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Louis Ameglio

20242753

« Analyse courte 1 »

Dans le cadre du cours POL1000A


« Fondement de science de politique »

Enseignant : Martin Carrier & Frédéric Mérand


Correcteur : Martin Carrier

Département de science politique


Université de Montréal

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Sujet : Le mouvement des gilets jaunes :

Le mouvement des gilets jaunes est un mouvement social français, sans aucune

structure hiérarchique, née en ligne pour la première fois depuis le lancement de

Priscillia Ludosky en octobre 2018, sous les traits d'une pétition forte à près d'un

million de signatures. Plusieurs éléments ont participé à la création de ce

mouvement. Forte augmentation du prix du carburant, une croissance des inégalités,

le niveau de vie trop faible avec peu de pouvoir d’achat, le délaissement de certains

territoires mais aussi une barrière de communication avec la classe politique.

Les gilets jaunes sont choisis comme symbole et signe de ralliement pour les

figures insoumises. Les gens portent le gilet ou l’accrochent à leur véhicule, en

signe de protestation contre le système en place. Mais qui sont véritablement les

acteurs de ce mouvement historique ?

C’est en premier temps un mouvement mixte, composé de 53% d’hommes et

47% de femmes. Ce mouvement est issu de la classe populaire avec une majorité

d’actifs, employés et ouvriers (57 %), les autres étant des retraités (21%), des

chômeurs (11%) et des étudiants en minorité (3%). Les gilets jaunes c’est aussi un

mouvement inédit, un élément marquant du quinquennat En Marche, par cette

mobilisation hors de tout cadre organisationnel existant ; exemple des associations,

des partis politiques et syndicats. Par sa longévité, avec des manifestations

hebdomadaires à répétition, du samedi 17 Novembre 2018 à nos jours, avec son

pique de rassemblement régulier la première année. Chaque samedi, des appels sont

lancés pour se rassembler dans les grandes villes françaises, suivis par près de 300

000 personnes, selon le ministère de l'intérieur. On se souvient de ces

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manifestations chaotiques sur les Champs Élysée, avec l’association de « casseurs »

au mouvement, à l’origine de plusieurs millions d’euros de dégâts, tant bien sur les

commerces que sur les monuments historiques (Arc de Triomphe). Environ la

moitié des manifestants proviennent des communes rurales, des villes ayant une

population inférieure à 20 000 habitants – géographiquement, on parle ici de la

« diagonale du vide », qui s’étend des Ardennes au Pyrénées. Leur point commun ?

Tous touchés par des difficultés économiques. Des revenus mensuels aux alentours

de 1500€ et dont plus de la moitié vivent de fins de mois difficiles (environ 65%).

Intéressons-nous à leurs ressources de pouvoir, leurs atouts. Quelles sont leurs

positions et leurs idées ?

Le conflit qui implique le mouvement des gilets jaunes, les oppose au

gouvernement d’Emmanuel Macron et de sa politique. Le mouvement lui est

puissant par sa taille avec un effectif d’environ 300 000 français. Il s'articule autour

des ronds-points, symboles de la mobilité automobile et de la transformation des

infrastructures routières. Ils bénéficient en plus de cela d’une solide approbation

dans l’opinion publique, ce qui inquiète le gouvernement avec la cote de popularité

du nouveau président au plus bas. La première barrière qui entrave la route du

mouvement est la barrière physique, avec la mobilisation de plusieurs centaines de

gendarmes et CRS donnant lieu à des confrontations musclées. Exemple d’une des

victimes de ces violences et membre des gilets jaunes, Jérôme Rodrigues, éborgné

à la suite d’un affrontement lors d’une manifestation à Paris après un tir de grenade.

Les membres de la police ont fini par devenir la cible directe de certains

manifestants. Des attaques dans leur vie privée avec plusieurs menaces de morts et

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dégradations de domicile. Le ministère de l'intérieure aurait recensé environ 287

000 hommes et femmes de la police disant ne plus se sentir en sécurité.

80% des membres du mouvement ne font pas confiance au président de la

République.

Les gilets jaunes pensent majoritairement que l'appartenance de la France dans

l'Union Européenne possèdent plus d'inconvénients que d'avantages. Ils ressentent

également un profond sentiment d'injustice avec la hausse des inégalités et cette

promesse non tenue d'un service public de qualité pour chacun. Ils revendiquent

également « la fracture territoriale ». Les membres du mouvement proviennent pour

la majorité de cette « diagonale du vide », qui est une zone peu peuplée et moins

bien desservie que les autres régions de France. Une zone où l'utilisation fréquente

de la voiture est inévitable et où la hausse des prix du carburant affecte fortement

la population. Les gilets jaunes sont aussi méfiants des politiques. Ils veulent

quelqu’un qui comprenne leur quotidien et leurs revendications, « Des gens qui sont

et qui parle comme nous ». Certaines figures politiques se sont liée à la lutte contre

le capitalisme et aux idées du mouvement, tel que Phillipe Poutoux, porte-parole de

la classe ouvrière et membre du Parti Anticapitaliste. Mais aussi Jean Lasalle,

président et membre du parti Résistons, qui pour apporter son soutien au

manifestant avait porté un gilet jaune en pleine séance à l’Assemblée nationale.

D’autre personnalité politique ont également profité de cette vague révolutionnaire

en présentant leur candidature à l’élection présidentielle. Exemple de Jean-Luc

Mélenchon de La France Insoumise et de Marine Le Pen du Rassemblement

Nationale. Ils jugent certaines arrestations trop « arbitraires », et remettent en cause

le gouvernement Macron, profitant ainsi de l’électorat gilets jaunes,

majoritairement extrême dans leurs idéologies politiques.

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Ce n’est pas la première fois que le système représentatif français est remis en

cause. Il y a l’exemple le plus connu de la Révolution française en 1789, mais aussi

1968 avec la révolution des étudiants. Dans de nombreux pays occidentaux, la

démocratie représentative est en crise. Les principaux partis au pouvoir sont en

grande difficulté, tandis que des partis populistes émergent et progressent, livrant

des condamnations aux classes politiques. Les gouvernements sont profondément

impopulaires et les citoyens se sentent sous-représentés. La nécessité de renforcer

et de restaurer la relation entre gouvernants et gouvernés et de réfléchir à de

nouvelles modalités de participation politique des citoyens à la prise de décision est

partout évoquée dans ce conflit. Le principe du référendum est souvent présenté

comme étant un moyen de résoudre cette crise. La voie qu’a prise ici le mouvement

des gilets jaunes, incite à chercher dans notre histoire nationale les clés pour

comprendre la nature de ce mouvement spécifiquement français.

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Bibliographie

1.
F. Fischbach, « Le peuple social ou le retour du populaire », Lignes, 2019/2 (n°
59), p. 177-193. DOI : 10.3917/lignes.059.0177. URL :
https://www.cairn.info/revue-lignes-2019-2-page-177.htm

2.
G. Grunberg, « Les « gilets jaunes » et la crise de la démocratie représentative », Le
Débat, 2019/2 (n° 204), p. 95-103. DOI: 10.3917/deba.204.0095. URL:
https://www.cairn.info/revue-le-debat-2019-2-page-95.htm

3.
J. Maguin, « Gilets jaunes. Soleil d’hiver ou chaos ? », Commentaire, 2019/1
(Numéro 165), p. 166-170. DOI : 10.3917/comm.165.0166. URL :
https://www.cairn.info/revue-commentaire-2019-1-page-166.htm

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