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En France, en 1848, le suffrage censitaire a été supprimé pour laisser place au suffrage

universel masculin et a ainsi amené à l’apparition des partis politiques. En effet, avant
l’institutionnalisation de ce suffrage universel, la vie politique se constituait d’un petit cercle
regroupant les élites. Il y a donc eu, à partir de 1848, un élargissement du corps électoral,
des millions d’électeurs sont apparus. Cela a entraîné une intensification de la compétition
électorale, il fallait désormais prendre en compte les voix des classes populaires bien plus
nombreuses et les inclure dans le « jeu » électoral. Ceux-ci n’était donc pas au courant des
idées et des programmes au cœur des élections, il était donc nécessaire de créer des partis
politiques afin de leur proposer un repère idéologique. Ces partis politiques ont vite été
remis en cause par Charles Peguy avec sa célèbre citation dans notre jeunesse lors de
l’affaire Dreyfus en 1894 « Tout parti vit de sa mystique et meurt de sa politique ». L’auteur
explique sa déception face à Jaurès qui utilise cette affaire opposant les dreyfusards aux
anti-dreyfusards à des fins politiques. Dans cette citation, Peguy insinue que les partis, étant
une association rassemblant des citoyens unis par une philosophie et une idéologie avec
pour objectif la conquête et l’exercice du pouvoir. vivent et existent de leur mystique c’est à
dire au sens de Peguy les idées, croyances, et doctrine sur lesquels les partis se basent. Ils
doivent répondre à nos besoins mais lorsqu’on arrive au moment de la mise en place de ses
idées, lors de l’arrivé de la politique c’est à dire l’exercice du pouvoir, le parti finit par mourir,
il cesse d’exister et n’a donc pas respecter les attentes de la population. On peut alors se
poser une question face à cette vision de peguy. Comment faire appliquer l’intérêt général
dans la société ?

En premier temps, nous verrons que dans les systèmes démocratiques, ils se basent sur les
partis politiques. Dans un deuxième temps, nous exposerons alors une nouvelle approche
de l’application de cet intérêt général de par les nouveaux outils dans notre société.

Premièrement nous donnerons une approche de cette problématique par le système


partisan à travers son utilité, la perte de confiance des citoyens de nos jours et la crise
touchant ce système.

I. Le système partisan

A. L’utilité des partis politiques

Il y a une véritable dimension mystique dans les partis politiques, elle s’incarne dans la
croyance au sein d’un groupe en un principe. Ils n’ont alors d’utilité que par rapport à leurs
convictions, valeurs et projets. Ils se doivent de représenter le peuple et leur
mécontentement et de proposer une solution aux problèmes. Ils anticipent une future
gestion étatique de la société afin de faire appliquer l’intérêt général. Il existe différents partis
politiques s’opposant sur des enjeux sociaux, politiques et culturels, c’est ce que Stein
Rokkan et Seymour Lipset appelle les clivages. Ces partis reflètent les intérêts de groupes
sociaux différents et montrent une division dans la société. Pour proposer une réponse aux
enjeux actuels, les partis possède une fonction programmatique, développé par Robert
Merton dans éléments de théorie et de méthode sociologique, c’est à dire qu’ils offrent des
programmes, une idéologie et se doivent d’être des lieux de débat et de réflexions afin que
les électeurs se repèrent. Par exemple en Italie, on différencie le partito démocratico de
centre-gauche réunissant des courant communiste et de la démocratie chrétienne et forza
italia de droite, libérale conservateur. D’après la définition de Michel Offerlé dans son livre
Les partis politiques, ceux-ci offrent des idées et des programmes en échange de soutien.
Ils se basent fortement sur ce soutien de leur adhérant, ils sont d’ailleurs financés en partie
par ceux-ci.

B. La perte de confiance

La légitimité des partis politiques se base alors surtout sur leur repère idéologique, le soutien
et la participation de la population. Mais de nos jours, ils perdent de plus en plus ce soutien.
Les citoyens ont à chaque fois, les mêmes espoirs, les mêmes craintes et cela se finit
toujours par les mêmes résultats. Les partis sont parmi les institutions suscitant la défiance
la plus forte aujourd’hui, en France, d'après le baromètre annuel du CEVIPOF, en février
2021, seulement 16% des français déclarent avoir confiance dans les partis politiques. Cette
perte de confiance est due à la non réponse aux besoins de la population et au non- respect
de leur promesse, en Suède par exemple dans les années 1980, les conservateurs ont
poursuivi les politiques de leurs prédécesseurs socio-démocrates. On peut alors parler ici de
la révolution silencieuse, présentée par Ronald Inglehart dans les années 1970. L’auteur
montre qu’il y a un affaiblissement de ces clivages traditionnels au profit de nouveaux
clivages car il y a une transformation des sociétés. De ce fait, il y a de nouvelles valeurs «
post-matérialistes » les oppositions sociales se basant maintenant sur elles comme l’égalité
des sexes, l’écologie, l’orientation sexuelle, le style de vie… Il y a également une hausse
des attentes des électeurs ethos consumériste comme le développe Pierre Martin dans
Crise Mondiale et systèmes partisans. Les partis n’arrivent pas à répondre correctement à
ses questions et la population perd ainsi confiance car leur besoins et leur espoirs ne sont
pas respectés. Ils perdent ainsi de leur mystique et de leur légitimité.

C. La crise des partis politiques

De plus, les partis politiques sont sujets à un grand discrédit. Cette difficulté à penser le
monde d’aujourd’hui fait perdre la confiance ainsi que les grands récits idéologiques. La
réflexion doctrinale est absente car les partis sont dessaisis de leur fonction
programmatique, leur centre de réflexions et la production des programmes est délégué aux
Think Tanks. C’est ce qu’expose Remi Lefebvre dans son texte « vers un nouveau modèle
partisan ? Entre déclassement des partis de gouvernements et avènements des partis-
mouvemnts », pour lui, en plus d’avoir déléguer la Réflexion doctrinal, les partis ne sont plus
des lieux d’auto-formation et ces débats politiques et idéologique se sont déplacés vers les
arènes médiatiques, les espaces intellectuelles et les réseaux sociaux. L’évolution des
médias est un des facteurs du déclin, rythmée par des polémiques elle crée la panique
programmatique. Les discours public et les débats politiques se font par le biais des médias,
ils deviennent alors pauvre et superficiel car on ne discute plus vraiment des projets et des
programmes, on y voit des répliques improvisées. Cela réduit alors les citoyens à l’état de
spectateur passif, seul les leaders ont la parole. Cela nous ramène à la dévaluation du
militantisme, il y a de moins en moins de participation électorale et avec les primaires ou
même l’arrivée des nouveaux partis « professionnels », les militants sont dépossédés d’une
de leur principes prérogatives, leur droit à l’expression.

Les partis politiques sont donc en plein déclin, la population ne leur fait plus confiance. Il y a
un déclin de leur dimension mystique et ils ne parviennent pas à répondre aux attentes de la
population et ne respectent alors pas l’intérêt de celle-ci. Il faut alors penser une nouvelle
approche afin de faire appliquer l’intérêt générale, c’est ce que nous exposeront en
deuxième temps à travers les autres formes et outils dans notre société, puis nous poseront
la question de la réponse à l’intérêt générale de ces nouveaux outils et pour finir la remise
en cause du système.

I. Les nouvelles approches

A. Les nouveaux outils


Un exemple de nouvels outils est les groupes d’intérêt. Définit comme une organisation
collective défendant des groupes et des principes en intervenant auprès des acteurs
politiques et autorités publiques. Ils ne sont pas directement engagés dans la compétition et
l’exercice du pouvoir, ils l’influencent. Ces groupes d’intérêts se sont multipliés et diversifiés
en forme d’action collective, qui consiste à exercer une influence pour obtenir cet intérêt par
des formes d’action allant de la négociation, les discussions jusqu’à d’autres formes comme
le boycott, la grève, la pétition. On peut également parler des « nouveaux mouvements
sociaux » expliqué par Charles Tilly en 1984 dans la France conteste, de 1600 à nos jours
dans lequel il analyse la transformation de l’action collective. Ces mouvements consistent à
revendiquer des enjeux « post-matérialistes » centrée sur la reconnaissance de l’identité et
de la qualité de vie en pesant sur les acteurs politiques, par exemple les mouvements
féministes. Il y a aussi la question du lobbying, une évolution du mode d’action des groupes
d’intérêts dont le but est d’essayer d’influencer la législation, la réglementation et d’orienter
les décisions publiques pour le bien commun en pesant également sur le pouvoirs publics
mais sans vouloir l’exercer. La NRA aux Etats Unis est un exemple de lobby par rapport à la
question du port des armes à feu.

B. Les limites et le problème de l’intérêt générale

Mais même ces différentes formes de faire appliquer l’intérêt général ont des limites. Les
groupes d’intérêts, nouveaux mouvements sociaux et lobby peuvent devenir néfastes pour
la société. Tout comme les partis politiques, les acteurs de ces mouvements défendent des
principes mais leur campagne peut devenir malhonnête. Pour beaucoup, ces groupes sont
une affaire d’argent. Les citoyens ont alors moins envie de participer à la vie politique car le
système est aux services des élites, effectivement l’accroissement du coût des campagnes
par exemple du lobbying empêchent les pauvres d’être représentés et d’y avoir accès. Le
problème est également, que ce soit dans les partis politiques et les groupes d’intérêts, que
le système est basé sur le critère d’utilité pour le plus grand nombre et pour un bonheur
maximal selon la théorie utilitariste de Jeremy Bentham. C’est d’après Rawls dans son livre
théorie de la justice, pourquoi il y a toujours des inégalités dans le système. Pour lui
privilégier la collectivité empêchera toujours la mise en place de l’intérêt général au final. Les
citoyens votent selon leur intérêts privés,et non en pensant aux différences au sein du
système cela empêche donc la modification des valeurs sociétales. Il faudrait pour atteindre
cet objectif, remettre en cause le système.

C. La remise en cause du système

D’après Rawls, avec sa théorie du voile de l’ignorance, il faudrait oublier sa position, son
identité sociale et ne pas avoir la possibilité de défendre ses propres intérêts pour pouvoir
arriver à un accès égal aux ressources et aux droits et régler le problème de l’injustice. Il
faut donc imaginer que l’on est pas soi et penser de manière rationnelle. Il faudrait
également changer le système pour pouvoir répondre réellement aux nouveaux clivages
dont nous parle Ronald Inglehart se basant sur l’identité et le niveau de vie pour répondre
aux envie de la population et ainsi appliquer l’intérêt générale. On peut prendre comme
exemple de nouveau système celui de Brunot La tour dans face à gaia, qui répondrait ainsi
à la question climatique, une des nouvelles valeurs « post-matérialistes ». Dans ce système,
il faut reconnaître la possibilité d’une fin du Monde et prendre l’atmosphère au sérieux, ne
pas se laisser tromper par la tentation de l’espérance. Il ne faut pas basculer dans la
panique et cesser d’attendre. Latour veut échapper à l’optimisme et au pessimisme et choisit
le moins-pire-isme contre l’espoir naïf. C’est pour lui une révolution je cite « nous ne serons
plus jamais comme nous l’avons été » il ne faut donc pas suivre les acteurs ou les
formations de réseaux d’association. Il dénonce d’ailleurs les « fausses controverses » du
lobbying. Latour prône dans ses conférences le « compositionniste » des puissances c'est-
à-dire une recomposition de la science, la politique et la religion pour faire des humains des
être plus capable de répondre et plus sensible à la Terre.

Conclusion :

En conclusion, les partis politiques sont utilisés dans les sociétés dans le but de respecter et
appliquer l’intérêt général, ils se basent sur la mystique, une idéologie et des programmes et
le soutien. Mais il y a de nos jours une perte de confiance de la population et donc de
soutien ainsi qu’une crise des partis, perdant ainsi leur dimension de mystique et leur
fonction programmatique donc perdent leur légitimité. On peut alors se questionner sur les
autres outils utilisé dans nos sociétés afin de faire appliquer l’intérêt générale, mais ceux-ci
ont également des limites et dérive de leur fonction principale, le problème serait donc plus
profond que les partis politiques, la seul solution serait donc de remettre en cause
directement le système afin d’en créer un capable d’appliquer l’intérêt général.

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