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Sujet : Allemagne nazie et URSS. Encadrement de la jeunesse et idéologie.

Document. 1 Le germaniste Pierre Grappin a séjourné en Allemagne en 1934. Il se souvient.


« En 1934, je fis, durant les vacances d’été, mon premier séjour en Allemagne, invité par la
famille de mon correspondant. Mon correspondant s’appelait Gùnter […] Un beau matin
j’étais là depuis quatre jours -, Gùnter m’a dit : “Il faut que je te le dise, je suis membre de la
Jeunesse hitlérienne ; tu viendras avec moi partout, nous travaillerons ensemble.”
“Nous avons une organisation, disait Gùnter où tout le monde vient. Nous ne savons rien de
la lutte des classes, nous ne voulons pas distinguer bourgeois et ouvriers ; nous connaissons
les bons Allemands, et tous les bons Allemands doivent être dans là Hitlerjugend.” C’était là
le grand mot d’ordre, celui du Fùhrer “Celui aussi, disait Gùnter, que nous appliquons, que
nous réalisons tous les jours. “ »
« Le souvenir le plus marquant est celui que m’a laissé une réunion de toute la Hitlerjugend
du district de Radeberg. Gùnter avait passé beaucoup de temps à la préparer durant ces deux
jours de rassemblement, avec des manifestations de jour et de nuit, j’ai évidemment vu
quelque chose qui fut pour moi une révélation, c’est l’extraordinaire entraînement de ces
garçons aux mouvements d’ensemble. Leurs alignements parfaits me faisaient penser à des
tableaux de revues militaires. Ils le faisaient si aisément, avec tant de respect et apparemment
de facilité que c’était très impressionnant. »
Extrait de « Un étudiant français en Allemagne : Pierre Grappin, souvenirs des années
19341938», dans Le Nazisme et les jeunes, PUN, 1985, pp. 57-72.)
Document 2 : Réunion d’une cellule des Jeunesses Communistes dans les années 1930
« Que signifie faire adhérer au komsomol (1) ? Cela signifie donner au jeune travailleur une
formation marxiste-léniniste, le rendre actif socialement, lui permettre de diriger
idéologiquement un groupe de jeunes, faire en sorte qu’il devienne un modèle pour tous les
autres, aussi bien dans son travail que dans sa vie privée. »
Extrait cité dans N. Werth, Être communiste en URSS sous Staline, coll. Archives, 1981.
Document 3 : Nazisme et stalinisme, deux régimes « totalitaires » ? Le point de vue d’un
historien.
« […] Au moment où Staline assied définitive ment son pouvoir, Hitler fait main basse sur
l’Allemagne. Au livre des rapports entre communisme et fascisme, ce sont les deux grands
monstres du siècle qui apportent la matière principale.
On peut pour le comprendre partir d’un constat devenu classique : le bolchevisme stalinisé et
le national-socialisme constituent les deux exemples des régimes totalitaires du XXe siècle.
Non seulement ils sont comparables, mais ils forment en quelque sorte à eux deux une
catégorie politique qui a gagné droit de cité depuis Hannah Arendt. J’entends bien que
l’acceptation n’est pas universelle, mais je ne vois pas qu’il ait été proposé de concept plus
opératoire pour définir des régimes où une société atomisée, faite d’individus
systématiquement privés de liens politiques, est soumise au pouvoir « total » d’un parti
idéologique et de son chef. […] l’idée n’entraîne pas que ces régimes soient identiques ou
même comparables sous tous les rapports […] L’Allemagne de Hitler et la Russie de Staline
sont des univers différents. Et l’Allemagne nazie est moins totalitaire en 1937 qu’en 1942,
alors que la terreur stalinienne bat son plein avant et après la guerre plus encore que pendant.
Mais il n’empêche que les deux régimes, et eux seuls, ont en commun d’avoir mis en œuvre la
destruction de l’ordre civil par la soumission absolue des individus à l’idéologie et à la
Terreur du Parti Etat. Dans les deux cas, et dans ces deux cas seuls, la mythologie de l’unité
du peuple dans et par le Parti – Etat, sous la conduite du Guide infaillible, a fait des millions
de victimes et présidé à un désastre si complet qu’elle a brisé l’histoire des deux nations,
l’allemande et la russe, au point d’en rendre la continuité presque impensable. […]. Il est vrai
que la parenté des deux régimes sous l’angle « totalitaire » dément l’apparente simplicité du
contraste selon l’idéologie. L’Allemagne nazie appartient à la famille des régimes fascistes, et
la Russie de Staline à la tradition bolchevique. Hitler a imité Mussolini, alors que Staline a
suivi Lénine. […] Si leur parenté a été le secret de leur complicité, leur antagonisme a donné
tout son éclat à leur affrontement. La Seconde Guerre mondiale, après avoir illustré leur
complicité, a été le théâtre de leur affrontement, dont elle a finalement reçu son sens. ».
François Furet. Le passé d’une illusion, essai sur l’idée communiste au XXe
siècle, pages 216-217, Ed. R. Laffont, Paris 1995
Partie 1 : Questions

1. Quels aspects du régime nazi et du régime soviétique illustrent ces deux textes ?
2. La confrontation de ces deux documents met-elle en évidence la spécificité ou les
points communs des régimes concernés ?
3. Dans quel grand débat historique s’inscrit ce texte de F. Furet ?
4. Quel est le point de vue de l’auteur ? Quels sont ses arguments ?
5. Ce texte, à lui seul, permet-il de comprendre tous les enjeux du débat ?
Partie 2 : Réponse organisée
À l’aide des documents et de vos connaissances personnelles rédiger une réponse organisée
sur le sujet : le totalitarisme, une idéologie de dictature.

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