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DE L'AC.ÙI~~IlE FRANÇAISE
Le
SOCIE'IlÉ, RIRANÇAISE
. i' ,
I)'IMPRIMERIE
ET DE LIBRAIRIE
L-E LIBÉRALISME
EN VENTE A LA j}/J!,'ME LIBRAIRIE
DU Mf;~IE AUTECn
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EMILE FAGUET
D@ l'Académie Française
Le
___,ibétalisme
La RépuLlitlue a ses origines dans les con-
cepllOns les plus haules de la cOllscience cL
elle ne pculiJaS démentit' ses origines. Tolé-
rauLe, l'c~pectueuse de touLes les croyances,
amie de la liln'e discussion ct de la libre
pcns6c, passionnée pOUl' la jus lice ct la
libol'Lé, gal'dienuc inl'aillible de la loi ct de
J'ordL'e public, clic esl le gOU,'cL'LlemeL,t du
pays pal' tous ct (lour Lous.
milLE LOUBET.
1'1 octobre 190~,
aIE
PARIS
SOCIÉTt FRANC!\ISE D'IMPRIMERIE ET DE LIBRAIRIE
ANCIENNE LI!lRAIRIE LECÈNII, OUDIN ET Ci"
15, Rue de CluIlY, 15
j903
7'out dl'oit dtAli'«i~1f,t.i&i.~~êrd~lt'é:Pi:Îiclù~,lion 1'ésel'vé,
INTRODUCTlON
DE 1789
***
VI INTRODUCTION
DE 1793
l
et à organiser une société où il serait plus opprimé
qu'en Turquie.
Je ne partirai point du tout du même principe.
Pour moi l'homme est né en société, puisqu'on ne
l'a jamais vu autreulellt qu'en société, pareillement
aux fourmis et aux abeilles, et, comme né en so-
.' ciété, il est né esclave, ou, tout au moins, très
r
obéissant.
Sihautqu'onremonte,on trouve des sociétés où un
llOmme commande et où tous les autres obéissent,
LE LIBÉRALISME l
2 LE LIBÉIUUS~IE
LA LlBERT[; INDIVlDCELLE
nE tA tTIlEnT{: DE PEi\SEH
DE LA UnERTJ~ DE LA PAROLE
qui ait une illée juste ct fIll'il n'y a fIlle lui qui ail
le sens comrnun, ct que, pal' conSt'quent, il est
alJsolunwnt inutile ct même Iluisibh', parce que
c'est du [(:mps perelu, do consulter les particuliers.
:,\'e5t-co pas un pen exag("l't''? En reconnaissant
que le gouyernement a des gnîccs particulii.~res ct
(ln'il l'st presque impossible (ILl'il se ll'Ompe, ne
peut-on pas admettre ou :-;\1 pposcr qu'une fois
sur mille une illée que le fOollvernement n'a pas
eue est la yél'ilé? Celle yél'it(-, lÙ'sl-il pas ulile d(~
1<1 connalll'l' '? Cl'st dans la JllIt1tilllde lIes paroles
dites en yertu lIe la libel'té (lu la parole (PlU YOUS
pourrez clérl1l\ler cette vérité.
Cc qui est u! ilE' an gouyernement,c'est Lle connaî-
tre la situation, 01', il Ile la conllail pas par ses sel'\'i-
leurs ct ses agents, ceux-ci ayant un in!""rê! per-
sonnel àle tlaller plutôt qu'à l'instruire, Cn homme
qui exisle encoee el (lui ('tait sous-préfet de IH70 il
IHHO, fit un rapport qu'on lui demandait sur ]'(;t,tt
des esprits dans son al'l'ondissement, eL le porla il
son préfet. Le ])J'éfet le lut ct lui dit, en bon con-
frère: (( Yous dilcs la yérilé au gouvernement.
Donnez ,"oll'e t!l;ll1ission et failes-yous journaliste, ~
Mon ami donna sa démission et se fil journaliste.
Ilrest encore. Cela prouve (IUC les journalistes sont
nécC'ssaires. Les journalistes sont des gens qui Jl(~
sont pas sous-préfets, parce qu'ils ont le goùt de
dire la Yérité au fOouyernement.
Le gouvernement ne sail donc jamais la véril(;
Db LA UnEnTJ~ DE LA l'AnOLE 87
par ses agents. Pitr (pli la saura-t-il? Pal' les grùces
qui lui sont YDrséos ct qu'il sail bien qui sont en
lui. Sans doule. Mais jusqu'où ees grflces YOlll-elles
et ne laissent-elles pas quelques points obseurs?
C'est cc qu'il ne sa il prrs et c'est cc donl il ne peut pas
réponllre. Il raul donc que le gouvernement, enCOl"e
que se cl'oyant infaillible, fasse quel(ILIe attention
au:\. ,"ai:\. discordantes, mais dont une peut Nre
juste, de l'opinion pU]Jli(Iue.
,le dis même ({lIe l'opiü:on se ll'ompùt-dle tout
cntiùl't) ct toujours, il y aurait inlül'l'l il savoir ce
qu'elle pense cL par consé([uent il lui permettre lIe
le dire ..Je causais avec un homme partisan d'un
coup d'Etat contl'e le r0gime actuel el de l'étahlisse-
ment du despotisme: « Plus de rL'gime parlem('n~
tail'e ?
" ,.
- .,on
- Plus de suffl'ar-;c universel?
- Plus de suffrage du toul !
- Oh ! Et, évidmml1ent, plus de liIJertC' de lit
parole?
-
,",'
~:Jl
,•
- Tiens! Pourquoi .?
-\\lais, pour connaitl't; l'opinion publique?
- Pourquoi la connaitre?
- Pour ne jamais la suiVl'e !... :\Iais, pour ne
jamais la suivre, il faut encore que je sache quelle
elle est. »
A son point de \'lie, il ne raisonnait pas mal dLL
88 - LE LIBÉRAtlS}IE
DE LA LI11ERT~ DE LA PRESSE
SI!
, 1
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Jd li
LE LIIlÉHALIS~1E
DE LA LIIlEHTJ~ n'ASSOCIATION
LE LIUÉRALISlIE ,
·f
CHAPITRE X
DE LA LIBERTÉ HELTGIEt.:SE
Etes-vous démocrate?
Je le suis.
Qu'est-ce qu'un démocrate?
C'est un homme qui ven t établir l'égalité ab-
solue parmi les hommes.
Vous voulez élablir cette égalité?
Je veux l'établir.
Qu'est-ce qu'une éducation rationnelle?
C'est une éducation qui ne se fonde que sur
la raison et qui élimine la foi.
Vous voulez donner celte éducaUon ?
Je veux la donner.
Qu'est-ce qu'une éducalion critique?
- C'est une éducation qui examine librement
toutes les choses qu'elle enseigne.
- Vous voulez donner cette éducation?
Je veux la donner.
- Qu'est-ce qu'une éducation sociale '!
- Je ... je ne sais trop ... »
Ce candidat, malgré quelques lacunes, est déclaré
admis avecindulgence du jury.
Voilà l'examen d'aptitude pédagogique d'après
le projet de loi de la Société Condorcet. .Jamais
les catholiques n'ont exi gé de billet de confession
plus détaillé.
Je vais plus loin. Le billet de confession est net,
précis, palpable, matériel. On s'est confessé. Con-
stat. C'est tout. On. est en règle. L'examen de ten-
dances, comme le procès de tendanct$, permet de
DE LA LIBERTÉ D'ENSEIGNE~lENT 14,7
condamner qui l'on veut. Il sera établi pOUl' per-
mettre, quand on sera en face d'un homme parfai-
tement bachelier, licencié, et irréprochable comme
moralité, sitôt qu'on flairera le clérical, de le pous-
ser vivement au cours de l'examen et de le refuser;
soit pour réponses conLraires il l'esprit républicain,
ou pour réponses trop précises et trop (widemmellt
apprises par cœur, sans que le cœur y soit; ou
pOUl' réponses nonchalanLes indiquanlle seul désir
de se débarrasser de cette corvée; ou pOUl' réponses
trop ardentes où l'ironie se trahira; car, dans les
quatre cas, notre homme ne sera évidemment pas
apte ù donner l'éducation rationnelle, critique,
laïque, démocratique et sociale.
Tout cda revient à dire ce que les absolutistes
disent sous toutes les formes, alors même qu'ils
prétendent dire autre chose: « Nous ne voulons
pour enseigner que des gens qui .pensent comme
nous et qui ne fassent que répéter mot pour mot
les formules que M. le Ministre de l'instruction
publique leur aura communiquées. Comme nou.s ne
voulons qu'une religion d'Etat, c'est-à-dire un
clergé domestiqué entre les mains du gouverne-
ment, de mème nous ne voulons qu'un enseigne-
ment d'Etat, et tout autre, quel qu'il puisse ètre,
est proscrit. » Il est clair que deux siècles après
Louis XIV on avait droit, - j'enLenclales naïfs qui
croient que les hommes changent, - de s'allen-
dre à autre chose, et que cette conception de la
148 LE LIBI~RAL1S~lE
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CHAPITRE XII
DE LA LIBEHTÉ .JUDICIAIRE
194 LÈ LIBÉRALISME
DU DHOTT DES~IINORITÉS
§ I. - LE MONARCIIISME
§ II. - L'ARISTOCRATIS~lE
§ III. - LE SOCIAL,';}!E
§ IV; - L'ÉGALITÉ.
§ VI. - LE PARLEftIENTARlS~1E
BIBLlOTHEQUE NATlON64~
N" ·:tr~~tion 19 1 l
POUHQUOI LES FHANÇAIS NE SONT l'AS LI13J~RAUX 337
Aoùt-Seplembl'e 1902,
TABLE DES MATIÈRES
IN'fIIOll[CTI01i ,
, 1