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M AT É R I AU X

Ti554 - Élaboration et recyclage des métaux

Sidérurgie des métaux ferreux

Réf. Internet : 42368 | 2nde édition

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III
Cet ouvrage fait par tie de
Élaboration et recyclage des métaux
(Réf. Internet ti554)
composé de  :

Sidérurgie des métaux ferreux Réf. Internet : 42368

Métaux ferreux : élaboration du métal primaire Réf. Internet : 42366

Aciéries : traitements et procédés Réf. Internet : 42365

Élaboration des métaux ferreux Réf. Internet : 42367

Métallurgie extractive Réf. Internet : 42369

Élaboration et recyclage des métaux de transition Réf. Internet : 42649

Élaboration et recyclage des métaux non ferreux Réf. Internet : 42370

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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Élaboration et recyclage des métaux
(Réf. Internet ti554)

dont les exper ts scientifiques sont  :

Pierre BARBERIS
Ingénieur de recherche, AREVA NP, Centre de recherche, Ugine

Jean-Pierre BIRAT
Consultant et gérant - IF Steelman, Semécourt, France

Adrien MARCÉ
Ingénieur Géologue, Docteur de l'Université Paris VI

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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :

Denis ABLITZER Ana-Maria IOSIF


Pour l’article : M7160 Pour l’article : M7160

Jacques ASTIER Pierre PERROT


Pour les articles : M7030 – M7041 – Pour les articles : M7220 – M7221 –
M7040 – M7080 – M7085 – M7090 – M7222
M7110 – M7130 – M7140
Jean RAGUIN
Jean-Pierre BIRAT Pour les articles : M7150 – M7151
Pour l’article : M7020
Paul Victor RIBOUD
Bernard GROS Pour l’article : M1726
Pour les articles : M7059 – M7061
Philippe RUSSO
Marc GRUMBACH Pour l’article : M7060
Pour l’article : M7063
Jean-Marc STEILER
François HANROT Pour l’article : M1726
Pour l’article : M7160

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VI
Sidérurgie des métaux ferreux
(Réf. Internet 42368)

SOMMAIRE

1– Généralités Réf. Internet page

Principaux produits sidérurgiques. Aciers, applications et modes de production M7020 11

2– Matières premières de la sidérurgie Réf. Internet page

Prix des matières premières. Conséquences possibles de leur évolution M7030 19

Minerais de fer. Aspects géographiques et économiques M7041 23

Minerais et fondants M7040 27

Recyclage des biens d'équipement contenant du fer. Aspects généraux M7059 31

Recyclage des biens d'équipement contenant du fer. Aspects technologiques M7060 37

Recyclage des biens d'équipement contenant du fer. Aspects économiques M7061 41

Problèmes métallurgiques liés aux ferrailles : les résiduels M7063 45

3– Ensembles sidérurgiques Réf. Internet page

Ensembles sidérurgiques. Présentation M7080 49

Lignes continues de production en sidérurgie M7085 51

Grandes usines sidérurgiques intégrées classiques M7090 55

Mini-usines basées sur la fonte et la réduction directe M7110 61

Mini-usines M7130 67

Gestion de l'énergie M7140 73

Ensembles sidérurgiques. Protection de l'environnement. Stratégie M7150 77

Protection de l'environnement  : Technologie M7151 79

Application de l'inventaire du cycle de vie en sidérurgie M7160 85

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VII
4– Données thermiques et thermodynamiques Réf. Internet page

Équilibres thermodynamiques en sidérurgie M7220 89

Équilibres thermodynamiques en sidérurgie. Métal - non métal M7221 93

Équilibres thermodynamiques en sidérurgie. Laitiers et réfractaires M7222 95

Données thermochimiques nécessaires à l'établissement des bilans thermiques en M1726 99


sidérurgie

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Sidérurgie des métaux ferreux
(Réf. Internet 42368)

1
1– Généralités Réf. Internet page

Principaux produits sidérurgiques. Aciers, applications et modes de production M7020 11

2– Matières premières de la sidérurgie

3– Ensembles sidérurgiques

4– Données thermiques et thermodynamiques

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1

10
Référence Internet
M7020

Principaux produits sidérurgiques


Aciers, applications et modes de production
par Jean-Pierre BIRAT
Consultant et gérant
IF Steelman, Semécourt, France
1
Note de l’éditeur : Cet article est la réédition actualisée de l’article [M 7 020] intitulé
« Principaux produits sidérurgiques » paru en 2006 et rédigé par Marc GRUMBACH.

1. Définition des aciers ...................................................................... M 7 020v4 – 3


2. Production de l’acier ...................................................................... — 5
3. Différentes catégories d’aciers.................................................... — 6
3.1 Plaques et tôles fortes ........................................................................ — 6
3.2 Tôles minces ....................................................................................... — 8
3.3 Profilés lourds : poutrelles et palplanches ........................................ — 9
3.4 Fil machine ......................................................................................... — 9
3.5 Barres et laminés marchands ............................................................ — 9
3.6 Produits pour béton ........................................................................... — 9
3.7 Matériel de voie.................................................................................. — 9
3.8 Aciers inoxydables ............................................................................. — 9
3.9 Autres aciers spéciaux ....................................................................... — 9
4. Utilisation des aciers ..................................................................... — 10
4.1 Première transformation .................................................................... — 10
4.2 Travail des métaux ............................................................................. — 11
4.3 Construction mécanique .................................................................... — 11
4.4 Bâtiment, travaux publics .................................................................. — 11
4.5 Construction métallique ..................................................................... — 11
4.6 Équipement ménager ......................................................................... — 12
4.7 Machines électriques ......................................................................... — 12
4.8 Industrie automobile .......................................................................... — 12
4.9 Autres transports ................................................................................ — 12
4.10 Consommation propre ....................................................................... — 12
5. Exigences pour l’emploi des produits......................................... — 12
6. Recyclage de l’acier........................................................................ — 13
7. Croissance économique, progrès technique et évolution
de la demande d’acier .................................................................... — 14
7.1 Relation entre demande d’acier et richesse de l’économie (PIB) ..... — 15
7.2 Comparaison par pays ....................................................................... — 16
7.3 Évolution sectorielle ........................................................................... — 18
7.3.1 Construction et travaux publics .............................................. — 19
7.3.2 Automobile .............................................................................. — 20
7.3.3 Électroménager ........................................................................ — 21
7.3.4 Autres industries ..................................................................... — 21
8. Conclusion........................................................................................ — 21
9. Glossaire ........................................................................................... — 22
10. Sigles et notations.......................................................................... — 23
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. M 7 020v4

a production d’acier mondiale en 2014 a doublé depuis l’an 2000. C’est le


L résultat des mutations de l’économie planétaire, où le leadership écono-
mique, mesuré par le niveau du PIB et par sa croissance, a évolué de la triade
(Europe occidentale, Amérique du Nord, Japon) aux pays émergents. Bien qu’il
Parution : mars 2017

Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés M 7 020v4 – 1

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Référence Internet
M7020

PRINCIPAUX PRODUITS SIDÉRURGIQUES –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

semble qu’un cycle ait été atteint avec la fin de la croissance à deux chiffres de
la Chine et la probable réorientation de son économie vers la consommation
intérieure, les prévisions pour 2050 sont encore d’un nouveau doublement de
la production mondiale.
La consommation d’acier reste un marqueur important de la santé de l’éco-
nomie, au niveau mondial, par pays ou par région du monde. C’est vrai des
pays émergents, dans lesquels l’acier sert à construire l’infrastructure d’une

1
nation moderne, des pays en développement qui aspirent à cette émergence,
mais aussi des pays développés, où l’acier est utilisé pour maintenir et moder-
niser les infrastructures et produire la plupart des biens de consommation dans
la composition desquels il entre.
Les produits sidérurgiques constituent un mélange de commodités et de spé-
cialités, pour adopter une typologie liée à l’économie du secteur : cette distinction
est fluctuante, dans la mesure où des applications entrent ou sortent au fil du
temps de ces catégories, le jeu des industriels consistant à renouveler constam-
ment leur offre en passant d’abord par la case spécialité. Cela signifie néanmoins
que le prix de revient et sa maı̂trise sont essentiels dans un marché mondialisé et
très compétitif, mais aussi que les produits sont souvent des produits-services,
conçus sur mesure avec les utilisateurs pour des applications très ciblées et indi-
vidualisées. Pour fournir deux exemples, les ronds à béton sont plutôt des com-
modités, alors que les aciers plats pour l’automobile sont plutôt des spécialités.
Les produits sidérurgiques traduisent en offre commerciale la complexité de
la métallurgie du fer et de l’acier, et c’est à travers un tel décodage scientifique
qu’on présente les aciers dans un cours de métallurgie. Mais, ils sont aussi for-
tement liés à la filière qui les produit, par exemple la filière intégrée ou la filière
électrique (voir plus loin), et ils se distinguent par les marchés qu’ils servent,
donc par les fonctions qu’ils assurent en tant que produits-services. On distin-
gue aussi, traditionnellement, les produits en fonction de leur section, donc les
produits plats et les produits longs.
À cela s’ajoutent les modèles économiques des entreprises sidérurgiques, qui
peuvent soit adopter une « logique de supermarché », c’est-à-dire offrir la gamme
presque complète de produits sidérurgiques à un client éclectique, soit, au
contraire, ne proposer que des spécialités installées sur des niches : par exemple,
ArcelorMittal, sidérurgiste généraliste, se place dans la première catégorie, alors
que Dillinger Hütte, producteur de plaques, se situe dans la seconde. Les regrou-
pements d’entreprises qui ont eu lieu au début du XXIe siècle (constitution de
CORUS, fusion d’Arcelor et de Mittal, de NKK et KSC, de Nippon Steel et de
Sumitomo Metals, de CORUS et de Tata Steel) ont favorisé le premier modèle
dans les nouveaux groupes, mais ces grands généralistes ont rapidement dérogé
à ces règles pour externaliser certaines applications de niche (e.g. ArcelorMittal a
créé APERAM pour isoler les activités de production d’aciers inoxydables, Tata
Steel se débarrasse en ce moment-même de ses produits longs). On assiste là à
des respirations qui font écho au caractère cyclique des marchés et des prix.
Depuis le début du XXIe siècle, les aciers et leurs domaines d’utilisation n’ont
pas changé de façon significative. La décennie a été caractérisée essentielle-
ment par une augmentation considérable des volumes de production, avec
une géostratégie nouvelle du secteur. Les économies émergentes ont pris le
leadership en volume, mais ont adopté les technologies de production et les
gammes de produits issues de la triade au cours de la seconde moitié du
XXe siècle et arrivées à maturité dans ses dix dernières années. Le commerce
international a aussi beaucoup augmenté en volume, qu’il s’agisse d’échanges
directs d’acier, demi-produits et produits sidérurgiques finis, ou d’échanges
indirects. C’est pourquoi, il n’est plus toujours opportun de décrire la sidérurgie
actuelle d’un point de vue strictement européen : les données mondiales sont
d’ailleurs souvent plus faciles à trouver que les seules données européennes,
tout en étant plus signifiantes. Mutatis mutandis, c’est un glissement qui fait
écho à l’abandon de la seule référence française liée à la création en 1952 de
la CECA, le précurseur de l’Union européenne. Le monde s’agrandit, ce qui est
l’une des définitions de la mondialisation.

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M7020

––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– PRINCIPAUX PRODUITS SIDÉRURGIQUES

On présentera d’abord la typologie des aciers, puis leur mode de production,


les différentes catégories d’aciers, leurs domaines d’utilisation, leurs propriétés
d’emploi, leur recyclabilité et les performances de recyclage. On conclura par
une description géopolitique du secteur, en Europe et dans le monde, avec
une vision prospective pour le prochain demi-siècle.
Un glossaire et un tableau de sigles et de notations sont présentés en fin d’article.

1
ce rôle primordial depuis des siècles, et cela va durer encore long-
1. Définition des aciers temps, sans le moindre doute.

& La classification des produits sidérurgiques est le reflet de la sta-


bilité de cet épistème technologique, c’est-à-dire à la fois des tech-
La typologie des produits sidérurgiques, les aciers, résulte d’une
niques de production d’acier dans les usines sidérurgiques et des
longue évolution historique, mais aussi d’un renouvellement
techniques de mise en œuvre de ces aciers dans les biens manufac-
continu de l’offre d’acier, en réponse aux besoins des utilisateurs.
turés. Des normes européennes traduisent cela en documents
Les sidérurgistes parlent des marchés, l’aval de la chaı̂ne de valeur
contractuels diffusés par le Bureau Européen de Normalisation
se comprend en opposition à l’amont, où on trouve les matières
(BEN) : la norme la plus importante pour structurer les produits
premières, par exemple. Continuité et changement permanent en
sidérurgiques est la « EN 10027-1 et 2 » (figure 1) [M 4 520] [M 302] [1].
sont les invariants sur des temporalités historiques.
On y distingue à la fois des aciers repérés par leurs utilisations et le
Le résultat de cette longue évolution est que les aciers consti- niveau de propriétés mécaniques ou physiques visé (§ 7.3) qu’on
tuent la plus grande famille d’alliages métalliques mis à disposition appelle la désignation symbolique, et par leur composition chi-
des ingénieurs et des concepteurs de produits manufacturés dans mique (§ 7.4) complétée, suivant le cas, par un traitement ther-
l’épistème technologique actuel. Le fer et l’acier ont d’ailleurs joué mique et un revêtement de surface, qui constitue la désignation

Acier de Catégorie 1
fonderie
ACIER SPÉCIFIÉ PAR SES APPLICATIONS ET SES PROPRIÉTÉS

G X X X X X

Symbole supplémentaire
CODE PROPRIÉTÉ de produit
D’APPLICATION MECANIQUE

CODE DE Codes supplémentaires


PROPRIÉTÉ spécifiques de type

Ces codes supplémentaires définissent des propriétés


supplémentaires ou des applications particulières en
Acier de Catégorie 1 fonction du code de type ou d’application.
fonderie
ACIER SPÉCIFIÉ PAR SA COMPOSITION

G X X X X L’absence de code de type désigne un acier non allié où Mn > 1 %


ou un acier allié dont tous les éléments d’alliage sont < 5 % en poids.

Codes de type Élément(s) Les éléments d’alliage sont classés par ordre de concentration
d’alliage croissante, de même que les valeurs d’ajustement. S’il n’y en a pas,
alors on ne connaît pas la composition du matériau.
Carbone Valeur d’ajustement
en % x 100 ou, si le code de type = X, La valeur d’ajustement doit être divisée par le facteur d’ajustement
composition réelle en % pour obtenir la teneur en pourcent de cet élément.

Facteurs d’ajustement des éléments :


4 Cr, Co, Mn, Ni, Si, W
Elément obligatoire 10 Al, Be, Cu, Mo, Nb, Pb, Ta, Ti, V, Zr
1 000 B
Elément optionnel

Figure 1 – Principe de la nomenclature des aciers dans la norme européenne EN 10027

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M7020

PRINCIPAUX PRODUITS SIDÉRURGIQUES –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

numérique. Par exemple, S 235 JR désigne un acier de construction (lingots ou brames, blooms ou billettes de coulée continue), puis
ayant une limite d’élasticité de 235 MPa, une énergie de rupture de ensuite au laminage (plaques, tôles minces, poutrelles, fil machine,
27 J (lettre J) à température ambiante (lettre R) ; 1.0554 + N désigne rails, profilés, ronds à béton). Cela constitue une différenciation
le même acier en notation numérique. majeure liée à des types d’usines sidérurgiques très différentes :
On présentera au paragraphe 3 une classification qui associe ces une ligne de production de tôles minces ne peut pas fabriquer du
deux approches, décrivant ainsi la vision des produits qu’en ont les fil machine et vice versa.
sidérurgistes. On examinera au paragraphe 4, les produits par secteur Il existe certes des usines intégrées, qui produisent à la fois des
économique d’utilisation, donc du point de vue de l’aval de la chaı̂ne produits longs et des produits plats dans des ateliers différents,

1
de valeur de la sidérurgie analysé en termes macroéconomiques. mais, en général, les produits plats sont le plus souvent fabriqués
L’acier est ubiquiste, ce qui constitue probablement une de ses dans des usines intégrées, alors que les produits longs le sont dans
caractéristiques essentielles quand on essaie d’analyser son rôle des usines électriques. Ces choix ne sont ni strictement nécessaires,
dans la société – ce que certains ont appelé la valeur sociale de ni universels, et ils résultent de processus historiques qui se perpé-
l’acier [2]. On le trouve dans presque tous les artéfacts de notre tuent par continuité, tant que les usines en question continueront à
société, qu’il s’agisse de biens d’équipement et de consommation fonctionner, mais cela n’a pas vocation à se poursuivre. On abordera
ou, encore plus systématiquement, des biens de production utilisés ces questions prospectives dans la dernière partie du chapitre.
comme outils ou machines pour fabriquer les premiers. Cela se traduit
Les aciers spéciaux, en particulier les aciers inoxydables, sont
par une grande diversité de l’offre de produits sidérurgiques, tant par
produits dans des usines spécialisées basées sur le four électrique,
la forme que par la composition chimique ou les propriétés d’emploi.
complété par des réacteurs d’aciérie adaptés à la production d’un
On trouve l’acier, par exemple (figure 2) : acier riche en chrome (AOD, Argon Oxygen Decarburization, ou
– dans les usines, où il est un constituant essentiel des machines VOD, Vacuum Oxygen Decarburization).
et souvent des bâtiments, qu’il soit en structure métallique (pou- Les produits sidérurgiques ont été définis dans l’Union Euro-
trelles, profilés), en béton (armatures de béton armé) ou même en péenne à l’époque de la CECA comme des produits en aciers lami-
bois (assemblage des charpentes, clous, etc.) ; nés. Sont ainsi exclus du secteur sidérurgique proprement dit les
– dans les laboratoires de toutes sortes, où il constitue la plupart tubes, feuillards, fils tréfilés et pièces forgées, moulées ou frittées,
des équipements d’analyse, d’essai et de mesure ; qui sont rattachés respectivement à la tuberie, au laminage des
– dans les transports, de façon majoritaire dans les trains et le feuillards, à la tréfilerie, la fonderie, la forge ou la métallurgie des
matériel de voie, les automobiles et véhicules utilitaires, les poudres. Les données statistiques d’Eurofer se conforment à cette
bateaux de transport maritime ou fluvial, et de façon minoritaire pratique. Worldsteel, qui publie des statistiques mondiales, utilise
dans l’aviation et les cycles ; une définition plus large, qui comprend les secteurs exclus de la
– dans les réseaux énergétiques : matériels de forage de pétrole
définition européenne.
ou de gaz, matériel de mines, machines de production d’électricité,
infrastructures de centrales thermiques, hydrauliques, nucléaires,
& La norme EN 10027 distingue 5 principales catégories d’aciers :
éoliennes, solaires, réseaux de transport des fluides (pipes) et de
l’électricité (pylônes, postes de transformation, etc.) ; – les aciers non alliés ou aciers au carbone :
– dans les autres réseaux, eau, fluides, effluents, etc. ;  les aciers non alliés d’usage général,
– dans les maisons d’habitation et les bureaux : biens électromé-
nagers, petit outillage, batterie de cuisine, meubles métalliques ou  les aciers non alliés spéciaux (pour traitement thermique, sou-
non, huisseries, structure des bâtiments, etc. ; dables, forgeables, etc.), qui affichent des propriétés garanties
– dans l’agriculture et la chaı̂ne alimentaire : machines agricoles, dans des fourchettes étroites ;
hangars enclos, machines agroalimentaires, etc. ;
– les aciers faiblement alliés, c’est-à-dire dont aucun élément
– dans l’emballage, boı̂tes de fer blanc pour la conserve et les
d’alliage n’a une teneur pondérale supérieure à 5% ;
boissons, mais aussi fûts et bidons ;
– dans les objets de consommation courante : ordinateurs, télé- – les aciers alliés, dont la composition comporte au moins un élé-
phones portables, clés USB, batteries, etc. ment présent au-dessus de 5%, les aciers inoxydables font partie
de cette catégorie ;
& Traditionnellement, on classe aussi les produits sidérurgiques – les aciers rapides, qui conservent des propriétés mécaniques à
selon leur forme, donc celle qui est donnée d’abord à la solidification température d’utilisation élevée.

Exemples d’utilisation
de bobines et de feuilles
en acier laminé à froid

Réfrigérateurs

Containers

Fûts et bidons
en aciers
Machines à laver

Plaques de pont Racks


Mobilier
métallique
Bouteilles
de gaz

Automobiles
Châssis Roues
de camion
Piles
électriques

Figure 2 – Exemples d’utilisation d’acier dans des biens d’équipement et de consommation

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Référence Internet
M7020

––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– PRINCIPAUX PRODUITS SIDÉRURGIQUES

& De façon générale, les produits sidérurgiques constituent un – une troisième filière notable nommée filière préréduction, où
mélange de commodités et de spécialités [3]. On parle à propos le minerai de fer est réduit dans un réacteur solide-gaz à contre-
de ces derniers de matériaux à valeur ajoutée, à haute valeur ajou- courant par du gaz naturel reformé en gaz de synthèse produit
tée, de matériaux avancés ou simplement de nouveaux matériaux, dans le procédé (procédés Midrex ou HyL, dénommé maintenant
expressions plus ou moins synonymes qui dépendent du point de ENERGIRON [5]). Le produit obtenu est du fer sous forme de pré-
vue du narrateur. Dans le cas des aciers, les expressions suivantes réduit solide en boulettes (DRI, Direct Reduced Iron) ou en briquet-
sont couramment utilisées dans des cas particuliers : acier avancé tes (HBI, Hot Briquetted Iron), qui est fondu ensuite dans un four
à haute résistance (A H S S : Advanced High-Strength Steel), acier électrique à arc, mais aussi en partie exporté comme produits
à haute résistance et haute ductilité de troisième génération intermédiaires, semblables à l’aluminium primaire ou à la fonte
(3rd Gen A H S S : 3rd generation Advanced High Strength-High
Ductility Steel), acier à hautes, voire très hautes caractéristiques.
La commission européenne utilise l’expression de matériaux avan-
solide, dont il existe aussi un marché (1,183 Mt en 2014). Il n’existe
qu’une seule usine de préréduction dans l’Union Européenne
(ArcelorMittal à Hambourg), du fait du prix régional trop élevé du
1
cés (advanced materials), qui constituent une technologie clé gaz naturel. La production mondiale était en 2014 de 73,1 Mt de
(KET : Key-Enabling Technology). DRI, soit environ 4,3% de la production mondiale, répertoriée en
général dans la filière électrique ;
– dans le monde ailleurs qu’en Europe, principalement en Russie,
en Ukraine et en Inde, il subsiste des usines basées sur le procédé
2. Production de l’acier Martin (OHP, Open Hearth Process), en voie d’extinction du fait de
sa faible productivité et qui ne représente plus que 0,5% de la pro-
duction mondiale ;
– des procédés originaux, qu’on a dit longtemps émergents, mais
La production mondiale d’acier brut a atteint 1,665 milliards de qui restent confidentiels en termes d’unités et de volume de pro-
tonnes en 2014, après avoir franchi le seuil du milliard de tonne en duction, souvent basés sur d’autres versions de la réduction-fusion
2004. La production en 2015 s’est très légèrement tassée de 2,8% que le haut fourneau, comme les procédés COREX, FINEX, FINMET,
en raison de l’atterrissage économique de la Chine, mais aussi du etc. Certains, comme ULCOS-BF, HIsarna, ULCORED, ULCOWIN ou
marasme économique mondial. ULCOLYSIS, sont actuellement en développement avec l’objectif de
Après une période de quasi-stagnation dans les années 1980 et décarboner la production d’acier (programme ULCOS et ses suites)
1990, cette production mondiale a redémarré au milieu des années et les deux derniers font appel à l’électrolyse du minerai, une tech-
1990 pour croı̂tre exponentiellement en raison du décollage écono- nologie en grande rupture par rapport aux procédés actuels [6] ;
mique des pays émergents, les BRICS, le Brésil, la Russie, l’Inde, la – on trouve aussi une très petite production par des fours à
Chine et l’Afrique du Sud. Mais, c’est avant tout la Chine qui a tiré induction, dont certains fonctionnent sous vide ;
presque seule ce développement, et sa production en 2014 attei- – quelques nuances très spéciales à très haute valeur ajoutée,
gnait 822,7 Mt, soit 51,2% de la production mondiale (803,8 Mt en fabriquées au four électrique ou plus rarement au four à induction,
2015). La crise de 2008 a entraı̂né une chute de production en 2009 sont refondues sous vide (procédé VAR, Vacuum Arc Remelting) ou
de 8,8% par rapport au pic de 2007, mais la croissance de la produc- sous laitier (procédé ESR, Electro-Slag Remelting), mais cela ne
tion mondiale a repris dès l’année suivante. On note néanmoins un concerne que des tonnages limités.
essoufflement de cette croissance, qui est passée de 6,2% par an
entre 2000 à 2005, à 3,9% entre 2005 et 2010, et moins encore Les données européennes du tableau 1 concernent l’acier brut
depuis : c’est probablement la fin d’un cycle. On peut s’attendre, (crude steel), en général l’acier liquide produit à l’aciérie, parfois
dans l’avenir, à d’autres cycles traduisant l’émergence de pays aussi les billettes issues de la coulée continue. L’acier brut est à la
encore en développement aujourd’hui, comme l’Afrique. sidérurgie ce que les cellules souches sont à la biologie : à partir
d’acier brut, on peut fabriquer presque n’importe quel produit sidé-
L’Union européenne à 28 pays (UE-28) a produit 169,1 Mt d’acier rurgique de même que les cellules pluripotentes peuvent donner
brut en 2014 et 166,2 en 2015, ce qui est un recul par rapport aux naissance à des cellules de n’importe quel organe.
190 Mt de 2004 et au pic de 210 Mt en 2007. La crise de 2008 ne s’est
pas encore résorbée en Europe et y a été plus profonde (- 50,8% Nous avons choisi de produire les données de 2004, présentées
entre 2007 et 2009) que dans le reste du monde. La question d’un dans la version précédente de cet article, celles de 2007, qui ont
retour ou non aux niveaux de production antérieurs à la crise est cru- constitué en Europe un pic de production d’acier, et celles de 2014,
ciale pour l’avenir du secteur en Europe et elle demeure non résolue. la dernière année connue au moment de la rédaction. On constate
ainsi que la production est montée en 2007 jusqu’à 210 millions de
L’analyse de la production par pays ou même par grande région tonnes, puis s’est effondrée et n’a jamais regagné ce niveau depuis
du monde n’est plus nécessairement pertinente aujourd’hui, car la crise de 2008. L’Autriche est un des rares États Membres qui pro-
des regroupements de sociétés ont conduit à la création de 10 entre- duit plus aujourd’hui qu’en 2007 (103%), avec la Slovénie, la Croatie
prises produisant plus de 30 Mt d’acier brut en 2014 et appliquant (222%) et le Portugal, qui restent de très petits producteurs et ne
une stratégie mondiale transparente aux frontières politiques : sont guère significatifs de tendances. Les Pays-Bas (95%), la Slova-
ArcelorMittal (98), NSCMC (49,3), Hebel Steel (47,1), Baosteel quie et l’Allemagne (88%) sont les pays où la chute a été la mieux
(43,3), POSCO 41,4), Shagang (35,3), Ansteel (34,3), Wuhan (33,0), amortie et les perdants sont la Bulgarie (32%), la Grèce (40%), la
JFE (31,4) et Shougang (30,8). Après ArcelorMittal, les grands Roumanie, la Hongrie, la Belgique, l’Espagne, l’Italie, la Suède, la
acteurs sidérurgiques présents en Europe pointent à la 11e place Pologne et aussi la France (84%). Ceci est lié à la profondeur de la
(Tata Steel), la 15e (US Steel), la 16e (Gerdau), la 19e (Thyssen- crise dans chaque pays et à la place qu’y tient l’industrie, cette der-
Krupp), la 40e (Technint), la 47e (SSAB) et la 50e (voestalpine). nière induisant une forte production locale d’acier.
& La production d’acier est réalisée aujourd’hui par deux filières On sait que, pour passer de la production d’acier brut à celle des
principales [4] : produits finis, il faut tenir compte des procédés de coulée et de
– la filière intégrée, qui transforme le minerai de fer, sa matière pre- laminage par l’intermédiaire de leurs mises au mille (rendement
mière, en acier, en passant par la fonte produite dans les hauts four- métal). En moyenne, tous aciers confondus, il y avait 9% de diffé-
neaux, puis convertie en acier par affinage à l’oxygène ; cette filière rence entre la production d’acier brut et les produits sidérurgiques
représente 73,9% de la production mondiale en 2014 et 61,0% en finis en Europe entre 2010 et 2014. Ainsi, la production européenne
Europe (UE-28). Noter que ce chiffre n’est que de 38,7% dans l’ALENA ; (Europe à 28) de 169 Mt d’acier brut correspond à 157 Mt de pro-
– la filière électrique, qui est basée sur le four électrique à arc et duits finis (tableau 2) [7].
utilise comme matière première essentiellement l’acier recyclé, Nous donnons à titre indicatif, dans le tableau 3, un ordre de
c’est-à-dire la ferraille ; grandeur de la production mondiale par produits ; les chiffres sont

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15
Référence Internet
M7020

PRINCIPAUX PRODUITS SIDÉRURGIQUES –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Tableau 1 – Production européenne (EU-28) d’acier brut Tableau 2 – Production des principaux produits
(années 2004, 2007 et 2014) sidérurgiques (UE-28) en 2014

2004 2007 2014 Produits


Tonnage
Type
(en kt)
Tonnage Tonnage Tonnage Répartition Catégorie
Pays
(en kt) (en kt) (en kt)

1
Plaques – 11 548
Allemagne 46 374 48 550 42 943
Tôles minces Laminées à chaud 36 648
Autriche 6 530 7 578 7 876
Produits plats – Laminées à froid 44 633
Belgique 11 698 10 692 7 331
Par catégories Tôles inoxydables 5 019
Bulgarie 2 106 1 909 612 – Tôles revêtues 31 355
Chypre 0 0 0 Total produits
97 848
plats
Croatie 86 75 167
Profilés
Danemark 0 0 0 Par catégories 11 765
lourds + Voie

Espagne 17 621 18 999 14 187 – Barres laminées 13 058


Produits longs
Estonie 0 0 0 – Ronds à béton 13 225

Finlande 4 832 4 431 3 807 – Fil machine 20 083

France 20 770 19 250 16 143 – Aciers inoxydables 856

Total produits
Grèce 1 967 2 554 1 022 58 987
longs
Hongrie 1 952 2 227 1 131 Total général 156 835
Irlande 0 0 0
tirés des statistiques de World Steel, anciennement l’IISI (Interna-
Italie 28 417 31 553 23 714 tional Iron and Steel Institute).
Quelques observations générales sur ces données peuvent être
Lettonie 662 696 200 effectuées, comme la montée progressive de la proportion de pro-
duits plats en fonction de l’industrialisation croissante des pays.
Lituanie 0 0 0 Cela traduit le passage d’emploi de l’acier dans les infrastructures
lourdes à des produits de consommation comme les voitures ou
Luxembourg 2 684 2 858 2 193 l’électroménager.

Malte 0 0 0

Pays-Bas 6 848 7 368 6 964 3. Différentes catégories


Pologne 10 593 10 632 8 541
d’aciers
Portugal 1 400 1 400 2 100
En plus des principales catégories que sont les plaques, les tôles
fortes et les tôles minces pour les produits plats, les produits longs
Roumanie 6 042 6 261 3 158
comprennent les profilés lourds, le fil machine, les barres, les pro-
duits pour béton et les rails.
Royaume-Uni 13 766 14 317 12 061
Parmi les aciers alliés, les aciers inoxydables plats et longs ont une
Slovaquie 4 454 5 089 4 705 place importante et les autres aciers spéciaux sont considérés à part.

Slovénie 566 638 641 3.1 Plaques et tôles fortes


Suède 5 978 5 673 4 514 Les produits plats au-dessus de 3 mm d’épaisseur constituent
l’ensemble des plaques, tôles fortes et tôles moyennes ; ils sont fabri-
République tchèque 7 033 7 059 5 360 qués par des laminoirs quartos de grande largeur [M 7 920], allant
jusqu’à 5,5 m de large, ou par les trains continus à bande jusqu’à
Total 202 379 209 809 169 123 2 m de large pour les trains classiques et 2,5 m pour les trains en
ligne sur des coulées continues de brames minces [M 7 940] [M 7 941].

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16
Sidérurgie des métaux ferreux
(Réf. Internet 42368)

1– Généralités 2
2– Matières premières de la sidérurgie Réf. Internet page

Prix des matières premières. Conséquences possibles de leur évolution M7030 19

Minerais de fer. Aspects géographiques et économiques M7041 23

Minerais et fondants M7040 27

Recyclage des biens d'équipement contenant du fer. Aspects généraux M7059 31

Recyclage des biens d'équipement contenant du fer. Aspects technologiques M7060 37

Recyclage des biens d'équipement contenant du fer. Aspects économiques M7061 41

Problèmes métallurgiques liés aux ferrailles : les résiduels M7063 45

3– Ensembles sidérurgiques

4– Données thermiques et thermodynamiques

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17
2

18
Référence Internet
M7030

Prix des matières premières


Conséquences possibles de leur évolution

par Jacques ASTIER


2
Ingénieur conseil

1. Évolutions des techniques de la sidérurgie ........................ Comp M 7 030- 2


1.1 Développements de nouveaux procédés .................................... — 2
1.2 Pénétration des nouveaux procédés............................................ — 3
1.3 Intégration ou désintégration des usines sidérurgiques............ — 5
2. Évolution des prix et des coûts ............................................. — 6
2.1 Évolution de la consommation
et de la production mondiale d’acier ........................................... — 6
2.2 Protection de l’environnement
et recyclage des sous- ou coproduits .......................................... — 7
2.3 Évolution des prix des principales
matières premières de la sidérurgie ............................................ — 7
2.4 Évolution des prix de revient des produits sidérurgiques ......... — 9
3. Conséquences probables de ces évolutions....................... — 10
3.1 Évolution des besoins de produits sidérurgiques ...................... — 11
3.2 Évolution de la production d’acier ............................................... — 11
3.3 Mondialisation et régionalisation................................................. — 13
3.4 Intégration ou désintégration de la filière sidérurgique............. — 15
Références bibliographiques ........................................................... — 16

O n constate qu’il y a une évolution beaucoup plus rapide pour les prix
des matières premières de la sidérurgie que pour le développement
des procédés et des filières de production de l’acier. Ce dossier se propose
d’en étudier les conséquences.
Il se subdivise en trois parties :
— la première, à caractère technique, est une réflexion sur l’évolution des pro-
cédés sidérurgiques et sur les filières de production de l’acier tels qu’ils sont
décrits dans les volumes des Techniques de l’Ingénieur ;
— la seconde, à caractère plus économique, voire commercial, passe en revue
l’évolution des prix des matières premières de la sidérurgie, au cours des années
passées et, plus particulièrement, au cours des deux dernières années ;
— la dernière décrit les conséquences que l’on peut tirer de ces évolutions, en
y incluant, avec toute la prudence nécessaire, les tendances à plus long terme de
la sidérurgie.

Pour tous les procédés cités dans ce dossier, le lecteur pourra consulter la rubrique Élabora-
tion et recyclage des métaux dans le présent traité.
Parution : décembre 2005

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est strictement interdite. − © Techniques de l’Ingénieur Comp. M 7 030 − 1

19
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M7030

PRIX DES MATIÈRES PREMIÈRES __________________________________________________________________________________________________________

1. Évolutions des techniques — une voie « intégrée », souvent dans les pays émergents
(notamment ceux qui sont riches en gaz naturel), basée sur
de la sidérurgie l’emploi des « substituts des ferrailles », en général les minerais
réduits (DRI ou HBI d’après les termes anglais Direct Reduced Iron
et Hot Briquetted Iron ), mais, parfois, aussi, la fonte ;
— et, bien sûr, toutes les solutions intermédiaires, car cette
1.1 Développements de nouveaux filière est très flexible pour ses matières premières.
procédés (0)

Ces développements nous paraissent caractérisés par trois aspects.


Tableau 2 – Exemple de développement
■ Tout d’abord, leur lenteur que l’on peut illustrer : du procédé Corex
— en indiquant approximativement les durées nécessaires pour

2 développer les principaux procédés sidérurgiques actuels (tableau 1) ;


— en illustrant le cas du seul procédé de réduction/fusion qui
concurrence, actuellement, sur le plan industriel, le haut fourneau
Stades de recherches
et développement
Dates Remarques

pour produire de la fonte, c’est-à-dire le procédé Corex (tableau 2) ; Recherches Surtout au Brésil
— en montrant l’un des meilleurs exemples de développement sur une petite échelle À partir de 1977 par le Dr. R. Weber
(laboratoire) à la société Pains
jusqu’au stade industriel d’un procédé de réduction directe, c’est-
à-dire le procédé Midrex (tableau 3) ; le seul autre « très bon cas » Pilote d’environ
Développement au stade De 1981 à 1988 10 t/h à Kehl
est celui du procédé Hyl qui a connu un développement analogue. semi-industriel (Allemagne)
■ Ensuite (et comme une conséquence de la remarque précédente),
la limitation des routes ou filières de production de l’acier qui ne Démarrage Première unité
sont, en fait, qu’au nombre de deux (ou trois si l’on sépare les deux en 1989 industrielle C 1 000
à Pretoria,
alimentations du four électrique) comme le montre la figure 1. Développement Arrêt Iscor,
En fait, la seconde route, celle de droite sur cette figure qui est industriel pour des motifs (Afrique du Sud) :
celle dite des « miniusines » se subdivise entre : Premier stade économiques soit environ 40 t/h
(fermeture du ou 1 000 t/j
— une voie simple qui est celle des miniusines classiques site de Pretoria) ou 300 000 t/an
basées sur les ferrailles ; (0)
en 1998
Posco :
contrat 1992
Démarrage 1995
Tableau 1 – Quelques exemples de durées
de développement de procédés sidérurgiques Hanbo :
contrat 1994
2 unités non
Développement Développement démarrées
Type de procédé
relativement rapide lent Développement Unités C 2 000 :
industriel
Jindal 1 : soit environ 100 t/h
S’étend sur plus contrat 1995 ou 2 500 t/j
Deuxième stade Démarrage 1999 ou 700 000 t/an
Coulée continue – d’un siècle depuis
de l’acier les travaux
de Bessemer Jindal 2 :
contrat 1997
Procédé LD Démarrage 2001
Aciérie à l’oxygène en quelques années Saldanha :
à Linz, en Autriche contrat 1996
vers 1960 Démarrage 1999
S’étend sur près Baosteel : Unité C 3 000 :
d’un siècle depuis Développement (Chine) soit environ 200 t/h
Aciérie électrique les recherches industriel
Troisième stade commandée ou 4 000 t/j
d’Héroult en 2005 [11] ou 1 500 000 t/an

Haut fourneau – S’étend sur plusieurs


siècles !

Autres procédés Procédé Corex


d’élaboration Sur une quinzaine
de fonte d’années Minerai de fer Ferrailles
(voir tableau 2)
Procédé Midrex
Sur une dizaine Procédés basés Réduction/fusion Ou substituts des ferrailles
d’années (voir sur la fluidisation : (en général au haut fourneau) surtout par la réduction directe
Réduction directe tableau 3) Fior puis Finmet
au gaz Sur une vingtaine
Procédé Hyl
Sur une dizaine d’années Aciérie à l’oxygène Aciérie électrique
d’années
Acier
Réduction directe Fours tournants
au charbon –
Fours à sole tournante Figure 1 – Routes de production de l’acier

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20
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M7030

_________________________________________________________________________________________________________ PRIX DES MATIÈRES PREMIÈRES

(0)

Tableau 3 – Exemple de développement Tableau 4 – Pénétration des nouveaux procédés sur le plan
du procédé Midrex industriel (1)
Stades de recherches Procédés n’ayant pas atteint
Dates Remarques Procédés industriels
et développement le stade industriel
À la suite de toute Novalfer
une série de recherches Vague de 1950
Recherches et de développements Procédés de réduction H-Iron
sur une petite À partir de 1963 par Surface Combustion directe au gaz naturel :
Armco
échelle (laboratoire) SCC. Hyl
Four d’essai de 0,4 m Vague de 1965 Purofer
de diamètre à Toledo Midrex NSC
1966
Développement au Étude d’une unité
stade semi-industriel de 3,7 m
Création de la société
Midrex à partir de SCC,
filiale de Midland Ross
Finmet
Vague de 1980
Plasmared
Arex Danarex
2
de diamètre Basset
Vague de 1950
1968 Sturzelberg
Commande C’est le premier
Développement des 2 fours Procédés de réduction/fusion Inred
industriel de 3,7 m ensemble d’une capacité (élaboration de fonte) :
de l’ordre Vague de 1980 Elred
Premier stade de diamètre de 150 000 t/an Haut Fourneau
par Oregon Steel Plasmasmelt
Mill Corex Dios
1971 C’est le début Vague de 1990 AISI
Développement Démarrage de la construction CCF
industriel de Georgetown des unités dites module
Deuxième stade Steel Co 400, soit : 50 t/h (1) Ce tableau présente quelques exemples du nombre de procédés qui ont
(États-Unis) 1 200 t/j atteint mais non dépassé soit le stade semi-industriel, soit un dévelop-
Suivi de 25 unités 400 000 t/an pement industriel limité en face des procédés utilisés industriellement.
1977 Début des modules 600
Développement Démarrage de 5,5 m de diamètre et :
industriel de Sidbec 2 75 t/h
à Contrecœur Tableau 5 – Évolution mondiale de la coulée continue
Troisième stade 1 800 t/j
(Canada) 600 000 t/an de l’acier
Suivi de 18 unités
1994 Année Acier coulé en continu (%)
Démarrage Début des « Mégamod »
Développement d’Ispat de 6,5 m de diamètre 1965 ...
industriel Industries et : 125 t/h
Quatrième stade (Inde) 3 000 t/j 1970 4
Suivi de 5 unités 1 000 000 t/an
1975 14
2004/2005 Les « Super Megamod »
Développement Commandes 1980 30
industriel de très grosses soit environ 200 t/h
4 000 t/j 1985 50
Cinquième stade unités 1 500 000 t/an
(4 unités) [12] 1990 59
1995 76
■ Et, toujours comme une conséquence de la première remarque
2000 86
ci-dessus, le très petit nombre de procédés qui arrivent à atteindre
le stade industriel ; c’est ce que montre bien le tableau 4. 2001 87
2002 88
1.2 Pénétration des nouveaux procédés 2003 90
2004 91
Les considérations précédentes expliquent bien le fait que de
nouveaux procédés ont beaucoup de difficultés à pénétrer, sur le
plan industriel, en sidérurgie. Le tableau 4 indique que peu de pro-
■ Les tableaux 6 et 7 et les figures 3 et 4 présentent le cas des pro-
cédés ont réussi à atteindre ce stade industriel dans les usines sidé-
cédés d’aciérie où, après une disparition assez rapide des anciennes
rurgiques. Mais, pour ceux, peu nombreux, qui l’ont atteint, il faut
techniques (four Martin et convertisseurs Bessemer ou Thomas), on
souligner la lenteur de leur pénétration, lenteur d’ailleurs différente
a eu :
pour chacun d’entre eux. Pour illustrer ces différentes évolutions,
nous donnerons quelques exemples. — un développement spectaculaire des aciéries à l’oxygène,
comme indiqué plus haut ;
■ Le tableau 5 et la figure 2 présentent le cas extrêmement rare (il
n’y a guère que le haut fourneau qui soit dans la même catégorie !) — simultanément, une expansion plus lente, mais continue, des
de la coulée continue de l’acier qui, après beaucoup d’années aciéries électriques ;
d’études et de réflexion, a vraiment démarré à la fin de la décennie — le fait ci-dessus a conduit à un certain équilibre entre ces
de 1960 et s’est ensuite développée de façon à remplacer à peu près deux types de procédés d’aciérie au niveau, actuellement, d’envi-
totalement la coulée en lingots. (0) (0) ron 60 % d’acier au convertisseur et 40 % d’acier au four électrique.

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M7030

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Tableau 6 – Évolution mondiale des procédés d’aciérie


100
Production Répartition par type d’aciérie (Mt/an)
Pourcentage
Année d’acier brut
80 (Mt/an) À l’oxygène Électrique Autres

60 1965 450
1970 595 233 86 276
40 1975 644 325 113 206
1980 717 384 162 171
20

2
1985 719 396 183 140
0 1990 770 432 217 121
1970 1980 1990 2000
Années
1995 752 433 245 74
2000 848 497 288 63
2001 850 505 288 57
Figure 2 – Développement mondial de la coulée continue de l’acier
en pourcentage 2002 902 541 306 55
2003 965 611 320 34
2004 1 500 660 360 35

1 000 (0)

Tableau 7 – Évolution mondiale des procédés d’aciérie


Production (Mt/an)

Aciéries électriques
Répartition des procédés d’aciérie
(%)
Année
500
À l’oxygène Électrique Martin Autres

Aciéries à l’oxygène 1965


1970 39 14 38 9
1975 51 18 30 1
Autres (Martin, Thomas, etc. ) 1980 55 22 23 0
0
1970 1980 1990 2000 1985 55 25 20 0
Années 1990 56 28 16 0
1995 57 33 10 0
Figure 3 – Évolution mondiale des procédés d’aciérie (en Mt/an) 2000 59 34 7 0
2001 60 34 6 0
2002 60 34 6 0
2003 63 33 4 0
100
2004 63 34 3 0
Pourcentage Aciéries électriques
80
■ Les tableaux 8 et 9 et les figures 5 et 6 présentent le cas, très dif-
60 férent, des procédés d’élaboration d’un métal primaire ; on y voit
Aciéries à l’oxygène qu’ici, on assiste :
40 — à la prépondérance, déjà mentionnée plus haut, du haut four-
neau classique dans le domaine de la production de la fonte ;
20 — à une pénétration difficile d’autres procédés d’élaboration de
la fonte où, malgré de nombreux efforts, il n’y a encore, à côté des
Autres (Martin, Thomas, etc.) fours électriques à fonte en stagnation, voire même en disparition,
0 que Corex qui joue un rôle non négligeable... ;
1970 1980 1990 2000
— à l’apparition, lente mais continue, de procédés de réduction
Années directe, c’est-à-dire d’élaboration d’un métal primaire à l’état solide,
essentiellement par des gaz obtenus par réformage du gaz naturel
tandis que la réduction directe basée sur l’emploi du charbon a du
Figure 4 – Évolution mondiale des procédés d’aciérie (en %) mal à déboucher sur une grande échelle industrielle.

(0)
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22
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M7041

Minerais de fer
Aspects géographiques et économiques
par Jacques ASTIER
Ancien Directeur à l’Institut de recherche de la sidérurgie française (IRSID)
Ingénieur-Conseil

1. Évolution de la production............................................................ M 7 041 – 2


2
1.1 Dans le monde ................................................................................... — 2
1.2 Évolution de la demande ................................................................... — 4
1.3 Évolution de l’offre ............................................................................. — 5
1.4 Considérations générales .................................................................. — 6
2. Préparation des minerais de fer................................................... — 7
2.1 Ressources mondiales en minerais de fer ........................................ — 7
2.2 Qualités de minerais de fer disponibles ............................................ — 7
2.3 Évolution de la préparation ............................................................... — 8
3. Évolution du commerce mondial ................................................. — 8
3.1 Commerce international .................................................................... — 8
3.2 Évolution du commerce international ............................................... — 9
3.3 Commerce maritime mondial ............................................................ — 9
4. Données économiques sur coûts de production ...................... — 10
4.1 Coûts d’extraction .............................................................................. — 10
4.2 Coûts préparation............................................................................... — 11
4.3 Ensemble des coûts FOB ................................................................... — 11
4.4 Coûts des transports .......................................................................... — 11
5. Prix des minerais de fer ................................................................. — 12
5.1 « Bench mark » système .................................................................... — 12
5.2 Naissance d’un marche « spot » ........................................................ — 12
5.3 Évolution du marché mondial ........................................................... — 12
5.4 Évolution estimée des prix des minerais de fer................................ — 14
6. Conclusions...................................................................................... — 15
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. M 7 041

’article précédent [M 7 040] donnait les bases des définitions des minerais
L de fer et autres matières premières que demande l’industrie sidérurgique.
C’était, en particulier, le cas des données géologiques et géochimiques qui per-
mettent une classification des minerais de fer.
Le présent article est consacré aux aspects géographiques et économiques
qui conditionnent l’évolution, très rapide actuellement, de la production, de la
préparation et du commerce des minerais de fer sur le plan mondial. Cela
entraı̂ne des conséquences sur les coûts et les prix, qui connaissent, en ces
dernières années, des évolutions de plus en plus rapides comme l’évoquait,
déjà l’article [M 7 030].
Parution : mars 2011

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MINERAIS DE FER –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

1. Évolution de la production & Une seconde remarque préliminaire doit être faite en ce sens
qu’il y a une confusion croissante entre deux notions concernant
le tonnage de minerais de fer :
– extraits par les mineurs, comme l’indiquent, entre autres, les
statistiques chinoises ;
1.1 Dans le monde
– naturels ou concentrés, livrés par l’industrie minière à l’indus-
Le tableau 1 montre bien cette évolution, que l’on peut rappro- trie sidérurgique : c’est ce qu’indiquent la plupart des pays.
cher de celle de la sidérurgie (voir l’article [M 7 000]) depuis le De ce fait, nous indiquerons, au tableau 1, dans la deuxième
début du XXe siècle. Ce lien avec les productions de fonte et colonne, la production mondiale :
d’acier doit cependant être nuancé.
– telle qu’elle est déclarée par les divers pays, jusqu’en
& Pour la fonte, les minerais de fer sont, à peu près, la seule 1990 [4] [9] ;
– à partir de 1990 (année où nous donnons les deux valeurs)

2
source ferrifère et, aussi, ne l’oublions pas, pour les minerais
réduits (DRI et HBI produits par la « réduction directe », c’est-à- celle, corrigée du Trustfund de la CNUCED [11].
dire à l’état solide). Ce problème, très important, est expliqué par le tableau 2 et il
résulte du fait que :
& Pour l’acier, il existe une autre source ferrifère, c’est-à-dire les
– autrefois, il n’y avait guère de problème en ce sens que le ton-
ferrailles et, comme le montrent bien les diverses études (et, nage extrait par le mineur était celui expédié et utilisé par le sidé-
notamment la figure 4 de l’article [M 7 000]), cela représente, en rurgiste et, pratiquement chargé au haut-fourneau ;
moyenne 30 % des approvisionnements en fer dans le monde.
– peu à peu, on a préparé les minerais de fer et, comme on le verra
Ajoutons que cette part est très variable suivant les régions, allant :
plus loin, la qualité, mais aussi, la quantité de minerais utilisés en
– de plus de 60 %, pour les pays industrialisés depuis longtemps, sidérurgie ont changé, devenant inférieure à celle extraite des
comme les USA ; mines. Il y a là une source importante d’erreur ce d’autant que, les
– à environ 10 % pour les pays émergents, comme la Chine. besoins des sidérurgistes, c’est à dire la demande, évoluent…

Tableau 1 – Évolution de la production mondiale de minerais de fer


Production mondiale
Estimation de la teneur
Années Remarques
Minerai brut Contenu en fer
(en Mt) (en Mt Fe)

1900 100 40 40

1913 178 75 42

1929 201 88 43

1950 245 116 47,5

1960 519 240 46

1970 790 405 51

1980 926 484 52

1990 974/884* 513 58

2000 1 078/960* 583 61

2001 1 052/930* 581 62,4

2002 1 132/986* 617 62,5 C’est à partir de cette date


qu’on voit apparaı̂tre des
2003 1 222/1 160* 676 58 divergences

2004 1 380/1 250* 732 59

2005 1 543/1 393* 805 58

2006 1 791/1 572* 885 58

2007 2 005/1 699* 960 57

2008 2 196/1 693* 936 55

2009 2 234/1 588* 910 57

* Voir les chiffres du tableau 2

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– MINERAIS DE FER

& Le tableau 2 montre bien ces différences et, par la suite, nous & Quoi qu’il en soit, on assiste à une importante évolution étagée
utiliserons les données corrigées, au moins en grande partie, par en 3 étapes.
le Trust fund de la CNUCED [11]. Une autre remarque, également
indiquée au tableau 2, concerne les teneurs en fer qui peuvent :  En 1913, à la veille de la première guerre mondiale, il n’y avait
guère de commerce international des minerais de fer et l’on avait le
– être indiquées et répertoriées directement ; schéma du tableau 3 où l’on constate :
– ou calculées par les productions de fonte et de minerais réduits
à l’état solide (valeurs bien connues avec exactitude) et leurs – la domination des deux régions les plus industrialisées, c’est-à-
teneurs en fer qui peuvent être estimées avec une bonne précision dire l’ensemble de l’Europe et les USA produisant ensemble 173 Mt
aux environs de 94 % Fe. de minerais, soit 97 % du total mondial ! ;

Tableau 2 – Détails sur les données relatives à la production mondiale de minerais de fer

Années Production déclarée

VDEh [4] (jusqu’en


Livraison en
sidérurgie
VDEh [4]
Production de fer
déclarée
VDEh [4]
Production de fer
calculée
Teneur en fer calculée
2
Par production fonte
1960), puis recalculée par le (jusqu’en 1960)
et DRI [17] Division de [5] par [3]
ensuite IISI [17] et Trust Fund ensuite
multipliée par 0,94
CNUCED [11] de la CNUCED [11] CNUCED
1900 100 100 40 40 40
1913 178 178 75 75 42
1929 201 201 87 88 43
1950 245 245 116 116 47,5
1960 519 519 244 240 46
1970 790 790 425 405 51
1980 926 926 516 484 52
1990 1 048 884 513 58
2000 1 078 959 583 61
2001 1 052 930 581 62,4
2002 1 132 986 617 62,5
2003 1 222 1 160 676 58
2004 1 380 1 250 732 59
2005 1 543 1 393 805 58
2006 1 791 1 572 885 56
2007 2 005 1 699 960 58
2008 2 196 1 693 936 55
2009 2 234 1 588 910 57

Tableau 3 – Production mondiale de minerais de fer en 1913


Monde Europe de l’Ouest Reste du monde
Qté Qté Qté Qté
Régions Pays Pays
(en Mt) (en Mt Fe) (en Mt) (en Mt)
France 21 États-Unis 65
Europe de l’Ouest 94 33
Allemagne 7,7 Europe de l’Est 14
Europe de l’Est 14 7 Lorraine* 22 Amérique latine 2
Royaume Uni 16 Afrique 2
États-Unis 65 32
Espagne 10 Asie 1
Suède 7,5
Autres 5 3 Luxembourg 7
Autres 3
Total 178 75 Total 94,2 Total 84
* Partie de la Lorraine rattachée à l’Allemagne de 1871 à 1918

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MINERAIS DE FER –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Tableau 4 – Production mondiale de minerais de fer en 1960


Monde Europe de l’Ouest Reste du monde

Qté Qté Qté Qté


Région Pays Pays
(en Mt) (en Mt Fe) (en Mt) (en Mt)

France 67 États-Unis 88
Europe de l’Ouest 144 51
Allemagne 19 Europe de l’Est* 119

Europe de l’Est 119 67 Royaume-Uni 17 Amérique latine*** 60

2 États-Unis 88 46
Suède

Luxembourg
21

7
Afrique

Asie**
16

83

Espagne 5 Australie 4,5


Autres 163 80
Autres 8 Autres 69,5

Total 514 244 Total 144 Total 370

* Dont URSS ......................................................................................................................................................................................... 107


** Dont Chine ....................................................................................................................................................................................... 60
*** Dont Brésil...................................................................................................................................................................................... 7
Production de fonte .............................................................................................................................................................................. 249 Mt
Production d’acier.................................................................................................................................................................................. 346 Mt

– la bonne corrélation avec la production de fonte de 79 Mt, tan-


dis que la production d’acier atteignait 76 Mt. Tableau 5 – Principaux pays producteurs de minerais
 Après la seconde guerre mondiale, disons en 1960, on trouve
de fer en 2008 et 2009
un schéma assez différent, comme le montre le tableau 4 où l’on
voit que : Production de
Remarques
minerais de fer
– les deux régions les plus anciennement industrialisées ont pro- Pays
duit 351 Mt, mais cela ne représente plus que 68 % du total
2008 2009
mondial ;
– l’apparition de ce qu’on appelait les « pays en voie de dévelop-
pement » et, surtout, de la Chine et du Brésil. À partir d’une extraction
Chine 321 234
de 824 Mt
 Finalement, si l’on passe à la période actuelle, c’est-à-dire à
2008 et 2009, on constate un bouleversement complet, que résu- Australie 350 394 Gros exportateur
ment les tableaux 5, 6 et 7.
Brésil 346 300 Gros exportateur
Ces trois tableaux 5, 6 et 7, résument bien la véritable révolution
faite au cours de ces dernières années et qui a vu :
Inde 223 257
– diminuer la part des régions traditionnellement consommatri-
ces de la plus grande partie des minerais de fer (totalité de l’Europe Russie 100 91
et États-Unis) de 351 Mt, en 1960, à 237 Mt, en 2008, et 123 Mt avec
la crise, en 2009, soit à peine 8 % ! ; Essentiellement à partir
– augmenter la consommation de l’Asie jusqu’à 1 204 Mt, dont Ukraine 72 66
de quartzites
862 Mt pour la Chine, ce qui en faisait le plus gros consommateur
mondial de minerais de fer (cf. tableau 7) ; Essentiellement à partir
– évoluer profondément, à la fois la demande des sidérurgistes, États-Unis 54 26
de taconites
et l’offre des mineurs, en utilisant les nouvelles techniques de
transport, ou de préparation, des minerais de fer.
Afrique du sud 49 55

1.2 Évolution de la demande Canada 32 33

& On a vu aux tableaux 3, 4 et 5 l’évolution de la production mon- Suède 24 18


diale de minerais de fer et cette évolution est, en fait, conditionnée
par celle de la demande des sidérurgistes (cf. tableau 7). Quelques Total partiel 1 571 1 474
remarques à ce sujet sont très claires :
– la demande des « vieux pays industriels » (Europe et États- Tous les autres 122 114
Unis), qui représentaient 97 % de la production mondiale en 1913,
n’en étaient plus qu’à 68 % en 1960, pour tomber en 2009, avec Total 1 693 1 588
123 Mt, à moins de 8 % ! ;

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M7040

Minerais et fondants
par Jacques ASTIER
Ancien Directeur à l’Institut de recherche de la sidérurgie française (IRSID)
Ingénieur-conseil
Cette édition est une mise à jour de l’article de P. Salesse, paru dans ce traité en 1989 et
modifié par Jacques Blondeau en 2004.

1.
1.1
1.2
Minerais de fer.................................................................................
Définitions ..........................................................................................
Environnement naturel ......................................................................
M 7 040v2 – 2


2
2
2
1.2.1 Géochimie ................................................................................ — 2
1.2.2 Constituants minéralogiques .................................................. — 2
1.2.3 Composition chimique ............................................................ — 3
1.2.4 Géologie des gisements .......................................................... — 4
1.3 Classification et caractéristiques ....................................................... — 6
1.3.1 Classification d’après les constituants minéralogiques
ou la composition chimique .................................................... — 6
1.3.2 Classification en fonction de la granulométrie ...................... — 6
1.3.3 Autres caractéristiques importantes ....................................... — 7
2. Autres matières ............................................................................... — 9
2.1 Minerais de manganèse ..................................................................... — 9
2.1.1 Terminologie. Minéralogie ...................................................... — 9
2.1.2 Types de gisements ................................................................. — 9
2.2 Fondants ............................................................................................. — 9
2.2.1 Définition ................................................................................. — 9
2.2.2 Fondants basiques ................................................................... — 10
2.2.3 Fondants acides ....................................................................... — 10
2.3 Additions minérales diverses ............................................................ — 10
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. M 7 040v2

es minerais contenant du fer sont très nombreux, mais uniquement un


L nombre limité d’entre eux sont utilisés comme source de fer.
La première partie de cette étude, la plus importante, est consacrée aux mine-
rais de fer qui, par leur tonnage, constituent la matière de base de la sidérurgie.
Une deuxième partie décrit brièvement les autres matières premières minérales
non énergétiques qui peuvent être utilisées directement par la sidérurgie, à
l’exception de celles qui subissent d’importantes transformations avant d’être
utilisées sous forme de ferroalliages, de métaux d’addition ou de revêtement,
de réfractaires, etc.
Les minerais sont d’abord décrits dans leur environnement naturel : comment
le fer est-il réparti à la surface de la terre (géochimie), sous quelle forme se
présente-t-il (minéralogie), comment s’est-il accumulé (géologie) ? Puis sont
examinées les principales caractéristiques techniques des minerais en relation
avec leur utilisation comme matière de base de la sidérurgie.
Un second article [M 7 041] traitera des aspects géographiques et économi-
ques de la production et des utilisations des minerais de fer. Il donne les prin-
cipales sources actuelles de minerais de fer dans le monde et présente les don-
nées économiques permettant de comprendre les marchés internationaux.
Parution : mars 2011

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MINERAIS ET FONDANTS –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

1. Minerais de fer La plupart des gisements exploités ont une teneur en fer com-
prise entre 30 et 65 %.

Les facteurs de concentration du fer dans la nature sont loin


1.1 Définitions d’être totalement élucidés. L’eau joue évidemment un rôle de
véhicule essentiel, la mise en solution du fer, ou sa précipita-
Les minerais de fer sont considérés ici essentiellement en tant tion, faisant intervenir le couple pH-Eh, dans lequel Eh est le
que matière première de base de la sidérurgie (cf. encadré 1). potentiel d’oxydation.

Encadré 1 – Historique En particulier, à l’arrivée des fleuves dans la mer, les teneurs en
fer dissous dans l’eau diminuent, la précipitation d’hydroxydes
Le développement remarquable de la sidérurgie au cours du s’effectuant au contact de l’eau de mer, plus alcaline.
XXe siècle – la production mondiale d’acier brut est passée de

2
28 à 847 Mt entre 1900 et 2000 – est indissociable de la décou- 1.2.2 Constituants minéralogiques
verte puis de la mise en exploitation de nombreux gisements
de minerais de fer à hautes teneurs (voir l’article [M 7 041]). On distingue généralement les :
Alors que, dans la première partie du XXe siècle, la production – minéraux ferrifères, dont le fer est un constituant normal qui ne
d’acier était localisée à proximité des sources de matières pre- peut être remplacé par un autre élément que dans d’étroites
mières, c’est à partir de 1960 que l’on a vu la construction de limites ;
grandes usines intégrées situées près des marchés de l’acier. – minéraux non ferrifères, qui ne contiennent pas de fer, ou en
Ainsi, en 15 ans, de 1960 à 1974, la sidérurgie a connu un déve- contiennent de faibles quantités en substitution d’un autre
loppement spectaculaire (croissance de plus de 7 % par an) constituant.
avec la création de grands « complexes côtiers ». Le Japon a
multiplié sa production par 5 en 10 ans de 1960 à 1970 pour 1.2.2.1 Principaux minéraux ferrifères
devenir leader mondial avec une production de 100 Mt/an.
L’Europe, dans cette même période, construisait les grandes Les minerais contenant du fer sont très nombreux, mais un nom-
usines côtières de Tarente en Italie, Redcar en Angleterre, Dun- bre limité d’entre eux sont utilisés comme source de fer. Ce sont,
kerque et Fos-sur-Mer en France… Ce boom de la sidérurgie ne par ordre d’importance décroissante, les oxydes et les hydroxydes,
pouvait se faire qu’avec un développement de même ampleur les carbonates et les silicates.
de nouvelles mines de minerais de fer et de moyens de trans- De plus, la minéralogie de la plupart des minerais de fer est sim-
ports maritimes adaptés et compétitifs. ple : un minerai donné contient rarement plus de trois ou quatre
C’est ainsi que l’on a vu le développement rapide : minéraux ferrifères.
– de grandes mines de minerais de fer au Brésil, en Austra-
lie, en Afrique et au Canada ; & Les fers natifs sont rares, d’origine terrestre ou météoritique et,
– du trafic maritime des minerais de fer qui est passé en dans ce cas, généralement associés à du nickel ; ils doivent être
15 ans de 95 Mt à 329 Mt/an. considérés comme des curiosités minéralogiques bien qu’ils aient
Depuis le choc pétrolier de 1974, la progression de la produc- sans doute joué un rôle important dans la naissance de l’âge du fer.
tion sidérurgique mondiale a été beaucoup plus lente et plus & Les oxydes de fer sont les constituants essentiels de tous les
instable. Par contre, le développement plus récent du Sud-Est
minerais riches, que l’on caractérise souvent par le nom de
asiatique (Corée-Taı̈wan) et, surtout, maintenant, de la Chine,
l’oxyde prédominant.
ainsi que le développement des procédés de réduction directe
nécessitent un accroissement de la production de minerais à  La magnétite a pour formule chimique Fe3O4, que l’on écrit
hautes teneurs en fer qui dépasse 1 750 Mt/an, tandis que le aussi FeO, Fe2O3, et titre 72,3 % en fer lorsqu’elle est pure. Sa den-
commerce maritime atteint les 800 Mt/an. sité est 5,16. C’est le seul oxyde de fer contenant du fer bivalent (fer
ferreux) ; en particulier la wustite FeO, connue en métallurgie,
Dans cette perspective, on appellera minerai de fer tout minéral n’existe pas dans la nature. On note parfois la présence dans la
naturel, ou toute association minérale, susceptible d’être utilisé par magnétite de petites quantités de magnésium, manganèse, zinc,
l’industrie sidérurgique comme source de fer, et gisement de mine- nickel et titane en remplacement de fer ferreux, et d’aluminium,
rai de fer ou, plus brièvement, gisement de fer toute masse de vanadium et chrome en remplacement de fer trivalent (fer ferrique).
minerai de fer susceptible d’être exploitée en vue de son utilisation Elle se présente souvent en cristaux individualisés du système
par l’industrie sidérurgique. cubique, octaèdres ou dodécaèdres à faces striées, mais aussi en
masses granulaires à compactes ou en grains. C’est un minéral
Il convient, par ailleurs, de distinguer minerai brut ou tout-
opaque, à éclat métallique ; sa couleur est noir de fer à noir bleuté,
venant, qui est le matériau tel qu’on l’extrait de la mine, et minerai
sa poussière est noire.
marchand, qui peut être du minerai brut, mais le plus souvent en
dérive soit par un concassage-criblage, soit après un enrichisse- Ses propriétés magnétiques bien connues sont très importantes
ment, qui peut lui-même être suivi d’une agglomération en car elles facilitent la prospection des gisements et permettent
boulettes. d’obtenir, à partir de minerais pauvres ou contenant des impuretés
nuisibles, des concentrés de haute qualité. Par oxydation, elle se
transforme :
1.2 Environnement naturel – généralement en oligiste (sous la forme appelée martite) ;
– en limonite ;
1.2.1 Géochimie – exceptionnellement en maghémite.

Le fer est un des éléments les plus répandus de l’écorce terrestre ;  L’oligiste (en anglais : hematite), Fe2O3, cristallise dans le sys-
il se situe en quatrième position avec une teneur moyenne de 5 %, tème rhomboédrique et titre 69,9 % en fer lorsqu’il est pur. Toute-
derrière l’oxygène (46,6 %), le silicium (27,7 %) et l’aluminium fois, une petite proportion du fer peut être remplacée par de l’alu-
(8,1 %). Ses concentrations dans la nature sont très nombreuses et minium, du vanadium et du titane. Sa densité est 5,26.
de taille considérable ; les formations ferrifères, dont les gisements L’oligiste peut se présenter en cristaux généralement tabulaires
au sens économique ne constituent qu’une petite partie, en ou en lamelles plus ou moins épaisses. Il prend un aspect micacé
contiennent souvent plusieurs milliards de tonnes. lorsque ces lamelles sont très fines ; dans la variété appelée

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– MINERAIS ET FONDANTS

spécularite, elles sont plus grandes et ont un éclat très vif. L’oligiste & Les sulfures de fer, en particulier la pyrite, de formule FeS2, sont
peut se présenter aussi en masses compactes. présents en petites quantités dans beaucoup de minerais de fer ; ils
Dans tous les cas, c’est un minéral opaque, à éclat vif et à cou- sont nuisibles en raison du soufre et des divers éléments métalli-
leur gris acier. Contrairement à la magnétite, sa poussière est ques qu’ils contiennent. En revanche, la pyrite exploitée comme
rouge et il n’est pas magnétique. telle ou obtenue comme sous-produit de l’exploitation de minerais
sulfurés polymétalliques donne, après grillage, un résidu utilisé
 La martite, constituant très fréquent des minerais de fer, pro- parfois comme minerai de fer.
vient de l’oxydation de la magnétite, transformée en oligiste avec
& Les ilménites, de formule générale (Fe, Mg, Mn) TiO2, sont des
conservation des formes extérieures des cristaux de magnétite.
L’oxydation de la magnétite peut ne pas être totale, la magnétite minerais de titane 2, mais existent comme minéraux accessoires plus
résiduelle influant alors sur les propriétés magnétiques du cristal ou moins abondants dans beaucoup de minerais de fer (cf. 1.2.2.2).
et sur sa teneur en fer ferreux.
1.2.2.2 Principaux minéraux non ferrifères
Nota : dans les roches sédimentaires, la magnétite est parfois associée à de la maghé-

2
nite, également cubique et ferromagnétique, mais de même composition stœchiomé- Les minéraux non ferrifères présents dans les minerais de fer
trique que l’oligiste. sont très nombreux. Les plus courants sont :
 L’hématite rouge n’est pas un minéral à proprement parler, – le quartz SiO2, rhomboédrique, qui est soit cristallisé, soit en
mais un constituant minéralogique, c’est-à-dire un agrégat de grains, soit en masses compactes, incolore, blanc ou légèrement
teinté ; c’est le constituant non ferrifère le plus important de pres-
minéraux trop fins pour que l’on puisse les séparer par des métho-
que tous les minerais de fer ;
des physiques simples.
– les minéraux des argiles, qui sont essentiellement des silicates
L’oligiste en est le constituant essentiel, associé à différentes d’alumine hydratés contenant parfois du magnésium, du calcium et
impuretés dont les plus importantes sont l’alumine et la silice. des alcalins, sodium ou potassium ;
L’hématite rouge se présente en masses plus ou moins compactes, – les apatites, de formule générale Ca3(PO4)2, Ca2PO4(Cl, F, OH),
à l’éclat métallique, rouge, rouge brunâtre à noir de fer. Sa pous- qui apportent une grande partie du phosphore présent dans cer-
sière est rouge comme celle de son principal constituant. tains minerais ; les plus courantes sont les fluoroapatites, qui
Les variétés terreuses d’hématite rouge, qui peuvent contenir contiennent plus de fluor que de chlore [AF 6 610]. Les apatites :
jusqu’à 20 % d’argile, sont appelées ocre rouge. des phosphates naturels ;
Par analogie avec l’anglais, l’usage s’est répandu d’appeler – la calcite, carbonate de chaux CaCO3, et la dolomite, carbonate
hématite toute forme d’oligiste massive ou granulaire, friable ou double de calcium et de magnésium dans lequel le fer remplace
compacte. parfois le magnésium (ankérite), sont abondantes dans la gangue
de certains minerais.
 La goethite et la lépidocrite, orthorhombiques et de même for-
mule FeO(OH), sont deux hydroxydes de fer très voisins par leurs 1.2.3 Composition chimique
propriétés. Ils apparaissent le plus souvent en masses fibreuses
de couleur brunâtre, à poussière jaune. La composition chimique d’un minerai est essentielle dans
l’appréciation de la valeur, appelée valeur d’usage, que lui attribue
Purs, ces hydroxydes contiennent 62,8 % de fer, mais ce dernier l’utilisateur. Les principaux éléments qui servent à cette évaluation
peut être partiellement remplacé par du manganèse (jusqu’à 5 %) sont les suivants.
et de l’aluminium (jusqu’à 10 %). Ils sont souvent associés à de
l’argile, contiennent de l’eau excédentaire et parfois d’autres impu- & La teneur en fer est évidemment la première prise en compte
retés (minéraux contenant du manganèse ou du phosphore) et for- puisque le fer est, par définition, l’élément recherché. Elle est en
ment alors des limonites, constituants importants des minerais de particulier à la base de la distinction classique entre minerais riches
fer ayant subi une altération superficielle, mais également du mine- et minerais pauvres nécessitant un enrichissement ;
rai lorrain et des minerais sédimentaires de ce type. La teneur en
fer des limonites varie de 50 à 58 %. & Les éléments fusibles de la gangue, également importants,
contribuent, au haut fourneau, à former le laitier : ce sont :
& Parmi les carbonates, seule la sidérose, de formule théorique  la silice SiO2,
FeCO3, est un constituant important de certains minerais de fer.  la chaux CaO,
Lorsqu’elle est pure, elle contient 48,8 % de fer, mais celui-ci est  l’alumine Al2O3,
souvent partiellement remplacé par du magnésium, du manganèse
ou du calcium, les teneurs en fer les plus courantes de la sidérose  la magnésie MgO.
variant alors entre 40 et 45 %. Elle appartient au système rhomboé- Ils interviennent par leur masse totale et leurs proportions res-
drique et se présente soit en cristaux, soit en masses cristallines cli- pectives dans la détermination de la quantité et de la nature des
vables ou finement granulaires. C’est un minéral blanc lorsqu’il est additions qui seront nécessaires dans la constitution du lit de
pur, mais un début d’oxydation le colore souvent en jaune ou en fusion.
brun : en effet, la sidérose s’oxyde facilement en limonite et en
La valeur des rapports (CaO/SiO2) ou (CaO + MgO)/(SiO2 + Al2O3),
hématite.
appelés indices de basicité, permet de distinguer les minerais sili-
& De nombreux silicates contiennent du fer, associé à du magné- ceux, calcaires ou autofondants. De même, suivant le rapport
Al2O3/SiO2, on classe les minerais en minerais très alumineux, alu-
sium et à de l’aluminium. On les rencontre, dans certains minerais,
mineux, ou non alumineux ;
comme minéraux accessoires.
Seules, les chlorites et les leptochlorites sont des constituants & La perte au feu mesure à la fois les éléments volatils que sont le
importants de certains minerais de fer et, en particulier, des mine- gaz carbonique des carbonates et l’eau de constitution présente
rais lorrains. Ces silicates sont formés d’empilements de feuillets, dans certains minéraux mais aussi les variations du degré d’oxyda-
d’où leur nom de phyllosilicates. Il en existe un nombre considé- tion du fer, ce qui peut conduire, dans certains cas, à des gains au
rable de variétés mal définies. feu.
Les chamosites sont des mélanges de plusieurs types de chlori- & D’autres éléments sont présents dans les minerais de fer, sou-
tes ferrifères, de couleur jaune-vert à vert-noir, à éclat vitreux et à vent à l’état de traces, mais parfois dans des proportions suffisan-
poussière verdâtre, contenant de 10 à 35 % de fer, 30 à 45 % de tes, bien que faibles, pour influer sur la marche des installations ou
silice, 6 à 10 % de magnésie. sur la qualité de la production.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. M 7 040v2 – 3

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2

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M7059

Recyclage des biens d’équipement


contenant du fer
Aspects généraux
par Bernard GROS
Ingénieur Conseil, sidérurgiste
Consultant indépendant, Orval La Ville, F-69870 Saint-Nizier d’Azergues, France
Note de l’éditeur
Cet article est la réédition actualisée de l’article M 7059 intitulé « Recyclage des déchets
ferreux – Aspects généraux », paru en 2007 et rédigé par Bernard Gros. 2
1. Recyclage des métaux.................................................................... M 7 059v2 – 2
1.1 Naissance, vie et mort d’un produit .................................................. — 2
1.1.1 Métaux ferreux......................................................................... — 3
1.1.2 Schéma type du recyclage ...................................................... — 3
1.1.3 Durée de vie ............................................................................. — 3
1.2 Justifications du recyclage ................................................................ — 4
1.2.1 Demande du marché ............................................................... — 4
1.2.2 Contraintes réglementaires ..................................................... — 4
1.2.3 Certification environnementale ............................................... — 5
1.2.4 Développement durable .......................................................... — 5
1.3 Mise en œuvre et perspectives .......................................................... — 5
1.3.1 Seconde vie des déchets ......................................................... — 5
1.3.2 Marché inversé ........................................................................ — 6
1.3.3 Enjeux du recyclage ................................................................ — 6
1.4 Évolutions ........................................................................................... — 7
1.4.1 Influence réglementaire .......................................................... — 7
1.4.2 Certification des acteurs .......................................................... — 7
2. Recyclage du fer dans le monde .................................................. — 7
2.1 Chiffres mondiaux .............................................................................. — 7
2.1.1 Illustrations par quelques courbes ......................................... — 7
2.1.2 Problème d’établissement de statistiques .............................. — 8
2.2 Flux mondiaux .................................................................................... — 9
2.2.1 Bassins de consommation ...................................................... — 9
2.2.2 Bassins de gisements .............................................................. — 9
2.2.3 Géographie des échanges ....................................................... — 10
3. Cycle du fer ...................................................................................... — 10
3.1 Terminologie....................................................................................... — 12
3.1.1 Ferrailles et déchets ................................................................. — 12
3.1.2 Référentiel européen ............................................................... — 13
3.2 Gisements exploitables ...................................................................... — 14
3.2.1 Chutes sidérurgiques............................................................... — 14
3.2.2 Chutes de transformation des aciers ...................................... — 14
3.2.3 Vieilles ferrailles issues des produits en fin de vie ................ — 14
3.3 Organisation du marché .................................................................... — 15
3.3.1 Acteurs ..................................................................................... — 15
3.3.2 Mécanismes de détermination des prix ................................. — 16
4. Conclusion et perspectives........................................................... — 18
4.1 Évolutions ........................................................................................... — 18
4.1.1 Arguments du recyclage ......................................................... — 18
4.1.2 Approche par segments d’utilisation de l’acier ...................... — 19
4.2 Conclusion .......................................................................................... — 19
4.2.1 Bien-fondé du recyclage .......................................................... — 19
4.2.2 Difficultés à aplanir pour atteindre un recyclage pérenne ..... — 20
5. Glossaire ........................................................................................... — 20
Parution : septembre 2016

6. Symboles .......................................................................................... — 20
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. M 7 059v2

Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés M 7 059v2 – 1

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M7059

RECYCLAGE DES BIENS D’ÉQUIPEMENT CONTENANT DU FER –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

e recyclage des biens d’équipement contenant du fer est une pratique


L remontant à l’origine de la métallurgie. Elle trouve sa justification dans le
besoin d’économiser des efforts et de l’énergie, en raccourcissant le cycle d’éla-
boration de l’acier.
Cette pratique a permis de développer une filière secondaire de production de
fonte et d’acier, basée sur la fusion de ferrailles dans un four à arc ou dans un
cubilot, laquelle est moins coûteuse en énergie et nécessite des investisse-
ments plus légers que la filière primaire, basée sur la réduction des oxydes de
fer contenus dans les minerais.

2
Le recyclage des produits ferreux est favorisé par deux caractéristiques essen-
tielles, leur composition chimique simple qui rend leur fusion aisée et permet
de répéter l’opération de recyclage un grand nombre de fois, et leur sensibilité à
l’attraction électromagnétique qui permet leur séparation, facile également,
d’avec les autres matériaux.
Partant du constat qu’il existe, en quelque sorte, un marché naturel pour le
recyclage des parties ferreuses contenues dans les biens d’équipement, nous
en abordons ici les divers aspects, en prenant en compte les données nouvelles
constituées par les réglementations relatives aux déchets et produits arrivant en
fin de vie, ainsi que par les impératifs nouveaux en matière de qualité, d’écono-
mie d’énergie, d’économie de matières premières et de réduction des rejets,
notamment en CO2.
Dans cet article sur le recyclage des biens d’équipement contenant du fer, qui
en précède deux autres [M 7 060] et [M 7 061], nous nous attachons à présenter
les aspects généraux du recyclage, le cycle de vie des produits et des biens de
consommation contenant de l’acier, les justifications et les motivations, les
grandes filières de mise en œuvre, le tout illustré par quelques chiffres.
Les aspects technologiques sont traités dans l’article [M 7 060], tandis que les
aspects économiques et les perspectives de développement sont abordés dans
l’article [M 7 061].
Depuis la crise économique de 2007, beaucoup d’évènements sont survenus, tant
sur les plans économique que réglementaire. Il en résulte que les matériaux fer-
reux, qui faisaient alors figure de pionniers du recyclage, se trouvent aujourd’hui
partie prenante d’un mouvement général de valorisation des matériaux, que l’on
définit aujourd’hui sous le terme générique « d’économie circulaire ».
Un glossaire des termes employés et un tableau de symboles sont présentés
en fin d’article.

interroger sur leur devenir. La persistance de l’existence des biens


1. Recyclage des métaux usagés dans un état de dégradation progressive et les inconvé-
nients qu’ils finissent par générer introduisent le concept de déchet.
Si le traitement des déchets est motivé, au départ, par des
1.1 Naissance, vie et mort d’un produit aspects pratiques de réduction des volumes encombrants et par
un souci d’hygiène, indispensables au bon fonctionnement de
La prise de conscience de la fin de vie d’un objet est une notion notre société, l’utilisation des matériaux les constituant pour fabri-
qui s’affirme dans notre société moderne, prioritairement orientée quer de nouveaux objets, jusqu’ici souvent contrainte par la régle-
jusqu’ici vers la consommation, la créativité, le développement, et mentation, devient de plus en plus naturelle face à la raréfaction,
la croissance. prévisible ou déjà constatée, des ressources naturelles. De plus,
Il est cependant aisé de comprendre qu’il en va des biens d’équi- les inquiétudes nouvelles, suscitées par le réchauffement clima-
pement et des produits de consommation comme des humains, tique, poussent au développement de la revalorisation des maté-
leur vie n’a qu’un temps. riaux dans des cycles plus courts et économes en CO2.
Si tous les biens étaient biodégradables, du moins dans un délai Les métaux, en général, et les métaux ferreux, en particulier, ont
raisonnable, nous n’aurions probablement pas besoin de nous fait, dès les origines de la métallurgie, l’objet d’un recyclage mû

M 7 059v2 – 2 Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– RECYCLAGE DES BIENS D’ÉQUIPEMENT CONTENANT DU FER

par un ressort de type économique. Il est vite apparu en effet qu’il & Recyclage en boucle fermée
était plus aisé, pour nombre d’applications, de refondre un objet Ceci correspond à un cas de figure plus rare, assez théorique
métallique usagé, plutôt que de repartir du minerai. pour la plupart des matériaux et, malgré tout, prôné par certains
C’est pourquoi, dans le contexte de développement durable et puristes du recyclage (figure 2).
d’économie circulaire, qui se développe aujourd’hui, le recyclage Bien qu’elle apparaisse plus séduisante sur le plan conceptuel, la
des métaux et, surtout des métaux ferreux, a valeur d’exemple et boucle fermée s’oppose souvent à la réalité économique du mar-
crée un effet d’entraı̂nement pour nombre de produits, de plus en ché des produits à recycler que nous appellerons, dans la suite de
plus composites, c’est-à-dire constitués de différents matériaux cet article, les matières secondaires, par symétrie avec les matières
plus ou moins intimement liés entre eux, souvent difficiles à premières. Ainsi, dans le cas de l’acier, la proximité d’une aciérie
recycler. avec une source de ferrailles prime-t-elle sur la nature du produit
qui génère cette source.
1.1.1 Métaux ferreux Quoi qu’il en soit, la dégradation progressive des matières recy-
clées plusieurs fois nécessite l’apport d’une certaine quantité de
Ce sont des alliages fer carbone, avec parfois des éléments
métalliques d’alliage qui leur confèrent des propriétés particulières,
répondant aux besoins d’usage (ductilité, dureté, résistance à la
matière première d’appoint. Et si l’on en revient à l’atome de fer,
le recyclage de celui-ci pour donner de l’acier ou de la fonte s’appa-
rente à un recyclage en boucle fermée.
2
corrosion, etc.).
On distingue les aciers, dont la teneur en carbone n’excède pas 1.1.3 Durée de vie
2 % (norme NF EN 10020) (même dans la plupart des cas très infé-
La durée de vie est un élément essentiel à la connaissance du
rieure à 1 %), et les fontes, dont la teneur en carbone se situe entre
gisement disponible.
2,11 et 6,67 %.
Les aciers sont classés, selon la norme mentionnée, en trois & Elle est très variable selon les biens d’équipement considérés.
familles : En matière de biens d’équipement contenant du fer, il est com-
– aciers non alliés, les plus courants, ce sont des alliages Fe-C mode d’aborder la réflexion par segment de marché d’utilisation :
sans autre composant significatif ; – les emballages,
– aciers alliés, contenant des éléments sous forme de micro-allia- – les équipements domestiques, électroménager,
ges, tels que Cr, Mn, etc ; – les automobiles,
– aciers inox, qui se distinguent par une teneur en Cr et Ni signifi- – la construction mécanique,
cative ( Cr ≥ 10,5, Ni ≥ 2,5) et qui font l’objet d’un recyclage spécifique – le bâtiment,
dans la filière des aciers inoxydables. La valeur des ferrailles inoxyda- – les travaux publics et le génie civil.
bles est calculée sur la base des cours du nickel (Ni) et diffère totale-
ment de la valeur des ferrailles issues d’aciers dits « au carbone ». & Sa gestion prévisionnelle est difficile.
S’il est aisé de connaı̂tre les quantités d’acier mises sur le mar-
Dans l’exposé qui suit, nous parlerons essentiellement des deux ché une année donnée, il est beaucoup plus difficile de faire des
premières catégories, qui constituent la majorité des aciers à
recycler.

Matières premières d’appoint


1.1.2 Schéma type du recyclage
La signification du terme recyclage est différemment comprise etc. Vie des nouveaux produits Fabrication de nouveaux produits
selon les sensibilités et les cultures, ce qui se traduit couramment
par une opposition entre les notions de recyclage et de valorisation.
Au sens métallurgique du terme, le recyclage constitue bel et
bien un retour de la matière à la matière, avec une constante,
l’atome métallique concerné. Ceci est assez particulier aux métaux Recyclage
Vie des produits initiaux
ferreux que l’on pourrait qualifier de corps simples, étant donné la
prédominance de l’atome de fer (Fe) dans leur composition. C’est
cet atome de fer, facilement valorisable par fusion de ferrailles, au
Fabrication des produits initiaux Matières premières initiales
four électrique à arc, au cubilot, voire dans un convertisseur à oxy-
gène, qui donne un argument économique au recyclage des biens
de consommation composés d’acier ou de fonte.
Figure 1 – Recyclage en boucle ouverte
Mais le recyclage peut être aussi perçu comme une réutilisation
de produit ou de matière dans d’autres applications, voire comme
une transformation de matière en énergie. On parle alors de
valorisation. Vie des produits
Ceci nous amène à définir les notions de recyclage en boucle
ouverte et recyclage en boucle fermée.

& Recyclage en boucle ouverte Recyclage

C’est le cas le plus fréquent du recyclage matière. Un matériau, Fabrication des produits
contenu dans un produit, participe à la naissance d’un produit dif-
férent, en complément ou non d’une matière première de même Matières premières
nature (figure 1).
Ainsi, dans le cas de l’acier, une boı̂te de conserve peut être
transformée en acier pour automobile et réciproquement. Figure 2 – Recyclage en boucle fermée

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RECYCLAGE DES BIENS D’ÉQUIPEMENT CONTENANT DU FER –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Tableau 1 – Durée de vie des produits contenant de l’acier Agglomération Minerai de fer

Durée de vie Durée de vie Charbon


Produits de consommation ou
prévisionnelle constatée Haut
biens d’équipement
(en année) (en année) fourneau Cokerie
Aggloméré Coke
Fonte liquide Ferrailles
Boı̂tes, boissons, conserves,
1 1 Convertisseur
Convertisseur
bidons, fûts
Laitier
Équipements domestiques,
8 6 à 15
électroménager
Four électrique
Automobiles 12 5 à 16 Acier liquide sauvage

2 Construction mécanique 20 10 à 30
Station d’affinage
Station d’affinage
Acier liquide mis à nuance

Bâtiment 30 20 à 100 Coulée continue

Travaux publics et génie civil 60 30 à … ?


Brame

prévisions de mise à disposition de ferrailles au cours de cette


même année.
La précision sur l’évaluation des durées de vies des biens et pro- Laminoir
duits de consommation est, en effet, inversement proportionnelle à
l’importance de cette durée de vie. Le tableau 1, qui n’indique que
des ordres de grandeurs basés sur l’observation des phénomènes, Tôles en bobine
donne une idée de cette incertitude structurelle.
L’absence de statistiques fiables, tant au niveau de la collecte des Figure 3 – Les deux routes du recyclage de l’acier (source Fédération
produits en fin de vie, qu’au niveau de la génération des matières Française de l’Acier – FFA)
secondaires issues de ces produits, complique encore le problème
en créant une incertitude du deuxième ordre sur les durées de vie C’est la filière de recyclage des produits ferreux par excellence
constatées. puisque sa production d’acier se fait presque exclusivement à partir
Enfin, comble de malchance, ce sont les produits sur lesquels il de ferrailles (figure 3).
est le plus difficile de faire des prévisions qui représentent les plus
fortes quantités de matières à recycler, en l’occurrence les secteurs 1.2.1.3 Aciéries de conversion
du bâtiment et des ouvrages d’art (tableau 1). Bien que produisant, par définition, de l’acier à partir de fonte
elle-même issue du minerai, cette filière, encore appelée primaire,
peut consommer techniquement jusqu’à 20-25 % de ferrailles, la
1.2 Justifications du recyclage proportion s’établissant souvent en fonction des cours. Nous en
Si le recyclage de matières usagées est une opération, ainsi que décrirons plus loin les raisons techniques structurelles et les moti-
nous l’avons mentionné en tête de ce propos, ayant à l’origine un vations (figure 3).
développement naturel dans la mesure où elle répond à un besoin
économique, ce qui est le cas des métaux, la prise de conscience 1.2.2 Contraintes réglementaires
de la notion de recyclage, tant par les pouvoirs publics que par les
citoyens, est un phénomène qui s’était perdu avec la société de Durant la décennie 1990, la Commission de Bruxelles a joué un
consommation, et qui s’est à nouveau affirmé depuis la crise de rôle moteur en matière de réglementation et d’incitation à la valori-
2007. sation des déchets en Europe communautaire. Cette implication
s’est matérialisée sous forme de directives, progressivement tran-
L’inventaire de ce que nous pouvons dénommer les moteurs du scrites en droit national par les États membres.
recyclage est révélateur d’un changement de comportement de
notre société. Il nous paraı̂t utile d’en rappeler ici les objets, pour celles qui tou-
chent à notre sujet.
1.2.1 Demande du marché & Directives relatives aux déchets :
Les consommateurs de produits ferreux issus du recyclage sont – directive 2008/98/CE du Parlement européen et du Conseil en
les moteurs économiques du système. date du 19 novembre 2008, relative aux déchets abroge certaines
autres directives, notamment la 2006/12/CE :
1.2.1.1 Fonderies  c’est la directive Cadre sur les déchets. Elle hiérarchise les
Elles achètent dans le négoce un tonnage équivalent à celui des modes de gestion des déchets : prévention, réutilisation, recy-
pièces qu’elles mettent sur le marché, essentiellement dans l’auto- clage, valorisation et enfin l’élimination ;
mobile et la construction mécanique.  elle ouvre la possibilité que certaines substances puissent ne
plus être considérées comme des déchets après avoir subi les
1.2.1.2 Aciéries électriques traitements appropriés ;
Elles produisent, selon les pays, 10 % (Chine) à 70 % (Turquie), de  elle précise aussi les responsabilités des producteurs et des
l’acier brut élaboré, la moyenne mondiale se situant, en 2014, à détenteurs ;
25,8 %, tandis que celle de l’Union européenne à 27 se maintient  elle vise à aider l’Union européenne à se rapprocher d’une
autour de 40 %. « société du recyclage » ;

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– RECYCLAGE DES BIENS D’ÉQUIPEMENT CONTENANT DU FER

– règlement (1013/2006/CE) du 12 juillet 2006, qui a remplacé le Le recyclage constitue un des principaux leviers d’action et sert
règlement (CEE) n 259/93 du Conseil, du 1er février 1993, concer- souvent de fil conducteur à l’élaboration de cette nouvelle straté-
nant la surveillance et le contrôle des transferts de déchets à gie. Nous illustrerons cette affirmation en analysant deux des
l’entrée et à la sortie de l’Union européenne. Son objectif est de objectifs essentiels du développement durable.
renforcer, simplifier et préciser les procédures de contrôle des
& Limitation des rejets dans l’air, l’eau et le sol
transferts de déchets et réduire ainsi le risque de transferts de
déchets non contrôlés ; Le recyclage des produits ferreux y contribue largement, en rac-
– règlement (UE) n 333/2011 du 31/03/11 établissant les critères courcissant notablement la filière d’élaboration de l’acier (figure 3).
permettant de déterminer à quel moment certains types de débris Ainsi peut-on retenir, en comparaison brute et dans les conditions
métalliques cessent d’être des déchets au sens de la directive 2008/ de production de l’électricité en France (à 80 % par la filière
98/CE du Parlement européen et du Conseil ; nucléaire), que la filière électrique génère, en gros, dix fois moins
– directive 1999/31/CE du Conseil du 26 avril 1999, concernant la de CO2, à la tonne d’acier liquide, que la filière fonte, soit 200 kg
mise en décharge des déchets. Elle vise à : au lieu de 2 000 kg (source Arcelor Mittal Research et CRM Liège).
« … prévenir ou à réduire les atteintes portées à l’environnement

2
De même, la filière électrique divise au moins par deux l’énergie
de la mise en décharge des déchets, et plus particulièrement sur les nécessaire à l’élaboration d’une tonne d’acier coulé (brames, billet-
eaux de surface, les eaux souterraines, le sol, l’air et la santé tes), en comparaison de la filière fonte, soit 8 à 10 MJ contre 22 MJ
humaine… ». (selon World Steel).
& Directives relatives aux produits en fin de vie : & Économie des ressources terrestres
– directive 94/62/CE du 20 décembre 1994 du Parlement européen Le recyclage permet de réaliser, au cours du processus d’élabo-
et du Conseil est relative aux emballages et aux déchets d’emballa- ration de l’acier, des économies de minerai, de charbon, de chaux
ges. La directive 2004/12/CE (qui modifie la directive 94/62/CE) éta- et d’oxygène.
blit des critères pour clarifier la définition du terme « emballages » ;
– directive 2000/53/CE du Parlement européen et du Conseil du Examinons les chiffres de consommation mondiale de matières
premières et secondaires par l’industrie sidérurgique en 2013,
18 septembre 2000 est relative aux véhicules hors d’usage ;
déclarés par Worldsteel Association dans son Steel Statistical Year-
– directive 2002/96/CE du Parlement européen et du Conseil du
book (tableau 2).
27 janvier 2003 est relative aux déchets d’équipements électriques
et électroniques. Il est difficile d’effectuer un bilan matière exact, dans la mesure où
les chiffres indiqués recouvrent des variations de stocks possibles.
1.2.3 Certification environnementale Toutefois, si nous en restons aux ordres de grandeurs, il devient pos-
sible d’évaluer que la consommation de 580 Mt de ferrailles pour
& La certification environnementale répond à un besoin marketing produire l’acier procure, a minima, une économie de plus de
d’image et de considération. 800 Mt de minerai, plus de 430 Mt de charbon et 70 Mt de chaux.
C’est une démarche qui se généralise chez les producteurs de
matériaux et les fabricants de biens d’équipement, lesquels intè-
grent désormais la notion de recyclabilité des produits dans leurs 1.3 Mise en œuvre et perspectives
stratégies de communication auprès des consommateurs. Ainsi,
peut-on faire valoir les mérites d’une société qui consomme, mais 1.3.1 Seconde vie des déchets
de façon responsable et citoyenne, dans le respect de La directive cadre (2008/98/CE) hiérarchise les modes de gestion
l’environnement. des déchets et produits en fin de vie. Nous en décrivons ci-dessous
De leur côté, les récupérateurs de ferrailles et métaux, dans le les étapes, par ordre croissant d’intérêt.
passé dénommés, péjorativement selon eux, les ferrailleurs, ont le
souci d’effacer une image plutôt négative longtemps attachée à
leur activité, en introduisant plus de transparence, plus de profes- Tableau 2 – Consommation mondiale de matières
sionnalisme et en proclamant des intentions de préservation de premières en 2014 Sources : Worldsteel (Statistical
l’environnement.
Yearbook) et BIR (Facts in Figures)
& C’est un acte volontaire.
La certification concrétise et consacre une volonté de donner des Tonnages
Produits Commentaires
garanties aux clients. (en Mt)
La norme ISO 9000 traite principalement du « management de la
qualité ». Elle a un effet moteur pour la conception de biens plus Variations de stocks à
Minerai extrait 2000
facilement recyclables et, par voie de conséquence, sur la qualité prendre en compte
des ferrailles, dans la mesure où un nombre croissant d’entreprises
de collecte et de récupération s’y plient. Inclut la fonte de
Fonte produite 1183
moulage
La norme ISO 14000 traite principalement du « management
environnemental ». Le fait de s’y soumettre peut avoir une
influence sur les quantités de matériaux recyclés en vue de préser- 10 à 15 %
Acier produit par filière
ver les ressources de la planète et sur leur qualité, dans la mesure 1237 d’enfournement de
fonte
où tant les récupérateurs que les aciéristes et les fondeurs s’y fixent ferrailles
pour objectif de limiter les effets des rejets sur l’environnement.
Acier produit par filière 27,4 % de la production
426
1.2.4 Développement durable électrique d’acier

Le développement durable est devenu une des priorités des Économie de 800 à
grands groupes sidérurgiques et de leurs clients majeurs. Ferrailles consommées 585
900 Mt de minerai
Il associe des préoccupations économiques environnementales,
sociales et sociétales. Sa mise en œuvre, dans les entreprises, est Minerais pré-réduits Économie d’énergie et
pilotée par les directions de l’Environnement, de la Communica- 73
produits CO2
tion, de la Santé et Sécurité et des Ressources humaines.

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2

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Référence Internet
M7060

Recyclage des biens d’équipement


contenant du fer
Aspects technologiques
par Philippe RUSSO
Ingénieur de Recherche en charge des projets sur le recyclage des produits en acier et

2
sur la qualité de la ressource ferraille
ArcelorMittal global R&D, Maizières-lès-Metz, France

Cet article est la réédition actualisée de l’article [M 7 060v3] intitulé « Recyclage des
déchets ferreux – Aspects technologiques » paru en 2007, rédigé par Bernard Gros.

1. Organisation des circuits d’approvisionnement....................... M 7 060v4 – 2


1.1 Collecte : exemple de la pratique française ...................................... — 2
1.2 Transport ............................................................................................ — 4
1.3 Préparation des ferrailles ................................................................... — 4
1.3.1 Norme française ...................................................................... — 5
1.3.2 Fractionnement et purification ................................................ — 5
1.3.3 Densification ............................................................................ — 6
2. Organisation de la demande ......................................................... — 7
2.1 Cahier des charges ............................................................................. — 7
2.1.1 Quelles sont les contraintes métallurgiques ? ....................... — 7
2.1.2 Quelles sont les contraintes de productivité ? ....................... — 7
2.1.3 Enfin, quelles sont les contraintes liées à l’environnement
et à la santé ? ........................................................................... — 9
2.2 Valeurs d’usage .................................................................................. — 10
2.2.1 Valeur d’usage thermodynamique .......................................... — 9
2.2.2 Valeur d’usage chimique ......................................................... — 10
2.2.3 Valeur d’usage physique ......................................................... — 11
2.2.4 Cohérence avec la valeur de marché ...................................... — 11
2.3 Contrôles de réception ....................................................................... — 12
2.3.1 Contrôles préalables en entrée d’usine .................................. — 11
2.3.2 Contrôles visuels ..................................................................... — 12
2.3.3 Contrôles statistiques .............................................................. — 12
2.3.4 Fusions sur échantillons .......................................................... — 12
2.3.5 Coulées tests industrielles ...................................................... — 12
2.3.6 Vers des procédés d’analyse en continu ................................ — 12
2.3.7 Tolérance des aciers aux résiduels métalliques non ferreux . — 13
2.3.8 Tolérance des procédés aux résiduels non métalliques ........ — 13
2.3.9 Recherches dans le domaine des moyens de préparation ..... — 14
2.3.10 Moyens complémentaires de tri des ferrailles broyées ......... — 14
3. Conclusion........................................................................................ — 15
4. Sigles ................................................................................................. — 17
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. M 7 060v4

près avoir abordé le recyclage des matières ferreuses sous un angle ana-
A lytique dans l’article [M 7 059], en mettant en relief les causes, les motiva-
tions et les contraintes, nous nous proposons d’en traiter les aspects technolo-
giques de mise en œuvre.
Pour cela, nous présentons dans cet article l’organisation de la collecte des
Parution : septembre 2017

ferrailles et ce qui la rend aussi performante. Nous abordons ensuite les


différents modes de traitements des biens d’équipement et produits de

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M7060

RECYCLAGE DES BIENS D’ÉQUIPEMENT CONTENANT DU FER –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

consommation en fin de vie, pour en extraire une ferraille dont la qualité


convient au cahier des charges des sidérurgistes ou des fondeurs. Nous verrons
alors comment les consommateurs de ferrailles ont défini les critères de qualité
de ces dernières avec la notion essentielle de valeur d’usage et quelles techni-
ques ils ont à leur disposition pour mesurer la qualité des lots de ferrailles qu’ils
réceptionnent. Enfin, nous évoquerons les pistes explorées par la Recherche et
Développement pour améliorer la qualité des ferrailles et les rendre aussi plus
régulières. Cette amélioration est nécessaire, car les quantités de ferraille dispo-
nibles pour le recyclage augmentent avec le temps, alors qu’il est prévu un
ralentissement de la croissance du besoin en aciers neufs lorsque toutes les
régions du monde auront atteint un développement dit « post industriel ».
On sera alors amené à utiliser une plus grande proportion de ferrailles pour

2 produire différents types d’aciers dont certains demandent une parfaite maı̂trise
de la qualité des matières premières, ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui
pour toutes les catégories de ferrailles.

publique, ont créé des déchetteries où l’on peut venir les déposer.
1. Organisation des circuits Ils organisent parfois des collectes, par campagne dans les secteurs
d’approvisionnement à habitat dispersé, ou à la demande dans les très grandes villes.
De petits ramasseurs, encore nommés « chineurs », assument
également une partie du travail, avec plus ou moins d’assiduité
selon le cours de la ferraille.
1.1 Collecte : exemple de la pratique Les produits collectés peuvent transiter par des ateliers de
française démontage, souvent à caractère caritatif ou de réinsertion, mais
& Le schéma traditionnel est ce qui s’est pratiqué, au cours du dans tous les cas ils aboutissent sur les chantiers de préparation
temps, jusqu’à la mise en application des Directives européennes de ferrailles.
par les États membres, c’est-à-dire à la fin de la décennie 1990.  Les Véhicules Hors d’Usage (VHU) passent majoritairement par
 Les petits produits à usages domestiques suivent la filière un réseau de démolisseurs, qui récupèrent des pièces, selon la
banalisée des déchets ménagers. demande du marché de la pièce de réemploi et remettent les car-
casses aux récupérateurs après les avoir dépolluées (extraction de
Les Collectivités Territoriales, responsables réglementairement de
la batterie, de tous les fluides et de leurs filtres, des organes pyro-
la collecte et du traitement des déchets produits par les ménages,
techniques et des pneus) (figure 1).
confient en général le soin de leur enlèvement à des entreprises
spécialisées représentées, en France, par une fédération, la FNADE. Les démolisseurs prennent en charge les véhicules chez les
concessionnaires et les garagistes, qui en ont assuré la reprise

Fédération Nationale des Activités de la Dépollution et de


l’Environnement, la FNADE, membre de la Fédération Euro- Professionnels
péenne des Activités du Déchet (FEAD), représente, au travers de l’entretien
de ses 8 syndicats : et de la réparation Détenteurs
Utilisateurs automobile de VHU
– 234 entreprises privées ;
– 53 000 salariés en France dans 932 sites d’exploitation ;
– 11,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires ;
– 40,6 millions de tonnes collectées ; Filière de
– 60,3 millions de tonnes traitées. la déconstruction
automobile
Constructeurs
Les produits ferreux se trouvant dans les ordures ménagères
sont soit récupérés par séparation électromagnétique à la sortie
des filières de traitement de déchets ménagers, c’est-à-dire l’inciné- Équipementiers
ration et le tri sélectif, voire le compostage, soit définitivement per-
dus en Centres d’Enfouissement Techniques (CET). Démolisseurs

Les ferrailles extraites de ces flux de déchets ménagers sont Producteurs de matériaux
remises à des récupérateurs qui les préparent en vue de les mettre Broyeurs
en conformité avec les catégories idoines du référentiel européen, Filière de
dans ce cas précis, E61 pour les ferrailles issues du tri sélectif et la construction
Valorisateurs
E46 pour celles issues des incinérateurs d’ordures ménagères [1]. automobile Éliminateurs

 Les produits encombrants ou l’életroménager, à usage domes-


tique et artisanal, sont en partie repris par les réseaux de distribution,
en échange de l’achat de produits neufs. Cependant, les services Figure 1 – Cycle de vie des automobiles (document Agence Régionale
municipaux, soucieux d’éviter l’abandon sauvage sur la voie de l’Environnement et DRIRE, Lorraine)

M 7 060v4 – 2 Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– RECYCLAGE DES BIENS D’ÉQUIPEMENT CONTENANT DU FER

lors de la vente de véhicules neufs ou lorsque le véhicule est trop  Les nouvelles façons de procéder touchent en premier lieu les
accidenté pour être remis en circulation. ménages et les artisans, en d’autres termes les petits consomma-
Les compagnies d’assurances, qui deviennent les nouveaux pro- teurs bénéficiant de services de proximité.
priétaires des véhicules accidentés jugés non réparables, consti-  La collecte sélective des emballages en est la première illustra-
tuent également une source importante de VHU. tion. Les détenteurs de déchets sont invités à utiliser, a minima,
Les pouvoirs publics sont aussi une source de véhicules hors deux conteneurs différents, l’un pour les emballages, tous maté-
d’usage non négligeable avec les fourrières et le parc automobile riaux confondus, et l’autre pour le reste des déchets.
géré par les Domaines. Les conteneurs d’emballages sont acheminés vers des centres de
Enfin, le complément de la collecte se fait par apport volontaire tri d’où les emballages acier sortiront, après une séparation électro-
des particuliers sur les chantiers de démolition ou sous forme de magnétique, pour être dirigés soit chez des récupérateurs, soit
prestations de service à domicile, souvent facturées par les démo- directement dans des aciéries pour y être recyclés par refusion.
lisseurs-recycleurs. Les conteneurs à autres déchets continuent à suivre les filières

2
Les démolisseurs et collecteurs d’automobiles sont soumis à un traditionnelles précédemment décrites : incinération, compostage,
agrément préfectoral (comme les centres de contrôle technique) et centre d’enfouissement technique.
constituent les points d’entrées agréés de la filière de traitement des Le tri réalisé par les particuliers n’étant jamais parfait, on
véhicules hors d’usage. Ils doivent, à ce titre, remettre un récépissé de retrouve toutefois dans ces autres déchets une part de produits fer-
prise en charge du véhicule pour destruction au dernier propriétaire. reux qui sont récupérés comme auparavant (essentiellement après
 Les produits à usage industriels font l’objet de contrats directs incinération).
entre les détenteurs et les professionnels du déchet ou de la récu- La figure 2 nous montre que, grâce à leur propriété d’attraction
pération. Pour les grosses structures, des entreprises de démolition magnétique, les emballages ménagers en acier sont en France les
spécialisées, plus proches des métiers du bâtiment que de la récu- plus recyclés.
pération, sont requises comme sous-traitantes par les détenteurs
 Enfin, la mise en place continue de déchetteries de proximité,
des contrats.
auprès desquelles les particuliers, ménages, artisans et agriculteurs
Quel que soit le mode de collecte des produits en fin de vie, les peuvent déposer gratuitement leurs déchets encombrants dans des
parties ferreuses passent toujours par les chantiers des récupéra- conteneurs de grande capacité, spécialisés par matériaux, empiète
teurs de fers et métaux afin d’y être préparées (§ 3.3.1 de sur l’activité des « chineurs » et vise, à terme, à supprimer durable-
l’article [M 7 059]). ment les abandons sauvages.
En France, cette profession est représentée par une fédération, la
FEDEREC. & Dépollution, démontage et déconstruction concernent les pro-
duits complexes ou fortement souillés, au premier rang desquels
figurent les automobiles parce que faisant l’objet de la directive la
Organisation fédérale, créée en 1944 afin de regrouper les dif- plus avancée en la matière, en second lieu les équipements électri-
férentes chambres syndicales de la profession dont la fondation ques et électroniques, puis les bâtiments et ouvrages d’art et enfin
des premières remonte à 1890, FEDEREC est constituée de 8 syn- les emballages à usages industriels.
dicats régionaux et 12 branches d’activités. La dépollution devient une opération indispensable et préalable
à tout traitement de produit en fin de vie.
Une part croissante de la collecte est maintenant gérée par les Pour en revenir à l’exemple automobile, le démolisseur prenant
éco-organismes mis en place dans les secteurs où la Responsabilité en charge un VHU doit extraire la totalité des fluides, carburant,
Élargie du Producteur (REP) est légalement encadrée. En effet, afin lubrifiants et leurs filtres, ainsi que la batterie et les pneumatiques.
de développer le recyclage de certains déchets, il a été nécessaire Si un réservoir GPL est présent, il sera également retiré.
de les collecter sélectivement. Le principe, qui découle de celui du Pour les emballages à usages industriels, l’élimination et la neu-
pollueur-payeur, en est le suivant. tralisation des résidus de contenus constituent un préalable à toute
Les fabricants nationaux, les importateurs de produits et les introduction dans une filière de recyclage.
distributeurs pour les produits de leurs propres marques doivent
prendre en charge, notamment financièrement, la collecte sélec-
tive, puis le recyclage ou le traitement des déchets issus de ces 100
produits. Ils peuvent assumer leur responsabilité de manière indi- 90
viduelle ou collective dans le cadre d’un éco-organisme. Dans ce
dernier cas, ils adhèrent à une société souvent agréée par les 80
Taux de recyclage (%)

pouvoirs publics, à laquelle ils versent une contribution financière 70


qui vient en soutien à la collecte, au recyclage et au traitement des 60
flux de déchets concernés. Elles sont essentiellement reversées
aux collectivités locales ou aux prestataires de collecte et de trai- 50
tement des déchets concernés. La montée en puissance de ces 40
filières, depuis le milieu des années 1990, a permis des progrès
30
très significatifs en matière de recyclage des déchets. Les secteurs
actuellement concernés sont les suivants : 20
– les emballages ménagers, 10
– les Déchets d’Équipements Électriques et Électroniques (DEEE), 0
7 8 9 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 11 2 3
– les Véhicules Hors d’Usage (VHU), 199 199 199 20 0 20 0 20 0 20 0 20 0 20 0 20 0 20 0 20 0 20 0 201 20 201 201
– les pneumatiques usagés,
Acier Papier-carton Verre
– les Déchets d’Éléments d’Ameublement (DEA).
Aluminium Plastiques Recyclage tous matériaux
& Le nouveau schéma, tri à la source et apport volontaire, est
constitué de pratiques qui se mettent en place, depuis la mise en Figure 2 – Évolution des taux de recyclage des emballages ménagers
application des Directives. par type de matériaux (source ADEME)

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RECYCLAGE DES BIENS D’ÉQUIPEMENT CONTENANT DU FER –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Ainsi, globalement, la collecte des biens d’équipement contenant 1.3 Préparation des ferrailles
majoritairement du fer est très efficace, car leur contenu en fer et
en éventuels autres matériaux valorisables génère une valeur supé- Pour devenir une source de fer utilisable en aciérie, une ferraille
rieure aux coûts de collecte. Au regard des très faibles quantités de doit répondre à deux critères de base [2] :
produits ferreux mis en décharge (moins d’un pour-cent en masse)
et des très faibles quantités d’aciers qui ne seront jamais récupé- – avoir un contenu chimique qui convient à l’aciériste et en pre-
rées (dans des fondations profondes ou autres bétons armés non mier lieu posséder une teneur significative en fer non oxydé,
recyclés) et qui finiront par rouiller intégralement, on peut estimer, c’est-à-dire largement plus de 90% en masse pour être recyclée
dans un pays comme la France, que le taux de collecte des biens dans la fabrication des aciers dits « au carbone ». Pour la fabrica-
contenant majoritairement du fer est supérieur à 95%. Ce très haut tion des aciers spéciaux ou inox, on pourra rechercher des ferrailles
niveau de collecte est aussi dû à une relative facilité à récupérer les à plus faible teneur en fer, mais qui contiendront en complément
biens contenant du fer, du fait de leur grande taille (véhicules, élec- de fortes teneurs en éléments d’alliage comme le chrome, le nickel,
troménager, machines-outils, bâtiments, navires…) et surtout du le manganèse, le molybdène… Le reste des éléments chimiques
fait de leur propriété d’attraction magnétique. Pour cela, il existe présents dans la ferraille ne doit pas générer d’impacts environne-

2 de nombreux outils simples, robustes et peu onéreux qui permet- mentaux, de surcoût de process ou de défauts métallurgiques lors
tent d’extraire très efficacement des petites pièces ferreuses mélan- de la fusion et de la fabrication de l’acier recyclé ;
gées à d’autres matériaux. Nous verrons ces aspects technologi- – présenter des caractéristiques physiques compatibles avec les
ques plus loin dans cet article. contraintes de productivités des fours, à savoir :
 la plus grande dimension des morceaux de ferrailles doit être
compatible avec la taille des cuves de fusion, soit en général
1.2 Transport moins de 0,50 m pour les fonderies et moins de 1,50 m pour
les fours électriques et les convertisseurs ;
Le transport est un centre de coût important, particulièrement
pesant sur une activité de groupage de produits dispersés comme  la masse volumique en vrac doit être suffisante (générale-
le sont les équipements en fin de vie et les matériaux à valoriser ment supérieure à 0,8 t/m3) afin d’optimiser le remplissage
après collecte et séparation. des paniers pour les fours électriques, des augets pour les
& L’acheminement des produits ferreux bruts, issus des centres de
traitement de déchets, vers les chantiers de préparation de ferrail-
les, ne peut se faire pratiquement que par la route. Les camions à
bennes semi-remorques basculantes et auto-déchargeables consti-
tuent la solution la plus adaptée (figure 3).
& Le rail est un moyen privilégié de transport pour les ferrailles,
produit lourd par excellence, car il permet d’optimiser la charge à
l’essieu. Ainsi, un wagon de chemin de fer peut-il accepter une
charge utile de 55 t, contre 24 t pour une benne semi-remorque.
Ce mode de transport manque toutefois de souplesse par rapport
à la route, ce qui limite pratiquement son utilisation aux liaisons
sur longues distances, par trains complets. De plus, il impose l’uti-
lisation d’une grue ou un pont roulant munis d’un grappin ou d’un
électro-aimant pour le déchargement (figure 4).
En outre, les nécessités de raccordement au réseau font que
seuls les grands chantiers de ferrailles sont capables d’expédier
par chemin de fer.
& Le fluvial est le moyen de transport optimal pour acheminer des
ferrailles depuis un chantier au bord de l’eau vers une aciérie au
bord de l’eau (figure 5). Ceci suppose le rassemblement de multi-
ples conditions et pèsera, à l’avenir, sur le choix des sites d’implan-
tations de nouvelles aciéries. Figure 4 – Déchargement d’un wagon de ferraille

Figure 3 – Camion à benne basculantee auto-déchargeable Figure 5 – Déchargement d’une péniche de ferraille

M 7 060v4 – 4 Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés

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M7061

Recyclage des biens d’équipement


contenant du fer
Aspects économiques
par Bernard GROS

2
Ingénieur conseil, sidérurgiste
Consultant indépendant, Orval-La-Ville, Saint-Nizier d’Azergues, France
Note de l’éditeur : Cet article est la réédition actualisée de l’article [M 7 061] intitulé
« Recyclage des déchets ferreux - Aspects économiques et perspectives », paru en 2007 et
rédigé par Bernard Gros.

1. Économie du système .................................................................... M 7 061v2 – 2


1.1 La demande tire l’offre ....................................................................... — 2
1.1.1 Les aciéries électriques appellent les ferrailles en fonction de
la demande d’acier sur le marché .............................................. — 3
1.1.2 Les aciéries de conversion introduisent des éléments
indépendants du marché dans leurs décisions d’achat ......... — 3
1.2 La réglementation pousse l’offre ....................................................... — 3
1.2.1 Directives européennes relatives à la valorisation des
produits en fin de vie .............................................................. — 3
1.2.2 Responsabilisation des producteurs de biens ........................ — 4
1.2.3 Engagement des États sur la restriction des gaz à effet de serre — 5
1.3 Arbitrage entre matières premières et matières à recycler .............. — 5
1.3.1 Cohérence des prix .................................................................. — 5
1.3.2 Influence des lobbies............................................................... — 6
2. Perspectives de développement .................................................. — 6
2.1 Recyclage et développement durable ............................................... — 7
2.1.1 Réduction de la pollution ........................................................ — 7
2.1.2 Préservation des ressources ................................................... — 7
2.1.3 Optimisation par l’éco-conception .......................................... — 9
2.2 Une opportunité pour les matériaux ferreux .................................... — 9
2.2.1 Activité naturelle pour les métaux .......................................... — 10
2.2.2 Renforcement de la transparence des filières, sous la
pression réglementaire ........................................................... — 10
2.2.3 Développement de l’image de l’acier auprès des
consommateurs et des fabricants de biens ............................ — 10
2.2.4 Produits autres que l’acier ...................................................... — 11
2.3 Le bel avenir du recyclage ................................................................. — 11
2.3.1 Activité facteur de croissance ................................................. — 11
2.3.2 Source de créativité ................................................................. — 12
2.3.3 Source d’emploi ...................................................................... — 12
3. Conclusion........................................................................................ — 12
4. Glossaire ........................................................................................... — 13
5. Sigles ................................................................................................. — 15
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. M 7 061v2

lors que dans les articles [M 7 059] et [M 7 060]), sont abordés plus spéci-
A fiquement les aspects quantitatifs des enjeux, puis les aspects techniques
de recyclage des biens de consommation contenant des produits ferreux, nous
nous proposons, dans celui-ci, d’en traiter les aspects économiques et d’en
Parution : février 2017

dégager des perspectives pour l’avenir.

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RECYCLAGE DES BIENS D’ÉQUIPEMENT CONTENANT DU FER –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Le premier paragraphe développe ces aspects économiques, en soulignant


particulièrement les arbitrages qui s’imposent, désormais, entre lois du marché
et réglementations.
Au niveau de l’UE, les directives portant sur les produits et déchets, traduites
en droit des divers États membres, orientent et encadrent les développements
des filières de recyclage, existantes ou à créer. Ceci est globalement bénéfique
pour la préservation de notre environnement, en réduisant les volumes de
déchets à éliminer, en substituant à des ressources terrestres des matériaux de
récupération, en générant des économies d’énergie, grâce au raccourcissement
des processus d’élaboration, et globalement en réduisant les rejets de CO2.
En ce qui concerne les produits contenant du fer, ces nouvelles dispositions

2
sont toutefois souvent sources de contraintes nouvelles, ajoutant des coûts à
une filière déjà rôdée. C’est le handicap d’avoir été en avance, ce qui nécessite
de s’adapter, alors que d’autres matériaux, ayant tout à créer, peuvent prendre
en compte dès le départ ces nouvelles données.
Le second paragraphe traite des perspectives d’avenir pour l’ensemble de la
thématique et constitue une réflexion sur les attraits, les atouts et les risques,
pour l’industrie des produits ferreux et l’ensemble des secteurs d’activité liés au
recyclage. Ce contexte nouveau et favorable est introduit par les notions de
développement durable et d’économie circulaire, mais dans un cadre écono-
mique très fluctuant, résultant de l’instabilité des cours et des mises à disposi-
tions des matières premières d’extraction, minerais, charbon, pétrole, dont les
matériaux recyclés sont concurrents.
Le recyclage est en effet le résultat d’une maturité industrielle dans les pays
développés, qui cherchent à résoudre simultanément leurs problèmes d’envi-
ronnement et leurs problèmes de dépendances vis-à-vis de matières premières
extraites ailleurs que sur leurs propres sols.
Le recyclage supporte mal la croissance rapide, parfois chaotique, de nouveaux
entrants, en tête desquels la Chine qui a provoqué un doublement des besoins
d’acier dans le monde, avec pour conséquence de grands à-coups sur les prix.
Le recyclage des produits en fin de vie contenant du fer a cependant des inci-
dences positives sur l’image de l’acier et devrait aider à maintenir, voire renfor-
cer, l’usage de ce matériau. Il constitue donc un atout pour les sidérurgistes
dans le cadre de leur compétition avec les autres matériaux.
Un glossaire et un tableau des sigles utilisés sont présentés en fin d’article.

fluctuations des marchés résultant des variations de la demande


1. Économie du système d’acier et des cours des matières premières.

1.1 La demande tire l’offre


Dans l’article [M 7 059] « Aspects Généraux », nous avons mis
l’accent sur le fait que le recyclage des produits ferreux s’inscrit Il n’existe pas de marché à terme pour les ferrailles, les négocia-
dans un processus quasi naturel. Ceci n’exclut cependant pas des tions se font au mois le mois. En conséquence, les aciéries, sou-
heurts, entre la production continue de produits en fin de vie et la cieuses de minimiser leurs Besoins en Fond de Roulement (BFR),
production plus cyclique d’aciers destinés à la fabrication de nou- fonctionnent, en général, avec relativement peu de stock, achetant
veaux biens. au fur et à mesure de leurs besoins.
Des « coups d’accordéon » dans la filière du recyclage se produi-
sent donc, comme dans toute chaı̂ne de production. Mais, de tels Remarque :
phénomènes peuvent être amplifiés par des facteurs exogènes Certaines aciéries produisant des aciers à haute valeur ajoutée
aux processus, telle, par exemple, la politique d’incitation à aug- font toutefois exception à cette règle, privilégiant la sécurité et
la qualité de leur approvisionnement au coût de leurs matières
menter les taux de recyclage dont les motivations sont environne-
premières.
mentales ou sociétales et, par définition, non assujetties aux

M 7 061v2 – 2 Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– RECYCLAGE DES BIENS D’ÉQUIPEMENT CONTENANT DU FER

1.1.1 Les aciéries électriques appellent éventuellement, l’aval d’un complexe sidérurgique ont un caractère
les ferrailles en fonction de la demande plus local. Enfin, les engagements à réduire la génération de CO2
d’acier sur le marché ont un caractère durable.
Toutes ces considérations nous donnent une idée du nombre de
Avec une telle politique d’achat, les aciéries électriques qui, rap-
paramètres pouvant intervenir dans une décision d’achat de ferrail-
pelons-le, n’utilisent pratiquement que des ferrailles comme source
les, alors que le flux de matières secondaires, produites par les
de fer, sont exposées à des aléas d’approvisionnement et peuvent,
biens de consommation, est à peu près régulier.
en réaction, avoir un effet déstabilisant sur la régularité d’écoule-
ment des flux à recycler. & Une faible variation relative des besoins des aciéries de conver-
Les actions correctives mises en œuvre pour contrecarrer les sion peut peser lourdement sur le marché des ferrailles.
effets de ces à-coups relèvent souvent du pis-aller. Les aciéries de conversion sont globalement de petits consomma-
& La pénurie de ferrailles est souvent la cause d’entorses aux teurs de ferrailles, en regard des aciéries électriques (figure 19 de
[M 7 059]), avec environ 17% de la consommation totale. Mais, une
cahiers des charges, en cas d’accélération brusque de la demande

2
expression erratique de leur demande peut provoquer des perturba-
d’acier. Cette variation peut se produire tour à tour, ou simultané-
tions importantes sur un marché tendu, étant donné la taille des ins-
ment, sur les marchés intérieurs et à l’export. tallations. En effet, un complexe sidérurgique de conversion possède
Les aciéries électriques, qui élaborent majoritairement des aciers une capacité de l’ordre de 4 à 10 fois supérieure à celle d’une usine
courants, travaillent souvent avec des marges faibles et une haute électrique, ce qui produit des effets importants sur une demande en
productivité. Elles ont tendance à vouloir accepter un maximum de valeur absolue, tout particulièrement au niveau régional.
commandes, jusqu’à saturer leurs capacités. Afin de réaliser leurs
programmes de production, elles doivent alors faire appel à un Exemple
maximum de ferrailles disponibles, dans toutes les catégories, Le complexe sidérurgique littoral d’ArcelorMittal à Dunkerque, produi-
après avoir épuisé les ressources de celles qui leur conviennent le sant couramment 6 Mt d’acier par an, consomme de l’ordre de 1 Mt de
mieux habituellement. Outre l’augmentation de prix que cela pro- ferrailles, dont 300 kt, au minimum, sont achetées sur le marché.
voque, le fait d’accroı̂tre la demande sur les ferrailles de bas de Ces chiffres placent Dunkerque au même niveau que les aciéries
gamme tend à uniformiser la qualité de l’ensemble vers le bas. électriques voisines, pour ce qui est des volumes, avec des exigences
Ainsi, peut-on détruire en quelques semaines les efforts déployés parfois plus grandes en matière de qualité, ce qui amène à concentrer
durant des années pour mettre en application tous les grands prin- la demande sur un nombre restreint de catégories de ferrailles.
cipes de qualité longuement développés dans l’article [M 7 060].
& Les aciéries de conversion utilisent les ferrailles pour ajuster
& Le manque de régularité de la demande d’acier peut provoquer leurs enfournements.
des ralentissements de la production, ce qui compromet l’exis- Une aciérie de conversion peut, techniquement, vivre en autarcie
tence des filières de recyclage. « ferrailles », consommant les chutes internes au complexe sidérur-
Un ralentissement brutal de la demande d’acier conduit à réduire gique l’environnant. Les expressions de besoins sont donc, par
les volumes d’achat de ferrailles, en donnant la priorité aux ferrail- définition irrégulières, ce qui exclut, dans l’immédiat, des engage-
les haut de gamme et en abandonnant les ferrailles bas de gamme, ments contractuels à la reprise de ferrailles, à l’exception d’engage-
lesquelles risquent alors de prendre le chemin des centres ments volontaires du type réduction de la génération de CO2.
d’enfouissement ou de l’abandon pur et simple en rase campagne.
En outre, à partir du moment où des investissements importants
auront été réalisés, par les collectivités territoriales ou les industriels
1.2 La réglementation pousse l’offre
du déchet dans des centres de tri et des déchetteries, et par les En effet, l’aspect réglementaire, nous l’avons souligné, est un
industriels de la récupération dans des équipements lourds, du type élément nouveau qui vient bousculer les règles traditionnelles du
de ceux déjà décrits [M 7 060], il y aura risque de mettre en péril éco- marché des matières secondaires.
nomique de nombreuses entreprises et de perdre ainsi un acquis ne
trouvant sa justification économique que sur le long terme. Les pouvoirs publics, en intervenant dans le cercle fermé et tra-
ditionnellement opaque des démolisseurs, récupérateurs et acié-
& Enfin, si l’on considère l’aspect réglementaire du recyclage, les ristes (nous en avons évoqué les raisons [M 7 059]), créent un
à-coups du marché des ferrailles rendent difficile, voire impossible nouveau contexte, contraignant, mais pouvant être perçu comme
économiquement parlant, le respect de l’application des directives. une opportunité.
Toutes ces observations sont également valables pour l’ensemble
En responsabilisant les fabricants de biens et les détenteurs de
des matériaux, autres que ferreux.
produits en fin de vie (REP), en fixant des objectifs de taux de recy-
clage, par bien et par matériau, en imposant ou prohibant certains
1.1.2 Les aciéries de conversion introduisent moyens, les directives européennes et les décrets nationaux qui en
des éléments indépendants du marché découlent, vont contraindre les négociateurs, à l’achat comme à la
dans leurs décisions d’achat vente, à prendre des engagements nouveaux. Ceci devrait avoir un
& Si la demande d’acier reste un élément important de la décision effet bénéfique, en un sens, sur le plan des volumes recyclés, de la
d’achat de ferrailles des aciéries de conversion, les disponibilités en qualité des matières secondaires et de la régularité des flux, mais
coke et en minerai de fer, la capacité instantanée des hauts- risque, en contre partie, de produire un effet pénalisant sur les
fourneaux, en comparaison de celle des outils situés en aval coûts, en générant de nouveaux frais fixes.
(convertisseurs, coulées continues, laminoirs), l’incitation, par la
réglementation, à générer moins de CO2, sont également des élé- 1.2.1 Directives européennes relatives
ments de décisions venant encore compliquer le jeu des prévisions à la valorisation des produits en fin de vie
d’évolution de la demande de ferrailles sur les marchés. Ces directives ont été transposées en droit français. Rappelons
Les aciéries de conversion produisent, en majorité, des produits quelques aspects de trois d’entre elles, évoquées au tout début de
sidérurgiques différents de ceux des aciéries électriques (produits l’article [M 7 059].
longs majoritairement en filière électrique, produits plats majoritai-
& Secteur de l’emballage : directive 2004/12/CE, modifiant la
rement en filière fonte). En conséquence, les variations de deman-
des sur leurs marchés respectifs peuvent ne pas être simultanées. 94/62/CE
Les disponibilités en coke et en minerai sont liées à des phénomè- L’article 6 de la directive 2004/12/CE traite de la valorisation et
nes mondiaux, tandis que les besoins de capacité pour satisfaire, du recyclage.

Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés M 7 061v2 – 3

43
Référence Internet
M7061

RECYCLAGE DES BIENS D’ÉQUIPEMENT CONTENANT DU FER –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Il fixe des obligations de résultats chiffrés, pour les déchets recherchant des filières nouvelles pour les matériaux existants et,
d’emballages (§ 1 alinéa d) et les matériaux (§ 1 alinéa e). Souli- à long terme, en développant la pratique de l’éco-conception.
gnons, au passage, que l’objectif de 50 % en masse, pour les Malheureusement, les résultats observés par l’ADEME en 2015 mon-
métaux, n’y est pas très ambitieux, étant donné leur grande apti- trent que les objectifs fixés n’ont pas été atteints, malgré la mise en
tude au recyclage. Ceci fait que pour les produits contenant du fer, place de filières de dépollution, démontage des pièces et tri des
les objectifs ont été dépassés. matériaux, et ceci essentiellement pour des raisons économiques,
les coûts très bas des matières premières extraites mettant en péril
la rentabilité des filières de recyclage.
« …1) Objectifs :
d) au plus tard le 31 décembre 2008, entre 55 % au minimum & Appareils électriques et électroniques : directive 2002/96/CE
et 80 % au maximum en poids des déchets d’emballage seront L’article 4 traite de la conception des produits. Les États mem-
recyclés ; bres doivent encourager la conception et la production d’équipe-
e) au plus tard le 31 décembre 2008, les objectifs minimaux de ments électriques et électroniques, prenant en compte leur déman-

2
recyclage suivants pour les matériaux contenus dans les tèlement et leur valorisation à terme.
déchets d’emballages devront être atteints : L’article 5 traite de la collecte sélective des appareils. On précise
– 60 % en poids pour le verre ; au paragraphe 1 que les États membres doivent prendre les mesu-
– 60 % en poids pour le papier et le carton ; res appropriées pour réduire au minimum l’élimination des DEEE
– 50 % en poids pour les métaux ; (Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques), avec les
– 22,5 % en poids pour les plastiques, en comptant exclusive- déchets municipaux non triés, et atteindre un niveau élevé de col-
ment les matériaux qui sont recyclés sous forme de plastiques ; lecte sélective des DEEE.
– 15 % en poids pour le bois… ». L’article 6 est consacré au traitement. Les États membres sont
désignés pour veiller à ce que les producteurs, ou les tiers agissant
pour leur compte, mettent en place des systèmes utilisant les meil-
Le paragraphe 2 traite de l’exportation des déchets d’emballage,
leures techniques de traitement, de valorisation et de recyclage dis-
hors Communauté européenne. Il pourrait avoir des répercussions
ponibles. Le traitement comprend au moins l’extraction de tous les
sur les ferrailles, dans la mesure où il est avéré qu’un certain nom-
fluides et un démontage sélectif, conforme à l’annexe II de la Direc-
bre de celles qui sont issues des déchets domestiques partent habi-
tive (liste d’éléments à démonter obligatoirement).
tuellement pour la Turquie ou l’Asie, dans des conditions ne respec-
tant pas le référentiel européen. L’article 8 implique les producteurs dans le financement des opé-
rations de collecte.

« … 2) Les déchets d’emballage exportés de la Communauté


n’entrent en ligne de compte, pour le respect des obligations et « … 1. Les États membres veillent à ce que, au plus tard le
des objectifs fixés au paragraphe 1, que s’il existe des preuves 13 août 2005, les producteurs assurent, au moins, le finance-
tangibles que les opérations de valorisation et/ou de recyclage ment de la collecte à partir du point de collecte, du traitement,
se sont déroulées dans des conditions qui sont largement équi- de la valorisation et de l’élimination non polluante des DEEE
valentes à celles prévues par la législation communautaire en la provenant des ménages et déposés dans les installations de col-
matière… » lecte mises en place conformément à l’article 5, paragraphe 2.
« … 2. Pour les produits mis sur le marché après le 13 août
Les paragraphes 3 et 4 évoquent les moyens à mettre en place, 2005, chaque producteur est responsable du financement des
tandis que le paragraphe 8 traite des moyens d’évaluation et des opérations visées au paragraphe 1 concernant les déchets pro-
actions de prévention. On y évoque notamment la responsabilité venant de ses propres produits. Le producteur peut choisir de
des producteurs, « y compris ses aspects financiers ». satisfaire à cette obligation par le biais de systèmes soit indivi-
duels soit collectifs… »
Ceci officialise l’entrée d’un nouvel acteur, le législateur, dans la
filière de recyclage et valorisation, lequel naturellement demandera
des comptes aux acteurs traditionnels du déchet et de la récupération. Il en résulte que ces dispositions ont un impact sur la façon d’ali-
menter la filière de recyclage des produits ferreux.
& Secteur automobile : directive 2000/53/CE
L’article 3 définit le champ d’application aux véhicules hors 1.2.2 Responsabilisation des producteurs de biens
d’usage, y compris leurs composants et matériaux. Ce qu’il est convenu de nommer la « Responsabilité Élargie des
L’article 5 traite de la collecte qui ne doit pas occasionner de frais Producteurs » (REP) est définie dans les directives produits, illus-
aux détenteurs de VHU (Véhicules Hors d’Usage), mais implique trées par les citations précédentes.
par contre les constructeurs qui devront en supporter les coûts,
& Nous en constatons l’application effective sur le terrain par un
dans la mesure où ceux-ci ne pourraient être assumés par la filière
de recyclage elle-même. renforcement du partenariat entre producteurs et fournisseurs de
matériaux, au travers de ce l’on nomme désormais des éco-
L’article 7 expose les objectifs de réutilisation et valorisation. Il organismes.
définit des obligations de résultats.
 Secteur de l’emballage
La filière de production des « aciers pour emballages » est ainsi
« … 2b) au plus tard le 1er janvier 2015, pour tous les véhicules associée à ses clients, fabricants d’emballages domestiques, repré-
hors d’usage, le taux de réutilisation et de valorisation est porté à sentés par le SNFBM et fabricants d’emballages industriels, au sein
un minimum de 95 % en poids moyen par véhicule et par an. Dans d’éco-emballages, d’une part, de Recyclacier emballages, d’autre
le même délai, le taux de réutilisation et de recyclage est porté à part. Ces organismes ont pour objectif de développer des filières
un minimum de 85% en poids moyen par véhicule et, par an… » de collecte et de transformation des déchets d’emballages en
matières premières.
Ces objectifs n’étaient pas accessibles avec les véhicules en cir- Éco-emballages est une société anonyme agréée par les pouvoirs
culation en 2005. C’est la raison pour laquelle les constructeurs publics, dans laquelle filières matériaux et fabricants d’emballages
ont mobilisé leurs fournisseurs, sous-traitants et producteurs de sont actionnaires. Elle est chargée de la mise en œuvre des obliga-
matériaux, afin de dégager des solutions à court terme, en tions de recyclage faites aux remplisseurs d’emballages. On en

M 7 061v2 – 4 Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés

44
Référence Internet
M7063

Problèmes métallurgiques liés


aux ferrailles : les résiduels
par Marc GRUMBACH
Ingénieur civil des Mines, ancien ingénieur à l’Institut de Recherche de la Sidérurgie
Française (IRSID)

1. Classification des ferrailles du point de vue des résiduels.... M 7 063 – 2 2


2. Les résiduels .................................................................................... — 3
2.1 Les métalloı̈des .................................................................................. — 3
2.2 Les résiduels métalliques .................................................................. — 3
3. Mécanismes et effets généraux des métaux et de l’azote
sur les propriétés ............................................................................ — 3
3.1 Enrichissement en surface et défauts ................................................ — 4
3.2 Durcissement ...................................................................................... — 4
3.3 Cas particulier de l’azote .................................................................... — 5
4. Effets des métaux sur les autres propriétés.............................. — 6
4.1 Forgeabilité ......................................................................................... — 6
4.2 Ténacité ............................................................................................... — 6
4.3 Fragilité de revenu ............................................................................. — 6
4.4 Soudabilité ......................................................................................... — 6
4.5 Autres propriétés................................................................................ — 7
5. Particularités par produits ............................................................ — 7
5.1 Plaques, tôles fortes et tôles à tubes................................................. — 7
5.2 Poutrelles, profilés et ronds à béton ................................................. — 7
5.3 Tôles minces ....................................................................................... — 7
5.4 Fil machine ......................................................................................... — 8
6. Conséquences pour le choix des filières.................................... — 8
7. Conclusion........................................................................................ — 8
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. M 7 063

lors que les ferrailles sont devenues une matière première importante de la
A sidérurgie avec un conditionnement et des traitements appropriés, leur uti-
lisation ne se fait pas sans problèmes.
Ces problèmes sont de deux sortes, une adaptation au procédé de fusion, et
une adaptation au produit fabriqué, essentiellement à ses propriétés.
En effet, par nature les ferrailles possèdent la composition des aciers et cette
composition varie suivant les nuances avec des additions d’éléments d’alliage
le plus souvent en faibles quantités (les aciers fortement alliés comme les aciers
inoxydables sont en principe recyclés à part). La présence de métaux de revête-
ments comme le zinc ou l’étain est fréquente ; on trouve également des métal-
loı̈des comme le soufre et le phosphore et évidemment du carbone et de
l’azote. De plus, malgré le broyage et le tri magnétique, d’autres métaux asso-
ciés à l’acier dans les appareils comme le cuivre et l’aluminium sont entraı̂nés
et subsistent jusqu’à la fusion.
Enfin, il y a une interaction entre la filière d’élaboration et la composition
finale de l’acier par suite de l’élimination de certains éléments. Par contre, la
fusion de ferrailles au four électrique se traduit par une reprise d’azote forte
qui caractérise cette filière. Cette importance de l’azote justifie un paragraphe
spécial.
Parution : mars 2012

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est strictement interdite. – © Editions T.I. M 7 063 – 1

45
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M7063

PROBLÈMES MÉTALLURGIQUES LIÉS AUX FERRAILLES : LES RÉSIDUELS –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Par ailleurs, le détail des propriétés produit par produit montre que l’influence
d’un élément ne dépend pas seulement de sa teneur moyenne, mais également
des interactions avec les autres éléments et avec les cycles thermomécaniques,
en particulier les ségrégations à la coulée, ou lors des chauffages et des refroi-
dissements, avec en plus l’effet des corroyages ou des traitements.

2
En ce qui concerne les caractéristiques de ces produits, les
1. Classification des ferrailles catégories se distinguent par des différences de teneurs en rési-
du point de vue duels métalliques ; les teneurs sont en général plus fortes dans
les produits broyés ou d’incinération comme le montre le
des résiduels tableau 2.
Plusieurs remarques peuvent être faites en comparant les deux
tableaux ; on note en particulier que les teneurs en étain des lots
Depuis 1996 existe une nouvelle classification officielle euro- analysés sont supérieures à celles admises par le référentiel actuel ;
péenne des ferrailles tenant compte de leur forme, de leur densité, par contre les teneurs en cuivre sont à peu près en accord avec les
de leur teneur en fer, de leur conditionnement, allant de la ferraille nouvelles références.
ancienne récupérée aux tournures d’usinage. Pour chaque catégo- Les teneurs en soufre et phosphore sont relativement fortes dans
rie, des indications sur les teneurs limites en résiduels sont don- les aciers anciens, auxquelles s’ajoutent d’éventuels produits
nées [1] [2] [M 7 059] [M 7 060] (tableau 1). d’apport organique ou autres.
Ces teneurs limites prennent en compte les progrès de
On distingue dans la suite de l’article les éléments métalliques et
l’ensemble broyage-tri magnétique.
les éléments métalloı̈des : d’une manière générale les opérations
On peut rentrer un peu plus dans le détail en examinant 4 catégo- de fusion et d’affinage des deux filières principales (filière fonte
ries parmi les plus importantes du point de vue de la composition ou ferrailles-four électrique) permettent d’éliminer les métalloı̈des
chimique en excluant les ferrailles internes des usines sidérurgiques : avec des traitements en poche y compris avec des opérations
– les chutes neuves (souvent en paquets) ; sous vide pour le carbone et l’azote. Certains métaux sont oxydés
– les ferrailles de récupération lourdes : poutrelles, rails, palplanches ; et éliminés, mais il n’en est pas de même pour d’autres métaux
– les ferrailles légères broyées ; considérés de nos jours comme non éliminables, malgré les recher-
– les ferrailles d’incinération. ches de procédés en cours.

Tableau 1 – Référentiel européen des ferrailles


Teneurs limites en résiduels métalliques des ferrailles (en millièmes %)

Désignation Type Cu < Sn < Somme <

Ferrailles anciennes E3 HMS1 250 10 250

Ferrailles anciennes E1 HMS3 400 20 300

Ferrailles à bas résiduels E2 Chutes neuves en vrac – – 300

E8 Chutes neuves en vrac – – 300

E6 Paquets de chutes neuves – – 300

Ferrailles broyées E40 Ferrailles broyées 250 20 –

E46 Incinérée-broyée 500 70 –

Tournures mélangées E5H Tournures mélangées Analyse réelle – –

E5M Tournures mélangées 400 30 1 000

Ferrailles à hauts résiduels EHRB Ronds à béton 450 30 350

EHRM Pièces mécaniques 400 30 1 000

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M 7 063 – 2 est strictement interdite. – © Editions T.I.

46
Sidérurgie des métaux ferreux
(Réf. Internet 42368)

1– Généralités

2– Matières premières de la sidérurgie


3
3– Ensembles sidérurgiques Réf. Internet page

Ensembles sidérurgiques. Présentation M7080 49

Lignes continues de production en sidérurgie M7085 51

Grandes usines sidérurgiques intégrées classiques M7090 55

Mini-usines basées sur la fonte et la réduction directe M7110 61

Mini-usines M7130 67

Gestion de l'énergie M7140 73

Ensembles sidérurgiques. Protection de l'environnement. Stratégie M7150 77

Protection de l'environnement  : Technologie M7151 79

Application de l'inventaire du cycle de vie en sidérurgie M7160 85

4– Données thermiques et thermodynamiques

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47
3

48
Référence Internet
M7080

Ensembles sidérurgiques
Présentation
par Jacques ASTIER
Ingénieur-conseil
Ancien Directeur à l’Institut de recherche de la sidérurgie française (IRSID)

1. Marché des produits et types d’usines ....................................... M 7 080v2 – 2


2. Filières courtes d’élaboration de l’acier .................................... — 2
3. Possibilités de coupure dans la filière sidérurgique................ — 3

3
3.1 Alimentation en métaux primaires .................................................... — 4
3.2 Fourniture de demi-produits .............................................................. — 4
4. Comparaison des diverses filières............................................... — 4
4.1 Aspects économiques ........................................................................ — 5
4.2 Impact sur l’environnement ............................................................... — 5
4.3 Aspects géographiques ...................................................................... — 5
4.3.1 Évolution des vieux pays industriels ...................................... — 6
4.3.2 Évolution des « BRICs »........................................................... — 6
4.3.3 Évolution des autres régions en développement ................... — 8
5. Conclusions...................................................................................... — 8
Pour en savoir plus ................................................................................ Doc. M 7 080

C ette rubrique, constituée des sept articles suivants, est consacrée :


– à la description des trois types principaux d’usines sidérurgiques, c’est-à-dire :
– les usines intégrées classiques [M 7 090],
– les mini-usines [M 7 130],
– les mini-usines intégrées [M 7 110] ; en quelque sorte, entre les deux précé-
dentes ;
– aux considérations générales les plus importantes s’appliquant à tous les
types d’usines sidérurgiques, c’est-à-dire celles qui concernent :
– la création de lignes continues de production en sidérurgie [M 7 085],
– la Gestion de l’énergie [M 7 140],
– et la Protection de l’environnement [M 7 150] et [M 7 151],
– en rappelant l’Evolution des prix des matières premières et les conséquen-
ces possibles de leur évolution [M 7 030].
La considération du schéma général de la production de l’acier amène à qua-
tre remarques principales :
– tout d’abord, l’importance du marché des divers produits sidérurgiques, ce
qui paraı̂t évident mais n’a pas toujours, loin de là, été bien compris et mis en
œuvre dans la conception et l’évolution des entreprises sidérurgiques ;
– ensuite, les possibilités de filières courtes qui montrent les principales
variantes que l’on peut envisager ;
– puis, en insistant sur ces possibilités, les opportunités de coupures dans la
filière d’élaboration de l’acier qui s’offrent, de plus en plus, dans la conception
ou l’expansion des unités sidérurgiques à l’importance des aspects économi-
ques, c’est-à-dire des coûts ;
– enfin, de donner des éléments de comparaison entre ces diverses filières
pour essayer de prévoir, autant que faire se peut, l’évolution probable de ces
« routes » en notant, à la fois, l’importance des aspects économiques, c’est-à-
Parution : septembre 2009

dire des coûts, mais aussi des aspects liés à la protection de l’environnement.
Ces quatre points constitueront les quatre parties du présent article.

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49
Référence Internet
M7080

ENSEMBLES SIDÉRURGIQUES ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

1. Marché des produits l’article [13]) et conduit à se poser des questions sur l’évolution
des divers types d’usines sidérurgiques. On devine aisément que :
et types d’usines – les usines intégrées classiques sont en position défensive mais,
si peu de projets nouveaux de tels ensembles verront probable-
ment le jour dans les « vieux pays industriels », la modernisation
Rappelons que l’évolution des procédés et des filières sidérurgi- des unités les plus efficientes devrait leur assurer un avenir ; par
ques s’est faite, depuis le XIXe jusqu’au milieu du XXe siècle : ailleurs, dans les pays émergents, le meilleur exemple étant la
Chine, il y a un développement important de ce type d’usines ;
– d’abord, vers un schéma unique d’élaboration de l’acier basé
– les mini-usines sont en position offensive, mais leur développe-
sur deux étapes bien distinctes :
ment risque d’être freiné par les problèmes de qualité des produits
– l’élaboration d’un métal primaire, essentiellement, la fonte, qu’elles peuvent élaborer en raison des teneurs des ferrailles et,
mais à laquelle il faut ajouter la collecte ou le recyclage des ferrail- encore plus, de leur hétérogénéité ;
les [11], ainsi que la production des minerais réduits (ou réduction – de ce fait, la combinaison de la notion de mini-usine avec l’em-
directe [12]), ploi des « substituts » (c’est-à-dire les minerais de fer réduits et la
– la conversion de cette fonte (ou la fusion de métaux primaires
fonte) peut se révéler une option intéressante aussi bien sous la
froids, comme les ferrailles ou les minerais de fer réduits à l’état
forme intégrée qu’avec le choix d’un approvisionnement de
solide) en acier ;
l’extérieur (§ 3).
– ensuite, avec l’accroissement continu des capacités de produc-

3 tion de l’usine sidérurgique, dans son ensemble, et de chacun des


appareils tels que les hauts-fourneaux ou les convertisseurs à l’oxy-
gène, d’une part, les trains de laminoirs, d’autre part (voir les
tableaux 1 et 2). 2. Filières courtes
Si nous regardons la figure 1, on voit clairement qu’avec cet d’élaboration de l’acier
accroissement des capacités, les usines sidérurgiques dites « classi-
ques » vont produire des quantités de produits sidérurgiques supé-
rieures aux capacités des laminoirs (voir, à nouveau, les tableaux 1
et 2 pour les comparer au tableau 3) et, probablement, aux besoins L’examen de la figure 1 montre que, par rapport au schéma clas-
des marchés, tout au moins sur le plan local. Cela est encore ampli- sique, il est possible de simplifier et de raccourcir la filière par le
fié par la diversité croissante des produits sidérurgiques (voir biais de deux initiatives qui peuvent, d’ailleurs, être combinées.

Tableau 1 – Capacités optimales des principaux équipements de la sidérurgie. Élaboration du métal


primaire et de l’acier (1)

Capacités optimales Réduction Aciérie à Aciérie Coulée continue Coulée continue


Haut-fourneau
(Mt/an) directe* l’oxygène électrique en brames en billettes

< 0,5 **

0,5 à 1 **

1 à 2

2 à 5

* Pour les procédés les plus développés au gaz naturel et au four à cuve.
** Possibilités (discutables !) de « mini hauts-fourneaux ».
(1) Les zones bleues indiquent les domaines préférentiels de ces équipements.

Tableau 2 – Capacités optimales des principaux équipements de la sidérurgie. Trains de laminoirs (1)
Capacités optimales Train à fil Train à grosses Train à Train à tôles minces Train à tôles minces
Train à barres
(Mt/an) machine poutrelles plaques en semi-continu* en continu

< 0,5

0,5 à 1

1 à 2

2 à 5

* Ou en coulée en brames minces et laminage à la suite.


(1) Les zones bleues indiquent les domaines préférentiels de ces équipements.

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50
Référence Internet
M7085

Lignes continues de production


en sidérurgie

par Jacques ASTIER


Ingénieur-conseil
Ancien Directeur à l’Institut de Recherche de la Sidérurgie Française (IRSID)

1.
1.1
Lignes continues d’élaboration du métal..........................................
Élaboration en continu de la fonte et de l’acier ........................................
M 7 085 - 2
— 2
3
1.2 Élaboration en continu de minerai réduit et d’acier ................................. — 3
1.3 Traitement en continu des ferrailles .......................................................... — 3
1.4 Tentatives pour développer un four électrique continu ........................... — 3
1.5 Commentaires sur l’élaboration en continu d’un métal primaire
(DRI ou fonte) ou d’acier ............................................................................. — 4
2. Lignes continues de l’aciérie au produit laminé à chaud ............. — 5
2.1 Développement de la coulée continue ...................................................... — 5
2.2 Évolution de la coulée continue et des liaisons en amont (aciérie)
et en aval (laminage à chaud)..................................................................... — 5
2.3 Création d’un ensemble « aciérie-coulée-laminage » .............................. — 7
2.4 Développement des contrôles en ligne ..................................................... — 8
3. Avantages et possibilités d’une élaboration en continu
des produits sidérurgiques.................................................................... — 8
3.1 Réalisations en cours ou prévues .............................................................. — 8
3.1.1 Mini-usine continue en ferrailles....................................................... — 8
3.1.2 Usine de capacité moyenne en réduction directe............................ — 9
3.1.3 Association de lignes continues avec la production de fonte ........ — 9
3.2 Avantages attendus des usines continues ................................................ — 10
3.3 Principaux problèmes associés aux usines continues ............................. — 13
3.4 Rôle fondamental de l’opération d’aciérie ................................................ — 14
3.4.1 Affinage continu de la fonte à l’oxygène.......................................... — 14
3.4.2 Four électrique continu ...................................................................... — 14
4. Conclusion ................................................................................................. — 15
Références bibliographiques ......................................................................... — 16

D ans la plupart des industries, une tendance va vers le développement de


lignes de production aussi directes et aussi continues que possible. Le train
continu à bandes à chaud [M 7 940] développé aux États-Unis entre les deux
guerres, vers 1930, en est un bel exemple aussi bien que les développements
correspondants, en produits longs, au cas des trains à fil [M 7 965]. Citons
également, plus en aval, les liaisons entre les lignes de décapage continu, le lami-
nage à froid, le recuit continu et, même, les lignes de revêtement. Dans le domaine
de l’élaboration d’un métal primaire (fonte ou minerais réduits), de l’acier et des
produits sidérurgiques laminés à chaud, cette tendance commence à apparaître
et nous l’étudierons sous les trois aspects suivants :
— les lignes continues d’élaboration d’un métal, à l’état solide ou liquide, fonte,
Parution : septembre 2001

minerais réduits ou acier ;


— les lignes continues depuis l’aciérie jusqu’au produit sidérurgique laminé à
chaud ;

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51
Référence Internet
M7085

LIGNES CONTINUES DE PRODUCTION EN SIDÉRURGIE _________________________________________________________________________________________

— les possibilités, pour l’avenir, d’une élaboration totalement en continu de


l’acier, des matières premières au produit fini.
Néanmoins, avant d’aborder ces trois développements, nous tenons à rappe-
ler que cette notion de continuité n’est pas simple ; on en aura une idée par la
complexité des définitions.
Un procédé continu est pour nous un procédé où l’alimentation (les « inputs »)
comme les produits (les « outputs ») sont en flux continus ; cependant :
— d’une part, il y a beaucoup plus souvent une alimentation continue qu’une
sortie continue, notamment pour les métaux liquides généralement évacués en
coulées successives ;
— d’autre part, même pour des procédés dits « continus », comme les trains
continus à bandes ou la coulée continue, les opérations sont généralement
faites en séquences pour des durées limitées, par exemple le passage de
chaque brame au train à bandes.

3
Les mêmes remarques s’appliquent au transport continu, d’une opération uni-
taire à la suivante ; là encore, ce transport peut n’être continu que pendant une
certaine durée.
Dans tout le cours de cet article, nous essaierons de bien expliciter ces notions
souvent imprécises.

1. Lignes continues
d’élaboration du métal Parcs de stockage des
matières premières
Dosage
et
Circuit symétrique
pour
ferrifères et additions mélange charbon
Ces lignes continues se présentent de façons très différentes sui-
vant que l’on envisage chacune des trois filières principales, soit : Transport par
— l’élaboration, par la voie classique, de la fonte et de l’acier ; bandes à l'unité Cokerie
— la production de minerais réduits ; d'agglomération
— le traitement des ferrailles comme dans les mini-usines.
Chacun de ces cas sera donc traité séparément.
Agglomération

1.1 Élaboration en continu Transport par


bandes au gueulard
de la fonte et de l’acier du haut-fourneau

Si nous nous reportons à l’article [M 7 090] sur les Grandes


usines sidérurgiques intégrées classiques et à leur schéma techno- Haut-fourneau
logique de base (figure 1 du [M 7 090]) ainsi qu’au schéma sur la
circulation des produits (figure 4 du [M 7 090]) mais, plus particu-
lièrement, à leur évolution (figure 5 du [M 7 090]), on devine bien
que c’est un des cas où, tout au moins jusqu’au niveau de la fonte
Transport discontinu
liquide, on s’approche de plus en plus de la continuité. Depuis les Transport continu Coulée de la
parcs de stockage des matières premières ferrifères, additions Procédé discontinu fonte liquide
comprises, jusqu’à leur dosage et leur mélange pour l’aggloméra- Procédé continu
tion et, de là au gueulard du haut-fourneau, tous se fait ou peut,
pratiquement, se faire en continu par bandes transporteuses
Figure 1 – Élaboration en continu de la fonte
comme le montre notre figure 1 [1].
On imagine bien les nombreux avantages qui poussent à la
généralisation d’un tel schéma :
— par suite du principe même de ces grandes usines intégrées,
— un meilleur contrôle des quantités et des qualités ; il faut un second circuit, moins continu, pour le transport du charbon
— une diminution des besoins en personnel et la centralisation et l’élaboration du coke ; notons que, avec le développement des
des contrôles à distance de toute la chaîne de production ; injections aux tuyères des hauts-fourneaux (qui sont faites en
— une plus grande compacité des installations et la diminution continu...), le rôle du circuit charbon et coke devient relativement
de l’impact sur l’environnement. moins important ;
Malheureusement, cette chaîne de production présente deux dif- — mais il y a plus grave en ce sens que, au-delà du haut-fourneau,
ficultés principales : il devient difficile de réaliser une alimentation en continu de l’aciérie ;

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1.2 Élaboration en continu


de minerai réduit et d’acier
Parcs de stockage des Dosage
matières premières et Dans de tels schémas (figure 2), on est très près, à la fois, de
ferrifères et additions mélange procédés continus et de transports en continu :
— à la réduction directe, en effet, les principaux procédés, MIDREX
Transport par
et HYL, basés sur le gaz naturel, sont continus ;
bandes à l'unité — les transports de minerais calibrés ou de boulettes en amont
de réduction directe (depuis les parcs de stockage jusqu’à l’unité de réduction) et ceux
des produits réduits (DRI ou HBI, en aval de la réduction, jusqu’au
four électrique), peuvent se faire en continu, par bandes trans-
porteuses. C’est ce que montre une disposition classique comme
Réduction directe celle de la figure 3 [2].
Le principal problème est donc ici le four électrique qui, s’il peut
être de plus en plus chargé en continu, n’est pas en général un réac-
Transport par
bandes à l'aciérie
teur à marche continue ; comme pour le convertisseur à l’oxygène,
il fonctionne par coulées successives et nous reviendrons plus en

Aciérie électrique
détail sur ce problème dans le paragraphe 3.4.2 de cet article.
3
1.3 Traitement en continu des ferrailles
Nous trouvons le schéma classique des mini-usines (dans
Transport discontinu l’article [M 7 130] et sur la figure 4) et, comme au paragraphe 1.2,
Transport continu Coulée on peut constater que le problème essentiel est, encore une fois,
Procédé discontinu de l'acier constitué par le four électrique bien que le chargement continu des
Procédé continu ferrailles ait été réalisé sur le plan industriel comme le montre
l’exemple de l’usine de METALESCAUT (figure 5) avec le procédé
dit DC3 c’est-à-dire :
Figure 2 – Principe de l’élaboration en continu de l’acier — Direct Current (courant continu) Continuous Charging (char-
au four électrique à partir de minerais réduits gement continu) ;
— avec l’emploi d’une proportion importante de ferrailles broyées
(catégorie dite 33).

notons que cette difficulté est amplifiée par les accroissements de


production de ces usines ; quand on a, en effet des productions de 1.4 Tentatives pour développer
3,5 à 7 Mt de fonte par an (possible avec 1 ou 2 hauts-fourneaux) un four électrique continu
soit environ 10 000 à 20 000 t/jour, c’est 400 à 800 t/heure qu’il faut
transporter depuis les planchers de coulée des hauts-fourneaux Depuis longtemps, des efforts ont été faits pour développer, de
jusqu’à l’aciérie. deux façons différentes, un four électrique à marche continue.

Distributeur
vertical
réversible
BT BT
n° 2 n° 3 BT
n° 4 BT
Pesée sur bande n° 5

6 trémies
Élévateur à godets

Trémie journalières
d'une capacité
de 6000 t
Dosage et pesée
sur bande
Distributeur
vibrant

Four Four
électrique électrique
n° 2 n° 1

Bande transporteuse Bande transporteuse


venant des unités de
BT n° 1 Figure 3 – Chargement continu classique par
réduction directe
bandes de DRI (minerais de fer réduits) au four
électrique, d’après [2]

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Parcs de stockage Dosage


des ferrailles et
et additions mélange

Transport
à l'aciérie

Aciérie électrique

Transport discontinu

3
Transport continu Coulée Figure 6 – Chargement en continu de ferrailles au four électrique
Procédé discontinu de l'acier du procédé Consteel

Figure 4 – Principe de l’élaboration en continu de l’acier


au four électrique à partir des ferrailles
Réacteur de
réduction
directe

Minerai réduit
(DRI) chaud

Panier
48 t Échantillonnage
Alimentation par
Charge Four à arc
wagon ou camion Chute
Débit 140 t/h totale
90t
42 t
Refroidissement
Minerai réduit externe
Trémie Four
électrique (DRI) froid

Figure 5 – Chargement en continu au four électrique de ferrailles


classées à Metalescaut, d’après [3]
Figure 7 – Chargement en continu de minerais réduits chauds
au four électrique par le procédé Hytemp, d’après [5]

La première et la plus facile est de charger ce four en continu,


par exemple par bandes, ce qui est assez facile tout au moins si 1.5 Commentaires sur l’élaboration
l’on a des ferrailles classées et de petites dimensions ; c’est ce qui
a été fait à l’usine de Metalescaut de LME (laminés marchands en continu d’un métal primaire
européens) à Trith-Saint-Léger, près de Valenciennes, et ce qui est (DRI ou fonte) ou d’acier
déjà largement utilisé dans le cas de l’utilisation des minerais
réduits, DRI ou HBI. On peut, même aller plus loin avec : Cet examen montre clairement que l’on est, à peu près, arrivé à
— un chargement continu de ferrailles préchauffées avec toute concevoir et à réaliser, dans ce domaine des circuits continus
une série de nouveaux procédés parmi lesquels on peut citer à titre depuis les parcs et la réception des minerais de fer jusqu’à :
d’exemple, le procédé Consteel (figure 6) [4] ; — la production de la fonte, d’une part ;
— les procédés de chargement continu de minerais réduits chauds — la réduction directe (élaboration de minerais réduits ou DRI/HBI)
comme dans le procédé Hytemp développé par le groupe Hylsa à et même, que ce soit à partir de ces minerais de fer réduits ou des
son usine de Monterrey (Mexique) (figure 7) [5] ou la proposition ferrailles, la production de l’acier au four électrique, d’autre part.
analogue de MIDREX avec le procédé Hotlink (figure 8) [6]. Avant d’examiner ce qui se développe en aval de l’aciérie, nous
La seconde orientation consiste à couler en continu l’acier devons noter que les problèmes, qui se posent en amont, sont :
liquide élaboré dans ce four ; c’est beaucoup plus difficile et, de — d’une part, dans le schéma classique des usines sidérurgiques
plus, pas toujours recherché par les aciéristes qui préfèrent sou- intégrées, le lien entre la production de la fonte et l’aciérie à
vent élaborer des coulées successives différentes en fonction des l’oxygène ;
diverses commandes qui leur arrivent. Quoi qu’il en soit, diverses — d’autre part, à l’aciérie (qu’elle soit à l’oxygène ou électrique),
solutions ont été proposées et, comme indiqué au paragraphe 1.2, la conception d’un réacteur continu, surtout pour la coulée de l’acier
nous y reviendrons plus en détail dans le paragraphe 3. et le lien avec la métallurgie secondaire et la coulée continue.

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Grandes usines sidérurgiques


intégrées classiques
par Jacques ASTIER
Ingénieur-conseil
Ancien Directeur à l’Institut de recherches de la sidérurgie française (IRSID)

1. Contexte et évolution .................................................................... M 7 090v2 – 3


1.1 Développement des usines sidérurgiques ........................................ — 3
1.2 Évolution mondiale ............................................................................ — 4

3
1.3 Divers types d’usines intégrées classiques ....................................... — 4
2. Description de l’usine intégrée moderne................................... — 6
2.1 Définition et répartition mondiale ..................................................... — 6
2.2 Implantation ....................................................................................... — 6
2.3 Schéma métallurgique et bilan des matières .................................... — 9
2.4 Bilan de l’énergie ............................................................................... — 9
3. Aspects économiques .................................................................... — 12
3.1 Le personel ......................................................................................... — 12
3.2 Frais de fabrication............................................................................. — 13
3.2.1 Variantes................................................................................... — 15
3.2.2 Influences locales .................................................................... — 15
3.3 Investissements .................................................................................. — 15
3.4 Compétitivité des grandes usines intégrées ..................................... — 15
4. Impact des usines sidérurgiques intégrées
sur l’environnement ....................................................................... — 16
4.1 Impact sur l’environnement d’une usine intégrée ............................ — 16
4.2 Principales sources de pollution des usines intégrées ..................... — 18
4.3 Possibilités d’améliorations de l’environnement des usines
intégrées ............................................................................................. — 18
5. Perspectives d’avenir ..................................................................... — 20
5.1 Position défensive des usines intégrées classiques ......................... — 21
5.2 Position offensive des usines intégrées classiques dans les pays
émergents ........................................................................................... — 21
5.3 Avantages des usines intégrées classiques ...................................... — 21
5.4 Causes du déclin des usines intégrées.............................................. — 21
5.5 Possibilités d’évolution des usines intégrées ................................... — 22
6. Conclusions...................................................................................... — 23
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. M 7 090v2

a quasi-totalité de la production mondiale d’acier a été faite, depuis la fin du


L XIXe siècle jusqu’au milieu du XXe siècle, dans des usines intégrées qui ont
crû tant en nombre qu’en capacité de production unitaire. Ces usines sidérurgi-
ques sont pratiquement toujours basées sur la production de fonte à partir des
minerais de fer, au haut-fourneau, et, depuis une quarantaine d’années, la
conversion à l’oxygène de cette fonte en acier.
Actuellement, on assiste à la concurrence avec l’autre filière de production de
l’acier basée sur la fusion des ferrailles (avec, souvent l’emploi de fonte et, de
plus en plus, des minerais de fer directement réduits, les « DRI ») au four élec-
trique à arc. C’est la base de ce que l’on appelle les « mini usines » (voir les
articles [M 7 110] et [M 7 130]).
Les usines intégrées, qui font l’objet de cet article, élaborent les deux tiers de
Parution : décembre 2009

la production mondiale d’acier. Ces usines, après une évolution vers le gigan-
tisme et la construction d’ensemble de 15, voire 20 Mt/an d’acier (tendance qui

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se perpétue en Asie), tendent dans les « vieux pays industriels » à se restructu-


rer vers des entreprises plus compactes dans la zone de 2 à 10 Mt/an. De fait, les
185 usines recensées dans cette étude, pour le monde entier, ont produit, en
2007 (année record, avec 2008, pour la sidérurgie mondiale) 933 Mt (en incluant
les quelques usines encore basées sur les fours Martin qui représentaient
33 Mt), soit en moyenne environ 5 Mt/an et par entreprise.
Les besoins en énergie ont été beaucoup diminué depuis une trentaine d’an-
nées et se situent, maintenant aux environs de 24 GJ/t d’acier (en brut et sans
ferrailles). Ces besoins sont essentiellement couverts par le charbon. Mais, si le
niveau des prix s’y prête, ce charbon peut être en partie remplacé par du gaz
naturel ou du fioul, ce qui peut abaisser les besoins nets aux environs de
17 GJ/t, voire encore moins avec les additions de ferrailles.
Quoi qu’il en soit, de telles usines dégagent environ 8 GJ/t d’acier laminé à
chaud de gaz résiduaires qui peuvent, par exemple, servir à produire de l’éner-
gie électrique non seulement pour les besoins de l’entreprise, mais aussi pour

3
la vente à l’extérieur si cela est rentable dans le contexte local.
Un autre très gros effort a été fait pour améliorer la rentabilité de ces entre-
prises en diminuant les besoins en main-d’œuvre ce qui permet, maintenant,
d’arriver à :
– moins de 1,5 h/t d’acier laminé à chaud, en visant 1 h/t ;
– soit plus de 1 000 t, voire 1 500 t d’acier (toujours laminé à chaud) par per-
sonne et par an.
Cela devrait permettre de produire actuellement (mi 2009) des bobines à
chaud avec des frais de fabrication (cash costs) de l’ordre de 350 à 400 dollars
américains par tonne. Probablement un peu plus dans les « vieux pays indus-
triels ». Mais, ce niveau de prix de revient peut s’abaisser sensiblement dans les
régions en développement où, en dehors des faibles coûts de la main d’œuvre,
on pourra trouver des approvisionnements en minerais de fer et en charbons à
des prix inférieurs. Ces valeurs augmentent beaucoup quand on tient compte
des amortissements et des retours sur les investissements, très lourds pour de
telles entreprises.
Comme pour l’énergie et la main-d’œuvre, de gros efforts sont faits pour
diminuer l’impact sur l’environnement de telles usines.
Pour tous ces aspects, environnement, investissements, personnel et énergie,
une des voies d’avenir est la simplification avec la mise en continu des diverses
unités de ces usines :
– en reportant à l’extérieur certaines activités (agglomération des minerais de
fer, cokerie…) ;
– en sous-traitant d’autres activités, comme les travaux d’entretien.
L’autre voie envisagée pour l’avenir est de remplacer le haut fourneau par l’un
des nouveaux procédés d’élaboration de fonte comme Corex (voir l’expansion
de Bao Steel en Chine), ou Finex (voir l’expansion de Posco à Pohang en Corée
et ses projets en Asie) ou, encore, d’éventuelles autres voies…
Si l’on poussait ces raisonnements à la limite, on pourrait envisager d’acheter
à l’extérieur le métal primaire (la fonte ou tout autre DRI, c’est-à-dire un minerai
de fer métallisé) et l’on retrouverait le schéma des mini-usines…

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1. Contexte et évolution & La production mondiale d’acier a alors pu croı̂tre, selon ce


schéma, comme il est indiqué sur la figure 2 surtout depuis 1950.
Les seules modifications furent :
– le remplacement de ces divers types d’aciéries par les conver-
Avant d’examiner en détail ce que sont, et comment évoluent, les tisseurs à l’oxygène ;
« usines sidérurgiques classiques », généralement de grande pro- – les développements dans la préparation des matières premiè-
duction (plusieurs millions de tonnes d’acier par an), il nous paraı̂t res (minerais de fer et charbons) ;
utile successivement : – l’apparition, puis la généralisation, de la coulée continue de
– d’expliquer comment et pourquoi ces usines classiques se sont l’acier.
développées ;
& Quant aux capacités de production, il y eut une croissance conti-
– de décrire leur évolution relative dans les diverses parties du
monde ; nue en général, rapide de 1950 à 1974, mais plus lente et avec
d’importantes fluctuations pour la période récente (disons depuis
– de signaler, avant d’y revenir plus en détail dans la dernière
1974) avec deux méthodes successives :
partie de cette étude (à propos des perspectives d’avenir), les
divers types d’usines intégrées qui existent actuellement dans le – tout d’abord, l’augmentation du nombre des unités avec, par
monde. exemple, des usines équipées d’une « batterie » de 10 à 12 hauts-
fourneaux, sans parler du projet de l’usine de Watenstedt (Alle-
magne) qui prévoyait, au début de la dernière guerre, 4 batteries

3
1.1 Développement des usines de 8 hauts-fourneaux chacune et toute une série d’aciéries, Thomas
sidérurgiques et Martin, suivies, après les installations de coulée, de nombreux
trains de laminoirs ;
Depuis les débuts de la sidérurgie, au sens de l’industrie de pro- – mais, ensuite, l’augmentation de la taille et de la production
duction de l’acier c’est-à-dire vers 1870/1880 (après les « âges du unitaire des principales unités, notamment des hauts-fourneaux,
fer », puis « de la fonte »), les usines sidérurgiques ont été basées mais, encore plus des convertisseurs à l’oxygène qui remplaçaient
sur un schéma unique et simple (figure 1) où : les aciéries Martin et Thomas.
– la fonte est produite dans des hauts-fourneaux (depuis le Ces évolutions successives ont permis, depuis le début du siècle,
XVIIe siècle et à l’origine de l’âge de la fonte) qui se perfectionnent d’accroı̂tre rapidement la production mondiale d’acier, comme le
régulièrement ; montre bien la figure 2, avec les premières usines d’une capacité
– cette fonte est transformée en acier par les nouveaux procédés atteignant, puis dépassant, 1 Mt d’acier par an pour atteindre des
Martin (inventé en 1878) et les convertisseurs Bessemer, puis Tho- ensembles atteignant les 20 Mt par an.
mas (1887).
Années Monde (Mt) Années Monde (Mt) Années Monde (Mt)
Minerais de fer Charbons 1970 595 1997 799 2003 970
1975 644 1998 777 2004 1 069
1980 717 1999 789 2005 1 147
1985 719 2000 848 2006 1 251
Préparation 1990 770 2001 850 2007 1 351
Cokéfaction 1995 752 2002 904 2008 1 327
(agglomération sur grille)
1996 750
Production mondiale (Mt/an)

1 400

Haut-fourneau

1 200

Fonte

1 000
Aciérie à l'oxygène
Métallurgie secondaire
800

Acier liquide

600
Coulée (continue) Taux de croissance

Années Monde
400 (% par an)
Demi-produits (brames, blooms, billettes) 1970-75 1,6
1975-80 2,2
1980-85 0,1
1985-90 1,4
200 1990-95 -0,5
1995-00 2,4
Laminage 1900-05 6,2
2005-08 5,6

0
Produits sidérurgiques 1950 1960 1970 1980 1990 2000
Années
laminés à chaud
Figure 2 – Croissance mondiale de la production d’acier de 1950
Figure 1 – Schéma technologique de base des usines intégrées à 2008

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Rappelons que, à cette époque, il n’y avait pratiquement pas On aura une idée plus précise de ces développements par le
d’autres routes ou filières pour produire l’acier, sauf les fours tableau 1 où l’on a reporté, à la fois, les usines basées sur les acié-
Martin ou fours électriques à arc basés sur les ferrailles pour ries Martin (qui, comme l’on sait, sont en voie de disparition) et
produire, en petites quantités, des aciers spéciaux. celles basées sur les aciéries à l’oxygène. On y constate le phéno-
mène le plus important, c’est-à-dire simultanément :
– la croissance de la production mondiale de ce type d’usines ;
1.2 Évolution mondiale – mais, aussi, une diminution de la part prise, en proportion, par
& L’évolution que nous venons d’évoquer a été spécialement ces usines qui représentent, néanmoins, les 2/3 de la production
mondiale d’acier.
rapide, au début du XXe siècle, aux États-Unis d’Amérique et en
Europe, en particulier en Allemagne. Entre les deux guerres, on a
eu une poursuite de cette croissance avec des ralentissements à la & Pour mieux comprendre cette évolution, il est utile de séparer les
suite de la crise économique de 1929, toujours en Europe et aux « vieux pays industriels » (c’est-à-dire les États-Unis, le Canada,
États-Unis. l’Europe, la CEI, le Japon et l’Australie, d’une part, les autres parties
du monde, d’autre part. C’est-à-dire les régions en développement
On aura une idée générale de cette évolution en consultant le
tableau 1. de l’Amérique latine, l’Afrique et l’Asie, comme le montrent les
tableaux 2 et 3. On y voit très clairement :
– tout d’abord, la décroissance de ce type d’usines dans les

3
Remarque « vieux pays industriels » et, plus spécialement en Amérique du
Au moment de la rédaction de cet article, on prévoyait envi- nord ;
ron 1 150 Mt en 2009. – mais, ensuite, leur croissance dans les régions en développe-
ment, notamment en Amérique latine et, surtout, en Asie, où elle
& Le développement de ces grandes usines classiques a été spé- devient impressionnante en Chine !
cialement important aux États-Unis pendant la dernière guerre et il
a été suivi par les reconstructions en Europe, tant de l’Ouest que de
l’Est. C’est probablement en URSS que ce développement a été le
plus spectaculaire. C’est à cette époque que l’on a dépassé les 1.3 Divers types d’usines intégrées
10 Mt/an pour une usine sidérurgique et que l’on s’est approché classiques
des 20 Mt/an !
Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que ces grandes L’évolution, que nous venons de rappeler, a conduit, pour ces
usines intégrées ont commencé à se répandre dans ce qu’on a usines intégrées classiques (c’est-à-dire en dehors des usines
appelé le « tiers-monde », c’est-à-dire essentiellement, l’Amérique moins « classiques », qui font l’objet de l’article [15], et des mini-
latine et l’Asie, en plus du Japon qui avait démarré plus tôt. usines, traitées dans [16]), à une coupure entre trois catégories.

Tableau 1 – Évolution mondiale de la production des usines intégrées classiques


Production Usines intégrées basées sur l’aciérie Usines intégrées basées sur l’aciérie
Total
mondiale à l’oxygène Martin
Année
d’acier
(en Mt) (en Mt) (en %) (en Mt) (en %) (en Mt) (en %)

1970 595 233 39 224 38 457 77

1974 704 352 50 215 30 567 80

1980 716 383 54 169 24 552 77

1990 770 424 56 117 16 541 71

2000 848 523 62 37 4 560 66

2001 850 529 62 35 4 564 66

2002 904 565 62 33 4 598 66

2003 970 611 63 33 3 644 66

2004 1 069 675 63 34 3 708 66

2005 1 147 747 65 32 3 780 68

2006 1 251 820 66 33 3 852 69

2007 1 351 896 66 34 2 930 69

2008 1 327 892 67 29 2 921 69

Remarque : au moment de la rédaction de cet article, on prévoyait environ 1150 Mt en 2009

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& Grandes usines


Tableau 2 – Évolution de la production des usines
Elles sont définies par une capacité de production d’acier de plus
intégrées classiques dans les « vieux pays industriels » de 3 Mt/an ; cette valeur n’est, bien sûr, qu’un ordre de grandeur et
(en Mt) elle résulte de deux types d’évolution opposés :
– les très grandes usines telles que celles des États-Unis, les gros
Amérique du CEI (ex « combinats soviétiques » et les plus grandes usines japonaises ont
Année Europe Japon Total**
nord* URSS) subi une simplification et une concentration de leur production sur
les unités les plus modernes et les plus rentables : c’est le down-
1970 111 141 104 78 436 sizing bien connu, c’est-à-dire la concentration de la production
sur les unités les plus rentables. Tout à l’opposé, la Corée (ROK,
1974 117 182 122 96 524
c’est-à-dire la Corée du sud) avec Posco, Taiwan mais, surtout la
1980 85 169 131 84 475 Chine, continuent à développer de très grandes usines dépassant
les 10 Mt/an ;
1990 64 150 134 76 430 – les usines les plus récentes qui, influencées par la philosophie
des mini-usines, sont centrées sur un seul produit, en général les
2000 64 128 86 76 360 bobines laminées à chaud (avec, souvent, les installations, en
aval, de laminage à froid et de revêtement) et le nombre minimal
2001 56 122 87 74 345

3
d’unités en amont : en général 2 hauts-fourneaux et 2 ou 3 conver-
tisseurs à l’oxygène. Ce qui conduit à des capacités de production,
2002 55 123 89 79 352 suivant la taille des ces unités, entre 5 et 8 Mt d’acier par an et,
comme nous venons de l’indiquer, même plus en Asie. Cela sera
2003 55 127 92 81 361 l’objet principal de la présente étude.
2004 57 132 96 83 375
& Usines de tailles moyennes
2005 52 128 95 84 366 D’une capacité de production de 1 à 3 Mt/an, elles résultent, là
aussi, des deux phénomènes précédents mais avec des unités
2006 52 132 98 86 375
plus petites et, également, de l’arrêt de la croissance d’usines pré-
2007 49 133 100 89 378 vues à l’origine pour des capacités bien plus importantes.

2008 48 123 90 89 357 & Petites usines intégrées classiques

* États-Unis et Canada Elles sont toujours basées sur le schéma de la figure 1, mais de
** Y compris l’Australie et la Nouvelle Zélande capacités inférieures à 1 Mt/an ; c’est un cas plus rare, en général
limité aux pays en développement.

Tableau 3 – Évolution de la production des usines intégrées classiques


dans les régions en développement (en Mt)

Asie
Année Amérique latine Moyen-Orient Afrique Total
Total sauf Japon dont Chine

1970 … 14 9 … … 30

1974 30 23 12 … 5 47

1980 48 30 18 0,5 9 75

1990 78 41 23 1 8 110

2000 160 107 31 2 7 200

2001 180 127 30 2 7 219

2002 206 152 31 2 7 246

2003 240 183 33 2 7 282

2004 290 233 34 2 7 333

2005 372 313 33 2 8 415

2006 436 377 32 2 8 478

2007 500 440 35 2 6 543

2008 519 455 35 2 6 562

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Mini-usines basées sur la fonte


et la réduction directe
par Jacques ASTIER
Ingénieur-conseil
Ancien Directeur à l’Institut de recherche de la sidérurgie française (IRSID)

1. Troisième type d’usines sidérurgiques ....................................... M 7 110v2 – 2


2. Intégration réduction directe/aciérie électrique ...................... — 2
2.1 Description et principaux exemples .................................................. — 2

3
2.2 Bilan des matières et de l’énergie ..................................................... — 5
2.3 Besoins en personnel et niveau de production................................. — 6
2.4 Aspects économiques ........................................................................ — 7
2.5 Impact sur l’environnement ............................................................... — 8
2.6 Perspectives........................................................................................ — 8
3. Intégration production de fonte/aciérie électrique ................. — 10
3.1 Description.......................................................................................... — 11
3.2 Bilan des matières et de l’énergie ..................................................... — 11
3.3 Personnel et production ..................................................................... — 12
3.4 Aspects économiques ........................................................................ — 13
3.5 Impact sur l’environnement ............................................................... — 13
3.6 Perspectives........................................................................................ — 13
4. Production de fonte, réduction directe et aciérie électrique — 13
4.1 Combinaison haut-fourneau/réduction directe ................................. — 14
4.2 Combinaison Corex/réduction directe ............................................... — 15
5. Conclusions...................................................................................... — 15
5.1 Situation des diverses filières d’élaboration de l’acier..................... — 15
5.2 Possibilités de chaque filière ............................................................. — 17
5.3 Investissements .................................................................................. — 17
5.4 Matières premières et énergie ........................................................... — 17
5.5 Frais de fabrication et coût des produits sidérurgiques ................... — 18
5.6 Impact sur l’environnement ............................................................... — 20
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. M 7 110

O n voit ici apparaı̂tre l’intérêt de s’éloigner de l’alimentation exclusive en


ferrailles et d’utiliser un métal primaire produit à partir des minerais de
fer. C’est là que l’on trouve les différences entre :
– la mini-usine classique qui achète à l’extérieur de tels métaux primaires,
DRI/HBI produits par les procédés de réduction directe ou fonte solide en gueu-
ses ou granulée (c’est le cas de toute une série de mini usines des États-Unis) ;
– la mini-usine qui va s’intégrer avec ces unités de réduction directe ou de
production de fonte.
Pour traiter ce sujet, c’est-à-dire ces nouvelles usines intégrées, basées sur le
four électrique, nous le diviserons en trois chapitres consacrés, respectivement,
aux usines :
– intégrant une installation de réduction directe pour alimenter le four élec-
trique ;
– qui réalisent leur intégration avec des unités de production de fonte liquide ;

– qui associent ces deux types de procédés d’élaboration d’un métal primaire,
DRI et fonte.
Le lecteur pourra se reporter, avec intérêt, au dossier paru précédem-
ment, [M 7 090v2], consacré aux grandes usines intégrées classiques.
Parution : mars 2010

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MINI-USINES BASÉES SUR LA FONTE ET LA RÉDUCTION DIRECTE ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

1. Troisième type d’usines LES TROIS SCHÉMAS D'INTÉGRATION DES MINI-USINES


sidérurgiques
Réduction Combinaison Réduction/fusion
directe (RD) métal solide (RF)
Production de et métal Production de
On sait que la sidérurgie mondiale se répartit essentiellement métal solide liquide métal liquide
entre : (DRI/HBI) (fonte)
– les grandes usines intégrées classiques (l’objet de l’article
[M 7 090v2] ;
– et les mini-usines qui se développent rapidement dans le
monde et font l’objet de l’article [M 7 130] (se reporter au Pour en ACIÉRIE ÉLECTRIQUE
savoir plus).
On notera que, sous la dénomination de « usines intégrées clas-
siques », on a groupé toutes les usines basées sur la conversion de Figure 1 – Les trois schémas d’intégration des mini-usines
la fonte par le convertisseur à l’oxygène. Cela comprend, donc, non
seulement celles qui produisent la fonte au haut fourneau (ce qui (minerai classé ou « lumps ») ou de boulettes. C’est ce qu’on

3
en constitue, comme l’on sait, l’essentiel), mais aussi celles qui éla- appelle, d’après le terme anglais, des DRI (Direct Reduced Iron) ;
borent cette fonte par d’autres procédés, qu’ils soient en opérations – les mêmes minerais de fer réduits, mais briquetés à chaud juste
industrielles comme COREX, ou en cours de développement sur le après leur réduction, ce sont les HBI (Hot Briqueted Iron).
plan industriel comme FINEX, ou même, au stade des recherches.
De son côté, l’article sur les « mini-usines » montrait bien la cou- Notons, tout de suite, que la production mondiale de minerais
pure avec les usines intégrées, mais il soulignait aussi les problè- réduits (c’est-à-dire toutes les catégories antérieures) continue
mes soulevés par ce type d’usines « non intégrées ». De fait, la de croı̂tre et a atteint plus de 68 Mt en 2008. Elle pourrait
croissance de ces mini-usines peut être freinée ou, tout au moins, même s’approcher, voire dépasser, les 100 Mt d’ici quelques
modifiée par deux facteurs importants liés aux disponibilités en fer- années.
railles ou, parfois, en énergie électrique. Ces problèmes peuvent Ajoutons que la plus grande partie de cette production est
apparaı̂tre sous deux aspects : « captive », précisément intégrée avec une aciérie électrique
– la qualité des produits sidérurgiques, et leurs liens avec la qua- appartenant à la même entreprise.
lité de la charge du four électrique et, notamment des ferrailles.
Pour la plupart des produits sidérurgiques, un four électrique ali- On peut, donc, estimer que, toujours en 2008, ces quelques
menté en ferrailles suffira à assurer les qualités nécessaires. Néan- 68 Mt de minerais de fer réduits (en grande partie des DRI) ont été
moins, pour toute une série de produits sidérurgiques de haute utilisés en aciérie électrique pour produire environ 60 Mt d’acier
pureté, la filière basée sur le four électrique (celle des mini-usines) par cette filière et, même, probablement plus, car il y a presque
devra trouver d’autres matières premières c’est-à-dire acheter des toujours dans ces aciéries électriques des additions de ferrailles
minerais de fer réduits (DRI/HBI) ou de la fonte, ce qu’on appelle aux DRI.
souvent les « substituts » des ferrailles ;
– de la quantité ou, ce qui revient au même, des prix des ferrail-
les. C’est, comme on pouvait le penser, surtout le cas des régions 2.1 Description et principaux exemples
en développement où ce problème de disponibilités en ferrailles se
pose, et il est souvent aggravé par les problèmes, symétriques, En examinant les progrès de la réduction directe dans le monde
d’alimentation en énergie électrique. [M 7 580], on voit qu’il y a beaucoup d’usines « intégrées » basées
sur ce schéma. Elles diffèrent suivant, d’une part, le procédé de
réduction directe utilisé et, d’autre part, le type d’aciérie électrique.
De plus, on trouve des schémas, ou des procédés, différents pour la
2. Intégration réduction coulée et le laminage.

directe/aciérie électrique & C’est pourquoi, pour donner une idée de la diversité de toutes
ces usines, nous les avons classées, tout au moins pour les plus
importantes d’entre elles, d’après les types de produits sidérurgi-
ques qu’elles élaborent (tableaux 1, 2, 3, 4, 5 et 6), c’est-à-dire :
Pour les motifs mentionnés précédemment, à côté de l’utilisation – les usines à produits longs et, en général, légers (barres, fils,
que l’on peut considérer comme « classique » des ferrailles locales petits profilés…) basées sur la réduction au gaz naturel (tableau 1).
ou des possibilités d’importation de ferrailles (ou de « substituts »), Ce sont, en général, les plus anciennes et elles continuent de se
on peut, en mini-usine, surtout si la capacité de production devient développer en représentant, au total, une importante capacité sur
importante, intégrer cette mini-usine avec une installation de le plan mondial ;
réduction directe, c’est-à-dire utiliser la première solution, à gauche – les usines analogues mais basées, cette fois, sur le charbon
sur la figure 1. C’est d’ailleurs la solution la plus simple, celle où (tableau 2). Ici, il faut noter qu’elles sont concentrées en Inde,
l’on remplace les ferrailles par des « substituts » produits sur place. avec quelques rares unités ailleurs, surtout en Afrique du sud.
Cette intégration est une conclusion logique. Mais, soulignons-le, Pour l’Inde, les dernières statistiques de Midrex [1] donnent une
non nécessaire de l’emploi des minerais de fer réduits (les produits liste de quelques 70 unités de fours tournants, en signalant qu’il y
de la réduction directe) en aciérie électrique. en aurait, au total, plusieurs centaines ayant produit presque 15 Mt
en 2008, avec une capacité totale de près de 20 Mt de DRI. Ajoutons
Rappelons que, sous ce terme de « minerais réduits », nous qu’une partie de cette production est utilisée en fours à induction ;
regroupons tous les produits [M 7 580] de la réduction des minerais – les usines produisant des tubes sans soudure et basées sur le
de fer à l’état solide, c’est-à-dire : gaz naturel (tableau 3), ce qui constitue un marché très spécial,
– les minerais, où le fer a été réduit à l’état métallique, mais non comme les usines analogues mais basées, cette fois, sur le charbon
transformés après la réduction. C’est-à-dire les minerais restés, sui- (tableau 4). Ici, il faut noter qu’elles sont concentrées en Inde et en
vant les procédés de réduction, à l’état de fines, de morceaux Chine ;

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– MINI-USINES BASÉES SUR LA FONTE ET LA RÉDUCTION DIRECTE

Tableau 1 – Principaux exemples d’usines intégrées pour produits longs de capacités moyennes
basées sur la réduction directe au gaz naturel

Date de Capacité
Usine Localisation Remarques
démarrage (en Mt d’acier/an)

Ternium HyLSA Puebla (Mexique) 1969 0,6 Barres et fils

Fils machine
Georgetown SC (États-Unis)
RD arrêtée (prix du gaz)
Mittal Steel 1971 0,8
Hambourg (Allemagne) Fils machine

Fils,
Point Lisas (Trinidad et Tobago) 1980 0,8
En expansion

Salvador de Bahia
Usiba 1974 0,5 Barres et fils

3
(Brésil)

Sivensa Puerto Ordaz (Venezuela) 1976 1 Produits longs de qualité

Acindar Vila Constitucion (Argentine) 1 Fils machine


1978
0,4
Qasco
Umm Said (Qatar) Barres et fils machine
(Qatar Steel Company)
2007 1,5

Arrêtée
Global Steel Holdings Warri (Nigeria) 1982 1
Devrait redémarrer

Stary Oskol
Oemk 1983 2 Aciers spéciaux
(Russie)

Al Tuwairqi Damman (Arabie Saoudite) 2007 1

Tuwairqi Steel Mills Karachi (Pakistan) 1,28

Shadeed Iron and Steel


Sohar (Oman) 1,5
Company
2009
Gulf Sponge Iron 0,2
Abu Dhabi (UAE)
Emirates Steel (GHC) 1,6

Emirates Steel (GHC) 2011 1,6 Expansion prévue

Tableau 2 – Exemples d’usines intégrées (en général pour produits longs) de petites capacités,
basées sur la réduction directe au charbon au four tournant

Date de Capacité
Usine Localisation Remarques
démarrage (en Mt d’acier/an)

Dunswart Benoni (Afrique du Sud) 1973 (0,15) Livre le DRI à ISCOR n’est plus intégrée

Scaw Metals Germiston (Afrique du Sud) 1983 0,4 En expansion : 0,20 Mt/an DRI

Davsteel Cullinan (Afrique du Sud) 1985 0,3 0,20 Mt/an DRI

Sunflag Bhandara (Inde) 0,2 En expansion : 0,15 Mt/an DRI


1989
BSIL Chandil (Inde) 0,3

Goldstar Mallividu (Inde) 1992 0,25

Prakash Champa (Inde) 1993 0,3

Industries Monnet Ispat Raipur (Inde) 1993 0,2

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Tableau 3 – Exemples d’usines intégrées pour tubes sans soudures basées


sur la réduction directe au gaz naturel

Date de Capacité
Usine Localisation Remarques
démarrage (en Mt d’acier/an)
Tamsa Vera Cruz (Mexique) 1967 1 Réduction directe actuellement arrêtée
Tenaris Siderca Campana (Argentine) 1973 1
Ternium Sidor Matanzas (Venezuela) 1976 1 Avec produits longs et plats (voir tableau 6)

Tableau 4 – Exemples d’usines intégrées, avec réduction directe au charbon, pour tubes en tôles
soudées ou sans soudure

Date de Capacité

3
Usine Localisation Remarques
démarrage (en Mt d’acier/an)
Jindal Strips Raigahr (Inde) 1993 0,5
Lloyds Metals Ghughus et Wardha (Inde) 1995 0,3 Produits plats et tubes soudés
Tianjin Steel Tianjin (Chine) 1997 0,3 En expansion

Tableau 5 – Exemples d’usines intégrées, avec réduction directe au gaz naturel, pour produits plats,
de capacités moyennes ou grandes

Date de Capacité
Usine Localisation Remarques
démarrage (en Mt d’acier/an)
Ternium HyLSA Monterrey (Mexique) 1957 1,5 Intégrée ensuite avec le HYTEMP et CSP
Mobarakeh Steel Mobarakeh (Iran) 1992 4 Expansion en bobines à chaud vers 6 Mt/an
Imexa Lazaro – Cardenas (Mexique) 1988 3 Usine à brames
Essar Steel Hazira (Inde) 1990 4 Expansion importante vers 6 Mt/an

Tableau 6 – Usines intégrées, avec réduction directe au gaz naturel, de grandes capacités
pour produits divers, notamment plats

Date de Capacité
Usine Localisation Remarques
démarrage (en Mt d’acier/an)
Mittal Steel Contrecœur (Canada) 1973 1,5 Produits plats et barres
1977 et 1979 1,65
Ternium Sidor Matanzas (Venezuela) Produits plats et longs, plus tubes
1981 et 2009 2,20
1982 et 1992 0,8 et 0,65 Produits longs
Hadeed
(Saoudi Iron & Al Jubail (Arabie Saoudite) 1999 et 2007 1,1 et 1,76 Produits plats
Steel Company)
1998 4 Expansion en bobines à chaud
1978 1,02
PTKS Kota Baja (Indonésie) Avec produits longs et plats
1993 1,35
1989/1990 1,1
Lisco Misurata (Libye) Avec produits longs et plats
1997 0,65
1993 1,03
Khouzestan Steel Ahwaz (Iran) Avec produits longs et plats
1989 à 2001 1,83
1986, 1997 et
EZDK El Dikheila (Égypte) 2,3 Barres, fils et bandes à chaud
2000

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– les usines à produits plats, pratiquement toujours basées sur la particulière. Après toute une série d’évolution, depuis une quaran-
réduction au gaz naturel (tableau 5) et en général récentes ; taine d’années, cette usine s’est orientée vers (cf. figure 2) :
– et, enfin, les grandes usines, de plus de 2 Mt/an produisant, en  l’ensemble de réduction du type HYL III,
général, toute une série de produits sidérurgiques (tableau 6).
 le transport pneumatique à chaud du DRI (minerai réduit en
& Ces tableaux 1 à 6 permettent de faire d’intéressantes boulettes).
constatations : C’est le procédé HyTemp développé, précisément par la
société HyLSA,
 Tout d’abord, les mini-usines à produits longs basées sur la
réduction au gaz naturel se sont développées dès les débuts de la  une aciérie à deux fours électriques pour produire environ
mise au point des procédés de réduction directe, soit pendant les 1,5 Mt/an avec la métallurgie secondaire,
décennies de 1970 et 1980. Cette expansion s’est ensuite ralentie,  et l’ensemble de coulée continue en brames minces et lami-
essentiellement par suite des augmentations des prix du gaz natu- nage en bobines à chaud CSP (Compact Strip Production) ;
rel dans beaucoup de régions, notamment les « vieux pays indus-
– les nouvelles usines d’Asie (Essar à Hazira, Inde) ou du Moyen-
triels » d’Europe et d’Amérique du nord.
Orient (Hadeed à Al Jubail en Arabie Saoudite, Shadeed à Oman,
Maintenant, ce développement a repris, en général avec de gros- ou Esisco en Égypte) adoptant les procédés de chargement continu
ses unités de réduction Midrex [1] ou EnergIron [2] de 1 à 2 Mt/an, des minerais réduits par les procédés Hytemp ou Hotlink.
surtout au Moyen-Orient.
On notera que ces conceptions conduisent à envisager des usi-

3
 Comme indiqué plus haut, l’essor impressionnant des mini-
usines similaires pour produits longs basées sur la réduction par nes basées sur des lignes continues séparées, comme le mon-
le charbon se concentre, lui, sur l’Inde, et le tableau 2 n’en donne tre le « master plan » d’une société comme Emirates Steel, tel
que quelques exemples. qu’il a été décrit à Abu Dhabi [2] et repris au tableau 7.

 Les usines à tubes sont des cas particuliers basés :


– sur le gaz naturel en Amérique latine ;
2.2 Bilan des matières et de l’énergie
– sur le charbon en Chine et, surtout, en Inde. & Un bilan « moyen » des matières pour de telles usines (cf. figure 3)
indique bien le schéma général de toutes ces usines qui diffèrent, sur-
 Enfin, on remarque que les usines à produits plats (tableau 5)
tout en amont, par le type de procédé de réduction directe et, en aval,
ou à produits multiples (tableau 6) se développent de plus en plus.
par les types de produits sidérurgiques qu’elles élaborent.
Elles ont des capacités de plus de 1 Mt/an, parfois même de 3, 4 ou
5 Mt/an et sont, bien sûr, basées sur de grosses unités Midrex ou & Un bilan « moyen » de l’énergie est présenté à la figure 4. Sui-
HYL (ou ÉnergIron). vant les types de minerais de fer utilisés et les procédés de réduc-
tion directe employés, les bilans de l’énergie seront, bien sûr,
 Pour l’aspect prospectif, il faut précisément noter que ces
modifiés. Néanmoins, ces bilans permettent de situer ce type
usines :
d’usine par rapport :
– ont tendance à se spécialiser sur une seule ligne de produits ; – aux usines intégrées « classiques » ;
– et à mieux s’intégrer entre la réduction et l’aciérie. – aux mini-usines.
 On retrouve la tendance mentionnée dans un autre arti-
cle [M 7 085] de la création de lignes continues en sidérurgie
Tableau 7 – Projet de « Emirates Steel » (d’après [2])
(consulter le Pour en savoir plus). On en trouvera des exemples
par :
Capacité
– l’évolution de l’usine de Monterrey du groupe Ternium (HyLSA) Phase Calendrier Contenu
(en Mt/an)
qui en est une excellente illustration méritant une attention
2007 Un train à barres 0,7
HyL III Oct. 2007 Un train à fils 0,48
Réacteur
de réduction 1 Déc. 2007 Un second train à barres 1,1
Transport Ferrailles
pneumatique Fevr. 2009 Aciérie n 1 1,4

Four Four poche Mai 2009 Unité de réduction directe n 1 1,6


électrique (métallurgie
Un train à profilés lourds 1
à courant secondaire)
continu 2 En cours Aciérie n 2 1,4
Unité de réduction directe n 2 1,6
Un train pour plaques et bobi-
1,2
nes
Refroidissement
de la tôle 3
Aciérie n 3 1,4
Unité de réduction directe n 3 1,6
Train de laminage Projet
Four d'égalisation Un train à bandes à chaude 2,4
de bandes à chaud Coulée
des températures
continue Laminage à froid,
en bandes galvanisation 2,8
4
minces
Aciérie n 4
Figure 2 – Exemple d’une usine très moderne, de capacité moyenne, Unité de réduction directe n 4 3,2
basée sur la réduction directe Ternium (HyLSA) (Monterrey (Mexique))

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Mini-usines
par Jacques ASTIER
Ancien directeur à l’Institut de recherches de la sidérurgie française (IRSID)

1. Essor des mini-usines ..................................................................... M 7 130v2 – 2


1.1 Évolution mondiale ............................................................................ — 2
1.2 Principales causes du développement mondial ................................ — 3
2. Concept de mini-usines ................................................................. — 4
2.1 Évolution de la capacité de production ............................................. — 4
2.2 Schéma métallurgique ....................................................................... — 4
2.2.1 Bilan énergétique.....................................................................

3
— 4
2.2.2 Types de mini-usines ............................................................... — 5
2.3 Aspects économiques ........................................................................ — 5
2.4 Champ d’application .......................................................................... — 8
2.5 Impact sur l’environnement ............................................................... — 8
2.6 « Culture » des mini-usines ............................................................... — 8
3. Mini-usines des pays industriels .................................................. — 9
3.1 Évolution historique ........................................................................... — 9
3.2 Évolution géographique ..................................................................... — 9
3.3 Aspects techniques............................................................................. — 10
3.4 Aspects économiques ........................................................................ — 12
3.5 Aspects sociaux .................................................................................. — 12
3.6 Évolution probable ............................................................................. — 12
4. Mini-usines des régions en voie de développement ................ — 13
4.1 Évolution historique ........................................................................... — 13
4.2 Expansion géographique ................................................................... — 14
4.3 Aspects techniques............................................................................. — 16
4.4 Aspects économiques ........................................................................ — 16
4.5 Aspects sociaux .................................................................................. — 18
4.6 Possibilités d’avenir ........................................................................... — 18
5. Conclusion........................................................................................ — 20
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. M 7 130

e phénomène des « mini-usines » est relativement récent : jusqu’à la décen-


L nie commençant en 1950, l’expansion de la sidérurgie a été basée sur :
– un schéma unique :
Minerai de fer

Haut-fourneau

Aciérie

(surtout basée sur le four Martin, mais aussi sur le convertisseur Thomas —
en particulier en Europe de l’Ouest — et passant ensuite à l’oxygène) ;

– une croissance régulière, tant des capacités unitaires des hauts-fourneaux et


réacteurs d’aciérie que des usines elles-mêmes, allant très vite vers 1 Mt/an puis
Parution : septembre 2008

5 et atteignant, voire dépassant, les 10 Mt/an.

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est strictement interdite. – © Editions T.I. M 7 130v2 – 1

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M7130

MINI-USINES –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

C’est dans ce contexte que, peu à peu, d’abord à partir de 1950 puis plus rapi-
dement ensuite se développent des mini-usines :
– avec la filière :
Ferrailles

Four électrique à arc

Laminage

– et des capacités souvent très faibles, moins de 100 000 t/an, ce qu’on appel-
lerait maintenant des « micro-usines ».
Ultérieurement, les capacités unitaires des mini-usines se sont accrues et l’on

3 trouve dans cette classe :


– des micro-usines d’une capacité de 100 000 t/an ou moins ;
– des mini-usines avec des capacités supérieures, atteignant 2 000 000 t/an ;
– des mini-usines ou usines moyennes intégrées avec des productions de métal
primaire [DRI (direct reduced iron)/HBI (hot briquetted iron)], voire de fonte, c’est
ce qui constitue l’objet de l’article [M 7 110] des Techniques de l’Ingénieur.
Pour éclairer ce sujet particulièrement évolutif en ce début du XXIe siècle,
nous examinerons successivement :
– l’essor des mini-usines ;
– le concept de mini-usines ;
– les mini-usines des pays industriels ;
– les mini-usines des régions en voie de développement.

1. Essor des mini-usines Ferraille


1,083 t
(96 % Fe : 1,04 t de fer)
+ fondants + ferroalliages
Avant d’analyser plus en détail le concept des mini-usines, il est
nécessaire :
– d’apprécier leur importance sur l’échelle mondiale ;
– d’analyser les principaux motifs d’une telle expansion. 1,183 t
Four (1,14 t de fer )
électrique pertes 40 kg
à arc 1,1 t d'acier brut
1.1 Évolution mondiale
Chutes
propres Métallurgie
On peut avoir une première appréciation de l’essor mondial des 0,1 t secondaire
mini-usines par l’évolution du four électrique à arc sur le plan mon-
dial (tableau 1 et figure 1). Néanmoins, l’assimilation de l’essor des
mini-usines à la croissance du four électrique dans le monde doit
Coulée
être nuancée, car les aciéries électriques appartiennent en fait à continue
deux catégories :

& Tout d’abord, à des usines classiques qui disposent, en plus de


Laminoirs
leur filière traditionnelle d’élaboration de l’acier, de fours électri-
ques pour une partie de leur production. Cela n’a rien à voir, bien
sûr, avec les mini-usines, mais leur production est assez difficile à
estimer. Quoi qu’il en soit, avec la réorganisation et la restructura- 1 tonne d’acier fini
tion de ces grandes usines « classiques », ces fours électriques sont
en voie de disparition… Figure 1 – Bilan des matières d’une mini-usine classique

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M 7 130v2 – 2 est strictement interdite. – © Editions T.I.

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– MINI-USINES

Tableau 1 – Expansion de la production mondiale d’acier Tableau 2 – Estimation de la production mondiale totale
au four électrique à arc (FEA) d’acier électrique en 2005

Production (Mt) Type d’aciérie électrique Production (Mt)


Production mondiale
Année
d’acier électrique (%)
acier total acier électrique Fours électriques des usines intégrées..... 15 (E)

1970 595 86 14,4 Mini-usines à aciers spéciaux (alliés) ....... 75 (E)

Mini-usines à aciers courants .................... 270


1974 659 111 16,9
Total ............................................................. 360
1980 716 162 22,6
(E) estimation de l’auteur
1990 770 218 28,2
laminés à chaud, est en effet très élevée, le coût correspondant
2000 848 297 34 d’une mini-usine n’étant que de 200 à 250 dollars des États-Unis,

2001 850 285 34


soit environ 135 à 165 euros par tonne et par an.
* Dans tout cet article, nous avons pris un taux de charge de 1 € = 1,5 $ 3
2002 904 305 34 & La maturité des deux procédés de base de la sidérurgie clas-
sique (le haut-fourneau et le convertisseur à l’oxygène) où les per-
2003 969 324 33 formances, excellentes par ailleurs, n’ont guère pu être améliorées
depuis une vingtaine d’années ; le four électrique à arc a connu, en
2004 1 067 360 34 revanche pendant cette période, des perfectionnements spectacu-
laires conduisant à des consommations d’énergie électrique,
d’électrodes et de réfractaires de plus en plus faibles et à des
2005 1 130 360 32
temps d’élaboration de plus en plus courts, se rapprochant de
ceux des convertisseurs à l’oxygène [5] [15].
2006 1 240 400 (E) 32 (E)
& L’abondance des ferrailles et notamment des « vieux fers » pro-
(E) estimation
duits depuis longtemps par la société de consommation des pays
(Source : IISI Steel Statistical Yearbooks ([4] de [Doc. M 7 130]))
industrialisés [16]. De surcroı̂t, cette collecte courante des vieilles
ferrailles (de plus en plus nécessaire par suite des contraintes crois-
santes sur la protection de l’environnement) est arrivée au moment
& Ensuite, les mini-usines proprement dites c’est-à-dire celles qui où les grandes usines classiques, remplaçant leurs fours Martin par
sont basées sur le four électrique à arc et qui peuvent se subdiviser des convertisseurs à l’oxygène, n’avaient plus la même souplesse
en deux catégories pas toujours faciles à séparer : pour l’utilisation des ferrailles. Il va sans dire que cette offre de fer-
railles, en augmentation sur le marché, a favorisé les développe-
– celles qui produisent des aciers courants et constituent ce que ments du four électrique à arc.
l’on appelle habituellement les mini-usines ;
– celles qui élaborent des aciers spéciaux et sont, en fait, souvent
beaucoup plus anciennes que les précédentes ; c’était d’ailleurs à & Les développements de la coulée continue qui ont beaucoup
l’origine la vocation de ces fours électriques et ce n’est que plus plus favorisé les mini-usines que les grandes usines intégrées. En
tard qu’ils ont été utilisés pour produire des aciers très courants effet, dans les mini-usines, la machine de coulée continue, surtout
comme les ronds à béton. au début, pour les billettes, a constitué le missing link entre l’acié-
rie et le train de laminoir à produits longs et légers. C’était bien
Le tableau 2 donne une répartition de la production mondiale mieux que la coulée en petits lingots crayons (pencil ingot). Ulté-
d’acier élaboré au four électrique. rieurement, les techniques de coulée en demi-produits, très pro-
Cette production (360 Mt) qui représente à peu près le tiers de la ches des produits définitifs (NNSC, Near Net Shape Casting),
production totale d’acier pourrait se répartir sensiblement en 75 % notamment pour les brames minces ou les ébauches de poutrelles
d’acier plus ou moins courants au carbone et 25 % d’aciers spé- (dog bones) ont encore permis aux mini-usines de progresser et
ciaux alliés. d’occuper une position très compétitive, par rapport aux grandes
usines, pour ces produits.

1.2 Principales causes & Enfin, le ralentissement de la croissance de la demande de pro-


du développement mondial duits sidérurgiques dans les pays industrialisés a favorisé la cons-
truction d’usines de capacités inférieures à celles des grandes usi-
L’expansion des mini-usines peut être attribuée à cinq causes nes classiques.
essentielles.
D’autres avantages sont à mettre au crédit des mini-usines,
& Le coût des grandes usines intégrées classiques qui a crû mal- comme leur souplesse ou leur impact limité sur l’environnement
gré les efforts pour mettre à profit les économies d’échelle sur les (§ 2.5), etc. Ajoutons que l’adaptation du concept des mini-usines
principales unités (agglomération, haut-fourneau, convertisseurs à aux situations des régions en voie de développement, grâce à de
l’oxygène, machines de coulée continue et laminoirs). La valeur nouvelles méthodes de production du métal primaire (minerais
communément admise de 1 000 dollars des États-Unis ($US), soit réduits, fonte), contribue également au développement de ces
environ 650* euros par tonne et par an de capacité de produits usines [16].

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MINI-USINES –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

2. Concept de mini-usines Tableau 3 – Évolution des capacités de production


des mini-usines
Pour comprendre l’essor des mini-usines tant dans les « vieux
pays industriels » (§ 3) que dans les régions en voie de développe- Années approxi- Capacités usuelles
ment (§ 4), il est nécessaire de bien préciser ce concept de mini-usi- Types de produits
matives de début (t de produits/an
nes et, pour cela, nous passerons successivement en revue : sidérurgiques
de développement et par mini-usine)
– les capacités de production d’acier des mini-usines ;
1950/1960 Barres ordinaires 50 000 à 100 000
– leur schéma métallurgique ;
300 000 (allant
avant d’examiner plus en détail :
1970 Fil machine maintenant vers
– les aspects économiques ; 1 000 000 et plus)
– le champ d’application du concept de mini-usines ;
– l’impact sur l’environnement ; 200 000 (allant
– et la « culture » des mini-usines. 1970 Tôles fortes maintenant vers
1 000 000 et plus)
2.1 Évolution de la capacité de production 500 000 (allant
1975 Grosses poutrelles maintenant vers
Initialement (§ 1.1), ces mini-usines étaient limitées à des petites 1 000 000 et plus)

3
productions de produits longs et légers (principalement des ronds
à béton), d’où le nom de « mini-usines », mais c’est aussi de cette Produits plats et 1 000 000 (allant
origine que vient la liaison (longtemps mal comprise) entre le minces maintenant vers
1990
concept technique d’une mini-usine et son marché. En effet, il faut Bobines laminées à 2 000 000 et même
insister sur le fait que, comme on l’a dit, au début de l’essor de ces chaud 3 000 000)
mini-usines, aux États-Unis, ces mini mills étaient en fait des mar-
ket mills. Autrement dit, la capacité d’une mini-usine et son évolu- 2.2.1 Bilan énergétique
tion dans le temps sont étroitement liées (tableau 3) :
Parallèlement au bilan des matières, on peut établir le bilan de
– aux possibilités techniques des divers types de laminoirs. l’énergie (figure 2).
Notons, qu’actuellement, on a tendance à créer des lignes directes
Les besoins en énergie d’une mini-usine sont, par tonne d’acier,
incorporant coulée continue, four de réchauffage ou d’égalisation
d’une nature différente de ceux d’une usine classique ; pour une
de température du demi-produit et laminoir à chaud ;
usine classique (c’est-à-dire basée sur le haut-fourneau et l’aciérie
– au marché que l’on envisage de satisfaire. Les mini-usines sont,
à l’oxygène), on peut les estimer aux environs de :
en effet, généralement orientées vers la satisfaction d’un marché
local, plus ou moins étendu, mais rarement vers une grande expor- – 23 à 25 GJ/t d’acier fini en besoins bruts, pratiquement entière-
tation mondiale. ment en charbon ;
– 16 GJ/t d’acier fini si l’on tient compte des récupérations de gaz
excédentaires (gaz de haut-fourneau, cokerie et aciérie).
2.2 Schéma métallurgique
Pour une mini-usine, il n’y a pas de gaz excédentaires et les
besoins nets sont aux environs de 2 GJ/t et 640 kWh/t (figure 2).
Parc à ferrailles
(avec éventuellement d'autres Ferraille
produits, les « substituts ») 1,083 t
(96 % Fe : 1,04 t de fer)
+ fondants + ferroalliages
Aciérie électrique
(comportant souvent Besoins de récupération
une métallurgie secondaire) par tonne d’acier fini
1,183 t 1 GJ
(1,14 t de fer)
Coulée continue Four
électrique pertes 40 kg 440 kWh
à arc
1,1 t d'acier brut 30 Nm3O2
Train de laminoir
Chutes
(souvent un seul) propres
0,1 t Métallurgie
secondaire
C’est le train de laminoir (un seul ou, parfois, deux) qui va
imposer : 1 GJ
– la capacité de l’ensemble et du (ou des) four(s) électrique(s) ;
Coulée
– mais aussi le type de coulée continue à installer. continue
En dehors du produit principal, l’acier, les seuls sous-produits ou
coproduits sont (figure 1) : 200 kWh
– les chutes de fabrication ou ferrailles propres à l’usine qui sont
recyclées ; Laminoirs
– les scories, guère plus de 0,1 t/t d’acier, pour lesquelles on étu-
die des débouchés et qui commencent à être utilisées principale-
ment comme matériau de construction ;
– les poussières, environ 0,020 t/t d’acier, qui peuvent poser quel- 1 tonne d’acier fini
ques problèmes pour l’environnement (§ 2.5) ;
– et des gaz qui, bien dépoussiérés, posent peu de problèmes Figure 2 – Bilan moyen de l’énergie pour la mini-usine classique
pour l’environnement. (d’après [6])

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– MINI-USINES

Pour faire la comparaison de ces besoins en énergie dans une


seule unité, par exemple en GJ/t, il faut aborder le problème
délicat de la transformation des kWh en GJ, c’est-à-dire faire
la comparaison en énergie primaire :
a) on peut utiliser l’équivalent théorique de conversion :
1 kWh = 3,6 MJ
ce qui est logique si cette énergie électrique est produite dans
une centrale hydraulique ou, éventuellement, dans une cen-
trale nucléaire.
Le calcul complet tenant compte des besoins en oxygène et
kWh des deux filières [6] conduit aux valeurs suivantes :
Usine intégrée Mini-usine
classique
Figure 3 – Usine de SAM (Montereau, France)
Besoin en GJ/t d’acier fini :
brut 25,4 4,3
net 17,4 4,3

3
b) mais, bien souvent, cette énergie électrique est produite dans
une centrale thermique alimentée en combustible fossile (char-
bon, fuel, gaz naturel, etc.), il faut alors tenir compte du rende-
ment de cette centrale. Suivant les cas, il peut être estimé à :
1 kWh = 10,256 MJ

1 kWh = 9,630 MJ
ou même, si l’on utilise une centrale à cycle combiné basée sur
du gaz, à : Hall A
ferrailles
1 kWh = 7,2 MJ
En pratique, on prend la valeur de :
1 kWh = 10 MJ

Usine intégrée Mini-usine


classique
Besoin en GJ/t d’acier fini : Ancienne aciérie LDAC
brut 27,5 8,4 Laminoirs Coulée continue et four poche
net 19,5 8,4
Figure 4 – Usine de l’ARBED à Schifflange (Luxembourg)
Suivant les régions et les disponibilités en production d’énergie
électrique, il faut adopter l’un ou l’autre des calculs, mais, dans tous
les cas, la solution mini-usine conduit à des économies importantes.
Four à
réchauffer
2.2.2 Types de mini-usines les ébauches
À titre d’exemple, on trouvera aux figures suivantes des schémas
de divers types de mini-usines : Train de
– pour les produits longs et légers, l’usine de Montereau (SAM) laminoir Grey
qui illustre bien, toujours avec un seul four électrique et une seule Cage
machine de coulée continue, la croissance d’une mini-usine à fil dégrossisseuse
machine : dessinée pour 160 000 t/an à son démarrage en 1975,
elle a été portée à 300 000 t/an puis à 500 000 t/an, et maintenant Parc à ferrailles
Four
jusqu’à 750 000 tonnes d’acier ! (figure 3) ; électrique
– pour les poutrelles, l’usine de l’ARBED à Schifflange (Luxembourg)
Coulée
qui présente le grand intérêt de montrer comment on a pu transfor- continue
mer une usine intégrée classique en mini-usine (figures 4 et 5) ; d’ébauches
– et pour les tôles minces (bobines de bandes laminées à chaud), et de
poutrelles
Nucor avec son usine de Hickman à Armorel, Arkansas (États-Unis).
La figure 6 montre l’implantation de cette usine qui a une capacité Usine obtenue par transformation d’une usine intégrée classique
proche de 2 Mt/an de bobines laminées à chaud et qui, avec Craw-
fordsville, première mini-usine à produits plats du groupe Nucor et Figure 5 – Schéma d’implantation actuelle de la mini-usine
du procédé CSP, constituent les prototypes de cette expansion des de l’ARBED à Schifflange (Stahl und Eisen 115 n 5, 1995, p. 102)
mini-usines dans le domaine des tôles moyennes et minces.
Nota : procédé CSP (Compact Strip Production) équipements qui sont imposés par l’aval, c’est l’amont et, plus préci-
sément, le coût et les disponibilités en ferrailles qui vont être le prin-
cipal facteur du prix de revient et de la rentabilité de la mini-usine.
2.3 Aspects économiques À partir de ce tableau, on peut établir, pour les « vieux pays
Les éléments du prix de revient d’une tonne de produits sidérurgi- industriels » (Europe, Amérique du Nord auxquelles on peut join-
ques laminés à chaud sont assez simples, comme le montre le dre le Japon), le tableau 5 où il ne reste plus, comme variable,
tableau 4. On voit ici qu’à l’inverse du choix des capacités et des que le coût des ferrailles.

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Gestion de l’énergie

par Jacques ASTIER


Ingénieur-conseil
Ancien Directeur à l’Institut de recherche de la sidérurgie française (IRSID)

3
1. Définition des limites des usines sidérurgiques ............................. M 7 140 - 2
1.1 Usine intégrée dite « classique »................................................................ — 2
1.2 Mini-usine..................................................................................................... — 2
1.3 Nouvelles usines intégrées......................................................................... — 2
2. Énergie et filières de production de l’acier ...................................... — 3
2.1 Production de l’énergie électrique ............................................................. — 3
2.2 Production de l’oxygène ............................................................................. — 4
2.3 Bilan de l’énergie des usines classiques ................................................... — 4
2.4 Bilan de l’énergie des mini-usines ............................................................. — 6
2.5 Bilan de l’énergie des nouvelles usines intégrées.................................... — 6
3. Économies d’énergie............................................................................... — 8
3.1 Économie d’énergie en usine intégrée classique ..................................... — 8
3.1.1 Évolution du haut-fourneau............................................................... — 8
3.1.2 Évolution de la conception des usines ............................................. — 8
3.2 Économie d’énergie en mini-usine classique............................................ — 9
3.3 Économie d’énergie en mini-usine intégrée ............................................. — 11
4. Schémas de production de l’acier et consommations d’énergie — 12
4.1 Mini-usine classique alimentée en ferrailles ............................................. — 12
4.2 Mini-usine intégrée...................................................................................... — 12
4.3 Usine sidérurgique intégrée classique ...................................................... — 15
5. Énergie et écologie.................................................................................. — 15
6. Maîtrise de l’énergie en sidérurgie ..................................................... — 17
6.1 Stratégie des entreprises sidérurgiques vis-à-vis de l’énergie................ — 17
6.2 Stratégie de l’usine sidérurgique vis-à-vis de l’énergie ........................... — 17
6.3 Gestion de l’énergie en usine sidérurgique .............................................. — 17
7. Conclusion ................................................................................................. — 18
Références bibliographiques ......................................................................... — 19

L ’énergie joue un rôle important en sidérurgie et, sur le plan mondial, cette
industrie représente 4 % de la consommation totale d’énergie dans le
monde. De ce fait, la sidérurgie est le plus gros consommateur d’énergie sur
le plan industriel. Il est cependant nécessaire de rappeler que les besoins théo-
riques sont relativement limités car par tonne de fer (c’est-à-dire, pratiquement,
par tonne d’acier) les besoins sont :
— de 1,350 GJ pour la fusion à 1 600 oC, ce qui correspond à peu près à la
fusion de ferrailles supposées pures ;
— de 6,520 GJ pour la réduction (à partir de Fe2O3 ) et la fusion.
En fait les valeurs industrielles sont, toujours par tonne d’acier, de l’ordre :
— de 6 à 8 GJ pour les mini-usines basées sur les ferrailles ;
— de 17 à 20 GJ pour les usines intégrées partant du minerai en visant, par
divers moyens, des valeurs de l’ordre de 13 à 15 GJ.
Parution : juin 2000

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© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 7 140 − 1

73
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M7140

GESTION DE L’ÉNERGIE _________________________________________________________________________________________________________________

Cet article situera les consommations d’énergie pour les divers types
d’usines sidérurgiques avant d’indiquer, d’une part, comment de nouvelles
économies pourraient être faites et, d’autre part, comment est gérée l’énergie
dans les sociétés et les usines sidérurgiques.

1. Définition des limites


des usines sidérurgiques Noyau central Unités
non indispensables
Unités
supplémentaires
sur place

3
Au premier abord, les usines sidérurgiques paraissent constituer
des ensembles bien délimités, mais dès que l’on aborde leur situa-
Agglomération
tion vis-à-vis de l’énergie, il faut faire très attention à leurs limites
et séparer les installations essentielles des autres, plus ou moins
indispensables. Pour être bien clair, nous ferons cette étude dans
Cokerie
les trois principaux types d’usines tels qu’ils sont décrits dans les
trois articles qui leur sont consacrés dans le présent traité.
Haut-fourneau

1.1 Usine intégrée dite « classique » Centrale


Fours à chaux
électrique
Elle fait l’objet de l’article [M 7 090] et concerne surtout (mais
pas exclusivement) des usines sidérurgiques de grandes capacités. Aciérie à l’oxygène
La figure 1 permet de comprendre que le périmètre d’un tel Centrale à
métallurgie secondaire
ensemble peut être très différent d’une usine à l’autre. De notre oxygène
coulée continue
point de vue, ces différences viennent, à partir du « noyau central »
de toutes ces usines (c’est-à-dire leur structure minimale), de
l’incorporation : Laminoir
— soit d’unités toujours nécessaires mais non obligatoirement
situées sur place, c’est-à-dire dans l’enceinte de cette usine.
L’agglomération sur grille des minerais de fer en est une bonne Laminage à froid
illustration, car elle peut être remplacée par un approvisionnement
en boulettes produites plus ou moins loin de l’usine, outre-mer,
par exemple sur les mines ou sur les ports d’expédition de ces Revêtement
minerais. Il en est de même de la cokerie... Bien entendu, on trou- Gaz excédentaires
verait les mêmes possibilités en aval pour le laminage à froid et les Oxygène
installations de revêtement ou de parachèvements des produits Parachèvements
kWh
sidérurgiques laminés à chaud ;
— soit des installations supplémentaires visant à :
• produire de l’énergie, notamment de l’énergie électrique ou Figure 1 – Diverses configurations d’une usine intégrée classique
des gaz, comme l’oxygène,
• fournir un approvisionnement nécessaire comme la chaux,
• utiliser les gaz résiduaires excédentaires ou, plus générale-
ment, de l’énergie excédentaire produite par diverses unités telles — la production d’oxygène et, souvent, d’autres gaz ;
que : la cokéfaction des charbons, l’agglomération des minerais — la production de chaux.
de fer (ce sera, ici, surtout de la vapeur), les hauts-fourneaux, les
convertisseurs à l’oxygène. C’est ce que montre la figure 2.
On devine bien, dans ce cas, comment les bilans énergétiques
peuvent changer en fonction de la configuration de l’usine.
1.3 Nouvelles usines intégrées
1.2 Mini-usine Dans ces usines (voir l’article [M 7 110] Mini-usines basées sur la
fonte et la réduction directe ), on se trouvera dans une situation un
La situation est, ici, tout à fait à l’opposé de la précédente en ce peu intermédiaire des deux précédentes tout en notant que cela
qui concerne les gaz résiduaires qui sont à peu près inexistants et dépendra beaucoup du type d’usine et, en particulier, des procédés
retenus pour produire le métal primaire, DRI/HBI (1) ou fonte.
tous les aspects concernant leur valorisation disparaissent évi-
demment. Par contre, les mêmes considérations doivent être faites Nota 1 : DRI (Direct Reduced Iron ) et HBI (Hot Briqueted Iron ) désignent les produits de
la réduction directe des minerais de fer (voir l’article [M 7 580]).
pour :
— la production de l’énergie électrique, d’autant plus qu’on La figure 3 indique, de la même façon que pour les deux précé-
aura, ici, une importante consommation de kilowattheures ; dentes, les diverses configurations que l’on peut envisager.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
M 7 140 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques

74
Référence Internet
M7140

_________________________________________________________________________________________________________________ GESTION DE L’ÉNERGIE

2. Énergie et filières
Noyau central Unités
non indispensables
Unités
supplémentaires
de production de l’acier
sur place

Collecte
Si l’on entre dans le détail de la consommation d’énergie pour
stockage chacune des filières que nous venons d’évoquer, en tenant compte
et préparation de leurs limites, on doit rappeler les études de l’International Iron
des ferrailles and Steel Institute (IISI) [1] [2] [3] [4] qui peuvent être résumées,
pour la situation en 1976 par les figures 4 et 5 qui peuvent être
Centrale complétées par les détails donnés dans l’étude [1] mise à jour en
Fours à chaux
électrique 1982 [2]. On y voit les traits les plus saillants des besoins en éner-
gie de la sidérurgie :
Aciérie électrique — l’usine sidérurgique dite « classique », d’une part, était et
Centrale à
métallurgie secondaire reste basée sur le charbon et d’autre part, a un problème de valo-
oxygène
coulée continue
risation de ses gaz résiduaires ;
— la mini-usine a surtout des besoins en énergie électrique ;
Laminoir — les nouvelles usines intégrées, basées sur le four électrique,
ont, par conséquent, aussi des besoins importants en énergie
électrique, mais en plus des besoins spécifiques très différents
3
Laminage à froid suivant les procédés de production du métal primaire qui sont
utilisés.

Revêtement Autrement dit, avant d’examiner et, surtout, de comparer l’évo-


Oxygène lution des bilans de l’énergie de chaque type d’usine sidérurgique,
il est nécessaire d’évoquer les problèmes posés par la production
kWh
Parachèvements de l’énergie électrique et de l’oxygène.

Figure 2 – Diverses configurations d’une mini-usine


2.1 Production de l’énergie électrique
La conversion de l’énergie électrique dans les bilans énergéti-
ques pose un problème délicat. On peut, à ce sujet, adopter deux
types de solutions pour la conversion des kilowattheures en
Noyau central Unités Unités mégajoules :
non indispensables supplémentaires — on pourrait, tout d’abord, utiliser l’équivalent théorique bien
sur place connu :
1 kWh = 3,6 MJ
Agglomération et cela paraît logique si l’énergie électrique est produite dans une
(souvent en centrale hydroélectrique ou, éventuellement, dans une centrale
boulettes)
éventuelle nucléaire ;
— néanmoins, dans la plupart des cas, cette énergie électrique
Fourniture sera produite dans une centrale thermique alimentée en combus-
de gaz tible fossile (charbon, fioul, gaz naturel, etc.) et, si l’on inclut cette
Réduction directe réducteur centrale électrique dans le périmètre de l’ensemble sidérurgique, il
faudra tenir compte du rendement de cette centrale pour convertir
Centrale les kilowattheures en mégajoules. C’est un paramètre supplémen-
Fours à chaux taire puisque, suivant le type de centrale, en incluant les centrales
électrique
à cycle combiné, on a les valeurs :
Aciérie électrique
Centrale à
1 kWh = 10 à 7 MJ.
métallurgie secondaire
oxygène Pour notre part, comme dans les études les plus récentes de
coulée continue
l’IISI [4], nous utiliserons, pour totaliser les besoins et faire des
comparaisons, la valeur de :
Laminoir
1 kWh = 9,2 MJ
c’est-à-dire un rendement de 39,1 %.
Laminage à froid
On notera que l’IISI avait adopté les valeurs suivantes :
— en 1976 : 1 kWh = 10,250 MJ ;
Revêtement — en 1982 : 1 kWh = 9,625 MJ, c’est-à-dire un rendement de
Gaz réducteur 37,4 %.
Oxygène
Parachèvements Pour des centrales à cycle combiné, l’IISI citait, en 1998, des
kWh
valeurs de :
1 kWh = 7,6 MJ
Figure 3 – Diverses configurations d’une nouvelle usine intégrée c’est-à-dire un rendement de 47 %.

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GESTION DE L’ÉNERGIE _________________________________________________________________________________________________________________


Consommation en énergie (MJ / t acier brut)

25

22,96 (100 %)

20,66 (100 %)
20

Gaz naturel 11,39


(49,6 %)

15 Coke 11,52
(55,8 %)

3
Autres
gaz 1,49
10 (6,5 %)
8,64 (100 %)
Pétrole et
gaz 2,5 Gaz 1,49
(12,1 %) (17,3 %)

Énergie
Énergie électrique
5 électrique Énergie 7,94
3,84 électrique (34,6 %)
(18,6 %) 6,27
(72,7 %)
Oxygène 0,12
Oxygène 0,57 (0,5 %)
(2,7 %)
Oxygène 0,20
Divers 2,23 (2,3 %)
Divers 2,01
(10,8 %) Divers 0,66 (8,8 %)
0 (7,7 %)
Usine intégrée Mini-usine Mini-usine intégrée
classique de 8 Mt/an utilisant les avec réduction directe
ferrailles de 1 Mt/an du minerai de
fer de 1 Mt/an Figure 4 – Consommation d’énergie
pour les trois filières d’élaboration de l’acier

2.2 Production de l’oxygène Les procédés AllTech (tableau 1) sont basés, eux aussi, sur des
procédés connus, mais qui ne sont pas économiquement rentables
dans les conditions actuelles ; ils conduiraient, toujours pour les
De la même façon, l’IISI a fait diminuer les consommations
usines intégrées, à des consommations de 14 GJ/t d’acier.
d’énergie électrique par normomètre cube (Nm3) d’oxygène,
comme on peut le constater sur le tableau 1.
2.3 Bilan de l’énergie
des usines classiques
Tableau 1 – Consommations d’énergie électrique
par normomètre cube d’oxygène Nous allons, tout d’abord, illustrer ce bilan à partir des études
très détaillées de l’IISI en 1976 [1] qui donnent :
Consommation — sur la figure 4, les consommations d’énergie par nature c’est-
Références d’énergie à-dire charbon, pétrole et gaz, énergie électrique et oxygène ;
(kWh/Nm3 d’O2) — sur la figure 5, ces mêmes consommations par atelier.
Nous les reprendrons en séparant trois configurations différen-
1976 [1]....................................... 0,7 tes, sur la figure 6 à laquelle nous ajouterons le tableau 2 sur
1998 [4]....................................... 0,55 à 0,70 lequel on voit apparaître l’évolution lente, mais continue, des amé-
liorations des bilans de l’énergie de ces usines. En examinant
Estimations EcoTech................. 0,5 à 0,55 toutes ces données, on voit :
Estimations AllTech .................. 0,5 — l’essentiel de la consommation d’énergie est en amont, c’est-
à-dire pour la production du métal primaire, la fonte, et se répartit
entre :
Les procédés EcoTech (tableau 1) sont basés sur les meilleures • le haut-fourneau qui est le réacteur essentiel,
techniques actuelles et sont, d’ores et déjà, économiquement • l’agglomération des minerais de fer et la cokéfaction qui (voir
rentables ; ils conduisent pour les usines intégrées classiques à des les figures 1, 4, 5 et 6) peuvent être séparés, géographiquement,
consommations de 15 à 16 GJ/t d’acier. de l’usine qui sera, en partie, désintégrée ;

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Ensembles sidérurgiques
Protection de l’environnement. Stratégie
par Jean RAGUIN
Ingénieur Civil des Mines
Président d’Honneur du LECES (Laboratoire d’Étude et de Contrôle
de l’Environnement Sidérurgique)
Ancien Directeur à l’IRSID (Institut de Recherches de la Sidérurgie Française)

1.
1.1
1.2
La nouvelle donne environnement ......................................................
Protection de l’environnement ...................................................................
Souhaits du public.......................................................................................
M 7 150 - 2


2
2
3
1.3 Droit de l’environnement ............................................................................ — 2
1.4 Réglementation française ........................................................................... — 2
1.5 Réglementation européenne ...................................................................... — 2
1.6 Priorités environnement à moyen terme................................................... — 2
1.7 Perception de la sidérurgie par le public ................................................... — 3
2. Principales pollutions et nuisances des usines sidérurgiques ... — 3
2.1 Polluants atmosphériques .......................................................................... — 3
2.1.1 Bilan ..................................................................................................... — 3
2.1.2 Technologies environnement ............................................................ — 3
2.2 Polluants dans l’eau .................................................................................... — 3
2.2.1 Bilan ..................................................................................................... — 3
2.2.2 Technologies environnement ............................................................ — 3
2.3 Coproduits solides et boueux..................................................................... — 4
2.3.1 Bilan ..................................................................................................... — 4
2.3.2 Technologies environnement ............................................................ — 4
2.4 Pollution des sols......................................................................................... — 4
2.5 Bruit et vibrations ........................................................................................ — 4
2.6 Risques d’accidents majeurs ...................................................................... — 4
3. Fonction environnement dans les sociétés et les usines ............. — 4
3.1 Organisation................................................................................................. — 4
3.2 Missions ....................................................................................................... — 4
3.3 Effectifs ......................................................................................................... — 5
3.4 Responsabilité pénale ................................................................................. — 5
4. Considérations économiques ............................................................... — 5
4.1 Investissements ........................................................................................... — 5
4.2 Amortissements et charges financières .................................................... — 5
4.3 Frais d’exploitation ...................................................................................... — 5
4.4 Coût global ................................................................................................... — 5
5. Possibilités d’évolution.......................................................................... — 5
5.1 Renforcement des réglementations........................................................... — 5
5.2 Mutation des techniques de production.................................................... — 5

ans cet article, nous traiterons du bilan des sources de pollution en sidé-
D rurgie et des moyens mis en œuvre pour respecter la réglementation.

Le lecteur se reportera utilement à l’article Protection de l’environnement dans le milieu


industriel [A 8 650] dans le traité L’entreprise industrielle.
Parution : juillet 1992

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Protection de l’environnement :
Technologie

par Jean RAGUIN


Ingénieur Civil des Mines
Président d’Honneur du LECES (Laboratoire d’Étude
et de Contrôle de l’Environnement Sidérurgique)

3
Ancien Directeur à l’IRSID (Institut de Recherches de la Sidérurgie Française)

1. Parcs de matières premières ................................................................ M 7 151 - 2


2. Cokeries...................................................................................................... — 2
3. Agglomérations de minerais................................................................. — 6
4. Hauts fourneaux ....................................................................................... — 8
5. Prétraitements de la fonte .................................................................... — 11
6. Aciéries à l’oxygène ................................................................................ — 11
7. Aciéries électriques................................................................................. — 13
8. Métallurgie secondaire........................................................................... — 18
9. Coulée de l’acier....................................................................................... — 19
10. Fours à réchauffer .................................................................................. — 19
11. Laminoirs à chaud .................................................................................. — 19
12. Ateliers de décapage ............................................................................. — 20
13. Secteurs généraux des usines sidérurgiques ................................. — 20

a protection de l’environnement en cokerie concerne, non seulement la pro-


L duction du coke, mais aussi le traitement du gaz et la valorisation des
sous-produits. Les milieux visés sont essentiellement l’air et l’eau, mais il ne faut
pas sous-estimer les risques de pollution des sols ainsi que la montée des plaintes
pour cause d’odeurs.
Parution : juillet 1992

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1. Parcs de matières premières pendant plusieurs mois de l’installation pour une décontamination
totale, perte de métal, sans parler des risques encourus par le per-
sonnel.
Les usines sidérurgiques s’approvisionnent essentiellement en Concrètement, pour éviter de tels accidents, la solution consiste
matières pondéreuses (minerai, charbon, coke, castine, agents de à contrôler la non-radioactivité des ferrailles, par exemple au
scorification...) et ferrailles. moment de la livraison dans les aciéries.

1.1 Parcs de matières pondéreuses 1.2.4 Nuisances sonores

Transportées surtout par voie maritime, voie d’eau et voie ferrée, Toutes les manipulations de ferrailles sont bruyantes. Aussi, peut-il
les matières pondéreuses sont déchargées, stockées en tas puis être nécessaire de les effectuer sous halle, si des habitations se
reprises par roues-pelles. Ces opérations et surtout le stockage trouvent près du parc à ferrailles ou s’il y a des réverbérations
occasionnent dans les régions ventées (cas des bords de mer) des particulières du bruit (par exemple sur une rivière).
envols de poussières.
Par exemple, pour une usine intégrée de 4 Mt /an, un stockage
2. Cokeries
3
équivalant à 2 mois de marche porte sur 1 Mt de minerai hématite et
350 000 t de charbon et il occupe quelque 170 000 m 2 ; les envols
correspondants peuvent être de l’ordre :
— de 0,2 % du minerai stocké, soit............................ 10 000 t /an ; Le bilan de la cokéfaction d’une tonne de charbon est le suivant,
— de 0,125 % du charbon stocké, soit......................... 3 000 t /an. en ordre de grandeur : (0)

Ils sont sources non seulement de pollution pour le voisinage, mais


aussi de pertes financières (par exemple, 3 MF/an). Pour les prévenir, Coke ....................................... 730 kg
on pratique souvent l’humidification en surface ou même à cœur Gaz ......................................... 170 kg (ou 340 Nm3)
en utilisant, outre l’eau, des émulsions filmogènes. Eau ......................................... 42 kg
Cette pratique permet aussi de se prémunir contre les risques Goudron ................................ 40 kg
d’inflammation spontanée de certains charbons à haute teneur en Benzol .................................... 12 kg
matières volatiles. Ammoniac............................. 3 kg
Hydrogène............................. 3 kg
Hydrogène sulfuré................ 3 kg
1.2 Parcs à ferrailles
L’article Recyclage des déchets ferreux [M 7 060] de ce traité 2.1 Stockage et préparation des charbons
présente les différentes catégories de ferrailles qui sont récupérées
tout au long du cycle des produits et articles en acier : fabrication, Ces points sont développés dans l’article Coke métallurgique
transformation, utilisation et élimination. [M 7 340] de ce traité. Il convient d’en retenir :
Les ferrailles mêmes ne posent pas de problème d’environne- — l’utilisation d’eau additionnée de produits tensioactifs pour
ment lors de leur stockage, mais elles peuvent polluer par des pro- humidifier de façon prolongée, en surface et même si possible dans
duits qu’elles sont susceptibles d’introduire avec elles dans les la masse, le charbon et éviter les envols de charbon par grand vent
usines : surtout pour les cokeries côtières ;
— huiles et graisses ; — l’importance du broyage dans la préparation de la pâte à
— PCB ; coke, qui implique un dépoussiérage généralement par manches
— constituants radioactifs. filtrantes ;
— la nécessité également du transport des charbons et du coke
En outre, la manipulation des ferrailles sur les parcs peut pro-
sur de grandes distances, ce qui impose des captages aux chutes
voquer des nuisances sonores.
de bandes, avec encore dépoussiérage par manches filtrantes.

1.2.1 Huiles et graisses


2.2 Enfournement du charbon
Les chutes de l’industrie de transformation et les ferrailles de
collecte peuvent contenir des huiles et des graisses. Pour empê- Cette opération est source de pollution atmosphérique du triple
cher que celles-ci ne polluent les eaux et les sols, il faut prévoir des fait :
aires de stockage bétonnées avec récupération des eaux pluviales. — du remplissage du four à charger, compte tenu du déplace-
ment de l’air chaud qui s’y trouve après défournement de l’opéra-
tion précédente ;
1.2.2 PCB (polychlorobiphényle) — de l’envol de fines particules de charbon ;
— d’un début de pyrolyse du charbon.
La littérature a fait état d’incidents qui seraient survenus aux
Les fumées et poussières sont captables :
États-Unis avec la refusion de matériels contenant du pyralène. Les
exploitants doivent éviter la réédition de tels événements, à cause — aux colonnes montantes des fours ;
des risques de formation de dioxines et de difurannes. — et /ou aux orifices de chargement.
Dans le premier cas, elles sont reprises par le barillet (collecteur
central de la batterie). Il n’y a aucun traitement spécifique mais on
1.2.3 Constituants radioactifs accroît la pollution du gaz de cokerie et de son goudron.
Dans le second cas, les aspirations aux orifices de chargement
Il est arrivé à quelques reprises qu’une source radioactive se sont connectées à un dépoussiérage, généralement humide, qui
trouve accidentellement mêlée aux ferrailles chargées en aciérie est soit embarqué avec l’enfourneuse, soit à poste fixe non loin de
électrique. Les conséquences ont été graves pour l’usine : arrêt

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la batterie. Cette dernière solution est appliquée en France à la Pour capter poussières et fumées, on recouvre le wagon à coke
cokerie de LORFONTE-Sérémange (tableau 1) et à la batterie B 6 de par une hotte enveloppante qui est connectée soit à du matériel
SOLLAC-Dunkerque. embarqué avec le wagon, soit à un dépoussiéreur au sol (tableau 1).
Plus l’enfournement est rapide, plus le débit instantané de fumées
est important et plus il faut surdimensionner les installations de
captage et de dépoussiérage. 2.5 Extinction et criblage du coke
Pour éviter cet inconvénient, une pratique s’est développée aux
États-Unis, dite du stage charging, c’est-à-dire de l’enfournement 2.5.1 Extinction humide du coke
séquentiel, orifice de chargement par orifice de chargement.
Dans la grande majorité des cokeries, le wagon à coke une fois
rempli est conduit jusqu’à la base d’une tour d’extinction où il est
2.3 Chauffage des fours. Fuites aux portes noyé d’eau industrielle en grande quantité pendant quelques
minutes. Cette pratique se traduit par le rejet à l’atmosphère de
vapeur chargée de poussières. Pour favoriser la sédimentation de
2.3.1 Chauffage des fours ces poussières à l’intérieur de la tour, on y dispose des chicanes tout
en cherchant à conserver un bon tirage pour la vapeur.
Les fours à coke sont chauffés à partir de la combustion à haute

3
température de mélanges de gaz de cokerie, gaz de haut fourneau
et gaz naturel, selon les usines. Les fumées produites sont rejetées
2.5.2 Extinction à sec du coke
par les cheminées des batteries de fours sans, généralement, aucun
traitement de dépollution. Elles sont très peu chargées en poussières
L’extinction humide est critiquée non seulement pour ses rejets
et en oxydes de soufre mais contiennent des oxydes d’azote, essen-
de poussières et de polluants mais aussi au nom des économies
tiellement du monoxyde d’azote NO d’origine thermique. Le flux de
d’énergie. En effet, toute la chaleur sensible du coke entre 800 oC
NO dépend très fortement des conditions opératoires (température
et la température ambiante est perdue.
de flamme, excès d’air, mode de combustion, nature du gaz
combustible, disposition des carneaux...) et se situe dans une four- C’est dans ce contexte que s’est développée, d’abord au Japon
chette de 100 à 800 g /t de coke. (où l’énergie est très chère) puis en dehors du Japon (deux instal-
lations en Allemagne chez Thyssen-Duisburg et chez Kaiserstuhl et
Il apparaît possible de réduire les rejets d’oxydes d’azote :
une en Finlande chez Rautaruukki à Raahe), l’extinction à sec par
— en appauvrissant le gaz de combustion par l’utilisation de gaz inerte recyclé (figure 1). L’énergie (1,26 GJ par tonne de coke)
mélanges à moindre PCI ou la recirculation des fumées ; est récupérée sous forme de vapeur à haute pression : par exemple,
— en optimisant la technologie de chauffage (arrivées étalées ou 50 tonnes à 400 o C sous 4,9 MPa pour 100 tonnes de coke et
rehaussées d’air et de gaz) pour uniformiser et abaisser la tempé- par heure.
rature et la teneur en oxygène dans les fumées.

2.5.3 Criblage du coke


2.3.2 Fuites aux portes
Cette opération nécessite un captage et un dépoussiérage géné-
En début de cuisson, chaque four à coke est le siège d’une forte ralement par manches filtrantes.
pression interne qui provoque des fuites de fumées aux portes
avec émission de composés organiques.
Au cours des dernières années, de grands progrès ont été faits 2.6 Traitement des eaux et du gaz
pour supprimer le plus possible les fuites aux portes, avec le déve-
loppement des portes dites « flexibles ».
2.6.1 Traitement des eaux de cokerie
Dans le cycle opératoire, de l’eau est produite lors de la coké-
2.4 Défournement du coke faction. Elle intervient aussi pour le refroidissement du gaz de cokerie
à la sortie de chaque colonne montante, pour le dépoussiérage
Lors de cette opération, le coke à 1 000 oC (saumon de coke ) est humide de certaines fumées, par exemple au chargement du
repoussé par un bélier et tombe dans le wagon à coke, après avoir charbon dans les fours et pour l’extinction humide du coke.
traversé le guide-coke. Il y a production de flammes et émission de (0)
poussières incandescentes et de fumées, tout cela de façon d’autant
plus intense que le coke est moins bien cuit.

Tableau 1 – Prévention de la pollution atmosphérique à la cokerie de LORFONTE-Sérémange.


Traitement des fumées
Poste Captage Évacuation Dépoussiérage Extraction
Colonne montante (injection de
19 m 3 /h d’eau ammoniacale sous Barillet Traitement du gaz de cokerie (§ 2.6.2)
4,2 MPa)
Enfournement
Autour des 4 goulottes relevables Conduite embarquée 2 étages en voie humide Ventilateur 300 kW
(télescopes ) sur l’enfourneuse puis (saturateur : 25 m3 /h eau ; 36 000 m3 /h (53 oC)
conduite fixe venturi : 38 m3 /h eau) 23,5 kPa
Hotte recouvrant partiellement le Collecteur le long de la 2 étages en voie sèche Ventilateur 90 kW
Défournement wagon à coke, et embarquée sur le batterie (préséparateur ; dépoussiéreur à 290 000 m3 /h (100 oC)
guide-coke manches filtrantes 6 000 m2)

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Les eaux ammoniacales constituent l’effluent spécifique des de sodium (efficace, fiable mais cher). L’ammoniac récupéré sous
cokeries. Le traitement qui leur est généralement appliqué associe forme de buées est incinéré ou sert à produire du sulfate
les opérations suivantes (tableau 2) : d’ammonium ;
— dégoudronnage par décantation, puis filtration ; — homogénéisation en lagune des eaux strippées et des
— strippage dans une colonne à plateaux de l’ammoniac volatil condensats du réseau du gaz de cokerie ;
et de l’ammoniac combiné sous forme de sels fixes, après dépla- — épuration biologique pour déphénolage et oxydation des
cement de ceux-ci par la chaux (peu coûteuse mais occasionnant sulfocyanures ;
des colmatages des plateaux) ou plus généralement par le carbonate — le cas échéant, épuration physico-chimique, dite tertiaire,
pour achever de réduire la DCO (demande chimique d’oxygène)
résiduelle provenant des éléments colloïdaux.

Figure 1 – Installation d’extinction à sec du coke

(0)

Tableau 2 – Prévention de la pollution de l’eau à la cokerie de SOLLAC-Fos.


Traitement des eaux ammoniacales dégoudronnées
Opération Équipement Caractéristiques technologiques
24 plateaux à cloches :

 — en fonte (partie inférieure pour l’ammoniac volatil)
Strippage de l’ammoniac
Colonne à plateaux .............................  — en fonte alliée au nickel (partie intermédiaire recevant le
 carbonate de sodium)
 — en kéra (partie supérieure pour l’ammoniac fixe)
Four d’incinération des buées .................. Récupération d’énergie par chaudière
Lagune d’homogénéisation ...................... 20 000 m3
Décanteur primaire .................................... 560 m3
Double raclage du fond et de la surface
Floculateur avec électroagitateur et apport
de sulfate de fer ......................................... 15 m3
Traitement biologique
Bassin d’aération ....................................... 2 500 m3
4 turbines de 49 kW
Décanteur secondaire................................ 750 m3
Lagune pour traitement de finition .......... 18 000 m3
Lagunes naturelles..................................... 2 × 60 000 m3
Traitement des boues Lagune d’oxydation des boues................. 4 000 m3
biologiques 2 turbines flottantes

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2.6.2 Traitement du gaz de cokerie — les procédés humides de neutralisation de H 2 S par une solu-
tion basique, suivie d’une distillation fractionnée de la liqueur, par
Pour pouvoir être utilisé comme combustible dans de bonnes exemple : (0)
conditions, le gaz brut de cokerie doit subir en partie ou en totalité
les traitements suivants : Procédé Solution basique
— dès la sortie de chaque four à coke, refroidissement
de 900-1 000 oC à 90 oC, par arrosage à la colonne montante et au Vacuum carbonate Carbonate de sodium
barillet ; Sulfiban Monoéthanolamine
— à la sortie du barillet, dans le piège à mixtes, récupération des Dravo Still Liqueurs ammoniacales
goudrons les plus lourds et de la plupart des poussières de char-
bon, sous forme de boues entraînées par les eaux ammoniacales ;
— les procédés également humides opérant par neutralisation et
— condensation primaire avec refroidissement de 70-80 oC
oxydation simultanées et assurant non seulement la désulfuration
jusqu’à 20-25 oC et récupération sous forme de condensats de la
mais aussi la décyanuration : procédés STRETFORD-HOLMES,
vapeur d’eau, d’une fraction des goudrons et de la majeure partie
TAKAHAX, FUMAX, DIAMOX...
de la naphtaline ;
— dégoudronnage électrique ; La cokerie de LORFONTE-Sérémange exploite, à l’échelle de
— extraction ; 40 000 Nm3 /h, le procédé STRETFORD-HOLMES, en mettant en
œuvre les installations suivantes :

3
— élimination de l’ammoniac par lavage, pour fabrication de
sulfate d’ammonium ou, après distillation (§ 2.6.1), destruction par — tour de lavage avec une liqueur spécifique à quatre
incinération ; constituants [carbonate de sodium, composés de vanadium penta-
— débenzolage par lavage à l’huile, celle-ci étant ensuite dis- valent, acide disulfonique d’anthraquinone (ADA) et acide citrique
tillée dans une colonne de désessenciement avec extraction en tête anhydre] : H 2S est absorbé sous forme de HS – ;
des vapeurs de benzol (benzène, toluène et xylènes) en tête ; — oxydeurs où l’on régénère le vanadium pentavalent, l’ADA
— dénaphtalinage au fuel domestique ; servant de catalyseur et où HS – se transforme en soufre élémentaire
— désulfuration (§ 2.6.3) ; sous forme d’écume à 8-10 % de S ;
— mise sous pression par extracteurs rotatifs ; — bac à boues et centrifugeuse pour récupérer puis traiter
— parachèvement sous haute pression du refroidissement, du l’écume et séparer soufre et eau ;
débenzolage, du dénaphtalinage et de la déshydratation. — autoclave pour refondre le soufre ;
Le gaz de cokerie ainsi traité a la composition suivante (% en — bac de recyclage de la liqueur.
volume) : (0)

H2 CH4 CO C n Hn N2 CO2 O2
2.7 Usine à sous-produits
55 à 65 22 à 27 4à6 3à4 2à5 1à2 0,1
Une attention particulière doit être portée :
— aux émissions de benzène à partir des unités de production et
Avec une telle composition, on conçoit les deux grandes voies lors du chargement du benzol ;
possibles pour l’utilisation du gaz de cokerie : — aux pollutions du sol par l’ensemble des produits
— en tant que combustible, vu son PCI élevé (18 à 25 MJ/Nm3 ) ; organiques ;
— en tant que source d’hydrogène. — à certains rejets odorants.
Quant au goudron, il peut être valorisé comme :
— combustible pour injection au haut fourneau ;
— matière première pour la fabrication des électrodes ; 2.8 Sûreté des gazomètres
— produit de départ pour des synthèses organiques.
Cette dernière application se retrouve aussi pour le benzol, avec
et des réseaux de gaz de cokerie
pour objectif la production de matières plastiques.
Compte tenu de sa composition, le gaz de cokerie a une masse
volumique trois fois plus faible que l’air : 0,45 à 0,5 kg/m3.
2.6.3 Désulfuration du gaz de cokerie
Également, vu sa composition, il est particulièrement déflagrant.
Lorsque l’on utilise en chauffage le gaz de cokerie non désulfuré, À température ambiante et en présence d’air, un point chaud
l’hydrogène sulfuré (3 à 8 g /m3 ) qu’il contient provoque une émis- vers 600-650 oC suffit à l’enflammer.
sion d’oxydes de soufre à l’atmosphère. Cette émission est à la fois
polluante et corrosive pour les installations et les produits.
De plus en plus de cokeries comportent une installation de 2.9 Considérations économiques
désulfuration de leur gaz. Tel est le cas de LORFONTE-Sérémange
dont le gaz est utilisé pour les fours de traitement thermique des
laminoirs à froid de l’usine voisine de SOLLAC. L’exemple de LORFONTE-Sérémange fournit des indications sur
On distingue trois grandes familles de procédés de désulfura- les ordres de grandeur de quelques investissements pour la pro-
tion : tection de l’environnement et des frais d’exploitation correspon-
— les procédés à sec d’oxydation directe de H 2 S en soufre élé- dants.
mentaire, comme l’ancien procédé à la masse désulfurante ;

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© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 7 151 − 5

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3

84
Référence Internet
M7160

Application de l’inventaire du cycle


de vie en sidérurgie

par Ana-Maria IOSIF


Docteur, Ingénieur de recherche
ArcelorMittal R&D
François HANROT
Docteur, Ingénieur de recherche

et
ArcelorMittal R&D
Denis ABLITZER 3
Professeur à l’École des Mines de Nancy

1. Cadre méthodologique de l’analyse de cycle de vie (ACV) .......... M 7 160 - 2


1.1 Définitions des objectifs .............................................................................. — 2
1.2 Analyse de l’inventaire ............................................................................... — 2
2. Couplage méthodologique..................................................................... — 2
3. Modélisation de la filière classique de production d’acier .......... — 3
3.1 Présentation du modèle de la cokerie ....................................................... — 4
3.1.1 Chauffage du four à coke .................................................................. — 4
3.1.2 Pyrolyse du charbon .......................................................................... — 4
3.1.3 Extinction du coke et traitement du gaz de cokerie ........................ — 6
3.1.4 Présentation des résultats du modèle .............................................. — 6
3.2 Modèle de l’agglomération ........................................................................ — 7
3.3 Modèle de haut-fourneau ........................................................................... — 7
3.4 Modèle de convertisseur ............................................................................ — 8
3.5 Modèle du laminoir à chaud ...................................................................... — 8
4. Réalisation de l’inventaire du cycle de vie
à partir des modèles « Aspen »............................................................ — 9
5. Conclusion.................................................................................................. — 10
Références bibliographiques.......................................................................... — 10

’industrie sidérurgique est un important émetteur de gaz à effet de serre.


L La filière classique de production d’acier génère en effet aujourd’hui
approximativement deux tonnes de dioxyde de carbone par tonne d’acier pro-
duite. Les contraintes économiques et les exigences environnementales
croissantes conduisent la sidérurgie à envisager des politiques innovantes
pour réduire ces rejets, pour développer des techniques de recyclage et de
valorisation, pour adapter et optimiser les procédés d’élaboration de l’acier. Il
apparaît maintenant évident que les méthodes actuelles de production d’acier
devront être profondément remaniées et que de nouvelles technologies
devront être étudiées et validées pour pouvoir, à moyen terme, être mises en
œuvre à grande échelle.
L’évaluation environnementale des procédés sidérurgiques classiques, selon
une approche globale de type « cycle de vie », permet d’améliorer significati-
vement leur efficacité environnementale et leur productivité. Cette évaluation
est recommandée avant la mise en place des programmes de recherche et
surtout avant le développement des unités. L’analyse du cycle de vie (ACV) est
reconnue comme l'approche la plus holistique d’évaluation environnementale
des systèmes industriels. Malgré la normalisation internationale de cette
Parution : juin 2008

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est strictement interdite. – © Editions T.I. M 7 160 – 1

85
Référence Internet
M7160

APPLICATION DE L’INVENTAIRE DU CYCLE DE VIE EN SIDÉRURGIE ____________________________________________________________________________

méthodologie (ISO 14040 ) [1], il reste encore des cas pour lesquels les résul-
tats d’une étude d’ACV engendrent des commentaires contradictoires
remettant en question leur crédibilité. Il est généralement reconnu qu’assurer
une bonne qualité des données de l’inventaire du cycle de vie est une des
conditions à remplir afin de garantir la qualité des résultats de l’ACV.
Dans ce dossier, nous proposons une nouvelle démarche d’analyse de
l’inventaire du cycle de vie en vue d’améliorer la qualité des données utilisées
pour la réalisation de l’étude ACV. La démarche proposée s’appuie sur un cou-
plage méthodologique entre la méthode classique d’ACV et un logiciel de
génie des procédés de type « flowsheeting ». Par la suite, ce couplage est
appliqué à la filière classique de l’acier.

3 1. Cadre méthodologique sent les processus élémentaires qui seront pris en compte dans
l’étude. Bien que toutes les activités humaines contribuent au cycle
de l’analyse de cycle de vie du produit, il apparaît clairement que les frontières d’un sys-
tème doivent être finies. Des décisions ont donc été prises
de vie (ACV) concernant les processus élémentaires à analyser et le niveau de
détail auquel ces processus élémentaires sont étudiés. Compte
tenu des éléments ci-dessus, nous présentons sur la figure 1 les
L’analyse de cycle de vie est un outil d’évaluation des impacts frontières du système de production d’une tonne de bobines lami-
sur l’environnement d’un système comprenant l’ensemble des nées à chaud que nous avons considérées.
activités associées à un produit ou à un service, depuis l’extraction
des matières premières jusqu’à l’élimination des déchets [1].
L’ACV se compose de quatre phases : 1.2 Analyse de l’inventaire
– définition des objectifs et du champ de l’étude ;
– inventaire (bilans matière – énergie) ; La deuxième partie de l’analyse du cycle de vie consiste en l’ana-
– évaluation des impacts ; lyse de l’inventaire du cycle de vie (ICV). L’analyse de l’inventaire
– interprétation des résultats. est la phase de l’ACV impliquant la compilation et la quantification
des entrants et des sortants pour un système donné au cours de
son cycle de vie [3]. L’ACV traitant un nombre important de don-
1.1 Définitions des objectifs nées, il est judicieux d’évaluer la qualité de l’ICV. Selon Labouze et
coll. [4], la qualité des résultats de l’ACV est assurée par la qualité
La phase initiale de l’ACV doit indiquer sans ambiguïté l’applica- des données de l’inventaire. Les exigences relatives à la qualité des
tion envisagée, les raisons conduisant à réaliser l’étude et le public données sont importantes pour comprendre la fiabilité des résultats
concerné [1]. Selon le cas, l’ACV peut avoir diverses finalités : de l’étude et pour interpréter correctement ce qu’il en ressort. Selon
l’amélioration d’un procédé, la mise en place d’une réglementa- Rousseaux [G 5 500] ou [5], les principaux points faibles de l’ACV
tion, d’une politique environnementale, ou la sensibilisation du sont la qualité et la disponibilité des données. Dans de nombreux
consommateur [2]. cas, les données nécessaires ne sont pas habituellement mesurées
Dans la présente étude, nous nous intéressons plus particulière- par les exploitants, ou elles sont trop agrégées dans les bases de
ment à l’utilisation de l’ACV au niveau de l’entreprise (en interne) données existantes pour pouvoir être exploitées.
qui est le principal bénéficiaire. Ayant comme objectif final l’amé- Ainsi, nous proposons par la suite une approche innovatrice
lioration environnementale du procédé, notre étude se concentre capable de garantir la qualité des données utilisées dans la réalisa-
sur la réalisation de l’analyse globale du cycle de vie de la filière tion de l’inventaire, tel qu’il a été défini dans la figure 1.
intégrée classique de production d’acier, c’est-à-dire d’une usine
sidérurgique intégrée classique (USIC). La filière classique de pro-
duction d’acier est fondée sur la production de fonte à partir de
minerais de fer, dans un haut-fourneau et la conversion à l’oxy- 2. Couplage méthodologique
gène de cette fonte en acier.
Selon la norme ISO 14040 [1], le champ d’étude décrit principa- Le mode opératoire original développé pour la réalisation de
lement les frontières du système et les fonctions du système. l’inventaire consiste à réaliser une base de données à partir de
modèles physico-chimiques simplifiés pour les sous-systèmes
■ Unité fonctionnelle définis sur la figure 1.
La définition d’une unité fonctionnelle (UF) est nécessaire pour Ainsi est réalisé un couplage entre la méthodologie de l’ACV et
permettre la comparaison des différents sous-systèmes et elle est celle du génie des procédés car la partie la plus importante de
en effet la référence à laquelle sont rapportées les quantités men- l’inventaire est réalisée à l’aide du logiciel de type « flowsheeting »
tionnées dans l’inventaire (deuxième étape de l’ACV). Aspen Plus (figure 2).
Dans la mesure où l’étude concerne l’ACV de la filière classique Nota : il existe d’autres logiciels de type « flowsheeting » :
de production d’acier, l’unité fonctionnelle choisie correspond à – Hysis (produit aussi par Aspen Tech) mais avec une base thermodynamique plus
simplifiée ;
une tonne de bobines laminées à chaud produite dans une usine – Metsim, étudié mais moins performant qu’Aspen Plus.
sidérurgique intégrée classique.
Aspen Plus [6] est un logiciel de modélisation de procédé en
■ Frontières du système régime permanent, équipé d’une base de données thermodyna-
Une fois que les objectifs généraux et le but de l’ACV sont iden- miques utilisée pour calculer les bilans de matière et d’énergie. Ce
tifiés, les frontières du système doivent être fixées. Elles définis- logiciel permet d’effectuer des simulations de procédés (c’est ce

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M 7 160 – 2 est strictement interdite. – © Editions T.I.

86
Sidérurgie des métaux ferreux
(Réf. Internet 42368)

1– Généralités

2– Matières premières de la sidérurgie

3– Ensembles sidérurgiques
4
4– Données thermiques et thermodynamiques Réf. Internet page

Équilibres thermodynamiques en sidérurgie M7220 89

Équilibres thermodynamiques en sidérurgie. Métal - non métal M7221 93

Équilibres thermodynamiques en sidérurgie. Laitiers et réfractaires M7222 95

Données thermochimiques nécessaires à l'établissement des bilans thermiques en M1726 99


sidérurgie

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4

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Référence Internet
M7220

Équilibres thermodynamiques
en sidérurgie
par Pierre PERROT
Professeur émérite, laboratoire de métallurgie physique
Université des Sciences et Technologies de Lille

1. Thermodynamique appliquée à la sidérurgie ............................ M 7 220 – 2


1.1 Caractéristiques d’un mélange .......................................................... — 2
1.2 Propriétés thermodynamiques d’un mélange ................................... — 3
1.3 Enthalpie libre d’une solution ........................................................... — 6
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. M 7 220

L a sidérurgie étant consacrée à la production de la fonte, du fer et des aciers,


les différents matériaux rencontrés par le sidérurgiste sont :
4

le minerai, généralement solide ;

le métal, liquide au moment de son élaboration, puis solide ;

le laitier, mélange d’oxydes liquides en équilibre avec le métal ;

les réfractaires qui peuvent réagir avec le métal ou le laitier ;

les gaz, même s’ils ne sont pas considérés comme un matériau.
La thermodynamique appliquée aux réactions sidérurgiques traite donc des
points suivants :
– problèmes liés à la réduction des minerais ;
– réactions entre métal et laitier ;
– comportement des réfractaires dans leur environnement ;
– dissolution des gaz dans les métaux.
Ces trois derniers points, notamment, seront abordés dans deux articles ulté-
rieurs [M7221] et [M7222].
Elle permet de définir les conditions optimales d’élaboration en fonction du
matériau de départ, minerai ou ferrailles de récupération et des buts poursuivis :
composition visée, teneur admissible en impuretés.
Les traitements thermiques ultérieurs, qui permettent d’affiner les propriétés
mécaniques du matériau final, ne sont pas examinés dans le cadre de cet article
qui ne traite que de la thermodynamique appliquée aux équilibres
sidérurgiques.
Le présent article offre à l’ingénieur sidérurgiste quelques rappels thermody-
namiques, une expression, en fonction de la température, des enthalpies libres
de transition et de vaporisation des éléments, ainsi qu’une expression des
enthalpies libres d’excès de mélange pour les principales solutions métalliques.
Parution : septembre 2010

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M7220

ÉQUILIBRES THERMODYNAMIQUES EN SIDÉRURGIE –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

1. Thermodynamique « corps pur ». S’il y a lieu, on peut distinguer, dans une solution,
le solvant (constituant majoritaire) et les solutés (constituants
appliquée à la sidérurgie minoritaires).

Par exemple, la ferrite ou l’austénite sont des solutions solides


constituées d’un corps pur (aFe ou gFe) ayant dissous un ou plu-
À l’aide des fonctions d’état qu’elle définit et de ses principes sieurs solutés.
fondamentaux, la thermodynamique permet en effet de répondre Une solution peut subir, par abaissement de la température, une
à trois types de questions : « démixtion » comme la solution liquide Fe-S (20 at % S) subit, au-
– étant donné un système dans un état initial bien déterminé et dessous de 2 000  C, une démixtion avec formation de deux phases
soumis à des contraintes précises, que l’on laisse évoluer libre- liquides, l’une riche en fer et l’autre riche en soufre.
ment, quel sera son état final lorsque l’équilibre sera atteint ?
– étant donné un système dans un état initial bien déterminé, que
l’on veut faire évoluer vers un état final également bien déterminé,
1.1.3 Composition d’un mélange
quel est le meilleur chemin à suivre pour effectuer la Le mot mélange est un terme très général pour désigner un
transformation ? ensemble de constituants Ai. Pour former un mélange, il faut effec-
– une transformation donnée (états initial et final imposés) sous tuer la transformation :
des contraintes (par exemple de composition, de pression et de
température) bien définies, est-elle possible ou impossible ? n1 A1 + n2 A 2 + ... ni Ai + ... + nk Ak → Mélange
L’énoncé de ces trois questions montre que l’on ne peut imposer
à la fois l’état initial (par exemple la magnétite), l’état final (par S’il y a ambiguı̈té sur l’état du constituant Ai ou l’état du
exemple le fer métal), et les contraintes (par exemple la tempéra- mélange, nous utiliserons des conventions particulières pour le
ture, la pression et la composition de l’atmosphère gazeuse), que représenter (tableau 1).

4
ces contraintes soient imposées ou subies par le sidérurgiste. S’il Il peut être parfois nécessaire de préciser :
en est ainsi, la thermodynamique ne peut que répondre à la troi-
– la variété allotropique du solide, par exemple <gFe> ;
sième question en énonçant : « la transformation, possible, peut
– la nature du liquide (métal ou laitier) ;
se faire spontanément » ou bien « la transformation, thermodyna-
– la nature du soluté pour une espèce dissoute, par exemple
miquement impossible ne se fera pas ».
[Si]Fe.
Dire qu’une réaction est thermodynamiquement possible ne La composition d’un mélange est définie par la quantité de
veut pas dire qu’elle s’effectuera en un temps raisonnable. chaque constituant i présente dans le mélange et exprimée en :
Seule la cinétique peut répondre à la question « en combien
de temps ? ». – moles : ni (avec Sni = n, quantité de matière dans le mélange) ;
Heureusement, en sidérurgie, les températures mises en jeu – masse : mi (avec Smi = m, masse du mélange) ;
sont suffisamment élevées pour que les équilibres s’établis- – fraction molaire : xi = ni /n (avec Sxi = 1) ;
sent spontanément à l’échelle humaine. – fraction massique : wi = mi /m (avec Swi = 1) ;
– pourcent : [% i] = 100 wi (avec S [% i] = 100) ;
– ppm (parties par million). 1 ppm i = 10-4 [% i].
Dans les problèmes qui sont de son ressort, la thermodynamique
métallurgique fait usage d’informations expérimentales issues de Lorsqu’une teneur est exprimée en pourcent, ou en ppm, il s’agit
mesures directes d’équilibres ou, le plus souvent, de mesures indi- toujours de masse (1 % = 1 % massique ; 1 ppm = 1 gramme par
rectes, calorimétriques ou électrochimiques. Traduites en langage tonne).
thermodynamique, elles se présentent sous forme d’enthalpies
libres ou de potentiels chimiques faciles à mettre en œuvre dans
les calculs d’équilibres.
1.1.4 Grandeurs de mélange
Elles comprennent les grandeurs intensives et extensives.
1.1 Caractéristiques d’un mélange & Une grandeur intensive (ou intensité) est définie en chaque point
de l’espace et ne dépend pas de la quantité de mélange. Exemples :
La matière se rencontre sous trois états (solide, liquide et la température, la pression, la masse volumique, la tension superfi-
gazeux), mais le concept le plus important en sidérurgie est celui cielle, la viscosité, la résistivité électrique.
de phase ou de solution.
 Certaines grandeurs intensives sont appelées « tension ». Elles
1.1.1 Phases ont pour caractéristiques de prendre la même valeur de part et
d’autre de l’interface séparant deux systèmes à l’équilibre.
Une phase est définie comme la partie homogène d’un mélange :
 En sidérurgie, les tensions rencontrées seront la température,
– gazeux, toujours constitué d’une seule phase ;
la pression, le potentiel chimique dont l’égalité traduit respective-
– liquide, souvent monophasé. Un mélange liquide peut être
ment l’équilibre thermique, mécanique et chimique.
constitué de deux phases, par exemple une phase métallique
(l’acier liquide) en équilibre avec un laitier (mélange d’oxydes : & Une grandeur extensive (ou extensité), définie pour l’ensemble
SiO2, CaO, Al2O3, …). Les alliages liquides, tout comme les laitiers, d’un système a pour caractéristique d’être proportionnelle à la
peuvent être biphasés, comme par exemple l’alliage Fe + Cu ou le quantité de matière.
mélange 9 SiO2 + CaO au-dessus de 1 705  C ;
– solide, rarement monophasé. La ferrite, l’austénite, la cémen-
tite, le graphite sont des phases solides rencontrées dans les
aciers. La perlite est un constituant des aciers, mélange intime de
Tableau 1 – Conventions particulières aux états
deux phases : la ferrite et la cémentite.
État Solide Liquide Dissous Vapeur
1.1.2 Solutions
Une solution, qui peut être solide ou liquide, est un mélange Écriture <Ai> (Ai) [Ai] {Ai}
contenant plusieurs constituants. Le mot « solution » s’oppose à

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M 7 220 – 2 est strictement interdite. – © Editions T.I.

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Référence Internet
M7220

–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– ÉQUILIBRES THERMODYNAMIQUES EN SIDÉRURGIE

Par exemple, le volume V dépend a priori de la température T, de & Si g i > 1, soit pi > pio x i , le constituant i a tendance à fuir la solu-
la pression P, et de la quantité de matière n1, n2, …, ni, …, nk. tion. L’écart à l’idéalité est dit « positif », ce qui caractérise des
Si, en gardant P et T constantes, on multiplie tous les ni par le interactions répulsives entre i et les autres constituants de la
même facteur l, on multiplie également le volume par le même fac- solution.
teur l. Nous rencontrerons d’autres grandeurs extensives que nous
désignerons collectivement par Y.
Considérons maintenant la transformation consistant à mélanger ni & En revanche, si g i < 1, soit pi < pio x i , l’écart à l’idéalité est dit
moles de Ai (i = 1, 2, …, k) : « négatif », ce qui caractérise des interactions attractives entre i et
les autres constituants de la solution.
n1 A1 + n2 A 2 + ... ni Ai + ... + nk Ak → Mélange
Remarque : si une solution est idéale pour le constituant i d’un
Une grandeur intégrale de mélange DmixY est définie par : mélange, elle est idéale pour tous les constituants du mélange.
Il s’agit d’un théorème dont la démonstration sort du cadre de
ΔmixY = Yfinal − Yinitial = Y − ∑ ni y io (1)
cet exposé.
Si une solution présente un écart à l’idéalité, cet écart n’est pas
avec Y grandeur extensive relative au mélange, obligatoirement du même signe pour tous les constituants du
y io valeur prise par Y pour une mole de i hors du mélange.
mélange,
∑ niy io valeur de Y pour tous les constituants hors du
1.2 Propriétés thermodynamiques
mélange.
d’un mélange

4
1.1.5 État standard 1.2.1 Grandeurs intégrales
Une grandeur telle que le volume de mélange DmixV = Vfinal – Vinitial
peut être calculée en mesurant séparément Vfinal et Vinitial. Mais, Une grandeur intégrale Y est une grandeur extensive. Mathéma-
cette opération est impossible si la grandeur Y est définie à une tiquement, cela revient à exprimer que, si l’on multiplie la quantité
constante près. Dans ce cas, seule la grandeur de mélange DmixY de matière par un facteur l, la grandeur intégrale est multipliée par
est mesurable. C’est le cas avec l’enthalpie de mélange DmixH et le même facteur l :
l’enthalpie libre de mélange DmixG. Il est alors nécessaire de définir
Y par rapport à un état que l’on appelle état standard. Y (T , P , λn1, λn2 , …, λni , …, λnk ) = λ Y (T , P , n1, n2 , …, ni , …, nk ) (2)

Lorsqu’aucun état standard n’est explicitement défini, on En pratique, pour qu’une fonction Y vérifie la relation (2), il faut
convient de choisir comme état standard d’un constituant i, ce et il suffit qu’elle soit homogène et du premier degré en (n1, n2, …,
constituant i pur sous une pression de 1 bar. En conséquence : ni, …, nk).
– si i est en phase gazeuse, l’état standard est le gaz i pur sous la
Les grandeurs intégrales, caractérisant les systèmes rencontrés
pression standard pio = 1bar, quelle que soit la température ;
en sidérurgie, sont :
– si i est en phase condensée (solide ou liquide), l’état standard
est le corps condensé i pur soumis à la pression d’un gaz inerte – le volume : V ;
P = 1 bar. Dans ces conditions, la pression standard pio est la ten- – l’enthalpie : H ;
sion de vapeur saturante du corps condensé pur à la température – l’entropie : S ;
– l’enthalpie libre (ou énergie de Gibbs) : G.
considérée. La pression standard pio est alors fonction de la
température.
Remarque : de toutes ces fonctions, la plus fondamentale est
1.1.6 Activité l’enthalpie libre G, car cette fonction est celle dont le minimum
donne l’état d’équilibre d’un système soumis aux contraintes P
L’activité d’un constituant i dans un mélange est définie par : et T constantes [119].
pi Tension de vapeur de i au dessus du mélange
ai = =
pio Tensionn de vapeur de i dans son état standard Les autres fonctions dérivent de G par les relations :

Si le constituant i est dans son état standard, pi = pio et par dG = − S dT + V dP (à composition constante) (3)
conséquent ai = 1. L’état standard d’un constituant i est donc un
état choisi arbitrairement pour lequel on pose ai = 1. d’où :

S = − ( ∂G / ∂T )P (4)
1.1.7 Idéalité
Une solution est dite idéale lorsque l’activité d’un constituant i
est proportionnelle à sa fraction molaire : V = ( ∂G / ∂P )T (5)

ai = pi / pio = k xi
H = G + TS = − T 2 ⎡⎣ ∂ (G /T ) / ∂T ⎤⎦ (6)
P
Si, de plus, l’état standard est le constituant i pur, ai = 1 lorsque
xi = 1 et, par conséquent k = 1, ce qui permet de poser ai = xi pour Bien sûr, il est en pratique plus précis d’obtenir les fonctions V, H
une solution idéale. et S par mesure directe que de les calculer par dérivation de la
Si la solution n’est pas idéale, on introduit un coefficient d’acti- fonction G.
vité g i qui caractérise l’écart à l’idéalité de la solution :
Pour mémoire, nous aurions pu rajouter l’énergie interne U et
γ i = ai / x i l’énergie libre (ou énergie de Helmholtz) F, mais nous n’utiliserons
pas ces fonctions.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. M 7 220 – 3

91
Référence Internet
M7220

ÉQUILIBRES THERMODYNAMIQUES EN SIDÉRURGIE –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Une grandeur intégrale, ramenée à l’unité de quantité de 1.2.3 Notion de potentiel chimique
matière, prend le nom de grandeur molaire intégrale Ym. En
posant : Si G, S et V sont, respectivement, l’enthalpie libre, l’entropie et le
volume d’un mélange, dG est exprimé par la relation (3) à compo-
S ni = n et xi = ni / n, fraction molaire du constituant i dans le sition constante.
mélange :
À composition variable :
Ym (T , P , x1, x 2 , …, x i , …, x k ) = Y (T , P , n1, n2 , …, ni , …, nk ) / n
dG = − S dT + V dP + ∑ i µi dni (15)
1.2.2 Grandeurs partielles
avec mi potentiel chimique du constituant i dans le mélange :
Si Y est une grandeur intégrale, la grandeur molaire partielle yi
relative au constituant i est définie par :
µi ≡ ( ∂G / ∂ni )T ,P ,n (16)
j ≠i
y i ≡ ( ∂Y / ∂ni )T ,P ,n (7)
j ≠i
Compte tenu de la relation (7), qui définit une grandeur molaire
partielle, le potentiel chimique mi s’identifie à l’enthalpie libre
Physiquement, une grandeur molaire partielle yi représente la molaire partielle gi.
variation de la grandeur intégrale Y observée lorsque l’on ajoute
une mole du constituant i à n moles de mélange, avec n >> 1. L’équilibre d’un constituant i entre deux phases a et b s’exprime
par l’égalité des potentiels chimiques. En effet, si dni moles de i
sont transférées de a vers b (dni = dni, b = - dni, a), la variation d’en-
Entre la grandeur intégrale Y et les grandeurs molaires partielles thalpie libre du mélange biphasé a + b s’exprime par :
yi existent, outre la relation de définition :
– l’identité d’Euler ;
– la relation de Gibbs-Duhem.
(
dG = dGα + dGβ = µi , α dni , α + µi , β dni ,β = µi , β − µi , α dni )
4 & L’identité d’Euler :

Y ≡ ∑ i ni y i (8)
Le minimum de la fonction G, qui traduit l’équilibre de i entre les
phases a et b, s’observe lorsque dG = 0, soit :

µi , α = µi , β (17)
L’identité d’Euler est caractéristique des fonctions mathémati-
ques Y homogènes et du premier degré en ni. Physiquement, 1.2.4 Expression du potentiel chimique
l’identité d’Euler (8) signifie que le tout (la grandeur intégrale Y) Le potentiel chimique s’obtient par intégration de l’équation (11) :
est la somme des parties (les grandeurs molaires partielles Si ni yi).
& La relation de Gibbs-Duhem : dµi = − si dT + υi dP

∑i ni dy i ≡ (∂Y / ∂T )P ,n j ≠i
dT + ( ∂Y / ∂P )T ,n
j ≠i
dP (9) À température constante, entre les pressions pio et pi :

( )
pi
La relation de Gibbs-Duhem s’obtient en différenciant l’identité µi (T , pi ) − µi T , pio = ∫ υi dP
pio
d’Euler. Dans la pratique, on l’intègre à température et pression
constantes. Elle se réduit alors à :
(
Si pio est la pression standard, on pose µi T , po = µoi (T ), poten- )
∑i ni dy i =0 (10) tiel chimique standard de i. Trois cas sont à considérer pour calcu-
ler l’intégrale.
À chaque grandeur intégrale V, H, S et G correspondent les gran-
& i est un gaz parfait
deurs molaires partielles :
– le volume molaire partiel de i : ui ; υi = R T / pi
– l’enthalpie molaire partielle de i : hi ;
– l’entropie molaire partielle si ;
– l’enthalpie libre molaire partielle ou potentiel chimique : mi. (
µi (T , pi ) = µoi (T ) + R T ln pi / pio ) (18)

Remarque : de toutes ces fonctions, la plus fondamentale est le


Si la pression standard pio n’est pas explicitement fixée, on pose
potentiel chimique mi. Les autres fonctions dérivent de mi par
les relations : par convention pio = 1bar = 105 Pa.

dµi = − si dT + υi dP (11) & i est un gaz réel


Il est alors nécessaire de connaı̂tre une équation d’état f (T, pi,
D’où : ui) = 0. Par analogie avec l’équation (18), on pose :

si = − ( ∂µi / ∂T )P (12) µi (T , pi ) = µoi (T ) + R T ln fi /fio ( )


avec fi fugacité du gaz réel i dans le mélange,
υi = ( ∂µi / ∂P )T (13) fio fugacité standard.

Nous ne développerons pas le calcul de la fugacité car, en sidé-


hi = µi + Tsi = − T 2 ⎡⎣ ∂ (µi /T ) / ∂T ⎤⎦ (14) rurgie, les gaz rencontrés sont sous une pression suffisamment
P
faible pour être considérés comme parfaits.
En pratique, il est plus précis d’obtenir les fonctions ui et hi par
mesure directe que de les calculer par dérivation de la fonction Pour tous les gaz : limp Æ 0 (f / p) = 1.
G. La mesure directe de si est difficile, aussi préfère-t-on calcu- À faible pression, en pratique au-dessous de 1 bar, la fugacité
ler si par l’équation (12). s’identifie à la pression.

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Équilibres thermodynamiques
en sidérurgie
Métal – non métal
par Pierre PERROT
Professeur émérite, laboratoire de métallurgie physique
Université des Sciences et Technologies de Lille

1. Équilibres entre phases condensées ........................................... M 7 221 – 2


1.1 Représentation des équilibres ........................................................... — 2
1.2 Description thermodynamique .......................................................... — 2
1.3 Diagrammes d’Ellingham................................................................... — 2

4
1.4 Forme des courbes d’équilibres ........................................................ — 2
1.5 Changements d’état ........................................................................... — 5
1.6 Influence de l’activité des constituants ............................................. — 5
2. Équilibres métal-oxydes................................................................. — 5
2.1 Diagrammes d’Ellingham des oxydes ............................................... — 5
2.2 Équilibres carbone-oxygène .............................................................. — 7
2.3 Équilibres fer – oxygène .................................................................... — 8
2.4 Affinage des aciers ............................................................................. — 8
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. M 7 222

es non métaux intervenant en sidérurgie, sont essentiellement l’oxygène,


L l’azote, le soufre, et le carbone, liste à laquelle il convient d’ajouter l’impu-
reté dévalorisante que constitue le phosphore.
Nous considérerons successivement :
– les équilibres entre deux phases condensées sous une pression gazeuse
fonction de la température ;
– équilibres de dissolution dans lesquels une seule phase condensée est en
équilibre avec une phase gazeuse.
Cet article offre à l’ingénieur des expressions d’enthalpies libres en fonction
de la température. Les expressions sont simplifiées pour être utilisables facile-
ment, mais suffisamment précises dans l’intervalle de températures considéré.
Les équilibres envisagés sont les équilibres métal-oxydes, métal-sulfures,
métal-nitrures, métal-carbures et les principaux équilibres métal-phosphures.
Pour les références bibliographiques, se reporter au Pour en savoir
plus [Doc. M 7 222].
Parution : mars 2011

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ÉQUILIBRES THERMODYNAMIQUES EN SIDÉRURGIE –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

1. Équilibres entre phases en précisant chaque fois le domaine de validité. Dans l’équa-
tion (3), on fait l’hypothèse DrCP = Cste et on prend pour DrCP la
condensées moyenne de DrCP calculée dans le domaine de validité. Dans ces
conditions g = - DrCP.

1.1 Représentation des équilibres 1.3 Diagrammes d’Ellingham


Les équilibres entre un métal Me et un non métal X qui peut être Les diagrammes sur lesquels on porte µ X 2 = RT ln PX 2 = f (T ) ont
gazeux (X = O, S, N, P) ou solide (X = C) seront toujours écrits de été proposés par Ellingham [2] et popularisés par Richardson [7]. Ils
manière à placer une mole de X2 (ou une mole de C) dans le pre- servent à représenter tous les équilibres du type :
mier membre de l’équation :
Red + X2  Ox
(2n / p ) Me + X2  (2/ p ) Men X p (1)
avec Red phase réduite,
Exemples :
Ox phase oxydée, par exemple, l’équilibre (1) ou
2 Ni + O2  2 NiO des équilibres plus complexes tels que :
, Si + N2  0,5 Si3N4
15
6 Ti2O3 + O2  4 Ti3O5
3 Fe2SiO4 + O2  2 Fe3O4 + 3 SiO2
L’enthalpie libre standard de l’équilibre (1) est directement reliée
à la pression de X2 à l’équilibre Me/MenXp. En effet :
Reprenons l’équilibre (1) et la condition d’équilibre :
⎛ PX ⎞ 2n / p
Δr 38Go = − RT ln K 38 = RT ln ⎜ 2 ⎟ + RT ln aMe 2/p
/ aMe ( ) (2)
(
n p
Δr 38Go = µ X2 + RT ln aMe
2 /
/ aMep X
2/
)
4
nXp
⎝ bar ⎠ n p

Si les composés Me et MenXp sont purs : À température donnée, l’équilibre est fixé par trois paramètres
liés par une condition. Si deux paramètres sont fixés (par exemple
aMe = aMen Xp
⎛ PX ⎞
= 1, et par conséquent : Δr 38Go = RT ln ⎜ 2 ⎟
⎝ bar ⎠
( )
aMe et aMen Xp ), le troisième µ X2 sera fixé par l’évolution spontanée
du système vers un état d’équilibre.

( )
PX 2 /bar = exp + Δr 38Go / RT représente la pression de X2 à l’équi-
Si deux éléments présentent une affinité différente pour un non
métal X, l’élément dont l’affinité est la plus forte chassera le second
libre Me/MenXp. de sa combinaison avec X.
Par exemple, l’aluminium chassera le fer de son oxyde suivant :
1.2 Description thermodynamique
8 Al + 3 Fe3O4 → 9 Fe + 4 Al2O3
L’enthalpie libre standard d’une réaction Sni Ai = 0 est donnée
par [121] :
Cette réaction est une aluminothermie. Al est un réducteur puis-
Δr G o = Δr H o − T Δr S o sant qui chasse presque tous les métaux de leurs combinaisons
avec l’oxygène. Les oxydes qui résistent à cette attaque sont :
Avec, en posant Δr CP = ∑ νi CP ( Ai ) : – les oxydes alcalino-terreux (Ca, Sr, Ba) ;
T – les oxydes de terres rares ;
Δr H o (T ) = Δr H o (To ) + ∫ Δr CP dT
To – les oxydes d’actinides.
T
Δr S o (T ) = Δr S o (To ) + ∫ ( ΔrCP /T ) dT
To
1.4 Forme des courbes d’équilibres
Les capacités thermiques CP(Ai) des constituants Ai sont souvent Considérons l’équilibre (1) au voisinage de la température To :
exprimées par un développement de la forme : µ X2 = Δr 38G o (T ) = Δr 38H o (To ) − T Δr 38S o (To )
CP ( Ai ) = a + b T + c T −2 + d T 2
Dr38Ho(To) est, en général, négatif en raison du caractère exother-
qui conduit à l’expression rigoureuse, mais encombrante : mique de la réaction. Dr38So(To) est également négatif car la réac-
tion (1) fait disparaı̂tre une mole de gaz dont l’entropie est élevée
ΔrGo = α + β T + γ T ln T + δ T 2 + ε T 3 + ζ T −1 en comparaison de l’entropie des corps condensés. En conséquence,
les courbes µ X2 = f (T ), traduisant l’équilibre entre Me et MenXp purs,
À cette expression déjà compliquée, on ajoute parfois un terme
présentent toutes une pente positive dont la valeur est à peu près
en T7 ou en T-9, termes empiriques introduits pour permettre l’ex-
celle de l’entropie d’une mole de gaz X2, soit So ª 200 J.mol-1.K-1.
trapolation de DrGo dans un domaine de température où les don-
nées expérimentales ne sont plus disponibles. Dans la pratique Remarque : ce raisonnement est applicable aux équilibres fai-
industrielle, elles sont difficilement manipulables et donnent une sant intervenir plusieurs molécules gazeuses. Ainsi, la courbe
fausse impression de précision, car les données expérimentales DrGo(T) = f (T) présente une pente à peu près nulle pour l’équi-
sur DrGo sont généralement connues à ± 1 kJ.mol-1. libre C + O2  CO2 car, globalement, aucune molécule gazeuse
Avec l’hypothèse simplificatrice DrCP = 0 : n’apparaı̂t ni ne disparaı̂t. En revanche, la courbe DrGo(T) = f (T)
ΔrGo (T ) = Δr H o (To ) − T Δr S o (To ) = α + β T présente une pente négative pour l’équilibre 2 C + O2  2 CO
car cette réaction se traduit globalement par l’apparition d’une
Cette expression, pratique d’utilisation, n’est sure qu’au voisi- mole gazeuse.
nage de To. Dans cet article (tableaux 1, 2, 3, 4 et 5) nous avons Ce résultat a une conséquence sur la réductibilité des oxydes
choisi de présenter les expressions de DrGo sous la forme : par le carbone : tous les oxydes sont réductibles par le carbone
au-dessus d’une température, d’autant plus élevée que l’affi-
ΔrGo = α + β T + γ T ln T (3) nité du métal pour l’oxygène est élevée.

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Équilibres thermodynamiques
en sidérurgie
Laitiers et réfractaires
par Pierre PERROT
Professeur émérite, laboratoire de métallurgie physique
Université des Sciences et Technologies de Lille

1. Laitiers sidérurgiques .................................................................... M 7 222 – 2


1.1 Composition ....................................................................................... — 2
1.2 Équilibres de phases .......................................................................... — 2
1.3 Indice de basicité ............................................................................... — 2

4
1.4 Structure des laitiers .......................................................................... — 3
1.5 Viscosité des laitiers .......................................................................... — 3
2. Modèles thermodynamiques des laitiers ................................... — 4
2.1 Fonction stabilité des laitiers ............................................................. — 4
2.2 Modèles polymériques ....................................................................... — 5
2.3 Modèle quasi-chimique ...................................................................... — 5
2.4 Modèle cellulaire ................................................................................ — 5
2.5 Modèle régulier .................................................................................. — 6
2.6 Modèle ionique .................................................................................. — 6
3. Équilibres métal-laitier .................................................................. — 8
3.1 Coefficients de partage ...................................................................... — 8
3.2 Capacité en soufre ............................................................................. — 8
3.3 Capacité en azote ............................................................................... — 9
3.4 Capacité en phosphore ...................................................................... — 9
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. M 7 222

O n donne le nom de laitier au mélange d’oxydes fondus surnageant au-des-


sus de la fonte ou de l’acier. Ils jouent un rôle important en permettant de
contrôler la distribution des éléments entre le métal, qui doit rassembler les
éléments valorisants, et le laitier qui doit contenir les éléments nuisibles tels
que le soufre et le phosphore [114].
L’adage « prends soin du laitier et l’acier prendra soin de lui-même » est tou-
jours d’actualité.
Cet article traite des laitiers et réfractaires en insistant sur les propriétés phy-
siques telles que diagrammes de phases, viscosité, ainsi que sur la notion de
basicité des laitiers.
Les modèles thermodynamiques des laitiers, les coefficients de partage des
éléments, la capacité en soufre, en azote et phosphore sont également abordés.
Parution : mars 2011

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ÉQUILIBRES THERMODYNAMIQUES EN SIDÉRURGIE –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

1. Laitiers sidérurgiques compilés dans la série « Phase Diagrams for Ceramists » (14 volumes
publiés par l’« American Ceramic Society » entre 1964 et 2008).
Les isothermes tracées sur les diagrammes sont les projections
du liquidus. Aux températures supérieures à celles du liquidus,
1.1 Composition aucun solide ne peut être stable. Les domaines, dont les limites
sont indiquées en traits gras (figure 1) sont les « domaines de cris-
Dans ce qui suit, nous nous intéresserons essentiellement aux tallisation primaire ».
mélanges d’oxydes liquides (laitiers) ou solides (réfractaires). D’un
point de vue chimique, les laitiers sont essentiellement constitués & Si la composition d’un liquide se situe dans le domaine de cris-
de silice, d’alumine et de chaux. Les éléments minoritaires jouent tallisation primaire de la gehlénite, cela signifie que la première
un rôle important dans les réactions d’échange entre métal et lai- phase solide à cristalliser au refroidissement sera la gehlénite.
tier. La fluorine (CaF2) est parfois ajoutée comme fondant. La com- & Si le point représentatif d’un composé défini se trouve dans son
position des réfractaires est plus variée, puisqu’ils peuvent être domaine de cristallisation primaire, cela signifie que ce composé a
aussi à base chrome ou de magnésie. une fusion congruente, autrement dit, à la fusion, liquide et solide
Un laitier sidérurgique est blanc et ne contient, en principe, pas ont la même composition.
de fer. Dans l’élaboration des métaux non ferreux, les laitiers, qui
& Si le point représentatif d’un composé défini se trouve hors de
peuvent contenir du fer, sont noirs et l’on parle plutôt de scories.
Les mattes sont un mélange de sulfures fondus, que l’on rencontre son domaine de cristallisation primaire, la fusion est incongruente :
dans la métallurgie du cuivre, et qui forment une phase liquide dis- le solide se décompose à la fusion avec formation d’un liquide dont
tincte des scories. la composition diffère de celle du solide initial.

1.2 Équilibres de phases 1.3 Indice de basicité

4 Un laitier ne jouant pleinement son rôle qu’à l’état liquide, la pre-


mière question à se poser est celle de l’étendue de la phase liquide.
& Oxydes basiques et acides
Un laitier étant un milieu ionisé, la notion d’acide et de base s’ap-
La réponse à cette question se trouve dans l’analyse des diagram- plique de la même manière que dans un milieu aqueux. Seule
mes de phase, tels ceux rassemblés sur la figure 1 qui donne la pro- change la nature de la particule échangée. Dans un laitier :
jection des isothermes pour les 4 systèmes ternaires du quaternaire – une base est une particule qui libère des ions O2-. Exemple :
Al2O3-CaO-MnO-SiO2 [78]. De nombreux diagrammes d’oxyde sont CaO Æ Ca2+ + O2-. Les oxydes alcalins (K, Na, Li), alcalino-terreux

SiO2
A = Al2O3
95 C = CaO
M = MnO
90
SiO2 S = SiO2
85 An = ACO2 (anorthite)
Ge = AC2S (gehlenite)
80
CS An
CS
75An A3S2
C3S2
70
C2S
Ge
C3S 65 A3S2
C2S CA6
60
Ge
CaO Al2O3
55 CA2
CaO CA Al2O3
b 50 a
C3A CA CA2 CA6
5
5

45 C12A7
10

CA2
10

15
15

CA CA6
20

40
20

C3S Al2O3 A3S2


25
25

30

C2S 35
30
35
35

C3S2
40

30
40

AM
AM
45

45

CS (Mn, Cm) O
50

C2S 25
50
55

55

bCS A2S2
60

20
60
65

AM
65

C3S2 AM3S5
70

15
70

AM3S3
75

75

aCS
80

10
80
85

SiO2
85

MnO
90

5
90

M2S M2S MS SiO2


95

95

MS
A C B
SiO2 MS M2S M2S MS SiO2
MnO

Figure 1 – Projection du liquidus relatif aux quatre systèmes ternaires constituant le quaternaire Al2O3-CaO-MnO-SiO2

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M7222

–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– ÉQUILIBRES THERMODYNAMIQUES EN SIDÉRURGIE

(Ba, Sr, Ca, Mg), les oxydes trivalents de terres rares, les oxydes en donnant des structures complexes conformément aux
des métaux de transition de faible degré d’oxydation (Mn2+, Fe2+, équilibres :
Ni2+) sont des oxydes basiques ;
– un acide est une particule qui accepte des ions O2-. Exemple : 2 SiO44 −  Si2O67 − + O2−
SiO2 + 2 O2- Æ (SiO4)4- P2O5, SiO2, CO2, SO3, les oxydes des Si2O67 − + SiO44 −  Si3O10
8 − + O2 −
métaux des colonnes IV (TiO2, ZrO2, HfO2) et V (V2O5, Nb2O5,
Ta2O5), les oxydes des métaux de transition de degré d’oxydation Les chaı̂nes silicatées peuvent être linéaires ou ramifiées, et ont
élevé (Cr3+, Fe3+) sont des oxydes acides ;
pour formule générale Sin O3n( +1 ) , la neutralité électrique étant
2 n +1 −
– Al2O3, ZnO sont des oxydes amphotères. Ils se comportent
comme des oxydes acides en milieu basique : Al2O3 + O2- Æ 2 AlO2-. assurée par les cations. La silice pure forme un réseau tridimen-
Et comme des bases en milieu acide : Al2O3 Æ 2 Al3+ + 3 O2- ; sionnel de chaı̂nes –Si–O–Si–O–.
– CaF2, mélange d’un acide faible (Ca2+) et d’une base faible (F-), À l’état liquide et en l’absence de cations libres, ces chaı̂nes rou-
n’a qu’une faible influence sur l’acidité ou la basicité d’un laitier. lent très difficilement sur elles-mêmes, d’où une viscosité très éle-
& Indices de basicité vée. Au refroidissement, la transition liquide Æ solide, qui implique
une remise en ordre, est très difficile. La silice reste liquide, mais sa
Il existe plusieurs indices de basicité. Le plus simple, souvent viscosité augmente au fur et à mesure que la température descend.
référé comme l’indice de Tuliani est défini par :
La présence d’eau dans la silice rompt les liaisons conformément
i = ∑ (oxydes basiques) ∑ (oxydes acides) (rapport massique) au schéma :

−Si − O − Si − O − + H2O → −Si − OH + HO − Si − O −


Il est aussi possible d’affecter les masses de certains oxydes
(MnO et FeO pour les oxydes basiques, TiO2 et ZrO2 pour les oxy-
Cette rupture de liaisons se traduit par une diminution de la vis-
des acides) d’un facteur 0,5 pour tenir compte de la différence de
cosité. L’addition d’un oxyde basique, tel que CaO, a le même effet :

4
force entre les bases et les acides. En première approximation, on
considère que :
−Si − O − Si − O − + CaO → −Si − O− + Ca2+ + − O − Si − O −
i ⬍ 1 ⇒ laitier acide
La viscosité du laitier diminue jusqu’à ce que le rapport molaire
l ⬍ i ⬍ 1,2 ⇒ laitier neutre
Ca/Si devienne égal à 2, ce qui correspond à la formation du silicate
i ⬎ 1,2 ⇒ laitier basique dicalcique :
L’indice i donne une idée rapide de la basicité d’un laitier. Il existe SiO2 + 2 Ca2+ + 2 O2− → Ca2SiO4
un indice plus réaliste, mais dont le calcul est moins immédiat, l’in-
dice optique de basicité [26]. La viscosité ne varie guère lorsque Ca/Si > 2. Mais, la chaux
& Basicité optique solide dont le point de fusion est à 2 613  C commence à précipiter.
Les laitiers de haut-fourneau contiennent environ 10 masse %
Cet indice, L, directement lié aux propriétés thermodynamiques d’alumine et un rapport CaO/SiO2 de l’ordre de 1, ce qui leur assure
des laitiers [23], [39], est défini par : une faible viscosité tout en restant liquide au-dessous de 1 600  C.
Les laitiers d’affinage peuvent être acides ou basiques.
(
Λ = ∑ i f Miz
+
) / ⎡⎣1,36 ( χi − 0,26)⎤⎦ Dans un laitier, l’alumine peut se présenter sous forme de Al3+
(milieu acide), AlO+ ou AlO2- (milieu basique). Sous forme d’alumi-
Par convention, L = 1 pour CaO. Les paramètres ont donc été nate, il remplace le silicium dans son tétraèdre d’oxygène.
ajustés en conséquence.
avec f Miz( +
) fraction de charge portée par l’oxygène (f = 0
1.5 Viscosité des laitiers
pour SiO2, f = 1 pour CaO),
ci électronégativité de Pauling. La viscosité que nous utiliserons est la viscosité dynamique h,
qui s’exprime en Pa.s et représente la résistance au glissement du
ci varie de 0,7 pour l’élément le plus électropositif (Cs) à 4,0 pour laitier dans un capillaire.
l’élément le plus électronégatif (F). Quelques basicités optiques cal-
La poise est une ancienne unité cgs de viscosité (1 Po = 0,1 Pa.s) que
culées par cette relation [25], [71], [86] données au tableau 1 pré-
l’on rencontre encore, mais dont l’usage est fortement déconseillé.
sentent un classement réaliste des oxydes par ordre de basicité
optique décroissante. En divisant la viscosité dynamique par la masse volumique, on
obtient la viscosité cinématique, n = h / r, qui est une diffusivité et
s’exprime en m2.s-1.
1.4 Structure des laitiers La viscosité dynamique varie avec la température conformément
à l’équation proposée par Riboud :
La structure d’un laitier est beaucoup plus complexe que celle
d’un métal, car la particule de base est l’ion SiO4−
4 (un atome de Si η = A T exp (B/T )
enfermé dans un tétraèdre de 4 oxygènes) qui peut se polymériser

Tableau 1 – Basicité optique des principaux oxydes


K2O Na2O SrO Li2O CaO BaO MnO FeO CaF2 ZnO

1,40 1,15 1,10 1,00 1,00 1,15 0,94 0,86 0,84 0,82

MgO Fe2O3 Cr2O3 Al2O3 TiO2 Fe2O3 SiO2 B2O3 P2O5 H2O

0,78 0,73 0,70 0,61 0,55 0,51 0,48 0,42 0,40 0,40

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97
4

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M1726

Données thermochimiques
nécessaires aux bilans thermiques

par Paul Victor RIBOUD


Ingénieur Civil des Mines de Nancy, Docteur ès Sciences
Adjoint au Chef du Département de Physico-Chimie Métallurgique
de l’IRSID (Maizières-lès-Metz)
et Jean-Marc STEILER
Ingénieur Civil des Mines de Nancy, Docteur Ingénieur
Chef de Section au Département de Physico-Chimie Métallurgique
de l’IRSID (Maizières-lès-Metz)

4
1. Enthalpie des corps purs ....................................................................... M 1 726 - 4
1.1 Variation d’enthalpie des corps entre 25 oC et diverses températures... — 4
1.2 Enthalpie de transformation des corps purs ............................................. — 9
2. Enthalpie de formation des composés à diverses
températures ............................................................................................. — 13
2.1 Formation à partir des éléments ................................................................ — 13
2.2 Formation à partir des oxydes.................................................................... — 15
3. Enthalpie de dissolution des éléments dans le fer liquide .......... — 16

3.1 Enthalpie partielle de dissolution à dilution infinie ∆ H i ........................ — 16
j
3.2 Paramètres d’interaction enthalpiques du 1er ordre h i .......................... — 16
j
3.3 Paramètres d’interaction enthalpiques du second ordre ᐉ i ................... — 17
3.4 Formule de calcul ........................................................................................ — 17
4. Enthalpie de quelques corps industriels ........................................... — 18
4.1 Enthalpie des laitiers ................................................................................... — 18
4.1.1 Enthalpie de laitiers solides entièrement cristallisés et de
composés définis entre oxydes ......................................................... — 18
4.1.2 Enthalpie des laitiers entièrement liquides ...................................... — 18
4.2 Chaleur de combustion de quelques combustibles industriels............... — 19
4.2.1 Combustibles gazeux ......................................................................... — 19
4.2.2 Combustibles solides et liquides....................................................... — 20
4.3 Données thermochimiques relatives au coke métallurgique .................. — 20
4.3.1 Capacité thermique massique du coke............................................. — 20
4.3.2 Variation d’enthalpie des réactions mettant en jeu le coke............. — 21
4.4 Enthalpie de la fonte.................................................................................... — 22
4.4.1 Variation d’enthalpie de la fonte entre deux températures où elle
est entièrement liquide ...................................................................... — 22
4.4.2 Variation d’enthalpie de la fonte entre la température ambiante et
une température où elle est liquide .................................................. — 22
5. Exemples d’utilisation des données ................................................... — 23
5.1 Combustion du phosphore dissous dans une fonte................................. — 23
5.2 Combustion du carbone dissous dans un alliage fer-chrome ................. — 23
Références bibliographiques ......................................................................... — 25
Parution : octobre 1980

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est strictement interdite. − © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques Form. M 1 726 − 1

99
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M1726

DONNÉES THERMOCHIMIQUES NÉCESSAIRES AUX BILANS THERMIQUES ________________________________________________________________________

et article met à la disposition des sidérurgistes l’ensemble des données


C thermochimiques nécessaires à l’établissement des bilans thermiques en
pyrométallurgie et en particulier en sidérurgie.
Les données sont issues des compilations les plus récentes et en particulier
des fichiers de la Banque de données thermochimiques exploités à la Station
d’Essais de l’IRSID à Maizières-lès-Metz.
Ces données, exprimées dans les unités du système international (SI), sont
pour la plupart présentées sous forme de tables générées automatiquement par
ordinateur.
Le présent texte rassemble les données suivantes :
— variation d’enthalpie des corps purs (éléments et composés) entre 25 oC
et t oC ;
— température et variation d’enthalpie des transformations de phase des corps
purs ;
— enthalpie de formation des composés à diverses températures ;
— enthalpie de dissolution des éléments dans le fer liquide.
Par ailleurs, un paragraphe est consacré à la présentation des données thermo-
chimiques relatives à des corps industriels complexes particulièrement impor-
tants en sidérurgie : laitiers liquides et solides, combustibles solides, liquides et
4 gazeux, coke métallurgique et fonte solide et liquide.
Des exemples concrets d’utilisation des données en sidérurgie sont finalement
traités.
Le bilan thermique d’un processus est l’une des étapes importantes dans
l’étude d’un réacteur industriel. Les tableaux ci-après comportent les données
thermochimiques nécessaires pour effectuer les calculs de bilans thermiques en
pyrométallurgie et plus particulièrement en sidérurgie.
Ces données sont exprimées sous la forme de variation d’enthalpie du
système considéré au cours d’élévations de température ou de réactions
chimiques. Les valeurs sont extraites de la Banque de données thermochi-
miques Thermodata [1] et des autres compilations thermochimiques dispo-
nibles dans la littérature [2] [3] [4].
Dans la première partie de cet article, le système étudié est constitué d’un
corps pur que l’on échauffe entre 25 oC et une température t.
Dans la deuxième partie, le système est constitué de plusieurs corps qui réa-
gissent entre eux dans des proportions stœchiométriques pour former un
composé, réactifs et produits se trouvant à la même température t.
Les paragraphes suivants concernent le cas des phases plus complexes :
solutions métalliques, laitiers et combustibles industriels. Des exemples d’uti-
lisation des données en sidérurgie sont ensuite présentés.
Conformément aux dispositions légales, les unités choisies sont celles du
système international (SI). En particulier, la seule unité d’énergie utilisée est un
multiple du joule (J) :
1 mégajoule = 1 MJ = 106 J
Les données thermochimiques étaient autrefois exprimées en calories (calth ).
La conversion utilise la relation :
1 calth = 4,184 J
Les températures, exprimées en degrés Celsius, sont déduites de l’échelle
thermodynamique Kelvin, conformément à l’échelle internationale pratique de
température EIPT 68.
Pour faciliter l’utilisation des tables, les données enthalpiques ont été rap-
portées, suivant le cas, au kilogramme de corps pur que l’on échauffe ou au kilo-
gramme de produit de la réaction isotherme considérée. Cela doit bien entendu
guider l’organisation des calculs des bilans matières qui précèdent néces-
sairement ceux du bilan thermique.

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Dans le cas des gaz, le fait de rapporter les enthalpies à l’unité de masse per-
met d’éviter, à ce stade des calculs, les problèmes de volume massique des gaz
réels dans les conditions normales (t = 0 oC, p = 1,013 bar).
À haute température, lorsque les gaz se rapprochent suffisamment de l’idéa-
lité, leur volume peut être calculé simplement, connaissant le volume molaire
Vmol des gaz :
Vmol = 0,022 414 m3/mol
D’où le volume V (m3) d’une masse M de gaz parfait (masse molaire Mmol ) à la
température t ( oC) sous la pression p (bar) :
M t + 273,15 1,013
V = 0,022 414 ⋅ --------------- ⋅ ---------------------------- ⋅ ----------------
M mol 273,15 p
M et Mmol étant exprimées dans la même unité.
Les tableaux 4 et 17 ont été cependant ajoutés, en rapportant l’enthalpie au
volume de gaz mesuré dans les conditions normales pour un petit nombre de
corps stables à l’état gazeux dans les conditions normales.
La définition de l’enthalpie et les rappels théoriques concernant en particulier
le premier principe de la thermodynamique sont présentés dans les articles de la
rubrique Thermodynamique du traité Sciences fondamentales et dans l’article
Formalisme et principes de la thermodynamique [AF 4 040] du même traité.
4
Convention de signe : rappelons la convention de signe qui découle du
choix, fait ici, de la variation d’enthalpie du système pour exprimer les variations
d’énergie se produisant au cours des transformations : la variation d’énergie est
comptée positivement quand le système a reçu de l’énergie pour passer de l’état
1 à l’état 2 (∆H est positif pour une réaction endothermique).
Conventions d’écriture : dans tout le texte, H désigne la fonction enthalpie
du corps considéré. Le symbole o indique que le corps se trouve dans son état
standard défini dans l’article Équilibres thermodynamiques dans l’élaboration
de la fonte et de l’acier [M 1 730]. Un astérisque (*), ou un renvoi, signale les
exceptions : les corps considérés sont dans un état métastable ou un état fictif
choisi pour la commodité des calculs. ∆H o désigne la variation d’enthalpie au
cours d’une réaction, réactifs et produits se trouvant dans leur état standard.
Dans tous les tableaux, sauf 3 à 6 et 16 à 18, les valeurs d’enthalpie à la tem-
pérature t sont écrites en caractères romains lorsque le corps étudié est solide.
Elles sont écrites en italique entre crochets lorsqu’il se trouve à l’état liquide, en
caractère demi-gras lorsqu’il est à l’état gazeux. Les données concernant les
changements d’état sont rassemblées dans les tableaux 12, 13 et 14.

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1. Enthalpie des corps purs

1.1 Variation d’enthalpie des corps


entre 25 oC et diverses températures

(0)

Tableau 1 – Variation d’enthalpie des éléments entre 25 oC et diverses températures (1) (2)
0 0
Mmol H t –H 25 (MJ/kg) à la température t (oC)
Élément
(g) 500 600 700 800 900 1 000 1 100 1 200 1 300 1 400 1 500 1 600 1 700
Al 26,982 0,482 0,598 [1,116] [1,233] [1,351] [1,469] [1,586] [1,704] [1,822] [1,939] [2,057] [2,174] [2,292]
As (3) 74,922 0,166 0,203 0,230 0,258 0,286 0,313 0,341
B 10,811 0,829 1,047 1,272 1,504 1,742 1,986 2,236 2,491 2,752 3,018 3,290 3,567 3,850
Ba 137,34 0,136 0,164 0,193 [0,282] [0,312] [0,342] [0,371] [0,399] [0,428] [0,456] [0,484] [0,512] [0,541]
C 12,011 0,594 0,761 0,935 1,116 1,302 1,492 1,685 1,881 2,079 2,278 2,480 2,682 2,885
Ca 40,08 0,352 0,439 0,532 0,631 [0,930] [1,005] [1,080] [1,155] [1,230] [1,305] 5,238 5,290 5,343

4
Ce 140,12 0,103 0,127 0,153 [0,241] [0,268] [0,294] [0,321] [0,348] [0,375] [0,402] [0,429] [0,456] [0,483]
Co 58,933 0,238 0,294 0,353 0,417 0,486 0,562 0,647 0,723 0,789 0,854 [1,193] [1,262] [1,331]
Cr 51,996 0,245 0,302 0,361 0,423 0,488 0,557 0,629 0,705 0,785 0,870 0,958 1,051 1,148
Cu 63,546 0,196 0,240 0,285 0,330 0,375 0,421 [0,677] [0,727] [0,776] [0,826] [0,875] [0,924] [0,974]
Fe 55,847 0,260 0,330 0,410 0,514 0,594 0,673 0,735 0,800 0,865 0,948 1,023 [1,350] [1,432]
K 39,102 [0,431] [0,507] [0,584] 2,694 2,747 2,801 2,854 2,907 2,960 3,014 3,067 3,120 3,174
La 138,910 0,098 0,120 0,143 0,167 0,216 [0,286] [0,311] [0,335] [0,360] [0,385] [0,410] [0,434] [0,459]
Mg 24,305 0,543 0,673 [1,175] [1,311] [1,452] [1,598] [1,748] 7,087 7,172 7,258 7,343 7,429 7,514
Mn 54,938 0,265 0,329 0,396 0,505 0,574 0,645 0,755 0,871 [1,174] [1,258] [1,342] [1,425] [1,509]
Mo 95,94 0,128 0,156 0,185 0,215 0,245 0,276 0,308 0,340 0,374 0,408 0,443 0,479 0,515
Na 22,990 [0,734] [0,859] [0,985] [1,111] 5,430 5,520 5,610 5,701 5,791 5,881 5,972 6,062 6,153
Nb 92,906 0,133 0,162 0,192 0,222 0,253 0,284 0,316 0,348 0,380 0,413 0,447 0,481 0,517
Ni 58,71 0,248 0,301 0,356 0,412 0,471 0,530 0,591 0,653 0,715 0,776 [1,141] [1,215] [1,288]
P(4) 30,974 3,149 3,208 3,267 3,327 3,387 3,447 3,507 3,567 3,627 3,688 3,748 3,809 3,870
Pb 207,19 [0,089] [0,104] [0,118] [0,132] [0,146] [0,160] [0,174] [0,188] [0,202] [0,216] [0,230] [0,244] [0,258]
S(5) 32,06 2,272 2,329 2,387 2,445 2,503 2,561 2,619 2,677 2,736 2,794 2,853 2,912 2,971
Si 28,086 0,397 0,489 0,583 0,677 0,773 0,870 0,968 1,067 1,166 1,267 [3,159] [3,250] [3,341]
Sn 118,69 [0,174] [0,198] [0,222] [0,246] [0,270] [0,294] [0,318] [0,342] [0,366] [0,390] [0,414] [0,438] [0,462]
Ti 47,90 0,275 0,338 0,404 0,472 0,628 0,690 0,753 0,818 0,884 0,952 1,022 1,094 [1,556]
V 50,94 0,252 0,309 0,367 0,426 0,487 0,550 0,615 0,681 0,750 0,821 0,894 0,970 1,048
W 183,85 0,066 0,081 0,096 0,110 0,126 0,141 0,156 0,172 0,188 0,204 0,220 0,236 0,253
Zn 65,37 [0,316] [0,364] [0,412] [0,460] [0,508] 2,305 2,337 2,369 2,400 2,432
Zr 91,22 0,147 0,182 0,218 0,255 0,334 0,366 0,398 0,431 0,464 0,498 0,532 0,567 0,602
o
(1) À 25 C, tous les corps sont solides sous leur forme stable. Cependant, pour les trois éléments As, P et S, comportant des renvois, les valeurs d’enthalpie sont
celles correspondant à haute température à une forme polymérisée du gaz.
(2) Les valeurs à la température t sont écrites en caractères normaux lorsque le corps étudié est solide ; elles sont en italique entre crochets lorsqu’il se trouve à
l’état liquide, en romain demi-gras lorsqu’il est à l’état gazeux.
(3) À 25 oC : Asα ; à partir de 603 oC : As4 gaz.
(4) À 25 oC : P rouge ; à partir de 431 oC : P2 gaz.
(5) À 25 oC : Sα ; à partir de 445 oC : S2 gaz.

(0)
(0)

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Tableau 2 – Variation d’enthalpie entre 25 oC et diverses températures


de quelques éléments sous leur forme stable ou sous une forme métastable (1) (2)
0 0
Élé- Masse H t – H 25 (MJ/kg) à la température t (oC)
Phase
ment atomique
300 400 500 600 700 800 900 1 000 1 100 1 200 1 300 1 400 1 500 1 600 1 700
sol. 51,996 0,136 0,189 0,245 0,302 0,361 0,423 0,488 0,557 0,629 0,705 0,785 0,870 0,958 1,051 1,148
Cr
liq. 51,996 ........... ........... ........... ........... [0,863]* [0,925]* [0,990]* [1,059]* [1,131]* [1,206]* [1,282]* [1,358]* [1,433]* [1,509]* [1,584]*
α 55,847 0,139 0,197 0,260 0,330 0,410 0,514 0,594 0,664* 0,736* 0,804* 0,875* 0,948 1,023 1,099* 1,177*
Fe (3) γ 55,847 0,275* 0,327* 0,381* 0,436* 0,493* 0,551* 0,611* 0,673 0,735 0,800 0,865 0,933* 1,001* 1,072* 1,143*
liq. 55,847 ........... ........... ........... ........... ............. [0,691]* [0,773]* [0,855]* [0,938]* [1,020]* [1,103]* [1,185]* [1,267]* [1,350] [1,432]
sol. 54,938 0,145 0,204 0,265 0,329 0,396 0,505 0,574 0,645 0,755 0,871
Mn
liq. 54,938 ........... ........... ........... ........... ............. ............. ............. [0,906]* [0,988]* [1,071]* [1,174] [1,258] [1,342] [1,425] [1,509]
sol. 95,94 0,072 0,100 0,128 0,156 0,185 0,215 0,245 0,276 0,308 0,340 0,374 0,408 0,443 0,479 0,515
Mo
liq. 95,94 ........... ........... ........... ........... [0,449]* [0,478]* [0,509]* [0,540]* [0,571]* [0,604]* [0,638]* [0,672]* [0,707]* [0,748]* [0,779]*
sol. 58,71 0,138 0,195 0,248 0,301 0,356 0,412 0,471 0,530 0,591 0,653 0,715 0,776
Ni
liq. 58,71 ........... ........... ........... ........... ............. ............. ............. [0,688]* [0,761]* [0,834]* [0,908]* [0,961]* [1,141] [1,215] [1,288]
sol. 28,086 0,220 0,308 0,397 0,489 0,583 0,677 0,773 0,870 0,968 1,067 1,166 1,267

4
Si
liq. 28,086 ........... ........... ........... ........... ............. ............. ............. [2,704]* [2,795]* [2,886]* [2,977]* [3,068]* [3,159] [3,250] [3,341]
α 47,90 0,154 0,213 0,275 0,338 0,404 0,472 0,543* 0,616* 0,691* 0,769* 0,849* 0,931* 1,015* 1,102* 1,191*
Ti β 47,90 ........... ........... ........... 0,448* 0,507* 0,567* 0,628 0,690 0,753 0,818 0,884 0,952 1,022 1,094 1,166*
liq. 47,90 ........... ........... ........... ........... [0,856]* [0,916]* [0,977]* [1,039]* [1,110]* [1,185]* [1,259]* [1,333]* [1,407]* [1,482]* [1,556]
(1) L’état de référence à 25 oC est, dans tous les cas, la forme condensée stable à 25 oC (Cr, Feα , Mnα , Mo, Niα , Si, Tiα ). L’état à t oC est, suivant la ligne du tableau, la forme stable ou une forme
métastable ; dans ce dernier cas, la donnée est suivie d’un astérisque.
(2) Les valeurs sont écrites en italique entre crochets lorsque le corps étudié est liquide à la température t considérée ; il est solide dans les autres cas.
(3) D’après [5].

Tableau 3 – Variation d’enthalpie des gaz entre 25 oC et diverses températures (1)


0 0
Symbole H t – H 25 (MJ/kg) à la température t (oC)
Mmol
chimique
(g) 800 900 1 000 1 100 1 200 1 300 1 400 1 500 1 600 1 700 1 800 1 900 2 000
Ar 39,948 0,403 0,455 0,507 0,559 0,611 0,663 0,715 0,767 0,820 0,872 0,924 0,976 1,028
CH4 16,043 2,714 3,190 3,685 4,199 4,727 5,270 5,824 6,389 6,964 7,547 8,137 8,734 9,336
CO 28,010 0,862 0,982 1,105 1,228 1,353 1,479 1,606 1,734 1,862 1,991 2,121 2,251 2,381
CO2 44,010 0,850 0,976 1,105 1,235 1,367 1,500 1,634 1,769 1,905 2,041 2,178 2,316 2,455
H2 2,016 11,358 12,877 14,416 15,977 17,560 19,166 20,793 22,442 24,111 25,799 27,504 29,226 30,965
H2O (gaz) 18,015 1,611 1,848 2,093 2,343 2,600 2,862 3,129 3,401 3,678 3,959 4,243 4,531 4,822
H2 S 34,076 0,920 1,060 1,203 1,349 1,498 1,650 1,804 1,960 2,117 2,277 2,437 2,599 2,763
N2 28,013 0,852 0,971 1,092 1,214 1,338 1,462 1,588 1,714 1,842 1,970 2,098 2,228 2,357
O2 31,999 0,790 0,900 1,012 1,124 1,238 1,352 1,468 1,584 1,701 1,818 1,936 2,055 2,175
P2 (gaz) 61,948 0,444 0,504 0,564 0,624 0,684 0,745 0,805 0,866 0,926 0,987 1,048 1,109 1,169
S2 (gaz) 64,120 0,432 0,490 0,548 0,606 0,665 0,723 0,782 0,841 0,899 0,958 1,017 1,076 1,135
SO2 64,059 0,600 0,687 0,774 0,862 0,950 1,040 1,129 1,219 1,309 1,400 1,491 1,582 1,674
Ca (gaz) 40,080 0,402 0,454 0,506 0,557 0,609 0,661 0,713 0,765 0,817 0,870 0,922 0,974 1,027
K (gaz) 39,102 0,412 0,465 0,518 0,571 0,625 0,678 0,731 0,785 0,838 0,892 0,945 0,999 1,053
Na (gaz) 22,990 0,701 0,791 0,882 0,972 1,062 1,153 1,243 1,333 1,424 1,514 1,605 1,696 1,787
Zn (gaz) 65,370 0,246 0,278 0,310 0,342 0,374 0,405 0,437

(1) Dans ce tableau, l’état de référence à 25 oC est l’état gazeux pour tous les corps. Lorsqu’est noté (gaz) à côté du symbole chimique, l’état gazeux n’est pas l’état
stable du corps à 25 oC sous p = 1,013 bar. Les données H t0 – H 025 , avec comme état de référence, à 25 oC, l’élément stable en phase condensée, se trouvent
dans le tableau 1. Les données permettant le passage H2Ogaz → H2Oliquide se trouvent dans le tableau 6.

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