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Sujet : Comment la crise économique a-t-elle contribuée à la montée des régimes

totalitaires dans le Monde ?


La crise économique de 1929, connue sous le nom de Grande Dépression, est
souvent considérée comme un facteur contributif majeur au développement du totalitarisme
dans les années 1930, particulièrement en Europe. Cette période a été marquée par une
instabilité économique et sociale profonde, créant un terreau fertile pour l'émergence de
régimes autoritaires et totalitaires. On se demande alors : comment la crise économique de
1929 a pu contribuer au totalitarisme ? Pour mieux cerner cette problématique, nous allons
tout d’abord parler de la déstabilisation économique et sociale et la perte de confiance dans les
régimes démocratiques durant cette période, et enfin, nous évoquerons la montée des
idéologies extrêmes et le renforcement de l'État et du contrôle gouvernemental afin d’aboutir
à une conclusion.

La Grande Dépression a entraîné une immense détresse économique, avec un taux


de chômage élevé, la faillite d'entreprises, et une précarité généralisée. Cette situation a
exacerbé les frustrations et le mécontentement au sein de la population, favorisant la
recherche de solutions radicales et l'attrait pour des promesses de changement radical et
rapide. Face à la crise, de nombreux gouvernements démocratiques semblèrent incapables de
fournir des solutions efficaces rapidement. Cette impuissance apparente a miné la confiance
dans la démocratie et les principes libéraux, rendant les propositions des mouvements
autoritaires et totalitaires plus séduisantes aux yeux de certaines populations désespérées.

La crise a également favorisé la montée de l'extrémisme politique, à la fois de droite


(comme le fascisme en Italie sous Mussolini ou le nazisme en Allemagne sous Hitler) et de
gauche (comme certaines formes de communisme radical). Ces mouvements ont exploité la
crise pour promouvoir leurs idéologies, souvent au travers d'une propagande intense,
promettant de restaurer la grandeur nationale, de combattre la crise économique avec des
mesures radicales, et d'éliminer les soi-disant "ennemis" de l'État.
En réponse à la crise, même dans les pays qui n'ont pas basculé dans le totalitarisme, il y a eu
une tendance vers un accroissement du rôle de l'État dans l'économie et dans la société. Dans
certains cas, cela a ouvert la voie à un contrôle gouvernemental plus strict et à des mesures
autoritaires.

Au terme de notre analyse, Il est essentiel de noter que la crise économique de 1929
n'est pas la seule cause du développement du totalitarisme. D'autres facteurs, tels que les
conséquences non résolues de la Première Guerre mondiale, les traités de paix perçus comme
injustes, la peur du communisme, et des traditions nationales spécifiques de gouvernance et
d'identité, ont également joué un rôle critique. La relation entre la Grande Dépression et le
totalitarisme est complexe et multifactorielle, impliquant une interaction entre des
circonstances économiques, politiques et sociétales.
Sujet : En quoi les totalitarismes sont- ils des régimes d’un type nouveau ?
Rejetant la démocratie et le libéralisme, les totalitarismes se caractérisent par «
une idéologie, un parti unique dirigé par un seul homme, une police terroriste, le monopole
des communications et celui des armes, et une économie centralisée ». Le fascisme, le
stalinisme et le nazisme, par ordre chronologique de prise de pouvoir dans les années 1920-
1930, présentent bien entendu des traits communs qui puisent leurs racines dans le choc
provoqué par la Première Guerre mondiale (19141918), avec la perte du statut de puissance et
les nombreux bouleversements politiques et sociaux. On se demande donc : en quoi les
totalitarismes sont-ils des régimes d’un type nouveau ? Dans un premier temps, nous verrons
tout d’abord le rejet de la démocratie. Et dans un dernier temps, nous essaierons d’aborder la
question de la violence et du contrôle de la société afin d’aboutir à une conclusion.

Le fascisme est fondé sur le pouvoir d’un seul homme, Mussolini, et rejette le
principe du suffrage universel. La propagande fasciste met en scène la grandeur du duce en
affirmant que « Mussolini a toujours raison » : toute contestation des décisions du leader est
dans ces conditions impossible. Le nazisme s’appuie également sur le pouvoir concentré entre
les mains d’un seul homme, Hitler. La nation, elle, n’a qu’à obéir aux ordres du führer. Hitler
rejette aussi le principe du suffrage universel, qui l’a pourtant porté au pouvoir : il affirme que
les décisions sont plus simples à prendre seul. L’État est totalement lié au PCUS (parti
communiste de l’Union soviétique) : le parti nomme les candidats uniques aux élections et, de
ce fait, exerce un contrôle étroit sur l’État soviétique. Les citoyens soviétiques, qui disposent
du droit de vote, élisent en fait des représentants déjà désignés par les membres du parti
communiste.

Le fascisme s’appuie sur des citoyens pour exercer eux-m êmes des violences sur ceux qui
critiquent le régime, comme le socialiste Matteoti, assassiné en 1924 par les chemises noires.
Cet acte ébranle le régime. L’opinion publique est choquée et Mussolini doit désavouer dans
un premier temps ce crime, avant de renforcer de plus bel les mesures coercitives. L’État nazi
met en place dès 1933 des camps de concentration pour enfermer les opposants : dans ces
camps, outre les travaux forcés et les privations/ mauvais traitements, les prisonniers risquent
d’être fouettés, pendus ou fusillés. Staline fait fusiller ou déporter dans les camps du Goulag
(camps de concentration pour les opposants politiques en URSS ; selon la gravité) les
opposants politiques ou les koulaks (petits propriétaires terriens).

Toutes les activités de la vie sociale et économique sont contrôlées par l’État fasciste :
production industrielle et agricole, artistique, syndicats… La propagande fasciste est utilisée
pour manipuler les esprits (faibles) de la masse : on peut inculquer des idées et imposer des
comportements. Le nazisme embrigade la jeunesse allemande afin de lui inculquer les valeurs
de discipline et d’obéissance. Il s’agit d’en faire de vrais nazis. Lors des autodafés, les nazis
brûlent des ouvrages jugés nuisibles. Ils contrôlent ainsi la liberté d’expression et les lectures
des Allemands. L’art soviétique est au service du vodj (le peuple) : les peintres glorifient
régulièrement Staline en le présentant comme un homme sincère et comme l’unique chef. Le
régime soviétique organise de grandes cérémonies à la gloire du régime et du chef, afin que la
population adhère aux idéaux.
Analyse de deux documents d’histoire
Sujet : Allemagne nazie et URSS. Encadrement de la jeunesse et idéologie.

Document. 1 : Le germaniste Pierre Grappin a séjourné en Allemagne en 1934. Il se souvient.

« En 1934, je fis, durant les vacances d’été, mon premier séjour en Allemagne, invité par la
famille de mon correspondant. Mon correspondant s’appelait Gùnter […] Un beau matin
j’étais là depuis quatre jours -, Gùnter m’a dit : “Il faut que je te le dise, je suis membre de la
Jeunesse hitlérienne ; tu viendras avec moi partout, nous travaillerons ensemble.”
“Nous avons une organisation, disait Gùnter où tout le monde vient. Nous ne savons rien de
la lutte des classes, nous ne voulons pas distinguer bourgeois et ouvriers ; nous connaissons
les bons Allemands, et tous les bons Allemands doivent être dans là Hitlerjugend.” C’était là
le grand mot d’ordre, celui du Fùhrer “Celui aussi, disait Gùnter, que nous appliquons, que
nous réalisons tous les jours. “ »
« Le souvenir le plus marquant est celui que m’a laissé une réunion de toute la Hitlerjugend
du district de Radeberg. Gùnter avait passé beaucoup de temps à la préparer durant ces deux
jours de rassemblement, avec des manifestations de jour et de nuit, j’ai évidemment vu
quelque chose qui fut pour moi une révélation, c’est l’extraordinaire entraînement de ces
garçons aux mouvements d’ensemble. Leurs alignements parfaits me faisaient penser à des
tableaux de revues militaires. Ils le faisaient si aisément, avec tant de respect et apparemment
de facilité que c’était très impressionnant. »
Extrait de « Un étudiant français en Allemagne : Pierre Grappin, souvenirs des années
19341938», dans Le Nazisme et les jeunes, PUN, 1985, pp. 57-72.)
Document 2 : Réunion d’une cellule des Jeunesses Communistes dans les années 1930
« Que signifie faire adhérer au komsomol (1) ? Cela signifie donner au jeune travailleur une
formation marxiste-léniniste, le rendre actif socialement, lui permettre de diriger
idéologiquement un groupe de jeunes, faire en sorte qu’il devienne un modèle pour tous les
autres, aussi bien dans son travail que dans sa vie privée. »
Extrait cité dans N. Werth, Être communiste en URSS sous Staline, coll. Archives, 1981.
Question type sujet de Bac.
Montrer que ces deux documents rendent compte de certaines caractéristiques des régimes
totalitaires. Quel est l’intérêt de leur confrontation ?
Questions « classiques » pour préparer l’exercice en cours :

1. Quels aspects du régime nazi et du régime soviétique illustrent ces deux textes ?
2. La confrontation de ces deux documents met-elle en évidence la spécificité ou les
points communs des régimes concernés ?

Réponses possibles

La réponse attendue à la première question peut mettre en évidence la volonté des deux
régimes d’encadrer la société de la mobiliser au service du pays ou de son peuple ou de son «
guide ».

Cette mobilisation passe par un encadrement de la jeunesse dans des organisations destinées à
montrer la voie, le chemin à suivre, le « modèle ».

Cette mobilisation se structure autour d’une idéologie la défense du « volk » les « bons
Allemands », pour l’Allemagne Nazie ou le marxisme-léninisme pour l’URSS.

L’intérêt de la confrontation des deux documents est de montrer que ces deux textes
permettent de mettre en évidence les points communs des deux régimes « totalitaires », mais
en même temps les spécificités de ceux-ci. La volonté d’encadrer la société de la contrôler, le
rôle de l’idéologie, sa place centrale qui englobe toute la vie d’un individu : « aussi bien dans
son travail que dans sa vie privée » (texte 2) l’accent mis sur la jeunesse porteuse d’un avenir
nouveau qu’il faut forger… mais un discours qui est fondé sur la défense du « volk » le
peuple allemand, sur le rayonnement d’un homme Hitler le « führer », le rejet de la lutte des
classes dans l’Allemagne hitlérienne, un discours sur les « bons Allemands » qui ouvre la voie
au racisme alors que la lutte des classe au cœur du marxisme-léninisme est affirmée dans le
second texte.
Deux textes d’un accès assez facile et qui s’inscrivent bien dans les problématiques de la
question.
Analyse d’un document
Documents : Nazisme et stalinisme, deux régimes « totalitaires » ? Le point de vue d’un
historien.
« […] Au moment où Staline assied définitive ment son pouvoir, Hitler fait main basse sur
l’Allemagne. Au livre des rapports entre communisme et fascisme, ce sont les deux grands
monstres du siècle qui apportent la matière principale.
On peut pour le comprendre partir d’un constat devenu classique : le bolchevisme stalinisé et
le national-socialisme constituent les deux exemples des régimes totalitaires du XXe siècle.
Non seulement ils sont comparables, mais ils forment en quelque sorte à eux deux une
catégorie politique qui a gagné droit de cité depuis Hannah Arendt. J’entends bien que
l’acceptation n’est pas universelle, mais je ne vois pas qu’il ait été proposé de concept plus
opératoire pour définir des régimes où une société atomisée, faite d’individus
systématiquement privés de liens politiques, est soumise au pouvoir « total » d’un parti
idéologique et de son chef. […] l’idée n’entraîne pas que ces régimes soient identiques ou
même comparables sous tous les rapports […] L’Allemagne de Hitler et la Russie de Staline
sont des univers différents. Et l’Allemagne nazie est moins totalitaire en 1937 qu’en 1942,
alors que la terreur stalinienne bat son plein avant et après la guerre plus encore que pendant.
Mais il n’empêche que les deux régimes, et eux seuls, ont en commun d’avoir mis en œuvre la
destruction de l’ordre civil par la soumission absolue des individus à l’idéologie et à la
Terreur du Parti Etat. Dans les deux cas, et dans ces deux cas seuls, la mythologie de l’unité
du peuple dans et par le Parti – Etat, sous la conduite du Guide infaillible, a fait des millions
de victimes et présidé à un désastre si complet qu’elle a brisé l’histoire des deux nations,
l’allemande et la russe, au point d’en rendre la continuité presque impensable. […]. Il est vrai
que la parenté des deux régimes sous l’angle « totalitaire » dément l’apparente simplicité du
contraste selon l’idéologie. L’Allemagne nazie appartient à la famille des régimes fascistes, et
la Russie de Staline à la tradition bolchevique. Hitler a imité Mussolini, alors que Staline a
suivi Lénine. […] Si leur parenté a été le secret de leur complicité, leur antagonisme a donné
tout son éclat à leur affrontement. La Seconde Guerre mondiale, après avoir illustré leur
complicité, a été le théâtre de leur affrontement, dont elle a finalement reçu son sens. ».
François Furet. Le passé d’une illusion, essai sur l’idée communiste au XXe siècle, pages
216-217, Ed. R. Laffont, Paris 1995
Questions de type Bac.
Après avoir situé le document dans le débat historique auquel il se rapporte, dégager le point
de vue de l’auteur dans ce débat et mettez en évidence ses arguments. Montrer l’intérêt et les
limites de ce document pour comprendre cette question historique.
Questions « classiques » pour préparer l’exercice en cours :
1. Dans quel grand débat historique s’inscrit ce texte de F. Furet ?
2. Quel est le point de vue de l’auteur ? Quels sont ses arguments ?
3. Ce texte, à lui seul, permet-il de comprendre tous les enjeux du débat ?

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