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Le droit fiscal

Le droit fiscal est une branche du droit public dont l’objet est l’étude des règles juridiques relatives à l’impôt. Il règle
les rapports fiscaux entre l’administration fiscale et les contribuables.

Toutefois, le droit fiscal ne saurait être réduit aux seuls aspects juridiques. L’impôt constitue le principal prélèvement
obligatoire qui assure le financement des charges publiques.

C’est également, un outil incontournable de la politique économique d’une part, et de la politique sociale d’autre
part.

Chapitre 1 : La théorie générale de l’impôt

Section 1 : Définition de l'impôt

L’impôt est un prélèvement pécuniaire, obligatoire, effectué par voie d’autorité et à titre définitif, sans contrepartie
déterminée, et destiné à financer les charges publiques.

1. Les caractéristiques de l’impôt

Selon la définition de l’impôt citée ci-dessus, on peut déduire cinq caractères :

● Le caractère pécuniaire de l’impôt;


● Le caractère obligatoire de l’impôt;
● Le prélèvement de l’impôt par voie d’autorité;
● Le prélèvement à caractère définitif sans contrepartie déterminée;
● Un prélèvement destiné à financer les charges publiques.

A. Le caractère pécuniaire de l’impôt

L’impôt est pécuniaire à trois titres :

● Par l’assiette de l’impôt : c’est la matière qui va être imposée. Le plus souvent cette assiette est une somme
d’argent, par exemple un revenu.
● Par sa liquidation : est le calcul de l’impôt en appliquant un tarif à ce qu’on appelle la base imposable c'est-
à-dire la quantité de la matière imposable. Lorsque la base imposable est elle-même une somme d’argent,
l’impôt est calculé par l’application d’un taux à cette base.
● Par son mode de recouvrement : l’impôt est recouvré en argent. Son paiement prend la forme du
versement d’une somme d’argent à l’administration fiscale qui correspond au montant résultant de la
liquidation.

B. Le caractère obligatoire de l’impôt

L'impôt ne peut être prélevé ou créé que par la loi, conformément à l’article 39 de la constitution « Tous
supportent, en proportion de leurs facultés contributives, les charges publiques que seule la loi peut, dans
les formes prévues par la présente Constitution, créer et répartir ».

En effet, c'est le parlement ou le pouvoir législatif qui vote les lois fiscales à leur naissance (leur assiette, leur taux
de recouvrement) et il vote la loi annuelle des finances qui rend applicable le régime fiscal en vigueur.

C. Le prélèvement de l’impôt par voie d’autorité

C’est une manifestation de la souveraineté de l’État, l’impôt est perçu par voie d’autorité.

Ainsi, le recouvrement de l’impôt suppose l’exercice de prérogatives de la puissance publique, et tout un arsenal de
contraintes et de sanctions est prévu pour obliger le contribuable à s’exécuter.

D. Le prélèvement à caractère définitif sans contrepartie déterminée

L’aspect définitif du prélèvement fiscal oppose également l’impôt à l’emprunt, le contribuable n’étant jamais
remboursé, sauf erreurs commises à son encontre. Mais, c’est surtout l’absence de contrepartie qui est le trait le plus
spécifique de l’impôt.
En effet, le contribuable qui remplit son obligation fiscale ne reçoit pas, en échange, de prestations directes ou
immédiates, même si, en tant que citoyen, il bénéficie du fonctionnement des services publics.

E. Un prélèvement destiné à financer les charges publiques

La raison d’être de l’impôt est de procurer aux personnes publiques les ressources financières dont elles ont besoin
pour couvrir les dépenses publiques.

2. La distinction de l’impôt et des autres prélèvements

A. Impôt, Taxe et Redevances

La taxe est un prélèvement pécuniaire, autoritaire, obligatoire selon des règles légales à titre définitif, effectuée pour
un service rendu. Le service rendu ne nécessite pas obligatoirement une équivalence avec le montant de la taxe. (Ex.
T.S.C)

La taxe est prélevée au profit de l'Etat et de toute institution à vocation étatique.

La redevance est la rémunération pour les services rendus. La taxe et la redevance sont prélevées à l'occasion d'un
service (contrepartie déterminée à la différence de l'impôt).

B. Les différences

L’impôt oblige tous les citoyens à participer à l'ensemble des charges publiques, la taxe n’est pas due que par les
bénéficiaires des services rendus.

La taxe est un prélèvement obligatoire auquel l'usager ne peut échapper qu'il utilise ou non le service. La redevance
est perçue par les seuls usagers du service ou de l'ouvrage public.

Le montant de la redevance doit être proportionné au coût occasionné par le fonctionnement du service ou de
l'ouvrage. Le montant de la taxe est sans rapport avec le coût du service.

La taxe va faire partie des impositions de toute nature, contrairement à la redevance. En effet, le législateur doit
déterminer l'assiette, le taux et les modalités de recouvrement de la taxe. La redevance a un régime réglementaire,
sa création se fait par décret.

C. Impôt et Taxes parafiscales

La taxe parafiscale est un prélèvement pécuniaire, obligatoire, dans un but économique, social ou professionnel au
profit des personnes morales publiques ou privées autres que l'Etat et les collectivités territoriales (la CNSS, les
chambres professionnelles, les ordres, les mutuelles ...).

En effet, les taxes parafiscales sont établies par le pouvoir réglementaire par décret sur proposition du ministre
concerné et du ministre des finances, le législateur intervient chaque année pour autoriser leur perception, et seuls
les bénéficiaires des activités doivent financer et payer des taxes parafiscales.

3. Les objectifs de l’impôt

A. Le rôle financier de l'impôt

La mission essentielle de l’impôt est d’ordre financier, c’est-à-dire, la collecte des fonds nécessaires à
l’accomplissement des missions de l’Etat (défense, sécurité, santé, éducation…).

De plus, le prélèvement de l’impôt est un attribut essentiel de l’Etat et un acte de souveraineté.

B. Le rôle économique de l'impôt

L’impôt exerce selon le cas soit une action économique globale, soit une action sélective.

1. Action économique globale : exemple à lutter contre l’inflation par une ponction fiscale accrue destinée à
éponger le pouvoir d’achat;
2. Action sélective que l’impôt : peut encourager la construction pour remédier à la crise du logement, par la
fiscalité (exemple : une réduction d’impôt afin d’encourager l’investissement dans l’immobilier);
3. Action sélective peut être plus spécialisée : il s’agit de favoriser non plus une branche de production, mais
telle ou telle entreprise déterminée (privilèges fiscaux).

C. Le rôle social de l'impôt

Une mission de redistribution sociale : l’Etat prélève sur les contribuables riches pour d’une part limiter leur
enrichissement et d’autre part pour financer les dépenses sociales en vue d’améliorer la situation des citoyens
économiquement faibles ce qui permettrait de réduire les écarts des revenus.

4. Classification des impôts

Il existe une série de critères de classification classique des impôts. On peut distinguer :

● L’impôt personnel et l’impôt réel ;


● L’impôt cédulaire et l’impôt synthétique ;
● L’impôt de quotité et l’impôt de répartition ;
● L’impôt proportionnel et l’impôt progressif.

Aujourd’hui, ces différentes distinctions sont supplantées par deux principales classifications :

● La classification impôt direct, impôt indirect;


● La classification économique.

A. Les classifications classiques de l’impôt

a. L’impôt réel et l’impôt personnel

L’impôt réel est celui qui frappe les biens d’un contribuable sans considération de la situation personnelle de ce
dernier (TVA)

L’impôt personnel en revanche, de moduler la charge de l’impôt en fonction des capacités contributives du
contribuable (I.R)

b. L’impôt cédulaire et l’impôt synthétique

L’impôt cédulaire est l’impôt dans lequel les diverses catégories de revenus, appelées aussi cédules, sont taxées selon
des barèmes différents.

L’impôt synthétique est, en revanche, l’impôt qui tente de frapper, par l’application d’un barème unique et des
mesures de personnalisation identiques, la totalité des revenus que réalise le contribuable.

c. L’impôt de répartition et l’impôt de quotité

L’impôt de répartition est assis sur un montant fixé à l’avance et réparti ensuite entre les contribuables.

En revanche, l’impôt de quotité consiste à définir initialement un taux qui sera ensuite appliqué à la matière
imposable.

d. L’impôt proportionnel et l’impôt progressif

L’impôt proportionnel consiste à appliquer à la base imposable un taux d’imposition fixe (TVA) ;

Par contre, l’impôt progressif consiste à faire croître le taux d’imposition en fonction de la progression de la base
imposable (IR).

B. Classification Impôts directs et Impôts indirects

Cette classification se fonde sur les critères ci-après:

● Critère de l’incidence fiscale


● Critère technique
● Critère juridique.

a. Critère de l’incidence fiscale


● Impôt direct : supporté à titre définitif par le contribuable (Exemple : IR).
● Impôt indirect : payé par un contribuable (le redevable légal), qui ne joue qu’un rôle d’intermédiaire
(Exemple: TVA)

b. Critère technique

● Un impôt est direct lorsqu’il est permanent.


● L’impôt direct frappe une situation durable par sa nature.

Exemple : Impôt sur le Revenu (I.R), Impôt sur les sociétés (I.S)

● L’impôt indirect est établi sur des opérations et des situations non durables par nature ;

Exemple : Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA)

c. Critère juridique

Selon la modalité de perception de l’impôt:

● Impôts directs : tout impôt perçu par voie de rôle nominatif mentionnant la base imposable et l’impôt dû.
● Impôts indirects : aucun rôle n’est émis. Le contribuable paie spontanément l’impôt par la simple
constatation de son fait générateur.

C. Classification économique

Cette classification est dictée par l’analyse économique de l’assiette. En effet, le législateur choisira à quel moment, il
va lever l’impôt :

● À l’acquisition du revenu (L’impôt sur le revenu);


● Au moment de son affectation à la dépense (L’impôt sur la dépense);
● Ou à l’épargne (L’impôt sur le capital).

a. L’impôt sur le revenu

Touche l’ensemble des sommes perçues par une personne pendant une période préalablement définie et imposée le
revenu quelle que soit son origine.

Exemple : Impôt sur le Revenu (I.R) ; Impôt sur les sociétés (I.S)

b. L’impôt sur la dépense

Frappe l’utilisation du revenu.

Exemple : TVA qualifiée d’impôt général sur la dépense ; TIC (Taxe Intérieure de Consommation).

c. L’impôt sur le capital

Impôt assis sur le capital. Il porte sur des éléments du patrimoine (immeubles, terrains, valeurs mobilières) donnant
naissance à des revenus,

Exemple : Droits d’Enregistrement (D.E) ; Taxe sur les Terrains urbains Non Bâtis (T.T.N.B).

I. Les sources et principes du droit fiscal

1. Les sources du droit fiscal

A. Les sources nationales

a. La constitution

La constitution de 2011 précisait clairement que la pouvoir de création des impôts relève du domaine législatif. Ainsi,
l’article 39 de la constitution « Tous supportent, en proportion de leurs facultés contributives, les charges
publiques que seule la loi peut, dans les formes prévues par la présente Constitution, créer et répartir».
De même l’article 75 de la constitution précise que « le parlement vote la loi de finances dans les conditions
prévues par la loi organique ».

b. Les lois fiscales

Les lois fiscales nationales fixent les règles d’assiette, de liquidation, de recouvrement et du contentieux des impôts.

Ainsi, les principales lois régissant la matière fiscale sont :

● Le code général des impôts ;


● La loi n°47-06 relative à la fiscalité des collectivités territoriales qui a été modifiée et complétée par la loi
n° 07-20;
● Le code de recouvrement des créances publiques.

c. La doctrine administrative

C’est l'ensemble des notes, circulaires, instructions et documents administratifs ayant pour but d'expliquer, de
commenter et surtout d'interpréter les dispositions fiscales.

En effet, la fonction interprétative de l’administration fiscale est particulièrement importante et ce, en raison des
incidences financières immédiates de l’interprétation adoptée et la complexité de la matière fiscale.

d. La jurisprudence

Elle ne constitue pas une source de droit en matière fiscale et ce, en raison du caractère légal de l’impôt, de la
mobilité de la législation fiscale et du partage du contentieux fiscal entre le tribunal administratif et les juridictions
judiciaires.

Néanmoins, la jurisprudence participe à la création de la règle de droit par le seul fait qu'elle applique la loi,
l'interprète et éventuellement la complète.

B. Les sources internationales ou conventionnelles

Les conventions en matière fiscale sont essentiellement bilatérales, elles tendent à éviter les doubles impositions.

Ainsi, elles se sont développées sous l’égide de l’Organisation pour la Coopération et le Développement Économique
(OCDE), en vue de faciliter les échanges économiques internationaux.

Dans cet esprit, le Maroc a conclu des conventions fiscales avec ses principaux partenaires à savoir :

● L’Union Européenne;
● L’Afrique;
● Les pays arabes;
● L’Amérique du nord ;
● L’Asie.

Ainsi, le but initial de ces conventions était simplement d’éviter les phénomènes de double imposition résultant de
la confrontation entre deux législations fiscales différentes.

Par exemple : En matière d’impôt sur le revenu, si chaque Etat impose aussi bien ses résidents que les non-résidents
au titre de l’ensemble de leurs revenus, le contribuable non résident sera imposé deux (02) fois :

● La première fois auprès de son État de résidence,


● La seconde auprès de l’Etat dont il est le ressortissant.

De plus, une seconde ambition est venue se rajouter à la première, celle de lutter contre l’évasion et la fraude
fiscale internationale.

2. Les principes du droit fiscal

La levée de l’impôt doit être encadrée par des principes fondamentaux qui puisent leur source dans la constitution
(les principes à portée constitutionnelle) à savoir le principe de la légalité et le principe de l’égalité.

A. La légalité fiscale
La légalité fiscale repose sur l’idée que les règles juridiques applicables en droit fiscal sont d’origine législative.

D’abord, le principe de légalité fiscale résulte de l’article 39 de la constitution qui comporte trois idées :

a. La nécessité de la contribution de tous les citoyens ou non au financement des charges publiques ;
b. Que la contribution doit tenir compte des capacités contributives de chacun ;
c. Seule la loi peut créer et répartir les charges fiscales.

Ensuite, l’article 71 de la constitution qui inclut dans le domaine de la loi et donc de la compétence du législateur
« … Le régime fiscal et l’assiette, le taux et les modalités de recouvrement des impôts… ».

Ainsi, ces deux articles renvoient au principe du consentement de l’impôt par les citoyens ou plus exactement de
leurs représentants et qui constitue le fondement du principe de légalité de l’impôt.

Toutefois, le pouvoir exclusif du parlement dans la création des normes fiscales est limité aussi bien sur le plan
interne que sur le plan externe.

● D’abord, sur le plan interne, le législateur vote certes les lois fiscales mais c’est la direction des impôts, qui «
fabrique la loi » mais aussi qui l’interprète (notes circulaires…).
● Ensuite, au niveau externe, le droit fiscal puise ces normes dans les sources externes internationales avec
notamment le développement considérable des conventions fiscales ce qui limite par conséquent le pouvoir
du parlement en matière fiscale.

B. L’égalité fiscale

Le principe d’égalité devant l’impôt découle du principe général de l’égalité des citoyens devant la loi y compris la loi
fiscale.

Dans cet esprit, l’article 13 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (D.D.H.C) précise que la
contribution commune doit être également répartie entre les citoyens en raison de leurs facultés. Cet article consacre
donc un principe d’égalité devant les charges publiques

Ainsi, l’égalité devant les impôts ne s’impose pas seulement comme une conséquence de la légalité de l’impôt : elle
découle aussi du principe d’égalité devant les charges publiques, principe fondamental du droit public.

3. Les principes à portée non constitutionnelle

A. Le principe de territorialité de l’impôt

Le principe de la territorialité de la loi fiscale rend cette loi exécutoire sur tout le territoire.

En effet, la loi oblige tous ceux qui habitent sur le territoire et régie tous les biens meubles et immeubles qui se
trouvent sur le territoire de l’Etat. L'application de la loi s'arrête donc à la frontière de l’Etat.

Toutefois, ce principe est limité par:

● Les conventions internationales de la non double imposition ;


● Les immunités territoriales (Exemple: zone d’accélération industrielle) ;
● Les immunités diplomatiques (La pratique internationale admet à titre de réciprocité que les résidences
diplomatiques bénéficient d'une exonération fiscale).

B. Le principe de non-rétroactivité de la loi fiscale

En matière fiscale, le principe de non-rétroactivité n’est pas toujours pris en compte. En effet, la loi fiscale est
rétroactive en ce qui concerne les impôts directs du seul fait que la loi de finances annuelle fixe un tarif de l’impôt
applicable à des revenus qui ont pris naissance au cours de l’année qui vient de s’écouler.

C. Le principe du contradictoire

Le caractère contradictoire des procédures juridictionnelles s’applique en droit fiscal (la procédure du contrôle
fiscal) comme pour les autres catégories du droit.

II. La technique fiscale


La technique fiscale est l'emploi de procédés qui permettent l'établissement où la détermination de l'assiette fiscale,
le calcul de l'impôt, sa liquidation et de recouvrement de prélèvement fiscal.

1. La détermination de l'assiette fiscale où la matière imposable

A. La matière imposable

C’est l’élément économique sur lequel s’établit l’impôt, cet élément peut être : un revenu (revenu locatif), un bien
(véhicule) …

Pour expliquer la détermination de la matière imposable, on parle souvent en langage technique de l’assiette de
l’impôt.

Déterminer l’assiette de l’impôt : C’est préciser sur quoi l’impôt est assis, est basé.

B. Le fait générateur

C’est l’acte qui donne naissance à la dette fiscale.

Exemple : pour un terrain ou un véhicule, le fait générateur de l’impôt est le fait d’être propriétaire.

C. La base imposable

C’est la quantité de la matière imposable qui est prise en considération pour le calcul de l’impôt.

Exemple : pour un terrain, la base imposable dépend de la superficie du terrain

D. L’évaluation de la matière imposable

C’est l’opération qui consiste à mesurer pour chaque contribuable en particulier, la quantité de matière imposable à
sa possession.

En effet, cette opération est fort délicate car les contribuables ont généralement tendance à dissimuler la matière
imposable.

Il existe deux modes d’évaluation de la matière imposable :

● L’évaluation forfaitaire (remplacée par la Contribution Professionnelle Unique) ;


● L’évaluation au réel ou la méthode déclarative

a. L’évaluation forfaitaire est remplacée par la Contribution Professionnelle Unique (CPU) en vertu de
l’article 6 de la loi de finances n° 65-20 pour l’année budgétaire 2021:

A titre de rappel, la loi de finances pour l'année budgétaire 2021 avait institué le régime de la contribution
professionnelle unique (CPU), en remplacement du régime du bénéfice forfaitaire qui était applicable auparavant, en
matière d'impôt sur le revenu, aux personnes physiques exerçant les activités de proximité génératrices de revenus
modestes et ce, en application des recommandations des dernières assises nationales sur la fiscalité de 2019.

Avant le 1er janvier 2022, la base imposable de la CPU était déterminée en appliquant au chiffre d'affaires réalisé un
coefficient fixé, pour chaque profession, par le tableau annexé au CGI qui comprenait 795 professions.

Afin de simplifier et d'améliorer les modalités de liquidation de la CPU précitée, la loi de finances pour l'année 2022 a
abrogé le tableau annexé au CGI et l'a remplacé par un tableau simplifié au niveau de l'article 40-I du CGI qui a
regroupé toutes les activités de l'ancien tableau en quatre (4) catégories de professions homogènes, réparties en sous-
catégories.

b. L’évaluation au réel ou la méthode déclarative :

Elle est socialement juste et économiquement efficace. Elle est applicable aux contribuables dont le chiffre d’affaires
dépasse un certain seuil prévu par la loi fiscale.

En effet, cette méthode exige du contribuable la tenue d’une comptabilité régulière et des documents prévus par le
code de commerce (le livre journal, le bilan et le compte de ses résultats)

2. La liquidation
Elle est le calcul de l’impôt, c’est-à-dire la détermination de la dette fiscale du contribuable.

En effet, le calcul s’est fait en multipliant la base imposable par le tarif, c'est-à-dire le taux de l’impôt.

Ainsi, le taux peut être:

● Proportionnel
● ou Progressif

A. Le taux proportionnel

L’impôt est proportionnel lorsque son taux reste constant quelle que soit la qualité et la valeur de la matière
imposable. C’est un taux uniforme qu’on applique à tous les revenus sans discrimination.

B. Le taux progressif ou impôt progressif

C’est celui qui augmente au fur et à mesure que le volume et la quantité de la matière imposable augmentent. C’est
un taux qui vise l’équité et la justice fiscale.

3. Le recouvrement

Le recouvrement : l’ensemble des procédés et opérations qui aboutissent au versement du produit des impôts dans
les caisses de l’Etat. Il existe plusieurs procédés de recouvrement ou de la perception de l’impôt :

● Les modalités qui sont liées à la date du paiement


● Les modalités qui sont liées à la formalité de paiement

A. Les modalités qui sont liées à la date du paiement :

a. Les droits au comptant : leur paiement se fait immédiatement et sur place, c’est le cas des impôts indirects,
les droits d’enregistrement et de timbre.

b. Les droits constatés : selon cette technique, le recouvrement implique l’introduction de certains délais pour
couvrir l’impôt.

Par exemple: l’Impôt sur les Sociétés (I.S) dus pour les bénéfices de l’année 2020 ne seront exigibles qu’en 2021.

B. Les modalités qui sont liées à la formalité de paiement

a. Le recouvrement par voie de rôle : l’impôt se paie après établissement d’un acte administratif qui fixe pour
chaque contribuable: le nom, la matière imposable, le taux, l’impôt net, le montant et les délais de paiement.

b. Le recouvrement par voie de retenue à la source : c’est un tiers qui se charge de collecter l’impôt et de le
transférer au trésor public c'est-à-dire qu’il y a stoppage du montant de l’impôt à sa source même avant la
perception du revenu par le contribuable.

Chapitre 2 : Le système fiscal marocain

Le système fiscal marocain se caractérise par une pluralité d’acteurs, ainsi que par la diversité de ses structures.

Section 1 : Les acteurs du système fiscal

En se plaçant du point de vue de leurs fonctions, on peut identifier trois grandes catégories d’acteurs :

● Les acteurs dotés d’un pouvoir de décision ;


● Les acteurs chargés de l’administration et du règlement des litiges ;
● Les contribuables.

§1 : Les acteurs dotés d’un pouvoir de décision

Le droit fiscal prend formellement sa source dans la décision parlementaire qui s’exprime soit au travers des
dispositions figurant dans une loi de finances, soit au travers de lois générales.
En effet, le fondement en est l’article 71 de la constitution qui précise que le parlement fixe les règles l’assiette, le
taux et les modalités de recouvrement des impôts.

Le pouvoir exécutif joue, aussi, un rôle souvent essentiel dans la prise de décision fiscale, en étant la plupart du
temps à l’origine des textes soumis au parlement (les projets de loi de finances).

A : Les limites de l’initiative parlementaire

La limitation de l’initiative parlementaire résulte des dispositions constitutionnelles. Ainsi, on constate une double
limitation du pouvoir législatif en matière fiscale :

● La première découle des dispositions constitutionnelles. En effet, l'article 77 de la Constitution dans son
2éme alinéa, prévoit que le gouvernement peut opposer, de manière motivée, l'irrecevabilité des articles
additionnels ou amendements ayant pour objet soit une diminution de ressources publiques, ou la création
ou l'aggravation d'une charge publique ;
● La deuxième résulte de l’existence d’une compétence partagée avec le pouvoir réglementaire qui intervient à
titre complémentaire, et ce à travers les notes circulaire de la direction générale des impôts.

B : L’autonomie relative de l’exécutif dans la décision fiscale

Si le gouvernement bénéficie de l’initiative des projets de lois à caractère fiscal du fait de la grande technicité de
l’impôt. Le Parlement en ce qui le concerne, se borne généralement à voter les dits projets, en utilisant rarement son
droit d’amendement.

Toutefois, cette relative autonomie de l’exécutif est souvent battue en brèche à cause de l’influence de considérations
à connotation politique ou corporatiste.

§2 : Les acteurs chargés de l’administration et du règlement des litiges

Les impôts sont gérés par les administrations spécialisées qui sont en charge de leur assiette et de leur recouvrement.

Mais, l’on doit également souligner le rôle essentiel joué par les organes de règlement des litiges (le contentieux
fiscal fera l’objet du quatrième chapitre).

Ainsi, l’administration fiscale (ou le fisc) est l’acteur principal du système fiscal. Elle est structurée en trois
administrations qui dépendent du Ministère de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration, à
savoir :

● La Direction Générale des Impôts (DGI) ;


● La Trésorerie Générale du Royaume (TGR) ;
● L’Administration des Douanes et des Impôts Indirects (ADII).

A : La Direction Générale des Impôts (DGI)

Sa principale mission consiste à assurer les recettes fiscales. Elle est ainsi chargée d’asseoir et de recouvrer les impôts
d’Etat.

En effet, la Direction Générale des impôts détermine les bases sur lesquelles sont prélevés :

● Les impôts d'État (Impôt sur les sociétés, impôt sur le revenu, taxe sur la valeur ajoutée, droits
d’enregistrement et de timbre) ;
● Certains impôts locaux gérés pour le compte des collectivités territoriales (taxe d’habitation, taxe des services
communaux et taxe professionnelle).

Les recettes de l’administration fiscale se chargent donc de l’encaissement des recettes des impôts, droits et taxes. De
plus, elle doit s’assurer du respect de la loi fiscale et lutter contre la fraude fiscale.

En plus des missions citées ci-dessus, la DGI remplit d’autres tâches à savoir :

● Fournir au Gouvernement une expertise fiscale notamment dans le cadre de l’élaboration des lois de finances
et de la négociation des conventions de non double imposition avec les Etats étrangers ;
● Etudier et élaborer les projets de textes législatifs et réglementaires à caractère fiscal ;
● Élaborer en concertation avec les différents opérateurs économiques les circulaires d'application relatives aux
textes fiscaux ;
● Étudier les questions d'interprétation des dispositions fiscales et informe sur les réponses apportées.

L’administration centrale comprend cinq Directions :

1. Direction de la législation, des études et de la coopération internationale ;


2. Direction de l'animation du réseau ;
3. Direction du contrôle ;
4. Direction de la facilitation, du système d'information et de la stratégie ;
5. Direction des ressources et de l'audit.

Au niveau territorial, la DGI est organisée par type et par taille de contribuables.

En effet, les services déconcentrés de la DGI sont spécialisés pour gérer distinctement les dossiers des particuliers,
des professionnels, des personnes morales et des grandes entreprises, dans le but de fournir un service de proximité
adapté à chaque profil.

Chaque contribuable s’adresse ainsi à un interlocuteur unique polyvalent qui traite son dossier au titre de ses
différents impôts.

Globalement, les Directions Régionales, Inter-Préfectorales et Préfectorales sont organisées autour de trois fonctions
principales :

1. L’assiette de l’impôt qui est gérée au niveau des subdivisions d’assiette spécialisées par type de contribuables ;
2. Le recouvrement des impôts effectué au niveau des recettes de l’administration fiscale ;
3. Le contrôle fiscal accompli par les brigades de vérification. Par ailleurs, la Direction Générale des Impôts
s’appuie sur une organisation territoriale déconcentrée regroupant neuf (09) directions régionales des impôts.

B : La Trésorerie Générale du Royaume (TGR)

La Trésorerie Générale du Royaume constitue l’une des administrations les plus importantes du Ministère de
l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’administration et à travers laquelle transite l’ensemble des flux
financiers et comptables de l’Etat et des collectivités territoriales.

Les missions de la Trésorerie Générale du Royaume sont :

● Le recouvrement des créances publiques ;


● Le contrôle et le paiement des dépenses publiques ;
● La gestion des finances locales ;
● La gestion des dépôts au Trésor ;
● La production de l’information financière et comptable.

C : L’Administration des Douanes et des Impôts Indirects (ADII)

La douane est un rouage essentiel de l’administration fiscale, c’est aussi un acteur majeur du commerce international.
Elle assure des missions d’ordre technique, économique et fiscal.

Sur le plan fiscal et financier, les services de la perception ou l’application des lois instituant des prélèvements
fiscaux de toutes sortes sur les importations.

Ainsi, l’ADII assure la gestion des prélèvements fiscaux importants à savoir :

● Les droits et taxes douaniers et la TVA à l’importation,


● Les droits de sortie sur les minerais,
● Les Taxes Intérieures de Consommation TIC (produits pétroliers, alcools et vins, tabacs).

§3 : Les contribuables

Le terme de contribuable « recouvre une donnée sociologique et juridique très complexe ». En effet, on ne peut
pas parler d’un contribuable-type car il existe une diversité de contribuables soumis à des régimes fiscaux variables
dont l’incidence diffère d’une catégorie à l’autre.

D’un point de vue sociologique et culturel, le contribuable s’est toujours distingué par un comportement de
résistance à l’impôt. Une telle résistance a pris historiquement plusieurs formes :
● Un antifiscalisme dit classique que l’on trouve dans les révoltes fiscales, la fraude fiscale, la grève de
l’impôt, l’économie souterraine (l’économie informelle).
● Un antifiscalisme moderne à connotation idéologique ou doctrinale, qui s’exprime à travers les
programmes de la plupart des formations politiques et syndicales. En effet, cet antifiscalisme aboutit à des
résultats concrets se traduisant par la prise des mesures d’allégement fiscal par le pouvoir politique.
● Par ailleurs, l’antifiscalisme individuel peut déboucher sur la fraude fiscale qui exprime le refus de l’impôt
par une personne physique ou morale qui tente par ce biais d’échapper à l’impôt.

En effet, la fraude constitue un acte délictueux que l’on peut définir « comme une infraction à la loi commise
dans le but d’échapper à l’imposition ou d’en réduire le montant ».

Dans ce sens, la fraude fiscale porte atteinte à l’équité fiscale et par conséquent à la légitimité de l’impôt.

Section 2 : La fiscalité de l’Etat

La réforme fiscale prévue par la loi cadre de 1984 a constitué une véritable coupure dans l’histoire de la fiscalité
marocaine. Son objectif était de mettre en place un système fiscal cohérent, plus simple et plus équitable.

Ainsi, il repose fondamentalement sur trois grands impôts à savoir:

● La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) en 1986;


● L’impôt sur les sociétés (IS) en 1988;
● L’impôt général sur le revenu (IGR) en 1990 devenu IR en 2006.

Après trois décennies de réforme fiscale de 1984, il est devenu impératif de revoir les fondements du système fiscal.
Dans ce sens, la loi-cadre n° 69-19 portant réforme fiscale a été élaborée, en parfaite concordance avec les grands
chantiers transformateurs du Nouveau Modèle de Développement.

De plus, la loi cadre n° 69-19 portant réforme fiscale vise la réforme de la fiscalité des collectivités territoriales qui
constitue une composante essentielle du système fiscal, en vue de sa simplification, son harmonisation et son
unification avec la fiscalité de l'Etat.

Le système fiscal marocain, dans sa pratique, est basé sur le principe de déclaration, la plupart des impôts supposent
une initiative de déclaration de la part des contribuables (IS, TVA, Droits d’Enregistrements etc.)

D’autres impôts, plus simples à cerner à la base, sont plutôt prélevés à la source (IR sur les salaires, prélèvements
sur les placements financiers), sur une base également déclarative par les organismes responsables des
prélèvements (Employeurs, Banques etc.)

Nous examinerons brièvement les trois principaux impôts de l’Etat.

§1 : L’impôt sur les sociétés (Articles n°1 à 20 du Code Général des Impôts)

L’impôt sur les sociétés est un impôt qui s’applique obligatoirement à toutes les sociétés de capitaux, aux
établissements publics et autres personnes morales, et sur option aux sociétés de personnes.

Institué au Maroc en 1988 est venu se substituer à l’ancien IBP (Impôt sur les Bénéfices Professionnels) qui
imposait auparavant indistinctement les bénéfices des personnes physiques et morales.

Ainsi, le bénéfice imposable à l’impôt sur les sociétés est égal à l’excédent des produits d’exploitation, profits et
gains divers sur les charges d’exploitation.

L’I.S est un impôt proportionnel dont le taux est en fonction du résultat fiscal net.

Taux normal de l’impôt sur les sociétés :

Avant la loi de finances pour l'année budgétaire 2022, l'article 19-I-A du Code Général des Impôts (CGI) prévoyait le
calcul de l'impôt sur les sociétés (IS) selon les taux progressifs du barème suivant :

Inférieur ou égal à 300 000 300 001 à 1 000 000 Supérieur à 1 000 000

10% 20% 31%


La loi de finances n° 76-21 pour l'année budgétaire 2022 a modifié les dispositions de l'article 19-I-A du CGI en
remplaçant le barème progressif par un barème comportant des taux proportionnels. Cette modification est
dictée par deux considérations :

1. La suppression de la progressivité en tant qu’étape préliminaire du processus de convergence progressive vers


un taux proportionnel unifié en matière d'IS tel que prévu par la loi-cadre n° 69-19 portant réforme fiscale;
2. La réinstauration du principe de la proportionnalité de l'IS en vue d'aligner notre système fiscal sur les
meilleures pratiques internationales conformément aux dispositions de la loi-cadre susvisée.

Toutefois, des taux spécifiques restent prévus pour certaines catégories d'entreprises.

§2 : L’impôt sur le revenu (Articles n°21 à 86 du Code Général des Impôts)

L’impôt sur le revenu est un impôt synthétique qui traduit une conception extensive du revenu qui prend en
considération l’enrichissement du contribuable c’est-à-dire sa capacité contributive globale, en saisissant l’ensemble
des revenus ayant un caractère régulier (revenu salarial, commercial, industriel, professionnel..) ou
exceptionnel (gains en capital).

En effet, l’assiette de l’impôt sur le revenu est constituée par la somme de cinq (05) revenus catégoriels :

A : Les revenus salariaux

Les revenus salariaux comprennent les traitements, les indemnités, les émoluments, les salaires, les pensions et les
rentes viagères, ainsi que les avantages en argent ou en nature.

B : Les revenus professionnels

Les revenus professionnels sont les revenus réalisés par les personnes physiques ou les sociétés de personnes à
l’occasion de l’exercice d’activités commerciales, industrielles, artisanales, libérales, ou de promotion immobilière, de
lotissement de terrains ou de marchand de biens…

C : Les revenus et profits fonciers

1 : Les revenus fonciers

Les revenus fonciers, qui n’entrent pas dans la catégorie des revenus professionnels, comprennent les revenus
provenant de la location des immeubles bâtis et non bâtis et des constructions de toute nature, des propriétés
agricoles y compris les constructions et le matériel fixe et mobile qui s’y rattache.

2 : Les profits fonciers

Sont considérés comme profits fonciers, les profits réalisés par les personnes physiques à l’occasion :

● de la vente d’immeubles ou de droits réels immobiliers ;


● de l’apport en société d’immeubles ou de droits réels immobiliers ;
● de la cession, à titre onéreux, ou de l’apport en société d’actions ou de parts sociales nominatives émises par
les sociétés à objet immobilier, réputées fiscalement transparentes …

D : Revenus et profits de capitaux mobiliers

1 : Les revenus de capitaux mobiliers

Ces revenus comprennent deux catégories:

1. Les produits des actions ou parts sociales et revenus assimilés distribués par les sociétés ayant leur siège au
Maroc et relevant de l’IS.
2. Les produits de placements à revenu fixe versés ou inscrits en compte des personnes physiques ou morales
qui n’ont pas opté pour l’IS et ayant au Maroc leur résidence habituelle, leur domicile fiscal ou leur siège
social.

2 : Les profits de capitaux mobiliers

Ces profits sont constitués de profits annuels réalisés par les personnes physiques à l’occasion de la cession de
valeurs mobilières et autres titres de capital et de créance émis par les personnes morales de droit public ou privé,
ayant leur siège au Maroc ou à l’étranger.
E : Les revenus agricoles

Les revenus agricoles sont constitués des revenus des exploitations agricoles ou les revenus résultant d’une activité
ayant un caractère agricole mais non passible de la taxe professionnelle (non patentable).

Il y a lieu de signaler que la fiscalisation des revenus agricoles dans le cadre de l’IR a débuté en 2014.

Le revenu global imposable dans le cadre de l’I.R est constitué par la somme des revenus nets catégoriels.

§3 : La taxe sur la valeur ajoutée (Articles n°87 à 125 du Code Général des Impôts)

La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) est un impôt indirect de consommation, déclaré et payé à l’Etat par les
entreprises mais supporté en dernier ressort par le consommateur final.

En effet, la taxe sur la valeur ajoutée est une taxe sur le chiffre d’affaires qui s’applique aux opérations de nature
industrielle, commerciale, artisanale ou relevant de l'exercice d'une profession libérale, accomplies au Maroc et aux
opérations d'importation.

La déclaration de la TVA due se réalise suivant le régime d’imposition auquel est soumise l’entreprise. En effet, deux
régimes d’imposition sont prévus pour la déclaration et le paiement de la TVA suivant l’importance du chiffre
d’affaires réalisé par l’entreprise :

● Le régime de la déclaration mensuelle (Chiffre d’affaire égal ou dépasse un million (1.000.000) de dirhams);
● Le régime de la déclaration trimestrielle (Chiffre d’affaire est inférieur à un million (1.000.000) de dirhams).

La loi fiscale a prévu deux taux:

● Un taux normal de : 20 %
● Des taux réduits : un taux de 14 %, un taux de 10 % et un taux de 7 %.

Section 3 : La fiscalité des collectivités territoriales

La réussite d’une politique de décentralisation « se fonde sur la mobilisation et l’affectation des ressources de
financement potentielles et sur la répartition de ces ressources entre les niveaux central et local des institutions
territoriales ».

Dans cet esprit, le financement des entités décentralisées est tributaire de leurs ressources et notamment fiscales.

Ainsi, le Maroc a, dès son indépendance, entrepris des réformes fiscales et ce, dans le but de doter les collectivités
territoriales des ressources à la hauteur des missions et des compétences qui leur ont été dévolues dans le cadre de la
politique de décentralisation territoriale.

Actuellement, le système fiscal local est constitué de taxes instituées par la loi n°47-06 relative à la fiscalité des
collectivités territoriales qui a été modifiée et complétée par la loi n° 07-20 ; et par la loi 39-07. Ces taxes sont, en
effet, spécialisées par niveau de décentralisation.

La loi n°07-20 est entrée en vigueur à compter du 1er janvier 2021 et comporte un ensemble d’amendements qui
concernent:

● Les tarifs de la taxe sur les opérations de construction, la taxe de séjour dans les établissements touristiques
et les autres formes d’hébergement touristique et la taxe sur l'extraction des produits de carrières ;
● Ainsi que l’élargissement du champ d’application de la taxe sur les terrains urbains non bâtis et de la taxe
sur les opérations de lotissement qui seront appliquées pour la première fois par certaines communes. Ainsi,
les dispositions de la loi n°47-06 relative à la fiscalité des collectivités territoriales qui a été modifiée et
complétée par la loi n° 07-20, s’articulent autour de 03 parties qui portent respectivement sur :
○ Les règles d’assiette, de recouvrement et de sanction (articles 1 à 148) ;
○ Les procédures de contrôle et de contentieux (articles 149 à 166) ;
○ Et les dispositions diverses (articles 167 à 178).

§1 : Les taxes régis par la loi n°47-06 relative à la fiscalité des collectivités territoriales qui a été modifiée et
complétée par la loi n° 07-20,

A : Onze (11) Taxes au profit des communes urbaines et rurales

Trois (03) Taxes gérées par l’Etat au profit des communes


● Taxe professionnelle (ancienne patente) ;
● Taxe d'habitation (ancienne taxe urbain) ;
● Taxe de services communaux (ancienne taxe d’édilité).

Huit (08) Taxes et redevances gérées par les communes

● Taxe sur les terrains urbains non bâtis ;


● Taxe sur les opérations de construction ;
● Taxe sur les opérations de lotissement ;
● Taxe sur les débits de boissons ;
● Taxe de séjour ;
● Taxe sur les eaux minérales et de table ;
● Taxe sur le transport public de voyageurs ;
● Taxe sur l'extraction des produits de carrières.

B : Trois (03) Taxes au profit des préfectures et provinces

● Taxe sur les permis de conduire ;


● Taxe sur les véhicules automobiles soumis à la visite technique ;
● Taxe sur la vente des produits forestiers.

C : Trois (03) Taxes au profit des régions

● Taxe sur les permis de chasse ;


● Taxe sur les exploitations minières ;
● Taxe sur les services portuaires.

Par ailleurs, la loi n°39-07 qui a repris, à titre transitoire, certaines taxes, droits, contributions et redevance prévus
par la loi 30-89.

§2 : Les acteurs de la gestion de la fiscalité locale

La fiscalité locale relève de la compétence de quatre entités, chacune étant responsable d’un ou de plusieurs
segments de la gestion :

● Les communes ;
● La Direction Générale des Impôts (D.G.I) ;
● La Trésorerie Générale du Royaume (T.G.R) ;
● Le ministère de l’intérieur.

A : Les communes

Les communes se chargent, chacune au niveau de son territoire, de la gestion de l’assiette, du recouvrement et du
contrôle des différentes taxes et redevances instituées par la loi n°47-06 relative à la fiscalité des collectivités
territoriales qui a été modifiée et complétée par la loi n° 07-20 ; et par la loi n°39-07, à l’exception de la taxe
professionnelle, de la taxe d’habitation et de la taxe de services communaux.

B : La Direction Générale des Impôts (D.G.I)

La Direction Générale des Impôts procède de la gestion de la TP, de la TH et la TSC, et ce à travers les services
centraux et les directions régionales.

C : La Trésorerie Générale du Royaume (T.G.R)

La Trésorerie Générale du Royaume assure les missions de pilotage, d’animation, de suivi, d’audit et de prise en
charge des émissions ainsi que le recouvrement des créances au titre de la fiscalité locale.

D : Le ministère de l’intérieur

Le ministère de l’intérieur assure le contrôle des collectivités territoriales et intervient à plusieurs niveaux en matière
de fiscalité locale:

● Prépare les projets de textes législatifs et réglementaires afférents à la fiscalité locale;


● Assure la mission de suivi du processus d’élaboration, d’adoption et de mise en application de ces textes.
Chapitre 3 : Le contrôle fiscal

Le contrôle fiscal « est à la fois le support vital du système déclaratif et le témoignage du caractère relatif de
la déclaration ».

Dans cet esprit, nous examinerons successivement les formes du contrôle fiscal (Section 1) et la procédure de
rectification contradictoire (Section 2).

Mais, nous jugeons très utile de mettre en évidence le cadre légal et institutionnel du contrôle fiscal ainsi que sa
définition.

Le cadre légal du contrôle fiscal:

● Articles 210 à 234 du CGI (les impôts de l’Etat);


● Articles 149 à 166 de la loi n°47-06 relative à la fiscalité des collectivités territoriales qui a été modifiée et
complétée par la loi n° 07-20.

Le cadre institutionnel du contrôle fiscal:

● La mission du contrôle fiscal est assurée par les services de la Direction Général des Impôts (aussi bien au
niveau central qu’au niveau territorial)

Ainsi, le contrôle fiscal peut être se défini, comme les pouvoirs dévolus, en vertu de la loi, à l’administration fiscale
pour vérifier soit :

● L’exactitude et la sincérité des déclarations ;


● Le caractère régulier d’une situation fiscale.

De plus, le contrôle fiscal sert également à garantir le respect et la bonne application de la loi fiscale au moyen de
l’examen approfondi des déclarations souscrites par les contribuables.

Il revêt, ainsi, le caractère d’une mission pédagogique à l’égard des contribuables pour réduire et éviter les erreurs
et les omissions et une mission d’identification et surtout de répression des différentes formes d’évitement de
l’impôt.

Par ailleurs, le contrôle fiscal n’est pas seulement synonyme de pouvoirs et de prérogatives reconnus au fisc :

● Le droit de constatation,
● Le droit de reprise
● Le droit de communication

Mais, aussi de garanties et de droits accordés aux contribuables :

● Avis de vérification accompagné de la charte du contribuable,


● Limitation de la durée du contrôle,
● Le droit de défense selon une procédure contradictoire,
● Le droit d’être assisté par un conseil au choix…….

Section 1 : Les formes du contrôle fiscal

D’une manière générale, on distingue deux types de contrôles :

● Le contrôle documentaire (ou le contrôle au bureau) ;


● Le contrôle sur place (ou la vérification de comptabilité)

§1 : Le contrôle documentaire

Le contrôle documentaire est appelé aussi le contrôle au bureau. Il s’agit d’un contrôle effectué par l’inspecteur des
impôts à partir de son bureau, sans déplacement dans les locaux du contribuable contrôlé.

Ce type de contrôle peut prendre deux (02) formes :

● Le contrôle formel ;
● Le contrôle sur pièces.
A : Le contrôle formel

Comme son nom l’indique, ce contrôle préliminaire vise à s’assurer que les déclarations respectent les principes de
forme exigés, notamment :

● L’adéquation entre la déclaration et la forme juridique du contribuable ;


● L’adéquation entre la déclaration et la nature des éléments déclarés (chiffre d’affaires, résultat fiscal, revenus
professionnels……)
● Le respect du délai de dépôt de la déclaration ;
● L’existence de toutes les pièces et annexes constituant la déclaration.

B : Le contrôle sur pièces

Ce contrôle consiste à examiner d’une manière plus approfondie les déclarations par les services chargés de la gestion
quotidienne des impôts (services d’assiette).

Dans la pratique, ce type de contrôle est dévolu au chef de secteur d’assiette dont dépend le siège social, le principal
établissement ou le domicile du contribuable.

§2 : La vérification de comptabilité (ou le contrôle sur place)

La vérification de comptabilité se définit comme l’ensemble des opérations qui ont pour objet d’examiner sur place la
comptabilité d’une entreprise et de la confronter aux normes du CGNC et du CGI.

Ce type de contrôle constitue un moyen dont dispose l’administration fiscale pour veiller au respect de la loi fiscale
en vigueur et de voir si la situation réelle du contribuable est bien cohérente avec les revenus qu’il déclare.

De plus, elle porte sur toutes les déclarations souscrites concernant tous les impôts dans la limite du délai de
prescription qui est de quatre (04) ans en général.

Ainsi, la loi fiscale marocaine autorise deux (02) formes de vérification :

● La vérification générale ;
● La vérification ponctuelle.

A : La vérification générale

La vérification générale de comptabilité est un ensemble d’opérations ayant pour objet l’examen sur place, c'est-à-
dire dans les locaux du contribuable, de la régularité et la conformité de la comptabilité avec ses déclarations. Elle
concerne tous les impôts et taxes afférents à la période non prescrite.

B : La vérification ponctuelle

La vérification ponctuelle peut porter sur un ou plusieurs impôts ou taxes ou sur quelques postes ou opérations
déterminées figurant sur une déclaration et / ou ses annexes se rapportant à une partie ou à toute la période non
prescrite.

Dans ce cas, l’avis de vérification doit préciser la période objet de la vérification, les impôts et taxes concernés ou les
postes et opérations visées par le contrôle.

C : Le déroulement chronologique de la vérification de comptabilité

1 : L’envoi de l’avis de vérification

Puisque la vérification de comptabilité a pour objet d’examiner la comptabilité dans les locaux des entreprises, la
procédure ne peut engager sans que le contribuable en ait été informé par un avis de vérification, dans les formes de
l’article 219 du CGI, au moins avant quinze (15) jours de la date fixée pour la vérification.

Ainsi, l’administration utilise souvent un imprimé modèle dénommé « avis de vérification de comptabilité » et
doit comporter :

● Le nom et le grade de l’agent vérificateur,


● La période concernée par la vérification;
● La nature des impôts à vérifier;
● La date du début de l’opération de vérification
2 : Le lieu de la vérification

Les opérations de vérification sont effectuées dans :

● Le siège social ou le principal établissement pour les personnes morales;


● Le domicile fiscal ou le principal établissement pour les personnes physiques.

3 : La durée de la vérification

En ce qui concerne la durée de vérification, elle varie en fonction du chiffre d’affaire :

● Trois (03) mois pour les entreprises dont le chiffre d’affaires HT est inférieur ou égal à 50 millions de DHS.
● Six (06) mois pour les entreprises dont le chiffre d’affaires HT dépasse 50 millions de DHS.

4 : Clôture et résultat de la vérification

La date de clôture des travaux de vérification doit être portée à la connaissance du contribuable dans les formes
prévues par la loi fiscale.

Ainsi, à l’issue du contrôle fiscal sur place (la vérification de comptabilité) l’administration doit :

● Au cas où la vérification n’aboutit à aucun redressement, en aviser le contribuable dans les formes prévues
par l’article 219 du CGI ;
● En cas de rectification des bases d’imposition, engager, selon le cas la procédure de rectification
contradictoire.

Section 2 : La procédure de rectification contradictoire

La rectification des impositions par l’administration fiscale suite au contrôle fiscal ne peut se faire que dans la
procédure de rectification contradictoire prévue dans les articles 220 et 221 du CGI.

Dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de la loi-cadre 69-19 portant réforme fiscale visant la garantie des
droits des contribuables et de l'administration ainsi que la valorisation des missions des instances de recours fiscal, le
paragraphe II de l'article 6 de la LF pour l'année 2022 a complété le CGI par un nouvel article 225 bis qui a
institué les « Commissions Régionales du Recours Fiscal (CRRF) »

Le nombre, le siège et le ressort desdites commissions seront fixés par voie réglementaire.

Ainsi, la phase administrative d’une procédure normale de rectification des impositions, comprend cinq (05) étapes :

1. L’envoi de la première notification par l’administration ;


2. Réponse du contribuable
3. Deuxième notification ;
4. Réponse du contribuable et son pourvoi devant la Commission Locale de Taxation (C.L.T);
5. Et enfin, son pourvoi devant la Commission Nationale de Recours Fiscal (C.N.R.F).

1. L’envoi de la première notification par l’administration

Le contribuable est informé du résultat du contrôle fiscal par cette première lettre, qui doit faire connaître les motifs,
la nature, le montant détaillé des redressements.

En effet, la première lettre doit être envoyée durant les trois (03) mois qui suivent la date de la fin du contrôle fiscal.

De plus, la première lettre a pour effet d’interrompre la prescription quadriennale.

2. Réponse du contribuable à la première lettre de notification

Le contribuable dispose d’un délai de trente (30) jours pour présenter ses observations ou ses propositions sur la base
qui lui a été notifiée dans la première lettre.

En effet, la réponse du contribuable à la première lettre, donne lieu pour l’administration :

● Soit à la fin de la procédure


● Soit à continuer la procédure
3. La deuxième notification du contribuable

L’administration notifie la deuxième lettre dans un délai de maximum de soixante (60) jours, suivant la date de
réception de la première réponse du contribuable.

Suite à la deuxième lettre, le contribuable doit faire un choix entre :

● Soit il accepte la totalité des propositions de la deuxième lettre, la procédure est terminée ;
● Soit il répond, dans le délai légal, à cause de son non-acceptation des rectifications. D’où la procédure se
poursuit.

En effet, le contribuable doit répondre dans un délai de trente (30) jours et pourvu qu’il soit encore en désaccord et
pour que la base ne devienne pas définitive, sa réponse à la deuxième lettre de notification doit contenir l’observation
de sa demande de poursuivre la procédure devant la C.L.T.

Ainsi, cette dernière est obligée de statuer sur ce litige au maximum douze (12) mois après la date de réception, par
l’inspecteur, de la demande du pourvoir devant la C.L.T

4. Pourvoi devant la Commission Locale de Taxation

Après la réponse du contribuable à la deuxième lettre de notification et en formulant sa demande de pourvoi devant
la C.L.T. L’inspecteur renvoi sa demande à la commission dans un délai maximum de trois (03) mois, accompagnée
des documents relatives à la procédure contradictoire à savoir :

● L’avis de vérification, la lettre informant le contribuable de la clôture de l’opération de vérification, les lettres
de notification,
● Les accusés de réception ou les certificats de remise en main propre et les réponses du contribuable.

Par ailleurs, l’administration en fixe le siège (tribunaux) et le ressort (Préfectures et provinces du royaume)

La composition de la C.L.T comprend :

● Un magistrat, président ;
● Un représentant du gouverneur de la préfecture ou de la province ;
● Un représentant de l’Administration fiscale qui tient le rôle de secrétaire rapporteur ;
● Un représentant des contribuables.

En cas où la C.L.T n’a pas pris de décision, l’administration informe le contribuable de l’expiration de délai de 12 mois
sans prise de décision, dans les formes prévues à la loi.

De plus, l’administration doit informer le contribuable de son droit d’un recours devant la C.N.R.F et lui indique
l’adresse exacte de cette commission. Aussi, l’administration a le droit de demander le pourvoi devant la C.N.R.F.

5. Pourvoi devant la Commission Nationale de Recours Fiscal

Le recours devant la C.N.R.F ne peut s’exercer qu’après la décision de la C.L.T. En effet, lorsque le contribuable ou
l'administration saisit la C.N.R.F. Celle-ci doit :

● Informer l’autre partie en lui communiquant copie de la requête dont il a été saisi dans le délai de trente (30)
jours suivant la date de réception du recours ;
● Demander à l’administration les copies des documents relatives à la procédure contradictoire, qui lui
permette de statuer sur le litige qui lui est soumis.

La composition de la C.N.R.F comprend :

● Sept (07) magistrats


● Trente (30) fonctionnaires,
● Cent (100) personnes du monde des affaires

La C.N.R.F se subdivise en sept (07) sous-commissions délibérantes et chaque sous-commission se compose


de :

● Un (01) magistrat, président ;


● Deux (02) fonctionnaires tirés au sort ;
● Deux (02) représentants des contribuables choisis par le président de la commission ;
● Un (01) fonctionnaire (autres que les deux cités ci-dessus) tient le rôle de secrétaire rapporteur (sans voix
délibérative).

Ainsi, la C.N.R.F est une commission permanant placée sous l’autorité directe du chef du gouvernement, siège à
Rabat, sa compétence territorial couvre tout le territoire national et statue sur les litiges dont elle est saisie, dès lors
que les recours sont exercés dans les conditions de forme et délai prévues.

En effet, le contribuable doit poursuivre la procédure engagée devant la C.L.T et la C.N.R.F jusqu’à son terme, avant
de déclencher la procédure judiciaire.

De plus, le recours par voie judiciaire ne peut être intenté en même temps que le recours devant la C.L.T ou la
C.N.R.F.

Chapitre 4 : Le contentieux fiscal

Le contentieux fiscal peut être défini comme « l’ensemble des règles applicables aux litiges qui peuvent survenir à
l’occasion de l’assiette, de la liquidation et du recouvrement des impositions de toute nature ».

En effet, les contestations des contribuables se rapportent à des désaccords sur l’assiette ou des différends quant à la
validité des procédures de recouvrement.

Ainsi, nous examinerons successivement le contentieux de l’assiette (Section 1) et le contentieux du recouvrement


(Section 2).

Section 1 : Le contentieux de l’assiette

Le contentieux de l’assiette s’entend de toute procédure engagée suite à une contestation formulée par le
contribuable et ayant pour objet la réparation des erreurs relevées dans l’application des règles relatives à l’assiette ou
au calcul de l’impôt.

Relève ainsi du contentieux de l’assiette, les actions portées devant le tribunal administratif par le contribuable qui
conteste soit le principe même de son imposition, soit le montant de l’impôt que lui réclame le fisc ou le refus de
celui-ci de lui reconnaître un avantage fiscal prévu par la loi.

Exemple : les cas du contentieux de l’assiette

● Le contribuable conteste les régularisations portées par l’inspecteur à l’impôt payé au titre des profits fonciers;
● Le contribuable demande de bénéficier d’une exonération temporaire ou permanent;
● Le contribuable demande un dégrèvement pour une double imposition…

Selon les procédures fiscales en vigueur, le contentieux judiciaire de l’assiette (§2) doit faire l’objet d’une réclamation
administrative préalable (§1).

§1 : La procédure administrative préalable

Le contentieux fiscal de l’assiette obéit à la règle du recours préalable devant l’administration par voie de
réclamation.

En effet, la réclamation permet au contribuable de demander à l’administration fiscale la révision des dettes fiscales,
jugées irrégulières ou excessives mises à sa charge.

Par ailleurs, la procédure de la réclamation ne dispense pas pour autant le contribuable du paiement de l’impôt
contesté.

Dans ces conditions, le contribuable qui conteste les montants mis à sa charge doit adresser sa réclamation au
Directeur des impôts ou à la personne par lui déléguée.

A : Les conditions de la réclamation

D’abord, le contribuable doit préciser l’objet de la réclamation (réduction, exonération).

Ensuite, la contestation des impositions prévus par la loi fiscale doit être, sous peine d'irrecevabilité, adressée aux
services des impôts dans les délais prévus par la loi.
Enfin, la réclamation doit, sous peine de rejet, être écrite et signée par le contribuable.

Une fois la réclamation du contribuable remplie les conditions de formes et de fonds prévus par les procédures
fiscales. Elle doit être soumise aux services des impôts pour instruction.

B : Instruction de la réclamation

L’inspecteur des impôts examine la réclamation afin d’en d’analyser la forme et le fond ainsi que les faits et les motifs
de droit invoqués par l’auteur de la réclamation.

D’abord, au niveau de la forme, l’analyse consiste à rechercher si la réclamation est signée et présentée dans le délai
prévu par la loi et si elle contient tous renseignements et éléments permettant son instruction.

Ensuite, l’analyse du fond consiste à examiner les faits invoqués, en vue de s’assurer de leur exactitude pour la
solution du litige existant. Enfin, sont examinées les motifs invoqués pour mieux apprécier les arguments avancés et
les moyens de droit développés par le réclamant (le contribuable).

C : Décision de l’administration

Sur la base des conclusions du rapport d’instruction des services fiscaux, le ministre des finances ou son délégué
statue sur la réclamation. Toute décision de rejet de la demande doit être motivée et notifiée à l’auteur de la
réclamation (le contribuable).

Si le contribuable n’accepte pas la décision rendue, ou à défaut de réponse de l’administration dans le délai prévu par
la loi, il peut saisir le tribunal administratif (le déclenchement de la procédure contentieuse judiciaire)

§2 : La procédure judiciaire

La procédure judiciaire peut être engagée selon le cas, suite au contrôle fiscal ayant débouché sur la procédure de
rectification contradictoire ou suite à la réclamation préalable.

A : Procédure judiciaire suite aux opérations de contrôle fiscal

Cette procédure peut être déclenchée tant par le contribuable que par l’administration. Ainsi, lorsque l’une des deux
parties n’est pas convaincue du jugement prononcé par les commissions (C.L.T et C.N.R.F), elle peut porter le litige
devant le tribunal administratif pour fixer les bases à retenir pour le calcul de l’impôt.

B : Procédure judiciaire suite à la réclamation

Le contribuable qui n’a pu obtenir satisfaction, suite à sa réclamation préalable, peut soumettre au juge fiscal le litige
qui l’oppose à celle-ci.

Deux cas peuvent se présenter lorsque le contribuable adresse sa réclamation à l’administration:

1er cas : le contribuable n’accepte pas la décision de l’administration

Les décisions de rejet rendues par l’administration sont, en effet, susceptibles de recours devant la juridiction
compétente dans le délai de trente (30) jours suivant la date de leur notification au contribuable.

2éme cas : l’administration ne répond pas le délai imparti

A défaut de réponse de l’administration dans le délai de trois (03) mois suivant la date de la réclamation, le
contribuable peut saisir la juridiction compétente dans le délai de trente (30) jours suivant la date de l’expiration du
délai de réponse.

Il faut souligner que le recours judiciaire ne fait pas obstacle au recouvrement des sommes exigibles.

Toutefois, le contribuable peut saisir le juge des référés pour lui demander de sursoir aux mesures de recouvrement
lorsque les motifs de la contestation paraissent sérieux et que le recouvrement peut avoir des conséquences
difficilement réparables par le requérant (le contribuable).

Section 2 : Le contentieux du recouvrement

Il s’agit des litiges qui surviennent à l’occasion des procédures de recouvrement forcé entreprises par le comptable
public chargé du recouvrement de l’impôt. En effet, les services de recouvrement mettent en œuvre des actes de
recouvrement forcé (le commandement, la saisie et la vente) dont la régularité ou la validité peut être contestée
par le contribuable.

Dans ce sens, le contribuable ne conteste pas le principe de l’imposition mais conteste devant le juge les actes de
poursuite dont il a fait l’objet.

Ainsi, le juge sera amené à apprécier la validité des actes de poursuites soit au fond, soit en la forme.

§1 : L’appréciation par le juge des actes de poursuites au niveau du fond

Le contribuable conteste la validité matérielle de l’acte de poursuite (Exemple: dans le cas où l’administration
fiscale n’a pas pris en compte des paiements déjà effectués). Le juge doit donc se prononcer sur l’existence de
l’obligation du contribuable et l’exigibilité de la dette fiscale qui met en œuvre les actes de poursuites.

En effet, le juge va apprécier si la dette requise est exigible ou non ou si l’obligation de payer est valable ou non.

Ainsi, le juge donnera raison au contribuable dans les hypothèses ou l’impôt réclamé est déjà payé ou prescrit.

§2 : L’appréciation par le juge des actes de poursuites au niveau de la forme

Le contribuable reconnaît son obligation de payer. Il ne conteste pas l’exigibilité des droits qui lui sont réclamés.
Mais, il met en cause la régularité en la forme des actes de poursuites.

Ainsi, et par souci de protection des contribuables, les procédures de recouvrement forcé sont réglementées de
manière précise par le code de recouvrement des créances publiques (la loi 15-97).

En effet, le comptable chargé du recouvrement doit se conformer aux délais, formes des actes, l’ordre chronologique
(le commandement, la saisie et la vente), de leur mise en œuvre. Sous peine de voir les actes de poursuite
entachés d’irrégularités sont annulés par le juge.
LISTE DES ABREVIATIONS

A.D.I.I : Administration des Douanes et des Impôts Indirects

C.L.T : Commission Locale de Taxation

C.N.R.F : Commission Nationale du Recours Fiscal

C.G.I : Code Général des Impôts

C.G.N.C : Code Général de Normalisation Comptable

C.T : Collectivités Territoriales

C.P.U : Contribution Professionnelle Unique

D.E : Droit d’Enregistrement

D.G.I : Direction Générale des Impôts

D.D.H.C : Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen

H.T : Hors Taxes

I.R : Impôt sur le Revenu

I.S : Impôt sur les Sociétés

I.B.P : Impôt sur les Bénéfices Professionnels

O.C.D.E : Organisation pour la Coopération et le Développement Économique

T.G.R : Trésorerie Générale du Royaume

T.E : Taxe d’Edilité

T.H : Taxe d’Habitation

T.P : Taxe Professionnelle

T.S.C : Taxe de Services Communaux

T.T.N.B : Taxe sur les Terrains Non Bâtis

T.I.C : Taxes Intérieures de Consommation

T.V.A : Taxe sur la Valeur Ajoutée

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