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Introduction

Le système fiscal mauritanien a été mis en place en 1957 en remplacement des


impôts coloniaux. Il vise essentiellement à amener les citoyens à participer au financement des
dépenses des collectivités publiques. En plus de la fiscalité d’Etat, le législateur avait prévu une
fiscalité communale depuis 1960. Les municipalités sont financées par des impôts et taxes
propres à elles et des transferts effectués par l’Etat.
Le caractère légal de l’impôt, qui constitue une certaine garantie de stabilité et de
justice fiscale, a toujours été proclamé par les constitutions successives. Il signifie que l’impôt
ne peut être prévu que par une loi. Déjà la constitution de 1991 avait rangé l’assiette, la
liquidation et le recouvrement des impôts de toute nature dans le domaine de la loi.
La fiscalité d’Etat est composée des impôts intérieurs et des droits et taxes
douanières. Les premières sont prévus par le Code Général des Impôts alors que les seconds sont
contenus dans le code des Douanes. Les impôts et taxes communaux sont prévus au Code
Général des Impôts.
Ce cours se présente en deux chapitres après un chapitre introductif. Le premier
chapitre porte sur les impôts directs et le second traite des impôts indirects.

1. Définition de l’impôt
L’impôt peut être définit comme étant une prestation pécuniaire prélevée des
particuliers par voie d’autorité, sans contrepartie, de façon définitive, pour couvrir les
charges publiques.
Les caractéristiques de l’impôt se détaillent comme suit :
1) Le caractère pécuniaire de l'impôt :
L'impôt est payé en argent ayant cours légal. Il ne peut faire l'objet de dation en
paiement.
2) L'absence de contrepartie directe :
L'impôt est dû sans contrepartie. Il n'est pas la rémunération d'un service ou
d'un bien reçu en échange mais la participation par voie d'autorité au financement de l'Etat.
3) Le caractère définitif de l'impôt :
Contrairement à l’emprunt, l’impôt est payé à titre définitif. Il ne peut faire l’objet
de remboursement. Néanmoins, lorsqu’il est payé par erreur, l’impôt indu est remboursable
sur demande écrite et motivée déposée auprès des services compétents de l’administration
fiscale dans un délai règlementaire. Le caractère définitif de l’impôt connaît certains
aménagements dans les systèmes fiscaux des pays développés.
4) Le caractère obligatoire des impositions :
L'impôt est un acte de puissance publique ; son prélèvement est établi et perçu
par voie d'autorité. Le caractère autoritaire des impositions signifie tout simplement que le
contribuable est dans l'obligation de s'y conformer. Il le fait, le plus souvent spontanément,
sans la menace du recours à la contrainte par la puissance publique. Pour sa part, la
puissance publique limite le recours à la contrainte aux contribuables qui font preuve de
mauvaise volonté après plusieurs démarches de mise en demeure.
Le caractère obligatoire des impositions implique l'application de pénalités aux
contribuables qui ne remplissent pas leurs obligations selon les règles et dans les délais
impartis.
5) La finalité de couverture des charges publiques :
Selon la constitution de 1991, l'impôt est prélevé en vue de faire face aux
dépenses nécessaires au fonctionnement de l'État. Il ne peut, par conséquent, être prélevé
que dans le cadre de l'autorisation donnée annuellement au gouvernement par la loi des
finances.
L'impôt doit être voté par l’Assemblée nationale qui peut, néanmoins. Le vote des
députés exprime le consentement populaire à l'impôt.
2. Les fonctions de l’Impôt
Les finances publiques jouent un rôle capital dans l’ordre économique et social d’un pays.
Elles permettent à l’Etat de fonctionner notamment en faisant face aux dépenses de
fonctionnement et d’investissements nécessitées par la mise en œuvre et le financement des
services publics fondamentaux tels que : la défense du territoire, la sécurité des citoyens, la
formation, la santé, etc... De même qu’elles permettent de contribuer au financement des
infrastructures si nécessaires au développement économique et social : routes, écoles, lycées
et universités, hôpitaux, télécommunication, etc...
On attribue, généralement, trois fonctions à l’impôt :
▪ Une fonction financière,
▪ Une fonction économique,
▪ Une fonction sociale.

1) La fonction financière de l’impôt


La première fonction de l’impôt est d’assurer la couverture des charges publiques. “Il existe
des charges, il faut les couvrir” écrit le professeur Gaston Jèse.
Le système fiscal remplit d’autant mieux cette fonction qu'il comporte un nombre réduit
d’imposition d'un bon rendement. Le rendement fiscal est fonction de l'étendue de l’assiette
(champ de couverture de l'imposition) et des taux d’imposition : Rendement fiscal = Assiette
totale liée au champ de couverture de l'impôt x Taux d'imposition Moins le champ de
couverture de l’assiette est large, plus les taux d'imposition doivent être élevés pour qu’un
impôt ait un bon rendement. Or lorsque les taux sont élevés, la fraude et l’évasion fiscale se
développent et réduisent l’assiette.

2) La fonction économique de l’impôt


L’impôt est souvent utilisé comme instrument de politique économique. Le rôle économique
de l’impôt prend une dimension de plus en plus importante dans la détermination des
politiques fiscales.
Le courant keynésien prône une intervention active de l’Etat, à travers la politique fiscale,
dans l’activité économique.
Les recettes fiscales utilisées pour financer les investissements en ressources humaines
(éducation, formation, santé, etc...) et en infrastructure (routes, communications,
équipements collectifs, etc...) constituent de véritables investissements créateurs de
richesses.
Certains courants de pensée considèrent, néanmoins, que l'intervention de l'Etat doit rester
résiduelle pour se limiter aux investissements d'utilité collective que le secteur privé ne peut
entreprendre pour défaut d'intérêt ou par manque de moyens (faible concentration du
capital). Pour ces courants, aujourd'hui dominants, la meilleure des impositions est la plus
légère.

3) La fonction sociale de l’impôt


La fonction sociale de l'impôt comporte deux aspects qui se rattachent à l’assiette de l’impôt
et à la dépenses publiques portant sur les recettes fiscales.
- L'aspect relatif à l’équité fiscale : la Constitution mauritanienne de 1991 limite la
contribution à la couverture de charges publiques par la capacité contributive. Il s’en suit
que les pauvres doivent payer moins que les riches. Les techniques de progressivité et de
proportionnalité des tarifs sont souvent employées pour la liquidation de l’impôt. Elles
permettent de prendre en compte le niveau du revenu ou du capital dans la contribution au
financement des dépenses publiques.
- Et la recherche d'une régulation sociale par le biais de la redistribution des revenus.
La fiscalité est le moyen essentiel de la redistribution de la richesse. Il permet la répartition
secondaire des revenus après la répartition primaire qui est le résultat de l’activité
économique.
3. Les techniques d’imposition
Le processus d’imposition passe habituellement par trois phases à savoir l’assiette, la
liquidation et me recouvrement. Il fait intervenir plusieurs personnes habilitées à exercer
ces différentes compétences.

1) L’Assiette :
L’assiette d'un impôt consiste en la détermination de sa base imposable. Cette
détermination se fait en appliquant les dispositions légales régissant l’impôt concerné.
La première délimitation opérée se rapporte au champ d’application. Celui-ci est
globalement fixé par la loi en distinguant des impôts sur le revenu des impôts sur la
consommation.
Les impôts sur le revenu sont assis sur le revenu tiré par le contribuable d’une
activité économique. Le système fiscal mauritanien prévoyait jusqu’à très récemment des
impôts cédulaires portant sur les différentes catégories de Revenus, complétés par un Impôt
Général sur le revenu (IGR), notamment :
▪ L’impôt sur le Bénéfice Industriel et commercial (BIC);
▪ L’impôt sur le Bénéfice Non commercial (BNC);
▪ L’impôt sur les Traitements et salaires (ITS) ;
▪ L’impôt sur le revenu des Capitaux Mobiliers (IRCM);
▪ L’impôt sur le revenu Foncier (IRF).
Une réforme de 2019 a supprimé l’IGR, le BIC et le BNC. Elle les a remplacés par
deux impôts, à savoir :
▪ L’impôt sur les Sociétés ;
▪ L’impôt sur le Bénéfice d’Affaires des Personnes Physiques (IBAPP);
Les impôts sur la consommation comprennent la TVA, les accises et les taxes
douanières. Elles s’appliquent sur l’utilisation du Revenu (la Consommation). Alors que les
accises sont propres à certaines consommations, comme l’acquisition de produits pétroliers
ou de tabacs, la TVA un impôt général.
Une fois fixée la matière imposable, la loi peut exclure quelques éléments de cette
matière imposable. Cette exclusion se fait au moyen des exonérations, déductions ou
réductions fiscales autorisées. Des personnes peuvent même être exonérées de payer
l’impôt.
En troisième lieu, le fait générateur de l’impôt en question est défini. Celui-ci est
constitué par l'événement ou l'acte qui fait naître la dette vis à vis du fisc.
La fixation de la territorialité est capitale. Le CGI fixe pour chaque impôt les
conditions de son application territoriale. Des conventions de non double imposition ont été
signées par la Mauritanie avec la France, le Sénégal, la Tunisie et d’autres pays arabes.
La loi fixe également la date d'exigibilité de l'impôt qui constitue le moment de la
naissance de l'obligation de déclarer l'impôt ou la date à partir de laquelle le fisc est en droit
de le réclamer.
Une fois la base imposable connue, il s’impose de liquider l’impôt concerné.

2) La liquidation :
Liquider l'impôt, c'est procéder aux différentes opérations de détermination et
de calcul en vue d'arrêter le montant net dû au trésor. Pour ce faire, le législateur prévoit
pour chaque impôt un mode de calcul approprié. Il retient globalement deux procédés :
▪ La proportionnalité : en fixant un ou plusieurs taux à appliquer à la base
imposable (unifiée) pour déterminer l’impôt. Ce procédé est prévu
pour la quasi-totalité des impôts en Mauritanie ;
▪ La progressivité : le législateur décide quelques fois de subdiviser la
base imposable en plusieurs tranches qu’il soumet à des taux différents.
Il réserve le taux faible aux revenus faibles et vice versa. Seul l’ITS est
actuellement progressif en Mauritanie.
Pour faciliter l’assiette et la liquidation des différents impôts, le législateur a
rendu le système fiscal déclaratif. Il offre ainsi au contribuable la possibilité d’asseoir et de
calculer lui-même l’impôt qu’il doit à l’Etat, sous réserve d’un droit de contrôle qu’il
reconnait au fisc. Il fait face, à ce moment, à l’Inspecteur des Impôts qui peut effectuer son
contrôle sur pièces ou en se déplaçant chez l’assujetti.
Dans le même ordre d’idées, le législateur est amené à designer un contribuable
légal qui doit retenir à la source les impôts dus par leurs redevables réels.
Toutefois, le législateur ne met pas les contribuables au même pied d’égalité en
matière de déclaration. Ceux-ci sont classés suivant leurs chiffres d’affaires et leurs formes
juridiques en régime du réel normal, régime du réel intermédiaire et régime du forfait.

3) Le paiement- Recouvrement
Le recouvrement est l’opération qui consiste à encaisser l’impôt et le faire rentrer
dans la caisse du trésor.
Le recouvrement peut être concomitant avec la détermination de l’impôt. Il est
alors dit spontané. Dans ce cas, lorsque le fait générateur se produit et que l’impôt devient
exigible, le contribuable dépose sa déclaration fiscale accompagnée du règlement.
Le recouvrement peut aussi être fractionné en plusieurs échéances (paiement du
reliquat de l'impôt sur le revenu en deux fractions de 50% ou paiement du forfait optionnel
de 1.500 D en une, deux, trois ou quatre fractions). Le recouvrement est souvent effectué par
voie de retenues à la source et avances. Dans ce cas, la retenue est le plus souvent constitutive
d'un crédit imputable sur les impôts dus par la personne qui subit la retenue (IR - IS ou TVA).
Mais la retenue peut aussi être libératoire ou définitive. Le recouvrement peut aussi être
concomitant avec la détermination de l'impôt mais au lieu d’un paiement au comptant, le
paiement s’effectue par un effet à échéance dont le paiement est garanti par une banque. Cet
effet est dit obligation cautionnée. Ce procédé est exclusivement utilisé pour le paiement des
droits dus à l'importation.
Le recouvrement peut enfin être forcé, en cas de défaillance déclarative du
contribuable. L’impôt est alors déterminé par l’administration puis recouvré par voie d’avis
de mise en recouvrement.
Enfin, le contribuable est en droit de recourir contre les décisions de
l’administration fiscale dont il s’estime victime. Il doit avant de saisir la justice compétente
saisir la DGI demandant son rétablissement dans ses droits.
Chapitre 2 : Les impôts directs
Le système fiscal mauritanien reposait jusqu’à très récemment sur le principe
d’imposition des revenus suivant leurs sources. Plusieurs impôts cédulaires ont été institués
depuis 1957. Ils portaient sur le Bénéfice, le salaire, le loyer et le revenu des placement. Ils
étaient complétés par un impôt Général sur l’ensemble des revenus détenus par le
contribuable concerné afin de garantir une équité horizontale de l’imposition des revenus.
Le système prévoyait également des taxes assimilées aux impôts directs. Ils se présentent
jusqu’a très récemment comme suit :

o Les impôts cédulaires


▪ Impôt sur le Bénéfice Industriel et Commercial (BIC) ;
▪ Impôt sur le Bénéfice non Commercial (BNC) ;
▪ Impôt sur le Revenu des Capitaux Mobiliers (IRCM) ;
▪ Impôt sur les Traitements et Salaires et rentes viagères (ITS) ;
▪ L’Impôt sur le Revenu Foncier (IRF) ;
o L’Impôt Général sur le Revenu (IGR)
o Taxes assimilées
▪ La taxe d’Apprentissage
▪ La Taxe sur les véhicules automobiles

Le législateur n’a cessé, au cours de cette période, de modifier les dispositions


régissant ces différents impôts pour accroitre leur rendement. Il avait, à ce titre, institué en
1962 le fameux IMF pour combler les insuffisances de l’administration en matière d’assiette
du BIC. L’année 1970 a été marquée par la seconde codification qui avait réuni l’ensemble
des lois fiscales dans un document unique : Le Code Général des Impôts. Celui-ci a été modifié
à deux reprises en 1983 et en 2019.
Nous essayerons ci-après de présenter successivement les principaux impôts
directs.

Section 1 : Impôt sur les Sociétés (IS)

Un impôt sur les sociétés a été institué en 2019. Il constitue une scission du BIC-
BNC propre aux sociétés. L’IS, dont les principales caractéristiques sont les suivantes, est un
aboutissement normal du système fiscal mauritanien dans son évolution, à l’instar du
système français. Il apporte plusieurs innovations et tente de résoudre certains problèmes
posés antérieurement notamment l’IMF.
Personnes et produits imposables à l’IS
L’imposition à l’IS peut être consécutive à l’activité exercée par le contribuable ou
tout simplement dépendre de sa forme juridique.

Sont passibles de l’impôt sur les sociétés en raison de leur forme juridique :

• Les sociétés de capitaux ou assimilées quel que soit leur objet, notamment les
sociétés anonymes et les sociétés à responsabilité limitée y compris celles ne
comprenant qu’un associé unique ;
• Les sociétés en nom collectif, les sociétés en commandite simple, les sociétés
en participation et les Groupements d’intérêt économique.

Sont imposables à l’impôt sur les sociétés en raison de leurs activités :

• Les établissements publics, les organismes de l’État ou des collectivités


territoriales, qui jouissent de l’autonomie financière et se livrent à une activité
à caractère industriel ou commercial ou à des opérations à caractère lucratif ;
• Les fonds créés par voie législative ou réglementaire ne jouissant pas de la
personnalité morale et dont la gestion est confiée à des organismes de droit
public ou privé, lorsque ces fonds ne sont pas expressément exonérés par une
disposition d’ordre législatif.
• Les sociétés civiles quelle que soit leur forme qui :

a) se livrent à une exploitation ou à des opérations de nature


commerciale, industrielle, artisanale ou agricole, notamment ;
b) se livrent à une exploitation ou à des opérations économiques non
commerciales ;
c) comprennent parmi leurs membres une ou plusieurs sociétés de
capitaux ou qui ont opté pour ce régime d’imposition.
Sont exonérés de l’impôt sur les sociétés :

a) les sociétés et organismes à caractère coopératif agréés


conformément à la loi n°67-171 du 18 juillet 1967 ;

b) les organisations non gouvernementales ;

c) les Groupements d’intérêts économiques. Toutefois, les membres des


groupements d’intérêts économiques sont soumis, chacun pour sa part
de bénéfice issu du groupement, à l’impôt sur les bénéfices dont ils
relèvent ;

d) les établissements publics de l’État ou des collectivités territoriales


sans but lucratif.

Toutefois, les sociétés et autres personnes morales exonérées ci-haut, à


l’exception des Groupements d’intérêts économiques, deviennent imposables à l’impôt sur
les sociétés pour les bénéfices qu’elles réalisent dans le cadre d’opérations lucratives dans
un secteur économique concurrentiel.

Les personnes assujetties à l’IS doivent avoir réalisé l’une ou l’autre des
opérations imposables ci-après (article 8 du CGI) :

o Les ventes et les recettes ;


o Les produits divers ou exceptionnels ;
o Les revenus ou prestations accessoires ;
o Les produits financiers et revenus bruts des capitaux mobiliers ;
o Les produits de la location des immeubles bâtis et non bâtis, y compris les revenus
accessoires
o Les bonis sur reprises et cessions d’emballages ;
o Les travaux faits par l’entreprise pour elle‐même ;
o Les subventions d’exploitation et les subventions d’équilibre ;
o Les travaux en cours, évalués au prix de revient ;
o Les reprises et les transferts de charges ;
o Les dégrèvements obtenus de l’administration au titre des impôts déductibles ;
o Les plus‐values de cessions d’éléments de l’actif immobilisé ;
o Les gains de change.

Période d’imposition
L’impôt est établi chaque année sur les bénéfices réalisés l’année précédente. Les
contribuables sont tenus d’arrêter chaque année leurs comptes à la date du 31 décembre,
sauf en cas de cession ou de cessation d’activités en cours d’année.

Les entreprises nouvelles qui ont commencé leurs activités au cours de l’année
peuvent arrêter leur premier bilan à la fin de l’année suivante. Elles sont alors tenues
d’établir au 31 décembre de l’année du début de l’activité un compte d’exploitation
provisoire dont les résultats seront immédiatement taxés. Cette imposition sera déduite de
celle établie sur les résultats du premier bilan arrêté. Lorsqu’il est dressé des bilans
successifs au cours d’une même année, les résultats en sont totalisés pour l’assiette de
l’impôt.

Liquidation et paiement de l’IS


Pour les sociétés soumises au régime du bénéfice réel normal, l’impôt sur les
sociétés dû est égal à 25 % du bénéfice net imposable ou à 2 % des produits imposables
définis à l’article 8 du CGI exceptés les transferts et reprises de charges si ce dernier montant
est supérieur au premier.
Pour les contribuables visés à l’article 225 relevant du régime du bénéfice réel
normal, l’impôt dû est égal à 25 % du bénéfice net imposable ou à 2 % de la commission ou
marge perçue si ce dernier montant est supérieur au premier. Il s’agit des contribuables
exerçant :

▪ Les activités de reventes de cartes téléphoniques et d’abonnements


audiovisuels, à la condition que le prix de revente soit imposé par le
fournisseur ;
▪ Les prestations des agences de voyage ;
▪ Les ventes de biens d’occasion acquis auprès de non assujettis, réalisées par
les négociants en biens d’occasion ;
▪ Les activités des entrepreneurs de main‐d’œuvre.

Le minimum de perception de l’impôt IS est fixé à cent mille (100.000) Ouguiya


MRU pour les contribuables relevant du régime du bénéfice réel normal.

En ce qui concerne les sociétés soumises au régime du bénéfice réel


intermédiaire, l’impôt sur les sociétés dû est égal à 25 % du bénéfice net imposable ou à 2,5
% des produits imposables définis à l’article 8 du CGI exceptés les transferts et reprises de
charges si ce dernier montant est supérieur au premier.

Pour les contribuables soumises à la taxe sur la valeur ajoutée sur la marge (visés
à l’article 225 du CGI) relevant du régime du bénéfice réel intermédiaire, l’impôt dû est égal
à 25 % du bénéfice net imposable ou à 2,5 % de la commission ou marge perçue si ce dernier
montant est supérieur au premier. Il s’agit des contribuables réalisant les opérations :

o Les activités de reventes de cartes téléphoniques et d’abonnements audiovisuels, à la condition que


le prix de revente soit imposé par le fournisseur ;
o Les prestations des agences de voyage ;
o Les ventes de biens d’occasion acquis auprès de non assujettis, réalisées par les négociants en biens
d’occasion ;
o Les activités des entrepreneurs de main‐d’œuvre.

S’agissant des sociétés soumises au régime du bénéfice réel normal ou


intermédiaire dont les bénéfices proviennent de la pêche artisanale, l’impôt sur les sociétés
dû est égal à 25 % du bénéfice net imposable.

Concernant les assujettis qui se livrent au transport terrestre de personnes, de


marchandises ou à la location de véhicules, quel que soit leur régime d’imposition, l’impôt
sur les sociétés dû est égal à 25 % du bénéfice net imposable ou au montant fixé par véhicule
selon le barème ci-après si ce dernier montant est supérieur au premier :

1° véhicules, quel qu’en soit le genre, de moins de 9 places assurant les liaisons
interurbaines ou urbaines, d’âge :

o Inférieur ou égal à 5 ans : 1.200 Ouguiya


o Compris entre 5 et 10 ans : 900 Ouguiya
o Supérieur à 10 ans : 600 Ouguiya

2° véhicules quel qu’en soit le genre, de plus de 9 places assurant les liaisons
interurbaines ou urbaines, d’âge :

o Inférieur ou égal à 5 ans : 2.000 Ouguiya,


o Compris entre 5 et 10 ans : 1.500 Ouguiya,
o Supérieur à 10 ans : 1.000 Ouguiya

3° véhicules utilitaires d’une charge utile inférieure ou égale à 8 t, d’âge :

o Inférieur ou égal à 5 ans : 3.500 Ouguiya ;


o Compris entre 5 et 10 ans : 2.500 Ouguiya ;
o Supérieur à 10 ans : 1.500 Ouguiya

4° véhicules utilitaires d’une charge utile allant de 8 à 12 t, d’âge :

o Inférieur ou égal à 5 ans : 4.500 Ouguiya


o Compris entre 5 et 10 ans : 3.500 Ouguiya
o Supérieur à 10 ans : 2.000 Ouguiya

5° véhicules utilitaires d’une charge utile supérieure à 12 t, d’âge :

o Inférieur ou égal à 5 ans : 7.500 Ouguiya


o Compris entre 5 et 10 ans : 5.000 Ouguiya
o Supérieur à 10 ans : 3.000 Ouguiya

6° véhicules utilitaires (tri cycle) d’une charge utile inférieure ou égale à 4 t,


d’âge :

o Inférieur ou égal à 5 ans : 1.800 Ouguiya ;


o Compris entre 5 et 10 ans : 1.400 Ouguiya ;
o Supérieur à 10 ans : 1.000 Ouguiya.

Section 2 : Impôt sur les Bénéfices d’Affaire des Personnes Physiques (IBAPP)

Le législateur a choisi de soumettre les entreprises individuelles à un impôts


propres qui les distinguent des sociétés. Il met fin ainsi à la dualité du traitement qui
caractérisait le BIC le rendant plus complexe. Faisant ainsi, il reporte l’institution d’un Impôt
sur les revenues des personnes physiques et d’un système fiscal dual à plus tard. Il fait état
d’une crainte de voir les recettes fiscales érodées par la suppression ipso facto des impôts
cédulaires existants, malgré les propositions des missions du FMI.

Personnes et bases imposables à l’IBAPP

Sont passibles de l’impôt sur les bénéfices d’affaires :

▪ Les personnes physiques ou assimilées ;


▪ Les sociétés de fait.

Une option est ouverte aux sociétés en nom collectif, les sociétés en commandite
simple et les sociétés en participation. Pour être valable, l’option doit être signée par tous les
associés et notifiée au service du lieu d’imposition dans les trois mois du début de l’exercice
fiscal.

1) Dans les sociétés en nom collectif, les sociétés de fait et les indivisions qui ont
opté à l’IBAPP, chacun des associés ou indivisaires est personnellement imposé pour la part
de bénéfices sociaux correspondant à ses droits dans la société ou l’indivision.
2) Dans les sociétés en commandite simple qui ont opté à l’impôt sur les bénéfices
des personnes physiques, l’impôt est établi au nom de chacun des commandités pour sa part
respective des bénéfices et pour le surplus au nom de la société. Les impositions ainsi
comprises dans les rôles aux noms des associés n’en demeurent pas moins des dettes
sociales.
3) Dans les associations en participation qui ont opté à l’impôt sur les bénéfices
des personnes physiques, l’impôt est établi au nom de chacun des participants dont l’identité
et la part dans la répartition des bénéfices de la participation ont été communiquées à
l’administration fiscale. À défaut, l’impôt est établi au nom du ou des gérants connus de
l’administration fiscale.

Période et lieu d’imposition

Les personnes physiques ou assimilées sont imposées pour l’ensemble de leurs


activités imposables en Mauritanie, au lieu de leur siège social ou au lieu de leur principal
établissement. Celles dont le siège social est situé hors de la Mauritanie sont imposées au
lieu de leur principal établissement en Mauritanie.

L’impôt est établi chaque année sur les bénéfices réalisés l’année précédente. Les
contribuables sont tenus d’arrêter chaque année leurs comptes à la date du 31 décembre,
sauf en cas de cession ou de cessation d’activités en cours d’année. Les entreprises nouvelles
qui ont commencé leurs activités au cours de l’année peuvent arrêter leur premier bilan à la
fin de l’année suivante. Elles sont alors tenues d’établir au 31 décembre de l’année du début
de l’activité un compte d’exploitation provisoire dont les résultats seront immédiatement
taxés. Cette imposition sera déduite de celle établie sur les résultats du premier bilan arrêté.
Lorsqu’il est dressé des bilans successifs au cours d’une même année, les résultats en sont
totalisés pour l’assiette de l’impôt.

La liquidation de l’IBAPP

Les bénéfices passibles de l’IBAPP sont déterminés dans les conditions prévues
en matière d’impôt sur les sociétés en tenant compte uniquement des bénéfices réalisés en
Mauritanie ainsi que ceux dont l’imposition est attribuée à la Mauritanie par une convention
internationale relative aux non doubles impositions. Toutefois, le contribuable n’est pas
autorisé à :

o Prendre en compte les gains ou pertes de change ;


o Déduire des frais de siège ;
o Déduire des libéralités, dons, subventions ;
o Déduire des amortissements « réputés différés » en période déficitaire ;
o Pratiquer sur ses immobilisations un amortissement accéléré ou dégressif ;
o Déduire les provisions.

L’IBAPP relevant du régime réel normal ou du régime réel intermédiaire est égal à 30 % du
bénéfice net imposable ou à 2,5 % des produits imposables exceptés les transferts et reprises
de charges si ce dernier montant est supérieur au premier.

Concernant les contribuables qui se livrent au transport terrestre de personnes, de marchan-


dises ou à la location de véhicules, qu’ils soient au régime réel normal ou intermédiaire, l’im-
pôt dû est égal à 30 % du bénéfice net imposable ou au montant fixé par véhicule selon le
barème prévu à l’article 52 du CGI si ce dernier montant est supérieur au premier.

En ce qui concerne les assujettis taxés à la TVA sur la marge (visés à l’article 225 du CGI)
ainsi que pour les personnes physiques qui procèdent à la vente au détail de produits pétro-
liers, l’impôt dû est égal à 30 % du bénéfice net imposable ou à 3 % de la commission ou
marge perçue si ce dernier montant est supérieur au premier.

Le minimum de perception de l’IBAPP est fixé à:

o Cent vingt-cinq mille (125.000) Ouguiya pour les contribuables relevant du ré-
gime du réel normal ;
o Soixante-quinze mille (75.000) Ouguiya pour les contribuables relevant du ré-
gime du réel intermédiaire.

Pour les contribuables soumis au régime réel normal ou intermédiaire dont les bénéfices
proviennent de la pêche artisanale, l’impôt sur les bénéfices d’affaires dû est égal à 30 % du
bénéfice net imposable.

L’impôt sur les bénéfices d’affaires dû par les personnes physiques relevant du
régime du forfait est égal à 3 % du chiffre d’affaires déclaré au plus tard le 31 mars par le
redevable sur un formulaire délivré ou homologué par l’administration fiscale (article 88 du
CGI).
Section 3 : Impôt sur les revenus fonciers

1. Champ d’application
1) Les Revenus imposables
L’impôt sur les revenus fonciers frappe les revenus ci-après, lorsqu’ils ne sont pas inclus dans les
bénéfices d’une entreprise soumise à l’impôt sur les sociétés ou à l’impôt sur les bénéfices
d’affaires des personnes physiques :
 Les revenus des propriétés bâties telles que notamment les maisons, usines, magasins
ou bureaux ;
 Les revenus des propriétés non bâties de toute nature ;
 Les revenus des sous‐locations des propriétés bâties et non bâties ;
 Les loyers et prestations de toute nature qui constituent le prix d’un bail à construction.
Sont également imposables à l’IRF :
 Les plus‐values immobilières provenant de la cession à titre onéreux ou gratuit des
propriétés bâties et non bâties situés en Mauritanie, des droits réels portant sur un
immeuble situé en Mauritanie et des titres de sociétés à prépondérance immobilière.
 Les plus‐values réalisées sur la cession directe ou indirecte des permis d’exploitation
minière délivrés en Mauritanie.
 Lorsque le propriétaire n’occupe pas personnellement le logement, mais le met
gratuitement à la disposition d’un tiers sans y être tenu par une obligation légale, le
revenu en nature correspondant est compris dans la base imposable.
2) Personnes imposables ‐ Lieu d’imposition
L’impôt est établi au nom du bénéficiaire du revenu imposable au lieu de cette résidence en
Mauritanie. Si le contribuable possède plusieurs résidences, il est soumis à l’impôt au lieu où il
est réputé avoir sa résidence principale. Celle‐ ci pouvant être fixée d’office par l’administration
fiscale en cas de carence du contribuable.
2. Liquidation de l’IRF
L’impôt est établi chaque année, au taux de 10%, à raison des revenus fonciers de l’année
précédente. Le revenu imposable est constitué par le montant total des loyers échus, qu’ils aient
été ou non perçus. Dans le cadre d’une sous‐location, le revenu imposable est constitué de la
différence entre le loyer perçu pour la sous‐location et le loyer supporté par le locataire pour
obtenir ce revenu.
Toutefois sont exonérés de l’impôt les contribuables dont les revenus locatifs annuels, exclusifs
de tout autre revenu, sont inférieurs ou égaux à six mille (6.000) Ouguiya.
La plus‐value immobilière imposable est égale à la différence entre le prix de cession et le prix
d’acquisition.

2) Le prix de cession correspond :  en cas de cession à titre onéreux, au prix de vente diminué
des différents frais supportés lors de la cession ;  en cas de cession à titre gratuit, à la valeur qui
a servi de base pour le calcul des droits de mutation à titre gratuit ;  en cas d’expropriation pour
cause d’utilité publique, à l’indemnité d’expropriation. 3) Le prix d’acquisition est le prix
effectivement payé par le cessionnaire tel qu’il a été stipulé dans l’acte, majoré des frais
d’acquisition et, le cas échéant, de toutes les charges et indemnités stipulées dans l’acte au profit
du cédant. 4) Pour les plus‐values réalisées plus de deux (2) ans après l’acquisition du bien, le
coût d’acquisition est revalorisé par les majorations éventuelles et corrigé par un abattement
pratiqué sur la plus‐value de 5 % par an, à partir de la deuxième année d’acquisition du bien
jusqu’à 50 %. 5) Si le prix d’acquisition ne peut pas être déterminé en vertu des dispositions
précédentes, il est fixé forfaitairement à 75 % de la valeur de cession.

La plus‐value de cession de permis d’exploitation minière est constituée :  1° lorsque la plus‐


value de cession est déterminable, par la différence entre le prix de cession ou la valeur vénale
du titre et le prix d’acquisition ;  2° dans les autres cas, par le prix de cession.
3. La souscription de déclaration
Le contribuable de l’IRF est tenu de souscrire avant le 1er mars de chaque année une déclaration
des loyers échus au cours de l’année précédente qui doit être datée, signée et adressée au service
des impôts du lieu du domicile ou de la résidence habituelle du contribuable.
Par ailleurs, les personnes morales publiques ou privées de droit mauritanien ou étranger, quel
que soit leur régime fiscal, ainsi que les personnes physiques relevant d’un régime réel
d’imposition sur les bénéfices d’affaires sont tenues de retenir simultanément à la source l’impôt
sur les revenus fonciers et la contribution foncière sur les propriétés bâties dus par les
propriétaires des locaux qu’ils occupent.
Les retenues effectuées sur les loyers réglés au titre d’un mois doivent être reversées au plus tard
le 15 du mois suivant.
Pour chaque propriétaire, le versement est accompagné d’une déclaration comportant les
références des locataires, les noms, prénoms et adresse et le numéro d’identification fiscale
(NIF), la situation de l’immeuble (numéro de l’îlot et du lot) ainsi que le mois auquel s’ap‐ plique
la retenue.

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