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1) L’engagement politique varie aussi selon l’âge, la génération et le sexe.

Document 8. Situation sociale et engagement politique.


« La situation sociale d’un individu apparaît par ailleurs plus ou moins favorable à
l’engagement. (...) Les volontaires du Freedom Summer sont jeunes, célibataires et sans
enfant, et disposent de ressources matérielles (ils travaillent et où sont issus de familles
favorisées). Ils échappent ainsi aux contraintes familiales, conjugales, financières, voire
professionnelles (ceux qui travaillent sont souvent enseignants et la mobilisation a lieu l’été).
Les coûts de l’engagement (en risques, en temps...) sont pour eux moins pesant que pour
d’autres catégories.
Sur ce point, la « disponibilité biographique » apparaît un élément particulièrement
important : la période avant l’entrée dans la vie active (celle des études) et la retraite
apparaissent ainsi plus propices à l’engagement, d’autant qu’elles s’accompagnent souvent de
moindres contraintes familiales (pas d’enfant à charge).
Source : « Sociologie politique, comportements, acteurs, organisations », A-C. Douillet, p.107

Questions.
1. Quel est le lien établi par l’auteur entre la situation sociale d’un individu et
son engagement politique ?
De manière générale, l’engagement politique varie selon la situation sociale
(conjugale, financière, professionnelle) des individus. Une disponibilité
biographique élevée est favorable/propice à l’engagement politique. Moins les individus
ont de contraintes et plus ils peuvent consacrer de temps à la défense et ou la
promotion d’une cause ; plus ils peuvent participer à des activités politiques.

2. Quelles sont les caractéristiques sociales des individus engagés ?


« Les volontaires du Freedom Summer sont jeunes, célibataires et sans enfant, et
disposent de ressources matérielles (ils travaillent et où sont issus de familles
favorisées). Ils échappent ainsi aux contraintes familiales, conjugales,
financières, voire professionnelles (ceux qui travaillent sont souvent enseignants et la
mobilisation a lieu l’été) ».

Document 9. Effet de génération et engagement politique.


« Des évènements particuliers (mouvement social, résultats électoraux, guerre...) peuvent
marquer durablement des individus et orienter leur rapport à la politique ou leurs préférences
politiques. (...) Parce qu’ils créent des cadres de perception communs et produisent des effets
sur tout un ensemble d’individus ayant en commun de « partager » cet évènement, ces
évènements peuvent être associés à des générations. C’est en ce sens qu’on peut parler de «
génération 68 » par exemple. Les évènements politique peuvent produire des effets
socialisateurs y compris lorsqu’ils sont vécus pendant l’enfance ou avant la majorité politique.
(...) Avoir été socialisé dans les années 1970, période durant laquelle le clivage gauche/droite
était fortement polarisé en France, ou l’avoir été dans les années 1990, quand il s’affaiblit
produit des rapports à la politique différents, la deuxième conjoncture (années 1990)
favorisant un moindre attachement partisan et une plus grande instabilité dans l’orientation du
vote. Les « effets de génération » ne doivent cependant pas occulter la réception
différenciée des évènements suivant la socialisation antérieure. Les « évènements » sont aussi
des vecteurs de socialisation politique en ce qu’ils viennent perturber ou renforcer des cadres
de socialisations ».
Source : D’après « Sociologie politique, comportements, acteurs, organisations », A-C. Douillet,
p. 59

Questions.
1. Expliquez les termes suivants : génération, clivage gauche/droite, effets
socialisateurs, effets de génération.

Génération : Des individus forment une « génération » lorsqu’ils ont partagé et vécu un
évènement particulier (par exemple : mouvement social : « génération 68 »).

Clivage gauche/droite : En France les appellations « gauche » / « droite » remontent à la


révolution Française. Lorsque l’assemblée constituante s’interrogea sur le veto royal deux
camps émergèrent. Les adversaires du veto royal siégèrent du côté gauche du président de
séance et les partisans du veto royal siégèrent à droite. Depuis, ce vocabulaire (gauche/droite)
est repris pour classer les idées politiques en deux camps distincts et opposés. C’est dans cette
perspective qu’on parle du clivage gauche- droite. À partir de 1995, l’opposition entre la
gauche et la droite s’est structurée à la fois autour du libéralisme économique et du
libéralisme culturel. La très grande majorité des personnes qui sont classées à droite sont
favorables au libéralisme économique et hostiles au libéralisme culturel. A l’inverse la très
grande majorité des personnes qui sont classées à gauche sont hostiles au libéralisme
économique et favorables au libéralisme culturel.

Effets socialisateurs : ils désignent les effets de la socialisation politique, c’est-à-dire


l’apprentissage des normes et valeurs propres à la sphère politique.

Effets de génération : L’effet de génération renvoie aux différences de comportements en


fonction de la génération d’appartenance.

2. Quel lien peut-on établir entre l’effet génération et l’engagement politique.


Illustrez vos propos par des exemples.
Lorsque des individus ont vécu un évènement particulier cela peut influencer
leur rapport à la politique (sensibilité aux discours politiques, orientation
politique...) et donc leur engagement politique (manière de s’engager et
intensité de l’engagement) : « Des évènements particuliers (mouvement social, résultats
électoraux, guerre...) peuvent marquer durablement des individus et orienter leur rapport à la
politique ou leurs préférences politiques ». On parle par exemple de
« génération Mitterand »pour ceux qui ont vécu l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 ou
de la « génération 68 » pour ceux qui ont vécu les évènements de Mai 68 en France.
Document 10. Les jeunes ne sont pas dépolitisés : ils s’engagent autrement.

Questions.

1. Que signifie la phrase soulignée.


Le terme militer vient du latin « militare » (combattre, lutter). Si les jeunes manifestent
de la défiance à l’égard des formes traditionnelles d’engagement (le vote, le
militantisme classique parfois comparé à de « l’embrigadement »), cette phrase
souligne le fait qu’ils s’engagent autrement. Cela contribue à renouveler les modes de
participation politique.

2. Qu’est-ce que la socialisation politique ?


La socialisation politique est le processus par lequel l’individu intériorise, tout
au long de sa vie la culture politique de son groupe, construit son identité et
apprend à se situer (gauche-droite) et à agir dans l’espace politique.
Elle est à la fois l’apprentissage des représentations, opinions et attitudes
politiques qui façonne ses préférences, mais aussi l’acquisition de savoirs et
savoir-faire spécialisés qui lui donnent une plus ou moins grande maîtrise de
l’univers politique (compétence politique). Elle contribue aussi à la politisation de
l’individu en lui donnant un goût plus ou moins affirmé pour le débat et l’action et l’action
politique.

3. Qu’est-ce qui caractérise le rapport des jeunes à la politique ?


Le rapport des jeunes à la politique se caractérise par :
- Une certaine défiance vis-vis de la classe politique et une distance à
l’égard des institutions politiques traditionnelles,
- Un changement du rapport au vote et du comportement électoral : Le vote
est de moins en moins considéré comme un devoir et de plus en plus comme un droit
(y compris celui de ne pas voter). En conséquence, une abstention plus marquée
chez les jeunes générations et une intermittence du vote (cours première).
- La « diffusion d’une culture politique contestataire » avec le recours à
des formes d’expression politique plus directes (manifestations, mobilisation
collective, utilisation d’internet, sans la médiation des organisations
politiques traditionnelles (partis et syndicats).

Ces éléments sont à relier au contexte particulier dans lequel les jeunes générations sont
socialisées : montée de l’individualisme, crise économique et sociale, crise de la
représentation politique.

4. Quelles sont les caractéristiques de l’engagement politique des jeunes ?


L’engagement des jeunes se fait à distance des institutions politiques
traditionnelles, en particulier des partis et syndicats ;
Il s’exprime sous formes à la fois plus directes (manifestations, pétitions…),
plus circonstanciés (actions ponctuelles pour des causes spécifiques) et plus
concrètes. La métaphore de l’engagement post-it désigne des formes de
participation plus ponctuelles, volatiles et éphémères.
Il est en partie « désidéologisé », à distance des grandes idéologies
traditionnelles et répond à des logiques d’adhésion plus personnelles.
Il repose sur le recours fréquent aux technologies numériques (internet,
réseaux sociaux…).

5. Donnez des exemples de cybermilitantisme.


Le cybermilitantisme désignent les actions collectives s’appuyant sur internet
et les réseaux sociaux. Il marque l’émergence de mobilisations mondiales,
décentralisées et réactives.
Exemples : signature de pétition en ligne, participation à des forums en ligne, utilisation des
réseaux sociaux pour exprimer des opinions, diffusion de vidéos, organisation de
mobilisation, hacking, cyberattaque de sites institutionnels…

Document 11. Sexe et engagement politique.


La politisation des femmes, entendue au sens de l’intérêt et de l'attention accordée au
déroulement de la compétition politique, et aux thèmes débattus dans le champ politique, est
toujours inférieure à celle des hommes même si, là encore, les écarts tendent à se réduire à
diplôme équivalent. Or, la politisation apparaît objectivement liée à la possession d'une
compétence proprement politique. On peut ainsi faire l'hypothèse que, si le sentiment de
compétence politique continue de varier selon le sexe, c'est qu'il n'est pas transmis de la même
manière aux filles et aux garçons. Tout
se passe comme si [...] les filles étaient toujours légèrement moins « disposées » à s'intéresser
à la politique que les garçons, et par conséquent moins compétentes politiquement que ceux-
ci. Ainsi, dans toutes les classes sociales, mais ce d'autant plus que le niveau de diplôme est
bas, les femmes restent moins familiarisées que les hommes avec les acteurs ou les enjeux
politiques, connaissent moins bien les partis politiques et leurs représentants, et leur
pourcentage de « sans-opinion » est systématiquement plus élevé sur des questions politiques.
La socialisation politique s'effectue donc toujours selon un modèle sexuellement différencié,
où les hommes possèdent l’« autorité politique » et où les femmes demeurent en partie
exclues de la compétence politique. [...] Les inégalités de politisation sont liées à l'histoire de
la division du travail entre les sexes qui traditionnellement réserve les activités extérieures
aux hommes et celles de l'espace privé aux femmes. [...]. Ce rapport d'exclusion des femmes
envers la politique persisterait dans les sociétés contemporaines en dépit des transformations
de la division du travail entre les sexes.» Source : D’après « Femmes en politique » C. Achin et
S. Lévêque, La découverte, pp 29-31

Questions.

1. Caractérisez la « division sexuelle des tâches ».


La « division sexuelle des tâches » renvoie aux rôles masculins et féminins, à
la place que chacun occupe dans les sphères domestiques, professionnelle et
politique. Les rôles féminins et masculins sont transmis et reproduits par la socialisation
différenciée selon le genre : aux hommes l’« espace public », les fonctions économiques,
politiques et militaires ; aux femmes l’ « espace privé », le foyer, la domesticité.

2. Que peut-on dire de la politisation des femmes comparativement à celle des


hommes ? Pourquoi ?
Les femmes restent globalement moins politisées que les hommes. Cette
moindre politisation est liée à la division du travail entre les sexes. En effet,
historiquement l’activité politique est perçue comme une activité masculine nécessitant une
certaine compétence politique. Cette représentation de la division du travail entre les sexes est
toujours transmise au cours de la socialisation politique des individus ce qui explique en
grande partie les inégalités de politisation entre les hommes et les femmes : « La socialisation
politique s'effectue donc toujours selon un modèle sexuellement différencié ».
Document 12. Le sexe influe sur le niveau et les modalités de l’engagement.

Questions.
1. Que signifie les données entourées ?

38,7% : 38,7% des députés élus en France en 2017 sont des femmes.

9,8% : 9,8% des femmes salariées étaient syndiquées en France en 2017.

2. Pourquoi traditionnellement les femmes participent-elles moins à la vie


politique ?
De nombreux facteurs interagissent pour expliquer le moindre engagement des
femmes en France :
- Le poids des représentations et des stéréotypes : les femmes « seraient
moins compétentes en politiques et dépourvues des qualités nécessaires pour
réussir en politique » (qualité d’orateur, combativité, maîtrise technique…) et
destinées à incarner les vertus domestiques (la ménagère et la mère).
- Des facteurs historiques (la façon dont s’est construit le champ politique français
depuis 1789) qui, au nom de cette vision, ont privé durablement les femmes du droit
de participer et d’être représentées (décalage d’un siècle entre le suffrage universel
direct masculin 1848, et l’obtention du droit de vote pour les femmes 1945).
- Des facteurs sociologiques : du fait de leur socialisation, les femmes
sont moins politisées et moins disponibles pour l’engagement public
(répartition inégalitaire des tâches domestiques mettant un frein à leur engagement
politique).
- Des facteurs politiques liés au fonctionnement des partis politiques et
des syndicats qui restent réticents à l’idée de confier des positions de
pouvoir aux femmes.

Exercice. Complétez le tableau suivant en précisant si le type d’engagement


politique est plus ou moins fréquent par rapport au reste de la population
française.

Engagement politique Engagement politique


des femmes. des jeunes.
Vote + _
Adhésion à un syndicat = _
Engagement associatif = _
Actions protestataires _ +

Conclusion. Complétez le texte avec les mots suivants : effet génération,


socialisation, âge, situation sociale, sphère domestique, socialisation politique,
engagement politique, élevée, protestataire, politisation, activité masculine.

L’engagement politique varie selon la situation sociale et celle-ci dépend de


l’âge des individus. De manière générale, durant la période qui précède l’entrée dans la vie
active et celle qui lui succède la disponibilité biographique des individus est généralement
élevée. Ainsi une disponibilité biographique élevée est propice à l’engagement
politique. De façon générale, moins les individus ont de contraintes, plus ils peuvent
consacrer de temps à la défense et ou la promotion d’une cause ; plus ils peuvent participer à
des activités politiques. Les études réalisées montrent que les formes
d’engagement politique sont différentes selon l’âge. Par exemple, les jeunes votent
moins que leurs aînés et privilégient des formes d’engagement plus protestataires. Cela
renvoi (en partie) à l’effet d’âge.
Lorsque des individus ont vécu un même évènement particulier cela peut
influencer leur rapport à la politique (sensibilité aux discours politiques,
orientation politique...) et donc leur engagement politique (manière de
s’engager

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Cours M Gosse, SES Terminale, chapitre : Comment expliquer l’engagement politique
dans les sociétés démocratiques ?, 2020/2021.
et intensité de l’engagement...). Par exemple, « avoir été socialisé dans les années 1970,
période durant laquelle le clivage gauche/droite était fortement polarisé en France, ou l’avoir
été dans les années 1990, quand il s’affaiblit, produit des rapports à la politique différents, la
deuxième conjoncture (années 1990) favorisant un moindre attachement partisan et une plus
grande instabilité dans l’orientation du vote ». C’est l’effet de génération. Les femmes
ont longtemps été moins compétentes politiquement que les hommes du fait
d’une socialisation qui les poussait moins que les hommes à s’intéresser à la
vie politique, en les assignant à la sphère domestique. On observe aujourd’hui
encore une « sous politisation des femmes, persistante et paradoxale ». Cette moindre
politisation est liée à la division du travail entre les sexes. En effet, historiquement l’activité
politique est perçue comme une activité masculine nécessitant une certaine compétence
politique. Cette représentation de la division du travail entre les sexes est toujours transmise
au cours de la socialisation politique des individus ce qui contribue à expliquer les
inégalités de politisation entre les hommes et les femmes.
Synthèse. Complétez le schéma en utilisant les termes suivants :

De quelles variables dépend l’engagement politique ?

Plusieurs variables
sociodémographiques
influencent l’engagement
politique.

La position sociale des D’autres variables sont


individus. Elle est importantes pour expliquer
déterminée en grande partie l’engagement politique :
par la catégorie l’âge, la génération et le
socioprofessionnelle et le sexe.
niveau de diplôme.

Les jeunes ont une manière de s’engager en


politique différente de celle de leurs aînés
(effets d’âge et de génération).
L’engagement politique des hommes et des
femmes est aussi à distinguer : les femmes
sont moins présentes que les hommes dans les
plus diplômés
syndicats, et elles détiennent moins de mandats
politiques. Cependant la participation électorale
varie peu selon le
sexe. 28

Cours M Gosse, SES Terminale, chapitre : Comment expliquer l’engagement politique


dans les sociétés démocratiques ?, 2020/2021.
A) Quelles sont les principales transformations de l’action collective ?

Tout au long du XIXe et de la première partie du XXe siècle, les conflits du travail ont pris
une importance telle qu’ils incarnent plus que tout autre l’action collective. Mais, les conflits
sociaux les plus caractéristiques de la société industrielle, comme le recours à la grève, ont
tendance à perdre de l’ampleur depuis les années 1970. Cependant, il ne fait pas en conclure
pour autant que l’on assiste à un déclin de la conflictualité. De nombreux conflits portent sur
des enjeux identitaires ou culturels qui s’étendent dans les sociétés modernes.
Les actions collectives de protestation portent ainsi sur des objets très variés,
en lien avec la sphère du travail (emplois, salaires, conditions de travail, ...) ou
centrés sur d’autres enjeux : on peut ainsi évoquer les mouvements autonomistes ou
indépendantistes, écologistes, féministes, antiracistes, LGBT, les luttes des Noirs, en
particulier aux États-Unis, etc. Ces actions sont menées, parfois conjointement, par
des acteurs divers, formellement organisés et institutionnalisés (syndicats, partis,
associations) ou non (mouvements). Elles mobilisent en outre un répertoire
(Charles Tilly, 1984) étendu : grèves, débrayages, pétitions, manifestations de rue,
autorisées ou non, occupations plus ou moins durables de l’espace public ou de terrains
privés, boycotts, happenings, etc.

Objectifs d’apprentissage (Extrait du BO 22/01/2019).

 Comprendre la diversité et les transformations des objets de l’action


collective (conflits du travail, nouveaux enjeux de mobilisation, luttes
minoritaires), des acteurs (partis politiques, syndicats, associations,
groupements) et de leurs répertoires. Séquence 3.

 Séquence pédagogique n°3 (durée 3 heures).

Objectif de la séquence pédagogique :

- Comprendre que les actions collectives proviennent de différents acteurs.


- Montrer que l’action collective est instituée par des organisations de nature différentes
: les partis politiques, les syndicats, les associations ou des rassemblements
éphémères et moins structurés, des groupements.
- Comprendre que les objets des actions collectives se transforment.
- Montrer que l’action collective peut avoir plusieurs objets : elle peut porter sur des
conflits du travail, de nouveaux enjeux de mobilisations autour de
préoccupations moins matérielles et des luttes de groupes minoritaires pour
obtenir une reconnaissance de la part de la société dans son ensemble.
- Comprendre que les actions collectives peuvent revêtir une pluralité de
formes.
- Montrer que les actions collectives au cours de l’histoire ont emprunté
différentes formes : des formes d’actions violentes ou pacifiques, et des formes
plus ou moins structurée comme la manifestation ou l’hacktivisme.

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Cours Mme Dahlem, SES Terminale, chapitre : Comment expliquer l’engagement
politique dans les sociétés démocratiques ?, 2020/2021.
1) Des revendications collectives qui ont évolué.

Document 1 livre Hachette p 272 questions 1 et 2.

Ces trois images permettent de mettre en évidence la diversité des conflits du


travail et des objets de revendications (durée du travail, salaires, projets de loi)
tout au long du XXe siècle.

1. Tout au long du XXe siècle, les conflits du travail ont été portés par les ouvriers, et es
salariés et les organisations syndicales qui les représentent.

2. Sur l’affiche de 1919, les syndicats se mobilisent pour la journée de 8 heures. Sur la photo
de la grève de 1963, les mineurs se mobilisent pour des augmentations de salaire : «
Pompidou nous voulons nos 11 % », « Des sous charlot », pour des congés supplémentaires
et, toujours, pour le temps de travail hebdomadaire (« Nos 40 heures»). Sur la dernière
photo de 2016, les syndicats se mobilisent contre un projet de loi « Travail » qui « simplifie »
le code du travail selon la banderole (ce sont les lois El Khomri, qui permettent notamment
aux accords d’entreprises de déroger aux conventions collectives de branche dans certaines
conditions).

Document 13. Les conflits du travail.


« Si la grève est une des formes les plus institutionnalisées de la conflictualité en entreprise,
cette dernière peut se manifester sous d’autres formes : rassemblement, manifestation,
pétition, occupation, boycott, blocage, etc.
1,5 % des entreprises déclarent avoir connu au moins une forme de mobilisation collective
différente de la grève en 2017 : 1,1 % au moins un rassemblement et/ou une manifestation, et
1,0 % au moins une pétition. (...) Les différentes formes de conflictualité collective en
entreprise ne sont pas exclusives les unes des autres. Parmi les entreprises ayant connu au
moins une grève en 2017, 17,9 % déclarent d’autres formes de mobilisation collective. Ces
autres modes d’action peuvent être utilisés de façon complémentaire à la grève, mais leur
recours peut aussi être privilégié par rapport à celui de la grève, lorsqu’ils sont considérés par
les salariés comme moins contraignants et moins pénalisants. La part des entreprises ayant
connu au moins une forme de conflit alternative à la grève est plus importante dans les
services que dans les autres secteurs, et augmente avec la taille de l’entreprise. Elle est
également plus élevée en présence de délégués syndicaux dans l’entreprise.
Source : Dares, « Les grèves en 2017, une intensité moindre aprés le pic de
conflictualité de 2016 »

Questions :
1. Pourquoi des salariés s’engagent-ils dans des conflits du travail ?
Les salariés s’engagent dans des conflits du travail pour montrer leur
mécontentement. L’employeur est souvent dans l’obligation de négocier avec
les travailleurs, car l’entreprise perd de l’argent lorsque la production est
arrêtée ou perturbée.

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Cours Mme Dahlem, SES Terminale, chapitre : Comment expliquer l’engagement
politique dans les sociétés démocratiques ?, 2020/2021.
2. Donnez des exemples de revendications professionnelles qui peuvent
conduire les salariés à s’engager dans un conflit.
Lors de conflits du travail, les travailleurs peuvent demander des améliorations de leurs
conditions de travail, des augmentations de salaire, des embauches supplémentaires, protester
contre des décisions de la direction de l’entreprise ou de l’État...

3. Qu’est-ce que l’institutionnalisation des conflits ?


L’institutionnalisation des conflits renvoie au processus qui conduit à la mise en place de
règles et de procédures qui visent à prévenir et ou résoudre les conflits. La reconnaissance des
syndicats est un exemple d’institutionnalisation des conflits sociaux.

4. Une baisse des JINT pour motif de grève est-elle nécessairement le reflet
d’une baisse des conflits du travail ? Pourquoi ?
Une baisse des JINT pour motif de grève n’est pas nécessairement le reflet d’une baisse de la
conflictualité du travail car les conflits du travail peuvent s’exprimer sous d’autres formes que
la grève : manifestation, pétition, boycott, rassemblement... On peut donc dire que, dans une
certaine mesure, les conflits du travail ont changé de forme. Il n’y a pas eu de déclin des
conflits du travail.

Document 14. De nouveaux mouvements sociaux, porteurs de nouveaux


enjeux ?
« La thématique des nouveaux mouvements sociaux (NMS) est inséparable des mobilisations
contestataires qui naissent à la fin des années 1960. Le combat pour les droits des Noirs
américains et la montée des revendications écologistes (préservation de l’environnement),
régionalistes, féministes (promotion des droits et intérêts des femmes), étudiantes ou encore
homosexuelle semble augurer, pour certains observateurs, une période caractérisée par
l’émergence d’enjeux relativement spécifiques. La plupart des analystes des NMS s’accordent
pour identifier plusieurs dimensions d’une rupture avec les mouvements « anciens »,
symbolisés par le syndicalisme, le mouvement ouvrier.
Les formes d’organisation et répertoires d’action matérialisent une première singularité. En
rupture avec le fonctionnement des structures syndicales, les NMS manifestent une défiance
explicite devant les phénomènes de centralisation [...]. Leurs structures sont plus
décentralisées, laissent une large autonomie aux individus. [...]. Les NMS se singularisent
aussi par une inventivité dans la mise en œuvre de formes peu institutionnalisées de
protestation (sit-in, occupation de locaux, grèves de la faim), leur adjoignant souvent une
dimension ludique [...].
Les mouvements sociaux classiques portaient avant tout sur la redistribution des richesses.
Les NMS mettent l’accent sur la résistance au contrôle social, l’autonomie. Plus qualitatives,
leurs revendications sont souvent non négociables : une demande de fermeture de centrale
nucléaire ou d’abrogation des lois contre les homosexuels se prête moins à compromis qu’une
revendication salariale. Ces revendications comportent une forte dimension expressive,
d’affirmation de style de vie ou d’identités comme le suggère un terme comme gay Pride.
Dans les mouvements sociaux de la période 1930-1960, fonctionne régulièrement un binôme
syndicat- parti. La conquête du pouvoir d’État, constitue un enjeu central. La valorisation de
l’autonomie modifie radicalement les objectifs. Il s’agit désormais moins de défier l’État ou
de s’en emparer que de construire contre lui des espaces

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Cours Mme Dahlem, SES Terminale, chapitre : Comment expliquer l’engagement
politique dans les sociétés démocratiques ?, 2020/2021.
d’autonomie, de réaffirmer l’indépendance des formes de sociabilité privées. La nouveauté de
ces mouvements sociaux serait enfin liée à l’identité de leurs acteurs. Les mouvements de la
société industrielle se revendiquaient d’identité de classe. Ne parlait-on pas de mouvement
ouvrier, de front populaire ? Les nouvelles mobilisations ne s’auto-définissent plus comme
expression de classes sociales. Se définir comme musulman, homosexuel ou antillais [...] tout
cela renvoie à d’autres principes identitaires. »
Source : D’après « Sociologie des mouvements sociaux », E. Neveu, 6ème éd,
La Découverte, coll. Repères, pp 60-62.

Questions :
1. Montrez que les NMS portent sur de nouveaux enjeux.
Pour A Touraine, à chaque type de société correspondrait un seul et unique mouvement
social. La société industrielle se caractériserait par les luttes du mouvement
ouvrier, la société marchande par la lutte des droits civiques, et la société
post-industrielle par les « nouveaux mouvements sociaux ».
C’est dans une telle optique qu’il analyse les mobilisations étudiantes de Mai 68, les
mouvements antinucléaires ou les conflits régionalistes. En effet le déclin de la société
industrielle, à partir de laquelle s ‘était constituée une conscience de classe ouvrière laisse
vacante la place d’acteur central dans la production de la société (« La voix et le regard 1978
»).
Les NMS seraient donc caractéristiques des sociétés post-industrielles car ils
manifesteraient un relatif effritement des structures de classe des sociétés
occidentales. Alors que les revendications du mouvement ouvrier portent
essentiellement sur les conditions de travail et le pouvoir d’achat. Les NMS
promeuvent des valeurs post-matérialistes. R Inglehart, sociologue américain
(« La transition culturelle dans les sociétés industrielles avancées » 1993) a
développé la théorie du post-matérialisme autour des NMS. Pour ce sociologue, les
valeurs post-matérialistes sont à la base des nombreux mouvements sociaux.
« Les post-matérialistes sont devenus plus nombreux… Ils accordent moins d’importance à la
croissance économique et plus d’importance à la qualité non économique de la vie. Ils
recherchent des relations entre les gens qui soient moins hiérarchiques, plus intimes et
informelles ».
Les NMS mettent au jour les risques découlant de l’industrialisation (nucléaire,
santé) et, plus largement la transformation des rôles sociaux (l’autonomie
individuelle, la qualité de vie, l’identité culturelle d’un groupe). Ils portent sur
des enjeux de civilisations et universalistes (environnement) ou concernent
des groupes fondés sur d’autres appartenances que le statut
socioprofessionnel. Le noyau des NMS est issu des nouvelles classes moyennes, qui ont
gagné en importance dans les démocraties occidentales. Pour certains, la nature
instrumentale des mobilisations (action collective comme moyen mis par
certains groupes au service de leurs intérêts particuliers) aurait cédé la place à
des revendications centrées sur l’identité de l’individu. Certains NMS
développent une revendication plus identitaire que les mouvements
traditionnels. Toutefois, les NMS n’obéissent pas uniquement à une logique identitaire,
laquelle existe d’ailleurs dans certains mouvements « classiques » (lorsque ceux-ci
contribuent à la construction d’une « conscience de classe »).
Exemples de NMS : Les mouvements féministes, écologistes, homosexuelles...

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Cours Mme Dahlem, SES Terminale, chapitre : Comment expliquer l’engagement
politique dans les sociétés démocratiques ?, 2020/2021.
2. Qu’est-ce qui distingue les « anciens » mouvements sociaux des « nouveaux
» mouvements sociaux ?
4 critères permettent de distinguer les « anciens » mouvements sociaux des «
nouveaux » mouvements sociaux :
- Les formes d’organisations et les répertoires d’actions. Contrairement aux «
anciens » mouvements sociaux qui entretenaient des liens étroits avec les syndicats et les
partis politique, les nouveaux mouvements sociaux privilégient des formes d’organisations
plus décentralisées favorisant l’autonomie des individus. Les NMS se distinguent également
par leurs moyens d’actions qui sont davantage « ludique » : sit- in, grève de la faim,
préservatif géant sur la concorde par l’association Act up... alors que la grève et la
manifestation étaient les modes d’action privilégiés des anciens mouvements sociaux.
- La nature des revendications. Contrairement aux « anciens » mouvements sociaux
dont les revendications portaient principalement sur la répartition des ressources et les
conditions de travail, les revendications des NMS sont davantage qualitatives, c’est-à-dire
qu’elles concernent l’environnement, la qualité de vie, l’épanouissement personnel, la défense
d’identité (liberté sexuelle...).
- Le rapport au politique. Les anciens mouvements sociaux se caractérisent par la volonté
de s’emparer du pouvoir ou de l’influencer alors que les NMS eux se caractérisent par le
souci de rester indépendant du pouvoir politique.
- L’identité des acteurs. Contrairement aux anciens mouvements sociaux, les NMS ne
sont plus fondés sur des clivages de classes sociales.

Document 15. Anciens et nouveaux mouvements sociaux : une rupture à


relativiser.
« La question de savoir si les NMS représentaient véritablement une rupture a suscité de
nombreuses et vives controverses. Certes, chaque cycle voit se succéder des modes de
protestations plus ou moins significativement différents, qui en renouvellent au moins en
partie le genre. Il ne fait pourtant guère de doute que la comparaison avec le mouvement
ouvrier a contribué à grossir artificiellement les traits de l’opposition et donc de la nouveauté.
Une perspective plus nuancée, [...] invite davantage à mettre l’accent sur les dynamiques et
les continuités de l’action collective, notamment les processus d’institutionnalisation que
connaissent continuellement les mouvements sociaux, relativisant d’autant la coupure stricte
entre un « avant » et un « après ». [...] En fait, les questions d’identité, de valeurs et
d’organisations d’un mouvement social ne font jamais complètement table rase du passé,
même lorsqu’elles sont définies « contre » ou « à distance » de celui-ci.
Quelques études emblématiques des NMS.
La cause des droits des femmes qui figure au rang des NMS les plus étudiés, atteste
parfaitement de la complexité et de l’enchevêtrement des trajectoires, des idées ou, plus
largement, des logiques d’action. Son caractère novateur est éminemment discutable, d’une
part parce qu’elle s’inscrit dans une tradition relativement ancienne, dont l’un des épisodes les
plus célèbres est fourni dès la fin du XIXème siècle au Royaume-Uni par la lutte des «
suffragettes », d’autre part parce qu’elle a toujours entretenu des liens, plus ou moins étroits
avec des organisations classiques telles que les syndicats. L’aspiration à l’égalité entre les
hommes et les femmes se décline aujourd’hui dans une multitude de domaine, tant sur la
scène politique qu’au travail. » Source : « Dictionnaire des mouvements sociaux »,
sous la dir d’O. Fillieule, L. Mathieu et C. Péchu, presses de science Po, pp
373- 375

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Cours Mme Dahlem, SES Terminale, chapitre : Comment expliquer l’engagement
politique dans les sociétés démocratiques ?, 2020/2021.
1. Suffragettes : Les suffragettes sont des militantes à l’origine des mouvements sociaux revendiquant le droit de
vote des femmes en Angleterre. Les suffragettes usent de moyens plus violents et spectaculaires (elles vont par
exemple briser les vitrines à Londres, s’enchaîner aux grilles du parlement...). Emmeline Pankhurst est la leader
du mouvement des suffragettes. Son slogan « Des actes pas des mots » sera repris par les suffragettes.

Question.
1. À l’aide du document et de vos connaissances, montrez que l’opposition entre
« anciens » et « nouveaux » mouvements sociaux est à nuancer.
L’opposition entre « anciens » et « nouveaux » mouvements sociaux est à
nuancer (et à ne pas caricaturer) dans la mesure où :
- Certains NMS (tels que la cause des femmes, le mouvement écologiste)
entretiennent des liens étroits avec les organisations syndicales ; organisations
caractéristiques des « anciens » mouvements sociaux. L’organisation des NMS est donc
relativement hiérarchisée et institutionnalisée.
- Certains enjeux et certaines revendications des NMS se retrouvent dans
diverses mobilisations « anciennes ». Par exemple, la lutte des femmes a des origines
« anciennes » => suffragettes au RU.
- De même, des revendications « matérialistes » et « qualitatives » peuvent se
combiner. En ce sens la distinction entre ces deux types de revendications n’est pas aisée.
Par exemple, on peut considérer que la revendication de la journée de travail de 8h par les
ouvriers est dans une certaine mesure post-matérialiste puisqu’elle concerne également la
qualité de vie des individus... C’est en ce sens, qu’il est dit que les « questions d’identité, de
valeurs et d’organisations d’un mouvement social ne font jamais complètement table rase du
passé, même lorsqu’elles sont définies « contre » ou « à distance » de celui-ci. »

Document 4 livre hachette P 273 questions 1 à 4.

Ce texte présente le mouvement Black Lives Matter qui s’est développé aux
États-Unis à partir de 2013. Il permet de présenter la notion de luttes
minoritaires à travers un exemple concret et peut amener à aborder des
concepts plus polémiques mais actuels, comme ceux de « racisme d’État » ou
de « violence d’État ». En 2020, la mort de George Floyd a donné à cette
question des violences policières et des discriminations ethniques un
retentissement mondial.

1. Le point de départ du mouvement Black Lives Matter est l’acquittement d’un vigile
responsable de la mort d’un jeune afro-américain.

2. On peut parler de lutte minoritaire à propos de Black Lives Matter car ce


mouvement est porté par une minorité politique, les afro-américains, qui
mettent en avant la condition dominée des minorités raciales dans la société
américaine, et notamment le racisme et la violence dont ils font l’objet de la
part de différentes institutions (police, services pénitentiaires, justice...).

3. Les mouvements homosexuels qui se sont battus pour la fin des discriminations aux États-
Unis ou en France, mais aussi les mouvements en faveur des droits civiques pour les Noirs
aux États-Unis, les marches contre l’islamophobie en France, les

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Cours Mme Dahlem, SES Terminale, chapitre : Comment expliquer l’engagement
politique dans les sociétés démocratiques ?, 2020/2021.
actions menées par des associations de défense des handicapés, les mouvements contre les
contrôles au faciès que subissent les minorités, les mouvements féministes qui se battent pour
l’égalité hommes-femmes.

4. La phrase soulignée indique que le mouvement Black Lives Matter ne fait pas du racisme
un comportement individuel dont on pourrait trouver l’explication dans les mauvaises
intentions d’un individu. Pour eux, le racisme est avant un tout un système global, un
phénomène structurel qui conduit à des pratiques racistes plus ou moins conscientes et
intentionnelles de la part des individus.

Exercice de synthèse. Reliez chaque exemple à la notion qui lui correspond.

Manifestations contre
la réforme des retraites

Conclusion. Complétez le texte avec les mots suivants : action collective,


syndicats, nouveaux mouvements sociaux, syndicats, identité, droits culturels,
travail, matérialistes, conflits du travail, post-matérialistes.

Depuis le 19 ème siècle, les conflits du travail ont occupé une place centrale
dans les conflits sociaux des pays industrialisés, tant au niveau symbolique et
politique que par leur niveau numérique. La grève est l’une des expressions majeures
du conflit. Les syndicats depuis leur légalisation en 1884, ont joué un rôle majeur dans la
conflictualité. Cependant ces dernières décennies ont été marquées par la chute du nombre de
grève et la baisse du taux de syndicalisation.
Lorsque l’on analyse l’évolution de la conflictualité sociale, on observe
également l’apparition de nouveaux mouvements sociaux à partir des années
1960. Cette transformation partielle de l’action collective traduit les mutations socio-
économiques et politiques qui ont affecté les pays occidentaux. Leurs revendications
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Cours Mme Dahlem, SES Terminale, chapitre : Comment expliquer l’engagement
politique dans les sociétés démocratiques ?, 2020/2021.
s’inscrivent dans trois registres : le corps (santé, identité sexuelle), l’environnement, et les
identités culturelles. Leurs revendications expriment une remise en cause de l’ordre social,
culturel et politique établi. La vigueur inédite et la forte visibilité des mouvements non liés à
la sphère du travail dans les années 1960-1970 ont conduit certains sociologues (voir par
exemple Alain Touraine, 1984) à forger le concept de Nouveaux mouvements sociaux
(NMS). Sur la base d’enquêtes internationales, Ronald Inglehart (1993, 2018) propose ainsi
une grille de lecture générale de l’évolution des objets de conflits. Ces derniers seraient
davantage l’expression de valeurs « post-matérialistes » que « matérialistes ».
Les conflits concerneraient ainsi moins la répartition des ressources, les
revenus, les salaires ou le pouvoir que des questions liées à l’identité, à la
reconnaissance ou aux « droits culturels». Si on ne peut contester la tendance
à la diversification des objets de l’action collective, avec l’apparition, dans les
années 1960-1970 jusqu’à nos jours, de nouveaux enjeux (reconnaissance des
droits LGBT, défense de l’environnement, ...), la perte de centralité des conflits
du travail annoncée par les théoriciens des NMS peut, elle, être remise en
cause : non seulement ces derniers persistent mais ils restent prédominants
De même, en insistant sur l’importance prise par les revendications dites post-matérialistes
dans les NMS, les tenants de ce concept occultent le fait que les revendications «
matérialistes » qui sous-tendent les conflits du travail ont toujours une composante «
morale ». La « nouveauté » des revendications dites post-matérialistes est également
remise en question, par exemple par Verta Taylor qui montre que le mouvement féministe
américain n’est pas né dans les années 1960 mais apparaît bien davantage comme la
réactivation de revendications bien antérieures, mises en sommeil au moment de la seconde
guerre mondiale, dans un contexte de fermeture des opportunités politiques.

2) Des mobilisations collectives portées par des acteurs différents et des


moyens d’action diversifiés.

Document 1 livre Hachette p 274 questions 1 et 2.

Ces quatre photos permettent de mettre en évidence à la fois la diversité des


acteurs de l’action collective mentionnés dans le programme (partis politiques,
syndicats, associations, groupements) et d’introduire la diversité des moyens
d’action utilisés par ces acteurs.

1. Photo 1 : association (Act Up, association de lutte contre le sida, dans les années 1990) ;
Photo 2 : syndicat (CGT) ; Photo 3 : parti politique (La France insoumise) ; Photo 4 :
groupement (Gilets jaunes).

2. Ces militants utilisent différents modes d’action pour se faire entendre du


pouvoir.
Sur la photo 1, les militants d’Act Up organisent un die-in, manifestation non violente et
spectaculaire. Sur la photo 2, les militants de la CGT organisent une grève et un
rassemblement devant un grand hôtel. Sur la photo 3, les militants de La France insoumise
participent à une manifestation classique. Sur la photo 4, les Gilets jaunes organisent un
blocage routier, l’envahissement d’une route.

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Cours Mme Dahlem, SES Terminale, chapitre : Comment expliquer l’engagement
politique dans les sociétés démocratiques ?, 2020/2021.
Document 16. Le rôle des partis politique.

Questions.
1. À quels moments de la vie démocratique les membres d’un parti politiques
sont-ils les plus actifs ? pourquoi ?
La période qui précède une élection est souvent la plus intense pour les militants des partis
politiques, car ils peuvent participer à l’élaboration du programme, et surtout ils font
campagne (distribution de tracts, présence sur les réseaux sociaux, animation de réunions
publiques, afin que leur parti réalise le meilleur score possible.

2. En dehors des élections, quelles actions un parti politique peut-il mener ?


Un parti politique peut aussi par exemple organiser une manifestation, organiser des débats
sur certaines questions, appeler ses membres ou l’ensemble de la population à adopter
certaines attitudes (se recueillir lors de certains moments, manifester sa solidarité lors de
crises)...

3. Selon vous, le poids des partis politiques dans l’action collective est-il voué
à disparaître ? Pourquoi ?
Les partis politiques ont aujourd’hui beaucoup moins de membres qu’avant, et ils ont du mal
à attirer certaines catégories de la population. Depuis quelques années des mouvements se
créent, plus informels que des partis politiques. Mais il est difficile d’imaginer que les partis
politiques puissent disparaître, car ils jouent encore un rôle central en démocratie : ils
permettent aux candidats de recueillir des dons, à la

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Cours Mme Dahlem, SES Terminale, chapitre : Comment expliquer l’engagement
politique dans les sociétés démocratiques ?, 2020/2021.
population de se repérer dans l’offre politique, ils jouent un rôle crucial lors des élections...

Document 17. Le rôle des syndicats.

Questions.
1. Pourquoi les syndicats comptent-ils le nombre de personnes lors des
manifestations ?
Ils agissent ainsi car cela permet de montrer qu’une partie importante de la population
soutient leur action. En effet, ce sont les syndicats qui organisent ces manifestations et
appellent la population à y participer.

2. Qu’est-ce qu’une « intersyndicale » et à quoi sert-elle ?


Habituellement, chaque syndicat prend ses décisions de manière autonome. Mais, lors de
certains mouvements sociaux, pour avoir plus de poids, les différents syndicats décident de
s’associer pour faire certains choix (continuer ou pas le mouvement, fixer des jours de
manifestation, etc.). On appelle cela une « intersyndicale ».

3. Comment expliquer que malgré le faible taux de syndicalisation, plusieurs


centaines de milliers de personnes défilent en France en décembre à l’appel
des syndicats contre la réforme des retraites ?
Cela montre que le taux de syndicalisation ne reflète pas nécessairement la réelle influence
des syndicats dans un pays. De nombreux travailleurs peuvent s’associer à des actions menées
par des syndicats sans pour autant être membres d’un syndicat eux-mêmes. C’est souvent le
cas lors de larges mouvements sociaux, comme les grèves contre la réforme des retraites.

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Cours Mme Dahlem, SES Terminale, chapitre : Comment expliquer l’engagement
politique dans les sociétés démocratiques ?, 2020/2021.
Document 18. Le rôle des groupements.

13. Quelques personnes ont commencé par comptabiliser le nombre de meurtres de femmes
commis par des conjoints ou ex-conjoints. Elles ont ensuite publié un article dans la presse,
puis sont intervenues dans les médias. Ce type d’action a contribué à
« mettre à l’agenda » la question des violences faites aux femmes, et le gouvernement a donc
organisé un évènement pour évoquer cette question.

14. Un groupement (ou un collectif) a l’avantage, par rapport à une association, de présenter
beaucoup plus de flexibilité dans la prise de décision. Il suffit de mener une action à plusieurs
pour pouvoir revendiquer le terme de « collectif ». Cela permet de surmonter certains
obstacles liés à la vie associative ou syndicale (lenteur dans la prise de décision, procédures
bureaucratiques).

15. Les groupements peuvent avoir du mal à fonctionner au-delà d’un certain nombre de
personnes, et peuvent souffrir d’un déficit de légitimité. Dès lors qu’un collectif dépasse
quelques dizaines de personnes, il devient nécessaire de se mettre d’accord sur certaines
règles, et d’envisager l’adoption d’un statut plus « officiel » (comme un parti politique, une
association ou un syndicat). Un tel statut permet aussi d’obtenir des financements, de
comptabiliser le nombre d’adhérents, de bénéficier d’une position plus « officielle » auprès
des pouvoirs publics...

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Cours Mme Dahlem, SES Terminale, chapitre : Comment expliquer l’engagement
politique dans les sociétés démocratiques ?, 2020/2021.
Document 19. Les répertoires d’actions collective : quelles évolutions ?
« La question des stratégies et des formes concrètes d’action utilisées par les groupes pour
défendre leurs revendications est justement au cœur des analyses de l’action collective. Il est
facile de le constater empiriquement : il existe des moyens très divers pour un groupe donné
de se faire entendre et d’exercer une influence ou une pression. On peut par exemple
classer ces formes d’actions sur une échelle allant de la négociation à la rupture, de
discussions formelles avec les autorités jusqu’à des moyens beaucoup plus « disruptifs »
(violence physique, blocage, occupation...), en passant par des formes telles que la
manifestation, la grève, le boycott, le sit-in, la pétition... Mais il est évident que tous ces
moyens ne peuvent pas être utilisés par n’importe quel groupe à n’importe quel moment. Les
moyens d’action qui sont à la disposition d’un groupe donné dans un contexte donné sont
donc pluriels, mais limités. C’est cette proposition essentielle qu’exprime un concept forgé
par le chercheur américain Charles Tilly : le répertoire d’action collective. [...]
Ainsi appréhendé, le concept de répertoire d’action permet à la fois de décrire l’éventail des
choix stratégiques à la disposition d’un groupe mobilisé, mais aussi d’éclairer plus largement
les transformations historiques des formes de l’action collective. Une des hypothèses centrales
exposées par Tilly est en effet que le répertoire d’action disponible varie selon les contextes
historiques, et ce en fonction de différents facteurs, par exemple l’évolution technologique :
pas de pétition sans invention de l’imprimerie, pas de manifestation coordonnée au niveau
international sans internet... Utiliser ce concept permet donc de repérer certaines
caractéristiques cruciales du répertoire d’action propre à une époque donnée, et donc
d’éclairer ses transformations. De ce point de vue, Tilly repère une césure (coupure)
historique majeure dans l’évolution du répertoire d’action des pays occidentaux qu’il situe
durant la deuxième partie du 19ème siècle. On peut ainsi de part et d’autre de cette césure
définir un répertoire d’action « ancien » et un répertoire « moderne ». [...]
Le répertoire d’action « ancien » (1650-1850), qui se manifeste par exemple dans les révoltes
paysannes, est essentiellement local : la protestation des groupes mobilisés s’exprime dans
un espace circonscrit et proches des cibles et des enjeux de la contestations (village,
paroisse...). Le répertoire « ancien » est souvent patronné, c’est- à-dire que les groupes
mobilisés recherchent le soutien d’un notable (prêtre, noble pour légitimer leur contestation
et porter leurs revendications. Les contestations s’expriment lors des fêtes villageoises, des
carnavals, des processions religieuses... Le répertoire d’action « moderne » (1850-1980) [...]
s’oppose terme à terme à ces caractéristiques. Il n’est plus principalement local mais
national : la contestation se déploie de plus en plus de façon coordonnée, à l’échelle du
territoire national et cible le pouvoir politique central (premières grèves nationales). Le
répertoire moderne repose également sur des organisations beaucoup plus spécialisées, qui
prennent en charge les revendications des groupes mobilisés. En ce qui concerne le
mouvement ouvrier, il s’agit bien sûr des syndicats [...] Enfin, le répertoire d’action moderne
déploie des formes d’action spécialement conçues pour exprimer la protestation : la fin du
19ème siècle est le moment « d’invention » de formes d’action collective qui vont
devenir centrales, telles que la grève ou la manifestation.
Source : D’après « Introduction à la sociologie politique », J-Y. Dormagen et D.
Mouchard, 5ème éd, pp234-236

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Cours Mme Dahlem, SES Terminale, chapitre : Comment expliquer l’engagement
politique dans les sociétés démocratiques ?, 2020/2021.
Questions.
1. Qu’est-ce qu’un répertoire d’action collective ?
Il désigne l’ensemble prédéterminé de moyens d’action connus et utilisables
par les individus dans le cadre de leur participation politique au sein d’une
société donnée à une époque donnée. Ces répertoires d’action sont variables
dans le temps et dans l’espace et dépendent de la culture politique des
citoyens.
Ceux qui s’engagent dans une action collective doivent choisir la manière la plus efficace de
se faire entendre, avec les moyens dont ils disposent.
En France, si des militants se réunissent, ils vont penser leurs actions dans un cadre pré établi
qui délimite ce qu’il est possible de faire pour participer politiquement. Par exemple, les
immolations pratiquées par les moines tibétains ou l’utilisation de la dynamite par les mineurs
boliviens manifestants ne font pas partie du répertoire d’action politique en France
aujourd’hui.

2. Qu’est-ce qui caractérise et distingue les répertoires d’action « ancien » des


répertoires d’action « moderne » ?
Le sociologue Charles Tilly a étudié l’évolution des répertoires d’action politique en France
sur le temps long, en opposant la période préindustrielle (1650 – 1850) et la période
industrielle (1850 – 1980). Il cherche à montrer que chacune de ces deux périodes se
caractérise par un répertoire d’action politique particulier. Chacun de ces deux
répertoires d’action politique comprend un ensemble de moyens d’actions politiques qui
partagent des caractéristiques communes.

C. Tilly distingue le répertoire d’action « ancien » du répertoire d’action «


moderne ». Le répertoire d’action ancien se caractérise par le fait qu’il est
essentiellement local et patronné. En ce sens, les contestations se manifestent lors des
fêtes villageoises... et les groupes mobilisés cherchent à obtenir le soutien d’un notable. À la
différence du répertoire d’action ancien, le répertoire d’action moderne est national
c’est-à-dire que les actions sont coordonnées à l’échelle nationale et visent le
pouvoir politique central. Ce répertoire repose sur des organisations spécialisées tels que
les syndicats (et non la recherche du soutien de notables). Enfin, le répertoire d’action
moderne se distingue du répertoire d’action ancien par les moyens
d’expression de la contestation : « invention » de formes d’action collective qui
vont devenir centrales : la grève et la manifestation.

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Cours Mme Dahlem, SES Terminale, chapitre : Comment expliquer l’engagement
politique dans les sociétés démocratiques ?, 2020/2021.
France des années 1650 –
France des années 1850 –
1850
1980
Modèle communal -
Modèle national - autonome
patronné
Cadre spatial Local National
Conflit plutôt défensif (par Conflit plutôt offensif (par
exemple, refus d’un impôt exemple, demande d’une
nouveau) réduction du temps de travail)
Nature de la Défense d’intérêts
revendication Défense de l’intérêt général spécifiques (par exemple, les
des membres d’une communauté salariés)
(par exemple, un village)

Détournement de moyens Utilisation de moyens d’action


d’action existant dans un sens autonomes, spécifiquement
contestataire (par exemple, un élaboré pour la revendication (par
carnaval) exemple, la manifestation, la
pétition)
Expression des Expression explicite des
Formes revendications sous des formes revendications (par exemple,
d’expression symboliques (par exemple, utilisation de slogans, de
brûler l’effigie d’un notable) programmes)
Moyens d’actions Moyens d’action
imprévisibles, souvent institutionnalisés,
violents et illégaux (par généralement pacifiques et
exemple, l’agression d’un agent légaux (par exemple, une
des impôts) manifestation)

Recours au patronage, c’est- Organisation spécifiquement


à-dire sollicitation d’un patron créée dans le but de mettre en
Mode
pour représenter la œuvre une action collective
d’organisation
communauté (par exemple, (par exemple, un syndicat)
un prêtre, un noble)

Selon Tilly, le modèle « communal-patronné » a dominé jusqu’en 1850, et a ensuite été


relayé depuis par le modèle « national-autonome » encore présent aujourd’hui, sans pour
autant faire totalement disparaître le premier répertoire, encore présent lors de certaines
mobilisations locales (plusieurs répertoires d’action pouvant cohabiter à un moment donné).

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Cours Mme Dahlem, SES Terminale, chapitre : Comment expliquer l’engagement
politique dans les sociétés démocratiques ?, 2020/2021.
Exercice. Complétez le tableau en donnant pour chaque acteur des exemples
d’actions collectives.

Partis Syndicats Associations Groupements


politiques

Élaboration Grève, défilé Aide aux plus Occupation


d’un du 1 mai, démunis, de places
Exemples programme, pétition. campagne de publiques,
campagne sensibilisation, manifestation,
électorale, participation sit-in.
meeting. aux débats
publics.

Conclusion. Complétez le texte avec les mots suivants : partis politiques,


syndicats, groupements, répertoires d’actions collectives, organisations
spécialisées, matérialistes, classes sociales, revendications, post-
matérialistes, contestation, globalisation, national, transnational, local,
contestation, indépendant, pouvoir, moyens d’actions.

Dans la société industrielle, c’est le mouvement ouvrier qui est apparu comme le mouvement
social central (lutte pour la journée de 8h, lutte pour l’interdiction du travail des enfants...).
Les enjeux des luttes sociales portaient donc principalement sur des questions
liées au travail (salaire, durée du travail, condition de travail...). Les revendications
étaient donc plutôt matérialistes. A partir des années 1960, d’autres enjeux et
revendications plus « qualitatives » sont apparus : luttes des homosexuels, des
femmes, des écologistes... On a parfois parlé de nouveaux mouvements sociaux ou
nouveaux enjeux de mobilisation.
Quatre critères permettent de distinguer les « anciens » mouvements sociaux des « nouveaux
» mouvements sociaux :
- Les formes d’organisations et les répertoires d’actions collectives.
Contrairement aux « anciens » mouvements sociaux qui entretenaient des liens étroits avec
les syndicats et les partis politique, les nouveaux mouvements sociaux privilégient des
formes d’organisations plus décentralisées favorisant l’autonomie des individus telles que
les associations et les groupements. Les NMS se distinguent également par leurs
moyens d’actions qui sont davantage « ludique » : sit-in, grève de la faim alors que la
grève et la manifestation étaient les modes d’action privilégiés des anciens mouvements
sociaux.
- La nature des revendications. Contrairement aux « anciens » mouvements sociaux
dont les revendications sont matérialistes, les revendications des NMS sont post-
matérialistes, c’est- à -dire qu’elles concernent l’environnement, la qualité de vie,
l’épanouissement personnel, la défense d’identité (liberté sexuelle...), des droits des minorités
(existence de la discrimination comme dénominateur commun d'un groupe social).

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Cours Mme Dahlem, SES Terminale, chapitre : Comment expliquer l’engagement
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- Le rapport au politique. Les anciens mouvements sociaux se
caractérisent par la volonté de s’emparer du pouvoir ou de
l’influencer alors que les NMS eux se caractérisent par le souci
de rester indépendant du pouvoir politique.
- L’identité des acteurs. Contrairement aux anciens mouvements
sociaux, les NMS ne sont plus fondés sur des clivages de classes
sociales.
Cependant, le modèle des NMS a fait l’objet de plusieurs critiques.
On constate que les conflits liés au travail (droit du
travail, protection sociale, retraite...) continuent à jouer
un rôle majeur. De plus, les syndicats restent une
organisation essentielle des mouvements sociaux. De
même, certaines revendications des NMS se retrouvent dans
diverses mobilisations « anciennes ». C’est par exemple le cas de la
lutte des femmes pour l’égalité des droits. En France, Olympe de
Gouge est associée aux prémices du féminisme. Elle fit paraître en
1791 la « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ».
La conflictualité sociale est devenue plus complexe et
plus divers mais les conflits du travail porteurs de
revendications matérialistes sont toujours très présents.
De plus il est parfois très difficile de faire la distinction entre des
revendications « matérialistes » et « post-matérialistes ». Par
exemple, on peut considérer que la revendication de la journée de
travail de 8h par les ouvriers est dans une certaine mesure post-
matérialiste puisqu’elle concerne également la qualité de vie des
individus...
Pour analyser les transformations historiques des formes
de l’action collective, les chercheurs à l’instar de C. Tilly
ont élaboré le concept de répertoire d’action collective.
Le concept de répertoire d’action collective désigne le
stock limité de moyens d’action à la disposition des
groupes contestataires, à chaque époque et dans
chaque lieu. Deux répertoires sont traditionnellement distingués :
le répertoire ancien et le répertoire moderne.
Le répertoire d’action ancien se caractérise par le fait
qu’il est essentiellement local et patronné. A la différence
du répertoire d’action ancien, le répertoire d’action moderne est
national et repose sur des organisations spécialisées tels que
les syndicats. Enfin, le répertoire d’action moderne se
distingue du répertoire d’action ancien par les moyens
d’expression de la contestation : la grève et la manifestation.
Aujourd’hui la question de savoir si on assiste sous l’effet de la
globalisation, à l’émergence d’un répertoire « international » fait
débat. L’action collective se situerait de moins en moins au niveau
d’un pays et de plus en plus dans l’espace du transnational,
comme en témoignerait le développement rapide de différentes
formes d’actions et organisations supra-étatique (manifestations
européennes et internationales, mouvement altermondialiste). De
nombreuses recherches montrent qu’on assiste encore souvent à la
juxtaposition plus ou moins coordonnée de mouvements nationaux 44
Cours Mme Dahlem, SES Terminale, chapitre : Comment expliquer l’engagement
politique dans les sociétés démocratiques ?, 2020/2021.
plus qu’à la constitution d’une mobilisation supranationale. Pour
d’autres, les phénomènes récents (extension d’internet...) montrent
l’intensification et l’accélération de la circulation des revendications
et des répertoires d’action ce qui constitue une forme de
globalisation des mobilisations. Ce répertoire « international »
valoriserait l’expertise, c’est- à-dire la mobilisation d’un savoir
scientifique à des fins de décisions politiques.

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