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Antisystème

opposition aux principes


sociaux, politiques et
économiques conventionnels
d'une société

Antisystème est un adjectif


qualifiant des personnes, des
groupes ou des partis
politiques portant un discours
critiquant les institutions
politiques dominantes.
La pyramide du système capitaliste,
selon l'organisation syndicale Industrial
Workers of the World, 1911

Dans sons sens implicite, le


terme antisystème s'oppose au
système, le système en
question pouvant notamment
être le système politique ;
l'organisation sociale ; le
système de santé ; le système
financier ; le système
économique ; le système
capitaliste ou encore le
système familial. Dans tous les
cas, il s'agit d'un système
complexe.

La notion d'antisystème reste


vague, contrairement à des
notions plus spécifiques
comme la séparation des
pouvoirs ; le contre-pouvoir,
l'anarchisme,
l'altermondialisme, ou
l'anticapitalisme.
Historique
Le terme est apparu en 1717
quand les quatre frères Paris de
Grenoble tentèrent de renverser
le financier Law (Jean de
Fauriston) et son Système, (le
Système de Law), sous
l'influence des parlementaires[1]
et d'anglo-hollandais[2].
L'antisystème prit fin le
28 octobre 1719[3]. D'après le
dictionnaire Littré, l'antisystème
est un système financier
opposé au système de
financier de Law[4], cependant
un avis publié par la Société
française d'étude du XVIIIe siècle
suggère qu'il ne faut pas
opposer le système à
l'antisystème [5].

D'après l'historien Nicolas


Lebourg, « la dimension
« antisystème » tend à être le
plus petit commun
dénominateur idéologique de la
mouvance d'extrême droite.
Inspiré de la dénonciation du
Systemzeit par les nationalistes
allemands durant les années
1920, qui faisaient de la
République de Weimar un tout
aussi homogène que
malfaisant, ce concept pénètre
les milieux néofascistes
français à partir de 1951. En
1954, il est mis en avant pour
fonder le Rassemblement
national, qui relie une vingtaine
de groupuscules »[6].

En 1960, Jean Maze donne à


l'un de ses livres le titre anti-
système[7] ; il y parle du
système, alors que le pays se
trouve entre le changement
constitutionnel de 1958 et
l'indépendance de l'Algérie en
1962.

En 1973, le PCF utilise le terme


antisystème avec une acception
politique[8].

Giovanni Sartori a défini parti


anti-système en 1976 comme
un parti qui « mine la légitimité
du régime contre lequel il se
dresse » en proposant dans
leur programme une alternative
crédible, suscitant un appétit de
changement chez les électeurs
et produisant des conflits entre
les partis conventionnels[9].
En 2016, le milliardaire Donald
Trump accède à la présidence
des États-Unis, après avoir
martelé durant sa campagne
qu'il était l'ennemi de
l'establishment (les partis
politiques, la presse, etc.)[10] et
avant finalement de revenir sur
plusieurs de ses critiques[11].

Deux catégories de formations


politiques ont pu être définies :
celles, légalistes, qui défendent
leur projet dans l'ordre politique
établi sans le remettre en
question ; et celles, séditieuses,
se tenant à la marge du jeu
politique traditionnel et
entendant heurter de front le
dispositif institué[12].

Aspects politiques
Au sens commun, la notion
d'antisystème regroupe
différentes formes de
populisme: nationalisme,
antiparlementarisme,
dénonciation des « élites »[13].

En Europe des partis qualifiés


ou se qualifiant d’anti-système
sont souvent situés à l'extrême
gauche ou à l'extrême droite du
paysage politique[14].

En 2017, une époque où la


proximité de la « classe
politique » et du monde des
affaires est mal vue, l'étiquette
Antisystème est revendiquée
par les principaux candidats à
l'élection présidentielle
française. Cette étiquette peut
même être revendiquée par
ceux-là même qui incarnent le
système, comme la présidente
du Front national Marine Le
Pen, l’ancien ministre de
l’économie Emmanuel Macron
et le candidat de La France
insoumise Jean-Luc
Mélenchon[15]. L'ancien premier
ministre François Fillon
dénonce également un
système qui l'a discrédité dans
l'affaire dite de Pénélope.

Plusieurs raisons se situant


dans les perceptions des
électeurs ont été évoquées
pour expliquer la part
croissante du vote «anti-
système» également dénommé
vote contestataire :
le tarissement de l'offre
électoraliste (due à la
coopération croissante de
partis majoritaires dans le
cadre de coalitions, comme
en Autriche, aux Pays-Bas et
dans les pays scandinaves,
ou à l'enchaînement
d'alternances dont les
différences de résultats ne
sont pas perçues par une
partie de l'opinion) ;
des repères identitaires de
plus en plus flous (en raison
du déplacement vers le
centre des partis de
gouvernement, et notamment
l'abandon progressif de
partis de gauche
traditionnels dans les
domaines économiques)[16].

Diverses formes d'idées


antisystème existent[17],[18]

le Front national est


antisystème de par
l'opposition des élites au
peuple
Jean-Luc Mélenchon est
antisystème par rapport aux
questions du capitalisme
au NPA (Nouveau parti
anticapitaliste), Philippe
Poutou se considère comme
« seul vrai candidat
(présidentiel) anti-système ».
Nicolas Dupont-Aignan a
repris sur son blog un slogan
des Indignés espagnols : « Je
ne suis pas anti système, le
système est anti moi ».
François Bayrou se
positionne en anti-système
dans sa lutte contre le
système bipartite

Pour l'Institut français d'histoire


sociale, la social démocratie a
abandonné l'antisystème à la
sortie de la seconde guerre
mondiale, pour se convertir au
capitalisme et à l'économie de
marché[19].

Le leader du parti politique


antisionniste, Dieudonné se
revendique également de
l'antisystème, avec lequel il a
développé un système de buzz
basé sur la gestuelle de la
quenelle s'exprimant au travers
d'un bras d'honneur réalisé en
conservant les bras le long du
corps. Cet antisystème se
rapproche de l'antisionisme, de
l'antisémitisme et de l'apologie
du terrorisme[20]. Mais derrière
cet amalgame entre
antisystème et antisémitisme,
certains voient une différence
entre le simple antisystème et
l'antisémitisme [21]. Pour
d'autres, cet antisystème n'est
que le camouflage du racisme
antisémite de Dieudonné[22].
Pour les communistes,
l'antisystème de Dieudonné est
au contraire un système visant
à détourner la colère des
classes populaires de la lutte
anticapitaliste[23],[24].

En Europe Modifier

En Europe, dans les années


1985, l’expression
« mouvement antisystème »
était utilisé par les sociologues
Immanuel Wallerstein et
Giovanni Arrighi, pour désigner
des mouvements hostiles au
capitalisme[25]. Ce mouvement
antisystème s'est transformé
entre 2000 et 2010 pour
s'opposer au néolibéralisme
constitué par la
déréglementation des flux
financiers, la privatisation des
services publics et le
creusement des inégalités
sociales en Europe et aux
États-Unis depuis les années
1980[25].

Certains partis politiques de


droite se classent également
dans une mouvance anti-
système : Rassemblement
national, Parti pour la liberté
(PVV), Parti de la liberté
d'Autriche (FPÖ), Démocrates
de Suède, Parti populaire
danois (DF), Vrais Finlandais,
Alternative pour l'Allemagne
(AfD) et UKIP[25].

En Italie le parti M5S est


également considéré comme
un parti antisystème[25].

Aspects philosophiques
Le discours antisystème est
une manière de gagner en
notoriété. Certaines personnes
en bonne position dans le
système économique
— comme Donald Trump — se
font les chantres de
l'antisystème et fondent leur
discours sur la notion de
«système truqué». La notion
d'antisystème fait naître des
paradoxes de par le fait même
que le caractère antisystème,
naît, incarne ou fait naître un
nouveau système. Ainsi,
l'antisystème est un
système[26].

D'un point de vue


philosophique, un système
philosophique est associé à
Hegel. Ce système prévoit le
ressentiment et la colère
— c'est-à-dire l'antisystème —
ainsi, lorsque le ressentiment et
la colère deviennent visibles,
elles confirment le système qui
l'avait prévu. Ainsi, la
contestation du système est
prévue par le système lui-
même[26].

D'autres philosophes après


Hegel, comme Kierkegaard ou
Sartre ou Adorno peuvent être
considérés comme
antisystème car ils ne se
fondent pas sur ce système de
Hegel[26].
Lorsque la philosophie
antisystème est transposée sur
les questions politiques elle est
utilisée pour critiquer l’État et le
marché. Dans l'idée,
l’antisystème de droite critique
l’État alors que l’antisystème de
gauche critique le marché, mais
les nuances sont multiples[26].

Ceux qui souffrent du système


y sont liés par un lien de
dépendance: de ce fait, seules
deux possibilités existent:
conserver le système et le
subir, ou dénoncer le système
et en subir les
conséquences[26].

En pratique, des aléas et de


facteurs humains sont de
nature à remettre en question
le système en compromettant
les logiques de la domination
du système[26].

Voir aussi
Cabale
Démagogie
Désinformation
Dissidence
Establishment
Gouvernance des systèmes
d'information
Populisme (politique)
Pouvoir politique
Théorie du complot

Références
1. Gazette littéraire : revue
française et étrangère de la
littérature, des sciences,
des beaux-arts, etc.
https://gallica.bnf.fr
/ark:/12148/bpt6k51663s
/f426.image
2. Jules (1798-1874)
Michelet, Histoire de
France. Tome 17 / par M.
Michelet,... (lire en ligne )
3. Histoire de la Banque de
France et des principales
institutions françaises de
crédit depuis 1716 / par
Alphonse Courtois fils
(1825-1899)
https://gallica.bnf.fr
/ark:/12148
/bpt6k5724346h
/f31.image
4. Dictionnaire de la langue
française : supplément... /
par E. Littré ; par Marcel
Devic https://gallica.bnf.fr
/ark:/12148
/bpt6k5406583t
/f26.image
5. Dix-huitième siècle : revue
annuelle / publiée par la
Société française d'étude
du XVIIIe siècle
https://gallica.bnf.fr
/ark:/12148
/bpt6k32744m/f401.item
6. Nicolas Lebourg, « Le Front
national et la galaxie des
extrêmes droites
radicales », dans Sylvain
Crépon, Alexandre Dézé,
Nonna Mayer, Les Faux-
semblants du Front
national : sociologie d'un
parti politique, Presses de
Sciences Po, 2015, p.
121-122
7. Maxime (1873-1957)
Auteur du texte Leroy et
Institut d'histoire sociale
(Nanterre) Auteur du texte,
« Le Contrat social : revue
historique et critique des
faits et des idées » , sur
Gallica, 1er juillet 1960
(consulté le
11 novembre 2016)
8. Études : revue fondée en
1856 par des Pères de la
Compagnie de Jésus
https://gallica.bnf.fr
/ark:/12148
/bpt6k441879b/f25.item
9. Roger Antoine, « Les partis
anti-système dans la
Roumanie post-
communiste », Revue
d'études comparatives Est-
Ouest, vol. 31, no 2, 2000,
p. 101-136
(DOI
10.3406/receo.2000.3027,
lire en ligne , consulté le
3 décembre 2014).
10. Trump face à son public
qui veut renverser
« l’establishment » , Le
Monde, 18 février 2016
11. Une semaine après son
élection, Trump fait déjà
marche arrière sur des
dossiers-clés , Le Monde,
15 novembre 2016
12. ((eenn)) Eva Kolinski et Gordon
Smith, Opposition in
Western Europe : Party and
Protest: Two Faces of
Opposition in Western
Europe, Londres, Croom
Helm, 1987, pp. 49-72.
13. « 1179 », Courrier
international, 10 juin 2013
(lire en ligne , consulté le
11 novembre 2016)
14. Neumayer Laure,
« Opinions publiques et
partis politiques face à
l'intégration européenne
en Hongrie, Pologne et
République tchèque »,
Revue d’études
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Dossier: "retours sur le
passé", vol. 30, no 1, 1999,
p. 139-164
(DOI
10.3406/receo.1999.2958,
lire en ligne , consulté le
3 décembre 2014).
15. Olivier Faye, Cédric
Pietralunga, Raphaëlle
Besse Desmoulières et
Matthieu Goar, « En 2017,
l’« antisystème » s’impose
comme une stratégie de
conquête du pouvoir », Le
Monde.fr, 4 février 2017
(ISSN 1950-6244, lire en
ligne , consulté le
4 février 2017)
16. « La flambée du vote
« anti-système »
Stratégies et
perspectives d'évolution
des droites extrêmes » ,
cnrs.fr (consulté le
3 décembre 2014).
17. « Être "anti-système", ça
veut dire quoi ? - Société -
La Vie » , sur www.lavie.fr
(consulté le
11 novembre 2016)
18. Olivier Faye, Alexandre
Lemarié, Raphaëlle Besse
Desmoulières, Cédric
Pietralunga et Matthieu
Goar, « Présidentielle :
comment les candidats se
sont convertis à la critique
du « système » », Le
Monde.fr, 19 avril 2017
(ISSN 1950-6244, lire en
ligne , consulté le
19 avril 2017)
19. Le Mouvement social :
bulletin trimestriel de
l'Institut français d'histoire
sociale
20. « Dieudonné à Téhéran
pour remettre une
Quenelle d’or à
« l’antisioniste »
Ahmadinejad » , sur
Nouvelles d'Iran (consulté
le 11 novembre 2016)
21. La quenelle antisémite ou
anti-système? Les chiffres
ne mentent pas
https://www.huffingtonpo
st.fr/alberic-guigou
/quenelle-
antisemite_b_4519651.ht
ml
22. Se prétendant antisioniste,
de quoi Dieudonné est-il
vraiment le nom ?
http://blog.francetvinfo.fr
/scenes-politiques
/2013/12/30/se-
pretendant-antisioniste-
de-quoi-dieudonne-est-il-
vraiment-le-nom.html
23. Dieudonné anti-système ?
Quelle plaisanterie !
http://www.jeunes-
communistes.org
/2014/01/16-dieudonn
%C3%A9-anti-syst%C3
%A8me-quelle-
plaisanterie-10431
24. Dieudonné : vous avez dit
anti-système ?
http://internationalistes.bl
ogspot.fr/2014/09
/dieudonne-vous-avez-dit-
anti-systeme.html
25. https://www.monde-
diplomatique.fr/2017/03
/ANDERSON/57243
26. Michaël Foessel, « Trump :
comment être milliardaire
et antisystème ? »,
Libération.fr,
3 novembre 2016 (lire en
ligne , consulté le
10 novembre 2016)

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