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IX.

Communication, Propagande et marketing politiques


Qu’est-ce que la communication politique ?
La communication politique est l’activité par laquelle les acteurs et les organisations
politiques aussi bien du pouvoir que de l’opposition expriment leurs opinions, rendent compte de
leurs activités, assurent la promotion de leurs idéologies… dans le but de séduire et de convaincre
les populations aux fins de conquérir le pouvoir d’Etat quand on y aspire ou de s’y maintenir
quand on l’exerce. Cela nécessite un travail permanent de légitimation, impliquant une
communication permanente, de quelque nature que ce soit, des gouvernants (ou aspirants) vers les
gouvernés.
Il s'agit, pour le politique, d'une quête constante de persuasion, de justification, de séduction,
d'information, de transmission d'ordres, de négation, de compromis, d'incitation et d'invitation à
l'(in)action. Il s'établit donc, nécessairement, un type de relation sociale entre acteurs (partenaires
ou adversaires) intéressés, tous stratèges, les uns à la recherche de compromis, les autres assoiffés
de conflictualité... Cela se passe par le biais de la communication, qui a pour but de politiser les
situations qui posent problème. Ainsi que l'écrit Jacques Gerstlé 1, la politisation, « c'est le travail
qui consiste à affecter à une autorité publique la prise en charge du problème ainsi publiquement
reconnu. Politiser une situation, c'est faire admettre que le règlement du problème revient à
l'autorité publique, quelle qu'elle soit, c'est la reconnaissance de la responsabilité du traitement
de la question ». La communication joue de ce fait un rôle capital dans le maintien de l'unité
politique car elle libère le conflit en en faisant un objet de débat pouvant déboucher sur une
harmonie intégrative ou conflictualisant au sein d'un système politique unifié.
En effet, n'importe quel problème peut être fait politique à partir du moment où les uns et les
autres le ramènent dans la sphère du débat public. On parle alors de la politisation du problème
par sa publicisation et sa polarisation. Ainsi, écrit J. Gerstlé, « l'activité politique concerne donc
l'émergence des problèmes collectifs, la révélation des demandes adressées aux autorités
publiques, l'élaboration des projets de solution, le conflit entre ces projets et son mode de
règlement. Dans chacun de ces processus se trouve impliquée la communication. Sa contribution
à l'activité politique est omniprésente qu'il s'agisse de la socialisation et de la participation, de
l'élaboration de l'agenda, de la mobilisation ou de la négociation. En particulier, la
communication est fondamentale dans le mécanisme de détermination des politiques publiques.
Dans les régimes démocratiques, c'est grâce à elle qu'est censé advenir le passage d'une situation
où des projets mutuellement exclusifs sont en conflit à une situation où un règlement est censé
s'imposer à tous ».2
L’activité politique résulte d’un besoin social exprimé par les membres d’une communauté
déterminée qui, par une sorte de contrat social, délèguent à des personnalités choisies ou imposées
le mandat de gérer l’intérêt collectif. Ces gestionnaires mandatés, devenus décideurs politiques par
la volonté des citoyens, gèrent la chose publique qui constitue l’affaire de tout le monde, donc
politique. Par conséquent, ils doivent rendre compte à leurs mandants (électeurs ou pas) de la
manière dont ils gèrent la collectivité, des actions qu’ils mènent dans le cadre de l’intérêt de tous,
des décisions politiques qu’ils prennent pour favoriser l’épanouissement individuel et collectif au
sein de l’entité nationale… dans le but de susciter dans le chef des citoyens des attitudes
d’acceptation, d’admiration critique et d’adhésion au mode de gestion adoptée de la collectivité.
C’est la recherche quasi obsessionnelle de la légitimité car, s'installer aux rênes du pouvoir ou s'y
maintenir exige de convaincre sans cesse.
Habituellement, dans une perspective naïvement moralisante mais non sans raison, on
assimile la communication politique à des manœuvres de manipulation, de viol des foules en vue
1
Jacques Gerstlé, La communication politique, Armand Colin, Paris, 2008, p. 18.
2
Idem, p. 19.
de les mener à des comportements serviles ou de résignation. C'est ce qu'en pensent les marxistes,
non sans quelque raison. Il est vrai que de nos jours, depuis l’offensive communicationnelle des
Nazis sous Hitler, père officiel de la propagande politique scientifique, offensive qui a déclenché
une réplique proportionnelle des autres, la communication est devenue l’arme du politique. Elle
est au cœur même de l’action politique, car elle crée un espace de dialogue entre gouvernants et
gouvernés en vue d’une confiance mutuelle, facteur de paix sociale, elle-même condition de la
prospérité nationale.
Ngoma-Binda parle d’une « nécessité sociale en tant qu’elle est envisagée comme
circulation des messages réciproques entre les gouvernants et les gouvernés, une circulation
visant à influer sur l’ordre global des choses au sein de la communauté ». Il s’agit, pour l’auteur
d’un facteur d’intégration sociopolitique et de création d’un espace politique unifié qui,
lorsqu’elle est positive, constitue « l’autre nom de l’entente, de la cordialité, de la causerie
politique, du dialogue des citoyens ». Sans elle, il s’installe des suspicions susceptibles de
provoquer des tensions même extrêmes. Ngoma-Binda relève en 6 points, le rôle indispensable
que joue la communication politique qui sert : « (1) à faire connaître et à transmettre les attentes
et les demandes ; (2) à expliquer les ordres, les attitudes, les comportements requis ainsi que les
raisons des décisions prises ou à prendre ; (3) à créer une communauté de pensées, d’idées, de
sentiments entre différentes parties concernées (les gouvernants et les gouvernés) ; (4) à
participer à la définition par les citoyens socialement adultes des objectifs, des stratégies et des
modes de formation et de gestion d’une nation prospère et puissante ; (5) à créer la cohésion et
l’harmonie et l’entente comme stratégie de poursuite des objectifs de la communauté ; à créer la
paix et à éliminer les malentendus ou les incompréhensions et, finalement à créer la victoire
sociale en tant que satisfaction des aspirations et des besoins des citoyens ; (6) à rassurer chacun
sur sa fidélité et sa détermination à travailler pour la cause du parti ou de la communauté
nationale ».3
Pour Anne-Marie Gingras, « plusieurs aspects fondamentaux de l'organisation politique se
nourrissent de la communication : le maintien de la cohésion sociale, l'organisation de lieux de
débats citoyens, la recherche voire la fabrication du consentement et la lutte pour l'obtention et le
maintien du pouvoir ».4 La communication des informations est donc au cœur du système
politique, elle constitue les nerfs du gouvernement. Pour Éric Dacheux, dans tous les régimes
politiques, dans toute forme d'organisation, « la communication est logée au cœur du processus
politique. On la retrouve, tout d'abord, au pouvoir et dans l'administration interne du pays, qu'il
s'agisse de la transmission des ordres, de la récolte des informations ou de la création des voies
de communication. On la retrouve, ensuite, dans la gestion de la politique étrangère : l'art du
langage diplomatique, la coordination des armées, le renseignement, etc. On la retrouve enfin, et
la liste n'est pas exhaustive, dans la mise en scène de l'autorité : fabrication d'images et de
symboles concernant l'Histoire et la nation, discours de mobilisation de l'opinion, instauration
des fêtes commémoratives, etc. ».5 Elle est intensément active en période électorale, moment
privilégié pour la conquête du pouvoir en régimes démocratiques ou assimilés, pour soutenir ou
combattre par divers moyens de contestation (injures, caricatures, dénigrements, dénonciations,
calomnies, trahisons...). Elle sert aussi à nouer les alliances (négociations, accords politiques,
coalitions des adversaires...) tout comme elle sert de moyens de conquérir les masses (réunions,
meetings, marches, alliances multiples...). Il s'agit bien d'un art de la vie politique, qui s'adapte aux
conditions de temps et d'espace et qui peut provoquer des ratés.

3
Ngoma Binda, Leçons de marketing politique, Publications de l’Institut de Formation et d’Études
Politiques (IFEP), Kinshasa, 2011, pp. 31-32.
4
Anne-Marie Gingras (Dir.), La communication politique. États de savoirs, enjeux et perspectives,
Presses de l'Université du Québec, Sainte-Foy (Québec), 2003, p. 3.
5
Eric Dacheux, Communication et démocratie, in Thomas Stenger (Dir.), Le marketing politique,
Les Essentiels d'Hermès, Ed. du CNRS, Paris, 2012, pp. 7-14.
En RDC, Julien Paluku, Gouverneur de la Province du Nord-Kivu en état de guerre
permanent depuis plus d'une décennie, dit avoir fait de la communication sa grande arme
politique, avec ses nombreux discours et réflexions aux résultats alternés, tantôt positifs, tantôt
négatifs : « C'est aussi une autre forme de combat que j'ai mené sur tous les fronts, écrit-il. Je
suis monté, plusieurs fois, sur le toit pour faire entendre ma voix et celle des populations du
Nord-Kivu ; j'ai parfois crié dans un environnement où dominent des idéologies centralisatrices.
J'ai élevé ma voix vers les nations du monde en pleine guerre. La gorge à sec, j'ai épuisé mes
discours ».6 Son préfacier, Kisangani Endanda, précise que cet homme qui avait tout contre lui ne
s'en sortait que par la communication : « Il doit faire feu de tout bois pour tailler sa route tant au
niveau diplomatique qu'au niveau national et des populations locales : dénoncer tous les
complots ; démonter les manœuvres dilatoires des uns et des autres ; soutenir les forces de
sécurité ; soutenir la résilience des populations par des actions de développement. Bref,
communiquer et toujours chercher à convaincre ».7
Cette activité se réalise impérativement au travers des grands moyens de communication de
masses. Il y a notamment la presse écrite et les supports écrits, aujourd’hui détrônés par la radio
d’abord et la télévision qui diffusent des supports audiovisuels courts et agréables à voir et à
écouter et qui, de plus en plus, ont plus d’impacts que les discours longs et soporifiques. A partir
de la campagne Obama aux USA en 2012, les NTIC (nouvelles technologies de l’information et
de la communication) connues sous la dénomination de réseaux sociaux volent la vedette aux
vieux créneaux communicationnels, sans pour autant les anéantir.
Le politicien qui néglige la communication politique crée un vide communicationnel que les
adversaires s’empressent vite, très vite de combler à leur manière, sans gêne et faisant flamme de
tout bois pour faire passer leurs messages. Comme la nature a horreur du vide, la politique a
horreur du silence, parce que se lubrifiant des paroles et discours. Et dans ce domaine, faut-il le
préciser, celui qui attaque par surprise a souvent l’avantage, parce que toute réplique (surtout
lorsqu’elle n’est pas instantanée) étant assimilée à des aveux masqués de justifications (anecdote
du vrai/faux fou). Or, l’impopularité en politique déstabilise tout pouvoir qui serait dès lors
contraint à l’usage de la violence. Pascal Boniface croit que « la popularité a un coût qui, pour
n’être pas exactement chiffrable, est indubitablement très lourd… Tout simplement parce que la
popularité est une des composantes de la puissance, et l’impopularité une entrave ».8
La communication politique est donc au cœur de la politique, de même que la politique est
essentiellement communicationnelle, c’est-à-dire fièrement narrative, exhibitionniste, polémiste,
offensive, agressive, partisane… On peut même parler de la consubstantialité de la
communication et de la politique, celle-là justifiant et consolidant celle-ci. C'est pourquoi, au-delà
de tout, le langage et l'art oratoire sont de grande nécessité comme moyens de communication en
politique. L'impératif de persuasion fonde l'importance de la rhétorique qui est la théorie du
discours persuasif. Il s'agit d'un discours orienté vers les débats sur les problèmes politiques, c'est-
à-dire sur les problèmes politisés, parce que publicisés, polarisés, justement par des discours
persuasifs et contradictoires des uns et des autres. Maurice Charland décrit ainsi le statut
épistémique du discours politique : « La rhétorique, le discours politique, ne fait pas que
revendiquer et appuyer. Ses démonstrations ne sont apodictiques, mais reposent essentiellement
sur des figurations du probable et admettent par conséquent des figurations autres. C'est à ce titre
que le discours politique acquiert son importance. Il doit forger un vraisemblable ; il doit motiver,
mobiliser, séduire. Il ne révèle pas la vérité, mais doit en construire une. Pour ce faire, le discours
politique s'appuie sur les valeurs et les préjugés de son auditoire, mais il les orchestre de façon

6
Julien Paluku Kahongya, Le Nord-Kivu entre démocratie et guerres. Éléments des mémoires de
Julien Paluku Kahongya, MÉDIASPAUL, Kinshasa, 2016, p. 18.
7
Stanislas Kisangani Endanda-Siyisiwa, Illusions d'une réforme politique en RDC : son vécu d'en
bas par un Gouverneur, préface à Julien Paluku, op. cit., pp 9-15.
8
Pascal Boniface, Comprendre…, op. cit., p. 286.
créative afin de promouvoir son parti pris ».9 Ce discours peut recourir aux mensonges, aux
déformations de la réalité... c'est de bonne guerre, dit-on !

Propagande politique
La propagande politique est un mot emprunté du vocabulaire catholique propaganda,
désignant les actions relatives à la propagation de la foi, à la diffusion de l’idéologie chrétienne.
En politique, la propagande10 consiste en un ensemble d'actions menées par un gouvernement ou
un parti politique pour influencer l'opinion de la population. Il s’agit du « recours systématique,
par des dirigeants, des professionnels de la politique, des militants ou des révolutionnaires, à des
techniques de persuasion (discours, tracts, livres, campagnes de presse, communication dans les
médias de masse…) susceptibles de provoquer le ralliement le plus large et de façonner le
comportement politique ».11 Théorisée par Lénine comme une nécessité de l’action politique, le
terme propagande revêt encore toujours une connotation péjorative, étant assimilée, non sans
raison, à une opération de manipulation des consciences, du viol des foules. Il est vrai que la
communication politique vise la persuasion politique, entendue comme « processus consistant
pour des acteurs politiques à faire faire reconnaître comme valables et souhaitables, par des
publics cibles (...), des idées et des valeurs devant guider l'action politique ».12 La persuasion
politique implique donc une sorte de violence symbolique (par exemple une dose de mensonge, un
peu de ruse, une portion d'abus de position dominante...), mais elle reste la seule démarche
pacifique d'imposition du politique.
La propagande politique se réfère à l'utilisation systématique par les politiciens des moyens
et techniques divers et appropriés en vue de susciter le ralliement des masses et d'en obtenir le
consentement politique. C'est un moyen de s'attirer la faveur de l'opinion publique.

Historique de la propagande politique


La propagande politique fit son apparition au cours de la Première Guerre mondiale dans le
but d'entretenir haut le moral, de susciter une attitude combative et patriote dans la population et
d'éviter le découragement populaire.
La propagande d'État avait commencé en URSS communiste pour diffuser l’idéal
communiste et faire de l'agitation tant à l'intérieur qu’à l'extérieur des frontières. C’est dans ce
cadre qu’est créée la Radio Moscou, émettant en onde courte pour diffuser, pour la première fois
dans le monde, des émissions radiophoniques propagandistes vers l'étranger.
Aux États-Unis d’Amérique, la crise de 1929 marque un tournant décisif par rapport à la
politique inspirée de la doctrine isolationniste des pères fondateurs. On commence à faire usage
des techniques de communication comme dispositifs de gouvernement, car une attention nouvelle
est portée sur l'opinion publique. En effet, les premiers instituts de sondage créés dans les années
1930 fournissent des éléments pour l'élaboration des stratégies étatiques de sortie de la crise. En
1938, Washington organise une riposte radiophonique à l'échelle internationale contre les
émissions propagandistes communistes et nazies. La Voix de l’Amérique, radio de propagande
officielle du gouvernement des États-Unis à destination de l'étranger, est ainsi créée en 1942 et
fonctionne dans ce cadre jusqu’à ce jour, au même titre que la Radio France Internationale (RFI)
et la chaîne de télévision France 24 pour la France et la Radio-Télévision Nationale Congolaise
(RTNC) et Télé 50 pour la RDC.
Considéré à juste titre comme le père de la propagande politique scientifique, Adolph Hitler
crée, dès son arrivée au pouvoir en 1933, un ministère de la Propagande et de l'Illustration du
peuple qu'il attribue à Joseph Goebbels qui se voit confier le contrôle des médias, du cinéma et du

9
Maurice Charland, Le langage politique, in Thomas Stenger, op. cit., pp. 67-91.
10
Données encyclopédiques, copyright © 2001 Hachette Multimédia / Hachette Livre
11
Olivier Nay (sous la direction), op. cit., p. 446.
12
Idem, p. 411.
théâtre. Les victoires nazies ont été réalisées, en grande partie, grâce à la propagande politique.
On note dès lors un recours massif des grandes nations à la propagande comme moyen
d'endoctrinement et de conditionnement des citoyens. C'est ce que dénonce, en France, un exilé
russe disciple de Pavlov, Serge Tchakhotine qui publie le Viol des foules par la propagande
politique (1939). L'édition originale en a été détruite par les Allemands dès l'occupation de la
France. La Seconde Guerre mondiale voit la propagande devenir une arme pour une véritable
guerre psychologique (Nazi, USA) ou guerre politique (GB).
Aux États-Unis d’Amérique, de nombreux sociologues et psychologues spécialisés en
techniques de communication de masse sont recrutés pour contrer la propagande nazie. Ils y
développent les méthodes de l'overt propaganda (propagande ouverte) et de la covert propaganda
(propagande cachée). Celle-ci consiste essentiellement dans des opérations de désinformation,
dans le montage de fausses nouvelles et la diffusion de rumeurs. Ces scientifiques travaillent en
collaboration étroite avec les organismes de renseignement militaire et avec la Voix de
l'Amérique.
Les régimes totalitaires (Allemagne nazie, Italie fasciste et Union soviétique communiste)
recourent à la manipulation de l'opinion par l'État à travers les techniques connues de censure,
discours, déformation de nouvelles, slogans, images, mise en scène des meetings... Les sociétés
démocratiques font usage des mêmes techniques pour le combat politique dans le but de
convaincre l'opinion. La propagande politique utilise les mêmes techniques que la propagande
commerciale (publicité) dont l'objectif est d'orienter et de façonner les comportements d'achats
des consommateurs.
Jacques Ellul, dans Propagandes (1962), montre que la propagande est le fait des sociétés de
masse, qu'elles soient démocratiques ou totalitaires. Même si les objectifs peuvent différer, la
méthode utilisée, c'est-à-dire la mise en condition des populations, est identique. Les médias
servent à conditionner et à encadrer la population pour la faire penser, agir - et consommer - dans
le sens désiré par un groupe dominant. Il signale aussi que la cible de la propagande, le
propagandé, désire ces messages de propagande qui le rassurent en lui définissant des lignes
idéologiques de conduite, les cadres traditionnels (famille, village, milieu de travail) ne pouvant
plus aider les individus face à la complexité du monde moderne.
En fait, comme l’écrivait Edward Bernays en 1928, face à l’incertitude démocratique
générée par le pouvoir des masses mieux instruites, notamment par le suffrage universel, « la
minorité [dominante] a découvert qu’elle pouvait influencer la majorité dans le sens de ses
intérêts. Il est désormais possible de modeler l’opinion des masses pour les convaincre d’engager
leur force nouvellement acquise à la direction voulue. Etant donné la structure actuelle de la
société, cette pratique est inévitable… Le mécanisme qui permet la diffusion à grande échelle des
idées a pour nom propagande : soit, au sens large, tout effort organisé pour propager une
croyance ou une doctrine particulière ».13 C’est ici que les régimes politiques, démocratiques ou,
plus encore, autoritaires, puisent leur potentiel d’arbitraire autoritaire lorsqu’ils arrivent à
domestiquer et à standardiser les opinions publiques grâce à l’homogénéisation des idéologies qui
imprègnent durablement le mental des citoyens, devenus électeurs ou militants soumis.
Ce, grâce au matraquage pouvant aller jusqu’au lavage des cerveaux orchestré
indistinctement par tous les politiques pour accéder ou se maintenir au pouvoir,
démocratiquement ou pas. Il est paradoxal, par exemple de dire que le citoyen américain,
prétendument libre, soit l’homme le plus formaté mentalement par la multitude et la multiplicité
des campagnes de propagande, publicité et marketing politico commercial et culturel (dont le
religieux) qu’on lui fait subir sur tous les coins des rues ! Le champ politique est dès lors
configuré par les idéologies qui orientent et polarisent les opinions divergentes sur des questions
ciblées qu’on fait croire liées à la vie des citoyens et de leur communauté.
13
Edward Bernays, Propaganda. Comment manipuler l’opinion en démocratie, Zones/La
Découverte, Paris, réédition de 2007, pp. 39-40.
Publicité et marketing politiques
Même si la propagande politique, comprise comme activité organisée pour influencer et
diriger l'opinion, n'apparaît qu'au XXe siècle, la pratique propagandiste et ses procédés sont les
mêmes depuis l'origine des sociétés politiques. Avant, publicité et propagande se confondaient,
jusqu'à l'époque moderne. La propagande de César, Charlemagne ou Louis XIV n'était que des
publicités personnelles, assurée par les poètes et autres historiographes chargés d'entretenir les
cultes de ces personnages présentés comme hors du commun.
Au XIXe siècle, la publicité est informative : on décrit les programmes et le système. Elle
passe ensuite à un autre stade : elle ne cherche plus à expliquer, son but est de susciter des
émotions fortes, de frapper, d'épater les esprits en vue de rallier l’opinion. C'est le début des
slogans et des images attractives. La publicité devient suggestive. L'impulsion est américaine et
multidisciplinaire. On découvre de nouvelles sciences comme la psychanalyse, où l’on mise sur
l'obsession, sur l'instinct sexuel, etc. On se rapproche des slogans et spots commerciaux pour
écrire les slogans et spots politiques.
La publicité devient une science dont on peut évaluer l'efficacité par les résultats obtenus :
l'homme moderne échappe difficilement à un certain degré d'obsession, à certains procédés
d'attractions et reste influençable. Il est possible de le guider vers tel produit et telle marque, et
non seulement de lui imposer un produit à la place d'un autre, mais même d'en susciter les
besoins. En politique, on découvre que l'homme moyen est manipulable, qu'il peut lui être
suggéré des opinions qu'il tiendra pour siennes, qu'on peut lui changer les idées et opinions, en
utilisant les mêmes procédés qu'en matière commerciale. Ainsi que le dit le psychologue Carl
Rogers, « nous pouvons décider de faire usage de notre savoir grandissant pour asservir les gens
d'une manière jamais imaginée, pour les dépersonnaliser et les contrôler par des moyens si
soigneusement choisis qu'ils ne s'apercevront peut-être jamais de leur perte de personnalité ».
Si on regarde les différentes campagnes présidentielles dans le monde, en Occident comme
ailleurs en Afrique, on y constate la symbiose totale entre la publicité et la propagande : parades
avec orchestres, guirlandes, alcools, grandes affiches, badges, spots, offices religieux, etc.
Les historiens de la propagande séparent l'âge de l'édification (Antiquité, Moyen Âge), l'âge
de la propagation (16e-18e siècles), l'âge de la persuasion (19 e siècle), l'âge de la grande diffusion
(1914-1945) avec la période du triomphe de la propagande soviétique, fasciste et nazie. La
publicité politique (des personnalités) commence avec le marketing politique des années 1965, et
se poursuit avec les conseils en communication des années 1980. Les traits majeurs sont la
professionnalisation de la communication, la régression du militantisme politique, l'apparition
d'un nouveau langage, l'effacement progressif des supports-images fixes et sons au profit de la
télévision et des clips-vidéos devenus des supports de référence. Internet et ses avatars
tentaculaires (NTIC) jouent à présent un rôle déterminant.
Le marketing politique est « une forme douce de propagande, parce qu'il exerce une
violence symbolique sur les citoyens et conduirait à un tautisme politique », ce terme signifiant
« la confusion entre la réalité et sa représentation ».14 Il s'agit d'une sorte de transfert des
méthodes de marketing commercial au domaine politique. Il nous emmène souvent au culte de la
personne, objet du processus de marketing politique, qui est promue comme une marchandise
par le marketing commercial. Les plus grands dictateurs ont souvent été les produits d'un excès
de zèle des collaborateurs qui organisent en leur faveur de trop fortes publicités politiques
relevant du marketing politique, celui-ci usant des mêmes méthodes que le marketing des
produits commerciaux.
En politique, « l’idée, le candidat ou le parti politique constitue le produit à promouvoir, à
faire connaître, à vendre, à faire accepter parmi plusieurs autres en raison de ses qualités
intrinsèques et de l’utilité sociale qu’il représente ou le bénéfice qu’il apporte au client qu’est le

14
Thomas Stinger, op. cit., p. 29.
citoyen-électeur ».15 Pour Charles Manzinga, la maturation de la conscience politique des
citoyens impose que toute personne désireuse de se porter candidate aux élections s’y prépare,
en se faisant connaitre et accepter par des électeurs, exactement comme un produit à faire
connaître et consommer par les clients. « Si, dans l’univers commercial, le marketing est un
ensemble de techniques ayant pour objectif d’adapter un produit à son marché, de le faire
connaitre au consommateur, de créer la différence avec les produits concurrents et, avec un
minimum de moyens, d’optimiser le profit né de la ventre, en politique, le marketing a pour
fonction d’organiser le Faire-savoir d’un homme politique et de ses idées, de mesurer et
d’assurer sa notoriété et, en terme final, de déclencher un phénomène d’adhésion en sa
faveur ».16 Le marketing politique, très actif en période électorale, utilise les mêmes supports
que le marketing commercial : émissions RTV, « Arrêts sur images », chronique médias dans les
journaux, éducation à l'image chez les jeunes générations, affiches, spots... Il y a
hypermédiatisation de l'image de l'homme, objet de la publicité politique. Malgré les critiques et
les mesures anti-publicité politique, de nouveaux supports sont apparus, comme les films de
publicité politique, les CD-Rom, les GIF, Internet et autres gadgets des réseaux sociaux...
Le marketing politique est une science d'avenir pour nos pays qui s'engagent
presqu’aveuglement dans le pluralisme politique. Aux USA et en ex-URSS surtout, ainsi qu'en
Europe occidentale, le recours aux maisons spécialisées en marketing politique fait partie des
stratégies des campagnes électorales. La popularité est un capital politique et le recours aux
sondages permet de faire la comptabilité de la gestion de ce capital, de ce fonds politique en
démocratie libérale.
Thomas Stinger présente un tableau qui fait le parallélisme entre le marketing commercial
et le marketing politique :
Marketing commercial Marketing politique
Études de marché Études d'opinion (sondages en particulier)
Analyse concurrentielle Analyse de l'offre politique
Marché Corps électoral
Part de marché Part de voix
Segmentation et ciblage marketing Segmentation électorale et ciblage (électorat naturel,
sympathisant, opposants, électorat flottant...)
Marque Parti, candidat
Produit Programme
Prix Bulletin de vote
Rapport qualité/prix Rapport vote/promesse
Communication commerciale Communication politique
Slogans Slogans
Distribution et points de vente Réseau du parti et de militants
Comportement du consommateur Comportement électoral
Décision d'achat Décision de vote

Source : Thomas Stenger, op. cit., p. 22.

Techniques de propagande
Edward Barney17 a montré que les minorités dirigeantes ont toujours eu des problèmes avec
les masses du moment que celles-ci prenaient conscience des méfaits des pressions exercées sur
elles. Les croyances religieuses sur lesquelles on basait la légitimité des pouvoirs étant de plus
en plus contestées, les dirigeants ont misé sur les techniques de manipulation des masses, sur le
15
P. Ngoma Binda, Leçons…, op. cit., p. 25.
16
Charles Mazinga, Stratégies de marketing électoral pour des élections apaisées, Editions du
Secrétariat Général de la CENCO, Kinshasa, 2011, p. 7.
17
E. Barneys, Propaganda. Comment manipuler l’opinion en démocratie, 1928, réédition dans La
Découverte, Paris, 2007, cité par F. Dosquet, op. cit., p. 23.
viol des foules pour asseoir de nouvelles formes de domination. « La minorité a découvert
qu’elle pouvait influencer la majorité dans le sens de ses intérêts. Il est désormais possible de
modeler l’opinion des masses pour les convaincre d’engager leur force nouvellement acquise
dans la direction voulue. Etant donné la structure actuelle de la société, cette pratique est
inévitable… Le mécanisme qui permet la diffusion à grande échelle des idées a nom
propagande : soit, au sens large, tout effort organisé pour propager une croyance ou une
doctrine particulière ».
A propos des techniques de formatage des cerveaux, le psychologue Carl Rogers dit :
« Nous pouvons décider de faire usage de notre savoir grandissant pour asservir les gens d’une
manière jamais imaginée, pour les dépersonnaliser et les contrôler par des moyens si
soigneusement choisis qu’ils ne s’apercevront peut-être jamais de leur perte de personnalité ».18
Les techniques de propagande sont nombreuses et variées. Elles prennent appui sur des éléments
sociologiques issus des études de l'environnement, des analyses des forces et faiblesses de
l'adversaire ainsi que des stratégies par rapport à ce dernier, des opportunités (attaque par
surprise, le premier ayant toujours raison et la justification donnant l'impression de défaite ou
d'aveu), etc. L'art oratoire constitue une arme de première force dans la propagande et le
marketing politique, car la rhétorique est liée à l'action politique.
Noam Chomsky19 a énoncé dix stratégies de manipulation de masses que sont :
 La stratégie de la distraction : on distrait les masses pour les empêcher de penser les maux
auxquels elles sont soumises et qui les rongent ;
 Créer des problèmes puis offrir des solutions : Naomi Klein parle de la stratégie des chocs
qui consiste à créer des cataclysmes et à y apporter des solutions massifiées et outrancièrement
médiatisées (Nord-Kivu, MONUSCO, ONG.....) ;
 La stratégie de la dégradation ;
 La stratégie de différé ;
 S’adresser au public comme à des enfants en bas-âge ;
 Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion ;
 Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise ;
 Encourager le public à se complaire dans la médiocrité ;
 Remplacer la révolte par la culpabilité ;
 Connaitre les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes.

Les négociations politiques comme exemples de communication active, de l'agir


communicationnel

La négociation politique constitue une forme de communication dialogique qui permet aux
nations (ou groupes d’individus ou des individus) en conflit sur une question d'importance
d'éviter la confrontation armée. Au sein d'une même nation, lorsque les débats institutionnels
(parlementaires, par exemple) ne suffisent plus pour assurer la stabilité politique, la négociation
politique permet d'éviter la radicalisation des oppositions pouvant facilement mener à des
frustrations ou révoltes susceptibles d'engendrer des guerres civiles.
Négocier, c'est s'accepter et accepter l'autre (partenaire à la fois adversaire), c'est le
reconnaître, c’est le respecter. Aussi, «parler à un homme, c'est prendre pouvoir sur lui » en vue
de chercher un compromis sur le sujet de controverse, objet de la négociation. Il s'agit donc, en
fait, d'un dialogue entre partenaires sur un sujet qui fâche.
Le principe général est que tout est négociable. On raconte souvent, pour le confirmer,
18
Carl Rogers, Le développement de la personne, Dunod, Paris, 1969.
19
Noam Chomsky et Edward Herman, La fabrication du consentement. De la propagande
médiatique en démocratie, Contre feux Agone, Paris, 1988.
l'anecdote de Mme du Barry qui, condamnée sur l'échafaud, lance, deux minutes avant
l'exécution, la supplique suivante : « Encore une minute, Monsieur le bourreau ! » et arrive à
obtenir sa libération in extremis.20
La négociation est omniprésente dans la vie de l'homme, animal social, travailleur, donc
intelligent. Là où il y a des êtres animés (même dans les sociétés animales), des occasions de
négociations sont nombreuses et variées. Sans négociation, le tout se réglerait mal au profit des
plus forts.21 L'espace politique étant d'essence fondamentalement conflictuelle, la négociation
politique constitue un mode de communication politique susceptible de mener à des compromis
acceptables par toutes les parties concernées.

Éléments pour une négociation


Cinq éléments caractérisent la négociation :
1. Présence de deux partenaires qui peuvent être des individus, des groupes d'hommes ou des
partis politiques, des sociétés, des États ou conglomérats d'États-Nations… La négociation peut
être bilatérale ou multilatérale, avec ou sans modérateur jouant à l'arbitre.
2. Existence d'un conflit d'intérêt : il doit toujours y avoir à la base un désaccord sur quelques
sujets opposant les parties concernées.
3. Volonté de négocier sans contrainte en vue d'une alternative à trouver par le dialogue face à
une situation à prendre ou à laisser.
4. Facteurs tangibles (éléments physiques) et intangibles (donne psychologique) : les facteurs
tangibles concernent les éléments concrets qui font l'objet de la négociation. On peut vite trouver
des points d'accord sur les facteurs tangibles. Les intangibles sont moins apparents, mais plus
difficiles à appréhender. Ils peuvent tout bloquer lors des négociations. Il faut donc tenir compte
des enjeux psychologiques : vaincre l'adversaire, conserver l'ascendant, rester sur ses
positions, poser des sujets non négociables, rester ferme, ou être injuste... constituent des
attitudes frustrantes qui peuvent plomber la négociation. Tout bon négociateur doit savoir
comprendre comment satisfaire l'adversaire dans ses exigences psychologiques et comment
gagner sans faire perdre la face à l'autre.
5. principe de l'échange ou de concessions mutuelles : savoir perdre pour faire perdre à
l'adversaire. En consentant les concessions, on persuade l'autre à faire autant.

Les facteurs du pouvoir dans la négociation :


 L'information : le mieux informé est le plus fort. Ainsi, face à l'ignorance de ses
interlocuteurs à la Conférence de Berlin, Léopold II a profité de ses larges connaissances du site
pour se tailler ce vaste territoire qui forme la RDC, avec ses ressources exceptionnelles. A la
Table ronde économique de Bruxelles, les délégués belges intellectuellement nantis et
professionnellement expérimentés se sont trouvés en face des Congolais inexpérimentés et sous-
informés ; on en connait les résultats en rapport avec le portefeuille bradé de la RDC.
 Le soutien et l'autorité des mandants : ceux qui délèguent le négociateur ont des exigences
excessives. Si ce dernier n'a pas leur confiance, il s'affaiblit, car en cherchant à satisfaire ses
mandants, il peut tout bloquer. Aussi, lorsque les négociateurs sont des Chefs, ils négocient mal
car ils ont suffisamment d'autorité pour tout accepter ou rejeter. En effet, un pouvoir contrôlé et
limité est plus fort dans la négociation.
 La pression du temps et les délais : les délais doivent être fixés pour éviter qu'on s'use
20
P. Moreau Defarges, La politique internationale, Hachette/Supérieur, Paris 1990, p. 223.
21
Cette partie est largement tributaire de l'étude de Roy J. Lewicki adaptée au domaine politique :
Les stratégies de négociation, in A. R. Cohen, (sous la direction de), MBA Management. Synthèse
des meilleurs cours des grandes Business Schools, Nouveaux Horizons-Maxima, Paris, 1995, pp.
139-179.
mutuellement avec le temps: reports, discussions oiseuses... En négociation celui qui a le délai a
l'avantage sur celui qui est pressé. L’intransigeance de nos politiciens de première heure avait
provoqué l’obtention précipitée d’une indépendance mal assumée près de 60 ans après.
Initialement prévue pour se dérouler pendant 2 mois, la CNS a mis plus de deux ans (1992-1994)
et a produit les résultats absolument mitigés en RDC.
 La légitimité d'une cause écarte les possibilités de contestation et donc de contradiction. Par
exemple, face à l'incompétence d'un régime politique, les thèses de l'opposition passent
aisément. Ce qui justifie le besoin d’alternance exprimé.
 Les alternatives à l'accord : quand on est pris au piège d'un seul résultat possible, on en
devient prisonnier. La motivation est alors excessive et le comportement improductif. On a honte
de reculer ou de paraître versatile. La prise au piège est toujours un processus
psychologiquement dangereux. Négocier avec plusieurs alternatives confère plus de crédibilité,
d'aisance et de pouvoir de persuasion vis-à-vis de l'adversaire.
 Le pouvoir personnel : il s'agit des qualités personnelles du négociateur. On peut épingler à
ce sujet :
- La capacité de persuasion, éloquence, argumentation permanente, la conviction que ce qu'on
défend est la cause noble... Il s'agit ici d'un art qui peut s'apprendre.
- Pas de refus ni d'acceptation de défaite à la suite d'un premier refus. Il y a beaucoup de peut-
être, de possible, ou de cela dépend derrière un non initial, beaucoup de OUI, MAIS…
- L'intégrité et le caractère : être de bonne réputation sécurise l'adversaire qui croit dès lors
aux paroles de l'autre comme vraies et dépouillées de ruses ; il y a garantie du respect de la
parole donnée.

Types de négociation politique


Il en existe deux : négociation de collaboration et celle de compétition.

Négociation de compétition
Ici on privilégie les résultats tangibles et on fait peu de cas de la relation, surtout lorsque
l'on sait que l'adversaire pèse léger ou qu'il est non crédible. Alors toute action est bonne pourvu
qu'elle soit bénéfique. La fin justifie les moyens, dit-on. D'où l'agressivité, l'intransigeance, la
manipulation, la malhonnêteté, la nervosité, le chantage... Cette conflictualité fait dresser l'un
contre l'autre des adversaires, chacun se mettant à la défensive, s'attendant à tous les coups de la
part de l'autre devenu ennemi. Ce type de négociation est source de résurgence de nouveaux
problèmes car, faute de pouvoir résoudre fondamentalement des différends, comporte plutôt des
éléments conflictogènes et des germes de conflits.
Toute négociation faite sans éthique aboutit à des résultats peu rassurants en termes de
durabilité et de confiance mutuelle. Cependant, en politique, les négociateurs de toutes les
parties en conflit adoptent souvent des conduites contraires à l'éthique. Certaines raisons
expliquent le recours par les politiciens (surtout en RDC) à des stratégies peu éthiques,
notamment :
 La compétition qui exige du négociateur de l'opportunisme, de la malhonnêteté légitime pour
atteindre les buts visés. Ainsi il peut exagérer les objectifs, bluffer les intentions, ne pas révéler
toute la vérité...
 L'auto gratification et l'avidité : l'autosatisfaction ou l'amour propre pousse le négociateur à
ne pas admettre ses erreurs, à cacher ses fautes, à refuser de les endosser ou de les corriger.
 Le rétablissement de la justice : quand on se sent lésé, croyant que l'autre a dû faire usage de
la tricherie, on cherche à se venger en utilisant aussi la duperie.
 La perspective à court terme, consiste à malmener l'adversaire pourvu que l'on trouve une
satisfaction, même provisoire tout en sacrifiant les relations futures à long terme.
Certaines conduites immorales sont monnaie courante dans les négociations politiques,
comme :
 Information sélective et/ou exagérée : on met l'accent sur les aspects positifs et/ou occultes,
négatifs, ou vice-versa selon les intérêts visés ;
 Déformation, falsification de la vérité, tromperie: on ment de manière délibérée pour
désorienter l'adversaire ou l'on donne une information incorrecte pour le conduire sur de fausses
pistes, de fausses conclusions;
 Fausses intentions : menaces, fausses promesses, bluff, non-respect des engagements, etc. ;
 Porter délibérément préjudice : espionner l'adversaire, lui débaucher des cadres, lui dérober
les dossiers confidentiels, le calomnier et entraver ses actions pour l'empêcher d'être
concurrentiel.
Dans ce type de négociation de compétition, le négociateur poursuit des buts immédiats sans
se soucier du futur. Il croit à l'incompatibilité des intérêts en conflit et soupçonne l'autre d'user
des méthodes bizarres, ce qui justifie sa propre bizarrerie pour se prémunir ou le devancer. C'est
la stratégie de l'attaque par surprise qui souvent ne profite pas aux négociateurs dans le cadre de
la recherche de consensus. L'arrogance des pays occidentaux face au reste du monde (surtout
face à l'Afrique et au monde arabe), de même que la suffisance américaine face à la vieille
Europe sont des éléments à prendre en compte pour comprendre les radicalismes ambiants au
niveau international, tels que les terrorismes islamistes, les missiles et autres armes nucléaires,
les conflits commerciaux internationaux au plan bi et multilatéral sous Donald Trump... Tous ces
antagonismes menacent sérieusement la pax americana, euphémisme pour désigner la paix
voulue par l'ordre mondial imposé par les USA. En définitive, la logique de la force brutale à
laquelle recourent de plus en plus et de manière ostensible les pays occidentaux, notamment les
USA, traînent le monde, lentement mais sûrement, dans une situation de chaos nuisible à tous.22
Dans la diplomatie internationale, les Américains sont partisans de la politique de fermeté,
du big stick (gros bâton) et reprochent à la vieille Europe la mollesse de sa diplomatie. Comme
le fit savoir le Secrétaire d’État George Schultz en 1986, le bon sens diplomatique qui prône la
négociation de type collaboration n'est plus ni moins qu'un signe de faiblesse dont font montre les
diplomates européens, partisans d'interminables négociations. Pour lui, « le mot négociation est
un euphémisme pour capitulation si l’ombre de la puissance n’est pas projetée sur le tapis
vert ».23 Cependant, signale R. Tremblay, « la démarche unilatérale et arrogante du pôle
américain… est davantage susceptible de soulever des antagonismes bloqueurs dans le reste du
monde que la démarche proprement européenne de collaboration et d’ouverture aux autres
civilisations ».24 On ne peut pas en dire plus pour comprendre les violences asymétriques
antioccidentales qui font la une des médias internationaux. D'où l'importance d'une négociation
coopérative.

Négociation de collaboration
Dans la négociation de collaboration, on privilégie le résultat final et les bonnes relations.
Ce type de négociation est dite intégrative, coopérative : gagnant-gagnant (win-win). La
stratégie est celle de la collaboration confiante, plus difficile à mettre en pratique car elle requiert

22
A l’instant de la finition de l’ouvrage, l’imprévisible Président américain Donald Trump vient de
déclencher l’opération de retrait des troupes américaines de la Syrie et de l’Afghanistan, devant
l’Occident médusé, après la remise en question de l’OTAN que l’Amérique entretient à grands
frais. Il se justifie en dénonçant les milliards dépensés pour semer le chaos dans le monde, en
imputant la faute à Obama et Hillary Clinton qui ont déstabilisé la Lybie et la Syrie, provoquant
des effets collatéraux et des retours de manivelle nuisibles tant aux pays détruits qu’à l’ensemble
des pays occidentaux. Avec le Lybien Kadhafi, le monde ne vivait-il pas mieux qu’après son
élimination brutale ? On peut en dire autant du Syrien Bachar El Assad !
23
Cité par Ignacio Ramonet, Ramon Chao et Jacek Wozniak, Abécédaire partiel et partial de la
mondialisation, Plon, Paris, 2003, p. 172.
24
R. Tremblay, Pourquoi Bush veut la guerre, Les Intouchables, Montréal, 2003, p. 219.
des sacrifices d'intérêts tangibles pour gagner dans les intangibles (relations). Les idées-clés de
ce type de négociation sont :
- s'efforcer de comprendre les besoins et objectifs de l'autre et veiller à la transparence de
l'information ;
- s'engager à rechercher la meilleure solution possible pour tous ;
- dissocier les personnes du problème : « Il faut être aimable avec les personnes mais coriace
avec les problèmes ». De la courtoisie, du respect à l'égard de l'autre tout en restant serein à
l'égard du problème, tel est l'objectif recherché par l'hypocrisie légendaire propre à l’art du
diplomate ;
- se concentrer sur les besoins et intérêts et non sur les positions : les compromis qui ne
nuisent pas aux intérêts des partis peuvent éliminer les conflits et se révéler mutuellement
acceptables ;
- envisager les alternatives profitables à tous : il faut pour cela se rapprocher de l'autre,
l'échange des faveurs ou des cadeaux (même en dehors du sujet de négociation) ;
- conclure un accord clair.

Négociation politique et éthique : Exemples de négociation en RDC


Le Congo belge, aujourd’hui RDC, est lui-même le produit d’intenses négociations par
contrainte entre Léopold II et les chefs traditionnels 25, ensuite des tractations à Berlin entre le
Roi et les délégués de 14 pays puissants de l’époque de l’Etat Indépendant du Congo et, enfin,
des pourparlers entre le même Roi et le Parlement belge, alors méfiant lors de la cession
testamentaire de cette possession royale à la Belgique. Depuis son accession à l'indépendance en
1960, la RDC a connu une succession des négociations entre politiciens qui lui ont permis de
survivre en évitant certains déchirements sanglants. Avant la période de la dictature mobutienne
et en période de fin de règne de ce régime lors de la longue transition démocratisante des années
1990, il était organisé, en interne comme en externe, plusieurs séances de négociation entre
leaders souvent éphémères dans le but du partage équitable et équilibré du pouvoir, en fait du
partage du gâteau (dividendes), la politique étant considérée comme voie facile d'accumulation
des gains issus de la prédation et de la corruption.
En effet, J.-P. Lotoy26 fait remarquer qu’en RDC (elle-même produit de négociations entre
puissances extérieures en Conférence de Berlin en 1885), plusieurs dialogues ont eu lieu et ont
façonné la sociogenèse de l’Etat congolais. C’est pourquoi, face à des crises de légitimité qui ont
surgi entre politiciens, (menaces de troubles contre les pouvoirs établis, contestations
électorales…), les « compromis politiques entre acteurs supplantent le produit des joutes
électorales… L’ADN national… prédispose les acteurs politiques congolais à se parler devant
toute situation susceptible de semer des malentendus ou toute situation parsemée de
malentendus comme stratagèmes et cela, sans recourir à l’arbitrage du peuple… Privilège a été
accordé aux réalités conjoncturelles au détriment des réalités structurelles. C’est ainsi que la
personnalisation a été au rendez-vous de tous les accords issus des négociations entre ou en
faveur des Congolais…A chaque occasion, la communauté internationale, c’est-à-dire les
puissances en vue du moment, s’invite toujours dans le débat congolais pour provoquer des
attitudes et états d’âme ou infléchir des comportements souvent sans tenir compte du Congo et
du peuple congolais ».
Dans tous les cas, toutes ces concertations n'ont servi que des intérêts des individus, des
politiciens carriéristes ou amateurs, qui en profitaient à chaque occasion, pour se mettre sur les
rails de la prédation et de la corruption. Il en a été ainsi de la Conférence Nationale Souveraine

25
Lire à ce sujet Mambi Tunga-Bau, Héritier, Pouvoir traditionnel et contrats de cession des
terres en RDC, L’Harmattan, 2012.
26
Dialogues et démocratisation en RDC, Introduction au Séminaire d’Histoire politique du Congo,
FSSAP, UNIKIN, Kinshasa.
qui a globalement échoué, tout en générant plusieurs mini concertations qui ont porté au pouvoir
des personnes-ressources dont on ne pouvait soupçonner les ambitions politiques, à l’exemple du
Prélat catholique27 (qui en devient Président). Cette CNS a conduit à la mise en place du HCR-
PT (Haut Conseil de la République-Parlement de Transition) dont fut Président le même Prélat.
Toutes ces péripéties ont permis le prolongement indéterminé de la période transitoire, jusqu'à ce
que la guerre de l'AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo)
donna l’occasion à Laurent-Désiré Kabila de s'emparer du pouvoir par la force le 17 mai 1997.
Le radicalisme du pouvoir arraché par la force couplé aux conflits internes entre partenaires
au sein de l’AFDL28 ont provoqué des rébellions qui ont fractionné le pays en plusieurs zones de
belligérance : le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD-Goma) à Goma, Bukavu
et Kisangani, le RCD-Kisangani Mouvement de Libération (RCD-KML) à Beni-Butembo,
l’Union des Patriotes Congolais (UPC) de Thomas Lubanga et le Front des Nationalistes
Intégrationnistes (FNI) de Ngujulu en Ituri, le RCD-N de Roger Lumbala dans le Haut-Uele, le
Mouvement de Libération du Congo (MLC) de J.-P. Bemba au nord de l’Equateur… La
réunification du Congo s’est faite aux prix des concessions des uns et des autres qui ont abouti,
au terme d’âpres négociations en Afrique du Sud (Sun City), à l’Accord Global et Inclusif. Il en
est issu le Gouvernement dit 1+4 (Quadriumvirat composé d’un Président secondé par 4 Vice-
présidents de la République) ayant consacré le partage du pouvoir entre les belligérants et les
opposants non armés.
Les dernières négociations en vue des élections de 2018 ont été menées en deux phases : la première initiée par
l’Union Africaine (UA) sous son mandat et la modération d’Edem Kodjo, a été suivie de la phase corrective sous
l’égide de la CENCO (Conférence Episcopale Nationale du Congo) ayant débouché sur le non moins controversé
Accord dit de la Saint-Sylvestre signé le 31/12/2016. A propos de ce dernier, une analyse froide peut révéler les
vrais enjeux qui en ont fait un accord fort controversé et porteur de germes de conflictualité.
En effet, à la suite de la crise politique consécutive à la non organisation des élections dans le délai constitutionnel
en 2016, les politiciens ont été conviés à une concertation à la Cité de l’Union Africaine, sous la modération du
Togolais Edem Kodjo, préposé de l’UA. Alors qu’on s’acheminait lentement vers une solution négociée, la
Belgique organise les opposants absents à ces assises et utilise le délégué de l’Eglise catholique pour bloquer ces
assises en claquant la porte sous prétexte d’exiger l’inclusivité. Malgré tout, un premier glissement29 a permis
d’opérer un passage en douceur dans l’après-délai constitutionnel avec Samy Badibanga, membre actif de l’UDPS
de l’opposant Tshisekedi, comme Premier Ministre.
Comme pour protester contre la solution d’une crise africaine par les Africains eux-mêmes, en dehors de la
supervision européenne, la Belgique va instrumentaliser les opposants restés hors course pour réclamer de nouvelles
négociations plus inclusives.
Pour exécuter la tâche, la métropole belge a recouru à l’Eglise catholique, alliée des pouvoirs occidentaux de tous
les temps, depuis la traite esclavagiste, pour dénigrer Kodjo et exiger de nouvelles négociations. Dès lors, le pouvoir
cède à ce chantage et accepte de confier la modération au clergé catholique. Les assises vont quitter le lieu politique
formel (Cité de l’UA) pour se transposer en un lieu privé (Siège de la Conférence Episcopale Nationale au Congo,
CENCO). Des centaines de négociateurs qu’il y avait à l’UA, on est passé à quelques dizaines à la CENCO où les
27
En 1992, Mgr Mosengwo, alors Archevêque de Kisangani, organise à Kinshasa, contre l’avis du
Cardinal Frédéric Etsau, Archevêque de Kinshasa, la très controversée et mortelle marche des
Chrétiens en février 1991. Les nombreux morts sous les balles de la gendarmerie nationale ont
alimenté une comptabilité macabre qui a permis de faire pression sur Mobutu pour qu’il rouvre la
CNS afin que ce Prélat accède à la Présidence de la CNS. Ce qui fut fait. Devenu Cardinal
Archevêque de Kinshasa, le même Prélat a tenté, cette fois-ci sans succès, de refaire la même
expérience avec les marches organisées en 2018, dans la perspective d’assumer le rôle de Président
de la République en cas d’une transition projetée sans le Président Kabila. Toutes ces manœuvres
politico-criminelles se passaient sous la supervision notoire de la Belgique, laquelle n’a jamais
cessé de se servir de l’Eglise catholique, depuis Léopold II pour contrôler l’ancienne colonie.
28
Le Président L.-D. Kabila qualifiera lui-même ce mouvement qui l’a mené au pouvoir de
« conglomérat d’aventuriers et d’opportunistes ».
29
Le mot glissement est utilisé en politique congolaise pour désigner l’exercice du pouvoir hors
délai constitutionnel. Ainsi, la Majorité présidentielle a glissé une première fois et une deuxième
fois avec les différentes branches de l’opposition, respectivement avec les Premiers ministres Samy
Badibanga et Bruno Tshibala, tous issus de l’UDPS et anciens collaborateurs du leader Etienne Tshisekedi.
trois ténors du clergé, visiblement téléguidés par le puissant Cardinal Archevêque de Kinshasa, celui-là même qui,
sous la transition mobutienne, avait présidé la CNS de tous les espoirs déçus ainsi que le Parlement qui en était issu.
Ces modérateurs vont accumuler une série de maladresses qui finiront par susciter la méfiance des délégués de la
majorité au pouvoir. A charge de cette partialité sacerdotale, on note plusieurs erreurs, notamment :
1ère erreur : la modération prend ouvertement parti pour la branche de l’opposition radicalisée qui est renforcée de
l’aile restée dure.
2ème erreur : la modération dévoile aux yeux de tous qu’elle est téléguidée par la Belgique, comme le témoignent les
nombreuses suspensions des séances suivies des déplacements à Bruxelles d’où étaient exhibées, sans scrupules ni
honte, les photos prises avec les autorités belges, notamment Didier Renders, ministre des affaires étrangères,
inspirateur de la modération ecclésiastique.
3ème erreur : le principe de discrétion chère à l’Eglise catholique romaine en cas de modération (selon les principes
de l’institution ecclésiastique San Eugidio) est systématiquement violé, les prélats se lançant dans d’innombrables
sorties médiatiques, quelquefois avec des langages impropres aux hommes de l’Eglise.30
4ème erreur : l’accord est personnalisé car on tient à faire jouer un rôle important à Etienne Tshisekedi, pourtant déjà
visiblement épuisé par la maladie et le poids de l’âge. Il mourra d’ailleurs peu après, laissant derrière lui une lutte
des partisans dont son fils Félix Tshisekedi pour la succession.
L’accord conclu est truffé d’un nom pompeux : Accord de la Saint Sylvestre, pour avoir été signé dans la
précipitation la veille du 1er janvier 2017. Sous pression, la majorité au pouvoir signe avec réserve, mais refuse que
le nom du Premier ministre soit imposé au Chef de l’Etat à qui l’opposition devait proposer trois candidats pour un
choix raisonné.
Les choses se compliquent avec la mort d’Etienne Tshisekedi. Sa succession divise l’opposition, y compris au sein
même de son parti, l’UDPS, notamment entre Samy Badibanga, Bruno Tshibala, Valentin Mubake et son fils Félix
Tshisekedi. La nomination de l’ancien bras droit d’Etienne Tshisekedi pour le remplacer au détriment de son fils
ajoute à la confusion et appelle à des contestations qui désemparèrent l’Eglise. Depuis, le Premier ministre Bruno
Tshibala s’est maintenu au pouvoir sans le consentement de l’Eglise qui crie à la violation du sacro-saint Accord de
la Saint Sylvestre, dont le pouvoir affirme s’y être conformé. L’Eglise recourt aux marches avec l’espoir de
comptabiliser les morts à vendre à l’opinion internationale, une pratique chère au Cardinal Monsengwo qui s’en
était servi le 16 février 1992 pour accéder au poste de Président de la CNS, puis de Président du Haut Conseil de la
République-Parlement de Transition.
Alors qu’on s’acheminait vers le respect de la date des élections prévues le 23/12/18 (reportée au 30 du même mois,
sans l’espace Beni-Butembo au Nord-Kivu et sans le territoire de Yumbi dans le Maindombe) telle que fixée par
l’Accord, on note encore un paradoxe : l’Eglise et les opposants qui réclamaient l’organisation des élections à corps
et à cri s’inquiètent de l’acharnement du pouvoir en place de les organiser effectivement ! Certes que les
contestataires rêvaient de nouvelles négociations pour esquiver l’organisation des élections pour lesquelles les gens
ont été envoyés à la mort par les mêmes acteurs tant de l’opposition que de l’Eglise catholique 31, ce qui n’est pas
impossible dans ce pays aux interminables négociations !
Effectivement, les élections ont eu lieu le 30 décembre 2018. L’Eglise catholique s’est ostensiblement impliquée
dans la campagne électorale du candidat de l’Occident. Ce qui explique, avant leur reconnaissance tacite, le rejet par
elle (comme par les Occidentaux) des résultats définitifs proclamant vainqueur Félix Tshisekedi, Président de
l’UDPS qui, en alliance avec le Président sortant, forment, du moins pour le moment, le camp des patriotes non
inféodés à l’Occident. Mais on peut prévoir que l’Occident mettra tout en œuvre pour récupérer le contrôle de ce
pays qu’il s’emploiera, comme toujours, à dominer.

30
Monseigneur Ambongo et l’Abbé Shole, respectivement Vice-président et Secrétaire Général de
la CENCO, étaient friands des déclarations intempestives aux allures belliqueuses contre le
pouvoir, ce qui renforça la méfiance des représentants de la Majorité aux négociations. La
négociation fut dès lors viciée et les résultats condamnés d’avance à l’échec.
31
A la suite du succès controversé des marches organisées par l’Archevêché de Kinshasa sous le
Cardinal Monsengwo, l’UDPS en revendique la paternité en révélant au public le deal conclu entre
l’Eglise et ce parti, connu pour sa capacité de mobiliser des combattants endiablés. Selon le
Secrétaire Général de ce parti, il y aurait eu, pour la réussite de ces marches, 50% de pieux
chrétiens et 50% de combattants (voyous) mobilisés par l’UDPS !

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