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Élaboration et recyclage des métaux
(Réf. Internet ti554)
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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Élaboration et recyclage des métaux
(Réf. Internet ti554)
Pierre BARBERIS
Ingénieur de recherche, AREVA NP, Centre de recherche, Ugine
Jean-Pierre BIRAT
Consultant et gérant - IF Steelman, Semécourt, France
Adrien MARCÉ
Ingénieur Géologue, Docteur de l'Université Paris VI
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VI
Sidérurgie des métaux ferreux
(Réf. Internet 42368)
SOMMAIRE
Mini-usines M7130 67
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VII
4– Données thermiques et thermodynamiques Réf. Internet page
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Sidérurgie des métaux ferreux
(Réf. Internet 42368)
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1– Généralités Réf. Internet page
3– Ensembles sidérurgiques
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semble qu’un cycle ait été atteint avec la fin de la croissance à deux chiffres de
la Chine et la probable réorientation de son économie vers la consommation
intérieure, les prévisions pour 2050 sont encore d’un nouveau doublement de
la production mondiale.
La consommation d’acier reste un marqueur important de la santé de l’éco-
nomie, au niveau mondial, par pays ou par région du monde. C’est vrai des
pays émergents, dans lesquels l’acier sert à construire l’infrastructure d’une
1
nation moderne, des pays en développement qui aspirent à cette émergence,
mais aussi des pays développés, où l’acier est utilisé pour maintenir et moder-
niser les infrastructures et produire la plupart des biens de consommation dans
la composition desquels il entre.
Les produits sidérurgiques constituent un mélange de commodités et de spé-
cialités, pour adopter une typologie liée à l’économie du secteur : cette distinction
est fluctuante, dans la mesure où des applications entrent ou sortent au fil du
temps de ces catégories, le jeu des industriels consistant à renouveler constam-
ment leur offre en passant d’abord par la case spécialité. Cela signifie néanmoins
que le prix de revient et sa maı̂trise sont essentiels dans un marché mondialisé et
très compétitif, mais aussi que les produits sont souvent des produits-services,
conçus sur mesure avec les utilisateurs pour des applications très ciblées et indi-
vidualisées. Pour fournir deux exemples, les ronds à béton sont plutôt des com-
modités, alors que les aciers plats pour l’automobile sont plutôt des spécialités.
Les produits sidérurgiques traduisent en offre commerciale la complexité de
la métallurgie du fer et de l’acier, et c’est à travers un tel décodage scientifique
qu’on présente les aciers dans un cours de métallurgie. Mais, ils sont aussi for-
tement liés à la filière qui les produit, par exemple la filière intégrée ou la filière
électrique (voir plus loin), et ils se distinguent par les marchés qu’ils servent,
donc par les fonctions qu’ils assurent en tant que produits-services. On distin-
gue aussi, traditionnellement, les produits en fonction de leur section, donc les
produits plats et les produits longs.
À cela s’ajoutent les modèles économiques des entreprises sidérurgiques, qui
peuvent soit adopter une « logique de supermarché », c’est-à-dire offrir la gamme
presque complète de produits sidérurgiques à un client éclectique, soit, au
contraire, ne proposer que des spécialités installées sur des niches : par exemple,
ArcelorMittal, sidérurgiste généraliste, se place dans la première catégorie, alors
que Dillinger Hütte, producteur de plaques, se situe dans la seconde. Les regrou-
pements d’entreprises qui ont eu lieu au début du XXIe siècle (constitution de
CORUS, fusion d’Arcelor et de Mittal, de NKK et KSC, de Nippon Steel et de
Sumitomo Metals, de CORUS et de Tata Steel) ont favorisé le premier modèle
dans les nouveaux groupes, mais ces grands généralistes ont rapidement dérogé
à ces règles pour externaliser certaines applications de niche (e.g. ArcelorMittal a
créé APERAM pour isoler les activités de production d’aciers inoxydables, Tata
Steel se débarrasse en ce moment-même de ses produits longs). On assiste là à
des respirations qui font écho au caractère cyclique des marchés et des prix.
Depuis le début du XXIe siècle, les aciers et leurs domaines d’utilisation n’ont
pas changé de façon significative. La décennie a été caractérisée essentielle-
ment par une augmentation considérable des volumes de production, avec
une géostratégie nouvelle du secteur. Les économies émergentes ont pris le
leadership en volume, mais ont adopté les technologies de production et les
gammes de produits issues de la triade au cours de la seconde moitié du
XXe siècle et arrivées à maturité dans ses dix dernières années. Le commerce
international a aussi beaucoup augmenté en volume, qu’il s’agisse d’échanges
directs d’acier, demi-produits et produits sidérurgiques finis, ou d’échanges
indirects. C’est pourquoi, il n’est plus toujours opportun de décrire la sidérurgie
actuelle d’un point de vue strictement européen : les données mondiales sont
d’ailleurs souvent plus faciles à trouver que les seules données européennes,
tout en étant plus signifiantes. Mutatis mutandis, c’est un glissement qui fait
écho à l’abandon de la seule référence française liée à la création en 1952 de
la CECA, le précurseur de l’Union européenne. Le monde s’agrandit, ce qui est
l’une des définitions de la mondialisation.
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ce rôle primordial depuis des siècles, et cela va durer encore long-
1. Définition des aciers temps, sans le moindre doute.
Acier de Catégorie 1
fonderie
ACIER SPÉCIFIÉ PAR SES APPLICATIONS ET SES PROPRIÉTÉS
G X X X X X
Symbole supplémentaire
CODE PROPRIÉTÉ de produit
D’APPLICATION MECANIQUE
Codes de type Élément(s) Les éléments d’alliage sont classés par ordre de concentration
d’alliage croissante, de même que les valeurs d’ajustement. S’il n’y en a pas,
alors on ne connaît pas la composition du matériau.
Carbone Valeur d’ajustement
en % x 100 ou, si le code de type = X, La valeur d’ajustement doit être divisée par le facteur d’ajustement
composition réelle en % pour obtenir la teneur en pourcent de cet élément.
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numérique. Par exemple, S 235 JR désigne un acier de construction (lingots ou brames, blooms ou billettes de coulée continue), puis
ayant une limite d’élasticité de 235 MPa, une énergie de rupture de ensuite au laminage (plaques, tôles minces, poutrelles, fil machine,
27 J (lettre J) à température ambiante (lettre R) ; 1.0554 + N désigne rails, profilés, ronds à béton). Cela constitue une différenciation
le même acier en notation numérique. majeure liée à des types d’usines sidérurgiques très différentes :
On présentera au paragraphe 3 une classification qui associe ces une ligne de production de tôles minces ne peut pas fabriquer du
deux approches, décrivant ainsi la vision des produits qu’en ont les fil machine et vice versa.
sidérurgistes. On examinera au paragraphe 4, les produits par secteur Il existe certes des usines intégrées, qui produisent à la fois des
économique d’utilisation, donc du point de vue de l’aval de la chaı̂ne produits longs et des produits plats dans des ateliers différents,
1
de valeur de la sidérurgie analysé en termes macroéconomiques. mais, en général, les produits plats sont le plus souvent fabriqués
L’acier est ubiquiste, ce qui constitue probablement une de ses dans des usines intégrées, alors que les produits longs le sont dans
caractéristiques essentielles quand on essaie d’analyser son rôle des usines électriques. Ces choix ne sont ni strictement nécessaires,
dans la société – ce que certains ont appelé la valeur sociale de ni universels, et ils résultent de processus historiques qui se perpé-
l’acier [2]. On le trouve dans presque tous les artéfacts de notre tuent par continuité, tant que les usines en question continueront à
société, qu’il s’agisse de biens d’équipement et de consommation fonctionner, mais cela n’a pas vocation à se poursuivre. On abordera
ou, encore plus systématiquement, des biens de production utilisés ces questions prospectives dans la dernière partie du chapitre.
comme outils ou machines pour fabriquer les premiers. Cela se traduit
Les aciers spéciaux, en particulier les aciers inoxydables, sont
par une grande diversité de l’offre de produits sidérurgiques, tant par
produits dans des usines spécialisées basées sur le four électrique,
la forme que par la composition chimique ou les propriétés d’emploi.
complété par des réacteurs d’aciérie adaptés à la production d’un
On trouve l’acier, par exemple (figure 2) : acier riche en chrome (AOD, Argon Oxygen Decarburization, ou
– dans les usines, où il est un constituant essentiel des machines VOD, Vacuum Oxygen Decarburization).
et souvent des bâtiments, qu’il soit en structure métallique (pou- Les produits sidérurgiques ont été définis dans l’Union Euro-
trelles, profilés), en béton (armatures de béton armé) ou même en péenne à l’époque de la CECA comme des produits en aciers lami-
bois (assemblage des charpentes, clous, etc.) ; nés. Sont ainsi exclus du secteur sidérurgique proprement dit les
– dans les laboratoires de toutes sortes, où il constitue la plupart tubes, feuillards, fils tréfilés et pièces forgées, moulées ou frittées,
des équipements d’analyse, d’essai et de mesure ; qui sont rattachés respectivement à la tuberie, au laminage des
– dans les transports, de façon majoritaire dans les trains et le feuillards, à la tréfilerie, la fonderie, la forge ou la métallurgie des
matériel de voie, les automobiles et véhicules utilitaires, les poudres. Les données statistiques d’Eurofer se conforment à cette
bateaux de transport maritime ou fluvial, et de façon minoritaire pratique. Worldsteel, qui publie des statistiques mondiales, utilise
dans l’aviation et les cycles ; une définition plus large, qui comprend les secteurs exclus de la
– dans les réseaux énergétiques : matériels de forage de pétrole
définition européenne.
ou de gaz, matériel de mines, machines de production d’électricité,
infrastructures de centrales thermiques, hydrauliques, nucléaires,
& La norme EN 10027 distingue 5 principales catégories d’aciers :
éoliennes, solaires, réseaux de transport des fluides (pipes) et de
l’électricité (pylônes, postes de transformation, etc.) ; – les aciers non alliés ou aciers au carbone :
– dans les autres réseaux, eau, fluides, effluents, etc. ; les aciers non alliés d’usage général,
– dans les maisons d’habitation et les bureaux : biens électromé-
nagers, petit outillage, batterie de cuisine, meubles métalliques ou les aciers non alliés spéciaux (pour traitement thermique, sou-
non, huisseries, structure des bâtiments, etc. ; dables, forgeables, etc.), qui affichent des propriétés garanties
– dans l’agriculture et la chaı̂ne alimentaire : machines agricoles, dans des fourchettes étroites ;
hangars enclos, machines agroalimentaires, etc. ;
– les aciers faiblement alliés, c’est-à-dire dont aucun élément
– dans l’emballage, boı̂tes de fer blanc pour la conserve et les
d’alliage n’a une teneur pondérale supérieure à 5% ;
boissons, mais aussi fûts et bidons ;
– dans les objets de consommation courante : ordinateurs, télé- – les aciers alliés, dont la composition comporte au moins un élé-
phones portables, clés USB, batteries, etc. ment présent au-dessus de 5%, les aciers inoxydables font partie
de cette catégorie ;
& Traditionnellement, on classe aussi les produits sidérurgiques – les aciers rapides, qui conservent des propriétés mécaniques à
selon leur forme, donc celle qui est donnée d’abord à la solidification température d’utilisation élevée.
Exemples d’utilisation
de bobines et de feuilles
en acier laminé à froid
Réfrigérateurs
Containers
Fûts et bidons
en aciers
Machines à laver
Automobiles
Châssis Roues
de camion
Piles
électriques
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& De façon générale, les produits sidérurgiques constituent un – une troisième filière notable nommée filière préréduction, où
mélange de commodités et de spécialités [3]. On parle à propos le minerai de fer est réduit dans un réacteur solide-gaz à contre-
de ces derniers de matériaux à valeur ajoutée, à haute valeur ajou- courant par du gaz naturel reformé en gaz de synthèse produit
tée, de matériaux avancés ou simplement de nouveaux matériaux, dans le procédé (procédés Midrex ou HyL, dénommé maintenant
expressions plus ou moins synonymes qui dépendent du point de ENERGIRON [5]). Le produit obtenu est du fer sous forme de pré-
vue du narrateur. Dans le cas des aciers, les expressions suivantes réduit solide en boulettes (DRI, Direct Reduced Iron) ou en briquet-
sont couramment utilisées dans des cas particuliers : acier avancé tes (HBI, Hot Briquetted Iron), qui est fondu ensuite dans un four
à haute résistance (A H S S : Advanced High-Strength Steel), acier électrique à arc, mais aussi en partie exporté comme produits
à haute résistance et haute ductilité de troisième génération intermédiaires, semblables à l’aluminium primaire ou à la fonte
(3rd Gen A H S S : 3rd generation Advanced High Strength-High
Ductility Steel), acier à hautes, voire très hautes caractéristiques.
La commission européenne utilise l’expression de matériaux avan-
solide, dont il existe aussi un marché (1,183 Mt en 2014). Il n’existe
qu’une seule usine de préréduction dans l’Union Européenne
(ArcelorMittal à Hambourg), du fait du prix régional trop élevé du
1
cés (advanced materials), qui constituent une technologie clé gaz naturel. La production mondiale était en 2014 de 73,1 Mt de
(KET : Key-Enabling Technology). DRI, soit environ 4,3% de la production mondiale, répertoriée en
général dans la filière électrique ;
– dans le monde ailleurs qu’en Europe, principalement en Russie,
en Ukraine et en Inde, il subsiste des usines basées sur le procédé
2. Production de l’acier Martin (OHP, Open Hearth Process), en voie d’extinction du fait de
sa faible productivité et qui ne représente plus que 0,5% de la pro-
duction mondiale ;
– des procédés originaux, qu’on a dit longtemps émergents, mais
La production mondiale d’acier brut a atteint 1,665 milliards de qui restent confidentiels en termes d’unités et de volume de pro-
tonnes en 2014, après avoir franchi le seuil du milliard de tonne en duction, souvent basés sur d’autres versions de la réduction-fusion
2004. La production en 2015 s’est très légèrement tassée de 2,8% que le haut fourneau, comme les procédés COREX, FINEX, FINMET,
en raison de l’atterrissage économique de la Chine, mais aussi du etc. Certains, comme ULCOS-BF, HIsarna, ULCORED, ULCOWIN ou
marasme économique mondial. ULCOLYSIS, sont actuellement en développement avec l’objectif de
Après une période de quasi-stagnation dans les années 1980 et décarboner la production d’acier (programme ULCOS et ses suites)
1990, cette production mondiale a redémarré au milieu des années et les deux derniers font appel à l’électrolyse du minerai, une tech-
1990 pour croı̂tre exponentiellement en raison du décollage écono- nologie en grande rupture par rapport aux procédés actuels [6] ;
mique des pays émergents, les BRICS, le Brésil, la Russie, l’Inde, la – on trouve aussi une très petite production par des fours à
Chine et l’Afrique du Sud. Mais, c’est avant tout la Chine qui a tiré induction, dont certains fonctionnent sous vide ;
presque seule ce développement, et sa production en 2014 attei- – quelques nuances très spéciales à très haute valeur ajoutée,
gnait 822,7 Mt, soit 51,2% de la production mondiale (803,8 Mt en fabriquées au four électrique ou plus rarement au four à induction,
2015). La crise de 2008 a entraı̂né une chute de production en 2009 sont refondues sous vide (procédé VAR, Vacuum Arc Remelting) ou
de 8,8% par rapport au pic de 2007, mais la croissance de la produc- sous laitier (procédé ESR, Electro-Slag Remelting), mais cela ne
tion mondiale a repris dès l’année suivante. On note néanmoins un concerne que des tonnages limités.
essoufflement de cette croissance, qui est passée de 6,2% par an
entre 2000 à 2005, à 3,9% entre 2005 et 2010, et moins encore Les données européennes du tableau 1 concernent l’acier brut
depuis : c’est probablement la fin d’un cycle. On peut s’attendre, (crude steel), en général l’acier liquide produit à l’aciérie, parfois
dans l’avenir, à d’autres cycles traduisant l’émergence de pays aussi les billettes issues de la coulée continue. L’acier brut est à la
encore en développement aujourd’hui, comme l’Afrique. sidérurgie ce que les cellules souches sont à la biologie : à partir
d’acier brut, on peut fabriquer presque n’importe quel produit sidé-
L’Union européenne à 28 pays (UE-28) a produit 169,1 Mt d’acier rurgique de même que les cellules pluripotentes peuvent donner
brut en 2014 et 166,2 en 2015, ce qui est un recul par rapport aux naissance à des cellules de n’importe quel organe.
190 Mt de 2004 et au pic de 210 Mt en 2007. La crise de 2008 ne s’est
pas encore résorbée en Europe et y a été plus profonde (- 50,8% Nous avons choisi de produire les données de 2004, présentées
entre 2007 et 2009) que dans le reste du monde. La question d’un dans la version précédente de cet article, celles de 2007, qui ont
retour ou non aux niveaux de production antérieurs à la crise est cru- constitué en Europe un pic de production d’acier, et celles de 2014,
ciale pour l’avenir du secteur en Europe et elle demeure non résolue. la dernière année connue au moment de la rédaction. On constate
ainsi que la production est montée en 2007 jusqu’à 210 millions de
L’analyse de la production par pays ou même par grande région tonnes, puis s’est effondrée et n’a jamais regagné ce niveau depuis
du monde n’est plus nécessairement pertinente aujourd’hui, car la crise de 2008. L’Autriche est un des rares États Membres qui pro-
des regroupements de sociétés ont conduit à la création de 10 entre- duit plus aujourd’hui qu’en 2007 (103%), avec la Slovénie, la Croatie
prises produisant plus de 30 Mt d’acier brut en 2014 et appliquant (222%) et le Portugal, qui restent de très petits producteurs et ne
une stratégie mondiale transparente aux frontières politiques : sont guère significatifs de tendances. Les Pays-Bas (95%), la Slova-
ArcelorMittal (98), NSCMC (49,3), Hebel Steel (47,1), Baosteel quie et l’Allemagne (88%) sont les pays où la chute a été la mieux
(43,3), POSCO 41,4), Shagang (35,3), Ansteel (34,3), Wuhan (33,0), amortie et les perdants sont la Bulgarie (32%), la Grèce (40%), la
JFE (31,4) et Shougang (30,8). Après ArcelorMittal, les grands Roumanie, la Hongrie, la Belgique, l’Espagne, l’Italie, la Suède, la
acteurs sidérurgiques présents en Europe pointent à la 11e place Pologne et aussi la France (84%). Ceci est lié à la profondeur de la
(Tata Steel), la 15e (US Steel), la 16e (Gerdau), la 19e (Thyssen- crise dans chaque pays et à la place qu’y tient l’industrie, cette der-
Krupp), la 40e (Technint), la 47e (SSAB) et la 50e (voestalpine). nière induisant une forte production locale d’acier.
& La production d’acier est réalisée aujourd’hui par deux filières On sait que, pour passer de la production d’acier brut à celle des
principales [4] : produits finis, il faut tenir compte des procédés de coulée et de
– la filière intégrée, qui transforme le minerai de fer, sa matière pre- laminage par l’intermédiaire de leurs mises au mille (rendement
mière, en acier, en passant par la fonte produite dans les hauts four- métal). En moyenne, tous aciers confondus, il y avait 9% de diffé-
neaux, puis convertie en acier par affinage à l’oxygène ; cette filière rence entre la production d’acier brut et les produits sidérurgiques
représente 73,9% de la production mondiale en 2014 et 61,0% en finis en Europe entre 2010 et 2014. Ainsi, la production européenne
Europe (UE-28). Noter que ce chiffre n’est que de 38,7% dans l’ALENA ; (Europe à 28) de 169 Mt d’acier brut correspond à 157 Mt de pro-
– la filière électrique, qui est basée sur le four électrique à arc et duits finis (tableau 2) [7].
utilise comme matière première essentiellement l’acier recyclé, Nous donnons à titre indicatif, dans le tableau 3, un ordre de
c’est-à-dire la ferraille ; grandeur de la production mondiale par produits ; les chiffres sont
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Tableau 1 – Production européenne (EU-28) d’acier brut Tableau 2 – Production des principaux produits
(années 2004, 2007 et 2014) sidérurgiques (UE-28) en 2014
1
Plaques – 11 548
Allemagne 46 374 48 550 42 943
Tôles minces Laminées à chaud 36 648
Autriche 6 530 7 578 7 876
Produits plats – Laminées à froid 44 633
Belgique 11 698 10 692 7 331
Par catégories Tôles inoxydables 5 019
Bulgarie 2 106 1 909 612 – Tôles revêtues 31 355
Chypre 0 0 0 Total produits
97 848
plats
Croatie 86 75 167
Profilés
Danemark 0 0 0 Par catégories 11 765
lourds + Voie
Total produits
Grèce 1 967 2 554 1 022 58 987
longs
Hongrie 1 952 2 227 1 131 Total général 156 835
Irlande 0 0 0
tirés des statistiques de World Steel, anciennement l’IISI (Interna-
Italie 28 417 31 553 23 714 tional Iron and Steel Institute).
Quelques observations générales sur ces données peuvent être
Lettonie 662 696 200 effectuées, comme la montée progressive de la proportion de pro-
duits plats en fonction de l’industrialisation croissante des pays.
Lituanie 0 0 0 Cela traduit le passage d’emploi de l’acier dans les infrastructures
lourdes à des produits de consommation comme les voitures ou
Luxembourg 2 684 2 858 2 193 l’électroménager.
Malte 0 0 0
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Sidérurgie des métaux ferreux
(Réf. Internet 42368)
1– Généralités 2
2– Matières premières de la sidérurgie Réf. Internet page
3– Ensembles sidérurgiques
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Référence Internet
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O n constate qu’il y a une évolution beaucoup plus rapide pour les prix
des matières premières de la sidérurgie que pour le développement
des procédés et des filières de production de l’acier. Ce dossier se propose
d’en étudier les conséquences.
Il se subdivise en trois parties :
— la première, à caractère technique, est une réflexion sur l’évolution des pro-
cédés sidérurgiques et sur les filières de production de l’acier tels qu’ils sont
décrits dans les volumes des Techniques de l’Ingénieur ;
— la seconde, à caractère plus économique, voire commercial, passe en revue
l’évolution des prix des matières premières de la sidérurgie, au cours des années
passées et, plus particulièrement, au cours des deux dernières années ;
— la dernière décrit les conséquences que l’on peut tirer de ces évolutions, en
y incluant, avec toute la prudence nécessaire, les tendances à plus long terme de
la sidérurgie.
Pour tous les procédés cités dans ce dossier, le lecteur pourra consulter la rubrique Élabora-
tion et recyclage des métaux dans le présent traité.
Parution : décembre 2005
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Référence Internet
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1. Évolutions des techniques — une voie « intégrée », souvent dans les pays émergents
(notamment ceux qui sont riches en gaz naturel), basée sur
de la sidérurgie l’emploi des « substituts des ferrailles », en général les minerais
réduits (DRI ou HBI d’après les termes anglais Direct Reduced Iron
et Hot Briquetted Iron ), mais, parfois, aussi, la fonte ;
— et, bien sûr, toutes les solutions intermédiaires, car cette
1.1 Développements de nouveaux filière est très flexible pour ses matières premières.
procédés (0)
pour produire de la fonte, c’est-à-dire le procédé Corex (tableau 2) ; Recherches Surtout au Brésil
— en montrant l’un des meilleurs exemples de développement sur une petite échelle À partir de 1977 par le Dr. R. Weber
(laboratoire) à la société Pains
jusqu’au stade industriel d’un procédé de réduction directe, c’est-
à-dire le procédé Midrex (tableau 3) ; le seul autre « très bon cas » Pilote d’environ
Développement au stade De 1981 à 1988 10 t/h à Kehl
est celui du procédé Hyl qui a connu un développement analogue. semi-industriel (Allemagne)
■ Ensuite (et comme une conséquence de la remarque précédente),
la limitation des routes ou filières de production de l’acier qui ne Démarrage Première unité
sont, en fait, qu’au nombre de deux (ou trois si l’on sépare les deux en 1989 industrielle C 1 000
à Pretoria,
alimentations du four électrique) comme le montre la figure 1. Développement Arrêt Iscor,
En fait, la seconde route, celle de droite sur cette figure qui est industriel pour des motifs (Afrique du Sud) :
celle dite des « miniusines » se subdivise entre : Premier stade économiques soit environ 40 t/h
(fermeture du ou 1 000 t/j
— une voie simple qui est celle des miniusines classiques site de Pretoria) ou 300 000 t/an
basées sur les ferrailles ; (0)
en 1998
Posco :
contrat 1992
Démarrage 1995
Tableau 1 – Quelques exemples de durées
de développement de procédés sidérurgiques Hanbo :
contrat 1994
2 unités non
Développement Développement démarrées
Type de procédé
relativement rapide lent Développement Unités C 2 000 :
industriel
Jindal 1 : soit environ 100 t/h
S’étend sur plus contrat 1995 ou 2 500 t/j
Deuxième stade Démarrage 1999 ou 700 000 t/an
Coulée continue – d’un siècle depuis
de l’acier les travaux
de Bessemer Jindal 2 :
contrat 1997
Procédé LD Démarrage 2001
Aciérie à l’oxygène en quelques années Saldanha :
à Linz, en Autriche contrat 1996
vers 1960 Démarrage 1999
S’étend sur près Baosteel : Unité C 3 000 :
d’un siècle depuis Développement (Chine) soit environ 200 t/h
Aciérie électrique les recherches industriel
Troisième stade commandée ou 4 000 t/j
d’Héroult en 2005 [11] ou 1 500 000 t/an
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(0)
Tableau 3 – Exemple de développement Tableau 4 – Pénétration des nouveaux procédés sur le plan
du procédé Midrex industriel (1)
Stades de recherches Procédés n’ayant pas atteint
Dates Remarques Procédés industriels
et développement le stade industriel
À la suite de toute Novalfer
une série de recherches Vague de 1950
Recherches et de développements Procédés de réduction H-Iron
sur une petite À partir de 1963 par Surface Combustion directe au gaz naturel :
Armco
échelle (laboratoire) SCC. Hyl
Four d’essai de 0,4 m Vague de 1965 Purofer
de diamètre à Toledo Midrex NSC
1966
Développement au Étude d’une unité
stade semi-industriel de 3,7 m
Création de la société
Midrex à partir de SCC,
filiale de Midland Ross
Finmet
Vague de 1980
Plasmared
Arex Danarex
2
de diamètre Basset
Vague de 1950
1968 Sturzelberg
Commande C’est le premier
Développement des 2 fours Procédés de réduction/fusion Inred
industriel de 3,7 m ensemble d’une capacité (élaboration de fonte) :
de l’ordre Vague de 1980 Elred
Premier stade de diamètre de 150 000 t/an Haut Fourneau
par Oregon Steel Plasmasmelt
Mill Corex Dios
1971 C’est le début Vague de 1990 AISI
Développement Démarrage de la construction CCF
industriel de Georgetown des unités dites module
Deuxième stade Steel Co 400, soit : 50 t/h (1) Ce tableau présente quelques exemples du nombre de procédés qui ont
(États-Unis) 1 200 t/j atteint mais non dépassé soit le stade semi-industriel, soit un dévelop-
Suivi de 25 unités 400 000 t/an pement industriel limité en face des procédés utilisés industriellement.
1977 Début des modules 600
Développement Démarrage de 5,5 m de diamètre et :
industriel de Sidbec 2 75 t/h
à Contrecœur Tableau 5 – Évolution mondiale de la coulée continue
Troisième stade 1 800 t/j
(Canada) 600 000 t/an de l’acier
Suivi de 18 unités
1994 Année Acier coulé en continu (%)
Démarrage Début des « Mégamod »
Développement d’Ispat de 6,5 m de diamètre 1965 ...
industriel Industries et : 125 t/h
Quatrième stade (Inde) 3 000 t/j 1970 4
Suivi de 5 unités 1 000 000 t/an
1975 14
2004/2005 Les « Super Megamod »
Développement Commandes 1980 30
industriel de très grosses soit environ 200 t/h
4 000 t/j 1985 50
Cinquième stade unités 1 500 000 t/an
(4 unités) [12] 1990 59
1995 76
■ Et, toujours comme une conséquence de la première remarque
2000 86
ci-dessus, le très petit nombre de procédés qui arrivent à atteindre
le stade industriel ; c’est ce que montre bien le tableau 4. 2001 87
2002 88
1.2 Pénétration des nouveaux procédés 2003 90
2004 91
Les considérations précédentes expliquent bien le fait que de
nouveaux procédés ont beaucoup de difficultés à pénétrer, sur le
plan industriel, en sidérurgie. Le tableau 4 indique que peu de pro-
■ Les tableaux 6 et 7 et les figures 3 et 4 présentent le cas des pro-
cédés ont réussi à atteindre ce stade industriel dans les usines sidé-
cédés d’aciérie où, après une disparition assez rapide des anciennes
rurgiques. Mais, pour ceux, peu nombreux, qui l’ont atteint, il faut
techniques (four Martin et convertisseurs Bessemer ou Thomas), on
souligner la lenteur de leur pénétration, lenteur d’ailleurs différente
a eu :
pour chacun d’entre eux. Pour illustrer ces différentes évolutions,
nous donnerons quelques exemples. — un développement spectaculaire des aciéries à l’oxygène,
comme indiqué plus haut ;
■ Le tableau 5 et la figure 2 présentent le cas extrêmement rare (il
n’y a guère que le haut fourneau qui soit dans la même catégorie !) — simultanément, une expansion plus lente, mais continue, des
de la coulée continue de l’acier qui, après beaucoup d’années aciéries électriques ;
d’études et de réflexion, a vraiment démarré à la fin de la décennie — le fait ci-dessus a conduit à un certain équilibre entre ces
de 1960 et s’est ensuite développée de façon à remplacer à peu près deux types de procédés d’aciérie au niveau, actuellement, d’envi-
totalement la coulée en lingots. (0) (0) ron 60 % d’acier au convertisseur et 40 % d’acier au four électrique.
21
Référence Internet
M7030
60 1965 450
1970 595 233 86 276
40 1975 644 325 113 206
1980 717 384 162 171
20
2
1985 719 396 183 140
0 1990 770 432 217 121
1970 1980 1990 2000
Années
1995 752 433 245 74
2000 848 497 288 63
2001 850 505 288 57
Figure 2 – Développement mondial de la coulée continue de l’acier
en pourcentage 2002 902 541 306 55
2003 965 611 320 34
2004 1 500 660 360 35
1 000 (0)
Aciéries électriques
Répartition des procédés d’aciérie
(%)
Année
500
À l’oxygène Électrique Martin Autres
(0)
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Comp. M 7 030 − 4 est strictement interdite. − © Techniques de l’Ingénieur
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Référence Internet
M7041
Minerais de fer
Aspects géographiques et économiques
par Jacques ASTIER
Ancien Directeur à l’Institut de recherche de la sidérurgie française (IRSID)
Ingénieur-Conseil
’article précédent [M 7 040] donnait les bases des définitions des minerais
L de fer et autres matières premières que demande l’industrie sidérurgique.
C’était, en particulier, le cas des données géologiques et géochimiques qui per-
mettent une classification des minerais de fer.
Le présent article est consacré aux aspects géographiques et économiques
qui conditionnent l’évolution, très rapide actuellement, de la production, de la
préparation et du commerce des minerais de fer sur le plan mondial. Cela
entraı̂ne des conséquences sur les coûts et les prix, qui connaissent, en ces
dernières années, des évolutions de plus en plus rapides comme l’évoquait,
déjà l’article [M 7 030].
Parution : mars 2011
23
Référence Internet
M7041
1. Évolution de la production & Une seconde remarque préliminaire doit être faite en ce sens
qu’il y a une confusion croissante entre deux notions concernant
le tonnage de minerais de fer :
– extraits par les mineurs, comme l’indiquent, entre autres, les
statistiques chinoises ;
1.1 Dans le monde
– naturels ou concentrés, livrés par l’industrie minière à l’indus-
Le tableau 1 montre bien cette évolution, que l’on peut rappro- trie sidérurgique : c’est ce qu’indiquent la plupart des pays.
cher de celle de la sidérurgie (voir l’article [M 7 000]) depuis le De ce fait, nous indiquerons, au tableau 1, dans la deuxième
début du XXe siècle. Ce lien avec les productions de fonte et colonne, la production mondiale :
d’acier doit cependant être nuancé.
– telle qu’elle est déclarée par les divers pays, jusqu’en
& Pour la fonte, les minerais de fer sont, à peu près, la seule 1990 [4] [9] ;
– à partir de 1990 (année où nous donnons les deux valeurs)
2
source ferrifère et, aussi, ne l’oublions pas, pour les minerais
réduits (DRI et HBI produits par la « réduction directe », c’est-à- celle, corrigée du Trustfund de la CNUCED [11].
dire à l’état solide). Ce problème, très important, est expliqué par le tableau 2 et il
résulte du fait que :
& Pour l’acier, il existe une autre source ferrifère, c’est-à-dire les
– autrefois, il n’y avait guère de problème en ce sens que le ton-
ferrailles et, comme le montrent bien les diverses études (et, nage extrait par le mineur était celui expédié et utilisé par le sidé-
notamment la figure 4 de l’article [M 7 000]), cela représente, en rurgiste et, pratiquement chargé au haut-fourneau ;
moyenne 30 % des approvisionnements en fer dans le monde.
– peu à peu, on a préparé les minerais de fer et, comme on le verra
Ajoutons que cette part est très variable suivant les régions, allant :
plus loin, la qualité, mais aussi, la quantité de minerais utilisés en
– de plus de 60 %, pour les pays industrialisés depuis longtemps, sidérurgie ont changé, devenant inférieure à celle extraite des
comme les USA ; mines. Il y a là une source importante d’erreur ce d’autant que, les
– à environ 10 % pour les pays émergents, comme la Chine. besoins des sidérurgistes, c’est à dire la demande, évoluent…
1900 100 40 40
1913 178 75 42
1929 201 88 43
24
Référence Internet
M7041
& Le tableau 2 montre bien ces différences et, par la suite, nous & Quoi qu’il en soit, on assiste à une importante évolution étagée
utiliserons les données corrigées, au moins en grande partie, par en 3 étapes.
le Trust fund de la CNUCED [11]. Une autre remarque, également
indiquée au tableau 2, concerne les teneurs en fer qui peuvent : En 1913, à la veille de la première guerre mondiale, il n’y avait
guère de commerce international des minerais de fer et l’on avait le
– être indiquées et répertoriées directement ; schéma du tableau 3 où l’on constate :
– ou calculées par les productions de fonte et de minerais réduits
à l’état solide (valeurs bien connues avec exactitude) et leurs – la domination des deux régions les plus industrialisées, c’est-à-
teneurs en fer qui peuvent être estimées avec une bonne précision dire l’ensemble de l’Europe et les USA produisant ensemble 173 Mt
aux environs de 94 % Fe. de minerais, soit 97 % du total mondial ! ;
Tableau 2 – Détails sur les données relatives à la production mondiale de minerais de fer
25
Référence Internet
M7041
France 67 États-Unis 88
Europe de l’Ouest 144 51
Allemagne 19 Europe de l’Est* 119
2 États-Unis 88 46
Suède
Luxembourg
21
7
Afrique
Asie**
16
83
26
Référence Internet
M7040
Minerais et fondants
par Jacques ASTIER
Ancien Directeur à l’Institut de recherche de la sidérurgie française (IRSID)
Ingénieur-conseil
Cette édition est une mise à jour de l’article de P. Salesse, paru dans ce traité en 1989 et
modifié par Jacques Blondeau en 2004.
1.
1.1
1.2
Minerais de fer.................................................................................
Définitions ..........................................................................................
Environnement naturel ......................................................................
M 7 040v2 – 2
—
—
2
2
2
1.2.1 Géochimie ................................................................................ — 2
1.2.2 Constituants minéralogiques .................................................. — 2
1.2.3 Composition chimique ............................................................ — 3
1.2.4 Géologie des gisements .......................................................... — 4
1.3 Classification et caractéristiques ....................................................... — 6
1.3.1 Classification d’après les constituants minéralogiques
ou la composition chimique .................................................... — 6
1.3.2 Classification en fonction de la granulométrie ...................... — 6
1.3.3 Autres caractéristiques importantes ....................................... — 7
2. Autres matières ............................................................................... — 9
2.1 Minerais de manganèse ..................................................................... — 9
2.1.1 Terminologie. Minéralogie ...................................................... — 9
2.1.2 Types de gisements ................................................................. — 9
2.2 Fondants ............................................................................................. — 9
2.2.1 Définition ................................................................................. — 9
2.2.2 Fondants basiques ................................................................... — 10
2.2.3 Fondants acides ....................................................................... — 10
2.3 Additions minérales diverses ............................................................ — 10
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. M 7 040v2
27
Référence Internet
M7040
1. Minerais de fer La plupart des gisements exploités ont une teneur en fer com-
prise entre 30 et 65 %.
Encadré 1 – Historique En particulier, à l’arrivée des fleuves dans la mer, les teneurs en
fer dissous dans l’eau diminuent, la précipitation d’hydroxydes
Le développement remarquable de la sidérurgie au cours du s’effectuant au contact de l’eau de mer, plus alcaline.
XXe siècle – la production mondiale d’acier brut est passée de
2
28 à 847 Mt entre 1900 et 2000 – est indissociable de la décou- 1.2.2 Constituants minéralogiques
verte puis de la mise en exploitation de nombreux gisements
de minerais de fer à hautes teneurs (voir l’article [M 7 041]). On distingue généralement les :
Alors que, dans la première partie du XXe siècle, la production – minéraux ferrifères, dont le fer est un constituant normal qui ne
d’acier était localisée à proximité des sources de matières pre- peut être remplacé par un autre élément que dans d’étroites
mières, c’est à partir de 1960 que l’on a vu la construction de limites ;
grandes usines intégrées situées près des marchés de l’acier. – minéraux non ferrifères, qui ne contiennent pas de fer, ou en
Ainsi, en 15 ans, de 1960 à 1974, la sidérurgie a connu un déve- contiennent de faibles quantités en substitution d’un autre
loppement spectaculaire (croissance de plus de 7 % par an) constituant.
avec la création de grands « complexes côtiers ». Le Japon a
multiplié sa production par 5 en 10 ans de 1960 à 1970 pour 1.2.2.1 Principaux minéraux ferrifères
devenir leader mondial avec une production de 100 Mt/an.
L’Europe, dans cette même période, construisait les grandes Les minerais contenant du fer sont très nombreux, mais un nom-
usines côtières de Tarente en Italie, Redcar en Angleterre, Dun- bre limité d’entre eux sont utilisés comme source de fer. Ce sont,
kerque et Fos-sur-Mer en France… Ce boom de la sidérurgie ne par ordre d’importance décroissante, les oxydes et les hydroxydes,
pouvait se faire qu’avec un développement de même ampleur les carbonates et les silicates.
de nouvelles mines de minerais de fer et de moyens de trans- De plus, la minéralogie de la plupart des minerais de fer est sim-
ports maritimes adaptés et compétitifs. ple : un minerai donné contient rarement plus de trois ou quatre
C’est ainsi que l’on a vu le développement rapide : minéraux ferrifères.
– de grandes mines de minerais de fer au Brésil, en Austra-
lie, en Afrique et au Canada ; & Les fers natifs sont rares, d’origine terrestre ou météoritique et,
– du trafic maritime des minerais de fer qui est passé en dans ce cas, généralement associés à du nickel ; ils doivent être
15 ans de 95 Mt à 329 Mt/an. considérés comme des curiosités minéralogiques bien qu’ils aient
Depuis le choc pétrolier de 1974, la progression de la produc- sans doute joué un rôle important dans la naissance de l’âge du fer.
tion sidérurgique mondiale a été beaucoup plus lente et plus & Les oxydes de fer sont les constituants essentiels de tous les
instable. Par contre, le développement plus récent du Sud-Est
minerais riches, que l’on caractérise souvent par le nom de
asiatique (Corée-Taı̈wan) et, surtout, maintenant, de la Chine,
l’oxyde prédominant.
ainsi que le développement des procédés de réduction directe
nécessitent un accroissement de la production de minerais à La magnétite a pour formule chimique Fe3O4, que l’on écrit
hautes teneurs en fer qui dépasse 1 750 Mt/an, tandis que le aussi FeO, Fe2O3, et titre 72,3 % en fer lorsqu’elle est pure. Sa den-
commerce maritime atteint les 800 Mt/an. sité est 5,16. C’est le seul oxyde de fer contenant du fer bivalent (fer
ferreux) ; en particulier la wustite FeO, connue en métallurgie,
Dans cette perspective, on appellera minerai de fer tout minéral n’existe pas dans la nature. On note parfois la présence dans la
naturel, ou toute association minérale, susceptible d’être utilisé par magnétite de petites quantités de magnésium, manganèse, zinc,
l’industrie sidérurgique comme source de fer, et gisement de mine- nickel et titane en remplacement de fer ferreux, et d’aluminium,
rai de fer ou, plus brièvement, gisement de fer toute masse de vanadium et chrome en remplacement de fer trivalent (fer ferrique).
minerai de fer susceptible d’être exploitée en vue de son utilisation Elle se présente souvent en cristaux individualisés du système
par l’industrie sidérurgique. cubique, octaèdres ou dodécaèdres à faces striées, mais aussi en
masses granulaires à compactes ou en grains. C’est un minéral
Il convient, par ailleurs, de distinguer minerai brut ou tout-
opaque, à éclat métallique ; sa couleur est noir de fer à noir bleuté,
venant, qui est le matériau tel qu’on l’extrait de la mine, et minerai
sa poussière est noire.
marchand, qui peut être du minerai brut, mais le plus souvent en
dérive soit par un concassage-criblage, soit après un enrichisse- Ses propriétés magnétiques bien connues sont très importantes
ment, qui peut lui-même être suivi d’une agglomération en car elles facilitent la prospection des gisements et permettent
boulettes. d’obtenir, à partir de minerais pauvres ou contenant des impuretés
nuisibles, des concentrés de haute qualité. Par oxydation, elle se
transforme :
1.2 Environnement naturel – généralement en oligiste (sous la forme appelée martite) ;
– en limonite ;
1.2.1 Géochimie – exceptionnellement en maghémite.
Le fer est un des éléments les plus répandus de l’écorce terrestre ; L’oligiste (en anglais : hematite), Fe2O3, cristallise dans le sys-
il se situe en quatrième position avec une teneur moyenne de 5 %, tème rhomboédrique et titre 69,9 % en fer lorsqu’il est pur. Toute-
derrière l’oxygène (46,6 %), le silicium (27,7 %) et l’aluminium fois, une petite proportion du fer peut être remplacée par de l’alu-
(8,1 %). Ses concentrations dans la nature sont très nombreuses et minium, du vanadium et du titane. Sa densité est 5,26.
de taille considérable ; les formations ferrifères, dont les gisements L’oligiste peut se présenter en cristaux généralement tabulaires
au sens économique ne constituent qu’une petite partie, en ou en lamelles plus ou moins épaisses. Il prend un aspect micacé
contiennent souvent plusieurs milliards de tonnes. lorsque ces lamelles sont très fines ; dans la variété appelée
28
Référence Internet
M7040
spécularite, elles sont plus grandes et ont un éclat très vif. L’oligiste & Les sulfures de fer, en particulier la pyrite, de formule FeS2, sont
peut se présenter aussi en masses compactes. présents en petites quantités dans beaucoup de minerais de fer ; ils
Dans tous les cas, c’est un minéral opaque, à éclat vif et à cou- sont nuisibles en raison du soufre et des divers éléments métalli-
leur gris acier. Contrairement à la magnétite, sa poussière est ques qu’ils contiennent. En revanche, la pyrite exploitée comme
rouge et il n’est pas magnétique. telle ou obtenue comme sous-produit de l’exploitation de minerais
sulfurés polymétalliques donne, après grillage, un résidu utilisé
La martite, constituant très fréquent des minerais de fer, pro- parfois comme minerai de fer.
vient de l’oxydation de la magnétite, transformée en oligiste avec
& Les ilménites, de formule générale (Fe, Mg, Mn) TiO2, sont des
conservation des formes extérieures des cristaux de magnétite.
L’oxydation de la magnétite peut ne pas être totale, la magnétite minerais de titane 2, mais existent comme minéraux accessoires plus
résiduelle influant alors sur les propriétés magnétiques du cristal ou moins abondants dans beaucoup de minerais de fer (cf. 1.2.2.2).
et sur sa teneur en fer ferreux.
1.2.2.2 Principaux minéraux non ferrifères
Nota : dans les roches sédimentaires, la magnétite est parfois associée à de la maghé-
2
nite, également cubique et ferromagnétique, mais de même composition stœchiomé- Les minéraux non ferrifères présents dans les minerais de fer
trique que l’oligiste. sont très nombreux. Les plus courants sont :
L’hématite rouge n’est pas un minéral à proprement parler, – le quartz SiO2, rhomboédrique, qui est soit cristallisé, soit en
mais un constituant minéralogique, c’est-à-dire un agrégat de grains, soit en masses compactes, incolore, blanc ou légèrement
teinté ; c’est le constituant non ferrifère le plus important de pres-
minéraux trop fins pour que l’on puisse les séparer par des métho-
que tous les minerais de fer ;
des physiques simples.
– les minéraux des argiles, qui sont essentiellement des silicates
L’oligiste en est le constituant essentiel, associé à différentes d’alumine hydratés contenant parfois du magnésium, du calcium et
impuretés dont les plus importantes sont l’alumine et la silice. des alcalins, sodium ou potassium ;
L’hématite rouge se présente en masses plus ou moins compactes, – les apatites, de formule générale Ca3(PO4)2, Ca2PO4(Cl, F, OH),
à l’éclat métallique, rouge, rouge brunâtre à noir de fer. Sa pous- qui apportent une grande partie du phosphore présent dans cer-
sière est rouge comme celle de son principal constituant. tains minerais ; les plus courantes sont les fluoroapatites, qui
Les variétés terreuses d’hématite rouge, qui peuvent contenir contiennent plus de fluor que de chlore [AF 6 610]. Les apatites :
jusqu’à 20 % d’argile, sont appelées ocre rouge. des phosphates naturels ;
Par analogie avec l’anglais, l’usage s’est répandu d’appeler – la calcite, carbonate de chaux CaCO3, et la dolomite, carbonate
hématite toute forme d’oligiste massive ou granulaire, friable ou double de calcium et de magnésium dans lequel le fer remplace
compacte. parfois le magnésium (ankérite), sont abondantes dans la gangue
de certains minerais.
La goethite et la lépidocrite, orthorhombiques et de même for-
mule FeO(OH), sont deux hydroxydes de fer très voisins par leurs 1.2.3 Composition chimique
propriétés. Ils apparaissent le plus souvent en masses fibreuses
de couleur brunâtre, à poussière jaune. La composition chimique d’un minerai est essentielle dans
l’appréciation de la valeur, appelée valeur d’usage, que lui attribue
Purs, ces hydroxydes contiennent 62,8 % de fer, mais ce dernier l’utilisateur. Les principaux éléments qui servent à cette évaluation
peut être partiellement remplacé par du manganèse (jusqu’à 5 %) sont les suivants.
et de l’aluminium (jusqu’à 10 %). Ils sont souvent associés à de
l’argile, contiennent de l’eau excédentaire et parfois d’autres impu- & La teneur en fer est évidemment la première prise en compte
retés (minéraux contenant du manganèse ou du phosphore) et for- puisque le fer est, par définition, l’élément recherché. Elle est en
ment alors des limonites, constituants importants des minerais de particulier à la base de la distinction classique entre minerais riches
fer ayant subi une altération superficielle, mais également du mine- et minerais pauvres nécessitant un enrichissement ;
rai lorrain et des minerais sédimentaires de ce type. La teneur en
fer des limonites varie de 50 à 58 %. & Les éléments fusibles de la gangue, également importants,
contribuent, au haut fourneau, à former le laitier : ce sont :
& Parmi les carbonates, seule la sidérose, de formule théorique la silice SiO2,
FeCO3, est un constituant important de certains minerais de fer. la chaux CaO,
Lorsqu’elle est pure, elle contient 48,8 % de fer, mais celui-ci est l’alumine Al2O3,
souvent partiellement remplacé par du magnésium, du manganèse
ou du calcium, les teneurs en fer les plus courantes de la sidérose la magnésie MgO.
variant alors entre 40 et 45 %. Elle appartient au système rhomboé- Ils interviennent par leur masse totale et leurs proportions res-
drique et se présente soit en cristaux, soit en masses cristallines cli- pectives dans la détermination de la quantité et de la nature des
vables ou finement granulaires. C’est un minéral blanc lorsqu’il est additions qui seront nécessaires dans la constitution du lit de
pur, mais un début d’oxydation le colore souvent en jaune ou en fusion.
brun : en effet, la sidérose s’oxyde facilement en limonite et en
La valeur des rapports (CaO/SiO2) ou (CaO + MgO)/(SiO2 + Al2O3),
hématite.
appelés indices de basicité, permet de distinguer les minerais sili-
& De nombreux silicates contiennent du fer, associé à du magné- ceux, calcaires ou autofondants. De même, suivant le rapport
Al2O3/SiO2, on classe les minerais en minerais très alumineux, alu-
sium et à de l’aluminium. On les rencontre, dans certains minerais,
mineux, ou non alumineux ;
comme minéraux accessoires.
Seules, les chlorites et les leptochlorites sont des constituants & La perte au feu mesure à la fois les éléments volatils que sont le
importants de certains minerais de fer et, en particulier, des mine- gaz carbonique des carbonates et l’eau de constitution présente
rais lorrains. Ces silicates sont formés d’empilements de feuillets, dans certains minéraux mais aussi les variations du degré d’oxyda-
d’où leur nom de phyllosilicates. Il en existe un nombre considé- tion du fer, ce qui peut conduire, dans certains cas, à des gains au
rable de variétés mal définies. feu.
Les chamosites sont des mélanges de plusieurs types de chlori- & D’autres éléments sont présents dans les minerais de fer, sou-
tes ferrifères, de couleur jaune-vert à vert-noir, à éclat vitreux et à vent à l’état de traces, mais parfois dans des proportions suffisan-
poussière verdâtre, contenant de 10 à 35 % de fer, 30 à 45 % de tes, bien que faibles, pour influer sur la marche des installations ou
silice, 6 à 10 % de magnésie. sur la qualité de la production.
29
2
30
Référence Internet
M7059
6. Symboles .......................................................................................... — 20
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. M 7 059v2
31
Référence Internet
M7059
2
Le recyclage des produits ferreux est favorisé par deux caractéristiques essen-
tielles, leur composition chimique simple qui rend leur fusion aisée et permet
de répéter l’opération de recyclage un grand nombre de fois, et leur sensibilité à
l’attraction électromagnétique qui permet leur séparation, facile également,
d’avec les autres matériaux.
Partant du constat qu’il existe, en quelque sorte, un marché naturel pour le
recyclage des parties ferreuses contenues dans les biens d’équipement, nous
en abordons ici les divers aspects, en prenant en compte les données nouvelles
constituées par les réglementations relatives aux déchets et produits arrivant en
fin de vie, ainsi que par les impératifs nouveaux en matière de qualité, d’écono-
mie d’énergie, d’économie de matières premières et de réduction des rejets,
notamment en CO2.
Dans cet article sur le recyclage des biens d’équipement contenant du fer, qui
en précède deux autres [M 7 060] et [M 7 061], nous nous attachons à présenter
les aspects généraux du recyclage, le cycle de vie des produits et des biens de
consommation contenant de l’acier, les justifications et les motivations, les
grandes filières de mise en œuvre, le tout illustré par quelques chiffres.
Les aspects technologiques sont traités dans l’article [M 7 060], tandis que les
aspects économiques et les perspectives de développement sont abordés dans
l’article [M 7 061].
Depuis la crise économique de 2007, beaucoup d’évènements sont survenus, tant
sur les plans économique que réglementaire. Il en résulte que les matériaux fer-
reux, qui faisaient alors figure de pionniers du recyclage, se trouvent aujourd’hui
partie prenante d’un mouvement général de valorisation des matériaux, que l’on
définit aujourd’hui sous le terme générique « d’économie circulaire ».
Un glossaire des termes employés et un tableau de symboles sont présentés
en fin d’article.
32
Référence Internet
M7059
par un ressort de type économique. Il est vite apparu en effet qu’il & Recyclage en boucle fermée
était plus aisé, pour nombre d’applications, de refondre un objet Ceci correspond à un cas de figure plus rare, assez théorique
métallique usagé, plutôt que de repartir du minerai. pour la plupart des matériaux et, malgré tout, prôné par certains
C’est pourquoi, dans le contexte de développement durable et puristes du recyclage (figure 2).
d’économie circulaire, qui se développe aujourd’hui, le recyclage Bien qu’elle apparaisse plus séduisante sur le plan conceptuel, la
des métaux et, surtout des métaux ferreux, a valeur d’exemple et boucle fermée s’oppose souvent à la réalité économique du mar-
crée un effet d’entraı̂nement pour nombre de produits, de plus en ché des produits à recycler que nous appellerons, dans la suite de
plus composites, c’est-à-dire constitués de différents matériaux cet article, les matières secondaires, par symétrie avec les matières
plus ou moins intimement liés entre eux, souvent difficiles à premières. Ainsi, dans le cas de l’acier, la proximité d’une aciérie
recycler. avec une source de ferrailles prime-t-elle sur la nature du produit
qui génère cette source.
1.1.1 Métaux ferreux Quoi qu’il en soit, la dégradation progressive des matières recy-
clées plusieurs fois nécessite l’apport d’une certaine quantité de
Ce sont des alliages fer carbone, avec parfois des éléments
métalliques d’alliage qui leur confèrent des propriétés particulières,
répondant aux besoins d’usage (ductilité, dureté, résistance à la
matière première d’appoint. Et si l’on en revient à l’atome de fer,
le recyclage de celui-ci pour donner de l’acier ou de la fonte s’appa-
rente à un recyclage en boucle fermée.
2
corrosion, etc.).
On distingue les aciers, dont la teneur en carbone n’excède pas 1.1.3 Durée de vie
2 % (norme NF EN 10020) (même dans la plupart des cas très infé-
La durée de vie est un élément essentiel à la connaissance du
rieure à 1 %), et les fontes, dont la teneur en carbone se situe entre
gisement disponible.
2,11 et 6,67 %.
Les aciers sont classés, selon la norme mentionnée, en trois & Elle est très variable selon les biens d’équipement considérés.
familles : En matière de biens d’équipement contenant du fer, il est com-
– aciers non alliés, les plus courants, ce sont des alliages Fe-C mode d’aborder la réflexion par segment de marché d’utilisation :
sans autre composant significatif ; – les emballages,
– aciers alliés, contenant des éléments sous forme de micro-allia- – les équipements domestiques, électroménager,
ges, tels que Cr, Mn, etc ; – les automobiles,
– aciers inox, qui se distinguent par une teneur en Cr et Ni signifi- – la construction mécanique,
cative ( Cr ≥ 10,5, Ni ≥ 2,5) et qui font l’objet d’un recyclage spécifique – le bâtiment,
dans la filière des aciers inoxydables. La valeur des ferrailles inoxyda- – les travaux publics et le génie civil.
bles est calculée sur la base des cours du nickel (Ni) et diffère totale-
ment de la valeur des ferrailles issues d’aciers dits « au carbone ». & Sa gestion prévisionnelle est difficile.
S’il est aisé de connaı̂tre les quantités d’acier mises sur le mar-
Dans l’exposé qui suit, nous parlerons essentiellement des deux ché une année donnée, il est beaucoup plus difficile de faire des
premières catégories, qui constituent la majorité des aciers à
recycler.
C’est le cas le plus fréquent du recyclage matière. Un matériau, Fabrication des produits
contenu dans un produit, participe à la naissance d’un produit dif-
férent, en complément ou non d’une matière première de même Matières premières
nature (figure 1).
Ainsi, dans le cas de l’acier, une boı̂te de conserve peut être
transformée en acier pour automobile et réciproquement. Figure 2 – Recyclage en boucle fermée
33
Référence Internet
M7059
Tableau 1 – Durée de vie des produits contenant de l’acier Agglomération Minerai de fer
2 Construction mécanique 20 10 à 30
Station d’affinage
Station d’affinage
Acier liquide mis à nuance
34
Référence Internet
M7059
– règlement (1013/2006/CE) du 12 juillet 2006, qui a remplacé le Le recyclage constitue un des principaux leviers d’action et sert
règlement (CEE) n 259/93 du Conseil, du 1er février 1993, concer- souvent de fil conducteur à l’élaboration de cette nouvelle straté-
nant la surveillance et le contrôle des transferts de déchets à gie. Nous illustrerons cette affirmation en analysant deux des
l’entrée et à la sortie de l’Union européenne. Son objectif est de objectifs essentiels du développement durable.
renforcer, simplifier et préciser les procédures de contrôle des
& Limitation des rejets dans l’air, l’eau et le sol
transferts de déchets et réduire ainsi le risque de transferts de
déchets non contrôlés ; Le recyclage des produits ferreux y contribue largement, en rac-
– règlement (UE) n 333/2011 du 31/03/11 établissant les critères courcissant notablement la filière d’élaboration de l’acier (figure 3).
permettant de déterminer à quel moment certains types de débris Ainsi peut-on retenir, en comparaison brute et dans les conditions
métalliques cessent d’être des déchets au sens de la directive 2008/ de production de l’électricité en France (à 80 % par la filière
98/CE du Parlement européen et du Conseil ; nucléaire), que la filière électrique génère, en gros, dix fois moins
– directive 1999/31/CE du Conseil du 26 avril 1999, concernant la de CO2, à la tonne d’acier liquide, que la filière fonte, soit 200 kg
mise en décharge des déchets. Elle vise à : au lieu de 2 000 kg (source Arcelor Mittal Research et CRM Liège).
« … prévenir ou à réduire les atteintes portées à l’environnement
2
De même, la filière électrique divise au moins par deux l’énergie
de la mise en décharge des déchets, et plus particulièrement sur les nécessaire à l’élaboration d’une tonne d’acier coulé (brames, billet-
eaux de surface, les eaux souterraines, le sol, l’air et la santé tes), en comparaison de la filière fonte, soit 8 à 10 MJ contre 22 MJ
humaine… ». (selon World Steel).
& Directives relatives aux produits en fin de vie : & Économie des ressources terrestres
– directive 94/62/CE du 20 décembre 1994 du Parlement européen Le recyclage permet de réaliser, au cours du processus d’élabo-
et du Conseil est relative aux emballages et aux déchets d’emballa- ration de l’acier, des économies de minerai, de charbon, de chaux
ges. La directive 2004/12/CE (qui modifie la directive 94/62/CE) éta- et d’oxygène.
blit des critères pour clarifier la définition du terme « emballages » ;
– directive 2000/53/CE du Parlement européen et du Conseil du Examinons les chiffres de consommation mondiale de matières
premières et secondaires par l’industrie sidérurgique en 2013,
18 septembre 2000 est relative aux véhicules hors d’usage ;
déclarés par Worldsteel Association dans son Steel Statistical Year-
– directive 2002/96/CE du Parlement européen et du Conseil du
book (tableau 2).
27 janvier 2003 est relative aux déchets d’équipements électriques
et électroniques. Il est difficile d’effectuer un bilan matière exact, dans la mesure où
les chiffres indiqués recouvrent des variations de stocks possibles.
1.2.3 Certification environnementale Toutefois, si nous en restons aux ordres de grandeurs, il devient pos-
sible d’évaluer que la consommation de 580 Mt de ferrailles pour
& La certification environnementale répond à un besoin marketing produire l’acier procure, a minima, une économie de plus de
d’image et de considération. 800 Mt de minerai, plus de 430 Mt de charbon et 70 Mt de chaux.
C’est une démarche qui se généralise chez les producteurs de
matériaux et les fabricants de biens d’équipement, lesquels intè-
grent désormais la notion de recyclabilité des produits dans leurs 1.3 Mise en œuvre et perspectives
stratégies de communication auprès des consommateurs. Ainsi,
peut-on faire valoir les mérites d’une société qui consomme, mais 1.3.1 Seconde vie des déchets
de façon responsable et citoyenne, dans le respect de La directive cadre (2008/98/CE) hiérarchise les modes de gestion
l’environnement. des déchets et produits en fin de vie. Nous en décrivons ci-dessous
De leur côté, les récupérateurs de ferrailles et métaux, dans le les étapes, par ordre croissant d’intérêt.
passé dénommés, péjorativement selon eux, les ferrailleurs, ont le
souci d’effacer une image plutôt négative longtemps attachée à
leur activité, en introduisant plus de transparence, plus de profes- Tableau 2 – Consommation mondiale de matières
sionnalisme et en proclamant des intentions de préservation de premières en 2014 Sources : Worldsteel (Statistical
l’environnement.
Yearbook) et BIR (Facts in Figures)
& C’est un acte volontaire.
La certification concrétise et consacre une volonté de donner des Tonnages
Produits Commentaires
garanties aux clients. (en Mt)
La norme ISO 9000 traite principalement du « management de la
qualité ». Elle a un effet moteur pour la conception de biens plus Variations de stocks à
Minerai extrait 2000
facilement recyclables et, par voie de conséquence, sur la qualité prendre en compte
des ferrailles, dans la mesure où un nombre croissant d’entreprises
de collecte et de récupération s’y plient. Inclut la fonte de
Fonte produite 1183
moulage
La norme ISO 14000 traite principalement du « management
environnemental ». Le fait de s’y soumettre peut avoir une
influence sur les quantités de matériaux recyclés en vue de préser- 10 à 15 %
Acier produit par filière
ver les ressources de la planète et sur leur qualité, dans la mesure 1237 d’enfournement de
fonte
où tant les récupérateurs que les aciéristes et les fondeurs s’y fixent ferrailles
pour objectif de limiter les effets des rejets sur l’environnement.
Acier produit par filière 27,4 % de la production
426
1.2.4 Développement durable électrique d’acier
Le développement durable est devenu une des priorités des Économie de 800 à
grands groupes sidérurgiques et de leurs clients majeurs. Ferrailles consommées 585
900 Mt de minerai
Il associe des préoccupations économiques environnementales,
sociales et sociétales. Sa mise en œuvre, dans les entreprises, est Minerais pré-réduits Économie d’énergie et
pilotée par les directions de l’Environnement, de la Communica- 73
produits CO2
tion, de la Santé et Sécurité et des Ressources humaines.
35
2
36
Référence Internet
M7060
2
sur la qualité de la ressource ferraille
ArcelorMittal global R&D, Maizières-lès-Metz, France
Cet article est la réédition actualisée de l’article [M 7 060v3] intitulé « Recyclage des
déchets ferreux – Aspects technologiques » paru en 2007, rédigé par Bernard Gros.
près avoir abordé le recyclage des matières ferreuses sous un angle ana-
A lytique dans l’article [M 7 059], en mettant en relief les causes, les motiva-
tions et les contraintes, nous nous proposons d’en traiter les aspects technolo-
giques de mise en œuvre.
Pour cela, nous présentons dans cet article l’organisation de la collecte des
Parution : septembre 2017
37
Référence Internet
M7060
2 produire différents types d’aciers dont certains demandent une parfaite maı̂trise
de la qualité des matières premières, ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui
pour toutes les catégories de ferrailles.
publique, ont créé des déchetteries où l’on peut venir les déposer.
1. Organisation des circuits Ils organisent parfois des collectes, par campagne dans les secteurs
d’approvisionnement à habitat dispersé, ou à la demande dans les très grandes villes.
De petits ramasseurs, encore nommés « chineurs », assument
également une partie du travail, avec plus ou moins d’assiduité
selon le cours de la ferraille.
1.1 Collecte : exemple de la pratique Les produits collectés peuvent transiter par des ateliers de
française démontage, souvent à caractère caritatif ou de réinsertion, mais
& Le schéma traditionnel est ce qui s’est pratiqué, au cours du dans tous les cas ils aboutissent sur les chantiers de préparation
temps, jusqu’à la mise en application des Directives européennes de ferrailles.
par les États membres, c’est-à-dire à la fin de la décennie 1990. Les Véhicules Hors d’Usage (VHU) passent majoritairement par
Les petits produits à usages domestiques suivent la filière un réseau de démolisseurs, qui récupèrent des pièces, selon la
banalisée des déchets ménagers. demande du marché de la pièce de réemploi et remettent les car-
casses aux récupérateurs après les avoir dépolluées (extraction de
Les Collectivités Territoriales, responsables réglementairement de
la batterie, de tous les fluides et de leurs filtres, des organes pyro-
la collecte et du traitement des déchets produits par les ménages,
techniques et des pneus) (figure 1).
confient en général le soin de leur enlèvement à des entreprises
spécialisées représentées, en France, par une fédération, la FNADE. Les démolisseurs prennent en charge les véhicules chez les
concessionnaires et les garagistes, qui en ont assuré la reprise
Les ferrailles extraites de ces flux de déchets ménagers sont Producteurs de matériaux
remises à des récupérateurs qui les préparent en vue de les mettre Broyeurs
en conformité avec les catégories idoines du référentiel européen, Filière de
dans ce cas précis, E61 pour les ferrailles issues du tri sélectif et la construction
Valorisateurs
E46 pour celles issues des incinérateurs d’ordures ménagères [1]. automobile Éliminateurs
38
Référence Internet
M7060
lors de la vente de véhicules neufs ou lorsque le véhicule est trop Les nouvelles façons de procéder touchent en premier lieu les
accidenté pour être remis en circulation. ménages et les artisans, en d’autres termes les petits consomma-
Les compagnies d’assurances, qui deviennent les nouveaux pro- teurs bénéficiant de services de proximité.
priétaires des véhicules accidentés jugés non réparables, consti- La collecte sélective des emballages en est la première illustra-
tuent également une source importante de VHU. tion. Les détenteurs de déchets sont invités à utiliser, a minima,
Les pouvoirs publics sont aussi une source de véhicules hors deux conteneurs différents, l’un pour les emballages, tous maté-
d’usage non négligeable avec les fourrières et le parc automobile riaux confondus, et l’autre pour le reste des déchets.
géré par les Domaines. Les conteneurs d’emballages sont acheminés vers des centres de
Enfin, le complément de la collecte se fait par apport volontaire tri d’où les emballages acier sortiront, après une séparation électro-
des particuliers sur les chantiers de démolition ou sous forme de magnétique, pour être dirigés soit chez des récupérateurs, soit
prestations de service à domicile, souvent facturées par les démo- directement dans des aciéries pour y être recyclés par refusion.
lisseurs-recycleurs. Les conteneurs à autres déchets continuent à suivre les filières
2
Les démolisseurs et collecteurs d’automobiles sont soumis à un traditionnelles précédemment décrites : incinération, compostage,
agrément préfectoral (comme les centres de contrôle technique) et centre d’enfouissement technique.
constituent les points d’entrées agréés de la filière de traitement des Le tri réalisé par les particuliers n’étant jamais parfait, on
véhicules hors d’usage. Ils doivent, à ce titre, remettre un récépissé de retrouve toutefois dans ces autres déchets une part de produits fer-
prise en charge du véhicule pour destruction au dernier propriétaire. reux qui sont récupérés comme auparavant (essentiellement après
Les produits à usage industriels font l’objet de contrats directs incinération).
entre les détenteurs et les professionnels du déchet ou de la récu- La figure 2 nous montre que, grâce à leur propriété d’attraction
pération. Pour les grosses structures, des entreprises de démolition magnétique, les emballages ménagers en acier sont en France les
spécialisées, plus proches des métiers du bâtiment que de la récu- plus recyclés.
pération, sont requises comme sous-traitantes par les détenteurs
Enfin, la mise en place continue de déchetteries de proximité,
des contrats.
auprès desquelles les particuliers, ménages, artisans et agriculteurs
Quel que soit le mode de collecte des produits en fin de vie, les peuvent déposer gratuitement leurs déchets encombrants dans des
parties ferreuses passent toujours par les chantiers des récupéra- conteneurs de grande capacité, spécialisés par matériaux, empiète
teurs de fers et métaux afin d’y être préparées (§ 3.3.1 de sur l’activité des « chineurs » et vise, à terme, à supprimer durable-
l’article [M 7 059]). ment les abandons sauvages.
En France, cette profession est représentée par une fédération, la
FEDEREC. & Dépollution, démontage et déconstruction concernent les pro-
duits complexes ou fortement souillés, au premier rang desquels
figurent les automobiles parce que faisant l’objet de la directive la
Organisation fédérale, créée en 1944 afin de regrouper les dif- plus avancée en la matière, en second lieu les équipements électri-
férentes chambres syndicales de la profession dont la fondation ques et électroniques, puis les bâtiments et ouvrages d’art et enfin
des premières remonte à 1890, FEDEREC est constituée de 8 syn- les emballages à usages industriels.
dicats régionaux et 12 branches d’activités. La dépollution devient une opération indispensable et préalable
à tout traitement de produit en fin de vie.
Une part croissante de la collecte est maintenant gérée par les Pour en revenir à l’exemple automobile, le démolisseur prenant
éco-organismes mis en place dans les secteurs où la Responsabilité en charge un VHU doit extraire la totalité des fluides, carburant,
Élargie du Producteur (REP) est légalement encadrée. En effet, afin lubrifiants et leurs filtres, ainsi que la batterie et les pneumatiques.
de développer le recyclage de certains déchets, il a été nécessaire Si un réservoir GPL est présent, il sera également retiré.
de les collecter sélectivement. Le principe, qui découle de celui du Pour les emballages à usages industriels, l’élimination et la neu-
pollueur-payeur, en est le suivant. tralisation des résidus de contenus constituent un préalable à toute
Les fabricants nationaux, les importateurs de produits et les introduction dans une filière de recyclage.
distributeurs pour les produits de leurs propres marques doivent
prendre en charge, notamment financièrement, la collecte sélec-
tive, puis le recyclage ou le traitement des déchets issus de ces 100
produits. Ils peuvent assumer leur responsabilité de manière indi- 90
viduelle ou collective dans le cadre d’un éco-organisme. Dans ce
dernier cas, ils adhèrent à une société souvent agréée par les 80
Taux de recyclage (%)
39
Référence Internet
M7060
Ainsi, globalement, la collecte des biens d’équipement contenant 1.3 Préparation des ferrailles
majoritairement du fer est très efficace, car leur contenu en fer et
en éventuels autres matériaux valorisables génère une valeur supé- Pour devenir une source de fer utilisable en aciérie, une ferraille
rieure aux coûts de collecte. Au regard des très faibles quantités de doit répondre à deux critères de base [2] :
produits ferreux mis en décharge (moins d’un pour-cent en masse)
et des très faibles quantités d’aciers qui ne seront jamais récupé- – avoir un contenu chimique qui convient à l’aciériste et en pre-
rées (dans des fondations profondes ou autres bétons armés non mier lieu posséder une teneur significative en fer non oxydé,
recyclés) et qui finiront par rouiller intégralement, on peut estimer, c’est-à-dire largement plus de 90% en masse pour être recyclée
dans un pays comme la France, que le taux de collecte des biens dans la fabrication des aciers dits « au carbone ». Pour la fabrica-
contenant majoritairement du fer est supérieur à 95%. Ce très haut tion des aciers spéciaux ou inox, on pourra rechercher des ferrailles
niveau de collecte est aussi dû à une relative facilité à récupérer les à plus faible teneur en fer, mais qui contiendront en complément
biens contenant du fer, du fait de leur grande taille (véhicules, élec- de fortes teneurs en éléments d’alliage comme le chrome, le nickel,
troménager, machines-outils, bâtiments, navires…) et surtout du le manganèse, le molybdène… Le reste des éléments chimiques
fait de leur propriété d’attraction magnétique. Pour cela, il existe présents dans la ferraille ne doit pas générer d’impacts environne-
2 de nombreux outils simples, robustes et peu onéreux qui permet- mentaux, de surcoût de process ou de défauts métallurgiques lors
tent d’extraire très efficacement des petites pièces ferreuses mélan- de la fusion et de la fabrication de l’acier recyclé ;
gées à d’autres matériaux. Nous verrons ces aspects technologi- – présenter des caractéristiques physiques compatibles avec les
ques plus loin dans cet article. contraintes de productivités des fours, à savoir :
la plus grande dimension des morceaux de ferrailles doit être
compatible avec la taille des cuves de fusion, soit en général
1.2 Transport moins de 0,50 m pour les fonderies et moins de 1,50 m pour
les fours électriques et les convertisseurs ;
Le transport est un centre de coût important, particulièrement
pesant sur une activité de groupage de produits dispersés comme la masse volumique en vrac doit être suffisante (générale-
le sont les équipements en fin de vie et les matériaux à valoriser ment supérieure à 0,8 t/m3) afin d’optimiser le remplissage
après collecte et séparation. des paniers pour les fours électriques, des augets pour les
& L’acheminement des produits ferreux bruts, issus des centres de
traitement de déchets, vers les chantiers de préparation de ferrail-
les, ne peut se faire pratiquement que par la route. Les camions à
bennes semi-remorques basculantes et auto-déchargeables consti-
tuent la solution la plus adaptée (figure 3).
& Le rail est un moyen privilégié de transport pour les ferrailles,
produit lourd par excellence, car il permet d’optimiser la charge à
l’essieu. Ainsi, un wagon de chemin de fer peut-il accepter une
charge utile de 55 t, contre 24 t pour une benne semi-remorque.
Ce mode de transport manque toutefois de souplesse par rapport
à la route, ce qui limite pratiquement son utilisation aux liaisons
sur longues distances, par trains complets. De plus, il impose l’uti-
lisation d’une grue ou un pont roulant munis d’un grappin ou d’un
électro-aimant pour le déchargement (figure 4).
En outre, les nécessités de raccordement au réseau font que
seuls les grands chantiers de ferrailles sont capables d’expédier
par chemin de fer.
& Le fluvial est le moyen de transport optimal pour acheminer des
ferrailles depuis un chantier au bord de l’eau vers une aciérie au
bord de l’eau (figure 5). Ceci suppose le rassemblement de multi-
ples conditions et pèsera, à l’avenir, sur le choix des sites d’implan-
tations de nouvelles aciéries. Figure 4 – Déchargement d’un wagon de ferraille
Figure 3 – Camion à benne basculantee auto-déchargeable Figure 5 – Déchargement d’une péniche de ferraille
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2
Ingénieur conseil, sidérurgiste
Consultant indépendant, Orval-La-Ville, Saint-Nizier d’Azergues, France
Note de l’éditeur : Cet article est la réédition actualisée de l’article [M 7 061] intitulé
« Recyclage des déchets ferreux - Aspects économiques et perspectives », paru en 2007 et
rédigé par Bernard Gros.
lors que dans les articles [M 7 059] et [M 7 060]), sont abordés plus spéci-
A fiquement les aspects quantitatifs des enjeux, puis les aspects techniques
de recyclage des biens de consommation contenant des produits ferreux, nous
nous proposons, dans celui-ci, d’en traiter les aspects économiques et d’en
Parution : février 2017
41
Référence Internet
M7061
2
sont toutefois souvent sources de contraintes nouvelles, ajoutant des coûts à
une filière déjà rôdée. C’est le handicap d’avoir été en avance, ce qui nécessite
de s’adapter, alors que d’autres matériaux, ayant tout à créer, peuvent prendre
en compte dès le départ ces nouvelles données.
Le second paragraphe traite des perspectives d’avenir pour l’ensemble de la
thématique et constitue une réflexion sur les attraits, les atouts et les risques,
pour l’industrie des produits ferreux et l’ensemble des secteurs d’activité liés au
recyclage. Ce contexte nouveau et favorable est introduit par les notions de
développement durable et d’économie circulaire, mais dans un cadre écono-
mique très fluctuant, résultant de l’instabilité des cours et des mises à disposi-
tions des matières premières d’extraction, minerais, charbon, pétrole, dont les
matériaux recyclés sont concurrents.
Le recyclage est en effet le résultat d’une maturité industrielle dans les pays
développés, qui cherchent à résoudre simultanément leurs problèmes d’envi-
ronnement et leurs problèmes de dépendances vis-à-vis de matières premières
extraites ailleurs que sur leurs propres sols.
Le recyclage supporte mal la croissance rapide, parfois chaotique, de nouveaux
entrants, en tête desquels la Chine qui a provoqué un doublement des besoins
d’acier dans le monde, avec pour conséquence de grands à-coups sur les prix.
Le recyclage des produits en fin de vie contenant du fer a cependant des inci-
dences positives sur l’image de l’acier et devrait aider à maintenir, voire renfor-
cer, l’usage de ce matériau. Il constitue donc un atout pour les sidérurgistes
dans le cadre de leur compétition avec les autres matériaux.
Un glossaire et un tableau des sigles utilisés sont présentés en fin d’article.
42
Référence Internet
M7061
1.1.1 Les aciéries électriques appellent éventuellement, l’aval d’un complexe sidérurgique ont un caractère
les ferrailles en fonction de la demande plus local. Enfin, les engagements à réduire la génération de CO2
d’acier sur le marché ont un caractère durable.
Toutes ces considérations nous donnent une idée du nombre de
Avec une telle politique d’achat, les aciéries électriques qui, rap-
paramètres pouvant intervenir dans une décision d’achat de ferrail-
pelons-le, n’utilisent pratiquement que des ferrailles comme source
les, alors que le flux de matières secondaires, produites par les
de fer, sont exposées à des aléas d’approvisionnement et peuvent,
biens de consommation, est à peu près régulier.
en réaction, avoir un effet déstabilisant sur la régularité d’écoule-
ment des flux à recycler. & Une faible variation relative des besoins des aciéries de conver-
Les actions correctives mises en œuvre pour contrecarrer les sion peut peser lourdement sur le marché des ferrailles.
effets de ces à-coups relèvent souvent du pis-aller. Les aciéries de conversion sont globalement de petits consomma-
& La pénurie de ferrailles est souvent la cause d’entorses aux teurs de ferrailles, en regard des aciéries électriques (figure 19 de
[M 7 059]), avec environ 17% de la consommation totale. Mais, une
cahiers des charges, en cas d’accélération brusque de la demande
2
expression erratique de leur demande peut provoquer des perturba-
d’acier. Cette variation peut se produire tour à tour, ou simultané-
tions importantes sur un marché tendu, étant donné la taille des ins-
ment, sur les marchés intérieurs et à l’export. tallations. En effet, un complexe sidérurgique de conversion possède
Les aciéries électriques, qui élaborent majoritairement des aciers une capacité de l’ordre de 4 à 10 fois supérieure à celle d’une usine
courants, travaillent souvent avec des marges faibles et une haute électrique, ce qui produit des effets importants sur une demande en
productivité. Elles ont tendance à vouloir accepter un maximum de valeur absolue, tout particulièrement au niveau régional.
commandes, jusqu’à saturer leurs capacités. Afin de réaliser leurs
programmes de production, elles doivent alors faire appel à un Exemple
maximum de ferrailles disponibles, dans toutes les catégories, Le complexe sidérurgique littoral d’ArcelorMittal à Dunkerque, produi-
après avoir épuisé les ressources de celles qui leur conviennent le sant couramment 6 Mt d’acier par an, consomme de l’ordre de 1 Mt de
mieux habituellement. Outre l’augmentation de prix que cela pro- ferrailles, dont 300 kt, au minimum, sont achetées sur le marché.
voque, le fait d’accroı̂tre la demande sur les ferrailles de bas de Ces chiffres placent Dunkerque au même niveau que les aciéries
gamme tend à uniformiser la qualité de l’ensemble vers le bas. électriques voisines, pour ce qui est des volumes, avec des exigences
Ainsi, peut-on détruire en quelques semaines les efforts déployés parfois plus grandes en matière de qualité, ce qui amène à concentrer
durant des années pour mettre en application tous les grands prin- la demande sur un nombre restreint de catégories de ferrailles.
cipes de qualité longuement développés dans l’article [M 7 060].
& Les aciéries de conversion utilisent les ferrailles pour ajuster
& Le manque de régularité de la demande d’acier peut provoquer leurs enfournements.
des ralentissements de la production, ce qui compromet l’exis- Une aciérie de conversion peut, techniquement, vivre en autarcie
tence des filières de recyclage. « ferrailles », consommant les chutes internes au complexe sidérur-
Un ralentissement brutal de la demande d’acier conduit à réduire gique l’environnant. Les expressions de besoins sont donc, par
les volumes d’achat de ferrailles, en donnant la priorité aux ferrail- définition irrégulières, ce qui exclut, dans l’immédiat, des engage-
les haut de gamme et en abandonnant les ferrailles bas de gamme, ments contractuels à la reprise de ferrailles, à l’exception d’engage-
lesquelles risquent alors de prendre le chemin des centres ments volontaires du type réduction de la génération de CO2.
d’enfouissement ou de l’abandon pur et simple en rase campagne.
En outre, à partir du moment où des investissements importants
auront été réalisés, par les collectivités territoriales ou les industriels
1.2 La réglementation pousse l’offre
du déchet dans des centres de tri et des déchetteries, et par les En effet, l’aspect réglementaire, nous l’avons souligné, est un
industriels de la récupération dans des équipements lourds, du type élément nouveau qui vient bousculer les règles traditionnelles du
de ceux déjà décrits [M 7 060], il y aura risque de mettre en péril éco- marché des matières secondaires.
nomique de nombreuses entreprises et de perdre ainsi un acquis ne
trouvant sa justification économique que sur le long terme. Les pouvoirs publics, en intervenant dans le cercle fermé et tra-
ditionnellement opaque des démolisseurs, récupérateurs et acié-
& Enfin, si l’on considère l’aspect réglementaire du recyclage, les ristes (nous en avons évoqué les raisons [M 7 059]), créent un
à-coups du marché des ferrailles rendent difficile, voire impossible nouveau contexte, contraignant, mais pouvant être perçu comme
économiquement parlant, le respect de l’application des directives. une opportunité.
Toutes ces observations sont également valables pour l’ensemble
En responsabilisant les fabricants de biens et les détenteurs de
des matériaux, autres que ferreux.
produits en fin de vie (REP), en fixant des objectifs de taux de recy-
clage, par bien et par matériau, en imposant ou prohibant certains
1.1.2 Les aciéries de conversion introduisent moyens, les directives européennes et les décrets nationaux qui en
des éléments indépendants du marché découlent, vont contraindre les négociateurs, à l’achat comme à la
dans leurs décisions d’achat vente, à prendre des engagements nouveaux. Ceci devrait avoir un
& Si la demande d’acier reste un élément important de la décision effet bénéfique, en un sens, sur le plan des volumes recyclés, de la
d’achat de ferrailles des aciéries de conversion, les disponibilités en qualité des matières secondaires et de la régularité des flux, mais
coke et en minerai de fer, la capacité instantanée des hauts- risque, en contre partie, de produire un effet pénalisant sur les
fourneaux, en comparaison de celle des outils situés en aval coûts, en générant de nouveaux frais fixes.
(convertisseurs, coulées continues, laminoirs), l’incitation, par la
réglementation, à générer moins de CO2, sont également des élé- 1.2.1 Directives européennes relatives
ments de décisions venant encore compliquer le jeu des prévisions à la valorisation des produits en fin de vie
d’évolution de la demande de ferrailles sur les marchés. Ces directives ont été transposées en droit français. Rappelons
Les aciéries de conversion produisent, en majorité, des produits quelques aspects de trois d’entre elles, évoquées au tout début de
sidérurgiques différents de ceux des aciéries électriques (produits l’article [M 7 059].
longs majoritairement en filière électrique, produits plats majoritai-
& Secteur de l’emballage : directive 2004/12/CE, modifiant la
rement en filière fonte). En conséquence, les variations de deman-
des sur leurs marchés respectifs peuvent ne pas être simultanées. 94/62/CE
Les disponibilités en coke et en minerai sont liées à des phénomè- L’article 6 de la directive 2004/12/CE traite de la valorisation et
nes mondiaux, tandis que les besoins de capacité pour satisfaire, du recyclage.
43
Référence Internet
M7061
Il fixe des obligations de résultats chiffrés, pour les déchets recherchant des filières nouvelles pour les matériaux existants et,
d’emballages (§ 1 alinéa d) et les matériaux (§ 1 alinéa e). Souli- à long terme, en développant la pratique de l’éco-conception.
gnons, au passage, que l’objectif de 50 % en masse, pour les Malheureusement, les résultats observés par l’ADEME en 2015 mon-
métaux, n’y est pas très ambitieux, étant donné leur grande apti- trent que les objectifs fixés n’ont pas été atteints, malgré la mise en
tude au recyclage. Ceci fait que pour les produits contenant du fer, place de filières de dépollution, démontage des pièces et tri des
les objectifs ont été dépassés. matériaux, et ceci essentiellement pour des raisons économiques,
les coûts très bas des matières premières extraites mettant en péril
la rentabilité des filières de recyclage.
« …1) Objectifs :
d) au plus tard le 31 décembre 2008, entre 55 % au minimum & Appareils électriques et électroniques : directive 2002/96/CE
et 80 % au maximum en poids des déchets d’emballage seront L’article 4 traite de la conception des produits. Les États mem-
recyclés ; bres doivent encourager la conception et la production d’équipe-
e) au plus tard le 31 décembre 2008, les objectifs minimaux de ments électriques et électroniques, prenant en compte leur déman-
2
recyclage suivants pour les matériaux contenus dans les tèlement et leur valorisation à terme.
déchets d’emballages devront être atteints : L’article 5 traite de la collecte sélective des appareils. On précise
– 60 % en poids pour le verre ; au paragraphe 1 que les États membres doivent prendre les mesu-
– 60 % en poids pour le papier et le carton ; res appropriées pour réduire au minimum l’élimination des DEEE
– 50 % en poids pour les métaux ; (Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques), avec les
– 22,5 % en poids pour les plastiques, en comptant exclusive- déchets municipaux non triés, et atteindre un niveau élevé de col-
ment les matériaux qui sont recyclés sous forme de plastiques ; lecte sélective des DEEE.
– 15 % en poids pour le bois… ». L’article 6 est consacré au traitement. Les États membres sont
désignés pour veiller à ce que les producteurs, ou les tiers agissant
pour leur compte, mettent en place des systèmes utilisant les meil-
Le paragraphe 2 traite de l’exportation des déchets d’emballage,
leures techniques de traitement, de valorisation et de recyclage dis-
hors Communauté européenne. Il pourrait avoir des répercussions
ponibles. Le traitement comprend au moins l’extraction de tous les
sur les ferrailles, dans la mesure où il est avéré qu’un certain nom-
fluides et un démontage sélectif, conforme à l’annexe II de la Direc-
bre de celles qui sont issues des déchets domestiques partent habi-
tive (liste d’éléments à démonter obligatoirement).
tuellement pour la Turquie ou l’Asie, dans des conditions ne respec-
tant pas le référentiel européen. L’article 8 implique les producteurs dans le financement des opé-
rations de collecte.
44
Référence Internet
M7063
lors que les ferrailles sont devenues une matière première importante de la
A sidérurgie avec un conditionnement et des traitements appropriés, leur uti-
lisation ne se fait pas sans problèmes.
Ces problèmes sont de deux sortes, une adaptation au procédé de fusion, et
une adaptation au produit fabriqué, essentiellement à ses propriétés.
En effet, par nature les ferrailles possèdent la composition des aciers et cette
composition varie suivant les nuances avec des additions d’éléments d’alliage
le plus souvent en faibles quantités (les aciers fortement alliés comme les aciers
inoxydables sont en principe recyclés à part). La présence de métaux de revête-
ments comme le zinc ou l’étain est fréquente ; on trouve également des métal-
loı̈des comme le soufre et le phosphore et évidemment du carbone et de
l’azote. De plus, malgré le broyage et le tri magnétique, d’autres métaux asso-
ciés à l’acier dans les appareils comme le cuivre et l’aluminium sont entraı̂nés
et subsistent jusqu’à la fusion.
Enfin, il y a une interaction entre la filière d’élaboration et la composition
finale de l’acier par suite de l’élimination de certains éléments. Par contre, la
fusion de ferrailles au four électrique se traduit par une reprise d’azote forte
qui caractérise cette filière. Cette importance de l’azote justifie un paragraphe
spécial.
Parution : mars 2012
45
Référence Internet
M7063
Par ailleurs, le détail des propriétés produit par produit montre que l’influence
d’un élément ne dépend pas seulement de sa teneur moyenne, mais également
des interactions avec les autres éléments et avec les cycles thermomécaniques,
en particulier les ségrégations à la coulée, ou lors des chauffages et des refroi-
dissements, avec en plus l’effet des corroyages ou des traitements.
2
En ce qui concerne les caractéristiques de ces produits, les
1. Classification des ferrailles catégories se distinguent par des différences de teneurs en rési-
du point de vue duels métalliques ; les teneurs sont en général plus fortes dans
les produits broyés ou d’incinération comme le montre le
des résiduels tableau 2.
Plusieurs remarques peuvent être faites en comparant les deux
tableaux ; on note en particulier que les teneurs en étain des lots
Depuis 1996 existe une nouvelle classification officielle euro- analysés sont supérieures à celles admises par le référentiel actuel ;
péenne des ferrailles tenant compte de leur forme, de leur densité, par contre les teneurs en cuivre sont à peu près en accord avec les
de leur teneur en fer, de leur conditionnement, allant de la ferraille nouvelles références.
ancienne récupérée aux tournures d’usinage. Pour chaque catégo- Les teneurs en soufre et phosphore sont relativement fortes dans
rie, des indications sur les teneurs limites en résiduels sont don- les aciers anciens, auxquelles s’ajoutent d’éventuels produits
nées [1] [2] [M 7 059] [M 7 060] (tableau 1). d’apport organique ou autres.
Ces teneurs limites prennent en compte les progrès de
On distingue dans la suite de l’article les éléments métalliques et
l’ensemble broyage-tri magnétique.
les éléments métalloı̈des : d’une manière générale les opérations
On peut rentrer un peu plus dans le détail en examinant 4 catégo- de fusion et d’affinage des deux filières principales (filière fonte
ries parmi les plus importantes du point de vue de la composition ou ferrailles-four électrique) permettent d’éliminer les métalloı̈des
chimique en excluant les ferrailles internes des usines sidérurgiques : avec des traitements en poche y compris avec des opérations
– les chutes neuves (souvent en paquets) ; sous vide pour le carbone et l’azote. Certains métaux sont oxydés
– les ferrailles de récupération lourdes : poutrelles, rails, palplanches ; et éliminés, mais il n’en est pas de même pour d’autres métaux
– les ferrailles légères broyées ; considérés de nos jours comme non éliminables, malgré les recher-
– les ferrailles d’incinération. ches de procédés en cours.
46
Sidérurgie des métaux ferreux
(Réf. Internet 42368)
1– Généralités
Mini-usines M7130 67
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47
3
48
Référence Internet
M7080
Ensembles sidérurgiques
Présentation
par Jacques ASTIER
Ingénieur-conseil
Ancien Directeur à l’Institut de recherche de la sidérurgie française (IRSID)
3
3.1 Alimentation en métaux primaires .................................................... — 4
3.2 Fourniture de demi-produits .............................................................. — 4
4. Comparaison des diverses filières............................................... — 4
4.1 Aspects économiques ........................................................................ — 5
4.2 Impact sur l’environnement ............................................................... — 5
4.3 Aspects géographiques ...................................................................... — 5
4.3.1 Évolution des vieux pays industriels ...................................... — 6
4.3.2 Évolution des « BRICs »........................................................... — 6
4.3.3 Évolution des autres régions en développement ................... — 8
5. Conclusions...................................................................................... — 8
Pour en savoir plus ................................................................................ Doc. M 7 080
dire des coûts, mais aussi des aspects liés à la protection de l’environnement.
Ces quatre points constitueront les quatre parties du présent article.
49
Référence Internet
M7080
1. Marché des produits l’article [13]) et conduit à se poser des questions sur l’évolution
des divers types d’usines sidérurgiques. On devine aisément que :
et types d’usines – les usines intégrées classiques sont en position défensive mais,
si peu de projets nouveaux de tels ensembles verront probable-
ment le jour dans les « vieux pays industriels », la modernisation
Rappelons que l’évolution des procédés et des filières sidérurgi- des unités les plus efficientes devrait leur assurer un avenir ; par
ques s’est faite, depuis le XIXe jusqu’au milieu du XXe siècle : ailleurs, dans les pays émergents, le meilleur exemple étant la
Chine, il y a un développement important de ce type d’usines ;
– d’abord, vers un schéma unique d’élaboration de l’acier basé
– les mini-usines sont en position offensive, mais leur développe-
sur deux étapes bien distinctes :
ment risque d’être freiné par les problèmes de qualité des produits
– l’élaboration d’un métal primaire, essentiellement, la fonte, qu’elles peuvent élaborer en raison des teneurs des ferrailles et,
mais à laquelle il faut ajouter la collecte ou le recyclage des ferrail- encore plus, de leur hétérogénéité ;
les [11], ainsi que la production des minerais réduits (ou réduction – de ce fait, la combinaison de la notion de mini-usine avec l’em-
directe [12]), ploi des « substituts » (c’est-à-dire les minerais de fer réduits et la
– la conversion de cette fonte (ou la fusion de métaux primaires
fonte) peut se révéler une option intéressante aussi bien sous la
froids, comme les ferrailles ou les minerais de fer réduits à l’état
forme intégrée qu’avec le choix d’un approvisionnement de
solide) en acier ;
l’extérieur (§ 3).
– ensuite, avec l’accroissement continu des capacités de produc-
< 0,5 **
0,5 à 1 **
1 à 2
2 à 5
* Pour les procédés les plus développés au gaz naturel et au four à cuve.
** Possibilités (discutables !) de « mini hauts-fourneaux ».
(1) Les zones bleues indiquent les domaines préférentiels de ces équipements.
Tableau 2 – Capacités optimales des principaux équipements de la sidérurgie. Trains de laminoirs (1)
Capacités optimales Train à fil Train à grosses Train à Train à tôles minces Train à tôles minces
Train à barres
(Mt/an) machine poutrelles plaques en semi-continu* en continu
< 0,5
0,5 à 1
1 à 2
2 à 5
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M7085
1.
1.1
Lignes continues d’élaboration du métal..........................................
Élaboration en continu de la fonte et de l’acier ........................................
M 7 085 - 2
— 2
3
1.2 Élaboration en continu de minerai réduit et d’acier ................................. — 3
1.3 Traitement en continu des ferrailles .......................................................... — 3
1.4 Tentatives pour développer un four électrique continu ........................... — 3
1.5 Commentaires sur l’élaboration en continu d’un métal primaire
(DRI ou fonte) ou d’acier ............................................................................. — 4
2. Lignes continues de l’aciérie au produit laminé à chaud ............. — 5
2.1 Développement de la coulée continue ...................................................... — 5
2.2 Évolution de la coulée continue et des liaisons en amont (aciérie)
et en aval (laminage à chaud)..................................................................... — 5
2.3 Création d’un ensemble « aciérie-coulée-laminage » .............................. — 7
2.4 Développement des contrôles en ligne ..................................................... — 8
3. Avantages et possibilités d’une élaboration en continu
des produits sidérurgiques.................................................................... — 8
3.1 Réalisations en cours ou prévues .............................................................. — 8
3.1.1 Mini-usine continue en ferrailles....................................................... — 8
3.1.2 Usine de capacité moyenne en réduction directe............................ — 9
3.1.3 Association de lignes continues avec la production de fonte ........ — 9
3.2 Avantages attendus des usines continues ................................................ — 10
3.3 Principaux problèmes associés aux usines continues ............................. — 13
3.4 Rôle fondamental de l’opération d’aciérie ................................................ — 14
3.4.1 Affinage continu de la fonte à l’oxygène.......................................... — 14
3.4.2 Four électrique continu ...................................................................... — 14
4. Conclusion ................................................................................................. — 15
Références bibliographiques ......................................................................... — 16
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© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 7 085 − 1
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M7085
3
Les mêmes remarques s’appliquent au transport continu, d’une opération uni-
taire à la suivante ; là encore, ce transport peut n’être continu que pendant une
certaine durée.
Dans tout le cours de cet article, nous essaierons de bien expliciter ces notions
souvent imprécises.
1. Lignes continues
d’élaboration du métal Parcs de stockage des
matières premières
Dosage
et
Circuit symétrique
pour
ferrifères et additions mélange charbon
Ces lignes continues se présentent de façons très différentes sui-
vant que l’on envisage chacune des trois filières principales, soit : Transport par
— l’élaboration, par la voie classique, de la fonte et de l’acier ; bandes à l'unité Cokerie
— la production de minerais réduits ; d'agglomération
— le traitement des ferrailles comme dans les mini-usines.
Chacun de ces cas sera donc traité séparément.
Agglomération
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Aciérie électrique
détail sur ce problème dans le paragraphe 3.4.2 de cet article.
3
1.3 Traitement en continu des ferrailles
Nous trouvons le schéma classique des mini-usines (dans
Transport discontinu l’article [M 7 130] et sur la figure 4) et, comme au paragraphe 1.2,
Transport continu Coulée on peut constater que le problème essentiel est, encore une fois,
Procédé discontinu de l'acier constitué par le four électrique bien que le chargement continu des
Procédé continu ferrailles ait été réalisé sur le plan industriel comme le montre
l’exemple de l’usine de METALESCAUT (figure 5) avec le procédé
dit DC3 c’est-à-dire :
Figure 2 – Principe de l’élaboration en continu de l’acier — Direct Current (courant continu) Continuous Charging (char-
au four électrique à partir de minerais réduits gement continu) ;
— avec l’emploi d’une proportion importante de ferrailles broyées
(catégorie dite 33).
Distributeur
vertical
réversible
BT BT
n° 2 n° 3 BT
n° 4 BT
Pesée sur bande n° 5
6 trémies
Élévateur à godets
Trémie journalières
d'une capacité
de 6000 t
Dosage et pesée
sur bande
Distributeur
vibrant
Four Four
électrique électrique
n° 2 n° 1
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Transport
à l'aciérie
Aciérie électrique
Transport discontinu
3
Transport continu Coulée Figure 6 – Chargement en continu de ferrailles au four électrique
Procédé discontinu de l'acier du procédé Consteel
Minerai réduit
(DRI) chaud
Panier
48 t Échantillonnage
Alimentation par
Charge Four à arc
wagon ou camion Chute
Débit 140 t/h totale
90t
42 t
Refroidissement
Minerai réduit externe
Trémie Four
électrique (DRI) froid
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3
1.3 Divers types d’usines intégrées classiques ....................................... — 4
2. Description de l’usine intégrée moderne................................... — 6
2.1 Définition et répartition mondiale ..................................................... — 6
2.2 Implantation ....................................................................................... — 6
2.3 Schéma métallurgique et bilan des matières .................................... — 9
2.4 Bilan de l’énergie ............................................................................... — 9
3. Aspects économiques .................................................................... — 12
3.1 Le personel ......................................................................................... — 12
3.2 Frais de fabrication............................................................................. — 13
3.2.1 Variantes................................................................................... — 15
3.2.2 Influences locales .................................................................... — 15
3.3 Investissements .................................................................................. — 15
3.4 Compétitivité des grandes usines intégrées ..................................... — 15
4. Impact des usines sidérurgiques intégrées
sur l’environnement ....................................................................... — 16
4.1 Impact sur l’environnement d’une usine intégrée ............................ — 16
4.2 Principales sources de pollution des usines intégrées ..................... — 18
4.3 Possibilités d’améliorations de l’environnement des usines
intégrées ............................................................................................. — 18
5. Perspectives d’avenir ..................................................................... — 20
5.1 Position défensive des usines intégrées classiques ......................... — 21
5.2 Position offensive des usines intégrées classiques dans les pays
émergents ........................................................................................... — 21
5.3 Avantages des usines intégrées classiques ...................................... — 21
5.4 Causes du déclin des usines intégrées.............................................. — 21
5.5 Possibilités d’évolution des usines intégrées ................................... — 22
6. Conclusions...................................................................................... — 23
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. M 7 090v2
la production mondiale d’acier. Ces usines, après une évolution vers le gigan-
tisme et la construction d’ensemble de 15, voire 20 Mt/an d’acier (tendance qui
55
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M7090
3
la vente à l’extérieur si cela est rentable dans le contexte local.
Un autre très gros effort a été fait pour améliorer la rentabilité de ces entre-
prises en diminuant les besoins en main-d’œuvre ce qui permet, maintenant,
d’arriver à :
– moins de 1,5 h/t d’acier laminé à chaud, en visant 1 h/t ;
– soit plus de 1 000 t, voire 1 500 t d’acier (toujours laminé à chaud) par per-
sonne et par an.
Cela devrait permettre de produire actuellement (mi 2009) des bobines à
chaud avec des frais de fabrication (cash costs) de l’ordre de 350 à 400 dollars
américains par tonne. Probablement un peu plus dans les « vieux pays indus-
triels ». Mais, ce niveau de prix de revient peut s’abaisser sensiblement dans les
régions en développement où, en dehors des faibles coûts de la main d’œuvre,
on pourra trouver des approvisionnements en minerais de fer et en charbons à
des prix inférieurs. Ces valeurs augmentent beaucoup quand on tient compte
des amortissements et des retours sur les investissements, très lourds pour de
telles entreprises.
Comme pour l’énergie et la main-d’œuvre, de gros efforts sont faits pour
diminuer l’impact sur l’environnement de telles usines.
Pour tous ces aspects, environnement, investissements, personnel et énergie,
une des voies d’avenir est la simplification avec la mise en continu des diverses
unités de ces usines :
– en reportant à l’extérieur certaines activités (agglomération des minerais de
fer, cokerie…) ;
– en sous-traitant d’autres activités, comme les travaux d’entretien.
L’autre voie envisagée pour l’avenir est de remplacer le haut fourneau par l’un
des nouveaux procédés d’élaboration de fonte comme Corex (voir l’expansion
de Bao Steel en Chine), ou Finex (voir l’expansion de Posco à Pohang en Corée
et ses projets en Asie) ou, encore, d’éventuelles autres voies…
Si l’on poussait ces raisonnements à la limite, on pourrait envisager d’acheter
à l’extérieur le métal primaire (la fonte ou tout autre DRI, c’est-à-dire un minerai
de fer métallisé) et l’on retrouverait le schéma des mini-usines…
56
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3
1.1 Développement des usines de 8 hauts-fourneaux chacune et toute une série d’aciéries, Thomas
sidérurgiques et Martin, suivies, après les installations de coulée, de nombreux
trains de laminoirs ;
Depuis les débuts de la sidérurgie, au sens de l’industrie de pro- – mais, ensuite, l’augmentation de la taille et de la production
duction de l’acier c’est-à-dire vers 1870/1880 (après les « âges du unitaire des principales unités, notamment des hauts-fourneaux,
fer », puis « de la fonte »), les usines sidérurgiques ont été basées mais, encore plus des convertisseurs à l’oxygène qui remplaçaient
sur un schéma unique et simple (figure 1) où : les aciéries Martin et Thomas.
– la fonte est produite dans des hauts-fourneaux (depuis le Ces évolutions successives ont permis, depuis le début du siècle,
XVIIe siècle et à l’origine de l’âge de la fonte) qui se perfectionnent d’accroı̂tre rapidement la production mondiale d’acier, comme le
régulièrement ; montre bien la figure 2, avec les premières usines d’une capacité
– cette fonte est transformée en acier par les nouveaux procédés atteignant, puis dépassant, 1 Mt d’acier par an pour atteindre des
Martin (inventé en 1878) et les convertisseurs Bessemer, puis Tho- ensembles atteignant les 20 Mt par an.
mas (1887).
Années Monde (Mt) Années Monde (Mt) Années Monde (Mt)
Minerais de fer Charbons 1970 595 1997 799 2003 970
1975 644 1998 777 2004 1 069
1980 717 1999 789 2005 1 147
1985 719 2000 848 2006 1 251
Préparation 1990 770 2001 850 2007 1 351
Cokéfaction 1995 752 2002 904 2008 1 327
(agglomération sur grille)
1996 750
Production mondiale (Mt/an)
1 400
Haut-fourneau
1 200
Fonte
1 000
Aciérie à l'oxygène
Métallurgie secondaire
800
Acier liquide
600
Coulée (continue) Taux de croissance
Années Monde
400 (% par an)
Demi-produits (brames, blooms, billettes) 1970-75 1,6
1975-80 2,2
1980-85 0,1
1985-90 1,4
200 1990-95 -0,5
1995-00 2,4
Laminage 1900-05 6,2
2005-08 5,6
0
Produits sidérurgiques 1950 1960 1970 1980 1990 2000
Années
laminés à chaud
Figure 2 – Croissance mondiale de la production d’acier de 1950
Figure 1 – Schéma technologique de base des usines intégrées à 2008
57
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M7090
Rappelons que, à cette époque, il n’y avait pratiquement pas On aura une idée plus précise de ces développements par le
d’autres routes ou filières pour produire l’acier, sauf les fours tableau 1 où l’on a reporté, à la fois, les usines basées sur les acié-
Martin ou fours électriques à arc basés sur les ferrailles pour ries Martin (qui, comme l’on sait, sont en voie de disparition) et
produire, en petites quantités, des aciers spéciaux. celles basées sur les aciéries à l’oxygène. On y constate le phéno-
mène le plus important, c’est-à-dire simultanément :
– la croissance de la production mondiale de ce type d’usines ;
1.2 Évolution mondiale – mais, aussi, une diminution de la part prise, en proportion, par
& L’évolution que nous venons d’évoquer a été spécialement ces usines qui représentent, néanmoins, les 2/3 de la production
mondiale d’acier.
rapide, au début du XXe siècle, aux États-Unis d’Amérique et en
Europe, en particulier en Allemagne. Entre les deux guerres, on a
eu une poursuite de cette croissance avec des ralentissements à la & Pour mieux comprendre cette évolution, il est utile de séparer les
suite de la crise économique de 1929, toujours en Europe et aux « vieux pays industriels » (c’est-à-dire les États-Unis, le Canada,
États-Unis. l’Europe, la CEI, le Japon et l’Australie, d’une part, les autres parties
du monde, d’autre part. C’est-à-dire les régions en développement
On aura une idée générale de cette évolution en consultant le
tableau 1. de l’Amérique latine, l’Afrique et l’Asie, comme le montrent les
tableaux 2 et 3. On y voit très clairement :
– tout d’abord, la décroissance de ce type d’usines dans les
3
Remarque « vieux pays industriels » et, plus spécialement en Amérique du
Au moment de la rédaction de cet article, on prévoyait envi- nord ;
ron 1 150 Mt en 2009. – mais, ensuite, leur croissance dans les régions en développe-
ment, notamment en Amérique latine et, surtout, en Asie, où elle
& Le développement de ces grandes usines classiques a été spé- devient impressionnante en Chine !
cialement important aux États-Unis pendant la dernière guerre et il
a été suivi par les reconstructions en Europe, tant de l’Ouest que de
l’Est. C’est probablement en URSS que ce développement a été le
plus spectaculaire. C’est à cette époque que l’on a dépassé les 1.3 Divers types d’usines intégrées
10 Mt/an pour une usine sidérurgique et que l’on s’est approché classiques
des 20 Mt/an !
Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que ces grandes L’évolution, que nous venons de rappeler, a conduit, pour ces
usines intégrées ont commencé à se répandre dans ce qu’on a usines intégrées classiques (c’est-à-dire en dehors des usines
appelé le « tiers-monde », c’est-à-dire essentiellement, l’Amérique moins « classiques », qui font l’objet de l’article [15], et des mini-
latine et l’Asie, en plus du Japon qui avait démarré plus tôt. usines, traitées dans [16]), à une coupure entre trois catégories.
58
Référence Internet
M7090
3
d’unités en amont : en général 2 hauts-fourneaux et 2 ou 3 conver-
tisseurs à l’oxygène. Ce qui conduit à des capacités de production,
2002 55 123 89 79 352 suivant la taille des ces unités, entre 5 et 8 Mt d’acier par an et,
comme nous venons de l’indiquer, même plus en Asie. Cela sera
2003 55 127 92 81 361 l’objet principal de la présente étude.
2004 57 132 96 83 375
& Usines de tailles moyennes
2005 52 128 95 84 366 D’une capacité de production de 1 à 3 Mt/an, elles résultent, là
aussi, des deux phénomènes précédents mais avec des unités
2006 52 132 98 86 375
plus petites et, également, de l’arrêt de la croissance d’usines pré-
2007 49 133 100 89 378 vues à l’origine pour des capacités bien plus importantes.
* États-Unis et Canada Elles sont toujours basées sur le schéma de la figure 1, mais de
** Y compris l’Australie et la Nouvelle Zélande capacités inférieures à 1 Mt/an ; c’est un cas plus rare, en général
limité aux pays en développement.
Asie
Année Amérique latine Moyen-Orient Afrique Total
Total sauf Japon dont Chine
1970 … 14 9 … … 30
1974 30 23 12 … 5 47
1980 48 30 18 0,5 9 75
1990 78 41 23 1 8 110
59
3
60
Référence Internet
M7110
3
2.2 Bilan des matières et de l’énergie ..................................................... — 5
2.3 Besoins en personnel et niveau de production................................. — 6
2.4 Aspects économiques ........................................................................ — 7
2.5 Impact sur l’environnement ............................................................... — 8
2.6 Perspectives........................................................................................ — 8
3. Intégration production de fonte/aciérie électrique ................. — 10
3.1 Description.......................................................................................... — 11
3.2 Bilan des matières et de l’énergie ..................................................... — 11
3.3 Personnel et production ..................................................................... — 12
3.4 Aspects économiques ........................................................................ — 13
3.5 Impact sur l’environnement ............................................................... — 13
3.6 Perspectives........................................................................................ — 13
4. Production de fonte, réduction directe et aciérie électrique — 13
4.1 Combinaison haut-fourneau/réduction directe ................................. — 14
4.2 Combinaison Corex/réduction directe ............................................... — 15
5. Conclusions...................................................................................... — 15
5.1 Situation des diverses filières d’élaboration de l’acier..................... — 15
5.2 Possibilités de chaque filière ............................................................. — 17
5.3 Investissements .................................................................................. — 17
5.4 Matières premières et énergie ........................................................... — 17
5.5 Frais de fabrication et coût des produits sidérurgiques ................... — 18
5.6 Impact sur l’environnement ............................................................... — 20
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. M 7 110
– qui associent ces deux types de procédés d’élaboration d’un métal primaire,
DRI et fonte.
Le lecteur pourra se reporter, avec intérêt, au dossier paru précédem-
ment, [M 7 090v2], consacré aux grandes usines intégrées classiques.
Parution : mars 2010
61
Référence Internet
M7110
3
en constitue, comme l’on sait, l’essentiel), mais aussi celles qui éla- appelle, d’après le terme anglais, des DRI (Direct Reduced Iron) ;
borent cette fonte par d’autres procédés, qu’ils soient en opérations – les mêmes minerais de fer réduits, mais briquetés à chaud juste
industrielles comme COREX, ou en cours de développement sur le après leur réduction, ce sont les HBI (Hot Briqueted Iron).
plan industriel comme FINEX, ou même, au stade des recherches.
De son côté, l’article sur les « mini-usines » montrait bien la cou- Notons, tout de suite, que la production mondiale de minerais
pure avec les usines intégrées, mais il soulignait aussi les problè- réduits (c’est-à-dire toutes les catégories antérieures) continue
mes soulevés par ce type d’usines « non intégrées ». De fait, la de croı̂tre et a atteint plus de 68 Mt en 2008. Elle pourrait
croissance de ces mini-usines peut être freinée ou, tout au moins, même s’approcher, voire dépasser, les 100 Mt d’ici quelques
modifiée par deux facteurs importants liés aux disponibilités en fer- années.
railles ou, parfois, en énergie électrique. Ces problèmes peuvent Ajoutons que la plus grande partie de cette production est
apparaı̂tre sous deux aspects : « captive », précisément intégrée avec une aciérie électrique
– la qualité des produits sidérurgiques, et leurs liens avec la qua- appartenant à la même entreprise.
lité de la charge du four électrique et, notamment des ferrailles.
Pour la plupart des produits sidérurgiques, un four électrique ali- On peut, donc, estimer que, toujours en 2008, ces quelques
menté en ferrailles suffira à assurer les qualités nécessaires. Néan- 68 Mt de minerais de fer réduits (en grande partie des DRI) ont été
moins, pour toute une série de produits sidérurgiques de haute utilisés en aciérie électrique pour produire environ 60 Mt d’acier
pureté, la filière basée sur le four électrique (celle des mini-usines) par cette filière et, même, probablement plus, car il y a presque
devra trouver d’autres matières premières c’est-à-dire acheter des toujours dans ces aciéries électriques des additions de ferrailles
minerais de fer réduits (DRI/HBI) ou de la fonte, ce qu’on appelle aux DRI.
souvent les « substituts » des ferrailles ;
– de la quantité ou, ce qui revient au même, des prix des ferrail-
les. C’est, comme on pouvait le penser, surtout le cas des régions 2.1 Description et principaux exemples
en développement où ce problème de disponibilités en ferrailles se
pose, et il est souvent aggravé par les problèmes, symétriques, En examinant les progrès de la réduction directe dans le monde
d’alimentation en énergie électrique. [M 7 580], on voit qu’il y a beaucoup d’usines « intégrées » basées
sur ce schéma. Elles diffèrent suivant, d’une part, le procédé de
réduction directe utilisé et, d’autre part, le type d’aciérie électrique.
De plus, on trouve des schémas, ou des procédés, différents pour la
2. Intégration réduction coulée et le laminage.
directe/aciérie électrique & C’est pourquoi, pour donner une idée de la diversité de toutes
ces usines, nous les avons classées, tout au moins pour les plus
importantes d’entre elles, d’après les types de produits sidérurgi-
ques qu’elles élaborent (tableaux 1, 2, 3, 4, 5 et 6), c’est-à-dire :
Pour les motifs mentionnés précédemment, à côté de l’utilisation – les usines à produits longs et, en général, légers (barres, fils,
que l’on peut considérer comme « classique » des ferrailles locales petits profilés…) basées sur la réduction au gaz naturel (tableau 1).
ou des possibilités d’importation de ferrailles (ou de « substituts »), Ce sont, en général, les plus anciennes et elles continuent de se
on peut, en mini-usine, surtout si la capacité de production devient développer en représentant, au total, une importante capacité sur
importante, intégrer cette mini-usine avec une installation de le plan mondial ;
réduction directe, c’est-à-dire utiliser la première solution, à gauche – les usines analogues mais basées, cette fois, sur le charbon
sur la figure 1. C’est d’ailleurs la solution la plus simple, celle où (tableau 2). Ici, il faut noter qu’elles sont concentrées en Inde,
l’on remplace les ferrailles par des « substituts » produits sur place. avec quelques rares unités ailleurs, surtout en Afrique du sud.
Cette intégration est une conclusion logique. Mais, soulignons-le, Pour l’Inde, les dernières statistiques de Midrex [1] donnent une
non nécessaire de l’emploi des minerais de fer réduits (les produits liste de quelques 70 unités de fours tournants, en signalant qu’il y
de la réduction directe) en aciérie électrique. en aurait, au total, plusieurs centaines ayant produit presque 15 Mt
en 2008, avec une capacité totale de près de 20 Mt de DRI. Ajoutons
Rappelons que, sous ce terme de « minerais réduits », nous qu’une partie de cette production est utilisée en fours à induction ;
regroupons tous les produits [M 7 580] de la réduction des minerais – les usines produisant des tubes sans soudure et basées sur le
de fer à l’état solide, c’est-à-dire : gaz naturel (tableau 3), ce qui constitue un marché très spécial,
– les minerais, où le fer a été réduit à l’état métallique, mais non comme les usines analogues mais basées, cette fois, sur le charbon
transformés après la réduction. C’est-à-dire les minerais restés, sui- (tableau 4). Ici, il faut noter qu’elles sont concentrées en Inde et en
vant les procédés de réduction, à l’état de fines, de morceaux Chine ;
62
Référence Internet
M7110
Tableau 1 – Principaux exemples d’usines intégrées pour produits longs de capacités moyennes
basées sur la réduction directe au gaz naturel
Date de Capacité
Usine Localisation Remarques
démarrage (en Mt d’acier/an)
Fils machine
Georgetown SC (États-Unis)
RD arrêtée (prix du gaz)
Mittal Steel 1971 0,8
Hambourg (Allemagne) Fils machine
Fils,
Point Lisas (Trinidad et Tobago) 1980 0,8
En expansion
Salvador de Bahia
Usiba 1974 0,5 Barres et fils
3
(Brésil)
Arrêtée
Global Steel Holdings Warri (Nigeria) 1982 1
Devrait redémarrer
Stary Oskol
Oemk 1983 2 Aciers spéciaux
(Russie)
Tableau 2 – Exemples d’usines intégrées (en général pour produits longs) de petites capacités,
basées sur la réduction directe au charbon au four tournant
Date de Capacité
Usine Localisation Remarques
démarrage (en Mt d’acier/an)
Dunswart Benoni (Afrique du Sud) 1973 (0,15) Livre le DRI à ISCOR n’est plus intégrée
Scaw Metals Germiston (Afrique du Sud) 1983 0,4 En expansion : 0,20 Mt/an DRI
63
Référence Internet
M7110
Date de Capacité
Usine Localisation Remarques
démarrage (en Mt d’acier/an)
Tamsa Vera Cruz (Mexique) 1967 1 Réduction directe actuellement arrêtée
Tenaris Siderca Campana (Argentine) 1973 1
Ternium Sidor Matanzas (Venezuela) 1976 1 Avec produits longs et plats (voir tableau 6)
Tableau 4 – Exemples d’usines intégrées, avec réduction directe au charbon, pour tubes en tôles
soudées ou sans soudure
Date de Capacité
3
Usine Localisation Remarques
démarrage (en Mt d’acier/an)
Jindal Strips Raigahr (Inde) 1993 0,5
Lloyds Metals Ghughus et Wardha (Inde) 1995 0,3 Produits plats et tubes soudés
Tianjin Steel Tianjin (Chine) 1997 0,3 En expansion
Tableau 5 – Exemples d’usines intégrées, avec réduction directe au gaz naturel, pour produits plats,
de capacités moyennes ou grandes
Date de Capacité
Usine Localisation Remarques
démarrage (en Mt d’acier/an)
Ternium HyLSA Monterrey (Mexique) 1957 1,5 Intégrée ensuite avec le HYTEMP et CSP
Mobarakeh Steel Mobarakeh (Iran) 1992 4 Expansion en bobines à chaud vers 6 Mt/an
Imexa Lazaro – Cardenas (Mexique) 1988 3 Usine à brames
Essar Steel Hazira (Inde) 1990 4 Expansion importante vers 6 Mt/an
Tableau 6 – Usines intégrées, avec réduction directe au gaz naturel, de grandes capacités
pour produits divers, notamment plats
Date de Capacité
Usine Localisation Remarques
démarrage (en Mt d’acier/an)
Mittal Steel Contrecœur (Canada) 1973 1,5 Produits plats et barres
1977 et 1979 1,65
Ternium Sidor Matanzas (Venezuela) Produits plats et longs, plus tubes
1981 et 2009 2,20
1982 et 1992 0,8 et 0,65 Produits longs
Hadeed
(Saoudi Iron & Al Jubail (Arabie Saoudite) 1999 et 2007 1,1 et 1,76 Produits plats
Steel Company)
1998 4 Expansion en bobines à chaud
1978 1,02
PTKS Kota Baja (Indonésie) Avec produits longs et plats
1993 1,35
1989/1990 1,1
Lisco Misurata (Libye) Avec produits longs et plats
1997 0,65
1993 1,03
Khouzestan Steel Ahwaz (Iran) Avec produits longs et plats
1989 à 2001 1,83
1986, 1997 et
EZDK El Dikheila (Égypte) 2,3 Barres, fils et bandes à chaud
2000
64
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M7110
– les usines à produits plats, pratiquement toujours basées sur la particulière. Après toute une série d’évolution, depuis une quaran-
réduction au gaz naturel (tableau 5) et en général récentes ; taine d’années, cette usine s’est orientée vers (cf. figure 2) :
– et, enfin, les grandes usines, de plus de 2 Mt/an produisant, en l’ensemble de réduction du type HYL III,
général, toute une série de produits sidérurgiques (tableau 6).
le transport pneumatique à chaud du DRI (minerai réduit en
& Ces tableaux 1 à 6 permettent de faire d’intéressantes boulettes).
constatations : C’est le procédé HyTemp développé, précisément par la
société HyLSA,
Tout d’abord, les mini-usines à produits longs basées sur la
réduction au gaz naturel se sont développées dès les débuts de la une aciérie à deux fours électriques pour produire environ
mise au point des procédés de réduction directe, soit pendant les 1,5 Mt/an avec la métallurgie secondaire,
décennies de 1970 et 1980. Cette expansion s’est ensuite ralentie, et l’ensemble de coulée continue en brames minces et lami-
essentiellement par suite des augmentations des prix du gaz natu- nage en bobines à chaud CSP (Compact Strip Production) ;
rel dans beaucoup de régions, notamment les « vieux pays indus-
– les nouvelles usines d’Asie (Essar à Hazira, Inde) ou du Moyen-
triels » d’Europe et d’Amérique du nord.
Orient (Hadeed à Al Jubail en Arabie Saoudite, Shadeed à Oman,
Maintenant, ce développement a repris, en général avec de gros- ou Esisco en Égypte) adoptant les procédés de chargement continu
ses unités de réduction Midrex [1] ou EnergIron [2] de 1 à 2 Mt/an, des minerais réduits par les procédés Hytemp ou Hotlink.
surtout au Moyen-Orient.
On notera que ces conceptions conduisent à envisager des usi-
3
Comme indiqué plus haut, l’essor impressionnant des mini-
usines similaires pour produits longs basées sur la réduction par nes basées sur des lignes continues séparées, comme le mon-
le charbon se concentre, lui, sur l’Inde, et le tableau 2 n’en donne tre le « master plan » d’une société comme Emirates Steel, tel
que quelques exemples. qu’il a été décrit à Abu Dhabi [2] et repris au tableau 7.
65
3
66
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M7130
Mini-usines
par Jacques ASTIER
Ancien directeur à l’Institut de recherches de la sidérurgie française (IRSID)
3
— 4
2.2.2 Types de mini-usines ............................................................... — 5
2.3 Aspects économiques ........................................................................ — 5
2.4 Champ d’application .......................................................................... — 8
2.5 Impact sur l’environnement ............................................................... — 8
2.6 « Culture » des mini-usines ............................................................... — 8
3. Mini-usines des pays industriels .................................................. — 9
3.1 Évolution historique ........................................................................... — 9
3.2 Évolution géographique ..................................................................... — 9
3.3 Aspects techniques............................................................................. — 10
3.4 Aspects économiques ........................................................................ — 12
3.5 Aspects sociaux .................................................................................. — 12
3.6 Évolution probable ............................................................................. — 12
4. Mini-usines des régions en voie de développement ................ — 13
4.1 Évolution historique ........................................................................... — 13
4.2 Expansion géographique ................................................................... — 14
4.3 Aspects techniques............................................................................. — 16
4.4 Aspects économiques ........................................................................ — 16
4.5 Aspects sociaux .................................................................................. — 18
4.6 Possibilités d’avenir ........................................................................... — 18
5. Conclusion........................................................................................ — 20
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. M 7 130
Haut-fourneau
Aciérie
(surtout basée sur le four Martin, mais aussi sur le convertisseur Thomas —
en particulier en Europe de l’Ouest — et passant ensuite à l’oxygène) ;
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MINI-USINES –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
C’est dans ce contexte que, peu à peu, d’abord à partir de 1950 puis plus rapi-
dement ensuite se développent des mini-usines :
– avec la filière :
Ferrailles
Laminage
– et des capacités souvent très faibles, moins de 100 000 t/an, ce qu’on appel-
lerait maintenant des « micro-usines ».
Ultérieurement, les capacités unitaires des mini-usines se sont accrues et l’on
68
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M7130
–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– MINI-USINES
Tableau 1 – Expansion de la production mondiale d’acier Tableau 2 – Estimation de la production mondiale totale
au four électrique à arc (FEA) d’acier électrique en 2005
69
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M7130
MINI-USINES –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
3
productions de produits longs et légers (principalement des ronds
à béton), d’où le nom de « mini-usines », mais c’est aussi de cette Produits plats et 1 000 000 (allant
origine que vient la liaison (longtemps mal comprise) entre le minces maintenant vers
1990
concept technique d’une mini-usine et son marché. En effet, il faut Bobines laminées à 2 000 000 et même
insister sur le fait que, comme on l’a dit, au début de l’essor de ces chaud 3 000 000)
mini-usines, aux États-Unis, ces mini mills étaient en fait des mar-
ket mills. Autrement dit, la capacité d’une mini-usine et son évolu- 2.2.1 Bilan énergétique
tion dans le temps sont étroitement liées (tableau 3) :
Parallèlement au bilan des matières, on peut établir le bilan de
– aux possibilités techniques des divers types de laminoirs. l’énergie (figure 2).
Notons, qu’actuellement, on a tendance à créer des lignes directes
Les besoins en énergie d’une mini-usine sont, par tonne d’acier,
incorporant coulée continue, four de réchauffage ou d’égalisation
d’une nature différente de ceux d’une usine classique ; pour une
de température du demi-produit et laminoir à chaud ;
usine classique (c’est-à-dire basée sur le haut-fourneau et l’aciérie
– au marché que l’on envisage de satisfaire. Les mini-usines sont,
à l’oxygène), on peut les estimer aux environs de :
en effet, généralement orientées vers la satisfaction d’un marché
local, plus ou moins étendu, mais rarement vers une grande expor- – 23 à 25 GJ/t d’acier fini en besoins bruts, pratiquement entière-
tation mondiale. ment en charbon ;
– 16 GJ/t d’acier fini si l’on tient compte des récupérations de gaz
excédentaires (gaz de haut-fourneau, cokerie et aciérie).
2.2 Schéma métallurgique
Pour une mini-usine, il n’y a pas de gaz excédentaires et les
besoins nets sont aux environs de 2 GJ/t et 640 kWh/t (figure 2).
Parc à ferrailles
(avec éventuellement d'autres Ferraille
produits, les « substituts ») 1,083 t
(96 % Fe : 1,04 t de fer)
+ fondants + ferroalliages
Aciérie électrique
(comportant souvent Besoins de récupération
une métallurgie secondaire) par tonne d’acier fini
1,183 t 1 GJ
(1,14 t de fer)
Coulée continue Four
électrique pertes 40 kg 440 kWh
à arc
1,1 t d'acier brut 30 Nm3O2
Train de laminoir
Chutes
(souvent un seul) propres
0,1 t Métallurgie
secondaire
C’est le train de laminoir (un seul ou, parfois, deux) qui va
imposer : 1 GJ
– la capacité de l’ensemble et du (ou des) four(s) électrique(s) ;
Coulée
– mais aussi le type de coulée continue à installer. continue
En dehors du produit principal, l’acier, les seuls sous-produits ou
coproduits sont (figure 1) : 200 kWh
– les chutes de fabrication ou ferrailles propres à l’usine qui sont
recyclées ; Laminoirs
– les scories, guère plus de 0,1 t/t d’acier, pour lesquelles on étu-
die des débouchés et qui commencent à être utilisées principale-
ment comme matériau de construction ;
– les poussières, environ 0,020 t/t d’acier, qui peuvent poser quel- 1 tonne d’acier fini
ques problèmes pour l’environnement (§ 2.5) ;
– et des gaz qui, bien dépoussiérés, posent peu de problèmes Figure 2 – Bilan moyen de l’énergie pour la mini-usine classique
pour l’environnement. (d’après [6])
70
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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– MINI-USINES
3
b) mais, bien souvent, cette énergie électrique est produite dans
une centrale thermique alimentée en combustible fossile (char-
bon, fuel, gaz naturel, etc.), il faut alors tenir compte du rende-
ment de cette centrale. Suivant les cas, il peut être estimé à :
1 kWh = 10,256 MJ
1 kWh = 9,630 MJ
ou même, si l’on utilise une centrale à cycle combiné basée sur
du gaz, à : Hall A
ferrailles
1 kWh = 7,2 MJ
En pratique, on prend la valeur de :
1 kWh = 10 MJ
71
3
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Gestion de l’énergie
3
1. Définition des limites des usines sidérurgiques ............................. M 7 140 - 2
1.1 Usine intégrée dite « classique »................................................................ — 2
1.2 Mini-usine..................................................................................................... — 2
1.3 Nouvelles usines intégrées......................................................................... — 2
2. Énergie et filières de production de l’acier ...................................... — 3
2.1 Production de l’énergie électrique ............................................................. — 3
2.2 Production de l’oxygène ............................................................................. — 4
2.3 Bilan de l’énergie des usines classiques ................................................... — 4
2.4 Bilan de l’énergie des mini-usines ............................................................. — 6
2.5 Bilan de l’énergie des nouvelles usines intégrées.................................... — 6
3. Économies d’énergie............................................................................... — 8
3.1 Économie d’énergie en usine intégrée classique ..................................... — 8
3.1.1 Évolution du haut-fourneau............................................................... — 8
3.1.2 Évolution de la conception des usines ............................................. — 8
3.2 Économie d’énergie en mini-usine classique............................................ — 9
3.3 Économie d’énergie en mini-usine intégrée ............................................. — 11
4. Schémas de production de l’acier et consommations d’énergie — 12
4.1 Mini-usine classique alimentée en ferrailles ............................................. — 12
4.2 Mini-usine intégrée...................................................................................... — 12
4.3 Usine sidérurgique intégrée classique ...................................................... — 15
5. Énergie et écologie.................................................................................. — 15
6. Maîtrise de l’énergie en sidérurgie ..................................................... — 17
6.1 Stratégie des entreprises sidérurgiques vis-à-vis de l’énergie................ — 17
6.2 Stratégie de l’usine sidérurgique vis-à-vis de l’énergie ........................... — 17
6.3 Gestion de l’énergie en usine sidérurgique .............................................. — 17
7. Conclusion ................................................................................................. — 18
Références bibliographiques ......................................................................... — 19
L ’énergie joue un rôle important en sidérurgie et, sur le plan mondial, cette
industrie représente 4 % de la consommation totale d’énergie dans le
monde. De ce fait, la sidérurgie est le plus gros consommateur d’énergie sur
le plan industriel. Il est cependant nécessaire de rappeler que les besoins théo-
riques sont relativement limités car par tonne de fer (c’est-à-dire, pratiquement,
par tonne d’acier) les besoins sont :
— de 1,350 GJ pour la fusion à 1 600 oC, ce qui correspond à peu près à la
fusion de ferrailles supposées pures ;
— de 6,520 GJ pour la réduction (à partir de Fe2O3 ) et la fusion.
En fait les valeurs industrielles sont, toujours par tonne d’acier, de l’ordre :
— de 6 à 8 GJ pour les mini-usines basées sur les ferrailles ;
— de 17 à 20 GJ pour les usines intégrées partant du minerai en visant, par
divers moyens, des valeurs de l’ordre de 13 à 15 GJ.
Parution : juin 2000
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© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 7 140 − 1
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Cet article situera les consommations d’énergie pour les divers types
d’usines sidérurgiques avant d’indiquer, d’une part, comment de nouvelles
économies pourraient être faites et, d’autre part, comment est gérée l’énergie
dans les sociétés et les usines sidérurgiques.
3
Au premier abord, les usines sidérurgiques paraissent constituer
des ensembles bien délimités, mais dès que l’on aborde leur situa-
Agglomération
tion vis-à-vis de l’énergie, il faut faire très attention à leurs limites
et séparer les installations essentielles des autres, plus ou moins
indispensables. Pour être bien clair, nous ferons cette étude dans
Cokerie
les trois principaux types d’usines tels qu’ils sont décrits dans les
trois articles qui leur sont consacrés dans le présent traité.
Haut-fourneau
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M 7 140 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques
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2. Énergie et filières
Noyau central Unités
non indispensables
Unités
supplémentaires
de production de l’acier
sur place
Collecte
Si l’on entre dans le détail de la consommation d’énergie pour
stockage chacune des filières que nous venons d’évoquer, en tenant compte
et préparation de leurs limites, on doit rappeler les études de l’International Iron
des ferrailles and Steel Institute (IISI) [1] [2] [3] [4] qui peuvent être résumées,
pour la situation en 1976 par les figures 4 et 5 qui peuvent être
Centrale complétées par les détails donnés dans l’étude [1] mise à jour en
Fours à chaux
électrique 1982 [2]. On y voit les traits les plus saillants des besoins en éner-
gie de la sidérurgie :
Aciérie électrique — l’usine sidérurgique dite « classique », d’une part, était et
Centrale à
métallurgie secondaire reste basée sur le charbon et d’autre part, a un problème de valo-
oxygène
coulée continue
risation de ses gaz résiduaires ;
— la mini-usine a surtout des besoins en énergie électrique ;
Laminoir — les nouvelles usines intégrées, basées sur le four électrique,
ont, par conséquent, aussi des besoins importants en énergie
électrique, mais en plus des besoins spécifiques très différents
3
Laminage à froid suivant les procédés de production du métal primaire qui sont
utilisés.
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25
22,96 (100 %)
20,66 (100 %)
20
15 Coke 11,52
(55,8 %)
3
Autres
gaz 1,49
10 (6,5 %)
8,64 (100 %)
Pétrole et
gaz 2,5 Gaz 1,49
(12,1 %) (17,3 %)
Énergie
Énergie électrique
5 électrique Énergie 7,94
3,84 électrique (34,6 %)
(18,6 %) 6,27
(72,7 %)
Oxygène 0,12
Oxygène 0,57 (0,5 %)
(2,7 %)
Oxygène 0,20
Divers 2,23 (2,3 %)
Divers 2,01
(10,8 %) Divers 0,66 (8,8 %)
0 (7,7 %)
Usine intégrée Mini-usine Mini-usine intégrée
classique de 8 Mt/an utilisant les avec réduction directe
ferrailles de 1 Mt/an du minerai de
fer de 1 Mt/an Figure 4 – Consommation d’énergie
pour les trois filières d’élaboration de l’acier
2.2 Production de l’oxygène Les procédés AllTech (tableau 1) sont basés, eux aussi, sur des
procédés connus, mais qui ne sont pas économiquement rentables
dans les conditions actuelles ; ils conduiraient, toujours pour les
De la même façon, l’IISI a fait diminuer les consommations
usines intégrées, à des consommations de 14 GJ/t d’acier.
d’énergie électrique par normomètre cube (Nm3) d’oxygène,
comme on peut le constater sur le tableau 1.
2.3 Bilan de l’énergie
des usines classiques
Tableau 1 – Consommations d’énergie électrique
par normomètre cube d’oxygène Nous allons, tout d’abord, illustrer ce bilan à partir des études
très détaillées de l’IISI en 1976 [1] qui donnent :
Consommation — sur la figure 4, les consommations d’énergie par nature c’est-
Références d’énergie à-dire charbon, pétrole et gaz, énergie électrique et oxygène ;
(kWh/Nm3 d’O2) — sur la figure 5, ces mêmes consommations par atelier.
Nous les reprendrons en séparant trois configurations différen-
1976 [1]....................................... 0,7 tes, sur la figure 6 à laquelle nous ajouterons le tableau 2 sur
1998 [4]....................................... 0,55 à 0,70 lequel on voit apparaître l’évolution lente, mais continue, des amé-
liorations des bilans de l’énergie de ces usines. En examinant
Estimations EcoTech................. 0,5 à 0,55 toutes ces données, on voit :
Estimations AllTech .................. 0,5 — l’essentiel de la consommation d’énergie est en amont, c’est-
à-dire pour la production du métal primaire, la fonte, et se répartit
entre :
Les procédés EcoTech (tableau 1) sont basés sur les meilleures • le haut-fourneau qui est le réacteur essentiel,
techniques actuelles et sont, d’ores et déjà, économiquement • l’agglomération des minerais de fer et la cokéfaction qui (voir
rentables ; ils conduisent pour les usines intégrées classiques à des les figures 1, 4, 5 et 6) peuvent être séparés, géographiquement,
consommations de 15 à 16 GJ/t d’acier. de l’usine qui sera, en partie, désintégrée ;
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Ensembles sidérurgiques
Protection de l’environnement. Stratégie
par Jean RAGUIN
Ingénieur Civil des Mines
Président d’Honneur du LECES (Laboratoire d’Étude et de Contrôle
de l’Environnement Sidérurgique)
Ancien Directeur à l’IRSID (Institut de Recherches de la Sidérurgie Française)
1.
1.1
1.2
La nouvelle donne environnement ......................................................
Protection de l’environnement ...................................................................
Souhaits du public.......................................................................................
M 7 150 - 2
—
—
2
2
3
1.3 Droit de l’environnement ............................................................................ — 2
1.4 Réglementation française ........................................................................... — 2
1.5 Réglementation européenne ...................................................................... — 2
1.6 Priorités environnement à moyen terme................................................... — 2
1.7 Perception de la sidérurgie par le public ................................................... — 3
2. Principales pollutions et nuisances des usines sidérurgiques ... — 3
2.1 Polluants atmosphériques .......................................................................... — 3
2.1.1 Bilan ..................................................................................................... — 3
2.1.2 Technologies environnement ............................................................ — 3
2.2 Polluants dans l’eau .................................................................................... — 3
2.2.1 Bilan ..................................................................................................... — 3
2.2.2 Technologies environnement ............................................................ — 3
2.3 Coproduits solides et boueux..................................................................... — 4
2.3.1 Bilan ..................................................................................................... — 4
2.3.2 Technologies environnement ............................................................ — 4
2.4 Pollution des sols......................................................................................... — 4
2.5 Bruit et vibrations ........................................................................................ — 4
2.6 Risques d’accidents majeurs ...................................................................... — 4
3. Fonction environnement dans les sociétés et les usines ............. — 4
3.1 Organisation................................................................................................. — 4
3.2 Missions ....................................................................................................... — 4
3.3 Effectifs ......................................................................................................... — 5
3.4 Responsabilité pénale ................................................................................. — 5
4. Considérations économiques ............................................................... — 5
4.1 Investissements ........................................................................................... — 5
4.2 Amortissements et charges financières .................................................... — 5
4.3 Frais d’exploitation ...................................................................................... — 5
4.4 Coût global ................................................................................................... — 5
5. Possibilités d’évolution.......................................................................... — 5
5.1 Renforcement des réglementations........................................................... — 5
5.2 Mutation des techniques de production.................................................... — 5
ans cet article, nous traiterons du bilan des sources de pollution en sidé-
D rurgie et des moyens mis en œuvre pour respecter la réglementation.
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3
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Protection de l’environnement :
Technologie
3
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1. Parcs de matières premières pendant plusieurs mois de l’installation pour une décontamination
totale, perte de métal, sans parler des risques encourus par le per-
sonnel.
Les usines sidérurgiques s’approvisionnent essentiellement en Concrètement, pour éviter de tels accidents, la solution consiste
matières pondéreuses (minerai, charbon, coke, castine, agents de à contrôler la non-radioactivité des ferrailles, par exemple au
scorification...) et ferrailles. moment de la livraison dans les aciéries.
Transportées surtout par voie maritime, voie d’eau et voie ferrée, Toutes les manipulations de ferrailles sont bruyantes. Aussi, peut-il
les matières pondéreuses sont déchargées, stockées en tas puis être nécessaire de les effectuer sous halle, si des habitations se
reprises par roues-pelles. Ces opérations et surtout le stockage trouvent près du parc à ferrailles ou s’il y a des réverbérations
occasionnent dans les régions ventées (cas des bords de mer) des particulières du bruit (par exemple sur une rivière).
envols de poussières.
Par exemple, pour une usine intégrée de 4 Mt /an, un stockage
2. Cokeries
3
équivalant à 2 mois de marche porte sur 1 Mt de minerai hématite et
350 000 t de charbon et il occupe quelque 170 000 m 2 ; les envols
correspondants peuvent être de l’ordre :
— de 0,2 % du minerai stocké, soit............................ 10 000 t /an ; Le bilan de la cokéfaction d’une tonne de charbon est le suivant,
— de 0,125 % du charbon stocké, soit......................... 3 000 t /an. en ordre de grandeur : (0)
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la batterie. Cette dernière solution est appliquée en France à la Pour capter poussières et fumées, on recouvre le wagon à coke
cokerie de LORFONTE-Sérémange (tableau 1) et à la batterie B 6 de par une hotte enveloppante qui est connectée soit à du matériel
SOLLAC-Dunkerque. embarqué avec le wagon, soit à un dépoussiéreur au sol (tableau 1).
Plus l’enfournement est rapide, plus le débit instantané de fumées
est important et plus il faut surdimensionner les installations de
captage et de dépoussiérage. 2.5 Extinction et criblage du coke
Pour éviter cet inconvénient, une pratique s’est développée aux
États-Unis, dite du stage charging, c’est-à-dire de l’enfournement 2.5.1 Extinction humide du coke
séquentiel, orifice de chargement par orifice de chargement.
Dans la grande majorité des cokeries, le wagon à coke une fois
rempli est conduit jusqu’à la base d’une tour d’extinction où il est
2.3 Chauffage des fours. Fuites aux portes noyé d’eau industrielle en grande quantité pendant quelques
minutes. Cette pratique se traduit par le rejet à l’atmosphère de
vapeur chargée de poussières. Pour favoriser la sédimentation de
2.3.1 Chauffage des fours ces poussières à l’intérieur de la tour, on y dispose des chicanes tout
en cherchant à conserver un bon tirage pour la vapeur.
Les fours à coke sont chauffés à partir de la combustion à haute
3
température de mélanges de gaz de cokerie, gaz de haut fourneau
et gaz naturel, selon les usines. Les fumées produites sont rejetées
2.5.2 Extinction à sec du coke
par les cheminées des batteries de fours sans, généralement, aucun
traitement de dépollution. Elles sont très peu chargées en poussières
L’extinction humide est critiquée non seulement pour ses rejets
et en oxydes de soufre mais contiennent des oxydes d’azote, essen-
de poussières et de polluants mais aussi au nom des économies
tiellement du monoxyde d’azote NO d’origine thermique. Le flux de
d’énergie. En effet, toute la chaleur sensible du coke entre 800 oC
NO dépend très fortement des conditions opératoires (température
et la température ambiante est perdue.
de flamme, excès d’air, mode de combustion, nature du gaz
combustible, disposition des carneaux...) et se situe dans une four- C’est dans ce contexte que s’est développée, d’abord au Japon
chette de 100 à 800 g /t de coke. (où l’énergie est très chère) puis en dehors du Japon (deux instal-
lations en Allemagne chez Thyssen-Duisburg et chez Kaiserstuhl et
Il apparaît possible de réduire les rejets d’oxydes d’azote :
une en Finlande chez Rautaruukki à Raahe), l’extinction à sec par
— en appauvrissant le gaz de combustion par l’utilisation de gaz inerte recyclé (figure 1). L’énergie (1,26 GJ par tonne de coke)
mélanges à moindre PCI ou la recirculation des fumées ; est récupérée sous forme de vapeur à haute pression : par exemple,
— en optimisant la technologie de chauffage (arrivées étalées ou 50 tonnes à 400 o C sous 4,9 MPa pour 100 tonnes de coke et
rehaussées d’air et de gaz) pour uniformiser et abaisser la tempé- par heure.
rature et la teneur en oxygène dans les fumées.
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Les eaux ammoniacales constituent l’effluent spécifique des de sodium (efficace, fiable mais cher). L’ammoniac récupéré sous
cokeries. Le traitement qui leur est généralement appliqué associe forme de buées est incinéré ou sert à produire du sulfate
les opérations suivantes (tableau 2) : d’ammonium ;
— dégoudronnage par décantation, puis filtration ; — homogénéisation en lagune des eaux strippées et des
— strippage dans une colonne à plateaux de l’ammoniac volatil condensats du réseau du gaz de cokerie ;
et de l’ammoniac combiné sous forme de sels fixes, après dépla- — épuration biologique pour déphénolage et oxydation des
cement de ceux-ci par la chaux (peu coûteuse mais occasionnant sulfocyanures ;
des colmatages des plateaux) ou plus généralement par le carbonate — le cas échéant, épuration physico-chimique, dite tertiaire,
pour achever de réduire la DCO (demande chimique d’oxygène)
résiduelle provenant des éléments colloïdaux.
(0)
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2.6.2 Traitement du gaz de cokerie — les procédés humides de neutralisation de H 2 S par une solu-
tion basique, suivie d’une distillation fractionnée de la liqueur, par
Pour pouvoir être utilisé comme combustible dans de bonnes exemple : (0)
conditions, le gaz brut de cokerie doit subir en partie ou en totalité
les traitements suivants : Procédé Solution basique
— dès la sortie de chaque four à coke, refroidissement
de 900-1 000 oC à 90 oC, par arrosage à la colonne montante et au Vacuum carbonate Carbonate de sodium
barillet ; Sulfiban Monoéthanolamine
— à la sortie du barillet, dans le piège à mixtes, récupération des Dravo Still Liqueurs ammoniacales
goudrons les plus lourds et de la plupart des poussières de char-
bon, sous forme de boues entraînées par les eaux ammoniacales ;
— les procédés également humides opérant par neutralisation et
— condensation primaire avec refroidissement de 70-80 oC
oxydation simultanées et assurant non seulement la désulfuration
jusqu’à 20-25 oC et récupération sous forme de condensats de la
mais aussi la décyanuration : procédés STRETFORD-HOLMES,
vapeur d’eau, d’une fraction des goudrons et de la majeure partie
TAKAHAX, FUMAX, DIAMOX...
de la naphtaline ;
— dégoudronnage électrique ; La cokerie de LORFONTE-Sérémange exploite, à l’échelle de
— extraction ; 40 000 Nm3 /h, le procédé STRETFORD-HOLMES, en mettant en
œuvre les installations suivantes :
3
— élimination de l’ammoniac par lavage, pour fabrication de
sulfate d’ammonium ou, après distillation (§ 2.6.1), destruction par — tour de lavage avec une liqueur spécifique à quatre
incinération ; constituants [carbonate de sodium, composés de vanadium penta-
— débenzolage par lavage à l’huile, celle-ci étant ensuite dis- valent, acide disulfonique d’anthraquinone (ADA) et acide citrique
tillée dans une colonne de désessenciement avec extraction en tête anhydre] : H 2S est absorbé sous forme de HS – ;
des vapeurs de benzol (benzène, toluène et xylènes) en tête ; — oxydeurs où l’on régénère le vanadium pentavalent, l’ADA
— dénaphtalinage au fuel domestique ; servant de catalyseur et où HS – se transforme en soufre élémentaire
— désulfuration (§ 2.6.3) ; sous forme d’écume à 8-10 % de S ;
— mise sous pression par extracteurs rotatifs ; — bac à boues et centrifugeuse pour récupérer puis traiter
— parachèvement sous haute pression du refroidissement, du l’écume et séparer soufre et eau ;
débenzolage, du dénaphtalinage et de la déshydratation. — autoclave pour refondre le soufre ;
Le gaz de cokerie ainsi traité a la composition suivante (% en — bac de recyclage de la liqueur.
volume) : (0)
H2 CH4 CO C n Hn N2 CO2 O2
2.7 Usine à sous-produits
55 à 65 22 à 27 4à6 3à4 2à5 1à2 0,1
Une attention particulière doit être portée :
— aux émissions de benzène à partir des unités de production et
Avec une telle composition, on conçoit les deux grandes voies lors du chargement du benzol ;
possibles pour l’utilisation du gaz de cokerie : — aux pollutions du sol par l’ensemble des produits
— en tant que combustible, vu son PCI élevé (18 à 25 MJ/Nm3 ) ; organiques ;
— en tant que source d’hydrogène. — à certains rejets odorants.
Quant au goudron, il peut être valorisé comme :
— combustible pour injection au haut fourneau ;
— matière première pour la fabrication des électrodes ; 2.8 Sûreté des gazomètres
— produit de départ pour des synthèses organiques.
Cette dernière application se retrouve aussi pour le benzol, avec
et des réseaux de gaz de cokerie
pour objectif la production de matières plastiques.
Compte tenu de sa composition, le gaz de cokerie a une masse
volumique trois fois plus faible que l’air : 0,45 à 0,5 kg/m3.
2.6.3 Désulfuration du gaz de cokerie
Également, vu sa composition, il est particulièrement déflagrant.
Lorsque l’on utilise en chauffage le gaz de cokerie non désulfuré, À température ambiante et en présence d’air, un point chaud
l’hydrogène sulfuré (3 à 8 g /m3 ) qu’il contient provoque une émis- vers 600-650 oC suffit à l’enflammer.
sion d’oxydes de soufre à l’atmosphère. Cette émission est à la fois
polluante et corrosive pour les installations et les produits.
De plus en plus de cokeries comportent une installation de 2.9 Considérations économiques
désulfuration de leur gaz. Tel est le cas de LORFONTE-Sérémange
dont le gaz est utilisé pour les fours de traitement thermique des
laminoirs à froid de l’usine voisine de SOLLAC. L’exemple de LORFONTE-Sérémange fournit des indications sur
On distingue trois grandes familles de procédés de désulfura- les ordres de grandeur de quelques investissements pour la pro-
tion : tection de l’environnement et des frais d’exploitation correspon-
— les procédés à sec d’oxydation directe de H 2 S en soufre élé- dants.
mentaire, comme l’ancien procédé à la masse désulfurante ;
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et
ArcelorMittal R&D
Denis ABLITZER 3
Professeur à l’École des Mines de Nancy
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méthodologie (ISO 14040 ) [1], il reste encore des cas pour lesquels les résul-
tats d’une étude d’ACV engendrent des commentaires contradictoires
remettant en question leur crédibilité. Il est généralement reconnu qu’assurer
une bonne qualité des données de l’inventaire du cycle de vie est une des
conditions à remplir afin de garantir la qualité des résultats de l’ACV.
Dans ce dossier, nous proposons une nouvelle démarche d’analyse de
l’inventaire du cycle de vie en vue d’améliorer la qualité des données utilisées
pour la réalisation de l’étude ACV. La démarche proposée s’appuie sur un cou-
plage méthodologique entre la méthode classique d’ACV et un logiciel de
génie des procédés de type « flowsheeting ». Par la suite, ce couplage est
appliqué à la filière classique de l’acier.
3 1. Cadre méthodologique sent les processus élémentaires qui seront pris en compte dans
l’étude. Bien que toutes les activités humaines contribuent au cycle
de l’analyse de cycle de vie du produit, il apparaît clairement que les frontières d’un sys-
tème doivent être finies. Des décisions ont donc été prises
de vie (ACV) concernant les processus élémentaires à analyser et le niveau de
détail auquel ces processus élémentaires sont étudiés. Compte
tenu des éléments ci-dessus, nous présentons sur la figure 1 les
L’analyse de cycle de vie est un outil d’évaluation des impacts frontières du système de production d’une tonne de bobines lami-
sur l’environnement d’un système comprenant l’ensemble des nées à chaud que nous avons considérées.
activités associées à un produit ou à un service, depuis l’extraction
des matières premières jusqu’à l’élimination des déchets [1].
L’ACV se compose de quatre phases : 1.2 Analyse de l’inventaire
– définition des objectifs et du champ de l’étude ;
– inventaire (bilans matière – énergie) ; La deuxième partie de l’analyse du cycle de vie consiste en l’ana-
– évaluation des impacts ; lyse de l’inventaire du cycle de vie (ICV). L’analyse de l’inventaire
– interprétation des résultats. est la phase de l’ACV impliquant la compilation et la quantification
des entrants et des sortants pour un système donné au cours de
son cycle de vie [3]. L’ACV traitant un nombre important de don-
1.1 Définitions des objectifs nées, il est judicieux d’évaluer la qualité de l’ICV. Selon Labouze et
coll. [4], la qualité des résultats de l’ACV est assurée par la qualité
La phase initiale de l’ACV doit indiquer sans ambiguïté l’applica- des données de l’inventaire. Les exigences relatives à la qualité des
tion envisagée, les raisons conduisant à réaliser l’étude et le public données sont importantes pour comprendre la fiabilité des résultats
concerné [1]. Selon le cas, l’ACV peut avoir diverses finalités : de l’étude et pour interpréter correctement ce qu’il en ressort. Selon
l’amélioration d’un procédé, la mise en place d’une réglementa- Rousseaux [G 5 500] ou [5], les principaux points faibles de l’ACV
tion, d’une politique environnementale, ou la sensibilisation du sont la qualité et la disponibilité des données. Dans de nombreux
consommateur [2]. cas, les données nécessaires ne sont pas habituellement mesurées
Dans la présente étude, nous nous intéressons plus particulière- par les exploitants, ou elles sont trop agrégées dans les bases de
ment à l’utilisation de l’ACV au niveau de l’entreprise (en interne) données existantes pour pouvoir être exploitées.
qui est le principal bénéficiaire. Ayant comme objectif final l’amé- Ainsi, nous proposons par la suite une approche innovatrice
lioration environnementale du procédé, notre étude se concentre capable de garantir la qualité des données utilisées dans la réalisa-
sur la réalisation de l’analyse globale du cycle de vie de la filière tion de l’inventaire, tel qu’il a été défini dans la figure 1.
intégrée classique de production d’acier, c’est-à-dire d’une usine
sidérurgique intégrée classique (USIC). La filière classique de pro-
duction d’acier est fondée sur la production de fonte à partir de
minerais de fer, dans un haut-fourneau et la conversion à l’oxy- 2. Couplage méthodologique
gène de cette fonte en acier.
Selon la norme ISO 14040 [1], le champ d’étude décrit principa- Le mode opératoire original développé pour la réalisation de
lement les frontières du système et les fonctions du système. l’inventaire consiste à réaliser une base de données à partir de
modèles physico-chimiques simplifiés pour les sous-systèmes
■ Unité fonctionnelle définis sur la figure 1.
La définition d’une unité fonctionnelle (UF) est nécessaire pour Ainsi est réalisé un couplage entre la méthodologie de l’ACV et
permettre la comparaison des différents sous-systèmes et elle est celle du génie des procédés car la partie la plus importante de
en effet la référence à laquelle sont rapportées les quantités men- l’inventaire est réalisée à l’aide du logiciel de type « flowsheeting »
tionnées dans l’inventaire (deuxième étape de l’ACV). Aspen Plus (figure 2).
Dans la mesure où l’étude concerne l’ACV de la filière classique Nota : il existe d’autres logiciels de type « flowsheeting » :
de production d’acier, l’unité fonctionnelle choisie correspond à – Hysis (produit aussi par Aspen Tech) mais avec une base thermodynamique plus
simplifiée ;
une tonne de bobines laminées à chaud produite dans une usine – Metsim, étudié mais moins performant qu’Aspen Plus.
sidérurgique intégrée classique.
Aspen Plus [6] est un logiciel de modélisation de procédé en
■ Frontières du système régime permanent, équipé d’une base de données thermodyna-
Une fois que les objectifs généraux et le but de l’ACV sont iden- miques utilisée pour calculer les bilans de matière et d’énergie. Ce
tifiés, les frontières du système doivent être fixées. Elles définis- logiciel permet d’effectuer des simulations de procédés (c’est ce
86
Sidérurgie des métaux ferreux
(Réf. Internet 42368)
1– Généralités
3– Ensembles sidérurgiques
4
4– Données thermiques et thermodynamiques Réf. Internet page
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87
4
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M7220
Équilibres thermodynamiques
en sidérurgie
par Pierre PERROT
Professeur émérite, laboratoire de métallurgie physique
Université des Sciences et Technologies de Lille
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M7220
1. Thermodynamique « corps pur ». S’il y a lieu, on peut distinguer, dans une solution,
le solvant (constituant majoritaire) et les solutés (constituants
appliquée à la sidérurgie minoritaires).
4
ces contraintes soient imposées ou subies par le sidérurgiste. S’il Il peut être parfois nécessaire de préciser :
en est ainsi, la thermodynamique ne peut que répondre à la troi-
– la variété allotropique du solide, par exemple <gFe> ;
sième question en énonçant : « la transformation, possible, peut
– la nature du liquide (métal ou laitier) ;
se faire spontanément » ou bien « la transformation, thermodyna-
– la nature du soluté pour une espèce dissoute, par exemple
miquement impossible ne se fera pas ».
[Si]Fe.
Dire qu’une réaction est thermodynamiquement possible ne La composition d’un mélange est définie par la quantité de
veut pas dire qu’elle s’effectuera en un temps raisonnable. chaque constituant i présente dans le mélange et exprimée en :
Seule la cinétique peut répondre à la question « en combien
de temps ? ». – moles : ni (avec Sni = n, quantité de matière dans le mélange) ;
Heureusement, en sidérurgie, les températures mises en jeu – masse : mi (avec Smi = m, masse du mélange) ;
sont suffisamment élevées pour que les équilibres s’établis- – fraction molaire : xi = ni /n (avec Sxi = 1) ;
sent spontanément à l’échelle humaine. – fraction massique : wi = mi /m (avec Swi = 1) ;
– pourcent : [% i] = 100 wi (avec S [% i] = 100) ;
– ppm (parties par million). 1 ppm i = 10-4 [% i].
Dans les problèmes qui sont de son ressort, la thermodynamique
métallurgique fait usage d’informations expérimentales issues de Lorsqu’une teneur est exprimée en pourcent, ou en ppm, il s’agit
mesures directes d’équilibres ou, le plus souvent, de mesures indi- toujours de masse (1 % = 1 % massique ; 1 ppm = 1 gramme par
rectes, calorimétriques ou électrochimiques. Traduites en langage tonne).
thermodynamique, elles se présentent sous forme d’enthalpies
libres ou de potentiels chimiques faciles à mettre en œuvre dans
les calculs d’équilibres.
1.1.4 Grandeurs de mélange
Elles comprennent les grandeurs intensives et extensives.
1.1 Caractéristiques d’un mélange & Une grandeur intensive (ou intensité) est définie en chaque point
de l’espace et ne dépend pas de la quantité de mélange. Exemples :
La matière se rencontre sous trois états (solide, liquide et la température, la pression, la masse volumique, la tension superfi-
gazeux), mais le concept le plus important en sidérurgie est celui cielle, la viscosité, la résistivité électrique.
de phase ou de solution.
Certaines grandeurs intensives sont appelées « tension ». Elles
1.1.1 Phases ont pour caractéristiques de prendre la même valeur de part et
d’autre de l’interface séparant deux systèmes à l’équilibre.
Une phase est définie comme la partie homogène d’un mélange :
En sidérurgie, les tensions rencontrées seront la température,
– gazeux, toujours constitué d’une seule phase ;
la pression, le potentiel chimique dont l’égalité traduit respective-
– liquide, souvent monophasé. Un mélange liquide peut être
ment l’équilibre thermique, mécanique et chimique.
constitué de deux phases, par exemple une phase métallique
(l’acier liquide) en équilibre avec un laitier (mélange d’oxydes : & Une grandeur extensive (ou extensité), définie pour l’ensemble
SiO2, CaO, Al2O3, …). Les alliages liquides, tout comme les laitiers, d’un système a pour caractéristique d’être proportionnelle à la
peuvent être biphasés, comme par exemple l’alliage Fe + Cu ou le quantité de matière.
mélange 9 SiO2 + CaO au-dessus de 1 705 C ;
– solide, rarement monophasé. La ferrite, l’austénite, la cémen-
tite, le graphite sont des phases solides rencontrées dans les
aciers. La perlite est un constituant des aciers, mélange intime de
Tableau 1 – Conventions particulières aux états
deux phases : la ferrite et la cémentite.
État Solide Liquide Dissous Vapeur
1.1.2 Solutions
Une solution, qui peut être solide ou liquide, est un mélange Écriture <Ai> (Ai) [Ai] {Ai}
contenant plusieurs constituants. Le mot « solution » s’oppose à
90
Référence Internet
M7220
Par exemple, le volume V dépend a priori de la température T, de & Si g i > 1, soit pi > pio x i , le constituant i a tendance à fuir la solu-
la pression P, et de la quantité de matière n1, n2, …, ni, …, nk. tion. L’écart à l’idéalité est dit « positif », ce qui caractérise des
Si, en gardant P et T constantes, on multiplie tous les ni par le interactions répulsives entre i et les autres constituants de la
même facteur l, on multiplie également le volume par le même fac- solution.
teur l. Nous rencontrerons d’autres grandeurs extensives que nous
désignerons collectivement par Y.
Considérons maintenant la transformation consistant à mélanger ni & En revanche, si g i < 1, soit pi < pio x i , l’écart à l’idéalité est dit
moles de Ai (i = 1, 2, …, k) : « négatif », ce qui caractérise des interactions attractives entre i et
les autres constituants de la solution.
n1 A1 + n2 A 2 + ... ni Ai + ... + nk Ak → Mélange
Remarque : si une solution est idéale pour le constituant i d’un
Une grandeur intégrale de mélange DmixY est définie par : mélange, elle est idéale pour tous les constituants du mélange.
Il s’agit d’un théorème dont la démonstration sort du cadre de
ΔmixY = Yfinal − Yinitial = Y − ∑ ni y io (1)
cet exposé.
Si une solution présente un écart à l’idéalité, cet écart n’est pas
avec Y grandeur extensive relative au mélange, obligatoirement du même signe pour tous les constituants du
y io valeur prise par Y pour une mole de i hors du mélange.
mélange,
∑ niy io valeur de Y pour tous les constituants hors du
1.2 Propriétés thermodynamiques
mélange.
d’un mélange
4
1.1.5 État standard 1.2.1 Grandeurs intégrales
Une grandeur telle que le volume de mélange DmixV = Vfinal – Vinitial
peut être calculée en mesurant séparément Vfinal et Vinitial. Mais, Une grandeur intégrale Y est une grandeur extensive. Mathéma-
cette opération est impossible si la grandeur Y est définie à une tiquement, cela revient à exprimer que, si l’on multiplie la quantité
constante près. Dans ce cas, seule la grandeur de mélange DmixY de matière par un facteur l, la grandeur intégrale est multipliée par
est mesurable. C’est le cas avec l’enthalpie de mélange DmixH et le même facteur l :
l’enthalpie libre de mélange DmixG. Il est alors nécessaire de définir
Y par rapport à un état que l’on appelle état standard. Y (T , P , λn1, λn2 , …, λni , …, λnk ) = λ Y (T , P , n1, n2 , …, ni , …, nk ) (2)
Lorsqu’aucun état standard n’est explicitement défini, on En pratique, pour qu’une fonction Y vérifie la relation (2), il faut
convient de choisir comme état standard d’un constituant i, ce et il suffit qu’elle soit homogène et du premier degré en (n1, n2, …,
constituant i pur sous une pression de 1 bar. En conséquence : ni, …, nk).
– si i est en phase gazeuse, l’état standard est le gaz i pur sous la
Les grandeurs intégrales, caractérisant les systèmes rencontrés
pression standard pio = 1bar, quelle que soit la température ;
en sidérurgie, sont :
– si i est en phase condensée (solide ou liquide), l’état standard
est le corps condensé i pur soumis à la pression d’un gaz inerte – le volume : V ;
P = 1 bar. Dans ces conditions, la pression standard pio est la ten- – l’enthalpie : H ;
sion de vapeur saturante du corps condensé pur à la température – l’entropie : S ;
– l’enthalpie libre (ou énergie de Gibbs) : G.
considérée. La pression standard pio est alors fonction de la
température.
Remarque : de toutes ces fonctions, la plus fondamentale est
1.1.6 Activité l’enthalpie libre G, car cette fonction est celle dont le minimum
donne l’état d’équilibre d’un système soumis aux contraintes P
L’activité d’un constituant i dans un mélange est définie par : et T constantes [119].
pi Tension de vapeur de i au dessus du mélange
ai = =
pio Tensionn de vapeur de i dans son état standard Les autres fonctions dérivent de G par les relations :
Si le constituant i est dans son état standard, pi = pio et par dG = − S dT + V dP (à composition constante) (3)
conséquent ai = 1. L’état standard d’un constituant i est donc un
état choisi arbitrairement pour lequel on pose ai = 1. d’où :
S = − ( ∂G / ∂T )P (4)
1.1.7 Idéalité
Une solution est dite idéale lorsque l’activité d’un constituant i
est proportionnelle à sa fraction molaire : V = ( ∂G / ∂P )T (5)
ai = pi / pio = k xi
H = G + TS = − T 2 ⎡⎣ ∂ (G /T ) / ∂T ⎤⎦ (6)
P
Si, de plus, l’état standard est le constituant i pur, ai = 1 lorsque
xi = 1 et, par conséquent k = 1, ce qui permet de poser ai = xi pour Bien sûr, il est en pratique plus précis d’obtenir les fonctions V, H
une solution idéale. et S par mesure directe que de les calculer par dérivation de la
Si la solution n’est pas idéale, on introduit un coefficient d’acti- fonction G.
vité g i qui caractérise l’écart à l’idéalité de la solution :
Pour mémoire, nous aurions pu rajouter l’énergie interne U et
γ i = ai / x i l’énergie libre (ou énergie de Helmholtz) F, mais nous n’utiliserons
pas ces fonctions.
91
Référence Internet
M7220
Une grandeur intégrale, ramenée à l’unité de quantité de 1.2.3 Notion de potentiel chimique
matière, prend le nom de grandeur molaire intégrale Ym. En
posant : Si G, S et V sont, respectivement, l’enthalpie libre, l’entropie et le
volume d’un mélange, dG est exprimé par la relation (3) à compo-
S ni = n et xi = ni / n, fraction molaire du constituant i dans le sition constante.
mélange :
À composition variable :
Ym (T , P , x1, x 2 , …, x i , …, x k ) = Y (T , P , n1, n2 , …, ni , …, nk ) / n
dG = − S dT + V dP + ∑ i µi dni (15)
1.2.2 Grandeurs partielles
avec mi potentiel chimique du constituant i dans le mélange :
Si Y est une grandeur intégrale, la grandeur molaire partielle yi
relative au constituant i est définie par :
µi ≡ ( ∂G / ∂ni )T ,P ,n (16)
j ≠i
y i ≡ ( ∂Y / ∂ni )T ,P ,n (7)
j ≠i
Compte tenu de la relation (7), qui définit une grandeur molaire
partielle, le potentiel chimique mi s’identifie à l’enthalpie libre
Physiquement, une grandeur molaire partielle yi représente la molaire partielle gi.
variation de la grandeur intégrale Y observée lorsque l’on ajoute
une mole du constituant i à n moles de mélange, avec n >> 1. L’équilibre d’un constituant i entre deux phases a et b s’exprime
par l’égalité des potentiels chimiques. En effet, si dni moles de i
sont transférées de a vers b (dni = dni, b = - dni, a), la variation d’en-
Entre la grandeur intégrale Y et les grandeurs molaires partielles thalpie libre du mélange biphasé a + b s’exprime par :
yi existent, outre la relation de définition :
– l’identité d’Euler ;
– la relation de Gibbs-Duhem.
(
dG = dGα + dGβ = µi , α dni , α + µi , β dni ,β = µi , β − µi , α dni )
4 & L’identité d’Euler :
Y ≡ ∑ i ni y i (8)
Le minimum de la fonction G, qui traduit l’équilibre de i entre les
phases a et b, s’observe lorsque dG = 0, soit :
µi , α = µi , β (17)
L’identité d’Euler est caractéristique des fonctions mathémati-
ques Y homogènes et du premier degré en ni. Physiquement, 1.2.4 Expression du potentiel chimique
l’identité d’Euler (8) signifie que le tout (la grandeur intégrale Y) Le potentiel chimique s’obtient par intégration de l’équation (11) :
est la somme des parties (les grandeurs molaires partielles Si ni yi).
& La relation de Gibbs-Duhem : dµi = − si dT + υi dP
∑i ni dy i ≡ (∂Y / ∂T )P ,n j ≠i
dT + ( ∂Y / ∂P )T ,n
j ≠i
dP (9) À température constante, entre les pressions pio et pi :
( )
pi
La relation de Gibbs-Duhem s’obtient en différenciant l’identité µi (T , pi ) − µi T , pio = ∫ υi dP
pio
d’Euler. Dans la pratique, on l’intègre à température et pression
constantes. Elle se réduit alors à :
(
Si pio est la pression standard, on pose µi T , po = µoi (T ), poten- )
∑i ni dy i =0 (10) tiel chimique standard de i. Trois cas sont à considérer pour calcu-
ler l’intégrale.
À chaque grandeur intégrale V, H, S et G correspondent les gran-
& i est un gaz parfait
deurs molaires partielles :
– le volume molaire partiel de i : ui ; υi = R T / pi
– l’enthalpie molaire partielle de i : hi ;
– l’entropie molaire partielle si ;
– l’enthalpie libre molaire partielle ou potentiel chimique : mi. (
µi (T , pi ) = µoi (T ) + R T ln pi / pio ) (18)
92
Référence Internet
M7221
Équilibres thermodynamiques
en sidérurgie
Métal – non métal
par Pierre PERROT
Professeur émérite, laboratoire de métallurgie physique
Université des Sciences et Technologies de Lille
4
1.4 Forme des courbes d’équilibres ........................................................ — 2
1.5 Changements d’état ........................................................................... — 5
1.6 Influence de l’activité des constituants ............................................. — 5
2. Équilibres métal-oxydes................................................................. — 5
2.1 Diagrammes d’Ellingham des oxydes ............................................... — 5
2.2 Équilibres carbone-oxygène .............................................................. — 7
2.3 Équilibres fer – oxygène .................................................................... — 8
2.4 Affinage des aciers ............................................................................. — 8
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. M 7 222
93
Référence Internet
M7221
1. Équilibres entre phases en précisant chaque fois le domaine de validité. Dans l’équa-
tion (3), on fait l’hypothèse DrCP = Cste et on prend pour DrCP la
condensées moyenne de DrCP calculée dans le domaine de validité. Dans ces
conditions g = - DrCP.
Si les composés Me et MenXp sont purs : À température donnée, l’équilibre est fixé par trois paramètres
liés par une condition. Si deux paramètres sont fixés (par exemple
aMe = aMen Xp
⎛ PX ⎞
= 1, et par conséquent : Δr 38Go = RT ln ⎜ 2 ⎟
⎝ bar ⎠
( )
aMe et aMen Xp ), le troisième µ X2 sera fixé par l’évolution spontanée
du système vers un état d’équilibre.
( )
PX 2 /bar = exp + Δr 38Go / RT représente la pression de X2 à l’équi-
Si deux éléments présentent une affinité différente pour un non
métal X, l’élément dont l’affinité est la plus forte chassera le second
libre Me/MenXp. de sa combinaison avec X.
Par exemple, l’aluminium chassera le fer de son oxyde suivant :
1.2 Description thermodynamique
8 Al + 3 Fe3O4 → 9 Fe + 4 Al2O3
L’enthalpie libre standard d’une réaction Sni Ai = 0 est donnée
par [121] :
Cette réaction est une aluminothermie. Al est un réducteur puis-
Δr G o = Δr H o − T Δr S o sant qui chasse presque tous les métaux de leurs combinaisons
avec l’oxygène. Les oxydes qui résistent à cette attaque sont :
Avec, en posant Δr CP = ∑ νi CP ( Ai ) : – les oxydes alcalino-terreux (Ca, Sr, Ba) ;
T – les oxydes de terres rares ;
Δr H o (T ) = Δr H o (To ) + ∫ Δr CP dT
To – les oxydes d’actinides.
T
Δr S o (T ) = Δr S o (To ) + ∫ ( ΔrCP /T ) dT
To
1.4 Forme des courbes d’équilibres
Les capacités thermiques CP(Ai) des constituants Ai sont souvent Considérons l’équilibre (1) au voisinage de la température To :
exprimées par un développement de la forme : µ X2 = Δr 38G o (T ) = Δr 38H o (To ) − T Δr 38S o (To )
CP ( Ai ) = a + b T + c T −2 + d T 2
Dr38Ho(To) est, en général, négatif en raison du caractère exother-
qui conduit à l’expression rigoureuse, mais encombrante : mique de la réaction. Dr38So(To) est également négatif car la réac-
tion (1) fait disparaı̂tre une mole de gaz dont l’entropie est élevée
ΔrGo = α + β T + γ T ln T + δ T 2 + ε T 3 + ζ T −1 en comparaison de l’entropie des corps condensés. En conséquence,
les courbes µ X2 = f (T ), traduisant l’équilibre entre Me et MenXp purs,
À cette expression déjà compliquée, on ajoute parfois un terme
présentent toutes une pente positive dont la valeur est à peu près
en T7 ou en T-9, termes empiriques introduits pour permettre l’ex-
celle de l’entropie d’une mole de gaz X2, soit So ª 200 J.mol-1.K-1.
trapolation de DrGo dans un domaine de température où les don-
nées expérimentales ne sont plus disponibles. Dans la pratique Remarque : ce raisonnement est applicable aux équilibres fai-
industrielle, elles sont difficilement manipulables et donnent une sant intervenir plusieurs molécules gazeuses. Ainsi, la courbe
fausse impression de précision, car les données expérimentales DrGo(T) = f (T) présente une pente à peu près nulle pour l’équi-
sur DrGo sont généralement connues à ± 1 kJ.mol-1. libre C + O2 CO2 car, globalement, aucune molécule gazeuse
Avec l’hypothèse simplificatrice DrCP = 0 : n’apparaı̂t ni ne disparaı̂t. En revanche, la courbe DrGo(T) = f (T)
ΔrGo (T ) = Δr H o (To ) − T Δr S o (To ) = α + β T présente une pente négative pour l’équilibre 2 C + O2 2 CO
car cette réaction se traduit globalement par l’apparition d’une
Cette expression, pratique d’utilisation, n’est sure qu’au voisi- mole gazeuse.
nage de To. Dans cet article (tableaux 1, 2, 3, 4 et 5) nous avons Ce résultat a une conséquence sur la réductibilité des oxydes
choisi de présenter les expressions de DrGo sous la forme : par le carbone : tous les oxydes sont réductibles par le carbone
au-dessus d’une température, d’autant plus élevée que l’affi-
ΔrGo = α + β T + γ T ln T (3) nité du métal pour l’oxygène est élevée.
94
Référence Internet
M7222
Équilibres thermodynamiques
en sidérurgie
Laitiers et réfractaires
par Pierre PERROT
Professeur émérite, laboratoire de métallurgie physique
Université des Sciences et Technologies de Lille
4
1.4 Structure des laitiers .......................................................................... — 3
1.5 Viscosité des laitiers .......................................................................... — 3
2. Modèles thermodynamiques des laitiers ................................... — 4
2.1 Fonction stabilité des laitiers ............................................................. — 4
2.2 Modèles polymériques ....................................................................... — 5
2.3 Modèle quasi-chimique ...................................................................... — 5
2.4 Modèle cellulaire ................................................................................ — 5
2.5 Modèle régulier .................................................................................. — 6
2.6 Modèle ionique .................................................................................. — 6
3. Équilibres métal-laitier .................................................................. — 8
3.1 Coefficients de partage ...................................................................... — 8
3.2 Capacité en soufre ............................................................................. — 8
3.3 Capacité en azote ............................................................................... — 9
3.4 Capacité en phosphore ...................................................................... — 9
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. M 7 222
95
Référence Internet
M7222
1. Laitiers sidérurgiques compilés dans la série « Phase Diagrams for Ceramists » (14 volumes
publiés par l’« American Ceramic Society » entre 1964 et 2008).
Les isothermes tracées sur les diagrammes sont les projections
du liquidus. Aux températures supérieures à celles du liquidus,
1.1 Composition aucun solide ne peut être stable. Les domaines, dont les limites
sont indiquées en traits gras (figure 1) sont les « domaines de cris-
Dans ce qui suit, nous nous intéresserons essentiellement aux tallisation primaire ».
mélanges d’oxydes liquides (laitiers) ou solides (réfractaires). D’un
point de vue chimique, les laitiers sont essentiellement constitués & Si la composition d’un liquide se situe dans le domaine de cris-
de silice, d’alumine et de chaux. Les éléments minoritaires jouent tallisation primaire de la gehlénite, cela signifie que la première
un rôle important dans les réactions d’échange entre métal et lai- phase solide à cristalliser au refroidissement sera la gehlénite.
tier. La fluorine (CaF2) est parfois ajoutée comme fondant. La com- & Si le point représentatif d’un composé défini se trouve dans son
position des réfractaires est plus variée, puisqu’ils peuvent être domaine de cristallisation primaire, cela signifie que ce composé a
aussi à base chrome ou de magnésie. une fusion congruente, autrement dit, à la fusion, liquide et solide
Un laitier sidérurgique est blanc et ne contient, en principe, pas ont la même composition.
de fer. Dans l’élaboration des métaux non ferreux, les laitiers, qui
& Si le point représentatif d’un composé défini se trouve hors de
peuvent contenir du fer, sont noirs et l’on parle plutôt de scories.
Les mattes sont un mélange de sulfures fondus, que l’on rencontre son domaine de cristallisation primaire, la fusion est incongruente :
dans la métallurgie du cuivre, et qui forment une phase liquide dis- le solide se décompose à la fusion avec formation d’un liquide dont
tincte des scories. la composition diffère de celle du solide initial.
SiO2
A = Al2O3
95 C = CaO
M = MnO
90
SiO2 S = SiO2
85 An = ACO2 (anorthite)
Ge = AC2S (gehlenite)
80
CS An
CS
75An A3S2
C3S2
70
C2S
Ge
C3S 65 A3S2
C2S CA6
60
Ge
CaO Al2O3
55 CA2
CaO CA Al2O3
b 50 a
C3A CA CA2 CA6
5
5
45 C12A7
10
CA2
10
15
15
CA CA6
20
40
20
30
C2S 35
30
35
35
C3S2
40
30
40
AM
AM
45
45
CS (Mn, Cm) O
50
C2S 25
50
55
55
bCS A2S2
60
20
60
65
AM
65
C3S2 AM3S5
70
15
70
AM3S3
75
75
aCS
80
10
80
85
SiO2
85
MnO
90
5
90
95
MS
A C B
SiO2 MS M2S M2S MS SiO2
MnO
Figure 1 – Projection du liquidus relatif aux quatre systèmes ternaires constituant le quaternaire Al2O3-CaO-MnO-SiO2
96
Référence Internet
M7222
(Ba, Sr, Ca, Mg), les oxydes trivalents de terres rares, les oxydes en donnant des structures complexes conformément aux
des métaux de transition de faible degré d’oxydation (Mn2+, Fe2+, équilibres :
Ni2+) sont des oxydes basiques ;
– un acide est une particule qui accepte des ions O2-. Exemple : 2 SiO44 − Si2O67 − + O2−
SiO2 + 2 O2- Æ (SiO4)4- P2O5, SiO2, CO2, SO3, les oxydes des Si2O67 − + SiO44 − Si3O10
8 − + O2 −
métaux des colonnes IV (TiO2, ZrO2, HfO2) et V (V2O5, Nb2O5,
Ta2O5), les oxydes des métaux de transition de degré d’oxydation Les chaı̂nes silicatées peuvent être linéaires ou ramifiées, et ont
élevé (Cr3+, Fe3+) sont des oxydes acides ;
pour formule générale Sin O3n( +1 ) , la neutralité électrique étant
2 n +1 −
– Al2O3, ZnO sont des oxydes amphotères. Ils se comportent
comme des oxydes acides en milieu basique : Al2O3 + O2- Æ 2 AlO2-. assurée par les cations. La silice pure forme un réseau tridimen-
Et comme des bases en milieu acide : Al2O3 Æ 2 Al3+ + 3 O2- ; sionnel de chaı̂nes –Si–O–Si–O–.
– CaF2, mélange d’un acide faible (Ca2+) et d’une base faible (F-), À l’état liquide et en l’absence de cations libres, ces chaı̂nes rou-
n’a qu’une faible influence sur l’acidité ou la basicité d’un laitier. lent très difficilement sur elles-mêmes, d’où une viscosité très éle-
& Indices de basicité vée. Au refroidissement, la transition liquide Æ solide, qui implique
une remise en ordre, est très difficile. La silice reste liquide, mais sa
Il existe plusieurs indices de basicité. Le plus simple, souvent viscosité augmente au fur et à mesure que la température descend.
référé comme l’indice de Tuliani est défini par :
La présence d’eau dans la silice rompt les liaisons conformément
i = ∑ (oxydes basiques) ∑ (oxydes acides) (rapport massique) au schéma :
4
force entre les bases et les acides. En première approximation, on
considère que :
−Si − O − Si − O − + CaO → −Si − O− + Ca2+ + − O − Si − O −
i ⬍ 1 ⇒ laitier acide
La viscosité du laitier diminue jusqu’à ce que le rapport molaire
l ⬍ i ⬍ 1,2 ⇒ laitier neutre
Ca/Si devienne égal à 2, ce qui correspond à la formation du silicate
i ⬎ 1,2 ⇒ laitier basique dicalcique :
L’indice i donne une idée rapide de la basicité d’un laitier. Il existe SiO2 + 2 Ca2+ + 2 O2− → Ca2SiO4
un indice plus réaliste, mais dont le calcul est moins immédiat, l’in-
dice optique de basicité [26]. La viscosité ne varie guère lorsque Ca/Si > 2. Mais, la chaux
& Basicité optique solide dont le point de fusion est à 2 613 C commence à précipiter.
Les laitiers de haut-fourneau contiennent environ 10 masse %
Cet indice, L, directement lié aux propriétés thermodynamiques d’alumine et un rapport CaO/SiO2 de l’ordre de 1, ce qui leur assure
des laitiers [23], [39], est défini par : une faible viscosité tout en restant liquide au-dessous de 1 600 C.
Les laitiers d’affinage peuvent être acides ou basiques.
(
Λ = ∑ i f Miz
+
) / ⎡⎣1,36 ( χi − 0,26)⎤⎦ Dans un laitier, l’alumine peut se présenter sous forme de Al3+
(milieu acide), AlO+ ou AlO2- (milieu basique). Sous forme d’alumi-
Par convention, L = 1 pour CaO. Les paramètres ont donc été nate, il remplace le silicium dans son tétraèdre d’oxygène.
ajustés en conséquence.
avec f Miz( +
) fraction de charge portée par l’oxygène (f = 0
1.5 Viscosité des laitiers
pour SiO2, f = 1 pour CaO),
ci électronégativité de Pauling. La viscosité que nous utiliserons est la viscosité dynamique h,
qui s’exprime en Pa.s et représente la résistance au glissement du
ci varie de 0,7 pour l’élément le plus électropositif (Cs) à 4,0 pour laitier dans un capillaire.
l’élément le plus électronégatif (F). Quelques basicités optiques cal-
La poise est une ancienne unité cgs de viscosité (1 Po = 0,1 Pa.s) que
culées par cette relation [25], [71], [86] données au tableau 1 pré-
l’on rencontre encore, mais dont l’usage est fortement déconseillé.
sentent un classement réaliste des oxydes par ordre de basicité
optique décroissante. En divisant la viscosité dynamique par la masse volumique, on
obtient la viscosité cinématique, n = h / r, qui est une diffusivité et
s’exprime en m2.s-1.
1.4 Structure des laitiers La viscosité dynamique varie avec la température conformément
à l’équation proposée par Riboud :
La structure d’un laitier est beaucoup plus complexe que celle
d’un métal, car la particule de base est l’ion SiO4−
4 (un atome de Si η = A T exp (B/T )
enfermé dans un tétraèdre de 4 oxygènes) qui peut se polymériser
1,40 1,15 1,10 1,00 1,00 1,15 0,94 0,86 0,84 0,82
MgO Fe2O3 Cr2O3 Al2O3 TiO2 Fe2O3 SiO2 B2O3 P2O5 H2O
0,78 0,73 0,70 0,61 0,55 0,51 0,48 0,42 0,40 0,40
97
4
98
Référence Internet
M1726
Données thermochimiques
nécessaires aux bilans thermiques
4
1. Enthalpie des corps purs ....................................................................... M 1 726 - 4
1.1 Variation d’enthalpie des corps entre 25 oC et diverses températures... — 4
1.2 Enthalpie de transformation des corps purs ............................................. — 9
2. Enthalpie de formation des composés à diverses
températures ............................................................................................. — 13
2.1 Formation à partir des éléments ................................................................ — 13
2.2 Formation à partir des oxydes.................................................................... — 15
3. Enthalpie de dissolution des éléments dans le fer liquide .......... — 16
∞
3.1 Enthalpie partielle de dissolution à dilution infinie ∆ H i ........................ — 16
j
3.2 Paramètres d’interaction enthalpiques du 1er ordre h i .......................... — 16
j
3.3 Paramètres d’interaction enthalpiques du second ordre ᐉ i ................... — 17
3.4 Formule de calcul ........................................................................................ — 17
4. Enthalpie de quelques corps industriels ........................................... — 18
4.1 Enthalpie des laitiers ................................................................................... — 18
4.1.1 Enthalpie de laitiers solides entièrement cristallisés et de
composés définis entre oxydes ......................................................... — 18
4.1.2 Enthalpie des laitiers entièrement liquides ...................................... — 18
4.2 Chaleur de combustion de quelques combustibles industriels............... — 19
4.2.1 Combustibles gazeux ......................................................................... — 19
4.2.2 Combustibles solides et liquides....................................................... — 20
4.3 Données thermochimiques relatives au coke métallurgique .................. — 20
4.3.1 Capacité thermique massique du coke............................................. — 20
4.3.2 Variation d’enthalpie des réactions mettant en jeu le coke............. — 21
4.4 Enthalpie de la fonte.................................................................................... — 22
4.4.1 Variation d’enthalpie de la fonte entre deux températures où elle
est entièrement liquide ...................................................................... — 22
4.4.2 Variation d’enthalpie de la fonte entre la température ambiante et
une température où elle est liquide .................................................. — 22
5. Exemples d’utilisation des données ................................................... — 23
5.1 Combustion du phosphore dissous dans une fonte................................. — 23
5.2 Combustion du carbone dissous dans un alliage fer-chrome ................. — 23
Références bibliographiques ......................................................................... — 25
Parution : octobre 1980
99
Référence Internet
M1726
100
Référence Internet
M1726
Dans le cas des gaz, le fait de rapporter les enthalpies à l’unité de masse per-
met d’éviter, à ce stade des calculs, les problèmes de volume massique des gaz
réels dans les conditions normales (t = 0 oC, p = 1,013 bar).
À haute température, lorsque les gaz se rapprochent suffisamment de l’idéa-
lité, leur volume peut être calculé simplement, connaissant le volume molaire
Vmol des gaz :
Vmol = 0,022 414 m3/mol
D’où le volume V (m3) d’une masse M de gaz parfait (masse molaire Mmol ) à la
température t ( oC) sous la pression p (bar) :
M t + 273,15 1,013
V = 0,022 414 ⋅ --------------- ⋅ ---------------------------- ⋅ ----------------
M mol 273,15 p
M et Mmol étant exprimées dans la même unité.
Les tableaux 4 et 17 ont été cependant ajoutés, en rapportant l’enthalpie au
volume de gaz mesuré dans les conditions normales pour un petit nombre de
corps stables à l’état gazeux dans les conditions normales.
La définition de l’enthalpie et les rappels théoriques concernant en particulier
le premier principe de la thermodynamique sont présentés dans les articles de la
rubrique Thermodynamique du traité Sciences fondamentales et dans l’article
Formalisme et principes de la thermodynamique [AF 4 040] du même traité.
4
Convention de signe : rappelons la convention de signe qui découle du
choix, fait ici, de la variation d’enthalpie du système pour exprimer les variations
d’énergie se produisant au cours des transformations : la variation d’énergie est
comptée positivement quand le système a reçu de l’énergie pour passer de l’état
1 à l’état 2 (∆H est positif pour une réaction endothermique).
Conventions d’écriture : dans tout le texte, H désigne la fonction enthalpie
du corps considéré. Le symbole o indique que le corps se trouve dans son état
standard défini dans l’article Équilibres thermodynamiques dans l’élaboration
de la fonte et de l’acier [M 1 730]. Un astérisque (*), ou un renvoi, signale les
exceptions : les corps considérés sont dans un état métastable ou un état fictif
choisi pour la commodité des calculs. ∆H o désigne la variation d’enthalpie au
cours d’une réaction, réactifs et produits se trouvant dans leur état standard.
Dans tous les tableaux, sauf 3 à 6 et 16 à 18, les valeurs d’enthalpie à la tem-
pérature t sont écrites en caractères romains lorsque le corps étudié est solide.
Elles sont écrites en italique entre crochets lorsqu’il se trouve à l’état liquide, en
caractère demi-gras lorsqu’il est à l’état gazeux. Les données concernant les
changements d’état sont rassemblées dans les tableaux 12, 13 et 14.
101
Référence Internet
M1726
(0)
Tableau 1 – Variation d’enthalpie des éléments entre 25 oC et diverses températures (1) (2)
0 0
Mmol H t –H 25 (MJ/kg) à la température t (oC)
Élément
(g) 500 600 700 800 900 1 000 1 100 1 200 1 300 1 400 1 500 1 600 1 700
Al 26,982 0,482 0,598 [1,116] [1,233] [1,351] [1,469] [1,586] [1,704] [1,822] [1,939] [2,057] [2,174] [2,292]
As (3) 74,922 0,166 0,203 0,230 0,258 0,286 0,313 0,341
B 10,811 0,829 1,047 1,272 1,504 1,742 1,986 2,236 2,491 2,752 3,018 3,290 3,567 3,850
Ba 137,34 0,136 0,164 0,193 [0,282] [0,312] [0,342] [0,371] [0,399] [0,428] [0,456] [0,484] [0,512] [0,541]
C 12,011 0,594 0,761 0,935 1,116 1,302 1,492 1,685 1,881 2,079 2,278 2,480 2,682 2,885
Ca 40,08 0,352 0,439 0,532 0,631 [0,930] [1,005] [1,080] [1,155] [1,230] [1,305] 5,238 5,290 5,343
4
Ce 140,12 0,103 0,127 0,153 [0,241] [0,268] [0,294] [0,321] [0,348] [0,375] [0,402] [0,429] [0,456] [0,483]
Co 58,933 0,238 0,294 0,353 0,417 0,486 0,562 0,647 0,723 0,789 0,854 [1,193] [1,262] [1,331]
Cr 51,996 0,245 0,302 0,361 0,423 0,488 0,557 0,629 0,705 0,785 0,870 0,958 1,051 1,148
Cu 63,546 0,196 0,240 0,285 0,330 0,375 0,421 [0,677] [0,727] [0,776] [0,826] [0,875] [0,924] [0,974]
Fe 55,847 0,260 0,330 0,410 0,514 0,594 0,673 0,735 0,800 0,865 0,948 1,023 [1,350] [1,432]
K 39,102 [0,431] [0,507] [0,584] 2,694 2,747 2,801 2,854 2,907 2,960 3,014 3,067 3,120 3,174
La 138,910 0,098 0,120 0,143 0,167 0,216 [0,286] [0,311] [0,335] [0,360] [0,385] [0,410] [0,434] [0,459]
Mg 24,305 0,543 0,673 [1,175] [1,311] [1,452] [1,598] [1,748] 7,087 7,172 7,258 7,343 7,429 7,514
Mn 54,938 0,265 0,329 0,396 0,505 0,574 0,645 0,755 0,871 [1,174] [1,258] [1,342] [1,425] [1,509]
Mo 95,94 0,128 0,156 0,185 0,215 0,245 0,276 0,308 0,340 0,374 0,408 0,443 0,479 0,515
Na 22,990 [0,734] [0,859] [0,985] [1,111] 5,430 5,520 5,610 5,701 5,791 5,881 5,972 6,062 6,153
Nb 92,906 0,133 0,162 0,192 0,222 0,253 0,284 0,316 0,348 0,380 0,413 0,447 0,481 0,517
Ni 58,71 0,248 0,301 0,356 0,412 0,471 0,530 0,591 0,653 0,715 0,776 [1,141] [1,215] [1,288]
P(4) 30,974 3,149 3,208 3,267 3,327 3,387 3,447 3,507 3,567 3,627 3,688 3,748 3,809 3,870
Pb 207,19 [0,089] [0,104] [0,118] [0,132] [0,146] [0,160] [0,174] [0,188] [0,202] [0,216] [0,230] [0,244] [0,258]
S(5) 32,06 2,272 2,329 2,387 2,445 2,503 2,561 2,619 2,677 2,736 2,794 2,853 2,912 2,971
Si 28,086 0,397 0,489 0,583 0,677 0,773 0,870 0,968 1,067 1,166 1,267 [3,159] [3,250] [3,341]
Sn 118,69 [0,174] [0,198] [0,222] [0,246] [0,270] [0,294] [0,318] [0,342] [0,366] [0,390] [0,414] [0,438] [0,462]
Ti 47,90 0,275 0,338 0,404 0,472 0,628 0,690 0,753 0,818 0,884 0,952 1,022 1,094 [1,556]
V 50,94 0,252 0,309 0,367 0,426 0,487 0,550 0,615 0,681 0,750 0,821 0,894 0,970 1,048
W 183,85 0,066 0,081 0,096 0,110 0,126 0,141 0,156 0,172 0,188 0,204 0,220 0,236 0,253
Zn 65,37 [0,316] [0,364] [0,412] [0,460] [0,508] 2,305 2,337 2,369 2,400 2,432
Zr 91,22 0,147 0,182 0,218 0,255 0,334 0,366 0,398 0,431 0,464 0,498 0,532 0,567 0,602
o
(1) À 25 C, tous les corps sont solides sous leur forme stable. Cependant, pour les trois éléments As, P et S, comportant des renvois, les valeurs d’enthalpie sont
celles correspondant à haute température à une forme polymérisée du gaz.
(2) Les valeurs à la température t sont écrites en caractères normaux lorsque le corps étudié est solide ; elles sont en italique entre crochets lorsqu’il se trouve à
l’état liquide, en romain demi-gras lorsqu’il est à l’état gazeux.
(3) À 25 oC : Asα ; à partir de 603 oC : As4 gaz.
(4) À 25 oC : P rouge ; à partir de 431 oC : P2 gaz.
(5) À 25 oC : Sα ; à partir de 445 oC : S2 gaz.
(0)
(0)
102
Référence Internet
M1726
4
Si
liq. 28,086 ........... ........... ........... ........... ............. ............. ............. [2,704]* [2,795]* [2,886]* [2,977]* [3,068]* [3,159] [3,250] [3,341]
α 47,90 0,154 0,213 0,275 0,338 0,404 0,472 0,543* 0,616* 0,691* 0,769* 0,849* 0,931* 1,015* 1,102* 1,191*
Ti β 47,90 ........... ........... ........... 0,448* 0,507* 0,567* 0,628 0,690 0,753 0,818 0,884 0,952 1,022 1,094 1,166*
liq. 47,90 ........... ........... ........... ........... [0,856]* [0,916]* [0,977]* [1,039]* [1,110]* [1,185]* [1,259]* [1,333]* [1,407]* [1,482]* [1,556]
(1) L’état de référence à 25 oC est, dans tous les cas, la forme condensée stable à 25 oC (Cr, Feα , Mnα , Mo, Niα , Si, Tiα ). L’état à t oC est, suivant la ligne du tableau, la forme stable ou une forme
métastable ; dans ce dernier cas, la donnée est suivie d’un astérisque.
(2) Les valeurs sont écrites en italique entre crochets lorsque le corps étudié est liquide à la température t considérée ; il est solide dans les autres cas.
(3) D’après [5].
(1) Dans ce tableau, l’état de référence à 25 oC est l’état gazeux pour tous les corps. Lorsqu’est noté (gaz) à côté du symbole chimique, l’état gazeux n’est pas l’état
stable du corps à 25 oC sous p = 1,013 bar. Les données H t0 – H 025 , avec comme état de référence, à 25 oC, l’élément stable en phase condensée, se trouvent
dans le tableau 1. Les données permettant le passage H2Ogaz → H2Oliquide se trouvent dans le tableau 6.
103
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