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0. INTRODUCTION

0.1. LES OBJECTIFS DU COURS

Notons d’entrée de jeu que ce cours est d’ordre pratique. Il vise à


répondre à deux objectifs :

1er objectif : Etre capable de concevoir, de produire un projet de recherche théologique


valable, de l’exécuter méthodiquement, d’en rédiger et d’en exposer les
résultats selon les normes établies à cet effet.

2ème objectif : L’usage rationnel des instruments de travail indispensables en philologie


classique.

0.2. EXPLICATION DES TERMES

La gymnastique à la recherche scientifique est un exercice intellectuel


constant et exigeant. Pour ce faire, il faut être capable de concevoir, de produire un
travail qui soit scientifiquement crédible. Ceci dit, il faut du courage, de l’audace et
de l’inventivité.

En effet : - Concevoir, c’est savoir inventer, créer, déployer son flair, faire preuve de
l’imagination et de l’intuition.
- Produire, c’est savoir trouver des voies, issues pour concrétiser ses
intuitions et ses conceptions. En fait, c’est faire preuve de créativité.

Il convient de souligner que la réponse à ces objectifs s’atteste à travers un


travail scientifique que l’étudiant réalise de ses propres efforts.

0.3. QUELQUES DEFINITIONS

Le terme "méthodologie" signifie l’étude des méthodes propres à une


science, c’est – à – dire l’étude des méthodes scientifiques propres à une science.

Selon Lalande, on entend par méthode, un programme réglant d’avance une


suite d’opérations à accomplir et signalant certains errements à éviter en vue
d’atteindre un résultat déterminé.
2

Le Petit Robert définit la méthode comme l’ensemble des démarches que


poursuit l’esprit pour découvrir et démontrer la vérité dans les sciences ; ou encore
l’ensemble de règles, de principes normatifs sur lesquels reposent l’enseignement, la
pratique d’un art.

Méthode scientifique = "ensemble de procédés rationnels ayant pour but


l’établissement et la démonstration de la vérité"1.
« Par méthode, j’entends les règles certaines et faciles grâce auxquelles tous ceux qui
les observent exactement ne supposeront jamais vrai ce qui est faux, et parviendront
sans se fatiguer en efforts inutiles, mais en accroissant progressivement leur science, à
la connaissance de ce qu’ils peuvent atteindre »2.

Explicitons : Il s’agit d’un ensemble ordonné d’opérations que suit l’esprit humain en
vue d’un but bien déterminé, à savoir, découvrir la vérité, la démontrer et l’exposer.

Lalande précise que ces opérations sont réglées d’avance ; c’est – à – dire
avant de commencer la recherche, il faut avoir une idée précise de la manière dont on
va procéder. En accomplissant ces démarches, nous devons respecter les principes et
les normes qui nous permettent d’atteindre un but, et faire l’économie des erreurs.

Il est question ici d’une méthodologie générale. De nos jours, il est admis
que la théologie n’existe qu’au pluriel. Ce pluralisme résulte de la différence des
situations et des époques ; des spécialisations et de la diversité des méthodes. En
tenant compte de contexte, on peut distinguer actuellement, la théologie occidentale,
la théologie latino-américaine (théologie de la libération), la théologie noire-
américaine, la théologie africaine, la théologie asiatique.

Les spécialistes font remarquer que la méthode de la théologie de libération


par exemple, est plus socio-économique ; celle de la théologie africaine est plus à
dominance culturelle ; tandis qu’en Asie, c’est le dialogue inter-religieux qui tend à
s’imposer.

Pour nous limiter à un seul exemple, la méthode fondamentale de la


théologie latino-américaine consiste en 3 moments principaux :
1. La médiation socio-analytique, tournée vers le monde de l’opprimé. Elle
cherche à comprendre pourquoi l’opprimé est opprimé.

1
FOULQISIER, Dictionnaire de la langue philosophique, Paris, PUF, 1978
2
DESCARTES, Règles pour la direction de l’esprit
3

2. La médiation herméneutique, s’applique du côté du monde de Dieu. Elle


cherche à savoir quel est le plan de Dieu vis-à-vis du pauvre.
3. La médiation pratique, tournée vers l’action, tente de définir une ligne de
conduite à suivre pour surmonter l’oppression en accord avec le plan de Dieu.

Fort de cette méthode, l’on se demande : qu’est-ce que la théologie de la


libération ?

Pour conclure cette partie, nous nous sentons d’accord avec LONERGAN
que la méthode n’est pas un ensemble de règles que n’importe qui, voire un idiot,
n’aurait qu’à suivre méticuleusement. C’est plutôt un cadre destiné à favoriser la
créativité et la collaboration. La méthode met en relief les divers groupes d’opérations
que les théologiens doivent accomplir pour s’acquitter de leurs différentes tâches3.

La créativité c’est la capacité de créer, c’est – à – dire de réaliser un


assemblage original et utile des éléments préexistants. C’est l’art de combiner d’une
manière neuve des éléments ancien.

En général, une recherche se déroule en trois étapes majeures qui sont :


a) la collecte de la documentation,
b) l’exploitation de la documentation (traitement),
c) la rédaction.

Mais en pratique, avant d’entamer ces étapes, un travail préliminaire


s’impose. Il consiste dans le choix d’un sujet de recherche et l’élaboration du projet
de la stratégie de recherche (délimitation du sujet).

0.4. QUALITES DU CHERCHEUR

Pour acquérir une haute compétence, le chercheur débutant doit développer


en lui certaines qualités indispensables :
- l’esprit critique ;
- la rigueur et la précision ;
- le souci de la vérification ;
- la probité intellectuelle ;

L’ensemble de ces qualités témoigne de l’esprit scientifique.

3
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1. L’esprit critique

L’esprit critique comprend deux aspects dont l’un par rapport à soi-même
et l’autre par rapport aux autres.

a. Par rapport à soi-même : l’esprit critique, c’est l’attitude qui consiste à revenir
constamment sur ses propres affirmations pour en vérifier le fondement,
l’exactitude. A cet effet, je me pose moi-même des questions telles que :
- Est – ce que j’ai raison de penser ce que je pense ?
- Ai-je des arguments pour affirmer ce que j’affirme ?
b. Par rapport à autrui : En plus du contrôle rigoureux sur mes propres
affirmations, l’esprit critique m’amène aussi à un contrôle sévère des
affirmations d’autrui. L’esprit critique interdit de s’éprendre (tomber amoureux)
d’un auteur, de professer pour lui une admiration naïve, de lui vouer une
confiance sans borne. Il faut éviter à la fois une attitude hypercritique et une
attitude de crédulité naïve.

L’étudiant doit faire preuve du discernement et apprécier objectivement la


valeur d’un auteur, reconnaître l’école à laquelle il se rattache ; le classer parmi ses
pairs, ses égaux ; porter sur sa doctrine et sur son œuvre un jugement nuancé, marqué
de maturité intellectuelle. Dans le travail scientifique, ce sont des arguments et des
preuves qui comptent. L’amitié, le fanatisme doivent être mis de côté. Aristote disait à
cet effet : "amicus Plato, sed magis amica veritas", Platon est mon ami, mais la vérité
l’est davantage.

2. La rigueur et la précision

L’étudiant aura en outre le culte de la précision et de la rigueur. Il se gardera


des expressions vagues, de l’à-peu-près, des généralités banales. Le travail scientifique
est le fruit de l’étude prolongée, de la réflexion, de la plus scrupuleuse exactitude.
La persévérance et la ténacité sont des qualités nécessaires à quiconque veut découvrir
la vérité. La rigueur exige que l’on n’affirme rien, que l’on ne déclare rien qui ne soit
directement démontré selon les exigences de l’objet. Elle bannit aussi la superficialité.
Comme le note si bien CARRIERE, "Rejeter le superficiel c’est se libérer,
s’affranchir de jugement de la masse"4.

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5

Le désir de perfection, la recherche de l’excellence devront animer tout


chercheur sans toutefois le paralyser. L’on se conviendra avec SHEVENELL qu’une
science sans précision n’a l’apparence de lumière que dans le monde obscur des
ignorants.

3. Le souci de la vérification

La science actuelle exige constamment des preuves. C’est pourquoi nous


devons avoir soin d’étayer nos affirmations et de donner toujours nos références. Tout
en vérifiant nos propres citations nous veillons en même temps à nous assurer de
l’exactitude des ouvrages de références utilisés.

4. La probité intellectuelle

La probité ou l’honnêteté scientifique est une qualité absolument


indispensable. Par souci d’honnêteté intellectuelle, nous devons avoir un grand souci
de la vérité et l’estimer au-dessus de tout. Le chercheur ne dit que la stricte vérité
d’après les documents en sa possession. Il se garde soigneusement d’ajouter ou de
retrancher au texte quoi que ce soit. Ici, au nom de la probité intellectuelle, il faut
éviter aussi toute forme de tricherie, de plagiat et de reprendre d’un auteur une
page, une phrase sans le citer.

L’article 33 (34) du règlement d’ordre intérieur de l’ISTP stipule :


"Toute tricherie (plagiat) : copiage, translittération ou transcription sans citation du
texte d’un auteur ou d’un(e) étudiant(e) ; malhonnêteté : fourberie envers les autorités
académiques, fraude ou déloyauté ; soufflement : chuchotement, suggestion à une
épreuve orale, à l’examen, interrogation ou travail personnel, entraîne le renvoi
immédiat de l’ISTP de tous les étudiants et étudiantes impliqués dans le cas de
tricherie".

5. La qualité de la vie

Les 4 qualités énumérées ci-dessus sont indispensables à tout savant, à tout


chercheur quelle soit sa discipline. Pour ceux qui pratiquent la théologie, une
cinquième qualité s’impose. Il s’agit de la qualité de la vie personnelle, de l’honnêteté
de vie et de l’intégrité. A ce sujet, Yves CONGAR écrit :
"Mais la charité et le goût d’une certaine expérience personnelle des choses de Dieu
sont nécessaires surtout pour que les théologiens traitent les mystères et parlent d’eux
6

de la manière qu’il convient. Il conviendrait donc que les théologiens mènent une vie
pure, sainte, mortifiée, priante"5
Ex. Saint Augustin

0.5. Plan du cours

Chapitre I. Les étapes d’un projet de recherche


I.1. Le choix du sujet et l’élaboration d’une stratégie de recherche
I.2. La collecte de la documentation
I.3. Le traitement (dépouillement) de la documentation
I.4. La rédaction
Chapitre II. La présentation matérielle des résultats
Chapitre III. Les instruments de travail (livres)

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7

Chapitre premier
LES ETAPES D’UN PROJET DE RECHERCHE

I.1. LE CHOIX DU SUJET ET L’ELABORATION DU PROJET DE


RECHERCHE

I.1.1. Choix du sujet de recherche

Il est important de bien choisir le sujet sur lequel on veut mener ses
recherches. La réussite dépend en grande partie de ce choix. C’est pourquoi il ne doit
être fait ni à la légère ni au hasard. En effet, un choix rationnel doit tenir compte des
critères suivants :
1. La conformité du sujet aux intérêts, aux goûts et aux préoccupations du
chercheur. Le sujet répond – il aux attentes de la société laquelle je vis ? Il est
déconseillé de retenir un sujet qui n’est utile ni pour soi-même, ni pour l’église
locale, ni pour sa congrégation.
2. La compétence du chercheur et ses connaissances antérieures sur le sujet,
3. La documentation disponible et accessible dans la ville où l’on se trouve
4. il faut tenir compte du temps disponible,
5. il faut un directeur qui accepte de diriger votre travail sur le sujet choisi,
6. il faut choisir un sujet théologique, c’est – à – dire qui concerne un point
fondamental de la confession de foi.

I.1.2. Délimitation du sujet

Le sujet de recherche une fois choisi, doit être bien circonscrit, bien
délimité. Par exemple, il peut être nécessaire de déterminer une tranche de temps
(1990 – 2000). Il peut porter sur un espace géographique, sur une population cible,
sur un théologien précis, ou sur un thème. On évitera dans la mesure du possible des
sujets très vastes. Un sujet tel que "Inculturation en Afrique" est très vaste. Il faut
préciser de quel pays, de quelle Eglise locale il s’agit, parfois un diocèse…

La recherche en vue d’un mémoire peut porter sur l’étude d’un livre d’un
théologien. Pour cela, on a besoin d’une bibliographie sélective.

I.1.3. Elaboration d’une stratégie de recherche

Avant de commencer une recherche, le chercheur est tenu d’élaborer une


stratégie de recherche. C’est – à – dire le chercheur devra savoir mettre par écrit ce
qu’il cherche ou ce qu’il veut chercher ; indiquer comment le trouver, avoir une idée
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préalable des problèmes ou des obstacles qu’il rencontrera, et des moyens pour les
surmonter.

Dans sa stratégie de recherche, l’étudiant précise ses ambitions, il formule


clairement la question qui l’intéresse, détermine ses objectifs principaux et
secondaires, contextualise son projet par rapport à l’état d’avancement des travaux
dans son domaine ; fixe des limites qu’il assigne à son projet ; procède aux
définitions nécessaires ; indique l’espace pertinent de son argumentation et les
précautions à prendre pour juger de ses conclusions. (Cfr Coffre à outils p. 174).

L’élaboration d’une stratégie de recherche exige une grande cohérence


dans la mise en forme de son propos. Cet exercice comprend les composantes
suivantes :
1. un sujet bien cerné et délimité ;
2. un objectif de recherche ;
3. une problématique ;
4. une hypothèse ;
5. une méthodologie ;
6. une indication auto-critique des limites (points faibles) de l’étude ;
7. les grandes étapes ou le plan de démonstration ;
8. une bibliographie exploratoire.
Ex. la thèse du P. MUBESALA

a) Un problème intellectuel bien cerné

Il s’agit pour le chercheur d’identifier le problème intellectuel auquel il


s’investit. C’est – à – dire montrer comment un sujet de recherche est un problème
à résoudre. C’est aussi expliciter le champ de discussions par rapport auquel on veut
fondamentalement situer l’enquête empirique.

b) Une délimitation du projet d’étude par rapport aux travaux existants

Ici, le chercheur se préoccupera de répondre aux questions suivantes :


- Qu’ont fait les autres sur le même sujet, que puis-je faire maintenant ?
- Dans quelle mesure mon sujet pourrait-il faire avancer le débat ?

Répondre à ces questions suppose dans le chef du chercheur une certaine


connaissance de l’ensemble des travaux publiés sur son objet d’étude. A cet effet, le
chercheur consulte les bibliographies existantes. Le contenu de cette partie constitue
9

ce qu’on appelle état de la question. Cette partie n’est pas nécessaire dans un travail
pour un mémoire de graduat.

c) Un objectif de recherche

Le chercheur doit énoncer de façon claire l’objectif principal qu’il


poursuit et qui donne sens à tous les autres objectifs. Ceci est une façon d’orienter la
recherche dans une direction précise.

Ex. KABASELE Lumbala dans son livre, Symbolique bantu et symbolique


chrétienne. Rencontre dans la liturgie, Kinshasa, Filles de St Paul, 1990, p.29,
énonce l’objectif principal de son œuvre en ces termes :
"Il ne s’agira pas d’adapter la symbolique africaine au christianisme, ni d’adapter le
christianisme à la symbolique africaine ; il s’agira de découvrir comment la
symbolique africaine, en tant que valeur humaine retrouve sa place dans le
christianisme comme lieu où tout ce qui est humain retrouve sa plénitude".

d) Une problématique ou un questionnement éclairant

Elaborer un projet de recherche, c’est aussi décider d’interroger un objet


d’étude, un sujet à partir d’une série cohérente de questions. L’élaboration d’un
questionnement doit se faire normalement en étroite relation avec l’étude des travaux
existants. Elle détermine l’angle d’approche du sujet ; la perspective dans laquelle on
veut étudier le sujet. Elle spécifie enfin les aspects privilégiés par le chercheur.

Selon les auteurs de "l’art de la thèse", l’élaboration de la problématique


consiste dans le choix d’une question principale, qui doit être cruciale, essentielle,
centrale par rapport au sujet choisi Cf. p.48
"Pour être théologique, une problématique doit toucher à un point fort de la
profession de foi et en même temps être perçue comme une question réelle pour
l’intelligence". Lire à propos, Gaudium et Spes, n°33, 1-2 (il s’agit de l’activité
humaine dans l’univers).

e) Une hypothèse opérationnelle ou opératoire

Dans son projet de recherche, le chercheur mentionne habituellement


l’hypothèse qu’il propose comme réponse à la question principale de sa
problématique. En effet, l’hypothèse, c’est la réponse anticipée, plausible ou
vraisemblable à la question principale. Une hypothèse est opérationnelle dans la
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mesure où elle est utilisable pour la poursuite de la recherche ; dans la mesure où elle
constitue un ensemble cohérent et rationnel de propositions qui indiquent clairement
ce qu’on doit vérifier.
Lire à propos TAVARD G., La théologie parmi les sciences humaines, Paris,
Beauchesne, 1975, p.43 – 48.

f) Une méthodologie

Elaborer une stratégie de recherche suppose que le chercheur sait


anticiper, reconnaître et résoudre les principaux obstacles susceptibles de naître dans le
cours du travail. En d’autres termes, le chercheur doit pouvoir chercher à répondre
aux questions suivantes :
- Comment m’y prendre ?
- Quel moyen, quelle stratégie utiliser pour vérifier l’hypothèse qui est à
l’origine de ma recherche ?
- Quels seraient les meilleurs moyens de faire avancer le débat dans ce
domaine précis de recherche ?
- Comment contourner les obstacles, les problèmes particuliers posés par
l’étude de mon sujet ? En réponse à ces questions, le chercheur définit
alors sa méthodologie.

g) Indication des limites (les points faibles de l’étude)

Elaborer une stratégie de recherche suppose que le chercheur est conscient


de ses choix, de ce qu’il fait, des points forts et des points faibles de son travail.
Cela exige de discerner lucidement la portée ou la valeur effective de son analyse et
de ses conclusions. Dans un souci d’esprit critique, il montre qu’il connaît la valeur
de son travail, de ses conclusions et leurs limites.

h) Les grandes étapes du plan

Elaborer une stratégie de recherche suppose que le chercheur a une


vision lucide des principales étapes de son projet. Il s’agit des étapes de la réalisation
du projet en relation avec un calendrier. Il ne s’agit pas de différentes parties ou
chapitres du travail, mais des étapes de la réalisation de la recherche. Cf. BEAUD,
L’art de la thèse.

i) Une bibliographie sélective

Il est recommandé d’ajouter à sa stratégie de recherche une liste indiquant


les principales sources, les livres et les articles qui seront utilisés.
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CONCLUSION

Les éléments les plus indispensables d’un projet de recherche sont le sujet,
les objectifs et la position du problème qui comprend la problématique, l’hypothèse
et la méthodologie. La cohérence, c’est – à – dire un lien logique entre toutes les
composantes, est absolument nécessaire. Il faut une relation entre le sujet, l’objectif, la
problématique, l’hypothèse et la méthodologie.

Pour un mémoire de graduat, un projet peut contenir 5 à 10 pages, pour une


thèse de doctorat 10 à 20 pages. Exemple d’un projet d’étudiant.

I.2. COLLECTE DE LA DOCUMENTATION

Après avoir choisi son sujet et formulé son projet de recherche, le chercheur
soumet celui-ci à son directeur pour discussion et approbation. Si le directeur
approuve le projet, le chercheur peut alors procéder à la collecte de la
documentations ; c’est – à – dire, il rassemble les publications (livres, périodiques,
brochures, tiré à part) qui permettront de résoudre le problème posé.
Comment trouver les documents dans une bibliothèque ? Comment se documenter ?

I.2.1. Démarche méthodique pour trouver la documentation dans une


bibliothèque

1) Il faut savoir consulter les catalogues d’une bibliothèque. Le catalogue est la


liste ordonnée des livres de la bibliothèque. Il peut se présenter sous forme de
fiches cartonnées, microfiches ; il peut aussi être accessible par ordinateur. En
principe, chaque bibliothèque comporte trois sortes de catalogue :
a. Le catalogue d’auteurs : classe les livres en tenant compte de l’ordre
alphabétique des noms d’auteurs. Il s’agit de noms de famille.
b. Le catalogue des titres : énumère les titres exacts des documents
indiqués sur la page des titres.
c. Le catalogue des sujets : regroupe les fiches de toutes les publications
portant sur le même thème ou le même sujet. Par exemple le thème de :
la sagesse, la christologie…
L’utilisation du catalogue des sujets est souvent facilitée par le répertoire
de vedettes – matières. Ce dernier regroupe en ordre alphabétique tous les mots-clés
ou le groupe des mots-clés sur lesquels une bibliothèque possède des documents. Le
catalogue sujet reste un des instruments bibliographiques les plus utiles au début
d’une recherche.
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RECHERCHE DOCUMENTAIRE INFORMATISEE

En plus des catalogues sur les fiches cartonnées et sur les microfiches, les
bibliothèques modernes ont des catalogues informatisés.

2) Savoir consulter les dictionnaires, encyclopédies, guides bibliographiques.


Pour les consulter, il faut voir les catalogues sujets. Dans notre cas, nous
allons nous référer aux instruments du travail tiré de DORE Joseph (sous la dir.
de), Introduction à l’étude de la théologie, III, Paris Desclée, 1992, 476p.

La consultation de tous ces instruments permet au chercheur de se


renseigner suffisamment sur le sujet de sa recherche.

L’article de l’encyclopédie ou du Dictionnaire scientifique est accompagné


d’une liste d’ouvrages ou d’une courte bibliographie. L’étudiant devra prêter attention
aux renvois ou corrélats qui permettent de connaître d’autres matières.

Le guide bibliographique ou guide de recherche signale les publications


ayant trait à une discipline. Celui – ci peut être un livre, mais qui comporte les titres
des ouvrages sur une matière. Il s’agit de manuels dans lesquels on trouve les
publications d’autres ouvrages.
Ex. MBIYE, "Théologie africaine. Bibliographie sélective", in R.A.T., n°13, 1983,
p.129-144.

Les lacunes de guides bibliographiques, c’est qu’ils ne disent rien sur la


valeur scientifique des ouvrages qu’ils énumèrent. Pour connaître la valeur d’un
ouvrage, il faut lire sa recension ou compte rendu critique publié dans les revues
savantes.

Comment profiter au maximum ?

- Lire le mode d’emploi (indiqué dans l’introduction, parfois aussi dans la


préface) ;
- Effectuer un survol de l’instrument ; ce survol consiste à identifier les
auteurs et les organismes ; à examiner les éléments constitutifs de
l’ouvrage (préface, introduction, table des matières détaillée, les annexes,
listes d’abréviations) ; voir aussi certaines parties précises de l’ouvrage (la
nature des indexes, mise à jour du contenu, réédition).
- Mettre le temps nécessaire pour apprivoiser les documents ;
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- Savoir choisir des bons documents.

Après avoir rassemblé un certain nombre de publications, il s’avère


important de choisir les livres qui seront effectivement utilisés pour mener à terme
votre recherche. Le problème se pose en ces termes : le chercheur ou l’étudiant ne
saura pas lire tous ces documents, faute de temps. Mais il ne pourra pas non plus
choisir arbitrairement tous les ouvrages à lire.

D’où la question : Comment choisir les bons ouvrages ?

1. Une observation minutieuse du volume est indispensable,


2. Chercher les comptes-rendus ou les recensions dont l’ouvrage a fait l’objet ;
Recourir au compte-rendu est nécessaire pour les recherches de longue haleine.
Mais où trouver ce compte-rendu ? On le trouve dans les revues scientifiques. Par
ex. Nouvelle revue théologique de Louvain. Il y a aussi des répertoires des
comptes-rendus (Book review index).
3. Le choix du livre sera guidé par un unique principe : proportionner la
documentation au but qui lui est assigné, au produit à confectionner.

Pour proportionner la documentation au but, il faut tenir compte de la


diversité des documents. C’est – à – dire :
- Les sources , qui sont les textes dans leur étape originale. Par exemple le
texte biblique en hébreu ou en grec, les écrits des pères de l’Eglise dans les
meilleures éditions critiques, les documents conciliaires ;
- Les travaux de première main : ce sont des travaux réalisés à partir de la
source ou des écrits originaux ;
- Les travaux de seconde main : élaborent leur matière en s’appuyant sur les
travaux dits de première main ;
- L’ouvrage scientifique, décrit, analyse et compare le fait, présente le
résultat, cite ses sources et les critique, justifie toute information. Il
apporte une nouveauté ;
- Le manuel résume les connaissances dans une science, il s’adresse à des
étudiants et se veut pédagogique. Il ne propose pas des résultats
nouveaux ;
- Le traité, rend compte d’un domaine déterminé de connaissances d’une
manière aussi complète que possible ;
- La monographie, est une étude poussée et complète d’un sujet restreint.
Ex. Faire la monographie d’une paroisse ;
- L’essai, traite d’une question sans l’épuiser.
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Après le choix des bons ouvrages, vient l’exploitation de la documentation


amassée. Il s’agit de lire ses livres pour répondre aux questions que l’on se pose.

I.3. TRAITEMENT OU EXPLOITATION DE LA DOCUMENTATION

Tout en lisant les instruments du travail et les différents livres


d’informations, le chercheur prend des notes ; c’est – à – dire des renseignements, des
informations utiles à la solution de son problème. Pour prendre notes, il faut savoir
lire, avec ordre, avec intelligence et sans passion.
"Lire avec ordre, c’est commencer par les ouvrages les plus récents vers les plus
anciens, par les meilleurs ouvrages et les ouvrages fondamentaux"6
Lire avec intelligence, c’est lire en ayant en tête des questions précises de façon
active et attentive pour bien comprendre le problème.
Lire sans passion (colère, fanatisme) ; c’est éviter de faire dire à l’auteur nos propres
idées sur le sujet.

Comment prendre les notes de lecture ?

La méthode la plus recommandée pour conserver les notes est celle des
fiches. L’utilisation des cahiers n’est pas conseillée, car elle présente beaucoup
d’inconvénients. Les fiches ont l’avantage d’être maniables. On distingue 3 sortes de
fiches de documentation :
1. Les fiches où le chercheur présente ou résume en ses propres mots
l’argumentation d’un auteur.
2. Les fiches où le chercheur recopie exactement les idées de l’auteur ;
3. Les fiches où le chercheur note ses propres idées et ses commentaires.

La méthode de travail sur fiches présente aussi quelques inconvénients. Elle


prend beaucoup de temps. On conseille de la combiner avec d’autres méthodes. Par
exemple, on écrit sur fiches les arguments des ouvrages non accessibles
facilement. Pour gagner le temps, il convient de photocopier les pages utiles et les
articles qui ne sont pas accessibles. S’il y a des documents qui sont à la portée de la
main, il suffira de noter les références exactes. Ces fiches serviront pour toute la
vie.

6
15

Comment confectionner ou établir une fiche ?

On transcrit d’abord le titre ou la vedette. Ex.

Nominalisme Libération
Origines du nominalisme du XIVè siècle "L’Eglise qui a reçu du Christ un message
Exposé assez étendu dans VIGNAUX P., de libération a la mission prophétique de
la répandre en encourageant les états
"Nominalisme", in Dictionnaire de d’esprit et de conduite conformes aux
théologie catholique, XI, Col. 717 et ss intentions du Seigneur"
JEAN-PAUL II, Vita consecrata, 57

Au terme du travail de la documentation, de la collecte des informations, le


chercheur possède trois sortes des renseignements sur fiches. Avant de commencer la
rédaction qui est l’étape suivante, il faut relire toutes les fiches et les soumettre à une
réflexion approfondie afin de tout ordonner, de tout agencer dans une synthèse
cohérente. Concrètement ce travail aboutit à l’élaboration d’un plan de rédaction.

I.4. REDACTION

I.4.1. Comment élaborer un plan de rédaction ?

On peut distinguer 3 étapes dans l’élaboration d’un plan.

1ère étape, la mise en forme du matériel :c’est – à – dire rassembler les idées, les
arguments, les éléments d’informations, les exemples pour intéresser,
convaincre, attirer et séduire le lecteur. Lors de cette étape, les titres des
sections sont énoncés ; les informations mises sur fiches sont rassemblées
autour des idées forces ; les transitions entre les deux sections sont
élaborées.

2ème étape, l’élagage : dans cette étape, on ne garde dans la structuration du plan que
ce qui est essentiel, utile pour l’atteinte de l’objectif du travail en cours. Il
s’agit d’éliminer toute idée, tout exemple, tout argument qui fait digression
par rapport à l’objectif central, en visant la cohérence du texte.

3ème étape, l’ordonnance : il s’agit d’inscrire les idées, les arguments, les éléments
d’informations, les exemples dans le cadre d’un raisonnement logique,
progressif et cumulatif. Cette ordonnance se base sur certaines règles. Dès
l’entrée de jeu, énoncer l’idée principale que vous voulez développer. Elle
constitue l’en-tête d’un paragraphe. L’idée principale doit précéder les idées
secondaires. Généralement, l’exemple le plus convaincant vient avant.
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Une fois le plan élaboré, le chercheur peut commencer le travail de la


rédaction après avoir obtenu l’aval de son promoteur.

I.4.2. La rédaction proprement dite

Comment communiquer sa pensée par écrit ? Comment exposer les


résultats de sa recherche ?

La qualité d’un mémoire ou d’un rapport des recherches ne se mesure pas


seulement au fond mais aussi à la forme. C’est – à – dire la qualité d’un mémoire
dépend :

1°) de la richesse de l’argumentation développée ;


Fond 2°) de la crédibilité (la force de conviction) des exemples ;
3°) du nombre d’ouvrages cités en bibliographie (des ouvrages qui
constituent la bibliographie) ;
4°) de la clarté de la discussion ;
5°) de la logique du raisonnement ;
Forme 6°) de la beauté de l’expression écrite ;
7°) de la capacité à soutenir l’intérêt du lecteur.

Comment pouvons – nous réunir toutes ces qualités qui doivent orner un
travail scientifique ? Quel principe, quelle règle permettent d’exposer le résultat
d’une recherche sous une forme à la fois claire, logique et séduisante ? Il convient pour
cela de structurer son texte de façon équilibrée et de rédiger pour convaincre et
séduire.

1. Structurer son texte de façon équilibrée

Le plan joue un rôle dans la structure cohérente et équilibrée d’un texte.


Pour ce, le chercheur apprendra à élaborer un plan cohérent. En plus du plan, le
chercheur doit acquérir la maîtrise des éléments fondamentaux du texte, notamment
la phrase, le paragraphe, la ponctuation, les titres des sections et des sous-sections.

a. La phrase et le paragraphe

Premier principe : Une idée, une phrase. Le chercheur débutant a tout


intérêt à n’énoncer qu’une idée par phrase. Pour développer et approfondir cette idée,
il est préférable de recourir à plusieurs phrases, s’agençant les unes les autres sous un
mode simple, et unies par un fil conducteur.
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b. De la phrase au paragraphe. La doctrine du paragraphe

Le paragraphe est un ensemble des phrases unies pour l’énoncé et le


développement d’une idée principale.

Le paragraphe idéal comprend trois parties :


- une tête qui énonce l’idée principale de façon claire et concise ;
- un corps (le développement de l’idée principale) progresse de façon
logique ;
- une fin qui correspond à une récapitulation sommaire et forme la
transition avec la suite.
Jean Guiton enseignait ceci d’une autre manière :
- on dit qu’on va la dire (tête) ;
- on l’a dit (corps) ;
- on dit qu’on l’a dit (fin).
Exemple d’un bon paragraphe : Concilium, n°262, 1995, p.35

Sécularisation et nationalisme
Tête du paragraphe

Les théories de la modernisation et de la sécularisation décrivent l’histoire


universelle comme un processus continu de rationalisation et de
"désenchantement". Il s’agirait d’une évolution irréversible en ligne droite dans
l’ensemble. La religion, les idéologies, les valeurs doivent être remplacées par
la pragmatique et la rationalité des faits. Plus d’un auteur pense pouvoir
Corps du paragraphe

affirmer la nécessité historique de la déchristianisation et la disparition


générale de la religion. D’autres considèrent simplement la "privatisation" de la
religion et donc son refoulement ; son retrait hors de la sphère publique de la
société comme une loi naturelle. Ce qui concerne les affaires publiques et la
politique doit être libre de toute valeur. La libération de la logique des faits
augmentera leur efficacité fonctionnelle. Une même direction de pensée suppose
paragraphe

la disparition du national et en particulier des nationalismes.


L’histoire récente ne semble pas, à vrai dire, correspondre à ces attentes.
Fin du

TOMKAM M., in Concilium, n°262, 1995, p.35

c. L’enchaînement de paragraphes

La phrase met en forme ou habille l’idée. Le paragraphe est la réunion de


plusieurs phrases unies par un fil conducteur d’une idée principale. A leur tour, les
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paragraphes s’enchaînent logiquement pour former une sous-section ou encore une


section. Habituellement, la sous-section et la section sont les lieux d’énoncer et de
démonstration d’un élément fondamental de l’hypothèse formulée par le chercheur.

2. Rédiger pour convaincre et séduire

Pour un texte scientifique, la clarté est essentielle. Pour atteindre cette


qualité, il faut tout d’abord maîtriser tout son sujet. C’est – à – dire les étapes de la
recherche depuis le choix jusqu’à l’organisation matérielle recueillie sous forme de
plan cohérent. Une fois ces étapes réunies, il reste à se concentrer sur la qualité de la
langue, c’est – à – dire respecter les conventions qui la régissent, à savoir la
grammaire, l’orthographe, la syntaxe, le vocabulaire et la ponctuation.

Comment obtenir la clarté d’un texte ?

- Lire plusieurs fois le texte en s’occupant chaque fois d’un aspect de


convention linguistique ;
- Laisser décanter la première rédaction afin de prendre distance par rapport
à sa propre pensée ;
- Faire lire le texte à une tierce personne en qui on a confiance. Un autre
lecteur peut dépister des erreurs ;
- Lire son propre texte à haute voix. Car certaines fautes, celles de syntaxe
en particulier, c’est l’oreille qui les détecte plus facilement.

Une méthode rationnelle, probablement rapide, consiste à rédiger un texte


en deux temps : d’abord rédiger pour convaincre son lecteur, ensuite pour le séduire,
captiver son attention afin de soutenir son intérêt.

2.1. REDIGER POUR CONVAINCRE

Ce travail concerne le fond du texte. Rédiger pour convaincre, c’est soigner


la qualité des arguments, les preuves qu’on présente au lecteur, c’est aussi ordonner le
plus intelligemment possible son argumentation, sa documentation.

2.2. REDIGER POUR SEDUIRE LE LECTEUR

Ici le mot séduire a le sens de persuader, de captiver l’attention du lecteur.


Le chercheur se préoccupe de la communication de sa pensée. Il retravaille son texte
en vue de la séduction intellectuelle du lecteur. Cette tâche consiste à rechercher la
justesse de ses formulations, la beauté de son style, la précision de ses termes,
l’articulation fonctionnelle de ses phrases, la progression logique de son texte, la
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concision et la clarté de son écriture. L’usage d’un dictionnaire spécialisé et d’une


grammaire est indispensable. Quelques ouvrages à propos :
- Le petit Robert
- Le dictionnaire du français contemporain
- GREVISSE, Précis de grammaire française
- GREVISSE, Le bon usage
- Thomas V., Dictionnaire des difficultés de la langue française, Paris,
Larousse, 1971
- GIRODET X., Pièges et difficultés de la langue française, Paris, Bordas,
1986.

Pour séduire le lecteur, le chercheur doit montrer qu’il maîtrise bien son
sujet tel qu’il l’avait formulé, qu’il a trouvé plaisir à faire la recherche dont il expose
publiquement les résultats.

Chapitre deuxième
LA PRESENTATION MATERIELLE DE RESULTATS

Cf. IWELE Koubete Godé, e.a., Guide pour la présentation du travail scientifique,
Théologat Eugène de Mazenod, Kinshasa, octobre 1995, 36 p.

Chapitre troisième
LES INSTRUMENTS DE TRAVAIL (LIVRES)

Cf. DORE Joseph (sous la direction de),Introduction à l’étude de la théologie, III,


Paris, Desclée, 1992, 476 p. (p.149 – 199).

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