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Article 1

Conflit entre générations – le débat sur le climat divise-t-il les jeunes et les moins jeunes?

Les manifestations incessantes des jeunes pour la protection du climat contrastent avec l’image
dominante de la jeunesse apolitique. Le nouveau mouvement accuse les anciens de ne pas s’être
préoccupés de l’avenir durant trop longtemps. Par ailleurs, les plus de 60 ans l’emportent presque à
chaque fois aux urnes – et pas seulement en matière de climat. Y a-t-il une nouvelle menace de conflit
entre les générations? Un conflit de générations – qu’est-ce au juste?
 
Les jeunes manifestent pour la protection du climat sous la devise #FridaysforFuture. Ce mouvement
mondial, initié par la jeune Suédoise Greta Thunberg, a également motivé de très nombreuses personnes
en Suisse. Les rassemblements se succèdent depuis plusieurs mois. À ce jour, plus de 60 000 personnes se
sont regroupées dans les rues au plus fort de ces manifestations du vendredi. Les élèves exigent
notamment que la Suisse déclare une urgence climatique nationale. Selon eux, les émissions de gaz à effet
de serre devront être réduites à zéro d’ici 2030. La plupart des jeunes militants n’ont pas (encore) le droit
d’exprimer leur opinion lors des votations. Ils manifestent dans la rue et font ainsi entendre leurs
préoccupations. Au-dessus de cette marée humaine flottent des banderoles portant l’inscription «L’avenir
de qui? Notre avenir!» et des cris résonnent «Nous sommes ici, nous sommes bruyants, parce que vous
volez notre avenir!» Les jeunes militants accusent les générations plus âgées d’avoir manqué l’occasion de
réagir à temps à la crise climatique. Elles doivent enfin agir. Maintenant! 
 
Une jeunesse apolitique?
Les événements actuels contrastent fortement avec l’opinion largement répandue selon laquelle les jeunes
sont apolitiques et participent à peine au système politique. Ce tableau est extrêmement persistant, entre
autres, en raison d’un taux de participation souvent très faible des électeurs les plus jeunes. En comparant
la jeunesse d’aujourd’hui avec celle d’autrefois, politique elle, on se réfère soit aux émeutes des années
1980, soit au mouvement de 1968. Le «Politikmonitor 2018» d’easyvote l’affirme clairement: «Si l’on
interroge les jeunes sur leur engagement politique auto-évalué, celui-ci tend à diminuer dans
l’ensemble.» Mais soudain, les jeunes sont dans la rue. L’inquiétude au sujet de la jeunesse apolitique
passe à l’arrière-plan et, parallèlement, un autre débat resurgit et capte l’attention: celui du conflit de
générations. 
 
Qu’est-ce qu’un conflit de générations? 
Un conflit de générations est un conflit entre membres de générations différentes, en particulier entre
jeunes et adultes. Il est souvent marqué par des préjugés mutuels. Un conflit de générations découle de
valeurs divergentes ou de conflits d’intérêts. L’assurance vieillesse est un exemple de conflit de
générations. L’AVS est en vigueur depuis 1948 et vise à garantir la sécurité financière des retraités.
Toutefois, en raison de l’évolution démographique, le nombre de cotisants diminue, alors que le nombre
de retraités augmente. Il en résulte un conflit d’intérêts entre les différentes générations, entre les
retraités et les cotisants. Les conflits entre générations doivent toujours être considérés dans leur contexte
historique; ils sont tributaires des opinions et des attitudes de la société à un moment donné. 
 
Grands-parents engagés pour le climat
En ce qui concerne l’engagement pour le climat, précisons tout d’abord une chose: les jeunes ne sont pas
les seuls à s’investir pour cette cause, les générations plus âgées le font également. Les groupes GPClimat
sont actifs dans ce domaine depuis 2016 et comptent actuellement un millier d’adhérents. Ces «Grands-

1/Compréhension Écrite Pré-Avancée/Département de Français de l’Universitas Lampung/Mme. Setia


parents pour le climat» bénéficient maintenant d’une attention accrue. Elles existent donc bien, ces
personnes âgées qui s’inquiètent du climat. Mais elles ne semblent pas être majoritaires. Surtout lorsqu’il
s’agit de votes sur des questions environnementales, la jeune génération est souvent mise en minorité,
comme dans le cas de l’abolition des centrales nucléaires ou de l’initiative pour une économie verte.
La «domination des seniors» provoque-t-elle un nouveau conflit de générations?
 
«Eiszeit zwischen Jung und Alt – Klimadebatte entzweit Generationen» - ce titre, récemment utilisé par le
quotidien alémanique «Blick», évoque une glaciation qui séparerait les jeunes des moins jeunes en ce qui
concerne le climat. Le journal décèle du potentiel pour d’autres conflits de générations, car «plus d’enjeux
que jamais divisent aujourd’hui les générations». Selon le quotidien, d’autres points critiques subsistent au
niveau de la codétermination, des pensions de retraite et du logement. Le journal va jusqu’à poser la
question des «possibilités de réconciliation». Et «Blick» n’est pas le seul à se faire du souci et à craindre un
nouveau conflit de générations. Pour le «Neue Zürcher Zeitung», nous vivons une «bataille entre les
générations». Ce quotidien a exploité des chiffres avant de déclarer: «Les anciens ne perdent presque
aucun vote ces temps-ci. Au cours de cette législature, le souverain a voté 31 fois jusqu’à présent; pour 30
de ces scrutins, des sondages ont été effectués après le vote. Il en ressort qu’une seule fois, les plus de 60
ans ne l’ont pas emporté.»
 
Que signifie cette série de victoires des anciens? «Depuis le 18e siècle, le fait que les jeunes soient
politiquement déterminés par les vieux est un thème récurrent», explique François Höpflinger, sociologue,
chercheur à l’Université de Zurich et spécialiste des générations. Un sujet permanent, oui, mais la situation
s’aggrave parce que les jeunes sont de moins en moins nombreux. Même s’ils se rendaient aux urnes en
très grand nombre, ils resteraient toujours en minorité. L’évolution démographique a eu pour conséquence
que le nombre de jeunes est aujourd’hui beaucoup plus faible que celui des générations précédentes.
Affirmant publiquement que les jeunes sont inaptes à la codétermination politique, certains renforcent
encore ce sentiment d’impuissance. Des déclarations telles que celles du conseiller national Roger Köppel –
c’est de l’enfantillage quand les écolières s’inquiètent du climat et, quand les enfants définissent la
direction politique, quelque chose ne va plus – accentuent également cette impression. Dans le magazine
en ligne «Republik», Claude Longchamp, quant à lui, plaide pour un âge de vote de 16 ans en Suisse et
écrit: «Il faut garder à l’esprit que la Suisse menace de devenir une gérontocratie d’une manière ou d’une
autre – son système politique et social sera dominé par les vieillards.» Mais même l’abaissement de l’âge
de vote à 16 ans n’aurait qu’une influence minime sur les rapports majorité-minorité. 
 
Un conflit de générations met en danger la cohésion sociale 
Si les jeunes ne sont plus écoutés et n’ont plus la possibilité de contribuer suffisamment, le risque d’un
conflit de générations augmente. Lorsqu’ils scandent dans la rue que les personnes âgées volent leur
avenir, la question se pose: Le conflit de générations est-il déjà une réalité dans le débat sur le climat?
Cependant, les dernières élections dans le canton de Zurich ont déclenché une «vague verte» et leur issue
est volontiers interprétée comme un «choix climatique». Les Verts et les Vert’libéraux ont ensemble
progressé de plus de dix pour cent. Viktor Giaccobo a exprimé sur Twitter le soupçon que l’un ou l’autre
électeur avait voté pour les «jeunes grévistes du climat». Certains politologues interprètent ce revirement
comme un signe pour les prochaines élections nationales. Reste à voir si la «vague verte» parviendra
également au Parlement national et si les exigences des jeunes trouveront des réponses. Une chose est dès
maintenant claire: Les événements actuels illustrent une fois de plus l’importance sociale des relations
entre les générations pour la cohésion au sein de la société. Dans une société vieillissante, il est
indispensable que ces relations fonctionnent bien.

https://www.intergeneration.ch/fr/blog/conflit-entre-generations-le-debat-sur-le-climat-divise-t-il-les-jeunes-et-les-moins-jeunes
2/Compréhension Écrite Pré-Avancée/Département de Français de l’Universitas Lampung/Mme. Setia
Article 2
« Ok Boomer » : Et si cette fois le conflit générationnel était réel ?
Guillaume Allègre    Posté le 3 janvier 2020

L’expression « Ok boomer » a été popularisée lorsqu’une parlementaire néo-zélandaise de 25 ans, Chlöe
Swarbrick, s’est fait chahuté sur son âge durant un discours sur le changement climatique et qu’elle a
répondu par un simple « Ok boomer ». L’expression est devenue une réplique utilisée pour se moquer des
membres de la génération des baby-boomers, en particulier en réponse aux critiques faites aux générations
plus récentes. « Ok boomer » n’est pas le synonyme modernisé de « vieux schnock » ou autre expression
faisant référence à l’âge de l’interlocuteur. Boomer fait référence à une génération, définie non par l’âge
mais par l’année de naissance.

Certains confondent âge et génération et dénoncent la discrimination anti-vieux ou l’âgisme. La confusion


est facile car, à une date donnée, âge et génération se confondent : tous les membres de la génération des
baby-boomers sont dans la même classe d’âge. Les Baby-boomers sont la génération, née entre 1946 et
1964. Cette génération se caractérise par le fait d’avoir été nombreuse (Baby-boom) et d’avoir connu une
période économique faste (Trente glorieuses). C’est aussi la première génération à ne pas avoir connu de
guerre sur le sol national.

Faut-il relancer le conflit générationnel ? La dénonciation des iniquités générationnelles n’est pas nouvelle.
On trouve dans chaque génération des personnes pour se plaindre de son sort. En 1993, Christian Saint-
Etienne, né en 1951, publiait Génération sacrifiée, les 20-45 ans.  Les personnes âgées de 45 ans en 1993
étaient nées en 1948 soit en plein dans le baby-boom, une génération supposée dorée. Notons aussi que la
génération sacrifiée selon Christian Saint-Etienne était la sienne. Louis Chauvel, né en 1967, s’est spécialisé
dans la dénonciation des baby-boomers. Dans Le monde, il écrivait en 2011 :  « Les derniers retraités aisés
du début du baby-boom décident de l’appauvrissement des générations nées trop tard, victimes muettes
d’enjeux où leur absence est sciemment organisée », « les nouvelles générations nées après 1955, celles
entrées dans le monde du travail après 1975 dans le contexte du plein chômage, ont été affectées de façon
durable, voire définitive. » La génération de Louis Chauvel aurait donc été sacrifiée par celle de Christian
Saint-Etienne ! A l’heure de la réforme des retraites annoncée par Edouard Phillippe, ce serait la génération
née après 1975 qui serait sacrifiée.  Dans un thread, Camille Peugny, né en 1981, écrit : «  les cohortes nées
en 1975 et après ont d’abord trouvé sur leur chemin un taux de chômage des jeunes actifs
systématiquement 2 à 3 fois plus élevé que pour le reste de la population », « Rappelons ensuite que
lorsqu’elles ont trouvé un emploi, ce dernier est de plus en plus souvent précaire ».

Le discours sur les générations dorées et les générations sacrifiées s’appuient sur certaines réalités. Il est
vrai que les baby-boomers ont bénéficié des Trente Glorieuses qui leur a permis d’avoir des carrières
fortement ascendantes. De plus, étant nombreux, ils n’ont pas eu de mal à financer les retraites de leurs
ainés. Au contraire, les générations actives actuelles doivent financer les retraites des nombreux baby-
boomers, d’où une série de réformes des retraites ayant pour objectif d’allonger la période de cotisation.
Les baby-boomers ont également bénéficié de l’augmentation des prix immobiliers.  A l’inverse, il est vrai
que les générations suivantes ont connu le chômage et la précarité lors de leur entrée dans la vie active, de
prix immobiliers importants lors de leur achat de logement ainsi qu’une croissance en berne : leur carrière
est ainsi moins ascendante que celle des baby-boomers.

3/Compréhension Écrite Pré-Avancée/Département de Français de l’Universitas Lampung/Mme. Setia


Les générations suivantes ont-elles pour autant été sacrifiées par les baby-boomers ? Une partie des
problèmes provient de la forte baisse de la croissance à partir du début des années 1980. Peut-on le
reprocher aux baby-boomers ? La forte croissance des Trente Glorieuses a été en partie la conséquence du
rebond suite aux deux guerres mondiales et la crise des années 1930. Faut-il espérer les destructions d’une
guerre pour pouvoir ensuite bénéficier d’une forte croissance ? De plus, si la croissance n’est plus aussi
forte, les niveaux de revenus sont eux plus élevés, du fait de la croissance passée : les jeunes générations
bénéficient de niveaux de vie bien plus élevés que ceux des baby-boomers au même âge. Leurs logements,
plus coûteux, sont également plus grands et de meilleure qualité (par exemple, tous les logements ont
aujourd’hui des toilettes et des salles de bain, ce qui n’était pas le cas lorsque les baby-boomers étaient
jeunes).

DETTE ÉCONOMIQUE OU DETTE CLIMATIQUE ?


Pour juger de l’éventuelle injustice intergénérationnelle, il faudrait tout d’abord définir des critères de
justice générationnelle. Malheureusement, il n’existe pas de critère consensuel d’équité
intergénérationnelle, ce qui complique grandement l’analyse. Un critère possible est de regarder les
transferts : l’équité impliquerait qu’une génération transfère au moins autant à la génération suivante que
ce qu’elle a reçu de la génération précédente[1]. Quels sont ces transferts intergénérationnels ? En termes
de dépenses publiques, comme nous l’avons vu, il y a un transfert ascendant des actifs vers les retraités.
On oublie parfois qu’il y a également un transfert descendant des actifs vers les enfants, sous forme de
dépenses d’éducation. Notons que la dépense publique d’éducation dans le PIB s’est maintenue ces trente
dernières années entre 6 et 7%, les baby-boomers n’ont donc pas compensé le poids plus important de
leur retraite par un investissement massif dans l’éducation, ce qu’ils auraient probablement dû faire. Les
transferts privés sont également importants, notamment les héritages. Le taux d’épargne en France reste
très élevé (autour de 14%), signe que les générations ne sont pas égoïstes : les plus âgés ne brûlent pas leur
épargne en faisant du jet-ski à Miami-Beach, mais transmettent leur très forte épargne sous forme
d’héritage aux générations suivantes qui bénéficient ainsi de l’augmentation des prix de l’immobilier.
Evidemment, ceci ne vaut, au sein de chaque génération, que pour les héritiers : la plus forte iniquité se fait
au sein des générations (entre les héritiers et les autres) plutôt qu’entre les générations.

Pourtant, il existe bien aujourd’hui une iniquité intergénérationnelle, mais ce n’est pas celle soulevée par
Christian Saint-Etienne, Louis Chauvel ou Camille Peugny. L’iniquité est soulevée par une génération plus
jeune personnifiée par Chöe Swarbrick et Greta Thumberg : c’est la dette climatique. Les baby-boomers ne
transfèrent pas que des héritages financiers et immobiliers, ils transfèrent également un capital naturel
fortement dégradé : accumulation de CO2 dans l’atmosphère provoquant le réchauffement climatique,
perte de la biodiversité, etc. Il n’est alors pas étonnant que ce soient les générations les plus récentes qui
s’insurgent : non seulement ils n’ont pas de responsabilité politique, n’ayant pas été au pouvoir et n’ayant
pas de poids électoral, mais ce sont elles – ainsi que les générations non nées – qui subiront le plus
fortement les dégâts et paieront, on peut l’espérer, le coût de la transition écologique, en termes
d’investissement vert, investissement vert qui n’a pas jusqu’ici été réalisé malgré la connaissance des
dégats. « Boomer » est la génération qui a fermé les yeux face au réchauffement climatique. C’est là la
véritable injustice générationnelle.

https://www.confluences.fr/2020/01/ok-boomer-et-si-cette-fois-le-conflit-generationnel-etait-reel/

4/Compréhension Écrite Pré-Avancée/Département de Français de l’Universitas Lampung/Mme. Setia


Article 3

«La guerre des générati ons est une fi cti on impossible»


Laure Andrillon — 20 mars 2017

La lutte des âges plutôt que  la  lutte des classes ? Selon les  chercheurs Serge Guérin, et  Pierre-Henri
Tavoillot, les  oppositions entre jeunes et  vieux ont toujours existé, ce  qui n’empêche pas depuis plusieurs
années un  renforcement des liens intergénérationnels.

La guerre entre les générations pourrait être un bel enjeu pour la campagne présidentielle. Retraites, droits
de succession, allocation pour l’autonomie, revenu universel : ces débats pourraient-ils faire exploser une
guerre latente, qui opposerait les jeunes précaires et les «papy-boomers» bien lotis, les adolescents
connectés et les seniors dépassés, les actifs et les oisifs ? Pour le sociologue Serge Guérin, spécialiste des
enjeux du vieillissement et de la solidarité, et le philosophe Pierre-Henri Tavoillot, le lien intergénérationnel
n’a, au contraire, jamais été aussi fort qu’aujourd’hui. Dans La  guerre des générations aura-t-elle
lieu ?  (Calmann-Lévy), les auteurs affirment que l’intergénérationnel est même le meilleur levier social
dont la France dispose. Une thèse qui va à rebours de celle du sociologue Louis Chauvel, qui affirme qu’il y
a bien une guerre entre générations.

Vous commencez votre livre en imaginant le saccage d’une boîte de nuit par des cadres refoulés du fait de
leur âge, une mutinerie dans une maison de retraite contre la tyrannie de la vitesse, une manifestation
d’enfants en colère contre la dette et la pollution, un lobby de cheveux gris qui fait la grève de la sagesse…
C’est une fiction impossible, un scénario drôle et absurde qui montre que la «guerre des générations» ne
veut rien dire parce qu’elle n’existe pas. Personne n’aime se battre contre lui-même. Un tel affrontement
n’a pas de sens parce que la vie suit son cours, et cet enfant, ce jeune, cet adulte, ce vieux, nous le sommes
tour à tour. C’est l’indétermination de la notion de guerre des générations qui nous révolte. Qu’il y ait ici ou
là des tensions entre générations ne veut pas dire qu’il y aura une guerre. Cette hypothèse catastrophiste
séduit parce que dans un monde complexe, on a besoin de scénarios simples. Après la lutte des classes, la
guerre des races, le clash des civilisations, l’antagonisme des sexes, on s’imagine une lutte des âges. Mais
on frôle l’idéologie en appliquant à l’ensemble de notre société le schéma explicatif de la guerre, comme
s’il pouvait suffire. Il ne s’agit pas de nier toute conflictualité entre générations, mais de se demander si elle
peut être une clé de lecture globale de la société.

Vous affirmez, au contraire, que les liens entre générations n’ont jamais été aussi forts. Pourquoi ?
Les liens entre générations, contrairement à tous les pronostics, se sont renforcés. Le lien
intergénérationnel était subi, évident et mécanique ; il est maintenant choisi, pensé et réciproque. Avec
l’avènement de la société des individus, ce lien n’est plus une évidence de l’esprit ou une contrainte de la
société. La famille s’est métamorphosée, on n’est plus enfant, parent ou grand-parent comme avant, ne
serait-ce que parce qu’on l’est plus longtemps qu’avant. La société a évolué, les marqueurs historiques
se sont restreints, et l’imaginaire commun tend à se fragmenter. Les rites de passage - diplôme, service
militaire, premier bulletin de vote, premier travail - ne sont plus des bornes aussi fixes qu’avant. Ce
sentiment de crise voire de guerre des générations n’est que le symptôme confus de cette nouvelle donne.
Les relations entre générations sont plus que jamais porteuses de sens, car ce sont elles qui nous relient à
une forme de permanence, et nous permettent de toucher encore à l’idée d’éternité.

5/Compréhension Écrite Pré-Avancée/Département de Français de l’Universitas Lampung/Mme. Setia


L’hypothèse d’une guerre des générations s’appuie sur la lutte pour les places sociales, celle entre «baby-
boomers» et jeunesse maudite née avec la crise. Il y a aussi la seniorisation de l’électorat, l’indifférence
des jeunes pour la vie démocratique telle qu’elle est organisée. Ce sont des faits bien réels…
On peut tout à fait mesurer le lien intergénérationnel. Il faut être attentif à ce qu’on appelle, à tort, des
signaux faibles : ce sont, en réalité, des signaux forts, mais qui sont regardés faiblement. Un sondage Ipsos
- Notre Temps de 2015 montre que pour 97 % des Français de plus de 18 ans, et 98 % des plus
de 70 ans, «il est important de développer les liens entre les générations». Une enquête BVA montre qu’en
2016, 88 % des 18-24 ans se disent prêts à consacrer du temps à une personne âgée. Nous avons nous-
mêmes dirigé, avec le soutien actif de plusieurs mutuelles, un tour de France de l’intergénérationnel
entre 2012 et 2015 pour visiter les «lieux du lien». Nous avons pu voir que l’intergénérationnel est
extrêmement présent dans le milieu associatif, de manière discrète et non spectaculaire. Et que les
personnes interrogées en parlent comme d’une solidarité choisie : en tant qu’aidant, plutôt qu’en tant que
personne aidée. Enfin, alors que le clivage intergénérationnel est supposé atteindre son apogée dans une
opposition des valeurs, il apparaît que famille, travail, politique et spiritualité arrivent largement en tête.
Ces valeurs sont partagées par toutes les générations même si elles ont changé de sens : elles ne sont plus
des exigences sociales imposées «par en haut», mais émanent de l’individu lui-même. Le lien
intergénérationnel n’en est que plus fort.

La guerre des générations est-elle une illusion contemporaine ?


Le scénario de la lutte des âges est déjà présent dans le Livre de Job avec la révolte des jeunes fidèles
contre les vieux douteux, ou dans la République de Platon avec la dénonciation de la tyrannie juvénile.
Mais, c’est récemment que le fossé des générations est devenu un thème si récurrent, notamment depuis
la publication de l’ouvrage de Louis Chauvel en 1998, le Destin des générations. La guerre des générations a
d’abord quelque chose d’ancestral, de presque anthropologique : pour grandir, on a besoin de considérer
que ses parents sont de «vieux cons». La modernité constitue une deuxième strate : on pense que demain
sera mieux qu’aujourd’hui, et que les jeunes vont permettre de régénérer la société. Puis Mai 68, comme
une deuxième modernité, accélère la rupture avec le monde traditionnel en amenant un conflit de valeurs
entre les jeunes et les vieux. Depuis, il y a des générations au sens démographique et sociologique, puisque
des cohortes d’individus traversent le temps avec une communauté de destin et une conscience de ce
destin. Mais il n’y a plus de génération au sens historique, qui soit rattachée à des événements tragiques.
Les clivages dont on parle sont surtout l’invention de «marketeurs» qui inventent des pseudo-générations
à la moindre innovation : la «génération Y», c’est tout simplement la jeunesse ! Et l’innovation est une
valeur partagée par tous les âges.

Que risque-t-on à croire à la guerre des générations ?


On peut fabriquer de mauvaises politiques sociales. Le péril, autant à droite qu’à gauche, c’est d’être
indifférent à l’intergénérationnel, voire de le casser. Il faut éviter les politiques binaires, à la Robin des
Bois : prendre aux vieux riches pour donner aux jeunes pauvres, ou prendre aux jeunes indifférents pour
donner aux vieux abandonnés, comme si ces catégories étaient évidentes. Prenons l’exemple des droits de
succession. Une logique économique pertinente considère que les plus âgés ont un patrimoine conséquent,
qui reste bloqué au lieu de circuler dans l’économie. On utilise donc deux outils : taxer très fortement les
droits de succession, et favoriser les donations du vivant. Mais les gens travaillent avant tout pour laisser
quelque chose à leurs enfants. Il faut combiner une réflexion qui mise sur la rationalité des acteurs
économiques avec l’idée que les gens sont aussi des êtres philosophiques, sociaux, qui réfléchissent au
sens de la vie.

6/Compréhension Écrite Pré-Avancée/Département de Français de l’Universitas Lampung/Mme. Setia


Les politiques publiques devraient-elles accompagner l’intergénérationnel ?
La guerre des générations nous fait oublier que les oppositions sont davantage culturelles, géographiques,
religieuses, sociales, que générationnelles. En la contestant, on réintroduit la question sociale. Si
l’intergénérationnel est étayé par des politiques publiques adéquates, il peut, de proche en proche, irradier
sur les autres sphères. La campagne électorale nous met face à des catalogues de mesurettes. On crève de
ne pas avoir d’objectif politique qui soit relié au sens de l’existence ! Certes, il y a des conflits, sans quoi il
n’y aurait pas de politique, mais quelle arme existentielle peut-on trouver pour nous permettre de les
dépasser ? L’intergénérationnel est une évidence parce qu’on y est tous confrontés. On apprend la
complexité de la société à travers lui, et c’est aussi par lui qu’on peut la dépasser. Ce qui fait le plus de sens
dans nos vies, c’est le rapport au temps et le rapport aux âges. Il est absurde qu’il y ait en France un bureau
pour l’enfance, un pour la jeunesse, un pour la vieillesse, au lieu d’un «ministère des Ages de la vie». Car
c’est une seule et même personne qui parcourt la totalité de l’existence et passe de bureau en bureau,
alors que ces bureaux n’ont pas de mémoire. Il faut remettre de la vie, au sens strict, dans nos politiques
publiques, et ce du berceau à la tombe.

https://www.liberation.fr/debats/2017/03/20/la-guerre-des-generations-est-une-fiction-impossible_1557086
négalités entre baby-boomers et «millennials»: le conflit de générations

7/Compréhension Écrite Pré-Avancée/Département de Français de l’Universitas Lampung/Mme. Setia


Article 4

Inégalités entre baby-boomers et « millennials » : le conflit de générations

Les sociétés sont structurées par des mouvements sociaux visant à réduire les inégalités. Le XIXe fut
marqué par la lutte des classes. Le XXe fut celui de la lutte pour l’égalité entre les sexes. Le XXIe  siècle
sera celui d’un conflit de générations entre baby-boomers et «millennials»

Le baby-boomer est né entre 1946 et 1964. Il a aujourd’hui entre 54 et 72 ans. Il n’a pas connu les affres de
la Seconde Guerre mondiale, il a bénéficié de la croissance économique des Trente Glorieuses, a aisément
trouvé un emploi sans être nécessairement très qualifié. En France, de 1946 à 1964, le taux de chômage
était inférieur à 2%. Il était d’à peine 5% dans les années 80. Quand il était actif, le baby-boomer a payé les
retraites d’une génération décimée par la guerre, dont l’espérance de vie était limitée. Le millennial (ou
génération Y) est né entre 1988 et 2000. En 2018, il a entre 18 et 30 ans. Il a dû se former plus longtemps
pour espérer trouver un travail, il a connu et va connaître le chômage. En France, le taux de chômage a
atteint plus de 10% au début des années 90 et n’a depuis pas diminué. Il est aujourd’hui de 9,2% pour
l’ensemble de la population et de 22,6% pour les 18-25 ans. Les emplois peu qualifiés de ses aînés ne
cessent de disparaître sous l’effet de la robotisation et de l’informatisation.

Résultat: le millennial va travailler plus longtemps pour bénéficier d’une retraite et payer celles des baby-
boomers, il devra rembourser la colossale dette publique et financer le système de santé dont ses aînés
sont les principaux bénéficiaires. En France, en 1964, la dette publique était inférieure à 20% du PIB (21,6%
en 1978). Elle a atteint 60% en 2000 et 96% en 2018. Les baby-boomers ont vécu à crédit et ont accumulé
des dettes qui seront remboursées par leurs enfants et leurs petits-enfants.

Fracture sociale
L’inégalité sociale majeure du XXIe siècle est celle qui existe entre les générations. L’accroissement des
inégalités dénoncé par des économistes tels que Thomas Piketty résulte moins d’une différence entre les
classes que d’un fossé creusé entre les générations. Les rapports s’accumulent pour dénoncer cette
nouvelle fracture sociale. Le Fonds monétaire international calcule qu’aujourd’hui, dans les 28 pays de la
Communauté européenne, la pauvreté des 18-24 ans est deux fois plus élevée que celle des plus de 65 ans
et que cet écart a doublé en dix ans. La Fondation Caritas montre que les jeunes dans 17 pays européens
ont de très grandes difficultés pour accéder au logement et qu’ils constituent l’essentiel des  working
poors. Caritas parle d’injustice intergénérationnelle. Les uns ont des revenus salariaux précaires, les autres
des retraites garanties par les pouvoirs publics.

A force d’être exclus de la société, les millennials finissent par la rejeter en s’en auto-excluant. Les taux de
participation des jeunes aux élections politiques, aux partis et aux syndicats sont historiquement faibles.
Quel employeur ne s’est pas plaint de leur comportement individualiste, de leur manque d’engagement
dans l’entreprise et de leur grande versatilité au point de mener des politiques de GRH qui leur soient
dédiées?

La raison en est que le contrat social intergénérationnel est devenu trop inégalitaire et que l’avenir paraît
bien sombre. La redistribution de la richesse va des plus jeunes aux plus vieux. Le vieillissement de la
population va accentuer cette logique pour financer la Sécurité sociale et creusera le fossé entre
générations.

8/Compréhension Écrite Pré-Avancée/Département de Français de l’Universitas Lampung/Mme. Setia


Le risque de cristalliser le conflit de générations
Serait-il envisageable d’inverser les flux de richesse? La résistance des retraités français à l’instauration de
la CSG sur leur pension pour financer le système de retraite illustre le peu de solidarité des plus anciens et
risque de cristalliser le conflit de générations. Cependant, l’action collective contre les inégalités nécessite
une conscience partagée.

L’identité ouvrière et le féminisme ont constitué de telles cultures communes de catégories défavorisées.


Une identité émergera-t-elle au sein de la catégorie sociale des millennials pour en faire une communauté
générationnelle?
Pour l’instant, leur individualisme et leur peu d’implication dans l’action politique sont les meilleures
protections contre le conflit entre générations. A l’avenir, à moins qu’émerge spontanément ou promu par
l’Etat un nouveau contrat social intergénérationnel, le risque est grand qu’une génération sacrifiée ne se
révolte contre l’exploitation par ses aînés et ne déstabilise notre société.

https://www.letemps.ch/economie/inegalites-entre-babyboomers-millennials-conflit-generations

9/Compréhension Écrite Pré-Avancée/Département de Français de l’Universitas Lampung/Mme. Setia


Article 5
Covid-19 : « Jeunes, vieux, ça ne veut strictement plus rien dire »
Jacques Paugam
Publié le 14/08/2020

INTERVIEW. Le non-respect des gestes barrières semble faire naître  un conflit entre les générations.
Attention aux clichés, prévient  le sociologue Serge Guérin.
 
Entre milléniaux, nés à l'orée des années 2000, et baby-boomers, enfants gâtés du consumérisme, le
torchon brûle. Le confinement, obligeant les jeunes actifs à une retraite forcée, aura épargné des vies mais
aggravé la situation économique sur tous les fronts. De quoi faire réagir une jeunesse précarisée, avide de
changements. Du côté du troisième âge, on regrette l'insouciance de ces jeunes trublions, sortis trop vite
des interdits du confinement au risque de voir l'épidémie repartir de plus belle. Plusieurs fois annoncé,
maintes fois théorisé, le conflit des générations aura-t-il lieu en 2020, année de tous les dangers ? Serge
Guérin, sociologue spécialiste du vieillissement, revient pour Le Point sur une notion fluctuante en insistant
sur la force du lien intergénérationnel.

Le Point : Le confinement a-t-il exacerbé le ressentiment entre les catégories d'âge jusqu'au point de
non-retour ?
Serge Guérin : C'est assez amusant, mais avec la crise du Covid-19 est apparu un désir prononcé de
protection qui relève presque de l'infantilisation. C'est particulièrement visible pour les personnes âgées. À
la sortie du confinement, nous en étions presque à interdire aux anciens de sortir de chez eux, passé 65 ou
70 ans : « Ne sortez pas de chez vous. » Cette moralisation des usages du confinement a eu lieu
principalement en direction des plus âgés parce que plus vulnérables. En même temps, des gens eux-
mêmes relativement âgés, peut-être en mal de notoriété, sont intervenus dans les médias pour expliquer
que ce confinement mettait en cause l'avenir des jeunes à cause des vieux. Il y a quelque chose de régressif
à intimer aux gens tel ou tel comportement en fonction d'une catégorie d'âge.

Le jeunisme, cette maladie du troisième âge ?


Ce petit fumet malodorant, en provenance de gens qui tiennent déjà le haut du pavé médiatique, visait à
faire porter le chapeau de la crise aux plus âgés, leur discours se résumant à : « Il ne faut pas sacrifier les
jeunes pour sauver quelques vieux qui seraient, de toute façon, partis à un moment ou un autre. » On
aurait pris la couleur de la peau, par exemple, cela s'appellerait de l'apartheid. Il y a quelque chose de
régressif à intimer aux gens tel ou tel comportement en fonction d'une catégorie d'âge. Nous sommes
passés de « tout ça pour sauver quelques vieux » à « décidément, ces jeunes, ils ne sont pas sérieux ». Je
crois qu'il y a surtout eu une volonté de la société de protéger les plus faibles ainsi que l'ensemble de
la population.

Ne fermons pas les yeux sur les comportements incivils, mais c'est aussi méconnaître que beaucoup de
jeunes ont été solidaires de personnes âgées. C'est l'étudiant du coin qui demande à sa voisine sur le palier,
à qui elle n'a jamais parlé avant, si celle-ci a besoin d'aide pour les courses, par exemple. Ce sont des
choses très simples mais qui permettent tout simplement de faire société. Ces micro-solidarités ont été
très importantes durant le confinement. Pour en revenir au déconfinement, ce qui était prévisible, c'est
que les plus de 70 ans n'allaient pas se ruer en boîte de nuit. Les gens ne sont pas idiots, environ 80 % des
Français ont joué le jeu et puis d'autres, environ 20 %, pour des raisons diverses, refusent le commun. Il ne
faut pas confondre le besoin légitime de s'aérer, de sortir, de retrouver ses amis avec un certain mépris,
plus malsain, pour les normes. C'est ce que l'on a vu avec la rave party illégale en Lozère.

10/Compréhension Écrite Pré-Avancée/Département de Français de l’Universitas Lampung/Mme. Setia


Les crises sanitaires, économiques et écologiques s'additionnent. À la fin, ce sont les jeunes qui paient la
facture ?
Il doit y avoir environ 20 % de jeunes qui ont de réelles convictions écologiques. Même parmi ceux qui
participent aux marches pour le climat, souvent de jeunes urbains, combien ont un mode de vie plus
polluant que leurs grands-parents ? Ils voyagent, se déplacent, consomment souvent plus… Jeunes, vieux,
ça ne veut strictement plus rien dire. Dans un ouvrage précédent, je développais l'idée du « quinquados »
pour expliquer que les quinquagénaires d'aujourd'hui ne sont pas ceux d'il y a quelques années. Entre un
jeune diplômé d'une école de commerce et son camarade sans diplômes, c'est le jeune non diplômé qui
sera le plus touché par la crise qui se profile. Il existe bien un discours sur une génération sacrifiée, mais,
encore une fois, on cherche à simplifier alors que les situations ne sont pas comparables. N'oubliez pas que
ce sont les séniors qui ont le plus de difficultés à retrouver le chemin de l'emploi.

Les temps sont durs. La solidarité née du confinement existera-t-elle encore dans quelques années ?
J'aimerais rappeler que l'un des secteurs qui auront le vent en poupe sera justement celui de la santé et de
l'accompagnement auprès des personnes âgées. Aujourd'hui, on a plutôt du mal, y compris parmi les gens
peu diplômés, à trouver le personnel pour travailler ou s'occuper des personnes âgées en situation de
dépendance. Quand on dit qu'il n'y a pas d'emploi, c'est juste, mais il y a aussi plein de métiers que les gens
ne souhaitent pas faire. Question de dévalorisation, d'image, de salaire… mais il est intéressant de se dire
qu'au nom de la santé on a mis en péril l'économie. Dans le même mouvement, la santé est un des pôles
majeurs de création d'emplois.

Les personnes âgées continuent de faire attention. Nos vieux auraient-ils plus de mémoire ?
Les vieux ont surtout plus d'histoire. On ne peut pas demander à quelqu'un de 20 ans de se projeter de la
même façon. C'est normal. Mais il y a quelque chose qui s'est déjà produit au moment des attentats et qui
me fait penser à la fameuse phrase de Raymond Aron : « L'histoire est tragique. » C'est vrai que nos
sociétés préfèrent la notion du progrès selon le principe que le nouveau serait préférable à l'ancien. Et
pourtant, l'histoire est tragique. Elle est faite d'allers-retours. Finalement, cette épidémie n'a rien
d'incroyable. Pensez à la peste noire ou au typhus… Le regard porté sur notre histoire, notamment par les
plus âgés, devrait nous inviter à un peu plus de modestie. Malgré toutes nos technologies et les tablettes
du monde, c'est finalement un minuscule virus qui parvient à déstabiliser des économies entières. Rendez-
vous compte, nous étions presque aussi démunis qu'il y a un siècle, même si le nombre de décès n'avait
rien de comparable.

Si l'on vous suit, la guerre des générations relève plus du fantasme que du réel affrontement…
En effet, les gens âgés – je ne parle pas des personnes en Ehpad ou très âgées – ont globalement bien tenu,
tout en s'inquiétant pour les plus jeunes d'entre nous. Pour moi, cela renvoie à une notion que j'évoque
très souvent : la solidarité intergénérationnelle. Quand vous dites les vieux, vous pensez souvent à vos
propres parents ou grands-parents en fonction de votre âge et inversement. De leur côté, les vieux, comme
vous dites, pensent beaucoup à leurs petits-enfants. Ce sont des choses incarnées que nous faisons nôtres.
C'est pourquoi je pense qu'il n'y a pas de guerre des générations, contrairement aux discours entretenus
par certains décideurs qui adoreraient la voir éclater. Une telle guerre permettrait de ne pas parler d'autres
questions qui fâchent, la question sociale ou la question culturelle, par exemple. La différence, par rapport
à avant, c'est qu'il existe un écho médiatique.

https://www.lepoint.fr/societe/covid-19-jeunes-vieux-ca-ne-veut-strictement-plus-rien-dire-14-08-2020-2387767_23.php

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