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DROIT FISCAL

Pr. Neggaoui Mounir


Introduction générale

 Le droit fiscal est une branche du droit public dont l'objet est
d’étudier les règles juridiques relatives à l’impôt.
 Il existe une double notion du droit fiscal:
a) La conception étroite du droit fiscal: le domaine de l'exorbitant,
des dérogations au droit commun…/
b) La conception extensive du droit fiscal…. un droit de référence
 le doyen Vedel, le droit fiscal est un peu «l’enfant perdu des
disciplines juridiques. Dans la grande famille du droit, il fait
figure, sinon d’orphelin recueilli, du moins d’enfant un peu
singulier ».
 Le droit fiscal ne saurait cependant être réduit au seul aspect juridique.
L’impôt constitue le principal prélèvement obligatoire qui assure le
financement des budgets publics.
 L’impôt est un instrument incontournable de la politique économique et de
la régulation de l’économie, des politiques sociales et de redistribution des
revenus.
 Plan :
 Chapitre premier : la théorie générale de l’impôt….
 Deuxième chapitre : le système fiscal marocain…./
 Troisième chapitre : procédures fiscales et le contentieux fiscal./…
Premier chapitre : La théorie générale
de la l’impôt
Section première : définition de
l’impôt
L'impôt peut être défini comme un prélèvement pécuniaire, de caractère
obligatoire, effectué en vertu de prérogatives de puissance publique, à titre
définitif, sans contrepartie déterminée, en vue d'assurer le financement des
charges publiques de l'Etat, des collectivités territoriales et des
établissements publics administratifs.
 Sous section 1: les éléments de définition

 sous-section 2: distinction de l'impôt des autres types de prélèvements

 sous-section 3: Les classifications des impôts


 L'Étymologie du mot fiscal : « fiscus » chez les romains, c'était le panier qui
servait à récolter l'argent public. Aujourd'hui, le fisc constitue les
administrations en charge des impôts.
 L’imposition est le fait que les administrations publiques soumettent une
personne morale ou physique à un impôt, une taxe, une contribution.
Sous-section 1) Les caractéristiques de
l’impôt
L’impôt présente six principales caractéristiques:
- L’impôt est un prélèvement pécuniaire;
- L’impôt acte de puissance publique;
- L’impôt est un prélèvement opéré à titre définitif;
- L’impôt est un prélèvement sans contrepartie;
- L’impôt est destiné à couvrir les charges publiques;
- L’impôt est reparti entre les citoyens.
Paragraphe I- L’impôt est un
prélèvement pécuniaire
 Cela signifie que l’impôt doit donc être acquitté par la remise d’une
somme d’argent. L’impôt pouvait parfois être payé en nature . Cela n’est
plus le cas aujourd’hui.
Paragraphe II : L’impôt acte de
puissance publique
 L’impôt est un prélèvement obligatoire perçu par voie d’autorité. Il
implique aussi l’intervention d’un pouvoir de contrainte qui est une
manifestation de la souveraineté de l’Etat. Une autorité qui n’est ni
arbitraire ni sans limite, car seul le législateur peut, créer modifier ou
supprimer un impôt.
Paragraphe III : L’impôt est un
prélèvement opéré à titre définitif
 Il s’agit là d’une évidence : l’impôt versé ne donne pas droit à un
remboursement ultérieur au profit du contribuable. Il ne s’agit donc pas
d’une avance qui serait consentie à l’Etat en vue d’obtenir une restitution
future, mais d’un prélèvement définitif destiné, à couvrir les charges de la
collectivité.
Paragraphe IV : L’impôt est un
prélèvement sans contrepartie
Cela signifie que le fait de payer l’impôt ne confère pas de droit particulier au
contribuable. Ce n’est pas le fait d’acquitter un impôt qui permet de
bénéficier d’un service public, ou d’une quelconque autorisation.
Paragraphe V : L’impôt est destiné à
couvrir les charges publiques
 L’affectation du produit de l’impôt à la couverture des charges publiques
trouve son fondement dans l’article 39 CONST « Tous supportent, en
proportion de leurs facultés contributives, les charges publiques que seule
la loi peut, dans les formes prévues par la présente Constitution, créer et
répartir»
 Initialement, l’impôt devait donc servir et couvrir les charges liées aux
fonctions classiques de l’Etat gendarme à savoir (sécurité intérieure, armée,
diplomatie et justice).
Paragraphe VI : L’impôt est reparti
entre les contribuables :
 le droit fiscal ne se limite pas à la nationalité du contribuable. Les
ressortissants étrangers vivant sur le territoire national sont par principe
soumis aux règles fiscales nationales, car on prend essentiellement en
considération le lieu de réalisation de l’opération imposable pour
déterminer le régime d’imposition, d’où l’importance du principe de
territorialité de l’impôt
 - La contribution doit être repartie entre les contribuables en raison de leurs
facultés …..
 C’est la recherche de la justice fiscale qui s’est longtemps manifestée par
l’impôt proportionnel mais qui s’illustre aujourd’hui surtout à travers l’impôt
progressif.
sous-section 2: distinction de l'impôt des
autres types de prélèvements

En marge de l’impôt, d’autres prélèvements qui prennent la forme de taxes et


de redevances, des critères permettent d’opérer des distinctions entre les
prélèvements, même si fréquemment la confusion est évidente dans l’esprit
du contribuable.
Paragraphe 1): taxe et impôt

 La taxe peut être définie comme la somme exigée en contrepartie des


prestations offertes par un service public ou de la possibilité d'utiliser un
ouvrage public.
Paragraphe 1): taxe et impôt

A la différence de l’impôt, la taxe a une contrepartie. Elle est perçue à


l’occasion de la fourniture d’un service. L’existence d’une contrepartie pour la
personne qui acquitte ce prélèvement est donc le critère principal de
distinction avec l’impôt. Néanmoins si la taxe est également instituée par le
législateur, il n’ y a pas nécessairement adéquation entre le coût du service
rendu et le montant à payer.
Paragraphe 2) La redevance et impôt

Tout comme la taxe, la redevance se différencie de l’impôt car elle a une


contrepartie……
 La redevance ou rémunération pour service rendu peut être définie
comme la somme versée par l'usager d'un service public ou d'un ouvrage
public déterminé et qui trouve sa contrepartie directe et immédiate dans
 Néanmoins, la redevance se distingue de la taxe sur deux points.
- En premier lieu, elle n’est due que par l’utilisateur effectif d’un service.
- En second lieu, son montant doit correspondre à la valeur du service rendu
et doit être affecté au service fournissant la prestation.
 Les droits et taxes perçues à l’entrée des musés nationaux… Constituent
des rémunérations pour services rendues
Paragraphe 3) Taxes parafiscales (taxes affectées)

 Article 67 « les taxes parafiscales, perçues dans un intérêt économique ou


social au profit d'une personne morale de droit public autre que l'Etat et les
collectivités territoriales, ou d’une personne morale de droit privé chargée des
missions de service public, sont établies par décret, pris sur proposition du
ministre intéressé et du ministre chargé des finances ».

 Ex SNRT redevance audiovisuelle, la redevance est annexée aux factures


d'électricité et calculée, avec un plafond, proportionnellement au montant
desdites factures.
La taxe para-fiscale
Décret n° 2.97.352 du 24 Safar 1418 (30 Juin 1997) instituant , au profit de l’Office du Développement de la
Coopération, une taxe parafiscale dite « Taxe de développement coopératif »
LE PREMIER MINISTRE
Vu le dahir n°1-72-260 du 9 Chaabane 1392 (18 septembre 1972) portant loi organique des finances,
notamment son article 16 (2e alinéa) ;
Vu la loi n° 24-83 fixant le statut général des coopératives et les missions de l’Office du Développement de la
Coopération promulguée par le dahir n°1-83-226 du 9 moharrem 1405 (5 octobre 1984), notamment son
article 69 ;
Vu le dahir portant loi n°1-73-654 du 11 Rabia II 1395 (23 avril 1975) relatif à l’Office du Développement de
la Coopération, notamment son article 8;
Sur proposition du ministre des finance et des investissements extérieurs et du Ministre Délégué auprès du
Premier Ministre Chargé de l’Incitation de l’Economie.
Après examen par le conseil des ministres réuni le 29 Hija 1417 (7 mai 1997).
DECRETE :
Article 1 – Il est institué au profit de l’office du développement de la coopération une taxe parafiscale dite
« Taxe de développement coopératif », à la charge des coopératives et leurs unions, régies par la loi susvisée
n° 24-83, qui réalisent les excédents nets en fin d’exercice visés à l’article 69 de ladite loi.
sous-section 3: Les classifications des impôts

 Au delà du débat théorique, on observe généralement aujourd’hui que


tous les pays ont opté pour un système d’impôts multiples pour des
considérations à la fois politiques, économiques et fiscales.
 Ainsi, la notion d’impôt recouvre une grande diversité de prélèvements.
L’organisation de la connaissance fiscale nécessite en premier lieu le
dénombrement et la classification des différents types d’impôts qui
constituent un système fiscal.
Paragraphe I : Impôt direct et impôt indirect

La distinction impôts directs et indirects découle de deux critères :


 La distinction administrative, faite selon le mode de recouvrement de
l’impôt ;
 La distinction économique, faite suivant l’incidence économique de
l’impôt (qui le paye).
Paragraphe I : Impôt direct et impôt indirect

Si l’on retient le critère de l’INCIDENCE économique, la distinction s’établirait


entre les impôts qui restent à la charge de ceux qui y sont assujettis (impôts
directs) et ceux dont la charge peut être reportée par les contribuables sur
des tiers qui deviennent ainsi les véritables redevables (Impôts Indirects).
Ainsi est impôt direct, un impôt dans lequel le payeur et celui qui le supporte
sont une seule et même personne. Il est versé ainsi directement à
l’Administration Fiscale par le contribuable lui-même, alors que l’impôt indirect
est l’impôt dans lequel le payeur n’est pas celui qui le supporte réellement. Le
contribuable est donc imposé indirectement par le fait que le payeur de
l’impôt récupère sur lui le montant qu’il verse à l’Administration fiscale.
Si l’on retient le critère administratif , L’impôt est dit direct quand il se fait sur la base d’un
acte administratif unilatéral appelé « titre de recouvrement » ou encore « avis d’imposition »
envoyé DIRECTEMENT au contribuable identifié au préalable par l’administration, lui disant
combien, comment, où payer.
L’impôt est dit indirect quand l’administration recouvre spontanément l’impôt sans passer
par un avis au contribuable. Il est compris dans un prix par exemple (TVA) sans que le
contribuable ne se rende compte qu’il est imposé
Paragraphe 2: Impôt réel et impôt
personnel
 L’opposition entre l’impôt réel et l’impôt personnel est aussi très ancienne.
 L’Impôt réel est celui qui porte sur un élément économique sans considération de la
situation personnelle de son détenteur L’impôt frappe ratione-materiae. Exemple : l’impôt
sur la dépense – TVA , les droits d’enregistrement sur les immeubles..)
 - L’impôt personnel atteint l’ensemble de la capacité contributive du redevable en tenant
compte de sa situation, et de ses charges de famille (l’impôt sur le revenu,..)
Paragraphe 3: L’impôt de quotité et de
l’impôt de répartition

 L’impôt de quotité est un impôt qui s’applique à une base imposable et est assorti d’un tarif
préalablement déterminé.
 l’impôt de répartition est généralement défini à l’avance et réparti ensuite entre les
contribuables en fonction des éléments imposables et souvent sur un territoire déterminé.
Les taux des impôts peuvent alors résulter de cette répartition.
Parag. 4: impôt proportionnel et de l’impôt
progressif

 L’impôt proportionnel est un impôt dont le taux est constant quelle que soit l’importance de
la matière imposable.
 L’impôt progressif est un impôt dont le taux varie avec la matière imposable, le taux
augmente à mesure que le volume de la base d’imposition s’accroît. Il réalise une égalité
réelle et non arithmétique.
 L’impôt progressif global: Ainsi, par exemple, pour le revenu compris entre 0 et 99, le
taux sera de 5 %, de 101 à 500 il sera de 10 %, de 501 à 1000 il s’élèvera à 15 % etc… Ce
système est simple, mais il introduit une certaine injustice aux limites des différentes
classes. Puisque dans notre exemple, quand le contribuable A qui déclare un revenu de 99
paye un impôt de 4,95, le contribuable B qui lui a perçu un revenu de 101 va payer un
impôt de 10,1 soit pratiquement le double.
 L’impôt progressif par palier : L'impôt est alors établi sous forme de barème. Celui-ci
divise l'assiette en tranches successives. Chacune des tranches se voit appliquer un taux
différent. Plus la tranche du barème est élevée, plus le taux d'imposition est fort. C'est le
cas de l'impôt sur le revenu.
1ER 24 000
2EM 1 000
Paragraphe 5: Classification
économique
Classification économique :
 L’impôt sur les revenus
 L’impôt sur les dépenses
 L’impôt sur le capital
 Cette typologie, actuellement la plus employée, distingue entre l’impôt sur le revenu et
l’impôt sur le capital.
 Le revenu est l’ensemble des ressources régulières du contribuable. Le capital est constitué
par les biens possédés par le contribuable qu’il a acquis soit par l’Epargne d’une partie de
son revenu, soit par donation, successions….
Impôt sur les Revenus

 Généralement, le revenu est considère comme l’ensemble des sommes perçues par une personne
pendant une période préalablement définie
 La notion fiscale de revenu présente certaines particularités:
• Le caractère monétaire n'est pas exclusif. Certains revenus non monétaires sont pris en
considération par le droit fiscal Par exemple les avantages en nature.
• le caractère périodique n'est pas toujours retenu. Ainsi, les plus-values sont-elles imposées
en tant que revenu.
• Certains revenus au sens économique sont exonérés, tels que l'indemnité de licenciement ,
l’indemnité de départ volontaire, les prix littéraires et artistiques dont le montant ne dépasse pas
annuellement cent mille (100 000) dirhams...
 Impose le revenu quelle que soit son origine.
 Exemple : IR - IS
L’impôt sur la dépense

 Frappe l’utilisation du revenu. C’est donc la richesse qui sort du patrimoine du


contribuable pour servir à l’achat de biens ou de services

 EX: TVA qualifiée d’impôt général sur la dépense - TIC.


L’impôt sur le capital

 Définition et formes du capital


le capital est la richesse consolidée dans le patrimoine du contribuable.
A la différence du revenu, le capital ne se renouvelle pas régulièrement, le frapper par un
impôt, c’est donc l’amputer définitivement. Alors que le revenu est imposé chaque fois qu’il
sera réalisé par le contribuable.
 Il existe plusieurs catégories de capitaux :
Les capitaux immobiliers /mobiliers :les capitaux immobiliers comme par exemple les
immeubles sont plus facilement imposables car il est difficile de les dissimuler physiquement.
Ce qui n’est pas le cas des capitaux mobiliers comme l’or. Dans ces conditions on comprend
que le premier type de capital ait été imposé.
 Les capitaux productifs / les capitaux improductifs de revenus : Certains capitaux
produisent des revenus. C’est le cas des immeubles qui génèrent des loyers, c’est
également le cas des actions qui peuvent procurer des intérêts etc… Ces capitaux sont donc
plus facilement imposables que ceux qui ne procurent aucun revenu comme Les bijoux qui
ne rapportent rien à leurs propriétaires à moins d’être vendus
 Les limites de la notion : Il est parfois délicat de distinguer certains capitaux de certains revenus. On peut citer
comme exemple :
La plus-value réalisée lors de la vente d’un immeuble est un capital économiquement parlant, mais en droit fiscal elle
est appréhendée comme un revenu.
 Les modalités de l'imposition du capital
• L’impôt régulier c’est par exemple la taxe d’habitation ou la taxe sur les terrains non bâtis . Dans ce cas,
l’imposition se fait chaque année, c’est donc la possession d’un certain patrimoine qui est imposé.
• L’impôt exceptionnel : c’est le cas des droits de mutation. L’impôt n’est perçu qu’à l’occasion d’évènements
particuliers : la transmission du capital par l’effet de la vente.
Paragraphe 6: l’impôt cédulaire et l’impôt
synthétique
 L’impôt cédulaire est un impôt qui taxe une opération isolée. chaque revenu est distingué
pour être imposé de manière particulière. Autrement dit, les diverses catégories de revenus,
appelé aussi cédules, sont taxés selon des barèmes différent
Les avantages sont
➢ pour le contribuable: la visibilité
➢ pour l’Etat : c’est un impôt analytique qui permet une politique de discrimination du taux
assez facilement
les inconvénients
➢ Ne permet pas une personnalisation de l’impôt. On ne taxe qu’une opération précise. Au lieu
d'imposer le revenu global comme unité, il frappa chaque source particulière de revenus de
manière séparée.
➢ L’impôt cédulaire ne permet pas la progressivité. Ce n’est pas le contribuable qui est
appréhendé dans la totalité de ses revenus, mais chacun de ses revenus dans sa spécificité.
Ainsi, un contribuable percevant plusieurs types de revenus pour des sommes moyennes sera
faiblement imposé alors qu'en fait la somme de ses revenus est conséquente.
 La notion d’impôt synthétique ou global: Ici on prend en considération l’ensemble du
revenu quels que soient ses origines. Plus le revenu est important, plus le taux est élevé.
C’est l’impôt global. Impôt qui taxe en une seule fois un ensemble d’éléments : exemple
type l’IR.
 L’IR va taxer en une fois les revenus Par l'application d'un barème unique et des mesures
de personnalisation identique, la totalité des revenus que réalise le contribuable : le revenu
global qui provient de différentes sources de revenus..

➢ L’avantage: la simplification : un impôt global évite les multiples taxations. La technique


de l’impôt global permet de personnaliser si l’Etat LE veut.
➢ Inconvénient : le risque de pression fiscale élevée lorsque cette technique n’est pas
associée avec la progressivité de l’impôt.
Paragraphe 7: impôts spécifiques et impôts ad-
valorem

 Les impôts dits spécifiques sont calculés en multipliant un poids, un volume, une surface
de matière imposable par une somme donnée. Il existe peu d'impôts de ce type; on peut
citer parmi eux les droits sur les alcools (x MAD par hectolitre), certaines taxes locales (x
MAD par m2).
 l'impôt est basé non sur des valeurs mais sur des éléments matériels non monétaires
exempts la taxe intérieure sur la consommation des produits pétroliers (m3, kg ou
Hectolitre)
 Les impôts ad valorem sont calculés par application d'un tarif à la base imposable. Ce
procédé est le plus communément utilisé.
Dahir portant loi n° 1-77-340 du 25 chaoual 1397
(9 octobre 1977) déterminant les quotités applicables aux marchandises
et ouvrages soumis à taxes intérieures de consommation

 Article premier. - L’administration des douanes et impôts indirects est chargée de


la liquidation et du recouvrement des taxes intérieures de consommation
applicables aux catégories suivantes de marchandises et d’ouvrages importés ou
produits dans le territoire assujetti :
1 - les limonades, eaux gazeuses ou non gazeuses, eaux minérales, eaux de table ou
autres, aromatisées ou non aromatisées ; 2 - les bières ; 3 - les vins et alcools ; 4 -
abrogé ; 5 - les produits énergétiques et les bitumes ; 6 - (abrogé) ; 7 - les ouvrages de
platine, d’or et d’argent; 8 - les tabacs manufacturés ; 9- les liquides pour charger ou
recharger les appareils électroniques dits « cigarettes électroniques » et appareils
similaires. 10- les pneumatiques même montés sur jantes ; 11- les articles, appareils
et équipements fonctionnant à l’électricité; 12- les appareils électroniques ; 13-
les batteries pour véhicules.
Section II:
Sources et principes d’Impôts
 Paragraphe I : Les sources de l’Impôt :
 Paragraphe II : Les principes de l’Impôt
Paragraphe I : Les sources de l’Impôt :

 I : Les sources constitutionnelles :


La constitution dispose dans son article 39 que : Tous supportent, en
proportion de leurs facultés contributives, les charges publiques que
seule la loi peut, dans les formes prévues par la présente
Constitution, créer et répartir
 des traités et engagements internationaux
 sources législatives la loi est la principale sources du droit
fiscal
 Jurisprudence
 La doctrine administrative (source officieuse) NC 717
Paragraphe II : Les principes de l’Impôt

L’opération d’imposition doit être encadrée par des principes fondamentaux


qui puisent généralement leur source dans la constitution: le principe de
légalité, d’égalité etc….
I : Le principe de légalité :

 le principe de légalité suppose que les règles concernant l’assiette, le taux et les modalités
de recouvrement des impôts sont fixées par la loi, et sont donc nécessairement et
obligatoirement votées par le Parlement.
 La légalité fiscale suppose aussi que les actes de l’administration fiscale soient conforme
à la loi .
 Ce principe supporte cependant plusieurs limites, atténuant par là même le rôle du
législateur. Limites résultant de la constitution, et de la doctrine administrative… Ce qui
peut conduire à écarter le parlement du processus de décision à caractère fiscal.
 Ainsi c’est l’AF qui est a l’origine des lois fiscales et c’est elle qui l’interprète via les
décrets et aussi par la doctrine administrative qui se substitue à la loi au moins dans l’esprit
des agents du fisc.
II: Le principe d’égalité devant l’impôt

 la loi traite toute personne de même façon. Personne ne doit avoir de privilèges garantis
par la loi.
 Le principe d’égalité fiscale consiste en l’égalité des contribuables devant la loi fiscale. Un
même régime fiscal doit alors s’appliquer à tous les contribuables placés dans la même
situation.
 Cependant, La loi doit apprécier les facultés contributives, et en conséquences, peut
prévoir des régimes différents entre les contribuables dès lors qu’il existe des différences
de situation objectives.
III: Le principe de la non-rétroactivité de
l’impôt.

 Ce principe ne concerne pas que le loi fiscale, mais il représente une règle générale en
matière de droit. La loi ne dispose que pour l’avenir, elle n’a pas d’effet rétroactif.
 La non-rétroactivité présente toutefois un intérêt particulier en droit fiscal en raison des
enjeux financiers et elle garantie la sécurité juridique des contribuables. Or, le reproche
est souvent fait au législateur de changer les dispositions fiscales alors que le contribuable
a déjà organisé sa situation fiscale.
 Dans une décision, la cour constitutionnelle a estimé que le législateur a la faculté
d’adopter des dispositions fiscales rétroactives, il ne peut le faire qu’en considération d’un
motif d’intérêt général suffisant et sous réserve de ne pas le priver de garanties légales des
exigences constitutionnelles.
 Il ressort de cette décision qu’une distinction doit donc être faite entre:
✓ La loi fiscale en matière répressive
✓ La loi fiscale en matière non-répressive
 La loi fiscale en matière répressive: Principe absolu de non-rétroactivité de la loi
fiscale en matière répressive: afin d’éviter des dispositions législatives
rétroactives, on ne saurait permettre aux autorités d’infliger des sanctions à des
contribuables en raison d’agissements antérieurs à la publication de nouvelles
dispositions qui ne tombaient pas sous le coups de la loi ancienne, ce qui
permettra une certaine sécurité et stabilité fiscale.
 La loi de fiances est rétroactive de fait: ainsi rien n’interdit à la loi de revenir sur
une exonération fiscale acquise sous l’empire d’une loi antérieure ou d’en réduire
la durée.
IV : Le principe de la territorialité de l’impôt :

 A la différence des principes précédents qui trouvent leur origine dans la constitution, le
principe de la territorialité de l’impôt résulte essentiellement de la loi. Il implique que la
loi fiscale s’applique sur le territoire de l’Etat qui l’a adopté pour tous les contribuables
présents sur ce territoire.
 Néanmoins, cette règle souffre de nombreuses exceptions. Dans certaines situations, la loi
fiscale ne s’applique pas sur tout le territoire national. La création de zone d’accélération
industriels , ou des zones d’investissement s’est accompagnée d’un système d’exonération
ou d’allégements d’impôts à l’intérieur du périmètre de ces zones.
 A l’inverse, l’application de la loi fiscale peut parfois s’étendre au-delà des frontières et ne
pas se limiter à la seule matière imposable située sur le territoire national. C’est le cas
notamment pour les contribuables qui sont fiscalement domiciliés dans leur pays d’origine
au titre de l’impôt sur le revenu et qui sont soumis à l’obligation fiscale illimitée. Cela
implique qu’ils seront soumis sur la totalité de leurs revenus quel que soit le lieu où ils ont
été acquis.
 Un contribuable qui n’a pas de domicile au Maroc est en principe soumis à l’obligation
fiscale limitée. « Limitée » signifie que l’impôt est calculé seulement sur les revenus en
provenance du Maroc. Inversement, « soumis à l’obligation fiscale illimitée » signifie que
l’ensemble du revenu au niveau mondial, donc même les revenus étrangers sont pris en
compte dans le calcul du montant de l’impôt.
Deuxième chapitre : le système fiscal marocain, Les
opérations applicables à l’impôt

 Il s’agit des opération successives qui permettent d’obtenir l’encaissement de


l’impôt
 Elles consistent d’abord à identifier la matière imposable : l’assiette d’impôt.
Une fois l’opération est effectuée il est procédé à l’application des tarifs ou taux
d’imposition pour calculer le montant d’impôt dû : c’est l’opération de
liquidation de l’impôt. La dette fiscale doit ensuite être acquittée et encaissée :
c’est l’opération de recouvrement de l’impôt
Section I : Détermination de la matière
imposable (L’assiette de l’impôt)

 C’est l’ensemble des opérations administratives qui ont pour but de rechercher et
d’évaluer la matière imposable. Ainsi asseoir l’impôt conduit à déterminer la base
d’imposition.
 L'assiette est une base de calcul. Elle représente la somme d'un ensemble d'éléments
financiers, qui sert de base pour le calcul d'une obligation financière.
 Le but consiste à identifier la quantité ou le montant chiffré de la matière à imposer.
 Deux procédés peuvent être tenus pour déterminer la matière imposable
 1. Le dénombrement physique: Le fait de compter ou de mesurer la matière imposable
afin de calculer l’impôt à payer. Elle peut être une réalité physique (hectolitre Kg, M2)
ou une réalité juridique (propriété, par exemple).
 2. L’évaluation de l’assiette : il y a l’évaluation directe (le système déclaratif) et
l’évaluation indirecte (l’évaluation indiciaire et l’évaluation administrative) c’est une
réalité économique (chiffre d'affaires, revenus) ;
LA PERSONNE IMPOSABLE

 La personne imposable sur laquelle pèse la charge fiscale et qui procède au paiement de
l’impôt. Il existe plusieurs vocables qui désignent la personne imposable (l’assujetti, le
redevable, le contribuable…).
 Le redevable ou le redevable légal est La personne imposable de droit est celle qui est
définit expressément par le législateur.
 Le contribuable ou le redevable réel est La personne imposable de fait est celle qui
supporte effectivement l’impôt
 Le tier-collecteur d’impôt qui procède à la collecte de l’impôt à la place et pour le compte
de l’administration (le procédé de la retenu à la source)
 Prenons l’exemple de la TVA : à supposer que vous achetiez une voiture à 100 hors taxes,
la TVA sera 20% du montant hors taxe c’est-à-dire 20 . Lorsque vous règlerez la facture,
vous allez payer la somme Toutes Taxes Comprises (TTC) de 120 (100 + 20).
 Cependant le payement ne se fera pas auprès du trésor public mais auprès du
fournisseur car vous n’êtes pas redevable de la TVA par contre vous êtes le
contribuable car vous l’avez supportée. Vous avez payé 120.
 C’est le fournisseur qui doit collecter la TVA et la reverser à l’Etat, il doit 20 au Trésor. Il
est le redevable.
LE FAIT GENERATEUR

 Le fait générateur est défini comme « L'événement qui crée la dette fiscale. Il s'agit soit
d'un acte juridique, soit d'une situation économique »
 Le fait générateur est le phénomène, l’événement, l’opération, l’acte,… ou la situation
juridique qui fait naître ou créer la dette fiscale.
 Le fait générateur engendre l’impôt sans le rendre exigible.
 L’exigibilité de l’impôt: la période (mois ou trimestre) pendant laquelle le redevable peut
se voir réclamer le paiement de l’impôt. La détermination précise du fait générateur
présente un intérêt important. Il détermine le champ d’application de la loi dans l’espace
(la territorialité de l’impôt). Il détermine aussi l’application de la loi dans le temps : la
connaissance du fait générateur fixe la date de la législation applicable.
Parag I: L’évaluation de la matière
imposable
 Trois méthodes peuvent être utilisées pour déterminer les bases
d’imposition du contribuable.
 L’évaluation indiciaire, l’évaluation forfaitaire et l’évaluation réelle.
1- L’évaluation indiciaire :

 Elle consiste à évaluer les bases d’imposition d’un contribuable à partir des signes
extérieurs, ou indices facilement dénombrables et difficiles à dissimuler. Ces impôts
indiciaires dont l’application dépend de la constatation des signes extérieurs, ne sont plus
guère employés dans les systèmes fiscaux modernes.
 Cependant, les indices étant par définition difficiles à dissimuler, la détermination des
bases d’imposition par la méthode indiciaire est parfois utilisée à titre de moyen de
contrôle fiscal.
2- L’évaluation forfaitaire :

 Le bénéfice forfaitaire est déterminé par application au chiffre d’affaires de chaque année
civile d’un coefficient fixé pour chaque profession, conformément au tableau annexé au
Code général des Impôts..

 C’est une technique d’évaluation simplifiée pour évaluer les bases d’imposition d’un
contribuable. Bien qu’il tende à disparaître dans les systèmes fiscaux modernes au profit de
l’évaluation réelle, il joue encore un rôle non négligeable.
3- L’évaluation réelle

 Le contribuable doit établir une déclaration dans laquelle il procède, conformément aux
dispositions de la législation fiscale, à la détermination de sa base d’imposition sous le
contrôle de l’administration. Cette méthode est utilisée en matière d’impôt sur le revenu, de
l’Impôt sur les sociétés, et de la TVA, des droits d’enregistrement et de douane.
 La déclaration contrôlée peut être considérée comme une confession fiscale qui a des
avantages et des inconvénients.
 L’avantage fiscal est que le contribuable est le mieux placé pour connaître le montant exact
de la matière imposable qui le concerne.
Parag II: La liquidation de l’impôt.

 La liquidation a pour objet de déterminer le montant de la dette fiscale par


application à la base d’imposition, le tarif de l’impôt.
 La portée juridique de l’opération de liquidation de l’impôt ne crée pas la créance qui
préexiste à cette mesure technique, mais elle rend la dette fiscale liquide, c’est-à-dire
payable et exigible dans un certain délai.
I : Le tarif de l’impôt :

 Appliqué à la base d’imposition, le tarif de l’impôt permet de calculer le montant de


l’impôt.
 Le tarif est une notion complexe qui inclut les abattements pratiqués sur la base
d’imposition.
 L’élément essentiel du tarif est cependant le taux de l’impôt
Le taux de l’impôt :

 Taux spécifiques et taux « ad-valorem »


 1- Le taux est dit spécifique quand il est fixé en unités monétaires par unité
de quantité ou unité de poids. Malgré la simplicité du calcul, les taux
spécifiques ont pratiquement disparu aujourd’hui sauf pour quelques droits
sur la consommation et quelques taxes locales.
 2- A l’inverse, le taux ad-valorem est calculé par application d’un
pourcentage à la matière imposable. Le montant de d’impôt dépend
donc de la valeur de la matière imposable.
 Taux proportionnel et taux progressif
 1- Le taux proportionnel présente comme caractère d’envoi un taux
constant quelque soit le volume de la matière imposable. Il s’applique
principalement aux impôts directs locaux, à la TVA.
 2- Le taux progressif : Présente une autre caractéristique puisque le taux
d’imposition augmente au fur et à mesure que la matière imposable
augmente.
 Taux marginaux et taux effectifs :
 Un barème d’imposition en taux marginaux est un système qui impose à des taux différents
les différentes tranches de revenus du contribuable. C’est le cas de l’impôt sur le revenu
(IR). l’IR ne comporte LES tranches de revenus imposables, sur lesquelles sont appliqués
les taux suivants :
IS 2022
Parag III: Le recouvrement de l’impôt :

 Le recouvrement est l’ensemble des procédures par lesquelles l’impôt passe du patrimoine
du contribuable dans les caisses de l’Etat.
1 : Le recouvrement ordonné

 Par voie de rôle. Le rôle est une décision administrative ( titre de perception) qui fixe pour
chaque contribuable les éléments retenus pour l’assiette de l’impôt, qui liquide le montant
de l’impôt et qui forme à la fois titre de recette et titre exécutoire pour son recouvrement,
dans lequel l’administration notifie au contribuable le montant de l’impôt à payer.
2 : Le recouvrement spontané

 Sans émission de rôle, dans lequel le contribuable liquide lui-même l’impôt,


puis doit le verser d’office au trésor.
3 : Le recouvrement par un tiers

 Retenue à la source : Lorsque des tiers doivent retenir puis verser à l’administration le
montant des impôts dû par les contribuables c’est le cas pour le recouvrement de l’impôt
sur le revenu.
 Le prélèvement de l’impôt est effectué directement par la partie versante (employeur)
4- Le recouvrement forcé

 Lorsque le redevable ne s’acquitte pas de la dette fiscale, le comptable chargé du


recouvrement peut engager des procédure de recouvrement forcé après avoir adressé au
contribuable des rappels de paiements restés infructueux
 En vertu du Code de recouvrement des créances publiques, aucun acte de recouvrement
forcé ne peut être engagé qu’au vu de titres exécutoires.

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