici 2040, plusieurs problèmes vont ­s’accentuer. La diminution du niveau
de vie moyen, déjà constatée depuis la crise, se poursuivra, et l­’écart se
T echnologique

creusera avec ­l’Allemagne. Il deviendra impossible de financer les régimes


de retraite et de santé sans amputer le pouvoir d ­ ’achat des actifs et/ou
réduire les pensions de retraite et le niveau de remboursement des soins.
ÉCONOMIE

­L’équation de ­l’équilibre des finances publiques sera également insoluble,


sans compter la dégradation de ­l’emploi.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 305

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 305 13/10/2017 11:35


Partie II. Des politiques économiques pour renouer
avec une croissance plus forte
ESC
A/ ­L’enjeu de ­l’estimation du potentiel de croissance
Estimée par les économistes, la croissance potentielle est utilisée pour
calculer le déficit public structurel et guider la politique économique selon
­l’écart de production. Lorsque la croissance effective est inférieure à la
C ORRIGÉ

croissance potentielle, une action sur la demande est nécessaire, tandis que
le redressement du potentiel de croissance implique une politique de l­’offre.
Mais dans la pratique, son estimation est loin de faire consensus. ­L’écart de
production est difficile à évaluer, notamment depuis la crise, de même que
le déficit public structurel, alors même que le Pacte budgétaire de la zone
euro repose sur lui pour assurer la soutenabilité de ­l’endettement public.

B/ La nécessaire complémentarité des actions


de politique économique
Lorsque l­’écart de production est négatif, une action coordonnée au sein de
la zone euro doit redresser une demande globale insuffisante par la poursuite
­d’une politique monétaire accommodante et la relance de l­’investissement
public là où des marges de manœuvre budgétaire existent.
À plus long terme, le but est de relever le potentiel ­d’offre par une maitrise
crédible des déficits publics, autorisant une baisse de la fiscalité du capital,
des réformes des marchés de biens et services et du marché du travail pour
améliorer la productivité et créer les conditions ­d’une flexisécurité.

Conclure, rappel de méthode

La conclusion de la note de synthèse doit être courte. Il n ­ ’est pas question,


comme dans une dissertation, de faire le résumé des idées énoncées dans
le développement ou bien encore de chercher à ouvrir des perspectives.
Une bonne conclusion ne dépasse pas deux ou trois lignes et consiste
à répondre, dans l­’esprit de ­l’ensemble documentaire, au problème posé.
Il peut être adroit ­d’utiliser une idée importante qui ­n’aura pas eu sa place
dans le développement.

Proposition rédigée

La reprise est bien là, mais le risque ­d’une stagnation séculaire ­n’est pas
écarté.
T echnologique
ÉCONOMIE

306 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 306 13/10/2017 11:35


S UJET
ÉCONOMIE
Durée : 2 heures 30.

Il est recommandé de ne pas dépasser 10 pages.


Les candidats ne doivent faire usage ­d’aucun document ; ­l’utilisation ESSEC
de toute calculatrice et de tout matériel électronique est interdite.
Si au cours de ­l’épreuve, un candidat repère ce qui lui semble être
une erreur ­d’énoncé, il la signalera sur sa copie et poursuivra sa
composition en expliquant les raisons des initiatives ­qu’il sera amené
à prendre.

S UJET

PREMIÈRE PARTIE : NOTE DE SYNTHÈSE

À partir du dossier documentaire suivant, vous ferez une note de synthèse


de 500 mots environ (à plus ou moins 10 %) sur ­l’économie numérique
en France.

Composition du dossier documentaire :


– D ocument  1 : Économie numérique : définition, BSI Economics,
9.11.2015
– Document 2 : La transition numérique de ­l’économie, Nicolas Colin,
La richesse des nations après la révolution numérique, Terra Nova, 2015
– Document 3 : Quelle place et quel statut pour le travail humain dans la
société de demain ? Rapport « Travail, emploi, numérique : les nouvelles
trajectoires », Conseil national du numérique, Janvier 2016 (pages 15 à 20)
– Document 4 : ­L’économie numérique et ­l’emploi, Économie numérique,
Notes du CAE, octobre 2015

D OSSIER DOCUMENTAIRE

Document 1

Économie numérique : définition


T echnologique

Technologies de ­l’information et de la communication (TIC) ou NTIC, nouvelle


économie, nouvelles technologies, économie électronique, économie digi-
ÉCONOMIE

tale, sont des dénominations utilisées pour décrire l­’économie numérique.


Même si la littérature est variée et riche, il ­n’existe cependant pas de défi-
nition exacte de ­l’économie numérique. En effet, elle ne se limite pas à un
secteur ­d’activité particulier et englobe des concepts très différents. Elle
résulte de l­’utilisation répandue des nouvelles technologies, d
­ ’usage général
tout ­d’abord dans le domaine de ­l’information et de la communication ;
néanmoins elle ­s’est transformée en une technologie universelle qui a eu
ANNALES CCIR 2017-2018 l 307

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 307 13/10/2017 11:35


S UJET

des implications bien au-­delà des technologies de ­l’information et de la


communication (TIC). Elle a eu un impact sur tous les secteurs économiques,
la croissance et la productivité des États sans oublier ­l’environnement des
entreprises, les particuliers, les ménages et leur comportement. ­L’utilisation
­d’Internet, par exemple, a permis le rassemblement des personnes et de
moyens en dématérialisant la distance physique pour créer, développer
ESSEC et partager leurs idées donnant lieu à de nouveaux concepts, nouveaux
contenus et par conséquence à la naissance d ­ ’une nouvelle génération
­d’entrepreneurs et des marchés.
Selon « The Australian Bureau of Statistics », ­l’économie numérique est
le réseau mondial des activités économiques et sociales qui sont acti-
vées par des plateformes telles que les réseaux Internet, mobiles et de
capteurs, y compris le commerce électronique. Compte tenu de la diffi-
culté à définir l­’économie numérique et de la complexité pour la quantifier,
­l’INSEE ­l’assimile aux secteurs producteurs des TIC. Le secteur des TIC
regroupe les entreprises qui produisent des biens et services supportant le
processus de numérisation de l­’économie, c ­ ’est-­à‑dire la transformation des
informations utilisées ou fournies en informations numériques (informatique,
télécommunications, électronique).
Source : BSI Economics, 9.11.2015

Document 2

La transition numérique de ­l’économie

« Le numérique dévore le monde » a écrit en 2011 Marc Andreessen. Demain Doc


toute ­l’économie sera numérique : la plupart des filières sont d ­ ’ores et déjà
le théâtre de batailles qui voient des entreprises numériques en pleine
croissance disputer leurs positions aux acteurs en place et bouleverser
radicalement les façons de produire et de consommer. La transition numé-
rique, déploiement ­d’un nouveau paradigme de filière en filière, transforme
progressivement ­l’ensemble de ­l’économie et de ses institutions, et explique
nombre des problèmes qui la minent. ­D’une part, elle contribue à la destruc-
tion des emplois anciens et au creusement des inégalités. ­D’autre part, les
entreprises numériques créent certes de nouveaux emplois, que ce soient
des emplois très qualifiés, à forte intensité en savoir et en compétences, ou
des emplois peu qualifiés, notamment dans des activités de service de proxi-
mité. Mais elles ont souvent du mal à les pourvoir du fait de ­l’inadaptation
des compétences acquises dans le système éducatif. En outre, elles se
heurtent régulièrement à des barrières réglementaires destinées à protéger
le monde ancien.
T echnologique

Ces difficultés sont ­d’autant plus préoccupantes que les élites de notre
pays peinent malheureusement à comprendre ce phénomène et ses consé-
quences, et que la société française oppose une résistance active à la
ÉCONOMIE

transition numérique. Des capitaines ­d’industries dénoncent leurs nouveaux


concurrents, mais sans engager la transformation numérique de leur propre
entreprise. Des dirigeants politiques méconnaissent – voire moquent – des
applications pourtant utilisées par des millions d ­ ’électeurs. Des pans entiers
de ­l’économie – des filières culturelles à ­l’industrie des taxis, en passant par
les avocats, les hôteliers ou les auto-­écoles – se mobilisent pour empêcher

308 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 308 13/10/2017 11:35


S UJET
l­’épanouissement en France des innovations de rupture et retarder la remise
à plat de nos institutions.
­C’est pour ces raisons que la France se trouve ­aujourd’hui dans une impasse.
Les grandes entreprises, piégées par leur grande taille et leurs difficultés
à changer, peinent à se ressaisir face à la dislocation de filières ­qu’elles ont
longtemps dominées. Des PME sont acculées à la faillite sans posséder les
ESSEC
clefs de compréhension ni le système financier pour les appuyer dans leurs
efforts de transformation. Des startups parviennent à peine à émerger dans
une économie qui ne leur ménage pas suffisamment ­d’accès à des finan-
cements en fonds propres. Les pouvoirs publics, loin de préparer ­l’avenir,
se bornent souvent à défendre les entreprises en place et à étouffer dans
­l’œuf les innovations de rupture qui, seules, permettraient de faire grandir
des géants français de ­l’économie numérique.
Il nous faut réaliser que notre conception de la richesse des nations est
dépassée. Il ne reste plus beaucoup de temps pour nous réarmer d ­ ’une
politique économique adaptée à la transition numérique : allouer ­l’épargne
au financement de ­l’innovation de rupture plutôt que de la laisser se nicher
dans les actifs immobiliers ; soutenir les entreprises innovantes face aux
entreprises en place ; redéployer la protection sociale pour q ­ u’elle couvre
les risques rendus plus critiques par la transition numérique. La thématique
de la transition numérique, pourtant d
­ ’actualité depuis 20 ans, a toujours été
absente – ou reléguée au second plan – lors de nos grandes échéances élec-
torales. Les prochaines, celles de 2017, peuvent perpétuer cette routine…
ou redonner à la France la capacité de maîtriser son destin.

Document 3

Quelle place et quel statut pour le travail humain


dans la société de demain ?

Le numérique interroge les formes traditionnelles de production

Les nouveaux outils numériques favorisent ­l’apparition de modes de produc-


tion nouveaux, qui interrogent les formes traditionnelles de production,
­jusqu’alors principalement fondées sur ­l’appartenance à une entreprise,
sur le salariat. En effet les structurations en réseau distribué favorisent la
mise en place de projets fondés sur la contribution volontaire d ­ ’un ensemble
­d’individus, qui peuvent eux-­mêmes participer à plusieurs projets en même
temps : ­c’est le modèle du logiciel libre, mais également celui des plate-
formes de travail à la demande. Les nouveautés sont à ­l’origine de formes
­ ’entreprises, fondées sur la multi-­appartenance et la contribution
nouvelles d
T echnologique

sporadique validée par les pairs, et productrices ­d’externalités. Au-­delà


des changements des modèles d ­ ’organisation et d­ ’affaire des entreprises,
­c’est donc la manière de travailler qui est profondément mise en question.
ÉCONOMIE

­L’augmentation importante des gains de productivité conduit également


à une diminution des coûts de production, qui a pu nourrir des visions
prospectives sur une nouvelle répartition entre capital et travail : du fait de la
baisse du coût marginal de production, la société entrerait dans une société
­d’abondance, où ­l’apport en capital privé ne serait plus nécessaire. Cela
entraînerait une modification radicale du capitalisme et donnerait à chaque

ANNALES CCIR 2017-2018 l 309

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 309 13/10/2017 11:35


S UJET

individu le moyen de produire ce dont il a besoin à moindre coût dans des


ateliers de fabrication communs.

Peut-­on mesurer le nombre ­d’emplois détruits par les machines ?

ESSEC Si la question du « chômage technologique », selon les mots de Keynes, ne


date pas de la transition numérique, elle a resurgi dans ­l’actualité du fait des
capacités nouvelles des machines automatiques associées à ­l’intelligence
artificielle. À cet égard les avancées de la recherche dans le domaine du
machine learning, ­c’est-­à‑dire des capacités ­d’apprentissage des machines,
semblent augmenter largement les probabilités d ­ ’automatisation des acti-
vités humaines. ­C’est pourquoi des études ont récemment été menées
pour mesurer l­’impact potentiel du développement de l­’automatisation sur
­l’emploi et ont été à ­l’origine de controverses importantes à propos de
leurs résultats.
­L’étude menée à ­l’université ­d’Oxford par Carl Frey et Michael Osborne
a été particulièrement discutée. Les auteurs ont établi, pour chaque fonc-
tion professionnelle, la probabilité d­ ’automatisation, suivant deux critères :
– le caractère répétitif/routinier des tâches concernées (qu’elles soient
manuelles ou cognitives) ; – la distance technologique à parcourir pour
que soit possible l­’automatisation de cette tâche. Cette étude, qui porte
sur les États-­Unis à horizon 20 ans, conclut que 47 % des emplois ont une
probabilité forte ­d’être automatisés, 19 % une probabilité moyenne et 33 %
une probabilité faible.
Le cabinet Roland Berger a également publié une étude sur les probabilités
­d’automatisation des emplois ­d’ici 2025 en France, en reprenant largement
la méthode de l­’étude d ­ ’Oxford et en y intégrant une observation mise
à jour de la maturité des tendances technologiques (mégadonnées – big
data –, robotique, voiture autonome, cloud…) ainsi que de la présence fran-
çaise dans ces secteurs. Cette étude conclut que 20 % des tâches seront
automatisables, ce qui signifie 42 % des métiers hautement susceptibles
­d’automatisation.
Source : Rapport « Travail, emploi, numérique : les nouvelles trajectoires »,
Conseil national du numérique, Janvier 2016 (pages 15 à 20).

Document 4

­L’économie numérique et ­l’emploi

Le développement de l­’économie numérique provoque la disparition tendan-


T echnologique

cielle ­d’un certain nombre de professions. Ce phénomène prend plusieurs


formes :
– ­l’automatisation de certaines tâches (notamment les plus « routinières ») :
ÉCONOMIE

elle concerne les professions ­d’ouvriers ou ­d’employés de bureau et, de


plus en plus, les métiers de la vente de détail et du service aux clients
(automatisation croissante des agences bancaires ou de ­l’accueil dans les
stations de métro) ;
– ­l’apprentissage : avec le développement de ­l’intelligence artificielle, en
particulier des algorithmes ­d’apprentissage, ­l’automatisation commence

310 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 310 13/10/2017 11:35


S UJET
à concerner des professions plus qualifiées qui, tels les avocats ou les
médecins, sont fondées sur la maîtrise de grandes bases de connaissances ;
– le report sur ­l’utilisateur final : les technologies numériques permettent
­d’équiper les utilisateurs des outils nécessaires pour exécuter eux-­mêmes
certaines tâches, faisant disparaître les professions correspondantes (par
exemple, ­l’achat en ligne affecte la profession de vendeur en magasin) ;
ESSEC
– le report sur la multitude : dans certains cas, ce ­n’est pas le consomma-
teur lui-­même qui prend en charge la production, mais la multitude des
internautes. Le « travail gratuit » des individus tend à évincer certaines profes-
sions (les rédacteurs de guides de voyage sont évincés par TripAdvisor,
les rédacteurs ­d’encyclopédies, par Wikipedia voire les journalistes par les
bloggeurs) ;
– la concurrence des amateurs : les technologies numériques permettent
­d’équiper des individus pour ­qu’ils puissent offrir un produit souvent moins
cher et ­d’une qualité supérieure par rapport aux professionnels (par exemple,
AirBnB permet à une multitude ­d’amateurs de concurrencer directement les
hôteliers professionnels).
­L’inquiétude grandit donc ­s’agissant de ­l’effet du numérique sur ­l’emploi.
Certaines professions réglementées se voient menacées face à ­l’arrivée
de nouveaux acteurs : chauffeurs de taxi, libraires, hôteliers se mobilisent
pour dénoncer les risques que l­’économie numérique fait peser sur eux et
se protéger contre ce qui est souvent qualifié de « concurrence déloyale ».
Les métiers « routiniers », qui correspondent à ­l’essentiel des professions
intermédiaires dans la distribution des revenus, se raréfient du fait de
­l’automatisation. Ces emplois (ouvriers, employés de bureau, etc.) sont
exercés par un segment de la main ­d’œuvre particulièrement nombreux et
emblématique : les travailleurs des classes moyennes, pour la plupart sala-
riés – ceux-­là mêmes qui sont au cœur de notre modèle social et dominent
notre représentation du monde du travail.

Transition numérique et polarisation du marché du travail

­ ’emploi numérique n
L ­ ’est pas constitué que d ­ ’ingénieurs informatiques ;
ce sont aussi les chauffeurs de VTC, les emplois logistiques de la vente en
ligne, les particuliers qui offrent des prestations touristiques, des travaux de
réparation, etc. L­ ’économie numérique n ­ ’exclut donc pas du tissu productif
les travailleurs moins qualifiés. En revanche, elle tend à les déplacer de
métiers routiniers, facilement automatisables, vers des tâches qui reposent
sur des interactions humaines, pour lesquelles le robot ou l­’ordinateur ne
sont pas de bons substituts. Il en résulte une polarisation du marché du
travail. Tandis que les professions intermédiaires, situées au milieu de la
T echnologique

distribution des salaires, tendent à se raréfier, ­l’économie numérique crée


principalement deux catégories ­d’emplois : ­d’une part, des emplois bien
rémunérés, à dimension managériale ou créative, requérant une qualification
élevée ; ­d’autre part, des emplois peu qualifiés et non routiniers, largement
ÉCONOMIE

concentrés dans les services à la personne, qui sont peu rémunérés car
leur productivité reste faible.
Ce phénomène est perceptible dans toutes les économies avancées. En
France, on observe depuis 1990 une réduction du poids des catégories
socioprofessionnelles intermédiaires dans la population active et une hausse
conjointe des catégories très rémunérées ou peu rémunérées. Cette « courbe

ANNALES CCIR 2017-2018 l 311

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 311 13/10/2017 11:35


S UJET

en U » est la signature du phénomène de polarisation (graphique 2). La


France se distingue toutefois par sa difficulté à créer ces emplois peu
qualifiés : la moitié de la différence entre le taux ­d’emploi aux États-­Unis
et en France ­s’explique par un déficit ­d’emploi dans le commerce et
­l’hôtellerie-­restauration, secteurs intensifs en main d ­ ’œuvre peu qualifiée.
Les causes sont connues : en dépit des politiques continues de diminution
ESSEC
du coût du travail, celui-­ci reste élevé pour les entreprises au niveau du SMIC
(en particulier dans les zones où la productivité est plus faible), tandis que
le droit du travail fait de la décision d­ ’embauche en contrat à durée indéter-
minée (CDI) une décision risquée, notamment dans le cas d ­ ’un travailleur
sans diplôme et sans expérience.

Le numérique et le renouveau du travailleur indépendant

Le travail peu qualifié dans ­l’économie numérique prend souvent la forme


­ ’une activité indépendante plutôt que salariée. ­C’est par exemple le
d
cas des chauffeurs de VTC : chaque « micro-­entrepreneur » se branche
indépendamment sur la plate-­forme et y développe une réputation indivi-
duelle sur la qualité de son service. Alors q ­ u’elle était en recul depuis les
années 1970, la part des non-­salariés dans l­’emploi total se redresse depuis
2001 (graphique 3). Le succès du statut ­d’auto-­entrepreneur, dont 33 %
exercent toutefois une activité salariée en parallèle, témoigne de cette évolu-
tion. ­L’économie numérique favorise ­l’émergence du travail indépendant
pour plusieurs raisons. ­L’externalisation est plus facile tant pour les entre-
prises du fait de la baisse des coûts de transaction que pour les travailleurs
dont le coût des actifs nécessaires à ­l’exercice de leur métier a beaucoup
diminué. La possibilité ­d’appariement direct avec les clients sur les plates-­
formes permet au travailleur indépendant de bénéficier ­d’une flexibilité sur
ses horaires et de combiner plusieurs activités. L ­ ’individualisation de la
réputation des prestataires affaiblit ­l’avantage organisationnel du salariat
(l’entreprise individuelle donne naturellement des incitations plus fortes à la
performance). Enfin, dans le cas de la France, le statut ­d’auto-­entrepreneur
constitue une alternative simple et fiscalement avantageuse. Ce retour du
travail indépendant et ­l’émergence de la pluriactivité constituent des défis
pour un modèle social calibré sur la prédominance du salariat. L ­ ’accès au
logement et au marché du crédit est plus difficile pour les travailleurs ­n’ayant
pas un CDI, même lorsque leurs revenus ne sont pas incertains.
On peut craindre également que les nouveaux indépendants sous-­épargnent
par myopie ou manque d ­ ’information sur les niveaux de pension auxquels
ils ont droit dans le cadre de leur régime de retraite. Contrairement à des
professions traditionnellement exercées par des travailleurs indépendants
T echnologique

(commerçants, médecins libéraux, chauffeurs de taxi), les travailleurs indé-


pendants du numérique ­n’immobilisent pas au long de leur carrière un actif
tel q­ u’un fonds de commerce ou une licence de taxi. Faute de cette modalité
­d’épargne individuelle, ­l’arrivée à ­l’âge de la retraite de cette population
ÉCONOMIE

pourrait révéler des difficultés économiques inédites.

312 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 312 13/10/2017 11:35


S UJET
ESSEC

Source : Économie numérique, Notes du CAE, Octobre 2015.

SECONDE PARTIE : REFLEXION ARGUMENTEE


T echnologique

Sujet : ­L’économie numérique est-­elle à ­l’origine ­d’une nouvelle phase


de croissance économique ?
ÉCONOMIE

ANNALES CCIR 2017-2018 l 313

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 313 13/10/2017 11:35


ESSEC
C
ORRIGÉ
Par Frédérique Larchevêque, professeur de chaire supérieure au lycée
Michelet, à Vanves.
Doc

Corrigé de la note de synthèse


C ORRIGÉ

­ ’ensemble documentaire comporte 4 documents textuels complétés par


L
deux graphiques pour un total de 2 760 mots environ, titres et sources des
documents compris. C ­ ’est plus de 700 mots environ de plus que le sujet
de ­l’année dernière sur la stagnation séculaire. ­L’ensemble documentaire
nécessitait donc un temps de lecture plus important, ce qui, compte tenu
de la longueur de l­’épreuve dans sa globalité, représentait une difficulté
supplémentaire pour les candidats un peu lents et perfectionnistes !
Fait invariant en revanche, la consigne indique l­’objet sur lequel doit porter
la note. Il ­s’agissait cette année de concevoir une note sur « ­l’économie
numérique en France ». Comme les deux années précédentes où les notes
devaient porter « sur la stagnation séculaire » ou « le phénomène des
NEET en France », la notion ­d’économie numérique ­n’est pas en soi un
concept des programmes. Il convenait donc de se l­’approprier par sa lecture
compréhensive de ­l’ensemble documentaire.
En principe, le libellé du sujet de la note de synthèse permet de sélec-
tionner plus facilement les idées principales, de concevoir son introduction
en identifiant plus facilement le problème posé et enfin de construire le
plan de sa note.
Doc
• L’ensemble documentaire dans le programme
­L ’ensemble documentaire s­ ’inscrit à  titre principal dans le cadre du
module II, Conditions et finalités de la croissance, qui prévoit au point 2.1
sur les facteurs de production, ­l’étude de la population active et des quali-
fications et au point 2.1.3 ­l’étude du progrès technique.

Module II Conditions et finalités de la croissance


2.1 Les facteurs de production
2.1.1 Le facteur travail, ­l’évolution de la population active et des qualifications
2.1.3 Le progrès technique

À titre plus accessoire, l­’ensemble documentaire portait aussi sur certaines


connaissances du module I du programme, Introduction au fonctionnement
de ­l’économie qui prévoit notamment au point 1.2 Le fonctionnement de
­l’économie de marché, l­’étude des structures de marché et les stratégies
T echnologique

des firmes.

Module I Introduction au fonctionnement de ­l’économie


ÉCONOMIE

1.2 Le fonctionnement de ­l’économie de marché


1.2.3 Les structures de marché et les stratégies des firmes

• Le recensement des idées principales


Le recensement des idées principales de l­’ensemble documentaire constitue
la base du travail préparatoire. Sa qualité dépend, ­d’une part de votre capa-
cité à distinguer les idées principales des idées plus accessoires et ­d’autre

314 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 314 13/10/2017 11:35


part de votre capacité à les reformuler de façon personnelle sans contresens
et sans jugement de valeur.
ESSEC

Document 1

Économie numérique : définition

C ORRIGÉ
Idée 1 : L’économie numérique ­n’a pas de définition exacte définitivement
arrêtée.
­C’est ­d’abord « ­l’utilisation des nouvelles technologies du numérique, par
exemple, Internet »
­C’est aussi pour ­l’office australien des statistiques, « un réseau mondial des
activités économiques activées par des plateformes numériques ».
Enfin, l­’Insee l­’assimile aux secteurs producteurs des technologies de
­l’information et de la communication, regroupant ainsi, les secteurs de
­l’informatique, des télécommunications et de l­’électronique, pour en évaluer
la dimension.

Idée 2 : L’économie numérique a la particularité d


­ ’être un ensemble de tech-
nologies transverses à tous les secteurs économiques et c ­ ’est pourquoi
les effets de sa diffusion sur ­l’économie sont nombreux : sur les variables
macroéconomiques de croissance et de productivité, sur ­l’environnement
des agents et donc sur leurs comportements économiques.

Document 2

La transition numérique de ­l’économie

Idée 1 : La diffusion des outils numériques crée des transformations


majeures de nos modes de production et de consommation encore assez
mal comprises des élites économiques. Elles se traduisent par une exposi-
tion des acteurs traditionnels de plusieurs marchés à une concurrence de
nouveaux entrants dynamiques.

Idée 2 : La transition numérique crée un mouvement de destruction-­créatrice


­d’emplois  :
– des destructions d­ ’emploi dans les entreprises des secteurs traditionnels,
obligées de se restructurer face à leurs nouveaux concurrents ;
– des créations ­d’emplois dans le numérique, mais bridées pour deux
raisons principales : ­l’existence de barrières réglementaires qui entravent
T echnologique

la croissance de ces entreprises et le manque de travailleurs disposant des


compétences demandées.
ÉCONOMIE

Idée 3 : La transition numérique crée une tendance à la polarisation de


­l’emploi.
Avec la révolution numérique, deux types ­d’emplois se développent :
– les emplois très peu qualifiés (services à la personne) car ces emplois
relationnels sont très peu routiniers et automatisables ;

ANNALES CCIR 2017-2018 l 315

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 315 13/10/2017 11:35


– les emplois très qualifiés peu automatisables car constitués de tâches Doc
complexes.
ESSEC À ­l’inverse, on assiste à une réduction des emplois qualifiés, mais auto-
matisables, occupés par les classes moyennes dont la situation relative se
dégrade (modération salariale, difficulté ­d’accès à ­l’emploi, sentiment de
déclassement).
Une telle polarisation de l­’emploi participe à ­l’accroissement des inégalités
C ORRIGÉ

et explique le développement de certaines peurs et résistances.

Idée 4 : La résistance des élites économiques et politiques à la transition


numérique.
– Les dirigeants des entreprises des secteurs traditionnels critiquent leurs
concurrents, crient à la concurrence déloyale, plutôt que de chercher
à ­s’adapter.
– Dans de nombreux secteurs économiques, les acteurs de la vieille
économie se mobilisent pour ralentir ­l’expansion des innovations de rupture.
– Les responsables politiques ­n’encouragent pas la transition numérique
et préfèrent défendre les intérêts en place. Il en résulte un immobilisme de
­l’économie française qui risque de faire passer la France à coté de cette
révolution.

Idée 5 : Une urgence, accepter et préparer la transition numérique.


Redéploiement de la politique économique qui doit :
– mieux orienter ­l’épargne vers le financement des innovations de rupture ;
– réformer la protection sociale pour ­l’adapter aux nouveaux risques du
numérique ;
– soutenir ­l’économie numérique face aux leaders du passé.

Document 3

Quelle place et quel statut pour le travail humain dans la société


de demain ?

Idée 1 : Le numérique transforme le système productif sous plusieurs


aspects fondamentaux :
– la relation des travailleurs à ­l’entreprise qui, de travailleurs subordonnés
se font de plus en plus des collaborateurs volontaires indépendants
juridiquement ;
– ­l’apparition de nouvelles formes ­d’entreprises moins structurées et
hiérarchisées ;
– et ­l’hypothèse prospective ­d’une transformation du capitalisme.
T echnologique

Idée 2 : La mesure des emplois détruits par le numérique.


Le risque de substitution du progrès technique numérique à ­l’emploi fait
ressurgir des craintes dont-­il convient de prendre ­l’exacte mesure.
ÉCONOMIE

– ­L’étude Osborne et Frey estime à 47 % la part des emplois/professions


ayant une probabilité forte ­d’être automatisés et donc supprimés.
– ­L’étude Berger estime que 20 % des tâches seraient automatisables ­d’ici
20 ans et à 42 % la part des métiers menacés.
Le sujet est débattu.

316 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 316 13/10/2017 11:36


Document 4

L’économie numérique et l­’emploi ESSEC

Idée 1 : Les principales raisons pour lesquelles le numérique fait dispa-


raître certaines professions au contenu fait de tâches routinières (emplois
de bureau, ouvriers, occupés par les classes moyennes) :

C ORRIGÉ
– ­l’automatisation des tâches les plus simples routinières ;
– le développement de capacités ­d’apprentissage qui permet aux machines
intelligentes de se substituer à des tâches plus complexes réalisées par
­l’homme  ;
– le report de certaines tâches confiées désormais à ­l’utilisateur final ;
– le fait que les producteurs des services deviennent des non professionnels
sur de nombreux marchés (transport de personnes). Les professionnels du
secteur résistent au nom ­d’une concurrence déloyale qui leur serait faite.

Idée 2 : La polarisation de l­’emploi sur le marché du travail (graphique 7


intégré)
La révolution numérique crée deux types ­d’emploi, des emplois très qualifiés,
mais également des emplois peu qualifiés qui reposent sur des interactions
humaines et vers lesquels glissent les emplois intermédiaires occupés par
les classes moyennes.
Le graphique permet de mesurer cette tendance à la polarisation de ­l’emploi
et son caractère asymétrique en France.
Polarisation : les emplois très qualifiés sont en forte croissance relative (35 %
plus rapide que la moyenne), les emplois intermédiaires se réduisent, et
les emplois peu qualifiés augmentent, mais moins vite que dans un pays
comme les États-­Unis.
Les raisons pour lesquelles, la France crée moins d ­ ’emplois moins qualifiés
­qu’aux États-­Unis  :
– le coût du travail plus élevé au voisinage du SMIC malgré les allègements
de cotisations sociales ;
– une réglementation du marché du travail défavorable à ­l’embauche en
CDI.

Idée 3 : Le développement du travail indépendant (graphique 3 intégré)


La part des travailleurs non salariés se redresse depuis le milieu des
années 2000 pour atteindre environ 10 % de ­l’emploi total après avoir baissé
régulièrement passant de 20 % des emplois en 1970 à 8 % au début des
années 2000.
­L’essor du travail indépendant ­s’explique par :
– la création du statut ­d’auto entrepreneur fiscalement attractif ;
T echnologique

– une stratégie ­d’externalisation rendue moins couteuse pour le donneur


­d’ordre et le travailleur ;
– la souplesse du système des plateformes numériques.
ÉCONOMIE

Mais peut faire craindre pour ces travailleurs une impréparation de leur
retraite future et donc une paupérisation faute de constitution ­d’un actif
tangible monnayable en fin de carrière.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 317

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 317 13/10/2017 11:36


Note de synthèse proposée en 550 mots

ESSEC Il ­n’existe pas un seul plan possible pour rendre compte de ­l’ensemble docu-
mentaire proposé. Alors que le recensement des idées exige la plus stricte
neutralité et objectivité, la conception du plan est par nature plus person-
nelle à condition ­qu’il soit cohérent et respectueux des idées énoncées
dans ­l’ensemble documentaire. Le recensement des idées nous a permis
C ORRIGÉ

­d’identifier les principaux répertoires d­ ’idées. Il convient maintenant de les


organiser dans un plan, de rédiger en reformulant ces idées de façon person-
nelle pour au final donner du sens à sa note.

Introduction rappel de méthode


Courte et précise, ­l’introduction a deux fonctions essentielles. Elle énonce
­d’abord avec précision le problème central soulevé dans ­l’ensemble docu-
mentaire, puis elle propose au lecteur un guide clair du plan de la note.
­L’introduction débute par une entrée en matière qui reprend une idée,
un exemple, une donnée chiffrée en lien avec le problème abordé par
­l’ensemble documentaire.

Proposition rédigée (93 mots)

En ­l’absence de définition officielle, l­’économie numérique est assimilée


par l­’Insee à ­l’ensemble des secteurs producteurs de TIC, informatique,
télécommunications et électronique. Cette simplification masque le fait que
les technologies numériques ont la particularité ­d’être transverses à tous
les secteurs ­d’activité et ­d’être les vecteurs ­d’une transformation majeure
de nos modes de production et de consommation.
Prend-­t‑on vraiment en compte les effets de la transition numérique dans
laquelle la France se trouve engagée ?
La transition numérique a des effets sur le marché du travail (I) et suscite
des résistances ­qu’il conviendrait de surmonter (II).

Le développement, rappel de méthode


Le lecteur doit repérer aisément le plan choisi l­orsqu’il découvrira votre
note de synthèse. Il convient donc de ­l’organiser en deux ou trois parties
clairement annoncées par une phrase courte. Le plan proposé correspond
à un réagencement ordonné des idées qui permet de rendre compte avec
exactitude de ­l’ensemble documentaire. Il est important que votre note de
synthèse soit porteuse de sens.
T echnologique

Proposition rédigée (440 mots)


ÉCONOMIE

I. Les effets de la transition numérique sur le marché du travail

A/ Des craintes pour ­l’emploi


La diffusion actuelle des technologies numériques fait ressurgir les vieilles
craintes pour ­l’emploi. Ainsi, les études réalisées par Osborne ou le cabinet
Berger estiment entre 42 et 47 % la part des professions potentiellement
menacées. Les plus exposées sont les professions aux tâches les plus

318 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 318 13/10/2017 11:36


routinières, mais ­d’autres, aux tâches plus complexes le sont aussi. Il est
devenu également possible de transférer aux consommateurs ou aux inter-
nautes des opérations autrefois confiées à des salariés. ESSEC

B/ Une transformation de ­l’emploi


Les pays avancés connaissent une tendance à la polarisation de ­l’emploi
aux deux extrêmes des niveaux de qualification et de rémunération. En

C ORRIGÉ
France, les emplois très qualifiés ont augmenté 35 % plus rapidement que
la moyenne, les emplois peu qualifiés qui exercent des professions où le
relationnel est prédominant 20 % de plus, soit beaucoup moins ­qu’aux États-­
Unis. Cette polarisation explique ­l’accroissement des inégalités.
Le numérique transforme la relation des travailleurs à ­l’entreprise et ­l’on
enregistre une progression du travail indépendant. Même si on est loin
des 20 % de ­l’emploi total en 1970, la part des travailleurs non salariés se
redresse depuis le milieu des années 2000 pour atteindre 10 % de l­’emploi
total contre 8 % au début des années 2000.

II. La transition numérique appelle des réformes

A/ La transition numérique fait des perdants


La transition numérique expose les acteurs traditionnels à une concurrence
de nouveaux entrants innovants. Or, plutôt que d ­ ’essayer de ­s’adapter, ces
acteurs adoptent une position défensive consistant à critiquer leurs concur-
rents en criant à la concurrence déloyale pour tenter de ralentir ­l’expansion
des innovations de rupture.
La polarisation de l­’emploi expose les classes moyennes à une dégradation
de leur situation. Ces utilisateurs des nouvelles technologies subissent la
réduction de leurs emplois et de la richesse q
­ u’ils se partagent. Leur pouvoir
­d’achat se dégrade et apparaît un sentiment de déclassement sur lequel
prospère un fort ressentiment socialement déstabilisateur.

B/ Adapter la France à la transition numérique


La responsabilité des élites politiques est de soutenir l­’économie numérique
plutôt que de chercher à protéger les leaders du passé.
Le potentiel de créations d ­ ’emplois dans le numérique pourrait être libéré
à condition de lever les barrières réglementaires et de réformer le système
éducatif pour améliorer ­l’appariement sur le marché du travail.
­L’enjeu est aussi ­d’élever le taux ­d’emploi dans les secteurs pourvoyeurs
­d’emplois peu qualifiés, ­aujourd’hui pénalisés par un salaire minimum trop
élevé et une réglementation du marché du travail défavorable à ­l’embauche
en CDI.
T echnologique

Enfin, il conviendrait ­d’orienter ­l’épargne vers le financement des innova-


tions de rupture, et ­d’adapter la protection sociale aux problématiques des
nouveaux indépendants.
ÉCONOMIE

Conclure, rappel de méthode

La conclusion de la note de synthèse doit être courte. Il n


­ ’est pas question,
comme dans une dissertation, de faire le résumé des idées énoncées dans
le développement ou bien encore de chercher à ouvrir des perspectives.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 319

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 319 13/10/2017 11:36


Une bonne conclusion ne dépasse pas deux ou trois lignes et consiste
à répondre, dans l­’esprit de ­l’ensemble documentaire, au problème posé.
ESSEC Il peut être adroit ­d’utiliser une idée importante qui ­n’aura pas eu sa place
dans le développement.

Proposition rédigée (19 mots)


C ORRIGÉ

La France court le risque le risque de ­l’immobilisme qui lui ferait manquer


les opportunités de la révolution numérique.

SECONDE PARTIE

Sujet : ­L’économie numérique est-­elle à ­l’origine ­d’une nouvelle vague de


croissance économique ?

• Le sujet de réflexion argumentée dans le programme


Le sujet de la session précédente, « productivité et croissance » était intem-
porel et s­ ’apparentait à une question de cours, celui de cette session est plus
ambitieux, car il touche à ­l’un des débats les plus vifs qui agite a ­ ujourd’hui la
communauté des économistes. On peut le résumer ainsi en substance : oui
ou non, peut-­on attendre du progrès technique issu de ­l’actuelle révolution
numérique une nouvelle vague de prospérité économique ?
Le libellé du sujet n ­ ’était pas difficile à comprendre. Construit autour de
deux expressions, « économie numérique » et « vague de croissance », il
invitait à se demander si ­l’une est « ­l’origine », autrement dit la cause (ou
pas) de ­l’autre.
Le sujet était donc relié à un contexte précis, celui du développement de
­l’économie numérique. Si le concepteur était resté dans la logique de l­’année
précédente, il aurait posé la question suivante : « pourquoi le progrès tech-
nique est-­il à ­l’origine ­d’une vague de croissance ? » ou plus simplement,
« progrès technique et vague de croissance ». La formulation plus géné-
rale aurait permis au concepteur ­d’évaluer la maitrise par les étudiants des
grands faits économiques et des principales théories qui ont mis en évidence
les canaux de transmission par lesquels la diffusion du progrès technique
impacte la croissance économique.
Formulé comme il l­’était, le sujet était plus précis et donc plus difficile. Il
imposait de connaître les données macroéconomiques relatives aux évolu-
tions de la productivité et de la croissance contemporaines, les principales
étapes de la diffusion de ­l’économie numérique depuis les années 1990 dans
les principaux pays avancés et enfin, les termes du débat économique sur
T echnologique

les liens existants entre les unes et les autres.


Pour traiter le sujet, il ne suffisait donc pas de maitriser les termes du débat,
mais de connaître quelques indicateurs chiffrés importants.
Concrètement, le sujet portait sur des connaissances relatives au module 2
ÉCONOMIE

du programme.

Module 2 : « Conditions et finalités de la croissance »


Dans son point 1, ce module comprend ­l’étude du progrès technique et de la
productivité. Dans son point 2, il prévoit l­’étude de la mesure et du caractère

320 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 320 13/10/2017 11:36


cyclique de la croissance économique, puis ses déterminants à long terme
et la croissance potentielle.
ESSEC
Module II Conditions et finalités de la croissance
2.1 Les facteurs de production
2.1.3 Le progrès technique
2.1.4 (…) La productivité

C ORRIGÉ
2.2 L’analyse de la croissance
2.2.1 La quantification, le caractère cyclique de la croissance économique
2.2.3 Les déterminants à  long terme de la croissance ; la croissance
potentielle

• Commentaires associés au programme


­ ’étude de la croissance justifie une analyse de ­l’évaluation de la valeur
L
produite par des agrégats comme le produit intérieur brut, mesuré au niveau
­d’un pays ou rapporté à la population ou par tête. Il sera important de la
compléter par ­l’interprétation de séries temporelles de données chiffrées
concernant divers pays dont la France, qui n­ ’est q
­ u’une référence privilégiée
parmi ­d’autres.

• Le sujet dans ­l’actualité économique


­ ’est une constante maintenant, le sujet de réflexion argumentée de ­l’Essec
C
est étroitement lié à ­l’ensemble documentaire à synthétiser et porte sur un
débat économique contemporain. La note de synthèse portait sur les effets
de ­l’économie numérique sur ­l’emploi, et le sujet de réflexion argumentée
sur la réalité de ses effets sur la croissance à long terme. Les sujets étaient
donc complémentaires, sans se recouper. Il était donc impossible de traiter
efficacement le sujet en s­ ’appuyant sur les seules informations commu-
niquées par ­l’ensemble documentaire. Néanmoins, on pouvait gagner un
temps précieux à ­s’inspirer de ­l’une des définitions données de ­l’économie
numérique et surtout, il était astucieux de relever la référence au paradoxe
­d’une révolution numérique sans gains de productivité. Quant on sait que les
gains de productivité sont un carburant fondamental de la croissance à long
terme, relever cette observation était utile pour orienter sa propre réflexion.

• ­L’analyse du libellé du sujet


­C’est le préalable indispensable pour justifier son plan et préparer le rassem-
blement des arguments factuels et théoriques.
Comme vous disposez de très peu de temps, il convient ­d’identifier rapi-
dement les termes ou expressions clés du sujet, puis de travailler sur leurs
relations logiques signalées ici par le terme « origine ».
Dans le cas présent, le libellé du sujet était formulé de façon interroga-
T echnologique

tive et donc plus simple que les années précédentes. En effet, les sujets,
« productivité et croissance » (session 2016) ou « fiscalité et compétitivité »
(session 2014) imposaient une réflexion sur les relations d ­ ’interdépendance
ÉCONOMIE

entre les termes du sujet et la nature de ces relations de complémenta-


rité, ­d’opposition ou de causalité. Le plan est alors plus difficile à trouver
alors même que la contrainte de temps est très forte dans cette épreuve
­d’économie et droit.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 321

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 321 13/10/2017 11:36


Partir de définitions précises des deux notions : encore beaucoup trop
de candidats négligent ce travail de définition des concepts du libellé
ESSEC du sujet. ­C’est un grand tort, car les définitions sont évaluées et surtout
permettent à la fois de mieux recenser les idées utiles de son cours et de
justifier son plan. Ici, il convenait de définir même succinctement les notions
« ­d’économie numérique » et de « vague de croissance ». ­L’économie numé-
rique n ­ ’est pas un concept du programme, puisque rappelons-­le seule la
C ORRIGÉ

notion de progrès technique est présente. Mais, ce ­n’était pas un obstacle


insurmontable puisque la note de synthèse en donnait les éléments impor-
tants et permettait de relier la notion aux TIC en principe bien connues.
­Qu’est-­ce ­qu’une vague de croissance ? La vague ­n’est pas en soi un
concept économique, mais il paraît judicieux de traduire ce terme par
« phase » en référence aux phases ­d’un cycle long de croissance.
Quant à la croissance, il convenait de bien saisir que seuls ses déterminants
à long terme pouvait ici nous intéresser. En l­’occurrence, il s­ ’agissait de
­s’intéresser aux facteurs d ­ ’offre, emploi, capital et progrès technique, ce
dernier étant mesuré indirectement par la productivité globale des facteurs
(PGF).

Le sujet est replacé dans son contexte temporel (depuis quand ?) et


spatial (dans quel lieu géographique ?) : ­l’économie numérique renvoie
à ce que les historiens du progrès technique désignent sous le terme de
3e révolution industrielle ou de révolution des technologies de l­’information
et de la communication (TIC). Née dans les années 1970 avec les inventions
du microprocesseur et de l­’ordinateur, puis le développement de l­’Internet
auprès du grand public au cours des années 1990, cette nouvelle économie
numérique a la particularité de transformer nos façons de produire et de
consommer et d ­ ’être susceptible d
­ ’applications à ­l’ensemble des secteurs
économiques. Les TIC sont donc ce que ­l’on appelle des technologies
génériques.
­L’économie numérique est née aux États-­Unis, pays actuellement à la fron-
tière technologique. Ainsi, le réseau Internet est-­il une invention américaine.
­C’est donc dans ce pays que la production et la diffusion des technolo-
gies de l­’information et de la communication ont donné lieu à une vague
­d’accélération des gains de productivité et de la croissance au cours des
années 1990. Mais, cette accélération ­n’a pas été durable, et, au-­delà
­d’une phase de rattrapage, plus ou moins bien réussie et complète, des
autres pays avancés, on observe un affaiblissement important des gains de
productivité et de la croissance potentielle. Il importait donc de connaître
les indicateurs récents de l­’évolution de la productivité et de la croissance
et surtout la nature des arguments échangés entre ceux qui voient dans
­l’actuelle révolution numérique, un potentiel de croissance et de prospérité
T echnologique

comparable aux précédentes révolutions technologiques et ceux qui ne


voient rien dans les données statistiques de productivité et de croissance
et ­s’interrogent donc sur la nature des innovations actuelles.
ÉCONOMIE

Focaliser son analyse sur la relation entre les deux notions


Le sujet invitait à  répondre à  la question en intégrant les termes du
débat en cours entre ceux que ­l’on appelle les techno-­optimistes et les
7. Il e
techno-­pessimistes plate
insuf
à par

322 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 322 13/10/2017 11:36


I. Les arguments des techno-­pessimistes

En substance, on montre que l­’économique numérique n ­ ’a pas produit ESSEC


de rebond durable des gains de productivité et de la croissance dans les
pays avancés et que l­’épisode américain des années 1990 ­n’a été ­qu’une
parenthèse non reproductible. ­L’économie numérique ne serait donc pas
­l’origine ­d’une nouvelle vague de croissance et il va falloir s­ ’habituer à une

C ORRIGÉ
faible croissance que certains auteurs désignent par le terme de stagnation
séculaire7.

II. Les arguments des techno-­optimistes

Les techno-­pessimistes pensent au contraire que ­l’économie numérique ­n’a


pas donné loin de là tout son potentiel, que l­’on a finalement encore rien
vu. Ils développent deux arguments principaux : ­d’une part, ils pointent une
certaine inadaptation de nos appareils statistiques à prendre l­’exacte mesure
de la production de services numériques qui serait alors sous estimée et
­d’autre part ­qu’existeraient des freins importants empêchant de tirer vrai-
ment parti de la révolution numérique en cours.

Il était possible de proposer un autre plan également intéressant.


I. Les effets de l­’économie numérique sur la croissance à long terme
de nos économies sont a ­ ujourd’hui encore inconnus et donc l­’objet
­d’un débat
II. Les implications des termes du débat sur les orientations de politique
économique à mettre en place

Ne pas confondre le libellé du sujet et l­’expression de la problématique


La question posée n ­ ’est pas la problématique ou la reformulation du sujet.
En ­s’appuyant sur une bonne définition des termes du sujet et sur les
connaissances induites, plusieurs questions pouvaient être posées. Nous
en proposons quelques unes pour marquer le champ des possibles et bien
souligner ­qu’il ­n’existe pas de plan « attendu » de la part des correcteurs.
­L’économie numérique est-­elle en mesure de créer les conditions ­d’un
progrès économique comparable à celui qui a suivi l­’avènement de la
machine à valeur ou plus tard de ­l’électricité et de ­l’automobile ?
Par quels canaux de transmission et à quelles conditions l­’économie numé-
rique peut-­elle créer les conditions ­d’un redressement de la croissance
à long terme de nos économies ?
Mais compte tenu du temps relativement court dont vous disposez pour
rédiger votre réflexion argumentée, il ­n’est pas envisageable ­d’être exhaustif
sur un sujet aussi vaste. Il convient de faire un choix clair. Nous proposons
T echnologique

un exemple de traitement de ce sujet.


ÉCONOMIE

7. Il existe deux courants de pensée qui prédisent une entrée de nos économies avancées sur un long
plateau de croissance lente, les uns comme Larry Summers en situent l­’origine dans une demande globale
insuffisante que la baisse des taux d ­ ’intérêt ne suffit pas à relever et d
­ ’autres comme Robert Gordon
à partir ­d’une analyse des facteurs ­d’offre et notamment ­d’un certain épuisement du progrès technique.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 323

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 323 13/10/2017 11:36


PROPOSITION DE CORRIGÉ DU SUJET
DE RÉFLEXION ARGUMENTÉE
ESSEC

Rédiger ­l’introduction, quelques conseils de méthode


­L’introduction sert à capter l­’attention du correcteur. Elle doit donc être parti-
C ORRIGÉ

culièrement soignée et montrer sa compréhension de la question posée. Sa


construction est en quelque sorte un parcours imposé. Elle doit comporter :
– Une entrée en matière qui permet de situer la question dans son contexte.
Une référence à ­l’actualité économique est souvent efficace :
– Une définition relativement approfondie des termes et expressions clés
du libellé du sujet ;
– Une reformulation de la question posée qui prend appui sur la réflexion
sur les termes du sujet et leurs possibles liens logiques ;
– Une annonce du plan choisi en deux ou trois parties.

Proposition de corrigé rédigé

Une entrée en matière


Deux auteurs importants ont sérieusement mis en doute, la capacité de la
révolution numérique portée par ­l’internet et les TIC en général à produire
une nouvelle vague de prospérité économique. Robert Solow fut le premier
à émettre un doute avec cette formule prononcée en 1987, « les ordinateurs
sont partout, sauf dans les statistiques de productivité ». Le paradoxe de
Solow était né. Son auteur ­l’a cru solutionné avec la progression des gains
de productivité à partir du début des années 1990 aux États-­Unis. Le second
est ­l’historien de la croissance, Robert Gordon, qui en août 2012 publie un
article retentissant où ­l’on peut lire que « la croissance rapide observée au
cours des 250 dernières années pourrait bien être un épisode unique dans
­l’histoire de ­l’humanité. Le problème soulevé par les paradoxes de Solow et
de Gordon serait donc que le progrès technique porté par ­l’économie numé-
rique serait un progrès technique sans gains de productivité et promesse
­d’une croissance soutenue sur une longue période.
Cette thèse est fortement débattue et conduit à ­s’interroger sur les causes
de ­l’une des plus grandes énigmes de nos économies contemporaines,
­l’épuisement tendanciel des gains de productivité depuis les années 1970,
épuisement que ­l’irruption des innovations numériques ­n’a pas (encore)
suffit à interrompre.

On rassemble les éléments de définition


T echnologique

­L’économie numérique est une nouvelle branche de l­’économie qui étudie


les effets de la diffusion des technologies numériques depuis le début des
années 1970 sur les processus de production, de distribution, de vente
et de consommation des biens et services et leur impact macroécono-
ÉCONOMIE

mique. Elle désigne aussi l­’ensemble des applications qui découlent de la


capacité de numérisation des informations ­d’un support quelconque en
données que des technologies informatiques peuvent stocker, exploiter et
faire circuler via des réseaux. La numérisation de l­’information représente
un progrès technique qui achève de détacher ­l’information de tout support
physique. Les ordinateurs et les premiers microprocesseurs sont apparus

324 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 324 13/10/2017 11:36


dans les années 1970, le réseau internet en 1990, les smartphones dans
les années 2000, les technologies dites de big data et le développement
des plateformes d ­ ’intermédiation à partir de 2010. Ce que l­’on appelle aussi ESSEC
révolution numérique est donc un phénomène encore récent.
Les technologies numériques ont plusieurs caractéristiques écono-
miques. Elles représentent un progrès technique, d ­ ’abord parce que comme
tout progrès technique, elle permet une baisse des coûts de production. Ici,

C ORRIGÉ
­c’est le coût de l­’information qui a beaucoup baissé grâce à la progression
exponentielle de la puissance de calcul des machines numériques. Mais, ce
progrès technique a aussi ceci de particulier ­qu’il est générique. Bien loin
­d’être cantonné à un seul domaine ­d’activité, il peut être potentiellement
appliqué à tous les secteurs de l­’activité économique pour en améliorer la
performance, car tout est information.
Enfin, ­l’économie numérique se singularise par ­l’importance des effets de
réseau qui permettent de produire à rendements croissants : plus une activité
a de clients, plus elle est « productive », au sens où elle peut offrir un meilleur
service pour le même prix, ce qui attire de nouveaux clients, et ainsi de suite.
Le contenu des avancées technologiques en cours avec la révolution
numérique.
Dans son rapport, « Créer les conditions de la prochaine révolution de la
production » (2016), l­’OCDE a identifié 7 technologies numériques considé-
rées comme clés : le big data, la robotique avancée, le Cloud, l­’internet des
objets, l­’impression 3D, les biotechnologies et les nanotechnologies. De son
coté, le McKinsey Institute en avait retenu 12 en 2013.

Source : tiré de, Automatisation, numérisation et emploi, conseil ­d’orientation pour ­l’emploi,
janvier 2017, p. 17.
T echnologique

La croissance désigne l­’augmentation sur une longue période d ­ ’un indi-


cateur de dimension de l­’économie, généralement le produit intérieur brut.
À court terme, la croissance du PIB est tirée par les facteurs de demande
ÉCONOMIE

(consommation, investissement et commerce extérieur), tandis q ­ u’à long


terme, la croissance est portée par les facteurs ­d’offre, travail, capital et
progrès technique, vecteur de ­l’amélioration de la PGF.
Nous faisons ­l’hypothèse raisonnable ­qu’une « nouvelle vague de crois-
sance » renvoie à une phase de croissance maintenue sur une longue période
et non un choc conjoncturel de croissance. Sous cette acception, une vague

ANNALES CCIR 2017-2018 l 325

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 325 13/10/2017 11:36


de croissance ne peut ­s’expliquer dans nos économies par une accumu-
lation de facteurs de production qui bute nécessairement à un moment ou
ESSEC à un autre sur la loi des rendements décroissants. Une vague de croissance
maintenue sur une longue période repose donc sur ­l’amélioration de la PGF
qui reflète la capacité ­d’un pays à créer des richesses en combinant mieux
les facteurs disponibles.
C ORRIGÉ

Reformuler le sujet pour justifier le plan proposé


­ ’économie numérique est-­elle à ­l’origine ­d’une nouvelle vague de crois-
L
sance économique ?
Le sujet nous invite à nous interroger sur la capacité des innovations
numériques à engendrer des progrès comparables à ceux qui ont suivi
­l’avènement de la machine à vapeur ou de ­l’électricité en termes de gains
de productivité et de croissance8 ?
Ce que ­d’aucuns appellent la révolution numérique produit-­elle un progrès
technique susceptible ­d’élever la productivité globale des facteurs et donc
la capacité de croissance de long terme de nos économies ?
Force est de constater que la question ­n’est pas tranchée pour un phéno-
mène en cours qui fournit des indications encore contradictoires. Le débat
est intense entre ceux que nous désignerons par le vocable de techno-­
pessimistes qui ne croient pas dans la capacité du progrès technique
numérique à produire une nouvelle vague de croissance et les techno-­
optimistes qui défendent l­’idée contraire. Nous allons rendre compte de
leurs arguments et des enjeux de leurs thèses respectives dans un plan en
deux parties.

­ ’annonce du plan : Afin de rendre compte des termes du débat en cours


L
sur la capacité de l­’économie numérique à produire une nouvelle phase
de croissance économique, nous présentons dans une première partie les
arguments de ceux qui développent le paradoxe d­ ’une économie numérique
sans gains de productivité, avant ­d’examiner ceux qui au contraire voient
dans ­l’économie numérique un potentiel réel de croissance plus soutenue
à long terme.

Le développement, quelques conseils de méthode


Le développement doit bien entendu suivre le plan annoncé à la fin de
­l’introduction. Il est préférable d­ ’annoncer vos parties sous la forme de
courtes phrases pour exprimer les idées principales que vous souhaitez
développer. Mais le plus important est ailleurs, vos idées doivent reposer
sur des arguments précis. Ceux-­ci peuvent être des arguments théoriques
tirés des enseignements de la science économique ou des arguments
factuels tirés de ­l’actualité économique, mais il ne ­s’agira jamais de simples
T echnologique

arguments ­d’autorité, autrement dit d ­ ’affirmations gratuites non étayées et


justifiées.
ÉCONOMIE

8. Dans son numéro 338 de septembre 2014, Alternatives économiques publiait un dossier titré, « La crois-
sance peut-­elle revenir ? », puis dans son numéro 353 de janvier 2016, un autre dossier titré cette fois,
« Controverse : vers la grande stagnation ? »

326 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 326 13/10/2017 11:36


Partie I. Les techno-­pessimistes développent le paradoxe ­
d’une révolution numérique sans gains de productivité et donc
sans élévation du potentiel de croissance des économies avancées ESSEC

La thèse s­ ’appuie sur le constat empirique du ralentissement tendanciel


des gains de productivité dans les économies avancées (A) et une compa-
raison entre les grandes innovations du passé et celles issues de ­l’économie

C ORRIGÉ
numérique (B).

A/ Le constat empirique ­d’un progrès technique sans croissance


dans les pays avancés
À long terme, la croissance dépend de la croissance démographique et
des gains de productivité. Or, le vieillissement démographique des pays
avancés ne laisse augurer ­qu’une faible croissance à long terme. Reste
donc la productivité  sur laquelle reposent les perspectives de crois-
sance de nos économies. Mais la réalité est celle de leur ralentissement
sévère, à ­l’exception ­d’une courte parenthèse aux États-­Unis pendant les
années 1990. Ce ralentissement des gains de productivité est paradoxal
­puisqu’il se produit en pleine période de déploiement des innovations
numériques.

1) ­L’infléchissement des gains de productivité dans ­l’ensemble


des pays avancés
Commençons par la situation en France. Depuis les années 1970, le rythme
de croissance de la productivité du travail en France ­s’est abaissé par paliers
successifs, que ce soit la productivité par tête ou la productivité horaire.
La productivité horaire progressait de l­’ordre de 5 % en rythme annuel dans
les années 1950-1960, pour passer à 3-4 % dans les années 1970, à 2-3 %
dans les années 1980, pour tomber à 1,5 % dans les années 1990 et le milieu
des années 2000 et finalement passer sous la barre des 1 % depuis la crise
de 2008. Bref, le constat est simple, le déploiement de l­’économie numérique
ne produit pas une amélioration de la productivité du travail susceptible
de fournir le carburant indispensable à une nouvelle vague de croissance.

Évolution de la productivité horaire en France depuis 1950


T echnologique
ÉCONOMIE

Source : Conference Board, Total Economy Database, document tiré de France stratégie,
comprendre le ralentissement de la productivité en France,
La note ­d’analyse n° 38, janvier 2016.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 327

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 327 13/10/2017 11:36


Le ralentissement des gains de productivité est une donnée partagée par les
pays avancés qui connaissent un affaissement de la progression du niveau
ESSEC de vie moyen de leur population.
Cette interruption des gains de productivité ­n’est pas propre à la France ;
elle est le fait de la plupart des pays développés, les pays de la zone euro
dans son ensemble, le Japon, et les États-­Unis. Il faut toutefois remarquer
le rebond de la productivité dans ce dernier pays au cours des années 1990
C ORRIGÉ

où ­l’on a commencé par parler de Nouvelle économie de ­l’internet.

Taux de croissance moyen de la productivité par tête et horaire


(en % par an)
France États-­Unis Allemagne
1971-1979
Productivité par tête 3,28 1,52 2,91
Productivité horaire 4,30 1,68 4,11
1980-1989
Productivité par tête 1,92 1,37 1,04
Productivité horaire 2,85 1,39 2,07
1990-1999
Productivité par tête 1,28 2,02 1,67
Productivité horaire 1,84 1,73 2,23
2000-2013
Productivité par tête 0,67 1,38 0,66
Productivité horaire 1,06 1,83 1,18
Source/ OCDE document tiré de Conseil ­d’analyse économique, redresser la croissance potentielle,
n° 16, septembre 2014.

La faiblesse des gains de productivité a affecté autant le potentiel de crois-


sance que la croissance effective et se lit à travers un affaissement de la
progression du niveau de vie moyen dans ­l’ensemble des grands pays
avancés. Alors ­qu’au Japon et dans les pays de la zone euro, le PIB par tête
progressait entre 5 et 8 % en moyenne par an, on peut parler de stagnation
du niveau de vie depuis la crise de 2008.
T echnologique
ÉCONOMIE

Source : Michel Aglietta, Thomas Brand, La malédiction de la stagnation séculaire,


CEPII, présentation du 9 septembre 2016.

328 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 328 13/10/2017 11:36


2) La phase de croissance transitoire des États-­Unis
au cours des années 1990
ESSEC
Les États-­Unis ont connu une phase de croissance lors de la décennie
1990 et ce ­jusqu’à ­l’éclatement de la bulle internet en 2000-2001. Robert
Solow a alors pu écrire que le paradoxe d ­ ’une multiplication des ordinateurs
sans gains ­d’efficience productive était résolu. Rétrospectivement, ­l’analyse

C ORRIGÉ
économique a permis de comprendre ce q ­ u’il s­ ’était passé aux États-­
Unis à cette époque. Concrètement, une amélioration technologique peut
provoquer une accélération transitoire de la croissance si elle entraîne un
supplément d ­ ’investissement dans les innovations technologiques et si elle
suscite un supplément de demande de la part des consommateurs. ­C’est
ce que ­l’on a pu observer aux États-­Unis à cette époque. La forte baisse du
coût des ordinateurs a justifié des investissements très élevés dans ce type
­d’équipement avec à la clé des gains de productivité significatifs. De façon
classique, ces gains de productivité ­s’expliquent par une augmentation du
stock de capital par travailleur. On a alors parlé ­d’une nouvelle économie
américaine caractérisée par une croissance forte, le plein emploi tout en
préservant une inflation basse grâce au rebond de la productivité dans
les secteurs producteurs de TIC et certains secteurs utilisateurs comme
la grande distribution par exemple. Mais cette croissance fut aussi un feu
de paille.
­L’expansion de ­l’économie américaine ne pouvait être que transitoire car
une fois les investissements réalisés dans l­’économie utilisatrice et les
ménages équipés, la croissance perd ses soutiens. Pour parler de phase
ou de vague de croissance ­c’est-­à‑dire de croissance sur longue période,
il faut que l­’innovation technologique se diffuse à ­l’ensemble de l­’économie
et permette une élévation de la PGF. Mais ce ne fut pas le cas, aux États-­
Unis, comme ailleurs !

B/ ­L’énigme de la disparition des gains de productivité :


les « vents contraires de la croissance »
La disparition des gains de productivité est une réalité empirique difficile
à comprendre pour les économistes, un véritable défi de la pensée, car
elle se produit alors même que les innovations numériques sont, elles, une
réalité bien visible pour des millions d­ ’entreprises et de consommateurs.
De fait, les outils du numérique transforment en profondeur de nombreux
marchés, en créent de nouveaux et font évoluer nos modes de produc-
tion et de consommation. La diffusion de ces innovations dites de rupture
­s’accompagne aussi de puissants effets sur les marchés de biens et services
et du travail qui s­ ’apparentent à un mouvement de destruction-­créatrice au
sens ­qu’en donnait Schumpeter.
T echnologique

1) La grande énigme de la panne du progrès technique


­ ’idée selon laquelle, les innovations numériques ­n’auraient pas le même
L
ÉCONOMIE

potentiel que les vagues ­d’innovations technologiques du passé est loin


­d’être la seule piste explorée pour rendre compte de la panne contemporaine
de la productivité et de la croissance dans ­l’ensemble des pays avancés.
Dans son livre, Croissance zéro, paru en 2015, Patrick Artus propose une
synthèse de plusieurs pistes envisageables. La première piste est connue,
­l’affaissement des gains de productivité s­ ’expliquerait d
­ ’abord par la défor-
mation de la structure de l­’économie au détriment de l­’industrie qui reste

ANNALES CCIR 2017-2018 l 329

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 329 13/10/2017 11:36


le secteur le plus productif et de loin. La seconde est attribuée à la perte
­d’efficacité de la recherche et développement (« Les budgets de R&D ont
ESSEC beau être toujours plus ambitieux, ils ne débouchent plus sur la même
quantité ­d’innovations, de nouveaux produits, de nouveaux procédés de
production », page 38). Les dernières hypothèses évoquées sont relatives
à ­l’augmentation de ­l’intensité capitalistique qui fait ­qu’il faut désormais deux
fois plus de capital ­qu’il y a cinquante ans pour produire la même quantité
C ORRIGÉ

de richesse, au manque de compétences de la population active et enfin,


a une interrogation fondamentale sur la nature de ­l’économie numérique.
Robert Gordon identifie quant à lui un certain nombre de causes structurelles
au fléchissement de la croissance de long terme de nos économies ­qu’il
appelle les vents contraires de la croissance : le vieillissement des popula-
tions, le stock élevé de dettes publiques, le creusement des inégalités et la
stagnation du niveau ­d’éducation limitent durablement la croissance et les
gains de productivité.
Mais là encore, ­c’est la thèse de ­l’épuisement du progrès technique qui
suscite le plus le débat.

2) La thèse de ­l’épuisement du progrès technique


Robert Gordon voit surtout dans le fait que ­l’économie numérique ­n’induit
pas ­d’innovations majeures la cause de la faiblesse des gains de produc-
tivité. Pour lui, la nature des innovations technologiques a changé et ne
peut soutenir la comparaison avec les innovations technologiques des deux
premières révolutions industrielles. La première révolution industrielle (1750-
1850) est celle de la machine à vapeur et de la machine à tisser qui a permis
­l’explosion de ­l’industrie textile et un premier décollage économique. Mais,
­c’est la seconde révolution industrielle (1850-1950) qui a véritablement
changé la vie des gens et permis les plus extraordinaires progrès écono-
miques que ­l’humanité ­n’ait jamais connue. Cette période voit notamment
la diffusion des inventions de l­’électricité, l­’arrivée de l­’eau courante, le
téléphone, ­l’automobile, ­l’ensemble des biens ­d’équipement du foyer et
la plupart des grandes infrastructures de nos villes. Tout ceci a façonné
nos vies comme jamais et amélioré sans comparaison nos niveaux de vie.
Gordon compare donc ces phases du progrès technique de l­’histoire avec
celle que nous vivons depuis les années 1960-1970 et ­l’arrivée des premiers
ordinateurs. Et, pour Gordon, la comparaison est cruelle : les ordinateurs,
la téléphonie mobile ou Internet ne permettent pas à ­l’humanité de faire de
nouvelles choses, mais de le faire plus vite. Les technologies numériques
sont donc accessoires en comparaison des innovations comme l­’électricité
ou ­l’eau courante qui elles ont diffusé dans ­l’ensemble de ­l’économie et
libéré de la main d ­ ’œuvre pour occuper des tâches productives. Avant que
T echnologique

­l’eau courante n ­ ’existe, les femmes passaient leur temps à porter l­’eau. Dans
ces conférences, il pose souvent une question de ce type à son auditoire :
« si vous aviez à choisir entre internet et le système de canalisation amenant
­l’eau courante chez vous que choisiriez-­vous de conserver ? » En dehors
ÉCONOMIE

de la boutade, la question conduit à réfléchir sur la nature des innovations


actuelles. Les applications qui découlent de l­’économie numérique ne créent
donc pas réellement de nouvelles activités, de nouvelles sources de valeur
ajoutée, et ne font que remplacer des activités existantes.
Rien de comparable au développement de l­’industrie automobile au début
du xxe siècle, qui occupe encore un siècle plus tard la première place dans

330 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 330 13/10/2017 11:36


l­’industrie. L
­ ’argument de Gordon est simple à comprendre. Passer du trans-
port de personnes et de marchandises par diligence au transport par chemin
de fer permet de réaliser ­d’extraordinaires gains de productivité du fait de ESSEC
la baisse du coût unitaire de la matière transportée, mais cette industrie du
chemin de fer nécessite de gigantesques investissements dans les infrastruc-
tures de transport ferroviaire. Par comparaison, internet nous permet de
réserver notre billet de train en ligne de chez nous, plutôt que de le faire

C ORRIGÉ
par téléphone ou en se déplaçant à la gare, mais il s­ ’agit là davantage de
substituer une activité à une autre plutôt que ­d’en créer une nouvelle. Ainsi,
les catalogues de vente par correspondance ont-­ils été tués par la vente
à distance, mais ce ­n’est ­qu’un remplacement, pas une activité nouvelle. On
peut comprendre intuitivement que les gains de productivité et de croissance
ne soient pas de même ampleur. On a pu y croire pendant l­’épisode américain
de la Nouvelle économie au cours des années 1990, mais en 2001 la bulle
Internet a explosé, révélant que ­l’effet moteur de la « nouvelle économie »
tenait surtout à un emballement spéculatif assez vite déçu.

Partie II. Pour les techno-­optimistes, le potentiel de croissance


de ­l’économie numérique est bien réel, mais suppose de modifier
nos instruments de mesure et de lever certains freins
à son plein déploiement

De nombreux auteurs développent des positions totalement opposées


à  celle de Robert Gordon et des techno-­pessimistes en général. Erik
Brynjolfsson et Andrew McAfee, auteurs du second âge de la machine (2014)
en sont les représentants. Selon eux, la révolution technologique est bel et
bien en cours et devrait porter ­l’ensemble de ­l’économie vers une nouvelle
vague de croissance. Selon une étude réalisée par le cabinet McKinsey,
les innovations numériques devraient « créer ou déplacer entre 14 000 et
34 000 milliards ­d’euros de dollars de valeur par an à ­l’échelle mondiale dès
2025 », soit ­l’équivalent du PIB mondial.
Toutefois, cette révolution numérique n ­ ’est pas toujours bien appré-
hendée et mesurée (A). Par ailleurs, son plein déploiement suppose de
lever certains freins et résistances (B).

A/ La nature des innovations numériques ­n’est pas en cause,


mais plutôt notre manière de les appréhender et de les mesurer
1) Une révolution technique ­d’une nature bien différente de celles
qui ont précédé.
Pour Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee, la révolution numérique est bel et
bien en cours et devrait porter ­l’ensemble de ­l’économie vers une nouvelle
T echnologique

vague de croissance. Mais, elle est encore mal comprise car ­d’une nature
différente de celles qui ont précédé. Les deux premières révolutions indus-
trielles ont fondamentalement consisté à fournir à ­l’homme un levier d ­ ’une
ÉCONOMIE

efficacité fantastique pour lui permettre de travailler avec plus ­d’énergie,


de se déplacer plus vite, de transporter les choses en plus grande quantité
et plus loin à des coûts de plus en plus faibles. L ­ ’erreur de Gordon serait
donc de rester dans le même schéma de pensée sans voir que la révolution
numérique touche bien moins à la force physique de ­l’homme ­qu’à son
intelligence. « Les ordinateurs et les autres avancées digitales sont en train
de faire pour notre pouvoir mental – la capacité d­ ’utiliser notre cerveau pour

ANNALES CCIR 2017-2018 l 331

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 331 13/10/2017 11:36


comprendre et façonner notre environnement – ce que la machine à vapeur
et ses descendants ont fait pour nos muscles » écrivent-­ils. La révolution
ESSEC digitale, largement fondée sur la loi de Moore (loi selon laquelle la capacité
de calcul des microprocesseurs double tous les 18 mois), permet de produire
et de faire circuler de plus en plus les connaissances pour faire naître de
nouvelles potentialités en matière ­d’intelligence artificielle et de robotique,
mais également dans des domaines insoupçonnables encore ­aujourd’hui.
C ORRIGÉ

Gilbert Cette fait observer que les gains de productivité des entreprises
découlent de l­’amélioration des performances productives des technologies
numériques. Après avoir progressé selon la loi de Moore depuis le début
des années 1960 et j­usqu’au début des années 2000, ­l’amélioration des
puces électroniques aurait marqué un coup ­d’arrêt « du fait des contraintes
­d’ordre physique à augmenter continument le nombre de transistors intro-
duits sur les puces »9. Mais ­l’auteur fait observer que ce coup ­d’arrêt à la
progression de la puissance de calcul de nos machines intelligentes ne sera
que temporaire avec ­l’émergence dans les prochaines années de nouvelles
puces électroniques. Et de conclure que « dans cette hypothèse réaliste,
la révolution technologique associée aux TIC induirait une seconde vague
de croissance de la productivité qui pourrait être plus importante que la
première vague ».

2) La révolution numérique ne se voit pas dans les statistiques


parce que les conventions de nos systèmes de comptabilité
nationale échouent à en faire la mesure exacte
La première raison est simple à comprendre. Nos économies sont de plus
en plus des économies de services et l­’économie numérique participe large-
ment de cette tendance. Les services contribuent à au moins 75 % de la
valeur ajoutée et 75 % du total des emplois. Or, dans de très nombreuses
activités de services, publics, privés, rendus par ­l’économie sociale et soli-
daire, les gains de productivité sont difficiles à réaliser sans dégrader la
qualité du service. À ­l’école, réaliser des gains de productivité reviendrait
à réunir sans cesse plus ­d’élèves sous ­l’autorité du même professeur et
les technologies numériques disponibles n ­ ’y changent rien. On perçoit très
vite ­l’absurdité ­d’une transposition de la mesure de ­l’efficience productive,
sans doute adaptée à la production industrielle, mais bien peu aux services.
Seconde raison, pour mesurer exactement la croissance et les gains de
productivité, il est nécessaire de faire le partage entre ce qui revient à une
augmentation des volumes (les quantités supplémentaires réellement
produites) et ce qui revient à la variation des prix. Or, deux problèmes se
posent, la mesure des quantités produites et la mesure des prix unitaires.
En effet, de façon schématique, la production en volume est obtenue en
T echnologique

retranchant de la production ce qui relève ­d’une augmentation des prix.


Or, ­l’une des difficultés auxquelles nos systèmes de Comptabilité nationale
sont confrontés vient du fait que dans le temps les produits changent et
­s’améliorent. Une hausse du prix de vente apparent peut recouvrir une
ÉCONOMIE

hausse de la qualité qui doit être intégrée dans la croissance en volume et


non dans une vraie hausse des prix (à qualité constante).
Il faut donc redresser la variation de prix enregistrée ­d’un indice de qualité.
Or, la révolution numérique se déploie particulièrement dans les services

9. Gilbert Cette, Croissance de la productivité : quelles perspectives pour la France ?, 26 septembre 2013.

332 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 332 13/10/2017 11:36


où l­’amélioration de la qualité est mal mesurée. Concrètement, la sous esti-
mation de ­l’amélioration de la qualité des services numériques a pour effet
­d’en réduire ­l’effet sur les prix et donc celui produit sur plusieurs gran- ESSEC
deurs macroéconomiques, ­l’investissement, la croissance, les gains de
productivité.
Un exemple très simplifié permet de comprendre l­’enjeu économique de
la mesure de ­l’effet qualité : si celui-­ci est sous estimé, ­l’indice des prix est

C ORRIGÉ
plus élevé ­qu’il ne devrait. Un ordinateur dont la qualité ­s’est améliorée de
10 % devrait valoir 10 % de moins que son prix affiché, mais si on estime
mal ­l’effet qualité, la baisse de prix pourra être inférieure.
Imaginons que dans une économie qui produit 500 de PIB, l­’indice des prix
soit successivement mesuré à 110 au lieu de 100 en raison d ­ ’une sous esti-
mation de ­l’effet qualité, on aura un PIB en volume très différent : 500/110.
100 = 454, 5 ou 500/100.100 = 500.
Avouons que la différence ­n’est pas mince.
Le problème qui se pose est donc celui de la neutralisation des effets sur
les prix de ­l’amélioration de la qualité des produits issus de la révolution
numérique (ordinateurs plus puissants, logiciels plus performants, réseaux
sociaux plus étoffés, etc.).

B/ Les technologies de ­l’information et de la communication sont


des technologies génériques dont les effets sont nécessairement
longs à se faire sentir dans ­l’économie
1) Le temps long des technologies génériques
Un autre argument plus fondamental est avancé, notamment par l­’historien
de la croissance, Paul David (1990, The dynamo and the computer). Pour
lui, les technologies numériques ont la particularité ­d’être potentiellement
applicables à ­l’intégralité des processus de production. Elles se caracté-
risent par leur transversalité à ­l’ensemble des secteurs économiques dont
­elles peuvent révolutionner les processus de production et les produits
eux-­mêmes. Mais à la différence des technologies appliquées à un unique
domaine, les technologies génériques sont plus lentes à révéler tout leur
potentiel. Le délai entre les grandes découvertes et inventions et le moment
où elles se diffusent et transforment ­l’économie réelle peut être long.
Le phénomène a été observé et étudié pour des innovations comme la
dynamo électrique par Paul David ou la lampe à filaments. Chad Syverson
de ­l’université de Chicago a montré que pendant le développement de
­l’électricité la croissance de la productivité fut non seulement irrégulière, mais
faible pendant toute la fin du xixe siècle et le début du xxe, avant ­d’exploser
littéralement ensuite. Les grandes technologies génériques nécessiteraient
donc du temps avant de livrer toute leur promesse.
T echnologique

De fait, les technologies numériques sont à ­l’origine ­d’applications foison-


nantes, des secteurs ­d’activité nouveaux sont créés, ­d’autres se renouvellent
en profondeur. Toutes ces applications constituent ce que Schumpeter
ÉCONOMIE

désignait par le terme de grappes d ­ ’innovations qui se renforcent mutuel-


lement tout en en appelant de nouvelles. Et, il faut bien le reconnaître, les
innovations qui naitront demain sont pour la plupart impossibles à prévoir.
La part ­d’incertitude est grande et le chemin n ­ ’est pas tracé à ­l’avance. Les
paradoxes de Solow et de Gordon seraient donc bien réels, mais seulement
transitoires.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 333

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 333 13/10/2017 11:36


2) Le temps de ­l’adaptation de ­l’économie et de ses institutions
Il reste à expliquer les raisons de ce temps long de mise en place des
ESSEC
grandes technologies génériques. Plusieurs hypothèses sont testées.
Pour que les nouvelles technologies développent tout leur potentiel, il faut
­d’abord que soit atteint un certain effet de seuil en termes d ­ ’entreprises
utilisatrices des nouveaux équipements. Paul David montre ainsi q ­ u’il a fallu
C ORRIGÉ

attendre que plus de la moitié des machines utilisées par les entreprises
soient électrifiées pour que s­ ’élève véritablement la productivité globale des
facteurs. Cela représente un délai de 40 années environ entre ­l’apparition
des premières centrales électriques et le démarrage de la croissance de
long terme. Les entreprises doivent investir dans les nouvelles techno-
logies disponibles, mais, il faut du temps pour que les investissements
nécessaires soient réalisés. Si l­’on compare avec les innovations numériques
depuis ­l’ordinateur dans les années 1960 et ­l’internet dans les années 1990,
on est dans le même type de délai.
Les délais de révélation du potentiel des nouvelles technologies peuvent
aussi venir des coûts ­d’apprentissage que leur déploiement peut susciter.
Au fond, tout se passe comme si leur déploiement était plus rapide que la
capacité des entreprises, des institutions et des travailleurs à ­s’ajuster et
à modifier leurs comportements, leurs méthodes de travail et leur organisa-
tion. En outre, un certain nombre de coûts cachés liés à la diffusion des TIC
(détournement ­d’usages, dysfonctionnement, mise aux normes, instabilité
des normes, etc.) peuvent en ralentir les effets positifs. Se servir au bureau
de son ordinateur pour réserver ses prochaines vacances n ­ ’a jamais fait
augmenter la productivité du travail !
Le progrès technique serait donc plus rapide que les capacités
­d’apprentissage de nos sociétés.
Les organisations publiques et privées doivent ­s’adapter aux changements
induits par les nouveaux usages des outils numériques. Des études ont pu
montrer que les entreprises qui obtiennent les gains d ­ ’efficience les plus
forts sont aussi celles qui ont su adopter des méthodes de management
nouvelles, faisant davantage place à des structures horizontales, au travail
collaboratif et à des équipes autonomes. Dans une étude publiée en 2000,
Philippe Askenazy a montré que les TIC ­n’accroissent la productivité des
firmes ­qu’à la condition ­d’avoir été réorganisées. Par ailleurs les nouvelles
technologies sont plus rentables lorsque les salariés sont bien formés
à leur usage. Là encore, cela peut prendre du temps, celui des réformes
du système éducatif.
Enfin, il faut compter avec les coûts de réallocation des facteurs entre
­l’ancienne économie et la nouvelle. Il faut du temps pour que les trans-
formations des structures de marché se produisent, car les entreprises
T echnologique

innovantes ne prennent pas immédiatement la place des anciennes, moins


productives. Il faut tenir compte de la plus grande ouverture et flexibilité
des marchés de biens et services, ainsi que de la capacité de résistance
des milieux industriels traditionnels qui cherchent logiquement à freiner la
ÉCONOMIE

disparition de ­l’ordre ancien dont-­ils étaient les leaders incontestés.

La révolution technologique suppose de lever des freins de diverses


natures : ­d’abord, des freins sociaux et culturels, car les nouvelles techno-
logies ne sont pas toujours acceptées d ­ ’emblée par les individus, certaines
peuvent inquiéter, ­d’autres être refusées ou provoquer des conflits et des

334 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 334 13/10/2017 11:36


résistances, des freins institutionnels ensuite qui peuvent ralentir la diffusion
des avancées technologiques et nécessitent la mise en œuvre de réformes
structurelles. ESSEC

Conclusion

C ORRIGÉ
Il faut bien ­l’admettre, le débat entre les techno-­pessimistes et les techno-­
optimistes ­n’est pas tranché. Le doute persiste et, pour le moment, on
vit le paradoxe ­d’une révolution numérique sans gains de productivité et
relèvement du niveau de croissance de long terme. Mais en même temps,
­l’économie numérique a déjà des effets puissants sur nos façons de travailler,
sur la structure des entreprises et des emplois. Outre, la réapparition de
craintes pour le maintien des emplois, on observe déjà une tendance nette
à la polarisation de l­’emploi aux deux extrêmes des qualifications et des
rémunérations. Ce phénomène contribue au creusement des inégalités et
crée un fort ressentiment parmi les individus des classes moyennes inquiets
pour leur avenir et leur niveau de vie.

T echnologique
ÉCONOMIE

ANNALES CCIR 2017-2018 l 335

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 335 13/10/2017 11:36


S UJET

DROIT
Durée : 1 heure 30.

Il ­n’est fait usage ­d’aucun document ; ­l’utilisation de toute calcula-


ESC trice et de tout matériel électronique est interdite.

S
UJET

PREMIÈRE PARTIE : CAS PRATIQUE

Cas « Ingénierie de ­l’environnement »

Vous étudierez les situations suivantes en apportant des réponses


argumentées en droit et en fait.

Christophe VILLIERS, 44 ans, est ingénieur spécialiste des questions de


­l’eau et de ­l’environnement. Il étudie ­l’impact des activités industrielles sur
la qualité des eaux rejetées dans la nature après un retraitement en station
­d’épuration. Actuellement, il exerce au sein ­d’un bureau ­d’étude ­d’envergure
nationale. ­L’entreprise a pour clients des collectivités territoriales soucieuses
de satisfaire aux normes de salubrité de ­l’eau potable distribuée, des asso-
ciations oeuvrant pour la protection de ­l’environnement ou des entreprises
désireuses de connaitre les conséquences environnementales de leur activité
afin ­d’inclure les éventuelles externalités négatives dans leur calcul de coûts.
Christophe a le grade d ­ ’ingénieur d­ ’étude ; il est chef de projets. Ses missions
consistent en la prise en main complète de problématiques posées par des
clients, ce qui implique une nécessaire autonomie dans ­l’organisation de
son travail et une véritable responsabilité au sein de ­l’entreprise. Christophe
travaille souvent seul sur des dossiers clients très spécifiques. Il rend compte
de son activité de façon hebdomadaire. Concrètement, il opère des prélè-
vements ­d’échantillon ­d’eau, voire de sol sur les terrains concernés par les
études ­qu’il doit mener, puis, après analyses biologiques et chimiques par
un laboratoire, il interprète les résultats et en tire des conclusions. Le bureau
­d’étude fournit tout le matériel nécessaire au travail de terrain dans un véhi-
cule « utilitaire ». Le travail sur le terrain implique de nombreux déplacements
professionnels. Christophe peut travailler à ses conclusions ­d’analyse dans
un des bureaux communs de ­l’entreprise ­lorsqu’il ­n’est pas sur le terrain,
mais il ne possède pas ­d’espace qui lui est dédié.
T echnologique

Situation 1 :

­ ’employeur de Christophe VILLIERS installe un système de géolocalisation


L
dans tous les véhicules de fonction. ­L’ambiance de travail se dégrade dans
­l’entreprise au point de devenir détestable. Les employés sont méfiants et
se demandent quel est ­l’objectif poursuivi par la direction au travers de
DROIT

ce système de géolocalisation. Dans ce contexte, Christophe est en proie


à un sentiment de malaise. En effet, des désaccords professionnels existent

336 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 336 13/10/2017 11:36


S UJET
depuis longtemps entre lui et le dirigeant du bureau ­d’étude. Christophe
craint que son employeur utilise la géolocalisation pour le licencier. En effet,
il ­s’avère que Christophe travaille souvent chez lui pour la phase d
­ ’analyses
et conclusions. Au final, il ne se déplace que pour les prélèvements sur le
terrain, ce qui représente une proportion minoritaire de son temps de travail
et ne se rend que rarement au bureau.
ESC
1. Qualifiez les droits de Christophe VILLIERS menacés par les dispo-
sitifs de son employeur.
2. En vous aidant notamment de l­’arrêt de la Cour de cassation du
3 novembre 2011, analysez les conditions de la licéité d
­ ’un éventuel
licenciement de Christophe VILLIERS sur le fondement ­d’un dispo-
sitif de géolocalisation.

Situation 2 :

Pour se soustraire au malaise professionnel dans son bureau d ­ ’étude et avoir


la liberté d
­ ’organiser son travail comme il l­’entend, Christophe VILLIERS
décide ­d’exercer en qualité de travailleur indépendant. Il se demande sous
quel statut juridique il serait le plus judicieux pour lui de créer son entreprise.
Il a été échaudé par ­l’organisation et le management de son bureau ­d’étude.
Dorénavant, il veut être libre et entreprendre seul en répondant en son
nom propre à des appels d ­ ’offres des collectivités territoriales. Il envisage
aussi de négocier ses services en tant que sous-­traitant de bureaux ­d’étude
concurrents quand ceux-­ci remportent des marchés. Pour ne pas changer
ses habitudes, il compte tout simplement installer son lieu de travail à son
domicile, et pour ce faire réserver une pièce de la maison ­qu’il possède
avec son épouse.
Christophe est marié, sans contrat de mariage spécifique (régime de la
communauté de biens). Il ­n’a pas ­d’enfant. Son épouse et lui ne possèdent
que leur résidence principale. Ils ­n’ont pas de patrimoine mobilier et que
peu ­d’économies personnelles. Madame VILLIERS est cadre de la fonction
publique. Son emploi est stable et suffisamment bien rémunéré pour que
le couple ­n’ait pas de souci de budget au quotidien. Madame VILLIERS
est parfaitement consciente du pari professionnel de son conjoint. Elle le
soutient, mais ne veut absolument pas risquer la propriété de leur habitation.
Christophe VILLIERS souhaite donc réaliser son projet en tenant compte de
ses deux priorités : ­l’autonomie ­d’organisation de son activité et la protection
de sa résidence principale.

3. Proposez une résolution du cas pratique ci-­dessus : Quel statut juri-


dique pouvez-­vous conseiller à Christophe VILLIERS ?
T echnologique

Documentation juridique :
Annexe 1 : CNIL, délibération n° 2015-165 du 4 juin 2015.
Annexe 2 : Cour de cassation, chambre sociale, 3 novembre 2011.
DROIT

ANNALES CCIR 2017-2018 l 337

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 337 13/10/2017 11:36


S UJET

DEUXIÈME PARTIE : VEILLE JURIDIQUE

À partir de la veille juridique que vous avez réalisée au cours de l­’année


2016, vous traiterez la question suivante :

« ­L’évolution du régime juridique du préjudice écologique influence-­


ESC
t‑elle la responsabilité sociale des entreprises ? »

Annexe 1 : Commission nationale de ­l’informatique et des libertés

Délibérations n° 2015-165 du 4 juin 2015 portant adoption d ­ ’une norme


simplifiée concernant les traitements automatisés de données à carac-
tère personnel mis en œuvre par les organismes publics ou privés
destinés à géolocaliser les véhicules utilisés par leurs employés (norme
simplifiée n° 51)

[…] La Commission nationale de l­’informatique et des libertés constate


le développement de dispositifs dits de géolocalisation permettant aux
organismes privés ou publics de prendre connaissance de la position
géographique, à un instant donné ou en continu, des employés par la loca-
lisation des véhicules mis à leur disposition pour l­’accomplissement de
leur mission. […] La Commission a adopté, le 16 mars 2006, une norme
permettant de simplifier la déclaration des traitements visant à géolocaliser
un véhicule utilisé par un employé. Compte tenu de ­l’évolution des pratiques,
il lui est apparu nécessaire de compléter cette norme. […]

Art. 2. – Finalités du traitement.


À titre liminaire, la commission rappelle que des données à caractère
personnel ne peuvent être collectées que pour des finalités déterminées,
explicites et légitimes et ­qu’elles ne doivent pas être traitées ultérieurement
de manière incompatible avec ces finalités. […]

Art. 5. – Durée de conservation.


La commission rappelle que des données à caractère personnel doivent
être adéquates, pertinentes et non excessives au regard de la finalité pour
laquelle elles ont été collectées, d
­ ’une part, et ­qu’elles doivent également
êtres exactes, complètes et si nécessaires mises à jour, ­d’autre part.
Les données relatives à la localisation d­ ’un employé ne peuvent ainsi être
conservées que pour une durée pertinente au regard de la finalité du traite-
ment qui a justifié la collecte.
Au regard des finalités pouvant justifier la mise en place d ­ ’un dispositif de
T echnologique

géolocalisation, telles que prévues à ­l’article 2 de la présente norme, une


durée de deux mois est considérée comme adéquate. […]
Dans le cadre de la finalité accessoire du suivi du temps de travail, qui
implique que ce suivi ne puisse être assuré par un autre moyen, seules les
données relatives aux horaires effectués peuvent être conservées pendant
une durée de cinq ans. […]
DROIT

338 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 338 13/10/2017 11:36


S UJET
Annexe 2 : Cour de cassation, chambre sociale, 3 novembre 2011.

Attendu, selon l­’arrêt attaqué (Paris, 24 mars 2010), que M. X…, engagé par
la société Moreau incendies à compter du 17 septembre 1993, a travaillé en
qualité de vendeur salarié […] ; ­qu’affecté sur un secteur d ­ ’activité compre-
nant les départements de l­’Yonne et de ­l’Aube, le salarié, tenu à un horaire
ESC
de 35 heures par semaine, était libre de ­s’organiser, à charge pour lui de
respecter le programme fixé et de rédiger un compte-­rendu journalier précis
et détaillé, lequel, selon le contrat de travail, devait faire la preuve de son
activité ; que, le 17 mai 2006, ­l’employeur a notifié au salarié la mise en
place ­d’un système de géolocalisation sur son véhicule afin de permettre
­l’amélioration du processus de production par une étude a posteriori de
ses déplacements et pour permettre à la direction ­d’analyser les temps
nécessaires à ses déplacements pour une meilleure optimisation des visites
effectuées ; que par lettre du 20 août 2007, M. X… a pris acte de la rupture
de son contrat de travail en reprochant à son employeur ­d’avoir calculé sa
rémunération sur la base du système de géolocalisation du véhicule ;
Attendu que l­’employeur fait grief à ­l’arrêt de dire que la prise d ­ ’acte de
la rupture du contrat de travail ­s’analyse en un licenciement sans cause
réelle et sérieuse et de le condamner au paiement de certaines sommes en
conséquence, alors, selon le moyen :
1°/ ­qu’aux termes des articles […] de son contrat de travail, M. X… […]
était tenu de respecter un programme ­d’activité […] ; ­qu’en relevant, pour
imputer à faute la rupture du contrat de travail à la société Moreau incen-
dies par suite de l­’illicéité du système de géolocalisation des véhicules de
service, que M. X… était libre ­d’organiser son activité, la cour ­d’appel a violé
­l’article 1134 du Code civil […] ;
2°/ ­qu’un système de géolocalisation peut avoir pour finalité le suivi du
temps de travail d ­ ’un salarié lorsque ­l’employeur ne dispose pas ­d’autres
moyens ; que la cour ­d’appel a expressément relevé que par un courrier
du 17 mai 2006, la société Moreau incendies a informé M. X… de la mise
en place d ­ ’un système de géolocalisation des véhicules de service dont
le sien […] ; ­qu’en relevant, pour imputer à faute la rupture du contrat de
travail à la société Moreau incendies par suite de ­l’illicéité du système de
géolocalisation des véhicules de service, que le dispositif a été détourné
en ce que ­l’employeur a contrôlé le temps de travail du salarié, sans que
­l’intéressé ait été informé de cette situation ni des modalités de contrôle, la
cour ­d’appel […] a violé ­l’article L. 1121-1 du code de travail ;
Mais attendu […] que ­l’utilisation ­d’un système de géolocalisation pour
assurer le contrôle de la durée du travail, laquelle ­n’est licite que lorsque ce
contrôle ne peut pas être fait par un autre moyen, ­n’est pas justifiée lorsque
le salarié dispose ­d’une liberté dans ­l’organisation de son travail ; […]
T echnologique

­qu’elle en a exactement déduit que cette utilisation était illicite et q ­ u’elle


constituait un manquement suffisamment grave justifiant la prise d ­ ’acte de
la rupture du contrat de travail aux torts de ­l’employeur ;

­ ’où il suit que le moyen ­n’est pas fondé ;


D
Par ces motifs :
Rejette le pourvoi ;
DROIT

Condamne la société Moreau incendies aux dépens.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 339

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 339 13/10/2017 11:36


ESC
C
ORRIGÉ
Par Pascal Simon-­Doutreluingne, professeur au lycée René-Cassin, à
Strasbourg, et doctorant à l’Université de Strasbourg.

PREMIÈRE PARTIE : CAS PRATIQUE


C ORRIGÉ

Cas « Ingénierie de ­l’environnement »

Vous étudierez les situations suivantes en apportant des réponses


argumentées en droit et en fait.

Christophe VILLIERS, 44 ans, est ingénieur spécialiste des questions de


­l’eau et de ­l’environnement. Il étudie ­l’impact des activités industrielles sur
la qualité des eaux rejetées dans la nature après un retraitement en station
­d’épuration. Actuellement, il exerce au sein ­d’un bureau ­d’étude ­d’envergure
nationale. ­L’entreprise a pour clients des collectivités territoriales soucieuses
de satisfaire aux normes de salubrité de ­l’eau potable distribuée, des asso-
ciations œuvrant pour la protection de l­’environnement ou des entreprises
désireuses de connaitre les conséquences environnementales de leur activité
afin ­d’inclure les éventuelles externalités négatives dans leur calcul de coûts.
Christophe a le grade d ­ ’ingénieur d­ ’étude ; il est chef de projets. Ses missions
consistent en la prise en main complète de problématiques posées par des
clients, ce qui implique une nécessaire autonomie dans ­l’organisation de
son travail et une véritable responsabilité au sein de ­l’entreprise. Christophe
travaille souvent seul sur des dossiers clients très spécifiques. Il rend compte
de son activité de façon hebdomadaire. Concrètement, il opère des prélè-
vements ­d’échantillon ­d’eau, voire de sol, sur les terrains concernés par les
études ­qu’il doit mener, puis, après analyses biologiques et chimiques par
un laboratoire, il interprète les résultats et en tire des conclusions. Le bureau
­d’étude fournit tout le matériel nécessaire au travail de terrain dans un véhi-
cule « utilitaire ». Le travail sur le terrain implique de nombreux déplacements
professionnels. Christophe peut travailler à ses conclusions ­d’analyse dans
un des bureaux communs de ­l’entreprise ­lorsqu’il ­n’est pas sur le terrain,
mais il ne possède pas ­d’espace qui lui est dédié.

Éléments de correction :

Remarques préliminaires :
Les compétences ici recherchées devaient être :
T echnologique

– une restitution précise des connaissances théoriques ;


– un respect de la forme de la réponse (progressivité dans la réponse :
principe, application aux faits pour la décision).
Il était donc indispensable d
­ ’utiliser la démarche du syllogisme pour répondre
aux différentes demandes :
– réponses justifiées en fait (travail de qualification de la situation exposée :
comprendre et analyse du contexte en déterminant la pertinence des faits
DROIT

par rapport à la recherche de solution) ;


– réponses justifiées en droit (connaitre et maitriser son cours pour identifier
quelle règle de droit est nécessaire à la solution proposée).

340 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 340 13/10/2017 11:36


Nota Bene : les réponses proposées dans les rubriques « Problématique et
points de droit » sont ici assez précises pour que vous puissiez envisager
­l’étendue de la réponse qui devait être formulée. ESC

Situation 1 :
­L’employeur de Christophe VILLIERS installe un système de géolocalisation
dans tous les véhicules de fonction. ­L’ambiance de travail se dégrade dans

C ORRIGÉ
­l’entreprise au point de devenir détestable. Les employés sont méfiants et
se demandent quel est ­l’objectif poursuivi par la direction au travers de
ce système de géolocalisation. Dans ce contexte, Christophe est en proie
à un sentiment de malaise. En effet, des désaccords professionnels existent
depuis longtemps entre lui et le dirigeant du bureau ­d’étude. Christophe
craint que son employeur utilise la géolocalisation pour le licencier. En effet, il
­s’avère que Christophe travaille souvent chez lui pour la phase des analyses
et conclusions. Au final, il ne se déplace que pour les prélèvements sur le
terrain, ce qui représente une proportion minoritaire de son temps de travail
et ne se rend que rarement au bureau.

Éléments de correction :

Remarques liminaires :
Les termes de la situation présentée sont suffisamment précis pour vous
orienter : une modification des conditions de travail (système de géolocali-
sation) qui semble être la cause d
­ ’une dégradation du climat social au point
de craindre un licenciement.
Vos connaissances en droit du travail, quant à ­l’exécution du contrat de
travail et son éventuelle rupture à ­l’initiative de ­l’employeur, sont donc
attendues.

1. Qualifiez les droits de Christophe VILLIERS menacés par le dispositif


de son employeur.

Les droits de Monsieur VILLIERS peuvent être donc rappelés à deux titres :


1. Ses conditions de travail : Cet employé, ingénieur et chef de projet a une
grande autonomie dans ­l’organisation de son activité. Cependant, son
contrat de travail comporte-­t‑il la possibilité de télétravail ?
On évoque ­qu’il ne dispose pas ­d’espace professionnel à sa seule dispo-
sition mais d ­ ’un espace commun à partager, selon les besoins, avec ses
collègues. Il commettrait alors une faute en travaillant chez lui, faute q ­ u’il
faudrait qualifier pour envisager une sanction (avertissement verbal pour
le moins) et analyser les conditions ­d’un licenciement. On peut utilement
T echnologique

rappeler ­qu’il rend compte de son activité de façon hebdomadaire.


2. ­L’utilisation de la géolocalisation et respect de sa vie privée : La juris-
prudence est constante sur les méthodes de surveillance des salariés par
­l’employeur. En effet, ­l’article 9 du code civil énonce que « chacun a droit
au respect de sa vie privée ». Ce respect de la vie privée s­ ’applique égale-
ment dans ­l’entreprise. Il faut donc protéger la vie privée du salarié sur son
lieu de travail et tenter de limiter les pratiques potentiellement déloyales de
DROIT

­l’employeur. Et l­’arrêt rendu par la chambre sociale de la Cour de cassation


en date du 20 janvier 2016 (n° 14-15360) réaffirme le principe jurisprudentiel
selon lequel ­l’employeur ne peut tirer avantage des outils de travail à la

ANNALES CCIR 2017-2018 l 341

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 341 13/10/2017 11:36


disposition de son salarié, pour porter atteinte à sa vie privée et a fortiori
récupérer des éléments personnels pour le sanctionner.
ESC
2. En vous aidant notamment de l­’arrêt de la Cour de cassation du
3 novembre 2011, analysez les conditions de la licéité d
­ ’un éventuel
licenciement de Christophe VILLIERS sur le fondement ­d’un dispo-
sitif de géolocalisation.
C ORRIGÉ

Les faits :
Christophe, ingénieur d ­ ’étude, est chef de projets et de ce fait est autonome
dans ­l’organisation de son travail et une véritable responsabilité au sein de
­l’entreprise. Il travaille souvent seul : il opère des prélèvements d ­ ’échantillon
­d’eau, voire de sol, sur les terrains concernés par les études q ­ u’il doit mener,
puis, après analyses biologiques et chimiques par un laboratoire, il interprète
les résultats et en tire des conclusions. Le bureau d ­ ’étude fournit tout le
matériel nécessaire au travail de terrain dans un véhicule « utilitaire » derniè-
rement équipé ­d’un système de géolocalisation.

Le problème juridique et les points de droit :


Le licenciement, pour être valable, doit respecter un certain nombre de
formalités et doit être justifié par des motifs réels et sérieux. Lorsque le
salarié licencié estime que ­l’une de ces conditions ­n’est pas remplie, il est
en droit ­d’engager une procédure devant le Conseil de p ­ rud’hommes pour
licenciement abusif.

Comme le rappelle la CNIL dans ­l’annexe 1, qui vous était proposée :


« Article 2 – Finalités du traitement.
[des données à caractère personnel ne peuvent être collectées que pour des
finalités déterminées, explicites et légitimes et ­qu’elles ne doivent pas être traitées
ultérieurement de manière incompatible avec ces finalités.] ».

Dès lors cette géolocalisation des véhicules de fonction sert-­elle à améliorer


la précision des évaluations de terrain ou à contrôler le temps et le lieu de
travail des salariés ?

La solution (proposition) :
­D’une part, il ne lui a pas reproché un manquement important dans son
travail, malgré le fait ­qu’il exerce ces fonctions de son domicile.
Par ailleurs, les informations de positionnement, qui résulteraient de la
géolocalisation, ne pourraient pas servir à sanctionner un salarié, comme
le rappelle la chambre sociale de la cour de cassation dans son arrêt du
3 novembre 2011, fourni en annexe.
T echnologique

Le licenciement, ainsi envisagé, serait donc abusif.

Situation 2 :
Pour se soustraire au malaise professionnel dans son bureau d ­ ’étude et avoir
la liberté d
­ ’organiser son travail comme il l­’entend, Christophe VILLIERS
décide ­d’exercer en qualité de travailleur indépendant. Il se demande sous
quel statut juridique il serait le plus judicieux pour lui de créer son entreprise.
DROIT

Il a été échaudé par ­l’organisation et le management de son bureau ­d’étude.


Dorénavant, il veut être libre et entreprendre seul en répondant en son
nom propre à des appels d ­ ’offres des collectivités territoriales. Il envisage

342 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 342 13/10/2017 11:36


aussi de négocier ses services en tant que sous-­traitant de bureaux ­d’étude
concurrents quand ceux-­ci remportent des marchés. Pour ne pas changer
ses habitudes, il compte tout simplement installer son lieu de travail à son ESC
domicile, et pour ce faire réserver une pièce de la maison ­qu’il possède
avec son épouse.
Christophe est marié, sans contrat de mariage spécifique (régime de la
communauté de biens). Il ­n’a pas ­d’enfant. Son épouse et lui ne possèdent

C ORRIGÉ
que leur résidence principale. Ils ­n’ont pas de patrimoine mobilier et que
peu ­d’économies personnelles. Madame VILLIERS est cadre de la fonction
publique. Son emploi est stable et suffisamment bien rémunéré pour que
le couple ­n’ait pas de souci de budget au quotidien. Madame VILLIERS
est parfaitement consciente du pari professionnel de son conjoint. Elle le
soutient, mais ne veut absolument pas risquer la propriété de leur habitation.
Christophe VILLIERS souhaite donc réaliser son projet en tenant compte de
ses deux priorités : ­l’autonomie ­d’organisation de son activité et la protection
de sa résidence principale.

3. Proposez une résolution du cas pratique ci-­dessus : Quel statut juri-


dique pouvez-­vous conseiller à Christophe Villiers ?

Faits :
Christophe VILLIERS souhaite devenir un travailleur indépendant et exercer
depuis son domicile dans une pièce q
­ u’il dédierait à son activité. Sans autre
patrimoine que son habitation principale, il est marié sous le régime de la
communauté de biens.

Règle :
Il faut donner à tout projet de création ­d’entreprise un cadre juridique. Il
faut opter :
– pour ­l’entreprise individuelle (EI),
– ou pour la création ­d’une société (EURL).
Le choix entre ces deux options se fait à partir de critères assez simples : le
nombre de partenaires, le capital apporté, les risques envisagés quant au
patrimoine et donc ­l’étendue de la participation au résultat et corollairement,
la responsabilité face aux pertes.

N.B. : il ­n’était pas, à notre sens, attendu que vous développiez tous les
éléments précis des différents régimes juridiques, mais juste rappeler
les différentes thématiques.

Application :
­ ’ayant que peu de moyens financiers et ne voulant pas risquer la propriété
N
T echnologique

de leur habitation, il pourra opter pour ­l’EIRL créée par la Loi n° 2010-658 du
15 juin 2010 « relative à ­l’entrepreneur individuel à responsabilité limitée » :
contrairement à ­l’entreprise individuelle classique, le patrimoine personnel
du chef d ­ ’entreprise ­n’est pas engagé. Celui-­ci crée un patrimoine profes-
sionnel, appelé patrimoine d ­ ’affectation, qui seul peut être saisi en cas de
difficultés.
DROIT

Documentation juridique :
• Annexe 1 : CNIL, délibération n° 2015-165 du 4juin 2015.
• Annexe 2 : Cour de Cassation, chambre sociale, 3 novembre 2011.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 343

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 343 13/10/2017 11:36


DEUXIÈME PARTIE : VEILLE JURIDIQUE
ESC À partir de la veille juridique que vous avez réalisée au cours de l­’année
2016, vous traiterez la question suivante :

« ­L’évolution du régime juridique du préjudice écologique influence-­elle


la responsabilité sociale des entreprises ? »
C ORRIGÉ

Remarque liminaire :
Ce sujet a pu surprendre : il est centré sur le seul préjudice écologique
alors que le thème de la veille juridique était la responsabilité sociétale des
entreprises (RSE).
Toujours est-­il que cet élément de l­’année 2016 était incontournable et devait
être maitrisé, la question portait sur ­l’évolution du régime juridique et ses
conséquences sur la RSE.

Éléments de réponse :
Le préjudice écologique est un principe juridique récent, introduit dans le
droit civil, via le droit de l­’environnement : le régime de responsabilité envi-
ronnementale issu de la directive du 21 avril 2004 transposée dans le code
de ­l’environnement.
Ce nouveau préjudice vise à éclaircir et faciliter la réparation du dommage
environnemental à ­l’encontre d ­ ’un écosystème. Il peut justifier une réparation
ou des compensations matérielles, sinon financières le cas échéant (quand
la réparation ­n’est pas faite ou partiellement impossible).
En mai 2013, une proposition de loi visant à inscrire le « préjudice écolo-
gique » (déjà reconnu par la jurisprudence) dans le code civil a été adoptée
à ­l’unanimité par le Sénat. Mais la notion est finalement inscrite dans le code
civil par la Loi du 8 août 2016 « pour la reconquête de la biodiversité, de la
nature et des paysages ».

I/ La jurisprudence confortée par ­l’article 1269 du code civil,


a repris certaines de ces réflexions et fixe ainsi ­l’état du droit.

La loi crée un nouveau titre dans le code civil intitulé « Chapitre III La répa-
ration du préjudice écologique. » et pose le principe de la réparation.
Art. 1246.- Toute personne responsable d­ ’un préjudice écologique est tenue
de le réparer.

La définition du préjudice écologique est exprimée à partir du préjudice


réparable :
T echnologique

Art. 1247.- Est réparable, dans les conditions prévues au présent titre,


le préjudice écologique consistant en une atteinte non négligeable aux
éléments ou aux fonctions des écosystèmes ou aux bénéfices collectifs
tirés par ­l’homme de ­l’environnement.

Les personnes susceptibles ­d’intenter une action en demande de réparation


comprennent pouvoirs publics et associations :
DROIT

Art. 1248.- ­L’action en réparation du préjudice écologique est ouverte à toute


personne ayant qualité et intérêt à agir, telle que l­’État, ­l’Agence française
pour la biodiversité, les collectivités territoriales et leurs groupements dont

344 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 344 13/10/2017 11:36


le territoire est concerné, ainsi que les établissements publics et les associa-
tions agréées ou créées depuis au moins cinq ans à la date ­d’introduction
de ­l’instance qui ont pour objet la protection de la nature et la défense de ESC
­l’environnement.

Ces dispositions vont forcer les entreprises à mieux prendre en compte et


donc anticiper les conséquences environnementales de leur activité.

C ORRIGÉ
II/ La forme de la réparation : en priorité est retenue la réparation
en nature mais est également prévue la possibilité de dommages
et intérêts.

Art. 1249.- La réparation du préjudice écologique ­s’effectue par priorité


en nature. En cas ­d’impossibilité de droit ou de fait ou d ­ ’insuffisance des
mesures de réparation, le juge condamne le responsable à verser des
dommages et intérêts, affectés à la réparation de ­l’environnement, au
demandeur ou, si celui-­ci ne peut prendre les mesures utiles à cette fin,
à ­l’État. ­L’évaluation du préjudice tient compte, le cas échéant, des mesures
de réparation déjà intervenues.

Accompagnées par un délai de prescription qui est de 10 ans à la date où


le préjudice est connu ou aurait pu être connu, ces nouvelles dispositions
imposeront aux entreprises une réelle évaluation de leur impact environne-
mental pour anticiper toute conséquence juridique.
Car ­l’inscription de la réparation du préjudice écologique dans le code civil
ne résout pas tout. L­ ’articulation des régimes de responsabilité, notamment
celui des pollutions maritimes, ­l’évaluation du préjudice, la réparation et la
nécessaire assurabilité du risque de sanctions interrogent les entreprises.
T echnologique
DROIT

ANNALES CCIR 2017-2018 l 345

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 345 13/10/2017 11:36


S UJET

DROIT
Durée : 1 heure 30.

Il est recommandé de ne pas dépasser 10 pages.


ESSEC Les candidats ne doivent faire usage ­d’aucun document ; ­l’utilisation
de toute calculatrice et de tout matériel électronique est interdite.
Si au cours de ­l’épreuve, un candidat repère ce qui lui semble être
une erreur ­d’énoncé, il la signalera sur sa copie et poursuivra sa
composition en expliquant les raisons des initiatives ­qu’il sera amené
à prendre.

S
UJET

PREMIÈRE PARTIE :
MISE EN SITUATION JURIDIQUE

Cas VISTAPLAST

La société Vistaplast située à Laxou en Meurthe-­et-Moselle (54) est une


entreprise en pleine croissance, spécialisée dans l­’univers des plastiques.
Vistaplast emploie 180 salariés et assure depuis 1968 tous types de travaux
de transformation pour ­l’industrie (tuyauterie, cuves, bacs…), la PLV (présen-
toirs, lettres découpées, plaques polies…), la distribution de semi-­produits
en plastique dans les secteurs du bâtiment (bardage, couverture, voûte…) et
de la communication (supports alvéolaires, expansés, sandwichs alu…). Les
ateliers dotés chaque année de nouvelles machines permettent a ­ ujourd’hui
de nombreuses et délicates opérations : découpe, fraisage, tournage, pliage,
soudage, formage à chaud…
« Nous produisons des équipements sur-­mesure en fonction des plans et
des cotes communiqués par nos clients », précise Boris Starck, le direc-
teur de VIstaplast. Avec un portefeuille ­d’environ 400 clients, ­l’entreprise se
positionne sur des marchés de niche. Ainsi, depuis 2009, elle produit des
éléments nécessaires au regarnissage des ascenseurs (panneaux intérieurs,
plafonds, luminaires, guides câbles). Vistaplast répond également à des
demandes très ponctuelles, comme celle de la préfecture de Meurthe-­et-
Moselle qui avait besoin ­d’un pupitre.
T echnologique

La direction de Vistaplast vous demande ­d’étudier certains dossiers déli-


cats et de donner un avis motivé et synthétique sur les difficultés juridiques
­qu’ils soulèvent…

Questions :

1. Le 20 février 2017, un incendie ­s ’est déclaré dans un entrepôt de


Vistaplast. Le feu a partiellement détruit l­’immeuble et s­ ’est propagé à la
DROIT

façade du bâtiment voisin, occupé par la société Infocom. Cette dernière


demande réparation à Vistaplast pour le préjudice subi (arrêt momentané

346 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 346 13/10/2017 11:36


S UJET
de ­l’activité, perte de contrats en cours de négociation, remise en état de la
façade…). L ­ ’enquête a par la suite montré que l­’incendie avait été provoqué
par deux salariés de Vistaplast qui avaient allumé un barbecue dans les
locaux de ­l’entreprise, au mépris des consignes de sécurité, pourtant affi-
chées sur plusieurs murs de ­l’entrepôt.
ESSEC
Analysez cette situation juridique en précisant les fondements possibles
de ­l’action en réparation ­d’Infocom.

2. Le directeur de Vistaplast, Boris Starck, souhaite licencier pour faute


lourde les deux salariés responsables de ­l’incendie. Il souhaite également
mettre fin au contrat de travail d­ ’une dizaine de salariés, embauchés en
contrat à durée indéterminée, qui travaillaient dans l­’entrepôt sinistré : en
effet, les travaux de réparation de cet entrepôt doivent durer au moins trois
mois, et Boris Starck considère que si l­’existence de l­’entreprise n
­ ’est en
rien menacée par le sinistre, il convient néanmoins de faire ­d’importantes
économies. ­D’après lui, un licenciement économique serait donc possible.

Les arguments du directeur de Vistaplast vous paraissent-­ils fondés ?

3. Le directeur de Vistaplast a découvert ­qu’un nouveau concurrent, la


société Qualiplast pratiquait une communication particulièrement agressive
sur son site Internet : non seulement Qualiplast met en cause la qualité
des produits de Vistaplast en les comparant aux siens, mais elle propose
également une gamme de présentoirs en plastique dont le style et le nom
commercial sont très voisins de ceux fabriqués par Vistaplast. Enfin, le direc-
teur de Vistaplast a appris que ­d’anciens ingénieurs de ­l’entreprise avaient
démissionné pour travailler chez Qualiplast, qui propose des salaires plus
élevés.

Que pourriez-­vous conseiller au directeur de VIstaplast ?

SECONDE PARTIE : VEILLE JURIDIQUE

« Existe-­t‑il une responsabilité juridique de ­l’entreprise à ­l’égard de ses


salariés ? »

Vous répondez à cette question dans un bref développement en illustrant


vos propos par plusieurs exemples issus notamment de votre activité de
veille juridique.
T echnologique
DROIT

ANNALES CCIR 2017-2018 l 347

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 347 13/10/2017 11:36


ESSEC
C
ORRIGÉ
Par Pascal Simon-­Doutreluingne, professeur au lycée René-Cassin, à
Strasbourg, et doctorant à l’Université de Strasbourg.

PREMIÈRE PARTIE :
C ORRIGÉ

MISE EN SITUATION JURIDIQUE

Cas VISTAPLAST

La société Vistaplast située et Laxou en Meurthe-­et-Moselle (54) est une


entreprise en pleine croissance, spécialisée dans l­’univers des plastiques.
Vistaplast emploie 180 salariés et assure depuis 1968 tous types de travaux
de transformation pour ­l’industrie (tuyauterie, cuves, bacs…), la PLV (présen-
toirs, lettres découpées, plaques polies…), la distribution de semi produits
en plastique dans les secteurs du bâtiment (bardage, couverture, voûte…) et
de la communication (supports alvéolaires, expansés, sandwichs alu,…). Les
ateliers dotés chaque année de nouvelles machines permettent a ­ ujourd’hui
de nombreuses et délicates opérations : découpe, fraisage, tournage, pliage,
soudage, formage à chaud…

« Nous produisons des équipements sur-­mesure en fonction des plans et


des cotes communiqués par nos clients », précise Boris Starck, le direc-
teur de Vistaplast. Avec un portefeuille ­d’environ 400 clients, ­l’entreprise se
positionne sur des marchés de niche. Ainsi, depuis 2009, elle produit des
éléments nécessaires au regarnissage des ascenseurs (panneaux intérieurs,
plafonds, luminaires, guides câbles). Vistaplast répond également à des
demandes très ponctuelles, comme celle de la préfecture de Meurthe-­et-
Moselle qui avait besoin ­d’un pupitre.
La direction de Vistaplast vous demande ­d’étudier certains dossiers déli-
cats et de donner un avis motivé et synthétique sur les difficultés juridiques
­qu’ils soulèvent.

Éléments de correction :

Remarques préliminaires :
Les compétences ici recherchées devaient être :
– une restitution précise des connaissances théoriques ;
– un respect de la forme de la réponse (progressivité dans la réponse :
principe, application aux faits pour la décision).
T echnologique

Il était donc indispensable d


­ ’utiliser la démarche du syllogisme pour répondre
aux différentes demandes :
– Réponses justifiées en fait (travail de qualification de la situation exposée :
comprendre et analyse du contexte en déterminant la pertinence des faits
par rapport à la recherche de solution) ;
– Réponses justifiées en droit (Connaître et maîtriser son cours pour identifier
quelle règle de droit est nécessaire à la solution proposée).
DROIT

348 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 348 13/10/2017 11:36


Nota Bene : les réponses proposées dans les rubriques « Problématique et
points de droit » sont ici assez précises pour que vous puissiez envisager
­l’étendue de la réponse qui devait être formulée. ESSEC

Questions :

1. Le 20 février 2017, un incendie ­s ’est déclaré dans un entrepôt de

C ORRIGÉ
Vistaplast. Le feu a partiellement détruit l­’immeuble et s­ ’est propagé à la
façade du bâtiment voisin, occupé par la société Infocom. Cette dernière
demande réparation à Vistaplast pour le préjudice subi (arrêt momentané
de ­l’activité, perte de contrats en cours de négociation, remise en état de la
façade…). L ­ ’enquête a par la suite montré que l­’incendie avait été provoqué
par deux salariés de Vistaplast qui avaient allumé un barbecue dans les
locaux de ­l’entreprise, au mépris des consignes de sécurité, pourtant affi-
chées sur plusieurs murs de ­l’entrepôt.
Analysez cette situation juridique en précisant les fondements possibles de
­l’action en réparation ­d’Infocom.

Éléments de correction :

Remarques liminaires :
La situation présentée ici est assez complexe dans ­l’enchaînement des
causalités des différents dommages et donc des régimes juridiques y affé-
rant. La victime devra choisir entre différents fondements pour agir : la
responsabilité du fait personnel (article 1240 du Code civil) ou la responsa-
bilité du fait ­d’autrui (article 1242 du même code).
La disposition particulière concernant l­’incendie d ­ ’un immeuble (loi du
7 novembre 1922 sur la communication des incendies reprise à ­l’alinéa 2
de ­l’article 1242 c. civ.) pouvait être éventuellement évoquée même si elle
semble hors programme.
Vos connaissances en responsabilité extracontractuelle sont donc atten-
dues, complétées par les notions de droit du travail qui permettent la
qualification du contrat de travail.

1 – Les faits
Un incendie dans les locaux de la société est causé par deux de ses sala-
riés. Ils ont organisé, alors que ­c’était interdit et rappelé par les consignes
de sécurité, un barbecue.
Cet incendie a causé un dommage matériel important au local occupé par
la société Infocom qui souhaite obtenir réparation.
T echnologique

2 – Le problème de Droit et le cadre normatif


La situation posée questionne les fondements de la responsabilité civile
et leurs évolutions : les conditions de mise en jeu de la responsabilité,
dommage, fait générateur et lien de causalité.
On évoquera plus particulièrement la responsabilité du fait ­d ’autrui
(article 1242 du Code civil) et celle de la responsabilité du fait personnel
(article 1240 du Code civil) dans le cas ­d’un possible abus de fonction du
DROIT

salarié.
Ainsi, pour éviter sa mise en cause, ­l’employeur du salarié, auteur ­d’un
dommage, doit prouver que son préposé a  agi sans autorisation du

ANNALES CCIR 2017-2018 l 349

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 349 13/10/2017 11:36


commettant (l’employeur), à des fins étrangères à ses attributions et hors
des fonctions auxquelles celui-­ci est employé.
ESSEC
3 – Application pour la solution envisagée
Le cas ne mentionne pas tous les éléments nécessaires pour écarter la
responsabilité de la société et invoquer l­’abus de fonction : ­l’heure du
barbecue notamment. Ainsi, le temps de pause, et particulièrement le
C ORRIGÉ

repas, est une période pendant laquelle un salarié peut librement vaquer
à ses occupations personnelles sans avoir à respecter des directives de son
employeur. La jurisprudence ­l’analyse comme un arrêt de travail de courte
durée sur le lieu de travail ou à proximité.
Or vu les critères posés par la jurisprudence, ­l’énoncé des faits semble
évoquer un abus de fonction du salarié : les salariés ne pouvaient allumer
un feu pour un barbecue et l­’ont fait, a priori, en dehors du temps de travail.
Mais la réponse attendue ne ­s’arrête pas à évoquer une solution qui serait
la seule envisageable. Ainsi, argumenter dans le sens de la responsabilité
de ­l’employeur qui ­n’a pas su prévenir ce risque peut être aussi acceptable.
Là encore, ­l’argumentation étayée pertinemment est valorisée.

2. Le directeur de Vistaplast, Boris Starck, souhaite licencier pour faute


lourde les deux salariés responsables de ­l’incendie. Il souhaite également
mettre fin au contrat de travail d­ ’une dizaine de salariés, embauchés en
contrat à durée indéterminée, qui travaillaient dans l­’entrepôt sinistré : en
effet, les travaux de réparation de cet entrepôt doivent durer au moins trois
mois, et Boris Starck considère que si l­’existence de l­’entreprise n
­ ’est en
rien menacée par le sinistre, il convient néanmoins de faire d ­ ’importantes
économies. ­D’après lui, un licenciement économique serait donc possible.
Les arguments du directeur de Vistaplast vous paraissent-­ils fondés ?

Éléments de correction :

Remarques liminaires :
Les termes de la situation présentée sont suffisamment précis pour vous
orienter vers le régime légal de la rupture du contrat de travail à ­l’initiative
de ­l’employeur et ­d’évaluer la faisabilité des souhaits de celui-­ci quant aux
deux catégories de salariés ­qu’il souhaite licencier.
Vos connaissances (« Le cadre juridique des relations individuelles de
travail ») et plus particulièrement sur les licenciements pour faute et pour
motif économique sont ici requises.

1 – Les faits
T echnologique

Suite à  ­l’incendie causé par deux de ses salariés, Monsieur STARCK


souhaite sanctionner ceux-­ci et les licencier pour faute lourde.
Par ailleurs, le sinistre a entraîné des coûts importants (réparation). Pour
cette raison, ­l’employeur estime pouvoir procéder à une dizaine de licen-
ciements économiques pour répercuter ces dépenses.

2 – Le problème de Droit et le cadre normatif


DROIT

Le licenciement est la mesure par laquelle, un employeur met fin au contrat


de travail d
­ ’un ou plusieurs salariés. Cette résiliation est soumise à une régle-
mentation qui exige une cause réelle et sérieuse, énumérée dans le Code du

350 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 350 13/10/2017 11:36


travail (article L1232-1 et suivants du Code du travail pour la cause imputée
au salarié et ­l’article L1233-2 pour la cause tirée ­d’un motif économique).
ESSEC
Ainsi, un salarié peut être licencié pour faute simple, faute grave ou faute
lourde, au terme ­d’une procédure disciplinaire. La faute du salarié est
considérée comme lourde l­orsqu’elle est commise dans l­’intention de nuire
à ­l’employeur. ­C’est à ­l’employeur ­d’apporter la preuve de cette intention

C ORRIGÉ
de nuire. À défaut, la faute lourde ne peut pas être reconnue.

Ainsi un licenciement pour motif économique est effectué par un employeur


pour des raisons qui ne sont pas liées au salarié lui-­même. Ce licencie-
ment est motivé par des raisons économiques, ayant pour origine soit une
suppression ou une transformation de ­l’emploi du salarié concerné, soit
une modification ­d’un élément essentiel du contrat de travail refusée par
le salarié.
La loi dite « Travail » du 8 août 2016 précise les critères qui définissent les
difficultés économiques, différenciés selon les tailles d­ ’entreprise. Ils sont
rentrés en vigueur le 1er décembre 2016. Les raisons économiques que
­l’employeur peut invoquer sont notamment des difficultés économiques
ou la nécessité de sauvegarder la compétitivité de ­l’entreprise.
Il y a difficulté économique lorsque ­l’entreprise connaît une évolution signi-
ficative ­d’au moins un indicateur économique tel que :
– une baisse des commandes ou du chiffre ­d’affaires (3 trimestres consé-
cutifs dans notre cas puisque la société emploie plus de 50 et moins de
300 salariés) ;
– des pertes ­d’exploitation ou une dégradation de la trésorerie ou de
­l’excédent brut ­d’exploitation  ;
– ou tout autre élément de nature à justifier de difficultés économiques.

3 – Application pour la solution envisagée


On peut raisonnablement contredire les arguments de Monsieur STARCK
à propos du licenciement pour faute : la distinction faute grave (le cas ici)
ou faute lourde (invoquée) ne va pas dans le sens ­d’une intention de nuire
de la part des deux salariés.
Monsieur STARCK risque donc de voir son action déboutée pour licencie-
ment abusif.

Par ailleurs, les conditions du licenciement économique invoqué suite


à ­l’incendie n
­ ’impliquent pas de difficultés économiques au sens de la loi
(baisse du chiffre ­d’affaires ou pertes ­d’exploitation), Monsieur STARCK
reconnaissant par ailleurs, que la survie de son entreprise ­n’est en rien
compromise. Au surplus, on peut estimer que ces dégâts matériels sont
T echnologique

pris en charge par une assurance.

3. Le directeur de Vistaplast a découvert q ­ u’un nouveau concurrent, la


société Qualiplast pratiquait une communication particulièrement agres-
sive sur son site Internet : non seulement Qualiplast met en cause la qualité
des produits Vistaplast en les comparant aux siens, mais elle propose
également une gamme de présentoirs en plastique dont le style et le nom
DROIT

commercial sont très voisins de ceux fabriqués par Vistaplast. Enfin, le


directeur de Vistaplast a appris que ­d’anciens ingénieurs de ­l’entreprise

ANNALES CCIR 2017-2018 l 351

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 351 13/10/2017 11:36


avaient démissionné pour travailler chez Qualiplast, qui propose des salaires
plus élevés.
ESSEC Que pourriez-­vous conseiller au directeur de Vistaplast ?

Éléments de correction :
C ORRIGÉ

Remarques liminaires :
Les termes de la situation présentée sont suffisamment précis pour vous
orienter : un concurrent qui agit à plusieurs niveaux : ­d’une part, une commu-
nication agressive (qu’il vous faudra qualifier) envers les clients et des
mouvements de personnel ­d’une société à ­l’autre.
Vos connaissances concernant la thématique de la concurrence déloyale
(« protection de ­l’entreprise ») sont donc attendues et notamment
­l’articulation entre régime de droit commun et action spécifique sanction-
nant la contrefaçon.

1 – Les faits
Un concurrent dans une communication agressive, compare pour les déni-
grer les produits commercialisés par la société Vistaplast et accompagne
cela d
­ ’une tentative de confusion en s­ ’appropriant le style et le nom commer-
cial de cette dernière.
Enfin, des ingénieurs de Vistaplast ont démissionné pour être recrutés chez
ce même concurrent.
Le directeur de la société souhaite la cessation de ces actes q ­ u’il estime
déloyaux et obtenir réparation du préjudice subi.

2 – Le problème de Droit et le cadre normatif


Les principes de ­l’action en concurrence déloyale visent à sanctionner un
comportement préjudiciable ­d’un commerçant envers un autre.
Les comportements déloyaux sont sanctionnés par ­l’application des
articles 1240 du Code civil, selon les conditions de la responsabilité délic-
tuelle pour faute. On peut ­d’ores et déjà mentionner ­l’existence ­d’une action
spécifique liée à la contrefaçon ­d’une marque ou ­d’un dessin et modèle.
Le plaignant doit établir une faute, un préjudice et un lien de causalité entre
la faute et le préjudice. La faute peut être ­d’une imitation et ­d’un dénigrement
de ­l’entreprise ­d’une part, ­d’un débauchage frauduleux de salariés d ­ ’autre
part. Le préjudice doit être direct et certain, comme un trouble commercial
(ex : perte d
­ ’image, détournement de clientèle, déstabilisation de la politique
commerciale…). Enfin, le lien de causalité est présumé : ­l’acte en concur-
rence déloyale cause en lui-­même un trouble commercial.
­L’action en concurrence déloyale a pour effet de faire cesser les actes de
concurrence déloyale : ­l’imitation, la reproduction, ­l’usage ou ­l’apposition
T echnologique

­d’une marque identique ou similaire.


La contrefaçon est une atteinte illégitime au droit de propriété intellectuelle
­d’une entreprise. Elle résulte de la reproduction ou de l­’imitation d ­ ’un produit
ou ­d’une marque sans en avoir le droit.
Ainsi, en ce qui concerne les droits de la propriété intellectuelle, l­’action en
contrefaçon est distincte de celle de la concurrence déloyale. La sanction
existe du seul fait de ­l’atteinte au droit de propriété, indépendamment de
DROIT

toute faute ou préjudice.


La sanction est civile (réparation due au titulaire de la marque ou du dessin
et modèle) et pénale (amende et/ou emprisonnement).
352 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 352 13/10/2017 11:36


3 – Application pour la solution envisagée
On peut alors regrouper les faits pour articuler entre concurrence déloyale
et contrefaçon. ESSEC
La Cour de Cassation pose que le cumul des deux actions n ­ ’est possible
­qu’en présence ­d’« une faute constitutive de concurrence déloyale distincte
de la participation aux faits de contrefaçon ».
Le plaignant devra établir que la faute ainsi prouvée entraîne une confu-

C ORRIGÉ
sion, ou ­qu’elle représente une usurpation de savoir-­faire, éventuellement
aggravé par un débauchage de salariés du concurrent et ­d’une communi-
cation dénigrante.

Monsieur STORCK doit établir que la publicité comparative opérée par la


société Qualiplast est dénigrante : dévaloriser aux yeux du public ­l’entreprise
concurrente ou les produits que cette entreprise commercialise. L ­ ’utilisation
­d’arguments non objectifs sera un élément de preuve déterminant.
Par ailleurs, concernant les transferts de salariés, il lui fait prouver que le
débauchage (qui ­n’est pas en soi sanctionné sauf ­s’il est abusif de la part
du salarié et que le nouvel employeur y a participé) entraîne selon la juris-
prudence « une véritable désorganisation de la société ». Cette appréciation
des juges tiendra compte du nombre et de la qualité des emplois débauchés
et des conséquences sur la société qui voit ainsi partir son personnel.
Enfin, concernant les présentoirs en plastique et le nom commercial, le
directeur de Vistaplast pourra choisir entre contrefaçon ou concurrence
déloyale en fonction des droits dont il dispose : à partir de ­l’énoncé, on peut
raisonnablement estimer q ­ u’il dispose de droit de propriété industrielle sur
ces produits et son nom commercial et agir en contrefaçon.

SECONDE PARTIE : VEILLE JURIDIQUE

« Existe-­t‑il une responsabilité juridique de ­l’entreprise à ­l’égard de ses


salariés ? »
Vous répondrez à cette question dans un bref développement en illustrant
vos propos par plusieurs exemples issus notamment de votre activité de
veille juridique.

Éléments de réponse :

Remarques liminaires :
Il ne ­s’agit pas ici de présenter une réponse type ni dans son exhaustivité
ni dans sa rédaction. Par contre, ces éléments doivent vous permettre de
T echnologique

comprendre les attentes du jury : une réponse contextualisée (rappel des


notions) et argumentée (des éléments de veille juridique précis et pertinent)
dans un cadre structuré (introduction, plan et conclusion rapide si possible).

Introduction
La responsabilité juridique ­d’un sujet de droit peut dépendre de ­l’exécution
du contrat (effet obligatoire et relatif du contrat) et plus particulièrement dans
DROIT

le cadre (juridique) des relations individuelles de travail.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 353

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 353 13/10/2017 11:36


À ce titre, la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) comporte
de nombreuses avancées par rapport au cadre légal, qui a  tendance
ESSEC à les reprendre pour mieux les protéger et inciter les entreprises à agir
constamment.

1 – ­L’obligation de respecter le contrat de travail


­L’actualité portait essentiellement sur les obligations légales de l­’entreprise
C ORRIGÉ

en matière de sécurité, d ­ ’information, de formation, de licenciement. À cet


égard, le candidat pouvait évoquer :
– la réaffirmation de la protection de la vie privée (CEDH en janvier 2016) ;
– le décret du 7 juin concernant les pathologies psychologiques dans le
cadre de la relation de travail salarié ;
– les arrêts de la cour de cassation concernant la protection des salariés en
cas de violence physique (19 mai) ou de harcèlement (1er juin) et renforçant
les obligations ­d’hygiène et de sécurité (7 juin).

Par ailleurs, le législateur par la loi n° 2016-1691 du 9 décembre 2016


relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisa-
tion de la vie économique dite « Sapin I » envisageait ­l’existence légale du
lanceur ­d’alerte, qui avait été déjà pris en compte, notamment par ­l’arrêt du
30 mai 2016 de la cour de cassation.

2 – La recherche du bien-­être des salariés


Cette notion et cet objectif très généralement issus de la RSE ont été repris
dans plusieurs dispositions de la loi n° 2016-1088 du 8 août 2016 relative
au travail, à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation des
parcours professionnels dite « El Khomri ».
On peut citer le « Droit à la déconnexion » applicable depuis le 1er janvier 2017,
­l’amélioration de la protection du congé de maternité, les nouveaux éléments
du cadre du dialogue social notamment dans les TPE ou la création du
compte « pénibilité ».
T echnologique
DROIT

354 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 354 13/10/2017 11:36


S UJET
MATHÉMATIQUES
Durée : 4 heures.

La présentation, la lisibilité, l­ ’orthographe, la qualité de la rédaction,


Code sujet : 285 ESCP
la clarté et la précision des raisonnements entreront pour une part
Europe
importante dans ­l’appréciation des copies.
Les candidats sont invités à encadrer dans la mesure du possible
les résultats de leurs calculs. Ils ne doivent faire usage d­ ’aucun
document : ­l’utilisation de toute calculatrice et de tout matériel
électronique est interdite. Seule ­l’utilisation ­d’une règle graduée est
autorisée.
Si au cours de ­l’épreuve, un candidat repère ce qui lui semble être
une erreur ­d’énoncé, il la signalera sur sa copie et poursuivra sa
composition en expliquant les raisons des initiatives ­qu’il sera amené
à prendre.
­L’épreuve est constituée de quatre exercices indépendants.

S UJET

MATHÉMATIQUES
T echnologique

1
Tournez la page S.V.P.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 355

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 355 13/10/2017 11:36


S UJET

ESCP
Europe

2
MATHÉMATIQUES
T echnologique

356 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 356 13/10/2017 11:36


S UJET
ESCP
Europe

3
Tournez la page S.V.P.
MATHÉMATIQUES
T echnologique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 357

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 357 13/10/2017 11:36


S UJET

C
CO
ESCP
Europe

1.a

Pu

Si

Ce
b.

c.

D’

d.
e.
pu

2.a
na

Il e

4
MATHÉMATIQUES

On
T echnologique

Ai

Ce

358 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 358 13/10/2017 11:36


C ORRIGÉ
Par Bernard Delacampagne, professeur de mathématiques au lycée
ESCP
Europe
Madeleine-­Michelis, à Amiens.
CORRIGE ESCP Europe T ANNEE 2017

C ORRIGÉ
EXERCICE 1

1.a. Les calculs donnent :


 2 1 0  2 1 0   1 1 1 
    
M2 
 
 3 1 1   3 1 1 
   2  2  2
 1 0 1  1 0 1   1 1 1 
   
Puis :
 1 1 1  2 1 0   0 0 0 
    
M 3 M 2 M   2 2 2  3 1 1    0 0 0   0
 1 1 1  1 0 1  0 0 0 
    
Si M était inversible, on aurait :
M 3 
0 M 1M 3  M 1 0  M 2 0
Ceci est absurde vu le calcul de M 2 effectué ci-dessus, donc M n’est pas inversible.
b. Pour tout entier naturel n supérieur ou égal à 3, on a :
 Mn M  3
M n 3 0M n 3  0
c. On obtient, en développant et en utilisant la question 1.a :
I  M  I  M  M2   I  M  M 2  M  M 2  M3 I  M3  I
D’après l’égalité précédente,  I  M  est inversible et son inverse est :
1 0 0  2 1 0   1 1 1   4 2 1
       
I  M 
1
IM   M 2  0 1 0    3 1 1    2 2 2  =  5 2 1 
 0 0 1   1 0 1  1 1 1   2 1 1 
       
d. D’après la question 1.a, M 3  0 , donc X 3 est un polynôme annulateur de la matrice M.
e. Les valeurs propres possibles de M sont les racines de tout polynôme annulateur de M ;
puisque 0 est la seule racine du polynôme X3 , 0 est la seule valeur propre possible de M.

2.a. Puisque M et I commutent, la formule du binôme de Newton donne, pour tout entier
naturel n :

  
n n n
 n  k n k n k n k
Sn   M  I  
n
 M I   M I   M
k k k
k 0 k 0 k 0
Il en résulte de la question 1.b que, pour tout entier naturel n supérieur ou égal à 2 :


2
n k n 0 n 1 n 2
Sn   M   M  M  M
k 0 1 2
k 0
MATHÉMATIQUES

On a :
n n n n! n  n  1 n  2  ! n  n  1
  1,     n et    
T echnologique

0 1  2  2! n  2 ! 2  n  2 ! 2


Ainsi a-t-on, pour tout entier naturel n supérieur ou égal à 2 :
n  n  1 2
Sn  I  nM  M
2
Cette égalité reste vraie pour n  0 et n  1 car :
0  0  1 2 11  1 2
I  0M  M  I S0 et I  1M  M I  M S S1
2 2

1/13

ANNALES CCIR 2017-2018 l 359

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 359 13/10/2017 11:36


CORRIGE ESCP Europe T ANNEE 2017 CO

Ainsi a-t-on, pour tout entier naturel n :


n  n  1 2
ESCP Sn  I  nM  M
Europe 2
b. D’après l’égalité de la question précédente, la deuxième colonne de la matrice Sn est la On
n  n  1 2
somme des deuxièmes colonnes des matrices I, nM et M , c’est-à-dire :
2
n  n  1   n  n  1 
C ORRIGÉ


n
 0 1 1  2
 
2

    n  n  1       Ce
 2    1  n  n  n  1    1  n 
2
 1   n  1  2 D’
 1   n n 1
 0
 
0
         n  n  1 
   
 2   2 
 n  n  1 
 
 2  c. I
La deuxième colonne de la matrice Sn est  1  n 2  .
 
 n  n  1 
 2 

3.a. On a : u
 2 1 0  1 0 0  3 1 0 
      v
S  M  I   3 1 1    0 1 0    3 0 1  w

 1 0 1   0 0 1   1 0 0 
      en
Il vient donc, pour tout entier naturel n :
 un 1   3u n  v n   3 1 0  u n   un 
         Il v
v 
 n 1   3u n  w n   3 0 1 v
 n   S  vn 
w   u   1 0 0  w  w 
 n 1   n    n   n
b. Montrons par récurrence la propriété Pn , définie pour tout entier naturel n, par :
 un   u0  4.a
  n  
 v n   S  v0 
w  w 
 n  0
Initialisation :
P0 est vraie car on a : b.
 u0   u0   u0 
     
S0 
 v0  I
 v0   v0 
w  w  w 
 0  0  0
Hérédité : Il v
On suppose Pn vraie, pour une valeur de l’entier naturel n, c’est-à-dire :
 un   u0 
  n  
 v n   S  v0 
MATHÉMATIQUES

w  w  Pu
 n  0
On montre que Pn 1 est vraie, c’est-à-dire :
T echnologique

2/13

360 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 360 13/10/2017 11:36


CORRIGE ESCP Europe T ANNEE 2017

 u n 1   u0 
  n 1  
v
 n 1   S  v0  ESCP
w  w  Europe
 n 1   0
On a, d’après la question 3.a et l’hypothèse de récurrence :
 u n 1   un   u0   u0 
    n  n 1  
v n 1  S v
  n SS  v
  0 S  v0 

C ORRIGÉ
w  w  w  w 
 n 1   n  0  0
Ceci assure que Pn 1 est vraie.
D’après le principe de récurrence, on peut conclure que, pour tout entier naturel n, on a :
 un   u0 
  n 
v
 n  S  v0 
w  w 
 n  0
c. Il résulte de la question précédente que pour tout entier naturel n, on a :
 un   u0  0
  n   n 
 v
  n S v
  0 S 1
w  w  0
 n  0  
 un 
 
 v n  est donc la deuxième colonne de S , obtenue à la question 2.b ; ainsi a-t-on, pour tout
n

w 
 n
entier naturel n :
n  n  1 n  n  1
un  , v n  1  n 2 et w n 
2 2
Il vient donc, pour tout entier naturel n :
n  n  1 n  n  1 n 2 n n2 n
u n  v n  w n 1 n2    1 n2    1
2 2 2 2 2 2

4.a. Les calculs donnent :


 2 1 0 0  0  1 1 1  0   1 
         
V MU   3 1 1   0    1  et W M 2 U   2 2 2  0    2 
 1 0 1   1   1  1 1 1    
       1   1 
b. Par définition, on a :
 1 0 0
 
P  2 1 0 
 1 1 1
 
Il vient donc :
 1 0 0  1 0 0   1 0 0
    
P 2 PP   2 1 0  2 1 0   0 1 0  I
 1 1 1  1 1 1   0 0 1 
   
MATHÉMATIQUES

Puisque P 2  I , P est inversible et son inverse est la matrice :


P 1  P
T echnologique

3/13

ANNALES CCIR 2017-2018 l 361

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 361 13/10/2017 11:36


CORRIGE ESCP Europe T ANNEE 2017 CO

c. Les calculs donnent : 3.


ESCP  2 1 0  1 0 0   0 1 0  nn
    
Europe MP 
 3 1 1  2 1 0   0 2 1 
 1 0 1  1 1 1   0 1 1
    
Puis : Et
 1 0 0   0 1 0   0 1 0 
C ORRIGÉ

    
J PMP   2 1 0   0 2 1    0 0 1 
 1 1 1   0 1 1  0 0 0  Do
    
Notons que J est bien une matrice d’ordre 3, triangulaire supérieure, à coefficients diagonaux Le
tous nuls.
les
EXERCICE 2 mo

1. On a bien : 4.a
u12 12 1 v12 22 4
u2   et v 2  
u1  v1 1  2 3 u1  v1 1  2 3
On a : Ce
2 2
1 1 4 16 nu
   
u 3
u 22 3
   9 1  3  1 et v v 22
  3  9 16  3  16
u 2  v2 1  4 5 9 5 15 1 4 5 Pa
3
u 2  v2  9 5 15
3 3 3 3 3 3 rel

2. Montrons par récurrence la propriété Pn , définie pour tout entier naturel n non nul, par : b.
u n  0 et v n  0
Initialisation :
On
P1 est vraie car on a :
u1  1  0 et v1 2  0
Do
Hérédité :
On suppose Pn vraie, pour une valeur de l’entier naturel n, c’est-à-dire :
c.
u n  0 et v n  0
On montre que Pn 1 est vraie, c’est-à-dire :
u n 1  0 et v n 1  0 En
On a, d’après l’hypothèse de récurrence :
u n  0 et v n  0 , donc u 2n  0 , v 2n  0 et u n  v n  0 Pa
Donc, par définition de u n 1 et v n 1 , il vient :
On
u 2n v 2n
u n 1
 et v n 1
0  0
u n  vn u n  vn
Ceci assure que Pn 1 est vraie. 5.
D’après le principe de récurrence, on peut conclure que, pour tout entier naturel n non nul, va
on a :
MATHÉMATIQUES

un  0 et v n  0
T echnologique

4/13

362 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 362 13/10/2017 11:36


CORRIGE ESCP Europe T ANNEE 2017

3. Puisque u n  0 et v n  0 d’après la question précédente, il vient, pour tout entier naturel


n non nul : ESCP
u 2n u 2n  u 2n  u n v n u v Europe
u n 1 
un un
  n n 0

u n  vn u n  vn u n  vn
Et :
v n2 vn2  u n v n  v n2 u v
v n 1 
vn vn
  n n 0

C ORRIGÉ
u n  vn u n  vn u n  vn
Donc les suites  u n n1 et  v n n1 sont décroissantes.
Les suites  u n n 1 et  v n n 1 sont décroissantes et minorées par 0, d’après la question 2 ; donc
les suites  u n n1 et  v n n  1 sont convergentes, d’après le théorème de la convergence
monotone.

4.a. On a, pour tout entier naturel n non nul :


u n 1  v n
u 2n

v 2n u 2  v 2n
 n 
 u n  v n  u n  v n u n  vn
1
u n  vn u n  vn u n  v n u n  vn
Ceci prouve que la suite  u n  v n n1 est constante, et on a, pour tout entier naturel n non
nul :
u n  v n u1  v1  1 2 1
Par passage à la limite lorsque n tend vers  dans cette dernière égalité, on en déduit la
relation suivante entre l et l ' :
l  l '  1
b. Par passage à la limite lorsque n tend vers  dans la relation u n 1  u n  v n  
u 2n , il vient :
l l  l'  
l2
On a alors :
l  l  l '   l 2  l 2  ll '  l 2  ll '  0
Donc on a bien :
ll'  0
c. On a, d’après la question 4.b :
l l ' 0   l 0 ou l ' 0 
En utilisant la relation l  l 1 obtenue à la question 4.a, il vient :
'

 l  0  l ' 1 et  l ' 0  l 1


Par passage à la limite dans l’inégalité u n  0 obtenue à la question 2, on obtient :
l 0
On a donc :
l  0 et l '  1
5. Les lignes (6) et (7) du programme Scilab complétées afin qu’il calcule et affiche les
valeurs de u n et v n pour une valeur n entrée par l’utilisateur sont les suivantes :
MATHÉMATIQUES

(6) u=u^2/(u+v)
(7) v=v^2/(a+v)
T echnologique

5/13

ANNALES CCIR 2017-2018 l 363

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 363 13/10/2017 11:36


CORRIGE ESCP Europe T ANNEE 2017 CO

6.a. Au départ, s est une matrice ligne à n colonnes ne contenant que des 1 ; pour chaque Do
valeur de l’entier naturel k comprise entre 2 et 10, l’instruction (9) remplace le k-ième terme
ESCP de s par u k , et puisque le premier terme de s vaut u1  1 , la variable s contient l’issue du
Europe
programme les valeurs u1 , u 2 ,… un .
Ai
La variable y contient l’issue du programme les valeurs u1 , u1  u 2 ,…, u1  u 2    u n .
b. L’instruction plot2d(x,y) de la ligne (15) relie par des segments les points de coordonnées 2.
 k 
C ORRIGÉ

 k,  u i  , pour k entier naturel compris entre 1 et n, avec ici n  10 ; en observant le


 i 1  
k

graphique, on peut conjecturer que la somme u
i 1
i admet une limite finie proche de 1, 4 , 


lorsque k tend vers  , c’est-à-dire conjecturer que la série u
i 1
i est convergente et que On

sa somme est proche de 1, 4 .

EXERCICE 3 Et

1. f est continue sur , 1 ,  1, 0 , 0,1 et sur 1,  comme fonction constante sur
chacun de ces intervalles ; de plus, f admet des limites finies à gauche et à droite en 1 , 0 et
1, puisque : Do
1 a 1 a
lim  f  x  lim  0 0 et lim
 f  x  lim 
x 1 x 1 x 1 x 1 2 2
1 a 1 a 1 a 1 a
lim
 f   x  0
x lim
 et lim
 f   x  0
x lim

x  0 2 2 x  0 2 2
1 a 1 a So
lim
 f  x  lim  et lim f  x  xlim
 0 0
x 1 x 1 2 2 x 1 1

Donc f est continue par morceaux sur  . 


Pour tout réel x appartenant à , 1  1,  , on a : 

f  x  0  0
1
Pour tout réel x appartenant à  1, 0 , on a, puisque a  1 : On
2
1 a
x
f 0
2
1 Et
Pour tout réel x appartenant à 0,1 , on a, puisque 1    a :
2
1 a
fx 0
2
Donc f est positive ou nulle sur  . Do
1 
 f  x  dx

et 
1
f  x  dx convergent et valent :
1 1  
 f 

x  dx 
0dx

0 et  1
 x  dx
f 
0dx
1
0
On a :
Pu
MATHÉMATIQUES

0 0 1 1
1 a 1 a 1 a 1 a 1 a 1 a
1
f  x 
dx

1 2
dx
2
 0 
1
2
et
 0
f  x  dx

0 2
dx

2
1 
0
2
T echnologique

6/13

364 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 364 13/10/2017 11:36


CORRIGE ESCP Europe T ANNEE 2017


Donc  f  x  dx converge et vaut :

 1 0 1  1 a 1 a ESCP
 f  x  dx   f  x  dx   f  x  dx   f  x  dx   f  x  dx  0    0 1 Europe
  1 0 1 2 2
Ainsi f est bien une densité de probabilité.

2. Sous réserve de convergence, on a :




C ORRIGÉ
E  X    xf  x  dx

1 
 xf  x  dx et  xf  x  dx convergent et valent :
 1
1 1  
 xf 
x  dx 
0dx 0 et   x  dx
xf  
0dx 0
  1 1
On a :
0 0 0 0
1 a 1 a 1 a  x2  a 1
 1
xf  x  dx 
 1 2
xdx 
2 1
xdx    
2  2  1 4
Et :
1 1 1
1 a 1 a 1 1 a  x2  1 a
 0
xf  x  dx 
 0 2
xdx  
2 0
xdx   
2  2 0 4

Donc  xf  x  dx converge, et on a :

 1 0 1 
E  X   xf  x  dx   xf  x  dx   xf  x  dx   xf  x  dx   xf  x  dx
  1 0 1

a 1 1  a a
 0   
4 4 2
Sous réserve de convergence, on a :
E  X 2    x 2 f  x  dx



1 
 x 2 f  x  dx et  x 2 f  x  dx convergent et valent :
 1
1 1  
 x 2 f 
x  dx 
0dx 0 et   x  dx
x 2f  
0dx 0
  1 1
On a :
0 0 0 0
1 a 2 1 a 1 a  x3  1 a
1
x 2f  x  dx 
 1 2
x dx 
2  1
x 2 dx    
2  3  1 6
Et :
1 1 1
1 a 2 1 a 1 2 1  a  x3  1  a
 0
x 2 f  x  dx 
 0 2
x dx  
2 0
x dx   
2  3 0 6

Donc  x f  x  dx converge, et on a :
2


E  X 2    x 2 f  x  dx   x 2f  x  dx   x 2 f  x  dx   x 2f  x  dx  
 1 0 1 
x 2f  x  dx
  1 0 1

1 a 1 a 1
 0   
6 6 3
Puisque E  X 2  existe, V  X  existe et d’après la formule de Koenig-Huygens, on a bien :
MATHÉMATIQUES
T echnologique

7/13

ANNALES CCIR 2017-2018 l 365

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 365 13/10/2017 11:36


CORRIGE ESCP Europe T ANNEE 2017 CO

2
1  a  1 a 2 4  3a 2
E  X 2    E  X       
2
V  X 
ESCP 3 2 3 4 12
Europe X1
3. Par définition de la fonction de répartition FX de X, on a, pour tout réel x :
x
FX  x    f  t  dt

Co
On a donc, pour tout réel x de , 1 :
C ORRIGÉ

kc
x
X x
F 
0dt

0
Et pour tout réel x de  1, 0 :
x 1 x
Il e
1 a 1 a 1 a
FX  x  
 
f  t  dt 
 
0dt 

1 2
dt 0 
2
 x  1   x  1
2
Et pour tout réel x de 0,1 :
x 0 x c.
1 a 1 a 1 a 1 a
 
FX  x   f  t  dt  f  t  dt 
  0 2
dt FX  0  
2
x
2

2
x Bi
Et pour tout réel x de 1,  :
x 1 x 1 a 1 a
FX  x
  f  t  dt  f  t  dt    FX 1  
0dt 0   1 So
  1 2 2
Ainsi a-t-on déterminé que :
0 si x  1
Pu
1  a


 x  1 si  1  x  0
FX  x    2
1  a  1  a x si 0  x  1
Il e
 2 2
1 si x  1

4.a. Par linéarité de l’espérance, on a : 5.a


1 n  2 n en
E  Yn  E
2X n 2E
 Xn   
2E   X k    E  X k 
 n k 1  n k 1
Comme X1 , X 2 ,… X n suivent la même loi que X, on a, d’après la question 2, pour tout entier
k compris entre 1 et n : X1
a
E 
X k  EX
2 ind
Il en résulte que : Si
n

E  Y n

2
n
 

k 1
a 2 a 
n  a
2 n 2
va

Ceci prouve que la variable aléatoire Yn  2Xn est un estimateur sans biais du paramètre co
a. On
b. Puisque Yn est un estimateur sans biais du paramètre a, son risque quadratique r  Yn  est :
MATHÉMATIQUES

r  Yn   V  Yn 
On a, par propriété de la variance :
T echnologique

8/13

366 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 366 13/10/2017 11:36


CORRIGE ESCP Europe T ANNEE 2017

1 n  4  n 
r  Yn  V
  Yn  V 
2X n 4V Xn  
4V   X k   2 V   X k 
 n k 1  n  k 1  ESCP
X1 , X 2 ,… X n étant indépendantes, il vient : Europe
4 n
 V  Xk 
r  Yn  
n 2 k 1
Comme X1 , X 2 ,… X n suivent la même loi que X, on a, d’après la question 2, pour tout entier

C ORRIGÉ
k compris entre 1 et n :
4  3a 2
V X k  VX
12
Il en résulte que :
n

r  Yn  
4
n2  k 1
4  3a 2 4  4  3a 2  4  3a 2
12
 2 n
n  12 

3n
c. Puisque Yn est une variable aléatoire à densité admettant une variance, l’inégalité de
Bienaymé-Tchebychev peut s’écrire,  étant un réel strictement positif :
V  Yn 

p  Yn  E  Yn     
2

Soit encore, d’après la question 2 :
4  3a 2

p  Yn  a   
3n 2

Puis :
4

1  P  Yn  a   
3n 2

Il en résulte que :
4

P  Yn  a     1  
3n 2

5.a. Comme X1 , X 2 ,… X n suivent la même loi que X, on a, d’après la question 3, pour tout
entier k compris entre 1 et n :
 1  1  1  a 1  a 1 2  2a  1  a 3  a
P  Xk    FX      
 2   2 2 2 2 4 4
 1  1  1
X1 , X 2 ,… X n étant indépendantes, les événements  X1   ,  X 2   ,…,  X n   sont
 2  2  2
indépendants.
Si on appelle succès l’événement « une des variables aléatoires X1 , X 2 ,… X n prend une
1 3 a
valeur inférieure ou égale à », de probabilité , Zn compte le nombre de succès au
2 4
 3a 
cours de n épreuves identiques et indépendantes, donc Zn suit la loi binomiale   n, .
 4 
On a de même pour tout entier k compris entre 1 et n :
 1  1 1 3  a 1 a
P  Xk     1  P  Xk     1  FX   1 
MATHÉMATIQUES

 2  2 2 4 4


T echnologique

9/13

ANNALES CCIR 2017-2018 l 367

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 367 13/10/2017 11:36


CORRIGE ESCP Europe T ANNEE 2017 CO

 1 a  Pu
Il en résulte, par une argumentation similaire, que Tn suit la loi binomiale   n, .
ESCP  4 
Europe b. Par linéarité de l’espérance, on a :
 2  2
E  Wn   E  1   Tn  Zn    1   E  Tn   E  Zn   Il v
 n  n
 3a   1 a 
Puisque Zn suit la loi binomiale   n,  et Tn la loi binomiale   n,  , il vient :
C ORRIGÉ

 4   4 
3a 1 a
E  Zn   n et E  Tn   n
4 4
Il en résulte que : 1.a
2  1 a 3 a  2 a 1
E  Wn   1   n n   1 n  1 a 1  a
n 4 4  n 2 Pa
Ceci prouve que Wn est un estimateur sans biais de a.
c. Puisqu’il y a n variables aléatoires X1 , X 2 ,… X n prenant des valeurs inférieures ou égales à
On
1 1
ou strictement supérieures à , on a :
2 2
Zn  Tn  n b.
On sait que :
V  Zn  Tn  V  Zn   V  Tn   2Cov  Tn , Zn  Pa
Il vient donc :
1 vie
Cov  Tn , 
Zn 
2
 V  Zn  Tn   V  Zn   V  Tn  
Puisque Zn  Tn est constante, on a : Pa
V  Zn  Tn  
0
Puisque Tn n  Zn , il vient : Pa
V  Tn   V  Zn 
 1 V  Zn  
2

Il en résulte que :
Cov  Tn , Zn   V  Zn  Ai
 3a 
Puisque Zn suit la loi binomiale   n,  , on obtient enfin :
 4 
3a  3a   3  a  a  1  n  a  3  a  1 c.
Cov  Tn , Zn  
V  Zn  n 1   n
4  4  16 16
d. D’après la formule V  aX  b  a 2 V  X  linéarité de l’espérance, on a :
L’
 2  4  In
V  Wn  V  1   Tn  Zn    2 V  Tn  Zn 
 n  n
Il vient donc :
4 4 16
V  Wn  2  V  Tn   V  Zn   2Cov  Tn , Zn
  2  V  Zn   V  Zn   2V  Zn
  2 V  Zn  2.a
n n n
On a donc :
16  3  a  a  1  3  a  a  1
MATHÉMATIQUES

16 b.
 V  Wn   V  Zn  n 
n2 n2 16 n
T echnologique

10/13

368 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 368 13/10/2017 11:36


CORRIGE ESCP Europe T ANNEE 2017

Puisque Wn est un estimateur sans biais de a, son risque quadratique r  Wn  est :

r  Wn   V  Wn  
 3  a  a  1 ESCP
n Europe
Il vient donc :
lim r  Wn   lim
 3  a  a  1  0
n  n  n

C ORRIGÉ
EXERCICE 4

1.a. Une exponentielle étant toujours strictement positive, on a bien, pour tout x de  0,1 :
2
0  e x
Par croissance de la fonction exponentielle, on a, pour tout x de  0,1 :
2
x 2  0   x 2  0  e x  e0 
1
On a bien établi, pour tout x de  0,1 , l’encadrement :
2
0  e x  1
b. On a, pour tout entier naturel n, par définition de I n :
1
I n   x n e  x dx
2

Par multiplication de l’inégalité de la question précédente par x n , positif ou nul sur  0,1 , il
vient, pour tout x de  0,1 :
2
0  x n e x  x n
Par positivité de l’intégrale d’une fonction positive sur le segment  0,1 , il vient :
In  0
Par intégration d’inégalité sur le segment  0,1 , il vient :
1

x  0,1   x n 1  1
2 1 1
0 x e dx  0 x
n x2
x n e x  x n 
 In n
dx   
 n  1 0 n  1
Ainsi a-t-on, pour tout entier naturel n :
1
0  In 
n1
c. On a :
1
lim 0  0 et lim
0
n  n 1 n 

L’encadrement de la question précédente et le théorème d’encadrement assurent que la suite


 In n converge et que :
lim I n  0
n 

2.a. On a :
x  0,1 f '  x   2xe  x
2
MATHÉMATIQUES

b. Par définition, on a :
1
I1   xe x dx
2
T echnologique

11/13

ANNALES CCIR 2017-2018 l 369

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 369 13/10/2017 11:36


CORRIGE ESCP Europe T ANNEE 2017 CO

1 2
D’après la question précédente, la fonction  f est une primitive de la fonction x  xe  x
2
ESCP
sur  0,1 , donc il vient :
Europe Do
1
1  1  x2  1 1 1 1
0 xe dx 
x2
I1    2 e   e 1   
0 2 2 2 2e


C ORRIGÉ

3.a. Par définition de I n , on a, pour tout entier naturel n :


1 1 On
I n  2   x n  2e  x
2 2
x n 1
dx  xe  x dx
0 0

Calculons I n  2 à l’aide d’une intégration par parties, en posant, pour tout réel x de  0,1 :
u  x   x n 1 u '  x
  n  1 x n On
1 2
v '  x   xe  x v  x    e x
2

2
u, v, u ' et v ' étant continues sur  0,1 , il vient :
1 1 1 On
 
 1 2   1 2
x n  2e  x dx    x n 1e x    n  1 x n   e x  dx
2
In 2 
0  2 0 0  2 
1 1 n  1 1 n  x 2 n 1 1
2 0
  e  x e
 dx I n  Ce
2 2 2e
Ainsi a-t-on, pour tout entier naturel n : D’
n +1 1
In 2  In 
2 2e
b. Le résultat de la question précédente peut s’écrire :
n 1 1 1 1 b.
In 2  In   2In  2  nIn  In   nI n  2I n  2  In 
2 2e e e l’e
Il vient donc :
 1 1
lim
 nI n lim  2I n  2  I n   
n  n 
 e e
Car, d’après la question 1.c, on a : c.
 lim I n lim  In 2 0 en
n  n 

4.a. En remplaçant n par 2n  1 dans l’égalité obtenue à la question 3.a, on obtient :


2n  2 1 So
I2n 1 
 un 1 
I 2n  3 2 2e  n  1 I
 2n 1 
1 I 2n 1

1
 n  1!  n  1!  n  1 n! 2e  n  1! n! 2e  n  1!
Le
1 1
 un   pré
2e  n  1 !
et
Montrons alors par récurrence la propriété Pn , définie pour tout entier naturel n, par :
n

u n
1 1

2 2e k 0
1
k!
Initialisation :
MATHÉMATIQUES

P0 est vraie car on a, d’après la question 2.b :


T echnologique

12/13

370 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 370 13/10/2017 11:36


CORRIGE ESCP Europe T ANNEE 2017

u 0
I1
0!
 I1
1 1

2 2e
1 1
et 
2 2e  k 0
1 1 1 1 1 1
    
k! 2 2e 0! 2 2e ESCP
Donc on a bien : Europe
0

u 0
1 1

2 2e k 0
1
k!
Hérédité :

C ORRIGÉ
On suppose Pn vraie, pour une valeur de l’entier naturel n, c’est-à-dire :
n

u n
1 1

2 2e k 0
1
k!
On montre que Pn 1 est vraie, c’est-à-dire :
n 1

u n 1
1 1

2 2e  k 0
1
k!
On a, d’après la formule du début de cette question et l’hypothèse de récurrence :
1 1 1 1 n 1 1 1 1 1 n 1 1
u n 1 
un          
2e  n  1 ! 2 2e k 0 k! 2e  n  1 ! 2 2e k  0 k!
Ceci assure que Pn 1 est vraie.
D’après le principe de récurrence, on peut conclure que, pour tout entier naturel n, on a :
n

un 
1 1

2 2e  k0
1
k!
b. Il résulte de la définition de u n et de la deuxième égalité de la question précédente,
l’expression suivante de I 2n 1 en fonction de n sous forme de somme :
 1 1 n 1  n! n! n 1
I
2n  1 n!u
 n n! 

 2 2e
 k 0

 
k!  2 2e
 k0
k!
c. En remplaçant n par 2k  1 dans l’égalité obtenue à la question 3.a, on obtient, pour tout
entier naturel k supérieur ou égal à 1 :
2k  1  1 1
I 2k 1 2  I2k 1 
2 2e
Soit encore, pour tout entier naturel k supérieur ou égal à 1 :
1
I 2k 1  kI 2k-1 
2e
Le programme ci-dessous initialise I à la valeur de I1 en ligne (2) ; compte-tenu de la relation
précédente, il suffit donc de compléter la ligne (4) comme suit, afin que le programme calcule
et affiche la valeur de I 2n 1 pour une valeur de n entrée par l’utilisateur :

(4) I=k*I-1/(2*%e)
MATHÉMATIQUES
T echnologique

13/13

ANNALES CCIR 2017-2018 l 371

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 371 13/10/2017 11:36


Code sujet : 294

S UJET

MATHÉMATIQUES
Durée : 4 heures.

Il ­n’est fait usage ­d’aucun document ; ­l’utilisation de toute calcula-


ESC trice et de tout matériel électronique est interdite. Seule l­ ’utilisation
­d’une règle graduée est autorisée.

S
UJET

1/4 Tournez la page S.V.P.


MATHÉMATIQUES
T echnologique

372 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 372 13/10/2017 11:36


S UJET
ESC

MATHÉMATIQUES

2/4
T echnologique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 373

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 373 13/10/2017 11:36


S UJET

ESC

3/4
MATHÉMATIQUES

Tournez la page S.V.P.


T echnologique

374 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 374 13/10/2017 11:36


S UJET
ESC

4/4
MATHÉMATIQUES
T echnologique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 375

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 375 13/10/2017 11:36


CO

ESC
C ORRIGÉ
Par Bernard Delacampagne, professeur de mathématiques au lycée
CORRIGE ESC T Michelis, à Amiens.
Madeleine-­ ANNEE 2017 Pu

Exercice 1
C ORRIGÉ

1. Les calculs donnent : c.


0 0 10 0 1 0 1 0
2      Pu
P PP
 1 0 01 0 0   0 0 1
0 1 00 1 0 1 0 0
    
Puis :
 0 1 00 0 1 1 0 0
     Il r
P 3 P
 2
P  0 0 11 0 0  0 1 0  I
1 0 00 1 0 0 0 1
     Il e
L’égalité P P  I prouve que P est inversible et que son inverse est la matrice :
2

P 1  P 2

2. Les calculs donnent : On


 0 1 0  1 0 0   0 1 2 
    
P 1A   0 0 1  0 1 2    2 0 1 
 1 0 0  2 0 1   1 0 0  Ai
    
Puis :
 0 1 2  0 0 1   1 2 0 
     d.
P 1 AP   2 0 1  1 0 0    0 1 2   L
 1 0 0  0 1 0   0 0 1  pré
    

3.a. Montrons par récurrence la propriété Pn , définie pour tout entier naturel n, par :
P 1A n P  Ln
Initialisation : Lo
P0 est vraie car on a :
P 1A 0 P P 1IP P 1P I L0
Hérédité :
On suppose Pn vraie, pour une valeur de l’entier naturel n, c’est-à-dire :
Ai
P 1A n P  Ln e.
On montre que Pn 1 est vraie, c’est-à-dire :
P 1A n 1P  Ln 1 Il r
On a, d’après l’hypothèse de récurrence et la question précédente :
P1 n 1
A P P 1 n
A AP P 1A n PP 1AP  Ln
L Ln 1
MATHÉMATIQUES

Ceci assure que Pn 1 est vraie.


D’après le principe de récurrence, on peut conclure que, pour tout entier naturel n, on a :
Pu
T echnologique

P 1 A n P  Ln
b. Les calculs donnent :
1 2 0 1 0 0 0 2 0
     
J  L  I  0 1 2  0 1 0  0 0 2
0 0 1 0 0 1 0 0 0
     
Puis :

1/11

376 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 376 13/10/2017 11:36


CORRIGE ESC T ANNEE 2017

0 2 00 2 0 0 0 4
2     
J JJ  0 0 2   0 0 2    0 0 0 
ESC
0 0 00 0 0 0 0 0
    
Puis, en notant 0 la matrice nulle d’ordre 3 :
 0 0 4  0 2 0   0 0 0 
3     
J 2
J J  0 0 0  0 0 2    0 0 0   0

C ORRIGÉ
 0 0 0  0 0 0   0 0 0 
    
c. Il résulte de la définition de J que :
L J  I
Puisque J et I commutent, la formule du binôme de Newton donne, pour tout entier naturel n :

  
n n n
 n  k n k n k n k
L  J  I  
n n
 J I   J I   J
k k k
k 0 k 0 k 0
Il résulte de la question précédente que, pour tout entier naturel k supérieur ou égal à 3 :
 J k J k
3 3
J J k 3
0 0
Il en résulte que, pour tout entier naturel n supérieur ou égal à 2 :


2

n n k n 0 n 1 n 2


L   J   J  J  J
k 0 1  2
k 0
On a :
n n n n! n  n  1 n  2  ! n  n  1
  1,     n et    
0
   1 2
  2! n  2  ! 2  n  2 ! 2
Ainsi a-t-on, pour tout entier naturel n supérieur ou égal à 2 :
n  n  1 2
Ln  I  nJ  J
2
d. En remplaçant I, J et J 2 par leurs expression matricielles dans l’égalité de la question
précédente, il vient, pour tout entier n supérieur ou égal à 2 :
1 0 0 0 2 0  0 0 4   1 2n 2n  n  1 
    n  n  1    
 Ln  0 1 0   n  0 0 2   0 0 0  0 1 2n 
0 0 1 0 0 0 2 0 0 0 0 0 
       1 
Lorsque n  0 ou n  1 , on obtient :
 1 2n 2n  n  1   1 0 0   1 2n 2n  n  1   1 2 0 
    0    
 0 1 2n 
  0 1 0  I L et 0 1 2n   0 1 2  L L1
0 0 1  0 0 1 0 0 1  0 0 1
       
Ainsi le résultat reste-t-il vrai lorsque n  0 et lorsque n  1 .
e. Il résulte de l’égalité de la question 3.a que, pour tout entier naturel n, on a :
A n  PLn P 1
Il résulte de la question précédente que, pour tout entier naturel n :
 0 0 1   1 2n 2n  n  1   0 0 1 
    
PLn   1 0 0   0 1 2n    1 2n 2n  n  1 
MATHÉMATIQUES

0 1 00 0 1  0 1 2n 
   
Puis que, pour tout entier naturel n :
T echnologique

2/11

ANNALES CCIR 2017-2018 l 377

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 377 13/10/2017 11:36


CORRIGE ESC T ANNEE 2017 CO

0 0 1  0 1 0   1 0 0 b.
    
An PL
 n 1
P  1 2n 2n  n  1  0 0 1 
  2n  n  1  1 2n  lig
ESC 0 1   
 2n  1 0 0   2n 0 1 
En
l’in
4.a. L’égalité u n 1  u n , pour tout entier naturel n non nul , assure que la suite  u n n1 est une c.
suite constante. de
C ORRIGÉ

On a donc, pour tout entier naturel n non nul :


un  u1  1
b. Par définition de X n , grâce aux relations définissant v n 1 et w n 1 , et d’après la question
précédente, il vient, pour tout entier naturel n non nul :
1.a
 1   1   1   1 0 0  1 
        
Xn 1   v n 1 
  v n  2w n 
  v n  2w n  0 1 2  v n   AXn
 w   2u  w   2  w   2 0 1  w  Ca
 n 1   n n   n    n 
c. Montrons par récurrence la propriété Pn , définie pour tout entier naturel n non nul, par :
X n  A n 1X1 b.
Initialisation :
P1 est vraie car on a : Pu
A11X
1 A0X
1 IX
1 X1
Hérédité : Do
On suppose Pn vraie, pour une valeur de l’entier naturel n non nul, c’est-à-dire :
X n  A n 1X1
On montre que Pn 1 est vraie, c’est-à-dire :
X n 1  A n X1
On a, d’après la question 4.b et l’hypothèse de récurrence :
Xn 1 AX
 n AA n 
1
X1 A n X1 c.
Ceci assure que Pn 1 est vraie.
et
D’après le principe de récurrence, on peut conclure que, pour tout entier naturel n non nul,
on a : bij
X n  A n  1 X1 Pu
d. D’après les questions 4.c et 3.e, il vient, pour tout entier naturel n non nul :
0
 1   1 0 0 1  1 
       On
 v n  X n A X1  2  n  1 n  2  1 2  n  1   0   2  n  1 n  2   4  n  1 
n 1

w   2  n  1 0 1   2   2  n  1  2 
 n   Pu
Ainsi a-t-on, pour tout entier naturel n non nul :
v n  2  n  1 n  2   4  n  1  2  n  1 n  2  2   2n  n  1
Ai
Et :
w n  2  n  1  2  2n  2  2  2n d.
do
5. a. Afin que soit mémorisée dans le variable A la matrice A, la ligne 1 doit être complétée
MATHÉMATIQUES

comme suit :
A=[1 0 0;0 1 2;2 0 1]
T echnologique

3/11

378 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 378 13/10/2017 11:36


CORRIGE ESC T ANNEE 2017

b. Pour mémoriser les termes successifs de la suite  v n n 1 de v2 à v10 , il faut ajouter en


ligne 10 l’instruction C :
v(i)=X(2) ESC
En effet, lorsque pour une valeur de i comprise entre 2 et 10 a été effectuée dans la boucle
l’instruction X=A*X, v(i) est le terme de la deuxième ligne dans la matrice colonne X.
c. De même, une instruction pour la ligne 11 qui permette de mémoriser les premiers termes
de la suite  w n n 1 est :

C ORRIGÉ
v(i)=X(3)

Exercice 2

1.a. On a :
lim
 g  x  lim  xe x  1  
x  x 
Car :
lim x   et lim e x  
x  x 

b. On a, pour tout réel x de  0,  :


g'  x
 e x  xex  1  x  ex
Puisque 1  x  0 et e  0 sur  0,  , il vient, pour tout réel x de  0,  :
x

g'  x   0
Donc le tableau des variations de g est le suivant :

x 0 
g' 

g
1

c. g est continue sur  0,  (comme produit et différence de fonctions continues sur  0,  )
et strictement croissante sur  0,  (d’après la question précédente), donc g réalise une
bijection de  0,  sur g  0,     g  0  , lim g  x     1,  .
 x  
Puisque 0 appartient à  1,  , l’équation g  x   0 admet une unique solution  dans
 0,  .
On a :
g  0  1  g    0  g 1 e  1
Puisque g est croissante sur  0,  , il vient :
0   1
Ainsi  appartient à  0,1 .
d. Puisque g est strictement croissante sur  0,  et que g    0 , le signe de g  x  est
donné par le tableau :
MATHÉMATIQUES

x 0  
g x  0 
T echnologique

4/11

ANNALES CCIR 2017-2018 l 379

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 379 13/10/2017 11:36


CORRIGE ESC T ANNEE 2017 CO

2.a. On a : 4.
lim
 f  x  lim  e x  ln  x    
x  0 x 0 sui
ESC
Car :
lim e x  1 et lim ln  x   
x  0 x 0
On a :
 e x ln  x  
lim f  x   lim  e x  ln  x    lim x  
C ORRIGÉ

  
x  x  x 
x x 
Car, par croissance comparée :
ex ln  x 
lim   et lim 0
x  x x  x
b. On a, pour tout réel x de  0,  :
1 xe x  1 g  x 
f '  x   ex 
 
x x x
Puisque x  0 sur 0,  , f  x  est du signe de g  x  sur 0,  ; il résulte de la question
'

1.d que le tableau des variations de f sur 0,  est le suivant :

x 0  
f'  0 
 
1.
f
f  l’e

c. On a : pa
1
g     0  e   1 0  e   1  e  

1
Donc le réel  vérifie  e .
 2.
Il en résulte que :
1 1 1 
A
f     e  ln      ln     ln  e    
   

3.a. On sait, d’après la question 2.b, que, pour tout réel x de 0,  :
1
f '  x
 ex 
x
Par dérivation, il en résulte que, pour tout réel x de 0,  :
 1  1
f ''  x   e x    2   e x  2
 x  x
1
b. Puisque e x  0 et  0 sur 0,  , on a, pour tout réel x de 0,  :
x2
1 3.
MATHÉMATIQUES

f ''  x  e x  2  0
x
Donc f est convexe sur 0,  .
T echnologique

5/11

380 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 380 13/10/2017 11:36


CORRIGE ESC T ANNEE 2017



4. La représentation graphique de f dans un repère orthonormé 0,i, j d’unité 2 cm est la
suivante :
ESC

C ORRIGÉ
o

Exercice 3

1. Puisqu’à l’instant 0, l’enfant se trouve sur le niveau A et que si à un instant n donné


1
l’enfant est sur le niveau A alors à l’instant suivant n  1 il y reste avec la probabilité et
3
2
passe au niveau B avec la probabilité , il vient :
3
1 2
a1  P  A1   , b1  P  B1   et c1  P  C1   0
3 3

2. D’après la formule des probabilités totales appliquée au système complet d’événements


A n , Bn , Cn  , il vient, pour tout entier naturel n :
 A n 1  P  A n  PAn  A n 1   P  Bn  PBn  A n 1   P  Cn  PCn  A n 1 
an 1 P

1 1
a n  0b n  0c n  an

3 3
bn 1 P
  Bn 1  P  A n  PAn  Bn 1   P  Bn  PBn  Bn 1   P  Cn  PCn  Bn 1 
2 1 2 1
a n  b n  0c n  an  b n

3 3 3 3
cn 1 P
  Cn 1  P  A n  PAn  Cn 1   P  Bn  PBn  Cn 1   P  Cn  PCn  Cn 1 
2 2
0a n  b n  1c n  bn  cn
3 3

3. D’après la question précédente, on a, pour tout entier naturel n :


MATHÉMATIQUES

1
a n 1  a n
3
T echnologique

6/11

ANNALES CCIR 2017-2018 l 381

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 381 13/10/2017 11:36


CORRIGE ESC T ANNEE 2017 CO

1
Ceci prouve que la suite  a n n est une suite géométrique de raison q  , et il vient donc,
3 c.
ESC pour tout entier naturel n : sup
n
1 1
an a
 0q
n
1   n
3 3

4.a. On a, par définition de v n et d’après les questions 2 et 3, pour tout entier naturel n :
C ORRIGÉ

7.a
2 1  1
3n 1 b n 1 
v n 1  3n 1  a n  b n  
2  3n a n  3n b n 
2  3n n  3n b n 
2  vn au
3 3  3
Ceci prouve que la suite  vn n est arithmétique de raison 2. pa
b. Puisque la suite  v n  n est arithmétique de raison r  2 , on a, pour tout entier naturel D’
n:
v n  v 0  nr  30 b 0  2n  30 0  2n  2n
Et,
Par définition de v n , il vient, pour tout entier naturel n :
v 2n
bn  nn  n
3 3
On
5. A n , Bn , Cn  étant un système complet d’événements, on a, pour tout entier naturel n :
a n  b n  cn  1
b.
Il en résulte, pour tout entier naturel n :
1 2n le
cn 1  a n  b n  1  n  n niv
3 3
Il vient donc : X1
 1 2n  c. O
lim c
n lim  1  n  n   1
n  n 
 3 3 
1 X1
En effet, puisque 1   1 , on a :
3
n
1 1
lim lim
   0
n  3n n  3
 
Et :
 ln  n  
n eln  n  n   ln  3 
1.a
lim eln  n  n ln  3  lim e 
n
lim n lim
 
0
n  3 n  e n ln  3 n  n 

Car :
ln  n 
lim n   , lim  0 et lim e x  0 b.
n  n n  x 

Cette limite signifie qu’on est presque certain d’arriver au sommet de la cage en un do
nombre fini d’étapes. en

6.a. L’enfant ne pouvant atteindre le sommet qu’après deux instants, on a :


X      * \ 1 Do
Po
MATHÉMATIQUES

b. L’enfant ne peut atteindre le sommet C à l’instant n que s’il était au sommet B à l’instant
n  1 et au sommet C à l’instant n, donc, pour tout entier naturel n supérieur ou égal à 2,
on a :
T echnologique

7/11

382 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 382 13/10/2017 11:36


CORRIGE ESC T ANNEE 2017

 X  n   Bn1  Cn
c. Il résulte de la question précédente et de la question 4.b que, pour tout entier naturel n
supérieur ou égal à 2, on a : ESC
2  n  1 2 4  n  1
P  X  n
 P  Bn 1  Cn P  Bn 1  PB  Cn   
n 1
3n 1 3 3n

C ORRIGÉ
7.a. X1 est le temps d’attente de l’événement « quitter le niveau A », de probabilité p 
,
3
au cours de tentatives identiques et indépendantes, donc X1 suit la loi géométrique de
2
paramètre p  .
3
D’après le cours, il vient :
X1     *
Et, pour tout entier k de X1    :
k 1
21
p  X1  k  p 1  p 
k 1
 =  
33
On a enfin :
1 3
E  X1  

p 2
b. X 2 est encore la variable aléatoire égale à l’instant où pour la première fois l’enfant quitte
le niveau B pour arriver sur le niveau C, et comme la probabilité de passer du niveau B au
niveau C est la même que celle de passer du niveau A au niveau B, X 2 suit la même loi que
X1 .
c. On a, par définition de X, X1 et X 2 :
X  X1  X 2
X1 et X 2 admettant une espérance, X admet une espérance et on a, par linéarité :
3 3
E X  E  X1  X 2  E  X1   E  X 2     3
2 2

Exercice 4

1.a. On a, pour tout réel A supérieur ou égal à 1 :


A A A A

 
  t    1 1 1
I A  dt  t 1dt           1  1  
1 t
1
1   1  t 1 A A
b. f est continue sur ,1 comme fonction nulle et sur 1,  comme fonction rationnelle
dont le dénominateur ne s’annule pas ; de plus, f admet des limites finies à gauche et à droite
en 1, puisque :

t 1
 t  lim
lim f 
t 1
0 0 et lim f  t   lim 1  
t 1 t 1 t

Donc f est continue par morceaux sur  .


Pour tout réel t appartenant à ,1 , on a :
MATHÉMATIQUES

f  t  0  0
T echnologique

8/11

ANNALES CCIR 2017-2018 l 383

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 383 13/10/2017 11:36


CORRIGE ESC T ANNEE 2017 CO

Pour tout réel t appartenant à 1,  , on a, puisque  est un réel strictement supérieur à 1:
 On
ESC t
f 0
t 1
Donc f est positive ou nulle sur  .
1 Et,
 f  t  dt

converge et vaut :
1 1
 t  dt 
 f 0dt 0
C ORRIGÉ

 
D’après la question 1.a, on a, puisque  est un réel strictement positif :
4.a
 1 
lim I  A  lim 1    1
A  A 
 A 

Donc  f  t  dt converge et vaut : La
1
 

 

f  t  dt dt 1
lim
 IA 1
t A 
1 1
b.

Il en résulte que  f  t  dt converge et vaut : es

 1 
 f  t  dt   f  t  dt   f  t  dt  0  1  1
  1
Donc f est bien une densité de probabilité.

2.a. On a, pour tout réel A supérieur ou égal à 1 :


AA
 t 1 
A
5.a
J A 

1 t


dt t  dt 

    
1 

 1
 A 1  1  α α 1  1  A1α 1 
1  1
b. Sous réserve de convergence, l’espérance de X est, par définition : b.

E  X    tf  t  dt

1
 tf  t  dt converge et vaut :
 Si
1 1
 
 t  dt
tf  
0dt 0

D’après la question 2.a, on a : c.
  1   par
lim J  A   lim 1  1   D’
A    1
A 
 A   1
Car, puisque  est un réel strictement supérieur à 1 :
1
lim 0
A  A 1

6.a
Donc  tf  t  dt converge et vaut :
1
 

 
 
tf  t  dt
  dt lim
 J A
1 1 t A   1
 Pu
Donc  tf  t  dt converge, ce qui prouve que X admet une espérance et on a :

b.
 1   
E X 
 tf  t  dt 
 tf  t  dt   tf  t  dt 
0 
MATHÉMATIQUES

  1  1   1 ind
T echnologique

3. Par définition de la fonction de répartition F de X, on a, pour tout réel x :

9/11

384 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 384 13/10/2017 11:36


CORRIGE ESC T ANNEE 2017

x
F  x    f  t  dt

On a donc, pour tout réel x  1 :
x ESC
F  x    0dt  0

Et, d’après la question 1.a, pour tout réel x1 :
x 1 x
 1
F x 

f  t  dt 
0dt
  t 1
0  Ix  1 
dt 
x

C ORRIGÉ
  1

4.a. La probabilité que la bougie reste allumée en continu plus de deux heures est :
 1  1
P  X  2  1  P  X  2  1  F  2  1  1  2  
 2  4
La probabilité que la bougie reste allumée entre deux et trois heures est :
 1  1  1 1 5
P  2  X  3   F  3  F  2   1  2   1  2    
 3   2  4 9 36
b. La probabilité que la bougie reste allumée encore une heure, après avoir remarqué qu’elle
est encore allumée au bout de deux heures, est :
 1
1  1  2 
P   X  2    X  3   P  X  3 1  F  3  3  4
P X 2  X  3      
P  X  2 P  X  2 P  X  2 1 9
4

5.a. On a, pour tout réel x :


G  x  P  Y  x  P  ln  X   x  P  X  e x   F  e x 
b. Si x  0 , alors e x  1 , donc, d’après la question précédente et la question 3, il vient :
1 1
G  x F ex  
1 1  x  1  e x
e 
x  e

Si x  0 , alors e x  1 , donc, d’après la question précédente et la question 3, il vient :


G  x   F  ex   0
c. G est la fonction de répartition d’une variable aléatoire suivant la loi exponentielle de
paramètre  , donc Y suit la loi exponentielle de paramètre  .
D’après le cours, l’espérance et la variance de Y sont :
1 1
E  Y   et V  Y   2
 

6.a. Par linéarité de l’espérance et d’après la question 5.c, il vient :


1 n  1 n n

E  Zn   E 
n 
 i 1
ln  X i   
 n
 i 1

E  ln  X i   
1
n
i 1
1 1 1 1
 n  
 n  
1 1
Puisque E  Zn   , Zn est un estimateur sans biais de .
 
b. D’après la question 5.c, et par propriétés de la variance, les variables ln  Xi  étant
MATHÉMATIQUES

indépendantes, il vient :
T echnologique

10/11

ANNALES CCIR 2017-2018 l 385

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 385 13/10/2017 11:36


CORRIGE ESC T ANNEE 2017

1 n  1 n n

ESC
V  Zn   V 
n 
 i 1
ln  X i    2
 n

 i 1
 1
V  ln  X i    2
n
i 1
1

1
2 n 2 
1
n 2 =

n 
Puisque Zn est un estimateur sans biais, le risque quadratique de Zn est :

r  Zn   V  Zn  =
n 
C ORRIGÉ

7. L’instruction mean(log(X)) donne la moyenne des valeurs X 1 , X  2  ,…, X 100  , c’est-
1
à-dire Z100 ; d’après la question 6.a, on peut estimer que 0,33 , et donc que   3 .


D’après la question 2.b, la durée de vie moyenne d’une bougie est E  X   et on a :
 1
3 3
E X  
3 1 2
Ainsi la durée de vie moyenne d’une bougie est d’une heure et demie.
MATHÉMATIQUES
T echnologique

11/11

386 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 386 13/10/2017 11:36


S UJET
RÉSUMÉ DE TEXTE
Durée : 3 heures.

Résumez en 400 mots le texte suivant.


Une tolérance de 40 mots est admise : le résumé devra être stricte- ESC
ment compris entre 380 et 420 mots.
Les candidats doivent indiquer, sur leur copie, le nombre employés
de 50 en 50 (marque dans le texte et regard dans la marge), ainsi
que le total exact à la fin.
Les correcteurs tiendront compte de la présentation de la copie et de
la correction de la langue.
­L’usage de documents et de tout matériel électronique est interdit.

S UJET
La métamorphose est la voie privilégié des théophanies 1, le lieu par
excellence ­d’accès à ­l’univers divin. Elle est ce processus par lequel le
monde sacré et le monde profane communiquent ; elle est, plus exactement,
ce moment (momentum : ­l’instant où tout bascule) où le monde céleste
rappelle au monde sublunaire q ­ u’il existe et lui donne un sens. Or, le sport
est le terrain par excellence des métamorphoses : les athlètes, dans la
compétition, se transforment, mutent. Une mutation qui touche à leur iden-
tité mondaine : ils ne sont plus ceux q ­ u’ils étaient dans le quotidien. Mais
cette mutation ­n’est jamais naturelle. Les sportifs, dans ­l’enceinte sacrée
de leur terrain de jeu, semblent être investis d ­ ’une puissance divine qui
toujours apparaît comme ­l’expression ­d’un futor divinus et les fait devenir
autres q­ u’ils ne sont. Étymologiquement, ils sont « enthousiastes » : ils ont les
dieux, ils ont des dieux en eux ou, tout au moins, autour d ­ ’eux. ­C’est bien
en cela que le sport est un grand pouvoyeur de mythes, l­’avatar moderne
des mythologies antiques, et ­qu’il nous donne le sentiment que notre petit
monde a encore quelque chose à voir avec le Sacré.
Cette métamorphose des athlètes prend des formes diverses. Teddy
Riner, nounours sympathique, est un jeune « bien dans ses baskets », parta-
geant les passions des garçons de sa génération, un individu doux comme
RÉSUMÉ DE TEXTE

un agneau « dans le civil ». Sur un tatami, en revanche, il broie tout sur


son passage. Il devient un monstre (« monstrueux » : un qualificatif récurrent
pour parler des champions hors norme) ­c’est-­à‑dire, étymologiquement,
T echnologique

un « avertissement divin » – signifiant ­qu’un ordre de réalité existe qui n ­ ’est


pas celui dont nous avons l­’habitude. Rafael Nadal, de même, est « dans
la vraie (?) vie » un jeune homme poli et bien élevé, toujours respectueux
des usages et des conventions. Les journalistes se plaisent à le répéter,
comme pour mieux souligner la métamorphose radicale qui ­s’opère quand
le champion change ­d’ordre, au sens quasi pascalien de ­l’expression. Sur le
court, Nadal est « une force qui va » (« vamos » est son cri de guerre favori),
un guerrier de ­L’Illiade, un héros, un titan ! Comme par hasard, ­c’est aussi
à ce moment ­qu’il change de nom dans la bouche (sous la plume) des jour-
nalistes. Or, le changement de nom vaut toujours changement d ­ ’identité.

ANNALES CCIR 2017-2018 l 387

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 387 13/10/2017 11:36


S UJET

Nadal devient « Rafa », comme Novak Djokovic devient « Nole » ou Roger


Federer, « Rodgeur » (la prononciation adoptée fonctionne ici comme un
changement onomastique – donc identitaire).
Cette mutation des sportifs ­s’accompagne souvent ­d’une transformation
physique. La torsion de Nadal après un point gagnant, son rictus de joie,
son poing qui se serre, autant ­d’indices ­d’une possession, autant de signes
ESC
prouvant que Rafa devient autre, que le monde sacré investit le monde
profane ? Plus net encore : après ses victoires les plus éclatantes, Djokovic
arrache toujours d ­ ’un geste rageur son T-­shirt, offrant à la foule en délire
la vision ­d’un corps glorieux. Nous touchons ici ­l’acmé du processus qui
a conduit « Nole à dépouiller le vieil homme ». Au moment où il se dénude,
il finit ­d’endosser sa nouvelle parure de champion enthousiaste. Et quand
Lionel Messi, ­l’avant-­centre malingre du FC Barcelone, en finale de Ligue
des champions en mai 2009, court comme un furieux (le furor, toujours)
pour tout d ­ ’abord marquer un but d ­ ’anthologie, puis le fêter, il est presque
méconnaissable, il est comme possédé – lui dont le nom formidablement
homonymique justifie toutes les lectures mythologiques. Sauvage, sinon
inquiétante dans les aspects que l­’on vient de signaler, la métamorphose
physique peut se faire plus gracieuse : pensons ainsi à toutes ces cham-
pionnes de tennis (Graf, Clijsters, Henin, pour citer de vieilles gloires) que
le jeu transfigure littéralement sur le plan physique, comme si le tennis avait
cette vertu magique de les faire autres (la fameuse glissade jambe écartée
de Kim Clijsters en fin de course donne le sentiment que cette jeune femme
un peu « gironde » vole sur ­l’eau). Pensons aussi au nez épaté de Roger
Federer, que le court fait – justement – oublier. Qui regarde Federer sur un
terrain ne retient vraiment que la grâce toujours divine de ses yeux et de son
déplacement : des yeux plissés, fendus, les « prunelles mystiques » des chats
de Baudelaire ; des déplacements en apesanteur, dans ­l’échange comme
en dehors, au moment où « Rodgeur » rejoint sa chaise ou se tourne vers
le ramasseur de balles – une image que ­L’Équipe (qui orchestre le mythe,
nous y reviendrons) aime à fixer. Ainsi transfiguré, le champion est toujours
immanquablement beau – jusque dans sa souffrance, toujours esthétique.
Nous pensons ici aux lignes de saint Augustin évoquant dans ses Sermons
la difformité du Christ : « ­C’est pour le bien de ta foi que le Christ ­s’est
rendu difforme, mais le Christ reste toujours beau. » Nous pensons aussi aux
lignes de Lessing consacrées au « Laocoon »2. Selon Lessing, la souffrance
de Laocoon et de ses deux fils ­n’a pas, dans la célèbre sculpture, cette
« violence déformatrice » qui pourrait la rendre insupportable dans la vie de
tous les jours. Elle est esthétisée, sublimée « ­S’il est vrai que, surtout, dans
RÉSUMÉ DE TEXTE

la pensée des anciens Grecs, le fait de crier dans la souffrance physique


­n’est pas incompatible avec la grandeur ­d’âme, ce ­n’est pas pour exprimer
celle-­ci que l­’artiste s­ ’est abstenu de faire crier sa figure de marbre […]
T echnologique

­l’artiste voulait représenter la beauté la plus compatible avec la douleur


physique. Celle-­ci dans toute sa violence déformatrice, ne pouvait ­s’allier
avec celle-­là. ­L’artiste était donc obligé de l­’amoindrir […] parce q ­ u’elle
donne au visage un aspect repoussant. » Il ­n’y a pas plus de « violence
déformatrice » dans le corps des trois personnages du groupe, que dans le
corps torturé des athlètes (les marathoniens, les triathlètes en particulier)
qui nous semble toujours métamorphosé par la souffrance. ­C’est bien en
cela que le sport est une œuvre d ­ ’art en mouvement (une performance ?)
qui embellit de facto ceux qui le pratiquent, et nous rend leur souffrance

388 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 388 13/10/2017 11:36


S UJET
supportable (au passage, nous aurons reconnu là mutatis mutandis, ce
­qu’Aristote nous dit du théâtre tragique et de son action cathartique). Car
le sport, comme ­l’art, tel que Kant le définit dans des pages célèbres, ­n’est
pas la représentation d ­ ’une belle chose, mais la belle représentation d­ ’une
chose – qui peut être éventuellement laide dans le champ du réel, ce qui
est le cas, précisément, de la souffrance.
ESC
Sorti du terrain, en revanche, le sportif redevient banal et éventuelle-
ment laid. En dehors du court, Nadal est un garçon « normal », sans intérêt
(presque), comme ses conférences de presse, plates comme des trottoirs
de rue, en apportent irréfutablement la preuve. Ipso facto, son attitude sur
le terrain, sa métamorphose, ­n’apparaissent jamais comme ­l’émergence
­d’une quelconque part maudite, mais toujours comme ­l’accès au monde
du « numineux »3 dont le champion ­s’extrait une fois ­qu’il a quitté le champ
clos, le « templum », de ­l’affrontement sportif. La délectation bizarre des
journalistes à lui faire aligner des lieux communs dans les interviews trouve
sans aucun doute sa racine dans ce désir de mesurer ainsi par contraste
son aspect surhumain sur les courts. Tant redescendre sur terre, c ­ ’est
avoir plané « par-­dessus le bétail ahuri des humains ». De même, quand
Lionel Messi quitte le terrain, ne fût-­ce que pour en rejoindre les alentours
(fascinante image que celle de Messi se rongeant les ongles sur le banc
de touche, lors du quart de finale de Ligue des champions disputé contre
Paris en avril 2013), il redevient un être ­d’une rare banalité. Ainsi, de retour
de ­l’Empyrée, les champions peuvent souvent paraître patauds, gauches,
humains trop humains, et cela (ici encore) se traduit physiquement. Nous
penserons à tous ces champions qui, à ­l’image de l­’albatros de Baudelaire,
méta(mor)pho(r/s)e du poète partagé entre le monde du spleen et de celui
de ­l’idéal, deviennent « comique[s] et laid[s] » sur le ponton de la « réalité »
alors ­qu’ils étaient « naguère si beau[x] ». À Beckham, icône de mode en
dehors des terrains, nous opposerons ainsi Lionel Messi (encore) qui devient,
à ­l’inverse, un pantin ridicule quand on prétend ­l’affubler ­d’un costume
et en faire un mannequin, comme cela ­s’est vu récemment. Sur le long
terme, nous pensons évidemment à ces sportifs adipeux et/ou malades qui,
quand ils abandonnent le monde de la compétition, s­ ’avachissent et enflent,
délestés du spiritus divin – ­l’explication mythologique ­l’emportera toujours
sur ­l’explication physiologique, tellement moins séduisante –. Nous pensons
à Merckx, à Platini. Nous pensons à Mohamed Ali tragiquement miné par la
maladie ­d’Alzheimer. Nous pensons à Patrick Edlinger, récemment disparu,
qui, vieillissant, perd son physique ­d’Apollon.
­L’exemple de Patrick Edlinger permet ­d’envisager une dernière dimen-
RÉSUMÉ DE TEXTE

sion de la métamorphose dans le domaine sportif : celle du temps en


temporalité, pour reprendre la distinction de Paul Ricoeur. Le temps est le
lieu de la contingence, de l­’aléatoire, du hasard. La temporalité est le lieu
T echnologique

de la nécessité, des connexions inattendues, des pétrifiantes coïncidences.


Le temps « organise » la vie de tous les jours. La temporalité structure les
récits. Cette temporalité structure aussi le sport. En sport, rien ne semble
jamais advenir « comme ça ». Les évènements ainsi ne se succèdent par sur
le mode de ­l’aléatoire, mais sur celui de la Nécessité – une nécessité qui,
là encore, se pare ­d’une dimension éminemment religieuse –, et ­c’est en
quoi le sport est pourvoyeur de mythes, car le mythe, nous le savons, ­c’est
une histoire (muthos, en grec), et une histoire sacrée. Soit Patrick Edlinger :
quand il gravit à mains nues les parois les plus improbables, sans craindre

ANNALES CCIR 2017-2018 l 389

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 389 13/10/2017 11:36


S UJET

la mort (il ne s­ ’assure pas), il semble lancer un défi aux dieux vers lesquels il
se hisse. Il apparaît dès lors comme un avatar d ­ ’Icare ou de Phaéton, dont il
possède ­d’ailleurs la blondeur éclatante – qui plus est, un Icare mercantile,
­n’hésitant pas à monnayer son talent en tournant dans une publicité pour
une célèbre barre de céréales. Suprême outrage pour les Olympiens qui
vont punir Edlinger, coupable ­d’hybris : en 1995, il tombe d ­ ’une hauteur
ESC
de 18 mètres. Pourtant, il continue à grimper, ne tenant pas compte de
cet avertissement divin. Les dieux, dès lors, ne seront plus cléments. Le
16 novembre 2012, Edlinger meurt d ­ ’une nouvelle chute – mais il s­ ’agit cette
fois ­d’une banale chute d ­ ’escalier, écho navrant à sa chute de 1995 ainsi
­qu’à toutes celles ­qu’ils avait ­jusqu’alors évitées. Tout semble ici se passer
comme si les dieux jaloux avaient pris un malin plaisir à abattre Edlinger en le
punissant sur le mode carnavalesque par où il avait pêché. Nous ne pouvons
nous empêcher ­d’établir entre les différents épisodes de la vie ­d’Edlinger
de mystérieuses connexions. Comment croire que sa chute ­d’escalier soit
un banal accident domestique ? Comment ne pas y voir autre chose q ­ u’un
évènement fortuit ? Comment ne pas lire cette histoire comme un mythe ?
Tous les grands évènements sportifs peuvent s­ ’interpréter, ou mieux,
être ressentis de manière similaire. Pensons par exemple à la fameuse demi-­
finale disputée par Federer et Djokovic en 2011 à ­l’US Open. Federer mène
dans le dernier set 5-3, 40-15, service à suivre. Il a pour ainsi dire partie
gagnée. Le champion suisse sert une première balle de grande qualité…
mais Djokovic retourne de manière fabuleuse : un coup droit décoché
à ­l’aveugle, qui laisse Federer sans réaction. En un sens, il y a quelque chose
de totalement irrationnel, de fondamentalement inacceptable, au regard
des lois du tennis classique, dans ce retour de Djokovic, dans sa réussite,
dans son audace – « Pour moi, ­c’est dur de comprendre que l­’on puisse
faire ça sur une balle de match » –, dira Federer, dépité et dubitatif, après la
rencontre. Mais cette audace ­n’en est pas tout à fait une, tant le retour du
Serbe ressemble à un aveu de désespoir, un véritable aveu ­d’impuissance.
Ce coup ­n’est est pas moins couronné de succès ! Comme si brutalement
les dieux avaient décidé de se mettre alors du côté de « Nole », à ­l’instar des
divinités de ­L’illiade, qui font dévier des flèches de leur trajectoire, moins
pour assurer la victoire de leur champion, en réalité, que pour terrasser celui
­qu’ils veulent voir défait. Dans ce coup de Djokovic, ­c’est bien la jalousie
des dieux qui s­ ’exprime. Federer est comme victime de ce fameux phtonos4
divin dont nous parlions déjà plus haut au sujet d ­ ’Edlinger. Trop puissant,
trop fort. Au moment où il touche à ­l’Empyrée, le Suisse retombe brusque-
ment, frappé en plein vol. Il ne se remettra pas de ce « coup du destin »
RÉSUMÉ DE TEXTE

des dieux, dont Djokovic, ici, apparaît comme le simple instrument. Les
explications psychologiques pèsent peu, face à ­l’évidence métaphysique
­d’une vengeance divine.
T echnologique

Zinédine Zidane, à ­l’occasion du fameux « coup de boule » décoché en


finale de Coupe du monde, avait subi le 2 juillet 2006 semblable mésaven-
ture. Si nous faison ­l’archéologie de cet acte mythologiquement savoureux,
nous constatons facilement que le carton rouge reçu par le joueur fran-
çais pour ce mauvais geste peut se lire comme la marque d ­ ’une forme de
Nemesis5. Quand il sort du terrain à la 110e minute, Zidane a les yeux tournés
vers le Ciel – ­L’Équipe immortalisera cette image. Son attitude a incontes-
tablement quelque chose de christique – la mythologie païenne se mêle
à la « mythologie » chrétienne ici – ; ­c’est le Fils de ­l’Homme invoquant son

390 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 390 13/10/2017 11:36


S UJET
père, dont il ne comprend pas la décision « Eli, Eli, lama sabachtani ! ». Mais
la déréliction, s­ ’explique fort bien, en réalité. Zidane, ce « Christ moderne »
– « Il revient ! » titre ­L’Équipe en août 2005, quand Zidane décide de revenir
en équipe de France –, ­s’est progressivement oublié depuis août 2005,
bouffi d ­ ’orgueil, persuadé de pouvoir sauver le monde à lui tout seul. Le
fameux penalty de la cinquième minute, en finale, tiré sous la forme parti-
ESC
culièrement osée d ­ ’une « panenka » (geste technique d ­ ’une rare tyrannie de
­l’amour-­propre chez « un malade » – « Il est malade », commente Bathez,
juste après le but q ­ u’il a tiré ainsi, parce q
­ u’il « voulait que ça reste », comme
il ­l’avouera lui-­même plus tard –. Le « coup de boule » et ­l’expulsion qui le
suit viennent sanctionner cette outrecuidance, cette hybris. Et ce qui est
fascinant, ce sont toutes les relations que ce geste entretient avec d ­ ’autres
épisodes du match et de la « légende » Zidane ; le « coup de boule » du
Français frappe Materazzi, celui-­là même qui avait provoqué la panenka
de la 5e minute, et Materazzi fera partie des tireurs de penalty (toujours
une histoire de penaltys) qui, à la fin de la rencontre, sacreront les Italiens
champions du monde, au grand dam des Bleus abandonnés par leur Christ
déchu. Ce « coup de boule », par ailleurs, fait écho au superbe coup de tête,
tout à fait « légal » celui-­ci, décoché à 104e minute juste sous la transver-
sale du but italien. Mais Buffon ­s’était alors interposé avec succès et avait
magistralement détourné le ballon. Ces deux coups de tête, qui marquent
­l’échec de Zidane, s­ ’opposent aux deux coups de tête, victorieux cette fois,
décochés par « Zizou », toujours en finale de Coupe du monde en 1998.
Entre ces deux moments, Zidane – qui, cela a souvent été signalé, n ­ ’a
étrangement jamais été un joueur de tête – est passé du Capitole à la roche
Tarpéienne, du Paradis à ­l’Enfer. Les connexions entre tous ces évènements
sont remarquables. Ils dessinent les linéaments ­d’une histoire mythique,
dont les épisodes semblent comme mystérieusement reliés entre eux par
une sourde nécessité ­d’ordre métaphysique. Nulle place pour le hasard, ici !
­C’est ainsi ­qu’un geste de voyou devient le signe de la colère divine et ­qu’un
footballeur mal élevé se métamorphose en héros tragique. Si le « coupe de
boule » de Zidane, donc, de façon générale, les grands évènements spor-
tifs, nous fascinent, ­c’est parce ­qu’ils donnent à lire des évènements du
quotidien a priori triviaux (une histoire de ballon rond, quelques coups de
raquette) comme des événements mythiques. Ils laissent ainsi entendre que
le monde en général n ­ ’est pas une réalité purement profane. En un mot, ils
métamorphosent ­l’univers, ou plutôt ils métamorphosent notre regard sur
­l’univers, en le reliant au sacré.
Les journalistes, comme nous l­’avons suggéré plus haut, accré-
RÉSUMÉ DE TEXTE

ditent, orchestrent cette métamorphose, et nous permettent de mieux la


voir. En cela, ils sont comme les poètes, qui, pour Hugo, sont « accou-
tumés à voir dans les choses plus que les choses ». Nous le mesurerons
T echnologique

à partir ­d’un superbe article de ­L’Équipe consacré à la finale du Masters


de tennis à Londres en novembre 2012. Le journaliste, Franck Ramella,
y évoque en introduction la double transformation de Novak Djokovic qui
« a commencé l­’année 2012 en titan et l­’a finie en Hercule. » Il raconte ensuite
comment « Nole » a broyé Nadal (Rafa) dans une « fantastique » finale en
janvier à ­l’Open de Melbourne. Puis il relate le déroulement de celle du
Masters livrée contre Federer. ­C’est ­d’abord Federer qui emporte la mise.
Sonné, dépassé, Djokovic est « en plein tsunami » – autrement dit, retour
au chaos primordial. Puis, petit à petit, il se reprend. Le match rappelle

ANNALES CCIR 2017-2018 l 391

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 391 13/10/2017 11:36


S UJET

alors – « furieusement » – « ­l’exceptionnelle » demi-­finale de Roland Garros


disputée par les deux hommes en 2010. Brusquement, le match bascule en
faveur du Serbe, au moment où tombent « les premiers couacs du Suisse,
qui ­n’est pas surnaturel » – comment ne pas voir dans cette formule une
forme de dénégation ? Mais Federer se reprend. « Le diable ressort de sa
boîte ». Interloqué, Djokovic « se demande à quel ovni il a affaire ». Plus loin,
ESC
­c’est le Serbe qui, à son tour, est qualifié de diable : « un diable ­d’homme,
vraiment » ; tandis que Federer se pare d ­ ’habits christiques – il est « crucifié
sur sa troisième balle de set ». Au final, « un passing de revers énorme
[« énorme » : un adjectif récurrent dans le phrasé sportif, fonctionnant comme
une sorte ­d’épithète homérique pour dire ­l’indicible] scelle le sort ­d’un match
dantesque. » Franck Ramella de conclure, pour qualifier Djokovic, sur un
laconique « Hercule » qui replie le texte sur lui-­même. Nous aurons apprécié
la manière dont ­l’article mélange allègrement les références mythiques : le
chaos, la titanomachie, la passion du Christ, les travaux ­d’Hercule, tout
­s’imbrique en désordre. Nous pourrions ne voir là ­qu’une rhétorique de
­l’hyperbole ou bien un jeu littéraire. Nous aurions tort, quoi que le journa-
liste puisse d­ ’ailleurs lui-­même en penser. Par ce « bariolage » mythologique
(une constante dans ­l’Équipe, comme nous ­l’avions déjà vu plus haut pour
Zidane), l­’univers est de facto métamorphosé, et nous quittons le monde
brutal pour rejoindre un cosmos sacralisé.
Nous comprenons donc peut-­être mieux, à ­l’issue de cet article, ­l’une
des raisons profondes pour lesquelles le sport nous plaît tant. Un match
de tennis ­n’est jamais un simple match de tennis, les footballeurs ne sont
jamais « simplement » de millionnaires payés pour courir après un ballon. Le
sport transfigure la réalité, il la métamorphose – ou plutôt, il métamorphose
le regard que nous portons sur elle, en nous la faisant voir telle que nous
ne la voyions pas ou telle que nous ne la voyions plus. C ­ ’est en cela q ­ u’il
la ré-­enchante en la reliant – en nous reliant –, à la sphère du sacré. À une
époque où les religions ­n’ont pas forcément le vent en poupe, les dieux, par
le sport, se remettent à exister : le monde retrouve une forme « ­d’irrationnelle
rationalité » et, partant, de nécessité ; il perd de sa contingence ; il ­n’est
plus tout à fait absurde : il devient, sans doute, plus habitable. D ­ ’ailleurs,
­n’oublions pas que, dans ­l’Antiquité, le sport entretenait officiellement des
liens étroits avec le « numineux » : les Jeux olympiques qui commencent et
se terminent par des cérémonies religieuses, ont été créés en souvenir du
titan Pélops, qui gagna la main ­d’Hippodamie à ­l’issue ­d’une course de chars
remportée sur le père de la belle. Des manifestations sportives – courses
à pied, joutes nautiques, ceste, tir à ­l’arc – accompagnent les célébrations
RÉSUMÉ DE TEXTE

religieuses fêtant la mort de Patrocle dans ­L’Illiade, ou ­l’anniversaire de celle


­d’Anchise dans ­L’Enéide. Les courses de char durent douze tours, soit le
nombre de mois contenus dans le cycle solaire, dont ­l’existence trouve sa
T echnologique

source dans le monde supra-­lunaire.


Les journalistes soulignent cette connexion du sport, et, – par conta-
gion –, du monde avec le sacré. Comme les aèdes, comme les poètes qui
voient dans les choses plus que les choses, ils chantent ­l’essence profonde
­d’un monde qui redevient beau et sacré à notre regard, et ils nous relient
à ­l’au-­delà. ­C’est grâce à eux, vraiment, que le sport apparaît véritablement
comme une expérience esthétique et mystique éminemment séduisante.
Mais il faut aussi parfois se méfier des discours de séduction – se-­du-
cere, ­c’est « détourner du droit chemin ». Le discours de la métamorphose,

392 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 392 13/10/2017 11:36


S UJET
en imposant ­l’idée ­d’un monde finalement nécessaire, puisque placé sous
­l’égide des dieux, cautionne paradoxalement un ordre des choses propre-
ment immuable. Il empêche que les lignes ne bougent. Les athlètes sont
les instruments bien involontaires de cet immobilisme. Leur métamorphose
au moment de la joute sportive, leur enthousiasme toujours passager – le
sportif est « schizé », rappelons-­le – donnent le sentiment que, finalement,
ESC
tout est question d ­ ’étincelle divine parcimonieusement dispensée selon des
critères qui nous échappent : tous les discours formatés des sportifs sur les
bienfaits du travail pour devenir un champion ne sont que des cache-­sexes
pour faire passer le discours mythologique de ­l’enthousiasme. Nous sommes
ainsi réduits au silence, à ­l’inaction, finalement à la prière : puisse la surnature
­s’emparer de nous pour espérer que les choses bougent ! De facto nous
restons ce que nous sommes. Par ailleurs, la mythification des sportifs nous
empêche souvent d ­ ’envisager la dimension simplement mondaine de leurs
actes, qui ne doit jamais non plus être oubliée. Zidane n ­ ’est pas seulement
un footballeur, mais il est aussi un footballeur, un footballeur-­voyou, qui plus
est, qui s­ ’est comporté de manière inadmissible le 9 juillet 2006. Or, nous
avons tendance à le perdre de vue. Zidane reste une des personnalités
préférées des Français.
Franck Baetens, « Le sport, la métamorphose et le sacré »,
Approches, N° 154 (« Métamorphoses : Le même et ­l’autre »), 2013.

RÉSUMÉ DE TEXTE
T echnologique

ANNALES CCIR 2017-2018 l 393

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 393 13/10/2017 11:36


ESC
C
ORRIGÉ
Par Françoise Détharré, professeur agrégé de lettres modernes.

Sur le théâtre de leurs exploits, les sportifs se montrent/transfigurés, dotés


par les dieux de capacités supra-­humaines, à/l’image des héros antiques.
C ORRIGÉ

Ordinairement tranquilles et policés, Teddy Riner/ou Rafaël Nadal deviennent


­d ’indomptables concentrés ­d ’énergie dont les/journalistes saluent
­l’émergence en usant de leurs prénoms ou/(50) de leurs diminutifs. Une
autre apparence physique, de spectaculaires gestes/ de victoire concrétisent
cette héroïsation : Lionel Messi gagne une carrure ­d’/athlète, la grâce féline
de Roger Federer fait oublier son nez/camus. La beauté leur est momen-
tanément conférée, sans être altérée/ par la souffrance q ­ u’ils endurent, de
même que, dans/(100) la statue vaticane représentant Laocoon et ses fils,
­l’esthétique/est préservée.
Lorsque reflue ­l’élan sacré, les champions affichent/une désolante banalité,
­s’exprimant par poncifs et perdant toute/prestance à ­l’issue de leur carrière,
tels Michel Platini ou/ Patrick Edlinger. Eux-­mêmes et leurs performances
échappent néanmoins aux aléas/(150) du temps humain pour s­ ’inscrire dans
la mesure du/temps divin. Au mépris de toute rationalité sportive, Edlinger
triomphe/, sans protection aucune, de vertigineuses parois, Djokovic, à ­l’US
Open/de 2011, renvoie une balle irrattrapable mais, avec le même/mépris
de la rationalité sportive, les dieux châtient ­l’hubris/(200): Federer, certain
de vaincre, reste médusé devant la balle de/Djokovic, Zidane, autoproclamé
messie de l­’équipe de France de/2006, se voit exclu du terrain après son
« coup de/ boule ».
Nous, spectateurs, nous prenons bien conscience dans ces moments/sidé-
rants que ­c’est ­l’équilibre voulu par les dieux/(250) qui ­s’impose à notre
regard. Ainsi s­ ’édifie la/mythologie sportive, ré-­enchantement du monde
auquel la presse participe/puissamment. Relatant le match entre Roger
Federer et Novak Djokovic aux Masters de tennis/de Londres en 2012,
un journaliste de ­L’Équipe multiplie les/références à la cosmogonie et à la
théogonie antiques autant (300) ­qu’au Nouveau Testament et sa plume se
fait homérique pour/assimiler Djokovic à Hercule.
Alors même que la sécularisation contemporaine/du monde humain tend
à nous livrer à ­l’absurde/, nous renouons avec la dimension sacrée des
compétitions antiques et/donc avec l­’absolue logique divine de tout évène-
ment apparemment/(350) fortuit. Remercions-­en les journalistes, poètes
RÉSUMÉ DE TEXTE

hugoliens du sport. Cependant/, leurs envolées risquent ­d’incliner au fata-


lisme en laissant croire/ ­qu’il suffit ­d’attendre la fureur héroïque plutôt que/
de ­s’entraîner assidûment, elles risquent également de minimiser les/dérives
T echnologique

des champions : les Français adorent Zidane malgré son incivilité.


(400 mots)

394 l ANNALES CCIR 2017-2018

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 394 13/10/2017 11:36


978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 395 13/10/2017 11:36
978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 396 13/10/2017 11:36
978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 397 13/10/2017 11:36
978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 398 13/10/2017 11:36
978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 399 13/10/2017 11:36
© GROUPE STUDYRAMA
34/38, rue Camille-Pelletan - 92309 Levallois-Perret cedex
Imprimerie Normandie Roto Impression s.a.s. - 61250 Lonrai
Imprimé en France - 4e trimestre 2017

Service éditorial : Marjorie Champetier, Benjamin Dias Pereira,


Deborah Lopez, Elodie Sebbah
Conception graphique : Soft Office

Dépôt légal à parution


ISBN 978-2-7590-3637-0

978-2-7590-3637-0_Annales-HEC-2017_BAT.indd 400 13/10/2017 11:36

Vous aimerez peut-être aussi