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I. La notion de politique
A. Un terme polysémique
1. Des usages multiples
Politique = notion courante
En français on utilise ce terme comme adjectif et comme nom. En anglais, ce terme est plus
nuancé : politics, policy, polity/the political
● L’État
Max Weber a dit : “Une communauté humaine qui, dans les limites d’un territoire déterminé
revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique
légitime”
➢ “Violence physique”
Déploiement de la contrainte mais pas forcément de la violence. La contrainte physique est
effective ou potentielle.
Contrainte physique effective = capacité réelle d'utiliser la force physique
Contrainte physique potentielle = possibilité future d'utiliser cette force
➢ “Légitime”
Reconnue comme acceptable par la société
Moscou a autorisé les régions à créer des milices pour lutter contre les attaques extérieures.
Pourquoi ? C’est un moyen de diluer les responsabilités. Ainsi, si une région est attaquée,
l’Etat n’est plus coupable.
On pourrait penser que l’assassinat de Prigojine est une manifestation de pouvoir de l’Etat
pourtant il s’agirait davantage d’une manifestation de faiblesse. En effet, cette situation
montre bien que le monopole de la violence de l’Etat n’est pas assuré.
Activités visant à réguler les conflits d’intérêts qui s’expriment nécessairement (les pacifier,
les encadrer, les éliminer, suivant les régimes…). Le régime démocratique cherche un
moyen de concilier les avis divergents.
B. Des contours flous et évolutifs : “tout est potentiellement politique” (J. Leca)
1. Tout fait social peut être pris en charge (ou non) par le politique
Beaucoup de choses n’ont pas toujours relevé des pouvoirs publics. Par exemple, le
ministère de la culture en France n’existe pas dans tous les pays et n’a pas toujours été
présent en France. La culture a donc été politisé. Autre exemple : le droit du travail.
Désormais des règles encadrent la relation de travail et contiennent des sanctions si elles ne
sont pas respectées (âge légal du travail, durée du travail). Pendant longtemps le travail ne
relevait pas du domaine politique. On se contentait du contrat entre le travailleur et
l’employeur. Il a fallu attendre le milieu du XIXe siècle pour que l’Etat intervienne pour la
première fois dans le domaine du travail. Ainsi, l’Etat interdit aux enfants de moins de 8 ans
de travailler. Des institutions sont créées afin de permettre à l’Etat d'exercer son monopole
de la violence légitime comme l’inspection du travail.
On peut donc voir que ce qui n’était pas du tout naturel à l’origine est devenu naturel : c’est
le caractère politique naturalisé. Il n’existe pas de faits sociaux naturellement politiques
mais beaucoup sont susceptibles de le devenir : c’est le processus de politisation.
Le droit est un des vecteurs centraux des politiques publiques. Ce dernier est évolutif.
Le 10 juillet 1976, une explosion dans l'usine chimique Icmesa a entraîné la formation d'un
nuage de dioxine qui a gagné la ville de Seveso en Italie. Cette catastrophe industrielle a
poussé les pouvoirs publics à agir. C’est ainsi que la Directive Seveso voit le jour.
La directive Seveso impose aux États membres de l’Union Européenne d’identifier les sites
industriels à risque pour y maintenir un haut niveau de prévention. Les Etats doivent aussi
établir un plan d’urgence interne et externe.
2. Toute activité sociale peut avoir (ou non) une dimension politique
Le carnaval de Trinidad est un lieu de critiques envers les gouvernants et un lieu
d’inversement des rôles. En renversant symboliquement l’ordre à des dates fixes, on
contribue en fait à le maintenir en dehors du carnaval. Parfois le carnaval peut faire
déboucher à une véritable insurrection politique comme le mouvement Black Power (années
70) influencé par le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis.
Denis Constant-Martin a étudié le carnaval de Trinidad. Il s’agit d’une des manifestations les
plus fortes de la culture trinidadienne. Denis Constant-Martin montre que ce carnaval
contribue à installer à Trinidad des codes symboliques qui évoquent le pouvoir et vont avoir
une incidence sur la vie politique de façon générale. Par exemple, la compétition entre les
groupes de carnaval est centrale dans ce carnaval. Cet aspect influence la conception de la
compétition politique.
Le carnaval de Trinidad évoque aussi le goût du rire et de la critique. En effet, les
trinidadiens sont attachés à la liberté de parole. Le carnaval déteint sur la vie politique. Le
mouvement nationaliste s’est appuyé sur les groupes de carnaval.
population ne voit pas ce problème pris en charge par les pouvoirs publics. Par conséquent,
la rumeur est un moyen alternatif d’exprimer des revendications politiques. Elle
permet de recentrer le débat sur l’insécurité et de renforcer l’unité de la collectivité. En effet,
les “voleurs” désignés sont souvent des étrangers. Ces “voleurs” sont souvent des Nigériens
à cause des tensions entre le Niger et le Cameroun. Malgré les apparences, une rumeur a
donc une dimension politique.
➢ Indices
Jean Leca donne des indices pour repérer les sujets à dimension politique :
- Montée en généralité (se référer à des grands principes)
- Dimension conflictuelle de la position (existence de clivages)
I. Le pouvoir politique
A. La notion de pouvoir
1. Une définition du pouvoir
“A exerce un pouvoir sur B dans la mesure”
Pour qu’il y ait pouvoir, il faut qu’il y ait une asymétrie. Selon la définition de Robert Dahl :
- Il n’y a pas de pouvoir tout seul
- Il faut une capacité réelle à soumettre quelqu’un à son volonté pour parler de pouvoir
- B n’agit pas forcément contre sa volonté
Légalité Légitimité
● Légitimité traditionnelle
Elle repose sur la “croyance en la sainteté de traditions valables de tout temps et en la
légitimité de ceux qui sont appelés à exercer l’autorité par ces moyens”
Introduction à la science politique
Tout le monde peut être tour à tour Seuls les meilleurs des gouvernés peuvent
gouvernant et gouverné devenir gouvernants
Bernard Manin explique qu’à Athènes il y avait aussi des représentants par exemple dans la
rédaction des textes de lois. Ce qui distingue les deux démocraties est la manière d'élire
les gouvernants : à Athènes les représentants étaient élus par un tirage au sort complété
par un système de rotation des charges. Les athéniens sont réticents face à la
professionnalisation car pour eux il faut être tour à tour gouvernant et gouverné.
Or dans la démographie représentative il faut avoir des qualités pour être un bon
représentant. Donc il y en a certains qui sont plus capables que d’autres d’être des
représentants contrairement au principe athénien.
Le tirage au sort met tout le monde à égalité (mécanisme de sélection à fonction
démocratique) contrairement à l’élection (mécanisme de sélection à caractère
aristocratique). Mais à Athènes n’était élu que ceux qui avaient envie d’être représentants.
De plus, les représentants avaient des comptes à rendre à la fin de leur mandat et pouvaient
être révoqués. Un des arguments avancés en termes de difficulté pratique est que la
démocratie directe est réservée aux petits États. Il y a une volonté délibérée d’écarter une
partie du peuple car jugé peu apte à délibérer quotidiennement sur les affaires de la Cité
(volonté de s’appuyer sur une conception aristocratique). Les révolutionnaires ont aussi
une volonté de fonder le pouvoir sur un consentement du peuple (légitimation) ⇒ ce serait
un meilleur moyen puisque le peuple légitime le pouvoir à travers l’élection. La démocratie
représentative repose sur des éléments d’apparence non démocratique. Le mandat
Introduction à la science politique
Sous l’Ancien Régime, la souveraineté est détenue par le monarque et personne ne peut
contester ses décisions. Les philosophes des Lumières contestent l’absolutisme royal. Pour
eux, le souverain doit être le peuple et non le monarque.
3. L’usage de la raison
Selon les philosophes des Lumières, c’est l’usage de la raison qui va mettre fin à
l’absolutisme royal. L’Ancien Régime est fondé selon eux sur le fait que le peuple est
maintenu en enfance (on ne lui permet pas de réfléchir par lui-même). La solution selon les
philosophes des Lumières est d’éclairer le peuple à travers leurs écrits. Ainsi, le peuple a les
moyens d’exercer sa raison et d’exercer son sens critique sans être guidé par quiconque.
Les révolutionnaires sont très largement les héritiers de cette conception. L’article 3 de la
DDHC exprime que le peuple est un tout. Pierre Rosanvallon a réfléchi à l’histoire du
suffrage universel. L’exercice de la souveraineté répond à une exigence du nombre,
d’inclusion (volonté que tous les individus soient égaux). Rosanvallon dit que le suffrage
universel doit répondre à l’exigence de la Raison (idée d’être capable de réfléchir par soi
même).