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GÉNIE INDUSTRIEL

Ti088 - Emballages

Emballage des produits


alimentaires et autres
conditionnements spécifiques
Réf. Internet : 42132 | 4e édition

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III
Cet ouvrage fait par tie de
Emballages
(Réf. Internet ti088)
composé de  :

Conception d'emballage Réf. Internet : 42133

Emballage des produits alimentaires et autres Réf. Internet : 42132


conditionnements spécifiques

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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Emballages
(Réf. Internet ti088)

dont les exper ts scientifiques sont  :

Jean-Paul POTHET
Docteur-Ingénieur, Vice-Président de l'Institut Français de l'Emballage et du
Conditionnement

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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :

Florence AVIAT Nicolas LEHEBEL


Pour l’article : AG6529 Pour l’article : F5100

Michaël BELLER Noël MANGIN


Pour l’article : F5100 Pour l’article : F1315

Jean-Luc BOUTONNIER Hervé MARCEL


Pour l’article : F1322 Pour l’article : AG6290

Yves CAËR Sylvain MARTIN


Pour l’article : AG6530 Pour les articles : AG6505 – AG6506

Donatien COULON Pierre MILLET  (AGE)


Pour l’article : F1325 Pour les articles : AG6525 – AG6526

Jean-Pierre FAUVILLE Pierre MILLET


Pour les articles : AG6200 – AG6201 – Pour les articles : AG6520 – AG6521 –
AG6202 – AG6500 AG6522 – AG6523 – AG6524 – AG6525 –
AG6526 – AG6527 – AG6528
Florence FRICOTEAUX
Pour l’article : AG6529 Nadia OULAHAL
Pour l’article : AG6529
Bérénice GARCIA CERRILLOS
Pour l’article : F1315 Yves PELLETIER
Pour l’article : F1310
Didier GONNEAU
Pour l’article : AG6510 Stéphane PEYRON
Pour l’article : NM4510
Albert KOZLOWSKI
Pour les articles : M4490 – F1305 François de CHAMPS
Pour l’article : F1300

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VI
Emballage des produits alimentaires et autres
conditionnements spécifiques
(Réf. Internet 42132)

SOMMAIRE

1– Normes et législation de l'alimentaire Réf. Internet page

Alimentarité des matériaux. Réglementation M4490 11

Droit et pratique des emballages. Législation du contact alimentaire AG6505 19

Règlementation sur les matières plastiques au contact alimentaire. Règles juridico- AG6506 23
techniques
Réglementation des plastiques au contact de l'eau et des aliments F1300 27

2– Matériaux et techniques pour le conditionnement Réf. Internet page

alimentaire
Liquides alimentaires. Emballage, conditionnement et caractéristiques AG6520 33

Liquides alimentaires - Conditionnement et stabilisation en emballages primaires AG6521 39

Liquides alimentaires. Organiser un atelier de conditionnement AG6522 47

Liquides alimentaires. Opérations fondamentales de l'atelier de conditionnement AG6523 53

Liquides alimentaires. Conditionnements spéciaux AG6524 61

Lavage des récipients dits « re-remplissables » ou consignés AG6525 67

Lavage et désinfection du fût dit « de brasserie » AG6526 73

Mécanismes de la détergence : produits, méthodes, évaluations et contrôles AG6527 77

Liquides alimentaires - Rinçage des emballages primaires AG6528 81

Contact alimentaire. Principaux matériaux autorisés F1305 85

Nanotechnologies et emballage alimentaire. Panorama des utilisations et risques NM4510 87


associés
Revêtements intérieurs pour emballages métalliques F1310 91

Sertissage : outils et autocontrôles pour la maîtrise du risque microbiologique F5100 93

Papiers et cartons au contact des denrées alimentaires F1315 97

Matériaux d'emballage flexibles multicouches. Modalités de choix et applications F1325 101

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VII
Verre d'emballage alimentaire F1322 105

Alimentarité des emballages en bois AG6529 111

3– Conditionnements spécifiques Réf. Internet page

Emballage des produits industriels. Introduction AG6200 117

Emballage des produits industriels. Protection climatique et physico-chimique AG6201 119

Emballage des produits industriels. Protection mécanique AG6202 123

Essais et programmes d'essais sur les emballages de transport AG6290 127

Conditionnement des matériels et produits industriels AG6500 131

Emballage des matières dangereuses AG6510 133

Conteneurs souples AG6530 137

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Emballage des produits alimentaires et autres
conditionnements spécifiques
(Réf. Internet 42132)

1
1– Normes et législation de l'alimentaire Réf. Internet page

Alimentarité des matériaux. Réglementation M4490 11

Droit et pratique des emballages. Législation du contact alimentaire AG6505 19

Règlementation sur les matières plastiques au contact alimentaire. Règles juridico- AG6506 23
techniques
Réglementation des plastiques au contact de l'eau et des aliments F1300 27

2– Matériaux et techniques pour le conditionnement


alimentaire

3– Conditionnements spécifiques

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1

10
Référence Internet
M4490

Alimentarité des matériaux


Réglementation
par Albert KOZLOWSKI
Ingénieur conseil FFA (Fédération française de l’acier) 1
1. Règlement cadre (CE) n 1935/2004 ............................................ M 4 490v2 – 2
2. Contraintes réglementaires .......................................................... — 3
2.1 Interaction entre matériaux et aliments ............................................ — 3
2.2 Nature des composants susceptibles de migrer ............................... — 3
2.3 Limites de migration .......................................................................... — 4
2.4 Contrôle de la migration .................................................................... — 4
3. Réglementation en Europe ............................................................ — 4
3.1 Union européenne ............................................................................. — 4
3.2 Réglementation française .................................................................. — 15
3.3 Réglementation allemande ................................................................ — 18
3.4 Réglementation néerlandaise ............................................................ — 19
3.5 Réglementation suédoise................................................................... — 20
3.6 Réglementation finlandaise ............................................................... — 21
3.7 Sites internet des pays nordiques ..................................................... — 23
4. Réglementation américaine .......................................................... — 23
4.1 Organisme fédéral américain habilité : FDA ..................................... — 23
4.2 Références réglementaires ................................................................ — 23
4.3 Principes de la réglementation .......................................................... — 24
4.4 Critères et procédures d’homologation pour le marché américain . — 25
4.5 Exigences réglementaires par classe de matériaux .......................... — 27
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. M 4 490

a réglementation européenne de la sécurité sanitaire des matériaux et


L objets au contact des denrées alimentaires relève de la DG-Sanco (Direction
Générale de la santé et de la protection des consommateurs) au sein de la Com-
mission européenne. Elle regroupe principalement deux dispositions récentes
développées dans la suite de l’article :
– règlement n 178/2002 du 28 janvier 2002 ;
– règlement cadre (CE) n 1935/2004.
Le champ d’application de la réglementation se divise entre :
– destinés à toucher des matériaux et objets denrées alimentaires ;
– mis au contact des denrées alimentaires.
Ces notions distinctes responsabilisent deus types d’opérateurs principaux :
– les fournisseurs, qui interviennent dans la filière des matériaux et objets
(fabrication, transformation, distribution, commercialisation). À ce stade, les
matériaux et objets sont destinés à toucher des aliments ;
– les utilisateurs, qui interviennent dans la filière alimentaire (production et
distribution de denrées alimentaires) et qui sont, soit des utilisateurs directs,
soit des distributeurs. À ce stade, les matériaux et objets sont mis au contact
avec les denrées alimentaires.
En conséquence, pour ces opérateurs, il est interdit de mettre sur le marché des :
– matériaux et objets destinés à toucher les aliments qui sont non-conformes
à la réglementation ;
– denrées alimentaires ayant été mises en contact avec des matériaux et
objets déclarés non-conformes à la réglementation.
Parution : mars 2011

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. M 4 490v2 – 1

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Référence Internet
M4490

ALIMENTARITÉ DES MATÉRIAUX –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Les producteurs de matériaux et objets destinés à toucher des denrées ali-


mentaires sont tenus de fabriquer un produit apte à l’emploi et assurant la sécu-
rité du consommateur. Pour ce faire, les industriels concernés se réfèrent en
particulier aux textes réglementaires français (regroupés dans la brochure
1227 éditée par la Direction des journaux officiels) et européens qui définissent
le principe d’inertie du matériau et son contrôle, ainsi que le respect du choix
des matières premières dans une liste positive correspondant au type de
matériau.
1 Dans le domaine des matériaux métalliques, en dehors du principe général
d’inertie, la réglementation française est encore fragmentaire et l’européenne
n’est pas encore élaborée.
L’objet des articles sur l’« alimentarité des matériaux » est de faire le point sur
la situation normative et réglementaire actuelle à travers le labyrinthe des tex-
tes, afin de choisir les matériaux aptes à entrer au contact des denrées alimen-
taires. Cette série est constituée de trois articles :
– celui-ci consacré à la Réglementation ;
– [M 4 491] axé sur les Directives européennes et américaines ;
– [M 4 492] abordant les critères de choix.

Les deux mots clés notifiés dans cet article 3 à savoir « consti-
1. Règlement cadre (CE) tuants » et « quantité », définissent le risque associé aux
n 1935/2004 matériaux.
Ils sous-entendent les critères qui seront à vérifier par les pro-
ducteurs de matériaux et les utilisateurs pour maı̂triser le
risque, à savoir :
Le règlement européen N 178/2002 du 28 janvier 2002 établit – un critère de composition de la matière employée et, donc,
les prescriptions générales de la législation alimentaire, institue de la nature des substances chimiques utilisées ;
l’Autorité européenne de sécurité des aliments et définit certaines – le statut réglementaire ;
des procédures relatives à la sécurité des denrées alimentaires. À – l’évaluation de leur transfert dans l’aliment pour des condi-
ce titre, la composante « emballage » est prise en compte dans tions prévisibles d’emploi du matériau ou de l’objet.
l’un des considérants (11) du texte réglementaire notifiant que
« pour adopter une approche suffisamment globale et intégrée & Le Règlement cadre (CE) 1935/2004 stipule les objectifs à attein-
de la sécurité des denrées alimentaires, il convient de définir la dre. Il indique les critères d’inertie pouvant s’appliquer à une caté-
législation alimentaire au sens large de manière à couvrir un gorie de matériaux et qui seront spécifiés dans des Directives (ou
large éventail de dispositions ayant un effet direct ou indirect sur Règlements) spécifiques :
la sécurité des denrées alimentaires et des aliments pour ani-
– listes positives de constituants autorisés ;
maux, notamment les dispositions sur les matériaux et objets en
contact avec des denrées alimentaires, sur les aliments pour ani- – critères de pureté applicables ;
maux et les autres intrants agricoles au niveau de la production – conditions particulières d’emploi ;
primaire ». – limites de migration spécifique ;
– limite de migration globale ;
Au titre de disposition particulière, l’Europe a publié, le 27 octo- – mesures relatives au contact buccal.
bre 2004, le règlement cadre (CE) N 1935/2004 relatif aux maté-
riaux et objets destinés à entrer en contact avec les aliments. S’y ajoutent aussi les prescriptions relatives à l’échantillonnage
et aux méthodes d’analyse.
Celui-ci remplace la Directive cadre N 89/109/CEE, ainsi que la
Directive N 80/590/CEE à compter du 3-12-2004. Il s’applique aux & Les groupes de matériaux et objets relevant de Directives spéci-
matériaux et objets qui, à l’état de produits finis, sont destinés à fiques sont les suivants :
être (ou sont) mis au contact, conformément à leur destination,
avec des denrées alimentaires, ou avec l’eau destinée à la consom- – matières plastiques, y compris les vernis et les revêtements ;
mation humaine. Il ne s’applique pas aux installations fixes, publi- – celluloses régénérées ;
ques ou privées, servant à la distribution d’eau. – élastomères et caoutchouc ;
– papiers et cartons ;
& Le Règlement cadre (CE) 1935/2004 instaure (article 3) le principe – céramiques ;
d’inertie, à savoir : les matériaux et objets, y compris ceux actifs et – verre ;
intelligents, doivent être fabriqués conformément aux bonnes pra- – métaux et alliages ;
tiques de fabrication afin que, dans des conditions normales (ou – bois ;
prévisibles) de leur emploi, « ils ne cèdent pas aux denrées alimen- – produits textiles ;
taires leurs constituants dans une quantité susceptible : – cires de paraffine et cires microcristallines ;
– de présenter un danger pour la santé humaine ou animale ; – matériaux et objets actifs ;
– d’entraı̂ner une modification inacceptable de la composition – colles ;
des denrées alimentaires, ou une altération de leurs caractères – liège ;
organoleptiques. » – résines échangeuses d’ions ;

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M 4 490v2 – 2 est strictement interdite. – © Editions T.I.

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Référence Internet
M4490

–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– ALIMENTARITÉ DES MATÉRIAUX

– encres d’imprimerie ; 2.1 Interaction entre matériaux


– silicone ;
– vernis et revêtements.
et aliments
& Le Règlement cadre précise d’autres règles concernant les Les réactions se produisent à la frontière entre le matériau en
aspects suivants : contact et la denrée alimentaire et relèvent généralement de lois
chimiques.
– autorisation des substances dans la fabrication des matériaux ;
– modalités d’inspection et de contrôle ; & Les facteurs déterminants pour la santé du consommateur sont
– étiquetage des matériaux et objets ; la nature et la quantité de matière passant spontanément (ou sous
– apposition d’un symbole ;
– déclaration écrite de conformité ;
– traçabilité ;
l’influence de la denrée alimentaire) du matériau à la denrée ali-
mentaire (migration). Il peut s’agir de composants volatils, toxiques
ou perçus comme odeur ou encore de composants non volatils
1
– mesures de sauvegarde. ayant migré par dissolution dans la denrée alimentaire.
L’ensemble Règlement cadre (CE) N 1935/2004, Règlements spé-  Dans le cas de matériau en contact avec des denrées alimentai-
cifiques et Directives spécifiques constitue la réglementation euro- res solides et sèches, il ne faut pas, en règle générale, s’attendre à
péenne des matériaux au contact des denrées alimentaires. une interaction chimique. Par contre, la denrée alimentaire peut
capter des composants volatils ou odorants du matériau et une
Un certain nombre de directives spécifiques ont été adoptées éventuelle usure mécanique peut conduire au mélange de compo-
au niveau européen dans le domaine des : sants du matériau avec la denrée alimentaire.
– matières plastiques ;
 Pour déterminer si un matériau est apte au contact alimentaire,
– PVC et copolymère ;
il est nécessaire de connaı̂tre la finalité et l’utilisation du matériau. Il
– composés époxydiques ;
faut tenir compte de trois facteurs principaux : la nature de la denrée
– céramiques ;
– pellicules de cellulose régénérée ; alimentaire, la durée de contact entre le matériau et la denrée ali-
– caoutchoucs. mentaire, ainsi que les conditions d’utilisation du matériau.
Elles ont été transposées au niveau français par voie d’Arrêté. & La nature de la denrée alimentaire est notamment déterminée
Les règlements ne sont pas transposés et s’appliquent tels par la teneur en eau, en matières grasses, en alcool, et le pH. Cer-
quels en France. tains pays ayant élaboré des réglementations détaillées dans ce
domaine ont également publié des listes regroupant les denrées
En l’absence de Directive spécifique applicable à un type de alimentaires en fonction de leurs propriétés.
matériaux, les réglementations nationales s’appliquent comme,
& Durée et température du contact influencent également la migra-
par exemple, celles relatives à l’acier inoxydable ou à l’aluminium.
tion. Un contact de longue durée à température ambiante implique,
& Le champ d’application du contact alimentaire est vaste et évo- par exemple, des exigences plus strictes qu’un contact de courte
lutif. L’harmonisation réglementaire européenne n’est pas achevée durée à plus basse température (au réfrigérateur par exemple).
et les travaux de normalisation doivent suivre le rythme de sa pro-
gression, voire anticiper cette réglementation, de manière à contri-
buer à son élaboration. 2.2 Nature des composants
susceptibles de migrer
Les risques encourus pour la santé de l’homme ou des animaux
2. Contraintes réglementaires dépendent de façon prépondérante de la nature des composants
susceptibles de migrer dans les denrées alimentaires. Les compo-
sés chimiques, utilisés par l’industrie, sont répertoriés selon leurs
& La réglementation concernant les matériaux et objets au contact propriétés toxicologiques (toxicité aiguë ou par administration réi-
des denrées alimentaires a pour objectifs essentiels : térée à moyen terme) et éventuellement cancérigènes (pouvoir
mutagène).
– la protection de la santé du consommateur ;
– la garantie de la qualité des produits consommés ;
– plus d’éventuelles exigences concernant la protection de Ces données ont été utilisées pour établir des nomenclatures
l’environnement. dites « listes positives » des matières autorisées pour la fabrica-
tion des matériaux destinés à entrer en contact avec les denrées
Régie par des organismes d’État ou communautaires, elle est de
alimentaires.
nature obligatoire, engageant la responsabilité juridique du fabri-
cant de produits finis (emballages, ustensiles culinaires, machines
et matériels pour l’industrie agroalimentaire), mais aussi du distri- Seules les matières autorisées selon ces listes pourront être
buteur et de l’importateur. utilisées.
Partant du principe essentiel évoqué au § 1 (sur la nature des & Lorsque l’on évalue la conformité d’un matériau au contact ali-
constituants matériaux et objets), la réglementation pourra donc mentaire, il est indispensable de connaı̂tre les matières intervenant
imposer des exigences sur lesdits matériaux ou objets concernant : dans sa fabrication. En outre, il faut tenir compte des substances
– leur composition et/ou ; toxiques, telles que les métaux lourds par exemple, qui peuvent
– leur limite de migration dans l’aliment et/ou ; exister sous forme d’impuretés dans les matériaux au contact des
– leur condition d’emploi. denrées alimentaires. On peut alors prévoir le risque éventuel de
libération, par le produit fini de composants toxiques.
& Les denrées alimentaires commercialisées ne doivent pas conte-
nir de matière nocive pour le consommateur. Mais, il n’est pas tou- & Lors du choix des matières, d’après les listes positives, on se
jours possible d’éviter une migration du matériau en contact avec heurte, en général, à un problème pratique. Les listes fournissent
ces denrées alimentaires ; une interaction est souvent inévitable. des énumérations essentiellement de monomères ou de substan-
De ce fait, les experts doivent définir, d’une part, la nature et la ces de départ autorisées. La composition détaillée et la qualité des
quantité de migration de composants admissibles et, d’autre part, matières premières employées sont bien souvent tenues secrètes
la possibilité de contrôler de manière adéquate la conformité du par le fabricant qui utilise parfois une nomenclature chimique qui
matériau en contact. lui est propre.

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Référence Internet
M4490

ALIMENTARITÉ DES MATÉRIAUX –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Il est, par conséquent, souvent impossible de déterminer si une


matière première correspond à la définition de la liste positive, à 3. Réglementation en Europe
moins d’avoir accès à la documentation technique du fournisseur.
La manière la plus sûre consiste alors à demander au fournisseur
un certificat attestant que le produit est apte à l’usage prévu. 3.1 Union européenne
Afin de pallier ce problème, certaines législations ont complété ce
principe de « liste positive » par des réglementations détaillées concer- 3.1.1 Organisation habilitée
nant les matériaux finis qui précisent entre autre leur composition, & La Commission européenne et le Conseil européen élaborent les

1
leur mode d’obtention et leurs caractéristiques physico-chimiques. textes législatifs qui réglementent l’utilisation des matériaux et
& Pour certains matériaux, l’existence d’une liste positive étant objets au contact des aliments. Le Conseil européen intervient
peu appropriée car ne présentant pas un intérêt tangible pour la lorsque des différences entre les législations nationales sont sus-
protection humaine, il y a lieu de déterminer toutes les substances ceptibles d’entraver la libre circulation des produits et nécessitent
ou matières pour lesquelles, compte tenu de leur toxicité, une un rapprochement des législations des États membres.
limite de migration à respecter est nécessaire (exemple du plomb Les dispositions sont également établies en collaboration avec le
et du cadmium dans les céramiques). Comité scientifique de l’alimentarité humaine de la Communauté
européenne.
2.3 Limites de migration & Le Conseil de l’Europe, composé d’experts scientifiques des
pays de la Communauté ou hors Communauté, établit également
Les listes positives incluent, très souvent, des exigences concer- des recommandations sur les matériaux en contact avec les ali-
nant la teneur maximale admise dans le matériau des additifs, la ments. Ces recommandations n’ont pas de valeur législative, mais
teneur maximale dans le produit final des substances susceptibles elles sont souvent considérées comme des spécifications servant
de migrer ou la limite de migration dans la denrée alimentaire. de base de travail à la Commission européenne.
Elles peuvent également définir, ou limiter, l’utilisation d’une Le Conseil de l’Europe ne fait pas partie de la Commission euro-
matière, ainsi que sa qualité. péenne, mais un observateur de la Commission suit avec intérêt
l’aboutissement des travaux de ce Conseil.
Qu’une matière figure sur une liste positive ne veut donc pas
dire qu’elle est homologuée sans réserve.
3.1.2 Références réglementaires
Les limites de migration fixées, pour certaines des substances, & Directives
correspondent à la quantité admissible dans l’alimentation Les directives sont les textes législatifs qui réglementent l’utilisa-
humaine, exprimée en mg/kg de denrée alimentaire ou, en d’autres tion des matériaux et objets au contact des aliments. Ces directives
termes tels que la valeur PADI (Packaging Acceptable Daily Intake), sont publiées et disponibles au Journal officiel, JO des Commu-
la dose quotidienne admissible de matière de conditionnement. nautés européennes. Leurs références comportent l’année de publi-
Ces valeurs tiennent compte des données toxicologiques et du cation au JO (ex : directive 97/48/CEE publiée le 12 août 1997). Les
mode de vie des individus (habitudes alimentaires, culinaires…). directives en vigueur figurent en [Doc. M 4 490].
Elles sont établies en fonction de la dose : & Références normatives
– quotidienne de substance admissible par individu, exprimée en La Comité européen de normalisation (CEN) a en charge l’élabo-
mg/kg corporel par jour ; ration des normes permettant de vérifier les exigences des directi-
– totale quotidienne de substance absorbée par individu, expri- ves européennes.
mée en mg/jour, et incluant les préparations des aliments, les addi-
tifs alimentaires, plus les éléments naturels des matières Actuellement, une douzaine de normes européennes sont dispo-
premières. nibles concernant les méthodes d’essais pour la migration globale
des matières plastiques dans des simulants alimentaires.
Les références des normes en vigueur figurent en annexe D
2.4 Contrôle de la migration (cf. [Doc. M 4 493]). La législation ayant évolué depuis leur publica-
Indépendamment de la formulation des prescriptions sur la tion, ces normes sont en cours de révision, d’autres sont en
migration globale, il est difficile en pratique, sur le plan analytique, préparation.
de procéder aux essais de contrôle de la migration spécifique avec
de vraies denrées alimentaires. Remarque
Les normes européennes, spécifiques à un objet ou un maté-
C’est la raison pour laquelle la législation a prévu des contrôles riel, ne traitent généralement pas de la réglementation de
avec des simulants alimentaires (ou simulateurs d’aliments). Les façon détaillée mais renvoient aux directives correspondantes.
simulants sont choisis en fonction du type de denrées alimentaires Par contre, elles peuvent préciser les matériaux utilisables pour
(grasse, aqueuse ou alcoolique) avec lequel le matériau est suscep- une application donnée.
tible d’être en contact. Ils peuvent être :
– de l’eau ; Exemple
– une solution alcoolique ou d’acide acétique ; NF EN ISO 8442-1 : Matériaux et objets en contact avec les den-
– de l’huile d’olive. rées alimentaires. Coutellerie et orfèvrerie de table).
Les essais de migration doivent être réalisés dans des conditions
de durée de contact et de température aussi proches que possible 3.1.3 Principes de la réglementation
de la réalité.
3.1.3.1 Exigences générales
Remarque & Le règlement cadre (CE) N 1935/2004 du Parlement européen et
Tout traitement de transformation ou de mise en forme (mou-
du Conseil du 27 octobre 2004 définit les exigences générales et les
lage, soudage, traitement thermique…) étant susceptible de
principes de conformité des matériaux et objets destinés à entrer
modifier le comportement des matériaux vis-à-vis des denrées
en contact avec les denrées alimentaires. Ces matériaux et objets
alimentaires, les contrôles sont à effectuer sur les produits
doivent être fabriqués conformément aux bonnes pratiques de
finis, prêts à l’emploi.
fabrication afin que, dans les conditions normales ou prévisibles

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M 4 490v2 – 4 est strictement interdite. – © Editions T.I.

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Référence Internet
M4490

–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– ALIMENTARITÉ DES MATÉRIAUX

de leur emploi, ils ne cèdent pas aux denrées alimentaires des Cette directive ne s’applique pas aux antiquités.
constituants en une quantité susceptible : Un problème d’interprétation s’est posé pour les matériaux et
– de présenter un danger pour la santé humaine ; objets composés de deux, ou plusieurs couches (par exemple
– d’entraı̂ner une modification inacceptable de la composition papier/plastique/aliment ou papier/aluminium/plastique/aliment).
des denrées ou une altération des caractères organoleptiques de Dans le cas d’une structure multicouches, cette directive cadre et
celle-ci. ses directives spécifiques s’appliquent à toutes les couches, qu’el-
Ce règlement ne s’applique pas aux installations fixes publiques, les soient au contact direct, ou indirect, avec les aliments, car une
ou privées, servant à la distribution de l’eau, qui ont leur propre migration dans l’aliment est possible au travers de la couche en

1
réglementation. contact direct avec les denrées alimentaires.
Ce règlement ne comporte pas d’exigences par type de maté- & La Directive 80/590/CEE précise le symbole devant accompagner
riaux mais renvoie, en donnant la liste des groupes de matériaux les matériaux et objets destinés à entrer au contact des denrées ali-
concernés, aux directives ou règlements spécifiques déjà publiés mentaires (figure 1).
ou en projet.
3.1.3.2 Réglementation spécifique –
& La Directive cadre 89/109/CEE s’applique aux matériaux et Exigences par matériau
objets qui, à l’état de produit fini, sont destinés à entrer au contact Les directives spécifiques ou règlements en vigueur concernent
des denrées alimentaires, ou qui sont au contact de ces denrées. les groupes de matériaux du tableau 1.
Les substances de protection ou de revêtement telles que celles
recouvrant les croûtes de fromage, les produits préparés ou les
fruits, qui font partie des aliments et peuvent être consommés
avec ces denrées alimentaires, ne doivent pas relever de cette
directive.
La directive s’applique aux matériaux et objets qui sont en
contact avec l’eau destinée à la consommation humaine. Elle ne
s’applique pas aux installations fixes publiques ou aux équipe- Figure 1 – Identifiant réglementaire devant figurer sur tout matériau
ments de fourniture d’eau. ou objet destiné à entrer au contact des denrées alimentaires

Tableau 1 – Directives ou règlements spécifiques définissant les exigences par matériau


Matériaux Références des directives ou règlements
Directives 2002/72/CE, 2005/79/CE, 85/572/CEE modifiée par la Directive 2007/19/CE et Directive
2008/39/CE
Matières plastiques
Règlement (CE) N 282/2008
Directive 82/711/CEE, règlement N 2007/19/CEE (modifiant le règlement (CE) N 2023/2006)
Celluloses régénérées Directives 93/10/CEE consolidée, 2007/42/CE
Élastomères et caoutchouc Directive 93/11/CEE
Directive du Conseil du 30 janvier 1978, Directives de la Commission du 8 juillet 1980 et du
PVC et Copolymères
29 avril 1981
Céramiques Directive 84/500/CEE, Directive 2005/31/CE
Composés époxydiques BADGE BFDGE NOGE : Règlement (CE) N 1895/2005
Métaux et alliages Non publiée*
Bois, y compris le liège Non publiée*
Produits textiles Non publiée*
Cires de paraffine et cires microcristallines Non publiée*
Matériaux et objets actifs Non publiée*
Colles Non publiée*
Résines échangeuses d’ions Non publiée*
Encres d’imprimerie Non publiée*
Silicone Non publiée*
Vernis et revêtements Non publiée*
Verre Non publiée*
Papier et carton Non publiée*
* Dans ce cas, les dispositions générales de la Directive 89/109/CEE continuent de s’appliquer.

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Ces directives ou règlements spécifiques définissent les exigen- & Par rapport à la Directive 93/43, ce règlement apporte une inno-
ces par matériau et peuvent spécifier les éléments suivants : vation (annexe II, chapitre X) relative au conditionnement et à
– une liste des substances et matières dont l’emploi est autorisé l’emballage des denrées alimentaires, qui ne doivent pas être
(liste positive) à l’exclusion de toute autre matière ; source de contamination (chimique, microbiologique, physique).
– les critères de pureté de ces substances et matières ; La maı̂trise de l’innocuité de l’emballage tout au long de la
– les conditions d’emploi de ces substances ; chaı̂ne, est mise en exergue. Cela concerne notamment :
– des limites de migration spécifique de certains constituants – l’entreposage ;
dans les denrées alimentaires ; – les opérations de conditionnement des denrées alimentaires ;

1
– les méthodes d’analyse permettant la vérification des disposi- – le nettoyage et/ou la désinfection des emballages réutilisables.
tions législatives.
& Ce Règlement encourage les filières professionnelles à poursui-
La liste positive est établie en tenant compte de la quantité de vre l’élaboration de guides de bonnes pratiques d’hygiène, natio-
substance susceptible d’être cédée aux denrées alimentaires et de naux ou communautaires, qui constituent une référence quant à
la toxicité de cette substance. Ce principe est actuellement appliqué l’efficacité des moyens mis en œuvre par les professionnels pour
aux matières plastiques (cf. § 3.1.4.2). satisfaire aux objectifs définis par la réglementation. Les guides de
Pour certains matériaux, il peut ne pas être approprié d’établir bonnes pratiques d’hygiène peuvent se référer aux normes
une liste positive. Dans ces cas, il y a lieu de déterminer toutes les d’hygiène internationales du Codex Alimentarius (code d’usages
substances pour lesquelles des limites spécifiques de migration international recommandé – Principes généraux d’hygiène alimen-
doivent être établies afin d’éviter un danger pour la santé humaine taire CAC/RCP1-1969, Rev. 4 (2003) – Codex Alimentarius).
(exemple : plomb et cadmium dans les céramiques (cf. § 3.1.4.4).
& Le « paquet hygiène » est un ensemble de 5 textes représentant
Remarque le fondement de la législation européenne sur les produits alimen-
L’autorisation d’une substance est délivrée par la DG-Sanco taires, et issus de la refonte réglementaire opérée sur la base du
avec l’aval du Comité permanent de la chaı̂ne alimentaire et livre blanc de la commission du 12 janvier 2000 :
de la santé animale, à l’issue d’un avis favorable émis par – règlement (CE) N 852/2004 du 29 avril 2004 relatif à l’hygiène
l’Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA). des denrées alimentaires ;
Même lorsqu’il n’existe pas d’exigence spécifique pour un maté- – règlement (CE) N 853/2004 du 29 avril 2004 fixant les règles
riau, le principe d’inertie énoncé dans le règlement s’applique, à spécifiques d’hygiène applicables aux denrées alimentaires d’ori-
charge pour l’industriel d’en démontrer le respect. gine animale ;
– règlement (CE) N 854/2004 du 29 avril 2004 fixant les règles
3.1.3.3 Directives spécifiques – Règles de contrôle spécifiques d’organisation des contrôles officiels concernant les
des matériaux produits d’origine animale destinés à la consommation humaine ;
& Directive N 82/711/CEE – directive 2002/99 du 16 décembre 2002 fixant les règles de
police sanitaire régissant la production, la transformation, la distri-
Du Conseil du 18 octobre 1982, consolidée, établit les règles de
bution et l’introduction des produits d’origine animale destinés à la
base nécessaires à la vérification de la migration des constituants
consommation humaine ;
des matériaux et objets en matière plastique destinés à entrer en
– directive 2004/61 du 21 avril 2004 abrogeant certaines directi-
contact avec les denrées alimentaires.
ves relatives à l’hygiène des denrées alimentaires et aux règles
& Directive N 85/572/CEE sanitaires régissant la production et la mise sur le marché de cer-
Du Conseil du 19 décembre 1985, fixe la liste des simulants à uti- tains produits d’origine animale destinés à la consommation
liser pour vérifier la migration des constituants des matériaux et humaine et modifiant les Directives 89/662/CEE et 92/118/CEE, ainsi
objets en matière plastique destinés à entrer en contact avec les que la Décision 95/408 du Conseil.
denrées alimentaires (modifiée par la Directive 2007/19/CE du Ces textes sont complétés par le Règlement 882/2004 relatif aux
30 mars 2007 et rectificatif publié le 4 avril 2007, puis 2e rectificatif contrôles officiels effectués pour s’assurer de la conformité avec la
publié le 12 avril 2007). législation sur les aliments des animaux et les denrées alimentaires
ainsi qu’avec les dispositions relatives à la santé et au bien-être
3.1.3.4 Bonnes pratiques de fabrication animal.
des matériaux et objets
Le Règlement (CE) N 2023/2006 a pour objet de préciser les
règles relatives aux bonnes pratiques de fabrication des matériaux Le « paquet hygiène » fixe les obligations des professionnels
et objets destinés à entrer en contact avec des denrées alimentai- de l’agroalimentaire et celles des services de contrôle, complé-
res, figurant annexe I du Règlement (CE) N 1935/2004 ainsi que tant le Règlement 178/2002, qui constitue le socle de l’architec-
des combinaisons de ces matériaux et objets. ture réglementaire.
Ce règlement s’applique à tous secteurs et stades des étapes de & Les États membres, via la réglementation, encouragent l’élabo-
fabrication, transformation et distribution. Il comprend une annexe ration de guides de bonnes pratiques d’hygiène nationaux ou com-
relative aux encres d’imprimerie déposées sur la partie des maté- munautaires, basés sur les principes de la méthode de l’analyse de
riaux ou objets n’entrant pas au contact des denrées alimentaires risque et la maı̂trise des points critiques (HACCP : Hazard Analysis
(cette annexe est modifiée par le règlement (CE) N 282/2008). Critical Control Points).
Se reporter aux détails de la figure 2. Ces guides sont des documents de référence, d’application
volontaire, conçus par des filières professionnelles de la chaı̂ne ali-
3.1.3.5 Règles d’hygiène des denrées alimentaires mentaire pour les professionnels. Ils sont élaborés en accord avec
Les dispositions en matière d’hygiène des matériaux et emballa- les dispositions définies dans le règlement 852/2004 relatif à
ges sont incluses dans la réglementation des produits alimentaires. l’hygiène des denrées alimentaires et sont évalués par les États
Le Règlement (CE) N 852/2004 fait partie du « paquet hygiène » membres pour s’assurer qu’ils sont établis dans le respect de ce
et précise des règles générales applicables à toutes les denrées ali- règlement et que leur contenu peut être mis en pratique dans le
mentaires. D’application depuis le 1er janvier 2006, il abroge la secteur considéré.
Directive 93/43 du Conseil, relative à l’hygiène des denrées alimen- En France, ils sont communiqués pour avis à l’AFSSA (Agence
taires, tout en reprenant ses grandes lignes. Son domaine d’appli- française de sécurité sanitaire des aliments), puis présentés au
cation concerne l’ensemble des professionnels du secteur alimen- CNC (Conseil national de la consommation), pour information
taire, y compris la production primaire. avant publication au Journal officiel.

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Figure 2 – Schéma d’articulation des directives européennes applicables aux matériaux et objets destinés à entrer en contact avec les denrées
alimentaires

Remarque 3.1.3.7 Déclaration de conformité


Pour l’élaboration d’un guide on se réfèrera utilement à la L’annexe 7 de la Directive 2007/19/CE présente les informations
norme NF V01-301 mars 2006 – Hygiène des denrées alimentai- devant figurer dans la déclaration écrite visée à l’article 9 de cette
res et des aliments pour animaux – Méthodologie pour l’élabo- Directive.
ration des guides de bonnes pratiques d’hygiène et d’applica-
L’ANIA (Association nationale des industries alimentaires) et le
tion des principes HACCP.
CLIFE (Comité de liaison des industries françaises de l’emballage)
ont élaboré un formulaire type de déclaration de conformité à la
réglementation, destiné à clarifier et faciliter les échanges d’infor-
mations entre utilisateurs et fournisseurs dans le but de s’assurer
3.1.3.6 Traçabilité de l’aptitude au contact des denrées alimentaires des emballages
utilisés (voir tableau 2 et [Doc. M 4 490]).
Un groupe de travail européen, comprenant des représentants
des divers matériaux pour contact alimentaire, a élaboré un guide
« Industrial guidelines on traceability of materials and articles for 3.1.3.8 Résolutions du Conseil de l’Europe
food contact ». Son objectif est de proposer des recommandations De nombreuses résolutions ont été émises par le Conseil pour ce
à l’industrie pour la mise en application du concept de traçabilité qui concerne les matériaux au contact des denrées alimentaires. En
afin de satisfaire les exigences définies par l’article 17 du Règle- l’absence de textes réglementaires, ces résolutions peuvent être
ment N 1935/2004. Ce guide recouvre un nombre relativement reprises comme recommandations (cas des vernis en France :
important de matériaux et d’objets (voir [Doc. M 4 490]). Résolution-cadre ResAP(2004)1).

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Tableau 2 – Exigences à satisfaire pour la déclaration de conformité


Informations
Étapes Matériaux – Objets Exigences à satisfaire Éléments à vérifier
complémentaires
1 Une seule couche ? Type de matériau
Plusieurs couches ? Chaque couche individuellement

1 Le matériau contient-il des


substances réglementées
dans d’autres parties de la
Teneurs de chaque substance

législation européenne ?
2 Additifs, agents de saveur, Une vue générale des exigences de Les additifs alimentaires
ou autres substances cou- l’Union européenne est trouvée dans : sont réglementés par des
vertes par la réglementation • Additifs : listes positives et autorisés à
http://ec.europa.eu/food/food/chemi- être utilisés avec des res-
calsafety/additives/index.en.htm trictions dans certains ali-
ments et soumis à des exi-
• Agents de saveur : gences de marquage.
http://ec.europa.eu/food/food/chemi-
calsafety/flavouring/index.en.htm
3a Colles • Règlement cadre 1935/2004/CE Évaluation des composants • Additifs, solvants, etc.
• Règlement 2023/2006/CE • Dérivés de BADGE, BFDGE,
NOGE
• Règlement 1895/2005/CE (BADGE,
BFDGE, NOGE)
3b Celluloses régénérées • Règlement Cadre 1935/2004/CE, Rè- Liste positive des substances Polymères, additifs
glement 2023/2006/CE autorisées et conditions dans
lesquelles elles peuvent être
• Directive 93/10/EEC amendée par Di- utilisées
rectives 93/111/EC et 2004/14/EC
3c Céramiques • Règlement Cadre 1935/2004/CE, Di- Teneurs maximales en plomb et • Argile
rective 84/500/EEC amendée par Di- cadmium + évaluation de
rective 2005/31/EC chaque composant
• Règlement 2023/2006/CE • Oxyde de silicium
• Additifs
• Revêtements de surface
3d Liège • Règlement Cadre 1935/2004/CE Évaluation de chaque compo- • Écorce
sant
• Règlement 2023/2006/CE • Éventuels additifs
Revêtement de surface
3e Verre • Règlement Cadre 1935/2004/CE Teneurs maximales en plomb et
cadmium + évaluation de
• Règlement 2023/2006/CE chaque composant
3g Cuir • Règlement Cadre 1935/2004/CE Évaluation de chaque compo- Éventuels additifs
sant
• Règlement 2023/2006/CE
3h Métaux et alliages • Règlement Cadre 1935/2004/CE Évaluation de chaque compo- • Métaux
sant + Guide du Conseil de
• Règlement 2023/2006/CE l’Europe • Éventuels additifs
Revêtements de surface
• Encres d’imprimerie
3i Papiers recyclés • Règlement Cadre 1935/2004/CE Uniquement pour contact avec • Fibres
denrées alimentaires décorti-
• Règlement 2023/2006/CE quées ou pelées avant ingestion • Additifs
• Contaminants chimiques et
microbes
3j Papiers vierges • Règlement Cadre 1935/2004/CE • Fibres
• Règlement 2023/2006/CE • Additifs

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Droit et pratique des emballages


Législation du contact alimentaire
1
par Sylvain MARTIN
Avocat à la Cour d’appel de Paris

1. Référentiel légal........................................................................................ AG 6 505 - 2


2. Aptitude au contact alimentaire – Règlement cadre 1935/2004 — 6
3. Emballages actifs ou intelligents – Règlement spécifique
450/2009 ..................................................................................................... — 9
4. Plastiques – Règlement spécifique 10/2011 PIM ............................ — 11
5. Recyclage des plastiques – Règlement spécifique 282/2008 ...... — 13
6. Autres matériaux ...................................................................................... — 14
7. Information ................................................................................................ — 14
8. Dispositif pénal ......................................................................................... — 15
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. AG 6 505

’aptitude au contact alimentaire des emballages était déjà prise en compte


L dans la première grande loi française sur les fraudes et l’hygiène des
denrées alimentaires du 1er août 1905. Cette réglementation évolua guère
jusqu’aux années 1960.
Durant les années 1970 la demande de sécurité adressée par les associations
de consommateurs aux pouvoirs publics amena ceux-ci à mettre en place deux
grandes catégories de réglementation :
– pour matériaux destinés au contact alimentaire, exigés « inertes » ;
– pour produits chimiques soigneusement classés en fonction des dangers
et risques qu’ils présentaient.
Il ne venait alors à l’idée de personne de mélanger les deux réglementations :
– l’aptitude au contact alimentaire était assurée par l’examen d’un dossier
permettant de vérifier l’inertie selon des méthodes définies par l’adminis-
tration. L’objectif était de faire en sorte qu’on ne retrouve pas trop dans les
estomacs de substances provenant de l’emballage par migration dans les
aliments ;
– les produits chimiques étaient qualifiés de substances dangereuses du fait
des risques graves encourus tels que intoxication, brûlure ou mutation géné-
tique. L’objectif était de rapprocher les législations des États membres pour
pouvoir disposer d’une nomenclature commune des produits chimiques dan-
gereux et, en conséquence, pouvoir prendre de manière harmonisée dans les
États membres des mesures de sécurité.
À partir d’objectifs différents les deux réglementations se sont mises à
converger au fil des décennies parce que l’évolution des méthodes de
Parution : janvier 2012

recherche et les attentes des populations évoluaient.

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DROIT ET PRATIQUE DES EMBALLAGES _________________________________________________________________________________________________

Cette convergence a trouvé son aboutissement juridique avec le règlement


européen REACH 1907/2006 du 18 décembre 2006 qui demande aux industriels
plus de connaissance sur les produits qu’ils commercialisent afin qu’ils puis-
sent apporter plus de sécurité aux utilisateurs. Ce règlement concerne au
premier chef les substances dangereuses mais d’une manière générale tous
les substances, y compris les constituants des emballages destinés au contact
alimentaire.
1 Mais néanmoins, c’est bien via les textes de droits spécifiques au contact ali-
mentaire que la sécurité des consommateurs est assurée de manière spécifique.
On trouvera ici les principales règles juridiques d’une réglementation,
aujourd’hui bien plus complexe qu’en 1905. L’objectif est d’aider le lecteur à :
– se retrouver dans le maquis législatif moderne constitué par les directives
et règlements européens et par les décrets et arrêtés français ;
– savoir quels textes ont été abrogés et quels sont les principaux textes
applicables au 30 décembre 2011.

1. Référentiel légal 1976 prise pour harmoniser les règles du contact alimentaires dans
les neuf États membres de la Communauté économique
européenne à l’époque.
On passe donc d’une directive, devant faire l’objet de transpo-
1.1 Règlement cadre 1935/2004 sitions nationales, à un règlement européen qui s’applique
directement aux entreprises des États membres de l’Union
1.1.1 Présentation européenne et aux importateurs.

L’aptitude au contact alimentaire est régie par le règlement


cadre européen 1935/2004 du 27 octobre 2004 concernant les 1.1.3 Abrogation décret de transposition 92-631
matériaux et objets destinés à entrer en contact avec des denrées
alimentaires (entré en vigueur le 1er décembre 2004).
S’agissant d’un texte européen d’application directe, le règle-
■ Ce règlement européen réforme le droit du contact alimentaire ment européen 1935/2004 se substitue au décret français
avec une : 92-631 du 8 juillet 1992 qui avait transposé dans notre droit
– consolidation des règles de sécurité applicables aux embal- national la directive 89/109 réglementant le contact alimentaire.
lages destinés au contact alimentaire déjà acquises les décennies Le règlement 1935/2004 abroge expressément la directive
précédentes ; 89/109 et abroge de fait et de plein droit le décret 92-631 au
– modernisation de ces règles : légalisation des emballages er
1 décembre 2004, date d’entrée en vigueur du règlement.
actifs ou intelligents et mise en place de la traçabilité des embal-
lages au contact alimentaire.
Le décret 2007-766 du 10 mai 2007 a officialisé cette substitution
■ Le règlement européen concerne : et prévoit que le décret 92-631 reste toutefois en vigueur comme
– tous les matériaux (plastique, film plastique, verre, carton, réglementation française des matériaux et objets au contact des
acier...) destinés à être mis en contact avec les denrées aliments pour animaux.
alimentaires ; En effet, le décret no 2007-766 dispose que « le décret du 8 juillet
– toutes les sortes d’emballage (bouteille, canette, barquette...) ; 1992 est abrogé en tant qu’il concerne les matériaux et objets
– tous les types d’objets (casseroles, robots électroménagers, destinés à entrer en contact avec les denrées alimentaires compris
machines à café), et même les colles et les encres d’imprimerie dans le champ d’application du règlement du 27 octobre 2004 ».
des étiquettes.
Le décret du 8 juillet 1992 doit donc se lire sous deux angles :
– officialise que le droit les matériaux et objets, destinés à entrer
C’est pourquoi le règlement 1935/2004 est appelé règlement en contact des denrées alimentaires pour les personnes, applicable
cadre : il fixe les règles applicables d’une manière générale à aux entreprises françaises se trouve au niveau européen ;
tous les objets ou matériaux, et renvoie à des directives (ou – précise les dispositions du décret du 8 juillet 1992 sont
règlements) d’application pour préciser les règles particulières toujours applicables pour le contact des aliments pour animaux
à ceux-ci. puisque ceux-ci sont dans le champ d’application du décret de
1992, mais ne sont pas dans celui du règlement européen de 2004.

1.1.2 Abrogation directive cadre 89/109


1.2 Directives subsistantes
Ce règlement 1935/2004 abroge la directive 89/109 du
21/12/1988 qui a défini jusqu’au 30 novembre 2004 les règles Avant le règlement 1935/2004, le droit européen du contact
applicables pour le contact alimentaire dans les États membres alimentaire était organisé par la directive 89/109 du 21 décembre
après avoir succédé à la première directive 76/893 du 23 novembre 1988.

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AG6505

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La directive 89/109 était une directive cadre, sur la base de « Paquet hygiène » qui rassemble six règlements européens
laquelle plusieurs directives spécifiques avaient été prises pour remplaçant dix-huit directives.
certains matériaux (plastiques ou celluloses régénérées, par
exemple) ou pour établir des méthodes d’analyse ou de ■ Règlement cadre 178/2002 du 28 janvier 2002
vérification. Appelé Food Law (entré en vigueur le 1er janvier 2005). Il
constitue le socle de la sécurité alimentaire dans l’Union
Exemple européenne. Il met en place une politique européenne pour
l’hygiène de l’alimentation humaine et animale et prévoit des

1
La directive 93/11 du 15 mars 1993 relative aux tétines et procédures de gestion de crise dans la chaîne alimentaire.
sucettes en élastomère ou caoutchouc qui donne les limites de
relargage du N-nitrosamine et des substances N-nitrosables. Il crée l’Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA)
qui est aussi l’organisme européen compétent pour les demandes
d’autorisation d’une nouvelle substance qu’un fabricant voudrait
En abrogeant la directive cadre 89/109, le règlement cadre utiliser pour fabriquer des emballages destinés au contact alimen-
1935/2004 reprend à son compte toutes ces directives spécifiques taire avec des matériaux soumis au principe de la liste positive
tant que les matériaux ou méthodes ne font pas l’objet d’une (plastique ou cellulose, par exemple).
réforme avec un nouveau texte européen spécifique pris sur le
fondement du règlement cadre 1935/2004. ■ Règlements cadre 178/2002 (sécurité des aliments) et 1935/2004
(sécurité des emballages).
Exemple Ils organisent de manière similaire la traçabilité des aliments et
La directive 93/10 du 15 mars 1993 relative aux matériaux et celle des emballages au contact d’aliments.
objets en pellicule de cellulose régénérée qui avait été prise comme ■ Règlement d’application 852/2004 du 29 avril 2004
directive spécifique de la directive cadre 89/109, a été reprise à son
compte par le règlement 1935/2004. Relatif à l’hygiène des denrées alimentaires (entré en vigueur le
1er janvier 2006), il impose aux professionnels du secteur agro-ali-
Cette directive 93/10 a fait l’objet d’une consolidation dans le cadre mentaire de suivre des guides de bonnes pratiques telles que cel-
du règlement 1935/2004 et est devenue une directive spécifique de les du Codex Alimentarius (§ 1.9). Il prévoit, en particulier, des
ce règlement : nouvelle directive 2007/42 du 29 juin 2007. dispositions applicables au conditionnement et à l’emballage des
denrées alimentaires :
Parfois la filiation remonte à la première directive cadre 76/893 – les matériaux constitutifs du conditionnement et de l’embal-
du 23 novembre 1976. lage ne doivent pas être une source de contamination ;
– les conditionnements doivent être entreposés de telle façon
Exemple qu’ils ne soient pas exposés à un risque de contamination ;
La directive 84/500 du 15 octobre 1984 relative aux céramiques – les opérations de conditionnement et d’emballage doivent être
(pour les migrations du plomb et du cadmium) a été prise comme effectuées de manière à éviter la contamination des produits. Le
directive spécifique de la directive cadre 76/893 et est maintenant cas échéant, notamment en cas d’utilisation de boîtes métalliques
une directive spécifique du règlement 1935/2004 (elle a été modifiée et de bocaux en verre, l’intégrité et la propreté du récipient doivent
par la directive 2005/31). être assurées ;
– les conditionnements et emballages qui sont réutilisés pour les
denrées alimentaires doivent être faciles à nettoyer et, le cas
échéant, faciles à désinfecter ».
1.3 Nouveaux règlements – Directives
(Règlement 852/2004, Annexe II Dispositions générales
abrogées d’hygiène pour tous les exploitants du secteur alimentaire,
chapitre X).
Le règlement cadre 1935/2004 du 27 octobre 2004 détermine
l’ensemble des règles applicables aux emballages destinés au
contact alimentaire quels qu’ils soient.
Remarque
Pour les dispositions spécifiques à certains matériaux, il renvoie • Le règlement 852/2004 donne les définitions suivantes
aux textes d’application suivants (liste limitative) : dans son article 3 :
– règlement 1895/2005 du 18 novembre 2005 relatif aux dérivés – conditionnement : désigne soit l’action de placer une
époxydiques (BADGE NOGE BFDGE) qui remplace la directive denrée alimentaire dans une enveloppe ou dans un contenant
2002/16 du 20 février 2002 ; en contact direct avec la denrée concernée, soit cette enve-
– règlement 2023/2006 du 22 décembre 2006 relatif aux bonnes loppe ou ce contenant ;
pratiques de fabrication des matériaux et objets destinés à entrer – emballage : désigne soit l’action de placer une ou plu-
en contact avec des denrées alimentaires ; sieurs denrées alimentaires conditionnées dans un deuxième
– règlement 282/2008 du 27 mars 2008 relatif aux matériaux et contenant, soit le contenant lui-même.
aux objets en matière plastique recyclée destinés à entrer en Pour en savoir plus sur le « Paquet hygiène » se reporter
contact avec des denrées alimentaires ; au [M 4 490v2].
– règlement 450-2009 du 29 mai 2009 qui établit les règles juri-
• Ce lien entre la sécurité des aliments et celle des
diques spécifiques aux matériaux et objets actifs ou intelligents
emballages a été utilisé pour interdire le bisphénol A dans les
destinés à entrer en contact avec des denrées alimentaires ;
biberons (§ 4.3.3.2).
– règlement 10/2011 du 14 janvier 2011 concernant les matières
plastiques destinées au contact des aliments qui remplace la direc-
tive 2002/72 du 6 août 2002.
1.5 Code de la consommation – Partie
législative
1.4 « Paquet hygiène » européen
Il n’y a pas dans les lois françaises de dispositions concernant
Il existe un lien évident entre la sécurité des emballages et celle directement et spécifiquement les emballages au contact alimen-
des aliments ; et inversement. Ce lien est officialisé avec le taire.

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21
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AG6505

DROIT ET PRATIQUE DES EMBALLAGES _________________________________________________________________________________________________

Le code de la consommation exige de manière générale que – décret 2009-1083 du 1er septembre 2009 officialisant deux
tout produit mis en vente soit conforme au droit en vigueur textes européens constituant des textes d’application du code de la
(art. L. 212-1). consommation français :
Le contact alimentaire lui-même est traité dans les textes en • règlement 2023/2006 du 22 décembre 2006 relatif aux bonnes
amont (directives et règlements européens) ou en aval (un peu par pratiques de fabrication des matériaux et objets destinés à
décrets et encore beaucoup par arrêtés lesquels disparaissent peu entrer en contact avec des denrées alimentaires,
à peu au fur et à mesure de l’entrée en vigueur de nouveaux règle-
• règlement 450/2009 du 29 mai 2009 concernant les matériaux

1
ments européens).
et aux objets actifs et intelligents destinés à entrer en contact
avec des denrées alimentaires.
Conscient que le droit du contact alimentaire se décide
désormais au niveau de l’Union européenne, le législateur se
contente de déléguer aux niveaux inférieurs (administrations 1.7 Arrêtés français
des fraudes, de l’agriculture...) ce qui reste de souveraineté
nationale : ■ En application de lois ou de décrets anciens :
– l’article L. 214-1 du code de la consommation prévoit la
publication de décrets notamment pour ce qui
concerne l’aptitude à l’emploi des produits ainsi que la Exemples
traçabilité ; Pour le cuivre, le fer galvanisé et le zinc :
– l’article L. 214-2 du code de la consommation dispose que – arrêté du 28 juin 1912 (toujours d’actualité !) relatif à la
les infractions aux décrets pris en vertu des articles L. 214-1 du coloration, à la conservation et à l’emballage des denrées alimentaires
code de la consommation sont punies comme contraventions et des boissons qui interdit dans son article 2 de placer des denrées
de 3e classe (§ 8). alimentaires au contact direct de ces métaux ;
– arrêté du 15 novembre 1945 fixant la liste des matériaux
susceptibles d’être utilisés sans inconvénient pour la santé publique
1.6 Décrets français dans la fabrication des instruments de mesure.
Pour les procédés et les produits utilisés pour le nettoyage :
À ce niveau de la hiérarchie des textes de droit, il n’y a pratique- Arrêté du 8 septembre 1999 pris pour l’application du décret
ment plus rien concernant le contact alimentaire depuis l’abroga- 73-138 du 12 février 1973. Il fixe des critères de pureté et donne la
tion du décret 92-631 du 8 juillet 1992 qui avait transposé dans liste des constituants autorisés dans les produits de nettoyage des
notre droit national la directive 89/109 du 21 décembre 1988 matériaux et objets destinés à être mis au contact des denrées
réglementant le contact alimentaire en Europe (§ 1.1.2). alimentaires avec éventuellement des restrictions d’emploi
■ Seuls deux décrets donnent des règles concernant directement (concentrations maximales et minimales dans les produits de
le contact alimentaire : nettoyage, conditions d’utilisation).
– décret 92-631 du 8 juillet 1992 qui reste en vigueur pour ce qui
concerne le contact avec les denrées alimentaires pour animaux ; ■ Arrêtés transposant en France des directives
– décret 73-138 du 12 février 1973 concernant les procédés et les
produits utilisés pour le nettoyage des matériaux et objets destinés Exemples
à entrer en contact avec des denrées, produits et boissons pour • Arrêté du 7 novembre 1985 qui transpose la directive 84/500 du
l’alimentation de l’homme ou des animaux. 15 octobre 1984 sur la céramique pour les migrations de plomb et
Ce décret de 1973 définit les exigences à respecter pour les cadmium.
procédés et produits de nettoyage. En particulier il interdit • Arrêté du 4 novembre 1993 (modifié par arrêté du 21 octobre
d’utiliser dans les industries et commerces de l’alimentation des 2004) relatif aux matériaux et objets en pellicule de cellulose régé-
matériaux ou objets destinés à être mis au contact de denrées ali- nérée qui transpose la directive 93/10 devenue la directive 2007/42
mentaires dont la propreté n’aura pas été assurée et il interdit, du 29 juin 2007.
pour obtenir cette propreté, d’utiliser des produits de nettoyage
élaborés avec des constituants qui créeraient un risque pour la
santé. Les arrêtés sont remplacés peu à peu par les annexes des
règlements européens qui se substituent à toutes les réglementa-
Aujourd’hui les agents de la DGCCRF exercent leurs tions nationales des États membres.
compétences pour rendre le référentiel légal le plus clair possible
afin de donner de la sécurité juridique aux entreprises françaises
qui peuvent être légitimement perdues dans le maquis des Exemples
directives transposées par arrêtés, lesquels disparaissant lorsque • Arrêté du 2 janvier 2003 relatif aux matériaux et objets en
un règlement directement applicable vient remplacer la directive matière plastique mis ou destinés à être mis au contact des denrées,
européenne. produits et boissons alimentaires qui a transposé la directive
2002/72 du 6 août 2002 sur les plastiques.
■ Deux décrets participent à cette transparence juridique :
Cet arrêté est appelé à disparaître puisque la directive 2002/72 est
– décret 2007-766 du 10 mai 2007 : remplacée par le règlement 10/2011 du 14 janvier 2011 à partir du 1er
• officialise le remplacement du décret 92-631 par le règlement mai 2011. L’annexe de l’arrêté du 2 janvier 2003 fait double emploi
cadre 1935 2004, avec l’annexe du règlement 1935/2004, ces deux annexes contenant
• maintient en vigueur les arrêtés français pris en application la liste des composants autorisés (avec quelques différences pour les
du décret 92-631 ou de la directive 89/109 à condition qu’ils additifs).
ne soient pas en contradiction avec le règlement cadre • Arrêté du 2 avril 2003 concernant l’utilisation de certains dérivés
1935/2004, époxydiques (BADGE, BFDGE & NOGE) pris pour transposer la direc-
• prescrit des dispositions spécifiques à la France (déclaration tive 2002/16 du 20 février 2002.
de conformité à la réglementation sur l’aptitude, logo Il a été abrogé par l’arrêté du 1er avril 2011 suite au remplacement
d’inaptitude, sanctions pénales...) ; de cette directive par le règlement 1895/2005 du 18 novembre 2005.

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AG6506

Règlementation sur les matières


plastiques au contact alimentaire
Règles juridico-techniques 1

par Sylvain MARTIN


Avocat à la Cour d’Appel de Paris

1. Référentiel juridico-technique.......................................................... AG 6506 - 2


1.1 Textes légaux de base ............................................................................. — 2
1.2 Guidelines 2014 « Orientations générales » .......................................... — 3
1.3 Portée juridique des guidelines ............................................................. — 3
2. Champ d’application du règlement plastique.............................. — 3
2.1 Selon le règlement 10/2011..................................................................... — 3
2.2 Selon les Guidelines 2014 « Orientations générales » ......................... — 3
2.3 Contact direct/indirect ............................................................................. — 3
3. Liste de l’Union..................................................................................... — 5
3.1 Substances expressément autorisées (liste positive)........................... — 6
3.2 Substances faisant l’objet de dérogations............................................. — 7
3.3 Substances non incluses dans la liste de l’Union ................................. — 9
4. Règles de sécurité et de santé ......................................................... — 9
4.1 Exigences du règlement-cadre 1935/2004 ............................................. — 9
4.2 Exigences de pureté et de qualité technique......................................... — 9
4.3 Restrictions d’utilisation et spécifications ............................................. — 9
4.4 Exigences documentaires ....................................................................... — 11
5. Règles et situations particulières.................................................... — 11
5.1 Multicouches, multimatériaux et complexes ........................................ — 11
5.2 Colles, encres d’imprimerie et revêtements.......................................... — 13
5.3 Bisphénol A .............................................................................................. — 13
5.4 Nano.......................................................................................................... — 13
5.5 Substances antimicrobiennes (biocides) ............................................... — 14
5.6 Maculage dû au process industriel ........................................................ — 14
6. Conclusion ............................................................................................. — 14
7. Glossaire ................................................................................................. — 14
8. Sigles, notations et symboles .......................................................... — 16
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. AG 6506

es matériaux et objets (articles tels que emballages, ustensiles de cui-


L sine...) destinés au contact alimentaire font l’objet d’une réglementation
cadre définie par le règlement 1935/2004 qui pose comme règle de base le
principe d’inertie vis-à-vis des denrées alimentaires. Les articles ne doivent pas
céder aux aliments des constituants dans des quantités susceptibles de pré-
senter un risque pour le consommateur ou de modifier les caractéristiques
organoleptiques ou la composition de l’aliment.
Les articles en plastique font l’objet d’un règlement européen d’application
qui définit des règles spécifiques à ce matériau, le règlement 10/2011 du
14 janvier 2011 qui remplace la directive 2002/72 du 6 août 2002.
Parution : juin 2017

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AG6506

RÈGLEMENTATION SUR LES MATIÈRES PLASTIQUES AU CONTACT ALIMENTAIRE _______________________________________________________________

Le règlement 10/2011 fixe les règles de composition des plastiques avec,


pour l’essentiel :
– une liste de substances expressément autorisées pour la fabrication des
plastiques (liste positive ou liste de l’Union) ;
– des limites de migration spécifiques pour certaines de ces substances,
c’est-à-dire la fixation d’une quantité maximale de substance qui peut migrer

1
dans l’aliment ;
– une limite de migration globale, c’est-à-dire la quantité maximale auto-
risée de substances cédées par l’ensemble de l’article aux denrées
alimentaires.
De manière simplifiée, un plastique est un polymère auquel on ajoute des
additifs pour fabriquer la matière plastique finale. On ajoute ces substances
pour réaliser un effet physique ou chimique (une couleur, une souplesse/fer-
meté, un effet glissant à l’intérieur du flacon...).
Parmi les additifs, les colorants, qui apportent leurs pigments aux matières
plastiques, et les solvants, qui servent à la production des polymères, ne sont
pas réglementés par le règlement 10/2011 qui renvoie aux législations natio-
nales. C’est une exception importante au principe de la liste positive.
D’autres additifs ont un double usage : les fabricants d’emballages ont le
droit de les utiliser, dans le cadre du règlement plastique, pour leurs effets sur
les matières plastiques. Mais les entreprises de l’agroalimentaire ont aussi le
droit, dans le cadre d’autres règlements européens, de les utiliser pour la pré-
paration des aliments ou pour aromatiser ceux-ci. Le règlement 10/2011 définit
les règles qui permettent d’allier ces différents règlements.
Les colles, encres d’imprimerie et revêtements ne sont pas concernés par le
règlement plastique en tant que tels puisque ce ne sont pas des plastiques. En
revanche, le règlement plastique prend en compte les substances utilisées
pour leur fabrication puisque celles-ci peuvent migrer à travers l’étiquette, puis
les matériaux de l’emballage jusqu’aux aliments.
On le voit, la réglementation plastique n’est pas simple.
Cet article tente de l’expliquer le plus clairement possible sans prétendre à
présenter la totalité de l’état de l’art juridico-technique.
Cet article n’est pas non plus exhaustif. Il ne couvre pas tous les domaines
réglementés par le règlement 10/2011 notamment les tests de migration et leur
modélisation.
Le lecteur trouvera en fin d’article un glossaire reprenant les définitions des
principaux termes récurrents rencontrés ici.

1. Référentiel Le règlement d’application fait l’objet chaque année d’amende-


ments pour :
juridico-technique – ajouter de nouvelles substances autorisées une fois leur éva-
luation terminée ;
– modifier les règles techniques en fonction de l’expérience
acquise ;
1.1 Textes légaux de base – procéder à des modifications de texte (corrections, améliora-
tion de la clarté du texte).
Les références légales de base sont : Liste des amendements apportés au règlement 10/2011 sur les
– le règlement-cadre 1935/2004 du 27 octobre 2004 concernant plastiques (à jour au 1er mai 2017) :
les matériaux et objets destinés à entrer en contact avec des den- – M1 Règlement d’exécution 321/2011 de la Commission du
rées alimentaires ; 1er avril 2011 (interdiction du BPA dans les biberons) ;
– le règlement d’application 10/2011 du 14 janvier 2011 concer- – M2 Règlement 1282/2011 de la Commission du 28 novembre
nant les matériaux et objets en matière plastique destinés à entrer 2011 (complète la liste de l’Union) ;
en contact avec les denrées alimentaires. – M3 Règlement 1183/2012 de la Commission du 30 novembre
2012 (complète la liste de l’Union) ;
Pour une présentation générale de ces deux textes européens, – M4 Règlement 202/2014 de la Commission du 3 mars 2014
voir l’article [AG 6 505]. (complète la liste de l’Union) ;

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AG6506

_______________________________________________________________ RÈGLEMENTATION SUR LES MATIÈRES PLASTIQUES AU CONTACT ALIMENTAIRE

– M5 Règlement 865/2014 de la Commission du 8 août 2014 (cor- – ces articles visés aux deux tirets précédents et qui sont impri-
rige la version espagnole) ; més ou enduits d’un revêtement (§ 2.2.4) ;
– M6 Règlement 2015/174 de la Commission du 5 février 2015 – les couches en plastique ou revêtements en plastique formant
(complète la liste de l’Union) ; des joints de capsules et de fermetures (§ 2.2.4) ;
– M7 Règlement 2016/1416 de la Commission du 24 août 2016 – les couches en plastique d’articles multimatériaux multi-
(complète la liste de l’Union et modifie des règles juridiques du couches (§ 5.1).
règlement 10/2011) ; Le règlement ne s’applique pas aux caoutchoucs, aux
– M8 Réglement 2017/752 de la Commission du 28 avril 2017

1
résines échangeuses d’ions et aux silicones. Ces trois matières
(complète la liste de l’Union et actualise les règles sur les peuvent faire l’objet de réglementations nationales ou euro-
méthodes d’essai). péennes spécifiques.

Remarque
Remarques
On trouve la version à jour du règlement 10/2011 à l’adresse
– pour les caoutchoucs (§ 2.2.3) ;
suivante :
– les résines échangeuses d’ions et absorbantes sont des
http://eur-lex.europa.eu > choix du français > Droit de l’UE > composants macromoléculaires organiques synthétiques pou-
Actes consolidés > Effectuer une recherche. vant être utilisés dans le traitement de denrées alimentaires
pour entraîner un échange d’ions ou une adsorption des consti-
Nota : les amendements sont signalés dans le texte consolidé par le signe  et le
tuants des denrées alimentaires. Elles n’incluent toutefois pas
numéro de l’amendement M1, M2... les échangeurs d’ions cellulosiques (Guidelines 2014, page 9) ;
– les silicones désignent des substances macromoléculaires
ou des matériaux basés sur des organopolysiloxanes et qui
1.2 Guidelines 2014 « Orientations sont réticulés, formant un réseau tridimensionnel possédant
des propriétés élastomères ou similaires à celles du caout-
générales » chouc (Guidelines 2014, page 11).
Le présent article présente une synthèse des textes légaux et des
Guidelines 2014 publiées par la Direction Générale de la Commis-
sion européenne SANCO qui est un document d’orientations géné- 2.2 Selon les Guidelines 2014
rales de l’Union sur le règlement 10/2011. « Orientations générales »
Voir http://ec.europa.eu/food/safety/chemical_safety/food_
contact_materials/related-docs_en
2.2.1 Précisions diverses
Nota : d’autres guidelines dans le Pour en savoir plus.
■ Types de produits en matière plastique
Les Guidelines 2014 précisent (page 5) que les articles en
1.3 Portée juridique des guidelines matière plastique visés au paragraphe 2.1 incluent les types de
produits suivants :
Ces documents ne créent pas de règles de droit. Ce sont des – les articles issus de stades intermédiaires (par exemple,
documents d’orientation (des « guidelines ») qui n’engagent pas la résines et pellicules pour conversion ultérieure) ;
Commission européenne, même si c’est sous son égide que ces
– les composants finis du matériau ou de l’objet final, destinés à
documents sont réalisés et publiés.
entrer en contact avec les denrées alimentaires, qui doivent seule-
Les guidelines sont néanmoins d’une importance capitale car ils ment être réunis ou assemblés, soit durant le conditionne-
résultent des discussions de groupes de travail d’experts gouver- ment/remplissage, soit avant, pour fabriquer l’article final (par
nementaux envoyés par les États membres, ce qui donne à ces exemple, plateaux et couvercles, articles de cuisine ou machines
documents un caractère officiel à défaut de caractère légal. pour la transformation de denrées alimentaires) ;
Ils sont destinés aux entreprises, aux organisations profession- – les couches de matière plastique à l’intérieur de multimaté-
nelles européennes et aux autorités des États membres chargées riaux multicouches finis (§ 5.1.4).
de traiter les questions concernant l’interprétation et la mise en Elles indiquent (page 7) que le règlement ne s’applique pas aux :
œuvre des dispositions du règlement 10/2011 sur les plastiques au – pellicules de cellulose régénérée vernies et non vernies
contact alimentaire. couvertes par la directive 2007/42 du 29 juin 2007 ;
– aux papiers et cartons modifiés ou non par l’ajout de matières
plastiques.

2. Champ d’application ■ Champ d’application du règlement

du règlement plastique En s’appuyant sur les définitions légales données par le règle-
ment sur les plastiques, les Guidelines 2014 « Orientations
générales » rappellent que le champ d’application du règlement
concerne les articles dont les matières plastiques sont basées sur
2.1 Selon le règlement 10/2011 des polymères synthétiques ou bien des polymères synthé-
tiques ou naturels qui ont été chimiquement modifiés.
L’article 2 du règlement plastique déclare qu’il s’applique aux
Les polymères naturels qui n’ont pas été chimiquement modi-
matériaux et objets suivants (ci-après les articles) mis sur le mar-
fiés ne sont pas couverts par le règlement 10/2011.
ché de l’Union européenne :
– les articles ainsi que leurs éléments constitués exclusivement Sur les mêmes bases légales les Guidelines 2014 précisent que
de matière plastique ; le règlement couvre également les quatre types de matières plas-
– les articles multicouches, que les différentes couches en tiques qui suivent.
plastique soient reliées entre elles à l’aide de colle ou par tout • Les matières plastiques basées sur des polymères fabriqués
autre moyen ; par fermentation microbienne.

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AG6506

RÈGLEMENTATION SUR LES MATIÈRES PLASTIQUES AU CONTACT ALIMENTAIRE _______________________________________________________________

• Les matières plastiques d’origine biologique et biodé- législation nationale sur le caoutchouc et les élastomères dans
gradable si elles sont fabriquées avec : certains États membres et pas dans d’autres États membres.
– des polymères synthétiques ; Pour les Guidelines 2014 Orientations générales, on considère
– des polymères naturels ou synthétiques chimiquement les définitions suivantes.
modifiés ;
– des polymères fabriqués par fermentation microbienne. • Un élastomère thermoplastique est considéré comme un
polymère ou un mélange de polymères ne nécessitant pas de vul-

1
Par exemple, un matériau basé sur de l’amidon modifié est canisation ni de réticulation durant le traitement, mais ayant, à sa
couvert par le règlement, alors qu’un matériau basé sur une macro- température de service, des propriétés similaires à celles du caout-
molécule naturelle, qui n’est pas chimiquement modifiée, comme de chouc vulcanisé.
l’amidon non modifié, n’est pas couvert par le règlement. Ces propriétés disparaissent à la température de traitement pour
permettre un traitement ultérieur, mais se rétablissent lorsque le
L’ajout d’un additif à une macromolécule naturelle ne consti- matériau revient à sa température de service. Ils sont repris sous la
tue pas une modification chimique. La modification chimique définition des matières plastiques (Guidelines 2014, page 12).
doit avoir lieu dans la macromolécule elle-même.
• Les matières plastiques fabriquées en utilisant des mono- • Les caoutchoucs sont des matériaux ayant un faible module
mères ou des oligomères obtenus par les processus de de cisaillement qui sont, soit naturels (par exemple, la gomme
« recyclage chimique » et fabriquées en utilisant des rebuts de naturellement dérivée du latex provenant de la sève d’arbres), soit
production (les matières plastiques fabriquées avec des matières synthétiques (composés de macromolécules carbonées) et caracté-
plastiques recyclées provenant de processus de recyclage méca- risés par de longues chaînes de polymères disposées dans un
nique sont également couvertes par le règlement 282/2008 relatif réseau flexible tridimensionnel détenu par des chaînons chimiques
aux plastiques recyclés pour servir de nouveau d’emballages desti- covalents.
nés à entrer en contact avec des denrées alimentaires (voir Ils présentent, à la température de service et jusqu’à leur décom-
l’article [AG 6 505]). position, des propriétés physiques élastiques qui permettent au
• Les matériaux en matière plastique auxquels un autre matériau d’être substantiellement déformé sous la tension et de
matériau est ajouté en tant qu’additif. recouvrer sa forme originale lorsque la tension disparaît (Guide-
lines 2014, page 11).
Par exemple, des matières plastiques renforcées par des fibres de
verre. ■ Champ d’application du règlement
Pour trancher la question, les Guidelines 2014 se réfèrent (page
2.2.2 Cas des cires 8) au 7e considérant du règlement 10/2011 sur les plastiques qui
dispose que les caoutchoucs sont exclus du champ d’application
Les Guidelines 2014 soulignent (page 7) que les cires constituent du règlement sur les matières plastiques car ils diffèrent, dans leur
un groupe complexe de matériaux d’origine naturelle, minérale, composition et leurs propriétés physico-chimiques, des matières
dérivée du pétrole ou encore synthétique et qui ont de nom- plastiques.
breuses utilisations différentes. En fonction de leur utilisation, elles
peuvent être couvertes par le règlement sur les plastiques. Étant donné que les ETP ont la même composition que les
matières plastiques, ils ne sont pas couverts par le terme
Les cires sont couvertes par le règlement lorsqu’elles sont utili- « caoutchouc » et ne sont, dès lors, pas exclus du champ d’applica-
sées en tant qu’additifs ou auxiliaires de production de polymères tion du règlement sur les matières plastiques.
et inscrites en tant que substances individuelles dans la liste de
l’Union des substances autorisées (annexe I, tableau 1 du règle- Il en résulte que les élastomères thermoplastiques destinés
ment plastique). au contact alimentaire doivent donc être fabriqués avec des
Les cires ne sont pas couvertes par le règlement monomères et additifs énumérés dans le règlement sur les plas-
lorsqu’elles sont le seul composant ou un composant principal des tiques et doivent respecter les limites de migration spécifiques pré-
revêtements de surface. vues par le règlement sur les matières plastiques (§ 4.3.1).

Tel est le cas, par exemple, des revêtements de surface obtenus


à partir de cires de paraffine, y compris les cires de paraffine syn- Remarque
thétiques et les cires microcristallines, ou d’un mélange de ces cires
les unes avec les autres ou avec des matières plastiques. Des modèles de migration pour certains ETP – par exemple,
les SBS (Styrène – Butadiène – Styrène) – sont disponibles
dans le document d’orientation sur la modélisation de la migra-
2.2.3 Cas des copolymères, ETP et caoutchoucs tion (Cf. Pour en savoir plus).
Les Guidelines 2014 « Orientations générales » précisent
(page 6) que les matériaux en matière plastique se composant de
copolymères entrent dans le champ d’application du règlement 2.2.4 Cas des colles, encres et revêtements
10/2011 sur les plastiques à moins que le copolymère résultant ne
relève de la définition des caoutchoucs. À l’exception des joints de capsules et fermeture, le règle-
ment sur les plastiques ne réglemente pas les substances compo-
■ ETP et caoutchoucs sant ces trois produits qui restent donc soumis, le cas échéant, aux
Elles prennent position sur la question des élastomères ther- autres dispositions de l’Union européenne ou des États membres
moplastiques (ETP) qui sont des copolymères composés de les concernant (Règlement, art. 2 § 3).
polymères relevant de la définition des polymères énoncée dans le Toutefois, les Guidelines 2014 rappellent (page 6) qu’il y a dans
règlement sur les matières plastiques (pages 7 et 8). le règlement des règles énoncées pour les encres d’imprimerie,
Les ETP posent problème car ils sont composés de substances les colles et les revêtements utilisés dans les matières plas-
identiques aux matières plastiques, mais peuvent différer par leurs tiques concernant leur contribution à la migration à partir du
propriétés physico-chimiques. De ce fait, ils sont couverts par la matériau et de l’objet en matière plastique.

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Référence Internet
F1300

Réglementation des plastiques


au contact de l’eau et des aliments
1
par François de CHAMPS
Délégué Santé-Hygiène du Syndicat des producteurs de matières plastiques (SPMP)

1. Plastiques au contact des denrées alimentaires ............................ F 1 300 – 2


1.1 Pourquoi une réglementation ?.................................................................. — 2
1.2 Réglementations applicables...................................................................... — 2
1.3 Modalités d’élaboration des textes réglementaires ................................. — 2
1.3.1 Principe de composition .................................................................... — 2
1.3.2 Principe d’inertie et migration ........................................................... — 3
1.3.3 Conclusions......................................................................................... — 3
1.4 Réglementations française et communautaire ......................................... — 3
1.4.1 Réglementation française .................................................................. — 3
1.4.2 Réglementation communautaire....................................................... — 4
1.5 Surveillance et contrôle .............................................................................. — 5
1.5.1 Essais de migration ............................................................................ — 5
1.5.2 Chaîne des responsabilités (France et Communauté européenne) — 5
1.5.3 Marquage de conformité ................................................................... — 6
1.6 Cas particulier des autres constituants des emballages organiques ...... — 6
1.7 Déchets d’emballages ................................................................................. — 6
2. Étude de cas : le conditionnement et la distribution de l’eau .... — 6
2.1 Conditionnement des eaux minérales ....................................................... — 7
2.2 Matériaux utilisés pour la distribution d’eau potable............................... — 7
2.2.1 Réglementation française .................................................................. — 7
2.2.2 Réglementation européenne ............................................................. — 7
3. Conclusions ............................................................................................... — 7
Pour en savoir plus ............................................................................ Doc. F 1 300

es possibilités variées d’utilisation des plastiques, leurs qualités d’adapta-


L tion, leur facilité de transformation et leurs avantages technologiques les
ont fait rechercher, en particulier dans les secteurs d’activité touchant à l’embal-
lage des denrées alimentaires, au conditionnement des eaux minérales natu-
relles, ainsi qu’à la distribution de l’eau potable.
Afin de mieux comprendre les choix effectués pour préserver la santé de
l’homme, il a semblé utile de rassembler ici les bases réglementaires, les procé-
dures d’élaboration de la réglementation, son état d’avancement et ses perspec-
tives dans les domaines d’application qui viennent d’être rappelés.
Parution : juin 2004

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27
Référence Internet
F1300

RÉGLEMENTATION DES PLASTIQUES AU CONTACT DE L’EAU ET DES ALIMENTS ____________________________________________________________________

1. Plastiques au contact un système relativement souple et rapide d’adaptation aux progrès


technologiques, mais qui entraîne l’obligation, pour les professions,
des denrées alimentaires d’en assumer seules la responsabilité, de la fabrication à l’utilisa-
tion.
Les résolutions du Conseil de l’Europe recommandent aux États
membres l’adoption d’un certain nombre de dispositions
1.1 Pourquoi une réglementation ? réglementaires sur la base de pratiques recensées dans certains

1
États.

La réponse à cette question est simple : pour assurer la sécurité


des consommateurs dans un domaine où l’innovation est perma- Le système des législations, plus contraignant que celui des
nente. recommandations, limite dans une certaine mesure les initia-
tives privées, garantissant à la fois les industriels contre des
L’emballage alimentaire est en effet un secteur dans lequel les recours abusifs, et la sécurité des consommateurs contre les
plastiques ont acquis une place importante : les produits laitiers et risques d’utilisation inappropriée de certains produits.
d’épicerie, les viandes et poissons, les boissons sont maintenant
couramment conditionnés dans des emballages en plastique, en
substitution et parfois en association avec des matériaux plus tradi- ■ Homologations
tionnels. Rarement retenues, ces dispositions se rencontrent par exemple
Outre leurs qualités spécifiques, ces emballages ont surtout per- en Suisse, en Autriche et consistent en un agrément officiel après
mis une distribution plus facile des aliments (transport plus aisé et examen de la composition d’un matériau et essais de migration sur
allégement) et amélioré la préservation de leur intégrité grâce à leur objet fini (cf. § 1.5.1).
effet barrière vis-à-vis des micro-organismes, de l’oxygène ou des En France, cette procédure exceptionnelle d’homologation
polluants extérieurs. concerne le conditionnement des eaux minérales naturelles (décret
o
n 64-1255 du 11/12/1964).
La possibilité de contact des denrées alimentaires avec les plasti-
ques ne se limite pas à l’emballage proprement dit et il convient de L’homologation des biberons, tétines et sucettes a été remplacée
prendre également en considération le cas de tous les matériels en 1997 par le décret no 97-503 qui renvoie aux dispositions géné-
(tuyaux, récipients, ustensiles, etc.) auxquels on peut avoir recours rales du décret no 92-631 du 8 juillet 1992.
aux différents stades de la vie des aliments, par exemple :
— production, préparation ;
— stockage, manutention, transport ;
— commercialisation, distribution ; 1.3 Modalités d’élaboration des textes
— cuisson, consommation. réglementaires
Aussi les textes législatifs et réglementaires s’appliquent-ils en
général directement aux matériaux et objets, sous les formes phy-
sique, géométrique et dimensionnelle dans lesquelles ils sont réel- En préalable, les objectifs essentiels de l’action réglementaire de
lement au contact des aliments. sécurité et d’hygiène alimentaire sont :
— la sauvegarde de la santé publique ;
L’évolution de l’utilisation des plastiques et la diversité de leurs
applications ont mis en évidence la nécessité d’adapter une — le respect et la permanence des caractères propres de
réglementation dont certaines exigences ou prescriptions existaient l’aliment.
déjà pour d’autres types de matériaux. Le premier objectif oblige à n’envisager l’élaboration et le choix
des matériaux destinés à être mis en contact avec les aliments qu’à
Les paragraphes 1.2 et 1.3 constituent un bref rappel :
partir de constituants connus et évalués par une autorité scientifi-
— des formes possibles de réglementation ; que reconnue, d’où le principe de composition dont l’application se
— des modalités d’élaboration des textes réglementaires. traduit par :
— l’établissement de listes positives ;
— le choix de critères de pureté.
1.2 Réglementations applicables Le second objectif implique l’inertie des matériaux (et de leurs
constituants) vis-à-vis des denrées alimentaires, d’où le principe
d’inertie conduisant à des essais destinés à vérifier la compatibilité
Schématiquement, on peut répartir les textes réglementaires en contenant/contenu :
trois catégories : législations, recommandations et résolutions, — essais de migrations globale et/ou spécifique ;
homologations. — contrôle des propriétés organoleptiques.
■ Législations
Elles sont constituées de textes officiels (lois, décrets, arrêtés) en 1.3.1 Principe de composition
vigueur sous des formes voisines (Belgique, Espagne, États-Unis,
France, Italie, ...), préparés par l’administration avec la participation
d’instances professionnelles ; ils sont complétés en France par des 1.3.1.1 Listes positives
circulaires et instructions de l’administration. Les réglementations On peut éliminer les possibilités d’utilisation de substances
de l’Union européenne, constituées de directives et de règlements dangereuses ou nocives pour la santé en :
suivent généralement ce type de procédure. Les directives doivent — interdisant individuellement l’emploi de ces dernières ;
ensuite être transcrites en droit national, tandis que les règlements — imposant comme règle que tout ce qui n’est pas formellement
sont d’application immédiate dans toute l’Union européenne. autorisé est interdit,
■ Recommandations et résolutions et, pour ne pas freiner l’innovation, dresser la liste des produits dont
Les recommandations sont constituées de textes d’origine uni- l’usage est autorisé. C’est le rôle des listes positives.
quement professionnelle (Grande-Bretagne) ou d’origine mixte : Bien que consacrée par l’usage, cette appellation n’existe pas
pouvoirs publics/professions (Japon, Allemagne, etc.) représentant encore en tant que telle dans la législation française. La brochure

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Référence Internet
F1300

____________________________________________________________________ RÉGLEMENTATION DES PLASTIQUES AU CONTACT DE L’EAU ET DES ALIMENTS

no 1227 du Journal officiel (JO) regroupe les différents textes En outre, si, parmi des éléments constitutifs, la migration de cer-
réglementaires français autorisant l’emploi des monomères et sub- taines substances doit être plus particulièrement surveillée du fait
stances de départ, des additifs, des pigments et colorants, et parfois de leur caractère nocif ou dangereux, on a recours aux détermina-
rassemble ceux-ci en listes récapitulatives. Une simplification tions complémentaires de migrations spécifiques effectuées suivant
importante a été réalisée en 2003, avec la publication d’un arrêté des méthodes particulières établies à cet effet.
transposant la liste positive partielle européenne, complété par une
note de la Direction générale de la concurrence, de la consomma-
tion et de la répression des fraudes (DGCCRF) regroupant tous les Le terme migration désigne la masse de ce qui migre dans

1
additifs autorisés provisoirement en France, dans l’attente d’une l’aliment et s’exprime en mg/kg d’aliment ou en mg/dm2 de
harmonisation européenne. surface en contact avec l’emballage.
Suivant les pays (Allemagne, Belgique, Italie, États-Unis, France, La migration globale est donc exprimée par la masse de
Grande-Bretagne, etc. qui ont opté pour cette procédure), ces listes l’ensemble de ce qui migre, sans prise en compte de la nature
présentent parfois quelques légères différences dans la nature, le des différents éléments ayant migré et la migration spécifique
taux d’utilisation ou les domaines d’application des produits cités. par la masse d’un constituant particulier, qui migre de la paroi
L’harmonisation de ces listes est en cours au niveau européen dans l’aliment (ou son simulant) avec lequel il est en contact.
depuis une douzaine d’années.
Ces listes positives peuvent présenter un aspect qualitatif (nature En complément de la détermination des migrations globale et/ou
des produits) et quantitatif (taux limite d’emploi). spécifique, la vérification des qualités organoleptiques de l’aliment
Lors de l’établissement de celles relatives aux plastiques, on peut : (saveur + odeur = flaveur) peut être recherchée par des essais qualita-
tifs (évaluation sensorielle).
— répertorier :
Cette action peut conduire à déceler certaines anomalies ou alté-
• soit les monomères et substances de départ,
rations imputables soit à des phénomènes de migration, soit à
• soit les polymères qu’ils permettent d’obtenir ;
d’autres causes telles que, par exemple, une trop forte perméabilité
— classer les additifs :
ou un manque d’étanchéité de l’emballage (vin sentant le bouchon,
• soit par fonction technologique (stabilisation, lubrification, eau croupie, lait aigri, beurre rance...).
plastification, etc.),
• soit par ordre alphabétique général, ou selon un numéro de Toute question de toxicité mise à part, l’évaluation des qualités
référence européen (no réf.) de 0 à < 30 000 pour les monomères organoleptiques d’un aliment est affaire de convention et de sensi-
et substances de départ, et de 30 000 à 100 000 pour les additifs, bilité personnelle. Le facteur humain est important dans ce domaine
• soit par famille de polymères avec lesquels ils sont utilisés. de l’analyse sensorielle (évaluation délicate) repose sur l’emploi de
« panels de goûteurs ».
1.3.1.2 Critères de pureté Des méthodes normalisées apparaissent, en particulier dans le
domaine de l’eau ; pour s’affranchir du facteur humain, des nez élec-
Il s’agit des spécifications analytiques, fixées réglementairement troniques sont en développement, équipés de détecteurs (senseurs)
ou non, pour des matières, matériaux ou additifs, et relatives à : spécifiques d’une fonction chimique, parfois associés à des chroma-
— la nature de leurs impuretés éventuelles : traces de monomè- tographes en phase gazeuse et à des spectromètres de masse per-
res résiduels, de métaux lourds ; mettant de détecter et d’identifier les traces infimes pouvant être à
— leur pourcentage maximal admissible (par exemple : impure- l’origine des odeurs observées.
tés inférieures ou égales à 0,3 % en masse), ou, a contrario, le taux
minimal de pureté admissible du produit (par exemple : pureté
supérieure ou égale à 99,7 % en masse), de façon à connaître les 1.3.3 Conclusions
seuils de concentration des impuretés au-dessous desquels la pré-
sence éventuelle de traces résiduelles ne présente plus de danger. Les dispositions précédentes se retrouvent pratiquement dans
toutes les réglementations nationales avec, bien sûr, des nuances.
Ici ne seront résumés que les aspects principaux des
1.3.2 Principe d’inertie et migration réglementations française et communautaire.

Le matériau au contact de l’aliment doit assurer sa protection et


sa conservation, sans modifier ses caractéristiques organoleptiques
ou physico-chimiques : c’est le principe d’inertie qui dépend en par- 1.4 Réglementations française
ticulier des interactions contenant/contenu. et communautaire
1.3.2.1 Interaction contenant/contenu
1.4.1 Réglementation française
La mise en contact d’un contenu (denrée alimentaire) et d’un
contenant (emballage), dans des conditions définies de temps, de
température, de surface relative, entraîne presque inéluctablement Depuis 2000, l’organisme scientifique officiel traitant des problè-
– et quels que soient le matériau d’emballage et l’aliment considérés mes évoqués est l’AFSSA (Agence française de sécurité sanitaire de
– une migration réciproque, aussi faible soit-elle, des produits en l’alimentation), qui rassemble des experts provenant de l’adminis-
présence, c’est-à-dire passage de substances d’un milieu à l’autre. tration et du monde scientifique. Elle étudie les dossiers qui lui sont
soumis et émet des avis, contribuant ainsi à l’élaboration de la
Aussi doit-on procéder, au stade du conditionnement, à une simu- réglementation édictée et contrôlée par la Direction générale de la
lation ou reproduction aussi fidèle que possible des conditions habi- concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes
tuelles d’emploi. (DGCCRF), rattachée au ministère de l’Économie, des Finances et de
l’Industrie.
1.3.2.2 Compatibilité contenant/contenu
D’une manière générale, la réglementation française est du type
Dans le souci général de préserver les caractères propres à l’ali- législation, à l’exception des procédures d’homologation particuliè-
ment, on définit un seuil de migration globale au-delà duquel un res signalées dans le paragraphe 1.2. Elle comporte un certain nom-
matériau est jugé inapte à être utilisé au contact des denrées ali- bre de textes généraux et d’autres spécifiques de familles de
mentaires. matériaux.

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1

30
Emballage des produits alimentaires et autres
conditionnements spécifiques
(Réf. Internet 42132)

1– Normes et législation de l'alimentaire 2


2– Matériaux et techniques pour le conditionnement Réf. Internet page

alimentaire
Liquides alimentaires. Emballage, conditionnement et caractéristiques AG6520 33

Liquides alimentaires - Conditionnement et stabilisation en emballages primaires AG6521 39

Liquides alimentaires. Organiser un atelier de conditionnement AG6522 47

Liquides alimentaires. Opérations fondamentales de l'atelier de conditionnement AG6523 53

Liquides alimentaires. Conditionnements spéciaux AG6524 61

Lavage des récipients dits « re-remplissables » ou consignés AG6525 67

Lavage et désinfection du fût dit « de brasserie » AG6526 73

Mécanismes de la détergence : produits, méthodes, évaluations et contrôles AG6527 77

Liquides alimentaires - Rinçage des emballages primaires AG6528 81

Contact alimentaire. Principaux matériaux autorisés F1305 85

Nanotechnologies et emballage alimentaire. Panorama des utilisations et risques NM4510 87


associés
Revêtements intérieurs pour emballages métalliques F1310 91

Sertissage : outils et autocontrôles pour la maîtrise du risque microbiologique F5100 93

Papiers et cartons au contact des denrées alimentaires F1315 97

Matériaux d'emballage flexibles multicouches. Modalités de choix et applications F1325 101

Verre d'emballage alimentaire F1322 105

Alimentarité des emballages en bois AG6529 111

3– Conditionnements spécifiques

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2

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Référence Internet
AG6520

Liquides alimentaires
Emballages, conditionnement
et caractéristiques

2
par Pierre MILLET
Ingénieur ENSAIA
École nationale supérieure d’agronomie et des industries alimentaires
Ancien directeur technique de brasserie industrielle
Professeur associé à l’ENSAIA dans le département brasserie-boissons
Cet article est la réédition actualisée de l’article [AG 6 520] au titre éponyme paru en 2010,
rédigé par le même auteur.

1. Situer le liquide alimentaire parmi les autres liquides AG 6 520v2 - 2


et aliments ...............................................................................................
2. Emballages, conditionnement et hygiène alimentaire................ — 3
3. Emballage primaire : caractéristiques physiques
et utilisation ............................................................................................ — 3
4. Principaux emballages secondaires ................................................. — 8
5. Emballage tertiaire : palette manutention/stockage.
Caractéristiques et utilisation ........................................................... — 9
6. Caractéristiques des liquides alimentaires à considérer
lors du conditionnement ..................................................................... — 10
7. Oxydation des liquides alimentaires ................................................ — 18
8. Liquides alimentaires et bactériologie acide ................................. — 19
9. Autres facteurs influençant le conditionnement des liquides
alimentaires............................................................................................. — 21
10. Conclusion ............................................................................................... — 22
11. Glossaire................................................................................................... — 22
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. AG 6 520v2

onditionner un liquide alimentaire consiste à prélever une certaine quan-


C tité de ce liquide et à la loger dans une enceinte qui sera close après
remplissage. C’est là le cas le plus général.
Dans l’esprit du consommateur, l’emballage sera relativement petit, de
l’ordre du litre ou du kilogramme, et de quelques multiples et sous-multiples
de ces unités. Il s’agira alors :
– de bouteilles à col étroit ;
– de flacons à col large ;
– de bocaux et de boîtes boisson métalliques ;
– de briques en matériaux composites.
Cet emballage, directement en contact avec le liquide, est appelé
« emballage primaire » et a pour fonction d’isoler son contenu de l’extérieur, et
de le protéger en assurant au mieux son inviolabilité.
Parution : juin 2015

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Référence Internet
AG6520

LIQUIDES ALIMENTAIRES ____________________________________________________________________________________________________________

Un ensemble de ces emballages primaires pourra être regroupé par lot dans
un emballage secondaire offert aux consommateurs sur le lieu de vente. Parmi
les emballages secondaires les plus utilisés, on notera :
– les packs ;
– les fardeaux sous film ;
– les casiers en plastique consignés ;
– les caisses en carton.
Pour satisfaire aux exigences de la logistique, ces emballages primaires et/ou
secondaires seront eux-mêmes rassemblés dans des emballages tertiaires de
transport, manutention ou stockage.
2 Les emballages primaires et secondaires doivent permettre, en plus de leur
rôle protecteur, d’identifier le produit et de renseigner le consommateur sur le
volume ou le poids de liquide contenu, l’identité du fabricant et/ou du
pré-emballeur, d’apporter des précisions sur la date limite de vente (DLV),
d’utilisation optimum (DLUO) ou de consommation (DLC) du produit lui-même,
ou encore renseigner sur sa composition, sa valeur énergétique, sa teneur en
alcool et, éventuellement, les additifs de stabilisation utilisés. Ces renseigne-
ments, dont certains sont obligatoires et précisés par le législateur, seront
mentionnés par étiquetage ou, à la limite, imprimés directement sur l’embal-
lage ou sur son système d’obturation.
Les liquides alimentaires sont caractérisés par des critères physiques, chimi-
ques et biologiques qui justifieront des traitements spécifiques lors de leur
conditionnement et feront appel à des emballages bien adaptés à ces traite-
ments. On envisagera leur conditionnement en fonction des critères suivants :
– plats ou gazeux ;
– appartenance, ou non, au domaine de la bactériologie acide ;
– Aw des contaminant potentiels ;
– présentant, ou non, une sensibilité à l’oxydation ;
– tolérant, ou non, un traitement thermique de stabilisation ;
– possédant dans leur composition des éléments chimiques particuliers sus-
ceptibles d’évoluer après leur conditionnement.

subis (comme c’est le cas pour l’eau) jusqu’à celles des fluides
1. Situer le liquide rhéofluidisants, dont la viscosité décroît si l’on augmente l’inten-
alimentaire parmi sité de l’agitation, comme c’est le cas des concentrés de jus de
fruits.
les autres liquides Par contre, les fluides rhéoépaississants, dont la viscosité aug-
et aliments mente avec l’agitation, ne concernent pas les liquides alimentaires.

Les liquides alimentaires, comme tous les liquides, ont la pro- Remarque
priété physique de se déplacer et se déformer dès qu’un effort leur Les produits semi-liquides, comme les soupes avec mor-
est appliqué et, de ce fait : ceaux, n’entrent pas dans la catégorie des liquides alimen-
– d’épouser le volume interne des récipients qui vont les taires. Avec eux se pose le problème du maintien de leur
contenir ; homogénéité lors de leur conditionnement, auquel s’ajoute
– d’être véhiculé par une pompe dans une canalisation ; leur caractère difficilement pompable et la difficulté qu’il y
– d’y circuler selon les différents régimes connus (turbulent, aura à éviter la sédimentation des parties solides lors des
laminaire, piston). écoulements dans les tuyauteries de transfert.
Les liquides alimentaires ont des viscosités allant de celle de
l’eau pure à celles des sirops de sucre très concentrés (au-delà de
75 % de sucre). Ils présentent des caractéristiques rhéologiques Par contre, les jus de fruits avec pulpe rentreront dans cette
depuis celles des fluides newtoniens, c’est-à-dire garder une visco- catégorie lorsque des moyens d’homogénéisation efficaces auront
sité constante quels que soient l’intensité et le temps d’agitation été mis en œuvre.

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AG6520

_____________________________________________________________________________________________________________ LIQUIDES ALIMENTAIRES

Les formes les plus répandues, concernant les petits récipients


2. Emballages, destinés à contenir des liquides alimentaires sont : la bouteille, la
conditionnement boîte boisson et la brique. La bonbonne et le fût caractérisent bien
l’emballage de moyenne grandeur, tandis que la citerne, ou le tank
et hygiène alimentaire illustrent l’emballage de grande contenance. En résumé, noter que :
– la bouteille est un emballage rigide ou semi-rigide, terminé par
un col plus ou moins long, à l’extrémité duquel se situe l’ouver-
Dans le cas des liquides alimentaires, c’est lors de la mise en ture, elle-même équipée d’une bague spécifique du mode de bou-
emballage primaire que seront prises toutes les mesures chage et du matériau utilisé ;
d’hygiène destinées à garantir au consommateur un produit sain,
– la boîte boisson métallique est de forme cylindrique à ouver-
digeste, et qui satisfasse son goût avec, en plus, la garantie de son
ture munie d’un retreint de sertissage du couvercle. Les techniques
inviolabilité avant et après son acquisition et sa consommation.
actuelles de fabrication des boîtes boisson permettent des varia-
Cet aspect sanitaire sera la conséquence des conditions d’hygiène
tions de formes intéressantes déclinées autour du cylindre ;

2
et de sécurité suivies et contrôlées pendant toutes les étapes de la
– la brique, dont la seule dénomination indique la forme, offre
fabrication et du conditionnement du liquide alimentaire.
cependant des variations qui vont de la section rectangulaire, ou
En plus de cela se posera le problème du nettoyage et de la polygonale, au berlingot ;
désinfection des matériels mis en œuvre lors de leur – pour les moyens et les grands récipients rigides : bonbonnes,
conditionnement et l’obligation qu’aura le conditionneur à utiliser fûts et citernes, la forme sphérique, bi-conique cylindrique et
à cet effet des techniques sévères de nettoyage et de désinfection cylindro-conique s’impose ;
sur ses installations, avant et après leur utilisation. – pour les récipients souples comme les Bag in box, la forme
cubique est assurée par l’emballage extérieur constitué souvent
d’une caisse en carton.
À ce sujet, dans tous les cas, le conditionneur devra veiller
à ce que le matériel soit installé en satisfaisant aux normes
établies des bonnes règles concernant son aptitude à se net- 3.1 Emballage et inviolabilité
toyer facilement.
La garantie d’inviolabilité attribuée à l’emballage est devenue
une priorité au cours des dernières décennies. Elle s’est installée
Pour cela, les machines susceptibles d’être au contact de liquides
avec la généralisation des pré-emballages et la crainte de voir se
alimentaires devront avoir été conçues de façon que :
multiplier les actes de malveillance qui, bien que peu nombreux,
– les espaces morts, les jeux ou les cavités, qui peuvent retenir sont toujours très largement diffusés par les médias. Aussi, les uti-
le liquide travaillé ou les solutions utilisées pour les NEP (Net- lisateurs de produits préemballés veulent être assurés que per-
toyage en place), soient minimisés ou, mieux encore, éliminés ; sonne avant eux n’a pu avoir accès au produit que contient
– tous les appareils, ou parties d’appareils, puissent être vidan- l’emballage, soit pour en prélever, soit pour le modifier dans un
gés totalement après utilisation ; but de nuisance.
– l’attention soit portée sur la prévention des problèmes posés
Les procédés permettant de prouver qu’un conditionnement n’a
par les raccordements de tuyauterie, les passages d’axes tournant
pas été violé intéressent tous les types de conditionnement et pas
ou pas. Cela met en évidence le rôle important des joints.
seulement les bouteilles, flacons et pots. Les méthodes qui
Ce problème a particulièrement été étudié en brasserie par l’EBC peuvent être utilisées pour garantir et assurer l’inviolabilité se
(European Brewery Convention ) dans la Monography XXI rédigée retrouvent essentiellement dans le domaine du bouchage des réci-
à l’issue de son congrès de 1994. pients. Certaines sont très théoriques quant à leur efficacité,
comme les bandes de garanties en papier posées à cheval sur le
bouchon des récipients, les manchons en plastique rétractables
qui englobent la bague et le bouchon des bouteilles. D’autres sont
3. Emballage primaire : plus convaincantes, comme les bouchons scellés pour lesquels un
cachet d’un produit thermofusible assure une liaison entre le bou-
caractéristiques physiques chon et le récipient et se rompt lorsqu’on amorce le débouchage,
témoignant alors du viol. Les stanioles (habillage du col des bou-
et utilisation teilles par une feuille d’aluminium froissé) et les capsules de sur-
bouchage peuvent également prétendre assurer cette fonction.
Les récipients destinés à contenir des liquides alimentaires vont
se différencier suivant le (ou les) matériau(x) qui les constitue(nt), Pourtant, il faut bien admettre, et constater, que tous les
leur volume, leur rigidité et les moyens prévus pour leur obturation. systèmes mis au point sont plus installés pour gêner l’effrac-
Sera également prise en considération leur aptitude à accepter tion que pour véritablement s’en protéger.
des traitements thermiques et/ou chimiques importants, à pouvoir
être réutilisables ou non, et à être recyclés ou non. En plus, ils
seront caractérisés par :
– une surface interne suffisamment lisse et apte à être nettoyée ; 3.2 Matériaux constitutifs
– leur degré de biodégradabilité ; des emballages primaires
– leur machinabilité ;
– l’existence de parties de surface externe développable suscep-
tibles d’accepter une étiquette ;
– les performances affichées à supporter des pressions internes Les matériaux destinés à être au contact direct d’un ali-
élevées ou, à l’inverse, un vide poussé lors d’un refroidissement ment doivent satisfaire au décret du 12 février 1973 visant la
après un remplissage à chaud ou un traitement thermique de stéri- compatibilité alimentaire et dont l’objectif est la protection de
lisation. la santé du consommateur par des mesures relatives à l’inno-
cuité et l’hygiène.
Ces différents aspects, qui sont loin d’être limitatifs, vont
À ce titre, les composants du matériau au contact d’un
dépendre bien sûr du liquide à conditionner et des moyens de son
aliment doivent être soumis à autorisation.
conditionnement.

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LIQUIDES ALIMENTAIRES ____________________________________________________________________________________________________________

Ces matériaux sont nombreux, variés et particulièrement déve- § Pour la fabrication des récipients en verre, les fabricants
loppés et multipliés avec les matériaux plastiques qui offrent exploitent essentiellement deux procédés qui mettent en œuvre
aujourd’hui une gamme très importante de possibilités. C’est en une paraison, c’est-à-dire une certaine quantité de verre en fusion
verre et en plastique que seront fabriqués la majorité des récipients que l’on va, soit souffler en deux étapes (procédé dit « soufflé-
du type bouteille. Tandis que les boîtes boisson le seront en alumi- soufflé »), soit d’abord presser par une empreinte, puis souffler
nium ou en fer blanc. Les briques sont fabriquées en matériau (procédé dit « pressé-soufflé »).
composite. Alors que les plus gros récipients, transportables
comme les fûts et les citernes, le sont en acier inox, en acier revêtu, Après leur formage, les récipients vont subir une recuisson et un
en aluminium ou en bois, et les autres emballages de grands volu- lent refroidissement qui va permettre d’augmenter leurs perfor-
mes transportables sont en verre ou en plastique rigide pour les mances mécaniques et leur donner une meilleure résistance au
bonbonnes et en plastique souple pour les Bag in box. choc thermique, notamment pendant leur passage dans une
laveuse de récipients, ou un pasteurisateur tunnel.
Ce qui caractérise les progrès techniques obtenus avec ces
emballages, c’est la diminution continue des épaisseurs et du Enfin, le verre creux va pouvoir recevoir des traitements spéci-

2 poids des matériaux utilisés, tout en observant des performances


accrues quant à leurs résistances aux contraintes physiques aux-
quelles ils sont soumis. Cette diminution du poids et des épais-
fiques de décoration, comme la sérigraphie, la métallisation, le
dépolissage, et des revêtements à base de polymère.

seurs, pour certains types de matériaux, se traduit pour les § Lorsque le récipient en verre est susceptible d’être réutilisé
récipients traditionnellement rigides par le passage à l’état après vidange par le consommateur et retour à l’atelier de
semi-rigide et à l’adaptation des machines de conditionnement à conditionnement (cette pratique de l’emballage consigné est de
ce nouvel aspect. moins en moins fréquente en France, mais est encore largement
répandue en Allemagne, notamment). On constate, avec les
chaînes d’embouteillage à grand rendement, que les récipients,
3.2.1 Bois transportés en nappe sur des convoyeurs, vont se frotter les uns
Ce matériau est encore très répandu en œnologie. C’est surtout contre les autres, ce qui aura tendance à provoquer sur leur sur-
le chêne et le châtaignier qui sont les essences les plus utilisées face des dépolis inesthétiques. Ce phénomène, connu sous le nom
pour la maturation, le stockage et le transport des vins auxquels de « scuffing », est aggravé par le passage répété dans des bains
elles communiquent un goût « boisé » plus ou moins prononcé et de soude caustique, lors du lavage des récipients, qui perdent une
recherché. Les tonneaux et les foudres, qui sont les récipients partie infime de matière à chaque passage, mais qui n’est pas
fabriqués avec ce type de matériaux, sont constitués de deux négligeable à la longue. Aussi, des traitements sur site de
fonds plats que des douves cintrées, jointives et rainurées à leur conditionnement ont été mis au point, qui consistent à effectuer
extrémité pour former des « jables » viennent enserrer, aidées en sur la surface externe du récipient des pulvérisations à base de
cela par un cerclage métallique. silicate, parfois un flammage de la surface ou un revêtement par
Ce matériau poreux est difficilement nettoyable et demande des pulvérisation de polymère.
traitements de nettoyage et de désinfection souvent lourds. De
plus, le montage par douves rend l’étanchéité difficile dès que
règne à l’intérieur du récipient la moindre pression. D’où la néces- Remarque
sité pour la brasserie d’avoir eu à « goudronner » ses fûts en bois Remarquons qu’il existe également une usure chimique à
par le passé et à pratiquement doubler l’épaisseur des douves par l’intérieur du récipient traité par des lavages successifs avec
rapport à celles qui sont utilisées en œnologie, et leur permettre de la soude qui se traduira par des lésions ou des piqûres sur
ainsi de résister à la pression interne provoquée par la bière dans sa surface interne et qui représenteront alors autant de nids
le récipient. bactériens et de pièges à salissures et/ou d’amorces de déga-
zage et, donc, provoqueront un moussage intempestif à
3.2.2 Verre l’ouverture des bouteilles contenant un liquide gazeux.
C’est le matériau reconnu comme le plus neutre vis-à-vis des
liquides alimentaires à conditionner.
§ Le verre d’emballage ou verre creux va se décliner dans diffé-
3.2.3 Métaux
rentes couleurs qui vont de l’extra blanc à l’opale en passant par le
mi-blanc, le vert (champagne), l’ambré et la teinte feuille morte. La 3.2.3.1 Acier inoxydable
composition chimique de ces différentes gammes varie en fonc-
Ce métal est pratiquement exclusivement utilisé pour la fabrica-
tion de la quantité et de la qualité des oxydes qui entrent dans leur
tion de fûts et de citernes.
composition, mais les constituants principaux, dans tous les cas,
sont la silice (SiO2) à plus de 70 % et l’oxyde de sodium (Na2O) Les aciers inoxydables sont des alliages de fer et de chrome
entre 12 et 14 %. dont la teneur en chrome est, au minimum, de 10,5 % et qui
peuvent contenir d’autres éléments d’addition, comme le manga-
nèse, la silice, le soufre, le phosphore, le carbone, le titane... Ces
Notons que de plus en plus de calcin entre dans la fabrica- éléments d’alliage étant ajoutés en quantité variable pour modifier,
tion, surtout du verre vert (85 % et plus). Le calcin (ou groisil) en les améliorant, certaines propriétés des aciers inoxydables.
est du verre récupéré, d’origine ménagère ou industrielle, qui
est ajouté aux composants principaux du verre pendant sa § La résistance à la corrosion est due au chrome qui, en présence
fusion. d’un milieu oxydant, forme à la surface de l’acier une couche
De plus, la teinte du verre aura une influence sur l’action de complexe, invisible, mais protectrice, qui rend le métal passif.
la lumière envers les liquides alimentaires et, vu sous cet La résistance à la corrosion croît logiquement avec la teneur en
aspect, c’est la teinte feuille morte qui protège le mieux les chrome.
produits.
§ Parmi les aciers inoxydables, il est habituel de distinguer les
aciers :
Lors du conditionnement des liquides alimentaires, c’est la
bouteille et le flacon type jus de fruit à large ouverture qui sont – martensitiques, qui contiennent 0,4 % de carbone et 12 à 16 %
généralisés. de chrome, ce qui leur confère de bonnes propriétés mécaniques ;

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_____________________________________________________________________________________________________________ LIQUIDES ALIMENTAIRES

– ferritiques, qui contiennent moins de 0,3 % de carbone et 16 à la confection d’opercules utilisés dans le bouchage des bouteilles,
30 % de chrome. Ils résistent bien à l’acide nitrique et à l’acide acé- de lait, par exemple, ou le surbouchage des cols de récipients. Sous
tique, mais leurs propriétés mécaniques sont relatives ; l’aspect rigide ou semi-rigide, il entrera dans la fabrication de fûts,
– austénitiques, qui contiennent du chrome et du nickel (moins de boîtes boisson et de bouchons à sertir sur un filet de pas de vis.
de 0,1 % de carbone, 12 à 25 % de chrome, 8 à 20 % de nickel). Ces Au contact avec le liquide, l’aluminium exigera un revêtement par
aciers peuvent également contenir du molybdène et du titane. Ces vernis ou résines époxy, ou une protection par le procédé dit
aciers austénitiques représentent la catégorie la plus couramment d’« anodisation » qui consiste à déposer en surface une couche
utilisée dans la construction du matériel alimentaire. d’aluminium pur, particulièrement résistante aux corrosions.
§ Les aciers inoxydables ont des dénominations différentes sui- § Les récipients en aluminium ont des contraintes importantes
vant le pays où ils sont utilisés ou fabriqués, ainsi la norme améri- concernant les produits de nettoyage à utiliser. Si les détergents à
caine la plus employée, AISI, désigne sous la dénomination : base de soudes caustiques sont à proscrire systématiquement,
– AISI 304, couramment appelé 18/10, un acier contenant 18 % d’autres alcalins plus doux, comme les phosphates et les silicates,

2
de chrome et 10 % de nickel ; seront acceptés, les détergents acides peuvent être utilisés et
– AISI 316, un acier qui contient 17 % de chrome, 10,5 % de seront même à préférer.
nickel et plus de 2 % de molybdène.
§ Les boîtes boisson en aluminium sont produites à partir d’une
Ce dernier acier est particulièrement recommandé dans les bande nue d’alliage d’aluminium (AA3004H19) de 0,30 mm
industries traitant des liquides alimentaires acides et agressifs. d’épaisseur par emboutissage profond (figure 1). L’épaisseur d’ori-
gine du métal ne se retrouve seulement qu’au fond de la boîte et
est très réduite au niveau de la paroi (0,11 mm) et du rétreint
Remarques (0,16 mm). Le rétreint étant la partie de la boîte où se trouve son
1 – C’est le chrome qui fait perdre aux aciers inoxydables les ouverture et dont les bords évasés permettent la fermeture par
propriétés magnétiques de l’acier, toutefois si la teneur est infé- sertissage du couvercle. Des gains de matières ont été obtenus
rieure à 14 % de chrome, les propriétés magnétiques sont par- récemment en diminuant le diamètre d’ouverture de la boîte, sans
tiellement conservées mais le pouvoir inoxydable diminué. modifier celui du corps et passer ainsi d’un périmètre du couvercle
Cette propriété est utilisée dans le système Magneflex de de 206 à 202 mm (figure 2), généralisé aujourd’hui, ce qui repré-
chaîne à palettes à charnière de convoyage de bouteilles dans sente une économie d’environ 4 cm2 de métal par couvercle. La
une courbe. La chaîne à 14 % de chrome étant alors plaquée boîte boisson est revêtue intérieurement d’un vernis.
sur son bâti courbe par des aimants permanents logés dans ce
dernier.
2 – L’acier inoxydable est très sensible aux produits chlorés
Épaisseur
qui peuvent l’attaquer et provoquer en surface des piqûres per- 0,16 mm
forantes. L’inox 316 L possède une meilleure tenue au contact
de ces agents chimiques.
3 – Pour les aciers inoxydables, un polissage avec une rugo-
sité de 1 à 1,5 microns s’avère satisfaisant pour faciliter la net-
toyabilité du matériel.
Épaisseur
0,11 mm
3.2.3.2 Acier revêtu
Ce type de matériau, de moins en moins utilisé aujourd’hui, est
constitué d’acier à une teneur en carbone inférieure à 1 % et d’un
revêtement réalisé par vitrification, ou par recouvrement de résine,
qui permet au matériau de base, le fer, de ne pas être au contact Épaisseur
direct du liquide alimentaire et de le protéger de la rouille et de la 0,30 mm
corrosion. a profil typique d’une boîte boisson

90 mm DIA
Le « poissage », improprement appelé « goudronnage » dans 66 mm DIA
les milieux professionnels, est un revêtement utilisé ancienne-
ment pour les fûts à bière en bois et les fûts en acier qui leur 140 mm DIA Premier embouti
Typiquement
ont succédé. La poix utilisée à chaud (200 oC) pour réaliser ce
revêtement est un composé de résine (de pins), de colophane,
et de paraffine.
Flan Coupelle Second embouti

Elle était utilisée pour revêtir intérieurement les récipients d’une


couche uniforme et élastique, formant une laque de qualité ali-
122 mm
124 mm

mentaire, évitant ainsi tout contact de la bière avec les parois du


récipient. La pratique du poissage est anecdotique aujourd’hui.
Heureusement car, dans le passé, il n’était pas rare de voir un
incendie se déclarer dans l’atelier de poissage, déclenché par la
poix en fusion et les vapeurs qu’elle dégage, et cela même plu- Premier Deuxième Troisième Détourage Rétreint du col
sieurs fois par an. étirage étirage étirage et et bordurage
formation après décoration
3.2.3.3 Aluminium du dôme et vernissage

Ce métal va être utilisé sous un aspect rigide, ou non rigide, lors b procédé de fabrication d’une boîte boisson de 33 cl
du conditionnement des liquides alimentaires. Sous la forme non
rigide, il va participer à la fabrication de feuilles minces destinées à Figure 1 – Principe de fabrication d’une boîte boisson

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2

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Liquides alimentaires –
Conditionnement et stabilisation
en emballages primaires

2
par Pierre MILLET
Ingénieur ENSAIA – École nationale supérieure d’agronomie et des industries alimentaires
de Nancy
Ancien directeur technique de brasseries industrielles
Professeur associé à l’ENSAIA dans le département brasserie boissons

Cet article est la réédition actualisée de l’article [AG 6 521] intitulé « Liquides alimentaires
– Liquides alimentaires – Conditionnement et stabilisation en emballages primaires » paru
en 2010, rédigé par Pierre MILLET

1. Stabilisation par techniques séparatives ....................................... AG 6 521v2 - 2


2. Organisation d’un filtre à adjuvants ................................................ — 10
3. Homogénéisation................................................................................... — 19
4. Stabilisation thermique des produits alimentaires ..................... — 19
5. Autres techniques de stabilisation .................................................. — 26
6. Conditionnement aseptique ............................................................... — 27
7. Approches du soutirage aseptique sans la contrainte
du jet libre ............................................................................................... — 31
8. Conclusion............................................................................................... — 36
9. Glossaire .................................................................................................. — 37
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. AG 6 521v2

es techniques utilisées pour assurer la stabilisation d’un liquide alimentaire


L sont essentiellement séparatives ou mettent en œuvre un traitement
thermique. D’autres procédés sont apparus ces 20 dernières décennies usant
d’autres moyens comme l’ionisation, les hautes pressions, la lumière pulsée,
etc.
La stabilisation des liquides alimentaires nécessite :
– des conditions d’environnement précises ;
– une contamination initiale très faible ;
– des protocoles d’application ;
– des traitements rigoureux ;
– des contrôles permanents.
La méfiance des consommateurs, entretenue par les médias pour les additifs
qui accompagnent les produits alimentaires et, en particulier, les antiferments,
font que ceux-ci sont modérément utilisés comme techniques de stabilisation.
La généralisation du conditionnement aseptique, malgré les difficultés de sa
mise en œuvre, a amené les industriels à mettre au point des procédés sensés
Parution : janvier 2016

le dédramatiser et, surtout, le rendre moins contraignant.

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LIQUIDES ALIMENTAIRES – CONDITIONNEMENT ET STABILISATION EN EMBALLAGES PRIMAIRES _________________________________________________

dimension supérieure de particules, la filtration frontale classique


1. Stabilisation sur cartons ou sur Kieselguhr est mieux adaptée. La filtration dite
par techniques séparatives « stérilisante » se situe entre 0,45 et 1,50 micron (tableau 1).

1.1.2 Filtration en profondeur


1.1 Filtration
Ce principe concerne le cas où les particules sont retenues à
La filtration est un procédé mécanique de partage d’un système l’intérieur de la masse poreuse (figure 1), on parle également de
généralement biphasique, en deux parties : les solides d’une part, « filtration sur lit filtrant ». Avec les matériaux permettant la filtra-
le liquide ou le gaz d’autre part, et cela grâce à l’emploi d’un corps tion en profondeur, un certain nombre de mécanismes sont mis en
poreux appelé « média filtrant ». jeu et font intervenir des charges électrocinétiques créées par le
Dans le domaine des liquides alimentaires avant leur condition- fluide en mouvement.

2 nement, on distinguera deux types de filtration :


– dégrossissante qui permet de réduire un pourcentage plus ou
moins important de matières en suspension constituées entre
Si le flux est interrompu, les charges disparaissent, ainsi que les
forces de rétention dues au débit, et les particules ne sont plus
retenues, il y aura « relargage », c’est-à-dire passage de ce qui
autres de cellules de levures, ou même de bactéries présentes avait été retenu auparavant dans le liquide filtré.
dans le liquide ;
– stérilisante qui permet d’obtenir un produit stérile.
1.1.3 Filtration en surface (ou par tamisage)
Lorsque les deux se suivent, on parle de « double Il s’agit d’une filtration dans laquelle les particules retenues
filtration », la première filtration facilitant la seconde. restent agglomérées à la surface du support de filtration, la sépara-
tion se fait uniquement par tamisage en surface. Lorsqu’une tech-
Ces filtrations s’effectuent sur différents médias : cartons, membra- nique utilisant la filtration en surface sera mise en œuvre, il faudra
nes organiques ou minérales, cartouches plissées, bougies, etc. La fil- que le liquide traité ait subit un prétraitement qui l’aura débarrassé
tration sur Kieselguhr (terre spéciale à base d’infusoires fossilisés) de la majorité de ses contaminants initiaux ou que des moyens de
permet de construire le média filtrant tout au long de la filtration par mise en suspension permanente des résidus séparés soient
apport continu de matière filtrante. Cela permet de maintenir une utilisés, comme c’est le cas lors de la filtration tangentielle.
porosité de la couche filtrante qui varie peu au cours de l’opération et
autorise des cycles longs de filtration avant colmatage définitif de la
couche filtrante, ou remplissage complet des espaces libres d’ame- Tableau 1 – Techniques de filtration
née des liquides à traiter aux éléments filtrants par l’adjuvant et les suivant la dimension des particules à retenir
particules retenues, ce qui ne permet plus d’apport nouveau en
liquide, en matériau filtrant, ni en particules à séparer. Osmose inverse Ultra filtration
Micro
0,002 micron 0,3 micron

1.1.1 Classification des différentes techniques Filtration Filtration sur cartons


Filtration classique
de filtration 10 microns ou Kieselguhr

Pour des dimensions de particules inférieures à 100 000 A0, on 20 A0 3 000 A0


3 A0 20 A0 100 000 A0 et au-delà
est dans le domaine des techniques membranaires. Pour une 100 000 A0

Ils sont de trois natures :


Interception directe
C’est principalement une rétention
mécanique : la particule est arrêtée
par le pore dont le diamètre est
inférieur au sien
Impact inertiel
Les particules plus petites que le seuil de rétention Particules capturées par
interception directe
et entraînées par leur inertie propre
~Tamisage
sont interceptées par le médium filtrant
Particules capturées par
Absorption impact inertiel
Les particules, plus petites que le
seuil de rétention et qui portent Particules capturées par
une charge électrique de signe absorption
opposé à la paroi du filtre, sont (forces de Van der Waal)
retenues par cette même paroi
si elles passent suffisamment près.
L’absorption peut être réalisée par b mécanismes d’interception
liaison de Van der Wall, par des
liaisons hydrogènes ou des forces
statiques

a mécanismes principaux qui régissent la filtration


liquide/solide

Figure 1 – Principe des mécanismes d’interception des particules sur un filtre en profondeur

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1.1.4 Potentiel ZETA


Le potentiel électrocinétique créé par le flux est appelé Effet d’inertie Effet d’interception
« potentiel Zêta » et son signe dépend du matériau filtrant choisi.
Les fibres d’amiante (autrefois utilisées dans la construction des
cartons filtrants) représentent l’exemple typique d’un matériau à
Fibre Fibre
potentiel Zêta nettement positif, mais aujourd’hui on essaye d’éle-
ver le potentiel Zêta des cartons filtrants démunis d’amiante par
des traitements spéciaux et des adjuvants particuliers.
Tous les Kieselguhrs, perlites de nombreux types de celluloses
sont Zêta négatif, or tous les contaminants ont en solution un
potentiel négatif et ne seront donc pas retenus. Figure 2 – Principes d’inertie et d’interception dans le cas
d’une fibre de média filtrant

1.1.5 Principaux mécanismes d’interception mis


en œuvre pendant la filtration
2
Dans le cas de la filtration de gaz sur un médium tissé ou fibreux
s’ajoutent aux mécanismes principaux quelques nuances. En ce
qui concerne l’impact inertiel, les lourdes particules ont une force
d’inertie trop grande pour pouvoir accompagner le courant de gaz
quand celui-ci s’incurve autour d’une fibre du médium, les
Préfiltrat
particules suivent leur direction d’origine et s’attachent à la fibre à
l’endroit de l’impact. Cet effet d’inertie augmente avec la vitesse
du gaz et le diamètre de la particule.
Quant aux petites particules, si elles se trouvent sur une trajec-
toire à une distance inférieure à leur rayon par rapport à la fibre, il Gâteau
de filtration
y a interception et fixation. Cet effet augmente quand le diamètre
des fibres diminue et quand le diamètre de la particule augmente.
L’efficacité, là encore dépend de la continuité et de la régularité du Média filtr.
débit de gaz (figure 2).
Support
du média
1.1.6 Filtrations frontale et tangentielle
§ Filtration frontale
Filtrat
Il s’agit de la technique la plus couramment utilisée de séparation
des solides visibles à l’œil nu en suspension dans un liquide. Dans
ce cas, le fluide à traiter circule perpendiculairement à une surface
filtrante, laquelle est constituée d’un maillage dont les trous ont une Figure 3 – Constitution d’une couche filtrante au cours
taille chiffrable avec des moyens de mesure courants. d’une filtration frontale

Au bout d’un certain temps, avec les particules à retenir, il y


aura formation d’un « gâteau de filtration » (figure 3) et l’augmen- La principale différence avec la filtration frontale concerne la
tation de l’épaisseur de ce gâteau conduira finalement au colma- taille des particules séparées, le type d’écoulement du liquide
tage de la couche filtrante. Les filtrations sur Kieselguhr et sur traité et la rapidité de colmatage qui est beaucoup plus faible avec
cartons filtrants font appel à cette technique. Ces deux systèmes la filtration tangentielle en fonction de la nature de l’écoulement
mettent en œuvre un mécanisme de filtration en profondeur. qui, dans ce cas, doit être très turbulent (figure 4).
§ Filtration tangentielle Les principales techniques utilisant la filtration tangentielle sont
des techniques membranaires et, parmi elles, l’ultrafiltration et la
Dans ce cas, le fluide à filtrer circule tangentiellement à la sur- microfiltration tangentielle utilisées dans la filtration des liquides
face filtrante. Il s’agit d’une technique de séparation solide/liquide alimentaires.
avec un effet de tamisage important, sous l’action d’un faible gra-
dient de pression (0,5 à 3 bar). Des particules en suspension, de
taille 0,2 à plusieurs dizaines de micron (micro-organismes, subs-
tances colloïdales), sont retenues.

FILTRATION FRONTALE FILTRATION TANGENTIELLE


Membrane
Gâteau Filtre Filtrat

Liquide Liquide Rétentat


à filtrer filtré

Figure 4 – Schématisation des procédés de filtrations frontale et tangentielle

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1.2 Filtration et adjuvants 1.2.2 Filtre à masse ou à coquilles

C’est un filtre en profondeur fonctionnant sans adjuvant et


1.2.1 Filtration sans adjuvants utilisé anciennement en brasserie avant la généralisation du filtre à
Kieselguhr. Il est composé d’un assemblage de gâteaux de masse
Elle est le plus souvent réalisée sur des filtres à plaques filtrantes (galette épaisse de 5 à 10 cm constituée de fibres pressées de
en carton. cellulose contenues dans le coton utilisé à cet effet) autrefois addi-
tionné d’amiante ; ces gâteaux sont placés dans des coquilles de
Les cartons filtrants ou plaques filtrantes (autrefois fabriqués à bronze. Après un cycle de filtration, les gâteaux sont défaits, lavés,
base d’amiante et de cellulose) les cartons utilisés en filtration stérilisés par voie thermique et/ou chimique (chlore) et reformés
finissante stérilisante ou clarifiante après une filtration dégrossis- dans une presse spéciale puis remontés sur le filtre, prêts pour un
sante avec adjuvants sont fabriqués aujourd’hui avec des fibres de nouveau cycle (figure 5).
cellulose blanche et de la terre à diatomées (Kieselguhr) ou des

2
L’analyse de la masse donne la composition suivante :
poudres et fibres de polyéthylène avec toutefois des performances
moindres que celles obtenues avec les plaques contenant de – humidité : 5 à 8 % ;
l’amiante, principalement quand l’absorption joue un rôle impor- – matières grasses : 0,2 % ;
tant dans leur capacité stérilisatrice. C’est pourquoi la stérilisation – matières solubles : 0,1 % ;
de la bière, qui autrefois se faisait uniquement sur cartons filtrants, – fer : 0,01 % ;
précédée d’une filtration sur Kieselguhr, va parfois se faire – cendres sans amiante : 1 à 2 %, avec amiante jusqu’à 4 % ;
aujourd’hui sur membranes (0,2 ou mieux 0,1 micron) à moins que
l’on ne lui préfère la flash pasteurisation ; tout dépendra de la – longueur des fibres : 2 à 7 mm.
DLUO que l’on donnera au produit conditionné. D’autre part, la La masse en suspension dans de l’eau est essorée et comprimée
filtration sur cartons filtrants met en œuvre des pressions relative- en gâteaux qui sont logés dans les coquilles du filtre, l’ensemble
ment importantes (surtout en filtration stérilisante) et ne supporte fonctionne comme un filtre à cartons dans lequel les cartons
aucune variation brutale de débit ou de pression qui occasionne seraient remplacés par de la masse comprimée en gâteaux à la
des relargages. De plus, les plaques filtrantes ont une durée de vie dimension des coquilles.
limitée qui implique leur changement régulier, ce qui est une opé-
ration fastidieuse et délicate et qui se traduit toujours lors de la Les coquilles sont toujours à fond plein rainurées sur les deux
remise en service du filtre nouvellement équipé par des suinte- faces. Elles ont un diamètre de 50 à 55 cm et 6 cm de profondeur.
ments et des modifications des caractéristiques des premiers On les serre l’une contre l’autre dans le filtre en nombre suffisant
volumes de filtrat obtenus. On notera dans ce cas, pour la bière, pour le débit souhaité. On peut filtrer entre 3 et 5 hl/m2/h.
une détérioration de la qualité de la mousse et une perte notoire Avec ce type de filtration, on obtient un bon pouvoir absorbant
de sa couleur. et tamisant qui peut aller jusqu’à la filtration stérile si les gâteaux
de masse sont uniformément comprimés et le filtre stérile. Cette
La filtration sur plaque, pour un liquide de viscosité équivalente technique exige des installations de préparation, de lavage et stéri-
à celle de l’eau, aura un débit limité à 150 L/m2/h et à chaque fin de lisation de la masse après usage et démontage des gâteaux ; d’où
cycle de filtration, il y aura lieu d’effectuer un rinçage abondant à des problèmes d’encombrement de frais de consommables et de
l’eau froide, puis à l’eau tiède (50 à 55 °C) à contre-courant mais coût de main d’œuvre.
sous une faible contre-pression de 0,5 bar (55 °C est la limite de
température évitant toute coagulation). Une stérilisation à la Consommables :
vapeur basse pression ou à l’eau chaude (90 à 95 °C) a d’au moins – eau : 30 à 40 L par hl de bière filtrée ;
une demie-heure suivra en veillant à ce que tous les points hauts – vapeur pour le lavage de la masse : 2,4 à 3,0 kg/hl ;
du filtre et du circuit de filtration ainsi que toute la petite robinette- – vapeur de stérilisation : 1,6 à 2 kg/hl.
rie et accessoires soient purgés pendant la stérilisation et le rin-
çage qui l’a précédée. Un autre aspect négatif de la technique du filtre à masse est la
freinte importante lors de la filtration qui atteint 4 % du volume
La résistance des cartons est supérieure à 8 bar, mais au-delà de filtré.
4 ou 5 bar, l’étanchéité des joints qui existent sur le bâti du filtre
n’est plus assurée.
1.2.3 Filtration avec adjuvant
On appelle « adjuvant » le produit insoluble que l’on ajoute,
généralement en faible quantité, au liquide à filtrer.
Notons qu’en Allemagne il est fréquent que certains bras-
seurs n’utilisent pour leur bière même les plus sensibles Le média filtrant sera alors constitué, par exemple, de
comme les bières sans alcool, uniquement la filtration finis- Kieselguhr ou d’autres adjuvants (perlites, fibres de cellulose, etc.)
sante sur cartons stérilisants, précédée d’une filtration sur Kie- déposé sur un support en carton ou à maille métallique avant que
selguhr, et suivie d’un conditionnement qui inclut la le fluide à filtrer soit envoyé au filtre et/ou également dosé avec lui
stérilisation du récipient sur la soutireuse elle-même. pendant toute l’opération.

On appelle pré-couche le dépôt que l’on réalise avant que le


La filtration stérilisante sur cartons est certainement un procédé liquide soit envoyé dans le filtre. Une ou deux pré-couches sont
efficace, mais délicat, car il s’agit d’une filtration en profondeur qui alors préparées avec des adjuvants de porosités différentes
ne souffre pas la moindre perturbation susceptible de provoquer mélangés à de l’eau.
un relargage. Dans le cas de 2 pré-couches, la porosité la plus serrée sera
celle déposée la dernière. De la fibre de cellulose peut être
La bière est peut-être un des seuls produits alimentaires liquides
ajoutée à la première pré-couche réalisée avec un adjuvant
qui autorise un traitement par simple filtration. Pour de nombreux
grossier pour augmenter son effet électrocinétique et lui don-
autres produits comme les jus de fruits, un traitement thermique
ner une texture pouvant résister aux variations brutales de
est incontournable avant tout autre traitement pour assurer sa sta-
pression pendant la filtration.
bilité enzymatique.

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8
8

5 7 9
3
4 5 6

2
12
10
1

2
5 11
4

5
3 2

1
1. Sections de canaux de bière non filtrée 1. Arrivée de bière 8. Manomètres
2. Sections de canaux de bière filtrée 2. Lanterne de bière non filtrée 9. Lanterne de bière filtrée avec robinet
3. Orifices d’entrée de bière dans la coquille 3. Purge de gaz de purge des gaz
4. Joint de caoutchouc 4. Robinet d’entrée du filtre 10. Canal de sortie de bière filtrée
5. Bourrelet de serrage de la masse sur le pourtour 5. Canaux d’entrée 11. Robinet de sortie
6. Gâteau de masse 12. Volant de la vis de serrage
7. Lanterne de bière non filtrée avec robinet
purgeur des gaz

a coquille et coupe du filtre à masse

5 3 12 13
2

4 6 4

9 5
15

3 11
6 2

1 10

7
14 8
Coupe de presse à gâteaux de masse Lave-masse

1. Canal d’air comprimé 1. Entrée d’eau chaude 9. Sortie de la masse vers la presse
2. Manomètre 2. Entrée d’eau froide 10. Tringle du robinet de direction
3. Piston 3. Tamis de la masse
4. Tamis 4. Canal d’évacuation d’eau sale 11. Double fond de chauffage
5. Couvercle 5. Canal à masse 12 et 13. Détendeurs de vapeur
6. Évacuation d’eau de pression 6. Réservoir à masse 14. Purgeur
7. Évacuation d’eau sale 15. Échelle d’accès
8. Pompe à masse

c presse à gâteaux et lave-masse

Figure 5 – Schémas et vues de coupe d’une coquille de filtre à masse, presse à gâteaux et lave-masse (Crédit De Clerk – Cours de Brasserie –
2e et dernière édition)

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1.2.4 Principaux adjuvants de filtration culture de céréales, d’autres encore ont envisagé le recyclage de
ce Kieselguhr à travers les utilisations diverses qu’autorisent les
1.2.4.1 Kieselguhr propriétés physico-chimiques de la silice.

C’est une roche sédimentaire constituée de frustules ou carapa- Une orientation s’est dessinée depuis 1990 qui veut substituer à
ces siliceuses d’organismes microscopiques : les diatomées. La la filtration sur Kieselguhr une centrifugation très fine permettant
roche diatomite brute contient 50 à 60 % d’eau. Après extraction d’éliminer 99 % des levures de la bière, suivie d’une filtration
du minerai, celui-ci est concassé et traité à 100-112 °C en vue du utilisant un adjuvant du type poudre de cellulose. Ce procédé a été
séchage, puis il est émotté et calciné à une température de 800 à particulièrement développé par Westfalia et l’École de brasserie de
1 200 °C, il est ensuite refroidi et broyé. Par la calcination, le Weihenstephan.
calcaire et les matières organiques sont éliminés et il reste une
carapace de silice hydratée, striée par des alvéoles et des micro- § Arrêté du 19 octobre 2006
canules. Il est relatif à l’emploi d’auxiliaires technologiques dans la fabri-

2 Au cours de cette opération, le Kieselguhr change de couleur et cation de certaines denrées alimentaires :
de gris devient rose. On peut ensuite procéder à un frittage des Il comporte, entre autres, une liste d’auxiliaires autorisés
carapaces siliceuses par des alcalis fusibles à haute température jusqu’au 31 décembre 2014, dont le Kieselguhr (dioxyde de sili-
tel le carbonate de sodium au taux de 3 à 10 %. cium) pour la bière. Pour l’instant, la mise en application de ce
Le Kieselguhr fritté est blanc (figure 6). texte est reportée d’au moins 6 mois. Il serait étonnant que cette
législation soit maintenue.
§ Réglementation et environnement
§ Caractéristiques des Kieselguhrs et perlites
La manipulation du Kieselguhr par le personnel en charge de la
filtration est soumise à réglementation. Car ce matériau très pulvé- Trois tableaux donnent des informations chiffrées complémen-
rulent se disperse très facilement lors de ses transferts dans les taires (tableaux 2 et 3).
réservoirs de préparation et peut alors être respiré par les agents
de production, avec les risques cliniques que comporte la silice sur 1.2.4.2 Perlite
les poumons. Au moins, le port du masque est exigé pendant les
manipulations, quand il n’existe pas de système spécifique de La perlite est un adjuvant beaucoup plus récent, c’est une roche
manutention protégée. vitreuse d’origine volcanique appartenant au groupe des rhyolites.
Lorsqu’elle est chauffée jusqu’à son point de ramollissement
D’autre part, l’évacuation des Kieselguhrs usés pose un pro- (entre 500 et 1 100 °C), elle s’expanse et augmente de volume
blème d’environnement. En effet, la charge polluante, tant miné- (jusqu’à 30 fois) pour former un matériau léger de structure cellu-
rale qu’organique, des déchets est très importante, leur stockage laire. Le phénomène est dû à la présence d’eau de structure dans
éventuel en attente d’un quelconque traitement est difficile tant la roche. Cette perlite est utilisée comme adjuvant rapide, spécifi-
des odeurs désagréables se développent rapidement. quement quand, dans le liquide à filtrer, on note la présence de
Des essais ont été faits en Allemagne pour les réutiliser après particules solides en suspension. Son emploi permet des capacités
traitement décontaminant, d’autres ont consisté à les rapporter de filtration de 20 à 25 fois plus rapides que le Kieselguhr le plus
directement en culture où la silice qu’ils amènent au sol peut rapide, et de ce fait, la perlite est donc préférentiellement utilisée
compenser la perte du sol en cet élément, notamment lors de la en pré-couche et en filtration « grossière » non clarifiante.

Fractionnement
Préséchage Épuration
Broyage par cyclonage
450 °C pneumatique
Concassage séchage

Kieselguhrs
naturels (gris)

Minerai
60 % d’humidité Broyage Fractionnement
Four rotatif ménagé Épuration par cyclonage
pneumatique

Kieselguhrs
850 à 950 °C calcinés (roses)

Broyage Fractionnement
Four rotatif ménagé Épuration par cyclonage
pneumatique
Incorporation de fondant
2à8%
(produits sodés) 900 à 1 100 °C Kieselguhrs
frittés (blancs)

Figure 6 – Schéma de fabrication des Kieselguhrs

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Tableau 2 – Caractéristiques physico-chimiques des Kieselguhrs et perlites


Version 1
Non calcinés Calcinés Calcinés frittés Pertites
Perméabilité Darcy 0,05 0,05 à 0,5 0,5 à 5,0 0,3 à 5,0
Perte à la calcination 2 0,3 à 2,0 0,1 à 1,0 1,0 à 3,0
Alcalinité (NaOH) (en g/kg) 0,3 à 2,0 0,3 à 2,0 0,3 à 3,0 0,4 à 1,6
Densité humide (en %) 290 à 400 100 à 150
Porosité (en %) 84 à 90 85 à 94

Non calcinés
Version 2
Calcinés Calcinés frittés Perlites
2
(en %MS) (en %MS) (en %MS) (en %MS)
SiO2 86,8 91 87,9 74,7
Al2O3 4,1 4,6 5,9 13,2
Fe2O3 1,6 1,9 1,1 0,67
P2 O 5 0,2 0,2 0,2 Traces
CaO 1,7 1,4 1,1 0,83
MgO 0,4 0,4 0,3 0,03
Na2O + K2O 1,1 1,1 3,3 9,5
Perte à la calcination 4,6 0,3 0,1 1
pH solution à 10 % 5à8 6à9 8 à 10 7 à 10

Tableau 3 – Granulométrie des Kieselguhrs Tableau 4 – Perméabilité des fibres de cellulose


selon leur présentations commerciales utilisées en adjuvant de filtration
Kieselguhr Kieselguhr Perméabilité 0,5 à 5 darcies
Kieselguhr fin
Échelle moyen rapide Longueur des fibres 20 à 110 µm
(en %) (en %) (en %) Diamètre moyen 16 à 20 µm

> 50 µm 2,5 13 56,0 Densité 110 à 320 g/L


Cellulose 90 à 99 %
50 à 30 µm 4,0 6 13,0
SiO2 0,01 %
30 à 20 µm 4,5 9 9,5
MgO 0,05 %
20 à 10 µm 12,5 39 15,5 Fe2O3 0,001 %
10 à 5 µm 20,5 18 3,0 Al2O3 0,0005 %
5 à 3 µm 20,0 15 3,0 CaO 0,5 %

< 3 µm 36,0 0 0 Humidité 5 à 10 %

La gamme de produits répertoriés sous le nom de cellulose est


1.2.4.3 Celluloses vaste et de nombreux produits commerciaux sont définis en fonction
La cellulose est un glucide polymère du glucose, elle est du traitement subi par le bois d’origine et de leur teneur en cellulose,
insoluble dans l’eau, et entre dans la composition de la membrane hémicellulose et lignine. Les « celluloses purifiées » contiennent
secondaire des végétaux. Les fibres de cellulose sont utilisées en 95 % de cellulose pure. La structure fibreuse de la cellulose permet
pré-couche, seules ou en association avec d’autres adjuvants lors de donner au médium filtrant plus de résistance aux coups de pres-
de la filtration par alluvionnage (tableau 4). Elles sont d’origine sion, quand il est composé d’autres adjuvants pulvérulents cette fois.
organique, à la différence des perlites et des Kieselguhrs qui ont Un autre avantage de ces fibres est qu’elles pourraient être récupé-
une origine minérale. La perméabilité des fibres de cellulose passe rées après utilisation (si elles étaient utilisées seules) pour être valo-
de 400/450 à 120/140 L/m2/min, quand la longueur des fibres passe risées en aliment du bétail, d’où des recherches initiées surtout en
de 100/130 à 0,30 microns. Suivant leur origine, elles possèdent Allemagne pour mettre au point des filtrations sans Kieselguhr en
des charges électrocinétiques positives ou négatives, ce qui leur mettant en service une centrifugation dégrossissante, suivie d’une
donne un grand pouvoir adsorbant (tableau 5). filtration sur poudre de cellulose cette fois.

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Tableau 5 – Caractéristiques des fibres de cellulose suivant leur origine


Caractéristiques Longueur de la fibre Perméabilité
Charge
des dimensions Provenance Structure
(en µm) électrocinétique (en L/m2/min)
des fibres utilisées
Large États-Unis Fibreuse longue 100 à 300 (–) 400 à 450
Large Europe Fibreuse longue 100 à 400 (–) 550 à 600
Moyenne États-Unis Fibreuse moyenne 100 à 250 (–) 300 à 330
Moyenne Europe Fibreuse moyenne 100 à 250 (–) et (+) 350 à 380

2 Serrée
Serrée
États-Unis
Europe
Fibreuse poudreuse
Fibreuse poudreuse
0 à 100
0 à 90
(+)
(+)
130 à 160
120 à 140

1.2.4.4 Poudres fibreuses L’opérateur doit en tenir compte et doser son alluvionnage en
conséquence.
Récemment a été mise sur le marché une gamme de produits
obtenus à partir de matières synthétiques telles que : polyéthylène, Dans d’autres secteurs d’activités, on mettra en oeuvre deux
polypropylène, polyacrylonitrile et polyamide. Ces fibres pourraient précouches : une première pré-couche pourra, par exemple, être
trouver une application en industrie alimentaire et permettre des dosée à raison de 500 g d’adjuvant/m2 de surface filtrante, puis la
clarifications plus poussées que celles obtenues avec les adjuvants seconde de 600 à 750 g/m2, en réalisant ainsi pour chacune une
traditionnels et se substitueraient surtout à la cellulose. La longueur épaisseur de 1,5 mm sur le support filtrant. Ensuite, viendra le pas-
des fibres obtenues serait comprise entre 30 et 1 100 microns. sage au filtre du liquide avec apport d’adjuvant maintenu en sus-
pension dans de l’eau et injecté via une pompe doseuse à raison
1.2.4.5 Co-adjuvants de filtration de 150 à 170 g/hl de bière filtrée.
Ce sont des produits utilisés pendant la filtration des liquides L’apport de l’adjuvant dans le liquide à filtrer pendant l’alluvion-
alimentaires, qui n’ont pas obligatoirement un rôle prépondérant nage se fait par l’intermédiaire d’une pompe doseuse qui prélève
dans la filtration elle-même, mais qui peuvent améliorer la présen- le mélange terre et eau dans un bac muni d’un agitateur à faible
tation et la stabilité non biologique des liquides. On citera les PVPP rotation (pour éviter les vortex et les injections d’air dans le
(polyvinyle polypyrrolidone) qui assurent, en adsorbant les poly- mélange à doser) et l’injecte au passage du liquide. La mise en
phénols, la stabilité de certaines bières et jus de fruits. De même suspension de l’adjuvant peut se faire avec du produit à traiter,
les gels de silice auront un effet absorbant sur les protéines mais plus généralement avec de l’eau, en veillant à ce que la quan-
contenues dans les liquides. Tous ces produits peuvent être injec- tité d’eau injectée dans le liquide à traiter ne le modifie pas. En fait,
tés après avoir été mélangés à l’adjuvant d’alluvionnage et des pour les deux opérations que l’on va réaliser, l’apport d’adjuvant
précautions doivent êtres prises pour que ces produits dosés (il est se fait le plus souvent sous forme d’un mélange de plusieurs caté-
vrai en faible quantité) ne viennent pas modifier la perméabilité de gories granulométriques de terre filtrante, dans des proportions
la couche filtrante. La cellulose à longues fibres qui remplace précises.
aujourd’hui l’amiante est considérée comme un co-adjuvant quand
son rôle se cantonne à armer la pré-couche.
Il faut remarquer que, lorsque l’on mélange deux adjuvants
de nature et/ou de perméabilité différente, il en résulte une
1.2.5 Utilisation des adjuvants de filtration : perméabilité plus étroite que la moyenne des deux.
exemple, la brasserie
En filtration de la bière, l’adjuvant sera utilisé en combinant la
Pendant le déroulement du processus de filtration, on veillera à
réalisation d’une pré-couche simple ou multiple sur le média sup-
ce que la perte de charge du filtre augmente lentement et de façon
port, suivie d’un alluvionnage lors du passage du produit à filtrer.
progressive, avec un débit compatible avec sa dimension et sa sur-
Ce qui suit n’est qu’un exemple en brasserie. La première étape face. Un débit trop important favorise la turbulence qui se traduit
va consister à déposer sur le support de filtration une (ou plu- par des cavitations qui répartissent d’une façon anarchique les dif-
sieurs) pré-couche(s) utilisant au total 400 à 500 g de terre/m2 de férentes particules de l’adjuvant et provoquent l’hétérogénéité du
surface filtrante, additionnée d’une faible quantité d’un co-adju- média filtrant. En contrepartie, un débit inférieur à 5 hl/m2/h provo-
vant de filtration destiné à mieux armer la pré-couche, ce dernier quera une sédimentation hétérogène des particules du média et
est constitué de cellulose à fibres longues, le tout est en suspen- des passages préférentiels responsables d’une mauvaise filtration.
sion dans de l’eau. La deuxième étape sera l’alluvionnage qui
commence quelque temps encore sur de l’eau avant de faire suc- Industriellement, la filtration sur Kieselguhr fera l’objet d’une
céder la bière à l’eau. Il s’agit alors d’injecter au passage du pro- régulation qui tiendra compte de l’évolution de la perte de charge
duit une dose d’adjuvant proportionnelle à son débit, cela pour en cours de fonctionnement et de la brillance du liquide en sortie
maintenir le plus longtemps possible une porosité de la couche fil- d’appareil. La pompe utilisée pour le transfert du liquide à traiter
trante la plus constante possible. Traditionnellement en brasserie, pourra être une pompe volumétrique, sans débit pulsé, qui per-
sur une bière qui aura bien décantée en garde, la quantité d’adju- mettra un débit constant quelle que soit la pression en aval et en
vant utilisée à l’hectolitre est de l’ordre de 100 g/hl. Pour des bières amont, et facilitera la régulation de la filtration. Toutefois, une
plus jeunes et plus chargées en levures résiduelles, il faudra des pompe centrifuge à courbe plate pourra également être utilisée.
doses plus importantes, jusqu’à 250 g/hl. Quand un produit très
chargé en particules a séjourné en tank avant d’être filtré, pendant
Un filtre à Kieselguhr sera défini par sa surface filtrante et
le temps du séjour, le liquide aura partiellement sédimenté et de
l’espace disponible pour loger les gâteaux qui se forment et qui
ce fait au début de la filtration, le filtre va recevoir une quantité
augmentent d’épaisseur en continu.
plus importante de sédiments que pendant le reste de l’opération.

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Liquides alimentaires
Organiser un atelier de conditionnement

par Pierre MILLET


Ingénieur ENSAIA (École nationale supérieure d’agronomie et des industries alimentaires)
de Nancy
2
Ancien Professeur associé de l’ENSAIA, spécialisation brasserie, boissons

1. Atelier de conditionnement .................................................................. AG 6 522 - 2


1.1 Caractéristiques............................................................................................ — 2
1.2 Destinations .................................................................................................. — 4
2. Organisation des machines de conditionnement............................ — 4
2.1 Flexibilité et fiabilité..................................................................................... — 5
2.2 Principe de régulation des groupes de conditionnement ........................ — 5
3. Transfert des récipients ......................................................................... — 6
3.1 Bloc de conditionnement ............................................................................ — 6
3.2 Convoyage libre ........................................................................................... — 8
3.3 Convoyage sur tapis à grille........................................................................ — 11
3.4 Convoyage à collet de soutien .................................................................... — 12
3.5 Répartiteurs .................................................................................................. — 12
4. Étiquetage et habillage des récipients ............................................... — 13
4.1 Types de machines ...................................................................................... — 14
4.2 Étiquettes ...................................................................................................... — 18
4.3 Colles d’étiquetage ...................................................................................... — 18
4.4 Terminologie de l’étiquetage et du collage ............................................... — 19
5. Contrôle continu petits contenants durant le conditionnement — 19
5.1 Contrôles les plus fréquents utilisés en contrôle continu ........................ — 20
5.2 Capteurs et leur principale utilisation ........................................................ — 20
5.3 Précisions obtenues par les contrôles les plus courants .......................... — 21
5.4 Présence de composés volatils dans un récipient vide sur machines
sniffer ............................................................................................................ — 21
6. Conclusion.................................................................................................. — 22
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. AG 6 522

is à part les mignonnettes de spiritueux à but publicitaire, les emballages


M primaires de ce secteur sont les bouteilles en verre ou en plastique et,
parfois, en céramique, les boîtes boisson et les briques (non abordées ici).
Aussi, l’atelier de conditionnement sera adapté aux récipients à conditionner
c’est-à-dire qu’il devra disposer des caractéristiques suivantes :
– un local clos avec amenées de fluides ;
– des sols spécifiquement traités à cet usage ;
– des accès sécurisés ;
– une sécurisation des machines ;
– une insonorisation adaptée ;
– des moyens de mise en stock.
Parution : juillet 2010

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. AG 6 522 – 1

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L’atelier où va être réalisé le conditionnement des liquides alimentaires sera


organisé de façon différente selon qu’il s’agit de récipients de grand volume
(supérieur à un hectolitre), de moyens volume (de 5 à 100 litres), ou de faible
volume (inférieur à 5 litres).
C’est le domaine des petits contenant et notamment celui des bouteilles et
des boîtes boisson qui s’est le plus fortement développé au cours de la
deuxième moitié du siècle dernier vers deux directions.
La première concerne des opérations qui n’ont qu’une incidence indirecte sur
le liquide alimentaire, comme le transport des récipients vides ou pleins d’une
machine à l’autre, le contrôle continu des récipients pendant leur

2
conditionnement et l’habillage de ces emballages.
Tandis que la seconde met en œuvre des machines qui auront un contact ou
une influence directe sur le produit, comme les laveuses et les rinceuses de
récipients, les remplisseuses et les boucheuses ou sertisseuses (les opérations
que réalisent ces machines seront traitées dans un autre article).
La première orientation de ce développement s’est traduit par une augmen-
tation des cadences de production des machines implantées sur les lignes
pouvant aujourd’hui débiter 100 000 boîtes, ou bouteilles, par heure à travers
un flux continu et régulier, garant de l’augmentation de la productivité recher-
chée. Ce résultat s’obtient grâce à l’organisation de la distribution de ces
machines dans le groupe où elles sont implantées et la mise en place de
règles, et de directives, qui font du transfert, de la régulation et du débit des
récipients traités sur une chaîne de conditionnement, une discipline bien spéci-
fique qui a ses lois et ses impératifs et dont le contrôle en continu des
récipients traités est un des acteurs incontournables depuis que l’étiquetage
est devenu une opération fiable aux grandes cadences.
Cet article fait suite aux [AG 6 520] et [AG 6 521] repris dans le Pour en savoir
plus.

1. Atelier d’entretien puissent être réalisées facilement, surtout quand il y


aura à démonter des organes volumineux.
de conditionnement ■ Sur les machines elles-mêmes sont installées des sécurités des-
tinées à protéger les opérateurs. Celles-ci font l’objet aujourd’hui
d’une réglementation établie à l’origine par la Caisse d’assurance
1.1 Caractéristiques maladie de Lyon.
Le plus gros risque d’accident dans l’atelier est celui rencontré
En règle générale, il sera installé dans un local clos, souvent cli-
lors d’une intervention sur une machine en carrousel à grande
matisé dans lequel le nettoyage et la désinfection auront au moins
vitesse sans avoir pris la précaution d’arrêter la machine.
autant d’importance que le traitement des récipients et des
liquides conditionnés. Dans ce local, il aura été prévu les amenées De plus, lors du conditionnement en emballage verre, le risque
de fluides nécessaires au conditionnement, c’est-à-dire : de blessures par coupures dues aux bris de verre est fréquent. On
– électricité ; peut encore signaler les brûlures par colles chaudes et les risques
– fluides thermiques (vapeur, eau chaude surchauffée) ; dus à la manutention de produits de nettoyage alcalin.
– air comprimé ; ■ Enfin, et c’est là peut être le secteur le plus délicat des ateliers
– gaz de conditionnement ; d’embouteillages traitant des bouteilles en verre, il faudra que les
– eau ; intervenants sur le groupe soient protégés du bruit. À cet effet,
– arrivée et départ de NEP (nettoyage en place) ; l’idéal serait que le bruit, mesuré à 1 mètre d’une machine de
– liquide alimentaire à conditionner. conditionnement soit inférieur à 85 décibels. Et cela n’est pas une
chose facile à obtenir, surtout quand on doit transporter des réci-
■ Les sols feront l’objet d’une attention particulière vis-à-vis de pients vides en verre sur un convoyeur multivoies où elles vont
leur néttoyabilité et de leur désinfection, et seront de préférence s’entrechoquer. Avec ce genre de contraintes, les capotages de
revêtus d’une résine lisse résistante à l’eau chaude, à l’acidité des chaîne de liaison des machines entre elles, que l’on a essayé
produits à conditionner ainsi qu’aux détergents et désinfectants. d’introduire, se sont avérés inefficaces, surtout à cause des difficul-
tés qu’elles occasionnaient au niveau des interventions sur le
■ Lors de l’implantation du (ou des) groupe(s) de conditionnement
groupe, et du risque de confinement des convoyeurs protégés.
dans ce local, il faudra prévoir des accès sécurisés pour les agents
techniques aux différentes machines du groupe et prévoir égale- Les baffles anti-bruit suspendues dans les locaux ont montré
ment un espace suffisant autour d’elles pour que les opérations qu’elles ne faisaient que déplacer le bruit et avait donc une effica-

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AG 6 522 − 2 est strictement interdite. − © Editions T.I.

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Figure 1 – Différentes possibilités du conditionnement des liquides alimentaires en petit contenant

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Laveuse
de caisse
Dépalettisation
Stabilisation Étapes du conditionnement Tampon
Produit des liquides alimentaires
biologique caisses vides
Caisse verre
consigné Décaissage Débouchage • Pasteurisation pompable
pet refill • Filtration stérilisante Encaissage
• Soutirage chaud
est strictement interdite. – © Editions T.I.

• Colles froides
• Colles chaudes Cartons
Renifleur et adhésives
• Manchonnage
Lavage Pack
Pasteurisation
Soutirage Bouchage tunel Étiquetage
Vrac boîte verre perdu Rinçage Fardeaux
49

Fabrication emballages Form fill and seal Plat • Scellage Bouteilles préétiquettées
Insufflage gazeux • Capsulage • Bouteilles gravées Autres
perdus plastiques groupages
aseptique • Operculage • Boîtes (en général)
• Sertissage
Stérilisation
Silo chimique

Stock
Cerclage Palettisation
plein
Poches briques
Houssage

Fabrication Formatage Banderolage


emballage emballage
sur machine sur machine
de remplissage de remplissage Stock vide Collage charge

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AG 6 522 – 3

2
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cité limitée. Aujourd’hui, pour être protégée du bruit, l’installation Il n’est pas non plus certain que cet emballage consigné soit
de conditionnement doit intégrer une régulation très fine qui réa- plus économique du fait de ses contraintes :
lise des contacts doux entre les récipients, gère les accumulations – prévoir le retour des emballages vidés de leur contenu dans
de récipients sur les convoyeurs et les regroupements sans pres- l’usine de conditionnement, ce qui à un coût ;
sion à l’entrée des machines. – disposer d’équipes de triages des différents emballages avant
Le problème lié au bruit est important, car nombreux sont les de les renvoyer sur les chaînes où il faudra les laver et les désin-
opérateurs ayant travaillé dans des ateliers d’embouteillage qui, fecter.
aujourd’hui, ont des auditions difficiles dans la fréquence de De plus, c’est toujours hors saison que l’emballage vide retourne
4 000 hertz, qui est celle de la parole humaine. chez le conditionneur, et qu’il lui faudra déconsigner ces embal-
lages en risquant de mettre en danger sa trésorerie, surtout s’il est
■ Pour finir, il y aura lieu de prévoir dans ce local des moyens
amené à déconsigner plus d’emballages qu’il n’en a consigné,
d’approvisionnement en matériel vide à remplir et de mise en
l’excédant provenant d’un concurrent qui utilise les mêmes réci-
stock des produits conditionnés. À cet effet, les chariots élévateurs

2
pients et les mêmes casiers que lui.
qui pénétreront dans le local devront être à motorisation élec-
trique, ou thermique, avec épurateur de gaz d’échappement.
Dans les très grosses unités de conditionnement, la manutention Il reste néanmoins certain que le liquide traité suivant la for-
par chariots filoguidés a tendance à se généraliser. mule « Form, fill, and seal » dans la foulée est le plus sécuri-
sant du point de vue de l’hygiène alimentaire qui,
normalement, exclut le réutilisable.
1.2 Destinations
Suivant le type de liquide alimentaire à conditionner, l’embal-
lage primaire et l’emballage secondaire qui lui sont destinés et 2. Organisation des machines
leur traitement sur machine, cet atelier va présenter un grand
nombre de possibilités reprises dans la figure 1. de conditionnement
■ Notons que, sur un groupe de conditionnement, il est
Plusieurs machines, fonctionnant ensemble pour réaliser le
conditionné qu’un seul produit à la fois. Mais, en sortie de groupe,
conditionnement complet d’un liquide, forment un groupe, une
les emballages primaires peuvent être déclinés en plusieurs
ligne de conditionnement ou de soutirage.
emballages secondaires.
■ Ces machines peuvent être organisées en ligne ou en carrousel

Cependant, en 2007, à partir d’un concept du groupe mexi- • En ligne


cain Gonac (producteur de boissons), Sidel a réalisé une ligne Les récipients pénètrent dans la machine par groupes, présélec-
capable d’assurer simultanément l’embouteillage de quatre tionnés et ordonnés sur une ligne. L’ensemble des récipients est
boissons différentes. poussé vers les organes assurant la fonction propre à la machine
(lavage, remplissage, bouchage...). Puis, une fois l’opération termi-
née, les récipients sont repoussés sur un convoyeur d’évacuation
qui les amène au poste de traitement suivant.
De façon plus habituelle, certaines machines peuvent servir
deux ou plusieurs lignes à la fois, ce sera le cas des palettiseurs de Sur un groupe de conditionnement, les laveuses de récipients et
caisses, ou de cartons, ou les dépalettiseurs pour lesquels seront les pasteurisateurs tunnels sont organisés en ligne.
aménagés des tampons intermédiaires qui permettront d’alimen- • En carrousel
ter, ou de libérer, alternativement les lignes concernées. Les récipients qui arrivent sur une file sont mis au pas de la
■ Les emballages primaires ou secondaires, indépendamment du machine par une vis à pas progressif, puis sont repris par une étoile
matériaux qui a été utilisé pour leur fabrication, peuvent être à de transfert qui les distribue aux extrémités d’un plateau tournant
usage unique ou à multirotations. où, pendant un tour de machine, le récipient est traité suivant un
process continu, ou fractionné, pour être en fin de course évacué
• À usage unique par une autre étoile de transfert sur un convoyeur d’évacuation, ou
Ils ne subissent alors qu’un seul remplissage en emballage pri- en cinématique continue vers une autre machine en carrousel.
maire qui seront suremballés par un carton d’emballage, ou un Le plateau, après son tour complet, reprend à nouveau des réci-
film plastique, et iront rejoindre après utilisation, soit un circuit de pients à traiter et cela de façon généralement continue. Le réci-
valorisation des déchets, soit la masse des rejets qui participent à pient, introduit à un endroit précis du carrousel, est restitué à
la nuisance de notre environnement. proximité de cet endroit. L’espace situé entre l’introduction et la
restitution du récipient est appelé l’« angle mort de la machine ».
• À multirotations
Ils sont destinés à subir plusieurs remplissages successifs et
seront logés dans des caisses en plastique réutilisables. Ce type Remarque
d’emballage est régi par la pratique de la consignation qui consiste Dans certains cas, on pourra rencontrer des opérations effec-
à facturer au client l’emballage et à le lui rembourser lorsqu’il le tuées sur une ligne de convoyage unifilaire, mais pour lesquel-
restitue. les tout se passe comme si on se trouvait dans le cas d’un
En France, mis à part le gros matériel, comme les fûts de bière carrousel dont le rayon serait infini. C’est le cas de certaines éti-
et les palettes, la consignation est devenue anecdotique, ce qui fait queteuses, qui fonctionnent alors à des cadences importantes,
que le lavage des petits récipients a pratiquement disparu des ate- et des rinceuses de bouteilles et de boîtes boisson à poussée.
liers de conditionnement. Il est encore fortement d’actualité outre Dans ces deux cas, on parlera également d’« organisation en
Rhin, dont l’orientation écologique devient légendaire. Pourtant, il ligne ».
n’est pas sûr que l’emballage consigné soit plus protecteur de
l’environnement que l’emballage perdu quand les filières de valori-
sation sont bien gérées comme l’est, par exemple, celle du verre La première organisation est réservée aux petites cadences ou à
par l’intermédiaire du calcin, pour lequel la mise en place de tri des machines spécifiques, comme celles déjà signalées. La
des déchets ménagers a permit la récupération et le recyclage. seconde organisation est réservée aux grandes cadences.

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AG6522

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■ L’organisation des différentes machines d’un groupe de Exemple


conditionnement de liquides alimentaires va encore être caractéri-
sée par le mode de liaison des différentes machines entre elles, • Si nous considérons 10 machines installées pour constituer
c’est-à-dire la façon dont sont transférés les récipients de l’une à un groupe avec chacune une fiabilité de 95 %, la fiabilité du
l’autre. À ce titre, il y aura lieu de considérer plusieurs conceptions groupe sera de F10 = (0,95)10 = 60 %.
qui vont dépendre des machines elles-mêmes et, notamment de
• S’il n’y avait que 7 machines sur le groupe, la fiabilité remonterait
leur fiabilité, et des récipients qu’il faudra transférer.
à F7 = 70 %, ce qui implique, dans les deux cas, un rendement non
À ce stade, deux écoles peuvent s’affronter où la liaison acceptable.
inter-machines se fait par :
• Si maintenant on considère que les machines du groupe ont
– des convoyeurs de récipients sur lesquels le récipient reste chacune une fiabilité de 99 %.
libre, et non tenu par des pinces ou emprisonné dans un quel- – pour 10 machines, on aura une fiabilité F10 = (0,99)10 = 90 % ;
conque logement ; – pour 7 machines, on aura une fiabilité F7 = (0,99)7 = 93 %.
– leur organisation en bloc, la liaison étant alors assurée d’une
machine à la suivante par un transfert positif, c’est-à-dire que le
récipient sera tenu pendant son trajet.
Dans ces deux cas, le rendement du groupe sera acceptable
sans plus. Il faudra avoir encore moins de machines sur le groupe,
2
Lors du choix d’une implantation d’un groupe de conditionne- ou qu’elles aient une fiabilité pratiquement de 100 %, pour garantir
ment, il conviendra de prendre en compte essentiellement la capa- de hautes fiabilités et, donc, de bons rendements. C’est d’ailleurs
cité horaire du groupe, la fiabilité des machines et la productivité ce à quoi aujourd’hui s’emploient les constructeurs.
réalisée, compatible avec la qualité du conditionnement. Mais, Cette notion de fiabilité montre immédiatement combien celle
dans bien des cas, un autre critère va venir s'interposer, celui de la d’un bloc de soutirage sera conditionnée par la qualité des
flexibilité du groupe. machines qui le composent car la défaillance d’une seule ne
pourra jamais être compensée. Alors qu’avec la liaison par trans-
fert sur convoyeur, qui prévoit des tampons de récipients entre
2.1 Flexibilité et fiabilité chaque machine, il y aura des possibilités de maintenir la
continuité de la production en vidant, ou en remplissant, ces tam-
■ Flexibilité pons. C’est cette conception qui donne lieu au principe de la régu-
lation des groupes de conditionnement.

C’est la capacité d’une machine, ou d’un groupe de machines


à changer de type et de format de récipient, ou de produit à 2.2 Principe de régulation des groupes
conditionner, sans perturber la production au-delà de ce qui a
été prévu dans le cahier des charges. de conditionnement
La régulation des groupes de conditionnement va concerner,
Des méthodes de travail ont été mises au point pour réaliser sur aussi bien les groupes dont la liaison entre machine est assurée
une machine des changements d’outils rapides, en moins de 10 par des convoyeurs, que ceux panachés dans lesquels des blocs
minutes. La Méthode Smed (Single Minute Exchange of Dies) est de machines sont intégrés dans un ensemble relié par convoyeurs.
une méthode de gestion de production formalisée par M. Shingo, Ainsi, une laveuse de bouteille pourra alimenter par convoyage un
ayant pour objet de réaliser les changements d’outils et de per- bloc soutirage, bouchage, étiquetage qui débitera sur un
mettre en outre une montée en cadence immédiate après change- convoyeur lequel amènera les récipients à l’encartonnage, ou à
ment. Elle se base sur une rationalisation des changements et des l’encaissage.
réglages. Cette méthode a été appliquée avec succès sur des Dans cette optique, des tampons de récipients sur les
groupes de conditionnement multiproduits et à hautes cadences, convoyeurs entre les machines permettront, dans une certaine
qui peuvent alors se permettre de conditionner quelques 20 pro- mesure, de ne pas interrompre la marche du groupe (c’est-à-dire
duits et présentations différentes successivement en limitant les des autres machines), en cas d’arrêt momentané de l’une d’entre
pertes de temps de production provoquées par les arrêts de l’ins- elles. À ce titre, on définit un temps d’accumulation des
tallation nécessaires au changement d’outils. convoyeurs pendant lequel une machine peut rester arrêtée sans
La mise en place de cette méthode demande la création de que cet arrêt perturbe le fonctionnement des autres machines du
groupes de travail et une démarche participative qui va de pair groupe.
avec une politique de communication. Tous les acteurs qui évo- Sans entrer dans l’étude du dimensionnement des convoyeurs,
luent, sur et autour de la machine, sont alors concernés par la ni des moyens mis en œuvre pour assurer la régulation, rappelons
démarche. Par la méthode, on va tenter de rendre les change- simplement le principe qui régit un groupe d’embouteillage équipé
ments sur machine reproductibles en motivant les opérateurs pour de convoyeurs. Ce principe est celui de la distribution en V des
qu’ils proposent les améliorations des réglages et qu’ils exécutent cadences nominales de chacune des machines du groupe. On par-
les modifications mécaniques correspondantes. Cela implique la lera de V graphe de ligne (figure 2a ).
redistribution des tâches de maintenance entre le service de main-
tenance et le conducteur de la machine de production. Cela ■ Pour cela, il faudra choisir une machine directrice que l’on
demande aussi, bien sûr, dans bien des entreprises, un change- appelle « machine critique », dont la cadence horaire déterminera
ment de mentalité. la cadence nominale du groupe. En général, il s’agira du monobloc
soutireuse boucheuse, car on considère, à juste titre, que la souti-
■ Fiabilité reuse est la machine dont dépend pour une grande part la qualité
du liquide alimentaire conditionné – qu’elle ne doit en aucun cas
arrêter de produire – mais d’autres machines peuvent être choi-
Celle d’une machine se définit par le rapport entre sa produc- sies, comme par exemple le pasteurisateur tunnel qui n’acceptera
tion constatée et la production attendue dans l’unité de temps que difficilement sa mise en arrêt et son redémarrage en survi-
exprimée en pourcentage. tesse pour combler un vide dû à un arrêt.
La fiabilité d’un ensemble de machines, c’est-à-dire d’un Pour que cette machine critique soit toujours suffisamment ali-
groupe de conditionnement, sera le produit des fiabilités de mentée en récipient et qu’en aval elle soit assurée que les bou-
chacune des machines qui compose le groupe. teilles à traiter sont toujours évacuées, les machines amont et aval

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Liquides alimentaires
Opérations fondamentales de l’atelier
de conditionnement

par Pierre MILLET 2


Ancien professeur associé de l’ENSAIA, spécialisation brasserie, boissons
Ingénieur ENSAIA (École nationale supérieure d’agronomie et des industries alimentaires
de Nancy)

1. Rinçage et lavage des récipients ......................................................... AG 6 523 - 2


1.1 Rinçage, insufflage et avinage .................................................................... — 2
1.2 Lavage et nettoyages................................................................................... — 3
1.3 Facteurs de lavage des récipients............................................................... — 6
1.4 Mécanismes d’action de la détergence ...................................................... — 6
1.5 Principaux agents chimiques agressifs de la détergence......................... — 7
1.6 Rinçage et/ou désinfection .......................................................................... — 8
1.7 Contrôle de l’efficacité du lavage ............................................................... — 8
2. Remplissage ou soutirage des récipients de petite contenance — 9
2.1 Organisation des soutireuses ..................................................................... — 9
2.2 Remplissage en petit contenant ................................................................. — 10
2.3 Soutireuse en carrousel............................................................................... — 20
2.4 Nettoyage et désinfection des soutireuses ................................................ — 23
2.5 Opérations avant et après soutirage .......................................................... — 23
3. Bouchage des bouteilles et sertissage des boîtes boissons ........ — 23
3.1 Bouchage ...................................................................................................... — 23
3.2 Sertissage des boîtes boissons................................................................... — 31
4. Pasteurisateur tunnel .............................................................................. — 32
5. Conclusion.................................................................................................. — 32
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. AG 6 523

i le lavage est peu pratiqué aujourd’hui en France où l’emballage perdu


S est pratiquement généralisé, il reste important dans d’autres pays, comme
Parution : janvier 2011 - Dernière validation : février 2015

l’Allemagne, qui pratiquent une politique écologique sévère.


Le rinçage des récipients neufs est plus répandu et connaît une évolution
guidée par la pratique du conditionnement aseptique. C’est le soutirage de ces
liquides alimentaires qui offre le plus de possibilités mettant en œuvre des sys-
tèmes très évolués, tant dans la recherche de la limitation de la reprise
d’oxygène pendant le remplissage des récipients que pour l’introduction de
l’électronique dans la conception des machines et de leurs organes de
remplissage.
Le bouchage-sertissage, quant à lui, resté un peu figé pendant longtemps,
semble évoluer dans deux directions :
– introduction de matériaux nouveaux dans le bouchage par enfoncement ;
– bouchage de sécurité introduit dans l’optique de la protection du
consommateur.
Le sertissage des boîtes boissons, quant à lui, n’a pas évolué dans son prin-
cipe, mais reste une opération de plus en plus délicate avec l’allègement des
récipients et des techniques de conditionnement.

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1. Rinçage et lavage ■ Dans deux cas, le rinçage a une fonction bien particulière :
– celui du rinçage des récipients avec l’eau minérale par laquelle
des récipients ils seront plus tard remplis, rencontré chez les minéraliers ;
– celui de l’avinage qui consiste à rincer la bouteille avec du vin
1.1 Rinçage, insufflage et avinage avant de la remplir avec ce même liquide.
Notons que des installations existent pour réutiliser en boucle
1.1.1 Rinçage l’eau ou les solutions de rinçage. Sont alors prévus des filtrations
et des moyens de stérilisation de ces solutions (le recyclage des
Il s’agit d’une opération qui clôt toujours une procédure de net- eaux de rinçage demande à être pratiqué avec beaucoup de pré-
toyage. Cette opération s’effectuera impérativement sur une cautions).
laveuse de bouteilles avec de l’eau chlorée, ou non, stérile ou sim- Les machines destinées à rincer les récipients sont organisées

2
plement potable, et suivra un nettoyage alcalin, ou acide, du réci- en ligne (pour les plus anciennes) ou en carrousel.
pient, avant de pouvoir effectuer son remplissage.
Depuis la généralisation de l’emballage en verre perdu, des ■ Machines en ligne
boîtes boissons, ou des récipients en plastique, le lavage systé-
matique n’a plus lieu d’être puisque ces récipients sortent d’une Elles ont, à l’origine, été conçues comme de petites laveuses de
machine qui les a fabriqués à une température suffisamment bouteilles. Puis, toujours en conservant des « paniers » de
élevée pour qu’ils soient considérés comme propres ou, tout au laveuses de bouteilles pour y loger les récipients à traiter, un
moins, dépourvus de souillures organiques ou microbiennes. circuit en trombone a été proposé qui venait coiffer la bouteille à
rincer avec un panier, la retournait en l’élevant et en la faisant glis-
Les récipients en verre sont livrés au conditionneur sur une ser sur un guide, puis, en partie haute de l’appareil, pratiquait les
palette qui les protège des agressions extérieures pendant le trans- injections, suivies d’un égouttage et avec remise sur convoyeur
port et le stockage par une housse plastique. d’alimentation de la soutireuse.
Alors que les récipients en plastiques sont, soit stockés aussi sur
Ensuite, sont apparues des rinceuses à poussée à motorisation
palette houssée, soit mis dans des silos avant leur reprise par
hydraulique ou mécanique qui, après que les bouteilles aient été
l’intermédiaire de redresseurs de bouteilles qui les amènent en
mises en touche-touche, sont poussées dans un chantourneur en
position droite, et en ordre, aux conditionneuses. Il en est ainsi des
fil métallique (ou usiné en matériau plastique), qui, toujours en
bouteilles en PVC et des préformes utilisées dans le procédé en
touche-touche, les pousse dans une zone d’injection d’eau au pas-
deux étapes de l’injection soufflage du PET. Il paraît alors superflu
sage, puis d’égouttage, pour finalement les retourner à nouveau
de leur faire subir un cycle de lavage onéreux, consommateur
dans un autre chantourneur qui les restitue debout sur un
d’énergie, d’eau et de produits chimiques, qui se caractérise en
convoyeur à chaîne à palette d’évacuation. Ce dernier appareil, s’il
outre par des rejets polluants. Ils seront simplement rincés.
a l’avantage de la simplicité, s’avère être très encombrant en
En soutirage aseptique, on différenciera les emballages longueur.
plastiques soufflés stériles pour lesquels, lors du formage du réci-
pient, ce dernier est soufflé avec de l’air à 300 oC environ, ce qui La durée du traitement dépend de la longueur entre les deux
stérilise l’intérieur du récipient, ainsi que les moules à son contact. chantourneurs et de la cadence du groupe. En général, le traite-
Mais son col reste fermé par une « carotte » lors de sa libération ment ne dure que quelques 8 à 10 secondes.
de la machine de formage qui ne sera décolletée qu’une fois le
récipient à l’intérieur de l’enceinte stérile de conditionnement où Exemple
l’on maîtrise les risques de contamination. Dans ce cas, le rinçage
Pour un groupe tournant à 36 000 B/h, 1 seconde de traitement
s’avère superflu. Il n’en est peut-être pas de même de l’insufflage.
correspond à 10 bouteilles produites, soit pour un touche-touche de
bouteilles de 60 mm de diamètre, une longueur occupée de 0,6
1.1.2 Insufflage mètre et 6 mètres pour 10 secondes de traitement égouttage
compris dans la partie entre chantourneurs. À ces 6 mètres, il faut
Cet insufflage aura pour but de débarrasser les récipients des ajouter la longueur des chantourneurs et le poste de mécanisation et
poussières et autres particules solides qui pourraient s’y trouver d’évacuation des récipients.
(les matériaux plastiques sont très électrostatiques), et également
Ces machines deviennent vite très encombrantes.
de la présence de composés gazeux, comme le chlore toujours
présent dans les bouteilles en PVC ou l’acétaldéhyde qui a long-
temps existé dans les bouteilles en PET. ■ Machines en carrousel
■ En fonction du traitement que va subir le récipient lors de son Dans ce type d’organisation, après une mise au pas dans la vis
conditionnement, le fluide de rinçage pourra être de : d’espacement, une étoile d’introduction et une rampe de guidage
assurent le transport des récipients dans la rinceuse où un grappin
– l’eau simplement potable ; en forme de pince, de conception originale et différente selon les
– l’eau chaude ; constructeurs, les saisit et les retourne de 180o. Ensuite, ont lieu
– l’eau stérile ; l’aspersion interne des récipients, puis l’égouttage. À l’issue de ce
– la vapeur ; processus, les bouteilles sont ramenées en position initiale, puis
– l’air chaud ou froid ; sortent de la machine par une étoile. L’eau usée est collectée, puis
– l’air ionisé ; évacuée en dehors de la machine.
– des solutions antiseptiques.
Sur une rinceuse, plusieurs fluides peuvent être injectés succes- • Sur les rinceuses en carrousel, le traitement varie de quelques
sivement et, ainsi, désinfecter, rincer et, éventuellement, sécher le 10 à 30 secondes si plusieurs fluides sont utilisés pour le traite-
récipient. ment.
Lorsque le traitement se réduit à une simple injection d’eau et
un égouttage, il est conseillé de chlorer cette eau avec du dioxyde
Pour ce dernier traitement, notons que la vapeur surchauf-
de chlore (ClO2) qui sera, bien sûr, d’autant plus efficace que la
fée est un excellent vecteur de séchage et de stérilisation par machine de rinçage est située loin de la machine de remplissage.
voie sèche.
Pour agir, le chlore demande un temps de contact suffisant.

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1.2 Lavage et nettoyages


1.2.1 Lavage
Cette opération associe des trempages dans des solutions déter-
gentes et des injections internes et externes dans les récipients par
des pompes de solutions détergentes et d’eau de rinçage.
Comme pour la pasteurisation en tunnel, le lavage des récipients
est une opération assez longue qui peut varier de 10 minutes à une
demi-heure de traitement pour les petits récipients de type bou-
teille en verre ou en plastique réutilisable. Aussi, comme pour la
pasteurisation, le processus se déroule en ligne.
■ Les laveuses de bouteilles, dont la surface au sol est importante
(pouvant dépasser 50 m2) et la capacité de production couvrir une
gamme allant de quelques milliers de bouteilles à l’heure à
2
150 000 b/h sont constituées d’un caisson ou d’un assemblage de
caissons, en acier où sont positionnés des bacs destinés à recevoir
des solutions détergentes à différentes concentrations, ou bien de
l’eau provenant des rinçages successifs des récipients en fin de
parcours et récupérés à partir du seul et unique apport d’eau en fin
de parcours, avant que ces récipients soient libérés sur le
convoyeur d’alimentation de la soutireuse. Des rangées de casiers,
Librement sélectionnable
ou alvéoles, montés sur des chaînes à galets qui glissent sur des
KRONES VARIOJET permet rampes latérales sont déplacées pendant l’opération parallèlement
de sélectionner à tout moment les unes aux autres suivant un circuit qui les fait passer de bac en
différents procédés de bac dans les solutions détergentes où les récipients vont subir un
nettoyage et de stérilisation 2
dont le déroulement est trempage.
librement sélectionnable. Puis, en partie supérieure, chaque récipient étant alors en
Pour les différentes exigences,
le VARIOJET peut être équipé 1 3
position ouverture vers le bas, va passer devant une série d’injec-
d’un, deux ou trois canaux teurs alimentés par des pompes qui vont prélever des solutions
annulaires Soutireuse détergentes dans les bacs précédents et les injecter sous pression
dans les récipients avant qu’elles retombent dans leur bac d’ori-
1 Retournement vers le haut gine. À la sortie des pompes, des surchauffeurs alimentés en
2 Phases de traitement librement sélectionnables
3 Retournement vers le bas vapeur peuvent se trouver sur le circuit.
a processus de rinçage du VARIOJET
■ Pour les bacs d’eau récupérée, des pompes sont également
mises en service ; seule la dernière eau de rinçage est directement
prélevée sur le réseau. Les pompes vont alimenter les injections
internes et les arrosages externes des récipients en cascade.
Les canaux d’eau et d’air stérile
se trouvent intégrés au support ■ Pendant leurs circuits de transfert, les paniers glissent depuis
de pinces. leur zone d’introduction sur des guides de fond ajourés qui
Le canal de vapeur est séparé
pour pouvoir compenser
empêchent les récipients d’en sortir, quand il y a des changements
des dilatations thermiques. 3 de direction du circuit des chaînes à galet et que la pression
Le dispositif de détournement 2 d’injection risque d’éjecter le récipient de son logement, cela, tout
avec buse immergée 1
en permettant aux solutions de circuler et aux étiquettes d’être
est une unité compacte
à montage simple par deux vis. évacuées grâce à des sections de circulation en dos d’âne qui pro-
voquent une agitation du récipient dans son alvéole, tandis qu’un
1 Eau
arrosage immergé crée un flux qui dirige les étiquettes vers un
2 Air stérile
3 Vapeur extracteur prévu à cet effet. Celui-ci est constitué, le plus souvent,
d’un tamis et d’un flux de détergent assurant un grand débit
b commande électro-pneumatique dans une rinceuse à trois canaux nécessaire au transport des étiquettes décollées (figure 2).
■ La laveuse se complète de trois systèmes :
Figure 1 – Rinceuse Vario-jet de Krones à commande électronique – de chauffage, généralement à la vapeur pour les grosses unités,
et schéma de principes (Crédit Krones) ou directement au gaz pour celles plus petites chez des utilisateurs
n’ayant pas de réseau vapeur (embouteilleurs de vin parfois) ;
– de correction automatique de la concentration en détersif ;
• Dans la rinceuse Vario-jet de Krones, à commande électro-
– de traitement en continu des bains (filtration, centrifugation,
nique et système flexible sélectionnable de positionnement des
floculation).
zones de traitement sur le carrousel, le nombre de pinces de pré-
hension et de retournement varie de 16 à 156 suivant la cadence ■ La motorisation est assurée d’une façon centrale par, générale-
choisie et un diamètre machine variant de 1,440 à 4,320 mètres. ment, un moteur frein et relayé par des postes d’entraînement
répartis sur le trajet de la chaîne.
Sur la figure 1, on remarquera :

– le transport des récipients suspendus par le col, par une étoile 1.2.2 Nettoyages
d’entrée à pince ;
Depuis les travaux réalisés par des constructeurs de laveuses et
– la double vis d’introduction et de mise au pas alimentée par un des fabricants de produits de nettoyage, on retient deux points
convoyeur aérien à air. particuliers.

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a organisation (avec ses divers circuits de fluides) d’une laveuse de bouteilles single-end (Crédit KHS)

b injecteurs à jet mobile en fonction du trajet de la bouteille (Crédit Krones)

Figure 2 – Principe de distribution des fluides sur une machine single end

■ Au bout d’un certain nombre de bouteilles passées sur une À l’entrée de la machine, une table constituée de chaînes à
laveuse, les salissures, évaluées en matières organiques et miné- palette et alimentée par un transporteur, également à chaîne à
rales dissoutes, ont une concentration constante dans la laveuse, palettes qui lui est perpendiculaire, amène le récipient vers leur
les nouvelles salissures introduites par les récipients à traiter étant introduction dans la laveuse. Cette introduction se fait, soit par un
équilibrées par celles entraînées par les rejets des eaux sales à segment tournant, soit par un ensemble de barres glissant sur une
l’égout. rampe et entraînées par deux chaînes à rouleaux latérales
(figure 3a ).
■ Pour peu que la matière en suspension soit éliminée et que la La sortie se fait par chute des récipients sur un plan de la
concentration en produits alcalins soit ajustée au cours du temps, machine où un système mécanique les pousse sur une voie d’éva-
le pouvoir de détersion d’une solution caustique ne dépend pas de cuation à chaînes à palettes (figure 3b ).
sa teneur en matières dissoutes, mais uniquement de sa causticité
et de sa charge en matières en suspension. Donc, moyennant une ■ Le mouvement de transfert des rangées de paniers est, soit
filtration ou une sédimentation des bains de détergents, ces continu, soit discontinu suivant le type de machine, et les rampes
derniers pourront servir très longtemps. La limite étant obtenue d’injecteurs seront fixes ou mobiles accompagnant alors les réci-
lorsque les bris de bouteilles en verre ou en plastiques viennent pients dans leurs déplacements sur une certaine distance suivant
encombrer le fond des bacs de la machine et/ou se loger dans les de nombreux procédés différents. Le plus simple des procédés uti-
chaînes de transfert. À ce moment, il faudra prévoir la vidange lisés consiste à ce que, mécaniquement, l’extrémité d’un panier
pour pouvoir pénétrer dans la machine et assurer son nettoyage. fasse faire une rotation partielle de l’injecteur pendant son dépla-
cement et oriente le jet pendant le parcours (figure 2b ).
■ Au cours du temps, la chaîne de transfert des rampes de paniers
Des constructeurs ont mis au point des systèmes racleurs se détend. Des systèmes de rattrapage de tension existent bien sur
de fond permettant d’éliminer et de stocker les débris, sans les machines, mais les injecteurs, quand le rattrapage sera trop
interruption du fonctionnement de la machine. important, seront mal centrés et leur jet ne pénétreront pas, ou

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de bouchage consiste en un étrier d’ouverture/fermeture fixé sur


une bague de bouteille percée, dite « bague-tonneau » associé à
une porcelaine équipée d’un joint en caoutchouc, ou en élasto-
mère. Et ce, même quand on a pris la précaution d’avoir ces bou-
chons bien positionnés, laissant complètement libre l’orifice du
récipient lors de son introduction dans un panier de laveuse. Dans
la machine et, surtout à la sortie, les étriers se prennent dans les
jours des paniers, rendant difficile l’évacuation et risquant de dété-
riorer les paniers, et même la chaîne de la machine, quand un
étrier solitaire se prend entre deux maillons.
Dans ce cas, c’est un arrêt prolongé qui est assuré et demandera
que soit vidangée et refroidie la laveuse pour qu’un opérateur

2
puisse s’introduire à l’intérieur, extirper l’intrus et permettre le
redémarrage. De plus, un bouchon mal positionné lors de l’intro-
duction de la bouteille en laveuse empêchera non seulement le
nettoyage mais, s’il reste positionné en position de fermeture à
l’entrée de la soutireuse, il endommagera les canules courtes, ou
longues, à l’embectage dans la remplisseuse.
a introduction ■ La concentration en détergent à réaction alcaline ne doit pas
excéder 3 % en soude. Sinon, il y a risque de saponification de la
soude avec les matières grasses des salissures et d’apparition de
dépôts blanchâtres sur les bouteilles lavées.
Le parcours que suit l’eau dans une laveuse depuis l’introduc-
tion d’eau fraîche, met en jeu des récupérations et des réutilisa-
tions successives qui vont faire que le dernier bac d’eau récupérée
sera le plus chaud et le plus chargé en soude, avec un pH franche-
ment alcalin. Ce dernier bac va servir à alimenter le bac d’injection
des prélavages destinés, avant d’être mis à l’égout, à débarrasser
les récipients des grossières salissures qu’ils contiennent, et cela,
avant de pénétrer dans les bacs de trempage de la machine.

Des récupérations thermiques peuvent être faites sur ces


eaux de prélavage avant leur mise à l’égout, de même que
l’eau fraîche à l’entrée peut être chauffée également par récu-
pération, dans le cas du soutirage à chaud qui suivra.
Dans ce bac d’eau tiède à réaction alcaline et avec les bicar-
bonates de calcium des sels de l’eau, il va se produire la réac-
b déchargement tion chimique principale suivante :

Figure 3 – Principes d’introduction et de déchargement (CO3H)2 Ca + NaOH —


— CaCO3 + Na2CO3 + H2O
des récipients dans une machine de lavage (Crédit Krones)

■ Le carbonate de calcium ainsi produit a un taux de solubilité en


mal, dans la bouteille. L’accompagnement des récipients par les fonction du pH qui va décroître jusqu’à un pH autour de 11,4 pour
injecteurs permet de régler ce problème. Le contrôle du centrage croître à nouveau après, le carbonate de calcium s’orientant vers la
des injecteurs dans une laveuse reste important et doit être fré- forme hydroxyde. Il y aura donc rapidement entartrage qui va
quemment réalisé pour s’assurer de la conformité de leur position- alourdir la machine et, pendant les arrêts prolongés de la machine
nement et de la qualité des injections. qui se refroidit, voir des micro-organismes de l’environnement
venir coloniser ces dépôts de carbonate et y proliférer, libérant au
■ Un autre problème lié au centrage est celui de la forme et de la redémarrage de l’appareil les colonies microbiennes formées. Il
géométrie des paniers qui, s’ils sont bien adaptés à un type de convient donc de nettoyer régulièrement ce bac d’eau tiède pen-
bouteille, ne le seront pas pour d’autres types, d’autres volumes, dant le fonctionnement de la machine de lavage et d’y amener,
et d’autres formes. Aussi, l’idéal serait de posséder une laveuse d’une façon continue, une solution acide de neutralisation.
pour chaque type de bouteilles traitées chez le conditionneur, et
d’avoir des paniers dont la géométrie est ajustée au récipient
traité. C’est ainsi que, dans un panier trop large, les récipients Un constructeur a utilisé les purges de CO2 de
peuvent être distribués de façon anarchique et voir leur orifice mal déconcentration de la phase gazeuse des soutireuses à pré-
positionné par rapport à l’orifice du panier et de l’injecteur. vide pour neutraliser ces bacs d’eau alcalinisée tout au long
du conditionnement.
Les injecteurs délivrent en général un jet à une pression de
2 bar. Et là, deux pratiques s’affrontent. La première va diriger
dans le récipient un jet suffisamment fin qui laisse un espace libre ■ Les laveuses d’aujourd’hui sont organisées de deux façons
au niveau du goulot pour que le liquide puisse s’écouler librement différentes :
et ne remplisse pas le récipient en limitant la pénétration du jet. Le
second, au contraire, dit de l’« injection pulsée », prévoit un fort – avec une entrée des récipients en partie basse et une sortie en
débit tourbillonnant pendant une fraction de temps et laisse partie haute, d’un seul et même côté de la laveuse. On parlera
ensuite le liquide s’écouler, avant de recommencer. alors de laveuse « single end » (figure 4a ) ;
– avec une entrée et une sortie des récipients à chaque extrémité
■ Une difficulté complémentaire apparaîtra, quand il s’agira de sur le même niveau : on parlera de laveuse « double end »
laver des bouteilles équipées d’un bouchon mécanique. Ce mode (figure 4b ).

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Par définition, l’unité de lavage « UL » est l’effet de lavage


obtenu par un trempage de 1 minute à 50 oC dans une
concentration sodée de 1 % :

1 UL = 1 minute ⴛ1 (Ct)ⴛ1 (Cc)


Nombre de UL = temps (en minute)ⴛ Ctⴛ Cc
a single-end (et quand il y a injection)ⴛ10

Exemple
On considère qu’une bonne laveuse doit réaliser 60 UL pour des

2
récipients ayant subi une rotation normale. Sinon, il faudra atteindre
100, voire 175 UL.
b double-end
■ Pratiquement, on découpera le diagramme de lavage en minutes
Figure 4 – Organisation des laveuses de bouteilles d’action et, pour chaque minute, on déterminera une UL en fonction
des caractéristiques de température et de concentration, en multi-
pliant par 10 quand il s’agira d’une injection.
Les machines double end sont considérées comme plus hygié-
niques que les machines single end, puisque les récipients vides et Dans ce calcul, ne seront pas pris en compte les rinçages. L’effi-
sales sont bien séparés et distants des bouteilles lavées et propres. cacité du lavage est représentée par la somme des UL calculés par
Par contre, cela nécessite un retour à vide des rampes de paniers minute.
tout le long de la machine. Et donc, un encombrement plus impor-
tant et souvent deux opérateurs (un à chaque extrémité). Signalons que Boudier et Berlottier, à Evian en 1964, ont
également étudié l’efficacité du lavage. Ils ont établi des
courbes qui permettent de situer l’efficacité du lavage des
1.3 Facteurs de lavage des récipients récipients en fonction des mêmes paramètres.
Mais, ces auteurs ajoutent une notion complémentaire :
Les facteurs intervenant lors du lavage des bouteilles sont
celle du trempage dynamique qui, en fait, est une injection à
essentiellement :
l’intérieur d’une bouteille immergée.
– la concentration en détergents ;
– leur température ; Si cette technique du trempage dynamique n’est pas utilisée
– leur temps d’application ; en lavage des petits récipients, elle l’est pour les fûts.
– leur mode d’application, c’est-à-dire « trempage » ou « injection ».
■ Unités de lavage : UL
1.4 Mécanismes d’action
Juret – Gochely et Moreav ont défini des unités de lavage, un de la détergence
peu à la façon des unités de pasteurisation UP ces unités de lavage
UL définissent l’efficacité du lavage des récipients. Un détergent sera toujours composé d’un agent chimique agres-
• Elles dépendent de quatre facteurs : sif vis-à-vis des salissures et d’un agent tensioactif qui abaissera la
tension superficielle de la solution détergente.
– temps ;
– température ; ■ Il est nécessaire que les produits de lavage utilisés possèdent
– concentration en NaOH ; certains pouvoirs :
– mode d’application physique (trempage ou injection).
– mouillant ;
On définit pour cela : – émulsifiant et peptisant ;
– Cc = efficacité de la concentration = racine cubique de C2 – séquestrant du calcium et du magnésium (pour maintenir en
(C = concentration en NaOH en %) ; solution les molécules de carbonate de calcium) ;
– rinçant surtout lié à la facilité d’égouttage.
Exemple
L’eau de rinçage doit être potable, et stérile dans certains cas
C = 0,25 – 0,50 – 0,75 – 1,0 – 1,5 – 2,0 – 3,0 – 4,0 – 5,0 (conditionnement aseptique).
Cc = 0,4 – 0,6 – 0,8 – 1,0 – 1,3 – 1,6 – 2,0 – 2,5 – 3
La tension superficielle d’un liquide est l’énergie à fournir
– Cinj = efficacité d’injection. Elle est 10 fois supérieure à un par unité de surface pour vaincre les forces qui maintiennent
simple trempage Cinj = 10 ; en contact deux parties de ce liquide.
– Ct = efficacité due à la température ou coefficient de tempéra- Une autre approche, pour définir la tension superficielle d’un
ture. Comme admis en chimie, une réaction chimique simple, liquide, apparaît lorsque l’on examine l’aspect d’une goutte
double de vitesse pour chaque augmentation de température de d’eau sur une surface de paraffine, ou celui d’une goutte
10 oC. Nous avons donc pour Ct une progression géométrique de d’huile sur une surface de verre. La forme sphérique des
raison r = 1,072 (racine 10e de 2). gouttes s’explique par le fait que les molécules du produit
Exemple exercent entre elles une force qui a tendance à ramener les
molécules vers le centre de la goutte. Cette force est la
T en oC = 50 – 60 – 70 – 80 – 90 – 100 « tension superficielle », laquelle tend à rendre minimale la sur-
Ct = 1,0 – 2,0 – 4,0 – 8,0 – 16 – 32 face de la goutte. Plus elle est élevée, plus la goutte garde une
forme sphérique. Quand elle décroît, la goutte s’étale.
Puis, à partir de ce tableau, sachant que UL double tous les 10 oC,
on calculera d’autres valeurs, par exemple : Cette notion de tension superficielle est très importante pour
T = 56, Ct = 1,52 – T = 66, Ct = 3,03 – T = 76, Ct = 6,06... le nettoyage et la désinfection.

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■ Un procédé très simple permet d’évaluer la tension superficielle En plus de cela, la réaction de l’aluminium avec la soude
d’un détergent. Pour cela, on prend un tube en verre, étiré à une provoque un dégagement d’hydrogène qui peut provoquer des
extrémité, que l’on remplit avec de l’eau à 20 oC, et on laisse explosions (cela s’est déjà produit). Des précautions sont donc à
s’écouler le liquide en comptant le nombre de gouttes obtenues. prendre dans le traitement des bains qui ne doivent jamais être
Puis, on refait la manipulation avec la même quantité de détergent laissés en sous-concentration traiter ces bains en les décantant et
à la même température. en accélérant cette décantation par un traitement avec un flocu-
Le rapport du nombre de gouttes obtenu dans les deux cas est lant, du silicate de soude par exemple. C’est un travail qui peut
le même que celui des tensions superficielles des deux liquides. être fait en continu, ou en discontinu.
Sachant que la tension superficielle de l’eau pure est 72,8 mJ/m2, • Potasse caustique : KOH
on en déduit la tension superficielle du détergent.
Composé pratiquement identique à la soude, mais très coûteux.
Les tensioactifs sont des corps solubles qui, ajoutés en faible
quantité à de l’eau ou à une solution de détergent, abaissent sa • Carbonate de soude : Na2CO3

2
tension superficielle (ils sont généralement utilisés à raison de 4 % Moins agressif que la soude, sa solution à 1 % a un pH de 11,4.
du poids du principe actif principal, par exemple la soude). L’ajout
d’un tensioactif peut amener la tension superficielle de l’eau, ou • Silicates de sodium
d’un détergent, aux alentours de 30-35 mJ/m2, ce qui améliore le Ils se définissent par un rapport SiO2/Na2O = q.
pouvoir de détergence en facilitant l’introduction des solutions de Les silicates liquides ont un q de 1,6 à 3,3, et leur détergence est
traitement entre la paroi souillée et la souillure. d’autant plus forte que q atteint 2. Ils ont un pouvoir inhibiteur qui
On parle aussi de « mouillant » par analogie avec l’aspect d’une croît avec q.
goutte d’eau sur une surface paraffinée qui ne s’étale pas, mais Ils risquent d’attaquer le verre et de former un tartre sur les sur-
reste sphérique et ne mouille pas, et l’étalement qui s’observe dès faces nettoyées.
que l’on introduit un tensioactif avec lequel, il y a mouillage.
• Phosphates
À noter que, plus une solution détergente a une faible ten- Les principaux sont :
sion superficielle, plus elle pénétrera dans les fissures les plus – le phosphate disodique HNa2PO4 , pH à 1 % = 8,8 ;
inaccessibles. Par contre, le rinçage à l’eau, obligatoire après – le phosphate trisodique Na3PO4 , pH à 1 % = 12.
l’action du détergent ne pouvant pas pénétrer autant dans la Ils ont un excellent pouvoir émulsifiant et dispersant. Leurs
fissure (tension superficielle plus élevée) sera moins efficace bonnes propriétés détergente et complexante sont malheureuse-
parce qu’incomplet. D’ou l’intérêt de rincer avec de l’eau ment contrebalancées par leur hydrolyse à chaud qui les trans-
chaude qui a une tension superficielle inférieure à l’eau froide. forme en orthophosphate.
■ Détergents acides
■ La concentration en tensioactif d’un détergent est un paramètre Ce sont des produits à base d’acide et de tensioactifs permettant
important dans le mécanisme de la détersion. Elle doit être suffi- essentiellement d’éliminer des souillures d’origine minérale. Ils
sante pour diminuer au maximum la tension superficielle de la sont utilisés lorsque l’on pratique un double lavage, d’abord
solution. Mais, elle ne doit pas être excessive, sinon le produit est alcalin puis acide, pour éliminer successivement les souillures
perdu. En effet, lorsqu’une couche moléculaire de tensioactif aura organiques, puis les souillures minérales.
entouré une salissure, l’excédent n’aura aucune action ; les
tensioactifs vont alors s’agglomérer entre eux pour former des Exemple
micelles. C’est le cas du traitement des bouteilles d’eau minérale réutili-
La concentration maximale, sans qu’il y ait formation de sables pour lesquelles le résidu d’eau minérale, laissé au fond du réci-
micelles, est appelée : CMC = Concentration micellaire critique. pient par le consommateur s’évapore pendant le retour à l’usine de
conditionnement laissant des traces sur les parois du récipient que la
soude n’attaque pas et que l’on appelle, en langage minéralier « des
1.5 Principaux agents chimiques ronds de sel ».
agressifs de la détergence Quand une laveuse prévoit un bac de trempage acide, il
convient qu’entre les bains acides et sodiques soient prévus des
■ Détergents alcalins rinçages intermédiaires.
Ils vont éliminer les salissures d’origine organique et doivent • Acide nitrique : NO3H
être associés à des tensioactifs.
C’est le plus utilisé et le plus efficace. Il n’attaque pas les aciers
• Soude caustique : NaOH inoxydables (sur lesquels il renouvelle la couche passivante), mais
C’est le principal composant des détergents alcalins forts. En attaque le cuivre, est très corrosif et ses rejets se font à l’état de
solution à 1 %, la soude a un pH de 13. C’est un composé instable nitrates, ce qui ne convient pas aux minéraliers pour lesquels
qui forme des carbonates avec le CO2 de l’air. Il a le désavantage existe un périmètre de protection autour de leur exploitation en
de précipiter les sels de la dureté de l’eau (c’est-à-dire les sels de prévention de toute sorte de pollution.
calcium et de magnésium), possède un pouvoir mouillant très • Acide phosphorique : H3PO4
faible et présente des difficultés au rinçage.
C’est un des meilleurs détergents acides. Il n’attaque pas l’inox,
La soude attaque fortement l’aluminium si on l’utilise dans une ne détruit pas les tensioactifs, mais nécessite des concentrations
laveuse qui traite des bouteilles ayant été étiquetées avec des éti- élevées en tensioactifs.
quettes, ou un surbouchage, en aluminium. Ce métal dans le bain
de soude va donner un aluminate de soude NaAlO2 qui est solu- • Acide chlorhydrique : HCL
ble, si la concentration en soude est suffisante. Sinon, aidé en cela Inadapté aux inox, il détruit les tensioactifs, peu recommandé
par une diminution de la température, il y aura dans un premier alors que c’est le seul acide dont tous les sels sont solubles.
temps formation d’hydroxyde d’aluminium, puis d’alumine insolu-
ble (Al2O3). Cette alumine va alors se déposer sur les paniers de la • Acide sulfurique : H2SO4
laveuse et procéder à une véritable vitrification des surfaces, les Il a l’avantage de ne pas dégager de vapeur. C’est un nettoyant
rendant lourdes et non nettoyables. médiocre entre le HCL et H3PO4 . Il est cependant assez utilisé.

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Liquides alimentaires
Conditionnements spéciaux

par Pierre MILLET


Ingénieur ENSAIA (École nationale supérieure d’agronomie
et des industries alimentaires de Nancy)
2
Ancien professeur associé de l’ENSAIA, spécialisation brasserie, boissons

1. Emballages en matériaux composites : briques et berlingots..... AG 6 524 - 2


2. Conditionnement du vin de Champagne ........................................... — 3
3. Conditionnement des grands volumes ...................................... — 5
4. Conditionnement des volumes moyens ............................................. — 5
4.1 Bonbonnes d’eau de table........................................................................... — 5
4.2 Bag in box ..................................................................................................... — 6
4.3 Fûx pour boissons et tonneaux .................................................................. — 6
4.3.1 Tonneau ............................................................................................... — 6
4.3.2 Fût......................................................................................................... — 6
5. Fût de brasserie et accessoires ............................................................ — 6
5.1 Matériel existant........................................................................................... — 6
5.2 Remplissage et entretien des fûts à plongeurs incorporés ...................... — 11
5.2.1 Contraintes spécifiques ...................................................................... — 11
5.2.2 Divers traitements de nettoyage........................................................ — 14
5.3 Tirage pression de la bière et des boissons gazeuses .............................. — 14
5.3.1 Bière à la pression............................................................................... — 14
5.3.2 Calculs des installations de tirage pression...................................... — 14
6. Évolutions technologiques du fût à bière ......................................... — 20
7. Conclusion.................................................................................................. — 20
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. AG 6 524

omme il se doit, l’emballage et le conditionnement des liquides alimen-


C taires va présenter des cas particuliers qui sortent des schémas types.
Les exigences économiques sous prétexte de satisfaire une demande du
consommateur ont fait apparaître des emballages fabriqués dans des
matériaux nouveaux, comme les matériaux composites multicouches destinés
prioritairement au lait et aux jus de fruit. Pour ceux-ci, chaque couche du
matériau a une fonction qui lui est propre dans l’emballage et dont l’argument
publicitaire est de protéger au mieux le liquide alimentaire de la lumière, mais
également d’offrir aux emballages :
– une section rectangulaire propice aux regroupements ;
– une surface de communication importante ;
– une machinabilité remarquable dans un procédé form fill and seal où
intervient un remplissage aseptique ou apparenté.
Le fait qu’il existait, bien avant ce type de conditionnement, un flaconnage
opaque pour le lait et les jus de fruit montre quand même que la brique n’est pas
le seul emballage à bénéficier des avantages cités liés à la qualité du produit et
que, si la brique présente, pour le conditionneur, une facilité d’arrangement en
emballage secondaire et une réduction des encombrements des machines de
Parution : juillet 2012

conditionnement, il n’y a rien en cela qui concerne le consommateur.

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Le conditionnement du vin de champagne, ou des autres vins élaborés selon


la méthode dite « traditionnelle » fait appel à un conditionnement très particu-
lier, pour lequel une bouteille va subir :
– un remplissage ;
– un bouchage couronne ;
– puis un débouchage avec prélèvement d’une partie de produit
« liquide + dépôt » ;
– un remplissage de mise à niveau après introduction d’un autre liquide
(liqueur d’expédition) ;
– un bouchage définitif liège et muselet.

2
Entre le premier remplissage et le bouchage définitif, il va se passer plu-
sieurs mois (ou années) et, entre temps, le récipient aura connu des
changements de position qui font partie du process.
Le conditionnement des grands récipients (tanks ou citerne) apparaît beau-
coup plus simple que celui des petits récipients de par le fait qu’ils ne nécessitent
pas de machinerie importante, tant pour leur remplissage que pour leur net-
toyage. Toutefois, ils apparaissent sensibles à la pression et, surtout, au vide qui
peut s’installer après une stérilisation à la vapeur et un lavage alcalin quand ils
ont contenu un liquide carbonaté. D’autre part, ils seront difficiles à inerter avec
une pureté de gaz élevée dans l’atmosphère de substitution.
Le fût pression destiné aux boissons gazeuses est l’aboutissement d’une
recherche qui, depuis le tonneau en bois de nos ancêtres, a essayé, sans y par-
venir de façon élégante d’offrir un emballage inviolable que l’on puisse rendre
propre et stérile avant son remplissage à chaque réutilisation, dans un temps
raisonnable compatible avec une production industrialisée. La démarche du fût
à plongeur incorporé est née de l’espoir que le fût revenant chez le
conditionneur clos, et contenant encore du gaz de tirage, serait plus facilement
nettoyable et stérilisable. C’est plutôt l’inverse qui s’est produit et, aujourd’hui,
seule la structure en acier inoxydable de ce fût permet une stérilisation dras-
tique à la vapeur sur une paroi incomplètement nettoyée de ses salissures.

1. Emballages en matériaux – sécher à l’air chaud ;


– remplir en volumétrique ;
composites : briques – sceller dans une enceinte aseptique.
Le process se déroule en ligne et les éléments sont traités un par
et berlingots un ou par groupe (Combiblock, Tetra Laval, Bosch sont les
principaux constructeurs utilisant cette technique). Le scellage se
Ce qui caractérise ce type de conditionnement c’est que la fait normalement sur parois sèches sous réserve des éclabous-
fermeture du récipient se fait par soudure de deux parties de sures dues à la chute des doses jusqu’au fond des récipients et les
sa paroi et que, s’il existe sur ce type de récipient un bouchon, égouttures (que l’on sait limiter aujourd’hui).
c’est une pièce ajoutée pour faciliter son utilisation par le • Le second cas consiste, en partant d’une bobine de matériau
consommateur. Les soudures sur matériaux sont réalisées par composite, à :
thermo-fusion des éléments plastiques du matériau composite à – dérouler une bande ;
l’aide d’un procédé à induction. – la stériliser chimiquement par passage dans un bain
antiseptique ;
■ On distinguera deux procédés, suivant que le conditionnement
s’effectue à partir : – l’essorer ;
– la sécher ;
– d’étuis préformés, uniquement mis en forme, stérilisés, – la mettre en forme de tube et, simultanément, à pratiquer une
remplis et clos sur la machine de conditionnement ; soudure longitudinale et effectuer le remplissage sous atmosphère
– d’un étui élaboré directement sur une machine unique pendant d’air stérile ;
son conditionnement à partir d’une bande de matériau qui sera – souder la partie supérieure du récipient, ce qui va déterminer
façonnée, découpée, soudée, puis remplie et obturée suivant une en même temps la soudure de la partie inférieure du récipient
démarche continue. suivant ;
• Le premier cas s’effectue à partir d’étuis préformés livrés à – procéder à la séparation du récipient conditionné et clos.
plat chez le conditionneur et que la machine peut :
– prélever d’une pile ;
– mettre en forme ; Il s’agit là du procédé form- fill and seal le plus continu et
typique qui soit.
– stériliser chimiquement ;

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9
Remarques
10 • La législation sur le vin de Champagne exige que la
deuxième fermentation nécessaire à la prise de mousse soit
réalisée en bouteilles de 75 cl. Si on désire conditionner de
petits récipients de 25 cL, qui ont une production marginale, il
11 faudra vider des bouteilles de 75 cl après dégorgement dans
8
une cuve sous pression de CO2 et reprendre le vin sur une
12
7 13
soutireuse isobarométrique dans des contenants de 25 cl
6 (figure 2a ).
5
14 • La fabrication du vin de Champagne est très réglementée
4 15
et tout est défini depuis la détermination géographique des

2
16 vignes donnant droit à l’appellation, des quantités de moût
18 obtenus par kg de raisin, le récipient dans lequel s’effectue la
3
19 prise de mousse, jusqu’à la nature du bouchage d’expédition.
17 Des méthodes mécanisées utilisant des gyropalettes pour la
mise sur pointe par lots des récipients utilisant des levures
incluses dans des capsules perméables aux échanges gazeux
2 1 ont été difficilement introduites dans le domaine du
1– Panneau de commande champagne et sont encore aujourd’hui peu développées,
2– Rouleau de matériau officiellement pour satisfaire aux exigences des syndicats de
3– Équipement manuel de raccordement du matériau d’emballage personnel soucieux de voir les effectifs se réduire en cave.
4– Chariot pour le transport du matériau d’emballage
Un organisme très influent dans la profession : le CIVC
5– Mécanisme dateur
(Centre interprofessionnel du vin de Champagne situé à
6– Roue de plissage
Epernay) assure la recherche, le contrôle des bonnes
7– Boucle de transfert régulier
pratiques, et l’assistance de cette industrie agroalimentaire
8– Cabine de contrôle électronique
bien particulière.
9– Applicateur du film de liaison pour raccordement
de soudure longitudinal • C’est dans le domaine du conditionnement du vin de
10 – Début de formation du tube Champagne qu’a été introduite, et mise au point, l’encarton-
11 – Tube de remplissage
nage tête bêche des bouteilles (figure 2b ).
12 – Soudage longitudinal par recouvrement
13 – Plate-forme Cette méthode consiste à élaborer un vin non effervescent
14 – Photocellules de commande de positionnement du décor obtenu par une fermentation alcoolique classique suivie (ou non)
15 – Carter contenant le système NEP de la machine d’une fermentation malo-lactique. Le vin est ensuite filtré, ou
16 – Réalisation de la soudure transversale de fermeture centrifugé, puis mis en bouteille de 75 cl, avec un ajout de liqueur
par pression hydraulique sucrée et de levure. La bouteille est bouchée ensuite avec une
17 – Convoyeur pour transporter les emballages depuis les mâchoires capsule couronne, souvent associée à un obturateur (ou bidule)
jusqu’à l’unité finale de pliage qui présente l’intérêt de mieux réaliser, après la fermentation
18 – Unité finale de pliage qui plie et soude les cornes de l’emballage secondaire que subit le vin en bouteille, le rassemblement du culot
19 – Évacuation des récipients pleins de levures dans le col des récipients pendant le remuage.

Figure 1 – Vue d’ensemble de la conditionneuse Tetra Brik TB/8


10 000 ml de Tetra Laval à partir de bobine dans un procédé form
fill and seal Cette seconde fermentation en bouteille, que va subir le vin,
est appelée « prise de mousse » qui peut durer plusieurs
années suivant la qualité recherchée.
Exemple
Pour son système, Tetra Brik Tetra Laval met en œuvre une telle Pendant cette prise de mousse, le sucre sera utilisé par la levure
technique pour laquelle la stérilisation chimique s’effectue avec de pour être transformé en alcool et en CO2 . La quantité de sucre
l’eau oxygénée à 35 % et une température de 68 oC, avec un temps ajoutée est calculée pour que, une fois fermentée, une carbona-
d’application de 7 min, un essorage par rouleaux essoreurs et un tation à 12 g/L soit assurée. En outre, la levure va, pendant le
séchage à l’air à 130 oC au niveau de couteaux d’air. La soudure de fer- temps que dure le stockage avant son traitement définitif et sa
meture va pouvoir se faire sur le liquide et, dans ce cas, dans le réci- mise en emballage d’expédition, développer le bouquet et les
pient, il n’y aura pas d’espace libre, ou bien elle se fera sur la paroi hors arômes caractéristiques du vin de champagne.
liquide (sinon sèche avec un espace gazeux présent dans le récipient
plein). Pendant le procédé, la machine est maintenue sous pression Pour mettre le vin en bouteilles avec sa liqueur additionnelle, et
d’air stérile et de ce fait, ne souffre aucune interruption du système de à ce stade, le vin est un liquide plat, on utilisera un monobloc
conditionnement d’air (figure 1). soutirage/bouchage du type simple gravité ou léger vide, et une
Dans les deux systèmes de conditionnement, les cadences capsuleuse couronne champagne, bague 29, spécifique des
atteignent 20 000 briques à l’heure. bouteilles champenoises. Les bouteilles sont ensuite stockées
couchées dans des caves à température voisine de 10 à 12 oC, et la
prise de mousse va s’effectuer ainsi pendant 2 à 6 ans, suivant le
vin et sa qualité espérée.
2. Conditionnement du vin Après ce temps de stockage, les bouteilles sont reprises et
de Champagne progressivement inclinées pour avoir, en fin de manipulation, leurs
goulots en position basse (mise sur tête), tout en remuant précau-
Le vin de Champagne est conditionné suivant un procédé tradition- tionneusement tous les jours la bouteille pour amener près de la
nel qu’il est seul à avoir le droit de nommer « méthode champenoise ». capsule le dépôt de levure qui s’est formé.

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TYPE MCD Vis d’entrée Prise au goulot

Dégorgement Vue de dessus

Détail de l’anti-bourrage
a déforgeuse Perrier et opérations diverses

b encartonnage tête bêche

Figure 2 – Détail des opérations sur dégorgeuse Perrier – Encartonnage tête bêche (principe de mécanisation)

Les bouteilles sont ensuite reprises, toujours tête en bas, leur col plus alors, en passant sur une vidangeuse partielle, qu’à prélever
seul est immergé dans un bac à saumure à moins 20 oC qui gèle le par pression de gaz un peu de liquide de la bouteille, ajouter une
dépôt formé et rassemblé. liqueur d’expédition par l’intermédiaire d’une doseuse (la quantité
Les bouteilles retournées passent alors dans une dégorgeuse délivrée déterminera les différents types de champagne, à savoir :
qui les prend par le goulot et les traite en position inclinée (goulot brut, sec, demi-sec ou doux). Puis, de parfaire le niveau par ajout
vers le haut), compte tenu de l’angle de présentation, un couteau de vin carbonaté, cette fois en isobarométrie.
décapsuleur s’engage dans la capsule couronne et la libère, à cet Pour terminer ce conditionnement, il faudra boucher la bouteille
instant, par la pression du CO2 contenu dans bouteille, le bouchon avec un bouchon en liège qui sera partiellement enfoncé (diamètre
de levure est expulsé vers un tunnel en dépression. Il ne restera initial du bouchon : 29 à 31,5 mm), puis équipé d’un muselet et

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d’un surbouchage, et étiqueter, pour finir, ces récipients avant de


les loger dans des cartons d’emballage collectifs par 6 ou 12 Un phénomène identique se produira quand on voudra
bouteilles, ou dans des coffrets individuels. Ces opérations nettoyer avec un produit alcalin une enceinte de grand volume
s’effectuent les unes à la suite des autres sur des machines ayant contenu un produit carbonaté maintenu sous pression
spécifiques de moyenne cadence (10 000 à 15 000 B/h). constante de gaz carbonique pendant son stockage et sa
vidange. Avant de procéder au nettoyage du réservoir après
vidange, il faudra que ce dernier soit suffisamment ventilé et
vidé du gaz résiduel avant d’y envoyer le produit alcalin, sinon
la réaction instantanée du gaz carbonique avec l’alcalin
3. Conditionnement donnera un carbonate et fera disparaître brutalement le gaz en
créant un vide qui fera se rejoindre les parois internes du
des grands volumes réservoir, le rendant inutilisable. Cet accident est plus fréquent
qu’on ne le croit dans l’industrie des liquides alimentaires.

Les grands volumes, tels que les cuves généralement ouvertes,


les tanks de stockage intermédiaire et les citernes de transport qui
• Il existe aujourd’hui, installées chez des cafetiers qui
débitent de grandes quantités de bières (plus de 10 hl par
semaine) des citernes à poste fixe de 5 à 10 hl qui sont remplies
2
sont fermées, ont une gamme de contenance allant de quelques directement par camion citerne affrété par la brasserie. Il est
dizaines à quelques centaines d’hectolitres. La paroi de ces grands évident que le débitant ne possède pas d’installation de net-
récipients fermés que, dans certaines professions, on dénomme toyage performante pour assurer l’hygiène du système. Aussi,
« vaisseaux », est en métal et enveloppe complètement le contenu on a pallié cet inconvénient en utilisant des poches souples en
en y ménageant (ou non) une phase gazeuse. Ces récipients sont matériaux plastiques (polyéthylène) alimentaires imperméa-
équipés au minimum d’une vanne de vidange et de remplissage, bles au gaz qui sont introduites convenablement pliées dans la
et d’un orifice situé en partie supérieure, muni d’un robinet servant citerne. La poche ainsi apprêtée est exempte d’air.
à l’échappement du gaz présent dans le réservoir pendant son
remplissage, et à aider (ou accélérer) la vidange par admission de Une liaison sera ensuite établie entre la poche et l’orifice de
gaz comprimé pendant qu’elle s’effectue. vidange et de remplissage du réservoir. Lors du remplissage,
une contre-pression d’air comprimé constante (en lieu et place
On notera également des prises de niveau situées en parties de CO2) est appliquée entre le réservoir et la poche, cette pres-
haute et basse du récipient (il faudra veiller à ce que la prise de sion correspond à une pression de sous-saturation de la bière.
niveau inférieure soit toujours située le plus loin possible de Elle est maintenue ensuite pendant le débit au comptoir. La
l’orifice de vidange du réservoir qui, dans le cas contraire, poche se remplit en maintenant le liquide à l’abri de l’air et se
donnerait une idée faussée du niveau pendant l’écoulement du déploie dans l’enceinte du réservoir, au fur et à mesure du
liquide). remplissage, puis se replie pendant la vidange. La poche est
livrée stérile et changée à chaque rotation évitant ainsi d’avoir
Les liquides alimentaires pendant leur stockage dans ces à nettoyer l’enceinte rigide.
citernes et tanks doivent être, le plus souvent, maintenus à une Le procédé permet d’utiliser un réservoir en matériau moins
température suffisamment basse pour freiner toute évolution noble que l’acier inoxydable et de maintenir une contre-pression
biologique. Ces réservoirs seront alors calorifugés et, parfois, avec de l'air comprimé simplement déshuilé. De plus, il résout le
équipés de « poches » de refroidissement plaquées sur leurs problème de l’inertage difficile des grands récipients. Ce sys-
surfaces externes ou de serpentins internes assurant la même tème, s’il n’est pas utilisé en France où les débits de bière des
fonction, et où on fait circuler, dans les deux cas, un liquide de cafetiers sont insuffisants, l’est en Belgique et en Allemagne qui
refroidissement qui peut être de l’eau glacée, de la saumure à une sont des pays gros consommateurs de cette boisson.
température négative, ou directement le fluide frigorigène d’une
machine frigorifique.

Ils seront, en outre, presque toujours munis d’un tourniquet, ou À titre d’exemple, signalons qu’un français boit en moyenne par an
d’une boule de nettoyage en partie supérieure, qui seront un peu plus de 30 L de bière, un Belge 106 L, un Allemand 140 L, et
raccordés à un équipement de nettoyage en place (NEP) lors des parmi ces Allemands, le Bavarois 240 L !
opérations de sanitation du réservoir.

Remarques
4. Conditionnement
• Plus le réservoir est grand, plus il sera fragile aux effets de des volumes moyens
pression et, surtout, de dépression qui régneront dans son
enceinte. Un tank de 1 000 hl demandera à être fabriqué avec Ce type de conditionnement s’effectue généralement en ligne
des tôles d’inox d’une épaisseur de 7 mm pour une utilisation à sur des lignes à des cadences moyennes de quelques 50 récipients
une pression de 2 bar. Alors qu’un fût de 50 L dans le même à l’heure, mais qui peuvent être regroupées pour réaliser des
acier inoxydable, avec une épaisseur de 1,5 mm, supportera unités de conditionnement de 500 unités par heure, et plus. Il peut
sans déformation des pressions au-delà de 6 bar, et après trai- s’effectuer également en carrousel sur une, ou deux, ou même
tement à la vapeur à 120 oC, pourra supporter un refroidisse- trois machines en série avec, cette fois, des cadences jusqu’à
ment sans apport de gaz pour compenser le vide dû au 1 000 récipients à l’heure.
refroidissement. On va retrouver, dans cette catégorie, les trois types de
À l’opposé, si le nettoyage et la stérilisation par antiseptique conditionnement suivants.
de ces enceintes de grands volumes ne posent pas de
problèmes particuliers quand le traitement est effectué à froid,
lorsque la stérilisation s’effectue avec de la vapeur, même 4.1 Bonbonnes d’eau de table
fluente et basse pression, il y aura lieu de prévoir, sitôt l’arrêt Mises en place le plus souvent dans des lieux publics (salle
du débit de vapeur, un apport d’air stérile avec un débit d’attente d’Administration, Grande surface, collectivités...), leur
suffisant pour compenser le vide dû à la condensation de la vidange est assurée en self service gratuit par les habitués de la
vapeur pendant le refroidissement de l’enceinte. fréquentation de ces lieux.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. AG 6 524 – 5

65
2

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AG6525

Lavage des récipients dits


« re-remplissables » ou consignés

par Pierre MILLET


Ingénieur ENSAIA EBN – École nationale supérieure d’agronomie et des industries
alimentaires de Nancy
Ancien directeur technique de brasserie industrielle et professeur associé à l’ENSAIA dans
2
le département brasserie-boissons

1. Lavage des récipients........................................................................... AG 6 525 -2


1.1 Règles à observer...................................................................................... — 2
1.2 Laveuses .................................................................................................... — 3
1.2.1 Principaux éléments d’une laveuse ................................................ — 3
1.2.2 Exemple de laveuse ......................................................................... — 3
1.2.3 Types de configuration des laveuses ............................................. — 3
1.2.4 Traitement par injections (accompagnantes ou non) ................... — 3
1.2.5 Traitement par trempage................................................................. — 7
1.2.6 Extraction des étiquettes ................................................................. — 7
1.2.7 Évacuation des verres cassés.......................................................... — 7
1.2.8 Chaîne de transfert des rampes d’alvéoles à bouteilles ............... — 7
1.2.9 Poste d’entraînement....................................................................... — 9
1.3 Alvéoles à bouteilles et support .............................................................. — 9
1.3.1 Caisson.............................................................................................. — 11
1.3.2 Système de chauffage des laveuses............................................... — 11
1.3.3 Introduction et extraction des récipients de la machine............... — 12
1.3.4 Guides de fond ................................................................................. — 12
1.3.5 Utilisation de l’eau dans une laveuse de bouteilles.
Circuit de l’eau ................................................................................ — 13
1.3.6 Cas du lavage de bouteilles d’eau minérale .................................. — 17
1.3.7 Lavage des bouteilles et l’environnement ..................................... — 17
2. Conclusion............................................................................................... — 17
3. Glossaire .................................................................................................. — 18
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. AG 6 525

e lavage des récipients concerne tous les récipients dits « consignés » ou


L « réutilisables », toutefois on distinguera celui qui concerne ceux de petits
volumes, de type bouteilles de celui qui est mis en service pour le traitement
de gros volumes que sont les fûts, les citernes, les cuves ou les tanks. Cet
article concerne donc uniquement le lavage des bouteilles, pots et flacons en
verre, ou en plastique réutilisables, quelques fois en métal ou en céramique. Le
lavage des bouteilles fait partie des moyens mis en œuvre pour assurer
l’hygiène et la protection du consommateur. Pour réaliser cette opération, le
conditionneur de liquides alimentaires ou autres, va disposer dans son atelier
d’une ou plusieurs laveuses de bouteilles.
Ces laveuses ont suivi dans le temps une évolution qui les a conduits quel
que soit le constructeur à définir un temps de traitement d’une durée de 15 à
30 minutes à travers une organisation en ligne et cela avec des cadences de
production allant de quelques milliers de bouteilles à plus de 100 000 unités
traitées par heure aujourd’hui.
Le protocole de traitement des récipients sera quels que soient l’importance
et l’encombrement de la machine toujours le même. Ces derniers vont se
déplacer dans l’appareil, logés dans des alvéoles alignées sur des rampes de
Parution : juin 2016

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LAVAGE DES RÉCIPIENTS DITS « RE-REMPLISSABLES » OU CONSIGNÉS _______________________________________________________________________

maintien dont une double chaîne en mouvement en cycle fermé assure le


transfert vers les différents postes de traitement. Ainsi, la rampe d’alvéoles
après avoir reçue sa charge en récipients, va traverser un poste de pré-rinçage,
puis un ou plusieurs bains de trempage contenant des solutions de détergent à
des concentrations et températures définies. Puis arrivant en partie haute de
l’appareil, les rampes se positionnent au-dessus de buses d’injections de solu-
tions détergentes qui traiteront la paroi interne de chaque récipient alors que
d’autres injections traiteront la paroi externe par un effet principal de ruisselle-
ment. Puis les rampes vont passer avec leurs alvéoles au-dessus des injections
de rinçage à l’eau claire suivant un schéma d’utilisation et de récupération
d’eau bien défini et étudié pour limiter la consommation abusive de cet élé-

2 ment. Les températures des bains de trempage et d’injection sont assurées par
des échangeurs de températures situés à l’extérieur ou à l’intérieur de l’appa-
reil, alors que des pompes assurent les injections.
La machine est équipée d’une table d’amener des récipients à laver d’où ils
sont guidés et introduits d’une façon continue, ou discontinue, dans les
alvéoles qui auront été au préalable libérées des bouteilles propres (qu’elles
maintenaient précédemment) sur une chaîne d’évacuation, vers le poste de
conditionnement suivant. Les machines seront toujours équipées de paniers à
étiquettes destinés à rassembler les étiquettes décollées des récipients afin de
les éliminer facilement une fois rassemblées.
Pour contrôler la bonne marche de l’opération de lavage, la machine est
pourvue de manomètres et de thermomètres, alors que pendant tout le pro-
cess, des contrôles périodiques ou continus maintiennent les concentrations
en détergent à des niveaux convenables.
Le lavage des récipients est une opération qui va émettre des rejets
chimiques et thermiques que l’on sait minimiser aujourd’hui.
Le lecteur trouvera un glossaire en fin d’article où sont données les définitions
des principaux termes et expressions techniques du domaine professionnel.

1. Lavage des récipients ainsi que les différents facteurs influençant le lavage, c’est-à-dire
essentiellement le temps, la température et la concentration.

Le lavage des récipients, qui ne concerne que des récipients Les bouteilles revenant de la clientèle sont plus ou moins sales
reremplissables ou consignés, a pour but d’obtenir une surface : intérieurement, selon le circuit commercial qu’elles auront suivi.
Les salissures sont constituées par des résidus de produit contenu
– physiquement propre et donc débarrassée de tout corps
à l’origine, de détritus introduits accidentellement ou par mal-
étranger ;
veillance tels des mégots de cigarettes, il peut s’être formé des
– chimiquement propre et donc exempte de toute trace de corps biofilms, le récipient peut avoir contenu d’autres contaminants
chimique qui aurait pu la souiller, ainsi que toute trace de étrangers très gênants comme de l’essence ou du gasoil qui non
détergent ayant servi au nettoyage ; seulement obligent à rejeter systématiquement le récipient mais
– bactériologiquement pure et donc exempte de germes nocifs également vont polluer les bains de lavage. En Allemagne où la
vis-à-vis, soit des personnes, soit du produit. réutilisation des emballages est très fréquente, on utilise de plus
en plus l’examen en temps réel des récipients avant leur entrée en
laveuse par des nez artificiels qui éliminent ce type de récipient
1.1 Règles à observer contaminé.
Du point de vue légal, une circulaire du ministère de l’Agricul- D’autre part, la grande majorité des récipients traités en laveuse
ture impose un certain nombre de normes pour préserver la santé possèderont encore sur paroi externe une ou plusieurs étiquettes
des consommateurs, afin que ces derniers disposent d’un produit dont la colle utilisée, la qualité du papier et son traitement de sur-
contenu dans une bouteille telle qu’aucun germe pathogène ne face, influencent le fonctionnement de la machine, notamment les
puisse y avoir été apporté et nuire à leur santé. boues formées par des étiquettes en papier de mauvaise qualité
qui risquent d’obstruer les injecteurs et d’influencer négativement
Parallèlement à cet aspect légal, du point de vue commercial, il
le lavage. Le traitement sera d’une intensité variable, mais présen-
importe que l’état de propreté des bouteilles soit tel que le produit
tera toujours le même process suivant un diagramme de temps et
soit à l’abri de toute altération. Des cellules de levure ou des bacté-
de température bien défini :
ries lactiques ne seront pas nocives pour la santé du consom-
mateur, mais rédhibitoires pour la conservation de la bière et – prétrempage ou prérinçage ;
autres boissons. – trempage dans un ou plusieurs bains de détergent ;
À cet effet, il faudra donc considérer les machines utilisées pour – injections successives de solution détergente et d’eau de
le lavage et leurs performances, les fluides de rinçage et détergents rinçage, chaude, puis froide.

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_______________________________________________________________________ LAVAGE DES RÉCIPIENTS DITS « RE-REMPLISSABLES » OU CONSIGNÉS

– le mécanisme de déchargement des bouteilles ;


Deux remarques : – l’extraction d’étiquettes ;
• Remarque 1 – l’évacuation des verres-cassés ;
Le traitement de lavage va consister à traiter les bouteilles – l’injection suivie ou non ;
par deux actions physiques que sont le trempage et les injec- – les générateurs thermiques ;
tions internes aux récipients sous pression (ordre de grandeur – la récupération des calories ;
2 bars) en les alternant et des arrosages des parois externes. – l’isolation thermique ;
Ces trois actions pourront être appliquées à des températures – la régulation de la concentration en détergent ;
importantes : 80 °C et plus. Il importe pour les récipients en – les pompes ;
verre que le traitement thermique soit introduit progres- – les asservissements.
sivement lors de la montée en température, mais également
lors du refroidissement du récipient avant son remplissage,
1.2.2 Exemple de laveuse
2
cela pour éviter le choc thermique.
Le traitement dans une laveuse de bouteilles est relati-
La figure 1 montre en coupe une laveuse Omecal de petit débit
vement long (quelques 10 à 30 minutes suivant qu’il s’agit de
(3 000 bouteilles par heure pour 53 rampes de 10 paniers chacune),
bouteilles de vin ou de bière avec un habillage sophistiqué).
surtout destinée au traitement des bouteilles ayant contenu du vin.
Aussi, les laveuses de bouteilles ont des surfaces au sol
On remarquera, dans ce cas particulier, l’existence d’un brossage
importantes (pouvant dépasser 50 m2) et des capacités de
intérieur des récipients. Peu utilisé de nos jours.
production couvrant une gamme allant de quelques milliers
de bouteilles à l’heure à 150 000 bouteilles à l’heure. Sur une
même machine, la cadence sera toujours ajustée en fonction 1.2.3 Types de configuration des laveuses
de la forme et du volume des récipients traités, et de la géo-
métrie des « paniers » ou alvéoles qui l’équipent. Les laveuses de récipients sont toujours organisées en ligne,
• Remarque 2 suivant deux configurations principales :
Les souillures apportées par les bouteilles en retour de clien- – dans la configuration single-end, l’entrée et la sortie des
tèle sont constituées par des restes de produits d’origine orga- récipients se fait sur un même côté, mais à deux niveaux différents
nique ou minérale, mais également les colles d’étiquetage qui (figure 2) ;
vont souiller les bains de lavage. Mais le danger le plus gênant – dans la configuration double-end, l’entrée et la sortie sont
vient des corps étrangers solides ou liquides ou encore volatils opposées, mais sur un même niveau (figure 3).
apportés par malveillance ou accident par le récipient en retour.
■ Les single-end sont répandues en Europe. La chaîne de trans-
Cela implique la nécessité d’un mirage de la bouteille avant son
lation des paniers travaille en traversant les bains à l’aller et au
remplissage qu’il soit réalisé par un opérateur ou par des
retour. Par contre, les bouteilles sales et propres ne sont pas parti-
machines de contrôle continu automatiques. Les produits vola-
culièrement bien isolées les unes des autres.
tils à odeur et goût persistant justifient pour les éliminer l’utili-
sation de machines de contrôle par nez électronique. Certaines organisations prévoient pour les single-end ; le char-
gement de la laveuse dans un sous-sol, suivi d’une amenée ména-
gée ordonnée à l’étage supérieur pour l’introduction des bouteilles
dans la laveuse. Ainsi, les bouteilles sales étant moins agitées, il y
1.2 Laveuses aura moins de risque de dispersion de contaminant vers la sortie
des bouteilles propres de la laveuse.
L’efficacité d’une laveuse va dépendre du type de récipient à net-
toyer, c’est-à-dire de sa nature, de sa forme, de son volume et de ■ Dans les double-end, la chaîne revient à vide, mais le propre
son état de surface intérieur et extérieur. Elle dépend également : est très bien isolé du sale. Cette configuration est particulièrement
– du degré de salissure du récipient ; utilisée aux États-Unis.
– de son habillage précédent ;
– de la nature et de la concentration des produits de nettoyage
1.2.4 Traitement par injections
utilisés ;
(accompagnantes ou non)
– de leur température d’application ;
– du temps d’application et d’action du produit ; La plupart des laveuses de bouteilles alternent, dans leur pro-
– de la modalité d’application du produit (trempage, injection...). cess de lavage, trempage et injections. Ces injections se pratiquent
toujours dans la partie haute des machines. Les constructeurs
dans leur ensemble, favorisent aujourd’hui le traitement du réci-
1.2.1 Principaux éléments d’une laveuse pient par injection qui, à temps d’application égal et à concen-
Une laveuse est constituée par un grand caisson de tôle ou par tration égale, est plus efficace que le traitement par trempage
des caissons multiples. Ce caisson est divisé en plusieurs bains (jusqu’à 20 fois plus dans le cas d’injections à 2 bars à travers des
dont le nombre est fonction de l’intensité de lavage à obtenir. buses de 2 mm de diamètre).
Si le montage se fait par modules, chaque élément a une fonc- Les injecteurs statiques d’autrefois sont systématiquement rem-
tion bien déterminée si bien que, par un système d’adjonction, on placés aujourd’hui par des injecteurs qui accompagnent le réci-
peut réaliser, à partir d’éléments standards, de nombreux types de pient pendant son trajet dans un secteur localisé de la machine, ce
laveuses. qui a pour avantage de prolonger l’injection, d’une part, et rendre
la précision des injections indépendante de l’usure et de l’élonga-
Une laveuse industrielle comporte les éléments suivants : tion de la chaîne, d’autre part (figure 4).
– le caisson ; Pour les bouteilles plastiques réutilisables, le panier à récipients
– la commande principale et les mécanismes d’entraînement ; est devenu moins important en taille. Un dispositif particulier de
– les chaînes d’entraînement des rampes de paniers pinces permet de maintenir les récipients par le collet de soutien,
porte-bouteilles ; présent sur le col des bouteilles plastiques réutilisables. Les fortes
– les rampes et paniers porte-bouteilles ; pressions d’injection ainsi possibles (jusqu’à 20 bars) permettent
– le mécanisme d’introduction des bouteilles ; de descendre les températures de traitement et les rendre compa-
– les guides de fond ; tibles avec la matière plastique (60 °C au maximum).

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AG6525

LAVAGE DES RÉCIPIENTS DITS « RE-REMPLISSABLES » OU CONSIGNÉS _______________________________________________________________________

Injection Injection
Injection
de rinçage d’eau de ville
de détergent
Brossage Réservoir
intérieur Arrosage de récupération

2
Évacuation

Transport
évacuation

Introduction

Échangeur de chaleur Bain de trempage


Réservoir Dispositif Réservoir Table
Filtre extracteur
de détergent de brosses de rinçage d’accumulation
d’étiquettes

Figure 1 – Vue en coupe d’une laveuse à brosses

Figure 2 – Principe d’une single-end : entrée et sortie des récipients d’un même côté (Crédit KHS)

Figure 3 – Principe d’une double-end : entrée et sortie des récipients aux deux extrémités de la machine (Crédit KHS)

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AG6525

_______________________________________________________________________ LAVAGE DES RÉCIPIENTS DITS « RE-REMPLISSABLES » OU CONSIGNÉS

Remarque
Notons qu’il a existé d’autres systèmes de synchronisation
des injecteurs avec la position de l’orifice des récipients en
lavage, notamment le premier système mis au point par KHS
et qui consistait à mettre un ensemble de système d’injecteurs
sur un tablier et à déplacer ce tablier pendant le transfert des
rangées de récipients et cela pendant une séquence prédéter-
minée, puis de ramener le tablier à sa position initiale pour
une autre séquence.
Le système discontinu nécessite l’arrêt du transfert des
rampes de paniers à chaque séquence.

2
Les injecteurs à balayage proposés par KHS peuvent effec-
tuer, soit un balayage unique de l’intérieur du récipient
(figure 6), soit avec le système cross flow un balayage com-
plémentaire de la surface externe du récipient (figure 8). Les
Figure 4 – Principe d’injections accompagnant des récipients figures 7 et 9 précisent la position des injecteurs sur les
pendant leur transfert dans la machine (Crédit Crown Cork) rampes et leur position à l’intérieur, en partie haute à l’inté-
rieur du caisson de la laveuse du caisson.
Les tubes collecteurs de solution d’injection alimentent les injec-
teurs oscillants, l’oscillation étant commandée par le pignon Par le passé, le contrôle du lavage des récipients commençait
d’entraînement de la chaîne de transfert accompagnant dans leur toujours par un contrôle visuel de l’alignement des orifices des
déplacement les récipients dans leurs godets (figure 5). récipients avec l’orifice des injecteurs. Ce contrôle n’était pas facile
L’action est d’autant plus efficace que l’on peut profiter d’une car la buée, condensée sur les fenêtres ménagées à cet effet sur la
courbe du trajet pour réaliser l’injection. laveuse, venait gêner la vision.

Ce système rend l’injection non tributaire de l’élongation de la chaîne au cours du temps.

Figure 5 – Mécanisme d’orientation du jet commandé par le déplacement de l’alvéole contenant le récipient (Crédit Krones)

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2

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AG6526

Lavage et désinfection du fût


dit « de brasserie »

par Pierre MILLET

2
Ingénieur ENSAIA EBN – École nationale supérieure d’agronomie et des industries alimen-
taires de Nancy
Ancien directeur technique de brasserie industrielle
Professeur associé à l’ENSAIA dans le département brasserie-boissons

1. Le fût........................................................................................................ AG 6 526 - 2
1.1 Aspects technologiques du fût de brasserie ......................................... — 2
1.2 Évolution du fût de brasserie.................................................................. — 2
1.2.1 Trois directions majeures ............................................................. — 2
1.2.2 Transports et manutentions ......................................................... — 4
2. Accessoires d’utilisation des fûts à PI........................................... — 4
3. Organisation du lavage et du remplissage des fûts à PI .......... — 5
4. Contraintes spécifiques du lavage des fûts à PI......................... — 6
5. Divers traitements de nettoyage ..................................................... — 7
6. Remplissage........................................................................................... — 11
7. Cadences ................................................................................................ — 12
8. Tendances actuelles sur l’évolution du fût de brasserie .......... — 12
9. Conclusion ............................................................................................. — 13
10. Glossaire ................................................................................................. — 13
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. AG 6 526

e fût de brasserie est un emballage primaire reremplissable dont la carac-


L téristique principale est de pouvoir supporter des pressions internes
importantes. Avant d’être fabriqué en acier inoxydable, il le fut en bois, puis en
métal revêtu d’un enduit protecteur avec un profil biconique caractéristique du
tonneau.
Aujourd’hui, le fût de brasserie a opté pour une forme cylindrique en inox
qui a facilité la mécanisation des manutentions (transferts sur machines de
conditionnement, palettisation). La généralisation de l’acier inoxydable dans la
fabrication de ce fût a autorisé d’autres utilisations hors brasserie, que ce soit
avec des liquides plats comme le vin, ou gazeux comme les limonades et les
sodas.
Pratiquement, en même temps que la forme cylindrique, on a généralisé
avec les fûts de brasserie, le plongeur incorporé placé à demeure sur le réci-
pient et à travers lequel toutes les différentes opérations du conditionnement
sont effectuées :
– lavage ;
– stérilisation ;
– remplissage ;
– débit chez le cafetier.
Ce type de fût a été introduit en brasserie en France au début des années
Parution : janvier 2017

1960, alors qu’il avait pris naissance en Angleterre. Pour le brasseur français, il
présentait l’espoir de clore a tout jamais la querelle sur la qualité de la bière

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AG6526

LAVAGE ET DÉSINFECTION DU FÛT DIT « DE BRASSERIE » __________________________________________________________________________________

débitée qui a toujours existé entre le brasseur et le cafetier qui débitait sa bière
au tirage pression.
En effet, avec les fûts à plongeur incorporé, la bière revient à la brasserie
sous pression de gaz carbonique et en vase clos hermétique, ce qui devait per-
mettre au brasseur de constater la validité de la réclamation. Très vite, on s’est
rendu compte que cet avantage apparent n’en était pas un, vu le nombre de
fûts en retour croissant au début de la mise en œuvre de cet emballage car, de
part la structure même du fût, le nettoyage parfait était impossible. Mais,
comme par ailleurs l’emballage présentait d’autres avantages, surtout du point
de vue des manutentions, de la palettisation et de son traitement sur machine,
le brasseur persévéra pour aujourd’hui, utiliser une technique de nettoyage

2 imparfaite certes, mais qu’un matraquage thermique rend efficace.


Toutefois, des améliorations importantes ont été apportées à la fois à la
construction en diminuant le nombre de soudure, source d’accrochage de
salissures sur sa paroi interne, et aux techniques de lavage et de choix de
détergents. Aujourd’hui, les plongeurs utilisés sont de deux types :
– à plateau ;
– à cuvettes.
Ils nécessitent pour être utilisés chez le cafetier des organes (têtes de débit)
d’utilisation facile et spécifiques à chaque type et à chaque constructeur. Les
différentes fonctions du conditionnement des fûts à plongeur incorporé (PI)
peuvent être réalisées suivant la cadence sur une seule machine ou sur plu-
sieurs. Le traitement d’un fût dure environ 5 min, mais la fonction
« remplissage » utilise seulement 1 min pour un fût de 50 L traité. Les
machines de conditionnement des fûts sont organisées en ligne ou carrousel.

1. Le fût nomme « KEG », qui peut être utilisé avec un plongeur incorporé.
Ce fût est réalisé en métal et possède une forme cylindrique.

1.1 Aspects technologiques du fût 1.2 Évolution du fût de brasserie


de brasserie 1.2.1 Trois directions majeures
Le fût de brasserie est un emballage primaire consigné de Elle a suivi trois directions.
grande contenance (plusieurs dizaines de litres). Il a été fabriqué
en métal dés que le bois a été proscrit de sa fabrication. Il a alors ■ D’abord offrir un substitut à l’emploi du bois naturel
existé des fûts à bière en acier poissé, en aluminium, ou en inox, Cette première direction a eu pour mission de substituer au bois
de forme biconique pour rappeler le tonneau en bois de nos traditionnel, représentatif de l’idée que l’on se fait du tonneau, un
ancêtres. Il est aujourd’hui exclusivement fabriqué en inox AISI 314 matériau moins lourd et hygiénique, facilement nettoyable, résis-
ou, en moindre quantité, en inox AISI 316. tant à l’action des détergents et à la corrosion, donnant aussi
toutes les garanties d’étanchéité, de conservation de la boisson et
Ce fût métallique a adopté la forme cylindrique pour faciliter la de résistance à des pressions importantes à l’intérieur du récipient
mécanisation des opérations, sa fabrication, son conditionnement pendant son utilisation ou son stockage.
et sa palettisation. En France, il est décliné dans des volumes de
20, 30, et 50 L, et est susceptible de supporter des pressions impor-
tantes de l’ordre de 6 à 7 bar. Remarque
Le fût en bois ou a merrains utilisé en brasserie était un réci-
Le fût à bière est également utilisable pour tous types de pro- pient formé de douves en bois de chêne, leur épaisseur variait
duits débitables à la pression pour une consommation hors selon la carbonatation de la bière. Pour les bières dont la carbo-
domicile : vin, limonade, cidre. natation se situe entre 4,5 et 5 g/L de CO2 , le fût était de type
Il faut noter, cependant, que l’on peut rencontrer sous la déno- pression et l’épaisseur des merrains utilisés sera de 40 à
mination de « mini-fût » ou « fût-partie » des récipients plus petits 50 mm . Pour les bières carbonatées à moins de 4 g/L en CO2 , le
(environ 5 L) destinés à la consommation au domicile à l’occasion fût sera dit demi-pression et aura des épaisseurs de 30 à 32 mm.
d’événements festifs ou de réunions conviviales. Ce type de condi- Ce type de fût présentait des qualités incontestables d’isola-
tionnement nécessite un équipement spécial à mettre en place tion et de robustesse, mais il était lourd et encombrant, d’un
chez le consommateur et qui peut être très simple, ou plus éla- poids important de 35 kg pour un fût de 50 L, alors que le fût
boré, rejoignant alors la mini-station de tirage pression commer- inox d’aujourd’hui pèse de l’ordre de 6 kg selon la technique
cialisée en grande surface. de fabrication et les différents constructeurs.
Autrefois, il existait également des fûts de 200 L en bois qui,
Le fût à bière et autres boissons a connu, au cours du temps,
eux, pesaient vides plus de 100 Kg.
une évolution qui a conduit à la généralisation du fût que l’on

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AG6526

___________________________________________________________________________________ LAVAGE ET DÉSINFECTION DU FÛT DIT « DE BRASSERIE »

Le fût en bois était d’une étanchéité douteuse et d’un volume


susceptible de varier au cours du temps. Il devait aussi être arrosé Épaisseur Dureté Épaisseur Dureté
en période de stockage, régulièrement pressionné, cerclé et poissé, (en mm) HV 10 (en mm) HV 10
ce qui occasionnait des faux goûts de poix dans la bière débitée
(surtout quand on renouvelait la poix dans les machines de pois- 1,40 220
sage et qu’on ne la laissait pas suffisamment fuser). 1,40 220
1,73 305 1,38 220
Ces fûts étaient de plus peu aisément manutentionnables, et la 1,37 230
livraison chez le cafetier demandait pour les plus gros débits des
1,43 240
équipement spécifiques sur les véhicules de transport et des amé-
nagements pour accéder aux caves des débitants. 1,47 280
À l’époque, le maître tonnelier était le personnage le plus impor-
1,55 340
tant dans une brasserie après le maître brasseur.

2
1,63 350
Avant la disparition du fût en bois, on utilisé un fût composé de
douves en lamelles de bois stratifiées et bakélisées, plus léger que le
fût en bois. Mais, au cours du temps, des lamelles se défaisaient les
unes des autres, se fissuraient et rendaient le fût très difficilement
lavable et peu hygiénique. C’est pour obtenir une désinfection satis-
faisante que fut introduit avec le lavage de ces fûts l’utilisation de 1,73 305
détergents oxydants. Ce fût a été rapidement abandonné.
■ Satisfaire les besoins d’ergonomie commerciale
La deuxième direction s’inscrit dans le cadre de la limitation des Figure 1 – Variation des épaisseurs de la tôle dans un fût à bière
contraintes ergonomiques pour obtenir un récipient relativement (Crédit Portinox)
léger, manutentionnable en toute sécurité lors de sa livraison et
son installation sur les lieux de débit. C’est ainsi que, tout au
moins en ce qui concerne la France, la capacité des fûts est limitée • Les épaisseurs utilisées sont variables suivant le fabri-
à 50 L, alors que, dans le passé, existaient des fûts en acier poissé cant, et se situent dans une fourchette allant de 1,5 à 2,5 mm. Sur
de 200 L (voire plus), le fût pesait déjà 84 kg à vide. Cela nécessi- un même fût, on rencontrera des variations d’épaisseurs qui pro-
tait, pour sa mise en place chez le débitant, plusieurs manutention- viennent de l’étirage du métal pendant l’emboutissage (figure 1).
naires et une installation spécifique à demeure faite de treuils et de
rampes de glissement ou « poulain ». • Si, par le passé, on a construit des fûts cylindriques en inox,
en trois pièces soudées, aujourd’hui la construction à partir de
■ Répondre aux nécessités croissantes d’automatisation deux coquilles soudées obtenues par emboutissage pro-
La troisième direction satisfait aux impératifs techniques indus- fond s’est généralisée aussi bien pour les fûts cylindriques que
triels qui ont permis la réalisation d’installations de conditionne- pour les biconiques, tous les deux sont alors équipés de galeries
ments mécanisées et automatisées mettant à la disposition de la rapportées par soudure sur les fonds du récipient (figure 2).
distribution des unités palettisées, datées et identifiables.
• Le fût de brasserie destiné à la consommation hors • Le nombre de soudures présentes sur un fût est en
domicile est un emballage « reremplissable » et, de ce fait, relation directe avec sa nettoyabilité et sa solidité. En effet,
soumis à la pratique de la consignation. Pour son débit à la pres- on remarque que c’est au niveau des soudures que vont s’accro-
sion, il nécessitera la présence d’un plongeur, soit amovible après cher préférentiellement les salissures. Aussi, un soin tout particu-
chaque utilisation (PA), soit en place à demeure sur le fût. Dans ce lier a été apporté à la soudure d’assemblage des deux coquilles
dernier cas, on parlera de fût à plongeur incorporé (PI). qui utilise un procédé de soudage au plasma assurant une soudure
sans pore et sans fissure.
• Il possédera toujours un (ou plusieurs) orifice(s), mais
l’un d’entre eux est suffisamment large (diamètre voisin de
50 mm) pour permettre un remplissage rapide lorsque le fût est De plus, les fûts en deux pièces sont plus résistants que
conditionné pour être utilisé avec un plongeur amovible et, de ce ceux en trois pièces à épaisseurs égales. La soudure de la
fait, bouché après son remplissage avec un bondon, ou bien sur bonde demande également un soin particulier.
cet orifice est placé à demeure un plongeur qui ne quittera plus
jamais le récipient pendant toutes les opérations successives aux- Ajoutons que, de la qualité des soudures réalisées pour fixer
quelles il sera soumis, c’est-à-dire : lavage, stérilisation, remplis- les galeries des fûts dépend leur résistance aux chocs et aux
sage à la brasserie et vidange dans les CHR (café, hôtel, chutes.
restaurant), et cela à chaque rotation de l’emballage. Plus la surface de supportage de la galerie sur le
corps du récipient est importante et la soudure plus
• Le fût cylindrique en acier inoxydable est pratiquement grande, meilleure sera cette résistance aux chocs et
le seul qui soit fabriqué aujourd’hui, les autres formes et aux brutalités.
matériaux ayant été abandonnés, tout au moins en France.
• L’acier inoxydable généralement utilisé répond le plus
souvent à la norme AISI 304. Cette nuance est suffisante pour Les fûts cylindriques ont des dimensions normalisées. Si cette
l’acidité tamponnée de la bière (pH 4,2), mais interdit l’utilisation normalisation diffère encore aujourd’hui suivant les pays utilisa-
de produits chlorés pour le nettoyage et la désinfection du réci- teurs, à l’intérieur d’une même norme, le diamètre hors tout du fût
pient. Parfois également, seront utilisés des aciers de la nuance sera le même, quel que soit le volume du récipient qui, de ce fait, ne
AISI 316, ce qui les rend encore plus résistants aux agents varie que par sa hauteur. Cela facilite grandement la palettisation.
chimiques et aux liquides alimentaires très agressifs comme les
sodas et les limonades. On distingue ainsi l’Euro KEG utilisé en France caractérisé par un
diamètre de 408 mm extérieure, seule la hauteur du fût varie d’une
• Les tôles d’inox utilisées pour la fabrication des fûts à capacité à une autre. L’US KEG utilisé aux États-Unis, et le DIN
bière sont laminées à froid pour leur donner un poli compatible KEG utilisé en Allemagne ont chacun des normes dimensionnelles
avec les critères d’alimentarité et de nettoyabilité. spécifiques.

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LAVAGE ET DÉSINFECTION DU FÛT DIT « DE BRASSERIE » __________________________________________________________________________________

535
535
2

408 408

a fût inox 50 L, assemblage par soudure b fût inox 50 L, assemblage par soudure de 2 fonds
de 2 coquilles embouties, 1 soudure bombés avec virole formée à partir d'une tôle
rectangulaire, 3 soudures

Figure 2 – Schéma d’assemblage du corps d’un fût cylindrique à une ou trois soudures avec mise en évidence des galeries

1.2.2 Transports et manutentions bouteilles et réservées à une clientèle marginale dont la consom-
mation était limitée. C’est ce qui a fait évoluer les volumes des fûts
■ En Allemagne et fait apparaître en France le fût de 20 L.
Pour des contenances au-delà de 30 L, on produit (et on utilise) La manutention au sol des fûts se fait sur des convoyeurs à rou-
souvent des fûts recouverts de mousse isolante de polyuréthane leaux, ou à chaîne, comme pour le transport des palettes ou des
pour un service au café. Le fût est ainsi rendu plus hygiénique (il caisses. Mais, on a introduit parfois des convoyeurs à chaîne à
reste frais longtemps après sa sortie de la brasserie), plus résistant palette en 190 mm de large à double charnière pour un convoyage
aux chocs, et offre une vaste surface publicitaire. avec changement de direction par glissement.
Il ne semble pourtant pas avoir intéressé le brasseur français.
Son prix décourage certainement, mais ce n’est pas le seul facteur
qui a fait repousser son utilisation.
■ En France 2. Accessoires d’utilisation
En effet, quand on y examine les sites de production de bière, on
remarque qu’ils sont concentrés dans le Nord et l’Est du pays,
des fûts à PI
alors que la consommation est nationale. Ce qui oblige la mise en
place de systèmes de distribution spécifiques que sont les entrepo- Les accessoires incontournables du fût de brasserie à PI
sitaires grossistes chez lesquels le fût va séjourner plusieurs jours sont :
avant d’être livré au cafetier. Le calorifugeage devient alors super- – le plongeur, qui va permettre le débit du contenu du récipient
flu et la manutention sur palette réduit le risque de détérioration chez le cafetier et les opérations de conditionnement à la
du récipient à sa seule mise en place chez le cafetier. brasserie ;
La situation est différente en Allemagne où de nombreuses bras- – la tête de débit, à demeure chez le débitant qui va permettre
series délivrent leurs fûts en direct, et dans un rayon de quelques de brancher le récipient sur l’installation de tirage en la reliant à la
dizaines de km. colonne de tirage et à la source de gaz carbonique de maintien de
■ Dans les variantes des fûts inox la carbonatation et de pousse de la bière dans le circuit.
Nous citerons pour mémoire les containers pour soft drink. Prin- Dans un passé récent, le fût était livré clos par un bondon vissé
cipalement utilisés pour le conditionnement de sirops, ou de sur son anneau de bonde, l’étanchéité se faisant alors par une toile
concentrés destinés à la constitution sur le lieu de débit de bois- paraffinée, ou plus tard un joint torique. Ce bondon était percé en
sons carbonatées ou non, ils sont de forme très allongée et pos- son centre et cette ouverture était fermée, soit par un bouchon en
sèdent une ouverture très large obturante par une fermeture liège, soit par une capsule couronne si le bondon possédait à son
interchangeable que l’on bloque par un système à étrier. Sur la extrémité un profil de bague couronne. Ces obturateurs étaients
partie supérieure du récipient sont posées les soupapes de débit. expulsés dans la bière lors de la mise en perce du fût par un plon-
geur amovible.
Ajoutons que la tendance est à la diminution des volumes de la
fûtaille. Cela pour satisfaire le souci du brasseur qui voudrait que Le plongeur est positionné à demeure sur le fût, la tête de débit
son fût ne reste en perce chez le débitant, au mieux une journée, et est détenue par le cafetier et la pièce destinée au lavage est fixée
au pire une semaine. Or, surtout depuis quelques années, on a vu dans le local de débit ; cette pièce a le profil d’une tête de plongeur
se diversifier le goût de la clientèle et apparaître les bières de spé- et est reliée a un conduit d’eau de rinçage (les pièces de lavage
cialité en fût qui, jusqu’alors, étaient conditionnées uniquement en sont représentées figure 3a et 3b en haut et à gauche des figures).

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Mécanismes de la détergence :
produits, méthodes, évaluations
et contrôles

par Pierre MILLET 2


Ingénieur ENSAIA EBN École nationale supérieure d’agronomie
et des industries alimentaires de Nancy
Ancien directeur technique de brasserie industrielle et professeur associé
à l’ENSAIA dans le département brasserie-boissons

1. Étude des détergents et leur mode d’action ................................. AG 6 527 - 2


1.1 Facteurs d’optimisation du process de lavage ....................................... — 2
1.2 Qualités d’un détergent ............................................................................ — 2
1.3 Principales caractéristiques exigées d’un détergent utilisé
en lavage de récipients............................................................................. — 3
1.4 Contrôle du lavage et de la désinfection................................................. — 3
2. Différents types de détergents ......................................................... — 4
2.1 Détergents alcalins.................................................................................... — 4
2.2 Détergents acides...................................................................................... — 6
2.3 Détergents oxydants................................................................................. — 8
2.4 Nettoyants enzymatiques......................................................................... — 8
2.5 Produits composés ................................................................................... — 8
2.6 Agents de surface ou tensio-actifs utilisés en association
avec un agent agressif.............................................................................. — 8
3. Mécanisme de la détergence ............................................................. — 9
4. Évaluation chiffrée de la détergence............................................... — 9
4.1 Unités de lavage........................................................................................ — 9
4.2 Formulaire Boudier-Berlottier .................................................................. — 10
5. Analyse et conclusions de l’étude Pochard................................... — 10
5.1 Constats et conséquences de l’utilisation de détergents ...................... — 10
5.2 Évolution des facteurs conditionnant le lavage ..................................... — 11
5.3 Analyse et évolution des différents paramètres..................................... — 12
5.4 Remarque sur l’entartrage des surfaces lors du lavage
des récipients ............................................................................................ — 13
5.5 Qualité du lavage en fonction du nombre de bouteilles lavées
par m3 de solution .................................................................................... — 14
5.6 Bilan des différents études menées ........................................................ — 14
6. Tour d’horizon des différents traitements proposés .................. — 15
7. Chloration................................................................................................ — 16
8. Conclusion............................................................................................... — 17
9. Glossaire .................................................................................................. — 17
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. AG 6 527

e lavage et la désinfection des bouteilles reremplissables s’inscrivent dans


L le cadre général de l’hygiène dans l’industrie alimentaire et du nettoyage
industriel et cela nécessite la mise en service de matériels, souvent très
Parution : janvier 2017

encombrants et mécanisés, mais également l’utilisation de consommables que


sont les détergents et les antiseptiques. Cela afin d’obtenir une action physique

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MÉCANISMES DE LA DÉTERGENCE : PRODUITS, MÉTHODES, ÉVALUATIONS ET CONTRÔLES _______________________________________________________

et une action chimique qui, combinées à une action thermique, permettront


d’obtenir des récipients compatibles avec l’hygiène alimentaire.
C’est ainsi que, lors du lavage des récipients, sont mis en œuvre cinq fac-
teurs essentiels que sont :
– les détergents ;
– leur température d’utilisation ;
– la durée d’application du traitement ;
– une action mécanique principalement réalisée lors d’injections internes ou
externes sous pression avec vidange simultanée lors de cette opération.
Le lavage se terminera toujours par un rinçage final à l’eau claire, potable ou

2 stérile, chlorée le plus souvent.


Le lavage doit être contrôlé en sortie de laveuse par un mirage des réci-
pients, ce mirage, autrefois réalisé par un ou plusieurs opérateurs, l’est
aujourd’hui par des machines appelées mireuses qui, en temps réel, effectuent
le contrôle sur tous les éléments traités. Ce contrôle va jusqu’à utiliser des
machines dites « sniffer » ou « nez artificiels » susceptibles de détecter des
odeurs suspectes. Toutefois, le contrôle continu demande à être confirmé de
façon ponctuelle et aléatoire par un contrôle physicochimique par prélèvement
et traitement d’échantillons sur la chaine de conditionnement.
Les détergents utilisés lors du traitement seront alcalins, acides, oxydants ou
enzymatiques associés à un tensio-actif.
De nombreux auteurs ont étudié le mécanisme de la détersion appliquée au
lavage des bouteilles et ont proposé des évaluations chiffrées de cette opéra-
tion. D’autres ont pu définir les conditions d’utilisation optimales des bains
détergents afin de prolonger leur durée de vie avant leur renouvellement et
l’élimination des bains usés riches en salissures d’origine minérale (par
exemple, l’aluminium en provenance des étiquettes et de stanioles) et ou orga-
nique. De par ces rejets thermiques et chimiques, le lavage des récipients
reremplissables est une opération polluante pour l’environnement.
On a pu mettre en évidence une zone particulièrement dangereuse dans une
laveuse de bouteilles, celle dite du « bac d’eau tiède » située à la rencontre des
zones de rinçage et d’injection détergentes sur la machine de lavage.
La chloration est très préférentiellement utilisée lors du rinçage final sur les
laveuses de bouteilles. L’utilisation de chlore demande certaines précautions
pour optimiser son efficacité, notamment un temps d’action suffisant avant
que le récipient lavé soit rempli.

1. Étude des détergents II faut toujours un équilibre entre ces cinq facteurs pour trouver
le bon compromis entre l’efficacité et le moindre coût.
et leur mode d’action
1.2 Qualités d’un détergent
1.1 Facteurs d’optimisation du process Un détergent doit toujours posséder un certain nombre de
de lavage qualités :
– un pouvoir mouillant : c’est celui qui abaisse la tension
Le lavage des récipients dépend de cinq facteurs essentiels : superficielle de la solution et lui permet de se glisser dans les
– la nature et la concentration des solutions de détergent mises moindres fissures de la paroi du récipient et sous les salissures qui
en service ; y adhèrent afin de permettre alors leur détachage. Une bonne ten-
– la température de ces solutions ; sion superficielle de solution doit être comprise entre 40 et 45
– la durée de contact du récipient et des solutions ; dynes, sachant que l’eau a une tension superficielle de 75 dynes ;
– l’action mécanique provoquée par les injections, le mouve- – un pouvoir émulsifiant et dispersant ;
ment des pièces déplacées dans la machine, et les courants créés – un pouvoir rinçant ;
par les pompes de déluge destinés à l’élimination et au véhiculage – un pouvoir séquestrant ou chélatant, c’est-à-dire la capa-
des étiquettes des bouteilles jusqu’aux extracteurs à tamis ; cité des solutions détergentes à séquestrer la dureté de l’eau
– le pourcentage relatif du traitement en injection et en trem- (essentiellement due aux ions calcium et magnésium) ;
page. – un pouvoir antiseptique ou bactéricide.

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_______________________________________________________ MÉCANISMES DE LA DÉTERGENCE : PRODUITS, MÉTHODES, ÉVALUATIONS ET CONTRÔLES

1.3 Principales caractéristiques exigées ■ Des techniques de mesure de la DCO et COT existent pour
rendre compte des salissures organiques
d’un détergent utilisé en lavage
de récipients Actuellement, une recherche est en cours afin, de définir, d’un
point de vue physico-chimique, l’état de propreté et qui permettra
Les détergents utilisés pour le lavage des récipients alimentaires de réaliser un capteur donnant le signal de l’arrêt du nettoyage et
ont presque toujours comme agent principal un élément à sque- de la désinfection quand il ne sera plus utile de poursuivre le net-
lette alcalin. La soude, le carbonate de sodium et la potasse ont toyage. Les différentes techniques testées aujourd’hui (dont le
une part prépondérante dans la formulation des spécialités pré- contrôle de la DCO et l’ATP-métrie) ne sont pas totalement satisfai-
sentes sur le marché. santes.
II faut y ajouter les silicates et les phosphates qui jouent un rôle Il semblerait qu’aujourd’hui des mesures photométriques de
anticorrosif, tampon et séquestrant. Le pH des solutions alcalines l’absorption de lumière ultraviolette à 254 nm en continu donne-
doit se situer au-delà de 13 et correspondre à une concentration en raient un bon aperçu du COT et de la DCO.
alcalin de 0,5 % au minimum, à 3 % au maximum. En effet, au-des-
sus de cette concentration, il y aurait un risque de saponification
des matières grasses contenues dans le bain et amenées par les
1.4.2 Contrôle en continu du lavage
et de la désinfection
2
salissures, ce qui provoquerait une mousse non souhaitée dans le
process et des dépôts de savon sur les récipients lavés. Lors du lavage en machine des récipients, il existe, depuis plu-
De plus, quand la laveuse doit traiter des récipients avec des éti- sieurs années, des machines de contrôle en ligne qui, en temps
quettes avec surface en aluminium ou aluminisées, il faut mainte- réel, permettent :
nir une alcalinité suffisante dans les bains (surtout après la période – de vérifier :
de refroidissement qui suit l’arrêt de la laveuse) pour éviter la pré- • l’état de propreté des parois des récipients transparents,
cipitation de l’aluminium sous forme d’hydroxyde d’aluminium
• la présence ou non de liquide résiduel,
puis d’alumine, tous deux incrustants. Avec la soude, l’aluminium
forme de l’hydrogène à caractère explosif. • la présence de corps étranger dont les bris de verre ;
– de détecter la présence de produits aromatiques anarchiques
présents dans le récipient avant le remplissage ;
Notons que, dans certains cas particuliers comme le lavage – d’éliminer les récipients non conformes.
des bouteilles en verre ayant contenu de l’eau minérale et le
lavage des fûts a plongeur incorporé, on pourra utiliser seul, ou Ce type de contrôle met en jeu :
associé alternativement avec un alcalin, un détergent acide. – des caméras CCD ;
– l’évaluation de l’absorption dans l’infrarouge ;
– des lasers ;
1.4 Contrôle du lavage – des capteurs renifleurs ou nez artificiels.
et de la désinfection ■ Principe de la détection laser
1.4.1 Principaux tests courants en contrôle discontinu CIB LASER de Saint GOBAIN cinématique et contrôle
offre une série de vérifications résumée au tableau 1 et dont le
■ Les principaux tests sont : principe est schématisé à la figure 1.
– le contrôle microbiologique des eaux de derniers rinçages ■ Autres types de détection et procédés couramment mis
en fin de lavage ; en place
– le contrôle par frottis et écouvillonnage des surfaces,
repris par un liquide dont on a abaissé la tension superficielle et Les figures 2 et 3 concernent les unités d’inspection de la
neutralisé le chlore éventuel, puis exploité sur membrane et milieu mireuse Lina tronic de Krones (tous ces contrôles représentés sur
spécifique ; les figures 2 et 3 sont réalisés à la suite sur une même machine en
– la recherche du sucre par la méthode de Molish ; elle per- carrousel).
met de déceler 0,5 mg de sucre/litre de liquide ;
– la recherche des matières organiques par mesure de
l’oxygène cédé à chaud par le permanganate de potasse en
Tableau 1 – Nature des contrôles effectués
milieu alcalin, elle permet de déceler 0,3 mg/L d’oxygène combiné.
Le contrôle continu de la recherche des matières organiques met Grâce au balayage du rayon laser de
en œuvre l’ATP-métrie et la turbidimétrie (test peu fiable encore Inspection intégrale
∅ 1 mm à travers les parois du fond, du
actuellement) ; des bouteilles pour
corps et de la bague, tous les corps
– le test à la fuchsine qui contrôle la propreté des bouteilles la détection des
étrangers, salissures, fissures, balançoires,
après lavage en sortie de laveuse, et utilise un réactif spécifique, le salissures et corps
même de petites dimensions, sont détectés
réactif de Czabriswki. étrangers
avec une haute fiabilité
Un traitement spécial du signal
Encadré 1 – Composition du réactif de Czabriski électronique résultant du passage du rayon
Inspection de la laser sur la bague permet de détecter les
10 g de fuchsine basique + 5 ml de phénol. Agiter lentement qualité de bague ébréchures les plus fines, même pour des
et ajouter 50 ml de glycérine. Bien mélanger, puis ajouter hauteurs de bouteilles variables sur
100 ml d’eau fraîchement distillée. 25 mm
Le test à la fuchsine consiste à prélever 2 ml de réactif et à les Un nouveau système infrarouge à
reporter complètement sur la paroi interne d’une bouteille fraî- absorption permet de détecter à 100 % les
chement lavée. Rincer ensuite abondamment, mais sans tur- Inspection du restes de liquide de lavage à partir de
bulence jusqu’à complète disparition du colorant. Les traces de liquide résiduel 2 mm de hauteur, quels que soient les
salissures organiques ou minérales restent colorées en rouge. changements de coloration, ou l’épaisseur
Sur verre teinté, on peut aider l’observation par une lampe. des fonds

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MÉCANISMES DE LA DÉTERGENCE : PRODUITS, MÉTHODES, ÉVALUATIONS ET CONTRÔLES _______________________________________________________

5
3

J
2

1
G

2
6
H K
β
Le rayon du laser hélium/néon, de puissance 5 mW dirigé sur un disque polygonal « H » garni de
miroirs et tournant à grande vitesse, est réfléchi en balayant un angle β. Il frappe successivement, au
cours de son déplacement,
les miroirs 1, 2, 3, qui assurent le balayage du corps de la bouteille, puis le miroir 4 qui, relayé par le
miroir 5, assure le balayage du fond.
Deux matrices de réception « J » et « K » garnies de diodes photosensibles reçoivent la lumière
résiduelle après traversée respective des parois latérales et du fond de la bouteille. Ces matrices sont
suffisamment larges pour recevoir la plus grande partie de la lumière diffusée par les parois.
Les signaux électriques enregistrés sont analysés à tout instant suivant 2 principes complémentaires.
À noter que la présence de la courroie « G » contre la bouteille ne gêne pas le contrôle à ce niveau,
grâce à l’action conjuguée de 2 balayages sous incidences différentes. C’est en effet sur la paroi
opposée à la courroie que s’effectue le contrôle ; la 2e paroi joue un rôle insignifiant.

Figure 1 – Principe de la mesure (crédit Saint Gobain)

■ Autres types de détections spécifiques – des détergents oxydants ;


Se reporter aux figures 4 et 5. – des détergents enzymatiques ;
– des produits composés réalisant le nettoyage et la désinfec-
tion.
Remarque Un détergent est un produit qui, en solution et à une concentra-
Le principe de la mesure est différent suivant la classe de tion convenable, participe à l’élimination des salissures présentes
produits recherchés, mais la mesure est effectuée après que le sur une surface sans toutefois prétendre stériliser cette surface. On
gaz résiduel présent dans le récipient à contrôler ait été aspiré, classe les détergents suivant leurs caractéristiques chimiques. On
puis contrôlé par un capteur adéquat avant d’être comparé rencontre différents types de détergents ayant des caractéristiques
éventuellement à une base de données. chimiques différentes et des modes d’action spécifiques.
On distinguera ainsi :
– les détergents alcalins (§ 2.1) ;
– les détergents acides (§ 2.2) ;
2. Différents types – les détergents oxydants (§ 2.3) ;
– les nettoyants enzymatiques (§ 2.4) ;
de détergents – les produits composés (§ 2.5) ;
– les agents de surface ou tensio-actifs (§ 2.6).

Détergents ou détersifs – Se dit d’un produit permettant


d’éliminer d’un milieu solide les salissures qui y adhèrent par 2.1 Détergents alcalins
leur mise en suspension ou en solution. Il s’agit d’un composé
chimique à réaction alcaline ou acide présentant un pouvoir Ils vont éliminer les salissures d’origine organique et doivent
mouillant utilisé dans le domaine du nettoyage. être associés à des tensio-actifs.
■ Soude caustique NaOH
Les détergents acides ont la propriété de pouvoir laver des réci- Poids moléculaire = 40
pients ayant contenu du CO2 sans avoir besoin d’éliminer ce gaz Point de fusion = 318 °C
avant lavage. Un détergent acide sera apte à éliminer les salissures Point d’ébullition = 1 390 °C
de nature minérale, tandis qu’un détergent alcalin sera performant Densité = 2,130
vis-à-vis des salissures de nature organique. Solubilité dans l’eau à 0 °C = 42 g/100 cc
Mais la panoplie des détergents présents sur le marché n’est pas Solubilité dans l‘eau à 100 °C = 349 g/100 cc
limitée aux seuls détergents acides ou alcalins. On rencontrera C’est le principal composant des détergents alcalins forts. En
également : solution à 1 %, la soude a un pH de 13, c’est un composé instable

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AG6528

Liquides alimentaires – Rinçage


des emballages primaires

par Pierre MILLET


Ingénieur ENSAIA EBN – École nationale supérieure d’agronomie et des industries alimen-
taires de Nancy
Ancien directeur technique de brasserie industrielle
2
Professeur associé à l’ENSAIA dans le département brasserie-boissons

1. Rinçage des récipients dans le processus de nettoyage .......... AG 6 528 - 2


1.1 Principes du traitement ........................................................................... — 2
1.2 Déroulement du traitement..................................................................... — 2
2. Fonctionnement d’une rinceuse en ligne ...................................... — 3
3. Fonctionnement d’une rinceuse en carrousel.............................. — 4
3.1 Rinceuse MFL de Perrier ......................................................................... — 4
3.2 Rinceuse Variojet de Krones (Allemagne) ............................................. — 4
3.3 Rinceuses en carrousel de KHS .............................................................. — 6
4. Variante importante dans le processus d’injections ................. — 7
4.1 Rinceuse à air ionisé................................................................................ — 4
4.2 Rinceuse utilisant de la vapeur surchauffée.......................................... — 7
5. Différentes possibilités d’injection d’eau de vapeur
d’air ionisée de solutions désinfectante et d’égouttage .......... — 7
5.1 Rejet d’eaux usées industrielles (normes françaises)........................... — 7
6. Conclusion ............................................................................................. — 7
7. Glossaire ................................................................................................. — 11
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. AG 6 528

i le lavage est peu pratiqué aujourd’hui en France où l’emballage perdu


S est généralisé, il reste important dans d’autres pays comme l’Allemagne
qui pratiquent une politique écologique sévère. Le rinçage comme opération
unique de traitement hygiénique des récipients destinés à contenir des liquides
alimentaires va concerner les emballages perdus non reremplissables en
métal, en verre, en plastique ou en matériaux composites. Toutefois, certains
de ces emballages peuvent être récupérés à travers des collectes organisées et
recyclés vers une voie autre que celle du reremplissage.
Dans l’optique du rinçage des récipients non réutilisable, le terme rinçage
n’implique pas uniquement le rinçage à l’eau potable définie par le législateur
comme cela était le cas à l’origine de la pratique avec la naissance des embal-
lages perdus, mais également d’autres fluides comme : l’eau chaude, l’eau
stérile, la vapeur saturée ou surchauffée, l’air chaud, froid, ou ionisé et même
des solutions antiseptiques et ou détergentes.
À l’origine, au tout début de leur utilisation, ces machines de rinçages étaient
conçues comme des petites laveuses de bouteilles, et les récipients introduit
puis véhiculés dans des alvéoles portées par des rampes circulaient pour ren-
contrer au passage des injecteurs d’eau, c’était là une organisation en ligne
lourde que ne justifiait pas le service demandé. Aussi très vite l’organisation en
ligne mais en unifilaire vint la remplacer et les rinceuses par poussée avec
Parution : janvier 2017

chantourneur pour les cadences de traitement jusqu’à 10 000 B/H se justifient

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AG6528

LIQUIDES ALIMENTAIRES – RINÇAGE DES EMBALLAGES PRIMAIRES _________________________________________________________________________

amplement, alors que au-delà de cette cadence, l’encombrement linéaire est


trop important. L’organisation dit en carrousel succéda très vite à l’organisa-
tion en ligne et on extrapola sur les rinceuses la technique utilisée pour les
soutireuses, ce qui a permit d’atteindre des cadences compatibles avec celle de
ces mêmes soutireuses autorisant ainsi le mise en bloc du couple rin-
ceuse-soutireuse. La présence d’un joint tournant sur la rinceuse a permit de
multiplier les fluides utilisés pour le traitement des récipients.

2
types d’organisation, le process est le même ; seul diffère le trans-
1. Rinçage des récipients fert des récipients et leur positionnement au-dessus des injecteurs
dans le processus (injecteur pénétrant ou non).
En fonction du traitement que va subir le récipient lors de son
de nettoyage conditionnement, le fluide de rinçage pourra être de :
– l’eau simplement potable ;
Il s’agit d’une opération qui clôt toujours une procédure de net- – l’eau chaude ;
toyage. Cette opération s’effectuera impérativement sur une – l’eau stérile ;
laveuse de bouteilles avec de l’eau chlorée, ou non, stérile ou sim- – la vapeur ;
plement potable, et suivra un nettoyage alcalin, ou acide, du réci- – l’air chaud ou froid ;
pient, avant de pouvoir effectuer son remplissage. – l’air ionisé ;
– des solutions antiseptiques.
Depuis la généralisation de l’emballage en verre perdu, des boîtes
boissons, où des récipients en plastique, le lavage systématique n’a Sur une rinceuse, plusieurs fluides peuvent être injectés succes-
plus lieu d’être puisque ces récipients sortent d’une machine qui les sivement et, ainsi, désinfecter, rincer et, éventuellement, sécher le
a fabriqués à une température suffisamment élevée pour qu’ils récipient.
soient considérés comme propres ou, tout au moins, dépourvus de
souillures organiques ou microbiennes. Toutefois, les bouteilles
neuves en verre peuvent présenter des traces provenant de la mau- Pour ce dernier traitement, notons que la vapeur surchauf-
vaise combustion des fuels utilisés lors de la recuisson, ainsi que fée est un excellent vecteur de séchage et de stérilisation par
des particules de graisses graphitées provenant des moules ou des voie sèche.
traces de produits utilisés en traitement de surface. Cela justifie et
fait conseiller le rinçage des récipients neufs.
Dans les deux cas, le rinçage a une fonction bien
Les récipients en verre sont livrés au conditionneur sur une
particulière :
palette ou ils sont protégés des agressions extérieures pendant
leur transport et leur stockage par une housse plastique alors que – celui du rinçage des récipients avec l’eau minérale par
les récipients en plastiques sont, soit stockés aussi sur palette laquelle ils seront plus tard remplis, rencontré chez les
houssée, soit mis dans des silos avant leur reprise par l’intermé- minéraliers ;
diaire de redresseurs de bouteilles qui les amènent en position – celui de l’avinage qui consiste à rincer la bouteille avec du vin
droite, et en ordre, aux conditionneuses. Il en est ainsi des bou- avant de la remplir avec ce même liquide.
teilles en PVC et des préformes utilisées dans le procédé en deux Notons que des installations existent pour réutiliser en boucle
étapes de l’injection soufflage du PET. Il paraît alors superflu de l’eau ou les solutions de rinçage. Sont alors prévus des filtrations
leur faire subir un cycle de lavage onéreux, consommateur d’éner- et des moyens de stérilisation de ces solutions (le recyclage des
gie, d’eau et de produits chimiques, qui se caractérise en outre par eaux de rinçage demande à être pratiqué avec beaucoup de pré-
des rejets polluants. Ils seront simplement rincés. cautions).
En soutirage aseptique, on différencie les emballages plastiques Les machines destinées à rincer les récipients sont organisées
soufflés stériles pour lesquels, lors du formage du récipient, ce en ligne (pour les plus anciennes) ou en carrousel. Dans les deux
dernier est soufflé avec de l’air à 300 °C environ, ce qui stérilise types d’organisation, le process est le même ; seul diffère le trans-
l’intérieur du récipient, ainsi que les moules à son contact. Mais fert des récipients et le positionnement des injecteurs utilisés,
son col reste fermé par une « carotte » lors de sa libération de la ceux-ci sont généralement pénétrants dans un carrousel,
machine de formage, celle ci ne sera décolletée qu’une fois le réci- c’est-à-dire qu’ils pénètrent le récipient lors du traitement et leur
pient à l’intérieur de l’enceinte stérile de conditionnement où l’on orifice peut alors se positionner à quelques centimètres de son
maîtrise les risques de contamination. Dans ce cas, le rinçage fond, par contre ils seront simplement affleurants du buvant des
s’avère superflu. Il n’en est peut-être pas de même de l’insufflage. flacons qui défilent devant eux dans les organisations en ligne.
Cet insufflage aura pour but de débarrasser les récipients des
poussières et autres particules solides qui pourraient s’y trouver
(les matériaux plastiques sont très électrostatiques), et également 1.2 Déroulement du traitement
de la présence de composés gazeux, comme le chlore toujours
présent dans les bouteilles en PVC ou l’acétaldéhyde qui a long- À l’injection d’un fluide dans la bouteille succèdent une phase de
temps existé dans les bouteilles en PET après leur fabrication. soufflage à l’air ou un simple égouttage. Injection et égouttage
peuvent être alternés sur une même machine. La durée du traite-
ment total varie généralement de 5 à 10 s.
1.1 Principes du traitement En lieu et place d’injection liquide (eau pure en général), on ren-
contre un simple soufflage qui, pour des récipients dont le traite-
Le rinçage consiste à injecter un fluide dans le récipient main- ment antérieur (fusion, extrusion...) garantit une propreté suffisante,
tenu col vers le bas au-dessus d’un injecteur, suivant les construc- permet surtout de débarrasser le récipient de certains gaz résiduels
teurs, il peut s’organiser en ligne ou en carrousel. Dans les deux ou/et de particules solides introduites accidentellement.

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Référence Internet
AG6528

__________________________________________________________________________ LIQUIDES ALIMENTAIRES – RINÇAGE DES EMBALLAGES PRIMAIRES

Ce soufflage est réalisé avec de l’air comprimé souvent traité (fil-


tré et déshumidifié et/ou ionisé). Des systèmes existent qui per-
mettent d’injecter successivement plusieurs solutions détergentes
et surtout antiseptiques, la dernière injection étant toujours réali-
sée avec de l’eau pure ou avec le liquide à conditionner lui-même
(vin, eau minérale). On parlera d’avinage dans le cas du vin.

2. Fonctionnement
d’une rinceuse en ligne
Les machines en ligne ont, à l’origine, été conçues comme de
petites laveuses de bouteilles. En conservant des « paniers ou
2
alvéoles » nécessaires dans les laveuses de bouteilles pour y loger
les récipients à traiter, un circuit en trombone a été proposé qui
venait coiffer la bouteille à rincer, positionnée sur un convoyeur
unifilaire avec un panier, la retournait en l’élevant et en la faisant
glisser sur un guide. Puis, en partie haute de la machine, sur ce
circuit, sont pratiquées injections et égouttages suivis de la restitu-
Figure 1 – Chantourneur pour rinceuse en ligne de bouteilles PET
tion en sortie de l’appareil de la bouteille sur un autre convoyeur (crédit : Goebel tuchenhagen)
unifilaire alimentant la soutireuse.
Ensuite, sont apparues des rinceuses à poussée à motorisation
Sur la figure 2, la rinceuse apparaît au deuxième plan tandis que
hydraulique ou mécanique qui, après que les bouteilles aient été
la partie du chantourneur se trouve à droite.
mises en touche-touche, sont poussées dans un chantourneur
(figure 1) en fil métallique (ou usiné en matériau plastique), qui, La durée du traitement dépend de la longueur entre les deux
toujours en touche-touche, les pousse à travers un guidage spéci- chantourneurs et de la cadence du groupe. En général, le traite-
fique, tête en bas dans une zone d’injection d’eau au passage, puis ment ne dure que quelques 8 à 10 s.
d’égouttage, pour finalement les retourner à nouveau dans un
autre chantourneur qui les restitue debout sur un convoyeur à Exemple
chaîne à palette d’évacuation qui les conduira en touche-touche ou Pour un groupe tournant à 36 000 B/h, 1 s de traitement corres-
dégroupées jusqu’à la vis d’entrée de la soutireuse. pond à 10 bouteilles produites, soit pour un touche-touche de bou-
Ce type d’appareil, s’il a l’avantage de la simplicité, s’avère être teilles de 60 mm de diamètre, une longueur occupée de 0,6 et 6 m
très encombrant en longueur. Dans cette organisation le (ou les) pour 10 s de traitement, égouttage compris, dans la partie entre chan-
injecteur(s) ne pénètre(nt) pas dans le récipient pendant le traite- tourneurs.
ment. Les machines en lignes sont de conception plus simple que À ces 6 m, il faut ajouter la longueur des chantourneurs et le poste
les machines en carrousel. En effet, il n’y a pas besoin de système de mécanisation et d’évacuation des récipients. Ces machines
à pinces pour assurer le retournement du récipient et le centrage deviennent vite très encombrantes et peuvent dépasser 15 m de lon-
de l’orifice devant un injecteur pénétrant (figure 2). gueur, surtout quand on désire un égouttage important.

Figure 2 – Rinceuse en ligne pour bouteilles d’eau minérale en verre (crédit : Göbel-Tuchenhagen)

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2

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Référence Internet
F1305

Contact alimentaire
Principaux matériaux autorisés

par Albert KOZLOWSKI


Fédération Française de l’Acier
Président de la Commission BNA « aciers pour contact alimentaire »
2

1. Principaux types de matériaux utilisés ............................................ F 1 305 – 2


2. Choix du matériau et exemples d’application ................................. — 3
2.1 Matériaux métalliques................................................................................. — 3
2.1.1 Aciers ................................................................................................... — 3
2.1.2 Fonte .................................................................................................... — 3
2.1.3 Zinc ...................................................................................................... — 4
2.1.4 Étain et alliages d’étain ...................................................................... — 4
2.1.5 Aluminium........................................................................................... — 4
2.1.6 Métaux divers revêtus en métal blanchi........................................... — 4
2.1.7 Cuivre................................................................................................... — 4
2.2 Matières plastiques ..................................................................................... — 4
2.3 Papiers et cartons ........................................................................................ — 4
2.4 Verre, cristal, céramique, vitrocéramique.................................................. — 4

e décret no 92-631 du 8 juillet 1992, transpose en droit national la directive


L cadre 89/109/CEE relative aux matériaux et objets destinés à être mis au
contact des denrées alimentaires.
Pour l’application du principe d’inertie, des textes d’application doivent définir
les règles (composition, critères de pureté...) assurant l’aptitude au contact
alimentaire des matériaux utilisés.
La directive cadre prévoit donc des directives spécifiques pour les différents
groupes de matériaux :
— matières plastiques y compris les vernis et les revêtements ;
— celluloses régénérées ;
— élastomères et caoutchouc ;
— papiers et cartons ;
— céramiques ;
— verre ;
— métaux et alliages ;
— bois y compris le liège ;
— produits textiles ;
— cires de paraffine et cires microcristallines.
Un certain nombre de directives spécifiques ont été adoptées, dans le domaine
des matières plastiques et des pellicules de cellulose régénérée, et ont été trans-
posées au niveau français par voie d’arrêté.
En l’absence de directive spécifique applicable à un type de matériau, les
réglementations nationales s’appliquent, comme celles relatives à l’acier inoxy-
dable, à l’aluminium, au caoutchouc et aux élastomères.
Les producteurs de matériaux et d’objets destinés à entrer en contact avec des
denrées alimentaires sont tenus de fabriquer un produit apte à l’emploi et
Parution : juin 2005

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur F 1 305 − 1

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2

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Référence Internet
NM4510

Nanotechnologies et emballage
alimentaire
Panorama des utilisations et risques
associés
2
par Stéphane PEYRON
Maı̂tre de conférences de l’université de Montpellier
Unité mixte de recherche ingénierie des agropolymères & technologies émergentes,
Montpellier, France

1. Nanotechnologies et emballages alimentaires : quatre


perspectives de développement .................................................. NM 4 510 – 2
1.1 Des emballages conventionnels aux propriétés renforcées ............. — 2
1.2 Emballages actifs ............................................................................... — 5
1.2.1 Emballages absorbeurs d’oxygène ......................................... — 5
1.2.2 Emballages antimicrobiens ..................................................... — 5
1.3 Emballages « intelligents » ................................................................ — 6
1.3.1 Indicateurs nanométriques indirects de la qualité
et de la salubrité des aliments ................................................ — 7
1.3.2 Indicateurs nanométriques directs de la qualité
et de la salubrité des aliments ................................................ — 7
1.4 Emballages bio-nanocomposites ....................................................... — 8
2. Des nanoparticules dans l’emballage : des risques
pour la santé du consommateur ? ............................................... — 8
2.1 Une réglementation toujours en construction .................................. — 8
2.2 L’emballage alimentaire est-il vecteur d’exposition
pour le consommateur ? .................................................................... — 9
3. Des emballages à l’impact environnemental modifié ............. — 10
3.1 Un impact sur l’efficacité des traitements de fin de vie ................... — 10
3.1.1 Un obstacle aux voies de valorisation des matériaux
nanocomposites plastiques ? .................................................. — 10
3.1.2 Un frein à la décomposition des emballages
biodégradables ? ..................................................................... — 10
3.2 Une balance bénéfice-risque encore difficile à mesurer .................. — 11
4. Conclusion........................................................................................ — 11
5. Glossaire ........................................................................................... — 11
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. NM 4 510

’industrie de l’emballage profite d’un marché dynamique porté par une


L innovation, moteur de croissance et de compétitivité, qui la place au
8e rang européen. En France, près de 250 nouveaux emballages rejoignent
chaque année les circuits de distribution, cette capacité d’innovation reposant
pour moitié sur des développements technologiques (nouveaux matériaux et
systèmes). Il n’est donc pas surprenant de voir les nanotechnologies pénétrer
ce secteur d’activité et ainsi bousculer les perspectives d’innovation dont les
applications dans le domaine de l’emballage pourraient, selon les projections,
représenter à moyen terme plus de 20 % des débouchés économiques des
Parution : juillet 2020

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Référence Internet
NM4510

NANOTECHNOLOGIES ET EMBALLAGE ALIMENTAIRE –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

nanotechnologies. Cet article décrit les différentes voies d’applications des


nanotechnologies dont certaines sont déjà déployées sur le marché de l’embal-
lage alimentaire alors que d’autres n’en sont qu’au stade de développement.
Dans tous les cas, l’incorporation de nanoparticules dans un matériau d’embal-
lage est initiée dans le but d’en améliorer les performances sans pour autant en
modifier ses fonctions de base. Cette incorporation vise distinctement à étendre
la durée de vie de l’aliment en lui offrant une meilleure protection ou stabilisa-
tion, à garantir une meilleure traçabilité du produit ou, encore, à enrichir l’infor-
mation à l’attention du consommateur.
Les perspectives de marché, bien que prometteuses, sont étroitement liées au
cadre réglementaire lui-même variable en fonction des pays et continents et si
les nanotechnologies soulèvent ainsi de grands espoirs et sont porteuses de
2 progrès, elles suscitent également des interrogations et des craintes quant aux
risques sanitaires et environnementaux. Leur déploiement à grande échelle du
domaine de la recherche vers le secteur industriel ne pourra donc s’effectuer
qu’à la condition que les questions d’innocuité et de durabilité associées à
leurs applications soient scientifiquement approuvées. Sur ces points, les dis-
positifs réglementaires français ou européens permettant d’encadrer leur utili-
sation restent encore lacunaires puisqu’il n’existe, encore en 2020, aucune
réglementation spécifique définissant les modalités de conformité et de
contrôle des nanomatériaux dans les emballages. Cet article rassemble les
connaissances établies sur les risques liés à l’utilisation des nanomatériaux
pour la santé du consommateur mais aussi sur les impacts environnementaux
associés à ces nouveaux emballages.

nanomatériaux au cœur de la matrice polymérique est réalisée


1. Nanotechnologies pour augmenter la résistance mécanique et thermique du matériau,
mais aussi, et surtout, pour en améliorer les propriétés barrières en
et emballages limitant les échanges entre l’environnement et l’atmosphère dans
alimentaires : quatre l’emballage.

perspectives La surface spécifique d’un objet est définie par le rapport de


de développement sa superficie (exprimée en m2 dans le système d’unités interna-
tional) et la quantité de matière. La quantité de matière peut être
distinctement rapportée à la masse de l’objet ou à son volume
spécifique auxquels cas la surface spécifique s’exprime respecti-
Les voies d’innovation privilégiées par les acteurs industriels vement en m2/kg ou m2/m3. Selon la réglementation euro-
visent à répondre aux nouveaux modes de consommation et aux péenne, CE/2001/696 décrite dans la section 2.1, un objet relève
enjeux sociétaux majeurs en proposant notamment des solutions de la définition du terme « nanomatériau » dès lors qu’il pré-
emballages plus sûres, plus pratiques, plus compactes, mais aussi sente une surface spécifique en volume supérieure à 60 m2/cm3.
plus respectueuses de l’environnement. L’essor des nanotechnolo-
gies s’inscrit donc dans cette évolution en apportant des solutions L’intérêt de contrôler les transferts de matière dans les systèmes
technologiques à presque tous ces objectifs. Il ne permet pas aliment-emballage relève de plusieurs préoccupations liées au
d’offrir de nouvelles utilités à l’emballage, mais en améliore les maintien de la qualité du produit emballé. L’eau, constituant fonda-
fonctions de base (figure 1). Cette émergence repose principale- mental des aliments, affecte directement la qualité des produits
ment sur quatre perspectives majeures de développement. préparés ainsi que leur conservation. Elle est directement associée
aux propriétés sensorielles (texture, arôme, saveur) et souvent à
l’origine de problèmes de conservation par la modulation qu’elle
1.1 Des emballages conventionnels exerce sur l’action des enzymes et de micro-organismes indésira-
aux propriétés renforcées bles. La quasi-totalité des constituants d’un aliment, qu’il s’agisse
des macronutriments (glucides, lipides et protéines) ou des micro-
Comme toutes applications issues des nanosciences, l’intérêt nutriments (vitamines, oligo-éléments, pigments, composés phé-
d’associer des nanomatériaux aux matrices d’emballage réside noliques et composés d’arôme), présentent une sensibilité élevée
dans l’apparition de propriétés intrinsèques de la matière propres vis-à-vis des réactions d’oxydation. La maı̂trise du transfert d’oxy-
à l’échelle nanométrique, qui se traduisent par des phénomènes gène est donc d’un intérêt majeur pour la préservation de la qualité
physiques inédits ne se produisant pas à une échelle plus élevée. nutritionnelle et organoleptique des aliments. En outre, la teneur
Ces propriétés caractéristiques sont, le plus souvent, liées à la en oxygène dans l’espace de tête d’un emballage (volume occupé
surface spécifique élevée des nano-objets. Dans le cas des maté- par les gaz à l’intérieur de l’emballage) est, au même titre que la
riaux plastiques déjà placés sur le marché, l’incorporation des teneur en dioxyde de carbone, un élément régulateur de l’intensité

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Référence Internet
NM4510

––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– NANOTECHNOLOGIES ET EMBALLAGE ALIMENTAIRE

Emballages plastiques aux propriétés barrières


et mécaniques renforcées
Améliorer les performances
des matériaux
Emballages en plastiques biodégradables ou
en carton resistants à l’eau

Mieux protéger le produit Emballages actifs permettant de ralentir


les phénomènes de dégradation des aliments
et prolonger la conservation du produit

Mieux informer le consommateur Emballages indicateurs ou intelligents dédiés


2
à alerter le consommateur en cas de dégradation
de la qualité des aliments ou à améliorer
la traçabilité du produit

Figure 1 – Les fonctions de l’emballage améliorées par l’introduction des nanotechnologies

H2O / O2 / CO2

Nanofeuillet d’argile individualisé

Matrice polymérique

Chemin de diffusion des molécules


de gaz et vapeur d’eau

Figure 2 – Représentation schématique de la tortuosité induite par l’inclusion de nano-argiles dans un matériau d’emballage

respiratoire de la cellule végétale. Il impacte dans une large mesure exfoliation lors du procédé de mise en forme du matériau d’embal-
la durée de conservation des produits alimentaires respirant, tels lage, est donc conditionnée par la délamination de cette structure
que les fruits et légumes frais ou faiblement transformés. (figure 3).
Les nanomatériaux généralement employés dans le but de dimi- Cette dissociation peut être facilitée par la substitution des ions
nuer la perméabilité aux gaz (oxygène et dioxyde de carbone) et à calcium et sodium par des alkyles ammoniums, constitués de lon-
la vapeur d’eau des emballages sont des nano-argiles lamellaires gues chaı̂nes (16 à 18 carbones), et dont l’insertion permet d’aug-
introduits le plus souvent à hauteur de 2 à 5 % en poids dans le menter l’espace interfoliaire et, par là même, de favoriser la sépara-
matériau. Leurs effets sont étroitement liés à leur état de dispersion tion et l’exfoliation des feuillets lors de l’opération de mise en
dans la phase continue polymérique. Il est, en effet, établi que forme du matériau nanocomposite. Cette structuration peut être
l’exfoliation et l’orientation des nano-feuillets d’argiles dans une obtenue suivant différentes modes opératoires [1] :
matrice de polymères permettent de limiter la diffusion des molé-  la première option, qualifiée de « voie directe », consiste à
cules de gaz par un effet de sorption/adsorption à la surface des intercaler les chaı̂nes de polymères entre les feuillets d’argile
argiles, et/ou par une augmentation du chemin de diffusion via un selon un processus de polymérisation intercalative ; les feuil-
effet de tortuosité, ces nanoparticules étant assimilées à des obsta- lets de silicate sont alors préalablement immergés dans une
cles imperméables (figure 2). solution de monomère qui provoque leur gonflement avant
Les phyllosilicates constituent la famille la plus utilisée dans des que la polymérisation ne soit initiée par la diffusion d’un ini-
applications industrielles, les smectites de type montmorillonites y tiateur approprié ;
occupant une place prépondérante. Les dimensions des feuillets  la seconde possibilité est celle d’une intercalation des feuillets
individuels sont de l’ordre du nanomètre en épaisseur et de plu- à l’état fondu ; cette méthode compatible avec les procédés
sieurs dizaines de nanomètres en longueur et largeur, ce qui leur industriels actuels, tels que l’extrusion et le moulage par
confère une surface spécifique très élevée (de 100 à 1 000 m2/g). injection, repose sur l’application d’une sollicitation méca-
Les montmorillonites sont naturellement organisées sous la forme nique ; le taux et la nature du cisaillement appliqués lors de
de feuillets empilés dont l’association est assurée par la pré- la mise en œuvre permettent de produire des niveaux de dis-
sence d’ions divalents (généralement le calcium ou le sodium). La persion variables et différentes orientations des charges au
séparation des feuillets individuels, permettant de produire leur sein de la matrice polymérique.

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2

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Référence Internet
F1310

Revêtements intérieurs
pour emballages métalliques

par Yves PELLETIER


Ingénieur de l’École nationale supérieure des industries chimiques de Nancy
Chef du laboratoire de la société Ferembal
2

1. Matériaux et procédés de l’emballage métallique ......................... F 1 310 - 2


1.1 Métaux.......................................................................................................... — 2
1.2 Techniques de fabrication des boîtes......................................................... — 2
1.3 Mise en œuvre des boîtes en conserverie................................................. — 3
1.3.1 Principales opérations........................................................................ — 3
1.3.2 La stérilisation..................................................................................... — 3
2. Composition et caractéristiques des vernis..................................... — 4
2.1 Définition et fonctions ................................................................................. — 4
2.2 Constituants ................................................................................................. — 4
2.3 Propriétés des films de vernis .................................................................... — 4
2.3.1 Caractéristiques physiques................................................................ — 4
2.3.2 Résistance chimique et physico-chimique ....................................... — 4
2.4 Principaux types de vernis et leurs utilisations......................................... — 5
2.5 Revêtements par film plastique.................................................................. — 5
3. Mise en œuvre des vernis ...................................................................... — 6
3.1 Techniques d’application ............................................................................ — 6
3.1.1 Vernissage à plat................................................................................. — 6
3.1.2 Application au pistolet ou pistolage ................................................. — 6
3.1.3 Techniques spécifiques ...................................................................... — 6
3.2 Cuisson ......................................................................................................... — 7
4. Méthodes d’évaluation ........................................................................... — 7
4.1 Propiétés physiques .................................................................................... — 7
4.2 Propriétés chimiques et physico-chimiques ............................................. — 7
5. Choix des spécifications de protection en fonction
du contenu ................................................................................................. — 8
5.1 Critères de choix .......................................................................................... — 8
5.2 Spécifications couramment retenues ........................................................ — 8
6. Perspectives d’évolution ....................................................................... — 8
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. F 1 310

L es emballages métalliques pour produits alimentaires font partie de notre


univers quotidien. Qu’il s’agisse de boîtes pour conserves, pour produits
secs ou pour boissons (tableau A), ce conditionnement est associé naturelle-
ment à une idée de robustesse et de durabilité.
Cela découle, bien sûr, des propriétés des matériaux de base, acier ou alumi-
nium, et des procédés de mise en forme qui permettent d’assurer, de façon très
fiable, l’étanchéité aux gaz, à la lumière, aux micro-organismes, nécessaire à
une conservation prolongée.
Pratique pour le transport et le stockage, l’emballage métallique l’est aussi à
l’utilisation grâce au développement des dispositifs d’ouverture facile. Enfin, et
Parution : juin 2000

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© Techniques de l’Ingénieur, traité Agroalimentaire F 1 310 − 1

91
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F1310

REVÊTEMENTS INTÉRIEURS POUR EMBALLAGES MÉTALLIQUES _________________________________________________________________________________

Tableau A – Les boîtes métalliques et leurs principales utilisations


Catégories Principaux produits
Légumes
Plats cuisinés
Boîtes pour conserves appertisées Viandes et pâtés
Poissons - Fruits
Aliments pour animaux
Lait en poudre
Boîtes pour produits alimentaires non-conserves Biscuiterie
Sirops

2
Boissons gazeuses
Boîtes pour boissons Bière

c’est aujourd’hui un point important, les boîtes en métal sont recyclables et


effectivement recyclées pour une part croissante (taux actuel voisin de 50 %).
Ces points forts de la boîte métallique s’ajoutent à une condition première
qui est la bonne compatibilité entre aliments dans leur diversité et matériaux
de l’emballage.
À l’origine, il s’agissait de fer-blanc (acier étamé) ; ce matériau peut, en effet,
être employé en contact alimentaire direct grâce à son revêtement d’étain.
Aujourd’hui, avec d’autres matériaux comme l’aluminium, d’autres technolo-
gies (emboutissage), d’autres exigences (aspect, teneur en métaux dissous), il
apparaît utile ou nécessaire de compléter le matériau métallique par un revê-
tement organique désigné habituellement sous le terme de vernis. Les boîtes
vernies intérieurement représentent maintenant plus de 95 % des cas, le fer-
blanc nu étant lui utilisé pour des produits secs (biscuits, lait en poudre) ou des
fruits (poires au sirop).
Les vernis à l’interface entre métal et contenu ont un rôle clé vis-à-vis de la
qualité finale des boîtes ; ils constituent un domaine spécifique dans la techno-
logie de l’emballage métallique.
Le présent article a pour but d’apporter des éléments d’information sur ces
revêtements.

1. Matériaux et procédés pour le fer chromé (ce dernier parfois désigné par les abréviations
TFS (Tin Free Steel ) ou ECCS (Electrolytic Chromium/chromium
de l’emballage métallique oxide Coated Steel ) étant un substitut du fer-blanc pour certaines
applications).
Le fer-blanc est utilisé nu ou verni ; le fer chromé est toujours
L’emballage métallique est apparu dès le début du XIXe siècle verni.
dans le domaine de la conserve (cf. encadré). Cependant, avant
■ Aluminium
d’aborder le domaine spécifique des revêtements organiques, il
paraît utile de présenter le contexte technique et donc les divers On utilise des alliages (contenant du magnésium ou du manga-
types de matériaux métalliques ainsi que les procédés de formage nèse) laminés dans une gamme étendue d’épaisseur selon qu’il
et d’assemblage utilisés dans le domaine alimentaire. s’agit d’emballages rigides, semi-rigides ou souples. L’aluminium
est toujours utilisé verni.

1.1 Métaux 1.2 Techniques de fabrication des boîtes


Deux grandes familles sont utilisées, l’acier (fer-blanc ou fer Les matériaux sont produits sous forme de feuilles ou de bandes
chromé) et l’aluminium. continues à plat. Pour obtenir un récipient, 2 modes de réalisation
sont possibles :
■ Aciers pour emballage — la fabrication en trois pièces (un corps, un fond, un cou-
Ce sont des aciers doux laminés à froid (épaisseur 0,12 à vercle) ;
0,49 mm) revêtus d’étain (de 1 à 15 g/m2 selon utilisation) pour le — la fabrication en deux pièces (un corps + fond d’un seul
fer-blanc, ou de chrome et d’oxyde de chrome (environ 0,1 g/m2) tenant, un couvercle).

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F 1 310 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Agroalimentaire

92
Référence Internet
F5100

Sertissage : outils et autocontrôles


pour la maîtrise du risque
microbiologique

par Nicolas LEHEBEL


2
Assistant chef de projet
CTCPA Amiens, France
par Michaël BELLER
Chef de projet
CTCPA Auch, France

1. Boîtes métalliques pour conserve.................................................... F 5 100 - 2


2. Principe de l’opération de sertissage ............................................. — 2
2.1 Matériel ..................................................................................................... — 4
2.2 Étapes de l’opération de sertissage ........................................................ — 6
2.3 Structure et caractéristiques dimensionnelles du serti final ................ — 7
2.4 Entretien des sertisseuses et problématiques rencontrées .................. — 7
3. Contrôle des sertis ............................................................................... — 8
3.1 Matériels et méthodes pour l’examen dimensionnel des sertis .......... — 8
3.2 Méthodes d’évaluation de la qualité des sertis associée aux critères
mesurés..................................................................................................... — 9
3.3 Tests d’étanchéité..................................................................................... — 11
3.4 Autres méthodes pour le contrôle d’étanchéité .................................... — 11
4. Défauts de sertissage observés, corrélation entre l’étanchéité
et les mesures dimensionnelles des sertis ...................................... — 13
4.1 Principaux défauts de sertis et leurs causes .......................................... — 13
4.2 Corrélation entre conformité dimensionnelle et étanchéité ................. — 13
5. Conclusion .............................................................................................. — 15
6. Glossaire.................................................................................................. — 15
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. F 5 100

e sertissage des emballages métalliques pour conserves est une opération


L mécanique destinée à assembler le couvercle appelé fond sur le corps
d’une boîte de conserve. Le serti a pour fonction de fermer le contenant après
remplissage, et ainsi de conférer à la boîte son étanchéité afin d’éviter toute
recontamination ultérieure, en particulier microbiologique.
La maîtrise du sertissage est considérée par les guides de bonnes pratiques
d’hygiène et d’application de l’HACCP de la filière conserve comme un élément
essentiel pour garantir la sécurité sanitaire du produit fini. Le personnel en
charge de cette opération (réglage des sertisseuses et surveillance de la qualité
des sertis) doit posséder les compétences nécessaires à cette tâche.
Les instabilités microbiologiques de conserves appertisées en boîte métal-
Parution : septembre 2015

lique, et dont l’origine n’est pas consécutive à un défaut de traitement


thermique, sont généralement dues à un défaut d’étanchéité du serti, même si
les contrôles en cours de production se sont avérés conformes.

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93
Référence Internet
F5100

SERTISSAGE : OUTILS ET AUTOCONTRÔLES POUR LA MAÎTRISE DU RISQUE MICROBIOLOGIQUE ____________________________________________________

Après un rappel des opérations permettant la formation d’un serti sur une
boîte métallique, cet article présente les outils et les moyens de contrôle de la
qualité du serti, ainsi que la méthodologie permettant de réaliser son contrôle.
La corrélation entre l’étanchéité et les mesures dimensionnelles reste toute-
fois complexe à établir car elle dépend de nombreux facteurs variables. Des
boîtes présentant des défauts dimensionnels (valeurs en-deçà des recomman-
dations) peuvent être étanches lors des tests d’étanchéité ; et à l’inverse, des
boîtes ayant des mesures dimensionnelles proches des recommandations
peuvent être, dans certains cas, non étanches au test par bullage (test par
dépression).

2
Le lecteur trouvera en fin d’article un glossaire des termes importants
utilisés.

– le type de boîte : boîte dite « 3 pièces » (un corps + deux fonds


1. Boîtes métalliques sertis) ou « 2 pièces » (boîte emboutie + un fond serti), format et
pour conserve taille ;
– une boîte lisse ou à corps mouluré : le choix sera fonction de la
résistance mécanique recherchée notamment vis-à-vis du traite-
Le conditionnement en boîtes métalliques est encore largement ment thermique et de la pression, puis du conditionnement secon-
présent sur le marché de la conserve. Les fabricants de boîtes ont daire après traitement thermique (mise en carton, mise sur
toujours, dans le souci d’amélioration de la productivité et d’opti- palettes, etc.) ;
misation des coûts, diminué au cours des dix dernières années – les équipements et techniques de remplissage et de
l’épaisseur des tôles métalliques utilisées pour réaliser ces sertissage ;
contenants métalliques.
– les circuits d’entreposage et de commercialisation ;
Cette diminution demande aux utilisateurs en contrepartie d’être – l’attente des consommateurs : praticité d’ouverture, avec
toujours plus précis dans le réglage de leurs sertisseuses. La notamment l’ouverture facile par pré-incision du couvercle (sou-
maîtrise du sertissage est considérée par les guides de bonnes vent appelée boîte OF) ;
pratiques d’hygiène et d’application de l’HACCP de la filière
– l’empilabilité : choix de boîte emboutie ou rétreinte avec un
conserve comme un élément essentiel pour garantir la sécurité
diamètre un peu plus faible en bas qu’en haut ;
sanitaire du produit fini [1] [2] [3].
– l’aspect extérieur par rapport à la décoration ;
§ Nous trouvons sur le marché trois grands types de matériaux – le prix.
utilisés pour réaliser les boîtes pour conserves alimentaires :
Dans tous les cas de figures, le conserveur commande un corps
– le fer blanc, une mince feuille ou bande d’acier doux, d’une de boîte qu’il remplira avec ses produits, et il commande en même
épaisseur inférieure à 0,50 mm, recouverte sur ses deux faces temps le fond (couvercle de la boîte) correspondant. La figure 1
d’étain pur ; présente les différents types de boîtes (2 ou 3 pièces) et le fond à
– le fer chrome (dit Tin Free Steel ou TFS), la même feuille ou sertir.
bande d’acier, mais revêtue d’une très fine couche de chrome
métallique et d’oxydes de chrome ; Une fine couche de joint (généralement en caoutchouc de type
– l’aluminium, en réalité un alliage d’aluminium, souvent choisi butyl) est déposée sous forme liquide dans l’ourlet du fond à sertir
pour sa facilité de mise en forme par emboutissage et sa résis- lors de sa fabrication. Après séchage en étuve ou évaporation à
tance à l’oxydation. l’air libre, selon le type de joint mis en œuvre, celui-ci prend sa
texture définitive ; il servira à parfaire l’étanchéité du serti.
Ces métaux sont pratiquement toujours revêtus de laques ou
vernis aptes au contact des denrées alimentaires. Ces vernis Les figures 2 et 3 présentent les différents éléments d’une boîte
protègent le métal de la corrosion par le produit (à l’intérieur) et métallique et de son fond.
par l’atmosphère (à l’extérieur).
L’absence de revêtement intérieur dans les boîtes en fer blanc
peut, dans certains cas, relever d’une nécessité technologique. Le
contact direct du fer blanc favorise, en particulier pour certains 2. Principe de l’opération
produits acides, la conservation et le maintien de la couleur des
fruits « clairs ou blancs » comme la poire, le litchi et l’ananas. de sertissage
§ Le choix du conditionnement (choix du type de métal pour le
corps de boîte et les fonds, choix des épaisseurs d’étain, choix des Le sertissage consiste à assembler de façon étanche un corps de
types de vernis intérieur et extérieur, etc.) appartient au boîte à un fond. L’opération fait appel à un matériel dédié : une
conserveur et dépend de plusieurs facteurs contraints techni- sertisseuse pour boîtes.
quement, mais aussi de choix commerciaux : Pour garantir l’étanchéité de son serti, le conserveur doit maîtri-
– la nature du produit (produit acide, gras, etc.) qui détermine ser le sertissage et connaître le vocabulaire technique décrivant les
son agressivité chimique vis-à-vis du contenant ; caractéristiques dimensionnelles et les principaux défauts. Il doit
– la date de durabilité minimale à satisfaire (en général entre 2 et aussi effectuer un ensemble de contrôles à fréquence régulière, et
5 ans, et à température ambiante, mais pouvant aller jusqu’à plus dans tous les cas, chaque contrôle doit être enregistré sur le
de 45 °C dans certaines conditions ; registre de sertissage.

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94
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F5100

____________________________________________________ SERTISSAGE : OUTILS ET AUTOCONTRÔLES POUR LA MAÎTRISE DU RISQUE MICROBIOLOGIQUE

2
a boîte « 3 pièces » (avec un fond b boîte « 2 pièces emboutie », vue du dessous
dit « fabricant » déjà serti)

c fond à sertir (ou couvercle) d’une boîte, d fond à sertir (ou couvercle) d’une boîte,
face interne face externe

Figure 1 – Corps d’une boîte

Boîte sertie
Boîte ouverte
(avant sertissage)
Ourlet
Serti
Joint
d’étanchéité
Couvercle
Serti du couvercle
Montage Corps
Agrafe électrosoudée

Rebord Moulures

Figure 2 – Description d’une boîte métallique à sertir pour conserves

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95
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F5100

SERTISSAGE : OUTILS ET AUTOCONTRÔLES POUR LA MAÎTRISE DU RISQUE MICROBIOLOGIQUE ____________________________________________________

2.1 Matériel
Hauteur ourlet
2.1.1 Sertisseuses
∅ extérieur ourlé Il existe sur le marché de nombreux fournisseurs capables de
∅ de cuvette proposer aux conserveurs plusieurs gammes de sertisseuses :
Jonc Gradin – sertisseuses manuelles (surtout utilisées par les artisans) ;
Rosace
(ou étage) – sertisseuses semi-automatiques (adaptées aux PME) ;
(ou macaron)
– sertisseuses automatiques (destinées aux cadences
industrielles).
La figure 4 présente certains de ces modèles.
Joint Profondeur de cuvette
Les sertisseuses automatiques fonctionnent le plus souvent en

2 Figure 3 – Coupe du fond à sertir (d’après [4])


flux continu et sont destinées aux productions de plus grande
ampleur. Elles sont généralement fabriquées pour sertir les boîtes
d’un seul diamètre.

a sertisseuse manuelle SCIM b sertisseuse semi-automatique SCIM

c carrousel d’une sertisseuse continue automatique


multi-tête FERRUM

Figure 4 – Modèles de sertisseuse

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F1315

Papiers et cartons au contact


des denrées alimentaires

par Bérénice GARCIA CERRILLOS


Attachée de direction en charge des activités contact alimentaire au sein de PROCELPAC
2
et du Club MCAS
et Noël MANGIN
Délégué général de PROCELPAC et du Club MCAS

1. Fabrication des papiers et des cartons d’emballage ..................... F 1 315 – 2


1.1 Matières premières fibreuses ..................................................................... — 2
1.2 Traitements appliqués aux fibres cellulosiques ........................................ — 2
1.3 Process de fabrication ................................................................................. — 3
2. Fabrication des emballages et articles en papiers et cartons .... — 4
2.1 Process de fabrication ................................................................................. — 4
3. Papier-carton et contact alimentaire ................................................. — 5
3.1 Réglementations : principes généraux ...................................................... — 5
3.2 Critères de pureté ........................................................................................ — 6
3.3 Exigences liées aux matières premières et aux process de fabrication . — 7
3.4 Hygiène......................................................................................................... — 7
3.5 Déclaration de conformité .......................................................................... — 7
3.6 Traçabilité ..................................................................................................... — 8
3.7 Cas des complexes et des papiers-cartons enduits.................................. — 8
4. Conclusion ................................................................................................. — 8
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. F 1 315

a filière emballage papier-carton s’appuie sur une matière, la fibre de cellu-


L lose, qu’elle soit issue du bois et/ou des produits papiers-cartons de récupé-
ration recyclés. Grâce à des savoir-faire bien spécifiques, en constant
développement, cette matière première a généré, en France, l’une des gammes
de papiers et de cartons les plus complètes au monde.
La richesse de cette ressource en termes de grammages, de textures, de traite-
ments de surface, de transparence ou d’opacité, de variétés de couleurs, a permis
à l’industrie de l’emballage papier-carton de développer une diversité de produits
qui s’adaptent particulièrement bien aux exigences de la chaîne logistique.
Les principaux types d’articles en papier et carton destinés au contact alimen-
taire sont les suivants :
— papiers de pliage et/ou intercalaires ;
— sacs monoplis ;
— sacs multiplis ;
— boîtes pliantes en cartonnette, dont les boîtes pour pâtisseries ;
— carton ondulé (caisses, plateaux, wrap around, boîtes...) ;
— barquettes, caissettes ;
Parution : septembre 2007

— napperons ;
— assiettes (carton plat) ;
— essuie-tout (ouate de cellulose) ;

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97
Référence Internet
F1315

PAPIERS ET CARTONS AU CONTACT DES DENRÉES ALIMENTAIRES ______________________________________________________________________________

— serviettes (ouate de cellulose) ;


— infusettes et filtres à café ;
— gobelets ;
— papiers siliconés, papiers sulfurisés ou carton pour cuisson.

1. Fabrication des papiers ■ Les pâtes chimiques


Elles sont obtenues en faisant cuire le bois à haute température

2 et des cartons d’emballage dans des « lessiveurs » en présence de produits chimiques, pour
dissoudre la lignine et libérer les fibres.
Les pâtes chimiques sont utilisées pour la fabrication de produits
Le papier est constitué d’une infinité de fibres microscopiques
qui offrent une grande résistance. On pense notamment à la pâte
enchevêtrées et parfaitement liées entre elles. Le bois, quelle qu’en
« kraft » (ou « pâte au sulfate »), aux pâtes nécessaires à la fabrication
soit l’essence, est constitué par des fibres cellulosiques amalga-
des papiers d’impression et d’écriture, des papiers à usages sanitai-
mées les unes aux autres par une substance thermoplastique, la
res et domestiques et de certains papiers et cartons d’emballage.
lignine. Les fibres de cellulose sont extraites par des procédés
mécaniques ou chimiques, puis mises en suspension dans une Parmi les pâtes chimiques, la pâte « fluff » est une pâte de bois
grande quantité d’eau pour constituer ce qu’on appelle la pâte à spécifiquement destinée à constituer le matelas absorbant des cou-
papier. La fabrication des papiers et cartons comprend trois phases ches pour bébés, des protections pour personnes incontinentes et
successives : la préparation de la pâte, la fabrication de papier, avec des protections féminines externes. À la différence des pâtes précé-
ou sans traitements complémentaires, et la préparation en vue de la demment présentées, la pâte fluff ne sera pas transformée en
livraison et de la vente du papier-carton (découpage, bobinage...). feuille ; c’est une matière première qui subit un défibrage avant
d’être associée à d’autres matériaux (plastique, non-tissé, produits
rétenteurs, élastiques, colles...) pour former un produit d’hygiène
absorbant.
1.1 Matières premières fibreuses Le procédé chimique permet d’obtenir une fibre de cellulose
débarrassée de tous les autres composants du bois.
La fabrication du papier ou du carton fait appel à différentes pâtes ■ Les pâtes mi-chimiques
de cellulose qui constituent la matière première fibreuse. À cette
matière peuvent être ajoutés d’autres produits (adjuvants) pour Elles proviennent de bois (généralement des feuillus) ou de paille
obtenir des caractéristiques spécifiques. Les principaux adjuvants ayant subi un traitement chimique modéré, complété par un traite-
sont l’amidon, le kaolin... ment mécanique. Cette pâte à très haut rendement a des propriétés
intermédiaires entre les pâtes mécaniques et les pâtes chimiques.
Il existe deux sources d’approvisionnement en fibres cellulosi-
ques, celle provenant du bois avec laquelle on fabrique de la pâte dit
« neuve », et celle provenant des papiers et cartons usagés récupé-
rés avec laquelle on fabrique de la pâte recyclée. 1.1.2 Pâte recyclée

La pâte recyclée est obtenue à partir de papiers et de cartons de


1.1.1 Pâte neuve récupération dont on réutilise les fibres cellulosiques en éliminant
tous les éléments non fibreux (plastique, colles, agrafes, encres...).
On utilise les pâtes à papier issues de fibres naturelles à base de Les caractéristiques de ces pâtes recyclées dépendront des caracté-
cellulose écrue ou blanchie, obtenues par les procédés mécaniques, ristiques fibreuses des produits usagés récupérés et des procédés
thermomécaniques, mi-chimiques ou chimiques [1]. Les caractéristi- de fabrication mis en œuvre pour que cette autre matière première
ques des pâtes neuves diffèrent selon l’essence du bois (principale- soit adaptée aux exigences requises du papier-carton neuf. D’une
ment les résineux et les feuillus) et leurs procédés de fabrication. façon générale, les fibres de récupération permettent d’obtenir des
papiers-cartons présentant des caractéristiques comparables à cel-
Le bois est constitué de 60 % à 80 % de cellulose, de 20 % à 30 % les des papiers-cartons obtenus à partir de pâtes neuves.
de lignine et d’autres composants (résines, protéines, constituants
minéraux...). En France, la pâte recyclée est majoritairement utilisée pour la
fabrication des papiers et cartons d’emballage : elle représente 76 %
On distingue trois grandes familles de pâtes. du tonnage consommé de matières premières fibreuses
■ Les pâtes mécaniques (cf. [Doc. F 1 315]).
Elles sont obtenues en râpant le bois à l’aide d’immenses meules
appelées « défibreurs », qui arrachent les fibres ou les paquets de
fibres. 1.2 Traitements appliqués aux fibres
Lorsque les copeaux de bois sont raffinés, et que ce raffinage cellulosiques
s’effectue en présence de vapeur à température et pression élevées,
les caractéristiques de la pâte obtenue sont différentes : il s’agit
alors de pâte thermomécanique (PTM). Si, en plus de la vapeur, on Au stade de la fabrication de la pâte recyclée sont appliqués aux
introduit des agents chimiques, on obtient de la pâte chimicother- papiers et cartons récupérés des traitements particuliers ; certains
momécanique (PCTM). traitements sont systématiques, d’autres spécifiques et appliqués,
La pâte mécanique est essentiellement destinée à la fabrication le cas échéant, en fonction de l’origine des papiers et cartons
de produits nécessitant moins de résistance, tels le papier journal, récupérés à recycler et de l’utilisation finale des papiers et cartons
certains papiers de presse-magazine et certains cartons. pour contact alimentaire.

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F 1 315 −2 est strictement interdite. — © Editions T.I.

98
Référence Internet
F1315

_____________________________________________________________________________ PAPIERS ET CARTONS AU CONTACT DES DENRÉES ALIMENTAIRES

1.2.1 Procédés systématiques de recyclage


Épurateur
sous pression
Les procédés systématiques de recyclage des papiers et cartons
Pulpeur Épurateur
récupérés comprennent trois étapes :
tourbillonnaire
— le pulpage ;
— l’épuration dimensionnelle (classage) ;
— l’épuration densitométrique (épuration tourbillonnaire).

1.2.2 Traitements spéciaux Désencrage


Machine à papier Bobinage
(si nécessaire)
En fonction de l’origine des papiers et cartons récupérés à recy-
cler et des exigences à respecter au niveau du produit fini papier-
carton, des traitements spéciaux peuvent être appliqués, le cas
2
échéant ; ces traitements spéciaux visent à la décontamination et
sont choisis en fonction des risques à éliminer. Figure 1 – Illustration de la fabrication d’une bobine de papier/carton
par recyclage
Ces traitements sont les suivants (liste non exhaustive) :
— pulpage spécial : avec produit chimique (soude, peroxyde, sili-
cate, tensioactifs...). Les produits chimiques sont essentiellement uti- 1.3 Process de fabrication
lisés dans les chaînes de désencrage. La soude favorise le défibrage
des papiers de récupération, le gonflement des fibres pour permettre
de détacher l’encre et réduire la taille des points noirs.
La fabrication des papiers et cartons comprend plusieurs étapes
Le silicate, lui, permet de réduire les risques de redéposition de [3] (figure 1).
l’encre lors de la remise en suspension et de réduire les pertes en
flottation.
Le peroxyde d’hydrogène permet de contrecarrer le jaunissement 1.3.1 Trituration ou désintégration
des fibres issues des pâtes mécaniques en raison de la présence de
soude. C’est la mise en suspension dans l’eau des fibres individuelles par
Les savons ou tensioactifs améliorent le décrochage de l’encre et désintégration de la pâte. La désintégration s’effectue dans un
facilitent l’élimination de celle-ci lors des étapes de flottation et/ou pulpeur ; le pulpeur est généralement un bac en acier doté d’une tur-
lavage ; bine qui disperse les fibres de cellulose. Un nouveau type de pulpeur
se développe : le pulpeur-tambour qui est un cylindre rotatif de 6 à
— désencrage : concerne tout procédé permettant d’assurer l’éli- 7 m de diamètre pour une longueur de plusieurs dizaines de mètres,
mination des particules d’encre essentiellement par procédé de flot- équipé d’ailettes permettant la désintégration des papiers-cartons
tation et/ou de lavage ; lors de la chute de ceux-ci sur les ailettes au cours de la rotation.
— traitement avec des agents de blanchiment : effectué avec les
agents usuels de blanchiment (par exemple, peroxyde d’hydrogène,
hydrosulfite), en présence de complexants des métaux à une tempé- 1.3.2 Raffinage
rature de 60 à 80 ˚C ;
— trituration à chaud : traitement mécanique qui peut s’effectuer Lors de cette étape, la fibre est soumise à des efforts de compres-
ou non sous pression, la température pouvant atteindre ou sion et de friction dans un raffineur, en vue d’y faciliter la péné-
dépasser 100 ˚C. Les appareils de trituration permettent de faciliter tration de l’eau et de libérer les fibrilles (c’est la fibrillation). Cette
le décrochage des particules d’encre résiduelle afin de les éliminer opération a pour but de développer les propriétés mécaniques des
par la suite et de réduire la taille des points noirs. Les liqueurs de fibres (résistance du papier et diminution de sa porosité).
blanchiment peuvent être introduites dans ces équipements ;
— lavage : traitement effectué sur une pâte, permettant l’élimina-
tion des particules de petites tailles (encres, charges minérales...) ; 1.3.3 Épuration
— traitement à l’oxygène : effectué en présence d’oxygène
gazeux à haute température et sous pression et en présence de Les impuretés de la pâte (sable, gravier, bûchettes, particules plas-
complexants des métaux ; tiques...) sont extraites du milieu fibreux pour être éliminées par cri-
— traitement à l’ozone : traitement de la pâte recyclée à l’ozone blage ou centrifugation dans un épurateur.
ou avec un mélange oxygène/ozone ; c’est un procédé de
blanchiment ;
— traitement enzymatique : application des biotechnologies au 1.3.4 Machine à papier
traitement de la pâte recyclée (amélioration des caractéristiques,
désencrage) ; La fabrication de la feuille de papier-carton se fait sur une
— traitement des eaux : par exemple, microflottation des eaux. « machine à papier ». Différentes étapes marquent le passage d’une
Ces procédés et traitements peuvent être utilisés seuls ou éven- suspension de fibres individualisées dans l’eau à la constitution
tuellement successivement, afin d’obtenir la pureté adéquate à l’uti- d’une nappe fibreuse continue, homogène, résistante et adaptée
lisation, pureté que l’on peut évaluer par les méthodes appropriées aux exigences de son utilisation.
(cf. normes en [Doc. F 1 315]). La machine à papier comprend trois parties principales.
Au cours de ces traitements spéciaux sont utilisés des produits
■ La table
nommés auxiliaires technologiques (agents de polymérisation,
agents de blanchiment, agents de résistance à l’état humide, La formation de la feuille est réalisée par égouttage de la suspen-
complexants de métaux...) qui sont éliminés lors du process, par sion fibreuse au travers d’une toile sur une machine à table plate, à
opposition aux additifs dont la fonction est différente. double toile ou à forme ronde...

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99
2

100
Référence Internet
F1325

Matériaux d’emballage flexibles


multicouches
Modalités de choix et applications
2
par Donatien COULON
Chef produits emballages fromagers
Alcan Packaging Sarrebourg SAS

1. Principe de base ....................................................................................... F 1 325 - 2


2. Matériaux supports du multicouche ................................................... — 2
2.1 Films polymères........................................................................................... — 2
2.2 Papiers .......................................................................................................... — 3
2.3 Aluminium .................................................................................................... — 4
2.4 Matériaux additionnels ................................................................................ — 4
3. Paramètres conditionnant le choix d’un assemblage .................... — 6
4. Caractéristiques d’un emballage multicouche ................................ — 6
4.1 Processus de fabrication ............................................................................. — 6
4.2 CaractéristJ ues physico-chimiques d’une structure ................................ — 9
5. Étude de cas............................................................................................... — 10
5.1 Fromages ...................................................................................................... — 10
5.2 Cafés et produits secs en stick .................................................................... — 12
5.3 Préparations culinaires en cubes ................................................................ — 13
5.4 Produits laitiers : yaourts et crèmes dessert.............................................. — 13
5.5 Boissons : exemple du lait UHT .................................................................. — 14
6. Conclusion.................................................................................................. — 14
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. F 1 325

ans le monde de l’emballage alimentaire, il existe une famille d’embal-


D lages flexibles dite « emballages multicouches ». Leur développement a
permis d’optimiser au maximum les fonctions d’emballage d’un produit ali-
mentaire (conservation du produit dans le temps, aspect visuel marketing,
protection du produit vis-à-vis de son environnement, fonctionnalités particu-
lières...). Le consommateur de produits alimentaires est de plus en plus
exigeant. Il désire, par exemple, des emballages à ouverture facile, des embal-
lages « refermables », des emballages permettant de longues durées de
conservation.
La problématique « conservation produit » a également contribué au déve-
loppement du multicouche. En effet, un fromage à pâte molle ne s’emballe pas
avec le même emballage flexible multicouche que celui du café lyophilisé. Les
besoins de ces produits, pour leur conservation après conditionnement, sont
Parution : septembre 2008

totalement différents. Ils conditionnent le choix des matériaux composant


l’emballage.

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est strictement interdite. – © Editions T.I. F 1 325 – 1

101
Référence Internet
F1325

MATÉRIAUX D’EMBALLAGE FLEXIBLES MULTICOUCHES ____________________________________________________________________________________

Nous commencerons notre analyse par la présentation des 2. Matériaux supports


matériaux supports et des matériaux additionnels utilisés dans
les emballages multicouches. Nous verrons, dans un second
du multicouche
temps, les paramètres qui conditionnent le choix des maté-
riaux dans une structure. Nous poursuivrons par la présenta- Les matériaux supports sont principalement utilisés en bobine
tion des caractéristiques d’un emballage multicouche chez les fabricants d’emballages flexibles multicouches. Ces maté-
(processus de transformation et caractéristiques physico- riaux sont constitués de trois familles principales : les films poly-
chimiques). Nous terminerons par des études de cas sur des mères, les papiers, et l’aluminium.
produits de notre quotidien (fromages, cafés et produits secs, Les matériaux additionnels sont principalement utilisés sous
préparations culinaires, produits laitiers frais et lait UHT). forme liquide. Ce sont des enductions (cires, paraffines et hot-
melts), des colles, des vernis et des encres, du polyéthylène de

2
polyoléfines.
1. Principe de base
2.1 Films polymères
Le principe de base est simple : chaque couche (ou matériau
support) d’un emballage flexible a des propriétés bien précises
(perméabilités, résistance mécanique, imprimabilité, aspect Les films polymères couramment utilisés sont la pellicule
visuel...). On relie, à l’aide de matériaux additionnels (colles, cellulosique, les films polypropylène, le polyéthylène, le polya-
cires...), les différentes couches pour obtenir ce que l’on appelle mide et le polyester. Chaque film possède ses qualités propres
une structure. L’objectif, au final, est de créer une structure ayant (perméabilité aux gaz, perméabilité à la vapeur d’eau, résis-
des caractéristiques apportées par les différentes couches. Ces tance mécanique, imprimabilité...) qu’il va apporter à l’embal-
caractéristiques sont jugées nécessaires pour le produit emballé, lage multicouche.
ou pour la fonction demandée par le consommateur (figure 1).
Le choix du film va donc dépendre du produit à emballer, de la
machine d’emballage utilisée, du traitement que le produit subira
après emballage (stérilisation, refroidissement...) et, également du
Matériau support 1 process de fabrication de l’emballage multicouche (voir la syn-
Propriétés 1
Process de
Matériau thèse faite au tableau 1).
multicouche
transformation
Propriétés finales
Matériau support n
Propriétés n
2.1.1 Pellicule cellulosique
Matériaux La pellicule cellulosique est composée d’un film de cellulose
additionnels semi-perméable et d’une enduction (vinylique ou nitrocellulosique)
Propriétés réalisée chez le producteur. Cette dernière permet de lui apporter
additionnelles
la barrière vis-à-vis de la vapeur d’eau et vis-à-vis de l’oxygène.
Ces barrières peuvent être qualifiées de « relatives ». En effet, leurs
Figure 1 – Principe du multicouche valeurs changent en fonction des conditions extérieures et, notam-

Tableau 1 – Synthèse des caractéristiques des films polymères

Pellicule
Polypropylène Polyéthylène Polyester Polyamide
cellulosique

Brillant, mat ou Brillant


Blanc, translucide
Aspect extérieur Brillant nacré, pouvant pouvant être Brillant
ou mat (PEHD)
être métallisé métallisé

Relative en fonction
Barrière à la vapeur
des conditions Haute Élevée Faible Faible
d’eau
extérieures

Relative en fonction
Barrière aux gaz des conditions Faible Faible Haute Élevée
extérieures

Support Bon pour les Bon pour les


d’impression Bon polypropylènes Mauvais Bon polyamides
orientés orientés

Résistance
Bonne Élevée Bonne Élevée Haute
mécanique

Aptitude au pliage Bonne Faible Moyenne Bonne Moyenne

Résistance thermique Élevée Faible Faible Élevée Élevée

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____________________________________________________________________________________ MATÉRIAUX D’EMBALLAGE FLEXIBLES MULTICOUCHES

ment, en fonction du degré d’humidité. Deux grades particuliers Le film polyéthylène peut être blanc ou translucide. Dans le cas
(WS et WSZB) sont très utilisés dans les complexes multicouches du film polyéthylène haute densité, l’aspect est mat.
des fromages type pâte molle à cause de cette caractéristique. Le film polyéthylène a une bonne barrière vis-à-vis de la vapeur
La pellicule cellulosique est un bon support d’impression. Il faut d’eau. Il est, par contre, très perméable aux gaz. Seuls les films
faire attention à la qualité des encres utilisées, et notamment des polyéthylène co-extrudés avec une couche d’éthylène-alcool
solvants. En effet, ces derniers peuvent modifier les capacités bar- vinylique EVOH sont barrière aux gaz.
rières de la pellicule cellulosique en s’attaquant à l’enduction réali- Le film polyéthylène a une bonne résistance mécanique, mais
sée par le fabricant. possède une résistance thermique limitée à 90-100 oC. Il s’agit d’un
L’aspect extérieur de la pellicule cellulosique est brillant, point film pasteurisable, mais non stérilisable.
important pour l’aspect marketing. Elle peut être transparente ou
blanche. 2.1.4 Film polyester
Du fait d’être constituée d’un film de cellulose, la pellicule cellu-

2
losique possède la capacité d’absorption d’humidité. C’est un Le film polyester orienté (ou PET) est un bon support d’impres-
second point important pour son utilisation dans les emballages sion. D’un point de vue aspect extérieur, c’est un film brillant pou-
de certains produits. vant être métallisé.
Le film polyester possède une bonne barrière contre les gaz,
La pellicule cellulosique est scellable sous l’effet de température
mais une faible barrière vis-à-vis de la vapeur d’eau. Cette dernière
allant de 50 oC à 100 oC (variables suivant les grades du fabricant).
est améliorée dans le cas où le film est métallisé. L’ajout d’une
La thermorésistance de ce matériau est élevée. Elle a également
enduction silice SiOx ou alumine (AlOx) est également une solu-
une bonne aptitude à la découpe et au pliage, ce qui lui confère
tion pour améliorer la barrière.
une bonne machinabilité.
Ce film a une bonne résistance mécanique, aussi bien à la déchi-
À ce jour, il existe un seul fabricant de pellicule cellulosique :
rure, qu’à la perforation. Cela le rend assez difficile à couper sur
INNOVIA Films.
les machines de conditionnement. Il faut utiliser des couteaux de
découpe spécifiques.
2.1.2 Film polypropylène La machinabilité de ce matériau est bonne : l’aptitude au pliage
Les films polypropylènes orientés (ou OPP) sont fabriqués à par- est particulièrement intéressante. Ce film a également une bonne
tir de produits de base pétrochimiques (oléfines de propylène). thermo-résistance. Il s’agit d’un film qui peut être stérilisable.
C’est un film qui a remplacé, sur de nombreuses applications, la
pellicule cellulosique et l’aluminium, surtout pour des questions 2.1.5 Film polyamide
économiques.
Le film polyamide orienté (ou OPA) est connu sous le nom de
Le film de polypropylène orienté est utilisable comme support film de nylon®. Il peut être utilisé comme support d’impression.
d’impression. Il faut imprimer sur la face du film ayant subi un trai- Son aspect extérieur est brillant.
tement Corona chez le fournisseur. Ce traitement (application d’un
champ électrique en surface du film) modifie la tension de surface Le film polyamide possède une bonne barrière contre les gaz,
du film afin de permettre l’adhésion des encres. C’est un film qui mais c’est un film très perméable vis-à-vis de la vapeur d’eau.
peut être opaque, transparent, nacré ou métallisé. L’aspect exté- Comme pour les autres films, cette dernière caractéristique est
rieur peut être également nacré ou mat. modifiable par l’ajout d’une enduction silice.
Le polypropylène orienté est un film « haute » barrière vis-à-vis Ce film a une très bonne résistance mécanique, aussi bien à la
de la vapeur d’eau. Dans de nombreuses applications, ce film est déchirure, qu’à la perforation. La machinabilité de ce matériau est
perforé pour augmenter la perméabilité à la vapeur d’eau. Par très délicate : l’aptitude au pliage est moyenne et l’aptitude à la
contre, il est peu barrière à l’oxygène et au dioxyde de carbone. découpe est faible.
Pour augmenter cette barrière, il faut l’enduire de vernis spéci- Le film polyamide est un film stérilisable. On a recours à ce film
fiques (Polychlorure de vinylidène : PVC, éthylène-alcool pour des structures nécessitant de la souplesse et de la capacité à
vinylique : EVOH, Acrylique, ou Silice : SiOx). la déformation. Il est donc très utilisé pour des structures de ther-
La fonction de scellage peut être apportée au polypropylène moformage.
orienté grâce à l’enduction d’un vernis. Le polypropylène « co-
extrudé » possède également la fonction de scellage. 2.1.6Autres films polymères
Le polypropylène orienté a une faible thermo-résistance (maxi- On rencontre de plus en plus de nouveaux polymères utilisés
mum 140 oC). dans les structures multicouches :
La machinabilité du polypropylène orienté peut être qualifiée de – le film PLA® (ou Poly Lactic Acid ) : c’est un film biodégradable
moyenne. En effet, l’aptitude à la découpe est bonne, mais l’apti- à base de maïs, très perméable aux gaz et à la vapeur d’eau. Les
tude au pliage est faible. C’est un matériau avec un effet mémoire barrières peuvent également être améliorées avec une enduction
assez important. silice. Ce matériau possède une bonne aptitude au pliage. Un frein
Le film polypropylène est stérilisable dans le cas des films à son utilisation : le coût ;
« Cast » (film polypropylène pour application de scellage non – les nouveaux supports biodégradables : MaterBy®, Ecoflex®... ;
imprimable). – le film polystyrène. Ce matériau est perméable aux gaz et à la
vapeur d’eau. Il possède une bonne résistance mécanique. Il est
encore peu utilisé dans les structures à cause du bruit
2.1.3 Film polyéthylène « métallique » émis lors de sa manipulation ;
Les films de polyéthylène (ou PE) sont également fabriqués à – le PVAL (ou Polyvinyl Alcool) : film hydrosoluble.
partir de produits de base pétrochimique (oléfines d’éthylènes).
Il s’agit du film polymère le plus utilisé dans le monde. 2.2 Papiers
Dans les structures d’emballages multicouches, il est présent
comme agent de scellabilité et d’étanchéité. Il peut être pelable Le papier est très utilisé dans les emballages multicouches. Il va
(sur PS, PP, et PET) ou non. Il n’est pas utilisé comme support apporter diverses propriétés aux structures :
d’impression car c’est un film très élastique. On peut éventuelle- – aspect marketing : opacité, imprimabilité, translucidité, aspect
ment l’imprimer en flexographie, mais pas en héliographie. rustique, brillance, blancheur et toucher du produit ;

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F1322

Verre d’emballage alimentaire

par Jean-Luc BOUTONNIER


Enseignant au Lycée des Métiers de l’alimentation de Villefranche-de-Rouergue
Professeur à l’université Hoa Sen de Hô Chi Minh Ville (Vietnam)

1.
1.1
Ce qu’il faut retenir .................................................................................
Définition de l’emballage alimentaire ........................................................
F 1 322 - 2
— 2
2
1.2 Différentes fonctions de l’emballage ......................................................... — 3
1.3 Définition du matériau verre....................................................................... — 3
1.4 Exigences en matière de contact alimentaire............................................ — 3
1.5 Différents types d’emballages alimentaires en verre ............................... — 3
2. Organisation structurale du verre d’emballage............................... — 4
2.1 Structure ....................................................................................................... — 4
2.2 Composition du réseau ............................................................................... — 5
3. Composition du mélange vitrifiable ................................................... — 6
3.1 Constituants ................................................................................................. — 6
3.2 Matières premières...................................................................................... — 6
3.3 Critères de choix des matières premières ................................................. — 6
4. Fabrication de verre d’emballage ........................................................ — 7
4.1 Préparation de la composition vitrifiable................................................... — 8
4.2 Fusion du mélange ...................................................................................... — 8
4.3 Conditionnement thermique....................................................................... — 10
4.4 Formation des paraisons............................................................................. — 10
4.5 Formage des articles ................................................................................... — 10
4.6 Recuisson ..................................................................................................... — 15
4.7 Traitements de surface................................................................................ — 15
4.8 Contrôles de la qualité des emballages ..................................................... — 15
4.9 Décoration et parachèvement de l’emballage en verre............................ — 17
4.10 Conditionnement ......................................................................................... — 17
5. Propriétés physico-chimiques et fonctionnelles du verre............ — 18
5.1 Résistance chimique.................................................................................... — 18
5.2 Résistance mécanique................................................................................. — 18
5.3 Résistance thermique .................................................................................. — 19
5.4 Propriétés optiques...................................................................................... — 19
5.5 Inertie bactériologique ................................................................................ — 19
Parution : mars 2012 - Dernière validation : décembre 2017

5.6 Imperméabilité aux agents extérieurs et à son contenu .......................... — 19


5.7 Verre d’emballage alimentaire : santé et praticité .................................... — 19
6. Détection d’éclats dans les emballages en verre ........................... — 19
7. Recyclage du verre d’emballage .......................................................... — 20
7.1 Trois solutions pour les emballages alimentaires usagés ....................... — 20
7.2 Collecte et recyclage du verre..................................................................... — 20
7.3 Traitement du verre après collecte............................................................. — 20
Pour en savoir plus ........................................................................... Doc. F 1 322

e verre qui a vu le jour, quelque part au Proche-Orient il y a 4 500 ans, est une
L des créations humaines, vraisemblablement fortuite, et des plus
étonnantes ! Depuis ses origines, vers 2 500 avant Jésus Christ et jusqu’au XVIe
siècle, le verre resta toutefois une denrée chère et, par conséquent, réservée à
des emplois nobles, tels que des bijoux, des amulettes ou même, dans le cas de
compositions renfermant de l’antimoine, des médicaments ingérés sous forme
de poudres fines.

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F1322

VERRE D’EMBALLAGE ALIMENTAIRE ___________________________________________________________________________________________________

Il fallut attendre le début de notre ère pour voir apparaître deux inventions
majeures :
– amélioration de la pureté de la matière première utilisée, la silice, avec
l’obtention d’un verre transparent, permettant l’amélioration de l’aspect des
objets fabriqués ;
– une innovation technologique, avec la possibilité de fabriquer des corps
creux, grâce au procédé de soufflage.
Le verre est un matériau d’emballage qui, bien que relativement ancien, jouit
encore de nos jours, notamment en raison de sa neutralité, vis-à-vis de son
contenu, d’un effet rassurant auprès du consommateur. En effet, une enquête

2
conduite, en 2009, par la Fédération européenne du verre, auprès de 6 200
familles, a démontré que les trois quarts des consommateurs européens privilé-
giaient le verre comme matériau d’emballage des denrées alimentaires
(aliments et boissons). Depuis quelques années, avec la prise en compte de
l’impact environnemental et plus particulièrement de l’empreinte carbone des
produits alimentaires et de leurs emballages, le verre a fait l’objet de critiques
implicites de la part de fabricants d’emballages concurrents...
Cela dit, l’industrie du verre, consciente non seulement des atouts de son
matériau, mais aussi des faiblesses de ce dernier, met en œuvre toute une
série de mesures en direction de l’éco-conception et du développement
durable. Elles concernent principalement trois aspects :
– les matières premières : l’augmentation de la proportion de calcin (verre
recyclé traité) dans le mélange vitrifiable, réduit le rejet de CO2 par le four.
Ainsi, il a été démontré que l’emploi d’une tonne de calcin diminue le rejet de
CO2 , de l’ordre de 500 kg. Cela sous-entend, à l’évidence, de poursuivre les
efforts en matière de tri sélectif des emballages afin d’accroître le pourcentage
de recyclage, qui n’était en 2009 que de 61 % avec un objectif pour 2012 de
75 %. Dans ce registre, on constate que le recyclage du verre est très inégal
entre les régions françaises, d’où la nécessité de développer des mesures
d’incitation dans les zones moins performantes en matière de tri... ;
– la logistique : des progrès peuvent encore être réalisés en matière de
réduction des distances de transport qui existent entre les centres de traite-
ment des verres recyclés et les verreries. L’optimisation de la logistique
relative au transport de verre brisé permettra des gains entre les centres de
traitement et ceux de fabrication du verre, en termes de rejet de CO2 ;
– les emballages : la réduction du poids des bouteilles de vin tranquille, de
l’ordre de 15 %, est une solution qui a été envisagée en début d’année 2009,
avec pour contrainte l’assurance d’une conservation du vin, et la résistance
mécanique, comparables à celle obtenue avec une bouteille classique.
L’industrie du verre, récemment mise en cause dans un contexte
concurrentiel dispose de nombreux atouts afin d’une part, de répondre à ses
détracteurs et d’autre part, de préserver le capital de confiance qui lui est
accordé depuis longtemps par les consommateurs.

1. Ce qu’il faut retenir ■ Le conditionnement des denrées alimentaires met en œuvre trois
éléments :
– un emballage : contenant ;
1.1 Définition de l’emballage alimentaire – une denrée alimentaire : contenu ;
La définition de l’emballage, qui figure dans la Directive – une technologie, qui s’appuie sur des machines et qui peut être :
UE 94/62, distingue et définit les diverses classes d’emballages.
• conventionnelle (atmosphérique),

L’emballage correspond à tout produit constitué de maté- • sous dépression (vide),


riaux de toute nature, destiné à contenir et à protéger des mar- • sous surpression (remplissage iso-barométrique pour les
chandises données, allant des matières premières aux produits boissons gazeuses),
finis, à permettre leur manutention et leur acheminement du
producteur au consommateur ou à l’utilisateur, et à assurer • sous atmosphère modifiée (remplacement de l’air par un gaz
leur présentation. Tous les articles « à jeter » utilisés aux ou un mélange gazeux),
mêmes fins doivent être considérés comme des emballages.
• ou encore aseptique.

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____________________________________________________________________________________________________ VERRE D’EMBALLAGE ALIMENTAIRE

■ Les emballages sont classés en trois catégories, en fonction de – les limites dans l’aptitude au recyclage ;
leur rôle et de leur proximité avec le produit conditionné : – la biodégradabilité pour les emballages non-recyclables... sont
– emballage primaire : directement en contact avec le produit, autant d’aspects incontournables au niveau sociétal actuel.
avec par conséquent des exigences relatives notamment à son À ces fonctions techniques, viennent s’ajouter des fonctions
innocuité en termes de réaction chimique entre contenu et commerciales indissociables de la vente des denrées en libre ser-
contenant ou de migrations de composés du contenant dans le vice. À ce niveau, on peut citer les fonctions de repérage du pro-
contenu ; duit en linéaire par l’acheteur, de support de communication
– emballage secondaire : qui peut regrouper plusieurs unités, (données imposées par le marketing afin de séduire le client), de
appelé encore « unité de vente consommateur » ; praticité d’utilisation par le consommateur (facilité de transport, de
– emballage tertiaire : qui regroupe plusieurs unités de vente au préhension, d’ouverture, de fermeture)...
sein d’un carton ou d’une palette, et qui sert au transport des mar-
chandises. On parle également d’« unité logistique ».
1.3 Définition du matériau verre
2
Compte tenu de ses propriétés, le verre est un matériau qui est
exclusivement réservé à la fabrication d’emballages de type primaire. Selon la DGCCRF, « on entend par verre, un matériau inorga-
nique non métallique, obtenu par fusion complète de matières pre-
mières à température élevée, en un liquide homogène qui se
1.2 Différentes fonctions de l’emballage refroidit ensuite à l’état rigide, essentiellement sans cristallisation.
L’emballage doit assurer, dans un premier temps des fonctions Les objets en verre peuvent être unis et/ou décorés ».
techniques comme celles qui suivent.
■ Contenance 1.4 Exigences en matière
Le récipient est associé à des servitudes réglementaires métrolo- de contact alimentaire
giques, telles que la masse, et/ou le volume de produit hébergé.
Parfois, dans certains cas, la forme est étudiée pour favoriser le On peut les classer en cinq catégories.
transfert de chaleur et la résistance mécanique... ;
■ Critères d’aptitude au contact alimentaire
■ Conservation Au stade du matériau ou de l’objet, l’industriel fabricant ou utili-
L’emballage a pour mission prioritaire de maintenir le plus sateur doit vérifier que les critères d’inertie sont respectés, à
longtemps possible, le plus haut degré de qualité de la denrée, savoir, pour le verre, la migration du plomb et du cadmium.
en ralentissant (ou en supprimant) les effets des mécanismes
physico-chimiques ou microbiologiques d’altération. ■ Limites d’acceptabilité (catégorie 1)
Objets non remplissables et objets remplissables dont la profon-
■ Sécurité deur interne mesurée entre le point le plus bas et le plan horizontal
La protection vis-à-vis d’une contamination (perméabilité du passant par le bord supérieur, est inférieure ou égale à 25 mm.
matériau d’emballage aux gaz, interactions entre le matériau et le Pour le plomb : 0,8 mg/dm2, pour le cadmium : 0,07 mg/dm2.
contenu, migrations de composés issus du matériau vers la denrée
alimentaire) ou d’une pollution délictueuse, est également impé- ■ Conditions d’essais :
rative (inviolabilité des emballages). – lavage des échantillons, selon les normes applicables au maté-
riau considéré ;
■ Distribution
– liquide simulateur : solution d’acide acétique à 4 % ;
Le regroupement en unités de vente et la protection lors du – température : 22 oC ± 2 oC ;
transport et de la manutention, de même que la facilité de mise en – temps de contact : 24 h ± 0 h 30 ;
linéaire des produits, sont des fonctions primordiales pour la – conditions de contact : jusqu’à 1 mm du point de débordement.
commercialisation.
■ Méthode d’essai
■ Information
Détermination de la migration spécifique de plomb et de cad-
Elle est nécessaire tant en interne, comme la traçabilité (numéro de mium par spectrophotométrie d’absorption atomique ou tout autre
lot), qu’en externe avec les mentions réglementaires obligatoires, méthode équivalente ayant une limite de détection au moins égale
via : au dixième des limites indiquées ci-dessus.
– l’étiquetage à destination du consommateur (dénomination du
produit) ; ■ Résultats
– le nom et la raison sociale du fabriquant ; Lorsque pour un objet testé, les migrations de plomb et de cad-
– ou du conditionneur ; mium ou de l’un des deux dépassent les limites fixées ci-dessus,
– la liste des ingrédients ; sans que ce dépassement excède la limite de plus de 50 %, cet
– le volume ; objet est cependant considéré comme conforme si les quantités de
– le poids total, voire le poids net égoutté ; plomb, de cadmium, extraites des trois autres objets au moins,
– les conseils de conservation ; identiques sur le plan de la forme, des dimensions et soumis à un
– la date de durabilité (date limite de consommation ou date essai effectué dans les conditions prévues ci-dessus, ne dépassent
limite d’utilisation optimale) ; pas en moyenne les limites fixées et si, pour chacun de ces objets,
– le numéro d’agrément de l’atelier (denrées animales et d’origine les limites ne sont pas dépassées de plus de 50 %.
animale).
Il faut noter que certaines informations optionnelles peuvent éga-
lement être précisées (données nutritionnelles, conseils de prépara- 1.5 Différents types d’emballages
tion...). alimentaires en verre
■ Environnement
Les emballages en verre destinés à l’industrie agroalimentaire
L’utilisation, ou non, de matières premières d’origine fossile : appartiennent à l’un des trois secteurs de l’industrie du verre, qui
– le bilan carbone pour la fabrication, mais aussi pour la réutili- est appelé le verre creux mécanique et qui est très largement
sation de matériaux d’emballages recyclés ; majoritaire en termes de tonnage fabriqué et de chiffres d’affaires.

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VERRE D’EMBALLAGE ALIMENTAIRE ___________________________________________________________________________________________________

Il n’existe pas de classification normalisée des emballages en


verre. Cela dit, dans le cadre de la profession, on se réfère à la 2. Organisation structurale
forme des emballages et, dans le cadre des déclarations relatives
au suivi statistique de la production on fait appel à une classifi-
du verre d’emballage
cation fonctionnelle.
Ainsi, pour ce qui concerne les emballages alimentaires, on dis- 2.1 Structure
tingue 3 univers et 8 catégories.
Le verre appartient à la famille des solides non cristallins, qui
■ Univers des emballages en verre : comprend deux sous-familles, celles des solides amorphes et celle
– bouteilles : de forme allongée avec une ouverture étroite infé- des verres. Le verre est obtenu par refroidissement d’un mélange
rieure à 28 mm de diamètre, elles sont présentes dans le secteur liquide surfondu qui acquiert durant cet abaissement de tempéra-
des vins et spiritueux, de certaines eaux minérales, de certaines ture, la structure d’un solide sans présenter les caractéristiques

2
huiles, des limonades, des bières, etc. ; ordonnées spécifiques de l’état cristallin.
– flacons : de forme allongée, mais de plus petit format que les En d’autres termes, étant donné que le refroidissement est
bouteilles, ils sont peu fréquents en alimentaire, on peut les ren- rapide et profond, c’est-à-dire à basse température (sous-entendu
contrer pour les spiritueux ; par rapport à celle de la fusion), le mélange liquide atteint une
– bocaux et pots : de forme moins longiligne et de diamètre plus zone thermique où il se trouve dans un état de surfusion.
important que les bouteilles, leur ouverture est supérieure à
28 mm. Les bocaux ont une contenance supérieure à celle des
pots. Les bocaux peuvent être destinés à la fabrication de produits Cette solidification, avec une variation continue de la visco-
stérilisés tels que des pâtés, des légumes et des fruits ou pasteuri- sité, n’est donc pas une cristallisation (qui n’a pas le temps
sés comme des confitures, des sauces acides, des cornichons, etc. pour se réaliser), mais une transition vitreuse qui ne s’effectue
Quant aux pots, on peut les rencontrer pour le conditionnement de pas à une température donnée, mais s’étend sur une plage
yaourts, de desserts lactés, etc. thermique (figure 2).
C’est une caractéristique d’un matériau solide obtenue par
■ Catégories d’emballages en verre (figure 1) :
refroidissement d’un liquide en état de surfusion existant dans
– bocaux à stériliser en verre, bouchons couvercles et autres dis- un grand intervalle de température. À ce moment-là, le
positifs de fermeture en verre ; mélange visqueux devient plastique et peut être mis en forme.
– récipients en verre pour produits alimentaires et boissons infé-
rieure à 2,5 L, autre que bouteilles et flacons (notamment les pots) ;
– récipients en verre d’une contenance nominale supérieure ou Au final, on obtient un solide présentant un désordre structural
égale à 2,5 L (sauf bocaux à stériliser) ; important et, par conséquent, de nature isotrope.
– bouteilles et flacons en verre non coloré d’une contenance La structure microscopique du verre révèle l’absence d’ordre à
nominale inférieure à 2,5 L pour produits alimentaires et boissons ; grande distance. Ainsi, on peut considérer la structure du verre
– bouteilles et flacons en verre coloré d’une contenance nomi- comme un réseau tridimensionnel comparable à celui d’un cristal,
nale inférieure à 2,5 L pour produits alimentaires et boissons ; mais dans lequel seul l’ordre à courte distance est conservé...
– récipients en verre d’une contenance nominale supérieure ou (figure 3).
égale à 2,5 L (sauf bocaux à stériliser) ;
– bouteilles et flacons en verre non coloré d’une contenance
nominale inférieure à 2,5 L, pour produits alimentaires et boissons ;
– bouteilles et flacons en verre coloré d’une contenance nomi-
Viscosité (en poises)

nale inférieure à 2,5 L pour produits alimentaires et boissons.


logarithmique)
(échelle tassée

Viscosité = inverse de la fluidité

Verre solide

100 000 000


10 000 000
1 000 000 Palier Ce domaine de viscosité
100 000 de travail correspond à un verre que
10 000 l'on peut mettre en forme
1 000
100
Fusion
10
Verre liquide
1

250 700 1 150 1 600 Température (en oC)

Ce domaine de température correspond à un verre


que l’on peut mettre en forme

Figure 2 – Évolution de la viscosité du verre en fonction


Figure 1 – Bouteilles et bocaux (Crédit Verre Avenir) de la température

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F 1 322 – 4 est strictement interdite. – © Editions T.I.

108
Référence Internet
F1322

____________________________________________________________________________________________________ VERRE D’EMBALLAGE ALIMENTAIRE

O
O O
O
Si Si
O O

O O
O O M+
Si
O
Al O
O O O O

2
a silice cristalline (cristobalite) Si
Si O
Si
O
O
O
O Si
O

Figure 4 – Schéma structural d’un verre où Al2O3 est en position


de formateur de réseau grâce à la présence d’un ion alcalin M+

• Les ions modificateurs ne peuvent pas à eux seuls constituer


un réseau. Ce sont essentiellement des alcalins, des alcalino-ter-
reux et, dans une moindre mesure, certains éléments de transition
silice vitreuse et des terres rares.
Ils sont habituellement plus volumineux (rayon ionique plus
Figure 3 – Schéma de deux types de silice important) que les ions formateurs du réseau, faiblement chargés
et donnant des polyèdres de grande coordinence. Leurs liaisons
avec des atomes d’oxygène sont plus ioniques que celles établies
2.2 Composition du réseau par les ions formateurs.

En raison de sa structure, le verre est très peu soumis à des Ils peuvent avoir deux rôles structuraux bien distincts, soit modi-
contraintes stoechiométriques. En conséquence, le verre peut ficateurs de réseau vrais, soit compensateurs de charge.
inclure, au sein du réseau qui le constitue, une très grande variété
• Les ions modificateurs de réseau vrais rompent les liaisons
d’éléments et offrir des compositions très complexes.
entre les polyèdres du réseau vitreux provoquant une dépolyméri-
Dans un verre d’oxydes, ces différents éléments sont sous forme sation de ce dernier. Ils transforment ainsi les ions oxygène pon-
cationique, afin de former des oxydes avec l’anion oxygène O2–. tants, qui lient deux éléments formateurs du réseau, en ions
Les cations intervenant dans la composition des verres peuvent oxygène non-pontants, liés à un seul ion formateur de réseau.
être classés en trois catégories, selon le rôle structural qu’ils Cela se traduit à l’échelle macroscopique par une diminution du
jouent lors de la formation du verre ou « vitrification ». point de fusion et de la viscosité.
■ Cette classification s’appuie sur le nombre de coordinations, • Les ions compensateurs de charge, quant à eux, compensent
c’est-à-dire sur le nombre d’atomes d’oxygène auquel est lié le une charge négative sur un polyèdre formateur de réseau, par
cation, ainsi que le nombre et le type des forces de liaison. exemple BO4–, lui permettant d’être stable dans cette
configuration.
■ Ainsi, on distingue trois types d’ions :
– ions formateurs du réseau ; • Les ions intermédiaires ont des comportements différents. En
– ions modificateurs (ou non formateurs) du réseau ; effet, certains de ces éléments ont, soit un rôle de formateurs de
– ions intermédiaires. réseau, soit un rôle de modificateurs de réseau, selon la
composition du verre. Tandis que d’autres n’auront ni l’une, ni
• Les ions formateurs du réseau sont des ions qui sont l’autre de ces fonctions, mais un rôle intermédiaire.
capables, à eux seuls, de former du verre. Les éléments les plus
couramment utilisés en industrie sont des oxydes de : Les principaux éléments intermédiaires dans les verres d’oxydes
sont :
– silicium SiO2 ;
– l’aluminium ;
– bore B2O3 ;
– phosphore P2O5 ; – le fer ;
– germanium GeO2 ; – le titane ;
– arsenic As2O3. – le nickel ;
– le zinc.
Ce sont des éléments métalliques de valence assez élevée
(3, 4, voire 5) qui forment des liaisons mi-covalentes et mi-ioni-
ques avec les atomes d’oxygène. Ils donnent des polyèdres de
faible coordinence (3 ou 4 atomes voisins pour 1 atome donné), Le verre ordinaire dit « silico-sodo-calcique » est représenté par
comme SiO4, BO4 ou BO3. Ces polyèdres sont reliés par leurs un assemblage de tétraèdres de SiO4 , liés deux à deux par des
sommets pour former le réseau vitreux (figure 4). ions oxygène entre lesquels se placent des ions modificateurs.

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est strictement interdite. – © Editions T.I. F 1 322 – 5

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2

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Référence Internet
AG6529

Alimentarité des emballages en bois

par Florence FRICOTEAUX


Maître de Conférences, ESIReims (École Nationale Supérieure d’Ingénieurs de Reims) –

2
URCA (Université de Reims Champagne Ardennes) (Reims, France)
et Florence AVIAT
Docteur en Sciences, fondatrice et Présidente YouR ResearcH – Bio-Scientific (Nantes, France)
et Nadia OULAHAL
Maître de Conférences (HDR), IUTLyon1, BioDyMIA (Bioingénierie et Dynamique
Microbienne aux Interfaces Alimentaires), Université Lyon 1 (Bourg en Bresse, France)
Membre du RMT Chlean Pass.

1. Point sur la règlementation du bois au contact des aliments.... AG 6 529 - 2


1.1 Règlementation européenne...................................................................... — 2
1.2 Règlementation française........................................................................... — 3
2. Les emballages en bois pour le contact alimentaire :
éléments déterminants .......................................................................... — 4
2.1 Le matériau.................................................................................................. — 4
2.2 Les composés du matériau bois ................................................................ — 5
2.3 L’aliment en contact.................................................................................... — 5
2.4 La température et l’humidité relative ........................................................ — 6
2.5 Corrélation entre les conditions réelles et de tests .................................. — 6
3. Exemples d’études – Enjeux industriels ............................................ — 6
3.1 Inertie microbiologique .............................................................................. — 6
3.2 Inertie chimique : démarche pour l’évaluation de l’aptitude au contact
alimentaire................................................................................................... — 8
3.3 Enjeux industriels........................................................................................ — 9
4. Conclusion................................................................................................. — 9
5. Glossaire .................................................................................................... — 10
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. AG 6 529

e bois, matériau ancien, est toujours utilisé de nos jours en tant que maté-
L riau d’emballage et matériau entrant dans la fabrication d’objets destinés à
être au contact de produits alimentaires.
Dans le domaine de l’agro-alimentaire, le bois se retrouve dans la composi-
tion d’objets destinés à la manipulation de produits alimentaires, tels que les
planches à découper, les ustensiles de cuisines (couverts, plats,…).
Il entre dans la fabrication d’emballages dits « légers », mais également plus
rarement d’emballages dits « lourds ».
Les emballages légers sont :
– les cagettes utilisées pour les fruits et légumes ;
– les bourriches utilisées pour les produits de la mer (poisson et fruits de
mer) ;
– ou les boîtes à fromage.
Parution : septembre 2018

Les emballages lourds sont :


– les caisses ;

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111
Référence Internet
AG6529

ALIMENTARITÉ DES EMBALLAGES EN BOIS _____________________________________________________________________________________________

– les pallox ;
– les palettes utilisées pour le stockage et le transport de certains fruits en
vrac.
Dans ces trois cas, le bois est utilisé pour présenter, manipuler, stocker ou
transporter, et ne doit pas libérer de substances susceptibles de modifier le
contenu (garantir une inertie organoleptique et chimique, et ne pas être
vecteur de micro-organismes indésirables).
Lorsqu’il est utilisé en tant que matériau de bonification pour la fabrication de
fûts destinés à la maturation du vin, de gerles pour ensemencer le lait avant la
fabrication de fromages, de planches d’affinage pour certains fromages, le bois
influe sur les caractéristiques organoleptiques ou microbiologiques du produit
2 final résultant d’échanges entre le bois et le produit alimentaire en contact.
Excepté pour la filière viticole, le bois fait l’objet d’une concurrence par les
emballages plastique et carton, notamment due à la réglementation très
détaillée et actualisée de ces deux matériaux depuis une bonne trentaine
d’années. En effet, la règlementation du bois au contact alimentaire, et donc
son aptitude au contact alimentaire, est mal identifiée, d’où l’importance de
faire un point sur l’alimentarité du bois.

Ainsi il est inscrit que « Les matériaux et objets, y compris les


1. Point sur la matériaux et objets actifs et intelligents, sont fabriqués conformé-
règlementation du bois ment aux bonnes pratiques de fabrication afin que, dans les
conditions normales ou prévisibles de leur emploi, ils ne cèdent
au contact des aliments pas aux denrées alimentaires des constituants en une quantité
susceptible : de présenter un danger pour la santé humaine, ou
d’entraîner une modification inacceptable de la composition des
L’ensemble de la règlementation des matériaux et objets au denrées, ou d’entraîner une altération des caractères organolep-
contact des aliments est composé d’un règlement cadre, de tiques de celles-ci. ».
règlements et directives spécifiques à certains groupes de maté-
• Article 5 et le matériau « bois »
riaux.
L’article 5 de ce règlement indique que le bois ne peut pas être
Si les règlements sont applicables tels quels, chaque état
assimilé à un matériau d’emballage actif ou intelligent : « Les
membre peut transposer les directives européennes en arrêtés ou
matériaux et objets actifs destinés à entrer en contact avec des
lois propres, et peut également, dans le cas de non-harmonisation
denrées alimentaires sont conçus de manière délibérée pour
de la règlementation européenne, définir des réglementations
contenir des constituants “actifs” destinés à être libérés dans les
nationales.
denrées alimentaires ou absorber des substances provenant des
Les emballages entrent dans le champ d’application de la régle- denrées alimentaires. Il convient de les distinguer des matériaux
mentation des matériaux et objets destinés au contact alimentaire. et objets traditionnellement utilisés pour libérer leurs ingrédients
L’alimentarité des matériaux est traitée dans la référence naturels dans des types particuliers de denrées alimentaires au
[M 4 490]. cours de leur fabrication, comme les fûts en bois. »
• Article 6 et les mesures nationales
L’article 6 rappelle qu’en cas de non-harmonisation, règlemen-
1.1 Règlementation européenne taire du MCDA, alors des mesures nationales peuvent être prises
par les États Membres.
■ Règlement CE 1935/2004
• Articles 15, 16 et 17
Dans l’Union européenne, le règlement cadre relatif aux maté-
riaux et objets destinés à entrer en contact des denrées alimen- Trois autres articles importants sont :
taires est le Règlement CE 1935/2004 ou « règlement cadre ». – l’article 15 qui signifie les règles d’étiquetage « convient pour
aliments » ;
• Dix-sept matériaux sont concernés par ce règlement
– l’article 16 qui mentionne « l’obligation d’accompagner les
Les règles pouvant différer d’un matériau à l’autre, c’est la rai- matériaux et objets d’une déclaration écrite attestant leur confor-
son pour laquelle des textes spécifiques à certains matériaux ou mité avec les règles qui leur sont applicables. ». La déclaration de
groupes de matériaux ont été mis en place (sous forme de règle- la conformité au règlement cadre ne couvre pas que les aspects en
ments ou directives au niveau européen, ou de lois ou d’arrêtés lien avec la sécurité sanitaire, mais également la mise en place par
au niveau national). le fabricant d’emballage en bois des bonnes pratiques de fabrica-
Le bois fait partie de cette liste de 17 matériaux, mais ne fait tion, d’un système de traçabilité ;
l’objet d’aucune directive spécifique, ni d’une harmonisation – l’article 17 qui rappelle la notion de traçabilité à tous les stades
règlementaire au sein de l’Union européenne. de la fabrication de l’emballage.
• Article 3 et la sécurité alimentaire ■ Règlement CE 2023/2006
Les principes d’inertie et de sécurité alimentaire pour tous les En complément, vient le règlement cadre CE 2023/2006 qui défi-
Matériaux au Contact des Denrées Alimentaires (MCDA) sont défi- nit les Bonnes Pratiques de Fabrication (BPF) des matériaux et
nis dans l’article 3 de ce règlement. objets destinés à entrer en contact avec des denrées alimentaires.

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112
Référence Internet
AG6529

______________________________________________________________________________________________ ALIMENTARITÉ DES EMBALLAGES EN BOIS

• Article 4 Puis, le décret 2008-1469 définit la liste, entre autres :


Il spécifie notamment en Article 4 que l’entreprise doit s’assurer – des substances autorisées pour la fabrication de MCDA ;
que « les opérations de fabrication sont réalisées conformément – les limites spécifiques ou globales de migration de certains
aux BPF ». constituant dans ou sur les denrées alimentaires ;
• Article 5 – des prescriptions relatives à la déclaration écrite attestant la
conformité des MCDA.
L’article 5 indique que « l’exploitant d’entreprise établit et met
en œuvre un système d’assurance de la qualité efficace et docu- ■ Arrêté du 18 novembre 1945 (JORF 1945)
menté et il veille au respect de celui-ci. ».
Cet arrêté donne la liste des essences de bois pouvant être utili-
• Articles 6 sées pour le contact alimentaire, initialement sur les instruments
L’article 6 est dédié au système de contrôle de la qualité : de mesure, étendu aux récipients destinés au stockage et conser-
« l’exploitant d’entreprise établit et maintient un système efficace vation des boissons et denrées alimentaires dans la circulaire du
de contrôle de la qualité ».
• Article 7
28 octobre 1980.
Ainsi, la liste des essences de bois admises dans l’arrêté du
15 novembre 1945 a évolué et aujourd’hui, pour tout type d’ali-
2
Et l’article 7 spécifie que « l’exploitant d’entreprise crée et tient
une documentation appropriée en format papier ou électronique ments, sont acceptées les essences de bois traditionnellement uti-
portant sur les spécifications, les formules de fabrication et les lisées en France et provenant de pays tempérés européens tels
transformations qui présentent un intérêt du point de vue de la que les Aulne, Bouleau, Charme, Châtaignier, Chêne, Douglas,
conformité et de la sécurité du matériau ou de l’objet fini. ». Épicéa, Frêne, Hêtre, Olivier, Pin Maritime, Pin sylvestre, Peuplier,
Platane, Robinier, Sapin, Tremble et pour les contacts avec des
■ Norme NIMP 15 solides alimentaires, les Hêtre, Noyer et Orme.
Au niveau européen, la norme NIMP 15 (ISPM 15 en anglais) ■ Note d’information n° 2012-93
(Norme Internationale de Mesures Phytosanitaires n° 15), adoptée
le 23 août 2003, a pour objectif d’uniformiser les mesures à appli- Plus récemment, afin d’actualiser la réglementation, la DGCCRF
quer afin d’éviter l’infestation des forêts d’un pays importateur a communiqué une note d’information n° 2012-93 sur le cas du
par des nuisibles présents dans le bois des emballages. bois au contact alimentaire.
La fiche du matériau bois a pour but de présenter les modalités
de vérification de l’aptitude au contact alimentaire du bois en
1.2 Règlementation française l’absence de texte réglementaire ; elle n’est pas opposable.
Elle prend en référence les textes réglementaires à utiliser
En France, la règlementation nationale concernant le matériau
(notamment ceux des matières plastiques, des papiers et cartons,
bois en tant que MCDA est la plus avancée en Europe. En effet, le
des produits chimiques,…). Elle rappelle les essences de bois utili-
bois se soumet aux règlements européens, mais également à
sées en fonction du type d’aliment et les réglementations appli-
4 textes nationaux (voir le Pour en Savoir plus) :
cables en cas :
– le décret 2008-1469 ;
– de traitements antifongiques ;
– le code de la consommation ;
– l’arrêté de 1945 ; – d’utilisation d’encres, vernis, peinture, adhésifs ;
– la note d’information « Fiche matériau bois n° 2012-93 / DGC- – de revêtements.
CRF » (figure 1). Cette fiche n’autorise pas de traitement chimique du bois à une
seule exception : les traitements contre le bleuissement du bois
■ Code de la consommation et décret 2008-1469 (traitement antifongique). Elle fixe les méthodes normées d’éva-
Ainsi, le code de la consommation rappelle le principe d’inertie luation de certaines substances, ainsi que leur limite d’acceptabi-
des emballages en contact avec des denrées alimentaires. lité dans le bois.

Inertie des emballage

4 textes Code de la
nationaux Consommation
Substances autorisées
Limites migrationS (LMS)
Déclaration conformité

Décret BOIS Arrêté de 1945


2008-1469 BRUT « Bois »

Autorise l’utilisation du b
Inertie des emballages
Liste positive d’essences
+ Pas opposable : Fiche de recommandations
+ Acteurs de la filière
Note DGCCRF
+ Techniques d’analyses – LMS
2012–93 « Bois »
+ Autorisation traitement antifongique « anti-bleu »

Figure 1 – Règlementation française sur le bois comme Matériau Contact Denrées Alimentaires (MCDA)

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés AG 6 529 – 3

113
2

114
Emballage des produits alimentaires et autres
conditionnements spécifiques
(Réf. Internet 42132)

1– Normes et législation de l'alimentaire

2– Matériaux et techniques pour le conditionnement


alimentaire 3
3– Conditionnements spécifiques Réf. Internet page

Emballage des produits industriels. Introduction AG6200 117

Emballage des produits industriels. Protection climatique et physico-chimique AG6201 119

Emballage des produits industriels. Protection mécanique AG6202 123

Essais et programmes d'essais sur les emballages de transport AG6290 127

Conditionnement des matériels et produits industriels AG6500 131

Emballage des matières dangereuses AG6510 133

Conteneurs souples AG6530 137

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115
3

116
Référence Internet
AG6200

Emballage des produits industriels


Introduction
par Jean-Pierre FAUVILLE
Conseiller technique du Syndicat de l’emballage industriel (SEI)

1. Faciliter les opérations logistiques..................................................... AG 6 200 - 2


2. Protéger des contraintes de l’environnement logistique ............. — 2
3. Participer à la production et à l’utilisation du matériel ............... — 3
3
e « Syndicat de l’emballage industriel » a défini l’emballage industriel
L comme étant l’emballage des matériels et des produits industriels,
c’est-à-dire l’emballage des biens d’équipement et non des biens de
consommation.
Les techniques et les matériaux utilisés sont souvent très différents mais
découlent des mêmes principes de base que sont :
— la distribution physique des matériels ;
— la protection de ces matériels.
L’emballage doit faciliter les opérations logistiques en diminuant les risques
qu’elles engendrent, que ce soit :
— lors des manutentions où l’étude de la préhension est indispensable ;
— lors du transport où l’emballage permet de former un ensemble cohérent
avec le moyen de transport utilisé ;
— lors des stockages où l’emballage facilite l’empilage des produits.
L’emballage permet enfin la gestion des opérations de distribution.
Les matériels et produits industriels qui voyagent et se stockent subissent
des contraintes dues à leur environnement logistique durant les manutentions,
les transports et les stockages. Selon leur « sensibilité » ou leur fragilité, ils
peuvent admettre ces contraintes sans détérioration ou bien être dégradés.
Le matériel peut alors être effectivement rendu inutilisable ou bien encore
être déréglé ; mais il peut aussi avoir subi des contraintes répétées qui auront
pour conséquence de provoquer un vieillissement prématuré et d’en
compromettre la fiabilité.
La protection à apporter au matériel devra donc tenir compte des sensibilités
des matériels aux contraintes et analyser celles-ci. Cette introduction se pro-
pose d’établir les principes de base de l’emballage industriel.
— Pour toutes les opérations citées dans cette introduction, le lecteur pourra
consulter les rubriques concernées dans ce traité (références [1] et [2] en
[Doc. AG 6 501]).
Cette étude sur l’emballage industriel se compose de quatre articles :
— [AG 6 200] Emballage de produits industriels. Introduction ;
— [AG 6 201] Emballage de produits industriels. Protection climatique et phy-
sico-chimique ;
— [AG 6 202] Emballage de produits industriels. Protection mécanique ;
— et [AG 6 500] Conditionnement des matériels et produits industriels ;
— auxquels se rattache un fascicule de documentation commun à tous ces
articles :
— [Doc. AG 6 501] Conditionnement et emballage des produits industriels.
Parution : janvier 2002

« Pour en savoir plus ».

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3

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Référence Internet
AG6201

Emballage des produits industriels


Protection climatique et physico-chimique
par Jean-Pierre FAUVILLE
Conseiller technique du Syndicat de l’emballage industriel (SEI)

1. Analyse des risques climatiques et physico-chimiques .............. AG 6 201 - 2


1.1 Environnement climatique et physico-chimique ..................................... — 2

3
1.1.1 Conditions dépendant du circuit logistique .................................... — 2
1.1.2 Conditions climatiques géographiques ........................................... — 3
1.1.3 Contraintes de l’environnement climatique .................................... — 3
1.2 Résistance des matériels aux contraintes climatiques............................ — 4
1.2.1 La corrosion ....................................................................................... — 4
1.2.2 Nature des composants métalliques ............................................... — 5
1.2.3 Protection permanente...................................................................... — 5
1.2.4 Classement des matériels pour le choix de la méthode
de protection anticorrosion .............................................................. — 6
1.2.5 État interne ......................................................................................... — 6
2. Protection anticorrosion....................................................................... — 7
2.1 Protection temporaire de contact.............................................................. — 7
2.1.1 Nettoyage ........................................................................................... — 7
2.1.2 Séchage .............................................................................................. — 8
2.1.3 Protection des pièces métalliques par produit de contact ............. — 8
2.1.4 Protection des matériels non métalliques ....................................... — 11
2.2 Protection par inhibiteurs en phase vapeur ............................................. — 11
2.3 Protection par étanchéité à l’eau ; imperméabilité
à l’eau de ruissellement ............................................................................. — 11
2.4 Protection par enceinte étanche déshydratée.......................................... — 12
2.4.1 Hygrométrie et condensation : principes élémentaires ................. — 12
2.4.2 Déshydratation................................................................................... — 12
2.4.3 Enceintes étanches déshydratées .................................................... — 13
2.4.4 Enceintes étanches sous atmosphère contrôlée............................. — 15
3. Autres types de protection .................................................................. — 15
3.1 Protection contre les températures extrêmes .......................................... — 15
3.2 Protection contre les variations de pression ............................................ — 16
3.3 Protection contre les moisissures, champignons, insectes et rongeurs — 16
3.4 Protection contre les phénomènes électrostatiques,
électromagnétiques ou magnétiques ....................................................... — 16
Pour en savoir plus.......................................................................................... Doc. AG 6 501

L a destruction des matériels due à l’action de contraintes climatiques et


physico-chimiques coûte très cher à l’économie mondiale.
Tous les matériaux dont sont composés les matériels sont dégradables à la
suite des agressions qu’ils subissent, soit de la part de l’environnement clima-
tique, soit par attaque physico-chimique. Le résultat de ces agressions est aussi
bien une érosion mécanique et climatique qu’une corrosion physico-chimique ;
ainsi :
— l’érosion agit sur tout ce qui est soumis à l’atmosphère extérieure (par
exemple, le vent de sable est très néfaste aux matériels stockés en plein air) ;
— les différences de température provoquent la variation du volume des
matériels, la chaleur et le froid agissant sur la dilatation des différents
Parution : janvier 2002

composants en les déformant ou en les détruisant ;

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© Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 6 201 − 1

119
Référence Internet
AG6201

EMBALLAGE DES PRODUITS INDUSTRIELS __________________________________________________________________________________________________

— le rayonnement solaire est également néfaste pour la plupart des


matériaux ;
— le gel a une action importante sur tous les matériaux poreux.
Les micro-organismes, les insectes, les rongeurs sont également des agents
de dégradation dont il faudra tenir compte.
En outre, de nouvelles contraintes sont à prendre en considération pour la
protection des matériels électroniques ; ce sont les agressions provoquées par
l’électricité statique, les rayonnements électromagnétiques ou radioactifs.
Mais, l’agent de dégradation le plus agressif pour les matériels constitués de
métaux est l’eau, qui agit sur eux sous la forme de corrosion humide.
Cet article se propose d’analyser les risques climatiques et physico-chi-
miques et d’étudier les modes de protection envisageables.

Cette étude sur l’emballage industriel se compose de quatre articles :

3
[AG 6 200] Emballage de produits industriels. Introduction ;
[AG 6 201] Emballage de produits industriels. Protection climatique et physico-chimique ;
[AG 6 202] Emballage de produits industriels. Protection mécanique ;
et [AG 6 500] Conditionnement des matériels et produits industriels ;
auxquels se rattache un fascicule de documentation commun à tous ces articles :
[Doc. AG 6 501] Conditionnement et emballage des produits industriels. « Pour en savoir
plus ».

1. Analyse des risques (souvent à base d’émulsions corrosives), qui peut produire une
attaque, même superficielle, malheureusement au départ de corro-
climatiques sions plus importantes.
Au moment du montage
et physico-chimiques ●

Les pièces, si elles sont nues et non protégées, peuvent être atta-
quées par les acides déposés par les doigts lors des manutentions.
Ces acides sont source de corrosion irrémédiable, car il sera diffi-
1.1 Environnement climatique cile de retirer les pièces une fois montées à l’intérieur des méca-
et physico-chimique nismes pour lesquels elles ont été conçues.
● Pendant le stockage avant emballage
L’environnement climatique et physico-chimique que nous rete- Comme pour tout stockage, lorsque les pièces se trouvent dans
nons pour étude correspond aux conditions auxquelles le matériel des locaux non climatisés, elles sont soumises aux condensations
est soumis, entre sa fabrication et sa première utilisation. à chaque variation de température ; les conditions et durées de
L’analyse de l’environnement climatique et physico-chimique stockage avant emballage devront donc être définies avec préci-
devra donc tenir compte : sion.
— de la chaîne logistique que suit le matériel ; ● Lors de l’emballage
— des conditions climatiques proprement dites rencontrées ;
— des contraintes qui seront subies par le matériel. Comme lors du montage, les pièces sont manipulées et peuvent
être contaminées par des agents de pollution, tels que ceux appor-
tés par les empreintes digitales ou par des poussières hygrosco-
1.1.1 Conditions dépendant du circuit logistique piques déposées par les matériaux d’emballage (sciures de bois,
poussières de papier, de carton, etc.).
Pour lutter contre la corrosion, il est nécessaire de prendre en ● Lors du stockage avant expédition
compte les conditions climatiques dès la fabrication de la pièce ou
de chacun de ses composants (avant l’assemblage). Il est en effet Il faudra tenir compte du temps de stockage avant expédition,
insuffisant de ne considérer les agressions climatiques qu’à partir ainsi que des conditions de stockage :
de la réalisation de la protection anticorrosion (lors des opérations — entrepôts ventilés ;
d’emballage). On devra, de même, tenir compte de ces conditions — abris simples ;
après déstockage et déballage, et ce jusqu’à la mise en route du — extérieur (emballages bâchés, etc.).
matériel.
■ Durant le transport
■ Avant expédition Le choix du moyen de transport doit être fait en fonction des
Entre la fabrication et l’expédition, le matériel est soumis à matériels, les contraintes étant très différentes selon les modes de
chaque stade du circuit logistique, à diverses sollicitations. transport utilisés.
● Après l’usinage ● Transport routier
Dès qu’une pièce mécanique est usinée, elle devient très vulné- Pour le transport de détail en camion couvert, le risque d’expo-
rable à la corrosion, car elle est encore recouverte d’huile de coupe sition à une humidité importante est exclu. Pour les matériels plus

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importants en poids ou en volume, on prévoira un bâchage 1.1.3 Contraintes de l’environnement climatique


complémentaire lors de l’emballage.
L’environnement climatique génère de multiples contraintes sur
● Transport ferroviaire le matériel emballé.
Comme pour le transport routier, les risques de mouille, en ■ Pluie et ruissellement
wagons couverts, sont minimisés pour les colis de détail, les gros Les stockages en plein air sont exposés à la pluie, qui est
ensembles en caisses transportés sur plate-forme devant être variable selon la saison et le lieu de stockage. Elle tombe généra-
bâchés. lement verticalement et, selon la dimension et le poids de l’embal-
● Transport fluvial lage, elle en affecte principalement la partie supérieure.

Ces transports sont exceptionnels pour les matériels industriels ; ■ Immersion


on veillera, là aussi, à obtenir une étanchéité à la pluie par Elle ne peut être considérée que comme une contrainte acciden-
bâchage. telle, mais des tests d’immersion sont cependant réalisés pour les
emballages de haute protection.
● Transport maritime
L’immersion accidentelle, partielle ou totale, peut se produire en
Il y a une très grande différence d’environnement entre le maté- cours de transport, dans les soutes des bateaux et lors des
riel mis en cale et le matériel mis en pontée. stockages extérieurs sur des sites insuffisamment aménagés.
Les conditions climatiques en cale varient en fonction des mers
traversées. Il s’agit généralement d’une atmosphère très humide et
souvent confinée. La température peut être élevée à proximité des
■ Vapeur d’eau
C’est la contrainte climatique la plus courante, l’air ambiant
contenant en permanence de l’eau sous forme de vapeur. Le rôle
3
chaudières.
des protections anticorrosives et de l’emballage est d’empêcher la
En pontée, les conditions climatiques sont différentes ; l’état de pénétration de cette humidité jusqu’au métal sensible dont est
la mer peut provoquer des aspersions sur les emballages ; des composé le matériel.
températures élevées dues au rayonnement solaire doivent être
envisagées lors du passage des tropiques ■ Atmosphère saline
Celle-ci renforce l’action corrosive de l’humidité par son action
● Transport aérien chimique ; de plus, elle a la propriété de maintenir sur les pièces
Les conditions climatiques sont stables sur les avions pressuri- l’eau de condensation ; une pièce qui a été au contact avec l’eau de
sés : les températures, en soute, sont généralement supérieures à mer reste humide en permanence, même si l’air ambiant n’est pas
0 oC ; les pressions ne descendent pas au-dessous de 750 hPa. Mais, saturé.
dans les avions gros porteurs non pressurisés, les températures ■ Pollution
peuvent descendre jusqu’à – 50 oC, et les pressions, qui varient en
fonction de l’altitude, peuvent descendre jusqu’à 150 hPa. L’atmosphère polluée est le propre des conditions climatiques
rencontrées en zones urbaines et industrielles. La combustion des
produits pétroliers (fuel de chauffage, gas-oil et essence des véhi-
■ Durant les stockages intermodaux
cules) est à l’origine de retombées de poussières ; ces particules
Les stockages entre les différents modes de transports dépen- sont particulièrement agressives, car elles sont soit acides soit
dent des installations de transit. Les petits colis seront générale- sulfureuses ; elles agissent par voie chimique lors de la réaction de
ment mis à l’abri dans les gares ferroviaires, les entrepôts des corrosion et par voie physique en fixant les produits de
ports ou des aéroports. Mais les emballages de plus grandes condensation sur les matériels, en empêchant ou en retardant leur
dimensions seront presque toujours stockés à l’air libre. La évaporation.
connaissance exacte du circuit de transport et des lieux et ■ Abrasion atmosphérique. Vent de sable
conditions de stockage est donc indispensable. Il faut noter les très
mauvaises conditions de stockage rencontrées dans les ports Les matériels et les emballages stockés en plein air sont soumis
encombrés de certains pays en voie de développement. à des phénomènes d’abrasion provoqués par le vent qui met en
suspension poussières et sables.
■ Durant les stockages à l’arrivée Les climats désertiques tels que celui du Sahara provoquent la
formation de vents de sable. Celui-ci peut pénétrer à l’intérieur des
Des stockages ont lieu aussi durant les opérations de dédouane- emballages non étanches et détériorer le matériel. Cette « abrasion
ment et d’autres avant l’utilisation du matériel. Ces derniers, sou- atmosphérique » affecte aussi le marquage des emballages.
vent les plus longs, correspondent aux stocks tampons de la chaîne
de distribution ou à un stockage sur site en attente de montage. ■ Chaleur
En climat équatorial, le matériel est stocké à des températures
élevées mais, cependant, même en climat métropolitain, la tempé-
1.1.2 Conditions climatiques géographiques rature de stockage peut être élevée surtout à la surface des embal-
lages exposés au soleil. Les températures diurnes ne dépassant
jamais 70 oC et uniquement sur le dessus de l’emballage, il suffit
Ces conditions climatiques varient en fonction des pays traver- d’un contenant en bois pour isoler le matériel sans dépasser 60 oC.
sés ou des lieux de stockage. Pour simplifier la présentation, nous Par contre, la ventilation des caisses est conseillée.
avons retenu trois zones principales :
L’isolation thermique des emballages est cependant réalisable, le
— les conditions européennes (dites aussi métropoles) ; ce sont choix du contenant et des ventilations permettant d’atténuer ces
les conditions de transport et de stockage rencontrées dans des contraintes (utilisation de véhicules ou de conteneurs isothermes).
climats similaires au climat métropolitain ;
— les conditions tropicales : elles correspondent à des trans- ■ Rayonnement solaire
ports maritimes avec passage des tropiques ou à des stockages Le rayonnement solaire agit sur les matériels non emballés, en
dans des pays tropicaux ; ternissant les peintures et en attaquant certains composants qui se
— les conditions autres : elles correspondent à toutes les autres dégradent lors de leur exposition au rayonnement ultraviolet.
conditions climatiques, y compris les conditions maritimes sans Par ailleurs, les marquages de mauvaise qualité peuvent être
passage des tropiques [3]. rendus illisibles par l’exposition au soleil.

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■ Chocs thermiques lène sont très vulnérables ; seuls les emballages en PVC sont épar-
Les matériels électroniques et électriques sont sensibles aux gnés. On trouve des rongeurs dans les ports et lors des stockages
variations rapides de température. Celles-ci ont lieu principalement sur sites en campagne.
lors des ruptures de charges entre les moyens de transport et les ■ Phénomènes électromagnétiques, électrostatiques, magnétiques
entrepôts lors des manutentions.
Les contraintes apportées par les phénomènes d’ordre magné-
Exemple : un emballage, sortant d’un avion climatisé à 10 oC et se tique ou électromagnétique ou par l’électricité statique sont de
trouvant sur l’aéroport de Moscou, verra sa température descendre à plus en plus prises en compte dans la protection des matériels uti-
– 40 oC en quelques minutes. lisant des composants informatiques.
Il peut en être de même, à l’inverse, si le matériel emballé est stocké
dans un entrepôt non climatisé et qu’il est déballé dans un endroit cli- • Les rayonnements électromagnétiques provoqués par la fou-
dre ou par les émetteurs radar peuvent être à l’origine de courants
matisé.
induits néfastes pour les matériels pyrotechniques.
Ces contraintes agissent dans les deux sens sur la dilatation rela- • Les pellicules et plaques photographiques de haute sensibilité
tive des composants du matériel : chaud-froid et froid-chaud. peuvent être détériorées par les rayons X.
■ Froid • L’électricité statique se développe sur les composants plas-
Les températures basses se rencontrent lors des stockages dans tiques des emballages ; cette triboélectricité se retrouve également

3 les pays à climats continental et polaire, mais également en climat sur le corps humain et chaque contact avec le matériel provoque
métropolitain durant l’hiver. En outre, de basses températures une charge de celui-ci ; il en résulte que certaines mémoires et
(– 50 oC) existent également dans les avions non pressurisés. composants informatiques peuvent être détériorés par perte ou
modification des informations qu’ils contiennent. Par ailleurs,
Les matériels sensibles au froid seront donc emballés dans des l’électricité statique, en se chargeant sur les matériaux d’envelop-
emballages isothermes réalisés avec des isolations thermiques cal- pement, a également l’inconvénient d’attirer les poussières.
culées. Des stockages en entrepôts climatisés et des transports iso-
thermes pourront également être utilisés. • Les contraintes magnétiques sont provoquées par certains
matériels, eux-mêmes magnétiques, qui risquent de magnétiser les
■ Pression-dépression autres matériels à proximité ; une barrière à ce rayonnement devra
Les variations barométriques peuvent également avoir des effets être réalisée pour les neutraliser.
sur les matériels transportés. Les matériels étanches seront les • Il en est de même pour les rayonnements ionisants. Les embal-
plus sollicités par ces différences de pression ; il en est de même lages des produits radioactifs sont réalisés en fonction des besoins
des emballages étanches. de l’industrie nucléaire. Ce sont des châteaux de plomb ; ils per-
Une différence de température de l’ordre de 10 oC pour un mettent le transport et le stockage des sources radioactives sans
emballage étanche de volume constant correspond à une diffé- risque de pollution.
rence de pression d’environ 40 hPa, soit à l’équivalent de
400 kg/m2.
Les transports aériens non pressurisés sont rares maintenant. Ils 1.2 Résistance des matériels
ont été remplacés par des vols pressurisés. La pressurisation des aux contraintes climatiques
avions est effectuée à partir de 2 600 m d’altitude, ce qui corres-
pond à une pression de 750 hPa et donc, par rapport à la pression
Avant de réaliser la protection d’un matériel, il est indispensa-
au sol de 1 013 hPa, à une dépression relative de 263 hPa équiva-
ble d’en évaluer la résistance aux différentes contraintes physico-
lente à 2 630 kg/m2 dont il faudra tenir compte.
chimiques. Cette résistance dépend de la nature de ses consti-
■ Micro-organismes ; champignons ; moisissures tuants et de son état de surface.
Les micro-organismes se développent dans les milieux humides
et confinés ; ils attaquent les matériaux organiques (tissus, cuirs,
revêtements de peinture, etc.) et, surtout, les composants cellulo-
1.2.1 La corrosion
siques putréfiables des emballages (papier, carton, bois, etc.). Les
La corrosion est la transformation d’un métal en oxyde, par réac-
emballages stockés en pays tropicaux, au contact direct avec le sol,
tion chimique ou électrochimique dans le milieu environnant. Il
sont donc les plus vulnérables à ces agressions.
existe trois types de corrosion :
Il faut savoir aussi que les champignons et moisissures existent
— la corrosion humide simple ;
à l’origine dans les bois d’emballage peu ou mal séchés, ce qui
peut conduire à la destruction complète de celui-ci. — la corrosion chimique ;
— la corrosion galvanique.
■ Insectes
■ Corrosion humide
Les insectes attaquent, eux aussi, les matériaux organiques. Ce
sont des insectes xylophages qui détruisent les bois et les compo- Cette corrosion est basée sur le principe de l’aération différen-
sants cellulosiques. Deux types d’attaques sont à considérer : tielle, qui est de nature électrochimique [4] [5].
— celle des insectes qui se trouvent d’origine dans le bois ; Une gouttelette d’eau se trouvant sur un métal crée une diffé-
— celle des insectes qui détruisent les emballages, lors de leur rence d’oxygénation locale du milieu. Il se forme une pile, dite pile
stockage. d’Evans. La gouttelette d’eau crée à son pourtour une cathode
Dans les deux cas, les conditions de séchage des bois et les aérée, alors que le centre, non oxygéné forme une anode.
conditions de stockage sont importantes car chaleur et humidité Cette toute petite goutte d’eau est cause d’une amorce de corro-
sont les causes directes du développement de ces insectes. sion humide. Elle est pratiquement invisible au début, mais
ensuite, elle prend rapidement de l’importance, toutes les petites
■ Rongeurs piqûres provoquées par ces gouttelettes d’eau formant une surface
Les rongeurs ne s’attaquent aux matériels emballés que si les totalement oxydée. La corrosion se développe alors beaucoup plus
conditions de stockage le leur permettent. Ils pénètrent alors à vite, car l’humidité est retenue sur le métal par les oxydes et ne
l’intérieur des emballages et il n’existe que peu de chose qui s’élimine que difficilement lorsque les conditions climatiques
puisse les arrêter, sauf le métal. Les housses étanches en polyéthy- s’améliorent.

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Emballage des produits industriels


Protection mécanique
par Jean-Pierre FAUVILLE
Conseiller technique du Syndicat de l’emballage industriel (SEI)

1. Analyse des risques................................................................................ AG 6 202 - 2

3
1.1 Contraintes mécaniques de l’environnement .......................................... — 2
1.1.1 Contraintes de manutention ............................................................. — 2
1.1.2 Contraintes de stockage.................................................................... — 3
1.1.3 Contraintes de transport ................................................................... — 3
1.2 Fragilité des matériels ................................................................................ — 4
1.2.1 Fragilité de structure ......................................................................... — 4
1.2.2 Fragilité de surface ............................................................................ — 4
1.2.3 Fragilité aux chocs............................................................................. — 4
1.2.4 Fragilité aux vibrations...................................................................... — 5
2. Moyens de protection............................................................................
— 5
2.1 Calages d’immobilisation .......................................................................... — 5
2.1.1 Influence du contenant...................................................................... — 5
2.1.2 Bridage et fixation mécaniques........................................................ — 6
2.1.3 Calages en bois.................................................................................. — 6
2.1.4 Bridage par cerclage, rétraction, étirage ......................................... — 6
2.1.5 Calages en matériaux semi-rigides.................................................. — 7
2.1.6 Calages en matériaux fibreux et particulaires................................. — 8
2.1.7 Calages gonflables ............................................................................ — 8
2.2 Protection de surface et enveloppement.................................................. — 8
2.2.1 Matériaux d’enveloppement............................................................. — 8
2.2.2 Matériaux de calage antiabrasifs ..................................................... — 9
2.3 Suspension antichoc et amortissement antivibratoire............................ — 9
2.3.1 Calcul d’une suspension antichoc.................................................... — 9
2.3.2 Matériaux et procédés de suspension antichoc.............................. — 10
2.3.3 Amortissement antivibratoire........................................................... — 11
2.3.4 Réalisation des emballages .............................................................. — 12
Pour en savoir plus.......................................................................................... Doc. AG 6 501

’emballage pour protection mécanique permet au matériel de conserver


L son intégrité entre sa fabrication et son utilisation.
Le choix et la conception de l’emballage doivent donc tenir compte des
risques liés à l’environnement logistique et à la fragilité des matériels.
On réalisera les emballages en étudiant particulièrement :
— leur structure qui doit permettre de faciliter les manutentions du matériel et
de résister aux contraintes de déformation ;
— leur état de surface en contact avec le matériel ;
— leur suspension antichoc, qui limite les accélérations subies par les maté-
riels lors des chutes ;
— leur amortissement antivibratoire qui, en complément des suspensions
antichocs, permet de filtrer les fréquences vibratoires incompatibles avec le
matériel.
Parution : janvier 2002

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EMBALLAGE DES PRODUITS INDUSTRIELS __________________________________________________________________________________________________

Cette étude sur l’emballage industriel se compose de quatre articles :


[AG 6 200] Emballage de produits industriels. Introduction ;
[AG 6 201] Emballage de produits industriels. Protection climatique et physico-chimique ;
[AG 6 202] Emballage de produits industriels. Protection mécanique ;
et [AG 6 500] Conditionnement des matériels et produits industriels ;
auxquels se rattache un fascicule de documentation commun à tous ces articles :
[Doc. AG 6 501] Conditionnement et emballage des produits industriels. « Pour en savoir
plus ».

1. Analyse des risques — des contraintes dynamiques qui dépendent des vitesses (au
levage, à la descente et en translation) et conduisant à des chocs :

3 1.1 Contraintes mécaniques


• les accélérations au levage sont faibles (2 g au niveau des
élingues),
• les accélérations à l’accotage dépendent des vitesses de des-
de l’environnement cente qui varient selon l’habileté du pontonnier. On considérera
une équivalence de chute libre maximale de 10 cm,
Les contraintes mécaniques subies par le matériel doivent être • en translation, les vitesses seront de l’ordre de 4 à 5 m/min.
connues pour la totalité de la chaîne logistique, c’est-à-dire depuis ● La manutention par appareil élévateur à fourche est la plus cou-
la fabrication du matériel et jusqu’à la première utilisation de rante dans les usines ; les équipements portuaires en sont égale-
celui-ci. Cette analyse se justifie par le fait que les risques de ment équipés pour manutentionner des charges pouvant aller
contraintes mécaniques sont beaucoup plus importants sur les jusqu’à 35 t.
matériels non emballés. Dans la phase d’avant et d’après embal-
Les contraintes transmises au niveau de l’emballage corres-
lage, l’emballeur industriel pourra conseiller utilement son client
pondent à :
pour diminuer les avaries, celles-ci pouvant lui être imputées
a posteriori. Par ailleurs, les contraintes mécaniques subies par les — des contraintes de flexion dont on tiendra compte pour le calcul
matériels emballés sont extrêmement variées [14] ; elles se présen- de rigidité de l’ensemble ;
tent sous la forme de phénomènes aléatoires. — des contraintes dynamiques dépendant des vitesses des appa-
La chaîne logistique que suit l’emballage comprend : reils (au levage, à la descente et en translation) ;
— des contraintes de perforation, dues soit à une insuffisance du
— les manutentions depuis l’atelier d’emballage jusque vers le passage de la fourche sous la caisse, soit à un écartement trop impor-
stockage ; tant entre les longerons, l’appui vertical de l’extrémité des fourches
— les stockages en usine ; perforant alors au levage le fond de la caisse, en dehors des
— les opérations de chargement lors de l’expédition ; longerons ;
— les transports de courte distance (routiers, ferroviaires) ou de
— des contraintes conduisant à l’arrachement des patins et des
longue distance (fluviaux, maritimes, aériens) ;
barres latérales des emballages provoquées par des ripages longi-
— les manutentions et les stockages intermodaux ;
tudinaux et latéraux qui peuvent également être à l’origine de
— les manutentions et les stockages à l’arrivée ;
déformations diagonales des emballages.
— les stockages intermédiaires et les morcellements de charge
imposés par la distribution. ■ Chutes ; basculements ; roulages
Ces opérations doivent être analysées, tout d’abord pour en Ce sont les chutes lors des manutentions qui provoquent les
diminuer les risques, ensuite pour choisir la méthode d’emballage chocs les plus importants sur les matériels emballés. Les hauteurs
qui protégera le matériel, tout en facilitant les opérations logis- de chute étant inversement proportionnelles à la masse brute de
tiques, de manutention, de stockage et de transport. l’emballage, plus un matériel est lourd moins il a de risque de tom-
Les contraintes peuvent être soit statiques (gerbage), soit dyna- ber de haut.
miques (chocs, vibrations).
Exemple : un matériel de plusieurs dizaines de tonnes ne risque de
tomber que d’un décimètre, alors qu’un colis postal de moins de trois
1.1.1 Contraintes de manutention kilogrammes risquera une chute de plus d’un mètre vingt lorsqu’on le
jettera dans un panier.
Les agressions mécaniques les plus importantes sont subies par
Selon le risque choisi, on pourra utiliser l’un ou l’autre des gra-
les emballages lors des manutentions. Celles-ci dépendent des
phiques de la figure 1, pour déterminer la hauteur de chute pro-
moyens matériels utilisés et de la qualification des exécutants.
bable.
Les contraintes les plus importantes sont les contraintes dyna-
miques dues aux chocs provoqués par les chutes libres, auxquelles Les petits emballages, manutentionnés à la main, peuvent tom-
il faut ajouter les contraintes statiques de déformation et les ber indifféremment sur les six faces, à plat, sur les arêtes ou sur les
contraintes dynamiques de vibration. coins. Les emballages plus importants, manutentionnés à l’aide de
moyens mécanisés, peuvent tomber par basculement. On tiendra
■ Levage et manutentions par élingage et palettisation compte de ce risque de basculement pour les emballages dont la
● Le levage à l’aide d’élingues (par grue ou par pont roulant) hauteur est plus du double de la plus petite des deux autres dimen-
transmet à l’emballage : sions, ou lorsque le centre de gravité de l’emballage se trouve
— des contraintes statiques de flexion qui dépendent de la rigi- dans la partie haute de celui-ci.
dité de l’ensemble matériel/caisse et de serrage au niveau des Le volume de l’emballage a également son importance car il
couvercles ; influe sur le choix du moyen de manutention.

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Les emballages maritimes peuvent être gerbés sur une hauteur


Masse (kg) de 5 à 6 m, les contraintes correspondantes étant de 5 à 10 kPa.
1000 ■ Configuration de stockage
500 Les stockages sont réalisés en fonction de la forme et de la
constitution des emballages et selon les moyens mis en œuvre.
200 On différencie les stockages en entrepôt, les stockages sur le
port ou encore les stockages sur site non aménagé.
100 Les petits colis de dimensions identiques sont « unitisés » sur
I
palette pour faciliter leur manutention et leur gerbage. Ceux de
50 dimensions différentes sont regroupés en caisses-palettes ou
encore stockés dans des rayonnages pour éviter les écrasements.
20 Les caisses de dimensions identiques sont gerbées à l’aide
II d’appareils élévateurs. Elles devront être équipées de semelles de
10
palettisation. Les petites caisses (dimensions inférieures à 80 cm)
5 sont groupées sur palettes et gerbées. Dans le cas de petites
caisses de dimensions différentes, on utilise des casiers
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2
Hauteur de chute (m)
porte-palettes (palettiers).
Les caisses maritimes de grandes dimensions sont mises en
place au pont roulant ou à l’aide d’appareils élévateur à fourche.
3
I sévérité militaire (spécification GAM-EMB1) Sur les sites non aménagés, les emballages sont stockés à
II faible risque (NF EN 24-180) même le sol, dans la boue ou le sable, sans aucun ménagement.

Figure 1 – Hauteur de chute probable des emballages


en fonction de leur masse brute
1.1.3 Contraintes de transport
Les sollicitations que subissent les emballages au cours de leur
transport dépendent des énergies développées par les mouve-
Les moyens de préhension ont également une incidence sur le ments et des moyens de transport utilisés (camions, wagons,
risque de chute. bateaux et avions). Ce sont des contraintes dynamiques correspon-
Exemple : une poignée améliore sensiblement la préhension des dant à des chocs, des secousses et des vibrations.
petits colis. Les arrêts brutaux et les mouvements latéraux des véhicules de
transport engendrent des chocs. Si les colis ne sont pas solidement
Pour analyser avec plus de précision les risques encourus en arrimés, ils peuvent tomber et subir des chocs encore plus impor-
fonction du poids des emballages, on peut réaliser une étude tants. Ces chocs, secousses et vibrations auront une incidence sur
statistique ; celle-ci nous donnera, pour un circuit logistique déter- les résistances au gerbage à l’intérieur du véhicule.
miné et par type d’emballage, les hauteurs de chute et le nombre
de chocs subis. Pour cela, il sera nécessaire d’équiper un certain Les camions, wagons et avions n’ont généralement pas de hau-
nombre d’emballages d’enregistreurs de choc et de les faire circu- teur de gerbage supérieure à 2,5 m. Les bateaux autorisent des
ler selon le circuit de transport à analyser. hauteurs de :
L’étude d’un emballage pourra donc ainsi être optimisée en fonc- — 3 à 4 m sur les ponts intermédiaires pour les petits embal-
tion du risque, de la fragilité et du prix du produit et des différentes lages ;
solutions retenues. — 5 à 8 m dans les cales pour les emballages de grand volume.
■ Transport routier
1.1.2 Contraintes de stockage Les chocs et les secousses sont dus à l’état du revêtement des
routes (nids-de-poule, passages à niveau) et aux changements de
Les contraintes mécaniques de stockage sont des contraintes vitesse ou de direction du véhicule. Les niveaux d’accélération
statiques ; elles agissent par compression et par déformation des maximaux auxquels sont soumis les emballages sont de :
emballages. Elles sont liées à la chaîne logistique. Les constituants — 1 g longitudinalement ;
de l’emballage les plus sollicités sont le contenant et ses calages. — 1,5 g verticalement ;
■ Gerbage — 0,6 g latéralement.
Les conditions de gerbage sont très différentes selon qu’il s’agit Les vibrations sont engendrées par la suspension du véhicule,
d’emballages unitaires de dimensions variées ou de dimensions les pneumatiques et par la rigidité ou la souplesse du châssis.
identiques. Les hauteurs de gerbage sont, selon les cas, de 4 à Leurs fréquences varient en fonction de chaque véhicule, de la
6 m ; les résistances à la compression dépendent du poids brut et masse transportée et de la position du colis.
de la hauteur des emballages. ■ Transport ferroviaire
Dans le cas d’emballages identiques, les contraintes d’écrase- Les chocs les plus importants sont engendrés par les coups de
ment s’exerçant sur l’emballage inférieur peuvent être calculées tampons lors du tri des wagons dans les gares de triage. Dans des
par la formule suivante : circonstances exceptionnelles, les accélérations maximales peu-
hg

vent atteindre 5 g pour des durées pouvant aller jusqu’à 60 ms.
he 冢
F = -------- – 1 mg
Les emballages pourront être calculés en utilisant les valeurs sui-
vantes des accélérations, équivalentes à des efforts continus
avec F charge sur l’emballage, dépendant des masses brutes des emballages (selon DIN 1 052) :
m masse de l’emballage, — jusqu’à 150 kN ..................................................................... 2,5 g
hg hauteur de gerbage, — de 160 à 250 kN................................................................... 2,0 g
he hauteur d’un emballage, — de 260 à 350 kN................................................................... 1,5 g
g accélération due à la pesanteur. — au-dessus de 350 kN........................................................... 1,2 g

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3

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AG6290

Essais et programmes d’essais


sur les emballages de transport

par Hervé MARCEL


Directeur du centre Logistique et Emballage (Laboratoire national d’essais LNE)

1.
1.1
Emballages, logistique et transport : définitions ...........................
Emballage de transport...............................................................................
AG 6 290 – 3
— 3
3
1.2 Circuit logistique de distribution ................................................................ — 3
2. Contraintes rencontrées au cours du circuit logistique
de distribution .......................................................................................... — 3
3. Simulation des contraintes du circuit logistique de distribution .. — 6
3.1 Remarques liminaires ................................................................................. — 6
3.2 Contraintes mécaniques ............................................................................. — 7
3.2.1 Contraintes de compression ............................................................. — 7
3.2.2 Contraintes de vibration .................................................................... — 7
3.2.3 Contraintes de manutention ............................................................. — 8
3.3 Contraintes climatiques .............................................................................. — 9
3.4 Autres contraintes ....................................................................................... — 10
4. Programme de simulation du circuit logistique de distribution .... — 10
4.1 Programmes d’essais .................................................................................. — 10
4.2 Norme française NF H 00-060 « Emballages d’expédition complets
et pleins. Programmes d’essais »............................................................... — 10
4.3 Choix d’un programme d’essais suivant la norme NF H 00-060 ............. — 11
4.3.1 Exemple 1............................................................................................ — 11
4.3.2 Exemple 2............................................................................................ — 12
4.4 Comparaison des programmes d’essais ................................................... — 12
5. Caractérisation des matériaux d’emballage de transport............ — 14
6. Programmes d’essais sur emballages de transport
pour produits spécifiques...................................................................... — 14
6.1 Emballages et grands récipients pour vrac pour le transport
des marchandises dangereuses ................................................................. — 14
6.2 Emballages de transport pour articles militaires ...................................... — 15
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. AG 6 290

’emballage de transport a pour fonction principale de protéger son contenu


L contre les risques rencontrés tout au long du circuit de distribution, soit
depuis la fabrication du contenu ou de sa récolte jusqu’à son utilisation ou sa
consommation et ensuite jusqu’au lieu de valorisation de l’emballage vide. Par
cette fonction protéger, l’emballage doit conserver toute son intégrité, préserver
les propriétés et les caractéristiques du contenu, protéger le produit vis-à-vis de
ses sensibilités.
Les circuits logistiques de distribution sont très variés. Ils dépendent notamment
des modes de transport utilisés (terrestre, maritime, aérien), des destinations
(France, Europe, hors Europe), des types de produits (alimentaires, pharmaceuti-
ques, électroménager, etc.) et des acteurs impliqués dans la distribution.
Parution : avril 2002

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127
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AG6290

ESSAIS ET PROGRAMMES D’ESSAIS SUR LES EMBALLAGES DE TRANSPORT ______________________________________________________________________

La mise au point d’un emballage adapté à un produit et au circuit de distribu-


tion auquel il est destiné implique de bien connaître les contraintes auxquelles
seront soumis les emballages et leur contenu, aussi bien en ce qui concerne leur
nature que leur intensité. Ces contraintes rencontrées dans les phases de trans-
port, de manutention et de stockage sont principalement d’origine mécanique
(compression, vibration, manutention) et d’origine climatique (humidité de l’air,
projections d’eau, immersion). D’autres contraintes peuvent être identifiées.
La simulation en laboratoire des contraintes recensées permet de vérifier
l’adéquation de l’emballage de transport vis-à-vis de sa fonction de protection
en tant que moyen logistique. De nombreux essais normalisés conduisent à
simuler individuellement une contrainte mécanique ou climatique généralement
sur un emballage plein et complet. Si les méthodes d’essais sont clairement
décrites dans les documents normatifs, les critères de réalisation qui vont influer
sur le niveau de sévérité de l’essai doivent être précisés, ainsi que les critères

3 d’acceptation qui permettront de conclure sur le niveau d’adaptation de l’embal-


lage.
Les essais peuvent se succéder pour simuler l’ensemble d’un circuit logistique
de distribution, dans le cadre d’une séquence d’essais associée à une sévérité
mécanique et à des conditions climatiques. On parlera alors de programmes
d’essais. Les principaux programmes d’essais sont décrits dans la norme fran-
çaise NF H 00-060, dans la norme américaine ASTM D 4169 et dans le référentiel
technique de l’International Safety Transit Association (ISTA). Des programmes
personnalisés peuvent être mis au point.
Si les essais menés sur les emballages pleins et complets permettent d’évaluer
l’aptitude à l’usage d’une solution emballage, les essais généralement menés
sur les matériaux constitutifs ou sur les emballages vides permettent de quanti-
fier les caractéristiques et les propriétés des matériaux utilisés afin, notamment,
de décrire l’emballage réputé apte à l’emploi.
Outre les objectifs d’évaluation fonctionnelle d’un emballage, de recherche
des causes d’avaries, de comparaison de plusieurs solutions d’emballage, les
programmes d’essais peuvent aussi être menés dans un objectif de détermina-
tion d’une conformité, notamment dans le cadre de réglementations comme cel-
les relatives aux emballages de transport de marchandises dangereuses, ou
dans le cadre d’exigences particulières comme celles relatives aux emballages
de transport d’articles militaires, objet de recommandations de la Commission
militaire de l’emballage.
Dans le cas des emballages de transport des marchandises dangereuses, les
séquences d’essais sont fonction du groupe d’emballage retenu, c’est-à-dire de
l’importance du danger que représente le contenu. Dans le cas des emballages
pour articles militaires, les séquences d’essais mises en œuvre sont liées à la
classe d’emballage, c’est-à-dire à son groupe climatique et à son groupe méca-
nique, éventuellement complétés d’indications sur sa réutilisation et/ou sur sa
durée de stockage.
On se reportera utilement aux documents normatifs et réglementaires cités
dans le présent article et dans le document associé « Pour en savoir plus ».

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______________________________________________________________________ ESSAIS ET PROGRAMMES D’ESSAIS SUR LES EMBALLAGES DE TRANSPORT

1. Emballages, logistique ■ Le transport terrestre banalisé, pour l’envoi unitaire ou en petits


lots hétérogènes en circuits de détail, comportant de nombreuses
et transport : définitions ruptures de charges et sans aucune possibilité de maîtrise par
l’expéditeur (par exemple, la messagerie ou la vente par correspon-
dance).
■ Le transport terrestre spécialisé pour l’envoi de lots homogènes
de colis de caractéristiques connues des opérateurs, comportant
1.1 Emballage de transport peu ou pas de ruptures de charges et dont l’expéditeur a une bonne
maîtrise du circuit de distribution (par exemple, les produits alimen-
taires vers la grande distribution, les pièces automobiles entre équi-
pementiers et constructeurs).
L’emballage de transport est l’emballage conçu de manière à ■ Le transport terrestre « intermédiaire » pour la distribution de
faciliter la manutention et le transport d’un certain nombre produits appartenant sensiblement à une même famille dont les ris-
d’unités de vente ou d’emballages groupés en vue d’éviter leur ques sont limités pendant la majeure partie du circuit, du fait de la
manipulation physique et les dommages liés au transport. connaissance des contraintes et de l’exécution des opérations par
L’emballage de transport ne comprend pas les conteneurs de des professionnels connaissant les produits emballés, mais com-
transport routier, ferroviaire, maritime et aérien. Ainsi donc,

3
portant des risques de nombreuses ruptures de charges (par exem-
l’emballage de transport doit protéger son contenu (par exem- ple, la distribution d’appareils électroménagers). La sévérité de ces
ple contre les agressions mécaniques et climatiques), faciliter sa circuits est intermédiaire de celle des deux familles précédentes.
distribution (par une bonne stabilité de la charge palettisée, par
exemple), et conserver si besoin des fonctions marketing.
L’emballage d’expédition complet et plein est l’emballage, y
compris son contenu, prêt à être distribué. Cette expression
s’entend au sens large et couvre également les charges uniti- 2. Contraintes rencontrées
sées et, en particulier, les charges palettisées.
au cours du circuit
logistique de distribution
1.2 Circuit logistique de distribution
La figure 2 schématise les différentes étapes du cycle de vie d’un
emballage de transport, ici le cycle de vie d’une caisse en carton
ondulé, comprenant [2] :
Le circuit logistique de distribution est, au sein de la logisti- — sa fabrication ;
que, l’ensemble des opérations physiques qui permettent — la distribution physique des marchandises dès les opérations
d’acheminer un matériel ou un produit, depuis son lieu de fabri- d’emballage jusqu’au consommateur ou utilisateur final ;
cation ou de récolte jusqu’au point de vente ou d’utilisation de — la valorisation des emballages vides.
ce produit, puis de valorisation des emballages vides.
En fait, la distribution physique des marchandises comporte deux
grandes phases : une phase de regroupement des produits sous
forme de charges unitaires chez le fabricant afin d’en assurer le
On utilise aussi le terme de système de distribution pour désigner transport dans les meilleures conditions, et une phase de dégrou-
le circuit logistique de distribution. page de ces mêmes produits pour la vente aux consommateurs
comme l'indique la figure 3.
La figure 1 identifie, à titre d’exemples, l’ensemble des circuits
logistiques actuels, observés respectivement dans la distribution Comme le laissent supposer ces exemples et ceux du paragraphe
des produits alimentaires et dans la distribution du petit électromé- précédent, les produits emballés sont soumis, au cours de leurs cir-
nager. cuits de distribution, à d’innombrables agressions pendant leur
transport que ce soit par route, par chemin de fer [3], par mer [1] ou
Il existe une grande variété et une grande complexité de systèmes voie aérienne, pendant leur manutention, au chargement ou au
de distribution mais, quelle que soit cette complexité, ils peuvent déchargement, et pendant leur stockage en entrepôts. La plupart de
être considérés comme résultant de la combinaison d’un certain ces agressions ou contraintes sont présentes à des degrés divers
nombre d’éléments simples. Ces éléments sont : dans tous les systèmes de distribution. Il s’agit principalement de
— le transport d’emballages pleins et complets d’un lieu à un chocs, de vibrations, de compression, de perforation en ce qui
autre, avec ou sans changement de mode de transport, étant concerne les contraintes d’origine mécanique [4] et les températu-
entendu que le transport comprend les opérations de chargement et res, les pressions, la vapeur d’eau etc. en ce qui concerne les
de déchargement ; contraintes d’origine climatique [5].
— le stockage.
■ Le transport se traduit, au niveau des emballages, par deux
La majorité des cas peuvent se regrouper en six familles principa- grands types de sollicitations : les vibrations et les secousses.
les.
● Les vibrations sont des phénomènes périodiques dus aux

■ La distribution postale où deux circuits sont à distinguer : la dis- vibrations propres du véhicule (moteurs, système de suspension…)
tribution postale en France et en Europe, et la distribution postale ou à l’état du support (route pavée, rails, houle…).
hors Europe. ● Les secousses, ou chocs répétés, sont des phénomènes apério-
diques dus généralement aux incidents de parcours : nids-de-poule,
■ Le transport maritime [1] qui peut être un transport convention- passages à niveau, changements d’allure ou de direction, passages
nel en cale de navire, un transport en conteneur ou un transport en d’aiguillage, coups de tampon, trous d’air, atterrissages…
véhicules embarqués. ● Les fréquences de vibrations et les contraintes de chocs cou-
ramment admises, relatives aux différents modes de transport, sont
■ Le transport aérien, éventuellement en conteneur. indiquées dans le tableau 1.

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AG6290

ESSAIS ET PROGRAMMES D’ESSAIS SUR LES EMBALLAGES DE TRANSPORT ______________________________________________________________________

CP1

CP2

CP3 DD

CP4 PFF
PVD

CP5
ECF

3 CP6

PFD

CP7 ECD

CP8 LF ou ED
LD
LF
a cas des produits alimentaires

CP1

CP2

DD
CP3

DRF

CP4
CSA
PFF PVD

CP5
ECF

CP6

PFD

CP7 ECD

LF
CP8 LD
LF
retours
b cas du petit électroménager

CP Centre de production/usine du fournisseur PFD Plate-forme régionale de transit du distributeur


CSA Centre de service agréé PFF Plate-forme régionale de transit du fournisseur
ECF Entrepôt central du fournisseur PVD Point de vente du distributeur/commerçant
ECD Entrepôt central du distributeur LF Livraisons assurées par le fournisseur
DD Dépôt régional du distributeur LD Livraisons assurées par le distributeur
DRF Dépôt régional du fournisseur ED Enlèvement assuré par le distributeur

Figure 1 – Circuits logistiques de distribution des produits

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130
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AG6500

Conditionnement des matériels


et produits industriels

par Jean-Pierre FAUVILLE


Conseiller technique du Syndicat de l’emballage industriel et de la logistique associée (SEILA)

3
1. Conditionnement des petits matériels ............................................ AG 6 500v2 - 2
1.1 Conditionnements élémentaires.............................................................. — 2
1.2 Emballages collectifs ................................................................................ — 2
2. Emballage des châssis électroniques .............................................. — 2
3. Emballages des matériels industriels .............................................. — 2
3.1 Présentation des différentes catégories d’emballages SEILA ............... — 3
3.1.1 Catégorie 1 : berceaux et structures d’immobilisation ................. — 3
3.1.2 Catégorie 2 : plateaux, palettes ou fardeaux ................................. — 3
3.1.3 Catégorie 3 : caisses à claire-voie................................................... — 3
3.1.4 Catégorie 4 : caisses bois ................................................................ — 4
3.1.5 Catégorie 5 : caisses carton............................................................. — 4
3.1.6 Catégorie 6 : caisse autre que bois et carton ................................. — 4
3.1.7 Catégorie 7 : tourets......................................................................... — 4
3.1.8 Catégorie 8 : conteneurisation ........................................................ — 4
3.1.9 Catégorie 9 : capotage/habillage .................................................... — 6
3.2 Dispositions particulières ......................................................................... — 6
4. Applications diverses ........................................................................... — 7
4.1 Emballage des produits réglementés...................................................... — 7
4.2 Emballages réutilisables R’ et techniques .............................................. — 7
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. AG 6 500v2

e conditionnement et l’emballage des matériels et des produits industriels


L intègre les protections climatiques, physico-chimiques et mécaniques.
Selon le cas, les pièces sont conditionnées à l’unité ou par quantités d’utilisa-
tion et regroupées en emballages de transport ; ou encore, pour les matériels les
plus volumineux, emballées directement en emballage unitaire de transport.
Les opérations de conditionnement et d’emballage des matériels industriels
sont soit :
– réalisées à l’usine de production par des emballeurs faisant partie de
l’entreprise ;
– réalisées dans les ateliers de l’emballeur de matériels industriels,
sous-traitées par des équipes d’emballeurs détachés chez l’industriel ;

Cette étude sur l’emballage industriel se compose de quatre articles :


– [AG 6 200] Emballage de produits industriels. Introduction ;
– [AG 6 201] Emballage de produits industriels. Protection climatique et physico-chimique ;
– [AG 6 202] Emballage de produits industriels. Protection mécanique ;
– [AG 6 500] Conditionnement des matériels et produits industriels ;
– auxquels se rattache un fascicule de documentation commun à tous ces articles :
[Doc. AG 6 501] Conditionnement et emballage des produits industriels, « Pour en savoir
Parution : janvier 2014

plus ».

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131
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AG6500

CONDITIONNEMENT DES MATÉRIELS ET PRODUITS INDUSTRIELS ____________________________________________________________________________

1. Conditionnement (complexe thermosoudable + déshydratant) protège le contenant


de l’humidité ou complète la protection pour des risques climati-
des petits matériels ques plus importants. Un enveloppement imputrescible est éven-
tuellement réalisé pour protéger mécaniquement la housse.
La spécification militaire US MIL P 116 a différencié la protection
des matériels selon leur aptitude à recevoir ou non des produits de
protection temporaires de contact et elle définit le
conditionnement des matériels pièce par pièce.
2. Emballage des châssis
Les petits matériels comprennent les pièces de rechange, les kits électroniques
de mise à niveau, permettant au matériel d’être au dernier modèle
sorti, et les sous-ensembles. Les châssis électroniques sont pris en exemple ici, car leur
Ils sont conditionnés à l’unité ou en nombre et regroupés en emballage est représentatif des méthodes utilisées pour
emballages collectifs avant d’être mis en caisse d’expédition. La l’emballage de nombreux autres matériels.
protection climatique est réalisée, selon les cas, par des produits Selon leur fragilité (mécanique et climatique) et les conditions
de protection temporaires pour les pièces qui l’admettent ou par d’utilisation de l’emballage, les châssis électroniques sont
des housses déshydratées pour les autres (article [AG 6 201]). conditionnés de différentes manières.

3
Après pose d’un enveloppement antiabrasif, ils sont calés dans
1.1 Conditionnements élémentaires des contenants en carton à l’aide de calages d’immobilisation, en
répartissant les appuis sur les parties rigides des châssis, tout en
Les pièces sont généralement conditionnées : évitant de solliciter les composants fragiles.
– à l’unité ;
– en nombre de pièces identiques ; ■ La protection mécanique antichoc est réalisée, soit à l’intérieur
– en regroupement de pièces différentes utilisées ensemble (kits). du carton si les surfaces d’appui sont compatibles, sinon à l’exté-
rieur du carton, ce qui impose un deuxième carton (contre-carton).
■ Les petites pièces protégées par des produits de protection de L’amortissement antichoc peut également être réalisé par des
contact et celles qui ne sont pas sensibles à la corrosion sont mises cadres (frames ) en matériaux expansés découpés à la presse qui
sous sachets en polyéthylène (pour les pièces de dimensions forment des anneaux protecteurs autour du matériel ou de son
comprises entre 100 et 200 µm) ou sachets en papier neutre ou carton primaire. La réalisation de calage antichoc en matière plas-
papier antigraisse (kraft/polyéthylène). Les fermetures sont, selon tique expansée moulée simplifie l’emballage des châssis ; cette
les cas, réalisées par soudure, par agrafage ou fermeture à pression. solution n’est acceptable que pour les matériels de série car elle
Les kits de montage ou de maintenance peuvent êtr conditionnés impose des études et des outillages onéreux.
par pelliplaquage.
■ La protection physico-chimique est réalisée, si nécessaire, par
■ Les pièces fragiles qui ne supportent pas les produits de un houssage déshydraté :
protection de contact sont conditionnées dans des sachets en – entourant le matériel, préalablement isolé par un enveloppement
complexes thermosoudables avec adjonction de déshydratants. antiabrasif ;
Toutes ces petites pièces peuvent être conditionnées sur des ensa- – à l’extérieur du contenant avec protection de la housse par un
cheuses automatiques à condition d’être fabriquées en grande série. enveloppement complémentaire ou un contre-carton.
En fonction de leur protection de contact, les pièces plus
importantes sont conditionnées sous enceintes étanches à l’eau ou
à la vapeur d’eau avec ou sans déshydratant. On veillera à protéger
la housse des parties contondantes de la pièce par un enveloppe- 3. Emballages des matériels
ment ou un marouflage partiel avec des matériaux de calage en
feuille ; les pièces conditionnées seront ensuite, calées (article
industriels
[AG 6 202]) ou regroupées en nombre dans une boîte en carton.
Les emballages de matériels industriels (considérés comme gros
■ Les petits matériels produits en grande série peuvent être matériels par rapport aux petits matériels traités au paragraphe 1)
conditionnés sur des machines qui réalisent à la fois le calage sont en grande majorité des emballages sur mesure réalisés à
d’immobilisation, l’operculage étanche et même, parfois, la l’unité ou en très petite série.
réinjection d’huile de protection (blister-pac et pelliplaquage). On
peut de même utiliser des encartonneuses automatiques pour la
mise en cartons des petits matériels de série. Le cahier des charges du Syndicat de l’emballage industriel
(SEILA) reprend les bases de la spécification US MIL P 116 en
codifiant ses méthodes en protections et en catégories :
1.2 Emballages collectifs
■ Protections
Les conditionnements des petits matériels sont regroupés en
emballages collectifs pour : a) Protection de contact (produits huileux, gras, cireux ou
inhibiteur en phase vapeur).
– former des unités de stockage ;
– former des unités de distribution ; b) Protection contre la pluie (sachets ou housses,
– compléter la protection climatique et mécanique (articles emballages ventilés).
[AG 6 201] et [AG 6 202]) ; c) Protection contre la vapeur d’eau (housses étanches dés-
– permettre l’expédition (emballage de transport). hydratées).
Les emballages collectifs sont généralement constitués de d) Protection contre les chocs et les vibrations (suspensions,
contenants en carton ondulé à rabats normaux. Des calages inter- amortisseurs).
nes immobilisent les différents conditionnements et complètent la
protection mécanique. ■ Catégories d’emballages
Les emballages sont classés par catégories selon les sup-
Une protection climatique complémentaire par houssage imper-
ports ou contenants extérieurs utilisés, numérotées de 1 à 9.
méable à l’eau (film de polyéthylène) ou étanche et déshydratée

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132
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AG6510

Emballage
des matières dangereuses

par Didier GONNEAU


Ancien directeur du Bureau de Vérifications Techniques BVT

1.
1.1
Principaux textes réglementaires...............................................
Règlements de transport : obligations applicables aux emballages
AG 6 510 – 2 3
des matières dangereuses .......................................................................... — 2
1.2 Règles relatives aux bouchages de sécurité et aux dispositions
de la législation du travail........................................................................... — 3
2. Classifications et codifications .................................................. — 3
2.1 Classification en fonction de la nature du danger .................................... — 3
2.2 Classification en fonction de l’importance des dangers .......................... — 3
2.3 Codification des emballages....................................................................... — 5
2.3.1 Codification des emballages intérieurs ............................................ — 5
2.3.2 Codification des emballages extérieurs.
Principes de la codification ONU — 5
2.3.3 Codification des grands récipients pour vrac GRV selon l’ONU..... — 6
3. Spécifications et épreuves .................................................................... — 6
3.1 Épreuves mécaniques sur emballages de transport et GRV.................... — 6
3.2 Épreuves de compatibilité chimique.......................................................... — 8
3.3 Autres épreuves........................................................................................... — 8
4. Marquage des emballages .......................................................... — 9
4.1 Cas des emballages de transport ............................................................... — 9
4.2 Cas des grands récipients pour vrac (GRV)............................................... — 9
4.2.1 Marque de base .................................................................................. — 9
4.2.2 Marque additionnelle ......................................................................... — 9
5. Étiquetage des emballages......................................................... — 9
5.1 Étiquetage de transport selon l’ONU ......................................................... — 9
5.2 Étiquetage pour la sécurité du travail selon l’arrêté du 20 avril 1994 ..... — 10
Pour en savoir plus ............................................................................ Doc. AG 6510

es marchandises dangereuses sont des matières susceptibles de provoquer


L des dégâts par contact direct, par émanation de vapeurs ou de gaz, ou encore
par rayonnement, aux personnes et aux biens matériels.
L’emballage des marchandises dangereuses fait appel à des notions stricte-
ment énoncées dans les textes réglementaires, tant internationaux que natio-
naux. Il convient tout d’abord de connaître les caractéristiques et dangers des
marchandises en vue de définir leur emballage pour limiter les risques encourus
lors des manutentions, transports et stockages.
Les marchandises dangereuses sont réparties en classes, pour identifier la
nature des dangers, auxquelles sont affectés des groupes d’emballage pour
apprécier l’importance des dangers.
Les emballages et les grands récipients pour vrac (GRV) sont codifiés et testés
par référence aux recommandations des Nations unies à partir desquelles sont
Parution : janvier 2001

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© Techniques de l’Ingénieur, traité L’entreprise industrielle AG 6 510 − 1

133
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EMBALLAGE DES MATIÈRES DANGEREUSES _______________________________________________________________________________________________

élaborés les divers règlements internationaux et nationaux, en fonction du mode


de transport et des mesures de sécurité.
Ces emballages et grands récipients pour vrac doivent être marqués et étique-
tés pour identifier la marchandise contenue, connaître les éventuels risques sub-
sidiaires, apprécier les dangers particuliers et appliquer les règles de séparation
entre les colis et avec le personnel intervenant. L’étiquetage conforme aux pres-
criptions sur la sécurité du travail doit, en outre, comporter des informations sur la
nature des risques particuliers et sur les précautions à prendre en cas de nécessité.
Le présent article a pour but de donner des approches générales des embal-
lages de marchandises dangereuses à partir de ces règlement nationaux et inter-
nationaux.
Les divers modes de transport des marchandises dangereuses (aérien, ter-
restre et maritime) font l’objet de l’article Transport des matières dangereuses
(cf. [AG 8 170], réf. [1]).

3
1. Principaux textes assortissant de dispositions plus détaillées et adaptées aux exigen-
ces du transport maritime. C’est ainsi qu’à chaque numéro ONU
réglementaires d’un produit correspond un (ou plusieurs) numéro(s) du code IMDG
qui donne en particulier des informations complémentaires sur
l’aspect du produit, son degré de danger, son classement comme
polluant marin, les conditions d’arrimage et les types d’emballage
Les emballages destinés à contenir des marchandises dangereu- possibles.
ses doivent assurer la sécurité des personnes et des biens tout en
étant manipulés, manutentionnés, transportés, stockés… ■ Instructions techniques pour la sécurité du transport aérien
des marchandises dangereuses de l’OACI
Les contraintes les plus fragilisantes étant celles de l’achemine-
ment (chocs, vibrations, manutention et manipulations), il sera donc Avant l’entrée en vigueur de la réglementation de l’OACI, le
fait référence aux divers textes en vigueur applicables aux trans- 1er janvier 1983, les dispositions applicables au transport des mar-
ports par voies terrestres, maritimes et aériennes. Un emballage chandises dangereuses par voie aérienne étaient celles de l’IATA
destiné à contenir des marchandises dangereuses doit : (Association internationale de l’aviation civile).
— résister à toutes les contraintes, mécaniques et physico- Le document de l’OACI (Organisation de l’aviation civile inter-
chimiques ; nationale), prenant pour base les recommandations de l’ONU,
— retenir son contenu ; donne les informations relatives aux limitations spécifiques à ce
— être compatible avec son contenu ; mode de transport mais aussi aux limitations imposées par certains
— préserver les autres marchandises ; États ou par certaines compagnies aériennes.
— être approprié aux dangers présentés. L’édition de l’IATA, toujours en vigueur, donne souvent d’utiles
Une synthèse de ces règles, associée à un effort d’uniformisation, informations complémentaires, dont certaines sont plus restrictives
a permis à l’ONU (Organisation des Nations unies) d’établir des que celles de l’OACI.
recommandations dont la classification et la codification sont prises
pour référence dans les divers autres règlements et codes inter- ■ Accord européen relatif au transport international des marchan-
nationaux de transport (air, mer, route, rail, voies de navigation). dises dangereuses par route (ADR)
Ce document de l’ONU comprend deux tomes, la partie relative
aux emballages se trouvant dans le tome 1. Ce dernier traite, en
outre, une variété de contenant, appelée GRV (grands récipients
1.1 Règlements de transport : obligations pour vrac (cf. (§ 2.3)).
applicables aux emballages
■ Règlement pour le transport international ferroviaire des mar-
des matières dangereuses chandises dangereuses (RID)
Ce document, en un seul volume, de l’ONU traite des emballages
La fonction « emballage » s’inscrit dans un système logistique et des GRV pour le transport par voie ferrée des marchandises dange-
allant de l’expéditeur au destinataire. reuses, selon des données identiques à celles du transport routier.
Les règlements de transport pris pour référence s’appuient sur ■ Règlement pour le transport des marchandises dangereuses
les recommandations de l’ONU, mises à jour périodiquement et sur le Rhin (ADNR)
présentées en deux tomes. Le premier tome contient les disposi-
Ce règlement de la Commission centrale pour la navigation sur le
tions relatives à l’emballage et le second énonce les épreuves et cri-
Rhin traite du transport des marchandises dangereuses sur le Rhin.
tères concernant les matières.
Il est aussi applicable au transport de ces marchandises sur les
■ Code maritime international des marchandises dangereuses canaux et rivières.
(IMDG) de l’OMI
Le code maritime international des marchandises dangereuses ■ Réglementation internationale pour le transport des matières
(International maritime code for dangerous goods IMDG) a été éta- radioactives de l’AIEA
bli par l’Organisation intergouvernementale de la navigation mari- Les documents suivants énoncent les règles applicables pour le
time (OMI). Il reprend les principes de base de l’ONU en les transport de matières radioactives :

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________________________________________________________________________________________________ EMBALLAGE DES MATIÈRES DANGEREUSES

— Regulations for the safe transport of radioactive material (réf. Les marchandises dangereuses sont réparties en « classes » avec
ST1) ; indication de certaines particularités, tels les risques secondaires. Ces
— Advisory material for the IAEA regulations for the safe trans- marchandises sont présentées sous forme de listes alphabétiques et/
port of radioactive material (réf. Safety séries n° 37) ; ou numériques, donnant outre le nom de la marchandise, son numéro
— Emergency response flanning and prepaedness for transport ONU, sa classe, ses éventuels risques secondaires, les emballages
accidents involving radioactive material (réf. Safety séries n° 87) ; autorisés, les étiquettes à apposer, les instructions particulières. On
— Explanatory material for the IAEA regulations for the transport trouve ces listes dans les différents règlements cités au § 1.1.
of radioactive material (réf. Safety séries n° 7) ;
— Hypertrans (réf. Safety séries n° 6-7-37) ;
— Regulations for the safe transport of radioactive material (réf.
Safety séries n° 6) ; 2.1 Classification en fonction
— Schedules of requirements for the transport of radioactive de la nature du danger
material consignements (réf. Safety séries n° 80).
Ces deux documents sont édités par l’AIEA (Agence internatio-
nale de l’énergie atomique), dont le siège est à Vienne (Autriche). La Ces classes caractérisent la nature du danger. La classifica-
codification des emballages et les épreuves de certification sont dif- tion internationale est donnée ci-après.
férentes de celles applicables aux autres marchandises.

■ Code of federal regulations n° 49 (CFR 49)


Cette documentation, issue du règlement de transport des États-
Classe 1 : matières et objets explosibles
3
Unis, concerne le transport des marchandises sur le territoire amé- Classe 2 : gaz comprimés, liquéfiés ou dissous sous pression
ricain. Dans cette collection, seules les parties 100 et 177 et 178 à 199 Classe 3 : matières liquides inflammables
sont utiles pour le transport des marchandises dangereuses. Elles Classe 4 : matières solides inflammables et autres matières
spécifient des exigences parfois plus contraignantes que celles de 4.1 solides inflammables
l’ONU, par exemple en imposant des épaisseurs minimales de
parois des emballages. Il convient donc de s’y conformer pour que 4.2 inflammation spontanée
les marchandises soient acceptées sur le territoire américain. 4.3 dégageant des gaz au contact de l’eau
Classe 5 : matières comburantes et peroxydes organiques
5.1 matières comburantes
1.2 Règles relatives aux bouchages 5.2 peroxydes organiques
de sécurité et aux dispositions Classe 6 : matières toxiques ou infectieuses
de la législation du travail 6.1 toxiques
6.2 répugnantes ou susceptibles de produire une
infection
Ces règles ne spécifient pas de dispositions particulières sur la Classe 7 : matières radioactives
codification et les épreuves à appliquer et elles ne font pas référence Classe 8 : matières corrosives
aux règles de l’ONU.
Classe 9 : matières dangereuses diverses
La norme internationale ISO 8317, correspondant aux normes
européennes NF EN 28317 et NF EN 862 définissent les conditions
que doivent remplir les bouchages de sécurité à l’épreuve des
enfants. Elles s’appliquent surtout aux petits emballages dans leur Nota : lorsqu’une classe est divisée en plusieurs parties (classes 4, 5 et 6), certains règle-
ments précisent qu’il s’agit de divisions alors que d’autres indiquent qu’il s’agit de classes.
présentation en vue de leur distribution dans les circuits commer- À titre d’exemple, l’IATA parle de la division 4.2 alors que l’ADR parle de la classe 4.2.
ciaux.
Le numéro de la classe apparaît sur l’étiquette (§ 5) s’il s’agit d’un
Au ministère du Travail, de l’Emploi et de la Formation profession- risque principal. De toutes les façons, il apparaît sur les déclarations
nelle, les dispositions applicables en la matière ont fait l’objet d’une d’expéditions ou sur les nomenclatures.
publication au Journal officiel des communautés européennes
L 180 du 8 juillet 1991.
Ces règles sont reprises dans le Journal officiel de la République
française du 20 avril 1994, relatif à la déclaration, la classification, 2.2 Classification en fonction
l’emballage et l’étiquetage des substances dangereuses. À noter de l’importance des dangers
que la présentation des étiquettes et leurs symboles diffèrent de cel-
les prévues pour le transport.

La nomenclature des matières dangereuses comporte, outre les


indications relatives aux risques subsidiaires (ou secondaires) et à
2. Classifications l’étiquetage, l’indication du groupe d’emballage, un même produit
étant plus ou moins agressif en fonction, par exemple, de sa con-
et codifications centration ou de tel autre paramètre. Le groupe caractérise
l’importance du danger.
Ces groupes sont au nombre de trois.
Ces classifications sont celles qui concernent les matières dan-
gereuses elles-mêmes en fonction de la nature et de l’importance
des dangers, par référence aux recommandations de l’ONU. Groupe d’emballage I : produits très dangereux
Ces codifications sont celles qui concernent les emballages de Groupe d’emballage II : produits moyennement dangereux
transport pour marchandises dangereuses, également par réfé- Groupe d’emballage III : produits peu dangereux
rence aux recommandations de l’ONU.

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135
3

136
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AG6530

Conteneurs souples

par Yves CAËR


Ingénieur en mécanique et aérotechnique, docteur en mécanique
Spécialiste du comportement mécanique des conteneurs souples
Ancien vice-président de l’EFIBCA, association européenne de l’industrie
du conteneur souple

1.
1.1
Principaux modèles .................................................................................
Conteneurs souples à un point de levage .................................................
AG 6 530 - 2
— 2
3
1.1.1 Caractéristiques distinctives .............................................................. — 2
1.1.2 Charges nominales et caractérisation dimensionnelle ................... — 2
1.1.3 Fonds ................................................................................................... — 3
1.1.4 Sache interne et accessoires ............................................................. — 4
1.1.5 Impression........................................................................................... — 4
1.2 Conteneurs souples à quatre points de levage......................................... — 4
1.2.1 Caractéristiques distinctives .............................................................. — 4
1.2.2 Charges nominales et caractérisation dimensionnelle ................... — 5
1.2.3 Options ................................................................................................ — 5
1.3 Conteneurs souples hybrides ..................................................................... — 6
2. Matériaux constitutifs ............................................................................ — 7
2.1 Enveloppes travaillantes ............................................................................. — 7
2.2 Poignées ....................................................................................................... — 8
2.3 Fils de couture.............................................................................................. — 8
2.4 Jupes, chapeaux, goulottes ........................................................................ — 9
2.5 Saches internes............................................................................................ — 9
3. Critères de sécurité ................................................................................. — 9
3.1 Résistance mécanique................................................................................. — 9
3.1.1 Principaux essais normalisés ............................................................ — 9
3.1.2 Principales normes et recommandations......................................... — 10
3.2 Vieillissement climatique ............................................................................ — 11
3.2.1 Caractérisation .................................................................................... — 11
3.2.2 Méthodes d’essai et normes.............................................................. — 11
3.3 Phénomènes électrostatiques et risques industriels ................................ — 12
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. AG 6 530

l existe principalement trois modes de conditionnement pour le transport et


I le stockage de produits granulés, pulvérulents ou éventuellement pâteux :
— le vrac, solution naturelle pour les applications finales consommatrices de
très gros volumes, quand la nature des produits l’autorise ;
— le sac 25 kg, destiné plus particulièrement aux applications finales
consommant individuellement de faibles quantités, ou peu mécanisées dans le
cas contraire ;
— le conteneur souple, sac de grande capacité caractérisé par des volumes
compris entre 250 et 3 000 L, et des charges nominales inférieures ou égales à
2 000 kg.
Par rapport au sac 25 kg, le conteneur souple offre les avantages suivants qui
en font l’emballage idéal dans une multitude de cas :
— manutentions réduites chez les utilisateurs, d’où une meilleure producti-
vité associée à de meilleures conditions de travail ;
Parution : avril 2000

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CONTENEURS SOUPLES _________________________________________________________________________________________________________________

— possibilité d’économies le long de la chaîne logistique, sous réserve


d’exploitation optimale du système ;
— réduction des déchets d’emballage.
En contrepartie, l’emploi de conteneurs souples exige évidemment des
moyens mécanisés de levage et de manutention.
Les principaux utilisateurs sont l’industrie chimique en général, dont l’indus-
trie des engrais, l’industrie pharmaceutique, l’industrie agroalimentaire,
l’industrie minière et l’industrie des matériaux de construction.
Les modèles les plus courants sont conçus pour être levés par l’intermédiaire
d’une ou plusieurs poignées fixées ou formées à leur partie supérieure. Sché-
matiquement, ces emballages ont donc une double fonction : supporter les
contraintes de levage et de manutention (fonction mécanique) et protéger les
contenus (fonction barrière). Ces deux fonctions peuvent être assurées soit par
une seule et même enveloppe, soit par la superposition d’enveloppes de pro-
priétés complémentaires. L’enveloppe soumise aux principales contraintes

3 mécaniques (enveloppe travaillante) est le plus souvent réalisée à partir de


textiles techniques assemblés par couture.
Le dimensionnement des conteneurs souples répond à trois principaux
critères :
— optimisation des chargements : les moyens de transport usuels sont les
plateaux de camions ou de wagons SNCF, sur lesquels les sacs sont disposés
verticalement en une seule couche, et les conteneurs ISO, dans lesquels plu-
sieurs couches peuvent être superposées pour tirer le meilleur parti de la hau-
teur disponible. Le rendement des chargements est donc déterminé par le
diamètre des conteneurs souples, qui doit être ajusté aux dimensions des
moyens de transport ci-dessus ;
— dimensions des palettes standard dans certains cas ;
— tenue et stabilité : certaines normes imposent un rapport de la hauteur
utile sur le diamètre compris entre 1/2 et 2. Pour être représentatives de la
capacité réelle des conteneurs souples, les dimensions des modèles compor-
tant des coutures d’assemblage doivent être mesurées à partir des lignes de
couture ou entre elles, et non pas bord à bord. Les fabricants parlent de
« dimensions entre coutures ».
Les autres désignations courantes des conteneurs souples sont : GRVS
(grand récipient vrac souple) dans les normes françaises, FIBC (« flexible inter-
mediate bulk container ») dans les normes anglo-saxonnes, ou encore saches,
poches « big bags »... sur le terrain.
Remerciements à la société Mécaroute Emballage pour son aide à la mise au point de cet
article.

1. Principaux modèles — la poignée unique est destinée au levage par éperon ou cro-
chet, comme cela se pratique chez les agriculteurs et sur les
chantiers ;
— la technique de fabrication de ces emballages est économi-
que et permet donc d’ajuster leur coût à la faible valeur de conte-
1.1 Conteneurs souples à un point nus comme l’engrais et le ciment.
de levage En contrepartie de cette simplicité de fabrication, la partie supé-
rieure des conteneurs à un point de levage comporte deux ouvertu-
res permanentes, appelées fentes de remplissage, ce qui impose de
1.1.1 Caractéristiques distinctives munir l’enveloppe externe d’une doublure interne, ou sache, pou-
vant être close hermétiquement (§ 1.1.4).
Le vidage s’effectue par découpe du fond.
Comme leur nom l’indique, il s’agit de conteneurs à une seule
poignée, formée par rassemblement de la partie supérieure de
l’enveloppe travaillante (figure 1). 1.1.2 Charges nominales et caractérisation
dimensionnelle
Cette construction simple est bien adaptée aux engrais et ciments Pour les engrais, la charge nominale standard est de 500 kg, adap-
pour les raisons suivantes : tée à la capacité de levage des modèles de tracteurs les plus cou-

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________________________________________________________________________________________________________________ CONTENEURS SOUPLES

Poignée intégrée

Fente de
remplissage

Gueule de sache
interne liée en
col de cygne

3
a fond rapporté circulaire b fond « chignon »

Figure 2 – Différents types de fond de conteneur souple


à un point de levage

Au Royaume-Uni, premier consommateur européen de conte-


neurs souples à un point de levage pour engrais, les largeurs stan-
dard sont 125 cm et 130 cm.
Figure 1 – Conteneur souple à un point de levage Nota : la distribution d’engrais en conteneurs souples est une application principale-
ment européenne, certainement en raison de la taille moyenne des exploitations agrico-
les. La France et le Royaume-Uni représentent environ 70 % de la consommation
européenne de conteneurs souples pour engrais.
rants. En France, des essais avec une charge de 600 kg sont en Pour le ciment, la largeur à plat la plus fréquente est de l’ordre de
cours, et certains producteurs d’engrais parlent déjà de 1 000 kg 180 cm, permettant de loger deux conteneurs souples dans la lar-
pour le futur. geur utile des moyens de transport usuels.
Pour les ciments, les charges usuelles sont de 1 000 kg et
1 500 kg.
1.1.3 Fonds
La dimension représentative du diamètre d’un conteneur souple à
un point de levage est sa largeur à plat (cm) mesurée à vide et entre Il existe de multiples manières de réaliser le fond des conteneurs
coutures s’il y a lieu. Si l’on désigne par L cette largeur, le diamètre souples à un point de levage mais pour l’utilisateur, elles se rédui-
théorique à vide est égal à 2L /π. En raison de l’allongement des sent à deux types :
matériaux souples constitutifs, le diamètre réel en charge est légè-
rement supérieur de l’ordre de 1 à 2 % juste après remplissage, et — les techniques donnant un fond plat : pliage de la base de
éventuellement plus après une série de manutentions. l’enveloppe ou fixation d’une pièce rapportée, ronde (figure 2a ) ou
carrée, l’assemblage étant effectué par couture dans les deux cas
En raison des critères de dimensionnement que sont l’optimisa- (ou peut-être par collage dans le futur) ;
tion des chargements, l’adaptation aux dimensions standard des — les techniques donnant un fond plus ou moins sphérique,
palettes et le respect d’un rapport hauteur utile/diamètre compris ayant une moindre surface de contact avec le sol : rassemblement
entre 1/2 et 2 (voir introduction), on peut parler d’une relative stan- de la totalité de l’enveloppe en un point central ou une zone cen-
dardisation de la largeur à plat. Pour une charge nominale et une trale, par plissage (figure 2b ) ou pliage longitudinal, et maintien
largeur à plat données, la hauteur utile varie en fonction de la masse par couture ou ligature (type « chignon »).
volumique des produits à ensacher. Le choix du type de fond doit tenir compte de la méthode de rem-
Il faut noter que les fabricants ont pour habitude de faire entrer plissage, qui peut obéir à deux principes :
dans la désignation des conteneurs souples à un point de levage — le remplissage au sol, pour les produits granulés : le fond du
non pas la hauteur utile, mais la hauteur ou longueur hors-tout (cm) conteneur souple est en contact avec le sol pendant le remplissage.
mesurée entre un repère de localisation de la base, couture ou Quelques secondes avant l’écoulement du produit à ensacher, le
autre, et la pointe de la poignée sous tension. La signification prati- conteneur est gonflé à l’air pour le rigidifier momentanément et
que de cette grandeur pouvant en conséquence varier selon le type optimiser son volume utile ;
de fond, il est indispensable d’obtenir des données précises du four- — le remplissage suspendu, pour les produits pulvérulents très
nisseur sur ce point, et de se faire adresser des échantillons pour fluides (ciments, scories phosphatées...) : le conteneur est sus-
essai avant toute première commande. pendu par sa poignée de manière à interdire ou limiter le contact
entre le fond et le sol pendant le remplissage puis la désaération,
La troisième dimension importante est la longueur des fentes de afin que l’enveloppe reste sous tension pendant toute l’opération
remplissage, qui doit être adaptée au diamètre des buses. et ne se déforme pas de manière incontrôlable comme elle le ferait
dans les conditions du remplissage au sol.
En France, pour les engrais, la largeur standard est 120 cm, mais
depuis peu, certains utilisateurs sont également demandeurs de En cas de remplissage au sol, les essais de renversement statique
sacs de 125 cm, entre autres ceux qui effectuent des essais en ne mettent pas en évidence de différence flagrante de comporte-
600 kg. Ces dimensions voisines permettent de loger trois conte- ment entre les deux types de fonds. Par contre, l’expérience montre
neurs souples dans la largeur utile des moyens de transport usuels. une moindre stabilité des conteneurs à fond chignon sur les

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