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Politiques publiques

Floriane Wyss

18 février 2013

Introduction aux « Politiques publiques »


Première partie

Deuxième partie
Décision prise : Est-elle mise en œuvre ? Comment est-elle mise en œuvre ? Application
respecte-t-elle la volonté ?

Troisième partie
Législation sur le chômage par exemple, évolue. Il n’y avait pas d’assurance chômage
obligatoire jusque dans les années 70. Dans d’autres pays, cette assurance chômage
obligatoire est venue avant, pourquoi ? Comparaison.
Changement est interprété de manière différente selon écoles de pensées.
Selon les lentilles employées, l’analyse des facteurs qui expliquent le changement va être
différente.

Quatrième partie
Transformations des modes d’intervention publique, c’est-à-dire que la manière dont les
pouvoir publics interviennent pour réguler la société changent. Par ex, l’international prend
une place plus importante, c’est une des modifications importantes de l’action publique.

Examen
Écrit de 4h
Une grande question de réflexion (2 à choix, on en traite 1), dév sur max 2 pages - 3 points
+
3 petites questions de connaissance (4 à choix, on en traite 3) - 1 point par question -
importance des 2 lectures obligatoires

1. Situer l’analyse des politiques publiques


Votation fédérale du 3 mars
 Initiative Minder
L’initiative agirait sur la manière dont sont gouvernées les entreprises, il s’agit donc de
régulation publique sur la manière dont doivent être gouvernées les entreprises
Contre-projet indirect = Les parlementaires proposent aux initiants de retirer leur initiative, ils
vont donc à la place de l’initiative, faire une proposition différente qui va dans le sens de
l’initiative, mais qui ne comprend pas tous les points de l’initiative.

 Introduction d’un nouvel art cst d’aide aux familles


On parle de politique familiale ou de politique de conciliation entre famille et travail. Travaux
qui ont montré qu’un des moteurs de ces changements était le changement de position des
employeurs qui se sont ralliés à ce type de conciliation entre vie professionnelle et vie privée.

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 Loi sur l’aménagement du territoire (LAT)


On parle de politique de l’aménagement du territoire, donc pol territoriale ou pol à incidence
spatiale. Enjeux de la réglementation ; les opposants disent qu’il ne faut pas « sur-
réglementer » => Le fonctionnement des entreprises est une affaire de gouvernance interne, la
vie familiale est une affaire privée et non de l’État, etc.

1.1. Introduction
1.1.1. Les politiques publiques : de notre naissance à notre mort

Influence avant notre naissance


Notre naissance peut dépendre de la législation en vigueur à ce moment, ou de facteurs
indirects.
Exemple de l’interruption volontaire de grossesse et exemple des facteurs indirects => en
Europe les pays qui ont les taux de fécondité le plus bas sont les pays dans lesquels l’État
social est peu développé, alors qu’avant ces pays avaient un taux élevé de fécondité,
puisqu’ils étaient des pays dans lesquels la religion amenait à faire bcp d’enfants.

Influence sur la mort


Notion de sécurité routière qui fait dépendre la mort des personnes, questions de l’euthanasie.

Influence après notre mort


Notre succession dépend également des politiques publiques.

1.1.2. L’État « au concret » (J. G. Padioleau, 1982)


C’est-à-dire qu’on l’étudie dans ses manifestations concrètes, à ras les pâquerettes.
Même l’état français qui était réputé être un état fort se trouvait face à des problèmes, donc
force doit être relativisée.

L’analyse des pp déplace la focale sur les manifestations concrètes des actions des pouvoirs
publics. Si on étudie l’État au concret, on ne pourra pas se satisfaire de ce que fait l’État en ne
regardant que des documents officiels, car ces docs ne montrent que ce que l’État veut faire
sur le papier, mais pas forcément ce qu’il fait réellement.
 Exemple
Imposition du port de la ceinture, mais après il faut vérifier si chacun obéit, alors certains
disent que l’État ne peut pas faire grand-chose, car les sociétés sont trop complexes.
D’autres à l’inverse, sont d’avis qu’il est possible pour l’État d’agir, parfois en utilisant la
carotte plutôt que le bâton, privilégier les incitations positives plutôt que les punitions.

La catégorisation des politiques publiques est complexe, car pouvant être question de
plusieurs pp.
 Exemple de votation sur les taxes de douanes sur les carburants impliquant plusieurs pp
Taxe : politique fiscale
Droit de douane : politique commerciale
Carburant : politique énergétique
Taxes devaient être reversée pour les transports : Politique des transports

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1.1.3. Une construction analytique autour du terme « politique »


Ce qui est politique, c’est l’allocation autoritaire (par l’état) de ressources et de valeurs.
La conséquence de la plupart des politiques lorsqu’elles sont mises en place, est qu’il y a des
choses prescrites (à faire), interdites (à ne pas faire) et des choses entre deux, qui ne sont pas
interdites, mais qui sont déconseillées, etc. C’est autoritaire, car les pouvoirs publics disent
« c’est comme ça ! », on peut discuter de la légitimité, les pouvoirs ont été élus
démocratiquement, mais ce n’est pas la question.

 Harold Lasswell (1936) : Who gets what, when, how ?


De quoi est-il question en politique ? Qui reçoit quoi, quand et comment ? (par quels moyens,
par quels rapports de force, etc. ?)
Pour Lasswell, la politique est une affaire de distribution de ressources. Papadopoulos ajoute
qu’il ne s’agit pas que de ressources matérielles, mais aussi de valeurs.
Lasswell a écrit Psychopathologie et politique, où il analyse psychologiquement des
comportements politiques, il a contribué à développer l’analyse des pp aux USA.
La politique sociale est une affaire de redistribution de ressources, on prend de l’argent à une
certaines catégories de la pop (peuple, travailleurs, employeurs, etc.) pour le redistribuer à une
autre catégorie (retraités, chômeurs, malades, etc.).

Il y a une interaction entre la politique et les politiques ; la politique (dans le sens de système
politique) configure les pp et les rapports de force politiques ont un impact sur les pp.

Une recherche nous dit qu’il y a plusieurs types d’État social, un de ces types est l’État social
bismarkien qui vient de Bismark ; chancelier de la Prusse de l’époque (fin 19 ème). Le
concepteur de l’État était donc Bismark, conservateur autoritaire. Pourquoi a-t-il donc mis en
place un État social ? L’idée de Bismark, confronté à un mouvement ouvrier, était de couper
l’herbe sous les pieds du mouvement social-démocrate en faisant des réformes d’État social
favorable aux travailleurs pour que ces derniers aient moins de demandes. Il s’agit donc d’un
calcul politique.

L’autre aspect : Une fois que les pp sont mise en place, elles configurent la politique.
Les mesures de politiques sociales créent des bénéficiaires, par exemple les retraités, il y a
aussi des groupes + ciblés comme les personnes au chômage. Presque tout le monde devient
retraité, mais pas tout le monde ne devient chômeurs, invalides, etc.
 Exemple de la réforme du système de retraite
Les bénéficiaires ne veulent pas de réformes qui touchent à leurs acquis. Les réformes sont
rendues difficiles par les bénéficiaires qui ont généré les politiques publiques précédentes.
Presqu’aucune réforme ne passe, excepté celles qui donnent + d’avantages aux bénéficiaires.

 Conséquence : Policy shapes politics (Theodore J. Lowi, 1964), feedback (Easton 1965)
Il est le père d’une des principales classifications des pp.
Chaque pp génère des gagnants et des perdants, c’est-à-dire que la situation des uns et des
autres se modifie entre avant la pp et après la mise en place de la nouvelle pp. Il y a un autre
type de pp qui améliore la situation générale, win win, il n’y a que des gagnants.
 Exemple

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Amélioration de la protection de la pollution, mais c’est à relativiser, car certaines


entreprises doivent mettre des filtres à leurs véhicules, donc coûts. Mais on parle de bcp de
gagnants et peu de perdants.

Si on fait partie d’un gr très affecté par une mesure de pp on a une forte incitation à protester,
donc émergence d’un nouvel acteur de protestation dans le champ politique.
Mécanisme systémique d’Easton : Le système politique reçoit des inputs, soit des demandes,
soit des soutiens. Ici on s’intéresse aux demandes, par exemple de réglementation du
fonctionnement des entreprises, de structures de meilleures conciliations entre vie familiale et
vie professionnelle. Les inputs que reçoit le système politique sont convertis en outputs =
décisions politiques. Ces outputs génèrent de nouveaux inputs. Donc les pp génèrent du
feedback ou rétroaction, on parle de nouvelles demandes.
Donc les pp modifient le jeu politique, on peut donc dire que les pp sont politiques.

1.1.4. Une construction analytique autour du terme « publique »


Ceux qui produisent les pp sont des acteurs publics, ce ne sont pas les syndicats ou les
Églises.

 Accent sur les producteurs : « Tout ce que les gouvernements choisissent de faire ou
de ne pas faire » (Dye, Thomas R., Understanding Public Policy, Longman, 2010, 13ème
éd.)
Définition qui met l’accent sur l’action, mais aussi sur l’inaction des pouvoirs publics, car ne
pas légiférer est aussi un choix politique. Il existe certaines études qui s’attachent à
comprendre pourquoi l’État est plus interventionniste dans tel ou tel secteur.
Mais privatisation (PIGs) = gouvernement par les intérêts privés. Il y a aussi certaines pp qui
sont mises en œuvre par des acteurs non publics. Des tâches de gouvernements sont assignées
à des acteurs non gouvernementaux. Notamment à des groupes d’intérêt, acteurs privés qui
préparent des projets gouvernementaux, on parle aussi de la mise en œuvre qui ne se fait pas
forcément par des acteurs publics.
Critère du producteur n’est pas absolu, l’aspect de privatisation est encore + présent sur le
domaine transnational.
ISO = International standardisation organisation. Normes obligatoires pour les producteurs.
Aspect contrainte pour des normes produites par des acteurs non-publics

 Accent sur les destinataires : décisions collectivement contraignantes, mais « soft


law »
On déplace donc la focale sur les destinataires.
 Aspect contraignant
Est public ce qui est contraignant pour l’ensemble d’une collectivité, des mesures auxquelles
la collectivité ne peut pas se soustraire. Aspect public est l’aspect contrainte.
Weber : Singularité de l’État = Il est le seul à être légitimé pour user de la violence.
L’idée de la contrainte d’une pp est l’impossibilité d’exit face aux contraintes, mais il est vrai
que certains acteurs ont des possibilités d’exit, tel que Depardieu qui part en Belgique et évite
ainsi le fisc FR.
 Aspect soft-law
De plus en plus de normes sont des normes soft, on parle de soft-law = droit souple.

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Soft-law : consiste en des principes pas formellement contraignants, mais où on s’attend à ce


que les groupes-cibles s’y plient volontairement. On recourt d’avantage à la soft-law, car on
remarque qu’il est difficile d’agir de manière autoritaire, c'est-à-dire avec imposition et
interdiction, donc on tente d’agir avec des moyens plus souples ; par l’information, la
persuasion (convaincre du bien-fondé de la mesure, qu’elle avantage l’acteur). C’est plus (+)
une pression morale qui exerce une contrainte volontaire.

1.1.5. Le développement de l’analyse des pp


1.1.5.1. Précurseurs et contexte intellectuel

 Théorie de la bureaucratie (Max Weber : théorie classique, et d’autres)


Conceptualiser la bureaucratie, donc théories de la bureaucratie. Analyse des pp a été
précédée par ces théories de la bureaucratique, donc on parle de science administrative ou de
socio de l’administration (Herbert Simon & James G. March, Centre de sociologie des
organisations, etc.). Théorie du choix rationnel : pp servent donc à maximiser le profit. La
bureaucratie comprend des agents publics. Simon : Prix Nobel d’économie March :
Psychologue. Étude sur les comportements dans les organisations. Ils ont montré que les
acteurs ont des comportements de « rationalité limitée ».

20 février 2013

Weber, typologie des dominations :


 Domination traditionnelle
 Domination charismatique
 Domination légale-rationnelle
Théorie de la bureaucratie se base sur cette domination. La bureaucratie n’est pas qu’un fidèle
exécution, mais quand on lui confie ce pouvoir de mise en œuvre des lois, elle peut faire
preuve de créativité. La bureaucratie est une forme de rationalisation de la société, elle est
censée se comporter de manière rationnelle, il y a toute une série de procédures qui assurent le
comportement rationnel de la bureaucratie. Cette dernière repose sur des schèmes de
commandement. Structure de bureaucratie est verticale. Il y a des mécanismes de contrôles
par les supérieurs pour s’assurer que les actions sont exécutées comme demandées.
Bureaucratie est une instance importante du processus de rationalisation. Rationalité en
finalité, dit Weber.

Deux types de rationalité :


 Rationalité en valeur
Motivation à l’action provient des valeurs.
 Exemple
On paie ses impôts parce qu’on estime qu’on doit être un bon citoyen.
On va voter parce qu’on estime qu’on doit être un bon citoyen.

 Rationalité en finalité
La fin justifie les moyens. Précisément, les moyens sont ajustés aux fins. Une bureaucratie
développée est une bureaucratie capable de mettre en œuvre les meilleurs moyens capables
d’arriver aux fins de l’étape. Bureaucratie devient une instance impersonnelle et qui se sépare

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des intérêts privés. Dans les systèmes traditionnels, les systèmes féodaux, il y avait des
impôts, mais la bureaucratie était une bureaucratie qui appartenait au Seigneur, c’était le
Seigneur féodal qui la payait, qui payait le bureau. Alors qu’une bureaucratie moderne se
caractérise par séparation entre sphère privée et sphère publique. Un système patrimonial est
un système dans lequel l’appareil d’état est la propriété des dirigeants politiques. Dans un
système moderne ce n’est pas le cas, quand Sarkozy a dû quitte son poste, il n’a pas pris tous
ses fonctionnaires avec lui.
Les théories de la bureaucratie font partie de la sociologie des organisations.
La socio des organisations permet de comprendre comment les individus se comportent à
l’intérieur des organisations. Ce qui permet également de comprendre parfois, la manière dont
sont mises en œuvre les pp, qui sont elles-mêmes mises en œuvre par l’administration
bureaucratique.

 Travaux de March & Simon : Sociologie des organisations


Années 50-60 => Ce sont des travaux de l’analyse de la décision.
Il discute du concept de rationalité limitée. Les théories de la rationalité limitée sont une
variante soft des théories du choix rationnel. Idéalement les acteurs aspirent à avoir des
comportements rationnels, donc maximisation des intérêts. Rationalité limitée ne signifie pas
que les gens sont imbéciles, mais dit que la rationalité est limitée par un certain nombre de
facteurs et on le remarque dans les décisions organisationnelles. Rationalité limité car :
 Degré d’informations dont on dispose est limité
 Contrainte des institutions
 Manque de temps
Décisions politiques dans l’urgence manquent de temps et d’argent. Donc contexte de
rationalité limitée.

 Centre de socio des organisations, Crozier


Centre qui s’appuie sur l’idée que les acteurs qui agissent en politique, que ce soient les
membres d’une administration ou les élus politiques sont pris dans des rôles sociaux, c’est-à-
dire qu’ils endossent le rôle social de membre d’une administration ou d’élus politiques. Ces
rôles sont une contraintes, il y a des choses que le rôle social prescrit ou/et interdit. Les rôles
sociaux impliquent l’intériorisation de contraintes.
Étude d’un disciple de Crozier, Worms. Il écrit un article de 1969, dans la revue sociologie du
travail, article qui étudie les relations en FR dans les années 60 entre préfet (=représentant du
pouvoir central dans les départements) et maires (=maires des villes qui font partie de la
juridiction du préfet).
Worms étudie d’un point de vue socio les interactions entre préfet et maires.
Le rôle social du préfet est d’émettre du centre vers la périphérie, d’être le représentant du
centre. Alors que le rôle social des maires est d’être le représentant de la périphérie et donc de
porter les revendications de la périphérie vers le centre. Schéma inverse entre maires et
préfets.
Concept de transaction à la frontière, frontière entre centre et périphérie. Transactions à la
frontière peuvent conduire à des inversions des rôles. Worms dit qu’il arrive que le préfet se
fasse le porte-parole de la périphérie vers le centre. Le préfet écoute la périphérie et les
défend. Et inversement. Le maire, parfois, se fait le porte-parole du centre. Les interactions
peuvent conduire à des phénomènes d’empathie mutuelle et donc d’inversion des rôles.

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 Travaux d’analyse de la décision politique


 Élitisme vs pluralisme
o Pluralisme
Le pluralisme est un monde de concurrence dans lequel les différents groupes tentent
d’imposer leurs idées/intérêts. Pour gagner, il faut en général ne pas être seul, donc il faut
former des coalitions, avoir des alliés. Ce monde, est un monde de concurrence avec un grand
nombre d’acteurs en concurrence dans lequel on tentera minimement de forger des
compromis, mais c’est aussi un monde où il y a une sorte qu’équilibre du pouvoir. C’est un
monde fluide. Comme pour gagner il faut former des coalitions, l’idée c’est que l’acteur X va
l’emporter sur l’acteur Y sur un premier enjeu car ce dernier s’est coalisé avec Z. Mais sur un
deuxième enjeu, cela va être différent car il y aura d’autres coalitions. Et donc les gagnants à
un 1er enjeu, ne sont pas forcément les mêmes lors d’un second enjeu ; ils sont d’ailleurs
rarement les mêmes, d’où le concept d’équilibre du pouvoir.
Dahl est le père de cette approche pluraliste. Il considère que la caractéristique de la
démocratie est qu’elle est un régime de polyarchie. Ce régime se caractérise par le fait que le
gouvernement/l’autorité/la domination est séparé en grand nombre de personnes.
o Élitisme
Il y a un petit groupe d’acteurs au pouvoir, des élites qui représentent un faible nombre
d’intérêts et en plus elles s’entendent entre elles au détriment du reste.

Thèse de Mills
Qui a le pouvoir aux USA selon Mills ?
Trois acteurs qui ont le pouvoir :
 Les acteurs économiques (acteurs industriels)
 Les élites du business
 Les acteurs militaires.
 Exemple
Eisenhower, qui est un ex-général (militaire) était président à l’époque de cette étude. Le
pouvoir est alors concentré dans le complexe militaro- industriel.

o Élitisme-pluralisme
Il y a quand même des élites, mais qui représente plusieurs groupes sociaux.

Des méthodes différentes que l’on a, peuvent conduire à des résultats différents sur qui sont
les détenteurs du pouvoir. Pluralisme et élitisme ont des visions différentes, mais c’est parce
qu’ils utilisent des méthodologies de recherche différentes. Toutes deux se posent la question
de qui détient le pouvoir.

 Méthode réputationnelle vs méthode décisionnelle


o Méthode réputationnelle par les théoriciens élitistes, Hunter
Qui a la réputation d’avoir le pouvoir ? Donc celui qui a le pouvoir serait celui qui a la
réputation d’avoir le pouvoir. Ceux qui vont avoir la réputation d’avoir le pouvoir seraient
donc ceux qui sont visibles, pourtant il y en a qui ne sont pas visibles, mais qui ont du
pouvoir, on les appelle les éminences grises. Comment savoir qui a le pouvoir selon la
méthode réputationnelle ?
Un sondage auprès des acteurs impliqués dans la prise de décision, et donc pas auprès de toute
la population.
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Kriesi, dans le milieu des années 70, via une étude basée sur la méthode réputationnelle,
montrait qu’il y avait une très forte concentration élitiste et que c’était un petit noyau
d’acteurs qui contrôlait le pouvoir. Il critiquait donc le pluralisme et la démocratie en Suisse.
Le but de la méthode réputationnelle est d’identifier les détenteurs du pouvoir à partir de la
réputation de pouvoir que développent les insiders du pouvoir politique.

o Méthode décisionnelle, Dahl


Il étudie le pouvoir au niveau local, et non central. Il étudie le pouvoir à New Heaven. Cette
méthode consiste à comparer les inputs et les outputs. Regarder les décisions politiques
(outputs) et à les comparer avec les préférences (inputs). Dahl remarque que ceux qui ont du
pouvoir sont ceux dont les préférences/valeurs/intérêts sont les mieux représentées et reflétées
dans la décision.
 Première limite de l’approche décisionnelle
Le biais est celui de dire qu’on n’a pas pour autant établi une relation de causalité. Admettons
que les préférences d’un groupe A se reflètent bien dans une décision, mais le pouvoir peut
être dû à d’autres facteurs. Ce n’est pas parce que les préférences de A ont été bien
représentées dans la décision que A a le pouvoir.
 Deuxième limite de l’approche décisionnelle
Les approches de la non-décision considèrent que si on se focalise uniquement sur les
décisions, on a qu’une partie du jeu décisionnel.
Décider - décider de ne pas décider => décider de ne pas faire de réforme, c’est décider de ne
pas décider.
 Non-décision, Bachrach et Baratz
Pouvoir positif : Capacité d’un acteur à imposer des décisions.
Pouvoir négatif : Capacité d’un acteur à bloquer des décisions.
Ces pouvoirs ne sont pas forcément corrélés. En Suisse, le pouvoir négatif est très fort.
On parle également de veto player, c’est un acteur qui peut imposer son véto à une décision. Il
est un acteur rationnel qui acquière ce qu’il veut par la menace, il n’utilise pas le veto, mais la
menace du veto. Le référendum est un instrument de veto player. C’est donc un pouvoir
réputationnel, pas tous les acteurs n’ont le même pouvoir s’ils menacent de poser un veto.
 Gatekeeper, Easton
Métaphore : Portier qui filtre des demandes en considérant telles demandes et en ne
considérant pas les autres.
Les approches de la non-décision ont été critiquées par Lukes (auteur anglais qui a écrit un
livre au début des années 60).
Il dit qu’il y a la 1ère dimension du pouvoir, l’approche de Dahl, la 2 ème, c’est l’approche non-
décisionnelle (pouvoir négatif) et la 3ème dimension du pouvoir est la sienne.
Il dit que les théoriciens de l’approche non-décision disent qu’il y a des acteurs politiques
(gatekeepers, veto players) qui empêchent de prendre une décision. Lukes considère que c’est
une vision trop anthropomorphique. Si les changements n’ont pas lieu, ce ne serait pas
uniquement à cause des acteurs qui s’y opposent, qui bloquent, qui lancent des référendums,
mais ce serait parce qu’il y a des blocages au niveau du système de valeurs qui est
conservateur, ce qui fait qu’un certain nombre de changements ne sont pas pensables (donc ils
ne sont pas bloqués par des acteurs en particuliers). Il dit donc que si certaines décisions ne
sont pas prises c’est parce que le système de valeurs dominant empêche de penser ces
changements.

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 Limite
En général, le système de valeur dominant est incarné par des acteurs. Mais Lukes n’a pas les
moyens de prouver sa limite.

 Sociologie de la décision, Jamous


Qu’est-ce qui a rendu une réforme possible ?
Médecins mécontents du système de santé en place. Ces médecins étaient les jeunes internes
des hôpitaux. Ils sont jeunes, donc ont encore beaucoup de temps (d’années) à travailler à
l’hôpital, alors forte incitation à la mobilisation. Ils sont jeunes, donc peu socialisés aux
valeurs dominantes. On dit que les révolutions scientifiques se font par des jeunes chercheurs.
C’est pourquoi les jeunes médecins, de par leur jeunesse, étaient peu socialisés aux valeurs
dominantes (conservatrices). Donc dimension d’intérêt (temps à passer jusqu’à la retraite) et
dimension de valeurs. Jamous appellent ces médecins les jeunes Turcs (=groupe de jeunes
officiers réformistes dans l’Empire Ottoman déclinant). Il fait donc une comparaison entre ces
officiers et ces médecins. Il fallait une impulsion de l’intérieur avec la connaissance de la
condition et avec la légitimité pour rendre une réforme possible. Mais pour Jamous cette
condition n’était pas suffisante. Il explique aussi qu’un grand professeur (Debré) très lié au
milieu politique et disposant d’une légitimité charismatique dans le secteur (personnalité
scientifique reconnue dans le secteur) a servi à la réforme. Ce professeur a soutenu la
coalition réformiste, soutien important car légitimité charismatique (le leader charismatique
n’est pas forcément politique) qui était très respecté et considéré et en plus qqun proche des
milieux politiques. Ce qui a fait passer la réforme, c’est donc la coalition entre les jeunes
médecins et le professeur Debré.

25 février 2013

Rappel
L’explication du succès de la réforme du secteur hospitalier en FR selon Jamous se basait
dans une coalition inattendue entre médecins réformistes et un notable, professeur établi dans
le secteur -> personnalité charismatique.
Pour gagner, pour arriver à imposer des réformes, souvent il faut bâtir des coalitions, c’était
un des crédos de l’approche pluraliste des décisions. Dans monde pluraliste, dans enjeu A, X
va se coaliser avec Y, et dans enjeu B, X va se coaliser avec Z contre Y, cela signifie que les
coalitions changent, ce ne sont pas tjs les mêmes contre les mêmes. Tout dépend de l’enjeu.

 Préfigure coalitions, Sabatier


ACF = Advocacy Coalition Framework met l’accent sur le fait que dans les enjeux de pp, en
général, dont l’inventeur est Sabatier, analyste USA, il y a 2-3 coalitions (pas 50). Ce
qu’étudie Sabatier est comment ce jeu de coalitions XXX. Ce qui soude une coalition,
Sabatier parle de la colle des coalitions, c’est une vision du monde commune. Il faut situer
Sabatier dans les différents courants des analyses des pp. Parfois, quand on se met ensemble
c’est qu’il y a intérêts communs (=>Jamous), Sabatier n’est pas d’accord, il parle de vision
commune.

 Médiateurs, Jobert et Müller


Pour qu’une pp change, il faut, que ce qu’ils appellent le référentiel de la pp change. Le
référentiel c’est le système d’idées qui entoure une pp (=objectifs à atteindre, moyens à mettre

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en place, etc.). Pour Jobert et Müller, une idée intéressante, c’est que pour que le réf change,
donc pour que le système de croyance autour d’une pp change, il faut qu’il ait des porteurs de
changements qui soient crédibles en tant que tels.
 Exemple de la politique agricole française - Müller
Müller a travaillé sur la politique agricole FR, sa thèse est que la politique agricole qui a
changé dans l’après-guerre, est passée d’un réf qualifié de traditionnel à un référentiel de
modernisation. Ce n’était plus l’image du paysan gardien des valeurs traditionnelles,
faisant obstacle au mouvement ouvrier, mais un paysan qui défend la modernisation, donc
image du paysan sur son tracteur. Ces porteurs du changement sont les médiateurs.
Müller parle également de « médiateur » qui est un acteur qui vient du secteur de pp concerné,
donc légitimation interne. Il dit que si les pouvoirs publics veulent changer un secteur, mais
qu’ils n’ont pas de contacts dans le secteur concerné, ça ne fonctionnera pas. Le changement
se passe mieux s’il vient du secteur lui-même. Comme par exemple le cas des jeunes
médecins comme le cas de Jamous, ou comme dans les travaux de Müller (agriculteurs). Le
médiateur vient du secteur, mais doit aussi être entendu par les pouvoirs publics. Donc il faut
qu’il soit crédible par les pouvoir public, et qu’il puisse traduire son message dans un discours
qui fait sens aux pouvoirs publics. Müller déclare que les pouvoirs publics étaient très
imprégnés par la modernisation, donc ceux qui voulaient changer la politique agricole
devaient tenir un discours qui fasse écho à cette vision du monde modernisation.

Pour changer une pp, il faut :


- Des coalitions
- Des médiateurs

 Lieux de véto, Ellen Immergut, Health Politics (1992)


Immergut a étudié la réforme des politiques de la santé. Jamous a montré que notamment le
professeur Debré était proche du pouvoir gaulliste en FR ce qui a facilité le changement.
Immergut, a montré en plus que pour que ce changement ait lieu, il fallait un changement
dans l’environnement institutionnel. Le livre d’Immergut repose sur une thèse que ce qui
compte dans la possibilité de faire des réformes de pp, ce sont les lieux de veto qui existent
dans un système politique (veto points). Comme systèmes politiques avec peu de lieux de
veto, Immergut considère le système politique de la Suède. C’est-à-dire un système politique
dans lequel, lorsque les pouvoirs publics (gouvernement) veulent une réforme, il n’y a pas bcp
de lieux institutionnels où cette réforme peut échouer. Notamment, le système politique
suédois est un système politique majoritaire classique, c'est-à-dire que lorsque le
gouvernement veut faire des réformes, parfois seulement le premier ministre, le parlement
n’est pas capable de s’opposer à la volonté réformatrice du gouvernement. Donc parlement
n’est pas un lieu de veto par rapport au gouvernement. En plus, il n’y a qu’une seule chambre,
donc pas de risque que la 2ème chambre soit en désaccord (comme en CH par ex). Et encore, il
n’y a pas l’arme du référendum. Il suffit que le gouvernement veuille une réforme pour que la
réforme passe. Donc c’est le nombre de lieux de veto qui compte pour qu’une pp passe ou
non. En Suède, les réformes vont dans le sens de la socialisation de la médecine, en CH on
reste dans le privé. Immergut montre que ce n’est pas la couleur idéologique du gouvernement
qui détermine les pp. En CH, le système est truffé de lieux de veto, il n’y a donc pas ou peu de
réforme, car CN + CE doivent se mettre d’accord. Et ensuite possibilité du référendum. Plus
(+) il y a de lieux de veto, moins il y a de réformes. Immergut constate que les choses
changent entre la 4ème République (fin autour de 1958) et la 5ème République (mise en place
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fin années 50, début 60). On est passé du parlementarisme au semi-présidentialisme


(=système où président de la République a plus de pouvoir). On parle du gouvernement de
Monsieur Hollande. 4ème République, système parlementaire classique, FR connaissait des
gouvernements faibles qui dépendaient largement du parlement => instabilité
gouvernementale. Dans le secteur de la santé, parmi les parlementaires il y avait bcp de
médecins qui étaient opposés aux changements en matière de politique de la santé. Ils
faisaient donc un travail de lobbying auprès de leurs collègues au parlement. Et comme le
gouvernement était vulnérable par rapport au parlement, il cédait aux demandes. Dans le
passage à la 5ème République, le parlement a perdu du pouvoir, il y avait tjs des médecins
auprès des parlementaires, mais ils avaient perdu du pouvoir. Ce que montre Immergut, c’est
que ce passage amène une diminution des lieux de veto. Le parlement a cessé d’être un lieu de
veto par rapport au gouvernement.

 Fenêtres d’opportunité, Kingdon


Fenêtres d’opportunité = des moments institutionnels plus propices que d’autres pour faire
passer des réformes. Il y a des moments où c’est + facile de changer les choses. Il y a des
moments plus ou moins propices aux changements, ex : passage de la 4ème à la 5ème
République. Il y a des situations institutionnelles qui sont donc plus ou moins favorables au
changement. Le complément d’Immergut par rapport au travail de Jamous, est que « oui le
Général de Gaulle et le pouvoir Gaulliste étaient à l’écoute de Monsieur Debré, mais il a fallu
aussi un changement institutionnel pour que les lieux de véto tombent et que les réformes se
fassent ».

1.1.5.2. Émergence aux USA : « New Deal », guerre et totalitarismes


Ce n’est que pas mal plus tard que ça arrive en EU. Aux USA, le développement de l’analyse
des pp est lié à des changements politiques et donc au contexte politique :

 « New Deal » (ND)


Les politiques lancées par l’administration démocrate (Roosevelt) à la fin des années 30
visaient à relancer l’économie suite à la crise. C’est donc des politiques dans lesquelles l’État
s’implique et devient alors interventionniste. Le ND fait qu’il y a d’avantage de pp qu’avant.
Les pouvoirs publics se trouvent face à l’expansion du pouvoir de l’État, il faut alors chercher
à savoir si ces pp atteignent leurs buts. Le ND c’est donc le développement des tâches de
l’État.

 Totalitarismes
Montée des régimes totalitaristes en All et URSS (stalinisme), puis guerre. Préoccupation
importante des pp, face à cette montée des totalitarismes, comment préserver le système
démocratique et donc comment consolider la démocratie. L’idée qui apparaît est qu’on peut
peut-être contribuer à consolider la démocratie par des pp adéquate. L’action de l’État peut
avoir des effets sur la consolidation de la démocratie. Une des hypothèses, c’est que face aux
situations de crises, des pp qui allègent les effets de la crise, par exemple des politiques
d’allocations «plus (+) généreuse » par rapport aux personnes au chômage, permettent
d’empêcher que le conflit social s’exacerbe, que les gens continuent à faire confiance aux
élites et elles réduisent les risques que les gens adhèrent à des mouvements extrémistes. C’est
pourquoi, avec des pp adéquates, on peut préserver la démocratie. L’analyse des pp se

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développe alors dans un moment de grande tension, elle a été très liée à sa contribution à la
préservation de la démocratie qui se trouvait dans un contexte où elle était attaquée.

 Harold D. Lasswell : A policy science for democracy


Il émet une définition classique de l’activité politique.
Il est le premier qui a développé l’idée qu’il fallait une science des pp pour contribuer à la
perpétuité de la démo. Analyse des pp permet de produire un savoir expert, une connaissance
adéquate sur les moyens d’action de l’État et leurs effets. Cette expertise doit être
multidisciplinaire ; politistes, juristes, économistes, etc. Expertise doit améliorer l’action de
l’État, science doit apporter ses lumières pour que l’État prenne de « bonnes » décisions, si
l’État démocratique prend de « bonnes » décisions, la démocratie sera préservée. Idées très
normative, il y a l’idée que l’État DOIT recourir à ce savoir expert. Science doit être au
service de l’État démo, et l’État DOIT recourir à cette science.
Analyse des pp aux USA a pu se développer, car il y avait ce versant très appliqué,
connaissances utiles pour les décideurs => usable knowledge.

 Deux types d’institutionnalisation de l’analyse des pp :


 À la marge du champ académique (Schools of Government) - Canal appliqué
o Schools of Government = Écoles qui sont censées former les administrateurs et les
gouvernants, institutions non classiques, car « écoles de pouvoir » selon certains.
Dimension appliquée a été d’autant plus (+) jugée importante que les activités de l’État se
sont étendues. Ce qu’on cherchait dans l’analyse des pp, c’était d’évaluer les pp. C'est-à-dire
avant tout, savoir si les pp atteignent leurs effets. Toutes pp reposent sur la « théorie de
l’action », en fait ça n’apparaît pas comme ça aux yeux de tous facilement, mais une pp
repose sur des hypothèses causales ; une hypothèse causale relie deux variables, une variable
qui est considérée la ‘cause’, donc variable indépendante et la variable qui est considérée la
‘conséquence de la 1ère’, donc la variable dépendante. Une hypothèse causale classique dans
les comportements politiques, c’est que les personnes âgées votent + souvent que les jeunes,
donc l’âge est une variable indépendante/cause du vote. Hypothèse causale c’est que la pp va
être la variable indépendante, et le comportement d’un groupe d’acteurs va être la variable
dépendante.
 Exemple de variable dépendante et indépendante
Une politique dans laquelle on dit que, si une entreprise embauche des jeunes travailleurs
au chômage, l’État va lui réduire les charges sociales. La variable indépendante est la
politique d’incitation fiscale, le comportement de l’entreprise est donc la variable
dépendante. L’idée c’est que la pp va conduire à un changement de comportement, il y a
du chômage, les entreprises n’embauchent pas parce que les charges sociales sont trop
élevées, du coup, l’État décide de réduire les charges sociales pour les entreprises qui
embauchent des jeunes personnes. Il y a changement du comportement des groupes-cibles
grâce aux pp.
Ces pp utilisent des instruments différents ; certaines pp impliquent des obligations, on paie
nos impôts car on sait qu’on risque une amende. On voit ici que la contrainte modifie le
comportement des acteurs.
Toute pp repose sur une théorie de l’action, sur des hypothèses causales qui elles-mêmes
reposent sur une anticipation de l’action dont les mesures vont amener à des modifications de
comportements.

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o New Frontier & Great Society : Années 60 - Lutte contre pauvreté et inégalités soc.
USA années 60, l’objectif généreux de la « New Frontier » et de la « Great Society » était de
mettre sur pied un certain nombre de pp redistributives grâce auxquelles les inégalités sociales
allaient être réduites. Il y a l’idée que l’action de l’État va être la variable indépendante qui va
modifier la situation sociale d’inégalité. Ces mesures ont-elles réellement conduit à réduire
ces inégalités ? Est-ce que donc les hypothèses causales étaient correctes ?
o Néo-libéralisme et reaganomics : Années 80
Années 1960, l’analyse des pp est venue en quelque sorte au secours de l’activité des pouvoirs
publics. Dans les années 1980, il s’agissait d’une volonté d’un retrait de l’État (Reagan élu en
1980). C’est un autre référentiel, pour reprendre le terme de Müller, on est dans une phase de
retrait des tâches étatiques. On dénonce les échecs de pp (policy failures) par l'État, dans le
crédo néo-libéral, l’action de l’État serait inefficace et coûteuse. Volonté de réduire
l’interventionnisme étatique, ou alors volonté de réformer l’État en ajoutant des principes pris
du privé. Ce contexte radicalement différent a boosté l’analyse des pp. À travers ces vagues
successives, et ces instrumentalisations différentes du secteur des pp s’est développée
l’analyse des pp.
Première vague dans les années 30 avec le « ND », puis 2ème vague dans les années 60 avec
les Schools of Governement. Dans les années 60, l’État USA est redevenu actif dans la lutte
contre les inégalités.

 Sous-discipline de la science politique académique


L’analyse des pp devient progressivement une sous discipline de la science politique.
o Policy analysis
Il s’agit d’analystes qui faisaient des recherches fondamentales et académiques.
=/=
(Policy science : Conseillers du gouvernement.)
Chercher les déterminants de l’État ; qu’est-ce qui fait que l’État agit ou non, etc. En EU il a
plutôt prévalu une sous-discipline de la science politique. Le développement de l’analyse des
pp en EU est bien plus tardif. Les premiers travaux de science politique européens remontent
aux années 80. Traité de science po en 1985, en 4 volumes, l’un de ces 4 volumes était
consacré à l’analyse des pp => grande nouveauté !
En CH, dans manuel sur le système politique CH (édition 1982-1984), il y avait 1-2 chapitre/s
sur la mise en œuvre des pp, alors que dans le manuel des années 2000, il y avait bcp + de
chapitres sur l’analyse de la décision et des processus politiques.
o Détour par l’analyse évaluative
C’est une analyse à travers laquelle on essaie d’évaluer une pp. Tout le problème est dans la
définition crédible et juste du rapport de causalité.
 Exemple
On dit bcp maintenant que si un certain nombre de pays européens connaissent une
situation de grave récession économique, ce serait dû à de l’endettement.
L’idée serait alors de mettre en place des politiques de consolidation fiscale :
- Réduire dépenses publiques -> politiques sociale
- Augmenter les recettes -> impôts
Finalement, certains disent que les politiques sont responsables de la récession, alors qu’à
quelque part, elles en sont la conséquence, puisque c’est à cause de la récession, que l’État
décide de mettre en place ces politiques de consolidation fiscale/politiques d’austérité.

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Dans un pays où la population mange bcp de pomme de terre, c’est aussi un pays dans lequel
il y a bcp de criminalité. Mais ce n’est pas une hypothèse de causalité. Ce n’est pas parce que
ces gens mangent des patates qu’ils deviennent criminels. Il y a corrélation mais non
causalité. Après il peut y avoir une causalité sous-jacente qui serait de dire qu’un pays dans
lequel la plupart des gens mangent bcp de patates est un pays pauvre, et donc criminalité car
concurrence pour des biens.
Conséquences d’une pp = outcomes = les résultats d’une pp (chômage, inflation, etc.). Un état
de la société, le fait que les gens sont en bonne ou mauvaise santé, est attribuable à une action
publique.
 Exemple d’évaluation d’un médicament contre le cholestérol - hypothèse causale
Comment prouver l’efficacité d’un médicament ?
Médicaments contre le cholestérol, entreprises pharmaceutiques vantent les bienfaits de ces
médicaments, elles produisent donc un discours dans lequel l’hypothèse causale est telle
que ce médicament évite le taux de cholestérol élevé. Pour prouver cette efficacité, on teste
le médicament. Comment le tester ? On l’administre à des personnes qui ont des problèmes
de cholestérol, mais ensuite, si imaginons le cas où la personne prend conscience de ses
problèmes et change son mode de vie tout en commençant à prendre le médicament, il est
possible que si son taux de cholestérol baisse, ce ne soit pas dû au médicament, mais au
changement du mode de vie. Donc pour répondre à ce problème, on ajoute un groupe de
contrôle : Groupe qui présente les mêmes caractéristiques que le groupe de base. Groupe
auquel on n’attribue pas le médicament. On peut alors savoir si c’est l’administration du
médicament ou la simple situation d’expérimentation qui améliore le taux de cholestérol,
donc le réduit.
En pp on parle de projet-pilote. C'est-à-dire que si une pp fonctionne sur une sous-entité, on
expérimente alors la même pp sur une plus grande entité. La question est de savoir si un
problème public est dû au contexte (environnement, institutionnel, etc.) ou à une pp mise en
place par l’État.

4 mars 2013

2. Les étapes des processus décisionnels


Il est question d’étudier le cheminement du processus de décision politique. On va voir un
cadre analytique pour étudier les différentes étapes du processus décisionnel.
On va voir l’approche séquentielle des processus de décision, elle met l’accent sur le fait
qu’une pp est une séquence de processus qui se suivent les uns les autres et dont la
combinaison donne lieu à la pp en question. Le père de ce modèle séquentiel est Charles
Jones.
Division du processus de décision en quatre séquences dans l’idée schématique qu’une pp
connaît un début et une fin; émergence et politisation des problèmes => mise sur agenda,
formulation d’alternatives et prise de décision, autonomie relative de la mise en œuvre, ainsi
qu’un regard en retour => l’évaluation

Au début du processus, dans la phase pré-parlementaire de la décision (en CH), le problème


était défini en termes largement techniques, puisque les acteurs impliqués les + importants
étaient l’administration et les experts. On arrive à un projet de réforme qui est présenté au
Parlement. Le PS, par ex, voyait la réforme sous l’angle de la redistribution (plus comme une

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politique technique), il y a donc reformulation du problème. La définition du problème n’est


donc pas qqchose qui se fait au début du processus et qui reste immuable tout au long.
 Exemple de la politique du chômage
Mesures de lutte contre le chômage en CH, la mise en œuvre de ces mesures est largement
déléguée aux cantons (fédéralisme d’exécution/coopératif). Le problème n’est pas défini de
la même manière dans un canton où il y a bcp de chômage, que dans un canton où il y a
peu de chômage. De même que dans un canton où les forces de gauche sont majoritaires où
le chômage sera un problème important.
Ce schéma séquentiel a longtemps été critiqué, Papadopoulos le défend. Il y a deux
principales critiques :
 Première critique
Ce n’est pas un modèle explicatif, cela n’explique rien. Ça ne permet pas de comprendre
pourquoi dans un domaine on met en place une pp et dans un autre pas. Ça ne permet pas de
comprendre pourquoi une pp est mise en œuvre et une autre pas. Ça ne permet pas de
comprendre le succès ou l’échec d’une pp, ni la popularité d’une pp. Certains modèles
explicatifs disent que ce sont les intérêts des acteurs qui conduisent, d’autres modèles disent
que c’est un changement des croyances, ici il n’y a aucun modèle explicatif.
 Deuxième critique
Voir Kübler et De Maillard.
Le caractère trop linéaire du schéma séquentiel. Le modèle serait trop simpliste par le
caractère linéaire. Les opposants à cette approche expliquent que la phase de définition d’un
problème n’est pas confinée au début du processus décisionnel, mais qu’elle se reformule car
les acteurs peuvent voir leur conception modifiée au fil du processus. Ce modèle est donc
véritablement trop linéaire, trop mécaniste.

 Défense de l’approche séquentielle (par Papadopoulos)


Ce modèle est une description excessivement simplifiée de la manière dont sont conduites les
pp, mais justement cette présentation stylisée garde des vertus analytiques car elle fournit un
cadre (non explicatif) mais d’analyse qu’on peut prendre pour étudier les processus
décisionnels. C’est un modèle parcimonieux et simple. Ce modèle possède donc les défauts de
ses qualités (simplicité).

2.1. Première étape de l’approche séquentielle - Émergence et politisation


des problèmes : Mise sur agenda
On met à l’ordre du jour politique que telle ou telle situation pose problème et qu’en plus ce
problème appelle une intervention des pouvoirs publics.
Les questions à se poser, ici en lien avec les votations du 3 mars 2013, peuvent-être :
« Est-ce que l’aménagement du territoire est une affaire privée ou publique ? Est-ce que les
salaires relèvent uniquement de la compétence des entreprises, et serait donc un problème
privé, ou est-ce que ce genre d’élément doit être traité de manière publique ? Etc. »
 1ère conception de la mise sur agenda : Vision balistique des problèmes publics
Il y a un problème social ; l’inflation, la pollution, le chômage, le bétonnage, etc. qui requiert
de trouver des solutions. On appelle ça l’approche de type problem solving ; les pp sont donc
perçue comme des solutions aux problèmes, qui ceux-ci sont des stimuli et les pp qui sont
alors des réponses à ces stimuli. Le problème préexiste à la pp qui en est la tentative de

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résolution. Un problème est un écart entre une situation/un état des choses désiré et la
situation réelle. Il y a un écart et les pouvoir publics vont prendre des mesures pour réduire cet
écart. Certains analystes disent donc qu’il n’y a pas de fumée sans feu, cela signifie que si des
pouvoirs publics tentent de mettre en place une pp c’est qu’il doit bien y avoir un problème.
Cette vision balistique repose sur la croyance que les pp visent des buts, un peu comme quand
on tire sur une cible. Et le but de ces pp est de combattre les problèmes sociaux. Cette
approche a été assez rapidement critiquée.
 Critique de la vision balistique
Une définition de situations problématiques est le résultat de processus sociaux.
Il s’avère que parfois ce ne sont pas les problèmes qui préexistent aux pp, mais ce sont les pp
qui préexistent aux problèmes. Les pouvoirs publics prennent des décisions, non pas parce
qu’il y a un problème, mais tentent de justifier leurs décisions en construisant des problèmes
auxquels les décisions sont censées répondre. Donc les problèmes sont artificiellement
construits par les pouvoirs publics. Pourquoi ? Starbuck parle d’un courant qui met l’accent
sur l’activisme organisationnel. Il explique qu’une organisation, lorsqu’elle existe, doit
justifier sa raison d‘être. Si les politiciens voient qu’une organisation n’a pas de raison d’être,
ils vont vouloir lui couper les vivres et la faire disparaître. Cette organisation doit prendre des
décisions, se montrer active pour espérer rester, elle doit donc montrer qu’elle résout des
problèmes. Ces organisations agissent pour justifier leur raison d’être et non pas pour
résoudre des problèmes, il s’agit de convaincre que leurs actions ont une raison d’être, il leur
faut pouvoir dire que leurs actions sont des réponses à des problèmes. Il est donc question de
causalité inversée.
 Entrée ou non des problèmes dans l’agenda politique : rôle, intérêts, ressources
De quoi dépend la mise sur agenda ? Parfois l’accent est mis sur la dimension des ressources
et des intérêts. Les approche de la non-décision disent qu’il y a des acteurs politiques qui ont
suffisamment de ressources pour pouvoir dire que le statu quo est bon et qu’il ne faut pas de
réforme. Ils discréditent donc les tentatives de réformes du statu quo, ces ressources peuvent
varier. Un type de ressource est l’expertise. Si on a un brillant expert qui est légitime, on va
souvent se rallier à son idée. L’accès aux médias peut aussi être une ressource, cela ne suffit
pas de prendre son téléphone et d’appeler un journaliste pour connaître ses idées sur un
problème. On dit qu’un problème doit résonner avec la logique des médias. On peut donc ne
pas avoir de grand expert, mais parler en des termes qui résonnent auprès des médias.
L’argent est également une ressource qui peut servir. Lorsqu’en CH il y a des votations,
l’argent qui est mis dans la campagne pour ou contre, peut influencer le résultat (mais ce n’est
pas toujours le cas, parfois même en ayant utilisé bcp d’argent pour une campagne, la votation
ne se passe pas comme prévu => voir initiative Minder et « Economiesuisse » qui ont perdu la
votation malgré l’immense campagne). L’expertise, les médias, l’argent, l’organisation, le
militantisme sont des ressources qui peuvent varier.
 2ème conception de la mise sur agenda - Entrée ou non des problèmes dans l’agenda
politique : rationalité limitée et croyances (focusing events : dramatisation)
Les acteurs politiques sont dans l’incertitude, ils doivent donc prendre des décisions ; par ex
considérer un problème comme important ou non dans des situations d’incertitude. On ne sait
pas si le problème est grave ou non, on ne connaît pas les causes du problème, on ne peut pas
mesurer/évaluer/anticiper les conséquences du problème. Cette 2 ème conception met l’accent
sur des situations qui sont définies comme + ou - problématiques par des acteurs en situation
d’incertitude. Il y a donc un certain nombre de mécanismes qui peuvent les conduire à mettre

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l’accent sur l’existence d’un problème ou non. Les travaux sur la rationalité mettent l’accent
sur les focusing events ; c’est un événement qui attire l’attention. Typiquement, un accident
nucléaire comme celui de Fukushima, attire l’attention quasiment universelle. Ces travaux qui
mettent l’accent sur les focusing events partent du postulat que l’attention des acteurs est une
ressource limitée. Un acteur individuel (un parlementaire, un membre du gouvernement, un
premier ministre) fait attention à un certain nombre de choses qu’il se passe, or, il se passe
bcp de choses dans notre environnement. Donc les tenants de ces travaux disent que
l’attention d’un acteur est limitée, il va alors devoir sélectionner certains des événements, car
il ne pourra pas faire attention à TOUS les événements. C'est-à-dire que les acteurs politiques
portent leur attention sur des événements saillants ; typiquement un accident, un événement
hautement médiatisé. Cette attention sélective va les amener à définir une situation comme
problématique, sans qu’ils puissent être en mesure de dire si cet événement est révélateur de
problèmes plus profonds. Les acteurs sont donc guidés dans leur perception par des
événements saillants. Il y a donc un accent sur le rôle des médias qui ont un discours
sensationnaliste, pour leur propre besoin, il faut faire vendre les nouvelles, et pour cela, il faut
les rendre sensationnelles. Le monde est donc construit de manière simplifiée par les médias
qui mettent l’accent sur tel ou tel phénomène.
 Exemple
Une personne balkanique s’est vue flashée sur l’autoroute lors d’un grand dépassement de
vitesse, les médias amèneront donc un discours qui dit que certaine catégorie de la
population sont dangereuse, c’est pourquoi il faut donc mettre en œuvre qqchose pour
réduire ce problème de dangerosité.
1ère conception : Les acteurs ont plus ou moins intérêt à ce que certaines situations soient
considérées comme problématique, ils vont donc influencer la mise sur agenda avec leurs
ressources.
Les deux conceptions sont intéressantes, car la définition de situations comme problématiques
peut relever d’un calcul stratégique (1ère conception), mais peut aussi se faire dans une
situation d’incertitude (2ème conception).
 Powering et puzzling (problem-solving)
La politique est une affaire de domination, une approche comme celle de Lasswell ne parle
pas de domination, mais parle de qui gagne et de qui perd (=> Who gets what, when, how ?).
Donc l’activité politique relève de jeux de pouvoir (powering). C’est donc le plus fort qui va
gagner, il n’y a pas que ça, bien que ce soit une dimension importante. On parle également de
puzzling, donc de résolution d’énigmes. Un gouvernement est par exemple confronté à
l’énigme d’absence de croissance en dépit de mesures qui devaient être favorables à la
résolution de l’absence de croissance. Si ce gouvernement n’arrive pas à résoudre multitude
d’énigmes, il est vrai qu’il va perdre son pouvoir, car ne pourra plus être au gouvernement.
Mais il faut à ce gouvernement des connaissances qui lui permettront de résoudre ces
énigmes.
 Interaction sociale et cogitation intellectuelle - Wildavsky
Il y a interaction sociale, car il y a de la négociation. L’approche pluraliste voit les activités
décisionnelles comme une activité sociale, on a des acteurs qui font des échanges. D’un autre
côté, il y a la cogitation intellectuelle, c’est-à-dire qu’il y a des acteurs qui réfléchissent par
rapport à des problèmes qu’ils veulent résoudre. La caractéristique du décideur n’est pas
vraiment que c’est un être de pouvoir, mais que c’est un être réflexif.

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 Exemple d’interaction sociale


Situation où le patronat ne veut pas faire d’augmentation de salaire. Le syndicat veut une
augmentation de 5%, ils menacent alors de faire grève. Du coup, on arrive à un compromis
de 2,5%. Ici, il s’agit clairement de situation d’interaction sociale.

 Exemple de cogitation intellectuelle


Katzenstein explique que les petits pays, comme la Suisse, seraient vulnérables
économiquement.
La politique est donc à la fois un rapport de force et un exercice de résolution de problèmes.

 Politiques redistributives VS politiques d’efficacité (position VS valence issues) -


Majone
Il met au jour deux types de pp :
 Politique redistributives
On prend aux uns pour donner aux autres. On prend aux contribuables riches pour redistribuer
aux groupes sociaux les + défavorisés. On prend aux actifs pour redistribuer aux
retraités/chômeurs, etc. Ces politiques donnent lieu, pour l’essentiel, à des jeux de pouvoir. Ce
sont des politiques dans lesquelles Who gets what, when, how ? et où chaque acteur défini
comme rationnel va tenter de maximiser son intérêt => contribuer le moins, pour recevoir le
plus.
 Politiques d’efficacité
Politique à propos de laquelle tout le monde est d’accord sur les objectifs, il s’agit donc de
trouver les moyens les plus adéquats pour atteindre ces objectifs. Tout le monde est d’accord
de limiter la pollution, le débat porte alors sur les moyens pour atteindre l’objectif. Dans ces
politiques on ne prend pas aux uns pour donner aux autres. On essaie de maximiser le bien-
être collectif. Dans les politiques d’efficacité, le débat va largement porter sur l’adéquation
des moyens aux buts, et donc le débat va plutôt mobiliser de la cogitation intellectuelle, il est
question de puzzling, d’énigme à résoudre.

 1ère critique à Majone


Les politiques qui ne sont QUE d’efficacité sont très rares. Car les politiques qui veulent
toucher le bien-être collectif produisent souvent des coûts à une population cible. Il y a quand-
même des gagnants et des perdants, même si les perdants sont peu nombreux.

 2ème critique à Majone


Peut-être qu’il n’y a pas de politique que redistributive, ou que d’efficacité.

 Exemple de la libéralisation de l’économie


Volonté de réduire le rôle des cartels en règlementant la politique de la concurrence. Dans
les années 90, cela se faisait aisément puisque libéraliser était « bien » à cette époque, car
un secteur libéralisé va baisser les prix, cela va donc profiter aux consommateurs. Dans
une politique d’efficacité tout le monde est censé gagner. Donc dans les années 90, les
politiques de libéralisation se sont largement imposées parce qu’elles ont été perçues
comme des politiques qui amélioraient le bien-être collectif. Alors que dans les années
2000, ces mêmes réformes ont commencé à susciter des oppositions. Par exemple, la
libéralisation de l’électricité, ainsi que la réforme de la Poste ont suscité des réactions. On

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a commencé à redouter que la libéralisation de la Poste se fasse au détriment des régions


périphériques. Cette politique à la base de libéralisation a donc commencé à devenir une
sorte de politique redistributive aux yeux de certaines populations. Ces politiques de
libéralisation ont donc été définies comme des politiques d’efficacité dans un premier
temps, puis définies comme des politiques redistributives dans un second temps. Il y a
moins de chance d’avoir du consensus dans les politiques redistributives que dans les
politiques d’efficacité.

Enjeux positionnels
Dans les politiques redistributives, il y a des acteurs « pour » et « contre », alors que dans les
politiques de type valence, tout le monde est d’accord sur les objectifs, et s’il y a des
désaccords, ils se portent sur les moyens à utiliser et sur qui va s’occuper de résoudre ces
problèmes.
 Problématisation (framing) : naming, blaming, claiming
On se demande comment des choses/des comportements/des états de faits ou du monde
devenaient des problèmes publics, et étaient donc mis à l’ordre du jour. Pour cela, il y a trois
types d’opération, naming, blaming et claiming. Il faut que la « chose » soit nommée (=>
naming), qu’on puisse identifier des causes à ce problème qui vient d’être nommé, ces causes
doivent simplement être crédibles (=> blaming) et il faut enfin émettre des revendications (=>
claiming) ; cad que certaines mesures soient prises, que les pouvoirs publics arrêtent d’être
inactifs, etc.

6 mars 2013

Rappel
Mise sur agenda : Dire qu’il y a un problème et le résoudre. Le problème est défini comme un
écart entre le monde actuel et le monde souhaité. La problématisation constite en la définition
du problème comme étant un problème non individuel, mais qui implique une intervention
des pouvoirs publics. Voilà pourquoi on parle de problème public.
Dans l’analyse séquentielle classique, cette phase se situe au début du processus de décision.
Une critique serait de dire que la problématisation se situe tout au long de ce processus, non
pas seulement au début.

Suite - problématisation (framing) : naming, blaming, claiming


La manière dont on va nommer le problème va influencer l’action de l’État. Nommer le
problème c’est déjà dire si un problème est grave/pas grave, important/pas important. Il y a
des interprétations dramatisantes et d’autres non dramatisantes d’un problème.
 Exemple du système des retraites
On se dit qu’il faut réformer le système de retraite, car le rapport entre les actifs qui
cotisent et les bénéficiaires des pensions de retraite est moins favorable.
Interprétation dramatisante : Souvent réformes assez drastiques proposées.
Interprétation dé-dramatisante : Le système CH à trois piliers est moins vulnérable en
raison de cette particularité, de cette segmentation en piliers que d’autres systèmes.

On ne se pose pas la Q de savoir si un problème existe réellement, mais on s’intéresse au


décalage entre un état désiré et un état réel.

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De + en + on dit que l’obésité est un problème social. Personne ne se disait auparavant que
l’État devait faire des campagnes de sensibilisation contre l’obésité, on considérait l’obésité
comme un problème privé.
Le blaming c’est au fond l’attribution causale. On blâme qqchose ou qqun vis-à-vis d’un
problème. Par exemple salaire trop élevés seraient la cause du problème. On dit « voilà les
responsables du problème », ce n’est pas nécessairement des individus, il est possible que ce
soit la situation ; mondialisation, etc. On revient sur l’idée que toute pp repose sur des
hypothèses d’intervention. Donc là on cherche la cause du problème, et en fonction du
diagnostic que l’on va poser sur les causes/l’étiologie du problème, les remèdes qui vont être
proposés vont différer (=> claiming).
Hypothèses causales qui mettent en rapport des variables indépendantes (=> cause du
problème) et dépendantes (=> problèmes). La pp comme autre variable indépendante va agir
sur le problème et le résoudre, dans le meilleur des cas. Müller parle justement d’algorithmes.

 Exemple de la politique de la drogue - Kübler


Kübler montre, dans un premier temps, que la politique de la drogue est traditionnellement
une politique répressive basée sur des interdictions. Cette politique répressive a
progressivement été remise en question par les pouvoirs publics, c’est donc principalement
du haut/de l’administration que s’est remise en Q cette politique. Elle est donc devenue une
politique plus pragmatique et libérale. Elle a rencontré des oppositions, ce qui est
intéressant, c’est que Kübler montre que les oppositions reposent sur deux cadrages
différents (deux framing différents) ; on s’oppose pour deux raisons différentes, on
s’oppose avec une vision du problème qui est différente. Ces coalitions d’opposition sont :
 La coalition de l’abstinence
Elle est favorable à une politique restrictive et répressive dans le domaine de l’usage des
drogues.
Analyse de la recherche de Kübler par Papadopoulos :
Toute pp implique des coûts et des bénéfices, mais qui peuvent être de nature diverse, soit
concentrés (si on construit un pilonne à haute tension à côté de notre jardin, c’est un coût
supporté de manière spécifique par un groupe étroit), soit diffus.
Métaphore de l’arrosage : Les bénéficiaires des subventions ne sont pas nécessairement
ceux qui en ont le + besoin, mais les bénéfices sont répartis sur l’ensemble de la
population. On parle de bénéfices diffus.
L’assurance chômage bénéficie à la minorité qui est au chômage, donc bénéfices
concentrés. Framing : La libéralisation de la politique de la drogue consisterait à légaliser
un fléau social, c’est donc imposer qqchose de désagréable à l’ensemble de la société sur le
plan moral. Il y a dans ce framing qqchose qui implique des coûts diffus, puisque c’est
l’ensemble de la société qui trinque. Il y a l’idée que les bénéfices sont réservés à un
groupe étroit qui ne mérite pas ces bénéfices. On part de l’idée que le groupe qui reçoit les
prestations doit les mériter. Certains diraient que les toxicomanes sont responsables de leur
propre sort et ne doivent donc pas recevoir de prestations.
Cette politique impose donc des coûts à l’ensemble de la société et donne des bénéfices à
un petit groupe qui ne les mérite pas.
Toute seule, cette coalition n’a pas assez de force face à la politique de libéralisation, il y a
donc un certain soutien d’une autre coalition qui considère le problème différemment.

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 La coalition du voisinage
Coalition qui a lieu sur le terrain et qui regroupe des personnes voisines aux lieux de cette
pp.
Framing : On ne veut pas de ces infrastructures pour personnes dépendantes, non pas
parce que ces personnes ne méritent pas les bénéfices/prestations, mais parce que ça
dégrade notre environnement de vie. La présence de personnes toxicodépendantes génère
un sentiment d’insécurité dans la population des quartiers dans lesquels se trouvent ces
personnes toxicodépendantes. Ca péjore le cadre de vie avec les seringues, c’est
dangereux pour les enfants qui vont à l’école et enfin ça fait baisser les prix de
l’immobilier dans le quartier, du coup le chiffre d’affaire baisse à cause de la mauvaise
ambiance et des clients qui ne viennent plus.
Cette coalition regroupe des gens plutôt agnostiques. Eux, ce qu’ils n’aiment pas ce sont
les coûts concentrés.
« Nimby » (« Not in my backyard ») : « Oui d’accord pour les centrales nucléaires, mais
pas chez moi. »
 Tout problème public n’est pas politisé : rôle des médiateurs et gatekeepers pour
l’entrée dans les arènes décisionnelles
La manière dont on définit un problème est très importante pour l’analyse afin de comprendre
comment se positionne chaque acteur. Il faut être attentif au rôle des acteurs qui politisent un
problème. Pour que les pouvoirs publics décident d’intervenir, pour que l’administration dise
là il y a un besoin d’agir, pour que les parlementaires se saisissent d’un problème et déposent
une motion ou un postulat, il faut qu’ils soient convaincus que ces problèmes appellent une
intervention des pouvoirs publics. Il faut donc être attentif au rôle des acteurs qui défendent
l’idée que tel problème est d’intérêt public et qu’il faut donc de l’action des pouvoirs publics.
C’est le rôle des gatekeepers (portiers), tel problème est prioritaire, il faut l’empoigner, tel
problème est secondaire ou tel problème encore n’est pas un problème social. Donc
importance des gatekeepers. Un entrepreneur de normes est qqun qui prend son bâton de
pèlerin et qui tentent de faire comprendre à certains acteurs qu’il y a véritablement un
problème, il est donc question de modifier les idéologies dominantes de ces acteurs politiques.
 S’intéresser à l’analyse de l’action collective, des groupes d’intérêt, à la sociologie des
mobilisations...
 Répertoires d’action les plus visibles pas nécessairement les plus efficaces
Si on s’intéresse aux acteurs, le penchant naturel est de s’intéresser aux mobilisations de ces
acteurs. Pour l’analyse des pp ceci peut être un biais, car il risque de nous amener à faire un
diagnostic erroné sur qui est l’acteur influent. Deux limites à l’idée de s’intéresser aux
mobilisations des acteurs :
 1ère limite
Les phénomènes sociaux les plus visibles, tels que les mobilisations collectives
(manifestations) ne sont pas nécessairement ceux qui déploient le plus d’effet en matière de
décision pol. On a une réforme, est-ce qu’elle a lieu parce que tel syndicat s’est mobilisé, ou
est-ce que la réforme a eu lieu par un lobbying discret, silencieux auprès des parlementaires ?
 2ème limite
Analyse de l’action collective conduit aux résultats que ce sont les mobilisations les plus
discrètes qui sont les plus efficaces, car celui qui fait partie de ce genre de mobilisation
possède un accès privilégié aux décideurs. Alors que si on se mobilise dans la rue, c’est parce
que l’on n’a pas d’autres canaux d’influence moins coûteux.

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Donc moyens d’action les plus visibles ne sont pas forcément les plus efficaces.
En lien avec ceci, l’analyse des pp privilégient souvent comme variable explicative des
changements des pp, l’action d’élite, pas des mouvements collectifs, encore moins des
citoyens individuels, mais l’action d’acteurs qui disposent de ressources particulières. Élites
politiques peuvent définir des situations comme problématiques sur la base de considérations
différentes.
 Accent sur les idées des élites politiques (issue ownership) et administratives
(« communautés épistémiques ») : « élites programmatiques » (W. Genieys)
o Issue ownership (théorie de la possession de l’enjeu)
Cette théorie est un peu radicale, il faut la relativiser. On a l’impression que dans un système
politique caractérisé par la concurrence ; des élections concurrentielles à travers lesquelles les
partis politiques veulent le pouvoir, il est question des arguments des uns, contre les
arguments des autres. Le débat semble jouer un rôle essentiel. Cette théorie nous dit que les
partis, acteurs rationnels qui veulent maximiser les voix, ne s’intéressent pas au débat et ne
veulent pas entrer en matière par rapport aux arguments de l’adversaire, car ils courent le
risque d’accordant de l’importance/que l’opinion publique accorde de l’importance aux
arguments de l’adversaire qu’on tente d’invalider, à ce que notre intervention génère de la
résonnance envers les arguments qu’on veut combattre. Si qqun nous embête, le conseil est
d’ignorer cette personne et non de débattre avec elle. Cette théorie dit que les partis n’entrent
que rarement en matière, par contre, ce que chaque parti essaie de faire c’est de s’approprier
un enjeu propre, c’est-à-dire de convaincre l’électorat que tel domaine de pp est mieux géré
par le parti X ; ex : UDC - immigration. Le but pour le parti en question est d’avoir la plus
grande crédibilité sur un thème précis, donc ce parti ne parlera pas des enjeux vis-à-vis
desquels il ne pense pas disposer de crédibilité (connaissances). Chaque parti développe en
quelque sorte un monopole sur un enjeu qu’il s’approprie pour devenir l’acteur le + crédible,
voire le seul acteur crédible. Un des motifs qui pousse les acteurs partisans à définir des
situations comme problématique c’est dans le cadre de cette stratégie d’issue ownership. On
voit donc pourquoi les entrepreneurs partisans entrent dans le domaine des pp en définissant
des situations comme problématiques et en produisant des remèdes pour réduire l’écart entre
état désiré et état réel. Les partis sont parfois monothématiques puisqu’ils construisent leur
crédibilité autour d’un seul enjeu. Ici on est très clairement dans le powering, stratégie
rationnelle pour rassembler des votes. Mais il y a aussi le puzzling, les acteurs qui arrivent
avec de nouvelles problématisation sont les experts externes ou de l’administration.
o « Communautés épistémiques » - Haas
C’est un groupe d’acteurs qui partagent les mêmes idées sur une pp, mais qui ne sont pas des
idées guidées par une vision normative (ce qui est bon ou non de faire), ce sont des idées
guidées par le type problem solving. Le concept de « communauté épistémique » par Haas
dans la politique de l’environnement. Donc cette communauté est constituée d’experts de
l’environnement qui se sont regroupés dans des rencontres/conférences internationales et qui
ont alors développé un savoir commun lors de ces rencontres. Ce sont des diffusions de
problématisations communes. Kübler montrait justement que les réformes venaient de
l’administration, mais qu’elles ont été préparées lors de rencontres internationales qui se sont
attachés à élaborer le nouveau paradigme de la drogue. Dans l’optique de Haas une
« communauté épistémique » est composée d’experts. Mais, Haas n’inclut pas le fait qu’il
peut y avoir aussi des politiciens, des gens de l’administration, etc.

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o « Élites programmatiques » - Genieys


Des élites qui reformulent les programmes de pp.
Le rôle de ces acteurs est important, ils peuvent servir de filtre ou de médiateur.
Retour sur Jamous
Réforme du secteur hospitalier en FR. Il y avait 2 conditions à la réussite de la réforme:
Mobilisations des jeunes médecins + endossement de la réforme par une personnalité
charismatique (professeur Debré). Ça veut dire que sans le professeur Debré, il n’y aurait pas
eu de réforme. Ce n’est pas parce qu’il y a un intérêt en faveur du changement, même un
intérêt large que ce changement va avoir lieu. Parfois on pense que si une pp change c’est
parce que la majorité veut un changement, mais ce n’est pas tjs le cas.
o Olsen : paradoxe de l’action collective - club goods
Il analyse les phénomènes d’action collective, il dit que l’action (ou l’inaction) collective est
le résultat de l’agrégation de comportements individuels rationnels. Il y a pourtant un
paradoxe, c’est que les comportements rationnels sur le plan individuel peuvent conduire à
des comportements suboptimals sur le plan collectif. Olsen considère qu’il n’est pas rationnel
en termes d’utilité de se mobiliser pour une cause, car il y en aura d’autres qui vont le faire
pour cette cause. Il est donc plus rationnel d’engranger les bénéfices générés par la
mobilisation sans avoir contribué à l’effort. C’est pourquoi Olsen dit qu’il n’est pas rationnel
de se mobiliser si le bien obtenu suite à la mobilisation est un bien collectif ; qu’on se soit
mobilisé ou non, on l’obtient. Cette situation conduit, selon Olsen, a des paradoxes et des
résultats suboptimals, puisque si tout le monde fait ce raisonnement personne ne se mobilise
et le bien collectif ne sera pas produit. Donc problématique du free-riding (problématique du
cavalier seul, ticket gratuit, passager clandestin). Si personne ne paie son ticket de bus, le
résultat c’est qu’à la fin il n’y aura pas de transports puisque pas de contributions
économiques. Olsen dit que parce que les acteurs sont en partie mus par cette idée, l’existence
d’un intérêt partagé socialement ne garantit pas la satisfaction de cet intérêt.
L’agriculture a bénéficié de mesures protectionnistes dans bcp de pays bien avant qu’on mette
en avant la protection du consommateur. Normalement les intérêts des consommateurs sont
plus larges. Manifs des agriculteurs => une petite partie de la population, alors que manif des
consommateurs => on devrait avoir toute la population. Comment se fait-il que des intérêts
étroits sont mieux capables de définir leur situation comme problématique que les intérêts
larges ? Il y a deux mécanismes :
 Pression sociale
Plus le groupe est petit, plus il y a la pression du groupe. On parle de pression des pairs.
Ex : Travail de séminaire à six risque de compter un travailleur clandestin (donc un free-
rider), alors que travail de séminaire à deux comporte beaucoup moins ce risque.
Donc plus le groupe est petit plus la pression normative est grande.
 Club-goods
Un groupe étroit va revendiquer des bénéfices exclusifs. Un bénéfice exclusif est un bénéfice
auquel les non-membres du groupe n’ont pas droit => notion de club goods, c'est-à-dire que
dans un club, les biens du club sont réservés aux membres. Un bénéfice privé est un bénéfice
distribué uniquement aux membres. Olsen conseille aux organisations, même si elles
représentent un intérêt large, de donner des bénéfices privés à ses membres.
Ex : Fédération des consommateurs prodigue des conseils gratuits aux membres, et payants
aux non-membres.

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Ex : TCS est un groupe d’intérêt/une organisation de type advocacy. Il fournit des prestations
à ses membres, qu’il ne fournit pas à ses non-membres.
 Rôle de la polity (POS = political opportunity structure et sa perception :
incertitude et rationalité limitée
Concept de structure des opportunités politiques (POS), c’est de la polity qui a un impact sur
les polities. Il y a des structures plutôt favorables à l’émergence de demandes et d’autres qui
le sont moins.
 Exemple de POS en Suisse
En CH, il y a le mécanisme de l’initiative populaire. C’est très clairement un mécanisme
faisant partie du POS qui est favorable à l’émergence de demandes, qui autrement
n’auraient pas forcé le barrage du filtre du système.
La structure institutionnelle au sens large est aussi une variable qui fait que le système est plus
ou moins ouvert à l’émergence de demandes.
 Critique de la POS
Les spécialistes de l’action collective ont critiqué ce concept de POS en disant que ce qui
compte ce n’est pas si la structure d’opportunité est + ou - favorable, mais qu’il fallait
s’intéresser aux perceptions qu’ont les acteurs de la structure comme leur étant + ou -
favorable. La critique dit que ce qui compte ce sont les perceptions que les acteurs ont, mais
ceci n’invalide pourtant pas que ces variables, même à travers leurs perceptions, jouent un
rôle. Le système CH contient bcp de venues, on parle donc de venues shopping, puisque les
acteurs comparent les différents lieux d’accès qui s’offrent à eux et choisissent les +
appropriés, les moins coûteux (=> voir Olsen et les coûts de la mobilisation).

11 mars 2013

Rappel
Plus les acteurs disposent de lieux dans lesquels les acteurs peuvent amener leur problèmes,
plus il leur est aisé XXX.
L’existence d’un intérêt social, même largement partagé, ne suffit pas pour que les problèmes
de ce groupe soient pris en compte, car notamment les grands groupes sont confrontés à des
différences d’action collective.
Suite
 Rappel : Approche séquentielle trop rigide
Caractère séquentiel trop rigide. La problématisation d’une situation, donc la définition d’une
situation comme étant problématique (=écart entre état souhaité et état réel) n’est pas qqchose
qui se fait uniquement au début, mais tout au long du processus, il y a des redéfinitions
nouvelles ; le cadrage, le framing change. De l’autre côté, il y a toute une série d’approches de
changements en pp qui mettent l’accent sur le fait que le changement est partiel, il va y avoir
des redéfinitions, mais qui ne vont pas complétement bouleversé/bousculer les définitions
antérieures.
Deux exemples d’approches qui mettent l’accent sur les limites des changements, donc re-
problématisation (re-framing) reste partielle :
 Incrémentalis me
Changement qui se fait petit à petit, il se fait à la marge, par petites doses.

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Lindblom, pluraliste américain, dit dans sa vision pluraliste que pour arriver à un changement
il faut une coalition, divers soutiens agrégés, pour les agréger il faut faire des compromis.
Lindblom met l’accent sur les compromis qui est le minimum des dénominateurs communs
pour rassembler des visions différentes.
Donc il est d’abord question des approches pluralistes en tant qu’approches incrémentales.
Soit un changement d’envergure souvent peu soutenu, soit un changement soutenu, mais
relativement marginal.
 Path-dependency
Cette approche met l’accent sur le fait que le passé compte, c’est-à-dire que la politique
publique va être largement dépendante de la politique précédente, et cette dernière dépend de
celle la précédent encore, etc. Cette approche revient à dire que ce qu’il s’est passé aux
origines d’une pp compte. Quand on a choisi une voie, plus on avance dans le temps, moins
on va remettre en Q cette pp :
o Première raison de la non-remise en Q
Les pp crée souvent des bénéficiaires et qui ont donc intérêts au statut quo (donc non-remise
en Q de la pp en place), ils vont alors se mobiliser partout pour empêcher le changement, ils
sont organisés et vont donc intervenir dans les lieux de veto ; lancement d’un référendum,
faire grève, faire des campagnes contre le changement. Lorsque l’on essaie de changer une pp
on bute sur les bénéficiaires des mesures qui sont remises en Q. Il y a un coût politique que
les gouvernements ne veulent pas assurer.
 Exemple de la politique des retraites
Il s’agit d’assainir la caisse de pensions de l’État de Vaud, bcp d’acteurs refusent cette
réforme qui remet en Q un certain nombre d’acquis. Donc les bénéficiaires se mobilisent
pour mettre un frein aux réformes.
Si ces réformes sont marginales, incrémentales c’est parce qu’elles butent sur les
bénéficiaires. Il y a les réformistes qui calculent, « on ne veut pas se mettre ces gens à dos à
cause des prochaines élections, car risque de perdre cet électorat. ».
o Deuxième raison de la non-remise en Q
Quand on a choisi une voie et qu’elle est durable dans le temps, cela implique une
socialisation particulière du peuple. Imaginons, lorsque l’on a mis en place l’État social, il a
une histoire, parfois longue, donc il façonne le comportement, les croyances et la culture des
gens. C’est-à-dire que plus les gens ont vécu longtemps dans un environnement homogène,
plus les croyances sont ancrées.
C’est une interprétation plus culturelle, car ce serait l’idéologie qui guide les croyances, ce qui
fait que certains changements de pp sont considérés comme proprement inconcevables.

2.2. Deuxième étape de l’approche séquentielle - Formulation d’alternatives


et prise de décision
Loi plus ou moins contraignantes. Dans un premier temps, on formule des alternatives et dans
un 2ème temps on (Parlement, peuple, etc.) choisit entre ces différentes alternatives.
Une pp est un agrégat de plusieurs décisions, et non une seule décision. Il est aussi important
d’analyser les non-décisions. On s’intéresse à ce que l’État fait et à ce que l’État ne fait pas,
ou alors pourquoi est-ce que dans un temps 1 on ne fait pas, et dans un temps 2 on fait ?

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 Pas de sociologisme : Withinputs - Easton


Attention au sociologisme ; c'est-à-dire la réduction du politique aux phénomènes de société.
Il ne faut pas penser que lorsqu’une décision est prise cela correspond à un problème social.
Aux inputs qui viennent de la société, groupes d’intérêts, etc. il faut ajouter des inputs qui
viennent de l’administration elle-même.
Starbuck dit que les organisations administratives prennent des décisions, formulent des
inputs, pour justifier leur raison d’être. Souvent il y a des demandes de réformes qui ne
correspondent pas aux besoins sociaux, mais qui proviennent de la lutte politique.
Politique politicienne, les acteurs du système politique débattent entre eux, se mettent d’acc
entre eux, mais pour leur logique propre ; ils veulent le pouvoir, se marginaliser entre eux,
mais pas pour des questions sociales. Ce n’est pas parce que la politique politicienne est
critiquée qu’elle ne dév pas de conséquence par rapp aux politiques publiques. Certaines pp
proviennent de luttes de partis rivaux, et non d’un problème social.
Le changement en pp peut résulter d’inputs formulés par la bureaucratie, pour des raisons qui
lui sont propres, et non pour des raisons de réponses à des problèmes sociaux. On retrouve le
raisonnement de Starbuck ici.
 Décision rationnelle : Exemples de rationalités multiples
 Comportements bureaucratiques
o Public choice - Niskanen - Maximisation du budget => développement du secteur
public
Économiste classique qui fait partie du public choice et qui considère donc que les
bureaucraties, comme d’autres acteurs politiques ont des comportements visant à maximiser
leur utilité. En tant qu’adepte du public choice, il met alors l’accent sur le comportement
rationnel de l’acteur politique qui tente de maximiser son intérêt. Il dit qu’il y a toute une série
de pp qui conduit au gonflement de l’État. Une approche classique, un peu sociologiste, aurait
tendance à interpréter ce développement de l’État comme le résultat de changements sociaux,
de pressions sociales, etc. => exemple du développement de l’État social : prise de conscience
dans la société qu’un certain nombre de risques doivent être assurés (chômage, maladie, etc.)
et cette prise de conscience de ces risques amène le développement de l’État social
Alors que Niskanen dit que si l’État social se développe, c’est parce que la bureaucratie a
intérêt à se développer. Chaque organisation tente de maximiser, d’augmenter son budget, de
développer son territoire (avoir + de ressources), et cette concurrence conduit alors au
développement de l’État.
Si l’État grandit ce n’est pas parce qu’il répond à des raisons sociales nouvelles, mais cela
tient à sa dynamique propre interne. Ces thèses sont un peu antiétatiques.
o Bureau-shaping => restriction du secteur public - Dunleavy
Tout comme Niskanen, il s’inspire du paradigme du choix rationnel et considère qu’il faut
expliquer les réformes par les comportements rationnels des acteurs. Il est également d’accord
avec l’idée de Niskanen qui dit que la bureaucratie cherche à maximiser son intérêt. Le
moteur des réformes administratives serait l’intérêt propre de la bureaucratie, mais la
différence c’est que Dunleavy ne définit pas l’intérêt propre de la bureaucratie de la même
manière que Niskanen qui pense que plus une démocratie grandit, plus elle a de postes, de
compétences, mieux elle se porte. Dunleavy dit quant à lui que le bureaucrate rationnel veut
faire du bureau-shaping, c’est-à-dire littéralement « arranger son bureau », donc on pourrait
dire que le bureaucrate rationnel ne veut pas plus de ressources, mais un joli bureau, avec de
belles lumières, de belles plantes. Mais il entend précisément que les hauts fonctionnaires,

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notamment, donc ceux qui impactent sur les réformes, ce qu’ils veulent ce n’est pas + de
ressources, mais un job intéressant => idée du bureau-shaping. Dunleavy explique ainsi
qqchose qui est une énigme pour une approche à la Niskanen : Que l’État se soit réduit et que
les fonctionnaires, notamment les hauts fonctionnaires, n’étaient pas opposés à la réduction de
l’État. Alors que si ces mêmes fonctionnaires réfléchissent à la Niskanen, ils n’accepteraient
jamais qu’on réduise l’État, car ils auraient moins de ressources. Ces fonctionnaires qui
réfléchissent comme l’approche de Dunleavy disent « oui oui, réduisons l’activité, donc
déléguons une partie des tâches à l’extérieur, car comme ceci nous aurons la qualité à la place
de la quantité ». En gros ils veulent les tâches les plus intéressantes et non une maximisation
des tâches.
L’approche de Dunleavy permet d’expliquer l’acceptation de la réduction de l’État par les
hauts fonctionnaires. Les deux parlent de maximisation, mais elle n’est pas la même,
L’approche de Niskanen parle de développement de l’État, alors que celle de Dunleavy parle
de la réduction de l’État.
o Blame-avoidance => restriction secteur public - Hood
Il s’intéresse aux comportements d’évitement. L’argument est tel que lorsque l’on est
impliqué dans l’activité politique, on endosse les coûts. L’acteur administratif rationnel veut
avant tout se prémunir du risque, notamment du risque de blâme. Donc les acteurs
développent des tactiques d’évitement du blâme. Ces acteurs politico-administratifs qui
tentent d’éviter le blâme rejettent l’échec sur les autres. L’évitement du blâme conduit à du
blame-shift, c’est-à-dire le rejet du blâme sur qqun d’autre, on accuse qqun d’autre. Donc
volonté de restreindre le champ d’activité => l’administration va restreindre le champ
d’activité, non pour avoir un travail + intéressant comme le disait Dunleavy, mais pour avoir
un travail moins « casse-gueule ». Le but est donc de déléguer les tâches à risque. Il n’est pas
question de qualité, mais les acteurs politico-administratifs ne veulent surtout pas prendre de
risque.
Ces approches mettent en avant des motivations totalement différentes (maximisation, qualité
du travail, évitement du risque). Au fond elles disent toutes que la prise de décision relève de
motivations rationnelles, mais ces trois approches définissent la rationalité de manières très
différentes. Les réformes administratives apparaissent comme le résultat d’inputs rationnels,
mais qui sont définit de manière différente selon les différentes approches.
Retour sur la typologie de Weber qui considère que les sociétés modernes sont caractérisées
par la domination rationnelle-légale, où il est donc question de la prédominance de
comportements rationnels en finalité ; des comportements où les acteurs trouvent ce qui leur
paraît le plus adéquat pour leur/s finalité/s. Souvent quand on change une pp, ou qu’on fait
une réforme administrative, on dit le faire pour la rendre + rationnelle, pour qu’elle
corresponde mieux aux besoins de la société, pour que l’administration soit plus efficace et
plus efficiente, donc qu’elle produise un haut niveau de prestation avec un contrôle sur les
coûts.
 Exemple de la NGP
Elle se basait sur l’hypothèse implicite que l’État était inefficace, que le secteur privé était
plus efficace et qu’il fallait donc que l’État, ainsi que l’administration publique soient plus
imprégnés des compétences du secteur privé.

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On voit que les rationalités sont plurielles. Les approches qui mettent l’accent sur le fait que
l’action politique est le résultat des comportements rationnels des acteurs ont été souvent
injustement critiquées.
 Critique
Elle consiste à dire que l’acteur qui se comporte de manière rationnelle, se comporte de
manière excessivement utilitariste/égoïste, et que ce genre d’approche (du choix rationnel)
réduit l’acteur à sa dimension égoïste et ne permet donc pas d’expliquer les comportements
motivés par l’altruisme. Alors qu’on voit chez Olsen que les individus, ne sont pas rationnels
d’un point de vue utilitariste, mais qu’ils sont mus par des sentiments plus nobles dans quoi
ils s’engagent. Alors que l’approche du choix rationnel passe sous silence ce genre de
comportement altruiste. On associe en fait le comportement utilitariste à un comportement
dans lequel il y a une lutte entre acteurs pour l’obtention de ressources.
 Choix rationnel : individus égoïstes ? La coopération comme stratégie
rationnelle, Comportements utilitaristes
o Hardin : « The Tragedy of the Commons » (1968)
Se trouve ici un exemple de comportement utilitariste qui peut conduire à des situations de
coopération entre acteurs. Il existe un certain nombre de biens qui sont des biens publics. La
définition du bien public selon Olsen : Il est universel, donc personne ne peut en être exclu de
son usage. Donc comme personne ne peut en être exclu, il n’y a pas de rivalité, ni de
concurrence entre acteurs. L’air est un bien public, ce n’est donc pas parce qu’on respire,
qu’on empêche l’enseignant de respirer. Par contre, il y a un certain nombre de biens publics
qui sont périssables ; il n’y a pas de rivalité pour l’accès à ces biens, il n’y a pas d’exclusion,
donc tout le monde se les approprie, et le fait que tout le monde se les approprie conduit à leur
dépérissement.
 Exemple de bien public périssable
Il y a des pâturages qui sont d’accès public, c’est-à-dire que tous les fermiers peuvent
mettre leurs bêtes, du coup personne ne va se retreindre, en conséquence, il n’y aura plus
de pâturage. Donc maximisation de l’intérêt individuel conduit à de la surexploitation et a
un résultat suboptimal sur le plan collectif, car dans un premier temps il y en a pour tout le
monde, et dans 2ème temps, il n’y en a plus pour personne. C’est un exemple classique, qui
rappelle la problématique d’Olsen, le comportement rationnel sur le plan individuel, qui dit
que faut profiter du bien le plus possible conduit à un dépérissement du bien dans le long
terme. Donc le comportement égoïste, rendu possible par la structure de la propriété,
conduit à une conséquence suboptimale sur le plan collectif.

o Ostrom : « Governing the Commons. The Evolution of Institutions for Collective


Action »
Politologue et économiste qui a obtenu le prix Nobel, c’était donc la première politologue qui
obtenait le prix Nobel d’économie. Elle parle des espaces communs, mais précise qu’il y a
une régulation des espaces communs, précisément une autorégulation.
 Stratégies de coopération par l’autolimitation sont rationnelles en situation
d’interdépendance
Ce n’est pas l’État qui introduit des restrictions d’accès et qui transforme le bien public en
bien privé, mais les gens eux-mêmes qui se régulent pour éviter le dépérissement du bien. Elle
montre que les membres de ces communautés développent des attitudes coopératives les uns
par rapport aux autres. Ces attitudes consistent en des pratiques d’autolimitation, donc même

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si on n’est pas contraint de s’autolimiter, et notamment de ne pas consommer, donc même si


le bien n’est pas rationné, on décide par nous-même de faire un usage modéré de ce bien
public qu’est par exemple le pâturage. Il ne décide pas de faire cet usage modéré pour des
raisons altruistes, c’est-à-dire qu’ils ne se disent pas « Moi, Jean, je me modère pour que
Pierre ait son pâturage », mais parce qu’ils voient qu’ils sont en situation d’interdépendance,
c’est à dire que « ma capacité à pouvoir consommer le bien, dans le futur, de manière durable,
va dépendre à la fois de mon comportement actuel et du comportement actuel de mon
voisin ». Le bien-être d’un acteur X dépend de son propre comportement et du comportement
de l’acteur Y. C’est pourquoi les acteurs s’autolimitent, car se percevant dans une situation
d’interdépendance.
Ex : Il existe des accords entre patronat et syndicat, puisqu’il existe une relation
d’interdépendance entre ces deux acteurs.
On se perçoit en situation d’interdépendance, car le calcul rationnel se fait désormais à long
terme. D’un point de vue utilitariste, dans le cours terme, il est rationnel de surconsommer le
bien, mais dans un point de vue utilitariste sur le long terme, il est rationnel que chacun
s’autolimite car cela va permettre au bien de persister de manière durable. Ostrom dit alors
que la tragédie des biens communs est évitable, elle explique que des acteurs rationnels à
court terme vont surconsommer, puisque rien ne les interdit, ce qui conduit au dépérissement
du bien, en revanche, des acteurs qui réfléchissent sur le long terme vont se modérer pour
pouvoir continuer à consommer dans le futur.

 Les règles du jeu rendent les comportements prévisibles en guidant les acteurs
par des incitations positives et négatives : Institutionnalisme du choix rationnel
Choix rationnel ne sera donc pas le même selon la perspective temporelle de l’acteur.
Ostrom montre donc que les acteurs mettent en place des stratégies de coopération par
l’autorégulation. Ils se donnent des règles du jeu, comme celle qui dit qu’on doit consommer
tant mais pas plus, sinon ce sera préjudiciable à long terme. Ces règles du jeu ont un effet,
elles rendent les comportements plus prévisibles. Lorsqu’il existe un système de règles du jeu,
les acteurs savent à quoi s’en tenir. Il suffit de penser aux investisseurs qui ne veulent pas
investir dans les pays dans lesquels la loi risque de changer. Donc les règles du jeu sont un
stabilisateur des comportements, car elles orientent les acteurs, elles donnent des incitations
positives et d’autres incitations négatives ; soit récompensé, soit blâmé. Ces règles génèrent
de la stabilité et de la prévisibilité des comportements par les incitations positives et
négatives. Elles sont comme les institutions. Le néo-institutionnalisme considère que lorsque
l’on a affaire à une norme très ancrée (norme de concordance), c’est un peu comme si on avait
affaire à une institution. Lien avec la path-dependency. L’idée d’Ostrom, fondatrice de
l’institutionnalisme du choix rationnel, est qu’il est rationnel pour les acteurs de se donner des
règles du jeu, car ces règles vont stabiliser les comportements et réduire l’incertitude, il est
rationnel pour un acteur de vouloir se trouver dans un environnement où l’incertitude est
réduite.
 Rationalité absolue ou limitée ?
Les acteurs politiques ont une rationalité limitée, due par exemple à la variable temporelle.
Les acteurs ont des comportements rationnels, mais limités. On comprend mieux la rationalité
limitée en comprenant la rationalité absolue, qui elle, est une sorte d’idéal-type.

Université de Lausanne - 2012-2013 - Ioannis Papadopoulos Page 29


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Floriane Wyss

 Rationalité absolue : l’acteur


Les acteurs politiques aimeraient avoir une rationalité de type absolu, car elle permet à
l’acteur de :
- Connaître ses préférences, c'est-à-dire qu’un acteur qui va au Salon de l’Automobile sait
quelle voiture il préfère, par exemple un intérêt étroit => la vitesse, ou un intérêt plutôt
collectif => une voiture non-polluante.
- Identifier les alternatives
- Comparer les alternatives selon le rapport coût/bénéfice
- Procéder à une hiérarchisation des alternatives et de choisir la plus optimiste en fonction du
rapport coût/bénéfice.
 Rationalité limitée
o Par valeurs, croyances idéologiques
Ex : Voir un t-shirt a 5frs et refuser de l’acheter malgré l’envie vis-à-vis du prix, car on se dit
qu’il a dû être produit dans un environnement ne respectant pas les normes salariales, etc.
Les pp qui pourraient être rationnelles par la finalité sont des pp qui peuvent être empêchées
par le système de valeurs de décideurs. L’idéologie et les systèmes de valeurs limitent les
calculs rationnels de type utilitariste. Selon March & Olsen, il existe toutefois deux logiques
différentes logic of appropriateness vs logic of consequentiality :
- La logique des conséquences (logic of consequentiality)
On fait ou non qqchose en fonction des risques. Ce qu’on fait ou non dépend de notre
anticipation des conséquences. Ce qui guide nos actions est l’anticipation de nos
comportements. Il s’agit d’une action dictée par anticipation des conséquences.
Ex : Je viens au cours de pp parce que si je ne viens pas je vais me planter à l’examen.

- La logique de convenance (logic of appropriateness)


Ce qu’on fait ou non est en fonction de ce que nous estimons moralement acceptable ou non.
Action est dictée par les croyances sur les comportements appropriés/valorisés socialement et
sur les comportements inappropriés/stigmatisés socialement.
Ex : Je viens au cours de pp parce que je considère que c’est moralement important d’y venir.
=> Avec la logique de convenance on est amené à tenir compte des normes sociales !
13 mars 2013

Conférence par Aurélien Buffat, voir notes à part.

18 mars 2013

Rappel
Il existe deux principales approches de la rationalité ; la rationalité absolue qui est un idéal
auquel tendent ou aimeraient tendre ceux qui prennent les décisions politiques et la rationalité
limitée qui explique que les acteurs qui prennent des décisions politiques sont limités par un
certain nombre de facteurs :
o Suite - Par valeurs, croyances idéologiques
Nos décisions sont en partie guidées par nos valeurs, ceci peut faire que nos valeurs nous
interdisent parfois de prendre des décisions qui seraient rationnelles selon le calcul moyen-fin,
mais nos valeurs nous empêchent parfois de maximiser et nous contraignent parfois à faire
des choix qui ne sont pas maximisateur d’utilité.
Université de Lausanne - 2012-2013 - Ioannis Papadopoulos Page 30
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Floriane Wyss

Ex : On est au supermarché, on est certain qu’on ne va pas se faire prendre, donc on a


avantage à voler qqchose, mais nos valeurs nous empêchent de le faire.
D’un côté, il y a ceux qui disent qu’il faut laisser les marchés réguler les comportements
sociaux et qui n’aiment pas une intervention publique qu’ils jugent rapidement trop excessive,
et de l’autre côté il y a ceux qui croient à priori que l’intervention publique s’impose pour des
raisons de justice sociale ; par rapport à une pp particulière => par ex octroi de subventions.
Finalement, les choix des décideurs sont bcp + déterminés par leurs croyances que par une
réelle évaluation des conséquences positives ou négatives des différent choix/instruments qui
s’offrent à eux. Donc les croyances jouent un rôle important dans la prise de décision, car
elles prédisposent à prendre certains types de décisions et découragent d’autres palettes de
décisions. On peut même dire que les croyances nous imposent certaines décisions, car elles
seraient moralement bonnes ou socialement efficace, d’un autre côté elles nous interdisent de
prendre des décisions qui seraient immorales.
Helmut Wilke
Il explique qu’on recourt souvent à la science/à l’expertise pour réduire la rationalité limitée
des acteurs, mais en même temps on voit que l’expertise n’est pas utilisée. On parle alors de
dissonance cognitive : Lorsque les résultats d’évaluation contredisent nos croyances de base
on va avoir tendance à ne pas les prendre en considération. Donc les choix politiques sont
affaire de l’idéologie, puisque même quand la prise de décision est expliquée de manière
scientifique, les jeux de pouvoirs/politiques reprennent le dessus. Les valeurs restreignent
donc la rationalité.
 Exemple de comportement régi par la logique de convenance
Il y a des gens qui estiment payer trop d’impôts, ils pourraient donc décider d’émigrer dans
un autre endroit où on paie moins d’impôt, mais certains ne le font pas par attachement à
l’endroit d’où ils viennent => « Quand on aime, on ne compte pas ». C'est-à-dire que
parfois, le calcul rationnel est surpassé par les valeurs.
Rappel du néo-institutionnalis me
Les institutions comptent, car elles réduisent les coûts de transaction.
Ex : L’institution du règlement de l’Université de Lausanne précise que ce cours de pp donne
lieu à un examen écrit sans doc. Si rien n’était stipulé, on devrait négocier ceci en classe, donc
coût de transaction plus grand dans ce cas.
L’institutionnalisation stabilise les comportements et les rend plus prévisibles. Tout ceci a
comme implicite que les institutions sont des données qui contraignent les calculs des acteurs.
Ex : En CH, si on est contre une décision politique on peut lancer un référendum. Il y a donc
l’institution du référendum qui n’existe nulle part ailleurs. Les parlementaires savent aussi que
pour éviter un référendum, un projet doit avoir un soutien large au Parlement. L’existence de
l’institution du référendum impose aux acteurs, s’ils sont rationnels et s’ils ne veulent pas se
casser la figure, de construire des majorités assez larges, cela contraint donc leur calcul.
=> Institutionnalisme de type choix rationnel.
Institutionnalisme sociologique : March & Olsen
Les institutions en tant que collectif produisent des valeurs auxquelles les acteurs adhèrent et
dont ils sont contraints.
Ex : En CH, lorsque l’on est contre un projet de loi, on va en général lancer un référendum,
donc on ne sera pas très enclin à manifester, faire des grèves, etc. même si cela pourrait être
mieux, car cela ne fait pas partie de la culture politique CH.

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Margaret Levi - contingent compliers


Elle a étudié les politiques fiscales aux USA. Levi a essayé de comprendre ce qui fait que les
gens sont d’accord ou non de payer des impôts. En termes d’approche du choix rationnel
classique, si on est certain que si on nous attrape en train de faire de l’évasion fiscale on sera
puni, on a une forte incitation à payer les impôts => logique des conséquences. Mais ce n’est
pas si simple. Levi constate un mécanisme dans lequel les deux logiques (conséquence +
convenance) sont à l’œuvre. Elle dit que ce mécanisme fait que notre accord de payer des
impôts/se soumettre à l’impôt dépend d’un certain nombre de facteurs, dont deux principaux :
 La décision de payer des impôts va dépendre du rapport que l’on a avec l’État
Il faut qu’on ait le sentiment que l’État nous rend la pareille, puisque lorsque nous donnons
nos impôts à l’État, celui-ci nous rend des services qui nous sont favorables. Donc l’échange
avec l’État est mutuellement profitable. Si nous payons nos impôts, ils ne vont pas disparaître
dans la poche de politiciens corrompus, mais ils vont servir à financer des biens et des
services qui nous profiterons (routes, écoles, transports, etc.). À ceci est couplé qqchose qui a
plus à voir avec les valeurs, il faut que l’on ait en plus une image de l’État comme étant une
institution qui prend des décisions justes (fair).
Ex : Rothstein s’est posé la question de pourquoi les classes moyennes supérieures sont
d’accord de financer un État alors qu’elles ne profitent pas de l’argent des impôts, puisque ce
sont les classes défavorisées qui en profitent. C’est donc le deuxième mécanisme qui permet
de répondre à cette question. Il s’agit d’une question de valeurs, si ce que fait l’État est
« juste » tel que nous le concevons, nous serons d’accord de payer nos impôts.
 De notre rapport aux autres individus membres de la même collectivité.
Je paie mes impôts si mon voisin paie également ses impôts. Si mon voisin ne paie pas ses
impôts et que je les paie, on est dans une problématique Olsonienne du ticket gratuit, mon
voisin bénéficie du bien public sans y avoir contribué => free-rider. Alors si dans la société on
se perçoit mutuellement dans des relations de free-riding, il n’y a pas d’incitation à contribuer
au bien-être collectif. En gros, si je paie mes impôts, alors que mon voisin ne paie pas les
siens, mais reçoit quand même les prestations de l’État, je suis un idiot. Il y a donc le besoin
de faire confiance aux membres de la communauté. On voit que la confiance est très liée au
système de valeurs ; une société dans laquelle tricher est mal vu implique que les uns les
autres vont se surveiller mutuellement, la tricherie sera socialement dévalorisée, on s’assure
alors mutuellement du comportement approprié de l’autre si on a des valeurs qui considèrent
certains comportements comme désirables et d’autres comme à proscrire. Donc pour avoir
une société où le peuple paie ses impôts, il faut un système de valeurs dans lequel ne pas
payer ses impôts c’est une tricherie.
Il y a donc une dimension verticale (individu  État) dans laquelle sont présents les deux
types de logiques, ainsi qu’une dimension horizontale (individu  membres de la
collectivité) dans laquelle sont présents également les deux types de logiques. On peut dire
que dans les deux cas, il y a les deux types de logiques qui sont à l’œuvre.
o Car information imparfaite et incertitude
Si on n’opte pas pour une décision X ce n’est pas parce que nos valeurs nous l’interdisent,
mais parce que l’on n’est pas vraiment en position de juger. D’où le fait que souvent les
politiciens demandent l’aide des experts pour les aider à juger. On parle alors de manque
d’expertise. Les problèmes publics sont complexes, il faut donc parfois un savoir expert pour
amener des hypothèses d’action correctes.

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o Par restrictions temporelle qui aggravent les problèmes de traitement de


l’information (ignorance optimale)
En plus de l’information imparfaite dont disposent les acteurs, le problème du temps est lui-
aussi extrêmement important, c'est-à-dire que l’on pourrait envisager de remédier au problème
d’informations, mais on est contraint à cause du temps.
Debry se demande comment les réagissent dans des situations de fluidité. Il s’intéresse à
différents mécanismes.
 Exemple de la crise des missiles de Cuba
Le premier mécanisme de Debry est de « faire comme avant », on se dit « tel général ne nous
a jamais lâché, donc il continuera à être fidèle ». Mais « faire comme avant » n’est pas
forcément la bonne stratégie, puisque le contexte a peut-être changé. L’Union soviétique, en
Guerre Froide voulait installer des missiles à Cuba (alliés) contre les USA.
Allison étudie justement la réaction des USA face à cette menace soviétique. Une des
découvertes de ce travail était de voir que chacune des forces américaines impliquées (marine,
etc.) avait son propre plan, qui n’était donc pas spécifiquement prévu pour ce genre
d’événement là, mais qui était un plan de réaction en temps de crise. Alors chacune des forces
a sorti son plan, l’un était d’instaurer un blocus autour des côtes cubaines. Ces plans étaient
préfabriqués, donc fabriqués en dehors de ce contexte précis. Chaque force tentait de sortir le
plan qu’elle pensait qui fonctionnait, le but étant donc de ramener l’inconnu à du connu.
Le concept d’ignorance optimale dit que le décideur cherche à savoir ce qu’il peut se
permettre d’ignorer lorsqu’il prend une décision. On parle alors d’optimisation de l’ignorance.
o Car objectifs pluriels et parfois contradictoires sans possibilité de hiérarchisation
L’approche de la rationalité absolue considère que les acteurs ont des objectifs et qu’ils
ajustent leurs comportements pour atteindre ces objectifs, donc ajustement des moyens aux
fins.

Shortcuts : Satisfaction plutôt que maximisation


Toutes ces limitations font qu’un acteur défini comme étant dans une rationalité limitée aura
des objectifs de rationalisation moins ambitieux qu’un acteur dans un principe de rationalité
absolue. Un acteur en situation de rationalité absolue, qui cherche à maximiser son bien-
être/intérêt va scanner toutes les décisions possibles, va les classer, les hiérarchiser et va donc
choisir celle qui lui permet de maximiser sa décision. Un acteur en situation de rationalité
limitée sera beaucoup moins ambitieux dans son effort, il ne va pas scanner toutes les options
possibles, puisque certaines des options lui sont moralement insupportables (rôle des valeurs),
ou alors qu’il ne les connaît pas.
 Exemple du principe de rationalité limitée en CH
La CH se calque sur l’ALL, car c’est à côté, ils parlent la même langue. Donc on copie
celui qui nous paraît semblable et proche. C’est plus économe en termes de collecte
d’informations et de temps. March et Simon disent que l’acteur en rationalité limitée
s’arrête à la première solution qui lui paraît grosso-modo satisfaisante.
 Exemple du principe de rationalité limitée au Salon de l’automobile
On n’a pas forcément besoin de faire tous les stands de voiture, de prendre des notes et de
comparer, puisqu’un comportement de type rationalité limitée dit que dès qu’on trouve une
voiture qui semble nous convenir, on arrête ici la recherche/le scanning.
Donc souvent, les décideurs politiques gèrent ce problème de difficulté de collecte
d’informations et de rapport au temps en recourant au principe de satisfaction => première

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alternative qui paraît satisfaisante. On arrive donc à des approches bcp + désacralisées de la
décision politique.
Charles Lindblom : The science of muddling trough
Il dit que les décideurs politiques font avec les ressources du bord et l’art de la prise de
décision politique consiste (c’est ce qu’il appelle the science of muddling through) au fait
qu’il faut se débrouiller. Deux exemples où l’on fait « avec ce que l’on a » :
 Incrémentalis me
Le décideur politique ne cherche pas à avoir la politique la plus rationnelle ou efficace, mais à
faire des compromis avec ce qui risquerait de bloquer les décisions. Il sera donc poussé vers
des réformes marginales/incrémentales qui sont donc probablement suboptimale. Parfois des
problèmes importants demanderaient des réformes drastiques, mais faire de petites réformes
fonctionne, même si ça ne résout pas fondamentalement les problèmes.
 Limite
Le modèle incrémental est toutefois excessivement pessimiste puisqu’il met l’accent sur
l’impossibilité des réformes. Le marchandage joue un rôle important, mais l’incrémentalisme
postule que ce n’est pas possible d’arriver à des réformes d’envergure. Pourtant il existe bel et
bien des situations dans lesquelles il y a des réformes importantes. On parle alors de
mécanismes qui permettent de contrer les tendances à l’incrémentalisme :
- Side-payment
Les approches incrémentales postulent que les réformes sont de faibles envergures, car il faut
composer avec les opposants avec ces réformes. L’analyse des pp a toutefois montré que les
réformistes disposent de moyens pour faire rallier les partisans du statu quo (opposants) à la
réforme. Par exemple, en leur accordant des side-payment, en leur disant « on sait que cette
réforme risque de vous causer du tort, donc vous vous y opposer, mais nous on y tient, on va
donc vous donner des compensations », ces compensations permettent parfois de les rallier au
statu quo.

 Exemple de la libre-circulation des personnes en CH


Le CF voulait absolument cette libre-circulation de même que le patronat (pour avoir la
meilleure main-d’œuvre possible), cela voulait dire qu’ils allaient être très embêtés si la
réforme ne passait pas. UDC faisait partie des opposants. S’il n’y avait que l’UDC qui
s’opposait c’était quand-même jouable. Toutefois, les syndicats s’y opposaient également,
car ils avaient peur du dumping salarial, peur que cela fasse baisser les salaires. Les
syndicats avaient peur des conséquences néfastes. Qu’est-ce qui a donc été offert aux
syndicats pour qu’ils acceptent de ne plus s’opposer à cette réforme ? Des mesures
d’accompagnement, c'est-à-dire des mesures qui visent à éviter le dumping salarial en
introduisant notamment des mécanismes de contrôle. Donc ces mesures
d’accompagnement ont permis d’acheter le soutien des syndicats à la libre-circulation. Les
réformistes ont parfois des cartes dans la manche qu’ils peuvent distribuer à ceux qui ont
peur de perdre la réforme.

- Log-rolling
Il présuppose que les décisions politiques ne sont pas uniques, mais qu’elles se suivent les
unes les autres. Qu’elles ne sont pas one-shot, c’est-à-dire qui se passent en une fois, puis plus
rien, mais qu’il y a une séquence de décisions. Les décideurs politiques sont régulièrement
amenés à se revoir, cela leur donne la possibilité d’avoir des échanges différés dans le temps.

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Principe du renvoi d’ascenseur => Je fais une concession ajd et je m’attends à ce que vous (à
qui j’ai fait la concession) me rendiez la pareille plus tard, mais seulement dans le cas où les
décideurs sont à nouveau confronté à des situations d’interdépendance. Les décideurs peuvent
évaluer l’intensité de leur préférence, car je fais ajd une concession sur un sujet qui n’est pas
très important pour moi, donc concession ne me coûte pas grand-chose. Concession me coûte
peu sur un sujet très important pour mon partenaire, donc j’attends en échange que dans le
futur, sur un sujet non important pour lui, mon partenaire fera une concession sur un sujet qui
pour moi sera très important. Le temps permet donc de faire des concessions mutuelles et de
débloquer des réformes. On fait plus facilement des concessions sur des sujets qui ne nous
coûtent pas bcp.
 Garbage can - Cohen, March & Olsen
Ce modèle critique la vision balistique des pp, vision qui consiste à penser qu’une pp vise un
objectif précis et qu’il s’agit de trouver le meilleur moyen pour répondre à ce problème.
Les tenants du garbage can disent que les choses ne se passent pas comme ceci. Ils imaginent
que ce n’est pas qu’on a des décisions politiques adéquates à des problèmes, mais disent qu’il
y a des problèmes sociaux (pollution, absence de croissance, vieillissement de la pop) où il y a
des solutions politiques (réduire l’immigration, augmenter subventions, réduire impôts, etc.).
Il y a donc une palette de problèmes et une palette de solutions. Ils disent qu’il n’y a pas
d’adéquation entre problème et solution et que donc les solutions qui sont liées aux problèmes
sont le fruit du hasard. Une solution ne serait pas décidée en fonction de son adéquation, mais
ce serait le fruit du hasard/contingence.
Il est question d’une métaphore de la poubelle => L’idée c’est qu’il y a une poubelle dans
laquelle il y a des petits papiers avec des problèmes et une autre avec des solutions. Donc on
tire un papier dans la première et un dans la 2ème puis on les met ensemble.
 Limite du garbage can
Modèle excessif, puisqu’il existe des facteurs qui expliquent la prise de décision => il y a des
régularités, on peut prédire une décision à partir par exemple du système de croyance.
=> Ce modèle est toutefois utile, car il montre quand-même que les processus de décision ont
un côté aléatoire.
Kingdon : fenêtre d’opportunité, parfois coûts qui sont permis seulement pendant une très
courte durée, on peut proposer une solution qui sera acceptée à tel moment et 2 jours plus tard
ce ne sera plus le cas.

2.3. Troisième étape de l’approche séquentielle : Autonomie relative de la


mise en œuvre
Introduction
Jamous avait stoppé son étude à partir de l’acceptation de la loi, mais parfois il est intéressant
de regarder ce qu’il se passe lors de la mise en œuvre.
 Angle mort dans l’analyse des pp : la mise en oeuvre
Pendant très longtemps, jusqu’aux premières études sur la mise en œuvre, on s’est intéressé à
la prise de décision et on a gardé comme angle mort l’analyse de la mise en œuvre de la
décision => ce qui se passait, ce qui ne se passait pas ou ce qui se passait de manière opposée
à ce qui était désiré.

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 La mise en œuvre : Pas une étape nécessaire - Politiques « symboliques », effets


d’annonce
Il ne faut pas penser qu’il y a toujours mise en œuvre des décisions qui sont prises.
Ex : Les Britanniques sont assez majoritairement eurosceptique. Ils n’aiment pas trop l’UE.
Le gouvernement britannique, même eurosceptique, apparaît comme un metteur en œuvre
assez fidèle des directives de l’UE, des décisions prises à Bruxelles. Certains disent, que
comme la CH, ils ont le syndrome du « bon-élève ».
Il y a donc des décisions qui ne sont pas mises en œuvre => Il y a des décisions que l’on
voudrait qu’elles soient mises en œuvre, mais à cause de certains acteurs il est impossible de
les mettre en œuvre. Il y a également des décisions qui ne sont pas destinées à être mises en
œuvre => En ne prévoyant pas, de manière intentionnelle, les instruments pour les mettre en
œuvre.

20 mars 2013

 Politique « symbolique »
Il arrive que des demandes soient pressantes, alors les autorités annoncent des mesures pour
tranquilliser le public, c’est une fonction de sécurisation. Il n’est pas certain que les mesures
soient réellement mises en place à la suite de l’annonce. On dira que les engagements ne sont
pas suivis par des actes. Pour détecter une politique « symbolique », il faut voir si les mesures
annoncées ont bien été mises en œuvre ou non. Parfois, le simple fait d’annoncer la mise en
place d’une pp a des effets, on parle alors de politique « symbolique ». Les promoteurs d’une
politique « symbolique » savent que cette politique ne pourra pas être concrétisée. Les pp en
CH sont en grande partie des résultats de compromis, donc la pp est moins l’enjeu de la
concurrence entre acteurs où les uns essaient de montrer qu’ils réussissent. Ce côté
compromis dans la pp n’est pas très favorable aux politiques « symboliques ».
 Exemple des cartels
Un citoyen suisse décide d’acheter une voiture en Allemagne, car la même voiture est
moins chère dans ce pays qu’en All. L’entreprise allemande accepte de vendre, mais au
prix suisse, car sinon l’entreprise suisse va perdre des clients.
Un bon cas-test pour la politique « symbolique », c’est où le gouvernement est très fortement
attaqué par une opposition. Le gouvernement sachant qu’il risque sa peau au niveau des
élections, fera croire à sa volonté de mettre en œuvre des pp pour répondre aux demandes des
opposants, en annonçant des mesures qu’il ne mettra pas en œuvre.
 « How to do things with words » - Austin
=> Lorsque le prof a commencé à parler, on s’est mis à agir (à prendre des notes). Les mots
peuvent donc avoir un pouvoir performatif, ils peuvent produire des résultats. Austin montre
que pour que les mots produisent des résultats, il faut certaines conditions d’ordre
sociologique. => Si à la place de Papadopoulos, il y avait l’un de nous qui commençait à
parler, on pourrait supposer que moins d’entre nous prendraient des notes. Cela amène l’idée
que si la personne qui agit n’est pas censée le faire, ça n’aura pas le même effet. Les
mots/discours génèrent des conséquences.
 « Words that suceed and politicies that fail » - Edelman
Il parle de « mots qui réussissent et de politiques qui échouent ». Il a travaillé sur les pp,
précisément sur les politiques sociales. Il part du constat qu’un certain nombre de politiques
sociales échouent en n’atteignant pas leurs objectifs. Ce qu’il se passe alors, c’est que les
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pouvoirs publics produisent des discours pour camoufler/cacher ses échecs. Il y a un jeu
d’interprétation autour des pp, les jugements évaluatifs sur les pp déploient un effet
performatif en soi. Donc les discours produits par les autorités auront un effet indépendant de
la réussite ou de l’échec d’une pp.
 M.o. : phase d’incertitude, car décisions ambigües : rationalité limitée ou compromis
stratégique
Les mesures sont souvent ambiguës, elles contiennent une marge d’appréciation. Les lois,
votées par le parlement sont complétées par des ordonnance gouvernementales. La première
raison de l’ambiguïté est la rationalité limitée des acteurs. C'est-à-dire que les acteurs,
lorsqu’ils formulent des projets de décision/lorsqu’ils votent une loi, ne connaissent pas tous
les tenants et aboutissants auxquels ils devront faire face => information limitée, cela conduit
donc à de l’ambigüité. Ce sont les limites cognitives des décideurs.
Ex : On se rend compte assez souvent qu’il y a des lois qui donnent lieu à des conflits
d’interprétation, mais on ne s’en était pas rendu compte avant la mise en œuvre.
La deuxième raison de l’ambigüité est le choix délibéré d’ambigüité, c'est-à-dire qu’il est
question de motivations stratégiques des acteurs. => Dans le système politique CH, bcp de
lois sont des compromis, donc pour s’entendre il est plus facile de rester à des principes
généraux, on dit bien que « le Diable est dans le détail ». Donc ces compromis sont souvent
ambigus.
Situation de « consensus contradictoire » - Palier
Des acteurs opposés se mettent d’accord sur une loi, mais pour des raisons différentes. Parfois
des référendums sont menés parce que la loi ne va pas assez loin, mais pour d’autres elle va
trop loin, c’est pourquoi les deux types de motivations poussent des acteurs différents à mener
un référendum pour des raisons divergentes.
 M.o. : Fenêtres d’opportunité et forum shopping pour acteurs défaits lors des phases
antérieures
Souvent les processus génèrent des gagnants et des perdants, mais ces perdants peuvent
encore tenter leur chance dans la phase de mise en œuvre. Ils tentent alors de faire en sorte
que la mise en œuvre soit conforme au minimum à la décision. La mise en œuvre peut être
une fenêtre qui s’ouvre encore une fois pour les opposants (fenêtre d’opportunités de
Kingdon) et si les opposants ont essayé d’autres forums, ils vont alors essayer d’utiliser la
phase de la mise en œuvre pour s’opposer à une loi. En CH, souvent mise en œuvre
fédéraliste, c'est-à-dire que ce sont les cantons qui mettent en œuvre une législation fédérale.
Les opposants vont alors tenter, dans les cantons où ils sont forts, de minimaliser la mise en
œuvre avec laquelle ils sont en opposition.
The Implementation Game : What Happens After a Bill Becomes Law - Bardach
Les premiers travaux de mises en œuvre étaient des travaux de mises en œuvre américains. Le
fédéralisme USA est différent du fédéralisme CH, car bcp plus qu’en CH, la législation de
l’État fédéral américain est mise en œuvre dans les États, pas par l’administration de ces États
(cantons en CH), mais par des agences décentralisées de l’État. Donc les écarts de mise en
œuvre devraient être moins importants dans un système fédéraliste américain, que dans un
système CH. Toutefois, certaines études, dont celle de Vidasky, montre qu’il n’y a même pas
moins d’écart dans ce genre de système fédéraliste. Il faut aussi penser au fait que parfois les
écarts sont désirés, car il y a l’adaptation au contexte local.
 Exemple de la Lex Koller

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« Lex Koller » vient du nom du conseiller fédéral à l’origine de cette loi, bien qu’elle ait
connu plusieurs versions. Cette loi vise à rendre + difficile l’acquisition d’immeuble par
des étrangers non résidants en CH. Ces dernières années, on considérait que la Lex Koller
était une survivance protectionniste, un héritage du passé qu’il fallait abolir. La question de
l’abolition de la Lex Koller était pendant longtemps à l’ordre du jour politique. Et puis, il y
a qques mois, il y a eu une motion ou interpellation par une parlementaire zurichoise qui
disait qu’il fallait stopper les travaux qui voulaient abroger cette loi ; parce que,
notamment, dans la ville de Zurich, cette loi permettait de contrôler les spéculations. Cela a
fonctionné, le Parlement a considéré cette loi tout à fait d’actualité. Donc finalement plus
de débats sur la suppression de cette loi. Cette loi a alors toutefois été mise en œuvre de
manière différenciée par les cantons. Certains groupes avaient étudié la mise en œuvre de
cette loi dans les cantons de LU, GE et VS :
À LU, la loi a été mise en œuvre comme le préconisait le législateur fédéral, à GE elle a été
mise en œuvre différemment parce qu’à GE il y a un problème de crise du logement, ce
canton a donc fait de la Lex Koller un instrument de politique sociale du logement (=> loi
s’est adaptée aux besoins locaux). Quant au canton du VS, la loi a été mise en œuvre de
manière très minimaliste. Il était donc plus facile pour une personne étrangère non
résidante en CH d’acquérir un logement dans le canton du VS que dans le canton de GE et
LU. Il faut savoir que les rapports de force locaux comptent aussi.
Policy Styles and the Swiss Executive Federalism: Comparing Diverging Styles of Cantonal
Implementation of the Federal Law on Unemployment - Battaglini et Giraud
 Laci (révision de 1995)
Ils analysent la mise en œuvre de la révision de la Laci de 1995. Cette réforme était un
compromis entre la gauche et la droite. Bonoli appelle ce genre de réforme des « compromis
modernisateur ». Le compromis consiste dans le facteur suivant ; Lors des débats pour cette
réforme, la droite revendiquait davantage de contrôle sur les chômeurs, afin de s’assurer qu’ils
faisaient le nécessaire pour se réinsérer professionnellement et qu’ils faisaient des démarches
actives pour retrouver un emploi. La droite voulait donc un contrôle plus fort sur les chômeurs
avec l’hypothèse causale que plus les chômeurs sont contrôlés, plus le contrôle va agir de
manière disciplinant sur eux et donc plus ça leur permet de se réinsérer. La gauche, quant à
elle, disait que plus l’État prend des mesures actives pour réinsérer des chômeurs, plus leurs
chances de réinsertion est élevée. L’objectif entre gauche et droite est commun => volonté de
réinsérer plus rapidement les chômeurs. Mais les moyens sont différents ; plus (+) de contrôle
pour la droite, et programmes de réinsertion pour la gauche. Autant la droite que la gauche ne
pourraient pas faire passer la réforme voulue sans l’aide de l’opposé, ni la gauche seule, ni la
droite seule n’y parviendrait. Ces deux pôles ont donc dû négocier afin de trouver des
compromis. Création des offices régionaux de placement qui sont un mixte entre la volonté de
la gauche et celle de la droite. Ces offices contrôleraient + les chômeurs, mais de l’autre se
préoccuperaient davantage de leur réinsertion.
 Fédéralisme d’exécution : « Mondes » de m.o.
La mise en œuvre c’est encore une autre histoire ; en CH, elle est confiée aux cantons.
o Laci (révision 1995)
Battaglini et Giraud se sont attachés à l’analyser. Ils en ressortent quatre configurations de
mise en œuvre. Donc on dira que la loi a été mise en œuvre dans les 26 cantons CH de quatre
manières différentes :

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- Mo partielle orientée vers réinsertion (gauche)


JU, VS, TI, FR
- Mo « maximaliste »
Des cantons dans lesquels la mise en œuvre est la plus fidèle à la législation.
- Mo partielle orientée vers contrôle (droite)
Le pôle des mesures de réinsertion est peu développé
Plutôt petite cantons de CH centrale, dans lesquels le niveau de chômage est faible.
Pour OW-NW, a été mis en place un seul Office de placement, donc mo concertée.
PDC + conservateur, c’est le contexte qui explique cette mise en œuvre partielle
orientée vers le contrôle.
- Mo « minimaliste »
Dans AR et AI, on a presque rien fait, notamment parce que le niveau de chômage
était très bas.

o Three Worlds of Compliance or Four? The EU-15 Compared to New Member States -
Falkner & Treib
Deuxième exemple de mise en œuvre différenciée, mais dans le système de l’UE. On ne peut
pas vraiment dire que c’est un État fédéral, mais qu’elle présente des caractéristiques dans son
architecture institutionnelle qui la rapproche du fonctionnement des États fédéraux.
Notamment dans cette question du fédéralisme d’exécution. Il y a des décisions européennes
qui doivent être directement appliquées telles qu’elle => décision européenne. Alors que les
directives européennes c’est le même principe que le fédéralisme CH. La directive est décidée
à Bruxelles, elle est votée par le Parlement européen, elle doit être approuvée par les ministres
des États membres, mais ne s’appliquent pas directement et doivent être transposées en étant
inscrites dans la législation des États membres.
Falkner et Treib se sont intéressés à la mise en œuvre dans le système de l’UE. Il en est
ressorti quatre configurations, donc quatre manières différentes de mettre en œuvre les
directives. :
- World of law observance - pays nordiques
On considère qu’il est évident de respecter la directive et donc de la transposer. Ces pays ne
se posent pas de questions, ils mettent en œuvre de manière fidèle. Ici il est question de la
logique des conséquences.
Hypothèse : Mo va suivre

- World of domestic politics - ALL, BE, DAN, N, ESP, UK


La mise en œuvre dépend de l’issue des rapports de force à l’intérieur du pays. Dans ces pays,
il y a un degré de politisation plus élevé que dans les pays nordiques. Les auteurs disent que
les acteurs nationaux qui ne sont pas d’accord entre eux sur la façon de mettre en œuvre font
des calculs de coûts/bénéfices. La mise en œuvre dans ces pays est plus incertaine que dans
les pays nordiques.
Hypothèse : On ne sait pas vraiment ce qu’il va se passer
- World of transposition neglect - FR, GRE, LUX, PORT
C’est le monde des négligents. Il y a deux raisons différentes qui amènent ces pays à négliger
la directive. La première est l’inefficacité administrative, l’administration n’est pas en mesure
de mettre en œuvre les directives (en Grèce par exemple). En FR, il a le sentiment
d’arrogance nationale, ce pays ne va donc pas se préoccuper de ce qui se trame à Bruxelles.

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Hypothèse : Mo faible
- World of dead letters - IRL, ITA, CZ, HON, SLOV, SK
Au moment de transposer la directive, il y a des oppositions politiques, donc la transposition
est politisée (un peu comme le 2ème monde). Une fois qu’il y a eu la transposition, il y a
quand-même comme dans le 3ème monde, une forte négligence dans l’application concrète.
Hypothèse : Mo faible
Cela montre que l’input de l’UE ne compte pas vraiment pour certains pays ; principalement
les deux derniers types. Les autorités fédérales CH nous disent que la CH, ne faisant pas
partie de l’UE, a une plus grande marge de manœuvre que les pays membres.
 Caractéristiques spécifiques de la m.o.
 Faiblesse des ressources étatiques (« NATO » : C. Hood)
Les ressources des pouvoirs publics sont rares, il existe plusieurs typologies des ressources de
l’action publique. Knopfel, notamment, a fait une typologie des ressources. Ici, nous allons
nous intéresser à la typologie de Hood, il l’a appelée « NATO » :
o N = Nodalité
Trouve sa racine dans le nœud, cela signifie « pouvoir se situer dans un point nodal par
rapport à un réseau de communication ». Cela a affaire avec l’information. Les pouvoirs
publics doivent pouvoir recevoir de l’information. En plus de la capacité de réception
d’informations, les pouvoirs publics doivent également être en mesure de diffuser cette
information => Parfois les gens n’écoutent pas les messages des pouvoirs publics, car pas en
mesure de les recevoir ou ils ne sont pas prêts à les recevoir, car ils ne leur font pas confiance.
Nodalité : Pouvoir publics doivent recevoir des messages et transmettre des messages.
o A = Autorité (ou légitimité)
Si on ne croit pas à ce que racontent les pouvoirs publics, c’est un signe de déficit d’autorité.
Il faut donc de l’autorité pour que la population se plie à l’ordre, etc.
« Nimby » = « Not In My Back Yard », accepter les choses, mais pas vers nous.
o T = Trésor
L’argent c’est le nerf de la guerre.
o O = Organisation
Pour mettre en œuvre des mesures de pp, il faut une administration efficace. Il faut penser à la
Grèce, pays dans lequel la ressource « organisation » est limitée, ce qui les empêche de mettre
en œuvre comme ils sont censés le faire (voir directives de Bruxelles, UE).
 Complexité sociale, institutionnelle et des problèmes - Dryzek
Il y a trois types de complexités :
o Complexité sociale
Même si une décision politique est parfaitement légitime sur le plan formel, il y aura souvent
des acteurs qui vont la contester sur le terrain. Bcp d’acteurs sociaux demandent des
réglementations qui leur sont favorables, et évidemment contestent les réglementations qui
leur sont défavorables.
o Complexité institutionnelle
Fédéralisme d’exécution en CH, le fait les cantons soient un échelon institutionnel
supplémentaire introduit de la complexité et de l’incertitude.

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o Complexité des problèmes


Il est questions de problèmes complexes avec des causalités incertaines.
Tout ceci conduit à une modestie de la mise en œuvre.

/!\ /!\ /!\ Laissons tomber la fin du slide 17 /!\ /!\ /!\

25 mars 2013

 Complexité sociale et des problèmes : ex des publics du RMI en France


RMI= Revenu minimum d’insertion, c’est une mesure de pp qui existe en FR qui est une
subvention. Toute personne ne pouvant pas subvenir à ses besoins, sous condition que la
personne fasse des démarches de réinsertion sociale et professionnelle. Il est question du
consensus contradictoire => La gauche voulait l’allocation universelle ; c'est-à-dire que tout le
monde reçoive un min. La droite s’y opposait. Il en est donc ressorti ce compromis de RMI.
Les publics que les fonctionnaires sur le terrain rencontraient (fonctionnaire = street level
bureaucrate cf. conférence Buffat) n’étaient pas les publics prévus dans l’esprit de la loi, ceux
qui se sont manifestés n’étaient pas ceux que l’on attendait. Une partie de ceux qui avaient
droit au RMI ne se sont pas manifestés, par faute d’information. Car les + désaffiliés
socialement sont les moins informés. Ces personnes ne se sont donc pas présentées au
guichet, on parle de non-usage des droits. Alors que certaines clientèles se sont présentées de
manière organisées et pouvaient prétendre bénéficier de ce revenu, mais les pouvoirs publics
ne s’attendaient pas du tout que le RMI soit versé à ce type de clientèle. Cette clientèle a été
habilement coachée. Des coaches leur ont dit que dans une situation pareille la clientèle
pouvait recevoir de l’argent. Ces coaches sont des organisations qui prennent en charge ce
type de demandes.
 Exemple
Les membres de congrégations religieuses, qui vivent de manière modeste, mais qui
estimaient pouvoir toucher le RMI et des étudiants. Ces deux types d’acteurs n’étaient pas
les bénéficiaires prévus.
Lorsque l’on a affaire à un système de mise en œuvre fédéraliste (=> complexité
institutionnelle), les institutions ne sont pas les mêmes que lorsque l’État est centralisé. Donc
lorsque les cantons interviennent dans le processus de mise en œuvre, les résultats ne seront
pas semblables.
Qu’est-ce qui fait que la mise en œuvre des pp est une phase qui jouit d’une certaine
autonomie ?
 Choix-rationnel : « principal-agent »
Ce genre de théorie explique pourquoi il peut être rationnel lors de la mise en œuvre d’une pp
que les metteurs en œuvre ne se comportent pas comme les exécutants fidèles du législateur.
 Delegation and its perils - Lupia
Il s’agit littéralement des périls de la délégation. La mise en œuvre est considérée comme
relevant de la délégation, puisque le gouvernement délègue la mise en œuvre sur le terrain à
l’administration locale => notamment à la bureaucratie de guichet (voir Buffat).
=> La délégation qu’on fait aux médecins pour notre santé, on est le principal et l’agent c’est
le médecin.

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La vie sociale est remplie de situations de délégation. Le principal est celui qui délègue et
l’agent est celui qui reçoit le mandant de délégation. Cette théorie du principal-agent a été
appliquée à la démocratie représentative. Qu’est-ce qu’il s’y passe ?
On a des citoyens qui tous les 4-5 ans élisent des représentants/parlementaires et leur
délèguent donc la prise de décision. Ce modèle s’applique partiellement à un modèle comme
la Suisse, qui connaît des mécanismes de démocratie directe : on peut légiférer directement
par l’initiative, mais quand on lance un référendum on le lance contre qqchose qui a été
décidé par les représentants.
Il y a d’autres chaines de délégation : représentants délèguent à l’administration qui elle-
même délègue aux street level bureaucrate (=fonctionnaires locaux).
On délègue car on attend des avantages de la délégation qui est considéré comme efficiente,
car on s’épargne l’investissement/les coûts nécessaires à une prise de décision. Ex : Si je dois
réparer ma voiture seul, je dois faire des cours de mécaniques, passer du temps, essayer de
comprendre et je ne suis même pas sûre du résultat. La délégation permet donc de réduire
l’investissement par rapport aux coûts. On dit alors que le rapport coûts/bénéfices est
optimisé. D’autres théories considèrent que la délégation est du suicide et qui disent que cela
relève de la violence symbolique. Mais cette théorie du principal-agent, du point de vue du
choix rationnel met en avant le fait que la délégation permet à chaque individu de vaquer à ses
occupations.

La délégation peut tout de même poser des problèmes :


o Il peut y avoir un décalage de buts entre principal et agent
Ex : Le principal veut que les représentants qu’il élit produisent des décisions conformes à ses
intérêts, mais il peut arriver que les politiciens professionnels veulent avant tout satisfaire
leurs propres intérêts ; gagner de l’argent, rester au pouvoir.
Ex 2 : Si notre but est de réparer notre voiture, alors que notre mécanicien veut juste nous
retirer de l’argent.
o L’asymétrie de l’information entre principal et agent
Dans une situation de délégation, souvent l’agent est plus et mieux informé que le principal.
Comme on délègue principalement à des personnes possédant une bonne expertise, s’il y a
divergence de buts entre principal et agent, il est possible que l’agent utilise l’asymétrie
d’information en sa faveur pour faire passer d’abord ses intérêts.
Ex : Si notre garagiste nous dit qu’il faut faire une réparation très couteuse et que n’ayant pas
son expertise on n’est pas en mesure de juger si cette réparation est bel et bien nécessaire ou
non, on le laissera faire la réparation pas forcément nécessaire.
Périls de la délégation :
Adverse selection => Sélection adverse
Lorsque l’on choisit comme agent les mauvais et non les bons.
Ex : Lorsque l’on choisit des représentants qui au lieu de faire passer nos intérêts, font passer
les leurs d’abord.
Ex 2 : Si les pouvoirs publics ont besoin de fonctionnaires sur le terrain (street level
bureaucrate), ils font des concours pour les recruter, ils n’ont toutefois pas toute l’information
sur leur background et il est possible que ces fonctionnaires soient corrompus. Il est alors
possible qu’on se trouve face à une situation de free-riding, un agent qui ferait cavalier seul.
Ces situations génèrent des problèmes d’aléas morals (comportements de l’agent qui peuvent
causer du préjudice au principal) qui existent principalement sous deux types :

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 L’action cachée (hidden action)


L’agent entreprend des actions que le principal ne voit pas. Parfois, il est arrivé qu’il y ait de
la corruption dans des administrations, alors que les représentants à la tête de ces
administrations n’ont pas vu ces problèmes de corruption, car ils manquaient d’information
(=> asymétrie de l’information). Donc il s’agit d’absence de visibilité des actions. L’agent
peut faire des choses à l’abri du regard du principal. Ex : On ne voit pas notre garagiste
réparer notre voiture. On a donc de + en + d’organismes qui surveillent les actions des
représentants.
 L’information cachée
Même si l’action est visible, le principal n’a pas l’information pour l’interpréter. Ex : Si on dit
à notre garagiste que l’on désire voir la réparation, l’action sera visible, mais on n’a pas les
clefs cognitives pour évaluer l’action, puisqu’on ne sait pas si ce que fait notre garagiste est
correct ou non. L’acte de délégation est donc accompagné d’incertitude, on ne sait pas si la
délégation va se faire comme il était prévu par le principal.
La question à se poser est celle de « comment faire pour limiter cette incertitude ? », pour
limiter cette incertitude il y a deux stratégies :
 Stratégie de prévention ex-ante
Il s’agit de spécifier le plus possible l’acte de délégation. C’est une sorte de contrat entre celui
qui délègue et celui à qui l’action est déléguée. Plus le contrat est spécifique, moins il ne reste
de marge de manœuvre à l’agent, car on spécifie ce qui peut ou non être fait. On a toutefois vu
que les législations qu’il s’agit de mettre en œuvre sont souvent très vagues, car ce sont des
compromis stratégiques à travers lesquels il est plus facile de s’entendre puisque vagues. Ex :
Quand on élit nos représentants, on ne leur dit pas ce qu’ils doivent faire, il n’y a pas de
mandat impératif (=on élit qqun en lui formulant un programme d’action).
 Stratégie de dissuasion par l’ombre du contrôle ex-post
Ex : Mandat de prestations = une liste de prestations que l’organisme doit fournir.
La réalisation de ce mandant est soumise à évaluation pour savoir si l’organisme remplit ce
mandat de prestations, on élabore alors des indicateurs de prestations pour savoir si le mandat
est rempli ou non. Une fois que l’agent a commencé à agir, il sait qu’il est contrôlé, il agit
alors de manière plus disciplinée car il redoute les sanctions. On opère donc à l’ombre des
sanctions qui peuvent peser sur nous. La possibilité de contrôle a un effet disciplinant sur
l’agent, mais le problème est que le contrôle est coûteux. Si on veut vraiment « marquer de
près » nos représentants, on doit déménager à Berne pour suivre les représentants afin de
savoir si les représentants votent comme on le voulait. Ce serait trop coûteux. Donc
élaboration de stratégie pour contrôler au moindre coût. Deux types de stratégies :
o Police patrols (patrouille de police)
Elle circule, qu’il se passe ou non qqchose, on parle de contrôles périodiques. Parfois, il s’agit
d’intensifier les patrouilles, mais cela sera plus coûteux. Ces patrouilles sont assez efficaces,
car les agents ne savent pas quand la police va passer et du coup ils se tiennent tranquilles.
o Fire alarms (alerte incendie)
C’est une alternative moins coûteuse, mais plus risquée. Dès que l’on voit que qqchose ne se
passe pas bien, que qqchose cloche, on alerte. Le principal met en place des mécanismes qui

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lui permettent d’être alerté. C’est plus risqué, car pas préventif. Qui agit comme lanceur
d’alerte ? => Les médias, donc il s’agit encore d’une délégation, cette fois de contrôle.
On instaure donc des mécanismes de contrôle, mais qui impliquent à nouveau des
mécanismes de délégation qui ont eux-mêmes leurs propres périls.
Finalement : Dans une relation de délégation, si le principal et l’agent sont des acteurs
rationnels, il est possible qu’ils n’aient pas le même système de préférence. Donc comme ils
n’ont pas le même système de préférences, l’agent utilise alors l’asymétrie d’information qui
existe en sa faveur. Pour réduire ce risque il faut d’abord préciser ce que l’agent doit ou ne
doit pas faire, donc spécifier au maximum le contrat, deuxièmement instaurer une stratégie de
contrôle des actions de l’agent.
 Sociologie des organisations : écarts à la règle - Selznick
Selznick est un sociologue américain qui a écrit « TVA and the Grass Roots. A Study in the
Sociology of Formal Organization » => TVA = Tennessee Valley Authority. Cest une
organisation qui a été mise en place dans les années 30 dans le cadre du New Deal pour
assurer le développement de la Vallée du Tennessee. Cette organisation a été mise en place
avec la mission d’assurer le développement de la région en question. Selznick montre que si
cette organisation s’est perpétuée, a pu se consolider et rester en place, c’est parce que sur le
terrain, elle n’a pas fait ce qu’il était prévu qu’elle fasse, mais elle a fait autre chose. Il y a eu
sur le terrain, c’est un processus classique pour la sociologie des organisations, déplacement
des buts, c’est-à-dire que l’organisation a été mise en place pour arriver à un but X (le
développement économique de la Vallée du Tennessee), mais qu’une fois l’organisation mise
en place, elle a poursuivi un autre but, car le déplacement de buts était nécessaire pour sa
survie. Starbuck disait justement que les organisations une fois qu’elles existent doivent
prouver leur raison d’être et entreprennent donc un certain nombre de choses pas forcément
utiles socialement, mais nécessaires à leur existence. Selznick dit alors qu’une fois que
l’organisation a été mise en place, elle a changé de but pour sa survie. Cette organisation était
face à un environnement social hostile, certains groupes sociaux n’aimaient pas que cette
organisation soit là. Il s’agit des principaux intérêts économiques de la région, car en
l’absence de cette organisation ils pouvaient capter les ressources en leur faveur. Les leaders
de l’organisation se sont rendus compte que si l’organisation voulait survivre, il fallait faire la
paix avec ces intérêts économiques régionaux puissants en cédant à leurs revendications. Il y a
donc eu adaptation à l’environnement en renonçant en bonne partie à la mission initiale et
entrée en matière sur les demandes des intérêts puissants qui s’opposaient à cet
interventionnisme étatique. Donc déplacement du but de la conduite d’une pp Y, au but de la
survie de l’organisation. Toute organisation se trouve dans un environnement qui impose des
contraintes, ceci implique alors des ajustements de la part de l’organisation. Retour sur
Worms et son article « Le préfet et ses notables » : Les préfets devaient plutôt défendre les
options locales que les intérêts centraux, alors que ce n’est pas leur but initial. On dit alors que
les organisations doivent faire avec leur environnement.
 Analyse de pp : Comprendre les échecs des programmes interventionnistes (écart
entre intentions et résultats)
Certains des programmes n’atteignaient pas leurs buts, car par exemple, le problème est que
ces programmes généraient de nouveau seuil de pauvreté. Un programme de lutte contre la
pauvreté vise à améliorer la situation sociale, par subvention, aide au logement, etc. Donc ce
programme vise des bénéficiaires qui sont dans une situation particulière. Finalement ceux qui
ont bénéficié de ces programmes n’étaient pas ceux dont il était prévu qu’ils en bénéficient.

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Pour bénéficier de ces programmes de soutien, il fallait respecter certaines conditions ;


notamment avoir une résidence identifiable. Alors que les personnes les + défavorisées
n’avaient pas forcément de résidence, elles ne remplissaient donc pas une des conditions du
programme. Finalement, les personnes qui avaient le + besoin de ces programmes n’étaient
pas les personnes que le programme a aidé, elles n’y avaient pas accès. Le programme a donc
raté sa cible. Les personnes qui ont eu accès à ce programme étaient donc les moins
défavorisés parmi les défavorisés. Donc nouveau seuil de pauvreté.
=> Exemple de mo qui conduit à des effets inattendus.
 Au confluent entre sociologie des organisations et politiques publiques : Street-level
bureaucracy (bureaucratie de guichet)
Les fonctionnaires sur le terrain doivent faire avec leur clientèle. Souvent les fonctionnaires
de guichet développent de l’empathie par rapport aux groupes-cibles, ils ont tendance à
s’identifier aux groupes-cibles, ce qui est un comportement inattendu dans le programme de
mo des pp. Il y a l’idée que la bureaucratie de guichet développe des sentiments de proximité
avec les bénéficiaires. Ce qui explique la proximité non voulue par la loi, entre les
fonctionnaires de terrain et les populations cibles sont des mécanismes à la fois relevant de la
logique des conséquences et de la logique de convenance :
 La logique des conséquences
Les fonctionnaires sur le terrain doivent être acceptés par les populations avec lesquelles ils
sont en interaction, c’est pourquoi la TVA aux USA a fait bcp de concessions pour être
acceptée. On est dans la logique des conséquences, les fonctionnaires s’ajustent par peur de ne
pas être acceptés.
 La logique de convenance
On se rapproche des groupes-cibles, car on considère qu’ils sont dans le besoin, que leurs
demandes sont légitimes. Les fonctionnaires estiment qu’il est normativement bon de soutenir
ces populations, ils ne vont alors pas mettre en œuvre les volets répressifs des pp :
o Car pas légitimes.
o Car cela créer un climat de guerre sur le terrain, les metteurs en œuvre en font les frais,
ils préfèrent alors de s’abstenir d’apparaître comme étant répressifs.

2.4. Quatrième étape de l’approche séquentielle : L’évaluation


Introduction
Cette phase n’est pas toujours présente. Une fois qu’une pp a été mise en œuvre, il s’agit de
l’évaluer. Même si toutes les pp ne sont pas formellement évaluées, en général elles le sont
toutes à un moment ou à un autre, jugées par la population ; il s’agit de discussions de café,
etc. Les parlementaires également s’attachent à débattre de la mise en œuvre des pp en se
basant sur leurs croyances, idées, etc.
Mécanisme de la dissonance cognitive (fréquent en psycho cognitive) : c’est un mécanisme de
tri d’informations qui ne sont pas concordantes avec nos perceptions. Donc on met de côté les
informations qui ne concordent pas avec notre manière de voir le monde. Les acteurs
lorsqu’ils prennent des décisions, ont tendance à ne pas tenir compte des messages/infos qui
ne concordent pas avec leurs croyances. Les gens ne sont pas très ouverts à l’apprentissage,
car il faut remettre en question les croyances profondes.

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Ces évaluations formelles peuvent conduire à la terminaison, ou alors on doit reconduire la


pp. Les cas de terminaison de politiques sont très rares, c’est-à-dire que le champ d’activité de
l’État s’est développé. Les pp se superposent les unes aux autres et se terminent rarement.
 Formalisée vs « sauvage »
Bcp d’évaluations « sauvages » des pp, c'est-à-dire qu’il manque le côté formel, ce qui fait
que l’accent de l’évaluation est souvent mis sur les échecs, et non sur les réussites des pp. On
essaie de plus en plus de faire des évaluations formalisées.
 Pas seulement après mo (ex post) : concomitantes et ex ante (études d’impact)
Traditionnellement, l’évaluation d’une pp se fait ex post, on délègue avec un mandat de
prestations et l’entité à qui on a délégué fait les prestations, puis l’État évalue l’action de
l’entité.
Évaluations concomitantes : On met en place un dispositif d’évaluation d’une pp en même
temps que lorsqu’elle est mise en œuvre.
Ex : Projet pilote => Certaines politiques sont parfois testées dans tel ou tel canton, on dit
alors que les cantons sont des laboratoires. En même temps qu’un projet pilote est mis en
place, on évalue l’efficacité de la politique.
Évaluations ex ante : Il y en a des « sauvages », mais il y a aussi des évaluations formalisées.
Dans la législation CH, lorsque l’administration (CF) soumet un message au Parlement, ce
message doit comporter une évaluation des coûts induits par la réforme. Il est question
d’études d’impacts, qui se trouvent bcp dans les politiques à incidences spatiales. Lorsque
l’on prend telle ou telle mesure, il est nécessaire d’évaluer l’impact des mesures sur
l’environnement. Cette évaluation ex ante va servir de base de justification de la pp.

27 mars 2013

 Lien étroit avec questions de mo (rappel des 3 « E »)


 Effectivité
Est-ce que la pp est mise en œuvre ou est-ce qu’il y a des choses qui empêchent sa mise en
œuvre ou ne permettent qu’une mise en œuvre partielle ?
Ex : fédéralisme CH fait que dans certains cantons la mo n’est que partielle.
Séminaire de pp : La politique a-t-elle conduit à des réalisations administratives ? A-t-elle
changé le comportement des groupes-cibles ? De la manière prévue ?
 Efficacité
Ce n’est pas seulement si la pp est mise en œuvre, mais on se demande si elle atteint les
objectifs fixés.
/!\ buts sont parfois vagues => pour favoriser le compromis, parce que les décideurs ont des
limites cognitives et n’arrivent pas à être plus clairs
Séminaire de pp : (en termes généraux) La politique a-t-elle résolu le problème social /
public ? (en termes spécifiques) La situation des bénéficiaires a-t-elle été améliorée ? Dans les
proportions prévues ?
 Efficience
Est-ce que la pp optimise le rapport entre les coûts et les bénéfices ? On est dans la rationalité
en finalité
Séminaire de pp : Les moyens alloués sont-ils acceptables par rapport aux résultats obtenus ?
Efficience allocative / productive

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 Établissement de causalité outputs => outcomes délicats


Les outputs sont des décisions politiques, et les outcomes sont les résultats de l’action
publique. Il s’agit de définir des causalités entre des mesures de politiques publiques outputs
(décisions politiques) et des outcomes (résultats de l’action publique). Mais comment peut-on
dire qu’un État social est attribuable à une mesure étatique ? Comment peut-on dire qu’un
État social est un outcomes ? Si l’état de la société est mauvais le gouvernement va faire du
blame-shift, il va dire que certes la situation économique est mauvaise mais ce n’est pas de
leur faute et vice versa ; lorsque la situation est bonne ils vont faire du credit-claiming,
s’attribuer les mérites. Les évaluations risquent donc d’être instrumentalisées par les hommes
politiques. La grande difficulté est alors d’établir des causalités. Ex : On baisse les taux
d’intérêts et comme ça emprunter de l’argent devient plus facile. On s’attend alors ce que ceci
ait un effet positif sur l’investissement, ça peut toutefois ne pas produire les effets attendus car
les investisseurs peuvent trouver que la situation politique n’est pas assez stable. Ainsi la
relation entre la politique publique et l’état de la société est quelque chose de problématique.
Mais c’est aussi pour ça que les évaluations se sont développées. Relation entre intervention
publique et État social (=de la société et pas État Providence). Les pouvoirs publics ne sont en
général pas sûrs des résultats qui vont être obtenus. Les évaluations sont des outils
d’apprentissage pour les pouvoirs publics, car quand il est question de projet-pilote, on
l’évalue afin de voir s’il faut le continuer, ou s’il n’est pas adéquat et qu’il faut simplement lui
apporter quelques modifications, voire complétement l’abandonner à cause des mauvais
résultats.
 Facteurs de développement
 Complexité des problèmes
Complexité de l’action publique
 Réformes administratives
Le fonctionnement de l’administration a changé, en tout cas en partie, de manière inégale
suivant les différents pays. Il y a eu dans bcp de pays, des réformes managériales inspirées de
la NGP (NPM en anglais). Un des principes, selon le souci de l’efficacité et de l’efficience,
est de montrer que ce qui ne va pas c’est que l’administration se soucie trop de la légalité
procédurale de l’action, c'est-à-dire fonctionner à la Max Weber, administration est une
organisation hiérarchique dont la principale préoccupation est que ce qu’elle entreprend soit
en conformité/adéquation avec les règles juridiques auxquelles elle est soumise. => Est-ce
qu’une mesure que l’administration prend est conforme aux intentions du législateur qui a
édicté cette mesure ? L’administrateur regarde vers le haut/vers son supérieur hiérarchique, sa
principale préoccupation est donc de la légalité de ses actes et non de savoir si ses actions font
changer les choses en vrai. Ce que relève la NGP est que l’administration devrait + mettre
l’accent sur les résultats, plutôt que de s’intéresser à la conformité. Le but étant alors d’assurer
des résultats de bonne qualité, pour ceci il ne faudrait pas être trop à cheval sur les règles.
 Exemple de la politique de la drogue - Kübler
Les réformes dans le domaine de la drogue n’étaient pas prévue par la loi ; notamment la
création de centres publics dans lesquels l’injection de drogue était possible. Dans un
premier temps, certains ont trouvé scandaleux que l’État fasse des choses qui ne sont pas
légales, car la distribution de drogue n’est pas légale, alors que l’État a commencé à
distribuer de la drogue. Pourquoi est-ce que l’État a agi comme tel ? Est apparu

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abruptement le problème du SIDA, il a fallu rapidement contrôler l’injection de drogues


pour éviter les phénomènes de contagion.
Dans la NGP, on entend que c’est la culture de l’administration qui a changé ; elle s’intéresse
alors plus aux résultats de son action, plutôt qu’à la conformité de son action.
Il existe tout de même des variations comparatives :
Il y a des pays dans lesquels il est plus question que dans d’autres d’avoir recours aux
expertises scientifiques. Wildavsky disait qu’il y avait des pays dans lesquels on recourait peu
à l’évaluation, mais que lorsque l’on y recourait, cela avait un impact. Alors que dans d’autres
pays, c’était l’inverse ; c'est-à-dire que certains pays recouraient bcp à l’évaluation, sans
résultats.
 Tendances top-down
L’évaluateur se met en quelque sorte à la place du législateur et regarde si la pp a été mise en
œuvre de manière conforme, etc.
Tendance pluraliste :
On considère qu’il n’y a pas que le point de vue du législateur qui compte, mais qu’au fond il
faut évaluer les pp selon plusieurs points de vue, dont des acteurs qui estiment être touchés
par cette pp. Ceux qui peuvent prétendre de manière crédible qu’ils sont concernés par la pp ;
ce sont des stakeholders.
 Deux dimensions des usages de l’évaluation
 Prescription => cogitation (problem-solving) : État « réflexif », apprentissage,
evidence-based policy, etc.
La prise de décision devrait être basée sur de l’évidence et non sur les croyances idéologiques
de tel ou tel parti politique. On combat mieux la criminalité si on a fait une évaluation
complète de ce tableau de criminalité. Action publique relève aussi de démarches de
cogitations intellectuelles.
 Politics, power game => interaction sociale : controverses sur critères, statut des
recommandations..., tentatives d’instrumentalisation
L’évaluation entre dans le jeu politique, d’autant plus que les acteurs savent que s’ils amènent
des arguments scientifiques cela peut les aider. L’évaluation peut donc être instrumentalisée
par les acteurs politiques.
L’issue de l’évaluation dépend du/des :
 Rapports entre expertise et politique
Si les acteurs politiques sont très respectueux de la science, très déférents vis-à-vis du travail
scientifique et à ses conclusions, ils ne vont donc pas contester des discours produits par des
acteurs faisant preuve d’expertise.
Aux USA, les experts sont très liés aux différents groupes, l’expertise n’est pas partisane,
c'est-à-dire qu’elle n’est pas précisément liée à tel parti, mais à des groupes tel que par
exemple le groupe d’intérêt de l’environnement. L’expertise n’est donc pas totalement
impartiale. Le lien entre l’expertise et le politique varie entre pays et fait dépendre les
impacts.

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 Degré de politisation des enjeux


Lorsqu’un enjeu est très saillant, cela devient une sorte de guerre de religion ; c'est-à-dire que
chacun a ses croyances et ne va pas se laisser démonter par un rapport d’évaluation qui dit que
ses croyances ne correspondent pas à la réalité. Plus un enjeu est conflictuel, moins
l’évaluation ne sera prise en compte.
Valence issues = Enjeux sur lesquels plus ou moins tout le monde est d’accord sur les
objectifs, les acteurs ne divergent que sur les moyens.
 Exemple de la lutte contre l’inflation
Pratiquement tout le monde considère qu’il faut prioritairement se préoccuper de la
maitrise de l’inflation. La concurrence politique se joue sur quel acteur politique va être le
+ crédible/capable d’arriver à cet objectif. Dans ce type d’enjeu, le débat public tourne
autour des moyens/instruments d’action publique les plus efficaces pour répondre à un
problème.

 Terminaison comme suite de l’évaluation ?


 Intervient rarement car coûts de transaction élevés => incrémentalisme (path
dependency, policy as its own cause)
L’évaluation n’est pas une condition suffisante pour terminer/arrêter une pp. C'est-à-dire qu’il
y a d’autres facteurs indépendants de l’évaluation qui vont faire que la pp va se poursuivre.
Même si une évaluation est négative, il y a des chances pour que cette pp se poursuive, car il y
a d’autres facteurs importants. On peut avoir des évaluations qui n’ont pas d’impact, mais
aussi une évaluation qui peut avoir une démarche de politique symbolique ; il est seulement
question de tranquilliser la population et non de réellement considérer les résultats d’une
évaluation. Même des pp jugées inefficaces continuent d’être menées. Parfois une pp
bénéficie à certains acteurs qui se mobilisent de manière efficace, ce qui fait que même
inefficace, une pp peut continuer. On dit que ce sont les intérêts les plus étroits qui se
mobilisent le mieux et qui arrivent donc à bien se faire entendre. Knoepfel dit que lorsque l’on
étudie un domaine de pp, on observe des tapis. Métaphore : Un vendeur nous montre un tapis,
s’il ne nous plaît pas, le vendeur soulève le tapis et nous en montre un autre, etc. On se base
également sur la path dependency qui montre que lorsque l’on a choisi un chemin, il est
difficile de revenir en arrière.
 Choix de terminaison idéologiques (croyances, évaluation « sauvage » VS
résultats de démarche rationaliste)
L’évaluation n’est non seulement pas condition suffisante, mais également pas une condition
nécessaire. C'est-à-dire qu’on peut terminer une pp même sans évaluation. Le changement
politique serait affaire de croyances. Wilke disait que même une politique éclairée par la
science, continuera à être politique car sera tjs des conflits de croyances. Les thèses
incrémentales sont des thèses très importantes, car la plupart des changements sont des
changements incrémentaux. Il arrive tout de même que certains changements soient des
changements de grandes envergures. Ces changements ne sont en général pas le résultat
d’évaluation méthodologique sophistiquées, mais dus à l’arrivée d’un nouveau personnel
politique, d’un nouveau leader politique qui a des croyances et qui veut prendre des mesures
par rapport à ces croyances. On parle d’évaluation « sauvage », pour dire que ce sont des
évaluations « de café », faites par les médias, etc. ; ce ne sont donc pas les évaluations
officielles/autorisées. Ces évaluations amènent à des changements radicaux lors de l’arrivée
« au pouvoir » de nouvelles croyances. Ex : Certaines réformes du Royaume-Uni

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3. Lentilles conceptuelles : le cas du changement dans les politiques


publiques
3.1. Lentilles conceptuelles
En quoi le fait de porter des lunettes conceptuelles particulières nous fait voir les choses d’une
manière précise et non d’une autre ?
 Graham Allison & Philip Zelikow, Essence of Decision: Explaining the Cuban Missile
Crisis. Longman: 1999 (2e éd.).
Il explique que ce qui va influencer notre narration, c’est notre cadre conceptuel. Tout d’abord
ce sont les postulats qui vont faire différer notre perception, ce qu’on va considérer comme
digne d’intérêt. Le cadre conceptuel va déterminer quel type d’évidence on va chercher, ce
que l’on va considérer d’important à prendre en compte, mais aussi le type de réponses à
fournir. Selon les approches constructivistes, l’énigme est de se demander pourquoi tel sujet
émerge maintenant, alors que ce n’était pas le cas il y a tant d’années.
Allison fait ressortir trois modèles conceptuels :
 Modèle I de l’acteur rationnel : États unitaires ont comportements rationnels
pour maximiser leurs intérêts
Cadre conceptuel classique et standard en relations internationales, de l’approche réaliste des
relations internationales. Les États sont des acteurs unitaires (USA, Union Soviétique), les
acteurs pertinents sont les États, ils sont homogènes. Ils recourent aux moyens les plus
appropriés pour maximiser leurs intérêts. Ici la logique de convenance n’existe pas.
 Exemple de la crise des missiles de Cuba
Une tentative soviétique d’étendre sa menace sur les USA en essayant d’effrayer
l’adversaire en menaçant d’installer des missiles sur le sol de Cuba. La réponse des USA a
fait reculer les Soviétiques en faisant un blocus maritime à Cuba. La lecture réaliste, n’est
pas seulement une lecture scientifique, mais également une lecture des Soviétiques, ils ont
avoué s’être fait en quelque sorte avoir. Les États ont agi rationnellement pour maximiser
leur pouvoir et intérêts, et les intérêts de chacun sont des intérêts homogènes.

8 avril 2013
 Modèle II du comportement organisationnel : routine des organisations
impliquées
Allison dit que l’acteur étatique n’est pas unitaire, qu’il est hétérogène, que différentes
organisations sont impliquées dans la prise de décision (marine, armée de l’air, département
des affaires étrangères, etc.). Il y a une théorie de l’action différente de celle du modèle
rationnel (=> acteur cherche les moyens les + appropriés pour maximiser intérêts), qui se base
sur la rationalité limitée. On parle de comportement de routine ; ramener l’inconnu à du
connu, il n’y a pas l’idée négative du comportement routinier, mais chaque organisation a un
répertoire qu’elle connaît et estime maîtriser, elle va donc puiser dans ce répertoire pour agir.
Sans l’idée qu’elle va choisir le moyen le plus adéquat (comportement rationnel). La solution
choisie n’est pas forcément la plus rationnelle.
 Exemple de la crise des missiles de Cuba
C’est la solution de la marine qui a été choisie dans le cadre des missiles de Cuba, car cette
organisation savait faire du blocus.

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 Modèle III governmental politics


Ce modèle ne se distingue pas totalement du 2 ème modèle. On parle du modèle du « jeu
politique », c'est-à-dire que ce qui compte c’est le jeu politique interne qui inclut des éléments
pas strictement de logique administrative, mais plutôt de tactique politique.
 Exemple de la crise des missiles de Cuba
À l’époque, Kennedy était en campagne électorale pour les élections, donc de ce fait, cela
imposait des contraintes particulières qui montraient qu’il fallait faire qqchose. On parle de
faucon (partisans musclés) et de colombes (partisan modéré).
Tout comme le modèle 2, il montre qu’il y a une pluralité d’acteurs, donc hétérogénéité. En
revanche, ce modèle dit que le jeu politique joue un rôle ; lutte pour le pouvoir, marchandage,
etc. Ce 3ème modèle réintroduit la rationalité, on ne parle pas des intérêts sécuritaires
américains, mais par exemple, pour Kennedy, le but est de se faire élire. Ces deux derniers
modèles ouvrent la boite noire de la décision américaine, on n’a donc pas affaire à un État
homogène, mais à des acteurs qui ont des préférences différentes et qui ont des ressources
différentes.
Résumé des trois modèles d’Allison
1er modèle : Il y a peu de personnes, peu d’organisations
2ème : On verrait les hauts responsables de l’aviation et de la marine discuter entre eux et
chacun proposerait la solution qui lui est la plus familière.
3ème : On verrait le président Kennedy discuter avec ses conseillers.

3.2. La « path dependency » : Le changement contrarié par l’inertie


L’idée des partisans de la path dependency est qu’il n’y a pas de grand changement, pas de
réforme radicale, sauf circonstance exceptionnelle. Pourquoi ? Car les acteurs sont dépendants
du sentier qui a été pris et choisi jusque-là. L’incrémentalisme vient du pluralisme américain
et repose sur le constat que lorsque l’on veut faire des réformes, on a souvent affaire à des
partisans du statu quo qui sont puissants. Lindblom dit alors, que comme les partisans du statu
quo sont puissants, il faut négocier avec eux, ce qui implique de « mettre de l’eau dans son
vin » => faire des compromis. Il est donc question de réduction des ambitions de
changements. L’incrémentalisme s’applique en CH, car rares sont les réformes d’envergure en
CH.
 Rose, R. & P. L. Davies (1994). « Inheritance in Public Policy. Change without Choice
in Britain ». New Haven: Yale University Press
Chaque gouvernement qui arrive hérite d’un certain nombre de pp. Rose et Davies travaillent
sur l’Angleterre des années 80. Ils montrent qu’en dépit des ambitions réformatrices à cette
époque, peu de changements d’envergure ont été réalisé parce que les choix des
gouvernements précédents ont limité les choix du gouvernement conservateur.
Exemple du budget : D’une année à l’autre, arrivée d’un nouveau gouvernement au pouvoir.
Disons 12% du budget pour tâche A et 10% du budget pour tâche B. Ce n’est donc pas
concevable que du jour au lendemain, il y ait le double qui soit consacré à la tâche A et moins
à la tâche B. La ressource argent contraignant bcp les changements implique que ces derniers
ne pourront pas être radicaux.
Même dans le cas test du Royaume-Unis de 1980, il y a eu plutôt de l’héritage que des
changements d’envergure.
 Veto points & veto players

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 Sur la Suisse (comparatif sur le développement de lEP) : Immergut, E. M. (1992).


« Health Politics: Interests and Institutions in Western Europe ». Cambridge U.P.
Plus un système politique contient des lieux de véto, moins le changement sera possible. Un
lieu de véto est un lieu dans lequel les opposants aux réformes peuvent manifester leur
opposition avec des chances de succès réelles.
CH  SUÈDE
En Suède, il n’y a pas de lieu de véto. Gouvernement veut faire passer une réforme, étant
donné que le Parlement n’est pas un lieu de véto par rapport au Gouvernement, ce dernier a
les mains beaucoup plus libres. Alors qu’en Suisse, les réformes peuvent être bloquées par les
opposants, mais les personnes au pouvoir savent cela, elles anticipent alors et s’autocensure
pour s’éviter des déboires par la suite. Il n’est parfois même pas nécessaire que les opposants
agissent, donc les réformateurs vont s’autocensurer et internaliser les préférences des
opposants, car ne pas le faire est très coûteux politiquement. Ces approches sur les lieux de
véto ont pas mal été développées dans les politiques sociales.
 Sur la Suisse (réformes de retranchement) : Bonoli, G. (1999), « La réforme de
l’État social Suisse : Contraintes institutionnelles et opportunités de
changement », Revue suisse de science politique 5 (3) : 57-77.
Il a constaté deux types de réformes :
o Des réformes de retranchement visant à réduire les prestations de l’État social, par ex.
augmenter l’âge de la retraite
o Des compromis modernisateurs qui prévoyaient des mesures de retranchement, mais
aussi des mesures d’extension de la couverture sociale visant à moderniser celle-ci, par
ex. augmentation de l’âge de la retraite (mesure de retranchement) + mesures favorisant
les femmes (=> femmes qui avaient dû sortir du marché de l’emploi ne cotisaient plus
pour l’AVS, c’est pourquoi l’État a fait comme si les femmes avaient versé des
cotisations).
Bonoli montre que toutes les réformes qui sont des compromis modernisateurs passent et
toutes les réformes de retranchement échouent. On peut donc en conclure que faire des
compromis est une condition nécessaire au succès d’une réforme, car le système CH a bcp de
lieux de véto. Les réformes ne sont pas ambitieuses car coûteuses politiquement. Dans les
années 2000, il arrive quand même qu’une mesure de retranchement seule passe.
 Comparatif retranchement USA-UK : Desmond King and Stewart Wood (1999),
« The political economy of neoliberalism : Britain and the United States in the
1980’s », in H. Kitschelt et al. (eds.). Continuity and Change in Contemporary
Capitalism. Cambridge U. P.
Ces auteurs comparent deux pays similaires, donc dont on peut s’attendre à ce qu’ils
répondent de la même manière par rapport aux variables. Or, le comportement est différent, il
faut alors chercher la variable qui les différencie. Ils sont considérés comme semblables, car
arrivent tous deux avec un programme de libéralisation. Ces auteurs montrent que l’on est allé
plus loin dans le retranchement de l’État social au Royaume-Uni qu’aux USA, mais pas aussi
loin que ce dont les gouvernements auraient voulu.
Première raison : USA est un pays fédéral, il y a donc des compétences réparties entre État
fédéral et États fédérés, il ne suffisait donc pas d’arriver au gouvernement avec un plan de
réforme. Le fédéralisme était un obstacle à l’État social, donc pouvoir pro statu quo.

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Deuxième raison : Il peut y avoir un Président républicain et un Congrès démocrate, voire une
Chambre du Congrès dominée par les républicains et une autre dominée par les démocrates.
Plus le pouvoir est diffus, plus il y a de lieux de véto et plus le changement va être difficile.
Ces approches considèrent comme évidents que le statu quo compte et que les acteurs qui
défendent le statu quo sont importants.
 Un ouvrage de référence sur la « path dependency » : Paul Pierson, Politics in
Time. History, Institutions and Social Analysis. Princeton University Press, 2004.
Le clavier QWERTY a été inventé pour éviter que les touches s’accrochent entre elles sur une
machine à écrire. Alors, au moment de la disparition des machines à écrire, on aurait pu
changer les places des lettres sur le clavier, mais cela ne s’est pas fait à cause des coûts
d’apprentissage. Une limite à la rationalité (absolue) est les coûts investis dans la technologie
précédente. Cela est effectivement très coûteux de changer de cadre. On parle de persistance
des modèles sociaux. Impact de la globalisation, la littérature nous dit que la globalisation
balaie tout sur son chemin, qu’au fond il y a des pressions transnationales qui font que tous les
systèmes politiques, à cause de ces pressions transnationales, se mettent à converger vers le
modèle libéral. Ce que l’on observe, dans le domaine de la politique sociale, c’est que cette
convergence est limitée et que les trajectoires nationales persistent en bonne partie. Il y a des
résistances nationales.
Esping-Anderson - « Three Worlds of Welfare Capitalism »
Selon lui, il y aurait trois mondes de la politique sociale :
 États sociaux scandinaves
Système de retraite est universel, donc idée universaliste => tout le monde doit recevoir la
même chose.
 État social libéral
Il est question de l’État social anglais dans lequel sont mises en avant les solutions privées.
 État social continental
Modèle européen, bismarkien => car il a été mis en place dans la Prusse de Bismark, fin
19ème. Cet État social est fragmenté, c'est-à-dire que les différents groupes sociaux reçoivent
des prestations différentes.
Concept d’adhérence institutionnelle (Stickiness)
XXX
Idée de verrouillage (Lock-in)
Marge de manœuvre des acteurs est restreinte. Pourquoi restreinte ?
Explication historique : Les théoriciens de la path-dependency disent que ce qu’il s’est passé
au début/aux origines d’une pp compte et restera imprimé tout au long de l’histoire. Certains
parlent carrément de l’empreinte des origines. Plus on s’engage dans un chemin, plus on est
dépendant de ce chemin. Selon les path-dependentists, au début, il y a eu un vrai choix, mais
plus on avance dans le temps, moins il n’y a de choix.

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 Trois types de néo-institutionnalis mes


 Néo-institutionnalis me historique
Comme Pierson, il montre le poids de l’histoire sur les comportements, le poids des origines.
Ce néo-institutionnalisme ne nous parle pas des logiques d’action, cela ne nous dit pas
pourquoi la manœuvre est verrouillée.
 Néo-institutionnalis me sociologique
Ce qui compte, c’est que les acteurs sont socialisés et adhèrent à des normes qui sont mises en
place par les politiques sociales telles qu’elles se sont développées dans le pays en question.
Ces normes sont couplées à des croyances, cela fait qu’un certain nombre de choses est
évident, ce qui est évident est ce que l’on a tjs fait jusqu’à maintenant. Certains choix ne sont
pas possibles, car ils contreviennent à nos normes fondamentales, celles que l’on a acquises
via l’environnement dans lequel on a vécu. Les acteurs sont donc socialisés à des normes qui
les empêchent de voir les alternatives, qui ne sont pas prises en compte (rationalité limitée,
dissonance cognitive, on ne s’intéresse pas à ce qui ne se rapproche pas de nos croyances) ou
alors elles contreviennent à notre système normatif. Un sentier de dépendance est donc
également un sentier de normes. Ex : Dans les pays Scandinaves, il y a un référentiel
généreux, alors que dans les pays anglo-saxons le référentiel est bcp plus libéral.
 Néo-institutionnalis me du choix rationnel
Lecture plus calculatrice. Il s’intéresse aux calculs que font les acteurs quand ils doivent agir.
On parle de logique de conséquence (et non de convenance). Les choix passés ont généré des
bénéficiaires des pp mises en place. Ces bénéficiaires sont aussi des acteurs rationnels
calculateurs => Pourquoi est-ce que je voterai pour un gouvernement qui veut réduire les
prestations sociales dont je dispose ? Si je suis rationnel ne je vais pas soutenir ce
gouvernement. Donc les pp passées génèrent des bénéficiaires qui, s’ils sont rationnels, vont
s’opposer à des réformes qui leur portent préjudice. Souvent quand on entend des opposants à
des réformes, ils parlent des droits acquis (bénéfices dont disposent des groupes), les
opposants considèrent alors que les droits acquis ne doivent pas être touchés.
 Application du raisonnement de type path dependency aux « coalitions distributives »
et « sclérose institutionnelle » - Olsen
L’acteur rationnel a tendance à faire du free-riding, donc pour empêcher ceci, il faut donner à
cet acteur des incitations (=> club, des bénéfices que n’a pas celui qui ne se mobilise pas pour
la cause).
Olsen n°1 arrive à la conclusion que ce n’est pas parce que l’on a un intérêt que l’on se
mobilise, ce n’est donc pas une condition suffisante à la mobilisation. Par ailleurs, les
structures de petits groupes sont plus favorables que les structures de grands groupes. Donc
les groupes les mieux mobilisés vont être des petits groupes. Ce qui explique, pour Olsen, que
des intérêts étroits se soient plus facilement organisés que les consommateurs ou les
contribuables.
Olsen n°2 part de ce constat. Il dit qu’il y a des groupes étroits mieux organisés que les
intérêts larges. Comme intérêts étroits sont mieux organisés qu’intérêts larges, ils pénètrent
mieux les sphères du pouvoir, ils sont mieux représentés dans les sphères du pouvoir
(notamment à travers le lobbying). Comme ils sont mieux représentés, ils attirent vers eux les
ressources que distribue le pouvoir.
Plus une démocratie est ancienne, plus ce phénomène sera important. Pourquoi ? Car la
démocratie, c’est la liberté d’association, et donc ces groupes étroits qui accaparent les

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ressources ont plus de temps pour consolider leurs positions de pouvoir. Ils font du rent-
seeking, ils cherchent à accaparer la rente.
Enfin, plus on avance dans un chemin, moins on voit les alternatives. Et plus on avance dans
un chemin, plus les catégories de personnes favorables au système en place sont fortes et
défendent leurs intérêts.

9 avril 2013

 Des changements de grande ampleur sont-ils quand-même possibles ? Rôle des


variables exogènes : (critical junctures) - Collier
Dans la path dependency, il y a un assez fort déterminisme, précisément des choix passés qui
déterminent le chemin futur. Le déterminisme est tel qu’il est possible de remonter aux
origines qui laissent leurs empreintes à travers le choix d’une voie jusqu’à un siècle, un siècle
et demi plus loin. Mais ce qui s’est passé aux origines ne relève pas du déterminisme. La
théorie de la path-dependency n’exclut pas qu’il y ait des ruptures importantes, en revanche,
les conditions pour que d’importantes ruptures surgissent sont très exigeantes. En principe, il
y a une très grande force d’inertie, mais il peut tout de même y avoir des changements
importants. Ces conditions sont par exemple des conjonctures (sociétales) critiques qui
remettent en question ce qui a été fait jusque-là.
 Exemple d’un changement de « sentier »
Bismark, acculé par des forces sociales-démocrates, a été obligé de céder du terrain.
Changements importants sont possibles, mais il faut des conditions assez exigeantes, ces
conditions sont des situations de conjoncture critique dans laquelle la pression au changement
est très forte. Souvent ces conjonctures critiques font intervenir des variables exogènes (tout
ce qui est extérieur à ce que l’on observe). Tout dépend du niveau, c'est-à-dire que si on
observe une pp précise, un changement de gouvernement est une variable exogène. Si on
pense en termes de pays, une variable exogène est tout ce qui se passe en dehors du pays.
Jamous parle des jeunes médecins, du prof Debré (variables endogènes). Ceux qui disent que
la path dependency ne considère pas le changement ont tort !
 Logique cumulative du changement incrémental + effets de « lentille » (niveau
d’analyse et temporalité)
La logique du niveau d’analyse est importante. Plus on se focalise sur un secteur de pp, moins
on sera enclin à penser que les changements ne valent rien. Et plus on monte en généralités,
plus on pense que les changements ne valent rien.
Question de temporalité : changement incrémental tous les 2 ans n’est pas important, mais la
somme de ces changement au bout de 20 ans peut être importante.
 Exemple du secret bancaire
Il y a qques années, les gens disaient que le secret bancaire n’était en aucun cas négociable.
Alors qu’ajd on remarque tout de même des changements incrémentaux, qui font que très
probablement, à la fin, il n’en restera plus grand-chose, à force de concessions.
Cet exemple montre que des changements incrémentaux, mineurs les uns par rapport aux
autres, peuvent tout de même conduire à d’importants changements.

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3.3. Une théorie du changement non incrémental : « punctuated


equilibrium »
Quel est le mécanisme qui conduit à des ruptures importantes dans le domaine des pp ?
 Bryan D. Jones & Frank R. Baumgartner. The politics of Attention. How Government
Prioritizes Problems. University of Chicago Press : 2005.
Selon ces auteurs, dans les différents secteurs des pp, il y aurait de longues périodes de
stabilité. Cela car ces différents secteurs sont verrouillés dans des situations de monopoles de
pp ; c’est quand il n’y a qu’un seul type de pp sur le marché. Qui est donc à l’origine de ce
verrouillage et de cette situation de contrôle ? Ce sont des réseaux d’acteurs. Les auteurs
s’inspirent de travaux qui avaient mis l’accent sur l’existence de « triangles de fer ». Un
« triangle de fer » est une configuration spécifique d’acteurs qui contrôle un secteur de pp, qui
« fait la pluie et le beau temps ». C’est un triangle, c'est-à-dire qu’il y a trois types d’acteurs
qui s’associent ; politiciens (élus) - représentants de groupes d’intérêts (parfois les politiciens
sont en même temps des représentants de groupes d’intérêts) - membres de l’administration.
 Exemple de la politique agricole
Typiquement, plusieurs de ces études ont porté sur la politique agricole. Pendant
longtemps, cette dernière était contrôlée par des représentants du secteur (associations des
agriculteurs) + politiciens + administration en charge de la politique agricole qui au fond
était un peu le porte-parole des groupes d’intérêts => anecdote : le ministère de
l’agriculture était appelé le ministère des agriculteurs, car très (trop) proches de ces
derniers. La conséquence de cette osmose, c’est que le secteur est verrouillé et qu’il y a le
monopole, le secteur offre une seule chose. Le verrouillage n’est pas dû à une situation du
passé (path-dependency), mais est dû aux intérêts d’un certain nombre d’acteurs qui ont
des intérêts communs et qui le défendent. Ces périodes d’équilibre sont ponctuées par de
courts épisodes de changements. Ce qu’observent ces études se rapprochent des
observations de la path-dependency, mais les raisons de l’inertie ne sont pas les mêmes ;
dépendance au sentier pour la path-dependency et acteurs très liés qui défendent leurs
intérêts pour la punctuated equilibrium. Les auteurs estiment que les politiques publiques
fonctionnent +/- comme fonctionne la science.

 Voir aussi T. Kuhn (La structure des révolutions scientifiques)


Il nous dit que l’histoire des sciences se caractérise par la présence de longues périodes dans
lesquelles, dans chaque domaine, il y a un paradigme dominant. Le paradigme c’est
l’ensemble de croyances, de postulats, d’hypothèses, de méthodes qui domine le champ
scientifique en question. Kuhn dit que les sciences sociales sont des sciences préscientifiques,
car elles n’ont pas encore atteint le paradigme dominant. Selon lui, on ne change pas le
paradigme, mais on cherche à l’affiner. Kuhn parle de longues périodes de « science
normale » pendant lesquelles le paradigme dominant n’est pas remis en question. Ces
périodes de « science normale » sont parfois remises en question par de cours épisodes de
« révolutions scientifiques » pendant lesquels le paradigme dominant est remis en question.
Le paradigme dominant est remis en question, car on y détecte des anomalies qui sont des
situations dont le paradigme dominant ne permet pas de rendre compte de manière
satisfaisante, c’est une sorte d’énigme que le paradigme dominant ne peut pas expliquer.
 Exemple
Pendant longtemps, on avait le paradigme marxiste qui considérait qu’à l’origine des
phénomènes sociaux (révolutions par exemple), il y avait des variables économiques. Le

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paradigme a été confronté à des situations que les variables économiques ne permettaient
pas d’expliquer => donc anomalies. Cela affaiblit et rend plus vulnérable le paradigme
dominant.
 Exemple 2
Échec des politiques interventionnistes ont fait le succès des politiques libérales. Cet échec
vient du fait que les politiques interventionnistes reposaient sur l’hypothèse qu’un fort
niveau d’inflation ne pouvait pas être lié à un fort niveau de chômage. Mais on s’est
retrouvé dans cette situation dans les années 70. Du coup, les défenseurs du paradigme
dominant étaient alors un peu perdus puisque le paradigme perdait de la crédibilité.
Dans ces moments, le paradigme dominant prend l’eau, arrive alors une période de débats
entre paradigmes (donc concurrence). Cela dure peu de temps, puis un nouveau paradigme
prend progressivement la place de l’ancien qui ne correspondait plus à toutes les situations ;
arrive alors une nouvelle période de « science normale ».
L’approche de l’équilibre ponctué s’inspire de la sociologie des sciences dans l’idée de
longues périodes de calme et de courtes périodes de tempête, mais elle met en évidence des
variables spécifiques. Une des variables fondamentales est la question de l’attention. Les
changements de pp résultent de déplacement de l’attention (attention-shift).
 Exemple
Dans un premier temps, l’intégration européenne a commencé rapidement dans les
premières années de l’après-guerre pour contribuer à la paix. Dans un second temps, elle
s’est développée, il y a eu création de la Communauté du charbon et de l’acier.
L’intégration européenne, une fois que le spectre de la guerre s’est éloigné, la
problématisation dominante est devenue économique et non plus une problématisation
sécuritaire. Donc ouverture des marchés qui est favorable au bien-être économique. Tant
qu’il y avait ces deux problématisations, il y avait un consensus permissif autour de
l’intégration européenne ; l’idée était que l’opinion publique (très largement majoritaire)
considérait que l’intégration européenne amenait des bénéfices en termes de sécurités, dans
un 2ème temps des bénéfices de type économiques, c’est pourquoi on laissait faire les élites.
Par la suite, les choses ont changé. Le consensus permissif autour de l’intégration
européenne s’est érodé, une partie de l’opinion publique n’était plus d’accord de laisser
faire les élites comme elles voulaient. Cette érosion peut être expliquée par de nouveaux
types de problématisations : on a complétement oublié que l’intégration européenne avait
apporté la paix. L’intégration européenne de type économique a été problématisée en
termes de gagnants VS perdants. On a tjs une problématisation de type économique, qui ne
voit pas que les bienfaits, mais on est face à l’émergence d’une dimension politique. Il y a
des acteurs politiques (acteurs souverainistes) qui mettent l’accent sur les pertes de
souveraineté politique. Pendant longtemps, on ne s’en préoccupait pas, car dimension pas
apparente dans le débat public.
La manière dominante dont le processus était décrit change.

L’attention est une ressource rare


Baumgartner et Jones pensent qu’on peut changer la manière dominante de voir un
changement. Ils disent que l’attention est une ressource rare (ex : si on se focalise sur notre
ordi - une discussion fb - on ne pourra pas accorder autant d’attention au discours du prof).
Bottleneck (=goulet d’étranglement de l’attention) : L’attention ne peut pas se focaliser en
même temps sur toutes les dimensions d’un problème (éco, socio, géo, etc.). Comme

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l’attention est une ressource rare, il y a focalisation sur une seule dimension, du coup, il y a tjs
du potentiel pour que l’attention soit focalisée sur une des autres dimensions.
Issue expansion, c’est le fait d’étendre les problématisations des enjeux/étendre le nombre de
points de vue sur un enjeu. Il s’agit d’ajouter un enjeu supplémentaire à la problématisation
dominante.

Subversion du monopole par des entrepreneurs politiques

Déverrouillage (image redefinition) et policy punctuation de courte durée : diffusion de la


nouvelle problématisation des enjeux (auto-renforcement et feedback positif)
Ces potentialités de focalisation de l’attention sur d’autres dimensions d’un problème
permettent de remettre en question la problématisation dominante en déverrouillant ce
monopole. On sort alors du réseau fermé du « triangle de fer ». Le déplacement de l’attention
est à l’origine de re-problématisation de ce que les auteurs appellent une « redéfinition de
l’image ».
 Exemple des centrales nucléaires
La préoccupation principale était la sécurité de l’approvisionnement. Sont venues des
associations écologistes qui se sont certes préoccupées de la sécurité de
l’approvisionnement en cherchant des alternatives, mais elles ont principalement fait
campagne sur les risques.
Les médias, les experts sont des outils importants pour re-problématiser, leur avis compte, car
cela peut faire basculer l’attention du public, c’est l’élément principal qui casse le monopole
et qui permet l’émergence d’alternatives. Parmi ces alternatives, il y en a une qui se consolide
à son tour.
« Auto-renforcement » et « feedback positif » : Un changement gagne un feedback positif en
devenant de + en + convaincant ; le changement alimente le changement. Mécanisme qui
ressemble à celui de la path-dependency, puisque le passé induit le futur.
 Exemple du changement climatique
Il y a une dizaine d’années, la quasi-totalité des experts manifestaient leur inquiétude par
rapport au changement climatique. Si on analysait les médias, la moitié des messages des
débats de l’époque était sceptiques par rapport au changement climatique. Donc lutte de
paradigmes au sein des experts, et lutte de paradigmes au sein des médias.
L’idée est que le nouveau paradigme suscite de l’enthousiasme.
L’attention est une ressource rare, donc il y a des pressions pour qu’une problématisation
dominante s’installe, mais il y a toujours des problématisations alternatives, c’est pourquoi les
partisans des alternatives vont tenter de trouver des alliés pour mettre à l’ordre du jour leur
problématisation qui diffère de la problématisation dominante.

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Floriane Wyss

3.4. Courants et fenêtres d’opportunité : une approche probabiliste du


changement
Elle ne cherche pas à expliquer l’inertie (contrairement aux path-dependentists, qui ont pour
but d’expliquer l’inertie), mais s’intéresse aux mécanismes de changement.
 Kingdon, John W., Agendas, Alternatives and Public Policies., Addison-Wesley :
1984.
Cette approche s’inspire du modèle de la poubelle (garbage can model) qui consiste à dire
que les choix de pp sont des choix contingents, donc dus au hasard. Cela explique
éventuellement la faiblesse de l’approche, puisque les scientifiques aiment avoir des
explications précises. Cette approche est l’anti-déterminisme par excellence. Il y a une
justification du rôle du hasard ; les choix des pp sont souvent des choix d’acteurs organisés,
on peut douter que même en Corée du Nord le leader décide tout, tout seul, mais c’est faux.
Acteurs organisés : Le Gouvernement, l’administration, le Parlement, groupes d’intérêts, etc.
Ces acteurs ont une structure de fonctionnement assez complexe, ce sont des organisations
complexes, et donc la complexité introduit de l’imprévisibilité. Ces organisations sont
précisément des « anarchies organisées », c’est une organisation dans laquelle on ne peut pas
prévoir et programmer les comportements ; c’est-à-dire que les outputs (ce qui va sortir de
l’organisation) ne sont pas prévisibles. L’idéal-type de « l’anarchie organisée » est
l’Université.

15 avril 2013

Les anarchies organisées sont des organisations complexes et dans lesquelles il est difficile
d’identifier des règles précises de fonctionnement. Elles sont assez fortement sujettes à
connaître des processus de changements relativement contingents et chaotiques.
 Exemple de l’université
Les structures de commandements ne sont pas très précises. À l’Unil, il y a un rectorat, une
direction dont dépendent les facultés. Mais il n’est pas tjs facile pour la direction de dire à
la faculté A ou B ce qu’elle devrait faire quand bien même que la direction se trouve à un
niveau hiérarchique plus élevé.
Répartition du pouvoir au sein des facultés : le chef est le doyen. Est-ce que le doyen
dispose d’un pouvoir suffisant pour s’imposer au sein d’une faculté ? Souvent ce n’est pas
le cas. Malgré les directives du doyen, les enseignants font tout de même comme ils
désirent. Le doyen ne peut pas « soumettre » les enseignants, il n’a pas de mesure de
pression sur eux.
Kingdon met l’accent sur un type d’acteurs particuliers ; les entrepreneurs politiques. L’acteur
qui donne une impulsion au changement est ce que Kingdon appelle un entrepreneur
politique, précisément un entrepreneur de pp. Il estime qu’il y a trois courants/domaines
indépendants les uns des autres ; c'est-à-dire que ce qu’il se passe dans l’un des domaines
n’impacte pas sur les autres domaines (à priori) => approche différente. Le néo-
institutionnalisme nous dit que la configuration des institutions impacte sur les pp ; lieux de
véto, etc.

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Trois courants indépendants :


 Problem stream
Flux des problèmes (vieillissement de la pop, chômage, pollution, etc.), c’est une liste des
problèmes qui sont à l’ordre du jour. Au fond, Kingdon relativise la vision balistique des pp
=> vision qui consiste à penser qu’il y a un objectif et que l’on cherche le meilleur moyen
pour viser cet objectif, les problèmes conditionnent des solutions. Kingdon dit qu’il n’y a pas
de lien immédiat entre problème et solution, et que le flux des problèmes développe sa
dynamique propre.
 Policy stream
Flux des pp. Ce qu’il se passe dans le domaine des pp, donc également les pp passées. L’idée
que les changements relèvent de ce qu’il se passe dans le domaine lui-même. Dans la path-
dependency, une pp n’est pas une réponse à un problème, c'est-à-dire que ce n’est pas un
problème qui conditionne une pp, mais une pp précédente, c’est donc le passé qui conditionne
les pp.
 Political stream
Jeu politique qui conditionne une pp ; alliances (voir crise des missiles de Cuba, volonté
d’être élu).
Les acteurs qui interviennent dans ces trois courants ne sont pas nécessairement les mêmes ;
médias et experts pour le problem stream, l’administration pour le policy stream, partis
politiques et groupes d’intérêts pour le political stream. Les entrepreneurs politiques sont les
acteurs qui cherchent à coupler ces trois streams de manière convaincante. Kingdon ne
précise pas la forme d’un entrepreneur politique, donc ne précise pas le type d’acteur que
c’est => un leader, un parti politique, un technocrate de haut vol qui a le fin nez politique ?
Chez Kingdon, le hasard joue un rôle important, mais il y a aussi des acteurs ultra-stratège ;
l’entrepreneur politique n’est pas un imbécile, c’est un stratège, il dispose de capacités
stratégiques en dessus de la moyenne. Ce serait donc un acteur ultra-rationnel dans un
contexte d’incertitude, sa capacité consiste à faire le lien entre les trois streams. Kingdon dit
que pour faire ce lien/pour le changement, il faut un entrepreneur stratège, mais que cet acteur
ne peut pas constamment faire ce couplage ; l’acteur stratège doit alors saisir des « fenêtres
d’opportunité ». Ces moments pour initier le changement sont rares et dus au hasard, donc
l’acteur doit les saisir et doit avoir de la chance/de la fortune puisque c’est dû au hasard. Il y a
deux conditions nécessaires conjointes ; « fenêtre d’opportunité » dans laquelle il est plausible
que les trois courants puissent converger (élément de hasard) et avoir un acteur stratège qui
saisisse sa chance (tous les acteurs politico-administratifs ne sont pas capables de cela).
 EXAMEN : Possibilité de tomber sur une comparaison entre l’approche de fenêtres
d’opportunité et la path dependency.
L’approche de Kingdon a le mérite de découpler, de dire que les choses n’avancent pas
forcément de manière colinéaire. L’action d’un acteur stratège ne suffit pas au changement
puisque si l’acteur est rationnel, mais n’a pas de chance, il n’a pas la possibilité d’agir. La
question que l’on peut se poser c’est Combien stratège est le stratège ? À quel point l’acteur
stratégique peut manipuler le hasard, voire provoquer le hasard ? Une approche pour qu’elle
soit falsifiable doit produire des hypothèses très spécifiques, cette approche a de la peine à
produire ce genre d’hypothèses, car bcp de choses sont dues au hasard.

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3.5. Les réseaux d’action publique (« policy networks ») : le changement


fonction de la configuration du pouvoir
 Débat pluralisme VS (néo-)corporatis me
Un réseau est l’ensemble des acteurs qui concourent à la prise de décision politique, on parle
de réseaux car ces acteurs interagissent et communiquent entre eux et sont surtout
interdépendants (inégalement, certains sont plus importants que d’autres, certains dépendent
plus des autres) ; les uns ont besoin des autres. « Triangle de fer » : Dans les pp, il y a trois
principaux types d’acteurs, mais l’approche par les réseaux en ajoute un quatrième qui est
également présent dans les pp, il s’agit des experts.
 Exemple
Kriesi a analysé les principaux processus de décision dans les années 70 en CH. Il a dit
qu’on a l’image d’un système assez pluraliste en CH, mais que si on analyse les réseaux de
prise de décision, on doit des configurations proches des triangles de fer, donc nombre
d’acteurs influents relativement limité dans la prise de décision.
PPP : Phase dans laquelle se prennent la plupart des décisions. Des analyses + modernes
tendent à montrer qu’il y a moins d’enjeux dans la PPP qu’avant. Les groupes d’intérêts y
sont présents.
PP : Phase caricaturale de l’arène partisane.
Plusieurs acteurs se mettent ensemble pour prendre des décisions, d’où le terme de « réseaux
d’action publique », Kingdon n’en parle pas, la path-dependency non plus. Selon l’approche
des réseaux, il existe plusieurs types de réseaux, donc selon le type, le mécanisme du
changement va être différent :
 Modèle pluraliste
Un système pluraliste est un système dans lequel il y plusieurs acteurs. La 2 ème caractéristique
est que les interactions entre les acteurs sont avant tout des interactions de concurrence, un
système pluraliste est avant tout un système de concurrence. Il y a des coalitions qui se
forment pour remporter face aux coalitions rivales. Donc le modèle pluraliste comprend de la
concurrence et des coalitions. Mais il y a aussi une question de fluidité, car les coalitions
changent. Un jour tel groupe d’intérêt sera dans une coalition gagnante sur un sujet
particulier, et le lendemain cette même coalition dans un autre sujet sera une coalition
perdante. Il n’y a donc pas concrètement de perdants et de gagnants. Les groupes d’intérêts
sont, au fond, extérieurs au système politique, ils vont alors faire pression sur les dirigeants
politiques pour qu’ils satisfassent leur demande (via la formulation d’inputs) => système de
pression.
Une issue networks est un « réseau d’enjeux ». Il y a bcp d’acteurs, le réseau est ouvert, ce
n’est pas un club, il y a des acteurs qui le quitte et des nouveaux acteurs qui entrent => donc
fluidité du réseau qui correspond à la fluidité de l’approche par les réseaux.
 Exemple de la politique environnementale
Ce réseau s’est petit à petit ouvert. Il y a donc eu une sorte d’écologisation des pp.
La vision pluraliste a été critiquée par la vision (néo-)corporatiste de la décision.
 Modèle corporatiste
L’idée de corporatisme trouve son inspiration dans des systèmes politiques assez particuliers.
Le corporatisme est une doctrine sociale/idéologie qui a été développée par l’Église
catholique à la fin du 19ème et au début du 20ème et qui a été reprise et radicalisée par les
régimes autoritaires de l’entre-deux Guerres, typiquement le fascisme italien ou les régimes
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autoritaires de la péninsule ibérique (ESP + PORT). Cette idée émerge face à l’idée de lutte
des classes. La société ne devrait pas être fragmentée en différentes classes, mais plutôt en
différents secteurs (agriculteur, commerçants, etc.). Cette doctrine était anti-partisane, car la
lutte entre les partis politiques divisent la société, alors qu’on devrait renforcer la cohésion
sociale. Également une image antiparlementaire, car les Parlements étaient les lieux où
s’exprimait la division de la société. À ce moment, il y avait la volonté de remplacer des
divisons (via les partis politiques) par des chambres partisanes où il serait alors question de
coopération. Dans les années 70, les scientifiques ont appliqué le concept de corporatisme
plus seulement dans les systèmes autoritaires, mais à certains systèmes démocratiques ;
corporatisme ou néo-corporatisme parce que c’était 50 ans plus tard et que c’était un
corporatisme en régime démocratique. Quelles sont donc les caractéristiques d’un régime
corporatiste démocratique ?
 Corporatisme démocratique
Idée, comme dans le corporatiste autoritaire, que les décisions politiques doivent être le
résultat de la coopération entre différentes forces sociales (=/= concurrence). Les décisions
sont prises de manière négociée, via les compromis. Les approches néo-corporatistes de la
décision, nous disent, contrairement à ce qu’il s’est passé dans les régimes autoritaires, que les
parlementaires n’ont pas disparu, mais que ce circuit a perdu de l’influence au profit du circuit
parallèle de représentation des intérêts (groupe d’intérêts qui constituent ce secteur).
En quoi est-ce que l’image corporatiste se distingue de l’image pluraliste ?
 Action sur la coopération plutôt que sur la concurrence
Au modèle de concurrence du pluralisme se substitue un modèle de concertation. Cela ne
sous-entend pas qu’il n’y a pas de conflit, mais que les acteurs tentent de s’entendre entre eux.
 Nombre d’acteurs faible
Dans le modèle idéal-type de corporatiste, il y a un nombre restreint d’acteurs importants. Peu
d’acteurs afin d’arriver à des compromis. Il s’agit d’un monopole dans la représentation des
intérêts (intérêts des agriculteurs, du patronat, etc.) qui est représenté par un seul acteur. Cela
permet d’affaiblir la contestation.
 Exemples de la Suisse
La CH n’est pas vraiment un modèle corporatiste car elle n’a pas une seule association
patronale, mais plusieurs, etc. Donc système contient bcp d’acteurs, plus que ce que
prévoit le modèle corporatiste.

 Rapports groupes-État
Dans le modèle pluraliste, il y a pression, car plusieurs associations existent pour représenter
le même intérêt (plusieurs associations patronales, des agriculteurs, etc.). Donc un acteur
pourra dire à l’association dans laquelle il se trouve que si l’association fait trop de
compromis avec les associations concurrentes, il part dans une autre association. Ceci n’est
pas possible dans un système corporatiste puisqu’il n’y a pas plusieurs associations.
Le pays le plus emblématique du corporatisme est l’Autriche, architecture politique simple :
Un grand parti conservateur lié aux milieux patronaux et à la Chambre patronale, ainsi qu’un
grand parti social-démocrate très lié à la Confédération des syndicats autrichiens.

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Floriane Wyss

17 avril 2013

Rappel
Réseaux sont plus structurés, plus fermés => vision néo-corporatiste. La réalité de la décision
politique, même si ratifiée par le Parlement est prise dans d’autres circuits (assoc’ patronales,
syndicales, etc.). Ces approches disent qu’il y a peut-être de la concurrence politique, parti A
concourent face au parti B, mais que ce qui est important est que les décisions soient prises de
manière concertée. Le corporatisme fonctionne moins bien en période de récession. Période
de croissance : bcp de ressources, mais pas en période de récession.
Le corporatisme est remis en cause par la globalisation, car le patronat plutôt que de
s’embêter à faire des compromis/négociations avec les syndicats peut délocaliser.
Dans le corporatisme, il y a peu d’acteurs, car impossibilité de faire représenter tous les
intérêts personnels. Il y a donc + de fiabilité dans les négociations, cela favorise les
compromis, car en cas de désaccord, obligation d’accepter le compromis puisqu’impossibilité
d’aller ailleurs (car peu de groupes d’intérêt, etc.).
 Exemple
Autriche, pays corporatiste par excellence, une institution qui a joué un rôle très important
était la commission paritaire => instance paritaire entre représentants syndicaux et
représentants patronaux. C’était dans cette commission qu’étaient préparés les projets éco-
socio.
Alors que dans l’image pluraliste du monde, des groupes extérieurs à l’État font pression.
Retour sur le modèle corporatiste
Policy communities : Ceux qui travaillent avec ce concept partage l’idée que les acteurs
partagent les mêmes valeurs sur ce qui doit être fait dans une pp.
 Exemple du Group-think
Les individus perdent leurs croyances individuelles en favorisant les croyances collectives
du groupe. C’est un groupe très extrême. C’est pourquoi, les dissidents sont marginalisés,
les membres du groupe vont avoir tendance à les faire sortir du groupe.
Conclusion
Les réseaux peuvent avoir des configurations variées, voire même très contrastées.
 Exemple
En CH, pouvoir très fragmenté, bcp de lieux de véto. Ceci est contrasté avec système
majoritaire classique (RU, SU) dans lequel le pouvoir est très concentré (aux mains du
Premier Ministre, par ex).
 Exemple
Différenciation entre domaines/secteurs de pp, l’un peu avoir + tendance à être corporatiste
et un autre pluraliste.
Étude dans le temps montre que les réseaux changent. Par contre, l’approche par les réseaux
ne permet pas de tirer des inférences sur le type de pp qu’il va y avoir. Il est néanmoins
possible de faire des hypothèses, notamment celle de dire que lorsque le réseau est une policy
commmunity il sera réfractaire au changement.
Le type de réseaux va largement déterminer le type de changement, c’est pourquoi on
s’intéresse au moteur du changement pour chacun des deux types :

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 La lentille pluraliste : coalitions changeantes (incertitude), pas de gagnants et de


perdants structurels
Les politiques publiques sont le résultat des issues networks, ces issues sont fluides ; certains
acteurs entrent un jour et en ressortent le lendemain. Le changement est le résultat de
coalitions changeantes, c'est-à-dire que le réseau change de forme assez souvent et facilement
ce qui amène au changement des pp. Les coalitions ne changent pas tjs dans le même sens, les
gagnants d’un jour sont les perdants du lendemain. Il est question de changements
incrémentaux, car rapides et donc marginaux. L’issue networks change facilement, cela
amène un changement dans les pp.

 La lentille corporatiste : négociations et compromis entre insiders


Changement également incrémental, mais pour une autre raison ; ici c’est parce que c’est
négocié, le changement est donc issu de compromis, donc de basse ampleur. Le système
corporatiste, dans un sens, conduit à des solutions largement acceptables (puisque produit des
compromis), mais génère également des perdants structurels à la marge ; c'est-à-dire des
perdants à la marge qui sont toujours perdants parce qu’ils ne pourront pas s’intégrer aux
décideurs, ces derniers les empêchent d’entrer dans cette sorte de club fermé.
 Exemple de la récession en Suisse
La crise a conduit à plus de chômage dans les pays extérieurs à la CH, mais en CH cela n’a
pas été le cas, pourquoi ? La principale raison est que le chômage a été exporté, les
principales personnes ayant perdu leur travail étaient étrangères et sont donc rentrées chez
elles.
 Exemple
Autriche était un système qui produisait des exclus, c'est-à-dire que les perdants structurels
n’avaient pas la possibilité de se dire que « la roue allait tourner », puisque dans un
système corporatiste, les perdants sont toujours les mêmes, contrairement à un système
pluraliste.
Ce qui est déterminant au changement selon la path-dependency est le passé, pour
Kingdon c’est l’acteur stratège et pour les approches par les réseaux, c’est le type de réseaux.

3.6. Approches cognitives du changement : référentiel et médiateurs


Cette approche a été développée à Grenoble par Bruno Jobert et Pierre Müller (il a
principalement travaillé sur les politiques agricole et technologique). Ces deux chercheurs
travaillaient sous la direction de Lucien Nizard qui était un haut fonctionnaire du
commissariat FR du plan dans lequel il ne fallait pas planifier l’économie de manière
autoritaire, mais plutôt souple. Nizard voulait changer les comportements des acteurs dans la
société, volonté de modernisation. Les pp visent justement à produire un effet en changeant
les comportements. Nizard était néo-marxiste et s’inspirait de Gramsci, ce dernier considérait
qu’il y avait d’un côté la « base » (constituée par l’activité économique et rapport socio-éco
des rapports de production) et de l’autre côté la « superstructure » (composée par la sphère
des idées). Gramsci considérait que la « superstructure » pouvait être le moteur du
changement. Selon lui, il y a deux types d’intellectuels => Les intellectuels organiques (qui
défendent le système en place) et les intellectuels révolutionnaires, ceux qui tentent de
changer le système. C'est-à-dire que pour lui, les luttes d’idées comptent pour le changement.
Ces auteurs se caractérisent par la mise en avant du rôle des idées. Il n’est pas question d’idée
marxiste, le moteur du changement n’est pas la lutte de classes, mais la lutte d’idées.

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 Sectorisation de la société
Une société sectorisée est une société très fortement différenciée, selon des logiques propres à
chaque secteur. Un secteur est un domaine de la vie sociale dont l’incarnation est souvent la
profession (agriculteur, médecin, juriste, etc.). Les luttes entre les secteurs comptes, donc les
conflits sectoriels sont des conflits importants dans la société =/= conflits de classes. Le rôle
de l’État est alors d’intervenir pour gérer ces conflits entre les différents secteurs. D’ailleurs,
Luhmann s’est un peu intéressé à la sectorisation de la société, mais de manière différente. Il a
construit une théorie de la différenciation sociale, c'est-à-dire qu’il explique que nos sociétés
connaissent des mécanismes de différenciation => Nos sociétés sont de + en + différenciées.
Par exemple, les professions sont de plus en plus spécialisées. Pour revenir à la sectorisation
de la société, Jobert et Müller partent justement de l’idée que nos sociétés sont fortement
sectorisées. Une manifestation de la sectorisation est que chaque secteur va avoir
tendanciellement son propre référentiel, sa propre vision du monde. Luhmann parlait de
codage, c’est similaire au référentiel.
 Exemple
La santé n’a pas de prix, c’est la vision du monde du secteur de santé.

Le référentiel, selon Jobert et Müller est découpé en 2 dimensions ; normative et cognitive :


 Les valeurs : Croyance dans la liberté individuelle/dans la justice sociale.
 Les normes : État doit intervenir pour réduire les inégalités dans la société. En gros,
les valeurs se concrétisent dans les normes. Valeurs et normes font partie de l’aspect
normatif : ce qu’il est bon de faire et ce qu’il n’est pas bon de faire
 Les algorithmes : Ce sont des hypothèses causales
 Exemple
Si l’Europe arrive à produire un avion moyen-courrier qui fait concurrence au Boeing
USA, cela va renforcer la position de l’EU dans l’arène des rapports de force
internationaux.
 Les images : Personnes incarnant le référentiel
 Exemple
Madame Thatcher comme image du renouveau du libéralisme

Algorithmes et images font partie de l’aspect cognitif.


Il y a des pressions au changement dans les politiques sectorielles (référentiels sectoriels) qui
viennent du référentiel global. Jobert et Müller n’expliquent pas pourquoi le référentiel global
change, mais leur but est de comprendre le changement des pp, c’est pourquoi ils se focalisent
sur la compréhension du changement de référentiel sectoriel. Ce sont, pour eux, les
médiateurs qui sont à l’origine des changements sectoriels, en gros, ce sont ceux qui vont faire
que le secteur bouge. Ces médiateurs ont deux propriétés intéressantes, ils sont internes au
secteur (comme association d’agriculteurs) et sont donc plus proche des acteurs du secteur (ils
disposent alors de légitimité interne), mais la 2 ème propriété est que les médiateurs sont à
l’interface entre le sectoriel et le global, c'est-à-dire qu’ils sont capables d’importer le
nouveau référentiel global dans le secteur en traduisant les intentions globales en termes
sectoriels.

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22 avril 2013

 Analogie : paradigme scientifique dominant (T. Kuhn)


Les pp sont en quelque sorte orientées par des manières de voir le monde qui peuvent être
appelées « référentiel » ou « paradigme ». Cette dernière notion vient du domaine des
sciences ; il y a la « science normale » => c’est une période de routine. Cette longue période
alterne avec des périodes de révolution « science extraordinaire ». Un paradigme scientifique
dominant contient des croyances d’ordre métaphysique. En sciences sociales, un paradigme
met l’accent sur le rôle des acteurs et un autre paradigme met en avant plutôt les structures ; il
est donc question de mettre l’accent sur la liberté d’action, d’une part une grande liberté, de
l’autre des individus déterminés par les structures, donc peu de liberté. Un paradigme
interventionniste va mettre l’accent sur les instruments financiers, sur la redistribution comme
outils de régulation des problèmes sociaux. Au contraire, un paradigme peu interventionniste
peu mettre l’accent sur des instruments d’incitation. À l’opposé, un paradigme non-
interventionniste va juste s’attacher à informer les gens.
Les notions de référentiel et de paradigme peuvent être vues comme des notions synonymes.

Deux dimensions :
 La dimension cognitive
C’est le fait que le référentiel véhicule une certaine connaissance du monde
 La dimension normative
Se greffe une dimension normative sur la dimension cognitive. Il n’est pas seulement question
de « comment le monde est », mais « comment il doit être » => vision prescriptive.

 Exemple du référentiel libre échangiste


Valeurs/normes : La conduite appropriée pour atteindre ces valeurs est d’avoir une
économie compétitive.
Algorithme (mise en relation causale entre 2 variables) : Plus le marché du travail est
flexible, plus on va avoir une éco compétitive. Moins le marché du travail est réglementé,
plus c’est favorable à la croissance. Entreprises ne supporte pas les coûts
Image : Les tigres = Les nouveaux pays industriels, qui grâce à un modèle particulier de
croissance arrivent à des performances économiques grandioses.
Le référentiel auquel adhère un groupe a une forte dimension identitaire, il fait partie de
l’identité du groupe. Jobert et Müller, théorie du changement, il y a l’idée implicite que toutes
les X décennie il y a un référentiel global qui arrive et il y a donc ajustement du référentiel
sectoriel au référentiel global. Cela montre des moments de basculement de référentiel, mais
qui arrivent rarement car pour eux, changer de référentiel c’est comme changer d’identité.
Müller a été socialisé dans un référentiel de la science qui était un référentiel assez puriste, on
faisait de la science pour découvrir des choses et avec l’idée que la science était assez
nationale ; on le fait pour la France, en France et pour les Français. Il disait qu’il a eu
l’occasion de remarquer les bouleversements du référentiel, maintenant il ne suffit plus de
faire une étude intéressante, mais il faut une équipe, être manager de la recherche, donc
ramener de l’argent pour la recherche, par l’internationalisation il fallut alors publier en
anglais, faire des conférences à l’extérieur. Müller déclarait se sentir alors largué par ce
nouveau référentiel de la science et qu’il ne se retrouvait pas dedans, car ce n’était pas en
rapport avec l’identité qu’il s’était forgée. Les changements de référentiels peuvent donc
impliquer des changements d’identité, c'est-à-dire que cela peut rendre la transformation du
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Politiques publiques
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référentiel difficile, puisque personne n’aime véritablement changer d’identité facilement,


donc il y a des oppositions.
 Exemple
On a vu que l’État social a été pas mal combattu ces dernières décennies, c’est donc
intéressant de voir que parmi les défenseurs de l’État social on trouvait les employés du
secteur public. Ces gens-là votent à gauche, car ont des valeurs égalitaires de justice
sociale. On peut donc dire de manière cynique que d’un point de vue du choix rationnel
c’est rationnel de défendre l’État social puisqu’il les emploie. Mais d’un autre côté, ils ne
sont pas les plus touchés par les atteintes à l’État social ; le risque de se retrouver au
chômage est bien moindre pour employés du secteur public que pour ceux du secteur privé.
Ce choix politique relève de la croyance politique, s’ils protègent l’État social ce n’est pas
parce qu’ils ont peur de se retrouver au chômage (logique des conséquences), mais parce
qu’ils ont été socialisé dans ce domaine (logique de convenance).

Grands cadres d’interprétation du monde qui sont dominants à une période donnée. Les
changements du référentiel d’un secteur sont assez faciles à identifier ; on prend les
interviews des représentants de ce secteur, on regarde ce qu’ils écrivent/disent et on peut
déduire le référentiel.
 Limite de cette approche
La production de qui allons-nous regarder lorsqu’il y a un changement de référentiel global ?
Comment prouver qu’un référentiel global a changé ?
Müller dit qu’on constate un changement lorsqu’un référentiel devient évident, donc la seule
manière de penser le monde. Ceux qui doivent être convaincants sont ceux qui s’opposent,
donc fardeau de la preuve repose sur les opposants au référentiel.
 Exemple du nouveau référentiel scientifique
Au bout d’un certain moment, Müller dû tenter de convaincre que publier en anglais était
inutile, mais n’y arrivant pas, le nouveau référentiel s’imposa alors.

Exception culturelle
La culture a ses propres normes, l’une est la diversité/le pluralisme, donc principalement
linguistique. Elle relève d’un imaginaire assez vaste qui dit que la culture n’est pas un bien
commercial comme un autre, cela justifie des pratiques qui ne sont pas des pratiques libérales
(libres échangistes).
 Exemple du prix unique du livre
Hypothèses causales : Permettrait aux petites librairies de se maintenir. Cette idée est une
intervention sur le marché, le prix unique du livre favoriserait la diversité dans le domaine
du livre. Défenseurs : Le livre n’est pas un bien comme les autres, ne peut donc pas être
considéré comme un bien commercial.

Dans l’approche de Jobert et Müller, il y a effectivement l’idée que les secteurs doivent
s’ajuster aux pressions globales. Rôle du médiateur qui fait le processus de traduction entre
global et sectoriel, mais médiateur doit être interne au secteur, cela lui amène de la légitimité.
 Exemple de la politique agricole française
CNJA (centre national de jeunes agriculteurs) est un centre interne au secteur, ce qui est
nécessaire pour Jobert et Müller, car si les pressions de changement viennent de l’extérieur

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cela devient irritant pour le secteur => Papadopoulos est irrité par sa femme qui le pousse à
manger moins.
Ces médiateurs doivent jouir d’une crédibilité interne au secteur et doivent donc être entendus
par le secteur. Ils doivent être entendus par le secteur, mais doivent traduire les discours du
secteur aux autorités. Cela doit aller dans les deux sens. Le changement résulte de la nécessité
d’ajuster le référentiel des différents secteurs au référentiel global qui a changé, il y a donc le
rôle central des médiateurs qui peuvent être des individus ou une organisation. Le savoir
produit du pouvoir, le médiateur a une fonction intellectuelle qui lui permet d’avoir du
pouvoir dans le secteur. Müller dit que le changement résulte de conflits ; mais distinction
entre conflits DANS le référentiel et conflits SUR le référentiel. On a reproché à cette
approche de gommer les différents points de vue dans les secteurs. Pierre Müller dit qu’à
l’intérieur du référentiel, il peut y avoir des conflits qui ne remettent pourtant pas en question
le référentiel, conflit par exemple sur les instruments, il s’agit donc de conflits DANS le
référentiel. Périodes plus rares de conflits SUR le référentiel, c'est-à-dire deux visions du
monde qui s’entrechoquent, il y a remise en question des bases. Ces conflits peuvent être
comparés aux périodes de ponctuation des équilibres (punctuated equilibrium) ou aux
changements induits par conjonctures critiques (path dependency). L’élément déterminant au
changement de référentiel est la nécessité d’adaptation du réf sectoriel au réf global.

3.7. Approches cognitives du changement : « Advocacy coalition


Framework » (ACF)
Cette approche ressemble à celle du référentiel, mais n’est évidemment pas semblable.
Sabatier était l’inspirateur de cette approche d’origine américaine, qui a connu bcp d’adeptes.
Sabatier a bcp travaillé sur politique de l’environnement aux USA, puis de nombreux
chercheurs ont travaillé sur d’autres politiques en appliquant le cadre conceptuel de l’ACF.
Framework (cadre d’analyse) qui met l’accent sur advocacy coalition (=coalitions de cause),
donc accent sur acteurs qui défendent une cause.
 Coalition de cause
Les coalitions sont composées de 5 types d’acteurs importants : Politiciens, représentants
d’intérêts, membres de l’administration. Ces trois acteurs constituent le triangle de fer, mais
dans cette approche ils sont en conflits. Mais aussi les experts (ne sont pas neutres !) et les
journalistes (tentent de sensibiliser l’opinion publique selon une coalition précise). Qu’est ce
qui fait que ces 5 types d’acteurs se mettent ensemble ? Sabatier parle de colle qui cimente les
coalitions. Il dit que ce qui cimente n’est pas un intérêt commun (choix rationnel), mais des
croyances communes ; il se situe donc en opposition à l’approche par le choix rationnel. À
l’origine de l’action collective des coalitions, il y a donc croyances communes. Selon
Papadopoulos, cela se discute, car selon lui, l’intérêt n’est pas absent. Sabatier dit que même
la définition des intérêts relève d’une croyance, donc rôle central dévolu aux croyances.
 Policy subsystem (env. 10 ans) : 2 à 5 coalitions en conflit (devil shift)
On a affaire aussi à un monde sectorisé en « sous-systèmes » de pp ; policy subsystem est un
domaine particulier de pp. Il s’agit de sectorisation des activités de l’État, pas vraiment même
type que sectorisation de la société de l’approche par le référentiel. Quand on veut étudier un
sous-système de pp, Sabatier dit qu’il faut l’étudier en moyenne sur une dizaine d’années et
dans chaque sous-système, on trouve un petit nombre (2-5) de coalitions d’acteurs en conflits.

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Au contraire, l’approche par les référentiels possède UN référentiel dominant, et non un petit
nombre de coalitions. Devil shift, c’est un mécanisme de diabolisation de l’ennemi.
 Coalitions cimentées par croyances communes
 Deep core beliefs
Croyances faisant partie du noyau profond (ressemble aux valeurs métaphysique) => égalité
par exemple.
 Policy core
Du deep core on peut en déduire un policy core, c'est-à-dire un certain nombre de croyances
fondamentales autour de la politique dont on s’occupe => politique plutôt libérale ou plutôt
interventionniste.
 Secondary aspects
Il ne s’agit pas des aspects centraux du noyau, mais plutôt d’instruments par exemple.

Sabatier a une théorie du changement qui consiste à dire qu’à mesure qu’on passe des aspects
plus secondaires aux aspects plus profonds, le changement devient plus difficile. Donc plus il
faut accepter des changements qui touchent l’identité (selon l’approche par le référentiel),
plus cela sera difficile. C'est-à-dire que les changements vont principalement changer les
secondary aspects que les deep core beliefs.
Lorsque le paradigme rencontre des anomalies car certains questionnements ne peuvent pas
être répondus de manière satisfaisante, cela rend le paradigme vulnérable qui est alors remis
en question et remplacé par nouveau paradigme.
Lakatos dit que cela ne se passe pas vraiment comme ceci car un paradigme a des mécanismes
de défense, car composé d’un noyau et d’une « ceinture protectrice » ce sont des hypothèses
secondaires qu’il est possible de laisser tomber. Cette ceinture permet d’encaisser les coûts
sans se faire trop mal. Ce que nous dit Sabatier sur les changements au sein des coalitions,
puisqu’il explique qu’une coalition va plus facilement accepter des changements au niveau
des secondary aspects.

 Voir aussi le paradigm shift de Hall : Changements selon 3 ordres


 Changement de 1er ordre (utilisation et finalité des instruments)
 Changement de 2ème ordre (choix des instruments)
 Changement de 3ème ordre (objectifs)

Sabatier dit alors que le changement est plus facile à la périphérie des systèmes de croyances,
c'est-à-dire dans des aspects secondaires que dans des aspects de fond. Le système de
croyance change donc surtout à sa périphérie.

29 avril 2013

 2 mécanismes du changement de politiques publiques

 Rapport des forces entre coalitions (rôle des événements)


Il est donc question d’un changement du rapport de force qui fait que cela change le système
global. Mais qu’est-ce qui peut donc faire changer ce rapport de force ?
o Marginalisation d’une coalition
Une coalition forte qui devient plus faible, moins hégémonique
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 Exemple de la politique de la drogue en FR


Face au problème du SIDA, la coalition prohibitionniste ne pouvait plus tenir un discours
tenable, c’est beau de vouloir une société sans drogue, mais il faut arriver à gérer le
problème du SIDA. Selon Muller, il s’agit d’un discours qui perd progressivement de sa
crédibilité. C’est donc un affaiblissement d’une coalitio n.
o Acteurs changent de préférence, ils se convertissent
Une coalition de gauche et une de droite. Dans premier cas de figure (marginalisation), il y a
un changement de rapport de force, car coalition de gauche perd de son pouvoir. Dans un
second cas de figure, la coalition de gauche se convertit.
 Exemple
Hall montre comment la sociale-démocrate s’est convertie. Il dit que ce n’est pas la droite
qui a gagné, mais la gauche qui s’est convertie à droite puisque ses programmes de gauche
ne fonctionnaient pas.

 Apprentissage entre coalitions (rôle de « policy brokers ») : mais conditions


restrictives et effet limité (filtres cognitifs : dissonance)
Cet apprentissage se fait essentiellement via les modérés de chaque coalition, et souvent ces
modérés sont principalement les acteurs membres de l’administration.

 Exemple par Maya Jeghen


2 types d’acteurs qui ont servi de policy brokers et qui ne font pas partie de l’admin :
o Politiciens de droites
Principalement libéraux/radicaux qui avaient des préoccupations environnementales, parce
qu’ils étaient + entendus par leurs camarades de partis que si c’était un écologiste qui allait
vanter les mérites ; c'est-à-dire que c’était des gens à qui on faisait confiance, puisqu’ils
avaient les mêmes préférences politiques.
o Experts consultant
Plutôt favorables à la coalition environnementale, mais qui de par leur statut d’expert,
disposaient d’une légitimité et crédibilité plus générale. Donc acteurs de la coalition pro
économique qui se sont en partie convertis à des valeurs écologiques en recevant le message
produit par ces experts.
 Discussion sur les « 3 I » : Idées VS intérêts ? Vide institutionnel ? Exemple
d’interaction entre les « 3 I »
Les trois i : institutions, intérêts et idées.
ACF prétend que les décisions sont cimentées par les idées. Mais on voit qu’il n’y a pas que
les idées qui comptent. Chez Sabatier, le rôle des institutions n’existe pas. C’est comme si les
différentes coalitions se trouvaient dans un vide institutionnel, or on sait que les institutions
peuvent influer sur les rapports de force. Puisque par le référendum, le rapport de force n’est
pas le même, grâce au référendum existe la possibilité de la menace. On sait alors que les
institutions comptent.
 Exemple de la politique de la drogue en FR
D’abord, pratiquement tout le monde, en tout cas les acteurs qui comptent adhèrent à la
prohibition de la drogue. Ne pas interdire la consommation de drogue ce serait en quelque
sorte pêcher par démission. Arrivée dans les années 80 du VIH SIDA, on peut appeler cela
un focusing event, puisque la maladie a provoqué des ravages. L’anomalie c’était que l’on
veut bien être en faveur d’une société sans drogue, seulement si rien n’est fait, les
personnes toxicodépendantes vont se contaminer entre elles, c’est pourquoi on ne peut plus
Université de Lausanne - 2012-2013 - Ioannis Papadopoulos Page 70
Politiques publiques
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simplement interdire. C’est alors qu’un événement externe donne lieu à la naissance d’un
nouveau type de coalition, on l’a appelée la coalition de réduction des risques qui avait
pour objectif de coupler la politique de la drogue avec la politique du SIDA et faire en
sorte de réduire les risques liés à l’épidémie, c’est plus (+) pragmatique, mais cela relève
principalement de la sphère des idées => On ne peut pas se permettre de faire que les
personnes toxicodépendantes décèdent juste parce qu’on est contre la drogue. L’épidémie a
fait que la coalition prohibitionniste s’est retrouvée marginalisée, elle a perdu de sa
capacité de conviction. La conséquence de cette marginalisation de la coalition
prohibitionniste est la montée en puissance de l’autre coalition, celle de réduction des
risques et qu’il y a eu une série de mesures de pp visant justement à prévenir le risque de
diffusion. Donc + le SIDA devient un problème, + la coalition prohibitionniste s’affaiblit et
+ la coalition de réduction des risques se renforce. Un de ses atouts est que les Offices de
santé publics faisaient justement partie de cette coalition. Il n’y avait pas bcp de
traditionnalistes prêts à soutenir l’ancien paradigme. Finalement, la 2ème coalition gagne,
elle doit donc mettre en œuvre des mesures locales ; on parle de dimension spatiale et donc
de politiques qui ont des incidences spatiales. La mise en œuvre, en CH, est décentralisée,
elle se fait au niveau des cantons et des communes, c'est-à-dire que ceux qui sont appelés à
gérer les problèmes sont les entités décentralisées (cantons + communes). On remarque
que la mise en œuvre génère des réactions => « Nimby », une mesure génère des coûts
concentrés, on se retrouve par exemple avec un centre de toxicodépendants à côté de chez
nous ; peur pour nos enfants, pour nos commerces, etc. Les coûts sont concentrés, mais les
bénéfices sont diffus, c'est-à-dire que j’en acquière des bénéfices marginaux alors que les
coûts sont élevés. Cela a donc crée une 3 ème coalition, celle du voisinage, donc défense
d’intérêts. Il y a des coalitions dans lesquelless le ciment est les idées et d’autres dans
lesquelles le ciment c’est l’intérêt commun. Il y a eu une alliance provisoire sur le plan
local entre la 1ère et la 3ème de ces coalitions et la structure décentralisée de la CH
(fédéralisme) a favorisé cela. Mais il y a également le référendum qui a favorisé cela,
puisque ces coalitions pouvaient lancer un référendum contre certaines mesures. Dans
certain(e)s cantons/communes tout crédit supérieur à un certain montant peut donner lieu à
un référendum. La construction de centres d’injection pour drogués impliquait un certain
coût, les opposants ont donc lancé un référendum. La coalition des risques a gagné sur le
plan national, mais a été confrontée à d’importants problèmes sur le plan local à cause de
la coalition prohibitionniste qui voulait lancer des référendums. Finalement la coalition des
risques à tout de même gagné sur le plan local en faisant perdre à la coalition du voisinage
sa raison d’être. Ok, on ne peut pas convaincre des gens que les mesures d’injection
profitent au public, donc pas possible de convaincre la coalition prohibitionniste. Par
contre on peut réduire l’importance de la coalition de voisinage, ce qui permet de casser
alors l’alliance entre coalition prohibitionniste et la coalition de voisinage. Que reproche la
coalition de voisinage à la coalition de réduction des risques ? Elle leur reproche de ne pas
être sensible aux atteintes au voisinage que peuvent avoir ces mesures, donc d’avoir des
coûts concentrés trop élevés => insensibilité de la part de la coalition de réduction des
risques vis-à-vis de la coalition du voisinage. C’est pourquoi, la coalition de réduction des
risques a commencé à prendre en compte le point de vue de la coalition du voisinage, elle a
alors davantage veillé aux questions de sécurité (revendications secondaires, donc
compromis sur aspects secondaires). Ce qui a pu être observé sur le plan local, c’est que
l’administration a mis en place des forums de délibération, c'est-à-dire des lieux dans
lesquels l’administration dialoguait avec les opposants (coalition de voisinage), cela a

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permis à l’administration de devenir sensible aux aspects mis en avant par la coalition de
voisinage. Alors que précédemment, la coalition de réduction des risques ressentait les
oppositions comme des irritations. La coalition du voisinage a alors aussi compris qu’il
était important de prendre des mesures pour gérer le problème du SIDA/de la drogue. Les
médiateurs (brokers) n’étaient pas vrmt des individus, mais plutôt les lieux de
discussions/forums de délibération. Il est bien question d’un processus d’apprentissage
mutuel. Kübler disait, par rapport à un autre domaine, qu’avec les apprentissages, les
policiers seraient davantage devenus des travailleurs sociaux, mais que les travailleurs
sociaux sont eux-mêmes devenus + policiers. Pour cette politique de la drogue et du SIDA,
il s’agit d’une 4ème coalition de la « compatibilité urbaine ».
Il y a de multiple manières d’appréhender les changements dans les pp, il y a néanmoins des
choses qui se ressemblent, on peut faire des ponts/liens. Chez Jobert et Müller, il y a des
médiateurs, puisque la démarche de médiation semble être nécessaire au changement. Et chez
Maya Jeghen, il y a des policy brokers, ces acteurs se rapprochent des médiateurs (traducteurs
du local au global et inversement), mais qui diffèrent tout de même.

Examen
Écrit sans doc sur 4 h.
4 petites questions, répondre brièvement à 3 sur les 4.
2 questions générales de réflexion sous forme de mini-dissert, en traiter 1.

1. Les conceptions du « médiateur » selon l’approche du référentiel et selon


l’« advocacy coalition framework »
Similitudes : dans les 2 approches la médiation est une condition du changement. Condition
nécessaire chez Müller.
Différences : médiateur articule sectoriel avec global + médiateur est celui qui crée des ponts
entre différentes coalitions.

2. L’activité décisionnelle relèverait à la fois de l’ « interaction sociale » et de la


« cogitation intellectuelle » : expliquez ce double aspect.
Interaction sociale : Une décision est le résultat de rapports de force, de négociation (donc
interactions) => typiquement l’incrémentalisme, puisque s’il n’y a pas de réforme radicale
c’est qu’il y a tjs des acteurs avec qui il faut négocier.
Cogitation intellectuelle : Problem solving, donc résolution d’énigme, de problèmes, de
puzzles => puzzling. Le puzzling a été opposé au powering => jeux de pouvoirs, rapports de
force.

3. Quelles sont les principales différences entre un « triangle de fer » (iron triangle) et
un « réseau thématique » (issue network) ?
Triangle de fer
- 3 types d’acteurs
- Le triangle de fer est + cohésif qu’un réseau thématique, les acteurs partagent plus
facilement les mêmes valeurs et intérêts
- Le triangle de fer est plus stable, consolidé et institutionnalisé
Issue network
- Pluralité d’acteurs

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- Hétérogène
- Fluidité d’acteurs

4. Qu’est-ce qu’une politique symbolique ?


Contenu : C’est une politique où les discours ne sont pas suivis par des actes. Une politique
symbolique c’est clairement un discours, des mots et non des actes.
Fonction : À quoi sert une politique symbolique ? C’est une volonté de sécuriser le public, de
montrer à l’audience, qu’on prend les préoccupations au sérieux et qu’on va alors
entreprendre qqchose.

5. Dans Sociologie de l’action publique P. Lascoumes et P. Le Galès considèrent que


l’analyse des pp marque une rupture avec le volontarisme politique, l’unicité de
l’État, et le fétichisme de la décision. Expliquer en quoi consistent ces trois ruptures.
Volontarisme politique est l’idée que l’on arrive à faire ce que l’on veut, l’analyse des pp
montre qu’il y a plein de contraintes à l’action publique => Approche de la path-dependency
(le passé nous plombe).
Unicité de l’État : L’État n’est pas homogène
Fétichisme de la décision : Ne pas penser que ce sur quoi on doit se focaliser c’est le moment
de la décision, bcp de choses se jouent avant.

6. Présentez et discutez l’approche de John Kingdon sur les « courants » (streams).


Présenter : 3 types de courants + rôle des entrepreneurs politique qui mettent en rapport les 3
types de courants.
Discuter : Approche qui laisse totalement de côté le déterminisme du passé, qui ne dit rien sur
les rapports de force de coalitions antagonistes, qui met l’accent sur le côté très
contingent/aléatoire de la décision ; s’inspire du modèle de la poubelle qui se focalise sur le
hasard (selon Papadopoulos => démission de l’analyste).

6 avril 2013

4. Les transformations des modes de régulation : politiques publiques


et démocratie
 Transformations du contexte
 De nouveaux rapports à la politique et la réaction des partis
 La médiatisation de la politique
Dans quel contexte politique l’État prend ses décisions, l’État agit dans un rapport dans lequel
le rapport à la politique a changé, le rôle des partis politique a changé et ce qu’on observe
aussi c’est le rôle croissant des médias => médiatisation de la politique.
 Transformations de la régulation
 Internationalisation et Européanisation
 Du gouvernement à la gouvernance coopérative
Pp sont menées en concertation avec des acteurs non politiques.
 Réformes administratives et agencification
 Judiciarisation

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Les Tribunaux, les Cours sont considérés comme devenant de + en + des acteurs non élus de
pp.

 L’ « hiver » de la démocratie ?
La gouvernance coopérative devrait être une forme de gouvernance plus participative, alors
que pour Guy Hermet, cela amène la fin de la démocratie.

4.1. Transformation du contexte


4.1.1. Transformation du contexte : De nouveaux rapport à la politique et la
réaction des partis
 Partis politiques : acteurs centraux de la démocratie
Lien très étroit entre démocratie et représentation. La démocratie contemporaine est très
largement représentative. Dans la démocratie représentative, les acteurs politiques sont très
largement des acteurs centraux. Schattschneider écrivait que la démocratie représentative est
une démocratie de partis, mais aussi que les acteurs politiques sont centraux à double égard, il
faut raisonner en termes d’inputs et d’outputs ; d’une part, les partis politiques sont des
vecteurs privilégiés des inputs (formulation de revendication et de demandes), car ce sont des
gatekeepers puissants, d’autre part, du côté de la production de décision par le système
politique, en général une décision doit être formellement prise par le Parlement dans lequel les
débats sont structurés en partis politiques ; donc partis sont des acteurs incontournables.

 Mais déclin de l’identification partisane, vote instrumental, volatilité électorale =>


érosion du rôle des partis dans la transmission des inputs (advocacy democracy)
Crise de représentation dans un système représentatif => Les citoyens ne considèrent plus les
élites politiques partisanes comme étant représentatives, c'est-à-dire qu’ils ont l’impression
que les élites ne leur correspondent pas ou plus. Sondage d’opinion : « Les partis politiques ne
tiennent pas compte de mon avis, ils font ce qu’ils veulent ». On appelle ceci la montée du
cynisme politique, il est question d’un sentiment de dépossession qui apparaît chez les
individus. Donc si les gens ont ce genre de croyances, leur identification au parti va être
réduite, puisqu’on pense qu’il ne nous représente pas. Ce sentiment de cynisme politique
s’accompagne souvent à un sentiment d’aliénation politique. Les gens qui répondent (à un
sondage politique) que de toute façon les élites font ce qu’elles veulent ont tendance à
répondre que la politique est complexe, étrange et étrangère. Donc montée de ce genre de
sentiment conduit à un éloignement entre citoyens et partis politiques. Cela se manifeste dans
le fait que l’abstention aux élections a augmenté. En Suisse, environ 50% des Suisses ne vont
pas voter. Mais attention, parfois, l’abstention est aussi liée à d’autres facteurs.
Il est aussi question d’un autre élément d’éloignement. Rokkan explique le développement du
système de partis par le développement d’un certain nombre de clivages. Chaque clivage
donne lieu à deux partis. Rokkan nous dit que dans nos sociétés, il y a eu une adjonction de
couches de clivages au fur et à mesure que les sociétés évoluent. Au 19 ème : conservateurs
(oligarchies traditionnelles) - libéraux (bourgeoisie ascendante), ensuite clivage possédants
(bourgeoisie) - travailleurs, donc vieille opposition conservateurs - libéraux a fondu. En
général, les anciens partis libéraux représentaient les secteurs urbains, mais en Suisse, cela a
plutôt donné lieu à l’émergence du parti agrarien. Cela fait que le vote est traditionnellement
lié à ces facteurs sociaux, le vote est largement hérité, si on vient d’une famille catholique, on
vote démocrate-chrétiens sans nous poser de question. Les partis sont donc des organisateurs
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politiques de la défense des intérêts d’une communauté. Il y a donc un lien étroit entre
groupes sociaux constitués et partis politiques. Ce lien a toutefois fortement décliné, car la
société est devenue plus hétérogène.
 Exemple des catholiques => démocrates chrétiens
Au sein de ces groupes, il y a de moins en moins de catholiques pratiquants => phénomène
de sécularisation de la société, donc identification à la religion décline, donc identification
au parti des démocrates chrétiens aussi. UDC a repris une partie de l’électorat des anciens
catholiques, puisque l’UDC est un parti conservateur.
 Exemple : classe ouvrière
Travailleur industriel est syndiqué, il vote pour un parti social-démocrate. Mais cette image
ne correspond plus à la réalité.

Relation étroite entre partis politiques et groupes sociaux se délitent, car groupes sociaux
deviennent plus hétérogènes. Si les partis perdent leur base sociale, au niveau du vote, il n’y
aura plus des électorats captifs qui votent par héritage et en fonction de leur héritage, mais un
électorat qui sera bcp libre pour la concurrence. Begin to chose, on voterait en fonction des
meilleures idées. Partis perdent leur clientèle captive, cela devient un vote plus instrumental,
on va voter en fonction de calcul et d’anticipation pour le parti qui défendra le mieux nos
intérêts. On dit qu’il y aura plus de volatilité électorale, l’électorat vote un jour pour parti A,
le lendemain il vote pour le parti B, car il est plus convaincant.
Dalton parle d’une advocacy des groupes de causes, il y a l’idée que ceux qui formulent les
inputs (revendicationas) dans le système politique, ce ne sont plus vrmt les partis, mais la
myriade des groupes de causes/d’intérêt que connaissent nos sociétés. Changement dans
lequel la fonction d’inputs serait passée des partis politiques aux groupes d’intérêts.
Partis sont en mauvaise posture comparativement à une situation où on les considérait comme
les acteurs principaux du système.
 Réaction stratégique des partis : restaurer la compétition => bipolarisation de la
concurrence, mais programmes peu différenciés (vision à la Schumpeter, enjeu :
équipe la plus compétente) => leadership est une ressource => présidentialisation de la
politique
Les partis politiques sont aussi des acteurs rationnels, ils ont vu la menaces, l’érosion, donc ils
réagissent. Comment s’y prennent-ils ? Les partis revivifient la concurrence entre eux, il y a
moins d’électorat captif, donc le parti agrarien ne peut plus compter sur les agriculteurs, mais
il devra compter sur l’électorat concurrent. Il y a une tendance importante, la bipolarisation.
Même dans des pays de démocratie de consensus, de coalition (Suisse bon exemple) dans
lesquels le compromis est un élément important, il y a une dynamique de bipolarisation ; c'est-
à-dire que le public est confronté à un combat entre deux pôles antithétiques. On observe cette
bipolarisation alors même que les programmes des grands partis se ressemblent et qu’en dépit
de cette ressemblance les partis tentent de rendre les élections compétitives en voulant
montrer qu’il y a des différences entre eux. Comment ça se passe ? Désormais, dans les
systèmes politiques européens, le combat contre l’inflation est une préoccupation majeure des
partis. Donc les principaux partis politiques pensent qu’il faut tout faire de sorte qu’on ait un
niveau d’inflation vivable. Le débat va se porter sur quel parti est le plus crédible pour
répondre à cet objectif commun => Valence issue : Enjeu sur lequel tout le monde est
d’accord, mais où se pose la question du parti le plus à même d’atteindre l’objectif commun.
Schumpeter, démocratie = lieu de la compétition électorale pour arriver au pouvoir. En gros,
les partis essaient de rétablir l’idée que les élections doivent être compétitives, leur but est de
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faire en sorte que le public croie qu’il y a un enjeu (alors qu’il n’y en n’a pas forcément),
comme ceci, le public sera attiré à vouloir participer aux élections. On remarque que le parti
au pouvoir perd de plus en plus souvent les élections.
Si les partis politiques ont des programmes relativement similaires, un élément qui permet de
les différencier, c’est l’élément leadership => qui va avoir l’élément le plus crédible. On
observe un regain de la personnalisation de la politique, qui est très moderne, c’est un
phénomène que l’on remarque de plus en plus parce que le leadership permet de différencier
deux partis avec des programmes relativement similaires. Le leadership devient alors un
phénomène discriminant, et il y a donc présidentialisation de la politique. Dans un système
présidentiel (USA + FR), le grand moment est l’élection présidentielle où s’affrontent deux
figures politiques. Dans l’ouvrage de Poguntke et Webb, il est dit que tous les systèmes
présidentiels connaissent cette tendance.
 Exemple
Dans le cadre de la Suisse, si l’UDC a gagné des voix, c’est aussi parce qu’elle avait un
leader, Blocher, qui a eu des effets sur des autres partis. Les chefs de partis deviennent de
réelles figures.
Présidentialisation de la politique avec effet de leadership. La personnalisation est donc une
ressource dans une situation de concurrence, car il faut être capable de montrer qu’on a un
leader crédible et fort.

 Érosion du rôle des appareils partisans dans la production des outputs :


 Marge de manœuvre accrue du rôle des dirigeants (déjà catch-all party années
1960, Otto Krichheimer)
La conséquence de la présidentialisation, c’est que les organisations partisanes (appareils de
partis) perdent leur rôle central dans la production des outputs => c’est le président qui
décide et non les appareils de partis.
Concept de catch-all party = parti attrape-tout. Il s’agit d’un parti qui n’a plus de base
électorale stable, il n’est plus confiné à un groupe de la population. Kirchheimer contraste les
catch-all party avec des partis de masse = parti de gauche datant de la montée de
l’industrialisation, dont le réservoir sont les travailleurs, ce parti mobilise en masse les
syndiqués (travailleurs), il y a une organisation syndicale forte. Pour devenir attrape-tout, la
direction du parti doit s’émanciper par rapport à son appareil, elle doit acquérir de
l’autonomie. Donc dès les années 60, renforcement des directions partisanes, phénomène qui
s’est poursuivi avec la personnalisation de la politique. Aujourd’hui, c’est de plus en plus le
leader qui est l’incarnation du parti.
 Renforcement des exécutifs, et en leur sein concentration du pouvoir au sein d’un
cercle étroit autour du premier ministre (court government)
Au niveau de la décision politique, on observe une concentration du pouvoir au niveau des
exécutifs, pas de l’ensemble du gouvernement, mais d’un groupe restreint autour du leader.
Savoie a appelé ceci le court governement, c’est la Cour qui a le pouvoir, la Cour c’est : le
leader, les quelques ministres auxquels le leader fait plus confiance qu’aux autres, le cabinet
du premier ministre et les conseillers en communication dès la période de médiatisation. Il y a
donc concentration du pouvoir autour de la Cour du premier ministre. On peut alors dire
qu’on est passé d’un système de gouvernement représentatif dans lequel l’organisation jouait
un rôle important à un système de gouvernement quasi-plébiscitaire : système dans lequel ce
qui importe ce sont les liens directs entre les leaders et les citoyens bcp moins que le rôle de
l’organisation des partis. Quasi-plébiscitaire, car on a toujours des partis, on a toujours le
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gouvernement, mais c’est presque plébiscitaire, puisque bcp de choses repose sur l’interaction
directe entre leader et citoyens.

4.1.2. Transformation du contexte : Médiatisation de la politique


 Si voters begin to chose, la compétition entre partis pour attirer l’attention des médias
- réputés former l’opinion - devient forte
Électorat est plus volatile, les électeurs se comportent comme des consommateurs, son vote
est moins idéologique. Les partis politiques pensent que les médias façonnent l’opinion
publique politique, ils en deviennent alors dépendants parce qu’ils pensent que réussir à attirer
l’attention c’est important pour acquérir/obtenir du pouvoir et donc gagner de l’électorat. Les
partis politiques cherchent donc à obtenir le soutien des médias, ils en deviennent dépendants.
De plus, les médias ont changé, il existait une presse de partis, cela peut aller du journal édité
par un parti X (presse appartement au parti et qui est lue par le public du parti en question) à
une presse qui n’appartient pas au parti, mais qui était proche des partis => en Suisse romande
on considérait que le Journal de GE et la Gazette de Lausanne étaient proches des partis
libéraux. Donc les partis pouvaient compter sur une partie de la presse. Ce qui a changé c’est
que les partis ont + besoin des médias qu’avant puisque l’électeur est devenu plus
insaisissable et que les médias se sont autonomisés par rapport aux partis politiques => ceci
renforce la dépendance des parti à l’égard des médias. La médiatisation intervient dans un
contexte où les partis pensent avoir + besoin des médias, mais également dans un contexte où
ils peuvent moins compter sur les médias. Les partis adaptent alors leur manière de faire pour
s’ajuster aux contraintes médiatiques. Médias plus autonomes par rapport aux partis (presse
de parti a presque disparu), mais il y a une professionnalisation du système des médias avec
notamment l’apparition du journalisme d’investigation/critique => des journalistes qui sont
formés pour porter un regard critique sur les partis et sur les dirigeants politiques. Dans le
référentiel des médias, le bon journaliste est celui qui est critique. C’est donc compliqué pour
les partis, puisqu’ils sont plus dépendants de médias plus autonomes et critiques à leur égard.
 Différenciation (professionnalisation : journalisme critique) + commercialisation des
médias : sensationnalisme, attraction pour les scandales, échecs, personnalisation...
La commercialisation progressive des médias. C'est-à-dire que les médias fonctionnent de
plus en plus selon logique commerciale/économique.
 Exemple
Diffusion de la presse tabloïd, apparition des quotidiens gratuits => il vit de la pub, de ses
annonceurs, donc pour qu’un annonceur mette une annonce, il doit être sûr que le quotidien
soit lu par bcp de gens, mais aussi développement des chaines privées de tv : chaines
commerciales et le développement des chaines privées de tv a eu un impact sur les chaines
publiques.
Médiatisation va de pair avec la commercialisation. Pour faire vendre, il faut donc du
sensationnalisme, chercher à découvrir des scandales, puisque cela fait vendre. Pour ceci, il
faut des journalistes critiques. Ces médias commerciaux sont aussi de grands agrégats
économiques, il arrive alors que parfois certains journalistes mettent le doigt sur des
événements dans lesquels les médias sont eux-mêmes impliqués. La recherche de la
nouveauté passe par la prime aux échecs, puisque pour faire vendre il faut du scandale, et
donc de la critique.

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8 mai 2013

Certaines narrations de la politique sont plus susceptibles de traitements médiatiques que


d’autres ; le sensationnel est privilégié. Partis politiques sont dépendants des médias, ils
doivent faire du media management, des relations aux médias. Cela conduit à des
changements dans les rapports de force à l’intérieur des partis. Parmi les acteurs qui comptent
dans les partis, on trouve les spin doctors qui sont des conseillers en communication.
 Descriptions biaisées des médias commercialisés : « course de chevaux » => écart
entre le frontstage et le backstage
La logique médiatique produit à conduire des descriptions simplifiées de l’activité politique.
Certains disent que l’activité politique est vue comme une course de chevaux => qui gagne ?
etc. Alors que dans le fond, l’activité politique est plus complexe que cela. Dans l’activité
politique, il n’y a pas que de la concurrence, mais il y a aussi de la coopération => Former des
coalitions. C’est pourquoi on peut dire que ces descriptions sont biaisées et appauvries.
Jean Leca parle de l’écart entre politique d’opinion (politique spectacle - front stage politics)
qui relève + des politics et la politique des problèmes (politique de gestion/de résolution des
problèmes) dont une bonne partie se passe à l’abri du regard des médias. Les médias ne s’en
préoccupent pas trop, soit parce qu’ils en ignorent l’existence, soit parce que cela ne fait pas
vendre, ce n’est pas sensationnel. On entend par-là que si une partie de l’activité politique
n’est pas trop visible, cela ne vient pas d’un complot pour qu’elle reste cachée, mais plutôt
parce que structurellement, elle n’est pas intéressante pour le regard médiatique, et du coup
les citoyens non plus ne sont pas trop au courant de ce backstage.
Bernard Manin dit qu’on est passé d’une démocratie de partis à une démocratie d’audience, il
voit le déclin du rôle des partis politiques, qui est remplacé par l’opinion publique.
Papadopoulos dit que pourtant, il y a certaines sphères qui échappent à l’audience, donc il faut
modérer les propos de Manin.
Hypothèses de Papadopoulos : Plus on monte du local au transnational, plus cette activité est
importante, c'est-à-dire plus on échappe au regard des médias.
 Exemple
Sommet du G20 sont largement médiatisés, mais n’oublions pas que le G20 comprend des
activités auxquelles personne ne s’intéresse.

4.2. Transformation de la régulation


4.2.1. Transformation de la régulation : Internationalisation du « policy-
making »
Internationalisation de la prise de décision, cela veut dire que l’espace national n’est pas le
seul endroit où se prennent les décisions entre les différents publics. Même si les décisions
sont prises formellement au sein de l’État nation, elles sont souvent en bonne partie préparées
à l’extérieur de l’État. Il est question d’interdépendance, il faut se concerter entre nations.
 Impact négatif sur la démocratie
Cette internationalisation a des conséquences négatives sur le caractère démocratique de la
prise de décision.
 Avec la globalisation de la régulation, la plupart des pays deviendront rule-takers
rather than rule-makers (Braithwaite and Drahos : inégalités et manque de
congruence)

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Principe de congruence : On peut dire qu’il est respecté lorsque celui qui subit une décision
est en même temps celui qui la prend. Lorsque le preneur et le récipiendaire de la décision
sont les mêmes. Comment ce principe est-il respecté dans la démocratie ? On peut le voir à
travers deux mécanismes :
o Mécanisme d’autorisation
Ceux qui prennent des décisions à notre place et nous les imposent, on les a autorisés à le faire
puisqu’on les a élus à cette fin. C’est un mécanisme ex-ante, puisqu’il est pris avant la
décision. Il ne suffit toutefois pas à assurer la congruence, puisque bien sûr on autorise nos
élus à « parler » à notre place, mais on n’a pourtant pas de garantie qu’ils respectent nos
volontés. Pour assurer totalement la congruence, il y a un second mécanisme.
o Mécanisme de reddition des comptes
C’est un mécanisme ex-post => Ceux qui sont autorisés à décider à notre place doivent nous
rendre des comptes, ils doivent justifier ce qu’ils font. C'est-à-dire que si on se rend compte
qu’ils ne respectent pas nos décisions, on peut choisir de ne plus les réélire, les décideurs se
sentent donc contraints de suivre les décisions. C’est un mécanisme disciplinant pour les
dirigeants, ce mécanisme fonctionne sur les anticipations des dirigeants. Les dirigeants
agissent avant la sanction, pour que justement elle ne tombe pas. Donc la longueur du mandat,
rapproche ou éloigne l’épée de Damoclès.
Ces deux mécanismes servent à ce que les actions des dirigeants correspondent aux
préférences des gouvernés.

Dans un système politico-administratif classique, on a déjà plusieurs phénomènes de


délégation de l’autorité. On observe une chaine de délégation qui va des citoyens vers les
parlementaires, des parlementaires vers les ministres, des ministres vers l’administration et
chacun des acteurs qui interviennent dans ces processus disposent d’une certaine marge de
discrétion (rf. Aurélien Buffat) => marge de manœuvre. Alors, quand on arrive au niveau
transnational, on se retrouve avec une chaine extrêmement longue ; communauté épistémique,
c’est un référentiel de pp ou des experts qui sont d’accord sur une même idée. La
transnationalisation fait que la distance entre régulateurs et régulés devient très grande,
puisque la chaine de délégation est très grande ; cela affecte bien évidemment le principe de
congruence.
 Souvent pas de règles formelles gouvernant l’inclusion dans les processus décisionnels
(pluralisme incertain)
Braithwaite et Drahos disent qu’avec la globalisation de la régulation, la plupart des pays
deviennent des preneurs de règles, plutôt que des faiseurs de règles (rule-takers rather than
rule-makers) ; certains font, d’autres prennent. Ceci parce que la régulation requiert de
l’expertise, elle est donc inégalement dispersée.
 Exemple du FMI ou de la Banque Mondiale
Dans ces institutions, les différents États sont représentés selon des mécanismes de
représentation de chaque pays. En fait, le citoyen CH a très peu d’impact sur ce que fait le
représentant CH au FMI, tout comme le Parlement par exemple, car le représentant jouit
d’une marge de discrétion assez importante. Ce qu’on critique, c’est que ces institutions
sont biaisées dans la prise en compte des différents intérêts. Donc le pluralisme des intérêts
est imparfaitement pris en compte. On voit toutefois que cela a changé ou est en train de
changer. Cela change par le biais de pressions et de mobilisation de la part d’ONG

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transnationales qui critiquent/dénoncent ce genre d’instances. C’est pourquoi, ces instances


FMI ou Banque Mondiale, ont entendu la critique, il existe maintenant plusieurs dispositifs
de consultation des différents intérêts par ces instances. C’est la consultation des
stakeholders => L’idée étant que ces organisations doivent tenir compte des préférences
des populations qui sont affectées par leurs décisions. Finalement, être inclus, n’implique
pas forcément que notre point de vue sera pris en compte. Donc faire une différence entre
inclusion des intérêts et influence réelle. On peut même dire que pas n’importe qui peut
être inclus ; il faut être bien organisé, avoir de l’expertise et savoir parler le langage de ces
instances.

 Rôle des ONG (société civile globale) mais représentativité discutable (pas
d’autorisation formelle) et accountability limitée tant à leur base qu’aux populations
concernées
Au niveau global, il n’y a pas de partis politiques, en revanche, il y a des organisations qui ont
un champ transnational (niveau développemental, Droits de l’homme, Amnesty, etc.). On dit
que ces acteurs sont un contre-pouvoir à l’action de ces régulateurs technocratiques qui
permet de les contrôler et donc de les discipliner. L’idée qui s’est développée sur le plan
national est que les partis politiques, dans leur crise de représentation (ils ne représentent plus
les citoyens) sont « remplacés » par des groupes de cause (advocacy groups) qui vont +
pouvoir représenter les citoyens => parti politique sont OUT et les advocacy groups sont IN.
La représentation par des groupes de causes remédie aux imperfections de la politique
classique (par les partis politiques). La légitimité du gouvernement représentatif repose sur
l’autorisation. L’idée c’est que nos représentants sont des personnes que nous avons
autorisées à agir et décider en notre nom. Alors que les groupes d’intérêts ne sont pas
autorisés de la même manière, il n’y a pas de congruence, cela pose parfois des problèmes.
Donc les dits représentants de la société civile n’ont pas d’autorisation formelle de décision,
ce sont des représentants auto-proclamés. Non seulement l’autorisation manque, mais aussi
l’accountability manque. On aurait pu penser qu’on ne les a pas autorisés, mais qu’ils nous
rendent quand-même des comptes, cela n’est pourtant pas garanti d’avance. Distinction entre
accountability interne et accountability externe ; accountability interne => des participants en
processus décisionnels, des élites d’une organisation c’est l’accountability des dirigeants à
leurs propres membres, interne à leur organisation. On se demande alors si les représentants
rendent des comptes à leurs propres membres. Alors que l’accountability externe c’est se
demander si les représentants rendent des comptes aux populations affectées aux décisions
auxquelles ils contribuent.

13 mai 2013

Rappel
Il ne faut pas idéaliser la société civile globale, car ONG ne sont pas tjs représentatives.
Certaines ONG prétendent parler en fonction des intérêts des pays les - développés, mais elles
n’ont en fait jamais reçu d’autorisation à se faire les porte-paroles de ces intérêts. Ce sont des
représentants autoproclamés puisqu’il n’existe aucun mécanisme d’autorisation de ces ONG à
se faire porte-paroles. L’accountability peut être défaillante à leurs propres membres, il y a les
permanents (professionnels) et des membres qui paient via des bulletins de versement pour
soutenir l’ONG en question. Les membres posent rarement la question sur ce qu’elles font,
elles sont peut contraintes de rendre des comptes à leurs propres membre. Mais comme elles

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ne sont pas « autorisées » à se faire porte-parole, l’accountability externe est également


défaillante, puisque ONG ne rendent pas de compte aux personnes de qui elles se font porte-
paroles.

Suite
 Renforcement des exécutifs et de l’administration (asymétrie de l’information: two-
level game): renforce déparlementarisation et présidentialisation (paradoxe de la
faiblesse)
Sur le plan interne/domestique, au fond l’internationalisation renforce la présidentialisation et
la déparlementarisation. On dit qu’il y aurait une sorte de déclin des assemblées législatives
avec la complexification de la politique, on dit que le pouvoir glisse vers l’admin et les
experts.
 Exemple
En suisse, on se pose la question des parlementaires de milices face aux professionnels de
domaines dans l’administration.
Ce qu’il se passe sur le plan externe renforce ce qu’il se passe sur le plan interne. Pourquoi ?
C’est ce que Grande appelle le paradoxe de la faiblesse (paradox of weakness). Cela veut dire
que les gouvernements utilisent leurs faiblesses sur le plan international (car pas les seuls à
décider, en concurrence avec d’autres gouvernement/acteurs, parfois privés => grandes
firmes) comme justifications qui leur permettent de se renforcer sur le plan interne. Comment
ça se passe ? Notamment sur le plan transnational ou supranational on a affaire à des
négociations entre États, donc entre gouvernements. Dès le moment qu’on a affaire à une
négociation, on se dit qu'on obtiendra un compromis qui ne pourra pas totalement
correspondre au gouvernement A ou B. Il faudra faire des concessions, mais faire des
concessions est un signe de faiblesse. Les gouvernements et les administrations sont les seuls
acteurs à savoir ce qu’ils se passent dans les négociations, le parlement ne participe pas, les
partis politiques ne participent pas, les groupes d’intérêts ne participent pas. L’idée est que
comme les gouvernements et l’administration sont les seuls acteurs nationaux à participer aux
négociations internationales, il y a asymétrie de l’information, puisqu’ils ont des infos que les
autres acteurs politiques nationaux n’ont pas. Cette asymétrie de l’information confère un
avantage stratégique, puisque l’information est un pouvoir. Les gouvernements peuvent
manipuler cette information dont les autres acteurs internes ne disposent pas. Les négociations
internationales se passent en secret, à huit clos, la conséquence de ceci est que les
gouvernements peuvent faire du blame-shift ; c'est-à-dire que lorsqu’ils font des concessions
lors des négociations, ils pourront dire « Bien sûr le résultat n’est pas optimal, mais ce n’est
pas de notre faute, les autres étaient féroces, durs, on a dû céder car le rapport de force nous
était défavorable ! ». Si la négociations n’est pas optimale, ils font du blame-shift, ou si cela
se passe bien, ils pourront faire du credit-claiming, même si par exemple tout le monde était
d’accord et qu’il n’a donc pas fallu se battre bcp, ils diront qu’ils ont été forts et qu’ils ont
réussi à obtenir qqchose qui n’était pas gagné d’avance.
 Exemple
Ceux qui sont en faveur de la libéralisation rencontrent des oppositions ; les syndicats qui
ont peur que cela augmente les prix et que ça soit défavorables aux consommateurs, ou
peur qu’il y ait une perte d’emplois dans le secteur public. Le gouvernement pourra dire
« Ce n’est pas nous ! On a essayé de défendre comme on peut, mais c’est la commission de
Bruxelles qui voulait cela, on n’a pas pu s’y opposer ! ».

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Donc asymétrie de l’info permet de rejeter le blâme vers l’extérieur. Cette asymétrie conduit à
un rééquilibrage sur le niveau interne du pouvoir de l’exécutif et de l’administration. Ce genre
de considérations est inspiré de Putnam ; son argument est de dire que les gouvernements
gagnent du pouvoir par rapport aux autres acteurs domestiques car ce sont les seuls acteurs
présents au deux niveaux entre arène domestique et arène internationale => c’est donc le fait
d’être à cheval sur les deux niveaux. Selon lui, il est possible de jouer un niveau contre
l’autre.
 Exemple
« Vous nous proposez tel accord, mais en Suisse nous avons le référendum, donc vous
avez intérêt à ne pas être trop exigeants, puisque sinon on va signer un accord qu’on ne
pourra pas mettre en vigueur à cause du risque du référendum. »
Seuls le gouvernement et l’administration peuvent jouer ce jeu, car ils sont les seuls présents
sur les deux tableaux.
= > Résultat indirect de l’internationalisation
 Limites de cette idée
Elle repose sur une vision étatiste des relations internationales. Vision étatiste, car considérant
que les relations internationales relèvent principalement des rapports de force et de
négociations éventuelles entre États, donc entre les gouvernements qui représentent ces États.
Cette vision étatiste consiste donc à penser que l’arène internationale est une arène de
négociations entre gouvernements. L’inter-gouvernementalisme voit le processus
d’intégration européenne avant tout comme le résultat de la conclusion de traités entre les
gouvernements des pays membres de l’UE => traité de Rome, Lisbonne, etc. Dans cette
optique intergouvernementale, ce qui fait avancer, piétiner à l’intégration européenne c’est la
conjonction des débats entre gouvernements.
 Exemple
Parler du couple franco-allemand, on attend que les réponses proviennent de sommets
entre Merkel et Hollande.
L’inter-gouvernementalisme étant une vision étatiste, puisque considérant que les acteurs
importants sur le plan international sont les gouvernements se fait critiquer en disant que
d’autres acteurs peuvent être présents sur les deux tableaux ; groupe d’intérêts, des firmes.
 Exemple de firmes transnationales qui contribuent à des aspects de gouvernance.
transnationales
Récemment, le cas des mauvaises conditions de travail des producteurs de textiles comme
un pays dans le Bangladesh ; grandes firmes ont vu le problème, certaines ONG les ont
critiquées dans leur non réaction, elles ont alors édicté des codes de conduites => acteurs
privés qui édictent des codes parce que gouvernements ne réagissent pas.
Ici on voit que la gouvernance transnationale n’implique pas seulement des acteurs étatiques.
Donc si les gouvernements et les administrations ne sont pas les seuls acteurs présents sur les
deux niveaux, ils ne pourront alors pas faire valoir l’asymétrie de l’information. On parle de
re-parlementarisation, puisque le Parlement a tenté également, suite à tout cela d’élargir sa
marge de manœuvre.
 Au niveau transnational, fortes tendances à la privatisation de la gouvernance :
problème du manque de contrôle démocratique entre plus aigu
Phénomènes de privatisation de la gouvernance sont particulièrement importants au niveau
transnational. C'est-à-dire que des décisions contraignantes pour des populations données sont

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produites par des acteurs privés. La privatisation est la production par des acteurs privés de
décisions contraignantes. On a déjà vu ce genre de phénomènes sur le plan national ; P.i.G.s
=> Private Interest Gouvernement, il y a des tâches d’utilités publiques qui peuvent être
déléguées à des acteurs privés.
 Exemple
Pays comme la Suisse, le CV de la formation professionnelle est largement déléguée au
corps de métier => qu’est ce qui est un bon CV, etc.
Donc édiction de règles par acteurs non publics avec en quelque sorte la bénédiction de l’État.
Ces règles sont souvent d’abord volontaires, c’est à cet égard qu’on parle de soft-law, puisque
formellement pas contraignantes, il peut en revanche arriver que l’État rende ces règles
contraignantes.
 Exemple
Conventions collectives sur les salaires sont négociées entre patronats et syndicats, donc
acteurs non publics. Parfois l’État peut toutefois décider avec accord des partenaires privés
qu’une fois que tant de partenaires ont signé, la règle devient non plus volontaire, mais
obligatoire. La soft-law se durcit et devient de la hard-law.
Comment ces règles soft deviennent-elles contraignantes ? Au moment où elles sont
endossées par les pouvoirs publics. La ratification étatique/imprimature étatique qui rend
force obligatoire des règles à la base pas nécessairement contraignantes.
Sur le plan interne, couplage assez fort entre acteurs privés et rôle des acteurs publics. On
parle « d’ombre de la hiérarchie », il s’agit de l’État (acteurs publics) en tant qu’autorisé à
gouverner qui a sur le plan interne le pouvoir de formaliser des règles privées, donc de les
rendre obligatoires, mais aussi le pouvoir de leur dénier cela et de leur faire perdre de leurs
effets. C'est-à-dire qu’un risque souvent attribué au phénomène de privatisation de la
gouvernance est que les règles qui sont produites servent avant tout, ceux qui les produisent
=> phénomènes de capture par groupes d’intérêts. Ombre de la hiérarchie => risque que l’État
aille jeter son regard, éventuellement désavouer la règle privée, ce risque a un effet
disciplinant.
 Exemple de l’épidémie du SIDA
Campagnes de prévention ont été déléguées à un acteur pv => « Aide suisse contre le
SIDA » (ONG). Pourquoi ? Pour deux raisons, la première c’est que cette ONG avait de
l’expertise que n’avaient pas nécessairement les pouvoirs publics. La deuxième raison est
telle qu’on a fait l’hypothèse que les gens seraient plus réceptifs par des campagnes
menées par une association plus proche du peuple, que par une administration qui serait
lointaine. Pour Q d’efficacité et d’effectivité, ce sujet a été délégué à cette organisation. Au
fur et à mesure cette ONG a acquis un monopole dans le domaine qui fait qu’elle est
devenue incontournable. On s’est alors demandé s’il ne fallait pas remédier à cette
situation de monopole, donc dire que tout ce que faisait cette organisation n’était pas
forcément agréé par les pouvoirs publics => épée de Damoclès.
Sur le plan international, il y a aussi un phénomène de privatisation de la gouvernance.
 Exemple ISO
Émergence d’organisations dans le domaine d’édiction de standard, notamment « ISO ».
Cette organisation a son siège à GE, elle a des centaines de comités techniques qui
préparent des standards auxquels doivent se conformer toutes sortes de produits. Ces
comités sont pour l’essentiel des comités d’experts, Papadopoulos pense que c’est

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inévitable que ce type de gouvernance privée se développe, d’abord parce que problème de
coordination, donc standards doivent être les plus locaux possibles => pression
fonctionnelle pour régulation globale. De même, ces régulations nécessitent de l’expertise
et très souvent l’expertise est détenue par acteurs privés qui produisent les biens qui sont
soumis à ces standards. Ce que l’ISO produit comme standards ce sont des soft-law, donc
produits ne doivent pas obligatoirement être soumis à ces standards. Ce qui fait totalement
défaut ici, c’est l’existence d’une entité publique transnationale ou globale dont le contrôle
planerait comme une épée de Damoclès sur les activités de ces organisations.
Conséquence : Le phénomène de privatisation de la gouvernance est plus poussé sur le
plan transnational en raison de l’absence de contre-pouvoirs publics. Ce ne sont pas les
gouvernements qui gagnent, mais principalement des experts représentants des intérêts
privés. Ce qui est clair ici, c’est qu’il y a aussi une perte démocratique puisque ce genre de
régulation ne fait pas l’objet de débat/discussions/controverses dans les Parlement.

 Cas particulier de l’intégration européenne : « déficit démocratique » de l’UE


variable selon les institutions

 L’ « européanisation » comme gouvernance « multi-niveaux » : réseaux de pp


impliquant des acteurs publics représentant différents niveaux décisionnels + des
acteurs non-publics (représentants d’intérêts : stakeholders, experts, secteur privé)
délibération et négociations souvent peu visibles
L’UE présente des caractéristiques qui ressemblent à l’Union fédérale :
 La mise en œuvre des décisions européennes et notamment des directives =>
Décisions sont prises à Bruxelles, mais misent en œuvre ou non selon les États
(typologie: trois types d’États selon que leurs actions suivent ou non les directives).
 Système bicaméral qui rappelle le bicamérisme des États fédéraux. On a le parlement
européen (comme le CN et le CE en CH) avec des parlementaires élus directement
dans les États membres.
Dans l’UE on a un système de gouvernance régionale qui se rapproche en bonne partie du
modèle fédéraliste. Ce système ne peut pas être ramené uniquement à sa composante
intergouvernementale. Les inter-gouvernementalistes disent que pour les grandes décisions,
c’est quand même l’affaire des gouvernements. Le parlement européen a gagné du pouvoir
grâce au fait de se faire élire au suffrage universel depuis 1979, par rapport à la commission,
car le parlement peut refuser l’investiture de certains commissaires, Parlement peut censurer
une commission via majorité qualifiée des deux tiers, etc., donc parlementarisation, c’est
devenu moins inter-gouvernementaliste.
Comitologie, comme pour l’ISO, dizaine de comités d’experts chargés de la mise en œuvre
technique des commissions européennes. Contrairement aux comités ISO, les membres des
comités sont publics, car nommés par les administrés des États membres de l’UE.
Typiquement le genre d’instances dans lesquelles il y a des problèmes de principal et agent.
Brandsma s’est demandé pourquoi les experts membres de ces comités ne sont pas contrôlés
par les pouvoirs publics (administration et gouvernement qui les envoient à Bruxelles). Si on
pense aux théories principal et agent, le problème que mettent en évidences ces théories est le
problème des comportements non-prévus de l’agent qui peut être incité à tricher, cacher de
l’information ou bien à soustraire ses actes à la visibilité du principal. Pour les théories
principal-agent, le problème de la délégation est un problème de comportement malicieux de
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l’agent. Ce que Brandsma montre est qu’ici ce n’est pas le cas, ces experts ne veulent rien
cacher, mais si les pouvoirs publics qui les ont nommé ne les contrôlent pas parce qu’ils ne
s’en intéressent pas ; les contrôler ne relève pas de leurs priorités. Le problème n’est pas le
comportement insidieux des agents, mais la paresse des pouvoirs publics à les contrôler. Ils ne
contrôlent pas, car c’est un ignorant rationnel, on ne va pas chercher des infos à propos
d’enjeux que nous ne considérons pas comme prioritaires.
 Exemple de phénomène d’ignorant rationnel
Si Papadopoulos nous donne une bibliographie conséquente, mais non obligatoire pour
l’examen, en principe on va éviter de s’en servir, puisqu’on ne risque rien.

15 mai 2013

Impact des rapports de force sur processus de décisions. On avait vu deux visions de
l’internationalisation ; l’une peut-être un peu dépassée, la vision étatiste ou stato-centriste
(État au centre de l’analyse). Vision stato-centriste/étatiste de l’intégration européenne ; on
remarque un phénomène inter-gouvernemental, donc de coopération entre gouvernements.
Cette vision est très certainement limitée, si on a une autre vision de l’internationalisation, et
plus spécifiquement de l’intégration européenne, on arrivera à des conclusions différentes sur
qui sont les acteurs affaiblis et renforcés. Cette vision est alternative, mais aussi
complémentaire, elle est moins stato-centrique. Elle met l’accent sur les processus de
gouvernance. Le terme de gouvernance, progressivement est devenu un mot valise qu’on
utilise pour bcp de choses, pour désigner en général les modes d’organisation et de décisions ;
par ex. on parle de gouvernance des Universités ; c'est-à-dire la manière dont les Uni sont
gérées, on parle aussi de gouvernance des firmes => manière dont les entreprises sont gérées.
En Suisse, on a voté sur l’initiative Minder qui porte typiquement sur la gouvernance
d’entreprise. Parfois, le terme a aussi une charge normative, on peut parler de « bonne »
gouvernance. Elle porte sur des aspects politiques => le rapport au déficit public, idée que le
système politique doit se démocratiser, que la société civile doit avoir son mot à dire, etc. La
gouvernance c’est de la prise de décision coopérative entre acteurs publics et non-publics ;
avec consultation des acteurs concernés, etc. Maintenant on parle de gouvernance globale,
c’est tous les phénomènes de régulation qui XXX, comme la privatisation de la gouvernance.
Il s’agit de voir dans quelle mesure des entités privées assument des tâches de régulation,
produisent des biens publics. Ce concept de gouvernance a aussi été appliqué dans les études
sur l’UE et sur ce qu’on appelle l’européanisation des pp. L’intégration européenne pénètre
inégalement les secteurs de pp, l’UE a été qualifiée par Giandomenico Majone d’État
régulateur, ça veut dire que l’UE intervient bcp là où il s’agit de réguler des secteurs
libéralisés, c’est un domaine fortement européanisé. Même la Suisse qui ne fait pas partie de
l’UE, subit cela. La politique sociale relève, quant à elle, encore très largement des
compétences des États nationaux. L’européanisation des pp est censée se faire dans un
système de gouvernance qu’on appelle gouvernance « multi-niveaux ». Parler de gouvernance
« multi-niveaux » implique de quitter la vision stato-centriste. Décrire l’intégration
européenne comme un processus de gouvernance « multi-niveaux », c’est une lentille
conceptuelle tout à fait différente. D’où vient l’idée de la gouvernance « multi-niveaux » ?
Elle vient de systèmes politiques fédéralistes, et c’est appliqué à l’UE, parce que l’UE a des
systèmes quasi fédéralistes. La gouvernance « multi-niveaux » c’est d’abord du gouvernement
« multi-niveaux », c'est-à-dire que dans les processus de décision, interviennent différents
niveaux de gouvernement. En Suisse par exemple, niveau cantonal, niveau fédéral et dans

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l’UE, il y a le niveau européen, mais aussi le niveau local et régional qui jouent un rôle. Dans
la définition classique du fédéralisme, il y a l’idée qu’il y a une division des compétences
entre les différents niveaux, s’il y a division il n’est pas nécessaire de coopérer, chacun
s’occupe de son affaire, mais la différenciation entre niveaux implique toutefois coopération.
Par ex, niveau cantonal a besoin de subventions fédérales pour mener à bien des choses qui
relèvent de ses compétences, du coup il y a interpénétration et enchevêtrement entre les
différents niveaux. Dès le moment où il y a enchevêtrement, les acteurs sont amenés à
coopérer. Dans la gouvernance « multi-niveaux », il n’y a pas seulement des acteurs publics
qui interviennent, mais aussi des acteurs non-publics comme des associations. Ce qui
caractérise la gouvernance « multi-niveaux » c’est de la coopération entre acteurs publics de
différents niveaux et de la coopération entre acteurs publics et non publics, c’est ce qui fait
que c’est de la gouvernance « multi-niveaux » et non du gouvernement « multi-niveaux ».
Lorsque l’on voit un processus de gouvernance « multi-niveaux » on a affaire à des réseaux
de pp.
Là où les différentes approches ne sont pas d’accord c’est sur l’appréciation entre coopération
et négociations. Les approches néo-corporatistes ont une vision du réseau comprenant peu
d’acteurs, c’est aussi un réseau de concertation dans lequel les différentes entités essaient de
s’entendre.
Activité qui a lieu au sein de réseau d’action publique ; en quoi les conclusions qu’on peut
tirer sont différentes de l’approche étatiste ? Dans un réseau de pp les acteurs
gouvernementaux ne sont pas nécessairement les plus forts. Un réseau de pp c’est une image
plus pluraliste de la décision que l’image étatiste. Dans l’image étatiste de la décision, c’est le
gouvernement et l’administration qui gagnent du pouvoir, dans la gouvernance « multi-
niveaux » on a affaire à un système de décision plus pluraliste. L’approche inter-
gouvernementaliste considère que c’est le gouvernement qui gagne et les autres acteurs qui
perdent, y compris les acteurs économiques et les associations d’intérêt. Si on a une vision
moins stato-centrique, on remarque que la libéralisation des échange renforce le pouvoir
décisionnel de certains acteurs économiques ; les firmes (entreprises), associations d’intérêt
représentant ces firmes, qui sont orientés vers le marché international. Pourquoi ? Parce que le
capital mobile. L’intégration supranationale abolit ou réduit les frontières nationales dans la
circulation des biens et des services ; les barrières douanières par ex. En réduisant l’impact
des barrières nationales, elle rend le capital plus mobile. Ça devient plus facile de se dépasser,
de changer d’endroit, de délocaliser, etc. Donc les entreprises qui ont cette possibilité ont
d’avantage de possibilités d’exit. La capacité d’exit est une ressource de pouvoir.
 Exemple
Supposons que notre partenaire ne fait jamais la vaisselle, s’il sait que nous resterons là,
loyale et fidèle, il s’en fichera. Alors que si on utilise notre capacité d’exit et que cette
menace est crédible, il sera déboussolé et se mettra peut-être à faire la vaisselle.

L’intégration supranationale renforce la capacité d’exit, et comme la capacité d’exit est un


pouvoir, il suffit juste de la brandir comme menace, c’est alors un outil de négociations. Les
gouvernements nationaux deviennent ainsi plus vulnérables, par rapport aux acteurs qui ont
une capacité d’exit. Ce ne sont pas les gouvernements nationaux qui tiennent le couteau par le
manche, mais ce sont les acteurs qui ont le pouvoir d’exit ; secteurs économiques orientés
vers marchés internationaux. Dès le moment où ces acteurs brandissent cette capacité d’exit
comme menace, les gouvernements doivent coopérer avec eux. Ce n’est plus l’image du

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gouvernement, seul acteur sur tableau national et international, mais un gouvernement qui
devient dépendant des acteurs non publics et qui se voit contraint à céder à leurs préférences.
Certes plus pluraliste, mais dans lequel il y a tout de même des gagnants et des perdants.
Syndicats sont perdant dans l’intégration européenne, car les travailleurs sont relativement
peu mobiles (donc peu de capacité d’exit).
 Limite
L’inter-gouvernementalisme nous dit que les processus de décisions se technocratisent. Ici il
est question de déficience de transparence, de visibilité. Parce que c’est plus facile d’arriver à
des compromis si les processus par lesquels on arrive à ces compromis sont faits à huit-clos,
donc à l’abri du regard et du contrôle par la sphère publique. Pourquoi ? Certaines approches
conspirationnistes diraient que les technocrates discutent entre eux, idée de club chez Olsen.
Pourquoi est-ce que les incitations aux compromis sont plus fortes dans un système non
transparent ? Il y a dilemme entre principes de gouvernements parce qu’arriver à des
compromis implique pour chacun des participants de s’éloigner de ses préférences initiales.
Pour s’éloigner de ses préférences initiales, il faut disposer d’une certaine marge de
manœuvre/certaine marge de discrétion. Quand il y a + de discrétion, il y a + de discrétion
parce que le législateur n’est pas scruté par des acteurs qui feraient pression pour ne pas
s’éloigner du but initial. La publicité expose les négociateurs et rend public les contradictions
entre préférences affichées et résultat(s) obtenu(s). La publicité est donc en général considérée
comme un obstacle à la formation de compromis et à l’aboutissement de négociations.
 Exemple de médiatisation accrue
Arrangements entre patronats et syndicats deviennent + médiatisés. Ils se sentaient de + en
+ scrutés par les médias, donc n’osaient pas faire des concessions à l’adversaire puisque
sinon la base allait être informée des concessions ce qui amène le négociateur à perdre de
la légitimité.

Pour résoudre le fait qu’il n’y ait plus de décisions prises à cause du fait que plus aucun
négociateur n’accordait de concessions, certains ont discuté dans des situations informelles ;
au téléphone, etc., donc informalisation (le fait que cela devienne informel).

4.2.2. Transformation de la régulation : Du gouvernement à la gouvernance


coopérative
 Sociétés complexes : à la fois fortes demandes de régulation (gestion des externalités
dues aux logiques autoréférentielles) et fortes résistances à la régulation (perçue
comme illégitime : intrusion + ignorance)
Des pressions du haut vers le haut : La globalisation économique facilitée par des
développements technologiques. Mais aussi l’internationalisation politique – le fait que les
sphères de décision politique se déplacent au-delà de l’Etat nation.
Pression du bas : On peut l’observer via les phénomènes « multi-niveaux ». Bcp de systèmes
politiques se font fédéralisés ou régionalisés. Des systèmes traditionnellement centralisés ont
connu des processus de décentralisation et donc de régionalisation assez important ; FR,
Royaume-Uni, Italie. L’État national est de + en + amené à partager ses compétences,
notamment avec acteurs sub-nationaux. Une des conséquences de l’intégration européenne est
que les gouvernements régionaux, principalement des régions avec forte identité culturelle
(par ex. Catalogne) vont directement (forum-shopping, value-shopping) essayer de négocier à
Bruxelles pour contrecarrer les oppositions qui viennent du centre national.

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Passage à des phénomènes de gouvernance coopérative : Quand on passe du gouvernement à


la gouvernance, dans un premier temps, par ex. il y a un siècle, l’État avait le monopole
décisionnel, et mnt on serait arrivé à un système de pouvoir bcp + fragmenté dans lequel les
pouvoirs publics doivent partager leur pouvoir avec d’autres acteurs. Ce n’est pas aussi simple
que cela. Il y a des pays dans lesquels, depuis longtemps, il y a tradition de concertation entre
acteurs publics et non-publics => la Suisse. Lorsque la Suisse contemporaine a été créée,
milieu 19ème, le pouvoir central, les pouvoirs publics et la Confédération étaient très peu de
fonctionnaires et pour toute une série d’activités, les pouvoirs publics s’appuyaient sur des
expertises d’associations (patronat) pour recueillir leur expertise. Ce n’est donc pas qqchose
de nouveau. Il faut toutefois prendre acte des travaux qui parle de concentration du pouvoir,
plutôt que fragmentation. On a vu la présidentialisation. On a lié la centralisation du pouvoir à
l’intégration supranationale, on sait que les partis politiques ont perdu leur fonction
traditionnelle, et que sous la pression médiatique, c’était rationnel d’avoir un profil de
leadership affirmé, mais aussi que ce leader ait une marge de manœuvre pour pouvoir
s’exprimer face à des électeurs de plus en plus volatiles. C’est un des paradoxes des sociétés
complexes ; il y a à la fois des phénomènes de centralisation et en même temps des
phénomènes de fragmentation du pouvoir.
Quelles sont les caractéristiques de nos sociétés qui poussent à une gestion coopératives des
problèmes ? Selon Papadopoulos, le point de départ serait le caractère complexe et donc
fragmenté des sociétés. Nos sociétés sont subdivisées en sphères sociales ayant des logiques
de- fonctionnement autonomes. Luhmann parle de sous-système sociaux, Bourdieu parle de
champs, Weber parlait de mondes sociaux. Il y a différentes sources de fragmentation sociale.
La différenciation socio-économique est une forme de différenciation importante. La
différenciation sociale s’est opérée dans le sens d’une différenciation entre politique et
économie à tel point que de nos jours, quand on voit qu’il y a trop de coopération entre intérêt
politique et économique ce n’est pas légitime. Le droit, l’art, la santé sont des sous-systèmes
fonctionnels qui fonctionnent selon des « codages » propres ou selon un « référentiel sectoriel
propre » selon Jobert et Müller. « La santé n’a pas de prix », dit-on, le but du système de santé
c’est de guérir et de plus en plus de prévenir la maladie. La performance du système de santé
est jugée à partir de sa capacité à prévenir et guérir les maladies. Dire que le système de santé
doit faire du profit, c’est un langage étrange et étranger. On peut parler d’autonomisation des
logiques et des critères d’appréciation à l’intérieur de ces sous-systèmes. Plus un sous-
système se spécialise, avec l’émergence d’un corps de professionnels spécialisés, plus il va
être performant. Ce raisonnement peut être appliqué à propos de la politique notamment
processus de professionnalisation de la politique. La dynamique de différenciation conduit au
renforcement de la logique autoréférentielle de ces sous-systèmes. Il y a des pressions à
l’autoréférentialité, chaque sous-système dans ses pratiques se réfère à son codage propre, par
ex. Il n’y a aucune utilité de donner le premier prix d’un concours de danse à une
chorégraphie qui promeut la santé. Les sous-systèmes ont tendance à considérer uniquement
leur propre codage et à considérer les autres codages comme ne faisant pas sens, voire irritant.
 Exemple de la doctrine de l’art pour l’art
Dans la production artistique, il faut se préoccuper de produire des œuvres qui ont une
valeur intrinsèque et pas un art au service de la cause du prolétariat comme il est arrivé
dans l’histoire dans certaines sociétés.
Un entrepreneur économique est confronté à des règles juridiques, très souvent il percevra ces
règles juridiques comme étant des chicanes bureaucratiques qui l’empêchent de faire son

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travail. Cette autoréférentialité peut poser des problèmes, par exemple pour le développement
de la science, on s’inquiète d’un développement incontrôlé de la science notamment dans le
domaine des technologies scientifiques, ils peuvent faire des découvertes qui génèrent des
externalités négatives. Les sous-systèmes ont beau prétendre à l’autonomie, ils sont pourtant
interdépendants, on dira alors que le talon d’Achille de l’autonomie des sous-systèmes c’est
leur interdépendance.
 Exemple
La recherche du profit du secteur économique peut avoir des conséquences négatives sur le
domaine de l’environnement par exemple, ou sur le système de santé. Ces conséquences
négatives sont endossées par le reste de la collectivité.

La dysfonction c’est que l’autoréférentialité génère de l’externalité. Si on est indifférent à des


généralisations externes à notre sphère on va peut-être faire des dégâts à l’extérieur. Donc
problème de gestion d’externalité lié à cette indifférence mutuel entre sous-système
autonome.
 Exemple d’indifférence
On dit parfois que certains juristes souffrent dans leur analyse de juridisme. C’est
lorsqu’on se fixe trop sur les lois et qu’on ne prend pas en compte l’aspect humain.
Langage + état d’esprit juridique, on ne tient pas compte de facteurs sociaux plus généraux.

Spécialisation a des effets positifs sur performance, mais aussi des effets négatifs en termes de
fragmentation. On dit d’un chercheur-spécialiste qu’il est dans sa « tour d’ivoire », un peu
autistes, dans son monde. Donc performance, mais également effets pervers. On appelle l’État
à réguler, donc à trancher ; il acquiert une position d’arbitre. Luhmann est un sociologue
hostile à tout interventionnisme étatique, il dit que dans une société complexe, il n’y a ni
centre, ni État, mais un système politique qui est un sous-système au même titre que les
autres. Comme le système politique est à pied d’égalité avec les autres, il n’aurait pas de
légitimité pour intervenir dans le fonctionnement des autres sous-systèmes. Les autres sous-
systèmes vont alors considérer les interventions étatiques comme des irritations pénibles. La
faiblesse de sa thèse, c’est que les différents acteurs ont quand même largement tendance à
s’adresser aux pouvoirs publics pour régler leurs différends. Pourquoi s’adressent-ils aux
pouvoirs publics ? Papadopoulos soutient que c’est parce que le système politique n’a pas
exactement les mêmes caractéristiques que les autres sous-systèmes sociaux. Cela ne veut pas
dire qu’il est meilleur, plus noble, mais qu’il est différent.

22 mai 2013
Rappel
Les path-dependentists disent que les pouvoirs publics ont peur de perdre des voix lors des
réformes de pp. Le risque réside bien évidemment dans les bénéficiaires de ces pp passées qui
sont réformées.
Suite
Régulation car acteurs pris dans codage particulier, cela fait qu’ils sont indifférents aux
externalités. Luhmann parle « d’indifférence légitime », quand on dit « la santé n’a pas de
prix » cela implique qu’on est indifférent à l’explosion des coûts de la santé, mais c’est une
indifférence légitime, car elle est mue par le besoin de développer les ressources dans le
domaine de la santé. Dans le domaine artistique, on est indifférent à la dimension politique,
mais cette indifférence est légitime, puisque cela permet à l’artiste de se concentrer sur
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l’aspect artistique. Ces externalités sont régulées. On s’adresse au système politique parce que
le système politique n’est pas un sous-système social comme les autres, Luhmann lui-même
dit que la société complexe est « sans centre et sans État », donc pour lui, tous les sous-
systèmes sont à la même hauteur. Mais contrairement à Luhmann, l’État n’est pourtant pas un
sous-système comme les autres. Mayntz, elle, dit que le système politique est le spécialiste du
général (Spezialist des Allgemeinde), cela veut dire que le système politique a une fonction
particulière, tout comme les autres sous-systèmes, mais que cette fonction consiste à penser la
généralité des problèmes d’une société, c'est-à-dire ne pas avoir un point de vue sectoriel,
mais général, qui tient par exemple compte des externalités. Pour Jobert et Müller, ce serait à
l’intérieur du système politique que se produirait le référentiel global. Le problème est que
cette légitimité est contestée. Sur quoi repose-t-elle ? Pourquoi est-ce qu’on reconnait au
système politique la capacité d’intervention dans les différentes sphères sociales ? Parce que
le système politique repose sur le mécanisme de l’élection concurrentielle, le système
politique est donc considéré comme représentatif (important) de l’ensemble de la société.
Néanmoins cette légitimité est contestée, pourquoi ? Parce qu’on constate de + en + qu’il y a
une crise de la représentation ; vecteur classique de la représentation sont les partis, mais ces
derniers sont de - en - représentatifs de la société. Deuxième élément, c’est que ce n’est pas
parce que la régulation vient du système politique qu’elle est forcément considérée comme
légitime ou acceptable. On parle de légitimité pratique, pas de légitimité normative (si un
système politique est bon ou pas => valeurs). Il s’agit de l’acceptation de décisions
collectivement contraignantes puisque ceux qui prennent ces décisions ont été élu, donc c’est
comme si chaque citoyen prenait ces décisions contraignantes, puisqu’ils sont représentés.
Pourquoi y a-t-il des résistances ? Les acteurs au sein des différents sous-systèmes autonomes
ont tendance à considérer les actions externes comme des intrusions illégitimes, comme des
irritations. Ce qu’on reproche aux acteurs du système politique est leur manque d’expérience.
Déficit de légitimité dû à la représentation que les acteurs politiques manquent d’expertise.
Deuxième problème ; ces acteurs peuvent manquer d’autorité. Les pouvoirs publics peuvent
avoir le monopole de l’usage de la contrainte, mais c’est une autre chose que de considérer
que leur pouvoir est considéré comme légitime. Les pouvoirs publics ont de l’autorité dès le
moment où le pouvoir qu’ils ont est légitimé. La norme majoritaire est extrêmement puissante
dans le fonctionnement des systèmes politiques démocratiques qui fait qu’en Suisse un
dimanche de votation, il y a souvent bcp de perdants, une minorité qui est battue par une
majorité à peine plus forte, cela génère de la frustration, du mécontentement, mais cela ne
conduit pas à la rébellion, puisque les perdants considèrent que le processus de décision est
correct, ce qui fait qu’ils se plient au choix, même s’ils n’étaient pas d’accord. Ils sont en
accord avec la conception agrégative, c'est-à-dire que les gagnants sont ceux qui obtiennent le
plus de voix. Principe de concernement (affectedness), c'est-à-dire que dans une conception
agrégative de la société dont fait partie la majorité, toutes les voix ont le même poids. Ce qui
est intéressant dans la norme majorité, c’est qu’elle est légitime car égalitaire, mais comme
c’est un principe égalitaire, cela ne permet pas de voir l’intensité des préférences. Toutes les
voix se valent et donc la voix de qqun qui s’en fiche plus ou moins de l’issue d’une décision
vaut la même chose que la voix de qqun de profondément touché par la mesure. Plus on est
concerné par une décision, plus on peut prétendre à avoir notre mot à dire. Stakeholder
democracy : Individus non égaux les uns aux autres, mais ceux qui ont un enjeu à défendre,
un steak à défendre sont ceux qui devraient être consulté lors de la prise de décision, car ce
sont ceux qui sont les plus affectés par la décision. Lorsque certains sont en désaccord avec
une réforme (souvent des personnes directement affectées par la décision), ils vont mettre en

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avant le fait qu’on ne tient pas compte de l’intensité des préférences et que donc il est plus
légitime de s’opposer à la réforme, que de l’accepter les yeux fermés. Pour répondre à ce
problème, il faut trouver des arrangements de gouvernance.
=> Le système politico-administratif manque de ressources (« NATO =
Nodalité/Autorité/Trésor/Organisation) pour réguler de manière efficace et légitime :
limites du pilotage vertical
Ces ressources NATO manquent à l’État et une des manières de résoudre ceci, c’est
d’emprunter ces ressources ailleurs. Le milieu de la science a besoin des ressources publiques,
les milieux publics sont jaloux de leur autonomie.
=> Co-production des pp avec leurs destinataires (les policy-takers deviennent policy-
makers): gouvernance horizontale et coopérative
L’État, s’il veut une science performante, a besoin d’un système performant.
L’interdépendance de ressources signifie vulnérabilité pour les pouvoirs publics et donc
nécessité pour les pouvoirs publics de composer avec les acteurs qui détiennent ces
ressources. L’État a besoin de « nos » ressources, donc on demande à être intégré au pp et à la
coproduire avec les acteurs étatiques politico-administratifs => gouvernance horizontale et
coopérative. Gouvernance coopérative ne sous-entend pas qu’il n’y a pas de conflit ! La
gouvernance horizontale et coopérative signifie que les décisions contraignantes vont être
prises concertées entre les acteurs publics et les groupes d’intérêt représentants les milieux
sociaux concernés (par la mesure) => Ici acteurs coopèrent mais n’ont pas les mêmes
préférences et ne sont donc pas forcément d’accord.
 Étatisation
Les représentants des groupes d’intérêt négocient de + en + avec les acteurs politiques
étatiques, donc ils intériorisent les préférences de ceux-ci et délaissent celles des gens qu’ils
représentent. Donc État fait intérioriser ses préférences aux représentants des groupes
d’intérêt.
 Socialisation
C’est l’inverse, ce sont les groupes d’intérêt qui arrivent à faire intérioriser aux acteurs
étatiques les préférences défendues.
Légitimité par inputs et par outputs, ces deux types renvoient à des modes de construction
totalement différentes :
 Légitimité par les inputs
Un système politique est légitime si ceux qui sont soumis aux décisions
sentent/estiment/perçoivent qu’ils disposent de canaux pour formuler leurs inputs => pour
émettre leurs revendications, formuler leur doléances, critiques, etc. Si un système politique
met à disposition des mécanismes d’intégration des inputs, il va pouvoir construire de la
légitimité grâce à cela. Typiquement, un système démocratique est un système qui se construit
sur la base des inputs. Le système démocratique est légitime, car il permet à la majorité de
décider. Cette légitimité a toutefois des limites.
 Légitimité par les outputs
Décisions prises sont satisfaisantes. Légitimité par les outputs n’est pas forcément
démocratique.

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La légitimité traditionnelle par les inputs est insuffisante et la gouvernance coopérative


renvoie à une légitimité par les outputs ; les décisions prises satisfont les citoyens, mais ce
n’est plus l’input des acteurs concernés.
/!\ Vision enchantée de la gouvernance coopérative, dans les faits ce n’est pas aussi idéalisés
que cela /!\
Rééquilibrage des rapports de pouvoir :
- Présidentialisation = Concentration du pouvoir politique chez le leader.
- Déparlementarisation = Renforcement des gouvernements + administrations au détriment
des parlements.

 « Méta-gouvernance » (management des réseaux) : rôle de l’administration + élus


politiques souvent peu influents dans les réseaux de gouvernance, et parlements
exercent rarement un contrôle dissuasif (« ombre de la hiérarchie ») => risque de
technocratisation
La gouvernance coopérative est un mode de conduite des pp en réseaux. Il y a des lieux de la
gouvernance coopérative ; instance de consultation, etc. Donc cette gouvernance en réseau
doit être pilotée, il doit y avoir qqun qui décide sur des choses triviales, pourtant
importantes => qui va participer aux réseaux ?, ce qui va être mis à l’agenda => de quoi il faut
parler ?, etc. La gouvernance coopérative requiert de la « méta-gouvernance », c'est-à-dire de
la gouvernance de la gouvernance. L’acteur clef dans la gouvernance coopérative est
l’administration, puisque c’est elle qui s’occupe de ces tâches de « méta-gouvernance ». Donc
administration prend du pouvoir. Dans un espace public médiatisé, les acteurs politiques
doivent vendre leurs décisions, du coup ils ont besoin de conseillers spécialisés. Par cette
médiatisation, les acteurs administratifs perdent de leur pouvoir. Les élus politiques perdent
du pouvoir car dans un réseau, ils ne sont qu’un acteur parmi d’autres => coalition de cause -
Sabatier. Il nous dit qu’une coalition advocative est composée de gens de l’administration,
d’experts, de journalistes, de représentants d’intérêts et de politiciens. Donc politiciens sont
UN acteur parmi tant d’autres. Le centre du pouvoir n’est plus là où on pense qu’il est, c'est-à-
dire au sein des institutions politiques formellement autorisées à prendre des décisions. Ils
continuent à prendre des décisions, mais ne sont plus les seuls qui influencent la prise de
décision. Ce courant dit que sur ces réseaux plane l’ombre de la décision des instances
démocratiques, donc les acteurs participant dans les réseaux doivent en quelque sorte anticiper
les préférences des décideurs élus. Décideurs tiennent alors toujours la haute main sur les
décisions.

27 mai 2013

4.2.3. Transformation de la régulation : Réformes administratives et


agencification
 New Public Management (NPM - NGP) : consensus ambigu car efficience
économique + accountability agenda (orientation « client »)
Diffusion du NPM dans un certain nombre de pays. Il s’agit de réformes de l’administration
inspirée des doctrines néo-libérales, inspirées de la croyance que les bureaucraties étatiques
sont inefficaces, voire même qu’il y a un problème par rapport au rôle que les bureaucraties
jouent, voire bureau-shaping : auto-configuration des tâches pour avoir les tâches les plus
agréables. De l’autre côté, une sorte d’idéalisation du fonctionnement du secteur privé avec

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l’idée que les bureaucraties publiques devaient davantage s’inspirer du fonctionnement des
organisations privées, puisqu’elles seraient + performantes.
 Exemple
Idée que les fonctionnaires sont nommés à vie, jusqu’à la retraite. Donc ceux qui critiquent
l’inefficacité de la bureaucratie publique disent que ces personnes sont inefficaces,
puisqu’ils savent qu’ils garderont leur emploi quoiqu’ils fassent, donc devoir de réformer
ceci dans le sens de proposer des choses qui motivent.
Par exemple, salaire au mérite, c'est-à-dire qu’il y a une partie de salaire fixe et le reste du
salaire est en fonction de l’évaluation que font les supérieurs sur la qualité du travail et sur
l’efficacité
Il y a aussi l’idée que les bureaucraties doivent être + soucieuses de satisfaire les besoins de
leurs clientèles. Les réformes de l’administration ont également l’idée de rendre
l’administration plus redevable, elle doit fonctionner de manière moins arbitraire et donc
rendre d’avantage de compte sur ce qu’elle fait => accountability agenda. NGP a été soutenue
par la droite et par la gauche.
 Exemple
Gauche dit souvent que l’État est une entité répressive qui fonctionne parfois de manière
arbitraire et que c’est une instance de contrôle. Ce n’est donc pas le côté libéral qui a
motivé la gauche, mais le fait de rendre l’administration plus proche du citoyen.
Le succès de la NGP a fait que les réformes se sont très largement diffusées, mais de manière
différente selon les pays, car besoin d’adaptation. Pays avec forte tradition libérale comme le
Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande. Dans les pays scandinaves, la NGP s’est développée
autrement, car gauche sociale-démocrate forte, il y a une culture du consensus, donc + des
réformes incrémentales, on n’a donc pas administré la NGM à dose de cheval, mais plutôt à
dose homéopathique. NGP ne peut pas être un cocktail de recettes hétérogènes sans que cela
ne pose des problèmes d’interprétation dans la pratique, donc lorsque les éléments doctrinaux
sont en contradictions cela pose problème.
Impact sur le contrôle politique de l’administration
1) Il s’agissait de libérer l’administration des carcans procéduraux (steering VS rowing :
recherche de légitimité substantielle par les outputs) et de valoriser le point de vue des
groupes-cibles (stakeholder accountability)
Il faut libérer l’administration/les managers de la tutelle du pouvoir politique, car si le pouvoir
politique (les ministres, chefs de cabinet) contrôle trop étroitement la
bureaucratie/l’administration, d’une part il va tuer la créativité de l’administration qui ne
pourra pas faire d’initiative pour mieux plaire à la clientèle, et d’autre part, cela assujettit
l’administration aux objectifs du pouvoir politique, donc du parti au pouvoir. Donc distinction
entre steering (=piloter) et rowing (=ramer). On dit, le pouvoir public doit certes piloter et
fixer les objectif mais ne doit pas se mêler de la conduite opérationnelle, il faut donc laisser
les administrations ramer et l’idée de créer une division du travail entre administration et
politique était un peu utopique. La deuxième idée est le besoin du respect des procédures, la
critique des tenants de la NGP est que le respect des procédures faisait passer à l’arrière-plan
l’efficacité de l’entreprise. Donc administration doit arrêter de se focaliser autant sur les
procédures, mais + sur la production d’outputs de qualité => légitimité par les outputs qu’elle
produit. La troisième idée est qu’il faut donner les moyens à ceux qui subissent les outputs de
l’administration, c'est-à-dire les bénéfices, mais aussi les coûts de donner leur avis. Il y a un

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besoin de développer des indicateurs de performance, c'est-à-dire développer des mesures afin
de calculer si un employés est + performant qu’un autre, ce qui amène le salaire par le mérite.
2) Effets inattendus
 Renforcement du contrôle par les exécutifs, dotés de moyens plus élaborés
(indicateurs de performance) et en campagne permanente +
désinstitutionalisation de l’administration
Inattendu puisque la réforme visait à laisser d’avantage de marge de manœuvre. Finalement il
y a eu + de contrôle politique parce que les politiciens se sont rendus compte qu’ils faisaient
une mauvaise opération en laissant plus de marge de manœuvre à l’administration, c'est-à-dire
plus de pouvoir, donc ils abandonnaient en fait une partie de leur pouvoir (ils se faisaient hara
kiri), c’était donc une mauvaise surprise. Ils ont alors voulu récupérer le pouvoir perdu,
puisque let the managers manage cela leur laisse trop de pouvoir. Les membres des exécutifs
ont donc repris le pouvoir sur l’administration. Ce ne sont pas tous les politiciens qui ont
repris le pouvoir, mais seulement les pouvoirs exécutifs. Les réformes de la NGP ont
contribué au renforcement de l’exécutif et à la déparlementarisation. Ce sont les membres de
l’exécutif qui ont repris le pouvoir, car ils sont plus professionnels. Les indicateurs de
performance sont devenus un outil d’exercice du pouvoir par les membres du gouvernement.
La NGP a donné des instruments plus élaborés au pouvoir politique, aux membres du
gouvernement pour contrôler l’administration. Désinstitutionalisation, car remplacement des
contrats à vie par des contrats de durée déterminée ou de statut privé, cela devenait alors +
facile pour les pouvoir public de sanctionner les membres ne faisant pas leur travail comme ils
l’entendaient. Plus on est allé loin dans les réformes (New-Zélande / Australie) plus on a fait
marche arrière, et moins on allait loin et moins on avait ce renforcement de l’exécutif.
 Blame-shift : Contrôle des autorités politiques devient fictif
Autonomisation de l’administration a permis aux élus/politiciens de dévier le blâme. Lors
d’un échec d’une mesure, le ministre responsable pourra dire « Ce n’est pas moi ! C’est mon
administration qui dispose d’une marge de manœuvre considérable ! Moi je n’y peux rien ! ».
Ces stratégies de blame-shift sont d’autant plus importantes que les élus sont sous pression,
cela leur permet alors de se protéger. Ils sont assaillis par des critiques, c’est alors qu’ils
peuvent mettre la faute sur l’administration
 Dérégulation => re-régulation + risk society => diffusion d’agences de régulation
indépendantes (rôle de l’UE)
Politiques néo-libérales, depuis 1980 dans les premiers pays pionniers (Royaume-Uni, USA,
Australie et Nouvelle-Zélande) visaient principalement à libéraliser l’économie et donc ses
secteurs qui étaient sous contrôle étatique. Souvent, il y a avait un monopole public, domaine
des télécommunications en Suisse ; l’entreprise des PTT (Poste - Télégraphe - Téléphone)
avait le monopole sur le secteur. Le but a donc été de libéraliser en introduisant de la
concurrence. Déréguler, car il y avait trop de règles, donc tout ceci était au détriment du
consommateur, du bien-être collectif, donc au profit du monopoliste et de l’État.
 Exemple
Quand Papadopoulos était étudiant, pour obtenir un téléphone, il fallait prendre contact
avec les PTT.
Dans les hypothèses causales (algorithmes, Jobert et Müller) il y avait l’idée que la
concurrence était bénéfique au consommateur et donc au bien-être collectif. Cela ne marchait
pas tjs très bien, cela a conduit à de nouvelles situations de monopole, pas spécialement au
consommateur. En Suisse, l’héritier des PTT, Swisscom occupe une large part du marché,
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donc peu de concurrence. Il y avait alors des distorsions de la concurrence, il ne suffisait alors
pas de déréguler, mais il a fallu re-réguler. Donc produire des règles de manière à s’assurer
que la concurrence était respectée et produisait les effets attendus. La dérégulation a conduit à
de la re-régulation. Il a fallu mettre en place des instances dont la fonction allait être la
surveillance du respect des nouvelles règles. Alors mise en place de nouvelles agences, en
Suisse on parle de commissions, c'est-à-dire commissions de la concurrence, commission de
la communication (Orange et Sunrise s’adressaient à cette commission lorsqu’ils n’étaient pas
d’accord avec le comportement de Swisscom), la commission de l’électricité. Création de
nouvelles commissions dont la raison d’être est de faire respecter la concurrence dans le
domaine dans lequel elles se trouvent. Swiss Medic est, en Suisse, le régulateur du secteur des
médicaments et c’est le régulateur qui autorise ou non la commercialisation des médicaments
ou non. La création de ces agences part aussi, souvent, d’une sorte d’image négative de ce que
font les politiciens. Si une agence X ne jouit pas d’une forte indépendance face au pouvoir
public les pouvoirs publics allaient essayer de l’instrumentaliser pour leur propre bénéfice
immédiat. Ce raisonnement a d’abord été appliqué aux Banques Centrales. C’est utile aux
gouvernements d’avoir une Banque Centrale peu autonome, car elle est en charge de la
politique monétaire, et comme ceci, le gouvernement peut dicter à la Banque Centrale les
mesures qu’il désire. Ce raisonnement a été appliqué aux autres agences étatiques, il a fallu
alors éviter que les autres agences soient trop sous le contrôle des pouvoirs publics.
Il faut immuniser les agences :
 Demande sociale d’impartialité
Pour qu’elles soient impartiales. Les citoyens demandent que l’État fonctionne de manière
impartiale, pour ceci, il faut que les agences administratives soient immunisées par rapport au
risque de politiques partisanes.
 Autonomie des agences est une garantie de la stabilité des pp
Ceci car on sait que l’agence ne changera pas de politique lorsque le gouvernement change. Il
y a l’idée que certains secteurs de l’action publique doivent échapper au contrôle des
gouvernements élus. D’une part parce que le gouvernement élu veut satisfaire ses intérêts et
être réélu, d’autre part parce que le gouvernement A dicte une politique A, une année après un
gouvernement B dicte une politique B, etc. ; donc l’instabilité effraie les investisseurs. Or
dans une économie globalisée, les pays sont en concurrence pour attirer les investisseurs et la
réputation de stabilité est un atout.
Expertise, impartialité et stabilité sont les trois principaux leitmotiv qui conduisent à ce que
certains secteurs de l’administration soient immunisés par rapport aux interventions des
pouvoirs publics. Ces trois choses expliquent la mise en place des agences autonomes. C’est
un processus de technocratisation délibérée, c'est-à-dire qu’on confie du pouvoir aux experts,
parce qu’on pense qu’ils s’y connaissent, qu’ils sont neutre et impartiaux, mais aussi parce
qu’on pense que cela permet de sortir de l’agenda du gouvernement des sujets sur lesquels le
gouvernement risquait de changer la barre. La logique de la discipline : En créant ces agences
indépendantes, les pouvoirs publics se lient les mains

29 mai 2013

Rappel
Création dans plusieurs pays d’agences indépendantes => processus d’agencification, pour
par ex réguler la concurrence ou pour réguler le risque. Réponse publique par rapport à un

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problème, dysfonction due à la libéralisation d’un certain nombre de secteur. Libéralisation


n’empêchait pas la domination des monopoles. Référentiel global dans l’approche par le rôle
des idées est une sorte de tsunami qui emporte tout sur son passage. Mais on remarque que le
référentiel global n’est pas partout et qu’il y a des tentatives de contrecarrer le référentiel
global. Le rôle des idées dans les pp et dans le changement dans les pp, le mouvement de
libéralisation de l’économie qui a conduit à un développement de ce type d’agence résultait de
croyances diffuses sur le fait que davantage de marché serait bénéfique pour l’intérêt collectif.
C’est un type de croyances, il y en a d’autres. Constat que le marché ne fonctionne pas tjs
comme on voudrait, donc processus d’apprentissage par les dirigeants politiques qui se disent
qu’il faut faire qqchose pour contrecarrer les effets néfastes de la libéralisation. Donc
problème axés autour du problem solving. Distinction entre powering et puzzling pouvoirs
pub se disent « Comment réguler l’éco libéralisées ? » => type puzzling. Le réf global est
difficilement réduit à une seule dimension, Müller dit « c’est le marché ». Prenons le cas de
agences censées réguler le risque, par exemple alimentaire, médicamenteux, etc. (voir
conférence de la dame). Ça n’a rien à voir avec référentiel du marché, mais à voir avec le fait
que notre société est une société dans laquelle on veut que le risque soit dans la mesure du
possible maitriser, donc demande sociale de maitrise du risque, c’est une tendance lourde,
assez macro.
Suite
Régulation du marché et gestion du risque, il y a deux idées importantes dans les schémas
causaux à l’origine du développement de ces agences indépendantes :
1. Il faut de l’expertise, il faut donc créer des entités publiques qui concentrent un degré
élevé d’expertise parce qu’on a affaire à des secteurs complexes.
2. Besoin d’indépendance : Expertise neutre qui doit ni être dépendante des
gouvernements élus parce qu’ils risquent de l’instrumentaliser pour leurs propres
objets politiques, ni être dépendantes des intérêts particuliers du secteur qu’elles
régulent (voir Olsen).
En plus, besoin de stabilité pour éviter l’incertitude qui décourage les investisseurs. Déléguer
du pouvoir de régulation à des agences indépendantes permet de dépolitiser les décisions et
faire de sorte que lors de changement de gouvernement, pas de changement de politique =>
immunisation d’un certain nombre de secteurs. Ces agences gagnent de la légitimité au fur et
à mesure que les pouvoirs élus perdent XXX. Par rapport à la NGP, les politiques ont de la
peine à déléguer, alors que c’est un peu le but. L’indépendance formelle d’une agence ne
signifie pas son indépendance réelle.
 Exemple
Indépendance formelle consiste en un certain nombre de caractéristiques ; textes légaux,
donc un certain nombre de garde-fou formels pour éviter que l’agence soit soumise au
pouvoir politique. Gouvernement ne peut pas nommer le président de l’agence, mais il doit
être nommé par Parlement avec majorité qualifiée. Ceci est sur le papier => aspect formel.
Question : Est-ce que les agences les plus indépendantes sur le papier sont aussi celles qui
ont le plus de marge de manœuvre dans la réalité ? Pas nécessairement, puisqu’agence
formellement indépendante peut se voir contrôler de manière indirecte. Il est devenu plus
difficile que le président d’une agence soit dans le parti au pouvoir, mais il peut partager
les idées du parti au pouvoir. Donc parfois, agences ne sont indépendantes que sur le
papier.

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Tendance à la re-politisation, donc contrôle plus accru des agences par les pouvoirs politiques,
pression sur le budget de l’agence (recrutement du personnel), etc.
[...]
Mair et Katz disent qu’au fond les partis sont devenus moins des acteurs de la société et plus
des acteurs de l’État, sorte d’étatisation des partis politiques, du moins les traditionnels.
 Confirmation de la dérive exécutive + partyness du gouvernement à un moment où la
partyness de la société décline ?

4.2.4. Transformation de la régulation : Judiciarisation


 Une dimension de la judiciarisation des rapports sociaux
Rôle croissant qu’ont les Tribunaux comme acteurs de pp. Du reste, les différents processus
sont liés entre eux ; judiciarisation est liée à l’agencification. La commission de la
concurrence peut infliger une amende, elle prend donc des décisions contraignantes, cette
amende peut être contestée auprès du Tribunal (administratif), la possibilité de ces
contestations introduit le Tribunal comme acteur de pp, puisqu’il devient un acteur de la
régulation, c’est lui qui décide du maintien ou non de l’amende. Donc processus qui
s’entremêlent, mais qui ne sont pas forcément convergents.
Concept de judiciarisation VS juridification :
 Judiciarisation
C’est une dimension de la juridification, voir ci-dessus (rôle des Tribunaux)
 Juridification
Les relations sociales, dans leur ensemble sont de + en + codifiées par le droit => processus
de juridification => le droit règle un nombre plus élevé d’interactions sociales que par le
passé.
Préoccupations du respect des droits qui sont devenues centrales, cela a conduit à de la
juridification, puisque respect des droits passe par le droit, pour par exemple protéger les
minorités, ou des empiétements du pouvoir politique. Revendications émergentes sont une
tendance lourde liée au libéralisme, mais pas au libéralisme économique, mais au libéralisme
culturelle ; idée que chacun doit pouvoir jouir d’un espace de liberté qui doit être protégé.
Émergence de culture de revendication de protection des droits. L’émergence de ces
préoccupations tend à renforcer l’idée que le pouvoir politique doit être limité et contrôlé, car
le pouvoir politique est tjs soupçonné de vouloir dépasser ses compétences. Problématique
que l’on retrouve dans checks and balances = contre-pouvoir => idée qu’il doit y avoir des
instances qui contrôle le pouvoir et qui agissent comme contre-pouvoir ; des lieux de veto par
exemple afin que le gouvernement ne fasse pas ce qu’il veut, le référendum pour éviter que le
Parlement fasse ce qu’il veut, la chambre A doit avoir l’accord de la chambre B. Tout ceci
pour éviter la tyrannie de la majorité.
[...]
La liberté négative c’est être en mesure de se protéger contre l’empiétement par autrui, donc
conception populiste met l’accent sur liberté positive. Les Constitutions sont là pour protéger
la liberté négative.
La judiciarisation répond à la même exigence que l’une du développement des agences
autonomes est l’impartialité. Légitimité des Tribunaux est d’être impartiaux, or ces acteurs
qui devraient être impartiaux, sont parfois très politisés et manque à l’impartialité. Certains

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parlent de l’avènement d’une juristocratie. En Suisse enjeu n’est pas très important car pas de
Cour constitutionnelle pour lois fédérales. Élection des juges est particulière ; juges sont
présentés par les partis. En Suisse, il y a de fait une très forte politisation de la nomination des
juges (anomalie selon Papadopoulos). La judiciarisation profite aux acteurs qui peuvent
cadrer leurs demandes. Il faut pouvoir attester de violation de l’ordre constitutionnel.

4.2.5. L’ « hiver » de la démocratie (G. Hermet) ?


Hermet a écrit « L’hiver de la démocratie » en 2007. L’hiver n’est pas une saison très
chouette. La démo est un régime qui s’est essoufflé, c’était un peu un moment euphorique,
mais à présent ce n’est plus le cas. Hermet se base surtout sur analyse de la gouvernance. Il dit
que la gouvernance coopérative c’est des arrangements entre administration, groupe d’intérêts
et que le pouvoir politique n’a pas grand-chose à dire.
Parlements ont perdu assez massivement de leur pouvoir, sauf que certains commencent à
faire un apprentissage stratégique, et commencent alors à se renforcer. Certains Parlements
demandent à être plus étroitement consultés. En Suisse, l’AF s’est dotée de ressources +
importantes pour avoir + de pouvoir dans certains secteurs.
Gouvernance transnationale => technocratisation évidente !
La technocratisation est-elle délibérée ? Lorsque l’on délègue du pouvoir à des instances qui
ont de l’expertise, c’est délibéré.
Phénomènes de technocratisation rampantes, c'est-à-dire non-délibéré, soudainement,
certaines instances prennent le pouvoir, on ne sait pas trop comment.
Les partis, lors des campagnes électorales, font des promesses et s’engagent à tenir ces
promesses. Mais on remarque qu’une fois élu, il n’est pas tjs possible de respecter les
promesses. Schmidt dit « Au niveau national, il y a politics without polities.

 La plupart des transformations de la régulation ont lieu dans le backstage :


médiatisation de la politique, mais limitée
Les groupes d’experts ne siègent pas en public, la judiciarisation de la politique ne fait pas la
une des journaux

 Succès des discours anti-élites et des mouvements anti-establishment


Une partie de l’électorat considère que la démo ne remplit pas ses promesses et qu’elle est
oligarchique, c'est-à-dire que les élus feraient tout de même ce qu’ils veulent.

 Avec la transformation de la régulation le déficit démocratique va au-delà de ce que


ces discours critiques saisissent : feedback positif et potentiel de délégitimation ?
Si le déficit démo est plus large et plus important que ce qu’on perçoit, il y a un potentiel de
délégitimation supplémentaire.

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