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Activité 2 – Dossier « L’Italie fasciste »

1- Biographie
Benito Mussolini naît le 29 juillet 1883 en Italie du Nord, d’un père forgeron très
impliqué dans le socialisme anarchiste et d’une mère institutrice et catholique
pratiquante.
Il exerce le métier d’instituteur et rédige de nombreux articles dans des journaux
socialistes italiens. Dès 1912, il intègre la direction nationale du PSI (Parti socialiste
italien). Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, le PSI défend le principe de la
neutralité absolue au nom de l’internationalisme ouvrier. Mussolini mènant une intense
campagne en faveur de l’intervention, il est expulsé du PSI le 29 novembre 1914.
Le 24 mai 1915, l’Italie déclare la guerre à l’Autriche-Hongrie et Mussolini est appelé
aux armes le 31 août. Un an plus tard, la victoire italienne de Vittorio Veneto marque
la défaite définitive de l’Autriche qui signe l’armistice avec l’Italie le 4 novembre 1918.

VARCIN Élise, Mussolini socialiste (1883-1918) : les années de


formation dans Mussolini socialiste : littérature et religion : Tome I. Anthologie de
textes, 1900-1918, Lyon, ENS Éditions, 2019.

Le Traité de Versailles de 1919 est vécu comme une « paix mutilée » ; il n’accorde pas les territoires austro-hongrois
revendiqués. Mussolini prend la tête d’un mouvement de masse qui regroupe les déçus de la demi-victoire italienne et
tous ceux qui aspirent, comme lui, au retour de la grandeur italienne.
Le 23 mars 1919, Mussolini fonde les Faisceaux italiens de combat. Ces groupes paramilitaires regroupent les laissés-
pour-compte (chômeurs, anciens combattants, etc.) et sont transformées en 1921 en Parti national fasciste.
Le 28 octobre 1922, Mussolini organise une manifestation de force, la marche sur Rome de milliers de fascistes. Le
lendemain, le roi Victor-Emmanuel III le nomme officiellement chef du gouvernement.
De 1922 à 1943, Mussolini est Président du Conseil. Il établit une dictature fasciste en Italie et se fait appeler
le Duce (le « guide » en français). En juin 1940, l’Italie entre en guerre aux côtés de l’Allemagne nazie.

CHAULIN Charlotte, « Mussolini, l’inventeur du fascisme », Géo.fr, 2021.

2- Le siècle des totalitarismes

3- La marche sur
4- Programme du Parti national fasciste (PNF).
Rome
https://www.youtube.co Le fascisme est constitué en parti politique pour renforcer sa discipline et préciser son credo.
m/watch?v=Xn_THq76f La nation n'est pas la simple somme des individus vivants, ni l'instrument des fins des partis,
ms mais [...] la synthèse suprême de toutes les valeurs matérielles et spirituelles de la race. [...]
Les pouvoirs et les fonctions attribués actuellement au Parlement doivent être limités. L'État
est souverain et cette souveraineté ne peut ni ne doit être entamée ou diminuée par l'Église
[...]. Il aspire à l'honneur suprême d'être le gouvernement du pays. Le prestige de l'État
national doit être restauré. [...] L'Italie doit réaffirmer son droit à réaliser sa pleine unité
historique et géographique, même là où elle ne l'a pas encore réalisée : elle doit remplir sa
fonction de bastion de la civilisation latine en méditerranée ; [...] Le fascisme reconnaît la
fonction sociale de la propriété privée qui est à la fois un droit et un devoir. [...] Le PNF agit
pour faire respecter en tous lieux et temps l'interdiction de la grève dans les services publics.

Programme du PNF, le 27 décembre 1921 (pour les élections législatives).


5- Le basculement vers un régime totalitaire.
Le 30 mai 1924, le député socialiste Giacomo Matteotti prononce un discours où il dénonce les nombreuses
irrégularités des élections remportées par Mussolini et exige leur annulation. Il vient de publier un livre, Un an et demi de
domination fasciste, où il établit […] un compte rendu détaillé et glaçant de toutes les exactions commises. En sortant
de la Chambre, il confie à ses camarades : « J’ai fait mon discours. Maintenant, préparez-moi une belle oraison
funèbre. ». Il est assassiné le 10 juin par des militants fascistes.

« Je vous déclare ici en présence de cette assemblée et devant tout le peuple Italien, que j’assume à moi tout seul la
responsabilité politique, morale et historique de tout ce qui est arrivé. (…) Si le fascisme a été une association de
délinquants, si toutes les violences ont été le résultat d’une certaine atmosphère historique, politique et morale, à moi la
responsabilité de tout cela, parce que cette atmosphère, je l’ai créée par une propagande, qui va de l’intervention dans
la guerre jusqu’à aujourd’hui (…). Lorsque deux éléments sont en lutte et lorsqu’ils sont irréductibles, la solution est
dans l’emploi de la force. Il n’y a jamais eu d’autres solutions dans l’histoire et il n’y en aura jamais d’autres. Maintenant,
j’ose dire que le problème sera résolu. Le fascisme, à la fois gouvernement et parti est en pleine puissance. (…) L’Italie,
Messieurs, veut la paix, la tranquillité, le calme laborieux ; nous lui donnerons tout cela, de gré si cela est possible, et de
force si c’est nécessaire. »
Discours de Mussolini devant l’Assemblée, 3 janvier 1925 .
6- La « bataille du blé ».
Benito Mussolini prête main forte lors de la première
récolte dans les Marais pontins asséchés.
Anonyme, le 9 juillet 1934.

Après une courte phase libérale, Mussolini fait le choix


d'une politique dirigiste et autarcique ; [il souhaite alors
assurer l'autosuffisance de l'Italie pour la production du
blé], enjeu de taille car l'alimentation populaire se
compose essentiellement de pain et de pâtes.
La "bataille du blé" est un succès et participe à la
popularité du régime […] : les rendements augmentent
en quelques années de 50 %. La production passe de 50
millions de quintaux en 1924 à près de 80 millions au
début des années trente, permettant à l'Italie de
satisfaire ses besoins à 100 %.

GRENARD Fabrice, « Mussolini participe à la campagne


de battage des blés », Lumni Enseignement.

7- La colonisation de l’Ethiopie.
A la fin de la guerre contre l’Ethiopie, le Duce prend la parole :
« Italiens et Italiennes, dans la Patrie et dans le monde ! Écoutez ! L’Italie possède enfin son empire. Empire fasciste,
parce qu’il porte les signes indestructibles de la volonté et de la puissance du licteur romain, car il est le but vers lequel,
durant quatorze ans, ont été tendues les énergies impétueuses mais disciplinées des jeunes et vaillantes générations
italiennes. Ô Italiens, voici la loi qui clôt une période de notre histoire et en ouvre une autre, comme un immense
passage vers toutes les possibilités de l’avenir :
1) Les territoires et les populations de l’ancien empire d’Éthiopie sont placés sous la souveraineté pleine et entière du
royaume d’Italie ;
2) Le titre d’empereur d’Éthiopie est attribué au roi d’Italie et à ses successeurs.
Levez bien haut, légionnaires, vos drapeaux, vos armes et vos cœurs pour saluer, après quinze siècles, la résurrection
de l’Empire sur les collines fatidiques de Rome. »
Mussolini, discours radiodiffusé depuis la place de Venise, à Rome, 9 mai 1936.
8- L’uniforme fasciste.
Photographie de la famille Scaramella, dont les enfants
portent l’uniforme des jeunesses fascistes.

Traduction : « Duce ! Toujours plus à vos ordres pour la


grandeur de la Patrie »
9- La place des femmes dans l’État.
« La femme doit obéir (…) mon opinion quant à son rôle
dans l’État s’oppose à tous les féminismes. Naturellement
elle ne doit pas être esclave. Mais si je lui concédais le
droit de vote, on se moquerai de moi. Dans notre état elle
ne doit pas compter. »

Benito Mussolini (1931), cité par DE GRAZIA Victoria et


TESTA Chantal, « Fascisme et féminisme latin. Italie,
1922-1945 », Genèses, 5, 1991, p. 107.
Garçons Filles 10- Le fascisme et la jeunesse.
L’enjeu de la jeunesse est capital. Assurer son encadrement afin
4-8 ans Fils de la Louve Filles de la Louve
d’accélérer sa fascisation permet au pouvoir de concourir à son
(à partir de 1934) (à partir de 1934)
avenir politique et à sa stabilité en s’assurant des nouvelles
générations […]. Les groupes de jeunesse fascistes sont
8-14 ans Balillas Petites italiennes regroupés le 3 avril 1926, en l’Opera Nazionale Balilla1, […]
placée sous l’autorité du chef du gouvernement [puis] du
1933 : 386 000 1933 :720 000 ministère de l’Éducation nationale. […] Les activités sont
1939 : 1,7 million 1939 ; 1,6 million diverses et ont lieu le samedi ou pendant les vacances d’été. À
côté d’aspects ludiques, telles des activités et rencontres
14-18 ans Avanguardisti Jeunes italiennes sportives, des visites, des séances de cinéma, ont lieu des
activités plus politiques avec des exercices paramilitaires pour
1933 : 244 000 1933 : 92 000 les Balillas et les Avanguardisti, complétées par des
1939 : 906 785 1939 : 441 254 conférences d’éducation politique.
1. Complémentaire à l'institution scolaire, l'ONB se donne pour objectif
Plus de Jeunes fascistes Jeunes Filles l'assistance et l'éducation physique et morale de la jeunesse.
18 ans (à partir de 1930) fascistes
(à partir de 1930) FORO Philippe, L’Italie fasciste, Armand Colin, 2006.

11- L’archétype de « l’Italien nouveau ».


Primo Carnera est champion du monde de boxe des poids lourds,1933.

Les réussites des sportifs italiens sont mises en avant, particulièrement celles de
Primo Carnera, symbole de l’Italien nouveau. Le résultat sportif est mis au service
d’une approche eugénique1 de la race italienne, celle qui est en marche pour la
conquête de l’Empire.
1. Pratiques visant à sélectionner le patrimoine génétique des générations futures d'une population en
fonction d'un cadre de sélection prédéfini.

FAVERO Jean-Pierre. « La place du sport dans la propagande fasciste à travers la


presse et le cinéma, son impact chez les immigrés italiens de France », Sciences
sociales et sport, vol. 6, no. 1, 2013.

[…] L’homme nouveau [serait] endurci par une accoutumance à la violence,


engendrant un renouveau de l’honneur national italien.

ROBITAILLE Michel-Philippe, résumé du livre Totalitarisme fasciste de Marie-Anne


Matard-Bonucci, Paris, CNRS, Éditions, 2018.

12- La politique de répression.


Plus aucune forme de critique du gouvernement, de l’État et de leurs représentants ne fut autorisée après la loi du 25
novembre 1926, qui rétablit la peine de mort pour les crimes contre la sécurité de l’État et institua un tribunal spécial,
formé de responsables de la Milice et des forces armées, pour juger les crimes contre l’État et le régime […]. Entre 1928
et 1943, le tribunal jugea en outre 5 319 accusés, dont 5 155 furent condamnés à un total de 27 735 années de prison,
parmi lesquels 7 furent condamnés aux travaux forcés à vie. Entre 1926 et 1943, environ 15 000 Italiens furent envoyés
« relégation », c’est-à-dire condamnés à perdre leur travail et leur domicile parce que contraints à vivre loin de leur lieu
de vie habituel. Entre 1922 et 1943, la police ouvrit 114 000 nouveaux dossiers de « subversifs », concernant en
particulier les antifascistes militants, leur famille et les opposants potentiels. La police écrasa les activités clandestines
des groupes antifascistes, les rendant quasiment impossibles après le début des années 1930 grâce à l’action
préventive d’un appareil coercitif efficace qui s’appuyait sur la police traditionnelle et une nouvelle organisation de police
secrète, l’OVRA1, agissant en Italie et à l’étranger parmi les réfugiés antifascistes.
1. Organizzazzione per la Vigilanza e la Repressione dell’Antifascismo (Organisation pour la Surveillance et la Répression de l’Antifascisme).

Emilio Gentile, Qu’est-ce que le fascisme ?, Histoire et interprétation, Gallimard, 2002.

13- Le culte du chef.


Il est le Pays. Que Dieu protège et guide véritablement ses efforts. Nous, les hommes du commun, nous passons. Lui, il
reste. Et la joie de le servir, de l’avoir servi, et de pouvoir le servir encore, là où il voudra, est encore la meilleure
récompense.
Journal de Dino Grandi, ministre italien des Affaires étrangères, 1932.

Tu es notre père, c’est Toi qui nous apprends à vivre. Tu es l’étoile qui éclaire notre chemin. Tu nous apprends à
travailler, à combattre, à mourir avec orgueil et satisfaction ; tant que tu vivras, nous n’aurons peur de rien. Tous devront
se plier à Ta volonté. Tu ne t’es jamais trompé. Tu as toujours raison.

Dissertation d’un jeune fasciste, 15 janvier 1934, cité par Emilio Gentile, Qu’est-ce que le fascisme ?, Gallimard, 2002.

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